Algebrecapes
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Jean-Étienne ROMBALDI
26 avril 2018
ii
Table des matières
Avant-propos ix
Notation xi
I Notions de base 1
1 Éléments de logique et de théorie des ensembles 3
1.1 Quelques notions de logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Les connecteurs logiques de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Quelques méthodes de raisonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Notions de base
∑sur les
∏ ensembles. Quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5 Les symboles et . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.6 Les théorèmes de récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.7 L’algèbre des parties d’un ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.8 Applications. Notions d’injectivité, surjectivité et bijectivité . . . . . . . . . . . 29
2 Analyse combinatoire 39
2.1 Cardinal d’un ensemble fini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.2 Ensembles infinis dénombrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.3 Arrangements et permutations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.4 Combinaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.5 Problèmes de tirage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.6 Nombres de surjections entre ensembles finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.7 Le problème des rencontres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
iii
iv
18 Coniques 311
18.1 Définition par directrice, foyer et excentricité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312
18.2 Équation réduite d’une conique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314
18.2.1 Les paraboles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
18.2.2 Les coniques à centres, ellipses et hyperboles . . . . . . . . . . . . . . . . 323
18.2.3 Construction des tangentes à une conique . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
18.3 Définition bifocale des coniques à centre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334
18.4 Lieu orthoptique d’une conique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
18.4.1 Lieu orthoptique d’une ellipse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
18.4.2 Lieu orthoptique d’une hyperbole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
18.4.3 Lieu orthoptique d’une parabole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341
18.5 Cocyclicité de 4 points sur une conique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
18.5.1 Cocyclicité de 4 points sur une parabole . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
18.5.2 Cocyclicité de 4 points sur une ellipse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
18.6 Équations des coniques dans un repère quelconque . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
ix
Notations
xi
Première partie
Notions de base
1
1
Pour les exemples et exercices traités dans ce chapitre les ensembles usuels de nombres
entiers, rationnels réels et complexes sont supposés connus, au moins de manière intuitive
comme cela se passe au Lycée. Nous reviendrons plus loin sur les constructions de ces ensembles.
Remarque 1.1 Il ne faut pas croire que dans une théorie donnée toute assertion P soit obli-
gatoirement démontrable. En 1931 Kurt Gödel à démontré qu’il y a des assertions non démon-
trables (on dit aussi qu’elles sont indécidables) : il n’est pas possible de démontrer que P est
vraie ni que P est fausse.
À la base de toute théorie mathématique, on dispose d’un petit nombre d’assertions qui
sont supposés vraies à priori (c’est-à-dire avant toute expérience) et que l’on nomme axiomes
ou postulats. Ces axiomes sont élaborés par abstraction à partir de l’intuition et ne sont pas
déduits d’autres relations.
Par exemple, la géométrie euclidienne est basée sur une quinzaine d’axiomes. L’un de ces
axiomes est le postulat numéro 15 qui affirme que par un point donné passe une et une seule
droite parallèle à une droite donnée.
3
4 Éléments de logique et de théorie des ensembles
Une autre exemple important est donné par la construction de l’ensemble noté N des entiers
naturels. Cette construction peut se faire en utilisant les axiomes de Peano suivants :
— 0 est un entier naturel ;
— tout entier naturel n a un unique successeur noté n + 1 ;
— deux entiers naturels ayant même successeur sont égaux ;
— une partie P de N qui contient 0 et telle que si n est dans P alors le successeur de n y
est aussi, est égale à N (axiome de récurrence).
Nous reviendrons au paragraphe 1.6 sur l’ensemble N en partant sur une autre base.
La théorie des ensemble est basée sur le système d’axiomes de Zermelo-Fränkel.
La notion de définition nous permet de décrire un objet ou une situation précise à l’aide du
langage courant.
Les énoncés qui se démontrent sont classés en fonction de leur importance dans une théorie
comme suit :
— un théorème est une assertion vraie déduite d’autres assertions, il s’agit en général d’un
résultat important à retenir ;
— un lemme est un résultat préliminaire utilisé pour démontrer un théorème ;
— un corollaire est une conséquence importante d’un théorème ;
— une proposition est de manière générale un résultat auquel on peut attribuer la valeur
vraie ou fausse sans ambiguïté.
Pour rédiger un énoncé mathématique, on utilise le langage courant et les objets manipulés
sont représentés en général par des lettres de l’alphabet latin ou grec. Usuellement, on utilise :
— les lettres minuscules a, b, c, ... pour des objets fixés ;
— les lettres minuscules x, y, z, t, ... pour des objets inconnus à déterminer ;
— les lettres majuscules E, F, G, H, ... pour des ensembles ;
— des lettres de l’alphabet grecques minuscules ou majuscules α, β, ε, δ, ... Λ, Γ, Ω, ...
— L’implication, notée P → Q, est l’assertion qui est fausse uniquement si P est vraie et
Q fausse (donc vraie dans les trois autres cas).
On peut remarquer que si P est fausse, alors P → Q est vraie indépendamment de la
valeur de vérité de Q.
L’implication est à la base du raisonnement mathématique. En partant d’une assertion
P (ou de plusieurs), une démonstration aboutit à un résultat Q. Si cette démonstration
est faite sans erreur, alors P → Q est vraie et on notera P ⇒ Q (ce qui signifie que si P
est vraie, alors Q est vraie). Dans ce cas, on dit que P est une condition suffisante et Q
une condition nécessaire.
On peut remarquer que l’implication est transitive, c’est-à-dire que si P implique Q et
Q implique R, alors P implique R.
— L’équivalence de P et Q, notée P ↔ Q, est l’assertion qui est vraie uniquement si P → Q
et Q → P sont toutes deux vraies. Dans le cas où P ↔ Q est vraie on dit que P est Q
sont équivalentes et on note P ⇔ Q (ce qui signifie que P et Q sont, soit toutes deux
vraies, soit toutes deux fausses). Dans ce cas, on dit que Q est une condition nécessaire
et suffisante de P.
On peut résumer ce qui précède, en utilisant la table de vérité suivante :
P Q P P ∧Q P ∨Q P →Q P ↔Q
V V F V V V V
V F F F V F F
F V V F V V F
F F V F F V V
Les tables de vérité peuvent être utilisées pour faire certaines démonstrations. On rappelle
que deux assertions qui ont même table de vérité sont équivalentes.
Avec le théorème qui suit, on résume quelques règles de calcul.
Théorème 1.1 Soient P, Q, R des propositions. On a les équivalences :
1. commutativité :
(P ∧ Q) ⇔ (Q ∧ P )
(P ∨ Q) ⇔ (Q ∨ P )
2. associativité
(P ∧ (Q ∧ R)) ⇔ ((P ∧ Q) ∧ R)
(P ∨ (Q ∨ R)) ⇔ ((P ∨ Q) ∨ R)
3. distributivité :
(P ∧ (Q ∨ R)) ⇔ ((P ∧ Q) ∨ (P ∧ R))
(P ∨ (Q ∧ R)) ⇔ ((P ∨ Q) ∧ (P ∨ R))
4. négations : ( )
P ⇔ (P )
( ) ( )
P ∧Q ⇔ P ∨Q
( ) ( )
P ∨Q ⇔ P ∧Q
( )
(P → Q) ⇔ Q → P
( )
(P → Q) ⇔ P ∨ Q
( ) ( )
P →Q ⇔ P ∧Q
6 Éléments de logique et de théorie des ensembles
Démonstration.( On utilise
) (les tables
) de( vérité )(exercices).
( )
Les équivalences P ∧ Q ⇔ P ∨ Q et P ∨ Q ⇔ P ∧ Q sont appelées lois de Morgan.
P Q P P ∨Q P →Q
V V F V V
V F F F F
F V V V V
F F V V V
P Q P ∧Q P →Q
V V F F
V F V V
F V F F
F F F F
Donc R a la même table de vérité que P → Q, ce qui signifie que R est équivalent à P → Q.
Solution 1.5 On a :
P ∧Q=P ∨Q
ce qui peut se traduire par la négation de « je n’écris pas et je pense » est « j’écris ou je ne
pense pas » ;
P ∨Q=P ∧Q
( ) ( ) ( )
P ∨ (Q ∧ R) = P ∧ Q ∧ R = P ∧ Q ∨ R = P ∧ Q ∨ P ∧ R
et ainsi de suite.
Solution 1.8
1. (a < b) → (a = b) est équivalent à (a ≥ b) ∨ (a = b) encore équivalent à a ≥ b.
2. La négation de (a ≤ b) → (a > b) est (a ≤ b) ∧ (a ≤ b) , soit (a ≤ b) .
Exercice 1.9 On dispose de 6 pièces de 1 euro dont une seule est fausse et plus lourde que les
autres. Montrer qu’on peut la détecter en utilisant une balance de type Roberval en effectuant
au plus deux pesées. Même question avec 8 pièces.
8 Éléments de logique et de théorie des ensembles
Solution 1.9 On numérote de 1 à 6 les pièces. On place les pièces 1, 2, 3 sur le plateau P1 de la
balance et les pièces 4, 5, 6 sur le plateau P2 . L’un des deux plateaux, disons P1 est plus chargé,
il contient donc la fausse pièce. On isole la pièce 3 et on place la pièce 1 sur le plateau P1 et
la pièce 2 sur P2 . Si les plateaux sont équilibrés c’est 3 qui est fausse, sinon le plateau le plus
chargé contient la fausse pièce.
Pour 8 pièces, on isole les pièces 7 et 8 et on place les pièces 1, 2, 3 sur le plateau P1 et les pièces
4, 5, 6 sur le plateau P2 . Si les plateaux sont équilibrés, on compare 7 et 8 avec la balance et on
détermine la fausse pièce, sinon l’un des deux plateaux, disons P1 est plus chargé, il contient
donc la fausse pièce et le procédé utilisé pour les 6 pièces nous permet de trouver la fausse pièce.
Exercice 1.10 Des cannibales proposent à un touriste de décider lui même de son sort en
faisant une déclaration : si celle-ci est vraie, il sera rôti, sinon il sera bouilli. Quelle déclaration
peut faire ce touriste (malin) pour imposer une troisième solution ?
Exercice 1.11 Les habitants d’un village sont partagés en deux clans : ceux du clan A disent
toujours la vérité et ceux du clan B mentent toujours. Un touriste passant par ce village ren-
contre trois habitants et souhaite savoir à quel clan appartient chacun d’eux. Il n’entend pas la
réponse du premier, le deuxième répète ce qu’il a entendu, selon lui, du premier et le troisième
lui indique le clan du premier et du second. Le touriste a la réponse à sa question. Pouvez-vous
faire de même.
On dit qu’une théorie est non contradictoire si P ∧ P est faux pour toute proposition P.
Exercice 1.12 Montrer que si dans une théorie une propriété P est contradictoire, c’est-à-dire
si P ∧ P est vraie, alors Q ∧ Q est vraie pour toute propriété Q.
Solution 1.12 Nous allons montrer que s’il existe un énoncé contradictoire P, alors tout
énoncé Q est vrai, donc Q aussi et Q ∧ Q est vraie.
On vérifie tout d’abord que R = P → (P → Q) est une tautologie avec la table de vérité :
P Q P P →Q P → (P → Q)
V V F V V
V F F F V
F V V V V
F F V V V
Comme R et P sont vraies, P → Q est vraie et Q est vraie puisque P est vraie.
— Une assertion peut toujours être remplacée par n’importe quelle assertion qui lui est
équivalente.
— On peut effectuer une démonstration directe, c’est à dire de déduire logiquement C de
H.
— L’implication étant transitive, on peut essayer de montrer que C =⇒ C ′ sachant par
ailleurs que C ′ =⇒ H.
— Dans le cas où une démonstration directe semble difficile, on peut essayer une démons-
tration par l’absurde qui consiste à étudier l’assertion H ∧ C équivalente à H −→ C et
on montre qu’on aboutit à une impossibilité si cette dernière assertion est vraie (prati-
quement, on suppose que la conclusion est fausse avec les hypothèses et on aboutit à une
absurdité). Il en résulte alors que H −→ C est fausse, c’est à dire que H −→ C est vraie,
soit H =⇒ C.
— On peut aussi essayer de montrer la contraposée C ⇒ H puisque les implications H → C
et C → H sont équivalentes.
— La démonstration par contre-exemple permet de montrer qu’une implication H → C,
où H est C sont des propriétés portant sur des variables x, est fausse. Pour ce faire on
cherche une ou des valeurs de x pour lesquels H (x) est vraie et C (x) est fausse.
— La démonstration par récurrence permet de montrer qu’une propriété portant sur des
entiers naturels est toujours vraie. Cette méthode de démonstration est décrite au para-
graphe 1.6, où elle apparaît comme un théorème basé sur le fait que l’ensemble des entiers
naturels est bien ordonné. Si on accepte l’axiome de Péano, le principe de récurrence en
est une conséquence immédiate.
√
Exercice 1.13 En raisonnant par l’absurde, montrer que 2 est irrationnel.
√ p
Solution 1.13 Supposons que 2 = avec p, q entiers naturels non nuls premiers entre eux.
q
On a alors p2 = 2q 2 qui entraîne que p est pair, soit p = 2p′ et q 2 = 2p′2 entraîne q pair, ce qui
contredit p et q premiers entre eux.
ln (2)
Exercice 1.14 En raisonnant par l’absurde, montrer que est irrationnel.
ln (3)
ln (2) p
Solution 1.14 Supposons que = avec p, q entiers naturels non nuls premiers entre
ln (3) q
eux. On a alors ln (2q ) = ln (3p ) et 2p = 3q , ce qui est impossible puisque 2p est un entier pair
et 3q est un entier impair.
Exercice 1.15 Soit n un entier naturel non carré, c’est-à-dire ne s’écrivant pas sous la forme
p2 avec p entier. En raisonnant par l’absurde et en utilisant le théorème de Bézout, montrer
n =√
que n est irrationnel.
Exercice 1.16 Sachant que tout entier supérieur ou égal à 2 admet un diviseur premier, mon-
trer que l’ensemble P des nombres premiers est infini.
Solution 1.16 On sait déjà que P est non vide (il contient 2). Supposons que P soit fini avec :
P = {p1 , · · · , pr } .
√ √ √ √
Solution 1.17 En posant a = 45 + 29 2 et b = 45 − 29 2, on a :
3 3
{ 3 3
a + b√ = 90 √
ab = 452 − 2 · 292 = 3 343 = 7
3
ce qui donne :
( )
90 = (a + b) a2 − ab + b2
( ) ( )
= (a + b) (a + b)2 − 3ab = x x2 − 21
Cette notion d’ensemble défini en compréhension peut conduire à des paradoxes liés au
problème de « l’ensemble de tous les ensembles », mais à un premier niveau, on se contente de
ce point de vue intuitif. Une étude approfondie de la théorie des ensembles peut mener assez
loin. Le lecteur intéressé peut consulter le volume de Bourbaki sur les ensembles, ou tout autre
ouvrage spécialisé.
On peut aussi décrire un ensemble en donnant la liste finie ou infinie de tous ces éléments,
quand cela est possible, ce qui se note :
E = {x1 , x2 , · · · , xn }
E = {x1 , x2 , · · · , xn , · · · }
s’il s’agit d’un ensemble infini pour lequel on peut numéroter les éléments (un tel ensemble est
dit dénombrable). On dit alors que l’ensemble E est défini en extension.
Un singleton est un ensemble qui ne contient qu’un élément, soit E = {a} .
Si n, m sont deux entiers relatifs, l’ensemble des entiers relatifs compris entre n et m sera
noté {n, · · · , m} . Dans le cas où m < n, il ne peut y avoir d’entiers entre n et m et cet ensemble
est tout simplement l’ensemble vide. Dans le cas où n = m, cet ensemble est le singleton {n} .
Pour n < m, on notera aussi {n, n + 1, · · · , m} cet ensemble.
Nous nous contentons dans un premier temps de définitions intuitives de ces notions d’en-
semble fini ou dénombrable (voir les paragraphes 2.1 et 2.2 pour des définitions plus rigoureuses).
Si E est un ensemble, on notera a ∈ E pour signifier que a est un élément de E, ce qui se
lit « a appartient à E ». La négation de cette assertion est « a n’appartient pas à E » et se
notera a ∈ / E.
Pour signifier qu’un ensemble F est contenu dans un ensemble E, ce qui signifie que tout
élément de F est dans E, nous noterons F ⊂ E qui se lit « F est contenu dans E ». On peut
écrire de manière équivalent que E ⊃ F pour dire que E contient F. La négation de cette
assertion est notée F ̸⊂ E.
Deux ensembles E et F sont égaux si, et seulement si, ils ont les mêmes éléments, ce qui se
traduit par E ⊂ F et F ⊂ E.
On admet que si E est un ensemble, il existe un ensemble dont tous les éléments sont formés
de tous les sous-ensembles (ou parties) de E. On note P (E) cet ensemble et on dit que c’est
l’ensemble des parties de E. Ainsi F ⊂ E est équivalent à F ∈ P (E) . L’ensemble vide et E
sont des éléments de P (E) .
Par exemple pour E = {1, 2, 3} , on a :
P (E) = {∅, {1} , {2} , {3} , {1, 2} , {1, 3} , {2, 3} , {1, 2, 3}}
Pour décrire des ensembles, ou faire des raisonnements, nous utiliseront les deux quantifica-
teurs suivants.
— Le quantificateur universel « quel que soit » ou « pour tout » noté ∀ utilisé pour signifier
que tout élément x d’un ensemble E vérifie une propriété P (x) , la syntaxe étant :
Pour signifier qu’il existe un et un seul x dans E vérifiant la propriété P (x) , on utilisera
la syntaxe :
(∃!x ∈ E) | (P (x)) .
La négation de l’assertion 1.1 est :
( )
(∃x ∈ E) | P (x)
en utilisant le symbole | qui se lit « tel que » utilisé pour traduire le fait que x est tel que la
propriété P (x) est vérifiée et la négation de 1.2 est :
( )
(∀x ∈ E) P (x) .
Nous verrons qu’il n’est pas toujours facile de traduire la négation d’une assertion en utilisant
les quantificateurs.
Par exemple pour traduire le fait qu’une suite (un )n∈N de nombres réels est convergente vers
un réel ℓ nous écrirons :
(∃ℓ ∈ R) | (∀ε > 0, ∃n0 ∈ N | ∀n ≥ n0 , |un − ℓ| < ε)
ce qui signifie qu’il existe un réel ℓ tel que quel que soit la précision ε > 0 que l’on choisisse
l’écart entre un et ℓ (soit |un − ℓ|) est inférieur à ε à partir d’un certain rang n0 .
La négation de cette assertion s’écrit :
(∀ℓ ∈ R) , (∃ε > 0, ∀n0 ∈ N, ∃n ≥ n0 | |un − ℓ| ≥ ε)
La manipulation d’un produit de réels strictement positifs se ramène à une somme en utilisant
la fonction logarithme : ( n )
∏ ∑n
ln xk = ln (xk )
k=1 k=1
∑
n ∑
n ∑
n
xk + yk = (xk + yk )
k=1 k=1 k=1
∑
n ∑
n
λ xk = λxk
k=1 k=1
( )( ) ( n )( )
∑
n ∑
m ∑ ∑
m ∑
xk yk = xj yk = xj yk .
k=1 k=1 j=1 k=1 1≤j≤n
1≤k≤m
∑
n+1 ∑
n
Sn = (j − 1) ln (j) − k ln (k)
j=2 k=1
∑
n+1 ∑
n+1 ∑
n
= j ln (j) − ln (j) − k ln (k)
j=2 j=2 k=1
∑
n+1 ∑
n+1 ∑
n
= k ln (k) − ln (k) − k ln (k)
k=2 k=2 k=1
∑n+1
= (n + 1) ln (n + 1) − ln (k)
k=2
(on a utilisé le fait que l’indice est muet dans une somme).
On a donc en définitive :
( n+1 )
∑
n+1
Sn = ln (Pn ) = ln (n + 1) − ln (k)
( n ) k=2
( ) ∏ ( )
= ln (n + 1)n+1 − ln k = ln (n + 1)n+1 − ln (n!)
k=2
( )
(n + 1)n+1
= ln
n!
(n + 1)n
et Pn = .
n!
Une autre solution consiste à effectuer directement un changement d’indice dans le produit.
Soit :
∏
n
n (
∏ )k (k + 1)k
k+1 k=1
P = = ∏
n
k
k=1 kk
k=1
∏
n+1 ∏
n+1
j j−1 k k−1
j=2 k=2 2 · 32 · 43 · · · · · nn−1 · (n + 1)n
= ∏
n = ∏n =
kk kk 22 · 33 · 44 · · · · · (n − 1)n−1 · nn
k=1 k=1
(n + 1)n (n + 1)n
= = .
2 · 3 · 4 · · · · · (n − 1) · n n!
N = {0, 1, 2, · · · , n, · · · } .
Exercice 1.20 Soit n un entier naturel non carré (i. e. il n’existe√pas d’entier p tel que n = p2 ).
On se propose, comme dans l’exercice précédent, de montrer que n est irrationnel en utilisant
seulement le fait que N est bien ordonné.
