Algèbre - Chapitre 8
Algèbre - Chapitre 8
Algèbre - Chapitre 8
B O U R B A K I
É L É M E N T S D E
M A T H É M A T I Q U E
•
N. B O U R B A K I
É L É M E N T S D E
M A T H É M A T I Q U E
ALGÈBRE
Chapitre 8
123
MSC 16-01, 16D60, 16D70, 16Kxx, 16L30, 16N20
Modules et anneaux semi-simples
c Hermann, Paris 1958
c N. Bourbaki, 1981
c N. Bourbaki et Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2012
cours ou dans les chapitres antérieurs dans l’ordre suivant : E ; A, chapitres I à III ;
TG, chapitres I à III ; A, chapitres IV et suivants ; TG, chapitres IV et suivants ;
FVR ; EVT ; INT. À partir du septième Livre, le lecteur trouvera éventuellement, au
début de chaque Livre ou chapitre, l’indication précise des autres Livres ou chapitres
utilisés (les six premiers Livres étant toujours supposés connus).
4. Cependant, quelques passages font exception aux règles précédentes. Ils sont
placés entre deux astérisques : ∗ . . . ∗ . Dans certains cas, il s’agit seulement de faciliter
la compréhension du texte par des exemples qui se réfèrent à des faits que le lecteur
peut déjà connaître par ailleurs. Parfois aussi, on utilise, non seulement les résultats
supposés connus dans tout le chapitre en cours, mais des résultats démontrés ailleurs
dans le traité. Ces passages seront employés librement dans les parties qui supposent
connus les chapitres où ces passages sont insérés et les chapitres auxquels ces passages
font appel. Le lecteur pourra, nous l’espérons, vérifier l’absence de tout cercle vicieux.
5. À certains Livres (soit publiés, soit en préparation) sont annexés des fascicules
de résultats. Ces fascicules contiennent l’essentiel des définitions et des résultats du
Livre, mais aucune démonstration.
6. L’armature logique de chaque chapitre est constituée par les définitions, les
axiomes et les théorèmes de ce chapitre ; c’est là ce qu’il est principalement nécessaire
de retenir en vue de ce qui doit suivre. Les résultats moins importants, ou qui
peuvent être facilement retrouvés à partir des théorèmes, figurent sous le nom de
« propositions », « lemmes », « corollaires », « remarques » ; etc. ; ceux qui peuvent
être omis en première lecture sont imprimés en petits caractères. Sous le nom de
« scholie », on trouvera quelquefois un commentaire d’un théorème particulièrement
important.
Pour éviter des répétitions fastidieuses, on convient parfois d’introduire cer-
taines notations ou certaines abréviations qui ne sont valables qu’à l’intérieur d’un
seul chapitre ou d’un seul paragraphe (par exemple, dans un chapitre où tous les
anneaux sont commutatifs, on peut convenir que le mot « anneau » signifie toujours
« anneau commutatif »). De telles conventions sont explicitement mentionnées à la
tête du chapitre ou du paragraphe dans lequel elles s’appliquent.
7. Certains passages sont destinés à prémunir le lecteur contre des erreurs graves,
où il risquerait de tomber ; ces passages sont signalés en marge par le signe Z
(« tournant dangereux »).
MODE D’EMPLOI DE CE TRAITÉ VII
8. Les exercices sont destinés, d’une part, à permettre au lecteur de vérifier qu’il
a bien assimilé le texte ; d’autre part à lui faire connaître des résultats qui n’avaient
pas leur place dans le texte ; les plus difficiles sont marqués du signe ¶.
9. La terminologie suivie dans ce traité a fait l’objet d’une attention particulière.
On s’est efforcé de ne jamais s’écarter de la terminologie reçue sans de très sérieuses
raisons.
10. On a cherché à utiliser, sans sacrifier la simplicité de l’exposé, un langage
rigoureusement correct. Autant qu’il a été possible, les abus de langage ou de nota-
tion, sans lesquels tout texte mathématique risque de devenir pédantesque et même
illisible, ont été signalés au passage.
11. Le texte étant consacré à l’exposé dogmatique d’une théorie, on n’y trou-
vera qu’exceptionnellement des références bibliographiques ; celles-ci sont parfois
groupées dans des Notes historiques. La bibliographie qui suit chacune de ces Notes
ne comporte le plus souvent que les livres et mémoires originaux qui ont eu le plus
d’importance dans l’évolution de la théorie considérée ; elle ne vise nullement à être
complète.
Quant aux exercices, il n’a pas été jugé utile en général d’indiquer leur pro-
venance, qui est très diverse (mémoires originaux, ouvrages didactiques, recueils
d’exercices).
12. Dans la nouvelle édition, les renvois à des théorèmes, axiomes, définitions,
remarques, etc. sont donnés en principe en indiquant successivement le Livre (par
l’abbréviation qui lui correspond dans la liste donnée au no 3), le chapitre et la
page où ils se trouvent. À l’intérieur d’un même Livre, la mention de ce Livre est
supprimée ; par exemple, dans le Livre d’Algèbre,
E, III, p. 32, cor. 3
renvoie au corollaire 3 se trouvant au Livre de Théorie des Ensembles, chapitre III,
page 32 de ce chapitre ;
II, p. 24, prop. 17
renvoie à la proposition 17 du Livre d’Algèbre, chapitre II, page 24 de ce chapitre.
Les fascicules de résultats sont désignés par la lettre R ; par exemple : EVT, R
signifie « fascicule de résultats du Livre sur les Espaces Vectoriels Topologiques ».
Comme certains Livres doivent être publiés plus tard dans la nouvelle édition,
les renvois à ces Livres se font en indiquant successivement le Livre, le chapitre, le
paragraphe et le numéro où devrait se trouver le résultat en question ; par exemple :
AC, III, § 4, no 5, cor. de la prop. 6.
•
INTRODUCTION
pour les décompositions ci-dessus ; les groupes de Grothendieck décrits au §11 sont
solutions de problèmes universels pour ces invariants. Dans l’étude de la structure des
modules sur un anneau, la notion d’isomorphisme d’anneaux est avantageusement
remplacée par l’équivalence de Morita.
Pour les modules semi-simples, c’est-à-dire sommes directes de modules simples,
la notion de description d’un module (VIII, p. 65, définition 5) permet de décrire
les homomorphismes issus du module ainsi que ses sous-modules.
À titre d’illustration, nous considérons au §21 le cas de l’algèbre d’un groupe
fini, dont les modules correspondent aux représentations linéaires du groupe.
Une note historique en fin de volume, reprise de l’édition précédente, retrace
l’émergence d’une grande partie des notions développées ici.
CHAPITRE VIII
Dans ce chapitre, lorsque nous parlons d’un module (sans préciser), il s’agit
d’un module à gauche. Soient A un anneau et M un A-module. Pour tout a ∈ A, on
note aM l’homothétie x → ax de M. L’application a → aM est un homomorphisme
de l’anneau A sur un sous-anneau AM de EndZ (M), qu’on appelle l’anneau des
homothéties de M.
Sauf mention du contraire, les algèbres considérées sont associatives et unifères ;
par sous-algèbre d’une algèbre E, nous entendons une sous-algèbre contenant l’élé-
ment unité de E ; les homomorphismes d’algèbres sont supposés unifères.
Soient K un anneau commutatif et L une K-algèbre commutative. Si E est un
K-module, on note E(L) le L-module L⊗K E qui s’en déduit par extension des scalaires
(II, p. 81). Si A est une K-algèbre et M un A-module à gauche, A(L) est muni d’une
structure naturelle de L-algèbre (III, p. 7) et M(L) de la structure de A(L) -module à
gauche dont la loi d’action est donnée par la formule (λ ⊗ a)(μ ⊗ m) = λμ ⊗ am.
Pour tout anneau commutatif K et tout groupe G, on note K[G] l’algèbre K(G)
du groupe G sur l’anneau K (III, p. 19).
Pour qu’un A-module M soit artinien (resp. noethérien), il faut et il suffit que
M, considéré comme module sur l’anneau AM des homothéties, le soit.
Soit M un A-module artinien (resp. noethérien). Tout ensemble non vide de
sous-modules de M, ordonné par inclusion, qui est filtrant décroissant (resp. filtrant
croissant) possède un plus petit élément (resp. un plus grand élément) (E, III, p. 13,
prop. 10).
Soient M un A-module artinien (resp. noethérien) et (Mi )i∈I une famille de sous-
modules de M. Les intersections (resp. sommes) des sous-familles finies de la famille
(Mi )i∈I forment un ensemble non vide filtrant décroissant (resp. filtrant croissant) de
sous-modules de M. Il existe donc une partie finie J de I tel que i∈I Mi = i∈J Mi
(resp. i∈I Mi = i∈J Mi ).
Le module P/N est de longueur 1 et, comme N est un module de longueur finie, il
en est de même de P (II, p. 21, prop. 16). Ceci contredit la définition de N.
Proposition 2. — Pour qu’un A-module M soit noethérien, il faut et il suffit que
tout sous-module de M soit de type fini.
Supposons d’abord que tout sous-module de M soit de type fini. Soit (Pn )n∈N
une suite croissante de sous-modules de M et soit P sa réunion. C’est un sous-module
de M. Il existe par hypothèse une partie finie F de M engendrant le module P ; soit
alors n ∈ N un entier tel que F ⊂ Pn . On a donc Pn = P et la suite (Pn )n∈N est
stationnaire. Cela prouve que le module M est noethérien.
La réciproque résulte de l’énoncé plus précis suivant :
Lemme 1. — Soient M un A-module noethérien et E une partie de M. Il existe une
partie finie F de E engendrant le même sous-module que E.
En effet, d’après VIII, p. 2, il existe une partie finie F de E telle que x∈E Ax =
x∈F Ax.
Exemple 5. — Soit (Mi )i∈I une famille finie de A-modules. Si les modules Mi sont
artiniens (resp. noethériens), il en est de même de leur somme directe i∈I Mi .
(ii) Tout ensemble non vide d’idéaux à gauche de A, ordonné par inclusion,
possède un élément minimal ;
(iii) Toute suite décroissante d’idéaux à gauche de A est stationnaire.
Corollaire. — Les idéaux premiers d’un anneau commutatif artinien sont ses
idéaux maximaux.
Dans tout anneau commutatif, un idéal maximal est premier. Soit A un anneau
commutatif artinien. Soit p un idéal premier de A. L’anneau A/p est intègre et
artinien (prop. 5), donc est un corps (VIII, p. 5, exemple 3). Par conséquent, l’idéal
p est maximal.
Z L’anneau de polynômes Q[(Xn )n∈N ] est intègre ; il n’est pas noethérien (ni
artinien) (VIII, p. 14, exerc. 9). C’est un sous-anneau de son corps des fractions,
qui est, lui, un anneau artinien (et noethérien).
3. Contremodule
pour tous a, b ∈ A. Autrement dit, d est une dérivation de l’anneau A dans le (A, A)-
bimodule obtenu en munissant le groupe additif de A de la loi d’action à gauche
(a, x) → σ(a)x, et de la loi d’action à droite (a, x) → xa. On a d(1) = 0 (III, p. 122,
prop. 3).
Rappelons (IV, p. 2) que A[X] désigne le Z-module A ⊗Z Z[X] des polynômes
en une indéterminée à coefficients dans A. On le munit de sa structure naturelle de
A-module à gauche. La famille (Xn )n∈N en est une base. On identifie A à son image
par l’application a → a ⊗ 1.
c) Le produit dans cet anneau d’une suite (a, X, . . . , X), formée d’un élément a
de A suivi de n termes égaux à X, est le polynôme aXn ;
d) On a dans cet anneau Xa = σ(a)X + d(a) pour tout a ∈ A.
Notons E l’anneau des endomorphismes du groupe additif A[X]. L’application
qui à a ∈ A associe l’homothétie aM du A-module à gauche M = A[X] est un
homomorphisme d’anneaux de A dans E. Considérons les éléments u, σM et dM de
E définis par u( bn Xn ) = bn Xn+1 , σM ( bn Xn ) = σ(bn)Xn , dM ( bn Xn ) =
d(bn )Xn . On a, pour tout a ∈ A
Posons
(3) XM = σM u + dM .
ainsi que
g(XQ) = g σ(an )Xn+1 + d(an )Xn
= (f (σ(an ))xn+1 + f (d(an ))xn ) = x f (an )xn = g(X)g(Q).
On en déduit que l’on a g(P)g(Q) = g(PQ) pour P, Q dans A[X]σ,d et donc que
g est un homomorphisme d’anneaux.
pour tout Q ∈ Bn , d’où σ(an ) ⊂ an+1 . Par conséquent, la suite des idéaux an =
σ −n (an ) de A est croissante. Comme l’anneau A est noethérien à gauche, il existe
un entier m 0 tel que l’on ait an = an+1 pour n m. Comme σ est surjectif, on
a la relation
engendré par une partie finie de B. Il est clair qu’il est contenu dans b. Démontrons
qu’il est égal à b en démontrant par récurrence que l’on a, pour tout entier n 0,
(8) b ∩ Bn ⊂ c .
La relation (8) est vraie par construction pour n m. Supposons désormais que
n soit un entier m tel que b ∩ Bn ⊂ c. Soit P un élément de b ∩ Bn+1 . Alors
ϕn+1 (P) appartient à an+1 = σ(an ) et il existe donc un élément Q de b ∩ Bn tel que
ϕn+1 (P) = σ(ϕn (Q)). Posons R = P − XQ. Compte tenu de la relation (6), on a
ϕn+1 (R) = 0, c’est-à-dire R ∈ Bn . Comme P et Q appartiennent à l’idéal à gauche b
de B, il en est de même de R ; ainsi, R et Q appartiennent à b ∩ Bn , qui est contenu
dans l’idéal c d’après l’hypothèse de récurrence. Par suite, P appartient à c. Cela
prouve que l’on a b ∩ Bn+1 ⊂ c.
Ainsi, b est égal à c ; c’est donc un idéal de type fini de B. Cela démontre que
l’anneau B est noethérien à gauche.
Si l’endomorphisme σ de l’anneau A n’est pas un automorphisme, l’anneau
A[X]σ,d n’est pas nécessairement noethérien à gauche, même lorsque A est un
anneau commutatif noethérien (VIII, p. 21, exerc. 26).
EXERCICES
(1)
Cette démonstration nous a été communiquée par A. Rosenberg.
A VIII.14 MODULES ARTINIENS ET MODULES NOETHÉRIENS §1
5) Soit n un entier 1. Pour qu’un anneau A soit artinien (resp. noethérien) à gauche,
il faut et il suffit que l’anneau de matrices Mn (A) le soit. Si A est artinien à gauche, la
longueur à gauche de Mn (A) est égale à n fois celle de A.
9) Soit A un anneau commutatif non nul et soit I un ensemble infini. Les anneaux A[(Xi )i∈I ]
et A[[(Xi )i∈I ]] ne sont ni artiniens ni noethériens.
EXERCICES A VIII.15
10) Soient A un anneau, a et b deux idéaux bilatères de A. Si les anneaux A/a et A/b sont
artiniens (resp. noethériens) à gauche, il en est de même de l’anneau A/a ∩ b ; par contre,
l’anneau A/ab n’est pas nécessairement artinien (resp. noethérien) à gauche.
12) Soit K un corps commutatif. Notons (en )n∈N la base canonique de l’espace vectoriel
V = K(N) . On définit une suite (un )n∈N d’endomorphismes de V en posant :
u0 (e0 ) = 0 u0 (e1 ) = 0 u0 (en+1 ) = en pour n 1
um (e0 ) = em um (en ) = 0 pour m 1 et n 1.
Soit A la sous-K-algèbre unifère de EndK (V) engendrée par la suite (un )n∈N . Démontrer
que le A-module à gauche V est artinien, de type fini (et même monogène), mais n’est pas
noethérien.
14) Soit V un espace vectoriel de dimension infinie dénombrable sur un corps K. L’ensemble
I des endomorphismes de rang fini de V est un idéal bilatère de l’anneau B = EndK (V).
Démontrer que les seuls idéaux bilatères de l’anneau A = B/I sont {0} et A, mais que A
n’est noethérien ni à gauche ni à droite.
est nilpotent ; en déduire qu’il existe une suite finie (m1 , m2 , . . . , mn ) d’idéaux maximaux
de A dont le produit annule M ; conclure en raisonnant par récurrence sur n.)∗
e) On dit que S permet un calcul des fractions à droite sur E s’il permet un calcul
des fractions à gauche sur le monoïde Eo opposé de E. Définir dans ce cas le monoïde
des fractions à droite ES−1 de E associé à S, observer que l’on a (ES−1 )o = S−1 (Eo ), et
réécrire b) pour les monoïdes de fractions à droite. Si S permet un calcul des fractions à
gauche et à droite sur E, les monoïdes S−1 E et ES−1 sont canoniquement isomorphes.
19) Soient A un anneau, S une partie de A qui permet un calcul des fractions à gauche
sur A (exerc. 18) et S la plus petite partie de A contenant 1 et S, stable par multiplica-
tion. On note S−1 A l’anneau des fractions à gauche de A associé à S et ε : A → S−1 A
l’homomorphisme canonique.
A VIII.18 MODULES ARTINIENS ET MODULES NOETHÉRIENS §1
20) Prouver qu’un anneau noethérien à gauche A sans diviseur de zéro admet un corps
des fractions à gauche (exerc. 18) (si a et s sont des éléments non nuls de A, utiliser le
fait que la suite des idéaux (As + Asa + · · · + Asan )n∈N est stationnaire pour prouver que
Aa ∩ As n’est pas réduit à 0).
unique sous la forme n∈Z an Xn , où (an )n∈Z est une famille à support fini d’éléments
de A. Écrire, pour a ∈ A, l’élément X−1 a de S−1 B sous cette forme.
b) Démontrer que la multiplication de l’anneau A[X]σ,d se prolonge par continuité en
une multiplication sur l’ensemble A[[X]] des séries formelles en X à coefficients dans A. Le
groupe additif A[[X]], muni de cette multiplication, est un anneau que l’on note A[[X]]σ,d
(ou simplement A[[X]]σ si d = 0). Donner un exemple où une série formelle u ∈ A[[X]]
de terme constant égal à 1 ne possède dans l’anneau A[[X]]σ,d d’inverse ni à droite ni à
gauche.
c) Montrer que les éléments inversibles de A[[X]]σ sont ceux dont le terme constant
est inversible dans A.
d) Formuler et démontrer l’analogue de a) en remplaçant l’anneau A[X]σ,d par l’an-
neau A[[X]]σ,d .
e) On suppose que A est un corps et σ un automorphisme de A. Alors S−1 A[[X]]σ
(où S = {X}) est un corps, dont tout élément s’écrit de façon unique n∈Z an Xn , où
(an )n∈Z est une famille d’éléments de A n’ayant qu’un nombre fini de termes d’indice < 0
non nuls. On note ce corps A((X))σ .
f ) On suppose que A est un corps commutatif. Décrire le centre du corps A((X))σ .
En déduire un exemple de corps de degré infini sur son centre.
22) Soient G un groupe et H un sous-groupe distingué de G tel que le groupe quotient G/H
soit isomorphe à Z. Soit g un élément de G dont l’image canonique dans G/H engendre
G/H. Soient C un anneau commutatif, A l’algèbre C[H] de H sur C (III, p. 19), (eh )h∈H
sa base canonique et σ l’automorphisme de A qui applique eh sur eghg −1 .
a) Démontrer qu’il existe un homomorphisme u et un seul de l’anneau B = A[X]σ
dans l’anneau C[G] qui prolonge l’injection canonique de A = C[H] dans C[G] et applique
X sur l’élément eg de la base canonique de C[G].
b) Posons S = {X}. Démontrer que u se prolonge en un isomorphisme de l’an-
neau S−1 B (cf. exerc. 21) sur C[G]. En déduire que si l’anneau C[H] est noethérien à
gauche, l’anneau C[G] est noethérien à gauche.
pour i ∈ I, j ∈ I, i = j et
di (ab) = σi (a)di (b) + di (a)b
pour i ∈ I, a ∈ A, b ∈ A.
A VIII.20 MODULES ARTINIENS ET MODULES NOETHÉRIENS §1
a) Prouver qu’il existe un unique anneau B dont le groupe additif est le groupe additif
A[X] des polynômes à coefficients dans A en la famille d’indéterminées X = (Xi )i∈I , et
dont le produit satisfait aux conditions suivantes :
(i) Les éléments Xi (i ∈ I) de B sont deux à deux permutables ;
(ii) Pour tout a ∈ A et tout multiindice ν = (νi )i∈I ∈ N(I) , le produit dans B, dans
cet ordre, de a par une suite finie formée de νi éléments égaux à Xi pour tout i ∈ I, est le
polynôme aXν ;
(iii) Pour tout a ∈ A et tout i ∈ I, on a dans l’anneau B la relation Xi a = σi (a)Xi +
di (a).
b) L’anneau B est noté A[X]σ,d . Il possède la propriété universelle suivante : étant
donnés un anneau C, un homomorphisme d’anneaux f : A → C et une famille (xi )i∈I
d’éléments de C deux à deux permutables tels que xi f (a) = f (σi (a))xi + f (di (a)) pour
tout a ∈ A et tout i ∈ I, il existe un unique homomorphisme d’anneaux g : B → C
prolongeant f tel que g(Xi ) = xi pour i ∈ I.
c) Soit J une partie de I. Notons B l’anneau A[(Xi )i∈J ](σi )i∈J ,(di )i∈J . Pour tout i ∈ I J,
il existe un unique endomorphisme σi de l’anneau B et un unique endomorphisme di du
groupe additif de B tel que :
Posons σ = (σi )i∈I J et d = (di )i∈I J . La bijection canonique de A[(Xi )i∈I ] sur
A[(Xj )j∈J ][(Xi )i∈I J ] est un isomorphisme de l’anneau B = A[(Xi )i∈I ]σ,d sur l’anneau
B [(Xi )i∈I J ]σ ,d .
d) Si l’anneau A est noethérien à gauche, que l’ensemble I est fini et que, pour tout
i ∈ I, l’endomorphisme σi de A est bijectif, l’anneau B = A[X]σ,d est noethérien à gauche.
e) Supposons que, pour tout i ∈ I, σi soit l’application identique de A. Notons E
l’anneau des endomorphismes du groupe additif de A. Montrer qu’il existe un unique
homomorphisme d’anneaux ψ de B = A[X]σ,d dans E tel que ψ(Xi ) = di pour i ∈ I et
que, pour tout a ∈ A, ψ(a) soit l’homothétie à gauche b → ab de A.
f ) Conservons les hypothèses de e). Supposons de plus que A soit un anneau de
polynômes C[(Ti )i∈I ] à coefficients dans un anneau C (non nécessairement commutatif),
et que, pour tout i ∈ I, di soit la dérivation P → ∂T
∂P
i
de A. Démontrer que, si C est non
nul et sans torsion sur Z, l’homomorphisme ψ : B → E est injectif. Démontrer que, si C
est un anneau de caractéristique p > 0 (V, p. 2), le noyau de ψ est l’idéal à gauche de B
engendré par les éléments Xpi (i ∈ I).
¶ 24) Soient G un groupe, e son élément neutre et A un anneau commutatif non nul.
Notons A[G] l’algèbre du groupe G sur A (III, p. 19).
EXERCICES A VIII.21
a) Soient I un ensemble fini, (Gi )i∈I une famille de sous-groupes de G et (gi )i∈I une
famille d’éléments de G. Démontrer que si G est réunion de la famille (gi Gi )i∈I , l’un des
sous-groupes Gi est d’indice fini dans G.
b) Supposons que toute classe de conjugaison dans G distincte de {e} soit infinie et
que l’anneau A soit intègre. Démontrer que si a et b sont deux idéaux bilatères non nuls
de l’anneau A[G], on a ab = 0. (Choisir des éléments a = ag g et b = bg g de a et b
avec ae = 0 et be = 0. En utilisant a), démontrer que, quitte à remplacer a par hah−1 avec
h ∈ G convenable, on peut supposer que ag bg −1 = 0 pour tout g = e dans G.)
∗ c) Démontrer que, pour que l’anneau A[G] soit artinien à gauche (resp. à droite),
il faut et il suffit que l’anneau A soit artinien et que le groupe G soit fini. (Si A[G] est
artinien à gauche, déduire du th. 1 de VIII, p. 5 que le groupe G est de longueur finie ;
pour prouver qu’il est fini, se ramener au cas où A est un corps et G un groupe simple,
puis utiliser b) et la prop. 1 de VIII, p. 169) ∗
1. Anneaux locaux
Proposition 1. — Soit A un anneau non nul et soit r l’ensemble des éléments non
inversibles de A. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) L’ensemble r est un idéal bilatère de A ;
(ii) L’ensemble r est stable par addition ;
(iii) L’anneau A possède un unique idéal à gauche maximal ;
(iv) Quel que soit a ∈ A, l’un des éléments a ou 1 − a est inversible ;
(v) Quel que soit a ∈ A, l’un des éléments a ou 1 − a est inversible à gauche.
L’implication (i) =⇒ (ii) résulte de la définition d’un idéal. Comme 1 n’appar-
tient pas à r, on a (ii) =⇒ (iv).
On a r = A, et l’ensemble r contient tout idéal à gauche de A distinct de A. Si
r est un idéal à gauche de A, c’est donc l’unique idéal à gauche maximal de A. Cela
prouve que (i) entraîne (iii).
Supposons que A possède un unique idéal à gauche maximal m. Soit b ∈ A m.
L’idéal à gauche Ab n’est contenu dans aucun idéal à gauche maximal de A, donc
est égal à A (I, p. 99, th. 1) et b est inversible à gauche. Quel que soit a ∈ A, l’un
des éléments a ou 1 − a appartient à A m, car m est un idéal qui ne contient pas
1. Ainsi (iii) implique (v).
Supposons la propriété (v) satisfaite. Soit b un élément de A inversible à gauche.
Soit c ∈ A tel que cb = 1. On a (1 − bc)b = 0 et b = 0, donc 1 − bc n’est pas
inversible à gauche. D’après la propriété (v), bc est inversible à gauche et, a fortiori,
c est inversible à gauche. Mais alors c est inversible, b est son inverse, de sorte que
b est inversible. Il en résulte que (v) entraîne (iv).
Il reste à prouver que (iv) implique (i). Supposons (iv) satisfaite. Alors r est un
idéal bilatère de A d’après les assertions a) à d) suivantes :
A VIII.24 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
p ∗ (cf. AC, II, p. 79)∗ . Alors Z(p) est un anneau local commutatif, d’idéal maximal
pZ(p) . L’anneau Zp des entiers p-adiques (V, p. 92) est un anneau local commutatif,
d’idéal maximal pZp (VIII, p. 37, exerc. 9).
6) Soient K un corps commutatif de caractéristique p > 0 et G un p-groupe (I,
p. 72, déf. 9). L’algèbre K[G] du groupe G sur K (III, p. 19) est un anneau local ;
son idéal maximal est l’ensemble des éléments (ag )g∈G de K[G] tels que g∈G ag = 0
(VIII, p. 38, exerc. 10).
2. Décomposition de Weyr-Fitting
Compte tenu du corollaire de II, p. 19, les conditions suivantes sont équiva-
lentes :
a) Le A-module M est indécomposable ;
b) Le A-module M n’est pas nul et tout sous-module facteur direct de M est
égal à 0 ou M ;
c) Le A-module M n’est pas nul et l’anneau EndA(M) ne contient pas d’élément
idempotent distinct de 0 et 1M ;
En particulier, comme l’anneau des endomorphismes du A-module As est iso-
morphe à l’anneau opposé de A, on voit que le A-module As est indécomposable si
et seulement si l’anneau A n’est pas nul, et que ses seuls éléments idempotents sont
0 et 1.
A VIII.28 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
Par définition, un anneau local n’est pas réduit à 0 ; par suite, un module
primordial n’est pas nul. De plus, le A-module As est primordial si et seulement si
l’anneau A est local.
4. Modules semi-primordiaux
Définition 4. — On dit qu’un module est semi-primordial s’il est somme directe
d’une famille de sous-modules primordiaux.
∗ Exemples. — 1) Tout module simple est primordial (VIII, p. 41) ; tout module
semi-simple est donc semi-primordial (VIII, p. 51, déf 1).
2) Si A est un anneau noethérien à gauche, tout A-module injectif est semi-
primordial (X, p. 21, prop. 14 et p. 22, th. 3, b)). ∗
Lemme 4. — Soient M un A-module, somme directe d’une famille (Mi )i∈I de sous-
modules primordiaux, L un A-module primordial et N un sous-module facteur direct
de M. On suppose que N est somme directe d’une famille (Nj )j∈J de sous-modules
isomorphes à L et l’on note IL l’ensemble des indices i ∈ I tels que Mi soit isomorphe
à L. On a alors
Prouvons le théorème 1. Soient (Mi )i∈I et (Nj )j∈J deux familles de sous-modules
primordiaux dont M soit la somme directe. Soit IL (resp. JL ) l’ensemble des i ∈ I
(resp. j ∈ J) tels que Mi (resp. Nj ) soit isomorphe à L. On a Card(JL ) Card(IL )
A VIII.32 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
d’où le cor. 2.
[M : L] + [P : L] = [N : L] + [P : L]
pour tout module primordial L. Comme [P : L] est fini, il résulte par récurrence de
(E, III, p. 28, prop. 8) qu’on a [M : L] = [N : L] pour tout module primordial L. Les
modules M et N sont donc isomorphes d’après le corollaire 1.
Corollaire 6. — Tout module projectif de type fini sur un anneau local est libre(1) .
Soit A un anneau local. Le A-module As est primordial (VIII, p. 28). Si M est
un A-module projectif de type fini, il existe un A-module N et un entier positif n
tel que M ⊕ N soit isomorphe à Ans (II, p. 40, cor. 1). Il résulte du corollaire 5 que le
module M est lui-même isomorphe à Am s pour un entier m tel que 0 m n, donc
est libre.
(1)
On peut démontrer que tout module projectif sur un anneau local est libre (VIII, p. 39, exerc. 18).
A VIII.34 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
les A(K ) -modules M(K ) et N(K ) soient isomorphes. Alors les A-modules M et N sont
isomorphes.
a) Supposons d’abord que l’algèbre K soit de degré fini d sur K. Alors le A-
module M(K ) est isomorphe à Md et le A-module N(K ) à Nd , de sorte que les A-
modules Md et Nd sont isomorphes. D’après le th. 2, d) , les A-modules M et N sont
isomorphes.
b) Supposons maintenant que la K-algèbre K soit engendrée par un nombre fini
d’éléments. Choisissons un idéal maximal m de K et posons K = K /m. En vertu du
théorème des zéros de Hilbert (VIII, p. 451, cor. 1 du th. 1), K est une extension de
degré fini de K. Par extension des scalaires de K à K , on déduit de l’isomorphisme
A(K ) -linéaire M(K ) → N(K ) un isomorphisme A(K ) -linéaire M(K ) → N(K ) . D’après
la partie a) de la démonstration, les A-modules M et N sont isomorphes.
c) Traitons enfin le cas général. Soient u : M(K ) → N(K ) un isomorphisme de
A(K ) -modules et v : N(K ) → M(K ) l’isomorphisme réciproque. Notons E l’ensemble
des sous-K-algèbres de K qui sont engendrées par un nombre fini d’éléments. Si E
est une telle sous-algèbre, A(E) s’identifie à un sous-anneau de A(K ) et M(E) , N(E)
à des sous-A(E) -modules de M(K ) et N(K ) (II, p. 108) ; de plus, M(K ) et N(K ) sont
réunions des familles filtrantes croissantes (M(E) )E∈E et (N(E) )E∈E respectivement.
Les A-modules M et N sont de longueur finie, donc de type fini ; soient S une partie
génératrice finie du A-module M et T une partie génératrice finie du A-module N.
Il existe une K-algèbre E ∈ E telle que l’on ait u(1 ⊗ s) ∈ N(E) pour tout s ∈ S et
v(1 ⊗ t) ∈ M(E) pour tout t ∈ T. Il en résulte par linéarité que l’on a u(M(E) ) ⊂ N(E)
et v(N(E) ) ⊂ M(E) . Les applications u et v induisent alors des bijections réciproques
l’une de l’autre de M(E) dans N(E) , et de N(E) dans M(E) . Ces bijections sont claire-
ment A(E) -linéaires. Ainsi les A(E) -modules M(E) et N(E) sont isomorphes. D’après la
partie b) de la démonstration, les A-modules M et N sont isomorphes.
Remarque. — Soient E et F deux espaces vectoriels de dimension finie sur un corps
commutatif K et soit K une extension de K. Soient u un endomorphisme de E, v
un endomorphisme de F, u(K ) et v(K ) les endomorphismes de E(K ) et F(K ) qu’on en
déduit par extension des scalaires. Il résulte des corollaires 1 et 2 de VII, p. 32 que
les endomorphismes u et v sont semblables si et seulement si les endomorphismes
u(K ) et v(K ) le sont. Cela résulte aussi du théorème 3 ci-dessus, appliqué à l’algèbre
A = K[X] et aux A-modules M = Eu et N = Fv (VII, p. 28).
A VIII.36 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
EXERCICES
1) a) Donner un exemple de module noethérien M tel que tout endomorphisme non nul
de M soit injectif et qu’il existe des endomorphismes de M non bijectifs et non nuls.
b) Donner un exemple de module artinien M tel que tout endomorphisme non nul de
M soit surjectif et qu’il existe des endomorphismes de M non bijectifs et non nuls.
2) Soit A un anneau dans lequel toute suite croissante (an )n∈N d’idéaux bilatères est
stationnaire (par exemple un anneau noethérien à gauche ou à droite). Démontrer que
tout endomorphisme surjectif de l’anneau A est bijectif.
5) Soit A un anneau.
a) Pour qu’un élément e de A soit idempotent, il faut et il suffit que l’application
x → xe soit un projecteur du A-module à gauche As (resp. que l’application x → ex soit
un projecteur du A-module à gauche Ad ).
b) Soient e1 , e2 des éléments idempotents de l’anneau A. Démontrer que le groupe
HomA (Ae1 , Ae2 ) est isomorphe à e1 A ∩ Ae2 = e1 Ae2 et que l’anneau EndA (Ae1 ) est
isomorphe à l’anneau e1 Ae1 .
c) Soient e1 , e2 des éléments idempotents de A. Démontrer que les conditions suivantes
sont équivalentes :
(i) Ae1 = Ae2 ;
(ii) e1 e2 = e1 et e2 e1 = e2 ;
(iii) (1 − e1 )A = (1 − e2 )A.
Lorsqu’elles sont satisfaites, il existe un élément inversible a ∈ A tel que e2 = ae1 a−1 .
d) Soient e1 , e2 deux éléments idempotents de A. Démontrer que les conditions sui-
vantes sont équivalentes :
EXERCICES A VIII.37
13) Soit A un anneau local intègre qui n’est pas un corps (par exemple Z(p) , cf. VIII, p. 24,
exemple 5) et soit a un élément non nul et non inversible de A. Notons M le A-module
A(N) et (en )n∈N sa base canonique. Démontrer que la suite (fn )n∈N , où f2m = e2m et
f2m+1 = e2m+1 + ae2m+2 pour tout m 0, est une base de M sur A. Démontrer que
N = m0 A(e2m + ae2m+1 ) est un sous-module facteur direct de M, mais qu’il n’existe
aucune partie J de N telle que n∈J Afj soit un supplémentaire de N. En déduire que
l’on ne peut, dans le cor. 5 de VIII, p. 33, supprimer l’hypothèse que I est fini.
EXERCICES A VIII.39
16) Soient A un anneau, M un A-module de longueur finie et (Mi )i∈I une famille de
sous-modules indécomposables de M dont M est somme directe. Soient L un A-module in-
décomposable de longueur finie et IL l’ensemble des indices i ∈ I tels que Mi soit isomorphe
à L. Montrer par un exemple que le sous-module i∈IL Mi de M n’est pas nécessairement
stable par les automorphismes de M.
18) Soient A un anneau local, E un A-module libre et x un élément non nul de E. Soit
(ei )i∈I une base de E dans laquelle le nombre de coordonnées non nulles de x est le plus
petit possible. Soit x = ai ei l’écriture de x dans cette base ; on désigne par J l’ensemble
des indices i ∈ I tels que ai = 0.
a) Démontrer qu’aucun des ai n’appartient à l’idéal à droite de A engendré par les
autres.
b) Soient F et G des sous-modules supplémentaires de E tels que x ∈ F ; pour i ∈ I,
écrivons ei = fi + gi , avec fi ∈ F et gi ∈ G. Prouver que la famille formée des fj pour
j ∈ J et des ei pour i ∈ I J est une base de E (si gj = k∈I bjk ek , observer que
les coordonnées bjk pour j, k dans J appartiennent à l’idéal maximal de A, et appliquer
l’exerc. 17 d)). En déduire qu’il existe un sous-module libre de F qui contient x et qui est
facteur direct de F.
c) Prouver que tout A-module projectif est libre (se ramener à l’aide du th. de Ka-
plansky (II, p. 183, exerc. 2) au cas d’un module admettant une famille dénombrable de
générateurs, et appliquer b)).
A VIII.40 STRUCTURE DES MODULES DE LONGUEUR FINIE §2
1. Modules simples
Définition 1. — Soit A un anneau. Un A-module M est dit simple s’il n’est pas
nul et ne contient pas d’autre sous-module que 0 et M.
Pour qu’un A-module M soit simple, il faut et il suffit que M soit un module
simple sur l’anneau AM de ses homothéties. Tout module simple est indécomposable,
de longueur 1, donc primordial (VIII, p. 28, prop. 4 b)).
Exemples. — 1) Pour que As soit un A-module simple, il faut et il suffit que A soit
un corps (I, p. 109, th. 1). Les A-modules simples sont alors les espaces vectoriels
de dimension 1 sur le corps A.
2) Soit A un anneau principal (VII, p. 1, déf. 1) qui n’est pas un corps. Pour
tout élément extrémal π de A, le A-module As /(π) est simple, et tout A-module
simple est isomorphe à un tel module (VII, p. 25, remarque 4). Pour n 2, le
A-module As /(π n ) est indécomposable (VII, p. 23, prop. 8), mais n’est pas simple.
3) Soient K un corps, V un espace vectoriel à droite non nul sur le corps K et
A un sous-anneau de l’anneau EndK (V) qui contient les endomorphismes de rang
fini de V (par exemple A = EndK (V)). Démontrons que V est un A-module simple :
soient W un sous-A-module non nul de V et x un élément non nul de W ; il existe
une forme linéaire ϕ sur V telle que ϕ(x) = 0 (II, p. 103, th. 6). Pour tout y dans V,
l’application z → yϕ(z), linéaire de rang 1, appartient à A ; on a donc Ax = V,
d’où a fortiori W = V, ce qui prouve que V est un A-module simple.
A VIII.42 MODULES SIMPLES §3
2. Le lemme de Schur
Exemple. — ∗ Soit A une C-algèbre engendrée par une famille dénombrable d’élé-
ments ; elle est de dimension dénombrable sur C. Soit M un A-module simple ; il est
monogène, donc admet une base dénombrable sur C. Puisque le corps C n’est pas
A VIII.44 MODULES SIMPLES §3
3. Sous-modules maximaux
Soit A un anneau. On dit par abus de langage qu’un idéal à gauche a est un
idéal à gauche minimal de A si c’est un élément minimal de l’ensemble des idéaux
à gauche non nuls de A, ordonné par la relation d’inclusion. On définit de manière
analogue les idéaux à droite minimaux et les idéaux bilatères minimaux.
Soit a un idéal à gauche de A. Pour que a soit un A-module simple, il faut et
il suffit que ce soit un idéal à gauche minimal de A.
Tout idéal à gauche non nul d’un anneau artinien à gauche (VIII, p. 1, déf. 1)
contient un idéal à gauche minimal.
EXERCICES
1) Soient A un anneau, m un idéal à gauche maximal de A. Soit B l’ensemble des éléments b
de A tels que mb ⊂ m. Prouver que B est le plus grand sous-anneau de A contenant m
et dans lequel m soit un idéal bilatère. Soient S le A-module As /m, D son commutant, π
l’application canonique de As sur S ; prouver que, étant donné b ∈ B, il existe un unique
élément ub de EndA (S) tel que ub (π(a)) = π(ab) pour tout a ∈ A. L’application b → ub
induit un isomorphisme de B/m sur EndA (S).
5) Soit A un anneau.
a) Soient M, N des A-modules monogènes. Prouver que les conditions suivantes sont
équivalentes :
(i) Les A-modules M et N sont isomorphes ;
(ii) Pour tout générateur m de M, il existe un générateur n de N ayant le même
annulateur que m ;
(iii) Il existe un générateur de M et un générateur de N ayant le même annulateur.
b) Soient a, b des idéaux (à gauche) de A. Pour que les A-modules A/a et A/b soient
isomorphes, il faut et il suffit qu’il existe un élément a de A tel que Aa + b = A et que a
soit l’ensemble des éléments x de A tels que xa ∈ b (utiliser a)).
c) Soient m et n des idéaux à gauche maximaux de A. Pour que les A-modules simples
A/m et A/n soient isomorphes, il faut et il suffit qu’il existe un élément a de A n tel que
ma ⊂ n.
d) Déduire de b) que l’ensemble des A-modules quotients du A-module As isomorphes
à un module donné a un cardinal inférieur à Card(A).
6) Soit M un A-module, tel que pour tout x = 0 dans M le module Ax soit simple.
Démontrer que, ou bien M est simple, ou bien l’anneau des homothéties AM est un corps
(si M n’est pas simple, considérer deux éléments non nuls x, y de M tels que y ∈
/ Ax, et
l’annulateur de x + y).
7) Soit S un A-module simple, dont le dual S∗ et le bidual S∗∗ sont simples. Prouver que
l’application u → t u est un isomorphisme de EndA (S) sur le corps opposé de EndA (S∗ ).
EXERCICES A VIII.49
1. Modules semi-simples
Définition 1. — On dit qu’un module est semi-simple s’il est somme directe d’une
famille de modules simples(1) .
On dit qu’un multimodule est semi-simple s’il est somme directe d’une famille
de multimodules simples (cf. I, p. 36, déf. 7).
Un A-module M est semi-simple si et seulement s’il est semi-simple lorsqu’on
le considère comme module sur l’anneau AM de ses homothéties.
(1)
D’après le cor. 2 de VIII, p. 52, cette définition coïncide avec celle donnée en VII, p. 9.
A VIII.52 MODULES SEMI-SIMPLES §4
est un bimodule simple (resp. semi-simple, de type fini) si c’est un module simple
(resp. semi-simple, de type fini) sur l’anneau A1 ⊗K A2 .
Corollaire 1. — Tout module somme d’une famille de modules simples est semi-
simple.
Il suffit d’appliquer le th. 1 au cas où N est nul.
Choisissons J comme dans le th. 1. Le module N = j∈J Sj est un supplémen-
taire de N dans M, il est donc isomorphe à M/N. De plus, les sous-modules N et
i∈I J Si de M sont tous deux supplémentaires de N et donc isomorphes à M/N .
2. L’homomorphisme i HomA (M, Ni ) −→ HomA (M, i Ni )
pour a ∈ A, p ∈ P et v ∈ V.
Soit V un B-module à gauche. Pour toute application B-linéaire g de V dans V ,
l’application 1P ⊗ g de T (V) dans T (V ) est A-linéaire ; on la notera T (g). L’appli-
cation g → T (g) de HomB (V, V ) dans HomA (T (V), T (V )) est Z-linéaire et l’on
a
pour p ∈ P et f ∈ HomA (P, M). Nous dirons que αM est l’application A-linéaire
canonique de T (H (M)) dans M. Pour toute application A-linéaire g : M → M , on
a un diagramme commutatif
αM
T (H (M)) / M
(I) T (H (g)) g
αM
T (H (M )) / M .
L’inverse
γ −1 : HomB (V, H (M)) −→ HomA (T (V), M)
(8) βV (v)(p) = p ⊗ v
on a un diagramme commutatif
βV
V / H (T (V))
(II) g H (T (g))
βV
V / H (T (V )).
Notons que le morphisme d’adjonction (5) coïncide avec l’application qui envoie u
sur H (u) ◦ βV . En effet, des relations (6) et (8), on déduit les égalités
(γ(u)(v))(p) = u(p ⊗ v) = u ◦ (βV (v))(p)
pour tous u ∈ HomA (T (V), M), v ∈ V et p ∈ P.
Le B-module H (T (V)) s’identifie à j H (T (Vj )) et l’application linéaire βV à
j βVj .
4. Modules isotypiques
Remarque. — Tout module isotypique non nul de type S possède un module quotient
et un sous-module isomorphes à S ; par conséquent, si M et M sont des A-modules
isotypiques non nuls de type S, le groupe HomA (M, M ) n’est pas réduit à 0.
A VIII.58 MODULES SEMI-SIMPLES §4
Pour tout W ∈ DD (V), posons ϕ(W) = α(S ⊗D W). Pour tout N ∈ DA (M),
notons ψ(N) l’ensemble des éléments v ∈ V tels que α(s ⊗ v) ∈ N pour tout s ∈ S.
