42-Synth Keyens Neoclassique
42-Synth Keyens Neoclassique
42-Synth Keyens Neoclassique
L’école de la synthèse domina la pensée économique dans les décennies 1940, 1950 et
au début des sixties-. On y trouve notamment pas mal de nos parétiens du chapitre 4.2 :
John Hicks, Paul Samuelson, Abba Lerner. On y trouve également Robert Solow, qui
fut partie prenante à la controverse du capital comme Samuelson. Ainsi que Franco
Modigliani, James Tobin et de nombreux autres tant aux Etats-Unis qu’en Grande
Bretagne.
1
au sens keynésien du terme « classique ».
1
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Le modèle est centré sur l’analyse à court terme : le volume du capital est fixe. En
outre, le salaire nominal est considéré comme donné.
Voyons d’abord comment Hicks présente le modèle classique. Il le fait tenir dans les
trois équations de la première colonne du tableau (7.1). L’équation [a.1] n’est autre que
la théorie quantitative dans sa version cambridgienne. L’équation [a.2] indique que
l’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt. L’équation [a.3]
égalise l’investissement avec l’épargne et fait dépendre celle-ci du taux d’intérêt et du
revenu (de façon croissante).
La courbe IS découle des équations [b.2] et [b.3]. Comme l’investissement est fonction
décroissante de l’intérêt et l’épargne est fonction croissante du revenu, le maintien de
l’égalité entre I et S (qui est la condition d’équilibre du secteur réel de l’économie)
postule une relation inverse entre i et Y : la courbe IS est donc descendante.
2
Dans l’article, elle apparaît sous l’appellation « LL ». Elle sera rebaptisée par Hansen (1949).
2
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Hicks l’explique par la forme particulière de la courbe LM. Celle-ci découle de deux
facteurs :
- Il y a un minimum en dessous duquel le taux d’intérêt ne descendra pas, même si
on accroît indéfiniment M ; autrement dit, les courbes LM correspondant aux
différentes valeurs de M ont le même plancher. Ce phénomène est évoqué dans la
Théorie Générale. Devenu un concept essentiel, en partie grâce au présent article
de Hicks, il est appelé trappe des liquidités 3 . Hicks le considère comme “the most
important thing in Mr. Keynes’ book” 4 .
- Il y a un revenu maximum pouvant être « financé » par une valeur donnée de M.
La courbe LM est donc horizontale dans sa partie gauche et croissante ensuite, pour
devenir finalement verticale. La hausse de la MEC déplace la courbe IS vers la droite.
Si ce déplacement a lieu alors que les deux courbes se coupent dans la partie
horizontale de LM (passage de ISa à ISb), le schéma keynésien se vérifie pleinement :
il en résulte exclusivement une hausse du revenu. Par contre, à droite de cette zone, le
déplacement de IS (passage de IS1 à IS2) produira une hausse à la fois de Y et de i. Plus
on va vers la droite, plus la théorie classique se montre valide, d’où il ressort que le
modèle économique de Keynes convient particulièrement à une économie en
dépression 5 .
3
Keynes écrit à son sujet : « Peut-être ce cas limite prendra-t-il une importance pratique dans
l’avenir, mais nous n’en connaissons pas d’exemples dans le passé. A vrai dire, étant donné la
répugnance de la plupart des autorités monétaires à opérer hardiment sur les créances à long
terme, on n’a pas souvent l’occasion d’en faire l’expérience » ([186] p. 215). Les termes « trappe
des liquidités » apparaissent pour la première fois dans l’article « Mister Keynes and the Rate of
Interest » (1940) où Robertson critique la théorie keynésienne.
4
Hicks [152] p. 154.
5
Ce qui est une évidence, y compris pour Keynes lui-même.
3
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Hicks ressuscite ici le fameux diagramme classique du graphique 4.23, auquel Keynes s’opposa.
Si le revenu (non visible sur la figure 7.2) augmente de Y1 à Y2, l’épargne passera de
S1 à S2 et l’investissement de I1 à I2. Si ∆S > ∆I, le taux d’intérêt baissera ; dans le
cas contraire, il augmentera. Une courbe IS descendante postule donc que l’effet de ∆Y
sur S soit plus fort que son effet sur I (ce qui est assurément le cas aux yeux de
Keynes). Si les deux effets s’équivalent, la courbe IS sera une droite horizontale, dont
l’altitude correspondra au taux d’intérêt naturel de Wicksell.
