Barrès Maurice - Scènes Et Doctrines Du Nationalisme
Barrès Maurice - Scènes Et Doctrines Du Nationalisme
Barrès Maurice - Scènes Et Doctrines Du Nationalisme
ES ET DOCTRINES
DU
NATIONALISME
K Telle est la gravité Je notre situation
intellectuelle que, sur les notions même
les plus fondamentales et en apparence
les plus faciles, l'ordre appartient aux
purs rétrogrades, chez lesquels il de-
meure sans efficacité, tandis que le
progrès demeure entièrement anarehique
et dès lors radicalement stérile. »
AUGUSTE COMTE
PARIS
BROCHURES
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NATIONALISME, DÉTERMINISME
SCÈNES ET DOCTRINES
DU
NATIONALISME
LIVRE PREMIER
NATIONALISME, DÉTERMINISME
(1) Une note plus sage me semble donnée dans un autre pa-
ragraphe du môme Niètsche :
« APPRENDRE LA SOLITUDE. — Oh ! pauvres hères, vous qui
habitez les grandes villes de la politique mondiale, jeunes
hommes très doués, martyrisés par la vanilé, vous considérez
que c'est votre devoir de dire votre mot dans tous les événe-
ments (car il se passe toujours quelque chose !) Vous croyez
que, lorsque vous avez fait ainsi de la poussière et du bruit,
vous êtes le carrosse de l'histoire I Vous écoutez toujours et
vous attendez sans cesse le moment où vous pourrez jeter votre
parole au public, et vous perdez ainsi toute productivité véri-
table ! Quel que soit votre désir des grandes oeuvres, le profond
silence de l'incubation ne vient pas jusqu'à vous t L'événement
du jour vous chasse devant lui comme de la paille légère, tandis
que vous avez l'illusion de chasser l'événement, — pauvres dia-
bles I — Lorsque l'on veut être un héros sur la scène, il ne faut
pas songer à jouer le choeur ; on ne doit même pas savoir corn*
ment on fait chorus. »
Mais que tout cela est donc brutal !
(2) Utopie.
6 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
L'AFFAIRE DREYFUS
VAFFAIRE DREYFUS
CHAPITRE PREMIER
Tantôt :
— Je ne peux pas admettre qu'une forme légale soit
violée, fût-ce contre le pire des criminels.
Et encore :
— Jamais nous n'avons eu une aussi belle occasion de
démolir l'armée.
C'est bien dommage qu'un maître du pittoresque moral,
tel qu'Anatole France, qui note comme pas un l'accord de
la pensée et des grimaces, ne soit pas disposé à dévelop- ,
per dans trois saynettes ces trois phrases essentielles.
S'il les éclairait par la physionomie de ceux qui les pronon-
cent, vous classeriez assurément dans l'une des catégories
qu'elles étiquettent chacune des personnes avec qui vous
vous querellez sur l'affaire.
L'immense majorité des, dreyfusards sont déterminés
par des préoccupations qui n'ont rien ù voir, avec l'hypo-
thèse de l'innocence.
Pour les uns, il s'agit de porter un coup à l'antisémi-
tisme. M. Joseph Reinach constate que les haines de raco
ont trouvé dans l'Affaire Dreyfus une raison puissante
d'accroissement; il cherche à supprimer l'excitation anti-
sémite en réhabilitant Dreyfus et bien plus en le montrant
comme la victime de perfides fanatiques.
Pour d'autres, il s'agit d'abolir la juridiction militaire. (
Ces messieurs insistent sur une version qu'ils présentent
comme une certitude, d'après quoi une pièce aurait été
illégalement communiquée au conseil de guerre. Au nom
des Droits de Vhomme et du citoyen, des protestants et
des libéraux chez qui perce l'anarchiste (songez à M. Fran-
cis de Pressensé), nient qu'aucune considération d'ordre
général autorise à commettre un acte d'exception (1) ou
(1) Il est asse2 piquant que cette thèse sott avancée par
MM. Clemenceau, Trarieux, Reinuch, qui se vantent d'avoir
servi l'intérêt général en faisant condamner le général Bou-
32 SCÈNES.ET'DOCTRINESDU NATIONALISME '."
Mais par ailleurs, ils le doivent louer, car nul mieux que lui
no sait nous inspirer l'amour de cette raco française, dont il
o.4 un des 111sles plus chargés de grâce.
J'id vu, disais-je, dans son jardin quelques marbres délités :
qu'elle est belle une oeuvre d'art demi détruite 1 Nul mieux quo
Franco ne se grisa do cette mélancolie. Avec nos maîtres com-
muns Michelet et Renan, notre illustre ami possède lo don qui
agrandit la vie : une imagination rétrospective. Un scarabée d'or,
aux élytrcs bleus, qui jadis appartint à une reine d'Egypte,
évoque pour lui les cheveux noi.s parfumés sous le diadème,
les bras bruns et fins, la tiédeur do la gorge où reposait ce
lointain bijou, et il se représente aussi les désirs, les désespoirs,
les joies folles de tous ces beaux jeunes gens qui soupiraient
autour de celte femme. Ce genre d'imoginution entraîne une phi-
losophie particulière, une sensation continuelle de l'écoulement
des choses. Toute forme vivante s'effacera à son heure et il sera
vain alors de l'avoir tant désirée, il sera vain aussi qu'elle so
soit refusée. La mort toujours présente à notre esprit no fait
point un bon professeur de vertu.
Des images d'Egypte se présentent d'abondance à propos
d'Anatole France, car il associa aux formes anciennes et singu-
lières de cette terre qui sent la mort l'un des rôves où il môle
délicieusement l'art, la femme et le luxe. Sa tendre Thaïs l Ai-je
besoin de donner en passant un baiser à cette prostituée ? Pour-
tant la vraie patrie d'Anatole France et la réserve, les greniers
de son génie, c'est l'Ile-de-France et la région environnante, le
v'exin, le Valois, le Beauvaisis, une partie de la Champagne, le
bassin de l'Oise, la vraie France. Dans* Sylvestre Bonnard et •
vingt fois dans sa Vie littéraire du a Temps », France a parlé de
cette région qui est le coeur de notre race avec une perfection et :
•une appropriation des termes où seul (depuis tels traits rapides
de Jean de La Fontaine) avait atteint Gérard de Nerval.
Nerval, voilà l'artisan que je puis le mieux rapprocher de ce
délicieux France. Fruits de goût français, l'un et rautro sans
une tache. Parfois vous viles.l'auteur de Thaïs tenir langage ;
d'alexandrin, des néo-platonicien : c'est dans la mesure où Chô-
nier se paraît en Hellène. André Chônier et Gérard de Nerval, je
veux donner ces deux voisins dans ma bibliothèque et sur le
rayon des François exquis à l'auteur des Noces corinlhlefihes
et do Sylvestre Bonnard.
Les bor.ds-de la Seine après le soleil tombé ont un gris fin et
lumineux d'une qualité plus délicate que les splendeurs d'un '
50 SCÈNESET DOCTRINESDU NATIONALISME
Vérité, quand tout homme qui réfléchit sait qu'il doit s'en
tenir à examiner si tel rapport est juste entre des hommes
déterminés, à une époque et dans des conditions spéci-
fiées. D'où vient cette erreur chez tant de professeurs et
notamment chez la plupart de nos maîtres de philoso-
phie ?
Il y a en France une morale d'Etat. On peut dire que le
kantisme est cette doctrine officielle. M. André Cresson,
professeur distingué du lycée d'Alençon, écrit (l) : « La
morale do Kant, plus ou moins modifiée, est la base de
presque tous les cours de philosophie morale professés,
en France particulièrement. On la retrouve dans la plupart
des manuels destinés ù l'éducation des enfants. Par là elle
prend comme un caractère officiel (2). »
Ce kantisme de nos classes prétend régler l'homme uni-
versel, l'homme abstrait, sans tenir compte des différences
individuelles. Il tend ù former nos jeunes lorrains, pro-
vençaux, bretons, parisiens de cette année d'après un
homme abstrait, idéal, identique partout à lui-même, tandis
que nous aurions besoin d'hommes racines solidement
dans noire sol, dans notre histoire, dans la conscience
nationale, et adaptés aux nécessités françaises de cette
vier 1899) et YAction française (1) (15 moi 1900) firent une
enquête sur la valeur comparative du protestantisme et du
catholicisme pour l'avenir de la France.
Faut-il protestontiser la Franco ? J'ai répondu :
(1). Un prêtre m'a dit que nul, à notre époque, n'avait exposé
l'idée de Dieu avec autant do force qu'un protestant, M. Auguste
Sabatler, doyen de la Faculté de Ihéotogto do Paris, et c'est encore
une chose vraie que l'Histoire des Juifs est un des plus prodigieux
romans de l'humanité,
SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
LE SENS DU RELATIF
—
d) Ce que feniendais par conciliation (2). On avait
beaucoup parlé de conciliation parmi nos premiers et émi-
nents adhérents, tous gens de mesure, de prudence et char-
gés d'honneurs. Conciliation! Conciliation! un mot, mais
qui pouvait inquiéter quelques-uns, car nous étions plu-
sieurs â considérer celle affaire Dreyfus, cette crise de la
France, comme l'instant favorable pour une courageuse
Le bureau, do MM :
Président d'honneur : François Coppée; Président : Jules Le-
maltre; Secrétaire Qènèral : Louis Dnusset; Délégués : Maurice
Barres, Marcel Dubois, Giard, de Mahy; Trésorier : Gabriel Syve-
tlon; Secrétaire adjoint ; Henri Vaugeois.
— Le Journal,
(2) Ce que nous entendons par conciliation.
3 février 1899.
LE SENS DU RELATIF 73
L. D. P.
QUI VIVE ? FRANCE !
Monsieur lo président,
François Coppée a regretté publiquement avant-hier soir que
votre nouvelle ligue no fat pus encore assez riche pour donner
au beau discours que vous veniez do prononcer toute la publi-
cité que réclamait pour lui un auditoire enthousiasmé.