Pour ce faire on raisonne par l’absurde en supposant qu’il existe deux entiers strictement positifs
√ a
a et b tels que n = .
b
On introduit l’ensemble :
{ }
√ p
A = q ∈ N − {0} | ∃p ∈ N | n = .
q
16 Éléments de logique et de théorie des ensembles
p1 √
1. Montrer que A a un plus petit élément q1 . On a donc avec p1 ∈ N.
n=
q1
√ √ nq1 − m1 p1
2. Montrer qu’il existe un entier m1 ∈ [1, n[ tel que n = et conclure.
p1 − m1 q1
Solution 1.20
√
1. Si on suppose n rationnel alors l’ensemble A est non vide dans N et en conséquence
il admet un plus petit élément q1 . Comme q1 ∈ A, il existe un entier p1 ≥ 1 tel que
√ p1
n= .
q1
2. L’ensemble : { }
B = m ∈ N∗ | m2 < n
étant non vide dans N∗ (1 est dans B car n non carré
√ dans N entraîne n ≥ 2) et majoré
par n admet un plus grand élément m1 ∈ N ∩ [1, n[ et on a :
√ n − m21 (n − m21 ) q1
n + m1 = √ =
n − m1 p1 − m1 q1
et :
√ (n − m21 ) q1 nq1 − m1 p1 p2
n= − m1 = =
p1 − m1 q1 p1 − m1 q1 q2
où on a posé : {
p2 = nq1 − m1 p1 ,
q2 = p1 − m1 q1 .
√ p1
En tenant compte de n= , on a :
q1
( )
q1 (√ )
p2 = p1 n − m1 = p1 n − m1 > 0,
p1
√ p2
soit p2 ≥ 1 et q2 ≥ 1 puisque n= > 0. Ensuite de :
q2
√ p1
n= < m1 + 1,
q1
on déduit que :
q2 = p1 − m 1 q1 < q 1 .
On a donc q2 ∈ A et q2 < q1 , ce qui contredit
√ le fait que q1 est le plus petit élément de A.
On peut donc conclure à l’irrationalité de n.
De l’axiome du bon ordre, on déduit les deux théorèmes fondamentaux qui suivent. Le
premier résultat est souvent appelé théorème de récurrence faible et le second théorème de
récurrence forte.
Théorème 1.2 Soient n0 ∈ N et P (n) une propriété portant sur les entiers n ≥ n0 . La
propriété P (n) est vraie pour tout entier n ≥ n0 si et seulement si :
Les théorèmes de récurrence 17
n (n + 1) n2 + 3n + 2 (n + 1) (n + 2)
Un+1 = +n+1= =
2 2 2
n (n + 1) (2n + 1) (n + 1) (2n2 + 7n + 6)
Vn+1 = + (n + 1)2 =
6 6
(n + 1) (n + 2) (2n + 3)
=
6
( )2
n (n + 1) (n + 1)2 (n2 + 4n + 4)
3
Wn+1 = + (n + 1) =
2 4
( )2
(n + 1) (n + 2)
=
2
On a aussi :
Un = 1 + 2 + · · · + (n − 1) + n
= n + (n − 1) + · · · + 2 + 1
2Un = n (n + 1) .
(k + 1)2 = k 2 + 2k + 1
∑
n+1 ∑
n ∑
n ∑
n ∑
n
Vn+1 = k2 = (j + 1)2 = j2 + 2 j+ 1
k=1 j=0 j=0 j=0 j=0
soit :
Vn+1 = Vn + 2Un + n + 1
et :
2Un = Vn+1 − Vn − (n + 1) = (n + 1)2 − (n + 1) = n (n + 1)
n (n + 1)
ce qui donne bien Un = .
2
De même, le calcul de Vn peut aussi se faire en passant par Wn+1 et en utilisant l’identité :
(k + 1)3 = k 3 + 3k 2 + 3k + 1
∑
n+1 ∑
n
3
∑
n ∑
n ∑
n ∑
n
3 3 2
Wn+1 = k = (j + 1) = j +3 j +3 j+ 1
k=1 j=0 j=0 j=0 j=0 j=0
Les théorèmes de récurrence 19
soit :
Wn+1 = Wn + 3Vn + 3Un + n + 1
et :
n (n + 1)
3Vn = Wn+1 − Wn − 3Un − (n + 1) = (n + 1)3 − 3 − (n + 1)
2
n (n + 1) (2n + 1)
=
2
n (n + 1) (2n + 1)
ce qui donne bien Vn = .
6
Ce procédé peut en fait se généraliser.
In = 1 + 3 + 5 + · · · (2n − 1) + (2n + 1) .
Solution 1.24 On a :
∑
n ∑
n ∑
n
In = (2k + 1) = 2 k+ 1 = n (n + 1) + (n + 1)
k=0 k=0 k=0
= (n + 1)2 .
∑
n
Exercice 1.25 On appelle nombres triangulaires les sommes Un = k et nombres pyrami-
k=1
∑
n
daux les sommes Pn = Uk . Montrer que :
k=1
n (n + 1) (n + 2)
Pn = .
6
Solution 1.25 Pour n = 1 on a P1 = U1 = 1 et le résultat est acquis est vrai pour n = 1. En
le supposant acquis pour n ≥ 1, on a :
n (n + 1) (n + 2) (n + 1) (n + 2)
Pn+1 = +
6 2
(n + 1) (n + 2) ( n ) (n + 1) (n + 2) (n + 3)
= +1 = .
2 3 6
Exercice 1.26 Montrer par récurrence, que pour tout entier naturel n et tout nombre complexe
λ différent de 1, on a :
∑ n
λn+1 − 1
λk = .
k=0
λ−1
∑
n+1
λn+1 − 1 λn+2 − 1
λk = + λn+1 = .
k=0
λ−1 λ−1
Exercice 1.27 Montrer que pour tout entier naturel n et tous nombres complexes a et b on a :
∑
n
bn+1 − an+1 = (b − a) ak bn−k .
k=0
∑
n+1
= (b − a) ak bn+1−k .
k=0
Le théorème de récurrence nous permet de définir la fonction factorielle sur l’ensemble des
entiers naturels de la façon suivante :
{
0! = 1
∀n ∈ N, (n + 1)! = (n + 1) n!
De manière plus générale, c’est le théorème de récurrence qui nous assure de l’existence et
de l’unicité d’une suite (réelle ou complexe) définie par :
{
u0 est un scalaire donné,
∀n ∈ N, un+1 = f (un )
où f est une fonction définie sur un ensemble I et à valeurs dans le même ensemble I. Une telle
suite est dite définie par une relation de récurrence (d’ordre 1).
) en donnant les premières valeurs u0 , u1 , · · · , up et une
Une telle suite (peut aussi se définir
relation un+1 = f un , · · · , un−(p−1) pour n ≥ p − 1. Une telle suite est dite définie par une
relation de récurrence d’ordre p.
Exercice 1.28 Montrer que pour tout entier naturel n et tous nombres complexes a et b on a :
n
∑
n
(a + b) = Cnk an−k bk
k=0
n!
où Cnk = pour k compris entre 0 et n avec la convention 0! = 1 (formule du binôme
k! (n − k)!
de Newton).
Les théorèmes de récurrence 21
n+1
∑
n−1
k
(a + b) = Cn+1 an+1−k bk .
k=0
Exercice 1.29 Montrer par récurrence, que pour tout entier naturel non nul n et tout nombre
complexe λ différent de 1, on a :
∑
n
λn+1 1 − λn
kλk = n +λ .
k=1
λ−1 (λ − 1)2
√ (π )
x1 = 2 = 2 cos .
4
Supposant le résultat acquis au rang n ≥ 1, on a :
( π )
x2n+1 = 2 + xn = 2 + 2 cos
2n+1
et utilisant la formule cos (2θ) = 2 cos2 (θ) − 1, il vient :
( π ) ( π ) ( π )
cos n+1 = cos 2 n+2 = 2 cos 2
−1
2 2 2n+2
on a : ( π )
x2n+1 = 4 cos2 n+2 .
2
( π )
Comme xn+1 est positif, on en déduit que xn+1 = 2 cos n+2 .
2
∏
n
Exercice 1.31 Soit x1 , x2 , · · · , xn des réels dans [0, 1] . Montrer par récurrence que (1 − xk ) ≥
k=1
∑
n
1− xk .
k=1
Pour n = 1, on a u1 = v1 .
Supposant le résultat acquis au rang n ≥ 1 et tenant compte de 1 − xn+1 ≥ 0, on a :
( )
∑n
un+1 = un (1 − xn+1 ) ≥ 1 − xk (1 − xn+1 )
k=1
∑
n ∑
n ∑
n+1
≥1− xk − xn+1 + xn+1 xk ≥ 1 − xk = vn+1 .
k=1 k=1 k=1
Les théorèmes de récurrence peuvent aussi être utilisés pour montrer les résultats fondamen-
taux d’arithmétique suivants.
Les théorèmes de récurrence 23
Exercice 1.32 Soit a, b deux entiers naturels avec b non nul. Montrer qu’il existe un unique
couple d’entiers (q, r) tel que : {
a = bq + r,
0 ≤ r ≤ b − 1.
Solution 1.32 On montre tout d’abord l’existence du couple (q, r) par récurrence sur l’entier
a ≥ 0.
Pour a = 0, le couple (q, r) = (0, 0) convient.
Supposant le résultat acquis pour tous les entiers a′ compris entre 0 et a − 1, où a est un entier
naturel non nul, on distingue deux cas. Si a est compris entre 1 et b − 1, le couple (q, r) = (0, a)
convient, sinon on a a ≥ b, donc 0 ≤ a − b ≤ a − 1 et l’hypothèse de récurrence nous assure
de l’existence d’un couple d’entiers (q, r) tels que a − b = bq + r et 0 ≤ r ≤ b − 1, ce qui nous
fournit le couple d’entiers (q ′ , r) = (q + 1, r) .
L’unicité se montre facilement par l’absurde.
Exercice 1.33 Soit n un entier naturel supérieur ou égal√ à 2. Montrer, par récurrence, que
soit n est premier, soit n admet un diviseur premier p ≤ n.
Exercice 1.34 Montrer que tout entier naturel n supérieur ou égal à 2 se décompose de manière
unique sous la forme :
n = pα1 1 · · · pαr
r ,
et les αk sont des entiers naturels non nuls (décomposition en nombres premiers).
Solution 1.34 On démontre tout d’abord l’existence d’une telle décomposition par récurrence
sur n ≥ 2.
Pour n = 2, on a déjà la décomposition.
Supposons que, pour n ≥ 2, tout entier k compris entre 2 et n admet une telle décomposition.
Si n + 1 est premier, on a déjà la décomposition, sinon on écrit n + 1 = ab avec a et b compris
entre 2 et n et il suffit d’utiliser l’hypothèse de récurrence pour a et b.
L’unicité d’une telle décomposition se montre également par récurrence sur n ≥ 2. Le résultat
est évident pour n = 2. Supposons le acquis pour tout entier k compris entre 2 et n ≥ 2. Si
n + 1 a deux décompositions :
r = q1 · · · q s ,
n + 1 = pα1 1 · · · pαr β1 βr
où les pj [resp. qi ] sont premiers deux à deux distincts et les αj [resp. βi ] entiers naturels non
nuls. L’entier p1 est premier et divise le produit q1β1 · · · qsβr , il divise donc nécessairement l’un des
qk . L’entier qk étant également premier la seule possibilité est p1 = qk . En simplifiant par p1 on
se ramène à la décomposition d’un entier inférieur ou égal à n et il suffit d’utiliser l’hypothèse
de récurrence pour conclure.
24 Éléments de logique et de théorie des ensembles
∑n 1
Exercice 1.35 Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, on note Hn = .
k=1 k
1 a
1. Soit p un entier naturel non nul. Montrer que H2p = Hp + où a, b sont des entiers
2 2b + 1
naturels avec a non nul.
2. Montrer par récurrence que pour tout entier naturel non nul Hn est le quotient d’un entier
impair par un entier pair et qu’en conséquence ce n’est pas un entier.
Solution 1.35
1. On a :
∑p
1 ∑
p−1
1 1 N
H2p = + = Hp +
k=1
2k k=0 2k + 1 2 D
avec D = ppcm (1, 3, · · · , 2p − 1) qui est impair et N entier naturel non nul.
3
2. On a H2 = ∈ / N. Supposons le résultat acquis au rang n ≥ 2. Si n = 2p, on a alors :
2
1 2a + 1 1
Hn+1 = Hn + = +
2p + 1 2b 2p + 1
(2a + 1) (2p + 1) + 2b 2a′ + 1
= =
2b (2p + 1) 2b′
ou encore par :
A = {x ∈ E | x ∈
/ A}
— L’intersection de A et B, notée A ∩ B, est l’ensemble des éléments de E qui sont dans A
et dans B, soit :
(x ∈ A ∩ B) ⇔ ((x ∈ A) ∧ (x ∈ B))
L’algèbre des parties d’un ensemble 25
ou encore :
A ∩ B = {x ∈ E | x ∈ A et x ∈ B}
Si A ∩ B = ∅, on dit alors que A et B sont disjointes.
Par exemple A et A sont disjointes.
— La réunion de A et B, notée A ∪ B, est l’ensemble des éléments de E qui sont soit dans
A, soit dans B (éventuellement dans A et B) soit :
(x ∈ A ∪ B) ⇔ ((x ∈ A) ∨ (x ∈ B))
ou encore :
A ∪ B = {x ∈ E | x ∈ A ou x ∈ B}
— La différence de A et B, notée A \ B, est l’ensemble des éléments de E qui sont dans A
et qui ne sont pas dans B, soit :
(x ∈ A \ B) ⇔ ((x ∈ A) ∧ (x ∈
/ B))
ou encore :
A \ B = {x ∈ A | x ∈
/ B}
Ainsi A = E \ A.
— La différence symétrique de A et B, notée A∆B, est l’ensemble des éléments de E qui
sont soit dans A et pas dans B soit dans B et pas dans A (c’est-à-dire dans A ou exclusif
dans B), soit :
(x ∈ A∆B) ⇔ ((x ∈ A) ∧ (x ∈
/ B)) ∨ ((x ∈ B) ∧ (x ∈
/ A))
4. différence symétrique :
A∆A = ∅
A∆B = (A \ B) ∪ (B \ A)
( ) ( )
A∆B = A ∩ B ∪ B ∩ A
A∆B = (A ∪ B) \ (A ∩ B)
5. négations :
A=A
( )
(A ⊂ B) ⇔ B ⊂ A
A∩B =A∪B
A∪B =A∩B
(x ∈ A1 ∩ A2 ∩ · · · ∩ An ) ⇔ ((x ∈ A1 ) ∧ (x ∈ A2 ) ∧ · · · ∧ (x ∈ An ))
et :
(x ∈ A1 ∪ A2 ∪ · · · ∪ An ) ⇔ ((x ∈ A1 ) ∨ (x ∈ A2 ) ∨ · · · ∨ (x ∈ An ))
De façon condensée, on écrira (Ak )1≤k≤n une telle famille de sous ensembles de E et :
∩
n
Ak = A1 ∩ A2 ∩ · · · ∩ An
k=1
l’intersection et :
∪
n
Ak = A1 ∪ A2 ∪ · · · ∪ An
k=1
la réunion.
On vérifie facilement que pour tout entier j compris entre 1 et n, on a :
∩
n ∪
n
Ak ⊂ Aj ⊂ Ak .
k=1 k=1
Définition 1.1 On dit qu’une famille (Ak )1≤k≤n de parties d’un ensemble E forme une parti-
tion de E si les Ak sont deux à deux disjoints, c’est-à-dire que Ak ∩ Aj = ∅ pour 1 ≤ k ̸= j ≤ n
∪
n
de réunion égale à E, soit Ak = E.
k=1
Exercice 1.36 Simplifier les expressions suivantes, où A et B sont des sous-ensembles d’un
ensemble E :
( ) ( )
1. C = A ∩ B ∪ A ∩ B ∪ (A ∩ B)
2. C
( )
3. D = A ∩ B ∩ A ∩ B ∪ (A ∩ B) ∩ (A ∩ B)
Solution 1.36
1. Avec la distributivité de ∩ sur ∪, on a :
( ) ( ) ( )
A=A∩E =A∩ B∪B = A∩B ∪ A∩B
2. C = A ∩ B.
3. En posant :
( )
X = A ∩ B, Y = X ∩ A ∩ B , Z = Y ∪ (A ∩ B) , T = Z ∩ (A ∩ B)
on a :
( ) ( )
D = T = Z ∪ A ∪ B = Y ∪ (A ∩ B) ∪ A ∪ B
( ) ( )
= X ∪ A ∪ B ∪ (A ∩ B) ∪ A ∪ B
( ) ( )
avec A ∪ B ∪ A ∪ B = E, donc D = E.
Exercice 1.37 Soient A1 , A2 , · · · , Ap des ensembles deux à deux distincts. Montrer que l’un
de ces ensembles ne contient aucun des autres.
Solution 1.37 On raisonne par l’absurde, c’est-à-dire qu’on que chacun des ensembles Ak
contient un ensemble Aj différent de Ak . Donc A1 contient un ensemble Aj1 ̸= A1 , soit Aj1 $ A1 ,
Aj1 contient un ensemble Aj2 ̸= Aj1 , soit Aj2 $ Aj1 , et on peut continuer indéfiniment, ce qui
est impossible puisque la famille d’ensembles est finie.
A ⊂ A ∪ B ⊂ A ∩ B ⊂ B et B ⊂ A ∪ B ⊂ A ∩ B ⊂ A
ce qui donne A = B.
B ⊂ A ∪ B = A ∩ C ⊂ A et A ⊂ A ∪ B = A ∩ C ⊂ C.
Réciproquement si B ⊂ A ⊂ C, alors :
A∩C =A=A∪B
28 Éléments de logique et de théorie des ensembles
Exercice 1.40 Soient A, B, C trois ensembles. Montrer que si A∪B ⊂ A∪C et A∩B ⊂ A∩C,
alors B ⊂ C.
Solution 1.40 Soit x ∈ B. Comme A ∪ B ⊂ A ∪ C, x est dans A ∪ C. S’il est dans C c’est
fini, sinon il est dans A, donc dans A ∩ B ⊂ A ∩ C, donc dans C.
(A ∪ B) ∩ (B ∪ C) ∩ (C ∪ A) = (A ∩ B) ∪ (B ∩ C) ∪ (C ∩ A)
Solution 1.41 On a :
(A ∪ B) ∩ (B ∪ C) = B ∪ (A ∩ C)
et, en notant D = (A ∪ B) ∩ (B ∪ C) ∩ (C ∪ A) , on a :
D = ((B ∩ C) ∪ (A ∩ B)) ∪ (C ∩ A) = (A ∩ B) ∪ (B ∩ C) ∪ (C ∩ A)
La notion de produit cartésien de deux ensembles sera très souvent utilisée. Elle correspond
à l’idée de couples et se généralise pour aboutir à la notion de liste.
Définition 1.2 Étant donné deux ensembles E et F, on appelle produit cartésien de E par F
l’ensemble E × F des couples (x, y) formés d’un élément x de E et d’un élément y de F.
Il est à noter que les couples sont ordonnés, c’est-à-dire que (x, y) = (y, x) E × F si, et
seulement si x = y. De manière plus générale, on a (x, y) = (x′ , y ′ ) dans E × F si, et seulement
si x = x′ et y = y ′ .
Dans le cas où F = E, on note E 2 pour E × E.
On peut itérer le procédé et définir le produit cartésien E1 × E2 × · · · × En de n ensembles
comme l’ensemble des listes (ordonnées) (x1 , x2 , · · · , xn ) formées d’un élément x1 de E1 suivi
d’un élément x2 de E2 , · · · , suivi d’un élément xn de En . On notera de façon condensé :
∏
n
Ek = E1 × E2 × · · · × En .
k=1
y ∈ f (A) ⇔ ∃x ∈ A | y = f (x)
et pour tout x ∈ E :
x ∈ f −1 (B) ⇔ f (x) ∈ B.
L’ensemble f (E) est appelé l’image de f.
À propos de la notation f −1 (B) , on pourra lire la remarque 1.3 (qui n’engage que moi) plus
loin.
Pour tout y ∈ F, f −1 {y} est l’ensemble des x ∈ E tels que f (x) = y et cet ensemble peut
être vide ou formé de un ou plusieurs éléments. En fait f −1 {y} est l’ensemble des solutions
dans E de l’équation f (x) = y, où y est donné dans F et x l’inconnue dans E. Cette équation
peut avoir 0 ou plusieurs solutions.
Exercice 1.43 Vérifier sur un exemple que l’égalité f (A ∩ B) = f (A) ∩ f (B) n’est pas tou-
jours vérifiée.
Exercice 1.45 Soient E un ensemble et f une application de P (E) dans R telle que pour
toutes parties disjointes de E on ait f (A ∪ B) = f (A) + f (B) .
1. Montrer que f (∅) = 0.
2. Montrer que pour toutes parties A, B de E, on a :
f (A ∪ B) + f (A ∩ B) = f (A) + f (B) .
Solution 1.45
1. On a f (∅) = f (∅ ∪ ∅) = f (∅) + f (∅) dans R, donc f (∅) = 0.
2. Avec les partitions A ∪ B = A ∪ (B \ A) et B = (A ∩ B) ∪ (B \ A) , on a :
{
f (A ∪ B) = f (A) + f (B \ A)
f (B) = f (A ∩ B) + f (B \ A)
et par soustraction :
f (A ∪ B) − f (B) = f (A) − f (A ∩ B)
Après avoir défini le cardinal d’un ensemble et la notion d’ensemble fini (qui est quand même
intuitive), nous verrons que si E est un ensemble fini alors la fonction f qui associe à une partie
A de E son cardinal (c’est-à-dire le nombre de ses éléments) vérifie l’équation fonctionnelle de
l’exercice précédent.
On dispose d’une opération importante sur les fonctions, c’est la composition des fonctions
qui permet de construire de nouvelles fonctions à partir de fonctions données.
∀x ∈ E, g ◦ f (x) = g (f (x)) .
Exercice 1.46 Soient E et F deux ensembles. Déterminer toutes les applications f de E dans
E telles que f ◦ g = g ◦ f pour toute application g de E dans E.
