Gérondif-Riemann, Ernout-1942

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NOUVELLE COLLECTION A L’USAGE SES CLASSES

— ---------------------------- X I ------------ *---------------- -----

SYNTAXE LATINE
D’APRÈS LES PRINCIPES
T1E ' L A

GRAM M AIRE HISTORIQUE


PA H

O. Ri EM ANN
SEPTIÈME ÉDITION BEVUE
PAB

A. ER N O U T
M e m b re de l ' I n s t i t u t
Pr o fesseu r a l a So r bonne

Dir ec t eu r d ’É t u d es a l 'É c o l e p r a t iq u e d e s Ha u t es -É t udes

NOUVEAU TIRAGE

PARIS
L IB R A IR IE C. K LIN C K SIEC K
11, rue de Lille, 11

1942
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction
réservés pour tous pays
504 § 248. — l ' a d j e c t if v e r b a l en -n d vs

spectaculum miserum atque acerbum !... In portu


Syracusano de classe populL Romani triumphum
agere piratam. . . ! (1).

B, Le gérondif et l’adjectif vérbal


en -ndus.
. Remarques préliminaires.

'§ 248. — a) Le gérondif est [une espèce de


substantif verbal], qui peut se construire [dans
certains emplois, cf. b) et §249] avec le même cas que
le verbe dont il est formé, et qui supplée, dans une
certaine mesure, à l ’incapacité, où est le latin,
de décliner son infinitif comme fait le grec (S ynt.
Gr., § 126) : scribendi correspond à certains
emplois de xoo YP*ç«tv, scribendo à certains
emplois de xtj> Ypà<pav, etc.
R e m a r q u e . — L e g é ro n d if p e u t d o n c , e n g é n é ra l, s e tr a -
d u i r e e n f r a n ç a i s p a r l ’in f in i t i f a c t i f p r é c é d é d e te l l e o u t e l l e
p r o p o s i t i o n ; m a i s i l y a te l c a s o ù l ’e m p lo i d u g é r o n d i f n e
p e u t p a s s ’e x p l i q u e r , s i o n n e le c o n s i d è r e p a s c o m m e
l ’é q u i v a l e n t d ’u n s i m p l e su b sta n tif verbal : C é s ., De bello1

(1) [L’in fin itif ain si em p loyé m et en reliefT id ée exp rim ée par
le v erb e, sans con sid ération dé m ode, ni de tem p s. Gf. en fran çais :
Q uoi, toujours, m algré m es rem on trances,
H e u r t e r le fon d em en t de to u tes les scien ces
(M o l i è r e , F e m m e s S a v a n t e s , 2. 7. )
ou .avec un pronom ap p osé : « M o i , l i v r e r m a p atrie ! ». — A. E .].
§ 248. — l ’a d j e c t i f v e r b a l en -n d v s 505

Gall., 7, 52 1 « signo recipiendi (= receptus) dato » le


signal de la retraite. Cic., P. Mit., 11, dat ipsa lex potes-
tatem defendendi {— defensionis) » (le droit de légitime
défense). — C’est de même qu’il faut expliquer : Lucn., 1,-
312, « anulus in digito subter (adverbe) tenuatur habendo »
(= usu, « par le fait de le porter (ou par le fait d’être
porté »); Cic., De nat. Deor., 1, 82, « ne fando {= fama)
quidem auditum estcrocodilumc. uiolatum ab Aegyptio » ;
Corn. Nkp., Alt., 9, 2, « spes restituendi (== restitutionis
nulla erat », etc. [On voit qu’il peut indifféremment avoir
une valeur active, ou passive, ou moyenne (1). — A. E.].

b) L’adjectif verbal en -ndus, identique de forme


avec le gérondif, a deux emplois tout à fait dis-
tincts (cf. § 257) ; l’un de ces emplois, le seul dont
il doive être question ici, c’est que le gérondif
accompagné d'un complément à l ’accusatif
peut être remplacé par l’adjectif verbal en -ndus,
s’accordant avec le substantif qui aurait dû être le
complément du gérondif et mis au même cas où le
gérondif aurait dû être mis : « studium euertendi
rem publicam » peut être remplacé par « studium
euerlendae rei publicae » [cf. §250 rem, IV], « su-
perstitionem tollendo non tollitur religio » par
« superstitione tollenda » [cf. Crc., Diu., 11,148],
etc. L’adjectif verbal en -ndus ne marque ici au-
cune idée d'obligation (§ 257) ; le sens que la1