Y a-t-il une place pour le sous-emploi dans le modèle IS-LM ? Le principal argument
est évidemment la trappe des liquidités, qui se caractérise par une demande de
monnaie parfaitement élastique par rapport au taux d’intérêt. Elle peut empêcher le
taux d’intérêt de descendre au niveau qui serait nécessaire pour atteindre le plein
emploi.
Telles semblent être les principales armes des néo-keynésiens pour défendre
l’existence d’un équilibre de sous-emploi contre leurs adversaires.
4
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Comme nous l’avons vu au chapitre 6.2, la stabilité nécessite que toute variation d’un
prix entraîne une substitution importante des offres et demandes sur les différents
marchés de façon à ramener celles du marché déséquilibré à leur niveau d’équilibre ; la
flexibilité des prix s’avère donc essentielle. Dans un équilibre temporaire, cette
flexibilité doit jouer entre les prix présents et les prix futurs. Mais les prix des biens
futurs sont forcément des prix anticipés. La façon dont sont formées les anticipations
détermine donc la stabilité de l’ensemble. Pour en rendre compte, Hicks introduit le
concept d’élasticité des anticipations 6 . Une élasticité nulle signifie que les prix
anticipés sont indépendants des prix actuels et que les variations actuelles sont donc
perçues comme temporaires. Si l’élasticité vaut un, il est prévu que la hausse actuelle
maintiendra exactement ses effets ; entre zéro et un, ces effets seraient atténués ; plus
grande que un, cette hausse est extrapolée.
Si l’élasticité des anticipations est nulle, une hausse des prix actuels aurait pour effet
de rendre les achats futurs relativement plus intéressants, ce qui entraînerait un report
des achats. Cet important effet de substitution temporel engendrera l’offre excédentaire
de biens présents nécessaire à la stabilité. Par contre, si l’élasticité égale l’unité, la
hausse est considérée comme permanente et aucune substitution dans le temps ne se
produira. A partir de l’unité, l’élasticité des anticipations rend l’équilibre temporaire
instable. La moindre perturbation peut faire déraper l’économie hors du chemin de
l’équilibre.
6
Il la définit ainsi : « l’élasticité des anticipations (d’un individu donné), concernant le prix d’un
bien X, est définie comme le rapport entre l’accroissement relatif des prix attendus de X et
l’accroissement relatif du prix actuel » ([154] p.192).
5
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Comme nous l’avons vu au chapitre 6.2, la stabilité nécessite que toute variation d’un
prix entraîne une substitution importante des offres et demandes sur les différents
marchés de façon à ramener celles du marché déséquilibré à leur niveau d’équilibre ; la
flexibilité des prix s’avère donc essentielle. Dans un équilibre temporaire, cette
flexibilité doit jouer entre les prix présents et les prix futurs. Mais les prix des biens
futurs sont forcément des prix anticipés. La façon dont sont formées les anticipations
détermine donc la stabilité de l’ensemble. Pour en rendre compte, Hicks introduit le
concept d’élasticité des anticipations 6 . Une élasticité nulle signifie que les prix
anticipés sont indépendants des prix actuels et que les variations actuelles sont donc
perçues comme temporaires. Si l’élasticité vaut un, il est prévu que la hausse actuelle
maintiendra exactement ses effets ; entre zéro et un, ces effets seraient atténués ; plus
grande que un, cette hausse est extrapolée.
Si l’élasticité des anticipations est nulle, une hausse des prix actuels aurait pour effet
de rendre les achats futurs relativement plus intéressants, ce qui entraînerait un report
des achats. Cet important effet de substitution temporel engendrera l’offre excédentaire
de biens présents nécessaire à la stabilité. Par contre, si l’élasticité égale l’unité, la
hausse est considérée comme permanente et aucune substitution dans le temps ne se
produira. A partir de l’unité, l’élasticité des anticipations rend l’équilibre temporaire
instable. La moindre perturbation peut faire déraper l’économie hors du chemin de
l’équilibre.