Solution 1.46 Soit x ∈ E et g la fonction définie sur E par g (y) = x pour tout y ∈ E (la
fonction constante égale à x). On a alors x = g (f (x)) = f (g (x)) = f (x) . Comme x est
quelconque dans E, on déduit que f = IdE .
Définition 1.6 Soient E, F deux ensembles et f une application de E dans F. On dit que f
est :
1. injective (ou que c’est une injection) si deux éléments distincts de E on deux images
distinctes dans F, soit :
2. surjective (ou que c’est une surjection) si tout élément de F a au moins un antécédent
dans E, soit :
∀y ∈ F, ∃x ∈ E | y = f (x)
3. bijective (ou que c’est une bijection) si elle est à la fois injective ou surjective.
Une injection peut aussi se caractériser en disant que tout élément de y a au plus un an-
técédent par f, encore équivalent à dire que pour tout y ∈ F l’équation y = f (x) a au plus
une solution x dans E, ce qui revient à dire que si x1 et x2 sont deux éléments de E tels que
f (x1 ) = f (x2 ) , alors x1 = x2 (contraposée de (1.3)).
Une surjection peut se caractériser en disant que pour tout y ∈ F l’équation y = f (x) a au
moins une solution x dans E, encore équivalent à dire que f (E) = F.
Si f est une surjection de E dans F, on dit parfois que f est une surjection de E sur (pour
surjection) F.
Une bijection peut se caractériser en disant que tout élément de y a un unique antécédent
par f, encore équivalent à dire que pour que pour tout y ∈ F l’équation y = f (x) a une et une
seule solution x dans E, ce qui permet de définir l’application réciproque de f, notée f −1 , de
F dans E par : ( )
y ∈ F et x = f −1 (y) ⇔ (x ∈ E et y = f (x)) .
Cette application f −1 est une bijection de F dans E.
L’application f ◦ f −1 est alors l’application identité y 7→ y de F dans F et l’application
f ◦ f est alors l’application identité x 7→ x de E dans E, ce qui se note f ◦ f −1 = IdF et
−1
f −1 ◦ f = IdE .
Applications. Notions d’injectivité, surjectivité et bijectivité 33
Définition 1.7 On appelle permutation d’un ensemble E toute bijection de E dans lui même.
Exemple 1.3 L’application x 7→ x2 est surjective de R dans R+ , mais non injective. Elle
bijective de R+ dans R+ .
Remarque 1.3 Dans le cas où f est une application de E dans F, on a noté pour toute partie
B de F, f −1 (B) l’image réciproque de B par f, sans aucune hypothèse de bijectivité pour f.
Dans le cas où f est bijective, f −1 (B) est aussi l’image directe de B par f −1 , mais dans le cas
général, il faut bien prendre garde, malgré la notation, que f n’a aucune raison d’être bijective.
Il faudrait en réalité utiliser un autre symbole que f −1 (par exemple f ∗ (B) , f (−1) (B) , ou
f ζξG (f )), mais je préfère utiliser la notation f −1 (B) rencontrée le plus souvent. Si l’on sait
de quoi l’on parle il n’y a pas de véritable problème, il s’agit seulement d’une notation.
On peut lire dans An introduction to the theory of numbers de Hardy et Wright, p. 7 : «We shall
very often use A as in (vi) , viz. an unspecified positive constant. Different A’s have usually
different values, even when they occur in the same formula ; and even when definite values can
be assigned to them, these values are irrelevant to the argument.» C’est peut être excessif, mais
l’essentiel est toujours de savoir de quoi l’on parle, on pourra ensuite écrire les choses en toute
rigueur.
Exercice 1.47 Montrer qu’une application f strictement monotone de R dans R est injective.
Solution 1.47 Supposons que f soit strictement croissante (au besoin on remplace f par −f ).
Si x ̸= y, on a nécessairement x > y ou y > x et donc f (x) > f (y) ou f (x) < f (y) , soit
f (x) ̸= f (y) dans tous les cas.
Exercice 1.48 Soit m un entier naturel. Montrer que s’il existe un entier naturel n et une
injection φ de En = {1, · · · , n} dans Em = {1, · · · , m} , on a alors nécessairement n ≤ m.
On déduit de l’exercice précédent que pour n > m dans N, il n’existe pas d’injection de
{1, · · · , n} dans {1, · · · , m} .
Exercice 1.49 Soient n, m deux entiers naturels. Montrer que s’il existe une bijection φ de
En = {1, · · · , n} sur Em = {1, · · · , m} , on a alors nécessairement n = m.
Le résultat des deux exercices précédents nous seront utiles pour définir le cardinal (c’est-à-
dire le nombre d’éléments) d’un ensemble fini.
Exercice 1.50 Soient E, F deux ensembles et f une bijection de E sur F. Montrer que si g
[resp. h] est une application de F sur E telle que g ◦ f = IdE [resp. f ◦ h = IdF ], alors g [resp.
h] est bijective et g = f −1 [resp. h = f −1 ].
Théorème 1.6 Soient E, F, G des ensembles, f une application de E dans F et g une appli-
cation de F dans G.
1. Si f et g sont injectives, alors g ◦ f est injective (la composée de deux injections est une
injection).
2. Si f et g sont surjectives, alors g ◦ f est surjective (la composée de deux surjections est
une surjection).
3. Si f et g sont bijectives, alors g ◦ f est bijective (la composée de deux injections est une
bijection) et (g ◦ f )−1 = f −1 ◦ g −1 .
Démonstration.
1. Supposons f et g injectives. Si g ◦ f (x1 ) = g ◦ f (x2 ) , alors g (f (x1 )) = g (f (x2 )) , donc
f (x1 ) = f (x2 ) puisque g est injective et x1 = x2 puisque f est injective.
2. Supposons f et g surjectives. Pour tout z ∈ G, il existe y ∈ F tel que z = g (y) puisque
g est surjective et y ∈ F s’écrit y = f (x) avec x ∈ E puisque f est surjective. On a donc
z = g ◦ f (x1 ) avec x ∈ E. L’application g ◦ f est donc surjective.
De manière plus compacte, on peut écrire que :
(g ◦ f ) (E) = g (f (E)) = g (F ) = G.
3. Les deux premiers points nous disent que g ◦ f est bijective si f et g le sont. Puis avec
(f −1 ◦ g −1 ) ◦ g ◦ f = f −1 ◦ IdF ◦ f = f −1 ◦ f = IdE , on déduit que f −1 ◦ g −1 est l’inverse
de g ◦ f.
Exercice 1.51 Soient E, F, G des ensembles, f une application de E dans F et g une appli-
cation de F dans G. Montrer que :
1. si g ◦ f est injective, alors f est injective ;
2. si g ◦ f est surjective, alors g est surjective ;
3. si g ◦ f est surjective et g injective, alors f est surjective ;
4. Si g ◦ f est injective et f surjective, alors g est injective.
Solution 1.51
1. Si x, x′ dans E sont tels que f (x) = f (x′ ) , alors g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) et x = x′ puisque
g ◦ f est injective. L’application f est donc injective.
Applications. Notions d’injectivité, surjectivité et bijectivité 35
2. Pour tout z dans G, il existe x dans E tel que z = g ◦ f (x) puisque g ◦ f est surjective
et en notant y = f (x) , on a y ∈ F et z = g (y) , ce qui prouve que g est surjective.
3. Soit y ∈ F. Comme g ◦ f est surjective, il existe x ∈ E tel que z = g (y) = (g ◦ f ) (x) =
g (f (x)) et y = f (x) si on suppose de plus que g est injective. En conséquence, f est
surjective.
4. Soient y, y ′ dans F tels que g (y) = g (y ′ ) . Comme f est surjective, il existe x, x′ dans E
tels que y = f (x) et y ′ = f (x′ ) , ce qui donne g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) et x = x′ puisque g ◦ f
est injective, donc y = y ′ .
Le résultat qui suit peut parfois être utile pour montrer l’injectivité, la surjectivité ou la
bijectivité d’une application.
Démonstration.
1. Si x, x′ dans E sont tels que f (x) = f (x′ ) , alors x = g ◦ f (x) = g ◦ f (x′ ) = x′ et f est
injective.
2. Pour tout y ∈ F, on a y = (f ◦ h) (y) = f (h (y)) avec x = h (y) ∈ E, donc f est
surjective.
3. Les deux premiers points nous disent que f est bijective et de g ◦ f = IdE , on déduit que
f −1 = (g ◦ f ) ◦ f −1 = g. De même h = g −1 .
Exercice 1.52 Soient m un entier naturel non nul et E un ensemble non vide. Montrer que
s’il existe une surjection φ de Em = {1, · · · , m} sur E, on peut alors construire une injection
de E dans Em .
Solution 1.52 Comme φ est surjective de Em sur E, on a φ−1 {x} ̸= ∅ pour tout x ∈ E et
chacun de ces sous-ensembles de Em a un plus petit élément jx = min φ−1 {x} ∈ Em , ce qui
permet de définir l’application ψ de E dans Em par :
∀x ∈ E, ψ (x) = jx
On a alors :
∀x ∈ E, φ ◦ ψ (x) = φ (jx ) = x
c’est-à-dire que φ ◦ ψ = IdE et l’application ψ est injective (théorème précédent).
Exercice 1.53 Soient n, m deux entiers naturels non nuls. Montrer que s’il existe une surjec-
tion φ de En = {1, · · · , n} sur Em = {1, · · · , m} , on a alors nécessairement n ≥ m.
Solution 1.53 En utilisant le résultat de l’exercice précédent, on peut construire une injection
de Em dans En et nécessairement m ≤ n (exercice 1.48).
36 Éléments de logique et de théorie des ensembles
Exercice 1.54 Soient E un ensemble et f une application de E dans E. Montrer que f est
injective si, et seulement si, f (A ∩ B) = f (A) ∩ f (B) pour toutes partie A et B de E.
Exercice 1.55 Soient E un ensemble ( ) et f une application de E dans E. Montrer que f est
bijective si, et seulement si, f A = f (A) pour toute partie A de E.
( )
Solution 1.55 Supposons f bijective. Un élément y de E est dans f A si, et seulement
si, il s’écrit y = f (x) où x est uniquement déterminé dans A, ce qui implique y ∈ / f (A)
′ ′ ′
(sinon
( ) y = f (x ) = f (x) avec x ∈ A et x = x ∈ A, ce qui contredit x ∈ A). On(a )donc
f A ⊂ f (A). Si y ∈ / f (A) , il s’écrit y = f (x) (f est bijective) et x ∈
/ A, donc y ∈ f A .On
( ) ( )
a donc f (A) ⊂ f A et f A = f (A). ( )
( )
Supposons que f A = f (A) pour toute partie A de E. En particulier, on a f (E) = f ∅ =
f (∅) = ∅(= E) et f est surjective. Si x ̸= x′ dans E, en remarquant que x′ ∈ {x}, on a
f (x′ ) ∈ f {x} = {f (x)} et f (x) ̸= f (x′ ) . Donc f est injective.
Exercice 1.56 Soient E, F, G, H des ensembles, f une application de E dans F, g une ap-
plication de F dans G et h une application de G dans H. Montrer que si g ◦ f et h ◦ g sont
bijectives, alors f, g et h sont bijectives.
Solution 1.56 Si g ◦ f est bijective, elle est alors surjective et il en est de même de g (exercice
1.51). Si h ◦ g est bijective, elle est alors injective et il en est de même de g (exercice 1.51).
Donc g est bijective. Il en résulte que f = g −1 ◦ (g ◦ f ) et h = (h ◦ g) ◦ g −1 sont bijectives comme
composées.
∀ (n, m) ∈ N2 , f (n, m) = 2n 3m
Montrer que f est injective. Il résulte que N2 est en bijection avec le sous ensemble f (N2 ) de
N. Ce résultat se traduit en disant que N2 est dénombrable.
Solution 1.57 L’égalité f (n, m) = f (n′ , m′ ) avec (n, m) et (n′ , m′ ) dans N2 équivaut à 2n 3m =
′ ′
2n 3m et l’unicité de la décomposition en facteurs premiers d’un entier naturel non nul nous
dit que (n, m) = (n′ , m′ ) . L’application f est donc injective de N2 dans N et bijective de N2
dans f (N2 ) ⊂ N.
Exercice 1.58 Montrer que l’application f : (n, m) 7→ 2n+m+1 + 2m est injective de N2 dans
N.
Applications. Notions d’injectivité, surjectivité et bijectivité 37
Solution
( n′ +1 1.58
) L’égalité f (n, m) = f (n′ , m′ ) avec (n, m) et (n′ , m′ ) dans N2 équivaut à 2m (2n+1 + 1) =
m′ ′ ′ ′
2 2 + 1 . Si m > m , on a alors 2m−m (2n+1 + 1) = 2n +1 + 1 qui est à la fois pair et
impair, ce qui est impossible. De manière analogue, on voit que m′ > m est impossible. On
′
a donc m = m′ et 2n+1 + 1 = 2n +1 + 1, ce qui équivaut à n = n′ . L’application f est donc
injective.
38 Éléments de logique et de théorie des ensembles
2
Analyse combinatoire
Définition 2.1 On dit qu’un ensemble E est fini s’il existe un entier naturel n et une bijection
φ de {1, · · · , n} sur E.
Un ensemble qui n’est pas fini est dit infini.
Définition 2.2 Soit E un ensemble fini. Si φ est une bijection de En = {1, · · · , n} sur E, où
n est un entier naturel, on dit alors que n est le cardinal (ou le nombre d’éléments) de E et on
note n = card (E) (ou encore # (E)).
Une bijection φ de En sur un ensemble fini non vide E nous permet de numéroter les éléments
de E et on peut noter :
E = {x1 , x2 , · · · , xn }
où xk = φ (k) pour k compris entre 1 et n (ces xk sont deux à deux distincts).
39
40 Analyse combinatoire
Démonstration.
1. On désigne par n le cardinal de E et par m celui de F. On dispose donc d’une bijection f
de E sur En = {1, · · · , n} et d’une bijection g de F sur Em = {1, · · · , m} . L’application
h définie sur E ∪ F par :
{
f (x) si x ∈ E
h (x) =
n + g (x) si x ∈ F
réalise alors une bijection de E ∪ F sur En+m = {1, · · · , n + m} . En effet, elle est bien
définie puisque E et F sont disjoints et pour tout k ∈ En+m il existe un unique x ∈ E ∪ F
tel que k = h (x) , cet élément étant x = f −1 (k) si 1 ≤ k ≤ n ou x = g −1 (k − n) si
n + 1 ≤ k ≤ m. L’ensemble E ∪ F est donc fini de cardinal n + m = card (E) + card (F ) .
Cardinal d’un ensemble fini 41
E ∪ F = (E \ F ) ∪ F et E = (E \ F ) ∪ (E ∩ F )
on déduit que :
card (E ∪ F ) = card (E \ F ) + card (F )
et :
card (E) = card (E \ F ) + card (E ∩ F )
ce qui donne card (E ∪ F ) = card (E) + card (F ) − card (E ∩ F ) .
5. Laissée au lecteur.
6. Laissée au lecteur.
7. Laissée au lecteur.
Exercice 2.1 Montrer que si E, F, G sont trois ensembles finis, alors E ∪ F ∪ G est fini et :
Théorème 2.3 Soient E, F deux ensembles finis non vides et φ une application de E dans F.
1. Si φ est injective, alors card (E) ≤ card (F ) .
2. Si φ est surjective, alors card (E) ≥ card (F ) .
3. Si φ est bijective, alors card (E) = card (F ) .
4. On a card (φ (E)) ≤ min (card (E) , card (F )) et φ est injective si, et seulement si card (φ (E)) =
card (E) , φ est surjective si, et seulement si card (φ (E)) = card (F ) .
5. Si E et F sont de même cardinal, alors :
6. S’il existe un entier naturel non nul p tel que pour tout y ∈ F, φ−1 {y} est de cardinal p,
alors φ est surjective et card (E) = p card (F ) (principe des bergers).
∑
p
( )
card (E) = card φ−1 {yk } ≥ p = card (φ (E))
k=1
et :
∑
m
( )
card (E) = card φ−1 {yk } = mp = p card (F ) .
k=1
Exercice 2.2 Montrer qu’une partie de N est finie si, et seulement si, elle est majorée.
Solution 2.2 Si E est une partie majorée de N, il existe alors un entier n tel que E soit
contenue dans {1, · · · , n} et E est finie de cardinal au plus égal à n.
Pour la réciproque, on procède par récurrence sur le cardinal.
Un ensemble de cardinal nul est vide et majoré par n’importe quel entier (l’assertion : ∀x ∈ ∅,
x ≤ 27 est vraie).
Supposons le résultat acquis pour les parties de N de cardinal n ≥ 0 et soit E une partie de N
de cardinal n + 1. Pour p ∈ E (E est non vide puisque de cardinal n + 1 ̸= 0) l’ensemble E \ {p}
est de cardinal n, donc majoré par un entier M et M ′ = max (M, p) est un majorant de E.
De cet exercice, on déduit que N est infini (est-ce une évidence ?), donc aussi Z, Q, R et C.
Ensembles infinis dénombrables 43
Exercice 2.3 Montrer que l’ensemble Z des entiers relatifs est dénombrable.
Solution 2.3 On peut vérifier que Z est dénombrable en ordonnant les entiers relatifs comme
suit :
Z = {0, −1, 1, −2, 2, · · · , −k, k, · · · }
ce qui revient à vérifier que l’application :
φ: Z → N{
2n si n est positif ou nul
n 7→
−2n − 1 si n est strictement négatif
est bijective.
Supposons que n, m soient deux entiers relatifs tels que φ (n) = φ (m) . Si n ≥ 0 et m < 0, on a
alors 2n = −2m − 1, soit 2 (n + m) = 1 dans Z, ce qui est impossible. De même n < 0 et m ≥ 0
est impossible. On a donc soit n ≥ 0, m ≥ 0, donc 2n = 2m et n = m, soit n < 0, m < 0, donc
−2n − 1 = −2m − 1 et n = m. L’application φ est donc injective.
Si k est un entier naturel, il est soit pair, donc k = 2n = φ (n) avec n ∈ N, soit impair, donc
k = 2 (−n) − 1 = φ (n) avec n ∈ Z∗,− . L’application φ est donc surjective.
Exercice 2.4 Montrer que l’application φ : (n, m) 7→ 2n (2m + 1) − 1 est bijective de N2 sur
N.
Solution 2.4 L’égalité φ (n, m) = φ (n′ , m′ ) avec (n, m) et (n′ , m′ ) dans N2 équivaut à 2n (2m + 1) =
′ ′
2n (2m′ + 1) . Si n > n′ , on a alors 2n−n (2m + 1) = 2m′ + 1 qui est à la fois pair et impair, ce
qui est impossible. De manière analogue, on voit que n′ > n est impossible. On a donc n = n′
et 2m + 1 = 2m′ + 1, ce qui équivaut à m = m′ . L’application φ est donc injective.
Soit r ∈ N. Si r = 0, on a alors r = φ (0, 0) . Si n ∈ N∗ , alors n + 1 ≥ 2 et cet entier se décom-
pose en facteurs premiers, ce qui s’écrit r + 1 = 2n (2m + 1) avec (n, m) dans N2 . L’application
φ est donc surjective et en définitive bijective.
1
Exercice 2.5 Montrer que l’application φ : (n, m) 7→ (n + m) (n + m + 1) + m est bijective
2
de N2 sur N.
Solution 2.5 On remarque d’abord que pour tout (n, m) ∈ N2 , les entiers n + m et n + m + 1
1
sont de parités différentes, donc (n + m) (n + m + 1) est entier et φ est bien à valeurs dans
2
N.
44 Analyse combinatoire
N (N + 1) M (M + 1)
≤ φ (n, m) = φ (n′ , m′ ) ≤ +M
2 2
ce qui entraîne
( )2 ( )2
3 9 1 1
2
M + 3M = M + − ≥N +N = N +
2
−
2 4 2 4
soit :
(2M + 3)2 − 9 ≥ (2N + 1)2 − 1
ou encore :
c’est-à-dire :
(M + N + 2) (M − N + 1) ≥ 2
et nécessairement M ≥ N. Comme M et N jouent des rôles symétriques, on a aussi M ≤ N
et M = N. De φ (n, m) = φ (n′ , m′ ) , on déduit alors que m = m′ puis n = n′ . L’application φ
est donc injective.
45
46 Relations d’ordre et d’équivalence
4
L’ensemble N des entiers naturels peut être construit à partir de la notion de cardinal dans
le cadre de la théorie des ensembles.
47
48 L’ensemble N des entiers naturels
5
Après avoir étudié la théorie des groupes, on construit à partir de l’ensemble N des entiers
naturels l’anneau Z des entiers relatifs par un procédé de symétrisation.
49
50 L’ensemble Z des entiers relatifs
6
Le corps Q des nombres rationnels est construit comme le corps des fractions de Z.
51
52 L’ensemble Q des nombres rationnels
7
Les ensembles Z d’entiers relatifs et Q de nombres rationnels peuvent être construits à partir
de problèmes analogues. Pour l’ensemble Z il s’agit des équations x + a = 0 qui n’ont pas de
solution dans N pour a entier naturel non nul et pour l’ensemble Q il s’agit des équations
ax = 1 qui n’ont pas de solution dans Z pour a entier relatif différent de −1, 0 et 1. Le passage
de l’ensemble Q de nombres rationnels à l’ensemble R de nombres réels est plus délicat. Les
problèmes sont de nature algébrique (par exemple l’équation x2 = 2 n’a pas de solution dans
Q) mais aussi de nature topologique : l’existence de borne supérieure pour les ensembles non
vides et majorés n’est pas assurée dans Q alors qu’elle l’est dans R (par exemple l’ensemble
A = {r ∈ Q | r2 ≤ 2} n’a pas de borne supérieure dans Q). On consultera le cours d’analyse
pour de plus amples détails sur la construction de l’ensemble R des nombres réels.
