Techniques D'analyse
Techniques D'analyse
Techniques D'analyse
Techniques
instrumentales
d’analyse
chimique
L’ESSENTIEL DE
Techniques
instrumentales
d’analyse
chimique
BTS, Licence, BUT
Annick Rouessac
Francis Rouessac
VI
1. Principe de la séparation
Le principe de la chromatographie consiste à entraîner l’échantillon à l’aide
d’un éluant (gazeux ou liquide) appelé ici phase mobile (PM), qui se déplace
au contact d’une seconde phase fixée sur un support (colonne ou surface plane).
Celle-ci, dite stationnaire (PS), est insoluble dans la première. Si les différents
composés de l’échantillon (les solutés) présentent des affinités différentes pour
le couple PM/PS, ils vont être plus ou moins ralentis dans leur progression par
la phase stationnaire. Sous l’effet antagoniste des forces de rétention soluté/
PS et des forces d’entraînement soluté/PM, ces composés vont pouvoir être
recueillis séparément à l’issue de cette migration (chacun en solution dans la
PM utilisée).
Chaque composé est caractérisé par son coefficient de distribution de Nernst
K (appelé également coefficient de partition) défini comme suit :
2. Le chromatogramme
Tous les instruments, appelés chromatographes, comportent une colonne
renfermant la phase stationnaire ainsi qu’un détecteur situé en aval pour repérer
les changements de composition de la phase mobile au cours de son élution.
À chaque séparation correspond un enregistrement appelé chromatogramme.
Le passage de chaque composé au niveau du détecteur se traduit par un pic
sur cet enregistrement. Sur la figure 1.1, la courbe de gauche correspond à une
image isochrone de la concentration d’un composé en cours de migration sur
la colonne et la courbe de droite au chromatogramme correspondant, lorsque
le composé a traversé la colonne puis le détecteur. Cette courbe est tracée en
fonction du temps (tR représente le temps de rétention du composé).
L l
0 tR temps t
détecteur
Figure 1.1
Méthode
L’identification d’un composé se fait par comparaison de son temps de rétention avec
celui d’un composé authentique étudié dans les mêmes conditions.
sur le composé élué. On regagne ainsi, outre le temps de rétention, des infor-
mations indépendantes (données spectrales caractéristiques par exemple)
qui vont permettre de déterminer avec certitude la nature et la composition
de mélanges complexes, à partir de quantités qui, souvent, ne dépassent pas
quelques nanogrammes (analyses de confirmation).
0,399
I σ I δ = 2,35 σ
0,242
δ
100%
ω=4σ
0,199
60,6%
ω = 1,7 δ
50%
ω 13,5%
0,054
-2 O 1 +2 x
Figure 1.2
Solution
Si x = 0, on trouve y = 0,399. σ est calculé à l’ordonnée du point d’inflexion.
1 1
Pour x = + ou – 1, y = ⋅ exp − = 0,242. Pour x = 2, on trouvera y = 0,054.
2π 2
t R2 t R2
N = 16 = 5, 54 ;
ω2 δ2
– la hauteur équivalente à un plateau théorique H (ou HEPT) : pour une
colonne de longueur L, elle vaut H = L / N ;
– volume d’élution (ou de rétention) VR : désigne le volume de phase mobile
nécessaire pour faire migrer le soluté choisi d’une extrémité à l’autre de la
colonne ;
– volume mort VM : correspond au volume de phase mobile dans la colonne
(volume interstitiel accessible aux composés chromatographiés) ;
– volume de phase stationnaire VS : volume occupé, dans la colonne, par la
phase stationnaire ;
– rapport de phase β : rapport entre le volume mort de la colonne et le volume
de phase stationnaire. Caractéristique essentielle de toute colonne
VM
β= ;
VS
– facteur de rétention (ou de capacité) k : correspond au rapport de la quantité
fixée (mS) sur la phase stationnaire et de celle restée dans la phase mobile
(mM). Ce paramètre rend compte de la capacité plus ou moins grande de la
colonne à retenir un soluté. Il correspond également au rapport des temps
passés dans ces deux phases, tS (pour PS) et tM (pour PM) :
mS t
k= = S
mM t M
4
tR − tM
k= ou encore t R = t M (1 + k ) ;
tM
– sélectivité α : correspond au rapport des facteurs de rétention k. Précise
l’aptitude de la colonne à séparer deux composés. α est toujours > 1
k( 2) t R( 2) − t M
α= = ;
k(1) t R(1) − t M
Exercice 2 Application
À partir du chromatogramme de la figure 1.3, calculer pour les composés 1 et
2 à l’origine des pics correspondants :
1. Le volume mort de la colonne et les volumes de rétention.
1 cm
0 5 10 min 15 20 25
Figure 1.3
Solution
1. Pour déterminer le volume mort, on considérera que le premier pic, à 4 minutes,
correspond à un composé non retenu. VM = t M ⋅ D . Connaissant le débit de phase
mobile D délivré par l’appareil (1 mL ⋅ min-1), le volume mort est donc de 4 mL.
