Le Bon Usage de La Française
Le Bon Usage de La Française
Le Bon Usage de La Française
Titre
AVANT-PROPOS
REMERCIEMENTS
PARTIE 1
LES ÉLÉMENTS DE LA LANGUE ORALE ET ÉCRITE
CHAPITRE 1 LES SONS ET LA PRONONCIATION
1. Les sons isolés
1. Les voyelles
2. Les consonnes
3. Les semi-voyelles
2. La prononciation en parole continue
1. La modification des consonnes au contact d’autres consonnes
2. La prononciation de voyelles successives
3. L’élision
4. La liaison
5. Le e muet
3. La prosodie
1. L’accentuation (accent tonique)
2. L’intonation
3. Le rythme
PARTIE 2
LES MOTS
CHAPITRE 1 LES CLASSES DE MOTS
1. Définition
2. Les mots variables
3. Les mots invariables
PARTIE 3
LES CLASSES GRAMMATICALES
CHAPITRE 1 LE NOM
1. Définitions et types
1. Noms communs
2. Noms propres
2. Le genre du nom
1. Le féminin des noms animés
2. Les noms à double genre
3. Le nombre du nom
1. Le pluriel des noms communs
2. Le pluriel des noms propres
3. Le pluriel des noms composés
4. Le pluriel des noms étrangers
5. Le pluriel des noms par conversion
6. Cas particuliers
4. Le groupe nominal
1. Le groupe nominal minimal
2. Le groupe nominal étendu
CHAPITRE 2 LE DÉTERMINANT
1. Définition
1. Types de déterminants
2. Caractéristiques
2. Les articles
1. L’article défini
2. L’article indéfini
3. L’article partitif
4. La répétition de l’article
5. L’omission de l’article
3. Les déterminants démonstratifs
1. Les formes du déterminant démonstratif
2. L’emploi du déterminant démonstratif
4. Les déterminants possessifs
1. Les formes du déterminant possessif
2. L’emploi du déterminant possessif
5. Les déterminants numéraux
1. Les formes du déterminant numéral cardinal
2. L’emploi du déterminant numéral cardinal
6. Les déterminants relatifs, interrogatifs et exclamatifs
1. Les déterminants relatifs
2. Les déterminants interrogatifs
3. Les déterminants exclamatifs
7. Les déterminants indéfinis
1. Les formes du déterminant indéfini
2. L’emploi du déterminant indéfini
CHAPITRE 4 LE PRONOM
1. Définition
2. Les pronoms personnels
1. Définition
2. Les formes du pronom personnel
3. L’emploi du pronom personnel
3. Les pronoms possessifs
4. Les pronoms démonstratifs
1. Définition
2. L’emploi des pronoms démonstratifs
5. Les pronoms relatifs
1. Définition
2. L’emploi des pronoms relatifs
6. Les pronoms interrogatifs
1. Définition
2. L’emploi des pronoms interrogatifs
7. Les pronoms indéfinis
1. Définition
2. L’emploi des pronoms indéfinis
8. Les compléments du pronom
CHAPITRE 5 LE VERBE
1. Définition
2. Les constructions du verbe
1. Les verbes transitifs
2. Les verbes intransitifs
3. Les verbes attributifs
4. Les verbes impersonnels
5. Les verbes supports
3. Les variations du verbe
1. Le mode
2. Le temps, l’aspect et la voix
3. Le nombre et les personnes
4. Les formes du verbe
1. Comment varie le verbe
2. Les finales des temps
3. Les terminaisons aux différentes personnes
4. Les verbes auxiliaires
5. Les conjugaisons
5. L’emploi des modes et des temps
1. L’indicatif
2. Le subjonctif
3. L’impératif
4. L’infinitif
5. Le participe
CHAPITRE 6 L’ADVERBE
1. Généralités
1. Définition
2. Invariabilité de l’adverbe
2. La forme des adverbes
1. Les formes simples et composées
2. La formation des adverbes en -ment
3. Les adverbes par conversion
3. Le sens des adverbes
1. Les adverbes de manière
2. Les adverbes de quantité et d’intensité
3. Les adverbes de temps
4. Les adverbes de lieu
5. Les adverbes d’affirmation
6. Les adverbes de négation
7. Les adverbes de doute
8. Les adverbes d’interrogation
4. Les degrés des adverbes
5. La place de l’adverbe
1. Avec un verbe
2. Avec un adjectif, un participe ou un adverbe
CHAPITRE 7 LA PRÉPOSITION
1. Définition
2. Principales prépositions et locutions prépositives
1. Principales prépositions
2. Principales locutions prépositives
3. Rapports exprimés
4. L’emploi des prépositions
1. Les prépositions à, de, en se répètent
2. Les prépositions à, de, en ne se répètent pas
5. La répétition des autres prépositions
6. Remarques sur quelques prépositions
CHAPITRE 8 LA CONJONCTION
1. Définition
2. Les conjonctions de coordination
1. Principales conjonctions de coordination
2. Principales relations indiquées par les conjonctions de coordination
3. Les conjonctions de subordination
1. Principales conjonctions de subordination
2. Principales relations indiquées par les conjonctions de subordination
CHAPITRE 9 L’INTERJECTION
1. Définition
2. Mots employés comme interjections
1. Principales interjections
2. Principales locutions interjectives
PARTIE 4
LA PHRASE SIMPLE
CHAPITRE 1 LA PHRASE : DÉFINITION ET IDENTIFICATION
1. Définitions de la phrase
1. Définition syntaxique (sujet-verbe)
2. Point de vue logique (prédication)
3. Point de vue sémantique (actants)
4. Point de vue informationnel (thème/rhème)
5. Point de vue pragmatique (acte de langage)
6. Point de vue typographique (majuscule-point)
2. La phrase et l’énoncé
3. La phrase de base et la phrase étendue
4. Les phrases atypiques
1. La phrase non verbale
2. La phrase elliptique
3. La phrase figée
CHAPITRE 3 LE SUJET
1. Définition et identification
2. La nature syntaxique du sujet
3. La position du sujet dans la phrase
4. L’absence de sujet
1. Définition
2. La phrase déclarative
3. La phrase interrogative
1. L’interrogation totale
2. L’interrogation partielle
4. La phrase injonctive
5. La phrase exclamative
PARTIE 5
LA PHRASE COMPLEXE
CHAPITRE 1 GÉNÉRALITÉS
1. Définition de la phrase complexe
2. La subordination comparée à la coordination et à la corrélation
3. Classification des propositions subordonnées selon leur fonction
4. Classification des propositions subordonnées selon le mot introducteur
1. Avec mot introducteur
2. Sans mot introducteur
1. Définition
2. Les propositions subordonnées infinitives
1. À fonction de sujet ou d’attribut du sujet
2. À fonction de complément du présentatif ou d’un verbe impersonnel
3. À fonction de complément d’objet direct ou indirect du verbe
4. À fonction de complément circonstanciel
5. À fonction de complément du nom ou de l’adjectif
3. Les propositions subordonnées participiales
1. Avec un sujet propre
2. Sans sujet exprimé
3. En apposition
PARTIE 6
AU-DELÀ DE LA PHRASE
CHAPITRE 1 LES PHRASES JUXTAPOSÉES ET COORDONNÉES
1. Les phrases juxtaposées
2. Les phrases coordonnées
1. Addition
2. Disjonction
3. Contraste
4. Cause
5. Conséquence
6. Temporalité
3. Les phrases en incise et les incidentes
1. Les phrases en incise
2. Les phrases incidentes
CHAPITRE 2 FÉMINISATION
1. Introduction
2. Règles morphologiques
1. Noms terminés au masculin par une voyelle dans l’écriture
2. Noms terminés au masculin par une consonne dans l’écriture
3. Règles syntaxiques
4. Écriture inclusive
Copyright
Avant-propos
CHAPITRE 1
Les sons et la prononciation
CHAPITRE 2
Les éléments de la langue écrite
CHAPITRE 1
Remarque
La phonétique étudie la réalisation concrète des sons du langage : leur
production, leur transmission et leur perception auditive. La phonologie
étudie la fonction des sons (les phonèmes) et la manière dont ils se
distinguent et s’organisent pour former des syllabes et des mots.
Une syllabe est formée d’un son ou d’un groupe de sons que l’on
prononce en une seule émission de voix : eau, mi-di, é-lé-phant.
“
J’entendis une syllabe répétée comme une prière et que je
reconnus pour l’avoir déjà entendue transpercer le mur de
mon appartement. « Nê, nê, nê. » (CHRISTOPHE ONO-DIT-
BIOT, Croire au merveilleux, 2017)
”
Le noyau de la syllabe est constitué par une voyelle. Selon la
position de la voyelle dans la syllabe, cette voyelle est dite :
libre, quand elle termine la syllabe (la syllabe est ouverte) : dé-fi-
ni ;
entravée, quand la voyelle est suivie d’une consonne prononcée
(la syllabe est fermée) : bes-tiair(e), planch(e).
Les phonèmes sont les sons qui, dans une langue donnée,
permettent de distinguer les mots les uns des autres. Le français
utilise 16 phonèmes-voyelles /i,e,ɛ,a,ɑ,y,ø,œ,ə,u,o,ɔ,ɑ̃,ɛ,̃ œ̃,ɔ̃/ et
18 phonèmes-consonnes /p,b,t,d,k,g,m,n,ɲ,ŋ,ʀ,f,v,s,ʃ,z,ʒ,l/. À ceux-ci
s’ajoutent 3 semi-voyelles /j,w,ɥ/.
L’alphabet phonétique international permet de transcrire chaque
phonème par un symbole unique, contrairement à l’orthographe
usuelle où un son peut être transcrit par différentes lettres ou
combinaisons de lettres (par ex. le son [s] dans cieux, sol, assez, ça,
nation, etc.). (› Les graphèmes)
Les phonèmes du français (alphabet phonétique
international)
Voyelles
[u] trou
[y] pur
[j] yeux, bien
[w] oui, ouate
[ɥ] cuir, nuit
1. Les voyelles
On appelle voyelles les sons produits avec les articulateurs
(mâchoires, lèvres, etc.) relativement ouverts. Le timbre d’une
voyelle est la couleur sonore qui la caractérise en fonction du
placement précis des articulateurs.
Labialis Labialisée
Étirées Étirées
ées s
Remarques
1. La voyelle [ə], comme dans chemin [ʃəmɛ]̃ , est dite centrale : elle n’est ni
antérieure ni postérieure ; elle n’est ni ouverte ni fermée. Il s’agit du e dit
muet. (› Le e muet. )
2. La voyelle postérieure [ɑ], dite a vélaire, est aujourd’hui rarement utilisée.
La plupart des francophones ne font plus de différence audible entre les
pâtes et les pattes, ou remplacent la différence de timbre par une
différence de durée (en allongeant la voyelle dans pâtes). Il en va de
même pour la différence entre brun et brin, qui s’estompe au profit de la
seconde voyelle.
Remarque
Dans certaines variétés de français, la durée d’une voyelle est utilisée pour
distinguer deux mots : belle [bɛl] vs bêle [bɛːl].
2. Les consonnes
Les consonnes sont des bruits de frottement ou d’explosion produits
par le souffle qui rencontre dans la bouche divers obstacles résultant
de la fermeture ou du resserrement des lèvres, des dents, de la
langue contre le palais, etc. Les consonnes sont décrites par leur
mode d’articulation, leur lieu d’articulation et leur caractère sonore
ou sourd.
a) Mode d’articulation
Le mode d’articulation correspond à la manière dont le son est
produit.
Les consonnes fricatives résultent d’un bruit de frottement
produit par l’échappement de l’air alors que les organes buccaux
sont resserrés : [f] faux, [v] veau, [s] sot, [z] zoo, [ʃ] chaud, [ʒ] jolie.
Les consonnes occlusives sont produites par l’échappement
brusque de l’air à l’ouverture des organes articulateurs (lèvres,
langue, etc.) : [p] peau, [b] beau, [t] taux, [d] dos, [k] car, [g] gare.
Les consonnes nasales sont produites par un échappement de
l’air à travers le nez : [m] maux, [n] nos, [ɲ] gagne et [ŋ] gang.
Les consonnes vibrantes sont articulées au moyen d’une
vibration de l’arrière de la langue contre l’arrière du palais (pour
le [ʀ] dit parisien) ou de la pointe de la langue contre le palais
(pour le [r] dit roulé).
Le [l] lac est une consonne latérale produite par l’écoulement de
l’air de part et d’autre de la langue.
b) Lieu d’articulation
Le lieu d’articulation permet de distinguer les consonnes selon
l’endroit où les organes articulatoires se touchent ou se resserrent.
Les consonnes bilabiales (lèvres) : [b] beau, [p] peau, [m] maux, et
labio-dentales (lèvre supérieure contre les dents) : [v] veau, [f]
faux.
Les consonnes dentales ou alvéolaires (langue contre les dents
ou l’arrière des dents) : [t] taux, [d] dos, [s] sot, [z] zoo, [n] nos, [l] lac.
Les consonnes palatales (langue contre le palais) : [ʃ] chaud, [ʒ]
jolie, [ɲ] gagne.
Les consonnes vélaires (langue contre l’arrière du palais) : [k]
car, [g] gare, [ʀ] rare, [ŋ] gang.
Palatales
Labiales Dentales
et vélaires
3. Les semi-voyelles
Il y a trois semi-voyelles (ou semi-consonnes) :
[ɥ] (qu’on nomme ué), comme dans lui [lɥi], juin [ʒɥɛ]̃ , fuir [fɥiʀ] ;
[w] (qu’on nomme oué), comme dans oui [wi], poids [pwa] ;
[j] (qu’on nomme yod), comme dans pied [pje], yeux [jø].
D’ordinaire, la semi-voyelle se lie dans la prononciation à la voyelle
qui suit ou à celle qui précède, pour former une diphtongue. La
voyelle et la semi-voyelle sont prononcées en une seule syllabe : lier
[lje], œil [œj].
2. La prononciation en parole continue
Les mots sont rarement prononcés de manière isolée. Dans la
prononciation courante, le contact des mots dans la phrase modifie
l’articulation des consonnes et des voyelles.
2. La prononciation de voyelles
successives
Le hiatus est la prononciation de deux voyelles successives dans
deux syllabes détachées : né-ant [neɑ̃]. Le hiatus s’oppose à la
diphtongue qui regroupe deux voyelles dans une même syllabe :
Louis [lwi].
Quand deux voyelles se suivent, comme dans nuage, on peut les
prononcer en une seule syllabe [nɥaʒ] ou en deux syllabes [ny.aʒ], en
fonction d’habitudes (personnelles, régionales, etc.) ou de
nécessités rythmiques (en poésie ou en théâtre classique).
Remarque
Les francophones hors de France ont tendance à prononcer en deux
syllabes des mots que les Français prononcent en une seule : lion fr.
Belgique [li.ɔ̃] vs fr. France [ljɔ̃].
Des nu-ages pris entre les dents. (PIERRE LAPOINTE, Mais sais-
tu vraiment qui tu es ?, 2017) (Ciel est prononcé en une syllabe et nu-age
en deux syllabes. Chaque vers compte 8 syllabes.)
Remarque
L’articulation correcte des voyelles exige que les muscles de la bouche soient
tendus, afin que la voyelle reste stable. Lorsque l’articulation est relâchée, on
peut être amené à insérer une semi-voyelle entre deux voyelles, comme
Noël prononcé [nɔwɛl], ou à ajouter une semi-voyelle après une voyelle,
comme année prononcé [anej]. Ces prononciations sont perçues comme
informelles.
3. L’élision
L’élision est la suppression d’une des voyelles finales a, e, i, devant
un mot commençant par une voyelle ou un h muet. L’élision permet
d’éviter le hiatus, qui est la prononciation de deux voyelles
successives. Les élisions dans la prononciation ne sont pas toujours
marquées dans l’écriture, en particulier pour le e : faibl(e) escorte, il a
presqu(e) échoué. À l’écrit, la voyelle élidée est remplacée par une
apostrophe : l’or, d’abord, l’heure, s’il t’aperçoit. (› Élision à l’écrit, › Le e
muet)
L’élision n’a pas lieu devant le nom un (chiffre ou numéro), ni devant
oui, huit, huitain, huitaine, huitième, onze, onzième, yacht, yak,
yatagan, yole, yucca, ni devant certains noms propres tels que
Yougoslavie, Yémen, Yucatan, etc. :
“
Quelquefois, je me dis que oui, mais le plus souvent je reste
convaincu du contraire. (ÉRIC FAYE, Il faut tenter de vivre, 2015)
”
Toutefois on a pu dire et on trouve encore parfois :
“ Je pense qu’oui. (J EAN DE LA BRUYÈRE, Les caractères, 1688)
”
Pour ouate, même si l’usage varie, on écrit plus souvent l’ouate que
la ouate.
“
Sa voix sonnait bizarrement dans l’ouate, au bord de
l’asphyxie. (ANNE-MARIE GARAT, La source, 2015)
”
Remarque
La voyelle u ne peut pas s’élider, en particulier dans le pronom tu. On
observe cependant des élisions lorsqu’un auteur veut imiter le style parlé :
Hein ? T’es complètement malade ! (DIDIER VAN CAUWELAERT,
Le principe de Pauline, 2014)
Ah sacré papa
Dis-moi où es-tu caché ?
Ça doit faire au moins mille fois
Que j’ai compté mes doigts
Où t’es, papa où t’es ? (STROMAE, Papaoutai, 2013)
4. La liaison
La liaison consiste à prononcer, devant un mot commençant par une
voyelle ou un h muet, une consonne finale, muette en dehors de
cette position. Il se produit alors un enchainement car la consonne
finale s’appuie si intimement sur la voyelle du mot suivant que, pour
l’oreille, elle fait corps avec lui plutôt qu’avec le mot auquel elle
appartient (› Le h muet) :
”
La liaison est obligatoire entre un déterminant et un nom, entre un
adjectif et le nom qui suit, ou dans certaines expressions figées :
les_idées, le petit_enfant, pas_à pas. La liaison est interdite entre deux
groupes syntaxiques, comme dans le petit / attend sa maman où petit
fait partie du groupe sujet. Dans les autres cas, la liaison est
facultative : deux_idées(_)essentielles, des choses(_)insensées, il
faut(_)aimer, il n’est pas(_)arrivé, etc.
Remarques
1. Certaines lettres voient leur prononciation modifiée dans les liaisons :
s et x se prononcent [z] : pas_à pas [pa.za.pa], deux_hommes [dø.zɔm]
; en français, la liaison en [z] est la plus fréquente et couvre 50 % des
cas ;
d se prononce [t] : grand_effort [gʀɑ̃.tɛ.fɔʀ] ;
g se prononce [k] : sang_et eau [sɑ̃.ke.o] ;
on se prononce [ɔn] dans certains cas ː bon enfant [bɔ.nɑ̃.fɑ̃]
2. Dans certains contextes très formels, on peut prononcer la consonne de
liaison sans l’enchainer avec la voyelle qui suit. La liaison sans
enchainement est plutôt rare et réservée au registre politique :
Il y a d’abord cette belle expérience de deux journaux, l’un
francophone, l’autre néerlandophone, prenant_ensemble
[pʀənɑ̃t.ɑ̃sɑ̃blə], pendant_un mois [pɑ̃dɑ̃t.œ̃mwa], le pouls de
chacune de nos communautés et régions. (ALBERT II DE
BELGIQUE, Vœux de fin d’année, 2007)
3. La liaison facultative est une marque stylistique : elle est réalisée plus
fréquemment lorsqu’on s’exprime de manière formelle. Il arrive que des
liaisons interdites soient réalisées dans un style poétique soutenu :
Quand les mois_auront passé. (GEORGES BRASSENS, Les
amoureux des bancs publics, 1953)
5. Le e muet
Le e qui n’est ni accentué ni suivi d’une consonne double, comme
dans chemin [ʃəmɛ]̃ , est conventionnellement noté [ə] dans l’alphabet
phonétique ; sa prononciation se confond généralement avec celle
du [œ] (comme dans œuf) ou du [ø] (comme dans deux). On
prononce ainsi chemin [ʃœmɛ]̃ ou [ʃømɛ]̃ , voire [ʃmɛ]̃ . Ce e a la
particularité d’être instable dans la prononciation, c’est pourquoi il
est nommé e muet ou e caduc. (› Alphabet phonétique)
Le e n’est généralement pas prononcé en fin de mot, ni quand il est
précédé ou suivi d’une seule consonne prononcée, comme dans
maint(e)nant [mɛt̃ nɑ̃]. Lorsqu’il est précédé de deux consonnes et
suivi d’une consonne, il est maintenu dans la prononciation, comme
dans squelette [skəlɛt]. Lorsque deux syllabes consécutives
contiennent un e, on peut choisir de prononcer l’un ou l’autre, ou les
deux, comme dans simple demi-heur(e). En conséquence de ces
règles, la plupart des e à l’écrit ne sont pas prononcés :
”
Un [ə] peut être inséré dans la prononciation, sans qu’il y ait de e à
l’écrit, pour servir d’appui dans une succession de trois consonnes
ou plus :
“ On l’a trouvée hier avant le lever du jour
Un peu à l’est-e de [lɛstədə] Johannesburg. (JEANNE CHERHAL,
Noxolo, 2014)
”
Remarque
Comme pour les semi-voyelles, la prononciation du e muet peut enfreindre
les règles énoncées plus haut pour des raisons rythmiques, afin d’assurer un
nombre précis de syllabes dans un vers. (› Semi-voyelles)
Ne cherche plus longtemps de fontaine
Toi qui as besoin d’eau.
Ne cherche plus, aux larmes d’Hélène
Va-t’en remplir ton seau. (GEORGES BRASSENS, Les sabots
d’Hélène, 1954)
3. La prosodie
La prosodie désigne les variations de la voix dans la parole : durée
(allongements et pauses), hauteur (mélodie) et intensité (volume
sonore). Ces variations forment l’accentuation, l’intonation et le
rythme.
a) L’accent final
L’accent final est obligatoire et il frappe la dernière syllabe articulée
d’un mot ou d’un groupe de mots. Il peut s’agir de l’avant-dernière
syllabe écrite quand la finale contient un e muet : C’est la vérité, mon
sentiment, l’indifférenc(e), les montagn(es), ils désespèr(ent). (› Le e muet)
Dans la phrase, l’accent frappe la dernière syllabe de chaque groupe
de mots unis par le sens : c’est le groupe accentuel. Il y a plusieurs
manières correctes de former les groupes accentuels selon le sens
que l’on veut transmettre ou selon la vitesse de parole (plus on parle
vite, plus les groupes accentuels sont longs) :
“
Au bout d’une heur(e) tout était décidé ; un grand bruit
d’hommes et de chevaux avait succédé au silenc(e). (ALFRED
DE MUSSET, Le fils du Titien, 1838)
”
b) L’accent initial
L’accent initial est facultatif en français. On le nomme accent
d’insistance ou accent expressif. Cet accent ne remplace pas
l’accent final. Il se réalise sur la première syllabe du mot, ou sur la
seconde lorsque le mot débute par une voyelle, et se marque
généralement par un ton haut et une intensité accrue, sans
allongement syllabique :
”
2. L’intonation
Les phrases ne sont pas prononcées sur un ton monotone, mais en
variant la mélodie de la voix. Cette variation de la mélodie forme
l’intonation :
une intonation montante (//) est associée à une continuation
(dans une phrase ou à la fin d’une phrase qui appelle une
réponse) ;
une intonation descendante (\\) indique un achèvement (fin de
phrase) ou un ordre ;
une intonation montante-descendante (/\) sert à marquer
l’importance d’un mot.
”
Remarques
1. L’intonation et l’accentuation sont étroitement liées : le mouvement
intonatif est porté par la syllabe accentuée finale.
2. Le ton est le degré de hauteur musicale d’un son : tel son est plus ou
moins aigu, plus ou moins grave. Dans un sens large, le ton est la manière
particulière de parler relativement aux mouvements de la pensée ou de
l’humeur : une phrase peut être dite sur un ton impérieux, doctoral, badin,
doucereux, etc.
3. Le rythme
Le rythme se définit par la vitesse de parole, les scansions et les
pauses :
la vitesse de parole, ou débit, se mesure par le nombre de
syllabes ou de mots articulés par seconde ; le débit varie
généralement entre 3 et 7 syllabes par seconde ;
une scansion rythmique résulte du retour, à intervalles réguliers,
d’une syllabe accentuée ;
les pauses silencieuses ou d’hésitation (euh) interviennent
également dans la perception du débit et du rythme.
Remarque
Chaque style de parole se définit par un rythme particulier. Le journaliste
radiophonique adopte un débit de parole rapide, avec peu de pauses et des
accents initiaux réguliers. Le discours d’un politicien se caractérise par un
débit lent, des pauses nombreuses et des groupes accentuels courts.
CHAPITRE 2
4. Lettres historiques
L’orthographe n’a pas évolué en même temps que la prononciation
et l’Académie française a souvent privilégié les graphies fidèles à
l’étymologie, les lettres historiques ou étymologiques :
1° il arrive qu’une ou plusieurs lettres du mot latin qui a évolué en
français (jugum a donné joug), disparues dans la prononciation
depuis le moyen âge, soient pourtant toujours exigées par
l’orthographe : doigt, tort, vert, lourd, cerf. Ces graphies
anciennes sont parfois régularisées selon le principe de
correspondance entre les sons et les lettres comme clé (au lieu
de clef) ;
2° le français savant a emprunté de nombreux mots au grec et leur
graphie a été adaptée à l’aide de « lettres grecques » (th, ph,
rh, y) : psychologie, théâtre, rhétorique, etc. ;
3° la consonne h initiale a été utilisée pour distinguer la
prononciation de la voyelle u qui n’était pas différente
graphiquement de v : huile était ainsi orthographié vile. Cette
consonne h se distingue de celle que l’on trouve à l’initiale des
mots empruntés aux langues germaniques (haricot, hache, haine) :
il s’agit là du h aspiré qui empêche la liaison et l’élision
(des#haricots [dɛaʀiko], la hache, la haine).
Ces lettres étymologiques et historiques peuvent constituer une aide
pour le lecteur cultivé. Cependant, elles représentent une difficulté
pour quiconque ne leur trouve pas de correspondance avec la
prononciation.
2. Les lettres de l’alphabet
La langue écrite dispose pour former les graphèmes de vingt-six
lettres, dont l’ensemble constitue l’alphabet. L’alphabet français s’est
constitué à partir de l’alphabet latin. Ce dernier comprenait
uniquement des lettres capitales dites romaines. Les lettres
minuscules se sont développées ultérieurement.
a) Rôle démarcatif
Les majuscules sont utilisées au début d’une phrase, d’un titre ou
d’un texte. Le plus souvent, la majuscule suit un signe de
ponctuation fort (point, point d’exclamation, point d’interrogation).
Après les deux points, on met une majuscule si la phrase est une
citation (1) et on met une minuscule si la phrase développe ou
illustre ce qui précède (2). (› Majuscule après le point)
“
Elle éludait d’une boutade, disant par exemple : Eh bien,
c’est tout simplement un nom parfait, n’est-ce pas ? (MARIE
NDIAYE , La cheffe, roman d’une cuisinière, 2016) (1)
”
En poésie, on utilise la majuscule en début de chaque vers dans un
poème de forme régulière, de sorte que la majuscule ne coïncide
pas nécessairement avec un début de phrase.
”
b) Rôle distinctif
1° La majuscule s’emploie pour marquer un nom propre, par
opposition à un nom commun (les Vosges, Bruxelles, la Loire, la
Terre, Julien Sorel).
Elle est utilisée pour les noms de pays et de
peuples (la France, les Français), mais pas pour les noms de
langues ou les adjectifs (le français, langue qu’on parle ; le peuple
français). (› Nom propre)
2° Les titres des œuvres littéraires ou des ouvrages d’art prennent
également une majuscule : Le bateau ivre de Rimbaud, la 9e
Symphonie de Beethoven, le Printemps de Botticelli, etc. Si le titre
est formé d’une suite de mots, seul le premier mot prend une
majuscule : À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Le dernier jour d’un
condamné, Le malade imaginaire.
3° On utilise aussi la majuscule pour marquer un mot utilisé dans
une fonction ou un titre lorsqu’on s’adresse à quelqu’un (Madame,
le Premier Ministre), désignant un concept (le Bien et le Mal), un
courant (le Romantisme) ou un évènement historique (la Révolution
française, le 11-Septembre, Mai-68).
“
Il me semble que le cliché, c’est plutôt de dire “Je perds ma
vie à la gagner”, a repris Paz. – Un slogan de Mai-68... – ...
dont il a inversé les termes, corrigea-t-elle à nouveau. »
(CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Plonger, 2013)
”
Remarques
1. On distingue habituellement les capitales, qui constituent des séries
continues de grandes lettres (C’EST IMPORTANT ), des majuscules, qui
sont placées au début d’un mot (Pierre).
2. Les points cardinaux (nord, sud, est, ouest) ne prennent une majuscule
que lorsqu’ils désignent un ensemble de régions (par ex. les oiseaux du
Nord et du Sud) ou la région sud d’un pays ou d’un continent (le Nord de
l’Allemagne, les pays de l’Est).
L’exquis, le savoureux cahotent vers l’ouest de la capitale,
l’aigre va aux masures. Le moelleux et le succulent galopent à
la cour, l’insipide et le blet s’en vont à Paris. (ÉRIC VUILLARD,
14 Juillet, 2016)
On escorta Sitting Bull et Buffalo Bill jusqu’ au petit écrin où ils
devaient, les pieds sur un tapis de paille, se tenir devant un
maigre bouleau badigeonné sur une toile, censée représenter
l’Ouest sauvage. (ÉRIC VUILLARD, Tristesse de la terre, 2014)
3. Pour les noms de fêtes (religieuses ou civiles), la règle est de mettre une
majuscule si le nom comporte un seul mot (Noël, Pâques) et de ne mettre
la majuscule qu’au mot le plus spécifique si le nom comporte plusieurs
mots ( jour de l’An, lundi de Pâques, fête des Mères). Ces règles ne
sont pas toujours respectées dans les usages.
3. Les accents, le tréma, la cédille
Les accents, le tréma et la cédille sont des signes qui s’ajoutent à
une lettre pour en modifier la valeur. Les accents et la cédille
indiquent une prononciation particulière (é, è, ç) ou empêchent la
confusion entre les mots qui s’écrivent de la même manière (du, dû ;
a, à). L’apostrophe est utilisée pour marquer l’élision d’une voyelle
(l’amour).
On distingue trois sortes d’accents : l’accent aigu (’), l’accent grave
(’) et l’accent circonflexe (ˆ).
1. L’accent aigu
L’accent aigu se met sur le e représentant le son [e] non suivi d’un -
d, d’un -r ou d’un -z finals : vérité, coupés (que l’on peut comparer à
pied, chanter, nez).
Remarques
1. La nouvelle orthographe a muni d’un accent aigu les mots où il avait été
omis ou dont la prononciation a changé. L’ancienne orthographe reste
acceptée. (› Listes complètes)
asséner québécois réfréner
démiurge recéler sénestre, etc.
2. On munit également d’un accent les mots empruntés à d’autres langues
lorsqu’ils n’ont pas valeur de citation.
Mots empruntés au latin
artéfact facsimilé mémorandum vadémécum
critérium linoléum placébo véto, etc.
délirium trémens média référendum
désidérata mémento sénior
Mots empruntés à d’autres langues
allégro édelweiss péséta séquoia
braséro imprésario péso sombréro
décrescendo pédigrée piéta trémolo
diésel pérestroïka révolver zarzuéla, etc.
2. L’accent grave
L’accent grave se met sur le e, sur le a et sur le u.
L’accent grave se met sur le e représentant le son [ɛ] lorsqu’il est
suivi d’une consonne et d’un e muet final de mot (père), ou lorsqu’il
apparait en fin de mot devant -s (procès).
Lorsqu’un e prononcé [ɛ] est suivi d’une syllabe non finale avec un e
muet, le è s’est généralisé là où on employait parfois le é.
C’est le cas au présent, au futur et au conditionnel de verbes
comme céder, interpréter ou régler : je cèderai, elle considèrera,
1
nous interprèterons .
Dans les inversions interrogatives, la première personne du
singulier à l’indicatif présent porte un accent grave lorsqu’elle est
2
suivie du pronom je : puissè-je, dussè-je .
L’emploi du è pour noter le son [ɛ] est étendu à tous les verbes du
type -eler et -eter : au présent, au futur et au conditionnel,
l’accent grave remplace la double consonne qui suivait le e (je
pèle, il ruissèle, elle étiquètera).
Les noms en -ement dérivés de ces
verbes suivent la même orthographe 3 (craquèlement, ruissèlement,
etc.). Font exception appeler (et rappeler) et jeter (et ses
composés) dont la graphie avec la double consonne est
stabilisée dans l’usage : j’appelle, elle jette, nous interjetterons.
Sur a, on a un accent grave dans deçà, déjà, delà, voilà, holà (mais non
dans cela).
Sur a, u, e, l’accent apparait dans certains mots qui peuvent par ce
moyen être distingués de mots homonymes : à, a ; là, la ; çà, ça ; où,
ou ; dès, des.
Remarque
La nouvelle orthographe a muni d’un accent aigu les mots où il avait été
omis, ou dont la prononciation a changé. L’ancienne orthographe reste
acceptée. (› Liste complète)
abrègement cèleri évènement règlementer
allègement crèmerie hébètement sècheresse,
etc.
allègement crèneler règlementaire
assèchement empiètement règlementation
3. L’accent circonflexe
L’accent circonflexe se met sur a, e, o, et indique la chute d’un s ou
d’une voyelle de l’ancienne orthographe : bâtir (autrefois bastir), tête
(teste), âge (eage). L’accent circonflexe indique également la
prononciation longue de certaines voyelles : cône [koːn], infâme [ɛf̃ aːm],
extrême [ɛkstʀɛːm].
En nouvelle orthographe, les voyelles i et u ne portent plus d’accent
circonflexe. (› Nouvelle orthographe)
Une première exception concerne la terminaison dans la
conjugaison des verbes. On continue d’utiliser l’accent circonflexe
sur i ou sur u aux temps et modes suivants :
au passé simple : nous vîmes, vous reçûtes comme nous
chantâmes ;
à l’imparfait du subjonctif (troisième personne du singulier) : qu’il
fît, qu’elle voulût comme qu’elle chantât ;
au plus-que-parfait du subjonctif (troisième personne du
singulier) : qu’elle eût voulu, nous voulûmes qu’il prît la parole, il eût
préféré qu’on le prévînt.
La seconde exception prévoit le maintien de l’accent circonflexe
dans les mots où il apporte une distinction de sens utile : dû (qui
s’oppose à du), jeûne (qui s’oppose à jeune), les adjectifs mûr (qui
s’oppose à mur) et sûr (qui s’oppose à sur), et le verbe crû (du verbe
croitre étant donné que sa conjugaison est en partie homographe de
celle du verbe croire). L’exception ne concerne pas les dérivés et les
composés de ces mots (sûr mais sureté). Comme c’était déjà le cas
pour dû, les adjectifs mûr et sûr ne prennent un accent circonflexe
qu’au masculin singulier.
Remarques
1. Les personnes qui ont la maitrise de l’orthographe ancienne peuvent
naturellement ne pas suivre cette nouvelle norme.
2. Cette mesure entraine la rectification de certaines anomalies
étymologiques, en établissant des régularités. On écrit désormais mu
(comme déjà su, tu, vu, lu), plait (comme déjà tait, fait), piqure, surpiqure
(comme déjà morsure), traine, traitre, et leurs dérivés (comme déjà gaine,
haine, faine), et ambigument, assidument, congrument, continument,
crument, dument, goulument, incongrument, indument, nument
(comme déjà absolument, éperdument, ingénument, résolument).
3. Sur ce point comme sur les autres, aucune modification n’est apportée aux
noms propres ni aux adjectifs issus de ces noms (Nîmes, nîmois).
4. Le tréma
Le tréma (¨) se met sur les voyelles e, i, u, pour indiquer que ces
voyelles sont prononcées : haïr, coïnculpé, aigüe, Noël. (› Nouvelle
orthographe)
Le tréma sur la voyelle u indique que cette lettre doit être prononcée
séparément de la lettre g qui précède, ce qui permet d’éviter des
prononciations erronées : il argüe se prononce [aʀgy] et ne se
prononce pas comme il nargue [naʀg]. On écrit donc : il argüe (et
toute la conjugaison du verbe argüer) ; aigüe (et ses dérivés, comme
suraigüe, etc.), ambigüe, exigüe, contigüe, ambigüité, exigüité, contigüité,
cigüe ; gageüre qui se prononce [gaʒyʀ], mangeüre, rongeüre, vergeüre.
Remarque
Anciennement, certains mots prenaient le tréma sur le e, malgré la
prononciation de la voyelle u : aiguë, ambiguë, etc. Ces anciennes graphies
sont encore acceptées.
5. La cédille
La cédille (¸) se place sous le c devant a, o, u, pour indiquer que ce c
doit être prononcé [s] : avança, leçon, reçu.
4. La ponctuation
La ponctuation est l’art d’indiquer, par des signes conventionnels,
l’organisation d’un texte écrit, en signalant les pauses à faire dans la
lecture, en séparant ou en regroupant des éléments de la phrase, ou
en véhiculant des informations sémantiques. Les signes de
ponctuation sont aussi utilisés au niveau du mot, pour relier des
mots entre eux ou pour indiquer une abréviation (quand-même, M.,
etc.).
Les signes de ponctuation sont :
Remarque
Le trait d’union (-) est plus court que le tiret (–) et sert à la coupe ou au
regroupement des mots. (› Trait d’union)
1. Ponctuation et découpe des phrases
Le point, le point-virgule et la virgule marquent des interruptions
d’importance décroissante, de même que les points de suspension.
a) Le point
Le point indique la fin d’une phrase, simple ou complexe, et est suivi
d’une majuscule. (› Majuscule en début de phrase)
”
Quand le point isole un segment inférieur à la phrase, cela a pour
effet de mettre ce segment en évidence ou de simuler le style parlé.
”
Le point peut regrouper plusieurs propositions syntaxiques
coordonnées ou juxtaposées, qui forment un tout du point de vue du
sens.
“ J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes
de fenêtre à fenêtre ; des chaines d’or d’étoile à étoile, et je
danse. (ARTHUR RIMBAUD, Phrases, 1886)
”
Le point se place aussi après tout mot écrit en abrégé. (› Point
d’abrègement)
b) La virgule
La virgule marque une pause de moindre durée que le point. Elle
permet d’isoler un élément dans le développement de la phrase, qu’il
s’agisse d’éléments de même statut ou de statut différent.
”
Remarque
Quand les conjonctions et, ou, ni sont répétées plus de deux fois dans une
énumération, on sépare généralement par une virgule les éléments
coordonnés :
Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port,
Sont des champs de carnage où triomphe la mort. (PIERRE
CORNEILLE , Le Cid, 1637)
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins.
(CHARLES BAUDELAIRE, Les bijoux, 1842)
Tout, autour, et la nuit et le monde, et la plupart du cosmos,
eût fait claquer les dents d’un légionnaire ou d’un ours. (YANN
MOIX, Naissance, 2013)
Les idées qui se présentent aux gens qui sont bien élevés, et
qui ont un grand esprit, sont ou naïves, ou nobles, ou
sublimes. (MONTESQUIEU, Essai sur le goût, 1757)
Tout est bon dans le film pour faire japonais, or les studios
manquent d’accessoires. (ÉRIC FAYE, Éclipses japonaises,
2016)
”
3° La virgule isole les éléments identiques qui sont répétés avec un
effet d’insistance.
“ Rien n’arrête leur course, ils vont, ils vont, ils vont !
(VICTOR HUGO, L’aigle du casque, 1859)
Bien, bien, bien, semble dire Albert, rien d’autre, le reste est
bloqué dans sa poitrine. (PIERRE LEMAITRE, Au revoir là-haut,
2013)
”
• La virgule sépare des éléments de statut
différent
1° La virgule isole un complément ou une proposition
(subordonnée, participiale, etc.) placé en tête de phrase.
”
Toutefois, on omet ordinairement la virgule en cas d’inversion, quand
le verbe suit immédiatement le complément et que le sujet est placé
après le verbe.
”
Dans des phrases où la proposition subordonnée est intimement liée
par le sens à la principale et qu’aucune pause n’est demandée, on
ne met pas la virgule.
“ Visiblement, les éleveurs devenaient très vite nerveux et
impatients quand des troupeaux se mélangeaient. (OLIVIER
TRUC, Le dernier Lapon, 2012).
”
2° La virgule isole un élément détaché, placé en tête ou en fin de
phrase, dans des constructions détachées. (› Phrase avec
détachement)
“
Moi, je suis un invalide du cœur. (PIERRE LEMAITRE, Au revoir
là-haut, 2013)
L’embrasement du ciel,
Michelangelo l’a déjà connu dans sa
vie. (LÉONOR DE RECONDO, Pietra viva, 2013)
”
3° Deux virgules encadrent un élément ayant une valeur purement
explicative ou une proposition incidente ; on parle de virgule
ouvrante et de virgule fermante. (› Phrase incidente)
“
Elena, qui ne prenait officiellement son poste qu’au 1er septembre,
profita de ses derniers jours libres pour faire rénover chaque
pièce de la maison. (LILIANA LAZAR, Enfants du diable, 2015)
”
4° On insère une virgule avant les propositions subordonnées à
valeur de justification ou de commentaire, qui sont associées à la
phrase sans dépendre directement du verbe principal. (› Prop.
subordonnése de phrase)
“
Aucun voisin ne s’étonnerait d’entendre des cris de douleur,
puisque tout le monde la voyait proche de son terme. (LILIANA
LAZAR, Enfants du diable, 2015)
”
Mais on ne met pas de virgule quand la proposition subordonnée
dépend du verbe et est intimement liée par le sens à la proposition
principale.
“ Il était inquiet parce que l’obscurité blanche persistait autour de
lui. (MICHEL TOURNIER, Vendredi ou La vie sauvage, 1971)
”
5° La virgule isole les mots en apostrophe. (› Mot mis en
apostrophe)
”
6° La virgule est insérée entre des groupes syntaxiques rapprochés
suite à une ellipse d’un verbe ou d’un autre mot exprimé dans
une proposition précédente. (› Ellipse)
”
• La virgule est en principe interdite
La virgule est en principe interdite entre des groupes étroitement liés
d’un point de vue syntaxique, comme le verbe et le sujet, ou le verbe
et le complément qui suit immédiatement. Cependant, la longueur
d’un groupe peut justifier l’insertion d’une virgule. Cet usage est
assez rare, voire varie selon les éditions d’une même œuvre.
”
c) Le point-virgule
Le point-virgule s’emploie pour séparer, dans une phrase, les parties
dont une au moins est déjà subdivisée par la virgule, ou encore pour
séparer des propositions de même fonction qui ont une certaine
étendue.
“ C’étaient deux femmes, l’une très vieille et courbée ; l’autre,
une jeune fille, blonde, élancée. (ALAIN FOURNIER, Le grand
Meaulnes, 1913)
”
d) Les points de suspension
Les points de suspension indiquent que l’expression de la pensée
reste incomplète par réticence, par convenance ou pour une autre
raison.
”
Remarques
1. Quand ils marquent l’inachèvement d’une énumération, les points de
suspension sont en concurrence avec etc. suivi d’un point. On ne fait pas
précéder les points de suspension d’une virgule, pas plus qu’on ne fait
suivre la mention etc. de points de suspension.
Vos yeux, vos cheveux… (DANIEL RONDEAU, Mécaniques du
chaos, 2017)
Et tous les vendredis, dès l’aube, à l’heure où blanchit etc.,
elle installait une Paulette toute fripée près de la vitre. (ANNA
GAVALDA, Ensemble, c’est tout, 2010)
2. Les points de suspension entre crochets […] indiquent qu’une citation est
donnée de manière incomplète.
3. Les points de suspension, comme l’astérisque, peuvent être utilisés pour
abréger un mot qu’on préfère ne pas écrire. (› Astérisque)
Par exemple, je suis bien sûr que la comtesse de B…, qui
répondit sans difficulté à ma première lettre. (CHODERLOS DE
LACLOS, Les liaisons dangereuses, 1782)
”
2° pour introduire une énumération ou des exemples qui
développent un terme :
”
3° pour annoncer l’analyse, l’explication, le développement, la
conséquence, la synthèse de ce qui précède :
“ Les téléspectateurs ne considèrent jamais le fond d’un
débat : ils sont happés par la forme. (YANN MOIX, La meute,
2010)
”
b) Le point d’interrogation
Le point d’interrogation s’emploie après toute phrase exprimant une
interrogation directe. Il correspond généralement à une intonation
montante de question. Si la phrase interrogative est suivie d’une
incise, le point d’interrogation se place à la fin de la phrase
interrogative (› Phrase interrogative) :
”
Remarque
Un point d’interrogation placé entre parenthèses (?) marque un commentaire
de l’auteur pour attirer l’attention sur le caractère incertain du terme utilisé :
Pour ne rien oublier, il attrapa son cahier de textes, un feutre,
et nota à la va-vite tout ce qui lui venait à l’esprit : vêtements,
argent, train, avion (?), Spider-Man, passeport ! (PIERRE
LEMAITRE, Trois jours et une vie, 2016)
c) Le point d’exclamation
Le point d’exclamation se met après une exclamation et il
correspond généralement à une intonation descendante. Ses
valeurs sémantiques sont variées : dépit, alerte, ordre, etc. (› Phrase
exclamative)
”
d) Les parenthèses
Les parenthèses s’emploient pour intercaler dans une phrase un
commentaire ou une rectification, qui pourrait être supprimé sans
affecter le sens général. À la différence d’un élément inséré entre
virgules, qui garde un lien syntaxique avec le contexte, le contenu
d’une parenthèse peut être indépendant de celui-ci (c’est ce qu’on
appelle une phrase incidente).
“
On conte qu’un serpent voisin d’un horloger
(C’était pour l’horloger un mauvais voisinage)
Entra dans sa boutique. (JEAN DE LA FONTAINE, Le serpent et
la lime, 1668)
”
Remarques
1. Dans un texte théâtral, les parenthèses isolent des indications scéniques
données aux acteurs, qu’on appelle des didascalies.
L’élève (cherche un instant, puis, heureuse de savoir) – Paris,
c’est le chef-lieu de… la France ? (EUGÈNE IONESCO, La leçon,
1951)
2. Dans un texte scientifique ou administratif, les parenthèses peuvent
encadrer une référence (titre, page, renvoi).
3. Dans une citation, la mention (sic) indique que les propos rapportés sont
fidèles à la source. On indique (sic) quand on trouve une erreur
orthographique ou un mot qui semble inapproprié.
Au soir, m’allant coucher, je trouvis (sic) trois anges à mon lit
couchés, un aux pieds, deux au chevet. (VICTOR HUGO, Les
misérables, 1862)
4. Le contenu de la parenthèse pouvant être indépendant du contexte, il
conserve sa ponctuation propre et le signe de ponctuation final précède la
parenthèse fermante.
Le commissaire s’empresse de lui faire signer cette
déclaration anodine, avant de lui apprendre avec un sourire
de porc sauvage que c’était une ruse. (Plus tard, devant la
juge d’instruction, elle se rétractera, s’indignera du procédé
(« Ils ont triché, menti ! »), sans grand effet.) (PHILIPPE
JAENADA, Sulak, 2013)
e) Les crochets
Les crochets servent au même usage que les parenthèses, mais ils
sont moins usités.
“ Les douze meilleurs de la Reichssonderklasse [littéralement
« classe exceptionnelle du Reich »] ont été distingués et
vont recevoir l’agrafe d’or ou d’argent de la NSRL (Société
national-socialiste pour la gymnastique). (LAURENT BINET,
HHhH, 2010)
”
On les emploie aussi pour isoler une indication qui contient déjà des
parenthèses :
”
Les crochets servent également à encadrer une transcription de la
prononciation réalisée à l’aide de symboles phonétiques : crochets
[kʀɔʃɛ].
f) Les guillemets
Les guillemets s’emploient pour encadrer une citation ou un discours
direct (› Discours direct) :
“ Laurent Fabius proteste avec une moue dédaigneuse : « Je
n’ai pas dit ça… » Mitterrand, hargneux : « Mais si ! »
(LAURENT BINET, La septième fonction du langage, 2015)
”
Les guillemets sont parfois employés au lieu des caractères italiques
pour souligner certains mots dans une phrase (néologismes, mots
étrangers, populaires ou familiers, mots que l’auteur veut mettre en
évidence ou doter d’un sens particulier, etc.). Il est préférable de
recourir aux caractères italiques et de réserver les guillemets pour
l’encadrement des citations. (› Caractères italiques)
”
Remarque
Les guillemets vont toujours par paire. Les guillemets français (« … ») sont
concurrencés par les guillemets anglais (“…”). Lorsqu’on introduit une citation
à l’intérieur d’une autre citation, on utilise les deux sortes de guillemets pour
les séparer, d’abord les français puis les anglais.
J’étais de plus en plus stupéfait. « À la fin de l’année dernière,
je l’ai croisé dans le tram. Sa vue avait fort baissé. Il portait
d’énormes lentilles. Il m’a quand même reconnu. “Votre belle
voix est gravée dans mon vieux crâne,” m’a-t-il avoué. – Ce
sont ses flatteries idiotes qui t’ont poussée à le revoir ? T’es
une grande fille maintenant ! » (ALAIN BERENBOOM, La fortune
Gutmeyer, 2015)
g) L’astérisque
L’astérisque est un signe en forme d’étoile qui indique un renvoi ou
qui, simple ou triple, remplace un nom propre qu’on ne veut pas faire
connaitre, sinon parfois par la simple initiale, ou une date :
”
Dans un usage spécialisé, un astérisque précédant une forme
indique que cette forme ne respecte pas les règles orthographiques
ou grammaticales de la langue (on parle de forme agrammaticale) :
*elles sourièrent (au lieu de : elles sourirent).
h) Le tiret
Le tiret s’emploie dans un dialogue pour introduire les paroles d’un
personnage ou indiquer le changement d’interlocuteur. Il dispense
d’utiliser les guillemets :
”
Lorsque le tiret est répété (tiret ouvrant et tiret fermant), il est utilisé
pour séparer du contexte des mots, des propositions, comme le
feraient les parenthèses :
“ À moins de tenter – sans espoir de réussite aucune – de se
déguiser en un de ces pauvres petits singes affreusement
enchaînés à un orgue de Barbarie… (PATRICK DECLERCK,
Crâne, 2016)
”
Il faut distinguer, typographiquement, le tiret (–) du trait d’union (-)
qui est plus court. (› Trait d’union)
i) L’alinéa
L’alinéa marque une segmentation plus importante que le point ;
c’est une séparation qu’on établit entre une phrase et les phrases
précédentes, en la faisant commencer un peu en retrait à la ligne
4
suivante , après un petit intervalle laissé en blanc. L’alinéa délimite
un paragraphe : il s’emploie quand on passe d’un groupe d’idées à
un autre groupe d’idées.
“ Quelques-uns ont repris du canard à l’orange. La
conversation, de plus en plus facile, augmente à chaque
minute un peu davantage encore l’éloignement de la nuit.
Dans l’éclatante lumière des lustres, Anne Desbaresdes se
tait et sourit toujours.
L’homme s’est décidé à repartir vers la fin de la ville, loin de
ce parc. À mesure qu’il s’en éloigne, l’odeur des magnolias
diminue, faisant place à celle de la mer.
Anne Desbaresdes prendra un peu de glace au moka afin
qu’on la laisse en paix.
(MARGUERITE DURAS, Moderato cantabile, 1958)
”
j) La barre oblique
La barre oblique remplace une conjonction de coordination (et, ou),
en particulier dans des expressions elliptiques. L’usage veut qu’on
ne mette pas d’espace entre la barre oblique et les mots simples
qu’elle sépare, mais qu’on ajoute une espace si elle sépare deux
groupes de mots ou propositions :
“ La portée sociologique du concept Langue/Parole est
évidente. (ROLAND BARTHES, Éléments de sémiologie, 1964)
”
3. Les signes de ponctuation du mot
Le blanc typographique, l’apostrophe, le trait d’union et le point sont
utilisés pour abréger, segmenter ou regrouper les mots.
a) Le blanc typographique
Le blanc typographique, aussi appelé une espace, a pour fonction
première de séparer visuellement les mots graphiques, séparation
qui n’était pas marquée dans les manuscrits médiévaux. L’usage du
blanc typographique est tellement courant qu’il est parfois perçu
comme un critère de définition du mot ; or certains mots sont
séparés par des blancs : parce que, tout à fait, pomme de terre, etc.
b) Le point d’abrègement
Le point se place après tout mot écrit en abrégé ou sous la forme
d’un acronyme (suite d’initiales) : etc. (et cetera) ; P.S. (Post
scriptum) ; l’U.E. (l’Union européenne).
Remarques
1. Le point ne s’utilise pas quand la dernière lettre du mot est conservée
dans l’abréviation, ce qui explique la différence entre Mme (Madame) et M.
(Monsieur) (et non pas Mr, abréviation de l’angl. Mister).
2. L’usage tend à se passer de point dans les sigles : ONU, USA, etc.
3. On n’emploie pas le point à la fin d’un titre, dans les symboles d’unités de
mesure (3 km, 20 €, 60 kg) ni pour séparer la partie décimale dans les
nombres écrits en chiffres, où on utilise la virgule (22,5 €).
c) L’apostrophe (élision)
L’apostrophe (’) se place en haut et à droite d’une consonne pour
marquer l’élision de a, e, i : l’arme, d’abord, l’école, s’il pleut. (› Élision)
”
(Mais : Laisse-la entrer, Envoie-la ouvrir, car la est accentué.)
2° L’élision de e est marquée par l’apostrophe dans les cas
suivants :
dans l’article le : l’aveugle, l’homme ;
dans les pronoms atones je, me, te, se, le, devant les pronoms
en, y, ou devant un verbe :
”
(Mais : Fais-le assoir, car le le est accentué.)
dans de, ne, que, jusque, lorsque, puisque, quoique, et dans les
locutions conjonctives composées avec que :
”
dans le pronom ce devant en et devant le e ou le a initial d’une
forme simple ou composée du verbe être :
“
C’en est fait de nos vies. (YANN MARTEL, L’histoire de Pi, 2001)
”
dans presqu’ile, quelqu’un(e), mais non dans presque entier, presque
achevé, quelque autre, etc. :
“
La vieille médina ayant été construite sur une sorte de
presqu’île. (PHILIPPE JAENADA, La petite femelle, 2015)
”
dans entre, élément des deux verbes s’entr’appeler, s’entr’avertir.
Mais sans élision graphique : entre eux, entre amis, entre autres,
etc. :
“ Entre amis, il ne faut jamais qu’on s’abandonne. (J EAN DE LA
FONTAINE, Le chat et les deux moineaux, 1693)
”
Remarque
L’Académie a abandonné, dans les mots suivants, l’apostrophe qui marquait
l’élision du e final de entre, et a soudé les éléments composants :
s’entraccorder, s’entraccuser, entracte, s’entradmirer, entraide,
s’entraider, entrouverture, entrouvrir.
”
d) Le trait d’union
Le trait d’union (-) sert à lier plusieurs mots unis par une relation
lexicale ou syntaxique : arc-en-ciel, dit-il, toi-même.
Remarque
Certaines coupures ne respectent pas les règles énoncées ci-dessus,
lorsque des préfixes ou des suffixes peuvent être isolés. La coupure se place
toujours après les préfixes dé- et pré- : bis-annuel, re-structurer, endo-
scopie, dé-structurer, pré-scolaire.
e) Le point médian
Dans le cadre de l’usage des formes féminines et masculines d’un
mot, le point médian (·) est un signe de ponctuation utilisé pour
former une abréviation. Il permet d’écrire de manière condensée
deux formes d’un mot en séparant le suffixe masculin du suffixe
féminin : lecteur·rice, français·e. Le point médian peut être répété pour
séparer la marque du pluriel : il·elle, il·elle·s, un·e, le·a, ce·tte, chacun·e,
chef·fe·s, usager·ère·s, locaux·ales, nombreux·ses, etc. (› Féminisation)
Le point médian n’est pas destiné à être lu à voix haute : la forme
tou·te·s se lit tous et toutes (ou toutes et tous). Il s’agit d’une
technique parmi d’autres pour donner autant d’importance dans les
textes au genre féminin et au genre masculin. On recommande de
ne pas abuser du point médian, car il peut rendre la lecture d’un
texte difficile, et de le combiner avec d’autres techniques, comme
l’usage de noms collectifs (le corps professoral au lieu de les
professeurs). (› Écriture inclusive)
Remarques
1. Au clavier, le point médian s’encode grâce à la combinaison de touches
Alt + 250 ou Alt + 0183 sur PC ; Alt + Maj + F sur Mac.
2. L’usage du point médian a été préféré à celui du tiret (nombreux-se-s), des
parenthèses (agriculteur(rices)s) ou des majuscules (unE avocatE), signes
qui remplissent d’autres fonctions.
3. On rencontre des difficultés lorsque la forme au féminin diffère de celle au
masculin par la présence d’un accent : cher·e·s vs chèr·e·s.
PARTIE 2
Les mots
CHAPITRE 1
Les classes de mots
CHAPITRE 2
L’origine des mots
CHAPITRE 3
La formation des mots
CHAPITRE 4
Les mots apparentés
CHAPITRE 1
“
Les mots sont devenus des clowns. (YANN MOIX, Terreur,
2017) (Dans cette phrase, il y a 6 mots.)
”
À l’écrit, les mots sont généralement délimités par des espaces
blancs. À l’oral, les frontières des mots sont plus difficiles à
distinguer, car les mots sont rassemblés en groupes. La
segmentation des énoncés oraux et la reconnaissance des mots
représentent d’ailleurs un défi majeur dans l’apprentissage d’une
nouvelle langue. (› Accent final de groupe)
Plusieurs mots peuvent se combiner pour former une locution ayant
un sens particulier : tout à coup, à l’œil, au bas mot, moins que rien, bleu
marine, bois-sans-soif, table ronde, tourner de l’œil, etc. La frontière des
mots simples ne concorde donc pas toujours avec le sens qui peut
s’établir, comme nous venons de le voir, sur une séquence de mots
(ville basse, sourd-muet) ou à l’inverse, sur des unités plus petites,
appelées morphèmes, qui entrent dans la composition de certains
mots : re-commenc-er, sur-expos-é, photo-graphe. (› Formation des
mots)
On range les mots du français en neuf classes grammaticales
(nom, déterminant, adjectif, pronom, verbe, adverbe, préposition,
conjonction, interjection). Celles-ci correspondent à la nature des
mots qu’il ne faut pas confondre avec la fonction que ces mots
peuvent occuper dans la phrase. Dans la phrase L’orage gronde,
orage est un nom par nature et occupe la fonction de sujet de la
phrase. (› Fonctions syntaxiques)
Ces classes peuvent elles-mêmes être regroupées selon différents
critères. On oppose par exemple les mots variables aux mots
invariables ou les mots lexicaux aux mots grammaticaux.
Les mots lexicaux sont porteurs de sens et ont essentiellement une
fonction référentielle (ou dénotative), c’est-à-dire qu’ils renvoient
au monde extérieur, ils désignent des êtres, des choses, des
actions, etc. Ils forment une classe ouverte qui s’enrichit
continuellement grâce à la néologie (noms, verbes, adjectifs,
adverbes). Les mots grammaticaux ont généralement un sens plus
général ou limité. Ils jouent avant tout un rôle dans l’organisation
syntaxique de la phrase en introduisant des groupes ou établissent
des relations entre eux. Leur nombre est plus limité et les possibilités
d’extension de cette classe sont très limitées.
Remarque
L’innovation concernant les mots grammaticaux passe en général par des
locutions qui apparaissent dans l’usage et se figent avec un sens particulier.
Par exemple, la locution en même temps évoque d’abord la simultanéité
temporelle de deux évènements (› Coordination de phrases) :
En même temps, j’eus des effrois et des plaisirs pour de bon.
(JEAN-PAUL SARTRE, Les mots, 1964).
Elle est de plus en plus souvent utilisée avec une fonction de locution
conjonctive (pour introduire une précision, une restriction comparable au
sens de « mais, cependant, toutefois ») :
Je n’ai jamais compris pourquoi je raffole de ces saloperies.
En même temps, c’est pareil avec la cigarette. (ÉRIC-EMMANUEL
SCHMITT, L’homme qui voyait à travers les visages, 2016)
Remarque
Il faut mentionner à part les deux présentatifs voici et voilà, qui servent à
annoncer, à présenter. (› Présentatifs)
CHAPITRE 2
1. Principaux préfixes
Préfixes d’origine latine
bien- bienfaisant
Remarque
Il y a deux préfixes anti-. L’un vient du latin anti, variante de ante (« avant »
dans le sens temporel ou locatif) : antédiluvien, antichambre. L’autre, plus
fréquent, vient du grec et a deux acceptions principales (« contre, opposé à
qqch » et « le contraire, l’opposé de ») qui peuvent traduire différentes
nuances de sens. Associé à un nom, le préfixe peut signifier « qui permet de
lutter contre » comme dans antichar, antirides, antidouleur (devant voyelle,
le -i peut tomber antalgique) ou « qui est l’opposé de » comme antihéros.
Associé à un adjectif, il peut signifier
« qui s’oppose à un système d’idées » : antibolchévique,
antieuropéen ;
« qui combat la maladie » : antibactérien, anticancéreux ;
« qui supprime les effets ou protège de » : antiatomique, antidérapant.
Il peut aussi fonctionner de manière plus générale comme un morphème
négatif :
Il faut reconnaître que les parents sont l’instance la plus anti-
érotique du monde. (AMÉLIE NOTHOMB, Barbe bleue, 2012)
Comme les mots, les préfixes sont des unités de sens qui peuvent être
polysémiques.
2. Principaux suffixes
Comme les préfixes, beaucoup de suffixes sont également
polysémiques. Ils peuvent apporter différentes nuances de sens aux
bases auxquelles ils sont attachés. Les sens présentés dans les
deux tableaux qui suivent constituent un large éventail qui n’est
cependant pas exhaustif. Comme on le voit, certains suffixes
(comme -in) peuvent être utilisés pour former des substantifs
(tambourin) aussi bien que des adjectifs (enfantin). L’ajout d’un suffixe
peut entrainer un changement de genre : le fer, la ferraille. Certains
ajoutent une connotation péjorative (-aille, -ard, -asse) : poiscaille,
fêtard, tignasse.
“
J’ai grommelé à son intention une ribambelle fleurie de mots
en -asse. (VÉRONIQUE PINGAULT, Les maisons aussi ont leur
jardin secret, 2015)
”
Principaux suffixes formateurs de substantifs
SUFFIXE
SENS EXEMPLES
S
SUFFIX
SENS EXEMPLES
ES
”
Certains verbes en -er sont formés au moyen d’un suffixe complexe,
qui leur fait exprimer une nuance diminutive, péjorative ou
fréquentative :
SUFF SUFF
EXEMPLE EXEMPLE
IXE IXE
4. La conversion
La conversion (aussi appelée dérivation impropre), sans changer
la forme des mots, les fait passer d’une catégorie grammaticale à
une autre.
a) Peuvent devenir noms :
1° des adjectifs : un malade, le beau, l’humanitaire ;
2° des infinitifs : le sourire, le savoir, un aller ;
3° des participes présents ou passés : un trafiquant, un raccourci,
une issue.
”
Remarque
En les faisant précéder de l’article, on peut donner à des pronoms, à des
impératifs, à des mots invariables, le caractère de noms : le moi, un rendez-
vous, le bien, les devants, de grands bravos.
a) Définition
On forme des mots nouveaux en combinant entre eux deux ou
plusieurs mots français : chou-fleur, sourd-muet, portemanteau, pomme
de terre, super-héros. Cette combinaison peut résulter d’une
composition à partir de deux mots indépendants (homme-grenouille,
porte-serviette) ou du figement d’une locution : homme de paille, pain
d’épice, plante verte, etc. Quand les éléments qui entrent dans la
composition ne sont plus interprétés dans l’usage, il est fréquent
qu’ils soient agglutinés : gendarme, monsieur, passeport, vinaigre.
Si le trait d’union permet de marquer la différence entre certains
composés et un groupe syntaxique libre équivalent (il progresse sans
gêne vs un sans-gêne), il n’est pas en soi un critère suffisant de
reconnaissance des mots composés, car l’usage de celui-ci n’est
pas uniforme : on écrivait traditionnellement malappris, mais mal-
1
aimé (avec trait d’union ou soudure ) ; eau-de-vie, mais eau de rose
(avec ou sans trait d’union). Il faut donc chercher d’autres critères
pour définir les mots composés. (› Trait d’union)
Certains composés se caractérisent par des traits
morphosyntaxiques inhabituels. Par exemple, chaise longue se
caractérise par la postposition de l’adjectif qui serait devant le nom
dans un syntagme libre une longue chaise ; rouge-gorge (en plus du
trait d’union) se caractérise par l’antéposition de l’adjectif de couleur
et par le genre masculin qui renvoie à la catégorie oiseau, à laquelle
ressortit le composé, plutôt qu’au nom gorge.
La notion de figement permet de rendre compte de l’existence des
locutions dans la langue. Ces unités figées sont perçues comme un
seul mot (une unité lexicale) et mémorisées telles quelles, même si
elles se composent de plusieurs mots séparés par des blancs. Selon
la nature des mots simples avec lesquels ces unités composées
peuvent commuter, on parlera de locution nominale, locution
adjectivale, locution verbale, etc. Plusieurs critères (qui ne sont pas
toujours présents simultanément) permettent d’identifier le figement.
1° Critère référentiel : on peut identifier le référent unique qui est
globalement désigné par les locutions pomme de terre, fort en thème
ou galop d’essai et remplacer celles-ci par un mot simple
équivalent : légume, érudit, test.
2° Critère syntaxique : certaines locutions se démarquent des
règles ordinaires de la syntaxe (accord, concordance des temps,
etc.) :
”
Elles peuvent également empêcher certaines transformations
telles que : la passivation (Max a fait fortune vs *La fortune a été faite
par Max), la nominalisation (ville haute vs *la hauteur de la ville), ou
l’adjonction d’un adverbe (boite noire vs *boite très noire).
3° Critère sémantique : le sens global de la locution n’est pas
toujours équivalent à la somme des parties dont elle se
compose : cordon-bleu (« fin cuisinier »), table ronde (« réunion où
les intervenants sont placés sur pied d’égalité »), boite noire
(« enregistreur des données de vol »). Ce critère est très
variable : par exemple, plante verte est plus facilement
compréhensible sur le plan littéral (on parle de transparence
sémantique) que boite noire dont le sens ne peut pas être
deviné.
Le phénomène du figement est dit gradable, car il y a des
séquences très figées qui refusent tout changement et d’autres qui
s’accommodent de certaines adaptations en fonction du contexte :
insertion de mots (avoir vraiment peur), accord du verbe (elle a fait
fortune), etc.
Remarques
1. Quand l’expression verbale inclut d’autres éléments que le verbe lui-
même, on parle d’expression verbale figée (› Phrase figée) :
Il est temps d’arrêter les frais. (MARC BRESSANT, La citerne, 2009)
Les choses sont claires, il n’y a pas à chercher midi à quatorze
heures. (JEAN GIONO, Le hussard sur le toit, 1951)
Lucile aimait naviguer à contre-courant, mettre les pieds dans le
plat, se savait sous surveillance. (DELPHINE DE VIGAN, Rien ne
s’oppose à la nuit, 2011)
2. Le défigement consiste à détourner une expression figée en remplaçant
certains éléments normalement obligatoires ou en modifiant une structure
syntaxique normalement fixe :
Clara rosissante qui a mis les petits plats dans les
gigantesques. (DANIEL PENNAC, La petite marchande de prose,
1989) (Au lieu de mettre les petits plats dans les grands.)
a) Définition
On forme des mots nouveaux en combinant entre eux des formants
grecs ou latins qui n’existent pas de manière autonome en français
(composition savante) ou en associant ceux-ci à un mot français
(composition hybride) :
grec + grec : phil-anthrope, baro-mètre, bio-graphie ;
grec + latin : stétho-scope, auto-mobile ;
français + grec : herbi-vore, cocaïno-mane ;
Ces compositions n’ont pas toujours eu lieu en français. La
formation peut être antérieure à un emprunt : baromètre a été formé
en anglais avant d’être emprunté en français ; philanthrope et
biographie existaient déjà en grec et sont donc des emprunts
savants. À l’inverse, herbivore (apparu en 1748) et philatélie (apparu
en 1864) sont des compositions françaises.
Comme on le voit, tantôt les éléments composants sont soudés,
tantôt ils sont reliés entre eux par le trait d’union, tantôt encore ils
restent graphiquement indépendants. Face à cette hésitation de
l’usage, on recommande la soudure dans les cas suivants
(› Recommandations pour les mots nouveaux) :
composés formés de contr(e)- et entr(e)- : entretemps,
contrexemple ;
composés formés d’extra-, infra-, ultra- : extraterritorial,
infrapaginal, ultracompliqué (la soudure est cependant évitée dans
les cas où un problème de prononciation surviendrait : intra-
utérin) ;
composés formés d’éléments savants (hydro-, baro-, socio-,
philo-) : hydrologie, bathyscaphe, barotraumatisme, sociopathe, etc.
les onomatopées et mots d’origine étrangère : froufrou, tictac,
weekend, etc.
Remarque
Dans de rares cas, l’ordre des éléments entrant dans la composition est
interchangeable et modifie le sens du mot. Ainsi, on oppose cruciverbiste
(« amateur de mots croisés ») et verbicruciste (« personne qui conçoit les
mots croisés »), mot de création plus récente.
FORMA
SENS EXEMPLES
NTS
SUFFIXE
SENS EXEMPLES
S
Remarque
De manière plaisante, des dénominations de collections sont formées à partir
de formants grecs et latins : puxisardinophilie (« collection de boites de
sardines », du grec puxi « boite »), lécithiophilie (« collection de flacons de
parfum », du lat. lecythus « lécythe, fiole »), digiconsuériphilie (« collection
de dés à coudre », du lat. digitus « doigt » et consuere « coudre »).
”
3. Composition à partir de mots
abrégés
De nombreuses compositions sont également réalisées à partir de
mots abrégés dont la forme pourrait se confondre avec un formant
grec ou latin ou un autre affixe. On parle alors de fractomorphèmes
pour désigner ces formes. Par exemple, dans téléfilm et téléréalité,
télé- est une abréviation de télévision et non le formant grec télé-
(« loin ») que l’on retrouve dans les mots téléobjectif, télécopieur,
télévision. De même, l’élément cyber- (tiré de cybernétique) est utilisé
dans une variété de composés évoquant les réseaux informatiques :
cyberespace, cyberattaque, cyberterroriste, etc. Dans bioingénieur ou
biodégradation on retrouve bien le sens du mot grec bios qui a servi à
construire biologie ou biologique (désignant de manière générale la
vie en tant que phénomène organique), alors que dans bioplanète
(nom de magasins spécialisés dans la vente de produits issus de
l’agriculture biologique), il s’agit d’une composition à partir du mot
autonome bio (adjectif ou substantif), abrègement de biologique
dans le sens « issu de l’agriculture biologique ».
“ Sauf qu’elle est soprano à l’Opéra de Cologne, pas
chanteuse dans des émissions de téléréalité. (MICHEL BUSSI,
Le temps est assassin, 2016)
”
3. Autres procédés de formation
a) Onomatopées
Les onomatopées sont des mots imitatifs qui reproduisent
approximativement certains sons ou certains bruits : cocorico,
glouglou, tictac, froufrou.
Remarque
Les onomatopées sont souvent formées par réduplication d’une même
syllabe. On notera qu’elles ne reproduisent jamais exactement les bruits ou
les cris dont elles voudraient donner une représentation phonétique. Le cri du
canard, par exemple, évoqué en France par couincouin, l’est en Italie par
qua-qua, en Allemagne par gack-gack (gick-gack, pack-pack, quack-
quack), en Angleterre par quack, au Danemark par rap-rap, en Hongrie par
hap-hap.
b) Sigles et acronymes
Les locuteurs résistent naturellement aux mots trop longs, et
souvent, les abrègent. Un premier mécanisme consiste à réduire
une expression à un sigle constitué de ses seules lettres initiales :
TVA (= taxe sur la valeur ajoutée), ULM (= ultra-léger motorisé), MDR
(= mort de rire), équivalent de l’anglais LOL (= laughing out loud),
RAS (= rien à signaler). Si ce sigle constitue un mot prononçable
comme un mot simple, on le qualifie d’acronyme : sida (= syndrome
d’immunodéficience acquise), OTAN (= Organisation du traité de
l’Atlantique Nord), LIFRAS (= Ligue francophone de recherches et
d’activités subaquatiques).
c) Abrègement
Un second mécanisme repose sur la suppression d’une partie du
mot : l’abrègement du mot peut porter sur les syllabes finales ou
initiales : auto(mobile), ciné(ma)(tographe), micro(phone),
métro(politain), (auto)bus. Le succès de certaines formes abrégées
peut être tel que le mot original tombe en désuétude ou ne subsiste
que dans des contextes littéraires :
”
Remarques
1. À l’origine LOL et MDR étaient exclusivement utilisés à l’écrit, dans les
échanges électroniques (SMS, courrier électronique, etc.) où ils servaient
de marquage énonciatif signifiant que l’on ne doit pas prendre au sérieux
ou que l’on trouve très drôle un passage que l’on vient de lire ou d’écrire.
L’usage s’est diversifié et l’on retrouve aujourd’hui ces deux formes
utilisées comme adjectifs (= hilare) ou substantifs (= éclat de rire) et même
à l’oral dans des expressions du type J’étais trop MDR. ou Hé, LOL,
hein ! Cette seconde expression assume la fonction originale : il s’agit
d’un commentaire signifiant que ce qui précède dans la discussion ne doit
pas être pris au sérieux. On remarquera que LOL et MDR ne sont pas
interchangeables dans ces expressions qui présentent un certain degré de
figement.
Je suis écrivain, ajoutais-je (wo shi zuodjia), et LOL des trois
filles qui s’esclaffaient de plus belle. (JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT,
Made in China, 2017)
d) Analogie, contamination,
étymologie populaire, tautologie
Parmi les actions qui s’exercent dans le domaine de la formation des
mots et des expressions, il y a lieu de signaler encore : l’analogie, la
contamination, l’étymologie populaire et la tautologie.
L’analogie est une influence assimilatrice qu’un mot exerce sur un
autre au point de vue de la forme ou du sens ; ainsi bijou-t-ier a un t
d’après les dérivés comme pot-ier, cabaret-ier ; amerr-ir a deux r
devant le suffixe d’après atterr-ir (contrairement aux exemples
précédents, ici l’adaptation est purement graphique, elle ne s’entend
pas à l’oral).
La contamination est une sorte de croisement de deux mots ou
expressions d’où résulte un mot ou une expression où se retrouve
un aspect de chacun des éléments associés : ainsi le tour je me
souviens (aujourd’hui tout à fait commun) est issu de la
contamination de je me rappelle et il me souvient.
”
La tautologie est une expression pléonastique qui revient à dire
deux fois la même chose, généralement par répétition littérale : au
jour d’aujourd’hui.
Remarques
1. Un gallicisme est une construction propre et particulière à la langue
française (impossible à traduire littéralement dans une autre langue) : il ne
voit goutte ; je me porte bien, à la bonne heure (à ne pas confondre
avec l’autre sens de gallicisme : « emprunt fait au français pas une autre
langue »).
D’ailleurs même dans le même pays, chaque fois que
quelqu’un regarde les choses d’une façon un peu nouvelle, les
quatre quarts des gens ne voient goutte à ce qu’il leur montre.
(MARCEL PROUST, Le côté de Guermantes, 1920)
Ce petit chéri se porte bien, très belle flamme. (ALBERT COHEN,
Belle du Seigneur, 1998)
Une famille de mots est l’ensemble de tous les mots qui peuvent se
grouper autour d’un radical commun d’où ils ont été tirés par la
dérivation et par la composition : arme, armer, armée, armement, armure,
armurier, armet, armoire, armoiries, armorier, armoriste, armorial, armateur,
armature, désarmer, désarmement, alarme, alarmer, alarmant, alarmiste,
armistice.
”
Remarques
1. Parfois, comme c’est le cas dans la famille du mot arme, le radical n’a subi
aucune modification, mais le plus souvent le radical des mots d’une même
famille se présente sous plusieurs formes : la famille de peuple, par
exemple, offre les radicaux peupl, popul, publ : peuplade, populaire,
public, etc.
2. La relation historique qui lie deux mots entre eux n’est plus toujours perçue
par l’usager : peu de gens associent pain à panier ou sel à salade. À
l’inverse, l’étymologie populaire établit parfois (sur la base de
ressemblances formelles et/ou sémantiques) des rapports entre mots qui
n’ont pourtant pas d’histoire commune. On pourrait ainsi être tenté de voir
un lien étymologique entre forain et foire qui sont formellement proches et
qui ont apparemment un rapport de sens puisque le forain travaille sur la
foire (mais forain vient du bas lat. foranus, « étranger » et foire du bas lat.
feria, « marché ») ; il en est de même avec la tentation de rapprocher
habits et s’habiller sous prétexte que les habits c’est pour s’habiller (alors
que habits vient du lat. habitus, « tenue » et habillé du gaulois bilia, « tronc
d’arbre »).
”
Par exemple :
“ Lepré est vénéneux, mais joli en automne. (GUILLAUME
APOLLINAIRE, Les colchiques, 1913)
”
Remarques
1. Il faut mieux pour il vaut mieux est une confusion assez répondue que l’on
retrouve chez des auteurs illustres :
Si vous n’osez pas regarder ce spectacle en face, madame, je
crois qu’il faut mieux vous crever les yeux. (JEAN GIONO, Le
hussard sur le toit, 1951)
Remarques
1. Les liens de synonymie ou d’antonymie s’établissent entre des sens
particuliers et non globalement entre des mots. Par exemple, en fonction
du sens choisi, fort aura pour synonyme : épicé, gros, costaud, doué,
etc. et pour antonyme : doux, maigre, faible, nul, etc.
2. L’opposition de sens des antonymes peut se caractériser de différentes
manières : comme des valeurs binaires exclusives (mort / vif ; vrai / faux),
comme des bornes sur une échelle graduée (chaud / froid ;
riche / pauvre), comme les aspects opposés d’une réalité
réversible (monter / descendre ; haut / bas ; vendre / acheter).
PARTIE 3
CHAPITRE 1
Le nom
CHAPITRE 2
Le déterminant
CHAPITRE 3
L’adjectif qualificatif
CHAPITRE 4
Le pronom
CHAPITRE 5
Le verbe
CHAPITRE 6
L’adverbe
CHAPITRE 7
La préposition
CHAPITRE 8
La conjonction
CHAPITRE 9
L’interjection
CHAPITRE 1
Le nom
1. Définitions et types
2. Le genre du nom
3. Le nombre du nom
4. Le groupe nominal
1. Définitions et types
Le nom ou substantif est un mot qui sert à désigner les êtres, les
choses, les idées : Louis, livre, chien, gelée, bonté, néant.
Le nom simple est formé d’un seul mot : ville, chef. Le nom
composé est formé par la réunion de plusieurs mots exprimant une
idée unique et équivalant à un seul nom : chemin de fer, arc-en-ciel,
tire-au-flanc.
Une locution nominale est une réunion de mots équivalant à un
nom, c’est-à-dire pouvant lui être substituée au sein d’une phrase :
“ er
Nous aurons beaucoup d’autres 1 janvier pour échanger
des vœux. (ÉDOUARD ESTAUNIÉ) (= Nous aurons beaucoup d’autres
er
dates pour échanger des vœux. 1 janvier n’est pas un mot composé et n’est
pas non plus une expression figée. C’est une locution nominale, un assemblage
de mots pouvant être substitué à un nom.)
”
Bon nombre de locutions nominales sont figées (c’est-à-dire qu’on
ne peut pas modifier les éléments dont elles se composent ou leur
ordre). Elles peuvent alors être lexicalisées, c’est-à-dire enregistrées
comme une unité à part entière du lexique, et fonctionner comme un
mot composé : un m’as-tu vu, le qu’en dira-t-on, un sot-l’y laisse, un moins
que rien, etc.
“ Les vieilles pierres de granit exhalaient un je ne sais quoi
d’éternel féminin. (VÉRONIQUE PINGAULT, Les maisons aussi
ont leur jardin secret, 2015) (› Composition et figement)
”
Les noms possèdent un genre (dauphin est masculin, baleine est
féminin) et sont susceptibles de varier en nombre. Au sein d’une
phrase, le nom constitue le noyau du groupe nominal, c’est-à-dire
son point central. Il peut être précédé d’un déterminant et
éventuellement complété de différents éléments. (› Groupe nominal)
1. Noms communs
Le nom commun est celui qui convient à tous les êtres ou objets
d’une même espèce. Il est pourvu d’une signification, d’une
définition : tigre, menuisier, table.
2. Noms propres
Par opposition, le nom propre ne convient qu’à un seul être ou objet
ou à un groupe d’individus de même espèce : Jean, Liège, les
Québécois, Le Louvre, ONU, la Callas. Ils prennent toujours une
majuscule et sont généralement invariables. On inclut dans cette
catégorie :
les noms de lieux (toponymes) : voies (rues, avenues, place,
etc.), villages, villes, régions, pays, iles, montagne, monuments,
étoiles, planètes (à l’exception de la terre, la lune et le soleil qui
sont des noms communs) : le mont Blanc, l’aiguille du Midi, Paris, la
Corse, Jupiter, etc.
les noms des cours d’eau et des étendues d’eau (hydronymes) :
rivières, fleuves, canaux, étangs, lac, mers, etc. : le Rhin, l’Ourthe,
la Mer Méditerranée, la mer des Caraïbes, etc.
les noms de personnes : noms de famille, prénoms,
pseudonymes et sobriquets. Ces derniers font référence à une
caractéristique physique ou morale ou à une anecdote qui
concerne directement la personne désignée comme Poil de
carotte.
”
De leur côté, les noms de famille, même s’ils ont un sens qui
s’explique historiquement (Langlais, Lebreton, etc. sont basés sur des
noms géographiques ; Boulenger, Fournier, Fabre, etc. réfèrent à des
noms de métier ; les noms de famille correspondant à des prénoms
font allusion à la filiation : Martin Pierre = Martin fils de Pierre),
s’appliquent de manière générique.
Remarque
Dans les noms propres composés, certains mots ne prennent pas de
majuscule. C’est le cas :
de l’article ou de la préposition dans les surnoms (1,2). Mais la règle n’est
pas toujours appliquée de manière systématique (3). Il y a également des
exceptions : par exemple, Le Corbusier (surnom de l’architecte français
Charles-Édouard Jeanneret-Gris) s’écrit toujours avec une majuscule (4) ;
Au-dessus, sur le mur, s’étalaient de gauche à droite des
posters de la Callas, Che Guevara, les Doors et Attila le Hun.
(BERNARD WERBER, La Révolution des fourmis, 1996) (1)
Lanternes, poignards, gourdins. Scène violente et confuse,
faite pour Rembrandt ou le Caravage.
(EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014) (2)
Sous l’auréole du sacré, Michelangelo Merisi, dit Le
Caravage, a bouleversé la peinture. (DANIEL Rondeau, Malta
Hanina, 2012) (3)
Comme les marxistes, comme les libéraux, Le Corbusier était
un productiviste. (MICHEL HOUELLEBECQ, La carte et le
territoire, 2011) (4)
de la particule de noblesse : Jean de La Fontaine, Madame de Sévigné,
le marquis de Sade ;
des noms communs génériques qui apparaissent dans les noms
géographiques. Ces noms sont fréquemment composés d’un générique
(océan, avenue, place, école, etc.) et d’un spécifique (nom ou adjectif).
Le générique s’écrit généralement sans majuscule : la mer Méditerranée,
la fosse des Mariannes, l’aiguille du Midi, l’autoroute du Soleil, le pont
des Soupirs, le barrage de la Plate Taille, la baie du Saint-Laurent, le
mur des Lamentation, l’ile de Ré, etc.
Quand le déterminant fait partie du nom propre, il commence par une
majuscule : Le Mans, Le Touquet, La Mecque, etc.
Un nom propre peut être utilisé en lieu et place d’un nom commun,
pour évoquer un trait de caractère particulier du personnage dont on
emprunte le nom (un tartuffe, « un hypocrite », un don juan, « un
séducteur », un mécène, « un donateur soutenant une cause de
manière désintéressée », etc.), en référence à un inventeur (un
newton, « unité de mesure de la force », un pascal, « unité de mesure
de la pression », etc.) ou encore en référence à la marque d’un
produit donné (kleenex pour « mouchoirs en papier », frigidaire pour
« armoire frigorifique », scotch pour « ruban adhésif »). Cette figure
de style consistant à un utiliser un nom propre comme un nom
commun est appelée antonomase. Celle qui ont du succès se
lexicalisent et finissent par être utilisées sans majuscule et ils
peuvent s’accorder comme des noms communs ordinaires. On les
retrouve dans les dictionnaires. Le passage du nom propre avec
majuscule au nom commun avec minuscule est progressif.
”
Les noms propres peuvent servir de base à la dérivation d’autres
unités lexicales (› Dérivation) :
“ Selon Kierkegaard dans son Traité du désespoir, l’homme
connaît trois âges : celui de la jouissance esthétique et
donjuanesque, celui du doute faustien, celui du désespoir.
