Culture de La Communication Année 1 Chapitre 2
Culture de La Communication Année 1 Chapitre 2
Culture de La Communication Année 1 Chapitre 2
EN PRÉAMBULE
Pour réussir une analyse mais également une production et répondre aux demandes du client, il est
nécessaire de comprendre et de maîtriser les moyens de la communication.
Comprendre les fonctions du langage et les signes qui le composent permettra de travailler sur la
création d’un message en organisant les composantes pour en augmenter l’efficacité.
Comprendre l’importance du contexte et les différents niveaux de communication du message
permettra de le rendre plus audible à la cible.
1. La fonction du langage
1.1 Qu’est-ce que le langage ?
La linguistique est l’étude scientifique du langage humain.
La langue française dispose de deux mots distincts : langue et langage, ce qui n’est pas le cas de l’anglais par
exemple.
• La langue est un instrument de communication constitué d’un code composé d’un système de règles
communes à un même groupe.
• Le langage est l’aptitude innée à communiquer. Le bébé possède le langage, un système symbolique
qui lui permet d’interagir avec le monde, avec son entourage (cris, pleurs, gazouillis…). Il peut
potentiellement apprendre toutes les langues. Petit à petit, ce système symbolique va se manifester
dans une langue particulière. Le langage renvoie à la manière dont nous utilisons la langue pour
communiquer, nous exprimer (exprimer des affects, de l’identité…), pour raconter, décrire,
expliquer, argumenter, élaborer de la pensée, dire ses conceptions du monde… Le langage est lié
au vouloir dire de chacun. Vouloir dire qui va se clarifier et prendre forme à travers la langue dans le
choix des mots, des phrases, l’ordre des informations, les objectifs…
Association signifiant/signifié
© DR
Exemples :
Exemple [O]
© DR
Objection que l’on peut opposer à la notion d’arbitraire du signe : l’existence dans les langues
d’onomatopées.
En français, le cri du coq est représenté par l’onomatopée « cocorico » alors que c’est « cock-a-doodle-doo »
que l’on utilise en anglais. Le son des onomatopées ressemble à ce qu’il veut décrire, contrairement au
signifiant qui ne ressemble pas à ce qu’il décrit. Lorsqu’on dit « coq » une personne parlant français saura
qu’il s’agit de l’animal, mais le son « coq » ne ressemble pas à l’animal.
Sénateur : 2 morphèmes
|sénat| « assemblée législative ».
|eur| sert à former des noms masculins indiquant une fonction, (celui qui fait). « Voleur », « Docteur »,
« Précurseur »…
Le : 2 morphèmes
|l | article + défini.
|e | masculin.
Ces morphèmes sont constitués d’un signifiant (un son) ET d’un signifié (un concept, un sens).
Un morphème est un son qui contient un sens.
Les phonèmes ne doivent pas être confondus avec les lettres de l’alphabet : le français compte 6 voyelles
écrites mais 16 sons différents pour ces voyelles.
Combien de mots français d’une seule syllabe se terminant par le son « on » pouvez-vous former ?
• Bon, don, éon, ion, long, mon, non, son, thon, ton, won… Et d’autres encore.
• En formant un grand nombre de mots différents avec une seule modification (remplacer un seul
son) plutôt que de créer un nouveau mot complètement différent à chaque fois. La langue peut donc
« optimiser » son système c’est-à-dire qu’avec un nombre limité de signes, il est possible de créer un
nombre illimité de messages.
• Cette particularité de créer un système contenant deux niveaux d’organisation pour communiquer
constitue :
• Une différence majeure entre les systèmes de communication utilisés entre animaux et ceux
utilisés par les humains.
• Une des principales conditions de la créativité linguistique.
ma signification
1er ton maman
2e ton chambre
3e ton cheval
4e ton injurier
On peut également citer l’exemple de l’igbo, une langue tonale parlée par quelque 30 millions de personnes
dans le sud du Nigéria.
https://www.youtube.com/watch?v=6cwaeNl-d9E
1.3.3 La récursivité
• La récursivité est la troisième propriété qui explique la créativité des langues naturelles. Ce
mécanisme concerne l’organisation des mots dans la phrase, que les linguistes nomment la syntaxe.
C’est le linguiste américain Noam Chomsky qui a mis en évidence l’importance de ce mécanisme dans
le fonctionnement des langues humaines.