La construction de l’ensemble des nombres complexes est motivée par le fait que certaines
équations polynomiales telles que l’équation x2 + 1 = 0 n’ont pas de solutions réelles.
Le but de ce chapitre est de construire un ensemble que nous noterons C qui contient R
et qui est muni d’opérations d’addition et de multiplication ayant les mêmes propriétés que
leurs analogues sur R, ce qui se traduira en disant que C est un corps commutatif. De plus
dans cet ensemble C toute équation algébrique P (x) = 0, où P est un polynôme non constant,
a des solutions, ce qui se traduira en disant que C est algébriquement clos. Dans un premier
temps, on se contentera de décrire les solutions des équations de degré 2, x2 + bx + c = 0. Pour
les équations de degré supérieur, on dispose du théorème de d’Alembert-Gauss dit théorème
fondamental de l’algèbre dont la démonstration classique nécessite des outils d’analyse réelle tels
que le fait qu’une fonction continue sur un compact de C est bornée et atteint ses bornes (voir
le cours d’analyse et le problème du paragraphe 27). Nous verrons aussi que contrairement à R,
l’ensemble C que nous aurons construit ne peut pas être muni d’une relation d’ordre compatible
avec la multiplication, c’est-à-dire telle que si x ≤ y et 0 ≤ z, alors x · z ≤ y · z.
53
54 Le corps C des nombres complexes
7.2 Construction de C
Les considérations précédentes nous conduisent à définir sur l’ensemble R2 des couples de
réels les opérations d’addition et de multiplication suivantes, où z = (x, y) et z ′ = (x′ , y ′ ) sont
deux éléments quelconques de R2 :
{
z + z ′ = (x + x′ , y + y ′ )
z · z ′ = (xx′ − yy ′ , xy ′ + yx′ )
On notera C l’ensemble R2 muni de ces deux opérations (ou lois de composition interne) et
on l’appelle ensemble des nombres complexes.
La multiplication de deux nombres complexes z et z ′ sera notée z · z ′ ou plus simplement
′
zz .
L’égalité de deux nombres complexes z = (x, y) et z ′ = (x′ , y ′ ) est réalisée si, et seulement
si, on a les égalités x = x′ et y = y ′ (c’est ce qui se passe dans tout produit cartésien E × F ).
En particulier, pour y = y ′ = 0, on a (x, 0) = (x′ , 0) si, et seulement si x = x′ , ce qui signifie
que l’application :
R → C
x 7→ (x, 0)
est injective, ce qui permet de réaliser une bijection de R sur le sous ensemble R′ de C formé
des couples (x, 0) . Cette bijection permet d’identifier R à R′ , ce qui signifie qu’un nombre réel
x est identifié à son image (x, 0) dans C. Cette identification x = (x, 0) est bien compatible
avec les opérations d’addition et de multiplication des réels dans le sens où :
{
x + x′ = (x, 0) + (x′ , 0) = (x + x′ , 0) = x + x′
xx′ = (x, 0) (x′ , 0) = (xx′ , 0) = xx′
L’opération d’addition vérifie les propriétés suivantes, déduites des propriétés analogues sur
R:
— elle est commutative, c’est-à-dire que pour tous nombres complexes z = (x, y) et z ′ =
(x′ , y ′ ) , on a :
z + z ′ = (x + x′ , y + y ′ ) = (x′ + x, y ′ + y) = z ′ + z
— elle est associative, c’est-à-dire que pour tous nombres complexes z = (x, y) , z ′ = (x′ , y ′ )
et z ′′ = (x′′ , y ′′ ) , on a :
— le réel 0 = (0, 0) est un élément neutre, c’est-à-dire que pour tout nombre complexe
z = (x, y) , on a :
z+0=0+z =z
Construction de C 55
— tout nombre complexe z = (x, y) admet un opposé donné par z ′ = (−x, −y) , ce qui
signifie que :
z + z′ = z′ + z = 0
On note −z cet opposé.
Tout cela se traduit en disant que (C, +) est un groupe commutatif comme (R, +) , (Q, +)
et (Z, +) .
La notion de groupe est étudiée plus en détails au chapitre 20.
Comme pour n’importe quel groupe, on peut vérifier que :
— l’élément neutre est unique ;
— pour tout z ∈ C, l’opposé est unique ;
— tout élément de C est simplifiable (ou régulier) pour l’addition, c’est-à-dire que si z +z ′ =
z + z ′′ , alors z ′ = z ′′ .
Pour ce qui est de l’autre opération de multiplication, on a les propriétés suivantes, encore
déduites des propriétés analogues sur R :
— elle est commutative, c’est-à-dire que pour tous nombres complexes z = (x, y) et z ′ =
(x′ , y ′ ) , on a :
— elle est associative, c’est-à-dire que pour tous nombres complexes z = (x, y) , z ′ = (x′ , y ′ )
et z ′′ = (x′′ , y ′′ ) , on a z (z ′ z ′′ ) = (zz ′ ) z ′′ . En effet, on a :
et :
On peut remarquer que seule la commutativité de l’addition des réels a été utilisée ici.
— elle est distributive par rapport à l’addition, c’est-à-dire que pour tous nombres complexes
z, z ′ et z ′′ , on a z (z ′ + z ′′ ) = zz ′ + zz ′′ , ce qui se vérifie encore sans problème.
— le réel 1 = (1, 0) est un élément neutre, c’est-à-dire que pour tout nombre complexe
z = (x, y) , on a :
z·1=1·z =z
— tout nombre complexe z = (x, y) différent de 0 admet un inverse donné par :
( )
′ x y
z = ,− ,
x2 + y 2 x2 + y 2
ce qui entraîne : { {
x2 x′ − xyy ′ = x yxx′ − y 2 y ′ = y
et
yxy ′ + y 2 x′ = 0 x2 y ′ + xyx′ = 0
et en additionnant les deux premières égalités [resp. en soustrayant les deux dernières],
on obtient (x2 + y 2 ) x′ = x, (x2 + y 2 ) y ′ = −y, ce qui donne compte tenu de x2 + y 2 ̸= 0
x y
pour z ̸= 0, x′ = 2 2
et y ′ = − 2 . Réciproquement, on vérifie facilement que
x +y x + y2
1
cette solution convient. On note z −1 ou cet inverse.
z
On peut remarquer qu’on a utilisé ici la commutativité du produit des réels.
Tout cela se traduit en disant que (C, +, ·) est un corps commutatif comme (R, +, ·) ,
(Q, +, ·) .
La notion de corps est étudiée plus en détails au chapitre suivant.
Là encore le neutre et l’inverse sont uniques et tout nombre complexe non nul est simplifiable
pour le produit.
On note C∗ = C \ {0} et ce qui précède nous dit que (C∗ , ·) est un groupe commutatif.
On peut remarquer que pour tout réel non nul x, on a bien :
( )
1 1 1
= ,0 =
x x (x, 0)
Ces opérations d’addition et multiplication prolongent bien celles de R.
L’associativité de la multiplication permet de définir les puissances n-ièmes d’un nombre
complexe z par : { 0
z =1
∀n ∈ N∗ , z n+1 = z n · z
Pour z ̸= 0 et n ∈ N∗ , on a z n ̸= 0 et :
1 ( )n
(z n )−1 = n = z −1
z
1
On note alors z −n = n .
z
Comme sur R, on a z p+q = z p z q et (z p )q = z pq pour tous entiers relatifs p et q.
Comme sur R, une égalité zz ′ = 0 équivaut à z = 0 ou z ′ = 0. En effet si z ̸= 0, il admet un
inverse et 0 = z −1 · 0 = z −1 zz ′ = z ′ .
En posant i = (0, 1) , on a :
i2 = (0, 1) (0, 1) = (−1, 0) = −1
1
De cette égalité, on déduit que = −i.
i
Le nombre complexe −i est aussi solution de l’équation x2 +1 = 0 et i, −i sont les seules solu-
tions de cette équation. En effet si α2 +1 = 0, on a α2 = −1 = i2 et α2 −i2 = (α − i) (α + i) = 0
de sorte que α = i ou α = −i.
Théorème 7.1 Tout nombre complexe s’écrit de manière unique z = x + iy, où x et y sont
deux réels.
Démonstration. Un nombre complexe s’écrit de manière unique :
z = (x, y) = (x, 0) + (0, y)
= (x, 0) (1, 0) + (y, 0) (0, 1)
= x · 1 + y · i = x + iy
Construction de C 57
Définition 7.1 Avec les notations du théorème qui précède, on dit que x est la partie réelle de
z et y sa partie imaginaire, ce qui se note x = ℜ (z) et y = ℑ (z) .
Définition 7.2 On dit qu’un nombre complexe est un imaginaire pur si sa partie réelle est
nulle.
Exercice 7.3 Montrer qu’il n’existe pas de relation d’ordre sur C qui prolonge la relation ≤
de R et qui soit compatible avec la somme et le produit, c’est à dire telle que a ≤ b et c ≤ d
entraîne a + c ≤ b + d et a ≤ b et 0 ≤ c entraîne ac ≤ bc.
58 Le corps C des nombres complexes
Solution 7.3 Supposant qu’une telle relation existe. Si 0 ≤ i [resp. 0 ≤ −i], alors 0 ≤ i2 ≤ −1
[resp. 0 ≤ (−i)2 = (−1)2 i2 = −1] dans R, ce qui est incompatible avec la relation d’ordre sur
R.
√
1 3
Exercice 7.4 Soit j = − + i . Calculer j 2 , j 3 , 1 + j + j 2 et j n pour tout entier relatif n.
2 2
√
1 3 3
Solution 7.4 On a j 0 = 1, j 1 = j, j 2 = − − i , j = 1 et 1 + j + j 2 = 0. En écrivant n
2 2
sous la forme n = 3q + r avec r = 0, 1 ou 2, on a :
1 si r = 0
n r
j =j = j si r = 1
2
j si r = 2
Solution 7.5 On a :
(1 + i)2 = 1 + 2i + i2 = 2i
donc :
(1 + i)6 = (2i)3 = −8i
et :
(1 + i)7 = −8i (1 + i) = 8 − 8i.
En utilisant la formule du binôme de Newton, on a aussi :
∑
7
( ) ( )
7
(1 + i) = C7k ik = 1 − C72 + C74 − C76 + C71 − C73 + C75 − 1 i
k=0
ce qui nous donne 1 − C72 + C74 − C76 = 8 et C71 − C73 + C75 − 1 = −8.
Exercice 7.6 Calculer (1 + i)n pour tout entier naturel n. En déduire les valeurs des sommes
∑p ∑ 2j+1
p−1
2j
C2p (−1)j et C2p (−1)j pour tout entier naturel non nul p.
j=0 j=0
Solution 7.6 On a (1 + i)2 = 2i, donc (1 + i)2p = 2p ip pour tout p ≥ 0 et on connaît les ip .
Pour les entiers impairs, on a :
( )
(1 + i)2p+1 = 2p (1 + i) ip = 2p ip + ip+1 .
On a donc :
2p si p = 4q
2p i si p = 4q + 1
(1 + i)2p = 2p ip =
−2p si p = 4q + 2
−2p i si p = 4q + 3
et :
2p (1 + i) si p = 4q
( )
2p (−1 + i) si p = 4q + 1
(1 + i)2p+1 = 2p ip + ip+1 =
−2p (1 + i) si p = 4q + 2
p
2 (1 − i) si p = 4q + 3
Conjugué et module d’un nombre complexe 59
2p
∑
2p
∑
p
2j 2j
∑
p−1
2j+1 2j+1
k k
(1 + i) = C2p i = C2p i + C2p i
k=0 j=0 j=0
∑
p
j
∑
p−1
= 2j
C2p (−1) + i 2j+1
C2p (−1)j
j=0 j=0
∑
4q
j
∑
4q−1
2j
C8q (−1) = 2 4q
et 2j+1
C8q (−1)j = 0
j=0 j=0
∑
4q+1
j
∑
4q
2j
C8q+2 (−1) = 0 et 2j+1
C8q+2 (−1)j = 24q+1
j=0 j=0
∑
4q+2
∑
4q+1
2j
C8q+4 (−1) = −2 j 4q+2
et 2j+1
C8q+4 (−1)j = 0
j=0 j=0
∑
4q+3
∑
4q+2
2j
C8q+6 j
(−1) = 0 et 2j+1
C8q+6 (−1)j = −24q+3
j=0 j=0
Par exemple :
∑
4
C82j (−1)j = C84 − C82 − C86 + C88 + 1 = 24 = 16
j=0
et :
∑
3
C82j+1 (−1)j = C81 − C83 + C85 − C87 = 0
j=0
1 z x − iy
5. si z ̸= 0, alors = 2 = 2 ;
z |z| x + y2
z |z|
6. si z ′ ̸= 0, alors ′ = ′ ;
z |z |
1
7. |z| = 1 si, et seulement si, = z ;
z
8. |ℜ (z)| ≤ |z| et l’égalité est réalisée si, et seulement si, z est réel ;
9. |ℑ (z)| ≤ |z| et l’égalité est réalisée si, et seulement si, z est imaginaire pur.
Du point 4. on déduit que pour tout nombre complexe z et tout entier naturel n, on a
|z n | = |z|n . Cette égalité étant encore valable pour n entier relatif et z non nul.
Du point 8. on déduira l’inégalité de Cauchy-Schwarz avec son cas d’égalité.
Exercice 7.7 Montrer que le produit de deux entiers naturels qui sont somme de deux carrés
d’entiers est encore somme de deux carrés d’entiers.
Solution 7.7 Soient n = a2 +b2 et m = c2 +d2 où a, b, c, d sont des entiers relatifs. En écrivant
que n = |u|2 et m = |v|2 où, u = a + ib et v = c + id, on a :
|z + z ′ | = (x + x′ ) + (y + y ′ )
2 2 2
= x2 + y 2 + 2 (xx′ + yy ′ ) + x′2 + y ′2
( )
= |z|2 + 2ℜ zz ′ + |z ′ | .
2
|z + z ′ | ≤ |z| + |z ′ |
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, z et z ′ sont positivement liées sur R (i. e. z = 0 ou
z
z ̸= 0 et ′ ∈ R+ ), ce qui est encore équivalent à dire que zz ′ ∈ R+ .
z
Démonstration. On a :
( )
|z + z ′ | = |z|2 + 2ℜ zz ′ + |z ′ |
2 2
( )
ce qui équivaut à |z( + z)′ | ≤ |z| + |z ′ | . L’égalité est réalisée si, et seulement si ℜ zz ′ = |z| |z ′ | ,
ce qui implique ℜ zz ′ = |z| |z ′ | et z, z ′ sont liées sur R. Pour z ′ ̸= 0, on a z = λz ′ avec λ ∈ R
( )
et ℜ zz ′ = λ |z ′ |2 = |z| |z ′ | impose λ ≥ 0.
La réciproque est évidente.
||z| − |z ′ || ≤ |z − z ′ | ≤ |z| + |z ′ |
|z| ≤ |z − z ′ | + |z ′ |
et :
|z ′ | ≤ |z − z ′ | + |z|
Pour ce qui est du module d’une somme de nombres complexes, on a de manière plus générale
le résultat suivant qui se montre facilement par récurrence.
62 Le corps C des nombres complexes
Théorème 7.7 Pour toute suite finie z1 , · · · , zn de nombres complexes non nuls avec n ≥ 2,
on a :
∑n ∑ n
zk ≤ |zk |
k=1 k=1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe des réels λ2 , · · · , λn tels que zk = λk z1 pour
k = 2, · · · , n.
Exercice 7.9 Montrer que si z et z ′ sont deux nombres complexes de module égal à 1 tels que
z + z′
zz ′ ̸= −1, alors u = est réel.
1 + zz ′
Conjugué et module d’un nombre complexe 63
z + z′ z
1
+ z1′ z + z′
u= = = = u,
1 + zz ′ 1 + zz1 ′ 1 + zz ′
Exercice 7.10 Soient z, z ′ deux nombres complexes avec z ′ ̸= −1. À quelle condition le nombre
z + z′z
complexe u = est-il réel ?
1 + z′
Solution 7.10 Dire que u est réel équivaut à dire que :
z + z′z z + z′z
u= =
1 + z′ 1 + z′
ce qui est encore équivalent à :
( ) ( )
z + z ′ z (1 + z ′ ) = (z + z ′ z) 1 + z ′
ou encore à :
z + z′z′z = z + z′z′z
soit à : ( ) ( )
z 1 − |z ′ | = z 1 − |z ′ | .
2 2
En définitive, u est réel si, et seulement si, |z ′ | = 1 avec z ′ ̸= −1 ou z = z, ce qui signifie que
z est réel.
Exercice 7.11 Soient z1 , · · · , zn des nombres complexes non nuls deux à deux distincts et tels
∑n |zj |
que zk = 0. Montrer qu’il existe deux indices j ̸= k compris entre 1 et n tels que 1 ≤ ≤ 2.
k=1 |zk |
|z1 | ≤ · · · ≤ |zn |
|zk |
En supposant que le résultat annoncé est faux, on a ∈
/ [1, 2] pour tout k compris entre 2
|zk−1 |
|zk | |zk |
et n et comme ≥ 1, on a nécessairement > 2 pour tout k compris entre 2 et n et :
|zk−1 | |zk−1 |
soit :
∑
n−1
1 1 1 − 2n−1
1
1
= = 1 − n−1 > 1
k=1
2k 2 1− 2 1
2
ce qui est impossible.
64 Le corps C des nombres complexes
Exercice 7.12 Déterminer tous les nombres complexes a et b, tels que la fonction f : z 7→
az + bz soit involutive (i. e. telle que f ◦ f = IdC ).
Solution 7.12 Dire que f est involutive équivaut à dire que pour tout nombre complexe z, on
a: ( )
a (az + bz) + b az + bz = z
ce qui est encore équivalent à :
( 2 )
a + |b|2 − 1 z + b (a + a) z = 0 (7.1)
Prenant respectivement z = 1 et z = i, on aboutit à :
{ ( 2 )
a
( 2 + |b|2
− 1) + b (a + a) = 0
a + |b| − 1 − b (a + a) = 0
2
1
z1
0
−3 −2 −1 0 1 2 3
−1
z2
−2
−3
Figure 7.1 – C ∩ D
(z − z1 ) (z + z1 + b) = 0
Théorème 7.8 Pour tout nombre réel non nul a l’équation x2 + a = 0 a exactement deux
solutions données par : { √ √
x1 = − √−a et x2 = √ −a si a < 0
x1 = −i a et x2 = i a si a > 0
66 Le corps C des nombres complexes
Définition 7.5 Si α est un nombre complexe, on dit que le nombre complexe u est une racine
carrée de α si u2 = α.
Le théorème précédent nous dit que √ tout nombre réel non nul a a exactement
√ deux racines
carrées complexes, ce sont les réels ± a pour a > 0 et les complexes ±i −a pour a < 0.
Ce résultat est en fait valable pour tout nombre complexe α.
Théorème 7.9 Tout nombre complexe non nul α = a + ib a exactement deux racines carrées.
Théorème 7.11 Étant donnés des nombres complexes a, b, c avec a ̸= 0, les nombres complexes
b
z1 et z2 sont les racines de l’équation az 2 + bz + c = 0 si, et seulement si, z1 + z2 = − et
a
c
z1 z2 = .
a
Dans le cas où les coefficients a, b, c sont réels, il en est de même de δ et on distingue trois
cas de figure :
b
— soit δ = 0 et x1 = − est la seule solution réelle de cette équation ;
2a √ √
−b − δ −b + δ
— soit δ > 0 et x1 = , x1 = sont les deux solutions réelles de cette
2a 2a
équation ; √ √
−b − i −δ −b + i −δ
— soit δ < 0 et x1 = , x1 = sont les deux solutions complexes non
2a 2a
réelles de cette équation.
Parfois le coefficient b s’écrit naturellement sous la forme b = 2b′ et on a :
( )
δ = 4 (b′ ) − ac
2
La quantité δ ′ = (b′ )2 − ac est alors appelée discriminant réduit de l’équation ax2 + 2b′ x + c = 0.
Dans le cas où les coefficients a, b, c sont réels, on a :
b′
— soit δ ′ = 0 et x1 = − est la seule solution réelle de cette équation ;
a
′
√ √
′ −b − δ′ −b′ + δ ′
— soit δ > 0 et x1 = , x1 = sont les deux solutions réelles de cette
a a
équation ;
68 Le corps C des nombres complexes
√ √
′ −b′ − i −δ ′ −b′ + i −δ ′
— soit δ < 0 et x1 = , x1 = sont les deux solutions complexes
a a
non réelles de cette équation.
De manière plus générale, on peut montrer le théorème suivant que nous admettrons.
Théorème 7.12 (d’Alembert-Gauss) Toute équation polynomiale à coefficients complexes
de degré non nul n admet n racines complexes distinctes ou confondues.
On rappelle que si P est un polynôme non constant (i. e. de degré n ≥ 1) à coefficients
complexes [resp. réels], on dit que α ∈ C [resp. α ∈ R] est racine de P si P (α) = 0.
On peut donner plusieurs démonstrations du théorème de d’Alembert-Gauss mais toutes
utilisent des outils d’algèbre ou d’analyse plus sophistiqués que le contenu de ce chapitre. Le
problème du paragraphe 27 propose une démonstration classique qui utilise des outils d’analyse.