(SYLVAIN TESSON, Dans les forêts de Sibérie, 2011)
”
Le genre peut aussi varier : Mécène est à l’origine un personnage
masculin, mais le nom commun qui en dérive se voit régulièrement
féminisé :
”
2. Le genre du nom
Le français a deux genres : le masculin et le féminin.
Pour les noms d’êtres animés il y a en général correspondance
entre le genre grammatical (masculin/féminin) et le genre naturel des
sexes (mâle/femelle). Les noms sont, en général, du genre
masculin quand ils désignent des hommes ou des animaux mâles ;
on peut les faire précéder de un, le (l’) : le père, un cerf. Ils sont du
genre féminin quand ils désignent des femmes ou des animaux
femelles ; on peut les faire précéder de une, la (l’) : la mère, une
brebis.
Les noms d’êtres inanimés ou de notions abstraites sont, sans
variation, les uns masculins, les autres féminins ; leur genre
s’explique par des raisons d’étymologie, d’analogie ou de forme. Le
déterminant qui les accompagne indique leur genre :
“
Et puis, à la fin, la terre emportait la forme du bateau dans
sa courbure. (MARGUERITE DURAS, L’amant, 1984) (La fin, la
terre, la forme, sa courbure : féminin ; du bateau : masculin.)
”
1. Le féminin des noms animés
Au point de vue orthographique, le féminin des noms d’êtres animés
se marque :
a) en général, par ajout d’un e à la forme masculine (député >
députée, apprenti > apprentie, avocat > avocate) ;
b) par modification ou addition de suffixe (maire > mairesse,
programmeur > programmeuse) ;
c) par une forme spéciale, de même radical cependant que celle
du masculin (canard > cane) ou encore par un terme spécial
dont le radical est entièrement différent de celui du masculin
(coq > poule, oncle > tante).
Il faut noter en outre que, pour certains noms d’êtres animés, il n’y a
pas de variation de forme selon le genre. Dans ce cas, c’est la
déterminant qui marque le genre : une élève vs un élève. (›
Féminisation)
La catégorie des noms de métiers, grades et titres fait l’objet
d’une attention particulière depuis quelques années. Différents pays
de la francophonie ont publié des règles destinées à féminiser ces
noms. Ces règles, le plus souvent rédigées par des commissions de
linguistes, respectent les principes généraux en usage dans la
langue. Elles ont force de loi dans les textes officiels et les
documents administratifs, mais elles ne peuvent bien sûr être
contraignantes pour les particuliers. C’est l’usage qui tranchera avec
1
le temps. Nous illustrerons les règles morphologiques concernées
avec des exemples de métiers et un résumé complet des règles
appliquées dans ce domaine est disponible en annexe.
a) Addition d’un -e
On obtient le féminin de la plupart des noms d’êtres animés en
écrivant à la fin de la forme masculine un e, qui souvent ne se
prononce pas.
Ami, amie [ami].
Ours, ourse [uʀs].
Dans certains cas, l’ajout du e est facultatif :
Professeur, une professeure [pʀɔfesœʀ] ou une professeur.
Remarque
Selon les règles de féminisation, une professeur s’écrit sans e final. Mais
certains, adoptant une habitude provenant du Québec et de la Suisse
écrivent tout de même une professeure, avec un e final.
Peu d’hommes ont eu la chance d’avoir une professeur aussi
douce, douée et affectueuse pour les introduire aux subtilités
de l’amour physique. (NANCY HUSTON, Danse noire, 2013)
Une jeune femme… (Barnes jeta un regard à son dossier et
reprit :) Fanny Ferreira. Une professeur, à l’université. (JEAN-
CHRISTOPHE GRANGÉ, Les rivières pourpres, 1997)
Après son accident, elle était devenue professeure à la
School of American Ballet tout en participant à la mise en
scène de quelques comédies musicales à Broadway.
(GUILLAUME MUSSO, La fille de papier, 2010)
Remarque
Il existe cependant dans de nombreuses régions de la francophonie une
tendance à marquer la différence dans la prononciation par un allongement
de la voyelle finale au féminin : une députée [yndepyteː]. (› Durée des
voyelles)
Dans les noms terminés au masculin par une consonne,
l’adjonction du e au féminin :
a) tantôt ne modifie pas la prononciation du nom : aïeul, aïeule
[ajœl] ;
b) tantôt fait reparaitre, dans la prononciation, la consonne finale
qui (sauf en liaison) ne se prononce pas au masculin :
marchand, marchande [maʀʃã], [maʀʃãd] ; parent, parente [paʀã],
[paʀãt] ;
c) tantôt, comme on va le constater, provoque un redoublement
ou une modification de cette consonne finale, avec parfois une
modification (phonétique ou même orthographique) de la
voyelle qui précède. Ces changements sont présentés de
manière synthétique dans le tableau suivant.
Effets de l’ajout du e Exemples Remarques
Féminin en -esse
Une trentaine de noms (presque tous en -e) ont leur féminin en -
esse :
abbé, abbesse faune, faunesse prêtre, prêtresse
• Aigle
Aigle est du masculin quand il désigne l’oiseau de proie ou, au
figuré, un homme de génie ; de même quand il désigne un pupitre
d’église ou une décoration portant un aigle :
“ Un aigledescendit de ce ciel blanc d’archanges.
(GUILLAUME APOLLINAIRE, Un soir, 1913)
”
Il est du féminin quand il désigne expressément l’oiseau femelle ou
dans le sens d’étendard, d’armoiries :
”
• Amour
Amour, le plus souvent, est masculin :
“ Amour sacré de la patrie, rends-nous l’audace et la fierté !
(DANIEL-FRANÇOIS-ESPRIT AUBER, La Muette de Portici, 1828)
”
Il peut être féminin au pluriel, surtout en littérature, mais aussi dans
l’usage courant :
”
Amour est toujours masculin en termes de mythologie, de peinture
ou de sculpture (et prend une majuscule dans les références au dieu
Amour) :
“ Peindre, sculpter des Amours. (Dictionnaire de
l’Académie)
”
• Après-midi
Après-midi est masculin ou féminin (mais plus fréquemment
masculin) :
”
• Délice
Délice est féminin au pluriel :
“ Il fait toutes ses délices de l’étude. (Dictionnaire de
l’Académie)
”
Remarque
Dans le contexte culinaire, on remarque que le masculin a tendance à se
répandre (bien que cet usage s’écarte de la norme) :
Hubert revint avec les liqueurs, vodka, sliwowica et autres
délices fabriqués en Pologne. (ALAIN BERENBOOM, La fortune
Gutmeyer, 2015)
Tatin de poire pochée aux épices, crème glacée franboise-
violette, sont quelques petits délices culinaires et poétiques
que vous dégusterez ici. (Le Petit Futé : Saint-Malo, 2017)
Saviez-vous que certains insectes sont aussi de petits
délices culinaires ? (ville.montreal.qc.ca, Consulté le
22/05/2018).
”
• Foudre
Foudre est féminin dans le sens de « feu du ciel » et aussi quand il
désigne de manière figurée ce qui frappe d’un coup soudain :
”
Il est masculin dans les expressions foudre de guerre, foudre
d’éloquence, ainsi que dans la langue du blason et quand il désigne
le faisceau enflammé, attribut de Jupiter :
“ Sans compter qu’au volant, ce n’est pas un foudre de
guerre. (PIERRE LEMAITRE, Alex, 2011)
”
• Gens
Gens, nom pluriel signifiant « personnes », est du masculin :
”
Cependant s’il est précédé immédiatement d’un adjectif ayant une
terminaison différente pour chaque genre, il veut au féminin cet
adjectif et tout adjectif placé avant lui :
“ Tous étaient d’ailleurs d’excellentes gens, des cœurs d’or.
(MARCEL AYMÉ, Le passe-muraille, 2016)
”
Mais quand l’adjectif qui précède a la même terminaison aux deux
genres, il reste au masculin : Quels bons et honnêtes gens !
Quant aux adjectifs (et pronoms) qui suivent gens et sont en rapport
avec lui, on les laisse au masculin : Ce sont les meilleures gens que j’aie
connus.
Les adjectifs qui ne précèdent gens que par inversion restent au
masculin :
“
Instruits par l’expérience, les vieilles gens sont
soupçonneux. (Dictionnaire de l’Académie)
”
Remarques
1. Gens, dans certaines expressions telles que gens de robe, gens de
guerre, gens d’épée, gens de loi, gens de lettres, gens de bonne
compagnie, gens de passage, gens de la bohème, etc., demande
toujours l’adjectif ou le participe au masculin :
De nombreux gens de lettres. Des gens
d’affaires. (Dictionnaire de l’Académie)
2. Gent signifiant « nation, race » est féminin :
La gent marécageuse. (JEAN DE LA FONTAINE, Les
grenouilles qui demandent un roi, 1668)
Il […] s’approcha doucement de la meule autour de laquelle la
gent caquetante picorait. (RENÉ BARJAVEL, Ravage, 1943)
Il a plus d’amitié pour la gent animale que pour l’espèce
humaine. (LÉONORA MIANO, La saison de l’ombre, 2013)
• Hymne
Hymne est masculin dans l’acception ordinaire, mais ordinairement
féminin dans le sens de « cantique latin qui se chante à l’église » :
”
• Œuvre
Œuvre est toujours féminin au pluriel ; il l’est généralement aussi au
singulier :
”
Il est masculin quand il désigne, soit l’ensemble de la bâtisse, soit
l’ensemble des œuvres d’un artiste, soit la transmutation des métaux
en or, dans l’expression le grand œuvre : Le gros œuvre est achevé ;
travailler au grand œuvre.
”
• Orge
Orge est féminin, sauf dans les deux expressions orge mondé, orge
perlé.
“ Rechele servit la potée d’orge perlé accompagnée
d’intestins farcis. (OLIVIER GUEZ, Les révolutions de
Jacques Koskas, 2014)
”
• Orgue
Orgue, au singulier, est du masculin. On retrouve cette forme dans
les locutions orgue portatif, orgue de Barbarie.
”
Le pluriel orgues est également du masculin quand il désigne
plusieurs instruments : Les deux orgues de cette église sont excellents.
Le pluriel orgues est du féminin lorsqu’il désigne un instrument
unique ainsi que dans la locution orgues de Staline qui désigne « un
engin soviétique multitube lançant des roquettes (pendant la
Deuxième Guerre mondiale) » :
“ On entendait les grandes orgues, et chanter le chœur.
(SERGE BRAMLY, Le premier principe, le second principe,
2008)
”
• Pâques
Pâques (avec s final), désignant la fête catholique, est masculin et
singulier ; il prend la majuscule et rejette l’article :
”
Pâques est féminin pluriel dans les expressions faire ses pâques
(remarquez la minuscule) ou Joyeuses Pâques, et quand il est
accompagné d’un article :
“ Depuis les Pâques précédentes. (JOSEPH MALÈGUE,
Augustin ou Le maître est là, 1933)
”
Pâque (sans s), désignant la fête juive ou orthodoxe, est féminin
singulier ; il prend la minuscule et l’article, mais certains auteurs
emploient la majuscule :
”
• Période
Période, féminin dans les acceptions ordinaires, est masculin quand
il désigne le point où une chose, une personne est arrivée :
“ Démosthène et Cicéron ont porté l’éloquence à son plus
haut période. (Dictionnaire de l’Académie)
”
3. Le nombre du nom
Le français distingue deux nombres : le singulier, qui désigne un
seul être ou un seul ensemble d’êtres (un livre, un essaim) et le
pluriel, qui désigne plusieurs êtres ou plusieurs ensembles
d’êtres (des livres, des essaims).
Du point de vue phonétique, le s du pluriel s’est prononcé jusqu’à la
e
fin du XVI siècle. Aujourd’hui, en général, il n’y a plus, pour l’oreille,
de différence entre la forme du pluriel et celle du singulier : l’ami, les
amis. Toutefois il subsiste deux prononciations différentes selon le
nombre :
quand on fait la liaison ;
dans la plupart des noms en -al : un animal, des animaux ;
dans quelques noms en -ail : un émail, des émaux ;
dans quelques autres noms : un os, des os [œ̃nɔs], [dezo] ; un œuf,
des œufs [œ̃nœf], [dezø] ; un œil, des yeux [œnœj], [dezjø], etc.
En général, c’est par l’article ou par l’adjectif accompagnant le nom
que l’oreille peut distinguer si ce nom est au singulier ou au pluriel.
a) Pluriel en -s
Dans le cas général, on forme le pluriel des noms communs en
ajoutant à la fin de la forme du singulier un s 6 (muet, sauf en
liaison) : un enfant, des enfants. En liaison : des enfants avides
[dezɑ̃fɑ̃zavid].
Cas particuliers :
Terminais Formation
Exemples Exceptions
on du pluriel
Les noms prennent un clou, des clous ; un Excepté les sept noms :
en -ou un s filou, des filous ; un bijou, caillou, chou,
au pluriel bisou, des bisous ; un genou, hibou, joujou et
sou, des sous ; un pou, qui prennent un x :
caribou, des caribous ; des bijoux, des cailloux,
un trou, des trous ; un des choux, etc.
verrou, des verrous
b) Pluriel en -x
Terminais Formation
Exemples Exceptions
on du pluriel
• Aïeul
Aïeul fait au pluriel aïeuls quand on désigne précisément le grand-
père paternel et le grand-père maternel ou encore le grand-père et la
grand-mère (1). Il fait aïeux, au sens d’ancêtres (2,3,4) :
“ Ses deux aïeuls assistaient à son mariage. (Dictionnaire
de l’Académie) (1)
Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux. (VOLTAIRE,
Mérope, 1743) (2)
”
Remarque
Régulièrement on dit les bisaïeuls, les trisaïeuls : Souvenirs de nos
trisaïeuls bornés. (ÉRIC VUILLARD, La bataille d’Occident,
2012)
Les pluriels bisaïeux, trisaïeux sont utilisés principalement dans les textes
spécialisés (généalogie, héraldique, histoire), mais pas uniquement :
C’est fou, le nombre de retraités à la recherche de
renseignements sur leurs trisaïeux. (BENOÎT DUTEURTRE,
Ballets roses, 2009)
• Ail
Ail fait au pluriel ails (1). La forme aulx, vieillie, est également
admise (2).
”
• Ciel
Ciel fait au pluriel cieux quand il désigne l’espace indéfini où se
meuvent les astres, le séjour des dieux ou le paradis (1,2) et ciels
quand il signifie « baldaquin au-dessus d’un lit » (3), « partie d’un
tableau qui représente le ciel » (4) ou qu’il évoque le climat (5,6).
“
Les cieux et la mer ne font qu’un. (CATHERINE POULAIN, Le
grand marin, 2016) (1)
”
• Œil
Œil fait au pluriel yeux :
“ Il y a toujours une lumière,
Dans les yeux de ma mère. (ARNO, Les yeux de ma mère,
1995)
”
Le pluriel œils se retrouve dans certains noms composés :
des œils-de-bœuf (« fenêtres rondes ou ovales ») ;
des œils-de-perdrix (« cors au pied ») ;
des œils-de-chat, œils-de-tigre, œils-de-serpent (« pierres précieuses ») ;
des œils -de-pie (« œillet dans une voile »).
En typographie, l’œil est la partie saillante du caractère d’imprimerie.
Son pluriel est œils :
”
2. Le pluriel des noms propres
• Les noms propres avec marque du pluriel
Les noms propres prennent la marque du pluriel dans certains cas.
1° Quand ils désignent des peuples ou certaines familles illustres :
les Espagnols, les Césars, les Bourbons, les Stuarts.
2° Quand ils désignent des personnes possédant les talents, le
caractère, etc. des personnages nommés ou plus généralement
quand ils désignent des catégories de personnes : Existe-t-il encore
des Mécènes ? (C’est-à-dire des hommes généreux comme Mécène.) ; les
Pasteurs sont rares.
”
La marque du pluriel n’apparait cependant pas chez tous les
auteurs.
3° Les noms propres géographiques désignant plusieurs pays,
provinces, cours d’eau, etc., prennent la marque du pluriel : les
Amériques, les Guyanes, les deux Sèvres, les Pyrénées. Mais on
écrira : Il n’y a pas deux France. Il y a plusieurs Montréal.
”
2° Quand ils désignent, non des familles entières, mais des individus
qui ont porté le même nom :
“
Elle regarda fort ironiquement les deux Cruchot, qui prirent
une mine piteuse. (HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet,
1833)
”
3° Quand, par emphase, on leur donne l’article pluriel, quoiqu’on
n’ait en vue qu’un seul individu :
“ e
Un clin d’œil involontaire au XIX siècle, à l’époque où
Bruxelles accueillait les Victor Hugo et autres opposants
au régime… (Philosophie Magazine, 2016)
”
4° Quand ils désignent des titres d’ouvrages, de revues, etc. : un
paquet de « Nouvel Observateur ».
”
• Les noms propres pour lesquels l’usage varie
Les noms propres désignant des œuvres par le nom de leur auteur
peuvent prendre la marque du pluriel (1) mais on peut aussi les
laisser invariables (2) : J’ai emprunté deux Simenon ou deux Simenons.
“ En 1828, Guérin préconise la copie des Raphaëls du
Vatican. (JACQUES LETHÈVE, La vie quotidienne des
e
artistes français au XIX siècle, 1968) (1)
”
Les noms de marques entrés dans l’usage restent le plus souvent
invariables (deux Renault, trois Martini, deux Coca), mais on trouve
aussi des exemples de pluriel :
”
Remarque
Pour petit-beurre (marque déposée de Lu, en principe sans trait d’union), on
remarque que l’usage du trait d’union se généralise et qu’il y a une hésitation
sur la formation du pluriel. Les grands dictionnaires actuels acceptent des
petits-beurres et des petits-beurre (ainsi que les variantes sans trait d’union).
Ils avaient dîné du demi-paquet de petits-beurre. (MARIE
NDIAYE, Ladivine, 2013)
Le maître ouvre un paquet de petits-beurres. (ALICE ZENITER,
L’art de perdre, 2017)
7
3. Le pluriel des noms composés
”
Cette règle s’applique à tous les mots dont on recommande la
soudure dans le cadre des la nouvelle orthographe : un grigri, des
grigris ; un millepatte, des millepattes ; un curedent, des curedents ; un
contrejour, des contrejours, etc. (› Soudure des mots composés)
”
• Nom + nom complément
Quand le nom composé est formé de deux noms dont le second
(avec ou sans préposition) est complément du premier, le premier
nom seul prend la marque du pluriel : des arcs-en-ciel [aʀkɑ̃sjɛl], des
chefs-d’œuvre, des timbres-poste. Il en va de même lorsque l’un des
deux noms est lui-même un nom composé : des points de non-retour,
des sous-marins de poche.
En présence d’une préposition, il n’y a pas d’hésitation sur la
manière de produire le pluriel, mais dans le cas contraire, le rôle
syntaxique du second élément peut dans certains cas être incertain.
En principe, si les deux noms en apposition ne désignent pas la
même chose ou la même personne, le second nom est vu comme
un complément déterminatif sans préposition et ne s’accorde pas :
des timbres-poste (= des timbres pour la poste) ; des bébés-
éprouvette (= issus d’une fécondation en éprouvette), des pauses-café
(= pour prendre le café), des poches-révolver, etc. Mais bon nombre
d’exemples plus récents montrent que cette règle n’est pas suivie
systématiquement. Les grands dictionnaires ont ainsi enregistré des
timbres-quittances (pourtant équivalent à timbre de quittance), des
timbres-taxes, des timbres-amendes, des romans photos, des images
satellites, etc. Cette variété se retrouve dans les textes :
”
• Nom + adjectif
Quand le nom composé est formé d’un nom et d’un adjectif, les deux
éléments prennent la marque du pluriel : des coffres-forts, des arcs-
boutants, des comptes rendus, des tables rondes, des cartes bleues, des
caisses noires, des trous noirs, etc.
On écrit : des grand-mères, des grand-tantes, etc.
Remarque
Il est recommandé d’écrire de manière soudée un certain nombre de nom
composés à partir d’éléments nominaux et adjectivaux. Une fois soudés, la
formation du pluriel est similaire à celle des mots simples : des arcboutants,
autostops, autostoppeurs, autostoppeuses, bassecontres,
bassecontristes, bassecours, bassecouriers, basselisses,
basselissiers, bassetailles, branlebas, chauvesouris chèvrepieds,
cinéromans, hautecontres, hautelisses, hautparleurs. (› Trait d’union)
• Verbe + complément
Quand le nom composé est formé d’un verbe et d’un nom
complément d’objet direct, il forme son singulier et son pluriel
comme s’il s’agissait d’un nom simple : seul le second élément
prend la marque du pluriel et celle-ci n’apparait que quand le mot est
au pluriel : un bouche-trou, des bouche-trous ; un couvre-lit, des couvre-
lits ; un abat-jour, des abat-jours ; un perce-neige, des perce-neiges, un
ramasse-miette, des ramasse-miettes.
Seuls font exception quelques composés dont le second terme
contient un article (des trompe-l’œil, des trompe-la-mort) ou commence
par une majuscule (des prie-Dieu).
Remarques
1. L’agglutination (soudure) est recommandée pour un certain nombre de
nom très ancrés dans l’usage et composés à partir d’un élément verbal
suivi d’un élément nominal. Une fois soudés, la formation du pluriel est
similaire à celle des mots simples : des piqueniques, boutentrains,
brisetouts, chaussetrappes, coupecoupes, couvrepieds,
crochepieds, croquemadames, croquemitaines, croquemonsieurs,
croquemorts, croquenotes, faitouts, fourretouts, mangetouts,
Mêletouts, passepartouts, passepasses, piqueniques, porteclés,
portecrayons, portemines, portemonnaies, portevoix, poucepieds,
poussepousses, risquetouts, tapeculs, tirebouchons, tirefonds,
tournedos, vanupieds.
2. Cette règle, issue des rectifications orthographiques de 1990, rend le
système d’accord plus cohérent. Anciennement, une série d’exceptions
tentaient de tenir compte du sens, (tout en suscitant beaucoup
d’hésitations). On écrivait alors : des abat-jour, des perce-neige (en
justifiant par le sens : « il abat le jour » ; « il perce la neige »).
3. Par ailleurs, dans certains noms composés, même au singulier, le
complément d’objet direct gardait la marque du pluriel : un casse-
noisettes, un compte-gouttes, un porte-bagages, un presse-papiers,
etc. Aujourd’hui, on recommande : un casse-noisette, un compte-
goutte, un porte-bagage, un presse-papier.
4. Dans les noms composés à l’aide du mot garde, ce mot variait au pluriel
quand le composé désignait une personne : des gardes-chasse (« des
gardes qui surveillent la chasse »), des gardes-malades (« des gardes
qui surveillent les malades »), des gardes-côtes (« des gardes qui
surveillent les côtes »), etc. Il restait invariable quand le composé désignait
une chose (des garde-robes) ou un lieu (des garde-meubles).
5. Selon un ancien usage, on écrit : des ayants droit, des ayants cause.
6. Toutes ces considérations revenaient à traiter les mots composés comme
s’il s’agissait de séquences de mots libres. Or, quand on écrit un ramasse-
miette, on ne désigne pas des miettes ni l’acte de les ramasser, mais bien
un objet particulier tout comme, quand on écrit un mille-feuille, on
désigne un gâteau et non mille feuilles. Pour cette raison, on considère
qu’à ce type de noms doit s’appliquer la règle générale d’accord en
nombre des noms : pas de marque au singulier et s ou x au pluriel.
• Expressions toutes faites ou elliptiques
Quand le nom composé est formé d’une expression toute faite ou
d’une expression elliptique, aucun élément ne varie au pluriel : des
meurt-de-faim, des pince-sans-rire, des on-dit, des coq-à-l’âne, des pur-
sang.
”
Cependant les infinitifs et les mots qui sont devenus des noms dans
l’usage courant, ainsi que avant, devant, arrière, derrière, employés
substantivement, prennent s au pluriel :
C’était lui qui devait donc lire les attendus lugubres de cet
arrêt. (LÉONORA MIANO, Crépuscule du tourment, 2017)
”
6. Cas particuliers
”
D’autres ne se trouvent ordinairement qu’au singulier :
noms de sciences ou d’arts : la botanique, la sculpture, la géométrie,
etc. ;
noms de matières : l’or, le plâtre, etc. ;
noms abstraits : la haine, la soif, etc. ;
noms des sens, des points cardinaux : l’odorat, le nord.
Remarque
Ces noms sont parfois utilisés au pluriel quand ils désignent les différents
sous-ensembles ou les variétés d’une matière, d’un sentiment, d’une science
ou d’un art. La plupart de ces noms admettent le pluriel quand on les emploie
au figuré ou dans des acceptions particulières :
Deux lourds bracelets trois ors au poignet droit. (KATHERINE
PANCOL, La valse lente des tortues, 2008)
Nous connaissons des géométries non euclidiennes. (MICHEL
HOUELLEBECQ, En présence de Schopenhauer, 2017)
Les armées doivent partager les haines des civils. (JEAN
COCTEAU, Les enfants terribles, 1929)
Des soifs à gober les oranges sans même les éplucher.
(SERGE JONCOUR, L’amour sans le faire, 2012)
”
b) Pluriel et figement
Il est fréquent que le nombre des noms employés dans des locutions
ou expressions figées soit fixe :
Ne pas perdre des yeux (*de l’œil).
Tourner de l’œil (*des yeux).
Les yeux dans les yeux (*l’œil dans l’œil).
La locution le mauvais œil au sens de « faculté de porter malheur par
le regard » est toujours au singulier :
”
4. Le groupe nominal
Le nom est généralement accompagné d’autres mots qui précisent,
déterminent, complètent l’idée qu’il exprime et qui forment avec lui
un groupe nominal.
Le déterminant (et l’article) sont nécessaires à l’insertion d’un nom
dans une phrase. Ensemble, ils forment le groupe nominal minimal
dont le nom constitue le noyau. Le groupe nominal étendu peut lui
accueillir d’autres expansions du nom : des adjectifs ou groupes
adjectivaux, des groupes prépositionnels, des propositions
subordonnées. (› Déterminant)
”
2. Le groupe nominal étendu
Des mots et groupes de différentes natures peuvent préciser le sens
du nom.
a) Nom + épithète
Une épithète est formée d’un adjectif qualificatif placé généralement
à côté d’un nom et exprimant, sans l’intermédiaire d’un verbe, une
qualité de l’être ou de l’objet nommé :
“
Une souffrance authentique vaut mieux qu’un bonheur
illusoire. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014)
”
Remarque
La différence entre l’attribut et l’épithète, c’est que
l’attribut suppose un lien qu’on noue entre lui et le sujet (ou le complément
d’objet), il y a une copule (› Attribut) :
Cet amour est impardonnable. (CATHERINE CUSSET, Une
éducation catholique, 2014)
l’épithète ne suppose pas ce lien ; il n’y a pas de copule :
Pollux avoue son amour impardonnable à Télaïre. (SYLVIE
BOUISSOU, Jean-Philippe Rameau, 2014)
L’épithète est dite détachée quand elle est jointe au nom (ou au pronom)
d’une façon si peu serrée qu’elle s’en sépare par une pause, généralement
indiquée par une virgule à l’écrit ; elle s’écarte même souvent du nom (ou du
pronom) et est fort mobile à l’intérieur de la proposition
L’épithète détachée a quelque chose de la nature de l’attribut, et l’on peut
concevoir qu’elle suppose une copule implicite :
Le paysan, furieux, leva la main. (GUY DE MAUPASSANT, La
ficelle, 1883)
Sournoises et rusées, les flammes profitaient d’une seconde
d’inattention pour jaillir en flammèches à des endroits
inattendus. (CATHERINE CUSSET, Indigo, 2013)
Il ouvrit, froid et majestueux. (KATHERINE PANCOL, La valse
lente des tortues, 2008)
”
c) Apposition
Une apposition est un nom, un pronom, un infinitif, une proposition,
que l’on place à côté du nom pour définir ou qualifier l’être ou la
chose que ce nom désigne ; l’apposition est comparable à la relation
qui existe entre un attribut et son sujet, mais le verbe copule est
absent (› Attribut du sujet) :
“
Jusqu’ en 1967, Chengdu, capitale de la province
chinoise du Sichuan, était une ville tranquille. (BERNARD
WERBER, La révolution des fourmis, 1996)
”
L’apposition peut également être de nature pronominale :
“
Ils trouvèrent leur plus petit garçon, celui de deux ans et
demi, dans les bras du brave Roger. (HÉLÈNE JOUSSE, Le
joker, 2013)
”
Elle peut aussi être verbale ou phrastique :
”
Remarques
1. C’est le plus souvent à un nom que l’apposition se joint, mais elle peut
aussi se joindre à un pronom, à un adjectif, à un infinitif, à une
proposition :
Cet homme grossier, et malhonnête, qui pis est, m’exaspère.
Consoler, cet art si délicat, est parfois difficile.
Des vagues énormes déferlent, spectacle impressionnant.
”
Le complément du nom peut être supprimé sans remettre en cause
l’acceptabilité syntaxique de la phrase (même si le contenu
sémantique est forcément réduit) : Les coups, je m’en foutais, j’ai une
certaine expérience ; L’ardeur cède à la peur ; L’idée me traversa l’esprit ; Le
printemps fleurit ton tablier.
1° Le groupe prépositionnel complément du nom est un groupe
nominal introduit par une préposition. Cette préposition est le plus
souvent de, mais ce peut être aussi à, autour, en, envers, contre, par,
pour, sans, etc. : une planche à dessin, un sirop contre la toux, la bonté
envers tous.
Le complément prépositionnel peut apporter des précisions
sémantiques très variées qui dépendent de la préposition utilisée. Il
peut indiquer notamment :
l’espèce : un cor de chasse ;
l’instrument : un coup d’épée ;
le lieu : la bataille de Waterloo ;
la matière : une statue de bronze ;
la mesure : un trajet de dix kilomètres ;
l’origine : un jambon d’Ardenne ;
la possession : la maison de mon père ;
la qualité : un homme de cœur ;
le temps : les institutions du moyen âge ;
la totalité : une partie de cette somme ;
la destination : une salle de sport ;
le contenu : une tasse de lait.
Le groupe prépositionnel peut être réduit à un simple pronom :
“
J’ai une certaine expérience de ça. (PHILIPPE DJIAN, Chéri-
Chéri, 2014)
”
Il arrive qu’un groupe nominal dans lequel on aurait attendu une
préposition donne naissance à une locution nominale de type nom-
nom, sans préposition. C’est un tour fréquent dans le langage
commercial : un thé au citron, un thé citron ; une impression en couleur,
une impression couleur ; la stratégie de Macron, la stratégie Macron.
“
Municipales 2020 : quelle est la stratégie Macron pour
Paris ? (MYRIAM ENCAOUA ET PAULINE THÉVENIAUD, Le
Parisien, 25/03/2018).
”
2° Un groupe infinitif se compose d’un verbe à l’infinitif exprimant
une action (et de ses éventuelles expansions). Il est introduit par
une préposition, généralement à ou de :
Remarque
Certaines locutions Nom+de+verbe et Nom+à+nom se sont figées et
fonctionnent comme des unités lexicales à part entière : un empêcheur de
tourner en rond, une fin de non-recevoir, la joie de vivre, le permis de
conduire, un mandat d’amener, un homme à tout faire, un terrain à bâtir,
un manque à gagner, une salle à manger, le fil à couper le beurre, un
vent à décorner les bœufs, etc.
3° La proposition subordonnée complément du nom peut être
relative ou conjonctive.
La proposition subordonnée relative est introduite par un pronom
relatif. (› Prop. sub. relative)
“
Le rêve qu’était en train de nous raconter Desi me faisait
penser à certains rêves que j’ai faits dans les mois qui ont
suivi la mort de mon père, où mon père m’apparaissait
comme étant gravement malade. (JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT,
Made in China, 2017) (La dernière proposition relative introduite par le
pronom où est apposée à la précédente et se rapporte au même antécédent
nominal que celle-ci, à savoir rêves.)
”
Le caractère facultatif de ces propositions relatives apparait
clairement : la phrase reste correcte, même si on les supprime. Elles
appartiennent au groupe nominal étendu. On peut également les
remplacer par une épithète ou les pronominaliser pour mieux se
rendre compte de leur position dans la structure syntaxique :
Le rêve évoqué me faisait penser à certains rêves étranges, où mon père
m’apparaissait comme étant gravement malade. (Substitution des
deux premières propositions par des épithètes.)
Le rêve évoqué m’y faisait penser. (Si on pronominalise on constate
que les deux propositions qui ont rêves pour antécédent sont
absorbées.)
”
Ces constructions apparaissent surtout après des noms qui sont
associés à des verbes qui se construisent avec une proposition
subordonnée : crainte (il craint que…, la crainte que), espoir (il espère
etc.
que…, l’espoir que), volonté (il veut que…, la volonté que),
À la différence des propositions relatives, le que des conjonctives ne
joue aucun rôle dans la proposition qu’il introduit. On comparera
avec l’exemple suivant :
”
Ce n’est pas le cas avec une construction comme l’espoir que je me
réveille.
Remarque
Les différents types de compléments peuvent s’enchâsser. Dans l’exemple
qui suit, le nom épaule est complété par un complément prépositionnel (de la
fille) comportant un nom (fille) qui est lui-même complété par une proposition
relative :
Le garçon avait passé son bras sur l’épaule de la fille qui
tenait des livres contre sa poitrine. (KATHERINE PANCOL, La
valse lente des tortues, 2008)
CHAPITRE 2
Le déterminant
1. Définition
2. Les articles
3. Les déterminants démonstratifs
4. Les déterminants possessifs
5. Les déterminants numéraux
6. Les déterminants relatifs, interrogatifs et exclamatifs
7. Les déterminants indéfinis
1. Définition
Le déterminant est un mot que l’on place devant le nom pour lui
apporter différentes informations et préciser son sens. Il peut
marquer le genre (masculin, féminin) et le nombre (singulier, pluriel)
et ajouter des informations telles que l’appartenance, l’identification
ainsi que sur le nombre précis ou imprécis des êtres ou objets
désignés par le nom :
”
Ensemble, le déterminant et le nom forment le groupe nominal
minimal, dont le nom constitue le noyau. L’usage du déterminant
est obligatoire pour l’insertion d’un nom dans une phrase. Il ne peut
pas être effacé, sauf dans des cas particuliers : * Il regardait oncle. * Il
y a enfant et femme. * J’entendis chanter oiseaux. (› Groupe nominal)
1. Types de déterminants
Au sein de la classe des déterminants, on distingue les articles qui
sont les déterminants « élémentaires ». On les utilise pour insérer un
nom dans une phrase quand l’information complémentaire véhiculée
par les autres déterminants n’est pas nécessaire.
2. Caractéristiques
Quelques caractéristiques des déterminants :
dans un groupe nominal, le déterminant précède le nom noyau.
Un adjectif peut s’insérer entre les deux : mon pauvre oncle, deux
grands enfants, quelques beaux oiseaux ;
le déterminant et le nom s’accordent en genre et en nombre : une
ombre (fém. sing.) ; ma file (fém. sing.) ; ce jardin (masc. sing.) ; les
rideaux (masc. plur.) ;
tous les déterminants apportent une information quantitative qui
peut être précise ou non : le, un, mon, ce (= un seul) ; les, des, mes,
ces, certains (= plusieurs) ; deux (= un nombre précis) ;
un déterminant peut toujours être remplacé par un article, qui est
le déterminant le plus élémentaire. Quelle vue charmante ! (= la
vue) ; (› Article)
les déterminants permettent de convertir n’importe quel mot en
nom occasionnel :
”
les déterminants permettent de marquer le genre des noms dont
la forme ne varie pas en fonction du genre : un/une artiste ; un/une
pilote, etc. (› Noms épicènes)
Les déterminants peuvent s’employer seuls devant le nom ou se
combiner par exemple dans des séquences article défini +
déterminant numéral (1), déterminant possessif + déterminant
numéral (2) ou déterminant démonstratif + déterminant indéfini (3) :
“
Les quatre cavaliers de l’Apocalypse, Copernic, Galilée,
Kepler, un peu plus tard Newton. (JEAN D’ORMESSON, C’est
une chose étrange à la fin que le monde, 2010) (1)
”
Remarque
La terminologie grammaticale évolue. Les déterminants autres que les
articles étaient anciennement classés parmi les adjectifs, sous l’étiquette
d’adjectifs déterminatifs. Selon cette terminologie, mon était donc un
adjectif possessif et cette un adjectif démonstratif. La classification actuelle
qui regroupe les déterminants en dehors de la classe des adjectifs permet de
rendre compte des particularités de ceux-ci par rapport aux adjectifs. Si les
deux classes ont en commun de s’accorder avec le nom, elles se distinguent
par le fait que l’on peut généralement supprimer un adjectif au sein d’un
groupe nominal, mais pas un déterminant :
Le petit garçon le fusillait du regard. (JEAN-CHRISTOPHE
GRANGÉ, Le passager, 2011) (Le garçon le fusillait du regard. *Petit
garçon le fusillait du regard.)
Par ailleurs, les deux catégories se distinguent également au niveau de leurs
fonctions : l’adjectif peut être attribut (Le garçon est petit), ce qui n’est pas
le cas des déterminants (*Le garçon est mon).
2. Les articles
L’article se place devant le nom pour indiquer que celui-ci est pris
dans un sens complètement ou incomplètement déterminé ; il sert
aussi à indiquer le genre et le nombre du nom qu’il précède. On
distingue trois espèces d’articles : l’article défini, l’article indéfini et
l’article partitif.
1. L’article défini
L’article défini est celui qui se met devant un nom dont le sens est
complètement déterminé :
“
Le livre humiliait l’auteur, puisqu’il allait plus loin que lui,
souvent si prudent dans l’usage de sa vie. (SIMON LIBERATI,
Eva, 2015)
”
a) Les formes de l’article défini
le pour le masculin singulier (le confident, le crieur de nuit) ;
la pour le féminin singulier (la garçonnière, la citerne) ;
les pour le pluriel des deux genres (les mots, les fourmis).
L’article élidé est l’article le ou la dont la voyelle est remplacée par
une apostrophe devant les mots commençant par une voyelle ou un
h muet : l’or, l’avion, l’habit, l’heure, l’horrible vision. (› Élision)
L’article contracté est le résultat de la fusion des prépositions à, de,
avec les articles le, les :
à le se contracte en au (au matin, au cœur de la tourmente) ;
à les se contracte en aux (aux enfants, aux antipodes) ;
de le se contracte en du (la chaleur du désert, le repos du guerrier) ;
de les se contracte en des (la profondeur des abysses, la sagesse
des anciens).
”
Le référent peut également être identifié par l’adjectif ou le
complément qui accompagne le nom :
“ Le chat de Nina ronronne sur mon ventre. (S YLVAIN TESSON,
Dans les forêts de Sibérie, 2011)
”
Le sens du groupe nominal introduit par le déterminant défini
peut être générique, c’est-à-dire faire référence à la classe
désignée par le nom dans son ensemble plutôt qu’à une instance
spécifique de cette classe, comme c’était le cas dans les
exemples qui précèdent :
“
Il sentait fort le tabac. (CATHERINE CUSSET, Indigo, 2013)
”
b) Au pluriel, l’article défini peut également réaliser une
généralisation ou désigner tous les êtres d’une espèce ou d’un
groupe :
“
Liz aime les poissons. Elle collectionne les aquariums,
disposés partout, pêle-mêle, dans la maison. (ANAÏS
BARBEAU-LAVALETTE, La femme qui fuit, 2015)
”
c) Dans un contexte exclamatif, l’article défini contribue à véhiculer
un sens démonstratif :
”
d) L’article défini est utilisé comme possessif, surtout devant des
noms désignant des parties du corps ou du vêtement, ou les
facultés intellectuelles :
“ Je garde les yeux fermés. (H EDWIGE JEANMART, Blanès,
2014)
”
e) L’article défini apparait parfois devant les noms propres de
personnes.
Quand ils sont employés soit dans un sens emphatique (alors
l’article est au pluriel), soit dans un sens méprisant : les Corneille,
les Racine, les Molière ont illustré la scène française. La Brinvilliers.
L’article se rencontre devant des noms de cantatrices ou
d’actrices célèbres (le Tasse, le Corrège, la Callas) (1) ou devant des
noms propres accompagnés d’une épithète ou déterminés par un
complément (le grand Corneille, le Racine des Plaideurs) (2) :
“ Il s’est acheté La Traviata avec la Callas et la passait en
boucle. (JEAN-MICHEL GUENASSIA, Le club des incorrigibles
optimistes, 1950) (1)
”
Quand ils désignent soit plusieurs individus de même nom, soit
des types, des familles entières, des peuples : les deux Corneille,
les Cicérons sont rares, les Gagné, les Belges. Les Schweitzer sont
nés musiciens. (JEAN-PAUL SARTRE, Les mots, 1964)
Quand ils désignent des œuvres produites : les Raphaëls du
Vatican ; le Simenon que je préfère est « Pedigree ».
f) Devant les noms propres de continents, de pays, de provinces, de
montagnes, de mers, de cours d’eau, d’iles : l’Amérique, la France,
le Manitoba, les Vosges, la Méditerranée, le Zambèze, la Sardaigne. Les
noms de villes rejettent l’article : Dakar, Rome ; sauf s’ils sont
accompagnés d’une épithète ou d’un complément, ou encore s’ils
étaient originairement des noms communs : le vieux Québec, le
Paris d’autrefois, Le Havre, La Haye. On dit cependant : Paris entier,
tout Paris.
Devant plus, moins, mieux, suivis d’un adjectif ou d’un participe,
l’article le reste invariable et forme avec ces adverbes des locutions
adverbiales, quand il y a comparaison entre les différents degrés
d’une qualité (1), mais s’accorde lorsqu’on fait la comparaison entre
des êtres ou des objets différents (2) :
“
La pluie ne les empêcha pas de se promener dans les rues
pavées autour des bâtiments en brique rouge recouverts de
lierre du campus le plus prestigieux du monde, le lieu sur
terre où Helen se sentait le plus heureuse et le plus
légitime. (CATHERINE CUSSET, Un brillant avenir, 2008)
(Heureuse et légitime au plus haut degré.) (1)
”
Remarque
Les confusions dans l’usage des locutions le plus, le moins, le mieux ne sont
pas rare et l’on trouve régulièrement des accords abusifs :
À quel moment de votre vie avez-vous été la plus heureuse ?
(GUILLAUME MUSSO, La fille de papier, 2010)
C’était quand le jour où tu as été la plus heureuse de ta vie ?
(FRÉDÉRIC BEIGBEDER, Une vie sans fin, 2018)
Pour s’en prémunir, on peut appliquer le test suivant. Quand on peut placer
après l’adjectif les expressions au plus haut (bas) degré, le plus (moins,
mieux) possible, on laisse l’article invariable. Quand on peut placer après
l’adjectif les mots de tous, de toutes, on accorde l’article.
2. L’article indéfini
L’article indéfini se place devant le nom pour indique que l’être ou
l’objet désigné est présenté comme non précisé, non déterminé, non
encore connu :
”
a) Les formes de l’article indéfini
L’article indéfini est :
un pour le masculin singulier (un vélo, un enfant) ;
une pour le féminin singulier (une ville, une mer) ;
des pour le pluriel des deux genres (des profondeurs, des
sommets).
Devant un adjectif épithète antéposé au nom, la forme des devient
de (et celui-ci s’élide en d’ si l’adjectif commence par une voyelle ou
un h muet) :
”
Remarque
Dans une phrase négative, le nom qui suit de est accordé en fonction du
sens. On constate qu’il est souvent au singulier, mais quand on considère
que ce nom aurait été pluriel dans une phrase positive, on peut le mettre au
pluriel :
Moi, si je suis là, c’est justement pour qu’il n’y ait pas de
problèmes. (SERGE JONCOUR, Repose-toi sur moi, 2016) (Il y
aurait des problèmes.)
Il n’a pas de couche de graisse pour le protéger du froid.
(JEAN-BAPTISTE DEL AMO, Règne animal, 2016) (Il aurait une
couche de graisse.)
”
En outre, l’article indéfini peut avoir, dans des emplois particuliers,
certaines valeurs expressives ; ainsi il s’emploie :
a) avec une valeur de généralisation, devant un nom désignant un
type, une catégorie (c’est-à-dire considéré comme représentant
tous les individus de l’espèce) :
“
Un artiste est un rêveur, donc un inutile. (PIERRE LEMAITRE,
Au revoir là-haut, 2013)
”
b) avec une valeur emphatique, dans des phrases exclamatives :
”
c) Devant un nom propre, soit par mépris, soit par emphase, soit
pour donner au nom propre la valeur d’un nom commun :
“ Un docteur de l’Église, c’est un saint qui a du génie : c’est
un génie de saint : c’est un Proust, c’est un Mozart, c’est un
Colette, c’est un Picasso de saint. (YANN MOIX, Mort et vie
d’Édith Stein, 2008)
”
3. L’article partitif
L’article partitif se place devant le nom des choses massives, non
comptables, pour indiquer qu’il s’agit d’une partie seulement ou
d’une certaine quantité imprécise de ce qui est désigné par le nom :
”
a) Les formes de l’article partitif
L’article partitif est :
du (de l’) pour le masculin singulier (du pain, du sucre, de l’épeautre, de
l’amour) ;
de la (de l’) pour le féminin singulier (de la viande, de la farine, de
l’amertume) ;
des pour le pluriel des deux genres (des épinards).
L’élision des formes du singulier (du et de la s’élident en de l’) a lieu
devant une voyelle ou un h muet : ressentir de l’hypocrisie, boire de
l’eau.
”
De même quand on veut insister sur le nom :
”
2° Devant un adjectif épithète antéposé au nom, la forme des
devient de (et celui-ci s’élide en d’ si l’adjectif commence par une
voyelle ou un h muet) :
“
Le comte resta avec de grandes espérances de sauver
Fabrice. (STENDHAL, La chartreuse de Parme, 1839)
”
Sauf bien entendu quand l’adjectif fait partie d’un nom composé ou
d’une locution nominale (l’adjectif fait alors corps avec le nom) : des
grands-pères, des jeunes gens, des petits pois, etc.
3° Devant les noms précédés d’un adjectif, au lieu de du, de la, de l’,
des, on met de, dans la langue soignée :
”
Remarque
L’article partitif résulte de la combinaison ou de la fusion de la préposition de
(qui abandonne sa valeur ordinaire) avec l’article défini le, la, l’, les. Des est
un article partitif quand il correspond au singulier du, de la, de l’ : J’ai
mangé des épinards. C’est un article indéfini quand il correspond au
singulier un ou une (il désigne alors des choses nombrables) : J’ai mangé
des noix.
Il ne faut pas confondre ces cas avec les phrases dans lesquelles on a un
article contracté avec une préposition qui introduit un complément du nom,
du verbes, circonstanciels, etc. : la cueillette des fruits, le chant des baleines,
Il rêve des mers chaudes, etc.). (› Article contracté)
4. La répétition de l’article
Si l’article est employé devant le premier nom d’une série, il doit
l’être aussi devant chacun des autres :
”
Mais l’article ne se répète pas quand le second nom est l’explication
du premier, ou qu’il désigne le même être ou objet, ou encore quand
les noms forment un tout étroitement uni dans la pensée :
”
L’article se répète devant deux adjectifs unis par et ou par ou lorsque
ces adjectifs qualifient des êtres ou des objets différents, quoique
désignés par un seul nom :
”
Mais on ne répète pas l’article si les deux adjectifs qualifient un seul
et même être ou objet, un seul groupe d’êtres ou d’objets :
”
Remarque
Si les deux adjectifs ne sont pas unis par et ou par ou, on doit répéter
l’article :
Ils vivaient sans doute leur dernière journée de travail et
allaient pouvoir s’offrir une ferme, une villa avec piscine, une
chambre à l’année à Vegas, tous les rêves devenaient
possibles. (TONINO BENACQUISTA, Malavita, 2004)
Si le nom précède les deux adjectifs coordonnés, on peut avoir les tours
suivants :
– La langue latine et la langue grecque (c’est le tour ordinaire).
– La langue latine et grecque.
– La langue latine et la grecque.
– Les langues latine et grecque (surtout dans le langage technique).
Dans une série de superlatifs relatifs se rapportant à un même nom, l’article
doit être répété chaque fois :
La plus délicieuse, la plus vicieuse, la plus tendre, la plus
sale des étreintes est toujours spirituelle. (YANNICK HAENEL, Je
cherche l’Italie, 2015)
5. L’omission de l’article
On omet l’article :
1° devant des compléments déterminatifs n’ayant qu’une simple
valeur qualificative, ou désignant la destination d’un récipient : une
statue de marbre, une boite à bijoux, un adverbe de lieu, une corbeille à
papier ;
2° dans certains proverbes, dans certaines comparaisons ou
certaines expressions sentencieuses : Noblesse oblige ; Blanc
comme neige ; Il y a anguille sous roche ; Pierre qui roule n’amasse pas
mousse (Proverbe) ;
3° dans certaines énumérations rapides :
“ Acteurs, chanteuses, sportifs, tous ont tôt ou tard associé
leur image aux emblématiques bagages de la marque.
(GILLES LEGARDINIER, Demain j’arrête !, 2011)
”
4° devant le nom apposé ou attribué exprimant simplement une
qualité :
”
Mais on met l’article si le nom apposé ou attribut garde toute sa
valeur substantive et marque une identification nettement soulignée :
“ Rome : le creuset, mais aussi la fournaise, et le métal qui
bout, le marteau, mais aussi l’enclume, la preuve visible des
changements et des recommencements de l’histoire.
(MARGUERITE YOURCENAR, Mémoires d’Hadrien, 1951)
”
5° devant le nom mis en apostrophe (› Apostrophe) :
”
6° dans un grand nombre d’expressions où le complément est
intimement lié au verbe (avoir peur, donner congé, rendre justice,
imposer silence, perdre patience, avoir à cœur, aller à cheval, etc.) ou à
la préposition (avec soin, sans gêne, par hasard, sous clé, sur
commande, sur rendez-vous, par etc.). Dans ces
ouï-dire,
constructions verbales, le sens est principalement véhiculé par le
nom (on parle de prédicat nominal) et le verbe n’est qu’un
simple support. Ces prédicats nominaux ont parfois un verbe
morphologiquement associé dont le sens est plus ou moins
équivalent : donner congé ≈ congédier, perdre patience ≈ s’impatienter,
aller à cheval ≈ chevaucher, etc. (› Verbes supports)
Le déterminant n’est pas toujours absent dans ces constructions à
verbe support : donner une gifle ; chanter les louanges, adresser des
félicitations, etc.
Remarques
1. Souvent devant les noms unis au moyen de soit… ou, tant… que, (ni) …
ni, (et) … et :
Mais le temps, […] qui n’a ni début ni fin ni mesure ni
épaisseur, cela l’homme ne le comprend pas. (JEAN-MARC
CECI, Monsieur Origami, 2016)
Il mena le jeune homme dans le petit salon, et, soit hasard,
soit adresse, derrière Andrea la porte fut repoussée.
(ALEXANDRE DUMAS, Le Comte de Monte-Cristo, 1844)
2. Dans les inscriptions, les titres d’ouvrages, les adresses, etc. : Maison à
vendre ; Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
française ; Monsieur X., 20, rue du Commerce.
3. Les déterminants démonstratifs
Les déterminants démonstratifs sont dits définis, car ils apportent
une détermination complète, au même titre que l’article défini. Leur
sens vise à identifier précisément et complètement le nom auquel ils
sont joints.
Les déterminants démonstratifs sont ceux qui marquent, en général,
que l’on « montre » (réellement ou par figure) les êtres ou les objets
désignés par les noms auxquels ils sont joints :
”
1. Les formes du déterminant
démonstratif
Le déterminant démonstratif se présente sous les formes suivantes :
Masculin Féminin
Pluriel ces
”
2. L’emploi du déterminant
démonstratif
Le déterminant démonstratif signale que le groupe nominal fait
référence à une personne ou un objet présent, représenté ou connu
dans la situation de communication. Dans le contexte de cette
communication, le sens déictique (qui vise à montrer) peut être
soutenu par un geste qui désigne l’objet de la discussion :
“ Et cette robe te fait un sacré ventre : on dirait que t’es
enceinte. (AURÉLIE VALOGNES, Mémé dans les orties, 2014)
”
Le déterminant démonstratif s’emploie souvent avec une valeur
atténuée, sans qu’il exprime précisément l’idée démonstrative :
”
À l’inverse, les adverbes ci et là (joints au nom après lequel ils se
placent par un trait d’union) peuvent renforcer le démonstratif (ci
exprime un sens proche et là un sens plus lointain) :
“ Olivier
arriva tôt ce matin-là au journal. (NELLY ALARD,
Moment d’un couple, 2013)
”
4. Les déterminants possessifs
Les déterminants possessifs sont également définis. Ils déterminent
le nom en indiquant, en général, une idée d’appartenance :
”
Souvent l’adjectif dit possessif marque, non pas strictement
l’appartenance, mais divers rapports :
”
1. Les formes du déterminant
possessif
Plusieurs
Un seul possesseur
possesseurs
Remarque
Devant un mot féminin commençant par une voyelle ou un h muet,
on emploie mon, ton, son, au lieu de ma, ta, sa : mon erreur, ton habitude,
son éclatante victoire. (› Le h muet)
”
b) Le déterminant possessif peut prendre une valeur expressive et
marquer relativement à l’être ou à la chose dont il s’agit l’intérêt,
l’affection, le mépris, la soumission, l’ironie de la personne qui
parle :
”
c) En général, on remplace le déterminant possessif par l’article
défini quand le rapport de possession est assez nettement
indiqué par le sens général de la phrase, notamment devant les
noms désignant des parties du corps ou du vêtement, les facultés
intellectuelles (1), mais on met le possessif quand il faut éviter
l’équivoque, ou quand on parle d’une chose habituelle (2,3) :
”
d) Il y a beaucoup d’hésitation à propos de l’éventuel accord du
possessif employé après chacun. Quand chacun ne renvoie pas
dans la phrase à un pluriel qui précède, on emploie son, sa, ses,
pour marquer la possession :
“ Chacun a son défaut, où toujours il revient. (J EAN DE LA
FONTAINE, L’ivrogne et sa femme, 1668)
”
Quand chacun renvoie à un pluriel, il y a normalement accord du
déterminant possessif avec le référent de chacun, s’il renvoie à la
1re ou à la 2e personne. On emploie donc notre, nos (pour la 1re
e
personne) ou votre, vos (pour la 2 personne) :
“ Elle nous enlaça une dernière fois, chacun notre tour.
(JOËL DICKER, Le livre des Baltimore, 2015)
”
Si chacun renvoie à la 3e personne du pluriel, l’usage est plus
hésitant : on emploie tantôt son, sa, ses (comme s’il n’y avait qu’un
possesseur), tantôt leur(s) (faisant référence à plusieurs
possesseurs).
”
Cette hésitation se retrouve en fait pour toutes les personnes du
pluriel :
”
Il semble en particulier, que ce sont les constructions similaires à
chacun à son <NOM> qui suscitent le plus d’hésitation chacun à
(son/sa/ses)(rythme/tour/manière/guise, etc.). C’est-à-dire que les
formes du possessif qui désignent un possesseur unique sont
souvent utilisées, même si le référent de chaque désigne plusieurs
possesseurs (nous, vous, ils).
a) Accord
1° Leur, notre, votre, ainsi que les noms qu’ils accompagnent,
restent au singulier devant les noms qui n’admettent pas le
pluriel (1) et quand il n’y a qu’un seul objet possédé par
l’ensemble des possesseurs (2) :
“ Il pensait à votre avenir, il voulait vous voir faire des études
sérieuses. (BOUALEM SANSAL, Le village de l’Allemand ou
Le journal des frères Schiller, 2007) (1)
”
2° Ils prennent la forme du pluriel :
devant les noms qui n’ont pas de singulier :
”
quand la phrase implique l’idée de réciprocité, de comparaison
ou d’addition :
“ Nous avons échangé nos adresses. (S ORJ CHALANDON, Mon
traître, 2008)
Elle nous dit juste de parler chacun notre tour parce que
nos voix se chevauchaient. (SERGE JONCOUR, L’écrivain
national, 2014)
”
quand il y a plusieurs objets possédés par chaque possesseur :
”
3° Lorsque chacun des possesseurs ne possède qu’un seul objet,
selon le point de vue de l’esprit, on emploie :
le singulier si on envisage le type plutôt que la collection :
”
le pluriel si on envisage la pluralité ou la variété du détail :
“ Il le compare […] à un arbre immense dans lequel les
oiseaux font leurs nids. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume,
2014)
”
5. Les déterminants numéraux
Les déterminants numéraux cardinaux expriment le nombre précis
des êtres ou objets désignés par le nom.
“ Elle les aurait bien mérités, ses trois jours et deux nuits de
plaisirs à Paris ! (MICHEL BUSSI, Un avion sans elle, 2012)
”
Remarques
1. Les adjectifs numéraux perdent quelquefois leur valeur précise et
marquent un nombre ou un rang approximatifs, indéterminés :
Je les mis, en deux mots, au courant de la situation. (GASTON
LEROUX, Le mystère de la chambre jaune, 1907)
Il m’avait dit cent fois avoir grandi à la campagne. (ANNE
CUNEO, Le maître de Garamond, 2002)
2. Il ne faut pas confondre les déterminants numéraux cardinaux avec les
adjectifs numéraux ordinaux qui indiquent l’ordre, le rang des êtres ou
des objets dont on parle (› Adjectifs ordinaux) :
Citoyens, le dix-neuvième siècle est grand, mais le
vingtième siècle sera heureux. (VICTOR HUGO, Les
misérables, 1862)
Nous cinq enfants, moi la troisième, bien planquée au milieu,
la solitaire entre les solitaires. (OCÉANE MADELAINE, D’argile et
de feu, 2014)
”
Tous les autres déterminants numéraux sont invariables, y
compris mille : deux-mille ans.
Et ne se met que pour joindre un aux dizaines (sauf quatre-vingt-
un) et dans soixante-et-onze. On dira donc : quarante-et-un, mais
cent-deux, mille-un, mille-deux, etc.
Remarques
1. Vingt et cent, mis pour vingtième et centième, ne varient pas : page
quatre-vingt, l’an huit-cent.
2. Dans la date des années de l’ère chrétienne, quand mille commence la
date, on écrit mille ou mil :
Wanborough Manor, un domaine ancestral datant de l’an mil.
(JOËL DICKER, Les derniers jours de nos pères, 2012)
J’ai l’impression d’arpenter le monde de l’an mille. (ALEXIS
JENNI, L’art français de la guerre, 2011)
3. Million et milliard, qui sont parfois appelés noms numéraux, sont des noms
à part entière : ils ont besoin d’un déterminant, ils varient au pluriel et le
nom qu’ils accompagnent est introduit par une préposition (un million
d’euros). De plus, ils n’empêchent pas la variation de vingt et cent (deux
cents millions, quatre-vingts milliards). On considère généralement
qu’il ne sont pas concernés par les traits d’union de la nouvelle
orthographe. Mais comme les Rectifications relatives au trait d’union
parlent simplement de numéraux, cela laisse de la place à
l’interprétation : faut-il y inclure les noms numéraux ? Certains sont de cet
avis et proposent d’écrire : cinq-millions-deux-cent-mille voyageurs.
Certains correcteurs orthographiques compatibles avec la nouvelle
orthographe vont également en ce sens.
”
D’autres expressions figées, plus nombreuses, comportent à la fois
un déterminant numéral et un nom : être six pied sous terre, « être
mort » (1) ; Voir trente-six chandelles, « être étourdi par un choc, un
coup » (2) ; Trois francs six sous, « pour presque rien » (3) ; Tous les
trente-six du mois, « jamais ou rarement » (4). (› Figement)
“ Georges est six pieds sous terre depuis des mois mais je
sens qu’il n’est pas bien loin.,(PHILIPPE DJIAN, Love Song,
2013) (1)
”
Remarque
Mille et cent (numéraux) ne doivent pas être confondus avec les noms qui
sont leurs homographes :
Quand cent désigne la centième partie d’une unité monétaire (du dollar,
de l’euro dans certains pays…), c’est un nom et il varie au pluriel : douze
dollars et cinquante cents (prononcé [sɛnt]).
Mille, nom de mesure itinéraire, est une francisation de l’anglais mile
[maɪl], forme qui se trouve parfois en français : le record du monde du
mile (athlétisme) ; les cinq-cents miles d’Indianopolis (course
automobile annuelle). Sur terre, un mile correspond approximativement
à 1,6 km.
On se traîne à 50. On a mis six heures pour faire deux cent
soixante-dix miles. (MICHEL BUSSI, Gravé dans le sable,
2014)
La forme francisée mille varie au pluriel :
Au bout de deux milles, le chemin escalada une côte abrupte
et entra en plein bois. (LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine,
1913)
Le nom mille, désigne aussi par ellipse, le mille marin (ou mille nautique
pour la Marine nationale française) qui équivaut pour sa part à 1852 m.
À quelques milles de l’épave croisait un voilier hollandais.
(DANIEL RONDEAU, Malta Hanina, 2012)
6. Les déterminants relatifs, interrogatifs
et exclamatifs
”
2. Les déterminants interrogatifs
Les déterminants interrogatifs : quel, quelle, quels, quelles,
indiquent que l’être désigné par le nom fait l’objet d’une question
relative à la qualité, à l’identité, au rang :
“ Mais cet enfant fatal, Abner, vous l’avez vu : Quel est-il ? de
quel sang ? et de quelle tribu ? (JEAN RACINE, Athalie, 1691)
(Le premier quel est un pronom interrogatif et non un déterminant.)
”
3. Les déterminants exclamatifs
Ces mêmes déterminants quel, quelle, quels, quelles, sont
exclamatifs quand ils servent à exprimer l’admiration, l’étonnement,
l’indignation :
”
7. Les déterminants indéfinis
Les déterminants indéfinis sont ceux qui se joignent au nom pour
marquer, en général, une idée plus ou moins vague de quantité
(grande, petite ou nulle : quelques, nuls, aucun, toute, plus de, etc.) ou
de qualité (restriction, identité, ressemblance : tel, même, je ne sais
quel, etc.) :
”
1. Les formes du déterminant indéfini
différents tout
”
D’autres types d’expressions adverbiales jouent également ce rôle
de déterminant indéfini : nombre de, quantité de, force, la plupart de, etc.:
”
Avec un peu de, le nom qui suit est généralement au singulier (1),
sauf pour les noms qui s’utilisent toujours au pluriel (un peu de
rillettes, victuailles, etc.). Cependant, on trouve aussi des pluriels
(2,3) :
Il faut bien […] faire un peu de réserves pour les jours sans
pluie. (SCHOLASTIQUE MUKASONGA, L’Iguifou, 2010) (Influence de
l’expression faire des réserves dans laquelle le nom réserves est au pluriel.) (3)
”
c) à partir d’un déterminant nominal : un groupe nominal
évoquant une unité de mesure (un litre de, des kilos de, deux
tonnes de, etc.) ou une notion plus vague de collection ou de
quantité (un tas de, une foule de, un paquet de, une flopée de, une
ribambelle de, etc.) peut prendre une valeur déterminative dans
une construction du type Dét. N1 de N2 : un tas d’ennuis, une
tonne de vêtements, etc. On peut tester la valeur déterminative
de la séquence N1 de en remplaçant celle-ci par un
déterminant simple : une foule de supporters = des supporters.
Dans certains cas, il y a une sélection (une spécialisation) qui
s’établit entre le N1 et le N2. Par exemple, régime s’utilise avec les
fruits de certaines plantes, reliés en grappe (un régime de bananes, un
régime de dattes) et banc désigne un ensemble d’animaux marins
d’une même espèce (un banc de poissons, un banc d’huitres). À côté de
cette spécialisation, on remarque que certains déterminants
nominaux sont utilisés de manière métaphorique : un troupeau de N
peut désigner de manière métaphorique « un groupe massif et
désorganisé d’humains » (touristes, élèves, clients, etc.) (1). Il y a
aussi des déterminants qui n’apparaissent que de manière
métaphorique (2,3) :
“ Un troupeau de gosses dévala la rue en sens
inverse. (JEAN-BAPTISTE DEL AMO, Une éducation libertine,
2008) (1)
”
Remarque
On ne confondra pas les déterminants nominaux (Une flopée de supporters
sont arrivés au stade) avec les groupes nominaux libres (Une voiture de
supporters a été incendiée) ou avec les locutions figées (Une voiture de
fonction représente un avantage en nature). On peut distinguer les deux
premiers en soulignant que dans ces deux structures qui ont la forme
Det N1 de N2, ce n’est pas le même nom (N) qui est noyau du groupe
nominal. Dans le une flopée de supporters on parle de supporters (N2 est le
noyau) et dans le second exemple, on parle d’une voiture (cette fois, N1 est
le noyau qui reçoit une extension sous forme de complément prépositionnel).
e
Dans le 3 cas (une voiture de fonction), on a une locution qui désigne une
réalité particulière (conceptuelle) et fonctionne comme un mot composé.
• Aucun, nul
Aucun et nul, marquant la quantité zéro, ne s’emploient
généralement qu’au singulier :
“
Ma tristesse ne me laissait aucun répit. (TAHAR BEN
JELLOUN, L’enfant de sable, 1985)
”
Ils s’emploient au pluriel devant des noms qui n’ont pas de singulier
ou qui prennent au pluriel un sens particulier :
”
Même en dehors de ces cas, on trouve occasionnellement des
exemples pluriels en contexte littéraire :
”
Aucun a signifié primitivement quelque, quelqu’un. Il a conservé
cette valeur positive dans certains cas (1), mais le plus souvent,
accompagné de la négation ne, il a pris la valeur de nul par
contagion (2,3) :
“ Cet ouvrage est le meilleur qu’on ait fait dans aucun pays
sur ce sujet. (Dictionnaire de l’Académie) (1)
”
• Quelque
Dans le cas le plus simple, quelque est déterminant, il se rapporte à
un nom et varie :
”
Remarques
Le déterminant indéfini quelques ne doit pas être confondu avec ses
homonymes (quelque, quelque que, quel que, etc.).
1. Quelque est adverbe et invariable quand, devant un nom de nombre, il
signifie « environ », ou encore dans l’expression quelque peu :
Très bien, il l’avait voulu, halant derrière lui quelque trente
affaires criminelles dénouées à grand renfort de rêveries, de
promenades et de montées d’algues. (FRED VARGAS, Pars
vite et reviens tard, 2001)
Ses quinze ans et demi commençaient à devenir quelque
peu révolutionnaires. (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948)
2. Dans l’expression toutes affaires cessante, quelque… que, il convient de
distinguer plusieurs situations possibles :
3. Devant un nom, quelque est déterminant indéfini et variable : Quelques
raisons que vous donniez, vous ne convaincrez personne.
Devant un simple adjectif, il est adverbe et invariable : Quelque bonnes
que soient vos raisons, vous ne convaincrez personne.
Devant un adverbe, il est lui-même adverbe et invariable : Quelque
habilement que vous raisonniez, vous ne convaincrez personne.
Devant un adjectif suivi d’un nom, il est adverbe et invariable quand le
nom est attribut (le verbe de la subordonnée est alors être ou un verbe
similaire) : Quelque bonnes raisons que représentent ces
témoignages, vous ne convaincrez personne. (= Ces témoignages
sont de bonnes raisons). Sinon, il est déterminant indéfini et variable :
Quelques bonnes raisons que vous donniez, vous ne convaincrez
personne.
4. Quel que s’écrit en deux mots quand il est suivi du verbe être ou d’un
verbe similaire (parfois précédé de devoir, pouvoir), soit immédiatement,
soit avec l’intermédiaire d’un pronom ; quel est alors attribut et s’accorde
avec le sujet du verbe :
Quel que soit l’avenir, notre passé est terminé. (DRISS
CHRAÏBI, La Civilisation, ma Mère !..., 1972)
Tout ce qui est vivant sait se défendre, quelle que soit sa
taille. (YANN MARTEL, L’histoire de Pi, 2001)
Et puis un père et un fils doivent s’aimer, quelles que soient
les circonstances. (GUEZ OLIVIER, La disparition de Josef
Mengele, 2017)
S’il y a des sujets synonymes, l’accord se fait avec le plus rapproché :
Et désormais, tous les personnages que je pourrais inventer,
quelle que soit leur stature, leur histoire, leur blessure, ne
seraient jamais à la hauteur. (DELPHINE DE VIGAN, D’après une
histoire vraie, 2015)
S’il y a deux sujets joints par ou, l’accord se fait avec les deux sujets ou
avec le plus rapproché seulement, selon que c’est l’idée de conjonction
ou l’idée de disjonction qui domine :
Regarder aujourd’hui une photo de Mars, […] quels que
soient l’échelle ou le procédé ne suggère absolument pas que
l’on puisse trouver un réseau de canaux. (ALEXIS JENNI, Son
visage et le tien, 2014)
Quelle que soit l’offre ou l’interlocuteur, il ne sait plus que
satisfaire ou contenter. (SERGE JONCOUR, L’homme qui ne
savait pas dire non, 2009)
• Chaque
Chaque est exclusivement déterminant singulier :
”
Remarque
La langue commerciale emploie chaque au sens du pronom
chacun : J’ai acheté trois couettes blanches, au prix de
10 euros chaque. (MORGAN SPORTÈS, Tout, tout de suite,
2016) Dans un style plus soutenu, on dirait au prix de 10 euros
chacune.
• Différent, divers
Différents, divers, sont déterminants indéfinis lorsque, placés devant
le nom, ils marquent la pluralité de personnes, de choses qui ne sont
pas les mêmes :
”
• Certain
Certain est déterminant indéfini lorsqu’il est placé devant le nom ; il
est parfois précédé de l’article un(e) au singulier, ou de la préposition
de, sans article, au pluriel :
“ Certain jour, la terre brune s’est mise à verdoyer ; des
milliers de plantes ont germé tout à coup comme à une
parole de commandement. (PATRICK DEVILLE, Equatoria,
2009)
”
• Tout
Tout, en tant que déterminant indéfini, identifie l’ensemble des êtes
ou objets désignés par le nom, en les considérant de manière
individuelle. Il est synonyme de « chaque », « n’importe quel ». Il
s’accorde en genre avec le nom, mais est utilisé principalement au
singulier :
”
On retrouve toutefois le déterminant au pluriel dans des emplois
poétiques ou littéraires :
“ Toutes lumières allumées, le Magasin repose dans sa
poudre d’or. (DANIEL PENNAC, Au bonheur des ogres, 1985)
”
Tout est également employé au pluriel dans des déterminants
nominaux (toutes sortes de <N>, toutes espèces de <N>) ainsi que dans
des locutions adverbiales (toutes affaires cessantes, toutes réflexions
faites, toutes proportions gardées). Certaines de ces locutions sont
utilisées au singulier ou au pluriel (› Déterminants nominaux) :
“ Il fallait que j’envoie, toutes affaires cessantes, un SMS à
Pointel. (YANNICK HAENEL, Tiens ferme ta couronne, 2017)
”
Les déterminants nominaux toute espèce de et toute sorte de au
singulier peuvent être utilisés même si le nom qui suit est au pluriel :
”
Tout peut être suivi d’un article, d’un déterminant démonstratif ou
possessif (on le qualifie alors de prédéterminant). Il signifie alors
« les uns et les autres sans exception » ou « l’entièreté » :
“ J’admirais le naturel parfait de toutes ses réponses.
(PROSPER MÉRIMÉE, La Vénus d’Ille, 1837) (= Les unes et les
autres sans exception.)
”
Tout suivi de autre est déterminant indéfini et variable s’il se rapporte
au nom qui suit autre ; il peut alors être rapproché immédiatement
de ce nom :
”
Il est adverbe et invariable s’il modifie autre ; il signifie alors
« entièrement », et on ne peut le séparer de autre :
“ La Défense, c’est une tout autre ville, irréelle et droite.
(SERGE JONCOUR, Repose-toi sur moi, 2016) (= Une ville
entièrement autre.)
”
Remarque
Le déterminant indéfini ne doit pas être confondu avec d’autres usages de
tout qui peut également être adjectif qualificatif, pronom, nom ou adverbe.
Adverbe
Tout est adverbe et invariable quand il signifie « entièrement, tout à fait,
très » ; il est placé devant un adjectif, une locution adjective, un participe, un
adverbe qu’il modifie :
Il faut nous débrouiller tout seuls ! (MARC BRESSANT, Un si
petit territoire, 2017)
Les enfants revinrent tout en larmes, me conter ce qu’ils
avaient vu. (ALPHONSE DAUDET, Lettres de mon moulin,
1869)
Tout, adverbe, varie en genre et en nombre devant un mot féminin
commençant par une consonne (à l’oral) ou un h aspiré :
Camille était toute rouge et toute honteuse. (COMTESSE DE
SÉGUR, Les petites filles modèles, 1858)
Une colère toute légitime monte en eux. (LÉONORA MIANO,
Crépuscule du tourment, 2017)
Il y a quand même des hésitations à propos de cet accord :
La journée fut ennuyeuse pour Julien, il la passa toute
entière à exécuter avec gaucherie son plan de séduction.
(STENDHAL, Le rouge et le noir, 1830)
Prends ma bouche ; je suis à toi tout entière. (JEAN-PAUL
SARTRE, Huis clos, 1944)
Dans l’expression tout en N (tout en sueur, tout en émoi, etc.), tout peut
être vu comme un adverbe (au sens de « complètement ») ou comme un
adjectif détaché (au sens de « entier »). Dans le premier cas, il est invariable
(1) et dans le second cas on l’accorde (2) :
Elle arrivait tout en sueur vers le bas de la rue Nationale
(GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, 1856) (Tout =
complètement.) (1)
• Tel
Tel, placé devant le nom, est déterminant indéfini dans des phrases
où l’on parle de personnes ou de choses qu’on ne veut ou ne peut
désigner précisément :
”
Remarque
Il faut distinguer les différents usages de tel.
Adjectif
Tel est adjectif qualificatif quand il signifie « semblable » ou « si grand, si
fort » :
Et celle-ci est d’une telle audace, d’une telle assurance !
(GUY GOFFETTE, Elle, par bonheur, et toujours nue, 1998)
Je voudrais me libérer de la pensée que de telles choses ont
eu lieu. (YANNICK HAENEL, Jan Karski, 2009)
On a un tel besoin de beauté aux côtés de la mort. (MAURICE
MAETERLINCK, Pelléas et Mélisande, 1892)
Conjonction
Tel est souvent employé, sans que, comme conjonction de comparaison ;
il s’accorde alors tantôt avec le premier terme de la comparaison, tantôt
avec le second ; l’usage hésite :
Il bandait ses muscles, tel une bête qui va sauter. (ANTOINE
DE SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, 1931)
Elle se balançait dans la tempête tel un panier au bras d’une
ménagère. (BERNARD MINIER, Glacé, 2011)
Je partis tel un voleur. (KENAN GORGÜN, Détecteur de mes
songes, 2016)
Tel, suivi de que, peut annoncer une énumération développant un terme
synthétique ; il s’accorde avec ce terme synthétique :
On parle, dans la principauté, environ onze à douze langues
telles que l’arabe, le persan, le türk, le mongol, l’hindi,
l’afghan… (NICOLAS BOUVIER, L’usage du monde, 1963)
Pronom
Tel est pronom indéfini quand il désigne une personne indéterminée ; il
ne s’emploie guère qu’au singulier :
Le crime serait presque parfait ; tel est pris qui croyait
prendre. (JAKUTA ALIKAVAZOVIC, La blonde et le bunker,
2012)
Tel est fait pour être aimé, tel autre pour être moins
aimé ! (ALBERT COHEN, Belle du Seigneur, 1968)
« Telle trouve à se vendre qui n’eût pas trouvé à se
donner » : on dit que Stendhal répétait souvent ce
proverbe. (YANNICK HAENEL, Je cherche l’Italie, 2015)
Nom
Un tel s’emploie au lieu d’un nom propre pour désigner une personne
qu’on ne veut ou ne peut nommer plus précisément :
Il vous dira couramment et sans broncher : – « Un tel est
traître ; – un tel est très méchant ; – un tel est grand ; – un
tel est ridicule ». (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
Je suis la fille d’une telle et d’un tel ? (NANCY HUSTON,
L’espèce fabulatrice, 2008)
CHAPITRE 3
L’adjectif qualificatif
1. Définition
2. Les marques du genre et du nombre de l’adjectif
3. L’accord des adjectifs qualificatifs
4. La place de l’adjectif épithète
5. Les degrés des adjectifs qualificatifs
6. Les adjectifs numéraux ordinaux
7. Le groupe adjectival
1. Définition
L’adjectif qualificatif exprime une manière d’être, une qualité de
l’être ou de l’objet désigné par le nom (ou le pronom) auquel il est
joint. Il s’accorde en genre et en nombre avec ce nom et peut servir
d’épithète (1) ou d’attribut (2).
“
Leur victoire fulgurante menaçait de se muer en un brutal
désastre. (ÉRIC VUILLARD, Conquistadors, 2009) (1)
”
L’adjectif épithète est un constituant facultatif du groupe nominal. Il
peut être directement juxtaposé au nom (devant ou derrière celui-ci)
(› Groupe nominal) :
“ Ces deux austères Messieurs n’ont trouvé aucune trace de
sang humain sur la médiocre lame, rien que des résidus gras
à base de caséine et des sucres de fruit provenant du
fromage et des pommes volées dans les vergers, dont le
sujet se nourrit le plus souvent. (JACQUES CHESSEX, Le
vampire de Ropraz, 2007)
”
Il peut aussi être détaché, c’est-à-dire, joint au nom (ou pronom)
d’une manière moins directe, qui se caractérise à l’oral par une
pause et à l’écrit par un signe de ponctuation.
”
L’adjectif attribut est relié au nom (ou pronom) par un verbe
attributif (être, paraitre, sembler, devenir, rester, etc.).
“
Il est un moment où la vie se recroqueville, où les actes
semblent caducs, avortés. (ÉRIC VUILLARD, Conquistadors,
2017)
”
Dans cette fonction attribut, l’adjectif est un constituant obligatoire du
groupe verbal ; on ne peut pas le supprimer : *elle paraît ; *les actes
semblent. En fonction du nom auquel il se rapporte, il peut être
attribut du sujet ou attribut du complément d’objet direct :
”
2. Les marques du genre
et du nombre de l’adjectif
a) Addition d’un e
• Règle générale
On obtient le féminin des adjectifs en écrivant à la fin de la forme
masculine un e, qui souvent ne se prononce pas : un haut mur, la
haute mer [la’ot(ə)mɛr] ; un ciel bleu, une robe bleue [yn(ə)rɔbəblø].
Les adjectifs déjà terminés par un e au masculin ne changent pas au
féminin : un sol fertile, une époque fertile en évènements. Toutefois maitre
et traitre, adjectifs, font au féminin maitresse, traitresse :
“
Il était temps d’abattre la carte maîtresse. (OLIVIER GUEZ, Les
révolutions de Jacques Koskas, 2014)
”
Dans les adjectifs terminés au masculin par une voyelle (-i, -u, -e),
l’adjonction du e au féminin ne modifie ni la forme, ni sa
prononciation. En principe, l’ajout du e ne devrait pas entrainer
l’allongement de cette voyelle finale dans la prononciation : le i et le
u ont la même durée dans jolie [ʒɔli] et menue [məny] que dans joli
[ʒɔli], menu [məny]. Cependant, dans de très nombreuses régions de
la francophonie, une différence se marque dans la prononciation.
(› Durée de la voyelle)
”
Favori fait au féminin favorite.
Dans les adjectifs terminés au masculin par une consonne,
l’adjonction du e au féminin :
a) tantôt ne modifie pas la prononciation de l’adjectif : banal,
banale ;
b) tantôt fait reparaitre, dans la prononciation, la consonne finale
qui (sauf en liaison) ne se prononce pas au masculin : petit,
petite [pəti], [pətit] ; lourd, lourde [lu:ʀ], [luʀd]
;
c) tantôt, comme on va le constater, provoque un redoublement
ou une modification de cette consonne finale, avec parfois
une modification (phonétique ou même orthographique) de la
voyelle qui précède.
-g Long, oblong
prennent entre le g et
le e du féminin un u,
qui garde au g sa
prononciation
gutturale [g] : long,
longue [lɔ̃], [lɔ̃g] ;
oblong, oblongue
-s (précédé d’une ont leur féminin en -se Mais bas, gras, las,
voyelle) ou en -x (prononcé [z]) : épais, gros, métis,
– gris, grise [gʀi], faux (anciennement
[gr ʀiz] ; mauvais, faus), roux
mauvaise (anciennement rous),
ont leur féminin en -
– heureux, sse : basse, grasse,
heureuse ; jaloux, lasse, épaisse,
jalouse grosse, métisse,
fausse, rousse.
Exceptions :
– exprès fait
expresse (sans
accent grave), quand
l’adjectif signifie « qui
exprime formellement
la volonté de
quelqu’un ». Une
lettre exprès reste
donc invariable ;
– andalou
(anciennement
andalous) fait
andalouse ;
– doux fait douce ;
– tiers fait tierce ;
– frais fait fraiche.
-f changent f en v La sonorisation de f
devant le e en v s’accompagne
du féminin : de l’apparition d’un
abusif, abusive ; accent dans bref qui
actif, active ; donne brève au
craintif, craintive ; féminin.
collectif, collective ;
naïf, naïve ; pensif,
pensive ; tardif,
tardive ; veuf,
veuve ; vif, vive
b) Modification du suffixe
Terminaison du Formation du Exception /
masculin féminin Remarque
Onze comparatifs en -
eur (certains l’étaient
en latin mais sont
utilisés comme des
adjectifs en français)
font leur féminin par
simple addition d’un
e ; ce sont :
antérieur,
postérieur ;
citérieur, ultérieur ;
extérieur, intérieur ;
majeur, mineur ;
supérieur, inférieur ;
meilleur.
c) Cas spéciaux
Coi fait au féminin coite.
Pour le féminin de hébreu, on emploie juive ou israélite en parlant de
personnes : le peuple hébreu, une famille juive, une personne de
confession israélite ; pour les choses, on emploie hébraïque, adjectif
des deux genres, mais rare au masculin : un texte hébreu, la langue
hébraïque.
”
(familier), kaki, pop, rock, rococo, snob n’ont qu’une
Angora, capot, chic
forme pour les deux genres :
“ Si les rois sont dorés et les chèvres angora, cela ne doit pas
être mal au soleil levant. (JEAN GIRAUDOUX, La guerre de Troie
n’aura pas lieu, 1935)
”
Sont inusités au masculin : (bouche) bée, (ignorance) crasse, (rose)
trémière.
Sont inusités au féminin : (nez) aquilin, benêt, (pied) bot, (vent) coulis, fat,
(feu) grégeois, (yeux) pers, preux, (hareng) saur, (papier) vélin.
Châtain, considéré comme n’ayant pas de féminin, varie cependant
depuis longtemps :
”
Sterling est invariable et ne s’emploie plus aujourd’hui qu’avec le
nom livre (unité monétaire anglaise) : cinquante livres sterling. Celui-ci
peut occasionnellement disparaitre par ellipse :
”
2. Le pluriel des adjectifs qualificatifs
L’adjectif qualificatif s’accorde en nombre avec le nom auquel il se
rapporte. Le pluriel se marque en général par l’ajout d’un s à la
forme du singulier ou par l’ajout d’un x pour une série limitée
d’adjectifs. Les adjectifs qui se terminent au singulier par s ou x ne
changent pas de forme au pluriel.
Terminaison du Formation du Exception /
masculin féminin Remarque
b) Pluriel en -x
La plupart des adjectifs en -al changent au pluriel masculin cette
finale en -aux : un homme loyal, des hommes loyaux.
”
Exceptions : bancal, fatal, naval ont leur pluriel en -als :
“ Ses vieux Beyrouthins de quartier installés sur des
tabourets bancals et jouant aux dames. (HYAM YARED, Tout
est halluciné, 2016)
”
Pour un certain nombre d’autres adjectifs en -al, le pluriel masculin
est peu employé ou mal fixé. Ainsi font parfois leur pluriel en -als :
austral, boréal, final, glacial, initial, jovial, martial, matinal, natal, pascal,
théâtral, etc. Mais rien n’empêche de donner à ces adjectifs un pluriel
en -aux :
“ À peine mes examens finals de théologie passés, je suis
entré en apprentissage chez un orfèvre. (ANNE CUNEO, Le
maître de Garamond, 2002)
”
Certains sont d’ailleurs beaucoup plus fréquents avec la finale en -
aux :
“ Vous êtes matinaux dans la gendarmerie ! (M ICHEL BUSSI, Ne
lâche pas ma main, 2014)
”
Banal, terme de droit féodal, fait au masculin pluriel banaux : des
fours banaux. Dans l’emploi ordinaire, il fait banaux ou banals :
”
Beau, nouveau, jumeau, hébreu prennent un x au pluriel :
Les adjectifs en -eau prennent un x au pluriel (beau, nouveau, jumeau,
manceau, tourangeau, etc.) : Il en va de même pour esquimau et
hébreu : de beaux sentiments ; des textes hébreux.
3. L’accord des adjectifs qualificatifs
1. Règles générales
L’adjectif qualificatif s’accorde en genre et en nombre avec le nom
ou le pronom auquel il se rapporte :
”
L’adjectif qualificatif qui se rapporte à plusieurs noms ou pronoms se
met au pluriel et prend le genre des mots qualifiés :
”
Si les mots qualifiés sont de genres différents, l’adjectif se met au
masculin pluriel :
”
Remarques
1. Quand l’adjectif a pour les deux genres des prononciations fort différentes,
l’harmonie demande que le nom masculin soit rapproché de l’adjectif :
Les gloires et les deuils nationaux
(Plutôt que : Les deuils et les gloires nationaux).