6
Il la définit ainsi : « l’élasticité des anticipations (d’un individu donné), concernant le prix d’un
bien X, est définie comme le rapport entre l’accroissement relatif des prix attendus de X et
l’accroissement relatif du prix actuel » ([154] p.192).
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Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
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Modigliani [259] p. 57
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Modigliani [259] pp. 68-69
7
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
C(Y) est souvent dessinée rectiligne par simplification. Vu la propension marginale à consommer
décroissante, il serait plus logique de la dessiner concave.
C est une fonction croissante de Y. Vu la constance de I°, les droites C et C+I sont
parallèles. La droite qui monte suivant un angle de 45° transpose en ordonnée la valeur
de Y en abscisse. L’intersection entre cette droite et celle de C+I détermine le revenu
d’équilibre 10 .
9
Ce diagramme habite littéralement l’article de 1948 mais il n’y est pas dessiné.
10
Nous avons placé le revenu de plein emploi YP à droite du revenu d’équilibre YE, puisque la
théorie keynésienne attribue une probabilité élevée à une telle situation.
8
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Voilà pour le scénario de base. Pour le rendre plus réaliste où l’adapter à certains cas
que l’on désire étudier, il peut s’avérer opportun d’introduire une consommation
autonome et un investissement induit. Si la fonction de consommation est du type
a+C(Y), la valeur a représente la consommation autonome, que peut expliquer par
exemple le minimum vital. Le graphique 7.3 comporte une consommation autonome.
A gauche du point c, le revenu est inférieur à la consommation : il y a désépargne ; à
droite de c, le revenu est supérieur à la consommation : il y a épargne 11 . L’effet
multiplicateur d’une variation de a sur le revenu est le même que celui d’une variation
de I°.
Y = C(y) + I° + G° (7.6)
dY dY 1
= = (7.7)
dG° dI° 1 − C - (y)
dY C′(y) dY
= = −1 (7.8)
d(−W°) 1 − C′(y) dG°
11
La désépargne durant la période t implique qu’il y eu épargne au cours d’une période
antérieure.
12
On pourrait considérer également que W est le solde des taxes moins les transferts.
9
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
L’équation (7.7) montre que l’effet bénéfique des dépenses gouvernementales sur le
revenu est le même que celui de l’investissement privé. Par contre, l’effet
multiplicateur d’une baisse des taxes est inférieur d’une unité aux multiplicateurs de
l’investissement et des dépenses gouvernementales. Alors qu’on peut calculer les
multiplicateurs de ∆G et de ∆W, il est impossible de déterminer le multiplicateur d’un
déficit ∆D = ∆G - ∆W sans savoir comment il se distribue entre ∆G et ∆W.
dY C′(y)
= (7.10)
d(−r) 51 − C (y)6. 51 − W - (Y)6
-
13
Ce théorème était déjà connu depuis le début de la décennie 1940 et avait déjà été traité par
nombre d’auteurs (notamment par Hansen et Haavelmo). Samuelson écrit : « The explanations
given for this paradoxical result are numerous » ([323] p. 25). Il en cite quatre, dont celle d’un
certain Mr Salant que voici: la chaîne du multiplicateur de ΔG est 1+C’+(C’)2+(C’)3+… ; la chaîne du
multiplicateur de ΔW est : -C’-(C’)2-(C’)3-… En effet, au premier stade, une réduction de taxe de
100 ne réduit pas la consommation de 100 mais de C’.100.
14
Samuelson [323] p. 24.
10
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Dans « The Interest-Elasticity of Transactions Demand for Cash » (1956), Tobin pose
la question: “Why not hold transaction balances in assets with higher yield than cash,
shifting into cash only at the time an outlay must be made” 15 . Explorant cette
possibilité, il estime “plausible that the share of cash in transaction balances will be
related inversely to the interest rate on other assets” 16 et il le démontre
mathématiquement. La procédure préconisée procure à l’individu l’avantage de
percevoir un intérêt mais lui impose le coût tant pécuniaire que non pécuniaire des
transferts entre le cash et les obligations. Une répartition optimale de l’encaisse de
transaction entre le cash et les actifs à rendement peut être trouvée en combinant au
mieux cet avantage et cet inconvénient. Sur base de certaines hypothèses comme la
prévisibilité de la dépense et son étalement parfaitement constant sur la période, Tobin
détermine la formule de l’encaisse moyenne et du volume moyen d’obligations
optimaux. Il s’avère que la part du cash diminue quand le taux d’intérêt augmente.