Les temps de rétention des composés 1 (16,3 min) et 2, (20 min) conduisent par
application de VR = t R ⋅ D , à 16,3 mL et 20 mL.
2. Par application de la relation conduisant au facteur de capacité, la lecture du
16, 3 − 4 20 − 4
chromatogramme conduit à : k(1) = = 3,1 et k( 2) = = 4, 0
4 4
Le facteur de sélectivité entre les deux composés est de
k ( 2) 4
α= = = 1, 3
k(1) 3,1
3. Le calcul de l’HEPT (H), impose de connaître l’efficacité N(2) de la colonne pour
le composé 2. Pour ce calcul, la largeur à mi-hauteur δ et le temps de rétention tR (2)
doivent être exprimés dans la même unité. En s’aidant, ici, d’un double-décimètre,
on trouve δ 2 = 5 mm. Avec cette même unité t R ( 2) = 70 mm. On a donc :
t R2 ( 2) 702
N( 2) = 5, 54 = 5, 54 = 1 086 plateaux théoriques. Par suite,
δ 22 52
H 2 = 50/1 086 = 46 × 10−3 mm, soit 46 µm.
Pour le calcul de la résolution R, il faut pouvoir évaluer les largeurs « à la base »
des pics (soit ω1 et ω2). La mesure n’étant pas toujours précise, on transformera
la formule classique afin de faire apparaître la largeur à mi-hauteur δ.
Sachant que ω = 1, 7δ, on peut écrire :
t R ( 2) − t R (1) t R ( 2) − t R (1)
R =2 = 1117
,
1, 7δ1 + 1, 7δ 2 δ1 + δ 2
En prenant 5 mm comme valeur commune pour les largeurs à mi-hauteur des pics
70 − 86
1 et 2, on a : R = 1117
, = 1, 65
5+5
Lorsque R > 1,5, on considère que la séparation est totale.
4. En faisant apparaître masses et volumes dans l’écriture de K, on a :
mS VM m V
K= ⋅ = S ⋅ M = k ⋅β
VS mM mM VS
par suite pour les deux composés, le rapport VM/VS étant le même,
k ( 2) K 2
α= =
k(1) K 1
Solution
Rappel de trois formules de base :
t R2 t R ( 2) − t R (1)
N = 16 (1) R = 2 (2) t R = t M ⋅ (1+ k ) (3)
ω2 ω1 + ω 2
– Formule de Purnell. B
Si ω1 = ω 2 = ω , la relation (2) devient :
t R ( 2) − t R (1)
R =2
2 ⋅ω
Compte tenu de (3) le numérateur devient égal à t M (k 2 − k1)
D’autre part, l’expression de l’efficacité (1) permet d’extraire
4 ⋅t R ( 2)
ω=
N
N t M ⋅ (k 2 − k1)
soit R = ⋅
4 t M ⋅ (1+ k 2 )
pour faire apparaître le facteur de sélectivité α = k 2 k1 on divise haut et bas par
N (k 2 − k1) / k 2 N (1− 1/ α )
k2, ce qui donne R = ⋅ soit R = ⋅
4 (1+ k 2 ) / k 2 4 (1+ k 2 ) / k 2
N k 2 α − 1
qui n’est autre que la formule (B) de l’énoncé : R = ⋅ ⋅
4 1+ k 2 α
– Formule A
4 ⋅t R ( 2) N t R ( 2) − t R (1)
(1) permet d’écrire ω = donc (2) peut s’écrire R = ⋅
N 2 (t R ( 2) + t R (1) )
N t M (1+ k 2 ) − t M (1+ k1)
puis, à partir de (3), R = ⋅
2 t M (1+ k1) + t M (1+ k 2 )
soit, en simplifiant, la formule A.
5. Thermodynamique et chromatographie
Le facteur ou coefficient de partition K, sans dimension, correspond au rapport
entre deux concentrations exprimées dans la même unité (masse par unité de
volume ou mol ⋅ L-1). K peut être proche de 0 si le soluté n’a que très peu d’affi-
nité pour la phase stationnaire. On peut appliquer à cet équilibre de distribution
quelques paramètres fondamentaux de la thermodynamique. Un composé qui
quitte la PM pour se fixer sur la PS voit son entropie diminuer. Le processus
de dissolution dans la PM est spontané. Les variations de l’enthalpie libre, de
l’enthalpie et de l’entropie sont négatives.