On définit ainsi deux applications ϕ : DD (V) → DA (M) et ψ : DA (M) → DD (V).
Elles sont clairement croissantes.
Soit N un sous-module de M. Il est isotypique de type S (VIII, p. 57, prop. 2).
Posons W = ψ(N). D’après la prop. 3, b) de VIII, p. 58, les applications A-linéaires
h : S → M ne sont autres que les applications s → α(s ⊗ v), où v parcourt V. Celles
dont l’image est contenue dans N sont les applications s → α(s ⊗ w), où w parcourt
W ; leurs images engendrent N, puisque N est isotypique de type S. On a donc
α(S ⊗D W) = N, c’est-à-dire ϕ(ψ(N)) = N. Cela prouve que ϕ ◦ ψ est l’application
identique de DA (M). En particulier ϕ est surjective et ψ injective.
Pour terminer la démonstration, il suffit de prouver que l’application ϕ est
injective. Soient W et W des sous-espaces vectoriels de V tels que ϕ(W) = ϕ(W ).
Les espaces vectoriels S⊗D W et S⊗D W vus comme sous-espaces vectoriels de S⊗D V
coïncident. Choisissons une forme linéaire non nulle f sur le D-espace vectoriel S et
notons g : S ⊗D V → V l’homomorphisme de groupes défini par g(s ⊗ v) = f (s)v.
On a W = g(S ⊗D W) = g(S ⊗D W ) = W , d’où l’injectivité de ϕ.
Il est clair que MS est le plus grand sous-module de M qui soit isotypique de type
S. Comme tout sous-module de MS est isotypique de type S (VIII, p. 57, prop. 2),
on a NS = MS ∩ N pour tout sous-module N de M.
Si S est un A-module simple isomorphe à S, on a évidemment MS = MS , donc
MS ne dépend que de la classe de S (VIII, p. 47).
Soit M un A-module. Il existe un plus grand sous-module semi-simple de M,
qu’on appelle le socle de M ; c’est la somme des sous-modules simples de M, et aussi
la somme des composants isotypiques de M. En particulier, M est semi-simple si et
seulement s’il est égal à son socle.
donc démontrée. Par construction, on a Mλ ⊃ i∈I(λ) Ni , l’assertion b) résulte alors
de II, p. 18, remarque 1.
L’assertion c) résulte de a) et de (II, p. 29, prop. 23).
Soit N un sous-module de M et λ ∈ S . Le composant isotypique Nλ de N est
contenu dans Mλ et Mλ ∩ N ⊂ Nλ . L’intersection N ∩ Mλ est donc le composant
isotypique de type λ de N.
Pour tout λ ∈ S, le module Mλ + N/N est isomorphe à Mλ /(Mλ ∩ N). Il est donc
isotypique de type λ et contenu dans (M/N)λ . La dernière assertion résulte alors de
a) et de II, p. 18, remarque 1.
satisfaisant à la relation
(10) αM (s ⊗ f ) = f (s),
pour λ ∈ S , s ∈ Sλ , et f ∈ HomA (Sλ , M). Si l’on munit λ∈S (Sλ ⊗Dλ HomA (Sλ , M))
et M de leur structure de EndA (M)-module naturelle, l’application αM est EndA (M)-
linéaire.
Proposition 10. — Soit M un A-module semi-simple. Soit (Mi )i∈I une famille
de sous-modules simples dont M est somme directe. Les propriétés suivantes sont
équivalentes :
(i) M est de longueur finie ;
(ii) M est artinien ;
(iii) M est noethérien ;
(iv) M est de type fini ;
(v) I est fini.
Si M satisfait à ces propriétés, la longueur de M est égale au cardinal de I.
Si l’ensemble I est fini, M possède les propriétés (i) , (ii) , (iii) et (iv). Supposons
l’ensemble I infini. D’après l’exemple 2 de VIII, p. 2, le module M n’est ni artinien,
A VIII.68 MODULES SEMI-SIMPLES §4
ni noethérien ; comme tout module de longueur finie est artinien et noethérien (VIII,
p. 2, prop. 1), M n’est pas davantage de longueur finie. Enfin, tout élément de M
appartient à la somme d’un nombre fini de sous-modules Mi , donc M n’est pas
de type fini. Cela prouve l’équivalence des conditions (i) à (v). Si celles-ci sont
satisfaites, on a long(M) = i∈I long(Mi ) = Card(I) (II, p.23, cor. 5).
Tout module simple est primordial (VIII, p. 41), donc tout module semi-simple
est semi-primordial. Soit M un A-module semi-simple et soit λ ∈ S . On appelle
multiplicité de λ dans M la multiplicité primordiale [M : λ] de λ dans M définie en
VIII, p. 32. La prop. 11 se traduit par l’égalité
Plus généralement, si ((Vλ )λ∈S , α) est une description de M, alors [M : λ] est égal à
dimDλ (Vλ ). D’après la prop. 6 de VIII, p. 64, on a aussi
pour toute famille (Mj )j∈J de A-modules semi-simples. D’après la prop. 11, on a
(14) longA (M) = dimDλ HomA (Sλ , M).
λ∈S
EXERCICES
4) Soit M un module, somme directe d’une famille (Mα )α∈I de sous-modules. Prouver que
pour que les sous-modules Mα soient stables par tous les automorphismes de M, il faut et
il suffit que tout homomorphisme Mα → Mβ avec α = β soit nul.
6) On dit qu’un module M est semi-artinien si tout quotient non nul de M contient un
sous-module simple. Tout module artinien, tout espace vectoriel sur un corps sont semi-
artiniens.
a) Soit 0 → M → M → M → 0 une suite exacte. Pour que M soit semi-artinien,
il faut et il suffit qu’il en soit ainsi de M et M (si M est semi-artinien, considérer un
élément maximal dans l’ensemble des sous-modules N de M tels que N ∩ M = 0).
b) La somme directe d’une famille de modules semi-artiniens est un module semi-
artinien.
c) Soit K un corps, A l’anneau produit KN . Prouver que le A-module As n’est pas
semi-artinien, bien qu’il soit produit de A-modules simples (si s est le socle de As , prouver
que le A-module As /s ne contient pas de module simple).
d) Soient A un anneau noethérien à gauche, M un A-module semi-artinien ; prouver
que M est somme de ses sous-modules artiniens (soit S la somme des sous-modules artiniens
de M ; si N est un sous-module de type fini de M dont l’image dans M/S est simple, observer
que N ∩ S est artinien). En particulier, si M est de type fini, il est artinien.
EXERCICES A VIII.71
bi,j = πj ◦ ιj ◦ πj ◦ b ◦ ιi = πj ◦ b ◦ ιj ◦ πj ◦ ιi = 0.
De même, on a
bj,j = πj ◦ b ◦ ιj = πi ◦ ιi ◦ πj ◦ b ◦ ιj = πi ◦ b ◦ ιi ◦ πj ◦ ιj = bi,i .
En outre, bi,i appartient à AM . Il en résulte que b coïncide avec une homothétie du
AM -module M(I) .
2. Modules générateurs
Soit A un anneau.
la forme bilinéaire canonique sur M × M∗ (II. p. 41). On note τ (M) l’ensemble des
éléments de A de la forme ni=1 xi , x∗i , où x1 , . . . , xn sont des éléments de M, et
x∗1 , . . . , x∗n des éléments de M∗ . C’est un idéal bilatère de A, qu’on appelle l’idéal trace
de M. L’idéal trace du A-module As est A. L’idéal trace du module somme directe
A VIII.76 COMMUTATION §5
d’une famille (Mi )i∈I de A-modules est l’idéal i∈I τ (Mi ). Si M est un A-module
projectif, il résulte de la prop. 12 de II, p. 46 que l’on a M = τ (M)M.
Soit (xi )i∈I une famille génératrice du A-module M. Il existe une famille (x∗i )i∈I
de formes linéaires sur le A-module M telles que, pour tout x ∈ M, la famille
(x, x∗i )i∈I ait un support fini et que l’on ait x = i∈I x, x∗i xi (II, p. 46, prop. 12).
Pour tout i ∈ I, l’application x → x, x∗i M est une forme linéaire sur le AM -
module M, et l’on a x = i∈I x, x∗i Mxi pour tout x ∈ M. D’après loc. cit., M
est un AM -module projectif.
Corollaire 3. — Tout module projectif de type fini sur un anneau commutatif est
équilibré.
En effet, un module projectif de type fini M est un AM -module générateur par
la prop. 3 de VIII, p. 77. Le corollaire résulte donc de la remarque ci-dessus.
Corollaire 4. — Tout module de type fini sur un anneau principal est équilibré.
En effet, un module de type fini M sur un anneau principal A est un AM -module
générateur (VIII, p. 77, exemple 4).
Corollaire 1. — Soit (Si )i∈I une famille finie de A-modules simples deux à deux
non isomorphes. Pour i ∈ I, notons Di l’anneau opposé du corps des endomor-
phismes de Si . Supposons que, pour tout i ∈ I, le Di -espace vectoriel Si soit de
dimension finie. Alors l’application a → (aSi )i∈I de A dans i∈I EndDi (Si ) est sur-
jective.
Considérons le A-module M = i∈I Si . Comme I est fini, on a aussi M = i∈I Si
et l’image de Si dans M est le composant isotypique de type Si de M. Par suite,
les endomorphismes du A-module M sont les applications (si ) → (si di ), où (di )i∈I
parcourt i∈I Di (VIII, p. 62, prop. 5). Comme I est fini et que, pour tout i ∈ I, le Di -
espace vectoriel à droite Si est de dimension finie, le contremodule de M est de type
fini. D’après la prop. 4, le A-module M est équilibré. Or le bicommutant du A-module
M se compose des éléments de EndZ (M) de la forme i∈I ui , où (ui ) ∈ i∈I EndDi (Si )
(VIII, p. 74, prop. 1) puisque EndDi (Si ) est le bicommutant de Si . Le corollaire
résulte de là.
est un isomorphisme de C sur λ∈SM Cλ . Par restriction aux centres, on obtient
l’isomorphisme z → (zSλ )λ∈SM de Z sur λ∈SM Zλ , d’où a).
Pour que l’anneau λ∈SM Zλ soit un corps, il faut et il suffit que l’ensemble SM
ait un seul élément, d’où b).
L’assertion c) résulte de la prop. 7 a). Supposons SM fini. On déduit de a) et de
la prop. 8 de I, p. 104, que l’application Λ → eΛ Z est un isomorphisme d’ensembles
ordonnés de P(SM ) sur l’ensemble des idéaux de Z. Soit Λ une partie de SM .
D’après c), on a la relation eΛ ZM = eΛ M = λ∈Λ Mλ ; Compte tenu de la prop. 6,
c) de VIII, p. 81, il ne reste plus qu’à décrire la bijection réciproque. Mais pour que
z ∈ Z applique M dans λ∈Λ Mλ, il faut et il suffit que l’on ait z = eΛ z, c’est-à-dire
z ∈ eΛ Z.
Corollaire. — Supposons que A soit une algèbre sur un corps commutatif al-
gébriquement clos K et que M soit un A-module semi-simple de dimension finie
comme espace vectoriel sur K. Pour tout λ dans SM, notons eλ le projecteur dans M
d’image Mλ et de noyau ⊕λ=μ Mμ . Alors (eλ )λ∈SM est une base de l’espace vectoriel
Z sur K.
Comme M est un espace vectoriel de dimension finie sur K, somme directe de
la famille de sous-modules non nuls (Mλ )λ∈SM , l’ensemble SM est fini et chacun des
espaces Sλ pour λ ∈ SM est de dimension finie sur K. Le corps K étant algébrique-
ment clos, on a Dλ = Zλ = K (VIII, p. 43, th. 1) et l’application z → (zSλ )λ∈SM est
un isomorphisme de Z sur KSM (prop. 8, a)). Le corollaire résulte alors de la partie
c) de la prop. 8.
5. Théorème de densité
EXERCICES
6) Soit (Ai )i∈I une famille d’anneaux, et A son produit. Démontrer que le A-module Ai
est projectif et fidèle. Est-il toujours générateur ?
10) Soit M un A-module. Démontrer que les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) Le A-module M est de type fini ;
(ii) Pour tout A-module générateur P, il existe un nombre entier positif n et un
homomorphisme surjectif f de Pn dans M.
11) Soit P un A-module projectif de type fini ; notons τ (P) son idéal trace.
a) Démontrer qu’on a τ (P)2 = τ (P) et τ (P)P = P.
b) Démontrer que l’application canonique τ (P) ⊗A P → P est un isomorphisme.
¶ 12) Soient A un anneau et P un A-module de type fini. Démontrer que les propriétés
suivantes sont équivalentes :
(i) Le A-module P est projectif et générateur ;
(N)
(ii) Les A-modules P(N) et As sont isomorphes.
(Pour établir l’implication (i)⇒(ii) on pourra construire par récurrence des suites
strictement croissantes (nk ) et (mk ) d’entiers et des homomorphismes de A-modules sur-
jectifs fk : Ans k → Pmk , gk : Pmk+1 → Ans k tels que gk−1 ◦ fk et fk ◦ gk soient les projections
canoniques).
M est projectif de type fini, mais que l’anneau des homothéties de M n’est pas dense dans
son bicommutant (cf. VIII, p. 83, th. 3 et VIII, p. 84, remarque). En particulier M n’est
pas équilibré.
14) Quel est le bicommutant du Z-module Q ? Démontrer que Q est un module simple
sur son bicommutant, mais que l’anneau des homothéties du Z-module Q n’est pas dense
dans son bicommutant.
¶ 15) Soit M un module de torsion sur un anneau principal. Prouver que l’anneau des
homothéties de M est dense dans son bicommutant.
(Se ramener au cas où M est π-primaire pour un élément extrémal π de A. Prouver
ensuite que toute partie finie S de M est contenue dans un sous-module facteur direct
qui est somme directe d’un module de type fini et d’un nombre fini de modules divisibles
indécomposables, en raisonnant par récurrence sur le cardinal de S à l’aide des exerc. 3 de
VII, p. 53 et 8 de VII, p. 55.)
¶ 18) On dit qu’un groupe G est localement fini si tout sous-groupe de G admettant une
famille génératrice finie est fini.
a) Soient G un groupe, H un sous-groupe distingué de G. Si H et G/H sont localement
finis, prouver qu’il en est de même de G.
b) Déduire de a) qu’un groupe résoluble dont tout élément est d’ordre fini est locale-
ment fini.
c) Soient K un corps commutatif, V un espace vectoriel de dimension finie sur K,
G un sous-groupe de Aut(V) admettant une famille génératrice finie et formé d’éléments
d’ordre fini. Prouver que l’ordre des éléments de G est borné.
EXERCICES A VIII.89
(Se ramener au cas où K est une extension transcendante pure d’un corps premier P,
en considérant le sous-corps de K engendré par les coefficients d’une famille génératrice
finie de G. Prouver alors que pour tout élément d’ordre s fini de GLn (K), on a ϕ(s) n
si P = Q, et s pn − 1 si P = Fp .)
d) Prouver que tout sous-groupe H de Aut(V) dont tout élément est d’ordre fini est
localement fini(1) .
(Se ramener au cas où K est algébriquement clos et raisonner par récurrence sur
dim(V). Soit G un sous-groupe de H admettant une famille génératrice finie. Si V est
un K[G]-module simple, appliquer l’exerc. 17 ; si V contient un sous-espace W non trivial
stable par G, considérer l’image de G dans Aut(V) × Aut(V/W), et appliquer a) et b)).
¶ 19) Soit A un anneau, tel que le A-module As soit somme directe d’une famille finie
d’idéaux à gauche (Ii )1in isomorphes en tant que A-modules.
a) Démontrer qu’il existe dans A une famille d’éléments ei,j (1 i n, 1 j n)
tels que ei,j eh,k = δj,h ei,k , où δj,h désigne l’indice de Kronecker, et Ii = Aei,i (cf. VIII,
p. 36, exerc. 5 et I, p. 152, exerc. 12). Réciproquement, s’il existe dans A une famille
de n2 éléments ei,j tels que ei,j eh,k = δj,h ei,k et 1 = ni=1 ei,i , les idéaux à gauche Aei,i
sont isomorphes en tant que A-modules (cf. VIII, p. 36, exerc. 5). En outre, si B est le
sous-anneau de A formé des éléments qui commutent avec tous les ei,j , A est isomorphe à
l’anneau de matrices Mn (B) et B est isomorphe à l’opposé du commutant de chacun des
A-modules Aei,i (utiliser VIII, p. 74 et VIII, p. 60, cor.).
b) Soit M un A-module. Démontrer que les Ni = ei,i M sont des B-modules et que M,
considéré comme B-module, est somme directe des Ni ; en outre, les B-modules Ni sont
deux à deux isomorphes (considérer les applications x → ei,1 x et y → e1,i y) et l’annulateur
des Ni est l’intersection de B et de l’annulateur de M dans A. Réciproquement, pour tout
B-module N, définir une structure de A-module sur la somme directe M de n B-modules
isomorphes à N, de sorte que e1,1 M soit isomorphe à N.
c) À tout sous-B-module P de N1 , on fait correspondre le sous-A-module ni=1 ei,1P
de M. Démontrer qu’on définit ainsi une application bijective de l’ensemble des sous-B-
modules de N1 sur l’ensemble des sous-A-modules de M, strictement croissante pour la
relation d’inclusion.
(1)
Pour tout entier n impair 665, il existe un groupe dans lequel l’ordre de tout élément divise n,
mais qui n’est pas localement fini ; cf. S. I. Adian, The Burnside problem and identities in groups,
Ergebnisse der Math. 95, Springer-Verlag (1979). Un résultat analogue vaut lorsque n 248 et 29
divise n (cf. S. V. Ivanov, On the Burnside problem for groups of even exponent, Proceedings of
the International Congress of Mathematicians, Vol. II (Berlin, 1998). Doc. Math. 1998, Extra Vol.
II, 67–75).
§ 6. ÉQUIVALENCE DE MORITA
DES MODULES ET DES ALGÈBRES
1. Commutant et dualité
On note également s Ad l’algèbre A considérée comme (A, A)k -bimodule (loc. cit.) et
Λ : P ⊗B P∗ → s Ad l’homomorphisme de (A, A)k -bimodules caractérisé par
(3) x
Λ( ⊗ x) = x
, x
pour x ∈ P et x ∈ P.
Supposons maintenant que l’application b → bP soit une bijection de B sur
EndA (P) ; c’est alors un isomorphisme de B sur l’algèbre opposée de EndA (P). L’ho-
momorphisme canonique de Z-modules de P∗ ⊗A P dans EndA (P) (II, p. 77) définit
A VIII.92 ÉQUIVALENCE DE MORITA DES MODULES ET DES ALGÈBRES §6
Supposons que l’application a → aP de A dans EndB (P) soit bijective, c’est alors
un isomorphisme d’algèbres. De manière analogue, on définit un homomorphisme de
:P⊗ P
(A, A)k -bimodules Θ → A caractérisé par la relation
B s d
(10)
Θ(x ⊗ y)y = xy, y
On définit aussi un homomorphisme de (B, A) -bimodules
pour x, y ∈ P et y ∈ P. k
∗
σ : P → P caractérisé par la formule
(11)
Θ(x ⊗ y) = x, σ (y)
No 1 COMMUTANT ET DUALITÉ A VIII.93
On a
pour x ∈ P, y ∈ P.
(12) = Λ ◦ (1 ⊗ σ
Θ ).
P
(14) = Θ ◦ (σ
Λ ⊗ 1P ).
∗ ∗
Pour x ∈ P, x ∈ P et y ∈ P, on a, d’après les formules (4), (8), (10) et (11),
(15)
x, x∗ y = x Θ(x∗ ⊗ y) = xσ(x∗ ), y = Θ(x ⊗ σ(x∗ ))y = x, σ
(σ(x∗ ))y.
et y ∈ P, on a
De même, pour x ∈ P, y ∈ P
(16)
xy, y = Θ(x ⊗ y)y = x, σ (y)y = xΘ (σ (y) ⊗ y) = xσ(σ (y)), y.
Vu les hypothèses faites, P est fidèle en tant que A-module et en tant que B-module.
Des formules (15) et (16) respectivement, on déduit σ ◦ σ = 1P∗ et σ ◦ σ = 1P . Les
formules (13) et (14) découlent alors de (12) et (9) respectivement.
Il en résulte que le A-module P est de type fini engendré par la famille (xi )1in et
on conclut la preuve de l’implication (iii) =⇒ (i) par la prop. 12 de II, p. 46.
De plus, on a évidemment (ii) =⇒ (iv). Soient Q un (B, A)k -bimodule et θ un
homomorphisme surjectif de (B, B)k -bimodules de Q⊗A P sur s Bd . Avec les notations
du numéro précédent, il existe un homomorphisme de (B, A)k -bimodules ζ : Q → P
tel que θ(y ⊗ x) = ζ(y), x pour x ∈ P, y ∈ Q, et l’on a θ = Λ ◦ (ζ ⊗ 1P). Comme θ
Si l’application a → a de A dans End (P) est
est surjectif, il en est de même de Λ. P B
bijective, Θ est surjective d’après la relation (14) de la prop. 1 de VIII, p. 93, d’où
l’implication (iv) =⇒ (iii).
Si de plus l’application b → bP de B dans EndA (P) est bijective, elles sont équiva-
lentes à la condition suivante :
(iv) L’application Λ est un isomorphisme de P ⊗B P∗ sur s Ad .
(i) ⇐⇒ (ii) : l’image de Λ est l’idéal trace τ (P) (VIII, p. 75). L’équivalence de (i) et
(ii) résulte donc du théorème 1 de VIII, p. 76.
(ii) =⇒ (iii) : il suffit de poser Q = P∗ .
(iii) =⇒ (ii) : soient Q un (B, A)k -bimodule et ψ un homomorphisme de (A, A)k -
bimodules de P ⊗B Q dans s Ad . Il existe un homomorphisme de (B, A)k -bimodules Ψ
de Q dans P∗ tel que ψ(x ⊗ y) = x, Ψ(y) pour x ∈ P et y ∈ Q, et l’on a l’égalité
ψ = Λ ◦ (1P ⊗ Ψ). Si ψ est surjectif, il en est de même de Λ.
Il est clair que (iv) implique (ii). Inversement, supposons que la condition (ii)
soit satisfaite et que l’application b → bP de B dans EndA (P) soit bijective. Soit e
un élément de P ⊗B P∗ tel que Λ(e) = 1. D’après la formule (7) de VIII, p. 92, on a
u = Λ(u)e pour tout u dans P ⊗B P∗ , d’où l’injectivité de Λ.
1Q ⊗1P ⊗u
Q ⊗A P ⊗B M / Q ⊗A P ⊗B N
θ⊗1M θ⊗1M
u
M / N.
Θ : P∗ ⊗ P → s Bd et Λ : P ⊗ P∗ → s Ad
sont des isomorphismes de sorte que le (B, A)k -bimodule P∗ est un inverse de P.
Si la condition (ii) est vérifiée, P est un (A, B)k -bimodule inversible d’inverse
P∗ (VIII, p. 94, prop. 2 et p. 94, prop. 3). Cela démontre que (ii) implique (i) et la
dernière assertion.
Supposons le (A, B)k -bimodule P inversible. Alors le A-module P est générateur
(VIII, p. 94, prop. 3, (iii) =⇒ (i)). Il est donc fidèle et équilibré (VIII, p. 78, th. 2)
et, par suite, l’application a → ap de A dans EndB (P) est bijective.
Prouvons ensuite que l’application b → bP de B dans EndA (P) est bijective.
Soit Q un (B, A)k -bimodule inverse de P. Soit u ∈ EndA (P) ; alors 1Q ⊗ u est un
endomorphisme du B-module à gauche Q ⊗A P. Comme le (B, B)k -bimodule Q ⊗A P
est isomorphe à s Bd , il existe un unique élément b de B tel que 1Q ⊗u soit l’homothétie
de rapport b du B-module à droite Q ⊗A P. Par suite, on a 1Q ⊗ (u − bP ) = 0. D’où
u = bP d’après le lemme 1 ; cela prouve que l’application b → bP de B dans EndA (P)
est bijective.
D’après la prop. 2 de VIII, p. 94, le A-module P est alors projectif de type fini.
On a donc prouvé l’équivalence de (i) et (ii).
A VIII.98 ÉQUIVALENCE DE MORITA DES MODULES ET DES ALGÈBRES §6
λ : P ⊗B Q → s Ad et θ : Q ⊗A P → s Bd .
Proposition 6. — Notons BA, BB les ensembles ordonnés formés des idéaux bi-
latères de A et des idéaux bilatères de B.
a) Il existe un isomorphisme d’ensembles ordonnés f de BA sur BB caractérisé
par la propriété suivante : si a est un idéal bilatère de A et b un idéal bilatère de B,
la relation f (a) = b équivaut à aP = Pb.
b) Supposons l’anneau A commutatif, de sorte que A s’identifie au centre de B
(VIII, p. 98, cor. 1). L’isomorphisme f : BA → BB associe à un idéal a de A l’idéal
bilatère Ba de B, et l’on a a = A ∩ Ba.
L’assertion a) résulte de l’exemple 2.
Supposons enfin A commutatif, et identifions A au centre de B. Soit a un idéal
de A. Alors Ba est un idéal bilatère de B ; on a PBa = aP, d’où f (a) = Ba. Soit a
l’idéal A ∩ Ba de A ; il est contenu dans Ba et contient a, donc Ba est égal à Ba.
Comme f est bijectif, on en déduit a = a.
cor.). Nous laissons au lecteur le soin de traduire les résultats du présent numéro en
remplaçant la construction M → Q ⊗A M par la construction M → HomA (P, M).
TABLE II
Propriétés du module M Propriétés de DA (M)
M est noethérien L’ensemble ordonné D(M) est noethérien (E, III,
p. 51)
M est artinien L’ensemble D(M), ordonné par ⊃, est noethérien
M est indécomposable On a M = 0 et il n’existe pas deux éléments M et
M de D(M), distincts de 0, vérifiant
inf(M , M) = 0, sup(M , M ) = M.
M est de type fini Pour toute famille (Mi )i∈I dans D(M) de borne
supérieure M, il existe une partie finie J de I telle
que M = supj∈I Mj
M est simple Card(D(M)) = 2
M est semi-simple M est la borne supérieure, dans D(M), de l’en-
semble des éléments minimaux de D(M) {0}
Soient V et V des sous-modules de V tels que V soit contenu dans V ; po-
sons M = ϕ(V ) et M = ϕ(V ), de sorte que M contient M. Notons [V , V ]
l’intervalle de D(V) formé des sous-modules W de V tels que l’on ait V ⊂ W ⊂ V ,
et définissons de même l’intervalle [M , M] de D(M). L’application W → W/V
est un isomorphisme d’ensembles ordonnés de [V , V] sur D(V /V ) ; on définit de
même un isomorphisme d’ensembles ordonnés de [M , M ] sur D(M /M). Comme ϕ
applique l’intervalle [V , V] sur [M , M], il définit un isomorphisme ϕ d’ensembles
ordonnés de D(V /V) sur D(M /M). On déduit de cela et des tables I et II la
proposition suivante :
A VIII.104 ÉQUIVALENCE DE MORITA DES MODULES ET DES ALGÈBRES §6
inversement, tout sous-module possédant ces propriétés est le graphe d’un isomor-
phisme de H sur H . D’après la proposition 7, la relation H ∩ H = 0 équivaut à
ϕ(H) ∩ ϕ(H ) = 0 et les relations (17) aux relations
ϕ(H) ∩ ϕ(H ) = ϕ(H ) ∩ ϕ(H ) = 0 , ϕ(H) +ϕ(H ) = ϕ(H) +ϕ(H ) = ϕ(H ) +ϕ(H ) ;
le lemme en résulte.
Soit N0 un A-module de type fini tel que le module N0 = N0 ⊕ N0 soit libre de type
fini, et soit u : N1 ⊕ N0 → N0 l’homomorphisme (u, 1N0 ) ; alors P ⊗B V s’identifie
au conoyau de u. Soit N1 un A-module libre de type fini et p : N1 → N1 ⊕ N0 un
u ◦p
homomorphisme surjectif ; la suite N1 −−→ N0 → P ⊗B V → 0 est une présentation
finie du A-module P ⊗B V.∗
f) Supposons le A-module P⊗B V projectif (resp. générateur, resp. fidèle, ∗ resp.
injectif, resp. de présentation finie∗ ). En appliquant ce qui précède (en échangeant
les rôles de A et B, P et Q), on voit que le B-module Q ⊗A P ⊗B V possède aussi
cette propriété. Il en est donc de même du B-module V, qui lui est isomorphe.
Lemme 3. — Pour qu’un B-module à droite P soit projectif, de type fini et généra-
teur, il faut et il suffit qu’il existe un entier n 0 et un idempotent e = (eij ) dans
Mn (B) satisfaisant aux propriétés suivantes :
(i) Le B-module P est isomorphe à eBnd ;
(ii) L’idéal bilatère de B engendré par les éléments eij est égal à B.
Soit P un B-module à droite. Pour que P soit projectif et de type fini, il faut
et il suffit qu’il soit isomorphe à un sous-module facteur direct d’un B-module de
la forme Bnd où n est un entier 0 (II, p. 40, cor. 1). Si l’on identifie les k-algèbres
Mn (B) et End(Bnd ), cela signifie qu’il existe un idempotent e de Mn (B) tel que P
soit isomorphe à eBnd .
Le B-module P est générateur si et seulement si son idéal trace τ (P) est égal à
B, c’est-à-dire τ (eBnd ) = B (VIII, p. 76, th. 1). Soient x1 , . . . , xn les éléments de Bnd
correspondant aux colonnes de la matrice e, et soit x∗i (pour 1 i n) la forme
linéaire (b1 , . . . , bn ) → bi sur eBnd . La famille (x1 , . . . , xn) engendre le B-module eBnd
et la famille (x∗1 , . . . , x∗n ) engendre son dual. Or on a x∗i , xj = eij , donc τ (eBnd ) est
l’idéal bilatère de B engendré par les eij . Cela prouve le lemme 3.
Notons ϕ : eEe → EndB (P) l’application décrite dans l’énoncé ; c’est un homo-
morphisme de k-algèbres. Soit u ∈ EndB (P). Notons v l’endomorphisme de V défini
par v(x) = u(e(x)) pour x ∈ V. On a (eve)(x) = u(x) pour x ∈ P, c’est-à-dire
ϕ(eve) = u. Par suite, ϕ est surjective. Soit w un élément du noyau de ϕ ; les res-
trictions de w au noyau et à l’image de e sont nulles, donc w est nul, ce qui prouve
que ϕ est injective.
3) Soient A un anneau principal et L un A-module libre de type fini non nul. Soit
B l’anneau des endomorphismes de L ; alors L est un (A, B)Z -bimodule inversible
et les anneaux A et B sont équivalents au sens de Morita. D’après le théorème de
Morita, la prop. 10, a) (VIII, p. 104) et le théorème de structure des A-modules de
type fini (VII, p. 19, th. 2), tout B-module de type fini est isomorphe à ⊕m
i=1 (L/ai L),
où m est un entier positif et les ai des idéaux de A vérifiant a1 ⊂ a2 ⊂ · · · ⊂ am
et an = A ; l’entier m et les idéaux ai sont déterminés de façon unique. D’après la
proposition 6 de VIII, p. 101, tout idéal bilatère de B est de la forme dB où d est
un élément de A.
EXERCICES A VIII.111
EXERCICES
1) Soient A et B des anneaux, P un (A, B)-bimodule et Q un (B, A)-bimodule. Soient
ϕ : P ⊗B Q → A un homomorphisme de (A, A)-bimodules et ψ : Q ⊗A P → B un
homomorphisme de (B, B)-bimodules, satisfaisant à ϕ(x ⊗ u)y = xψ(u ⊗ y) et uϕ(x ⊗ v) =
ψ(u ⊗ x)v pour x, y dans P et u, v dans Q. On suppose que ϕ est surjectif.
a) Démontrer que le A-module P est générateur.
b) Prouver que ϕ est un isomorphisme.
c) Construire un isomorphisme de (B, A)-bimodules entre Q et HomB (P, B).
2) Soient M, N des A-modules, m, n des nombres entiers 1. On suppose que M est facteur
direct dans Nn et que N est facteur direct dans Mm ; prouver que les anneaux EndA (M)
et EndA (N) sont équivalents au sens de Morita.
F(i) F(p)
0 → F(M ) → F(M) → F(M ) → 0 est exacte.
d) Soit (Mα )α∈I une famille de A-modules, et soit M sa somme directe. Construire
un isomorphisme canonique de ⊕F(Mα ) sur F(M).
e) Soit M un A-module. Montrer que F(M) est projectif (resp. générateur, resp. de
type fini) si et seulement si M l’est (utiliser l’exercice 9 de VIII, p. 87).
f ) Démontrer que le (B, A)-bimodule F(As ) est inversible, et que le (A, B)-bimodule
G(Bs ) en est un inverse.
EXERCICES A VIII.113
1. Anneaux simples
Proposition 1. — Soit A un anneau non nul. Les conditions suivantes sont équi-
valentes :
(i) Le A-module As est isotypique ;
(ii) L’anneau A est artinien à gauche et tout idéal bilatère de A est égal à 0 ou
à A;
(iii) L’anneau A est artinien à gauche et il existe un A-module à gauche S qui
est simple et fidèle.
Si ces conditions sont satisfaites, le A-module As est de longueur finie et isotypique
de type S, et tout A-module simple est isomorphe à S.
Démontrons que (i) entraîne (ii). Sous les hypothèses de (i), le A-module de type
fini As est semi-simple, donc de longueur finie et artinien (VIII, p. 67, prop. 10) ; par
suite, l’anneau A est artinien à gauche. Les endomorphismes du A-module à gauche
As sont les multiplications à droite par les éléments de A. Comme le A-module à
gauche As est isotypique, il résulte de la prop. 6, b) de VIII, p. 81, que le (A, A)-
bimodule s Ad est simple. Les sous-bimodules de s Ad sont les idéaux bilatères de A,
donc (i) implique (ii).
Démontrons que (ii) entraîne (iii). L’anneau A n’est pas réduit à 0 ; par suite, il
existe un A-module simple S. L’annulateur de S est un idéal bilatère de A, distinct
de A. Sous les hypothèses de (ii), il est égal à 0. Le A-module S est alors fidèle et
(ii) entraîne (iii).
Démontrons que (iii) entraîne (i). Sous les hypothèses de (iii), il existe un entier
m 1 tel que As soit isomorphe à un sous-module de Sm (VIII, p. 46, prop. 5, a)).
Puisque Sm est un A-module isotypique de type S, il en est de même de As (VIII,
p. 57, prop. 2) ; donc (iii) implique (i).
A VIII.116 ANNEAUX SIMPLES §7
Définition 1. — On dit que l’anneau A est simple s’il satisfait aux conditions
équivalentes (i), (ii) et (iii) de la proposition 1. Soit K un corps commutatif ; une
K-algèbre est dite simple si son anneau sous-jacent est simple.
Par suite, les corps D et D sont équivalents au sens de Morita, donc isomorphes
(VIII, p. 107, prop. 13, c)).
Soit r 1 un entier. Nous dirons qu’un cardinal a est divisible par r s’il existe
un cardinal b tel que a = rb. Il en est ainsi si a est infini, puisqu’on a ra = a (E,
III, p. 49, cor. 3) ; il résulte de cette remarque que si le cardinal a est divisible par
r, il existe un unique cardinal b tel que a = rb.
Corollaire. — Soit k un corps commutatif et soit A une k-algèbre simple de degré
fini sur k. Tout A-module simple est de dimension finie sur k ; pour que deux A-
modules soient isomorphes, il faut et il suffit que leur dimension sur k soient égales.
Tout A-module simple sur A est isomorphe à un quotient de As , donc de di-
mension finie sur k. Le corollaire résulte alors de la prop. 2, c) de VIII, p. 118.
Proposition 3. — Soit A un anneau simple. Pour qu’un A-module M soit libre, il
faut et il suffit que sa longueur soit divisible par la longueur de A. S’il en est ainsi,
toutes les bases de M ont le même cardinal, noté dimA (M) (II, p. 98, remarque 2),
et caractérisé par la relation
(1) longA (M) = long(A) · dimA (M).
Supposons que M soit libre et soit (ei )i∈I une base de M. Le A-module M
est somme directe des A-modules Aei , eux-mêmes isomorphes à As . Posons
r = longA (As ) ; c’est un entier supérieur ou égal à 1 (VIII, p. 115, prop. 1). On a
longA (M) = r Card(I) d’après la formule (13) de VIII, p. 68.
Réciproquement, supposons que le cardinal longA (M) soit divisible par r. Soit
a le cardinal tel que longA (M) = ra. Alors le A-module M a même longueur que
A(a)
s , donc lui est isomorphe d’après la prop. 2. Ceci prouve que M est libre.
finie. D’après le th. 3 de VIII, p. 60, l’anneau B est isomorphe à EndD (V) ; d’après le
lemme 2 (VIII, p. 117) l’anneau B est donc simple et, compte tenu de la remarque 1
de VIII, p. 59, on obtient les égalités
3. Degrés
(1)
Si A et B sont des corps commutatifs, on prendra soin de ne pas confondre le degré qui est égal
à [B : A] avec le degré séparable de l’extension B de A, défini en V, p. 30, et noté aussi [B : A]s .
(2)
cf. A. H. Schofield, Artin’s problem for skew field extensions, Math. Proc. Cambridge Philos.
Soc. 97 (1985), p. 1–6.
No 3 DEGRÉS A VIII.121
Soit (Li )i∈I une famille de droites dont V soit somme directe. Soit (εi )i∈I la
famille de projecteurs associée à la décomposition V = ⊕i∈I Li . Les εi sont des
idempotents dans A, on a εi εj = 0 pour i = j et i∈I εi = 1. Notons Hi l’hyperplan
No 4 IDÉAUX DES ANNEAUX SIMPLES A VIII.123
j=i Lj ; c’est le noyau de εi . On a alors
a(Hi ) = A εi , b(Li ) = εi A.
Le A-module As est somme directe de la famille (a(Hi ))i∈I d’idéaux à gauche mini-
maux, et Ad est somme directe de la famille (b(Li ))i∈I d’idéaux à droite minimaux.
Considérons le cas particulier V = (Dd )n et identifions A à l’anneau de matrices
Mn (D). Notons I l’intervalle [1, n] de N et (vi )i∈I la base canonique de V ; posons
Li = vi D, et notons Eij les unités matricielles (II, p. 142). On a alors εi = Eii . L’idéal
à gauche AEii est égal à DE1i + · · · + DEni et se compose des matrices dont toutes
les colonnes à l’exception de la i-ème sont nulles. L’idéal à droite Eii A est égal à
DEi1 + · · · + DEin et se compose des matrices dont toutes les lignes à l’exception de
la i-ème sont nulles. On a aussi la relation
Eii A Ejj = Eii A ∩ A Ejj = D Eij ,
pour i et j compris entre 1 et n.
A VIII.124 ANNEAUX SIMPLES §7
EXERCICES
1) Soient D un corps, V un espace vectoriel à droite sur D et A l’anneau EndD (V). Pour
tout sous-espace vectoriel W de V, on note a(W) (resp. b(W)) l’ensemble des éléments a
de A satisfaisant à aW = 0 (resp. aV ⊂ W).
a) Prouver que l’application W → a(W) (resp. W → b(W)) est une bijection décrois-
sante (resp. croissante) de l’ensemble des sous-espaces vectoriels de V sur l’ensemble des
idéaux à gauche (resp. à droite) de A engendrés par un élément idempotent.
b) Les idéaux à gauche minimaux de A sont les idéaux a(H), où H est un hyperplan
de V ; les idéaux à droite minimaux sont les idéaux b(D), où D est une droite de V. En
déduire la forme des idéaux à gauche (resp. à droite) de longueur finie de A.
c) Soient W, W deux sous-espaces de V tels que W = 0 et W = V. Démontrer que
l’intersection a(W) ∩ b(W ) n’est pas réduite à 0.
d) L’application u → t u définit un isomorphisme de l’anneau A sur un sous-anneau B
de EndDo (V∗ ). Montrer que l’image de a(W) (resp. b(W)) par cet isomorphisme est la
trace sur B de l’idéal b(Wo ) (resp. a(Wo )), où Wo désigne l’orthogonal de W dans V∗ .
e) Soit F l’ensemble des sous-espaces vectoriels de V. Pour tout idéal à gauche a
de A, on note F(a) le sous-ensemble de F formé des sous-espaces Ker u où u parcourt a.
L’ensemble F(a) est stable par intersection, et tout sous-espace vectoriel de V contenant
un élément de F(a) appartient à F(a) ; prouver que l’application a → F(a) est une bijection
de l’ensemble des idéaux à gauche de A sur l’ensemble des parties de F satisfaisant à ces
deux propriétés.
f ) On suppose que la dimension de V est infinie, et on la note c. Soit m un idéal
à gauche maximal de A qui n’est pas de la forme a(D). Prouver que l’intersection des
sous-espaces W ∈ F(m) est réduite à 0, que chacun de ces sous-espaces est de dimension
infinie, et qu’il en existe de codimension c.
démontrer que l’idéal T + aU est distinct de A. Soit V un autre ultrafiltre sur B contenant
G et distinct de U ; prouver qu’on a aU + aV = A.
c
d) Démontrer que le cardinal de l’ensemble des ultrafiltres sur B contenant G est 22
(utiliser les arguments des exerc. 6 de TG, I, p. 101 et 5 de TG, I, p. 95 ; dans ce dernier
exercice, on observera que la trace sur F de tout ouvert non vide de X est équipotente
à F).
e) On suppose Card(D) 2c . Déduire de d) que l’ensemble des classes de (A/T)-
c
modules simples est de cardinal 22 (cf. VIII, p. 48, exerc 5 d)).
f ) Déduire de ce qui précède que l’anneau A est primitif mais pas quasi-simple, et
que l’anneau A/T est quasi-simple mais pas simple (VIII, p. 116, remarque 2).
(3)
Dans cet exercice et les suivants, si a et b sont des idéaux à gauche de A, on note ab l’idéal à
gauche engendré par les produits ab pour a ∈ a, b ∈ b.
A VIII.126 ANNEAUX SIMPLES §7
5) Soit A un anneau.
a) Soit e un élément idempotent de A. Démontrer que si A est primitif (resp. quasi-
simple), il en est de même de l’anneau eAe (utiliser l’exerc. 3 b) ci-dessus, le lemme 4 de
VIII, p. 108, et l’exerc. 6, a) de VIII, p. 14).
b) Soit n un entier 1. Démontrer que pour que l’anneau de matrices Mn (A) soit
primitif (resp. quasi-simple), il faut et il suffit que A soit primitif (resp. quasi-simple) (cf.
VIII, p. 109, exemple 2).
c) Soit B un anneau équivalent à A au sens de Morita ; pour que B soit primitif (resp.
quasi-simple), il faut et il suffit qu’il en soit ainsi de A.
7) Soit A un anneau.
a) Soit a un idéal à gauche minimal de A. Démontrer que l’on a a2 = 0 ou a2 = a.
Dans le second cas, montrer qu’il existe un élément idempotent e de a tel que a = Ae (si
a ∈ A est tel que aa = a, considérer l’automorphisme x → xa de a).
b) Soit e un élément idempotent de A. Pour que l’idéal Ae soit minimal, il faut et il
suffit que l’anneau eAe soit un corps.
c) Soient a, b deux idéaux à gauche isomorphes de A. Démontrer qu’on a ab = b si
a2 = a, et ab = 0 si a2 = 0.
10) Soient A un anneau primitif dont le socle s n’est pas réduit à 0 et M un A-module.
Pour que M soit fidèle et isotypique, il faut et il suffit qu’on ait sM = M (utiliser la prop. 4
de VIII, p. 46). En déduire que si 0 → M → M → M → 0 est une suite exacte de
A-modules et que M et M sont fidèles et isotypiques, il en est de même de M.
A VIII.128 ANNEAUX SIMPLES §7
11) Soient K un corps commutatif, V un espace vectoriel sur K admettant une base (en )n1 .
Soient u, v les endomorphismes de V définis par u(e1 ) = 0, u(ep ) = ep−1 pour p > 1,
v(ep ) = ep+1 pour p 1, et soit A la sous-K-algèbre de EndK (V) engendrée par 1,u et v.
On a uv = 1V et vu = 1V .
a) Prouver que les éléments v i uj (i 0, j 0) forment une base de A sur K.
b) Démontrer que l’anneau A est primitif et que son socle s est l’ensemble des endo-
morphismes w de V tels que la suite (w(ep ))p1 soit à support fini (on pourra observer
que s est le plus petit idéal bilatère de A contenant 1V − vu). Démontrer que la K-algèbre
A/s est isomorphe à K[X, X−1 ].
13) Soient K un corps commutatif de caractéristique nulle, A l’anneau K[T] ; on prend pour
d
d la dérivation dT . Démontrer que l’anneau A[D] (exerc. 12) est quasi-simple (calculer les
dérivations ad(D) et ad(T), et en déduire que tout idéal bilatère non nul contient un
élément inversible).