Moi, qui n'ai fait que vous lire sans avoir pu vous entendre,
je me joins de loin à ceux qui vous ont applaudi.
Mais qui peut aider et se contente d'approuver ne fait que la
moitié de son devoir ; notre vieille Ligue des Patriotes tient ù
faire le sien tout entier.
C'est pourquoi je viens en son nom mettre i\ votre disposition
une somme de 1,000 francs destinée a la propagande d'un dis-
cours qui peut et doit avoir un utile écho, non seulement dans
toute la France, mais au delà môme des frontières.
Laissez-moi vous dire aussi, a vous, cher président, et aux
membres de votre noble Ligue, quelle joie et quel réconfort c'a
été pour nous, qut combattions seuls depuis si longtemps, de
voir aujourd'hui entrer en ligne, — justification vivante de nos
doctrines, — la recrue de volontaires tels que vous.
Veuillez croire, je vous prie, a la sincère assurance do notre
toute cordiale sympathie.
Paul DÊKÛULÈDH,
Président de la Ligue des Patriotes.
74 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
Ces trois lettres, disais-je, pour celui qui écrit ces lignes,
pour un vieux nationaliste, sont une grande satisfaction.
Il y a douze ans, quel espoir qu'un Lemaltre mettrait sa
main dans la main do Dêroulède? Pouvions-nous entrevoir
qu'ils prendraient, jamais une claire conscience de l'oeuvre
commune? Maintenant l'entente se fait sans équivoque,
après affirmation des « différences do tempérament et de
tactique », d'une manière a, la fois honorable et utile.
« spéciales qui nous font aimer ce sol. Cela dit pour mon-
« trer que notre particularisme est moins dangereux pour
K la France que l'écrasement général produit par l'odieux
» niveau uniturisle, mais comme rien n'est inutile, pas
« môme les épreuves, j'espère bien que du péril que nous
« côtoyons ù cette heure surgira l'émancipation de ces
« forces provinciales.
» Mais seule une Constituante, élue, bien entendu, d'après
ii un système véridique, pourra résoudre un jour ce pro-
(i blême fondamental et concilier avec les nécessités du
« progrès moderne et des habitudes prises, les conditions
« indispensables ù un réveil provincial. Nous n'en sommes
» pas encore lu. Pour m'en tenir ù la pensée, à la géné-
<(reuso émotion qui rallie A cette heure autour de la
u Pairie française tant d'esprits différents, je crois que
« le plus grand danger qui menace notre nation vient de
<t l'oblitération du sentiment patriotique.
K Qu'a fait depuis cent ans la loi française ou, si vous
« voulez, l'administration, pour la conservation des moeurs
« et des coutumes qui entretenaient l'amour du foyer, l'at-
« facilement au sol natal ?
» Tout ce qui vient des aïeux, disait-on, est ridicule et
(i doit être remplacé par les mixtures des programmes, et
<t avec ça on produit des incolores et des ineptes, des cho-
it mincaux de tous les genres, et des gens qui, détachés des
u vieux préjugés terriens, font bon marché de la Patrie et
« du Drapeau qui la symbolise. »
Cette vue sur les morts nous mène à une loi sur les
naturalisations. Les morts! Kh! que serait donc un
homme à ses propres yeux s'il ne représentait que soi-
même? Quand chacun de nous tourne lu tète sur son
épaule, il voit une suite indéfinie de mystères, dont les
âges les plus récents s'appellent la France. Nous sommes
lo produit d'une collectivité qui parle en nous. Que l'in-
fluence des ancêtres soit permanente, et les fils seront éner-
giques et droits, la nation une.
M. Louis Ménard a écrit sur le culte des morts une des
pages les plus émouvantes de la haute littérature contem-
poraine :
« Si vous voulez savoir comment une religion commence,
ce n'est pas les philosophes qu'il faut interroger ; regardez
dans la profondeur des couches sociales, vous y verrez les
deux mots qui sont gravés sur la grosse cloche de Notre-
Dame : Dcfunctos ploro. Une famille est réunie pour l'anni-
versaire d'un grand deuil. La place du père est vide à la
table commune. « Il est toujours au milieu de nous, dit la
« mère. Il veille sur ceux qu'il protégeait et qui sont réunis
« en son nom. Qu'il maintienne entre nous tous la paix et
<( la concorde; prions-le de nous aider à supporter les
les forces nouvelles qui ont grandi sur notre sol. Pour
distinguer ce qu'il y a de nécessaire et partant de légitime
dans les aspirations modernes, par exemple chez ceux qui
réclament une législation du travail, il est bon que vous
voyiez en quoi les conditions d'une France démocratique
(ploutocrntique, hélas!) et industrielle diffèrent des condi-
tions do la France monarchique.
Pour être féconde d'ailleurs, cette connaissance n'a pas
besoin d'être réfléchie. 11participe naturellement do la cons-
cience nationale, il est nécessairement d'accord avec les
destinées du pays, alors même qu'il ne saurait pas les for-
muler, celui qui, plongé par son hérédité dans un milieu,
en suit insensiblement les évolutions. L'administrateur et
le législateur peuvent s'inspirer dans toutes leurs mesures
de ce grand principe : la patrie est plus forte dans l'âme
d'un eniT.ciné que dans celle d'un déraciné (1).
Nul Français n'entend toucher a l'Etat. Mais cet Etat qui
souffre du manque d'une conscience nationale, serait in-
sensé de négliger ce que chacun de nos petits pays a con-
servé de connaissance de soi-même. Il y a la un ensemble
de questions administratives où je vous signale très parti-
culièrement le problème de l'enseignement (2). Ces pro-
vinces, de qui les gens superficiels croient le génie éteint,
fournissent encore les grandes lumières intérieures qui
échauffent et qui animent la France. Nous avons vu Je
reflet des Ardennes sur Taine, le reflet de la Bretagne sur
— '
Déroulède, qu'on peut aimer ou non, mais qu'il faut bien
reconnaître comme représentatifs, dans l'ordre militant»^
du tempérament traditionnel français. (Leurs physiono^
mies variées pourraient ôtro choisies pour renseigner uri-
étranger sur certains aspects insaisissables, indéfinis-r
sables, de notre esprit national. Mais nous pensons que ce
qu'il y a de juste dans cotte sensibilité héréditaire gagnerait
de la force persuasive à être justifié par la raison.)
C'est à cette tâche d'éducation qu'un groupement, un
labou-loire comme YAction française doit se dévouer. En-
core qu'une telle pédagogie ne semble pas intéresser di*;,
.ectement le patriote luttant dans la rue, ni le politiquo
organisant des élections, elle est cependant indispensable
pour soutenir l'oeuvre de l'un et de l'autre.
,. J'ai répondu :
" i
'
Mon cher Jarre,
Maurice BARRÉS.
(1) Ainsi qu'il arrive toujours dans les oeuvres mêlée., de j«oli-
tique, nous dûmes procéder avec moins de suite que nous n'au-
rions voulu. Des résultats furent obtenus, une véritable renais-
sance du sentiment national, mais dans cette collaboration un peu
confuse, il fallait bien sacrifier les nuances. Je tiens pourtant à
.marquer la contradiction que je vois, qui m'inquiète, me gêne,
me repousse : le véritable maître de Tatno, Le Play, assoit toute sa
sociologie sur le catholicisme et en môme temps 11n'admire rien
tant que l'Angleterre 1 Cette contradiction existe de quelque ma-
nière chez Taine et chez plusieurs que Toine Influence. Je leur re-
proche qu'ils n'ont pas un amour instinctif, une piété de la France,
bref, il leur manque pour ce pays un senJmcnt de vénération.
« C'est, diront-ils, que depuis cent ans les faux dogmes de 89... »
Quelle qu'en soit la cause, les voilà dégoûtés plus ou moins de leur
pays.
,- 106 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME I
!
. emploierons le mot de « leçon ». Nous voudrions (cesn'est
pas très facile à des Français) bannir le ton oratoire] Ah !
je sais bien quel service pourrait nous rendre tel de nos
maîtres et, par exemple, un historien comme M. Thévenin,
s'il voulait apporter là quelques-unes des vues où il aboutit
après vingt-cinq ans qu'il étudie sous tous ses aspects l'his-
toire de notre formation nationale et du tempérament,
politique de notre pays, bref de sa constitution, au sens
physiologique.du mot. Il faudrait que la jeunesse studieuse
entendit ces grands pessimistes et qu'ils vinssent lui dire,
avec un courage... chirurgical, que notre pays est politi-
quement et socialement bien malade et qu'à moins d'un
considérable apport d' « énergies », ses jours sont comptés,
j'entends comme nation et facteur politique important dans
le monde.
Il est bon que la jeunesse soit optimiste; mais sous pré-
texte de ne point lui gâter 1le joli bleu d'espérance que ses
yeux amusés répandent sur toutes choses, il ne faut pour-
tant pas aller jusqu'à la supporter ignorante et frivole,
comme furent, sauf exceptions, nos aînés. Quand on a
passé son baccalauréat, qu'on a ses entrées à la biblio-
thèque Sainte-Geneviève et qu'on est capable de suivre un
raisonnement, il faut apprendre de l'Eglise ou d'un Au-
guste Comte (1) par quelle discipline un individu se soumet
à la société pour se sauver avec elle; il faut entendro de
l'histoire la terrible situation où se trouve notre France
décapitée parce qu'il y a un siècle elle a brusquement
maudit et anéanti sa dynastie et ses institutions (2).
1
: VAction française croit à la vertu du fer. Elle ne cesse
U SENS DU 1IEUTIP m
do démontrer la nécessité d'uno énergique » intervention »
dons la Franco contemporaine Mais lorsque le premier
organisateur dos doctrines nationalistes, en un véritable
chef-d'oeuvre, établit cette ôvidento nôcossitô, YAction fran-
çaise no pouvait éçhappor au désir do l'on remercier et
d'ainsi préciser ses propres sentiments.