2. Parfois l’adjectif, quoique se rapportant à plusieurs noms, ne s’accorde
qu’avec le plus rapproché :
Ses moindres actions étaient d’une correction et d’une gravité
admirable. (HIPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Voyage aux Pyrénées,
1858)
3. Bien entendu, si l’adjectif ne se rapporte qu’à un des deux noms
coordonnés, le sens exige que l’accord n’ait lieu qu’avec le dernier nom :
Un jour, le fou et son frère aîné assistèrent à un abominable
prodige. (EUGÈNE SAVITZKAYA, Fraudeur, 2015)
2. Règles particulières
Quand l’adjectif est en rapport avec plusieurs noms joints par une
conjonction de comparaison (comme, ainsi que, etc.), il s’accorde
avec le premier terme de la comparaison si la conjonction garde sa
valeur comparative : L’aigle a le bec, ainsi que les serres, puissant et
acéré. Mais on fait l’accord simultané si la conjonction a le sens de
et :
“
Ils portent une tunique et un turban noirs de crasse.
(EMMANUEL CARRÈRE, Limonov, 2011)
”
Quand l’adjectif est en rapport avec des noms synonymes ou
placés par gradation, il s’accorde avec le dernier, qui exprime l’idée
dominante : Il entra dans une colère, une fureur terrible.
Quand l’adjectif est en rapport avec deux noms joints par ou, il
s’accorde le plus souvent avec le dernier :
”
Cet accord est obligatoire si l’adjectif ne qualifie évidemment que le
dernier nom :
“ Je contemplais longuement un objet pris au hasard, un galet
ou une orange précoce. (KAMEL DAOUD, Zabor, 2017)
”
L’adjectif s’accorde avec les deux noms quand on veut marquer qu’il
qualifie chacun d’eux :
”
Quand l’adjectif suit un complément déterminatif, il s’accorde avec le
nom complément ou avec le nom complété, selon le sens :
”
Quand un adjectif est en rapport avec avoir l’air, on a, en général, la
faculté d’accorder cet adjectif avec air ou avec le sujet (› Accord de
l’attribut) :
”
L’adjectif précédé de des plus, des moins, des mieux se met
presque toujours au pluriel, même s’il est question d’une seule
personne ou d’une seule chose : ces expressions équivalent à
« parmi les plus, les moins, les mieux » :
“
Il y existait une vue des plus agréables sur la vallée des
Gobelins. (HONORÉ DE BALZAC, Le père Goriot, 1835)
”
On met le singulier pour exprimer le fait que la comparaison est
établie entre les différents degrés d’une qualité :
”
a) Mots désignant une couleur
1° Si l’adjectif désignant la couleur est simple, il s’accorde avec le
nom qu’il qualifie :
”
Si l’adjectif désignant la couleur est composé (c’est-à-dire qualifié
par un autre adjectif ou complété de façon quelconque), l’ensemble
reste invariable :
“ Elle avait retroussé les manches sur ses bras brun
clair. (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Croire au merveilleux, 2017)
”
2° Le nom (simple ou composé) employé pour désigner la couleur
reste invariable :
”
Les noms écarlate, mauve, pourpre, rose, devenus adjectifs,
varient :
“ Mauves, ocre, rouges, jaunes, des images fractales chatoient
à l’infini. Des papillons irisés s’échappent de becs
d’hirondelles roses. (BERNARD WERBER, Les Thanatonautes,
1994) (Dans cet exemple ocre reste invariable.)
”
b) Adjectifs composés
1° Quand un adjectif composé est formé de deux adjectifs
qualificatifs, les deux éléments sont variables (aigre-doux, sourd-muet,
doux-amer, clair-obscur).
”
Dans grand-ducal et dans les adjectifs composés dont le premier
élément présente la désinence -o ou -i, le premier élément est
invariable :
“ Arrivé, il les salua de l’archet puis se remit à improviser pour
son propre et privé plaisir, avec des fougues puis de subites
paresses grand-ducales. (ALBERT COHEN, Belle du Seigneur,
1968)
”
2° Les adjectifs composés désignant des couleurs peuvent être
composés d’un adjectif de couleur auquel on adjoint un nom qui
précise la couleur. Dans le cas, l’adjectif varie, mais pas le nom
qui lui est associé :
”
3° Dans les adjectifs composés formés d’un mot invariable et d’un
adjectif, évidemment l’adjectif seul est variable :
”
4° Dans les adjectifs composés formés de deux adjectifs, si le
premier a la valeur adverbiale, il est invariable :
“
Naturellement, aucune de ces personnes « haut placées »
auxquelles mon père avait eu affaire pendant sa vie ne
s’était dérangée. (ANNIE ERNAUX, La place, 1983)
”
Remarques
1. Ces adjectifs composés unissent plusieurs éléments qui forment une
nouvelle unité à part entière pouvant être considérée fonctionnellement
comme un seul adjectif.
2. Nouveau, devant un participe passé pris substantivement, s’accorde :
Vous sentez bien qu’il faut isoler de nouveaux mariés. (PROSPER
MÉRIMÉE, La Vénus d’Ille, 1837)
Ces nouveaux convertis convertiront leurs proches. (FRANÇOIS
GARDE, La baleine dans tous ses états, 2015)
Dans nouveau-né, nouveau est pris adverbialement, et reste donc
généralement invariable, mais on rencontre des cas d’accord :
Elles lavaient les nouveau-nés et les cadavres. (CAROLE
MARTINEZ, Le cœur cousu, 2007).
Le moelleux du nid dans lequel la lapine dépose ses
lapereaux nouveaux-nés (EUGÈNE SAVITZKAYA, Fraudeur, 2015)
Le Dictionnaire de l’Académie signale également le féminin nouvelle-née,
mais il faut constater que ce féminin reste rare :
La marque Piaget creuse l’écart avec la 900P, nouvelle-née de
la gamme Altiplano (DAVID CHOKRON, Le Monde, 09/11/2015).
Nous étions, comme les autres, des survivantes de la guerre,
nouvelles-nées au féminisme. (ELIZABETH ALVAREZ HERRERA,
Autoportrait féministe. Voyages entrecroisés dans le temps, 2005).
”
Remarque
Dans tout-puissant, tout varie au féminin seulement.
Vos charmes tout-puissants. (JEAN RACINE, Andromaque, 1667)
La France malade d’une présidence toute-puissante. (GUY
LARDEYRET, Le Monde, 12/06/2012)
En finance, les forces du conformisme sont toutes-puissantes.
(VITTORIO DE FILIPPIS, Libération, 22/11/2008)
”
d) Cas particuliers
Remarque
Demi et demie peuvent s’employer comme noms et varier :
C’est comme les demis, c’est mieux que pas du tout. (MARIE-
AUDE MURAIL, Oh, boy !, 2000)
”
À demi s’emploie de même, mais rejette le trait d’union :
”
À demi, placé devant un nom, veut le trait d’union : à demi-mot, à
demi-voix, à demi-hauteur.
”
• Mi
Mi est invariable et se joint par un trait d’union au mot qu’il précède :
“ J’étais à mi-parcours et je commençais vaguement à me
détendre. (AGNÈS MARTIN-LUGAND, Les gens heureux lisent et
boivent du café, 2013)
”
• Feu
Feu, signifiant « défunt », varie s’il est précédé de l’article défini ou
d’un adjectif possessif : ma feue mère, les feus rois de Suède et de
Danemark.
Dans les autres cas, il reste invariable (1,2), même si on observe de
la variation dans l’usage (3,4). L’usage de feu après le nom est une
liberté prise par le poète (5).
“ Une lettre signée par feu Mme la Présidente. (ÉRIC-
EMMANUEL SCHMITT, Concerto à la mémoire d’un ange, 2010) (1)
”
• Fort
Fort ne varie pas dans les expressions se faire fort de, se porter fort
pour (« se porter garant, se sentir capable de »). Se porter fort est
plus rare et généralement utilisé dans le domaine juridique :
“ C’était à ce résultat que le jeune homme se faisait fort de
parvenir. (LÉONORA MIANO, Ces âmes chagrines, 2011)
”
• Franc de port
Franc de port, expression vieillie signifiant que « le destinataire ne
doit pas payer les frais de port », est invariable comme locution
adverbiale, quand on la rapporte au verbe (1), mais varie quand elle
est rapportée au nom (2) :
”
• Grand
Grand ne varie pas dans certaines expressions anciennes où il se
trouve devant un nom féminin, auquel il se joint par un trait d’union :
des grand-mères, des grand-mamans, des grand-tantes, des grand-messes.
L’accord en nombre de grands au pluriel est aujourd’hui largement
accepté dans les dictionnaires et dans l’usage :
“
Leurs grands-mères parlaient déjà de lui. (LILIANA LAZAR,
Terre des affranchis, 2011)
”
Grand est employé de même dans les expressions suivantes (dont
la plupart d’ailleurs ne se disent pas au pluriel) : grand-chambre, grand-
chose, grand-croix, grand-faim, grand-peine, grand-peur, grand-pitié, grand-
route, grand-rue, grand-salle, grand-soif.
”
• Haut, bas
Haut s’emploie adverbialement dans haut la main :
”
Haut et bas s’emploient de même dans certaines exclamations
elliptiques : haut les mains ! Haut les cœurs ! Bas les armes !
“ Haut les petits cœurs, haut les petits culs, haut les petits
seins ! (MICHEL BUSSI, Le temps est assassin, 2016)
”
• Nu
Nu est invariable devant tête, bras, jambes, pieds, employés sans
article ; il se joint à ces noms par un trait d’union : aller nu-tête, nu-
bras, nu-jambes, nu-pieds.
“ Je ne pouvais le voir nu-tête sans éclater de rire. (N ICOLAS
BOUVIER, L’usage du monde, 1963)
”
Il varie quand il est placé après le nom : aller la tête nue, les bras nus,
les jambes nues, les pieds nus.
”
On écrit : la nue-propriété, les nus-propriétaires.
“ Vous […] laisseriez à votre père l’usufruit de tous les biens
indivis entre vous, et dont il vous assure la nue-propriété.
(HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1833)
”
• Plein
Plein, devant un nom précédé d’un déterminant est préposition et
reste invariable :
”
• Possible
Possible est invariable après le plus, le moins, le meilleur, etc., s’il se
rapporte au pronom impersonnel il sous-entendu :
“ Cherchez toujours à faire soit le plus de victimes possible,
soit l’action la plus symbolique. (PASCAL MANOUKIAN, Ce que
tient ta main droite t’appartient, 2017) (= Le plus de victimes qu’il soit
possible de faire.)
”
Il est variable s’il se rapporte à un nom :
“
Je me renseignais sur lui par tous les moyens possibles.
(ADELAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE, Fourrure, 2010)
”
4. La place de l’adjectif épithète
1. Règles générales
Quand l’adjectif épithète est directement rattaché au nom, il se place
généralement après celui-ci : un pont suspendu, un vélo électrique, une
table bancale, un match international, etc.
Certains adjectifs ont une position fixe : un *électrique vélo, un
*international match, etc. alors que d’autres peuvent être placés
devant ou derrière le nom : un magnifique vélo, un vélo magnifique, une
cuisante défaite, une défaite cuisante, etc. La position des adjectifs qui
peuvent être déplacés est parfois contrainte par des raisons
d’euphonie. On évitera en effet que l’adjectif forme avec le nom une
suite de sons peu agréable à l’oreille ou difficile à prononcer : un feu
vif, un cœur sec (plutôt que : un vif feu, un sec cœur).
L’adjectif inséré entre l’article et le nom se trouve intimement uni à
ce nom pour former un tout. Placé après le nom, l’adjectif joue plutôt
le rôle d’attribut et exprime quelque chose d’accidentel ou une
qualité qu’on veut mettre en relief.
”
Mais dans les textes littéraires, les auteurs peuvent changer la place
ordinaire de l’épithète pour produire des effets de style :
“ Rouges reflets sur lui, le blond fut rouquin, puis d’un blanc de
métal, se mêla à la masse, lasers lumières flash. Il est
poli
mort. (YANN MOIX, Naissance, 2013)
”
Dans certains cas, la locution nominale (adjectif-nom ou nom-
adjectif) se fige avec un sens particulier (une boite noire, une main
etc.). Dans ce cas, le
courante, un thé dansant, un heureux évènement,
sens global dépend de la position de l’adjectif qui ne peut pas être
déplacé sans altérer le sens : un heureux évènement (= une
naissance) mais un évènement heureux (= un évènement positif). Dans
certains cas, tout déplacement est impossible : un *dansant thé, une
*courante main. (› Figement)
2. Règles particulières
”
L’adjectif ordinal se place également avant le nom auquel il se
rapporte :
”
b) L’adjectif se place après le nom
En général, l’adjectif polysyllabique qualifiant un nom
monosyllabique se place après celui-ci :
”
C’est également le cas de nombreux adjectifs exprimant des qualités
physiques, occasionnelles, accidentelles (1,2), ainsi que des
adjectifs indiquant la forme ou la couleur (3,4).
”
Les adjectifs dérivés d’un nom propre et ceux qui marquent une
catégorie religieuse, sociale, administrative, technique, etc. se
placent également après le nom (une tragédie cornélienne, le peuple
français, les prérogatives royales, le principe démocratique).
C’est également le cas des participes passés pris adjectivement et
de beaucoup d’adjectifs verbaux en -ant (un directeur redouté, des
sables mouvants).
”
Mais pour certains adjectifs, le changement de position
s’accompagne d’un changement de sens. En passant devant le
nom, certains se dépouillant de leur valeur ordinaire pour prendre
une signification figurée.
”
Certains adjectifs n’admettent pas de degrés, parce qu’ils expriment
des idées absolues (carré, circulaire, horizontal, enceinte, etc.) ou
encore parce qu’ils expriment par eux-mêmes le comparatif ou le
superlatif (ainé, cadet, double, triple, principal, majeur, mineur, ultime,
etc.).
1. Les degrés d’intensité de l’adjectif
Les degrés s’expriment le plus souvent à l’aide d’adverbes que l’on
peut classer en fonction de l’intensité qu’ils évoquent (faible,
moyenne, élevée).
Intensité
Intensité faible Intensité élevée
moyenne
a) Le comparatif
• Formation du comparatif
Le comparatif appréhende la qualité évoquée par l’adjectif par
comparaison avec un ou plusieurs termes. La comparaison peut
établir la supériorité, l’égalité ou l’infériorité par rapport à la
référence. L’expression comporte deux parties : un adverbe qui se
place devant l’adjectif et un complément en que qui présente le
terme de comparaison.
1) Le comparatif d’égalité se forme au moyen de l’adverbe aussi
précédant l’adjectif :
“
Il est presque aussi blême que le lavabo. (DELPHINE DE VIGAN,
Les heures souterraines, 2009)
”
2) Le comparatif de supériorité se forme au moyen de l’adverbe
plus précédant l’adjectif :
”
Le comparatif de supériorité utilise pour certains mots des formes
particulières : meilleur, moindre et pire (formes issues des comparatifs
latins meliorem, minorem, pejorem) sont les comparatifs de bon, petit,
mauvais.
“ Je ne crois pas qu’au départ, j’étais pire ou meilleure que
vous. (MICHEL BUSSI, Gravé dans le sable, 2014)
Cette colère amusée était pire que les autres injures. (JEAN-
CHRISTOPHE GRANGÉ, Le passager, 2011)
”
Moindre s’emploie au sens abstrait (1). Au sens concret, on dit plus
petit (2) :
”
3) Le comparatif d’infériorité se forme au moyen de l’adverbe
moins précédant l’adjectif :
“ Le Minnesota est moins attirant que la Côte d’Azur.
(FRANÇOIS WEYERGANS, Trois jours chez ma mère, 2005)
”
• Complément du comparatif
Le complément du comparatif introduit par que peut être de
différentes natures.
1) Groupe nominal (groupe, nom ou pronom) : la propriété évoquée
par l’adjectif qui est au cœur de la comparaison porte sur deux
référents :
”
Remarque
On peut sous-entendre dans ces constructions le verbe être : moins
heureuse que ne l’est la moindre hirondelle, mois délicat que ne l’est
Huysmans, moins chanceux que vous ne l’êtes. Le verbe est explicitement
mentionné dans l’exemple suivant :
Il ne paraît pas plus âgé que ne l’est monsieur Cruchot.
(HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1833)
”
3) Groupe prépositionnel ou adverbial : la propriété évoquée par
l’adjectif et précisée par l’expansion prépositionnelle ou
adverbiale est attribuée à un référent unique.
“ Les arbres, hêtres et chênes, y étaient plus grands que nulle
part ailleurs. (FRÉDÉRIC VERGER, Arden, 2013)
Elle était pour son mari plus charmante que jamais. (GUSTAVE
FLAUBERT, Madame Bovary, 1856)
”
4) Proposition : le comparatif peut servir à construire des
corrélations comparatives entre propositions qui ont un lien et
éventuellement un rapport de proportion entre elles (› Prop.
subord. corrélative) :
“ Cette femme, parce que handicapée, s’était révélée plus
forte, plus dure et plus rigoureuse que tout ce que j’avais
prévu. (TAHAR BEN JELLOUN, L’enfant de sable, 1985) (Plusieurs
qualités sont évaluées dans la comparaison : forte, dure, rigoureuse.)
”
b) Le superlatif relatif
Le superlatif relatif exprime une qualité portée au degré le plus
élevé ou le plus bas, par comparaison, soit avec la catégorie de
l’être ou l’objet dont il est question, soit avec un ou plusieurs autres
êtres ou objets.
• Formation du superlatif
Il est formé du comparatif de supériorité ou d’infériorité précédé de
l’article défini (1,2,3), d’un adjectif possessif (4,5) ou de la
préposition de (6,7,8) :
“ Le sang le plus abject vous était précieux. (J EAN RACINE,
Britannicus, 1669) (1)
”
Le superlatif peut être renforcé par des éléments de différentes
natures :
À quinze ans, elle était de loin la plus belle fille du lycée des
Adieux. (AMÉLIE NOTHOMB, Riquet à la houppe, 2016)
Woody, Hillel et moi fûmes les amis les plus fidèles qu’il
soit. (JOËL DICKER Le livre des Baltimore, 2015)
”
• Complément du superlatif
Le superlatif peut être complété par un groupe prépositionnel ou une
relative :
”
6. Les adjectifs numéraux ordinaux
Sauf premier et second, les adjectifs numéraux ordinaux se forment
par l’addition du suffixe -ième aux adjectifs cardinaux
correspondants : deuxième, troisième, … vingtième, vingt-et-
unième, … centième, etc.
Avant d’ajouter -ième, on supprime le e final dans quatre, trente,
quarante, etc. ; on ajoute u à cinq ; on change f en v dans neuf.
Remarques
1. En dehors des adjectifs ordinaux composés, second et deuxième peuvent
s’employer indifféremment. Aujourd’hui, second est plus utilisé dans la
langue soignée. Les dictionnaires signalent que second s’emploie plutôt
quand il n’y a que deux choses (le second tour des élections, le Second
Empire, etc.), mais cette règle n’est pas toujours suivie : Le premier jour
il mangeait la viande, le second jour il mangeait la graisse, le
troisième jour il rongeait l’os. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
2. Unième ne s’emploie que dans les adjectifs ordinaux composés :
Beverly Brody, révèle que Jayne Mansfield est la quarante et
unième femme avec qui son mari se livre à un adultère avéré.
(SIMON LIBERATI, Jayne Mansfield 1967, 2011)
Michael Jackson est né trop tôt, mort trop tôt surtout pour
connaître le monde tel qu’il sera au vingt et unième siècle.
(YANN MOIX, Cinquante ans dans la peau de Michael Jackson, 2009)
”
Les ordinaux dixième, centième, millième, etc. peuvent être utilisés
pour exprimer, de manière indéterminée, un grand nombre de fois :
De même, pour évoquer un grand nombre de fois sans préciser
l’ordre de grandeur, on peut utiliser la lettre n ou la lettre x (en
référence à x et n désignant un nombre en mathématique) devant le
suffixe -ième (on écrit : xième ou ixième, nième ou énième) :
”
Remarque
Aux adjectifs numéraux on rattache :
o
1 Les mots multiplicatifs : simple, double, triple, quadruple, quintuple,
sextuple, septuple, octuple, nonuple, décuple, centuple.
o
2 Les noms des fractions. Sauf demi, tiers et quart, ils se confondent,
quant à la forme, avec les adjectifs ordinaux : le cinquième de la
somme, les trois huitièmes du capital.
Selon la tradition, il devait recevoir le cinquième du trésor
aztèque que Cortès ramenait du Mexique. (MICHEL BUSSI,
Mourir sur Seine, 2008)
o
3 Des dérivés en -ain, -aine, -aire : quatrain, sixain, etc. ; dizaine,
douzaine, vingtaine, etc. ; quadragénaire, quinquagénaire,
sexagénaire, etc.
o
4 Des expressions distributives : un à un, deux à deux, chacun dix.
7. Le groupe adjectival
Le sens de l’adjectif qualificatif peut être précisé par différents
éléments qui forment un groupe adjectival dont l’adjectif est le
noyau. Les compléments de l’adjectif peuvent être :
1) un adverbe ou complément adverbial :
“
Violentes, parfois sanglantes, ces rencontres duraient des
journées entières. (MOHAMMED DIB, La grande maison, 1952)
Fils d’un père […] inquiet seulement devant les chances d’un
ébranlement européen. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
”
Les adverbes peuvent exprimer une certaine intensité de l’adjectif.
(› Degrés d’intensité de l’adjectif)
2) un complément prépositionnel :
“
Il s’était perdu dans les bois et il était tombé dans un fossé
plein d’eau. (RENÉ GOSCINNY, Les vacances du petit Nicolas,
1962)
”
3) une proposition conjonctive :
“
Le regard tantôt rieur et tantôt haineux comme celui d’enfants
se battant dans une cour d’école. (ALEXANDRE POSTEL, Les deux
pigeons, 2016)
C’est bête, je suis sûre que mes parents auraient été d’accord.
(JEAN-MARC CECI, Monsieur Origami, 2016)
”
4) un pronom :
“
Ses petits n’auraient d’autre patrimoine que leurs diplômes,
elle en était consciente. (LÉONORA MIANO, Ces âmes chagrines,
2011)
”
Remarques
1. Parmi les compléments de l’adjectif, il convient de signaler à part le
complément du comparatif (et du superlatif relatif), qui exprime le
deuxième terme de la comparaison (› Complément du comparatif) :
Il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de
l’âme. (CATHERINE CUSSET, Un brillant avenir, 2008)
Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. (JEAN
RACINE, Phèdre, 1677)
2. Deux adjectifs peuvent avoir un complément commun s’ils admettent
chacun séparément la même préposition après eux :
Tu devenais rouge et furieuse pour un rien ! (KATHERINE
PANCOL, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
On ne dirait pas : Prêt et avide de combattre. On tournerait ainsi : Prêt à
combattre et avide de le faire.
CHAPITRE 4
Le pronom
1. Définition
2. Les pronoms personnels
3. Les pronoms possessifs
4. Les pronoms démonstratifs
5. Les pronoms relatifs
6. Les pronoms interrogatifs
7. Les pronoms indéfinis
“ i
Son père, il sait même pas qu’on se voit ! s’exclama Zoé.
ii
Gaétan, il fait tout en cachette ! (KATHERINE PANCOL, La
i ii
valse lente des tortues, 2008) (Il = son père ; il = Gaétan.)
”
Certains pronoms peuvent varier en genre (chacun des hommes,
chacune des femmes) et/ou en nombre (celui-ci pleure ; ceux-ci pleurent).
Les pronoms personnels et les interrogatifs varient en fonction de
leur personne (je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles) et les pronoms
personnels, les relatifs et interrogatifs varient d’après la fonction
qu’ils jouent dans la phrase : je plains (sujet), il me plaint (complément
d’objet direct), Il se plaint à moi (complément d’objet indirect).
Certains pronoms ont la forme d’une locution :
”
Malgré son nom, le pronom ne remplace pas que des noms. Il peut
se substituer à un syntagme nominal ou un adjectif (1), une
proposition (2), un groupe prépositionnel (3), un adverbe (4), un
verbe (5) :
“
L’occupation soviétique était illégale en 1939, elle l’est
toujours cinquante ans plus tard, allez-vous-en. (EMMANUEL
CARRÈRE, Limonov, 2011) (Elle = l’occupation soviétique ; l’ = illégale.) (1)
”
Les exemples qui précèdent comportent des pronoms
représentants, c’est-à-dire de pronoms substituts qui reprennent un
terme du contexte.
Selon les cas, le pronom peut être utilisé avant ou après le groupe
qu’il remplace. S’il apparait après le groupe qu’il remplace (ce qui est
la situation la plus courante), on parle d’anaphore, il s’agit d’une
reprise d’un antécédent :
“
Ces aliments lui paraissaient pharaoniques, il en rêvait la
nuit. (AMÉLIE NOTHOMB, Le crime du comte Neville, 2015) (En = de
ces aliments.)
”
Quand le pronom apparait avant le groupe auquel il se substitue, on
parle de cataphore, il s’agit d’une annonce, d’un renvoi vers un
segment à venir que l’on appelle conséquent :
“
Elle en rêvait, pour tout dire, de ce bébé. (ADÉLAÏDE DE
CLERMONT-TONNERRE, Le dernier des nôtres, 2016) (En = de ce
bébé.)
”
Quand le pronom représente un nom, il adopte le genre (masculin
ou féminin) de ce nom ; quand il représente autre chose qu’un nom
(une proposition ou un adjectif par exemple) ou quand il exprime une
notion vague, il est au masculin singulier, car c’est ainsi que l’on
marque le genre et le nombre indifférenciés :
“
Micheline Brasme l’intimidait, parce qu’elle était connue.
(BERNARD QUIRINY, Les assoiffées, 2010) (Elle = Micheline Brasme –
féminin).
”
Par ailleurs, il y a des pronoms qui ne représentent aucun élément
exprimé dans le contexte (que ce soit avant ou après la position
occupée par le pronom) : on parle alors de pronoms nominaux. Ils
ne remplacent pas, mais jouent eux-mêmes le rôle d’un nom
indéterminé :
”
On retrouve également ce type de pronom dans des phrases figées
comme : Tout est dit, C’est cela, oui ! On est jamais trop prudent, Qui va à
etc. (dans ces exemples, le sens est
la chasse perd sa place, Qui sait ?,
générique et ne vise pas à identifier un référent en particulier).
Font également l’objet d’un usage nominal les pronoms déictiques
(qui désignent quelqu’un, dans la situation de communication (je, tu,
me, moi, toi, etc.) :
”
On distingue traditionnellement six espèces de pronoms : les
pronoms personnels, les possessifs, les démonstratifs, les relatifs,
les interrogatifs et les indéfinis.
Type de pronom Exemples
Pronoms personnels je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles,
lui, leur, etc.
”
Remarques
1. Pour qu’un nom puisse être représenté par un pronom, il faut, en principe,
que ce nom soit déterminé, c’est-à-dire précédé d’un article ou d’un
adjectif possessif, démonstratif, etc. :
On cherche les rieurs, et moi je les évite. (JEAN DE LA
FONTAINE, Le rieur et les poissons, 1678)
On ne dit donc pas :
* Vous avez tort et je ne l’ai pas. (Ici, c’est le figement de l’expression
verbale avoir tort qui explique l’impossibilité de remplacer le mot tort par un
pronom.)
1
* Il a agi par jalousie, qui est un sentiment dangereux .
2. Il arrive que le pronom représentant un nom collectif singulier s’accorde en
nombre non avec ce collectif, mais avec le nom pluriel auquel on pense (il
y a alors accord par syllepse ) :
Jamais il n’eût tourmenté un chat inutilement. Il les respectait.
(HENRY TROYAT, Une extrême amitié, 1963)
Beaucoup de monde. Comme d’habitude, ils ne quittaient pas
leurs pardessus. (PATRICK MODIANO, Rue des Boutiques
Obscures, 1978)
2. Les pronoms personnels
1. Définition
Les pronoms personnels désignent les êtres en marquant la
personne verbale, donc en indiquant qu’il s’agit :
re
soit de l’être qui parle (1 personne) : je lis, nous lisons ;
soit de l’être à qui l’on parle (2e personne) : tu lis, vous lisez ;
e
soit de l’être de qui l’on parle (3 personne) : il lit, ils lisent.
(› Pronoms conjoints et disjoints)
Les pronoms personnels varient donc en fonction :
de la personne et du nombre (je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles) ;
de la fonction (je manque, il me manque) ;
de leur position. (› Pronom représentant)
C’est seulement à la 3e personne que le pronom personnel peut
représenter, remplacer un nom déjà exprimé. À la première et
deuxième personnes, l’usage est déictique : le pronom désigne une
personne dans la situation de communication (› Pronom déictique) :
“
Tuveux que je te mette du poivre sur la langue ? (DRISS
CHRAÏBI, La Civilisation, ma Mère !..., 1972) (Je désigne la personne
qui parle, tu et te désignent l’interlocuteur.)
”
2. Les formes du pronom personnel
Formes
Formes conjointes
disjointes
Objet Non
Perso Objet Réfléc Réfléchi
Sujet indire réfléch
nne direct hi e
ct ie
re je me moi
1
singul
ier
e tu te toi
2
singul
ier
e il/elle lui/elle soi
3
singul
ier
re nous le/la lui se
1
pluriel
e vous
2
pluriel
e ils/elles les leur se eux/elle soi
3
pluriel s
“
Je pense à toi tout le temps. (DOMINIQUE COSTERMANS, Nous
dormirons ensemble, 2008)
”
Au pluriel, le pronom désigne un ensemble de personnes dont le
locuteur fait partie :
”
Selon les cas, le nous peut inclure ou non l’interlocuteur. Par
exemple, dans la phrase Les enfants, nous partons, on parlera de
nous inclusif, si les enfants partent avec la personne qui a
prononcé l’énoncé et de nous exclusif, si les enfants ne sont pas
concernés par le départ (par exemple, si la personne qui prononce
l’énoncé part avec une tierce personne).
La première personne du pluriel est également utilisée pour désigner
une seule personne dans un usage que l’on appelle le nous de
modestie ou nous de majesté (ou encore nous majestatif ). Ce
mode d’expression est généralement utilisé par un locuteur qui veut
éviter de se mettre en avant (par exemple, dans un essai, dans un
texte scientifique, lors d’un discours, etc.).
e
b) 2 personne
La deuxième personne du singulier désigne la personne à qui l’on
s’adresse, l’interlocuteur :
“
Tu souffles sur la braise. (ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, La
femme qui fuit, 2015)
”
Au pluriel, le pronom désigne soit :
un groupe de personnes dont le ou les interlocuteurs font partie ;
une seule personne à laquelle on s’adresse à la forme polie. On
appelle vouvoiement l’usage de ce pluriel de politesse.
”
Remarque
Le choix du vouvoiement ou du tutoiement (le recours à la deuxième
personne du singulier qui indique une plus grande proximité) est lié à des
habitudes sociales complexes, différentes d’une région à l’autre de la
francophonie et qui tiennent compte de la situation de communication, du
rapport hiérarchique des personnes (on vouvoie un supérieur), de leur degré
de familiarité, etc. Le passage éventuel du vous au tu peut être négocié dans
la conversation et les règles de politesse voudraient que la proposition
vienne de la personne la plus âgée ou hiérarchiquement supérieure (ce qui
n’est pas toujours facile à déterminer). Dans le langage courant, on fait
également référence au tutoiement par la formule on se dit tu et au
vouvoiement par la formule on se dit vous. L’expression être à tu et à toi
signifie « être proche de » (en référence à la proximité qu’atteste
généralement le tutoiement) :
Il n’en revenait pas qu’Igor soit à tu et à toi avec une pareille
célébrité. (JEAN-MICHEL GUENASSIA, Le club des incorrigibles
optimistes, 2009)
”
c) 3e personne
re e e
Contrairement à la 1 et 2 personnes qui sont déictiques, la 3
personne représente des êtres dont on parle.
Le pronom il impersonnel s’emploie comme sujet syntaxique
(parfois nommé sujet apparent parce qu’il ne désigne rien) avec les
verbes impersonnels qui sont suivis de la séquence de
l’impersonnel (ou sujet réel, qui représente le sujet) : Il est arrivé un
malheur (= Un malheur est arrivé) ; Il semble que le temps passe trop vite
(= Le temps semble passer trop vite). On dit de ces verbes qu’ils
sont occasionnellement impersonnels, car les phrases dans
lesquelles ils sont utilisés résultent d’une transformation et il est
possible d’identifier le sujet réel. D’autres verbes sont dits
essentiellement impersonnels, car il n’y a pas de sujet réel (c’est le
cas des verbes météorologiques et des formes il y a, il fait, il est, il
faut) (› Verbe impersonnel) :
“
Sur cette frontière il neige, il fait moins trente. (ALEXIS JENNI,
L’art français de la guerre, 2011)
”
d) En et y
En et y sont des formes conjointes représentant un syntagme
nominal prépositionnel en de (pour en) ou en à (pour y). Le sens
véhiculé par la préposition se retrouve dans le pronom :
J’aime les pommes, j’en mange beaucoup (= je mange beaucoup de pommes).
J’aime Paris, j’y habite (= j’habite à Paris).
On les appelle parfois pronoms adverbiaux ou adverbes
pronominaux, car ils sont à la fois proches des pronoms (dans la
mesure où ils représentent un antécédent) et des adverbes (par leur
dimension circonstancielle, par le fait qu’ils ne varient ni en genre ni
en nombre). Ils peuvent chacun revêtir de nombreuses fonctions
dont voici un aperçu non exhaustif :
EN
2010)
”
3. L’emploi du pronom personnel
Les pronoms personnels peuvent remplir, dans la phrase, les
mêmes fonctions que les noms. Ils peuvent être :
1º Sujets : je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles, et dans certains cas :
moi, toi, lui, eux.
2º Compléments d’objet directs : me (après impératif : moi), te
(après impératif : toi), le, la, se, nous, vous, les.
3º Compléments d’objet indirects sans préposition : me, te, lui,
se, nous, vous, leur.
4º Compléments précédés d’une préposition : moi, toi, lui, elle,
soi, nous, vous, eux, elles.
Ces dernières formes s’emploient aussi comme attributs et comme
mots renforçant le sujet, le complément d’objet direct ou indirect.
Les pronoms personnels se caractérisent aussi par la place qu’ils
occupent par rapport au verbe. Ils peuvent être devant ou derrière le
verbe :
”
On distingue les pronoms conjoints et les pronoms disjoints.
Les pronoms conjoints (également appelés pronoms atones) sont
directement accolés au verbe (ou éventuellement séparés par un
autre pronom ou une particule négative) :
“
Je parle sans attendre de réponse. (MARGUERITE DURAS,
L’amant, 1984)
”
Me, te, se, sont toujours conjoints. Dans la prononciation, ils sont
atones, c’est-à-dire dépourvus d’accent d’intensité ; ils précèdent un
verbe (ou un pronom), sur lequel ils s’appuient intimement :
”
Dans les formes conjointes, je, me, te, se, le, la, la voyelle s’élide
devant un verbe commençant par une voyelle ou un h muet, et
devant en, y : j’ouvre, il m’appelle, il s’humecte les lèvres, tu t’en vas, je l’y
envoie. (› Élision)
Les pronoms disjoints sont les formes que l’on utilise quand ceux-
ci sont séparés du verbe par d’autres éléments (préposition ou signe
de ponctuation) ou qu’ils sont mis en relief dans la phrase (formule
présentative c’est… que, apostrophe, etc.). On constate que leur
forme peut être différente, mais qu’elle ne l’est pas toujours (c’est le
cas d’elle, par exemple) :
“
Tu t’accroches à lui. (ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, La femme qui
fuit, 2015) (Pronom séparé du verbe par une préposition.)
”
Moi, toi, soi, eux sont toujours disjoints : crois-moi ; C’est à toi que je
parle, non à eux.
Les autres pronoms personnels sont conjoints ou disjoints selon
leur fonction et leur place par rapport au verbe : on nous parle
(conjoint), parle-nous (disjoint).
Les formes disjointes peuvent être renforcées par l’adjonction de
même : moi-même, toi-même, etc. Nous, vous peuvent être renforcés
par autres : nous autres, vous autres.
”
Des pronoms disjoints (moi, toi, lui, elle, nous, vous, eux, elles)
s’emploient comme sujets dans les cas suivants (› Phrase à
détachement) :
1º Détaché en début ou fin de phrase, suivi d’une apposition (ou
construction détachée) ou suivi d’une proposition relative :
”
Remarque
Sur ce point, la formule administrative Je soussigné fait exception. Un
pronom conjoint est utilisé de manière détachée en début de phrase :
Je soussigné, Giancarlo Malcessati, sain d’esprit sinon de
e
corps, ai demandé à M Honoré Constant, notaire à Genève,
de consigner ici mon testament. (VINCENT ENGEL, Le miroir des
illusions, 2016)
”
3º Dans les propositions où il y a ellipse du verbe :
“
Elle a rosi et j’ai ajouté en l’embrassant : – Et ça m’a plu. –
Moi aussi… (LUNATIK, Tous crocs dehors, 2012) (Moi aussi [ça m’a
plu].)
”
4º Quand le pronom sujet est joint à un ou plusieurs autres sujets :
“ La femme, la fille et moi, on y est allé au moins vingt fois.
(JEAN GIONO, Le hussard sur le toit, 1951)
”
5º Avec l’infinitif exclamatif ou interrogatif, avec l’infinitif de narration
et avec le participe absolu :
”
6º Comme sujet dans la phrase emphatique en c’est ... qui (› Phrase
emphatique) :
“ Moi, ne plus t’aimer, pourquoi ? … Je me moque de ton
passé. (ÉMILE ZOLA, La bête humaine, 1890) (Avec un infinitif en
proposition interrogative.)
”
b) Le pronom personnel complément
• Pronom conjoint
Le pronom personnel complément est le plus souvent une forme
conjointe : me, te, se, le, la, lui, nous, vous, les, leur :
”
• Pronom disjoint
Les pronoms disjoints moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous, eux, elles
s’emploient comme compléments dans les cas suivants :
1º Pour renforcer un complément d’objet direct :
”
2º Quand le pronom personnel complément est joint à un ou
plusieurs autres compléments de même espèce que lui :
”
3º Dans les propositions où il y a ellipse du sujet et du verbe :
”
4º Après un impératif affirmatif – sauf devant en et y :
”
Mais : Donnez-m’en, menez-m’y.
5º Après une préposition, dans des compléments d’objet indirects :
Vivez, régnez pour vous : c’est trop régner pour elle. (JEAN
RACINE, Britannicus, 1669)
”
6º Après ne… que et avec la construction emphatique c’est… que :
“ Quand je vois Danceny, je ne désire plus rien ; quand je ne
le vois pas, je ne désire que lui. (CHODERLOS DE LACLOS, Les
liaisons dangereuses, 1782)
Allons, Pierret, tu sais bien que c’est toi que j’aime. (JEAN
TEULÉ, Je, François Villon, 2006)
”
Remarques
1. Le pronom personnel disjoint, précédé de à, sert de complément d’objet
indirect au participe passé :
J’ai laissé là / un enfant, un jeune homme, un homme / qui de
moi ne saura rien / ni les rires à moi interdits / ni les larmes à
moi refusées. (VINCENT ENGEL, Le miroir des illusions, 2016)
Mais les paroles à moi promises par le regard de Gisèle pour le
moment où Albertine nous aurait laissés ensemble ne purent
m’être dites. (MARCEL PROUST, À l’ombre des jeunes filles en
fleurs, 1919) (› Pronom explétif)
2. Le pronom personnel peut être explétif (c’est-à-dire ne pas être nécessaire
au sens ou à la syntaxe ; on pourrait le supprimer) : goutez-moi cela.
”
Avec un impératif négatif, il se place avant le verbe. Le pronom est
conjoint :
”
Si un impératif sans négation a deux pronoms compléments d’objet,
l’un direct, l’autre indirect, on place le complément d’objet direct le
premier :
”
Toutefois, il arrive de manière exceptionnelle qu’on ait l’ordre
inverse :
“ Le flot monte, on lui parle, on crie : Oh ! rends-nous-les !
(VICTOR HUGO, Les pauvres gens, 1859)
”
Mais si l’impératif est négatif, le pronom complément d’objet
indirect se place le premier (1) ; toutefois lui et leur font exception
(2) :
”
2° Avec un mode autre que l’impératif : les pronoms conjoints
compléments d’objet me, te, se, le, la, lui, nous, vous, les, leur se
placent avant le verbe (avant l’auxiliaire dans les temps
composés) :
“ Je te promets la clé des secrets de mon âme. (J OHNNY
HALLYDAY, Je te promets, 1986)
”
Quand le verbe a deux compléments d’objet, l’un direct, l’autre
indirect, celui-ci se place le premier (sauf avec lui et leur) :
”
Les pronoms personnels disjoints moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous,
eux, elles utilisés comme compléments se placent généralement
après le verbe :
“ C’est qu’ils les aiment eux, les histoires que je ne veux pas
entendre. (VIRGINIE DELOFFRE, Léna, 2011)
”
Elles sont parfois détachées avant le verbe, par effet de style
(› Phrase avec détachement) :
”
3° Avec un infinitif complément d’un verbe principal : le pronom
personnel complément de cet infinitif se place immédiatement avant
ce dernier :
“ Appelez-moi votre responsable, je veux le voir. (A NNA SAM,
Les tribulations d’une caissière, 2008)
”
Toutefois si l’infinitif est complément de voir, entendre, sentir, laisser,
faire, regarder, envoyer, le pronom personnel complément de cet
infinitif se place avant le verbe principal si celui-ci n’est pas à
l’impératif :
”
Si au contraire le verbe principal est à l’impératif sans négation, le
pronom se place après le verbe : Faites-le prendre.
”
Pour représenter un nom indéterminé (c’est-à-dire sans article ou
précédé de l’article indéfini ou de l’article partitif) ou un adjectif, on
emploie comme pronom attribut le neutre le, invariable :
Mais l’épée devait bien sûr leur être retirée et, un soir, elle le
fut. (JÉRÔME FERRARI, Le sermon sur la chute de Rome, 2012)
”
Remarque
Si le nom est déterminé (précédé d’un article ou d’un déterminant), on
emploie parfois le, la ou les accordé avec ce nom. Mais cet usage reste
relativement rare :
J’ai été cette pauvre chose-là. Tu la seras toi aussi. (HENRY DE
MONTHERLANT)
”
Il peut aussi représenter, en le faisant sous-entendre au passif, un
verbe qui précède, à l’actif : cet usage est condamné par Littré et par
beaucoup de grammairiens, mais il est attesté par nombre
d’auteurs :
”
d) Cas particuliers
Le pronom réfléchi (› Pronom réfléchi)
re
À la 1 personne, on emploie comme réfléchis les pronoms me,
nous : je me blesse, nous nous blessons. (› Verbe pronominal)
e
À la 2 personne, te, vous : tu te blesses, vous vous blessez.
e
À la 3 personne, le pronom réfléchi a deux formes spéciales : une
forme conjointe : se (toujours devant le verbe) ; une forme disjointe :
soi (après le verbe) : il(s) se blesse(nt) ; chacun pense à soi.
Remarque
Au point de vue de sa valeur logique, le pronom de forme réfléchie a tantôt
un sens réfléchi, tantôt un sens non réfléchi.
Au sens réfléchi, il indique, comme complément d’objet direct ou indirect, que
l’action revient sur le sujet : Je me blesse. Tu te nuis.
Au pluriel, il peut marquer un sens réciproque : Nous nous querellons. Ces
deux hommes se disent des injures.
Au sens non réfléchi, il ne marque aucunement que l’action revient sur le
sujet ; il n’est pas alors analysable séparément et fait corps avec le verbe. Il
s’emploie ainsi, soit comme pronom sans fonction logique : (Je m’évanouis,
il se meurt) soit comme pronom auxiliaire de conjugaison servant à faire
exprimer au verbe l’idée du passif : Le blé se vend bien.
”
Avec un sujet déterminé, on emploie généralement lui, elle(s), eux :
”
Il ne serait pas incorrect de mettre soi, comme à l’époque classique :
”
En particulier si une équivoque par rapport au référent est possible
et aussi quand le sujet désigne un type, un caractère :
”
On constate que ces usages de soi avec sujet déterminé sont
beaucoup plus rares.
Remarque
Soi-disant fonctionne comme un adjectif invariable s’applique à des
personnes ou à des choses :
Il donne rendez-vous aux deux soi-disant vainqueurs un peu plus
tard, à l’hôpital. (PHILIPPE JAENADA, La petite femelle, 2015)
Il croit que j’ai compris ce qui se cache réellement derrière cette
soi-disant adoption. (HÉLÈNE GRÉMILLON, La garçonnière, 2013)
1
Selon l’Académie (billet du 6 mars 2014 ), soi-disant ne devrait s’appliquer
qu’à des êtres doués de parole et capables de se dire. Dans le second
exemple, on pourrait ainsi préférer l’adjectif prétendue pour qualifier
adoption. Malgré le côté logique de cette explication, on remarque que
l’usage ne fait pas ou plus cette analyse et que de très nombreux auteurs
utilisent soi-disant en dehors de ce contexte restreint : le mandat soi-
disant impératif (JEAN-PAUL SARTRE, Les mots, 1963) ; au grand
détriment de toutes les maisons de campagne ou soi-disant
châteaux du voisinage (STENDHAL, Le rouge et le noir, 1830) ; un
soi-disant contre-poison (VICTOR HUGO, Lucrèce Borgia, 1833) ; la
soi-disant bonne santé (JEAN GIONO, Le hussard sur le toit, 1951) ;
un soi-disant chemin (SERGE JONCOUR, Bol d’air, 2011) ; etc.
Soi-disant peut également se dire au sens adverbial de « censément,
prétendument » :
Elle avait pris la mouche un jour où il lui avait, soi-disant, mal
parlé. (KATHERINE PANCOL, Les écureuils de Central Park sont tristes
le lundi, 2010)
Cet enfant, l’enfant qu’il a soi-disant adopté. (HÉLÈNE GRÉMILLON,
La garçonnière, 2013)
”
Remarques
1. Il est parfois difficile de décider si en (du lat. inde, « de là ») et y (du lat. ibi,
« là ») sont adverbes de lieu ou pronoms personnels. On pourra observer,
en particulier :
a) qu’ils sont pronoms personnels quand ils représentent un nom (une
chose ou une personne) ou une proposition :
– La villa n’a pas été démolie. – Si, j’en viens. (DIDIER VAN
CAUWELAERT, Attirances, 2005)
Cette histoire de la première nuit, c’est peut-être pour vous,
pensez-y. (EMMANUEL CARRÈRE, D’autres vies que la mienne,
2009)
Les pochetrons du coin. Presque sympas. Ne vous y fiez pas !
(MICHEL BUSSI, Un avion sans elle, 2012)
b) qu’ils sont adverbes de lieu lorsque, ne représentant ni un nom ni une
proposition, ils équivalent à « de là », « là » Sors-tu d’ici ? Oui, j’en
sors. N’allez pas là : il y fait trop chaud.
2. En et y ont une valeur imprécise dans un grand nombre d’expressions,
telles que : s’en aller, s’en tirer, en vouloir à quelqu’un, c’en est fait, il
y va de l’honneur, il n’y parait pas, n’y voir goutte, il s’y prend mal,
s’en tenir à quelque chose, y regarder à deux fois, etc.
3. Les pronoms possessifs
Les pronoms possessifs représentent le nom en ajoutant à l’idée de
ce nom une idée de possession :
”
Le pronom possessif marque souvent, non la possession au sens
strict, mais divers rapports :
”
Les pronoms possessifs sont :
Un seul objet Plusieurs objets
”
2º dans certaines locutions : y mettre du sien ; faire des siennes.
“ Si chacun y met du sien, tout se passera bien. (DAVID
FOENKINOS, Charlotte, 2014)
”
4. Les pronoms démonstratifs
1. Définition
Les pronoms démonstratifs désignent, sans les nommer, les êtres ou
les objets que l’on montre (valeur déictique), ou dont on va parler, ou
dont on vient de parler (valeur anaphorique) :
”
Le pronom démonstratif n’implique pas toujours l’idée
démonstrative : cette idée est effacée dans celui, ceux, celle(s), ce :
“ Ceux qui n’ont pas mis les pieds dans une école meurent de
faim ? (MOHAMMED DIB, La grande maison, 1952) (Ceux = « les
personnes », non « ces personnes ».)
”
Les pronoms démonstratifs sont simples ou composés et
susceptibles de varier en genre et en nombre :
SINGULIER PLURIEL
“ Il n’y a pas d’autre décoration que celle créée par les rayons
de soleil dans les pièces que Naïma traverse timidement.
(ALICE ZENITER, L’art de perdre, 2017)
Comment écrire l’histoire du fils sans celle du père. (PATRICK
DEVILLE, Peste & Choléra, 2012)
Il n’était plus question ni de sous, ni de guerre, sinon celle
entre l’homme et la femme. (ALAIN BERENBOOM, La fortune
Gutmeyer, 2015)
”
On trouve aussi celui, celle(s), ceux, suivis d’un adjectif, lorsque
celui-ci est accompagné d’un complément :
”
• Ce
Ce s’emploie comme sujet :
1º devant un pronom relatif :
”
2º devant le verbe être (parfois précédé de devoir ou de pouvoir) :
”
Ce, devant le verbe être, peut reprendre un sujet :
”
Il peut aussi annoncer un sujet, qui est :
soit un nom ou un pronom introduits par que : C’est un trésor que la
santé ;
soit un infinitif introduit par de ou que de : C’est une folie (que)
d’entreprendre cela ;
soit une proposition introduite par que, parfois par comme,
quand, lorsque, si :
“ C’est une honte qu’un mauvais homme comme lui n’ait pas
rencontré plus tôt la mort. (ALICE ZENITER, L’art de perdre,
2017)
C’est étonnant comme les drames unissent les familles.
(DAVID FOENKINOS, Les souvenirs, 2011)
C’est meilleur quand c’est réchauffé. (JEAN-MICHEL
GUENASSIA, Le club des incorrigibles optimistes, 2009)
C’est pire si tu ne dis rien. (JAKUTA ALIKAVAZOVIC, L’avancée
de la nuit, 2017)
”
Remarque
C’est forme avec qui ou que un tour qui permet de mettre en évidence
n’importe quel constituant de la phrase, sauf le verbe (› Phrase emphatique) :
C’est moi qui suis désolée pour toi. (KATHERINE PANCOL, La valse
lente des tortues, 2008)
C’est la raison qui ouvre les yeux. (MARCEL PROUST, Sodome et
Gomorrhe, 1922)
C’est demain que tout doit se faire. (OLIVIER TRUC, Le dernier
Lapon, 2012)
”
Ce, non suivi d’un pronom relatif, est complément dans certains
tours anciens : et ce, ce disant, ce faisant, pour ce faire, sur ce, de
ce non content :
“ Elle m’a tout raconté et ce, croyez-m’en, dans les moindres
détails. (YANN MOIX, Naissance, 2013)
”
Les démonstratifs prochains ceci, celui-ci, celle(s)-ci, ceux-ci
s’emploient en opposition avec les démonstratifs lointains cela, celui-
là, celle(s)-là, ceux-là, pour distinguer nettement l’un de l’autre deux
êtres ou objets, deux groupes d’êtres ou d’objets qu’on a devant soi :
”
Le plus souvent, quand il y a opposition, les démonstratifs prochains
désignent l’être ou l’objet, les êtres ou les objets les plus rapprochés
ou nommés en dernier lieu ; les démonstratifs lointains désignent
l’être ou l’objet, les êtres ou les objets éloignés ou nommés en
premier lieu :
“ Île de la Grande-Jatte, une discussion des ouvriers Werck et
Pigot, a fini par trois balles que tira celui-ci et que reçut celui-
là. (FÉLIX FÉNÉON, Faits divers. 1210 nouvelles en trois lignes,
2018)
”
S’il n’y a pas opposition, les démonstratifs prochains s’appliquent
à ce qui va être dit, à l’être ou à l’objet, aux êtres ou aux objets,
qu’on a devant soi, ou dont on parle, ou dont on va parler ; les
démonstratifs lointains représentent ce qui a été dit, l’être ou
l’objet, les êtres ou les objets dont on a parlé :
”
Remarques
1. Celui-là, ceux-là s’emploient au lieu de celui, ceux, lorsque la relative qui
les détermine est rejetée après la principale :
Ceux-là font bien qui font ce qu’ils doivent. (JEAN DE LA
BRUYÈRE, Les caractères, 1688)
e
2. Ça est une forme réduite de cela. Au XVII siècle, il était de la langue
e e
populaire ; c’est au XIX et au XX siècles qu’il s’est imposé dans l’usage
général, tout en restant cependant moins « soigné » que cela :
Il a une panoplie d’expressions : « Ça suffit ! » « OK ! » « Ça
fera ! » (WADJI MOUAWAD, Anima, 2012)
Ça pourrait, ça devrait ne rien me faire du tout. (LYDIE
SALVAYRE, BW, 2009)
3. Cela, ça, dans la langue familière, désignent parfois des personnes :
Un juge, ça a des hauts et des bas. (ALBERT CAMUS, Les justes,
1949)
4. Dans l’exemple suivant, celui-ci ou celle-là est utilisé pour référer de
manière indéterminée à des individus. Il n’y a pas de mise en opposition
des deux pronoms.
Ils suivront celui-ci ou celle-là des jours entiers. (VICTOR HUGO,
Les misérables, 1862)
5. Les pronoms relatifs
1. Définition
Le pronom relatif sert à introduire une proposition subordonnée dite
relative. Généralement, le pronom établi un lien entre la
subordonnée relative et un antécédent qu’il représente. Cet
antécédent, qui peut être un nom, un groupe nominal ou un pronom
voit son sens précisé par la relative :
”
Les pronoms qui, que, quoi et où peuvent également introduire des
relatives substantives et dans ce cas, ils n’ont pas d’antécédent.
On retrouve ce type de construction dans de nombreux proverbes :
[qui va à la chasse] perd sa place ; [qui vivra] verra ; [qui se sent morveux]
se mouche ; [qui trop embrasse] mal étreint ; [qui se couche avec les chiens]
se lève avec les puces, etc. (Proverbes). (› Subordonnées relatives
substantives)
Les pronoms relatifs ont des formes simples et des formes
composées :
Formes qui, que, quoi, dont, où
simples Les pronoms qui, que, dont, où peuvent être
utilisés avec des antécédents des deux genres
et des deux nombres. Quoi a généralement un
référent indéterminé ou de sens vague.
Tous ceux qui ont déjà fait de la garde à vue savent de quoi
je parle : le retour à l’état de bête soumise et inquiète.
(FRÉDÉRIC BEIGBEDER, Un roman français, 2009)
”
Même si la forme du pronom relatif ne change pas, celui-ci est
malgré tout du même genre, du même nombre et de la même
personne que son antécédent :
C’est elles que j’ai vues en premier. (GAËL FAYE, Petit pays,
2016)
”
Les formes composées sont également marquées par le genre et le
nombre de leur antécédent. Certaines formes résultent de la
contraction d’une préposition (à ou de) avec le pronom :
à + lequel = auquel ; de + lequel = duquel ; de + laquelle = de laquelle, etc.
”
Outre les formes signalées dans ce tableau, il y a les pronoms
relatifs composés quiconque, qui que, quoi que, qui que ce soit qui, qui
que ce soit que, quoi que ce soit qui, quoi que ce soit que, qui sont des
relatifs indéfinis :
“ Quiconque est égaré, n’est égaré qu’à son propre détriment.
(GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La route d’Ispahan, 1989)
”
Dans l’analyse des mots de la subordonnée, on peut considérer
globalement chacun des relatifs composés qui que, quoi que, etc.,
mais strictement parlant, c’est le premier élément qui a une fonction
particulière de sujet, d’attribut, etc.
Remarque
S’emploient sans antécédent :
o
1 qui, que, quoi, où, pris comme relatifs indéfinis ;
o
2 les relatifs indéfinis quiconque, qui que, quoi que, qui que ce soit qui
(ou que), quoi que ce soit qui (ou que) :
Qui n’a pas connu l’absence ne sait rien de l’amour.
(CHRISTIAN BOBIN, Une petite robe de fête, 1991)
Vous d’abord et advienne que pourra. (PATRICK DEVILLE, Taba-
Taba, 2017)
Il paraît qu’avec ce qu’elle a gagné dans son hôtel, elle a de
quoi assurer. (PATRICK LAPEYRE, La vie est brève et le désir sans
fin, 2010)
J’ai tant d’invitations que je ne sais où donner de la tête.
(MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922)
Je tuerai quiconque de ces ivrognes et drogués tentera de le
toucher. (MOHAMED CHOUKRI, Le pain nu, 1973)
• Qui
Qui est sujet ou complément.
a) Comme sujet, il s’applique à des personnes ou à des choses :
”
Il s’emploie sans antécédent comme nominal, dans certains
proverbes ou dans certaines expressions sentencieuses :
”
De même dans qui plus est, qui mieux est, qui pis est, et après voici,
voilà :
”
Qui répété s’emploie comme sujet au sens distributif de « celui-ci…
celui-là, ceux-ci… ceux-là » :
“ Les couloirs grouillent de fourmis serrant, qui sa plume, qui
son duvet-souvenir. (BERNARD WERBER, Les fourmis, 1991)
”
b) Comme complément, qui est précédé d’une préposition et
s’applique à des personnes ou à des choses personnifiées, parfois
aussi à des animaux :
”
Dans les phrases telles que les suivantes, qui, relatif indéfini, a sa
fonction (sujet ou complément) dans la proposition relative, et cette
proposition tout entière est complément du verbe principal ou d’un
autre mot de la principale :
“ Vous ne savez pas à qui vous avez l’honneur de parler !
(ROMAIN GARY, La promesse de l’aube, 1960)
Liane clame à qui veut bien l’entendre que le mariage lui a
apporté bonheur et liberté. (DELPHINE DE VIGAN, Rien ne
s’oppose à la nuit, 2011)
Un enquêteur se demande à qui profite le crime. (BERNARD
QUIRINY, Contes carnivores, 2008)
”
• Que
Que, relatif, s’applique à des personnes ou à des choses. Il peut être
sujet, attribut ou complément.
a) Le relatif que est le plus souvent complément d’objet direct
(COD) au sein de la proposition relative :
”
b) Que, neutre, peut être attribut :
“ Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus.
(PIERRE CORNEILLE, Le Cid, 1637)
”
c) Il est sujet dans quelques expressions figées (1,2,3,4) ou dans
les propositions infinitives (5) :
“ Que Paul fasse ce que bon lui semble. (J EAN COCTEAU, Les
enfants terribles, 1929) (1)
”
“ Il serait, coûte que coûte, le premier secrétaire de sa vie.
(DAVID FOENKINOS, La délicatesse, 2009) (3)
”
Avec les verbes impersonnels, que introduisant la proposition
relative est séquence de l’impersonnel (› Séquence de
l’impersonnel) :
”
d) Il est complément adverbial quand il a la valeur de où, durant
lequel, etc. :
“ Du temps que je gardais les bêtes sur le Luberon, je restais
des semaines entières sans voir âme qui vive. (ALPHONSE
DAUDET, Lettres de mon moulin, 1869)
”
• Quiconque
Quiconque ne se rapporte à aucun antécédent. Il signifie « celui,
e
quel qu’il soit, qui » : il est donc de la 3 personne du masculin
singulier et est normalement sujet :
”
Quiconque est aussi employé au sens de « n’importe qui » (ou de
« personne ») :
“ Pourquoi ne les invite-t-il pas à souper, comme ferait
quiconque à sa place ? (HENRY DE MONTHERLANT, Maître de
Santiago, 1947)
”
Remarque
Lorsque quiconque a nettement rapport à une femme, l’adjectif dont il
commande l’accord est au féminin (mais ce cas est relativement rare) :
Mesdames, quiconque de vous sera assez hardie pour médire
de moi, je l’en ferai repentir. (Dictionnaire de l’Académie).
• Quoi que
Quoi que, en deux mots, doit être distingué de la conjonction
quoique, en un mot.
Quoi que (pronom relatif) signifie « quelle que soit la chose que » :
”
Quoique (conjonction) signifie « bien que » (› Conjonction) :
”
• Quoi
Quoi, relatif, ne s’applique qu’à des choses. Il s’emploie uniquement
comme complément et est presque toujours précédé d’une
préposition ; il se rapporte généralement à un antécédent de sens
vague (ce, rien, chose, etc.) ou à toute une proposition :
”
Quoi s’emploie parfois sans antécédent :
“ Faut dire que la gamine, elle a de quoi affoler, vous la verriez
l’été. (SERGE JONCOUR, L’écrivain national, 2014)
”
Remarque
La langue littéraire, reprenant un vieil usage, emploie assez fréquemment
quoi dans le sens de lequel :
Regrets sur quoi l’enfer se fonde. (GUILLAUME APOLLINAIRE, La
chanson du mal-aimé, 1913) (Au lieu de lesquels.)
Cette cathédrale de lumière sur quoi ouvrait la porte n’était
que la montée d’escalier d’une barre HLM, plutôt petite.
(ALEXIS JENNI, Élucidations. 50 anecdotes, 2013)
Il se tue pour une chose à quoi il tient. (ANDRÉ MALRAUX, Les
conquérants, 1928)
• Lequel
Lequel s’applique à des personnes ou à des choses et s’emploie
comme sujet ou comme complément. Il est variable en genre et en
nombre :
a) Comme sujet, il se rencontre dans la langue juridique ou
administrative, mais aussi dans la langue courante quand il
permet d’éviter l’équivoque :
“ Le corps est lentement purgé de son sang, lequel est
remplacé par un liquide réfrigéré qui, injecté à fort débit, va
rincer les organes de l’intérieur. (MAYLIS DE KERANGAL,
Réparer les vivants, 2014)
”
b) Comme complément, lequel, toujours précédé d’une
préposition, renvoie le plus souvent à un nom de chose ou
d’animal :
”
Après parmi, qui ou quoi est exclu :
“ Pétain et ses sbires parmi lesquels Jacques de Lesdain sont
à Sigmaringen. (PATRICK DEVILLE, Taba-Taba, 2017)
”
Remarque
Dans l’exemple suivant, lesquels est un pronom interrogatif qui apparait à la
place d’une subordonnée complément d’objet et exprime une
interrogation indirecte (› Interrogative indirecte) :
Il a dû hésiter entre plusieurs, je serais curieux de savoir
lesquels. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014)
Cette jolie garçonne faisait des ravages, mais je ne savais
pas lesquels. (AMÉLIE NOTHOMB, Pétronille, 2014)
• Dont
Dont s’applique à des personnes ou à des choses ; comme
complément du sujet, du verbe, de l’attribut ou du complément
d’objet direct, il marque, comme ferait le relatif ordinaire introduit par
de, la possession, la cause, la manière, etc. :
“ Paul s’assoit à côté d’elle, ronronne dans son cou dont il
aime l’odeur de bruyère. (LEÏLA SLIMANI, Chanson douce,
2016)
”
Remarques
1. Dont ne peut, en principe, dépendre d’un complément introduit par une
préposition. On ne dirait pas, d’ordinaire : *Une amie dont on se console
de la mort.
2. Dont est parfois, simultanément, complément du sujet et du complément
d’objet direct (ou de l’attribut) :
Il plaignit les pauvres femmes dont les époux gaspillent la
fortune. (GUSTAVE FLAUBERT, L’éducation sentimentale, 1869) (Dont
est complément du nom femme et complément du nom fortune.)
3. Comme complément de verbe pour marquer l’origine, on distingue dans la
langue générale :
o
1 d’où, quand il s’agit de choses ou que l’on parle d’une source, d’un
mouvement :
Une ambulance fit le ménage et retourna d’où elle venait.
(DANIEL PENNAC, Au bonheur des ogres, 1985)
J’ignore d’où ils tiraient l’énergie et la force de batailler sans
lassitude pour avoir le dernier mot. (JEAN-MICHEL GUENASSIA,
Le club des incorrigibles optimistes, 2009)
o
2 dont, quand il s’agit de personnes, de descendance :
Il fallait que la famille dont elle était sortie occupât dans son
village une situation aisée. (MARCEL PROUST, À l’ombre des
jeunes filles en fleurs, 1919)
Cependant, dans un contexte plus formel (par exemple à l’écrit), on met
parfois dont dans des phrases où il s’agit de choses :
Je fixai la cabine dont il venait de sortir. (ALAIN BERENBOOM, La
fortune Gutmeyer, 2015)
Elle fulminait, non contre l’enfant, mais contre le milieu,
encore pétri de haines, dont il était issu. (CHRISTOPHE
BOLTANSKI, La cache, 2015)
Quand la phrase est interrogative ou qu’il n’y a pas d’antécédent exprimé, on
met toujours d’où (qui est alors adverbe interrogatif) :
Et le temps, d’où vient-il ? (NANCY HUSTON, L’espèce fabulatrice,
2008)
Mais d’où vous le sortez, celui-là ? (RENÉ BARJAVEL, Ravage,
1943)
• Où
Où, relatif, ne peut s’appliquer qu’à des choses et est toujours
complément circonstanciel de lieu ou de temps :
”
Il s’emploie parfois sans antécédent :
”
6. Les pronoms interrogatifs
1. Définition
Les pronoms interrogatifs servent à interroger sur la personne ou
la chose dont il est question dans la phase (› Phrase interrogative) :
”
Les formes des pronoms interrogatifs ne sont autres que celles des
pronoms relatifs (dont et où étant exclus). Où, dans l’interrogation,
est toujours adverbe (au même titre que comment, quand, combien,
etc.) :
“
Burrhus, où courez-vous ? (JEAN RACINE, Britannicus, 1669)
”
Remarque
On emploie très souvent est-ce qui, est-ce que couplé aux diverses formes
du pronom interrogatif, avec une fonction de renforcement :
Qui est-ce qui vous a donné une couronne ? (MAURICE
MAETERLINCK, Pelléas et Mélisande, 1892)
Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ? (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, Les
perroquets de la place d’Arezzo, 2013)
Eh bien, les enfants, qu’est-ce que c’est que ce vacarme, vous
ne savez pas vous amuser gentiment ? (RENÉ GOSCINNY, Le
petit Nicolas, 1960) (Ici, il y a à la fois un renforcement en est-ce que et une
focalisation avec c’est… que. Il s’agit donc d’une double mise en évidence. C’est
une construction relativement familière.)
• Qui
Qui interrogatif est ordinairement du masculin singulier. Il sert à
interroger sur des personnes, tant dans l’interrogation indirecte que
dans l’interrogation directe, et peut être sujet, attribut ou
complément :
“ Qui a le droit ? (P ATRICK BRUEL, Qui a le droit ?, 1991)
”
• Que
Que interrogatif est du neutre singulier. Dans l’interrogation
directe, il s’emploie comme sujet (devant certains verbes
impersonnels), comme attribut ou comme complément d’objet
direct :
“ Sauf le soupir et le mal de mes fautes, que reste-t-il de ma
jeunesse ? (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La route d’Ispahan,
1989) (Que séquence de l’impersonnel.)
”
Dans l’interrogation indirecte, il s’emploie comme attribut ou
comme complément d’objet direct après avoir, savoir, pouvoir, pris
négativement et suivi d’un infinitif :
“
On ne savait où se mettre, que devenir. (ALPHONSE DAUDET,
Lettres de mon moulin, 1869)
Il ne sait que répondre et soupire, oppressé. (MARIE
LABERGE, Le goût du bonheur, Adélaïde, 2001)
J’étais stupéfait, et je ne savais que dire. (DENIS DIDEROT,
Jacques le fataliste et son maître, 1796)
Je n’ai que faire de vos dons. (MOLIÈRE, L’avare, 1668)
”
Quoi interrogatif est du neutre singulier. Dans l’interrogation directe,
il peut être sujet (phrases elliptiques) ou complément :
“
Et quoi de plus charmant que de vivre ? (ALBERT COHEN,
Belle du Seigneur, 1968)
”
Dans l’interrogation indirecte, il est toujours complément :
”
Remarque
Quoi peut s’employer dans des phrases non verbales avec les adjectifs neuf,
nouveau, autre ou l’adverbe plus pour poser des questions qui appellent
réellement une réponse, une information (Quoi de neuf ? Quoi d’autre ?
etc.) :
À propos de l’enquête : quoi de neuf, justement ? (JOËL DICKER,
La vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2012)
Alors je ne ris pas, je ne parle pas… quoi d’autre ? (DAVID
FOENKINOS, La tête de l’emploi, 2014)
Mais dans les phrases non verbales construites avec d’autres adjectifs
(naturel, grand, beau, etc.), la question est plus rhétorique et n’appelle pas
de véritable réponse. Plus qu’une question, c’est une affirmation qui met en
évidence la propriété exprimée par l’adjectif en soulignant qu’elle est
évidente, indubitable. On constate d’ailleurs que dans ces usages, le point
d’interrogation peut être omis :
Je suis un homme, quoi de plus naturel en somme. (MICHEL
POLNAREFF, Je suis un homme, 1996)
Quoi de plus beau que de naviguer ? (JEAN D’ORMESSON, C’est
une chose étrange à la fin que le monde, 2010)
Dire ce mot, et mourir ensuite. Quoi de plus grand ! (VICTOR
HUGO, Les misérables, 1862)
• Lequel
Lequel interrogatif varie en genre et en nombre ; il se dit des
personnes et des choses et peut remplir toutes les fonctions, tant
dans l’interrogation indirecte que dans l’interrogation directe :
“
De ton cœur ou de toi lequel est le poète ? (ALFRED DE
MUSSET, La nuit d’août, 1836)
”
7. Les pronoms indéfinis
1. Définition
Les pronoms indéfinis servent à indiquer d’une manière vague, soit
une quantité non chiffrée (certains, plusieurs, etc.), soit une
identification imprécise de personnes ou de choses (quelqu’un,
quelque chose, etc.) :
J’ai deux fils. L’un est la main, l’autre, le poing. L’un prend,
l’autre donne. Un jour, c’est l’un, un jour, c’est l’autre. (LARRY
TREMBLAY, L’orangeraie, 2016)
”
Les pronoms indéfinis comportent des formes simples et des formes
composées. Certains sont variables en genre et/ou en nombre :
Quantité non chiffrée Identification
imprécise
Quantité
Quantité Équivale
Totalité indétermi Différence
nulle nce
née
Les éléments classés parmi les pronoms indéfinis sont assez divers.
Certains pronoms sont à mettre en correspondance avec des
déterminants indéfinis. En effet, un certain nombre d’indéfinis
peuvent être utilisés tantôt comme déterminant au sein d’un groupe
nominal dont ils déterminent le noyau, tantôt comme pronom, à la
place de ce groupe nominal qui se voit pronominalisé : aucun, certain,
et tout. Cette particularité ne s’applique pas à
maints, nul, plusieurs, tel
tous : par exemple, certains, différent, divers n’ont pas d’usage
pronominal. (› Déterminants indéfinis)
Déterminant indéfini Pronom indéfini
”
De même certaines expressions, comme : n’importe qui, n’importe
quoi, tout le monde, un autre, le même, peuvent avoir la valeur de
pronoms indéfinis :
“
Je m’baladais sur l’avenue le cœur ouvert à l’inconnu /
J’avais envie de dire bonjour à n’importe qui / N’importe qui et
ce fut toi, je t’ai dit n’importe quoi / Il suffisait de te parler,
pour t’apprivoiser (JOE DASSIN, Les Champs-Elysées, 1969)
”
Remarque
D’anciens noms ayant pris un sens indéterminé sont utilisés comme pronom.
C’est le cas d’on, classé parmi les pronoms personnels indéfinis, ainsi que
de rien et personne. (› Pronom personnel indéfini)
• Aucun
Aucun a signifié autrefois « quelque, quelqu’un ». Il a conservé une
valeur positive dans certains emplois :
“
Il n’était pas le dégonflé que d’aucuns s’imaginaient ! (LYDIE
SALVAYRE, Tout homme est une nuit, 2017)
”
Mais étant le plus souvent accompagné de la négation, aucun a pris,
par contagion, la valeur négative de « pas un » :
“
Je lui inventai des excuses, mais aucune ne me convainquit.
(SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
”
• Nul
Nul se construit toujours avec une négation ; il est toujours au
singulier et ne s’emploie que comme sujet.
Quand il ne renvoie à aucun nom (ou pronom) exprimé, il ne se dit
que des personnes et ne peut être que masculin :
”
Quand il renvoie à un nom (ou pronom) exprimé, il se dit des
personnes et des choses et s’emploie aux deux genres :
“ Aucune de ces artistes ne portait de chapeau, elles étaient
tête nue […]. Nulle ne m’avait prêté la moindre attention.
(JEAN-MICHEL GUENASSIA, La valse des arbres et du ciel, 2016)
”
• Autrui
Autrui ne se dit que des personnes et s’emploie comme complément
prépositionnel, parfois aussi comme sujet ou comme objet direct :
”
• On
On (du lat. homo, homme) est proche des pronoms personnels. Il est
e
régulièrement de la 3 personne du masculin singulier et ne
s’emploie que comme sujet. Son sens évoque un référent animé
indéfini (on = quelqu’un, des gens) qui peut représenter un
ensemble d’êtres ou au contraire, un être unique. (› Pronoms
personnels)
Dans son sens le plus indéterminé, on apparait dans des énoncés
génériques comme les proverbes. Son indétermination convient
parfaitement à la visée généralisante : on ne change pas une équipe qui
gagne, on ne change pas de chevaux au milieu du gué, on reconnait l’arbre à
ses fruits, on ne crache pas dans la main qui vous nourrit (Proverbes).
(› Proverbe )
”
Mais en fonction du contexte, on peut aussi représenter des
collectivités plus précises ou restreintes :
“
En ce moment c’est un vrai bordel dans l’administration, on
ne saurait même pas à qui s’adresser. (MATHIAS ÉNARD,
Boussole, 2015) (On = les gens qui s’adressent à l’administration.)
”
On prend parfois un sens bien déterminé et se substitue à je, tu,
nous, vous, il(s), elle(s), en marquant la modestie, la discrétion,
l’ironie, le mépris, etc. :
”
Il peut aussi être équivalent à nous dans un style plus oral, moins
formel :
“ Il m’a demandé de t’inviter. On y va ensemble, si tu
veux. (GILLES LEGARDINIER, Demain j’arrête !, 2011) (On = nous.)
”
c) Quand les circonstances marquent précisément qu’on parle d’une
femme ou d’un ensemble de personnes, l’attribut de on s’accorde
par syllepse (c’est-à-dire en fonction du référent du pronom on,
l’accord est guidé par le sens) :
“
Joséphine réfléchit encore, croisa les bras sur sa poitrine et
laissa tomber, funèbre : – On a l’air malignes toutes les deux
dans notre lit ! (KATHERINE PANCOL, Les écureuils de Central
Park sont tristes le lundi, 2010)
”
Il arrive que on soit suivi d’un attribut au pluriel :
”
d) Comme on était originairement un nom, il a gardé la faculté de
prendre l’article l’, surtout quand l’euphonie le demande,
principalement après et, ou, où, que, si, et parfois après lorsque
(cet l’ est regardé aujourd’hui comme simple consonne
euphonique) :
”
• Personne
Personne, originairement nom féminin, s’utilise comme pronom
indéfini masculin singulier. Il a gardé son sens positif dans certains
emplois dans lesquels il signifie « quelqu’un, n’importe qui » :
“ N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant
mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris. (MOLIÈRE,
L’avare, 1668)
”
Mais personne, étant souvent accompagné d’une négation, a pris,
par contagion, la valeur négative de « nul être ». C’est l’usage le
plus fréquent aujourd’hui.
”
Il apparait régulièrement dans la dépendance de sans ou en lien
avec l’adverbe ne :
“ Mais ce ne sera pas amusant du tout d’avoir un âne sans
personne dessus. (COMTESSE DE SÉGUR, Les petites filles
modèles, 1858)
”
Quand personne désigne évidemment une femme, on lui donne le
genre féminin, mais cet usage est assez rare :
”
• Quelqu’un
Quelqu’un, employé d’une façon absolue, ne se dit que des
personnes et uniquement au masculin :
“ À quoi sait-on que quelqu’un est mort ? (A MÉLIE NOTHOMB, Le
fait du prince, 2008)
”
e) Comme pronom représentant, quelqu’un se dit aussi bien des
personnes que des choses et le pronom s’emploie aux deux
genres et aux deux nombres (parfois en lien avec en) :
”
• Rien
Rien a signifié originairement « chose ». Il vient du latin rem,
accusatif de res, chose. Il a gardé une valeur positive dans certains
emplois :
”
Mais étant le plus souvent accompagné d’une négation, rien a pris,
par contagion, la valeur négative de « nulle chose » :
“ Les gens adorent dire « qui ne tente rien n’a rien ». (D AVID
FOENKINOS, Les souvenirs, 2011)
”
Rien est renforcé dans certaines formules : absolument rien, rien du
tout, deux fois rien, trois fois rien, etc. Le pronom a par ailleurs été
renominalisé avec le sens « peu de chose » :
“
Un rien soulevait un orage qui durait jusqu’au lendemain.
(ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867)
”
• L’un(e)… l’autre
L’un(e)… l’autre, les un(e)s… les autres, l’un(e)… un(e) autre, les
un(e)s… d’autres servent à marquer l’opposition :
”
L’un l’autre, les uns les autres, l’un à l’autre, l’un de l’autre, etc.,
marquent la réciprocité :
“ De gros nuages se mangent les uns les autres, plongeant le
paysage dans une grisaille sans ombre. (LAURENT GAUDÉ,
Ouragan, 2010)
”
• Tel
Tel marque une identification volontairement imprécise. Utilisé seul,
comme nominal, tel peut servir à désigner des personnes de
manière très générale, comme c’est le cas dans les proverbes, par
exemple : Tel père, tel fils ; Tel chien, tel maitre ; Tel refuse qui après
muse ; Tel est pris qui croyait prendre, etc. (Proverbes).
Souvent le pronom tel apparait dans des expressions plus
complexes.
Tel ou tel s’utilise pour désigner quelqu’un de manière totalement
imprécise :
”
Mais dans certains cas, on mentionne tout de même la catégorie à
laquelle appartient la personne ou la chose désignée :
”
Tel… tel autre s’emploie de manière distributive pour distinguer les
référents, éventuellement les mettre en contraste :
“ On pouvait croire que tel invité se réjouirait de la présence
de tel autre et découvrir lors de la réception qu’ils se
haïssaient. (AMÉLIE NOTHOMB, Le crime du comte de Neville,
2015)
”
Un tel désigne de manière « anonyme » une personne. Le pronom
peut s’écrire en un mot ou en deux avec ou sans majuscule. Bien
que la variation soit possible, on remarque qu’en un mot, il prend
généralement une majuscule (Untel) et en deux mots, il est
généralement en minuscules (un tel au lieu de un Tel) :
“ Mais comment diable connaissez-vous un tel ? (MARCEL
PROUst, Sodome et Gomorrhe, 1922)
”
8. Les compléments du pronom
Le pronom peut former un groupe lorsqu’il est accompagné d’autres
mots qui le précisent, le déterminent, le complètent. Les
compléments du pronom peuvent être des articles, des
compléments direct ou indirect, détachés ou liés.
1° Un article : l’association peut être fréquente (1,2,3) ou
occasionnelle (4).
”
2° Un adjectif ou un syntagme adjectival.
Les adjectifs seul, même, autre se joignent directement à certains
pronoms :
“ Du rythme de leurs soupirs émergea un langage qui pour
eux seuls avait un sens très doux. (ALEXIS JENNI, La nuit de
Walenhammes, 2015)
”
D’autres sont détachés :
”
Les adjectifs épithètes indirects sont liés au pronom indéfini par la
préposition de :
“ Le cœur à portée de main
Juste quelqu’un de bien. (ENZO ENZO, Juste quelqu’un de bien,
1993)
Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce
qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. (ANCIEN
TESTAMENT, Ecclésiaste 1:9)
Les repas en famille ont ceci de magique qu’on trouve
toujours quelque chose à dire. (MICHEL BUSSI, On la trouvait
plutôt jolie, 2017) (Le pronom démonstratif ceci renvoie au contexte, il
annonce la proposition conjonctive introduite par que.)
”
3° Un déterminant numéral ou indéfini, dans certains cas :
”
4° Une apposition, qui peut être un nom, un pronom, un infinitif,
une proposition :
”
5° Un complément prépositionnel :
“
Je suis sûr de pouvoir compter sur chacun de vous. (RENÉ
BARJAVEL, Ravage, 1943)
”
6° Une proposition :
“ Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent. (V
ICTOR HUGO, Ceux
qui vivent, 1853)
”
CHAPITRE 5
Le verbe
1. Définition
2. Les constructions du verbe
3. Les variations du verbe
4. Les formes du verbe
5. L’emploi des modes et des temps
1. Définition
Le verbe est un mot qui se conjugue : sa forme varie en fonction du
mode, du temps, de la personne, du nombre et de la voix (active ou
passive). Au participe passé, il peut également varier en genre (élu,
1
etc.). Le verbe peut servir de prédicat , – ou
élue ; contraint, contrainte,
faire partie du prédicat quand il y a un attribut du sujet, le verbe étant
alors appelé verbe attributif (ou copule).
”
Sur le plan sémantique, le verbe exprime, soit l’action faite (1) ou
subie par le sujet (2), soit l’existence ou l’état du sujet (3), soit l’union
de l’attribut au sujet (4) :
“ Le bonheur qu’on attend gâche parfois celui qu’on vit. (É RIC-
EMMANUEL SCHMITT, Ulysse from Bagdad, 2008) (1)
”
Certains noms peuvent exprimer une action faite ou subie : un cri, un
appel, une déchirure, etc. À la différence de ces noms qui évoquent
une action de manière statique, le verbe exprime un procès, c’est-à-
dire un évènement qui se déroule dans le temps :
“
Et c’est un cri d’amour à la vie. (GUY GOFFETTE, Elle, par
bonheur, et toujours nue, 1998)
”
Dans certains cas, un nom prédicatif peut être associé à un verbe
qui le situe dans le temps et lui sert de support. (› Compléments du
verbe)
Sur le plan syntaxique, le verbe est le noyau du groupe verbal. Ce
groupe verbal peut être limité au verbe seul : il mange, elle dort,
nous voyageons. Il peut être accompagné de différents types de
compléments (1,2) et modifié par un groupe adverbial ou
circonstanciel (3,4) (› Complément circonstanciel) :
“
Il mange ce que je cuisine. (LÉONORA MIANO, Crépuscule du
tourment, 2016) (1)
”
Une locution verbale est une réunion de mots qui exprime une idée
unique et joue le rôle d’un verbe : avoir besoin, avoir peur, avoir raison,
avoir envie, ajouter foi, donner lieu, faire défaut, prendre garde, savoir gré,
tenir tête, avoir beau, se faire fort, faire savoir, etc.
2. Les constructions du verbe
Le verbe est le noyau du groupe verbal. On distingue les verbes
selon qu’ils sont obligatoirement accompagnés d’un complément
(verbes transitifs), qu’ils ne prennent pas de complément (verbes
intransitifs) ou qu’ils introduisent l’attribut du sujet (verbes attributifs).
Les verbes impersonnels (comme il pleut) font partie de la catégorie
des verbes intransitifs. Les verbes pronominaux (comme se laver, se
taire) sont transitifs ou intransitifs.
”
2° Ils sont transitifs indirects quand leur complément d’objet est
indirect :
“
Mme de Rênal pensait aux passions, comme nous pensons
à la loterie : duperie certaine et bonheur cherché par les fous.
(STENDHAL, Le rouge et le noir, 1830) (› c’est-à-dire introduit
par une préposition : COI)
”
Certains verbes transitifs ont ou peuvent avoir à la fois deux
compléments d’objet, l’un direct, l’autre indirect :
“
Je commande [à Nicolette]COI [un bon petit dîner]COD. (VICTOR
HUGO, Les misérables, 1862)
”
Il faut être attentif aux emplois du verbe car :
a) parfois, un même verbe peut être tantôt transitif direct, tantôt
transitif indirect, mais généralement avec des sens plus ou moins
différents :
“
Voilà un bel exemple de remède qui manque son effet !
(CAROLE MARTINEZ, Le cœur cousu, 2007) (Emploi transitif direct de
manquer = rater.)
”
b) certains verbes transitifs peuvent être utilisés de manière
intransitive et vice versa, mais généralement le sens change plus ou
moins :
“ Marie entre dans la salle à manger et ferme la fenêtre.
(CATHERINE CUSSET, Un brillant avenir, 2008) (Usage transitif
direct de fermer = refermer, verrouiller.)
”
2. Les verbes intransitifs
Les verbes intransitifs sont ceux qui se construisent sans
complément d’objet ni attribut. Ils expriment une action qui ne
transmet pas du sujet sur une personne ou sur une chose ; ils
suffisent avec leur sujet à exprimer l’idée complète de l’action :
“
Avec l’enfant nouveau… la mère qui crie… l’enfant pleure…
le sang coule… la terre tourne. (JACQUES PRÉVERT, Chanson
dans le sang, 1946)
”
Quelques verbes intransitifs peuvent, en devenant transitifs, avoir
pour complément d’objet direct un nom qui, par sa forme ou par son
sens, rappelle leur radical (› Complément d’objet interne) :
“
Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans
votre poussière. (JACQUES-BÉNIGNE BOSSUET, Oraison
funèbre de Le Tellier, 1686)
”
3. Les verbes attributifs
Les verbes d’état joignent l’attribut au sujet. On parle de verbe
attributif ou de verbe copule (ou plus simplement encore de copule)
pour le verbe être qui sert de lien entre l’attribut et le sujet
(› Attribut) :
“ Disons que chez vous, le dur est mou et le mou est
dur. (FRED VARGAS, Pars vite et reviens tard, 2001)
”
Certains verbes d’état ou d’action sont aussi verbes attributifs quand
ils joignent l’attribut au sujet : à l’idée qu’ils expriment par eux-
mêmes l’esprit associe alors l’idée du verbe être (paraitre, sembler,
devenir, rester, etc.).