La récursivité est la possibilité de produire des énoncés comportant des enchâssements ou des
enchaînements en nombre infini.
Exemple :
« Maudit
soit le père de l’épouse du forgeron
qui forgea le fer de la cognée
avec laquelle le bûcheron abattit le chêne
dans lequel on sculpta le lit
où fut engendré l’arrière-grand-père
de l’homme qui conduisit la voiture
dans laquelle ta mère
rencontra ton père. »
(Robert Desnos)
La phrase aurait pu être infiniment rallongée…
• La subordination représente un exemple de ce mécanisme : la phrase subordonnée est incluse dans
la phrase principale
• Par exemple, la phrase « l’école était facultative » est un constituant de la phrase « Mon fils pensait
que l’école était facultative ».
• Un autre exemple est celui de l’enchâssement des groupes nominaux en français. Ainsi, le groupe
nominal « la voisine » est enchâssé dans le groupe nominal « Le chat de la voisine » dont il est un des
constituants.
• Cette propriété récursive des langues humaines permet d’expliquer pourquoi, à partir d’un nombre
limité formes (la phrase, le groupe nominal, l’adjectif et quelques autres), on peut produire des types
de structure de phrase d’une impressionnante variété.
• Pour exemple, la ressource complémentaires : Marcel Proust, le champion de la récursivité.
(Téléchargez le document 209K11TKPC0216doc1).
Bien que ce soit sous une forme très différente, la psychanalyse défend elle aussi cette idée que le
langage structure en profondeur la pensée, comme en témoigne la célèbre phrase de Jacques Lacan :
« L’inconscient est structuré comme un langage ». Pour Lacan l’inconscient est composé comme le
langage de signifiants et de signifiés : Le signifiant psychanalytique est une trace dans l’inconscient.
Cela peut être une odeur (l’odeur de la madeleine pour Proust), une image (avoir été témoin d’un acte
violent), une cicatrice (la trace d’une brûlure) qui va renvoyer à un signifié. Ce signifié est le fait décrit
dans le souvenir.
• Le diagramme reproduit les relations qui existent dans l’objet représenté (plans, cartes, circuits,
organigrammes…). Ainsi, l’organigramme met en évidence les relations hiérarchiques à l’intérieur de
l’organisation.
directeur
assistant
Organigramme
Carte de la Belgique
By Alexandre Vuillemin (reproduit par histoirepostale.net) – old maps from histoirepostale.net website,
Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3112945
© DR
Le symbole
Le symbole est utilisé volontairement par convention.
Dans la Grèce antique, le symbolon était un tesson de poterie brisé en deux morceaux ; chaque morceau
ensuite était donné aux ambassadeurs de deux pays ou ville alliés comme une preuve de cette alliance
Le symbole est un signal qui, par sa forme ou sa nature, évoque spontanément dans une culture donnée
quelque chose d’abstrait ou d’absent. C’est une représentation fondée sur une convention qu’il faut
connaître pour la comprendre.
Exemple : « Le myrte, symbole de l’amour, le laurier, symbole de la guerre, l’olivier, ce bêta, symbole de la paix. »
(Victor Hugo, Les Misérables, tome 2, 1862, p. 319).
« Il se disait qu’un fleuve était le plus exact symbole de la vie active ; on le suivait dès sa naissance, sur tout son
parcours, au travers des territoires qu’il fécondait : il remplissait une tâche assignée, avant que d’aller mourir, en
s’immergeant, dans le sépulcre béant des mers. » (Joris-Karl Huysmans, En route, Collection Folio classique
(n° 2873), Gallimard, 1996, p. 222).
Exemples :
• Le drapeau français symbolise la République française.
• Le dessin d’une balance peut être une simple représentation de l’objet. Placé sur un pare-brise, il
devient un signe, symbolise l’Ordre des avocats, mais pas pour tout le monde : il faut être au courant
de cette convention.
Cette convention peut varier, elle peut être différente :
• Selon l’époque
La main de Justice fut jusqu’en 1792 l’emblème du pouvoir judiciaire des rois de France conféré par Dieu.
Le roi est représenté par le pouce, la raison par l’index, la charité par le majeur et la foi catholique est
symbolisée par l’annulaire et l’auriculaire.