(1) Cf. en français des constructions comme : on paie en ser-


vant » ( = en étant servi).
506 § 248. — l ’a d j e c t i f v e r b a l en -n d vs

langue lui a attribué en pareil cas est celui d’une


espèce de participe présent passif {1) .(m. à m.
« par la superstition étant supprimée », enten-
dez : « par ce fait que la superstition est sup-
primée », cf. § 260, troisième note). .
Remarque. — Il est à remarquer qu’il existe dans la
prose classique plusieurs adjectifs verbaux en -ndus,
employés les uns avec une idée d’obligation, les autres
comme simples remplaçants du gérondif, et tirésde verbes
qui, chez les prosateurs classiques, ne s'emploient point
comme transitils : ainsi gloriandus (« dont on doit tirer
gloire») Cic., Tusc., 5, 49 et 50; laetandus (« dont on doit
se réjouir ») S a l l . , Iug., 14, 22; paenitendus, pudendus
(« qu’on doit regretter », « dont on doit rougir») T. Live,
40, 56, 3 (paenitendum est, impersonnel, « il faut se repen-
tir » , S a l l . , Iug., 85, 28), etc. — Cf. potiendus, fungendus,
etc., p. 62, note 9 ; medendus, p. 69, note 3; insidiandus
p. 228, note 1.

§ 249. — La substitution de l’adjectif verbal en


-ndus au gérondif (§ 248 b) est obligatoire dans
certains cas ; en effet, les formes suivantes du gé-
rondif ne peuvent être, sans incorrection, con-
struites avec un complément à l’accusatif :1
(1) A l ’o r ig i n e , l ’a d j e c t i f v e r b a l e n - n d u s p a r a î t a v o i r e u la v a le u r
d ’u n p a r t i c i p e p r é s e n t à s e n s moyen. V i r g i l e d i t (A e n ., 9, 7) :
« uoluenda d ie s », m. à m. « le te m p s q u i r o u le » (d ie s quae
uoluiiur) : c p . « a n n u s uertens », p^ 203, n . ; C o r p . I n s c r . L a t . ,
t . I , 2* é d . , p . 236 ( Fastes de Préneste, 28 a v r il) , « F l o r a e q u a e
r e b u s florescendis (à l a f lo r a i s o n d e s c h o s e s ) p r a e e s t ». Oriun-
dus, secundus s e r a p p o r t e n t à d e s v e r b e s déponents. —P . L .
§ 249. --- GÉRONDIF OU ADJECTIF VERBAL 507

1° Le datif du gérondif (1) (« impar ferendo


oneri », et non « ferendo onus ») ;
2° L’accusatif du gérondif (2) ( ad beneuolen-
tiam conciliandam », et noii « ad beneuolentiam
conciliandum »);
3° L’ablatif du gérondif lorsqu'il est précédé
d'une préposition (3) (« in scribendis fabulis »,
et non « in scribendo fabulas »).
Quand le gérondif est au génitif ou bien à
l’ablatif non précédé d'une préposition, la
substitution de l’adjectif verbal en - ndus au géron-
dif est habituelle, mais non obligatoire ; elle
n’a point lieu, en général, quand le complément
direct du gérondif est un adjectif ou un pronom au
neutre (« cupiditas discendi aliquid, ars uera ac
falsa diiudicandi »).1

(1) Exceptions très rares ( P l a u t e , Poen,, [223], « eae nos lauando


eluendo operam dederunt »).
(2) Exceptions rares et peu correctes ( P l a n c u s chez Cic., Ad
/am., 10,23,3, «ut spatium ad colligendum sehomines haberent»).
[Toutefois le singulier peut se justifier par le fait que se est une
forme qui est commune au singulier et au pluriel ; cf. l’emploi de
sut dans la remarque III du § 250. — A. E.].
(3) Toutefois C ic é r o n dit : « in narrando aliquid »(Orat., 87),
« de nihil sentiendo » ( Tuse., 1,102), « in suum cuique tribuendo »
(Brut., 85), c'est-à-dire que l’ablatif du gérondif peut être accom-
pagné en pareil cas d’un pronom neutre comme complément
direct. — Mais « in supponendo oua », V a r r o n , De re rust., 3 ,9,
12, est irrégulier et peu correct.
SOS -§ 250. — GÉNITIF DU GÉRONDIF