”
4. Les verbes impersonnels
Les verbes impersonnels sont ceux qui ne s’emploient qu’à la
troisième personne du singulier ; ils ont pour sujet le pronom neutre
il qui est invariable en genre et en nombre.
a) Les verbes impersonnels proprement dits expriment des
phénomènes de la nature : il pleut, il pleuvine, il bruine, il drache
(Belgique), il tonne, il gèle, il neige, il grêle, il vente, etc. (› Sujet du verbe
impersonnel)
“ Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, le voisin d’en face portait
toujours des chaussures coupées et assemblées dans une
bonne maison et impeccablement cirées. (ANNA GAVALDA,
Fendre l’armure, 2017)
”
Dans la langue orale ou familière, le pronom il peut être remplacé
par ça : ça caille, ça flotte, ça gèle, ça pèle :
“ Brr, ça caille ! dit-elle en se frottant les jambes. (G UILLAUME
MUSSO, La fille de papier, 2010)
”
Remarque
Certains de ces verbes s’emploient parfois avec un sujet personnel dans un
sens figuré :
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs, pleuvaient.
(VICTOR HUGO, L’expiation, 1851)
”
Alors que pour d’autres, le choix est plus restreint : Il neige de gros
flocons ou à gros flocons. Dans certains cas, la notion d’intensité est
déjà incluse dans le sémantisme du verbe et il devient donc inutile,
voire redondant, d’ajouter un constituant adverbial : bruiner, pleuviner
(= pleuvoir faiblement) ; dracher (Belgique), flotter (= pleuvoir
fortement). En général, le sens de ces compléments n’est approprié
qu’à certains verbes météorologiques et il est difficile de les
substituer, signe du figement de ces expressions : *Il neige des
hallebardes, *Il pleut des gros flocons, *Il bruine des cordes. Avec le verbe
tomber qui est sémantiquement plus neutre, les échanges sont
possibles : Il tombe (des flocons, des cordes, des hallebardes, etc.) :
”
D’autres verbes sont impersonnels, dans un sens non exclusivement
météorologique. C’est le cas de falloir, y avoir, et aussi faire.
Il fait + nom/adjectif permet d’exprimer une sensation ressentie ou
décrire un état de l’environnement : il fait froid, il fait beau, il fait moche,
il fait du vent, il fait nuit noire, il fait moite, il fait soif, il fait soleil, il fait bon,
etc.
”
Un grand nombre d’expressions plus ou moins figées à valeur
adverbiale sont également disponibles pour préciser la température :
Il fait un froid de loup (MARC LEVY, Où es-tu ?, 2005) ; de canard
(AURÉLIE VALOGNES, Mémé dans les orties, 2014) ; à ne pas mettre
un poussin dehors (ANNE CUNEO, Le maître de Garamond, 2002) ;
de gueux (KATHERINE PANCOL, Les yeux jaunes des crocodiles,
2006) ; de tous les diables (ALFRED DE MUSSET, Lorenzaccio, 1895),
etc.
“ Il fait un brouillard à couper au couteau. (M ARCEL PROUST, Le
côté de Guermantes, 1920)
”
Il fait bon + infinitif est utilisé pour signifier qu’il est agréable ou aisé
de faire l’action décrite par l’infinitif. On rencontre occasionnellement
cette construction avec d’autres adjectifs que bon :
”
Il faut introduit une recommandation, un conseil, une obligation ou
encore, une constatation désabusée :
“ Il faut toujours laisser une marge de manœuvre au destin.
(DANIEL RONDEAU, Malta Hanina, 2012)
Voilà, le jeu est aussi bête que cela : il faut toujours qu’il y
ait des exclus. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, Ulysse from
Bagdad, 2008)
”
Il s’agit de… peut être synonyme de il faut… ou jouer le rôle d’un
présentatif équivalent à c’est :
”
Il y a…, il est…, c’est… sont des locutions verbales impersonnelles
qui sont utilisées comme présentatifs. (› Phrases en il y a)
“ Il y a de bonnes et de mauvaises affaires. (J ULES VERNES, Le
tour du monde en 80 jours, 1872)
”
b) Un grand nombre de verbes personnels peuvent être pris
impersonnellement : il est arrivé un malheur ; il convient de partir, etc.
“
un malheur aux filles ? (KATHERINE PANCOL, Les
Il est arrivé
écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
”
Remarques
1. Le verbe être se combine avec des adjectifs pour former de nombreuses
locutions impersonnelles : il est possible, douteux, nécessaire, utile,
bon, juste, heureux, faux, rare, etc.
2. On peut employer comme impersonnels les verbes pronominaux de sens
passif :
Les filles, il se trame ici quelque chose de louche. (ALICE
ZENITER, Jusque dans nos bras, 2010)
”
Différents verbes supports peuvent être utilisés avec un nom
prédicatif donné, ce qui permet d’apporter différentes nuances de
sens :
”
Les verbes supports se construisent aussi avec des groupes
adjectivaux ou prépositionnels :
”
3. Les variations du verbe
Employé dans une phrase, le verbe voit sa forme affectée par
plusieurs éléments et il varie d’après : le mode, le temps, l’aspect,
la voix, la personne et le nombre :
”
1. Le mode
Les modes identifient les diverses manières de concevoir et de
2
présenter l’action exprimée par le verbe.
Ils sont personnels ou impersonnels.
”
Le conditionnel présente l’action comme éventuelle ou comme
dépendant d’une condition :
”
Remarque
On place désormais le conditionnel à l’intérieur du mode indicatif : à ce titre,
il est considéré dans son emploi général, comme un futur particulier (futur
dans le passé ou futur hypothétique).
”
3° L’impératif, qui présente l’action sous la forme d’un ordre, d’une
exhortation, d’une prière :
”
L’impératif est un mode défectif, c’est-à-dire que seules certaines de
e
ses formes sont usitées, à savoir : la 2 personne du singulier
(Mange !), ainsi que les deux premières personnes du pluriel
(Mangeons !, Mangez !).
“
Tu devras apprendre à courir. (ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, La
femme qui fuit, 2015)
”
2° Le participe, forme adjectivale du verbe, exprimant l’action à la
manière d’un adjectif, mais également susceptible d’emplois
verbaux (› Emplois du participe) :
“ Son visage est mangé par les boucles d’une courte barbe
brune. (RENÉ BARJAVEL, La nuit des temps, 1968) (Participe
passé.)
”
De son côté, le gérondif est la forme adverbiale du verbe. Il apporte
une information qui caractérise les circonstances dans lesquelles se
déroule le procès décrit par le verbe principal. Il a la forme du
participe présent précédé de en :
”
Remarque
Certains grammairiens traitent le gérondif comme un mode à part entière, car
il a une origine latine distincte du participe. En français contemporain, on
peut considérer le gérondif comme une forme du participe présent précédé
du mot en.
”
b) Avant : pour évoquer l’antériorité, on utilise l’imparfait (1), le passé
simple (2) ou le passé composé (3) :
“ C’étaient des images obscènes… Je dormais dessus, quand
il est entré. (GUSTAVE FLAUBERT, L’éducation sentimentale,
1869) (1)
”
c) Après : pour évoquer la postériorité, on utilise le futur simple (1)
ou le futur antérieur pour faire référence à un fait futur, présenté
comme antérieur à un second évoqué au futur simple (2) :
L’interne passera vous voir dès qu’il aura fini. (LEÏLA SLIMANI,
Dans le jardin de l’ogre, 2014) (2)
”
• Par rapport à tel moment du passé
a) Avant : pour évoquer l’antériorité par rapport à un événement du
passé, on utilise le passé antérieur (1) ou le plus-que-parfait (2)
”
b) Après : pour évoquer un futur par rapport à un événement du
passé on utilise le conditionnel (1) et si on mentionne une action
qui aurait dû avoir lieu dans le passé on utilise le conditionnel
passé (2) :
”
b) Les temps dans chaque mode
1° L’indicatif possède dix temps : le présent, l’imparfait, le passé
simple, le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur,
le futur simple, le futur antérieur, le conditionnel présent et le
conditionnel passé.
2° L’impératif possède deux temps : le présent (dont les formes
marquent aussi le futur) et le passé.
3° Le subjonctif possède quatre temps : le présent (dont les formes
marquent aussi le futur), l’imparfait, le passé et le plus-que-parfait.
4° L’infinitif possède trois temps : le présent (dont la forme peut
marquer aussi le futur), le passé et le futur (rare : devoir aimer).
5° Le participe possède trois temps : le présent, le passé et le futur
(rare : devant aimer).
d) L’aspect du verbe
L’aspect du verbe traduit comment l’action se développe dans la
durée : de manière brève, longue ou répétitive ; selon un processus
qui se termine, qui est en cours ou qui commence ; etc.
Concrètement, ce sens aspectuel se marque de différentes
manières :
• L’aspect grammatical
L’aspect grammatical provient de l’usage des formes verbales (les
temps) et de l’opposition entre formes verbales simples et formes
verbales composées qui permettent par exemple de distinguer :
l’accompli et l’inaccompli. L’aspect inaccompli permet d’exprimer
un processus qui est en train de se passer, qui n’est pas encore
arrivé à son terme alors que l’aspect accompli traduit un procès qui
est terminé :
“ Il nettoie doucement le visage de Helder avec son chiffon
imbibé. (CAROLINE DE MULDER, Calcaire, 2017) (Forme verbale
simple, procès en cours.)
”
• L’aspect sémantique
L’aspect sémantique provient du sens véhiculé par le verbe lui-
même. On distingue ainsi les verbes perfectifs et imperfectifs. Le
sens des premiers implique un procès qui arrive à son terme au bout
de l’action : il meurt, elle sort, nous montons, etc. Une fois que l’action
est terminée : il est mort, elle est sortie, nous sommes en haut. Au
contraire, le sens des verbes imperfectifs implique une action qui
peut se prolonger indéfiniment : elle nage, il travaille, nous aimons.
• L’aspect lexical
L’aspect lexical est apporté par des éléments lexicaux : des affixes 6
(recommencer, pâlir, etc.), des auxiliaires d’aspect qui
accompagnent le verbe principal (commencer de, terminer de,
continuer à, etc.), les temps verbaux (j’ai mangé vs je mange), des
compléments circonstanciels de temps (soudainement,
fréquemment, souvent, tous les soirs, etc.). (› Verbes auxiliaires
marquant l’aspect)
1° Aspect instantané (action instantanée) :
“ Un orage éclate, puissant, effrayant. (LAURENT GAUDÉ,
Écoutez nos défaites, 2016)
”
2° Aspect duratif (action qui dure) :
”
3° Aspect inchoatif ou ingressif (action qui commence) :
”
4° Aspect itératif (action qui se répète) :
“ Je lis des vers chinois en sirotant une vodka. (SYLVAIN
TESSON, Dans les forêts de Sibérie, 2011)
”
5° Aspect accompli (action achevée) :
”
6° Aspect imperfectif (action non achevée) :
”
7° Proximité soit dans le passé, soit dans le futur :
“ Je viens de lire dans un fait divers de journal un drame de
passion. (GUY DE MAUPASSANT, Le Horla, 1886)
”
Un aspect donné peut se rencontrer à d’autres personnes, à d’autres
temps et à d’autres modes que ceux qu’on observe dans les
exemples donnés ci-dessus ; par exemple : Papa était en train de
parler ; Tu seras en train de parler ; Qu’il soit en train de parler.
e) La voix
On appelle voix les formes que prend le verbe pour exprimer le rôle
du sujet dans l’action. On distingue voix active (il trompe) et voix
passive (il est trompé) et on range également dans ce phénomène la
forme pronominale du verbe (il se trompe).
• Voix active
La voix active indique que le sujet fait l’action ; cette action est
considérée du point de vue de l’agent qui la réalise :
”
• Voix passive
La voix passive indique que le sujet subit l’action. Celle-ci est
considérée à partir de l’être ou de l’objet qui la subit : Mlle Stangerson
est interrogée par le juge d’instruction.
Les phrases ayant un verbe transitif et un complément d’objet
direct peuvent être mises au passif, tout en préservant le sens global
de l’énoncé (c’est le point de vue qui change) :
“
Un vieil homme vend des ballons en forme de poisson.
(CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Plonger, 2013)
”
[Un vieil homme] SUJET ACTIF vend [des ballons…] COD ACTIF
[Des ballons…] SUJET PASSIF sont vendus par [un vieil
homme] COMPLEMENT
D’AGENT
f) Forme pronominale
La forme pronominale du verbe (ou réfléchie) indique que l’action,
faite par le sujet, se réfléchit, revient sur lui. C’est un cas particulier
de la voix active. Les verbes pronominaux sont ceux qui sont
accompagnés des pronoms me, te, se, nous, vous, désignant le
même être ou objet, les mêmes êtres ou objets que le sujet :
“
Je me blesse et ma douleur est preuve et sentiment. (ÉRIC
VUILLARD, Conquistadors, 2009)
”
Il faut distinguer les constructions pronominales (à partir de
verbes autonomes) des verbes qui sont intrinsèquement
pronominaux. Dans le premier cas, la pronominalisation est
occasionnelle et modifie le sens du verbe : apercevoir (= voir) ;
s’apercevoir (= se rendre compte ; se voir soi-même ou
réciproquement). Dans le second, le verbe est exclusivement
pronominal, il se construit toujours avec le pronom (s’extasier,
s’amouracher, s’écrouler, se méfier, etc.). Les verbes pronominaux
posent des difficultés spécifiques pour l’accord des participes
passés. (› Accord du participe passé des verbes pronominaux)
Du point de vue formel, les formes pronominales se caractérisent :
par la présence d’un pronom personnel réfléchi de même
personne que le sujet : je me comprends, tu te blesses, il se plaint,
nous nous enthousiasmons, vous vous renseignez, ils se voient. Le
e
pronom complément est le même à la 3 personne du singulier et
du pluriel ;
par le recours à l’auxiliaire être pour la formation des temps
composés (passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur,
etc.) : je me suis blessé, tu t’étais perdu, il se sera battu, nous nous
fûmes égarés, vous vous seriez blessés, qu’ils se soient compris.
Le pronom représentant le sujet du verbe pronominal se place avant
le verbe ; aux temps composés, il se place avant l’auxiliaire. Il s’agit
d’un pronom conjoint. (› Pronom conjoint)
”
À l’impératif, ce pronom se place après le verbe : souviens-toi,
envolons-nous.
“ Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là (JACQUES PRÉVERT,
Barbara, 1946).
”
Il est alors tonique (sauf s’il perd son accent tonique au profit d’un
monosyllabe faisant corps avec la forme verbale : Souviens-toi bien.
Envolons-nous donc !).
Verbe type : s’envoler
Indicatif
Présent : Je m’envole Passé composé : Je me suis
Imparfait : Je m’envolais envolé
Passé simple : Je m’envolai Plus-que-parfait : Je m’étais
Futur simple : Je m’envolerai envolé
Conditionnel présent : Je Passé antérieur : Je me fus
m’envolerais envolé
Futur antérieur : Je me serai
envolé
Conditionnel passé : Je me
serais envolé
Subjonctif
Présent : Que je m’envole Passé : Que je me sois envolé
Imparfait : Que je m’envolasse Plus-que-parfait : Que je me
fusse envolé
Impératif
Présent : Envole-toi
Infinitif
Présent : S’envoler Passé : S’être envolé
Futur (rare) : Devoir s’envoler
Participe
Présent : S’envolant Passé : Envolé(e),
s’étant envolé
Futur (rare) : Devant s’envoler
Du point de vue du sens, les verbes pronominaux présentent
différentes valeurs :
Sens Exemple
”
Les murs de la ville s’aperçoivent de loin. (Sens passif = on aperçoit les
murs de la ville de loin.)
”
• Verbes pronominaux réciproques
Ils sont réciproques lorsque deux ou plusieurs sujets agissent l’un
sur l’autre ou les uns sur les autres :
”
Le sens réciproque est parfois indiqué par le mot entre qui entre
dans la composition du verbe : ils s’entreregardent, s’entretuent,
s’entredévorent, s’entrégorgent, etc. Cette construction peut être
occasionnelle ou lexicalisée (c’est-à-dire enregistrée dans le lexique
et présent dans les dictionnaires). On la retrouve avec des verbes
autonomes utilisés de manière pronominale (ils s’entretuent) aussi
bien qu’avec des verbes intrinsèquement pronominaux (ils
s’entraident).
”
Le sens réciproque peut être renforcé ou rendu explicite par une des
expressions du type : l’un l’autre, l’un à l’autre, mutuellement,
réciproquement, entre eux :
“ On s’est déshabillés l’un l’autre, avec une violence qui n’était
que l’écho de ses phrases. (DIDIER VAN CAUWELAERT, Double
identité, 2012) (L’expression l’un l’autre explicite le sens
réciproque qui ne serait pas clair sans celle-ci.)
”
• Verbes pronominaux subjectifs
Certains verbes pronominaux sont dits subjectifs, car ils ont un
pronom sans fonction logique, qui reflète simplement le sujet, sans
jouer aucun rôle de complément d’objet direct ou indirect :
s’en aller s’endormir se jouer de se moquer
”
• Verbes pronominaux à sens passif
On emploie fréquemment la forme pronominale dans le sens passif,
toujours sans indication d’agent (le pronom conjoint se ou s’ ne
s’analyse pas dans ce type de construction). Ces verbes
pronominaux passifs expriment une action subie par le sujet :
“ Tout s’achète et tout se vend – avec une marge ! (M ARCUS
MALTE, Le garçon, 2016)
”
3. Le nombre et les personnes
En français, il y a 3 personnes et 2 nombres.
Le verbe varie en nombre, c’est-à-dire suivant que le sujet est au
singulier ou au pluriel : je travaille, nous travaillons.
Le verbe varie aussi en personne, c’est-à-dire suivant que le sujet
désigne :
re
1° La personne ou les personnes qui parlent (1 personne) : je
travaille, nous travaillons.
2° La personne ou les personnes à qui l’on parle (2e personne) : tu
travailles, vous travaillez.
3° La personne ou les personnes de qui l’on parle, la chose ou les
e
choses dont on parle (3 personne) : elle travaille, elles travaillent.
La personne est à la fois marquée par le pronom et par la
terminaison verbale.
4. Les formes du verbe
re e e re e e
1 2 3 1 2 3 pers.
pers pers pers pers pers
. . . . .
Indicatif
Impératif
Subjonctif
Infinitif
Prése er ir oir re
nt
Participe
Passé verbes é
en -er
autres i, u,
verbes s, t
3. Les terminaisons aux différentes
personnes
re
a) 1 personne du singulier
re
La 1 personne du singulier se termine :
par -e à l’indicatif présent de tous les verbes en -er et des verbes
assaillir, couvrir (et ses dérivés), cueillir (et ses dérivés), défaillir,
offrir, ouvrir (et ses dérivés), souffrir, tressaillir ; ainsi qu’aux
temps simples du subjonctif de tous les verbes (sauf que je
sois) : je marche, j’ouvre, que je cède, que je vinsse ;
par -ai dans j’ai, ainsi qu’au futur simple de tous les verbes et au
passé simple de tous les verbes en -er : j’aimerai, je prendrai,
j’aimai ;
par -s à l’indicatif présent et au passé simple de tous les verbes
autres que les verbes en -er, ainsi qu’à l’imparfait de l’indicatif et
au conditionnel de tous les verbes : je finis, je reçois, je rends ; je
dormis, je reçus, je sentis ; je pensais, je disais ; je chanterais, je
;
croirais
par -x à l’indicatif présent de trois verbes : je peux, je vaux (et
composés), je veux. 8
Remarque
Quand il y a inversion du sujet à la première personne des verbes en -er (par
exemple, dans une phrase interrogative ou une exclamative), la finale -e
1
devient -è : Dussè-je vivre dix vies . (› Phrase interrogative)
e
La 2 personne du singulier se termine par -s (tu chantes, tu fus, tu
lirais) à l’exception de :
tu peux, tu vaux (et composés), tu veux, où l’on a un -x ;
l’impératif des verbes en -er (sauf aller) et des verbes assaillir,
couvrir (et ses dérivés), cueillir (et ses dérivés), défaillir, offrir,
ouvrir (et ses dérivés), souffrir, tressaillir, savoir, vouloir, où l’on a
un e : plante, couvre, sache.
Remarques
e
1. La 2 personne de l’impératif de aller est va.
e
2. La 2 personne du singulier de l’impératif de tous les verbes en -er, et des
verbes assaillir, couvrir, etc., prend un s final devant les pronoms en, y,
non suivis d’un infinitif :
Penses-y quand tu feras tes entretiens. (LEÏLA SLIMANI,
Chanson douce, 2016)
b) 3e personne du singulier
e
La 3 personne du singulier se termine :
Par -t : il finit, il part, il venait, il ferait.
Par -a et -c : dans il a, il va, il vainc, il convainc.
Par -e (comme pour la 1re personne) : à l’indicatif présent des
verbes en -er (sauf aller) et des verbes assaillir, couvrir, etc. (elle
envoie, elle couvre, elle offre), ainsi qu’au subjonctif présent de tous
les verbes (sauf qu’il ait, qu’il soit) : qu’il plante, qu’il tienne, qu’il
reçoive, qu’il rende.
Par -a au futur simple de tous les verbes : elle chantera, elle finira,
elle rendra et au passé simple de tous les verbes en -er : il chanta,
il alla.
Par -d à l’indicatif présent des verbes en -dre (sauf -indre, -
soudre) : elle rend, elle fond, elle mord. Mais : elle plaint, elle résout,
etc.
re
c) 1 personne du pluriel
re
La 1 personne du pluriel se termine par -ons : nous plantons, nous
suivrons, nous rendrions ; sauf au passé simple de tous les verbes et à
l’indicatif présent du verbe être, où la finale est -mes : nous eûmes,
nous planâmes, nous sommes.
e
d) 2 personne du pluriel
La 2e personne du pluriel se termine par -ez : vous avez, vous chantez,
vous lisiez, que vous veniez ; sauf au passé simple de tous les verbes
et à l’indicatif présent de être, dire, redire, faire (et composés), où la
finale est -tes : vous êtes, vous dites, vous faites.
e) 3e personne du pluriel
e
La 3 personne du pluriel se termine par -ent : ils chantent, ils
finissaient, ils suivraient ; sauf au futur simple de tous les verbes et à
l’indicatif présent de avoir, être, faire (et ses dérivés), aller, où la
finale est -ont : ils planteront, ils recevront, ils ont, ils sont, ils font, ils
contrefont, ils vont.
Remarques
1. Dans les verbes autres que les verbes en -er, on observe de fréquentes
modifications du radical :
– ten-ir, je tiendr-ai, je tiendr-ais ;
– sav-oir, je saur-ai, je saur-ais ;
– pouv-oir, je pourr-ai, je pourr-ais.
2. Dans les verbes en -re, l’e final de l’infinitif a disparu devant les
désinences -ai, – as… ou – ais, -ais… : rendre, je rendr-ai, je rendr-ais.
3. Les désinences du futur simple et du conditionnel présent ne sont autres
que les formes du présent ou de l’imparfait de l’indicatif du verbe avoir
(avons, avez, avais, avait, avions, aviez, avaient, ont été réduits à ons, ez,
ais, ait, ions, iez, aient) ; ainsi j’aimerai, j’aimerais, étaient, à l’origine :
aimer ai (c’est-à-dire j’ai à aimer), aimer ais (c’est-à-dire j’avais à
aimer).
4. Les verbes auxiliaires
Les verbes auxiliaires sont des verbes qui, dépouillant leur
signification propre, servent à former les temps composés. Les
verbes auxiliaires par excellence sont avoir et être. Avoir est le plus
fréquent :
”
Les auxilliaires être et avoir sont utilisés pour former les temps
composés et le passif en se combinant avec un participe passé.
Remarques
Le verbe être n’est pas auxiliaire :
1. Quand il relie l’attribut au sujet :
Les hommes croient toujours que ce qu’ils vivent est mortel.
Ils oublient simplement que ça fait partie de la vie. (KATHERINE
PANCOL, La valse lente des tortues, 2008) (› Verbes attributifs)
”
a) Conjugaison avec l’auxiliaire être
La conjugaison du verbe être est présentée en annexe. (› Tableau
verbe être)
Se conjuguent avec être :
9
1° Tous les temps des verbes au passifs :
“ Je suis hanté par cette scène que je lui fis. (A LBERT COHEN,
Le livre de ma mère, 1954)
”
2° Les temps composés de tous les verbes pronominaux :
”
3° Les temps composés de quelques verbes intransitifs exprimant,
pour la plupart, un mouvement ou un changement d’état :
”
b) Conjugaison avec l’auxiliaire avoir
La conjugaison du verbe avoir est présentée en annexe. (› Tableau
verbe avoir)
Se conjuguent avec avoir :
1° Les verbes avoir et être : j’ai eu, j’ai été.
2° Tous les verbes transitifs (directs ou indirects) :
“ Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant. Et cette fois, sans
se soulever, l’Arabe a tiré son couteau qu’il m’a présenté
dans le soleil. (ALBERT CAMUS, L’étranger, 1942)
”
3° La plupart des verbes intransitifs :
“ Elle parlé de ce dîner. (VIRGINIE DESPENTES, Vernon
a
Subutex 1, 2015)
”
4° Tous les verbes impersonnels proprement dits :
”
c) Cas particuliers
Avec les verbes pris impersonnellement, on emploie le même
auxiliaire que dans la conjugaison personnelle de ces verbes
(› Verbes pris impersonnellement) :
“ Je sens qu’il est arrivé un malheur à Richard. (ÉRIC-
EMMANUEL SCHMITT, La tectonique des sentiments, 2008)
”
Certains verbes intransitifs ou pris intransitivement se conjuguent
avec avoir quand ils expriment l’action – et avec être quand ils
expriment l’état résultant de l’action accomplie : Depuis lors elle a
déchu de jour en jour. vs Il y a longtemps qu’il est déchu de ce droit.
déménage
aborder cesser empirer passer
r
”
Remarques
1. La plupart de ces verbes se conjuguent avec avoir : il a changé, déchu,
embelli, grandi, vieilli… ; quand ils prennent être, c’est que le participe
passé est employé comme un simple adjectif : il est changé, déchu,
embelli, grandi, vieilli…
2. Pour plusieurs de ces verbes (descendre, monter, passer, ressusciter,
etc.), l’usage a fait prévaloir l’auxiliaire être je suis passé, monté,
descendu à six heures, sauf s’ils sont construits transitivement (J’ai
descendu vos valises).
5. Les conjugaisons
On classe les verbes en trois groupes ou conjugaisons, d’après les
terminaisons de l’infinitif présent : on distingue les verbes en -er, les
verbes en -ir et les autres verbes (principalement -oir et -re, ainsi
que quelques verbes en -ir qui ne rentrent pas dans la deuxième
conjugaison). Les deux premiers groupes contiennent des verbes
aux règles de conjugaison régulières alors que le troisième est un
groupe résiduel qui rassemble des verbes réguliers ou non.
Le but de ce classement est de parvenir à synthétiser des règles.
Conjug Fiche de
Terminaison Exemples
aison conjugaison
er verbes en -er chanter, manger, cf. ici
1
groupe rêver, etc.
e
2 groupe verbes en -ir finir, abolir, cf. ici
maigrir, obéir, etc.
e
3 groupe Autres verbes : – avoir, savoir, cf. ici
verbes en -oir pouvoir, etc.
verbes en -re – boire, conduire,
certains verbes connaitre, etc.
en -ir qui se – fleurir, mentir,
distinguent des frire, luire, revenir,
e etc.
verbes du 2
groupe.
”
C’est pour cette raison que ces deux conjugaisons sont dites
vivantes. Quant à la conjugaison en -ir (sans -iss-), en -oir ou en -
re, non seulement elle ne s’enrichit plus d’aucun verbe nouveau,
mais elle s’appauvrit peu à peu ; c’est pourquoi elle est appelée
conjugaison morte.
• Verbes en -er
Les verbes en -cer prennent une cédille sous le c devant a et o, afin
de conserver au c la même prononciation [s] qu’à l’infinitif : nous
avançons, je plaçais, il acquiesça.
Les verbes en -ger prennent un e après le g devant a et o, afin de
conserver au g la même pronociation [ʒ] qu’à l’infinitif : je partageais,
songeant, nous mangeons.
Les verbes en -eler et -eter qui ont un e muet [ə] à l’avant-dernière
syllabe de l’infinitif changent cet [ə] en [ɛ] (écrit è) devant une syllabe
10
muette : semer, je sème, je sèmerai ; j’achète, elle cisèle, tu furètes, nous
11
crochèterons, il halète .
Exceptions : appeler, j’appelle ; jeter, je jette. (› Nouvelle orthographe)
Les verbes qui ont un [e] (écrit é) à l’avant-dernière syllabe de
l’infinitif (altérer, révéler, considérer, etc.) changent cet [e] en [ɛ] (écrit è)
dans leur conjugaison, y compris au futur et au conditionnel : altérer,
12
.
j’altère, j’altèrerais
Exception : les verbes en -éer conservent l’é dans toute leur
conjugaison : créer, je crée, je créerai.
Les verbes en -yer changent le y en i devant un e muet : employer,
j’emploie, j’emploierai ; ennuyer, tu ennuies, il ennuiera.
Les verbes en -ayer peuvent conserver l’y dans toute leur
conjugaison : payer, je paye (prononcé [pɛj]) ou je paie (prononcé [pɛ]).
Les verbes en -eyer conservent toujours le y : je grasseye.
Dans les verbes qui se terminent au participe présent par -iant, -
yant (sauf avoir), -llant, -gnant, on a, aux deux premières
personnes du pluriel de l’indicatif imparfait et du subjonctif
présent un i après le radical :
Crier, cri-ant Nous criions, vous criiez, que nous criions, que
vous criiez
Rire, ri-ant Nous riions, vous riiez, que nous riions, que
vous riiez
• Verbes en -ir
Bénir a deux participes passés.
Bénit, bénite, se dit de certaines choses consacrées par une
bénédiction rituelle, mais s’emploie uniquement comme adjectif
(épithète ou attribut) :
“ Parce que mon témoignage, ça m’étonnerait qu’ils
l’accueillent comme pain bénit. (FRED VARGAS, Pars vite et
reviens tard, 2001) (Même au sens métaphorique, pain
bénit s’écrit de cette manière.)
”
Béni, bénie, s’emploie dans tous les cas où le mot n’indique pas
une bénédiction rituelle :
”
Même dans les cas où il s’agit d’une bénédiction rituelle, on emploie
béni chaque fois que le mot est appliqué à des personnes et
chaque fois qu’il est pris, non pas comme adjectif, mais comme
13
verbe :
“ Le peu d’eau qui reste est béni. (EMMANUEL CARRÈRE,
Limonov, 2011)
”
Fleurir, au sens propre, fait à l’imparfait de l’indicatif fleurissais, et
au participe présent ou adjectif verbal fleurissant :
”
Dans le sens figuré de « prospérer », il fait souvent florissait à
l’imparfait de l’indicatif, et presque toujours florissant au participe
présent ; l’adjectif verbal est toujours florissant :
“ Ces émissions florissaient à l’époque. (DOMINIQUE
COSTERMANS, Outre-Mère, 2017)
”
Haïr perd le tréma au singulier de l’indicatif présent et de l’impératif
présent : je hais [ʒəɛ], tu hais, il hait, hais.
”
Au passé simple et à l’imparfait du subjonctif, à cause du tréma,
on écrit sans accent circonflexe : nous haïmes, vous haïtes (ces
deux formes sont presque inusitées), il haït [ai] :
“ Henri haït cette cohabitation forcée avec sa femme. Puis,
par contamination, se mit à haïr Catherine elle-même. (ÉRIC-
EMMANUEL SCHMITT, Concerto à la mémoire d’un ange,
2010)
”
• Verbes en -oir et en -re
On écrit les participes passés dû, crû (de croitre), recrû (de recroitre)
avec un accent circonflexe au masculin singulier seulement :
l’honneur dû ; la rivière a crû. Mais : la somme due.
”
L’accent circonflexe sur î et û se conserve uniquement pour
distinguer des mots de sens différents dont l’écriture serait identique
sans l’accent (du pain et un dû) et dans certaines formes verbales :
passé simple (nous suivîmes, nous voulûmes), subjonctif imparfait (qu’il
suivît) subjonctif plus-que-parfait (qu’il eût suivi). On écrit donc mu,
comme les autres participes passés su, tu, vu, lu. (› Nouvelle
orthographe)
On écrit sans accent circonflexe : accru, décru, ému, indu, promu,
recru (au sens de « très fatigué, harassé »).
”
Les verbes en -indre et en -soudre ne gardent le d que devant un r,
c’est-à-dire au futur simple et au conditionnel présent (donc en
particulier, pas de d au singulier du présent de l’indicatif ou de
l’impératif) :
Peindre : je peins, tu peins, il peint ; peins ; je peindrai ; je peindrais.
Résoudre : je résous, tu résous, il résout ; résous ; je résoudrai ; je
résoudrais.
c) Conjugaisons spécifiques
• Conjugaison des verbes intransitifs qui prennent
l’auxiliaire être
Les verbes dont il s’agit ici comprennent quelques verbes intransitifs
exprimant pour la plupart un mouvement ou un changement d’état
ainsi que certains verbes intransitifs exprimant l’état résultant de
l’action accomplie.
Ils ont pour particularité de prendre l’auxiliaire être aux temps
composés. C’est par exemple le cas pour le verbe tomber :
Tomber
Indicatif Subjonctif
Impératif Gérondif
• La conjugaison impersonnelle
e
Les verbes impersonnels ne s’emploient qu’à la 3 personne du
singulier. (› Verbes impersonnels)
Indicatif
Subjonctif
Impératif
Présent : Envole-toi
Infinitif
Participe
1. L’indicatif
L’indicatif est le mode de l’action verbale considérée dans sa réalité,
dans son actualisation. Le mode de l’indicatif comporte plusieurs
temps qui permettent de situer l’action dans le présent, le passé ou
le futur ; ou de présenter une action comme simplement envisagée
(le conditionnel).
L’indicatif est le mode qui contient le plus grand nombre de temps
verbaux. Les temps sont organisés de manière symétrique : à
chaque temps simple, correspond un temps composé et un temps
surcomposé.
Les formes simples expriment l’aspect inaccompli (l’action est en
cours) et les formes composées expriment l’aspect accompli (l’action
est achevée) ou l’antériorité (l’action se passe avant) par rapport à la
forme simple correspondante.
“ Pendant
que l’homme parlait, Ibn Sina avait pris les
pulsations du malade. (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La
route d’Ispahan, 1989)
”
Temps Temps Temps
simples composés surcomposés
Présent Présent
Je trouve
“
On sera à Paris dans moins d’une heure. (MICHEL BUSSI, Un
avion sans elle, 2012) (1)
”
Remarques
1. Les formes surcomposées (il a eu fini) sont formées à l’aide de deux
auxiliaires. Elles expriment l’antériorité par rapport à la forme composée
correspondante. Pour cette raison, les formes surcomposées sont souvent
utilisées dans des propositions circonstancielles de temps.
Je suis qu’un pauvre paysan… J’ai 89 hectares de blé, mais le
blé, ça paie quoi ? Ça paie la semence. Le blé, ça a eu payé,
mais ça paie plus. (FERNAND RAYNAUD, Sketch, 1965)
a) Le présent
La valeur première du présent est d’indiquer que le fait a lieu au
moment même de l’énonciation (› Énonciation) :
”
• L’intervalle temporel que représente le présent
peut être étroit ou large
re
1° Un acte de langage doit être énoncé au présent et à la 1
personne pour être suivi d’effet. L’action qu’il décrit se réalise
dans le moment même de la parole (intervalle temporel étroit)
(› Acte de langage) :
“
par une
Je déclare solennellement ouverte l’occupation du lycée
bande de spécimens humains uniquement avides de joie,
de musique et de fête. (BERNARD WERBER, La révolution
des fourmis, 1996)
”
2° Le présent exprime un fait habituel, qui se répète (l’aspect répétitif
est indiqué par un adverbe ou par un complément circonstanciel) :
”
3° Le présent exprime un fait permanent que nous pouvons, au
moment où nous nous plaçons, regarder comme présent ; c’est le
cas des faits d’expérience (1), des définitions (2) ou des maximes
(3) :
“
La Terre tourne toujours dans le même sens et à la même
vitesse. (PIERRE LEMAITRE, Cadres noirs, 2010) (1)
”
• Un énoncé au présent peut se situer dans
le passé ou dans le futur
1° Le présent est utilisé pour exprimer un fait situé dans un passé
récent ou dans un futur proche :
“
Mais nous ne pouvons, dans l’immédiat, développer ce
point vu qu’une actualité plus urgente nous mobilise : nous
apprenons à l’instant, en effet, la disparition tragique de
Delahaye. (JEAN ECHENOZ, Je m’en vais, 1999) (Passé
récent.)
”
2° Dans une subordonnée conditionnelle introduite par si, avec un
verbe au futur dans la principale, le présent situe l’action verbale
dans le futur :
“
Si j’échoue, j’irai dans un couvent ! (HONORÉ DE BALZAC, Le
père Goriot, 1835)
”
3° Le présent exprime un fait passé qu’on présente comme s’il était
en train de se produire au moment où l’on parle : c’est le
« présent historique » employé pour donner l’impression qu’on
voit l’action se dérouler maintenant.
“
Entre 1914 et 1916, en pleine guerre mondiale, éclate une
nouvelle passée inaperçue sous le fracas des bombes :
Einstein annonce la fin du règne de Newton et la naissance
d’une nouvelle théorie de la gravitation universelle, baptisée
relativité générale. (JEAN D’ORMESSON, C’est une chose
étrange à la fin que le monde, 2010)
”
b) Le passé composé
• Valeur générale
En général, le passé composé exprime un fait passé, achevé au
moment où l’on parle (accompli), et que l’on considère comme relié
au présent. Parfois le fait a eu lieu dans une période non encore
entièrement écoulée, parfois il a une suite ou des résultats dans le
présent.
“
J’ai lu tous les livres d’anatomie, de biologie, de psychologie
et même d’astrologie. J’ai beaucoup lu et j’ai opté pour le
bonheur. La souffrance, le malheur de la solitude, je m’en
débarrasse dans un grand cahier. En optant pour la vie, j’ai
accepté l’aventure. (TAHAR BEN JELLOUN, L’enfant de sable,
1986)
”
Remarque
En ancien français, une phrase comme j’ai lu un livre avait la valeur de « j’ai
[maintenant] un livre lu » c’est-à-dire « je suis [maintenant] dans la situation
d’avoir lu un livre ». De là vient le lien du participe passé avec le présent de
l’énonciation.
”
Pour marquer la succession des actions dans un récit, le passé
composé a largement remplacé le passé simple, dans le style parlé
et écrit. Albert Camus a popularisé cet emploi du passé composé
comme temps du récit roma- nesque :
“
C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle
épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute
son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est
tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a
cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le
bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a
commencé. (ALBERT CAMUS, L’étranger, 1942)
”
• Valeurs particulières
Dans des emplois particuliers, le passé composé exprime :
1° l’achèvement d’une action, en mettant en avant le caractère
accompli de l’action (son aspect) plutôt que sa valeur passée (sa
temporalité).
“
Quand le chat est parti, les souris dansent. (Proverbe)
”
2° un fait répété ou habituel :
”
3° un fait non accompli, mais présenté comme s’il l’était déjà (c’est la
valeur du futur antérieur) :
“
J’ai fini dans une seconde. (DANIEL PENNAC, Au bonheur des
ogres, 1985) (= J’aurai fini dans une seconde.)
”
4° un fait potentiel à venir, après si marquant l’hypothèse, le verbe
principal étant au futur :
”
c) L’imparfait
• Valeur générale
L’imparfait montre généralement une action en train de se dérouler
dans le passé, sans montrer le début ni la fin de cette action.
L’imparfait s’oppose au passé simple et au passé composé en ce
qu’il montre l’action non achevée (inaccomplie) et peut en exprimer
la durée :
“ Je passai de pénibles vacances. Je me traînais à travers les
châtaigneraies et je pleurais. Je me sentais absolument seule
au monde. Cette année, ma sœur m’était étrangère. J’avais
exaspéré mes parents par mon attitude agressivement
austère ; ils m’observaient avec méfiance. (SIMONE DE
BEAUVOIR, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
”
L’imparfait permet de montrer, dans le passé, plusieurs actions se
déroulant ensemble, ou plusieurs états existant ensemble. C’est
pourquoi il convient à la description.
“
Le soleil tombait presque d’aplomb sur le sable et son éclat
sur la mer était insoutenable. Il n’y avait plus personne sur la
plage. Dans les cabanons qui bordaient le plateau et qui
surplombaient la mer, on entendait des bruits d’assiettes et de
couverts. On respirait à peine dans la chaleur de pierre qui
montait du sol. (ALBERT CAMUS, L’étranger, 1942)
”
• Valeurs temporelles particulières
Dans des emplois temporels particuliers, l’imparfait peut marquer :
1° un fait permanent ou habituel (qui se répète) dans le passé :
“
Entre les deux repas il s’écoulait parfois trois heures, parfois
cinq. (JACQUELINE HARPMAN, Moi qui n’ai pas connu les
hommes, 1995)
”
2° un fait qui a eu lieu à un moment précis du passé :
”
• Valeurs modales
L’imparfait a des valeurs modales (expression d’une attitude du
locuteur), qui ne portent pas nécessairement sur une action passée.
1° L’imparfait sert à accomplir un acte de langage (requête,
demande) d’une manière atténuée, afin de ne pas offenser son
interlocuteur par un ton trop direct. (› Acte de langage)
”
2° L’imparfait, dans une subordonnée introduite par si traduit un fait
présent ou futur envisagé comme possible.
“ Les larmes d’Élisa redoublèrent ; elle lui dit que si sa
maîtresse le lui permettait, elle lui conterait tout son
malheur. (STENDHAL, La chartreuse de Parme, 1839)
”
d) Le passé simple
Le passé simple exprime un fait passé dont le déroulement a pris fin
(accompli) ; il ne marque aucunement le contact que ce fait, en lui-
même ou par ses conséquences, peut avoir avec le présent :
”
Comme il montre l’action accomplie, le passé simple permet de faire
voir plusieurs actions dans leur succession et de faire apparaitre la
progression des évènements. Il convient particulièrement à la
narration de faits passés : c’est le temps typique du récit littéraire.
“
Eva s’était replongée dans l’étude de la carte. Elle se déplaça
le long de la grande table pour aller observer les trois cartes
géologiques correspondant aux zones que Racagnal avait
l’intention d’aller explorer. Elle revint dans le petit bureau et
s’assit devant l’ordinateur. Elle écrivit quelque chose, regarda
l’écran, décrocha son téléphone et se mit à parler anglais
avec son interlocuteur. (OLIVIER TRUC, Le dernier Lapon,
2012)
”
Il arrive fréquemment que, dans un récit, on interrompe le
déroulement des actions pour montrer un élément d’arrière-plan
(décor, action secondaire) ; on passe donc du passé simple à
l’imparfait.
”
e) Le passé antérieur
Le passé antérieur est propre à la langue écrite. Il exprime un fait
passé entièrement achevé (accompli) au moment où un autre fait
passé a commencé. Le passé antérieur s’emploie presque
exclusivement dans des propositions subordonnées temporelles
(quand, lorsque, dès que, etc.) et avec un passé simple dans la
principale (parfois avec un passé composé, ou un imparfait, ou un
plus-que-parfait) :
“ Mon rein guérit. Dès que la fièvre m’eut quitté, je fus placé sur
un brancard et transporté dans un compartiment spécial à
Bordighera, en Italie, où le soleil de la Méditerranée fut
invité à me prodiguer ses soins. (ROMAIN GARY, La
promesse de l’aube, 1960) (La forme fut invité n’est pas un passé
antérieur, mais un passé simple à la forme passive.)
”
Remarque
Le passé antérieur s’utilise parfois dans des phrases indépendantes
exprimant une action faite rapidement ; dans cet emploi, il est accompagné
d’un complément de temps : bientôt, vite, etc. :
Le révérend comprit que le terrain était bon. Huit jours plus
tard, il eut converti Judith, quinze autres plus tard, épousée.
Leur bonheur fut bref. (MARCEL AYMÉ, Le passe-muraille, 1943)
f) Le plus-que-parfait
”
La valeur d’antériorité est surtout perceptible lorsque le plus-que-
parfait est utilisé dans une proposition subordonnée décrivant une
action qui commence ou se termine avant celle de la principale.
“ Comme elle avait été reçue un mois plus tôt à son certificat
d’études, son père et sa mère lui avaient acheté un bracelet-
montre, une bague en argent et une paire de souliers à
talons hauts. (MARCEL AYMÉ, Les contes du chat perché,
1939) (La forme avait été reçue est un plus-que-parfait à la forme passive.)
”
• Valeurs modales
Le plus-que-parfait est utilisé avec des valeurs modales (expression
d’une attitude du locuteur).
1° Pour exprimer une demande d’une manière atténuée, polie :
”
2° Pour exprimer un fait irréel situé dans le passé, après si (le verbe
principal étant au conditionnel passé) :
”
g) Le futur simple
• Valeurs temporelles
Le futur simple sert, en général, à exprimer un fait à venir :
“ Tout à l’heure, après les ablutions rituelles, il sera vêtu pour
la dernière fois de blanc. Des hommes le porteront sur leur
tête sur une confortable civière en bois de cèdre et iront
l’enfouir dans la terre humide. La terre se refermera pour
l’éternité sur Sidi Mohammed ben Tahar, le coiffeur. (AHMED
SEFRIOUI, La boîte à merveilles, 1954)
”
Pour exprimer une action à venir, le futur simple est concurrencé par
trois autres formes (› Présent à valeur de futur proche) :
le présent de l’indicatif : j’arrive immédiatement (1) ;
l’auxiliaire aller suivi d’un verbe à l’infinitif (je vais partir),
formulation qui présente l’action comme imminente (d’où
l’appellation futur proche) (2) ;
les auxiliaires modaux pouvoir et devoir suivis d’un infinitif
présentent une action comme possible ou nécessaire ; l’action
est également envisagée dans le futur (3).
”
• Valeurs modales
Lorsqu’il exprime une valeur modale et non plus temporelle, le futur
simple peut marquer :
1° une promesse ou une menace que le locuteur fait en utilisant la
1re personne :
”
2° un ordre, un souhait ou une injonction, dont on veut atténuer le
caractère impératif (› L’impératif) :
“
Les travaux ne sont pas encore complètement terminés et
je vous prierai d’excuser la gêne occasionnée par ces
retards. (BERNARD WERBER, La révolution des fourmis,
1996)
”
h) Le futur antérieur
• Valeur temporelle
Le futur antérieur exprime un fait qui sera accompli dans un moment
à venir, parfois précisé par un repère temporel (une date).
“ Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas
morte. Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire
classée et tout aura revêtu une allure plus officielle. (ALBERT
CAMUS, L’étranger, 1942)
”
Le futur antérieur peut également marquer qu’un fait sera accompli
avant un autre fait (antériorité), tous les deux situés dans l’avenir.
“ Quand ils auront envahi nos villages, ils pourront avancer sur
la grande ville. Ils tueront nos femmes. (LARRY TREMBLAY,
L’orangeraie, 2013)
”
Dans un emploi modal (expression d’une attitude du locuteur), le
futur antérieur peut exprimer un fait passé que l’on présente comme
possible ou probable. Cet emploi sert à marquer la supposition ou
diverses nuances affectives :
“ Il aura cru voir en moi une âme basse, il aura pensé que je ne
répondais pas à son salut parce qu’il est prisonnier et moi
fille du gouverneur. (STENDHAL, La chartreuse de Parme,
1839)
Mais elle reste sans bouger, elle aura marché vers son fils et
lui n’est pas là, elle va abandonner, elle ne le trouvera pas,
maintenant elle le sait. (LAURENT MAUVIGNIER, Continuer,
2016)
”
i) Le conditionnel présent
Le conditionnel a une valeur modale et une valeur temporelle.
• Valeur modale
Dans sa valeur modale, le conditionnel envisage une action verbale
avec une forte incertitude. Il peut marquer :
1° un fait futur dont l’accomplissement dépend d’une condition
présentée comme possible (sens « potentiel ») :
“
Si j’étais sûre que vous soyez tous deux bien sages [et cela
sera peut-être, mais je n’en sais rien], dit Mme de Réan, je
vous permettrais d’aller seuls. (COMTESSE DE SÉGUR, Les
malheurs de Sophie, 1858)
”
2° un fait présent soumis à une condition non réalisée (sens
« irréel ») :
”
Remarque
Le conditionnel se trouve aussi dans deux phrases juxtaposées, la première
exprimant la condition ; il s’agit d’un phénomène de parataxe. (› Parataxe)
Je serais vous, les gars, je ferais gaffe. (EMMANUEL CARRÈRE,
Limonov, 2011)
”
2° pour atténuer l’expression d’un souhait ou d’une volonté :
“ Je voudrais bien y aller moi aussi, repeindre la ville en rouge,
il l’a compris. (CATHERINE POULAIN, Le grand marin, 2016)
”
• Valeur temporelle
Le conditionnel présent (autrefois appelé futur du passé) exprime un
fait futur par rapport à un moment du passé. Il est utilisé dans des
propositions subordonnées, selon les règles de concordance des
temps (› La concordance des temps) :
”
• Valeur modale
Comme le conditionnel présent, le conditionnel passé marque une
action verbale qui ne s’est pas réalisée (1) ; cette action est parfois
assortie d’une condition (proposition conditionnelle ou hypothétique)
qui, elle non plus, ne s’est pas réalisée (sens « irréel ») (2,3).
”
Dans ses autres emplois, le conditionnel passé est utilisé :
1° pour atténuer une affirmation concernant un fait du passé dont
l’énonciateur n’est pas sûr qu’il soit vrai :
“ Rainer Maria Rilke (1875-1926), écrivain autrichien. Il serait
mortà la suite d’une piqûre de rose. (JEAN-LOUIS FOURNIER,
Ma mère du Nord, 2015)
”
2° pour atténuer l’expression d’un souhait ou d’une volonté, de
manière plus marquée qu’avec le conditionnel présent :
”
• Valeur temporelle
Le conditionnel passé permet de transposer le futur simple après un
verbe principal au passé. Cette valeur temporelle est souvent
assortie de la valeur modale du conditionnel.
“ Voltaire en avait envoyé le manuscrit à la duchesse de La
Vallière, qui lui fit répondre qu’il aurait pu se passer d’y
mettre tant d’indécences, et qu’un écrivain tel que lui n’avait
pas besoin d’avoir recours à cette ressource pour se
procurer des lecteurs. (VOLTAIRE, Candide, Préface de
l’éditeur, 1759)
”
Remarque
Le subjonctif plus-que-parfait peut avoir le sens du conditionnel passé :
Dante eût cru voir les sept cercles de l’enfer en
marche. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862) (Avec la valeur
modale de aurait cru.)
2. Le subjonctif
Le subjonctif exprime, en général, un fait envisagé dans la pensée,
avec une attitude particulière du locuteur (le souhait que quelque
chose se passe, le regret que quelque chose se soit passé, etc.).
L’action verbale peut être réelle (1) ou non (2).
“ Il regrettait que son mouvement d’humeur lui ait
échappé. (ALEXIS JENNI, La nuit de Walenhammes, 2015) (1)
”
Il existe quatre temps du subjonctif en français. Dans le style parlé
comme à l’écrit, on emploie principalement le subjonctif présent et le
passé. L’imparfait et le plus-que-parfait, employés couramment en
français classique (au XVIIe siècle), sont aujourd’hui réservés à
l’usage littéraire ou recherché.
Présent
Temps que je trouve
simples Imparfait
que je trouvasse
Passé
Temps que j’aie trouvé
composés Plus-que-parfait
que j’eusse trouvé
• Valeurs modales
Le subjonctif, dans une proposition indépendante, peut exprimer :
1° un ordre ou une interdiction (en phrase négative) ; le subjonctif
est utilisé à la 3e personne et est introduit par que :
”
2° un souhait (avec ou sans que) :
Dieu vous bénisse, que tout aille pour le mieux. (ADRIEN BOSC,
Constellation, 2004)
”
3° hypothèse : dans deux propositions juxtaposées, la première au
subjonctif et introduite par que équivaut à une subordonnée
hypothétique introduite par si ;
”
Remarque
La conjonction que introduisant les propositions indépendantes au subjonctif
est une marque du subjonctif ; elle ne porte pas de sens.
”
2° Le subjonctif du verbe vivre (vive) est utilisé dans les expressions
exclamatives Vive la vie ! Vive les vacances ! ou Vivent les vacances !
Le verbe devient un marqueur d’exclamation et ne varie plus, ce
qui explique que la forme au singulier puisse introduire un groupe
nominal pluriel. L’usage accepte les deux formes vive et vivent
devant un nom pluriel.
”
3° Le subjonctif présent du verbe être (la forme soit, avec le sens
« supposons que cette chose soit ») est utilisé pour introduire les
éléments d’un problème (1), l’explication de ce qui vient d’être dit
(2), les protagonistes d’une histoire (3), etc. Son caractère figé
explique que la forme au singulier soit la seule utilisée.
”
b) Le subjonctif dans les propositions
subordonnées
C’est principalement dans les propositions subordonnées que le
14
subjonctif est utilisé . (› La concordance des temps )
”
2° dans une proposition subordonnée complément d’un verbe de
forme impersonnelle marquant (› Prop. sub. séquence de
l’impersonnel) :
la nécessité, la possibilité, le doute, l’obligation ou une dimension
subjective (crainte, contentement, etc.) :
“ Il faut que Joseph me tienne la main ! (M ARCEL PAGNOL, La
gloire de mon père, 1957)
”
la certitude ou la vraisemblance dans une phrase négative,
interrogative ou au conditionnel.
”
3° dans une proposition subordonnée complément de verbes
d’opinion, de déclaration ou de perception, dans une phrase
négative, interrogative ou au conditionnel :
”
4° dans une proposition subordonnée complément de verbes
exprimant la volonté, le doute ou un sentiment du locuteur :
“ Solange craignait que la victoire ne soit trop aisée. (A DELAÏDE
DE CLERMONT-TONNERRE, Fourrure, 2010)
”
5° dans une proposition subordonnée complément d’objet direct du
verbe, introduite par que et mise en tête de la phrase avant la
principale :
“ Que Pierre soit tombé de haut, qu’il ait pâli sous le choc et se
soit soudain senti mal ou qu’il ait pris cette imposture pour
une coquetterie de femme pauvre et qui veut se grandir,
qu’il en ait souri en hochant la tête, nul n’en saura jamais rien.
(GUY GOFFETTE, Elle, par bonheur, et toujours nue, 1998)
(› Prop. sub. attribut)
”
6° dans une proposition subordonnée attribut, complément du nom
ou complément de l’adjectif, si elle exprime un fait envisagé dans
la pensée.
“ Aujourd’hui, son unique désir serait que sa femme sache
combien son amour est intact. (LÉONORA MIANO, La saison
de l’ombre, 2013) (La proposition subordonnée est attribut du sujet.)
(› Prop. sub. complément du nom ou de l’adjectif)
”
• Le subjonctif dans les propositions
subordonnées relatives
Le subjonctif s’emploie dans la subordonnée relative complément du
nom ou du pronom (› Prop. sub. relatives) :
1° marquant un but à atteindre, une conséquence ;
”
2° ayant un antécédent accompagné d’un superlatif relatif ou de le
seul, l’unique, etc. ;
“ Elle est la seule femme qui ait trouvé la patience de m’aimer
et de me ramener à la vie. (KAMEL DAOUD, Meursault,
contre-enquête, 2014)
”
3° dépendant d’une proposition principale négative, interrogative ou
conditionnelle, si la proposition subordonnée relative exprime un
fait envisagé simplement dans la pensée.
”
• Le subjonctif dans les propositions
subordonnées circonstancielles
Le subjonctif s’emploie dans les propositions circonstancielles :
1° marquant le temps et introduites par avant que, en attendant que,
jusqu’à ce que ; (› Prop. sub. de temps)
”
2° marquant une cause qu’on rejette, introduites par non que, non
pas que, ce n’est pas que ;
”
3° marquant le but ; (› Prop. sub. de but)
”
4° marquant la conséquence après une proposition principale
négative ou interrogative, ou après assez pour que, trop pour que,
trop peu pour que, suffisamment pour que, sans que, ou encore
quand la subordonnée exprime un fait qui est à la fois une
conséquence et un but à atteindre ; (› Prop. sub. de
conséquence)
“ Nous étions tout simplement trop nombreux pour que maman
puissemontrer son attachement à chacun de nous. (FAWZIA
ZOUARI, Le corps de ma mère, 2016)
”
5° marquant la condition (ou la supposition) et introduites par une
locution conjonctive composée à l’aide de que (en admettant que,
supposé que, pourvu que, etc.) ; (› Prop. sub. conditionnelles)
”
Remarque
Le subjonctif a été utilisé couramment dans les propositions conditionnelles,
e
y compris avec si, jusqu’au XVI siècle. Il a ensuite été remplacé par l’indicatif
(dans la subordonnée) et par le conditionnel (dans la proposition principale).
On trouve encore dans la langue classique ou recherchée l’usage du
subjonctif pour marquer une action verbale fictive (irréelle) dans le passé.
Eût-il vécu, mon père se fût couché sur moi de tout son long
et m’eût écrasé. (JEAN-PAUL SARTRE, Les mots, 1964) (Dans la
langue courante : S’il avait vécu, mon père se serait couché
sur moi de tout son long et m’aurait écrasé.)
6° marquant la concession (ou l’opposition) (› Prop. sub. de
concession) :
”
3. L’impératif
• Valeur modale
L’impératif est, d’une façon générale, le mode de l’injonction ; c’est
sa valeur modale. Il permet au locuteur d’exprimer un ordre (1), un
encouragement (2) ou de demander une faveur (3). À la forme
négative (4), l’impératif marque une interdiction :
”
e
L’impératif se conjugue principalement à la 2 personne, du singulier
ou du pluriel, ce qui s’explique par le fait qu’il est énoncé pour agir
sur le comportement du destinataire. À la 1re personne du pluriel,
l’impératif exprime une injonction qui concerne également le
locuteur :
”
• Valeurs particulières
Dans des emplois particuliers, l’impératif peut exprimer :
1° une demande polie si on utilise l’impératif du verbe modal
vouloir suivi d’un infinitif :
”
2° la supposition : dans deux phrases juxtaposées, la première
phrase à l’impératif est équivalente à une subordonnée
conditionnelle introduite par si.
“ Ôtez leurs grands pieds, leurs godillots de plomb aux
figurines d’Alberto Giacometti, ce n’est plus rien. (Texte dit
par FRANCIS PONGE dans le film de LUC GODEVAIS, À propos
de Giacometti, 1970) (Si vous ôtez leurs grands pieds…)
”
Remarque
Certaines formes à l’impératif, comme voyons ou allez, se sont figées. Elles
n’expriment plus un ordre mais sont utilisées comme des marques de la
subjectivité (du locuteur) ou de l’intersubjectivité (sa relation à l’interlocuteur).
Dans cet usage, l’impératif est détaché du reste de la phrase par une virgule
et il fonctionne comme un marqueur (ou connecteur) de discours.
(› Connecteur de discours)
Allons, allons, faites votre droit, et n’en parlons plus. (GUY
GOFFETTE, Elle, par bonheur, et toujours nue, 1998)
4. L’infinitif
L’infinitif est un mode non personnel : il ne varie ni en personne ni en
nombre. Il exprime simplement l’idée de l’action, sans faire connaitre
si l’action est réelle ou non. On distingue l’infinitif présent (croire,
naitre) et l’infinitif passé, moins usité (avoir cru, être né). (› Proposition
infinitive)
L’infinitif est utilisé comme verbe dans la proposition infinitive, où il
sélectionne un sujet et appelle un ou plusieurs compléments (1) ; il
peut aussi, en gardant un sens verbal, être employé dans les
fonctions ordinairement remplies par le groupe nominal, sans
nécessairement être précédé d’un déterminant (2) ; enfin, lorsque
l’infinitif est substantivé, il est précédé d’un déterminant et devient un
nom (3,4).
”
• Emploi verbal de l’infinitif
C’est surtout dans la proposition infinitive et dans la proposition
subordonnée interrogative indirecte que l’infinitif s’emploie comme
verbe.
L’infinitif se trouve aussi avec la valeur d’une forme personnelle dans
certaines phrases indépendantes.
1° L’infinitif d’interrogation, dont le sujet non exprimé peut être le
locuteur ou un sujet indéfini :
”
2° L’infinitif exclamatif, qui exprime un sentiment vif, peut avoir un
sujet exprimé par un pronom personnel tonique (moi, vous) ou se
construire sans sujet :
“ Vous, la présidente Tourvel ! mais quel ridicule
avoir
caprice ! (CHODERLOS DE LACLOS, Les liaisons
dangereuses, 1782)
”
3° Dans une narration, l’infinitif permet d’enchainer sur les propos
d’un personnage pour décrire ses actions. On parle d’un « infinitif
de narration », qui fait progresser le récit. Cet infinitif a un sujet
propre, qui est donné par le contexte ; il est introduit par de et est
souvent précédé de et pour faire le lien avec ce qui précède :
“
Mazet : On est là. Et de redescendre donner la main aux
pompiers qui s’activent autour de l’éruption. (DANIEL PENNAC,
Monsieur Malaussène, 1995)
”
4° L’infinitif impératif permet d’exprimer un ordre ; il remplace
l’impératif pour exprimer une injonction très générale (ne pas se
pencher, ne pas entrer), dans un proverbe (1) ou dans une liste
d’instructions (2) ; il peut aussi exprimer une injonction que le
locuteur s’adresse à lui-même (3).
”
Remarque
Hors de ces emplois, la phrase se construit avec un verbe conjugué en
personne et en nombre, qui s’accorde avec le sujet. Les emplois où ce n’est
pas le cas ne sont pas admis par l’usage : ils permettent à un auteur de faire
sentir que le locuteur a une maitrise imparfaite des règles grammaticales.
Quand lama fâché lui toujours faire ainsi. (HERGÉ, Tintin et le
temple du soleil, 1969)
”
la modalité avec devoir (obligation ou probabilité) ou pouvoir
(possibilité, permission) ;
”
l’aspect causatif (ou factitif), ce qui cause l’action verbale.
“ Il bouscula alors une jeune femme et fit tomber son
livre. (DAVID FOENKINOS, Les souvenirs, 2013)
”
Deux auxiliaires, y compris être et avoir utilisés comme auxiliaires
temporels, peuvent se combiner devant un infinitif :
”
• Emploi nominal de l’infinitif
L’infinitif peut remplir toutes les fonctions du groupe nominal. Il
conserve en partie sa valeur verbale, car il peut avoir des
compléments, mais remplit les mêmes fonctions syntaxiques qu’un
groupe nominal :
e
1° sujet : le verbe principal s’accorde à la 3 personne ;
“ Verser son sang est aussi admirable que verser sa sueur est
innommable. (AMÉLIE NOTHOMB, Stupeur et tremblements,
1999)
”
2° séquence d’une construction ou d’un verbe impersonnel ;
”
3° attribut du sujet ;
”
4° complément d’objet direct ou indirect ; (› Proposition subordonnée
infinitive)
“ Il renonce à avancer et se laisse tomber sur un
banc. (CATHERINE POULAIN, Le grand marin, 2016)
”
5° complément circonstanciel introduit par une préposition ;
“ J’ai déjà posé le pied dans le caniveau pour aller y voir, mais
un long hurlement de femme me saisit le sang comme une
flamme de chalumeau. (DANIEL PENNAC, La fée carabine,
1987)
”
6° construction détachée ou en apposition (› Phrase avec
détachement) ;
”
7° complément du nom ou de l’adjectif.
“ Ils imitaient James Dean, la fureur de vivre, le mal du gringo,
il ne leur manquait que d’aller en Californie pour être des
Californiens. (BOUALEM SANSAL, Rue Darwin, 2011)
”
5. Le participe
Le participe est un mode impersonnel du verbe, comme l’infinitif. Il
fonctionne à la fois comme un verbe, qui peut avoir un sujet et des
compléments, et comme un adjectif, qui peut compléter un nom ou
être attribut du sujet, et s’accorder en genre et en nombre. On
distingue le participe présent (riant) et le participe passé (ri, ayant ri).
(› Accord du participe)
”
a) Le participe présent et l’adjectif
verbal
Le participe présent est employé tantôt comme forme verbale (1)
tantôt comme adjectif (2).
”
• Distinguer le participe présent de l’adjectif verbal
Quatre propriétés distinguent le participe présent, employé comme
verbe, de l’adjectif verbal, employé comme adjectif.
Participe présent Adjectif verbal
”
Remarque
Il existe une construction particulière du participe présent : il s’agit du verbe
aller suivi de la forme en -ant précédée (1) ou non (2) de la préposition en.
Ce tour sert à marquer la continuité, la progression de l’action :
Il n’empêche qu’un certain malaise était attaché à ces
cavernes artificielles, malaise qui allait augmentant à mesure
que je m’enfonçais plus avant sous la roche. (SIMON LIBERATI,
Les rameaux noirs, 2017) (1)
”
Le participe présent est invariable, il ne s’accorde pas avec le nom
qui lui sert de sujet :
“ Ainsi que le voulait la coutume, les trompettes annonçant le
début de la bataille sonnèrent au-dessus de la
plaine. (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La route d’Ispahan,
1989)
”
Remarque
Le participe présent est variable dans certaines expressions figées, selon
l’usage ancien où il pouvait s’accorder : les ayants-cause, les ayants-droit,
toutes affaires cessantes, cinq heures tapantes, etc.
”
2° elle est suivie d’un adverbe qui la modifie :
”
3° il s’agit d’un verbe pronominal :
“ Les visages des orphelins se bousculant derrière le grillage
qui entourait l’institution lui apparaissaient
difformes. (LILIANA LAZAR, Enfants du diable, 2016)
”
4° elle a un complément d’objet direct ou indirect :
”
Remarque
L’adjectif verbal peut aussi avoir un complément, mais l’adjectif verbal
n’exprime pas une action, à la différence du participe présent : une scène
intéressante à regarder, un produit ni plaisant à l’œil ni séduisant au
goût, etc.
”
6° elle forme une proposition participiale, qui traditionnellement
exprime un sujet propre (› Proposition participiale) :
“ Gilbert fit brûler l’église de
voulant se venger de Charles
Combray. (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann,1913)
”
• Le gérondif
Lorsque le participe présent est précédé de la préposition en, c’est
un gérondif. Le gérondif a les mêmes caractéristiques verbales que
le participe présent (il peut être nié, construire des compléments,
etc.), et les mêmes valeurs de temps et d’aspect (il marque une
action verbale en cours de réalisation). Le gérondif peut être
précédé de tout (tout en marchant) :
”
Le gérondif est employé comme complément circonstanciel (de
temps, de cause, de manière, de condition, etc.) ; il équivaut à un
groupe adverbial.
”
• L’adjectif verbal (forme adjective)
L’adjectif verbal a la valeur d’un adjectif qualificatif et s’accorde en
genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte ; c’est la
raison pour laquelle il s’appelle adjectif verbal :
“ Glissez, glissez, brises errantes,
Changez en cordes murmurantes
La feuille et la fibre des bois. (ALPHONSE DE LAMARTINE, La
chute d’un ange, 1838)
”
En général, l’adjectif verbal a un sens actif : murmurante (= qui
murmure), luisante (= qui luit). Il a parfois un sens passif ou réfléchi :
une couleur voyante (= qui est vue), une personne bien portante (= qui se
porte bien), une place payante (= qui est payée). Parfois il n’est ni actif
ni passif, et a développé un sens spécialisé : une rue passante (= où
passe du monde), une soirée dansante (= où l’on danse).
Un certain nombre d’adjectifs verbaux se distinguent des participes
présents correspondants par l’orthographe :
Adjectif Participe Adjectif Participe
verbal présent verbal présent
-ent -ant -quant -cant
délégant déléguant
divagant divaguant
extravagant extravaguant
intrigant intriguant
fatigant fatiguant
navigant naviguant
zigzagant zigzaguant
”
Remarques
1. Certains participes présents ont été convertis en noms (un débutant, un
combattant, du courant, un faux-semblant, un mourant, un passant,
etc.) (› La conversion) :
Le célébrant avança alors vers les amoureux, leur fit joindre
les mains puis les saisit entre les siennes, les enfermant
comme les valves d’un coquillage. (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT,
Plonger, 2013)
2. Il y a parfois une différence de graphie entre l’adjectif verbal (ou le
participe présent) et le nom correspondant : un excédent (adj. verb.
excédant), un fabricant (part. prés. fabriquant), un président (part. prés.
présidant), un résident (adj. verb. résidant). Le nom différend
(= désaccord, querelle) s’oppose à la fois à l’adjectif (différent) et au
participe présent (différant).
Entre la vie et lui, il y avait un vieux différend. (PIERRE
LEMAITRE, Travail soigné, 2006)
”
2° quand elle est précédée d’un adverbe (autre que l’adverbe de
négation ne) qui la modifie :
”
Remarque
Il peut y avoir une ambigüité de statut entre le participe présent et l’adjectif
verbal lorsque la forme en -ant est suivie d’un complément d’objet indirect ou
15
d’un complément circonstanciel. On admettra alors l’un et l’autre emploi .
La fillette, obéissant à sa mère, alla se coucher. (= Emploi comme
participe présent.)
La fillette, obéissante à sa mère, alla se coucher. (= Emploi comme
adjectif verbal.)
J’ai recueilli cette chienne errant dans le quartier. (= Emploi comme
participe présent.)
J’ai recueilli cette chienne errante dans le quartier. (= Emploi comme
adjectif verbal.)
b) Le participe passé
Le participe passé peut être regardé tantôt comme une forme
verbale (1), tantôt comme un adjectif (2). À la différence du participe
présent, il est variable en genre et en nombre. (› Accord du participe)
“ Pour finir, ils étaient arrivés au bord du fleuve. Ils avaient
abandonné leur fourgonnette et étaient descendus sur la piste
cyclable. Ils avaient marché vers l’aval, en silence, scrutant
les eaux quasi immobiles, impénétrables, qui réverbéraient
la lumière du maigre soleil soudain apparu. (ARMEL JOB, Tu
ne jugeras point, 2009) (1)
”
Le participe passé possède une forme simple (lu, parti) et une forme
composée (ayant lu, étant parti).
”
L’auxiliaire être suivi d’un passé composé sert à former le passif des
verbes transitifs (› Forme passive) :
”
Le participe passé se trouve aussi employé seul (1) ; accompagné
d’un sujet propre, il peut former une proposition subordonnée
participiale (2) (› Proposition subordonnée participiale) :
“ Des mères arrivèrent, une d’abord, suivie rapidement par
une seconde. (HEDWIGE JEANMART, Blanès, 2015) (1)
Albertine partie,
je me rappelai que j’avais promis à Swann
d’écrire à Gilberte et je trouvai plus gentil de le faire tout de
suite. (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922) (2)
”
• Valeur adjectivale du participe passé
Le participe passé ayant la valeur d’un adjectif qualificatif peut être
épithète d’un nom (1), apposé (2), attribut du sujet (3) ou du
complément d’objet direct (4) (› Adjectif qualificatif) :
“ Leur attitude énergique et résolue avait disparu, ils avaient
maintenant un air emprunté et vaguement coupable. (PIERRE
LEMAITRE, Trois jours et une vie, 2016) (1)
Elle est belle, elle est drôle, elle est désespérée. (YASMINA
REZA, Heureux les heureux, 2013) (3)
”
Remarques
1. Le participe passé employé comme adjectif a généralement le sens passif
(un directeur respecté) et parfois actif (une femme réfléchie = qui
réfléchit).
2. Le participe dit se soude avec l’article défini pour désigner, généralement
dans les procédures et documents administratifs, les personnes ou les
choses dont on a parlé : ledit preneur, ladite maison, audit lieu.
Khaled doit demander audit Mario de se rendre le même soir
dans une cabine téléphonique publique de Montrouge où
Yacef l’appellera, à 22 heures précises. (MORGAN SPORTÈS,
Tout, tout de suite, 2011)
”
CHAPITRE 6
L’adverbe
1. Généralités
2. La forme des adverbes
3. Le sens des adverbes
4. Les degrés des adverbes
5. La place de l’adverbe
1. Généralités
1. Définition
L’adverbe est un mot invariable qui sert généralement de
complément à un verbe, à un adjectif ou à un autre adverbe et en
modifier le sens :
“
Il parle bien, ce bœuf. (MARCEL AYMÉ, Les contes du chat
perché, 1939) (L’adverbe bien modifie le verbe parle et donc la relation de
ce verbe avec son sujet elle.)
”
L’adverbe peut servir de complément à une préposition, à une
conjonction de subordination, à un présentatif ou à un mot phrase.
“ Ils arrivèrent à Ashland bien avant la nuit. (M ICHEL BUSSI,
Gravé dans le sable, 2014) (Bien porte sur la préposition avant.)
”
Il peut aussi porter sur une phrase entière. On parle d’adverbe de
phrase ou d’énonciation, parce qu’il s’agit d’un commentaire sur
l’ensemble de l’énoncé qui suit (› Énonciation) :
“
Certainement,il lui arriverait une chose désagréable. (ÉMILE
ZOLA, Nana, 1880)
”
Certains adverbes sont dits explétifs, car ils peuvent être supprimés
sans altérer le sens de la phrase : c’est le cas de seulement, donc,
un peu, un peu, là, dans certains contextes.
“
Voulez-vous bien être l’arbitre ? (MURIEL BARBERY,
L’élégance du hérisson, 2006)
”
2. Invariabilité de l’adverbe
Si l’adverbe est invariable, il faut remarquer que certains mots
variables peuvent être employés occasionnellement comme adverbe
et garder dans cet emploi leur variabilité. C’est le cas de tout, grand,
large, frais :
“
Bizarrement, à la fin elle se relève toute contente et lui plutôt
déçu. (PATRICK LAPEYRE, La vie est brève et le désir sans
fin, 2010) (Toute est ici employé adverbialement avec le sens de
« complètement ».)
”
À l’inverse, d’autres adjectifs deviennent, dans cette position,
invariables :
”
Les adjectifs employés adverbialement avec un verbe restent
invariables :
“
Ces écoles coûtent cher et les études durent deux ans ou
plus. (JEAN-MICHEL GUENASSIA, Trompe-la-mort, 2015)
”
2. La forme des adverbes
”
Certains adverbes peuvent avoir un complément qui peut être un
adverbe, un nom ou un pronom.
”
2. La formation des adverbes en -ment
a) Règle générale
On forme les adverbes en -ment en ajoutant ce suffixe -ment au
féminin de l’adjectif : grand, grande, grandement ; doux, douce,
doucement. Cependant beaucoup d’adjectifs ne peuvent donner
naissance à des adverbes en -ment : charmant, fâché, content, etc.
“
Tu me déçois grandement. (KATHERINE PANCOL, La valse
lente des tortues, 2008)
”
b) Règles particulières
1° Dans les adverbes en -ment correspondant à des adjectifs
terminés au masculin par une voyelle, le e féminin de ces
adverbes a disparu : vrai, vraiment ; aisé, aisément ; poli, poliment ;
éperdu, éperdument.
Remarques
1. L’accent circonflexe qui marquait la chute de l’e féminin dans :
assidûment, congrûment, continûment, crûment, goulûment,
incongrûment, indûment n’est pas obligatoire. (› Nouvelle orthographe)
2. L’Académie écrit : gaiement, mais on écrit aussi gaiment, graphie
régulière sur le même modèle que vraiment. La nouvelle orthographe a
adopté la forme la plus régulière : gaiment.
”
L’adjectif pris adverbialement peut lui-même se voir modifié par un
adverbe :
”
Certaines locutions verbales composées d’un verbe et d’un adjectif
pris adverbialement sont bien installées dans le lexique : sonner
creux, sonner faux, sonner juste, marcher droit, filer droit, s’arrêter net, etc.
(› Figement) :
”
Mais d’autres sont des associations qui ont l’air plus occasionnelles :
”
Les raisons de ces associations sont diverses. On peut citer entre
autres :
l’adaptation d’une locution nominale : un vote utile donne voter
utile ;
le phénomène d’ellipse : s’habiller (avec un vêtement) court ;
sonner (comme si on était) distant, etc. ;
la recherche d’un mot plus bref que les adverbes en -ment qui
sont par nature plus longs que les adjectifs sur lesquels ils sont
construits : fort a donné fortement. Dans certains cas, l’adverbe
en -ment a une signification qui diffère beaucoup de celle de
l’adjectif bonnement (« simplement, vraiment, franchement ») ou
l’adverbe en -ment n’existe pas : *courtement.
3. Le sens des adverbes
On peut classer les adverbes en fonction du sens véhiculé : on
distingue les adverbes qui marquent la manière, la quantité (et
l’intensité), le temps, le lieu, l’affirmation, la négation, le doute.
• Pis
Pis, comparatif archaïque de mal, ne s’emploie plus guère que dans
des locutions toutes faites. Il peut être utilisé dans des locutions plus
ou moins figées : aller de mal en pis, tant pis, qui pis est, etc.
“
Le monde va de mal en pis. (ALEXANDRE DUMAS, Le Comte de
Monte-Cristo, 1844)
”
En dehors de ces locutions adverbiales, pis peut être :
1° adjectif attribut ou complément d’un pronom neutre :
”
2° Nom (vieilli mais encore usité) :
“ Le pis était qu’il se taillait la part du lion. (ÉMILE ZOLA,
Germinal, 1885)
Le pis étant que quand même oui elle nous aime. (YANN
MOIX, Naissance, 2013)
”
Dans l’expression dire (écrire, penser) pis que pendre de quelqu’un,
pis est une forme nominalisée employée sans article.
“
Maintenant, la concierge disait d’elle pis que pendre. (ÉMILE
ZOLA, L’assommoir, 1877)
”
Remarques
1. Pis se distingue de pire en ce qu’il ne se joint jamais à un nom et en ce
qu’il peut être adverbe ou pronom.
Amants écartelés quelle pire aventure. (LOUIS ARAGON, Les
belles, 1942) (*Pis aventure.)
beaucoup moins si
• Si, aussi
Si, aussi se joignent à des adjectifs, à des participes-adjectifs et à
des adverbes :
“ La mariée est si belle, les parents si émus, que de fleurs,
quel magnifique buffet. (ANDRÉE CHEDID, Le message, 2000)
”
• Tant, autant
Tant, autant se joignent à des noms et à des verbes :
”
• Si, tant
Si, tant marquent l’intensité :
“ Le bruit fut si faible qu’elle faillit ne pas l’entendre. (B
ERNARD
MINIER, Glacé, 2011)
”
• Aussi, autant
Aussi, autant marquent la comparaison :
”
Remarques
1. Si, tant peuvent remplacer aussi, autant dans les phrases négatives ou
interrogatives :
Il n’y a rien de si beau que deux frères qui s’aiment, dit la
princesse de Parme. (MARCEL PROUST, Le côté de
Guermantes, 1920)
• Beaucoup
On utilise beaucoup :
a) après un comparatif, ou après un verbe d’excellence, ou avec un
superlatif, beaucoup doit être précédé de la préposition de :
”
b) avant un comparatif, il peut être précédé de la préposition de :
”
• Davantage
Si auparavant on recommandait d’éviter davantage devant un
adjectif ou un adverbe (au lieu de Elle est davantage heureuse ;
marchons davantage lentement, on préférait Elle est plus heureuse ;
marchons plus lentement), on constate que devant un adjectif
davantage est devenu assez commun :
“ Lefils achète une moto qui lui donne un air davantage
aventurier. (PATRICK DEVILLE, Taba-Taba, 2017)
”
Remarque
Davantage pouvait, à l’époque classique, se construire avec de et un nom,
et aussi avec que :
Rien n’obligeait à en faire davantage de bruit. (JACQUES-
BÉNIGNE. BOSSUET, Conférence avec M. Claude, ministre de
Charenton, sur la matière de l’église, 1682)
• Plus, moins
Plus, moins introduisent par que le complément du comparatif
(› Adjectif comparatif) :
”
Toutefois lorsque le complément du comparatif est ou renferme un
nom de nombre, il s’introduit par de :
”
On dit : plus qu’à demi, plus qu’à moitié, etc., mais on peut dire aussi,
surtout dans la langue littéraire : plus d’à demi, plus d’à moitié, etc.
a) Cas particuliers
”
Remarque
L’usage courant a admis de suite au sens de « sur-le-champ » :
Allez de suite vous restaurer. (ANDRÉ GIDE, Thésée, 1946)
”
b) Adverbes temporels utilisés comme
connecteurs de discours
Une série d’adverbes ont un sens temporel qu’ils ont perdu dans
certains de leurs emplois. C’est le cas de alors, après, déjà, enfin,
etc. Ces adverbes temporels peuvent être utilisés avec leur valeur
de base, mais ils peuvent aussi être utilisés dans le discours pour
connecter entre elles les phrases successives ou pour marquer les
étapes de la production d’un discours (souvent dans le style parlé) :
ils fonctionnent alors comme des connecteurs de discours (ou
marqueurs de discours). Dans cet emploi discursif, ils sont souvent
placés en tête de phrase comme les conjonctions de coordination.
(› Phrases coordonnées)
• Alors
Dans son sens temporel, alors situe une action et signifie « à ce
moment-là, à cette époque-là » (1). Dans son sens de marqueur de
la structure du discours, il signale le début d’une phrase ou de la
prise de parole du locuteur (2). (›Prop. sub. de conséquence )
”
• Après
Dans sa valeur temporelle, après indique la postériorité d’un
évènement par rapport à l’évènement qui le précède (1,2). Dans le
discours, après est régulièrement employé comme connecteur entre
deux phrases pour introduire un argument ou une conclusion (3).
“ Tout le monde est beau, à vingt ans. Après, on a la tête
qu’on mérite. (DIDIER VAN CAUWELAERT, Attirances, 2005) (1)
”
• Déjà
Dans sa valeur temporelle, déjà exprime qu’un évènement se produit
plus tôt que ce qui était attendu (1). Dans sa valeur en discours, déjà
est utilisé pour introduire un argument et pourrait se subtituer à
« premièrement » (2).
“ Les autres avaient déjà quitté la place ; en moins de six
mois, ils avaient été mis en faillite, acculés, balayés.
(NICOLAS BOUVIER, L’usage du monde, 1963) (1)
On est chez moi. Sur mon lit. Pas le sien. Déjà, il m’a fallu
tous les trésors d’imagination du monde pour la convaincre
de rester. (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Croire au merveilleux,
2017) (2)
”
• Enfin
Dans sa valeur temporelle, enfin signifie qu’un évènement se
déroule à la fin d’une série d’évènements (1). Employé en discours,
enfin peut servir à introduire le dernier élément d’une énumération
(2) ou à introduire une phrase qui reformule celle qui précède (3).
“ Madame Lepic sert elle-même les enfants, d’abord grand
frère Félix parce que son estomac crie la faim, puis sœur
Ernestine pour sa qualité d’aînée, enfin Poil de Carotte qui
se trouve au bout de la table. (JULES RENARD, Poil de
carotte, 1894) (1)
”
4. Les adverbes de lieu
”
6. Les adverbes de négation
Ce sont non, forme tonique, et ne, forme atone. Certains mots,
comme aucun, aucunement, nullement, guère, jamais, rien,
personne, qui accompagnent ordinairement la négation, sont
devenus aptes à exprimer eux-mêmes l’idée négative. (› Phrase
négative)
a) L’adverbe non
Non est la forme tonique de la négation. Elle s’utilise :
dans les réponses et ailleurs, avec la valeur d’une proposition
reprenant de façon négative une idée, une proposition ou un
verbe antérieurs :
”
pour nier un élément de phrase qu’il oppose à un autre élément
de même fonction que le premier :
“ Et certains, consultant leur désir et non le vôtre, vous parlent
sans vous laisser placer un mot s’ils sont gais et ont envie
de vous voir. (MARCEL PROUST, À l’ombre des jeunes filles
en fleurs, 1918)
”
Remarques
1. Non sert de préfixe négatif devant certains noms (avec un trait d’union) :
non-intervention, non-lieu, non-sens, etc. Il se trouve avec la même valeur
devant un infinitif dans fin de non-recevoir.
Dans un emploi analogue, non se place devant des adjectifs qualificatifs, des
participes, des adverbes, et devant certaines prépositions mais sans trait
d’union :
Non solvable, leçon non sue, non loin de là, non sans frémir.
2. Surtout dans les réponses directes, non est souvent renforcé par pas,
point, vraiment, certes, assurément, jamais, mais, oh ! ah !, etc. :
Tout danger social est-il dissipé ? non certes. (VICTOR HUGO,
Les misérables, 1862)
b) L’adverbe ne
Ne est généralement accompagné d’un des mots pas, point, aucun,
aucunement, guère, jamais, nul, nullement, personne, plus, que,
rien, ou d’une des expressions âme qui vive, qui que ce soit, quoi
que ce soit, de ma vie, de longtemps, nulle part, etc.:
Il n’y avait pas âme qui vive. (GAËL FAYE, Petit pays, 2016)
“
Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. (Proverbe)
(Celui qui n’entend qu’un témoignage n’est pas correctement informé.)
