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Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté

Chapitre 1 : Introduction à l'étude de l'éthique


I. Qu’est-ce que l’éthique

Etymologiquement le mot "éthique" vient du grec ethikos, moral, de ethos, mœurs ; ce mot
est donc un synonyme d'origine grecque de "morale".
L'éthique est la science de la morale et des mœurs. C'est une discipline philosophique qui
réfléchit sur les finalités, sur les valeurs de l'existence, sur les conditions d'une vie heureuse, sur
la notion de "bien" ou sur des questions de mœurs ou de morale.
L'éthique peut également être définie comme une réflexion sur les comportements à adopter
pour rendre le monde humainement habitable. En cela, l'éthique est une recherche d'idéal de
société et de conduite de l'existence. C’est une réflexion sur les valeurs qui orientent et motivent
nos actions. Cette réflexion s’intéresse à nos rapports avec autrui. Il s’agit de penser l'action (que
dois-je faire?) du professionnel dans le domaine de mon métier tant dans la rencontre que dans
la société. Ce qui fait le métier de l’entrepreneur et sa spécificité est d’accumuler les profits en
exploitant le travail de salariés libres (ils ont signé un contrat) au sein d'entreprises où ce travail
est organisé rationnellement. La rencontre nécessite une éthique en plus du savoir, une réflexion
sur le « que dois-je faire? ».
Le but de la réflexion éthique est de déterminer non pas les valeurs les plus motivantes, sur
le plan subjectif, mais celles qui peuvent justifier rationnellement notre action, celles qui
constituent de bonnes raisons d’agir dans un sens ou dans l’autre. Dans le domaine éthique
comme dans le domaine technique, les ingénieurs ne sont pas guidés par leurs préférences
personnelles. Ils font des choix rationnels et sont capables de les justifier en donnant des raisons
telles que l’intérêt du client, la qualité de l’environnement, la sécurité du public.
La réflexion éthique permet de déterminer les valeurs qui constituent des raisons d’agir
acceptables par l’ensemble de la société, par les personnes qui partagent l’idéal de pratique et,
au niveau particulier, par les personnes et les groupes touchés par une décision.
Au niveau le plus général, la réflexion éthique porte sur les conceptions du bien, du juste et
de l’accomplissement humain. Elle répond alors à des questions comme :
 qu’est-ce qui est le plus important dans la vie?
 que voulons-nous accomplir?
 quels types de rapports voulons-nous entretenir avec les autres?

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Les valeurs deviennent ainsi des objectifs à atteindre, des idéaux à réaliser. À l’échelle
individuelle, nos actions sont autant de moyens d’actualiser nos valeurs. À l’échelle collective,
l’imposition de règles est aussi un moyen de réaliser l’idéal partagé; les actions qui vont dans le
sens de l’idéal deviennent des devoirs, des obligations. Les règles, cependant, sont générales et
ne peuvent couvrir toutes les situations où des choix d’actions sont nécessaires.
C’est pourquoi la réflexion éthique porte aussi, au niveau particulier, sur les cas embarrassants
et les dilemmes. Elle répond alors à des questions comme :
 Quelle est la valeur la plus importante dans cette situation?
 quelle est la meilleure décision éthique dans ces circonstances?

II. L’éthique et ses notions voisines

L’éthique se prête en confusion avec plusieurs notions voisines, mais qui ne sont pas
identiques.
Les frontières entre éthique, déontologie et loi par exemple sont poreuses. Pour faire simple :
 la loi énonce des principes, d'application obligatoire sur le territoire où elle s'exerce. Elle
définit des crimes et délits et l'échelle des sanctions ;
 la déontologie, au sens strict, désigne des règles et devoirs qui régissent une profession,
exigeant souvent une prestation de serment. Elle est réglementée par un ordre
professionnel qui applique des sanctions en cas de manquement. C'est le cas chez les
avocats, magistrats, notaires, médecins, journalistes, architectes, etc.
 l'éthique désigne l'ensemble des comportements vertueux, respectueux de la loi, des
personnes et de l'environnement. Les recommandations éthiques (d'une charte par
exemple) sont généralement incitatives.
 Certains comportements peuvent ainsi être légaux, mais non éthiques :
- des montages fiscaux autorisés mais moralement répréhensibles car ils permettent
d'échapper au devoir de contribution au budget national ;
- ou bien une atmosphère de travail conflictuelle et délétère qui génère un stress
chronique des équipes.

Ainsi nous allons distinguer l’éthique des quelques concepts voisines.

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II.1. Ethique et droit

L’éthique et la morale se distinguent du droit positif en ceci que leurs recommandations


ne sont pas nécessairement incarnées dans des lois. Une personne n’est donc pas susceptible de
poursuites légales pour simple infraction d’un code moral. Il faudrait pour cela que la norme
morale soit également une norme légale. La sanction dont s’accompagne généralement
l’infraction à une norme morale qui n’est pas légale, c’est la désapprobation, voire la mise à
l’écart par les membres de la communauté partageant cette norme morale.

Certaines approches éthiques se réfèrent à des droits « naturels » ou « moraux » dont


seraient porteurs les individus ou groupes. Ces droits peuvent se distinguer du droit positif par
leur caractère aspirationnel : ils ont généralement vocation, aux yeux de ceux qui les invoquent,
à devenir des droits positifs, mais ne le sont pas encore nécessairement.

Différence éthique/ droit, qui relève du domaine social ou public ; application du droit
fondée sur crainte de répression, alors que éthique est dictée par sens du devoir . Mais les deux
sont proches, car dans l'idéal la loi ne devrait pas contredire l'éthique, et souvent l'éthique sert à
interpréter la loi. Mais si l'éthique était développée à tous niveaux il n'y aurait sans doute pas
besoin de droit.

II.2. Ethique et morale

Du latin mores (pluriel de mos), mœurs, conduite, manière d'agir, genre de vie, habitude,
la morale est un ensemble de principes de jugement, de règles de conduite relatives au bien et au
mal, de devoirs, de valeurs, parfois érigés en doctrine, qu'une société se donne et qui s'imposent
autant à la conscience individuelle qu'à la conscience collective. Ces principes varient selon la
culture, les croyances, les conditions de vie et les besoins de la société. Ils ont souvent pour
origine ce qui est positif pour la survie de l'ethnie, du peuple, de la société. Si de tels principes
sont en outre positifs pour l'ensemble des ethnies, des peuples ou des sociétés de la Terre, on
peut les considérer comme faisant partie de la morale universelle.
Les termes "éthique" et "morale" ont des sens proches et sont souvent confondus.
L'éthique est plutôt la science et l'étude de la morale.
On distingue en général deux grandes conceptions de la morale :
Objectiviste. Les lois morales ne dépendent pas de l'homme mais des lois de la nature, de
"commandements divins" ou des lois de la raison. Elles ont un caractère universel, éternel,
absolu, normatif. Elles ne peuvent être ni changées, ni supprimées.
Relativiste. Les valeurs morales ont une origine humaine. Elles sont définies par la société ou
par l'individu lui-même et varient donc d'une société à une autre.

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L’éthique et la morale sont tantôt confondues, tantôt différenciées, on ne sait plus toujours très
bien le sens qu’il faut mettre sous ces termes, ce qui les spécifie et les rapports qu’ils
entretiennent.
De manière usuelle, l’éthique est très souvent assimilée à la morale.la différence entre les
deux notions réside dans le fait que la morale est liée à la contrainte personnelle des individus,
tandis que se réfère aux principes de base de l’acte juste et aux règles de conduite. La morale est
régie par des valeurs relatives comme le bien le mal la justice… et varient selon les individus,
les sociétés alors que l’éthique est la définition des comportements acceptables ou non à travers
un raisonnement.
Il faut faire la différence entre la morale, qui renvoie aux mœurs telles qu'elles sont pratiquées
(connotation pratique) et la notion d'éthique, qui est le souci de fonder une morale, ce qui fait
plutôt référence à la théorie, aux règles et aux principes.
Ethique est donc la science de la morale ou un ensemble de principes moraux qui sont à la base
du comportement d’un individu.
L'éthique d'un individu est ce qui sous-tend ses comportements vis-à-vis d'autrui, ou vis-à-vis de
son environnement.
L ’éthique est une démarche visant, face à un problème donné à adopter la meilleure
solution en s’appuyant sur des valeurs apprises, admises et intégrées et en tenant compte
du contexte dans lequel le problème se pose factuellement.
C’est une démarche et non une science ; une démarche face à un problème pour adopter une
solution concret, une démarche contextualisée et non uniformisée, une démarche qui s’appuie
sur des valeurs et non sur la morale, une démarche personnelle qui s’appuie sur des valeurs
intégrées plus qu’apprises (différence avec l’éducationnel)
La philosophie morale aborde, avec la seule autorité de la raison, la question de la finalité de
l'action humaine et cherche à éclairer les choix pratiques et en particulier la prise de décision :
 Que dois-je faire ?
 Qu'aurais-je dû faire ?
 Y a-t-il des limites à mes actions ?
Les philosophes divisent la morale en trois domaines dont les limites ne sont pas toujours
parfaitement fixées :
Méta-éthique : entendue comme la recherche des origines et du sens de nos concepts
moraux ;

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Morale ou éthique normative, qui concerne les critères de nos comportements
(habitudes, devoirs, conséquences de nos actes) ;
Morale ou éthique appliquée, application des deux premières à des problèmes
spécifiques et controversés (par exemple, avortement, environnement, droits des animaux, etc.).
De nos jours, une connotation moins péjorative que "morale" car plus théorique ou
philosophique. Tandis que la morale est un ensemble de règles ou de lois ayant un caractère
universel, irréductible, voire éternel, l'éthique s'attache aux valeurs et se détermine de manière
relative dans le temps et dans l'espace, en fonction de la communauté humaine à laquelle elle
s'intéresse.
Dans "Le capitalisme est-il moral ?" (Albin Michel), le philosophe André Comte-Sponville
distingue l'ordre moral de l'ordre éthique. Pour lui, la morale est ce que l'on fait par devoir (en
mettant en œuvre la volonté) et l'éthique est tout ce que l'on fait par amour (en mettant en œuvre
les sentiments).

II.3. Ethique et deontologie

La déontologie porte ces considérations au champ plus restreint de la profession (les devoirs
professionnels,). Un code de déontologie est un ensemble de principes, valeurs, règles et devoirs
qui régissent une profession. Du grec deontos, ce qu’il faut faire, ou ce que l’on doit faire, et
logos (discours sensé) ; c’est étymologiquement « la science des devoirs ». La déontologie fait
explicitement référence aux plus hautes valeurs sociales, elle s’inscrit dans un cadre plus large
(comme la Déclaration universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, nommée en
tête par nombre de codes de déontologie.
La déontologie : c’est l’ensemble de règles reconnues dans une profession de façon à
défendre les intérêts des clients ou faciliter les relations entre professionnelles. Plus generalement
ces valeurs et principes sont regroupés dans un code appelé code de deontologie.axiologie est la
science et théorie des valeurs morales.

