122 Haiti Gestion Integree BV

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Haïti :

Vers une Gestion Intégrée


des Bassins Versants

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti –


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 2
VERS UNE GESTION
INTEGREE
DES BASSINS VERSANTS
EN HAITI

SOMMAIRE

p. 4 1. Etat des lieux et diagnostic


- Contexte
- Analyse des actions en cours

p. 15 2. Pour une nouvelle méthodologie d’aménagement des


bassins versants

p. 17 3. Pistes pour la gestion des bassins versants


- Volet institutionnel
- Volet opérationnel

p. 41 4. Projet de référentiel de gestion intégrée des bassins


versants

p. 43 5. Un projet pilote sur le bassin versant de Saint-Marc


- Etat des lieux
- Caractéristiques générales du bassin versant
- Diagnostic de vulnérabilité du bassin versant
- Données disponibles
- Les actions actuelles
- Ce qu’il reste à réaliser
- Les options pour le futur : synthèse et évaluation de leur
pertinence

p. 61 6. Conclusion

p. 62 7. Annexes

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 3


Sols et Couvert végétal

La carte ci-dessous descend au niveau des sous-bassins le nombre important de bassins repré-
sentés

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 4


l’ensemble du territoire, avec un impact
1 majeur sur la santé des bassins versants.
En 2000, 97% du territoire était déforesté.
ETAT DES LIEUX
ET DIAGNOSTIC Le déboisement et la dégradation du couvert
végétal sont liés :

- A la forte pression foncière liée à l’ac-


croissement de la population ;
- Aux besoins en combustible (bois, char-
bon de bois) ;
- A l’abandon des cultures de café, cacao
1.1 CONTEXTE et des cultures pérennes ;
- A l’augmentation des cultures vivrières de
1.1.1. Présentation générale du pays type céréales, maïs, haricot.

Haïti partage avec la république dominicaine 1.1.2. Cadre général et institutionnel


l’île d’Hispaniola. Le pays occupe un tiers de la
surface totale avec 27750 km² sur la façade Le schéma ci-dessous représente les diffé-
ouest de l’île. C’est un pays montagneux dont rents acteurs institutionnels intervenant au ni-
60% de la superficie est constituée de pentes veau de la gestion des bassins versants.
de plus de 20%. Les plaines alluviales corres-
pondent soit au comblement par des alluvions 1.1.3. Situation hydrologique et comporte-
de synclinaux broyés, soit à des plaines côtiè- ment des bassins versants en Haïti
res alluviales. Ces dernières se trouvent à des
altitudes inférieures à 200 mètres. Elles ne La connaissance du comportement des bas-
représentent que 17.3% de la superficie totale sins versants est très faible. Pourtant celle-ci
du pays. est d’autant plus nécessaire et indispensable
que les phénomènes hydrologiques en jeu,
La distribution des précipitations est influencée générateurs des inondations, sont particulière-
par le régime des vents en provenance des ment complexes, et mêlent étroitement des
différents secteurs et la présence de reliefs apports hydrauliques importants et très vio-
importants dans les différentes régions. La lents et un transport solide exceptionnel.
répartition des pluies normales est caractéri-
sée par deux périodes pluvieuses centrées sur Le débit exceptionnel des rivières est forte-
avril-mai et août-septembre-octobre et deux ment conditionné par le régime des pluies,
périodes sèches centrées sur juin–juillet et souvent violentes, et le passage des ouragans.
novembre-mars et juillet. La pluviométrie an- Ces phénomènes exceptionnels sont large-
nuelle moyenne du pays est de 1.400 mm. Elle ment amplifiés par la dégradation des bassins
peut être supérieure à 3000 mm/an (massif de versants qui a pour conséquence notamment :
la Hotte, pointe Sud Ouest), jusqu’à inférieure - l’accentuation du ruissellement ;
à 500 mm/an. - une augmentation du débit solide, facteur
aggravant les inondations ;
La santé environnementale d’Haïti est au- - un fort impact négatif sur le littoral et sur
jourd’hui très mauvaise. Ceci est lié essen- le milieu marin (coraux, ressources ha-
tiellement à la déforestation massive de lieutiques).

MTPC MIN. ENV MIN. AGRI CIAT

DINEPA
Ress. Eau Métrologie Aménag. BV Irrigation

OREPA (SNEP+CAMEP)

UTE , Communes, Opérateurs ONG

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 5


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 6
Les aménagements de protection existants, Dans ce contexte, aucun programme préventif
contre les inondations, ou en cours de réalisa- n’a été mis en œuvre face aux inondations et
tion, sont très souvent réalisés dans l’urgence, aux crues catastrophiques. On assiste depuis
sans études sérieuses et sans disposer des des décennies à la répétition du même scéna-
données techniques indispensables ou des rio :
normes de réalisation existantes.
1 Evénement dramatique durant la saison
1.1.4. Une approche généralisée de récupé- des pluies ;
ration post-catastrophe versus une appro- 2 Action d’aide d’urgence aux sinistrés et
che programmatique et préventive premiers secours aux blessés avec l’aide
de la communauté internationale et des
L’Etat haïtien souffre de différents facteurs ONG de secours de première urgence ;
limitant son autorité et ses marges de manœu- 3 Action plus ou moins coordonnée par le
vre. En premier lieu le pays souffre de graves gouvernement Haïtien1;
problèmes structurels caractérisés par un très 4 Départ des ONG et baisse de l’aide inter-
fort niveau de pauvreté, un faible niveau d’édu- nationale une fois la situation d’urgence
cation et une très forte croissance démogra- passée ;
phique. 5 Absence de recueil des retours d’expé-
rience. Absence de structure pour tirer
L’organisation institutionnelle est défaillante. les leçons de la catastrophe ;
Ainsi, on constate une fragmentation institu- 6 Absence de mise en place approche pro-
tionnelle et une coordination intersectorielle grammatique et préventive…
longtemps restée plus que faible. Cela a néan- 7 Très peu de monitoring (au niveau des
moins changé récemment grâce à la création actions comme au niveau des données
du CIAT (Comité Interministériel d'Aménage- techniques).
ment du Territoire).
Suite au séisme du 12 janvier 2010 en Haïti
Les conséquences de cette situation sont pré- des milliers de logements ont été détruits et de
occupantes : nombreux camps de sinistrés ont émergé, sou-
vent en zones inondables ou vulnérables au
- Un secteur peu attractif pour les investis- ruissellement. Une seconde catastrophe hu-
seurs ; manitaire est ainsi plus que probable avec
- Des politiques et stratégies discutées la saison des pluies puis les ouragans qui
mais qui débouchent rarement sur des risquent de frapper Haïti cette année en-
actions concrètes. La réforme du secteur core. Ceci démontre les sérieuses limites de
de l’eau potable et de l’assainissement l’approche récupération post-catastrophe. Il
reste néanmoins une exception notable ; faut donc établir des orientations sur le court
- Des collectivités locales responsables terme afin de prévenir le futur immédiat mais
mais qui manquent de moyens ; également développer une vision de long
- Présence de bidonvilles sans aucune in- terme, durable et viable.
frastructure ;
- Des outils de financement très peu déve- L’enjeu est donc maintenant de passer à
loppés ; une approche programmatique et préven-
- Une capacité technique encore faible ; tive pour construire une société résiliente
- Des systèmes de suivi et d’évaluation aux aléas climatiques.
encore inexistants même si leur mise en
place est à l’ordre du jour que cela soit au
niveau du CIAT comme au niveau de la
DINEPA.

1
Un réel progrès a cependant eu lieu au niveau de la coordination lors des événements pluvieux de 2008.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 7


Vulnérabilité des bassins versants : Arbre des causes

Vulnérabilité des populations aux menaces de catastrophes " naturelles " :


Baisse des revenus
inondations catastrophiques, érosion, coulées de boue, glissements de ter- unitaires
rain…
Développement anarchique d'habita-
tions sur des zones inondables
(quartiers défavorisés) causé par :
Absence de réaction de l'Etat lors Baisse des
d’implantation d'habitations sur rendements
ses terres
Baisse globale de couverture végé-
Absence de planification urbaine
(Faible capacité des collectivités
territoriales) Ruissellement en amont =>
Diminution de la couche de Baisse quantité
MO et Minéraux
Prix agricoles faibles du fait de :
Sédimentation en aval La concurrence internationale
La faible qualité des produits

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 8


(causée par des éboule-
Abandon de La faible valorisation (transformation)
ments en amont dus à surfaces culti- Demande en produits
une roche mère fiable des fruits et animaux
vées vivriers en hausse
et aux séismes)
Diminution de la
durée de jachère
Coupe de bois sans replantation causée par :
Demande de charbon de bois
Glissement de terrain; Besoin de cash rapide
ravinement (aggravé par Non-protection par l'Etat sur sesterres
la nature des sols) Manque d'opportunités d'em- Demande en bois
plois en plaine/dans les mor- Peur de perte du ligneux (engendrée par un éloigne-
nes + natalité =Pression ment des parcelles elle-même causée par les diffi-
démographique cultés d’installation dans les mornes du fait
Pas d'application de
Chemins mal placés ou mal
règles sur le droit
faits + Pas de travaux de
d'exploitation => Faibles transferts de fumure de parcelles fourragères à
confortement
Carrières sauvages ou cultures car
mal exploitée Elevage peu intensif
Changement de système de culture avec préfé-
Peu de cultures fourragères (Peu de graminées, de légu- Insécurité foncière du fait :
rence pour les cultures à cycle court car baisse
Piétinement des ani- mineuses et d’espèce ligneuse car absence de clôture) Des règles d’indivisibilité
des prix des produits d'espèce à cycle long
maux + Divagation des (fruitiers, caco, café...) du fait du marché mon- De la persistance de la propriété de
animaux dial et de la faible valorisation l’Etat non répartie
(transformation) des fruits
1.1.5. Un aménagement du territoire qui - La production de café et de cacao a été
doit nécessairement traiter la question des supprimée du fait de la chute des cours
zones rurales de ces produits (cette tendance a débuté
dès les années 50) ;
Près de 60% de la population haïtienne vit en - Cette déforestation a entraîné une éro-
milieu rural et il est nécessaire de maintenir sion dramatique et l’eau de pluie n’est
autant que possible ces populations en milieu plus retenue ;
rural afin qu'elles ne viennent pas grossir les - Chaque pluie entraîne la terre meuble
rangs des populations vivant dans les quartiers des collines vers le bas et la mer ;
défavorisés des grandes villes (bétonvilles, - Certains hauts de collines sont mainte-
bidonvilles). Le modèle d’aménagement a nant complètement dénudés et leurs pro-
donc été jusqu’à maintenant de maintenir à priétaires ne tirent maintenant plus aucun
tout prix les habitants sur les collines avec une revenu de leurs terres.
culture qui leur procurerait un revenu suffisant.
Les activités de pêche et de tourisme durable Le caractère catastrophique des inondations
n’ont absolument pas été développées. récentes (2004, 2008 par exemple) est à relier
avec cette déforestation sauvage et le débit
Ce modèle est depuis longtemps entré en solide qui en a résulté (arrachement de la terre
crise pour différentes raisons : meuble).

- En l’absence de toute réforme agraire, la Le graphe ci-contre montre les différentes cau-
croissance démographique fait que, par ses de la vulnérabilité des bassins versants
le jeu des successions, les habitants pos- haïtiens.
sèdent maintenant chacun une parcelle
de très faible surface (0,5 hectares) ;
- Cette parcelle est exploitée à outrance 1.2 ANALYSE DES ACTIONS EN COURS
sur des cultures vivrières telles que le
maïs ; 1.2.1. Carte de répartition des différents
- Tout arbre à été supprimé pour faire projets d’aménagement de bassins ver-
place à ce type de culture ou pour le bois sants : acteurs et volumes financiers
de chauffage (cuisine…) ;

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 9


Numéro des programmes (description détaillée en annexe 2
Champs évalués 1 2 3 4 5 6 7 8 10 11 14
Prise en compte des aspects +++ --- +/- ++ ++ --- --- - - --- ---
institutionnels : + +
Approche Participative : +++ +/- +/- ++ ++ +++ ++ ++ +++ - ++
+ + + + +
Sensibilisation des populations : + +/- +/- ++ ++ +++ ++ ++ +++ ++ ++
+ + + + + +
Appui au cadre légal : + --- --- + ++ --- --- - - - -
+
Vise l’amélioration des + + + ++ ++ +++ ++ ++ +++ ++ ++
conditions de vie des + + + + + +
populations locales :
Soutien du tissu économique du + + + ++ - +++ ++ ++ +++ ++ ++
bassin versant et renforcement + + + + +
des capacités :
Action sur le foncier (lutte contre --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---
le morcellement des parcelles) :
Reboisement : --- + +++ ++ --- --- --- ++ +++ --- ---
+ +
Remplacement du bois comme --- --- --- --- --- --- --- + --- --- ---
source d’énergie :
Revégétalisation : +++ + +++ ++ --- + + ++ +++ --- ---
+ +
Permet d'obtenir des données
techniques sur :
o Le cadastre : --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---
o L’occupation des sols : --- --- --- --- + --- --- --- --- --- ---
o Météorologie et --- --- --- --- ++ --- --- --- --- --- ---
hydrologie : +
o Zones inondables : --- --- --- --- ++ --- --- --- --- --- ---
+
o L’érodabilité des sols : --- ++ --- --- --- --- --- --- --- --- ---
+
o Adéquation ressources / --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---
besoin en eau :
Action sur les activités +++ --- --- ++ --- +++ ++ ++ +++ ++ ++
agricoles : + + + + +
Actions techniques spécifiques
à la protection des sols et des
versants :
o Protection des crêtes et +++ ++ +++ ++ --- +/- +/- ++ +++ --- ---
de la partie haute : + + +
o Restauration du couvert + + ++ ++ --- +++ ++ ++ +++ --- ---
végétal : + + +
o Modification de la ++ + --- +/- --- --- --- --- --- --- ++
topographie +
d’écoulement :
o Action sur les transports Directeme + --- +/- --- Directement NON (---)
solides : nt NON (-- Mais maintien des sols
-) Mais amont en place (+++)
maintien
des sols
amont en
place
(+++)
Gestion technique du risque
d’inondation :
o Modélisations hydrauliques --- --- --- --- ++ --- --- --- --- --- ---
des inondations : +
o Annonce de crue --- --- --- --- ++ --- --- --- --- --- ---
+
Traitement de ravine --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ++
+
Actions sur le lit des rivières --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ++
(reprofilage...) +
Traitement des versants (muret +++ ++ + ++ --- + + + + --- ++
de pierres…) + + + +
Mesures techniques relatives à --- --- --- --- --- --- --- --- --- ++ ---
la gestion du cycle de l’eau : +
Modernisation des +++ --- --- ++ --- + + + +++ ++ ++

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 10


1.2.2. Analyse de la pertinence des projets œuvre a donné lieu à de nombreux échecs.
On ne pourra donc y avoir recours qu’avec la
Le tableau ci-contre synthétise les évaluations plus grande prudence. Ces ouvrages sont coû-
que nous avons réalisé des différentes actions teux et nécessitent beaucoup de travail à la
en cours au niveau des bassins versants construction et en entretien (curage, réparation
d’Haïti. Les fiches d’analyse des différentes du talus).
actions sur les bassins recensées sont présen-
tes en annexe. Dans la pratique, même lorsqu’ils sont bien
conçus, leur entretien est quasi systématique-
L’option « traitement de ravines et recali- ment défectueux et l’érosion diffuse se trans-
brage / reprofilage des cours d’eau forme en érosion linéaire. L’emprise de l’ou-
vrage est soustraite à la culture et celui-ci n’a-
Certains projets misent, du moins en partie, méliore pas les rendements sur la surface res-
sur d’assez lourds investissements et se tour- tante, les paysans ne sont donc pas motivés
nent vers le traitement des ravines ou le recali- pour l’entretenir. Seul le « du cash for
brage / reprofilage des cours d’eau avec le work » (voire le versement d’un salaire régu-
risque de voir les équipements emportés par lier) peut les motiver à mettre en place l’entre-
des événements catastrophiques. Cela a été le tien de ce type de structure.
cas de la plupart des travaux de reprofilage de
la quinte réalisés en 2007 qui ont été dévastés La mise en place de canaux et murets dans
par les ouragans de 2008. les parcelles paysannes a pour inconvénients :

Ces travaux de génie civil sont bien évidem- - d’être exigeante en travail,
ment nécessaires et urgents pour protéger les - de réduire la surface cultivée,
populations en aval mais ils ne peuvent à eux - d’être sans effet direct sur les rendements.
seuls contribuer au règlement des causes pro-
fondes : déforestation, pratiques agricoles ina- De plus, ces ouvrages sont fréquemment inef-
déquates, érosion… ficaces face à l’érosion et présentent le risque
de pouvoir aggraver la situation par déborde-
Ce type de travaux présente cependant l’avan- ment, ravinement et glissement de terrain.
tage de fournir du travail aux populations rura-
les et, par conséquent, de freiner l’exode rural. L’option « intensification agricole »
Pour cela le recours au Cash For Work est très
important. L’autre grand axe suivant lequel se dévelop-
pent les actions de gestion des bassins ver-
Néanmoins, quand il n’est pas mené en même sants est l’intensification agricole et le renfor-
temps en amont une vaste opération de reboi- cement des liens de cette agriculture avec le
sement de revégétalisation des terres et un marché ou encore une meilleure adaptation au
changement radical des pratiques agricoles, marché.
ces travaux sont bien souvent condamnés a
être à plus ou moins long terme détruits par les Cette voie est prometteuse si elle aboutit à des
crues à venir, qui deviendront de plus en plus pratiques agricoles radicalement différentes de
violentes du fait de l’augmentation du débit celles pratiquées aujourd’hui. Il est absolument
solide causé par la poursuite de l’érosion. nécessaire de ne pas continuer à se limiter
Cette constatation est d’autant plus critique aux cultures vivrières. Développer la culture du
que nombre d’actions restent ponctuelles et café, du cacao et de différents arbres fruitiers
peu coordonnées entre elles et ne permettent est une nécessité pour fixer les terres en
que des protections ultralocalisées et souvent amont. Intensifier l’agriculture et penser la fi-
inefficaces. A titre d’exemple, la réalisation de lière jusqu’à la vente sur le marché national
linéaires dispersés de gabions sans connais- voire mondial est une nécessité absolue pour
sance ni modélisation des écoulements aboutit stopper l’exode rural. Cela doit cependant être
généralement à la destruction de l’ouvrage dès accompagné, si possible, de remembrements
les premières pluies et ne permet pas la maî- ou d’échange volontaire de terres. Mais les
trise des tracés hydrauliques. risques de conflits sont ici maximums. De plus,
cette intensification agricole ne doit surtout pas
Une prudence à avoir vis-à-vis des techni- se faire au détriment du reboisement et de la
ques physiques de conservation des sols revégétalisation des hauteurs.

Les techniques physiques de lutte contre l’éro-


sion utilisées de façon classique en Haïti ont
principalement été les canaux de contour, les
murs secs et les seuils en pierre. Leur mise en

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 11


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 12
Une nécessité absolue : l’alerte précoce au et des collectivités locales comme des
risque d’inondation organisations de base est une nécessité
absolue pour éviter cela ;
Le projet mettant en place un programme d’a-
lerte précoce au risque d’inondation répond à - La participation des populations doit être
un besoin urgent et crucial pour sauver des développée car elle garantit que l’intérêt
vies et ce type d’initiative doit bien évidemment des acteurs locaux soit pris en compte
se généraliser le plus rapidement possible. dans la définition des interventions du
D’une manière générale, de très gros efforts programme ;
doivent avoir lieu en ce qui concerne le moni-
torage – reportage des données. - La qualité technique des interventions
est un point essentiel. Les actions doi-
Les aspects relatifs à la gouvernance rare- vent être adaptées aux contraintes du
ment développés milieu réel et apporter une vraie réponse
aux problèmes identifiés. Les investisse-
Les projets en cours sont des interventions ments collectifs à caractère social sont
techniques lourdes pour l’essentiel. Il convient un levier important pour la mobilisation
de constater que les aspects gouvernance des communautés rurales. L’approche
sont peu développés. Seul le programme WIN- développement local est donc la voie à
NER, qui vient de démarrer, présente un volet privilégier ;
gouvernance quelque peu conséquent avec
les actions programmées suivantes : - Les interventions doivent intégrer dès le
départ l’aval des filières :
- Travail en relation avec le CIAT ; . pour stimuler la demande de produits
- Mise en place de partenariats publics qui favorisent la gestion durable des
privés pour la production agricole - inté- ressources naturelles,
gration des filières. . pour tenir compte de la demande en
produits qui nuisent à la conservation
L’enseignement tiré des projets passés et des ressources, en favorisant la ré-
les enjeux d’une meilleure maîtrise des pro- orientation de cette demande ou en
jets stimulant les modes de production
Les enseignements tirés des différentes ac- dans un sens plus respectueux de
tions mises en place dans les pays en voie de l’environnement.
développement en ce qui concerne la gestion
intégrée des bassins versants peuvent être - Les interventions doivent avoir un impact
synthétisés comme suit : sur le long terme, mais doivent avoir aus-
si un effet économique le plus rapide
- La gestion des bassins versants ne sau- possible afin de faciliter leur acceptation
rait se limiter aux seules mesures de et leur mise en œuvre par les bénéficiai-
conservation des sols ; res ;

- La solidarité entre l’amont et l’aval du - Doivent être absolument écartées les


bassin versant est une dimension essen- mesures dirigistes de travaux contrôlés
tielle pour la réussite d’un programme de par des superviseurs dont la nature n’au-
gestion des bassins versants et doit obli- rait pas été décidée par leurs bénéficiai-
gatoirement être prise en compte ; res et leurs exécutants.

