Additifs Et Contaminants L3 ANP
Additifs Et Contaminants L3 ANP
Additifs Et Contaminants L3 ANP
LE MILIEU DE VIE
L’organisme humain est en relation avec son milieu par un ensemble d’échanges qui
contribuent à maintenir un équilibre dynamique. Par exemple, la respiration permet
d’absorber l’oxygène de l’air et d’y rejeter du dioxyde de carbone. Quoi que nous fassions, le
milieu nous influence et nous l’influençons. Ce principe d’action-réaction signifie que toute
action a des conséquences. Le milieu ne constitue cependant pas un tout homogène, mais
plutôt un ensemble composé de nombreux éléments, comprenant les produits chimiques qui
peuvent affecter la santé des organismes vivants. Chaque année, l’industrie met des centaines
de nouveaux produits sur le marché, venant ainsi accroître le nombre de ceux qu’on peut déjà
utiliser.
Il est important de connaître l’innocuité (qualité de ce qui n’est pas nuisible) ou la nocivité
(caractère de ce qui est nuisible) des produits chimiques pour bien en saisir les effets sur notre
santé. Cela nécessite cependant une certaine connaissance des notions et principes propres à la
toxicologie, que nous présenterons dans les prochaines sections.
La toxicologie est depuis longtemps reconnue comme étant la science des poisons. Elle
étudie les effets nocifs des substances chimiques sur les organismes vivants. Elle fait appel à
une multitude de connaissances scientifiques et s’intéresse à plusieurs secteurs de l’activité
humaine : l’agriculture, l’alimentation, l’industrie pharmaceutique, l’environnement, les
milieux de travail, etc.
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Colles Acétone, dichlorométhane, heptane, hexane, méthyléthylcétone, toluène
inhalothérapie
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COMMENT EST-ON EXPOSÉ À UN TOXIQUE ?
L’organisme doit être exposé à un produit toxique pour qu’un effet nocif se manifeste.
Dans ce cas, le produit peut agir au point de contact (effet local) ou pénétrer dans l’organisme
(effet systémique). Certains produits agissent pendant leur contact avec la surface exposée,
soit la peau ou les yeux, par exemple les acides qui causent des brûlures chimiques graves.
D’autres doivent pénétrer dans l’organisme pour provoquer des effets nuisibles. Les
principales façons de les absorber sont l’inhalation (voie respiratoire), l’absorption par la peau
(voie cutanée) et l’ingestion (voie digestive) (figure 2). Un produit peut être absorbé par
plusieurs voies.
Les poumons sont les organes où se font les échanges gazeux entre l’air des alvéoles et le
sang des vaisseaux capillaires qui tapissent les alvéoles pulmonaires. Ils sont le siège de la
respiration, qui permet l’absorption et l’élimination des gaz.
Dans la majorité des milieux de travail, la voie respiratoire représente la principale voie
d’entrée des contaminants. La forte possibilité que l’air ambiant soit contaminé par des
vapeurs, des gaz, des fumées, des poussières, etc. explique cette situation. Il suffit de penser
notamment à l’inhalation de fumées de soudure. De nombreux facteurs sont à considérer dans
l’absorption d’un produit par les poumons. Pour les gaz et les vapeurs, il s’agira de la
concentration, de la durée d’exposition, de la solubilité dans l’eau et les tissus, de la réactivité
et du débit sanguin, et, pour les particules (ex. : poussières, fibres, fumées, brouillards, brume,
pollen, spores), il s’agira des caractéristiques physiques (le diamètre, la forme, etc.) et de
l’anatomie de l’arbre respiratoire.
La peau est une barrière imperméable qui recouvre toute la surface du corps et qui le
protège. Cette enveloppe protectrice fait obstacle à la pénétration de nombreux contaminants.
Toutefois, cette barrière n’offre pas une protection complète, car elle présente des failles, dont
la base des poils et les pores. C’est un passage important, puisque plusieurs toxiques peuvent
pénétrer dans l’organisme en traversant la peau à la suite d’un contact avec un liquide, un
solide ou des vapeurs (ex. : certains solvants employés pour nettoyer des pièces mécaniques
ou encore des diluants ou des décapants qui sont utilisés sans protection). L’absorption
cutanée est influencée par de nombreux facteurs tant physico-chimiques (ex. : pureté, grosseur
de la molécule, solubilité) qu’individuels (ex. : hydratation de la peau, présence de lésions
cutanées) et anatomiques (ex. : endroit du corps mis en contact avec le toxique).
En milieu de travail, l’ingestion n’est généralement pas considérée comme une voie
d’exposition importante. Il ne faut cependant pas la négliger, car des méthodes de travail
inadéquates peuvent conduire à une ingestion accidentelle. De plus, de mauvaises habitudes
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peuvent également être à l’origine d’une exposition par ingestion, notamment manger, boire
ou fumer dans des lieux de travail contaminés.
Un produit qui pénètre dans l’organisme peut avoir des effets bénéfiques (médicaments) ou
néfastes(toxiques). Inversement, l’organisme peut agir sur ce produit : c’est ce qu’on appelle
le métabolisme. La réponse de l’organisme à un toxique dépend, entre autres, de la quantité
du produit présent dans un tissu ou un organe. Plusieurs facteurs interviennent dans les
processus d’action toxique, notamment les phases toxicodynamiques et toxicocinétiques.
dans l’organisme. Dans cette section, il sera question des quatre principales étapes du
cheminement d’un produit dans l’organisme.
Après avoir atteint la circulation sanguine, le produit peut être transporté dans tout
l’organisme. C’est ce qu’on appelle la distribution. En plus de l’oxygène, de divers éléments
nutritifs essentiels au fonctionnement de l’organisme et des déchets, le sang transporte aussi
des toxiques. Ceux-ci peuvent alors entrer en contact avec des cellules et se fixer dans certains
tissus. Ainsi, les pesticides organochlorés comme le DDT se concentrent dans les tissus
adipeux. Ils peuvent y rester emmagasinés sans causer d’effets toxiques pendant une période
plus ou moins longue. En revanche,ils peuvent causer des effets toxiques dans d’autres tissus
ou organes où ils sont présents en quantités moindres. La nature, l’intensité et la localisation
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de ces perturbations dans l’organisme diffèrent d’un produit à l’autre et dépendent souvent de
la dose.
Pendant ou après son transport dans le sang, le toxique peut entrer en contact avec
différentes cellules de l’organisme qui ont la capacité de le transformer. L’ensemble des
réactions de la transformation métabolique est appelée biotransformation, tandis que les
produits de la biotransformation sont appelés métabolites. Il peut en résulter un produit
moinstoxique (détoxification) ou plus toxique (activation), l’accumulation ou l’élimination du
produit et de ses métabolites. La
transformation des toxiques est surtout effectuée par le foie, véritable laboratoire chimique de
l’organisme, qui contient une multitude d’enzymes (substance protéique qui catalyse une
réaction chimique dans l’organisme). Il enrichit le sang d’éléments nutritifs et le purifie en
concentrant et en éliminant beaucoup de substances. D’autres organes tels que les poumons et
les reins peuvent aussi transformer des toxiques.
4.4 L’EXCRÉTION
Lorsqu’un individu absorbe des produits chimiques, divers effets biologiques peuvent se
produire et se révéler bénéfiques (ex. : l’amélioration de la santé après l’administration d’un
médicament) ou néfastes (ex. : une atteinte pulmonaire suivant l’inhalation d’un gaz corrosif).
La notion d’effet toxique suppose des conséquences nocives pour l’organisme. Le fait
d’inhaler, de toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne pas
nécessairement un effet toxique. Par exemple, le dioxyde de carbone (CO2) est un métabolite
du corps humain expiré par les poumons qui se trouve également dans l’environnement. Il
cause l’asphyxie s’il est présent en quantité suffisante dans un espace clos ou mal ventilé.
Paradoxalement, l’absorption d’une substance en faible quantité peut s’avérer très toxique et
provoquer des lésions graves, tandis que l’absorption en grande quantité d’une autre substance
peu toxique peut produire un effet bénin. L’effet toxique est ainsi lié à la notion de toxicité.
La toxicité englobe l’ensemble des effets néfastes d’un toxique sur un organisme vivant.
Autrement dit, il s’agit de la capacité inhérente à une substance chimique de produire des
effets nocifs chez un organisme vivant (tableau 5) et qui en font une substance dangereuse.
L’effet néfaste est lié à la dose, à la voie d’absorption, au type et à la gravité des lésions ainsi
qu’au temps nécessaire à l’apparition d’une lésion. Un effet aigu se fait sentir dans un temps
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relativement court (minutes, heures, jours), tandis qu’un effet chronique ne se manifeste
qu’après un temps d’exposition relativement long et de façon permanente (semaines, mois,
années). Un effet local survient au point de contact, tandis qu’un effetsystémique survient à
un endroit éloigné du point de contact initial.
7.1 LA TOXICITÉ
Les toxiques ne présentent pas tous le même degréde toxicité. Certains ont une faible
toxicité, même si on les absorbe en grande quantité, par exemple le sel de table, tandis que
d’autres ont une forte toxicité, même si on en absorbe de faibles quantités, notamment les
dioxines. On peut en partie expliquer de telles variations par les différences qui existent entre
la structure chimique des substances. Ces différences peuvent affecter la capacité des
substances à perturber le fonctionnement de l’organisme.
7.2 L’INDIVIDU
La population humaine est un groupe hétérogèneau sein duquel il existe une grande
variabilité entre les individus. Ceux-ci peuvent être affectés différemment par une même dose
toxique, et une personne peut y réagir différemment selon le moment (relation dose-réponse).
Facteurs génétiques
Des différences génétiques peuvent intervenir dans la capacité des individus à transformer
des toxiques. Facteurs physiopathologiques :
• L’âge
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La sensibilité aux effets toxiques est habituellement plus grande chez les enfants et les
personnes âgées.
• Le sexe
Il existe des différences entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne le
métabolisme des toxiques.
• L’état de santé
Les individus en bonne santé sont plus résistants, car ils métabolisent et éliminent les toxiques
plus facilement que ceux qui souffrent de maladies
hépatiques ou rénales.
• La grossesse
7.3 L’ENVIRONNEMENT
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L’irritation est une réaction réversible de la peau ou des muqueuses à des produits. Cette
réaction peut varier en gravité selon les tissus ou les organes affectés :
• la peau (le contact avec des produits tels que les décapants à peinture et les détergents peut
causer une rougeur et de l’inflammation);
• les yeux (le contact avec une eau savonneuse peut causer une conjonctivite) ;
• les voies respiratoires (l’inhalation de gaz tels que l’ammoniac ou le chlore peut causer de la
bronchoconstriction, un oedème pulmonaire et de la difficulté à respirer) ; et
• les voies digestives (l’ingestion accidentelle d’eau de javel peut causer des brûlures
d’estomac).
La corrosion consiste en des dommages irréversibles causés à des tissus par suite du contact
avec un produit. On qualifie de corrosifs les produits qui peuvent causer la destruction des
tissus vivants et de matériaux tels que les métaux et le bois.
• Le contact de l’acide fluorhydrique avec la peau peut causer une ulcération profonde, un
blanchiment et une nécrose.
• Le contact de l’acide chlorhydrique avec les yeux peut causer une brûlure qui se manifeste
par unlarmoiement, une conjonctivite et une possibilité de lésions permanentes de la cornée.
Il existe entre les cellules de l’organisme une interaction qui fait en sorte que chaque tissu
a une taille et une organisation adaptée aux besoins de l’organisme. Dans certaines situations,
des cellules ne répondent plus aux signaux des autres cellules et n’obéissent plus qu’à elles-
mêmes. Ce sont les cellules cancéreuses. Le cancer est une maladie qui se caractérise par une
croissance et une multiplication incontrôlée de cellules anormales dans un organe ou un tissu
de l’organisme. En se multipliant, ces cellules anormales forment une masse appelée tumeur.
Il existe deux types de tumeurs : la tumeur bénigne et la tumeur maligne. On appelle tumeur
bénigne la tumeur qui n’envahit pas le tissu d’origine ou qui ne se propage pas dans d’autres
organes. On appelle tumeur maligne celle qui peut envahir et détruire les tissus sains
avoisinants ou se répandre dans le corps. C’est cette dernière que l’on qualifie de tumeur
cancéreuse. Un agent qui cause le cancer est qualifié de cancérogène. Une tumeur maligne qui
se répand (dissémination) forme ce que l’on appelle des métastases (figure 16). La métastase
est une cellule cancéreuse qui quitte le foyer de croissance initial et s’attaque aux tissus
avoisinants, emprunte la circulation lymphatique pour atteindre les ganglions, passe dans le
sang et colonise d’autres organes, formant ainsi des foyers secondaires. La transformation
d’une cellule normale en cellule cancéreuse peut survenir à n’importe quel moment de la vie
de la cellule. Cette transformation peut être la conséquence d’une agression par un
cancérogène. Généralement, une telle transformation suppose une cascade d’événements
biologiques dont l’ensemble du processus peut s’échelonner sur une longue période au cours
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de la vie d’une personne. Chaque type de cancer est différent et la progression d’un même
cancer est différente d’une personne à l’autre.
