Cours 4

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U.P.S. I.U.T.

A, Département d’Informatique Année 2009-2010

Mathématiques discrètes
Chapitre 4 : relations binaires

1. Généralités
Définition Soient E1 , E2 , . . . En des ensembles. Une relation n-aire est la donnée d’un sous-ensemble de
E1 × E2 × . . . × En . Autrement dit, c’est la donnée d’un ensemble de n-uplets (a1 , a2 , . . . , an ).
Une manière de représenter une relation n-aire est de donner la liste des n-uplets dans un tableau ayant
n colonnes. Cette notion est utilisée en informatique pour les bases de données relationnelles.
Exemple 1

Spectacle Genre Lieu

West Side Story Musique Zénith


Carmen Musique Capitole
Don Juan Théâtre Capitole
Julio Iglesias Musique Zénith
Ici n = . . ..
Les ensembles considérés sont

Dans ce cours, nous allons nous intéresser au cas n = 2, et lorsque les deux ensembles sont identiques.
Définition Soit E un ensemble. On appelle relation binaire sur l’ensemble E une proposition qui est
vraie pour certains couples (x, y) ∈ E × E et fausse pour les autres. Le graphe de la relation binaire R
est l’ensemble GR des couples (x, y) ∈ E × E tels que xRy :

GR = {(x, y) ∈ E × E | xRy}.

La donnée du graphe d’une relation binaire est équivalente à la donnée de la relation binaire.
Notation : Si R est la relation, x ∈ E et y ∈ E, on écrit xRy si x est en relation avec y.
Exemples 2
• E = R, et xRy ssi x ≤ y.
• E = N, et xRy ssi y = 2x.
• E = N, et nRm ssi n divise m.
• E = Z, et a ≡ b [5] ssi b − a est un multiple de 5.

1
Représentations (lorsque l’ensemble E est fini)
Illustrons par l’exemple simple suivant, avec E = {a, b, c} et GR = {(a, a), (a, c), (c, b)}.
• liste dans un tableau (comme ci-dessus dans l’exemple 1, utilisé en informatique mais rarement en
mathématiques)
E E

a a
a c
c b
• diagramme cartésien :
c

a b c
• diagramme sagittal :

a a

b b

c c

• matrice d’incidence :

 a b c 
a 1 0 1
 
b  0 0 0 
 
 
c 0 1 0

Exercice de cours 1.
On considère l’ensemble E = {0, 1, 2, 3} et la relation binaire R donnée par son graphe

GR = {(0, 1), (1, 1), (1, 0), (2, 3), (3, 3)}.

Donner la représentation de R sous forme de liste, de diagramme sagittal et de matrice d’incidence.


Propriétés des relations binaires
Définition Soit R une relation binaire sur l’ensemble E.
• R est réflexive si ∀x ∈ E, xRx.
• R est symétrique si ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, (xRy → yRx).
• R est antisymétrique si ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, (xRy et yRx) → x = y.
• R est transitive si ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, ∀z ∈ E, (xRy et yRz) → xRz.
2
Exemples 3
E = {a, b, c, d}.
Convention : pour simplifier on ne représente qu’une fois E sur le diagramme sagittal.

a a
a
b b
b
c simplifié en c - réflexive.
c

d d d

a a

b b

d c d c

symétrique. non antisymétrique car aRd et dRa et a 6= d.

a
a

b
b
d c
d c

non symétrique car cRd mais d R


6 c.
transitive.

a
a
b
b
d c
d c

antisymétrique : si x 6= y alors on n’a pas simul-


tanément xRy et yRx. non transitive car aRb, bRc mais a 6 Rc.

3
Exercice de cours 2.
On considère la relation binaire donnée par le diagramme sagittal suivant. Déterminer sa matrice d’in-
cidence et ses propriétés.

d c

a b

Exercice de cours 3.
Soit E = {0, 1, 4, 7, 8, 11}.
a) Représenter le diagramme sagittal de la relation binaire définie sur E par :

xRy ⇐⇒ x + y est pair.

b) Etudier les propriétés de R.

2. Relation d’équivalence
Définition Soit E un ensemble et R une relation binaire sur E. On dit que R est une relation
d’équivalence si R est réflexive, symétrique et transitive.
Exemples 4
• E = l’ensemble des étudiants de première année.
x ∼ y ssi x et y sont nés la même année. C’est une relation d’équivalence.
• E = Z, soit m un entier positif non nul. La congruence modulo m est définie par :
x ≡ y [m] ssi y − x est un multiple de m. C’est une relation d’équivalence.
Définition Soit R une relation d’équivalence sur E.
Si a ∈ E, on appelle classe d’équivalence de a l’ensemble de tous les éléments de E qui sont équivalents
(par R) à a. On la note a ou ȧ :
a = {x ∈ E | xRa}.

Remarque : si aRb alors a = b.


Définition L’ensemble des classes d’équivalence est appelé ensemble quotient, noté parfois E/R.
Ces notions sont utiles en arithmétique et en cryptographie.

4
Exemples 5
• dans Z, pour la congruence modulo 3 :
0 = {· · · , −6, −3, 0, 3, 6 · · · } 0 = 3 = 6...
1 = {· · · , −5, −2, 1, 4, 7 · · · } 1 = 4 = 7...
2 = {· · · , −4, −1, 2, 5, 8 · · · } 2 = 5 = 8...
l’ensemble quotient est noté Z/3Z = {0, 1, 2}.
• modulo 2 :
Z/2Z = {0, 1}.
0=ensemble des entiers pairs,
1=ensemble des entiers impairs.