- Chaque programme de gestion des bas-


sins versants nécessite un diagnostic fin
des conditions hydrologiques, écologi-
ques et économiques. Ces éléments de
référence qui font, en effet, actuellement
défaut dans les systèmes de suivi natio-
naux ;

- Les programmes de gestion des bassins


versants se limitent le plus souvent à une
intervention ponctuelle « opportuniste »
de la part de ceux qui le mettent en oeu-
vre (ONG, bureaux d’ingénierie, etc.) ou
ceux qui en sont les « bénéficiaires ».
Une forte implication de l’administration

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 13


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 14
Dans cette optique, les pistes que nous allons
2 développer dans le prochain paragraphe sont
centrés sur les zones amont qui constituent les
POUR principales sources de sédiment transités à
UNE NOUVELLE MÉTHODOLOGIE l’aval et intègrent des actions de développe-
D’AMÉNAGEMENT ment agro-sylvo-pastoral, de lutte contre l’éro-
DES BASSINS VERSANTS sion et de renforcement des infrastructures
socio-économique.

La protection de l’aval contre les inondations


ne sera pas pour autant oubliée. Elle répond à
un besoin immédiat de prévention des catas-
L’aménagement des bassins versants implique trophes.
la mise en place de systèmes qui veillent à la
conservation et l’utilisation durable des res-
sources en terres. L’approche d’aménagement
des bassins versants rassemble divers as-
pects liés à la foresterie, l’agriculture, l’hydrolo-
gie, l’écologie, les sols, la climatologie et d’au-
tres sciences pour trouver des moyens de pré-
server et d’utiliser rationnellement les terres.
L’aménagement des bassins versants ne se
limite pas aux méthodes et outils de sciences
naturelles. Cela doit être un processus partici-
patif continu qui reconnaît et fait intervenir les
populations locales — aussi bien en amont
qu’en aval — et les aide à améliorer leurs
moyens d’existence sans porter préjudice à
leurs environnements.
Tout ce qui a lieu dans les bassins versants
d’altitude a un impact considérable sur les zo-
nes en aval.
Le plus souvent les populations présentes ou
dépendantes de ces terres situées en amont
sont parmi les plus défavorisées d’Haïti. La
pauvreté, l’isolement, la croissance démogra-
phique et l’accès limité aux terres forcent de
nombreux habitants des zones rurales situés
en amont à adopter des pratiques agricoles de
survie qui nuisent à l’environnement. Les cou-
pes d’arbres excessives et le recours à des
cultures à cycles courts ont aboutit à la défo-
restation, à l’érosion et à la perte de biomasse.
Les effets sont visibles lors les inondations
catastrophiques, notamment.
Pour un aménagement des bassins versants
efficace, il faut adopter des pratiques viables
de gestion des eaux et des terres à l’échelon
local dans les zones amont d’Haïti.
Une approche intégrée est indispensable pour
aménager les bassins versant haïtiens. L’amé-
nagement des bassins versant en Haïti doit
donc être conçu dans le cadre de projet de
développement intégré impliquant tous les
opérateurs concernés. Ces projets doivent vi-
ser en plus de la gestion durable des ressour-
ces naturelles, la régularisation et la préserva-
tion des eaux à leur source et l’amélioration
des conditions de vie des populations qui en
dépendent.
Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 15
RECONSTRUCTION =>
PROJETS Urbanisme et gestion des
AGRICOLES et populations
ZONAGE

PROJETS TECHNI- INFRASTRUCTURES :


QUES DE SECURI- AEP, irrigation, rou-
SATION OU DE tes…
PROTECTION COORDONNER

OPERER / GERER

AUTORISER

RAPPORTER REPORTAGE,
SYNTHESES ET
SOUTIEN AU DEVE- ACCES AUX
EVALUER
DONNEES
COMMUNIQUER INCITER

FINANCEMENTS:
Fonds haïtiens; ONG;
POUVOIRS INSTITUTIONNELS bailleurs; MDP ou
Institutions nationales et Ministères; associations
Pouvoirs de police USAGERS / HABI-
Collectivités et institutions locales TANTS / ACTEURS
SOCIO-ECON.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 16


3.1.1. Nécessité d’organismes de bassins
3 Il est, avant tout, nécessaire de mettre en
PISTES POUR LA GESTION DES BAS- place des organismes de bassin autonomes
SINS VERSANTS financièrement et de les doter des prérogatives
suivantes :

- gestion Intégrée des Ressources en


Eau ;
- appui / mise en place d'organisations
irrigants ;
- protection des crêtes et de la partie
3.1 VOLET INSTITUTIONNEL haute des mornes ;
- protection des versants ;
Il s’agit, dans ce paragraphe, de proposer l’é- - appui technique et financement d’actions
volution du contexte juridique et institutionnel de gestion du cycle de l’eau
pour favoriser la mise en œuvre d’une gestion
intégrée des ressources en eau au niveau na- Un comité de bassin versant chargé de défi-
tional et local. L’approche doit être fondamen- nir les orientations de cet organisme pourrait
talement multisectorielle et impliquer des res- regrouper les différents acteurs du bassin ver-
ponsabilités dépendantes de plusieurs ministè- sant (élus ; représentants des ministères ; agri-
res. culteurs ; fabricants de charbon de bois ; asso-
ciations de villageois ; associations de quar-
La gestion des bassins doit être organisée : tiers urbains ; représentant des quartiers défa-
vorisés ; représentant des CAEPA ; représen-
1) à l'échelle pertinente des bassins ver- tant de l’OREPA…)
sants eux-mêmes ;
2) en s’appuyant sur des systèmes de mo- Les missions des Organismes de Bassin
nitoring adaptés. Outre la connaissance Haïtiens
le monitoring devra permettre l’évalua- Les missions des Organismes de Bassin Haï-
tion des actions et aider à la gestion de tiens devront être les suivantes :
crises et aux alertes. ; - réaliser un inventaire de l'état des res-
3) sur la base de plans de gestion, ou sché- sources en eau, des écosystèmes et des
mas directeurs, fixant les objectifs à at- versants;
teindre à moyen et long terme, complé- - évaluer les besoins et les priorités d'in-
tés par des programmes de mesures et tervention ;
d'investissements prioritaires ; - identifier les acteurs concernés pour l'en-
4) en assurant le financement suffisant de semble des secteurs de l'eau, de la ges-
cette gestion, et en mobilisant si possible tion des bassins versants et du dévelop-
des financements spécifiques (aides pement, qu'il est nécessaire d'associer à
d’urgences, aides de soutient au déve- la gestion ;
loppement, rémunération des actions - définir des systèmes d'échange des
des organismes de gestion, la fiscalité connaissances, des données et de l'in-
des ménages et des activités) ; formation ;
5) en renforçant les compétences des diffé- - établir des mécanismes visant à coor-
rents acteurs ; donner la prise de décisions entre les
6) avec une participation à la prise des différents niveaux et acteurs ;
décisions, à côté des administrations - encourager le dialogue entre les ac-
gouvernementales compétentes, des teurs ;
autorités territoriales concernées, des - préciser les processus d'allocation de
représentants des différentes catégo- l'eau ;
ries d'usagers et des associations de - réduire la pollution de l'eau, restaurer les
protection de la nature ou porteuse écosystèmes et les versants;
d’intérêts collectifs. - lutter contre les inondations et les séche-
resses (variabilité climatique) ; et
- assurer le financement de la gestion de
l'eau de la restauration des écosystèmes
et des bassins versants.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 17


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 18
En tant qu'acteur principal en ce qui concerne l’eau (quantité et qualité) et à l’état des
les questions d'eau de restauration des éco- écosystèmes et des versants ;
systèmes et des versants, ils devront viser à - monitoring et évaluation des projets.
avoir une vue d'ensemble. Ceci implique d'in-
former et d'associer l'ensemble des membres Le financement des organismes de bassin
de la communauté du bassin et les décideurs Pour la gestion par bassin, les besoins de fi-
publics et privés, quels que soient leurs sec- nancement correspondent aux trois domaines
teurs et à tous les niveaux. suivants :

Les organismes de bassin doivent avoir trois 1°) la gestion patrimoniale de la res-
fonctions principales : source en eau et des bassins ver-
sants ;
1°) superviser, enquêter, coordonner 2°) la construction et la maintenance
et réglementer ; des infrastructures ; et
2°) planifier et financer ; et 3°) le fonctionnement de l'organisme
3°) aménager et gérer. de bassin lui-même.

Une des tâches d’un organisme de bassin sera Gestion patrimoniale de la ressource et des
aussi d’intervenir à l'échelle du bassin et au bassins versants
niveau transfrontalier du fait de la nécessité de
résoudre les conflits, de lutter contre les inon- Deux aspects de la gestion patrimoniale de la
dations et le besoin de coopérer dans le do- ressource et des bassins versants nécessitent
maine de la conception et de la construction des financements. Premièrement, Il est néces-
d'infrastructures communes pour la gestion de saire de financer les activités institutionnelles
l’eau comme pour la restauration des écosys- ou non-structurelles (interventions 'douces')
tèmes et des versants. qui rendent les autres actions possibles.
Deuxièmement, il est nécessaire de financer
les tâches quotidiennes d'entretien indispensa-
Les mandats des Organismes de Bassins bles à la 'bonne santé du bassin' – collecter
des données, sur l'eau gérer les territoires,
Pour remplir leur mission, les organismes de restaurer les cours d'eau et les versants, pren-
bassin ont à réaliser, notamment, les mandats dre des mesures préventives contre l’érosion
suivants : et la pollution, gérer les sédiments, etc.
- élaborer un document de planification
stratégique à long terme relatif aux diffé- Construction et maintenance des infrastructu-
rents aspects de la gestion de l’eau et res
des bassins versants en informant et en
faisant participer la population et les dif- Le financement des infrastructures collectives
férents acteurs intervenant sur ces thè- peut concerner :
mes ;
- mettre à jour ce document de planifica- 1°) le développement et la gestion des res-
tion; sources en eau : construction de barrages
- informer de manière continue les acteurs de retenue et de digues pour la protection
et la population du bassin versant sur la contre les inondations/sécheresses, gestion
réalisation de ce plan; du bassin (dont la gestion des territoires/
- police des eaux – autorisation (rejets, sols, reboisement, lutte contre l'érosion),
prélèvements) ; prévention contre la pollution et protection
- police de l’environnement sur les aspects de l'environnement ;
relatifs au foncier et à la gestion des ver- 2°) la restauration des versants ; revégétali-
sants ; sation, reboisement, murets de pierres…
- fichier des usagers 3°) la fourniture de services : tels que l'hy-
- collecte des redevances pollution et pré- droélectricité, les systèmes d'irrigation, l'ap-
lèvement ; provisionnement en eau domestique et in-
- éventuellement, concessions des grands dustrielle, l'assainissement et l'épuration,
aménagements (vente d'eau brute…) : etc.
- aide financière et technique à l’alimenta-
tion en eau potable et assainissement ;
- aide financière et technique à l’irrigation ;
- aide financière et technique à la restaura-
tion des cours d’eau, des écosystèmes et
des versants ;
- monitoring, suivi des données relatives à

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 19


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 20
L'organisme de bassin doit être chargé de l’ex- Une structure de gestion des bassins doit d’a-
ploitation et de la maintenance des infrastruc- bord être créé au niveau national. Différents
tures. Ces coûts doivent donc être pris en Organismes régionaux de bassins seront en-
compte dans les budgets de fonctionnement suite mis en place.
sur le long terme.
L’organisme national, sera autonome financiè-
Fonctionnement de l'organisme de bassin rement dés sa création. Le financement sera
assuré notamment par la mise en place de
Le budget de fonctionnement devra être signi- redevance de type « préleveur – payeur » et
ficatif. Il doit couvrir les frais administratifs, la « pollueur – payeur » et de taxes sur les activi-
gestion financière et les audits, les ressources tés. D’autres pistes de financements peuvent
humaines et la formation du personnel. Ce être étudiées (partie des recettes fiscales na-
budget doit également inclure des sommes tionales ou locales, aide internationale (surtout
pour les équipements essentiels, tels que les au démarrage de ces institutions)… (cf. Chapi-
ordinateurs et appareils de mesure sur le ter- tre précédent).
rain, les laboratoires, les logiciels de modélisa-
tion et de systèmes d'information géographi- Parallèlement à cette mise en place d’orga-
que (SIG) et les véhicules. Des dotations pour nisme de bassins des associations d’irrigant
la maintenance et le remplacement des équi- doivent aussi être mis sur pied avec pour pré-
pements doivent également être inclues. rogatives la formation des irrigants, l’allocation
des ressources entre les différents irrigants, le
Nota : Très souvent, les gestionnaires de fonctionnement et l’entretien des infrastructu-
bassin ne peuvent pas remplir leurs mis- res
sions car leurs budgets de fonctionnement
sont inadaptés. 3.1.2. Soutien du tissu économique du bas-
sin versant et renforcement des capacités
Les sources de financements
La gestion des bassins est un service public, Le soutien du tissu économique du bassin
l'origine de son financement sera donc princi- versant et renforcement des capacités doit
palement publique. Il existe trois sources de être basé sur les points suivants /
financement que l’on peut envisager pour Haï-
ti2. - Diversification et promotion d'activités
1°) Les taxes générales. économiques à l’échelle des ménages
2°) Les redevance de type « préleveur – ruraux et des PME ;
payeur » et « pollueur – payeur » - Création d’emplois non agricoles. Les
3°) Les financements spécifiques, soit les initiatives de créations d’entreprises
redevances et le paiement pour services sur les bassins versants doivent être
rendus, les rétributions pour frais de dos- encouragées. La voie du tourisme du-
siers (instructions)… rable est à soutenir sur le long terme ;
4°) Les transferts : Les transferts com- - Encadrement et renforcement de ca-
prennent des prêts et des contributions pacités (sensibilisation au plan d’amé-
caritatives et volontaires. Les prêts in- nagement du bassin versant ; renfor-
cluent les financements bi- et multilaté- cement des structures d'encadrement
raux, tels que l'aide publique au dévelop- et des organisations professionnelles ;
pement (APD). Ces transferts seront es- formation en agriculture, en élevage,
sentiels pour la mise en place des orga- en entreprenariat) ;
nismes de bassin en haïti. - Coordination des actions / concerta-
tion des intervenants (recensement
Mise en place des Organismes de Bassin des acteurs et intervenants dans le
en Haïti bassin versant, mise sur pied d'un Co-
La création des organismes de bassin Haïtiens mité de coordination des actions et de
devra passer par différentes étapes. concertation des intervenants).

Au préalable un inventaire des acteurs concer-


nés par la protection du bassin versant doit
avoir lieu (Elus, agriculteurs, fabricants de
charbon de bois, Associations de villageois,
représentant des CAEPA, représentant de l’O-
REPA, CIAT…).

2
Une étude plus détaillée doit être menée sur ce point comme sur les différents points financiers, juridiques, administratifs et
institutionnels relatifs aux organismes de bassin haïtiens

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 21


CONSULTATIONS D'INSTRUCTION

NIN. MIN.
ENV. CIAT. MTPTC. AGRIC.

Organisme de MISSION INTERSERVICE


DECL.
Bassin régional Délivraison ou non de
De
PROJET l'autorisation
Evaluation 1 Commission d'éxamen
des dossiers instruits

PROJETS
EXISTANTS:
BASE
D'INFORMATION
Organisme de
Bassin régional

Transmission
décisions

Intervention
Surveillance police de
et évaluation l'envionnement
"aval"

SYSTEME D'INFORMATION
Monitorage
BASSINS
des projets

RESEAU de MESURES
TECHNIQUES

SIG
NATIONAL
OB
Regional OB National
RNDE CIAT
Ministères
SYSTEME D'ALERTE SYSTEME
D'INFORMATION EAU

SYSTEME
D'INFORMATION SOL

SYSTEME ORIENTATIONS
D'INFORMATION NATIONALES
URBANISME

SYSTEME
D'INFORMATION
AGRICOLE/INDUS

EVALUATION
DES PROJETS
PAR OB Régional

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 22


3.1.3. Renforcement du pouvoir de police et des données de suivi aval ;
de l’environnement … mais également l’analyse de ces pro-
jets et la formulation des enseignements
Une police de l’environnement armée et bien tirés (synthèses établies par les OB par
rémunérée doit être mise en place. Devront exemple) ;
faire partie de ses missions (non exhaustif) :
- la synthèse des données techniques et
l’élaboration de bases de dimensionne-
- sensibilisation des citoyens aux bonnes
ment ;
pratiques environnementales ;
- les évaluations aval des projets passés ;
- protection et gestion des coupes d’ar-
- l’évolution des indicateurs locaux
bres ;
(multisectoriels) permettant de visualiser
- faire respecter l’interdiction de construire
les atteintes d’objectifs.
dans les ravines ;
- contrôle du bon entretien des différentes
Ce monitoring lié au rapportage devra par ail-
structures limitant le ruissellement ;
leurs être accessible via des outils modernes
- protection de ces structures ;
de gestion des données. La création d’un sys-
- enquête en cas de pollution accidentelle ;
tème d’information structuré est nécessaire.
- lutte contre la divagation du bétail ;
- veiller au respect du remembrement si
Un premier élément du monitorage est consti-
cette solution est adoptée (ou des échan-
tué par la mise en place actuelle d’un projet
ges volontaires de parcelles entre
d’observatoire de l’environnement, mais il sera
paysans) ;
nécessaire dans l’avenir de structurer le moni-
- protection des réserves…
toring et le rapportage via des systèmes d’in-
formation coordonnés et gérés par un orga-
3.1.4. Nécessité de procédures d’évaluation
nisme unique.
et d’autorisation
Le système d’information devra être divisé
Il est nécessaire de constituer une procédure
(mais également « croisé ») avec :
d’évaluation et d’autorisation des projets tech-
niques basée sur :
- une section du SI de données sur l’eau :
Réseau National de Données sur l’Eau ;
- la définition d’un cadre guide de déclara-
- une section du SI de données sur l’urba-
tion permettant de caractériser un projet,
nisme ;
- la définition d’une procédure d’instruc-
- une section du SI de données sur l’activi-
tion ;
té agricole ;
- la mise en place d’une évaluation
- autre…
« aval » [évaluation de réussite et de
gains, enregistrement des résultats
Autre élément important, le monitoring néces-
(rapportage)] ;
site une approche double :
- la surveillance du respect des procédures
(rôle de la police environnementale).
- l’action régionale qui devra être menée
par l’organisme de bassin
L’approche multisectorielle devra être garantie
(renseignement de la base, analyses
par l’analyse des dossiers au sein de l’Orga-
techniques à l’échelle du bassin, base de
nisme de Bassin régional puis par la constitu-
dimensionnement ou de simulations
tion d’une mission interservices permettant
adaptées au contexte local, enregistre-
l’instruction finale et la délivrance de l’autorisa-
ment des évaluations de projet….) ;
tion de projet (voir schéma ci-contre).
- l’action nationale qui devra permettre les
visions générales des retours d’expérien-
3.1.5. Nécessité de structurer le monitoring
ces et l’évaluation constante du fonction-
et rapportage
nement des systèmes d’informations.