Une mutation est un changement qui se produit dans le matériel génétique de la cellule,
c’est-à-dire l’ADN (acide désoxyribonucléique). L’ADN se trouve à l’intérieur du noyau de la
cellule et constitue le support matériel de l’hérédité. Son rôle est essentiel pour la transmission
de l’information génétiqued’une cellule à la génération suivante. Les conséquences des
modifications dépendront du type de cellules modifiées. Il existe deux types de cellules
susceptibles d’être affectées : la cellule somatique et la cellule germinale. Les cellules
somatiques comprennent toutes les cellules du corps (ex. : cellules hépatiques, neurones), sauf
les cellules germinales. Les cellules germinales sont les spermatozoïdes et les ovules.
L’organisme humain possède divers systèmes de défense qui lui permettent de reconnaître
les substances favorables à son bon fonctionnement. Lorsque l’organisme répond d’une façon
excessive ou exagérée à des produits chimiques étrangers qui ne provoquent habituellement
pas de réaction immunologique, on parle d’allergie. L’allergie est une réaction indésirable de
l’organisme à des agents chimiques, physiques ou biologiques généralement inoffensifs pour
la plupart des gens.
• une faculté particulière à se sensibiliser, qui peut être héréditaire ou qui peut se développer
par suite de l’action de nombreux facteurs.
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allergène avant que lasensibilisation ne se manifeste. On ne naît pas allergique. On le devient
par un contact prolongé ou répété avec une substance.
Les allergènes peuvent emprunter plusieurs voies :la voie aérienne, la voie cutanée,
l’ingestion et l’injection. Les deux premières sont les plus fréquentes en milieu de travail et
créent également beaucoup de problèmes dans la vie courante :
• Les allergènes aériens (moisissures, poils d’animaux, pollen de l’herbe à poux) peuvent
causer de l’écoulement nasal, des éternuements, de la congestion, du larmoiement, du
picotement et le gonflement des yeux. Si ces symptômes nous apparaissent surtout comme
incommodants, n’oublions pas qu’ils peuvent s’aggraver et conduire à des complications
médicales ; de plus, l’inhalation d’allergènes (tels que les isocyanates qu’on trouve dans
certaines peintures) peut être dangereuse et causer de l’asthme.
peuvent causer des éruptions, de la fièvre, des nausées, des vomissements et des crampes
d’estomac.
• Les allergènes ingérés (aliments et leurs constituants, tels que les oeufs et les arachides)
peuvent être la cause d’éruptions et d’une manifestation allergique violente (telle qu’un choc
anaphylactique).
Les effets toxiques peuvent affecter la fertilité, tant chez l’homme que chez la femme. Les
atteintes de la libido, du comportement sexuel, de la spermatogenèse, du développement
ovulaire (oogenèse) ou de la capacité de fécondation sont parmi les effets néfastes possibles
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qui peuvent se manifester (ex. : les anomalies spermatiques causées par l’exposition au
dibromo-1,2 chloro-3 propane ou DBCP).
La toxicité sur le développement peut apparaître à la suite d’une exposition, avant, pendant
ou après la conception et peut prendre diverses formes (tableau 12). Les malformations
congénitales représentent les effets qui sont les plus publicisés et qui apparaissent comme
étant les plus dramatiques, et souvent les plus visibles. Cependant, il peut également y avoir
d’autres atteintes in utero, telles que des retards de développement et des troubles fonctionnels
de l’embryon et du foetus. Ils peuvent alors être regroupés sous les termes d’embryotoxique
ou foetotoxique et d’effet postnatal en fonction du stade de développement (embryon ou
foetus) selon qu’ils se produisent avant la naissance (prénatale) ou après la naissance
(postnatale). Par exemple, l’exposition au monoxyde de carbone, présent dans les gaz
d’échappement des moteurs à combustion interne et dans les gaz d’émission s’il y a
combustion incomplète des matières combustibles, peut produire des effets embryotoxiques
ou foetotoxiques ainsi que de la toxicité postnatale.
Intoxications alimentaires
• Intoxication par les algues : ciguatera (contamination de la chair des poissons par une
microalgue présente dans les récifs coralliens), etc ;
• Intoxications par des animaux : poisson fugu (tétrodotoxine présente dans certains
organes comme le foie), additifs dans la nourriture d'élevage, etc ;
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• Produits de fermentation : méthanol, etc ;
o à Campylobacter
o à Staphylocoques
o Botulisme
o Listériose
o Salmonellose
o Hépatite A
Les intoxications peuvent aussi être classées selon le toxique : métal, pesticide, perturbateur
endocrinien, radiation, etc.
• Aluminium
• Antimoine
• Arsenic
• Béryllium
• Nitrate d'argent
• Sélénium
• Sulfate de cuivre
Intoxications par les métaux lourds Le terme métaux lourds étant plus communément
réservés aux :
• Chrome
• Cuivre
• Fer
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• Nickel
• Palladium
• Plomb (Saturnisme)
• Zinc
Intoxications médicamenteuses.
• Antidépresseurs tricycliques
• Aspirine
• Barbituriques
• Benzodiazépines
• Paracétamol
• Antihistaminique
• Ammoniac
• Chlore
• Monoxyde de carbone
• Oxyde d'azote
• Alcool
• Cocaïne
• Acétone
• Acide acétique
• Acide borique
• Acides forts
o acide chlorhydrique
o acide sulfurique
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o acide nitrique
• alcools :
o éthanol
o méthanol
o Isopropanol
• Amine aromatique
o Amino-4-diphényle
o O-Toluidine
o Benzidine
o Β-naphtylamine
o Aniline
• Ammoniac
• Antirouille
• Bromures
• Cétones :
o Butanone
o Propanone (Acétone)
• Chlorates
• Chloronaphtalène
• Chlorure de vinyle
• Cyanures
• Cyclohexane
o Nitrobenzène
o Trinitrotoluène
o Acide picrique
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• Dinitrophénol
• Dioxines
• Éthers : Éther
• Éthers de glycol
• Fluoroacétate de sodium
o Anthracène
o Benzo(a)pyrène
o Naphtalène
• Hexane
• Hydrocarbures aromatiques
o Benzène
o Éthylbenzène
o Toluène
o Perchloroéthylène
o trichloréthylène
o dichlorométhane
o chloroforme
• Paradichlorobenzène
• Polychlorobiphényle
• Solvants pétroliers :
o Alcanes
o Alcènes
• Soude caustique
• Sulfure de carbone
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Intoxications par les produits phytosanitaires.
• Herbicides
o Atrazine
o Bifénox
o Butraline
o Chlordécone
o Clopyralid
o Cyanazine
o Dicamba
• Fongicides
o Bénomyl
o Bitertanol
o Carbendazime
o organophosphorés
Acéphate
Bromophos
Chlorfenvinphos
Malathion
o carbamates
Aldicarbe
Bendiocarbe
Benfuracarbe
Cyperméthrine
Deltaméthrine
Perméthrine
• Détergents
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• Eau de Javel
• Soude caustique
• solvants
• Nicotine, Ricine,Strychnine
« On entend par additif alimentaire toute substance habituellement non consommée comme
aliment en soi, habituellement non utilisée comme ingrédient caractéristique dans
l’alimentation, possédant ou non une valeur nutritive ; son adjonction intentionnelle aux
denrées alimentaires est faite dans un but technologique, au stade de leur fabrication,
transformation, préparation, traitement, conditionnement, transport ou entreposage : elle a
pour effet de devenir elle-même, ou ses dérivés , un composant des denrées alimentaires. »
2. identique aux produits d'origine naturelle mais obtenu par synthèse ou bio synthèse: ex.
acide ascorbique (vitamine C) des fruits (antioxydant);
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- Répondre à des critères de pureté spécifiques.
- Etre employé dans des conditions précisées par produits par dose, tenant compte de la dose
journalière admissible et des apports faits par l’ensemble des aliments.
Dans le but d’avoir une législation et une réglementation très précises concernant les
substances volontairement ajoutées aux aliments (les additifs), dans le but également de
faciliter l’information des consommateurs, l’Union européenne a décidé, en 1979, que chacun
des additifs autorisés serait désigné, sur les étiquettes et les emballages, par la lettre « E »
suivie d’un nombre de trois chiffres.
Avant qu'un additif puisse être utilisé dans les denrées alimentaires, il doit faire l'objet
d'études extrêmement rigoureuses dont les résultats doivent être évalués par des experts
indépendants. Seuls les additifs ayant fait preuve d'une bonne tolérance sont légalement
autorisés. Un additif ne doit pas seulement faire preuve d'innocuité pour être retenu, il faut
également qu'il justifie son utilité
Acidifiants : des substances qui augmentent l’acidité d’une denrée alimentaire et /ou lui
donnent un goût acide.
Affermissants : des substances qui permettent de rendre ou de garder les tissus des fruits et
des légumes fermes ou croquants, ou qui, en interaction avec des gélifiants, forment ou
raffermissent un gel.
Agents de charge : des substances qui accroissent le volume d’une denrée alimentaire, sans
pour autant augmenter de manière significative sa valeur énergétique.
Agents d’enrobage : substances qui, appliquées à la surface d’une denrée alimentaire, lui
confèrent un aspect brillant ou constituent une couche protectrice.
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Antiagglomérants : substances qui, dans une denrée alimentaire, limite l’agglutination des
particules.
l’oxydation, telles que le rancissement des matières grasses et les modifications de couleur.
Édulcorants : substances introduisant une saveur sucrée dans les denrées alimentaires.
Exhausteurs de goût : substances qui renforcent le goût et/ou l’odeur d’une denrée
alimentaire.
Gaz d’emballage : gaz autre que l’air, placé dans un contenant avant, pendant ou après
l’introduction d’une denrée alimentaire dans ce contenant.
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conditions de pH, de température, etc…Le second est que la grande diversité des additifs
alimentaires conduit à une consommation relativement faible de chacun d’entre eux.
3.1.1. Conservateurs :
Nitrates et nitrites (E249 et E 252) : utilisés dans les charcuteries pour éviter la croissance de
Clostridium botulinum.
Anhydride sulfureux et sulfites (E220 à E 228) : ils inhibent la croissance bactérienne dans le
vin et les aliments fermentés (NESTLÉ, 2009)
Acide acétique (E 260) : actif sur levures et bactéries, il peut être utilisé dans la fabrication du
pain, des fromages, des condiments (NESTLÉ, 2009)
Acide propionique et ses sels de sodium, calcium et potassium (E280 à E283), acide sorbique
(E200 à E203), acide benzoïque (E210 à E219) Effet conservateurs primaire.
E 200 à 203 Acide sorbique et ses sels Origine naturelle Vins, fromages,
(sorbates) (sorbier) ou produits de
synthétique. boulangerie.
E 220 à 224, Acide sulfureux (anhydride Origine synthétique. Fruits secs, jus de
E 226 à 228 sulfureux) et ses sels (sulfites) fruits, confitures.
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E 231 et 232 Orthophénylphénol et Origine synthétique. Traitement de
orthophénylphénate de sodium surface des agrumes.
E 280 à 283 Acide propionique et ses sels Origine synthétique. Pain de mie, cakes,
(propionates) pâtisseries.
Acide citrique E330, acide tartrique E334, acide lactique E170, acide ascorbique E300. Effet
de conservateurs secondaire. (NESTLÉ, 2009)
3.1.2. Antioxydants :
Les principaux antioxydants utilisés dans les produits alimentaires sont : l’acide ascorbique
et ses sels de sodium et de calcium ainsi que ses esters, les tocophérols (E306 à E309), les
esters de l’acide gallique (E310 à E312). Il existe par ailleurs des substances à effet
antioxydants secondaire citons notamment, l’anhydride sulfureux et les sulfites.
Ce tableau représente les différents groupes d’antioxydants
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Tableau 02 : les antioxydants.
22
3.2. Amélioration de la qualité organoleptique : agents texturants, exhausteurs de goût,
colorants
Les agents de texture comprennent les émulsifiants, les épaississants, les gélifiants, les
stabilisants et les amidons chimiquement modifiés. Ils sont utilisés pour maintenir ou
améliorer la consistance des produits alimentaires, leur viscosité leur rhéologie ou leur
souplesse. Ils permettent ainsi d’assurer la régularité en matière de présentation des denrées
tout au long de la chaîne de fabrication/distribution et la stabilité des produits renfermant des
graisses et de l’eau non miscible entre elles.