¶ 14) Soit K un corps commutatif. Soit M le monoïde libre engendré par deux éléments
x, y et soit A l’algèbre du monoïde M sur K. Soit V un espace vectoriel sur K, admettant
une base (en )n1 .
a) On définit une structure de A-module sur V en posant xe1 = 0, xep = ep−1 pour
p > 1, yep = e2p pour p 1. Démontrer que V est un A-module simple.
b) Prouver que le A-module V est fidèle (soit z ∈ M ; pour n ∈ N, notons Pz (n)
l’entier s tel que es = zen. Observer qu’on a Pzt = Pz ◦ Pt pour z, t dans M ; en déduire
par récurrence sur la longueur de z et t que si z = t, l’ensemble des entiers n tels que
Pz (n) = Pt (n) est fini).
c) Pour tout entier r > 2, démontrer de même qu’on définit une structure de A-
module simple et fidèle sur V en posant xe1 = 0, xep = ep−1 pour p > 1, yep = er p pour
p 1. Démontrer que ces structures sont deux à deux non isomorphes.
EXERCICES A VIII.129
15) Soit A un anneau. On dit qu’un idéal bilatère p de A est premier si, quels que soient
les idéaux bilatères a et b de A, la relation ab ⊂ p implique a ⊂ p ou b ⊂ p.
a) Démontrer que lorsque A est commutatif, cette définition coïncide avec celle donnée
en I, p. 111.
b) Pour qu’un idéal bilatère p de A soit premier, il faut et il suffit que, quels que
soient les éléments a et b de A − p, il existe x ∈ A tel que axb ∈
/ p.
16) Soit A un anneau. On dit qu’un idéal bilatère p de A est primitif si l’anneau quotient
A/p est primitif.
a) Démontrer que les idéaux primitifs sont les annulateurs des A-modules simples.
En particulier, les idéaux primitifs d’un anneau commutatif sont ses idéaux maximaux.
b) Un idéal bilatère maximal est primitif ; un idéal primitif est premier (exerc. 15).
c) Pour qu’un élément x de A soit inversible, il faut et il suffit que son image dans
tout quotient de A par un idéal primitif soit inversible (démontrer que s’il en est ainsi, x
n’est contenu dans aucun idéal à gauche maximal).
d) Soit a un idéal à gauche de A. Si a + p = A pour tout idéal primitif p de A,
démontrer qu’on a a = A.
e) Soit M un A-module de type fini tel que pM = M pour tout idéal primitif p de A.
Prouver que M est nul (raisonner par récurrence sur le plus petit nombre de générateurs
de M, en utilisant d)).
f ) Soit M un A-module noethérien. Prouver que l’intersection des sous-modules aM,
où a parcourt l’ensemble des produits finis d’idéaux primitifs, est réduite à 0 (utiliser e)).
§ 8. ANNEAUX SEMI-SIMPLES
1. Anneaux semi-simples
Définition 1. — On dit que l’anneau A est semi-simple s’il satisfait aux conditions
équivalentes (i) à (vi) du théorème 1. Une algèbre A sur un anneau commutatif k
est une algèbre semi-simple si l’anneau sous-jacent à A est semi-simple.
Proposition 1. — Soit A un anneau semi-simple. Il existe une famille finie (mi )i∈I
d’idéaux à gauche minimaux de A telle que As = ⊕i∈I mi . Si (mi )i∈I est une telle
famille, tout A-module simple est isomorphe à l’un des mi . L’ensemble des classes
de A-modules simples est fini.
Une algèbre commutative de degré fini sur un corps est un anneau commu-
tatif artinien. La proposition 3 généralise donc la prop. 5 de V, p. 33.
(vi) =⇒ (i) : supposons que tout A-module monogène soit projectif. Soit a un
idéal à gauche de A ; comme le A-module As /a est projectif, il existe un idéal à
gauche b de A tel que As soit somme directe de a et b (II, p. 39, prop. 4). Par suite
l’anneau A est semi-simple (VIII, p. 131, th. 1).
est semi-simple (VIII, p. 134, prop. 4). Si (x1 , . . . , xr ) est une suite génératrice du A-
module M, l’application b → (bx1 , . . . , bxr ) de Bs dans Mr est B-linéaire et injective.
Tout B-module simple est isomorphe à un sous-module de Bs (VIII, p. 132, prop. 1),
donc à un sous-B-module de M. La proposition résulte alors aussitôt de la prop. 5
de VIII, p. 80.
et
(2) long(A) = long(Ao ) = dimDλ Sλ .
λ∈S
La première assertion est le cas particulier M = As de la prop. 6, c) de VIII,
p. 135. L’égalité [As : Sλ ] = [Ad : S∗λ] résulte de la prop. 7 de VIII, p. 136, puisque
le dual du A-module à gauche As est isomorphe au A-module à droite Ad . D’après
les prop. 8, a) de VIII, p. 137 et 9, c) de VIII, p. 137, l’application a → aSλ définit
un isomorphisme de A-modules à gauche de aλ sur EndDλ (Sλ ). Comme [As : Sλ ] est,
par définition, la longueur du A-module à gauche aλ , la relation [As : Sλ ] = dimDλ Sλ
résulte du lemme 2 de VIII, p. 117. Enfin, la formule (2) s’obtient à partir de (1)
par sommation sur λ.
l’idéal trace τ (M) de M est l’idéal bilatère λ∈SM aλ . En particulier, A est somme
directe de Ann(M) et τ (M).
Par définition (VIII, p. 80), SM se compose des classes des sous-modules simples
de M. Comme le module M est semi-simple, l’annulateur de M est l’intersection des
annulateurs bλ des modules de classe λ, pour λ parcourant SM. Or on a bλ = μ=λ aμ
pour tout λ ∈ S (VIII, p. 137, prop. 9). Comme A est somme directe de la famille
(aλ )λ∈S , l’annulateur de M est bien égal à λ∈S SM aλ .
Par définition (VIII, p. 75), l’idéal trace τ (M) est le sous-A-module de As engen-
dré par les images des applications A-linéaires de M dans As . Il revient au même,
puisque M est semi-simple, de dire que τ (M) est engendré par les sous-modules
simples de As dont la classe appartient à SM. On a donc τ (M) = λ∈SM aλ .
l’élément i∈I ei de A est idempotent.
On appelle partition d’un élément idempotent e de A toute famille finie (ei )i∈I
d’éléments idempotents de A, deux à deux orthogonaux, telle que e = i∈I ei . On
dit qu’un élément idempotent e de A est décomposable s’il existe une partition de e
formée d’éléments idempotents distincts de 0 et de lui-même, deux à deux orthogo-
naux ; dans le cas contraire, on dit qu’il est indécomposable. On observera que 0 est
un élément idempotent décomposable.
b) Soit (ai )i∈I une famille finie d’idéaux à gauche de A, dont Ae soit somme
directe ; pour i ∈ I, notons ei le composant de e dans ai . Alors (ei )i∈I est une partition
de e et l’on a ai = Aei pour tout i ∈ I.
c) Le A-module Ae est indécomposable si et seulement si l’élément idempotent
e est indécomposable.
Soit (ei )i∈I une partition de e. Pour tout i ∈ I, on a
ei e = ei ej = e2i + ei ej = ei
j j=i
Par suite (II, p. 18, prop. 12), Ae est somme directe des images des pi . Or on a
eei = ei e = ei , donc l’image de pi est Aei . Cela prouve a).
Prenons les notations et hypothèses de b). Soit i ∈ I ; comme ei appartient à Ae,
on a ei = ei e = j ei ej ; comme Ae est somme directe des aj et que ei ej appartient
à aj pour tout j, on a ei = ei ei et ei ej = 0 pour i = j. Autrement dit, (ei )i∈I est une
partition de l’élément idempotent e. D’après a), Ae est somme directe des Aei ; par
hypothèse, on a Aei ⊂ ai et Ae est somme directe des ai . On a donc Aei = ai pour
tout i ∈ I, d’où b).
Enfin, c) résulte aussitôt de a) et b).
EXERCICES
3) On dit qu’un idéal (à gauche ou à droite) a d’un anneau est nilpotent s’il existe un
entier n tel que tout produit de n éléments de a soit nul.
a) Soit a un idéal à gauche nilpotent de A. Démontrer que l’idéal bilatère aA engendré
par a est nilpotent.
b) On dit qu’un anneau A est semi-premier s’il ne contient pas d’idéal bilatère nil-
potent non nul ; on dit qu’un idéal bilatère a de A est semi-premier si l’anneau quotient
A/a est semi-premier. Démontrer que l’intersection d’une famille d’idéaux (bilatères) semi-
premiers est un idéal semi-premier et qu’un idéal semi-premier contient tout idéal nilpotent
de A.
c) Un idéal (bilatère) premier (VIII, p. 129, exerc. 15) est semi-premier ; pour qu’un
idéal bilatère a soit semi-premier, il faut et il suffit qu’il soit l’intersection des idéaux
premiers qui le contiennent (si a ∈
/ a, considérer un idéal maximal parmi les idéaux bilatères
contenant a et ne contenant aucune puissance de a).
(1)
Pour d’autres approches de ce résultat, voir X, p. 171, exerc. 25 et AC, II, p. 165, exerc. 26.
EXERCICES A VIII.145
5) a) Soit A un anneau semi-premier tel que tout ensemble d’idéaux à gauche monogènes
admette un élément minimal. Démontrer que A est semi-simple (à l’aide de l’exerc. 7 de
VIII, p. 126, construire des suites (en ) et (fn ) d’idempotents de A telles que les idéaux
Aen soient minimaux et qu’on ait Afn−1 = Aen ⊕ Afn , et montrer que fn est nul pour n
assez grand).
b) Soient K un corps commutatif, V un espace vectoriel à droite de dimension infinie
sur K et A la sous-K-algèbre de EndK (V) engendrée par 1V et les endomorphismes de rang
fini. Démontrer que tout idéal à gauche de A contient un idéal minimal.
6) Soit A une algèbre commutative semi-simple de rang fini sur un corps commutatif K,
et soient Ki (i ∈ I) ses facteurs simples, qui sont des extensions finies de K. Soient B une
sous-algèbre de A et Ej (j ∈ J) ses facteurs simples. Démontrer qu’il existe des parties
non vides (Λj )j∈J de I, deux à deux sans élément commun, telles que Ej s’injecte dans
i∈Λj Ki pour j ∈ J ; pour tout i ∈ Λj , pri induit un isomorphisme de Ej sur un sous-corps
Eij de Ki . Étudier la réciproque. En déduire que si chacun des Ki est séparable sur K, A
ne contient qu’un nombre fini de sous-algèbres (cf. V, p. 29, prop. 3).
§ 9. RADICAL
Corollaire 3. — Le radical du produit d’une famille (Ai )i∈I d’anneaux est le pro-
duit des R(Ai ).
Soit x = (xi )i∈I un élément de i∈I Ai . Pour tout élément a = (ai )i∈I de i∈I Ai ,
l’élément 1 + ax est inversible à gauche si et seulement si 1 + ai xi est inversible à
gauche dans Ai pour tout i ∈ I, d’où le corollaire 3.
Corollaire 4. — Pour que l’anneau A soit local, il faut et il suffit que l’anneau
A/R(A) soit un corps. Dans ce cas, R(A) est l’ensemble des éléments non inversibles
de A.
Notons r l’ensemble des éléments non inversibles de A. Si l’anneau A est local,
son radical est égal à r (VIII, p. 150, exemple 1) et l’anneau A/r est un corps
(VIII, p. 24). Inversement, supposons que l’anneau A/R(A) soit un corps. D’après
le corollaire 2, on a r = R(A), donc r est un idéal bilatère de A. Il en résulte que
l’anneau A est local (VIII, p. 24, déf. 1).
No 2 RADICAL D’UN ANNEAU A VIII.153
y(1 + x) = 1, de sorte que 1 + x est inversible. Il en résulte d’après le th. 1 que l’idéal
a est contenu dans le radical de A.
3. Lemme de Nakayama
Corollaire 1. — Conservons les hypothèses du théorème 2. Soit (xi )i∈I une fa-
mille d’éléments de M, et soit xi l’image canonique de xi dans M/aM. Si la famille
(xi )i∈I engendre le (A/a)-module M/aM, la famille (xi )i∈I engendre le A-module M.
Cela résulte du th. 2 appliqué au sous-module N de M engendré par la famille
(xi )i∈I .
4. Relèvements d’idempotents
Lemme 1. — Soit a un élément d’un anneau A tel que a − a2 soit nilpotent. Il existe
un polynôme P appartenant à X + (X − X2 )Z[X] tel que P(a) soit idempotent dans
A.
Soit n un entier strictement positif tel que (a − a2 )n = 0. Posons P(X) =
1 − (1 − Xn )n . Le polynôme P(X) est multiple de Xn et le polynôme 1 − P(X)
est multiple de (1 − X)n , donc P(X) − P(X)2 est multiple de (X − X2 )n et l’on a
P(a) = P(a)2 . Par ailleurs X − P(X) est multiple de X et de 1 − X, donc de X − X2 .
P = a0 P ⊃ a1 P ⊃ · · · ⊃ an−1 P ⊃ an P = 0,
Remarques. — 1) Pour tout A-module projectif M, le couple (M, 1M) est une cou-
verture projective de M.
Corollaire 3. — Tout module de type fini sur un anneau local possède une cou-
verture projective.
Soient A un anneau local et r son radical. C’est un idéal bilatère de A (VIII,
p. 150, prop. 5, a)) et l’anneau A/r est un corps (VIII, p. 152, cor. 4). Si M est un
A-module, M/rM est un espace vectoriel sur le corps A/r, donc un (A/r)-module
libre. Il suffit alors d’appliquer le cor. 2.
D’après le cor. 6 de VIII, p. 33, le A-module P est libre. Choisissons-en une base
(ei )i∈I . Posons xi = u(ei ) et notons xi l’image canonique de xi dans M/rM. Les
conditions suivantes sont équivalentes :
(i) Le couple (P, u) est une couverture projective de M ;
(ii) La famille (xi )i∈I est une famille génératrice minimale du A-module M ;
(iii) La famille (xi )i∈I est une base de l’espace vectoriel M/rM sur le corps A/r.
On a en effet (i) =⇒ (ii) d’après la remarque 2 de VIII, p. 157 et (iii) =⇒ (i) d’après
le cor. 2. Par ailleurs, si la famille (xi ) est une famille génératrice minimale du A-
module M, la famille (xi ) est une famille génératrice minimale, c’est-à-dire une base,
de l’espace vectoriel M/rM sur A/r (VIII, p. 154, cor. 1).
Proposition 11. — Soient A un anneau et a un idéal bilatère nilpotent de A.
Soit M un A/a-module projectif. Il existe un A-module projectif P et une application
A-linéaire surjective u : P → M, de noyau aP.
Un tel couple (P, u) est une couverture projective de M considéré comme A-
module.
Il existe un A/a-module M tel que M⊕M soit un A/a-module libre. Choisissons
un A-module libre L et une application A-linéaire surjective v : L → M ⊕ M de
noyau aL. D’après le cor. 1 de la prop. 7 (VIII, p. 155), il existe une décomposition
en somme directe L = P ⊕ P telle que v(P) = M et v(P ) = M . Le A-module P
est projectif et l’application A-linéaire u de P dans M qui coïncide avec v sur P est
surjective, de noyau aP. La première assertion en résulte.
Soient P un A-module projectif, et u un homomorphisme de P sur M, de noyau
aP. D’après la prop. 10, (P, u) est une couverture projective de M.
Corollaire. — Soient P et P des A-modules projectifs. Si les modules P/aP et
P /aP sont isomorphes, alors P et P sont isomorphes.
Comme P/aP et P /aP sont projectifs, le corollaire résulte de la prop. 11 et de
l’unicité de la couverture projective (VIII, p. 157, cor. 1).
EXERCICES A VIII.161
EXERCICES
3) a) Soit A un anneau tel que l’anneau quotient A/R(A) soit semi-simple. Démontrer
qu’on a R(M) = R(A)M pour tout A-module M (observer que M/R(A)M est un A/R(A)-
module).
b) En déduire un exemple d’un anneau A et d’une famille (Mi )i∈I de A-modules tels
que R Mi = R(Mi ) (utiliser a) pour un anneau dont le radical n’est pas de type
fini).
6) Soit A un anneau.
a) Soient a, b des idéaux bilatères de A. Si a et b sont nilpotents (resp. des nilidéaux),
il en est de même de a + b.
b) Démontrer que la somme G de tous les nilidéaux bilatères est un nilidéal bilatère et
que la somme N de tous les idéaux bilatères nilpotents est un nilidéal bilatère qui contient
tous les idéaux nilpotents (VIII, p. 144, exerc. 3).
c) Prouver que G est le plus grand nilidéal semi-premier (loc. cit.) de A ; on dit que
G est le nilradical de A. Si A est commutatif, G et N sont tous deux égaux à l’ensemble
des éléments nilpotents de A.
¶ 7) Soit A un anneau, et soit I l’ensemble des ordinaux α tels que Card(α) Card(A)
(E, III, p. 87, exerc. 10). Pour tout α ∈ I, on définit par récurrence transfinie dans I
l’idéal bilatère Nα de la façon suivante. On prend N0 = N (exerc. 6 b)) ; si α admet un
A VIII.162 RADICAL §9
prédécesseur α − 1, Nα est l’idéal bilatère tel que Nα /Nα−1 soit la somme des idéaux
bilatères nilpotents de A/Nα−1 ; dans le cas contraire, Nα est la réunion des Nβ pour
β < α. Soit τ le plus petit ordinal tel que Nτ +1 = Nτ ; l’idéal P = Nτ est appelé le radical
premier de A.
a) Démontrer qu’on a N ⊂ P ⊂ G, et que P est le plus petit nilidéal semi-premier
de A.(1)
b) Démontrer que P est l’intersection des idéaux bilatères semi-premiers de A (cf.
VIII, p. 144, exerc. 3).
c) Démontrer que P est l’intersection des idéaux bilatères premiers de A (loc. cit.,
c)).
d) Prouver que P est l’ensemble des éléments a de A possédant la propriété suivante :
toute suite (an )n0 d’éléments de A telle que a0 = a et an+1 ∈ an Aan pour tout n est à
support fini (même méthode que dans loc. cit.).
(1)
Pour un exemple d’anneau tel que P = G, voir R. Baer, Radical ideals, Amer. J. of Math. 65
(1943), p. 540.
EXERCICES A VIII.163
a) On suppose d’abord que A n’a pas d’élément nilpotent non nul. Soient f = i ai Xi ,
g = i bi Xi deux éléments de B. Démontrer qu’on a ap bq = 0 pour p + q > deg(f g).
b) Soit N le nilradical de A (exerc. 6). Prouver que, pour qu’un polynôme f ∈ B soit
inversible dans B, il faut et il suffit que son terme constant soit inversible dans A et que
ses autres coefficients appartiennent à N (appliquer a) à l’image de f dans (A/N)[X]).
c) En déduire que le radical de B est l’idéal N[X], et qu’il est égal au nilradical de B.
12) a) Pour qu’un anneau A soit sans radical, il faut et il suffit qu’il soit isomorphe à un
sous-anneau C d’un produit i∈I Bi d’anneaux primitifs, tel que pri (C) = Bi pour tout
i ∈ I (considérer l’ensemble des classes de A-modules simples).
b) Soient V un espace vectoriel de dimension infinie sur un corps D, B l’anneau
EndD (V), s son socle (cf. VIII, p. 126, exerc. 8). Soit C le sous-anneau de B × B engendré
par s × s et par l’élément unité. Démontrer que C est sans radical, mais n’est pas isomorphe
à un produit d’anneaux primitifs.
13) Soient G un groupe commutatif sans torsion et K un corps commutatif. Prouver que
l’algèbre K[G] est sans radical (on pourra munir G d’une structure d’ordre total compatible
avec sa structure de groupe, cf. VI, p. 31, exerc. 20).
¶ 18) a) Soient A un anneau, a un nilidéal bilatère de A, (en )n1 une suite orthogonale
d’idempotents de A/a. Démontrer qu’il existe une suite orthogonale (en)n1 d’idempotents
de A telle que en soit la classe de en dans A/a pour tout n (soient e, e deux idempotents
orthogonaux de A/a, e un idempotent de A relevant e , a un représentant de e dans A ;
observer qu’on peut modifier a de façon que ae = e a, puis comme dans la prop. 7 de
VIII, p. 155 que a2 = a).
b) Soient K un corps commutatif, L un ensemble non dénombrable, A la K-algèbre dé-
finie dans l’exercice précédent. Démontrer qu’il n’existe pas de famille orthogonale (eλ )λ∈L
d’idempotents de A satisfaisant à eλ ≡ cλ (mod R(A)) pour tout λ ∈ L (considérer l’en-
semble H des éléments (λ, μ) de L×L tels que cλ (eμ −cμ ) = 0, et observer que les ensembles
H ∩ ({λ} × L) pour tout λ ∈ L et H ∩ (L × {μ}) pour tout μ ∈ L sont finis).
19) Soient A un anneau, a un idéal bilatère de A contenu dans R(A), e et e des éléments
idempotents de A, e et e leurs classes dans l’anneau A = A/a. Démontrer que si les
idempotents e et e sont équivalents (VIII, p. 36, exerc. 5), il en est de même de e et e
(observer que Ae est une couverture projective du A-module Ae).
20) Soit A une algèbre sur un corps commutatif K, telle que R(A) soit un nilidéal et que
l’algèbre A/R(A) soit isomorphe à un produit fini d’algèbres de matrices sur K. Démontrer
qu’il existe une sous-algèbre S de A telle que le K-espace vectoriel A soit somme directe
de S et de R(A) (utiliser les exerc. 18 et 19 ci-dessus, ainsi que l’exerc. 19 de VIII, p. 89).
EXERCICES A VIII.165
22) Soit A un anneau commutatif intègre, n’admettant qu’un nombre fini s > 1 d’idéaux
maximaux m1 , . . . , ms .
a) Démontrer que l’anneau A/R(A) est isomorphe au produit des corps A/mi .
b) Prouver que les A-modules A/mi n’admettent pas de couverture projective, bien
qu’ils soient projectifs de type fini en tant que A/R(A)-module (observer que A est une
couverture projective de A/R(A)).
c) Soit K un corps commutatif ; démontrer que le sous-anneau A du corps K(T)
formé des fractions rationnelles qui peuvent s’écrire P(T)/Q(T) avec Q(0) = 0 , Q(1) = 0
possède les propriétés précédentes.
23) Soient A un anneau, a un idéal (à gauche) de A. On suppose que pour toute suite
(an )n1 d’éléments de a, il existe un entier m tel que a1 . . . am = 0. Démontrer qu’on a
aM = M pour tout A-module non nul M (dans le cas contraire, construire par récurrence
des suites (an )n1 dans a et (xn )n1 dans M telles qu’on ait a1 . . . ap xp = 0 pour tout p).
24) Soient A un anneau, r son radical. Démontrer que les conditions suivantes sont équi-
valentes :
(i) Tout A-module à gauche de type fini admet une couverture projective ;
(i’) Tout A-module à droite de type fini admet une couverture projective ;
(ii) L’anneau A/r est semi-simple et tout élément idempotent de A/r est la classe
d’un idempotent de A.
(Pour prouver (i)⇒(ii), remarquer que toute décomposition A/r = a1 ⊕ a2 en somme
directe d’idéaux se relève en une décomposition A = P1 ⊕ P2 , où Pi est une couverture
projective de ai . Montrer d’autre part que (ii) entraîne que tout A/r-module est de la
forme (A/r) ⊗A P, où P est un A-module projectif.)
A VIII.166 RADICAL §9
¶ 25) Soient A un anneau, r son radical. Démontrer que les conditions suivantes sont
équivalentes :
(i) Tout A-module à gauche admet une couverture projective ;
(i’) Tout A-module à droite admet une couverture projective ;
(ii) L’anneau A/r est semi-simple, et pour toute suite (an )n1 d’éléments de r, il
existe un entier m tel que a1 . . . am = 0.
(Démontrer (ii)⇒(i) comme l’implication correspondante de l’exerc. 24, en utilisant
l’exerc. 23. Sous l’hypothèse (i), considérer le sous-module M de A(N) engendré par
e1 − a1 e2 , e2 − a2 e3 , . . . ; déduire de l’exerc. 16 e) appliqué à une couverture projective
de A(N) /M qu’on a M = A(N) , ce qui entraîne a1 . . . an = 0 pour n assez grand.)
26) On dit qu’un anneau A est un anneau de Zorn si tout idéal à gauche de A qui n’est
pas un nilidéal contient un élément idempotent non nul.
a) Démontrer que dans un anneau de Zorn, tout idéal à droite qui n’est pas un nilidéal
contient un élément idempotent non nul (remarquer que pour tout élément non nilpotent a
de A il existe x ∈ A tel que xaxa = xa = 0).
b) Démontrer que le radical d’un anneau de Zorn est un nilidéal et qu’un anneau de
Zorn sans diviseur de 0 est un corps.
c) Démontrer qu’un anneau primitif dont le socle n’est pas nul est un anneau de Zorn
(cf. VIII, p. 125, exerc. 4, b) et p. 126, exerc. 7 a)). Donner un exemple d’anneau primitif
qui n’est pas un anneau de Zorn (cf. VIII, p. 128, exerc. 13), et un exemple d’anneau
primitif dont le socle n’est pas nul, mais dont le centre n’est pas un anneau de Zorn
(utiliser la méthode de l’exerc. 12).
d) Soient K un corps commutatif et A le sous-anneau de K(X)N formé des suites
s = (fn ) pour lesquelles il existe un polynôme ϕ(s) ∈ K[X] tel que fn soit égal à ϕ(s)
pour n asez grand. Démontrer que A est un anneau de Zorn commutatif, sans radical,
contenant des éléments non inversibles et non diviseurs de 0, mais que son image ϕ(A)
n’est pas un anneau de Zorn.
¶ 27) On dit qu’un anneau A est absolument plat, ou régulier au sens de von Neumann,
si pour tout élément a de A, il existe x ∈ A tel que axa = a.
a) Pour que A soit absolument plat, il faut et il suffit que tout idéal à gauche (resp.
à droite) monogène de A admette un supplémentaire dans As (c’est-à-dire soit engendré
par un idempotent).
b) Montrer que tout idéal de type fini d’un anneau absolument plat est engendré par
un idempotent (se ramener au cas d’un idéal Ae + Af , où e et f sont des idempotents,
puis, en remplaçant Ae par Ae(1−f ), au cas où ef = 0, et considérer l’élément e +f −f e).
Un anneau absolument plat noethérien (à gauche ou à droite) est semi-simple.
c) Déduire de b) que l’intersection de deux idéaux à gauche (resp. à droite) monogènes
d’un anneau absolument plat est monogène (considérer les annulateurs à droite).
EXERCICES A VIII.167
d) Tout anneau quotient d’un anneau absolument plat est absolument plat, ainsi que
tout produit d’anneaux absolument plats.
e) Démontrer que le radical d’un anneau absolument plat est réduit à 0 ; en dé-
duire que tout idéal bilatère de A est intersection des idéaux à gauche maximaux qui le
contiennent.
f ) Le centre d’un anneau absolument plat est absolument plat (si a ∈ Z, x ∈ A
satisfont à a2 x = a, prouver qu’on a a2 xn ∈ Z pour tout n 0 et a(a2 x3 )a = a).
g) Démontrer que l’anneau des endomorphismes d’un espace vectoriel est un anneau
absolument plat.
30) a) Soit A un anneau ne contenant aucun élément nilpotent autre que 0. Prouver que
tout élément idempotent e de A appartient au centre de A (considérer les éléments (1−e)xe
et ex(1 − e)).
b) Soit A un anneau absolument plat ne contenant aucun élément nilpotent autre
que 0 et soit a un élément non nul de A. Démontrer qu’il existe un élément x de A tel que
e = ax = xa soit idempotent et que ea = ae = a ; en déduire que pour tout y ∈ A, il existe
z ∈ A tel que ya = az, et par suite que tout idéal à gauche ou à droite de A est bilatère.
c) Démontrer que tout anneau quotient de A ne contient pas d’élément nilpotent
non nul (utiliser b)). En déduire que A est isomorphe à un sous-anneau C d’un produit
ι∈I Dι de corps, tel que prι (C) = Dι pour tout ι ∈ I (déduire de b) et de l’exerc. 4 de
VIII, p. 125 qu’un anneau primitif absolument plat sans élément nilpotent est un corps,
et utiliser l’exerc. 12 ci-dessus).
d) Soient (Dι )ι∈I une famille infinie de corps, B l’anneau ι∈I Dι . Pour toute partie
H de I, on désigne par BH l’idéal bilatère de B formé des familles (bι )ι∈I telles que bι = 0
pour ι ∈/ H. Soit F un ensemble filtrant croissant de parties de I formant un recouvrement
de I et soit A le sous-anneau de B engendré par 1 et par les BH pour H ∈ F ; démontrer
que A est absolument plat et ne contient pas d’élément nilpotent non nul.
31) Soit K un corps commutatif et soit A l’ensemble des matrices de la forme a0 bc avec
a, b, c ∈ K. Vérifier que A est un sous-anneau de l’anneau des matrices dont le radical
A VIII.168 RADICAL §9
est donné par a = c = 0. Démontrer que l’image de ( 10 00 ) dans A/R(A) est un élément
idempotent du centre de A/R(A).
§ 10. MODULES SUR UN ANNEAU ARTINIEN
de même de f∗ (S). Sous les hypothèses de la prop. 3, le A-module f∗ (S) est sans
radical et u est une application A-linéaire de f∗ (M) dans f∗ (S). Donc le noyau de u
contient RA (f∗ (M)) d’après la prop. 1 de VIII, p. 148. Comme u est arbitraire, on
a RA(f∗ (M)) ⊂ RB (M).
Corollaire. — Soient A un anneau commutatif et B une algèbre sur A. On sup-
pose que l’anneau A est artinien ou que B est un A-module de type fini. On a alors
R(A)B ⊂ R(B).
D’après la prop. 3, le radical RA (Bs ) est contenu dans RB (Bs ), qui n’est autre
que le radical de l’anneau B. Par ailleurs, on a R(A)B ⊂ RA(Bs ) d’après la prop. 6
de VIII, p. 154, d’où le corollaire.
Proposition 4. — Tout module sur un anneau artinien à gauche possède une cou-
verture projective.
Soit A un anneau artinien à gauche et soit M un module sur A. Le radical r
de A est un idéal bilatère nilpotent et l’anneau A/r est semi-simple (VIII, p. 169,
prop. 1). Il s’ensuit que le A/r-module M/rM est projectif ; l’assertion résulte alors
de la prop. 11 de VIII, p. 160.
Proposition 5. — Soient A un anneau artinien à gauche et r son radical.
a) Soit P un A-module projectif. Notons u l’application canonique de P sur
P/rP. Alors (P, u) est une couverture projective de P/rP. En particulier, le A-module
P est de type fini si et seulement si P/rP l’est.
b) Soit M un module sur l’anneau A/r. Alors M, considéré comme A-module,
possède une couverture projective. Si (P, u) est une telle couverture projective, u
induit par passage au quotient un isomorphisme de P/rP sur M. De plus, P est
indécomposable si et seulement si M est simple.
c) Soient M et M des modules sur l’anneau A/r . Soient (P, u) et (P , u) des
couvertures projectives des A-modules M et M . Alors M et M sont isomorphes si
et seulement si P et P le sont.
Le radical r de A est un idéal bilatère nilpotent (VIII, p. 169, prop. 1). L’asser-
tion a) résulte donc du cor. 1 de VIII, p. 159 et de la remarque 2 de VIII, p. 157.
Démontrons l’assertion b). L’existence d’une couverture projective (P, u) de M
résulte de la prop. 4 et l’isomorphisme de P/rP avec M de la prop. 9 de VIII, p. 158.
Comme l’anneau A/r est semi-simple, un module sur cet anneau est indécomposable
A VIII.172 MODULES SUR UN ANNEAU ARTINIEN § 10
si et seulement s’il est simple. La dernière assertion découle alors du cor. 2 de VIII,
p. 156.
Prouvons c). Soit f un isomorphisme de P sur P ; il induit un isomorphisme f
de P/rP sur P /rP , qui sont respectivement isomorphes à M et M d’après b). Donc
M est isomorphe à M . Réciproquement, tout isomorphisme f de M sur M se relève
en un isomorphisme f de P sur P tel que f ◦ u = u ◦ f d’après la prop. 8 de VIII,
p. 157.
isomorphe à Pλ . Comme P = P/rP est somme directe de la famille (Qi /rQi )i∈I , on
a Card(I(λ)) = [P : λ] d’après le th. 1 de VIII, p. 29.
Exemple. — Prenons P égal à As . Pour tout λ ∈ S , notons Dλ le corps opposé du
commutant du A-module simple Sλ et m(λ) la dimension de Sλ considéré comme
espace vectoriel à droite sur le corps Dλ . On sait que m(λ) est égale à la multiplicité
[As /rAs : λ] (VIII, p. 139, prop. 11). Par conséquent, le A-module As est isomorphe
m(λ)
à ⊕λ∈S Pλ .
A VIII.174 MODULES SUR UN ANNEAU ARTINIEN § 10
EXERCICES
1) Démontrer qu’un anneau A qui est artinien à gauche et noethérien à droite est aussi
artinien à droite (considérer les A-modules à droite R(A)k /R(A)k+1 comme des (A/R(A))-
modules).
3) Soit A un anneau artinien, tel que l’anneau A/R(A) soit simple. Démontrer que A est
isomorphe à un anneau de matrices Mr (B) sur un anneau local artinien B (utiliser les
exerc. 19 et 20 du §9, ainsi que l’exerc. 19 de VIII, p. 89).
¶ 5) Soit n un entier. On dit qu’un anneau A est n-régulier si pour tout élément a de A,
il existe x ∈ A tel que xan+1 = an .
a) Démontrer qu’on a alors r n = 0 pour tout élément r de R(A).
b) Démontrer qu’un anneau primitif n-régulier est isomorphe à un anneau de ma-
trices Mr (D) sur un corps, avec r n (observer que si V est un D-espace vectoriel de
dimension > n et e un vecteur non nul de V, tout sous-anneau dense de EndD (V) contient
un élément u tel que un (e) = 0, un+1 (e) = 0).
c) Démontrer qu’un anneau n-régulier est un anneau de Zorn (VIII, p. 166, exerc. 26 ;
remarquer d’abord que la relation xan+1 = an entraîne xn a2n = an ; à l’aide de b), de
l’exerc. 12, a) de VIII, p. 163, et de la prop. 2 de VIII, p. 25, en déduire an xn an −an ∈ R(A).
Enfin, en utilisant le lemme 1 de VIII, p. 155, démontrer que si deux éléments x, y de A
EXERCICES A VIII.175
¶ 7) Soient A un anneau artinien, r son radical, A l’anneau A/r. Soit l un idéal à gauche
non nilpotent et indécomposable ; on a l = Ae, où e est un élément idempotent de A.
a) Démontrer que l’idéal n = l∩r est l’unique sous-module maximal de l. Le A-module
l/n est simple et isomorphe à Ae, où e est l’image de e dans A.
b) Soit M un A-module. Alors (Ae)M est un sous-module de M et e (Ae)M = eM est
un eAe-module ; si N est un sous-A-module de M, les eAe-modules e(M/N) et eM/eN sont
isomorphes. Si le A-module M est simple, ou bien l’on a eM = 0, ou bien M est isomorphe
à Ae et eM est un eAe-module simple.
c) Démontrer que la longueur du eAe-module eM est égale au nombre des quotients
d’une suite de Jordan-Hölder du A-module M isomorphes à Ae.
d) On suppose que M est de longueur finie et admet un unique sous-module maxi-
mal N, et que M/N est isomorphe à l/n. Démontrer que M est isomorphe à un module
quotient de Ae (observer qu’un élément x de eM qui n’appartient pas à N engendre M).
A VIII.176 MODULES SUR UN ANNEAU ARTINIEN § 10
¶ 8) Soit A un anneau artinien. Le A-module As est somme directe d’une famille finie
d’idéaux à gauche indécomposables (Aei )i∈I , où les ei sont des idempotents orthogonaux
(exerc. 6 d)).
a) On dit que des A-modules de longueur finie M et N sont liés si un module quotient
d’une suite de Jordan-Hölder de M est isomorphe à un module quotient d’une suite de
Jordan-Hölder de N. Soit R la relation d’équivalence la plus fine dans l’ensemble des idéaux
Aei pour laquelle deux idéaux liés sont équivalents. Les classes d’équivalence Bl (l ∈ L)
suivant R sont appelées blocs ; on note bl la somme des idéaux du bloc Bl . Démontrer que
les idéaux bl sont les seuls idéaux bilatères indécomposables de A.
(Pour voir que bl est bilatère, remarquer qu’on a Aei xej ⊂ Aej et que la relation
ei Aej = 0 entraîne d’après l’exerc. 7 c) Aei ≡ Aej (mod. R). D’autre part, soit (bm )m∈M
une famille finie d’idéaux bilatères dont A est somme directe ; prouver que chacun des bm
est une somme d’idéaux Aei , puis que deux idéaux Aer et Aes liés appartiennent au même
idéal bm , en observant que d’après l’exerc. 7 il existe un indice h tel que eh Aer et eh Aes
soient = 0.)
b) Démontrer que les idéaux à droite ei A sont indécomposables (considérer leurs
images dans A/R(A)).
c) On suppose que A est une algèbre de degré fini sur un corps commutatif K. On
désigne par cij (resp. dij ) le nombre de quotients d’une suite de Jordan-Hölder de Aej (resp.
ej A) isomorphes à Aei (resp. à ei A), et par ri le degré sur K du corps ei Aei /ei R(A)ei .
Démontrer l’égalité cij rj = dij ri (calculer la dimension sur K de ei Aej , et utiliser l’exerc. 7
c)).
¶ 10) Pour tout anneau A, on note N (A) l’ensemble des sous-pseudo-anneaux de A dont
tous les éléments sont nilpotents et Nmax (A) l’ensemble des éléments maximaux de N (A).
a) Soient D un corps et n un entier. Démontrer que Nmax (Mn (D)) est formé des
pseudo-anneaux gTg −1 , où g est un élément inversible de Mn (D) et T l’ensemble des
matrices (aij ) ∈ Mn (D) telles que aij = 0 pour i j (utiliser l’exerc. 2 de VIII, p. 13).
EXERCICES A VIII.177
Les résultats de ce numéro sont une généralisation des résultats sur les modules
de longueur finie établis dans II, p. 21 à 23.
Dans toute la suite de ce numéro, on considère une ensemble additif C de A-
modules et une application additice ϕ de C dans un groupe abélien G.
0 −→ E −→ E ⊕ E −→ E −→ 0 ;
on en déduit
En particulier, on a ϕ(0) = 0.
0 −→ Ker u −→ E −→ Im u −→ 0
0 −→ Im u −→ F −→ Coker u −→ 0.
Corollaire. — Soit (Ei )0in une suite finie de modules de type C . S’il existe une
suite exacte
u0 u1 un−1
0 / E0 / E1 / ... / En−1 / En / 0,
on a
n
(4) (−1)i ϕ(Ei ) = 0.
i=0
Prouvons le corollaire par récurrence sur n, les cas n = 0 et n = 1 étant triviaux.
Soit donc n 1 et soit
u u un−1 u
0 −→ E0 −→
0
E1 −→
1
. . . −→ En−1 −−−→ En −→
n
En+1 −→ 0
No 1 FONCTIONS ADDITIVES DE MODULES A VIII.181
Le groupe K(C ) est engendré par les éléments de la forme [E]C (avec E ∈ C )
et l’on a [E ⊕ E ]C = [E]C + [E ]C d’après la formule (1) (VIII, p. 180) ; tout élément
de K(C ) est donc de la forme [E]C − [F]C , où E et F appartiennent à C .
Un élément de K(C ) est dit effectif s’il est de la forme [E]C pour un A-module E
de type C . L’ensemble des éléments effectifs de K(C ) se note K(C )+ ; c’est un sous-
monoïde de K(C ) et K(C ) s’identifie au groupe des différences de K(C )+ (I, p. 19).
Proposition 5. — Soient E et F des modules de type C . Pour que l’on ait l’égalité
[E]C = [F]C , il faut et il suffit qu’il existe des suites exactes de modules de type C
(E ) 0 −→ L −→ P −→ M −→ 0
(F ) 0 −→ L −→ Q −→ M −→ 0
[P]C = [L]C + [M]C , [Q]C = [L]C + [M]C , [E]C + [Q]C = [F]C + [P]C ,
d’où [E]C = [F]C .
Supposons maintenant que l’on ait [E]C = [F]C . D’après la construction du
groupe K(C ), il existe deux familles finies de suites exactes de modules de type C
Posons G = i∈I Gi , G = i∈I Gi , etc. Par passage aux sommes directes, on
construit des suites exactes
p q
(G ) 0 / G / G / G / 0
r s
(H ) 0 / H / H / H / 0
formées de modules de type C .
Par ailleurs, soient M1 , . . . , Mm , N1 , . . . , Nn des A-modules de type C . Si l’on
n
a m i=1 cl(Mi ) = j=1 cl(Nj ) dans le groupe Z
(C )
, on a m = n et il existe une
permutation σ ∈ Sm telle que cl(Mi ) = cl(Nσ(i) ) pour tout 1 i m (I, p. 90,
prop. 11) ; par suite, les modules ⊕m i=1 Mi et ⊕j=1 Nj sont isomorphes. En particulier,
n
Soit A un anneau. Soit F (A) l’ensemble des classes de A-modules de type fini
(VIII, p. 47) ; les classes des A-modules de longueur finie forment un sous-ensemble
LF (A) de F (A) ; on a vu que LF (A) est un ensemble héréditaire de classes de
modules. On note R(A) le groupe de Grothendieck associé à LF (A), et [E] l’image
dans R(A) de la classe d’un A-module E de longueur finie.
Les résultats du numéro 3 entraînent ce qui suit :
a) Soit S (A) l’ensemble des classes de A-modules simples. La famille
([S])S∈S (A) est une base du Z-module R(A).
b) Soient E et F des A-modules semi-simples de longueur finie. Pour que E et
F soient isomorphes, il faut et il suffit que l’on ait [E] = [F] dans R(A).
c) Soient E un A-module de longueur finie, et (Ei )0in une suite de Jordan-
Hölder de E. Posons F = ni=1 (Ei−1 /Ei ). Alors F est un A-module semi-simple de
longueur finie, et l’on a [E] = [F] dans R(A).
No 4 LE GROUPE DE GROTHENDIECK R(A) A VIII.187
Proposition 8. — Soit A un anneau principal qui n’est pas un corps et soit L son
corps des fractions. Il existe un isomorphisme ϕ : R(A) → L∗ /A∗ tel que l’on ait
et le module Ei−1 /Ei = (p1 . . . pi−1 A)/(p1 . . . pi A) est isomorphe à A/pi A ; on a donc
(VIII, p. 181, prop. 3)
r
ϕ([A/aA]) = ϕ([A/pi A]) = p1 . . . pr A∗ = aA∗ .
i=1
5) ∗ Soit A un anneau de Dedekind qui n’est pas un corps (AC, VII, § 2, n◦ 1).
En raisonnant comme dans la prop. 8, on prouve l’existence d’un isomorphisme ϕ
de R(A) sur le groupe des idéaux fractionnaires de A, caractérisé par ϕ([A/a]) = a
pour tout idéal non nul a de A.∗
La prop. 8 sera utilisée par exemple dans les deux cas suivants :
a) Supposons qu’on ait A = Z. Les Z-modules de longueur finie ne sont autres
que les groupes commutatifs finis. Comme Q∗ est produit direct de Z∗ = {1, −1} et
de Q∗+ , on déduit de la prop. 8 un isomorphisme ϕ de R(Z) sur Q∗+ caractérisé par
ϕ ([G]) = Card(G)
pour tout groupe commutatif fini G.
b) Supposons que A soit l’anneau K[T] des polynômes en une indéterminée
T à coefficients dans un corps commutatif K. Soient E un espace vectoriel de di-
mension finie sur K, et u un endomorphisme de E. Comme en VII, p. 28, notons
Eu le A-module ayant E comme groupe additif sous-jacent, et pour loi d’action
(p, x) → p(u)x. Le A-module Eu est de longueur finie. Inversement, tout A-module
simple est de dimension finie sur K (VII, p. 25, remarque 4). Par conséquent, tout
A-module de longueur finie est de dimension finie sur K, donc de la forme Eu . De
plus (VII, p. 33, cor. 1), le produit des facteurs invariants de Eu est égal au polynôme
caractéristique χu de u. Par suite, la prop. 8 fournit un isomorphisme
ϕ : R(K[T]) → K(T)∗ /K∗
caractérisé par ϕ([Eu ]) = χu K∗ (cf. formule (10)).
No 6 LE GROUPE DE GROTHENDIECK RK (A) A VIII.189
5. Changement d’anneaux
f∗ : K(D) −→ K(C ).