Le monitoring et le rapportage doivent assurer


dans un premier temps,…
- la collecte des données techniques de
mesures (les réseaux de mesures météo-
rologiques, hydrauliques, transports soli-
des,… à quantitatives et qualitatives) ;
- la connaissance constante des projets
techniques engagés avec l’inscription des
localisations et des objectifs, des acteurs

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 23


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 24
3.1.6. Actions générales sur le Foncier Les données hydro-météorologiques exis-
tantes
Des mesures d’ordre réglementaire et législatif Les données météorologiques et hydrologi-
sont nécessaires : ques collectées doivent être vérifiées et trai-
tées avant d’être introduites dans une base de
- Regroupement des parcelles : Dans l’abso- données (SIG) et ainsi être mises à la disposi-
lu, l’idéal serait de procéder à un remem- tion des différents utilisateurs. L’insuffisance
brement mais les risques de conflits sont actuelle de données pourrait être palliée via
ici maximums. Une alternative serait d’ac- une étude hydrologique régionale visant à es-
compagner voire de générer des initiatives sayer de combler au mieux les données man-
communautaires pour des échanges de quantes, et à établir une base de données hy-
parcelles ; drologiques.
- Interdiction de constructions dans les ravi-
nes ; Sur cette base provisoire, différentes cartes
- Protection de zones d’intérêt écologique. thématiques nationales peuvent être établies
Si l’on décide de créer des réserves il faut au niveau de la pluviométrie, de l’Etp et des
proposer des alternatives d’implantation lames d’eau ruisselées. Ces cartes devront
pour les paysans qui habitent les zones être régulièrement actualisées et corrigées au
concernées parfois depuis plusieurs géné- fur et à mesure de l’acquisition de données et
rations ; d’informations nouvelles.
- Définir ou affiner les procédures de permis
de construire et les appliquer de manière
volontariste ; Cartographie des zones inondables, plan
- Mise en place d’une fiscalité foncière pour de prévention des risques d’inondation
donner une autonomie financière aux col- Il existe plusieurs cartes qui identifient les zo-
lectivités locales. nes d’inondation, établies sur la base des inon-
dations récentes constatées4.
3.2 VOLET OPERATIONEL
Chaque étude particulière de protection contre
3.2.1. Les données techniques nécessaires les inondations devra établir une carte précise
des zones inondables, avant et après projet. Il
Cadastre serait pertinent que chaque étude importante,
La gestion efficace des bassins versants effectuée par un bureau d’étude, soit complé-
passe par la réalisation d’un cadastre1. Il s’agit tée par un plan de prévention des risques d’i-
d’un travail important qui met en œuvre des nondation.
levés topographiques de détail, réalisés au sol
et des enquêtes auprès des propriétaires. Des Modélisation de l’érodabilité des sols dans
alternatives moins longues et moins coûteuses les Bassins versants
existent. Il s’agit notamment du cadastre de En vue de prioriser et de mieux cibler les inter-
type collectif qui consiste à cartographier plu- ventions de protection des bassins versants, il
sieurs propriétés et parcelles dans un même serait intéressant de modéliser l’érodabilité des
ensemble, sans descendre dans le détail indi- sols à l’échelon du pays5.
viduel. L’utilisation d’images satellitaires à
haute définition peut aussi permettre de fournir Chaque étude d’aménagement de bassins ver-
un fond de plan et de visualiser certaines limi- sants doit évaluer l’érodabilité des sols et éta-
tes de propriétés, et simplifier la procédure. blit, en général, une carte d’érodabilité suivant
une méthode propre : observations qualitatives
Cartographie de l’occupation des sols de terrain, modélisation à partir d’un SIG sur la
Une nouvelle carte le l’occupation des sols a base de paramètres existants qui peuvent va-
été établie au niveau national en 2009 par le rier d’une étude à l’autre : type de sol, couvert
CNIGS (voir plus haut). Cette carte nationale végétal, pentes, pluviométrie, etc. Les résultats
doit être un élément de décision pour la mise ne sont pas toujours cohérents.
en œuvre d’une politique foncière

3
Il n’existe pas de cadastre en Haïti, bien que les parcelles soient en général titrées.
4
L’USAID en publie une dans son rapport.
5
Ce travail a déjà été réalisé récemment par l’USAID, mais il faudrait envisager une cartographie plus précise, calée sur des
observations de terrain, et sur les cartes base qui seront actualisées (pluviométrie, couvert végétal, type de sol, etc.). Les
données sur les volumes de terre érodée sont manquantes ou très ponctuelles.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 25


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 26
Une solution serait nécessaire de réaliser une l’étude hydrologique pour reconstituer une plu-
étude nationale qui soit basée sur la mise au viométrie utilisable provisoirement
point d’un modèle d’érodabilité qui utilise au
mieux les informations disponibles, et qui soit Bilan des données nécessaires aux projets
calé sur la base d’observations et de mesures d’interventions techniques pour la protec-
de terrain. tion des bassins versants
Le tableau suivant donne pour chaque type
Modélisation de l’adéquation ressources/ d’intervention les types d’informations et de
besoins en eau, dans l’optique de la ges- données qui sont généralement nécessaires.
tion des ressources Les lacunes actuelles en termes de données
La définition d’une gestion intégrée des res- se situent en météorologie et en hydrologie.
sources en eau superficielles et souterraines
nécessite la connaissance de données diver-
ses, dont la pluviométrie, qui fait actuellement
défaut en Haïti. Il est donc urgent d’effectuer

Informations et données nécessaires aux projets d’interventions techniques


pour la protection des bassins versants

Projets agricoles Réduction de l'érosion et du transport solide Protection contre les inondations
Barrage et
Aménagement
Domaines Périmètres Cultures Traitement de retenues Recalibrage Protection
Reforestation des parcelles Endiguements
d'Irrigation pluviales ravines collinaires de rivière de berges
cultivées
Topographie
Modèle numériques de terrain X
Carte des pentes X X X
Levés de détails rivière (profils) X X X X X X
Levé de détail zones concernées (cartes, MNT) X X X
Météorologie
Pluviométrie
Intensité pluies journalières X X
Cumuls mensuels et annuel X X X X
Carte des isohyètes X
Evaporation X
ETP X X X
Hydrologie
Niveaux de crue X X X X X
Apports annuels des rivières X X
Débits de pointe X X X X X
Transport solide X X X X X X X
Qualité de l'eau X X
Occupation du sol
Carte d'occupation du sol (générale) X X X X
Carte d'occupation du sol (détaillée) X X
Pédologie
Carte pédologique X X X X

Erodabilité
Carte d'érodabilité X X X X X

Géologie
Carte géologique X
Carte des unités hydrogéologique X
Sondages, analyses de sols X X X X X
Informations sysmiques X

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 27


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 28
3.2.2. Propositions techniques pour la mise risques de malveillance. La mise en place de
en place d’un Réseau d’acquisition de don- tels systèmes est très simple, et les équipe-
nées météorologiques et hydrologiques ments basiques : pluviomètre, thermomètre,
échelle limnimétrique, etc..
Haïti ne dispose plus de réseau de mesures
hydrométéorologiques au niveau national. Le système automatique présente l’avantage
Toutes les données disponibles sont ancien- de fournir des données rapidement, avec une
nes et peu fiables. De plus le séisme de jan- fréquence importante pour un suivi en temps
vier 2010 a fortement endommagé le bâtiment réel (utile des prévisions météorologique ou
du Centre National de Météorologique et ses pour une annonce de crue). Par contre, il de-
équipements. mande une maintenance spécialisée par une
équipe compétente et spécifiquement formée.
Il y a urgence pour remettre en place une Les risques de pannes durables et couteuses
structure et un réseau, dans la mesure où ces sont importants, compte tenu de la sophistica-
données hydrométéorologiques sont fonda- tion des équipements, qui se périment techno-
mentales, non seulement pour les besoins de logiquement assez rapidement.
la météorologie, mais aussi pour tous les types
de projets hydrauliques: annonce de crue, sys- Compte tenu du contexte particulier d’Haïti, il
tème d’alerte précoce, protection contre les est proposé d’asseoir le système essentielle-
inondations, évaluation et gestion des ressour- ment sur un petit réseau de base automatique,
ces en eau, dimensionnement de réseau d’irri- doublé d’un réseau avec observateurs hu-
gation et de réseau d’assainissement, barra- mains.
ges et hydroélectricité, entre autres.
Ce système, dans un premier temps assurera
La mise en place d’un tel réseau suppose, en la collecte des informations essentielles, et
parallèle, la création, ou la remise en service, pourra évoluer par la suite, vers un système
d’une structure compétente, chargée de la plus complet.
gestion technique et financière de ce réseau.
Principes de choix des sites
L’acquisition de données hydromé-
téorologiques suppose l’accomplissement des
Haïti est sujet à de fortes disparités climati-
tâches suivantes :
ques liées au découpage important de la cote
et au relief accidenté de l’île. Pour éviter la
- Acquisition des données brutes
multiplication des points de mesure, tout en
- Collecte et transmission de celles-ci
restant efficace, la mise en place d’un réseau
- Critique et analyse de ces données
hydrométéorologique doit tenir compte de plu-
- Stockage en base de données
sieurs principes :
- Exploitations préliminaires, édition, car-
tes, etc.
- Rééquiper préférentiellement les ancien-
- Diffusion auprès des utilisateurs poten-
nes stations, sur lesquelles on dispose de
tiels
données anciennes.
- Equiper l’ensemble du pays de façon ho-
mogène en tenant compte des disparités
La structure doit par ailleurs assurer l’entretien
existantes, notamment du relief, qui a un
et la maintenance des équipements de me-
impact important sur certaines données
sure, de calcul et d’archivage des données.
météorologiques (température, pluviomé-
trie, …).
Actuellement, un réseau peut être constitué
- Equiper les sites qui présentent un intérêt
avec un niveau d’automatisation très variable,
particulier en termes de risque hydromé-
qui va de l’observation périodique des gran-
téorologique où de projets potentiels fu-
deurs mesurées par un observateur spéciale-
turs : équiper en stations les bassins ver-
ment rémunéré pour accomplir cette tâche,
sants susceptibles de provoquer des inon-
jusqu’au système entièrement automatique qui
dations sur des zones urbanisées.
transmet les informations directement au cen-
tre de traitement et d’analyse.

Le système non automatique où un observa-


teur, qui peut être, par exemple un instituteur,
lit et transmet périodiquement les informations
est un système robuste et relativement fiable,
qui ne peut tomber en panne de façon durable.
Les équipements sont en général à l’abri des

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 29


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 30
En météorologie, sur chaque station principale, Types d’équipements
il est proposé de relever les grandeurs com-
munément mesurées suivantes : Le réseau météorologique
Il est proposé d’équiper les stations principales
- Vent
avec les équipements suivants :
- Précipitations
- Température de l’air
- Pluviomètre
- Température du sol
- Anémomètre et girouette
- Humidité
- Sonde de température et d’humidité
- Pression barométrique
- Pyranomètre
- Radiation solaire
- Baromètre
La très grande majorité des anciennes stations
Les stations secondaires, situées à l’intérieur
étaient situées à faible altitude. 70% d’entre
du pays seront équipées d’un pluviomètre et
elles sont situées à moins de 200m d’altitude.
de sonde de température et humidité.
Très peu étaient en altitude élevée.
Le réseau hydrométrique
En hydrologie il est proposé de relever les ni-
veaux d’eau préférentiellement sur les anciens Le réseau hydrométrique sera constitué, dans
sites où des mesures ont été effectuées, et sur un premier temps par l’installation d’échelles
les sites où des études et des projets poten- limnimétriques simples avec des observateurs
tiels sont envisagés. Techniquement le choix sur les points de contrôle des différentes prin-
des sites doit être fait en fonction de la confi- cipales rivières. Par la suite, il sera envisagé
guration hydraulique de la rivière, sur des zo- d’installer des stations limnimétriques de type
nes à section stable et où l’influence aval est automatique sur les rivières les plus importan-
négligeable sur le niveau, afin de pouvoir éta- tes pour enregistrer en continu les niveaux
blir des courbes de tarage stables qui permet- d’eau.
tre de déterminer le débit sur la base du ni-
veau de l’eau. Proposition de sites d’implantation

Actuellement, l’OMM prévoit la remise en fonc- Stations météorologiques


tionnement de 7 stations météorologiques.
Il est proposé de remettre en service les sta-
tions suivantes qui sont utilisées en météorolo-
Proposition de mise en place de réseau na-
gie, et dont la remise en service est proposée
tional minimum de mesures hydro-
par l’OMM :
météorologiques
Nom de la Station Latitude Longitude Altitude
Cap-Haïtien 19° 44 72° 12 5
Structure de suivi des mesures Jérémie 18° 40 74° 10 30
Port au Prince 18° 34 72° 20 16
Il est proposé la mise en place d’une structure Cayes 18° 16 73° 48 53
pour suivre et gérer les données. Cette struc- Jacmel 18° 14 72° 31 25
ture devra disposer de bureaux, d’équipe- Môle Saint Nicolas 19° 45 73° 32 20
ments informatiques (ordinateurs, unités de Port de Paix 19° 57 72° 50 6
sauvegarde, logiciels, onduleurs, etc.), d’équi-
pements de télécommunication, de véhicules, Toutes ces stations sont situées en bordure de
et d’équipements de mesure hydraulique pour mer à basse altitude. Il est nécessaire de les
pouvoir effectuer périodiquement des jaugea- compléter par des stations situées à l’intérieur
ges aux différentes station hydrométriques, du pays sur des zones situées en altitude, afin
voir des mesures de transport solide et de de pouvoir interpoler de façon précise, notam-
qualité de l’eau. ment la pluviométrie, à l’intérieur des bassins
Le personnel devra comprendre des météoro- versants, en utilisant les modèles de terrain.
logues et hydrologues compétents et qui se-
ront formé spécifiquement aux tâches à réali-
ser.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 31


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 32
Une dizaine de stations complémentaires 3.2.3. Actions sur les activites agricoles
pourraient être implantées dans les zones en
altitude, sur des sites accessibles et habités, Une agriculture raisonnée doit être mise en
dans les différents massifs montagneux du œuvre. Elle doit présenter les aspects sui-
pays : Massif de la Hotte au sud Ouest, vants :
Chaine de la Selle au sud-est, Chaine des Ma-
theux au centre, Montagnes Noires et Massif - Intensification, diversification de l’agriculture
du Nord. L’implantation précise de ces stations et lien avec les marchés ;
reste à définir en fonction de l’altitude, des par- - Favorisation de l’adoption d’espèces végé-
ticularités climatiques, de l’accès et des diffé- tales à cycle plus long ;
rentes facilités pratiques. - Mises en place d’institutions de micro-
finance, de solutions financières (fonds
Stations limnimétriques de roulement) associées à la plantation
de nouvelles espèces à cycles long. Dans
Il est proposé d’installer, au minimum, des des conditions particulières, de sécurité
points de mesure de niveau d’eau en aval des foncière notamment, la plantation d’espè-
grandes rivières du pays, à savoir : ces ligneuses pour le bois d’œuvre, voire
Nom de la rivière Superficie du BV (km2) le charbon de bois, peut être également
Les trois rivières 897 promue ;
Rivière du Limbé 312 - Subventionnement des espèces fixant le
Grande rivière du Nord 663 sol (à hauteur de 50% voire plus) ;
Rivière de l’Estère 834 - Obligation de travaux (par ex : rigoles de
Rivière de l’Artibonite 6862 contour) dans les cas de cultures qui ne
Rivière grise fixent pas le sol ;
Rivière Momance 290 - Aménagement d'infrastructures agricoles
Grande rivière de Jacmel 330
et rurales (réhabilitation / Construction
Rivière de Cavaillon 560
d’axes routiers)
Rivière du Sud 380
Grand’Anse 330 - Hydraulique rurale à développer ;
Nom de la rivière 541 - Collecte, tri et entreposage des produits
agricoles (coopérative…) ;
- La conduite des troupeaux. La divagation
des animaux est un problème très impor-
A ces onze sites, il convient d’ajouter d’autres tant. L’élevage à la corde est une alterna-
points de mesure sur les sites où des inonda- tive efficace ainsi que l’implantation de
tions urbaines sont à craindre, notamment : haies ;
- Cultures en terrasses ;
- Rivière de la Quinte (Gonaive) - Irrigation.
- Rivière de Saint-Marc (Saint-Marc)
- Rivière Blanche Deux grands axes doivent être suivis pour ré-
duire la pression sur les forêts :
D’autres points pourront être ajoutés, à l’inté-
rieur des grand bassins versants, notamment - Utilisation d’énergie de substitution au
sur l’Artibonite, où une station devra être posi- bois d’énergie et au charbon
tionnée en aval de la retenue de Peligre . - Réduire la demande en bois et charbon.
La demande en charbon est principale-
La localisation précise de ces stations devra ment le fait des ménages citadins alors
être faite par un hydraulicien pour sélectionner que la demande de bois est surtout le fait
les sites les mieux adaptés en terme d’accès de certaines entreprises artisanales7.
et d’hydraulique (sites, notamment où les ef-
fets avals sont peu sensibles)

6
Avec des actions concernant les aspects suivants : productions végétales ; productions animales (volaille, caprins, bovins) ;
productions arboricoles ; banque d'approvisionnement en intrants et équipements agricoles ; conservation, conditionnement
et transformation des produits ; appui aux filières et à la commercialisation ; aAppui aux activités d'élevage ; promotion / diffu-
sion de technologies agro-environnementales et agro-forestières.
7
L’utilisation massive du charbon par les ménages urbains s’explique par : le prix et la possibilité de fractionner les achats
(achat au jour le jour) ainsi que par l’absence d’équipement permettant l’utilisation d’un autre combustible (gaz propane par
exemple).

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 33


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 34
3.2.4. Actions techniques spécifiques à la - Aménagement de sites spécifiques de
protection des sols et des versants protection (traitement de ravines ; pro-
tection des berges ; gestion de la végé-
La protection des crêtes et de la partie hau- tation et des embâcles ; gestion des
tes des mornes passe par : atterrissements ; restauration de ri-
vière ; calibrage ; construction de di-
- La mise en place d’aménagements pour gues ; procédés de confortement des
prévenir la naissance des ravines (cf. les digues ; reprofilage de rivière ; retenues
actions relatives à la restauration du collinaires) ;
couvert végétal) ; - Entretien des sites spécifiques de pro-
- La protection des sources : mise en tection : nécessité de cash for work de
place d’un périmètre de protection clôtu- manière régulière pour l’entretien de
ré. ces sites (Curage…).