II.4. Ethique et raison

La raison a pris une place prépondérante dans le fondement de l’éthique au siècle des
Lumières et c’est de principes rationnels qu’étaient déduits les comportements des individus.
On comprend mal l'évolution de la philosophie en Allemagne au cours des dernières
décennies si l'on n'aperçoit pas la préoccupation éthique au cœur de ses manifestations les plus
significatives. Le souvenir douloureux du Nazisme aura forcé une bonne partie de l'intelligentsia

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germanique à entreprendre une révision des éléments de sa tradition (métaphysique,
l'historicisme et du relativisme moral, l'irrationalisme pur et simple) pour abandonner le plus
souvent aux seules sciences exactes et à la réflexion épistémologique le monopole de la
rationalité .

II.5. Ethique et responsabilité

Pourquoi éthique ET responsabilité et pas VERS, MALGRE, POUR, MAIS… ? Ils sont liés
car l’éthique peut servir dans la responsabilité.
L’éthique peut être un repère. On va pouvoir s’appuyer dessus. On prend conscience qu’on
est face à de nouveaux défis.
Deux mots qui s’utilisent souvent l’un pour l’autre : éthique et morale. La morale s’impose
à l’homme, l’éthique est une démarche plus personnelle car elle est unique, liée à la personne.
La morale fait plus penser à des règles qu’on applique, l’éthique c’est plutôt un
questionnement, un cheminement. C’est une attention forte qui s’applique aux pratiques.
L’éthique est questionnée face à des discussions ou des actions qui viennent la percuter.

D’après le Robert d’Alain Rey :


La responsabilité c’est :
 L’obligation de quitter le pouvoir quand on s’aperçoit qu’on a perdu la confiance de
ceux qui nous ont élu. (première définition du dictionnaire),
 L’obligation de réparer le dommage causé par sa faute
 L’obligation de réparer une faute, de remplir un devoir ou de tenir un engagement.
C’est de celle-ci qu’on parle le plus en position de cadre.
C’est toujours une obligation.
L’éthique c’est :
 La science de la morale (première définition du dictionnaire),
 La forme prise par les valeurs et les pratiques morales dans un milieu, une culture,
un groupe humain. L’éthique est au-delà de la morale.
 La science qui prend pour objet immédiat les jugements d’appréciation sur les actes
qualifiés de bons ou mauvais.
D’après Descamps:
Le droit décide, la morale commande, l’éthique recommande.
Devoir de répondre d’un fait, d’une action et d’en être garant.

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La notion de responsabilité est d’ordre moral philosophique avant d’être d’ordre légal.
Il n’existe pas de domaines dans le quotidien dans lequel nous n’avons pas de
responsabilités, après il y a des degrés.
Notion de section sociale par rapport à la loi et dans le regard des autres ou alors une section
de type psychologique qui se traduit par la culpabilité.
Le droit qui règle notre responsabilité est issu d’une histoire séculaire a cours de laquelle on
a empilé les choses.
 Plus la liberté augmente plus la responsabilité augmente.
 Plus on a de responsabilité, plus on a de liberté.
 Plus on a besoin de règles pour assumer sa responsabilité et d’éthique.
 Plus on a de liberté plus il faut que chacun ait ses propres règles fondées sur des
valeurs incontournables.
 Liberté et éthique sont incontournables pour gérer sa responsabilité.
Ce droit-là est structuré sur le principe de la faute, jusqu’à récemment la responsabilité
n’était engagée qu’en cas de faute, et toute faute engage la responsabilité. Aujourd’hui (depuis
une dizaine d’années) on passe à une responsabilité fondée sur le risque.

III. Ethique et managememnt

Le manager, quelle que soit sa fonction, est confronté à un moment ou à un autre à des
problématiques d’éthique qui engagent ses valeurs personnelles.
Exercer avec exemplarité, indépendance et courage ses responsabilités de « manager
éthique » peut s’avérer une véritable gageure.
Pression commerciale sous forme de cadeaux et d’invitations, dénigrement de la
concurrence, conflits d’intérêt, tentatives de corruption, pratiques discriminatoires, …
Le monde de l’entreprise n’est pas toujours pavé de bonnes intentions. Certains sont prêts à
tout pour gagner des parts de marché, d’autres bafouent les principes élémentaires du respect de
la personne humaine…
L'éthique en entreprise propose au manager de s'interroger sur les valeurs et principes moraux
qui devraient orienter ses actions, dans différentes situations professionnelles. Elle fixe les
limites que la morale collective rencontre au quotidien et propose un cadre de fonctionnement,
souvent matérialisé dans une charte ou un code d’éthique.
Face à des manquements aux règles d’éthique, comment s’y prendre ?
On retiendra quelles bonnes pratiques :

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1. Tout d’abord vérifier la conformité ou non de la situation par rapport aux lois, et au
code d’éthique de l‘entreprise s’il en existe un.
2. Prendre du recul et s’accorder le temps nécessaire à la réflexion. Mieux vaut
s’interdire d’agir à chaud et dans la précipitation, ne serait-ce que pour prendre la
mesure des implications auprès de tous les acteurs.
3. Partager ses interrogations en interne et recueillir l’avis des personnes de son
entourage professionnel qui seront un gage d’objectivité et d’impartialité dans la
prise de décision.
4. Vérifier soigneusement les sources et les informations disponibles, même si elles
paraissent a priori évidentes ou incontestables.
5. Prendre l’avis des experts de l’entreprise : éthique, risques, sécurité, juridique, RH,...
en fonction de la problématique.
6. Assurer la confidentialité et la sécurité des données personnelles des protagonistes.

Le manager pourra alors prendre sa décision en confiance, en accord avec ses valeurs
personnelles, et l’assumer auprès de sa hiérarchie, de ses pairs et collaborateurs, et même de ses
proches.
Mais alerter, faire remonter les dysfonctionnements, voire les délits, reste encore difficile
pour des raisons historiques et culturelles. Dénoncer une situation est souvent assimilé à de la
délation et regardé avec suspicion.
L’insécurité psychologique qui en résulte handicape fortement l’efficacité des systèmes
d’alerte.
C’est pourquoi les dirigeants et managers doivent veiller à instaurer dans l’entreprise un
climat de confiance propice à l’expression des doutes et à la libération de la parole.
Maintenir une cohérence entre valeurs et actions. L’éthique résulte d’une construction intime
intérieure.
Le manager éthique saura-t-il pour autant, en pleine tourmente, trouver toute la force
intérieure nécessaire pour incarner et faire vivre une éthique engagée ?
Dans le monde impitoyable de l’entreprise où la réalité économique et financière prend le
dessus sur les considérations morales, il aura toutes les peines du monde à maintenir une
cohérence entre ses valeurs et ses actions.
Face à des pratiques d’affaires peu recommandables d’un client ou fournisseur, le dirigeant
éthique aura à cœur de rechercher des solutions alternatives qui ne heurteront pas sa conscience

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morale. Cette position reste aisée tant que la dimension économique ou financière ne vient pas
interférer dans la prise de décision.
Réconcilier éthique personnelle des salariés et pratique des affaires permet d’éviter les
situations de souffrance éthique, ce mal-être d’un manager ou salarié contraint de renier ses
valeurs, de faire taire sa morale dans l’exercice d’activités qu’il réprouve.
Ne pas se renier
Face à tout dilemme éthique, il y a un risque de renier ses propres convictions.
Les exigences contradictoires auxquelles se trouve confronté, à un moment ou à un autre, un
manager soucieux de « bien faire son travail » ont parfois raison de son éthique.
Manager sans trahir ses valeurs oblige à prendre du recul par rapport à ses pratiques et celles
de l’entreprise. C’est accepter une démarche d’analyse et de questionnement pour pouvoir mettre
en cohérence ses actes avec les valeurs sur lesquelles on décide de fonder son activité
managériale.
Manager sans trahir ses valeurs passe par la capacité à faire vivre au quotidien des valeurs
symboles d’une authentique éthique managériale.
Deux qualités sont essentielles pour cela :
- L’exemplarité : se cramponner à ses valeurs profondes, revisiter régulièrement ses
actions de manager pour questionner son exemplarité, et gagner ainsi la confiance et
l’adhésion de ses collaborateurs.
- Le courage : celui d’affirmer son point de vue, de dire non, d’alerter, de dénoncer,
voire de se démettre plutôt que de se soumettre… Autant d’actes de courage qui
témoignent d’un sens des responsabilités.
Manager sans trahir ses valeurs nécessite de bien connaître ses limites sous tension. Anticiper
et s’entraîner à défendre des positions délicates quand tout va bien permet de renforcer sa
capacité de résistance… et peut permettre, par exemple, de prévenir l’aveuglement souvent de
mise en situation de stress.
Manager sans trahir ses valeurs, c’est aussi permettre à ses collaborateurs de se prendre en
main pour agir selon une ligne éthique que l’on trace pour eux, et leur permettre ainsi de ne pas
se renier à leur tour.
Les dirigeants gagnants de demain seront ceux qui ont compris qu’une de leurs missions
essentielles est de veiller à préserver et faire fructifier le capital réputationnel, ou capital
confiance, de leur entreprise.

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En plaçant les préoccupations éthiques au cœur de leur agenda, ils œuvrent en ce sens et
contribuent ainsi à créer de la valeur au service de la performance durable et de la pérennité de
leur activité.

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Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté
Chapitre 2 : Objet de l'éthique.
L’éthique générale établit les critères pour juger si une action est bonne ou mauvaise, et
pour juger les motifs et les conséquences d’un acte : ce qui fait d’elle une science pratique.
Il ne s’agit pas d’acquérir un savoir pour lui-même mais de nous rendre à même d’agir de
manière responsable.
Elle est donc considérée de nos jours comme une discipline au carrefour de l’éthique
appliquée, de l’éthique individuelle, de l’éthique sociale et des différentes formes d’éthiques
spécialisées qui se confrontent aux problèmes normatifs de leur domaine particulier.

I. Différenciation de l’éthique avec d’autres disciplines

Il est difficile de déterminer avec exactitude les rapports entre morale et éthique car la
distinction entre ces deux termes eux-mêmes est délicate.
Dans un sens « ordinaire », le terme éthique est synonyme de morale, et désigne une
pratique ayant pour objectif de déterminer une manière de vivre conforme aux fins de la vie
humaine (recherche du bonheur ou moralité). Mais une distinction courante consiste à
entendre par « morale » l’ensemble des normes propres à un groupe social ou à un peuple à
un moment précis de son histoire.
Aujourd’hui, de manière générale, on emploie le terme « éthique » pour qualifier des
réflexions théoriques portant sur des pratiques et sur les conditions de ces pratiques : ainsi on
parle de « comité d’éthique » au sein d’institutions scientifiques.
L’éthique aurait ainsi ses fondements non dans les traditions d’un pays, mais dans une
décision rationnelle.

II. Place de l'éthique.

Chaque secteur affirme son aspiration à l'autonomie en incluant, dans son ethos
professionnel, un souci de défense contre les intrusions abusives venues d'ailleurs. Mais au
cours de la modernité occidentale, le processus de séparation s'est produit de manière trop
sectaire, en tendant à exclure les considérations éthiques de la politique et de la science. Ainsi
s'impose désormais de trouver un moyen de concilier le maintien des démarcations légitimes
entre secteurs avec un retour de l'éthique (permettant d'assurer cohérence globale et respect
du 'principe responsabilité'). La description peut sembler anodine, mais les implications
suivantes ne le sont pas.
1 - L'éthique ne constitue pas un secteur additionnel. Autrement dit, les secteurs existants,
toujours sur leurs gardes, n'ont pas à s'inquiéter de menaces d'empiètement ou d'atteinte à
leurs prérogatives propres, venant d'un nouveau prétendant avide de se tailler un domaine.
2 - En revanche, aucun secteur n'est à l'abri du questionnement éthique, et nul ne peut, à cet
égard, se targuer d'une position de surplomb, ou d'un statut d'impunité.