D’après MULTON (2002) les hypocycloïdes d’origine végétale, est une très large famille de
substances, sont représentatives des catégories
▪ Pectines (E440 ) ;
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Tableau 04 : épaississants et gélifiants
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E 551 Dioxyde de silicium Origine naturelle. Confiseries, desserts.
(silice)
• Le sucré ;
• Le salé ;
• L’amer ;
• L’acide ;
Le goût du glutamate, par exemple, ne peut être reproduit par la seule combinaison de ces 4
saveurs. Une 5e dimension est à prendre en compte : la saveur umami (essence du goût).
Parmi les additifs qui contribuent à restaurer ou renforcer ces saveurs, nous pouvons citer :
• Les édulcorants ;
• Les sels ;
• Les acidifiants ;
1) Les édulcorants : communiquent une saveur sucrée aux produits alimentaires et sont utiles
dans les aliments allégés, diététiques ou destinés aux diabétiques. Ils se divisent en deux
catégorie : intenses (saccharine) et massiques (sorbitol E420, maltitol E965). Le tableau (05)
représente les types d’édulcorants
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Tableau 05 : les édulcorants.
2) Les exhausteurs de goût : sont employés pour augmenter les saveurs. Le plus connu d’entre
eux est le glutamate monosodique (E621). Le tableau ci-dessous regroupe les exhausteurs de
goût
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3) Sels : Contrairement à la saveur sucrée, il semblerait que la saveur salée ait été beaucoup
moins « travaillée ». Il s’ensuit que, contrairement aux édulcorants. On ne peut par parler
d’une gamme de produits à saveur salée. Traditionnellement le sel de cuisine reste roi en le
matière. Consommé comme ingrédient en soi, le sel de cuisine n’est pas un additif au sens
réglementaire du terme.
4) Acidifiants : Ils appartiennent pour la plupart à la famille des acides organiques : acide
citrique (E 330), acide tartrique (E 334), acide acétique (E260), acide ortho phosphorique (E
338), etc…
E 260 à 264 Acide acétique et ses sels Origine naturelle ou Sauces à salade,
(acétates) synthétique. mayonnaises.
E 270, E 325 Acide lactique et ses sels Origine naturelle ou Aliments pour bébés,
à 327 (lactates) synthétique. limonades.
E 330 à 333, Acide citrique et ses sels Origine naturelle Lait en poudre, babeurre.
E 380 (citrates) (acide extrait du
citron) ou
synthétique.
E 334 à 337, Acide tartrique et ses sels Origine naturelle ou Moutarde, confitures,
E 354 (tartrates) synthétique. gelées.
E 296, E 350 Acide malique et ses sels Origine naturelle ou Confitures, bonbons,
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à 352 (malates) synthétique. sorbets, chewing gum.
E 514 à 516 Sels de l'acide sulfurique Origine naturelle. Biscuits, pâtes à gateau,
(sulfates) pain, bière.
La technologie alimentaire utilise les colorants alimentaire pour renforcer les colorants
naturellement présents dans les denrées alimentaires ou pour restaurer la couleur que les
aliments ont perdu au cours de leur fabrication ou encore pour identifier des arômes
normalement associés à certaines denrées alimentaires. Le tableau ci-dessous montre les
colorants utilisés comme additifs
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sauces à salade.
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(vert S) verte.
Or, certaines de ces substances sont fragiles et peuvent être détruites par l’oxydation, le
chauffage, voire la combinaison avec d’autres éléments au cours de la conservation ou du
traitement. Deux possibilités pour remédier à cette situation :
1. La conservation des éléments par des agents protecteurs comme les conservateurs et
les antioxygènes
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2. La restauration ou l’enrichissement par les substances en question.
• Minéraux : on utilise surtout des métaux, comme Ca, Mg, Fe, Zn, Cu, ect.
souvent sous forme de complexes, et quelques métalloïdes, comme le fluor
(MICLO et al, 2003)
• Acides aminés : sous forme L (naturelle), on ajoute souvent les acides aminés
(Lys, Met..) libres, on ajoute également la carnitine et la taurine, les
nucléotides, la choline et l’inositol (LINDEN et al, 2003)
3. Le risque sanitaire
Les additifs alimentaires ne sont généralement pas nocifs pour la santé dans les
conditions d'utilisation spécifiques autorisées. Cependant, un certain nombre de colorants et
de conservateurs sont suspects ou dangereux et il convient de les éviter. Certains additifs sont
allergènes ou/et cancérigènes. Parmi les conservateurs et les émulsifiants, certains agissent sur
l'appareil digestif en provoquant des irritations du tube digestif ou des ralentissements de la
digestion ; d'autres ont une action sur la fixation de la vitamine B1 ou sur le taux sanguin de
cholestérol.
* Colorants
* Sulfites
31
Les sulfites sont des additifs alimentaires qui peuvent causer des problèmes chez les
individus sensibles. Dans ce groupe, figurent plusieurs sulfites inorganiques (E 220-228), dont
le sulfite de sodium, le bisulfite de potassium, et le métabisulfite de potassium, qui
contiennent du dioxyde de soufre (SO2). Ces conservateurs sont employés pour contrôler la
croissance microbienne dans des boissons fermentées. On les retrouve dans les vins, les bières
et les produits à base de fruits depuis plus de 2000 ans. Chez les individus sensibles
(asthmatiques), les sulfites peuvent déclencher de l'asthme, caractérisé par des difficultés à
respirer, de l'essoufflement, des râles et de la toux.
Alors que les additifs alimentaires ne posent aucun problème chez la plupart des
personnes, un petit nombre d’individus ayant des allergies spécifiques peut être sensible à
certains additifs alimentaires. Il apparaît que lorsque les additifs alimentaires ont un effet
défavorable, ils renforcent une condition préexistante plutôt que de la déclencher. Ces
réactions défavorables, rarement d’origine allergique, doivent faire l’objet d’un examen
médical ou diététique afin d’éviter toute restriction inutile. Etant donné que tous les additifs
alimentaires sont clairement étiquetés, les personnes ayant des sensibilités spécifiques et
celles qui croient être sensibles à un additif alimentaire, peuvent aisément éviter les
problèmes.
Une nouvelle étude précise toutefois que les données précédentes semblaient démontrer un
effet chez les enfants déjà hyperactifs. Alors que cette fois, la recherche a été faite auprès de
la population générale.
32
Des enfants de 3, 8 et 9 ans y ont participé. Ils ont consommé des boissons contenant un
mélange de colorants et de benzoate de sodium. «Il faudra voir ce qui a provoqué la réaction,
demande Joseph Arul. Les colorants, le sodium ou le mélange des deux.»
L'étude a porté sur 153 enfants de trois ans et 144 enfants de 8-9 ans. Les cocktails
d'additifs administrés contenaient un conservateur, le benzoate de sodium (référencé E211
dans l'Union européenne) et différents colorants alimentaires: jaune orange (E110),
carmoisine (E122), tartrazine (E102), ponceau 4R (E124), jaune de quinoléine (E104) et
allura red AC (E129). L'hyperactivité est associée à des troubles de la concentration et de
l'attention et des difficultés d'apprentissage, notamment pour la lecture. (Madgie, 2007)
Une nouvelle recherche conduite chez l'animal suggère qu'une alimentation contenant des
phosphates inorganiques ajoutés, retrouvés dans une série de nourritures préparées dont des
viandes, des fromages, des boissons et des produits de boulangerie, pourraient augmenter la
vitesse de progression des tumeurs cancéreuses du poumon et pourraient même contribuer au
développement de ces tumeurs chez les personnes prédisposées à cette maladie.
L'étude suggère également que les phosphates inorganiques pourraient jouer un rôle
important dans le traitement du cancer du poumon. La recherche a été conduite par le Dr
Myung-Haing Cho, D.V.M., Ph.D., et ses collègues de l'Université Nationale de Seoul. Elle
est publiée dans le premier numéro de janvier 2009 de l'American Journal of Respiratory and
Critical Care Medicine, édité par la Société Thoracique Américaine.
33
Il s'agit de toute substance qui n’est pas intentionnellement ajoutée à la denrée alimentaire,
mais qui est cependant présente dans celle-ci comme un résidu de la production (y compris les
traitements appliqués aux cultures et au bétail et dans la pratique de la médecine vétérinaire),
de la fabrication, de la transformation, de la préparation, du traitement, du conditionnement,
de l'emballage, du transport ou du stockage de ladite denrée, ou à la suite de la contamination
par l'environnent. L'expression ne s'applique pas aux débris d'insectes, poils de rongeurs et
autres substances étrangères3
Dans les denrées alimentaires « Il est interdit de mettre sur le marché des denrées
alimentaires contenant une quantité inacceptable de substances résiduelles. Ces substances,
dites contaminants, proviennent des conditionnements environnementaux ou des traitements
subis par les aliments depuis leur production et peuvent constituer un risque pour la santé
publique. L'Union européenne réglemente les teneurs en contaminants acceptées et les
maintient aux niveaux les plus faibles possibles ». Un État membre peut agir plus
restrictivement que ce qu'impose le règlement européen s'il « soupçonne que la présence d'un
contaminant constitue un danger pour la santé humaine. Dans ce cas, il en informe les autres
États membres et la Commission, qui prend les mesures appropriées en collaboration avec le
comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale ».. Mais « les États-membres
ne peuvent pas interdire la commercialisation des produits alimentaires conformes au
Règlement (CEE) n° 315/93 du Conseil, du 8 février 1993, portant établissement des
procédures communautaires relatives aux contaminants dans les denrées alimentaires » (qui
ne s'applique cependant pas aux contaminants faisant l'objet d'une réglementation plus
spécifique).
34
La toxicité et l'écotoxicité des métaux dans les sols sont étroitement liées à leurs
caractéristiques propres (radioactivité éventuelle et type de radioactivité, métal lourd, toxicité
chimique, micro ou nanoparticules, etc.), spéciation chimique et biodisponibilité ; plus
l'espèce métallique est libre et mobile, plus elle est biodisponible et plus il y a un risque de
toxicité sur les organismes vivants. En général, les ions métalliques libres (en solution)
constituent la forme chimique la plus disponible pour les organismes et donc la plus
susceptible d'être toxique. Cependant, d'autres espèces ou fractions de métaux peuvent être
instables et mobiles (fraction labile ou liée aux oxydes libres par exemple) et engendrer un
risque pour les organismes.
Certains métaux (fer, cuivre et zinc notamment) sont des éléments essentiels. Ils sont
toxiques au-delà d'une certaine dose, mais une carence entraîne des troubles métaboliques
graves.
Ainsi, plusieurs paramètres influencent la toxicité des métaux dans les sols :
• le temps passé après une contamination aiguë, ou le temps durant lequel une
contamination chronique a eu lieu : un site fraîchement contaminé ne présente pas
nécessairement plus de toxicité qu'un site ayant subi une contamination diffuse mais
étalée sur plusieurs années ou décennies ;
• le niveau de saturation des sites d'adsorption : plus les sites sont capables de fixer, les
métaux approchent leur niveau de saturation, plus le métal aura tendance à se
solubiliser ou se rendre biodisponible.
Un métalloïde est un élément chimique dont les propriétés sont intermédiaires entre
celles des métaux et des non-métaux ou sont une combinaison de ces propriétés.
Dans la littérature scientifique, faute de définition standard des métalloïdes, la liste
des éléments classés dans cette famille varie selon les auteurs.
35
Les six éléments généralement reconnus comme métalloïdes sont le bore 5B,
le silicium 14Si, le germanium 32Ge, l'arsenic 33As, l'antimoine 51Sb et le tellure 52Te. Cinq
autres sont moins fréquemment classés parmi les métalloïdes : le carbone 6C,
l'aluminium 13Al, le sélénium 34Se, le polonium 84Po et l'astate 85At. Ce dernier,
historiquement rangé parmi les halogènes dans le prolongement des autres éléments
du 17e groupe, tend cependant à être davantage considéré comme un métalloïde à mesure que
ses propriétés chimiques sont mieux caractérisées. Dans un tableau périodique standard, ils se
répartissent en diagonale dans le bloc p le long de l'ancienne ligne de démarcation entre
métaux et non-métaux représentée sur les tableaux périodiques de la première moitié
du xxe siècle.
Le terme métalloïde faisait initialement référence aux non-métaux. Au milieu du xxe siècle
sa signification a évolué vers son sens actuel. Les métalloïdes sont parfois aussi confondus
avec les semimétaux, qui sont cependant une classe de matériaux différente : le bore et
le silicium sont ainsi des métalloïdes mais pas des semimétaux, tandis que l'étain et
le bismuth sont des semimétaux mais pas des métalloïdes.