Les actions sur les transports solides pas-


Restauration du couvert végétal sent par les voies techniques suivantes :
Le couvert végétal doit être restauré. Pour ce-
la, il faut faire appel aux techniques suivantes : - Pièges à sédiments sur les bassins
- Pratiques culturales améliorées et fertili- versants ;
sation organique - Valorisation des sédiments ;
- Plantation fruitière (goyave ; ananas ; - Enlèvement des embâcles ;
mangue ; banane ; melon ; Artocarpus - Gestion des sédiments au niveau des
altilis (Arbre à pain) ; estuaires (Dragage d’entretien).
- Plantation de caféiers avec promotion
du café haïtien comme produit de 3.2.5. Gestion technique du risque inonda-
grande qualité ; tion
- Plantation de cacaoyers avec, comme
pour le café, promotion du cacao La modélisation hydraulique des inonda-
comme produit de grande qualité ; tions est une nécessité. Pour cela plusieurs
- Revégétalisation et production de fourra- types de données sont nécessaires :
ges (plantation d’espèces localement
présentes ; amélioration des ressources - Des données hydrauliques amont, en
fourragères et pastorales) ; général les hydrogrammes reconsti-
- Haies vives (recherche et plantation tués ;
d’une association optimale pour le terroir - Des données topographiques (profils
d'arbustes à feuilles caduques et/ou per- descriptifs du lit de la rivière ou des
sistantes, adaptés à la taille sévère en rivières qui entrent dans la zone d’inon-
« mur végétal ») ; dation et un levé topographique des
- Recours aux barrières de vétiver très zones inondables) ;
efficaces pour protéger la terre de l’éro- - Des données hydrauliques aval ;
sion ; - Des observations de terrain des ni-
- Reboisement (à l’aide du pin hispanolien veaux de crue constatés ;
(Pinus occidentalis) et du Leucaena leu- - Des données à partir d’images satelli-
cocephala essentiellement). taires, lorsqu’elles existent pendant la
crue.
Modification de la topographie d’écoulement
Le modèle de simulation permet de déterminer
Pour modifier la topographie d’écoulement, on les données de dimensionnement des ouvra-
peut faire appel aux techniques suivantes : ges. Il faut probablement compléter, au moins
dans certains contextes, le modèle théorique
- Cordons de pierres. La mise en place avec une expertise de terrain.
des cordons de pierres ira le plus sou-
vent de pair avec la constitution d’une L’impact et l’efficacité de toutes les solutions
terrasse d’empierrement qui servira à techniques de protection envisageables pour-
une culture intensive ; ront ensuite être testés par simulation. Cepen-
dant, dans les cas simples, certains aménage-
- Terrasses progressives et murettes. ments hydrauliques peuvent être réalisés sans
Comme pour les cordons de pierres, ces passer par une modélisation hydraulique, sim-
terrasses serviront à une culture inten- plement dimensionnés sur la base de calculs
sive ; hydrauliques en régime permanent.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 35


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 36
Annonce de crue pollution accidentelle, pour en déterminer
En Haïti, les temps de réponse entre l’évène- l’ampleur et l’incidence.
ment pluvieux et la crue sont très courts du fait
de la faible taille des bassins versant et des Le renforcement voire la mise en place des
fortes pentes. Il est donc difficile, voire impos- infrastructures d’alimentation en eau potable et
sible, de prévenir les populations de l’arrivée d’assainissement est une nécessité absolue.
de la crue, sur la base d’observations en Les OREPA auront cette compétence et doi-
amont. L’alerte ne peut être réalisée qu’à l’aide vent donc se coordonner avec les entités de
des observations météorologiques avec prévi- gestion de bassin.
sion des trajectoires des cyclones, ou de l’arri-
vée de fortes dépressions. La gestion des eaux pluviales dans les zones
urbaines (aval) est essentielle pour la lutte
Sur le bassin versant de l’Artibonite, il serait contre les inondations. Elle passe par les axes
possible d’envisager la mise en place d’un sys- suivants :
tème d’annonce de crue plus sophistiqué, ba-
sé sur des relevés météorologiques et hydrolo- - Assainissement pluvial (canalisations,
giques amonts. Il serait toutefois utile d’en pré- fossé…) ;
ciser l’intérêt et la faisabilité compte tenu des - Techniques d’infiltration des eaux à la
enjeux avals, du temps d’anticipation possible source ;
et du coût du système. - Diminution directe du ruissellement. En
réduisant la quantité d’eau qui atteint le
Classiquement, un système d’annonce de crue sol on réduit automatiquement le ruissel-
est constitué d’un réseau de stations météoro- lement (citernes des impluviums) ;
logiques et hydrologiques qui transmettent les - Limitation de l’imperméabilisation ;
mesures en temps réel à une station de traite- - Système d’alerte précoce en cas d’évé-
ment et d’alerte. Le système de transmission nement pluvieux entraînant des inonda-
des données doit être fiable, y compris en pé- tions à caractère catastrophique ;
riode de fortes intempéries. C’est en général - Planification de l’organisation des se-
des systèmes radios ou GSM qui sont utilisés. cours en cas d’inondations ;
- Limitation du transport de matériaux (cf.
Le centre de traitement est équipé de modèles partie sur la reforestation, la revégétalisa-
de prévision qui calculent par anticipation les tion à l’amont et les pièges à sédiments).
niveaux d’eau en différents points stratégiques
à protéger en aval. Lorsque les niveaux d’a- La modernisation des infrastructures d'irri-
lerte sont atteints, les procédures d’alerte au- gation passe, elle, par les axes suivants :
près des populations sont lancées et les ac-
tions de protection, lorsqu’elles existent, sont - Inventaire des d'infrastructures d'irrigation
exécutées. existantes ;
- Evaluation du fonctionnement de ces in-
Un plan d’organisation des secours doit être frastructures ;
élaboré. Il doit prendre en compte l’apport des - Réhabilitation / Réparation de ces infras-
ONG de première urgence très présentes en tructures ;
Haïti et mettre en place un cadre pour les - Evaluation de leur vulnérabilité aux crues
coordonner. catastrophiques ;
- Protection de ces infrastructures ;
3.2.6. Mesures techniques relatives à la - Conception dimensionnement de nouvel-
gestion du cycle de l’eau les infrastructures ;
- Construction de nouvelles infrastructures.
La première action est le contrôle et surveil-
lance des eaux superficielles et souterraines : Collecte, traitement et valorisation des dé-
chets
- Contrôles de surveillance. Ces contrôles
permettent l’évaluation de l’état général Un état des lieux détaillé doit précéder la mise
de la ressource. en place d’infrastructures et activités de col-
- Contrôles opérationnels : Ces contrôles lecte, traitement et valorisation des déchets
permettent de préciser les raisons de la
dégradation de la qualité des eaux ou du
régime d’écoulement et de suivre les
améliorations suite aux actions de correc-
tion mises en place.
- Contrôles d’enquête : Les contrôles d’en-
quête peuvent être effectués en cas de

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 37


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 38
Ouvrages spécifiques pour la retenue des
sédiments
Les sédiments pourront être retenus via les
solutions suivantes :

- Retenues collinaires et barrages de ré-


tention ;
- Murs de pierres sèches ;
- Aménagements de ravines.

Sur certains bassins versants, notamment


dans le nord, en zone humide, il existe de
nombreux petits barrages traditionnels en bois
pour maintenir les terres et permettre les cultu-
res de riz, bananes, malanga ou canne à su-
cre. Ce type de petit barrage ne tient pas plus
d’un an ou deux. Il est nécessaire de rempla-
cer les structures existantes par des structures
pérennes en gabions pour sécuriser les cultu-
res. Cette technique pourra aussi être étendue
sur les zones favorables où elle n’est pas pré-
sente actuellement.

Le graphe en annexe 2 récapitule la plupart


des actions envisageables pour mettre en
place une gestion intégrée des bassins ver-
sants sur le territoire haïtien.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 39


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 40
Les travaux / Actions structurelles
4 Mise en place d’un réseau de mesure hydrolo-
PROJET DE REFERENTIEL gique et météorologique
DE GESTION INTEGREE Mise en place d’une agriculture raisonnée
DES BASSINS VERSANTS Protection des crêtes et des parties hautes
Restauration du couvert végétal
Actions sur transports solides (pièges à sédi-
ments, enlèvement des embâcles…)
Mise en place d’un système d’annonce de crue
Distribution / Production d’eau Potable (Mise
en place, modernisation…)
On peut classer les actions nécessaires en Assainissement (Mise en place, modernisa-
trois grands axes que nous allons passer en tion…)
revue maintenant. Il faut prendre le tableau ci- Irrigation (Mise en place, modernisation…)
dessous comme une check-list Collecte et valorisation des déchets (Mise en
place, modernisation…)

Les actions préliminaires

Recensement des actions actuelles de gestion


intégrée des bassins versants sur le bassin ;
Recensement des acteurs de la Gestion Inté-
grée du Bassin Versant ;
Evaluation des forces et des faiblesses de ces
actions ;
Evaluation du contexte socio économique
(situation des agriculteurs, taux d’emploi, type
de culture, autre activités, population pression
sur les ressources naturelles….)
Evaluation de la vulnérabilité du bassin
(urbanisation non maitrisée, abandon de surfa-
ces cultivées, ruissellement, baisse couverture
végétale, déboisement…)
Caractérisation physique du bassin
(morphologie, type de sol, climat, paysage,
occupation des sols, superficie des terres irri-
guées les cours d’eau, les eaux souterraines)
Caractérisation des infrastructures existantes
(réseaux AEP, assainissement, pluvial, routes,
irrigation)

Les actions institutionnelles

Création d’un organisme de bassin ;


Coordination des services des différents minis-
tères ;
Coordination des actions financées par les
bailleurs internationaux et les ONG ;
Mise en place d’un système d’autorisation et
d’évaluation des travaux / projets ;
Mise en place d’un système de monitoring et
de rapportage ;
Mise en place d’un cadastre simplifié ;
Mise en place d’un observatoire (suivant diffé-
rents indicateurs sur l’état des bassins ver-
sants) ;
Mise en place d’un système de cartographie ;
Modélisation (érodabilité des sols, écoule-
ments, inondations, adéquation ressources /
besoins en eau) ;

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 41


La carte ci-contre montre que les limites de sections communales et celles des sous-bassins sont
décalées.

Au sein de la ville de Saint-Marc sont présents les exutoires de trois sous bassins versants très
abrupts. Saint-Marc donne clairement l’impression d’être « coincée entre la mer et la montagne ».

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 42


- Au centre, la rivière principale de Saint
5 Marc traverse l’agglomération. Elle draine
l’ensemble du bassin versant central
UN PROJET PILOTE SUR LE (9220 ha) pour traverser une sorte de défi-
BASSIN VERSANT lé qui contrôle en amont une zone relative-
DE SAINT MARC ment plane à l’intérieur de la zone monta-
gneuse.
- La ville de Saint-Marc se situe en sortie de
défilé sur la zone plate constituée par le
delta de la rivière, en bordure de mer. Le
nombre important d’affluents et de dé-
5.1 ETAT DES LIEUX fluents actifs, montrent que la zone est
inondable et morphologiquement active,
Saint-Marc est la deuxième ville la plus impor- par rapport à l’atterrissement des sédi-
tante du département de l'Artibonite. En 2003, ments issus du bassin versant.
la ville comptait plus de 160.000 habitants
- La carte au 12500ème montre que l’agglo-
(urbain+ rural)
mération de Saint-Marc est traversée par
au moins 4 à 5 rivières, ou défluents qui
se jettent vers la mer, dont trois défluents
issus de la rivière principale de Saint Marc
et 2 petites rivières, plus ou moins indé-
pendantes, issues de petits bassins ver-
sants latéraux séparés, l’un au nord (3000
ha), l’autre au sud (3140 ha).

La zone, en saison des pluies subit des pluies


orageuses importantes et est située sur la tra-
jectoire de cyclones. Malheureusement, les
données pluviométriques sont manquantes,
ou très insuffisantes pour pouvoir évaluer de
façon fiable les débits de crue.
5.2. CARACTERISTIQUES GENERALES DU
BASSSIN VERSANT
La ville est régulièrement sujette à des inonda-
5.2.1. Caractéristiques géographiques du tions. En juillet 2005, les ouragans Dennis et
bassin versant Emily ont causé des dégâts considérables
dans la ville de Saint-Marc, avec plus de 800
Le bassin versant de Saint Marc fait partie du familles sinistrées. En 2006, d’importantes
grand bassin versant de Saint-Marc/Cabaret. Il inondations ont affecté la ville, apportant d’im-
regroupe plusieurs bassins versants dont les portantes quantités de boue sur les routes et
exutoires débouchent dans le golfe de la Go- les zones de culture. Ce fut encore le cas en
nave, entre Saint-Marc au Nord-Ouest, et le 2009 après de fortes pluies, qui ont provoqué
nord de la plaine de Port au Prince (bassin le débordement des rivières au droit de la ville
versant de cul de Sac). Toutes ces rivières ainsi que des érosions de berge qui ont mis en
descendent du versant sud de la chaine mon- danger le réseau d’eau potable récemment
tagneuse qui sépare la côte du grand bassin construit.
versant de l’Artibonite. Cette chaine monta-
gneuse culmine à 1505 m. Elle est essentielle-
ment de formation calcaire. Le versant est peu
végétalisé et sujet à d’importantes érosions
hydrauliques.
Il existe différentes rivières qui traversent la
ville pour se jeter dans le golfe de la Gonave.
Sur la base de la carte topographique exis-
tante, on peut faire les observations suivan-
tes :

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 43


La courbe hypsométrique du bassin versant établie à partir du Modèle numérique de terrain figure
ci-après :

Courbe hypsométrique du bassin de Saint-Marc

1400

1200

1000
Altitudes (m)

800

600

400

200

0
0,00 20,00 40,00 60,00 80,00 100,00 120,00 140,00 160,00
Superficie (Km2)

Les plus hauts sommets se situent au sud du bassin versant, la partie nord est occupée par une
plaine cultivée et des collines très érodées.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 44


5.2.2. Relief La carte suivante donne l’extrait concernant le
bassin versant de saint-Marc.
L’altitude maximum sur le bassin versant se
Sur le bassin versant, l’ensemble des som-
situe à 1150 m environ. La carte du relief pré-
mets est constitué essentiellement de calcai-
sentée ci-contre est issue du MNT (SRTM
res ( o: Oligocène, ems : Eocène moyen, Qc :
90m).
calcaires récifaux) et de marnes (ep : éocène
inférieur). Les plaines sont constituées d’allu-
Géologie
vions et de cônes d’épandage (Qa). L’ensem-
ble de ces roches est sensible à l’érosion, sur-
La carte géologique existante la plus précise
tout lorsque la végétation est absente.
pour la zone concernée est la carte au
1/250000 d’Haïti.

5.3. DIAGNOSTIC DE VULNERABILITE DU dations de la ville de Saint-Marc. Inondations


BASSIN VERSANT violentes qui risquent s’amplifier, si rien n’est
fait à court terme pour réduire le transport so-
Le bassin versant est relativement petit, mais lide, amortir les crues, et protéger la ville.
les pentes importantes, couverture végétale
Saint-Marc constitue un modèle pour Haïti
réduite et l’intensité des précipitations font que
dans le sens où c’est la ville qui présente le
l’érosion est très active sur les versants. De
réseau d’eau potable le plus moderne et le
nombreux versants, par ailleurs très pentus,
plus structuré. Il est géré en délégation par la
sont complètement dévégétalisés. Le taux de
SESAM (Société des Eaux de Saint-Marc). Un
ruissellement est très important et provoque
réservoir de 1.600 m3 est situé au dessus la
des crues avec une montée de l’eau très ra-
ville et permet son alimentation en eau traitée
pide.
(chloration).
Le problème principal, lié au bassin versant et
à son état, concerne essentiellement les inon-

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 45


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 46
Cependant, La situation actuelle fait que ce core de maïs. Cette agriculture est essentielle
patrimoine est menacé à court terme. Plus gé- à la vie économique locale et doit être proté-
néralement, c’est la ville de Saint-Marc dans gée d’urgence.
son ensemble ainsi que les activités agricoles
environnantes qui sont menacées si l’on n’en-
treprend pas un programme de gestion inté- Enfin, c’est maintenant la ville de Saint-Marc
grée du bassin versant de Saint-Marc. qui est exposée à des inondations catastrophi-
ques du fait de l’augmentation du débit solide,
Les crêtes des trois sous bassins versants
conséquence directe des phénomènes d’éro-
sont complètement déboisées (cf. photogra-
sion.
phie ci-contre)
Données disponibles
Les impacts de ce déboisement sont apparus
Comme partout en Haïti, les données sont
récemment (après 2007) mais sont d’ores-et-
souvent insuffisantes, anciennes et impréci-
déjà très spectaculaires. On peut voir des
ses. La plupart des données qui suivent ont
« torrents de pierres » se répandre dans les
été collectées auprès de l’Administration, d’au-
villages sur les hauteurs de Saint-Marc (Cf.
tres dans des rapports existants et d’autres
photographies ci-contre)
téléchargées via Internet.
Crédit photo : SESAM
Données topographiques
Par ailleurs, l’érosion menace directement l’ali- Deux cartes topographiques intéressantes
mentation en eau potable de la ville de Saint- pour le bassin versant de saint-Marc existent :
Marc. Les photographies ci-dessous montrent
l’affouillement d’une conduite principale en - Une carte de la ville au 1/12500ème, qui
amont de la ville. donne la topographie de la ville et de la
partie aval du bassin versant. Cette carte
Suite à de fortes pluies, les berges de la a été révisée en 1987, et n’est pas très
grande rivière se sont déplacées de 3 mètres récente. Elle est référencée : SAINT-
et une canalisation principale a failli être rom- MARC Séries E935 Edition 2-DMA
pue
- Une carte au 1/50000ème, qui couvre l’en-
Enfin, le ruissellement creuse la chaussée jus- semble du bassin versant, avec des cour-
qu’à faire apparaître à certains endroits la bes de niveau tous les 20m, complétée à
conduite principale (cf. photo ci-contre) 10m sur les zones planes. Cette carte
date de 1963 et est référencée : SAINT-
Cette chaussée est celle qui mène au réservoir
MARC, HAITI 5673 II E732 EDITION 3-
et au magasin de la DINEPA où il était prévu
DMA
d’entreposer les réactifs, le matériel d’entretien
et d’y créer des ateliers pour l’entretien du sys-
tème d’alimentation en eau. Il est impossible Le modèle numérique de terrain (MNT) utilisé
maintenant d’accéder à ce magasin / atelier est le SRTM (Shuttle Radar Topography Mis-
avec des engins lourds. Cela est même très sion) disponible sur internet. Ce modèle numé-
difficile en véhicule « 4 roues motrices ». Il en rique a une taille de pixel au sol de 90m pour
est de même pour le réservoir qui est situé à une précision altimétrique de l’ordre de 15m.
coté du magasin. De plus, la chaussée qui
était devant le réservoir s’est effondrée. Plus
de trois mètres de piste ont ainsi disparu. Le
réservoir est donc maintenant directement me-
nacé par l’érosion.
Ces dégâts ont été réparés mais il faut bien
garder à l’esprit qu’ils ont eu lieu après les for-
tes pluies de 2009 qui n’étaient pas des cyclo-
nes, loin s’en faut. La prochaine saison des
cyclones risque entraîner de bien plus impor-
tants dégâts.
Par ailleurs, les dégâts ne se limitent pas aux
seules infrastructures de distribution d’eau, ils
existent aussi au niveau des infrastructures
d’irrigation et mettent en péril l’économie locale
de Saint-Marc.
Il existe en effet sur la zone de Saint-Marc des
cultures de pois (saison sèche), de riz (saison
humide), de tomates, de canne à sucre ou en-

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 47


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 48
Une carte des pentes a été déduite du MNT ci- sant n’était pas autant déboisé qu’actuelle-
dessus, en utilisant Spatial Analyst de Arc- ment. Par ailleurs les prélèvements pour l’irri-
GIS. Elle est présentée ci-contre : gation des petits périmètres ont augmenté.
Lors de la visite de terrain, en avril 2010, la
5.4.2. Données météorologiques
rivière principale était presque à sec. Sur les
Concernant la pluviométrie, pour Saint-Marc, données des années 1920, en annexe, on re-
les données sont relativement incertaines. Le marque que la rivière est pérenne, avec un
graphique ci-contre donne les cumuls men- débit moyen sensiblement constant tout au
suels moyens pour les années 1953 à 1986. long de l’année.
Le cumul annuel moyen correspondant est de 5.4.4. Images satellitaires
858 mm. Les données journalières d’origine La zone est couverte par d’anciennes images
n’ont pas pu être obtenues. Landsat. Google Earth couvre l’ensemble de la

Pluviométrie à Saint-Marc

140

120
Pluviométrie mensuelle (mm)

100

80

60

40

20

0
J F M A M J J A S O N D
Mois

Pour les stations voisines, il existe des relevés zone par des images haute définition très ré-
pluviométriques journaliers aux stations de centes pour certaines. La ville de Saint-Marc
Gonaïves entre les années 1960 et 1988 et est couverte par une image datant du 25 jan-
d’Ennery, pour les mêmes années complétées vier 2010. Le reste du bassin versant est cou-
avec 2000 à 2004, Il faut remarquer que ces vert par des images plus anciennes (Février
deux stations sont relativement éloignées de 2003, Septembre 2004, Novembre 2006)
Saint-Marc. 5.4.5. Occupation du sol
Les tableaux présents en annexe 4 donnent Les cartes d’occupation du sol existantes au
les valeurs relevées pour la ville de Gonaïve et niveau national sont de précision insuffisante,
d’Ennery. compte tenu de la petite taille du bassin ver-
sant de Saint-Marc. Nous avons réalisé une
Il faut remarquer que la variabilité du cumul carte d’occupation du sol sur la base des ima-
annuel est importante, puisque les cumuls an- ges satellitaires disponibles et de Google
nuels sont de 858 mm pour Saint Marc, 1024 Earth, en cherchant à distinguer :
mm pour Ennery et 517 pour Gonaïve.
- Les zones urbanisées (555 ha) ;
Il n’existe pas de relevés sur l’intensité des - Le sol nu ou faiblement végétalisé
pluies à Saint-Marc. (8793 ha) ;
5.4.3. Données hydrologiques - La végétation de type savane (3239
Il n’existe pas de données récentes concer- ha) ;
nant des mesures de débits sur la rivière de - La forêt (absente) ;
Saint-Marc. - Les zones cultivées (2770 ha).