II.1 Éthique et droit.

La définition des droits humains, et la maturation de leur formulation à travers un


processus à épisodes où se joignirent et se succédèrent influences religieuses, politiques et
juridiques, illustrent bien cette position de l'éthique au carrefour des divers secteurs. Ainsi
peuvent être dépassées deux obstructions préalables (souvent lancées en rafale) à propos des
relations entre éthique et droit. - Seule la justice est habilitée à se prononcer sur le permis et
le défendu. Et cela suffit. Tout le reste relève de la conscience individuelle. - Le droit n'a rien
à voir avec l'éthique. Et pourtant, sans disposer de pouvoir normatif, la réflexion éthique
collective joue néanmoins un rôle utile (et même important) pour l'application et l'évolution
du droit (législation et jurisprudence). Les droits humains sont devenus un socle universel,
pour le droit international et pour l'éthique.

II.2. Éthique et politique.

L'objection la plus commune, à l'encontre du mouvement éthique dans les sciences, se


décline sur le mode du: 'Ça n'a rien à voir avec l'éthique, c'est de la politique'. Dans un pays
comme la France, longtemps divisé par les conflits liés à la décolonisation et à la guerre
froide, même la défense des droits humains était souvent tenue en suspicion de 'politique'. Il
fallut attendre la chute du mur de Berlin pour que puisse naître une Commission des droits de
l'Homme au sein d'une société savante française. À ce poids du passé, s'ajoute la confusion
suscitée par la dualité de sens du mot 'politique'; politique comme-pouvoir (politique
politicienne: enjeux de pouvoir et joutes partisanes; pouvoir régalien: monopole de la
violence légale, etc) et politique-comme-débat-public. L'éthique est parfois accusée
simultanément de se mêler de la mauvaise politique (en critiquant des abus de pouvoir) et de
déranger la bonne politique (en sortant du cadre strict de la démocratie représentative). Noter
qu'un reproche similaire est périodiquement relancé à l'encontre de la justice (soupçonnée de
débordements insidieux, visant à établir un 'gouvernement des juges').

II.3. Éthique et science.

Dès les débuts de l’ère moderne, les pionniers de la science nouvelle furent conscients de
l’ampleur des bouleversements apportés par leurs découvertes. Celui de Thomas S. Kuhn, La
Structure des révolutions… qui s’est attaché à repérer les traits communs aux transitions
majeures, d’origine théorique ou instrumentale, associées souvent à des noms célèbres (tels
que Copernic, Galilée, Newton, Lavoisier, Lyell, Maxwell, Darwin, Planck, Einstein, etc.).
La notion de révolution scientifique et technique revient désormais fréquemment dans le
langage commun, et la réalité perçue des changements observés dans les modes de vie
confirme sa pertinence.

Le registre des révolutions politiques (coup d’État, insurrection, émeute) ayant beaucoup
perdu de son acuité et de ses anciens attraits (dans les démocraties assagies du moins), le
moment semble venu de porter une attention renouvelée à la notion de réévaluation morale.

L’accent est mis ainsi sur une transformation des mœurs par la persuasion et la délibération,
plutôt que par la violence et la contrainte. Comme les révolutions scientifiques, ces
réévaluations morales peuvent accompagner des mutations sociales vastes et diffuses.
Quelques exemples suffiront pour fixer les idées : abolition de l’esclavage, libération des
femmes, décolonisation, remplacement de la guerre par le droit.

Cependant, il existe aussi une expérience intime, vécue, de processus de réévaluation morale :
les passages de l’enfance à l’adolescence, et à la maturité, s’accompagnent de révisions,
parfois de conversions. Les images pieuses des légendes enfantines (sur la famille, la caste ou
la classe, la nation), les visions idéales qui président au choix d’une profession ou d’un
engagement de jeunesse sont soumises à l’épreuve ultérieure de multiples chocs et tests, au
cours d’une existence humaine.

Le but de la science est de s’approcher rationnellement de la vérité des phénomènes de nature


et la technique propose de les maîtriser. L’éthique, en revanche, recouvre la réflexion sur ce
qu’est «l’action bonne» et les valeurs qui la fondent. Les objectifs de ces deux démarches
sont-ils irréductibles les uns aux autres ? Selon la vision optimiste de Socrate et de ses
partisans modernes, les progrès exceptionnels des connaissances et des pouvoirs qui lui sont
liés devraient avoir consolidé le règne du Bien sur Terre. D’autres postulent aujourd’hui que
l’accès au savoir est de nature à bouleverser les fondements moraux de l’éthique. En effet, le
lumineux et terrible vingtième siècle, celui du progrès fulgurant de la médecine, de la
communication, des sciences de la matière et de l’univers, mais aussi celui de deux guerres
mondiales, de trois génocides, de l’arme atomique, de la pollution et du réchauffement
climatique n’apparaît pas justifier l’optimisme socratique.

Qu’en sera-t-il pour le siècle présent ? Les nouvelles découvertes et techniques associées
poseront à l’évidence de nouveaux défis éthiques. Ceux-ci devront-ils être relevés à l’aide de
principes universels et stables, ou bien ces principes eux-mêmes seront-ils remis en cause par
les progrès scientifique et technique ?

Face aux menaces de la civilisation technologique, c'est au contraire le souci de rassembler


les ressources intellectuelles et morales dans une délibération collective qui s'est affirmé, au
cours de la décennie suivante. Cependant l'éthique est, aussi, un savoir. Une science des
mœurs (éthique descriptive) peut déployer ses investigations, en se prévalant d'une objectivité
comparable à celle des sciences politiques. En contraste, les jugements de valeur proprement
dits relèvent de l'éthique normative; à partir de ces jugements, des principes et règles sont
formulés et des limites sont définies, sous forme de codes de conduite, serments, déclarations,
lois, etc.

En somme, ce n’est pas parce qu’un problème passe par des phases de prise en charge
politique, ou juridique, qu’il cesse pour autant de relever d’un questionnement et d’une
réflexion éthiques.

II.3.1.Évidences entre éthique et sciences

Entre éthique et science, il y a des parentés de démarche. La science, c’est se donner les
moyens d’approcher la vérité. L’éthique, c’est se donner les moyens d’approcher l’agir juste.
Éthique des sciences et recherche scientifique participent d’un même projet rationnel :
rapporter les effets à leurs causes réelles et véritables. Causalité naturelle, responsabilité
sociale : même si la tâche d’élucidation s’avère difficile, une même exigence est en jeu.

Le questionnement éthique est source de créativité pour les sciences. Car il soulève quantité
de problèmes importants qui appellent des compléments d’étude et ouvrent ainsi de nouvelles
voies à la recherche.

L’évaluation de la qualité est une composante essentielle pour le bon fonctionnement de


l’entreprise scientifique. Le mot même d’évaluation renvoie à des valeurs, parmi lesquelles
les valeurs morales ont leur place, à côté d’autres (économiques, etc.). Et dans la pratique de
la recherche scientifique, il existe une sorte d’enchaînement cohérent menant de l’évaluation
à l’éthique, de l’éthique à la confiance, de la confiance à l’efficacité.

II.3.2. Concours de la science à l’éthique

À vrai dire, l’inventeur Nobel, en créant le prix de la paix, dans le sillage des trois prix
scientifiques (physique, chimie, médecine), avait déjà ouvert une piste en cette direction. Et
la vie du physicien Andrei Sakharov (lauréat du prix Nobel de la paix en 1975) constitue un
exemple fondateur. Ayant mené, sans compromission ni complaisance, un processus de
révaluation morale de magnitude inouïe, Andrei Sakharov fut réduit à la solitude d’un exil à
demi carcéral. Mais il a survécu (tout ce qui lui a permis de survivre mérite attention) et la
postérité lui a rendu justice.

En science, on peut avoir raison tout seul. Et, seul d’abord, parvenir à convaincre par la
persuasion. Tout chercheur ayant fait ne fût-ce qu’une contribution à la fois originale et
inattendue sait la fragilité de la vérité naissante, et son besoin de protection. Après avoir pu
traverser certaines de ces adversités, on ressent émerveillement et gratitude, pour ces mœurs
de la communauté savante qui permettent (quelquefois, du moins) convergence de l’attention,
discernement de la qualité et juste reconnaissance du mérite.

Le paradoxe d’Andrei Sakharov est que son génie scientifique, portant sur des domaines
ésotériques de la physique théorique, fut tôt reconnu par ses confrères académiciens qui, dans
leur majorité, n’en avaient pas une compréhension directe (mais une chaîne de confiance
fonctionnait de proche en proche), tandis que sa rectitude morale, à propos de thèmes dont
chacun pouvait appréhender la pertinence et le bien-fondé, lui valut un isolement grandissant,
quinze ans durant (jusqu’au temps de la perestroïka de Gorbatchev). Le mouvement éthique
dans les sciences ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans l’exemple donné par la vie
héroïque d’Andrei Sakharov.

En somme, il s’agit d’aborder l’éthique des sciences avec l’esprit de sérieux (au sens propre :
continuité dans le temps) qui fut si fécond pour le progrès des connaissances : effort
intellectuel, recherche persévérante de la qualité, attention aux travaux et talents originaux.

II.4. Economie et éthique

L'éthique, science de la morale, renvoie aux systèmes de valeurs, à la différenciation du