I. — Génitif du gérondif ou de l'adjectif verbal en - n d u s .

.§ 250. — Le génitif du gérondif ou de l ’adjectif


verbal en -ndus peut dépendre :
aj D’un substantif (1) ;
b) D’un adjectif ;
c) Le verbe esse construit avec le génitif d'un
substantif acéompagné dë l ’adjectif verbal en -ndus
peut se traduire par « tendre à » (m. à m. « appar-
tenir à », c’est-à-dire » se rattacher, se rapporter
à telle ou telle destination ») : S a l l . , Cat., 6, 7, .
«.regium imperium, quod initio conseruandae
libertatis. . . fuerat, in superbiam dominationem-
que se conuortit ». Gic., De leg., 2, 59, « cetera...
minuendi sumptus sunt lamentationisque fune-
bris ». Ferr.,11, 2, 132, » quae res euertendae rei
pubHcae solent esse » (2).

(1) Cf. I 53, n, 1, p. 118.


(2) Les expressions citées plus liant, oratores pacis petendae,
exercitam opprimundae libertatis, montrent bien que le génitif
ne dépend pas de esse, qui est un simple copule, mais du sub-
stantif qui lui sert de sujet : « res euertendae rei publicae » veut
dire « des événements qui ont pour but (ou pour résultat) de... ».
Certâlns auteurs et surtout T a c i t e , ont étendu l’usage de ce
génitif, et l’emploient même pour le rapporter à un sujet non
exprimé, mais implicitement contenu dans le verbe : T a c ., Ann.,
2,59 : « Aegyntum (§ 37, r. 1) proficiscitur cognoscendae anti-
quitatis ' jur étudier les antiquités de ce pays). — A .E .]
§ 250. ----- GÉNITIF DU GÉRONDIF 509
Remarque II. —La construction d’un verbe autre que
le verbe esse avec le génitif du gérondif (ou de l'adjectif
verbal en - n d u s ) est un tour très rare et incorrect : T a c . ,
A n n . , 2, 43, « Plancinam. . . m o n u i t . .. Aggripinam in s e c -
t a n d i » ( 1 ) ; 6,10, < i o c c u p a n d a e r e i p u b l i c a e a r g u i non pote-
rant a. [Elle est évidemment amenée par l’analogie de :
m o n e r e a l i q u e m p e r i c u l i , a r g u e r e a l i q u e m s c e l e r i s . — A. E.].

Remarque III. — Les formes m e i , n o s t r i , etc., qui


servent de génitifs à e g o , n o s , etc., sont en réalité les géni-
tifs des adjectifs possessifs neutres m e u m n o s t r u m , etc.,
pris substantivement (2); il en résulte que l’adjectif ver-
bal en - n d u s , lorsqu’il s’accorde avec mei, n o s t r i , etc., doit
'toujours être au génitif neutre singulier ■Cés., D e b e l l o
G a l l . , 3, 6 , 1 , « neque s,ui e o l l i g e n d i hostibus facultatem
relinquunt «. Ovide, D e r . , 20, (19), 74, « copia p l a c a n d i sit
modo parua t u i » (paroles adressées à u n e . femme).

Remarque IV. — Une construction assez rare, mais


dont il y a plusieurs exemples chez C i c é r o n , est la sui-
vante : Cic., D e f i n . , 6 , 19, « facere omnia uoluptatis
causa.. . aut non dolendi... aut e o r u m . .. quae secundum
naturam sunt a d i p i s c e n d i », au lieu de e o r u m . . . a d i p i s c e n -
d o r u m ou de e a . . . a d i p i s c e n d i (3). Cf. V e r r . , I I , 2, 77; 4,1

(1) Il se peut aussi qu’il faille les attribuer, e n p a r t i e , à l’in-


fluence de la construction grecque dont il est question S y ,\t. G r . ,
§126, r. ; ainsi chez T e r . , A d . , 270, «n e id a d s e n t a n d i magis
quam quo habeam gratum (§ 193, 2°) facere (me) existum es »,
a d s e n t a n d i (« p o u r m e f l a t t e r ») pourrait bien être une t r a n s c r i p -
t i o n du tour grec to u avec l'infinitif, qui se trouvait peut-être
dans l’original que Térence im itait ou traduisait.
(2) M. à m. met, « de m o n ê t r e », n o s t r i , « de n o t r e ê t r e », etc.
(3) Behgaigne ( M ë m . d e la S o c . d e L i n g u . , III, p. 152-153), se
fondant sur des analogies sanskrites, croit qu’en pareil cas les
510 § 251. ---- DATIF DU GÉRONDIF

1 0 4 ; Phil., 5, 6. [ S u r l ’o r i g in e d e c e t t e c o n s t r u c t i o n , v o ir
V e n d r y e s M é m . S o c . L i n g . , X V I , p . 247 e t s u iv .] .