”
Remarque
Pour nier la locution restrictive ne… que, la langue moderne insère dans
cette locution pas ou point. Cette construction ne… pas (ou ne… point
que), quoique combattue par les puristes, est entrée dans l’usage :
C’est peut-être même pire parce que là où il y a de l’argent, il
y a de la drogue – et pas qu’un peu et pas que d’une sorte.
(MURIEL BARBERY, L’élégance du hérisson, 2006)
• Ne employé seul
Ne s’emploie obligatoirement seul :
1° dans certaines phrases proverbiales ou sentencieuses et dans
certaines expressions toutes faites :
“ Il n’est pire eau que l’eau qui dort. (Proverbe) (Il faut se méfier des
personnes d’apparence inoffensive.)
Ne vous déplaise,
En dansant la Javanaise,
Nous nous aimions
Le temps d’une chanson. (SERGE GAINSBOURG, La javanaise,
1963) (Formule elliptique : que cela ne vous contrarie pas, que cela ne vous
déplaise pas.)
”
2° avec ni répété :
“ Pour moi, elle n’est ni hutu ni tutsi, c’est ma mère.
(SCHOLASTIQUE MUKASONGA, Notre-Dame du Nil, 2012)
”
3° avec que, adverbe interrogatif ou exclamatif signifiant
« pourquoi » :
”
4° avec savoir ou avoir, suivis de que interrogatif et d’un infinitif :
”
Ne s’emploie facultativement seul :
1° dans les propositions relatives dépendant d’une principale
interrogative ou négative :
”
2° avec cesser, oser, pouvoir, surtout aux temps simples et avec un
infinitif complément :
”
Remarque
Pris négativement, savoir se construit le plus souvent avec le simple ne
quand on veut exprimer l’idée de « être incertain » :
Je ne sais si c’est une chance ou un piège de pouvoir partir,
voyager, errer, oublier. (TAHAR BEN JELLOUN, L’enfant de
sable, 1985)
Mais quand il signifie « connaitre, avoir la science de », il demande la
négation complète :
En vérité je ne sais pas trop ce que je veux faire. (YASMINA
REZA, Heureux les heureux, 2013)
3° avec si conditionnel :
”
4° devant autre suivi de que :
“ Je n’ai d’autre fonction ici que de traducteur. (MORGAN
SPORTÈS, Le ciel ne parle pas, 2017)
”
5° après le pronom et l’adjectif interrogatif :
”
6° après depuis que, il y a (tel temps) que, voici ou voilà (tel temps)
que, quand le verbe dépendant est à un temps composé :
”
c) Le ne explétif
Certaines propositions subordonnées de sens positif ont cependant
la négation ne, qui dans ce contexte n’est pas nécessaire pour le
sens ou la syntaxe. On l’appelle pour cette raison ne explétif :
”
L’emploi de ce ne explétif n’a jamais été bien fixé : dans l’usage
littéraire, il est le plus souvent facultatif ; dans la langue parlée, il se
perd de plus en plus. C’est pourquoi il serait vain de vouloir donner
pour cet emploi des règles absolues. Après les verbes de crainte
pris affirmativement, on met ordinairement ne quand la
subordonnée exprime un effet que l’on craint de voir se
produire (avec les verbes craindre, avoir peur, appréhender,
redouter) (1,2). Après ces verbes pris négativement, on ne met pas
ne (3,4).
“
Je crains qu’il ne trépasse avant moi cet idiot. (YASMINA REZA,
Heureux les heureux, 2013) (1)
”
Remarques
1. Après prendre garde que, on met ne s’il s’agit d’un effet à éviter ; on ne
met aucune négation s’il s’agit d’un résultat à obtenir :
Prenez garde que la petite n’ait pas froid, les jardins c’est
toujours un peu humide. (MARCEL PROUST, Sodome et
Gomorrhe, 1922)
”
8. Les adverbes d’interrogation
On peut ranger dans une catégorie à part, celle des adverbes
d’interrogation, certains adverbes servant à interroger sur le temps,
la manière, la cause, le lieu, la quantité : Quand ? Comment ?
Pourquoi ? Que (ne) ? Où ? D’où ? Par où ? Combien ? (› Interrogation
partielle)
”
Remarques
1. L’expression est-ce que permet de construire une phrase interrogative
sans modifier l’ordre des mots. Certains la considèrent donc comme un
adverbe interrogatif.
Est-ce que je vous fais horreur ? (VICTOR HUGO, Notre-Dame
de Paris, 1831)
2. Le mot grammatical si introduit l’interrogation indirecte ; il fonctionne plutôt
comme une conjonction :
Je me demande si nous nous reverrons. (BERNARD QUIRINY, Le
village évanoui, 2014)
4. Les degrés des adverbes
Certains adverbes admettent, comme les adjectifs qualificatifs,
divers degrés.
1° Loin, longtemps, près, souvent, tôt, tard.
”
2° Les adjectifs pris adverbialement et modifiant un verbe : bas, bon,
cher, etc. (› Adjectifs pris adverbialement)
”
3° Certaines locutions adverbiales : à regret, à propos, etc.
”
4° La plupart des adverbes en -ment.
”
5° Beaucoup, bien, mal, peu.
”
Beaucoup, bien, mal, peu ont pour comparatifs de supériorité plus
(ou davantage), mieux, pis (ou plus mal), moins ; et pour superlatifs
relatifs le plus, le mieux, le pis (ou le plus mal), le moins.
5. La place de l’adverbe
La place de l’adverbe est assez variable ; assez souvent elle est
choisie pour des raisons de style.
1. Avec un verbe
a) Temps simple
Si le verbe est à un temps simple, l’adverbe qui le modifie se place
généralement après lui :
”
b) Temps composé
Si le verbe est à un temps composé, l’adverbe se place à peu près
indifféremment après le participe ou entre l’auxiliaire et le participe :
“ Il a beaucoup perdu ces derniers temps, il devait pas mal
d’argent. (PIERRE LEMAITRE, Travail soigné, 2010)
”
Cependant les adverbes de lieu se placent après le participe :
”
“ Ils ont attendu ici pendant trois jours. (FRANÇOIS GARDE,
L’effroi, 2016)
”
Remarques
1. L’adverbe ne précède toujours le verbe ; il en est de même des adverbes
(ou pronoms) en et y, sauf à l’impératif affirmatif :
Je ne veux pas la perdre. (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La
route d’Ispahan, 1990)
“ Elle était là, très blonde, très mince, un foulard très bleu marine
dans ses cheveux très blonds coupés très court, en collants
très rouges et tennis très blanches. (KATHERINE PANCOL, Les
écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
Avec son père, je fais l’amour. J’y vois à peu près clair. (MARIE
DARRIEUSSECQ, Le bébé, 2002) (Locution adverbiale.)
”
CHAPITRE 7
La préposition
1. Définition
2. Principales prépositions et locutions prépositives
3. Rapports exprimés
4. L’emploi des prépositions
5. La répétition des autres prépositions
6. Remarques sur quelques prépositions
1. Définition
La préposition est un mot invariable qui établit un lien de
subordination entre des mots ou des syntagmes :
“
Ma tante et lui vivaient dans un appartement des faubourgs.
(FRÉDÉRIC VERGER, Arden, 2013) (Rapport de lieu.)
”
Remarque
La préposition est parfois un simple lien syntaxique vide de sens, notamment
devant certaines épithètes, devant certains attributs, devant certaines
appositions, devant certains infinitifs sujets ou compléments ; comme elle ne
marque alors aucun rapport et qu’elle est vide de sens, on l’appelle
préposition vide ou proposition explétive :
Rien de nouveau. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, La tectonique des
sentiments, 2008)
1. Principales prépositions
”
Ce sont proprement des prépositions quand elles introduisent une
indication de temps :
“
Voilà dix ans qu’elle est à mon service. (NICOLAS D’ESTIENNE
D’ORVES, La gloire des maudits, 2017)
”
Remarques
1. Voici, voilà, sont formés de voi, impératif de voir, sans s, selon l’ancien
usage, et des adverbes ci, là. Ces présentatifs renferment originairement
un verbe, qui reste perceptible quand voici est suivi d’un infinitif ou quand
voici, voilà sont précédés d’un pronom personnel complément :
Voici venir l’hiver, tueur des pauvres gens… (ANNA GAVALDA,
Ensemble, c’est tout, 2007)
“
L’Italienne a refusé de louer une seule pièce pour quatre
hommes. (KATEB YACINE, Nedjma, 1956)
”
1. Les prépositions
à, de, en se répètent
Généralement les prépositions à, de, en se répètent devant chaque
complément :
“ Il faut que je parle de lui à Mumphoo, à Tomphoo et à
Stimphoo. (YANN MARTEL, L’histoire de Pi, 2001)
”
2. Les prépositions
à, de, en ne se répètent pas
1° Quand les membres du complément forment une locution :
“
Il en restait un seul exemplaire, au musée des Arts et
Métiers. (RENÉ BARJAVEL, Ravage, 1943)
”
2° Quand ces membres représentent le même ou les mêmes êtres
ou objets :
”
Si on répète la préposition, cela indique que l’on fait référence à
deux personnes distinctes (1) ou cela marque une insistance
particulière (2) :
”
3° Quand ces membres désignent un groupe ou une idée unique (les
adresses des amis et connaissances), ou des actions simultanées (il
importe de bien mâcher et broyer les aliments).
5. La répétition des autres prépositions
D’une manière générale, les prépositions ne se répètent pas, surtout
lorsque les différents membres du complément sont intimement unis
par le sens ou lorsqu’ils sont à peu près synonymes :
”
En répétant la préposition, on donne à chaque membre du
complément un relief particulier :
”
6. Remarques sur quelques prépositions
• À travers, au travers de
À travers ne se construit jamais avec de ; au travers veut toujours
de :
”
• Causer avec
On dit causer avec quelqu’un ; causer à quelqu’un provient de la
langue populaire, mais il tend à pénétrer dans la langue littéraire :
“ Vous causerez, elle a tant envie de causer avec vous !
(ALEXANDRE DUMAS, Le Comte de Monte-Cristo, 1844)
”
• Durant, pendant
L’usage ne fait guère de distinction entre ces deux prépositions : on
peut observer toutefois que durant exprime une période continue, et
que pendant indique un moment, une portion limitée de la durée :
”
• Jusque
Jusque se construit avec une préposition : à (c’est le cas le plus
fréquent), vers, sur, chez, etc. :
”
Jusque se construit aussi avec les adverbes ici, là, où, alors, et avec
certains adverbes d’intensité modifiant un adverbe de temps ou de
lieu :
“
J’ai cru jusqu’ici vous aimer plus que vous ne m’aimiez.
(HONORÉ DE BALZAC, Le père Goriot, 1835)
”
Remarques
1. Une erreur fréquente est l’omission de à dans des expressions telles que :
jusqu’à Bruxelles, jusqu’à demain, jusqu’à hier, jusqu’à dix heures,
jusqu’à maintenant, etc.
2. On dit jusqu’à aujourd’hui ou jusqu’aujourd’hui :
Jusqu’à aujourd’hui je n’ai parlé à personne de cette
rencontre. (FRÉDÉRIC BEIGBEDER, Un roman français, 2009)
“ Je peux vous garantir qu’à l’heure qu’il est, il est pas près
de se lever. (CAROLINE DE MULDER, Calcaire, 2017)
”
• Sur
L’usage de la préposition sur semble évoluer et s’éloigner de la
norme, sous l’influence d’expressions parisiennes. D’origine
populaire ou familière, des expressions telles que travailler sur Paris
ou habiter sur Paris, s’entendent de plus en plus dans les médias au
lieu de travailler à Paris, près de Paris. Cette incorrection syntaxique est
appelée solécisme. (› Solécisme)
Sur suivi d’un nom de ville peut aussi bien désigner la ville que ses
environs :
”
Ces expressions aujourd’hui largement répandues en France
progressent ailleurs dans la francophonie où elles sont cependant
perçues de manière plus marquée.
Avec un verbe de mouvement, la préposition sur remplace parfois
vers (peut-être par analogie avec les expressions standards comme
marcher sur, mettre le cap sur) :
“ Le navire […] fut dérouté par mon ordre de Bordeaux, où il
allait, vers un port de Grande-Bretagne. (CHARLES DE
GAULLE, Mémoires de guerre, 1954)
”
Remarque
Cette évolution fait l’objet de nombreux commentaires. Elle est critiquée par
l’Académie française et par certains auteurs :
Vous allez sur Toulouse ? lui demande Baumgartner. La jeune
femme ne répond pas tout de suite, son visage n’est pas bien
distinct dans la pénombre. Puis elle articule d’une voix
monocorde et récitative, un peu mécanique et vaguement
inquiétante, qu’elle ne va pas sur Toulouse, mais à Toulouse,
qu’ il est regrettable et curieux que l’on confonde ces
prépositions de plus en plus souvent, que rien ne justifie cela
qui s’inscrit en tout cas dans un mouvement général de
maltraitance de la langue contre lequel on ne peut que s’
insurger, qu’elle en tout cas s’insurge vivement contre, puis
elle tourne ses cheveux trempés sur le repose-tête du siège et
s’endort aussitôt. Elle a l’air complètement cinglée. (JEAN
ECHENOZ, Je m’en vais, 1999)
CHAPITRE 8
La conjonction
1. Définition
2. Les conjonctions de coordination
3. Les conjonctions de subordination
1. Définition
La conjonction est un mot invariable qui sert à joindre et à mettre en
rapport deux (groupes de) mots ou deux phrases. Les conjonctions
de coordination unissent deux éléments en les mettant au même
niveau (1,2,3) tandis que les conjonctions de subordination unissent
un élément en le subordonnant à un autre (4,5) :
”
Une locution conjonctive est une réunion de mots équivalant à une
conjonction : afin que, à moins que, pour que, c’est-à-dire, etc.
”
2. Les conjonctions de coordination
1. Principales conjonctions
de coordination
a) Conjonctions classiques
Le lien de coordination est assuré par des conjonctions dont c’est la
fonction quasi exclusive et par une série d’adverbes. Les principales
conjonctions de coordination sont : car, donc, et, mais, ni, or, ou.
Remarque
La grammaire scolaire nous a habitués à retenir la liste des conjonctions de
coordination à l’aide de la phrase mnémotechnique Mais où est donc
Ornicar ? (mais, ou, et, donc, or, ni, car). Cependant, donc est plutôt
considéré comme un adverbe que comme une conjonction. (› Donc)
• Et
Et est la conjonction la plus fréquente en français (› Relations
encodées) :
”
Remarques
1. Il arrive que et (ou ni) unisse deux éléments qui n’ont pas la même
fonction syntaxique dans la phrase (1) ou qui actualisent un sens différent
du verbe (2). Si cela est fait de manière délibérée, c’est pour produire une
figure de style appelée zeugme.
En deux actes et en 1902, Barrico fait dialoguer Smith et
Wesson. (JÉRÔME GARCIN dans l’émission Le masque et la
plume, à propos de la pièce de théâtre Smith & Wesson
d’Alessandro Barrico, 2018) (Le complément circonstanciel en deux actes
fait référence à l’écriture de la pièce de théâtre tandis que le complément en 1902
est le repère temporel où se situe l’action.) (1)
Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc. (VICTOR HUGO, Booz
endormi, 1859) (Le premier complément probité candide sélectionne un sens
abstrait, moral, du verbe vêtu tandis que le second, de lin blanc, sélectionne un
sens concret.) (2)
2. Et peut aussi coordonner des compléments n’ayant pas la même nature
syntaxique.
Ah ! savez-vous le crime et qui vous a trahie ? (JEAN RACINE,
Iphigénie, 1674) (› Compléments de différentes nature)
• Ni
Ni assure la coordination de deux éléments à l’intérieur d’une phrase
négative et équivaut à et ne … pas :
”
• Ou
Ou indique une coordination exclusive entre deux termes (l’un exclut
l’autre : soit… soit…) (1) ou une coordination inclusive (l’un n’exclut
pas nécessairement l’autre) (2) :
”
• Mais
Mais coordonne deux termes opposés argumentativement (deux
mots de sens opposés, deux arguments dont le second l’emporte
sur le premier, etc.) :
“
L’intention était noble mais dérisoire. (GILBERT SINOUÉ,
Avicenne ou La route d’Ispahan, 1989)
”
Remarque
Mais peut coordonner deux adjectifs identiques avec un effet de
renforcement :
Qu’est-ce que j’ai été bête mais bête ! (KATHERINE PANCOL, Les
yeux jaunes des crocodiles, 2006)
• Car
Car relie en principe deux phrases dont la seconde est présentée
comme une cause ou une justification de la première :
”
• Or
Or introduit une phrase décisive pour la suite (un évènement capital
dans un récit, un élément important dans une argumentation) :
“
Mais j’étais convaincu qu’à force d’efforts, à force de
patience et de persévérance, je finirais un jour par la
vaincre. Or, il advenait le contraire. (LYDIE SALVAYRE, Tout
homme est une nuit, 2017)
”
• Donc
Donc relie généralement deux phrases en introduisant la
conséquence, la justification ou l’explication de ce qui précède ; par
sa mobilité dans la phrase, et par la possibilité de le combiner avec
d’autres conjonctions (or donc, et donc), il appartient plutôt à la
classe des adverbes conjonctifs :
”
b) Locutions et adverbes conjonctifs
De nombreux adverbes sont utilisés comme conjonctions de
coordination et ils peuvent se combiner avec les conjonctions
classiques (et pourtant, ou sinon, mais enfin, etc.). Les locutions
conjonctives remplissent les mêmes fonctions, en étant composées
de plusieurs mots. On regroupe souvent ces formes dans la
catégorie des connecteurs de discours.
Adverbes conjonctifs
enfin puis
d’ailleurs en somme
Jusqu’à présent, ils se sont pas mal amusés tous les deux,
et souvent disputés. Partant, tout va bien. Du moins
jusqu’à ce qu’elle commence à ressentir quelque chose de
trouble puis de gênant. (PIERRE LEMAITRE, Robe de marié,
2009) (Addition ; conséquence ; restriction.)
”
3. Les conjonctions de subordination
Les conjonctions de subordination servent à joindre une proposition
subordonnée à la proposition dont elle dépend. La proposition
subordonnée est essentielle (non effaçable) (1,2) ou accessoire
(3,4) :
“
Elle voulait savoir si j’étais amoureux. (MADAME DE LA
FAYETTE, La Princesse de Clèves, 1678) (1)
”
1. Principales conjonctions
de subordination
a) Conjonctions
combien (interr. lorsque quoique
indirecte)
b) Locutions conjonctives
à condition que de crainte que pendant que
Remarque
Certaines relations de discours, comme la cause ou la conséquence,
peuvent être marquées par une conjonction de coordination (car, par
conséquent) ou de subordination (parce que, de sorte que).
But afin que, pour que, de peur que, etc.
”
CHAPITRE 9
L’interjection
1. Définition
2. Mots employés comme interjections
1. Définition
L’interjection est un mot (souvent invariable) inséré dans le discours
pour marquer l’irruption d’une sensation ou d’un sentiment
personnel, exprimés avec vivacité.
”
L’interjection est grammaticalement autonome : elle ne dépend
d’aucun élément de la phrase et ne remplit aucune fonction
grammaticale. La valeur des interjections relève de leur fonction
énonciative : l’interjection manifeste une émotion liée au fait de
prononcer certains énoncés dans une situation particulière.
(› Énonciation)
Ordinairement l’interjection est, dans l’écriture, suivie du point
d’exclamation (autrefois appelé point d’interjection). Dans un texte
écrit, l’interjection est un des moyens de mimer le réel des
conversations (le style parlé) et de faire émerger une impression de
spontanéité et d’expressivité. À l’oral, l’interjection peut être
accentuée et réalisée avec un contour mélodique marqué.
L’interjection permet de manifester une émotion, souvent de manière
subite.
2. Mots employés comme interjections
L’interjection n’est pas une catégorie grammaticale comme les
autres. Peu de mots fonctionnent uniquement comme des
interjections, et beaucoup de mots peuvent être utilisés comme des
interjections en plus de leurs emplois habituels.
Une locution interjective est une réunion de deux ou plusieurs mots
équivalant à une interjection :
”
On emploie comme interjections :
1° de simples vocalisations : Ah ! Eh ! Ho ! Hue ! Ouf ! Fi ! Chut ! ou des
onomatopées (mot qui imite un bruit) : Holà ! Boum ! Paf ! Patatras !
“
Cyrano – Quelqu’un m’ajuste: Paf ! et je riposte…
Christian – Pif !
Cyrano (éclatant) – Tonnerre ! Sortez tous ! (EDMOND
ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1897)
”
2° des noms employés seuls : Attention ! Courage ! Ciel ! ou associés à
d’autres mots : Bonté divine ! Ma parole ! Par exemple !
“
Ciel, mes bijoux ! Ça y est, elle a de nouveau égaré sa
bimbeloterie. (HERGÉ, Les bijoux de la Castafiore, 1962)
”
3° des adjectifs employés seuls ou accompagnés d’un adverbe :
Bon ! Ferme ! Tout doux ! Tout beau ! Bravo !
“
Bon ! alors trois limonades, disait-il avec colère. (SIMONE DE
BEAUVOIR, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
”
4° Des adverbes ou des locutions adverbiales : Bien ! Comment ! Eh
bien ! Or çà !
“
Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
« Eh bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l’emporter ! et que serait-ce
Si vous portiez une maison ? » (JEAN DE LA FONTAINE, Le
lièvre et la tortue, 1668)
”
5° des formes verbales et spécialement des impératifs : Allons !
Gare ! Tiens ! Suffit ! Dis donc !
”
Remarque
Les interjections sont fréquemment associées à une phrase exclamative.
(› Phrase exclamative)
1. Principales interjections
Adieu ! Eh ! Hourra ! Patatras !
Bravo ! Hé ! Oh ! Sapristi !
Çà ! Hein ! Ohé ! St !
La phrase simple
CHAPITRE 1
La phrase : définition et identification
CHAPITRE 2
Les fonctions dans la phrase : définition et
identification
CHAPITRE 3
Le sujet
CHAPITRE 4
Les compléments du verbe
CHAPITRE 5
Les types de phrases (déclarative, interrogative,
injonctive, expressive)
CHAPITRE 6
Les formes de phrases
CHAPITRE 7
Les marques d’accord dans la phrase
CHAPITRE 1
La phrase :
définition et identification
1. Définitions de la phrase
2. La phrase et l’énoncé
3. La phrase de base et la phrase étendue
4. Les phrases atypiques
1. Définitions de la phrase
Nous écrivons et nous parlons par assemblages de mots : chacun
de ces assemblages, logiquement et syntaxiquement organisé,
forme une phrase. La phrase constitue la plus grande unité
syntaxique ; elle est à la fois structurée (chaque groupe de mots
entre en relation avec d’autres groupes) et indépendante (les
relations syntaxiques ne débordent pas des limites de la phrase).
Les mots dans la phrase forment des groupes organisés et
interdépendants. Si l’on veut modifier l’ordre des mots dans une
phrase, on ne déplace pas des mots isolés, mais des groupes de
mots. Dans la phrase Belle marquise, vos beaux yeux me font
mourir d’amour, on peut déplacer les groupes belle marquise ou me
font, mais on ne peut pas séparer belle de marquise, ni me de font,
car ils forment des groupes syntaxiques soudés.
”
1. Définition syntaxique (sujet-verbe)
Selon le critère syntaxique, on identifie une phrase dès lors que l’on
peut y retrouver un groupe nominal à fonction de sujet et un groupe
verbal à fonction de prédicat, et qu’une relation d’interdépendance
est établie entre ces deux constituants.
“
Jack parlait lentement. (SORJ CHALANDON, Mon traître, 2010)
”
La relation entre le sujet et le groupe verbal s’envisage selon
différents points de vue.
”
ce qu’il est, qui il est, dans quel état il est :
“
Barbara était la chanteuse préférée de ma mère. (GENEVIÈVE
DAMAS, Patricia, 2017)
”
3. Point de vue sémantique (actants)
La sémantique analyse le sens élaboré dans la phrase et envisage
celle-ci comme une pièce de théâtre où chaque élément joue un
rôle.
“
Un couple sort de l’eau. (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Croire au
merveilleux, 2017)
”
Le groupe nominal un couple remplit le rôle d’agent contrôlant
l’action et le complément de l’eau représente la source du
mouvement décrit par le verbe sortir. Chaque constituant de la
phrase s’envisage comme un actant (agent, objet, bénéficiaire,
siège, instrument, but, etc.).
”
2. La phrase et l’énoncé
On distingue la phrase, en tant que structure syntaxique organisée
par des règles grammaticales, de l’énoncé, qui est l’usage d’une
phrase particulière dans un contexte donné, oral (une conversation)
ou écrit (un roman). Alors que les phrases sont censées
correspondre à un modèle de référence (la phrase canonique), les
énoncés peuvent être formellement incomplets ou mal délimités, ce
qui ne les empêche pas de convenir à leur contexte d’emploi.
”
La distinction entre phrase (modèle-type) et énoncé (emploi
particulier) permet d’expliquer que certains mots puissent
accompagner une phrase sans y être syntaxiquement intégrés : ils
relèvent de l’énonciation. Par exemple, l’adverbe astucieusement
peut être utilisé dans une phrase ou hors de celle-ci. Lorsqu’il
dépend du verbe de la phrase, il signifie « de manière
astucieuse » (1). Lorsqu’il accompagne l’énonciation, on peut le
paraphraser par « en étant astucieux » (2) :
“ Sous l’œil curieux des deux hommes, il s’affaira sur les
ingrédients qu’on lui avait apportés, mélangeant
astucieusement miel, jusquiame et pavot, pour obtenir une
pâte consistante. (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La route
d’Ispahan, 1989) (1)
”
3. La phrase de base et la phrase étendue
Considérée dans ses termes essentiels, la phrase de base se
construit autour d’un verbe, son élément central. Selon le type de
verbe, on distingue trois modèles de phrase de base (ou phrase
minimale).
1° Un sujet et un verbe intransitif qui ne requiert aucun complément
(› Verbe intransitif) :
”
2° Un sujet et un verbe transitif qui construit un ou deux
compléments (› Verbe transitif) :
”
3° Un sujet, un verbe attributif (être, sembler) et un attribut du sujet
(› Verbe attributif) :
”
Les éléments de la phrase de base ne peuvent pas être supprimés,
sous peine de rendre la construction incomplète ; la phrase
deviendrait alors agrammaticale (ce qui est signalé par un
astérisque) :
Je donnai à ma nouvelle maîtresse une nouvelle voiture. → *Je donnai.
Marie est une enfant potelée. → *Marie est.
Remarque
Lorsque le verbe est à l’impératif, le sujet n’est pas exprimé (› Absence du
sujet) :
Surveille l’appartement, sois sage en mon absence et viens
me voir tous les soirs. (BERNARD WERBER, Le jour des fourmis,
1992)
“ Son frère Jules à tout jamais rôde avec la chienne dans les
fourrés. (ANNE-MARIE GARAT, La source, 2015)
”
les expansions dans un groupe nominal, qui prennent la forme
d’adjectifs, d’appositions, de propositions subordonnées ou
participiales, etc. (› Groupe nominal étendu) :
”
les éléments « hors phrase », qui enrichissent ou commentent
l’énonciation (› Énonciation) :
”
Une phrase étendue peut être réduite à une phrase de base en
supprimant les compléments facultatifs, de manière à correspondre
à un des trois modèles de la phrase de base et à ne conserver que
la relation prédicative entre le sujet et le groupe verbal :
Les familles s’engouffraient dans l’autocar.
Elle prenait un calmant.
Tandis qu’une phrase simple contient un seul verbe conjugué, une
phrase complexe contient plusieurs verbes dont chacun est à la
base d’une proposition distincte, principale ou subordonnée.
“ Dédaignant le demi mousseux et le bol de cacahuètes que la
serveuse avait déposés devant lui, il se concentra sur les vers
qu’il avait appris, de la même façon que l’on cherche à se
remémorer un souvenir agréable afin de détendre les nœuds
qui étranglent l’esprit, et s’évader, se réfugier dans un cocon
bénéfique. (SERGE BRAMLY, Arrête, arrête, 2013) (Dans cette
phrase, se concentra est le verbe principal.)
”
4. Les phrases atypiques
Certaines phrases s’écartent du modèle de référence, parce qu’elles
se construisent sans verbe (phrases non verbales), parce qu’elles
suppriment un élément normalement obligatoire (phrases elliptiques)
ou parce qu’elles fonctionnent comme un tout dont on ne peut rien
modifier (phrases figées).
”
2° La phrase non verbale existentielle affirme l’existence d’un être
ou d’une chose, comme on pourrait le faire avec un introducteur
comme voici, il s’agit de ou c’est.
”
3° La phrase non verbale locative situe un référent (personne,
chose) ou un évènement.
”
4° La construction de type heureusement que + phrase est très
usuelle. Cette phrase ne contient pas de verbe principal. Elle se
construit à l’aide de certains adverbes, noms ou adjectifs tels
que : apparemment, certainement, dommage, heureusement, nul
doute, peut-être, possible, probablement, sans doute, surement,
vraisemblablement. Ces mots ont sous leur dépendance une
subordonnée introduite par que :
“ Apparemment que monsieur ne croit pas au péché originel;
car si tout est au mieux, il n’y a donc eu ni chute ni punition.
(VOLTAIRE, Candide, 1759)
”
Remarques
1. Dans une phrase non verbale à deux termes, on reconnait le prédicat en
ce qu’il peut être nié, ce qui n’est pas le cas du sujet.
Délicieux, ces calamars ! → Pas délicieux (= prédicat), ces calamars
(= sujet) !
Mais : *Délicieux, pas ces calamars !
2. Une phrase non verbale peut comporter un verbe dans une proposition
subordonnée. Il ne s’agit pas du verbe principal de la phrase.
Bizarre cette habitude que tu as prise de m’appeler par mon
prénom. (d’après JEAN-MICHEL GUENASSIA, La vie rêvée
d’Ernesto G., 2010)
2. La phrase elliptique
L’ellipse consiste à omettre un ou plusieurs éléments normalement
obligatoires dans une phrase. Ces éléments peuvent être
reconstruits aisément car ils ont été mentionnés antérieurement.
”
Remarque
Une phrase est non verbale quand le verbe a été omis sans avoir été
mentionné précédemment, ce qui la distingue de la phrase elliptique
(› Phrase non verbale) :
Dans la salle, ambiance religieuse, ce n’est plus un homme,
c’est un monument, ce n’est plus une idole, c’est une relique.
Immense succès commercial. (CAROLINE DE MULDER, Bye
Bye Elvis, 2014)
”
Les phrases elliptiques se rencontrent aussi dans des
coordinations : deux constructions syntaxiques sont coordonnées et
le verbe (ou un autre élément) n’est pas répété dans le second
membre de la coordination.
”
Remarque
Le sujet peut être omis lorsque la forme du verbe permet aisément de le
reconstruire :
Marche, Gascon, fais ce que dois ! Va, Cyrano ! (EDMOND
ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1897) (= Fais ce que [tu] dois.)
3. La phrase figée
Une phrase est figée lorsqu’elle est perçue comme formant un tout,
qu’aucun de ses éléments ne peut être remplacé par un autre et
qu’elle est mémorisée comme telle. Par exemple, la phrase Qui va à
la chasse perd sa place n’est pas modifiable : on ne trouvera pas dans
l’usage de formulations légèrement différentes telles que Qui va à la
chasse perd son tour, ou Qui va à la messe perd sa place. Ces
phrases sont mémorisées comme un tout :
“
Je me suis dit : c’est mon année, qui va à la place perd…
non, c’est quoi déjà l’expression ? (ISABELLE BALDACCHINO,
Les blondes à forte poitrine, 2015)
”
Les phrases figées sont les phrases situationnelles, les proverbes et
les dictons.
Les phrases situationnelles prennent leur sens et se prononcent
dans un contexte pragmatique particulier : Les carottes sont cuites (se
dit quand la situation est désespérée), Le monde est petit (se dit
quand on rencontre de manière inopinée une connaissance dans un
lieu inattendu), Un ange passe (se dit quand un silence gênant
interrompt la conversation), etc.
”
Les proverbes véhiculent une vérité générale, une connaissance
transmise par la sagesse populaire (on peut les faire précéder de
« comme chacun sait… ») : Chassez le naturel, il revient au galop (= on
ne peut pas changer la personnalité de quelqu’un), L’habit ne fait pas
le moine (= il ne faut pas juger les gens sur l’apparence), Rien ne sert
de courir, il faut partir à point (= il faut se mettre à l’ouvrage à temps
plutôt que de se hâter en dernière minute), La caque sent toujours le
hareng (= on ne peut jamais s’affranchir complètement de ses
origines), etc. (Proverbes)
Les proverbes peuvent cependant faire l’objet de jeux et de
détournements :
“ Les hommes employés comme domestiques portent des
livrées, et les femmes des robes. L’habit ne fait pas la liberté,
mais il lui ressemble. (DANIEL RONDEAU, Malta Hanina, 2012)
”
Les dictons sont des phrases figées proches des proverbes, mais
qui véhiculent essentiellement des connaissances ou des croyances
relatives à la nature ou à la météo : Noël au balcon, Pâques aux
tisons (= quand l’hiver est tardif, le printemps est froid) ; À la Sainte-
Catherine, tout bois prend racine (= la date du 25 novembre est propice
à la reprise des boutures) (Dictons).
CHAPITRE 2
“
Maître Corbeau sur un arbre perché
Tenait dans son bec un fromage. (JEAN DE LA FONTAINE, Le
corbeau et le renard, 1668)
”
le sujet du verbe :
“ Le petit chat est mort. (M OLIÈRE, L’écoles des femmes, 1662)
”
le complément du verbe (direct, indirect, du verbe passif, etc.) :
“
La terre est bleue comme une orange. (PAUL ÉLUARD, La terre
est bleue... , 1929)
”
le complément de la phrase :
”
Remarque
Les fonctions sont également définies en termes sémantiques : complément
d’objet, complément de lieu, etc.
”
le mot mis en apostrophe, nom ou pronom désignant l’être ou
la chose personnifiée à qui on adresse la parole :
“
Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
”
le mot explétif, qui est un pronom personnel marquant l’intérêt
que prend à l’action la personne qui parle, ou indiquant qu’on
sollicite le lecteur ou l’auditeur de s’intéresser à l’action :
“
On vous happe notre homme, on vous l’échine, on vous
l’assomme. (JEAN DE LA FONTAINE, L’éléphant et le singe de
Jupiter, 1693)
”
2. L’identification des constituants
L’analyse de la structure syntaxique d’une phrase se fonde sur une
double opération : isoler les groupes et les sous-groupes ; identifier
les relations (fonctions) qu’ils entretiennent. Les groupes peuvent
être identifiés à l’aide des opérations suivantes : la substitution, le
déplacement et la suppression.
1. La substitution
Lors de la substitution syntaxique, un groupe est remplacé par un
seul mot, pronom ou adverbe, qui remplit une fonction équivalente
dans la phrase.
“ (La femme de chambre) lissa (les gros bas d’hiver) (sur les
chevilles et les mollets de Cara). (MATHIAS MENEGOZ,
Karpathia, 2014)
”
Le groupe la femme de chambre est remplaçable par le pronom
personnel elle : Elle lissa les gros bas d’hiver sur les chevilles et les
mollets de Cara.
Le groupe les gros bas d’hiver peut être remplacé par les : La
femme de chambre les glissa sur les chevilles et les mollets de Cara.
Le groupe sur les chevilles et les mollets de Cara peut être
remplacé par l’adverbe y : La femme de chambre y lissa les gros bas
d’hiver.
(La femme de chambre) lissa (les gros bas d’hiver) (sur les chevilles
et les mollets de Cara).
≃ (Elle) (les) (y) (lissa).
Au final, la phrase Elle les y lissa est fonctionnellement équivalente à
la phrase de départ. Le verbe, élément central de la phrase, ne peut
être remplacé par un autre verbe, car il détermine la forme des
compléments (avec ou sans préposition, etc.) ou le type de sujet
accepté (humain, non humain, etc.).
L’analyse peut se répéter au sein d’un groupe si ce groupe est lui-
même composé de sous-constituants.
Le groupe prépositionnel sur les chevilles et les mollets de Cara
contient un complément du nom de Cara qui peut être remplacé
par un déterminant possessif : sur ses chevilles et ses mollets.
2. Le déplacement
Sous certaines conditions, un groupe syntaxique peut être déplacé à
un autre endroit dans la phrase.
“
Marlène coinça Dan (le lendemain matin), (au petit jour).
(PHILIPPE DJIAN, Marlène, 2017)
”
Les compléments le lendemain matin, au petit jour peuvent être
déplacés en tête de phrase : (Le lendemain matin), (au petit jour),
Marlène coinça Dan.
Toutefois, le déplacement d’un groupe peut provoquer une
modification du sens de la phrase quand ce déplacement modifie la
fonction du groupe dans la phrase : Marlène coinça Dan n’est pas
équivalent à Dan coinça Marlène.
De même dans la phrase suivante, le groupe le lendemain matin ne
peut pas être déplacé sans modifier le sens de la phrase :
”
3. La suppression
Un groupe syntaxique peut être supprimé, pour autant qu’il ne soit
pas un constituant essentiel de la phrase de base :
”
4. Critères pour établir la fonction
syntaxique d’un constituant
La fonction syntaxique d’un élément est le rôle que cet élément
joue dans la phrase ou dans le groupe où il est employé. La fonction
d’un élément se définit toujours relativement à un autre élément :
sujet du verbe, attribut du sujet, apposition au nom, complément
d’objet direct du verbe, complément du nom, etc. Les fonctions se
définissent au moyen de différents critères, qui généralement se
combinent dans la pratique.
1° Le critère sémantique, dominant dans la grammaire
traditionnelle, associe une fonction syntaxique à un rôle
sémantique dans la phrase : le sujet est défini comme l’agent qui
accomplit l’action décrite par le verbe, un complément de temps,
de lieu ou de manière est défini en fonction de son apport
sémantique, etc. (› Analyse sémantique)
2° Le critère positionnel associe une fonction à une localisation
dans la phrase ou dans le groupe : généralement, le sujet
précède le verbe, l’adjectif épithète précède ou suit
immédiatement le nom, le complément suit l’élément qu’il
complète, etc.
3° Le critère d’accord associe à une fonction des règles
concernant les marques d’accord : le verbe s’accorde en genre
et en nombre avec le sujet, l’adjectif s’accorde avec le nom
auquel il se rapporte, etc. (› Accords dans la phrase)
4° Le critère de la classe grammaticale spécifie que chaque
fonction peut être réalisée par une ou plusieurs catégories de
mots : ainsi le sujet est généralement un nom ou un pronom ;
mais il peut être réalisé par un adjectif, un verbe à l’infinitif ou
une phrase relative qui sont pris comme noms.
Remarque
L’anacoluthe est une construction syntaxique modifiée en cours de route : la
phrase, commencée d’une manière, s’achève d’une autre manière, soit qu’un
élément présenté comme sujet est abandonné, soit que la phrase commence
sur un mode déclaratif pour se conclure sur un autre mode :
Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face du monde
aurait changé. (BLAISE PASCAL, Pensées, 1669)
3. L’ambigüité dans la phrase
Une phrase ambigüe est susceptible de recevoir plusieurs
interprétations.
1° L’ambigüité est syntaxique quand un constituant de la phrase
peut se rattacher à l’un ou l’autre élément de cette phrase.
”
2° L’ambigüité lexicale est due à un mot qui a plusieurs sens ou à
deux mots différents qui ont la même graphie, comme dans la
phrase La belle porte le voile, où voile peut être le verbe voiler
(« cacher ») ou le nom voile (« tissu »). (› Homonymie)
“
Lorsqu’elle sourit, il pensa qu’il allait l’emporter. (ÉRIC-
EMMANUEL SCHMITT, Concerto à la mémoire d’un ange, 2010)
(L’expression il allait l’emporter est ambigüe : elle signifie « il allait prendre le
dessus » ou « il allait l’emmener avec lui ». Selon la première interprétation, le
pronom l’ est figé et n’a pas de fonction syntaxique ; selon la seconde
interprétation, le pronom l’ renvoie à elle.)
”
CHAPITRE 3
Le sujet
1. Définition et identification
2. La nature syntaxique du sujet
3. La position du sujet dans la phrase
4. L’absence de sujet
1. Définition et identification
Dans la phrase, le sujet est l’élément qui donne ses marques de
personne et de nombre au verbe : c’est avec le sujet que le verbe
s’accorde.
”
D’un point de vue sémantique, le sujet peut être animé ou inanimé.
Lorsqu’il est animé (par ex. le garçon), le sujet est soit l’agent, soit le
siège de l’action (1). S’il est inanimé (par ex. le feu, les arbres), le
sujet est l’instrument ou le siège (2). (› Analyse sémantique de la
phrase)
“ Le garçon rebrousse chemin vers le comptoir d’un pas
fatigué. (PIERRE LEMAITRE, Robe de marié, 2009) (1)
”
Le sujet est un élément essentiel de la phrase, il ne peut pas être
supprimé. On peut le remplacer par un pronom (il, ça, etc.). En
général le premier groupe nominal de la phrase est le sujet.
“
Une blonde qui possédait des nichons et une nuque inoubliables a
cru bon de venir rompre le silence. (LOUIS-FERDINAND CÉLINE,
Voyage au bout de la nuit, 1952) (Elle a cru bon de venir rompre le
silence.)
”
Pour trouver le sujet, on place avant le verbe la question qui est-ce
qui ? pour les sujets animés, et qu’est-ce qui ? pour les sujets non
animés. On peut aussi identifier le sujet en l’extrayant entre c’est…
qui… :
“
La vie des femmes est trop limitée, ou trop secrète.
(MARGUERITE YOURCENAR, Mémoires d’Hadrien, 1974) (Qu’est-ce
qui est trop limité, ou trop secret ? C’est la vie des femmes qui est trop limitée,
ou trop secrète.)
”
2. La nature syntaxique du sujet
Le sujet par excellence est le nom (ou le groupe nominal), le nom
propre ou le pronom :
”
Peuvent être sujets tous les équivalents du nom :
un infinitif
“
Aimersemble être la dernière façon de résister. (SERGE
JONCOUR, Repose-toi sur moi, 2016)
”
un adverbe quantifieur :
“
Beaucoup sont des âmes de naufragés. (ADRIEN BOSC,
Constellation, 2014)
”
une proposition :
“
Quiconque tente de s’y soustrairese voit conspué. (DELPHINE DE
VIGAN, Les heures souterraines, 2009)
”
n’importe quel élément utilisé « en mention », c’est-à-dire pour se
désigner lui-même :
“
« Remourir » est un verbe qui, heureusement, n’existe pas.
(JEAN-LOUIS FOURNIER, Veuf, 2011)
”
un adjectif, un participe présent ou passé construit avec un
déterminant :
“ Le vert brillant des eaux parut se rider sous ce choc. (J EAN-
CHRISTOPHE RUFIN, Rouge Brésil, 2011)
”
Remarque
L’infinitif, le participe présent et le participe passé peuvent avoir un sujet
(› Prop. sub. infinitive) :
On entendit quelques secondes durant une femme pleurer et
supplier dans la maison. (SIMON LIBERATI, California Girls, 2016)
a) Avant le verbe
Dans la plupart des phrases et des propositions, le sujet se place
avant le verbe.
”
b) Après le verbe, dans les phrases
déclaratives
Le sujet se place après le verbe dans les cas suivants.
1° Dans certaines propositions au subjonctif marquant le souhait, la
supposition :
“
Puissiez-vous être toujours libres, regardant le monde sans
peur, et avançant dans votre vie avec joie. (LAURENT GAUDÉ,
Les oliviers du Négus, 2013)
”
2° Dans la plupart des propositions en incise indiquant une parole
rapportée (› Les incises) :
“
Un mort qu’on ne connaît pas meurt un peu moins, pense-t-
elle. (ALICE ZENITER, L’art de perdre, 2017)
”
3° Dans les propositions où l’attribut est mis en tête :
“
Rares étaient ceux qui osaient essayer un plat inconnu et
luxueux : ils préféraient les valeurs sûres. (AMÉLIE NOTHOMB,
Le fait du prince, 2008)
”
c) Après le verbe, dans les phrases
interrogatives
Le sujet se place après le verbe dans les constructions
interrogatives suivantes. (› Phrases interrogatives)
1° Dans les interrogations directes si la question porte sur le verbe
et que le sujet est un pronom personnel (je, il, etc.), ou le pronom
ce ou on :
“
Peut-on avoir en soi, nuageuse, diffuse, une mémoire de
l’avenir ? (ÉRIC FAYE, Nous aurons toujours Paris, 2009)
”
2° Dans les interrogations directes commençant par le pronom que
ou quel, interrogatif attribut ou complément d’objet direct du
verbe :
”
Remarques
1. Si l’interrogation ne commence pas par un mot interrogatif et que le sujet
n’est ni un pronom personnel ni l’un des pronoms ce, on, le sujet se place
avant le verbe et on le répète après le verbe par un pronom personnel :
Le roi de France n’est-il pas prisonnier en Espagne ? (AMIN
MAALOUF, Léon l’Africain, 1986)
”
Remarque
Si le sujet n’est ni un pronom personnel, ni ce ou on, il se place avant le
verbe et se répète facultativement après lui par un pronom personnel :
À peine le soleil était-il levé, à peine le soleil était levé.
(Dictionnaire de l’Académie)
”
3° Dans les propositions relatives, si le sujet est autre chose qu’un
pronom personnel ou l’un des pronoms ce, on : Les efforts que ce
travail vous demandera, … que vous demandera ce travail.
4° Dans les propositions commençant par un complément
circonstanciel ou par certains adverbes (temps, lieu, manière), si
le sujet est autre qu’un pronom personnel ou que l’un des
pronoms ce, on :
“ Et là-bas était le détroit qui permettrait de passer à l’océan
du Sud. (ALEXIS JENNI, La conquête des îles de la Terre Ferme,
2017)
”
5° Dans des propositions infinitives, quand l’infinitif n’a pas de
complément d’objet direct et que son sujet est autre chose qu’un
pronom personnel ou relatif (1). Mais quand la proposition
infinitive dépend de faire, si le sujet de l’infinitif est autre chose
qu’un pronom personnel ou relatif, ce sujet se met après
l’infinitif (2) (› Proposition infinitive) :
“
Ici nous avons pensé être perdus tous deux. (CHODERLOS DE
LACLOS, Les liaisons dangereuses, 1782) (Ou : Ici, nous avons pensé
tous deux être perdus.) (1)
”
4. L’absence de sujet
Différentes raisons expliquent que le sujet ne soit pas exprimé dans
la phrase.
1° À l’impératif, le sujet n’est pas réalisé :
”
2° Lorsque la phrase contient plusieurs verbes coordonnés ayant le
même sujet, ce sujet n’est pas nécessairement répété (› Phrase
elliptique) :
“
Le président arpente la pièce, contemple longuement les
jardins. (BERNARD WERBER, Le jour des fourmis, 1992)
”
3° Dans un style informel, on omet parfois le sujet
dans des tournures impersonnelles où on devrait avoir il :
“ Tu peux me regarder, tu sais, je suis là. Faut pas avoir peur
de moi. (LAURENT MAUVIGNIER, Tout mon amour, 2012)
”
dans des tournures personnelles, quand la forme du verbe
marque sans ambigüité la personne ; ainsi, au présent de
l’indicatif, la première personne du verbe être (suis, sommes) ne
se confond ni avec la deuxième (es, êtes) ni avec la troisième
(est, sont) personne :
“
Suis sortie de la pharmacie en chantant tout bas : Ô mon
amour, à toi toujours. C’est bête, je sais. (ALBERT COHEN,
Belle du Seigneur, 1968)
”
à l’écrit en particulier, dans des messages à caractère bref :
”
Remarque
Dans les phrases à verbe impersonnel il fait, il faut, il neige, il pleut (et verbes
apparentés), le pronom il précède le verbe et donne ses marques (de
nombre et de personne) au verbe. Pour autant, ce pronom ne représente pas
un autre terme, il est une pure marque grammaticale. (› Verbe impersonnel)
Il avait neigé pendant la nuit. (SORJ CHALANDON, La profession
du père, 2015)
2. Compléments essentiels
et accessoires
Les compléments essentiels sont nécessaires à la construction du
verbe : c’est le cas de l’attribut, du complément d’objet direct ou
indirect, et d’autres compléments essentiels (de lieu). Par contre, les
compléments accessoires complètent la prédication verbale en
indiquant une précision extérieure, comme les compléments
circonstanciels (de lieu, de temps, de manière, etc.), ou un
commentaire sur l’énonciation, comme les compléments de phrase.
“
De nuit[complément accessoire], la capitale de la Tanzanie
ressemblait à une bourgade [complément essentiel].
(CHRISTOPHE BOLTANSKI, Minerais de sang, 2012)
”
Les compléments accessoires peuvent être supprimés, ils sont
mobiles dans la phrase et ils peuvent être séparés du verbe par
l’insertion de et ce.
Test 1 : suppression du complément
1. Définition et identification
L’attribut exprime une information (qualité, nature, état) sur le sujet
ou sur un complément, par l’intermédiaire d’un verbe attributif. Il y a
deux types d’attributs :
l’attribut du sujet ;
”
l’attribut du complément d’objet direct.
“
Faute de mieux, Félix a nommé cela son « âme ». (BERNARD
WERBER, Les Thanatonautes, 1994)
”
L’attribut du sujet possède les caractéristiques suivantes :
il fait partie du groupe verbal et se place habituellement après le
verbe ;
il ne peut pas être supprimé ;
avec certains verbes d’état (être, paraitre, devenir, etc.), il peut
être remplacé par le pronom personnel le/l’ ;
il peut être remplacé par un adjectif et s’accorde avec le sujet.
(› Adjectif épithète)
L’attribut du complément d’objet direct exprime une qualité qui
est accordée au complément objet du verbe.
”
Remarque
Lorsque l’attribut du complément d’objet direct est un adjectif, il ne se
confond pas avec l’adjectif épithète qui complète le nom.
Je trouvai l’explication valable. (ROMAIN GARY, La promesse de
l’aube, 1960) (L’adjectif valable est attribut du complément d’objet
direct l’explication.)
2. Verbes introducteurs
L’attribut peut être relié au sujet par les verbes suivants :
le verbe être (c’est le cas le plus fréquent) ;
“
La vérité générale et abstraite est le plus précieux de tous
les biens. Sans elle l’homme est aveugle ; elle est l’œil de la
raison. (JEAN-JACQUES ROUSSEAU, Les rêveries du promeneur
solitaire, 1782)
”
un verbe d’état exprimant l’existence et à laquelle est associée
une idée :
1° de devenir : devenir, se faire, tomber ;
”
2° de continuité : demeurer, rester ;
“
Nous demeurions immobiles dans la profondeur du petit
matin. (KATEB YACINE, Nedjma, 1956)
”
3° d’apparence : paraitre, sembler, se montrer, s’affirmer, s’avérer, avoir
l’air, passer pour, être réputé, être pris pour, être considéré comme, être
regardé comme, être tenu pour ;
“ Le printemps qui a suivi s’est avéré moins charitable avec lui.
(PHILIPPE DJIAN, Dispersez-vous, ralliez-vous !, 2017)
”
4° d’appellation : s’appeler, se nommer, être appelé, être dit, être traité
de ;
”
5° de désignation : être fait, être élu, être créé, être désigné pour, être
choisi pour, être proclamé ;
“
À la fin de l’été, Benjamin Gordes a été fait caporal.
(SÉBASTIEN JAPRISOT, Un long dimanche de fiançailles, 1991)
”
6° d’accident : se trouver, par ex. :
“ er
Le 1 juillet, en revenant à la vie, Lucette va se trouver
veuve. (MARCEL AYMÉ, Le passe-muraille, 1943).
”
certains verbes d’action où se trouve associée l’idée d’attribution,
parmi lesquels on peut signaler :
”
Les verbes qui relient l’attribut au complément d’objet direct sont
des verbes auxquels on associe implicitement l’idée d’attribution, par
exemple :
“ On pouvait nommer quelqu’un « frère » par extension ou
métaphore, pour souligner l’intimité d’un lien, mais l’idée
que tous les hommes sont frères est une trouvaille de cette
petite secte. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014)
”
Parmi ces verbes on peut signaler :
accepter pour élire reconnaitre pour
3. Nature de l’attribut
L’attribut du sujet ou du complément d’objet peut être :
1° un nom, un groupe nominal ou un mot (ou une locution) utilisé
comme un nom ;
“
Ayant, pour des causes diverses, échoué dans ses affaires,
de tabellion il était tombé charretier et manœuvre. (VICTOR
HUGO, Les misérables, 1862)
”
2° un pronom ou un groupe pronominal ;
“
Mais ce chant est le mien ! (CAROLE MARTINEZ, Le cœur cousu,
2007)
”
3° un adjectif, un groupe adjectival ou un mot utilisé comme un
adjectif ;
“ J’ai toujours trouvé la misogynie vulgaire et sotte, et presque
toutes les femmes que j’ai connues, je les ai jugées
meilleures que moi. (ALBERT CAMUS, La chute, 1956)
Ce que vous dites est d’un faux, d’un absurde, d’un à côté.
(MARCEL PROUST, La prisonnière, 1923)
”
4° un adverbe ou un groupe adverbial ;
”
5° un groupe prépositionnel ;
”
6° un infinitif ;
“
Il faut avoir devant soi des décennies de jeunesse pour
imaginer que choisir n’est pas sacrifier. (ADELAÏDE DE
CLERMONT-TONNERRE, Fourrure, 2010)
”
7° une proposition subordonnée.
”
Remarque
Le verbe être, comme les autres verbes attributifs, n’introduit pas
nécessairement un attribut. Il peut construire un complément essentiel de
lieu.
Le torrent est contre moi, mais rien ne peut arrêter l’homme
qui court. (DANIEL PENNAC, La fée carabine, 1987)
4. Place de l’attribut
L’attribut du sujet se place le plus souvent après le verbe. On le
place en tête de la phrase dans un style poétique ou pour des
raisons d’organisation informationnelle, lorsque l’attribut reprend un
élément d’information qui précède (par ex. avec tel) :
”
3. Le complément d’objet direct et indirect
“
Pastor contemplait ce champ de ruines. (DANIEL PENNAC, La fée
carabine, 2012)
”
Remarque
On le dénomme complément d’objet direct pour exprimer que ce complément
est l’objet de l’action décrite par le verbe. Cela n’est pas toujours le cas d’un
point de vue sémantique : recevoir une gifle, avoir de la fièvre.
Le complément d’objet direct n’est pas effaçable et il n’est pas
mobile dans la phrase. Il devient le sujet quand la phrase est mise
au passif :
Les gendarmes gardaient l’entrée du port.
*Les gendarmes gardaient. (Test de suppression : le complément d’objet
direct n’est pas effaçable.)
*L’entrée du port les gendarmes gardaient. (Test de déplacement : le
complément d’objet direct n’est pas mobile.)
L’entrée du port était gardée par les gendarmes. (Test de la transformation
passive : le complément d’objet direct devient le sujet dans la phrase passive.)
Remarque
On ne confondra pas le complément d’objet direct avec certaines
constructions verbales figées où un nom se construit avec des verbes
fréquents, comme avoir, donner, faire, porter, prendre. Dans les locutions
comme avoir peur, donner lieu, faire part, porter plainte, prendre pied,
etc., le verbe fonctionne comme un verbe support et c’est de la locution que
dépend le complément d’objet (par ex. prendre part à une discussion).
Dans ces de locutions verbales figées, le nom n’est pas précédé d’un
déterminant, comme cela pouvait être le cas dans l’ancienne langue. (› Verbe
support)
Par considération à l’égard de son père, le comité de
Résistance local n’a pas porté plainte.
(PHILIPPE JAENADA, La petite femelle, 2015)
Just sentit qu’il avait pris pied dans un de ces interminables
instants où les émotions se bousculent en troupe et affrontent
autant de pensées contraires. (JEAN-CHRISTOPHE RUFIN, Rouge
Brésil, 2011)
On peut vérifier que le nom dans l’expression verbale figée ne fonctionne pas
comme un complément d’objet direct, car il n’est pas pronominalisable
(l’astérisque indique que la phrase résultante est agrammaticale).
Porter plainte : *Le comité de Résistance local ne l’a pas portée.
Prendre pied : *Just sentit qu’il l’avait pris dans un de ces interminables
instants.
”
2° un mot utilisé comme un nom :
“
Enfin tu comprendras le pourquoi de cette sentence. (NANCY
HUSTON, Bad Girl, 2014)
”
3° une proposition subordonnée relative (sans antécédent),
complétive, infinitive ou interrogative indirecte :
“ Avec elle, on peut choisir où l’on se place. (G ENEVIÈVE DAMAS,
Patricia, 2017)
Il m’apprit que le papier encore intact n’est pas blanc : il est tout
autant noir que blanc, il n’est rien, il est tout, il est le monde
encore sans soi. (ALEXIS JENNI, L’art français de la guerre, 2011)
”
Remarques
1. La proposition infinitive complément d’objet direct est parfois introduite par
une préposition vide à ou de. On vérifie que cette préposition n’est pas
appelée par le verbe en remplaçant la proposition par un pronom ou par
un groupe nominal, qui se construit sans la préposition :
Je décidai de quitter la société des hommes. (ALBERT
CAMUS, La chute, 1956) (À comparer avec : Je décidai cela. Je décidai ce
départ.)
2. Dans Je bois du vin, de la bière, de l’eau ; je mange des épinards ; il
n’a pas de pain, on a des compléments d’objet partitifs. On observera que
de ne garde pas sa valeur de préposition : combiné (ou fondu) avec le, la,
l’, les, il forme les articles partitifs du, de la, de l’, des ; employé seul,
comme dans Il n’a pas de pain, j’ai mangé de bonnes noix, il sert de
déterminant partitif ou indéfini. (› Article partitif)
3. Définition du complément d’objet
indirect
Le complément d’objet indirect se joint au verbe par une préposition
pour en compléter le sens. Les prépositions les plus fréquentes sont
de et à.
”
Les pronoms personnels compléments d’objet indirects me, te, se
(avant le verbe), moi, toi (après un impératif), nous, vous, lui, leur
(avant ou après le verbe), se présentent sans préposition ; la
même observation s’applique au pronom relatif dont complément
d’objet indirect :
Je ne leur ai pas nui. (Comparez : Je n’ai nui à aucun être vivant.)
On lui obéit. (Comparez : On obéit à son père.)
Pour reconnaitre le complément d’objet indirect, on peut vérifier qu’il
n’est ni effaçable, ni facilement déplaçable dans la phrase, et qu’on
insère difficilement et ce entre le verbe et le complément. Il est
pronominalisable, en y lorsque le complément est introduit par à, en
en lorsque le complément est introduit par de, ou par la préposition
suivie d’un pronom indéfini (par ex. pour cela).
Je voterai pour la sanction la plus lourde.
*Je voterai. (Test de suppression : le complément d’objet indirect n’est pas
effaçable.)
Je voterai pour cela. (Test de pronominalisation : le complément d’objet
indirect est pronominalisable.)
*Je voterais, et ce pour la sanction la plus lourde. (Test d’insertion : on ne
peut pas insérer et ce entre le verbe et le complément d’objet indirect.)
*Pour la sanction la plus lourde je voterai. (Test de déplacement : le
complément d’objet indirect n’est pas mobile.)
”
2° une proposition subordonnée relative, complétive, infinitive ou
interrogative indirecte (› COI introduit par (à ce / de ce) que) :
“ Nul ne pouvait se douter que son cœur battait de manière
étrange, pour ne pas dire démoniaque. (DAVID FOENKINOS, Les
souvenirs, 2013)
”
5. Position du complément d’objet
direct et indirect
Le complément d’objet direct ou indirect se place généralement
après le verbe.
Il précède le verbe dans les cas suivants.
1° Lorsque c’est un pronom personnel :
”
2° Dans certaines tournures interrogatives ou exclamatives, ou
encore dans certaines locutions figées :
“ Quel marché allait lui proposer l’assassin ? (J EAN-CHRISTOPHE
GRANGÉ, Le passager, 2011)
”
3° Le complément est détaché en tête de phrase quand on veut lui
donner du relief ; on le répète alors par un pronom personnel
placé avant le verbe (› Phrase avec détachement) :
Tous les détails que j’ai pu trouver, je les lui ai donnés. (CLAUDIE
GALLAY, Les déferlantes, 2011)
Ces chaussures, bien sûr, oui, c’est sa mère qui les lui a
offertes. (LAURENT MAUVIGNIER, Continuer, 2016)
”
Les règles suivantes s’appliquent lorsqu’un complément est commun
à plusieurs verbes ou qu’un verbe construit plusieurs compléments.
1° Un complément d’objet direct ou indirect peut être commun à
plusieurs verbes, pourvu que chacun d’eux puisse séparément
admettre ce complément :
”
2° Si les verbes n’appellent pas le même type de complément, le
complément s’exprime avec le premier verbe selon la
construction requise par celui-ci, et se répète par un pronom
avec les autres verbes, selon la construction demandée par
chacun d’eux :
”
3° Lorsqu’un verbe a plusieurs compléments d’objet, ceux-ci
doivent être, en principe, de même nature grammaticale :
“ Et je perds mes forces et ma vie à essayer de poser la bonne
question, celle qui obtiendra une réponse. (JEAN-MICHEL
GUENASSIA, La vie rêvée d’Ernesto G., 2010)
”
Remarque
À l’époque classique, on acceptait qu’un verbe ait des compléments de
différentes natures coordonnés entre eux (› Zeugme) :
Elle savait la danse, la géographie, le dessin, faire de la
tapisserie et toucher du piano. (GUSTAVE FLAUBERT, Madame
Bovary, 1857)
”
Parce qu’ils expriment le lieu ou le temps, ces compléments
ressemblent aux compléments circonstanciels. Cependant, on ne
peut ni les effacer, ni les déplacer. Ils sont tantôt pronominalisables
(par y ou en), tantôt substituables par un adverbe de lieu (là), de
temps (alors) ou de quantité (autant) (› Compléments
circonstanciels) :
Il se rendait à son bureau. → Il s’y rendait.
Je pesais mille kilos. → Je pesais autant.
Remarques
1. Le complément essentiel de lieu se distingue du complément
circonstanciel de lieu par le fait qu’il n’est pas déplaçable, sous peine de
modifier le sens de la phrase.
Il décida de l’emmener diner à Paris. (HÉLÈNE JOUSSE, Le joker,
2013) (À Paris est un complément essentiel qui indique le lieu visé par l’action. Si
on le déplace comme dans la phrase À Paris, il décida de l’emmener
diner, il devient un complément circonstanciel qui donne le cadre spatial général
de l’action.)
2. Un verbe peut avoir deux constructions différentes, l’une avec un
complément d’objet direct (par ex. mesurer la durée du trajet), l’autre
avec un complément essentiel de quantité (par ex. mesurer deux
mètres). Cette différence a une incidence sur l’accord du participe passé
de ces verbes. (› Accord du participe)
”
5. Le complément d’agent
Le complément d’agent est introduit par une des prépositions par ou
de après un verbe passif. Il représente le sujet de la phrase
équivalente au mode actif, et il en conserve le rôle sémantique. Le
sujet étant souvent l’agent de l’action, c’est de là que provient de
nom de ce complément. (› Voix passive)
”
Pour reconnaitre le complément d’agent, on transforme la phrase au
mode actif du verbe : si le complément introduit par une des
prépositions par ou de devient sujet du verbe actif, c’est bien un
complément d’agent.
Il fut dévoré par un vautour devient au mode actif : Un vautour le dévora.
Tu es craint de tes étudiants devient au mode actif : Tes étudiants te
craignent.
Le complément d’agent est facultatif : il peut être supprimé quand
l’information qu’il représente est jugée connue ou non importante : il
fut dévoré ou tu es craint.
6. Le complément circonstanciel
1. Définition et identification
Le complément circonstanciel complète le verbe sans être
indispensable à la construction de celui-ci. Il n’est pas spécifique au
verbe. (› Complément accessoire)
”
Les caractéristiques principales du complément circonstanciel sont
la mobilité (on peut le déplacer à différentes places dans la phrase)
et le caractère effaçable (on peut le supprimer sans que la phrase
devienne agrammaticale). Étant lié au verbe de manière moins
stricte que les compléments essentiels (direct, indirect, de temps, de
mesure, etc.), le complément circonstanciel peut également être
séparé du verbe par l’insertion de et ce (elle a rédigé une nouvelle
ordonnance, et ce de la main droite).
Les compléments circonstanciels sont souvent décrits à partir du
rôle qu’ils jouent par rapport à la prédication verbale, en en précisant
les « circonstances » : la cause, le temps (époque ou durée), le lieu
(situation, direction, origine, passage, distance), la manière, le but,
l’instrument, l’accompagnement, la matière, le résultat, etc.
Cependant, les tests syntaxiques constituent la manière la plus
fiable de distinguer un complément circonstanciel (par ex. de lieu)
d’un complément essentiel (par ex. de lieu). (› Tests syntaxiques)
”
2. Nature du complément
circonstanciel
Le complément circonstanciel est le plus souvent introduit par une
préposition, ou par une conjonction quand il s’agit d’une proposition
subordonnée circonstancielle. Un complément circonstanciel peut
être (› Prop. sub. circonstancielle) :
1° un groupe prépositionnel (préposition suivie d’un nom, d’un
pronom, d’un mot pris substantivement) :
“ Il avait obtenu un coin de terre au Jardin des plantes, en bonne
exposition, pour y faire, « à ses frais », ses essais d’indigo. Pour
cela il avait mis les cuivres de sa Flore au mont-de-piété.
(VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
”
2° un adverbe ou un groupe adverbial :
”
3° un participe présent (accompagné de son complément
éventuel) :
“ Elle a ri et s’est enfuie dans l’escalier en agitant sa chevelure
orangée. (YASMINA REZA, Babylone, 2016)
”
4° une proposition subordonnée :
”
7. Le complément de la phrase
1. Définition et identification
Les compléments de phrase ne dépendent pas du verbe, ni
syntaxiquement ni sémantiquement. Ils sont associés à la phrase
dans son ensemble, pour la commenter ou la mettre en perspective.
Je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus
belle maintenant que lorsque vous étiez jeune. (MARGUERITE
DURAS, L’amant, 1984)
”
Les compléments de la phrase sont souvent placés en tête de
phrase. Leur fonction est de donner le point de vue de l’énonciateur
sur le contenu sémantique de la phrase (degré de certitude,
jugement de valeur, etc.). Il est impossible de les extraire entre c’est
… que, car ils sont hors de la portée du verbe : *C’est étrangement
qu’il avait gardé officiellement les noms de son père et de sa mère. (Phrase
agrammaticale.) (› Énonciation)
”
2° un groupe prépositionnel :
”
3° une proposition subordonnée :
“ Pour te parler franchement, je ne suis pas tenté. (J
EAN-MICHEL
GUENASSIA, De l’influence de David Bowie sur la destinée des
jeunes filles, 2017)
”
CHAPITRE 5
”
2. La phrase déclarative
La phrase déclarative permet au locuteur de dire quelque chose (par
ex. la terre tourne) en affirmant que cela est vrai. Elle peut être
affirmative (positive) ou négative :
“
La terre tourne, le navire flotte sur les mers, mais le
capitaine O’Hare ne bouge pas, ou si peu. (VINCENT ENGEL,
Le miroir des illusions, 2016)
”
Lorsqu’elle est prononcée de manière isolée, la phrase déclarative
se termine par une intonation descendante indiquant la finalité. À
l’écrit, elle se termine ordinairement par un point.
L’ordre des mots est habituellement le suivant : d’abord le sujet, puis
le verbe, puis l’attribut ou le complément ; les compléments
accessoires sont placés à différentes positions dans la phrase.
”
Si le verbe a plusieurs compléments, d’ordinaire l’harmonie
demande que le plus long soit à la fin de la phrase :
”
Pour la place du sujet (cf. ici) ; pour celle de l’attribut (cf. ici) ; pour
celle du complément d’objet (cf. ici).
L’ordre des mots n’est pas réglé uniquement par les fonctions
grammaticales des éléments de la phrase. Il peut être modifié pour
s’adapter à l’ordre chronologique des faits ou à leur importance
relative. En outre il y a un ordre affectif, qui suit les mouvements très
variés des sentiments, et un ordre esthétique, qui produit des effets
de surprise, d’expressivité, etc. (› Réorganisation de la phrase)
3. La phrase interrogative
La phrase interrogative permet au locuteur d’exprimer une question
portant sur l’existence d’un fait (interrogation totale) ou sur un aspect
particulier de ce fait (interrogation partielle).
“
Rodrigue, as-tu du cœur ? (PIERRE CORNEILLE, Le Cid, 1637)
(Interrogation totale.)
”
À l’écrit, la phrase interrogative est marquée par un point
d’interrogation. À l’oral, l’intonation prototypique de la phrase
interrogative est montante : elle indique la continuation à apporter à
la question au moyen d’une réponse. Si l’interrogation n’est pas
marquée par la syntaxe, l’intonation montante est nécessaire afin de
ne pas confondre la phrase interrogative (Tu viens ?) avec une
phrase déclarative ou injonctive. Si l’interrogation est marquée par
des mots interrogatifs (par ex. est-ce que ? qui ? comment ?),
l’intonation peut être montante ou descendante. Seul le mode verbal
indicatif peut prendre la forme interrogative.
1. L’interrogation totale
L’interrogation totale porte sur la totalité de la phrase et appelle une
réponse en oui, en non ou en si (si la phrase interrogative est
négative).
“
– Vous aimez ? – Oui, beaucoup. (BLANDINE LE CALLET, La
ballade de Lila K, 2010)
”
a) L’interrogation totale directe
L’interrogation totale peut s’exprimer au moyen de trois structures
syntaxiques.
1° Une phrase déclarative, éventuellement non verbale,
accompagnée d’une intonation montante à l’oral ou d’un point
d’interrogation à l’écrit :
“
Tu sais que tu es née ici ? – Je suis née ici ? laisses-tu
échapper aussitôt. (CAROLE MARTINEZ, La terre qui penche,
2015)
”
2° La locution est-ce que en tête de phrase, accompagnée d’un
point d’interrogation à l’écrit et d’une intonation montante à l’oral :
Est-ce que tous les enfants sont des étrangers pour leur
père ? se demandait-il. (LYDIE SALVAYRE, Tout homme est une
nuit, 2017)
”
3° L’inversion du sujet, accompagnée d’une intonation montante ou
d’un point d’interrogation, relève d’un style plus formel. Elle peut
prendre deux formes :
l’inversion simple du sujet et du verbe, lorsque le sujet est un
pronom personnel ou le pronom ce :
“ Peut-on juger une vie sur un seul acte ? (J
EAN-PAUL SARTRE,
Huis clos, 1947)
”
l’inversion complexe du sujet et du verbe, lorsque le sujet
formé d’un nom propre, d’un pronom disjoint ou d’un groupe
nominal est placé avant le verbe et est répété immédiatement
après celui-ci sous la forme d’un pronom personnel (› Pronom
disjoint) :
“
Aussi formulerai-je la question tout droitement : Notre-
Seigneur Jésus-Christ est-il oui ou non présent en personne
dans la communion ? (JEAN-CHRISTOPHE RUFIN, Rouge Brésil,
2011)
”
Remarques
1. Quand il y a inversion du sujet à la première personne des verbes en -er,
la finale -e devient -è (ou -é en ancienne orthographe) :
Dussè-je vivre dix vies, je n’aurais jamais assez de temps pour te
remercier de ce que tu as fait pour moi. (La langue ordinaire préfère la
tournure même si je dois…).
Pourquoi vous aimé-je ? (HONORÉ DE BALZAC, Le père Goriot,
1835)
2. L’inversion est également possible à l’indicatif présent pour quelques
verbes qui ne font pas leur première personne en -e mais qui sont très
fréquents : ai-je, suis-je, dis-je, fais-je, puis-je, tiens-je, vais-je, veux-je,
vois-je, etc. En dehors de ces cas choisis par l’usage, l’inversion n’est pas
admise : *cours-je, *mens-je, etc. On dira : est-ce que je cours, est-ce
que je mens, etc.
Que suis-je ? où suis-je ? où vais-je, et d’où suis-je tiré ?
(VOLTAIRE, Poème sur le désastre de Lisbonne, 1756)
”
Remarques
1. L’interrogation est alternative lorsqu’elle implique deux éléments
coordonnés par la conjonction ou impliquant qu’on réponde en choisissant
un terme de l’alternative :
Préfères-tu que je vive dessus jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus,
ou que je les conserve intacts ? (PHILIPPE JAENADA, La serpe,
2017)
2. L’interrogation partielle
L’interrogation partielle porte sur un élément de la phrase, à
l’exception du verbe : elle peut porter sur le sujet (qui ?), sur un
complément essentiel du verbe (quoi ? à qui ?, etc.) ou sur un
complément circonstanciel (comment ? quand, ? où ? etc.).
L’élément interrogé est signalé par un mot interrogatif qui est un
pronom (qui, que, laquelle, à quoi, etc.), un déterminant (quel) ou un
adverbe (quand, où, pourquoi, etc.). L’intonation montante typique
de la question est possible, mais elle n’est pas nécessaire, car la
modalité interrogative est déjà marquée par le mot interrogatif.
”
Attribut :
”
• Interrogation portant sur un complément d’objet
direct ou indirect du verbe
L’interrogation qui porte sur un complément d’objet direct du verbe
est formulée au moyen de qui (pour un humain) ou que, lequel, ou
quel + nom. Si l’interrogation porte sur un complément d’objet
indirect, elle est formulée avec une préposition (à, de, contre, sur,
etc.) suivie de qui, quoi, quel + nom. On peut aussi utiliser les
pronoms interrogatifs auquel (si la préposition est à) ou duquel (si la
préposition est de).
“
Qui saluez-vous donc là ? (ALEXANDRE DUMAS FILS, La dame
aux camélias, 1848)
”
L’ordre des mots dans la phrase interrogative est généralement
modifié par rapport à la phrase affirmative : on parle d’inversion de
la position du sujet et du verbe. Lorsque le sujet est un groupe
nominal, il suit le verbe (1) ; lorsque le sujet est un pronom, il suit
normalement le verbe (2), sauf dans un style informel (3).
“ Que voient Saturnin et Yvonne Doulet ? […] Que leur dit
Fernand ? (PHILIPPE JAENADA, La serpe, 2017) (1)
”
Lorsque le sujet est un nom et que le mot interrogatif n’est pas que,
le sujet suit le verbe (1). Il peut aussi précéder le verbe et être repris
près du verbe par un pronom personnel, dans ce qu’on appelle une
inversion complexe (2). (› Inversion complexe)
”
Remarque
L’interrogation partielle peut se construire avec les expressions qui est-ce qui
/ qui est-ce que / qu’est-ce qui / qu’est-ce que. La combinaison d’un pronom
interrogatif et d’un pronom relatif permet de lever certaines rares ambigüités,
comme dans Qui garde l’enfant ? où le pronom qui pourrait être sujet (Qui
est-ce qui garde l’enfant ? ) ou objet (Qui est-ce que l’enfant garde ? ). Cette
tournure permet de formuler des interrogatives impossibles à construire avec
le pronom interrogatif simple, et d’éviter l’inversion du verbe et du sujet.
Qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de
l’eau dans le bois ? (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
Quand est-ce que vous avez compris que l’enfer que nous
venons d’évoquer n’est pas pour vous ? (DANY LAFERRIÈRE,
L’énigme du retour, 2009)
”
Remarques
1. Avec l’adverbe interrogatif pourquoi et un sujet nominal, la norme veut
qu’on ait l’inversion complexe du sujet. Cette inversion peut cependant
être évitée si on utilise est-ce que :
Pourquoi certaines choses du passé surgissent-elles avec
une précision photographique ? (PATRICK MODIANO, Rue des
Boutiques Obscures, 1978)
Pourquoi est-ce que vous n’envoyez jamais de lettre
proposant la reconduction du contrat ? Pourquoi est-ce que
vous considérez cette reconduction comme tacite ?
(EMMANUEL CARRÈRE, D’autres vies que la mienne, 2010)
Cependant, on trouve aussi dans un style se voulant informel pourquoi sans
inversion :
Pourquoi elle était là plutôt qu’ailleurs, pourquoi elle était
aussi de si loin, de Boston, pourquoi elle était riche,
pourquoi à ce point on ne savait rien d’elle, personne, rien,
pourquoi ces réceptions comme forcées, pourquoi, pourquoi
dans ses yeux, très loin dedans, au fond de la vue, cette
particule de mort, pourquoi ? (MARGUERITE DURAS, L’amant,
1984)
2. Dans un style informel, on trouve aussi une forme interrogative avec le mot
interrogatif placé après le verbe :
Et maintenant, je fais quoi ? Tu viens quand ? (KATHERINE
PANCOL, La valse lente des tortues, 2008)
Comment tu t’appelles ? Tu es en quelle année ? (LAURENT
DEMOULIN, Robinson, 2016)
Tu es où, dis-moi, tu es où ? (PIERRE LEMAITRE, Cadres noirs,
2010)
”
Remarque
De l’interrogation véritable, qui ne préjuge pas la réponse, il faut distinguer
l’interrogation oratoire, ou question rhétorique, qui préjuge la réponse : elle
n’interroge pas vraiment, mais n’est qu’une forme par laquelle on donne à
une proposition affirmative ou négative un relief particulier :
Mais pourquoi ne m’a-t-il pas dit où il allait ? (DANY
LAFERRIÈRE, L’énigme du retour, 2009) (Je regrette qu’il ne m’ait pas dit
où il allait !)
”
Trois modes verbaux sont utilisés pour exprimer l’injonction.
1° L’impératif permet d’adresser directement à l’interlocuteur une
injonction : il ne se conjugue qu’aux deuxièmes personnes du
singulier et du pluriel et à la première personne du pluriel. Sous
sa forme négative, l’impératif exprime une défense ou une
interdiction de faire quelque chose. (› Impératif)
“ Prends soin d’eux. Sois leur bonne fée. (EMMANUEL
CARRÈRE, Limonov, 2011)
”
Au mode impératif le sujet n’est pas exprimé. Dans la phrase
affirmative, les pronoms compléments du verbe suivent celui-ci et y
sont reliés par un trait d’union ; dans la phrase négative, ils occupent
leur position habituelle :
”
2° Le subjonctif est utilisé, à la troisième personne du singulier ou
du pluriel, pour exprimer une injonction dont le destinataire direct
n’est pas présent ou lorsque le locuteur adresse un souhait qui le
concerne lui-même. (› Subjonctif)
“ Qu’ils crèvent tous de leur maladie du sommeil et qu’on n’en
parle plus ! (ALBERT COHEN, Belle du Seigneur, 1968)
”
3° Le mode infinitif, qui se construit sans sujet, permet d’adresser
des injonctions plus générales, sans destinataire précis.
(› Infinitif)
”
Remarques
1. Un ordre peut être réalisé de manière indirecte : par une phrase non
verbale contenant une interjection (1), par une phrase déclarative avec un
verbe exprimant un ordre (2) ou avec un verbe au futur (3), par une phrase
de forme interrogative (4).
Silence ! Il ne voulait même pas entendre ses excuses
bidons. (ADELAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE, Fourrure, 2010) (1)
Je vous prie de me faire savoir, par retour du courrier, si vous
désirez conserver vos fonctions jusqu’ à la fin de la guerre.
(PATRICK DEVILLE, Taba-Taba, 2017) (2)
Vous irez à Marrakech ou à Rabat voir si j’y suis ! (FOUAD
LAROUI, Une année chez les Français, 2014) (3)
Voulez-vous bien finir ! (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary,
1857) (4)
2. La phrase optative exprime un souhait ou un désir :
Que Paul fasse ce que bon lui semble. (JEAN COCTEAU, Les
enfants terribles, 1950)
Pour Elio, Anna et Théo, puissiez-vous être toujours libres,
regardant le monde sans peur, et avançant dans votre vie
avec joie. (LAURENT GAUDÉ, Les oliviers du Négus, 2013)
5. La phrase exclamative
La phrase est exclamative lorsqu’elle exprime la vivacité d’un cri, un
sentiment de joie, de douleur, d’admiration, de surprise, etc. La
dimension affective de l’exclamation s’ajoute à une phrase
déclarative, interrogative ou injonctive. À l’écrit, la phrase
exclamative est marquée par un point d’exclamation ou par un
point ; à l’oral, on aura un mouvement mélodique souvent
descendant.
”
La phrase exclamative peut prendre différentes formes, avec ou
sans mots exclamatifs.
1° Les marqueurs exclamatifs sont le déterminant quel ou les
adverbes comme, que et combien. Ils expriment un haut de
degré de quantité ou de qualité.
“ Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime ! (Interprète JOHNNY
HALLYDAY, parolier, GILLES THIBAUT, Que je t’aime, 1969)
Dieu ! que le son du cor est triste au fond des bois ! (ALFRED
DE VIGNY, Le cor, 1825)
Comme ils sont heureux, tous ces souliers bien cirés, bien
alignés, sûrs d’eux. (ALBERT COHEN, Belle du Seigneur, 1968)
”
2° L’exclamation peut n’être marquée que par un point
d’exclamation à l’écrit, ou une intonation descendante à l’oral. Il
est par conséquent difficile de tracer une limite claire entre une
phrase exclamative ou non exclamative.
“ – On t’a dit de ne jamais courir dans le salon ! Tu aurais pu
casser un vase. Des Rosenthal ! Ils sont très précieux, très
chers ! Ton oncle sera furieux s’il l’apprend ! – Ne dis rien à
mon oncle, tata Iulia ! Pardon ! Je ne le ferai plus, c’est
promis ! (CATHERINE CUSSET, Un brillant avenir, 2011)
”
3° Certaines tournures syntaxiques favorisent une interprétation
exclamative (plutôt que déclarative) de la phrase :
l’inversion du verbe et du sujet (sans visée interrogative) ;
”
l’omission du ne de négation ;
”
l’expression de l’intensité comme un de ces… ;
“ Mais Marianne, vous nous avez fait une de ces peurs, j’aime
autant vous le dire. (PHILIPPE DJIAN, Incidences, 2010)
”
certaines phrases non verbales.
”
CHAPITRE 6
“
Jamais une révolution n’a été conduite par des poètes.
(NANCY HUSTON, Danse noire, 2013) (L’adverbe de négation jamais est
mis en avant (emphase) et la voix passive a été conduite permet de faire du
groupe nominal une révolution le sujet et le thème de la phrase.)
”
Ces réorganisations particulières de la phrase servent des fonctions
logiques et communicatives en adéquation avec le contexte
d’usage : expression de la subjectivité du locuteur, mise en évidence
de certains éléments, etc. Dans ce chapitre, nous présentons :
la polarité (positive ou négative) de la phrase ;
la forme passive ;
les constructions impersonnelles ;
les réorganisations de l’ordre des mots dans la phrase.
2. La phrase négative
1. Définition
Toute phrase peut connaitre une forme affirmative ou négative. Une
phrase négative devient affirmative dès lors qu’on supprime les
adverbes ne… pas et qu’on remplace la conjonction ni par et :
“
Lucile ne pouvait pas toucher le sol avec ses mains quand
elle était debout, ni faire le pont, ni pencher son corps vers
l’avant pour attraper ses pieds quand elle était assise.
(DELPHINE DE VIGAN, Rien ne s’oppose à la nuit, 2011)
”
La négation modifie la valeur logique d’une phrase : une phrase
affirmative qui est vraie devient fausse si elle est négative. Si la
phrase Il a vingt ans de plus qu’elle est vraie, alors la phrase Il n’a pas
vingt ans de plus qu’elle énoncée à propos de la même personne est
fausse.
La phrase négative est formée en utilisant :
des adverbes ou des locutions adverbiales : ne, non, guère,
jamais, pas, point, plus, nulle part, etc. ;
des pronoms : personne, rien ;
des déterminants : nul, aucun.
Par ailleurs, il existe de nombreux verbes (empêcher, nier, ignorer),
noms (absence, impossibilité, non-assistance) ou adjectifs
(infaisable, atypique) qui ont une polarité négative lexicale.
“
La simple attente de cet appel et l’incertitude l’empêcheraient
de s’endormir. (CATHERINE CUSSET, Indigo, 2013)
(L’empêcheraient = ne la laisseraient pas.)
”
2. Négation totale, partielle
ou restrictive
La négation totale porte sur l’ensemble de la phrase et est
généralement marquée par les adverbes ne… pas qui encadrent le
verbe.
”
La négation partielle porte sur un constituant de la phrase.
Si la négation porte sur un groupe nominal sujet ou complément
du verbe, on utilise un pronom ou un déterminant négatif
(personne, aucun, nul, etc.)
“
Dans la guerre, personne ne peut être neutre ! (GAËL FAYE,
Petit pays, 2016) (La négation porte sur le sujet.)
”
Si la négation porte sur un complément adverbial, elle est formée
par un adverbe de négation : aucunement, jamais, nulle part, etc.
”
Remarque
L’adverbe plus peut se combiner avec d’autres marques pour indiquer une
idée d’interruption dans la continuité temporelle (plus jamais, plus personne,
etc.)
“
J’avais donc imaginé, non pas de faire venir un uniforme de
pompier de Corse (j’aurais bien eu une filière), mais de me
rabattre sur un de ces uniformes de vigile, de gardien ou
d’agent de sécurité qu’on voit partout en Chine. (JEAN-
PHILIPPE TOUSSAINT, Made in China, 2017) (1)
”
La négation est restrictive (ou exclusive) lorsqu’on restreint la
portée du verbe à un seul élément à l’aide de ne… que, ayant le
sens de seulement.