bien et du mal. Elle sous-tend le droit, producteur de normes et de règles. Elle se situe dans le
débat entre l'universalisme et les particularismes. Plusieurs conceptions de l'éthique
s'opposent : l'éthique individuelle ou la morale privilégie les comportements individuels
normés par des principes moraux ; l'éthique collective renvoie aux structures de base de la
société, au contrat social permettant de répartir un certain nombre de "biens premiers" au sens
de Rawls. On peut également distinguer une conception téléologique d'un bien défini a priori
vers lequel l'action doit tendre et une conception déontologique définissant des devoirs.
Les liens entre économie et éthique sont complexes et ont donné lieu à des réponses
contrastées chez les économistes. Le terme "bien" a traversé tous les débats de la science
économique et des rapports entre économistes et juristes. Le bien commun était au cœur de la
conception des scolastiques. Ce terme de bien a plus tard remplacé celui de chose (res) et
celui de richesse (wealth). Il renvoie à une proximité entre goods(biens matériels) et good
(bien au sens de jugement de valeur) au cœur d'un débat. Le marché et les biens privés sont
entre une conception substantive ou formaliste de l'économie ou entre une vision utilitariste
objective ou subjective (Caillé, 2003).
L'économie a ainsi longtemps été définie comme une branche de l'éthique. Elle ne
peut se passer de la prise en compte des valeurs. L’action résulte d’une intention non
réductible à la recherche de l’intérêt individuel et à une analyse coût-avantages. Les acteurs
dans la tradition de Hirschman, Perroux ou Sen sont attentifs au respect des règles et ils
procèdent à des jugements moraux. L'hypothèse de sympathie ou d'empathie est un principe
essentiel de l'harmonisation de concurrence et les sentiments moraux chez A. Smith, elle est
sous-jacente au voile d'ignorance de Rawls ou à la garantie de l'impartialité de l'équilibre
social chez Harsanyi. L'altruisme se combine avec l'égoïsme. Selon Sen, la question éthique
renvoie au fondement de la motivation humaine et au jugement que l'on porte sur ce qui est
accompli à l'échelle de la société. « L’homme purement économique est à vrai dire un
demeuré social ».
Selon Rawls (1971), une doctrine doit comporter une interprétation de ce qui est le bien
public sur une conception de justice (p. 300). On peut considérer qu’il y a pluralité des
mobiles d’action et imbrication et compromis entre plusieurs espaces de justification
(Boltanski, Thévenot).
Au contraire, pour une conception positive ou "mécaniciste", l'économie est amorale. Il y a
ainsi volonté chez Marshall et ses successeurs de traiter du bien-être économique en dehors
d'un aspect normatif. Il s'agit aujourd'hui pour les "public choice" de révéler les intérêts
privés des décideurs publics au-delà d'un discours sur l'intérêt général. Robbins (1935)
écrivait "il ne semble pas logiquement possible d'associer ces deux matières (économie et
éthique) sous une autre forme que la simple juxtaposition". Les jugements de valeur n'ont
aucune place dans l'analyse scientifique. Les hommes sont mus par leurs intérêts dont il peut
résulter au niveau collectif des effets bénéfiques et non voulus.
Aujourd’hui la question éthique est redevenue centrale qu’elle soit posée en termes d’équité
intra ou intergénérationnelle ou de principe d’incertitude conduisant, face à une impossibilité
de se représenter le futur, de connaître les futures préférences collectives et aux risques
d’irréversibilité de décisions, à des choix plus précautionneux et à des compromis entre
plusieurs référents se différenciant du seul calcul économique Éthique positive et normative
Dans une analyse positive, on suppose que les agents sont munis de morale et qu'ils sont
égoïstes et altruistes, individus et personnes en relations, caractérisés par la liberté et par la
responsabilité. L'éthique positive raisonne à partir d'individus dotés de morale, de
comportements altruistes bienveillants ou malveillants. Elle prend en compte les interactions
sociales. L'agent économique égoïste mu par son intérêt intègre l'autre dans une rationalité
économique étendue.
Dans une analyse normative, on pose des valeurs comme extérieures et on les hiérarchise.
L'éthique normative définit le lien en référence avec des normes et des règles morales
extérieures aux agents. L'homme internalise les énoncés normatifs tout en combinant
rationalité et sociabilité.
On peut ainsi déplacer le curseur entre :
 universalisme et individualisme kantien présupposant des individus dotés de morale
universelle ;
 particularisme et holisme supposant une pluralité des systèmes de valeurs et des
agents supports de ces systèmes.
Ce débat concerne également la sphère privée ou publique. Pour certains, les relations entre
économie et éthique peuvent faire abstraction du champ public. Il est possible de penser des
régulations privées par des normes privées en termes de codes de conduites, de finances
éthiques, de morale des affaires, de labels éthiques sur les marchandises (commerce
équitable), et de transparence dans les transactions. Marché, droit et morale sont les trois
piliers des sociétés. Nous pensons, au contraire, qu'il existe des hiérarchies et des
interdépendances entre les pouvoirs privés et les pouvoirs publics. Il y a imposition de
systèmes de valeurs. Il y a risque à énoncer des principes généraux et utopiques sans prendre
en compte les rapports de force. Une conception purement philosophique risque d'évacuer le
champ du politique. Une conception éthico/politique de l'économie suppose de prendre en
compte les conflits/concours tant des valeurs que des pouvoirs.

Enfin la métaéthique, portant sur les conditions de possibilité d'une réflexion éthique
collective et d'une argumentation dotée de sens, appartient pleinement au domaine de la
philosophie morale. La spécificité de cette composition ternaire (éthique normative, méta-
éthique, éthique descriptive) peut être signalée dans cet abrégé: l'éthique est une science, pas
comme les autres.
Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté

Chapitre 3 : Quelques éthiques sectorielles

I. L'éthique des affaires ou éthique organisationnelle

Dans le cadre du comportement et du développement organisationnels — est l'une des


formes de l'éthique appliquée à un domaine concret qui examine :
 les règles et les principes de l'éthique dans le contexte des
affaires économiques et commerciales ;
 les diverses questions morales ou éthiques qui apparaissent dans le contexte de
l'activité économique des hommes ;
 et tout devoir ou obligation pour une personne se livrant aux activités d'échanges et de
commerce.
En effet, l'éthique des affaires se fonde sur l'éthique normative, selon laquelle les
normes éthiques spécifiques sont défendues puis appliquées pour distinguer ce qui est bien ou
mal, c'est-à-dire ce qui devrait être fait ou qui ne devrait pas être fait.
Cependant, à quelques exceptions près, les éthiciens des affaires sont en général peu intéressés
par les fondements de l'éthique (méta-éthique) ou par la justification des
principes éthiques fondamentaux : ils se montrent davantage concernés par les questions
pratiques, et toute obligation spécifique pouvant s'appliquer concrètement à l'activité et à la
relation économiques.
Le domaine de l'éthique des affaires a un recouvrement avec la philosophie des affaires, dont
l'un des objectifs est d'identifier les finalités fondamentales d'une entreprise. Si la finalité
principale d'une entreprise est de maximiser le rendement de ses actionnaires, alors on pourrait
dans ce cadre considérer qu'il est contraire à l'éthique pour cette entreprise de prendre en
compte les intérêts et droits de toute autre partie prenante1.
Voir sur ce point : partie prenante.
 Responsabilité sociale des entreprises (en anglais CSR pour Corporate Social
Responsibility) : un terme générique sous lequel on débat
des droits et devoirs éthiques entre les entreprises et la société civile.
 Les questions relatives aux droits et devoirs moraux entre une entreprise et
ses actionnaires : responsabilité fiduciaire ((en)fiduciary responsibility), concept
de partie prenante (stakeholder) — plus large que celui d'actionnaire — .

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 Les questions éthiques relatives aux relations entre plusieurs entreprises : par exemple
une offre publique d'achat (OPA) amicale ou hostile, l'espionnage industriel…
 Les questions de modes de fonctionnement et de direction : gouvernance d'entreprise.
 Le financement illégal de parti politique ou d'élection politique, par les entreprises.
 L'évolution de la loi, avec par exemple aux États-Unis un débat législatif sur l'homicide
par personne morale (Corporate manslaughter (en)).
 L'instrumentalisation de codes éthiques d'entreprise comme pure façade à visée
marketing.
Il y a aussi des cas de crimes ou abus dont l'auteur est en réalité une entreprise ((en)corporate
abuse, corporate crime).
Une éthique se disant plus « réaliste » et moins « normative » peut se résumer en trois points :
positive, personnelle, pratique ; l'éthique normative pouvant être définie par opposition.
1 – L'éthique réaliste est positive
 De façon très complémentaire à la morale, l’éthique est dite positive car elle vise ce
qu’il convient de faire et s’énonce sous forme de recommandations positives.
 Cela signifie que l’éthique ne doit pas être confondue avec la morale qui se préoccupe
de ce qu’il ne faut pas faire et qui s’énonce sous forme d’interdictions (ne pas).
 De ce point de vue, la plupart des philosophes anglo-saxons qui sont à l’origine
des business ethics sont fautifs d’avoir confondu éthique et morale. Ce que les anglo-
saxons nomment éthique (ethics) est en fait de la morale : une version de l'éthique à
caractère normatif. Cette confusion a failli atteindre le vieux continent mais la
publication d’un article de référence de Paul Ricœur paru en 1992 a contribué de façon
décisive à rétablir la justesse des termes et des concepts utilisés. Voir : « Éthique et
morale » in Soi-même comme un autre,
2 – L'éthique réaliste est personnelle
 Le principe et la finalité d’une éthique réaliste est l’être humain. L’idée que les
entreprises puissent être qualifiées d’éthiques est erronée car seuls les individus sont
capables d’un réel discernement et engagement éthique. L'éthique réaliste ne saurait
être pratiquée par des personnes morales (entreprises ou autres institutions) mais
uniquement par des personnes physiques, seules dotées de conscience individuelle.
 En ce sens, L'éthique réaliste se situe à l’opposé des business ethics normatives de type
anglo-saxon, lesquelles visent l’énonciation de normes contraignantes pouvant
s’appliquer au fonctionnement institutionnel des entreprises. L’éthique réaliste estime
que cette prétention est abusive sur un plan intellectuel, irréaliste sur un plan pratique,

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et qu’elle a été la cause de graves fourvoiements éthiques au cours des 3 dernières
décennies.
3 – L'éthique réaliste est pratique
 L'éthique réaliste débouche sur une sagesse pratique car elle doit être une ressource
vitale pouvant être pratiquée au quotidien par des professionnels. En tant que sagesse
pratique appliquée au monde professionnel, elle doit viser un « vivre-ensemble »
professionnel de qualité. Elle poursuit cette visée par certains moyens privilégiés tels
que : la recherche du bien commun, la pratique du discernement, etc. Là encore, Paul
Ricœur fait office de référence : dans l’article sub-cité, il remet en valeur le concept
aristotélicien de phronesis (Éthique à Nicomaque) qu’il traduit par sagesse pratique et
qu’il localise en aval d’une éthique fondamentale nécessairement théorique, elle-même
située en amont.
 L'éthique réaliste souhaite se dégager des vues spéculatives vaines ou ineptes, propres
aux bulles universitaires où elle est née. À ce titre, elle se fonde sur une première
distinction fondamentale qui consiste à ne pas la confondre avec le domaine des normes
morales ou des critères déontologiques.
II. Éthique professionnelle
L'éthique professionnelle couvre le vaste ensemble des questions et phénomènes éthiques qui
sont soulevés par l'exercice concret de fonctions ou métiers particuliers dans l'entreprise :
l'éthique de l'informatique, l'éthique de l'environnement, etc.

II.1. L'éthique de l'informatique

L'éthique de l'informatique est une branche de l'éthique appliquée qui traite de la façon dont
les usagers et les professionnels de l'informatique font un usage de l'information et prennent
des décisions au regard de critères éthiques en commençant, par exemple:
 par se protéger soi-même, par exemple en adoptant un logiciel antivirus;
 par mieux protéger et respecter les autres;
 et également par respecter l'environnement, en adoptant notamment des règles
de sobriété numérique.
L'éthique de l'informatique s'intéresse tant à la gouvernance (décision du management) qu'au
comportement individuel des utilisateurs et des professionnels de l'informatique.
En 2009, l'utilisation massive de courriers électroniques nécessite par exemple la définition de
règles éthiques pour l'usage de l'information.

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II.2. L'éthique des mathématiques

L'éthique des mathématiques est l'une des formes de l'éthique appliquée à un domaine
concret qui examine :
 les règles et les principes de l'éthique dans le contexte des mathématiques appliquées;
 les diverses questions morales ou éthiques qui apparaissent dans le contexte de
la recherche mathématique ;
 les obligations pour une personne se livrant aux mathématiques appliquées, en
particulaire les mathématiciens qui travaillent dans les domaines qui ont des
conséquences importantes pour la société, par exemple, la loi, la finance, les affaires,
l'économique, l'armée et l'environnement.

