Methode Affirmative

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Formation de Formateurs - page : 1

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I- Les méthodes affirmatives


Si un professeur lisait ce que nous sommes en train d’écrire, il pratiquerait
une méthode affirmative, c’est à dire qu’il affirmerait une vérité de son
point de vue, il affirmerait le bien fondé d’un savoir, mais le « mécanicien
auto » qui vous montrera comment changer votre roue est lui aussi
dépositaire d’une vérité, d’un savoir-faire qu’il va affirmer de la voix et du
geste. Nous distinguerons donc dès maintenant les méthodes expositives
(le professeur qui enseigne un savoir) des méthodes démonstratives (le
mécanicien auto qui enseigne comment changer une roue).
A- Les méthodes expositives
Elles consistent à développer oralement un sujet en apportant tout le
contenu, c’est à dire l’information du départ, la structure du raisonnement
et le résultat s’il y a lieu. L’idée de base de cette méthode est que l’on ne
peut pas faire retrouver à l’enseigné des vérités dont son esprit ne
possède pas les éléments. Il est évident que l’on ne peut faire découvrir le
nom et la date d’une bataille, que l’on ne saurait faire découvrir une règle
conventionnelle de comptabilité qui n’a qu’une lointaine raison supposée.
Par contre, on pourrait peut-être réfléchir à l’utilité d’une bataille, faire
découvrir la philosophie générale et quelques règles pratiques de la
comptabilité.
Les caractéristiques des méthodes expositives sont les suivantes:
a) Les buts et les besoins: ce sont ceux du maître et de la société qu’il
représente. L’élève ne prend pas l’habitude de penser en termes de buts
puisque ce concept n’est jamais utilisé ou abordé; cela est d’autant plus
regrettable que le « pourquoi? » est très vif chez les jeunes enfants qui
découvrent le monde. Il est stupide de les stériliser ainsi dans la voie
féconde de l’étude de problème.
b) Les systèmes de valeur tournent autour de « le travail est bon en soi »,
« laconnaissance est bonne en soi ».
c) Les matières possiblessont des savoirs, et, plus difficilement, des
savoir-faire.
d) Les modalités sont typiquement cartésiennes (3ème et 2ème principe):
« Conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus
simples et les plus aisés à connaître pour monter, peu à peu, comme par
degrés, jusqu’à la connaissance des plus composés et supposant même
de l’ordre entre ceux qui ne procèdent point naturellement les uns des
autres ».
Pour Descartes, les objets les plus simples sont les principes premiers.
Les plus simples pour qui? pour celui qui sait déjà ou pour les élèves?
Pour celui qui a maîtrisé l’arithmétique, les axiomes de Péano sont une
évidence...Vouloir commencer par-là est peut-être une erreur. Il est vrai
que l’on ne commence tout de même pas par-là, mais commence-t-on
bien? N’a-t-on pas plus tendance à faire appel à l’intuition (par exemple)
qu’au raisonnement en dépit de ce que l’on affirme.
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« Diviser chacune des difficultés que j’examinerai en autant de parcelles


qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre ».
C’est cette analyse, mais une analyse à priori, non scientifique et non
expérimentale (l’apport du conditionnement opérant a été de montrer la
voie des analyses expérimentales contrôlées). Cela implique la division
logique et le classement rigoureux des idées, la détermination d’étapes
courtes, l’utilisation d’un langage clair, précis et accessible à tous car
l’enseignement est collectif, ce qui veut dire aussi qu’il n’est pas adapté à
chacun des élèves, mais à la « moyenne ». Les diverses étapes seront
articulées entre elles pour constituer une progression. Cependant, nous
noterons que l’analyse est faite par le maître: l’élève n’apprend pas à
analyser une situation globale, à découvrir les essentiels dans leur
enchaînement logique.
e) L’autorité est celle du maître appuyé sur le livre, le manuel, et c’est une
autorité absolue avec confusion des pouvoirs: le maître détient le législatif,
car il est dépositaire de la loi et du modèle, l’exécutif car il fait travailler
dans le sens de la loi, et le judiciaire car il peut punir celui qui ne croit pas
à la loi ou refuse de travailler. Ceci conditionne des élèves entièrement
passifs, l’élève est quelque chose que l’on remplit (il absorbe, il ingurgite, il
digère, il est saturé, c’est une cruche)1 , que l’on fait lever (le maître fait du
bon grain, la devise de Larousse est « je sème à tout vent »).
f) Le renforcement est le plus souvent négatif (punition, moquerie des
autres, appel aux parents, etc.…) mais parfois positif (encore que les
psychologues soient loin d’être d’accord sur ce point) par l’utilisation de
l’émulation entre élèves.
g) La mémorisation est facilitée par la présentation d’étapes courtes
toujours identiques à elles-mêmes et par la répétition (méthodes par
entraînement) faisant appel aux révisions, aux devoirs, aux « récitatifs »
collectifs, etc...
h) Le contrôle s’opère de deux façons: il y a un contrôle assez rapide
(moins d’une heure après l’information) par interrogation orale individuelle
et un contrôle à terme plus long pour des ensembles logiques plus
consistants (interrogations écrites, devoirs, compositions, examens,
etc.…).
Les buts essentiels du contrôle sont d’abord de s’assurer que l’essentiel a
été retenu (peut être aussi d’établir un feed-back sur le maître le
renseignant sur la qualité de son enseignement2, ensuite de s’assurer que
la leçon a été comprise (mais cette compréhension est à peu près
uniquement testée par la capacité à reproduire des modèles).
Le schéma de la figure qui suit nous donne l’organigramme logique de
l’enseignement expositif.