Des mesures ont été réalisées entre 1925 et Cette carte reste relativement indicative dans
1929. Les tableaux présents en annexe 4 don- la mesure où elle n’a pas été accompagnée
nent les débits moyens mensuels et maximum d’une mission de vérité terrain. Par ailleurs la
journaliers, à la station Corbay (72m d’alti- séparation entre sol nu ou faiblement végétali-
tude). Ces données ne sont pas représentati- sé et végétation de type savane reste relative-
ves des conditions hydrologiques actuelles, ment subjective.
dans la mesure où à l’époque, le bassin ver-
Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 49
Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 50
5.4.6. Vulnérabilité à l’érosion du sol8 L’agence de bassin à créer dans le cadre de
Sur la carte de vulnérabilité à l’érosion ci- la gestion intégrée bassins versants doit revêtir
contre on constate que les zones les plus éro- un rôle consultatif ou d’arbitrage sur l’ensem-
dables se situent sur les versants au nord et ble des décisions relatives à l’aménagement
nord-est de la ville de Saint-Marc qui sont par- du territoire des bassins versants.
ticulièrement dévégétalisés, ainsi que toute la Une étude institutionnelle permettra l’harmoni-
partie sud du bassin versant, où figurent les sation des compétences et la répartition des
sommets les plus hauts. Cette carte permet de pouvoirs. A moyen terme l’étude des finance-
mieux cibler géographiquement les priorités ments permettra l’auto soutien du réseau des
des actions à entreprendre pour limiter l’éro- Organismes de bassin décentralisés, orientés
sion. par une structure d’orientation nationale.

5.5. LES ACTIONS ACTUELLES Il est enfin essentiel de regrouper les parcel-
les avant de tenter toutes action pour mettre
Des actions de recalibrage / reprofilage des en place une agriculture raisonnée, une refo-
rivières (avec souvent gabionnage) ont eu lieu restation et, éventuellement, une revégétalisa-
pour canaliser les différentes rivières de Saint- tion du bassin versant
Marc comme le montrent les photographies ci-
après. Volet opérationel
En ce qui concerne le système de mesure
En amont, un traitement classique des ver- hydrométéorologique, il est souhaitable de
sants a eu lieu : mise en place de cordon de réinstaller au moins deux stations météorologi-
pierre mais pas de reboisement. ques sur le bassin versant :
Par ailleurs, l’entretien du lit est effectué et - Une située au niveau de la ville de Saint-
permet de générer une activité rémunératrice Marc, l’autre située en altitude, en amont
pour les populations défavorisées (Cash for du bassin versant, pour pouvoir évaluer
Work). l’influence de l’altitude sur la pluviométrie.
La photo ci-contre illustre, s’il en est besoin, la - Une autre station hydrologique pourrait
nécessité de cette action. être installée en amont immédiat de la
ville de Saint-Marc, sur un site approprié
hydrauliquement sur la rivière Saint-Marc,
Enfin, il convient de souligner que le littoral est
avec mesure en continu du niveau de
le parent pauvre de l’urbanisation de Saint-
l’eau.
Marc. C’est une ville qui « tourne le dos à la
mer ».
Une courbe de tarage devra être établie et vé-
Il est clair qu’un programme de gestion inté- rifiée régulièrement pour déterminer les débits
grée du bassin versant de Saint-Marc est d’écoulement. La gestion et l’entretien de ces
maintenant une nécessité urgente sous peine : stations seront faîtes par l’Agence de Bassin.
Le rapportage sera permis par le couplage du
de voir les infrastructures de distribution
Réseau National des données sur l’eau avec
d’eau, d’irrigation ou encore les routes
le Système d’Information national.
détruites lors des prochains cyclones ;
de voir des quartiers complets inondés lors Les problèmes de pollution sont essentielle-
des prochaines pluies, même des pluies ment liés aux rejets sans traitement préalable
non exceptionnelles ; des eaux usées urbaines directement dans les
de voir, à terme, les « rivières de pierres » réseaux d’assainissement à surface libre. Cela
atteindre la ville même de Saint-Marc. concerne la partie aval des rivières. La traver-
sée urbaine s’accompagne également d’une
5.6. CE QU’IL RESTE A REALISER accumulation d’ordures ménagères dans le lit
des rivières et des drains, susceptibles d’ac-
5.6.1. Volet institutionel croitre les risques de débordement lors des
crues et d’inondation. Il faudra donc très rapi-
La création d’une police de l’environnement dement créer un réseau séparé d’assainis-
est nécessaire au niveau national. Elle doit sement des eaux usées, ainsi qu’une station
favoriser l’approche multisectorielle et s’ap- de traitement avant le rejet en mer. Il faut aussi
puyer sur des décisions issues d’une mission entreprendre la collecte et l’évacuation des
interservices ou de l’organisme de gestion des ordures ménagères qui s’accumulent de fa-
bassins versants. çon insalubre.

8
La méthodologie utilisée pour calculer la vulnérabilité à l’érosion des sols sur le bassin de saint-marc est présentée en an-
nexe 5.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 51


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 52
Les interventions possibles pour protéger le La carte ci-contre indique la localisation des
bassin versant contre l’érosion sont les sui- différentes action que nous venons de propo-
vantes : ser
- Reforestation des zones érodées, pour ré-
duire le ruissellement et le transport solide L’agriculture, sur le bassin versant de Saint-
et favoriser l’absorption de l’eau dans le sol Marc est essentiellement regroupée dans la
- Une agriculture raisonnée sur les terrains partie relativement plate de la plaine, sur la
en pente, pour réduire l’érosion, à savoir, partie de dépôts alluvionnaires, située en
limiter les labours, privilégier les cultures amont de la zone urbanisée. Environ 2700 ha
pérennes (arboriculture fruitière notam- au total sont cultivés, selon une évaluation ré-
ment), aménagement de terrasses, etc. alisée à l’aide de l’image satellitaire.
- Réalisation d’ouvrages de protection, murs
Les pentes des montagnes, très érodées, ne
de pierres sèches, gabion, seuils dans les
sont pas ou très peu cultivées, et sont couver-
ravines, pour limiter le transport solide.
tes d’une végétation dispersée qui favorise
Au vu de l’état très érodé des versants, leur
l’érosion. La zone où est pratiquée l’agriculture
protection va être difficile à réaliser. Il est pro-
est plus une zone d’atterrissement des sédi-
posé d’intervenir de façon progressive, avec :
ments qu’une zone d’érosion. Par conséquent,
- La reforestation des zones relativement le problème potentiel qui se pose sur cette par-
plates au sommet des collines et monta- tie est plus une question d’inondation que d’é-
gnes, en priorisant les zones limitrophes rosion. Par ailleurs, protéger ces zones agrico-
de la ville les contre les inondations, risque d’amplifier
- La plantation d’arbres fruitiers sur le bas les pics de crue sur la ville plus en aval.
des pentes, en extension des zones culti-
Il y a peu de cultures sur les pentes des mor-
vées de plaine. Cette action pourra s’ac-
nes, probablement à cause de la mauvaise
compagner, si nécessaire de construction
qualité du sol et des érosions. On peut envi-
de terrasses ou de murets pour limiter l’é-
sager, sous réserve d’en vérifier la faisabili-
rosion
té, de cultiver la partie inférieure des pen-
- La correction des ravines les plus actives
tes, à proximité des habitations, en y plan-
tant des arbres fruitiers et lorsque c’est né-
Le bassin versant présente des zones particu- cessaire réaliser en parallèle des terrasses
lièrement pentues où la terre végétale a été où des murets pour retenir la terre et assu-
érodée et où une revégétalisation sera très rer le bon démarrage des plantations.
difficile, sans travaux lourds complémentaires.
Mais elle doit être prévue à moyen ou long - Sur le bassin de Saint-Marc, des ouvrages
terme. Par contre le sommet des mornes, rela- de protection contre l’érosion ont été
tivement plat et également fortement déboisé, réalisés récemment en cash for work, no-
semble propice pour entreprendre en priorité tamment pour corriger des ravines qui dé-
une reforestation. bouchent sur la ville. Les ouvrages réalisés
sont des murs de pierres sèches. L’extrait
de Google Earth, ci-contre montre un
En première approximation, une superficie exemple de ce qui a été fait sur la colline
d’environ 500 à 600 ha serait techniquement qui domine la ville. Les travaux ont consis-
apte pour un projet de reforestation sur les té à des rectifications de ravines, pour blo-
sommets des mornes à proximité de la ville de quer les sédiments et des murs de pierres
Saint-Marc. Une autre zone favorable se situe sèches en courbe de niveau sur les sols
sur les montagnes du sud du bassin versant, nus et pentus.
où en première approximation plus de 2000 ha
seraient favorables pour une reforestation. Il est nécessaire d’inventorier l’ensemble des
Pour entreprendre cette action, il sera néces- ravines actives qui charrient des sédiments, en
saire de : vue de réaliser des ouvrages de filtrage de ces
- Préciser par des visites sur site les zones sédiments. Ces ouvrages peuvent être réalisés
sélectionnées en gabion ou en pierres sèches par les popula-
- Identifier le régime foncier des zones tions locales. De même l’entretien de ces ou-
concernées vrages pourra être confié aux populations loca-
- S’assurer de la participation des popula- les. Il faut aussi envisager la réalisation de ter-
tions rasses sur des zones cultivables, en coordina-
- Identifier un organisme chargé de la réalisa- tion avec la plantation d’arbres fruitiers par
tion du projet et de son suivi exemple.
- Identifier les espèces d’arbres adaptées et
lancer un projet de pépinières

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 53


Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 54
La question de la protection contre les inon- tions de protection efficaces, durables, et
dations est primordiale. La ville de Saint-Marc sures.
est construite en bordure de mer sur la partie - L’autre approche consiste à réaliser des
de delta alluvial de la rivière de Saint-Marc et travaux de protection sur la base d’une
des deux petites rivières latérales. La zone étude intégrée qui prend en compte l’en-
constitue le delta alluvial de la rivière, où ce semble des paramètres en jeux10 et qui
dépose les sédiments arrachés aux collines permette de tester les solutions envisagea-
environnantes. En se déposant les alluvions bles et de quantifier les risques. Une telle
modifient la topographie du site ce qui au fil approche, basée sur la réalisation de mo-
des années, provoque la divagation des bras dèles mathématiques de référence11, per-
de rivière. Sur ce type de morphologie, les ri- mettra d’optimiser les travaux à réaliser, et
vières en crues quittent leur lit mineur pour d’identifier les zones éventuelles à risque.
submerger le lit majeur de façon régulière, à L’établissement d’une carte de prévention
chaque crue importante. La réduction du trans- des risques d’inondation permet de mieux
port solide en protégeant le bassin versant gérer, à l’avenir, les zones constructibles12.
contre l’érosion permettra de limiter la divaga- Sur ce genre d’étude, le coût relativement
tion des rivières dans leur lit majeur. élevé est largement compensé par l’optimi-
La construction de la ville, sur cette zone natu- sation du coût des travaux et par l’assu-
rellement inondable, a figé la topographie du rance de leur efficacité.
site et les lits mineurs des rivières. Les sédi- C’est cette dernière approche qui est proposée
ments se déposent dans les lits des rivières, pour Saint Marc
qui sont également obturés par des ordures Cette étude intégrée de protection contre
ménagères, réduisant la section d’écoulement les inondations de la ville de Saint-Marc aura
et augmentant les risques de débordement. pour double objectif :
Avec le temps, à débit égal, les risques d’inon-
dation deviendront de plus en plus importants, - Dans un premier temps, de réaliser un dia-
si rien n’est fait pour protéger la ville. gnostic du risque d’inondation de la ville de
Saint-Marc dans la situation actuelle, per-
Par ailleurs, la zone est sujette aux pluies tro-
mettant d’appréhender le fonctionnement
picales de forte intensité et peut se trouver sur
hydraulique du secteur, de recenser les
la trajectoire d’ouragans. Compte tenu de l’es-
enjeux et d’évaluer leur vulnérabilité.
carpement et de l’érosion des collines, les
crues sont violentes et très rapides et consti- - Dans un second temps, de proposer et
tuent un danger pour la population. définir un ensemble de mesures à mettre
en œuvre afin d’atténuer les effets des
L’urbanisation commence à s’étendre à flanc crues dans la ville de Saint-Marc, et d’éva-
de colline, de façon anarchique. Si ces habita- luer le gain résultant sur l’aléa et la vulné-
tions sont à l’abri des inondations de la plaine, rabilité.
elles sont par contre exposées aux déborde-
ments des ravines et aux glissements de ter-
rain potentiels.
5.7. LES OPTIONS POUR LE FUTUR : SYN-
Deux approches sont envisageables, pour THESE ET EVALUATION DE LEUR PERTI-
protéger la ville contre les inondations : NENCE
- Une approche qui consiste à réparer les
dégradations existantes9, en essayant Le tableau suivant porte des évaluations
d’anticiper les dégradations des futures sur la pertinence de la mise en place des ac-
crues sur la base des observations et de tions possibles sur le bassin de Saint-Marc et
l’expérience acquise lors des inondations sur leur difficulté de mise en œuvre.
précédentes. C’est cette approche qui est
appliquée actuellement, mais elle ne per-
met pas réellement d’envisager des solu-

9
Les travaux se résument généralement à des curages pour reconstituer des sections d’écoulement initiales, des protections
de berge par gabionnage ou revêtement en béton pour améliorer les écoulements, et de manière générale à réparer les dé-
gâts constatés sans anticiper de façon fiable les prochaines crues.
10
hydrologie, transport solide, topographie, hydraulique…
11
Modèle sur lequel on testera différentes actions de protection. Par ailleurs, Le modèle mathématique proposé permettra de
dimensionner au mieux les travaux à réaliser : section d’écoulement, hauteur d’endiguement, dimensionnement des exutoires
notamment. L’assainissement des zones protégées devra être amélioré, en améliorant le drainage vers la mer des eaux de
pluie, en tenant compte notamment des apports des petits sous bassins versants latéraux.
12
Sous réserve que l’autorité administrative soit en mesure de maîtriser ce type d’action.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 55


Action Priorité Difficulté de mise en œuvre
Création d’une police de l’environnement +++++ Devrait être mis en place rapidement au niveau national

Protection des crêtes et de la partie haute des mornes

Mise en place d’aménagements pour prévenir la naissance des +++ Pas de difficulté technique majeure
ravines
Protection des sources : mise en place d’un périmètre de protection Non connue / à étudier
clôturé
Protection des versants

Pratiques culturales améliorées et fertilisation organique ++ Il sera très difficile de faire accepter le changement de pratique
agricole aux populations locales. Des mesures d’accompagnement
Revégétalisation et production de fourrages ++++ sont indispensables.

Haies vives +++++


Plantation fruitière +++++
Plantation de caféiers et de cacaoyers Pertinence de l’action à vérifier

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 56


Reboisement +++++
Cordons de pierres - Nécessité de se tourner vers des techniques plus efficaces

Terrasses progressives et murettes ++ Pas de difficultés techniques majeures

Aménagement de sites spécifiques de protection (Traitement de +++++


ravines, Protection des berges ; digues…)

Entretien des sites spécifiques de protection +++++


Enlèvement des embâcles Non connue / a étudier

Utilisation d’énergie de substitution au bois d’énergie et au charbon ++++ Pas de difficultés techniques majeures

Mise en place d’une structure de protection du bassin versant ++


Pièges à sédiments +++
Valorisation des sédiments +++
Gestion des sédiments au niveau des estuaires (Dragage d’entre- Pertinence de l’action à vérifier
tien)
Gestion des eaux pluviales dans les zones urbaines (aval) +++++ Difficile techniquement car urbanisation non maîtrisée

Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE)

Étude et suivi des ressources en eau (de surface et souterraines) ++ Non connue / à étudier

Contrôle et surveillance des eaux superficielles et souterraines Non connue / à étudier


++
Alimentation en eau potable +++++ Difficile techniquement car urbanisation non maîtrisée

Assainissement +++++ Difficile techniquement car urbanisation non maîtrisée

Protection des infrastructures d'irrigation +++++


Appui / mise en place d'organisations irrigants +++ Non connue / à étudier

Entité de gestion intégrée de l'eau (organismes de bassin) +++ Non connue / à étudier

Collecte, traitement et valorisation des déchets +++++ Difficile techniquement car urbanisation non maîtrisée

Agriculture raisonnée

Intensification, diversification de l’agriculture et lien avec les mar- +++ Non connue / à étudier
chés
La conduite (Elevage à la corde, implantation de haies) +++ Elevage à la corde déjà pratiqué => à généraliser

Favorisation de l’adoption d’espèces végétales à cycle plus long +++++ Non connue / à étudier

Subventionnement des espèces fixant le sol +++++ /

Obligation de travaux dans les cas de cultures qui ne fixent pas le ++ Nécessite la mise en place d’une police de l’environnement.
sol
Aménagement d'infrastructures agricoles et rurales +++ Non connue / à étudier

Hydraulique rural +++ Non connue / à étudier

Collecte, tri et entreposage des produits agricoles (coopérative…) ++ Non connue / à étudier

Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement


des capacités
Diversification et promotion d'activités économiques à l’échelle des +++ Non connue / à étudier
ménages ruraux et des PME

Création d’emplois non agricoles. (tourisme durable) ++ Tourisme : difficile techniquement. Le littoral n’est plus accessible
sur la ville de Saint-Marc. Par ailleurs, un reboisement est nécessaire
pour l’attrait des paysages

Encadrement et renforcement de capacités ++ Non connue / à étudier

Coordination des actions / concertation des intervenants ++ Non connue / à étudier

Apporter une solution aux problèmes fonciers

Regroupement des parcelles +++++ Difficulté majeure car urbanisation non maîtrisée

Interdiction de constructions dans les ravines +++++ Difficulté majeure car urbanisation non maîtrisée

Protection de zones d’intérêt écologique Pertinence de l’action à vérifier

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 57


I
N
S Création police de
INTERDIC- SYSTEMES D'IN-
l'environnement
T TION DES FORMATION
EAU / URBANIS-
ZONES INON-
ME/ AGRI-
I DABLES
RESERVES CULTURE...
T
CREATION D'UN
U OB NATIONAL
PROVISOIRE SOUS STRUCTURA-
T TUTELLE (CIAT?) TION DES MIS- POLITIQUE
SIONS INTERSER- AGRICOLE
I VICE

O Mise en Place
OB régional
ETUDE JURIDIQUE + Comité POLITIQUE
N FONCIERE

N Z
A
E
L
JUIN 2010 JAN 2011

Etablissement
TRAVAUX ETUDES d'un cadastre
simplifié

T
E SCHEMA
DIRECTEURS
Entretien,
C déblaiement Levé
profilages, Topo
TRAVAUX D'AME-
H protection de
berges
NAGEMENTS
HYDRAULIQUES
N Modélisation- DE PROTECTION
Reseau de sérodabilité
I mesure Hydro-
logiques et
transferts
Q PLAN DE
PREVENTION
Déplacem
Reseau de mesure de popul
DES RISQUES
U Météorologique INONDATION
Travaux sur
les estuaires
E Modélisations et exutoires
pluviales
Digues, d
fusibles,
de cru

Dispositifs
d'alerte

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 58


Ce schéma propose une chronologie indicative des actions régionales techniques mais également
nationales et institutionnelles. Cette chronologie accélérée sera peut-être difficile à mettre en oeuvre et
impose un soutien très important des aides et soutiens internationaux.

Reglementation
et substitution FORMATION ET
charbon de bois SENSIBILISATION
DES ACTEURS

GIRE NATIO-
NOUVELLE REGLE- NALE
MENTATION D'UR- OB NATIONAL
BANISME

DEVEL.
du CREDIT
DEVELOPPEMENT
DES EMPLOIS FINANCEMENT
NON AGRICOLES EQUILIBRE DES
Soutien aux activités OB
diversifiées
REGLEMENTA-
TION DES PRATI-
QUES AGRICOLES

ZONAGE
AGRICOLE

JUIN 2011 2012 2015

PROMOTION,
Regroupt parcel- PROMOTION,
FISCALITE
FORMATION,
les Coopérati- FORMATION,
INCITATIVE
INCITATION
ves? INCITATION
AUX
AUTOPRATI-
SOUTIEN
DES ACTIVITES

Reboisement,
agriculture raison-
née...