II.3. La bioéthique ou éthique médicale


La bioéthique est l'étude des problèmes éthiques posés par les avancées en matières
de biologie et de médecine.
C'est une partie de l'éthique qui est apparue, en tant que « champ » ou « discipline » nouvelle,
dans le courant des années 1960 et des interrogations au sujet du développement de
la biomédecine et des technosciences.
Si les interrogations éthiques concernant la médecine ne sont pas neuves, la bioéthique se
distingue de la déontologie médicale classique, en ce que celle-ci constitue davantage un code
éthique fondé par les médecins pour les médecins. La bioéthique, au contraire, fait intervenir
une pluralité d'acteurs et de disciplines (outre les médecins, biologistes et généticiens,
les philosophes, juristes, sociologues, théologiens, etc.).
On peut distinguer deux orientations principales de la bioéthique : l'une, davantage descriptive,
s'appuie sur la philosophie morale, vise à éclaircir les choix éthiques et
les valeurs présupposées par ceux-ci, en écartant les arguments contradictoires ; l'autre est
davantage prescriptive : elle recherche les normes morales qui sont applicables aux sciences
du vivant, y compris la médecine, propose certaines règles et certaines postures face à
d'éventuels dilemmes.
II.3.1. Biotechnologies appliquées à l'homme
La bioéthique est devenue un sujet d'actualité, à la suite des
manipulations génétiques effectuées sur les plantes alimentaires, au clonage et à l'utilisation
d'embryons humains.
S’agissant de la procréation humaine :
Parmi les questions préoccupant les éthiciens pour leurs enjeux nouveaux dans ce domaine, de
manière non exhaustive, on peut citer :
 L'assistance médicale à la procréation a été l'un des premiers objets de réflexion de la
bioéthique, pour son potentiel eugéniste. Ainsi, en France, le Comité consultatif

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national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) a été créé en 1983
après la première naissance par Fivete en 1982 ;
 La contraception ;
 L'avortement ;
 Le don et l'usage d'éléments et produits ou sous-produits du corps humain (don de
gamètes ou d’embryons ; don de sperme, don d'ovules dans le champ de la
reproduction) ;
 la privatisation de banques d'organes ou de greffons (de sang de cordon par exemple) ;
 L'hypothèse d'une gestation de l’embryon humain par des espèces non humaines ;
 Les questions de clonage humain (thérapeutique ou non) ;
 Le diagnostic prénatal ou préimplantatoire ;
 La connaissance de caractères génétiques et la thérapies géniques ;
 L'eugénisme (stérilisation de handicapés mentaux et de personnes à risque
génétique...) ;
 statut juridique de l'embryon et du fœtus (lié en droit français à la « dignité de la
personne humaine ») ;
 la recherche sur l'embryon et l'utilisation d'embryons surnuméraires ;
 les cellules-souches. La recherche sur les cellules-souches humaines est autorisée, en
France, à titre exceptionnel, et uniquement à partir des embryons surnuméraires7.
 les neurosciences, dont les progrès permettent peu à peu de lire, voire de modifier
l'activité du cerveau ;
 les nanobiotechnologies

II.4. Ethique et physique

Aujourd'hui, l'attitude générale en sciences repose sur l'a priori des déterminismes,
quelle que soit leur forme. La pensée humaine, dans ses rapports au monde, est une
confrontation permanente aux systèmes complexes qui nous habitent et dans lesquels nous
habitons. Chacun d'eux possède une histoire propre qui le rend singulier et source continue de
surprises. On se prend à le penser comme système autonome avec ses lois propres et ses degrés
de liberté interne.
Quand il s'agit de penser l'être humain, la tentation est encore plus forte de lui prêter un libre
arbitre. La question fondamentale est donc celle de la compatibilité entre la pensée scientifique
en quête de déterminismes, et la compréhension des complexités, sources continues
d'indéterminismes. Comment obtenir une conciliation quand, de la physique à l'éthique, en
passant par la cellule biologique, les êtres multicellulaires et les sociétés, on remonte les

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niveaux d'organisation ? Peut-on y parvenir quant à l'être humain et la société sans remettre en
question certains aspects cruciaux comme la responsabilité et l'éthique ?

II.5. Éthique de la production

Ce domaine de l'éthique des affaires traite pour une entreprise de son devoir de s'assurer
que ses produits et ses processus de productions ne sont pas nuisibles. Certains des dilemmes
les plus criants dans ce domaine proviennent du fait que tout produit ou processus de production
comprend généralement un certain degré de danger, et qu'il est difficile de définir un degré de
permissivité, ou encore que ce degré de permissivité peut dépendre d'éléments changeants
comme l'état des technologies de prévention, ou le niveau (évolutif) du type de risque
acceptable ou non.
 Produits et services défectueux, créant une dépendance, ou par nature dangereux ;
 relations éthiques entre l'entreprise et son milieu naturel : pollution, éthique de
l'environnement, droits à polluer au CO2 ;
 problèmes éthiques posés par de nouvelles technologies : alimentation à base
d'organisme génétiquement modifié, et autres applications du principe de précaution ;
 éthique relative aux essais des produits : droits des animaux et utilisation d'animaux
dans des expérimentations de produits, appel à des populations en position économique
précaire (tels des étudiants par exemple) comme objets de tests de médicaments.
Exemples : Catastrophe de Bhopal, Amiante.

II.6. Éthique des connaissances, des compétences et de la propriété intellectuelle

Les connaissances et les compétences ont de la valeur, mais ne sont pas des objets faciles
à « posséder ». Il n'est pas simple non plus de décider qui devrait avoir le plus de droits sur une
idée :
 l'entreprise qui a formé son salarié ou le salarié lui-même ?
 le pays dans lequel pousse une plante à caractère médicinal ? l'entreprise qui a
« découvert » et développé le potentiel médical de cette plante ?, la communauté des
prescripteurs et praticiens qui l'utilisent pour soigner ? les patients dont la santé, le bien-
être et peut être la vie en dépendent ?
Tout cela donne donc lieu à des tentatives de revendication de propriété et à des conflits relatifs
à cette propriété :

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 intelligence économique : dans quelle mesure doit-on placer l'intérêt d'un État au-
dessus de celui d'un autre, les méthodes d'intelligence économique respectent-elles
toujours les lois, ou ne dérivent-elles pas souvent vers l'espionnage industriel, ce qui
est rendu plus facile par l'ouverture du réseau internet et les sources ouvertes ;
 violation de brevet, de copyright ou de marque déposée ;
 utilisation abusive du système de propriété intellectuelle pour étouffer la compétition
(patent misuse (en), copyright misuse (en), patent troll, submarine patent (en)) ;
 la notion même de propriété intellectuelle a été critiquée sur le terrain éthique ;
 Employee raiding (en) : la pratique consistant à attirer les employés clés de chez
un concurrent, pour tirer un avantage injuste des connaissances ou compétences qu'ils
possèdent ;
 le fait d'employer toutes les personnes les plus talentueuses dans un domaine précis,
indépendamment du besoin réel que l'entreprise a de leur talent, dans le but d'empêcher
les concurrents de recruter ces talents ;
 bioprospection (éthique) et biopiraterie (éthiquement répréhensible).
Exemple : les intérêts privés versus les intérêts publics dans le projet Génome Humain.

III. Les questions d'éthiques : les codes et les principes directeurs


Les codes de déontologie impliquent la notion de force obligatoire, c’est-à-dire le pouvoir
d’en imposer l’application par différentes formes de sanction. En fait, les notions de
responsabilité et d’autoréglementation supposent que l’organisation professionnelle peut elle-
même exercer un certain contrôle sur ses membres (au minimum, par la pression des confrères;
au maximum, par le retrait de l’autorisation d’exercer la profession). Elles répondent à de
nombreux besoins. Au niveau de la profession elle-même, ils établissent les normes au regard
desquelles celle-ci peut être tenue pour responsable de la conduite de ses membres. De plus,
comme la société délègue très souvent ce contrôle aux organisations professionnelles, les
professions ont élaboré des codes pour donner une base à cette autoréglementation (Soskolne,
1989). Au niveau de chacun des membres de la profession, les codes de déontologie peuvent
servir de guide de bonnes pratiques à ceux qui rencontrent un problème d’ordre moral quant à
la conduite professionnelle à suivre dans une situation donnée. Lorsqu’un membre de la
profession est confronté à ce type de difficulté, il peut trouver dans ces codes l’orientation ou
le conseil dont il a besoin.

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Les codes de déontologie peuvent aussi être une aide lorsqu’un membre de la profession
est accusé d’avoir commis une faute professionnelle ou qu’il fait même l’objet de poursuites
judiciaires. S’il peut prouver qu’il a respecté le code de déontologie de la profession, il est
probable que l’on considérera qu’il a exercé sa profession conformément aux normes
applicables en la matière. Si, dans l’exercice de la profession, il porte préjudice à quelqu’un, il
risquera moins d’être déclaré fautif s’il peut prouver qu’il s’est conformé à ces normes.
Toutefois, au nom du principe de la confiance (Pellegrino, Veatch et Langan, 1991), le public
est en droit d’attendre la meilleure décision professionnelle possible pour l’intérêt général.
C’est au nom de ce même principe que, dans le cas de la relation médecin-patient, le patient
est en droit d’attendre que le médecin agisse au mieux de ses intérêts. Toutefois, il peut surgir
un dilemme d’ordre moral lorsque le bien commun est menacé, alors qu’individuellement le
patient est traité au mieux de ses intérêts. En pareil cas, c’est normalement le bien commun qui
prime sur celui de l’individu. De toute manière, les codes de déontologie ne remplacent pas les
dispositions juridiques sur la responsabilité civile au sujet de laquelle le gouvernement a
promulgué des lois destinées à protéger l’intérêt public (Cohen, 1982).

III.1. Le champ d’application des codes de déontologie

Quelle que soit la profession considérée, la nécessité d’élaborer un code de déontologie lui
est presque invariablement inspirée par des problèmes ayant un impact direct sur celle-ci. Aussi
ces codes sont-ils en général étroitement axés sur les préoccupations propres à cette profession.
Ils ne sauraient ignorer pour autant des problèmes sociaux plus généraux (Fawcett, 1993).
Lorsqu’on sait l’influence considérable qu’ont certaines professions, il est sûr que, si leurs
codes de déontologie prenaient en considération des questions sociales plus générales,
plusieurs des domaines de l’activité humaine qui, pour le moment, échappent aux efforts
déployés en faveur du bien commun de l’humanité bénéficieraient largement de la conjonction
de ces efforts et de l’émulation provoquée par des codes ainsi conçus. Cet effort concerté
contribuerait sûrement à limiter certains des dangers qui menacent l’humanité, tels que le
militarisme ou la destruction de l’environnement.

III.2. Comment élaborer les codes de déontologie?

La plupart des organisations professionnelles ont établi leurs codes de déontologie à partir
d’une approche descendante, c’est-à-dire du sommet vers la base, d’après laquelle ce sont les
représentants élus de la profession qui se chargent de cette tâche. Or, les codes de déontologie

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sont généralement mieux respectés lorsqu’ils sont élaborés à partir d’une approche ascendante,
c’est-à-dire de la base vers le sommet, car le fait d’associer au processus les membres de la
profession donne à ceux-ci un sentiment d’appropriation qui les incite davantage à se
conformer au code qui en résulte.