∆G 0 = − RT ln K
∆G 0 = ∆H 0 − T ∆S
Exercice 4 Application
1. Dans quel ordre deux composés A et B seront-ils élués à 100 °C sur une
colonne dont le couple PS/PM est tel que l’on a :
Composé A : ∆H A0 = − 40 kJ/mol ; ∆SA0 = − 60 J/°K
Composé B : ∆HB0 = − 30 kJ/mol ; ∆SB0 = − 50 J/°K
2. Relier le facteur de sélectivité entre ces deux composés aux enthalpies libres
de dissolution dans la phase stationnaire.
3. Calculer la différence d’enthalpie libre de dissolution entre deux composés
pour lesquels le facteur de sélectivité est de a = 1,2. Température colonne 37 °C
(R = 8,31 j ⋅ K-1 ⋅ mol-1).
Solution
1. Il nous faut comparer les enthalpies libres (DG) par mole de ces deux composés,
c’est-à-dire : ∆G = ∆H − T ∆S à 100 °C soit T = 273 + 100 = 373 K.
Pour A : ∆G = − 40 − 373 × ( − 60 / 1 000) = − 17, 62 kJ/mol.
Pour B : ∆G = − 30 − 373 × ( − 50 / 1 000) = − 11, 35 kJ/mol.
B sera donc élué en premier, la valeur de ∆G étant plus petite que celle de A (plus
DG est grand en valeur absolue, plus il est « dissous » dans la phase stationnaire).
A. Num.
∆G10 − ∆G20 = 8, 31× 310 × 0,182 = 469 J ⋅ mol-1.
Note : a étant pratiquement toujours proche de 1 on peut remplacer ln α par (α – 1).
ln(t R − t M ) = a / T + b
La CLHP fait partie des techniques chromatographiques qui font appel à une
phase mobile liquide. Elle recouvre un très large champ d’applications concer-
nant aussi bien les molécules thermolabiles que les biomolécules. L’amélioration
continue des performances des colonnes a entraîné une évolution de l’appareillage
pour gagner en rapidité et en coût de fonctionnement, donnant naissance à
l’ultra-CLHP (ou UPLC). Enfin, la CLHP se prête au couplage avec plusieurs
techniques spectrométriques d’identification.
1. Principes de base
La chromatographie liquide haute performance (CLHP — HPLC en anglais)
est, en analyse, l’aboutissement de la chromatographie classique sur colonne
dont les performances se sont trouvées grandement améliorées par :
– la miniaturisation, rendue possible par les progrès technologiques ;
– la mise au point de nombreuses phases stationnaires. Celles-ci permettent
de réaliser des colonnes garnies très compactes, mais imposent a contrario
l’emploi de pompes hautes pression pour assurer un débit suffisant de la
phase mobile dans la colonne ;
– l’usage de colonnes de petits diamètres internes – moins de 1 mm (nano- ou
ultra-CLHP), ce qui permet d’économiser les quantités de phase mobile
nécessaires aux séparations.
10
COLONNE
pompe(s) injecteur remplie
chromatogramme
réserve de détecteur
phase mobile
temps
Figure 2.1
Solution
1. Pour assurer la même vitesse linéaire, il faut que les débits soient dans le même
rapport que celui des sections des deux colonnes (de la forme S = π ⋅ DI 2 / 4). On a :
S A = π ⋅ DI A2 / 4 et SB = π ⋅ DIB2 / 4 soit S A / SB = DI A2 / DIB2 = ( 4, 6 / 0, 3) = 235
2
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2. Phases stationnaires
Les matériaux à usage de phases stationnaires se présentent sous forme
soit de microsphères monosphère (diamètre de 1 à 12 µm) soit de solides
poreux de type monolithe. Ils comportent des macropores (quelques µm)
permettant à la PM de circuler et des mésopores (quelques nm) qui créent
la grande surface de contact (plusieurs centaines de m2 par gramme) afin de
favoriser les mécanismes de partition avec les solutés. Les colonnes monolithes,
macroporeuses, sont plus perméables que celles obtenues par tassement des
particules sphériques.
Dans l’élaboration des phases stationnaires actuelles, le gel de silice continue
à tenir une place prépondérante en tant que matériau précurseur de beaucoup
d’entre elles.
Le gel de silice
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