ACTIONS SUR LA
Irrigation
PROTECTIONS
Associations
DES SOLS ET DES
VERSANTS infrastructures
Cordons,
terrasses,

ment TRAVAUX D'AME-


ation NAGEMENTS HY- EU
DRAULIQUES
URBAINS
OUVRAGES
SPECIFIQUES
POUR LA RETE- AEP
digues NUE DES SEDI-
zone
ue Drainages
pluviaux
PROTECTION
DES MORNES ET
CRETES

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 59


Chiffrage approximatif hors établissement des réglementations et soutiens financiers aux activités

ESTIMATION DES COÛTS INVEST FONCTION- SUR 5 ANS TOTAL SUR


NEMENT 5 ANNEES
/ANNUEL MUSD
ETUDES ETUDE JURIDIQUE ET ADMINISTRATIVE NATIONALE 0,5 0,5
ETUDES TECHNIQUES SUR l'HYDRAULIQUE 1 1
topo 1 1
Cadastre simplifié 0,8 0,8
MODELISATIONS 1 1
ETUDE DE CONSTITUTION D'UN OB REGIONAL et NATIONAL 0,4 0,4
ETUDE DE ZONAGE AGRICOLE regional 0,2 0,2
Assistance experts extérieure 1 5 6
10,9

MISE EN PLACEMISE EN PLACE ORGANISME NATIONAL 2 1 5 8


MISE EN PLACE ORGANISME REGIONAL 1 0,7 3,5 5,2
SYSTÈMES D'INFORMATION 3 0,5 2,5 6
MISE EN PLACE POLICE DE L'ENVIRONNEMENT NATION. 6 2,5 12,5 21 25,8

TRAVAUX Entretien, déblaiement profilage, protection des berges (Urgence) 0,3 0,6 3 3,9

TRAVAUX D'AMENAGEMENT Estuaires, cours d'eau 50 2 10 62 *


Déplacement population si prise en charge logement neuf 50 50 *
(4000 logements) (aide partielle)

TRAVAUX DE PROTECTION DES SOLS ET DES VERSANTS


hors reboisement 5 0,5 2,5 8
reboisement 0,5 0,2 1 1,7

TRAVAUX DE DRAINAGE ET DE CANALAISATIONS URBAINES 125,6

* à définir par les études techniques

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 60


Qu’un seul de ces acteurs fasse défaut et c’est
6 l’ensemble du système qui prendra du retard.
C’est pourquoi la mise en place d’une véritable
CONCLUSION gestion intégrée des bassins versants est un
véritable challenge qui ne sera réussi que si on
fait participer et que l’on responsabilise l’en-
semble des acteurs.

Les enjeux sont néanmoins de taille car il s’a-


git ni plus ni moins de donner à Haïti les
moyens de se développer économiquement et
La situation est très dégradée et l’état des bas- de sortir du cycle des bilans catastrophiques
sins versants présentent maintenant une très faisant suite aux événements pluvieux extrê-
sérieuse menace pour les populations tout en mes.
oblitérant les possibilités de développement du
pays. L’investissement financier d’un tel processus
est à affiner rapidement mais une première
Par conséquent entrer dans l’action pour res- approche présentée dans le tableau suivant
taurer les bassins versants, et les gérer, est sur les 5 ans illustre les besoins d’aides néces-
maintenant une urgence. C’est pourquoi, il faut saires.
dès maintenant mettre des structures en place
pour traiter de ces problèmes.

Lancer immédiatement un programme de ges-


tion du bassin versant de Saint-Marc est une
nécessité pour préserver la ville, ses habitants
et les infrastructures d’eau potable modernes
qui les desservent ainsi que les versants qui
les surplombent.

Cela aura aussi valeur de test. Il sera possible


de voir rapidement sur un petit bassin se qui
peut être mis en place au point de vue institu-
tionnel et être reproduit ensuite sur les autres
bassins versants.

De même, différentes solutions techniques


seront ainsi testées et validées comme étant
des solutions viables ou non.

L’aide internationale est absolument néces-


saire pour lancer le processus rapidement. En
revanche différentes actions proposées ont
pour but que les futurs organismes de bassins
atteignent un financement équilibré à moyen
terme (5 ans).

C’est tout un système novateur qui doit être


mis en place qui ne pourra aboutir que s’il y a
une implication forte de l’ensemble des ac-
teurs :
- ONG internationale ;
- Bailleurs de fonds ;
- Administration Haïtienne ;
- Acteurs économiques (agriculteurs, arti-
sans…) ;
- Acteurs de l’eau (DINEPA, OREPA,
CAEPA…) ;
- Population…

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 61


ANNEXE 1 : Note conceptuelle sur le bassin versant

Le bassin versant, Territoire de l’eau


Un bassin versant peut se définir comme une portion de territoire délimitée par des lignes de crête,
dont les eaux alimentent un exutoire commun : cours d'eau, lac, mer, océan, etc. Chaque bassin
versant se subdivise en un certain nombre de bassins élémentaires souvent appelés «sous-bassin
versant». Il s’agit de la surface d’alimentation des affluents se jetant dans le cours d’eau principal.

Deux bassins élémentaires

Les bassins versants « en bonne santé » sont nécessaires pour assurer un environnement socio-
économique sain. En revanche, et cela est particulièrement valable pour Haïti, un bassin versant en
mauvaise santé va avoir des impacts négatifs sur le littoral (mangroves menacées…) et sur le milieu
marin (coraux, ressources halieutiques).

Certaines des conséquences de l’activité humaine sur l’état du bassin


peuvent n’apparaître qu’à très long terme. Les change-
ments d’utilisations du territoire d’un bassin ver-
sant peuvent avoir un impact cumulatif. On
peut donc, grâce à un suivi approprié à
l’exutoire du bassin versant, compren-
dre :

- l’impact des modifications du territoire sur le régime d’écoulement des eaux ;


- l’évolution de certains polluants dans les différents compartiments du cycle de l’eau et ;
- l’efficacité d’un programme d’assainissement de l’eau…

Le bassin versant constitue donc l’unité incontournable de la gestion de l’eau.

La gestion intégrée de l’eau par bassin versant tient compte des enjeux tant locaux que régionaux,
et a pour fondement une approche éco systémique. Un de ses principaux avantages est de permet-
tre de mieux comprendre et d’expliquer les problèmes liés à la quantité et à la qualité de l’eau et des
écosystèmes aquatiques puis de trouver des solutions s'inscrivant dans une perspective de dévelop-
pement durable. Une des principales finalités et un des principaux atouts de cette gestion et de per-
mettre de mieux établir les priorités d’action en tenant compte des impacts cumulatifs sur le milieu
aquatique évoqués plus haut.

Gestion de l’eau et aménagement du territoire et urbanisme


L’aménagement du territoire peut se définir par les aspects suivants :

- Il s’agit d’une tâche publique, il s’agit même d’une fonction régalienne de l’état ;
- il se traduit par une action sur le territoire;
- un de ces buts premier est la recherche d’un équilibre entre les aspects environnementaux,
économiques et sociaux;
- il est caractérisé par une tâche de coordination horizontale (entre les politiques sectorielles) et
verticale (entre les différentes collectivités territoriales);
- le principal outil utilisé pour agir sur les territoires est la réglementation de la destination des
sols et de leur utilisation.

Gestion de l’eau et aménagement du territoire sont intimement liés car l’eau constitue un facteur
primordial de développement économique. Sa rareté constitue un facteur limitant ce développement.
A contrario, les inondations, risques naturels majeurs très fréquents en Haïti, apporte un état catas-
trophique et limitent ainsi le développement.

Bassin versant pour l’eau, territoire national, ou sub-national pour l’aménagement du territoire, com-
mune ou ensemble de communes pour l’urbanisme, terroir pour l’agriculture… l’un des grands en-
jeux pour la planification et le développement du pays est d’articuler ces différents territoires et péri-
mètres pertinents d’intervention, de responsabilité et de gestion. Tout projet d’aménagement du ter-
ritoire, pour réussir, doit associer les différents acteurs de l’eau et toute action de gestion de l’eau
doit associer les acteurs de l’aménagement du territoire.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 62


La gestion intégrée du risque inondation

Les inondations et crues catastrophiques constituent un risque majeur sur le territoire national Haï-
tien. La vulnérabilité de la population est provoquée pour une grande partie par sa forte présence en
zone inondable. En effet, l’urbanisation n’est pas maîtrisée.
La situation est aggravée par l’inexistence de systèmes d'alerte ou d'évacuation alors que les crues
sont rapides voire torrentielles. Dans toute zone urbanisée, le danger se traduit par le risque d'être
emporté ou noyé, mais aussi par l'isolement sur des îlots et la rupture des accès pour assurer les
secours. Enfin, les dégâts au milieu naturel sont dus à l'érosion et aux dépôts de matériaux, aux dé-
placements du lit ordinaire des cours d’eau, etc. En Haïti, ce transport solide accroît les phénomè-
nes d’inondation et les risques par augmentation des seuils à l’exutoire et la réduction des sections
d’écoulement provoquant des basculements de lits pouvant être destructifs et rendant les protec-
tions de berges ponctuelles inopérantes.

La prévention des risques et la protection des populations nécessitent que soient prises des me-
sures collectives et des mesures individuelles.

La prévention : L'urbanisation doit être maîtrisée à l’aide de plans de prévention des risques natu-
rels. L'objectif est de contrôler le développement en zone inondable jusqu'au niveau de la plus forte
crue historique connue ou au moins de la crue centennale, et la préservation des champs d'expan-
sion des crues. Dans ces zones, des outils de planification doivent prescrire ou recommander des
dispositions constructives ou des dispositions concernant l'usage du sol.

Ces outils de planification doivent interdire la construction dans les zones les plus exposées ou dans
celles qui présentent un intérêt pour le laminage des crues. Ils doivent réglementer les zones modé-
rément inondables, en fixant par exemple une cote de plancher à respecter au-dessus du niveau de
la crue de projet (cote de mise hors d'eau).

Plus en amont, l’aménagement du territoire doit être pensé pour limiter au minimum le ruissellement
et l’érosion : reforestation, maintien du couvert végétal, aménagements retenant l’eau… La re-
conquête du territoire par une gouvernance adaptée est nécessaire pour sa sauvegarde.

La protection consiste en l'aménagement du cours d'eau ou du bassin versant en vue de contrôler


le déroulement et les conséquences de la crue. Ces mesures de protections ne sont efficaces que
pour une certaine intensité du phénomène, appelée crue de projet. En cas de dépassement de cette
crue, les protections peuvent être inefficaces voire dangereuses en cas de rupture.
L'information préventive n’est actuellement pas mise en place en Haïti. Cependant, le droit de
chaque citoyen à l’information doit s’appliquer à terme. Cette information doit permettre au citoyen
de prendre conscience de sa propre vulnérabilité face aux risques et de l'évaluer pour la minimiser.
Des consignes de comportement à adopter en cas d'événement doivent être élaborées.

La prévision, la surveillance et l'alerte : à terme, des services de prévision des crues doivent être
créés. Ces services auront pour mission de surveiller en permanence la pluie et les écoulements
des rivières alimentant les cours d'eau dont ils ont la charge. En cas d'événement majeur, la popula-
tion serait avertie au moyen d’un signal d'alerte (radios et TV).

Les secours doivent être organisés en amont. Sur une entité territoriale à définir, un plan d’organisa-
tion des secours doit être mis en place intégrant l’apport des ONG de première urgence et permet-
tant de coordonner leurs efforts.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 63


ANNEXE 2 : Description et evaluation des projets relatifs aux bv en cours en haiti

Projet 1 : PIA-Ennery Quinte (prêt 1646/SF-HA): Programme d’Intensification Agricole


BV La Quinte Maître Maître d’œuvre Montant : 6 M Durée Date de État
(Ennery- d’ouvrage BCP + Bailleur US $ (mois) : démarrage : avancement :
Gonaïves) MARNDR opérateurs de de (+ 21 MUS 60 Juillet 2005 23% pour la
zone fonds : sur irrigation composante
BID et BV
intensification)
Description : PIA-Ennery Quinte (prêt 1646/SF-HA): Programme d’Intensification Agricole
L’objectif général du programme est d'augmenter les revenus des producteurs haïtiens dans la zone d'Ennery-Quinte tout
en réduisant les risques et la sévérité des dégâts dus aux inondations dans la zone des Gonaïves.
La première composante du programme, "intensification agricole et liens au marché", vise à l'amélioration de la production
et de la commercialisation des cultures annuelles vivrières et de rente ainsi que des cultures pérennes (fruits, café) dans la
zone du programme. Les activités consistent en une assistance technique, la fourniture d'intrants améliorés et de petits
équipements de post-récolte, ainsi que la construction d'infrastructures mineures.
La deuxième composante, "gestion des bassins versants", visera à la réhabilitation et l'amélioration durable des pratiques
de gestion des bassins versants dégradés. Les activités financées se concentreront sur la construction d'ouvrages
physiques de protection/réhabilitation des versants et la reconstitution de la couverture végétale (cultures pérennes).
La troisième composante, "réhabilitation des petits périmètres irrigués", consiste d'une part à renforcer le cadre de gestion
de l'eau dans la zone du projet (à travers l'appui au cadre légal, la conception de plans de gestion de bassin versant, de
plans d'occupation des sols), d'autre part à appuyer les usagers de l'eau et à assurer la réhabilitation de six petits
périmètres irrigués.
Une quatrième composante finance la mobilisation communautaire et l'appui institutionnel à la Direction Départementale de
l'Agriculture de l'Artibonite et aux bureaux agricoles communaux de la zone d'intervention. Toutes les activités seront
menées suivant une approche participative qui mettra les producteurs et usagers au cœur du processus de décision.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : +++
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +
Appui au cadre légal : +
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +++
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : intensification et
recours à des cultures
à cycle long (+++)
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : Implantation de
caféiers et cacaoyers
(+++)
o Restauration du couvert végétal : +
o Modification de la topographie d’écoulement : ++
o Action sur les transports solides : Directement NON (---)
Mais maintien des sols
amont en place (+++)
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 64


Projet 2 : Programme de Mitigation des Désastres Naturels (don HA-L1041)

Grande Rivière du Nord, Maître Maître Bailleur Montant : Durée Date de État
Ravine du sud, Acul, d’ouvrage d’œuvre de 30 M US (mois) : démarrage : avancement :
Cavaillon MARNDR- UEP + fonds : $ 60 Octobre Approuvé le
MDE DDA BID 2009 16/09/2009

Description : Programme de Mitigation des Désastres Naturels (don HA-L1041) :

L'opération finance des actions pour protéger les bassins versants et permet des paiements pour des incitations collectives
et individuelles pour les mesures anti-érosives dans les bassins versants prioritaires, tout en soutenant la mise en œuvre de
politiques nationales qui favorisent la gestion des bassins versants. Cette opération constitue la première phase d'un
programme de ligne de crédit, les investissements seront concentrés dans la "Grande Rivière du Nord" des bassins
versants, priorisés par le Ministère de l'Agriculture. Les phases suivantes permettront au Ministère de l'Agriculture de
réaliser des investissements dans deux autres bassins versants prioritaires : Ravine du Sud et Cavaillon (sud du pays).

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : ---
Approche Participative : +/-
Sensibilisation des populations +/-
Appui au cadre légal : ---
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : +
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : +++
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : ---
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +++
o Restauration du couvert végétal : +
o Modification de la topographie d’écoulement : +
o Action sur les transports solides : +
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : ---
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : +/-

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 65


Projet 3 : Programme GEF-MACAYA (don HA-X1002) / Approuvé le 23/09/2009

Bailleur Date de
Maître Maître Montant : Durée État
Haut BV Ravine du de fonds : démarrage :
d’ouvrage d’œuvre 3,4 M US (mois) : avancement :
sud et Acul BID Décembre
MDE UEP + DDE $ 48 Démarrage
2009

Description : Programme GEF-MACAYA (don HA-X1002) / Approuvé le 23/09/2009

Ce projet du GEF vise à intégrer les efforts de conservation du parc national d'Haïti dans le cadre des activités de gestion des
bassins versants du Programme d'atténuation des catastrophes naturelles (NDMP / HA-L1041). Son but est de réduire et
d'inverser la dégradation des terres dans les parcs et de contribuer à la récupération des services environnementaux des aires
protégées pour les parties aval des bassins versants prioritaires du NDMP. Le projet du GEF vient donc compléter cet effort en
intégrant la conservation du Parc Macaya, ainsi que d'autres aires protégées dans les bassins versants : Les Cayes, Cavaillon
et la Grande-Rivière du Nord.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : +/-
Approche Participative : +/-
Sensibilisation des populations +/-
Appui au cadre légal : ---
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : +++
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +++
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : ---
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +++
o Restauration du couvert végétal : ++
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : ---
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : ---
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 66


Projet 4 : Proyecto ARAUCARIA XXI

16 BV du Sud- Maître d’ouvrage Maître Bailleur de Montant : Durée Date de État


Est MDE d’œuvre fonds : 2,7 M$ (mois) démarrage : avancement :
Prestataire AECID 60 Octobre NC
de service 2007
Description : Proyecto ARAUCARIA XXI

1 . Gestion du capital naturel (zone verte)


2 . Gestion de l'environnement, l'éco-efficacité (région de café)
3 . La cohésion sociale (zone bleue)
4 . L'utilisation durable des biens et services environnementaux(zone blanche)
5 . Actions transversales (zone or)

Les dix domaines d'action prioritaires sont les suivants :


1. Renforcer la capacité de gestion environnementale nationale
2. Énergie pour le développement durable
3. L'éducation environnementale pour le développement durable
4. Conservation et utilisation durable de la biodiversité
5. Gestion des bassins versants
6. Gestion intégrée des zones côtières et marines
7. L'assainissement de l'environnement (traitement des eaux et des déchets)
8. Gestion des catastrophes et des catastrophes naturelles
9. Soutien aux activités liées au développement durable
10. Soutien à l'extraction minière et des carrières

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : +++
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : +
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : +++
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +++
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +++
o Restauration du couvert végétal : +++
o Modification de la topographie d’écoulement : +/-
o Action sur les transports solides : +/-
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : +++
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 67


Projet 5 Programme d’Alerte Précoce au risque d’inondation (prêt 1642/SF-HA)

Bailleur État
13 BV (GA, Sud, Maître de Durée Date de avancement :
Maître Montant :
Sud-est, Ouest, d’ouvrage fonds : (mois) : démarrage : 13% dépenses
d’œuvre UEP 5 M US $
Artibonite) MARNDR-DPC BID 60 Juillet 2005 70%
engagements

Description : Programme d’Alerte Précoce au risque d’inondation (prêt 1642/SF-HA)

La Banque Interaméricaine de Développement (BID) a approuvé le prêt 1642/SF-HA pour un montant de 5.000.000 US$,
octroyé à la République d’Haïti afin de financer le Programme National d’Alerte Précoce en cas d’inondation.

L’objectif général du programme est d’appuyer la mise en œuvre de la première étape du Plan National de Gestion des
Risques et des Désastres (PNGRD). En particulier, le financement vise à renforcer la capacité du pays à détecter les risques
d’inondation et à prévenir les conséquences de tels risques, donnant la priorité à la réduction des pertes en vies humaines.

La première composante du programme “surveillance et prévision des inondations” vise à fournir des informations précises et
en temps opportun sur les inondations imminentes dans treize bassins versants prioritaires. Les activités consistent en un
réseau d’observation comportant vingt stations météorologiques et hydrologiques, matériels, télécommunications, les logiciels
et la formation nécessaires pour traiter les données.

La deuxième composante “communications” visera à développer un système de communication en temps réel au service des
collectivités, afin de permettre de prendre des mesures nécessaires en cas d’inondations. Les activités financées concernent la
mise en place d’un système de communication et l’élaboration de messages d’avertissement spécifiques destinés à la
population en général.

La troisième composante “état de préparation et réponse de la population en cas d’avertissement précoce” consistera en une
série d’activités d’assistance technique à l’attention des autorités locales et des comités locaux de gestion des désastres, afin
de doter la population des capacités nécessaires pour répondre en cas d’inondations.

La quatrième composante “renforcement institutionnel pour l’exploitation du système d’alerte précoce contre les inondations”
financera les activités d’assistance technique à l‘attention du MICT/DPC et du MARNDR pour développer les capacités
nécessaires pour exploiter le système d’alerte précoce.