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Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté

Chapitre 4 : Education à la citoyenneté : définition, objectifs

« Citoyen » est sans doute un mot très à la mode (entreprise citoyenne, attitude citoyenne,
consommation citoyenne...). Que signifie « éducation à la citoyenneté », affublée de deux autres
adjectifs tout aussi tendance, active et responsable ? La citoyenneté est d’abord un statut
juridique qui octroie un certain nombre de droits et de devoirs et qui est, au moins depuis la
modernité, attachée à la nationalité. Selon cette acception, il n’est nul besoin d’être éduqué à être
pleinement citoyen camerounais, il suffit d’être de nationalité camerounaise, d’avoir dix-huit ans
et de n’être pas déchu de ses droits civiques. Mais le mot « citoyen » véhicule aussi une lourde
charge morale : être citoyen en démocratie nécessiterait un certain nombre de capacités sans
lesquelles la démocratie se mettrait elle-même en danger. À partir de cette charge morale,
l’acception de « citoyenneté » s’étend au terme parent de « civilité », à l’idée d’un «
adoucissement des mœurs qu’est censée produire la vie dans une cité ». « Citoyenneté » est un
terme qui fait consensus au contraire de « civilisation » qui crispe plus depuis les expériences
coloniales et avec la remise au goût du jour du « choc des civilisations ». Pourtant, « citoyen »,
« citoyenneté », « civique », « civilité » et « civilisation » sont tous des dérivés du latin civis,
citoyen, qui est en latin le terme primaire qui forme civitas, la cité, donc on est avant tout citoyen
vis-àvis d’un autre citoyen avant d’appartenir à la cité ; la cité est formée des concitoyens
(traduction qu’Emile Benvéniste préfère à citoyen pour cette raison).

I. Définition

La citoyenneté, dérive du Latin, civitas, ensemble des citoyens et aujourd'hui elle peut se définir
selon quelques axes qui recouvrent ce qu'il convient d'appeler, les anciennes et les nouvelles
citoyennetés.

Ainsi, elle est, statut juridique conférant des droits égaux (civils et politiques, sociaux,
économiques) et des obligations égales pour tous dans une communauté politique donnée avec
la participation au pouvoir, à la décision et au contrôle.

Elle est aussi un ensemble de qualités morales, de devoirs civiques considérés comme nécessaires
à la bonne marche de la cité, lieu où chaque personne doit accepter la règle commune (le
civisme).
Aujourd'hui la citoyenneté se définit de manière plus large comme un ensemble de rôles sociaux
spécifiques où la personne a la possibilité de participer à des groupes qui défendent ses intérêts,
ses idées comme les associations écologiques, associations de consommateurs, de défense des
droits de la personne, associations de quartier etc. Donc, être citoyen, c'est être partenaire de
plusieurs responsabilités communes auxquelles on participe en s'informant, en informant, en
travaillant, en consommant, en produisant. En conséquence la citoyenneté, c'est la capacité de
reconnaître les valeurs éthiques requises pour la vie en commun, d'effectuer et d'agir avec la
conscience d'appartenir à un corps social organisé.

Il faut enfin signaler qu'elle est nationalité, mais elle peut constituer un statut transnational qui a
le monde comme cadre d'expression, cela signifie une interdépendance entre nations entre les
personnes ; ainsi les citoyens du monde accordent une importance au mondialisme, l'ensemble
des idées et des actes exprimant la solidarité des populations du globe.

L'éducation à la citoyenneté englobe l'apprentissage de la démocratie, l'apprentissage de


la coopération, l'éducation aux droits humains et à la paix.

II. Objectifs et place à l’école

Si l'instruction civique décrit et présente la cité et vise seulement à informer du


fonctionnement des institutions pour pouvoir s'en servir, l'éducation des citoyens vise à en
reconnaître le bien fondé, susciter l'adhésion aux valeurs dont elles émanent (démocratie, justice,
solidarité etc.) mais surtout à cultiver la volonté d'agir à développer le sens des valeurs requises
pour l'action avec une préparation à la prise de décision à user de son esprit critique.

L'éducation à la citoyenneté est un ensemble de connaissances, d'aptitudes, d'attitudes qui


permettent à l'étudiant de reconnaître les valeurs requises pour la vie commune et d'effectuer des
choix et d'agir dans ce respect; en somme elle vise à sensibiliser aux valeurs requises pour la vie
commune dans la société notamment les valeurs africaines, elle vise à éveiller
à l'interdépendance c'est-à-dire aux liens entre tous les problèmes de la cité, mais aussi entre les
problèmes de la cité et les problèmes à l'échelle du monde, former des hommes responsables ,
autonomes, préparés à la coopération et à la résolution constructive des conflits ; des hommes
agent de développement, capables de résoudre les problèmes de population et environnementaux.
Au vu de ces objectifs, l'on peut dire que l'éducation à la citoyenneté a été pris en compte par la
loi n°98/004 du 4 avril 1998 d’orientation de l’éducation au Cameroun qui déclare dans son
article 4 que « l'éducation a pour mission générale la formation de l'enfant en vue de son
épanouissement intellectuel, physique, civique et moral et de son insertion harmonieuse dans la
société, en prenant en compte les facteurs économiques, socio-culturels, politiques et moraux.

III. Les grands axes de l'éducation à la citoyenneté.

Les axes que l'école doit privilégier si elle veut s'engager dans une éducation à la
citoyenneté sont les suivantes selon le BIT (bureau internationale du travail).

III.1. Les droits humains

C'est l'axe organisateur de l'éducation à la citoyenneté; ce sont des règles qui organisent
les rapports entre les hommes, ils permettent un mieux vivre ensemble, rendent possiblement
réalisable la relation entre l'éthique personnelle de chacun et les lois qui régissent les rapports
sociaux ; ce sont donc les valeurs vers lesquels tendent les volontés humaines. Le citoyen doit
connaître les concepts et le contenu des droits de l'homme dans les textes juridiques, les valeurs
de justice, de liberté, de solidarité, etc.…Il doit les promouvoir à travers le respect de soi, de
l'autre, à travers le règlement intérieur dans la vie associative à l'école; assumer, ses
responsabilités, user de la liberté d'expression à travers le journal scolaire, le conseil de classe,
le conseil de coopération, le conseil d'étudiants ou le foyer socio-éducatif, les clubs comme les
clubs E I P, Environnementaux…

III.2. La démocratie:

C'est un ensemble de valeurs que chaque peuple peut s'approprier, les transformer selon
son génie propre, les adapter: c'est une pratique. C'est un système social, politique, qui restitue
libertés et pouvoirs de décisions l'ensemble des acteurs sociaux, qui reconnaît les décisions
émanant du dialogue institutionnalisé, prônant l'initiative et l'exemplarité c'est-à-dire mettre en
pratique la théorie en somme l'action. Elle suppose les libertés publiques et la séparation de
pouvoirs, des élections libres et périodiques. C'est une façon de vivre ensemble avec le respect
de l'autre avec un débat et une culture du dialogue. Elle est liée aux droits humains, leur offre un
cadre, mais le respect des droits humains entraîne aussi la démocratie.
José BENGOA, sociologue chilien, fait la distinction entre différentes manifestations de
la démocratie :

- la démocratie "formelle", qui légitime les partis politiques, repose sur le droit de vote
pour tous, la liberté d'expression et la division des pouvoirs;

- la démocratie "fondamentale" fonde l'action de l'Etat sur la redistribution des richesses


et donc l'égalité d'accès à l'éducation, la santé, la culture;

- la démocratie "substantielle", qu'investissent les mouvements sociaux, milite pour le


partage équitable de la production sociale et le renforcement de la société civile.

La démocratie peut prendre différentes formes : directe, représentative ou participative


(médiation et négociation).

Les analyses marxistes du fonctionnement des groupes humains utilisent notamment la


grille de lecture "dominants/dominés", vision linéaire aujourd'hui considérée comme réductrice.

Une approche plus récente, fondée sur l'analyse stratégique, part de présupposés
différents :

- aucun individu n'accepte d'être traité totalement et uniquement comme l'objet du


fonctionnement ou de l'accomplissement des buts d'une autre personne ou d'une organisation;
chaque acteur cherche à poursuivre ses propres buts en utilisant les ressources de la manière la
plus judicieuse, compte tenu des contraintes du moment, telles qu'il les perçoit depuis sa position.

- toute organisation a besoin de la participation de ses membres et cette participation est


toujours négociée, plus ou moins implicitement.

Les relations stables entre individus sont donc vues comme une coopération conflictuelle,
qui n'est donc pas exempte de tensions et d'orientations diverses. C'est une vision plus systémique
des relations humaines.

Au campus, en salle de cours la participation des élèves doit être effective dans toutes les
structures citées avant comme les clubs, les associations, etc.…
III.3. Le développement

Il est nécessaire à l'exercice de la démocratie, des droits de l'homme; ces derniers sont des
conditions de réalisation du développement, un développement durable. L'éducation: la
citoyenneté doit offrir aux citoyens des compétences utiles aux besoins du développement.

III.4. La paix

C'est plus que l'absence de guerre, c'est une situation où les conflits sont réglés par la non-
violence; elle est liée aux droits de l'homme et à la démocratie; c'est la résultante d'un ensemble
de conduites démocratiques inspirées de droits humains; elle naît du respect de droits humains,
du développement, du respect de l'environnement. En cours, à l'école, certaines activités
devraient la favoriser comme la coopération, les séances de résolution non violente des conflits
etc.…

Toutes ces dimensions de l'éducation à la citoyenneté sont interdépendantes et montrent son


caractère global, systémique.

IV. Le rôle de l'école dans l'éducation à la citoyenneté.

Si la démocratie, signifie le pouvoir au peuple, elle ne l'est réellement que si l'école a le


rôle de diffuser la culture pour préparer les citoyens à être plus conscients que ceux d'aujourd'hui.
Une école n'est vraiment démocratique que si elle a au moins une longueur d'avance sur la société
moyenne, si elle est capable de présenter aux élèves ce qu'il y'a de mieux dans la société
contemporaine et de les préparer aux changements possibles; donc elle est à la fois un
conservatoire pour les cultures qu'elle diffuse mais aussi un laboratoire d'expérimentation des
progrès de la démocratie. L'école peut jouer un rôle dans l'éducation à la citoyenneté en mettant
un dispositif d'ensemble pour assurer un mieux vivre ensemble; pour cela un certain nombre de
questions se posent à nous:

 Comment faire de l'éducation à la citoyenneté une réalité dans nos écoles ou bien
comment renforcer les acquis, si l'on sait que l'éducation à la citoyenneté est global
s'adressant non seulement aux activités de cours mais aussi à l'organisation scolaire et à
l'ouverture de l'école sur le monde.
 L'éducation à la citoyenneté passe par le développement de l'autonomie de l'enfant, sa
responsabilisation, quelle relation pédagogique privilégier, quel dispositif mettre en
place ?
 Quelles approches pour que l'éducation à la citoyenneté soit prise en charge par le projet
d'école?
 Quelles disciplines prendront en charge cette éducation? L'Éducation civique, l'histoire,
la géographie etc.…Interdisciplinarité, Transdisciplinarité?
 La prise de parole est essentielle dans l'éducation à la citoyenneté, comment l'organiser
avec beaucoup d'efficience, comment initier les élèves au débat démocratique?
 Une école qui éduque à la citoyenneté doit s'ouvrir sur la vie, collaborer avec les ONG,
les parents d'élèves, les partenaires, comment renforcer cet acquis?
 Dans une école qui éduque à la citoyenneté, les élèves doivent être au service de leur
communauté, quels projets allez-vous développer avec vos élèves?