Maurice Barrés avait refusé la grande fête littéraire, çon*
(romande le grand banquet que lut organisaient les admi-
rateurs de YAppel au Soldat. Ses amis de YAction française
estimèrent pourtant que, si Barrés pouvait se soustraire
à de simples réjouissances, ils avaient le droit de le con*
vier à un rendez-vous plus sérieux. Ils le prièrent donc de
venir, en compagnie de quelques intimes, causer de YAppel
au Soldat et des méthodes de philosophie politique recom-
mandées dans la suite de ce beau livre.
Le rendez-vous fut pris pour la soirée du 11 juillet, au
Restaurant international du Trocadérc, à l'Exposition»
Notre maître et ami Paul Bourget avait accepté de présider
la réunion; un de ses collègues de l'Académie française,
tradilionniste éminent, M. Costa de Beauregard, l'assitait.
Parmi les convives, au nombre d'uno trentaine, jo citerai
MM. Henri Vaugeois, directeur, et Jules Caplain-CortanV
bert, directeur-administrateur de YAction Française, •Ga-
ngue, Jarre, président _de l'Association nationaliste de la
Jeunesse, Copin-Albancelli, directeur du journal anti-ma«
çonniqùe A bas les tyrans, Robinet de Cléry, Léouzon-;
ie-Duc (très félicité pour les fortes et spirituelles pages de
son livre nouveau, La Demi-République), Lucien Moreau,
Georges Poignant, Frédéric Amourelti, le vicomte de Léau*
taud, Lionel des Rieux, le poète du Chdsur des Muses, notre
confrère du Journal Jean de Mitty, Hugues Rebell, le riv
mancier de'laCamorra, Maurice de Brém, lorrain et àrtiC
d.'enfançe de Barrés, etc. •..':.*•:;'::V
Au dessert;Paul Bourget, après avoir communiqué di«;
vers télégranantie^ d'excuse (Alfred Dûqùet, Jules de; Çaul* ;;
1Û SCÈNES ET DOCTIUNES DU NATIONALISEE '
j
'
Mon cher Barrés,
Il a été convenu, quand vous avez accepté d'être notre hôto,
que ce dîner tout intime ne serait attristé d'aucun discours. Pour-
tant vos amis de VAction Française no peuvent pas vous laisser
partir sans vous avoir remercié de vous être assis à leur table
et sans vous avoir porté, j'allais dire un toast, mais Je me sou-
viens du vieux et joli mot français, et je dis une santé. Je lève
donc mon verre en leur nom au grand artiste littéraire"que vous
êtes, si délicat et si fort, si frémissant de sensibilité, et si coura-
geux d'énergie civique. Cette virile énergie civique, YOUS
l'avez suscitéo et réchauffée en vous, et, c'est une de vos
belles originalités, par la méthode de l'analyse intime, qui
passe pour si meurtrière à l'action, prouvant ainsi que tout
est instrument de générosité a une intelligence généreuse.
Flaubert disait, dans un des jours d'agonie qui suivirent
pour lui la guerre de 1870 : « Nous souffrons- tous du mal
de la France. » Ce mot éloquent, vous vous l'êtes dit vous
aussi, quand à vingt ans vous avez traversé les crises dont vous
nous avez donné de saisissantes monographies dans Sous l'oeil
dès Barbares et dans les premiers chapitres des Déracinés] Vous
avez compris que les malaises dont vous vous sentiez atteint
avaient un principe qui dépassait votre personnalité, que le pays
était malade en vous, comme il l'est en nous tous, et avec une
merveilleuse lucidité d'analyse vous avez discerné sinon toutes
les causes, au moins la cause la plus immédiate et la plus puis-
sante de celte maladie, Cette cause réside dans l'égarement de 1789
qui nous a séparés de nos morts. Voici un siècle que, trompée par
une idéologie funeste, la France méconnaît cette grande loi de con-
tinuité qui veut que chaque génération se considère comme .l'usu-
fruitière d'un trésor acquis par les bonnes'volontés des ancêtres
et qu'elle doit transmettre accru aux descendants. Une fois per-
suadé de cette vérité, vous avez cherché, suivant'votre propre
formule, à vous comprendre comme « un instant d'une chose
immortelle », à vous « raciner >»à nouveau dans Votre pâssô.'dans
votre sol, dans cêilé'Lorraine d'où vctYe famille, est issue. En
même temps vous rêviez pour la France èny|re une réconciliation
semblable avec ses morts, Vous les aves ençrçhés, oe&niorts'cri-
minellement reniés* dans ce qu'ils ont laissé d'enebré vivant et,
LB S^NS DU RELATIF 115
ne les trouvant pas dans leurs fondations toutes détruites, vous
êtes allô les poursuivre dans les intuitions de l'instinct populaire,
dans cet inconscient du pays sorti d'eux, et pour lequel il ne
saurait y avoir de nuit du 4 août. C'est l'esprit qui anime d'un
bout à l'autre cet Appel au Soldat, sous le vocable duquel, nous
avons tenu a vous fêter, et qui pourrait s'appeler VAppel à la
Race. Ce n'est pas ici le lieu de discuter le programme politique
qu'enveloppe ce recours a l'instinct populaire, ni s'il n'y a pas-
d'autres moyens plus efficaces de nous réconcilier avec nos morts,
Nous ne voulons tous savoir aujourd'hui qu'une chose : c'est
qu'inspiré par une idée qui nous est commune, celle de retrem-
per l'Ame Française a. ses sources profondes, vous avez écrit un
des plus beaux livres de notre époque, et Je suis très fier, mon
cher Barrés, d'avoir été choisi par nos amis pour vous le dire,
Messieurs,
Nous ne devons pas nous séparer, après ces quelques bons ins-
tants do libre conversation entre Français qui s'entendent a demi-
mot, sans nous donner rendez-vous, S'il YOUSparait utile que des
réu/jjçns, 'comirno celle-ci se renouvellent, si vous supposez que
chaéun de nous puisse en sortir chaque fols un peu moins igno-
rant do ce que penso son voisin avec uno vivacité, une sincérité-
égale ft la'sjçnne propre, et dont il doit par conséquent tenir
compte; si vous éprouvez que, do celte chaleur des conviction;
diverses entrechoquées, une certaine lumioro peut Jaillir, dites-le,
et décidez que nous dînerons désormais ensemble de. temps en
temps, pour parier du sujet brûlant entre nous : le nécessaire
« Appel.au soldai P,
.Nous avons'le grand bonheur d'avoir au milieu de nous, ce
soir, l'homme qui, précisément, a senti avant nous tous cette sin-.
un peuple comme la France contempo-
jgullère nécessité, pour
raine, de l'intervention du fer. Barrés a vu, et, de son regard ad-
mirablement libre et heureux, il a comme illuminé un fait carac-
téristique de notre histoire française : il n'en a pas été scandalisé^
Lui, l'idéologue, il a eu la rare, l'exquise'puissance d'esprit qui '
permet quelquefois ù un familier des idées pures do les dominer,
do les remettre à leur place (qui n'est après tout que la seconde)
pour admirer et comprendre co qui tient la première place dans.
I l'univers : l'Action, la Forcé toute nue. Cet écrivain a été prêt à
se dévouer a l'oeuvre d'un militaire 5c'est le militaire qui a hésité.
L'énergie (employons le mot qu'il aime), voila ce qui fait pour
nous'lojfrlx de notre ami et de, son oeuvre, de cette oeuvré que
nous.fètons aujourd'hui, Joyeux que nous sommes de'voir comme
elle atteint désormais, après les lettrés, le grand nombre des
coeurs simples et bien nés : car elle y entrera, dans ces coaursi
avec tout son contenu ivre et charmant, avec ses trésors,'mais
aussi avec toute sa philosophie, si modérée et si vérace, de la.vit»
telle qu'elle est, telle qu'elle passe, sur notre belle terre de FranceV;
N'en parlons plus, de ces livres : nous les lirons chez nous/Maïs.
11$. SCÈNESET DOCTRtNESDU NATIONALISEE
j
pour l'Action, pour une « Action française » prochaine, que nous
conseille l'auteur, l'homme, le politique nationaliste ? Que veut-il
de nous, aveo son « Appel » ? Voila ce qu'il faut savoir. i
Nous sommes tous d'accord ici, Je l'espère, pour admettre la
moralité, la V^IH.W,! de la méthode du fer. Nous n'avons point
d'hypocrites ob;> v.vt* puritaines, n'est-ce pas ? a opposer au prin-
cipe. Il nous par*»?, 'on a le droit de sauver son pays malgré
lui. Il nous paraît u« il y eut daas l'histoire de bonnes violences,
et qu'il vaut mieux qu'on ensanglante un malade que de le laisser
pourrir.
Le seul problème est donc de savoir en vue de quel établisse-
ment meilleur nous admettons que l'on sacrifie celui qui existe,
La seule question gravé, sérieuse, est de se préparer pour le len-
demain du jour où un militaire aura été obligé de choisir enAro
réveiller la France ou la laisser trahir et étouffer. Il faut que ce
lendemain nous trouve unis, et nous ne serons unis que par une
doctrine, ou mieux par une tue. commune', simultanée, facile, de
la constitution politique naturelle à, notre pays.
Nous ne serons unis que si nous avons éliminé l*s mots trop
généraux, trop vague3, trop fades, qui nous encombrent l'esprit
quand nous parlons politique ; quand nûus aurons éliminé >s
petites théories pédantes des politiques de l'Ecole de la rue Saint-
Guillaume ou des autres rues, et quand nous aurons retrouvé
les rêatités/Ies'mtérôts, les instincts qui nous sont communs a
tous en' tant'que'. Français. Nous serons unis quand nous nous?
serons dit les'uns aux autres ce à quoi, nous tenons réellement en
ce monde, çè que nous voulons maintenir où 'accroître : car ce à
quoi nous tenons tous; en sommé, le plus sérieusement, c'est
non à des « idées », non à des dogmes politiques ou sociaux :
c'est a des choses, à des êtres ; ù ces choses et à ces êtres parmi
lesquels nous avons ouvert les yeux, et que nous voudrions voir
subsister après nous dans la belle lumière douce qui ne meurt
pas : c'est la France. C'est d'elle que l'on parlera ert toute fran-
chise audacieuse dans le dîner périoctajue'.do lVlppél au Soldat.