“ Je ne voyais que le soleil de printemps dans un ciel de
montagne, je ne savais rien de ce qui se passait, et en
contrebas, dans cette vallée dont je ne voyais que le vide.
(ALEXIS JENNI, Élucidations. 50 anecdotes, 2013)
”
3. La phrase passive
La forme passive de la phrase, traditionnellement appelée voix
passive, consiste à réarranger la phrase active de sorte que le
complément d’objet du verbe devienne le sujet, et que le sujet
devienne le complément d’agent. La forme passive du verbe est
construite avec l’auxiliaire être suivi du verbe au participe passé,
accordé en genre et en nombre avec le sujet. (› Voix passive,
› Complément d’agent)
”
La forme passive permet donner à l’objet du verbe, qui subit l’action,
la fonction de sujet ; tandis que l’agent de l’action (traditionnellement
représenté par le sujet) devient le complément d’agent du verbe.
Peuvent prendre la forme passive les verbes transitifs à complément
d’objet direct (par ex. lire, manger, voir, etc.). Exceptionnellement,
quelques verbes transitifs indirects (comme désobéir à, pardonner à)
peuvent aussi se construire à la forme passive (› Verbe transitif) :
“ On croirait vraiment qu’elle est seule, sûre de n’être vue par
personne. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014)
”
Remarque
Le passif peut aussi s’exprimer au moyen de la construction pronominale
passive :
S’élève alors, dans le ciel pur, une musique débarrassée de
fardeaux, de mensonges et de masques, où tous les mots se
ramassent en un seul qui signifie tout. (YANN MOIX, Naissance,
2013)
”
4. La phrase impersonnelle
1. Structure de la phrase
impersonnelle
La phrase impersonnelle se construit avec le sujet il suivi d’un verbe
impersonnel (1,2) ou d’un verbe personnel utilisé impersonnellement
(3). Le verbe est généralement suivi d’un groupe nominal.
Au milieu des mots que j’ai choisis, il arrive des mots que je
n’ai pas invités, des mots sauvages. (JEAN-LOUIS FOURNIER,
Poète et paysan, 2010)
”
Dans la phrase impersonnelle, les deux rôles (syntaxique et
sémantique) joués habituellement par le sujet sont répartis entre
deux termes :
le pronom il est le sujet syntaxique qui précède le verbe et
commande son accord à la troisième personne du singulier. Il est
dépourvu de référent, c’est-à-dire qu’il ne désigne aucun être ou
chose, et ne remplit aucun rôle sémantique auprès du verbe ;
le groupe placé après le verbe, appelé séquence de
l’impersonnel, apporte l’information sémantique.
Remarque
Pour rendre compte de cette répartition des rôles, la tradition grammaticale a
distingué le il sujet grammatical (ou sujet apparent) du groupe qui suit le
verbe et remplit le rôle de sujet sémantique (ou sujet réel). On nomme
séquence de l’impersonnel le groupe qui suit le verbe, puisque ce groupe
ne possède pas les caractéristiques du sujet (il ne donne pas ses marques
pour l’accord du verbe).
”
des expressions construites avec il fait + nom ou adjectif (il fait
beau, il fait gris, etc.) ;
“ Il fait gris, froid, elle arpente, avec ses cuissardes blanches,
le trottoir, à la sortie du RER Denfert-Rochereau. (MORGAN
SPORTÈS, Tout, tout de suite, 2011)
”
des verbes modaux exprimant une obligation, une nécessité, une
possibilité (il faut, il s’agit, il se peut, etc.) ;
”
des locutions exprimant la temporalité, construites avec il y
a + durée (il y a une heure), il est + heure, il est tôt, etc.
“
Il était tardlorsque les cloches de la grand-messe nous
réveillèrent à toute volée. (NICOLAS BOUVIER, L’usage du
monde, 1963)
”
Remarques
1. Le verbe météorologique est parfois accompagné d’un groupe nominal
plus ou moins figé (il pleut des cordes) à une valeur intensifiante. Ce
groupe nominal fonctionne comme un complément d’objet interne.
(› Complément d’objet interne)
Il lansquine, il pleut, vieille figure frappante, qui porte en
quelque sorte sa date avec elle, qui assimile les longues
lignes obliques de la pluie aux piques épaisses et penchées
des lansquenets, et qui fait tenir dans un seul mot la
métonymie populaire : il pleut des hallebardes. (VICTOR
HUGO, Les misérables, 1862)
2. Dans le style littéraire, certains verbes impersonnels s’emploient, dans un
sens figuré ou métaphorique, avec un sujet personnel.
Les étoiles filantes pleuvaient sur la cour, mais j’avais beau
chercher, je ne trouvais rien à souhaiter sinon ce que j’avais.
(NICOLAS BOUVIER, L’usage du monde, 1963)
3. Dans l’usage familier, on peut rencontrer comme sujet d’un verbe
impersonnel le pronom démonstratif ça au lieu du pronom personnel il. Le
pronom ça renvoie à la situation d’énonciation.
Même Plastic Bertrand avait fait pleurer tout le monde avec sa
version remix, Ça craint pour moi, ça pleut pour nous tous,
tombe la pluie, tombent les masques, personne ne viendra
plus ce soir… (VINCENT ENGEL, Belgiques, 2017)
”
5. Les réorganisations de l’ordre
des mots dans la phrase
L’ordre habituel des mots dans la phrase déclarative peut être
modifié pour des raisons expressives ou de présentation de
l’information. Une modification de l’ordre des mots permet de mettre
en relief un constituant (emphase ou focalisation) ou d’introduire un
élément avant de donner une information à son propos
(topicalisation). Les dispositifs permettant de modifier l’ordre des
mots sont les suivants :
la phrase avec détachement : un constituant de la phrase est
détaché en tête ou en fin de phrase et est répété près du verbe
au moyen d’un pronom conjoint :
”
la phrase emphatique (ou clivée) : le sujet ou un complément du
verbe est déplacé en tête de phrase et encadré au moyen du
marqueur c’est… qui / c’est... que, avec un effet de mise en
évidence (emphase) :
“ C’est Zoé qui a inventé ce mot (KATHERINE PANCOL, Les
écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
”
la phrase présentationnelle en il y a : elle permet d’introduire,
de présenter un élément avant de donner une information à son
propos au moyen d’une proposition relative introduite par qui ou
que :
”
la phrase en ce qui... c’est (pseudoclivée) : cette construction
permet de créer une attente dans l’esprit du lecteur ou de
l’auditeur. À l’aide ce qui/ ce que + verbe, on annonce ce dont on
va parler et, dans un second temps, on donne l’information
attendue en l’introduisant par c’est :
“
Ce que je veux, c’est mon or. (OLIVIER TRUC, Le dernier Lapon,
2012)
”
1. La phrase avec détachement
Dans une construction avec un détachement (dite segmentée ou
disloquée), le sujet ou un complément du verbe est présenté en tête
ou en fin de phrase. L’élément détaché est généralement séparé du
reste de la phrase par une virgule à l’écrit ou par une légère pause à
l’oral. Cet élément est repris près du verbe par un pronom, qui
souvent porte les mêmes marques morphosyntaxiques (le soleil, la
vie → les ; nos parents → ils).
“ Le soleil, la vie, et le reste, que j’ai déjà oublié, j’irai les voir
briller de l’autre côté, vers les racines et les incendies
muets. (GWENAËLLE AUBRY, Perséphone 2014, 2015)
(Détachement à gauche.)
”
Si l’élément détaché est en tête de phrase, cela a pour effet de
l’annoncer ou de le mettre en évidence ; s’il est mis en fin de phrase,
cela a pour effet de rappeler de quoi on parle. Plusieurs
détachements peuvent se combiner dans une phrase :
“ Et toi, tu sais le conduire le tracteur ? (S JONCOUR,
ERGE
L’amour sans le faire, 2012) (Un détachement à gauche, toi, et
un détachement à droite, le tracteur.)
”
Remarques
1. L’élément détaché peut être un pronom personnel disjoint, qui a pour effet
de renforcer le pronom personnel près du verbe, avec un effet
d’insistance :
Nous on sort le matériel, toi tu guettes dehors. […] Je vais
t’le dire moi. (DOMINIQUE VAUTIER, La roue du silence, 2012)
2. Lorsque l’élément détaché est un adjectif ou un groupe nominal attribut du
sujet, la fonction communicative n’est pas d’annoncer le thème de la
phrase mais d’attribuer une caractéristique au sujet en mettant cette
caractéristique en évidence.
Bavarde elle l’était, certes, incorrigiblement. (VIRGINIE
DELOFFRE, Léna, 2010)
Alexis Leger (c’est son vrai nom, et léger, il le fut en effet)
accompagne Daladier à Munich en tant que secrétaire général
du Quai d’Orsay. (LAURENT BINET, HHhH, 2010)
”
2° la présence ou l’absence du pronom près du verbe ; lorsque ce
pronom est absent, le complément détaché est antéposé sans
reprise pronominale :
”
3° le fait que l’élément détaché soit (1,2) ou non (3) introduit par une
préposition quand il est un complément d’objet indirect du verbe :
Pourtant j’y pense, à cette vie à lui qui a lieu sans moi. (OCÉANE
MADELAINE, D’argile et de feu, 2016) (3)
”
Remarque
On trouve des détachements dans des propositions subordonnées.
Moi j’avoue que la psychologie des tueurs, je suis un peu
dépassé. (MICHEL BUSSI, Mourir sur Seine, 2015)
”
L’élément extrait apporte l’information principale de la phrase. Le
reste de la phrase est considéré comme présupposé, c’est-à-dire
qu’il ne peut pas être remis en question (ni nié, ni interrogé).
“ C’est à Londres que vous avez fait sa connaissance ? (A LAIN
BERENBOOM, Périls en ce royaume, 2014) (L’interrogation porte sur
l’élément à Londres, et pas sur la phrase vous avez fait sa connaissance, qui est
présupposée.)
”
L’élément extrait est mis au centre de l’attention (c’est ce qu’on
appelle une emphase ou une focalisation). Cela permet souvent de
créer une opposition ou un contraste entre l’élément mis en
évidence et un autre élément de la phrase :
”
La mise en emphase peut affecter les constituants remplissant les
fonctions syntaxiques de :
1° sujet, avec c’est… qui, lorsque le sujet est réalisé par un pronom,
un groupe nominal ou un verbe à infinitif :
“ Sa mort sur la plage, c’est lui qui l’a choisie. (M ICHEL BUSSI,
Gravé dans le sable, 2014)
C’est l’homme que vous êtes qui m’a tant appris de la vie. (JOËL
DICKER, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2014)
”
2° complément d’objet direct ou indirect du verbe, avec c’est… que :
”
3° complément circonstanciel, avec c’est… que :
“ Le mardi soir je suis toujours là d’habitude, c’est le jeudi que
je sors. (HÉLÈNE GRÉMILLON, La garçonnière, 2013)
”
4° Il est impossible d’extraire un verbe ou un adjectif attribut du
sujet, et le résultat donne une phrase agrammaticale (signalée
par *) :
Nous sommes joyeux → *C’est joyeux que nous sommes.
Il mange une pomme → *C’est manger qu’il une pomme.
Remarques
1. Dans la phrase emphatique, les éléments c’est… qui/c’est… que sont
utilisés pour mettre un élément en évidence. Le verbe être n’a plus son
sens plein et c’est ne s’accorde généralement plus en nombre :
Mes grands-parents étaient de là-bas, c’est eux qui m’ont
récupéré. (CLAUDIE GALLAY, Les déferlantes, 2011)
2. Certaines constructions verbales admettent mieux la tournure en c’est…
que que la tournure neutre, sans que l’effet de focalisation soit aussi
marqué :
C’est à Bruxelles que l’on consomme le plus de bière.
(VICTOR HUGO, Les misérables, 1862) (La version neutre est moins
acceptable : ? On consomme le plus de bière à Bruxelles.)
C’est pour cette raison que les fidèles des messes ont tous
plus de cinquante ans. (FRÉDÉRIC BEIGBEDER, Une vie sans fin,
2017) (La version neutre est moins acceptable : Les fidèles des messes ont tous
plus de cinquante ans pour cette raison.)
3. Comment distinguer le verbe être employé dans une phrase emphatique
de son emploi comme verbe principal de la phrase ? Lorsque la phrase
répond à la question « Qu’est-ce que c’est ? », le verbe être est utilisé
comme verbe plein (1). Lorsque la phrase ne répond pas à la question
« Qu’est-ce que c’est ? », le verbe être est utilisé pour créer une phrase
emphatique (2) mais il n’est pas le verbe principal de cette phrase.
C’est une photo que j’ai encore. (HEDWIGE JEANMART, Blanès,
2015) (1)
Il conduisait une Aston Martin Lagonda série 1, couleur bleu
nuit. C’est la voiture que Marthe avait remarquée en premier.
(JEAN-CLAUDE GARRIGUES, La vie en crue, 2013) (2)
3. Les constructions
en il y a et apparentées
a) Le il y a à usage présentationnel
La séquence il y a peut introduire un nom suivi d’une proposition
relative. Dans cet usage, il y a a parfois une fonction de simple
introducteur d’un élément (thème) à propos duquel on va ensuite
dire quelque chose (rhème), comme le fait la phrase à détachement.
Cet usage de il y a, dit présentationnel, permet de présenter
l’information dans la phrase de manière moins dense : la phrase est
divisée en deux parties, une première partie qui annonce ce dont on
va parler et une seconde partie où on donne l’information principale.
(› Phrase avec détachement)
”
L’élément introduit par il y a est le plus souvent un groupe nominal
non spécifié (introduit par un, des), qui fonctionne moins facilement
comme sujet de la phrase en raison de son caractère indéfini.
”
La construction figée il était une fois + groupe nominal + proposition
relative s’apparente également au dispositif il y a : elle permet
d’introduire un élément non spécifié à propos duquel on va donner
une information.
”
4. La phrase en ce que... c’est...
(pseudoclivée)
La phrase pseudoclivée (par ex. Ce que j’aime le plus au monde,
c’est la Sicile. ALBERT CAMUS, La chute, 1956) est utilisée pour créer
un effet de suspens dans la phrase. Elle divise la phrase en deux
parties : la première partie introduite par ce qui / ce que (ce que j’aime
le plus au monde) comporte le verbe principal et crée une attente sur
le complément ; le complément est annoncé par le pronom ce et est
développé dans la seconde partie de la phrase (c’est la Sicile).
“ Ce que Fabrice n’apprit que plus tard, c’est que cette chambre
était la seule du second étage du palais qui eût de l’ombre
de onze heures à quatre. (STENDHAL, La chartreuse de Parme,
1839) (= Fabrice n’apprit que plus tard que cette chambre…)
”
La construction pseudoclivée permet que le sujet habituellement
placé en tête de la phrase, qui est supposé connu (le thème), soit
présenté plus tard dans la phrase et reçoive le statut d’information
principale de la phrase (le rhème).
CHAPITRE 7
”
Dans cette phrase, le pluriel est marqué à l’écrit à cinq reprises,
tandis qu’il n’est audible à l’oral que par le déterminant les, ce qui
peut créer une ambigüité pour l’interprétation de leur(s)
représentant(s) de commerce. À l’oral, la liaison permet cependant
de faire entendre la marque finale (-s ou -x) de certains mots pluriels
(leurs_amis). (› La liaison)
“
comme des démons dans
cette terre grasse. (NICOLAS BOUVIER, L’usage du monde, 1963)
”
2° sujet + verbe attributif + attribut : accord du verbe et de
l’attribut avec le sujet ; (› Accord de l’attribut)
“
Plus on connaît les choses, plus . (SYLVAIN
TESSON, Dans les forêts de Sibérie, 2011)
”
3° déterminant + nom + adjectif : accord du déterminant et de
l’adjectif avec le nom ; (› Accord de l’adjectif)
“
,
rallume mes petites lumières. (DANIEL PENNAC, Au bonheur des
ogres, 1985)
”
4° complément d’objet direct du verbe + participe passé
conjugué avec avoir : accord du participe passé avec le COD
qui précède (› Accord du participe) ;
“
Elle doit tout vérifier, les notes , les lettres
, tout. (SÉBASTIEN JAPRISOT, Un long dimanche de
fiançailles, 1991)
”
2. Difficultés particulières
La chaine d’accord peut être difficile à percevoir et à produire
correctement lorsque la position des éléments n’est pas habituelle,
ou lorsqu’un élément s’intercale entre les mots à accorder.
1° Position des éléments : lorsque le sujet suit le verbe, ou que
l’attribut précède le verbe, il faut tenir compte de la suite de la
phrase pour accorder correctement.
“
Un berger au chapeau conique et long bâton mène un
troupeau de moutons qu’accompagnent de grands oiseaux
blancs. (PATRICK DEVILLE, Peste & Choléra, 2012)
Dès 1933, les savants juifs, chassés l’un après l’autre des
universités, privés de ressources du jour au lendemain sans
que fussent aucunement pris en considération leur valeur, leur
sang versé pour l’Allemagne ou la simple humanité, avaient
émigré en Angleterre, en Irlande, en Suisse, aux États-Unis.
(JÉRÔME FERRARI, Le principe, 2015) (Le participe passé s’accorde au
masculin et au pluriel car un des sujets, leur sang versé, est masculin.)
”
2° Constituant intervenant entre le verbe et le sujet, entre le
nom et l’adjectif : un élément sépare le sujet du verbe, de sorte
qu’on risque de faire un accord erroné avec le terme le plus
proche.
“
Car chaque anxiété nouvelle que nous éprouvons par eux
enlève à nos yeux de leur personnalité. (MARCEL PROUST, La
prisonnière, 1923)
”
2. L’accord du verbe avec le sujet
La règle générale veut que le verbe (ou son auxiliaire quand le verbe
est à un temps composé) reçoive du sujet les marques de nombre et
de personne. (› Sujet)
”
Remarque
Le verbe à l’infinitif, le participe présent et le gérondif ne varient ni en nombre
ni en personne.
a) Un seul sujet
Lorsque le verbe est précédé d’un seul sujet, il s’accorde en nombre
et en personne avec son sujet.
1° Lorsque le sujet est un nom propre ou un groupe nominal, il
demande la troisième personne. Le nombre (singulier ou pluriel)
est fonction du noyau du groupe nominal (› Groupe nominal) :
“
Le spectacle du monde le surprend, l’enchante et le remplit d’une
allégresse terrifiée. (JEAN D’ORMESSON, C’est une chose
étrange à la fin que le monde, 2010)
”
2° Lorsque le sujet est un pronom personnel, il donne sa marque
de personne et de nombre au verbe ; lorsque c’est un pronom
e
non personnel (chacun, tout…), il donne la marque de la 3
personne au verbe. Seul le pronom relatif sujet qui donne la
marque de personne qui correspond à son antécédent. (› Accord
du verbe avec le pronom qui)
”
3° Lorsque le sujet est un verbe à l’infinitif, le verbe prend la 3e
personne du singulier.
“ Aimer remplace presque penser. (VICTOR HUGO, Les
misérables, 1862)
”
b) Nom collectif comme sujet
Le verbe qui a pour sujet un nom collectif indéfini (une foule de, une
bande de) suivi de son complément s’accorde avec l’un des deux
1
mots selon l’intention . Le verbe s’accorde plutôt :
avec le nom collectif, si l’on considère dans sa totalité le groupe
formé par les êtres ou les objets ;
”
avec le complément, si l’on considère dans leur singularité les
êtres ou les choses ;
“
Une foule de gens avides sortirent des voitures et se
précipitèrent sur lui. (JÉRÔME FERRARI, Sermon sur la chute de
Rome, 2012)
”
Remarques
1. Après la plupart, le verbe s’accorde avec le complément, que celui-ci soit
au singulier (rare) ou au pluriel ; si ce complément est absent, l’accord se
fait au pluriel :
La plupart du groupe ne réalisait pas de recherches
spécifiques. (HUBERT ANTOINE, Danse de la vie brève, 2015)
”
Remarques
1. Après plus d’un, le verbe se met presque toujours au singulier, à moins
qu’on n’exprime la réciprocité. On admettra l’accord au singulier et au
pluriel :
Plus d’un grand photographe a déjà appliqué cette théorie.
(AMÉLIE NOTHOMB, Barbe bleue, 2010)
2. Après moins de deux, le verbe se met au pluriel : Moins de deux ans
sont passés.
“
Ce sont nos vies cachées, nos identités secrètes. (BOUALEM
SANSAL, Rue Darwin, 2011)
”
On met obligatoirement le pluriel quand il y a plusieurs attributs qui
développent un élément qui précède :
“ Vos ennemis, ce sont les vieux, les mous, les profiteurs et les
imbéciles. (DIDIER VAN CAUWELAERT, La femme de nos vies,
2010)
”
2° Dans une phrase emphatique où un élément est extrait entre
c’est… qui/c’est… que, on utilise au choix ce sont ou c’est pour
un élément au pluriel (1,2) ; et uniquement c’est quand l’élément
extrait est introduit par une préposition (3) (› La phrase
emphatique) :
“ Et puis ce sont les ennuis qui l’ont réveillé. (B
ERNARD WERBER,
Les fourmis, 1991) (1)
”
Remarques
1. Dans si ce n’est signifiant « excepté », le verbe être se met au singulier :
La frontière de Belgique traverse la rivière […] tracée sur la
carte d’un trait de plume qui ne signifie rien, […] si ce n’est
les bornes à fleur de lys égarées dans les bois. (ALEXIS JENNI,
La nuit de Walenhammes, 2015)
2. Dans certaines tournures interrogatives où le pluriel serait désagréable
à l’oreille, le verbe être se met au singulier : Sera-ce ? Fut-ce ?, etc.
Peut-être ne fut-ce là que simples querelles de serviteurs
mal dégauchis ? (BOUALEM SANSAL, Rue Darwin, 2011)
Dans cet emploi, les formes fusse ou fussent sont incorrectes.
3. Dans l’indication des heures, d’une somme d’argent, etc., quand l’attribut
de forme plurielle évoque l’idée d’un singulier, d’un tout, d’une quantité
globale , on met le verbe au singulier :
C’est cinq ans après le congrès de Berlin. (PATRICK DEVILLE,
Kampuchéa, 2011) (On indique la durée globale.)
C’est 20 balles si vous voulez vos clés pourries ! (JOËL
DICKER, Le livre des Baltimore, 2015) (On indique la somme
globale.)
4. Dans les expressions ce doit être, ce peut être, suivies d’un nom pluriel
e
ou d’un pronom de la 3 personne du pluriel, devoir et pouvoir se mettent
au singulier ou au pluriel :
Ce doit être des Brandebourgeois ! (LOUIS-FERDINAND CÉLINE,
Voyage au bout de la nuit, 1952)
Ce devaient être des odeurs de cuisine. (ALEXIS JENNI, L’art
français de la guerre, 2013)
Le peu de gens qui entrent dans les églises de nos jours sont
des malheureux poussés par le désespoir. (ARMEL JOB, Tu
ne jugeras point, 2009)
”
2° Lorsque le relatif est précédé d’un attribut se rapportant à un
pronom personnel (le premier qui, celui qui), cet attribut commande
l’accord s’il est précédé d’un déterminant défini le, la, les ou d’un
démonstratif (ce, celui) :
“ Vous êtes le premier qui s’intéresse à moi. (A MÉLIE NOTHOMB,
Le fait du prince, 2008)
Harry, vous êtes celui qui m’a fait grandir ! (JOËL DICKER, La
vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2014)
”
Il y a incertitude sur l’accord lorsque
l’attribut est précédé de l’article indéfini (un, une) :
”
l’attribut est le seul, le premier, le dernier, l’unique :
“
Vous êtes le seul qui ne soit pas parti pour les fêtes (AURÉLIE
VALOGNES, Mémé dans les orties, 2015)
”
3° Après un(e) des, un(e) de, le relatif qui se rapporte tantôt au nom
pluriel, tantôt à un(e), selon le sens de l’action décrite :
”
2. L’accord du verbe avec plusieurs
sujets
Lorsque le verbe a plusieurs sujets, il s’accorde généralement au
pluriel, et parfois au singulier.
a) Accord au pluriel
Le verbe qui a plusieurs sujets se met généralement au pluriel :
”
Remarque
Si les deux éléments coordonnés désignent la même personne, le verbe
s’accorde au singulier :
Salut, cher papa, chère maman, cher Ravi. Votre fils aimant
et ton frère fidèle vient vous rejoindre. (YANN MARTEL,
L’histoire de Pi, 2001)
”
Remarque
Quand les sujets sont de différentes personnes, on peut les résumer par le
re
pronom pluriel de la personne qui a la priorité (nous, vous ; on pour la 1
personne du pluriel) :
Éloi et moi, nous sommes tombés à côté du géant renversé.
(CAROLE MARTINEZ, La terre qui penche, 2015)
“
Un geste, un regard, un mot fait-il mouche, il en rajoute, et
ça marche mieux encore. (CAROLINE DE MULDER, Bye Bye
Elvis, 2014)
”
2° lorsque ces sujets sont résumés (ou annoncés) par un mot
comme tout, rien, chacun, personne, nul, etc. :
“ Ses paroles, sa voix, son sourire, tout vint à lui déplaire.
(GUSTAVE FLAUBERT, L’éducation sentimentale, 1869)
”
Remarque
Le verbe peut s’accorder avec le sujet le plus proche lorsque les sujets sont
e
à peu près synonymes. Cet usage, répandu dans la langue écrite des XVII et
e
XVIII siècles, est cependant rare aujourd’hui :
Le bon sens et le bonheur des particuliers consiste
beaucoup dans la médiocrité de leurs talents et de leurs
fortunes (MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, 1744)
c) Plusieurs infinitifs
Le verbe qui a pour sujets plusieurs infinitifs se met au pluriel :
“
Tuer et mourir serontglorieux et érigeront en héros les
hommes ordinaires. (JEAN-BAPTISTE DEL AMO, Règne animal,
2016)
”
Cependant, si les infinitifs expriment une idée unique, le verbe se
met au singulier :
”
d) Sujets joint par ou ou par ni
e
1° Lorsque les sujets joints par ou ou par ni sont à la 3 personne,
le verbe se met au pluriel si l’on peut rapporter simultanément le
fait à chacun des sujets (1,2). Si l’action concerne chaque être ou
chaque chose individuellement, on mettra le verbe au singulier
(3). Mais dans tous les cas, on admettra l’un ou l’autre accord
(4,5).
“ Le pire ou le plus sot de nos patients nous instruisent encore.
(MARGUERITE YOURCENAR, L’œuvre au noir, 1968) (1)
”
2° Si les sujets joints par ou ou par ni ne sont pas de la même
personne, le verbe se met au pluriel et à la personne qui a la
priorité :
“
lui rendre visite une fois par semaine.
Zibal ou moi allions
(DIDIER VAN CAUWELAERT, Le retour de Jules, 2017)
”
3° L’un ou l’autre, pris pronominalement ou comme déterminant,
veut toujours le verbe au singulier :
“ L’un ou l’autre tirait un coup sec et douloureux. (M ATHIAS
MENEGOZ, Karpathia, 2014)
”
e) Sujets joints par ainsi que, comme,
avec
Lorsque deux sujets sont joints par une conjonction de comparaison
ainsi que, comme, de même que, non moins que, non plus que,
etc.,
c’est le premier sujet qui règle l’accord si la conjonction garde
toute sa valeur comparative :
“ Son visage, aussi bien que son cœur, avait rajeuni de dix ans.
(ALFRED DE MUSSET, Nouvelles et contes, 1888)
”
le verbe s’accorde avec les deux sujets si la conjonction prend la
valeur de et :
“ Sa double maîtrise de l’allemand et de l’italien ainsi que sa
connaissance intime de l’Italie pouvaient se révéler
précieuses. (VINCENT ENGEL, Le miroir des illusions, 2016)
”
Comme l’accord se fait selon l’intention, on admettra comme
corrects l’un et l’autre accords (au singulier ou au pluriel).
3. L’accord du participe passé (› Le
participe passé)
1. Règles générales
”
b) Participe passé employé avec être
(et verbes apparentés)
Le participe passé conjugué avec être s’accorde en genre et en
nombre avec le sujet du verbe :
“ La neige est arrivée plus tard, début janvier. (P HILIPPE DJIAN,
Dispersez-vous, ralliez-vous !, 2017)
”
Remarque
Lorsque le sujet est le pronom indéfini on, on admettra que l’accord se fasse
au masculin singulier, ou prenne la marque du genre et du nombre lorsque
on désigne une ou plusieurs personnes.
Dès qu’on est arrivées dans la maison, je me suis effondrée.
(VIRGINIE DESPENTES, Apocalypse bébé, 2010)
”
Le participe passé attribut du complément d’objet direct
s’accorde avec le complément :
“ On crut Gervaise ébouillantée. (ÉMILE ZOLA, L’assommoir,
1876)
”
c) Participe passé employé avec avoir
Le participe passé conjugué avec avoir s’accorde en genre et en
nombre avec son complément d’objet direct si ce complément
précède le verbe (1,2) ; il reste invariable si ce complément suit le
verbe (3) ou si le verbe n’a pas de complément d’objet direct (4,5) :
“ À cause des lunettes qu’il a portées pendant l’été polaire, le
creux de ses yeux apparaît clair et fragile. (RENÉ BARJAVEL,
La nuit des temps, 1968) (Le complément d’objet est repris par que devant
le verbe.) (1)
Pour bien connaître les oranges, il faut les avoir vues chez
elles, aux îles Baléares, en Sardaigne, en Corse, en Algérie.
(ALPHONSE DAUDET, Lettres de mon moulin, 1869) (Le complément
d’objet est repris par les devant le verbe.) (2)
”
Remarques
1. Dans la langue parlée, l’accord du participe passé avec avoir ne se fait
plus de manière systématique, y compris chez les professionnels de la
parole publique (journalistes, hommes politiques, etc.). On entend
régulièrement Les choses que j’ai dit (sur le modèle de J’ai dit des choses)
ou Les propositions qu’il a fait (sur le modèle de Il a fait des propositions).
La généralisation de cet usage est le signe d’un changement en cours
dans la langue, qui pourrait être enregistré prochainement dans la norme.
L’aboutissement de ce changement serait que le participe passé conjugué
avec avoir reste invariable dans tous les cas.
2. Dans les temps surcomposés, seul le dernier participe varie : Ils sont
partis dès que je les ai eu avertis. (› Temps surcomposés)
3. La règle d’accord du participe passé conjugué avec avoir reste applicable
lorsque le complément d’objet direct a un attribut :
Elle ne s’était pas attendue à cette invitation chez des voisins
qu’elle avait crus condescendants. (YASMINA REZA, Babylone,
2016)
2. Règles particulières
Au-delà des règles générales, l’accord du participe passé recèle un
grand nombre d’exceptions. C’est un secteur de la grammaire
française extrêmement complexe, pour lequel on constate une
certaine variabilité dans les usages.
Remarque
La complexité des règles particulières de l’accord du participe passé, et
l’impossibilité d’en rendre compte à l’aide d’un nombre réduit de règles
cohérentes, a amené le ministère français de l’éducation à décréter une série
4
de Tolérances grammaticales ou orthographiques , pour lesquelles il n’est
pas compté de fautes aux élèves ou aux candidats dans les examens ou les
concours sanctionnant les étapes de la scolarité élémentaire et secondaire.
Nous énonçons ces tolérances chaque fois qu’elles s’appliquent.
”
Quand ces participes sont placés après le nom ou le pronom (1), ou
qu’ils le précèdent en apposition (2), ils varient 5 :
“
L’histoire de la Judée au I er siècle nous est mieux connue
que celle de tout autre peuple de l’Empire, Rome exceptée.
(EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014) (1)
”
• Étant donné
Étant donné, devant le nom, peut rester invariable (1) ou s’accorder
(2) avec ce nom. Dans l’usage actuel, étant donné est davantage
perçu comme une locution prépositionnelle (de type à cause de) que
comme un participe, de sorte qu’on tend vers l’invariabilité :
“ Étant donné sa corpulence, elle avait le plus grand mal à entrer
dans ma Mini. (ADÉLAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE, Fourrure,
2010) (1)
”
• Ci-annexé, ci-joint, ci-inclus
Ci-annexé, ci-joint, ci-inclus restent invariables si on les considère
comme des adverbes (comme la lettre ci-contre, ci-après). Ils varient
si on les considère comme des adjectifs (comme la lettre jointe).
Dans beaucoup de cas, l’accord dépend de l’intention de celui qui
6
parle ou qui écrit .
”
Remarques
1. L’usage est de ne pas accorder ci-annexé, ci-joint, ci-inclus quand ils
précèdent le nom, que ce soit en tête de phase (1) ou non (2).
Ci-joint l’addition. (DANIEL PENNAC, Au bonheur des ogres) (1)
Vous trouverez ci-joint une photo qui date des années
quarante. (DOMINIQUE COSTERMANS, Outre-Mère, 2017) (2)
2. Dans les autres cas, on les accorde comme des adjectifs :
Vous verrez, ma belle amie, en lisant les deux lettres ci-
jointes, si j’ai bien rempli votre projet. (CHODERLOS DE LACLOS,
Les liaisons dangereuses, 1782)
Mon ami, n’ouvre la lettre ci-incluse qu’en cas d’accident.
(STENDHAL, Le rouge et le noir, 1830)
”
Certains de ces verbes existent avec un autre sens et construisent
un complément d’objet direct ; leur participe passé est alors variable.
Il s’agit notamment de :
couter, valoir au sens de « causer, occasionner » ;
valoir au sens de « procurer » ;
peser au sens de « constater le poids, examiner » ;
courir au sens de « s’exposer à, parcourir », etc.
“ Après tous les ennuis que ce jour m’a coûtés [= causés],
Ai-je pu rassurer mes esprits agités ? (JEAN RACINE,
Britannicus, 1669)
”
Que ces verbes soient construits avec un complément d’objet direct
ou non, les Tolérances grammaticales 7 acceptent l’un et l’autre
accord dans tous les cas, ce qu’on trouve parfois dans l’usage :
”
• Participe passé des verbes impersonnels
Le participe passé des verbes impersonnels (il a fallu) ou pris
impersonnellement (il a fait, il y a eu) est toujours invariable ; en
effet, ces verbes ne construisent pas de complément d’objet direct
(› Phrase impersonnelle) :
”
• Dit, dû, cru, su, pu, su, voulu
Les participes dit, dû, cru, su, pu, voulu restent invariables lorsqu’ils
ont pour complément d’objet direct un infinitif (J’ai fait tous les efforts
que j’ai pu [faire]) ou une proposition à sous-entendre après eux (Elle
m’a donné tous les renseignements qu’elle avait dit [qu’elle me donnerait]) :
”
• Participe passé précédé du pronom l’
Le participe passé est invariable lorsqu’il a pour complément d’objet
direct le pronom neutre l’ représentant une proposition signifiant
« cela » : Cette intervention est moins difficile que je ne l’avais estimé.
(= que je n’avais estimé cela, c’est-à-dire qu’elle était difficile.)
”
Remarques
1. Cette règle reste d’application lorsque le pronom en est accompagné d’un
adverbe de quantité (beaucoup, tant, etc.) :
J’en ai beaucoup lu. (ALFRED DE MUSSET, Il ne faut jurer de rien,
1848)
2. Quand le pronom en n’est pas complément d’objet direct, il n’intervient pas
dans l’accord du participe passé :
Il lui offrit, en échange des soins qu’il en avait reçus, sa part
des primes. (ALEXANDRE DUMAS, Le Comte de Monte-Cristo, 1844)
(Le complément d’objet direct des soins régit l’accord du p.p. ; le pronom en est
complément d’objet indirect.)
”
• Participe passé suivi d’un infinitif
a) Le participe passé conjugué avec avoir et suivi d’un infinitif
s’accorde avec le complément d’objet direct qui précède lorsque ce
complément est celui du participe :
“ Les médecins étaient loin de l’unanimité et Raphaël les a
entendus dire que sa tuberculose était sans rémission.
(HONORÉ DE BALZAC, La peau de chagrin, 1831) (= Raphaël a
entendu les médecins dire que sa tuberculose était sans rémission. Dans cette
phrase, les est le complément de a entendu.)
”
b) Le participe passé reste invariable si le complément d’objet direct
est le complément du verbe à l’infinitif :
”
Remarques
Trois méthodes permettent d’établir si le complément d’objet est celui du
participe passé (accord du p.p.) ou celui du verbe à l’infinitif qui suit
(invariabilité du p.p.).
1. Intercaler le complément d’objet direct (ou le nom qu’il représente) entre le
participe et l’infinitif, puis remplacer l’infinitif par le participe présent, par
une proposition relative à l’imparfait, ou par l’expression en train de. Si la
phrase garde son sens, faire l’accord :
On les [= les tigres] a vus nager dix kilomètres en pleine mer
houleuse. (YANN MARTEL, L’histoire de Pi, 2001) (= On a vu les tigres
nageant / qui nageaient / en train de nager.)
2. Quand l’être ou l’objet désigné par le complément d’objet direct fait l’action
exprimée par l’infinitif, le participe s’accorde :
L’amour de la montagne les [= Étienne et Juliette] a poussés
à s’établir, d’abord à Albertville, ensuite dans un village près
de Bourg-Saint-Maurice où ils ont acheté une maison.
(EMMANUEL CARRÈRE, D’autres vies que la mienne, 2010) (= Ce sont
Étienne et Juliette qui sont poussés à s’établir à Albertville.)
3. Si l’infinitif est suivi ou peut être suivi d’un complément d’agent introduit
par la préposition par, le participe est invariable : Ces arbres que j’avais
vus grandir, je les ai vu abattre (par le bûcheron).
4. La règle veut que le participe passé s’accorde lorsque le COD se rapporte
à lui, et qu’il reste invariable lorsque le COD se rapporte à l’infinitif qui suit.
Les Tolérances orthographiques ou grammaticales (article 10) admettent
l’absence d’accord dans le premier cas et l’accord dans le second cas.
”
Remarque
Avant les rectifications de l’orthographe de 1990, le participe passé fait suivi
d’un infinitif pouvait s’accorder ou rester invariable, selon les règles ci-
dessus. On trouve fréquemment laissé accordé au COD, et ce n’est pas une
erreur :
Sa mère à lui ne les a jamais laissés traîner toute la journée
dans les escaliers. (VIRGINIE DESPENTES, Apocalypse bébé, 2010)
(Est également correct : Elle ne les a jamais laissé traîner.)
Tu ne m’as jamais dit ton avis sur les poèmes que je t’avais
donnés à lire il y a deux ans. (MICHEL ROSTAIN, Jules, etc.,
2015) (= Tu m’as donné des poèmes à lire ou Tu m’as donné à lire des
poèmes. Est également correct : les poèmes que je t’avais donné à lire.)
”
c) Participe passé des verbes
pronominaux
L’accord du participe passé d’un verbe pronominal passe par
l’identification correcte de la fonction du pronom réfléchi (me, te, se,
etc.). (› Classification des verbes pronominaux)
D’un point de vue pratique, pour identifier la fonction du pronom de
forme réfléchie, on remplace l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir afin
de faire apparaitre si le pronom est complément d’objet direct du
verbe ou non. Ensuite, on applique la règle de l’accord du participe
passé employé avec avoir : on accorde le participe passé avec le
pronom si le pronom (se, me, nous…) est le COD et précède le
participe passé (1) ; on l’accorde également avec tout autre COD qui
précède (2).
Elle s’est coupée au pied. (= Elle a coupé elle-même [COD] au pied [CCirc] → accord
avec se = elle-même.) (1)
L’attente qu’ils se sont imposée. (= Ils ont imposé l’attente [COD] à eux [COI] → on
accorde avec l’attente.) (2)
”
• Le pronom réfléchi n’est pas COD du verbe
(par ex. se ressembler)
Le participe passé des verbes suivants est toujours invariable, parce
que ces verbes ne peuvent jamais avoir de complément d’objet
direct :
“ Les deux hommes se sont parlé sous une tente qui claquait
au vent. (LAURENT GAUDÉ, Écoutez nos défaites, 2016) (= Les
deux hommes ont parlé à eux-mêmes → pas de COD → p.p. invariable.)
”
• Le pronom réfléchi est sans fonction auprès
du verbe (par ex. se taire)
Le participe passé des verbes pronominaux dont le pronom est sans
fonction auprès du verbe (il n’est pas complément d’objet, ni direct ni
indirect) s’accorde avec le sujet :
“ Depuis que les caisses se sont tues, il n’y a plus les bips qui
tintaient de toutes parts, plus aucun mouvement de tapis
roulant, plus le moindre bruit. (SERGE JONCOUR, Repose-toi
sur moi, 2016)
Les dieux se sont joués de nous, ils nous ont bien eus.
(MATHIAS ÉNARD, Zone, 2011)
”
• Exceptions : se rire, se plaire, se déplaire,
se complaire
Font exception les quatre verbes suivants, dont le participe passé ne
varie jamais :
se rire « se moquer »
”
4. L’accord de l’attribut
Lorsque l’attribut est un mot variable (adjectif, nom ou pronom), il
s’accorde avec l’élément dont il dépend, le sujet (1,2,3) ou le
complément d’objet (4).
”
Dans certaines constructions verbales figées, l’attribut ne s’accorde
pas systématiquement.
”
Lorsque air signifie « mine, apparence », l’adjectif s’accorde avec
air, comme si l’on avait avoir un air. Cet usage est devenu rare.
”
• Avec être égal
Dans la formule être égal prise dans le sens de « être indifférent,
laisser indifférent », l’usage ancien était d’accorder égal avec le sujet
(1,2). Mais, sous l’influence de ça m’est égal et pour éviter la
confusion avec égal signifiant « de même valeur », des auteurs
modernes laissent parfois égal invariable (3,4).
“ Toutes femmes nous sont égales,
Que leurs cheveux soient bruns ou blonds (VICTOR HUGO,
Chanson barbare, 1859) (1)
Moi tout m’est égal. Mais il y a une chose qui ne m’est pas égal.
(RAYMOND QUENEAU, Derniers jours, 1936) (3)
Les autres me sont égal. (ROGER NIMIER, Les épées, 1948) (4)
”
PARTIE 5
La phrase complexe
CHAPITRE 1
Généralités
CHAPITRE 2
Les propositions subordonnées relatives
CHAPITRE 3
Les propositions subordonnées conjonctives
CHAPITRE 4
Les propositions subordonnées circonstancielles
CHAPITRE 5
La concordance des temps dans les propositions
subordonnées
CHAPITRE 6
Les subordonnées sans mot introducteur :
propositions infinitives et participiales
CHAPITRE 1
Généralités
1. Définition de la phrase complexe
2. La subordination comparée à la coordination et à la
corrélation
3. Classification des propositions subordonnées selon leur
fonction
4. Classification des propositions subordonnées selon le mot
introducteur
1. Définition de la phrase complexe
La phrase complexe se définit au sens strict comme une phrase à
l’intérieur de laquelle une autre phrase, dite subordonnée, remplit
une fonction syntaxique (sujet, complément du verbe, complément
du nom, etc.). Cet emboitement se concrétise habituellement par la
présence de plusieurs verbes au mode personnel (ou à l’infinitif).
”
Ce mouvement d’emboitement peut se répéter (c’est la récursivité),
si bien qu’une phrase subordonnée peut contenir elle-même une
phrase subordonnée, etc. L’accumulation de phrases enchâssées
rend la compréhension ardue, ce qui est parfois l’effet recherché par
les poètes :
“ Maudit !
soit le père de l’épouse
du forgeron qui forgea le fer de la cognée
avec laquelle le bûcheron abattit le chêne
dans lequel on sculpta le lit
où fut engendré l’arrière-grand-père
de l’homme qui conduisit la voiture
dans laquelle ta mère
rencontra ton père. (ROBERT DESNOS, La colombe de
l’arche, 1923)
Remarque
Une phrase non verbale (sans verbe principal) devient une phrase complexe
dès lors qu’une phrase subordonnée y est enchâssée. (› Phrase non verbale)
Mais, à présent, la voici qui vient à lui, tout près, horrible,
inévitable. (ÉRIC VUILLARD, L’ordre du jour, 2017)
”
La coordination et la subordination se combinent régulièrement au
sein d’une même phrase :
“
Elle se demanda d’ailleurs s’il n’était pas affecté d’un défaut
de vue car il lisait de fort près et ne reconnaissait pas
toujours ses interlocuteurs. (JEAN-CHRISTOPHE RUFIN, Rouge
Brésil, 2011)
Remarque
Les propositions infinitives et participiales sont aussi subordonnées
(› Subordonnées infinitives, › Subordonnées participiales) :
Elle regarde les gens sourire, autour d’elle. (VIRGINIE
DESPENTES, Vernon Subutex 3, 2017)
Il saisit une cuillère à café qui Il saisit une cuillère à café oubliée.
traîne sur le
comptoir. (LAURENT BINET, La
septième fonction du langage,
2015)
Complément du présentatif
Complément de l’adjectif
”
d’une conjonction de subordination (ou d’une locution
conjonctive), qui ne remplit pas de fonction dans la
subordonnée ;
“
Elle rêvait que ce ciel chargé de neige crevait sur elle, tant le
froid la pinçait. (ÉMILE ZOLA, L’assommoir, 1876)
”
d’un pronom ou d’un adverbe interrogatif (ou exclamatif) qui
remplit une fonction dans la subordonnée.
”
2. Sans mot introducteur
Les propositions subordonnées sans mot introducteur comprennent :
les propositions subordonnées à l’infinitif ;
“ Les yeux fermés, elle écoute les oiseaux pépier dans les
branches de l’arbre juste de l’autre côté de la fenêtre. (CATHERINE
CUSSET, Un brillant avenir, 2011)
”
les propositions subordonnées au participe présent ou au
participe passé.
Libéré de la télévision,
il découvre qu’une fenêtre est plus
transparente qu’un écran. (SYLVAIN TESSON, Dans les forêts
de Sibérie, 2011)
”
CHAPITRE 2
“
Une goutte d’eau dans laquelle circulent d’autres gouttes
d’eau (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Croire au merveilleux,
2017)
”
il remplit une fonction syntaxique au sein de la proposition
relative ; cette fonction est marquée par sa forme : qui (sujet),
que (complément d’objet direct), dont (complément d’objet
indirect), etc.
“
Cette vie que Raphaël décrétait plate et ennuyeuse lui
semblait palpitante. (CATHERINE CUSSET, Indigo, 2013) (Le
pronom relatif que renvoie à l’antécédent « cette vie » ; dans la proposition
relative, il joue le rôle de complément du verbe « décrétait » : Raphaël décrétait
cette vie plate et ennuyeuse.)
”
Lorsque le pronom relatif a un antécédent, ce pronom est dit
représentant car il représente un nom mentionné précédemment.
Dans ce cas, la proposition relative remplit le plus souvent la
fonction de complément du nom. Elle est dite relative adjective, car
elle complète le nom comme l’adjectif peut le faire.
“
Je me revois encore restant debout, les jambes qui
tremblent. (LAURENT MAUVIGNIER, Des hommes, 2009) (= Les
jambes tremblantes : la proposition relative joue le rôle d’un adjectif épithète.)
”
Lorsque le pronom relatif n’a pas d’antécédent, la proposition
relative équivaut à un groupe nominal et peut en remplir toutes les
fonctions du nom (sujet, complément du verbe, etc.). Elle est
appelée relative substantive, car elle équivaut à un nom
(anciennement appelé substantif) ou à un pronom.
“
Quiconque a vécu solitaire sait bien que le monologue est
dans la nature… (DANIEL RONDEAU, Mécaniques du chaos,
2017) (= Celui-là sait bien que le monologue est dans la nature... : la
proposition relative joue le rôle d’un pronom sujet.)
”
1. Les propositions subordonnées
relatives adjectives (avec antécédent)
“
Ne t’inquiète pas des loups qui courent devant nous, ce sont
des amis. (CAROLE MARTINEZ, La terre qui penche, 2015) (La
relative déterminative spécifie le référent : il s’agit de ces loups-là qui courent
devant nous par opposition à tous les autres loups. Si on l’effaçait, la référence
deviendrait générale : tous les loups.)
”
2° La proposition relative est explicative, ou appositive, quand elle
décrit le référent à l’aide d’une caractéristique accessoire,
exprimant un aspect particulier. On peut l’effacer sans nuire
essentiellement au sens de la phrase et elle est, d’ordinaire,
séparée de l’antécédent par une virgule :
“
Elle restait accoudée sur le bord, entre deux pots de
géraniums, vêtue de son peignoir, qui était lâche autour
d’elle. (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, 1857)
”
Remarques
Deux tests permettent de distinguer la proposition relative déterminative de
l’explicative.
1. Lorsque la relative est déterminative, on peut la reformuler avec le pronom
défini (celui ), ce qui n’est pas possible (*) quand elle est explicative.
Ne t’inquiète pas des loups qui courent devant nous. → Ne t’inquiète
pas des loups, ceux qui courent devant nous.
Elle était vêtue de son peignoir, qui était lâche autour d’elle → *Elle
était vêtue de son peignoir, celui qui était lâche autour d’elle.
2. Lorsque la relative est explicative, on peut remplacer le pronom qui par
lequel, et cette substitution n’est pas possible (*) pour une relative
déterminative.
Elle était vêtue de son peignoir, qui était lâche autour d’elle → Elle
était vêtue de son peignoir, lequel était lâche autour d’elle.
Ne t’inquiète pas des loups qui courent devant nous → *Ne t’inquiète
pas des loups, lesquels courent devant nous.
Remarque
Certaines propositions relatives peuvent être considérées comme des
attributs du sujet.
Maman est là qui veille. (KATHERINE PANCOL, La valse lente
des tortues, 2008)
”
L’antécédent du pronom relatif peut être un groupe nominal, un
pronom personnel (moi, toi, lui, elle, nous, vous, elle), un pronom
possessif (le mien, le sien, etc.), un pronom indéfini (quelqu’un, rien),
etc.
“
Mais pourquoi les grands venaient -ils me parler à moi qui
étais nouveau ? (ÉDOUARD LOUIS, En finir avec Eddy
Bellegueule, 2014).
”
Le pronom relatif remplit une fonction syntaxique auprès du verbe de
la proposition relative.
Le pronom relatif qui est sujet :
“ J’ai grand hâte de retrouver les affections qui m’attendent à
Paris. (PHILIPPE JAENADA, La serpe, 2017)
”
Le pronom relatif que est complément d’objet direct du verbe ou
attribut du sujet :
“
Les deux têtes que vous voyez là sont celles d’esclaves
nègres. (ALBERT CAMUS, La chute, 1956) (Le pronom que est
complément d’objet direct du verbe : vous voyez les deux têtes.)
”
Le pronom dont et les pronoms composés auquel, duquel, sur
lequel, etc. sont complément du nom, complément d’objet
indirect du verbe, complément circonstanciel, etc.
“
Parmi toutes les questions auxquelles je sais désormais qu’il
ne répondra jamais, l’une provoque en moi une souffrance
particulière. (FRANÇOIS GARDE, Ce qu’il advint du sauvage
blanc, 2013) (Le pronom auxquelles est complément d’objet indirect du
verbe : Je sais désormais qu’il ne répondra jamais aux questions.)
”
Le pronom où peut être complément essentiel ou circonstanciel
du verbe :
“ Au mois d’août 38, la guerre se rapprocha dangereusement
de la région où Montse vivait. (LYDIE SALVAYRE, Pas pleurer,
2014) (Le pronom où est complément essentiel du verbe : Montse vivait dans
cette région.)
”
Lorsque deux propositions relatives sont coordonnées, elles peuvent
être introduites par des pronoms relatifs différents, ayant des
fonctions différentes.
“
Dans le wagon qui parcourt les souterrains de la ville, et que
parcourent des soldats, je voudrais que m’éclaire un visage
et pas seulement l’écran de mon ordiphone. (CHRISTOPHE
ONO-DIT-BIOT, Croire au merveilleux, 2017) (Le pronom qui est
sujet du verbe : le wagon parcourt ; le pronom que est complément d’objet
direct du verbe : des soldats parcourent le wagon.)
”
Remarques
1. Souvent la subordonnée relative, tout en précisant un nom ou un pronom,
exprime simultanément une idée de but, de cause, de condition, de
conséquence, etc., comme pourrait le faire un complément circonstanciel.
Il fallait écrire un livre qui soit totalement indépendant du
premier, mais qui puisse en même temps servir de code
explicatif. (JEAN ECHENOZ, Je m’en vais, 1999) (Idée de but.)
2. La subordonnée introduite par la conjonction que et précisant un nom
comme bruit, certitude, conviction, crainte, espoir, fait, nouvelle, opinion,
preuve, sentiment, est une subordonnée conjonctive complément du nom.
(› Prop. sub. complément du nom)
La nouvelle que ma grand-mère était à toute extrémité
s’était immédiatement répandue dans la maison. (MARCEL
PROUST, Le côté de Guermantes, 1920)
3. Dans les tournures à valeur concessive qui que…, quel que soit, quelque
… que soit, l’élément que n’est plus ressenti comme un pronom relatif. Il
tend à être considéré comme invariable et sans fonction dans la
subordonnée. (› Prop. sub. de concession)
Si fort que l’on aime une femme, quelque confiance que l’on
ait en elle, quelque certitude sur l’avenir que vous donne son
passé, on est toujours plus ou moins jaloux. (ALEXANDRE
DUMAS FILS, La dame aux camélias, 1848)
”
Le pronom relatif quoi, obligatoirement précédé d’une
préposition :
“ C’est à quoi devrait tendre toute âme : être la servante du
Seigneur. (EMMANUEL CARRÈRE, Le Royaume, 2014)
(Proposition relative attribut du sujet.)
”
Le pronom relatif où :
”
2° Les propositions subordonnées relatives substantives sont
introduites par une locution relative (ce qui, ce que, là où…) :
“
Elle fait ce que font tous les enfants, elle invente, elle donne
vie aux objets, aux pierres, aux plantes, elle anime et elle
imagine. (VÉRONIQUE OLMI, Bakhita, 2017) (Proposition relative
complément d’objet direct du verbe.)
”
3. Emploi du mode
1. À l’indicatif
Le verbe de la proposition subordonnée relative se met à l’indicatif
quand cette subordonnée exprime un fait considéré dans sa réalité :
”
2. Au subjonctif
Le verbe de la proposition subordonnée relative se met au subjonctif
quand on exprime un fait envisagé simplement dans la pensée ou
avec une dimension subjective ; en particulier
lorsque la subordonnée marque un but à atteindre, une
conséquence :
“ Elle aurait préféré un fourre-tout qui fasse sac à main, tenu
d’un seul côté pour marcher un peu penchée, avec ce
mouvement chaloupé de jeune fille qui mime avec
application un suprême détachement. (ALEXIS JENNI, La nuit
de Walenhammes, 2015)
Il n’avait rien dit mais s’était mis à chercher un mal qui pût
vraiment détruire un fils de caïd. (HÉDI KADDOUR, Les
prépondérants, 2017)
”
lorsque l’antécédent est accompagné d’un superlatif ou de le
seul, l’unique, le premier, le dernier :
“ Voilà sans doute la plus grande excuse que puisse faire une
âme aussi basse. (STENDHAL, Le rouge et le noir, 1830)
Il n’y a que cela qui fasse tenir le monde debout, la fidélité des
hommes à ce qu’ils ont choisi. (LAURENT GAUDÉ, Ouragan,
2013)
Remarque
Cette dernière règle n’est pas absolue ; on met l’indicatif quand la
subordonnée relative exprime un fait dont on veut marquer la réalité :
Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous
reprendre utilement. (JACQUES-BÉNIGNE BOSSUET, Oraison
funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre, 1670)
”
Mais à l’indicatif si la relative exprime un fait dont on veut
marquer la réalité :
“ Il ne faut jamais mentir à celui qui vous a donné la
vie. (LARRY TREMBLAY, L’orangeraie, 2013)
”
Quand la subordonnée exprime un fait éventuel ou soumis à une
condition énoncée ou non, elle a son verbe au conditionnel :
”
Dans certains cas où la subordonnée relative implique une idée
de devoir, de pouvoir ou de nécessité, elle se construit à
l’infinitif sans sujet exprimé :
“ Il n’a rien, lui, rien à quoi rester fidèle, rien qui lui donne cette
force silencieuse. (LAURENT GAUDÉ, Ouragan, 2013)
”
CHAPITRE 3
“
Je pensais que cela m’aiderait à me sentir plus confiante,
quand viendrait le grand jour. (BLANDINE LE CALLET, La
ballade de Lila K, 2010)
”
On distingue trois types de propositions subordonnées conjonctives
selon la fonction qu’elles remplissent dans la phrase.
1° Les propositions subordonnées conjonctives essentielles
remplissent une fonction essentielle dans la phrase et ne peuvent
pas être supprimées : sujet, attribut du sujet, séquence de
l’impersonnel, complément d’objet direct ou indirect du verbe,
complément d’agent, complément du présentatif.
“ Il sait qu’il boite toujours un peu même si tout le monde dit que
cela ne se voit pas. (LEÏLA SLIMANI, Dans le jardin de l’ogre,
2014)
”
2° Les propositions subordonnées conjonctives compléments du
nom ou de l’adjectif sont des expansions du nom ou de
l’adjectif.
“
L’idée que Philippe et Bertrand puissent s’éloigner de moi me
blessait. (FRANÇOIS GARDE, L’effroi, 2016)
”
3° Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles
sont facultatives. Certaines dépendent du verbe principal (1),
tandis que d’autres sont associées à la phrase dans son
ensemble et apportent un point de vue subjectif sur l’énonciation
(2). Elles sont traitées dans un chapitre spécifique. (› Prop.
subord. circonstancielles)
“
Mais dès que le père revient des champs, José se mure dans le
silence. (LYDIE SALVAYRE, Pas pleurer, 2014) (1)
”
2. Les propositions subordonnées
conjonctives essentielles
Les propositions subordonnées conjonctives essentielles, aussi
appelées propositions subordonnées complétives, sont
généralement introduites par la conjonction de subordination que.
Elles sont parfois introduites par les locutions conjonctives à ce que
ou de ce que.
“
J’ai regretté que mon père ne soit pas là. (ALEXANDRE
POSTEL, L’ascendant, 2015) (Subordonnée équivalente à un groupe
nominal : J’ai regretté l’absence de mon père.)
”
Les subordonnées conjonctives essentielles sont équivalentes à un
groupe du nom ou à un groupe prépositionnel et elles remplissent
les fonctions de ces deux classes de mots : sujet, attribut du sujet,
séquence de l’impersonnel, complément d’objet direct ou indirect du
verbe, complément du présentatif ou de la construction en il y a.
Remarques
1. L’appellation subordonnée complétive convient aux subordonnées à
fonction de compléments, mais pas à celles qui remplissent d’autres
fonctions dans la phrase (sujet, séquence de l’impersonnel, etc.). C’est la
raison pour laquelle nous ne l’avons pas retenue ici.
2. Les propositions interrogatives indirectes totales introduites par si sont
des propositions conjonctives. Ce n’est pas le cas des propositions
interrogatives partielles (par ex. je demande à qui tu parles), qui sont
introduites par un pronom ou un adverbe interrogatif. Néanmoins, afin de
ne pas séparer les différentes formes de l’interrogation indirecte, elles sont
traitées ensemble. (› Prop. subord. interrogatives)
1. À fonction de sujet
Les propositions subordonnées conjonctives à fonction de sujet sont
introduites par la conjonction que et sont le plus souvent placées en
tête de la phrase :
”
Elles sont placées après le verbe quand on emploie des tournures
figées comme d’où vient que, de là vient que, qu’importe que, à cela
s’ajoute que, etc. :
”
Remarques
1. La proposition subordonnée sujet introduite par que et placée en tête de la
phrase est souvent reprise par ce, cela, ou par un nom générique comme
la chose, le fait, etc. Il s’agit d’un détachement à gauche visant à mettre en
évidence le sujet (› Phrase avec détachement) :
Que les banlieues, que les cités de ces banlieues soient
pauvres, c’est un fait ; qu’on injecte des milliards d’euros dans
leur réfection, dans leur humanisation, dans leur réhabilitation,
dans leur éventuelle destruction, c’est sans nul doute un
devoir, c’est sans conteste une urgence. (YANN MOIX, Terreur,
2016)
Qu’Olivier soit en train de se saouler dans quelque bar
sordide, la chose semble improbable. (AGNÈS DUMONT, Mola
Mola, 2013)
2. Symétriquement, certaines propositions subordonnées à fonction de sujet
sont détachées à droite, en fin de phrase. Elles sont annoncées par un
des pronoms ce, ceci, cela (familièrement : ça) et sont introduites par que,
si, comme, quand, lorsque, etc. :
C’est un miracle s’il n’a pas foutu le feu à la
maison. (DANIEL PENNAC, La petite marchande de prose,
1989)
C’est étonnant comme elle mangeait vite ! (COMTESSE DE
SÉGUR, Les petites filles modèles, 1858)
”
2. À fonction d’attribut du sujet
La proposition subordonnée attribut du sujet est introduite par la
conjonction que. Elle vient après certaines locutions formées d’un
nom sujet et du verbe être, telles que : mon avis est, le malheur est,
le mieux est, la preuve en est, etc. :
“ Mon avis est que ce sont des choses qui n’ont aucune
importance. (MARCEL PROUST, À l’ombre des jeunes filles
en fleurs, 1919)
Remarque
L’attribut pouvant se placer en tête de phrase, on peut hésiter entre la
fonction d’attribut et celle de sujet pour ces propositions conjonctives.
(› Position de l’attribut)
Le verbe de la subordonnée attribut se met :
à l’indicatif quand cette subordonnée exprime un fait considéré
dans sa réalité :
”
au subjonctif quand on exprime un fait envisagé simplement
dans la pensée, avec un sentiment subjectif (souhait, désir,
volonté, etc.) :
“
L’essentiel est que tout devienne simple, comme pour
l’enfant, que chaque acte soit commandé, que le bien et le
mal soient désignés de façon arbitraire, donc
évidente. (ALBERT CAMUS, La chute, 1956)
”
au conditionnel quand on exprime un fait éventuel ou dépendant
d’une condition énoncée ou non :
“ La seule différence est que j’attendrais chaque jour qu’elle se
décide à me quitter et que, le moment venu, je serais pas
surpris. (AURÉLIE VALOGNES, Mémé dans les orties, 2015)
”
3. À fonction de séquence
de l’impersonnel
La proposition subordonnée à fonction de séquence de
l’impersonnel est introduite par la conjonction que, après un verbe
impersonnel (par ex. il faut, il s’ensuit) ou une construction
impersonnelle (par ex. il est exclu, il se dit) : (› Séquence de
l’impersonnel)
“ Il fallut que je me misse à apprendre ce jeu rien que pour lui faire
plaisir. (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage au bout de la nuit,
1952)
Il est exclu que les enfants sachent quoi que ce soit à ce propos
pour le moment. (MARIE NDIAYE, Ladivine, 2014)
”
Le verbe de la subordonnée séquence de l’impersonnel se met :
à l’indicatif après les verbes de forme impersonnelle marquant la
certitude ou la vraisemblance et exprimant un sens positif :
“
La vieille dame pleurait pour un rien, mais il est évident
qu’elle eut vraiment du chagrin. (ADELAÏDE DE CLERMONT-
TONNERRE, Fourrure, 2010)
Remarques
1. Après il me (te, lui…) semble que, on met généralement l’indicatif :
Il me semble que la moitié d’une heure chaque jour suffit pour
rappeler l’homme à ses devoirs envers Dieu. (JEAN-
CHRISTOPHE RUFIN, Rouge Brésil, 2011)
2. Après il semble que, on met l’indicatif ou le subjonctif selon qu’on exprime
le fait avec plus ou moins de certitude :
Ce soir-là il semblait bien que le monde était en train de
revenir à moi et je me laissais faire. (HEDWIGE JEANMART,
Blanès, 2015)
Remarque
Cependant, c’est l’indicatif qu’on emploie si l’on veut marquer la réalité du
fait :
Il n’est pas sûr que toutes ces libertés servaient à grand-
chose mais c’était excitant en diable. (BOUALEM SANSAL, 2084.
La fin du monde, 2015)
a) Mots introducteurs
Lorsqu’elle est complément d’objet direct, la proposition
subordonnée est introduite par la conjonction que :
Remarque
Les propositions subordonnées interrogatives complément d’objet du verbe
(Je me demande si tu viens) sont traitées dans une section spécifique.
(› Prop. subord. interrogatives)
Lorsqu’elle est complément d’objet indirect, la subordonnée
est introduite par à ce que ou de ce que, selon la préposition
demandée par le verbe :
”
Remarque
La subordonnée complément d’objet indirect est occasionnellement introduite
par en ce que ou sur ce que, ou leurs variantes en ceci/cela que, sur
ceci/cela que :
Le mot châtiment me convient en ce qu’il s’accorde à des
dégâts physiques et psychiques avérés, mais me déplaît en
ceci qu’il trahit une quelconque représaille, l’expression d’une
punition. (YANN MOIX, Naissance, 2013)
”
De nombreux verbes qui demandent un complément d’objet indirect
introduit par à ou de peuvent cependant construire une subordonnée
introduite par le simple que (par ex. abuser, consentir, remercier,
profiter, s’attendre, se réjouir, s’inquiéter, s’étonner, se plaindre, etc.).
Tantôt l’usage avec le simple que est jugé plus élégant, tantôt c’est
l’usage avec à ce que ou de ce que qui est jugé plus recherché.
“ Il s’attendait qu’on lui ait envoyé une frêle jeune fille
égarée. (ARMEL JOB, Tu ne jugeras point, 2009)
”
b) Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément d’objet (direct ou indirect)
introduite par que se met :
à l’indicatif après un verbe qui exprime l’existence d’un fait (par
ex. affirmer, croire, espérer, déclarer, dire, penser, entendre, voir,
sentir), quand le fait est considéré dans sa réalité :
“ Pavel affirmait qu’ils pouvaient être fiers d’avoir enfin réussi à
réaliser l’idéal communiste : ils étaient égaux. (JEAN-MICHEL
GUENASSIA, Le club des incorrigibles optimistes, 2009)
”
au subjonctif lorsque la phrase principale est négative ou
interrogative (1), sauf si on veut insister sur la réalité du fait (2) :
”
on utilise généralement le subjonctif après un verbe principal
exprimant la volonté (vouloir, interdire) ou un sentiment (se
réjouir, craindre, douter, s’étonner) :
“ Matthieu craignit qu’il n’ait raison. (JÉRÔME FERRARI, Le
sermon sur la chute de Rome, 2012)
Remarque
Certains verbes comme admettre, entendre, dire, prétendre expriment tantôt
l’opinion ou la perception, tantôt la volonté ; construits avec que et employés
affirmativement, ils demandent après eux l’indicatif dans le premier cas, le
subjonctif dans le second :
J’entends [= je perçois] que tu as encore beaucoup fumé,
petit chenapan… (OLIVIER GUEZ, Les révolutions de Jacques
Koskas, 2014)
5. À fonction de complément
du présentatif
La proposition subordonnée complément du présentatif voici ou voilà
est introduite par que. La structure figée il y a peut également
introduire une subordonnée conjonctive, avec l’effet de la relier à la
phrase qui précède.
”
Remarque
À l’origine, voici et voilà sont construits sur le verbe voir à l’impératif : vois ci
(= vois ici) et vois là. C’est pourquoi certains grammairiens considèrent que
leur complément est un objet direct du verbe voir. Dans la mesure où l’origine
verbale du présentatif n’est plus ressentie par la plupart des usagers actuels,
on préfère analyser cette proposition subordonnée comme un complément
du présentatif.
”
3. Les propositions subordonnées
interrogatives indirectes
1. Définition
La proposition subordonnée interrogative est complément d’objet
direct ou indirect d’un verbe exprimant l’interrogation (demander,
douter). Elle se construit avec un verbe conjugué (1) ou avec un
verbe à l’infinitif (2).
”
La subordonnée interrogative permet de construire une phrase
interrogative indirecte. La phrase interrogative indirecte se prononce
comme une phrase déclarative ordinaire et n’est pas, dans l’écriture,
marquée par le point d’interrogation. (› Phrase interrogative)
Remarque
Il existe aussi une proposition subordonnée exclamative indirecte, introduite
par comme, par que, par combien, etc. :
Si vous saviez comme vous êtes belle pourtant et combien
nue dans cette blouse jaune qui montre votre cou et donne à
vos lèvres le velours du baiser. (GUY GOFFETTE, Elle, par
bonheur, et toujours nue, 1998)
2. Verbes introducteurs
Il existe environ quatre-vingts verbes qui peuvent introduire une
subordonnée interrogative indirecte. Il s’agit :
de verbes du type demander (demander, s’informer, dire, chercher à
savoir, interroger, etc.) :
”
un verbe déclaratif ou perceptif auquel s’associe l’idée de
l’interrogation (dire, répondre, voir, entendre, sentir, savoir, raconter,
comprendre, douter, ignorer, etc.) :
“ Nous ne saurons jamaisce que serait notre vie si elle
s’écrivait une fois pour toutes. (BOUALEM SANSAL, Rue
Darwin, 2011)
”
une locution verbale figée (poser la question, lever le doute, etc.) :
”
Remarques
1. Dans son sens déclaratif, voir (et d’autres verbes de perception) est
construit avec une subordonnée conjonctive introduite par que. Au sens
négatif, impliquant une idée d’ignorance, le verbe se construit avec une
subordonnée interrogative indirecte :
Je vois que ça s’arrange avec Aurore ! (GUILLAUME MUSSO, La
fille de papier, 2010)
On ramasse le bout de doigt au passage, mais Simon ne voit
pas si on le jette ou si on le garde quelque part pour l’exposer
dans des bocaux avec des étiquettes sur lesquelles on inscrira
la date et le sujet. (LAURENT BINET, La septième fonction du
langage, 2015)
2. Dans la langue littéraire, la proposition subordonnée interrogative indirecte
peut compléter un nom ou un adjectif :
Tenez-moi informée s’ils se revoient. (HÉLÈNE GRÉMILLON, Le
confident, 2010)
Mais à cette première incertitude si je les verrais ou non le jour
même venait s’ en ajouter une plus grave. (MARCEL PROUST, À
l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919)
3. Mots introducteurs
La proposition subordonnée interrogative prend deux formes selon
qu’elle est totale ou partielle. Lorsqu’elle est totale, elle est introduite
par si, qu’on peut considérer comme une conjonction de
1
subordination . Lorsqu’elle est partielle, la subordonnée interrogative
est introduite par un mot interrogatif :
Subordonnée si
interrogative
totale
S’il n’y avait plus d’étrangers, nous ne S’il n’y avait plus
saurions à quoi employer notre d’étrangers, à quoi
xénophilie. (PATRICK DEVILLE, emploierions-nous notre
Kampuchéa, 2011) xénophilie ? Nous ne le
saurions pas.
4. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément (direct ou indirect) dans
l’interrogation indirecte se met :
à l’indicatif si l’on exprime un fait considéré dans sa réalité :
“ Tu n’imagines pas combien l’annonce de cette nouvelle a pu
me peiner. (MARCEL AYMÉ, Les contes du chat perché,
1939)
”
au conditionnel si l’on exprime un fait éventuel ou dépendant
d’une condition énoncée ou non :
Remarque
Dans la subordonnée de l’interrogation indirecte, on a parfois l’infinitif lorsque
le sujet (non exprimé) de cet infinitif est le même que celui du verbe
principal :
Nous ne savions que dire ou que faire. (FRANÇOIS GARDE,
L’effroi, 2016)
4. Les propositions subordonnées
conjonctives compléments
du nom ou de l’adjectif
1. Complément du nom
La subordonnée complément du nom est une proposition introduite
par la conjonction que (au sens de à savoir que) et jointe à un nom
ou à un pronom pour le définir ou l’expliquer comme le ferait un
complément du nom ou une proposition relative. (› Groupe nominal,
› Prop. relative adjective)
“ Cette idée que les paysages ont une mémoire. (S YLVAIN TESSON,
Dans les forêts de Sibérie, 2013)
”
Ce type de subordonnée complète des noms exprimant une opinion
(idée, évidence, probabilité, preuve, hypothèse, etc.), une volonté
(souhait, espoir, désir, etc.) ou un sentiment (illusion, peur, crainte,
etc.).
“ La nostalgie était toujours en lui, et pour être plus précis :
une nostalgie absurde. Cette illusion que notre passé sinistre
possède tout de même un certain charme. (DAVID FOENKINOS, La
délicatesse, 2012)
”
Comme le complément du nom, elle peut fonctionner en apposition.
”
2. Complément de l’adjectif
La proposition subordonnée complément de l’adjectif se joint à
certains adjectifs exprimant, en général, une opinion ou un
sentiment, tels que : sûr, certain, heureux, content, etc. ; elle est
introduite par la conjonction que (parfois de ce que ou à ce que) :
“ Fallait voir le regard de la mère, contente que son fils ait des
amis bien habillés, et polis. (TONINO BENACQUISTA, Malavita,
2004)
”
Parmi les subordonnées compléments d’adjectif, il y a les
subordonnées compléments du comparatif :
”
Remarque
Les propositions subordonnées compléments du comparatif fonctionnent
comme des propositions subordonnées circonstancielles de comparaison.
(› Prop. subord. circ. de comparaison)
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément du nom ou de l’adjectif se
met :
à l’indicatif quand cette subordonnée exprime un fait considéré
comme réel :
”
au subjonctif quand elle exprime un fait envisagé simplement
dans la pensée ou avec une dimension subjective (souhait, désir,
volonté, etc.) :
“ À la face de tous, et d’abord à la nôtre, il a émis l’hypothèse
queLætitia et moi fussions frère et sœur… (VINCENT ENGEL,
Le miroir des illusions, 2016)
”
au conditionnel quand elle exprime un fait éventuel ou soumis à
une condition, énoncée ou non :
”
CHAPITRE 4
1. Mots introducteurs
Les propositions subordonnées circonstancielles sont introduites
par :
une conjonction de subordination (quand, lorsque, si, comme, etc.) ;
une locution conjonctive (dès que, afin que, pour que, etc.) ;
la conjonction que en corrélation avec un autre élément (si… que,
trop… que pour, etc.).
Ces mots introducteurs ont un contenu sémantique : ils indiquent
quelle relation interprétative (cause, conséquence, temporalité, etc.)
doit être établie entre la proposition subordonnée et le verbe
principal.
Remarque
Lorsqu’elle est répétée, une conjonction de subordination est reprise par
que :
Si je travaille comme un malade, pense Michael, que je
réussis et que je deviens le plus puissant des hommes, alors
je deviendrai ce Michael-là. (YANN MOIX, Cinquante ans dans
la peau de Michael Jackson, 2009)
”
de cause (causale) = à cause de cela ;
“
Il ne travaille pas parce qu’il s’ennuie. Il a besoin d’être
stimulé. (JOËL DICKER, Le livre des Baltimore, 2015)
”
de but (finale) = pour cela, dans ce but ;
“
J’ai travaillé pour que mes filles aient une maison propre et une
nourriture saine. (FRÉDÉRIC BEIGBEDER, Une vie sans fin,
2017)
”
de conséquence (consécutive) = avec cette conséquence ;
“
Elle portait, pour travailler, des talons hauts, de sorte que [...]
son visage arrivait à peu près au niveau du sien. (MARIE NDIAYE,
Ladivine, 2014)
”
de condition (conditionnelle) ou d’hypothèse (hypothétique) = à
cette condition ; dans cette hypothèse ;
”
de manière ou de comparaison = comme cela, de cette manière ;
”
de concession (concessive), d’opposition (oppositive) ou de
restriction (restrictive) = malgré cela ; en dépit de cela ; excepté
cela.
“ Bien que les verres soient emballés dans de la paille avec le plus
grand soin,on entend parfois le bruit cristallin d’une plaque
qui se brise. (BERNARD TIRTIAUX, Le passeur de lumière,
1993)
”
Remarques
1. Il n’y a pas de proposition subordonnée circonstancielle de lieu. Les
propositions subordonnées exprimant le lieu et introduites par où (d’où,
par où, là où, jusqu’où, etc.) peuvent se rattacher aux propositions
subordonnées relatives. (› Prop. relatives substantives)
De là où j’étais, c’était la sensation d’immobilité qui
dominait. (DAVID FOENKINOS, Nos séparations, 2008)
2. Certains auteurs considèrent une subordonnée d’addition introduite par
outre que. Il s’agit plutôt d’une pseudo-coordonnée.
Outre qu’elle était très jeune et très belle, elle se montrait
assez excentrique. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, Odette
Toutlemonde et autres histoires, 2006)
3. Les valeurs sémantiques exprimées par les circonstancielles
subordonnées (1) peuvent également être exprimées au moyen de deux
phrases indépendantes coordonnées (2). (› Phrases coordonnées)
Après quatre mois, nous prîmes le chemin du retour. Nous
avions fait une large boucle, de sorte qu’il ne nous fallut
qu’un mois pour rejoindre le village. (JACQUELINE HARPMAN,
Moi qui n’ai pas connu les hommes, 1995) (1)
T’avais réussi, t’avais obtenu la gloire, donc t’avais plus
besoin de lui. (JOËL DICKER, La vérité sur l’affaire Harry
Quebert, 2014) (2)
”
Elle peut être formulée dans une construction emphatique, qui a
pour effet de la mettre en évidence (focalisation). (› Phrase
emphatique)
“ C’est pas parce qu’elle a un gros cul qu’elle a moins froid qu’une
autre. (VIRGINIE DESPENTES, Vernon Subutex 2, 2015) (Dans la
formulation neutre, la circonstancielle est dans la portée de la négation du
verbe : Elle a pas moins froid qu’une autre parce qu’elle a un gros cul.)
”
b) Proposition subordonnée
circonstancielle complément
de la phrase
La proposition subordonnée circonstancielle complément de phrase
porte sur l’ensemble de la phrase. Elle fournit une précision sur la
relation entre la phrase et l’état du monde dans lequel cette phrase
est utilisée. Cette subordonnée se situe sur un plan différent du reste
de l’énoncé, elle le surplombe. (› Énonciation, › Compléments de
phrase)
La subordonnée circonstancielle de phrase est généralement
détachée du reste de la phrase, en tête ou en fin de phrase, et
séparée par une virgule ou par une pause.
“
Elle ne se réveille pas, souffla Gossewicz. Elle a de la
chance, parce que moi je ne dors presque plus. (ALEXIS JENNI,
La nuit de Walenhammes, 2015) (Paraphrase : Elle a de la chance
[de dormir], et je pense cela parce que moi je ne dors presque plus.)
”
4. Un cas particulier : les propositions
subordonnées corrélatives
La proposition subordonnée classique dépend du verbe ou de la
phrase. La proposition subordonnée corrélative est interdépendante
avec la phrase : ni l’une ni l’autre ne peut être supprimée ou
déplacée. La proposition subordonnée corrélative est généralement
introduite par que et annoncée par un mot de la phrase principale.
“ Cette perspective est tellement angoissante que je la chasse
immédiatement de mon esprit. (PIERRE LEMAITRE, Cadres
noirs, 2010)
”
2. Les propositions circonstancielles de
temps
1. Définition
La proposition subordonnée temporelle entretient une relation
chronologique avec l’action ou l’état décrit dans la proposition
principale.
1° La proposition circonstancielle de temps subordonnée au verbe
précise et délimite la temporalité de l’action ou de la situation
décrite par le verbe. Elle est habituellement placée après le verbe,
sans détachement (ni virgule, ni pause).
”
2° La proposition circonstancielle temporelle associée à la phrase
fournit un repère pour dater un évènement ou une situation dans
son ensemble. Elle ouvre un champ, crée un monde dans lequel
la phrase vient prendre place. Elle est généralement placée en
tête de phrase et suivie d’une virgule ou détachée entre virgules.
“ Comme je descendais des Fleuves impassibles
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs (ARTHUR
RIMBAUD, Le bateau ivre, 1871)
Quand tu te réveilles,
il fait jour. (ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE, La
femme qui fuit, 2015) (N’a pas exactement le même sens
que : Tu te réveilles quand il fait jour.)
”
2. Mots introducteurs
Le choix du mot introducteur varie selon que l’action ou la situation
présentée par la subordonnée est simultanée à celle du verbe
principal, la précède (antériorité) ou lui succède (postériorité). À
certaines conjonctions temporelles s’ajoutent des nuances de sens,
comme l’opposition pour alors que ou la cause pour comme.
Simultanéité alors que au moment où aussi longtemps
(mode (temporalité ou que (temporalité
indicatif) opposition) et idée de
durée)
Remarques
1. Au lieu de répéter ces conjonctions dans une suite de propositions
subordonnées, on peut les remplacer par que (ou par où pour au moment
où) :
Quand il fait beau et que nous sommes à la plage, les filles
ne nous gênent pas. (RENÉ GOSCINNY, Les vacances du petit
Nicolas, 1962)
Il fallait, dans l’accablement du premier repos, au moment où
l’on s’endormait et où l’on se réchauffait à peine, se réveiller,
se lever, et s’en aller prier. (VICTOR HUGO, Les misérables,
1862)
2. Avec alors que, l’idée d’opposition peut dominer l’idée de simultanéité :
(› Subord. circ. oppositives)
Alors que la plupart des enfants de mon entourage recevaient
La Semaine de Suzette, j’étais abonnée à L’Étoile noëliste,
que maman jugeait d’un niveau moral plus élevé. (SIMONE DE
BEAUVOIR, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
3. La locution à peine… que construit une subordonnée corrélative,
annoncée dans la proposition principale par à peine. Paradoxalement, la
teneur principale de la phrase se trouve dans la subordonnée introduite
par que (d’où l’appellation de subordination inverse).
Le déjeuner était à peine fini que la douce personne se leva
d’un air indolent et entra dans le parc. (CHODERLOS DE LACLOS,
Les liaisons dangereuses, 1782)
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément circonstanciel de temps se
met :
1° le plus souvent à l’indicatif, quand cette subordonnée marque la
simultanéité ou l’antériorité et exprime un fait considéré dans sa
réalité :
Remarque
e
Depuis le début du XX siècle, il y a une tendance à faire suivre après que du
subjonctif, par analogie avec avant que. Cette tendance s’est largement
répandue, davantage dans le style parlé que littéraire. Elle contrevient à la
règle qu’un fait considéré dans sa réalité se conjugue à l’indicatif.
Ce matin, elle est restée dans le gaz longtemps après que
les enfants se soient levés et aient rempli l’appartement de
petits cris joyeux. (DOMINIQUE COSTERMANS, Nous dormirons
ensemble, 2016)
Remarque
Jusqu’à ce que se construit parfois avec l’indicatif quand on veut marquer la
réalité d’un fait :
Pendant qu’il la besognait, elle noua les jambes autour des
siennes et le tint serré jusqu’à ce que, dans un râle, il se
soulagea en elle. (VINCENT ENGEL, Le miroir des illusions,
2016)
”
3. Les propositions circonstancielles
de cause
1. Définition
La proposition subordonnée causale tantôt précise la cause ou la
motivation de la situation présentée par le verbe principal (1), tantôt
en justifie l’énonciation (2).
”
1° La subordonnée strictement causale dépend du verbe principal de
la phrase. Elle peut être mise dans une structure emphatique en
c’est… que. (› Phrase emphatique)
“ C’est parce qu’il était absent que ma tante était venue au
village pour venir nous aider tous. (AHMADOU KOUROUMA,
Allah n’est pas obligé, 2015)
Remarque
Dans une phrase négative, la subordonnée causale peut être incluse dans la
portée de la négation (1,2) ou non (3). Lorsque la subordonnée est sous la
portée de la négation, on utilise souvent non pas parce que… mais parce
que, pour éviter l’ambigüité présente en (3).
On ne meurt pas parce que les autres sont malades mais
parce qu’on l’est soi-même. (BOUALEM SANSAL, 2084. La fin
du monde, 2015) (1)
”
2. Mots introducteurs
Les principales conjonctions ou locutions conjonctives introduisant
les subordonnées circonstancielles de cause sont les suivantes :
Cause parce que du fait que à cause que (style
régional ou
archaïque)
”
D’autres conjonctions, comme puisque ou comme, sont spécialisées
dans la fonction de justification. Elles ne peuvent pas servir à
répondre à une question en pourquoi :
– Pourquoi ? Parce que. *Puisque.
Remarques
1. La structure corrélative si… c’est que… permet de construire une relation
d’explication causale entre deux phrases :
Si les hommes se tirent dessus, c’est qu’il y a des vaccins
dans les balles
Et si les bâtiments explosent, c’est pour fabriquer des étoiles
Et si un jour, ils ont disparu, c’est qu’ils s’amusaient tellement
bien
Qu’ils sont partis loin faire une ronde, tous en treillis, main
dans la main. (ORELSAN, Tout va bien, 2017)
2. Avec non que, non pas que, ce n’est pas que, on introduit une cause qu’on
rejette immédiatement ; ces propositions ne sont pas réellement
subordonnées au verbe principal : (› Parataxe)
Il lui apparut que seul ce vêtement indiquait un caractère, un
genre d’existence comme privilégiés. Non que le jeune
homme fût vêtu avec recherche ; au contraire, il affectait une
certaine nonchalance. (GABRIELLE ROY, Bonheur d’occasion,
1945)
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée circonstancielle de cause se met :
1° à l’indicatif quand cette subordonnée exprime un fait considéré
dans sa réalité :
“ Elle ne pouvait pas ramener un autre garçon à la maison
étant donné que tout le village l’avait déjà vue avec un
autre. (ÉDOUARD LOUIS, En finir avec Eddy Bellegueule,
2014)
”
2° au conditionnel quand elle exprime un fait simplement possible ou
soumis à une condition énoncée ou non :
“ Elle va être très gênée, parce que vous n’auriez pas dû la voir
sans voile. (MICHEL HOUELLEBECQ, Soumission, 2015)
”
4. Les propositions circonstancielles
de but
1. Définition
La proposition subordonnée de but exprime la finalité visée par le
verbe principal et ses compléments, finalité que l’énonciateur
souhaite voir atteinte. Lorsque le but exprimé est négatif, il s’agit du
but rejeté, que l’on ne souhaite pas voir atteint.