Il est par contre facile de montrer qu’un polynôme à coefficients complexes [resp. réels] de
degré n ≥ 1 a au plus n racines complexes[resp. réelles] distinctes ou confondues. En effet pour
b
n = 1, l’unique racine du polynôme az + b avec a ̸= 0 est z = − . En supposant le résultat
a
∑
n
acquis pour les polynômes de degré n − 1 ≥ 1, on se donne un polynôme P (z) = ak z k de
k=0
degré n (ce qui signifie que an ̸= 0). S’il admet une racine α, on peut écrire, pour tout nombre
complexe z :
∑n
( )
P (z) = P (z) − P (α) = ak z k − α k
k=1
∑
k
avec z k − αk = (z − α) z k−j αj−1 pour tout k ≥ 1, ce qui donne P (z) = (z − α) Q (z) , où Q
j=1
est un polynôme de degré n − 1, il a donc au plus n − 1 racines et P a au plus n racines.
Une conséquence importante est que deux polynômes P et Q de degré n ≥ 1 qui coïncident
en n + 1 points distincts sont nécessairement égaux. En effet P − Q est nul ou de degré au plus
n. S’il est non constant, il est degré p ≤ n avec n + 1 > p racines, ce qui est impossible. Il est
donc constant égal à P (α) − Q (α) = 0 où α est l’une des racines communes de P et Q.
Exercice 7.15 Factoriser dans R puis dans C, x4 + 1.
Solution 7.15 Dans R on a :
( )2
x4 + 1 = x2 + 1 − 2x2
( √ )( √ )
= x2 − 2x + 1 x2 + 2x + 1
√
les deux polynômes x2 ± 2x + 1 de discriminant δ = −2 < 0 étant sans racines réelles. Sur C
±1 ± i1
ces polynômes ont pour racines √ , ce qui donne :
2
( )( )( )( )
1−i 1+i 1+i 1−i
x +1= x− √
4
x− √ x+ √ x+ √
2 2 2 2
Exercice 7.16 Déterminer les racines carrés complexes de α = −7 + 24i.
Solution 7.16 En écrivant z = x + iy, l’équation z 2 = α équivaut à :
{ 2
x − y 2 = −7
xy = 12
Considérant que |z|2 = x2 + y 2 = |α| = 25, on déduit que x2 = 9, donc x = 3 et y = 4 ou
x = −3 et y = −4. Les deux racines carrés de α sont donc ± (3 + 4i) .
Les équations de degré 3 et 4 69
P (z) = z 3 + az 2 + bz + c = 0
P (z − λ) = (z − λ)3 + a (z − λ)2 + b (z − λ) + c.
En développant, on a :
( ) ( )
P (z − λ) = z 3 + (a − 3λ) z 2 + λ2 − 2aλ + b z + c − bλ + aλ2 − λ3 .
a
Le choix de λ = donne :
3
( ) ( )
a2 ab 2a3
P (z − λ) = z + b −
3
z+ c− + .
3 3 27
Q (z) = z 3 + pz + q = 0
a2 ab 2a3
où on a noté p = b − et q = c − + . Si z est solution de Q (z) = 0, alors z − λ est
3 3 27
solution de P (t) = 0.
Si p = 0, alors les solutions de Q (z) = 0 sont les racines cubiques de −q.
Si p ̸= 0, on cherche alors les solutions sous la forme z = u + v en imposant une condition
supplémentaire à u et v. En développant :
P (u + v) = u3 + v 3 + (3uv + p) (u + v) + q
on est amené à imposer 3uv + p = 0, ce qui donne le système de deux équations à deux
inconnues : { 3
u + v 3 = −q
3uv = −p
70 Le corps C des nombres complexes
p pj pj
z1 = w − , z2 = jw − , z3 = jw −
3w 3w 3w
et on les a toutes.
P (z) = z 3 − 3z 2 + 4z − 4 = 0
P (z − λ) = (z − λ)3 − 3 (z − λ)2 + 4 (z − λ) − 4
( ) ( )
= z 3 − 3 (λ + 1) z 2 + 4 + 6λ + 3λ2 z − λ3 + 3λ2 + 4λ + 4
et λ = −1 donne :
Q (z) = P (z + 1) = z 3 + z − 2.
Cherchant les solutions sous la forme z = u + v, on aboutit à :
{ 3
u + v3 = 2
1
u3 v 3 = −
27
qui nous conduit à résoudre :
1
x2 − 2x − =0
27
Arguments d’un nombre complexe 71
de solutions : √ √
2 7 2 7
u = 1 + √ et v 3 = 1 −
3
√ .
3 3 3 3
Ce qui donne : √ √ √
√ √ √
2 7 3 2 7 3 2 7
u∈
3
1+ √ ,j 1 + √ ,j 1 + √
3 3 3 3 3 3
1
et v = − avec :
3u √ √
3 2 7 √ √
√ −1
1 1 3 3 3 2 7
= √ √ = √ =3 √ − 1.
u 2 7 3 28 3 3
3
1+ √ −1
3 3 27
z1 + 1 = 2, z2 + 1, z3 + 1.
Théorème 7.13 Si z est un nombre complexe de module 1, il existe un unique réel θ ∈ [−π, π[
tel que z = cos (θ) + i sin (θ) .
Corollaire 7.2 Pour tout nombre complexe non nul z, il existe un unique réel θ ∈ [−π, π[ tel
z
que = cos (θ) + i sin (θ) .
|z|
z
Démonstration. On applique le théorème précédent à qui est de module égal à 1.
|z|
Définition 7.6 Avec les notations du corollaire qui précède, on dit que le réel θ ∈ [−π, π[ est
l’argument principal du nombre complexe non nul z.
Si θ ∈ [−π, π[ est l’argument principal d’un nombre complexe z ∈ C∗ , les seuls réels θ′ tels
z
que = cos (θ′ )+i sin (θ′ ) sont les réels θ′ = θ+2kπ, où k est un entier relatif. En effet ces réels
|z|
conviennent et les égalités cos (θ) = cos (θ′ ) et sin (θ) = sin (θ′ ) sont réalisées si, et seulement si
il existe un entier relatif k tel que θ′ = θ + 2kπ (on peut trouver un entier k tel que θ′ − 2kπ
θ′ + π
soit dans [−π, π[ , c’est-à-dire que k est tel que −π ≤ θ′ − 2kπ < π, soit k ≤ < k + 1,
[ ′ ] 2π
θ +π
encore équivalent à k = et θ′ − 2kπ est l’argument principal de z).
2π
z
Définition 7.7 On dit qu’un réel θ est un argument du nombre complexe non nul z si =
|z|
cos (θ) + i sin (θ) .
74 Le corps C des nombres complexes
Ce qui précède nous dit qu’un nombre complexe non nul admet une infinité d’arguments
et que deux tels arguments différent d’un multiple entier de 2π, on dit alors qu’ils sont égaux
modulo 2π.
On notera θ′ ≡ θ (2π) pour signifier que les réels θ′ et θ sont égaux modulo 2π.
Si θ est un argument d’un nombre complexe non nul z, on notera arg (z) ≡ θ (2π) . La
notation arg (z) signifie qu’on a choisi un argument de z, c’est donc un réel défini modulo 2π.
Par abus de langage, on écrira θ = arg (z) quand il n’y a pas d’ambiguïté.
Avec le théorème qui suit on donne quelques propriétés des arguments d’un nombre complexe.
Théorème 7.14 En désignant par z et z ′ des nombres complexes non nuls, λ un réel non nul
et n un entier relatif, on a :
1. arg (z) ≡ − arg (z) (2π) ;
2. arg (zz ′ ) ≡ arg (z) + arg (z ′ ) (2π) ;
(z) ( )
3. arg ′ ≡ arg (z) − arg (z ′ ) = arg zz ′ (2π) ;
z
4. arg (z n ) ≡ n arg (z) (2π) ;
5. si λ > 0, alors arg (λz) ≡ arg (z) (2π) , si λ < 0, alors arg (λz) ≡ arg (z) + π (2π) ;
6. z est réel si, et seulement si arg (z) ≡ 0 (π) (c’est-à-dire que les arguments de z sont de
la forme kπ avec k ∈ Z, l’argument principal étant 0 ou −π) ;
π
7. z est imaginaire pur si, et seulement si arg (z) ≡ (π) (c’est-à-dire que les arguments
2
π π π
de z sont de la forme + kπ avec k ∈ Z, l’argument principal étant − ou ).
2 2 2
Démonstration. Il suffit de considérer le cas des nombres complexes de module 1 par
définition des arguments.
1. Pour z = cos (θ) + i sin (θ) , on a :
zz ′ = (cos (θ) cos (θ′ ) − sin (θ) sin (θ′ )) + i (sin (θ) cos (θ′ ) + cos (θ) sin (θ′ ))
= cos (θ + θ′ ) + i sin (θ + θ′ )
En désignant par ψ l’application qui associe à tout réel θ le nombre complexe ψ (θ) = cos (θ)+
i sin (θ) on réalise une application surjective de R sur l’ensemble Γ des nombres complexes de
module 1. Cette application n’est pas injective puisque l’égalité ψ (θ) = ψ (θ′ ) équivaut à
θ′ ≡ θ (2π) . En restriction à [−π, π[ cette application ψ est bijective.
Arguments d’un nombre complexe 75
Théorème 7.15 Avec les notations qui précèdent, on a ψ (0) = 1 et pour tous réels θ, θ′ :
ψ (θ + θ′ ) = ψ (θ) ψ (θ′ ) .
ψ (θ + θ′ ) = cos (θ + θ′ ) + i sin (θ + θ′ )
= (cos (θ) cos (θ′ ) − sin (θ) sin (θ′ )) + i (sin (θ) cos (θ′ ) + cos (θ) sin (θ′ ))
= (cos (θ) + i sin (θ)) (cos (θ′ ) + i sin (θ′ ))
= ψ (θ) ψ (θ′ )
La fonction ψ vérifie donc la même équation fonctionnelle que la fonction exponentielle réelle.
Cette remarque justifie la notation ψ (θ) = eiθ .
1
Avec 1 = ψ (0) = ψ (θ − θ) = ψ (θ) ψ (−θ) , on déduit que = ψ (−θ) = ψ (θ) (ce que
ψ (θ)
l’on savait déjà : l’inverse d’un nombre complexe de module 1 est égal à son conjugué).
On a donc en résumé la notation :
ce qui définit une fonction 2π-périodique surjective de R sur l’ensemble Γ des nombres complexes
de module 1 avec les propriétés suivantes :
i·0
e = e0 = 1
′ ′
∀ (θ, θ′ ) ∈ R2 , ei(θ+θ ) = eiθ eiθ
1
∀θ ∈ R, iθ = e−iθ = eiθ
e ( ′)
∀ (θ, θ ′
) ∈ R2 , eiθ = eiθ ⇔ (∃k ∈ Z | θ′ = θ + 2kπ)
( ) iθ −iθ ( ) eiθ − e−iθ
∀θ ∈ R, cos (θ) = ℜ eiθ = e + e et sin (θ) = ℑ eiθ =
2 2i
( iθ )n
Par récurrence sur n ≥ 0, on déduit facilement que e = einθ . Puis pour n < 0 on a
( )−n
1 1 ( −iθ )−n
einθ = −inθ = iθ
= e = einθ , c’est-à-dire que cette formule est valable pour tous
e e
les entiers relatifs. Nous verrons un peu plus loin l’intérêt de cette égalité.
On a en particulier les valeurs suivantes :
π
eiπ = −1, ei 2 = i
les égalités eiθ = 1, eiθ = −1 et eiθ = i étant réalisées respectivement si, et seulement si θ = 2kπ,
π
θ = (2k + 1) π et θ = + 2kπ, où k est un entier relatif.
2
Un nombre complexe non nul peut donc s’écrire sous la forme z = ρeiθ où ρ est un réel
strictement positif uniquement déterminé, c’est le module de z, et θ est un argument de z.
Cette écriture est l’écriture polaire (ou trigonométrique) de z.
Exercice 7.21 Soient z, z ′ deux nombres complexes non nuls. Montrer que |z + z ′ | = |z| + |z ′ |
si, et seulement si, arg (z) ≡ arg (z ′ ) (2π) .
76 Le corps C des nombres complexes
′ ′ ′
On a( donc) |z + z′ | = |z| + |z | si, et seulement si, zz + zz
′ = 2 |z| |z ′ | , ce qui équivaut encore
′
à ℜ zz ′ = |z| |z | . En utilisant l’écriture polaire, z = ρeiθ et z ′ = ρ′ eiθ avec ρ > 0, ρ′ > 0 et
θ, θ′ réels, on déduit que |z + z ′ | = |z| + |z ′ | si, et seulement si, cos (θ − θ′ ) = 1, ce qui équivaut
à θ − θ′ ≡ 0 (2π) et signifie que arg (z) ≡ arg (z ′ ) (2π) .
Exercice 7.22 Démontrer que, pour tout entier naturel r non nul et toute famille (z1 , · · · , zr )
de complexes non nuls, l’égalité : r
∑ ∑ r
zk = |zk |
k=1 k=1
ce qui revient à dire que tous les zk ont le même argument modulo 2π.
Solution 7.22 Chaque nombre complexe non nul zk (1 ≤ k ≤ r) peut s’écrire zk = ρk eiθk avec
ρk = |zk | > 0 et θk ∈ [−π, π[ . On a alors :
2
∑ r ∑r ∑
z
k = |zk |2 + 2 ρj ρk cos (θj − θk ) ,
( r
k=1
)2 k=1 1≤j<k≤r
∑ ∑r ∑
|zk | = |zk |2 + 2 ρj ρk
k=1 k=1 1≤j<k≤n
r
∑ ∑ r
et l’égalité zk = |zk | est équivalente à :
k=1 k=1
∑
ρj ρk (1 − cos (θj − θk )) = 0.
1≤j<k≤r
Tous les termes de cette somme étant positifs ou nuls avec ρj ρk > 0, on en déduit que cos (θj − θk ) =
1 avec θj − θk ∈ ]−2π, 2π[ pour 1 ≤ j < k ≤ r (on a −π ≤ θj < π et −π ≤ θk < π donc
−π < −θk ≤ π et −2π < θj − θk < 2π), ce qui donne θj = θk et en notant θ cette valeur
commune on a zk = ρk eiθ = |zk | eiθ pour tout entier k compris entre 1 et r ou encore :
|zk |
zk = |z1 | eiθ = λk z1 (1 ≤ k ≤ r)
|z1 |
|zk |
où on a posé λk = pour tout k compris entre 1 et r.
|z1 |
Réciproquement si zk = λk z1 avec λk > 0 pour tout k compris entre 2 et r et λ1 = 1, on a :
r
∑ ∑
r ∑
r ∑
r
zk = |z1 | λk = λk |z1 | = |zk | .
k=1 k=1 k=1 k=1
Solution 7.23 On a :
( ) ( )
iθ iθ′ i θ+θ
′
i θ−θ
′
−i θ−θ
′ θ − θ′ θ+θ ′
e +e =e 2 e 2 +e 2 = 2 cos ei 2
2
( )
iθ′ θ − θ′
iθ
donc e + e ̸= 0 si cos ̸= 0,
2
( )
iθ iθ′
θ − θ ′
e + e = 2 cos
2
et : ( )
θ + θ′ θ − θ′
( ) (2π) si cos >0
′ 2 2
( )
arg eiθ + eiθ ≡
θ + θ′ θ − θ′
+ π (2π) si cos <0
2 2
Exercice 7.24 Pour tout réel θ, on désigne par zθ le nombre complexe zθ = 1 − eiθ .
( )
θ θ
1. Exprimer zθ en fonction de sin et de ei 2 .
2
2. Montrer que pour tout entier naturel n et tout réel θ ∈ R \ 2πZ, on a :
( n+1 )
∑n
θ sin θ
eikθ = ein 2 (2θ )
k=0
sin 2
∑
n ∑
n
3. En déduire des expressions de cos (kθ) et de sin (kθ) pour tout entier naturel non
k=0 k=1
nul n et tout réel θ.
Solution 7.24
1. On a : ( ) ( )
i θ2 −i θ2 i θ2 θ iθ
zθ = e e −e = −2i sin e 2.
2
On peut aussi écrire que :
( ) ( ) ( )
θ θ θ
zθ = 1 − cos (θ) − i sin (θ) = 2 sin − 2i cos sin 2
2 2 2
( )( ( ) ( )) ( )
θ θ θ θ iθ
= −2i sin cos + i sin = −2i sin e 2.
2 2 2 2
3. Ce qui donne en identifiant les parties réelles et imaginaires dans l’identité précédente :
( ) ( )
∑n
θ sin n+1 θ
cos (kθ) = cos n (θ)
2
k=0
2 sin 2
et : ( ) ( )
∑
n
θ sin n+1 θ
sin (kθ) = sin n (2 )
k=1
2 sin 2θ
pour n ≥ 1 et θ ∈ R \ 2πZ. Pour θ ∈ 2πZ, on a cos (kθ) = 1 et sin (kθ) = 0 pour tout k,
∑
n ∑
n
de sorte que cos (kθ) = n + 1 et sin (kθ) = 0.
k=0 k=1
Exercice 7.25 Pour tout réel θ ∈ ]−π, π[ , on désigne par zθ le nombre complexe zθ = 1 + eiθ .
( )
θ θ
1. Exprimer zθ en fonction de cos et de ei 2 .
2
2. En calculant, pour n entier naturel non nul, zθn de deux manières différentes, montrer
que :
∑n ( ) ( )
k n n θ θ
Cn cos (kθ) = 2 cos cos n
k=0
2 2
et : ( ) ( )
∑
n
θ θ
Cnk sin (kθ) = 2 cos sin nn n
k=1
2 2
Solution 7.25
1. On a : ( ) ( )
i θ2 −i θ2 i θ2 θ iθ
zθ = e e +e = 2 cos e 2.
2
On peut aussi écrire que :
( ) ( ) ( )
θ θ 2θ
zθ = 1 + cos (θ) + i sin (θ) = 2 cos + 2i cos sin
2 2 2
( )( ( ) ( )) ( )
θ θ θ θ iθ
= 2 cos cos + i sin = 2 cos e 2.
2 2 2 2
2. On a d’une part : ( )
θ i nθ
zθn
= 2 cos e 2 n n
2
et d’autre part, en utilisant la formule du binôme de Newton :
( ) ∑
n
iθ n
zθn = 1+e = Cnk eikθ
k=0
et : ( ) ( )
∑
n
θ θ
Cnk sin (kθ) = 2 cos sin nn n
k=1
2 2
Arguments d’un nombre complexe 79
Exercice 7.26 Pour tout réel θ ∈ ]−π, π[ , on désigne par zθ le nombre complexe zθ = 1 + eiθ .
1. Déterminer le module et un argument de zθ .
1 + eiθ
2. Déterminer, pour θ ∈ ]−π, π[ \ {0} , le module et un argument de uθ = .
1 − eiθ
3. Déterminer, pour tout entier naturel n ≥ 2, le module et un argument de zθn .
π
4. On prend θ = 2 et n = 2006. Déterminer le module et l’argument de zθn qui est dans
3
]−π, π[ .
π
5. Calculer ei 12 .
π
6. On prend θ = et n = 2006. Déterminer le module et l’argument de zθn qui est dans
6
]−π, π[ .
Solution 7.26
( ) ( )
θ iθ θ
1. L’exercice 7.25 nous dit que zθ = 2 cos e 2 et tenant compte de cos > 0 pour
2 2
θ ∈ ]−π, π[ , on déduit que :
( )
θ θ
|zθ | = 2 cos et arg (zθ ) ≡ (2π)
2 2
( )
θ
2. Pour θ ∈ ]−π, π[ \ {0} , on a sin ̸= 0 et :
2
(θ) θ ( )
2 cos ei 2 θ
uθ = ( ) θ = i cotan
2
−2i sin 2θ ei 2 2
4. On a : √
(π ) 1 3
i π3 i π3
zθ = 2 cos e =e = +i
3 2 2
2006 = 6 ∗ 334 + 2, de sorte que :
nπ 2π
|zθn | = 1 et arg (zθn ) ≡ ≡ (2π)
3 3
80 Le corps C des nombres complexes
5. On a : √ (π ) (π) (π)
3
= cos = 2 cos 2
− 1 = 1 − 2 sin 2
2 6 12 12
(π) (π)
avec cos > 0 et sin > 0, donc :
12 12
√ √ √ √
(π) 1 3 2+ 3
cos = + =
12 2 4 2
√ √ √ √
(π) 1 3 2− 3
sin = − =
12 2 4 2
6. On a ( π )n (√ )
√ n ( √ )1003
|zθn | = 2 cos
n
= 2+ 3 = 2+ 3
12
et 2006 = 24 ∗ 83 + 14 de sorte que :
π 7π
arg (zθn ) ≡ n ≡ (2π)
12 6
Exercice 7.27 Pour cet exercice, θ est un réel fixé appartenant à ]0, π[ .
1. Déterminer le module et un argument de uθ = 1 + eiθ .
2. Déterminer le module et un argument de vθ = 1 − eiθ .
3. Résoudre dans C l’équation z 2 − 2zeiθ + 2ieiθ sin (θ) = 0.
Solution 7.27
1. On a :
( ) ( ) ( )
θ 2 θ θ
uθ = 1 + cos (θ) + i sin (θ) = 2 cos + 2i cos sin
2 2 2
( )( ( ) ( )) ( )
θ θ θ θ iθ
= 2 cos cos + i sin = 2 cos e2
2 2 2 2
( )
θ
avec cos > 0 pour θ ∈ ]0, π[ , donc :
2
( )
θ θ
|uθ | = 2 cos et arg (uθ ) ≡ (2π)
2 2
2. On a :
( )
i(θ+π) θ π i( θ2 + π2 )
vθ = 1 + e = 2 cos + e
2 2
( ) ( )
θ i( θ2 + π2 ) θ i( θ2 +3 π2 )
= −2 sin e = 2 sin e
2 2
( )
θ
avec sin > 0 pour θ ∈ ]0, π[ , donc :
2
( )
θ θ π θ π
|vθ | = 2 sin et arg (vθ ) ≡ + 3 ≡ − (2π)
2 2 2 2 2
Arguments d’un nombre complexe 81
3. On a :
( )2 ( )
P (z) = z 2 − 2zeiθ + 2ieiθ sin (θ) = z − eiθ + eiθ 2i sin (θ) − eiθ
( )2
= z − eiθ + eiθ (i sin (θ) − cos (θ))
( )2
= z − eiθ − eiθ (cos (θ) − i sin (θ))
( )2 ( )2
= z − eiθ − eiθ e−iθ = z − eiθ − 1
et P (z) = 0 équivaut à z = eiθ ± 1. Les solutions sont donc uθ = 1 + eiθ et −vθ = eiθ − 1.