Propriétés
Le tableau ci-dessous résume quelques propriétés physiques des métalloïdes.
L'astate n'ayant jamais pu êtreb observé en grandes quantités, ses données macroscopiques
sont mal connues, et certaines sont déduites de simulations numériques. Sa masse
volumique à température ambiante résulte ainsi de modèles de calcul1, et la donnée figurant
dans la colonne rayon atomique est relative à son rayon de covalence.
36
Tempé Tempé Rayo Configu Énergi
Masse Masse Électroné
Éléme rature rature n ration e
atomi volum gativité
nt de d'ébulli atom électron d'ionis
que ique (Pauling)
fusion tion ique ique2 ation
[Ar]
Germ 72,630 2 833 ° 5,323 122 p 762 kJ·
938 °C 4s2 3d10 2,01
anium (8) u C g·cm-3 m mol-1
4p2
[Ar]
Arseni 74,921 5,727 119 p 947,0 k
615 °C 4s2 3d10 2.18
c 595 u g·cm-3 m J·mol-1
4p3
[Kr]
Antim 121,76 630,63 1 635 ° 6,697 140 p 834 kJ·
5s2 4d10 2,05
oine 0(1) u °C C g·cm-3 m mol-1
5p3
[Kr]
Tellur 127,60 449,51 6,24 g 140 p 869,3 k
988 °C 5s2 4d10 2,1
e (3) u °C ·cm-3 m J·mol-1
5p4
[Xe]
6,35 g 150 p 899 kJ·
Astate [210] 302 °C 337 °C 6s2 4f14 2,2
·cm-3 m mol-1
5d10 6p5
• leurs oxydes sont généralement amphotères (ceux des métaux sont plutôt basiques et
ceux des non-métaux plutôt acides) ;
Les métalloïdes forment donc une bande oblique dans le tableau périodique entre
les métaux et les non-métaux :
• Bore 5B
• Silicium 14Si
37
• Germanium 32Ge
• Arsenic 33As
• Antimoine 51Sb
• Tellure 52Te
Toxicologie
Certains comme l'arsenic sont hautement toxiques, mais tout en étant aussi oligoélément à très
faible dose.
Seuls ou en combinaisons plus ou moins synergiques – les métalloïdes en tant que
contaminants de l'eau, de l'air et des sols sont soupçonnés de causer des morts et fausse-
couches, et à plus faible dose des prématurité, malformations congénitales, diminution du
poids du nouveau-né à la naissance ; d’être source de troubles du développement et de
la santé future de l’enfant et du futur adulte (troubles de la fertilité et de la santé
reproductive, problèmes psychomoteurs, intellectuels et du métabolisme ainsi que
d’augmenter le risque de développer certains cancers… ce qui en fait un sujet de santé
publique et de recherche, car certains liens de cause à effet sont encore à préciser ou à
confirmer17.
38
métalloïdes.
C’est la première étude de ce type faite en France. Elle apporte (pour la France continentale
uniquement) des indicateurs (nationaux) d’imprégnation des femmes enceintes par les métaux
et métalloïdes. Elles permettent des comparaisons avec d’autres études (antérieures ou
postérieures) dans le monde, qui montrent les tendances en termes d’imprégnation aux métaux
et métalloïde de la mère, du fœtus ou bébé (via l’allaitement notamment) en période
périnatale 17. D’autres études ont porté sur le méconium. Ces études contribuent aussi à
identifier les déterminants qui amènent certains niveaux d’imprégnation.
➢ L'arsenic
L'arsenic (du groupe V (pnictogènes que sont : N, P, As, l'Sb, Bi et Mc)) a des
propriétés intermédiaires entre celles des métaux et des non-métaux, comme
l'antimoine dont il est proche. Il est généralement considéré comme
un métalloïde. C'est un élément hautement toxique, et un polluant réglementé
depuis 2005 en Europe (par une directive de 2005).
L’arsenic est chimiquement très semblable au phosphore, élément non métal qui
le précède dans le même groupe. On dit qu'il est son « analogue chimique ». Il
présente aussi une grande analogie avec l'antimoine semi-métallique plus lourd
qui le suit dans le groupe. Cette matière connue de haute Antiquité est aussi un
perturbateur endocrinien.
• Toxicologie
➢ Facteurs de toxicité
39
La toxicité de l’arsenic dépend de sa nature chimique : l'arsenic inorganique est
beaucoup plus toxique que l'arsenic organique (son niveau de toxicité dépend
aussi de son degré d’oxydation : As(0) > As(III) > As(V)).
• L'arsenic est dit inorganique quand il est sous sa forme pure ou qu'il est
lié à l’oxygène, au chlore ou au soufre. Il est alors très dangereux, même à
faible dose, surtout en cas d’exposition répétée.
40
s'accumule ainsi de manière transitoire dans le foie puis passe dans les
reins. Lorsque la concentration dans le rein dépasse 200 ppm (200 mg par
kilogramme), il en résulte des lésions irréversibles. Le problème est que le
cadmium n'est pas le seul produit néfaste pour les reins : plusieurs
médicaments, certains antibiotiques et anti-inflammatoires par exemple, le
sont également. Or, la toxicité rénale se cumule. De plus, les reins
commencent à donner des signes de dysfonctionnement à partir de 65 ans.
Et comme l'espérance de vie s'accroît d'un trimestre par an, les effets des
toxiques vont d'autant plus se révéler qu'on avance en âge.
41
Les abats, notamment le foie et les reins, peuvent également être mis en
cause du fait de l'accumulation du cadmium dans ces organes. Dès 1972,
De plus, même si les industries ne peuvent plus rejeter directement leurs
déchets, des bricoleurs en galvanoplastie peuvent utiliser du cadmium
dans leur baignoire puis le rejeter. Cela entraîne une augmentation de la
concentration en cadmium dans les boues résiduaires des stations
d'épurations, utilisées comme engrais. Le taux en métaux de ces boues est
d'ailleurs surveillé.
42
nombreux alliages : ceux-ci peuvent être utilisés dans de petites pièces de
bouilloires ou de cafetières et contaminer ainsi le thé ou le café.
43
imprimeries et le bâtiment (peintures à la céruse interdites depuis
1948),….etc. Plus tard l'alerte a été donnée par un regain inattendu de
saturnisme chez des enfants citadins, ingérant des écailles de peintures
anciennes en voie de décomposition dans les logements insalubres. Mais les
particuliers, le voisinage des usines et industries transformant le plomb
semblaient pas concernés, jusqu'à ce qu'éclate l'affaire Métal Blanc (Bourg-
Fidèle, Ardennes) qui a révélé l'existence d'une pollution environnementale
et humaine dépassant les normes européennes de longue date. La libération
intense de ce métal indestructible, sa dispersion à l'échelle planétaire, son
accumulation massive et définitive dans l'environnement ont débordé les
cycles biogéochimiques dans beaucoup d'écosystèmes et conduit à son
accumulation dans les organismes où, dénué de toute fonction physiologique,
il exerce uniquement des effets toxiques. Actuellement, le plomb et ses
composés inorganiques sont considérés comme des agents cancérogènes
possibles pour l'homme (groupe IIb du CIRC). Les personnes les plus
sensibles aux effets du plomb sont les enfants, les personnes âgées et les
femmes enceintes.
44
séjour dans des canalisations riches en plomb. Mais les aliments les plus
contaminés sont ceux où des processus de concentration biologique ont lieu
comme les produits de la mer ou certains abats d'animaux.
➢ Toxicité du mercure
Le mercure et ses composés peuvent pénétrer dans le corps humain par
plusieurs voies (orale, respiratoire cutanée et la muqueuse nasale). Ils
passent ensuite dans le sang où ils peuvent être transformés et sont
disséminés dans l’organisme par la circulation sanguine. Quand ils sont
liposolubles comme le mercure élémentaire ou le méthylmercure, le
passage dans la voie sanguine va pouvoir être rapide car les membranes
des cellules biologiques sont constituées de lipides. L’absorption, la
répartition et le stockage du mercure dans l’organisme dépendent de
l’espèce chimique en cause (spéciation) et des propriétés physico-
chimiques des composés. Ainsi l’effet toxique des composés minéraux du
mercure est loin d’être le même que celui des composés orgnomercuriels.
45
en fortes quantités, car son absorption gastrique intestinale et cutanée est
très faible. L’intoxication chronique implique une atteinte de l’état général
avec, essentiellement, des troubles neurologiques et digestifs. L’inhalation
prolongée de vapeurs de mercure provoque une encéphalopathie. Chez les
personnes longtemps exposées à des concentrations faibles de mercure
(10 à 50 mg/m3), peut apparaître un syndrome psycho-organique,
provenant des perturbations des centres corticaux du système nerveux
central et se manifestant par des modifications fonctionnelles des
appareils cardio-vasculaires, urogénital, ou des systèmes endocriniens;
c’est l’hydrargyrisme. L’hydrargyrisme est dû essentiellement aux deux
propriétés du mercure et de ses sels ainsi que ses dérivés organiques,
d’être volatil et cumulatif. Il est peut donc être provoqué par le mercure
sous toutes ses formes, c’est pourquoi il fera l’objet d’un paragraphe à
part. Les effets cérébraux d’une exposition chronique à de faibles taux de
vapeur de mercure ont été étudiées dans l’industrie de la fabrication des
lampes à vapeur de mercure. Les ouvriers ont été soumis à des tests
d’évaluation de leurs performances psychologiques. Cette étude a montré
que les sujets exposés sont plus déprimés, leur mémoire à court terme est
défaillante, leur personnalité est modifiée par rapport aux témoins non
exposés. Les expositions à fortes doses se traduisent par un syndrome de
type cérébelleux appelé : tremblement mercuriel.
2. Toxicologie des nitrates et nitrites
➢ Description
Les nitrates (NO3-) et les nitrites (NO2-) sont des ions présents de façon naturelle dans
l’environnement. Ils sont le résultat d’une nitrification de l’ion ammonium (NH4+), présent
dans l’eau et le sol, qui est oxydé en nitrites par les bactéries du genre Nitrosomonas, puis en
nitrates par les bactéries du genre Nitrobacter (Santé Canada, 1992). Les nitrates sont très
solubles dans l’eau; ils migrent donc aisément dans la nappe phréatique lorsque les niveaux
excèdent les besoins de la végétation (Santé Canada, 1992). La toxicité des nitrates résulte de
leur réduction en nitrites et de la formation de méthémoglobine d’une part et de leur
contribution possible à la synthèse endogène de composés N-nitrosés d’autre part. Les
46
concentrations de nitrates et de nitrites dans l’eau peuvent être exprimées sous forme de
nitrates (ou nitrites) ou sous forme d’azote. Un milligramme de nitrates par litre (mg/l de
NO3) équivaut à 0,226 mg de nitrates, sous forme d’azote, par litre (mg-N/l). Dans le cas des
nitrites, un mg/l équivaut à 0,304 mg-N/l (National Research Council, 1995).
➢ Exposition de la population
L’exposition de la population aux nitrates et aux nitrites se fait principalement par les
aliments et occasionnellement par l’eau de consommation. Chez l’adulte, la principale
source de nitrates et de nitrites provient des légumes tels que la betterave, le céleri et
l'épinard qui sont particulièrement riches en nitrates. La cuisson à l’eau a toutefois
pour effet de réduire leur teneur en nitrates (Fletcher et al., 1987). L’apport quotidien
en nitrates provenant des aliments varie selon le régime alimentaire (standard ou
végétarien) (annexe I). Il a été estimé pour le canadien moyen à 10 mg-N (44 mg de
NO3) (Santé Canada, 1992) et plus récemment à 33 mg-N pour les populations rurales
québécoises (Levallois et al., 2000a). L’apport en nitrates attribuable à l’eau potable
devient important lorsque les concentrations de nitrates sont anormalement élevées.
Ainsi, dans une étude récente réalisée auprès de la population de l’Ile d’Orléans, il a
été estimé à 0,5 mg-N (soit 2 % de l’apport total en nitrates) lorsque la concentration
en nitrates de l’eau consommée se situait entre 0 et 3 mg-N/l. Lorsque la teneur en
nitrates était supérieure à 10 mg-N/l, l’apport était estimé à 18,6 mg-N soit près de 50
% de l’apport total (Chartrand et al., 2000). Par ailleurs, l’apport de nitrates provenant
de l’air est très faible et est généralement considéré négligeable par rapport aux
apports alimentaires et hydriques (Santé Canada, 1992).