”
2. Mots introducteurs
Les locutions conjonctives servant à introduire une proposition
subordonnée complément circonstanciel de but sont les suivantes :
But pour que afin que (style recherché) à (la) seule fin que
posit (usage (style recherché ;
if courant) indique un but
unique)
de peur
que
Remarques
1. Au lieu de répéter les locutions conjonctives dans une suite de
propositions subordonnées de but, on peut les remplacer par que :
On fit asseoir Étienne afin qu’il reprît ses esprits et qu’il
racontât posément l’épisode. (LYDIE SALVAYRE, Tout homme
est une nuit, 2017)
2. La locution afin que provient de la contraction de à fin que, où fin signifie
finalité, comme dans l’expression Qui veut la fin, veut les moyens. On
retrouve cette forme ancienne dans les locutions à seule fin que, à la seule
fin que.
Elle aurait cru que si je prétendais que je cesserais de l’aimer
en restant trop longtemps sans la voir, c’était à seule fin
qu’elle me dît de revenir vite auprès d’elle. (MARCEL PROUST,
À l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919)
3. Lorsqu’on formule un but négatif, on évitera la tournure pour ne pas que…
et on utilisera pour que… ne… pas. La première tournure se répand, peut-
être par analogie avec la construction suivie d’un infinitif (pour ne pas
tomber).
Ils ne nous cherchent pas, ils nous lavent pour que nous ne
soyons pas contagieux. (LAURENT GAUDÉ, Ouragan, 2013)
”
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément circonstanciel de but se
met toujours au subjonctif, car le but exprime un procès qui n’est pas
encore réalisé, qui reste dans le domaine du possible :
“
Elle contempla les étoiles, pria Dieu afin qu’il lui procurât
courage et soumission, ou plutôt le courage de la
soumission. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, Concerto à la
mémoire d’un ange, 2010)
”
5. Les propositions circonstancielles
de conséquence
1. Définition
La conséquence exprime la suite, l’effet ou le résultat du procès
présenté par le verbe principal. Tantôt il s’agit d’une conséquence
logique et factuelle (1,2), tantôt il s’agit d’une conclusion qu’on peut
tirer de l’information présentée dans la phrase principale (3).
”
2. Mots introducteurs
Les propositions subordonnées de conséquence s’introduisent par
les locutions suivantes, dont certaines servent également à
introduire le but :
Remarques
1. Au lieu de répéter la locution conjonctive dans une suite de subordonnées,
on peut la remplacer par que :
Elle ajoutait : « Vous trouverez M. de Guermantes à l’entrée
des jardins », de sorte qu’on partait visiter et qu’on la laissait
tranquille. (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922)
2. La proposition subordonnée de conséquence est parfois introduite par que
employé seul :
Les commandes pleuvaient à l’abbaye que c’était une
bénédiction. (ALPHONSE DAUDET, Lettres de mon moulin,
1869)
”
Remarque
Les locutions conjonctives de conséquence contiennent en fait un terme
anciennement corrélatif : au point que, de sorte que, etc. Comparez :
Le geste me parut tellement inattendu que je ne pus m’empêcher de
l’interroger.
Le geste me parut inattendu au point que je ne pus m’empêcher de
l’interroger.
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément circonstanciel de
conséquence se met :
1° à l’indicatif, car la conséquence exprime normalement un fait
réel, un résultat atteint ;
”
2° au conditionnel quand la subordonnée exprime une
conséquence simplement possible ou soumise à une condition
énoncée ou non ;
”
3° au subjonctif,
après une proposition principale négative ou interrogative :
”
après assez pour que, trop pour que, trop peu pour que,
suffisamment pour que :
“ Il fait trop froid pour qu’il sorte du lit, il cherche son téléphone
et remonte les deux couvertures au-dessus de sa
tête. (VIRGINIE DESPENTES, Vernon Subutex 3, 2017)
”
quand la subordonnée exprime une conséquence souhaitée mais
non encore réalisée, voire un but à atteindre :
”
6. Les propositions circonstancielles
de condition et d’hypothèse
1. Définition
La proposition subordonnée de condition exprime un élément
essentiel préalable dont dépend la réalisation de l’action dans la
principale.
“ Si j’étais un chat,
je sais le ventre où je me
réchaufferais. (SYLVAIN TESSON, Dans les forêts de Sibérie,
2011)
”
La subordonnée conditionnelle peut aussi exprimer une hypothèse,
une supposition qui permet d’expliquer ou de prévoir la réalisation
éventuelle d’un fait.
“ Si Ibn Dakhdoul comprit l’allusion,
il ne fit aucun
commentaire. (GILBERT SINOUÉ, Avicenne ou La route
d’Ispahan, 1989)
Remarque
Sur le plan logique, l’hypothèse est liée à la conséquence, comme le montre
la conjonction corrélative si… alors… : une hypothèse permet de déduire les
conséquences possibles d’un fait qu’on anticipe.
Si Jacques n’était pas fait pour moi, alors personne ne l’était,
et il fallait en revenir à une solitude que je trouvais bien
amère. (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d’une jeune fille
rangée, 1958)
2. Mots introducteurs
La conjonction si est la plus fréquemment utilisée pour introduire une
condition ou une hypothèse. On trouve aussi :
Conditio si à (la) condition au cas où dans les
n/ que, sous (la) cas où
Hypothè condition que
se
à moins que dans l’hypothèse en admettant que
pour peu où
que
”
Remarques
1. Au lieu de répéter ces conjonctions ou locutions conjonctives (sauf au cas
où, dans le cas où, dans l’hypothèse où), on peut les remplacer par que :
Si elle ne bouge pas et que la pluie, la grêle reprend, elle sait
qu’elle va mourir. (LAURENT MAUVIGNIER, Continuer, 2016)
2. Que employé seul peut marquer l’hypothèse, de même que quand :
Que tu t’en ailles ou non pour une autre femme, je
t’attendrai. (MICHEL BUSSI, Gravé dans le sable, 2014)
3. Emploi du mode
L’emploi du mode dépend de la conjonction.
1° Avec si, le verbe de la subordonnée de condition ou d’hypothèse
se met à l’indicatif (en respectant les emplois des temps).
(› Concordance des temps)
“ Si tu ne viens pas, je te mets à la porte ! (J EAN-MICHEL
GUENASSIA, Le club des incorrigibles optimistes, 2009)
”
Si l’hypothèse est irréelle, le verbe de la principale peut se mettre au
conditionnel :
”
Remarques
1. Après si introduisant l’expression d’un fait fictif dans le passé, la langue
littéraire peut mettre le verbe subordonné et / ou le verbe principal au
subjonctif imparfait :
Si elle eût été homme, elle se fût frappée le front. (VICTOR
HUGO, Les misérables, 1862)
Remarques
1. Après au cas où, dans le cas où, dans l’hypothèse où, on met le
conditionnel :
Au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, la vie, d’une
manière générale, n’a pas de sens. (JOËL DICKER, La vérité
sur l’affaire Harry Quebert, 2014)
2. Après à (la) condition que, on met le subjonctif ou parfois l’indicatif :
Elle accepte, à condition que Grant lui dise ce qu’il sait sur
ses rivales. (CAROLINE DE MULDER, Bye Bye Elvis, 2014)
1. Définition
Une proposition subordonnée circonstancielle de manière décrit la
forme particulière que revêt un processus, une action ou un état.
Une proposition subordonnée circonstancielle de comparaison
permet de rapprocher deux procès afin de mettre en évidence leurs
ressemblances ou leurs différences. La manière et la comparaison
sont parfois difficiles à distinguer, d’autant que les deux types de
subordonnées sont souvent introduits par comme.
“ Elle n’en voulait pas à son mari qui avait agi comme il estimait
devoir le faire,elle n’en voulait qu’à elle-même et se sentait
dérisoire, inutile, mauvaise. (MARIE NDIAYE, Ladivine, 2014)
(Manière.)
”
Remarque
Très souvent, les subordonnées introduites par comme sont réalisées dans
une forme réduite (ou elliptique), où le verbe principal n’est pas répété dans
la subordonnée : (› Phrase elliptique)
Il a agi comme un salaud l’autre soir mais il n’est pas un
salaud. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, Les perroquets de la place
d’Arezzo, 2013) (= Il a agi comme un salaud [agit] l’autre soir.)
Un matin, l’un reste et l’autre part, sans que l’on sache toujours
pourquoi. (GUILLAUME MUSSO, La fille de papier, 2010)
(= Subordonnée complément de la phrase.)
”
2. Mots introducteurs
Les propositions subordonnées de manière s’introduisent par des
conjonctions de subordination. Les subordonnées de comparaison
sont soit des subordonnées classiques, soit des subordonnées
corrélatives d’adjectifs ou d’adverbes.
Manière comme comme si sans que que… ne
(manière (comparais (manière (manière ou
ou on et ou conséquence
comparaiso hypothèse) conséquen ; littéraire)
n) ce)
de façon
que
(manière
ou
conséquen
ce)
“
Les malades [...] sont habilités à travailler à mesure qu’ils s’en
montrent capables. (JACQUES CHESSEX, Le vampire de
Ropraz, 2007)
”
Remarques
1. La proposition subordonnée de manière introduite par que… ne équivaut
par son sens à celle introduite par sans que. Elle est rare et littéraire :
Apprenez-moi à vivre où vous n’êtes pas ; en sorte que quand
vous serez, je suppose, auprès de votre maîtresse, vous ne
sauriez pas y vivre que je n’y sois en tiers. (CHODERLOS DE
LACLOS, Les liaisons dangereuses, 1782) (= Vous ne sauriez
y vivre sans que j’y sois en tiers.)
2. Après certains verbes qui construisent un COD (traiter, faire, etc.), la
proposition introduite par comme si n’est pas circonstancielle mais
essentielle ; elle ne peut pas être supprimée :
Ils ne disaient pas un mot, faisaient comme si je n’étais pas
là. (ALEXIS JENNI, La conquête des îles de la Terre Ferme,
2017)
”
Quand la comparaison marque la différence, on peut avoir : autre…
autre, autre chose… autre chose :
”
Quand la comparaison marque l’augmentation ou la diminution
proportionnelles, on emploie plus… (et) plus, moins… (et) moins,
plus… (et) moins, moins… (et) plus, d’autant plus que, d’autant
moins que :
“ Pluson aime, plus il faut payer cher. (JEAN GIONO, Le
hussard sur le toit, 1951)
”
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée complément circonstanciel de manière
ou de comparaison se met :
1° à l’indicatif, en général ;
”
2° au conditionnel, quand la subordonnée marque un fait simplement
possible ou soumis à une condition exprimée ou non ;
“ Elle s’assoit comme s’assiérait un éléphant, genoux écartés,
ventre en avant. (PHILIPPE DJIAN, Love Song, 2013)
”
3° au subjonctif, après sans que, que… ne.
”
8. Les propositions circonstancielles
d’opposition, de concession
et de restriction
1. Définition
L’opposition crée un effet de contraste par le fait de placer face à
face deux propositions au contenu très différent (qui sont
contradictoires, voire qui s’excluent mutuellement).
”
La concession est exprimée par une proposition subordonnée
indiquant qu’un phénomène qui en entraine normalement un autre
(conséquence) n’a pas eu cet effet ou a eu un effet contraire.
“ Bien que ces formes ne lui fussent pas familières, il finit par
espérer les comprendre un peu, distinguer leur style,
discerner leurs enjeux. (JEAN ECHENOZ, Je m’en vais, 1999)
”
La proposition subordonnée de restriction limite la portée de ce qui
est exprimé dans la proposition principale. Cela signifie que ce qui
est affirmé dans la phrase principale ne vaut pas pour l’exception
décrite dans la subordonnée restrictive.
“ Je n’avais pas eu besoin de raison particulière pour la
frapper, sinon que je la trouvais devant moi, et que j’en avais
assez. (PHILIPPE DJIAN, Dispersez-vous, ralliez-vous !, 2016)
”
Les propositions circonstancielles d’opposition / de concession / de
restriction sont des subordonnées complément de la phrase (et pas
du verbe).
2. Mots introducteurs
La concession, l’opposition ou la restriction se construisent à l’aide
d’une proposition subordonnée introduite par une conjonction de
subordination. Elles peuvent également se construire à l’aide d’une
proposition subordonnée corrélative introduite par un mot corrélatif
associé à la conjonction que (par ex. quelque… que) :
Oppositi alors que, alors tandis que si, même si
on même que, lors (opposition (opposition ou
même que ou hypothèse)
(opposition ou temporalité)
temporalité)
3. Emploi du mode
Le verbe de la subordonnée d’opposition se met généralement au
subjonctif :
”
Remarques
1. Tandis que, alors que, si, marquant l’opposition sont suivis de l’indicatif ou
du conditionnel, selon le sens :
Cela ne sembla pas l’incommoder alors que cette vision me
donna le vertige. (ADÉLAÏDE DE CLERMONT-TONNERRE, Le
dernier des nôtres, 2016)
”
Remarque
Tout … que, selon la règle traditionnelle, demande l’indicatif, mais dans
l’usage moderne, il se construit souvent avec le subjonctif :
Cependant, tout maître qu’il était de lui, il ne put se soustraire
à une commotion. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
Tout novice qu’il était, le plus jeune des deux flics avait
presque tout vu en matière de meurtre. (DANIEL PENNAC, La
petite marchande de prose, 1989)
Tout immobile qu’il fût (je t’apprendrai le subjonctif, aussi, un
petit plaisir de bouche, tu verras…) tout immobile qu’il fût,
donc, Jérémy se tortillait intérieurement. (DANIEL PENNAC,
Monsieur Malaussène, 1995)
Il devait être débordé, Dieu, tout omnipotent qu’il
fût. (CHRISTOPHE ONO-DIT-BIOT, Plonger, 2013)
CHAPITRE 5
”
La concordance des temps peut aussi s’envisager dans le cadre
plus large du texte : elle exige une certaine cohérence dans l’emploi
des temps dans un paragraphe et dans un texte. (› L’emploi des
modes et des temps)
”
Nous nous limitons ici à l’accord des verbes dans les propositions
subordonnées, en considérant deux cas : le verbe de la
subordonnée est à l’indicatif ; le verbe de la subordonnée est au
subjonctif.
1. Verbe de la subordonnée à l’indicatif
Antériorité de la subordonnée
Passé composé Il raconte que son guide et lui ont marché une
heure environ, sans parler à personne. (YANNICK
HAENEL, Jan Karski, 2016)
Ils se diront que je l’ai un peu cherché…
(CATHERINE POULAIN, Le grand marin, 2016)
Postériorité de la subordonnée
Futur simple On raconte que le peuple des faubourgs
refusera de croire à sa mort treize ans plus
tard. (ÉRIC VUILLARD, 14 Juillet, 2016)
Le temps le rendra plus sage, et vous verrez qu’il
changera de sentiments. (MOLIÈRE, L’avare,
1668)
Simultanéité de la subordonnée
Antériorité de la subordonnée
Postériorité de la subordonnée
Bien que cette soirée eût été un minable fiasco, Zaza quelques
jours plus tard m’en remercia d’un ton ému. (SIMONE DE BEAUVOIR,
Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
L’opération s’était bien passée, bien qu’il ait fallu lui enlever deux
côtes. (DELPHINE DE VIGAN, Rien ne s’oppose à la nuit, 2011) (Dans
la concordance classique, on aurait bien qu’il eût fallu…)
”
Le verbe de la subordonnée peut avoir un sujet différent de celui du
verbe principal.
“ Il entendit Blanche émettre un petit rire aussi léger qu’un
duvet. (THOMAS GUNZIG, Manuel de survie à l’usage des
incapables, 2013) (Le sujet du verbe émettre est Blanche.)
”
Le verbe de la proposition subordonnée peut avoir le même sujet
que le verbe principal. (› Gérondif)
“
En reprenantla direction abandonnée par la rivière
interrompue, François espérait couper le lit d’un de ses
affluents. (RENÉ BARJAVEL, Ravage, 1943) (Le sujet du verbe
principal espérait est identique au sujet non exprimé du verbe à l’infinitif couper ;
le sujet non exprimé du gérondif en reprenant est identique à celui du verbe
principal.)
”
2. Les propositions subordonnées
infinitives
L’infinitif est au centre de la proposition subordonnée : il a un sujet,
qui n’est pas toujours exprimé, et il peut être accompagné de
1
compléments. Sous l’influence de la grammaire latine , on a
longtemps considéré que le verbe à l’infinitif devait avoir un sujet
propre, différent de celui du verbe principal. En réalité, il n’y a pas de
raison d’exclure les propositions infinitives dont le sujet est identique
à celui du verbe principal.
La proposition infinitive remplit les mêmes fonctions que le groupe
nominal. (› Emplois de l’infinitif)
“
En reconstituer la trame imaginaire fait partie de mon
travail. (SIMON LIBERATI, Les rameaux noirs, 2017)
”
Comme attribut du sujet, elle suit le verbe :
“
Liquider n’est pas faire faillite, comprenez-vous? (HONORÉ DE
BALZAC, Eugénie Grandet, 1833)
”
2. À fonction de complément
du présentatif ou d’un verbe
impersonnel
La proposition infinitive complément du présentatif suit simplement le
présentatif :
”
Elle peut être complément d’une construction ou d’un verbe
impersonnel, comme il faut, il (lui) arrive, il est honteux, il est
indispensable, etc.
“
Il faut faire ici un aveu que je n’ai fait à personne : je n’ai
jamais eu le sentiment d’appartenir complètement à aucun
lieu. (MARGUERITE YOURCENAR, Mémoires d’Hadrien, 1958)
”
3. À fonction de complément d’objet
direct ou indirect du verbe
Lorsque la proposition infinitive est complément d’objet direct ou
indirect du verbe, le sujet de l’infinitif est identique ou différent de
celui du verbe principal.
Remarques
1. Quand la proposition infinitive dépend de faire, si le sujet de l’infinitif est
autre chose qu’un pronom personnel ou relatif, ce sujet se met après
l’infinitif. On nomme cette construction causative (ou factitive) car le sujet
du verbe faire représente la cause du procès décrit dans la subordonnée
infinitive :
La mère Louis faisait venir son vin de l’Auvergne. (ÉMILE
ZOLA, L’assommoir, 1876)
La pluie, ici, fait taire la campagne. (LAURENT GAUDÉ, Les
oliviers du Négus, 2013)
2. Quand la proposition infinitive dépend de faire, le sujet de l’infinitif peut
aussi être exprimé sous la forme d’un complément prépositionnel introduit
par à ou par.
Seulement voilà, comment faire avaler le verre par les
collègues ? (ALBERT COHEN, Belle du Seigneur, 1968)
Alors, Clotaire s’est levé et il a dit qu’il allait faire manger son
livre d’arithmétique à Agnan, ce qui était vraiment une drôle
d’idée. (RENÉ GOSCINNY, Le petit Nicolas, 1960)
Lorsque le sujet du verbe à l’infinitif est indéterminé (par ex.
quelqu’un, on), il n’est pas nécessairement exprimé.
”
Lorsque le verbe principal construit un complément d’objet direct
suivi d’un complément d’objet indirect (par ex. inviter quelqu’un à faire
quelque chose, décourager quelqu’un de faire quelque chose), la
proposition subordonnée infinitive complément d’objet indirect est
introduite par une préposition.
”
Remarques
1. La proposition infinitive complément d’objet direct peut être introduite par
la préposition à ou de. La préposition joue alors un simple rôle
d’introducteur du verbe.
Bruno apprend à Thalie à piloter la moto. (PHILIPPE JAENADA,
Sulak, 2013)
2. Une proposition subordonnée infinitive peut inclure une autre proposition
infinitive subordonnée. (› Prop. sub. complément d’objet direct)
Édith espère entendre Marcel lui pardonner. (ADRIEN BOSC,
Constellation, 2014)
”
Certains verbes introduisant une subordonnée infinitive peuvent
également construire une subordonnée conjonctive introduite par
que : c’est le cas de aimer, désirer, espérer, penser, préférer, savoir,
souhaiter, vouloir,
etc. La proposition infinitive présente l’avantage de
dire la même chose en moins de mots.
”
Dans le cas où la proposition subordonnée conjonctive introduite par
que serait ambigüe, la proposition infinitive présente l’avantage de
lever cette ambiguïté :
“
Il pensait qu’il allait le retrouver. (MICHEL BUSSI, Maman a
tort, 2015) (= Cette construction est ambigüe, car le pronom il peut renvoyer
au pronom il sujet du verbe principal, ou à un autre référent.)
”
Remarque
Le cas des propositions subordonnées infinitives introduites par un verbe de
mouvement (courir, filer, etc.) est particulier : le sujet du verbe principal doit
être un agent animé (humain ou non) et le verbe à l’infinitif ne peut pas être
un autre verbe de mouvement, ni un verbe d’état (souffrir, être, etc.).
Je file enfiler mon maillot. (MICHEL BUSSI, Le temps est
assassin, 2016)
4. À fonction de complément
circonstanciel
Les constructions infinitives circonstancielles ont un sujet identique à
celui de la principale.
Subordonnée temporelle : avant de + infinitif ; après + infinitif
composé :
”
Subordonnée causale pour + infinitif composé (qui correspond à
parce que + proposition subordonnée) :
“
Mon père est mort pour avoir essayé de décrocher la
lune. (TONINO BENACQUISTA, Malavita, 2004)
”
Subordonnée de but pour + infinitif :
”
Subordonnée de manière avec sans + infinitif :
“
Charles se remit donc au travail et prépara sans discontinuer
les matières de son examen, dont il apprit d’avance toutes
les questions par cœur. (GUSTAVE FLAUBERT, Madame
Bovary, 1857)
”
5. À fonction de complément
du nom ou de l’adjectif
Une proposition infinitive peut être complément d’un nom ou d’un
adjectif :
”
3. Les propositions subordonnées
participiales
La proposition subordonnée participiale est formée d’un participe
présent ou passé, qui fonctionne comme un verbe et peut avoir des
compléments.
”
2. Sans sujet exprimé
Si le sujet du participe n’est pas exprimé, il est supposé être
identique à celui du verbe principal de la phrase.
“
Une fois regardées, les photos sont rangées avec le linge
dans les armoires. (MARGUERITE DURAS, L’amant, 1984)
Remarques
1. Lorsque le sujet de la proposition participiale n’est pas exprimé et qu’il est
différent du sujet du verbe principal de la phrase, on considère qu’il y a
une rupture dans la construction syntaxique (anacoluthe). Cet usage n’est
pas recommandé.
Connaissant votre générosité, ma demande ne saurait être mal
reçue.
Ayant bien récité ma leçon, le professeur m’a attribué la meilleure
note.
En attendant votre réponse, veuillez croire à mes sentiments les
meilleurs.
2. Dans quelques phrases figées, on trouve le gérondif se rapportant à un
élément autre que le sujet du verbe principal, selon un usage fréquent
autrefois : (› Phrase figée)
La fortune vient en dormant. (Proverbe)
3. En apposition
La construction participiale est apposée lorsqu’elle dépend d’un
groupe nominal (ou d’un pronom) et qu’elle le spécifie. Le sujet du
participe, non exprimé, a le même référent que ce nom.
(› Apposition)
“ Débordant d’un lit onirique dont les rives n’étaient plus que
nébuleuses, le sommeil, torrent brumeux, se déversa en
lui. (JEAN-BAPTISTE DEL AMO, Une éducation libertine, 2008)
”
Les propositions participiales sont proches des subordonnées
circonstancielles : elles sont effaçables et peuvent exprimer les
valeurs temporelles, causales ou conditionnelles. La valeur
temporelle peut être soulignée par une fois, dès, aussitôt, à peine,
etc. (› Prop. subord. circonstancielles)
elle se ragaillardit
Une fois cette idée ancrée dans son esprit,
considérablement. (ROMAIN GARY, La promesse de l’aube,
1960)
”
Remarque
La proposition participiale dont le verbe est un participe composé (ayant bu,
ayant été bu) peut subir l’effacement du verbe être. Il s’agit alors d’une
proposition elliptique.
L’onde [étant] tiède, on lava les pieds des voyageurs. (JEAN
DE LA FONTAINE, Philémon et Baucis, 1678)
Le café [étant, ayant été] bu, j’ai sorti mon carnet. (EMMANUEL
CARRÈRE, D’autres vies que la mienne, 2010)
PARTIE 6
Au-delà de la phrase
CHAPITRE 1
Les phrases juxtaposées et coordonnées
CHAPITRE 2
Le discours rapporté
CHAPITRE 1
”
Remarque
La grammaire traditionnelle limite l’étude de la coordination aux propositions
rassemblées dans une seule phrase délimitée par un point. Cependant,
certaines conjonctions de coordination, comme en outre ou par conséquent,
s’emploient presque exclusivement entre deux phrases successives.
1. Les phrases juxtaposées
Sont dites juxtaposées les propositions de même nature (principales
ou subordonnées) qui ne sont reliées entre elles par aucune
conjonction. Elles sont le plus souvent séparées par une virgule ou
par un point-virgule :
“
Son sourire avait disparu, il regardait à travers moi comme
si j’étais transparente. Il tira sur sa pipe, elle s’était
éteinte. (JEAN-MICHEL GUENASSIA, La valse des arbres et
du ciel, 2016)
”
En l’absence de conjonction de coordination entre les deux
propositions, aucune indication n’est donnée sur leur relation.
Lorsqu’une phrase ajoute de l’information en lien avec l’information
fournie dans la phrase précédente, il s’agit d’une simple addition
(juxtaposition coordonnante) :
“
Quelque part encore à cette heure, les vieux trucks
immobiles attendent, le bateau bleu pourrit sur ses
cales. (CATHERINE POULAIN, Le grand marin, 2016)
”
Cependant, il est fréquent qu’on interprète les phrases juxtaposées
selon une relation plus spécifique, telle que la cause, la temporalité
ou la conséquence. La parataxe (ou juxtaposition
subordonnante) consiste à disposer côte à côte deux propositions
en marquant par l’intonation ou par la ponctuation le rapport qui les
unit. Ce rapport peut être explicité en insérant une conjonction entre
les propositions :
“
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. (PIERRE
CORNEILLE, Horace, 1640) (= [Depuis que / puisque] Albe vous a
nommé, je ne vous connais plus : relation temporelle ou causale.)
”
2. Les phrases coordonnées
Sont dites coordonnées les phrases de même nature qui sont liées
entre elles par une conjonction de coordination. La conjonction
permet de rendre clairement la relation entre les phrases
coordonnées. (› Conjonctions de coordination)
Les conjonctions et les locutions conjonctives indiquant la
coordination sont extrêmement nombreuses. Certains adverbes,
comme cependant, enfin ou pourtant, sont employés comme
conjonctions : lorsqu’ils sont placés en tête d’une phrase, ils relient
cette phrase à celle qui précède et indiquent quelle relation les
unit. On nomme connecteurs de discours ces petits mots
(conjonctions, adverbes, locutions prépositionnelles, expressions
verbales, etc.) qui indiquent une relation entre deux segments et
contribuent à l’interprétation cohérente du discours.
Les principales relations encodées par les conjonctions (ou les
connecteurs de discours) sont les suivantes.
1. Addition
Dans la relation d’addition, la seconde proposition ajoute une
information, en lien avec l’information dans la première proposition.
Vous savez comme elle est aimable, de plus elle vous aime
énormément. (MARCEL PROUST, Le côté de Guermantes,
1920)
”
Remarques
1. La conjonction et est flexible : elle peut unir deux propositions entre
lesquelles il existe une relation de temps, de contraste, de
conséquence, etc.
On est soi-même l’artisan de son bonheur et on est parfois
aussi le principal obstacle à son bonheur. (KATHERINE PANCOL,
Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
(Relation de contraste : et = mais.)
2. Disjonction
La relation de disjonction indique que deux propositions s’excluent
l’une l’autre, ou forment une alternative.
”
3. Contraste
On a une relation de contraste (ou adversative) lorsque deux
propositions sont mises en opposition l’une avec l’autre.
“
Il faisait bon mais j’étais glacée. (PHILIPPE DJIAN, Dispersez-
vous, ralliez-vous !, 2017)
”
Remarque
Les connecteurs cependant, toutefois, néanmoins et nonobstant s’emploient
plutôt entre deux phrases :
Je vivais comme chez nous, à Paris, mais sans Félix.
Cependant, le soulagement tant espéré ne venait pas. Aucun
poids en moins sur la poitrine, aucun sentiment de
libération. (AGNÈS MARTIN-LUGAND, Les gens heureux lisent
et boivent du café, 2013)
4. Cause
On a une relation causale quand le fait exprimé par la seconde
proposition est la cause du fait exprimé par la première, ou quand la
seconde proposition est utilisée pour justifier la première.
”
5. Conséquence
On a une relation de conséquence quand le fait exprimé par la
seconde proposition est la conséquence du fait exprimé par la
première.
”
La conjonction donc peut aussi introduire une proposition dans
laquelle le locuteur énonce une conclusion qu’il tire de la
proposition précédente.
“
Or, le coffre était trop petit pour contenir un cadavre, donc il
contenait de l’argent. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
(Donc = j’en conclus que.)
”
6. Temporalité
On a une relation temporelle lorsque les faits de la deuxième
proposition précèdent, succèdent ou se déroulent simultanément
aux faits de la première proposition.
”
Remarque
Les locutions ou les connecteurs à valeur temporelle prennent fréquemment
une valeur argumentative :
Elle y consacre la plus grande partie de ses journées. Sinon,
elle lit. Et puis elle écrit. Enfin, plus maintenant. (LAURENT
MAUVIGNIER, Continuer, 2016) (= Et d’autre part elle écrit.)
“ Quel est donc, disaient les cinq rois, cet homme qui est en
état de donner cent fois autant que chacun de nous, et qui
le donne ? (VOLTAIRE, Candide ou L’optimisme, 1759)
”
À l’écrit, l’incise est rendue visible par la ponctuation : elle se place
entre deux virgules, entre deux tirets ou entre parenthèses. À l’oral,
l’incise est détachée par des pauses et une intonation parfois basse
ou monotone.
L’ordre des mots dans l’incise présente une inversion du verbe et du
sujet ; dans un style familier, si on souhaite éviter l’inversion, le sujet
précède le verbe et le lien avec le discours rapporté est marqué par
que. (› Discours rapporté)
”
L’incise typique est courte (répondit-il), mais peut s’agrémenter de
compléments qui précisent la manière dont sont prononcées les
paroles :
”
D’un point de vue syntaxique, on peut considérer le verbe de l’incise
comme principal et ayant pour complément les paroles rapportées :
“ Il dit : « Ne pleurez point : Trois jours au plus rendront mon
âme satisfaite. » (JEAN DE LA FONTAINE, Les deux pigeons,
1678)
”
Cependant, du point de vue de l’apport informationnel de la phrase,
c’est l’inverse : les paroles rapportées constituent l’élément de
premier plan, l’incise visant à identifier la source du discours
rapporté.
Remarque
Dans certains cas, l’incise prend une ampleur inhabituelle, visant à mettre au
premier plan le commentaire énonciatif. (› Phrases incidentes)
Précisément, me dit-il tout à coup comme si la cause était
jugée et après m’avoir laissé bafouiller en face des yeux
immobiles qui ne me quittaient pas un instant, j’ai le fils
d’un de mes amis qui, mutatis mutandis, est comme vous (et il
prit pour parler de nos dispositions communes le même ton
rassurant que si elles avaient été des dispositions non pas à
la littérature, mais au rhumatisme et s’il avait voulu me
montrer qu’on n’en mourait pas). (MARCEL PROUST, À l’ombre
des jeunes filles en fleurs, 1919) (La parenthèse constitue une
proposition incidente.)
”
2. Les phrases incidentes
Une phrase incidente est insérée comme une incise (avec les
mêmes propriétés de ponctuation ou d’intonation), mais il s’agit
d’une phrase complète. La phrase incidente comporte souvent un
pronom (le, ceci) ou un adverbe (ainsi) renvoyant au reste de
l’énoncé.
“ À l’intérieur de la pièce attenante – on le devine – un corps gît
dans un cercueil. (ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, La tectonique
des sentiments, 2008)
”
La phrase incidente marque une intervention personnelle de celui
qui parle ou qui écrit, destinée à apprécier, à appuyer, à atténuer, à
rectifier, à exprimer une émotion, etc. En d’autres mots, elle est un
commentaire sur l’énonciation.
“ Il soulevait et soutenait parfois d’énormes poids sur son
dos, et remplaçait dans l’occasion cet instrument qu’on
appelle cric et qu’on appelait jadis orgueil, d’où a pris nom,
soit dit en passant, la rue Montorgueil près des halles de
Paris. (VICTOR HUGO, Les misérables, 1862)
”
Remarque
La phrase incidente peut être non verbale, formée par exemple d’un adverbe,
d’une interjection ou d’une locution sans verbe.
Un autre témoin, heureusement, a aperçu l’enfant. (ARMEL
JOB, Tu ne jugeras point, 2009)
Le discours rapporté
1. Définition
2. Le discours direct
3. Le discours indirect
4. Le discours indirect libre
1. Définition
Lorsqu’on rapporte les paroles d’autrui et qu’on les intègre à son
propre discours, il s’agit d’un discours rapporté. Ces paroles peuvent
avoir été réellement tenues par autrui ou elles peuvent lui être
attribuées ; un locuteur peut également rapporter ses propres
paroles telles qu’il les a tenues antérieurement.
Alors je me suis mis à pleurer, j’ai dit que ce n’était pas juste
et que je quitterais l’école et qu’on me regretterait bien. (RENÉ
GOSCINNY, Le petit Nicolas, 1960)
”
Le discours rapporté est narrativisé quand il est résumé par un verbe
de parole, et qu’il prend place dans le récit sans aucune
démarcation.
“ D’abord la mère et le fils se disputèrent la parole pour raconter
les détails à la duchesse, qui dans ses réponses eut grand soin de
ne mettre en avant aucune idée. (STENDHAL, La chartreuse de
Parme, 1839)
”
2. Le discours direct
Le discours (ou style) direct consiste à rapporter, en les citant
textuellement, les paroles ou les pensées prononcées par quelqu’un
ou attribuées à quelqu’un. C’est la forme de discours rapporté qui se
présente comme la plus fidèle ; cependant, le discours rapporté au
style direct est toujours une construction (dans la fiction) ou une
reconstruction (dans le discours journalistique, par exemple), dans la
mesure où l’on ne rapporte pas littéralement tous les aspects du
discours réellement tenu, tels que les hésitations, les répétitions, les
interruptions, etc.
Le discours direct est visuellement démarqué par des signes de
ponctuation : il est encadré par des guillemets ou, en cas de
dialogue suivi, chaque réplique est introduite par un tiret long (ou
tiret cadratin). Le discours direct est généralement introduit par une
phrase en incise, composée d’un verbe de parole (déclarer, dire,
répondre, etc.), d’un sujet renvoyant au locuteur (il, je, etc.), et parfois
d’un commentaire de l’énonciateur (sans états d’âme, lentement, etc.).
(› Guillemets, › Tiret, › Incises)
“
Le professeur Bestombes, mis au courant de ce projet, s’y
déclara particulièrement favorable. Il donna même une
interview à cette occasion et le même jour aux envoyés d’un
grand « Illustré national » qui nous photographia tous
ensemble sur le perron de l’hôpital aux côtés de la belle
sociétaire. « C’est le plus haut devoir des poètes, pendant
les heures tragiques que nous traversons, déclara le
professeur Bestombes, qui n’en ratait pas une, de nous
redonner le goût de l’Épopée ! » (LOUIS-FERDINAND CÉLINE,
Voyage au bout de la nuit, 1952)
”
Le discours direct fait usage de marques qui renvoient directement
aux participants et à la situation qui est rapportée (je, tu, ma fille,
samedi soir, etc.). Les temps sont choisis en fonction du moment de
la parole : le présent correspond au présent de l’énonciation.
3. Le discours indirect
Le discours (ou style) indirect consiste à rapporter les paroles ou les
pensées de quelqu’un, non plus en les citant textuellement comme
dans le style direct, mais en les subordonnant à un verbe principal
du type dire (il répondit que, elle affirma que, ils demandèrent si, etc.) :
“
Dans le cimetière, des maçons construisaient à la hâte un
petit caveau à deux places. Je demandai à mon oncle
pourquoi on ne mettait pas papa et maman dans son immense
caveau à lui. Il me répondit que lui seul aurait à subir cette
honte. (JÉRÔME FERRARI, Dans le secret, 2012)
”
1. Les verbes introducteurs
Les verbes introducteurs du discours direct peuvent être neutres
(dire que, rapporter que) ou indiquer un jugement du locuteur qui
rapporte les paroles d’autrui (se plaindre que, douter si, prétendre
que, etc.)
“ Pas plus tard qu’hier, j’ai eu une prise de bec avec un père,
un banquier bardé de diplômes et de décorations, qui se
plaignait que son fils n’ait que quatorze de moyenne. (KATHERINE
PANCOL, La valse lente des tortues, 2008)
”
2. Les modifications syntaxiques
La subordination du discours rapporté à un verbe provoque des
modifications qui dépendent du type de phrase. Au style indirect,
la phrase déclarative est introduite par un verbe de dire suivi de
que (1) ; elle forme une subordonnée conjonctive complément du
verbe ;
la phrase interrogative totale est introduite par un verbe
exprimant l’interrogation suivi de si (2) ; la phrase interrogative
partielle est introduite par le mot interrogatif utilisé au style direct
(pourquoi, comment, qui, etc.) (3) ;
la phrase injonctive est introduite par un verbe d’ordre suivi d’une
subordonnée introduite par que (4) ou d’une subordonnée
infinitive (5) ;
la phrase exclamative est rare au style indirect ; elle peut être
introduite par comme (6).
”
3. Les changements de temps,
de mode et de personne
La transposition du discours direct en discours indirect impose
certains changements de mode, de temps et de personne.
a) Le mode
L’impératif est remplacé par le subjonctif, ou plus souvent par
l’infinitif ; les autres modes ne subissent pas de changement. Ainsi,
l’impératif Pars ! devient au style indirect :
“
Il souhaite que je parte samedi par le vol Air China de
13 h 40. (SERGE BRAMLY, Le premier principe, le second
principe, 2008)
Il m’a donné une petite auto et puis il m’a dit de partir. (RENÉ
GOSCINNY, Le petit Nicolas, 1960)
”
b) Le temps
Si la phrase introductive est au présent ou au futur, aucun
changement n’a lieu quant à l’emploi des temps. Si la phrase
introductive est au passé, le discours indirect emploie l’imparfait ou
le passé simple, le plus-que-parfait ou le conditionnel, conformément
à la concordance des temps.
Rapport entre le Verbe principal Verbe principal au passé
temps au présent (passé composé,
de la principale imparfait, passé
et de la subordonn simple, etc.)
ée
Remarques
1. Un présent peut être conservé dans le discours indirect pour exprimer une
vérité générale ou si le locuteur prend à son compte le discours rapporté :
Qui donc disait que la poésie s’arrête où dans les vers
apparaît l’inversion ? (LOUIS ARAGON, Le crève-cœur, 1941)
c) La personne
re e e
La 1 et la 2 personne sont remplacées par la 3 personne si on
rapporte les propos d’une tierce personne en son absence et en
l’absence de son allocutaire : Je te comprends. → [Elle a dit] qu’elle le
comprenait.
re
On a cependant la 1 personne quand le narrateur rapporte des
paroles qui le concernent lui-même ou qui concernent le groupe dont
il fait partie : [J'ai dit] que je le comprenais.
On a la 2e personne quand le narrateur rapporte des paroles qui
concernent celui ou ceux à qui il les rapporte : [Tu as dis] que tu le
comprenais.
4. Le discours indirect libre
Parfois les propositions du discours indirect, au lieu d’être
subordonnées à un verbe déclaratif, se présentent sans verbe
introductif et sans que subordonnant, le verbe de dire étant
implicitement contenu dans ce qui précède : c’est le style indirect
libre.
“
Lorsqu’elle tournait ses clés dans la serrure, la voisine ouvrit
son volet et lui cria :
— L’abbé vous a cherchée. Il est venu deux fois.
— Ah bon ? Merci de me le dire. Je vais à la cure.
— Je pense que vous ne le trouverez pas. Une voiture l’a
emmené tout à l’heure.
Une voiture ? Non seulement l’abbé ne conduisait pas mais il ne
(ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT,
possédait évidemment pas de voiture.
Concerto à la mémoire d’un ange, 2010)
”
Remarque
Le plus souvent, le style direct, le style indirect, le style indirect libre et le
discours rapporté narrativisé alternent dans les textes.
Elle s’est alors mise à parler de son fils [= discours rapporté
narrativisé]. Un fils unique, et ça l’attristait. Elle aurait voulu
avoir un deuxième enfant. Mais bon, elle avait divorcé et
n’était pas en couple pour le moment [= style indirect libre].
C’était exactement ce que j’avais imaginé de sa vie, pensai-je
en passant. Elle a continué à évoquer son fils, mais je ne
l’écoutais pas vraiment [= discours rapporté
narrativisé]. (DAVID FOENKINOS, Je vais mieux, 2013)
PARTIE 7
Annexes
CHAPITRE 1
Nouvelle orthographe
CHAPITRE 2
Féminisation
CHAPITRE 3
Tableaux de conjugaison
CHAPITRE 1
Nouvelle orthographe
1. Les rectifications de l’orthographe de 1990
2. Règles modifiées
3. Recommandations pour la création de mots nouveaux
4. Graphies particulières fixées ou modifiées
1. Les rectifications de l’orthographe
de 1990
Le 6 décembre 1990, le Journal officiel de la République française
publiait, sous le titre Les rectifications de l’orthographe, les
propositions du Conseil supérieur de la langue française, mis en
place par le Premier ministre, relatives à une harmonisation de
quelques règles de l’orthographe française.
1
Ces recommandations peuvent être appliquées par tous les
usagers de la langue et l’Académie précise qu’« aucune des deux
graphies [ni l’ancienne ni la nouvelle] ne peut être tenue pour
fautive ».
Ces propositions sont présentées sous forme :
de sept règles d’application générale ;
de recommandations à suivre lors de la création de mots
nouveaux ;
de modifications de graphies particulières (mots composés, mots
étrangers, anomalies).
2. Règles modifiées
3. Accent grave
Conformément à la prononciation courante, on écrit avec un accent
grave le e situé en fin de syllabe suivi d’une syllabe avec un e muet
au présent (de l’indicatif, du subjonctif et de l’impératif), au futur
et au conditionnel des verbes tels que céder, interpréter, régler
(où l’infinitif présente la séquence é + consonne(s) + er) ;
Remarque
Ne sont pas concernés appeler, jeter et leurs composés : il jette, elle
appellera.
il paraît il parait
île ile
août aout
goûter gouter
Remarques
1. Cette mesure entraine la rectification de certaines anomalies
étymologiques, en établissant des régularités. On écrit mu (comme déjà
su, tu, vu, lu), plait (comme déjà tait, fait), piqure, surpiqure (comme déjà
morsure), traine, traitre, et leurs dérivés (comme déjà gaine, haine, faine),
et ambigument, assidument, congrument, continument, crument,
dument, goulument, incongrument, indument, nument (comme déjà
absolument, éperdument, ingénument, résolument).
2. Aucune modification n’est apportée aux noms propres ni aux adjectifs
issus de ces noms (Nîmes, nîmois).
5. Tréma
On place le tréma sur la voyelle qui doit être prononcée : aigüe (et
les dérivés, comme suraigüe, etc.), ambigüe, exigüe, contigüe,
ambigüité, exigüité, contigüité, cigüe. Ces mots appliquent ainsi la
règle générale : le tréma indique qu’une lettre (u) doit être prononcée
(comme voyelle ou comme semi-voyelle) séparément de la lettre
précédente (g). Le même usage du tréma s’applique aux mots où
une suite -gu- ou -geu- conduit à des prononciations défectueuses (il
argüe [ilaʀgy] prononcé comme il nargue [ilnaʀg]). On écrit donc : il
argüe (et toute la conjugaison du verbe argüer) ; gageüre,
mangeüre, rongeüre, vergeüre.
ambiguë ambigüe
gageure gageüre
Elle s’est laissée mourir. Elle s’est laissé mourir (comme dejà :
elle s’est fait maigrir)
1. Mots fréquents
abime assoir disparaitre – mure (nom
accroitre – il il disparait, fém.)
accroit, il il disparaitra,
accroitra, il disparaitrait
il accroitrait
2. Soudure de mots
Lorsqu’un mot est composé à partir de plusieurs mots, on préfère la
graphie soudée (sans espace ni trait d’union), qu’il s’agisse de noms
composés sur la base d’un élément verbal généralement suivi d’une
forme nominale ou de tout ; d’onomatopées ou de formations
expressives ; ou de mots empruntés à d’autres langues.
a) Noms composés (verbe + nom,
verbe + tout)
c) Onomatopées et formations
expressives
• D’origine étrangère
3. Accents
b) Anomalies
L’accent est modifié sur les mots suivants qui avaient échappé à la
e
régularisation entreprise par l’Académie française aux XVIII et
e
XIX siècles, et qui se conforment ainsi à la règle générale
d’accentuation.
4. Diverses anomalies
Les rectifications proposées par l’Académie (en 1975) sont reprises
et complétées par quelques rectifications de même type.
absout, appâts (au assoir, rassoir, bizut (au lieu
absoute lieu de sursoir (au lieu 4
de bizuth)
(participe, au appas) de
lieu de 3
asseoir, etc.)
absous,
absoute)
douçâtre (au embattre (au exéma (au lieu guilde (au lieu
lieu de lieu de de eczéma) et de ghilde,
6 embatre) 7 graphie d’origine
douceâtre) ses dérivés
étrangère)
sorgo (au lieu sottie (au tocade (au lieu ventail (au lieu
de sorgho, lieu de sotie) de toquade) 13
de vantail)
graphie
d’origine
étrangère)
Féminisation
1. Introduction
2. Règles morphologiques
3. Règles syntaxiques
4. Écriture inclusive
1. Introduction
Depuis quelques dizaines d’années, différents pays de la
francophonie ont publié des règles destinées à féminiser les noms
de métier, de fonction, de grade ou de titre. Ce fut le cas dès 1979
au Québec, puis la France, la Suisse et la Belgique adoptèrent
progressivement des mesures similaires.
Ce mouvement vise à adapter la langue à l’évolution de notre
société, en reconnaissant la place que les femmes occupent
désormais dans la vie publique. En 1998, le gouvernement français
a demandé un nouveau rapport à la commission générale de
terminologie et néologie qui a abouti à la publication, en 1999, d’un
Guide d’aide à la féminisation et, en 2000, d’une Note du ministère
1
de l’Éducation nationale relative à la féminisation des noms .
Ces règles respectent les principes généraux en usage dans la
langue. Elles ont force de loi dans les textes officiels et les
documents administratifs, mais elles ne peuvent bien sûr être
contraignantes pour les particuliers.
Pour plus d’informations, on pourra consulter la « Circulaire du
11 mars 1986 relative à la féminisation des noms de métier, fonction,
grade ou titre » parue au Journal officiel de la République française
du 16 mars 1986. Ou les brochures Au féminin. Guide de
féminisation des titres de fonction et des textes (Office de la langue
française, Les Publications du Québec, 1991) ; Mettre au féminin,
Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre
(Communauté française de Belgique, Service de la langue française,
1994) ; Femme, j’écris ton nom (INALF – La Documentation
française, 1999). Ou encore l’ouvrage d’Anne Dister et de Marie-
Louise Moreau Féminiser ? Vraiment pas sorcier ! La féminisation
des noms de métiers, fonctions, grades et titres publié en 2009 chez
De Boeck Duculot.
2. Règles morphologiques
a) Cas général
D’une manière générale, le féminin est formé par l’adjonction d’un -e
final à la forme masculine : une chargée de cours, une députée, une
préposée, une apprentie. (› Féminin des noms animés)
b) Cas particuliers
Si la voyelle terminant le masculin est déjà -e, la forme féminine est
identique à la forme masculine (ces formes sont dites épicènes) et
seul le déterminant varie : une aide, une architecte, une comptable, une
dactylographe, une diplomate, une ministre, une secrétaire.
On ne crée plus de nouveaux mots en -esse, le procédé paraissant
vieilli. Toutefois, les emplois consacrés par l’usage sont toujours
admis : une poétesse.
Si la voyelle est -a ou -o, la forme féminine est identique à la forme
masculine : une para (commando), une dactylo, une imprésario.
a) Cas général
D’une manière générale, le féminin se construit par l’adjonction d’un
-e final à la forme masculine : une agente, une artisane, une avocate, une
échevine, une experte, une lieutenante, une magistrate, une marchande, une
présidente, une principale.
Cette règle générale s’assortit dans certains cas de conséquences
orthographiques :
Tableaux de conjugaison
1. Les verbes auxiliaires
2. Les verbes du premier groupe (-er)
3. Les verbes du deuxième groupe (-ir)
4. Les verbes du troisième groupe (-oir, -re, et certains -ir)
5. Conjugaison des verbes irréguliers et des verbes défectifs
1. Les verbes auxiliaires
AVOIR
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n’en eûtes
jamais un atome, et de lettres Vous n’avez que les trois qui forment
le mot : sot ! (EDMOND ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1897)
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur simple Conditionnel
simple présent
j’ai j’avais j’eus j’aurai j’aurais
tu as tu avais tu eus tu auras tu aurais
il/elle a il/elle avait il/elle eut il/elle aura il/elle aurait
nous avons nous avions nous eûmes nous aurons nous aurions
vous avez vous aviez vous eûtes vous aurez vous auriez
ils/elles ont ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
avaient eurent auront auraient
Passé Plus-que- Passé Futur Conditionnel
composé parfait antérieur antérieur passé
j’ai eu j’avais eu j’eus eu j’aurai eu j’aurais eu
tu as eu tu avais eu tu eus eu tu auras eu tu aurais eu
il/elle a eu il/elle avait il/elle eut eu il/elle aura eu il/elle aurait
eu eu
nous avons nous avions nous eûmes nous aurons nous aurions
eu eu eu eu eu
vous avez vous aviez vous eûtes vous aurez vous auriez
eu eu eu eu eu
AVOIR
ils/elles ont ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
eu avaient eu eurent eu auront eu auraient eu
Subjonctif Impératif
Présent Imparfait Passé Plus-que- Pré Passé
parfait sent
que j’aie que j’eusse que j’aie eu que j’eusse aie aie eu
eu
que tu aies que tu que tu aies que tu
eusses eu eusses eu
qu’il/elle ait qu’il/elle eût qu’il/elle ait qu’il/elle eût
eu eu
que nous que nous que nous que nous ayo ayons
ayons eussions ayons eu eussions eu ns eu
que vous que vous que vous que vous ayez ayez eu
ayez eussiez ayez eu eussiez eu
qu’ils/elles qu’ils/elles qu’ils/elles qu’ils/elles
aient eussent aient eu eussent eu
Infinitif Participe
Présent Passé Présent Passé
avoir avoir eu ayant eu, eue,
ayant eu
Pour les conjugaisons avec l’auxiliaire avoir, cf. ici.
ÊTRE
On ne peut être et avoir été, il y a ceux qui arrivent, ceux qui
partent, et entre les deux un infranchissable fossé. (B
S , Rue Darwin, 2011)
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
je suis j’étais je fus je serai je serais
tu es tu étais tu fus tu seras tu serais
il/elle est il/elle était il/elle fut il/elle sera il/elle serait
nous nous étions nous fûmes nous serons nous serions
sommes
vous êtes vous étiez vous fûtes vous serez vous seriez
ils/elles sont ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
étaient furent seront seraient
Passé Plus-que- Passé Futur Conditionne
composé parfait antérieur antérieur l passé
j’ai été j’avais été j’eus été j’aurai été j’aurais été
tu as été tu avais été tu eus été tu auras été tu aurais été
il/elle a été il/elle avait il/elle eut été il/elle aura il/elle aurait
été été été
nous avons nous avions nous eûmes nous aurons nous aurions
été été été été été
vous avez vous aviez vous eûtes vous aurez vous auriez
été été été été été
ÊTRE
ils/elles ont ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
été avaient été eurent été auront été auraient été
Subjonctif Impératif
Présent Imparfait Passé Plus-que- Pré Passé
parfait sen
t
que je sois que je fusse que j’aie été que j’eusse sois aie été
été
que tu sois que tu fusses que tu aies que tu
été eusses été
qu’il/elle soit qu’il/elle qu’il/elle ait qu’il/elle eût
fusse été été
que nous que nous que nous que nous soy ayons
soyons fussions ayons été eussions été ons été
que vous que vous que vous que vous soy ayez été
soyez fussiez ayez été eussiez été ez
qu’ils/elles qu’ils/elles qu’ils/elles qu’ils/elles
soient fussent aient été eussent été
Infinitif Participe
Présent Passé Présent Passé
être avoir été étant, ayant été
été
Pour les conjugaisons avec l’auxiliaire être, cf. ici.
2. Les verbes du premier groupe (-er)
VERBES EN -ER : PENSER
« Je pense donc je suis » devient « Je pose donc je
suis ». (F B , Une vie sans fin, 2018)
Indicatif Subjonctif
Présent Passé Présent Passé
composé
je pense j’ai pensé que je pense que j’aie pensé
tu penses tu as pensé que tu penses que tu aies pensé
il/elle pense il/elle a pensé qu’il/elle pense qu’il/elle ait pensé
nous nous avons que nous que nous ayons
pensons pensé pensions pensé
vous pensez vous avez que vous que vous ayez
pensé pensiez pensé
ils/elles ils/elles ont qu’ils/elles qu’ils/elles aient
pensent pensé pensent pensé
Imparfait Plus-que- Imparfait Plus-que-parfait
parfait
je pensais j’avais pensé que je que j’eusse pensé
pensasse
tu pensais tu avais pensé que tu que tu eusses
pensasses pensé
il/elle pensait il/elle avait qu’il/elle pensât qu’il/elle eût pensé
pensé
nous nous avions que nous que nous eussions
pensions pensé pensassions pensé
vous pensiez vous aviez que vous que vous eussiez
pensé pensassiez pensé
ils/elles ils/elles avaient qu’ils/elles qu’ils/elles eussent
pensaient pensé pensassent pensé
Passé Passé Impératif
simple antérieur
je pensai j’eus pensé Présent Passé
tu pensas tu eus pensé pense aie pensé
il/elle pensa il/elle eut pensé
nous nous eûmes pensons ayons pensé
pensâmes pensé
vous vous eûtes pensez ayez pensé
pensâtes pensé
ils/elles ils/elles eurent Infinitif
pensèrent pensé
Futur simple Futur Présent Passé
antérieur
je penserai j’aurai pensé penser avoir pensé
tu penseras tu auras pensé
il/elle il/elle aura
pensera pensé
nous nous aurons
penserons pensé
vous vous aurez
penserez pensé
ils/elles ils/elles auront Participe
penseront pensé
Conditionne Conditionnel Présent Passé
l présent passé
je penserais j’aurais pensé pensant pensé, pensée,
tu penserais tu aurais pensé pensés, pensées
qu’ils/elles qu’ils/elles
assaillent assaillirent
Se conjuguent sur ce modèle : défaillir, tressaillir.
Selon l’Académie, défaillir n’est plus usité qu’au pluriel du présent
de l’indicatif, à l’imparfait, au passé simple, au passé composé, à
l’infinitif et au participe présent.
ASSOIR (ASSEOIR) v. tr.
Si c’est un truc pour faire connaissance, assieds-toi sur les
freins ! (K P , Les écureuils de Central Park sont
tristes le lundi, 2010)
Alors, je m’assois… (K P , Les écureuils de
Central Park sont tristes le lundi, 2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
j’assois ou j’assoyais ou j’assis j’assoirai ou j’assoirais ou
assieds asseyais assiérai assiérais
tu assois ou tu assoyais tu assis tu assoiras tu assoirais
assieds ou asseyais ou assiéras ou assiérais
il/elle assoit il/elle assoyait il/elle assit il/elle il/elle
ou assied ou asseyait assoira ou assoirait ou
assiéra assiérait
nous nous nous nous nous
assoyons ou assoyions ou assîmes assoirons assoirions ou
asseyons asseyions ou assiérions
assiérons
vous vous assoyiez vous vous vous
assoyez ou ou asseyiez assîtes assoirez ou assoiriez ou
asseyez assiérez assiériez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
assoient ou assoyaient ou assirent assoiront assoiraient
asseyent asseyaient ou ou
assiéront assiéraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que j’assoie que j’assisse assois ou assoir assoyant ou
ou asseye assieds (asseoir) asseyant
que tu que tu
assoies ou assisses
asseyes
qu’il/elle qu’il/elle assît Passé Passé
assoie ou
asseye
que nous que nous assoyons avoir assis assis, assise,
assoyions ou assissions ou assises
asseyions asseyons
que vous que vous assoyez
assoyiez ou assissiez ou
asseyiez asseyez
qu’ils/elles qu’ils/elles
assoient ou assissent
asseyent
La nouvelle orthographe du verbe, assoir, vise à renforcer la
cohérence du système : le e ne se prononce plus et on écrit déjà
j’assois, j’assoirai (à côté de j’assieds, j’assiérai, etc.). Il est
supprimé comme cela a été le cas auparavant pour voir (anc. fr.
veoir) et choir (anc. fr. cheoir).
Se conjugue sur ce modèle : rassoir (rasseoir).
BATTRE v. tr.
Elle eut un mouvement de recul et battit en retraite. (Y
M , L’histoire de Pi, 2001)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je bats je battais je battis je battrai je battrais
tu bats tu battais tu battis tu battras tu battrais
il/elle bat il/elle battait il/elle battit il/elle battra il/elle battrait
nous nous battions nous nous nous battrions
battons battîmes battrons
vous battez vous battiez vous vous vous battriez
battîtes battrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
battent battaient battirent battront battraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je batte que je bats battre battant
battisse
que tu que tu
battes battisses
qu’il/elle qu’il/elle battît Passé Passé
batte
que nous que nous battons avoir battu battu, battue,
battions battissions battus,
BATTRE v. tr.
que vous que vous battez battues
battiez battissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
battent battissent
Se conjuguent sur ce modèle : abattre, combattre, débattre, ébattre
(s’), rabattre, rebattre.
Aux temps composés, le verbe s’ébattre se conjugue avec être : Ils
se sont ébattus pendant deux grosses heures, (J J ,
Pensées, maximes, essais et correspondance, 1861)
BOIRE v. tr.
J’ai bu la tasse, tchin tchin ! (M B , Le temps est
assassin, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je bois je buvais je bus je boirai je boirais
tu bois tu buvais tu bus tu boiras tu boirais
il/elle boit il/elle buvait il/elle but il/elle boira il/elle boirait
nous buvons nous buvions nous nous nous boirions
bûmes boirons
vous buvez vous buviez vous vous boirez vous boiriez
bûtes
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
boivent buvaient burent boiront boiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je boive que je busse bois boire buvant
que tu que tu
boives busses
qu’il/elle qu’il/elle bût Passé Passé
boive
que nous que nous buvons avoir bu bu, bue, bus,
buvions bussions bues
que vous que vous buvez
buviez bussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
boivent bussent
BOUILLIR v. intr.
Tu bous à l’intérieur et te demandes quel est ce créateur qui
distribue son huile à la va-comme-je-te-pousse, si généreux avec
les uns, parcimonieux avec d’autres. (V K -G , Sept
pierres pour la femme adultère, 2007)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je bous je bouillais je bouillis je bouillirai je bouillirais
tu bous tu bouillais tu bouillis tu bouilliras tu bouillirais
il/elle bout il/elle bouillait il/elle il/elle il/elle bouillirait
bouillit bouillira
nous nous nous nous nous
bouillons bouillions bouillîmes bouillirons bouillirions
vous vous bouilliez vous vous vous
bouillez bouillîtes bouillirez bouilliriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
bouillent bouillaient bouillirent bouilliront bouilliraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je bous bouillir bouillant
bouille bouillisse
que tu que tu
bouilles bouillisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
bouille bouillît
BOUILLIR v. intr.
que nous que nous bouillons avoir bouilli bouilli, bouillie,
bouillions bouillissions bouillis,
que vous que vous bouillez bouillies
bouilliez bouillissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
bouillent bouillissent
BRAIRE v. tr.
Certes d’autres mammifères chantent : l’homme, mais aussi le
chien qui aboie, l’âne qui brait, le renard qui glapit, le chat qui
miaule. (F G , La baleine dans tous ses états, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Futur simple Conditionnel
présent
il/elle brait il/elle brayait il/elle braira il/elle brairait
ils/elles braient ils/elles ils/elles ils/elles brairaient
brayaient brairont
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Prés Passé Prés Passé
ent ent
qu’il/elle braie brair avoir brait braya brait
e nt
qu’ils/elles
braient
Le participe passé brait ne connait ni féminin ni pluriel. Les formes
de l’indicatif imparfait sont rares : Je crois même que je brayais des
blasphèmes contre la géométrie et l’algèbre… (A F ,
La vie en fleur, 1922)
BRUIRE v. intr.
Une fermeture à glissière qu’on défait. Des vêtements qui
bruissent. (N H , Danse noire, 2013)
Temps simples
Indicatif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
il/elle bruit il/elle bruissait bruire bruissant
ils/elles bruissent ils/elles bruissaient
À l’imparfait, nous pouvons trouver les formes archaïques bruyait et
bruyaient. Le participe présent bruissant n’est plus utilisé que
comme adjectif : Le silence s’avérait bruissant de pensées, de
pulsions, d’élans, de frustrations. (É -E S , Les
perroquets de la place d’Arezzo, 2013)
CHOIR v. intr.
Un homme qui a chu n’est pas déchu… à condition qu’il choie
bien ! (R D , Le savoir choir)
Temps simples
Indicatif
Présent Passé Futur Conditionnel présent
simple simple
je chois je chus je choirai ou je choirais ou cherrais
cherrai
tu chois tu chus tu choiras tu choirais ou cherrais
ou cherras
il/elle choit il/elle chut il/elle choira il/elle choirait ou cherrait
ou cherra
nous nous nous nous choirions ou cherrions
choyons chûmes choirons ou
cherrons
vous vous chûtes vous choirez vous choiriez ou cherriez
choyez ou cherrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles choiraient ou
choient churent choiront ou cherraient
cherront
Subjoncti Infinitif Participe
f
Imparfait Présent Passé Passé
qu’il/elle choir avoir chu chu, chue, chus, chues
chût
CHOIR v. intr.
Ce verbe signifie « tomber, être entrainé vers le bas ». Il s’utilise
uniquement en contexte littéraire ou par plaisanterie. Les variantes
cherrai, cherras, etc. sont rares : Tire la chevillette et la bobinette
cherra. (C P , Le petit chaperon rouge, 1697)
Contrairement à ce que disent certains dictionnaires, ce verbe
n’apparaît pas qu’à l’infinitif, mais se retrouve encore conjugué chez
plusieurs auteurs. J’ignore où je chois ! (E R , Cyrano
de Bergerac, 1897), Une île chue. (G A ,
Perséphone 2014, 2016) ; Un papier chu. (Y M , Naissance,
2013) ; Yersin ne choit pas. (P D , Peste & choléra,
2012)
CLORE v. tr.
Il a clos le chapitre en disant que, de toute manière, c’était de
l’histoire ancienne. (D C , Le principe de
Pauline, 2014)
Temps simples
Indicatif Subjonctif Impéra Particip
tif e
Présent Futur Conditionn Présent Présent Passé
simple el présent
je clos je clorai je clorais que je close clos clos,
tu clos tu cloras tu clorais que tu close,
closes closes
il/elle clôt il/elle clora il/elle clorait qu’il/elle Infinitif
close
nous nous que nous Présen Passé
clorons clorions closions t
vous vous cloriez que vous clore avoir
clorez closiez clos
ils/elles ils/elles ils/elles qu’ils/elles
closent cloront cloraient closent
Les formes du futur simple et du subjonctif présent sont rares.
Se conjugue sur ce modèle : déclore. Ce verbe n’est plus utilisé que
dans la langue littéraire, à l’infinitif et au participe passé : Les
bouches se sont décloses. (J -C G , La vie en
crue, 2011)
CONCLURE v. tr.
Je conclus qu’il faut qu’on s’entraide. (J L F ,
L’âne et le chien, Fables, 1694)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je conclus je concluais je conclus je conclurai je conclurais
tu conclus tu concluais tu conclus tu tu conclurais
concluras
il/elle il/elle il/elle il/elle il/elle
conclut concluait conclut conclura conclurait
nous nous nous nous nous
concluons concluions conclûmes conclurons conclurions
vous vous vous vous vous
concluez concluiez conclûtes conclurez concluriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
concluent concluaient conclurent concluront concluraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je conclus conclure concluant
conclue conclusse
que tu que tu
conclues conclusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
conclue conclût
que nous que nous concluons avoir conclu,
concluions conclussions conclu conclue,
que vous que vous concluez conclus,
concluiez conclussiez conclues
qu’ils/elles qu’ils/elles
concluent conclussent
Se conjuguent sur ce modèle : exclure, inclure.
Le participe passé d’inclure prend la forme inclus, incluse, incluses :
Nous ne sommes pas inclus dans cette majorité. (H Y ,
Tout est halluciné, 2016), souvent précédé de ci- (Veuillez trouver
ci-inclus).
CONDUIRE v. tr.
Là il monta dans un cabriolet qui le conduisit à l’esplanade de
l’Observatoire. (V H , Les misérables, 1862)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je conduis je conduisais je conduisis je je conduirais
conduirai
tu conduis tu conduisais tu conduisis tu tu conduirais
conduiras
il/elle conduit il/elle il/elle il/elle il/elle
conduisait conduisit conduira conduirait
nous nous nous nous nous
conduisons conduisions conduisîme conduiron conduirions
s s
vous vous vous vous vous
conduisez conduisiez conduisîtes conduirez conduiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
conduisent conduisaient conduisirent conduiront conduiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je conduis conduire conduisant
conduise conduisisse
que tu que tu
conduises conduisisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
conduise conduisît
que nous que nous conduisons avoir conduit,
conduisions conduisission conduit conduite,
s conduits,
que vous que vous conduisez conduites
conduisiez conduisissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
conduisent conduisissent
Se conjuguent sur ce modèle : construire, cuire, déduire, détruire,
éconduire, enduire, induire, instruire, introduire, nuire, produire,
reconduire, reconstruire, recuire, réduire, reproduire, séduire,
traduire.
Le participe passé de nuire ne prend pas de -t : Dès le départ, ça a
nui à nos relations. (B L C , La ballade de Lila K,
2010)
CONNAITRE (CONNAÎTRE) v. tr.
Tu connaîtras plus tard le bonheur que tu avais. (A C ,
L’étranger, 1942)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je connais je connaissais je connus je je connaitrais
connaitrai
tu connais tu connaissais tu connus tu tu connaitrais
connaitras
il/elle connait il/elle il/elle il/elle il/elle
connaissait connut connaitra connaitrait
nous nous nous nous nous
connaissons connaissions connûmes connaitrons connaitrions
vous vous vous vous vous
connaissez connaissiez connûtes connaitrez connaitriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
connaissent connaissaient connurent connaitront connaitraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je connais connaitre connaissant
connaisse connusse (connaître)
que tu que tu
connaisses connusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
connaisse connût
que nous que nous connaisson avoir connu connu,
connaissions connussions s connue,
que vous que vous connaissez connus,
connaissiez connussiez connues
qu’ils/elles qu’ils/elles
connaissent connussent
Se conjuguent sur ce modèle les verbes en -aitre : apparaitre,
comparaitre, disparaitre, méconnaitre, paraitre, réapparaitre,
reconnaitre, reparaitre, transparaitre.
COUDRE v. tr.
Et maintenant, cousez ! (A J , L’art français de la
guerre, 2011)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je couds je cousais je cousis je coudrai je coudrais
tu couds tu cousais tu cousis tu coudras tu coudrais
il/elle coud il/elle cousait il/elle cousit il/elle il/elle coudrait
coudra
nous nous nous nous nous
cousons cousions cousîmes coudrons coudrions
vous cousez vous cousiez vous vous vous coudriez
cousîtes coudrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
cousent cousaient cousirent coudront coudraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je couse que je couds coudre cousant
cousisse
que tu que tu
couses cousisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
couse cousît
que nous que nous cousons avoir cousu cousu,
cousions cousissions cousue,
que vous que vous cousez cousus,
cousiez cousissiez cousues
qu’ils/elles qu’ils/elles
cousent cousissent
Se conjuguent sur ce modèle : découdre, recoudre.
COURIR v. tr.
Elle courut à toutes jambes jusqu’à la souche. (J D , La
vérité sur l’affaire Harry Quebert, 2012)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je cours je courais je courus je courrai je courrais
tu cours tu courais tu courus tu courras tu courrais
il/elle court il/elle courait il/elle courut il/elle il/elle courrait
courra
nous nous courions nous nous nous
courons courûmes courrons courrions
vous courez vous couriez vous vous vous courriez
courûtes courrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
courent couraient coururent courront courraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je coure que je cours courir courant
courusse
que tu que tu
coures courusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
coure courût
que nous que nous courons avoir couru couru,
courions courussions courue,
que vous que vous courez courus,
couriez courussiez courues
qu’ils/elles qu’ils/elles
courent courussent
Se conjuguent sur ce modèle : accourir, concourir, discourir,
encourir, parcourir, recourir, secourir.
COUVRIR v. tr.
Un jour, je lui saisis la main et, presque sans m’en rendre compte,
je la couvris de baisers. (É -E S , Le sumo qui
ne pouvait pas grossir, 2009)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je couvre je couvrais je couvris je couvrirai je couvrirais
tu couvres tu couvrais tu couvris tu tu couvrirais
couvriras
il/elle couvre il/elle couvrait il/elle il/elle il/elle
couvrit couvrira couvrirait
nous nous nous nous nous
couvrons couvrions couvrîmes couvrirons couvririons
vous vous couvriez vous vous vous
couvrez couvrîtes couvrirez couvririez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
couvrent couvraient couvrirent couvriront couvriraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je couvre couvrir couvrant
couvre couvrisse
que tu que tu
couvres couvrisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
couvre couvrît
que nous que nous couvrons avoir couvert,
couvrions couvrissions couvert couverte,
que vous que vous couvrez couverts,
couvriez couvrissiez couvertes
qu’ils/elles qu’ils/elles
couvrent couvrissent
Se conjuguent sur ce modèle : découvrir, entrouvrir, offrir, ouvrir,
recouvrir, rouvrir, souffrir.
CRAINDRE v. tr.
Elle ne craint pas de regarder les hommes dans les yeux. (F
Z , Le corps de ma mère, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je crains je craignais je craignis je craindrai je craindrais
tu crains tu craignais tu craignis tu tu craindrais
craindras
il/elle craint il/elle il/elle il/elle il/elle
craignait craignit craindra craindrait
nous nous nous nous nous
craignons craignions craignîmes craindrons craindrions
vous vous vous vous vous
craignez craigniez craignîtes craindrez craindriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
craignent craignaient craignirent craindront craindraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je crains craindre craignant
craigne craignisse
que tu que tu
craignes craignisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
craigne craignît
que nous que nous craignons avoir craint craint,
craignions craignissions crainte,
que vous que vous craignez craints,
craigniez craignissiez craintes
qu’ils/elles qu’ils/elles
craignent craignissent
Se conjuguent sur ce modèle : adjoindre, astreindre, atteindre,
ceindre, conjoindre, contraindre, dépeindre, déteindre, disjoindre,
empreindre, enceindre, enfreindre, enjoindre, éteindre, feindre,
geindre, joindre, oindre, peindre, plaindre, poindre, rejoindre,
repeindre, restreindre, teindre.
Le verbe oindre ne s’emploie plus qu’à l’infinitif (1) et au participe
passé (2) : Il fallait l’amadouer, la tartiner de douceur, l’oindre de
compliments. (K P , Les écureuils de Central Park
sont tristes le lundi, 2010) (1) ; Seulement le corps oint de crème
solaire protection 50. (F B , Une vie sans fin,
2018) (2)
Poindre n’est plus utilisé qu’à l’infinitif : L’aube allait poindre, et je
n’avais toujours pas sommeil. (J H , Moi qui n’ai
pas connu les hommes, 1995), à la troisième personne de l’indicatif
ou du subjonctif présent et du futur simple : Avant que l’aube ne
pointe. (N , L’amande, 2004)
CROIRE v. tr.
Je n’en croyais pas mes yeux tellement il était proche. (Y
M , L’histoire de Pi, 2001)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je crois je croyais je crus je croirai je croirais
tu crois tu croyais tu crus tu croiras tu croirais
il/elle croit il/elle croyait il/elle crut il/elle croira il/elle croirait
nous nous croyons nous nous nous
croyons crûmes croirons croirions
vous croyez vous croyez vous crûtes vous vous croiriez
croirez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
croient croyaient crurent croiront croiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je croie que je crusse crois croire croyant
que tu que tu
croies crusses
qu’il/elle qu’il/elle crût Passé Passé
croie
que nous que nous croyons avoir cru cru, crue,
croyions crussions crus, crues
que vous que vous croyez
croyiez crussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
croient crussent
Se conjugue sur ce modèle : accroire.
CROITRE (CROÎTRE) v. intr.
Mon importance à bord croissait prodigieusement de jour à
jour. (L -F C , Voyage au bout de la nuit, 1932)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je croîs je croissais je crûs je croitrai je croitrais
tu croîs tu croissais tu crûs tu croitras tu croitrais
il/elle croît il/elle croissait il/elle crût il/elle il/elle croitrait
croitra
nous nous nous nous nous
croissons croissions crûmes croitrons croitrions
vous vous croissiez vous crûtes vous vous croitriez
croissez croitrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
croissent croissaient crûrent croitront croitraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je crusse croîs croitre croissant
croisse (croître)
que tu que tu
croisses crusses
qu’il/elle qu’il/elle crût Passé Passé
croisse
que nous que nous croissons avoir crû crû, crue,
croissions crussions crus, crues
que vous que vous croissez
croissiez crussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
croissent crussent
En nouvelle orthographe, l’accent circonflexe n’est conservé sur les
re e
lettres i et u qu’aux 1 et 2 personnes du pluriel du passé simple et
sur les mots qui seraient homographes sans cet accent. On
distingue de cette manière, je croîs et je crois (croire) ainsi que je
crûs et je crus (croire).
CUEILLIR v. tr.
Dire qu’on vient de se donner tant de chaleur et qu’elle me cueille à
froid. (D P , La petite marchande de prose, 1989)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je cueille je cueillais je cueillis je cueillerai je cueillerais
tu cueilles tu cueillais tu cueillis tu tu cueillerais
cueilleras
il/elle cueille il/elle cueillait il/elle cueillit il/elle il/elle
cueillera cueillerait
nous nous nous nous nous
cueillons cueillions cueillîmes cueillerons cueillerions
vous vous cueilliez vous vous vous
cueillez cueillîtes cueillerez cueilleriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
cueillent cueillaient cueillirent cueilleront cueilleraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je cueille cueillir cueillant
cueille cueillisse
que tu que tu
cueilles cueillisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
cueille cueillît
que nous que nous cueillons avoir cueilli cueilli,
cueillions cueillissions cueillie,
que vous que vous cueillez cueillis,
cueilliez cueillissiez cueillies
qu’ils/elles qu’ils/elles
cueillent cueillissent
Se conjuguent sur ce modèle : accueillir, recueillir.
DÉCHOIR v. intr.
C’est aujourd’hui qu’il chute, qu’il déchoit, que tout
s’arrête. (G P , Avant de quitter la rame, 2017)
Temps simples
Indicatif
Présent Passé simple Futur simple Conditionnel
présent
je déchois je déchus je déchoirai je déchoirais
tu déchois tu déchus tu déchoiras tu déchoirais
il/elle déchoit il/elle déchut il/elle déchoira il/elle déchoirait
nous nous déchûmes nous nous
déchoyons déchoirons déchoirions
vous déchoyez vous déchûtes vous déchoirez vous déchoiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
déchoient déchurent déchoiront déchoiraient
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Passé
que je déchoie que je déchusse déchoir déchu, déchue,
que tu déchoies que tu déchus,
déchusses déchues
FAILLIR v. intr.
J’ai failli cent fois y laisser ma peau. (G S , Avicenne
ou la route d’Ispahan, 1989)
Temps simples
Indicatif Infinitif Participe
Passé Futur simple Conditionn Présent Passé
simple el présent
je faillis je faillirai je faillirais faillir failli, faillie,
tu faillis tu failliras tu faillirais faillis, faillies
il/elle faillit il/elle faillira il/elle faillirait Passé
nous nous faillirons nous avoir failli
faillîmes faillirions
vous faillîtes vous faillirez vous
failliriez
ils/elles ils/elles ils/elles
faillirent failliront failliraient
Quand on utilise faillir dans le sens de faire faillite, le verbe se
calque sur finir.
FAIRE v. tr.
Comme quoi l’habit ne fait pas le moine et le tablier blanc, le
charcutier honnête. (K P , Les écureuils de
Central Park sont tristes le lundi, 2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
je fais je faisais je fis je ferai je ferais
tu fais tu faisais tu fis tu feras tu ferais
il/elle fait il/elle faisait il/elle fit il/elle fera il/elle ferait
nous faisons nous nous fîmes nous ferons nous ferions
faisions
vous faites vous faisiez vous fîtes vous ferez vous feriez
ils/elles font ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
faisaient firent feront feraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je fasse que je fisse fais faire faisant
que tu fasses que tu fisses
qu’il/elle qu’il/elle fît Passé Passé
fasse
que nous que nous faisons avoir fait fait, faite,
fassions fissions faits, faites
que vous que vous faites
fassiez fissiez
FAIRE v. tr.
qu’ils/elles qu’ils/elles
fassent fissent
Se conjuguent sur ce modèle : contrefaire, défaire, parfaire, refaire,
satisfaire, surfaire.
FALLOIR v. intr.
Il s’en fallut de peu que je ne renonçasse à la littérature. (J -
P S , Les mots, 1964)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
il/elle faut il/elle fallait il/elle fallut il/elle il/elle faudrait
faudra
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Passé Passé
qu’il/elle qu’il/elle fallût falloir avoir fallu fallu
faille
FRIRE v. tr.
Rouget est frit ! (G F , L’éducation sentimentale,
1869)
Temps simples
Indicatif Impérati Infinitif Particip
f e
Présent Futur Conditionn Présent Présent Passé
simple el présent
je fris je frirai je frirais Fris frire frit, frite,
tu fris tu friras tu frirais frits, frites
il/elle frit il/elle frira il/elle frirait Passé
nous frirons nous avoir frit
fririons
vous frirez vous
fririez
ils/elles ils/elles
friront friraient
Les formes du futur simple, du conditionnel présent et de l’impératif
sont rares. Les autres formes sont suppléées au moyen des temps
du verbe faire : Ça, ou bien le soleil qui lui faisait frire les
méninges. (Y M , L’histoire de Pi, 2001)
FUIR v. tr.
Courage fuyons. (Y R , Courage fuyons, 1979)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je fuis je fuyais je fuis je fuirai je fuirais
tu fuis tu fuyais tu fuis tu fuiras tu fuirais
il/elle fuit il/elle fuyait il/elle fuit il/elle fuira il/elle fuirait
nous fuyons nous fuyions nous nous nous fuirions
fuîmes fuirons
vous fuyez vous fuyiez vous fuîtes vous fuirez vous fuiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
fuient fuyaient fuirent fuiront fuiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je fuie que je fuisse fuis fuir fuyant
que tu fuies que tu fuisses
qu’il/elle fuie qu’il/elle fuît Passé Passé
que nous que nous fuyons avoir fui fui, fuie, fuis,
fuyions fuissions fuies
que vous que vous fuyez
fuyiez fuissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
fuient fuissent
FUIR v. tr.
Se conjugue sur ce modèle : enfuir (s’).
Les formes du subjonctif imparfait sont rares. Aux temps composés,
s’enfuir fonctionne avec être : Tintin se serait enfui. (A
B , Hong Kong Blues, 2017)
GÉSIR v. intr.
Il gisait là, assommé par son illusion. (D R , J’écris
parce que je chante mal, 2010)
Temps simples
Indicatif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
je gis je gisais gésir gisant
tu gis tu gisais
il/elle git il/elle gisait
nous gisons nous gisions
vous gisez vous gisiez
ils/elles gisent ils/elles gisaient
HAÏR v. tr.
J’ai beau souffrir mais mon cœur revient vers toi
Et je me hais de t’aimer comme ça. (R , Hysteric love, 2008)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je hais je haïssais je haïs je haïrai je haïrais
tu hais tu haïssais tu haïs tu haïras tu haïrais
il/elle hait il/elle haïssait il/elle haït il/elle haïra il/elle haïrait
nous nous nous nous nous haïrions
haïssons haïssions haïmes haïrons
vous vous haïssiez vous haïtes vous vous haïriez
haïssez haïrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
haïssent haïssaient haïrent haïront haïraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je haïsse haïs haïr haïssant
haïsse
que tu que tu
haïsses haïsses
qu’il/elle qu’il/elle haït Passé Passé
haïsse
que nous que nous haïssons avoir haï haï, haïe,
haïssions haïssions haïs, haïes
que vous que vous haïssez
haïssiez haïssiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
haïssent haïssent
Les formes du passé simple et du subjonctif imparfait sont rares.
LIRE v. tr.
Apprends à dissimuler, on lit en toi comme dans un livre
ouvert. (K P , La valse lente des tortues, 2008)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je lis je lisais je lus je lirai je lirais
tu lis tu lisais tu lus tu liras tu lirais
il/elle lit il/elle lisait il/elle lut il/elle lira il/elle lirait
nous lisons nous lisions nous nous lirons nous lirions
lûmes
vous lisez vous lisiez vous lûtes vous lirez vous liriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles liraient
lisent lisaient lurent liront
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je lise que je lusse lis lire lisant
que tu lises que tu lusses
qu’il/elle lise qu’il/elle lût Passé Passé
que nous que nous lisons avoir lu lu, lue, lus,
lisions lussions lues
que vous que vous lisez
lisiez lussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
lisent lussent
Se conjuguent sur ce modèle : élire, réélire, relire.
LUIRE v. intr.
Son front luisait de transpiration. (D F , Les
souvenirs, 2011)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je luis je luisais je luisis je luirai je luirais
tu luis tu luisais tu luisis tu luiras tu luirais
il/elle luit il/elle luisait il/elle luisit il/elle luira il/elle luirait
nous luisons nous luisions nous nous nous luirions
luisîmes luirons
vous luisez vous luisiez vous vous luirez vous luiriez
luisîtes
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
luisent luisaient luisirent luiront luiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je luise que je luisisse luis luire luisant
que tu luises que tu
luisisses
qu’il/elle qu’il/elle luisît Passé Passé
luise
que nous que nous luisons avoir lui lui
luisions luisissions
que vous que vous luisez
luisiez luisissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
luisent luisissent
Les formes du passé simple et du subjonctif imparfait sont peu
usitées.
Se conjugue sur ce modèle : reluire.
MAUDIRE v. tr.
On maudit le sort lorsqu’il nous est contraire ; pourquoi ne pas le
remercier lorsqu’il nous favorise ? (A M , Bonheurs : 52
semaines, 1992)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je maudis je maudissais je maudis je je maudirais
maudirai
tu maudis tu maudissais tu maudis tu tu maudirais
maudiras
il/elle maudit il/elle il/elle il/elle il/elle
maudissait maudit maudira maudirait
nous nous nous nous nous
maudissons maudissions maudîmes maudirons maudirions
vous vous vous vous vous
maudissez maudissiez maudîtes maudirez maudiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
maudissent maudissaient maudirent maudiront maudiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je maudis maudire maudissant
maudisse maudisse
que tu que tu
maudisses maudisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
maudisse maudît
que nous que nous maudisson avoir maudit,
maudissions maudissions s maudit maudite,
que vous que vous maudissez maudits,
maudissiez maudissiez maudites
qu’ils/elles qu’ils/elles
maudissent maudissent
MENTIR v. tr.
Inutile de se donner du mal : elle sait quand je mens ou fais le
malin. (S M , Villa Jasmin, 2003)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
je mens je mentais je mentis je mentirai je mentirais
tu mens tu mentais tu mentis tu mentiras tu mentirais
il/elle ment il/elle il/elle mentit il/elle il/elle
mentait mentira mentirait
nous nous nous nous nous
mentons mentions mentîmes mentirons mentirions
vous mentez vous vous vous vous
mentiez mentîtes mentirez mentiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
mentent mentaient mentirent mentiront mentiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je mens mentir mentant
mente mentisse
que tu que tu
mentes mentisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
mente mentît
que nous que nous mentons avoir menti menti
mentions mentissions
que vous que vous mentez
mentiez mentissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
mentent mentissent
Se conjuguent sur ce modèle : consentir, démentir, départir, partir,
pressentir, repartir, repentir (se), ressentir, ressortir, sentir, sortir.