Main de justice
Par Martin-Guillaume Biennais (1764–1843) — From File:Main Justice Louvre.jpg by User:Urban (décembre 2005),
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=474423
Le caducée en France
Par Rama and Eliot Lash — Drawing by Rama. Vectorized with Inkscape by Eliot Lash.,
Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=662346
Un symbole est souvent collectif mais peut être valable pour une seule personne. Ainsi, les tatouages
peuvent faire référence à l’appartenance à une communauté, ou bien à un souvenir personnel.
Les Vory v Zakone (вор в законе)
Installée au sommet de la hiérarchie carcérale, cette mafia russe née dans les années 1920 dicte sa loi parmi
les détenus. L’organisation se veut une caste d’élite au sein du monde criminel, dont les membres obéissent
à un code très strict, la Ponyatiya (вор в законе, littéralement les notions). Un détenu sans tatouage n’avait
pas de statut social au sein de la prison. Plus qu’un rite de passage, les tatouages agissent comme une carte
de visite. Ils révèlent le parcours d’un détenu sans qu’il soit nécessaire de lui poser la moindre question.
Emprunts de symbolisme, les tatouages affichent le passif de celui qui les porte : nature du crime, durée
de l’incarcération, rang prisonnier, tout ce qui détermine son degré de « prestige » par rapport aux autres
détenus. Plus un criminel est tatoué, plus son vécu est important, plus il est respecté en prison. Les motifs
choisis par les prisonniers empruntent à la fois à l’art populaire et à la tradition russe : église, chats, images
saintes, la Madone, le Christ, architecture soviétique… Ces icônes détournées forment un langage social et
politique, un code clandestin complexe à destination du milieu.
© DR
Le nombre de coupoles – souvent, une église orthodoxe est tatouée sur le torse
ou le ventre – indique le nombre de séjours ; ici, 6 coupoles représentent 6 incarcérations.
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Pour récapituler
© DR
• Les travaux de la sémiotique (ou sémiologie), cette science des signes dont la linguistique est l’une
des branches selon Ferdinand de Saussure, ont montré comment nos postures, nos vêtements,
jusqu’à nos objets les plus quotidiens (comme la voiture) communiquent notre état d’esprit au sein
d’une situation, notre volonté de paraître, notre statut social, notre désir ou non désir, et bien d’autres
aspects, conscients ou non.
La fonction communicative n’est pas propre au langage : elle est beaucoup plus générale.
• Les théories du signe triadique sont nombreuses. La notion de signe recouvre trois éléments :
signifiant, signifié et référent. On utilise souvent un triangle pour représenter visuellement ce type de
signe. On parle alors de « triangle sémiotique ».
Dans la phrase « Petrus verbet Paulum », la terminaison nous indique quel est le sujet du verbe (-us,
nominatif) et quel est l’objet (-um, accusatif), si bien que la phrase pourrait s’écrire aussi bien « Paulum
verbet Petrus » ou « verbet Paulum Petrus », « Petrus Paulum verbet », etc., ce qui permet de mettre
l’accent sur l’un ou l’autre des éléments sans changer le sens. Pour faire cela en français, il faudrait
recourir à une circonlocution2 : « C’est Paul que Pierre frappe ».
Le français est une langue où l’ordre des mots joue un rôle très important, alors que les langues
comme le latin, véhiculent le sens par la forme des mots.
• Ces relations entre les mots permettent de créer une figure de style : l’inversion. Cela permet à
partir d’une phrase banale d’obtenir une phrase plus poétique.
• L’inversion est un procédé qui consiste à renverser l’ordre habituel des éléments d’une phrase sans
que leur fonction grammaticale soit changée.
• Le sujet reste le sujet, même si son ordre est changé dans la phrase.
• L’inversion est employée en poésie, on peut inverser différentes composantes de la phrase, par
exemple :
• Le sujet après le verbe
• Vienne la nuit, sonne l’heure (Guillaume Apollinaire, Le pont Mirabeau.)
• Le complément avant le verbe ou le nom
• En vain des mers, il a fouillé la profondeur (Alfred de Musset, La Muse.)
• L’attribut avant le verbe
• Merveilleuse était alors la forêt dans son étincellement d’argent. (Julien Gracq, Au château d’Argol.)
• L’adjectif avant le nom
• Les cormorans qui vont comme de noirs crieurs. (Victor Hugo, Les pauvres gens)
J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre. (Charles Baudelaire, chants d’automne)
Je kiffe de vos longs yeux la lumière verdâtre.
J’apprécie de vos longs yeux la lumière verdâtre.