Dans le cas des enfants nourris avec du lait maternisé, l’eau utilisée pour la
préparation du lait est la seule source de nitrates. Elle peut ainsi devenir une source
importante d’exposition lorsque l’eau est contaminée par les nitrates. Pour une
consommation d’eau quotidienne fixée à 0,6 litre, dont la teneur en nitrates est de 1,02
mg-N/l (4,5 mg/l de NO3), l’apport quotidien de nitrates sera d’environ 0,6 mg-N (2,7
mg de NO3). Cet apport peut toutefois passer à 6,1 mg-N (27 mg de NO3) si la
concentration de nitrates dans l’eau est de 10,2 mg-N/l (45 mg/l de NO3) (Santé
Canada, 1992). Pour ce qui est des enfants nourris au sein, l’apport de nitrates est
considéré négligeable (California Environmental Protection Agency, 1997). Ainsi la
47
quantité de nitrates mesurée dans le lait humain a été estimée à 0,32 mg-N/l (0,023
mM) (Green et al., 1982).
➢ Intoxication aiguë
La méthémoglobinémie du nourrisson est le seul effet sur la santé qui a été associé
de façon non équivoque à une exposition excessive aux nitrates par l’eau de
consommation. Elle survient principalement chez les enfants de moins de trois mois
exposés à des concentrations de nitrates qui excèdent 20 mg-N/l dans l’eau utilisée
pour la préparation des biberons (California Environmental Protection Agency, 1997;
Santé Canada, 1992). La méthémoglobinémie résulte de la réduction des nitrates en
nitrites par les microorganismes du système digestif, suivie de l’oxydation par les
nitrites du fer ferreux (Fe2+) de l’hémoglobine en fer ferrique (Fe3+), qui engendre la
méthémoglobine. La méthémoglobine, contrairement à l’hémoglobine, est incapable
de fixer l’oxygène, ce qui contribue à réduire le transport de l’oxygène des poumons
vers les tissus (Fan et al., 1987). La conversion des nitrates en nitrites est
proportionnelle à la dose de nitrates ingérée mais également à l’activité microbienne,
généralement plus importante chez les nourrissons. Le processus de réduction des
nitrates en nitrites fait toutefois l’objet d’une controverse. La formation des nitrites
pourrait parfois résulter d’une contamination bactérienne de l’eau, ayant pour effet de
réduire les nitrates en nitrites avant même qu’ils ne soient ingérés. Dans ce cas, cette
réduction se produirait in vitro plutôt qu’in vivo (L'hirondel et L'hirondel, 2002;
L'hirondel, 1993).
Les premiers symptômes de méthémoglobinémie peuvent apparaître lorsque le niveau
de méthémoglobine dans le sang excède 10 % et consistent principalement en une
cyanose. La méthémoglobinémie peut conduire à des problèmes respiratoires et
neurologiques (55 % à 60 %) et même à la mort lorsque le niveau de méthémoglobine
sanguin est supérieur à 70 % (Bryson, 1996; Curry, 1982). Un cas de
méthémoglobinémie ayant entraîné la mort d’un nourrisson a été rapporté par Johnson
et ses collaborateurs. L’enfant de deux mois aurait été exposé, par l’eau d’un puits
domestique, à une concentration en nitrates d’environ 150 mg-N/l (Johnson et al.,
1987). Récemment, deux nouveaux cas de méthémoglobinémie ont été rapportés
(Knobeloch et al., 2000). Lors du premier cas, on a observé une coloration grisâtre de
la peau autour de la bouche et des vomissements fréquents chez un enfant âgé de six
mois. Les analyses de laboratoire ont révélé la présence de nitrates dans l’eau utilisée
48
pour la préparation des biberons à une concentration de 22,9 mg-N/l. Le deuxième cas
fait également état d’une coloration grisâtre de la peau accompagnée de difficultés
respiratoires chez un nourrisson âgé de trois semaines. L’échantillon d’eau prélevée
dans le puits familial deux jours après l’hospitalisation de l’enfant a révélé la présence
de la bactérie E. coli et une concentration en nitrates de 27,4 mg-N/l (Knobeloch et al.,
2000).
➢ Effets sur la reproduction et le développement
Les études expérimentales conduites avec des animaux ont, pour la plupart, été
réalisées avec les nitrites. Les résultats obtenus de ces études ont démontré un effet
toxique sur la reproduction et le développement à la suite d’une exposition à de très
fortes doses de nitrites qui ont également induit une méthémoglobinémie chez la mère
(Fan et Steinberg, 1996; National Research Council, 1995; Fan et al., 1987). Aucun
effet tératogène n’a cependant été observé chez le rat, la souris, le hamster et le lapin
(Fan et Steinberg, 1996). Les études épidémiologiques réalisées sur ce sujet sont plutôt
rares mais suggèrent la possibilité d’une association entre l’exposition de la mère aux
nitrates par l’eau de consommation et des effets sur le développement de l’embryon
et/ou du foetus. Toutefois, aucune conclusion claire sur la relation de cause à effet n’a
pu être établie (National Research Council, 1995).
➢ Effets cancérigènes
De façon générale, les études réalisées chez l’animal avec les nitrates et les nitrites
n’ont pas démontré d’effet cancérigène. Une étude récente a cependant conclu à une
activité carcinogène équivoque chez des souris femelles B6C3F1 (tendance positive à
l’augmentation du nombre de tumeurs avec la dose) exposées au nitrite de sodium par
l’eau potable (National Toxicology Program, 2001). Différents types de tumeurs
cancéreuses (ex. : foie, rein, poumon, etc.) ont également été observés lorsque des
nitrites et des amines ont été administrés simultanément (Kitano et al., 1997; Fan et
Steinberg, 1996; National Research Council, 1995). La présence de ces tumeurs serait
attribuable à la réaction, dans l’estomac, des nitrites avec les amines secondaires et
tertiaires et à la formation de composés N-nitrosés potentiellement cancérigènes
(National Research Council, 1995). La cancérogénicité de certains de ces composés N-
nitrosés a été observée chez de nombreuses espèces animales (Organisation mondiale
de la Santé, 1980). L'International Agency for Research on Cancer (IARC) a, par
ailleurs, évalué le potentiel cancérigène de certains de ces composés et, à titre
49
d’exemple, a classé la N-nitrosodiméthylamine (NDMA) et la N-nitrosodiéthylamine
(NDEA) comme étant des cancérigènes probables alors que la N-nitrosopipéridine et
la N-nitrosopyrrolidine ont été considérées comme des cancérigènes possibles
(International Agency for Research on Cancer, 2002).
La formation de composés N-nitrosés a été mise en évidence chez l’humain. Ainsi,
lors d’une étude où l’on a servi à 25 volontaires une diète respectant la DJA de nitrates
(49,7 mg-N ou 220 mg de NO3), combinée à un repas de poisson riche en amines, on a
observé une augmentation d’environ 200 % de l’excrétion urinaire de NDMA
(Vermeer et al., 1998). Bien que la possibilité d’un risque cancérigène associé à
l’exposition aux nitrates et nitrites semble plausible, les données épidémiologiques la
supportant sont faibles. En effet, ce sont principalement des études épidémiologiques
de faible qualité qui ont soulevé l’hypothèse d’un risque de cancer de l’estomac chez
les populations exposées mais ce risque n’a pas été confirmé par des études plus
solides (Cantor, 1997). Ainsi, bien que le risque de cancer de l’estomac associé à
l’exposition aux nitrosamines alimentaires (viande fumée) semble bien prouvé, aucune
association n’a été observée lors d’étude cas-témoins avec l’exposition alimentaire aux
nitrates (principalement par les légumes) et les quelques études épidémiologiques avec
données individuelles qui ont considéré l’exposition aux nitrates par l’eau arrivent à
des conclusions discordantes (Cantor, 1997; National Research Council, 1995;
Levallois et Phaneuf, 1994). Finalement, de rares études ont évalué l’association entre
l’exposition aux nitrates et le risque de lymphome, de cancer de la vessie et de cancer
du cerveau. Certains auteurs ont observé des associations avec l’exposition aux
nitrates par l’eau de consommation mais non par l’ingestion d’aliments (Weyer et al.,
2001; Ward et al., 1996). Globalement, il est actuellement impossible de conclure sur
le risque de cancer dû à l’ingestion d’eau contaminée par les nitrates. Les données
épidémiologiques actuelles sont trop limitées, autant à cause du nombre restreint
d’études que de leurs limites sur le plan méthodologique. C’est pourquoi ce risque
potentiel n’est pas actuellement pris en compte dans l’établissement des normes d’eau
potable. Un comité américain ayant révisé le sujet il y a quelques années avait conclu
que, vu que l’apport de l’eau potable était généralement faible, comparé à celui
provenant des aliments, il était peu probable qu’un tel apport puisse être responsable
d’un risque cancérigène (National Research Council, 1995).
50
3. Toxicologie des pesticides
Un pesticide est une substance utilisée pour lutter contre des organismes considérés
comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides,
les herbicides et les parasiticides conçus pour avoir une action biocide. Les pesticides
s'attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux « adventices » et
aux vers parasites.Le terme pesticide comprend non seulement les « produits phytosanitaires »
ou « phytopharmaceutiques » utilisés en agriculture, sylviculture et horticulture mais aussi les
produits zoosanitaires, les produits de traitements conservateurs des bois, et de
nombreux pesticides à usage domestique : shampoing antipoux, boules antimites, poudres
anti-fourmis, bombes insecticides contre les mouches, mites ou moustiques, colliers
antipuces, diffuseurs intérieurs, etc.
Dans une acception plus large, comme celle de la règlementation européenne; ce sont des
produits chimiques « fabriqués ou naturels ne contenant pas d'organisme vivant » :
51
• Les médicaments vétérinaires et à destination humaine, ce peut être des régulateurs de
croissance, ou des substances qui répondent à des problèmes d'hygiène publique (par
exemple les cafards dans les habitations), de santé publique (les insectes
parasites poux, puces ou vecteurs de maladies telles que le paludisme et les bactéries
pathogènes de l'eau détruites par la chloration), de santé vétérinaire, ou concernant les
surfaces non agricoles (routes, aéroports, voies ferrées, réseaux électriques, etc.).
En France, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), d'après les analyses faites en 2006-2007
chez 3 100 personnes dans le cadre du programme national nutrition santé (PNNS), le sang
d'un Français moyen contient presque toujours des pesticides organophosphorés et trois fois
plus de certains pesticides (pyréthrinoïdes, paradichlorobenzène) que celui des Américains ou
des Allemands, alors que leur taux sanguin de métaux lourds et de pesticides organochlorés
est comparable aux concentrations observées à l’étranger.
➢ Catégories de pesticides
52
• les produits dits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques (qui étymologiquement
« soignent » les plantes : ce sont comme des médicaments pour les plantes en culture).
Anciennement appelés « pesticides à usage agricole ».
• les biocides, c'est-à-dire les pesticides utilisés dans d'autres applications. Ils incluent
des produits qui soignent les animaux ou l'homme (antiparasitaires externes ou
internes par exemple). Ils peuvent désigner des molécules actives seules, ou des
formulations associant plusieurs molécules ou des molécules actives et additifs
(surfactants par exemple).
Chaque groupe chimique produit des métabolites au sein des organismes vivants ou des
résidus en se dégradant spontanément. Ces résidus ou métabolites sont plus ou moins
dégradables et susceptibles d'être retrouvé comme polluants de l'environnement ou
contaminants de la nourriture ou de la boisson.
Les pesticides peuvent être regroupés selon différents axes : par type d'usage, par origine,
par type d'activité, par groupe chimique, par mode d'action, etc.
On distingue les pesticides artificiels (molécules inventée par l'être humain, développées en
laboratoire et produites en usine) et pesticides naturels (molécules trouvables dans la nature
qui peuvent être extraites d'organismes vivants ou synthétisées en usine).
Les pesticides de synthèse sont, quant à eux, des molécules, d'origine artificielle ou
d'origine naturelle, synthétisées en laboratoire ou usine. On distingue également les pesticides
organiques (contenant un composé organique) et pesticides inorganiques (contenant
un composé inorganique).