1
Liaison entre educare (nourrir et former) et educere (élever un enfant).
2
Et non sur la qualité des élèves exclusivement comme il le croît si souvent. Rappelons à ce propos
cette maxime TWI, 1er programme: « si l’apprenti n’a pas appris c’est que l’instructeur n’a pas su
instruire ».
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Donner des
informations

(1)
Les élèves ont-ils compris ? Donner des informations
(Contrôle immédiat) complémentaires et ennuyer
ceux qui ontcompris

(2)
Répéter pour asseoir les Oui Non
connaissances et faire Tous pas A-t-on le temps? Oui
retenir Tous

Non

Les élèves ont-ils compris


et retenu? Question de
cours, problèmes
(émulation)

Continuer; tant pis pour


Oui Non ceux qui n’ont pas
Tous pas compris
Tous

Continuer

Organigramme logique de l’enseignement expositif

1 Les contrôles s’opèrent toujours par la recherche de l’écart entre le modèle du


maître (situation satisfaisante but) et le modèle tel qu’il a été perçu par l’élève
(situation plus ou moins satisfaisante).
Le maître va s’efforcer à résoudre ces problèmes pédagogiques.

2 Le schéma de l’enseignement programmé est identique, à cela près que l’on


n’a pas à se poser la question « a-t-on le temps? »: la réponse est toujours oui
et l’application étant individuelle, on n’ennuie pas ceux qui ont compris plus vite.
L’enseignement programmé fait bien des contrôles immédiats pas à pas et des
contrôles différés
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B- Les méthodes démonstratives


La nature de l’information reçue par l’élève ne peut être qu’homomorphe à
celle émise par le maître. S’il émet un savoir (démonstration d’un
théorème, ou bien ce qu’est une réunion discussion), c’est un savoir qui
sera reçu. S’il émet un savoir-faire (tourner une pièce ou bien la conduite
vécue d’une séance de réunion discussion), c’est un savoir-faire qui sera
reçu. Mais expliquer seulement comment tourner une pièce, décrire le
déroulement vécu d’une réunion discussion est insuffisant, car certaines
choses sont très difficiles à décrire par des mots et nous imaginons très
difficilement une scène qui nous est décrite. Il faut donc montrer.
Pour bien montrer, il faut prendre garde à ce que l’apprenti soit bien placé
pour voir (qu’il ne soit pas placé « à l’envers » pour voir faire) et qu’il
puisse s’imaginer dans la position du maître en faisant tous les
enchaînements de gestes.
Mais montrer seulement n’est pas suffisant, car voir ne suffit pas pour
comprendre le pourquoi des choses; l’élève ne sait pas à quoi il doit faire
attention et les tours de main passent inaperçus. Il faut simultanément
expliquer et montrer, associer explication, démonstration et même
illustration.
Un exemple type de méthode démonstrative est celle enseignée dans l’art
d’instruire, 1er programme des méthodes T.W.I.3, dont nous donnons ci-
dessous la méthode sans commentaires:
a- préparer l’intéressé 4:
• Le mettre à l’aise;
• Lui définir le travail, savoir ce qu’il en connaît;
• L’intéresser à son travail (sa tâche, son poste, sa place dans la
production, son avenir);
• Le mettre en position convenable.
b- Présenter le travail :
• Expliquer, montrer, illustrer une seule phase importante 5 à la fois en
numérotant chaque phase:
* une première fois en faisant ressortir les points clés6, en
expliquant leur pourquoi;
* une deuxième fois en faisant ressortir les points clés, en les
énonçant bien séparés;
• Instruire lentement, clairement, complètement, patiemment, mais pas
plus que l’intéressé ne peut assimiler (instruire par étape) 7.

3
Mis au point en 1941 par une équipe de psychologues et pédagogues dirigés par Canning R.
Dooley.
4
L’insistance est très vive sur la création d’une motivation positive préalable.
5
Phase importante: partie du travail qui constitue une étape logique dans son avancement
6
Point clé: tout ce qui, à l’intérieur d’une phase importante, conditionne la bonne exécution du travail
ou sa mise au rebus (qualité du travail), tout ce qui risque de provoquer un accident (sécurité du
travail), tout ce qui peut rendre le travail plus facile: tours de main, trucs, etc... (Facilité dans le travail).
7
Une étape ne doit pas comporter plus de cinq phases et une douzaine de points clés
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c- faire faire des essais d’exécution:


• Faire faire et refaire le travail jusqu’à ce qu’il ait été fait correctement
une fois, en corrigeant immédiatement les erreurs;
• Faire le travail une fois de plus en se faisant expliquer chaque point
clé pour s’assurer qu’il a compris.
d- lancer l’intéressé 8 :
• Livrer l’intéressé à lui-même, lui dire à qui s’adresser pour être aidé;
• Solliciter ses questions;
• Contrôler fréquemment puis intervenir de moins en moins et passer au
travail courant.

8
C’est la suite naturelle de la mise à l’aise avant de passer au travail de production.

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