Autonomie
Autonomie
Autonomie
Le principe d'autonomie joue un rôle central dans l'éthique médicale comme dans
l'éthique tout court car sans autonomie, il n'y a pas de responsabilité morale possible.
Toute personne peut être considérée comme potentiellement autonome dans le sens
où elle possède le droit à l'autonomie. La personne met en oeuvre concrètement ce
droit à l'autonomie lorsqu'elle agit de manière volontaire et indépendante, sans
contrainte extérieure et en fonction de projets qui lui sont propres. L'autonomie implique
donc:
Il importe de distinguer:
- l'autonomie en tant que fondement des droits de la personne humaine et qui à ce titre
appartient en puissance à chaque être humain, y compris le nouveau-né et le patient
comateux : en ce sens l’autonomie est un trait distinctif de la personne humaine et de
sa dignité. Elle rejoint par là les droits fondamentaux de la personne tels qu’ils sont
proclamée dans les diverses Déclarations des droits de l’homme);
- la capacité concrète à être autonome, qui est n'est pas affaire de "tout ou rien", mais
peut être variable, plus ou moins manifeste dans divers aspects de la vie d'une
personne, plus ou moins affectée par la santé et la maladie.
Autonomie au sens
philosophique
Autonomie au sens
psychologique
Autonomie au sens du
droit
-> capacité de discernement
- présente ou absente
- doit s’apprécier dans une
situation concrète
- un mineur peut être capable
de discernement
- un majeur peut être incapable
de discernement
- dire la vérité;
- préserver la sphère privée;
- protéger les renseignements confidentiels;
- assister la prise de décision autonome par le patient.
Le consentement libre et éclairé est essentiel tant dans la pratique ordinaire des
soins que dans la recherche. En effet, on peut dire que le "noyau dur" du principe
d'autonomie est un principe d'autorisation: fondamentalement, la permission du
patient est requise pour toute action sur sa personne, comme par exemple une
intervention médicale. Le corollaire du droit d'accepter, c'est évidemment celui de
refuser: le refus autonome et informé d'un traitement, y compris un traitement vital, est
à respecter, les exceptions étant codifiées par le droit (maladies contagieuses,
hospitalisation non volontaire). L'autre corollaire du consentement informé, c'est le
devoir d'informer qui en résulte pour le médecin, avec tout ce que cela implique d'effort
et d'imagination pour trouver le langage approprié1.
Dans une éthique qui prend l'autonomie au sérieux, invoquer le bien du patient
(principe de bienfaisance, q.v.) ne justifie pas tout. En cas de conflit ou d’interprétations
divergentes sur ce qui constitue "le bien du patient", l'opinion de ce dernier à un statut
spécial et cela non pas parce qu'elle serait la meilleure dans l'abstrait, mais parce que
c'est celle de la première personne concernée. En d'autres termes, le principe
d'autonomie implique de reconnaître l'autorité finale de chacun d'entre nous sur sa
propre personne et ses projets de vie.
Le droit à l'autonomie du patient n'est pas illimité. Il est limité notamment par
l'autonomie des soignants (cf. futilité) et par certains intérêts prépondérants de la
collectivité. Dans ce denier cas, le droit stipule quels sont ces intérêts et dans quelles
circonstances ils permettent de passer outre au principe d’autonomie.
Bien entendu, la capacité concrète d'être autonome est souvent limitée, parfois très
sévèrement. Mais c'est précisément parce que l'autonomie est fragile qu'elle doit être
défendue. L'un des objectifs de la médecine est de défendre et promouvoir l'autonomie
concrète du patient dans toute la mesure du possible.
Dans les cas où l'autonomie à défendre appartient au futur (enfants), ou qu'elle est
durablement entravée, il convient d'obtenir un consentement substitué d'un proche
habilité à représenter valablement les intérêts et les valeurs du patient. De plus, chacun
devrait avoir la possibilité de se déterminer à l'avance sur certains aspects essentiels
1
M. Mandofia-Berney, M. Ummel et A. Mauron : Diffusion et partage de l’information médicale dans la
relation thérapeutique. Cahiers médico-sociaux 39, 345-364 (1995).
du traitement d'une maladie grave pour le cas où il ne serait plus lui-même en état de
décider (directives anticipées).
- majorité civile
- capacité de discernement
- majorité pénale
- majorité sexuelle
Qu’en est-il alors des mineurs et en particuliers les adolescents ? « Toute personne qui
n’est pas dépourvue de la faculté d’agir raisonnablement à cause de son jeune âge, ou
qui n’en est pas privée par suite de maladie mentale, de faiblesse d’esprit, d’ivresse ou
d’autres causes semblables, est capable de discernement dans le sens de la présente
loi (art. 16) ». On voit donc que la capacité de discernement est présumée, en
l’absence d’une cause définie indicatrice de son absence (« cause légale d’altération de
la capacité de discernement »). De plus, il faut signaler qu’en droit suisse, on considère
que la relation médecin-patient relève des « droits strictement personnels »
mentionnés par l’art. 19 al.2 CCS, droits que les mineurs capables de discernement
peuvent exercer directement. Ainsi, un mineur capable de discernement peut consentir
seul à un acte médical et il convient de s’en souvenir lorsqu’il s’agit de patients
adolescents.
Ces notions de droit civil sont celles qui concernent le plus directement le médecin
confronté à la tâche d’évaluer l’autonomie décisionnelle concrète du patient.
Mentionnons néanmoins pour mémoire deux autres notions reliées à l’autonomie et
relevant du droit pénal, la majorité pénale (18 ans, avec certaines réserves, cf. art 100
CPS) et la majorité sexuelle. Cette dernière est fixée à 16 ans par l’art. 187 et suivants
du Code pénal réprimant les atteintes à l’intégrité sexuelle. Entre 16 et 18 ans, la loi
protège les mineurs contre les entreprises sexuelles de personnes ayant une autorité
quelconque sur eux (art.188).
Enfin, toute « personne hospitalisée, internée, détenue, arrêtée ou prévenue » est
semblablement protégée, quel que soit son âge (art.192), ce qui rejoint l’interdit
hippocratique traditionnel2.
ATTITUDES FAVORABLES AU
RESPECT DE L'AUTONOMIE
(d'après D. English)
2
. Le principe général du droit actuel concentrant les délits de nature sexuelle est qu’un
comportement sexuel n’est punissable que s’il nuit à autrui ou qu’un des partenaires n’a pas ou ne
peut pas valablement y consentir. Parmi les nouvelles dispositions, citons celle qui rend non
punissables les relations sexuelles avant 16 ans si la différence d’âge des partenaires est inférieure à
3 ans (art 187 al.2).