53
• les algicides, utilisés contre les algues dans les lacs, canaux, piscines, réservoirs
d'eau, etc. ;
• les acaricides, utilisés contre les acariens ;
• les antimicrobiens et les bactéricides, utilisés contre les bactéries ;
• les corvicides ou corvifuges, utilisés contre les corbeaux ;
• les fongicides pour tuer les champignons ou inhiber leur croissance (exemple,
les QoI, SDHI) ;
• les herbicides, désherbants, phytocides ou débroussaillants utilisés pour détruire
les adventices (« mauvaises herbes ») ;
• les insecticides, utilisés contre insectes et autres arthropodes ;
• les molluscicides, qui tuent les limaces et les escargots (ou les éloignent dans le cas de
répulsifs) ; dont les hélicides qui sont spécifiques des escargots ;
• les nématicides, utilisés contre les nématodes ;
• les ovicides, qui tuent les œufs d'insectes et d'acariens ;
• les parasiticides, utilisés contre les parasites ;
• les piscicides, utilisés contre les poissons ;
• les rodenticides, utilisés contre les rongeurs ;
• les taupicides, utilisés contre les taupes;
• les virucides, terme commercial désignant des produits, solutions ou traitements
censés « tuer » les virus ; ce terme est incorrect, puisqu'un virus, ne possédant pas de
métabolisme interne, n'est pas considéré comme vivant au sens strict. Il peut
cependant en effet être détruit ou neutralisé ;
• les biopesticides, divers types de pesticides dérivés de produits naturels.
Les catégories de produits suivants, sont plus spécifiquement et commercialement
désignés comme « produits phytosanitaires », sont utilisées pour soigner ou prévenir
les maladies des végétaux. Ce ne sont donc pas tous des pesticides au sens strict
(régulateurs hormonaux de croissance par exemple) :
• les anti-russetings luttent contre la rugosité des pommes ;
• les dessicants et les défoliants qui détruisent les feuillages des plantes ;
• les répulsifs luttent contre les insectes (moustiques), le gibier et les oiseaux ;
• les régulateurs de croissance sont utilisés pour la prévention de la croissance excessive
d'une plante (lutte contre la verse chez le blé), les anti-germinants, les produits
favorisant la résistance des plantes, le bouturage, la mise en fruit ;
54
• les phéromones, substances biochimiques qui attirent les insectes et perturbent leur
comportement.
Autres produits :
• les fumigants, produisant des gaz ou vapeurs pour traiter bâtiments et sols contre
divers bioagresseurs ;
• les désinfectants, pour traiter objets et matériel contre les microorganismes
pathogènes ;
• les agents antifouling, utilisés contre les organismes qui s'attachent aux surfaces
immergées, comme la coque des bateaux.
Les modes d'action et d'utilisation diffèrent selon les produits et les cibles. Les
produits dits systémiques sont destinés à pénétrer à l’intérieur d'un organisme afin de
le détruire (herbicide par exemple) ou de le protéger contre certains bioagresseurs.
➢ Effets sur la santé humaine
L'OMS met en garde contre les dangers directs et indirects liés d'une part à l'utilisation
de pesticides, d'autre part à l'exposition aux pesticides. En 1990, un rapport de l'OMS
identifiait 220 000 décès dus aux pesticides, dont 91 % par suicide. À l'échelle
mondiale, 30 % des suicides ont lieu par empoisonnement aux pesticides, notamment
dans les zones rurales des pays en développement. Selon une revue de littérature de
l'université de Lund (Suède) de 2013, qui s'appuie notamment sur la source
précédente, environ 200 000 personnes meurent chaque année d'intoxication aigüe par
des pesticides. En 2004, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé, de
l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et du Programme
des Nations unies pour l'environnement cite un chiffre de 1990 qui estimait la
mortalité des agriculteurs à 20 000, dont 99 % dans les pays en développement, alors
que pourtant ceux-ci n'utilisaient que 25 % des pesticides vendus dans le monde. En
2017, un rapport d'experts auprès du Conseil des droits de l'homme des Nations
unies reprend le chiffre de 200 000 décès dus aux pesticides et plaide pour un nouveau
traité global sur l'utilisation des pesticides, présentés comme non indispensables116.
Selon les auteurs, l'utilisation excessive des pesticides contamine les sols et la
ressource en eau et représente une menace pour l'environnement, la santé et la
production agricole elle-même.
Les pesticides liés au Chlorpyrifos diminuent en moyenne de 2,5 points le quotient
intellectuel de chaque enfant européen
55
➢ Intoxications aigües
Elles surviennent souvent après un contact direct (agriculteurs, entourage) et le délai
relativement court (quelques heures à quelques jours) entre l'exposition au produit et
l'apparition des troubles permet le plus souvent de relier les effets à la cause.
Dans certains pays pauvres, au début du xxie siècle, l'empoisonnement par les
pesticides tue maintenant plus que les maladies infectieuses.
En France, la Mutualité sociale agricole (MSA) et le laboratoire GRECAN, d'après
de premières études MSA, ont conclu qu'en France environ 100 à 200 intoxications
aiguës (irritations cutanées, troubles digestifs, maux de têtes) par an sont imputées aux
pesticides.
Les dérivés organochlorés induisent tout d'abord des troubles digestifs
(vomissement, diarrhée) suivis par des troubles neurologiques (maux de tête, vertige)
accompagnés d'une grande fatigue. À ceux-ci succèdent des convulsions et parfois
une perte de conscience. Si le sujet est traité à temps, l'évolution vers une guérison
sans séquelles survient généralement. L'intoxication aiguë avec ce type de produit est
relativement rare, à moins d'ingestion volontaire (suicide) ou accidentelle (absorption
par méprise, dérive de nuage, jet de pulvérisateur…).
Les dérivés organophosphorés ainsi que les carbamates, en inhibant la cholinestérase,
induisent une accumulation d'acétylcholine dans l'organisme débouchant sur une
hyperactivité du système nerveux et à une crise cholinergique. Les signes cliniques
sont des troubles digestifs avec hypersécrétion salivaire, nausée, vomissement,
crampes abdominales, diarrhée profuse. Il y a de plus des troubles respiratoires avec
hypersécrétion bronchique, toux et essoufflement. Les troubles cardiaques sont
une tachycardie avec hypertension puis hypotension. Les troubles neuromusculaires se
traduisent par des contractions fréquentes et rapides de tous les muscles, des
mouvements involontaires, des crampes puis une paralysie musculaire générale. La
mort survient rapidement par asphyxie ou arrêt cardiaque. Un antidote spécifique
existe pour cette catégorie de produit : le sulfate d'atropine qui neutralise rapidement
les effets toxiques.
Les rodenticides à base d'anticoagulants agissent en abaissant le taux
de prothrombine dans le sang, nécessaire à la formation du caillot sanguin, entraînant
des hémorragies internes. Ils ne causent généralement pas — sauf absorption massive
à but suicidaire — de troubles de la coagulation, ni d'hémorragie chez l'adulte mais
56
des hémorragies graves peuvent survenir chez l'enfant. Les symptômes, après quelques
jours (pour une dose élevée) ou après quelques semaines (pour des prises répétées)
sont : sang dans les urines, saignement de nez, hémorragie gingivale, sang dans les
selles, anémie, faiblesse. La mort peut survenir dans les 5 à 7 jours qui suivent.
➢ Intoxications chroniques
Ce risque est débattus pour l'adulte et peu mesurable faute de symptômes
spécifiques et de données sur le degré d'exposition sauf pour les lymphomes. Chez
l'enfant, des cancers (tumeurs cérébrales, leucémies et néphroblatomes...) sont plus
fréquemment associés à une exposition chronique aux pesticides ou à celle des parents
lors de la grossesse. Les impacts suspectés de l'exposition in
utéro du fœtus sont « infertilité, mort fœtale, prématurité, hypotrophie, retard de
croissance intra-utérin (RCIU), malformations congénitales, notamment
orofaciales », encore à confirmer en raison de possibles biais. « Les pesticides peuvent
interférer avec les hormones (perturbateur endocrinien), les facteurs de croissance ou
les neurotransmetteurs » et les manifestations neurologiques sont « de mieux en mieux
documentée ».
➢ Altérations du système nerveux
Les organochlorés induisent une fatigabilité musculaire et une baisse de la sensibilité
tactile. Les organophosphorés entraînent à long terme des céphalées, de l'anxiété, de
l'irritabilité, la dépression et l'insomnie, voire des troubles hallucinatoires. Certains
paralysent (comme les dérivés mercuriels ou arsenicaux).
En 2012, selon une trentaine d’études épidémiologiques, les pesticides pourraient
induire des troubles dépressifs et psychiatriques (sans lien proportionnellement clair
établi avec le taux de suicide plus élevé chez les agriculteurs que dans la plupart des
autres professions).
➢ Troubles neurodéveloppementaux
En 2007, de nombreux spécialistes de l'environnement, du développement, de la
toxicologie, de l'épidémiologie, de la nutrition et de la pédiatrie se sont réunis sous
l'égide de plusieurs agences gouvernementales (Organisation Mondiale de la
Santé, Agence Européenne pour l'Environnement, Environmental Protection
Agency,...). Cette rencontre a donné lieu à la "déclaration des Îles Féroé" du nom du
lieu de la conférence. Il est ressorti de cet échange, à propos des résultats les plus
récents de la recherche scientifique, que la période développementale, et
57
notamment cérébrale, était particulièrement susceptible aux risques
environnementaux. Une exposition à des polluants chimiques, durant cette période de
vulnérabilité accrue, causerait des maladies et des désordres ayant des conséquences
durant la vie entière. Certains composés chimiques, y compris à de faibles doses,
conduiraient à des déficits fonctionnels importants et une augmentation du risque de
développer certaines maladies.
➢ Maladies neurodégénératives
• Maladie de ParkinsonLa maladie de Parkinson est la deuxième maladie
neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d'Alzheimer. Elle est notamment
caractérisée, du point de vue cellulaire, par une perte des
neurones dopaminergiques de la substance noire et par des inclusions neuronales
appelées corps de Lewy constituées par un dépôt anormal d'alpha-synucléine,
une protéine. Ces processus conduisent à une perte progressive du contrôle de la
motricité. En dehors des cas familiaux qui sont rares, les causes de la maladie sont peu
connues mais considérées comme multifactorielles et impliquant des facteurs
génétiques et environnementaux.
L’hypothèse d'un lien entre une exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson
date de 1983. On a décrit à l'époque la survenue de syndromes Parkinsoniens chez
plusieurs toxicomanes suite à l'injection de MPTP (1-méthyle-4-phényl-1,2,3,6-
tétrahydropyridine). Ce composé, métabolisé en MPP+ (1-méthyl-4-phényl
pyridinium), est un inhibiteur de la chaîne respiratoire mitochondriale ; il a une
action neurotoxique sur les cellules dopaminergiques. Le MPP+ possède une structure
chimique proche de celle du paraquat, un herbicide interdit dans l'Union
Européenne depuis 2007, toujours utilisé dans certains pays en "voie de
développement". Cette ressemblance structurale a motivé l'évaluation d'une
expositionaux pesticides sur l'apparition de la maladie de Parkinson.
Une méta-analyse datant de 2012 et ré-analysant 46 études préalables, indique un
excès de risque de 62 % de développer la maladie de Parkinson lorsque les personnes
ont été exposées à des pesticides au cours de leur vie, plus particulièrement
les herbicides et les insecticides. Le risque est encore plus prononcé (250 %) lorsque le
niveau d'exposition est déterminé en fonction d'un critère objectif - un métier en
relation avec les pesticides - que lorsqu'il est estimé par les sujets eux-mêmes (150 %).
58
Les études épidémiologiques ont souvent plus de mal à associer un composé
spécifique à un risque de développer la maladie de Parkinson ; ceci est souvent dû à la
faiblesse des effectifs, à la présence de facteurs confondants et notamment au fait que
les individus soient soumis à plusieurs pesticide au cours de leur vie. Afin de palier ce
problème, l'Agricultural Health Study a regroupé les pesticides en fonction de leur
action sur la physiologie cellulaire et ainsi mis en évidence des effets significatifs. Le
risque de développer la maladie est ainsi deux fois plus élevé pour les pesticides
générateur de stress oxydant et 1,7 fois plus élevé pour les inhibiteurs du complexe
I de la chaîne respiratoire ; deux pesticides en particulier sont associés à la maladie, le
paraquat et la roténone. L'injection systémique de ces deux pesticides, chez l'animal,
est notamment utilisée pour générer des modèles de la maladie de Parkinson
permettant d'étudier les aspects moléculaires et cellulaires de la pathogenèse et de
la physiopathologie de cette maladie.
D'autres études ont également conclu à une augmentation probable des risques de
maladie de Parkinson à la suite de l'exposition chronique à certains pesticides.
L'exposition aux pesticides augmenterait le risque de maladie de Parkinson de près de
70 % : 5 % des personnes exposées aux pesticides risqueraient de développer la
maladie contre 3 % pour la population générale. Cette maladie est d’ailleurs plus
fréquente (+ 56 %) en milieu rural qu’en milieu urbain.
Ces dernières années ont vu une augmentation des cas de méconduites scientifiques et
la recherche dans ce domaine n'en est pas exempte, elle a notamment donné lieu à la
rétraction de deux études réalisées chez le rongeur.