Mais contrairement à mentir ces verbes possèdent une forme de
participe passé au féminin et au pluriel (parti, partie, partis,
parties, etc.) : Elle s’était sentie terriblement seule, (K
P , Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010) ;
Cette version m’a été plusieurs fois démentie. (D
V , Rien ne s’oppose à la nuit, 2011). Dans son sens de
« partager », le verbe partir ne s’emploie plus que dans l’expression
avoir maille à partir avec quelqu’un : Qui n’avait jamais eu maille à
partir avec la police. (B M , Glacé, 2011)
Aux temps composés :
– partir, repartir, repentir, ressortir fonctionnent avec être : De Soto
s’était repenti d’avoir été brutal lors de leur première
rencontre. (É V , Conquistadors, 2009)
– repartir se conjugue avec être quand il signifie « partir de
nouveau » : Il est reparti, fier. (D R , J’écris parce que
je chante mal, 2010) et avec avoir quand il signifie « répondre » (j’ai
reparti).
– sortir, au sens transitif, fonctionne avec avoir, tandis qu’au sens
intransitif, il fonctionne avec être : Iris était sortie de
clinique. (K P , La valse lente des tortues, 2008)
METTRE v. tr.
Nous nous mîmes à plusieurs pour préparer le repas car nous
avions très faim. (M B , Les étoiles de Sidi Moumen,
2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je mets je mettais je mis je mettrai je mettrais
tu mets tu mettais tu mis tu mettras tu mettrais
il/elle met il/elle mettait il/elle mit il/elle il/elle mettrait
mettra
nous nous mettions nous nous nous
mettons mîmes mettrons mettrions
vous mettez vous mettiez vous mîtes vous vous mettriez
mettrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
mettent mettaient mirent mettront mettraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je mette que je misse mets mettre mettant
que tu que tu misses
mettes
qu’il/elle qu’il/elle mît Passé Passé
mette
METTRE v. tr.
que nous que nous mettons avoir mis mis, mise,
mettions missions mises
que vous que vous mettez
mettiez missiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
mettent missent
Se conjuguent sur ce modèle : admettre, commettre, compromettre,
démettre, émettre, entremettre (s’), omettre, permettre, promettre,
remettre, soumettre, transmettre.
Aux temps composés, s’entremettre fonctionne avec être : Il s’est
entremis entre les deux frères pour les réconcilier. (Dictionnaire de
l’Académie)
MOUDRE v. tr.
Je mouds le café. (J R , Poil de carotte, 1894)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
je mouds je moulais je moulus je moudrai je moudrais
tu mouds tu moulais tu moulus tu moudras tu moudrais
il/elle moud il/elle il/elle moulut il/elle il/elle
moulait moudra moudrait
nous nous nous nous nous
moulons moulions moulûmes moudrons moudrions
vous moulez vous vous vous vous
mouliez moulûtes moudrez moudriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
moulent moulaient moulurent moudront moudraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je mouds moudre moulant
moule moulusse
que tu que tu
moules moulusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
moule moulût
que nous que nous moulons avoir moulu moulu,
moulions moulussions moulue,
que vous que vous moulez moulus,
mouliez moulussiez moulues
qu’ils/elles qu’ils/elles
moulent moulussent
MOURIR v. intr.
Je me meurs, mon Dieu ! (A D , Le Comte de
Monte-Cristo, 1844)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je meurs je mourais je mourus je mourrai je mourrais
tu meurs tu mourais tu mourus tu mourras tu mourrais
il/elle meurt il/elle mourait il/elle il/elle il/elle
mourut mourra mourrait
nous nous nous nous nous
mourons mourions mourûmes mourrons mourrions
vous vous mouriez vous vous vous
mourez mourûtes mourrez mourriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
meurent mouraient moururent mourront mourraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je meurs mourir mourant
meure mourusse
que tu que tu
meures mourusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
meure mourût
que nous que nous mourons être mort mort, morte,
mourions mourussions morts, mortes
que vous que vous mourez
mouriez mourussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
meurent mourussent
Aux temps composés, le verbe fonctionne avec être : Il est mort en
silence. (A M , Tazmamart – Cellule 10, 2000)
MOUVOIR v. intr.
L’origine obscure ne bouge plus, le passé s’immobilise, plus rien ne
se meut. (A J , L’art français de la guerre, 2011)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je meus je mouvais je mus je mouvrai je mouvrais
tu meus tu mouvais tu mus tu mouvras tu mouvrais
il/elle meut il/elle il/elle mut il/elle il/elle mouvrait
mouvait mouvra
nous nous nous nous nous
mouvons mouvions mûmes mouvrons mouvrions
vous mouvez vous vous vous vous mouvriez
mouviez mûtes mouvrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
meuvent mouvaient murent mouvront mouvraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Passé
que je meuve que je musse meus mouvoir mu, mue, mus,
mues
que tu que tu
meuves musses
qu’il/elle qu’il/elle mût Passé
meuve
que nous que nous mouvons avoir mu
mouvions mussions
que vous que vous mouvez
mouviez mussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
meuvent mussent
Le participe passé, mu, s’écrit sans accent circonflexe. Il n’y a plus
d’accent circonflexe sur les lettres i et u dans la nouvelle
re e
orthographe (sauf aux 1 et 2 personnes du pluriel du passé
simple et pour distinguer des mots qui seraient homographes sans
cela).
Se conjuguent sur ce modèle : émouvoir, promouvoir, mais les
participes passés de ces verbes ne prennent jamais d’accent
circonflexe : Son attitude m’a ému. (D F , Les
souvenirs, 2011)
NAITRE (NAÎTRE) v. intr.
Je naissais pour mourir. (J -P S , Les mots, 1964)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je nais je naissais je naquis je naitrai je naitrais
tu nais tu naissais tu naquis tu naitras tu naitrais
il/elle nait il/elle naissait il/elle naquit il/elle naitra il/elle naitrait
nous nous nous nous nous
naissons naissions naquîmes naitrons naitrions
vous vous naissiez vous vous vous naitriez
naissez naquîtes naitrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
naissent naissaient naquirent naitront naitraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je nais naitre naissant
naisse naquisse (naître)
que tu que tu
naisses naquisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
naisse naquît
que nous que nous naissons être né né, née, nés,
naissions naquissions nées
que vous que vous naissez
naissiez naquissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
naissent naquissent
Aux temps composés, le verbe se conjugue avec être : Il traînait
cette mine sombre propre à ceux qui sont nés pour être
malheureux. (M B , Les étoiles de Sidi Moumen, 2010)
Se conjugue sur ce modèle : renaitre, mais ce verbe n’a pas de
participe passé et ne peut donc pas être conjugué aux temps
composés.
PAITRE (PAÎTRE) v. tr.
Paissons l’herbe, broutons ; mourons de faim plutôt. (J L
F , Le loup et les bergers, Fables, 1694)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Futur simple Conditionnel
présent
je pais je paissais je paitrai je paitrais
tu pais tu paissais tu paitras tu paitrais
il/elle pait il/elle paissait il/elle paitra il/elle paitrait
nous paissons nous paissions nous paitrons nous paitrions
vous paissez vous paissiez vous paitrez vous paitriez
ils/elles ils/elles ils/elles paitront ils/elles paitraient
paissent paissaient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Présent Présent Présent
que je paisse pais paitre (paître) paissant
que tu paisses
qu’il/elle paisse
que nous paissons
paissions
que vous paissez
paissiez
qu’ils/elles
paissent
re
Il n’y a plus d’accent circonflexe sur les lettres i et u (sauf aux 1 et
e
2 personnes du pluriel du passé simple et pour distinguer des mots
qui seraient homographes sans cela). On écrit donc dans la
nouvelle orthographe : il pait (il paît), je paitrai (je paîtrai), je paitrais
(je paîtrais), etc.
Se conjugue sur ce modèle : repaitre, qui est surtout utilisé au
participe passé (1) et à l’infinitif (2), mais d’autres formes
conjuguées sont également possibles (3) : Elle sort seule, repue et
réjouie. (B W , La révolution des fourmis, 1996) (1) ;
Gaspard se montrait aussi soucieux de satisfaire la comtesse que
de repaître son mari. (J -B D A , Une éducation
libertine, 2009) (2) ; Si l’homme est mauvais et qu’il ne peut rien
faire pour se sauver, autant en effet qu’il pèche tout son soûl et se
repaisse de sa propre horreur. (J -C R , Rouge
Brésil, 2001) (3)
Le verbe est plus fréquemment utilisé sous sa forme pronominale
(se repaitre).
PLAIRE v. intr.
Vous ferez comme il vous plaira, voyez-vous. (M
M , Pelléas et Mélisande, 1892)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je plais je plaisais je plus je plairai je plairais
tu plais tu plaisais tu plus tu plairas tu plairais
il/elle plait il/elle plaisait il/elle plut il/elle il/elle plairait
plaira
nous nous nous nous nous plairions
plaisons plaisions plûmes plairons
vous plaisez vous plaisiez vous plûtes vous vous plairiez
plairez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
plaisent plaisaient plurent plairont plairaient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je plaise que je plusse plais plaire plaisant
que tu que tu
plaises plusses
qu’il/elle qu’il/elle plût Passé Passé
plaise
que nous que nous plaisons avoir plu plu
plaisions plussions
que vous que vous plaisez
plaisiez plussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
plaisent plussent
Se conjuguent sur ce modèle : complaire, déplaire.
PLEUVOIR v. intr.
Il pleuvait à torrent, ce 23 mars. (G M , Parce que je
t’aime, 2007)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
il/elle pleut il/elle il/elle plut il/elle il/elle
pleuvait pleuvra pleuvrait
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
qu’il/elle qu’il/elle plût pleuvoir pleuvant
pleuve
Passé Passé
avoir plu plu
POUVOIR v. tr.
Crois-tu qu’on puisse mourir d’amour ? (G S ,
Avicenne ou la route d’Ispahan, 1989)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je peux je pouvais je pus je pourrai je pourrais
tu peux tu pouvais tu pus tu pourras tu pourrais
il/elle peut il/elle pouvait il/elle put il/elle il/elle pourrait
pourra
nous nous nous nous nous pourrions
pouvons pouvions pûmes pourrons
vous pouvez vous pouviez vous vous vous pourriez
pûtes pourrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
peuvent pouvaient purent pourront pourraient
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
que je puisse que je pusse pouvoir pouvant
que tu que tu pusses
puisses
qu’il/elle qu’il/elle pût Passé Passé
puisse
que nous que nous avoir pu pu
puissions pussions
POUVOIR v. tr.
que vous que vous
puissiez pussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
puissent pussent
PRENDRE
J’ai été pris la main dans le sac, pour ainsi dire. (J A ,
De nos frères blessés, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je prends je prenais je pris je prendrai je prendrais
tu prends tu prenais tu pris tu prendras tu prendrais
il/elle prend il/elle prenait il/elle prit il/elle il/elle
prendra prendrait
nous nous prenions nous nous nous
prenons prîmes prendrons prendrions
vous prenez vous preniez vous prîtes vous vous
prendrez prendriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
prennent prenaient prirent prendront prendraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je prisse prends prendre prenant
prenne
que tu que tu prisses
prennes
qu’il/elle qu’il/elle prît Passé Passé
prenne
PRENDRE
que nous que nous prenons avoir pris pris, prise,
prenions prissions prises
que vous que vous prenez
preniez prissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
prennent prissent
Se conjuguent sur ce modèle : apprendre, comprendre,
désapprendre, entreprendre, éprendre (s’), méprendre (se),
rapprendre, reprendre, surprendre.
Aux temps composés, s’éprendre et se méprendre, fonctionnent
avec être : Les Moati de ce temps-là s’étaient épris de la France
des Lumières. (S M , Villa Jasmin, 2003) ; Disons-le,
Marius s’était mépris sur le cœur de son grand-père. (V
H , Les misérables, 1862)
RECEVOIR v. tr.
Chacun reçoit, un jour ou l’autre, un signe qui le renseigne sur son
destin. (N , L’amande, 2004)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je reçois je recevais je reçus je recevrai je recevrais
tu reçois tu recevais tu reçus tu recevras tu recevrais
il/elle reçoit il/elle recevait il/elle reçut il/elle il/elle
recevra recevrait
nous nous nous nous nous
recevons recevions reçûmes recevrons recevrions
vous vous receviez vous vous vous
recevez reçûtes recevrez recevriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
reçoivent recevaient reçurent recevront recevraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je reçois recevoir recevant
reçoive reçusse
que tu que tu
reçoives reçusses
qu’il/elle qu’il/elle reçût Passé Passé
reçoive
RECEVOIR v. tr.
que nous que nous recevons avoir reçu reçu, reçue,
recevions reçussions reçus, reçues
que vous que vous recevez
receviez reçussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
reçoivent reçussent
RENDRE v. tr.
Elle l’avait achevé la veille du jour où elle donna la vie et qui était
aussi celui où elle rendit l’âme. (M M , Le garçon, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je rends je rendais je rendis je rendrai je rendrais
tu rends tu rendais tu rendis tu rendras tu rendrais
il/elle rend il/elle rendait il/elle rendit il/elle il/elle rendrait
rendra
nous nous rendions nous nous nous
rendons rendîmes rendrons rendrions
vous rendez vous rendiez vous vous vous rendriez
rendîtes rendrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
rendent rendaient rendirent rendront rendraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je rende que je rends rendre rendant
rendisse
que tu que tu
rendes rendisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
rende rendît
que nous que nous rendons avoir rendu rendu, rendue,
rendions rendissions rendus,
RENDRE v. tr.
que vous que vous rendez rendues
rendiez rendissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
rendent rendissent
Se conjuguent sur ce modèle : les verbes en -dre (sauf prendre et
ses composés) : attendre, condescendre, confondre, défendre,
descendre, entendre, fondre, mordre, morfondre (se), perdre,
redescendre, remordre, suspendre, tendre, tondre, tordre,
correspondre, démordre, dépendre, détendre, détordre, distendre,
épandre, fendre, pendre, pondre, pourfendre, prétendre,
redescendre, refondre, répandre, rependre, répondre, vendre,
étendre, refendre.
Aux temps composés :
– descendre et redescendre fonctionnent, selon la nuance de la
pensée, avec avoir (1) ou être (2) : J’ai redescendu l’escalier
jusqu’au rez-de-chaussée. (D C , Attirances,
2009) (1) ; On est redescendu place de Clichy. (D
C , Les témoins de la mariée, 2010) (2) ;
– se morfondre fonctionne avec être : Elles se sont morfondues
quarante ans. (É -E S , Le sumo qui ne pouvait
pas grossir, 2009)
RÉSOUDRE v. tr.
J’envie ces gens qui résolvent un à un les problèmes – ou le
croient. (É -E S , L’homme qui voyait à travers
les visages, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je résous je résolvais je résolus je résoudrai je résoudrais
tu résous tu résolvais tu résolus tu tu résoudrais
résoudras
il/elle résout il/elle il/elle il/elle il/elle
résolvait résolut résoudra résoudrait
nous nous nous nous nous
résolvons résolvions résolûmes résoudrons résoudrions
vous vous vous vous vous
résolvez résolviez résolûtes résoudrez résoudriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
résolvent résolvaient résolurent résoudront résoudraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je résous résoudre résolvant
résolve résolusse
que tu que tu
résolves résolusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
résolve résolût
que nous que nous résolvons avoir résolu résolu,
résolvions résolussions résolue,
que vous que vous résolvez résolus,
résolviez résolussiez résolues
qu’ils/elles qu’ils/elles
résolvent résolussent
On peut trouver d’autres formes pour le participe passé : résous,
résoute, résoutes. Au féminin cette forme est très rare.
RÉSULTER v. tr.
Il en résulte un effet saisissant et tragique. (V H , Les
misérables, 1862)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
il/elle résulte il/elle il/elle résulta il/elle il/elle
résultait résultera résulterait
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
résulter résultant
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
résulte résultât
avoir ou être résulté,
résulté résultée,
résultés,
résultées
Aux temps composés, le verbe fonctionne avec avoir pour marquer
une action (1) ou avec être pour marquer l’état (2) : Cependant
aucune arrestation n’en a résulté. (M S , Ils ont tué
Pierre Overney, 2008) (1) ; Il a […] revendiqué la responsabilité des
actes qu’il avait commis en ce sens, y compris des morts qui en
étaient résultés. (M B , La citerne, 2009) (2)
RIRE v. intr.
Et puis elle a ri un petit coup, elle m’a serré la main très fort et elle
m’a dit de ne pas avoir peur mon chéri. (R G , Les
vacances du petit Nicolas, 1962)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je ris je riais je ris je rirai je rirais
tu ris tu riais tu ris tu riras tu rirais
il/elle rit il/elle riait il/elle rit il/elle rira il/elle rirait
nous rions nous riions nous rîmes nous rirons nous ririons
vous riez vous riiez vous rîtes vous rirez vous ririez
ils/elles rient ils/elles riaient ils/elles ils/elles ils/elles
rirent riront riraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je rie que je risse ris rire riant
que tu ries que tu risses
qu’il/elle rie qu’il/elle rît Passé Passé
que nous que nous rions avoir ri ri
riions rissions
que vous que vous riez
riiez rissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
rient rissent
RIRE v. intr.
Se conjugue sur ce modèle : sourire.
ROMPRE v. tr.
Il rompit le silence en le quittant. (K P , Les
écureuils de Central Park sont tristes le lundi, 2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je romps je rompais je rompis je romprai je romprais
tu romps tu rompais tu rompis tu rompras tu romprais
il/elle rompt il/elle rompait il/elle il/elle il/elle romprait
rompit rompra
nous nous nous nous nous
rompons rompions rompîmes romprons romprions
vous vous rompiez vous vous vous rompriez
rompez rompîtes romprez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
rompent rompaient rompirent rompront rompraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je romps rompre rompant
rompe rompisse
que tu que tu
rompes rompisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
rompe rompît
ROMPRE v. tr.
que nous que nous rompons avoir rompu,
rompions rompissions rompu rompue,
que vous que vous rompez rompus,
rompiez rompissiez rompues
qu’ils/elles qu’ils/elles
rompent rompissent
Se conjugue sur ce modèle : corrompre.
SAILLIR v. intr. (« s’accoupler »)
Les fruits mûrissent, saillis par les guêpes. (E S ,
Fraudeur, 2015)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel présent
simple simple
il/elle il/elle il/elle il/elle il/elle saillirait
saillit saillissait saillit saillira
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles sailliraient
saillissent saillissaie saillissent sailliront
nt
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Passé Présent Passé
qu’il/elle qu’il/elle saillir avoir sailli saillant sailli, saillie,
saillisse saillît saillis,
qu’ils/elle qu’ils/elle saillies
s s
saillissent saillissent
Se conjuguent sur ce modèle : défaillir, tressaillir.
À ne pas confondre avec le verbe saillir au sens de « sortir,
s’élancer ».
SAILLIR v. intr. (« sortir, s’élancer, être en saillie, former
un relief »)
La première vertèbre, pareille à un kyste osseux, saille entre les
épaules. (J -B D A , Règne animal, 2016)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
il/elle saille il/elle saillait il/elle saillit il/elle il/elle
saillera saillerait
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
saillent saillaient saillirent sailleront sailleraient
Subjonctif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent
qu’il/elle qu’il/elle saillir saillissant
saille saillît
qu’ils/elles qu’ils/elles Passé Passé
saillent saillissent
avoir sailli sailli, saillie,
saillis,
saillies
À ne pas confondre avec le verbe transitif saillir au sens de
« s’accoupler ».
SAVOIR v. tr.
Je sus alors avec une certitude définitive que j’en serais
capable. (A N , Le fait du prince, 2008)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je sais je savais je sus je saurai je saurais
tu sais tu savais tu sus tu sauras tu saurais
il/elle sait il/elle savait il/elle sut il/elle saura il/elle saurait
nous savons nous savions nous nous nous saurions
sûmes saurons
vous savez vous saviez vous sûtes vous vous sauriez
saurez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
savent savaient surent sauront sauraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je sache que je susse sache savoir sachant
que tu que tu
saches susses
qu’il/elle qu’il/elle sût Passé Passé
sache
que nous que nous sachons avoir su su, sue, sus,
sachions sussions sues
que vous que vous sachez
sachiez sussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
sachent sussent
SEOIR v. intr.
Cela vous sied de vous moquer de moi. (A C , Le maître
de Garamond, 2002)
Temps simples
Indicatif Subjonc Infin Partici
tif itif pe
Présent Imparfait Futur Condition Présent Prés Présen
simple nel ent t
présent
il/elle il/elle il/elle il/elle qu’il/elle seoir seyant
sied seyait siéra siérait siée
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles qu’ils/elle
siéent seyaient siéront siéraient s siéent
Ce verbe ne connait pas de temps composés. On note également le
participe présent séant, qui n’est plus usité que comme adjectif (1)
et le participe passé sis, sise, sises (2) : Il n’est pas séant de
conserver une arme en pénétrant chez quelqu’un. (N
B , L’usage du monde, 1963) (1) ; La région sise à mi-chemin
de Byrsa et de la mer. (F M , Elissa, la reine vagabonde,
1988) (2)
Se conjugue sur ce modèle : messeoir, qui n’est plus utilisé qu’à
l’infinitif.
SERVIR v. tr.
Messieurs, je sers Dieu et le roi ! (A J , La conquête des
îles de la terre ferme, 2017)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je sers je servais je servis je servirai je servirais
tu sers tu servais tu servis tu serviras tu servirais
il/elle sert il/elle servait il/elle servit il/elle il/elle servirait
servira
nous nous servions nous nous nous
servons servîmes servirons servirions
vous servez vous serviez vous vous vous serviriez
servîtes servirez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
servent servaient servirent serviront serviraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je serve que je sers servir servant
servisse
que tu que tu
serves servisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
serve servît
que nous que nous servons avoir servi servi, servie,
servions servissions servis,
que vous que vous servez servies
serviez servissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
servent servissent
Se conjuguent sur ce modèle : desservir, resservir.
SUFFIRE v. intr.
Cela me suffit amplement. (D C , La civilisation, ma
mère !…, 1972)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je suffis je suffisais je suffis je suffirai je suffirais
tu suffis tu suffisais tu suffis tu suffiras tu suffirais
il/elle suffit il/elle suffisait il/elle suffit il/elle il/elle suffirait
suffira
nous nous nous nous nous
suffisons suffisions suffîmes suffirons suffirions
vous vous suffisiez vous vous vous suffiriez
suffisez suffîtes suffirez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
suffisent suffisaient suffirent suffiront suffiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je suffise suffis suffire suffisant
suffise
que tu que tu
suffises suffises
qu’il/elle qu’il/elle suffît Passé Passé
suffise
que nous que nous suffisons avoir suffi suffi
suffisions suffisions
que vous que vous suffisez
suffisiez suffisiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
suffisent suffisent
Se conjuguent sur ce modèle : circoncire, confire.
Le participe passé de circoncire est en -s (circoncis, circoncises,
circoncises) et le participe passé de confire est en -t (confit, confite,
confits, confites) : Ça craint rien, y a tout qu’est confit dans la
Javel. (A G , Fendre l’armure, 2017)
SUIVRE v. tr.
Richard et lui la suivirent des yeux. (P D , Incidences,
L’amour est un crime parfait, 2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je suis je suivais je suivis je suivrai je suivrais
tu suis tu suivais tu suivis tu suivras tu suivrais
il/elle suit il/elle suivait il/elle suivit il/elle il/elle suivrait
suivra
nous nous suivions nous nous nous
suivons suivîmes suivrons suivrions
vous suivez vous suiviez vous vous vous suivriez
suivîtes suivrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
suivent suivaient suivirent suivront suivraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je suive que je suis suivre suivant
suivisse
que tu que tu
suives suivisses
qu’il/elle qu’il/elle suivît Passé Passé
suive
que nous que nous suivons avoir suivi suivi, suivie,
suivions suivissions suivis, suivies
que vous que vous suivez
suiviez suivissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
suivent suivissent
Se conjuguent sur ce modèle : ensuivre (s’), poursuivre.
Le verbe s’ensuivre n’est usité qu’à l’infinitif et aux troisièmes
personnes de chaque temps : Une longue scène
s’ensuivit. (S B , Mémoires d’une jeune fille
rangée, 1958).
Aux temps composés, le verbe fonctionne avec être : La période qui
s’est ensuivie a été chaotique. (A C , Le maître de
Garamond, 2002)
SURSOIR (SURSEOIR) v. intr.
Just eut l’espoir que Villegagnon surseoirait à l’explosion. (J -
C R , Rouge Brésil, 2001)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je sursois je sursoyais je sursis je sursoirai je sursoirais
tu sursois tu sursoyais tu sursis tu tu sursoirais
sursoiras
il/elle sursoit il/elle il/elle sursit il/elle il/elle
sursoyait sursoira sursoirait
nous nous nous nous nous
sursoyons sursoyions sursîmes sursoirons sursoirions
vous vous vous vous vous
sursoyez sursoyiez sursîtes sursoirez sursoiriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
sursoient sursoyaient sursirent sursoiront sursoiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je sursois sursoir sursoyant
sursoie sursisse (surseoir)
que tu que tu
sursoies sursisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
sursoie sursît
que nous que nous sursoyons avoir sursis sursis
sursoyions sursissions
que vous que vous sursoyez
sursoyiez sursissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
sursoient sursissent
La nouvelle orthographe du verbe, sursoir, vise à renforcer la
cohérence du système : le e, qui ne se prononce pas, n’était plus
présent qu’au futur et au conditionnel : on écrivait déjà je sursois, je
sursoyais, etc.
TAIRE v. tr.
Tais-toi, Jérémy. (D P , Au bonheur des ogres, 1985)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je tais je taisais je tus je tairai je tairais
tu tais tu taisais tu tus tu tairas tu tairais
il/elle tait il/elle taisait il/elle tut il/elle taira il/elle tairait
nous taisons nous taisions nous tûmes nous nous tairions
tairons
vous taisez vous taisiez vous tûtes vous tairez vous tairiez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
taisent taisaient turent tairont tairaient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je taise que je tusse tais taire taisant
que tu taises que tu tusses
qu’il/elle qu’il/elle tût Passé Passé
taise
que nous que nous taisons avoir tu tu, tue, tus,
taisions tussions tues
que vous que vous taisez
taisiez tussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
taisent tussent
TENIR v. tr.
Je tiens à toi, tu tiens à moi, donc je m’en vais. (É -E
S , Les perroquets de la place d’Arezzo, 2013)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je tiens je tenais je tins je tiendrai je tiendrais
tu tiens tu tenais tu tins tu tiendras tu tiendrais
il/elle tient il/elle tenait il/elle tint il/elle il/elle tiendrait
tiendra
nous tenons nous tenions nous nous nous
tînmes tiendrons tiendrions
vous tenez vous teniez vous tîntes vous vous tiendriez
tiendrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
tiennent tenaient tinrent tiendront tiendraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je tinsse tiens tenir tenant
tienne
que tu que tu tinsses
tiennes
qu’il/elle qu’il/elle tînt Passé Passé
tienne
que nous que nous tenons avoir tenu tenu, tenue,
tenions tinssions tenus, tenues
que vous que vous tenez
teniez tinssiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
tiennent tinssent
Se conjuguent sur ce modèle : abstenir (s’), appartenir, circonvenir,
contenir, contrevenir, convenir, détenir, devenir, disconvenir,
entretenir, intervenir, maintenir, obtenir, parvenir, prévenir, provenir,
ressouvenir (se), redevenir, revenir, soutenir, souvenir (se),
subvenir, survenir, venir.
Aux temps composés :
– les verbes s’abstenir, devenir, intervenir, parvenir, provenir, se
ressouvenir, redevenir, se souvenir, survenir et venir prennent
l’auxiliaire être et non pas avoir : Il est devenu fou, complètement
fou ! (D C , Attirances, 2005)
– convenir se construit avec avoir dans le sens de « plaire, être à
propos » (1) ou avec être dans le sens « faire un accord » (2) :
L’éclairage aurait convenu à un enterrement clandestin. (A
N , Pétronille, 2014) (1) ; Nous étions convenus de plaider
non coupable. (M B , Gravé dans le sable, 2014) (2)
– disconvenir fonctionne avec être dans le sens de « ne pas
convenir d’une chose » (1) et avec avoir dans le sens « ne pas
convenir à » (2) : Il n’est pas disconvenu de cette vérité (1) ;
Cette mesure a disconvenu à beaucoup de gens (2).
TRAIRE v. tr.
Tout ce qui est trait indique l’attachement. (B W , La
révolution des fourmis, 1996)
Temps simples
Indicatif Subjonctif
Présent Imparfait Futur Conditionn Présent
simple el présent
je trais je trayais je trairai je trairais que je traie
tu trais tu trayais tu trairas tu trairais que tu traies
il/elle trait il/elle trayait il/elle traira il/elle trairait qu’il/elle traie
nous nous nous nous que nous
trayons trayions trairons trairions trayions
vous trayez vous trayiez vous trairez vous trairiez que vous
trayiez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles qu’ils/elles
traient trayaient trairont trairaient traient
Impératif Infinitif Participe
Présent Présent Passé Présent Passé
trais traire avoir trait trayant trait, traite,
traits, traites
trayons
trayez
Se conjuguent sur ce modèle : abstraire, distraire, extraire,
soustraire.
VAINCRE v. tr.
Le jour n’est pas lointain où l’homme vaincra la maladie, l’angoisse
et la mort. (B Q , Histoires assassines, 2015)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionne
simple simple l présent
je vaincs je vainquais je vainquis je vaincrai je vaincrais
tu vaincs tu vainquais tu vainquis tu vaincras tu vaincrais
il/elle vainc il/elle il/elle il/elle il/elle
vainquait vainquit vaincra vaincrait
nous nous nous nous nous
vainquons vainquons vainquîmes vaincrons vaincrions
vous vous vous vous vous
vainquez vainquez vainquîtes vaincrez vaincriez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
vainquent vainquaient vainquirent vaincront vaincraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je vaincs vaincre vainquant
vainque vainquisse
que tu que tu
vainques vainquisses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
vainque vainquît
que nous que nous vainquons avoir vaincu vaincu,
vainquions vainquission vaincue,
s vaincus,
que vous que vous vainquez vaincues
vainquiez vainquissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
vainquent vainquissent
Se conjugue sur ce modèle : convaincre.
VALOIR v. tr.
Valait mieux que je sache à quoi m’en tenir sur les habitudes de la
maison. (L -F C , Voyage au bout de la nuit,
1932)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je vaux je valais je valus je vaudrai je vaudrais
tu vaux tu valais tu valus tu vaudras tu vaudrais
il/elle vaut il/elle valait il/elle valut il/elle il/elle vaudrait
vaudra
nous valons nous valions nous nous nous
valûmes vaudrons vaudrions
vous valez vous valiez vous vous vous vaudriez
valûtes vaudrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
valent valaient valurent vaudront vaudraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je vaille que je vaux valoir valant
valusse
que tu que tu
vailles valusses
qu’il/elle qu’il/elle valût Passé Passé
vaille
VALOIR v. tr.
que nous que nous valons avoir valu valu, value,
valions valussions valus, values
que vous que vous valez
valiez valussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
valent valussent
Se conjuguent sur ce modèle : équivaloir, prévaloir.
Les participes passés équivalu et prévalu ne connaissent ni féminin
ni pluriel.
Pour le verbe prévaloir, les formes du subjonctif présent diffèrent :
que je prévale, que tu prévales, qu’il prévale, que nous prévalions,
que vous prévaliez, qu’ils prévalent.
VÊTIR v. tr.
Je me vêtais comme il fallait que je me vête. (L S ,
Tout homme est une nuit, 2017)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je vêts je vêtais je vêtis je vêtirai je vêtirais
tu vêts tu vêtais tu vêtis tu vêtiras tu vêtirais
il/elle vêt il/elle vêtait il/elle vêtit il/elle vêtira il/elle vêtirait
nous vêtons nous vêtions nous nous nous vêtirions
vêtîmes vêtirons
vous vêtez vous vêtiez vous vêtîtes vous vous vêtiriez
vêtirez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
vêtent vêtaient vêtirent vêtiront vêtiraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je vête que je vêtisse vêts vêtir vêtant
que tu vêtes que tu
vêtisses
qu’il/elle qu’il/elle vêtît Passé Passé
vête
que nous que nous vêtons avoir vêtu vêtu, vêtue,
vêtions vêtissions vêtus, vêtues
que vous que vous vêtez
vêtiez vêtissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
vêtent vêtissent
Se conjuguent sur ce modèle : dévêtir, revêtir.
VIVRE v. tr.
Il me dit que, lui, à dix-sept ans, il avait déjà vécu mille vies…
(K P , Les écureuils de Central Park sont tristes
le lundi, 2010)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je vis je vivais je vécus je vivrai je vivrais
tu vis tu vivais tu vécus tu vivras tu vivrais
il/elle vit il/elle vivait il/elle vécut il/elle vivra il/elle vivrait
nous vivons nous vivions nous nous nous vivrions
vécûmes vivrons
vous vivez vous viviez vous vous vivrez vous vivriez
vécûtes
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
vivent vivaient vécurent vivront vivraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je vive que je vis vivre vivant
vécusse
que tu vives que tu
vécusses
qu’il/elle vive qu’il/elle vécût Passé Passé
que nous que nous vivons avoir vécu vécu, vécue,
vivions vécussions vécus,
vécues
VIVRE v. tr.
que vous que vous vivez
viviez vécussiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
vivent vécussent
Se conjuguent sur ce modèle : revivre, survivre.
VOIR v. tr.
Quand l’œil voit noir, l’esprit voit trouble. (V H , Les
misérables, 1862)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je vois je voyais je vis je verrai je verrais
tu vois tu voyais tu vis tu verras tu verrais
il/elle voit il/elle voyait il/elle vit il/elle verra il/elle verrait
nous voyons nous voyions nous vîmes nous nous verrions
verrons
vous voyez vous voyiez vous vîtes vous vous verriez
verrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
voient voyaient virent verront verraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je voie que je visse vois voir voyant
que tu voies que tu visses
qu’il/elle qu’il/elle vît Passé Passé
voie
que nous que nous voyons avoir vu vu, vue, vus,
voyions vissions vues
que vous que vous voyez
voyiez vissiez
qu’ils/elles qu’ils/elles
voient vissent
Se conjuguent sur ce modèle : entrevoir, pourvoir, prévoir, revoir.
Même si pourvoir est formé sur le même modèle que voir, plusieurs
formes sont différentes : le passé simple (1), le futur simple (2), le
conditionnel présent (3) et le subjonctif imparfait (4) : M. Morrel
pourvut à tous les frais de son enterrement. (A D ,
Le Comte de Monte-Cristo, 1844) (1) ; Dieu y pourvoira. (C
M , Du domaine des murmures, 2011) (2) ; Le nom qu’elle
s’était donné signifiait abondance, et le destin pourvoirait à ses
besoins. (L M , Crépuscule du tourment, 2016) (3) ;
Les dieux seuls ont voulu que sous les plis du ciel la terre se
pourvût de biologies nouvelles. (Y M , Naissance, 2013) (4)
Pour le verbe prévoir, les formes du futur simple (je prévoirai) et du
conditionnel présent (je prévoirais) diffèrent : Bien entendu, on
prévoirait que ce partage était fait à titre provisoire. (M
B , Un si petit territoire, 2017)
VOULOIR v. tr.
Maintenant veuillez écrire. (V H , Les misérables, 1862)
Temps simples
Indicatif
Présent Imparfait Passé Futur Conditionnel
simple simple présent
je veux je voulais je voulus je voudrai je voudrais
tu veux tu voulais tu voulus tu voudras tu voudrais
il/elle veut il/elle voulait il/elle voulut il/elle il/elle voudrait
voudra
nous nous voulions nous nous nous
voulons voulûmes voudrons voudrions
vous voulez vous vouliez vous vous vous voudriez
voulûtes voudrez
ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles ils/elles
veulent voulaient voulurent voudront voudraient
Subjonctif Impératif Infinitif Participe
Présent Imparfait Présent Présent Présent
que je que je veuille ou vouloir voulant
veuille voulusse veux
que tu que tu
veuilles voulusses
qu’il/elle qu’il/elle Passé Passé
veuille voulût
que nous que nous veuillons ou avoir voulu voulu, voulue,
voulions voulussions voulons voulus,
que vous que vous veuillez ou voulues
vouliez voulussiez voulez
qu’ils/elles qu’ils/elles
veuillent voulussent
“
On lui ferait accroire tout ce qu’on voudrait. (GEORGES
SAND, La mare au diable, 1846)
”
Apparoir
Il n’est utilisé que dans le domaine de la justice, à l’infinitif et à la
3e personne du singulier de manière impersonnelle.
”
Chaloir
Il n’est utilisé que de manière impersonnelle, dans des expressions
figées : il ne m’en chaut, il ne m’en chaut guère, peu me chaut.
”
Comparoir
Ce terme de procédure, verbe archaïque pour « comparaitre », est
utilisé seulement à l’infinitif. Le participe présent issu de ce verbe,
comparant, est utilisé comme adjectif ou comme nom.
Férir
Ce verbe n’est plus usité qu’à l’infinitif dans l’expression « sans coup
férir » (1) ; et qu’au participe passé « féru, férue » (2).
“ Comme ça, ils se débarrassent des deux sans coup
férir. (BERNARD WERBER, Les fourmis, 1991) (1)
”
Forfaire
Ce verbe n’est plus usité qu’à l’infinitif (1) et aux temps composés
(2).
”
Issir
Il n’existe plus qu’au participe passé (issu, issue, issus, issues), soit
employé seul (1), soit employé avec être (2).
“ Leur casque leur donne des allures de princes preux, issus
d’un Moyen Âge de légende. (BERNARD WERBER, Le jour
des fourmis, 1992) (1)
”
Occire
Ce verbe ne s’emploie plus que par plaisanterie à l’infinitif (1), au
participe passé (2) et aux temps composés (3).
”
Ouïr
Ce verbe ne s’emploie plus qu’à l’infinitif (1) et au participe passé
(2).
“ Je suis malade d’ouïr les paroles
bienheureuses. (GUILLAUME APOLLINAIRE, Zone, Alcools,
1913) (1)
”
Quérir
Ce verbe ne s’emploie plus qu’à l’infinitif après aller (1), venir (2) et
envoyer (3).
”
Ravoir (v. avoir)
Ce verbe ne s’emploie plus qu’à l’infinitif :
“ Je peux ravoir une coupe ? (DIDIER VAN CAUWELAERT,
Double identité, 2012)
”
Les formes du futur simple (je raurai) et du conditionnel présent (je
raurais) appartiennent à la langue familière.
Reclure
Ce verbe ne s’emploie plus qu’à l’infinitif (1) et au participe passé
(2).
”
Sourdre
Il n’est plus usité qu’à l’infinitif (1), aux troisièmes personnes de
l’indicatif présent (2) et au participe présent (3).
“ La colère commença de sourdre à nouveau dans son
ventre. (JEAN-BAPTISTE DEL AMO, Une éducation libertine,
2008) (1)
”
Tistre ou tître (= tisser)
Il n’est plus employé qu’au participe passé (tissu, tissue, tissus,
tissues) et aux temps composés.
”
Index des auteurs
A
Alard Nelly 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Albert II de Belgique 1
Alikavazovic Jakuta 1, 2, 3, 4
Alvarez Herrera Elizabeth 1
Andras Joseph 1, 2, 3
Anonyme (proverbes et dictons) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13
Anouilh Jean 1, 2
Antoine Hubert 1, 2
Apollinaire Guillaume 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Aragon Louis 1, 2, 3, 4, 5, 6
Arno 1
Auber Daniel-François-Esprit 1
Aubry Gwenaëlle 1, 2, 3, 4, 5, 6
Aubry Octave 1
Aymé Marcel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
B
Baldacchino Isabelle 1
Balzac (de) Honoré 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29
Barbara 1, 2
Barbeau-Lavalette Anaïs 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Barbery Muriel 1, 2, 3, 4, 5
Barjavel René 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Barrès Maurice 1
Barthes Roland 1
Baudelaire Charles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Bazin Hervé 1, 2, 3
Beaumarchais (de) Pierre-Augustin Caron 1, 2, 3, 4, 5
Beauvoir (de) Simone 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Beckett Samuel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Beigbeder Frédéric 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18
Benacquista Tonino 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Ben Jelloun Tahar 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Benoziglio Jean-Luc 1
Berenboom Alain 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Berger Michel 1
Binebine Mahi 1, 2
Binet Laurent 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Biolay Benjamin 1
Blais Marie-Claire 1
Bobin Christian 1
Boileau Nicolas 1
Boltanski Christophe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Bosc Adrien 1, 2, 3
Bosco Henry 1
Bossuet Jacques-Bénigne 1, 2
Bostnavaron François 1
Bouissou Sylvie 1
Boulle Pierre 1
Bourdeaut Olivier 1
Bouvier Nicolas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Bramly Serge 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Brassens Georges 1, 2
Brel Jacques 1, 2, 3, 4
Bressant Marc 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19
Bruel Patrick 1, 2
Bruyère (de la) Jean 1, 2, 3, 4
Bussi Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35
C
Camus Albert 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23
Carrère Emmanuel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34
Carret Martine 1
Ceci Jean-Marc 1, 2, 3
Céline Louis-Ferdinand 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
Cendrars Blaise 1, 2, 3, 4, 5
Chalandon Sorj 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19
Chateaubriand (de) François-René 1, 2, 3, 4
Chedid Andrée 1, 2, 3
Cherhal Jeanne 1
Chessex Jacques 1, 2, 3
Chokron David 1
Chraïbi Driss 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Claudel Philippe 1
Clermont-Tonnerre (de) Adelaïde 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,
13, 14, 15, 16, 17, 18, 19
Cocteau Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Coffin Pierre 1
Cohen Albert 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31
Colette 1
Constant Benjamin 1
Corneille Pierre 1, 2, 3, 4, 5, 6
Costermans Dominique 1, 2, 3, 4, 5, 6
Cros Charles 1
Cuneo Anne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Cusset Catherine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
D
Damas Geneviève 1, 2, 3, 4, 5, 6
Daoud Kamel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Darrieussecq Marie 1
Dassin Joe 1
Daudet Alphonse 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Debrocq Aliénor 1
Declerck Patrick 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Delacourt Grégoire 1, 2, 3, 4
Del Amo Jean-Baptiste 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21
Deloffre Virginie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Demoulin Laurent 1, 2, 3, 4, 5
Descartes René 1
Desnos Robert 1
Despentes Virginie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34
Deville Patrick 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17
Devos Raymond 1
Dib Mohammed 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Dicker Joël 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35
Dickner Nicolas 1
Diderot Denis 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Djavadi Négar 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Djebar Assia 1
Djian Philippe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35, 36
Ducharme Réjean 1, 2
Dumas Alexandre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
Dumas fils Alexandre 1, 2, 3, 4, 5
Dumont Agnès 1
Duras Marguerite 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17
Duteurtre Benoît 1
E
Echenoz Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Éluard Paul 1, 2
Emmanuel François 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Énard Mathias 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21
Encaoua Myriam 1
Engel Vincent 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
Enzo Enzo 1
Ernaux Annie 1, 2, 3, 4
Estienne d’Orves (d’) Nicolas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
F
Faye Éric 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Faye Gaël 1, 2, 3, 4, 5, 6
Fénelon (de) François 1
Fénéon Félix 1
Ferrari Jérôme 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16
Filippis (De) Vittorio 1
Flaubert Gustave 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Foenkinos David 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Fontaine (de la) Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25
Fouassier Luc-Michel 1
Fournier Alain 1, 2, 3, 4, 5, 6
Fournier Jean-Louis 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
France Anatole 1, 2, 3
Franquin 1
G
Gainsbourg Serge 1
Gallay Claudie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Garat Anne-Marie 1, 2
Garcin Jérôme 1
Garde François 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20
Garrigues Jean-Claude 1, 2, 3
Gary Romain 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Gattel Claude-Marie 1
Gaudé Laurent 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28
Gaulle (de) Charles 1
Gavalda Anna 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Gide André 1, 2, 3, 4
Giono Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Giraudoux Jean 1, 2, 3, 4
Goffette Guy 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Gorgün Kenan 1
Goscinny René 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Grand Corps Malade 1, 2, 3
Grangé Jean-Christophe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14
Grangereau Philippe 1
Grémillon Hélène 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Grimbert Philippe 1, 2
Guenassia Jean-Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30,
31, 32, 33, 34
Guez Olivier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Gunzig Thomas 1, 2, 3, 4, 5
H
Haenel Yannick 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Hallyday Johnny 1, 2, 3
Harpman Jacqueline 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Hémon Louis 1, 2, 3, 4, 5
Hergé 1, 2
Higelin Jacques 1
Hollande François 1
Houellebecq Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Hugo Victor 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48,
49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64,
65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72
Huston Nancy 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28
I
Incardona Joseph 1
Ionesco Eugène 1, 2
J
Jaenada Philippe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
Japrisot Sébastien 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Jeanmart Hedwige 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Jenni Alexis 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35
Job Armel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Joncour Serge 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26
Joubert Joseph 1
Jousse Hélène 1, 2, 3
K
Kaddour Hédi 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Kateb Yacine 1, 2, 3
Kerangal (de) Maylis 1, 2, 3, 4
Khadra Yasmina 1
Khoury-Ghata Vénus 1, 2
Kourouma Ahmadou 1, 2, 3, 4
Kundera Milan 1
L
La Fayette (Madame de) 1, 2, 3, 4, 5
Laberge Marie 1
Laclos (de) Choderlos 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16
Laferrière Dany 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Lahens Yanick 1, 2, 3, 4
Lamartine (de) Alphonse 1, 2, 3
Lapeyre Patrick 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Lapointe Pierre 1, 2
Lardeyret Guy 1
Laroui Fouad 1, 2
Larousserie David 1
Lavoisier (de) Antoine Laurent 1
Lazar Liliana 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Leblanc Maurice 1, 2, 3, 4
Le Callet Blandine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Le Clézio Jean-Marie-Gustave 1
Legardinier Gilles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Lemaitre Pierre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45
Leroux Gaston 1, 2, 3, 4, 5, 6
Lethève Jacques 1
Lévy Marc 1, 2, 3, 4, 5
Liberati Simon 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17
Lindon Mathieu 1
Loti Pierre 1
Louis Édouard 1, 2, 3
Lunatik 1
M
Maalouf Amin 1, 2
Madelaine Océane 1, 2, 3, 4, 5
Maeterlinck Maurice 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Magnan Pierre 1
Majdalani Charif 1, 2, 3
Malègue Joseph 1
Mallarmé Stéphane 1, 2
Malraux André 1
Malte Marcus 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23
Manoukian Pascal 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Martel Yann 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18
Martinez Carole 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20
Martin-Lugand Agnès 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Marzouki Ahmed 1, 2
Maupassant (de) Guy 1, 2, 3
Mauriac François 1
Maurois André 1
Mauvignier Laurent 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16
Mellah Fawzi 1, 2
Memmi Albert 1
Menegoz Mathias 1, 2, 3, 4, 5, 6
Mérimée Prosper 1, 2
Merlin Philippe-Antoine 1
Miano Léonora 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25
Michon Pierre 1
Millet Richard 1
Minier Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Moati Serge 1, 2
Modiano Patrick 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Moix Yann 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Molière 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Montaigne (de) Michel 1
Montesquieu 1, 2, 3
Montherlant (de) Henry 1, 2
Mouawad Wadji 1
Mukasonga Scholastique 1, 2, 3, 4
Mulder (de) Caroline 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Murail Marie-Aude 1, 2, 3, 4, 5
Musset (de) Alfred 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Musso Guillaume 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
N
NDiaye Marie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20
Nedjma 1, 2
Nguyen Hoai Huong 1, 2, 3, 4
Nimier Roger 1
Nothomb Amélie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47,
48
O
Olmi Véronique 1, 2, 3, 4, 5, 6
Ono-Dit-Biot Christophe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18
Orelsan 1
Ormesson (d’) Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
P
Pagnol Marcel 1, 2, 3, 4, 5
Pancol Katherine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47,
48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56
Pascal Blaise 1
Pennac Daniel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35, 36, 37, 38, 39
Peretti (de) Nicolas 1
Piaf Édith 1, 2
Pingault Gaëlle 1, 2
Pingault Véronique 1
Poincaré Henri 1
Polnareff Michel 1, 2
Postel Alexandre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Poulain Catherine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Prévert Jacques 1, 2, 3, 4
Proust Marcel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48,
49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58
Q
Queneau Raymond 1, 2
Quiriny Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18
R
Racine Jean 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Rahimi Atiq 1
Ramuz Charles-Ferdinand 1, 2, 3, 4, 5, 6
Raulin Nathalie 1
Raynaud Fernand 1
Recondo (de) Léonor 1
Renard Jules 1, 2, 3, 4, 5
Renaud Chris 1
Reza Yasmina 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Rimbaud Arthur 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Robert Yves 1
Rochefoucauld (de La) François 1
Roegiers Patrick 1
Rohff 1
Roland Nicole 1, 2
Rondeau Daniel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Rostain Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Rostand Edmond 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Rousseau Jean-Jacques 1, 2
Roy Gabrielle 1
Rufin Jean-Christophe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20
S
Sagan Françoise 1
Saint-Exupéry (de) Antoine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Salvayre Lydie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24
Sam Anna 1, 2
Sand Georges 1
Sansal Boualem 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Sartre Jean-Paul 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25
Savitzkaya Eugène 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Schmitt Éric-Emmanuel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30,
31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46,
47
Sefrioui Ahmed 1, 2
Ségur (Comtesse de) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Seignolle Claude 1
Serafini Tonino 1
Sfar Joann 1
Simenon Georges 1, 2, 3, 4
Sinoué Gilbert 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21
Slimani Leïla 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Soumet Alexandre 1
Sportès Morgan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16
Steeman Stanislas-André 1
Stendhal 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17,
18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32
Stromae 1
T
Taïa Abdellah 1
Taine Hippolyte-Adolphe 1
Tesson Sylvain 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Teulé Jean 1, 2, 3
Théveniaud Pauline 1
Thibaudeau Victor 1
Thibaut Gilles 1
Tirtiaux Bernard 1, 2
Tournier Michel 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Toussaint Jean-Philippe 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Tremblay Michel 1, 2
Tremblay Larry 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Troyat Henry 1
Truc Olivier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
U
Uderzo Albert 1
V
Valéry Paul 1
Valognes Aurélie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Van Cauwelaert Didier 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28
Van Ommeslaghe Pierre 1
Vargas Fred 1, 2, 3, 4, 5
Vautier Dominique 1
Verger Frédéric 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Verlaine Paul 1
Vernes Jules 1, 2
Vian Boris 1, 2, 3, 4
Vigan (de) Delphine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22
Vigny (de) Alfred 1
Volkoff Vladimir 1
Voltaire 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Vuillard Éric 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20
W
Werber Bernard 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15,
16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31,
32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45
Weyergans François 1, 2, 3, 4
Wolf Francis 1
Y
Yared Hyam 1, 2, 3, 4, 5
Yourcenar Marguerite 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Z
Zeniter Alice 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Zola Émile 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25
Zouari Fawzia 1, 2, 3
Index des notions
A
Acception 1
À travers/au travers de 1
Abattre (v. battre) 1
Abrègement 1, 2
Abréviation 1
- points de suspension 1
Absoudre 1
Abstenir (s’) (v. tenir) 1
Abstraire (v. traire) 1
Accent
- aigu 1
- circonflexe 1, 2
- grave 1, 2
- tréma 1, 2
Accent (tonique)
- emploi 1
- converti en nom 1
- et participe présent 1
Adjectif
- numéral ordinal 1
- accord 1
- comparatif 1
- composé 1
- de couleur (accord) 1
- degré 1
- épithète (place) 1
- épithète (vs attribut) 1
- groupe adjectival 1
- pris adverbialement 1, 2, 3
- qualificatif 1
- superlatif 1
Adjoindre (v. craindre) 1
Admettre (v. mettre) 1
Advenir 1
Adverbe
- adjectif employé comme ~ 1
- définition 1
- de manière 1
- de temps 1
- locution 1
- complément de l’~ 1
- d’affirmation 1
- de lieu 1
- de négation 1
- de phrase 1
- de quantité/intensité 1
- en -ment 1
- explétif 1
- forme simple et composée 1
- par conversion 1
- pronominal 1
- sens de l’~ 1
Aimer (v. penser) 1
Alinéa 1
Aller 1
- ~ + participe présent 1
Allez 1
Alphabet phonétique 1
- lexicale 1
- syntaxique 1
Amerrir (v. finir) 1
Anacoluthe 1, 2
Analogie (dans la formation des mots) 1
Anaphore 1, 2
Anti- 1
Antonomase 1
Antonyme 1
Apostrophe
- et élision 1
Apostrophe (mot mis en) 1
Apparaitre (v. connaitre) 1
Apparoir 1
Appartenir (v. tenir) 1
Apposition 1
Apprendre (v. prendre) 1
Après que (+ indicatif) 1
Archaïsme 1
Article (déterminant) 1
Aspect (du verbe) 1
- grammatical 1
- lexical 1
- sémantique 1
Assaillir 1
Assimilation 1
Voir Consonne
Assoir (asseoir) 1
Astérisque 1
Astreindre (v. craindre) 1
Atone
- pronom ~ ou conjoint 1, 2
- syllabe ~ 1
Atteindre (v. craindre) 1
Attendre (v. rendre) 1
Attendu (accord) 1
Atténuation
- adjectif 1
- complément 1
- formation 1
Comparoir 1
Complaire (v. plaire) 1
Complément (du verbe)
- d’objet direct 1
- d’objet interne 1
- essentiel 1
- accessoire 1
- circonstanciel 1
- commun à plusieurs verbes 1
- d’agent 1
- d’objet indirect 1, 2
- de phrase 1
- du nom, de l’adjectif, de l’adverbe 1
Composition 1
- hybride 1
- noms composés 1
- savante 1
Comprendre (v. prendre) 1
Compromettre (v. mettre) 1
Concession (prop. subord.) 1
Conclure 1
Concordance des temps 1
Concourir (v. courir) 1
Condescendre (v. rendre) 1
Conditionnel
- passé 1
- passé en concurrence avec le subj. plus-que-parfait 1
- présent 1, 2, 3
- temps vs mode 1
Condition (prop. subord.) 1
Conduire 1
Confire (v. suffire) 1
Confondre (v. rendre) 1
Conjoindre (v. craindre) 1
Conjonction
- locution 1
- de coordination 1
- définition 1
- de subordination 1
Conjugaison 1
- impersonnelle 1
- tableaux de ~ 1- 2
- verbes intransitifs avec l’auxiliaire être 1
- verbes irréguliers et défectifs 1
- vivante/morte 1
Connaitre (connaître) 1
Connecteur (de discours) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Consentir (v. mentir) 1
Conséquence (prop. subord.) 1
Consonne
- tableau des ~ 1
- assimilation 1
- géminée 1
- lieu d’articulation 1
- mode d’articulation 1
- redoublement 1
- sourde ou sonore 1
Construire (v. conduire) 1
Contenir (v. tenir) 1
Contraindre (v. craindre) 1
Contredire (v. dire) 1
Contrefaire (v. faire) 1
Contrevenir (v. tenir) 1
Convaincre (v. vaincre) 1
Convenir (v. tenir) 1
Conversion 1
- adverbes 1
Coordination
- conjonction de ~ 1
- de phrases 1, 2
Corrélation
- de phrases 1
- et comparaison 1
- et conséquence 1
- et subordination 1, 2
- si... c’est que (explication) 1
Correspondre (v. rendre) 1
Corrompre (v. rompre) 1
Coudre 1
Courir 1
Couvrir 1
Craindre 1
Crochets 1
Croire 1
Croitre (croître) 1
Cueillir 1
Cuire (v. conduire) 1
D
Davantage 1
De
- préposition 1
- et article partitif 1
- introducteur de l’infinitif 1
Débattre (v. battre) 1
Débit (de parole) 1
Déchoir 1
Déclarative (phrase) 1
Déclore (v. clore) 1
Découdre (v. coudre) 1
Découvrir (v. couvrir) 1
Décrire (v. écrire) 1
Décroitre (v. accroitre) 1
Dédire (se) (v. dire) 1
Déduire (v. conduire) 1
Défaillir (v. assaillir) 1, 2
Défaire (v. faire) 1
Défectif
- définition 1
- impératif mode ~ 1
Défendre (v. rendre) 1
Défigement 1
Déictique
- pronom 1
- sens ~ 1
Démentir (v. mentir) 1
Démettre (v. mettre) 1
Demi (accord) 1
Démonstratif
- déterminant 1
- pronom 1
Démordre (v. rendre) 1
Départir (v. mentir) 1
Dépeindre (v. craindre) 1
Dépendre (v. rendre) 1
Déplacement (d’un constituant) 1
Déplaire (v. plaire) 1
Dérivation 1
Désapprendre (v. prendre) 1
Descendre (v. rendre) 1
Desservir (v. servir) 1
Détachement 1
- de l’adverbe 1
- et virgule 1
- phrase avec ~ 1
Déteindre (v. craindre) 1
Détendre (v. rendre) 1
Détenir (v. tenir) 1
Déterminant
- indéfini 1
- article défini 1, 2
- article défini élidé 1
- article indéfini 1
- article partitif 1
- définition et types 1
- démonstratif 1
- exclamatif 1
- interrogatif 1
- nominal 1
- numéral 1
- omission du ~ 1
- possessif 1
- relatif 1
Détordre (v. rendre) 1
Détruire (v. conduire) 1
Deux points 1
Devenir (v. tenir) 1
Dévêtir (v. vêtir) 1
Devoir 1
Dicton 1
Voir Proverbe
Didascalies 1
Diérèse 1
Diphtongue 1, 2
Dire 1
Disconvenir (v. tenir) 1
Discourir (v. courir) 1
Discours rapporté
- narrativisé 1
- définition 1
- style direct 1
- style indirect 1
- style indirect libre 1
Discours direct
- guillemets 1
Disjoindre (v. craindre) 1
Dislocation (de la phrase) 1
Voir Détachement
Disparaitre (v. connaitre) 1
Dissoudre (v. absoudre) 1
Distendre (v. rendre) 1
Distraire (v. traire) 1
Dont (emplois) 1
Dormir 1
Dû 1
Durant/Pendant 1
E
E muet 1
Ébattre (s’) (v. battre) 1
Échoir 1
Éclore 1
Éconduire (v. conduire) 1
Écrire 1
Écriture inclusive 1
- dans la comparaison 1
- dans la subordonnée participiale 1
- et coordination 1
Émettre (v. mettre) 1
Émouvoir (v. mouvoir) 1
Empreindre (v. craindre) 1
Emprunts 1, 2
En
- partitif 1
- pronom adverbial 1
- pronom personnel 1
Enceindre (v. craindre) 1
Enclore 1
Encourir (v. courir) 1
Endormir (v. dormir) 1
Enduire (v. conduire) 1
Enfreindre (v. craindre) 1
Enfuir (s’) (v. fuir) 1
Enjoindre (v. craindre) 1
En même temps 1
Énoncé 1
Énonciation
- adverbe d’~ 1, 2
- complément de phrase 1, 2
- définition 1
- interjection 1
Enquérir (s’) (v. acquérir) 1
Ensuivre (s’) (v. suivre) 1
Entendre (v. rendre) 1
Entremettre (s’) (v. mettre) 1
Entre (mots composés avec) 1
Entreprendre (v. prendre) 1
Entretenir (v. tenir) 1
Entrevoir (v. voir) 1
Entrouvrir (v. couvrir) 1
Envoyer 1
Épandre (v. rendre) 1
Épicène 1
Épithète 1
- et attribut 1
Éprendre (s’) (v. prendre) 1
Équivaloir (v. valoir) 1
Est-ce que 1, 2
Et
- emplois de et 1
- répétition de et 1
Étant donné
- accord 1
Éteindre (v. craindre) 1
Étendre (v. rendre) 1
Être 1
- auxiliaire 1
Étymologie populaire 1, 2
Excepté (accord) 1
Exclamatif
- déterminant 1
- phrase 1
Exclure (v. conclure) 1
Explétif
- adverbe 1
- mot 1
Extraire (v. traire) 1
F
Fabricant/Fabriquant 1
Factitive (construction) 1
Faillir 1
Faire 1
Falloir 1
Fatigant/Fatiguant 1
Feindre (v. craindre) 1
Féminin
- de l’adjectif 1
- des noms animés 1
Féminisation 1
Fendre (v. rendre) 1
Férir 1
Feu 1
Figement 1
- défigement 1
- de la phrase 1
- du mot 1
- verbe support 1
Finir 1
Fonction grammaticale 1
Fondre (v. rendre) 1
Forfaire 1
Fort 1
Fractomorphème 1, 2
Frire 1
Fuir 1
Futur
- emplois 1
- antérieur 1
- auxiliaire modal de ~ 1
- devoir + infinitif 1
- aller + infinitif 1
- présent à valeur de ~ 1
G
Gaiment 1
Gallicisme 1
Geindre (v. craindre) 1
Genre
- du nom 1
- noms à double ~ 1
- noms épicènes 1
Gérondif 1
Gésir 1
Graphème 1
Groupe
- adjectival 1
- nominal 1
- prépositionnel 1
- verbal 1
Guillemets
- emploi 1
- français et anglais 1
H
H muet 1, 2
Haïr 1
Héros 1, 2
Hiatus 1
Homonyme 1
Huit (élision devant ~) 1
Hypothèse (prop. subord.) 1
I
Il était une fois 1
Il y a 1
Imparfait
- atténuation 1
- caractère inaccompli 1
- emploi 1
Impératif
- passé 1
- emploi 1
Imperfectif (aspect) 1
Impersonnel
- phrase 1
- verbe 1
Inchoatif (aspect) 1
Incidente (phrase) 1
Incise (phrase en) 1
Inclure (v. conclure) 1
Indéfini
- déterminant 1
- pronom 1
Indicatif
- définition 1
- tableau des temps 1
Induire (v. conduire) 1
Infinitif 1
- de narration 1
- d’exclamation 1
- d’interrogation 1
- d’ordre 1
- emploi comme nom 1
- précédé d’un auxiliaire modal 1
Injonctive (phrase) 1
Inscrire (v. écrire) 1
Instruire (v. conduire) 1
Interdire (v. dire) 1
Interjection 1
Interrogatif
- adverbe 1
- déterminant 1
- phrase 1
- pronom 1
Interrogation
- avec inversion 1
- indirecte 1, 2
- partielle 1
- totale 1
Intervenir (v. tenir) 1
Intonation 1
Introducteur (il y a) 1
Issir 1
Italiques (caractères) 1
Itératif (aspect) 1
J
Joindre (v. craindre) 1
Juxtaposition
- de phrases 1, 2
- éléments séparés par une virgule 1
- et parataxe 1
L
La plupart des + N (accord du verbe) 1
Le peu de + N (accord du verbe) 1
Lettres
- de l’alphabet 1
- grecques 1
Lexique 1
Liaison 1, 2, 3, 4, 5
Linéarité (de la phrase) 1
Lire 1
Luire 1
M
Maintenir (v. tenir) 1
Mais
- virgule avant ~ 1
Majuscules 1
- noms propres 1
- noms de fêtes 1
- points cardinaux 1
- titres d’œuvres 1
- titres et fonctions 1
Manger (v. penser) 1
Manière (prop. subord.) 1
Marqueur (de discours) 1
Voir Connecteur
Maudire 1
Méconnaitre (v. connaitre) 1
Médian (point) 1
Médire (v. dire) 1
Mentir 1
Méprendre (se) (v. prendre) 1
Messeoir (v. seoir) 1
Mettre 1
Mille 1
Mode (du verbe) 1
Mordre (v. rendre) 1
Morfondre (se) (v. rendre) 1
Mot(s)
- calques 1
- classes de ~ 1- 2
- définition 1
- emprunts 1
- explétif 1
- famille de ~ 1
- formation 1
- formation par contamination 1
- formation parasynthétique 1
- grammatical 1
- lexical 1
- mis en apostrophe 1
- multiplicatif 1
- ~ phrase 1
Moudre 1
Mourir 1
Mouvoir 1
N
Naitre (naître) 1
Ne
- explétif 1
- adverbe de négation 1
Négation
- partielle 1
- restrictive 1
- totale 1
Négative (phrase) 1
Néologisme 1
Nom
- expansion du ~ 1
- commun 1
- composé 1
- comptable et massif 1
- définition 1
- groupe nominal 1
- locution nominale 1
- nombre 1
- ~ propre 1
Nombre (du nom) 1
Nombres
- et trait d’union 1
Nous (inclusif, exclusif, majestatif, de modestie) 1
Nouvelle orthographe 1
- accent aigu 1, 2
- accent circonflexe 1
- mots fréquents 1
- recommandation pour mots nouveaux 1
- rectification des anomalies 1
- règles 1
Nuire (v. conduire) 1
Numéral (déterminant) 1
O
Objet 1
Voir Complément d’objet
Obtenir (v. tenir) 1
Occire 1
Offrir (v. couvrir) 1
Oindre (v. craindre) 1
Omettre (v. mettre) 1
On (pronom indéfini) 1
- accord du verbe avec ~ 1, 2
Onomatopées 1
Onze (élision devant ~) 1
Opposition (prop. subord.) 1
Ordre des mots
- et fonction syntaxique 1
- et linéarité 1
Orthographe
- nouvelle ~ 1
- définition 1
Oui (élision devant ~) 1
Ouïr 1
Ouvrir (v. couvrir) 1
P
Paitre (paître) 1
Paraitre (v. connaitre) 1
Parataxe (juxtaposition par ~) 1
Parcourir (v. courir) 1
Parenthèses 1
- crochets 1
Parfaire (v. faire) 1
Paronymie 1
Participe passé
- accord (dit, dû, pu, cru, su, voulu) 1
- accord (fait/laissé + infinitif) 1
- accord (couter, peser, mesurer) 1
- accord (dans la langue parlée) 1
- accord (employé avec avoir) 1
- accord (employé avec être) 1
- accord (suivi d’un infinitif) 1
- accord (précédé de en) 1
- accord (règles générales) 1
- accord (temps surcomposés) 1
- accord (verbes impersonnels) 1
- accord (verbes pronominaux) 1
- employé comme adjectif 1
- employé dans les temps composés 1
- forme passive 1
Participe présent
- final de phrase 1
- abréviation par le ~ 1
- de suspension 1
- d’exclamation 1
- d’interrogation 1
- médian 1
Point-virgule 1
Ponctuation 1, 2
Pondre (v. rendre) 1
Possessif
- déterminant 1
- pronom 1
Pourfendre (v. rendre) 1
Poursuivre (v. suivre) 1
Pourvoir (v. voir) 1
Pouvoir 1
Pragmatique 1
Prédicat 1
Prédire (v. dire) 1
Préfixes 1
- définition 1
- répétition de la ~ 1
- locution 1
Prescrire (v. écrire) 1
Présent
- emploi 1
- historique 1
Presqu’ile 1
Pressentir (v. mentir) 1
Pressentir (v. sentir) 1
Présupposition 1
Prêt de/Prêt à 1
Prétendre (v. rendre) 1
Prévaloir (v. valoir) 1
Prévenir (v. tenir) 1
Prévoir (v. voir) 1
Procès (exprimé par le verbe) 1
Produire (v. conduire) 1
Promettre (v. mettre) 1
Promouvoir (v. mouvoir) 1
Pronom
- réfléchi 1
- adverbial 1
- conjoint (ou atone) 1
- définition 1
- démonstratif 1
- disjoint (ou tonique) 1
- indéfini 1
- interrogatif 1
- les compléments du ~ 1
- nominal 1
- personnel 1
- personnel sujet 1
- possessif 1
- réciproque 1
- relatif 1
- relatif indéfini 1
- représentant 1
Pronominal (verbe) 1
Voir Verbe
Proposition subordonnée
- complément du nom 1
- complément du présentatif 1
- circonstancielle 1
- circonstancielle du verbe/de la phrase 1
- complément de l’adjectif 1
- complétive 1
- conjonctive 1
- corrélative 1, 2
- en apposition 1
- exclamative 1
- exclamative indirecte 1
- infinitive 1
- pseudo-coordonnée 1
- relative 1
- relative adjective 1
- relative sans antécédent (substantive) 1
- tableau des fonctions 1
Proposition circonstancielle
- de but 1
- de cause 1
- de condition/hypothèse 1
- de conséquence 1
- de manière/comparaison 1
- de restriction 1
- de temps 1
- d’opposition 1
Proposition corrélative
- de comparaison 1
- d’opposition/concession 1
Proposition relative
- antécédent 1
- attributive 1
- déterminative (restrictive) 1
- explicative (appositive) 1
Proscrire (v. écrire) 1
Prosodie 1
Provenir (v. tenir) 1
Proverbe
- définition 1
- dictons 1
- exemples 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Q
Qualificatif (adjectif) 1
Que je sache 1
Quelque
- déterminant 1
- Quelque/Quel que 1
Quérir 1
Question rhétorique 1
Quoi que/Quoique 1
R
Rabattre (v. battre) 1
Racine 1
Radical
- d’un mot 1
- du verbe 1
- radicaux grecs et latins 1, 2
Rapprendre (v. prendre) 1
Rassoir (rasseoir) (v. assoir) 1
Ravoir 1
Réapparaitre (v. connaitre) 1
Rebattre (v. battre) 1
Recevoir 1, 2
Recevoir (v. devoir) 1
Reclure 1
Reconduire (v. conduire) 1
Reconnaitre (v. connaitre) 1
Reconquérir (v. acquérir) 1
Reconstruire (v. conduire) 1
Recoudre (v. coudre) 1
Recourir (v. courir) 1
Recouvrir (v. couvrir) 1
Récrire (v. écrire) 1
Recroitre (v. accroitre) 1
Recueillir (v. cueillir) 1
Recuire (v. conduire) 1
Récursivité 1
Redescendre (v. rendre) 1, 2
Redevenir (v. tenir) 1
Redire (v. dire) 1
Réduire (v. conduire) 1
Réélire (v. lire) 1
Refaire (v. faire) 1
Refendre (v. rendre) 1
Référent (fonction référentielle) 1
Réfléchi (verbe pronominal) 1
Refondre (v. rendre) 1
Rejoindre (v. craindre) 1
Relatif/Relative
- déterminant 1
- pronom ~ 1
- proposition subordonnée ~ 1- 2
Relire (v. lire) 1
Reluire (v. luire) 1
Remettre (v. mettre) 1
Remordre (v. rendre) 1
Renaitre (v. naitre) 1
Rendormir (v. dormir) 1
Rendre 1, 2
Renvoyer (v. envoyer) 1
Repaitre (v. paitre) 1
Répandre (v. rendre) 1
Reparaitre (v. connaitre) 1
Repartir (v. mentir) 1
Repeindre (v. craindre) 1
Rependre (v. rendre) 1
Repentir (se) (v. mentir) 1
Répétition
- effet d’insistance 1
Répondre (v. rendre) 1
Reprendre (v. prendre) 1
Reproduire (v. conduire) 1
Requérir (v. acquérir) 1
Résoudre 1
Ressentir (v. mentir) 1
Ressentir (v. sentir) 1
Resservir (v. servir) 1
Ressortir (v. mentir) 1
Ressouvenir (se) (v. tenir) 1
Restreindre (v. craindre) 1
Restriction (prop. subord.) 1
Résulter 1
Revenir (v. tenir) 1
Rêver (v. penser) 1
Revêtir (v. vêtir) 1
Revivre (v. vivre) 1
Revoir (v. voir) 1
Rhème 1
Rire 1
Rompre 1
Rouvrir (v. couvrir) 1
Rythme 1
S
Saillir 1, 2
Satisfaire (v. faire) 1
Savoir 1
Se (dé)plaire
Voir Ponctuation
Soi-disant 1
Soit/Soient 1
Solécisme 1, 2
Sortir (v. mentir) 1
Soudure
- dans les mots nouveaux 1, 2
Souffrir (v. couvrir) 1
Soumettre (v. mettre) 1
Sourdre 1
Sourire (v. rire) 1
Souscrire (v. écrire) 1
Soustraire (v. traire) 1
Soutenir (v. tenir) 1
Souvenir (se) (v. tenir) 1
Style
- informel (ou parlé) 1
- direct 1
- indirect 1
- indirect libre 1
Subjonctif
- en proposition subordonnée 1, 2
- emplois figés 1
- tableau des temps 1
Subordination
- définition 1
- et coordination 1
- et corrélation 1
- inverse 1
Substantif 1
Voir Nom
Substitution 1
Subvenir (v. tenir) 1
Succéder (se) 1
Suffire 1
Suffixes 1
- principaux ~ 1- 2
Suivre 1
Sujet
Voir Voyelle
Tiret
- et dialogue 1
- et trait d’union 1
Tistre ou Tître 1, 2
Ton 1
Tondre (v. rendre) 1
Tordre (v. rendre) 1
Tout
- déterminant 1
- déterminant/adverbe/adjectif/pronom/nom 1
Traduire (v. conduire) 1
Traire 1
Trait d’union 1
- césure du mot 1
- soudure du mot 1
Transcrire (v. écrire) 1
Transmettre (v. mettre) 1
Transparaitre (v. connaitre) 1
Tréma 1
Tressaillir (v. assaillir) 1, 2
Tu (élision de ~) 1
Type de phrase
- affirmative 1
- clivée/emphatique 1
- déclarative 1
- définition 1
- exclamative 1
- injonctive 1
- interrogative 1
- simple 1
V
Vaincre 1
Valoir 1
Vendre (v. rendre) 1
Venir (v. tenir) 1
Verbe
- accord du ~ avec le sujet 1
- accord du ~ avec plusieurs sujets 1
- aspect 1
- attributif (ou copule) 1
- auxiliaire 1
- définition 1
- impersonnel 1, 2, 3
- intransitif 1
- locution verbale 1
- météorologique 1
- mode 1, 2
- nombre et personnes 1
- pronominal (ou réfléchi) 1
- pronominal passif 1
- pronominal réciproque 1
- pronominal subjectif 1, 2
- support 1, 2
- temps 1
- transitif 1
- voix active ou passive 1
Vêtir 1
Veuillez 1
Vingt 1
Virgule 1
Voir Semi-voyelle
Z
Zeugme 1
Couverture : Marie-Astrid Bailly-Maître
Création de la typographie Grevisse : Typofacto, Olivier Nineuil
Maquette intérieure et mise en page : Nord Compo
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : novembre 2018
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2018/13647/136
EAN 978-2-8073-2361-2
Cette version numérique de l’ouvrage a été réalisée par Nord Compo pour De Boeck
Supérieur. Nous vous remercions de respecter la propriété littéraire et artistique. Cette
œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client.
Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou
partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par
les articles L.335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se
réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant
les juridictions civiles ou pénales.
Notes
1. L’orthographe antérieure à 1990 est toujours acceptée : je céderai, elle
considérera, nous interpréterons.
2. L’orthographe antérieure à 1990 est toujours acceptée : puissé-je, dussé-je.
3. Liste complète des mots concernés : amoncèlement, bossèlement,
chancèlement, cisèlement, cliquètement, craquèlement, craquètement,
cuvèlement, dénivèlement, ensorcèlement, étincèlement, grommèlement,
martèlement, morcèlement, musèlement, nivèlement, ruissèlement,
volètement.
4. Ce retrait en début de ligne n’est plus utilisé dans les mises en page
modernes.
Notes
1. La nouvelle orthographe suggère de souder les composants sans laisser de
blanc typographique (agglutination).
Notes
1. Pour plus d’informations, on pourra consulter la « Circulaire du 11 mars
1986 relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre »
parue au Journal officiel de la République française du 16 mars 1986. Ou les
brochures Au féminin. Guide de féminisation des titres de fonction et des
textes (Office de la langue française, Les Publications du Québec, 1991) ;
Mettre au féminin, Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade
e
ou titre (Fédération Wallonie-Bruxelles, Service de la langue française, 3 éd.,
2014) ; ou encore Anne Dister et Marie-Louise Moreau (2009). Féminiser ?
Vraiment pas sorcier ! La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades
et titres. De Boeck Duculot. Bruxelles.
2. Ces noms sont de formation populaire ; leur finale se prononçait
anciennement comme celle des noms en -eux (on prononçait, par exemple, un
menteux), ainsi on comprend pourquoi leur féminin est en -euse.
3. Ces noms sont de formation savante. Leur féminin est emprunté ou imité du
féminin latin en -trix ; par exemple, directrice reproduit le féminin latin directrix.
4. Les chasseurs disent aussi dine.
5. Perruche se dit de la femelle du perroquet ; il désigne aussi, sans distinction
de sexe, un oiseau de la même famille que le perroquet, mais de taille plus
petite.
6. Origine du s du pluriel. Des six cas du latin (formes diverses par lesquelles
se marquaient, au moyen de désinences particulières, les fonctions du nom
dans la proposition), l’ancien français n’avait gardé que le nominatif (cas sujet)
et l’accusatif (cas régime ou cas du complément), par exemple :
Singulier : suj. : murs (du lat., murus) ; compl. : mur (du lat., murum).
Pluriel : suj. : murs (du lat. muri) ; compl. : murs (du lat. muros).
e
Au XIII siècle, le cas sujet disparut, et l’on n’eut plus que les formes-types mur
pour le singulier et murs pour le pluriel. Ainsi s’explique que la lettre s est
devenue le signe caractéristique du pluriel.
7. Les rectifications de l’orthographe française autorisées depuis 1990
modifient sensiblement les règles d’écriture et les marques du pluriel pour les
noms composés. (› Pluriel des noms composés)
8. On écrit bluejean mais best-seller, ce qui montre qu’il y existe encore
certaines incohérences à régulariser.
Notes
1. Septante (70) et nonante (90) sont courants, et officiels en Belgique et en
Suisse romande. Huitante (80) est également employé en Suisse romande,
ainsi que octante (80).
2. Auparavant, dans les adjectifs numéraux composés, on mettait le trait
d’union entre les éléments qui sont l’un et l’autre moindres que cent, sauf s’ils
sont joints par et : Trente-huit mille six cent vingt-cinq. Trente et un.
3. De même : On ne sait quel, Dieu sait quel, nous ne savons quel, etc. : Les
frais monteront à Dieu sait quelle somme !
4. Tout est suivi, dans ce cas, d’un attribut, qui est, soit un adjectif, soit un
participe, soit un nom faisant fonction d’adjectif.
Notes
1. La civilisation lapone (OLIVIER TRUC, Le dernier Lapon, 2012) ou la
servante laponne (VLADIMIR VOLKOFF, Les orphelins du Tsar, 2005).
Une jeune Lettonne (SERGE BRAMLY, Le premier principe, le second
principe, 2008) ou l’action lettone (EMMANUEL CARRÈRE, Limonov, 2011).
La race nipponne (MARC BRESSANT, La dernière conférence, 2008) ou une
société nippone (CHRISTOPHE BOLTANSKI, Minerais de sang, 2012).
2. Ces noms sont de formation populaire ; leur finale se prononçait
anciennement comme celle des noms en -eux (on prononçait, par exemple, un
menteux), ainsi on comprend pourquoi leur féminin est en -euse.
3. Ces noms sont de formation savante. Leur féminin est emprunté ou imité du
féminin latin en -trix ; par exemple, directrice reproduit le féminin latin directrix.
4. « À pression atmosphérique ».
Notes
1. Autrefois le pronom pouvait représenter un nom indéterminé : Si vous êtes
si touchés de curiosité, exercez-la du moins en un sujet noble. (Jean de La
Bruyère)
2. http://www.academie-francaise.fr/soi-disant-pour-pretendu
Notes
1. Le prédicat de la phrase est la partie de celle-ci qui donne une information à
propos du sujet. Il peut s’agir d’un verbe et de ses éventuels compléments.
2. Strictement parlant : l’action, l’existence ou l’état. Nous allégeons
l’expression.
3. On parle également de mode impersonnel, mais cette appellation ne doit
pas être confondue avec les constructions impersonnelles des verbes.
4. Autrefois appelé futur du passé.
5. Autrefois appelé futur antérieur du passé.
6. Les affixes sont des morphèmes (de petit éléments porteurs de sens qui ne
constituent pas un mot à eux seuls, mais qui se joignent à une base pour
créer un nouveau mot dérivé. Dans les exemples cités, le préfixe re- ajoute le
sens de répétition et le suffixe -ir permet de créer le verbe qui exprime le sens
de devenir pâle). (› Dérivation)
7. On préfère parfois garder le nom de radical pour faire référence à la partie
lexicale du verbe qui porte le sens et de base pour les différentes variantes de
ce radical à partir desquelles s’opère la formation des formes conjuguées.
8. L’orthographe antérieure à 1990 est encore acceptée : dussé-je.
9. Strictement parlant, dans les formes passives, être n’est pas un auxiliaire,
car il n’abandonne pas sa valeur ordinaire de verbe servant à joindre l’attribut
au sujet ; d’autre part, il ne perd pas sa valeur temporelle. Comparez : je suis
félicité, je suis parti. Dans la première phrase, suis joint félicité au sujet et
marque un présent : ce n’est pas un auxiliaire. Dans la seconde, suis ne joint
plus l’attribut au sujet et n’a plus sa valeur de présent : c’est un auxiliaire qui
sert à marquer un passé.
10. « Présentation du Rapport, devant le Conseil supérieur de la langue
française, le 19 juin 1990 » dans Les rectifications de l’orthographe. Journal
o
officiel de la République française, 1990, n 100.
11. L’orthographe antérieure à 1990 est encore acceptée : j’époussette, il
caquette, ruissellement, etc.
12. L’orthographe antérieure à 1990 est toujours acceptée : je considérerai.
13. Dans des cas où il s’agit d’une bénédiction rituelle, on trouve parfois, il est
vrai, bénit employé comme verbe, mais seulement au sens passif : Les
drapeaux ont été bénits. (Dictionnaire de l’Académie)
14. Les emplois que nous allons signaler se retrouvent de manière détaillée
dans la Partie 5 sur la phrase complexe. Pour ce qui est de la concordance
des temps, et du choix à opérer entre subjonctif présent, subjonctif passé,
subjonctif imparfait et subjonctif plus-que-parfait en fonction du temps du
verbe principal, on se reportera au chapitre 5 de la partie 5.
15. Conformément aux recommandations des Tolérances grammaticales ou
orthographiques (article 8).
Notes
1. Les Tolérances orthographiques ou grammaticales recommandent
d’accepter les deux accords dans tous les cas.
2. L’adverbe est ici utilisé comme pronom indéfini ou comme déterminant
indéfini.
3. Les Tolérances grammaticales ou orthographiques (1973) préconisent
d’admettre également comme correct l’accord au pluriel.
4. Arrêté du 28 décembre 1976 (publié dans le Journal officiel daté du 9 février
1977), s’appuyant lui-même sur l’arrêté du 26 février 1901 relatif à la
simplification de l’enseignement de la syntaxe française.
5. Les Tolérances grammaticales ou orthographiques (article 13a) préconisent
d’accepter l’un et l’autre emploi dans tous les cas (passés quarante ans,
Rome excepté).
6. Conformément à l’article 13c des Tolérances grammaticales ou
orthographiques, on acceptera l’un et l’autre emploi dans tous les cas.
7. Article 12 des Tolérances grammaticales ou orthographiques.
Notes
1. Le référent est l’être, ou la chose, désigné par le nom antécédent.
Notes
1. Certains auteurs considèrent le si interrogatif indirect comme un adverbe
interrogatif.
Notes
1. En latin, la proposition infinitive, introduite par un verbe d’affirmation (dire,
raconter, rapporter), d’opinion (croire, penser) ou de connaissance, a
nécessairement un sujet distinct qui se met à l’accusatif.
Notes
1. Texte officiel : http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-
francaise.fr/files/rectifications_1990.pdf [page consultée en juillet 2018]. Liste
complète des mots touchés par les rectifications :
http://www.renouvo.org/liste.php?t=3 [page consultée en juillet 2018].
2. Liste complète des mots touchés par les rectifications :
http://www.renouvo.org/liste.php?t=3 [page consultée en juillet 2018].
3. Le e ne se prononce plus. L’Académie française écrit déjà j’assois (à côté
de j’assieds), j’assoirai, etc. (mais je surseoirai). Assoir s’écrit désormais
comme voir (ancien français veoir), choir (ancien français cheoir), etc.
4. À cause de bizuter, bizutage.
5. À rapprocher de cil. Rectification d’une ancienne erreur d’étymologie.
6. La graphie cea est une ancienne graphie rendue inutile par l’emploi de la
cédille.
7. La suite cz est exceptionnelle en français. Exéma comme examen
8. Mot d’origine arabo-persane. L’Académie a toujours écrit nénufar, sauf dans
la huitième édition (1932-1935).
9. Des trois graphies de ce mot, celle-ci est la plus conforme aux règles et la
moins ambigüe.
10. Cette graphie évite l’homographie avec punch (coup de poing) et
l’hésitation sur la prononciation
11. Comparer relai-relayer avec balai-balayer, essai-essayer, etc.
12. Des sept graphies qu’on trouve actuellement, celle-ci est la plus conforme
aux règles et la moins ambigüe.
13. À rapprocher de vent ; rectification d’une ancienne erreur d’étymologie
Notes
1. Ces documents sont disponibles en ligne :
http://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Documentation-
administrative/Le-guide-d-aide-a-la-feminisation-des-noms-de-metiers-titres-
grades-et-fonctions-1999 ;
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-
publics/994001174.pdf ; http://www.ciep.fr/chroniq/femi/femi.htm ;
http://www.cfwb.be/franca/femini/feminin.htm.
2. On acceptera aussi une écrivaine, l’usage devant trancher.
3. Les dispositions québécoises et suisses prévoient dans ces cas des formes
en -eure (ex. : professeure). Les usagers auront la possibilité de choisir entre
ces formes et celles adoptées ici, l’usage devant trancher dans les décennies
qui viennent. Pour docteur, on laissera le choix entre une docteur et une
doctoresse.