Eh bien ! dansez maintenant ! (Jean de La Fontaine, La cigale et la fourmi).
Eh bien ! guinchez maintenant ! (Pierre Perret, La cigale et la fourmi).
2 Détours de langage.
2.3.2 Connotation
• La connotation est la signification affective personnelle ou culturelle que l’on ajoute au sens
premier. Il s’agit de ce que le mot suggère ou évoque chez une personne. C’est un sens implicite qui
dépend du contexte, de la culture, etc.
• Le sens connoté d’un mot est variable car il est subjectif. Les connotations d’un mot peuvent varier
selon la situation d’énonciation, le niveau de langue, le contexte géographique ou culturel. Un mot
peut se charger d’une connotation péjorative ou méliorative : le mot évoque une chose ou un être sous
un aspect favorable ou défavorable.
Exemple d’une connotation liée au contexte géographique : en Occident, le noir est associé au deuil, à la
tristesse ; en Asie et en Afrique c’est le blanc qui est associé au deuil.
Exemple de connotations liées au contexte historique : durant la Seconde Guerre mondiale, un collaborateur
était une personne qui trahissait son pays en travaillant avec les Allemands, Aujourd’hui, dans le vocabulaire
de management, c’est un salarié de l’entreprise.
• La valeur de connotation pèse si fort sur certains mots qu’ils deviennent tabous, par souci de
bienséance ou de politiquement correct. Ils sont alors remplacés par des tournures qui en atténuent
le pouvoir d’évocation.
• Victimes civiles/dommages collatéraux
• Chômeur/demandeur d’emploi
• À une époque où soufflait un vent de puritanisme, le mot « sein » devint tabou en raison de sa
connotation sexuelle. « Cachez ce sein que je ne saurais voir », dit le Tartuffe de Molière ; on le
remplaça alors par gorge ou poitrine (cette figure de style s’appelle une métonymie).
3 La psychologie cognitive étudie : le langage, la mémoire, la perception, la résolution des problèmes, l’apprentissage.
Le traitement de l’information
© DR
• L’efficacité des fonctions cognitives peut être entravée par l’émotion, la santé, l’étayage
environnemental4, la motivation, la compréhension de la consigne, les stéréotypes…
4 C’est-à-dire l’existence ou la non-existence de l’aide que l’on peut apporter à un sujet dans la résolution d’un problème qu’il
ne pourrait résoudre tout seul.
Pour communiquer, nous utilisons des signaux (mots, gestes, postures, etc.). Ils doivent répondre à un
« code » commun.
• L’école de Palo Alto a classé ces signaux en deux types de codes et s’est référée aux termes de
l’électronique.
• Le code « digital » est cérébral, logique, analytique. Précis, il explique et interprète. La
communication digitale ne peut passer qu’entre les personnes qui connaissent les codes.
• Le code « analogique » Le code analogique, est affectif, imagé. Il utilise les symboles, les
métaphores.
La communication analogique est comprise de tous car elle dépasse les barrières de la langue, mais elle
peut être contrainte par des barrières culturelles.
Nous utilisons tous séparément, ou en même temps les 2 procédés de communication : la communication
digitale et analogique.
Exemple de communication digitale :
Les plongeurs connaissent les signaux et peuvent agir rapidement en fonction du signal émis.
Les manifestations de l’amour passionnel sont reconnues par la culture occidentale, mais ne seront pas ou
moins reconnues par les cultures orientales.
Conclusion
• Communiquer n’est pas seulement envoyer une information d’un émetteur isolé dans l’absolu à un
destinataire, comme le suggère la théorie mathématique de Shannon.
• Communiquer, c’est composer avec les autres ; on ne communique pas qu’avec des mots, mais avec
tout son corps, son histoire personnelle, ou par des outils de communication dans un environnement
défini qui va impacter le sens du message.
• De nouveaux usages des signes ont vu le jour. Les transactions sociales s’accomplissant par la voie
des réseaux génèrent des assemblages d’images (fixes ou animées), de textes mixés parfois aux
mots-images que représentent les emojis et viennent créoliser5 les langages iconiques et scripturaux.
Snap personnel
© DR
5 La créolisation est la mise en contact de plusieurs cultures ou au moins de plusieurs éléments de cultures distinctes, dans
un endroit du monde, avec pour résultante une donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme ou à la simple
synthèse de ces éléments.