En France, cette maladie ne figure cependant dans aucun tableau de Maladie
Professionnelle mais un cas récent pourrait faire jurisprudence. En 2012, le ministre de
l'Agriculture a officialisé la reconnaissance du lien entre cette maladie
neurodégénérative (Parkinson) et les pesticides chez les agriculteurs.
• Maladie d'Alzheimer
La maladie d'Alzheimer est la cause de démence la plus fréquente et dont la
manifestation clinique la plus connue est une perte de mémoire. Du point de vue
cellulaire et moléculaire, la maladie se caractérise par une atrophie cérébrale associée
à des plaques séniles extracellulaires et des enchevêtrements
neurofibrillaires intracellulaires perturbant le fonctionnement cérébral. La proportion
59
de cas ayant une origine génétique étant faible, de l'ordre de 10 %, cela suggère
d'autres causes et notamment l'intervention de facteurs environnementaux.
Le nombre d'études explorant un lien potentiel entre l'exposition aux pesticides et la
maladie d'Alzheimer est à l'heure actuelle encore limité. Une revue critique analysant
24 articles de recherche originaux indique cependant que les pesticides sont le facteur
de risque professionnel pour lequel il existe le plus de liens convaincants avec la
maladie d'Alzheimer. Parmi les travaux analysées, trois études de cohortes indiquent
une élévation significative du risque de développer la maladie avec, pour l'une d'elles,
un quadruplement du risque. Ces études ne peuvent pour le moment pas conclure sur
l'implication de substances spécifiques.
4. Toxicologie des mycotoxines
INTRODUCTION
Définition
60
potentialités toxiques à l’égard de l’homme et des animaux. Plus de 300 métabolites
secondaires ont été identifiés mais seule une trentaine possèdent de réelles propriétés
toxiques préoccupantes. Ces toxines se retrouvent à l’état de contaminants naturels
de nombreuses denrées d’origine végétale : notamment les céréales mais aussi les
fruits, noix, amandes, grains, fourrages, ainsi que les aliments manufacturés ou
composés destinés à l’alimentation humaine et animale. Les mycotoxines sont
secrétées par des moisissures appartenant notamment aux genres Aspergillus,
Penicillium et Fusarium. Deux groupes de champignons toxinogènes peuvent être
distingués. Le premier type est constitué de champignons envahissant leur substrat
et produisant la mycotoxine sur plantes sénescentes ou stressées : il est alors question
de toxines de champs. L’autre groupe rassemble ceux qui produisent les toxines
après récolte, on les qualifie de toxines de stockage. On distingue parmi les groupes
de mycotoxines considérées comme importantes du point de vue agroalimentaire et
sanitaire, les aflatoxines, l’ochratoxine A, la patuline, les fumonisines, la zéaralénone,
les trichothécènes et notamment le déoxynivalénol et la toxine T-2. Il convient de
remarquer que dans un groupe structural de toxines, la toxicité peut varier très
largement d’une toxine à une autre et que le danger ne vient pas toujours de la
toxine elle même mais peut être dû à ses métabolites.
61
(Bien que les aflatoxines soient les principales toxines associées à cette mycotoxicose, une autre
mycotoxine, l’acide cyclopiazonique semble avoir joué un rôle (Bradburn et al., 1995) dans l’étiologie
de la maladie de la dinde). Les effets chroniques de l’ingestion de faibles quantités d’aflatoxines (en
parties par milliard) par le bétail ont aussi été abondamment étudiés (Coker, 1997) et comprennent une
diminution de la productivité et une propension accrue à la maladie.
Les moisissures qui engendrent des aflatoxines sont très répandues dans le monde entier, sous les
climats tempéré, subtropical et tropical, et les aflatoxines peuvent être produites avant comme après
les moissons, sur de nombreux aliments de l’homme et de l’animal et plus particulièrement sur les
oléagineux, les fruits comestibles en coque et les céréales (Coker, 1997).
Bien que les aflatoxines soient principalement associées à des denrées d’origine subtropicale ou
tropicale, on a aussi signalé leur présence (Pettersson et al., 1989) en climat tempéré sur des céréales
traitées à l’acide.
L’aflatoxine B1 est un agent cancérogène pour l’homme (CIRC, 1993a) et constitue l’un des plus
puissants facteurs de cancer du foie que l’on connaisse. Des décès chez l’homme ont aussi été
provoqués (Krishnamachari et al., 1975) par des intoxications aiguës par l’aflatoxine en 1974, par
exemple, lorsque des pluies hors de saison et une pénurie alimentaire ont poussé la population à
consommer du maïs fortement contaminé. Si l’effet immunosuppresseur des aflatoxines chez le bétail
se manifeste de la même façon chez l’homme, il est possible que les aflatoxines (et autres
mycotoxines) jouent un rôle important dans l’étiologie de certaines maladies humaines dans les pays
en développement, où l’on rapporte que le risque de contamination est très élevé.
➢ Les trichothécènes
On sait étonnamment peu de chose des effets de l’humidité et de la température sur le comportement
des moisissures du genre Fusarium, et, entre autres, sur la production de mycotoxines.
Dans le cas de F. graminearum, les limites de température dans lesquelles la croissance est possible
n’ont pas été rapportées, mais la température optimale a été estimée entre 24 et 26°C. Le facteur
d’humidité minimal est de 0,9, et la limite supérieure dépasserait 0,99. On ne dispose d’aucune
information sur l’effet de l’humidité et de la température sur la production de déoxynivalénol, de
nivalénol et de zéaralénone.
62
respectivement de -0,2°C, 22,5 à 27,5°C, et 35°C. Comme pour les autres espèces de Fusarium, on ne
dispose d’aucune information sur les conditions requises pour la production de toxine T-2.
La toxine T-2, produite sur les céréales dans de nombreuses parties du monde, est particulièrement
associée à une période prolongée d’humidité pendant la moisson. Elle est probablement à l’origine de
l’aleucie toxique alimentaire, maladie (CIRC, 1993b) qui a touché des milliers de personnes en Sibérie
pendant la Seconde guerre mondiale, effaçant de la carte des villages entiers. Les symptômes de la
maladie comprennent la fièvre, les vomissements, l’inflammation aiguë du tube digestif et divers
désordres sanguins. La toxine T-2 est responsable d’épidémies de maladie hémorragique chez les
animaux et associée à la formation de lésions orales et à des effets neurotoxiques chez la volaille.
L’effet le plus significatif de la toxine T-2 (ainsi que d’autres trichothécènes) est son effet
immunosuppresseur, qui a été clairement démontré dans des expérimentations animales et qui est
probablement lié à l’inhibition par cette toxine de la biosynthèse de macromolécules. Quelques
résultats expérimentaux permettent de penser que la toxine T-2 peut être cancérogène chez l’animal.
L’ingestion de DON a provoqué des accès aigus de mycotoxicoses chez l’homme en Inde, en Chine et
dans les campagnes japonaises (CIRC, 1993c; Bhat et al., 1989; Luo, 1988). L’épisode qui a eu lieu en
Chine en 1984-1985 était déclenché par du maïs et du blé moisi; les symptôme, apparus dans les cinq
à trente premières minutes, se présentaient sous la forme de nausées, vomissements, douleurs
abdominales, diarrhée, vertiges et céphalées.
Jusqu’à présent, il n’y a qu’au Japon que des isolats de F. graminearum produisant du nivalénol aient
été observés sur le riz ou d’autres céréales et associés à la maladie de la moisissure rouge (“Akakabi-
byo”) qui se manifeste par une anorexie, des nausées, des vomissements, des céphalées, des douleurs
abdominales, de la diarrhée et des convulsions (Marasas et al., 1984).
➢ La zéaralénone
63
La zéaralénone est une mycotoxine oestrogène que l’on trouve en faibles quantités, principalement
dans le maïs, en Amérique du Nord, au Japon et en Europe. Elle peut être présente en grandes
quantités dans les pays en développement, particulièrement lorsque le maïs est cultivé dans des
conditions plus tempérées, par exemple en altitude.
La zéaralénone, coproduite avec le déoxynivalénol par F. graminearum, est associée, avec le DON,
à des épisodes aigus de mycotoxicoses chez l’homme.
Le contact avec du maïs contaminé est à l’origine (Udagawa, 1988) d’une hyperoestrogénie chez le
bétail, principalement chez le porc, qui se caractérise principalement par une tuméfaction vulvaire et
mammaire et une infertilité. Quelques éléments recueillis dans des expérimentations animales
permettraient de conclure à un effet carcinogène de la zéaralénone.
➢ Les fumonisines
La présence de fumonisine dans le maïs a été liée à l’apparition de cancers oesophagiens chez
l’homme dans le Transkei, en Afrique australe, et en Chine. Le rapport entre le contact avec du maïs
de culture familiale contaminé par F. moniliforme et l’incidence de cancers oesophagiens a été étudié
au Transkei pendant la période 1976-1986 (Rheeder et al., 1992). Le pourcentage de grains
contaminés par F. moniliforme était sensiblement plus élevé dans la zone à haut risque de cancer
64
pendant toute la période, et les quantités de fumonisine B1 et B2 étaient notablement plus importantes
dans le maïs moisi cultivé dans les zones à haut risque en 1986.
➢ L’ochratoxine A
A. ochraceus se développe plus lentement que A. Flavus et A. parasiticus, mais peut se développer
dans un facteur d’humidité aussi faible que 0,79. Sa température de développement serait comprise
entre 8 et 37°C avec un optimum variant, selon les rapports, entre 25 et 31°C. L’ochratoxine A est
produite dans une fourchette de températures de 15 à 37°C, avec une valeur optimale à 25-28°C.
P. verrucosum se développe à des températures comprises entre 0 et 31°C et dans une humidité de
0,80. L’ochratoxine A est produite à toutes les températures de la gamme. Des quantités importantes
de toxines peuvent être produites à une température aussi basse que 4°C et une humidité aussi faible
que 0,86.
Le contact avec l’ochratoxine A (CIRC, 1993e) semble se produire essentiellement dans les régions
tempérées de l’hémisphère nord où poussent le blé et l’orge. Les quantités d’ochratoxine A rapportées
dans ces produits vont des traces à des concentrations de 6000 µg/kg dans le blé canadien. Au
Royaume-Uni, les teneurs signalées vont de moins de 25 à 5 000 µg/kg pour l’orge et de moins de 25 à
2 700 µg/kg pour le blé. On la trouve aussi dans le maïs, le riz, les pois, les haricots, les doliques, le
raisin et ses produits dérivés, le café, les épices, les fruits à coque et les figues.
Le passage de l’ochratoxine A de l’alimentation animale aux produits animaux a été démontré par la
présence de cette toxine dans les produits à base de viande de porc et dans le sang de porc en Europe.
Bien que les grains de céréales soient considérés comme la principale source d’ochratoxine A dans
l’alimentation humaine, l’idée a été émise (CIRC, 1993e) qu’elle pouvait aussi se trouver dans la
viande de porc. On en a retrouvé dans le sang (et le lait) d’habitants de plusieurs pays européens parmi
lesquels la France, l’Italie, l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Pologne, la Yougoslavie et la
Bulgarie. L’un des taux les plus élevés que l’on ait mesurés était de 100 ng/ml retrouvés dans le sang
en Yougoslavie (Fuchs et al., 1991), tandis que l’on enregistrait, en Italie, un taux de 6,6 ng/ml dans le
lait (Micco et al, 1991).
Des mesures réglementaires concernant l’ochratoxine A ont été adoptées ou proposées dans au moins
onze pays pour limiter les teneurs admises dans la nourriture, comprises entre 1 et 50 µg/kg, et dans
les aliments du bétail, comprises entre 100 et 1000 µg/kg. Au Danemark, l’acceptabilité des produits à
base de viande de porc issus d’une carcasse donnée dépend de l’analyse de la teneur en ochratoxine A
65
présente dans le rein. La viande et certains organes du porc peuvent être consommés si la teneur en
ochratoxine A du rognon n’est pas supérieure respectivement à 25 et 10 µg/kg (van Egmond, 1997).
Le Comité mixte d’experts de l’OMS et de la FAO sur les additifs alimentaires, le JECFA,
recommande à titre provisoire de limiter l’absorption hebdomadaire d’ochratoxine A à 100 ng/kg de
poids corporel, ce qui correspond à une absorption journalière d’environ 14 ng/kg de poids corporel
(JECFA, 1996a).
Les expérimentations sur les animaux ont suffisamment démontré le pouvoir carcinogène de
l’ochratoxine A (CIRC, 1993e).
➢ La patuline
La patuline est un antibiotique produit par plusieurs moisissures. Elle apparaît dans les pommes
pourries contaminées par Penicillium expansum et, peut donc être présente dans le jus de pomme et
autres produits à base de pommes.