II. — Datif du gérondif ou de l’adjectif verbal en -ndus.

§ 251. — Le datif du gérondif ou de l ’adjectif


verbal en -ndus se construit :
a ) [Pour marquer la destination,] avec c e r -
ta in s substantifs, notam m ent avec tempus, dies,
locus (« tempus inde statutum ' tradendis obsidi-
bus », « cum dies u en isset rogationi ferendae »,
« locum condendo oppido ceperunt »), avec comi-
tia (« comitia decemuiris habere creandis »), avec
les nom s qui désign en t des fo n c tio n s (decemuiri
legibus scribundis, quindecimuiri sac.ris faciundis
curator muris reficiendis), etc. ;

deux génitifs étaient, à l 'o r i g i n e , construits d 'u n e fa ç o n p a r a i -


l è l e , l’un et l’autre dépendant directement de l’expression qui,
dans la phrase, gouverne ce cas et le second génitif étant ajouté
pour expliquer le premier ; ainsi pour l’exemple du D e f i n i b u s , la
traduction qui rendrait compte de l’origine de la construction
serait ; « tout faire en vue du plaisir ou en vue de l'absence de
douleur ou en vue d e s b ie n s qui sont se’on la nature, à savoir, en
vue d e les o b t e n i r ». Cette traduction n’est pas très intelligible.
Aussi l’explication proposée par D o s s o n , D e p a r t i c i p i i g e r u n d i u i
a n t i q u i s s i m a u i , 1887, p. 85, est de beaucoup préférable. Il voit
dans a d ip is c e n d i un génitif de participe ( = adjectif) pris sub-
stantivement (cp. les substantifs f e m i n a , a l u m n u s , V e r t u m n u s )
et qui, comme tel, peut recevoir un complément au génitif. C'est
le seul moyen de rendre compte d’une construction comme :
L . O c ta v iu s ... o p e r is f a c i u n d o p r a e f u i t (C .I.L ., IX, 2197), où le
gérondif est au datif.
§ 251. ---- DATIF DU GÉRONDIF 511
b) A vec c e r ta in s adjectifs, qui, du reste, ne se
rencontrent, pour la plupart, ainsi em ployés qu’à
la fin de l'é p o q u e c la s s iq u e (à partir de T. Live)
OU a p r è s ; ce sont principalem ent des adjectifs qui
signifient « propre à » (a c c o m m o d a ta s C ic., bon u s
T. Live, n a tu s P la u te , T. Live) (1), « disposé à »
( p r o m p t u s , p a r a t u s T. Live), « a p p liq u és » ( in te n -
tu s T. L ive), m ais aussi parfois ces adjectifs autres
que ceux-là (Q uintilien, 11, 2, 3b, « illu d ediscendo
sc r ib e n d o q u e c o m m u n e est », entendez : « une
chose com m une au fait d'apprendre par cœur et au
fait de com poser »);
c) A vec c e r ta in s verbes, particulièrem ent avec
les suivants : p r a e e s s e , p ra eficere ; stu d e r e (operam
da re) ; deesse ; satis esse ; opus esse (« quae cu ran do
u u ln e r i o p u s s u n t» T. L ive, 1, 41, 1); adesse dans
1’expression sc rib e n d o adesse (« prendre part à la
signature d’un procès-verbal » (2) ; enlin esse dans
le sens de « être p ou r... » (3), « être capable de, être
(1) Cf. des passages comme T . L i v e , 2, 5, 4, « ut... area firma...
templis quoque ac porticibus sustinendis esset » (un terrain assez
solide pour porter, etc.). On attendrait un adjectif comme accom-
modata ; au lieu de cela il y a un adjectif de sens plus précis,
firma, qui est construit comme pourrait L'être accommodata et
qui reçoit, par le fait même de cette construction, une significa-
tion toute particulière : « propre pai* sa solidité à porter, etc. »»).
(2) Voy., par exemple, Sênaliis-consulte des Bacchanales (Corp.
I n s c r . Lat., t. I, n° 1 9 6 ), 1. 2 : s c . a r f . (= scribendo arfucrunt,
archaïsme pour adfuerunt); Cio.. De har. resp., 13, etc.
(3) « Etre pour... »>est une expression du xvne siècle ( M o l i è r e ,
VAvare, acte II, scène n, « Seroïs-tn pour nous trahir ? ». etc.).
512 § 251. DATIF DU GÉRONDIF