La cinquième composante “campagne de sensibilisation et d’éducation du public” financera une campagne nationale de
sensibilisation et d’éducation visant à améliorer la réponse de la population face aux avertissements et aux alertes.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : +++
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : +++
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : -
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : ---
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : +
o Météorologie et hydrologie : +++
o Zone inondables : +++
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : ---
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : ---
o Restauration du couvert végétal : ---
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : ---
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : +++
o Annonce de crue +++
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) ---
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : ---
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ----

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 68


Projet 6 : Développement Economique pour un Environnement Durable, (DEED)

Maître d’œuvre : Bailleur


Development de
Alternatives Inc. fonds : Durée État
Bassins Versants Limbé Maître d’ouvrage Montant : Janvier
(DAI) USAID (mois) : avancement :
et Montrouis MARNDR & MDE US$28 M 2008
WINROCK et 60 50%
autres groupes
locaux

Description : Développement Economique pour un Environnement Durable, (DEED), est un projet de l’USAID sur trois ans
(Janvier 2008-Janvier 2011), qui travaille dans deux bassins versants haïtiens : 90,000 hectares autour de Montrouis, dans
l’Ouest d’Haïti, et à Limbé dans le Nord.

DEED se concentre sur un développement économique respectueux de l’environnement dans les bassins versants de Limbé et
de Montrouis, à travers une agriculture commerciale, le développement de moyens d’existence alternatifs, la gestion des
ressources naturelles et le redressement environnemental. Le projet tend à trouver des approches alternatives à l’agriculture
érosive pratiquée sur la terre escarpée des zones les plus élevées des bassins versants, et à protéger la biodiversité.

DEED lie la gestion des ressources naturelles à la protection de l’environnement, tout en générant des options alternatives de
moyens d’existence, fournissant le stimulant essentiel pour une gestion durable des bassins versants.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : ---
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : ---
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +/-
o Restauration du couvert végétal : +++
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : Directement NON (---)
Mais maintien des sols
amont en place (+++)
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 69


Projet 7 : Watershed Initiative for National Natural Environmental Resources (WINNER)

Maître d’œuvre Bailleur


CHEMONICS de
Maître
Bassins Versants Cul International fonds : Montant : Durée Date État
d’ouvrage
de Sac, Gonaïves – Université de USAID US$127 (mois) : démarrage : avancement :
MARNDR &
La Quinte et Cabaret Floride M 60 Juin 2009 8%
MDE
LGL et autres
groupes locaux

Description : Watershed Initiative for National Natural Environmental Resources (WINNER) / « Initiative bassins versants pour
les ressources naturelles et environnementales (WINNER) » est financé par l'USAID à plus de 126 millions de dollars.

Ce projet couvre les trois régions suivantes : La Plaine du Cul-de-Sac, Cabaret et Gonaïves/La Quinte,

Ses quatre principaux thèmes sont :


L’amélioration des conditions de vie via l’intensification de l’agriculture ;
La réduction de la vulnérabilité des populations aux désastres : traitement de 10 ravines principales, reprofilage de la
rivière grise ;
Gouvernance : travail en relation avec le CIAT ; mise en place de partenariats publics privés pour la production
agricole - intégration des filières ;
Soutien à la relance économique.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : +++
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : +
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie +
Revégétalisation : +
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +/-
o Restauration du couvert végétal : +++
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : Directement NON (---)
Mais maintien des sols
amont en place (+++)
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine +++
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) +++
Traitement des versants (muret de pierres…) +++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 70


Projet 8 : Projet Binational de réhabilitation du Bassin Versant du Fleuve Artibonite entre Haï-
ti et la République Dominicaine

Maître Bailleur Montant :


Zone frontalière Haïtiano- Maître Durée Date État
d’œuvre de 10 M
Dominicaine (Bassin Versant du d’ouvrage (mois) : démarrage : avancement :
OXFAM- fonds : dollars
Fleuve Artibonite) MDE 72 NC NC
QUEBEC ACDI canadiens

Description : Projet Binational de réhabilitation du Bassin Versant du Fleuve Artibonite entre Haïti et la République Dominicaine

Le projet contribue à la réhabilitation du bassin-versant de l'Artibonite dans la zone frontalière entre Haïti et la République
dominicaine et au renforcement du dialogue binational. Il comprend deux volets : assistance technique et renforcement des
capacités des organismes et des institutions oeuvrant dans la zone et un fonds pour soutenir des initiatives contribuant à la
réhabilitation des zones retenues à l'intérieur du bassin-versant.

Le projet cherche à freiner le processus de dégradation environnementale et à renverser le processus de dégradation du


couvert forestier. Il renforce les capacités institutionnelles des deux gouvernements sur les questions d'aménagement de
bassin-versant et aide à diminuer les tensions dans la zone grâce à un meilleur dialogue entre les deux pays. Il aide également
les populations locales à concevoir et à mettre en œuvre des activités productrices, à améliorer leur situation économique et à
respecter l'environnement.

Les trois grands domaines d’interventions sont les suivants :


Aménagement de bassins fluviaux : 40%
Ressources en terres cultivables : 30%
Développement sylvicole : 30%

Ce projet est actuellement en cours de révision en raison du séisme qui a secoué Haïti le 12 janvier 2010.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : -
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : -
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : +++
Remplacement du bois comme source d’énergie +
Revégétalisation : +++
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +++
o Restauration du couvert végétal : +++
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : Directement NON (---)
Mais maintien des sols
amont en place (+++)
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) ++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 71


Projet 9 : Appui à la sécurité alimentaire

Bailleur de fonds : Durée État


BV Lamartry- Maître Maître Montant : Mai
Commission (mois) avancement :
Marion Jassa d’ouvrage MARNDR d’œuvre FAO 10 M € 2009
Européenne 24 Démarrage
Description : Appui à la sécurité alimentaire et aux moyens de vie des populations rurales, à la réhabilitation de
l’environnement et au soutien d’une gestion durable.
Nota : Trop peu d’informations collectées pour réaliser une évaluation des apports du projet

Projet 10 : Soutien de la production agricole et de l'élevage

Bailleur de
Maître Maître Durée État
Principalement Plateau fonds : Montant : Mars
d’ouvrage d’œuvre (mois) avancement :
Central (4 à projets prévus) Commission 4.5 M€ 2010
NC ONG 36 Démarrage
Européenne

Description : Soutien de la production agricole et de l'élevage dans les mornes en adoptant des techniques de conservation
des sols et de l'eau

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : -
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : -
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : +++
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : +++
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : +++
o Restauration du couvert végétal : +++
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : Directement NON (---)
Mais maintien des sols
amont en place (+++)
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) +
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 72


Projet 11 : UTE-PREIEB (prêt 1493/SF-HA)

BV Port-de- Maître Maître d’œuvre : Bailleur de Montant : Durée Date de État


Paix; Cap d’ouvrage : Prestataire de fonds : BID Cf détail (mois) : démarrage : avancement :
Haïtien; MARNDR service dans la 18 Décembre Appel
Lamatry-Jassa description 2009 d’offres pour
PS en cours

Description : UTE-PREIEB (prêt 1493/SF-HA) Ce programme a démarré en juin 2004 pour une durée initiale de cinq années. Il
vise à contribuer à la relance économique au niveau local dans certaines régions d’Haïti à fort potentiel économique, par la
réhabilitation de petites et moyennes infrastructures économiques de base, telles que routes, ports, systèmes d’eau potable et
d’assainissement, équipements urbains, périmètres d’irrigation, infrastructure électrique, etc. …

Il compte notamment les lignes suivantes :


Supervision Protection des Bassins versants de Port-de-Paix (0.9 M US $),
Supervision Protection des Bassins versants de Cap Haïtien (2 M US $),
Supervision Protection des Bassins versants de Lamatry-Jassa (0,9 M US $).

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : ---
Approche Participative : -
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : -
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : ---
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : ---
o Restauration du couvert végétal : ---
o Modification de la topographie d’écoulement : ---
o Action sur les transports solides : ---
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine ---
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) ---
Traitement des versants (muret de pierres…) ---
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : +++
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : +++
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : ---

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 73


Projet 12 : UTE-PREIEB (prêt 1493/SF-HA)

Département de Agence Maître Bailleurs de Budget 2009 Durée Date de État


l’Ouest, Port-au- d’exécution : d’œuvre : fonds : 784,110 $US (mois) : démarrage avancement :
Prince Ministère de Prestataire PNUD / Budget 44 : Avril Appel
l'Environnement de service 2009-2011 2008 / d’offres pour
(MDE) 3,000,000 Date de fin PS en cours
$US prévue :
Décembre
2011

Parmi les actions de ce projet « Réhabilitation et protection du bassin versant de la source Jirado à Grand Bassin
(Terrier Rouge)
Nota : Trop peu d’informations collectées pour réaliser une évaluation des apports du projet

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 74


Projet 13 : Initiative de prévention des désastres naturels et de réhabilitation de l’environne-
ment par des activités génératrices de revenus dans l’Artibonite

Rivière la Quinte Maître d’ouvrage : Maître d’œuvre : Bailleur de Montant : Durée Date de Première
MARNDR Prestataire de fonds : NC (mois) : démarrage : phase
service PNUD 18 2007 terminée

Description : Le PNUD a développé dans le département de l’Artibonite une initiative de prévention des désastres naturels et
de réhabilitation de l’environnement par des activités génératrices de revenus. Ce projet était basé sur un type de modèle dit
participatif, par le développement d’activités génératrices de revenus au bénéfice des populations locales. Cette approche est à
relier à la nécessité d’accompagner les actions du gouvernement haïtien visant alors à promouvoir un apaisement social.
Exécutée entre mars 2006 et mai 2007, la première phase du projet s’est penchée sur la réalisation de deux types d’activités :
la protection des bassins versants de Praville (une zone préurbaine des Gonaïves) et le reprofilage du lit de la rivière La Quinte
(située à l’entrée sud de la ville).

Le projet à été financé par le Bureau de Prévention des Crises et de Relèvement (BCPR) du PNUD, à hauteur de 250.000
US$. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a contribué au paiement des travailleurs par la fourniture de 55 tonnes de
rations alimentaires, équivalent à 42.523 US$. La mise en œuvre des activités a été assurée conjointement avec le
Gouvernement Haïtien, à travers la Direction Départementale du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe
(DDA / MPCE) avec un appui technique du Bureau International du Travail.

Dans le quartier de Praville, le projet pilote à permis la construction de 121.000 mètres de fossés antiérosifs, renforcés de
cordons pierreux, et l’élévation de 54 seuils de rétention d’eau en maçonnerie sèche. Ce système de protection vise à
permettre de freiner les phénomènes de ruissellement sur les pentes qui surplombent la ville des Gonaïves. De l’autre côté de
la ville, à Gramonts, le projet a permis le reprofilage de 5.350 mètres du lit de la rivière La Quinte et la construction de 150
mètres d’exutoire vers la zone des mangroves. Les berges de cette rivière ont été renforcées sur environ 500 mètres.

Par ailleurs, l’aménagement du lit de la rivière La Quinte, à Gramont, a permis de canaliser une partie de l’eau pour l’irrigation
des terres des paysans.

Dans une deuxième phase le BCPR du PNUD a alloué deux millions de dollars pour le développement d’un programme plus
large axé sur la prévention des risques naturels par l’aménagement des bassins versants de la rivière La Quinte et ses
affluents dans le département de l’Artibonite plus particulièrement ; ce nouveau programme a permis d’envisager l’extension
des interventions sur les bassins versants dans les communes d’Ennery et des Gonaïves.

Evaluation
Prise en compte des aspects institutionnels : ---
Approche Participative : +++
Sensibilisation des populations +++
Appui au cadre légal : -
Vise l’amélioration des conditions de vie des populations locales : +++
Soutien du tissu économique du bassin versant et renforcement des capacités : +++
Action sur le foncier (lutte contre le morcellement des parcelles) : ---
Reboisement : ---
Remplacement du bois comme source d’énergie ---
Revégétalisation : ---
Permet obtenir des données techniques sur :
o Le cadastre : ---
o L’occupation des sols : ---
o Météorologie et hydrologie : ---
o Zone inondables : ---
o L’érodabilité des sols : ---
o Adéquation ressources / besoin en eau : ---
Action sur les activités agricoles : +++
Actions techniques spécifiques à la protection des sols et des versants :
o Protection des crêtes et de la partie hautes : ---
o Restauration du couvert végétal : ---
o Modification de la topographie d’écoulement : +++
o Action sur les transports solides : +++
Gestion technique du risque d’inondation :
o Modélisation hydrauliques des inondations : ---
o Annonce de crue ---
Traitement de ravine +++
Actions sur le lit des rivières (reprofilage...) +++
Traitement des versants (muret de pierres…) +++
Mesures techniques relatives à la gestion du cycle de l’eau : ---
Modernisation des infrastructures d’irrigation : +++
Collecte, traitement et valorisation des déchets : ---
Ouvrages spécifique pour la retenue des sédiments : +++

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 75


ANNEXE 3 : Les différentes action de gestion intégrées des bassins versants

Protection des
versants
Haies
vives
Plantation de Plantation Terrasses
cacaoyers caféiers progressives
Cordons et murettes
de pierres
Pièges à Revégétalisation et Plantation
sédiments production de fourrages fruitière

Reboisement Constitution d’une


Valorisation
terrasse d’épierrement
des sédiments
pour culture intensive
Projet d’exploitation
du bois.
Récolte du bois des
forêts planifiée Pratiques cultural
améliorées et fert
Réduire la demande organique
en bois et charbon Recours aux barrières de
vétiver et exploitation des
huiles essentielles
Aménagement de sites spécifiques de protection :
Diagnostic et évaluation des besoins
Modélisation
Utilisation d’énergie de substitution au bois d’énergie et au Traitement de ravines
charbon Protection des berges
Promotion du gaz propane et fuel Gestion de la végétation (lits mineur et majeur)
Transformation de résidus en briquettes Gestion des embâcles
Énergies renouvelables et nouvelles technologies Gestion des atterrissements
Production de bois d’énergie Restauration de rivière
Appui à la mise en place / renforcement de Calibrage
pépinières Construction de digues
Définition de normes pour les fours de boulangers et les Procédés de confortement des digues
cuves des blanchisseurs et autre appareils d’artisans Reprofilage de rivière
consommateur en bois ou en charbon Retenues collinaires

Entretien des sites spécifiques de protection

Agriculture raisonnée

Apporter une solution aux


problèmes fonciers Intensification, diversification de
l’agriculture et lien avec les marchés
Gestion inté
Les règles en vigueur sur l’héritage ressources en
doivent être amendées et appliquées Conduite des troupeaux (corde)
de manière à ce que les règles Entité de ge
d’indivision soient modifiées.
Favorisation de l’adoption d’espèces intégrée de
végétales à cycle plus long des bassins
Regroupement des parcelles (agence de

Subventionnement des
espèces fixant le sol Appui / mise
Interdiction des constructions d'organisatio
dans les ravines
Obligation de travaux dans les cas
de cultures qui ne fixent pas le sol Étude et suiv
Protection de zones d’intérêt écologique. Si ressources en
l’on décide de créer des réserves, il faut surface et sou
Aménagement d'infrastructures
proposer des alternatives d’implantation pour agricoles et rurales
les paysans qui habitent les zones concernées Alimentation e
parfois depuis plusieurs générations
Infrastructures d'irrigation

Hydraulique rurale Assainisseme


gestion des e

Collecte, tri et entreposage des produits


agricoles (coopérative…)

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 76


Protection des crêtes et de la TRAVAUX sur les exutoires
partie haute des mornes

Protection Aménagements pour Gestion des sédiments Travaux


des sources prévenir la naissance au niveau des estuaires d’élargissement et de
des ravines (Dragage d’entretien) renforcement des
estuaires

Gestion des eaux pluviales


dans les zones urbaines (aval)

Assainissement pluvial Modélisation des débits Deplacement


(canalisations, fossé …) et flux solides de population
es
ilisation
Techniques d’infiltration
des eaux à la source… Soutien du tissu économique du bassin versant et
renforcement des capacités

Limitation de
l’imperméabilisation Diversification et promotion d'activités économiques à
l’échelle des ménages ruraux et des PME versant et
renforcement des capacités
Système d’alerte
précoce
Création d’emplois non agricoles. Les initiatives de
créations d’entreprises sur les bassin versant doivent
Limitation du transport être encouragées. La voie du tourisme durable est à
de matériaux soutenir sur le long terme

Planification de l’organisation Encadrement et renforcement de capacités


des secours Sensibilisation des acteurs au plan
d’aménagement du bassin versant
Renforcement des structures d'encadrement
Diminution directe du Renforcement des organisations
ruissellement (citerne, professionnelles
impluvium…) Formation en agriculture
Formation en élevage
Formation en entreprenariat

Coordination des actions / concertation des intervenants


Police de
égrée des Recensement des acteurs et intervenants dans le
l’environnement
n eau (GIRE) bassin versant
+
Mise sur pied d'un Comité de coordination des
Organismes de
actions et de concertation des intervenants
gestion des BV
estion
l'eau et
versants Diversification et promotion d'activités économiques à l’échelle des
bassin) ménages ruraux et des PME agricoles
Petit élevage (poulet, pintades, canards)
e en place Protection des crêtes et de la Production d’oeufs
ons irrigants Embouche porcine
partie haute des mornes (cf. ci-
Embouche de caprins
dessus)
Embouche bovine
i des Production laitière (race améliorée)
n eau (de Transformation agroalimentaire
uterraines) Mini laiteries
Protection des versants
(cf. ci-dessus) Appui aux caisses d'épargne et de crédit
en eau potable Recherche d’activités agricoles génératrices de revenus
(étude)
Appui aux petites et moyennes entreprises (PME)

ent et Collecte, traitement et


excréta valorisation des déchets
Schéma de principe des actions possibles pour
une gestion intégrée des bassins versants en Haïti

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 77


ANNEXE 4 : valeurs de pluviométrie relevées pour les villes de Gonaïve et d’Ennery

Le tableau suivant donne les valeurs de pluviométrie relevées pour la ville de Gonaïve :

Maximum
Cumul
J F M A M J J A S O N D journalier
annuel (mm)
(mm)

1 960 48,0 0,4 13,5 19,7 21,1 144,6 65,2 26,7 70,3 24,7 6,9 4,8 445,9 39,7
1 961 0,1 1,8 7,5 21,2 147,0 37,1 81,3 85,5 3,5 19,0 8,1 3,7 415,8 42,8
1 962 - 15,8 0,3 1,0 67,5 128,6 26,5 28,4 41,1 51,1 8,0 6,1 374,4 39,9
1 963 42,3 7,5 85,5 18,0 88,6 106,3 114,7 44,4 80,1 121,2 23,4 4,5 736,5 69,5
1 964 - 23,5 15,5 20,2 49,2 109,7 151,1 60,0 90,8 44,1 12,3 1,6 578,0 53,5
1 965 2,3 - 10,2 2,1 58,7 124,4 90,7 25,2 28,5 30,2 - - 372,3 44,5
1 966 - - 4,5 11,9 68,7 49,3 111,1 102,3 58,4 49,8 24,5 5,5 486,0 43,2
1 967 - - 8,5 2,7 15,0 15,7 90,6 112,1 20,5 34,2 2,3 - 301,6 26,5
1 968 19,0 7,2 6,0 - 40,4 105,3 53,0 36,8 53,0 36,5 81,7 - 438,9 60,0
1 969 1,6 - - 26,4 67,4 201,4 91,2 81,4 121,3 67,3 1,7 - 659,7 87,2
1 970 19,7 5,0 5,5 - 6,5 62,3 26,5 150,4 130,5 67,8 - - 474,2 71,0
1 971 12,4 1,6 17,5 33,2 12,3 116,7 90,6 182,5 20,2 52,8 24,6 - 564,4 56,0
1 972 12,0 11,9 - 7,1 28,6 54,3 130,4 95,7 96,2 61,5 - 25,2 522,9 50,0
1 973 0,2 18,6 3,6 - 73,5 17,3 65,2 96,0 56,2 25,5 - - 356,1 38,2
1 974 - 21,3 20,1 15,6 81,0 173,0 45,3 71,7 46,0 104,6 20,3 15,0 613,9 41,2
1 975 - 14,5 - - - 93,0 55,3 54,3 172,7 85,9 8,5 2,7 486,9 87,4
1 976 - 1,0 2,0 39,5 30,7 67,1 116,5 73,5 39,5 31,5 - 9,5 410,8 48,0
1 977 3,5 1,0 5,5 - 158,3 69,2 24,5 47,8 30,8 89,9 2,8 6,0 439,3 55,5
1 978 59,5 63,2 18,5 47,5 138,2 18,4 41,5 152,0 100,0 76,5 27,0 - 742,3 45,0
1 979 - - 18,2 41,0 94,5 75,7 63,3 50,5 199,6 103,9 28,5 - 675,2 92,2
1 980 - - 4,0 26,0 108,0 125,5 64,8 58,5 59,0 128,5 4,0 67,0 645,3 80,0
1 981 29,0 17,5 44,5 1,2 202,5 169,5 24,0 25,4 23,8 33,5 10,5 4,7 586,1 61,0
1 982 - 8,7 4,3 18,2 77,0 41,0 73,3 83,8 102,5 23,5 1,5 3,0 436,8 54,5
1 983 1,5 8,5 43,7 17,5 5,0 98,2 99,0 61,8 29,1 14,0 4,5 5,2 388,0 46,8
1 984 60,9 21,5 33,5 39,6 23,3 134,0 43,2 38,2 151,8 20,4 37,5 6,7 610,6 58,1
1 985 0,5 8,7 0,3 62,0 44,0 77,0 64,6 78,8 20,7 74,6 83,4 - 514,6 59,8
1 986 14,6 3,5 60,5 16,6 148,0 74,9 65,1 78,2 33,4 15,2 - - 510,0 53,3
1 987 19,8 52,5 65,9 45,2 11,4 149,2 43,5 55,8 171,6 53,2 2,5 36,0 706,6 59,0
1 988 10,0 1,0 1,2 0,2 91,3 - - - - - - - 38,7