Mesdames, Messieurs,
A RENNES
décriôr une branche d'arbre se tend vers lui, Pour qu'il js'y
*
pende. . j
(1)Un magistrat très poli : o'eât qu'il est décidéà vous « saler ».
Trop dur : c'est pour la salle et II vous acquittera. Voilà une obser-
vation que me confirment tous les gens du mondé judiciaire.
A RENNES 139
(1)« Dieu qui no refusez pas votre miséricorde aux Juifs m^nje.
après leur perfidie, exauce?no3 prières pour qu'ils soient èriflh
* -•>
tirés de leurs ténèbres. » /
142 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
(1) Même indigence dans son livre qui n'est qu'un sommaire.
« Ah I si pareille aventure, me disait un intellectuel, était arrivée
à un homme de génie! Oucl livret » Mais pareille aventure ne
arriver à un homme de génie, Car le génie, c'est d'aVoir de
peut
Tème. :•
A RENNES 143
(!) CÇsta celte explication que Dreyfus s'arrête' àehs ses ' à'ott-^
venir*."- ; .";•.•; ''.•' •::' '• • •• '*.<<>
111 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME !
•'
!
—
b) Une vtslle à Combourg. (MôdilaU&ffisur Dreyfus),
Tandis qu'a Rennes je servais selon nies forces, j'avais
besoin dé'me fortifier ët'dê relever mon amour de la France
par lès plus belles images nationales.
Un jour je-profitai d'un entr'acte de la tragédie pour visi-
ter, a une lieue de Rennes, sur, la ligne de Saint-Malo, le
château de Comboûrg, Avec quelle allégresse jë'm'épurais
A RENNES ÏW
'
(ij %i4ifip0ë$ $<fàfi$4orfiùt. >c
H6 SCÈNES ET, DOCTRINES DU NATIONALISME
' considé-
(1)Voir lo paragraphe171 Desiv\(s et dt-sprotestante
rés lu abstracto.
Ï54 SCÈNES ET DOCTRINES DU. NATIONALISME
(1) Pour plusieurs raisons, (pour quo l'on juge des divisions do
la France et pour que l'on distingue si notro présence à Rennes
était nécessaire), nous croyons utile de donner une idée des fu-
reurs dreyfusardes. Volet la même scène contée dans le New
York Herald par M. Marcel Prévost :
« Le général conférencier a une voix et un physique ingrats,
« presque une voix do vieille dame, et la flguro aussi est d'une
« dame âgée sur laquelle un mauvais plaisant se serait amusé à
« dessiner au coin des lèvres deux petites moustaches tortillées.
« Les minutes succèdent aux minutes, la vieille dame infati-
« gable poursuit sa conférence au milieu des bâillements de Tau-
« dltoire. 11s'est passé ceci de vraiment extraordinaire que Jus-
« qu'à la fin de la séance lo public a attendu la vraie déposition
« du général Mercier, On no pouvait pas croire que ce fût cela,
« C'était cela pourtant. Il n'est pas venu autre chose.' L'espoir de
« révélations sensationnelles a été déçu définitivement.
« Imaginez lo ramassis lé plus prolixo et, on mémo temps, lo
« plus pauvre de tous les « potins » qui ont traîné à la Cour de
« cassation et quo la Cour a dédaignés, des développements infinis
« sur le 120 court et les troupes de couverture, et, pour couron-
« ner ce factum, un abrégé'apologtquo dés niaiseries de M, Ber-
« tltlon l
« Oui 1lo général Mercier en est encore à attribuer l'écriture du
« bordereau à Dreyfus 1 11ignore les aveux d'Esterhaxy, il sourit
« agréablement quand il parle du papier pelure.
« De la démence, Vous dls-jo. C'était incroyable. Il n'y a pas
« d'àulro mot. La stupeur so peignait sur tous les visages, — vl-
« sages de révisionnistes ou non, Et la vieille dame conférenctatt
« toujours, jouait aux petits papiers aveo le greffier Coupots ;
' ' '
* ' '"
.'•'.;' ':;"Vh'T ";.'; A RENNES-' >
^"^W^
faire arrêter. Dé Dreyfus pourtant ils ne savaient rien dire- f
sinon : (( Eh bien, quoiffljjn'q rien dé sympathique. » C'était
constater que ce misérable étranger n'exprimait jamais un -'j
sentiment juste et à quoi nous pussions nous accorder.: '
(Sympathie, do sun pathein, souffrir avec). - v : '":
Parfois
cependant, aux minutes où Laborl insultait les
témoins, jo vis chez lé traître une curieuse transformation :
il so détendait, il prenait une figure vraie « et qui res-
semble à quelque chose ». En dépit de l'uniforme et du bV
nocle, 11'devenait un jeune Dreyfus, assis sur le banc de
..Nés, pour être heureux, cela.se voit sur leur large face et
.déboute leur corpulence, Me Démange et Me Labori s'em-
poisonnent de bile à mesure que les audiences se succè-
dent. Au début, je distrayais volontiers mon regard du
traître êmaçiô s'Ur le visage très ample de Me Démange.
Cet homme bien nourri a la graisse si joviale qu'il cherchait
d'abord à amuser la salle aux dépens des généraux. Quels
ricanements, quels jeux d'épaule, quelles mains levées
dans ce beau public quand M8 Démange, avec la componc-
tion d'un maître d'hôtel qui passe le turbot, présente des
observations à Zurlinden et u Chanoine qui ne voient pas
le piège sous lé persil, et quand il leur a mis dans l'assiette
une horreur, de quel air bonhomme il la signale aux juges,
à la salle surtout 1
<Une amertume vint pourtant à M« Démange des in-
croyables procédés de M9 Labori. Il faut reconnaître qu'il
n'est pas 1servi par ses collaborateurs en dreyfusismo.
Déjà Forzinetti, l'un des témoins du, syndicat, lui avait
attribué devant la Cour de cassation un propos extraor-
dinaire : (.<Voici trente-trois ans que je plaide et Drey-
'
fus fait le deuxième innocent quo je suis appelé à dé-
fendre. » A Rennes, c'est Labori qui oxigo pour rien,
pour le plaisir, que le lieutenant-colonel Gendron s'en,
vienne répéter que dans l'état-major on considère Me Dé-
mange comme un spécialiste attaché à la défense des
agents do l'étranger, Sur co beau trait, il fallut voir les bras
ouverts, la bouche béante, les yeux écarqulllés do M* Do-
(1) Labori veut ici nous marquer que, s'il ne parle pas davan-
tage, c'est qu'il sait qu'on est prêt à le poursuivre pour violation
du secret professionnel. Dans « certains milieux dreyfusards,
officiels ou non », on le guette, on espère qu'il donnera prise,
car tout ce qui se rapporte à l'affaire Dreyfus, c'est comme avocat
qu'il a pu le connaît,^.
A RENNESv'V ,/>:•.//: -.^^HWft
« explications, comme je l'ai toujours voulu -du prenlier l
(i jour ad dernier, mais de ménager tout le'monde pour;
« obtenir ce que j'appelais un acquittement de bienyeil;
« lance. »
Rappelons pour mémoire ce qui se passait « lé jour, où
Labori fut frappé », lo jour où « certains dreyfusards,
officiels ou non », avaient intérêt à ce qu'il fût couché
par terre. Lo conseil de guerre allait confronter l'ancien
ministre de la guerre, général Mercier, avec l'ancien pré-
sident de la République, Casimir-Perier. A quel effet? Pour
établir s'il fallait ajouter foi aux graves détails donnés
par le général Mercier sur la « nuit tragique » ; s'il fallait
admettre que l'arrestation de Dreyfus a mis la France et
l'Allemagne à deux doigts do la guerre, « M< Casimir-
Perier, avait déclaré le général Mercier, n'a pas été jus-
qu'au bout dans sa déposition. Il n'a pas dit que ce môme
jour nous sommes restés, lui, président de la République,
M. Charles Dupuy, président du conseil, et moi, ministre
de la guerre, de huit heures du soir à minuit et demi dans
son cabinet, à l'Elysée, attendant le résultat des commu-
nications télégraphiques qui s'échangeaient entre l'em-
pereur d'Allemagne et le comte de Munster. Nous sommes
restés pendant quatre heures et demie:à attendre si la
paix ou la guerre allait sortir do cet échange de commu-
nications. »
De plus en plus jo m'en convainc, c'est dons les replis
profonds de cotte crise diplomatique qu'il faut chercher le
foyer de l'abcès. Tout lo reste est infection par rayonne-
ment.
Dons une confrontation émouvante, à l'heure même où
l'on ramassait Labori sur le quai do la Vilaine, NI. Ca-
simir-Perier dut reconnaître, plus ou moins explicitement,
la véracité du général Mercier. M8 Démange se vgarda
d'aucune curiosité; il montra une bonhomie respectueuse
et apaisée. Nul doute que l'assassiné, avec son tempéra-
1% SCÈNES Ef bOCTFilNES DU NATÏONALÏSME
—
h) Les avocats (suite). Physiologlquement, qu'était-ce
quo cette blessure, ce congé de huit jours signifié à bout
portant et d'une si étrange manière? Jo m'étonno avec
l'univers d'un attentat, tel que les policiers ne trouvent pas
les assassins, que les chirurgiens ne trouvent pas la balle
'
et que l'assassiné se trouve très bien.
Pas un instant, avec une balle dans un muscle, Labori n'a
cessé d'être en caoutchouc, Il souffre, puisqu'il le dit, mais
sa douleur âjoulo \ih moyen à tous ses moyens avpcùBSiers.
A RENNES rffP
sur une barricadé d'utfe balle tirée sans foi et avant que 1£
signal du feu n'eût été loyalement donné, mais s'il lui plaît
de se suicider 1 Serait-ce son talent qui raviverait notre
ancienne camaraderie ? Je no suis pas un « intellectuel » :
je désire avant tout qu'on parle en français.