0 −→ E −→ E −→ E −→ 0
0 −→ B ⊗A E −→ B ⊗A E −→ B ⊗A E −→ 0
ayant pour base la famille ([S])S∈S , où S est l’ensemble des classes des A-modules
simples qui sont de dimension finie sur K. Il existe un homomorphisme
dim : RK (A) −→ Z
caractérisé par dim([E]) = [E : K] pour tout A-module E de dimension finie sur K.
Lorsque A = K, c’est un isomorphisme. Le sous-monoïde des éléments effectifs est
noté RK (A)+ .
Lemme 2. — Soient M, M des A-modules qui sont des espaces vectoriels de dimen-
sion finie sur K. Pour que les supports (VIII, p. 185) de M et M soient disjoints, il
faut et il suffit qu’il existe a ∈ A tel que aM = 0 et aM = 1.
Supposons qu’il existe a ∈ A tel que aM = 0 et aM = 1. Soit S un A-module
simple. Si cl(S) appartient au support SM de M, le A-module S est isomorphe à l’un
des quotients d’une suite de Jordan-Hölder de M et l’on a aS = 0. De même, si cl(S)
appartient au support SM de M, on a aS = 1. Il en résulte que SM et SM sont
disjoints.
Inversement, supposons que les ensembles SM et SM soient disjoints. Il sont
finis car M et M sont de dimension finie sur K. Tout A-module simple S dont la
classe appartient à SM ∪ SM est de dimension finie sur K et a fortiori sur le corps
EndA (S). D’après le cor. 1 de la prop. 4 (VIII, p. 79), il existe un élément b ∈ A tel
que l’on ait bS = 0 pour tout A-module simple S dont la classe appartient à SM et
bS = 1 pour tout A-module simple S dont la classe appartient à SM . Soit (Mi )0in
une suite de Jordan-Hölder de M. On a d’après ce qui précède bMi ⊂ Mi+1 pour
0 i < n, d’où (bn )M = 0. On démontre de même l’existence d’un entier naturel m
tel que ((1 − b)m )M = 0. Posons P(X) = 1 − (1 − Xn )m et a = P(b). Le polynôme
P(X) est multiple de Xn , donc on a aM = 0 ; le polynôme 1 − P(X) est multiple de
(1 − X)m , donc on a aM = 1. Cela termine la démonstration.
Soit L une extension de K. Si M est un A-module qui est de dimension finie
sur K, M(L) est un A(L) -module qui est de dimension finie sur L. De plus pour toute
suite exacte
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
de A-modules, la suite de A(L) -modules
0 −→ M(L) −→ M(L) −→ M(L) −→ 0
qui s’en déduit par extension des scalaires est exacte (II, p. 108, prop. 14). Il existe
donc un unique homomorphisme u : RK (A) → RL (A(L) ) tel que u([M]) = [M(L) ]
pour tout A-module M qui est de dimension finie sur K (VIII, p. 189).
No 7 STRUCTURE MULTIPLICATIVE DANS K(C ) A VIII.191
Remarque. — Sous les seules hypothèses (i) et (ii) de la prop. 9, le groupe de Gro-
thendieck K (C ) pour les sommes directes (VIII, p. 184) possède une unique struc-
ture d’anneau dont la multiplication satisfait à [E]C [F]C = [E ⊗ F]C . Son élément
unité est [Kγ ]C . L’anneau K (C ) est commutatif si la bigèbre A est cocommutative.
La démonstration est analogue à celle de la prop. 9, compte tenu du fait que le
groupe K (C ) s’identifie à Z(C ) /R, où R est le sous-groupe de Z(C ) engendré par
les éléments de la forme cl(E ⊕ E ) − cl(E ) − cl(E ) (loc. cit.).
Sous les hypothèses (i), (ii) et (iii) de la prop. 9, l’anneau K(C ) est appelé
l’anneau de Grothendieck de C . Ces hypothèses sont vérifiées en particulier lorsque
K est un corps et C l’ensemble des classes des A-modules qui sont de dimension
finie sur K. Par conséquent :
Soit A un anneau artinien à gauche. Soit r son radical ; c’est un idéal bilatère
nilpotent de A et l’anneau A/r est semi-simple (VIII, p. 169, prop. 1). D’après
le corollaire de VIII, p. 172, l’application P → cl(P/rP) est un isomorphisme du
monoïde P(A) sur le monoïde P(A/r) ; on en déduit un isomorphisme de groupes γ
de K0 (A) sur K0 (A/r), caractérisé par la relation γ([P]P(A) ) = [P/rP]P(A/r) pour
tout A-module projectif de type fini P.
Comme l’anneau A/r est semi-simple, la remarque ci-dessus entraîne l’égalité
R(A/r) = K0 (A/r). Les modules de longueur finie sur l’anneau A/r ne sont autres
que les modules semi-simples de longueur finie sur l’anneau A (VIII, p. 170, prop 2) ;
par suite, on peut identifier LF (A/r) à SS (A), et R(A/r) à K(SS (A)). On note δ
l’homomorphisme γLF (A),SS (A) de R(A/r) = K(SS (A)) sur R(A) = K(LF (A))
(VIII, p. 187, remarque 1), c’est un isomorphisme. Enfin, on a P(A) ⊂ LF (A) et
l’on pose ε = γLF (A),P(A) . On a donc défini un diagramme
γ
K0 (A) / K (A/r) = R(A/r)
0
==
==
==
ε =
δ
R(A).
dans le groupe R(A). Autrement dit, aλμ est le nombre de quotients isomorphes à
Sλ dans une suite de Jordan-Hölder du A-module Pμ .
Posons π = ε ◦ γ −1 ◦ δ −1 ; c’est un endomorphisme du groupe R(A). Si M est
un A-module semi-simple de type fini et (P, u) une couverture projective de M, on a
No 11 RÉCIPROCITÉ DE FROBENIUS A VIII.197
π([M]) = [P]. D’après la formule (19), la matrice de π par rapport à la base ([Sλ ])λ∈S
de R(A) n’est autre que la matrice de Cartan de A.
pour λ dans S (A) et μ dans S (B). Notons hλμ la dimension sur le corps K de
l’espace vectoriel HomA(Sλ , f∗ (Tμ )). D’après le corollaire ci-dessus, on a
(24) hλμ = eμ aμλ = dλ bλμ .
Lorsque le corps K est algébriquement clos, on a dλ = eμ = 1 ; par conséquent, on a
(25) aμλ = bλμ = hλμ .
Autrement dit, les matrices de f∗ et f ∗ par rapport aux bases données de K0 (A) et
K0 (B) sont transposées l’une de l’autre.
D’après le théorème de Wedderburn (VIII, p. 116, th. 1), il existe des entiers m 1
et n 1 et des corps D et E tels que A soit isomorphe à Mm (D) et B à Mn (E) ;
n
d’après la formule (30), on a i(f ) = m et en particulier m divise n.
Soit N un B-module ; notons a sa longueur. Alors N est isomorphe à T(a) , donc
le A-module f∗ (N) est isomorphe à f∗ (T)(a) ; par définition de h(f ), on a
On a vu (VIII, p. 120, prop. 5) que f fait de B un A-module libre et que toutes les
bases de ce module ont le même cardinal, noté [B : A]s et appelé le degré (à gauche)
de B sur A. Le A-module f∗ (Bs ) est isomorphe à A[B:A] s
s
, donc il est de longueur
égale à [B : A]s long(A). D’après la formule (30), et la formule (31) appliquée au cas
particulier N = Bs , on a donc
Supposons maintenant que B soit un A-module de type fini, c’est-à-dire que [B : A]s
soit fini. Alors h(f ) est fini d’après la formule précédente. On a défini (VIII, p. 197)
un homomorphisme de groupes f∗ de K0 (B) dans K0 (A) ; on a
Supposons que A et B soient des algèbres de dimension finie sur un corps com-
mutatif K et que f soit K-linéaire. Comme plus haut, il existe des entiers m 1 et
n 1, des K-algèbres D et E qui sont de corps et des isomorphismes de K-algèbres
de A sur Mm (D) et de B sur Mn (E). Posons d = [D : K] et e = [E : K]. On a alors
les relations
n2 e
[A : K] = m2 d, [B : K] = n2 e, [B : A]s =
m2 d
et, d’après les formules (30) et (32), les relations
n ne
i(f ) = , h(f ) = .
m md
Lorsque le corps K est algébriquement clos, on a d = e = 1, d’où i(f ) = h(f ) et
[B : A]s = i(f )2 .
Soient A, B et C des anneaux simples et soient f : A → B et g : B → C des
homomorphismes. Soit S un A-module simple. Les C-modules (g◦f )∗ (S) et g ∗ (f ∗ (S))
sont isomorphes ; on a donc, d’après les formules (26) et (28),
EXERCICES
1) Soit p un nombre premier. Notons C l’ensemble des classes des Z-modules de la forme
(Z/p2 Z)n ⊕ (Z/p3 Z)m pour n, m ∈ N.
a) Démontrer que C est additif mais qu’il n’est pas héréditaire. Quel est le plus petit
ensemble héréditaire H contenant C ?
b) Démontrer que toute suite exacte courte de modules de type C est scindée. Décrire
le groupe K(C ).
c) Construire une suite exacte
0 → M0 → M1 → M2 → M3 → M4 → 0
4) Soient A et B des anneaux équivalents au sens de Morita. Démontrer que les groupes
R(A) et R(B) (resp. K0 (A) et K0 (B)) sont isomorphes.
5) Soit A un anneau. Notons I (A) l’ensemble des couples (n, p) où n est un entier et
p un élément idempotent de Mn (A). On définit une loi d’addition sur I (A) en posant
(m, p) + (n, q) = (m + n, p0 0q ).
a) Soit P(Ao ) le monoïde des classes de A-modules à droite projectifs de type fini ;
soit ϕ : I (A) → P(Ao ) l’application définie par ϕ(n, p) = cl(Im p). Démontrer que ϕ est
un homomorphisme surjectif et que des éléments (m, p) et (n, q) de I (A) ont même image
par ϕ si et seulement s’il existe a ∈ Mm,n (A) et b ∈ Mn,m (A) tels que ab = p et ba = q.
b) En déduire que les groupes K0 (A) et K0 (Ao ) sont isomorphes.
TP : EndA (P ⊕ Ad ) −→ G
7) Soient I un ensemble ordonné filtrant à droite, (Ai , fji ) un système inductif d’anneaux, et
∗ ).
A sa limite. Démontrer que K0 (A) est la limite du système inductif de groupes (K0 (Ai ), fji
i∗ f∗
K0 (a) −→ K0 (A) −→ K0 (B)
10) Soit A un anneau. On note GL∞ (A) le sous-groupe de GL(A(N) ) formé des matrices
X telles que X − I n’ait qu’un nombre fini d’éléments non nuls, et E(A) le sous-groupe
de GL∞ (A) engendré par les matrices I + λE ij pour i, j dans N, i = j, λ ∈ A ; c’est le
groupe dérivé de GL∞ (A) (II, p. 208, exerc. 15). On désigne par K1 (A) le groupe quotient
GL∞ (A)/E(A) ; sa loi de groupe est notée additivement. Tout homomorphisme d’anneaux
f : A → B induit un homomorphisme de groupes f ∗ : K1 (A) → K1 (B).
a) Pour tout entier n 1, soit ιn : GLn (A) → K1 (A) l’homomorphisme qui associe
à X ∈ GLn (A) la classe de la matrice X0 I0 . Si l’anneau A est local, prouver que ιn est
surjectif pour tout n (utiliser l’exerc. 17 de VIII, p. 39).
b) On suppose l’anneau A commutatif. Construire un homomorphisme surjectif dA :
K1 (A) → A∗ tel que dA ◦ ιn = det pour tout n. Si de plus A est local ou euclidien, les
homomorphismes dA et ι1 sont des bijections réciproques l’une de l’autre.
c) Soient I un ensemble ordonné filtrant à droite, (Ai , fji ) un système inductif d’an-
neaux et A sa limite. Prouver que K1 (A) est la limite du système inductif de groupes
∗ ).
(K1 (Ai ), fji
EXERCICES A VIII.205
13) Notons C (resp. D) l’ensemble des classes des Z-modules de longueur finie (resp. de
type fini). Montrer que l’homomorphisme de groupes γD ,C de K(C ) dans K(D) est nul.
Remarques. — 1) L’assertion a) du th. 1 n’est plus vraie lorsque le corps K n’est pas
supposé algébriquement clos. On peut donner des exemples (VIII, p. 221, exerc. 4)
où Mi est un Ai -module simple, de dimension finie sur K pour i ∈ {1, 2} et où le
A-module M1 ⊗ M2 n’est pas semi-simple, ou est semi-simple mais non simple.
2) Il existe un homomorphisme ϕ de RK (A1 ) ⊗Z RK (A2 ) dans RK (A) caractérisé
par la relation ϕ([M1 ] ⊗ [M2 ]) = [M1 ⊗ M2 ]. Cela se démontre comme la prop. 9
de VIII, p. 192. Si le corps K est algébriquement clos, ϕ est un isomorphisme de
RK (A1 ) ⊗Z RK (A2 ) sur RK (A) d’après le th. 1, b), puisque pour toute K-algèbre B,
le Z-module RK (B) est libre de base la famille ([S])S∈SK (B) (VIII, p. 191).
cor. 2 de VIII, p. 59, qu’il existe un unique sous-(A1, D2 )-bimodule V de T, tel que
N = V ⊗D2 S2 .
L’isomorphisme u de T = S1 ⊗ (D2 )d dans ((D1 )d ⊗ (D2 )d ) ⊗D1 S1 caractérisé
par u(s ⊗ d) = 1 ⊗ d ⊗ s est (A1 , D2 )-linéaire. Identifions ces (A1 , D2 )-bimodules.
Un raisonnement analogue à celui qui précède démontre l’existence et l’unicité d’un
sous-(D1 ⊗ D2 )-module à droite a de D1 ⊗ D2 tel que V = a ⊗D1 S1 . Compte tenu des
identifications faites, a est l’unique idéal à droite de D = D1 ⊗ D2 tel que N = aM.
On vient de prouver que l’application a → aM est bijective ; la dernière assertion
en résulte.
Corollaire 1. — Le module S1 ⊗ S2 sur l’anneau A1 ⊗ A2 est semi-simple
(resp. isotypique, resp. simple) si et seulement si l’anneau D = D1 ⊗ D2 est
semi-simple (resp. simple, resp. un corps). En particulier, S1 ⊗ S2 est simple si le
commutant de S1 ou de S2 est égal à K.
Compte tenu du théorème 2, pour que le module S1 ⊗ S2 sur l’anneau D1 ⊗ D2
soit semi-simple (resp. isotypique, resp. simple), il faut et il suffit que le D-module
à droite (D1 ⊗ D2 )d le soit (VIII, p. 104, prop. 10). Or le D-module à droite Dd est
simple si et seulement si D est un corps ; il est isotypique (resp. semi-simple) si et
seulement si l’anneau D est simple (resp. semi-simple) (VIII, p. 116, déf 1, VIII,
p. 117, cor. 1 et VIII, p. 133, prop. 2).
Corollaire 2. — On a RA (M) = R(D)M. Pour que le A-module M soit sans
radical, il faut et il suffit que l’anneau D soit sans radical.
Cela résulte de la prop. 8 de VIII, p. 104 et du th. 2, b).
doit prouver que a est contenu dans le radical de L1 ⊗Ω. Autrement dit (VIII, p. 151,
th. 1), il s’agit de prouver que, pour x ∈ a, l’élément 1 + x est inversible dans L1 ⊗ Ω.
Or, comme Ω est une extension algébrique de L2 , il existe une extension L3 de L2 ,
de degré fini, telle que x appartienne à R(L1 ⊗ L2 )(L1 ⊗ L3 ). Il suffit évidemment de
prouver que 1 + x est inversible dans L1 ⊗ L3 . Or C = L1 ⊗ L3 est un module de type
fini sur l’anneau B = L1 ⊗ L2 ; d’après le cor. de VIII, p. 171, on a R(B)C ⊂ R(C),
donc x appartient au radical de C et 1 + x est inversible dans C.
B) Prouvons que le radical de L1 ⊗Ω se compose d’éléments nilpotents. Notons p
l’exposant caractéristique de K et P la fermeture radicielle de K dans Ω (V, p. 24) ;
c’est un corps parfait. Comme P est une extension algébrique de K, on a L1 (P) =
L1 [P] (V, p.18, cor. 1). Soit b le noyau de l’homomorphisme canonique de L1 ⊗ P
sur le corps P1 = L1 [P]. Soit x ∈ b ; il existe des éléments y1 , . . . , yn de L1 , et des
éléments z1 , . . . , zn de P tels que x = ni=1 yi ⊗ zi et ni=1 yi zi = 0. Comme P est
radiciel sur K, il existe une puissance q de p telle que z1q , . . . , znq appartiennent à K.
On a alors q
n
n
n
xq = q
yi ⊗ ziq = q q
y i zi ⊗ 1 = y i zi ⊗ 1 = 0.
i=1 i=1 i=1
Donc b se compose d’éléments nilpotents.
Posons c = b ⊗P Ω ; c’est le noyau de l’homomorphisme canonique de
(L1 ⊗ P) ⊗P Ω sur P1 ⊗P Ω, et il se compose d’éléments nilpotents d’après ce
qui précède. Or Ω est une extension algébriquement close de P, et P1 est une
sous-extension de Ω. Comme le corps P est parfait, P1 est une extension séparable
de P (V, p. 119, th. 3) ; d’après le th. 4 de V, p. 120, l’intersection des idéaux
maximaux de l’anneau commutatif P1 ⊗P Ω est réduite à 0. Autrement dit, l’anneau
P1 ⊗P Ω, qui est isomorphe à ((L1 ⊗ P) ⊗P Ω)/c, est sans radical. Ceci prouve (VIII,
p. 150, prop. 5) que c contient le radical de l’anneau (L1 ⊗ P) ⊗P Ω ; or cet anneau
est isomorphe à L1 ⊗ Ω, et c se compose d’éléments nilpotents. Donc le radical de
L1 ⊗ Ω se compose d’éléments nilpotents.
C) Fin de la démonstration du cas particulier. D’après A) et B), le radical r
de L1 ⊗ L2 est contenu dans l’ensemble n des éléments nilpotents de cet anneau
commutatif ; on sait par ailleurs que n est contenu dans r (VIII, p. 153, remarque 2).
Passons au cas général. Comme une K-algèbre commutative semi-simple est le
produit d’un nombre fini d’extensions du corps K (VIII, p. 133, prop. 3) et que le
radical d’un produit d’anneaux est le produit des radicaux (VIII, p. 152, cor. 3), le
radical de Z1 ⊗ Z2 est l’ensemble des éléments nilpotents de cet anneau.
No 4 RADICAL D’UN PRODUIT TENSORIEL D’ALGÈBRES A VIII.213
(x ⊗ y)z = xzy
EXERCICES
2) Soient A une K-algèbre intègre et L son corps des fractions. Démontrer que L est un
A ⊗ L-module simple, mais que son radical en tant que A-module est égal à L.
6) Soit A une K-algèbre dont le radical est non nul et nilpotent. Démontrer que l’homo-
morphisme ϕ : A ⊗ Ao → EndK (A) (exerc. 5) n’est pas injectif.
8) Soient K un corps commutatif, L une extension radicielle de K, de degré fini > 1. Soit V
un espace vectoriel de dimension infinie sur L, et soit A la sous-K-algèbre de EndL (V)
engendrée par les endomorphismes de rang fini et par l’application identique. Démontrer
que la L-algèbre A(L) admet un radical non nul, bien que son centre soit égal à L (utiliser
l’exerc. 7).
10) On garde les hypothèses de l’exerc. 9, et on suppose en outre que le B-module N est
simple ; on note D son commutant.
a) Pour que l’application ϑ soit surjective, il faut et il suffit que M admette une base
finie sur A, ou que D soit de dimension finie sur K (utiliser l’exerc. 9 c)).
b) Démontrer que pour que le (A ⊗ B)-module M ⊗ N soit semi-simple, il faut et il
suffit que l’anneau A ⊗ Do soit semi-simple (se ramener au cas M = As ; remarquer que
M⊗N est un A⊗Do module libre et utiliser la prop. 5 de VIII, p. 80 ainsi que l’exerc. 9 a)).
¶ 11) Soient A et B des K-algèbres ; on suppose que les anneaux A et B sont primitifs et
que leurs socles respectifs s et t (VIII, p. 126, exerc. 8) ne sont pas réduits à 0. Soit D
(resp. E) le commutant d’un idéal à gauche minimal a de A (resp. b de B) ; on suppose
que l’algèbre D ⊗ E est simple. Prouver que A ⊗ B est un anneau primitif de socle s ⊗ t
(observer que le (A ⊗ B)-module a ⊗ b est isotypique de longueur finie ; utiliser l’exerc. 9,
a) de VIII, p. 127).
EXERCICES A VIII.223
13) Soient D, E des corps dont le centre contient K, V (resp. W) un espace vectoriel sur D
(resp. E). Démontrer que le (D ⊗K E)-module V ⊗K W est libre.
¶ 14) Soit V un espace vectoriel sur un corps D. On note Ω l’anneau des endomorphismes
du groupe abélien V et on identifie D à un sous-anneau de Ω. On pose A = EndD (V).
a) Démontrer que A et D sont linéairement disjoints sur leur centre commun Z (cf.
exerc. 5 d)).
b) Pour que l’image de D ⊗Z A dans Ω soit égale à EndZ (V), il faut et il suffit que D
soit de rang fini sur Z (pour voir que la condition est nécessaire, déduire d’abord le cas
V = D de l’exerc. 5 e), puis fixer un élément x = 0 de V et considérer la sous-algèbre B
de EndZ (V) formée des Z-endomorphismes u de V tels que u(Dx) ⊂ Dx ; observer que
l’égalité EndZ (V) = DA implique B = D(B ∩ A)).
15) a) Soient K un corps commutatif, A une K-algèbre et B = K[Xι ]ι∈I une algèbre de
polynômes sur K. Démontrer que si tout élément non nul de A est simplifiable, il en est
de même pour l’algèbre A ⊗K B.
b) En déduire que si D est un corps de rang fini sur K et E une extension transcendante
pure de K, l’anneau D ⊗K E est un corps.
17) Soient K un corps commutatif, D et E des corps dont le centre contient K. On suppose
que [E : K] = m est fini, et que le centre de l’un des deux corps D ou E est égal à K.
La K-algèbre D ⊗K E est alors isomorphe à l’algèbre des endomorphismes d’un espace
vectoriel de dimension finie h sur un corps C (VIII, p. 217, cor. 2).
A VIII.224 PRODUIT TENSORIEL DE MODULES SEMI-SIMPLES § 12
(M(L) )(Ω) , donc il est semi-simple. Mais M(Ω) est aussi isomorphe à (M(L ) )(Ω) , et la
prop. 8, a) de VIII, p. 217 entraîne que M(L ) est semi-simple. Donc M est absolument
semi-simple.
d’où σ(z p ) = 1 + z p pour tout entier positif j. Choisissons un entier m 0 tel que
j j
m
z p appartienne au centre Z de D ; on a
z p = az p a−1 = σ(z p ) = 1 + z p ,
m m m m
Prouvons maintenant que (i) entraîne (v). Cela résulte du lemme suivant :
Soient (ei )i∈I et (fj )j∈J des systèmes générateurs finis des algèbres A et B res-
pectivement. Soit u un isomorphisme de A(K ) sur B(K ) et v l’isomorphisme réci-
proque ; il existe une sous-extension L de K , de type fini sur K, telle que l’on ait
u(1 ⊗ ei ) ∈ B(L) pour tout i ∈ I et v(1 ⊗ fj ) ∈ A(L) pour tout j ∈ J. Par suite
u applique A(L) dans B(L) et v applique B(L) dans A(L) . Les applications induites
u : A(L) → B(L) et v : B(L) → A(L) sont des homomorphismes d’anneaux, et ce sont
des bijections réciproques l’une de l’autre.
D’après le th. 1, A est isomorphe à une algèbre de la forme ri=1 Mni (Di ), pour
un entier r 0, des entiers n1 , . . . , nr et des K-algèbres de degré fini D1 , . . . , Dr qui
sont des corps et dont les centres sont des extensions séparables de K et donc égales
à K. Par la prop. 3 de VIII, p. 227, on a Di = K pour i ∈ [1, r].
Exemple. — Pour qu’une K-algèbre commutative soit absolument semi-simple, il
faut et il suffit qu’elle soit étale (V, p. 28, déf. 1) : cela résulte de la définition et de
l’équivalence des conditions (i) et (v) du th. 1.
r
r
(3) aai ⊗ ai = ai ⊗ ai a pour tout a ∈ A.
i=1 i=1
d’après la formule (2). De la formule (3), on déduit que aep(x) = ep(ax) pour tout
a ∈ A et tout x ∈ M, ce qui démontre que ep est A-linéaire.
(6) i
dn−1 ◦ dnj = dn−1
j−1
◦ dni
et l’on en déduit
dn−1 ◦ dn = (−1)i+j dn−1
i
◦ dnj + (−1)i+j dn−1
i
◦ dnj
0i<jn 0jin−1
= j−1
(−1)i+j dn−1 ◦ dni + (−1)i+j dn−1
i
◦ dnj ,
0i<jn 0jin−1
d’où
(7) dn−1 ◦ dn = 0.
(14) ∂ 2 (f )(a, a , a ) = af (a , a ) − f (aa , a ) + f (a, a a ) − f (a, a )a
VIII, p. 232. Pour tout entier n 1 et tout élément f de Cn (A, P), notons γ n (f )
l’élément de Cn−1 (A, P) défini par la formule
r
(15) γ n (f )(x1 , . . . , xn−1 ) = ai f (ai , x1 . . . , xn−1 ).
i=1
On a alors
(16) ∂ n−1 (γ n (f )) + γ n+1 (∂ n (f )) = f
Mais on a
(d0n+1 ◦ d0n+2 )(e ⊗ x) = ε(e)x = x
par la condition (ii) de la prop. 5 de VIII, p. 232 et, pour i 2,
din+2 (e ⊗ x) = e ⊗ di−2
n (x),
ce qui donne
(dn+1 ◦ hn )(x) = x − d1n+1 (e ⊗ dn (x)) = x − hn−1 ◦ dn (x),
d’où la formule (17).
Avec le lemme 5, nous pouvons terminer la preuve de la proposition 6. Soient
n un entier 1 et f un élément de Cn (A, P). On a par construction
(18) αn−1 (γ n (f )) = αn (f ) ◦ hn−1 ,
et par suite, d’après les formules (9) et (18)
αn (∂ n−1 (γ n (f )) + γ n+1 (∂ n (f )) = αn−1 (γ n (f )) ◦ dn + αn+1 (∂ n (f )) ◦ hn
= αn (f ) ◦ hn−1 ◦ dn + αn (f ) ◦ dn+1 ◦ hn
= αn (f )
A VIII.238 ALGÈBRES ABSOLUMENT SEMI-SIMPLES § 13
pour α ∈ A et x ∈ r. Posons
on a
D’après le th. 3 de VIII, p. 238, le K-module H2 (A, r) est réduit à zéro. Il existe
donc un élément ψ de C1 (A, r) tel que ∂ 1 ψ = ϕ, c’est-à-dire tel qu’on ait
L’algèbre A /rp−1 est isomorphe à A /r ; on a (rp−1 )2 = 0 donc rp−1 est le radical
de A . D’après le cas traité précédemment, il existe une sous-algèbre S de A telle
que A = S ⊕ rp−1 ; on déduit de (23) la relation A = S ⊕ r.
Corollaire 2. — Soit A une algèbre commutative de degré fini sur un corps par-
fait K et soit r son radical. Il existe une unique sous-algèbre S de A telle que
A = S ⊕ r. De plus, S est isomorphe au produit d’un nombre fini d’extensions de
degré fini de K.
La K-algèbre A/r est semi-simple (VIII, p. 169, prop. 1) et de degré fini ; le corps
K étant parfait, elle est absolument semi-simple (VIII, p. 228, th. 1). Comme l’idéal
r est nilpotent, l’existence et l’unicité de S résultent alors du cor. 1. Comme S est
semi-simple, commutative et de degré fini, la dernière assertion est une conséquence
de la prop. 3 de VIII, p. 133.
EXERCICES
1) Soient K un corps commutatif et A une K-algèbre. On dit qu’un A-module M est abso-
lument sans radical si pour toute extension L de K, le A(L) -module M(L) est sans radical.
On dit que l’algèbre A est absolument sans radical si le A-module As est absolument sans
radical.
a) Une algèbre commutative absolument sans radical est séparable (V, p. 114, déf. 1).
b) Tout sous-module d’un module absolument sans radical est absolument sans radi-
cal ; une somme directe de modules absolument sans radical est absolument sans radical.
c) Soit M un A-module de type fini ; pour que M soit absolument sans radical, il faut et
il suffit qu’il existe un corps parfait P, extension algébrique de K, tel que RA(P) (M(P) ) = 0.
d) Pour qu’un A-module semi-simple M soit absolument sans radical, il faut et il
suffit que tout module simple appartenant au support de M le soit.
e) Soient S un A-module simple, D son commutant. Démontrer que les conditions
suivantes sont équivalentes :
(i) Le A-module S est absolument sans radical ;
(ii) La K-algèbre D est absolument sans radical ;
(iii) Le centre de D est une extension séparable de K.
f ) Pour qu’une algèbre semi-simple soit absolument sans radical, il faut et il suffit
que le centre de chacun de ses composants simples soit une extension séparable de K.
g) Prouver qu’un A-module absolument sans radical de dimension finie sur K est
absolument semi-simple.
et zi = xi ⊗ 1 − 1 ⊗ xi. Soit Λ la partie de N(I) formée des familles (αi )i∈I telles que αi < p
pour tout i ; démontrer que les éléments i∈I yiαi ziβi pour (αi ) , (βi ) ∈ Λ forment une base
du F-espace vectoriel E ⊗F E. En déduire que I est fini (observer que l’anneau E ⊗F E est
noethérien).
c) Conclure que E est de degré fini sur K (utiliser l’exerc. 1 b) de V, p. 160).
¶ 8) Soit E une extension algébrique d’un corps commutatif K. Démontrer que pour que
l’anneau E ⊗K E soit noethérien, il faut et il suffit que E soit de degré fini sur K (se
ramener au cas d’une extension radicielle par la méthode de l’exerc. 6, puis appliquer
l’exercice précédent).
Démontrer qu’il existe une unique structure d’algèbre sur B telle que (B , i , p ) soit une
extension de A par P et v un homomorphisme d’algèbres. On dit que (B , i , p ) est l’exten-
sion de A par P déduite de (B, i, p) au moyen de u ; toute extension (C, j, q) de A par P
pour laquelle il existe un homomorphisme d’algèbres w : B → C satisfaisant à q ◦ w = p
et w ◦ i = j ◦ v est isomorphe à (B , i , p ).
EXERCICES A VIII.245
f ) L’application Hom(A,A) (P, P ) × ExK (A, P) −→ ExK (A, P ) qui associe à un couple
(u, (B, i, p)) la classe de l’extension déduite de (B, i, p) au moyen de u est K-bilinéaire.
g) Soit f : A → A un homomorphisme de K-algèbres et soit (B, i, p) une extension
de A par P. Définir de même une structure d’algèbre sur le produit fibré B = B ×A A et
une extension (B , i , p ) de A par P, dite déduite de (B, i, p) au moyen de f .
h) On suppose en outre l’algèbre A commutative. Démontrer que les classes d’exten-
sions (B, i, p) de A par P telles que l’algèbre B soit commutative forment un sous-K-module
ExcK (A, P) de ExK (A, P).
11) a) Soit f un élément de C2 (A, P) (VIII, p. 235). Démontrer qu’on définit une structure
d’algèbre sur le K-module A ⊕ P en posant (a, x)(a , x ) = (aa , ax + xa + f (a, a )) ;
l’injection canonique i : P → A ⊕ P et la surjection canonique p : A ⊕ P → A sont
des homomorphismes d’anneaux, et le triplet (A ⊕ P, i, p) est une extension de A par P
(observer qu’on a f (a, 1) = af (1, 1) et f (1, a) = f (1, 1)a pour tout a ∈ A).
b) Prouver que la classe d’isomorphisme de cette extension ne dépend que de la classe
de f dans H2 (A, P) et qu’on définit ainsi un isomomorphisme de K-modules de H2 (A, P)
sur le sous-K-module de ExK (A, P) formé des extensions de A par P qui sont triviales
comme extensions de K-modules.
c) On suppose l’anneau A commutatif ; on note C2 (A, P)s le sous-K-module de
2
C (A, P) formé des éléments f tels que f (x, y) = f (y, x) quels que soient x, y dans A,
et H2 (A, P)s l’image de C2(A, P)s dans H2 (A, P). Prouver que l’isomorphisme précédent
induit un isomorphisme de H2 (A, P)s sur le sous-K-module de ExcK (A, P) formé des ex-
tensions commutatives de A par P qui sont triviales comme extensions de K-modules.
Une algèbre centrale n’est pas réduite à 0. Pour tout entier n 1, la K-algèbre
de matrices Mn (K) est centrale (VIII, p. 78, cor. 2) et simple (VIII, p. 116, th. 1).
Plus généralement, soit D une K-algèbre centrale de degré fini, alors Mn (D) est
également centrale. Soit A un anneau simple ; son centre Z est un corps (VIII,
p. 117, cor. 1), et A est donc une algèbre centrale et simple sur Z. Si le corps K
est algébriquement clos, une algèbre simple de degré fini sur K est centrale (VIII,
p. 118, cor. 3). L’algèbre opposée d’une algèbre centrale et simple est centrale et
simple.
Théorème 1. — Soit A une K-algèbre de degré fini. Les propriétés suivantes sont
équivalentes :
(i) L’algèbre A est centrale et simple ;
(ii) L’algèbre A est centrale et sans radical ;
(iii) L’homomorphisme canonique de la K-algèbre A ⊗K Ao dans la K-algèbre
EndK (A) qui transforme a ⊗ a en l’application K-linéaire x → axa de A dans A
est bijectif ;
(iv) Il existe une extension L du corps K et un entier n 1 tels que les
L-algèbres A(L) et Mn (L) soient isomorphes ;
(v) Pour toute clôture séparable K de K, il existe un entier n 1 tel que les
K -algèbres A(K ) et Mn (K ) soient isomorphes ;
g(b)ax = af (b)x
pour tout x dans A et tout b dans B. Cette relation équivaut à g(b) = af (b)a−1 pour
tout b dans B, c’est-à-dire à g = θ ◦f , où θ est l’automorphisme intérieur x → axa−1
de A.
3. Théorèmes de conjugaison
Corollaire 1. — Soit A une algèbre centrale et simple sur K, et soit L une ex-
tension de degré fini de K. Si f et g sont des homomorphismes de K-algèbres de L
dans A, il existe un automorphisme intérieur θ de A tel que g = θ ◦ f .
Corollaire 2. — Soit A une algèbre centrale et simple sur K et soit L une sous-
algèbre de A qui est un corps. Tout homomorphisme de K-algèbre de L dans A se
prolonge en un automorphisme intérieur de A.
Corollaire 3. — Soit D un corps, de centre K, et de degré fini sur K. Tout élé-
ment de D est algébrique sur K. Soient x et y des éléments de D ; pour qu’il existe
un élément a de D∗ tel que y = axa−1 , il faut et il suffit que x et y aient même
polynôme minimal sur K.
La première assertion résulte du cor. 1 de V, p. 16.
Supposons qu’il existe un élément a de D∗ tel que y = axa−1 ; pour tout po-
lynôme P de K[X], on a P(y) = aP(x)a−1 , et en particulier on a P(x) = 0 si et
seulement si P(y) = 0. Par suite x et y ont le même polynôme minimal sur K (V,
p. 15, th. 1).
Réciproquement, supposons que x et y aient le même polynôme minimal.
D’après loc. cit., il existe un K-isomorphisme u de K[x] sur K[y] tel que u(x) = y,
et K[x] est un corps. D’après le cor. 2, u se prolonge en un automorphisme intérieur
θ : z → aza−1 de D, et l’on a donc y = θ(x) = axa−1 .
Proposition 1. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K. Soit
B une K-algèbre, soient f et g des homomorphismes d’algèbres de B dans A. Les
conditions suivantes sont équivalentes :
(i) Il existe un automorphisme intérieur θ de A tel que g = θ ◦ f ;
(ii) En tant que B-modules à gauche, Af et Ag sont isomorphes.
D’après le lemme 1 (VIII, p. 250), la propriété (i) équivaut au fait que Af et Ag
sont isomorphes comme (B, A)-bimodules. Comme A est de dimension finie sur K,
Af et Ag sont des B-modules de longueur finie. Comme le centre de A est égal
à K , l’équivalence de (i) et (ii) résulte du lemme 2 de VIII, p. 250, appliqué au
(Ao , Bo )-bimodules Af et Ag .
A VIII.254 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
Z Soit A une K-algèbre simple, centrale, de degré fini. Il peut exister des
sous-algèbres commutatives semi-simples B de A satisfaisant à [A : K] =
[B : K][B : K] (exerc. 1 de VIII, p. 265).
même dimension finie ; ce sont donc des B -modules ayant la même longueur finie.
D’après le corollaire 2 de II, p. 22, θ est bijectif.
Prouvons b). D’après le th. 5 de VIII, p. 255, l’algèbre L est commutative, de
degré fini sur K et semi-simple. D’après loc. cit. appliqué à L, son commutant L
dans A est une algèbre semi-simple et L est le commutant de L dans A, donc L est
le centre de L . Comme L est le centre des anneaux semi-simples L , B et B , on peut
identifier L à un produit fini d’anneaux simples Li (i ∈ I), de sorte que l’on ait
L= Li , B= Bi , B = Bi ,
i∈I i∈I i∈I
Prouvons a). Supposons d’abord que L soit égale à L . Alors L est commutative ;
si M est une sous-algèbre commutative de A contenant L, on a xy = yx pour x dans
L et y dans M, d’où M ⊂ L et donc M = L. Par suite, L est une sous-algèbre
commutative maximale de A.
Réciproquement, supposons que L soit une sous-algèbre commutative maximale
de A et soit x un élément de L . La sous-algèbre M de A engendrée par L ∪ {x} est
alors commutative et contient L. Vu le caractère maximal de L, on a M = L, d’où
x ∈ L et finalement L = L, d’où a).
D’après la prop. 6 de III, p. 40, le commutant de L(K ) dans A(K ) est L(K ) .
Comme les égalités L = L et L(K ) = L(K ) sont équivalentes (II, p. 113, prop. 19),
l’assertion b) résulte de a).
Corollaire. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K et soit L
une K-algèbre commutative semi-simple telle que [A : K] soit égal à [L : K]2 ; soient f
et g des homomorphismes injectifs de L dans A. Il existe un automorphisme intérieur
θ de A tel que g = θ ◦ f .
Z Supposons que A soit une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K.
Il peut exister des sous-algèbres commutatives maximales L de A, non semi-
simples, telles que [A : K] = [L : K]2 (VIII, p. 266, exerc. 5).
Lemme 4. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K, distincte
de K. Il existe une sous-algèbre étale (V, p. 28, déf. 1) de A, distincte de K.
D’après le théorème de Wedderburn (VIII, p. 116, th. 1), on peut supposer que
A est de la forme Mn (D), où n est un entier strictement positif et D un corps de
centre K.
Supposons n > 1. L’algèbre des matrices diagonales à éléments dans K est une
sous-algèbre étale de A distincte de K.
Supposons n = 1. Soit p l’exposant caractéristique de D. Par le lemme 1 de
m
VIII, p. 226, il existe un élément a de D tel que ap n’appartienne à K pour aucun
m
entier positif m. Pour m assez grand, l’élément x = ap est séparable sur K (V,
p. 42, prop. 13), mais n’appartient pas à K ; la sous-algèbre K(x) de A est une
extension séparable de degré fini du corps K, donc une sous-algèbre étale sur K ; elle
est distincte de K.
Proposition 4. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K. Soit
L une sous-algèbre de A et soit L le commutant de L dans A.
a) Si L est maximale parmi les sous-algèbres commutatives semi-simples de A,
on a L = L et L est une sous-algèbre commutative maximale de A.
b) Si L est maximale parmi les sous-algèbres étales de A, on a L = L , et L est
une sous-algèbre commutative maximale de A.
On sait que la relation L = L signifie que L est une sous-algèbre commutative
maximale de A (VIII, p. 257, lemme 3 a)). Supposons que L soit semi-simple, com-
mutative et distincte de L . D’après le th. 5 de VIII, p. 255, L est semi-simple, et L
est le commutant de L , donc le centre de L ; par suite, L n’est pas commutative. Il
nous suffit de prouver qu’il existe une sous-algèbre semi-simple commutative M de
A, distincte de L et contenant L, et qui est étale si L est étale.
D’après le théorème de structure des anneaux semi-simples (VIII, p. 131,
th. 1), il existe des anneaux simples B1 , . . . , Br et un isomorphisme ϕ de L
sur B1 × · · · × Br . Pour 1 i r, notons Ei le centre de Bi ; on a donc
No 7 SOUS-ALGÈBRES ÉTALES MAXIMALES A VIII.261
Soit A une algèbre simple centrale et de degré fini sur K. Une sous-algèbre
de A maximale parmi les sous-algèbres commutatives semi-simples de A est appelée
une sous-algèbre semi-simple commutative maximale de A. D’après la prop. 4, le
qualificatif « maximal » se rapporte donc au choix à la propriété d’être commutative,
ou semi-simple et commutative. Une sous-algèbre de A maximale parmi les sous-
algèbres étales de A est appelée une sous-algèbre semi-simple étale maximale de A.
Proposition 5. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K. Soit B
une sous-algèbre semi-simple de A et soit B le commutant de B.
a) Pour que B contienne une sous-algèbre semi-simple commutative maximale
de A, il faut et il suffit que B contienne B .
A VIII.262 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
Soit D une K-algèbre qui est un corps et soit V un espace vectoriel à droite de
dimension finie sur D. Soit L une sous-K-algèbre de EndD (V) qui est une K-algèbre
diagonalisable (V, p. 28). Par définition, L est de degré fini sur K, et il existe une
base (εi )i∈I de L sur K, avec les propriétés suivantes :
ε2i = εi , εi εj = 0 si i = j, εi = 1.
i∈I
Posons Vi = εi (V) pour tout i dans I ; alors (Vi )i∈I est une famille de sous-espaces
vectoriels de V non nuls, dont V est la somme directe (II, p. 18, prop. 12). Soit u
un endomorphisme de V ; pour que u appartienne à L, il faut et il suffit que, pour
tout i ∈ I, il existe un élément λi de K tel que u(x) = λi x pour tout x ∈ Vi .
Réciproquement, supposons que V soit somme directe d’une famille (Vi )i∈I de
sous-espaces vectoriels non réduits à 0. Pour tout élément λ = (λi )i∈I de KI , notons
uλ l’endomorphisme du D-espace vectoriel V tel que uλ (x) = λi x pour x ∈ Vi .
No 8 SOUS-ALGÈBRES DIAGONALISABLES DES ALGÈBRES SIMPLES A VIII.263
donc L est maximal parmi les sous-algèbres diagonalisables de EndD (V). Dans le
cas contraire, il existe un indice j ∈ I tel que dimD (Vj ) 2. Choisissons deux sous-
espaces vectoriels non nuls Vj et Vj de Vj dont Vj soit somme directe. La sous-
algèbre diagonalisable de EndD (V) associée à la décomposition en somme directe
V = (⊕i∈I {j} Vi ) ⊕ Vj ⊕ Vj contient L et n’est pas égale à L, d’où a).
Le commutant L de L dans EndD (V) se compose des endomorphismes de la
forme (xi ) → (ui (xi )), avec (ui ) ∈ i∈I EndD (Vi ). Pour que L soit une sous-algèbre
commutative maximale de EndD (V), il faut et il suffit que l’on ait L = L (VIII,
p. 257, lemme 3 a)). Cette relation équivaut donc à « EndD (Vi ) = K pour tout
i ∈ I », d’où l’assertion b).
Proposition 7. — Soit L une algèbre commutative de degré fini sur K. Les asser-
tions suivantes sont équivalentes :
(i) L’algèbre L est étale ;
(ii) Il existe une extension séparable de degré fini de K qui diagonalise K.
L’implication (ii)⇒(i) résulte de V, p. 29, prop. 2.
Démontrons l’implication (i)⇒(ii). Soit Ω une clôture séparable de K. D’après
le th. 4 de V, p. 34, il existe des extensions de degré fini L1 , . . . , Ln de K, contenues
dans Ω telles que L soit isomorphe au produit L1 × · · · × Ln . Soit N une extension
galoisienne de K qui contient les Li (V, p. 56) et démontrons que A(N) est diagona-
lisable. Par le théorème de l’élément primitif, (V, p. 39, th. 1), pour tout i ∈ [1, n],
il existe un polynôme séparable irréductible Pi ∈ K[X] tel que Li soit isomorphe
à K[X]/(Pi ). Comme N est une extension normale de K, dans laquelle Pi admet
A VIII.264 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
une racine, le polynôme Pi est scindé à racines simples dans N. Par conséquent, la
N-algèbre Li(N) , qui est isomorphe à N[X]/(Pi ) est isomorphe à N[Li :K] . Par suite,
A(N) est diagonalisable.