propre à. . . » : T. Live, 4, 35, 9, « experiundam


rem . . . esse, siïne aliqui plebeius ferendo magno
h o n o r i '», 30, 6, 3, « ea modo quae restinguendo
igni f o r e n t portantes » (1) ; [cf. § 47],
Remarque. — Certains auteurs (T. L i v e et surtout
T emploient le datif du gérondif ou de l’adjectif ver-
a c h e

bal en-ndus, sans qu'il dépende d'aucun mot de la pro-


position en particulier, pour marquer le but ; cet emploi
est peu correct : T. L i v e , 27, 15, 5, « naues, quas Liuius
lutandis commeatibus (=z ad tutandos commeatus) habue-
rat » ; Tac., Ann., 3, 31, « Tiberius quasi firmandae ualetu-
dini in Campaniam concessit »; 15, 16, « adstantibus iis
(jnos testificando pour servir de témoins) rex misisset (2) (3) »
1 Che!1. Cicéuon cet emploi ne se rencontre guère que dans
l'expression technique soluendo non esse, « ne pas être sol-
vable », par exemple Phil., 2, 4 (une autre expression technique
sc rencontre /*. Place., 80, » illud quaero, sintne ista praedia cen-
sui censendo », « je demande si ces biens-fonds se prêtent k
1opération du cens, s’ils sont dans les conditions voulues pour
qu’on les compte »).
2 Les indications qui précèdent dans ce paragraphe doivent
rire entendues en ce sens que le datif du gérondif proprement
djl forme nominale) n'est usité ni dans la prose classique ni
dans Tile-I.ive, sauf dans des formules : « scribundo adesse »,
« esse soluendo ». — P.L.
3 beaucoup dos exemples de datif, cités dans ce § et dans les
remarques qui lui sont jointes, se superposent à des construc-
lions avec ad et l'accusatif ; celles-ci sont même plus fréquentes
à l'époque classique. On a là une preuve de la confusion qui ré-
gnait dans l'emploi du datif et de l'accusatif avec a d. C’est peut-
être pour réagir contre l’extension de celte construction, qu’ils
considéraient comme vulgaire, que des écrivains de l’époque
impériale, comme Tito Live, Tacite, ont étendu l’emploi du
datif, par une sorte de purisme à rebours, là même où le sens
eût exigé ad el l'accusatif. — A .E.].
§ 253. — ABLATIF DU GÉRONDIF 513

III. — Accusatif du gérondif ou de l’adjectif verbal


en -ndus.

§ 252. — Cet accusatif se rencontre : après ad (i) ;


après oh signifiant « en vue de... » § 9 2 b) ou bien
« en échange de fait de... » ihid.,r.); après inter
pris dans le sens de « pendant » ; — rarement
après in (C ic.,P . lege Man., 49), après ante (Virg.,
Georg., 3, 206-7, « ante domandum | ingentes
tollent animos ») (2), après circa (Quintilien, 4, 5,
6), enfin après propter employé, au lieu de oh, dans
le sens de « en vue de... » (Val. M ax., 3, 2, 9).