Je dois le dire : Labori dans ses grands tours do force ne
me fit jamais tressaillir que par la,vue physique doses
fatigues, et tout le poids do son éloquence pèse sur le pu-
blic de la mémo manière quo sa corpulence et sa fougue
sur les planches qu'il fuit ployer. C'est un furieux. Voit-il
son système ébranlé par une déposition? aussitôt il cesse
de se posséder. Faut-il même à sa fougue uiv semblant de
prétexte? Jules Lemaltre l'a examiné. <t Perpétuellement
lancé en avant et frémissant do colère, même pour deman-
der : quelle est la date de;cette pièce? Labori semble tou-
jours menacer les gens d'un coup de tête dans l'estomac. »
Sa tête, ainsi projetée, l'entraîne parfois dans des culbutes.
Depuis deux ans que ce sauveteur nage en chien autour
de l'Ile-du-Diable, il a éclaboussé ses ennemis, ses amis,
son client. Les Dreyfus oux-mêmes songèrent très vite à lo
museler.
"
Je prends un exemple de se3 fougues.
Dans la confrontation du général Dèloye et du comman-
dant Hartmann, M* Labori demanda avec insistance
ou général :
— Que pensez-vous des faits
que vous apportez quant à
la culpabilité de Dreyfus ?
Et à plusieurs reprises le général, répondit : .
— Je refuse 1 les^ faits que je dépose; je suis
d'interpréter
seulement un expert dont la mission conslsto à éclairer
lo conseil sur des questions techniques.
Labori crut comprendre que le général se dérobait par
cralnto de servir la défense. Avec sa brutalité côutumlère,
il s'entêta dans son interrogation jusqu'à ce quo lo gênêrAî,
dans un mouvement de terrible effet, s'écria :
À RENNES ' '''MiS
-r. Ah 1 monsieur l'avocat, n'insistez pas 1 Le bordereau*
porte la preuve que celui qui l'a écrit était à la sourcesiy-
C'est un Maitre fil Seigneur. .. - ,
Patatras pour Labori! Lo général Gonso venait d'annuler
avec sa compétence de directeur de l'artillerie rhypothèso,
qui substituerait Esterhazy à, Dreyfus. A ce<bruit de vais-
selle cassée, notre légendaire maltre-d'hôtel, Edgard Dé-
mange, coulait alors sur son confrère, comme sur un con-
vive éméché, le regard qui veut dire : « Jeune homme, vous
me prenez pour un gâteux, mais le voyez-vous maintenant,
qu'il ne faut pas faire de zèle dans le service ? »
Cet avocat sans mesure et qui compromettrait même
l'innocence n'est pas une intelligence; c'est un tempéra-
ment Don bestial, en somme. De tels êtres, quand on verse
en eux ce qu'il leur faut de soupes et d'alcool s'élancent
en mugissant Un hommo de cette sorte, s'il a de l'entràt-
nemcnt, peut shïiujer la plupart des sentiments sans y
mettre rien de sincère* C'est la faculté do l'acteur, capable
de nous faire tressaillir dftDit|ê ou d'épouvante, tandis que
lui-même s'inquiète do ia boucïft de son pantalon,
Dans ce groupe sinistre fait d^Preyfus qui vend no*s
généraux, de Démange qui les ridiculise et de Labori qui,
les déshonore, c'est ce Labori, né Alsacien et aimable
garçon, le pire. Le traître ne peut plus nuire» Une série
d'insolations très probablement le rendirent inoffensif ; le
vieil avocat, sa bonno figure en fait foi, aimerait à servir
un festin moins empoisonné; mois Labori,c'est la trompette
des étrangers et des mercenaires lancés à l'assaut de la
France, C'est par Labori que la salle où les gendarmes en-
lèvent les bâtons peut exhaler ses fureurs.
Démange irrite moins. Mais au terme de cette fête,
quand il se penchera, avec sa serviette sousle bras, vers les
attablés du Syndicat et leur dira t « Ces messieurs sont-ils
satisfaits? », je doute qu'ils lui répondent :-u Nous revien-
drons, Edgard. » Alors il s'attristera/, rejetant toute la
1Ô0 SCENES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
(1) Bien que nous écartions toute dialectique sur le fait Dreyfus
pour fournir seulement des choser. vues, c'est-à-dire les péripéties
et les couleurs de la bataille, donnons en passant un aperçu do
l'inctdent Schneider. C'est une lumière sur l'art de la guerre chez
nous et chez nos adversaires.
La tension dans Rennes était magnifique. A toute heure du
jour, de la nuit, il fallait veiller pour avertir les amis et parer
aux attaques. Le 12 août, le général Mercier avait invoqué à l'ap
A RENNES 183
Dans tous les cas où la peine de mort est abolie par l'article 5
de la Constitution, cette peine est remplacée par celle de là dé-
portation dans une enceinte fortifiée, désignée par la loi, hors
du territoire • continental de la République. — Les déportés y
jouissent de toute la liberté compatible avec la nécessité d'assurer
la garde de leurs personnes. — Ils seront soumis à un régime de
police et de surveillance déterminé par un règlement d'adminis-
tration publique.
— On ne choisit
b) Autour du verdict. pas tout un con-
seil de guerre ; on choisit son président. En décidant quo
Dreyfus comparaîtrait & Rennes, on voulut le faire juger
par Jouaust. Et d'abord on s'arrangea pour que le colonel
de Soxcê ne présidât pas,
Jouaust s'est défendu d'être franc-meçon, Il a écrit aux
journaux : « Ce n'est pas moi. On m'a confondu avec mon
frère qui habite Rennes. » Qu'il ne marchât pas, on avait
Jourdy. Cela put faire argument dans sa conscience. C'est
dans le même esprit que Galliffet nous disait : « Vous
vous plaignez do moi l mais tremblez que je parte, car vous
'
auriez André. »
Le général Brugôre, à peine investi du gouvernement de
plus pressants dangers. Dreyfus, cela rappelle une des plus inso-
lentes invasions de l'étranger, mais c'est aussi un nom de victoire.
« La douleur sert aux individus de cran d'arrêt; elle nous avertit
de ne point passer outre, et qu'au delà c'est notre destruction.
Elle rend le même service aux peuples. L' « Affaire » sauva la
nation ; elle nous sortit d'une mortelle indolence.
« Je me rallie à l'idée de ce philosophe qui voulait élever des
autels à la Souffrance. Je ne suis pas en peine de la méditation
que nous devons y porter, nous autres nationalistes. Nous remer-
cions la cruelle « affaire » d'avoir réconcilié l'orgueilleuse raison
avec l'instinct des humbles et d'avoir montré que les volontés
obscures des masses possèdent le sens le plus sûr de la santé
sociale. Au pied des autels de lu Souffrance, une vive reconnais-
sance nous vient au coeur pour une épreuve qui nous révéla jus-
qu'à l'évidence le danger de laisser une influence politique à des
naturalisés trop récents et qui n'ont pas nos instincts séculaires.
ix Que les préjugés nationaux contiennent la sagesse même! Que
ce n'est pas tout d'avoir de l'esprit et qu'il faut encore avoir les
mêmes aïeux'l Voilà les'grandes véritési un instant méconnues,
qu'une douloureuse convulsion vient de restituer à la société' fran-
' - ." .: .-- >
çaise; . . -.. ". |§ ,
« Quand cette affaire, où nous ne .voyons déjà plus qu'une mau-
vaise mystification, sera tombée dans l'irrémédiable oubli où
s'écroulent les élégies mal faites/quelque chose d'elle survivra
dans la législation et tout au moins dans la raison de notre pays.
Nos cerveaux et, par suite, bientôt notre politique se seront régé-
nérés dans l'épreuve.
« Je reprends un mot de notre cher président d'honneur et je
bois à la bôrine souffrance. » .
A RENNES 818
LA PART DE DÉROULÈDE.
A Marcel Hubert,
Tandis que je relisais pour en vérifier les détails
celle suite de notes ou l'histoire pourra puiser des
témoignages authentiques, et non point les appro-
bations d'un partisan, mais les constats d'un ¥ran~
fais impartial qui s'incline detant l'abnégation,
l'héroïsme et la cjsinogance, totre nom, mon cher
Hubert, me tenait constamment à l'esprit, car, dans
les années que je raconte, toute l'action de Dérou-
lUt fut aidée par totre activité, comme aujour-
d'hui dans cette âpre Espagne — âpre, mais c'est
le pays de l'honneur, — votre exil aide son exil.
Et quelle meilleure occasion pourrais-je (router
pour vous dire publiquement nia tris haute estime
et ma profonde amitié !
M, B.- •
L.D.P.
Sameui 10 décembre.
(Urgence extrême)
Camarade,
J'ai besoin de votre présence, ce soir, avant huit heures, salle -
Chaynes, 18, rue d'Allemagne. Il s'agit; non de troubler la^ réu-
nion des dreyfusards, mais d'assurer la liberté et la sécurité dé
vos orateurs patriotes. Rappelez-vous le guet-apens d'hier, salle
Thomas, et les coups de revolver de lundi,! salle du Pré-aux-
Clercs.
A ce soir I Vive l'armée ! A bas les traîtres 1
PAUL DÉROULÈDE.
grelto quo vous n'en ayez pas un, au lieu de la rosette, mais
plus large que celui do Déroulède, très large : je jne moucherais
tivec,
Le maître continua d'expliquer a ses deux disciples la fabrica-
tion des fromages, (Néclt d'un témoin, M. Roland Bréautê.)
J'aime cette joyeuse anecdote qui, mise à la suite de cette soirée
déroulédisle, permettrait ù un dreyfusard d'inliluler le tout :
« Le soldat et te stoïcien. »
(\)Le Journal, 28 mars 1899. L'Etat d'esprit de Déroulède.