Théorème 7. — Soient A une K-algèbre centrale, simple et de degré fini, et L une
sous-algèbre de A. Les conditions suivantes sont équivalentes :
(i) L’algèbre L est une sous-algèbre étale maximale de A ;
(ii) Il existe une extension K de K, un entier n 1 et un isomorphisme θ de
A(K ) sur Mn (K ) qui transforme L(K ) en l’ensemble des matrices diagonales ;
(iii) Il existe K , n et θ comme dans (ii), l’extension K étant de plus supposée
galoisienne et de degré fini.
Il est clair que (iii) entraîne (ii).
Si la condition (ii) est satisfaite, L(K ) est une sous-algèbre commutative maxi-
male de A(K ) (prop. 6) et elle est diagonalisable. La K-algèbre L est alors étale (V,
p. 28, déf. 1) et c’est une sous-algèbre commutative maximale de A (VIII, p. 257,
lemme 3 b)). On a prouvé que (ii) entraîne (i).
Supposons la condition (i) satisfaite. Comme L est étale sur K, d’après la prop. 7
il existe une extension K1 de K, galoisienne et de degré fini telle que la K1 -algèbre
L(K1 ) soit diagonalisable. L’algèbre A est centrale et simple ; d’après (VIII, p. 248,
th. 1), il existe une extension galoisienne K2 , un espace vectoriel V de dimension finie
n sur K2 et un isomorphisme θ de A(K2 ) sur EndK2 (V). Par la prop. 1 de V, p. 55,
on peut supposer que K1 = K2 . D’après la prop. 4, b) de VIII, p. 260 et le lemme 3,
b) (VIII, p. 257), L(K ) est une sous-algèbre commutative maximale de A(K ) , donc
θ(L(K ) ) en est une de EndK (V ). Appliquons la prop. 6 à l’algèbre diagonalisable
θ(L(K ) ) : il existe une base (e1 , . . . , en) de V sur K telle que θ(L(K ) ) se compose
des endomorphismes de V dont la matrice par rapport à cette base soit diagonale.
Donc (i) entraîne (iii).
EXERCICES A VIII.265
EXERCICES
¶ 6) Soit D un corps de centre K, distinct de K, tel que tout élément de D soit algébrique
sur K.
a) Prouver que D contient une extension commutative séparable de degré > 1.
b) Soit m un entier ; on suppose que tout élément de D est de degré m sur K.
Démontrer qu’on a [D : K] m2 (prouver d’abord que D est de degré fini en utilisant a)
et le th. 5 de VIII, p. 255).
¶ 11) Soient A un anneau commutatif intègre, K son corps des fractions, S une A-algèbre
d’Azumaya (exerc. 8).
a) Prouver que la K-algèbre S(K) est centrale et simple. On identifie S à une sous-
algèbre de S(K) .
A VIII.268 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
∗ ¶ 12) Soit K un corps commutatif, complet pour une valuation discrète v (AC, VI), que
l’on suppose normée (c’est-à-dire v(K∗ ) = Z) ; on désigne par A l’anneau de v et par κ son
corps résiduel. On rappelle (loc. cit.) que si L est une extension finie de K, la valuation v
admet un unique prolongement vL à L ; on dit que l’extension est non ramifiée si vL est à
valeurs entières.
a) Soit D un corps de centre K ; soit Nrd : D → K la norme réduite de D (VIII,
p. 334, déf. 2). Démontrer que l’application w0 = v ◦ Nrd est une valuation sur D (pour
prouver l’inégalité w0 (x + y) inf(w0 (x), w0 (y)), se ramener au cas y = 1, et observer que
la restriction de w0 à K(x) est multiple de vK(x) ). On note w la valuation normée sur D
équivalente à w0 .
b) Pour qu’un élément x de L soit entier sur A, il faut et il suffit qu’on ait w(x) 0 ;
l’ensemble de ces éléments forme un sous-anneau B de D.
c) On suppose désormais le corps κ parfait. Si D est distinct de K, prouver qu’il
contient une extension non ramifiée de K, distincte de K (dans le cas contraire, observer
qu’on a [κL : κ] = 1 pour toute extension L de K contenue dans D. Soit b ∈ B, et soit
π une uniformisante de D ; en appliquant la remarque précédente au corps K(b), prouver
que b est adhérent à A(π). Comme le sous-espace K(π) est fermé dans D (EVT, I, p. 14,
cor. 1), on obtient B ⊂ K(π) et finalement D = K(π)).
d) Prouver qu’il existe un sous-corps commutatif maximal de D qui est non ramifié
sur K (raisonner par récurrence sur le degré réduit de D, en considérant un sous-corps L
de D non ramifié sur K et en appliquant l’hypothèse de récurrence au commutant de L
dans D).∗
13) Soient D un corps, V un espace vectoriel à gauche sur D, A l’anneau EndD (V) et f un
automorphisme de A. Prouver qu’il existe un automorphisme σ de D et une application
bijective u : V → V, semi-linéaire relativement à σ (II, p. 32), telle qu’on ait f (a) =
u ◦ a ◦ u−1 pour tout a ∈ A (soit Vf le A-module dont le groupe additif est V et la
loi d’action est définie par (a, v) → f (a)(v) ; déduire de la prop. 4 de VIII, p. 46 un
EXERCICES A VIII.269
14) Soient D un corps, Z son centre, V un espace vectoriel à gauche sur D et Ω l’an-
neau des endomorphismes du groupe abélien V ; on le munit de sa structure naturelle de
(D, D)-bimodule. Soient Γ le groupe des automorphismes de D et Δ le sous-groupe des
automorphismes intérieurs (isomorphe à D∗ /Z∗ ).
Soient S un sous-ensemble de Ω formé d’applications semi-linéaires (relativement à
un élément de Γ) et F le sous-D-espace vectoriel à gauche de Ω engendré par S ; il coïncide
avec le sous-D-espace vectoriel à droite engendré par S.
a) Pour θ ∈ Γ/Δ, on note Sθ l’ensemble des applications semi-linéaires de V dans
lui-même relativement à un automorphisme de D appartenant à θ et Fθ le sous-D-espace
vectoriel de F engendré par Sθ . Prouver que F est somme directe des sous-espaces Fθ pour
θ ∈ Γ/Δ.
b) Prouver que si Sθ est une partie libre sur Z, elle est aussi libre (à gauche et à
droite) sur D (raisonner comme dans la démonstration du th. 1 de V, p. 26).
c) Soit E un sous-(D, D)-bimodule de F. Prouver que E est engendré (sur D) par des
applications semi-linéaires appartenant aux Fθ .
(Soit B une base de F contenue dans S ; prouver que E est engendré par les vecteurs
u ∈ E possédant la propriété suivante : si u = ni λi bi , avec λi = 0 et bi ∈ B pour tout i,
l’intersection de E avec le sous-espace de F engendré par les bi est réduite à Du. Déduire
alors de a) que u est semi-linéaire.)
¶ 15) On conserve les notations de l’exerc. 14 ; on note A l’anneau EndD (V). Soient G un
groupe d’automorphismes de A et G0 le sous-groupe des éléments de G qui sont des auto-
morphismes intérieurs de A. On désigne par U(G) le sous-D-espace vectoriel (à gauche et
à droite) de Ω engendré par les bijections semi-linéaires s de V telles que l’automorphisme
a → sas−1 appartienne à G et par U0 (G) le sous-Z-espace vectoriel de A engendré par les
automorphismes u de V telles que l’automorphisme a → uau−1 appartienne à G0 ; ce sont
des sous-Z-algèbres de Ω.
a) Soient (sα ) une base de U0 (G) sur Z formée d’éléments de S0 (G) et (gβ )β∈G/G0 un
système de représentants des classes (mod. G0 ) dans G ; choisissons pour chaque β ∈ G/G0
un élément uβ de S(G) correspondant à gβ . Prouver que les éléments sα uβ forment une
base (à gauche et à droite) de U(G) sur D (utiliser l’exerc. 14 a)). Pour que [U(G) : D]
soit fini, il faut et il suffit que [U0 (G) : Z] et (G : G0 ) soient finis ; si c’est le cas, on a
[U(G) : D] = [U0 (G) : Z] (G : G0 ).
b) Démontrer que U0 (G) est égal à U(G) ∩ A et que U(G0 ) = DU0 (G) est canonique-
ment isomorphe à U0 (G) ⊗Z D (utiliser l’exerc. 14 ainsi que l’exerc. 14 de VIII, p. 223).
A VIII.270 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
c) Pour qu’un élément de U(G) soit une application semi-linéaire de V dans lui-même,
il faut et il suffit qu’il soit de la forme λsuβ avec λ ∈ D, s ∈ U0 (G), β ∈ G/G0 (utiliser a),
b) et l’exerc. 14 a)).
d) On note AG le commutant de U(G) dans Ω ; c’est le sous-anneau de A formé des
éléments invariants par G. On pose ZG = AG ∩ Z ; c’est le sous-corps des éléments de
Z invariants par G. Démontrer que Z et AG sont linéairement disjoints sur ZG (vérifier
qu’une base de AG sur ZG est une partie libre de A sur Z).
e) Si U0 (G) est un anneau simple et qu’une des Z-algèbres U0 (G) ou D est de degré
fini, prouver que l’anneau U(G) est quasi-simple (déduire de c) que U(G0 ) est un anneau
simple, puis appliquer l’exerc. 14 c) à un idéal bilatère de U(G) en utilisant c)).
f ) On suppose que V et U(G) sont de dimension finie sur D et que l’anneau U0 (G) est
simple. Prouver que l’anneau AG est simple et que l’on a [A : AG ]s = [U0 (G) : Z] (G : G0 )
(appliquer la prop. 12 de VIII, p. 201). Démontrer que le commutant de AG dans Ω (resp.
dans A) est U(G) (resp. U0 (G)) (utiliser la prop. 5 de VIII, p. 135).
g) En déduire que le groupe des automorphismes de A qui fixent AG est formé des
automorphismes a → vav −1 , où v parcourt l’ensemble des bijections semi-linéaires appar-
tenant à U(G), et qu’il est engendré par G et par les automorphismes intérieurs associés
aux éléments inversibles de U0 (G) (utiliser c)).
h) Si G = G0 , l’anneau AG contient Z ; prouver la réciproque lorsque D est de
dimension finie sur Z (utiliser le th. 4 de VIII, p. 254).
¶ 16) On conserve les notations de l’exerc. 15, en supposant de plus V de dimension finie
sur D. On dit qu’un sous-anneau B de A est faiblement galoisien (resp. galoisien) dans A
si son commutant B dans Ω est engendré en tant que D-espace vectoriel (à gauche ou à
droite) par des applications (resp. des bijections) semi-linéaires de V dans lui-même. On
note DB le sous-anneau de Ω engendré par D et B.
a) Prouver que si B est simple et faiblement galoisien, V est un module semi-simple
de longueur finie sur DB (soient W un composant isotypique du B-module V et S un sous-
DB-module simple de W. Soit Σ l’ensemble des applications semi-linéaires v appartenant
à B ; observer que v(S) est un DB-module pour v ∈ Σ et déduire du cor. 3 de VIII, p. 52
que W est contenu dans la somme des v(S) pour v ∈ Σ).
b) On suppose que l’anneau B est simple et faiblement galoisien et que son commutant
B0 dans A est simple ; prouver que V est un DB-module isotypique (remarquer que B0
est le commutant de DB dans Ω et utiliser la prop. 5 de VIII, p. 80). En déduire que B
est galoisien (soient v un élément non nul de Σ, et V = ni=1 Vi une décomposition de V
en somme directe de DB-modules simples isomorphes, telle que W1 = v(V1 ) soit non nul ;
observer qu’il existe des DB-modules simples Wi (2 i n) isomorphes à W1 tels que
V = ni=1 Wi et en déduire une bijection semi-linéaire w ∈ B coïncidant avec v dans V1
et telle que vw−1 appartienne à B0 . Conclure en observant que tout élément d’un anneau
simple est somme d’éléments inversibles).
EXERCICES A VIII.271
¶ 17) On conserve les notations de l’exerc. 15, et on suppose V de dimension finie sur D.
On dit qu’un groupe G d’automorphismes de A est galoisien s’il satisfait aux conditions
suivantes :
(i) (G : G0 ) et [U0 (G) : Z] sont finis ;
(ii) L’anneau U0 (G) est simple ;
(iii) Pour tout élément inversible s de U0 (G), l’automorphisme a → sas−1 appartient
à G0 .
Soit G un tel groupe.
a) Démontrer que l’application H → AH est une bijection décroissante de l’ensemble
des sous-groupes galoisiens de G sur l’ensemble des sous-anneaux simples de A contenant
AG et dont le commutant B0 dans A est simple.
(Déduire de l’exerc. 15 f ) et g) que cette application est bien définie et injective. Soit
B un sous-anneau simple de A satisfaisant aux conditions ci-dessus et soit H le groupe
des automorphismes de A fixant B ; prouver en utilisant les exerc. 14 c) et 16 que B est
galoisien, puis à l’aide de la prop 12 de VIII, p. 201 que l’on a B = AH et que H est
galoisien.)
b) Soient B1 , B2 des sous-anneaux simples de A contenant AG et dont les commutants
dans A sont simples, et ϕ un isomorphisme de B1 sur B2 fixant AG . Démontrer qu’il existe
un élément de G qui coïncide avec ϕ sur B1 .
(Remarquer tout d’abord qu’on a longB1 (V) = longB2 (V), en utilisant l’éga-
lité h(B1 , AG ) = h(B2 , AG ). Soit W l’ensemble des éléments f de Ω satisfaisant à
f (bx) = ϕ(b)f (x) pour b ∈ B1 , x ∈ V ; démontrer que W n’est pas réduit à zéro, puis
en lui appliquant l’exerc. 14 c) qu’il contient une application semi-linéaire non nulle
w ; si S est un sous-DB1 -module simple de V non contenu dans Ker w, montrer que w
induit une bijection de S sur son image et que l’on a longB1 (S) = longB2 (w(S)) (utiliser
l’exerc. 16 b)). En raisonnant comme dans loc. cit., conclure que W contient une bijection
semi-linéaire coïncidant avec w dans S.)
c) Particulariser les résultats de a) et b) aux cas suivants :
(i) G = G0 (cf. VIII, p. 255, th. 5) ;
(ii) G0 = {1} ; démontrer que tout groupe fini d’automorphismes de A est galoisien,
et que tout sous-anneau simple de A contenant AG admet Z pour commutant dans A ;
(iii) V est de dimension 1, de sorte que A est un corps isomorphe à Do ; l’anneau AG
est un corps et tous les sous-corps de A contenant AG ont pour commutant un corps. Cas
particulier où D est commutatif (cf. V, §10, no 7).
18) Soient K un corps commutatif, Z une extension cyclique de K (V, p. 81) de degré
n 3, σ un générateur du groupe de Galois de Z sur
K. On désigne par A l’anneau M2 (Z)
et par B le sous-anneau de A formé des matrices z0 σ(z)
0
pour z ∈ Z.
a) Avec les notations de l’exerc. 17, démontrer qu’il existe un groupe galoisien G
d’automorphismes de A tel qu’on ait AG = K, (G : G0 ) = n, U0 (G) = A.
A VIII.272 ALGÈBRES CENTRALES ET SIMPLES § 14
b) Démontrer que B est un sous-anneau simple de A, mais que son commutant B0
dans A est isomorphe à Z × Z.
c) Soit H le groupe des d’automorphismes de A fixant B ; démontrer que AH est égal
à B0 . Construire un isomorphisme de B sur Z qui fixe K mais ne se prolonge pas en un
automorphisme de A (cf. exerc. 17 b)).
d) Prouver que le sous-anneau B de A est faiblement galoisien mais non galoisien
(exerc. 16 ; décrire le commutant de B dans Ω).
1. Classes d’algèbres
[A][Ao ] = [A ⊗K Ao ] = [K] (lemme 1), ce qui démontre que [A] est inversible,
d’inverse [Ao ].
Inversement, soit A une K-algèbre de degré fini. Si [A] est inversible dans MK ,
il existe une K-algèbre B de degré fini telle que [A][B] = [K] ; d’après la formule (2)
et le lemme 1, cela signifie que la K-algèbre A ⊗K B est isomorphe à une algèbre de
matrices Mn (K), avec n 1. D’après la remarque 1 de VIII, p. 247, l’algèbre A est
alors centrale et simple.
Définition 1. — Le groupe commutatif Br(K) est appelé le groupe de Brauer du
corps K.
Lemme 2. — Soient I et J des ensembles finis, k un anneau commutatif, A et B des
k-algèbres. Notons MI (A) la k-algèbre des matrices carrées de type (I, I) à éléments
dans A et définissons de manière analogue les k-algèbres MJ(B) et MI×J(A ⊗K B).
Il existe un unique isomorphisme de k-algèbres
ϕ : MI (A) ⊗k MJ (B) −→ MI×J(A ⊗k B)
tel que ϕ (aii ) ⊗ (bjj ) soit la matrice dont l’élément d’indice ((i, j), (i, j )) est
aii ⊗ bjj .
L’existence d’une bijection k-linéaire ϕ satisfaisant à la condition de l’énoncé
résulte de la compatibilité du produit tensoriel aux sommes directes (II, p. 61, prop.
7) ; le fait que ϕ est un homomorphisme d’algèbres résulte de la définition du produit
matriciel.
Proposition 3. — Soient A et B des K-algèbres centrales, simples et de degré fini.
Les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) On a [A] = [B] dans le groupe de Brauer Br(K) ;
(ii) Il existe un entier t 1 tel que la K-algèbre A ⊗K Bo soit isomorphe à
l’algèbre de matrices Mt (K) ;
(iii) Il existe des entiers strictement positifs r et s tels que les K-algèbres
A ⊗K Mr (K) et B ⊗K Ms (K) soient isomorphes ;
(iv) Il existe un corps D contenant K et des entiers m 1 et n 1 tels que A
soit isomorphe à Mm (D) et B à Mn (D).
Supposons que l’on ait [A] = [B]. Comme [Bo ] est l’inverse de [B] dans le groupe
de Brauer, on a [K] = [B][Bo ] = [A][Bo ] = [A ⊗K Bo ]. D’après le lemme 1, il existe
un entier t 1 tel que les algèbres A ⊗K Bo et Mt (K) soient isomorphes. Donc (i)
entraîne (ii).
Supposons (ii) satisfaite. Comme Bo ⊗K B est isomorphe à une algèbre de ma-
trices Ms (K) avec s 1 (VIII, p. 248, th. 1) l’algèbre A ⊗K Bo ⊗K B est isomorphe
A VIII.276 GROUPES DE BRAUER § 15
3. Changement de corps
Soit L une extension du corps K. Soient A et B des K-algèbres de degré fini, les
L-algèbres A(L) et B(L) sont de degré fini. Les L-algèbres A(L) ⊗L B(L) et (A ⊗K B)(L)
sont isomorphes (III, p. 35, prop. 3). La L-algèbre K(L) est isomorphe à L. Il existe
donc un unique homomorphisme de monoïdes ρL/K de CK dans CL tel que
(3) ρL/K (cl(A)) = cl(A(L) )
pour toute K-algèbre A de degré fini.
Si les K-algèbres A et B sont équivalentes au sens de Morita, il en est de même
des L-algèbres A(L) et B(L) (VIII, p. 107, prop. 13 e)). Si la K-algèbre A est cen-
trale, simple et de degré fini, il en est de même de la L-algèbre A(L) (VIII, p. 247,
No 3 CHANGEMENT DE CORPS A VIII.277
Soit A une K-algèbre centrale, simple et de degré fini et soit L une extension
de K. On dit que L déploie A (ou neutralise A) si la L-algèbre A(L) est isomorphe à
une algèbre de matrices Mn (L), pour un entier n 1. Avec les notations précédentes,
il revient au même de dire que la classe de A dans Br(K) appartient au noyau de
l’homomorphisme rL/K : Br(K) → Br(L).
Si B est semblable à A, alors A est déployée sur L si et seulement si B l’est.
Si A est déployée par L, elle est déployée par toute extension de L. D’après
le th. 1 de VIII, p. 248, il existe une extension galoisienne de degré fini de K qui
déploie A et toute clôture séparable de K déploie A.
Lemme 3. — Soit A une K-algèbre centrale, simple et de degré fini et soit L une
extension de degré fini de K qui déploie A. Soit V un A(L) module simple, si bien
que le morphisme naturel ϕ : A(L) → EndL (V) est un isomorphisme. Soit C l’anneau
A VIII.278 GROUPES DE BRAUER § 15
EndA (V). Alors C est semblable à Ao et l’image de L ⊗ 1 ⊂ A(L) est une sous-algèbre
commutative maximale de C.
Identifions A à un sous-anneau de A(L) . Considérons V comme un K-espace
vectoriel. L’anneau C est le commutant de ϕ(A) dans EndK (V). C’est une K-algèbre
centrale, simple et de degré fini, et l’homomorphisme a ⊗ c → ac de A ⊗K C dans
EndK (V) est un isomorphisme (VIII, p. 256, th. 6 a)). Par suite les K-algèbres A et
Co sont semblables (VIII, p. 275, prop. 3).
Soit LV l’anneau des homothéties du L-espace vectoriel V ; c’est le commutant de
EndL (V) dans EndK (V) (VIII, p. 78, cor. 1). Or la K-algèbre EndL (V) est engendrée
par ϕ(A) et LV ; on a donc dans EndK (V)
LV = EndL (V) = ϕ(A) ∩ LV = C ∩ LV ,
où pour toute partie B de EndK (V), le commutant de B dans EndK (V) est noté B .
Ainsi LV est une sous-algèbre commutative maximale de C (VIII, p. 257, lemme 3),
et donc aussi de Co . L’application λ → λV est un isomorphisme de K-algèbres de L
sur LV ; cela prouve le lemme.
Corollaire 1. — Soient A une K-algèbre centrale, simple et de degré fini, et L
une extension de degré fini de K. Supposons que [A : K] = [L : K]2 . Pour que L
déploie A, il faut et il suffit que A contienne une sous-algèbre isomorphe à L.
Supposons qu’il existe un morphisme ϕ de L dans A. Soit M une sous-algèbre
commutative semi-simple maximale contenant ϕ(L). Par la prop. 3 de VIII, p. 258,
on a [A : K] = [M : K]2 , donc [M : K] = [L : K] et M = ϕ(L). D’après la
prop. 5, L déploie A. Inversement supposons que l’extension L déploie A, alors elle
est isomorphe à une sous-algèbre commutative maximale d’une K-algèbre B centrale,
simple et semblable à A (prop. 5). On a [B : K] = [L : K]2 (VIII, p. 258, prop. 3),
d’où [B : K] = [A : K] ; par suite B est isomorphe à A (VIII, p. 276, cor.), d’où le
corollaire 1.
Corollaire 2. — Soient D un corps de centre K et de degré fini sur K, et L une
extension de degré fini de K déployant D. Le degré réduit de D divise [L : K].
Notons r le degré réduit de D (VIII, p. 249) ; par définition, [D : K] = r2 .
D’après la prop. 5, il existe une K-algèbre B centrale simple semblable à D dont L
est une sous-algèbre commutative maximale. Comme B est isomorphe à une algèbre
de matrices Mn (D) (VIII, p. 274, lemme 1), on a [B : K] = n2 r2 , et par suite
[L : K] = nr (VIII, p. 258, prop. 3).
No 4 EXEMPLES DE GROUPES DE BRAUER A VIII.279
Le groupe de Brauer Br(K) est réduit à l’élément neutre dans les trois cas
suivants :
a) K est séparablement clos (VIII, p. 249, cor. 1).
∗ b) K est un corps fini (VIII, p. 349, cor. 2).
c) K satisfait à la propriété (C1 ) (VIII, p. 349, remarque 2).
Supposons que K soit un corps ordonné maximal (VI, p. 24). Le groupe de
Brauer de K est alors cyclique d’ordre 2 ; ses éléments sont la classe de K et la classe
de la K-algèbre de quaternions de type (−1, 0, −1) (III, p. 18 et VIII, p. 359, th. 1).
Supposons que K soit un corps topologique localement compact, non discret
et commutatif. Si K n’est pas connexe c’est un corps complet pour une valuation
discrète, de corps résiduel fini (AC, VI, p. 154, th. 1), il existe un isomorphisme de
Br(K) sur Q/Z (VIII, p. 327, exerc. 17). Si K est connexe, il est isomorphe à R ou
C. Le groupe de Brauer du corps R est cyclique d’ordre 2. Son élément non trivial
est la classe de l’algèbre H des quaternions de Hamilton (TG VII, p. 4) ; le groupe
de Brauer de C est d’ordre 1.∗
A VIII.280 GROUPES DE BRAUER § 15
EXERCICES
1) Soit D un corps de centre K. Pour qu’il existe un sous-corps de Mn (K) isomorphe à D
et de centre K, il faut et il suffit que [D : K] divise n.
2) Soit D un corps de centre K et de rang fini sur K. Pour qu’il existe une sous-K-algèbre
de Mn (D) isomorphe à Mr (K), il faut et il suffit que r divise n (utiliser le th. 6 de VIII,
p. 256).
§ 16. AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER
1. τ -extensions de groupes
ι(ϕγ (f )) = γι(f )γ −1
pour γ ∈ Γ et f ∈ F.
On appelle τ -extension de G par F une extension E = (Γ, ι, π) telle que IntE
soit égal à τ , c’est-à-dire vérifiant la relation
Par conséquent, (Γ , ι, π ) est une τ -extension de G par F qu’on appelle l’image in-
verse par u de E et qu’on note u∗ (E ). La première projection est un homomorphisme
de groupes ϕ : Γ → Γ qui sera dit canonique.
Proposition 1. — Le diagramme
ι π
F / Γ / G
(2) ϕ u
ι π
F / Γ / G
est commutatif. En outre, si E1 = (Γ1 , ι1 , π1 ) est une τ -extension et ϕ1 : Γ1 → Γ est
un homomorphisme de groupes tel que le diagramme
ι1 π1
F / Γ1 / G
ϕ1 u
ι π
F / Γ / G
soit commutatif, alors il existe un unique morphisme ψ de τ -extensions de E1 dans
u∗ (E ) tel qu’on ait ϕ1 = ϕ ◦ ψ.
La commutativité du premier diagramme découle de la définition de ϕ. L’exis-
tence et l’unicité de ψ résultent du lemme qui suit.
pour tout f ∈ F1 et tout g ∈ G . Soit E1 = (Γ1 , ι1 , π1 ) une τ1 -extension de G par F1
et ϕ1 : Γ1 → Γ un homomorphisme de groupes tel que le diagramme
ι1 π1
F1 / Γ1 / G
w ϕ1 u
ι π
F / Γ / G
soit commutatif. Alors il existe un unique homomorphisme de groupes ψ : Γ1 → Γ
tel que le diagramme
ι1 π1
F1 / Γ1 / G
w ψ
ι π
F Γ / G /
dans Γ et de l’ho-
et qu’on note v∗ (E ). La composée de la surjection canonique de Γ
momorphisme de groupes de Γ dans Γ, donné par γ → (1, γ) est un homomorphisme
de groupes ϕ : Γ → Γ qui est dit canonique.
est commutatif. Soit E1 = (Γ1 , ι1 , π1 ) une τ -extension de G par F et soit ϕ1 : Γ → Γ1
un homomorphisme de groupes tel que le diagramme
ι π
F / Γ / G
v ϕ1
ι1 π1
F / Γ1 / G
ι1 (f )ϕ1 (γ)ι1 (f )ϕ1 (γ ) = ι1 (f τ1 (π1 (ϕ1 (γ))).f )ϕ1 (γγ ) = ι1(f τ (π(γ)).f )ϕ1 (γγ ),
5. Description cohomologique
g1
(7) c(g2 , g3 )c(g1 , g2 g3 ) = c(g1 , g2 )c(g1 g2 , g3 ).
les relations
ι(g1 cσ (g2 , g3 )cσ (g1 , g2 g3 ))
= σ(g1 )σ(g2 )σ(g3 )σ(g2 g3 )−1 σ(g1 )−1 σ(g1 )σ(g2 g3 )σ(g1 g2 g3 )−1
= σ(g1 )σ(g2 )σ(g3 )σ(g1 g2 g3 )−1
et
ι(cσ (g1 , g2 )cσ (g1 g2 , g3 ))
= σ(g1 )σ(g2 )σ(g1 g2 )−1 σ(g1 g2 )σ(g3 )σ(g1 g2 g3 )−1
= σ(g1 )σ(g2 )σ(g3 )σ(g1 g2 g3 )−1 .
et E . On notera [γ, γ ] l’image dans Γ d’un élément (γ, γ ) de Γ ×G Γ par l’homo-
morphisme surjectif de la remarque de VIII, p. 289. L’application de G dans Γ qui
envoie un élément g sur [σ(g), σ (g)] est une section σ de l’application π . Soient
g1 et g2 des éléments de G. On a les relations
pour g ∈ G. En utilisant (11), on obtient que cσ est constante de valeur 1 ; par
conséquent, σ est un homomorphisme de groupes ce qui prouve que la τ -extension
E est semi-triviale (I, p. 64, prop. 4).
Démontrons que l’application Θ est surjective. Soit c un élément de Z2 (G, F).
On munit l’ensemble Γ = F × G de la loi de composition suivante :
et
((f1 , g1 )(f2 , g2 ))(f3 , g3 ) = (f1 (g1 f2 )c(g1 , g2 ), g1 g2 )(f3 , g3 )
= (f1 (g1 f2 )(g1 g2 f3 )c(g1 , g2 )c(g1 g2 , g3 ), g1 g2 g3 )
or il résulte de la définition d’un 2-cocycle que c(g, e) = g c(e, e), d’où l’on déduit
que (f, g)(c(e, e)−1 , e) = (f, g). De manière analogue on démontre que
(c(e, e)−1 , e)(f, g) = (f c(e, e)−1 c(e, g), g) = (f, g).
La loi de composition définie par (12) admet donc (c(e, e)−1 , e) comme élément
neutre et tout élément (f, g) de Γ est inversible, d’inverse
−1
(g (f −1 c(e, e)−1 c(g, g −1 )−1 ), g −1 ).
On a donc muni Γ d’une structure de groupe. Notons alors ι : F → G l’application
envoyant f sur (c(e, e)−1 f, e), π : Γ → G la deuxième projection et σ l’application
g → (1, g). Les applications ι et π sont des homomorphismes de groupes, le triplet
E = (Γ, ι, π) est alors une τ -extension, σ une section de l’application π et le cocycle
associé cσ est égal à c, car
σ(g1 )σ(g2 )σ(g1 g2 )−1 = (1, g1)(1, g2 )(1, g1 g2 )−1 = (c(g1 , g2 ), g1 g2 )(1, g1 g2 )−1
= (c(g1 , g2 )c(e, g1 g2 )−1 , e) = (c(e, e)−1 c(g1 , g2 ), e)
pour g1 , g2 ∈ G.
Remarque. — Soit G un groupe, soient F et F des groupes abéliens, soit τ (resp. τ )
un homomorphisme de groupes de G dans le groupe des automorphismes de F
(resp. F) et soit v : F → F un morphisme de groupes tel que
(13) v(τ (g).f ) = τ (g).v(f )
pour g ∈ G et f ∈ F. Soit α un élément de Exτ (G, F). Si le cocycle c représente
Θ(α), alors v ◦ c représente Θ(v∗ (α)) ∈ H2 (G, F ).
6. Restriction et corestriction
u∗
Exτ (G, F) / Exτ (G , F)
Θτ Θτ
u∗
2
H (G, F) / 2
H (G , F)
est commutatif.
s(x)−1
cs (g1 , g2 ) = c s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1
x∈H\G
h1 (x)h2 (x) = s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 et h2 (x)h3 (x) = s(x.g1 )g2 g3 s(x.g1 g2 g3 )−1
A VIII.296 AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER § 16
= 1,
où la deuxième égalité résulte du fait que c est un 2-cocycle.
= ∂ t (g
s 1 , g2 )
pour g1 , g2 ∈ G.
s (x) = h(x)s(x)
cs (g1 , g2 )
s(x)−1 h(x)−1
= c(h(x)s(x)g1 s (x.g1 )−1 , s (x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
No 6 RESTRICTION ET CORESTRICTION A VIII.297
s(x)−1
= c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 h(x.g1 )−1 , h(x.g1 )s(x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(h(x)−1 , s (x)g1 g2 s (x.g1 g2 )−1 )−1 c(h(x)−1 , s (x)g1 s (x.g1 )−1 )
x∈H\G
g1 s(x.g1 )−1
= c(h(x.g1 )−1 , h(x.g1 )s(x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
s(x)−1
× c(h(x)−1 , s (x)g1 g2 s (x.g1 g2 )−1 )−1 c(h(x)−1 , s (x)g1 s (x.g1 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
= c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
g1 s(x)−1
× c(h(x)−1 , h(x)s(x)g2 s (x.g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(h(x)−1 , s (x)g1 g2 s (x.g1 g2 )−1 )−1 c(h(x)−1 , s (x)g1 s (x.g1 )−1 )
x∈H\G
s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 et h(x.g1 )s(x.g1 )g2 s (x.g1 g2 )−1 ,
la dernière utilise simplement le fait que l’application x → x.g1 est une permutation
de H\G.
Les deux dernières lignes de l’expression obtenue correspondent à un 2-cobord.
On obtient que cs a la même classe dans H2 (G, F) que le cocycle dont la valeur en
(g1 , g2 ) ∈ G2 est donnée par l’expression
s(x)−1
c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 h(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
A VIII.298 AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER § 16
g1 s(x.g1 )−1
= c(s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 , h(x.g1 g2 )−1 )−1
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 , h(x.g1 g2 )−1 )c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
s(x)−1
= c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
g1 s(x)−1
× c(s(x)g2 s(x.g2 )−1 , h(x.g2 )−1 )−1
x∈H\G
s(x)−1
× c(s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 , h(x.g1 g2 )−1 )c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , h(x.g1 )−1 )−1 ,
x∈H\G
s(x)−1
c(s(x)g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
= c(g1 s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
× c(s(x)−1 , s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 )−1 c(s(x)−1 , s(x)g1 s(x.g1 )−1 )
x∈H\G
No 6 RESTRICTION ET CORESTRICTION A VIII.299
= g1
c(s(x.g1 )−1 , s(x.g1 )g2 s(x.g1 g2 )−1 )
x∈H\G
× c(g1 , g2 s(x.g1 g2 )−1 )c(g1 , s(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
× c(s(x)−1 , s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 )−1 c(s(x)−1 , s(x)g1 s(x.g1 )−1 )
x∈H\G
= c(g1 , g2 s(x.g1 g2 )−1 )c(g1 , s(x.g1 )−1 )−1
x∈H\G
× g1
c(s(x)−1 , s(x)g2 s(xg2 )−1 )
x∈H\G
× c(s(x)−1 , s(x)g1 g2 s(x.g1 g2 )−1 )−1 c(s(x)−1 , s(x)g1 s(x.g1 )−1 ) ;
x∈H\G
× c(g1 , g2 )(G:H) ,
ce qui démontre le résultat.
A VIII.300 AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER § 16
7. Algèbres galoisiennes
Soit K un corps commutatif. Si E est une K-algèbre, on note AutK (E) le groupe
de ses automorphismes ; si E est une extension galoisienne du corps K, le groupe
AutK (E) n’est autre que le groupe de Galois Gal(E/K) (V, p. 56).
Soit G un groupe. On appelle (K, G)-algèbre une K-algèbre E munie d’un homo-
morphisme de groupes λ : G → AutK (E). L’homomorphisme λ munit alors E d’une
structure de groupe à opérateurs dans G ainsi que d’une structure de K[G]-module
à gauche dont la loi d’action est donnée par
(14) μg g x = μg λ(g).x
g∈G g∈G
pour tout x ∈ L et tout élément (μg )g∈G de K[G]. Un morphisme de (K, G)-algèbres
est un morphisme d’algèbres qui est également un morphisme de groupes à opéra-
teurs.
Pour toute famille (Ei )i∈I de (K, G)-algèbres, la K-algèbre produit i∈I Ei munie
de sa structure de groupe à opérateurs produit est une (K, G)-algèbre.
Si E est une (K, G)-algèbre, l’ensemble EG des éléments de E invariants sous G
est une sous-algèbre de E.
Soit E une (K, G)-algèbre, où G opère par λ : G → AutK (E). Si K est une
extension de K, pour tout g ∈ G, soit λ (g) l’automorphisme IdK ⊗ λ(g) de la
K -algèbre L(K ) . Alors λ : g → λ (g) munit L(K ) d’une structure de (K , G)-algèbre.
Étant donné un groupe H et des H-ensembles X et Y, on note FH (X, Y) l’en-
semble des morphismes de H-ensembles de X dans Y. C’est donc l’ensemble des
applications f : X → Y telles que f (hx) = hf (x) pour tout h ∈ H et tout x ∈ X.
b) L’algèbre CoïndGH (E) est de degré fini sur K si et seulement si E est de degré
fini sur K et l’indice de H par rapport à G est fini. Dans ce cas, on a la formule
[CoïndG
H (E) : K] = (G : H)[E : K].
Lemme 10. — Soit L une (K, G)-algèbre qui est étale sur K. L’application ψ de L(Ω)
dans F (H , Ω) caractérisée par la relation
ψ(ξ ⊗ x) = (ξχ(x))χ∈H
(vi) L’algèbre L est réduite, le groupe G opère transitivement sur l’ensemble des
idéaux maximaux de L et, pour tout idéal maximal m de L, le stabilisateur Gm de m
dans G agit fidèlement dans L/m et admet K comme sous-corps des invariants.
(i)⇒(ii) : Soient E une extension galoisienne de degré fini de K et τ un isomor-
phisme de H sur AutK (E). Soit S un système de représentants des classes à droite
suivant H dans G. La K-algèbre F = CoïndG H (E) est isomorphe à F (S, E) (VIII,
p. 300, lemme 7 a)), elle est donc étale. Notons λF l’action de G sur F. Par ailleurs,
soit ψ un homomorphisme de K-algèbres de E dans Ω et soit χ0 l’homomorphisme
f → ψ(f (e)) de F dans Ω. Soit g ∈ G tel que l’on ait χ0 ◦ λF (g) = χ0 ; Comme ψ
est injective, on a alors f (g) = f (e) pour tout f ∈ F. Compte tenu du lemme 7, a)
de VIII, p. 300, g ∈ H et par la formule
valide pour tout h ∈ H, ceci ne peut avoir lieu que pour g = e. D’autre part, d’après
le lemme 7, b) de VIII, p. 300 et le th. 3 de V, p. 64, on a
Card(G) = [L : K] = (G : Gm )[L/m : K]
No 7 ALGÈBRES GALOISIENNES A VIII.305
(19) λ(ζ)xi = ζ i xi
d’après V, p. 89, formule (1). Pour tout j dans P, il existe un unique homomorphisme
d’algèbres χj : L → Ω qui applique x sur ξ + j ; de plus, tout homomorphisme de L
dans Ω est l’un des χj et l’on a la relation χj = χ0 ◦ γ(j). D’après la condition (ii)
du th. 2 de VIII, p. 303, l’algèbre L munie de γ est une algèbre galoisienne sur K.
No 8 OPÉRATIONS SUR LES ALGÈBRES GALOISIENNES A VIII.307
et K est l’anneau des invariants de G dans F. Donc F est une algèbre galoisienne
d’après le critère donné par le th. 2, (v).
Proposition 10. — Soit G un groupe fini. Soit L une algèbre galoisienne de groupe
G sur le corps K et soit K une extension de K. Alors la (K , G)-algèbre L(K ) est
une algèbre galoisienne sur K .
On utilise le th. 2, (v) en remarquant que si la K-algèbre L est étale, la K -
algèbre L(K ) l’est aussi (V, p. 32, cor. 2), que l’on a l’égalité [L(K ) : K ] = [L : K],
et que l’anneau des invariants de G dans L(K ) est (LG )(K ) , où LG est l’anneau des
invariants de G dans L.
9. Produits croisés
pour α ∈ L∗ , β ∈ L et γ ∈ Γ.
Réciproquement, on a la propriété universelle suivante de l’algèbre A[E ; L] :
avec
(34) dg = ah (λ(h).bh )cσ (h, h ).
hh =g
a = g∈G ag εg avec ag ∈ L pour tout g ∈ G ; on note Φ(a) l’ensemble des éléments
g de G tels que ag = 0. D’après la formule (32) de VIII, p. 311, on a la relation
(38) εg εg = cσ (g, g )εgg
pour tous g, g ∈ G et par suite
(39) Φ(aεg ) = Φ(a).g
pour tout g ∈ G et tout a ∈ A[E ; L].
Soit a un élément non nul de a, pour lequel Φ(a) soit minimal pour l’inclusion ;
d’après la formule (39), on peut supposer, quitte à remplacer a par un élément de
la forme aεg−1 , où g ∈ Φ(a), qu’on a e ∈ Φ(a). Soit s un élément de Φ(a) distinct de
e. D’après le lemme 12, b), il existe un élément x de L tel que as (x − λ(s).x) = 0.
Mais on a la relation
(40) xa − ax = ag (x − λ(g).x)εg ,
g
Théorème 4. — Soit A une algèbre simple et centrale, de rang fini sur K et soit L
une sous-algèbre commutative maximale de A. Alors il existe une τ -extension E de G
par L∗ telle que A soit isomorphe à A[E ; L].
On ne restreint pas la généralité en supposant que L est une sous-algèbre com-
mutative maximale de A. Soit Γ le groupe multiplicatif formé des éléments inversibles
γ de A tels qu’il existe g appartenant à G avec
u : L → A[E ; L] et v : Γ → A[E ; L]
EXERCICES
n−1
(dn c)(g0 , . . . , gn ) = g0 c(g1 , . . . , gn ) + (−1)i+1 c(g0 , . . . , gi gi+1 , . . . , gn )
i=0
+ (−1)n+1 c(g0 , . . . , gn−1 ).
et x un élément de Hn (G, M ), classe d’un élément c ∈ Zn (G, M ). Soit c ∈ Cn (G, M) tel
que π ◦ c = c . Prouver qu’il existe un élément c ∈ Zn+1 (G, M ) tel que ι ◦ c = dn (c), et
que la classe de c dans Hn+1 (G, M ) ne dépend que de x ; on la note ∂ n (x ). L’application
∂ n : Hn (G, M ) → Hn+1 (G, M ) est un homomorphisme (« homomorphisme de liaison ») ;
prouver que la suite
Hn (ι) Hn (π) ∂n
. . . −→ Hn (G, M ) −→ Hn (G, M) −→ Hn (G, M ) −→ Hn+1 (G, M ) −→ . . .
est exacte.
0 / M /M / M /0
u u u
0 / N /N / N / 0,
où la première ligne (resp. la seconde) est une suite exacte de Z[G]-modules (resp. de
Z[H]-modules), et où u , u, u sont compatibles avec ϕ. Démontrer que le diagramme
(dont les lignes horizontales sont les suites exactes longues définies dans l’exerc. 1 c)) est
commutatif.
d) Exemples : si H = G, l’application u est compatible avec IdG si et seulement
si elle est Z[G]-linéaire, et l’on a Hn (IdG , u) = Hn (G, u). Si N est égal à M muni de la
structure de Z[G]-module déduite de ϕ, les homomorphismes ϕ et 1M sont compatibles ;
on note Resq : Hq (G, M) → Hq (H, M) l’homomorphisme Hq (ϕ, 1M ) (« homomorphisme de
restriction »).
e) Soit H un sous-groupe distingué de G, et soit MH le sous-groupe de M formé des
éléments invariants par H, muni de l’action de G/H déduite de celle de G par passage
au quotient. La surjection canonique p : G → G/H et l’injection canonique j : MH → M
sont compatibles ; on note Inf q : Hq (G/H, MH ) → Hq (G, M) l’homomorphisme Hq (p, j)
(« homomorphisme d’inflation »). Prouver que la suite
Inf 1 Res1
0 → H1 (G/H, MH ) → H1 (G, M) → H1 (H, M)
est exacte. Si de plus H1 (H, M) est nul, la suite
Inf 2 Res2
0 → H2 (G/H, MH ) → H2 (G, M) → H2 (H, M)
est exacte.
g1 , . . . , gq−1 dans G et c ∈ Cq (G, M), hq (c)(g1 , . . . , gq−1 ) est l’image par μ de la fonction
g → c(g1 , . . . , gq−1 , (g1 . . . gq−1 )−1 g). Démontrer l’égalité hq+1 ◦ dq + dq−1 ◦ hq = 1Cq (G,M) ).
b) Soit A un groupe commutatif ; on note F (G, A) le groupe des applications de
G dans A, muni de l’action de G définie par g f (h) = f (hg) pour g, h dans G et f
dans F (G, A). Pour toute application c de G dans F (G, A), on note μ(c) l’application
g → c(g −1 )(g) de G dans A. Montrer que μ est une G-moyenne sur F (G, A) ; on a donc
Hq (G, F (G, A)) = 0 pour q 1.
c) Soit j : M → F (G, M) l’application qui associe à un élément m de M la fonction
g → gm, et soit M son conoyau. Prouver que j est injective et Z[G]-linéaire. En déduire
que l’homomorphisme ∂ q : Hq (G, M ) → Hq+1 (G, M) est bijectif pour q 1.
d) Soient L une extension galoisienne finie du corps commutatif K, G son groupe
de Galois. Déduire de b) et du théorème de la base normale (V, p. 70) que les groupes
Hn (G, L) sont nuls pour n 1.