IV. — Ablatif du gérondif ou de l’adjectif verbal


en -ndus.
§ 253. — L ’ablatif du gérondif ou de l ’adjectif
verbal en -ndus a deux usages principaux :
1° Il s’emploie : après les prépositions in, ah, ex ;
après de pris dans le sens de « au sujet de » ; après
(1) Remarquez des expressions telles que « facilis ad intellegen-
dum » (facile à comprendre), « ad audiendum iucundus »
(agréable à entendre), « inutilis ad dicendum » (inutile à dire),
« necessarius ad probandum » (qu’il est nécessaire de démon-
trer), etc., expressions où ad signifie « pour ce qui est d e ... »
(§ 82 c). Cf. T. L i v e , 23, 22, 9, « si quid unquam... sancti... ad
silendum... fuerit » (m. à m. » quelque chose qui inspirât des
scrupules religieux pour ce qui était du fait de le taire », « un
secret qu’on dût taire comme un mystère sacré »). [Cet emploi
coïncide soit avec l’emploi de l’infinitif (§ 246), soit avec l’em-
ploi du supin en -ù (§ 256). — A .E .],
(2) Entendez : «ante domituram », cf. § 2-48 a. Rem.
514 § 253. — ABLATIF DU GÉRONDIF

pro pris dans le sens de « pour, en faveur de » ; —


rarement après super employé dans le sens de
« au sujet de » Tac., Ann., 15, 5), après pro pris
dans le sens de « au lieu de (T. Live, 23, 28,11),
après cum (Quintilien, 1, 4, 3), enfin après sine
(Varron, De lingua. Latina, 6, § 75, nec sine
canendo (tibicines... dicti ») ;
2° Il s’emploi d ’une façon indépendante comme
ablatif d’instrument ou de moyen (§76) : Cic.,
De off., 1, 105 « hom inis... mens discendo alitur
et cogitando »; De orat., 1, 157, « exercenda est...
memoria ediscendis ad uerbum (mot pour mot)
quam plurimis et nostris scriptis et alienis ».
Remarque I. — P a r exception, l’ablatif du gérondif
s’emploie aussi pour marquer dans quelles circonstances
l’action marquée par le verbe principal s’est produite, de
sorte qu’on pourrait, sans beaucoup modifier le sens, le
remplacer par un participe présent ou par une proposi-
tion avec dum : Cic., Orat., 228, « athletas... uidemus nihil
(aucun mouvement) nec uitando (lorsqu’ils parent) facere
caute nec petendo (lorsqu'ils frappent) uehementer in quo
non motus hic habeat palaestram quandam (une certaine
grâce étudiée) »; on attendrait uilantes ou bien dum uilant
ou bien encore in uitando. Cette construction, qui appar-
tient à l’usage vulgaire, a pris un grand développement
dans le latin ecclésiastique. Le gérondif en -do finit par
remplacer l’infinitif dans quelques-unes de ses construc-
tions : V u l g , III Esd., 4, 41 : « et desiit loquendo ».
Remarque II. — Il est très rare que l'ablatif d’un
substantif accompagné de l’adjectif verbal en -ndus serve
255. ---- LE SUPIN EN -V M 515

de complément à un comparatif ou bien à un adjectif ou


à un verbe qui se construit avec l’ablatif : Cic., De off., 1,
47, « nullum... officium referenda gratia (— relatione gra-
tiae, cf. § 260) magis necessarium est » ; T . L i v e , 6 , 14, H ,
« nec iampossidendis publicis agris contentos esse (Patres) »;
24, 18, 7, « neque senatu modo... regendo cura se censo-
rum tenuit » (s’en tint à); 29, 33, 8, « fessum absistere
sequendo coegit ».

C. Le supin.
§ 254. — Le supin est également un substantif
verbal, qui n ’est usité q u a l 'accusatif, à Yabla-
tif et au datif, et seulement dans certaines con-
structions (1).

§ 255. — L'accusatif du supin (supin en -um)


s’emploie, comme accusatif m arquant le but (accu-
satif de la question quo employé sans préposi-
tion, cf. 37, 3°), avec les verbes de mouvement ;
il conserve la construction du verbe d’où il est
formé et peut ainsi être accompagné, par exemple,
d’un complément à Yaccusatif : « se. . . Romam
ad senatum uenisse auxilium postulatum (Cés. ,
De bello Gall., 1, 31, 9) signifie en réalité : « (il
(1) Les supins ne sont pas les seuls substantifs verbaux de la
4e déclinaison tjui ne sont usités qu’à certains cas ; on dit : facere
aliquid iussu (iniussu), concessu, horlatu, conclu, efflagitatu, etc.,
alicuius» (cf. §78a, 3°), tous substantifs qui, dans la bonne langue,
ne se rencontrent absolument qu’à cette forme et dans cette
expression-là, [et qui du reste, ne diffèrent en rien du supin.]

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