\
'?& SCÈNESET DOCTRINES
DU NATIONALISME
(1) « ... Vous nous demandez si. nous acceptons sans réserve la
déposition faite devant la Haute-CoUr, au sujet dé; la journée du
23 février 1899, par l'ancien gouverneur de Paris,' M." le général
Zurlinden. A la déposition elle-même nous n'avons rien & redire
ai nous ne redisons rien, mais nous avons beaucoup à contre-
dire dans les interprétations qui en sont données, L'Eclair et aussi
un peu l'Echo de Paris prennent texte de cette déposition pour dé-
clarer que de nos assertions successivement et solidairement ré-
pétées sur les motifs de notre échec, il ne reste iién I Nous affir-
mons, nous, qu'il en reste tout. Pas plus que M. Zurlinden, nous
ne ferons parler les morts ; pas pjus que lui, nous n'accuserons
les vivants, Nous prendrons la situation telle qu'il, l'a présentée.
Nous avons dit que l'ordre et le commandement des troupes ont
été changés dans, l'après-midi du 23",et le général Zurlinden a
reconnu que dès changements avaient en effet eu lieu & la der-
nière minuté. Nous avons dit que le motif réel de ces changements
était dû a une intervention politique^ et le général Zurlinden n'a
rièri déclaré qui fût contraire à cette .affirmation. Nous ne' dé-
mentirons pas plus le général Zurlinden en parlant\ainsi qu'il
rie nous a démentis en parlant comme il l'a fait devant la Hàute-
Cour. » Paul Déroulède. — Lettre à Maurice Barrés.' — Le Dra-
25 1901. ''•'
peau, juin
LA f ARt DE «ÉROULÈDE Mi
la qualité éminente d'un chef de la rue, il so porta vers
le général X... qui allait paraître. Quand II eut laissé
passer sans un mot los Saint-Cyiiens et la Garde répu-
blicaine, il descendit du trottoir et, prenant le milieu de
la chausséo, il marcha droit au général inconnu dont il
apercevait le chapeau à plumes dans le lointain. Pour
lui parler, il l'arrêta, mettant la main sur la bride. Ce fut
plutôt une brève adjuration qu'un discours. II le suppliait
d'avoir pitié de la Nation, pitié de la Patrie; il le suppliait
do sauver la France et la République.
— Suivez-moi, général 1 suivez-moi, place de la Bastille l
à l'Hôtel de Ville I à l'Elysée ! Des amis nous attendent.
Ce sera un Quatre-Septembre militaire, sans effusion de
sang.
La foule déjà s'émouvait. Deux mille personnes, aux cris
de : « Vive l'armée ! Vive la République ! Vive Déroulède l »
commençaient de mêler ces appels : « A l'Elysée! A l'Hôtel
de Ville ! » qui, deux minutes plus tard, allaient faire un si
étrange tonnerre dans ce quartier.
Quelques écarts du cheval, lui-même étonné, avaient un
instant séparé Déroulède du général ; il se rapprocha im-
médiatement, et, tout en lui parlant, il marchait à'sés cô-
tés .— Mais, telle était la clameur, telle dut être la surprise
du général Roget, que je suis disposé à croire que celui-ci
n'entendit pas distinctement les termes et la portée d'un
discours bien fait pour lui déplaire?-
Quant aux ligueurs, quel besoin aurait eu Déroulède de
les informer à l'avance? Ces coeurs ardents n'en étaient
plus à comprendre leur chef, ils le devinaient»
Déroulède eut-il des complices ? Si mes lecteurs savent-
comprendre tout ce qu'il m'est impossible de dire, ils ver-
ront le mensonge de la Haute-Cour qiiï voulut que les roya-
listes eussent été les. coopérateursAde Déroulède.. En vé-
rité, étranges coppéràteurs l Le juge d'instruction du pro«
nrier prbcôâ, qui avait moins d'invention eP^ui se ména/(
-.- *'. . 'Y.'"-- .': 10.'-:,.:\:
212 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
(1) J'ai donné ce tableau dans son entier parce qu'on y voit
In psychologie d'un partisan enthousiaste et. désintéressé, tel
qu'étaient alors tant de Français. .'.'•'
LA PART DE DÉROULÈDE 2^?
A LA NATION
Français,
La Constitution usurpatrice de 1875 est abrogée;
Le suffrage restreint est aboli ;
Le suffrage universel est rétabli;
la République redevient française et républicaine;
Un gouvernement de privilégiés et de corrompus exploitait la
Nation et dégradait la Patrie ;
Avec l'aide du peuple de Paris et de l'armée de la France, nous
l'avons jeté bas ;
Le Parlement est dissous ; >
Le Président de la République est renversé /
Ce ne sera plus une Assemblée sans mandat qui édiclera là
future loi organique de l'Etat français, ce sont des représentants
du peuple investis par lui du pouvoir constituant ;
Ce ne sera plus une coalition parlementaire qui élira le chef do
l'Etat républicain, ce sera la France ;
Avant peu de fours, le peuple sera convoqué dans ses comices}
Il nous fera connaître sa volonté, nous la ferons respecter;
D'ici là, nous veillerons au maintien de l'ordre et â la défense
des libertés reconquises ; ; -
Nous ne sommes pas des usurpateurs; nous Sommes (es gar-,
diens des urnes et les sentinelles du pays. ;
La République parlementair'e a vécu.
Vive la République plébiscitaire ! ,
Les signatures manquent, tfe suis bien fâché de toutes ces la-
cunes que le lecteur excusera,
$48 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
'
(1) Lo Temps a propagé cette mantôre do voir. C'est qu'il fallait
ne point être interdit en Alsace-Lorraine. « Eh bien I. quoi, me
dirait Hébrard; prôfêrcrtcz-vous que les annexés ne lussent plus
un seul Journal français? » Je déclare loyalement que je n'ai rien
à répondre. Mais quand l'heure de la justice sera venue pour Dé-
roulède (peu ou longtemps après sa mort), on reconnaîtra un
héros et un martyr.
(8)j'exige do mon lecteur et ami qu'il se,rende compte des sacri-
LÀ' PART DE DÉRÔULÈDK'
— Résumons le tout. Il
30) UNE PHRASE DE RENAN. y' a
une phrase mémorablo do Renan. Co philosophe dit un
jour à Déroulède :
— Jeune homme,
jeune homme, la France se meurt :
ne troublez pas son agonie.
peut dormir I
PROBLÈME ALSACIEN-LORRAIN
LIVRE TROISIEME
« A nos compatriotes,
« Chaque Alsacien se plaît à parcourir son pays ; il se plaît
« aussi à se faire raconter les-moeurs et les actions de ses parents
« aujourd'hui morts.
« C'est un agrément et c'est en même temps salutaire. Il y a un
« bien-être physique et moral à se plonger dans son milieu natu-
« rel. En effet, tous nous sentons ce que nous voulons exprimer
« quand nous définissons l'un d'entre nous en disant : « C'est un
« vieil Alsacien t C'est un vrai type de la vieille Alsace ! » Et nous
« sentons également qu'un de nos compatriotes est diminue si
« l'on est amené à dire de lui, en secouant la tête : « Ce n'est plus
« un Alsacien !»
« Chez tous les Alsaciens ce sentiment inné de piété ancestrale
« et d'uttachement au sol existe, mais c'est insuffisant de demeu-
« rer vis-à-vis de l'Alsace dans cette phase sentimentale : il (aul
« que nos raisons d'aimer notre terre et nos morts nous soient
« intelligibles et il faut que nous comprenions de quelle manière
« nous pourrions le mieux dégager, maintenir et prolonger la
« tradition alsacienne.
« Ces réflexions donnent la raison d'être et tracent le pro-
« gramme de notre revue...
« Elle veut rassembler les détails familiers de notre vie pas-
« sée, parler de nos morts illustres, signaler à l'attention pu-
« Wique nos artistes, nos savants et nos écrivains, donner un ta-
« bleau complet de l'activité intellectuelle de l'Alsace.
Joseph Oberlé destine son fils Jean ù une carrière dans l'admi-
nistration d'Alsace-Lorraine. « Je me rallie pour vous, mes en-
fants ; j'en souffre, vous en aurez les bénéfices. » Mais le Jeune
homme refuse de servir; il reprendra plus tard la scierie. En
attendant, installé dans la maison paternelle, il parcourt les
coupes de bois, en compagnie d'un frère de sa mère^ Celui-ci,
l'oncle Ulrich.esfc un type très fréquent. C'est l'homme du coup de
feu, le célibataire qui hait les Allemands, qui vit dans la mon-
tagne pour les éviter et qui guette toujours l'heure où paraîtra
le premier pantalon rouge. C'est un grand chasseur; il a une
lonruevu sur le dos, « qui a vu le derrière des Prussiens a
Iénu ». D'alileurs il n'agit pas. Que pourrait-il?.Il est excellent et
stérile. Dans leurs promenades, le jeurçe Oberlê apprend à con-
naître son petit pays que son père jusqu'ici lui a permis de si peu
connaître. C'est la que définitivement toutes les idées qui flottaient
en lui deviennent fermes : il veut être bon Alsacien, servir sa
terre et ses compatriotes. .:
Malheureusement, l'époque approche où il doit faire son année
de volontariat. Son père a choisi pour lui le plus brillant régi-
ment de Strasbourg. Un officier de ce régiment brigue fà main
8M SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME !
21
LIVRE QUATRIEME
36) MORES.
•
I) Discours sur le cercueil de Mores pour demander ivn.
ffeaȕce (19 juillet 189G)'(1).
Citoyens,
il les lo ;
ge>\ poussait jusqu'à passion et ne sut jamais rien
leur refuser. On voyait qu'un jour il leur donnerait sa vio,
et bien qu'il no fût pas un rêveur déprimé par les pressen-
timents, certes, mais le plus optimiste et lo plus entraîné
des braves, il admettait lui-même que sa destinée s'accom-
plirait dans quelque belle embuscade.