−−−−−−→ N
0 −→ N −−−−−−→ N
Hom(1,i) −→ 0
Hom(1,p)
est bijectif pour tout q 0 (traiter d’abord le cas q = 0, puis raisonner par récurrence sur
q en utilisant ce qui précède, l’exerc. 3 c) et l’exerc. 2 c)).
d) On suppose que H est d’indice fini n dans G. Soit M un Z[G]-module, que l’on consi-
dère comme un Z[H]-module par restriction des scalaires. Soit f ∈ M ; l’élément g −1 f (g)
ne dépend que de la classe à droite Hg de g. On pose π(f ) = Hg∈H\G g −1 f (g). Prouver
que π est un homomorphisme Z[G]-linéaire de M dans M. Pour tout entier q 0, on note
Corq : Hq (H, M) → Hq (G, M) l’homomorphisme Hq (π) ◦ Hq (i, uM )−1 (« homomorphisme
de corestriction »).
e) Prouver que l’endomorphisme Corq ◦ Resq de Hq (G, M) est la multiplication par n
(traiter d’abord le cas q = 0, puis en déduire le cas général comme dans la démonstration
de c)).
A VIII.322 AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER § 16
Soit x ∈ H (G, M ), et soit x un élément de M tel que π(x) = x ; démontrer qu’il existe
0
un élément c ∈ Z1 (G, M ) tel que ι ◦ c (g) = g −1 c(g) pour tout g ∈ G, et que la classe de c
dans H1 (G, M ) ne dépend que de x ; on la note ∂(x ). Prouver que la suite
H0 (ι) H0 (π)
0 → H0 (G, M ) −−−→ H0 (G, M) −−−→ H0 (G, M ) −
∂
→
H1 (ι) H1 (π)
H1 (G, M ) −−−→ H1 (G, M) −−−→ H1 (G, M )
i p
est exacte (on dit qu’une suite d’applications G → F → E, où l’ensemble E est muni d’un
élément distingué e, est exacte en F si Im(i) = p−1 (e)).
c) On suppose de plus que M est contenu dans le centre de M. Construire une
application ∂ 1 : H1 (G, M ) → H2 (G, M ) telle que l’image réciproque de l’élément neutre
par ∂ 1 soit l’image de H1 (π). Définir par ailleurs une action du groupe H1 (G, M ) sur
l’ensemble H1 (G, M), telle que deux éléments soient conjugués pour cette action si et
seulement s’ils ont même image par H1 (π).
d) Soient K un corps commutatif, L une extension galoisienne finie de K, de groupe
de Galois G, n un entier. On fait opérer G sur le groupe GLn (L) en posant, pour σ ∈ G
et A = (aij ) ∈ GLn (L), σ A = (σ(aij )). Déduire de V, p. 62, prop. 9 que l’ensemble
H1 (G, GLn (L)) est réduit à un élément (« théorème d’Hilbert 90 »).
par AutL (V, w) le groupe des L-automorphismes de (V, w), sur lequel G agit par la règle
σ ϕ = (1 ⊗ σ) ◦ ϕ ◦ (1 ⊗ σ)−1 .
V V
a) Soient u un L-isomorphisme de (V, w) sur (V , w ) et σ un élément de G ; l’ap-
plication σ u = (1V ⊗ σ) ◦ u ◦ (1V ⊗ σ)−1 est un L-isomorphisme de (V, w) sur (V , w ),
de sorte que c(σ) = u−1 ◦ σ u est un élément de AutL (V, w). Prouver que l’application
c : G → AutL (V, w) appartient à Z1 (G, AutL (V, w)), et que sa classe θ(V , w ) dans
H1 (G, AutL (V, w)) ne dépend pas du choix de u.
b) Prouver que l’application (V , w ) → θ(V , w ) définit une bijection de l’ensemble
des classes de K-isomorphisme de couples (V , w ) L-isomorphes à (V, w) sur l’ensemble
H1 (G, AutL (V, w)) (étant donné un élément c de Z1 (G, AutL (V, w)), déduire de l’exerc. 5 d)
un L-automorphisme f de V(L) tel que c(σ) = f −1 ◦ σ f ; démontrer que l’image w de w
par l’automorphisme déduit de f est rationnelle sur K et considérer le couple (V, w )).
∗ c) Exemples : l’ensemble H1 (G, Sp (L)) est réduit à un élément ; si Q est une
2n
forme quadratique sur K, l’ensemble H1 (G, O(Q(L) )) s’identifie à l’ensemble des classes
d’équivalence de formes quadratiques sur K qui sont équivalentes à Q sur L.∗
d) Soit A une K-algèbre, M le groupe d’automorphismes de la L-algèbre A(L) , muni de
l’action de G définie plus haut. La construction de b) définit une bijection entre l’ensemble
des classes d’isomorphisme de couples (B, u), où B est une K-algèbre et u un isomorphisme
de B(L) sur A(L) , sur l’ensemble Z1 (G, M) ; la bijection réciproque associe à un élément c
de Z1 (G, M) la sous-K-algèbre de A(L) formée des éléments a satisfaisant à c(σ)(σ(a)) = a
pour tout σ ∈ G.
7) Soit L une extension de K. Pour tout entier n 1, on désigne par An (L/K) l’ensemble
des classes d’isomorphisme de K-algèbres centrales et simples, de degré n2 , déployées par L.
a) Démontrer que le noyau Br(L/K) de l’homomorphisme canonique Br(K) → Br(L)
est isomorphe à la limite inductive des ensembles An (L/K), pour un système d’applications
que l’on précisera.
b) On suppose désormais que L est une extension galoisienne finie de K, de groupe
de Galois G. Déduire de l’exerc. 6 une bijection θn : An (L/K) → H1 (G, PGLn (L)).
c) On note ∂n : H1 (G, PGLn (L)) → H2 (G, L∗ ) l’application déduite de la suite
exacte 1 → L∗ → GLn (L) → PGLn (L) → 1 (exerc. 5 c)), et δn : An (L/K) → H2 (G, L∗ )
l’application ∂n ◦ θn . Si A ∈ An (L/K), on a δn (A) = 0 si et seulement si A est une algèbre
de matrices sur K ; si A ∈ Ap (L/K) et B ∈ Aq (L/K), on a δpq (A ⊗K B) = δp (A) + δq (B).
En déduire par passage à la limite inductive un homomorphisme injectif de groupes δL/K :
Br(L/K) → H2 (G, L∗ ).
d) Prouver que ∂n est surjective pour n = Card(G) (soit c : G × G → L∗ un élément
de Z (G, L∗ ) ; pour tout σ ∈ G, considérer l’endomorphisme u(σ) de LG qui applique eτ
2
sur c(σ, τ ) eστ pour tout τ ∈ G, et calculer u(σ) σu(τ ) u(στ )−1 ).
e) Comparer δL/K et ΦL/K .
A VIII.324 AUTRES DESCRIPTIONS DU GROUPE DE BRAUER § 16
δL/K δF/L
Res2 / H2 (Γ, L∗ )
H2 (G, L∗ )
9) Soient G un groupe fini, M un Z[G]-module. On note NG l’homomorphisme m → g gm
de M dans M ; son image est contenue dans le sous-module MG de M formé des éléments
invariants. Soit TG (M) le groupe quotient MG /NG (M).
a) Soit c ∈ Z2 (G, M). Démontrer que l’élément h c(h, g) appartient à MG ; on note
θc (g) sa classe dans TG (M). Prouver que θc est un homomorphisme de G dans TG (M),
qui est nul lorsque c ∈ B2 (G, M). En déduire un homomorphisme θM : H2 (G, M) →
Hom(G, TG (M)).
b) Soit u : M → N un homomorphisme de Z[G]-modules, u : TG (M) → TG (N)
l’homomorphisme induit par u. Prouver qu’on a θN ◦ H2 (u) = Hom(1G , u ) ◦ θM .
c) On suppose désormais que G est cyclique ; on note σ un générateur de G, et n
son ordre. Soit χ ∈ Hom(G, Z/nZ) l’homomorphisme qui applique σ sur la classe de 1,
et soit λ ∈ H2 (G, Z) son image par l’homomorphisme de liaison associé à la suite exacte
0 → Z → Z → Z/nZ → 0 ; démontrer que λ est la classe de l’élément ε ∈ Z2 (G, Z) tel
que ε(σ p , σ q ), pour 0 p < n, 0 q < n, est égal à 0 si p + q < n et à 1 si p + q n.
Pour m ∈ MG , notons hm l’application Z[G]-linéaire de Z dans M telle que hm (1) = m.
Prouver que l’image par θM de H2 (hm )(λ) est égal à la classe de m, de sorte que θM est
surjectif.
d) Prouver que θM est un isomorphisme (soit c ∈ Z2 (G, M) ; démontrer qu’on peut
supposer c(g, 1) = c(1, g) = 1 pour tout g ∈ G et calculer les images par d1 des éléments
p−1 i
a et bm (m ∈ M) de C1 (G, M) définis par b(σ p ) = p−1 i p
i=0 c(σ , σ) et am (σ ) = i=0 σ m).
EXERCICES A VIII.325
10) a) Soit L une extension cyclique de K. Déduire des exercices 9 et 7 que les groupes
Br(L/K) et K∗ /NL/K (L∗ ) sont isomorphes.
b) Supposons que toute extension de degré fini L de K est cyclique et que l’application
norme NL/K : L∗ → K∗ est surjective. Démontrer que tout corps de centre K, de degré fini
sur K, est égal à K.
c) Appliquer la question précédente aux corps finis.
¶ 14) Soient A un anneau commutatif local noethérien, m son idéal maximal, κ le corps
A/m, S une algèbre d’Azumaya sur A.
a) Soit e un élément idempotent de S, dont l’image dans S/mS est un idempotent
indécomposable. Déduire du lemme de Nakayama (cf. VIII, p. 163, exerc. 16) que l’homo-
morphisme canonique S → EndA (Se) est bijectif.
b) On suppose que m est nilpotent ∗ (ou plus généralement que A est complet pour
la topologie m-adique)∗ . Prouver que l’homomorphisme rκ/A : Br(A) → Br(κ) est injectif.
∗ c) On suppose désormais A complet. Soit L une extension séparable de degré fini
de κ qui déploie la κ-algèbre S/mS. Soient x un élément primitif de L, f son polynôme
minimal, F un polynôme unitaire de A[X] dont l’image dans κ[X] est f et B = A[X]/(F).
Prouver que B est une A-algèbre locale, libre de type fini en tant que A-module, d’idéal
maximal mB et de corps résiduel isomorphe à L ; la B-algèbre S(B) est isomorphe à une
algèbre de matrices.
d) On suppose de plus que L est une extension galoisienne de κ, de groupe de Galois
G. Prouver que l’action de G sur L se relève en une action sur la A-algèbre B (soit G
le groupe des automorphismes de cette algèbre ; déduire du lemme de Hensel (AC, III,
p. 260, th. 1) que l’homomorphisme naturel G → G est bijectif). Déduire du lemme de
Nakayama que l’homomorphisme ψ : B ⊗A B → BG défini dans l’exerc. 13 est bijectif.
e) Prouver que l’homomorphisme Hq (π) : Hq (G, B∗ ) → Hq (G, L∗ ) est bijectif pour
tout q 1.
(Pour i 1, soit Ui le sous-groupe des éléments b de B∗ tels que b ≡ 1 (mod. mi B) ;
remarquer que le Z[G]-module Ui /Ui+1 est isomorphe à mi B/mi+1B, donc à une puissance
de L, et déduire de l’exerc. 5 d) que Hq (G, Ui /Ui+1 ) est nul pour q 1. Soit c ∈ Zq (G, U1 ) ;
construire par récurrence une suite (bn ), avec bn ∈ Zq−1 (G, Un ), telle que c − dq−1 ( ni=1 bi )
appartienne à Zq (G, Un+1 ) ; conclure que Hq (G, U1 ) est nul pour q 1.)
f ) Conclure que les homomorphismes canoniques Br(B/A) → Br(L/κ) et Br(A) →
Br(κ) sont bijectifs.∗
15) ∗ a) Soient A un anneau intègre régulier (AC, X, p. 55), K son corps des fractions.
L’homomorphisme rK/A : Br(A) → Br(K) est injectif (VIII, p. 267, exerc. 11).∗
EXERCICES A VIII.327
b) Prouver que l’anneau A = Q[X, Y]/(X2 + Y2 ) est intègre ; soit K son corps des
fractions. Soit H le corps de quaternions de type (−1, −1) sur Q (cf. III, p. 19). Prouver
que la classe dans Br(A) de la A-algèbre d’Azumaya H(A) n’est pas nulle, mais que H(K)
est isomorphe à M2 (K), de sorte que l’homomorphisme rK/A n’est pas injectif (observer
que K contient un élément de carré −1).
∗ 17) On suppose que le corps K est complet pour une valuation discrète v, supposée normée
(cf. exerc. 12 de VIII, p. 268) ; on note A l’anneau de v et κ son corps résiduel. L’homo-
morphisme rκ/A : Br(A) → Br(κ) est bijectif (exerc. 14) ; on note ι : Br(κ) → Br(K)
−1
l’homomorphisme rA/K ◦ rκ/A .
a) Soient L une extension non ramifiée de K, galoisienne de degré fini, de groupe de
Galois G. Soient B l’anneau de la valuation vL qui prolonge v, et κL son corps résiduel.
L’homomorphisme ι induit un homomorphisme ιL : Br(κL /κ) → Br(L/K). Construire une
suite exacte scindée
L ι
0 → Br(κL /κ) → Br(L/K) → H2 (G, Z) → 0 ,
u(x) ∧ w = x ∧ ∧
m−1
(3) (u)(w)
A VIII.330 NORMES ET TRACES RÉDUITES § 17
pour x ∈ M et w ∈ ∧
m−1
(M). De plus, on a les relations
(4) u ◦ u = u ◦ u = det(u)M ,
(5) det(u) = det(u)m−1 ,
m−1
(6) u = (−1)r cm−1−r (u)ur .
r=0
Lemme 1. — Soit p un entier tel que 0 p m. Pour tout w dans ∧ (M), soit
p
phisme.
Soit (ei )i∈I une base de M ; munissons l’ensemble I d’une relation d’ordre total.
Pour toute partie J de I, posons eJ = ei1 ∧ · · · ∧ eir , où (i1 , . . . , ir ) est la suite des
éléments de J rangés par ordre croissant. Le L-module ∧
m−p
(M) admet pour base
les éléments eS , où S parcourt l’ensemble des parties à m − p éléments de I ; de
plus ∧ (M) a pour base {eI }. Il existe donc une base de HomL (∧ (M), ∧ (M))
m m−p m
pour x1 , . . . , xm dans M et
(10) ◦ U = det(X − u)
U M[X] .
or, en identifiant les termes constants, les égalités (9) et (11) entraînent um−1 = u,
d’où la formule (6).
En particulier, u appartient à la sous-algèbre de End(M) engendrée par u, et il
commute donc à u. On a déjà établi la relation u ◦ u = det(u)M , d’où la formule (4).
Enfin, soient x1 , . . . , xm des éléments de M. Remplaçons x par x1 et w par
u(x2 ) ∧ · · · ∧ u(xm ) dans la formule (3). On obtient
u(x1 ) ∧ u (x2 ) ∧ · · · ∧ u(xm ) = x1 ∧ u ◦ (u(x2 )) ∧ · · · ∧ u ◦ (u(xm ))
= det(u)m−1 x1 ∧ x2 ∧ · · · ∧ xm ,
A VIII.332 NORMES ET TRACES RÉDUITES § 17
Rappelons qu’on désigne par A une algèbre centrale simple sur le corps com-
mutatif K, de degré réduit n.
Proposition 2. — Soient a un élément de A et Pc(a; X) son polynôme caracté-
ristique. Il existe un polynôme unitaire P dans K[X], et un seul, tel que l’on ait
Pc(a; X) = P(X)n .
No 2 NORMES ET TRACES RÉDUITES A VIII.333
On pose
(22) TrdA/K (a) = b1 (a), NrdA/K (a) = bn (a).
A VIII.334 NORMES ET TRACES RÉDUITES § 17
Définition 2. — On dit que TrdA/K (a) est la trace réduite de a et NrdA/K (a) sa
norme réduite (relativement à la K-algèbre A).
(27) PcrdA/K (u; X) = χu (X), NrdA/K (u) = det(u) et TrdA/K (u) = Tr(u)
(III, p. 110, formule (21)). L’égalité (28) résulte donc du lemme 2 de VIII, p. 333.
Les formules (29) et (30) se déduisent de (28), (21) et (22).
Rappelons (II, p. 34) que la structure de (A, A)-bimodule sur A∗ = HomK (A, K)
est définie par la relation
et ces deux éléments sont égaux d’après la formule (37) de VIII, p. 336. On a donc
atx b = taxb , ce qui signifie que t est un homomorphisme de (A, A)-bimodules de A
dans A∗ .
Choisissons une extension L du corps K et un isomorphisme θ de la L-algèbre
A(L) sur l’algèbre des matrices Mn (L) (VIII, p. 248, th. 1). Identifions l’espace vec-
toriel (A∗ )(L) au dual de l’espace vectoriel A(L) sur le corps L. D’après la prop. 4 de
VIII, p. 335, on a, avec ces conventions,
Soit t(L) l’application L-linéaire de A(L) dans A∗(L) déduite de t par extension des
scalaires ; d’après la formule (44) et le cor. 1 de VIII, p. 335, on a
pour x, y dans A(L) . D’après la prop. 7 de II, p. 158, l’application t(L) est bijective,
d’où il résulte que t est bijective. On a prouvé a).
Soit h dans A∗ ; d’après ce qui précède, il existe un élément a de A tel que h
soit égal à ta . D’après a), on a
et que l’on a
b0 (a) = 1, b1 (a) = TrdA/K (a), bn (a) = NrdA/K (a).
Proposition 6. — Pour tout entier r tel que 0 r n, l’application br de A
dans K est polynomiale homogène de degré r. En particulier, la norme réduite est
une application polynomiale homogène de degré n de A dans K.
Soit (ei )i∈I une base de A sur K et T = (Ti )i∈I une famille d’indéterminées.
Lemme 4. — Soit u l’élément i∈I Ti ⊗ ei de la K(T)-algèbre centrale et simple
A(K(T)) . Soit P le polynôme caractéristique réduit de cet élément u. Alors P ap-
partient à l’anneau K[T][X] ; considéré comme élément de l’anneau K[T, X], il est
homogène de degré n.
Choisissons une extension L de K et un isomorphisme θ de L-algèbres de A(L)
sur Mn (L). Notons θ : A(L(T)) → Mn (L(T)) l’isomorphisme de L(T)-algèbres déduit
de θ par extension des scalaires. D’après le cor. 1 de VIII, p. 335, on a
Comme les matrices θ(1 ⊗ ei ) appartiennent à Mn (L), cette formule montre que P
est un polynôme homogène de degré n dans L[T, X]. Il appartient aussi à K(T)[X]
No 4 LA NORME RÉDUITE EST UNE FONCTION POLYNOMIALE A VIII.339
et il s’écrit sous la forme P(X) = j0 cj Xj , où chaque cj appartient à K(T) ∩ L[T].
D’après le lemme 3, chacun des éléments cj appartient à K[T], d’où le lemme 4.
Lemme 5. — Pour toute extension K de K et tout élément (ti )i∈I de KI , on a
quel que soit l’élément (ti )i∈I de KI . Comme le polynôme P de K[T, X] est homogène
de degré n, il se développe sous la forme
n
(51) P(T, X) = (−1)r Br (T) Xn−r
r=0
où Br est un polynôme homogène de degré r dans K[T]. D’après les formules (46),
(50) et (51), on a
br ti ei = Br ((ti )i∈I )
i∈I
quel que soit l’élément (ti )i∈I de KI , d’où la proposition 6.
Remarque. — Soit K une K-algèbre commutative. Tout élément t de A(K ) s’écrit
sous la forme i∈I ti ⊗ ei , avec (ti ) ∈ KI . Il ressort de la démonstration du lemme 5
que le polynôme caractéristique PcA(K ) /K (t; X) est égal à P((ti ), X)n .
A VIII.340 NORMES ET TRACES RÉDUITES § 17
Comme le polynôme PcL/K (a; X) est unitaire, il est donc égal au polynôme carac-
téristique réduit PcrdA/K (a; X) (VIII, p. 333, lemme 2), d’où la formule (52). En
comparant dans les deux membres de (52) les coefficients de Xn−1 (resp. les termes
constants), on obtient la formule (53) (resp. (54)).
(55) PcrdD/K (a; X) = PcL/K (a; X), TrD/K (a) = TrL/K (a), NrdD/K (a) = NL/K (a).
En effet, un sous-corps commutatif maximal L de D est une sous-algèbre semi-
simple commutative maximale de D d’après le cor. 2 de VIII, p. 261.
P(X) = Xs + a1 Xs−1 + · · · + as
de VIII, p. 340, on a NrdE/K (u) = NL/K (u), d’où, compte tenu de la formule (18) de
III, p. 110,
n
n
NrdE/K (u) = NLi /K (ai ) = NrdD/K (ai )
i=1 i=1
EXERCICES
2) Soit B une algèbre de degré fini n sur le corps commutatif K. Pour tout élément b de B,
on note PmB/K (b; X) le polynôme minimal de b sur K (V, p. 15). On a PmB/K (b; X) =
PmBo /K (b; X).
a) Démontrer que PmB/K (b; X) divise PcB/K (b; X), lequel divise (PmB/K (b; X))n .
b) Pour toute extension L de K, on a PmB(L) /L (1 ⊗ b; X) = PmB/K (b; X).
c) Soit (ei )i∈I une base de B sur K, Y = (Yi )i∈I une famille d’indéterminées. On ap-
pelle polynôme principal de l’algèbre B relativement à la base (ei ), et on note P((ei ); X; Y),
ou simplement P(X; Y), le polynôme minimal sur K(Y) de l’élément i∈I Yi ei de B(K(Y)) .
∗ Démontrer qu’il appartient à K[X; Y] (cf. AC, VII, p. 230, lemme 1 et th. 2).
d) Soient (ei ) une autre base de B sur K et (λij ) la matrice à coefficients dans K
telle que ei = j λij ej pour i ∈ I ; si l’on pose Yi = j λji Yj , on a P((ei ); X; Y) =
P((ei ); X; Y ). Soit b = i βi ei un élément de B ; le polynôme P((ei ); X; β1 , . . . , βn ) est
indépendant du choix de la base (ei ) ; on dit que c’est le polynôme principal de x sur K. Il
divise PcB/K (b; X), et est multiple de PmB/K (b; X).∗
e) Soit B une autre K-algèbre de degré fini ; calculer le polynôme principal de l’algèbre
B × B relativement à une base convenable.
3) a) Soit A une algèbre centrale et simple de degré fini sur K. Démontrer que le polynôme
principal d’un élément a de A est PcrdA/K (a; X). Le polynôme principal de A (relativement
à une base de A sur K) est le polynôme P considéré dans le lemme 4 de VIII, p. 338 (se
ramener au cas où B = Mn (K)).
b) Soit B une algèbre absolument semi-simple sur K, S l’ensemble des classes de
B-modules simples. Prouver que le polynôme principal d’un élément b de B est égal au
produit des polynômes PcS/K (b; X) pour S parcourant S (se ramener au cas où K est
algébriquement clos).
produit de n/d polynômes de degré d (soit h le polynôme unitaire tel que Ah = ζ∈μn Agζ ,
avec gζ (X) = g(ζX) ; remarquer qu’on a nécessairement h(ζX) = h(X) pour tout ζ ∈ μn ,
et en déduire h = f . Appliquer ensuite loc. cit. b), en construisant, pour 1 i n/d, un
élément ζi de μn et un polynôme hi de degré id tel que Agζ1 ∩ · · · ∩ Agζi = Ahi ).
Si de plus l’idéal Af est bilatère, l’anneau A/Af est semi-simple, et ses composants
simples ont même longueur (observer que tout (A/Af )- module simple est isomorphe à
l’un des modules A/Agζ ).
c) On suppose désormais que les hypothèses de b) sont satisfaites, que l’idéal Af est
bilatère et que n est premier. Déduire de b) qu’on est dans l’une des situations suivantes :
(i) Il existe b ∈ D tel que a = bn et que σ soit l’automorphisme intérieur associé à b ;
l’anneau C = A/Af est isomorphe à l’anneau produit Dn ;
(ii) La condition de (i) n’est pas vérifiée, mais il existe c ∈ D tel que a =
σ n−1 (c) σ n−2 (c) . . . σ(c) c ; C est un anneau simple de longueur n ;
(iii) Il n’existe aucun élément c de D tel que a = σ n−1 (c) σ n−2 (c) . . . σ(c) c ; C est un
corps.
Dans le cas où D est commutatif, retrouver les résultats de l’exerc. 11 de VIII, p. 325.
Si de plus n = 2, C est une algèbre de quaternions sur le sous-corps K de D invariant
par σ.
d) Démontrer qu’il existe un automorphisme τ de C d’ordre n dont le sous-corps des
invariants est égal à D. Dans les cas (ii) et (iii) ci-dessus, D est un sous-corps galoisien
de C (exerc. 16 de VIII, p. 270).
e) On suppose que σ est l’automorphisme intérieur associé à un élément d de D.
Prouver qu’on a a = dn z, où z appartient au centre Z de C, et que l’anneau C est
isomorphe au produit tensoriel D ⊗Z Z[X]/(Xn − z).
f ) On suppose que σ n’est pas intérieur. Démontrer que le centre de C est le sous-corps
de Z formé des éléments invariants par σ.
(remarquer que f (X) est divisible à droite par tous les polynômes X − txt−1 ).
d) En déduire que TrdD/K (x) (resp. NrdD/K (x)) est somme (resp. produit) de m
éléments de la forme txt−1 (appliquer la prop. 8 de VIII, p. 340).
7) Soit D un corps de centre K, de rang fini sur K, muni d’une structure d’ordre total
compatible avec sa structure de groupe additif et telle que le produit de deux éléments
positifs soit positif. Prouver que D est égal à K (démontrer que K est de caractéristique
nulle ; si D = K, remarquer qu’il existe des éléments x dans D K tels que TrdD/K (x) = 0,
et appliquer l’exerc. 6 d)).
§ 18. ALGÈBRES SIMPLES SUR UN CORPS FINI
d’où le lemme 1.
Lemme 2. — Soit q le cardinal de K. Pour tout entier m 0, posons Sm =
x∈K x . On a Sm = −1 si m est un multiple non nul de q − 1 et Sm = 0 dans les
m
autres cas.
Rappelons que 00 = 1 (I, p. 13). Supposons m multiple de q − 1. Comme
le groupe commutatif K∗ est d’ordre q − 1, on a xm = 1 pour tout x ∈ K∗ , et
Sm = 0m + (q − 1) · 1, d’où l’assertion dans ce cas.
Supposons que m ne soit pas multiple de q − 1. Posons χ(x) = xm pour x ∈ K∗ .
Comme le groupe multiplicatif K∗ est cyclique d’ordre q − 1 (V, p. 89, prop. 1), il
existe un élément a de K∗ tel que χ(a) = 1. D’après le lemme 1 appliqué à G = K∗ ,
on a
Sm = 0 m + χ(x) = 0 ,
x∈K∗
d’où le lemme 2.
A VIII.348 ALGÈBRES SIMPLES SUR UN CORPS FINI § 18
xα = xαj = 0.
x∈Kn j=1 x∈K
On a donc
P(x) = cα xα = 0.
x∈Kn α∈Nn x∈Kn
Or, d’après la formule (1), on a x∈Kn P(x) = Card(Z) · 1, d’où Card(Z) · 1 = 0, ce
qui signifie que Card(Z) est divisible par p.
Nrd(a) = 0 pour tout a = 0 dans D (VIII, p. 334, prop. 3). Le corollaire ci-dessus
entraîne m m2 , d’où m = 1. On a donc D = K.
Corollaire 1. — Tout anneau simple fini est isomorphe à un anneau de matrices
Mn (L) où n est un entier strictement positif et L un corps commutatif fini.
Cela résulte du théorème 2 et du théorème de structure des anneaux simples
(VIII, p. 116, th. 1).
Corollaire 2. — Soit K un corps commutatif fini. Toute algèbre simple centrale
sur K est isomorphe à une algèbre de matrices Mn (K) où n est un entier strictement
positif.
Cela résulte du théorème 2 et du théorème de structure des algèbres centrales
simples (VIII, p. 248, th. 1).
– ∗ tout corps muni d’une valuation discrète, pour laquelle il est complet, et dont le
corps résiduel est algébriquement clos (VIII, p. 327, exerc. 17).∗
3) Supposons que le corps K satisfasse à la condition suivante :
– Si L est une extension de degré fini de K, elle est cyclique et l’application norme
N : L∗ → K∗ est surjective.
Cette condition est en particulier vérifiée si le corps K est fini (V, p. 91, prop. 4).
On peut alors démontrer que tout corps de centre K, de degré fini sur K, est égal
à K (exerc. 10 de VIII, p. 325).
EXERCICES A VIII.351
EXERCICES
1) Soit D un corps.
a) Soit E un sous-corps distinct de D, dont le groupe multiplicatif E∗ est d’indice fini
dans D∗ . Prouver que D est fini (si (an ) est une suite d’éléments distincts de E et x un
élément de D E, considérer les classes mod. E∗ des éléments x + an ).
b) Démontrer qu’un élément de D qui n’a qu’un nombre fini de conjugués appartient
au centre Z de D (appliquer a) au corps commutant de cet élément dans D).
c) En déduire qu’un polynôme de Z[X] qui a une racine dans D Z a une infinité de
racines dans D Z.
¶ 3) Soit K un corps commutatif. On dit qu’une K-algèbre A est algébrique si tous ses
éléments sont algébriques sur K. Toute algèbre de rang fini est algébrique ; toute sous-
algèbre et toute algèbre quotient d’une algèbre algébrique sont algébriques. Le radical
d’une K-algèbre algébrique est un nilidéal (VIII, p. 161, exerc. 5).
a) Prouver qu’une algèbre algébrique est un anneau pseudo-régulier (VIII, p. 174,
exerc. 4 ; remarquer que pour tout x ∈ A, il existe un élément y ∈ K[x] et un entier k tel
que xk = xk+1 y).
b) Soit A une K-algèbre algébrique sans élément nilpotent autre que 0 ; prouver que
A est isomorphe à une sous-algèbre d’un produit de corps. (Remarquer que toute algèbre
quotient de A possède les mêmes propriétés. Si A est primitive, prouver que c’est un corps
en raisonnant comme dans l’exerc. 2 a) ; dans le cas général, utiliser l’exerc. 12 de VIII,
p. 163.)
b) On suppose que A ne contient pas d’élément nilpotent non nul ; prouver que l’al-
gèbre A est commutative (utiliser a) et l’exerc. 3).
5) Soient K un corps fini, m un entier et A une K-algèbre sans radical dont tout élément est
de degré m. Prouver qu’il existe une extension finie L de K telle que A soit isomorphe
à une sous-algèbre d’un produit (Mr (L))I dont toutes les projections sont des algèbres
simples (cf. exerc. 2 a)). Réciproque.
6) Soit A un anneau tel que, pour tout a ∈ A, il existe un entier n(a) > 1 tel que
an(a) = a. Prouver que A est isomorphe au produit d’un nombre fini d’algèbres algébriques
commutatives réduites sur des corps finis (observer que A est annulé par un entier n, puis
que pour tout nombre premier p, le p-composant Ap du groupe additif A est un idéal
bilatère annulé par p ; appliquer l’exerc. 4 b)). Réciproque.
7) a) Si le corps K possède la propriété (C1 ) (VIII, p. 349), démontrer qu’il en est de même
de toute extension algébrique de K (se ramener au cas d’une extension L de K de degré
fini r ; si F est une fonction polynomiale homogène de degré d sur un L-espace vectoriel V,
démontrer que la fonction NL/K ◦ F est polynomiale homogène de degré rd sur le K-espace
vectoriel V).
∗ b) On suppose désormais K algébriquement clos. Soient F , . . . , F des polynômes
1 n
homogènes de degré > 0 en m indéterminées. Si n < m, démontrer qu’il existe a = 0 dans
Kn tel que F1 (a) = · · · = Fn(a) = 0 (utiliser AC, VIII, p. 19, cor. 1 du th. 3 et p. 24,
prop. 2).
c) Déduire de b) que le corps K(X) possède la propriété (C1 ).
(Soit F un polynôme homogène de degré d en n variables, dont les coefficients
sont des polynômes en X et soit ν le maximum des degrés de ces coefficients. Soient
N un entier et G1 , . . . , Gn des polynômes en X de degré N ; démontrer que l’égalité
F(G1 [X], . . . , Gn [X]) = 0 équivaut à l’annulation de Nd + ν + 1 polynômes homogènes de
degré > 0 en les n(N + 1) coefficients des Gi .)
d) Déduire de a) et c) qu’une extension de degré de transcendance 1 d’un corps
algébriquement clos possède la propriété (C1 ) (« théorème de Tsen »).∗
§ 19. ALGÈBRES DE QUATERNIONS
(1) i2 = α + βi , j2 = γ , ij = k , ji = βj − k.
C’est une algèbre cayleyenne (III, p. 15, déf. 1) dont la conjugaison satisfait à
Proposition
1. — Le polynôme caractéristique d’un élément q de F est égal à
2
X2 − TF (q)X + NF (q) .
D’après ce qui précède, l’algèbre F est un E-module à droite libre de base (1, j).
Par conséquent, F[X] est un E[X]-module à droite libre de base (1, j). Notons u
l’endomorphisme du E[X]-module à droite F[X] défini par u(P) = (X − q)P pour
A VIII.354 ALGÈBRES DE QUATERNIONS § 19
un élément inversible j de A tel que l’on ait s(x) = jxj −1 pour tout x dans E.
Comme E est séparable sur K, on a s = IdE , d’où j ∈ / E ; comme A est un espace
vectoriel de dimension 4 sur K, c’est un espace vectoriel à gauche de dimension 2
sur E, d’où A = E ⊕ Ej . Comme s2 = IdE , l’élément j 2 de A appartient au centre
de A ; il existe donc un élément γ de K∗ tel que j 2 = γ.
Lorsque p = 2, il existe un élément i de E et un élément α ∈ K∗ tels que
E = K(i) et i2 = α (V, p. 86, exemple 3) ; dans ce cas, A est isomorphe à l’algèbre
de quaternions de type (α, 0, γ). Lorsque p = 2, il existe un élément i de E et un
élément α de K tels que E = K(i) et i2 = i + α (V, p. 89, exemple 2), de sorte que
A est isomorphe à l’algèbre de quaternions de type (α, 1, γ).
Corollaire 1. — Soit A une K-algèbre centrale et simple, de degré fini > 1, dont
tout élément est algébrique de degré 2 sur K. Alors A est isomorphe à une algèbre
de quaternions sur K.
Si K est fini, l’algèbre A est isomorphe à une algèbre de matrices Mn (K) (VIII,
p. 349, cor. 2), donc contient des éléments de degré n sur K ; l’hypothèse entraîne
n = 2, d’où le résultat dans ce cas (VIII, p. 354, exemple). Supposons le corps
K infini. Soit L une sous-algèbre étale maximale de A. D’après V, p. 40, prop. 7, il
existe un élément x de A tel que la K-algèbre L soit égale à K[x], donc par hypothèse
de degré 2. Comme on a [A : K] = [L : K]2 (VIII, p. 260, prop. 4 et p. 258, prop. 3)
on en déduit [A : K] = 4 ; le corollaire 1 résulte alors de la prop. 4.
Corollaire 2. — Soit (E, s) une algèbre cayleyenne sur K, telle que la K-algèbre
E soit centrale, simple et de degré fini > 1 sur K. Alors E est isomorphe à une
algèbre de quaternions sur K.
Tout élément u de E satisfait à u2 − TE (u) u + NE (u) = 0, donc la K-algèbre E
est isomorphe à une algèbre de quaternions (cor. 1).
Théorème 1. — Soit D une R-algèbre de degré fini qui est un corps. Alors D est
isomorphe à R, C ou H.
Notons Z le centre de D et soit L un sous-corps commutatif maximal de D. On
a [D : Z] = [L : Z]2 d’après VIII, p. 261, cor. 2 ; de plus, on a [L : R] 2 puisque C
est une clôture algébrique de R. Il y a donc trois cas possibles :
a) On a R = Z = L, d’où [D : Z] = 1 et D = R.
b) On a R = Z et Z = L, d’où [D : Z] = 1 et D = L ; dans ce cas, D est
isomorphe à C.
c) On a R = Z et [L : R] = 2, d’où [D : R] = 4. D’après la prop. 4 de VIII,
p. 356, la R-algèbre D est isomorphe à une algèbre de quaternions de type (α, 0, γ)
où α et γ sont des éléments non nuls de R. Soit i ∈ D Z tel que i2 = α. On
a α = 0. Si α > 0, il existe a ∈ R tel que a2 = α (VI, p. 25, th. 3) ; on a alors
(a − i)(a + i) = 0, ce qui est absurde puisque D est un corps. On a donc α < 0. On
démontre de même l’inégalité γ < 0. Il existe alors des éléments a et c de R∗ tels
que α = −a2 et γ = −c2 (loc. cit.). L’algèbre D est donc isomorphe à l’algèbre de
quaternions de type (−1, 0, −1) (VIII, p. 354, remarque 2), c’est-à-dire à H.
Remarques. — 1) Soit O l’algèbre d’octonions de type (−1, 0, −1, −1) sur R (III,
p. 176). Soit D une algèbre cayleyenne alternative sur R telle que tout élément
A VIII.360 ALGÈBRES DE QUATERNIONS § 19
non nul de D ait un inverse. On peut démontrer (VIII, p. 362, exerc. 5) que D est
isomorphe à R, C, H ou O.
∗ 2) Ce qui précède s’applique au corps R des nombres réels. Toute R-algèbre de
degré fini qui est un corps est isomorphe à R, C ou H.
3) Soit A une algèbre normée sur le corps R. Supposons que A soit un corps.
Alors A est isomorphe à R, C ou H (« théorème de Gelfand-Mazur ») (cf. AC,
p. 123, th. 1 et TS, I, §2, no 5, cor. 2).∗
EXERCICES A VIII.361
EXERCICES
1) a) Soit D un corps non commutatif de centre K, dont tout élément est de degré 2
sur K. Prouver que D est un corps de quaternions sur K (utiliser l’exerc. 6, b) de VIII,
p. 266).
b) Prouver qu’une K-algèbre cayleyenne qui est un corps non commutatif de centre K
est un corps de quaternions sur K.
8) Soient K0 un corps de caractéristique différente de 2, (Xn )n1 et (Yn )n1 deux suites
infinies d’indéterminées, K le corps des fractions rationnelles K0 ((Xn ), (Yn )). Pour tout
n 1, on désigne par Fn le corps de quaternions sur K de type (Xn , 0, Yn ).
a) Démontrer que le produit tensoriel F = n Fn (III, p. 42) est un corps de centre K,
tel que tout sous-corps engendré par une partie finie soit de rang fini sur K (utiliser l’exerc.
7 a)).
b) Si u est un automorphisme intérieur de F, démontrer qu’il existe une partie finie J
de N telle que la restriction de u à Fn , pour n ∈
/ J, soit l’identité ; en déduire qu’il existe
un ensemble non dénombrable d’automorphismes non intérieurs de F.
§ 20. REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES ALGÈBRES
On dit aussi que le couple (M, π) est une représentation linéaire de l’algèbre
A. Lorsque M est un K-module libre, la dimension de M est appelée le degré (ou la
dimension) de π.
Soit π une représentation linéaire de A dans M. La loi additive sur M et la loi
d’action (a, x) → π(a)(x) définissent sur M une structure de A-module à gauche,
que l’on note Mπ . On dit que Mπ est le module de la représentation π. La structure
de K-module sur M est obtenue par restriction des scalaires à partir de la structure
de A-module sur Mπ .
Réciproquement, soit E un A-module à gauche. Soit M le K-module déduit de E
par restriction des scalaires de A à K et soit π l’homomorphisme a → aE de A dans
EndK (M). Alors π est une représentation de A dans M et l’on a E = Mπ . On dit que
π est la représentation linéaire associée au A-module E.
Il revient au même d’étudier les A-modules ou les représentations linéaires de A.
Nous allons traduire en langage de représentations linéaires certaines définitions
relatives aux modules.
A VIII.366 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES ALGÈBRES § 20
Tr(θE (x ⊗ x∗ )) = x∗ , x
pour x ∈ E et x∗ ∈ E∗ ; on a donc
On en déduit la relation
de En dans ΘE (A) est surjective. D’après a), tout élément de ΘE (A) est un coefficient
de En . Par ailleurs, l’application A-linéaire
x → cE (x, e∗1), . . . , cE (x, e∗n )
de E dans ΘE (A)n est injective, d’où b).
Remarque 3. — Soit E un sous-A-module à gauche de A∗ . Soit ε la forme linéaire
y → y(1) sur E. Pour tout x dans E, on a x = cE (x, ε), donc E est un sous-A-module
de ΘE (A).
No 5 DUAL D’UNE ALGÈBRE SEMI-SIMPLE A VIII.371
Soit Θss (A) le socle du A-module à gauche Θ(A), c’est-à-dire (VIII, p. 61) le
plus grand sous-module semi-simple de Θ(A). On note SK l’ensemble des classes
des A-modules (à gauche) simples qui sont de dimension finie sur K. Lorsque A est
une algèbre semi-simple de degré fini sur K, on a A∗ = Θ(A) = Θss (A) puisque tout
A-module à gauche est semi-simple (VIII, p. 134, prop. 4).
n
(7) TrE = cE (ei , e∗i ).
i=1
n
(8) Trπ (a) = πii(a).
i=1
Corollaire. — Si le corps K est parfait, les conditions (i) à (iii) sont satisfaites.
Le corps étant parfait, l’extension Z de K est séparable (V, p. 119, th. 3). La
condition (iii) résulte alors du cor. 3 de VIII, p. 318.
Soit
0 −→ E −→ E −→ E −→ 0
une suite exacte de A-modules, tous de dimension finie sur K. D’après la prop. 1 de
III, p. 109, on a TrE = TrE + TrE . D’après la définition du groupe de Grothendieck
RK (A) (VIII, p. 189) et sa propriété universelle (VIII, p. 182, prop. 4), il existe un
homomorphisme de groupes additifs θ de RK (A) dans A∗ caractérisé par la relation
θ([E]) = TrE pour tout A-module E de dimension finie sur K. En particulier la
A VIII.376 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES ALGÈBRES § 20
(loc. cit., formule (49)). Comme ce polynôme a un terme constant égal à 1, c’est une
série formelle inversible (IV, p. 28). De plus, si
0 −→ E −→ E −→ E −→ 0
est une suite exacte de A-modules, tous de dimension finie sur K, on a χE (a; T) =
χE (a; T)χE (a, T) (III, p. 101, formule (31)). D’après la définition du groupe de
Grothendieck RK (A) (VIII, p. 189) et sa propriété universelle (VIII, p. 182, prop. 4),
il existe un unique homomorphisme χa du groupe RK (A) dans le groupe multiplicatif
1 + TK[[T]] tel que χa ([E]) = χE (a; T) pour tout A-module E de dimension finie sur
K. Il résulte de la formule (10) la relation
(11) χa (x) ≡ 1 + θ(x)(a)T (mod. T2 K[[T]]),
tout élément x ∈ RK (A) et tout élément a ∈ A.
Si E et E sont deux A-modules, de dimension finie sur K, ayant des semi-
simplifiés isomorphes, on a χE (a; T) = χE (a; T).
Théorème 2. — Soit A une partie génératrice du K-espace vectoriel A. L’homo-
morphisme χA : RK (A) → (1 + TK[[T]])A défini par χA (x) = (χa (x))a∈A est
injectif.
Soit x un élément de RK (A) tel que χA (x) = 1. D’après (11), on a θ(x)(a) = 0
pour tout a ∈ A , d’où θ(x) = 0 puisque θ(x) est une forme K-linéaire sur A et que A
engendre le K-espace vectoriel A. Si la caractéristique de K est nulle, cela entraîne
x = 0 (VIII, p. 376, cor. de la prop. 6), d’où le résultat dans ce cas. Supposons
désormais que la caractéristique p de K soit non nulle.