15
Tobin [360] p. 241.
16
Tobin [360] p. 242.
17
Baumol [26] p. 349
11
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
L’équation (7.7) montre que l’effet bénéfique des dépenses gouvernementales sur le
revenu est le même que celui de l’investissement privé. Par contre, l’effet
multiplicateur d’une baisse des taxes est inférieur d’une unité aux multiplicateurs de
l’investissement et des dépenses gouvernementales. Alors qu’on peut calculer les
multiplicateurs de ∆G et de ∆W, il est impossible de déterminer le multiplicateur d’un
déficit ∆D = ∆G - ∆W sans savoir comment il se distribue entre ∆G et ∆W.
dY C′(y)
= (7.10)
d(−r) 51 − C (y)6. 51 − W - (Y)6
-
13
Ce théorème était déjà connu depuis le début de la décennie 1940 et avait déjà été traité par
nombre d’auteurs (notamment par Hansen et Haavelmo). Samuelson écrit : « The explanations
given for this paradoxical result are numerous » ([323] p. 25). Il en cite quatre, dont celle d’un
certain Mr Salant que voici: la chaîne du multiplicateur de ΔG est 1+C’+(C’)2+(C’)3+… ; la chaîne du
multiplicateur de ΔW est : -C’-(C’)2-(C’)3-… En effet, au premier stade, une réduction de taxe de
100 ne réduit pas la consommation de 100 mais de C’.100.
14
Samuelson [323] p. 24.
10
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Il est généralement admis que les agents sont risk averters, que pour un return donné,
leur satisfaction diminue lorsqu’augmente le risque. Les courbes d’indifférence
doivent donc avoir une pente positive 19 . Qu’est-ce qui assure leur convexité ? Il faut
pour cela poser des hypothèses concernant la fonction d’utilité qui sous-tend les
courbes d’indifférence, notamment l’utilité marginale décroissante du return. Sous ces
conditions, « all risk averters are diversifiers: plungers do not exist »20 .
La droite de prix, croissante, donne le « prix » du risque en abscisse. Son équation est
donnée par la relation fonctionnelle qu’on peut établir entre µR et σR. De (7.12) et
(7.13), on déduit :
μR = (r/σg). σR. (7.14)
La pente de la droite de prix est donc r/σg. L’optimum correspond au point de tangence
avec une courbe d’indifférence. De cette combinaison optimale du rendement et du
risque du portefeuille, il est facile de déduire les parts de la monnaie et des
consolidées, à partir de (7.13) et (7.14), comme le montre la partie inférieure du
graphique 7.4.
19
Par sa forme, cette courbe d’indifférence diffère de celles que nous avons rencontrées
jusqu’ici. L’un des éléments du choix, le risque, a une connotation négative ; il doit être
compensé, non par un sacrifice de l’élément positif (le rendement) mais par un supplément.
20
Tobin [361] p. 76
13
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Une réduction du risque perçu (subjectivement) par l’agent fera augmenter la pente de
la droite de µ et de la droite de A2, puisque toutes deux comportent σg au dénominateur
de leur équation. Il en résultera tout logiquement l’augmentation de A2.
LE COEFFICIENT « q »
Ce n’est pas le moindre mérite de Keynes que d’avoir été le premier à mettre en avant
les décisions des agents quant à l’agencement de leur patrimoine et d’avoir intégré la
monnaie dans ce processus. Mais étonnamment, la décision se ramène à un choix entre
deux actifs : la monnaie qui ne porte pas intérêt et les obligations qui portent intérêt.
Certes, Keynes a consacré plusieurs pages de réflexion à la bourse et au marché des
actions, démontrant ainsi l’importance qu’il leur attachait. Toutefois, à l’instant décisif,
lorsqu’il s’agit de déterminer le volume des investissements, le marché des actions est
incroyablement absent.