Dans tous les milieux qu'il a traversés, ce Mores, mort
ù trente-huit ans, prit le plus ôtrango prestige et, pour
tout dire, fit révolution. Je n'imagine pas do physionomie
plus parfaitement agréable, toute faite de jeunesse, de
force gracieuse, de fierté et de sympathie. Et do ces vertus,
il usait de telle sorte qu'il semblait vouloir rivaliser avec
les prodigalités do la nature à son égard. Ce vôritablo pri-
vilégiéT&u berceau de qui furent réunis tous les avantages
individuels, santé, bravoure, beauté, et tous les avantages
sociaux, en a fait un emploi parfaitement noble'Avec des
couleurs vives et jeunes, quels tableaux on tracerait de son
inlassable ardeur quand, jour et nuit, dans les prairies soli-
taires du Dakotah, il guerroyait contre les chasseurs-trap-
peurs et échafaudait le premier des trusts américains (1883-
1887); quand il chassait à pied le tigre dans les jungles
indiennes (1887-1888);quand, le long du Fleuve Rouge et sur
la frontière de Chine, élaborant la construction d'un che-
min de fer, il traversait des bandes de pillards affamés
(1888-1889); quand il dénonçait Çonstans, puis les Juifs et
les agents anglais (1889-1892)avant de s'orienter, hélas 1
vers l'Afrique profonde. Partout où il promena son roman,
il apportait de l'agrément et de la chevalerie, un rayonne-
ment à la française, Merveilleux cavalier, excellent tireur,
hôte généreux, il a été adoré de ses camarades au régiment,
de ses collaborateurs aux colonies, de ses partisans poli-
tiques à Paris et en province quand il organisait de si
étonnantes réunions politiques.
Mais de quels éléments plus profonds est donc fait ce
prestige? Par une rare combinaison, il joignait les an-
332 SCÈNESET DOCTRINESDU NATIONALISME
— Tu es un homme connu?
pourquoi acceptes-tu do faire lo
mal?
— Diles-mot quel est ce mal ?
— Lo meurtre du Français.
Bechaoui fit alors une longue explication :
— Jo no l'ai tué quo sur l'ordre d'El-Hadj-All-el-Ghadamsl et
de Brahim-Acheya qui ont dit : « Les gouvernants nous ont or-
donné do le tuer et celui qui le tuera n'aura rien, parce qu'il est
parti sans l'ordre des gouvernants do Tunisie ». Brahim-Achoya
ajoutait : « Le caïd du Nefzaoua, Ahmcd-bcn-IIamadi, t'envoie
te bonjour et il lo dit que tu fasses venir des gens pour tuer lo
chrétien, car c'est Tordre des gouvernants. » Et 11 m'avait ap-
porté des lettres du caïd du Nefzaoua, et il me promettait que si
nous, le tuions, .. caïd du Nefzaoua nous donnerait beaucoup do
choses. Alors j'ai envoyé un méhari a Okkha, à Jabour et au kaï-
makan turc de Ghadamôs et j'en attendais avec impatience des
nouvelles. Pendant co temps, je disais chaque jour au riche Fran-
çais : « Los chameaux vont arriver ce soir. » El-lladj-Alt me di-
sait : « Sois tranquille du côté des gens do Gabôs, jo dirai au
marquis do les renvoyer chez eux, cai» co sont des traîtres, et toi,
dis-lui quo tu amèneras des chameaux et que tu les lut loueras
moins cher quo ne font les Gabéstens. » Nous sommes allés, El-
lladj-AU et moi, expliquer cela au Rouml : « Les Gabésiens sont
des traîtres ; leurs chameaux no peuvent pas marcher dans lo
désert. » Lo Bouml a réfléchi pendant près d'une heure et en
voyant qu'il ne nous répondait pas, nous avons cru que nous
avions échoué dans notre mission. Mats après ectto méditation,
Il renvoya dans leur pays les Gabésiens. Après leur départ El-
Kheir arriva avec ses compagnons châamba, salua lo marquis
et lui dit : « C'est nous qui te louerons des chameaux. » Le mar-
quis lui répondit : « J'ai donné ma parolo aux Touareg et je ne
peux y revenir. » J'allai alors rejoindre les Chftamba et ils me
dirent : « Qu'attends-tu pour tuer co Rouml? » 'J'alfalt sem-
blant de no rien savoir. Alors El-Kheir mo dit : « Nous avons
l'ordre de le tuer. Nous étions h Beresof, nous l'attendions pour
lo tuer ; mais il n'a pas passé par Beresof et nous fûmes envoyés
ici par le cheik Sl-el-Arousst avec Seghir-bcn-Ycmma' et les
.autres Touareg pour lo tuer. Tue donc avec no; , st n'aie pas
peur. » Après cela, j'avais bien compris que les gouvernants
avaient donné l'ordre de le tuer. Il a donc été convenu que nous
lo tuerions tous ensemble, et nous avons arrêté notre plan.
J'avais peur de All-ben--Beclce, mais El-Hadj-Alt m'a dit : « Soyc?
tranquille, je dirai au marquis de le renvoyer chez lut, et lo mar-
quis m'écoutera parce qu'il a la plus grande confiance en moi. »
En effet, 11alla trouver le marquis et lui dit : '(Renvoie cet Ali-
ben-Bedce, c'est un traître, il finira par faire fâcher les Toua-
reg. » Lo marquis dit alors ù, Ali-ben-Becice : « Retourne. » Mais
celui-ci répliqua : « Il no faut pas quo Je rctourno jusqu'à ce que
vùus m'ayez donné uno lettre, parce que jo sais qu'on va vous
luer. » Le marquis no prit pas garde a ces paroles, tant II avait
confiance dans El-IIûdj-AH.
(1) Les passages que nous Imprimons entre crochets sont dos
renseignements fournis par les autres Chûamba et qu'il nous,
paratt Intéressant de Joindre ou récit d'Et-KhcIr.
SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME !
3.60
LE PARLEMENT. '
AVEC
« La situation troublco do la
Franco rend invraisemblable toute
Intervention efficace du cabinet <la
raris au secours clos Français do
l'aclioda.' »
(Lo sirtlar Kitchener à Marchand}.
« La Franco no pourrait pas sup-
porter doux fois en un siècle une
pareille reculade. »
(Marchand, débarquant à Toulon;.
ladcs. Ces faits s'expliquent par le prestige quo le nom du' î>< il de-
vait exercer sur un officier et par le besoin où Marchand ôt Ut le
demander des instructions. Fallait-il qu'il demeurât où il éta(t? fal-
lait-il qu'il revînt en arrière? fallait-il qu'il continuât sa marche
vers l'Est ? Voilà pourquoi il s'attarda à Fachoda. Que ce brave
homme et ses compagnons aient désiré qu'on leur dit : « Vous
êtes sur, lo Nil, restez-y I » Je le crois. Mais leur désir no pouvait
pas engager la France.
« Certainement, quand avec lo rapport de Marchand nous sérail
arrivée sa question : « Que faut-il faire ? » nous aurions répondu :
« Laissez votre camp et revenez-nous. »
'
disait Pourtant
rien. le doute s'était glissé dans leurs
coeurs, quand les visiteurs anglais se retirèrent.
Peu après une barque revint. Le sirdar envoyait un,
ballot de journaux. Tous étaient anglais, sauf un égyp-
tien composé avec des extraits do l'Aurore, des Droits de
l'Homme, du Siècle, du Figaro et do la. Petite Répu-
blique.
Le grand dessinateur patriote Forain, au génie de qui
on doit être heureux de rendre hommage, avait représenté
dans une solitude d'où surgissent quelques palmiers,,un
officier français, les bras croisés, debout auprès d'un dra-
peau tricolore. Au premier plan, le sirdar dit ù un pasteur :
« Comment décourager ce brave? » — « Jo vais essayer
en lui lisant... quelques journaux français. »
Et il on fut ainsi. En apprenant que la patrie était prise
à la gorge par les étrangers de l'intérieur, Marchand se
devina abandonné. Le cri arraché à cette poignée de
héros par le groupe des « infâmes » est venu jusqu'à nous
dans une lettre incomparable do pathétique adressée par
Marchand a Forain. Ecoutez-la :
—
Rejoignez-lo et dites-lui que jo vois lo recevoir.
Sitôt quo Marchand fut entré, le ministre se mit à fondre
en larmes, il pleurait debout et, par là, il se dispensait <le
prononcer des paroles, en môme temps qu'il créoit une
atmosphère propre à une détente, croyait-il. Après une mi-
nute de ces larmoiements, il leva les yeux et vit le comman-
dant impassible qui lo regardait fixement. Ceux qui le con-
naissent, ce regard clairvoyant du héros, jugeront où fut
alors la subalternitô.
L'échec de son expédient, ajoutant à sa première gêne,
détermina chez le parlementaire une véritable aphasie. Il
y eut là, pour co bavard fécond en ressources verbales, de-
cruelles secondes d'impuissance; puis, avec rapidité, il se
mit à développer indéfiniment ce maigre thème :
— Il faudra que nous causions longuement, que nous
dissipions les malentendus.
Il se tamponnait les yeux avec un mouchoir 'malpropre.
Le commandant le laissa dans cette humiliation, sans
l'aider d'un seul mot, et se retira, admiré par ceux-là
même qui n'osèrent exprimer tout haut leur sentiment
dont je me fais le traducteur.
la Franco, qui est une nation grando et forte, est aussi une na-
tion généreuse...
DEUX PÈLERINAGES
25
LIVRE CINQUIÈME
DEUX PÈLERINAGES
A Léon Daudet.
— Sur un cadavre
prussien, il y avait deux bidorjs : le
sien et un d'infanterie française. Tiens! espèco deigour-
mand! lui avons-nous dit, en lui lançant un bon coup de
bêche... Il y avait dés quantités de chiens tués. Je me rap-
pelle un boeuf tout gonflé, pour lequel aucune fosse, ne
suffisait. Et nous lsur mettions aussi la croix.
dii et ramolli nos pieds. Une fois sur l'affreux pavé de Pots-
dam, fait en petits cailloux pointus, on éprouva des dou-
leurs atroces à la plante des pieds. Ce n'était plus mar-
cher, mais sauter comme des brûlés. C'était bien doulou-
reux et bien comique.
« Le 25, on séjourna.
« Le 26, on atteignit Charlottenbourg.