Exercice 7.28 On désigne par D (0, 1) le disque unité fermé du plan complexe, soit :
D (0, 1) = {z ∈ C | |z| ≤ 1}
ρ2 + 1 (ρ − 1)2 + 2ρ 2ρ
|φ (z)| = = > = 1.
2ρ 2ρ 2ρ
On a donc bien φ (z) ∈ C \ [−1, 1] pour tout z ∈ C \ D (0, 1) . ( )
1 1
Il s’agit maintenant de montrer que pour tout Z ∈ C \ [−1, 1] l’équation z+ = Z a une
2 z
unique solution z ∈ C \ D (0, 1) . Cette équation est équivalente à l’équation de degré 2 :
z 2 − 2Zz + 1 = 0
L’écriture polaire des nombres complexes non nuls peut aussi être utilisée pour résoudre des
équations de la forme a cos (x) + b sin (x) = 0. Pour ce faire, on utilise le résultat suivant.
82 Le corps C des nombres complexes
Théorème 7.16 Soient a, b des réels non tous deux nuls (c’est-à-dire que (a, b) ̸= (0, 0)). Il
existe un unique couple (ρ, θ) de réels dans R+,∗ × [−π, π[ tel que :
et d’autre part :
ue−ix = ρei(θ−x) = ρ cos (θ − x) + iρ sin (θ − x)
ce qui donne :
a cos (x) + b sin (x) = ρ cos (θ − x) = ρ cos (x − θ)
et aussi :
a sin (x) − b cos (x) = ρ sin (x − θ) .
Pour ce qui est de l’unicité, supposons que (ρ′ , θ′ ) soit une autre solution à notre problème.
On a alors, pour tout réel x :
ρ cos (x − θ) = ρ′ cos (x − θ′ ) .
Démonstration. Le théorème précédent nous que l’équation (7.3) est équivalente à cos (x − θ) =
π π
0, soit à (x − θ) ≡ (π) , encore équivalent à dire que x = θ + + kπ avec k ∈ Z.
2 2
Les formules suivantes, valables pour θ ∈ R et n ∈ Z :
( ) iθ −iθ
cos (θ) = ℜ eiθ = e + e
2
( iθ ) eiθ − e−iθ
sin (θ) = ℑ e =
2i
(formules d’Euler) et :
( )n
(cos (θ) + i sin (θ))n = eiθ = einθ = cos (nθ) + i sin (nθ)
Arguments d’un nombre complexe 83
et l’identification des parties réelles et imaginaires nous permet d’exprimer cos (nθ) et sin (nθ)
comme combinaisons linéaires de puissances de cos (θ) et sin (θ) .
Exercice 7.29 Exprimer cos (4θ) et sin (4θ) comme combinaisons linéaires de puissances de
cos (θ) et sin (θ) .
Solution 7.29 On a :
( )4
cos (4θ) + i sin (4θ) = ei4θ = eiθ = (cos (θ) + i sin (θ))4
= cos4 (θ) + 4 cos3 (θ) sin (θ) i − 6 cos2 (θ) sin2 (θ)
−4 cos (θ) sin3 (θ) i + sin4 (θ)
et en conséquence :
cos (4θ) = cos4 (θ) − 6 cos2 (θ) sin2 (θ) + sin4 (θ)
( )2
= cos2 (θ) + sin2 (θ) − 8 cos2 (θ) sin2 (θ)
= 1 − 8 cos2 (θ) sin2 (θ)
et :
( )
sin (4θ) = 4 cos3 (θ) sin (θ) − cos (θ) sin3 (θ)
( )
= 4 cos (θ) sin (θ) cos2 (θ) − sin2 (θ)
L’utilisation des formules d’Euler et de la formule du binôme de Newton nous permet d’ex-
primer des puissances cos (θ) et sin (θ) comme combinaisons linéaires de cos (pθ) et sin (qθ) . On
dit qu’on linéarise cosn (θ) ou sinm (θ) , n et m étant des entiers naturels.
Pour ce faire, on écrit que :
1 ( iθ ) 1 ∑ k ikθ −i(n−k)θ
n
n −iθ n
cos (θ) = n e + e = n C e e
2 2 k=0 n
1 ∑ k i(2k−n)θ
n
= C e
2n k=0 n
1 ∑ k 1 ∑ k
n n
= n C cos ((2k − n) θ) + i n C sin ((2k − n) θ)
2 k=0 n 2 k=0 n
et nécessairement :
1 ∑ k
n
n
cos (θ) = n C cos ((2k − n) θ) . (7.4)
2 k=0 n
On peut remarquer que l’on a aussi :
∑
n
Cnk sin ((2k − n) θ) = 0.
k=0
84 Le corps C des nombres complexes
En réalité cette formule est évidente. Par exemple, pour n = 2p, le changement d’indice
k = 2p − j nous permet d’écrire la deuxième moitié de cette somme sous la forme :
∑
2p
∑
p−1
k
C2p sin ((2k − 2p) θ) = 2p−j
C2p sin ((2p − 2j) θ)
k=p+1 j=0
∑
p
=− j
C2p sin ((2j − 2p) θ)
j=0
∑p
=− Cnk sin ((2k − n) θ)
k=0
Solution 7.30 On a :
1 ( iθ )4
cos4 (θ) = e + e−iθ
16
1 ( 4iθ )
= e + 4e3iθ e−iθ + 6e2iθ e−2iθ + 4eiθ e−3iθ + e−4iθ
16
1 ( 4iθ ( ) )
= e + e−4iθ + 4 e2iθ + e−2iθ + 6
16
1 1 3
= cos (4θ) + cos (2θ) +
8 2 8
et :
1 ( iθ )4
sin4 (θ) = e − e−iθ
16
1 ( 4iθ )
= e − 4e3iθ e−iθ + 6e2iθ e−2iθ − 4eiθ e−3iθ + e−4iθ
16
1 ( 4iθ ( ) )
= e + e−4iθ − 4 e2iθ + e−2iθ + 6
16
1 1 3
= cos (4θ) − cos (2θ) +
8 2 8
On peut aussi exprimer tan (nθ) en fonction de tan (θ) pour tout entier naturel n.
Solution 7.31 On a :
sin (4θ) cos3 (θ) sin (θ) − cos (θ) sin3 (θ)
tan (4θ) = =4 4
cos (4θ) cos (θ) − 6 cos2 (θ) sin2 (θ) + sin4 (θ)
1 − tan2 (θ)
tan (4θ) = 4 tan (θ) .
1 − 6 tan2 (θ) + tan4 (θ)
Racines n-ièmes d’un nombre complexe 85
z 2 = r2 e2it = ρeiθ
√ θ
ce qui équivaut à r2 = ρ et 2t = θ + 2kπ avec k ∈ Z. On a donc r = ρ et t = + kπ avec
√ θ 2
k ∈ Z, ce qui donne z = ρei 2 eikπ et α a deux racines carrées qui sont :
√ iθ √ θ
z1 = ρe 2 et z2 = ρei 2 eiπ = −z1 .
Définition 7.8 Étant donné un nombre complexe α et un entier naturel non nul n, on appelle
racine n-ième de α tout nombre complexe z tel que z n = α.
Remarque 7.2 Si α est un nombre complexe non nul, il s’écrit α = ρeiθ avec ρ > 0 et
θ ∈ [−π, π[ (ou θ ∈ R si on se contente d’un quelconque argument de α) et le nombre complexe
√ θ
z0 = n ρei n nous fournit une solution n
( )n de l’équation z = α. Pour tout autre solution z de cette
z
équation on aura z n = z0n , soit = 1 et la connaissance de toutes les racines n-ièmes de
z0
1 nous fournira toutes les racines n-ièmes de α.
Définition 7.9 Étant donné un entier naturel non nul n, on appelle racine n-ième de l’unité
toute racine n-ième de 1.
Théorème 7.17 Soit n un entier naturel non nul. Il y a exactement n racines n-ièmes de
l’unité qui sont données par :
( ) ( )
2ikπ 2kπ 2kπ
ωk = e n = cos + i sin (0 ≤ k ≤ n − 1)
n n
2 (j − k) π
équivalent à ≡ 0 modulo 2π, ce qui revient à dire que j − k est divisible par n, soit
n
j − k = qn et avec |j − k| ≤ n − 1 (puisque j et k sont dans l’intervalle [0, n − 1]), on déduit
que q = 0 est la seule possibilité, ce qui signifie que j = k. On a donc bien le résultat annoncé.
Théorème 7.18 Pour tout entier naturel non nul n et tout nombre complexe z, on a :
∏
n−1
zn − 1 = (z − ωk )
k=0
2ikπ
où les ωk = e n , pour k compris entre 0 et n − 1, sont les racines n-ièmes de l’unité.
∏
n−1
Démonstration. Le polynôme P (z) = z n − 1 − (z − ωk ) est nul ou de degré au plus
k=0
∏
n−1
égal à n − 1 (le coefficient dominant de (z − ωk ) est z n ) et s’annule en n points distincts
k=0
(les ωk ), c’est donc le polynôme nul.
Corollaire 7.4 Soit n un entier naturel non nul. Tout nombre complexe non nul α = ρeiθ a
exactement n racines n-ièmes données par :
√ θ 2ikπ
uk = u0 ωk = n ρei n e n (0 ≤ k ≤ n − 1)
Exercice 7.32 Résoudre dans C l’équation z 6 = (z) 2 . Combien l’équation a-t-elle de solutions ?
Exercice 7.34 Déterminer, pour n entier naturel non nul, toutes les racines n-ièmes de −1.
Solution 7.34 Il s’agit de résoudre l’équation z n = −1 = eiπ . Les solutions de cette équation
sont les :
iπ
uk = e(2k+1) n (0 ≤ k ≤ n − 1)
Exercice 7.35 En notant, pour n entier naturel non nul, (ωk )0≤k≤n−1 la suite de toutes les
∑
n−1 ∏
n−1
racines n-ièmes de l’unité, montrer que pour n ≥ 2, on a ωk = 0 et ωk = (−1)n−1 .
k=0 k=0
Solution 7.35 On a :
∑
n−1 ∑
n−1
1 − ω1n
ωk = ω1k = =0
k=0 k=0
1 − ω1
2iπ
(pour n ≥ 2, on a bien ω1 = e n ̸= 1) et :
∑
n−1
∏
n−1 ∏
n−1 k
n(n−1)
k=0
ωk = ω1k = ω1 = ω1 2
k=0 k=0
( 2iπ
) n(n−1)
2 n(n−1) 2iπ ( )n−1
= e n =e 2 n = ei(n−1)π = eiπ = (−1)n−1
n (n − 1) ( )m
(m = étant entier, on a bien eiθ = eimθ ). De la première identité, on déduit que :
2
∑
n−1 ( ) ∑n−1 ( )
2kπ 2kπ
cos = sin = 0.
k=0
n k=0
n
n (n − 1)
Remarque 7.3 La parenthèse (m = étant entier ... ) est due à la remarque du
2
pointilleux lecteur qui voudrait montrer que −1 = 1 comme suit :
( ) ( 1 ( )1 1
)
1 = e2iπ ⇒ 1 = 1 2 = e2iπ 2 = e 2 2iπ = eiπ = −1
Exercice 7.36 Montrer que, pour tout entier n ≥ 1, l’ensemble des racines 2n-ièmes de l’unité
est aussi donnée par :
{ ikπ } { −ikπ }
Γ2n = {−1, 1} ∪ e n | 1 ≤ k ≤ n − 1 ∪ e n | 1 ≤ k ≤ n − 1
( 2 ∏(
) n−1
( )
kπ
)
z 2n
−1= z −1 z − 2 cos
2
z+1 .
k=1
n
∏(
n−1 )( )
z − e−i n
kπ kπ
z 2n − 1 = (z − 1) (z + 1) z − ei n
k=1
( )∏ 2
n−1 ( ( ) )
i kπ −i kπ
= z2 − 1 z − e n +e n z+1
k=1
( ) ∏(
n−1 (
kπ
) )
= z −1 2
z − 2 cos
2
z+1
k=1
n
zk = ei( 6 +k 2 ) et zk = e−i( 6 +k 2 ) (0 ≤ k ≤ 3)
π π π π
soit : √ √
i π6 3 i 2i π3 1 3
z0 = e = + , z1 = e = j = − + i
2 2 2 2
π π
z2 = e7i 6 = −z1 , z3 = e5i 3 = −z1
et leurs conjugués.
On peut aussi procéder ( comme)2suit. Si z est solution de cette ( équation,
)2 il est alors non nul et
1 1 1 1
z 4 + 1 + 4 = 0, soit z 2 + 2 = 1, donc z 2 + 2 = ±1, soit z + − 2 = ±1, c’est-à-dire
z z z z
( )2 ( )2
1 1
z+ = 1 ou z + = 3.
z z
( )2
1 1 z3 ± 1
Si z + = 1, on a alors z + = ±1, soit z 2 ± z + 1 = 0 avec z ̸= ±1 ou encore = 0,
z z z±1
ce qui donne les 4 solutions, j, j, −j, −j. (
( )2 √ )2
1 1 √ √ 3 1
Si z + = 3, on a alors z + = ± 3, soit z 2 ± 3z + 1 = 0 ou encore z ± =− ,
z z 2 4
√
3 i
ce qui donne les 4 autres solutions, z0 = + , z0 , −z0 , −z0 .
2 2
Deuxième partie
89
8
On notera K le corps de réels ou des complexes, en précisant quand cela sera nécessaire s’il
s’agit de R ou C. Par scalaire on entend réel ou complexe.
On dit que cette opération est interne car elle associe à deux éléments x et y de Kn un élément
x + y de Kn .
Des propriétés de l’addition des scalaires, on déduit facilement que cette opération d’addition
vérifie les propriétés suivantes :
(i) elle est commutative, ce qui signifie que pour tous vecteurs x et y, on a x + y = y + x ;
(ii) elle est associative, ce qui signifie que pour tous vecteurs x, y et z, on a x + (y + z) =
(x + y) + z ;
0
0
(iii) le vecteur nul 0 = .. est un élément neutre pour cette addition, ce qui signifie que
.
0
pour tout vecteur x on a x + 0 = 0 + x = x ;
91
92 Espaces vectoriels réels ou complexes
(iv) pour tout vecteur x = (xi )1≤i≤n ∈ Kn , le vecteur x′ = (−xi )1≤i≤n est tel que x + x′ =
x′ + x = 0, on dit que x′ est un opposé de x et on le note −x.
Tout cela se résume en disant que l’ensemble Kn muni de l’addition, que l’on note (Kn , +) ,
est un groupe commutatif (voir le chapitre 20).
De même, on peut naturellement munir Kn d’une multiplication externe définie par :
On dit que cette opération est externe car elle associe à un scalaire λ (en dehors de Kn ) et à
un élément x de Kn un élément λ · x de Kn .
On écrira plus simplement λx pour λ · x.
Là encore des propriétés de l’addition et de la multiplication des scalaires, on déduit que
cette opération externe vérifie les propriétés suivantes :
(v) pour tout scalaire λ et tous vecteurs x et y, on a λ (x + y) = λx + λy ;
(vi) pour tous scalaires λ, µ et tout vecteur x, on a (λ + µ) x = λx + µx ;
(vii) pour tous scalaires λ, µ et tout vecteur x, on a λ (µx) = (λµ) x ;
(viii) pour tout vecteur x, on a 1 · x = x.
Tout cela se résume en disant que l’ensemble Kn muni de cette addition interne et de cette
multiplication externe, que l’on note (Kn , +, ·) , est un K-espace vectoriel, ou simplement un
espace vectoriel, le corps K étant sous-entendu.
Définition 8.1 On appelle K-espace vectoriel tout ensemble non vide E muni d’une addition
interne (x, y) ∈ E × E 7→ x + y ∈ E et d’une multiplication externe (λ, x) ∈ K × E 7→ λx ∈ E
vérifiant les propriétés (i) à (viii) précédentes.
Pour simplifier, on dira espace vectoriel pour K-espace vectoriel. Quand cela sera nécessaire,
on précisera espace vectoriel réel (i. e. pour K = R) ou espace vectoriel complexe (i. e. pour
K = C).
Les éléments d’un espace vectoriel sont appelés vecteurs.
Dans un espace vectoriel l’élément neutre pour l’addition est noté 0 et on dit que c’est le
vecteur nul et le symétrique d’un vecteur x est noté −x et on dit que c’est l’opposé de x.
On vérifie facilement que le neutre 0 est unique, c’est-à-dire que c’est l’unique élément e de
E tel que x + e = e + x = x pour tout x ∈ E (on a e = e + 0 puisque 0 est neutre et e + 0 = 0
puisque e est neutre, donc e = 0), que pour tout x ∈ E l’opposé −x est unique (si x′ est un
autre opposé, de x + x′ = 0, on déduit que (−x) + (x + x′ ) = x′ = (−x) + 0 = −x) et que tout
élément de E est simplifiable, c’est-à-dire que pour tous x, y, z dans E l’égalité x + y = x + z
équivaut à y = z (il suffit d’ajouter −x aux deux membres de cette égalité).
Pour x, y dans E, la somme x + (−y) est simplement notée x − y.
Exemple 8.1 L’ensemble C des nombres complexes est un espace vectoriel réel et aussi un
espace vectoriel complexe.
Exemple 8.2 On rappelle qu’une suite réelle est une application u définie sur N et à valeurs
réelles. L’ensemble de toutes les suites réelles est un espace vectoriel réel.
Définition d’un espace vectoriel réel ou complexe 93
Exemple 8.3 Plus généralement, étant donné une partie I non vide de R, l’ensemble E de
toutes les applications de I dans R (resp. dans C) est un espace vectoriel réel (resp. complexe).
Exemple 8.4 L’ensemble noté R [x] des fonctions polynomiales réelles (on dira plus simple-
∑
n
ment polynômes réel), c’est-à-dire l’ensemble des fonctions P définies par P (x) = ak xk pour
k=0
tout réel x, où les coefficients ak sont réels, est un espace vectoriel réel. Même chose sur C.
Exemple 8.5 L’ensemble F des polynômes trigonométriques, c’est-à-dire l’ensemble des fonc-
∑
n
tions P définies par P (x) = (ak cos (kx) + bk sin (kx)) pour tout réel x, où les coefficients
k=0
ak et bk sont réels, est un espace vectoriel réel.
Exercice 8.1 Montrer que dans un espace vectoriel E, l’égalité λx = 0 où λ est un scalaire et
x un vecteur est équivalente à λ = 0 ou x = 0.
Solution 8.1 Pour tout vecteur x, on a :
0 · x + x = 0 · x + 1 · x = (0 + 1) x = 1 · x = x
et simplifiant par x (ce qui revient à ajouter −x aux deux membres de cette égalité), on aboutit
à 0 · x = 0.
De même, pour tout scalaire λ, on a :
λ · 0 = λ · (0 + 0) = λ · 0 + λ · 0
et simplifiant par λ · 0, on aboutit à λ · 0 = 0.
Supposons que λx = 0. Si λ = 0 c’est terminé, sinon λ est inversible dans K et :
( )
1 1 1
x=1·x= λ x = (λx) = 0 = 0.
λ λ λ
Exercice 8.2 Montrer que dans un espace vectoriel E, on a (−1) x = −x pour tout vecteur x.
Solution 8.2 Pour tout vecteur x, on a :
x + (−1) x = 1 · x + (−1) x = (1 − 1) x = 0 · x = 0
et (−1) x = −x puisque l’opposé de x est unique.
Définition 8.2 Soient E un espace vectoriel, n un entier naturel non nul et x, y, x1 , · · · , xn
des éléments de E.
On dit que y est colinéaire à x s’il existe un scalaire λ tel que y = λx.
Plus généralement, on dit que y est combinaison linéaire de x1 , · · · , xn s’il existe des scalaires
∑
n
λ1 , · · · , λn tels que y = λ k xk .
k=1
On peut remarquer que, par définition, un espace vectoriel est stable par combinaison linéaire,
c’est-à-dire que si x1 , · · · , xn sont dans E et λ1 , · · · , λn dans K, alors la combinaison linéaire
∑n
λk xk est encore dans E.
k=1
En s’inspirant de la construction l’espace vectoriel Kn comme produit cartésien de p exem-
plaires de l’espace vectoriel K, on vérifie facilement que le produit cartésien F = F1 ×· · ·×Fp de
p espaces vectoriels F1 , · · · , Fp est naturellement muni d’une structure d’espace vectoriel avec
les lois définies par : {
x + y = (x1 + y1 , · · · , xp + yp )
λx = (λx1 , · · · , λxp )
où x = (x1 , · · · , xp ) , y = (y1 , · · · , yp ) sont deux éléments de F et λ un scalaire.
94 Espaces vectoriels réels ou complexes
Théorème 8.1 Tout sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel est un espace vectoriel.
De manière plus générale, un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel est une partie non
vide stable par combinaison linéaire.
Exemple 8.6 Si E un espace vectoriel, alors {0} et E sont des sous-espaces vectoriels de E.
Exemple 8.7 R et l’ensemble des imaginaires purs sont des sous-espaces vectoriels réels de C.
