Deleuze - Cours Image-Mouvement - Aula - 7B
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Qu’est ce qui nous dit VERTOV dès la période, si vous voulez que on
appelle communément d’après le titre de film de VERTOV « La
période du ciné œil ». Bien Vertov ne cesse pas de se réclamer de
l’universelle "interaction". Bon ça nous intéresse beaucoup du film.
L’universelle interaction. Simplement, bizarrement on n’y
reconnaîtra pas les images liquides dont on vient de parler ou du
moins très rarement, il y en a.. il y en a, mais ce sera pas ça son
problème. C’était le problème des autres, bon c’est pas.. c’est pas
son problème, et justement ça va nous lancer puisque c’est un
nouvel élément. Encore, a-il en commun avec ce qu’on vient de
voir, l’appel perpétuel avec l’universelle interaction qui va jusqu’à ce
stade là : VERTOV, nous disons :" il s’agit de connecter un point de
l’univers à un autre point quelconque
En quoi ça nous sert ? C’est que voilà : "le réel tel qu‘il est" ça
veut dire quoi ? Selon une définition tout à fait rigoureuse, je peux
dire j’appelle ou bien mieux encore, VERTOV appelle "réel tel qu’il
est", non pas quelque chose derrière les images mais l’ensemble
des images en tant qu’elles sont saisies dans le système de leur
perpétuelle interaction, c’est à dire dans un système où elles varient
chacune pour elles mêmes et les unes par rapport aux autres. Si
vous me dites : ah non c’est pas ça le réel ! je vous dis d’accord
c’est pas ça le réel pour vous bien, trouvez un autre mot, aucune
importance. On voit en tout cas pourquoi VERTOV emploie
l’expression du réel. C’est que ça va s’opposer à quoi ? Ca va
s’opposer à une vision qui sera dite "subjective". La vision qui sera
dite subjective c’est précisément la vision où les variations se font
par rapport à un point de vue déterminé et immobilisé. Or.. le point
de vue déterminé-immobilisé c’est quoi ? Je disais c’est la vision
terrestre solide, d’accord c’est la vision terrestre solide tout à
l‘heure, ça veut dire quoi ça ? Ca veut dire c’est l’œil humain. L’œil
humain.
Et BERGSON à coup sùr n’avait pas tort - je vais pas tout
mélanger là, je cite c’est pas une citation de Bergson - lors qu’il
nous rappelait que : l’œil humain paie, a payé sa capacité réceptive,
de quoi ? D’une relative immobilisation. C’est un œil immobilisé qui
bouge vaguement au fond de son orbite mais c’est pas grand chose
eu.., eh.. comme il disait très bien : "le vivant paie ses organes des
sens d’une immobilisation de certains lieux" - précisément les
surfaces de réception sensorielle. Mon oreille qui bouge pas, mon
nez qui bouge à peine, mon œil qui bascule tout juste, il y a et mes
mains au bout de mes petits bras je ne sais pas, tous mes sens
paient leur capacité réceptive d’une relative immobilisation. Et c’est
pour ça que - comprenez il n’y a plus de problème pour on tient
bien ça - Ce point de départ du ciné œil de VERTOV est le thème
lancinant de VERTOV :" La caméra ne vous apporte pas un œil
amélioré", la caméra ne vous apporte pas un œil amélioré,
évidemment ça n’améliore pas votre œil, c’est un autre œil. Je
disais c’est une perception non humaine. Bien dès le début je vais
pas oublier un aspect de VERTOV, c’est que ce sera la "perception
non humaine" ou l’œil non humain de la "conscience
révolutionnaire". C’est à dire qu’il y a un problème que j’ai laissé de
coté puisque ça ferait appel à des images qui ne sont plus les
images-mouvements et qu’on rencontrera qu’à la fin de l’année ou
une autre année ou jamais, à savoir : le problème du sujet
d’énonciation dans le cinéma, mais le sujet d’énonciation n‘a rien à
voir avec le sujet "percevant". Mais on peut pas oublier, on peut pas
dire un mot sur VERTOV sans oublier que tout son cinéma est
commnoté par l’idée d’énonciation révolutionnaire fondamentale à
laquelle correspond ce nouvel œil- qui n’est en rien un œil humain
amélioré, qui est d’une autre nature.
Et vous voyez pourquoi il est d’une autre nature, c’est l’œil de la
perception totale. C’est l’œil de la perception totale, c’est à dire
c’est l’œil de la perception de l’universelle variation où les choses
mêmes, c’est à dire : où les images variant en elles- mêmes les
unes par rapport aux autres "sont" les vraies perceptions. Au lieu
que je saisisse une image, ce sont les images dans leur interaction
qui saisissent toutes les actions qu’elles reçoivent, toutes les
réactions qu’elles exécutent. Pour une fois c’est le système qu’on a
vu, avec le système total de l’interaction, de l’interaction
universelle.