« Nous fîmes notre entrée à Berlin le 27. Nous partîmes
de Charlottenbourg en grande tenue, bonnets et plumets
en tête, toute la Garde réunie et disposée ù faire une entrée
solennelle. Arrivés à un magnifique arc de triomphe sur
lequel est un quadrige de très beau travail, l'empereur
laissa passer sa belle garde à cheval et se mit à notre tête,
entouré d'un état-mojor aussi brillant que nombreux. Les
grenadiers nous suivaient ; la gendarmerie d'élite fermait
la marche. Pour nous rendre au palais du roi où l'empe-
reur devait loger, nous suivîmes cette grande et magni-
fique allée des Tilleuls, la plus belle que l'on connaisse et
qui est supérieure en beauté, sinon en longueur, aux bou-
levards de Paris. La foule était si grande que l'on devait
croire que toute la population de Berlin s'était portée pour
voir passer le vainqueur do son pays.
« Je fus de garde au palais. Dans la soirée, étant en fac-
tion dans une uilée de la prairie qui se trouve en face du
palais, un homme très bien mis m'offrit de la liqueur qu'il
avait dans une bouteille cachée sous son habit. Je le re-
Dussai assez rudement. Il dut penser que je craignais
que sa liqueur ne fût empoisonnée. Il en but un bon coup,
je le remercini.de nouveau, en le priant do s'éloigner. Il
partit en prononçant quelques gros jurons en altemand.
K Parbleu, me dis-je, voilà un Berlinois qui n'est guère de
son pays ! Il semble bien aise qu'on ait donné une bonne
raclée à son roi, à ses compatriotes et à tout ce qui porte
l'uniforme allemand. »•
422 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME !
(1) C'est dans le Figaro de 1892 que Barres avait usé, le premier,
du mot « nationalisme », en l'appliquant aux affaires de France,
(Note de l'Action française).
(2) Ces articles, on les trouvera tout au long dans cet Appen-
dice.
432 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME \
LE PROGRAMME DE NANCY.
Electeurs,
ELECTEURS,
ELECTEURS,.
Il est utile que, dons cette région lorraine, où chaque jour
ils sont plus nombreux, les ouvriers de l'atelier et les tra-
vailleurs de la terre puissent exprimer leurs voeux ; il serait
dangereux de les refouler dans le silence, ainsi que le vou-
laient faire les vieux opportunistes.
Ce programme du « Comité républicain socialiste natio--
naliste » — quei esprit généreux et juste voudrait le mécon-
naître ? — répond aux besoins de notre population ; il esC
conforme à l'esprit particulier de noire Lorraine et
de notre frontière. *
Les articles IV, V, VI, VIII, qui sont décentralisateurs,
marquent fortement la direction de nos revendications dans
notre région où 1' « Ecole de Nancy » répondait au senti-
ment public.
^ïô< SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
FRANÇAIS (1).
a) Le sentiment nationaliste.
Le Parlement et les étrangers. — Les discussions parle-
mentaires du 4 et du 6 mai (1893), sur les conditions du
— Ces
Pourquoi les étrangers viennent-ils en France ?
treize cent mille étrangers envahissent tous nos métiers et
même les professions libérales (voir la Faculté de méde-
cine, l'Ecole centrale, etc.).
Je ne m'en étonne pas. Ils aiment la France pour deux
raisons : n'y payant pas l'impôt militaire et trouvant là
plus de bien être, un salaire meilleur, qu'en leurs patries.
Pour ces mêmes raisons, tels dé nos industriels, de nos
commerçants emploient de préférence ces étrangers :
» Voilà, disent-ils, de beaux gaillards qui peuvent donner
trois ans de leur jeunesse la plus robuste, et en outre ne
sont dérangés ni par les vfngt-hult jours, ni par les treize
jours. » Ces patrons ajoutent ; « Que voulez-vous? les ou-
vriers étrangers travaillent à prix réduits. Payés moins
cher que des Français, ils sont encore plus satisfaits! »
Visitons en effet dans le Nord, dans l'Est, une de
ces équipes belges appelées par nos grands industriels.
402 SCÈNES ET- D.OCTRINÉS DU NATIONALISME
Nous réclamons : .
1° Une taxe sur les employeurs. — Et voilà le point
essentiel 1 Qu'il s'agisse d'ouvriers, d'employés, de gens
de maison, de précepteurs, de commis de banque, etc., etc.,
nous demandons que celui qui les emploie pale une tnxe
montant à 10 0/0 des salaires qu'il leur versé.
' "
APPENDICE '467
Conséquences :
1° Faillite de beaucoup de manufactures étrangères;
ouvriers étrangers sans travail. Émigration de ces
ouvriers par milliers; leur arrivée en France.
2° Les gages, à l'étranger, inférieurs à ceux de
France.
Préférence des patrons pour les émigrés.
S0 Rivalité, coups sur les chantiers, plus de travail
pour le Français.
4° Nécessité d'arrêter un jour ou l'autre cette lnva->
sion.
Le Parlement forcé de reviser les tarifs protection*
nistes,
Ou 'de statuer une loi contre l'ouvrier étranger,
celle-là même que nous réclamons.
1
tl) Enquête pu» M. Henri Charriaut.
488 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATIONALISME
et à vue — « Décen-
f) Pqsl-scriplum réponse objection.
(i traltsation, vie provinciale : parfaitement!... En aitèn-,
« :dant, messieurs les décentralisateurs habitent Paris !... »
Nous l'avons tous dans l'oreille, celte objection familière,
à nos adversaires et qu'ils soulignent d'un accent gouailleur^
J'aj. gardé dans mes cartons, pour y répliquer quelque jour,
un article de, M. Emile Pouvillon dans 1$ Dépêche ; « Ëh,
» bien! disait-il, la décentralisation, qu'en faisons-nous?
500 SCÈNES ET DOCTRINES DU NATrONALISME
LIVRE PREMIER
3) De eoelo in inferna 10
LIVRE DEUXIÈME
L'affaire Dreyfus.
CHAPITRE PIIF.MIEII
- POSITION DE LA QUESTION
8) La formule de Dôroulôde . . . . ! 29
9) Alfred Dreyfus est un symbole i 2d
10) Je juge le symbole Dreyfus par rapport à la Franco. 33
11) Dialogue sur la vérité absolue et la vérité judiciaire. 35
GHAPITIIE II
12) Zola 10
13) Qu'est-ce qu'un intellectuel ? 13
14) La protestation des intellectuels (MM. Joseph
Bertrand, Anatole France, et Jean Psichari ou
le Métèque) 45
15) Nos professeurs do philosophie. . 55
16) Les protestants par rapport à la Franco. — Incom-
préhension de M. Léon Bourgeois. — Deux
notes 58
17) Des Juifs ot des protestants considérés « in abs-
tracto». . 03
Erreur intellectuelle des socialistes. — Voir a YAppendice.
CHAPITRE III
'(i
h) Sa première manifestation. . 67
o) Que voulions-nous faire ? . . . . . . . .70
d) Ce que j'entendais par conciliation. (Union
des patriotes, des régionalises et de tous
ceux, catholiques ou positivistes, qui * veu-
lent luie discipline sociale.'). . . . . . 72
e) Doctrine proposée à la* Patrie française ».
(Jugeons la France on historiens et non
en métaphysiciens. — La Terre et les
Morts. — Cette vue sur les morts nous
mène à une loi sur les naturalisations. —
Cette vue sur le terroir nous mène à une
organisation régionaiiste. — Pour
quo
cette conscience nationale eût son effica-
cité, il faudrait qu'elle s'exprimât dans
, une autorité) 80
f) Je suis sorti du Comité directeur do la .
« Patrie Française » en octobre 1901. . 91
'
19) Propagando pour l'éducation nationaliste. ... 05
'
a) L'éducation nationaliste » . 95
b) Déclaration de r Action française à propos
*
d'un article de M. Barrés. . . . . . . . 97
ç) Le devoir des diverses ligues. . . ... . .100
d) Les études nationalistes au quartier Latin. 103*
o) Une visite dans un laboratoire de natio-
nalisme 107
f) Les dîners de ^'Appcl au Soldat 112
1) Le premier diner de l'Appelait Soldat.
Discours do Paul Bourget, Maurice
Barrés et Henri Vaugeois, 11 juillet
1000. (Extrait do YAction française
du 1» août 1900.) 112
2) « Si le soldat ne surgit point qui dégage
la France, dégageons du moins cette
France on nous-mômes. » (Allocu-
tion au second diner de VAppel au
Solda A 7 février 1001) 119
512" TABLE ET PLAN
CHAPITUK IV
A RENNES
j) Picquart. 1S0
k) Le Picquarisme l'.'2
GlIAl'lTItK V
LA PART DE DIÏROULfeDE
LIVRE TROISIÈME
LIVRE QUATRIÈME
LIVRE CINQUIÈME
APPENDICE
NATIONALE :J
;•:^#^W^L?^ÏV?^
I.t'yn«i(fi't*K&^!i»S )férMinÀ$&... v?& l. 'i ',. 1 ypl.
LrvrtKMu^1^^i^^é^au:^da{?. :?.'..'. ..;v'., 1 vol.
"''• -.:>
':* *:WfâF&y:;?&&*-:•: _
Huit jours chez-M; RënànÂtUnb>brochure ' in-32 !•
. (Kpuisée). ''^Wr ,/"'.v.*
Trois Stations de Psyohoth'érapie. Une
v lH$<%\\'o;ÀM2.*>,. • >/:•.....;vf.:...'.-:_.. l fr.
Toute' Lice.nbe sauf contre; l'Amour. Une
s« hrociîyr^ih^a.........»,.v.A...;.Y^ç;i.. 1 fr.
Le Cutftfdft'itâôi: ;TÏràïr^î&cial.,do,la<pWace SOUH
1 fr.
C0;%éM0lbiï'è$}$^
Stanislas 'de^Quaitâ^.U
Là Terre et!Ies Morts \$âi\,qiïelle8 çëglÙëé fonder
:' la consciaféh françm\ç.f{li:pùi8e)v^(^%^
Parts.-Irap.fAVLDiTONKCl.» 7i lls.4.1902