Moyenne 12,3 10,9 17,3 18,4 67,5 91,0 69,4 71,0 70,7 53,1 14,6 7,1 517,6 55,3
Eccart typ 18,5 15,1 22,3 17,5 52,7 51,4 35,4 41,2 54,1 33,8 21,6 14,1 122,4 16,2

Le tableau suivant donne les données disponibles journalières pour la ville d’Ennery
Maximum
Cumul
journalier
annuel (mm)
J F M A M J J A S O N D (mm)

1 923 31,1 40,7 3,8 81,2 191,6 226,3 103,6 74,7 238,3 258,1 26,7 8,9 1 285,0 67,1
1 925 - 10,2 50,0 40,3 - - - - - - - - 100,5 25,9
1 945 - - 13,5 123,0 225,0 117,0 127,0 151,0 241,0 104,5 56,0 20,0 1 178,0 60,0
1 946 - 52,0 38,5 71,5 308,5 14,0 - - 8,5 34,0 - - 527,0 50,0
1 947 - 42,0 - 38,5 155,5 226,0 186,0 282,5 474,0 307,5 - 38,0 1 750,0 142,5
1 948 52,5 - - 17,5 239,0 132,5 28,0 125,0 95,0 103,0 116,5 - 909,0 90,5
1 949 - - 69,2 11,0 213,0 177,0 134,0 125,0 152,5 103,0 133,0 60,0 1 177,7 133,0
1 950 - - - 82,0 96,0 135,0 62,0 197,0 119,0 82,0 43,0 51,0 867,0 67,0
1 951 15,0 2,0 - 84,5 182,0 184,5 267,5 144,5 165,0 117,0 69,5 13,0 1 244,5 85,0
1 952 27,5 7,0 33,5 120,0 184,0 180,5 46,0 225,0 200,0 128,0 3,0 26,0 1 180,5 64,0
1 953 36,0 - - 49,0 176,0 168,0 69,0 35,0 119,0 220,0 52,0 64,0 988,0 56,0
1 954 12,5 42,0 27,0 50,5 326,0 89,0 115,0 178,0 184,0 288,0 40,0 33,0 1 385,0 140,0
1 955 36,0 43,0 9,0 - 48,0 129,0 - - 237,0 266,0 - - 768,0 50,0
1 956 45,0 57,0 33,0 63,0 - 48,0 26,0 129,0 174,0 174,0 83,0 6,0 838,0 51,0
1 957 11,0 18,0 39,0 35,0 164,0 215,0 142,0 65,0 114,0 - - - 803,0 53,0
1 958 - 10,0 98,0 - - 786,0 16,5 189,0 99,0 96,0 30,0 - 1 324,5 190,0
1 959 - - 38,0 166,0 298,0 213,0 235,0 241,0 449,0 264,0 468,0 152,0 2 524,0 68,0
1 960 95,0 68,0 168,0 499,0 328,0 338,0 175,0 157,0 200,0 312,0 104,0 104,0 2 548,0 52,0
1 961 - 73,0 104,0 59,0 240,0 110,0 344,0 212,0 210,0 303,0 225,0 - 1 880,0 57,0
1 962 - 45,0 38,0 35,0 151,0 432,0 112,0 75,0 125,0 95,0 62,0 50,0 1 220,0 54,0
1 963 108,0 - - - - 283,0 108,0 - - - - - 499,0 42,0
1 964 - - - - - - 50,8 124,8 303,6 119,5 16,4 15,4 630,5 60,7
1 965 38,8 15,1 9,8 7,4 211,6 118,2 124,7 132,5 153,0 56,0 33,9 34,3 935,3 56,5
1 966 5,6 - 17,4 39,8 225,4 153,7 156,0 184,0 153,0 181,9 103,4 52,7 1 272,9 80,6
1 967 25,4 47,7 17,9 - 214,6 28,9 68,1 89,2 - 64,5 - - 556,3 90,6
1 977 - - - - - - - - 120,0 210,2 12,0 15,6 357,8 70,0
1 978 35,0 52,0 115,0 199,6 209,4 311,4 67,2 96,4 314,8 105,1 24,0 7,4 1 537,3 70,2
1 979 6,2 20,3 71,6 67,0 200,2 108,8 106,6 219,0 172,1 134,8 39,4 17,3 1 163,3 53,0
1 980 19,6 7,1 11,8 200,3 129,4 192,2 115,0 173,2 130,2 115,8 26,0 63,8 1 184,4 45,4
1 981 59,4 41,7 32,7 52,8 169,6 136,5 129,2 122,3 119,4 169,6 53,6 14,2 1 101,0 78,0
1 982 23,8 21,2 3,2 49,1 212,2 112,0 60,6 45,8 122,0 56,8 3,5 13,0 723,2 44,0
1 983 11,6 - 12,6 41,0 110,7 151,5 108,9 307,5 72,1 63,8 52,8 2,0 934,5 76,4
1 984 48,0 12,4 76,0 117,6 118,2 132,0 77,2 175,4 177,2 31,0 0,7 2,4 968,1 74,3
1 985 - - - 80,4 - - - 90,6 230,6 179,0 - - 580,6 75,0
1 986 - - - - 44,6 54,4 72,2 196,8 79,1 106,1 - - 553,2 66,0
1 987 83,2 - 14,9 42,2 80,6 165,0 74,0 74,9 179,4 183,2 25,6 19,6 942,6 77,4
1 988 46,5 3,2 - - 22,1 54,4 72,2 196,4 79,1 106,1 - - 580,0 66,0
1 989 - 91,1 18,8 39,7 29,1 76,9 63,0 - 66,1 33,1 46,0 - 463,8 55,0
2 002 - - - - - - - 210,0 104,0 133,0 33,0 13,0 493,0 65,0
2 003 - - 58,0 147,0 169,0 163,0 16,0 126,0 84,0 157,0 147,0 57,0 1 124,0 57,0
2 004 - - - - 152,0 87,2 108,3 69,0 435,0 40,0 - - 891,5 261,0

Moyenne 21,3 20,0 29,8 66,1 142,1 152,4 91,9 127,8 163,4 134,2 51,9 23,3 1 024,1 76,1
Eccart type 27,9 25,2 38,3 87,9 100,6 140,0 75,1 81,1 110,8 88,6 82,7 32,2 509,7 42,6

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 78


ANNEXE 5 : débits moyens mensuels et maximum journaliers, à la station Corbay (saint-
Marc)

Des mesures ont été réalisées entre 1925 et 1929. Les tableaux présents en annexe 4 donnent les
débits moyens mensuels et maximum journaliers, à la station Corbay (72m d’altitude) :
Débits moyens mensuels :
Jan Fev Mar Avr Mai Jui Juil Aout Sept Oct Nov Dec

1925 0,72 0,67


1926 0,47 0,39 0,42 0,42 0,30 0,49 0,56 0,58 0,49 0,43 0,49 0,48
1927 0,37 0,35 0,33 0,49 0,51 0,37 0,38 0,38 0,40 0,43 0,32 0,31
1928 0,27 0,24 0,21 0,29 0,28 0,23 0,33 0,38 0,38 0,35 0,40 0,42
1929 0,34 0,28 0,24 0,29 0,30 0,50 0,51 0,43 0,44 0,39 0,35 0,34
Moyenne 0,36 0,32 0,30 0,37 0,35 0,40 0,45 0,44 0,43 0,40 0,46 0,45

Débits maximum journaliers


Jan Fev Mar Avr Mai Jui Juil Aout Sept Oct Nov Dec

1925 0,73 0,73


1926 0,53 0,43 0,49 0,47 0,41 1,80 0,78 1,50 0,55 0,51 0,55 0,55
1927 0,47 0,38 0,42 0,55 0,60 0,42 0,64 0,45 0,49 0,47 0,38 0,41
1928 0,30 0,25 0,23 0,41 0,38 0,23 0,44 0,44 0,44 0,38 0,44 0,44
1929 0,38 0,38 0,30 0,38 0,44 0,56 0,63 0,44 0,89 0,41 0,38 0,38
Maximum 0,53 0,43 0,49 0,55 0,60 1,80 0,78 1,50 0,89 0,51 0,73 0,73

Débits de la rivière Saint-Marc (Station Corbay)


Relevés entre 1925 et 1929

2,00
1,80
1,60
1,40
Débits (m3/s)

1,20 Moyenne mensuelle


(m3/s)
1,00
Max journalier (m3/s)
0,80
0,60
0,40
0,20
-
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mois

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 79


ANNEXE 6 : Méthodologie utilisée pour calculer la vulnérabilité à l’érosion des sols sur le
bassin de saint-marc

Classiquement, la vulnérabilité à l’érosion des sols peut se calculer de façon empirique par le mo-
dèle de perte en terre de Wischmeier et Smith (RUSLE-).

L’équation s’exprime par la relation A = R. K. LS. C. P


Avec :
A = Perte annuelle moyenne en sol
R = Facteur de pluviosité
K = l’érodabilité du sol
SL = la topographie (pente)
P = pratiques antiérosives
C = couvert végétal

Cette équation calcule l’érosion en nappe qui constitue la part la plus importante de la perte en terre
dans le contexte du bassin versant de Saint-Marc.

Compte tenu de la disponibilité insuffisante des données pour appliquer l’équation ci-dessus dans
son intégralité, et permettre une quantification des volumes de sédiments érodés, une carte simpli-
fiée a été élaborée pour localiser, de façon qualitative, les zones les plus vulnérables du bassin ver-
sant, sur lesquelles une intervention prioritaire est à réaliser.

Les paramètres suivants ont été pris en compte :

La carte des pentes


La carte d’occupation du sol
L’érodabilité du sol, basée sur la carte géologique au 1/250000

Il n’a pas été tenu compte de la pluviosité, dans la mesure où les données ne sont pas disponibles,
et que l’on peut considérer, que compte tenu de la petite taille du bassin versant, la pluviométrie est
homogène sur l’ensemble du bassin, ce qui resterait à vérifier compte tenu de la dénivelée impor-
tante qui existe entre le point haut (de l’ordre de 1150m et la mer). A noter que l’analyse des don-
nées pluviométriques anciennes, au niveau national, n’a pas permis de mettre en évidence une cor-
rélation avec l’altitude, dans la mesure où la très grande majorité des stations sont situées à basse
altitude.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 80


ANNEXE 7 : Méthodologie utilisée pour calculer la vulnérabilité à l’érosion des sols sur le
bassin de saint-marc

Diagnostic du risque d’inondation

Caractérisation de l’aléa inondation


Pour répondre à la problématique de l’étude, il est nécessaire de mettre en œuvre deux types de
modèles :

Un modèle hydrologique de transformation pluie-débit, afin d’estimer les apports hydrologiques


sur la zone d’étude, et de palier partiellement l’insuffisance de données;
Un modèle hydraulique bidimensionnel de la plaine littorale de Saint-Marc, zone d’intérêt princi-
pal de l’étude du fait de la présence des enjeux, humains essentiellement.

Ces deux types de modèles seront utilisés successivement et de manière complémentaire.

Modélisation pluie-débit
Tout d’abord, les caractéristiques des bassins versants de la rivière de Saint-Marc et des cours
d'eau côtiers alimentant la plaine littorale de Saint-Marc devront être déterminées à partir des don-
nées recueillies sur le terrain, des éléments issus des cartes, des MNT, des photographies aérien-
nes et images satellitaires disponibles. La pente des cours d’eau, l’occupation du sol, la forme des
bassins versants sont autant de caractéristiques importantes pour la construction d’un modèle pluie-
débit.

A partir de ces caractéristiques, un coefficient de ruissellement moyen devra ensuite être déduit,
ainsi que le temps de concentration du bassin, par comparaison de l’application des différentes for-
mules utilisées usuellement.

Les pluies statistiques de projet de temps de retour 10 ans, 50 ans, 100 ans seront ensuite détermi-
nées : il faudra être attentif à reconstituer une forme des pluies cohérente avec les pluies à l’origine
des événements majeurs observés, en tenant compte par exemple de l’éventuelle succession des
averses à l’origine des crues. Il faudra aussi s’assurer du respect de la physique des processus hy-
drologiques en termes d’association des cumuls et des intensités pluviométriques sur la zone d’é-
tude. L’absence ou l’insuffisance de relevés hydrologiques compliquera cette phase de l’étude et
risque d’amener à majorer les hydrogrammes.

La contribution de chaque bassin versant en amont de la plaine littorale de Saint-Marc sera détermi-
née à l’aide du modèle de transformation pluie-débit. Celui-ci devra permettre, à partir d’une pluie de
projet et des caractéristiques de chaque bassin versant, de déterminer les débits de pointe et les
hydrogrammes de crue à l’exutoire des différents sous-bassins versants élémentaires de la zone
d’étude.

Modélisation hydraulique détaillée


Pour la modélisation hydraulique dans la plaine littorale de Saint-Marc, l’utilisation d’un modèle de
simulation hydraulique bi-dimensionnel sera nécessaire. Le modèle s’appuiera sur un système du
type TELEMAC (propriété d’EDF - France). TELEMAC est à présent mis à disposition gratuitement
par EDF en open source, il peut être téléchargé sans aucun coût d’acquisition de licence.

L’emprise du modèle devra couvrir l’intégralité de la plaine littorale de Saint-Marc, soit une superficie
d’environ 5 km2. A titre indicatif, la figure ci-après montre l’emprise envisagée pour ce type de mo-
dèle.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 81


Emprise envisagée pour le modèle bidimensionnel (contour rouge)

Les différents lits des cours d’eau drainant la plaine seront représentés, ainsi qu’une portion du do-
maine maritime, pour tenir compte des effets conjugués possibles d’une surcote marine qui limiterait
l’évacuation de l’inondation.
Les zones habitées seront également prises en compte dans la modélisation, pour tenir compte de
leur effet d’obstruction du lit majeur vis-à-vis de l’inondation d’une part et pour pouvoir estimer fine-
ment l’aléa hydraulique dans ces zones à enjeux forts d’autre part.

Exemple du modèle bidimensionnel


d’une ville construite en zone inonda-
ble d’une rivière

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 82


Plusieurs simulations hydrauliques devront être menées avec le modèle bidimensionnel, chacune
étant définie par un jeu d’hypothèses concernant d’une part les apports hydrologiques des différents
bassins versants alimentant la plaine littorale (hydrogrammes des crues statistiques de projet issus
de la modélisation pluie-débit ci-avant) et d’autre part la cote maritime (niveau normal ou surcote
cyclonique).
Les résultats des simulations devront être analysés afin de comprendre et d’expliciter le fonctionne-
ment hydraulique du secteur et permettre d’établir, pour chaque scénario hydrométéorologique envi-
sagé, des cartes des hauteurs de submersion et des vitesses des écoulements, constituant l’aléa
inondation dans la situation actuelle.
Enfin, la modélisation hydraulique détaillée devra être complétée par une expertise approfondie de
la problématique du transport solide. En effet, les volumes de sédiments arrachés au bassin versant
sont charriés par les cours d’eau jusqu’à la plaine littorale où ils se déposent du fait d’une moindre
pente d’écoulement. Ces sédiments peuvent donc venir réduire la section d’écoulement des cours
d’eau, aggravant ainsi les phénomènes de débordement.

Données nécessaires aux modélisations


La qualité des résultats de modélisation dépend pour une bonne part de la qualité des données.
Pour la mise en œuvre de ces différents modèles, il faudra s’appuyer autant que possible sur les
rares données disponibles. Pour la modélisation bidimensionnelle, il sera nécessaire de compléter
les données existantes par les données suivantes:

- Bathymétrie des cours d’eau : profils en travers de manière régulière et si possible assez
dense (en moyenne 200 m d’espacement entre profils). La localisation des profils par un
hydraulicien est essentielle.
- Bathymétrie de la zone maritime littorale (risque tsunami, et inondations liées a la conjonc-
tion pluie+marée)
- Topographie du lit majeur : semis de points usuellement obtenus à partir de levés photo-
grammétriques ou par levés terrestres, avec un espacement maximum de 1 point tout les
50 m, une densité de points supérieure étant nécessaire dans les zones habitées.
- Ouvrages : levés terrestres des ouvrages structurant le lit mineur et la plaine inondable
(digues, seuils, remblais, ouvrages, ponts, orifices).
- Autres types de données : photos aériennes, images satellitaires, cadastre, etc.

Recensement des enjeux et évaluation de leur vulnérabilité


Pour compléter le diagnostic, il convient de qualifier le risque inondation pour les biens et les per-
sonnes afin de différencier les types de mesures à mettre en œuvre. Un recensement des enjeux
présents sur les secteurs soumis à l’aléa inondation précédemment défini est donc nécessaire.
La méthodologie envisagée repose sur l’analyse des éléments concernant les enjeux recueillis au-
près des services communaux, des éléments collectés lors des visites de terrain et des consulta-
tions des documents d’urbanisme.
Une cartographie des enjeux sera réalisée qui fera apparaître les différentes zones d’habitats den-
ses et clairsemés ainsi que les zones d’urbanisation futures, les projets communaux, etc. Elle indi-
quera également tous les enjeux tels que les établissements sensibles (écoles, mairie, gendarmerie,
centre de secours, établissements accueillant du public, etc.), les équipements vitaux (station de
pompage, station d’épuration, etc.), les voies de communication (voies d’évacuation de certains bâti-
ments, route principale, etc.).

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti – 83


Les enjeux recensés seront qualifiés précisément et leur degré de vulnérabilité explicité.
Etude des solutions envisageables
Une fois le diagnostic du risque d’inondation établi, présentant clairement l’aléa hydraulique du sec-
teur et les enjeux en présence, il faudra rechercher à définir un ensemble de mesures à mettre en
œuvre afin d’atténuer les effets des crues dans la plaine de Saint-Marc. L’objectif principal qui pré-
vaudra dans cette étape est bien entendu de minimiser l’exposition des personnes et des biens au
risque d’inondation.

Deux types de mesures sont envisageables :

- Des mesures non structurelles, correspondant à des actions d’information, d’anticipation, de


prévention, etc. visant à réduire les zones de vulnérabilité identifiées.
- Des mesures structurelles, correspondant à des aménagements hydrauliques visant à ré-
duire l’aléa inondation :
- Aménagement du lit (recalibrage, canalisation) et agrandissement des ouvrages
de franchissement,
-Création d’ouvrages de protection rapprochée (endiguement du cours d’eau),
-Création de bassins de rétention sur la rivière Saint-Marc ou sur les autres cours
d’eau alimentant la plaine littorale, en amont de cette plaine et/ou sur les ver-
sants.
Pour chaque bassin versant, des propositions d’aménagements seront formulées suivant la topogra-
phie du terrain et l’espace disponible. L’efficacité des aménagements proposés sera testée sur le
modèle pluie-débit en terme hydrologique (diminution des débits de pointe et des volumes) et sur le
modèle hydraulique en termes de gain sur les hauteurs d’eau et les vitesses d’écoulement des dé-
bordements.
Chaque aménagement sera décrit sommairement sous forme de fiche précisant les informations
suivantes : localisation, hypothèses et note de calculs, description sommaire accompagnée de cro-
quis, détail estimatif sommaire, impact de l’aménagement sur les conditions actuelles d’inondation,
etc.
Il faudra s’attacher également à ce que la définition de ces aménagements soit réalisée en cohé-
rence avec les autres actions définies sur les bassins versants : maîtrise du ruissellement, ouvrages
de protection contre l’érosion des sols, etc.

Vers une Gestion Intégrée des Bassins Versants en Haïti - 84

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