La Selection Tome 3 L Elue Kiera Cass
La Selection Tome 3 L Elue Kiera Cass
La Selection Tome 3 L Elue Kiera Cass
KIERA CASS
L’ ELUE
LIVRE III
roman
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou
diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue
une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit
de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
En Couverture : © Gustavo Marx / Mergeleft Reps, INC., 2014. Design Erin Fitzsimmons
EAN 978-2-221-14567-8
ISSN 2258-2932
(édition originale : ISBN : 978-0-06-205999-4, HarperCollins Children’s Books, a division of HarperCollins Publishers Ltd., New
York)
America,
Ma chère petite. Je ne sais même pas par quel bout commencer tellement j’ai de choses à te dire. Même si j’aime
mes enfants d’une égale manière, tu occupes une place spéciale dans mon cœur. Kenna et May s’appuient sur ta mère, Kota
est tellement indépendant qu’il attire Gerad comme un aimant, mais toi, c’est toujours vers moi que tu te tournais. Quand tu
t’écorchais le genou ou quand les gamins des castes supérieures se moquaient de toi, c’est dans mes bras que tu venais te
réfugier. Cela signifie beaucoup pour moi de savoir que j’ai été un modèle pour l’un de mes enfants.
Même si tu ne m’aimais pas comme tu m’aimes, sans retenue, je serais toujours terriblement fier de toi. Tu deviens
une musicienne accomplie, et la façon dont tu joues du violon, la façon dont tu chantes, tout en toi me ravit. Je regrette de ne
pas t’avoir donné de scène à la hauteur de ton talent, America. Tu mérites tellement plus que de rester dans l’ombre pendant
des cocktails guindés. Je continue à espérer que tu feras partie des chanceux qui arrivent à se libérer du carcan de leur caste.
Je crois que Kota peut y arriver, lui aussi. Il est très doué. Mais c’est aussi un arriviste, et tu n’as pas cet instinct en toi. Tu n’es
pas du genre à écraser les autres pour te faire une place au soleil, comme le sont souvent nos semblables. Et c’est aussi pour
ça que je t’aime.
Tu as un cœur d’or, America. Je sais que cela va te surprendre, mais c’est très rare dans notre monde. Attention, je
ne prétends pas que tu es parfaite ; je t’ai vue piquer des colères énormes, je sais que c’est loin d’être le cas ! Mais tu as bon
cœur, et tu es éprise de justice. Avec ta nature généreuse, je te soupçonne de voir des choses qui sont visibles de toi seule.
Lorsque j’ai écrit à tes sœurs et à tes frères, j’ai ressenti le besoin de leur transmettre mon savoir, mon expérience.
Je vois des failles dans leur personnalité qui pourraient leur rendre l’existence difficile s’ils ne font pas l’effort de lutter contre
les obstacles que la vie mettra sur leur chemin. Toi, tu n’as pas besoin de ça. J’ai le sentiment que tu ne te laisseras pas
entraîner dans une voie dont tu ne veux pas. Peut-être ai-je tort, alors laisse-moi te dire une bonne chose : bats-toi, America !
Pas pour l’argent ni la célébrité, mais bats-toi quoi qu’il arrive. Peu importent tes ambitions, America, rassemble toute ton
énergie pour les atteindre.
Si tu parviens à tenir la peur à distance et à ne pas te contenter des seconds rôles, alors je serai comblé. Vis ta vie.
Sois aussi heureuse que possible, tourne le dos à ce qui n’a aucune importance, et bats-toi.
Je t’aime, ma puce. Au-delà de ce que les mots peuvent exprimer. Je pourrais peut-être peindre mon amour, mais
une toile ne rentrerait pas dans cette enveloppe. De toute façon je t’aime au-delà de la peinture, au-delà de la musique, au-
delà des mots. Et j’espère que tu sentiras toujours cet amour, même quand je ne serai plus à tes côtés.
Ton papa qui t’aime.
Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à pleurer,
mais c’est difficile de rester concentrée jusqu’au bout. Si
seulement j’avais eu l’occasion de lui confier à quel point je
l’aime, moi aussi…
Je tourne la tête et je découvre que Kenna pleure elle
aussi, les yeux toujours vissés sur sa lettre. Kota a l’air
complètement perdu, il tourne et retourne les feuilles,
comme s’il les relisait en diagonale.
Je me concentre maintenant sur le petit mot, en
espérant que sa lecture sera moins éprouvante que celle de
la lettre. J’ai eu ma dose d’émotion pour aujourd’hui.
America,
Pardonne-moi. Quand nous t’avons rendu visite au palais, j’ai trouvé par hasard le journal de Gregory Illeá dans ta
chambre. Si tu as des ennuis, c’est par ma faute. Et je suis certain qu’il y aura des répercussions à cause de mes activités, et
des personnes à qui j’en ai parlé. Cela m’attriste de te trahir ainsi mais crois-moi, je l’ai fait dans l’espoir d’un avenir meilleur,
pour toi et pour les autres.