Les études expérimentales montrent que la patuline est une neurotoxine et qu’elle produit des
altérations pathologiques sévères dans les viscères. Bien que, selon les rapports existants, elle induise
des sarcomes locaux, la plupart des études à court terme n’ont pas permis de déceler une activité
mutagène.
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Tableau 1 Moisissures et mycotoxines importantes à l’échelle régionale
La plupart des animaux d’élevage se nourrissent de fourrage, soit dans des pâturages, soit sous
forme de foin ou d’ensilage. Pendant toute cette période, les cultures peuvent être envahies par des
moisissures dont le développement dépend de l’écosystème ambiant, de même que la production de
champignons. Les cultures sur pied abritent des micromilieux différents. Les feuilles sommitales d’une
plante, par exemple, sont soumises à des fluctuations extrêmes de température et d’humidité relative,
tandis que les feuilles proches de la base de la plante ont un environnement plus ombragé, plus
tempéré et plus humide. La texture de surface de la feuille a aussi un effet sur le micromilieu.
5. Allergies alimentaires
Dans la plupart des cas, une réaction dite « secondaire » à l’absorption d’un aliment
n’est pas conséquente à une allergie alimentaire mais résulte le plus souvent
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d’une intoxication alimentaire, d’une aversion pour un aliment ou d’une intolérance à un
ou plusieurs ingrédients.
Une allergie alimentaire peut se déclencher non seulement par ingestion alimentaire mais
aussi par inhalation ou contact avec la peau avec des molécules issues de produits
alimentaires par aérotransportation (cas observés sur les marchés alimentaires, dans les
cabines confinées des avions).
➢ Prévalence
Ces réactions alimentaires secondaires peuvent être dues à une allergie ou une intolérance
alimentaire. Une personne sur trois s’estime allergique à certains aliments mais la réalité de
cette allergie n'est très souvent pas prouvée. Chez les enfants, la fréquence de l’allergie est
plus fréquente : elle atteint en 2010 près de 8 % chez l'enfant de moins de 3 ans alors qu'elle
ne dépasse pas 2 % chez l'adulte3 alors qu'elle n'atteignait que 1 % de la population dix ans
auparavant4.
✓ Allergènes alimentaires
La nature des aliments impliqués dans l’allergie alimentaire varie selon les habitudes
alimentaires des pays mais surtout, transcendant celles-ci, selon l’âge. Si 50 % des allergies
alimentaires sont d’origine végétale et 50 % d’origine animale, chez l’enfant ce sont surtout
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les allergènes animaux qui sont impliqués, remplacés progressivement par les allergènes
végétaux. L'allergie peut parfois être induite par l'emballage ou un traitement (ex: pesticide) et
non l'aliment lui-même.
Chez le nouveau-né et le nourrisson, l'allergie aux protéines de lait de vache est la plus
courante. Elles peuvent déclencher des réactions d'allergie de façon précoce, voire très
précoce, dès les premières heures de la vie. Les symptômes apparaissent dans 10 % des cas
dans les deux heures suivant l'ingestion du premier biberon, dans 30 % des cas dans les
premières vingt-quatre heures et dans 75 % à 100 % des cas avant l'âge de 3 mois.
Il existe d’autres aliments présentant des risques de réactions allergiques. Ainsi, les fruits,
les légumes secs (soja, haricots), œufs, crustacés (crabe, crevettes, langouste, homard),
poisson, légumes, graines de sésame, graines de tournesol, graines de moutarde et graines de
pavot peuvent être la cause d’une réaction allergique d’ordre alimentaire.
La deuxième cause chez l'enfant (après les protéines de lait de vache) sont les œufs.
L'allergie alimentaire peut disparaître avec les années, celle de l'œuf, par exemple,
s'amendant dans près de trois quart des cas après l'âge de sept ans.
✓ Antécédents
L'eczéma sur le dos est un symptôme commun d'allergie. Une atopie familiale
(eczéma, urticaire, asthme, rhinite allergique) est retrouvée avec une fréquence atteignant
70 % des enfants allergiques aux protéines de lait de vache. La diversification alimentaire
précoce semble augmenter le risque de dermatite atopique, affection cutanée dont l'une des
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manifestations est l'eczéma. Globalement le risque de manifestations allergiques s'accroît en
fonction du nombre de parents atteints. L'atopie est plus fréquente chez les garçons que chez
les filles.
➢ Manifestations cliniques
✓ Allergie aux protéines du lait de vache
L'APLV (allergie à la protéine de lait de vache) domine le tableau de l'allergie aux
aliments pendant les premiers mois de la vie.
Il se manifeste par un vomissement survenant dans les heures suivant la prise du
biberon. Il peut s'associer à une émission de selles liquides et se compléter par les
symptômes d'un état de choc avec chute de la pression artérielle, simple pâleur
avec cyanose (aspect bleuté) péribuccale ou hypotonie avec troubles de la conscience.
Les symptômes disparaissent en quelques heures. Un autre biberon déclenche les
mêmes troubles.
La forme digestive chronique associe un syndrome de malabsorption
avec stéatorrhée (diarrhée graisseuse) qui se constitue en quelques semaines après
l'introduction du lait de vache. Elle entraîne une cassure de la courbe de poids,
une anorexie (perte de l'appétit), un météorisme abdominal (gonflement du ventre)
contrastant avec une dénutrition visible au niveau des membres.
✓ Allergie aux autres aliments
Les manifestations cliniques de l'allergie alimentaire peuvent comporter :
• des manifestations immédiates (survenant dans les minutes ou les premières heures
suivant l'ingestion de l'aliment) ;
• des manifestations retardées (le début n'apparaît que plusieurs heures ou plusieurs
jours après l'ingestion de l'aliment).
Ces manifestations, qui peuvent s'associer ou se succéder, mettent en œuvre des
mécanismes différents qui peuvent donc coexister chez une même personne. Elles
peuvent être de type respiratoire avec un nez qui coule (congestion nasale), des
éternuements, une toux, pouvant aller jusqu'à une crise d'asthme. Les manifestations
cutanées peuvent comporter un gonflement des lèvres, de la bouche, de la langue, du
visage et/ou de la gorge (angiœdème), des urticaires, des éruptions ou rougeurs
pouvant provoquer des démangeaisons, un eczéma. Les manifestations digestives
comprennent des crampes abdominales, une diarrhée, des nausées avec parfois des
vomissements un ballonnement de l'abdomen.
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Dans les formes graves, l'allergie alimentaire peut se manifester par un choc
anaphylactique (choc sévère généralisé).
L'allergie alimentaire est chez l'enfant une entité plus fréquente que chez l'adulte. La
difficulté de son diagnostic est liée, chez le nourrisson, lorsque l'allergène est unique,
au caractère protéiforme de ses manifestations cliniques et, chez l'enfant plus grand, à
la multiplicité des allergènes possibles et au caractère pluri-factoriel des affections
dans la genèse desquelles intervient l'allergie alimentaire.
✓ Les tests
Des méthodes scientifiques ne sont pas en mesure de diagnostiquer avec précision et
d'une façon correcte à chaque fois les intolérances et allergies alimentaires. Le
problème réside dans le fait que les mécanismes de l'allergie alimentaire sont loin
d'être connus par les scientifiques.
Passée la première étape de consultation médicale, visant à vérifier que les
symptômes sont bien relatifs à une intolérance d’ordre alimentaire, une visite chez
un allergologue et/ou un diététicien devient nécessaire.
L’examen commence avec le détail de l’histoire familiale. Une évaluation de la
fréquence des symptômes et une première recherche des aliments à risque seront
réalisées par le biais d’un questionnaire sur les habitudes alimentaires du patient.
L’examen physique sera également entrepris selon plusieurs méthodes : les tests
cutanés, les régimes d’exclusion, le test RAST, les tests de provocation en simple ou
double aveugle (avec placebo). Le dosage des immunoglobulines E spécifique à
l'allergène peut être également fait mais leur quantité n'est pas toujours corrélé à
l'allergie. Une des difficultés majeures est le phénomène d'allergie croisée
(reconnaissance d'un allergène à la place d'un autre allergène similaire par le système
immunitaire entrainant des faux-positifs, comme le syndrome oral croisé).
✓ Les tests cutanés
Bien que leur fiabilité soit contestée, ces tests pourraient vérifier l’intolérance à
certains aliments suspects.
• Prick tests
Un Prick Test sur le bras.
Ils consistent à placer sur la peau, qui est ensuite griffée, un extrait d’un aliment
spécifique pour observer les réactions de démangeaisons et de gonflements.
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Beaucoup d'allergologue préfèrent utiliser des extraits d'aliments frais : ceci est
valable pour l'œuf, le lait de vache, la moutarde, les poissons. Deux méthodologies
existent : « Prick classique » où l'on dépose une goutte d'extrait sur la peau puis on
pique à travers, ou « Prick to Prick » où l'on pique l'aliment puis on pique la peau.
Le test est très sensible mais moins spécifique (risque de faux positifs dans un cas sur
deux avec réaction cutanée présente alors qu'il n' y a aucune allergie ou allergie
croisée).
• Patch tes
Une petite quantité d'allergène est mise au contact de la peau et maintenue, fixée par un
produit adhésif pendant 48 heures. La lecture se fait 48 et 72 heures après la pose. Le test est
positif lorsque la peau apparaît rouge et légèrement inflammatoire au niveau du patch. La
lecture se fait par comparaison avec un patch témoin (ne contenant aucun produit allergène).
Bien connu dans l'allergie de contact, le patch-test est d'utilisation beaucoup plus récente
dans le domaine de l'allergie alimentaire. En effet, il est commercialisé depuis 2004, en partie
grâce au soutien de la Fondation Altran pour l'Innovation. Il a été mis au point pour
l'exploration des allergies de type retardé ou semi-retardé. Il permet de recréer sur la peau une
réaction observée au niveau d'un organe situé à distance comme le tube digestif.
✓ Traitement
• L’éviction alimentaire
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▪ sa tolérance doit être bonne. Un supplément calcique peut être nécessaire si
l'allergie concerne les protéines de lait de vache afin que l'équilibre nutritionnel
soit toujours préservé, notamment en cas de difficultés d'acceptabilité des
substituts lactés ;
▪ son efficacité doit être contrôlée précocement, afin qu'il ne soit pas poursuivi
inutilement si son efficacité clinique est nulle.
L'éviction peut être difficile, l'allergène pouvant être présent à l'état de traces dans des
préparations culinaires industrielles. Elle oblige ainsi à une lecture attentive des étiquettes de
composition.
La lenteur de cette guérison clinique peut parfois à tort remettre en cause le diagnostic
d'allergie aux protéines de lait de vache. Elle doit faire évoquer une relativement fréquente
allergie aux hydrolysats de protéines, imposant de recourir à une formule de substitution à
base d'acides aminés.
L'éviction alimentaire doit compléter, dans certains cas, d'autres précautions. Ainsi une
allergie aux œufs contre-indique un certain nombre de vaccinations dans lesquels peuvent
exister des traces d'allergènes, le virus du vaccin étant très souvent cultivé dans des œufs. De
même, une allergie aux arachides doit rendre méfiant vis-à-vis de certaines crèmes pour la
peau susceptible d'en contenir.
✓ Traitement médicamenteux
Une seringue auto-injectable par voie sous cutanée. Le traitement préventif (éviction de
l'allergène) reste capital. L’identification du ou des aliments responsables par les moyens
appropriés puis leur éviction sont essentielles, tout en sachant que les facteurs de risque
suivants doivent être pris en compte : antécédents de réaction anaphylactique, d’asthme
instable ou difficilement contrôlé ; allergie avérée à l’arachide, aux noix/noisettes, aux
poissons, aux crustacés. Dans ces conditions, l’information appropriée : « risque
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d’anaphylaxie d’origine alimentaire », doit figurer sur une carte détenue par enfant/parents.
Un projet d’accueil individualisé sera préparé pour les enfants d’âge scolaire, permettant le
suivi du régime alimentaire approprié, l’observance du traitement médicamenteux de fond et
la mise en œuvre des mesures d’urgence. La prescription de la trousse d’urgence et des
modalités d’utilisation fait partie intégrante de la rédaction de ce projet d’accueil.
Le traitement curatif des réactions anaphylactiques sévères fait appel à tout ou partie des
spécialités pharmaceutiques contenues dans la trousse d’urgence :
• adrénaline en seringue auto-injectable par voie sous cutanée; elle prévient les
conséquences de l’incompétence cardio-vasculaire ;
• bronchodilatateur béta-adrénergique en spray, en cas de bronchospasme.
Traitement préventif
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