Dans des articles parus en 1968 et 1969, Tobin reconstruit la relation entre le secteur
réel (les investissements productifs) et le système financier et monétaire en accordant
la place centrale aux actions. L’optique de Tobin est franchement innovante. Il
considère les différents acteurs : l’autorité publique et monétaire, les banques privées,
le public et les entreprises ; il envisage l’actif et le passif du patrimoine de chaque
catégorie d’acteurs, ainsi que le type de rationalité qui la guide. Les diverses catégories
d’actifs sont offertes et demandées : le capital réel de l’entreprise, les dépôts dans les
banques et l’encours de leurs prêts, les réserves libres ou obligatoires à la banque
centrale, la dette publique du gouvernement… Chaque actif a son marché où se
détermine son prix d’équilibre. Pour tenir compte de cette globalité interdépendante,
Tobin recourt à la méthode walrassienne de l’équilibre général. Le principe est bien sûr
d’égaliser le nombre des équations avec le nombre des inconnues. Sur chaque marché,
l’offre et la demande sont fonction, non seulement du taux d’intérêt considéré mais
également de ceux des actifs concurrents 21 .
21
La demande des différents actifs est également fonction du revenu (plus précisément le
rapport entre le revenu et le patrimoine), car de ce facteur dépend le besoin en encaisse de
transaction qui influence toutes les autres demandes.
22
Tobin a présenté cette théorie dans plusieurs articles avec des variantes quant aux équations,
aux variables prises en compte, à leur caractère endogène ou exogène.
14
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
Si q >1, alors V >K. Cela signifie que racheter une entreprise existante revient plus
cher que de réaliser un investissement direct correspondant. Une telle situation favorise
donc les nouveaux investissements directs, ceux qui accroissent K et donc l’emploi.
De cette équation, on peut en déduire une autre, relative aux rendements. Considérons
les deux taux R et rK : R est l’efficacité marginale du capital ; par définition, elle
égalise les revenus futurs actualisés de l’entreprise avec le coût de remplacement de
ses actifs sur le marché des biens. Pour sa part, le taux rK égalise les revenus futurs de
l’entreprise avec la valeur boursière. Il en résulte donc l’équation :
q = R/rK ou q.rK = R (7.16)
Le coefficient q est une des inconnues du système d’équations. Sa valeur d’équilibre
est évidemment un , puisque si q > 1, les investissements seront encouragés, ce qui
réduira R jusqu’à ce que l’égalité avec le coût du capital soit atteinte ; q sera alors
ramené à sa valeur d’équilibre. Les investissements dont il est question ici ne sont pas
liés à la croissance économique ; on est dans un modèle stationnaire. Ils sont générés
par un déséquilibre et l’incitation à investir disparaît avec le déséquilibre qui l’a
causée. Ce qui est intéressant, c’est qu’un tel déséquilibre peut être produit
artificiellement, par la politique monétaire.
Dans la liste des variables, Tobin n’oublie jamais de citer le taux d’intérêt de la
monnaie pure. Certes, il vaut normalement zéro, que ce soit pour raison légale ou par
convention sociale. Ceci ne signifie pas son inexistence mais son exogénéité ! Cette
caractéristique du modèle tombe à point nommé. Suivant le principe walrassien, les
équations relatives à n marchés d’actifs interdépendants ne peuvent déterminer que (n-
1) taux. Tous les autres taux que celui de la monnaie sont donc susceptibles d’être
considérés comme endogènes (seulement SUSCEPTIBLES, car l’économiste reste libre de
choisir ses variables endogènes).
Quelle caractéristique particulière de la monnaie, absente chez les autres actifs, lui
confère une influence dans la politique d’expansion ? « It is not because asset n° 1 has
been called “money” and asset n° 2 “securities”. It is not because asset n°1 is a means
of payment or has any other intrinsic properties asset n° 2 lacks. It is not that asset n° 1
bears no interest-it may or may not (…) The essential characteristic- the only
distinction of money from securities that matters for the results given above- is that the
interest rate on money is exogenously fixed by law or convention, while the rate of
23
Brainard & Tobin [40] p 104.
15
Paul Jael Ombres et lumières de l'économie politique Extrait
24
Tobin [362] pp. 25-26
16