Exercice 8.5 Montrer que l’intersection de deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel
E est un sous-espace vectoriel. Qu’en est-il de la réunion ?
Exercice 8.6 Soient F, G deux sous-espaces vectoriels de E. Montrer que F ∪ G est un sous-
espace vectoriel de E si et seulement si F ⊂ G ou G ⊂ F.
Exercice 8.7 On désigne par F l’espace vectoriel des fonctions de R dans R et par P [resp.
I] le sous-ensemble de F formés de toutes les fonctions paires [resp. impaires] de R dans R.
1. Montrer que P et I sont des sous-espaces vectoriels de F.
2. Calculer P ∩ I.
3. Montrer que toute fonction f ∈ F , s’écrit de manière unique comme somme d’une fonc-
tion paire et d’une fonction impaire. Ce résultat se traduit en disant que F est somme
directe des sous-espaces P et I et on note F = P ⊕ I.
Solution 8.7
1. La fonction nulle est à la fois paire et impaire donc dans P et dans I. Si f, g sont deux
fonctions paires [resp. impaires], il en est alors de même de f + g et de λf pour tout réel
λ. Les ensembles P et I sont donc bien des sous-espaces vectoriels de F.
2. Dire qu’une fonction f est dans P ∩ I signifie qu’elle est à la fois paire et impaire et
donc que pour tout réel x, on a :
D = {λa | λ ∈ K}
Définition 8.6 Avec les notations du théorème précédent, on dit que F est le sous-espace vec-
toriel de E engendré par x1 , · · · , xn et on le note F = ⟨x1 , · · · , xn ⟩ , ou F = Vect {x1 , · · · , xn }
∑n
ou encore F = Kxk .
k=1
Exemple 8.8 Dans l’espace K [x] des fonctions polynomiales, pour tout entier naturel non nul
n, le sous-espace vectoriel engendré par 1, x, · · · , xn est formé de l’ensemble des polynômes de
degré au plus égal à n, on le note Kn [x] ou K [x]n (le cas n = 0 correspond aux polynômes
constants).
Sous-espaces vectoriels 97
De manière un peu plus générale, on peut définir le sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel
E engendré par une famille X non vide de E (non nécessairement finie) comme l’ensemble
F = Vect (X) (ou F = ⟨X⟩) de toutes les combinaisons linéaires d’éléments de X. Un vecteur x
de E est donc dans Vect (X) si, et seulement si, il existe un entier p ≥ 1, des vecteurs x1 , · · · , xp
∑
p
dans X et des scalaires λ1 , · · · , λp tels que x = λk xk .
k=1
Le théorème qui suit nous donne deux définitions équivalentes de Vect (X) .
Théorème 8.3 Si X est une partie non vide d’un espace vectoriel E, Vect (X) est l’intersection
de tous les sous-espaces vectoriels de E qui contiennent X. C’est aussi le plus petit (pour
l’ordre défini par l’inclusion) sous-espace vectoriel de E qui contient X, c’est-à-dire que Vect (X)
contient X et est contenu dans tout sous-espace vectoriel de E qui contient X.
On peut aussi définir des sous-espaces vectoriels de Kn en utilisant des équations linéaires
(on verra plus loin, avec la notion de base, que cela est encore possible pour n’importe quel
espace vectoriel).
Théorème 8.4 Étant donnés un entier naturel non nul n et n scalaires non tous nuls a1 , · · · , an ,
l’ensemble : { }
∑n
F = x = (xi )1≤i≤n ∈ Kn | ak x k = 0
k=1
Remarque 8.2 En fait si tous les ak sont nuls, F est encore défini et c’est Kn tout entier.
où x1 décrit K, ce qui équivaut encore à dire que F est l’ensemble des vecteurs de la forme :
( ) ( )
x1 a2 a2
x= =λ
a2 −a1 −a1
( )
a2
où λ décrit K. En définitive F est la droite engendrée par .
−a1
Pour n = 3, on a (a1 , a2 , a3 ) ̸= (0, 0, 0) et supposant par exemple que a3 ̸= 0, l’équation
a1 a2
a1 x1 + a2 x2 + a3 x3 = 0 équivaut à x2 = − x1 − x2 , ce qui signifie que F est l’ensemble des
a3 a3
vecteurs de la forme :
1 0
x = x1 0 + x2 1
− aa31 − aa23
98 Espaces vectoriels réels ou complexes
où (x1 , x2 ) décrit K2 , ce qui équivaut encore à dire que F est l’ensemble des vecteurs de la
forme :
a3 0 a3 0
x1 x2
x= 0 + a3 = λ 0 + µ a3
a3 a3
−a1 −a2 −a1 −a3
a3 0
où (λ, µ) décrit K2 , les vecteurs 0 et a3 étant non colinéaires puisque a3 ̸= 0.
−a1 −a3
a3 0
En définitive F est le plan engendré par 0 et a3 .
−a1 −a3
De manière générale, on donne la définition suivante.
Définition 8.7 Étant donné un entier naturel non nul n, on appelle hyperplan vectoriel de Kn
tout sous-espace vectoriel de la forme :
{ }
∑
n
H = x = (xi )1≤i≤n ∈ Kn | ak x k = 0
k=1
Théorème 8.5 Étant donnés deux entiers naturels non nuls n et p, des scalaires a1,1 , · · · , a1,n ,
· · · , ap,1 , · · · , ap,n , l’ensemble :
{ }
∑
n
F = x = (xi )1≤i≤n ∈ Kn | ai,k xk = 0 (1 ≤ i ≤ p)
k=1
Définition 8.8 On dit qu’une application u de E dans F est linéaire (ou que c’est un mor-
phisme d’espaces vectoriels) si pour tous vecteurs x, y de E et tout scalaire λ, on a :
{
u (x + y) = u (x) + u (y)
u (λx) = λu (x)
donc u (0) = 0 et :
0 = u (0) = u (x + (−x)) = u (x) + u (−x)
et donc u (−x) = −u (x) .
Exemple 8.9 Pour tout scalaire λ, l’application u : x 7→ λx est linéaire de E dans E. On dit
que c’est l’homothétie de rapport λ. Pour λ = 1, cette application est l’application identité et
on la note IdE ou Id.
Exemple 8.10 Pour tout entier j compris entre 1 et n, l’application u définie sur Kn par
u (x) = xj , si x = (xi )1≤i≤n est linéaire de E dans K. On dit que c’est la j-ième projection
canonique.
Exemple 8.11 Une translation de vecteur non nul x 7→ x + a, définie de E dans E, n’est pas
linéaire.
Exemple 8.12 Étant donné un intervalle réel I, la dérivation f 7→ f ′ est linéaire de l’espace
vectoriel des fonctions dérivables de I dans R dans l’espace vectoriel des fonctions de I dans
R.
On notera L (E, F ) (ou plus précisément LK (E, F )) l’ensemble de toutes les applications
linéaires de E dans F.
Si u et v sont deux applications linéaires de E dans F, u + v est l’application définie sur E
par :
∀x ∈ E, (u + v) (x) = u (x) + v (x)
et pour tout scalaire λ, λu est l’application définie sur E par :
Il est facile de vérifier que u + v et λu sont aussi des application linéaires de E dans F. On a
donc ainsi défini une addition interne sur L (E, F ) et une multiplication externe. Le résultat
qui suit se démontre alors facilement.
Théorème 8.6 L’ensemble L (E, F ) de toutes les applications linéaires de E dans F muni de
ces deux opérations est un espace vectoriel.
100 Espaces vectoriels réels ou complexes
Théorème 8.7 Soient E, F, G des espaces vectoriels, u une application linéaire de E dans F
et v une application linéaire de F dans G. La composée v ◦ u est alors une application linéaire
de E dans G.
Théorème 8.8 Si u est une application linéaire de E dans F, on a alors pour tout entier
naturel non nul n, tous vecteurs x1 , · · · , xn de E et tous scalaires λ1 , · · · , λn :
( n )
∑ ∑n
u λk xk = λk u (xk ) .
k=1 k=1
et l’image de u l’ensemble :
Im (u) = {u (x) | x ∈ E} .
Théorème 8.9 Le noyau d’une application linéaire u de E dans F est un sous-espace vectoriel
de E et son image un sous-espace vectoriel de F.
Applications linéaires 101
Démonstration. On a vu que ker (u) contient 0 et pour x, y dans ker (u) , λ, µ dans K, on
a:
u (λx + µy) = λu (x) + µu (y) = 0
ce qui signifie que λx + µy ∈ ker (u) . Donc ker (u) est bien un sous-espace vectoriel de E.
De manière analogue, en utilisant la linéarité de u, on montre que Im (u) est un sous-espace
vectoriel de F.
Démonstration.
1. Supposons u injective. Pour tout x ∈ ker (u) , on a u (x) = u (0) et nécessairement x = 0
puisque u est injective. Donc ker (u) = {0} .
Réciproquement, supposons que ker (u) = {0} . Si x, y dans E sont tels que u (x) = u (y) ,
on a alors u (x − y) = u (x) − u (y) = 0, c’est-à-dire que x − y ∈ ker (u) et donc x = y.
2. Ce résultat est en fait valable pour toute application de E dans F (la linéarité de u
n’intervient pas ici).
Définition 8.10 On appelle forme linéaire sur E toute application linéaire de E dans K.
Exemple 8.13 Étant donné un segment I = [a, b] non réduit à un point, l’application f 7→
∫ b
f (x) dx est une forme linéaire sur l’espace vectoriel des fonctions continues de I dans R.
a
Exercice 8.8 Montrer qu’une forme linéaire φ sur E non identiquement nulle est surjective.
Solution 8.8 Dire que φ ̸= 0 signifie qu’il existe un vecteur x0 ∈ E tel que λ = φ (x0 ) ̸= 0.
Pour tout scalaire y, on peut alors écrire :
y y (y )
y = λ = φ (x0 ) = φ x0
λ λ λ
y
soit y = φ (x) avec x = x0 ∈ E, ce qui signifie que φ est surjective.
λ
Exercice 8.9 On se donne un intervalle réel I non réduit à un point et on désigne par E
l’ensemble de toutes les fonctions dérivables de I dans R et par F l’ensemble de toutes les
fonctions de I dans R.
1. Montrer que E est un espace vectoriel.
2. Déterminer le noyau de l’application linéaire u : f 7→ f ′ où f ′ est la fonction dérivée de
f.
Exercice 8.10 Soit u une application linéaire de E dans E (i. e. un endomorphisme de E).
Montrer que :
Im (u) ⊂ ker (u) ⇔ u ◦ u = 0.
102 Espaces vectoriels réels ou complexes
Solution 8.10 Si Im (u) ⊂ ker (u) , on a alors u (x) ∈ ker (u) pour tout x ∈ E et u (u (x)) = 0,
ce qui signifie que u ◦ u = 0.
Réciproquement si u◦u = 0, pour tout y = u (x) ∈ Im (u) , on a u (y) = u (u (x)) = u◦u (x) = 0,
ce qui signifie que y ∈ ker (u) et Im (u) ⊂ ker (u) .
On rappelle que si u est une bijection de E sur F, elle admet alors une application réciproque
notée u−1 et définie par :
( )
y ∈ F et x = u−1 (y) ⇔ (x ∈ E et y = u (x)) .
Cette application u−1 est aussi l’unique application de F dans E telle que u ◦ u−1 = IdF et
u−1 ◦ u = IdE .
Dans le cas où u est linéaire, il en est de même de u−1 . En effet si y, y ′ sont deux éléments
de F, ils s’écrivent de manière unique y = u (x) , y ′ = u (x′ ) et on a :
et chacun des vecteurs u (ej ) , pour j compris entre 1 et n, étant dans Km , il s’écrit :
∑
m
u (ej ) = aij fi
i=1
On a donc en définitive :
( n )
∑
n ∑
m ∑
m ∑
u (x) = xj aij fi = aij xj fi
j=1 i=1 i=1 j=1
ce qui signifie que les composantes du vecteurs u (x) sont données par :
∑
n
yi = aij xj (1 ≤ i ≤ m) (8.1)
j=1
et :
u (x) = y1 f1 + y2 f2
avec : {
y1 = a11 x1 + a12 x2
(8.2)
y2 = a21 x1 + a22 x2
L’application linéaire u est donc uniquement déterminée par les 4 scalaires a11 , a12 , a21 et
a22 . On stocke ces scalaires dans un tableau à 2 lignes et 2 colonnes :
( )
a11 a12
A=
a21 a22
104 Espaces vectoriels réels ou complexes
( ) ( )
a11 a12
où la première colonne est le vecteur u (e1 ) et la deuxième colonne le vecteur
a21 a22
u (e2 ) . Un tel tableau est appelé matrice à 2 lignes et 2 colonnes ou plus simplement matrice
2 × 2.
On traduit les deux égalités de (8.2) en utilisant le produit matriciel :
( ) ( )( )
y1 a11 a12 x1
=
y2 a21 a22 x2
De manière générale, une application linéaire u de Kn dans Km est donc uniquement déter-
minée par la matrice A à m lignes et n colonnes :
a11 a12 · · · a1n
a21 a22 · · · a2n
A = .. ... ..
. .
am1 am2 · · · amn
Démonstration. Résulte de :
(u + v) (ej ) = u (ej ) + v (ej )
∑m ∑m
= aij fi + bij fi
i=1 i=1
∑
m
= (aij + bij ) fi (1 ≤ j ≤ n)
i=1
106 Espaces vectoriels réels ou complexes
et de :
∑
m ∑
m
(λu) (ej ) = λu (ej ) = λ aij fi = λaij fi (1 ≤ j ≤ n)
i=1 i=1
Théorème 8.12 L’ensemble Mm,n (K) des matrices à m lignes et n colonnes est un espace
vectoriel.
On note 0 la matrice nulle, c’est-à-dire l’élément de Mm,n (K) dont toutes les composantes
sont nulles et pour toute matrice A = ((ai,j ))1≤i≤m , on note −A = ((−ai,j ))1≤i≤m l’opposé de
1≤j≤n 1≤j≤n
A.
En explicitant la matrice d’une composée de deux applications linéaires on définira le produit
de deux matrices.
On se donne donc une application linéaire v de Kn dans Km et une application linéaire u de
K dans Kr de matrices respectives B = ((bij ))1≤i≤m dans Mm,n (K) et A = ((ai,j )) 1≤i≤r dans
m
1≤j≤n 1≤j≤m
Mr,m (K) .
On note toujours (ek )1≤k≤n la base canonique de Kn , (fk )1≤k≤m celle de Km et (gk )1≤k≤r est
celle de Kr .
La matrice C = ((ci,j )) 1≤i≤r ∈ Mr,n (K) de u ◦ v ∈ L (Kn , Kr ) est obtenu en calculant les
1≤j≤n
composantes des vecteurs u ◦ v (ej ) , pour j compris entre 1 et n, dans la base (gk )1≤k≤r .
On a : ( m )
∑ ∑m
u ◦ v (ej ) = u (v (ej )) = u bkj fk = bkj u (fk )
k=1 k=1
ce qui donne : ( r ) ( m )
∑
m ∑ ∑
r ∑
u ◦ v (ej ) = bkj aik gi = aik bkj gi
k=1 i=1 i=1 k=1
Définition 8.12 Étant données une matrice A = ((ai,j )) 1≤i≤r ∈ Mr,m (K) et une matrice
1≤j≤m
B = ((bij ))1≤i≤m ∈ Mm,n (K) , le produit AB de A par B est la matrice C = ((ci,j )) 1≤i≤r de
1≤j≤n 1≤j≤n
Mr,n (K) définie par :
∑
m
cij = aik bkj (1 ≤ i ≤ r, 1 ≤ j ≤ n) .
k=1
Théorème 8.13 Si v est une application linéaire de Kn dans Km de matrice B = ((bij ))1≤i≤m
1≤j≤n
dans Mm,n (K) et u une application linéaire de Km dans Kr de matrice A = ((ai,j )) 1≤i≤r dans
1≤j≤m
Mr,m (K) dans les bases canoniques, alors la matrice dans les bases canoniques de l’application
linéaire u ◦ v de Kn dans Kr est la matrice produit C = AB.
Il est important de remarquer que l’on ne peut définir le produit AB que si le nombre de
colonnes de la matrice A est égal au nombre de lignes de la matrice B, ce produit est donc
défini de Mr,m (K) × Mm,n (K) dans Mr,n (K) .
( ) 1 −1
1 2 3
Exercice 8.14 Soient A = et B = 0 2 . Calculer AB et BA.
−1 2 1
2 3
( ) 2 0 2
7 12
Solution 8.14 On a :AB = et BA = −2 4 2 .
1 8
−1 10 9
Exercice
( ) On se place dans l’espace M2 (K) des matrices carrées d’ordre 2 où on note
8.16
1 0
I2 = la matrice identité d’ordre 2.
0 1
1. Donner des exemples de matrices A et B telles que AB = 0 et BA ̸= 0.
2. Montrer que si AB = I2 , alors BA = I2 .
Exercice 8.19 Déterminer, par leur matrice dans la base canonique, tous les endomorphismes
non nuls de K2 tels que Im (u) ⊂ ker (u) . Si u est un tel endomorphisme donner la matrice de
v = IdE + u et montrer que c’est un automorphisme de E.
L’opération de multiplication des matrices est une opération interne sur l’espace Mn (K)
des matrices carrées d’ordre n vérifiant les propriétés suivante :
— elle est associative, c’est-à-dire que pour toutes matrices A, B, C dans Mn (K) , on a
A (BC) = (AB) C ;
— elle est distributive par rapport à l’addition, c’est-à-dire que pour toutes matrices A, B, C
dans Mn (K) , on a A (B + C) = AB + AC ;
— la matrice
1 0 ··· 0
0 1 ··· 0
In = .. .. . . ..
. . . .
0 0 ··· 1
est l’élément neutre pour ce produit, c’est-à-dire que A · In = In · A = A pour toute
matrice A dans Mn (K) .
Ces propriétés ajoutées à celle de l’addition des matrices se traduisent en disant que (Mn (K) , +, .)
est un anneau unitaire.
L’associativité du produit matriciel dans Mn (K) permet de définir les puissances successives
d’une matrice A par la relation de récurrence :
{ 0
A = In
∀p ∈ N, Ap+1 = Ap A = AAp .
1 1 1
Exercice 8.20 Calculer An pour tout entier naturel n, où A = 0 1 1 .
0 0 1
Solution 8.20 On a A0 = I3 , A1 = A et :
1 2 3 1 3 6
A2 = 0 1 2 , A 3 = 0 1 3 .
0 0 1 0 0 1
1 n an
En supposant que, pour n ≥ 1, on a An = 0 1 n , où an est un entier à déterminer,
0 0 1
on a :
1 n an 1 1 1
An+1 = 0 1 n 0 1 1
0 0 1 0 0 1
1 n + 1 n + an + 1 1 n an+1
= 0 1 n+1 = 0 1 n
0 0 1 0 0 1
Matrices réelles ou complexes 109
avec :
an+1 = an + n + 1.
La suite (an )n≥1 est donc définie par la relation de récurrence :
{
a1 = 1
∀n ≥ 1, an+1 = an + n + 1
ce qui donne :
n (n + 1)
an = 1 + 2 + · · · + n =
2
(vérification par récurrence sur n ≥ 1). On a donc, pour tout n ≥ 0 :
1 n n(n+1)
2
An = 0 1 n
0 0 1
Remarque
( 8.4 ( des)matrices dans Mn (K) n’est pas commutatif. Par exemple pour
) Le produit
1 2 1 3
A= et B = , on a :
3 4 2 4
( ) ( )
5 11 10 14
AB = ̸= BA = .
11 25 14 20
Si une matrice A ∈ Mn (K) est inversible son inverse est alors unique. En effet si A′′ est un
autre inverse de A, on a :
Exercice 8.21 Montrer que si la matrice A ∈ Mn (K) a une colonne [resp. une ligne] nulle,
alors elle n’est pas inversible.
A′ A = (A′ C1 , · · · , A′ Cn )
et : ( −1 −1 ) ( )
B A (AB) = B −1 A−1 A B = B −1 In B = B −1 B = In .
Exercice 8.23 Soit P ∈ Mn (K) inversible. Montrer que A ∈ Mn (K) est inversible si, et
seulement si, AP [resp. P A] est inversible.
Solution 8.23 Le théorème précédent nous dit que la condition est nécessaire.
Réciproquement si AP [resp. P A] est inversible, alors A = (AP ) P −1 [resp. A = P −1 (P A)] est
inversible.
Théorème 8.15 Un endomorphisme u de Kn est bijectif si, et seulement si, sa matrice A dans
la base canonique est inversible et dans ce cas A−1 est la matrice de u−1 dans la base canonique.
Exercice 8.24 On désigne par (ei )1≤i≤n la base canonique de Kn avec n ≥ 2 et pour tout entier
j compris entre 1 et n, par Mi la matrice :
Mj = (0, · · · , 0, e1 , 0, · · · , 0)
Pj (λ) = In + λMj
Corollaire 8.1 Un endomorphisme u de Kn est bijectif si, et seulement si, son noyau est réduit
à {0} .
Corollaire 8.2 Une matrice A ∈ Mn (K) est inversible d’inverse A′ ∈ Mn (K) si, et seulement
si, A′ A = In [resp. AA′ = In ].
Exercice 8.25 Montrer que si A ∈ Mn (K) a une colonne [resp. une ligne] nulle, alors elle
n’est pas inversible.
Solution 8.25 Si la colonne j [resp. la ligne i] de A est nulle, alors pour toute matrice A′ ∈
Mn (K) , la matrice A′ A [resp. AA′ ] a sa colonne j [resp. sa ligne i] nulle. En conséquence il
ne peut exister de matrice A′ ∈ Mn (K) telle que A′ A = In [resp. AA′ = In ], ce qui signifie que
A n’est pas inversible.