Traitons d’abord le cas où K est algébriquement clos. D’après ce qui précède
et loc. cit., on a alors x ∈ p RK (A). Soit y ∈ RK (A) tel que x = py. Pour tout
élément a de A , on a χa (y)p = χa (py) = χa (x) = 1. On a donc (χa (y) − 1)p = 0,
d’où χa (y) = 1 puisque l’anneau K[[T]] est intègre. Ainsi, y appartient au noyau de
l’endomorphisme χA . Il en résulte par récurrence que x appartient à pn RK (A) pour
tout entier n 1. Comme RK (A) est un Z-module libre, cela entraîne x = 0, d’où
l’injectivité de χA dans ce cas.
Si K n’est plus supposé algébriquement clos, on choisit une clôture algébrique
K de K et on considère le diagramme de groupes et d’homomorphismes de groupes
χA
RK (A) / (1 + TK[[T]])A
(12) u i
χA
RK (A(K) ) / (1 + TK[[T]])A
A VIII.378 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES ALGÈBRES § 20
−1 −1
χE (a; T) = det 1 + aE T = (−T)n det − aE = (−T)n PcE a;
T T
et χF (a; T) est donné par une formule analogue. Vu les hypothèses faites, on a
χE (a; T) = χF (a; T). D’après le th. 2, on a [E] = [F] et cela implique que E et F
sont isomorphes (VIII, p. 186, cor. de la prop. 7).
Corollaire 2. — Soit A une algèbre centrale, simple et de degré fini sur K. Soit
B une K-algèbre semi-simple, soient f, g des homomorphismes d’algèbres de B dans
A et soit B une partie génératrice du K-espace vectoriel B. Les conditions suivantes
sont équivalentes :
(i) Il existe un automorphisme intérieur θ de A tel que g = θ ◦ f ;
(ii) Pour tout b ∈ B, on a PcA/K (f (b); X) = PcA/K (g(b); X).
Lorsque K est de caractéristique nulle, ces conditions équivalent à la suivante :
(iii) Pour tout b ∈ B, on a TrA/K (f (b)) = TrA/K (g(b)).
Notons M et N les B-modules à gauche obtenus en munissant le groupe additif
de A des lois d’actions (b, a) → f (b)a et (b, a) → g(b)a respectivement. D’après la
prop. 1 de VIII, p. 253, la propriété (i) équivaut au fait que les B-modules M et N
sont isomorphes. Par construction, l’homothétie bM associée à un élément b de B est
la multiplication à gauche par f (b) dans A ; par suite, on a les relations
PcM (b; X) = PcA/K (f (b); X)
TrM (b) = TrA/K (f (b))
et deux relations analogues où l’on remplace M par N et f par g. On sait (VIII,
p. 378, cor. 1) que les B-modules M et N sont isomorphes si et seulement si l’on a
PcM (b; X) = PcN (b; X) pour tout b ∈ B ; lorsque le corps K est de caractéristique 0,
No 7 COEFFICIENTS D’UN ENSEMBLE DE CLASSES DE MODULES A VIII.379
cette relation équivaut encore à TrM (b) = TrN(b) pour tout b ∈ B (VIII, p. 376, cor.
de la prop. 6). L’équivalence des propriétés (i) et (ii), et aussi (i) et (iii) lorsque K
est de caractéristique 0, résulte de là.
Pour tout a dans A, on note η(a) la forme linéaire f → f (a) sur Θ(A) ; on définit
ainsi une application K-linéaire η de A dans le dual Θ(A)∗ de l’espace vectoriel Θ(A).
On pose ε = η(1).
pour (ai ) dans An et (fi ) dans Θ(A)n . D’après la prop. 16, (ii) de II, p. 110, l’appli-
cation jn est injective. Notons mK : K ⊗ K → K et mA : A ⊗ A → A les applications
déduites de la multiplication de K et A respectivement. Pour f, g ∈ Θ(A) et a, b ∈ A,
on a
j2 (f ⊗ g), a ⊗ b = mK ◦ (η(a) ⊗ η(b))(f ⊗ g).
On a donc
Lemme 2. — Soit c : Θ(A) → Θ(A) ⊗ Θ(A) une application K-linéaire. Pour que η
soit un homomorphisme de A dans l’algèbre duale de la cogèbre (Θ(A), c), il faut et
il suffit que le diagramme
c
Θ(A) / Θ(A) ⊗ Θ(A)
(15) j1 j2
tm
A
A ∗ / (A ⊗ A)∗
soit commutatif.
En effet, pour que η soit un homomorphisme de A dans l’algèbre duale de la
cogèbre (Θ(A), c), il faut et il suffit que l’on ait η(ab) = mK ◦ (η(a) ⊗ η(b)) ◦ c pour
tous a, b ∈ A, c’est-à-dire
pour a, b ∈ A et f ∈ Θ(A). Or on a
Comme j2 est injective, il existe au plus une application linéaire c rendant com-
mutatif le diagramme précédent. Pour en prouver l’existence, il s’agit de démontrer
que l’image de t m ◦ j1 est contenue dans celle de j2 ; autrement dit, il s’agit de prou-
ver qu’il existe, pour tout élément f de Θ(A), un entier naturel n et des éléments
f1 , . . . , fn , f1 , . . . , fn de Θ(A) satisfaisant aux relations
n
(16) f (ab) = fi (a)fi (b)
i=1
d’où (16).
Prouvons la coassociativité de c. Pour cela, considérons les applications
K-linéaires
c = c ⊗ 1Θ(A) ◦ c et c = 1Θ(A) ⊗ c ◦ c
de Θ(A) dans Θ(A)⊗3 . On a les relations
(VIII, p. 367, formules (3) et (4)). Par suite, une sous-cogèbre de Θ(A) en est un
sous-(A, A)-bimodule.
(i) =⇒ (iii) : Supposons que Θ soit un sous-(A, A)-bimodule de Θ(A) ; soit C
l’ensemble des classes des A-modules E de dimension finie sur K tels que ΘE (A) soit
contenu dans Θ. L’ensemble C est héréditaire (VIII, p. 369, remarque 2) et l’on a
ΘC (A) ⊂ Θ par construction. Soient f ∈ Θ et E = Af . Alors E est de dimension
finie sur K. Par suite, toute forme linéaire sur E est de la forme ua : g → g(a) avec
a dans A (II, p. 105, cor. 2). Or, pour a, b, x ∈ A, on a
cE (af, ub )(x) = ub , xaf = f (bxa) = af b(x),
d’où cE (af, ub ) = af b. On a donc ΘE (A) ⊂ Θ. Par suite, le A-module E est de type
C et f est l’un de ses coefficients. On a donc Θ ⊂ ΘC (A) et finalement Θ = ΘC (A).
Remarque 2. — Soit Θ une sous-cogèbre de Θ(A). Munissons K de la topologie
discrète et l’algèbre A de la topologie la moins fine rendant continues les applications
A VIII.384 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES ALGÈBRES § 20
EXERCICES
1) Soit K un corps commutatif. Soit A la K-algèbre admettant une base formée de l’élément
unité et de deux éléments e, f tels que e2 = e, ef = f , f e = f 2 = 0.
a) Démontrer que la représentation régulière et la représentation corégulière de A ne
sont pas isomorphes (on pourra calculer TrA/K (e) et TrAo /K (e)).
b) Démontrer que la représentation régulière contient une sous-représentation qui
n’est isomorphe ni à une sous-représentation, ni à une représentation quotient de la re-
présentation corégulière. De plus il existe une représentation simple de A qui n’est pas
isomorphe à une sous-représentation de la représentation régulière.
6) Soit K un corps commutatif. On dit qu’une K-algèbre A est symétrique si elle admet
une forme linéaire inversible traciale (VIII, p. 111, exerc. 3).
a) Prouver qu’une algèbre symétrique est de degré fini et frobeniusienne.
b) Démontrer que l’algèbre d’un groupe fini sur K est symétrique.
c) Une algèbre semi-simple de degré fini sur K est symétrique.
§ 21. REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS
1. Représentations linéaires
par suite, lorsque G est fini, le centre Z(K[G]) de l’algèbre K[G] se compose des
fonctions centrales.
Soit (M, π) une représentation linéaire de G. Supposons que M soit un K-module
libre de dimension finie. On appelle trace de π la trace de la représentation de K[G]
associée à π, c’est-à-dire (VIII, p. 374) la forme linéaire a → Tr(π(a)) sur K[G].
Cette forme linéaire est déterminée par l’application g → Tr(π(g)) de G dans K,
qu’on appelle caractère de la représentation π et qu’on note χπ . Le caractère d’une
représentation est une fonction centrale (II, p. 78, prop. 3).
Soient M et M des K-modules libres de dimension finie. Soient π et π des
représentations linéaires de G dans M et M respectivement. Alors M ⊕ M est un
K-module libre de dimension finie et, par la prop. 1 de III, p. 109, on a
χπ⊕π = χπ + χπ .
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
(1)
Les éléments de HomG (π, π ) sont parfois appelés opérateurs d’entrelacement de π et π .
No 1 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES A VIII.389
2. Le théorème de Maschke
pour tout x ∈ M. Comme N est stable pour l’action de G et que p induit l’identité
sur N, on voit que q applique M dans N et induit l’identité sur N.
Le K-module M est donc somme directe de l’image N de q et du noyau de q. On
a g q(x) = q(gx) pour tout x ∈ M et tout g ∈ G, de sorte que le noyau de q est un
sous-K[G]-module de M. Cela prouve que N est facteur direct du K[G]-module M.
Corollaire 2. — On suppose que le groupe G est fini et que |G| est inversible
dans K. Une suite exacte de K[G]-modules est scindée si et seulement si elle est
scindée en tant que suite exacte de K-modules.
Étant donnée une suite exacte de K[G]-modules
f
0 / M / M / M / 0,
Corollaire 3. — On suppose que le groupe G est fini et que |G| est inversible
dans K. Un K[G]-module est projectif si et seulement s’il est projectif en tant que
K-module.
A VIII.392 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
Corollaire 5. — Supposons que le groupe G est fini et que K est un corps com-
mutatif dans lequel |G| = 0. Soient π et π des représentations linéaires de dimension
finie de G. Pour que π et π soient isomorphes, il faut et il suffit que, pour tout g
dans G, les endomorphismes π(g) et π (g) aient mêmes polynômes caractéristiques.
Cela résulte du cor. 1 de VIII, p. 378.
fournit un isomorphisme dit canonique de K-modules de HomH (σ, ResG H (π)) sur
HomG (IndG H (σ), π) (« réciprocité de Frobenius »).
Considérons K[G] comme un (K[H], K[G])-bimodule. Le K[G]-module H (M) =
HomK[H] (K[G], M) définit une représentation de G, notée CoïndG H (σ) et qu’on ap-
pelle la représentation de G coïnduite par σ. Si (V, π) est une représentation linéaire
de G, le K[H]-module T (V) = K[G] ⊗K[G] V s’identifie au K[H]-module correspon-
dant à la représentation ResG H (π). Par conséquent, le morphisme d’adjonction (loc.
cit.) fournit un isomorphisme dit canonique de K-modules de HomH (ResG H (π), σ) sur
G
HomG (π, CoïndH (σ)).
Soit ε : K[G] → K[H] l’homomorphisme de K-modules caractérisé par les rela-
tions ε(h) = h si h ∈ H et ε(g) = 0 si g ∈ G H. L’application ε est un homo-
morphisme de (K[H], K[H])-bimodules. Soit (M, σ) une représentation linéaire de H.
L’application v → v ◦ ε de HomK[H] (K[H], M) dans HomK[H] (K[G], M) est un homo-
morphisme de K[H]-modules. En identifiant M avec HomK[H] (K[H], M), on obtient
un homomorphisme de K[H]-modules de M dans ResG G
H (CoïndH (σ)). La réciprocité
de Frobenius lui associe un homomorphisme ι de K[G]-modules de IndG H (σ) dans
CoïndG H (σ) qui est caractérisé par les relations
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
est une suite exacte de K[G]-modules de dimension finie sur K alors les représenta-
tions contragrédientes fournissent une suite exacte de K[G]-modules
∨ ∨
0 −→ M −→ M∨ −→ M −→ 0
(II, p. 102, cor. du th. 5). En raison de la propriété universelle des groupes de
Grothendieck (VIII, p. 182, prop. 4), il existe un automorphisme c → c∨ de l’anneau
RK (G) caractérisé par [π]∨ = [π ∨ ] pour toute représentation linéaire π de G de
dimension finie ; on a (c∨ )∨ = c pour tout élément c de RK (G).
Soit H un sous-groupe de G. La restriction préserve les suites exactes. D’après
la propriété universelle des groupes de Grothendieck (VIII, p. 182, prop. 4), il existe
donc un homomorphisme de groupes, noté ResG H , de RK (G) dans RK (H) caractérisé
par les relations
(6) ResG G
H [π] = [ResH (π)]
(7) IndG G
H [σ] = [IndH (σ)]
κ
RK (G ) ⊗Z RK (G ) / RK (G)
ΘG ⊗ΘG ΘG
ψ
ZK (G ) ⊗K ZK (G ) / ZK (G).
On suppose pour le reste de ce paragraphe que le groupe G est fini, que K est
un corps algébriquement clos, dont la caractéristique ne divise pas l’ordre de G, de
sorte que l’élément |G| de K n’est pas nul.
L’algèbre K[G] est semi-simple (théorème de Maschke) et de dimension finie.
Notons G l’ensemble des classes de K[G]-modules simples. Pour tout λ ∈ G, choisis-
sons une représentation linéaire (Vλ , πλ ) de G dont le K[G]-module associé ait pour
classe λ. L’ensemble G est fini et les espaces vectoriels V sont de dimension finie
λ
(VIII, p. 137, exemple). Pour tout λ ∈ G, notons d le degré de la représentation
λ
πλ , c’est-à-dire la dimension du K-espace vectoriel Vλ , et χλ son caractère.
l’algèbre produit
Notons F(G) λ∈G EndK (Vλ ) et F l’application de K[G] dans
F(G) définie par F (a) = (πλ(a))λ∈G . Comme le corps K est algébriquement clos,
l’application F est un isomorphisme d’algèbres (loc. cit.).
No 5 FORMULE D’INVERSION DE FOURIER A VIII.397
Notons τ la trace dans l’algèbre K[G] ; par définition, la trace τ (a) d’un élé-
ment a de K[G] est la trace de l’endomorphisme x → ax de K[G] (III, p. 110). Soit
a = g∈G ag g un élément de K[G] ; d’après la formule (2), on a τ (ag −1 ) = |G| ag
pour tout g ∈ G, d’où la relation
(9) a = |G|−1 τ (ag −1 ) g.
g∈G
Soit A = (A )
Notons τ la trace dans l’algèbre F(G).
un élément de F(G) ; on a
λ λ∈G
(cf. III, p. 111, exemple 3)
(10) τ(A) = dλ Tr(Aλ ).
λ∈G
notons j : End (V ) −→
Pour μ ∈ G, μ K μ λ∈G EndK (Vλ ) l’application telle que
μ et vμ = u. Par la formule (14),
jμ (u) = (vλ ) où vλ = 0 si λ =
−1
(15) F (jμ (u)) = |G|−1 dμ Tr(uπμ (g −1 ))g.
g∈G
=
Le centre de l’algèbre F(G) λ∈G EndK (Vλ ) se compose des familles
(aλ 1Vλ )λ∈G , où (aλ ) est une famille d’éléments de K. C’est l’image par F du
centre de l’algèbre K[G]. Celui-ci possède donc une base (eλ)λ∈G caractérisée par la
condition
(16) πλ(eμ ) = δλμ 1Vλ ,
pour λ, μ ∈
G,où δλμ désigne le symbole de Kronecker. D’après la formule (15), on
a, pour tout μ ∈ G,
(17) eμ = |G|−1 dμ χμ (g −1 ) g.
g∈G
u
Conservons les notations du numéro précédent. Soient λ un élément de G,
et v des éléments de EndK (Vλ ) ; d’après la formule (10), on a
Conservons les notations des numéros 5 et 6. Rappelons que Z(K[G]) est formé
des fonctions centrales.
On définit une application bilinéaire symétrique de K[G] × K[G] dans K par la
formule
(28) f, f G = |G|−1 fg fg −1 .
g∈G
pour tous f = fg g et f = f gg appartenant à K[G]. On a f, f G = |G|−2 τ (f f ).
on a χλ , χμ G = δλμ .
C’est le cas particulier des relations (20) et (23), où les endomorphismes u et v
sont pris égaux à l’identité.
Par linéarité, la démonstration de la formule (29) est ramenée au cas des représen-
tations simples.
Proposition 5. — La famille (χλ )λ∈G est une base de l’espace vectoriel des fonc-
tions centrales. Le nombre de classes de représentations linéaires simples de G est
égal au nombre de classes de conjugaison de G.
Pour a = g∈G ag g ∈ K[G], notons a∨ = g∈G ag−1 g ; l’application a → a∨
est un antiautomorphisme involutif de l’algèbre K[G]. D’après la formule (17), on a
La proposition résulte alors de ce que la famille
eλ = |G|−1 dλ χ∨λ pour tout λ ∈ G.
(eλ )λ∈G
est une base du centre de K[G].
pour λ et μ dans G.
(prop. 5) ; la relation (31) exprime que la matrice produit AB est la matrice unité
A VIII.402 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
G.
de type G× D’après la prop. 11 de II, p. 159, la matrice produit BA est la matrice
Soit λ un élément de ;
G pour tout endomorphisme u de Vλ , posons
(35) u = |G|−1
πλ (h) u πλ (h−1 ).
h∈G
No 8 FONCTIONS CENTRALES SUR UN GROUPE FINI A VIII.403
pour tout g ∈ G, ce qui entraîne que f est une fonction centrale. D’après la pro-
position 5, il existe une famille (aλ ) d’éléments de K telle que f = λ∈G
aλ χλ .
Remplaçons f par cette expression dans la formule (34) ; tenant compte de ce que
chacun des caractères χλ satisfait aussi à cette relation, on trouve
(37) aλ aμ χλ (g) χμ (g ) = aλ d−1
λ f (1) χλ (g) χλ (g )
λ,μ∈G
λ∈G
suivante :
(39) f= χ, f G χ.
χ∈G
sous-espace de V formé des vecteurs v tels que π(g)(v) = χ(g)v pour tout g ∈ G ;
l’espace Vχ est le composant isotypique de type χ du K[G]-module V. L’espace V
est somme directe de la famille (Vχ )χ∈G χ
et le projecteur pχ de V d’image V associé
à cette décomposition est donné par
(41) pχ = |G|−1 χ(g −1 ) π(g) ,
g∈G
dans K ainsi définie est un homomorphisme d’algèbres. Prenons a = g∈G χ(g −1 )g ;
d’après la remarque de VIII, p. 398, on a ϕ(a) = (dim V)−1 |G|. D’autre part a
appartient au sous-anneau On [G] ∩ Z(K[G]) de K[G], qui est un Z-module de type
fini (VII, p. 15, cor.). Ainsi l’élément ϕ(a) = (dim V)−1 |G| de K appartient à un
sous-anneau de K qui est un Z-module de type fini. On conclut à l’aide du lemme
suivant :
SK (G) sont tous deux finis, de cardinal le nombre de clases de conjugaison (VIII,
p. 401, prop. 5).
Proposition 10. — Il existe une unique application ϕG de SK (G) dans SK (G)
telle que λ et ϕG (λ) soient apparentées par ϕ pour tout λ dans SK (G). De plus, ϕG
est bijective.
L’unicité de ϕG résulte de la propriété a) ci-dessus.
A) Supposons le corps K de caractéristique 0.
Le groupe μn (K) est cyclique (V, p. 75, th. 1) ; choisissons un générateur ζ de
ce groupe. Considérons l’homomorphisme d’anneaux ρ : Z[X] → On qui applique X
sur ζ. Il est surjectif. Le polynôme cyclotomique Φn (X) est irréductible dans Q[X]
(V, p. 80, th. 2) ; c’est donc le polynôme minimal de ζ sur Q. Le polynôme Φn est
un polynôme unitaire à coefficients entiers (V, p. 78). Soit P ∈ Z[X] un polynôme
tel que P(ζ) = 0 ; d’après la division euclidienne des polynômes (IV, p. 10), il existe
deux polynômes Q et R de Z[X] tels que P = QΦn + R et deg(R) < deg(Φn ). On a
R(ζ) = 0, donc R = 0 puisque Φn est le polynôme minimal de ζ. Par conséquent,
le noyau de ρ est l’idéal Φn Z[X] de Z[X] et ρ induit un isomorphisme d’anneaux de
Z[X]/Φn Z[X] sur On.
Posons ζ = ϕ(ζ) ; c’est une racine primitive n-ème de l’unité dans K , et l’on a
donc Φn (ζ ) = 0 (V, p. 80, lemme 3). Par suite, il existe un homomorphisme ϕ0 de
l’anneau On dans le corps K qui transforme ζ en ζ ; il prolonge l’application ϕ de
μn (K) dans μn (K ). Soit O le sous-anneau de K formé des éléments nar avec a ∈ On
et r ∈ N. Comme n.1 est inversible dans K , l’homomorphisme ϕ0 se prolonge en
un homomorphisme ϕ1 de O dans K .
Identifions l’algèbre O[G] du groupe G sur O à un sous-anneau de l’algèbre
K[G], et définissons un homomorphisme d’anneaux Φ de O[G] dans K [G] par la
formule
(42) Φ ag g = ϕ1 (ag )g.
g∈G g∈G
La famille (eλ ) est une base sur K du centre Z(K[G]) de l’anneau K[G] (VIII,
p. 398). On a
(44) eλ = αλ,C uC
C∈C
avec
(45) αλ,C = |G|−1 dλ χλ (C−1 ).
Pour C ∈ C et λ ∈ SK (G), posons βC,λ = |G| d−1 λ d(C)
−1
χλ (C). La matrice (αλ,C )
a ses éléments dans O et il résulte de la formule (31) de VIII, p. 401 que sa matrice
inverse est la matrice (βC,λ ), qui a aussi ses éléments dans O en vertu de la prop. 9
de VIII, p. 405. Par conséquent, la famille (eλ ) est une base du O-module Z(O[G]).
Les éléments Φ(uC ) = g∈C g de K [G] forment une base sur K du centre
Z(K [G]) de l’anneau K [G]. On a
(46) Φ(eλ ) = ϕ1 (αλ,C ) Φ(uC )
C∈C
et la matrice d’éléments ϕ1 (αλ,C ) est inversible. La famille des Φ(eλ ) est donc une
base de Z(K [G]). La famille (eλ) est une partition de l’idempotent 1 dans Z(K[G])
(VIII, p. 141 et p. 398) ; autrement dit, on a
eλ = 1, e2λ = eλ , eλeμ = 0 si λ = μ.
λ
Il en résulte que la famille des Φ(eλ ) est une partition de l’idempotent 1 dans
Z(K [G]) ; comme cette famille est une base de Z(K [G]) sur K , ses éléments sont les
B) Cas général.
Soit L un corps algébriquement clos de caractéristique 0 (par exemple, une
clôture algébrique de Q). Notons SL (G) l’ensemble des classes de L[G]-modules
simples. Choisissons un isomorphisme η du groupe μn (L) sur le groupe μn (K) et
posons η = ϕ ◦ η. D’après la partie A) de la démonstration, il existe des bijections
ηG : SL (G) → SK (G) , ηG : SL (G) → SK (G)
Cela se démontre comme dans le corollaire de VIII, p. 400 par réduction au cas où
les πi (et donc les πi ) sont simples.
ResG
H IndG
H
RK (G) / RK (H) RK (H) / RK (G)
ϕG ϕH ϕH ϕG
ResG IndG
H H
RK (G) / RK (H) RK (H) / RK (G).
pour tous x, x ∈ M et tout g ∈ G. Cela signifie aussi que pour tout g ∈ G l’auto-
morphisme π(g) de M est unitaire par rapport à Φ.
pour x, x ∈ M.
Soit Ψ une forme hermitienne sur M ; il existe un unique endomorphisme A
de M tel que Ψ(x, x ) = Φ(x, Ax ) pour x, x dans M. Si, de plus, Ψ est invariante
par G, l’endomorphisme A commute aux automorphismes π(g) pour g ∈ G. Si la
représentation π est simple, d’après le lemme de Schur (VIII, p. 43, th. 1), A est
A VIII.412 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
une homothétie et il existe donc un nombre complexe a tel que Ψ = aΦ. Comme Φ
et Ψ sont hermitiennes et Φ non nulle, a est un nombre réel, d’où la proposition.
(51) f ∗ (g) = f (g −1 )
pour g ∈ G ; on a (f ∗ )∗ = f . On a aussi
(52) f |f G = f ∗ , f G
pour f, f ∈ C[G], avec les notations de la formule (28) de VIII, p. 400. On a donc
(53) f |f G = |G|−2 τ (f ∗ f ).
(55) A|A G −2 ∗
= |G| τ(A A ).
No 13 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES COMPLEXES A VIII.413
Pour tout λ ∈
G, choisissons une base orthonormale (eλ,i )1idλ de Vλ . Pour
tout g ∈ G, notons (πijλ (g)) la matrice de l’endomorphisme πλ(g) de Vλ par rapport
à cette base ; on a
(59) πijλ (g) = eλ,i |πλ (g) eλ,j λ .
Comme l’endomorphisme πλ(g) est unitaire, son inverse est égal à πλ (g)∗ , d’où
(60) λ
πijλ (g) = πji (g −1 ).
Il résulte alors des formules (22) de VIII, p. 399 et (25) p. 399, que les fonctions
1 i d , 1 j d , forment une base orthonormale de
(dλ )1/2 πijλ , pour λ ∈ G, λ λ
l’espace hilbertien C[G]. ∗
A VIII.414 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
EXERCICES
1) Soient A un anneau commutatif, G un groupe et H un sous-groupe d’indice fini de G ;
on suppose que l’élément (G : H)1A de A est inversible. Soient M un A[G]-module et N un
sous-A[G]-module de M. Si N admet un sous-A[H]-module supplémentaire dans M, prouver
qu’il admet un sous-A[G]-module supplémentaire dans M (adapter la démonstration du
th. 1 de VIII, p. 391). En déduire qu’un A[G]-module qui est projectif en tant que A[H]-
module est projectif.
4) Soient (M, π) une représentation fidèle(2) de dimension finie de G et (N, ρ) une représen-
tation irréductible ; on suppose que le caractère χπ prend exactement s valeurs distinctes.
Prouver qu’il existe un entier n < s tel que le K[G]-module N soit isomorphe à un sous-
module de M⊗n (calculer χρ , χnπ , en observant que l’égalité χπ (g) = dim M équivaut à
g = 1).
(2)
Cela signifie que l’homomorphisme π : G → AutK (M) est injectif.
EXERCICES A VIII.415
8) Soient H, F des sous-groupes de G, et soit S une partie de G telle que G soit réunion
disjointe des doubles classes FsH. Soit (N, σ) une représentation de H. Pour s ∈ G, on
pose Hs = F ∩ sHs−1 , et l’on note σs la représentation de Hs dans N définie par σs (x) =
σ(s−1 xs).
a) Démontrer que la représentation ResG G
F (IndH (σ)) est isomorphe à la somme directe
des représentations IndHs (σs ) pour s ∈ S (notons (M, π) la représentation IndG
F
H (σ) ; l’es-
pace M s’identifie à la somme directe des π(x)N pour x ∈ G/H. Pour s ∈ S, soit M(s) le
sous-espace de M engendré par les π(x)N avec x ∈ FsH ; observer que M(s) est somme
directe des sous-espaces π(xs)N pour x ∈ F/Hs et déduire de l’exerc. 5 b) que M(s) est
isomorphe comme K[F]-module à IndF Hs (σs )).
A VIII.416 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
b) On prend F = H (de sorte que l’on a Hs = H ∩ sHs−1 ). Démontrer que pour que
la représentation IndG H (σ) soit irréductible, il faut et il suffit que σ soit irréductible et que
pour tout s ∈ G H, les supports (VIII, p. 62) des représentations σs et ResH Hs (σ) soient
disjoints (« critère de Mackey » : appliquer a) et la réciprocité de Frobenius).
c) On suppose H distingué ; pour que IndG H (σ) soit irréductible, il faut et il suffit que σ
soit irréductible et ne soit isomorphe à aucune de ses conjuguées σ ◦ int(g) pour g ∈ G H.
14) On dit qu’une représentation de G est monomiale si elle est somme directe de repré-
sentations induites par des représentations de degré 1 de sous-groupes de G.
a) On suppose que les représentations des sous-groupes de G distincts de G sont
monomiales et que G contient un sous-groupe distingué H commutatif non central ; prouver
que toute représentation irréductible fidèle de G est monomiale (observer que la restriction
à H d’une telle représentation n’est pas isotypique et appliquer l’exerc. 9 a)).
A VIII.418 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
b) En déduire que toutes les représentations des groupes hyper-résolubles (I, p. 139,
exerc. 26), et en particulier des groupes nilpotents, sont monomiales.
c) On prend pour G le groupe SL(2, F3 ). Son centre Z est d’ordre 2, et le groupe
G/Z est isomorphe au groupe alterné A4 (II, p. 208, exerc. 14 g)) ; en particulier, G est
résoluble. Prouver que son groupe dérivé est d’indice 3 (cf. I, p. 130, exerc. 10) ; à l’aide
de la formule (8) de VIII, p. 397 en déduire que G admet une représentation irréductible
de degré 2 et que celle-ci n’est pas monomiale.
16) On suppose que la caractéristique de K est nulle. On dit qu’un élément x de K est
entier sur Z s’il appartient à un sous-anneau de K qui est un Z-module de type fini, ou
de manière équivalente si le sous-anneau Z[x] de K est un Z-module de type fini ∗ (cf. AC,
V, p. 5)∗ .
a) Prouver que l’ensemble des éléments de K entiers sur Z est un sous-anneau de K
(si x, y sont entiers sur Z, considérer le sous-anneau Z[x, y]).
b) Pour qu’un élément x de K soit entier sur Z, il faut et il suffit qu’il soit racine
d’un polynôme unitaire de Z[X] (si x est entier, démontrer en adaptant la démonstration
du lemme 1 de VIII, p. 77, qu’il vérifie une équation de la forme det(xI − A) = 0, avec
A ∈ Mm (Z)).
c) Si x est entier sur Z, il en est de même de ses conjugués x1 , . . . , xm sur Q ; l’élément
x1 . . . xm appartient à Z (utiliser le lemme de VIII, p. 406).
∗ c) On suppose en outre K = C. Prouver que tous les conjugués de d−1 χ(C) sur Q
sont de module 1 ; déduire de l’exerc. 16 c) que |χ(C)| est nul ou égal à d. Conclure que
si χ(C) n’est pas nul, π(x) est une homothétie pour tout x ∈ C. En particulier si π est
fidèle et C non réduite à un élément, on a χ(C) = 0.∗
∞
1
(1 − Xi Yj )−1 = exp ( Xki )( Yjk ) = cα f α (X)f α (Y) .
1i,jn k=0
k i j α∈Nn
¶ 22) Soit n un entier naturel. On désigne par Sn l’ensemble des suites finies décroissantes
d’entiers strictement positifs, de somme n. Soit p = (pi )1id un élément de Sn . Pour
1 i d, On note Pi l’ensemble des entiers r tels que p1 + · · · + pi−1 < r p1 + · · · + pi
et, pour 1 j p1 , Pj l’ensemble des entiers de la forme p1 + · · · + pi−1 + j avec 1 i d
et pi j. Les sous-ensembles Pi d’une part, Pj d’autre part forment une partition de
l’intervalle [1, n] de N.
(On représente souvent cette situation par le dessin suivant, appelé diagramme de
Young : dans l’exemple ci-dessous on a n = 9, p = (4, 2, 2, 1) ; l’ensemble Pi est formé des
éléments de la i-ème ligne, et Pj de ceux de la j-ème colonne.)
1 2 3 4
5 6
7 8
9
Prouver que cp satisfait à eσ cp eσ = ε(σ )cp quels que soient σ ∈ P, σ ∈ P et que
tout élément possédant cette propriété appartient à Zcp (écrire un tel élément sous la
forme nσ eσ , et déduire de b) que nσ est nul pour σ ∈ / PQ). En déduire que pour tout
élément x de Z[Sn ], l’élément cp xcp appartient à Zcp .
d) On note A la Q-algèbre Q[Sn ]. Prouver que l’idéal Vp = Acp de A est un A-
module absolument simple (observer qu’on a cp Vp ⊂ Qcp d’après c) ; si a est un idéal à
gauche strictement contenu dans Vp , démontrer qu’on a cp a = 0, d’où a2 = 0 et finalement
a = 0).
e) Démontrer qu’on a c2p = (n!/[Vp : Q]) cp (calculer la trace de l’endomorphisme
x → xcp de A).
¶ 23) On conserve les notations de l’exercice précédent. Soient p = (pi ) et q = (qj ) deux
éléments de Sn .
a) On suppose qu’on a p > q pour l’ordre lexicographique. Prouver qu’on a ap xbq = 0
pour tout x ∈ A (se ramener au cas x = 1 ; si (Pi ), (Pj ) désigne les partitions associées
à p et (Qk ), (Ql ) celles associées à q, observer qu’on a Card(Ps ∩ Q1 ) 2, et construire
une transposition τ telle que ap τ = ap et τ bq = −bq ).
b) En déduire que si p = q, les A-modules Vp et Vq ne sont pas isomorphes (appliquer
a), en utilisant l’antiautomorphisme de A qui applique eσ sur eσ−1 ).
c) Démontrer que l’application qui associe à une suite p la représentation (Vp )(K)
définit une bijection de Sn sur l’ensemble SK (Sn ) des classes de K[Sn ]-modules simples.
d) Pour p ∈ Sn , on note p la suite définie par pj = Card(Pj ) (exerc. 22). Prouver que
l’application p → p est une involution de Sn ; le A-module Vp est isomorphe à Vp ⊗Q Qε ,
où Qε désigne la représentation de dimension un sur Q associée à la signature.
e) Décrire les représentations correspondant aux suites (1, . . . , 1) et (n), ainsi qu’à la
suite (n − 1, 1).
¶ 24) On conserve les notations des exerc. 21 à 23. Soit p = (pi )1id ∈ Sn ; on notera
encore p l’élément (p1 , . . . , pd , 0, . . . , 0) de Dn . Si α = (α1 , . . . , αn ) est un élément de Nn
tel que i iαi = n, on note Cα la classe de conjugaison de Sn formée des éléments qui
sont produit d’une famille de cycles de support disjoints comprenant α2 cycles d’ordre 2,
α3 cycles d’ordre 3, etc.
A VIII.422 REPRÉSENTATIONS LINÉAIRES DES GROUPES FINIS § 21
¶ 26) Soient q une puissance d’un nombre premier, et F un corps fini à q éléments ; on
prend pour G le groupe GL(2, F).
a) Décrire les classes de conjugaison de G (on distinguera quatre types de classes,
contenant respectivement 1, q 2 − 1, q 2 + q et q 2 − q éléments).
b) Le groupe G opère sur la droite projective P sur F ; on considère la représentation
πP de G (exerc. 6). Pour chaque homomorphisme de groupes λ : F∗ → K∗ , on note δλ la
représentation de degré 1 associée à l’homomorphisme λ ◦ det de G dans K∗ , et l’on pose
πλ = πP ⊗ δλ . Prouver que πλ est irréductible et calculer son caractère.
c) Soit B le sous-groupe de G formé des matrices triangulaires supérieures. Pour λ, μ
dans Hom(F∗ , K∗ ), on note βλ,μ la représentation de degré 1 de B définie par βλ,μ ((aij )) =
B (βλ,μ ). Prouver que πλ,μ est irréductible pour λ = μ,
λ(a11 )μ(a22 ), et l’on pose πλ,μ = IndG
tandis que πλ,λ est isomorphe à πP ⊕ δλ (on peut appliquer l’exerc. 8). Pour que πλ,μ
EXERCICES A VIII.423
et πλ ,μ soient isomorphes, il faut et il suffit que les sous-ensembles {λ, μ} et {λ , μ } de
Hom(F∗ , K∗ ) soient égaux.
d) Soit F une extension de degré 2 de F ; le choix d’une base de F sur F per-
met d’identifier F∗ à un sous-groupe de G = AutF (F ). Soit ϕ ∈ Hom(F∗ , K∗ ) ; calculer
∗
IndG G q
F∗ (ϕ) et démontrer qu’il est égal à IndF∗ (ϕ ). On note λ la restriction de ϕ à F , et
on pose χϕ = χπP ⊗πλ,1 − χπλ,1 − IndF∗ (ϕ). Si ϕ = ϕ , démontrer qu’on a χϕ , χϕ = 1
G q
28) On conserve les hypothèses de l’exerc. 27 ; soit m le ppcm des ordres des éléments
p-réguliers de G. Soit F0 le sous-corps de F engendré par les racines m-èmes de l’unité ;
c’est un corps fini.
a) Démontrer que le caractère de toute représentation de degré fini de G sur F prend
ses valeurs dans F0 .
b) Prouver que l’anneau quotient de F0 [G] par son radical est un produit d’algèbres
de matrices sur F0 (utiliser a) et le théorème de Wedderburn). En déduire que l’homo-
morphisme canonique RF0 (G) → RF (G) est bijectif.
29) On conserve les hypothèses et notations des exerc. 27 et 28. On choisit une racine
primitive m-ème de l’unité ζ. Soit Om l’anneau Z[X]/(Φm ) (VIII, p. 405) ; on note x la
classe de X dans Om. Soit ϕ : Om → F l’homomorphisme qui applique x sur ζ. Il induit
un isomorphisme du sous-groupe engendré par x dans Om sur le groupe μm (F) ; on note
τ l’isomorphisme réciproque.
a) Soit π une représentation linéaire de G sur F, de dimension finie d. Pour g ∈ G,
soit Pg (X) = di=1 (X − λi ) le polynôme caractéristique de π(g) ; on note βπ (g) l’élément
i τ (λi ) de Om . La fonction βπ : G → Om ainsi définie est appelée caractère de Brauer de
π ; on a ϕ ◦ βπ = χπ et βπ (x) = βπ (xs ) pour tout x, de sorte que βπ est déterminé par sa
restriction à Greg .
b) Soit G l’ensemble des classes d’isomorphisme de F[G]-modules simples ; prouver
que les fonctions (βλ )λ∈G
sont linéairement indépendantes sur Z (s’il existe une relation
nλ βλ = 0 non triviale, on peut supposer qu’un des nλ est étranger à p et appliquer ϕ
pour aboutir à une contradiction avec l’exerc. 27 f )).
c) Soit B l’ensemble des fonctions de Greg dans Om ; l’homomorphisme RF (G) → B
qui applique la classe de π sur βπ est injective. En déduire que pour que deux F[G]-modules
semi-simples soient isomorphes, il faut et il suffit que leurs caractères de Brauer soient
égaux.
1. Idéaux réguliers
est régulier. Ainsi les idéaux à gauche de A qui sont maximaux et réguliers sont les
éléments maximaux de l’ensemble des idéaux à gauche réguliers de A distincts de A.
De plus, pour qu’un idéal à gauche b de A contenant a soit distinct de A, il faut et il
suffit que u n’appartienne pas à b. L’ensemble des idéaux à gauche b de A contenant
a et distincts de A, ordonné par inclusion, est donc inductif. Le théorème 2 de E,
III, p. 20, appliqué à cet ensemble entraîne le résultat suivant :
une bijection de T sur l’ensemble des idéaux maximaux réguliers de C0 (T) (TS, I,
§3, no 1 et 2). Supposons que T ne soit pas compact et notons a la partie de C0 (T)
formée des fonctions à support compact ; alors a est un idéal de C0 (T) qui n’est
contenu dans aucun idéal régulier de C0 (T).
3) Soit L1 (R) l’algèbre de convolution du groupe localement compact R. Rap-
pelons (INT, VIII, §4, no 5) que L1 (R) est l’espace des classes de fonctions sur R
intégrables pour la mesure de Lebesgue ; le produit des classes de deux fonctions f
et g est la classe de la fonction f ∗ g définie pour presque tout s ∈ R par la formule
+∞
(f ∗ g)(s) = f (t)g(s − t) dt.
−∞
L’algèbre L1 (R) n’est pas unifère. Pour tout a dans R, notons ma l’ensemble des
éléments f de L1 (R) satisfaisant à
+∞
f (t)e−iat dt = 0 .
−∞
D’après TS, II, §3, no 1, th. 1, l’application a → ma est une bijection de R sur
l’ensemble des idéaux maximaux réguliers de l’algèbre L1 (R).∗
déduite de
Soit A une k-algèbre. On a défini en III, p. 5, l’algèbre unifère A
Le
A par adjonction d’un élément unité e. On identifie A à un idéal bilatère de A.
k-module A est somme directe des sous-modules ke et A.
Proposition 3. — a) Soit a un idéal à gauche de A tel que A
=a + A. On pose
a = a ∩ A. Il existe un élément u de A tel que u − e appartienne à a. Si u est un
tel élément, c’est une unité à droite de A modulo a, et l’on a a = a + k(u − e) ; en
particulier l’idéal a est régulier.
b) Inversement, soient a un idéal à gauche régulier de A et u une unité à droite
de A modulo a. Posons a = a + k(u − e). Alors a est un idéal à gauche de A, tel que
A = a + A, et l’on a a = a ∩ A.
c) Si k est un corps, la condition A = a + A équivaut à dire que a n’est pas
contenu dans A.
Sous les hypothèses de a), l’élément e de A s’écrit sous la forme (e − u) + u,
réguliers de A.
Soit a un idéal à gauche maximal régulier de A. D’après la prop. 3, a), les idéaux
à gauche b de A tels que b + A = A et b ∩ A = a sont les idéaux a + k(u − e), où
u est une unité à droite modulo a. Pour démontrer l’unicité de a, il suffit donc de
prouver que deux unités à droite u et u de A modulo a sont congrues modulo a.
Raisonnons par l’absurde en supposant que u − u n’appartient pas à a. La formule
x(u − u ) = (xu − x) − (xu − x) montre qu’on a A(u − u ) ⊂ a ; il en résulte que
a + k(u − u ) est un idéal à gauche de A, contenant a et distinct de a. Puisque a
est maximal, on a donc a + k(u − u ) = A, d’où AA ⊂ a. Pour tout x ∈ A, on a
x ≡ xu (mod a), d’où x ∈ a par ce qui précède, ce qui contredit l’hypothèse a = A.
Il existe donc un unique idéal à gauche a de A tel que A =a + A et a = a ∩ A.
Soit b un idéal à gauche de A contenant a et distinct de A. Alors b ∩ A est un idéal
à gauche de A, contenant a, et distinct de A. Il est donc égal à a puisque a est
maximal, ce qui entraîne b = a par le lemme 2 de VIII, p. 3. Cela prouve que a est
un idéal maximal de A ; pour un tel idéal, la condition A
=a + A signifie que a ne
contient pas A.
Il reste à prouver que si a est un idéal à gauche maximal de A, ne contenant
On laisse au lecteur le soin de traduire les prop. 3 et 4 pour les idéaux à droite.
Cela revient à dire que le A-module M est simple et que son annulateur ne
contient pas A. Lorsque A est un anneau et M un A-module, on a AM = M et la
définition 2 coïncide donc avec la définition 1 de VIII, p. 41.
Lorsque A est un anneau, tout idéal à gauche de A est régulier, donc la définition
du radical coïncide avec la définition 2 de VIII, p. 150.
No 4 THÉORÈME DE DENSITÉ A VIII.431
4. Théorème de densité
Soit A une k-algèbre. Un pseudomodule à gauche M est dit semi-simple s’il est
somme directe d’une famille de pseudomodules à gauche simples.
du A-module M d’image N. Comme on a la relation pb = bp pour tout b ∈ B, on
obtient que N est un sous-B-module de M.
Lemme 2. — Soit M un A-pseudomodule à gauche semi-simple et soit x un élément
de M. Il existe un élément a ∈ A tel que ax = x.
Soit N le A-pseudomodule à gauche Ax/Ax. Il vérifie AN = {0}. D’après le
le A-pseudomodule N est
corollaire 3 de VIII, p. 52 appliqué aux A-modules M et Ax,
semi-simple. Par définition, tout sous-pseudomodule simple S de N vérifie AS = {0}.
Par conséquent, le pseudomodule N est nul et on obtient que x ∈ Ax.
Théorème 1 (Théorème de densité de Jacobson). — Soit M un A-pseudomodule
à gauche semi-simple. Soit b un élément du bicommutant du A-module M.
Soit {x1 , . . . , xn } une partie finie de M. Alors il existe un élément a ∈ A tel
que bxi = axi pour tout i ∈ [1, n].
Soit B le bicommutant du A-module M. Le A-pseudomodule Mn est semi-simple.
Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ M . Il résulte du lemme 2 que x ∈ Ax. Le bicommutant du
n
A-module Mn coïncide avec les homothéties du B-module Mn (VIII, p. 75, prop. 2).