 La Citoyenneté c'est un mieux vivre ensemble adhérer à des valeurs, comment les
promouvoir à l'école?
 L'éducation à la citoyenneté c'est aussi l'éducation dans une perspective planétaire,
comment ouvrir les jeunes à la dimension mondiale? Comment préparer les jeunes à
prendre des décisions, par quels projets peuvent-ils s'ouvrir au monde sans perdre leur
âme?
 Une école qui éduque à la citoyenneté doit être une école intégratrice, une école qui lutte
contre les déperditions scolaires, quelle pédagogie?
 Toutes ces questions exigent quelques changements au plan institutionnel, quels
changements, quels obstacles, quelle évaluation?
Chapitre 5 : Nécessité de l'éducation à la citoyenneté à l’université.

Dans ce contexte, « sciences » est utilisé au sens large et comprend les sciences de la
nature, les sciences humaines et sociales, et les arts et lettres. Les défis auxquels les sciences sont
confrontées aujourd’hui et les relations complexes entre science et société font apparaître toute
l’importance d’une sensibilisation aux responsabilités des scientifiques. À la lumière des récents
évènements et débats, l’éducation à l’éthique de la recherche doit être renforcée pour assurer une
confiance dans la recherche scientifique. Les scientifiques ont divers rôles : recherche,
encadrement, évaluation et expertise de leurs pairs. Parfois il leur est demandé de conseiller les
gouvernements et institutions. Les principes éthiques s’appliquent à tous ces rôles.
I. Les principes éthiques à l’égard des hommes de sciences.
I.1. Principe 1 : Les défis auxquels les sciences sont confrontées aujourd’hui et les relations
complexes entre science et société mettent en lumière les responsabilités des scientifiques.
I.2. Principe 2 : Une éducation à l’éthique en sciences clarifie les responsabilités des
scientifiques et explore les façons d’y faire face.

L’éthique des sciences devrait faire partie intégrante de l’éducation et de la formation des
scientifiques. Une attitude positive de réflexion, d‘éveil et de sensibilisation aux dilemmes
éthiques que les chercheurs pourraient rencontrer au cours de leur vie professionnelle est
importante dès les débuts de leur carrière. Par ailleurs, les scientifiques expérimentés, directeurs
de recherche ou chercheurs chevronnés, se doivent de promouvoir et d’intégrer à leur
enseignement une sensibilisation à l’éthique de la recherche. Il s’ensuit que la formation à
l’éthique doit faire partie de la carrière d’un scientifique du début à la fin. Les normes changent,
les méthodes changent, les responsabilités changent – tout le monde a l’obligation de se tenir au
courant.
L’étude de l’éthique peut être un guide utile non seulement dans la vie de tout un chacun
mais également pour le développement des idées et des compétences dont les communautés
d’individus ont besoin pour faire face aux défis du futur.
L’éducation à l’éthique en sciences doit couvrir les deux aspects de la responsabilité
éthique des scientifiques : la conduite responsable de la recherche elle-même ; et le contexte
socio-éthique de la recherche, tout particulièrement les questions éthiques concernant les
relations entre les sciences et la société. Etant donné la complexité et la sensibilité des problèmes
éthiques dans les sciences de la vie (qui marqueront ce siècle), il faut souligner les problèmes
d’éthique les plus importants liés à la recherche biomédicale sur les êtres humains, qui
comprennent la protection des personnes, le problème du consentement libre et informé, ainsi
que la primauté de la personne humaine qui doit prévaloir sur les intérêts de la science ou de la
société.
Les normes pertinentes sont définies et établies par la communauté scientifique elle-
même, l’idéal de l’intégrité de la recherche ayant ses racines dans l’autonomie des sciences. Il
convient de dire ici que la protection des lanceurs d‘alerte relève de l’éthique interne – ainsi que
les recommandations sur la procédure à suivre pour signaler un cas de manquement présumé.
L’éthique externe de la recherche par contre est confrontée à d’autres types de questions
déontologiques liées à la recherche, en particulier celles qui concernent la relation entre le
chercheur et le sujet de la recherche et entre le chercheur et la société (individus et institutions)
en dehors de la communauté des chercheurs. Les problèmes concernent ici spécifiquement, par
exemple, les risques et les avantages associés aux protocoles d’essais cliniques et à leur mise en
œuvre lorsque ceux-ci incluent des expériences sur des êtres humains, sur des matériaux
biologiques d’origine humaine, ou des expériences sur les animaux, qui sont réglementés
différemment dans divers pays. Elle couvre des questions telles que la mise en oeuvre et
l’utilisation responsable des résultats des projets de recherche, la possibilité de limiter la
recherche en se fondant sur des objections d’ordre éthique, voire en se fondant sur les
conséquences anticipées des intuitions de recherche (double utilisation de la recherche).
L’éthique externe de la recherche couvre également le cadre juridique qui définit les normes
spécifiques à chacun des domaines, ainsi que la protection des valeurs et des droits fondamentaux
comme les droits humains.
I.3. Principe : Les responsabilités des scientifiques incluent une sensibilisation aux questions
concernant l’intégrité de la recherche et l’éthique de la recherche au sens large, et une capacité à
faire face à ces questions.
I.4. Principe : L’éducation à l’éthique des sciences doit porter essentiellement sur une
clarification de ces responsabilités et doit promouvoir une conduite responsable de la recherche.
I.5. Principe : Les responsabilités éthiques des scientifiques doivent être intégrées au cursus des
études scientifiques et leur apprentissage doit être considéré comme participant à la maîtrise du
domaine spécifique de recherche lui-même.
Ces principes s’appliquent à la science au sens large, c’est-à-dire aux sciences de la nature, aux
sciences sociales et humaines, et aux arts et lettres. Tout le monde est conscient que tout ne peut
être exprimé par des principes et des règles. Il y a une culture, un éthos, en science qui fait que
l’on apprend par exemples paradigmatiques et en côtoyant des personnalités modèles. Les
mentors ont un rôle important dans la formation des jeunes chercheurs.
I.6. Principe : L’éducation à l’éthique des sciences vise à incorporer une sensibilisation à
l’ensemble des aspects éthiques liés aux décisions et aux choix auxquels les scientifiques – au
sens large – ont à faire face dans la pratique de leur travail.

L’objectif général de l’éducation à l’éthique interne et externe de la recherche est d’améliorer la


sensibilisation des chercheurs débutants aux dimensions déontologiques de leur travail ainsi que
leurs facultés d’analyse critique des arguments pour ou contre différents points de vue. Non
seulement les chercheurs sont régis par des règles éthiques, mais en tant qu’acteurs ils sont aussi
les sujets de leurs propres actions en matière de responsabilité éthique. Par conséquent, avoir une
bonne faculté d’analyse des arguments déontologiques est essentiel. Pour qu’elle soit un succès,
l’éducation à l’éthique présuppose que les enseignants soient au courant des choix auxquels les
scientifiques auront à faire face au cours de leur vie professionnelle et que les scientifiques
connaissent suffisamment bien les préoccupations, les concepts et les traditions de l’éthique pour
qu’un dialogue constructif sur les problèmes déontologiques de la recherche soit possible. La
faculté la plus importante que peut transmettre une bonne éducation à l’éthique est la faculté
d’argumentation.

II. Les objectifs et les moyens de l’éducation à l’éthique des sciences

Un « argument rationnel » ne se limite pas à une série de déclarations visant à influencer


un adversaire, comme le font la publicité ou certaines formes de rhétorique. La faculté de
construire de bons arguments et de distinguer les bons arguments des mauvais est une
compétence que les chercheurs débutants peuvent et doivent apprendre tôt dans leur carrière.
I.7. Principe : L’éducation à l’éthique des sciences met l’accent sur l’analyse critique des
arguments et des suppositions sur lesquelles ces derniers sont fondés, ainsi que sur la justification
rationnelle des décisions d’ordre éthique qui sont prises.
Pour pouvoir argumenter de manière rationnelle et analyser des arguments de manière critique –
y compris dans des situations où il existe des conflits d’intérêts et dans les nouveaux champs
scientifiques émergents – les chercheurs doivent avoir développé des compétences
déontologiques et être capables de les utiliser pour résoudre les problèmes auxquels ils sont
confrontés. Les chercheurs débutants doivent, par exemple, développer une sensibilité vis-à-vis
des risques et des avantages associés aux résultats et aux produits de la recherche et vis-à-vis de
leur éventuelle double utilisation. À titre d’exemple, les découvertes récentes en virologie
peuvent déboucher sur la fabrication de nouveaux vaccins, mais elles peuvent également être
utilisées dans la guerre biologique ou polluer notre environnement. Les principes généraux de la
bonne pratique scientifique constituent un élément essentiel de l’éthique de la recherche qui
s’applique à toutes les disciplines académiques. Des cours obligatoires devraient donner aux
chercheurs débutants la possibilité d’apprendre à préciser ces principes, les appliquer aux
problèmes des différents domaines de recherche et discuter des zones grises dans la pratique
scientifique.
I.8. Principe : Les moyens d’éducation à l’éthique incluent des séminaires et des cours, avec
une analyse et une discussion de cas réels issus de la pratique scientifique.
Les moyens d’éducation à l’éthique incluent des séminaires et des cours portant sur des cas réels
issus de la pratique scientifique. Des cas spécifiques au domaine devront être identifiés et
partagés avec d’autres enseignants. Une telle banque d’exemples devra être régulièrement
maintenue à jour. Diverses combinaisons de modules pourraient être envisagées en fonction des
souhaits de l’établissement d‘enseignement ou de l’organisme de financement. L’importance
capitale de l’étude de cas ne peut être assez soulignée. Tous les aspects de l’éducation à l’éthique
des sciences devraient laisser suffisamment de temps pour la discussion de cas exemplaires et le
partage d’expériences personnelles. Le travail de groupe donnera l’occasion d’apprendre
comment argumenter et concilier des normes contradictoires de manière appropriée.

I.9. Principe : Des cas spécifiques au domaine devront être identifiés et partagés avec d’autres
enseignants et régulièrement actualisés.
Par ailleurs, sans une connaissance de base de l’éthique et une formation leur permettant de
développer leurs compétences argumentatives, les chercheurs débutants seront incapables de
remettre en question certaines pratiques problématiques qu’ils pourraient rencontrer au cours de
leur carrière.

I.10. Principe : L’éducation à l’éthique des sciences permettra aux chercheurs débutants de
comprendre la différence entre ce qui est et ce qui n’est pas acceptable du point de vue éthique,
et les empêchera de faire des erreurs qu’ils pourraient regretter plus tard en raison de
conséquences néfastes pour les autres, pour la science et pour leur propre carrière.
Dans certains cas, l’éthique fait déjà partie des cursus de formation à la recherche, mais ceci n’est
pas général. Il faut prendre ce fait en considération lorsqu’on examine les façons d’introduire et
de développer l’éthique dans les cursus qui comportent de la recherche. L’éducation à l’éthique
préparera aussi les chercheurs débutants à prendre une place active dans les débats sur les
conséquences de leur activité scientifique, et à répondre à ceux qui se posent des questions à son
sujet. Avec une formation plus approfondie, les scientifiques pourraient également servir la
communauté scientifique en participant aux comités d’éthique et comités de contrôle interne. La
compétence scientifique et l’intégrité personnelle des directeurs de thèse est un facteur décisif
pour la recherche mais aussi pour l’éducation à l’éthique des chercheurs débutant leur carrière.