Tourne-toi vers l’étoile Polaire,
Ton guide loyal.
Que la vérité, l’honneur, la justice
Soient ta boussole.
Avec tout mon amour,
Shalom.
Le 25 décembre, 22 h 35
Chère America,
Je ne vais pas tarder à aller me coucher et j’essaie de me détendre, mais c’est peine perdue. Toutes mes pensées se
tournent vers vous. Je sais que je serais le premier informé s’il vous arrivait quelque chose et cela provoque en moi une sorte
de paranoïa. Dès qu’un messager s’approche de moi, mon cœur se fige un instant, redoutant le pire.
J’aimerais tant que vous soyez là. J’aimerais tant vous voir, ne serait-ce qu’un instant. Votre sourire me hante, tout comme
l’inquiétude de ne jamais vous revoir.
Vous ne recevrez jamais ces lettres. Ce serait une humiliation dont je ne me relèverais pas.
J’espère que vous allez me revenir, America.
Joyeux Noël,
Maxon.
Le 26 décembre, 19 h 40
Chère America,
Je repensais à notre premier baiser. Je suppose que « nos premiers baisers » serait plus conforme à la réalité, mais
celui dont je parle, c’est le deuxième, celui que vous m’avez invité à partager avec vous. Vous ai-je déjà raconté ce que j’ai
ressenti ce soir-là ? Ce n’était pas un premier baiser comme les autres. Jamais je n’ai connu quelque chose d’aussi
douloureusement beau que ce baiser. Si seulement je pouvais le saisir dans un filet, le faire sécher entre les pages d’un livre,
le conserver puis le montrer au monde, à l’Univers tout entier, et clamer haut et fort : Voyez, voilà ce que l’on ressent quand
l’amour vous saisit.
Ces lettres sont terriblement gênantes. Je vais les brûler avant votre retour.
Maxon.
Le 27 décembre, midi
America,
Autant tout vous avouer, puisque votre femme de chambre va s’empresser de vous le raconter. Parfois vous
fredonnez quand vous vous promenez dans les couloirs du palais. Parfois, quand je m’approche de votre chambre, j’entends
les mélodies gravées dans votre cœur s’envoler derrière la porte. Sans elles, le palais me semble vide.
Votre parfum me manque aussi. Celui que vous laissez dans votre sillage quand vous rejetez la tête en arrière pour partir dans
un grand éclat de rire ou quand vous flânez dans les allées du jardin. Ce parfum m’enivre. Je me suis rendu aujourd’hui dans
votre chambre pour en asperger mon mouchoir, un autre stratagème stupide pour apaiser la douleur de votre absence. Tandis
que je quittais votre chambre, Mary m’a surpris. Je ne sais pas trop ce qu’elle faisait là, puisque vous n’y êtes pas ; mais elle
m’a vu, elle a poussé un grand cri, et un garde a accouru, une matraque à la main et une lueur menaçante dans le regard. J’ai
failli prendre un coup. Tout ça parce que votre parfum me manquait.
Maxon.
Le 27 décembre, 23 h 00
Ma chère America,
Je n’ai jamais écrit de lettre d’amour, alors pardonnez-moi si j’échoue…
Le plus simple, ce serait de vous dire que je vous aime. Mais cela ne se limite pas à ces trois mots. Je me suis tenu à
distance par peur. Peur qu’en vous révélant l’étendue de mes sentiments, vous preniez peur, justement, et la fuite en même
temps. Peur que quelque part au fond de votre cœur les braises de cet amour que vous portez à un autre ne s’éteignent
jamais. Peur de commettre une erreur, une erreur monumentale qui vous poussera à vous retrancher dans ce monde
silencieux qui est le vôtre. Aucune réprimande d’un percepteur, aucun coup de fouet de mon père, aucun moment de solitude
ne me fait plus souffrir que la distance que vous avez établie entre nous.
Et vous prendre pour femme, c’est tout ce qui compte à mes yeux. Je vous aime. J’ai eu très longtemps peur de
l’avouer, mais c’est à présent une certitude.
J’ignore combien de temps encore j’aurais hésité si je n’avais pas été obligé d’imaginer une vie sans vous. Je sais
désormais que je n’en veux pas. America, mon amour, vous êtes le rayon de soleil qui transperce le feuillage. Vous êtes l’éclat
de rire qui chasse la tristesse. Une brise fraîche un jour de canicule. La clarté au milieu de la confusion. Mon monde tourne
autour de vous et vous êtes tout ce qui le rend vivable. Sans vous, je dépérirais.
Je vous aime, America.
À vous éternellement,
Maxon.
30.
Le hors-série indispensable