Par le lemme 1, le sous-A-pseudomodule Ax de Mn est donc un sous-B-module
de Mn . On en déduit l’inclusion Bx ⊂ Ax. Donc il existe a ∈ A tel que bx = ax. Le
résultat en découle.
EXERCICES A VIII.433
EXERCICES
6) On dit qu’une k-algèbre est primitive si elle admet un pseudomodule simple et fidèle
(c’est-à-dire dont l’annulateur est réduit à (0)).
a) Montrer que si l’algèbre A est primitive il en est de même de A.
n’est pas primitive.
b) Si l’algèbre A est primitive et unifère, l’algèbre A
A VIII.434 ALGÈBRES SANS ÉLÉMENT UNITÉ App. 1
c) On suppose que k est un corps et que l’algèbre A est primitive et non unifère ;
prouver que A est primitive (s’il existe un pseudomodule fidèle sur A qui n’est pas fidèle
en tant que A-module, prouver que A admet un élément unité à droite u et en déduire
une contradiction).
7) On dit que la k-algèbre A est artinienne si toute suite décroissante d’idéaux à gauche
de A est stationnaire. Pour que l’anneau A soit artinien, il faut et il suffit que l’algèbre A
et l’anneau k soient artiniens. Si k est un corps, démontrer qu’une algèbre artinienne sans
radical A est unifère (remarquer que l’algèbre A est semi-simple).
8) On suppose que k est un corps et A une algèbre primitive sur k. Démontrer que si A
admet un idéal à gauche non nul de dimension finie sur k, l’algèbre A est de dimension
finie sur k et par suite un anneau simple (cf. exerc. 7).
9) On suppose que k est un corps et que A est une k-algèbre nilpotente, c’est-à-dire qu’il
existe un entier n tel que An = {0}. Prouver que A est de dimension finie sur k (raisonner
par récurrence sur le plus petit entier n tel que An = {0}).
10) On suppose que k est un corps, que A est une k-algèbre de dimension infinie sur k et
que tout idéal à gauche de A distinct de A est de dimension finie sur k.
a) Prouver qu’on a Aa = (0) pour tout idéal à gauche a = A (considérer l’homo-
morphisme γ : A → Endk (a)).
b) Soit r la somme des idéaux à gauche maximaux de A. Prouver que r est distinct
de A (utiliser l’exerc. 9), que r est un idéal bilatère et que A/r est un corps (cf. exerc. 7).
c) Soit u une unité (à gauche et à droite) modulo r ; démontrer qu’on a ru = r
(observer qu’on a Au = A).
d) Prouver que rA est nul (considérer l’annulateur à droite de r dans A, en raisonnant
comme en a)), puis que r est nul ; conclure que A est un corps.
¶ 11) On suppose que k est un corps, que A est une k-algèbre et que toute suite décroissante
de sous-algèbres de A est stationnaire.
a) Prouver que l’algèbre A est artinienne et que son radical est de dimension finie
sur k (appliquer l’exerc. 9).
b) Soit S un composant simple de A/(A) (exerc. 7) ; il est isomorphe à une algèbre
de matrices sur un corps D, de centre Z. Prouver que D est de dimension finie sur Z
(si D contient un élément transcendant sur Z, construire une suite infinie strictement
décroissante de sous-corps de D ; si D est algébrique et de dimension infinie sur Z, construire
une suite infinie strictement croissante de sous-corps de D et considérer leurs commutants
dans D).
c) Si Z est de dimension infinie sur k, prouver qu’on a S = D (considérer les sous-
algèbres nilpotentes de B).
EXERCICES A VIII.435
¶ 12) a) On suppose que k est un corps, que la k-algèbre A est artinienne et que toute
suite croissante de sous-algèbres de A est stationnaire. Prouver que A est de degré fini sur
k (raisonner comme dans l’exerc. 11 ; on notera que le corps k(X) contient une suite infinie
strictement croissante de sous-algèbres en utilisant VII, p. 6, prop. 6).
b) Démontrer que dans l’algèbre de polynômes k[X], toute suite croissante de sous-
algèbres est stationnaire (soient f ∈ k[X] un polynôme non constant et A la sous-k-algèbre
de k[X] engendrée par 1 et f ; observer que A est un anneau principal et k[X] un A-module
de type fini).
13) On suppose que k est un corps et que A admet une base finie sur k formée d’éléments
nilpotents. Prouver que A est nilpotente (exerc. 9 ; se ramener au cas où l’algèbre A est
semi-simple (cf. exerc. 7), puis de la forme Mn (K) en étendant le corps de base).
15) Soit A une k-algèbre. On appelle multiplicateur de A tout multiplicateur du (A, A)-
pseudobimodule A. On note M (A) la k-algèbre des multiplicateurs de A.
a) Démontrer que l’application μ : a → ma est un homomorphisme de k-algèbres et
qu’on a am = ma m et ma = mma pour a ∈ A, m ∈ M (A). L’image de l’homomorphisme μ
est ainsi un idéal bilatère de l’anneau M (A).
b) Un idéal bilatère b d’une k-algèbre A est dit fidèle si ses annulateurs à droite et à
gauche sont nuls. Montrer que si A est fidèle dans A, l’homomorphisme μ est injectif et
l’idéal μ(A) est fidèle dans M (A).
c) Soit B une k-algèbre unifère contenant A comme idéal bilatère. Pour b ∈ B,
soient σb et δb les applications de A dans A telles que pour a ∈ A, σb (a) = ba et δb (a) = ab,
et posons π(b) = (σb , δb ). Montrer que π(b) ∈ M (A) pour tout b ∈ B et que l’application
π : B → M (A) ainsi définie est un homomorphisme d’anneaux dont la restriction à A est
l’application a → ma . Montrer que π est injectif si l’idéal A est fidèle dans B.
APPENDICE 2
DÉTERMINANTS SUR UN CORPS NON COMMUTATIF
d’où finalement
Comme le groupe symétrique Sn est engendré par les transpositions de deux élé-
ments consécutifs de l’intervalle [1, n] (I, p. 61, prop. 9), la formule (3) se généralise
en
c’est-à-dire
2. Un théorème d’unicité
Dans ce numéro, pour tout entier strictement positif m, tout entier i de l’inter-
valle [1, m] et toute suite (v1 , . . . , vm ) de Vm , on notera (v1 , . . . , vi , . . . , vm ) la suite
(v1 , . . . , vi−1 , vi+1 , . . . , vm ) de Vm−1 .
Il résulte des formules (1) et (3) que le premier membre de cet égalité est égal à
π(−1)n−i π(μi )ω(v1 , . . . , vn ). Notons p le projecteur de V d’image W et de noyau
eD. Les vecteurs vj − p(vj ) sont proportionnels à e, et une application répétée
de la formule (6) montre que le second membre de la formule (8) est égal à
), . . . , p(v ), e).
ω(p(v1 ), . . . , p(vi n
De tout ceci il résulte que si ω satisfait à la relation (7), on a
de D∗ab .
Soient i et j deux éléments de I tels que i < j ; démontrons l’égalité ti = tj . Par
définition, le vecteur vi μi + vj μj − e est combinaison linéaire des vecteurs p(vk ) pour
k distinct de i et j ; par suite p(vi )μi + p(vj )μj est combinaison linéaire des vecteurs
p(vk ) pour k distinct de i et j. D’après la formule (6), on a donc
), . . . , p(v
ϕ(p(v1 ), . . . , p(v ), . . . , p(v ), p(v )μ )
i j n i i
), . . . , p(v
= ϕ(p(v1 ), . . . , p(v ), . . . , p(v ), −p(v )μ ).
i j n j j
d’où ti = tj .
A VIII.440 DÉTERMINANTS SUR UN CORPS NON COMMUTATIF App. 2
Mais on a π(λ−1
i μi )
−1
= π(μi )−1 π(λi ) et
ϕ(p(v1 )λ1 , . . . , p(vi )λi , . . . , p(vn )λn )
(13)
t = π(−1)n−k π(μk )−1 ϕ(p(v1 ), . . . , p(v
k ), . . . , p(vn )),
pour toute base (w1 , . . . , wn−1) de W et tout ω dans Ω(V). Par hypothèse de récur-
rence, il existe un unique élément ϕ de Ω(W) tel que ϕ(e1 , . . . , en−1 ) = t. La relation
ω(e1 , . . . , en ) = t, pour ω dans Ω(V) équivaut à Λ(ω) = ϕ, d’où le corollaire 1.
Remarque. — Supposons le corps D commutatif. Par définition, B(V) est une partie
de Vn . Il est clair que la restriction à B(V) d’une forme n-linéaire alternée non nulle
f : Vn → D appartient à Ω(V). Par ailleurs, si (e1 , . . . , en ) est une base de V et
t un élément non nul de D, il existe une unique forme n-linéaire alternée f telle
que f (e1 , . . . , en ) = t (III, p. 80 et p. 87). D’après le cor. 1, Ω(V) se compose des
restrictions à B(V) des formes n-linéaires alternées non nulles.
On note (Eij ) la famille des unités matricielles de Mn (D) (II. p. 142). Pour
tout élément λ de D et tout couple (i, j) d’entiers distincts dans [1, n], on pose (II,
p. 161)
Bij (λ) = In + λEij ;
pour λ1 , . . . , λn ∈ D∗
Soient A un élément de GLn (D) et a1 , . . . , an ses colonnes. On a
det(A) = ω0 (a1 , . . . , an ).
Cela prouve tout d’abord que que l’application déterminant satisfait aux relations
(16) et (17). Nous savons déjà que cette application est un homomorphisme de
GLn (D) dans D∗ab . Inversement, si ϕ est un homomorphisme de GLn (D) dans D∗ab
tel que ϕ(Bij (1)) = 1 pour i = j et ϕ(diag(λ1 , . . . , λn)) = π(λ1 . . . λn ), alors ϕ
satisfait aux relations (18) à (20) et est donc égal à det.
D’où ad − aca−1 b = 0 et
b) Si a est nul, on a c = 0 et
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞
0 b ⎠ ⎝0 1⎠ ⎝c d⎠
(26) A=⎝ = ,
c d 1 0 0 b
d’où d’après a) et l’exemple 2, cb = 0 et
5. Le groupe unimodulaire
Théorème 1. — Supposons n 2.
a) Le sous-groupe SLn (D) de GLn (D) est engendré par les matrices Bij (λ) où
i et j sont des entiers distincts de l’intervalle [1, n] et λ parcourt D.
b) Supposons n 3 ou Card(D) 3. Le groupe dérivé de GLn (D) est égal à
SLn (D).
c) Supposons n 3 ou Card(D) 4. Le groupe dérivé de SLn (D) est égal à
SLn (D).
A) Notons T le sous-groupe de GLn (D) engendré par les matrices Bij (λ).
D’après l’exemple 1 de VIII, p. 443, on a det(Bij (λ)) = 1, d’où T ⊂ SLn (D).
Pour prouver que ces deux groupes sont égaux, il suffit alors, d’après l’exemple 3 de
A VIII.446 DÉTERMINANTS SUR UN CORPS NON COMMUTATIF App. 2
loc. cit., de prouver que toute matrice de la forme diag(1, . . . , 1, d) avec π(d) = 1 ap-
partient
à T. La matrice diag(1, . . . , 1, d) appartient à l’image de l’homomorphisme
U → In−2 0 U
0
de GL2 (D) dans GLn (D) ; il suffit donc de considérer le cas n = 2.
Comme le noyau de π est le groupe dérivé de D∗ , on peut supposer d = uvu−1 v −1
avec u, v dans D∗ . Notre assertion résulte alors des égalités
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞
1 0⎠ ⎝u−1 0 ⎠ ⎝v −1 0⎠ ⎝vu
⎝
0 ⎠
(28) =
0 d 0 u 0 v 0 u−1 v −1
et
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞
⎝
s 0 ⎠ ⎝1 s⎠ ⎝ 1 0⎠ ⎝1 −1⎠ ⎝ 1 0⎠
(29) =
0 s−1 0 1 1 − s−1 1 0 1 1−s 1
pour s ∈ D∗ .
B) Par construction, SLn (D) est le noyau d’un homomorphisme de GLn (D)
dans un groupe commutatif, donc il contient le groupe dérivé (GLn (D), GLn (D))
de GLn (D). Vu ce qui précède, on a
SLn (D) ⊃ (GLn (D), GLn (D)) ⊃ (SLn (D), SLn (D)).
Pour prouver c), il suffit de démontrer que les matrices Bij (λ) sont des commutateurs
dans SLn (D).
Supposons n 3. Si i, j, k sont des entiers distincts dans l’intervalle [1, n] et
μ, ν des éléments de D, on a
(30) Bij (μν) = Bik (μ)−1 Bkj (ν)−1 Bik (μ)Bkj (ν).
En prenant μ = 1 et ν = λ, on voit que la matrice Bij (λ) est un commutateur
d’éléments de SLn (D).
Supposons maintenant n = 2. Soient u et v des éléments de D avec u = 0. On
a les relations
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞
⎝
1 v − uvu⎠ ⎝u 0 ⎠ ⎝1 −v ⎠ ⎝u−1 0 ⎠ ⎝1 v ⎠
(31) =
0 1 0 u−1 0 1 0 u 0 1
et
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞
⎝
1 0⎠ ⎝u−1 0 ⎠ ⎝ 1 0⎠ ⎝u 0 ⎠ ⎝1 0⎠
(32) =
v − uvu 1 0 u −v 1 0 u−1 v 1
On a det u0 u−10
= 1 ; donc les matrices B12 (v − uvu) et B21 (v − uvu) sont des
commutateurs d’éléments de SLn (D).
Supposons que le corps D ait au moins 4 éléments. Soit λ un élément de D. Si λ
est égal à 0, 1 ou −1, choisissons un élément u arbitraire dans D − {0, 1, −1} ; sinon
No 5 LE GROUPE UNIMODULAIRE A VIII.447
posons u = λ. Dans les deux cas, u est un élément non nul de D, il commute à λ, et
l’on a u2 = 1. Posons v = λ(1 − u2 )−1 . On a uv = vu d’où v − uvu = v(1 − u2 ) = λ.
Il résulte alors des relations (31) et (32) que les matrices B12 (λ) et B21 (λ) sont des
commutateurs dans SLn (D) d’où c).
C) Il reste à prouver que SL2 (D) est le groupe dérivé de GL2 (D) lorsque D a 3
éléments. D’après A), le groupe SL2 (D) est engendré par les matrices B12 (1) = ( 10 11 )
et B21 (1) = ( 11 01 ), et ces matrices sont des commutateurs d’éléments de GL2 (D)
puisque l’on a B21 (1) = t B12 (1) et
⎛ ⎞ ⎛ ⎞⎛ ⎞⎛ ⎞−1 ⎛ ⎞−1
⎝
1 1⎠ ⎝−1 0⎠ ⎝1 1⎠ ⎝−1 0⎠ ⎝
1 1⎠
(33) = .
0 1 0 1 0 1 0 1 0 1
Remarque. — Si D est un corps à 2 éléments, alors GL2 (D) est égal à SL2 (D) et
c’est un groupe d’ordre 6 dont le groupe dérivé est d’ordre 3. Si D est un corps
à 3 éléments, le groupe SL2 (D) est d’ordre 24 et son groupe dérivé est d’ordre 8.
Supposons n 2 ; sauf dans les deux cas précédents, tout sous-groupe distingué de
SLn (D) distinct de SLn (D) est contenu dans le centre Z(SL n (D))
de SLn (D) (II.
p. 207, exerc. 13 et p. 208 exerc. 14). Le groupe SLn (D)/Z SLn (D) est alors simple.
Soit V un espace vectoriel à droite sur le corps D, de dimension finie n. On
note SL(V) et on appelle groupe unimodulaire de V, le noyau de l’homomorphisme
det : GL(V) → D∗ab . Le choix d’une base de V permet d’identifier ce groupe à
SLn (D).
On dit qu’un automorphisme u de V est une transvection s’il existe un vecteur
v de V et une forme linéaire ϕ sur V tels que ϕ(v) = 0 et u(x) = x + vϕ(x) pour
tout x de V. Lorsque n 2, u est une transvection si et seulement s’il existe une
base de V dans laquelle la matrice de u soit de la forme Bij (λ). Le th. 1 entraîne le
corollaire suivant :
Corollaire. — Soit V un espace vectoriel à droite sur le corps D, de dimension
finie n 2.
a) Le sous-groupe SL(V) de GL(V) est engendré par les transvections.
b) Le sous-groupe SL(V) est le groupe dérivé de GL(V) sauf lorsque l’on a
n = 2 et que D possède 2 éléments.
c) Le groupe SL(V) est égal à son groupe dérivé sauf lorsqu’on a n = 2 et que
D possède 2 ou 3 éléments.
A VIII.448 DÉTERMINANTS SUR UN CORPS NON COMMUTATIF App. 2
EXERCICES
1) Donner un exemple d’une matrice inversible A sur un corps D dont la transposée n’est
pas inversible, et d’une matrice inversible B sur D dont la transposée est inversible mais
vérifie det tB = det B (on pourra considérer des matrices carrées d’ordre 2 sur un corps de
quaternions).
2) Soit D un anneau local ; on note encore D∗ le groupe des éléments inversibles de D, D∗ab le
quotient de D∗ par son sous-groupe dérivé, et π : D∗ → D∗ab l’homomorphisme canonique.
Soit V un D-module à droite libre, de dimension finie n. On note B(V) l’ensemble des
bases de V et Ω(V) l’ensemble des applications ω : B(V) → D∗ab satisfaisant aux deux
conditions suivantes :
(i) Pour λ1 , . . . , λn dans D∗ et (v1 , . . . , vn ) ∈ B(V), on a ω(v1λ1 , . . . , vn λn ) =
ω(v1 , . . . , vn ) π(λ1 . . . λn ) ;
(ii) Pour i = j et λ ∈ D, on a ω(v1, . . . , vi + vj λ, . . . , vn ) = ω(v1 , . . . , vn ).
a) Soient e un élément de V et W un sous-module de V supplémentaire de eD. Soit
ϕ ∈ Ω(W) ; prouver qu’il existe un unique élément ω de Ω(V) satisfaisant à
formules sdet X = sdet stX = (sdet πX )−1 (utiliser d) pour calculer sdet πX ).
Proposition 1. — Soit E un A-module libre. Soit (ei )i∈I une base de E et soit
(e∗i )i∈I sa base duale. Soit u ∈ EndfA (E). La famille (u(ei ), e∗i )i∈I est à support fini
et sa somme est égale à Tr(u).
Il suffit de traiter le cas où u est de la forme θE (x∗ ⊗ x) avec x ∈ E et x∗ ∈ E∗ .
La famille (x, e∗i )i∈I est alors à support fini et l’on a x = i∈I x, e∗i ei . Par suite, la
famille (x, ei ei , x )i∈I est aussi à support fini et l’on a x, x∗ = i∈I x, e∗i ei , x∗ .
∗ ∗
Or on a u(ei ), e∗i = x, e∗i ei , x∗ pour tout i ∈ I. Cela démontre la proposition.
d’où
Tr(v ◦ u) = v(y), x∗ = y, t v(x∗ ) = Tr(u ◦ v).
à EndA(∧ E) (III, p. 80, prop. 6) et il est nul dès que p est assez grand. L’en-
f p
semble 1E + EndfA (E) est stable par composition. On définit une application det de
1E + EndfA (E) dans A en posant
Tr ∧ u,
p
det(1E + u) =
p0
il suffit donc de prouver l’assertion b) lorsque le A-module E est libre. Il existe alors
un sous-module libre de type fini F de E qui contient l’image de u et celle de v. Posons
w = u + v + u ◦ v. L’image de w est contenue dans F et l’on a wF = uF + vF + uF ◦ vF .
On a donc, d’après (5), on a det(1E + u) = det(1F + uF ), det(1E + v) = det(1F + vF )
et
det (1E + u) ◦ (1E + v) = det(1E + w) = det(1F + wF ) = det((1F + uF ) ◦ (1F + vF )).
Comme F est un A-module libre de type fini, on a
det((1F + uF ) ◦ (1F + vF )) = det(1F + uF ) det(1F + vF ) = det(1E + u) det(1E + v).
EXERCICES A VIII.457
EXERCICES
1) Soient K un corps commutatif, E un espace vectoriel sur K. On note Endpf K (E) le
sous-ensemble de EndK (E) formé des endomorphismes dont une puissance appartient à
EndfK (E). Si u ∈ EndpfK (E), on pose Iu =
n
n0 Im u et Tr u = Tr(u|Iu ) ; cette notion
coïncide avec celle définie dans l’Appendice 4 dans le cas d’un endomorphisme de rang
fini.
a) Soit u ∈ EndpfK (E) ; soit V un sous-espace de E stable par u et soient uV et uE/V
les endomorphismes de V et E/V induits par u. Prouver l’égalité Tr u = Tr uV + Tr uE/V .
b) Soit U un sous-espace de EndK (E) ; on suppose qu’il existe un entier n tel que tout
produit de n éléments de U soit de rang fini. Prouver que l’application Tr : U → K est
linéaire.
c) Soient F un espace vectoriel sur K, u : E → F et v : F → E des homomorphismes
tel que u ◦ v ∈ Endpf pf
K (F) ; on a v ◦ u ∈ EndK (E) et Tr v ◦ u = Tr u ◦ v.
Nous avons vu (notes historiques des chap. I et II–III) que les premières algèbres
non commutatives font leur apparition en 1843–44, dans les travaux de Hamilton
[25] et de Grassmann [23] et [24]. Hamilton, en introduisant les quaternions, a
déjà une conception fort claire des algèbres quelconques de rang fini sur le corps
des nombres réels ([25], préface, p. 26–31)(1). En développant sa théorie, il a un
peu plus tard l’idée de considérer ce qu’il appelle des « biquaternions », c’est-à-dire
l’algèbre sur le corps des nombres complexes ayant même table de multiplication
que le corps des quaternions ; et il observe à cette occasion que cette extension a
pour effet de provoquer l’apparition de diviseurs de zéro ([25], p. 650). Le point
de vue de Grassmann est quelque peu différent et pendant longtemps son « algèbre
extérieure » restera assez à l’écart de la théorie générale des algèbres(2) ; mais sous
son langage qui manque encore de précision, on ne peut manquer de reconnaître la
première idée d’une algèbre (de dimension finie ou non, sur le corps des nombres
réels) définie par un système de générateurs et de relations [24].
De nouveaux exemples d’algèbres s’introduisent dans les années 1850–1860, de
façon plus ou moins explicite : si Cayley, développant la théorie des matrices [8], ne
(1)
Le concept d’isomorphie de deux algèbres n’est pas mentionné par Hamilton ; mais dès cette
époque, les mathématiciens de l’école anglaise, notamment de Morgan et Cayley, savent bien qu’un
changement de base ne change pas substantiellement l’algèbre étudiée (voir par exemple le travail
[6] de Cayley sur les algèbres de rang 2).
(2)
Peut-être faut-il en voir la raison dans le fait qu’en dehors de la multiplication « extérieure »,
Grassmann introduit aussi entre les multivecteurs ce qu’il appelle les multiplications « régressive »
et « intérieure » (qui lui tiennent lieu de tout ce qui touche à la dualité). Il est en tout cas assez
remarquable que, vers 1900 encore, dans l’article Study-Cartan de l’encyclopédie [5], l’algèbre
extérieure ne soit pas rangée parmi les algèbres associatives, mais reçoive un traitement séparé et
qu’il ne soit pas signalé que l’un des types d’algèbres de rang 4 (le type VIII de la p. 180 de [5])
n’est autre que l’algèbre extérieure sur un espace de dimension 2.
A VIII.460 NOTE HISTORIQUE
considère pas encore les matrices carrées comme formant une algèbre (point de vue
qui ne sera clairement exprimé que par les Peirce vers 1870 [40]), du moins note-t-il
déjà, à cette occasion, l’existence d’un système de matrices d’ordre 2 vérifiant la
table de multiplication des quaternions, remarque que l’on peut considérer comme
le premier exemple de représentation linéaire d’une algèbre(3) . D’autre part, dans le
mémoire où il définit la notion abstraite de groupe fini, il donne aussi en passant la
définition de l’algèbre d’un tel groupe, sans d’ailleurs rien tirer de la définition ([7],
p. 129).
Il n’y a aucun autre progrès à signaler avant 1870 ; mais à ce moment com-
mencent les recherches sur la structure générale des algèbres de dimension finie (sur
les corps des nombres réels ou complexes). C’est B. Peirce qui fait les premiers pas
dans cette voie ; il introduit les notions d’élément nilpotent, d’élément idempotent,
démontre qu’une algèbre (avec ou sans élément unité) dont un élément au moins
n’est pas nilpotent possède un idempotent non nul, écrit la célèbre décomposition
x = exe + (xe − exe) + (ex − exe) + (x − xe − ex + exe)
(e idempotent, x élément quelconque) et a l’idée (encore un peu imprécise) d’une
décomposition d’un idempotent en somme d’idempotents « primitifs » deux à deux
orthogonaux [40]. En outre, selon Clifford ([11], p. 274)(4) , c’est à B. Peirce qu’il
faut attribuer la notion de produit tensoriel de deux algèbres, que Clifford lui-même
applique implicitement à une généralisation des « biquaternions » de Hamilton [9] et
explicitement à l’étude des algèbres qui portent son nom, quelques années plus tard
([10] et [11]). Ces nouvelles notions sont utilisées par B. Peirce pour la classification
des algèbres de petite dimension (sur le corps des nombres complexes), problème
auquel s’attaquent aussi, aux environs de 1880, d’autres mathématiciens de l’école
anglo-américaine, Cayley et Sylvester en tête. On s’aperçoit ainsi rapidement de la
(3)
À vrai dire, Cayley ne démontre pas cette existence, n’écrit pas explicitement les matrices
en question et ne paraît pas avoir remarqué à ce moment-là que certaines sont nécessairement
imaginaires (dans tout le mémoire [8], il n’est jamais précisé si les « quantities » qui interviennent
dans les matrices sont réelles ou complexes ; il intervient toutefois incidemment un nombre complexe
à la p. 494). On penserait qu’il n’y a plus qu’un pas à faire pour identifier les « biquaternions »
de Hamilton aux matrices complexes d’ordre 2 ; en fait, ce résultat ne sera explicitement énoncé
par les Peirce qu’en 1870 ([38], p. 132). L’idée générale de représentation régulière d’une algèbre
est introduite par C. S. Peirce vers 1879 [40] ; elle avait été pressentie par Laguerre dès 1867 ([30],
p. 235).
(4)
B. Peirce rencontra Clifford à Londres en 1871 et l’un et l’autre font plusieurs fois allusion à
leurs conversations, dont l’une eut sans doute lieu à une séance de la London Mathematical Society,
où Peirce avait présenté ses résultats (Proc. Lond. Math. Soc. (1 ) 3 (1869–1871), p. 220).
NOTE HISTORIQUE A VIII.461
grande variété des structures possibles et c’est sans doute ce fait qui, dans la période
suivante, va orienter les recherches vers l’obtention de classes d’algèbres à propriétés
plus particulières.
Sur le continent, où l’évolution des idées est assez différente, de telles re-
cherches apparaissent dès avant 1880. En 1878, Frobenius prouve que les quater-
nions forment le seul exemple de corps non commutatif (de dimension finie) sur
le corps des nombres réels ([18], p. 59–63), résultat publié indépendamment deux
ans plus tard par C. S. Peirce [39]. Dès 1861, Weierstrass, précisant une remarque
de Gauss, avait, dans ses cours, caractérisé les algèbres commutatives sans élément
nilpotent(5) sur R ou C comme somme directe de corps isomorphes à R ou C ; De-
dekind était de son côté arrivé aux mêmes conclusions vers 1870, en liaison avec sa
conception « hypercomplexe » de la théorie des corps commutatifs ; leurs démonstra-
tions sont publiées en 1884–85 ([54] et [12]). C’est en 1884 aussi que H. Poincaré,
dans une note fort elliptique [41] attire l’attention sur la possibilité de considé-
rer les équations zi = ϕi (x1 , . . . , xn, y1 , . . . , yn ) qui expriment la loi multiplicative
( i xi ei )( i yi ei ) = i zi ei dans une algèbre comme définissant (localement, bien
entendu) un groupe de Lie. Cette remarque semble avoir fait grande impression sur
Lie et ses disciples (E. Study, G. Scheffers, F. Schur et un peu plus tard T. Molien et
É. Cartan) occupés précisément à cette époque à développer la théorie des groupes
« continus » et notamment les problèmes de classification (voir, en particulier, [43],
p. 387) ; pendant la période 1885–1905, elle conduit les mathématiciens de cette école
à appliquer à l’étude de la structure des algèbres des méthodes de même nature que
celles utilisées par eux dans l’étude des groupes et algèbres de Lie. Ces méthodes re-
posent avant tout sur la considération du polynôme caractéristique d’un élément de
l’algèbre relativement à sa représentation régulière (polynôme déjà rencontré dans
les travaux de Weierstrass et Dedekind cités plus haut) et sur la décomposition de
ce polynôme en facteurs irréductibles ; décomposition où, comme Frobenius le dé-
couvrira un peu plus tard, se reflète la décomposition de la représentation régulière
en composantes irréductibles.
Au cours des recherches de l’école de Lie sur les algèbres se dégagent peu à
peu les notions « intrinsèques » de la théorie. La notion de radical apparaît dans
un cas particulier (celui où le quotient par le radical est composé direct de corps)
(5)
En fait, Weierstrass impose à ses algèbres une condition plus stricte, à savoir que l’équation
a0 + a1 x + · · · + an x n = 0
(où les ai et l’inconnue x sont dans l’algèbre) ne peut avoir une infinité de racines que si les ai sont
tous multiples d’un même diviseur de 0.
A VIII.462 NOTE HISTORIQUE
chez G. Scheffers en 1891 [43], plus clairement chez T. Molien [31] et É. Cartan
[4], qui étudient le cas général (le mot même de radical est de Frobenius [22]).
Study et Scheffers [43] mettent en relief le concept d’algèbre composée directe de
plusieurs autres (déjà entrevu par Peirce ([38], p. 221). Enfin s’introduisent avec
Molien [31] les algèbres quotients d’une algèbre, notion essentiellement équivalente
à celle d’idéal bilatère (définie pour la première fois par É. Cartan [4]) ou d’homo-
morphisme (nom dû aussi à Frobenius) ; l’analogie avec les groupes est très nette ici
et un peu plus tard, en 1904, Epsteen et Wedderburn considéreront des suites de
composition d’idéaux bilatères et leur étendront le théorème de Jordan-Hölder. Les
résultats les plus importants de cette période sont ceux de T. Molien [31] : guidé par
la notion de groupe simple, il définit les algèbres simples (sur C) et démontre que ce
sont des algèbres de matrices, puis prouve que la structure d’une algèbre quelconque
de rang fini sur C se ramène essentiellement au cas, déjà étudié par Scheffers, où
le quotient par le radical est une somme directe de corps. Ces résultats sont peu
après retrouvés et établis de façon plus rigoureuse et plus claire par É. Cartan [4],
qui introduit à cette occasion la notion d’algèbre semi-simple et met en évidence
des invariants numériques, les « entiers de É. Cartan » (VIII, p. 176, exercice 8),
attachés à une algèbre quelconque sur le corps C, amenant ainsi la théorie de ces
algèbres à un point au-delà duquel on n’a plus guère progressé depuis(6) ; enfin il
étend les résultats de Molien et les siens propres aux algèbres sur R.
Aux environs de 1900 se développe le mouvement d’idées qui mène à l’abandon
de toute restriction sur le corps des scalaires dans tout ce qui touche à l’algèbre
linéaire ; il faut en particulier signaler l’impulsion vigoureuse donnée à l’étude des
corps finis par l’école américaine, autour de E. H. Moore et L. E. Dickson ; le résultat
de ces recherches est le théorème de Wedderburn [50] prouvant que tout corps fini
est commutatif. En 1907, Wedderburn reprend les résultats de Cartan et les étend
à un corps de base quelconque [51] ; ce faisant, il abandonne complètement les mé-
thodes de ses devanciers (qui deviennent inapplicables dès que le corps n’est plus
algébriquement clos ou ordonné maximal) et revient, en la perfectionnant, à la tech-
nique des idempotents de B. Peirce, qui lui permet de mettre sous forme définitive
le théorème sur la structure des algèbres semi-simples, dont l’étude est ramenée à
celle des corps non commutatifs. En outre, le problème de l’extension des scalaires se
pose naturellement dans la perspective où il se place et il prouve que toute algèbre
(6)
Les difficultés essentielles proviennent de l’étude du radical, pour la structure duquel on n’a
jusqu’ici trouvé aucun principe satisfaisant de classification.
NOTE HISTORIQUE A VIII.463
(7)
Au moment où écrivait Wedderburn, la notion d’extension séparable n’avait pas encore été
définie ; mais il utilise implicitement l’hypothèse que, si un polynôme irréductible f sur le corps de
base a une racine x dans une extension de ce corps, on a nécessairement f (x) = 0 ([51], p. 103).
C’est seulement en 1929 que E. Noether signala les phénomènes liés à l’inséparabilité de l’extension
du corps des scalaires [34].
Mentionnons ici un autre résultat lié aux questions de séparabilité (et maintenant rattaché à
l’algèbre homologique), la décomposition d’une algèbre en somme directe (mais non composée
directe !) de son radical et d’une sous-algèbre semi-simple. Ce résultat (qui avait été démontré par
Molien lorsque le corps des scalaires est C et par É. Cartan pour les algèbres sur R) est énoncé sous
sa forme générale par Wedderburn, qui ne le démontre en fait que lorsque le quotient de l’algèbre
par son radical est simple ([51] p. 105-109) en utilisant d’ailleurs la même hypothèse que ci-dessus
sur les polynômes irréductibles.
(8)
Les recherches arithmétiques sur les représentations linéaires des groupes, qui commencent à
la même époque, amènent aussi à considérer la notion équivalente de corps neutralisant d’une
représentation [47].
(9)
Notons que dans les « Grundlagen der Geometrie », Hilbert avait donné un exemple de corps
non commutatif de rang infini sur son centre.
A VIII.464 NOTE HISTORIQUE
propriété, son lien avec la théorie des caractères des groupes abéliens et quelques
résultats analogues sur des groupes non commutatifs particuliers, qu’il avait obtenus
en 1886. Quelques mois plus tard, Frobenius résolvait complètement le problème de
la décomposition du « Gruppendeterminant » en facteurs irréductibles [19], grâce
à sa brillante généralisation de la notion de caractère [20], dont nous ne parlerons
pas ici. Mais il faut noter que dans le développement ultérieur de cette théorie(10) ,
Frobenius reste toujours conscient de sa parenté avec la théorie des algèbres (sur
laquelle Dedekind n’avait cessé d’ailleurs d’insister dans ses lettres) et, après avoir
introduit pour les groupes les notions de représentation irréductible et de repré-
sentation complètement réductible [21] et démontré que la représentation régulière
contient toutes les représentations irréductibles, c’est par des méthodes analogues
qu’il proposait en 1903 de reprendre la théorie de Molien-Cartan [22]. Chez Burn-
side [3] et I. Schur [45], l’aspect « hypercomplexe » de la théorie n’intervient pas
explicitement ; mais c’est chez eux que se font jour les propriétés fondamentales des
représentations irréductibles, lemme de Schur et théorème de Burnside. Enfin il faut
noter que c’est dans cette théorie qu’apparaissent pour la première fois deux cas
particuliers du théorème de commutation : dans la thèse de I. Schur [44] qui relie
(précisément par la commutation dans l’anneau des endomorphismes d’un espace
tensoriel) les représentations du groupe linéaire et celles du groupe symétrique et
dans son travail de 1905 [46], où il montre que les matrices permutables à toutes les
matrices d’une représentation irréductible sur le corps C sont des multiples scalaires
de I (résultat qui découle aussi du théorème de Burnside).
Il restait à dégager clairement le substratum commum à ces théories : ce fut
l’œuvre de l’école allemande autour de E. Noether et E. Artin, dans la période 1925–
1933 qui voit la création de l’algèbre moderne. Déjà, en 1903, dans un mémoire sur
l’intégration algébrique des équations différentielles linéaires [42], H. Poincaré avait
défini, dans une algèbre, les idéaux à gauche et à droite et la notion d’idéal minimal ;
il avait aussi remarqué que dans une algèbre semi-simple, tout idéal à gauche est
somme directe des ses intersections avec les composants simples et que dans l’algèbre
des matrices d’ordre n, les idéaux minimaux sont de dimension n ; mais son travail
passa inaperçu des algébristes(11) . En 1907, Wedderburn définit à nouveau les idéaux
(10)
Une partie des résultats de Frobenius avait été obtenue indépendamment par T. Molien en
1897 [32].
(11)
Notons aussi que, dans ce mémoire, Poincaré observe que l’ensemble des opérateurs dans l’al-
gèbre d’un groupe qui annulent un vecteur d’un espace de représentation linéaire du groupe, forme
un idéal à gauche ; il signale que cette remarque pourrait être appliquée à la théorie des représen-
tations linéaires ([42], p. 149), mais ne développa jamais cette idée.
NOTE HISTORIQUE A VIII.465
(12)
Il est intéressant de remarquer que, dans l’intervalle, la notion d’idéal à gauche ou à droite
apparaît, non dans l’étude des algèbres, mais dans un travail de E. Noether et W. Schmeidler [37]
consacré aux anneaux d’opérateurs différentiels.
(13)
La condition maximale (sous forme de « condition de chaîne ascendante ») remonte à Dede-
kind, qui l’introduit explicitement ([15], p. 90) dans l’étude des idéaux d’un corps de nombres
algébriques ; un des premiers exemples de raisonnement de « chaîne ascendante » est sans doute
celui qu’on trouve dans le mémoire de Wedderburn de 1907 ([51], p. 90) à propos d’idéaux bilatères.
(14)
En 1929, E. Noether montrait que pour les anneaux sans radical ces théorèmes s’appliquent en
supposant seulement vérifiée la condition minimale ([34], p. 663) ; C. Hopkins prouva en 1939 que
cette condition à elle seule entraîne que le radical est nilpotent [27].
(15)
C’est là qu’on trouve entre autres pour la première fois sous leur forme générale les notions
d’homomorphisme de groupes à opérateurs, d’anneau opposé, de bimodule, ainsi que les fameux
« théorèmes d’isomorphie » (qui figurent déjà pour les groupes commutatifs dans [33]). Des cas
particuliers ou corollaires de ces derniers étaient bien entendu intervenus longtemps auparavant,
par exemple (pour le second théorème d’isomorphie) chez Hölder à propos des groupes finis [26],
chez Dedekind à propos des groupes abéliens ([14], p. 76–77), chez Wedderburn à propos d’idéaux
bilatères ([51], p. 82–83) ; quant au premier théorème d’isomorphie, il est par exemple énoncé
explicitement par Séguier en 1904 ([48], p. 65).
A VIII.466 NOTE HISTORIQUE
Enfin, dans une série de travaux qui débutent en 1927 ([36], [2] et [35]), E. Noe-
ther et R. Brauer, auxquels se joignent à partir de 1929 A. Albert et H. Hasse,
reprennent l’étude des corps gauches au point où l’avaient laissée Wedderburn et
Dickson. Si la partie la plus importante de leurs résultats consiste en une étude ap-
profondie du groupe de Brauer, en particulier sur les corps de nombres algébriques,
c’est au cours de ces travaux que se précisent les théorèmes de commutation, ainsi
que la notion de corps neutralisant d’une algèbre simple et ses relations avec les
sous-corps commutatifs maximaux ; enfin, en 1927, Skolem caractérise les automor-
phismes des anneaux simples [49], théorème retrouvé quelques années plus tard par
E. Noether [35] et R. Brauer [2].
Ainsi, en 1934, la théorie élémentaire des anneaux simples et semi-simples est
à peu près arrivée à son aspect définitif (pour un exposé d’ensemble de l’état de la
théorie à cette époque, voir [16]).
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[42] « Sur l’intégration algébrique des équations linéaires et les périodes des in-
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[45] « Über die Darstellung der endlichen Gruppen durch gebrochene lineare Sub-
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[48] J.-A. de Séguier – Éléments de la théorie des groupes abstraits, Paris (Gauthier-
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1927.
[52] « A type of primitive algebra », Trans. Amer. Math. Soc. 15 (1914), p. 162–
166.
p-régulier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 423 G
sans facteur multiple . . . . . . . . . . . 150 Galoisien
Éléments idempotents équivalents . . . . 37 (groupe d’automorphismes —) . . . . 271
Ensemble de classes de modules (sous-anneau —) . . . . . . . . . . . . . . 270
additif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Galoisienne (algèbre —) . . . . . . . . . . 305
héréditaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Gelfand (théorème de — -Mazur) . . . 360
Entrelacement (opérateurs d’—) . . . . 388 Générateur (module —) . . . . . . . . . . . 75
Équilibré (module —) . . . . . . . . . . . . . 73 Goldie (théorème de —) . . . . . . . . . . 144
Équivalence de Morita Grothendieck
des algèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 (anneau de —) . . . . . . . . . . . . . . . 193
des modules . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 (groupe de —) . . . . . . . . . . . . 182, 184
Essentiel (sous-module —) . . . . . . . . . . 71 Groupe
d’automorphismes galoisien . . . . . . 271
Exposant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
de Brauer . . . . . . . . . . . . . . . 275, 325
Extension
de Grothendieck . . . . . . . . . . . . . . 182
d’une algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
pour les sommes directes . . . . . . 184
déployante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
unimodulaire . . . . . . . . . . . . . 445, 447
neutralisante . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
H
(produit d’—) . . . . . . . . . . . . . . . . 289
Hamilton (théorème de — -Cayley) . . 332
F
Hauteur
Facteur
d’un morphisme . . . . . . . . . . . . . . . 199
simple de type S . . . . . . . . . . . . . . 137
d’un sous-anneau . . . . . . . . . . . . . . 199
Faiblement galoisien (sous-anneau —) 270
Héréditaire
Fidèle (représentation — d’une algèbre) 366 (ensemble de classes de modules —) 179
Fitting (décomposition de Weyr- —) . . 25 Hilbert
Fonction (théorème d’— 90) . . . . . . . . . . . . 322
additive de modules . . . . . . . . . . . . 179 (théorème des zéros de —) . . . . . . . 451
centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 388 Homomorphisme
faiblement additive de modules . . . . 179 d’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320
Forme trace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 454 de corestriction . . . . . . . . . . . 298, 321
Formule de Frobenius . . . . . . . . . . . . 422 de liaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
Fourier de rang fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . 453
(formule d’inversion de —) . . . . . . . 397 de restriction . . . . . . . . . . . . . 295, 320
Fractions d’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
(anneau des —) . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Homomorphismes compatibles . . . . . . 319
(calcul des —) . . . . . . . . . . . . . . 16, 17 Homothéties (anneau des —) . . . . . . . . . 1
(monoïde des —) . . . . . . . . . . . . . . . 16 I
Frobenius Idéal
(formule de —) . . . . . . . . . . . . . . . 422 bilatère semi-premier . . . . . . . . . . . 144
(réciprocité de —) . . . . . . . . . 198, 393 maximal . . . . . . . . . . . . . . . . . 24, 137
Frobeniusien (anneau —) . . . . . . . . . . 49 minimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
A VIII.478 INDEX TERMINOLOGIQUE
réduite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334 W
Traciale (application —) . . . . . . . . . . 111 Warning (théorème de Chevalley- —) . 347
Wedderburn (théorème de —) . . 116, 131
Transvection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447
Weyr (décomposition de — -Fitting) . . 25
Tsen (théorème de —) . . . . . . . . 349, 352
Y
U
Young (diagramme de —) . . . . . . . . . 420
Unimodulaire (groupe —) . . . . . . . . . 445 Z
Unité à gauche, à droite . . . . . . . . . . 425 Zorn (anneau de —) . . . . . . . . . . . . . 166
TABLE DES MATIÈRES
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX
3. Modules simples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
1. Modules simples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2. Le lemme de Schur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3. Sous-modules maximaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4. Modules simples sur un anneau artinien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
5. Classes de modules simples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
A VIII.484 TABLE DES MATIÈRES
4. Modules semi-simples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
1. Modules semi-simples. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2. L’homomorphisme i HomA (M, Ni ) −→ HomA (M, i Ni ). . . . . . . . . . . . . 53
3. Quelques opérations sur les modules. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4. Modules isotypiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
5. Description d’un module isotypique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
6. Composants isotypiques d’un module. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
7. Description d’un module semi-simple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
8. Multiplicités et longueurs dans les modules semi-simples. . . . . . . . . . . . . . 67
Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5. Commutation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
1. Commutant et bicommutant d’un module. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
2. Modules générateurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3. Bicommutant d’un module générateur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4. Contremodule d’un module semi-simple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
5. Théorème de densité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
6. Application à la théorie des corps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
9. Radical. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
1. Radical d’un module. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
2. Radical d’un anneau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
3. Lemme de Nakayama. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
4. Relèvements d’idempotents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5. Couverture projective d’un module. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467