En conclusion, sous couvert d’éduquer à la citoyenneté, peut-être œuvrons-nous à une


dépolitisation, au sens où l’on supprime l’excès de la politique qui bouscule la distribution des
places et le partage du sensible qui détermine ce que l’on peut concevoir, ce dont on peut parler
et comment il faut le faire. Le projet éducatif ne vise-t-il pas à créer « une culture du consensus
qui répudie les conflits anciens, habitue à objectiver sans passion les problèmes à court et long
terme que rencontrent les sociétés, à demander les solutions aux savants et à les discuter avec les
représentants qualifiés des grands intérêts sociaux. » Mais ce projet portera toujours en son sein
la même déploration : il restera toujours des êtres anarchiques, qui par défaut de capacité, par
échec de l’enseignement, incarneront, aux yeux des moralistes, les effets pervers de la
démocratie, de l’autonomie, seront ces citoyens de seconde zone, comme après la révolution il y
eut des citoyens actifs (qui payaient le cens) et des citoyens passifs, comme il y eut les hommes
et les femmes avant 1948, qui n’auront pas acquis les « compétences démocratiques » (comme
le dit un influent philosophe de l’éducation), qui seront juridiquement citoyen mais qui n’en
auront pas la capacité morale et cognitive.
Chapitre 6 : L’éducation à la citoyenneté dans ses contradictions

Depuis quelques lustres, civique, citoyenne, à la citoyenneté ou encore aux citoyennetés,


l’éducation ainsi qualifiée est l’objet de maints discours et de maintes initiatives. Dans son sens
le plus large, tout ce qui touche à la vie en société intéresse de près ou de loin le citoyen, tout (ou
presque) peut donc relever, au moins en partie, de la citoyenneté. La citoyenneté est ainsi partout
au risque de n’être nulle part. Elle est aussi, de par sa référence à une communauté politique et à
son histoire, ce qu’il y a de plus spécifique dans nos Écoles.

Après avoir précisé le sens donné ici au concept de citoyenneté, mettons-le en relation avec
la construction des droits de l’homme qui, dans nos démocraties, en fixe certains caractères,
certains contenus, certains horizons.

I. Quelques débats et leurs effets dans l’espace scolaire

Au centre de toute réflexion sur la citoyenneté se place le couple que celle-ci forme avec la
nationalité. Remarquons d’abord que les textes internationaux utilisent généralement le terme de
nationalité pour désigner l’appartenance à une communauté politique organisée par un État, et
très peu celui de citoyenneté. Toutefois, si nationalité est le plus souvent employée, notamment
pour affirmer que « tout individu a droit à une nationalité » (article 15.1 de la Déclaration
universelle, 1948), ce terme se décline lui-même de façon multiple.

I.1. Un paysage agité aux aspects bien embrouillés

Il est bien des États où les nationalités sont diverses et reconnues, ou non, comme telles.
Généralement, une nationalité est dominante car majoritaire, tandis que les autres sont qualifiées
de minorités, ce qui pose le problème des droits spécifiques à leur accorder. Avec cela se profilent
les assimilations nationalité-minorité-culture, assimilations qui portent à la fois la reconnaissance
des différences mais également les risques d’enfermement. Cet enfermement est ambigu car
parfois, souvent, souhaité autant par ceux qui enferment que par ceux qui sont enfermés. Les
identités sont en cause avec le jeu complexe entre « je », « nous », « les autres ». Entre « nous »,
on défend mieux une ou des identités héritées ; on est aussi bien au chaud pour se protéger du
mouvement actuel vers des identités plurielles et mobiles. À ce risque d’enfermement s’ajoute
ceux de l’essentialisation de la culture et de la réduction de la culture à la religion. L’usage de la
langue naturelle pour parler des sociétés présentes et passées en témoigne. Les mots sont les
choses, les choses sont comme cela parce que c’est ainsi. Seul un travail de mise à distance,
complexe mais nécessaire, peut ici construire une distance critique indispensable pour toute
ouverture à l’autre.

Ainsi approchée dans sa relation avec la nationalité, la citoyenneté est un statut qui
confère à son titulaire un ensemble de droits et d’obligations par ce qu’il est membre d’une
communauté politique. À cela s’ajoute une dimension affective plus délicate à appréhender
qu’exprime l’idée d’un sentiment d’appartenance à une communauté de destin qui lie présent,
passé et avenir. Dans une démocratie, les droits spécifiques du citoyen-national sont les droits
politiques, qui lui confèrent une participation à la souveraineté collective, au peuple politique,
ainsi que certains droits spécifiques dont ne bénéficient pas les étrangers. Pendant longtemps, il
y a eu dissociation entre citoyenneté et nationalité dans la mesure où ces droits politiques
n’étaient accordés qu’à une partie des nationaux. Il en est ainsi des femmes en France jusqu’en
1944, ou en Suisse jusqu’en 1971 pour les élections fédérales. Les mineurs nationaux, soit la
majeure partie de nos élèves, sont donc des citoyens potentiels, à venir. Les autres sont citoyens
d’ailleurs, de par leur nationalité qui les fait appartenir à une communauté politique différente.
Mais le fait qu’ils soient citoyens d’une autre communauté politique ne signifie pas qu’ils sont
ou seront privés de droits à leur majorité s’ils restent dans l’État d’accueil. Simplement, mais
c’est essentiel, ils n’auront pas la totalité des droits des citoyens de cet État, en particulier les
droits politiques. On peut effectivement l’ignorer, mais c’est aussi un déni de reconnaissance de
la différence.

I.2. Citoyenneté et droits de l’homme

Alors que la citoyenneté fait nécessairement référence à la communauté politique


d’appartenance, les droits de l’homme s’imposent comme la référence la plus universelle avec
laquelle les droits particuliers de chacune de ces communautés ne doivent pas être en
contradiction. Posons que les sociétés, au cours de l’histoire, ont toutes construit et affirmé un
ensemble de valeurs lié aux manières dont elles évaluaient les comportements de leurs membres,
organisaient les relations sociales, distribuaient les rôles, etc. Les droits de l’homme sont une
construction historique particulière qui déclare l’égale dignité des êtres humains et par là leur
égalité juridique. Il s’agit d’une affirmation quasi anthropologique fondée sur la reconnaissance
de l’individu comme fin de toute société. L’individualisme démocratique est à la fois la source
et l’horizon de cette construction. Cela ne signifie pas que les appartenances et les solidarités
soient effacées, ainsi que le proclame la deuxième phrase de l’article premier de la Déclaration
universelle en énonçant l’exigence de fraternité. Toutefois, quels que soient les débats dont ils
sont l’objet, les droits de l’homme sont, aujourd’hui, la seule référence qui lie l’éthique et le
juridique et qui soit universalisable, c’est-à-dire sur laquelle fonder un monde commun.

Comme toute construction générale, celle des droits de l’homme est l’objet d’interprétations
diverses. Depuis quelque temps, une tendance lourde s’affirme pour mettre en avant les seuls
droits civils, pensés comme autant de libertés liés à l’individu, reléguer au second plan les droits
politiques et tenter de dépecer les droits économiques et sociaux. Cette tendance est accentuée
par la crise du politique et ses recompositions, provoquée en partie par l’extension de la logique
marchande à des domaines de plus en plus vastes de la vie personnelle et sociale, extension qui
s’accompagne d’une augmentation des inégalités et des processus complexes de désaffiliation et
de délitement du lien social. Ainsi, au mouvement historique qui a construit comme solidaires
ces différentes catégories de droits, s’affirme aujourd’hui un mouvement contraire qui s’efforce
de les séparer. Le politique mis de côté, il reste les droits de la personne humaine affirmés
indépendamment de toute appartenance et donc de la citoyenneté.

Appuyée sur ce mouvement et prise par les urgences du vivre ensemble, l’éducation civique peut
dès lors laisser de côté ce qui relève du politique et réduire le juridique aux règles du vivre
ensemble, remplacer la loi par le contrat.

I.3. Éducation à la citoyenneté et attentes sociales

Les textes officiels et les proclamations des autorités scolaires, qu’ils soient généraux sur
l’École ou plus précisément sur l’éducation à la citoyenneté, témoignent à la fois des finalités
ambitieuses qui lui sont attribuées et des injonctions souvent contradictoires dont elle est l’objet.
Toutefois, au-delà des ambitions généreuses qui affirment la formation d’un individu libre et
responsable, critique et participant à la vie publique, l’accent est mis très souvent sur
l’apprentissage des règles du « vivre ensemble ». Le souci de la pacification scolaire dont on
espère le transfert dans la vie sociale témoigne d’abord d’une priorité accordée à la construction
de comportements et d’attitudes conformes à ce qu’attend la société.

Cette priorité accordée au « vivre ensemble » laisse de côté une grande partie de ce qui fait la
citoyenneté. Outre la dimension proprement politique, le « vivre ensemble » se décline avant tout
sur la base d’une sorte de consensus, d’accord sur quelques évidences : « ne pas parler tous en
même temps, ne pas exercer de violence sur ses camarades, arriver à l’heure, faire son travail,
etc. ». Il laisse de côté ce qui serait une initiation plus systématique à l’univers juridique à la fois
comme référence pour le quotidien, par exemple, sur les règles de vie ou sur la résolution des
conflits, et comme travail d’ouverture à un univers qui structure et organise notre vie sociale, les
rapports avec les autres.

I.4. Discipline spécifique, approches transversales, vie scolaire

Si dans certains systèmes éducatifs, l’éducation à la citoyenneté a été installée comme


une discipline scolaire depuis souvent fort longtemps, dans d’autres elle n’apparaissait pas
comme telle. L’histoire de nos États rend difficile toute généralisation historique. La démocratie,
avec notamment l’affirmation de la pluralité et les garanties des libertés, est récente dans nombre
d’États. Lorsqu’elle était présente, l’éducation civique y prenait une forme normative et
obligatoire qui a rendu nombre de citoyens de ces États méfiants vis-à-vis de cette éducation, et
plus largement vis-à-vis des mots utilisés dans le champ politique.

Cette inscription comme discipline scolaire va généralement de pair avec l’affirmation selon
laquelle cette éducation intéresse toute la communauté scolaire, bien au-delà de la seule
discipline. Cette extension prend au moins deux formes :

 il y a tout ce qui relève du « vivre ensemble » et qui touche des comportements sociaux
et donc concerne tous les adultes ; cette forme se traduit souvent par la mise en place de
dispositifs de parole et de participation;

 d’autre part, dans la mesure où parmi les compétences citoyennes figure la participation
aux débats publics et la capacité de choisir en connaissance de cause, le citoyen doit être
formé et informé de ce qui est débattu dans cet espace public ; dès lors, les approches
poly-disciplinaires sont fortement recommandées.

I.5. Expériences et savoirs

Il y a fort longtemps, notamment à l’école élémentaire, que l’éducation à la citoyenneté,


souvent liée à la morale, ne se réduit pas à la seule transmission de connaissances et de valeurs
mais qu’elle est aussi liée aux comportements des élèves et des adultes.

Toutefois, même si le lien entre éducation à la citoyenneté et expérience est ancien, force est de
constater que, dans beaucoup d’Écoles, les savoirs et leur transmission ont tenu très largement
la première place.

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