Exercice de cours 4.
Soit E = {3, 4, 9, 10} et R la relation binaire définie sur E par :

xRy ⇐⇒ x − y est pair.

a) Montrer que R est une relation d’équivalence.


b) Déterminer les classes d’équivalence de R.

3. Relations d’ordre
Définition Soit E un ensemble et R une relation binaire sur E.
On dit que R est une relation d’ordre si R est réflexive, antisymétrique et transitive.
Exemples 6
• E = l’ensemble des capitales européennes.
xRy ssi x est avant y dans l’ordre alphabétique.
• E = R, x ≤ y la relation d’ordre usuel.

Exercice de cours 5. On considère l’ensemble E = N des entiers naturels, et on le munit de la relation


binaire n|m : “n divise m” ssi m est un multiple de n.
Vérifier que c’est une relation d’ordre sur E.

Exercice de cours 6. On considère un ensemble E, on munit P(E) de la relation binaire ⊂.


Vérifier que c’est une relation d’ordre sur P(E).
Définition Soit E un ensemble et 4 une relation d’ordre sur E.
Deux éléments x et y de E sont comparables si x 4 y ou y 4 x.
On dit que la relation d’ordre 4 est un ordre total si deux éléments quelconques sont comparables. Dans
le cas contraire on dit que 4 est un ordre partiel.
Exemples 7
• E = R, ≤ ordre usuel. Deux réels sont toujours comparables. C’est donc un ordre total.
• E = N∗ , ordre de la divisibilité. 2 ∤ 5 et 5 ∤ 2 : 2 et 5 ne sont pas comparables. C’est un ordre
partiel.

5
Définitions Soit E un ensemble, 4 une relation d’ordre sur E et A une partie de E.
- on dit que x ∈ E majore A, ou que x est un majorant de A si ∀y ∈ A, y 4 x.
- on dit que x ∈ E minore A, ou que x est un minorant de A si ∀y ∈ A, x 4 y.
- le plus petit élément de A est (s’il existe) un x ∈ A tel que ∀y ∈ A, x 4 y. C’est un minorant de
A qui appartient à A. On le note p.p.e ou min A.
- le plus grand élément de A est (s’il existe) un x ∈ A tel que ∀y ∈ A, y 4 x. C’est un majorant de
A qui appartient à A. On le note p.g.e ou max A.
- la borne inférieure de A est (s’il existe) le plus grand élément de l’ensemble des minorants de A.
On le note inf A.
- la borne supérieure de A est (s’il existe) le plus petit élément de l’ensemble des majorants de A.
On le note sup A.
Exemple 8
E = R, ≤ ordre usuel. A = [1, 2[.
L’ensemble des majorants de A est :
L’ensemble des minorants de A est :
inf A ..., min A ....
sup A ... , et max A ...
NB : sup A et inf A ne sont pas nécessairement des élements de A.

Exercice de cours 7. On considère l’ensemble E = {1, 2, 3, 4, 6, 9, 12, 18, 36} des diviseurs de 36 muni
de la relation |.
Prenons A = {4, 6}.
Déterminer si la partie A admet un max, un min. Quels sont les majorants de A ? En déduire sup A.
Quels sont les minorants de A ? En déduire inf A.
Proposition :
Soit E un ensemble, ≤ une relation d’ordre sur E et x, y deux éléments de E. Les propriétés suivantes
sont équivalentes :
i) x ≤ y,
ii) inf(x, y) = x,
iii) sup(x, y) = y.

Diagramme de Hasse
Afin de mettre en évidence la hiérarchie, on peut représenter une relation d’ordre sur un ensemble fini
par une version simplifiée de son diagramme sagittal que l’on appelle diagramme de Hasse : on ôte du
diagramme sagittal les boucles (réflexivité) et toutes les flèches qui peuvent se retrouver par transitivité.
Exemples 9

b
b

est remplacé par


a c
a c

“on va du plus petit au plus grand, et on met une flèche entre deux élements s’il n’y a pas d’élément
intercalé entre les deux.”
6
• E = {1, 2, 3, 4, 6, 9, 12, 18, 36} muni de la relation |.
36

12
18

4 6 9

2 3

Exercice de cours 8. On considère E = {1, 2, 3, 5, 6, 10, 15, 30} l’ensemble des diviseurs de 30, muni
de la relation |.
Vérifier que son diagramme de Hasse est
10 30

2
6

15
5

1 3
Définition Un ensemble E muni d’une relation d’ordre est un treillis si :
∀(x, y) ∈ E 2 , sup(x, y) et inf(x, y) existent et sont dans E,
où sup(x, y) et inf(x, y) représentent respectivement les bornes supérieure et inférieure de {x, y}.
On note aussi :
inf(x, y) = x ∧ y et sup(x, y) = x ∨ y.

Exemples 10
• (P(E), ⊂) est un treillis,
car si A, B ∈ P(E), alors A ∧ B = A ∩ B ∈ P(E) et A ∨ B = A ∪ B ∈ P(E)
• On prend E = N∗ et xRy si et seulement si x | y (x divise y). (N∗ , |) est un treillis.
x ∧ y = P GCD(x, y) ”le plus grand commun diviseur”.
x ∨ y = P P CM(x, y) ”le plus petit commun multiple”.
• E = {a, b, c, d, e, f }
On définit la relation d’ordre R sur E par le diagramme de Hasse suivant :
f

d e

b c

a
E n’est pas un treillis car b ∨ c n’existe pas. En effet d et e sont des majorants de {b, c} mais ne sont pas
comparables.

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