Montrer qu’une matrice A ∈ Mn (K) est inversible et calculer son inverse revient à montrer
que pour tout vecteur y ∈ Kn le système linéaire de n équation à n inconnues Ax = y a une
unique solution et à exprimer cette solution x en fonction de y. Nous verrons plus loin comment
l’algorithme de Gauss nous permet d’effectuer une telle résolution.
( )
1 2
Exercice 8.26 Montrer que la matrice A = est inversible et déterminer son inverse.
3 4
( )
y1
Solution 8.26 Il s’agit de résoudre, pour y = donné dans K2 , le système :
y2
{
x1 + 2x2 = y1
3x1 + 4x2 = y2
où an est un entier.
3. Calculer A2 − 2A − 3I2 .
4. Montrer que A est inversible et calculer A−1 .
5. Montrer que pour tout entier n ≥ 2, il existe un polynôme Qn et deux entiers αn et βn
tels que : ( )
X n = Qn (X) X 2 − 2X − 3 + αn X + βn . (8.3)
6. En évaluant (8.3) en −1 et 3 déterminer αn et βn .
7. En déduire An pour tout n ≥ 2.
Solution 8.27
1. On a : ( ) ( )
2 5 4 3 13 14
A = , A =
4 5 14 13
114 Espaces vectoriels réels ou complexes
puisque :
2 (−1)n + (−1)n+1 = (−1)n (2 − 1) = (−1)n
3. On a A2 − 2A − 3I2 = 0.
4. On a : ( )
−1 1 −1 2
A =
3 2 −1
par calcul direct ou avec la question précédente :
1
A−1 = (A − 2I2 ) .
3
5. Pour n = 2, on a : ( )
X 2 = X 2 − 2X − 3 + 2X + 3
donc Q2 = 1 et (α2 , β2 ) = (2, 3) . Supposant le résultat acquis pour n ≥ 2, on a :
( )
X n+1 = XQn (X) X 2 − 2X − 3 + αn X 2 + βn X
( ) (( ) )
= XQn (X) X 2 − 2X − 3 + αn X 2 − 2X − 3 + 2X + 3 + βn X
( )
= (αn + XQn ) (X) X 2 − 2X − 3 + (2αn + βn ) X + 3αn
et résolvant le système :
αn = 3 − (−1)
n n
n
4 n
βn = 3 + 3 (−1)
4
7. On a :
1
An = αn A + βn I2 = ((3n − (−1)n ) A + (3n + 3 (−1)n ) I2 )
( 4 )
1 3n − (−1)n + 3n + 3 (−1)n 2 (3n − (−1)n )
=
4 2 (3n − (−1)n ) 3n − (−1)n + 3n + 3 (−1)n
( ) ( )
1 3n + (−1)n 3n − (−1)n an + (−1)n an
= =
2 3n − (−1) 3n + (−1)
n n
an an + (−1)n
avec :
3n − (−1)n 3n + (−1)n
an = et an + (−1)n = .
2 2
Matrices réelles ou complexes 115
3. On a : ( )
aa′ + bc′ ab′ + bd′
AB =
ca′ + dc′ cb′ + dd′
et :
det (AB) = (aa′ + bc′ ) (cb′ + dd′ ) − (ab′ + bd′ ) (ca′ + dc′ )
= aa′ cb′ + aa′ dd′ + bc′ cb′ + bc′ dd′ − ab′ ca′ − ab′ dc′ − bd′ ca′ − bd′ dc′
= aa′ dd′ + bc′ cb′ − ab′ dc′ − bd′ ca′
= ad (a′ d′ − b′ c′ ) − bc (a′ d′ − b′ c′ )
= (ad − bc) (a′ d′ − b′ c′ ) = det (A) det (B) .
5. Résulte de (
la définition.
) ( )
′ c d ′ c d
6. On a A = [resp. A = ] et :
a b a b
x1
x2
La transposée d’un vecteur colonne X = .. est le vecteur ligne t X = (x1 , x2 , · · · , xn ) .
.
xn
L1
L2
En représentant A = ((aij )) 1≤i≤n sous forme de lignes A = .. [resp. de colonnes
1≤j≤m .
Ln
M = (C1 , C2 , · · · , Cm )] où :
a1,j
a2,j
Li = (ai1 , ai2 , · · · , aim ) [resp. Cj = .. ]
.
an,j
Exemple 8.14 La transposée d’une matrice carrée triangulaire supérieure [resp. inférieure] est
triangulaire inférieure [resp. supérieure].
Définition 8.16 On dit qu’une matrice carrée A = ((aij ))1≤i,j≤n est symétrique si elle est égale
à sa transposée, ce qui revient à dire que aij = aji pour tous i, j compris entre 1 et n.
t
Définition 8.17 On dit qu’une matrice carrée A = ((aij ))1≤i,j≤n est anti-symétrique si A=
−A, ce qui revient à dire que aij = −aji pour tous i, j compris entre 1 et n.
Remarque 8.5 Une matrice anti-symétrique a tous ses termes diagonaux nulles. En effet,
pour tout i compris entre 1 et n, on aii = −aii et en conséquence, aii = 0.
Matrices réelles ou complexes 117
Théorème 8.19 Pour toutes matrices A = ((ai,j )) 1≤i≤n et B = ((bij )) 1≤i≤n dans Mn,m (K)
1≤j≤m 1≤j≤m
et tout scalaire λ, on a :
( )
t t
A = A, t (A + B) = t A + t B, t (λA) = λ t A
Pour toutes matrices A = ((ai,j )) 1≤i≤p dans Mp,n (K) et B = ((bij )) 1≤i≤n dans Mn,m (K) :
1≤j≤n 1≤j≤m
t
(AB) = t B t A
∑
n ∑
n
c′ij = cji = ajk bki = b′ik a′kj
k=1 k=1
∑
n
Tr (A) = aii
i=1
Théorème 8.20 L’application trace est linéaire de Mn (K) dans K (on dit que c’est une forme
linéaire) et pour toutes matrices A, B dans Mn (K) , on a Tr (AB) = Tr (BA) .
x1 C 1 + x2 C 2 + · · · + x n C n = b
Théorème 8.21 Pour toute matrice A = ((aij ))1≤i≤m ∈ Mm,n (K) avec n > m, le système
1≤j≤n
homogène Ax = 0 a une infinité de solutions.
Solution 8.28 On élimine l’inconnue z en additionnant les deux équations, ce qui donne 3x +
3 1
2y = 0, soit y = − x qui reporté dans (1) nous donne z = x. Une solution de ce système est
2 2
2
x
donc de la forme X = u où u est le vecteur u = −3 et x un scalaire. Réciproquement
2
1
l’égalité Au = 0 nous dit que tout vecteur X colinéaire à u est solution du système.
En définitive l’ensemble des solutions de ce système est la droite D = Ku dirigée par u.
Théorème 8.22 Soit A dans Mn (K) . Le système Ax = b a une unique solution dans Kn pour
tout vecteur b, si et seulement si, la matrice A est inversible.
Sommes et sommes directes de sous-espaces vectoriels 119
Solution 8.29 La première étape consiste à éliminer x dans les équations (2) et (3) . Pour ce
faire on remplace l’équation (2) par (2) − 2 (1) et l’équation (3) par (3) − (1) , ce qui donne le
système :
x + y + z = 3 (1)
−y − z = −2 (2)
−2y = −2 (3)
La deuxième étape consiste à éliminer y dans l’équation (3) en remplaçant cette équation par
(3) − 2 (2) , ce qui donne :
x + y + z = 3 (1)
−y − z = −2 (2)
2z = 2 (3)
Le système obtenue est alors un système triangulaire et il se résout en remontant les équations,
ce qui donne :
z=1
y =2−z =1
x=3−y−z =1
Définition 8.19 Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. On dit que E est somme
des espaces F et G si l’application :
φ F ×G → E
(x, y) 7→ x + y
Dire que E = F + G signifie donc que l’on peut écrire tout vecteur x ∈ E sous la forme
x = y + z, où y ∈ F et z ∈ G et dire que E = F ⊕ G signifie donc que l’on peut écrire de
manière unique tout vecteur x ∈ E sous la forme x = y + z, où y ∈ F et z ∈ G.
Théorème 8.23 Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E. On a E = F ⊕ G si, et
seulement si, E = F + G et F ∩ G = {0} .
Démonstration. Supposons que E = F ⊕ G, on a alors E = F + G et tout x ∈ F ∩ G
s’écrit x = x + 0 = 0 + x avec (x, 0) et (0, x) dans F × G, ce qui impose x = 0 puisque φ est
bijective.
Réciproquement supposons que E = F +G et F ∩G = {0} . Si x ∈ E s’écrit x = y+z = y ′ +z ′ ,
avec y, y ′ dans F et z, z ′ dans G, on a alors y − y ′ = z ′ − z ∈ F ∩ G, donc y − y ′ = z − z ′ = 0
et (y, z) = (y ′ , z ′ ) . La somme est donc directe.
Définition 8.20 On dit que deux sous-espaces vectoriels F et G de E sont supplémentaires,
si E = F ⊕ G. On dit aussi que F est un supplémentaire de G ou que G est un supplémentaire
de F dans E.
Remarque 8.6 E est l’unique supplémentaire de {0} , mais un sous-espace vectoriel F de E
distinct de {0} et de E admet une infinité de supplémentaires. Il suffit de considérer deux droites
de R2 dirigées par deux vecteurs non colinéaires pour s’en convaincre.
On peut définir la somme ou la somme directe de p sous-espaces de E comme suit.
Définition 8.21 Soient p ≥ 2 un entier et F1 , · · · , Fp des sous-espaces vectoriels de E. On dit
que E est somme des espaces F1 , · · · , Fp si l’application :
φ F1 × · · · × Fp → E
(x1 , · · · , xp ) 7→ x1 + · · · + xp
∑
p
est surjective et on note alors E = F1 + · · · + Fp ou de manière plus compacte E = Fk .
k=1
Si cette application est bijective, on dit que E est somme directe des espaces F1 , · · · , Fp et on
⊕p
note E = F1 ⊕ · · · ⊕ Fp ou E = Fk .
k=1
∑
p
Théorème 8.25 Si F1 , · · · , Fp sont des sous-espaces vectoriels de E, alors la somme Fk
k=1
∪
p
est le sous-espace vectoriel de E engendré par Fk .
k=1
Exercice 8.32 Montrer que si φ est une forme linéaire non nulle sur E, il existe alors un
vecteur non nul a dans E tel que :
Solution 8.30 La forme linéaire φ étant non nulle, on peut trouver un vecteur a dans E tel
que φ (a) ̸= 0. Ce vecteur a est nécessairement non nul. Pour tout vecteur x dans E, le vecteur
φ (x) φ (x)
h = x− a est dans le noyau de φ et en écrivant que x = h + a on déduit que
φ (a) φ (a)
E = ker (φ) + Ka. Si x est dans ker (φ) ∩ Ka on a alors x = λa et λφ (a) = φ (x) = 0 avec
φ (a) ̸= 0 ce qui entraîne λ = 0 et x = 0. On a donc ker (φ) ∩ Ka = {0} et E = ker (φ) ⊕ Ka.
122 Espaces vectoriels réels ou complexes
9
Définition 9.1 Soit B = (ei )1≤i≤n une famille (ou un système) de n vecteurs de E, où n est
un entier naturel non nul. On dit que B est :
— une famille libre, ou que les vecteurs e1 , · · · , en sont linéairement indépendants, si pour
∑
n
toute famille (λi )1≤i≤n l’égalité λi ei = 0 est réalisée si, et seulement si, tous les λi sont
i=1
nuls ;
— une famille liée, si ce n’est pas une famille libre (i. e. il existe des scalaires λ1 , · · · , λn
∑n
non tous nuls tels que λi ei = 0) ;
i=1
— une famille génératrice si pour tout vecteur x ∈ E, il existe des scalaires λ1 , · · · , λn tels
∑n
que x = λi ei ;
i=1
— une base de E si elle est libre et génératrice.
Remarque 9.1 Dire que B = (ei )1≤i≤n est une famille génératrice de E équivaut à dire que
E = vect (B) (l’espace vectoriel engendré par B).
Avec le théorème qui suit, on résume quelques propriétés des familles libres ou liées.
Théorème 9.1 Soit B = (ei )1≤i≤n une famille de n vecteurs de E, où n est un entier naturel
non nul.
1. Si n = 1, dire que B est libre [resp. liée] signifie que e1 ̸= 0 [resp. e1 = 0].
2. Si B est libre, alors tous les vecteurs ei sont non nuls.
3. Si l’un des ei est nul, alors B est liée.
4. Si B contient une famille liée, elle est elle même liée.
123
124 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
5. Si B est contenue dans une partie libre, elle est elle même libre.
6. Si B est liée, l’un des vecteurs ej est combinaison linéaire des autres.
7. Si B est une base de E, alors tout vecteur x de E s’écrit de manière unique comme
combinaison linéaire des vecteurs e1 , · · · , en .
Démonstration. Résultent des définitions.
L’utilisation des déterminants, définis pour l’instant dans le seul cas des matrices d’ordre
2, nous donne un moyen élémentaire de vérifier que deux vecteurs de K2 sont linéairement
indépendants.
( ) ( )
x1 y1
Théorème 9.2 Les vecteurs x = et y = sont linéairement indépendants si, et
x2 y2
seulement si :
x1 y1
x2 y2 ̸= 0.
Démonstration.
Il revient au même de montrer que x et y sont liés si, et seulement si,
x1 y 1
x2 y2 = 0.
Supposons le système (x, y) lié. On a alors y = λx ou x = λy pour un scalaire λ et, par
exemple dans le premier cas :
x1 y1 x1 λx1
x2 y2 = x2 λx2 = λ (x1 x2 − x1 x2 ) = 0.
x1 y 1
Réciproquement, on suppose que = 0.
x2 y 2
Si x = 0 ou y = 0, le système (x, y) est alors lié.
x1 y1
Si x et y sont non nuls, en supposant que y2 est non nul, l’égalité = x1 y2 −y1 x2 = 0
x2 y2
entraîne (c’est même équivalent) :
( ) ( ) ( )
x1 y1 0
y2 − x2 =
x2 y2 0
avec (y2 , −x2 ) ̸= (0, 0) , ce qui signifie que x et y sont liés. Si y2 = 0, on a alors y1 ̸= 0 et on
écrit que l’égalité x1 y2 − x2 y1 = 0 entraîne :
( ) ( ) ( )
y1 x1 0
x1 − y1 =
y2 x2 0
avec (x1 , −y1 ) ̸= (0, 0) .
∑
n
Si B = (ei )1≤i≤n est une base de E, alors tout vecteur x ∈ E s’écrit x = λi ei et les
i=1
scalaires λi qui sont uniquement déterminés sont appelés les composantes ou coordonnées de x
dans la base B. Réciproquement une telle famille B vérifiant cette propriété est une base de E.
La base canonique de Kn est bien une base au sens de la définition qu’on a donné.
Exemple 9.1 Dans l’espace Rn [x] [resp. Cn [x]] des fonctions polynomiales réelles [resp. com-
plexes] de degré au plus égal à n, la famille de polynômes (1, x, · · · , xn ) est une base puisque
∑n
tout polynôme dans Rn [x] [resp. Cn [x]] s’écrit sous la forme P = ak xk , les réels [resp. com-
k=0
plexes] ak étant uniquement déterminés. On dit que cette base est la base canonique de Rn [x]
[resp. Cn [x]]
Systèmes libres, systèmes générateurs et bases 125
1 ∑n
an+1,j j
xn+1 = Pn+1 (x) − x,
an+1,n+1 j=0
a n+1,a n+1
an+1
on déduit que P (x) = R (x) + Pn+1 (x) avec R dans Kn [x] , donc combinaison linéaire
an+1,n+1
de P0 , P1 , · · · , Pn et P est combinaison linéaire de P0 , P1 , · · · , Pn+1 . Le système B est donc gé-
nérateur de Kn+1 [x] .
∑
n+1 ∑n
Si on a l’égalité λj Pj = 0, alors λn+1 Pn+1 = − λj Pj est dans Kn [x] et λn+1 est néces-
j=0 j=0
∑
n
sairement nul puisque Pn+1 qui est de degré n + 1 n’est pas dans Kn [x] . On a alors λj Pj et
j=0
tous les λj sont nuls puisque (P0 , P1 , · · · , Pn ) une base de Kn [x] . Le système B est donc libre
et c’est une base de Kn+1 [x] .
Exercice 9.2 Montrer que la famille B = (L0 , L1 , L2 ) de polynômes de K2 [x] définie par :
L0 (x) = (x − 1) (x − 2)
L1 (x) = x (x − 2)
L2 (x) = x (x − 1)
forme une base de K2 [x] . En déduire que pour tout polynôme P dans K2 [x] on a :
∫ 2
P (0) + 4P (1) + P (2)
P (t) dt =
0 3
(formule des trois niveaux).
126 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
Solution 9.2 Supposons que λ0 P0 +λ1 P1 +λ2 P2 = 0. Prenant les valeurs successives x = 0, 1, 2,
on déduit que λ0 = λ1 = λ2 = 0. Le système B est donc libre. Étant donné P = ax2 + bx + c,
on cherche des scalaires λ0 , λ1 , λ2 tels que :
ax2 + bx + c = λ0 P0 + λ1 P1 + λ2 P2 .
ce qui détermine de manière unique les scalaires λ0 , λ1 , λ2 . Le système B est donc générateur
et c’est une base de K2 [x] .
Tout polynôme P dans K2 [x] s’écrit donc de manière unique P = λ0 P0 + λ1 P1 + λ2 P2 avec
P (0) P (2)
λ0 = , λ1 = −P (1) et λ2 = . On a alors :
2 2
∫ 2 ∫ ∫ 2 ∫
P (0) 2 P (2) 2
P (t) dt = L0 (t) dt − P (1) L1 (t) dt + L2 (t) dt
0 2 0 0 2 0
P (0) + 4P (1) + P (2)
=
3
On se limitera dans ce chapitre aux familles libres ou génératrices qui sont finies. Mais en
réalité, on est rapidement amené à considérer des familles qui peuvent être infinies. On donne
donc les définitions suivantes (qui ne seront pas utilisées au niveau élémentaire où se situe ce
cours).
Définition 9.2 Soit B = (ei )i∈I une famille de vecteurs de E, où I est un ensemble non vide
quelconque (fini ou infini) d’indices. On dit que B est :
— une famille libre, ou que les vecteurs ei , pour i ∈ I sont linéairement indépendants, si
toute sous-famille finie de B est libre, ce qui
∑ signifie que pour tout sous-ensemble non vide
et fini J de I, une combinaison linéaire λj ej , où les λj pour j ∈ J sont des scalaires,
j∈J
est nulle si, et seulement si, tous ces λj sont nuls ;
— une famille liée, si ce n’est pas une famille libre (i. e. il existe
∑ une partie fini J de I et
des scalaires λj où j décrit J qui sont non tous nuls tels que λj ej = 0) ;
j∈J
— une famille génératrice si l’espace vectoriel engendré par B est l’espace E tout entier, ce
∑ x ∈ E, il existe une partie finie J de I et des scalaires
qui signifie que pour tout vecteur
λj où j décrit J tels que x = λj ej ;
j∈J
— une base de E si elle est libre et génératrice.
Exercice 9.3 On désigne par E l’espace vectoriel des applications de R dans R et pour tout
entier k ≥ 1 par fk la fonction définie sur R par :
Exercice 9.4 On désigne par E l’espace vectoriel des applications de R dans R. Montrer, pour
tous réels 0 < a1 < a2 < · · · < an , la famille :
est libre dans E (ce qui peut se traduire en disant que la famille de fonctions {fa : x 7−→ sin (ax) | a ∈ R+,∗ }
est libre dans E).
Il en résulte que :
∑
n−1
( )
∀x ∈ R, λk a2k − a2n sin (ak x) = 0.
k=1
et l’hypothèse de récurrence nous dit que λk (a2k − a2n ) = 0 pour tout k compris entre 1 et n − 1,
ce qui équivaut à dire que λk = 0 pour tout k compris entre 1 et n − 1 puisque a2k ̸= a2n pour
k ̸= 0. Il reste alors λn fan = 0 dans E et λn = 0. On a donc ainsi montré que la famille
(fak )1≤k≤n est libre dans E.
Si tous les ai,n sont nuls alors les fi sont dans l’espace vectoriel F engendré par les n−1 vecteurs
e1 , · · · , en−1 et en conséquence liés (hypothèse de récurrence), en contradiction avec L libre. Il
existe donc un indice i compris entre 1 et n + 1 tel que ai,n ̸= 0 et en changeant au besoin la
numérotation des éléments de L on peut supposer que i = n + 1. Les n vecteurs :
g1 = an+1,n f1 − a1n fn+1
..
.
g =a f −a f
n n+1,n 1 nn n+1
sont dans l’espace vectoriel F engendré par les n − 1 vecteurs e1 , · · · , en−1 (on a annulé les
composantes en en+1 ) et en conséquence liés (hypothèse de récurrence), c’est-à-dire qu’il existe
des scalaires λ1 , · · · , λn non tous nuls tels que :
λ1 g1 + · · · + λn gn = 0
ce qui entraîne :
les scalaires an+1,n λ1 , · · · , an+1,n λn n’étant pas tous nuls. Ce qui nous dit encore que les fi sont
liés et est en contradiction avec L libre. Il est donc impossible de trouver un tel système L libre.
Définition 9.3 On dit qu’un espace vectoriel est de dimension finie s’il est réduit à {0} ou
s’il est différent de {0} et admet une base formée d’un nombre fini de vecteurs. Dans le cas
contraire, on dit qu’il est de dimension infinie.
Théorème 9.4 Si E un espace vectoriel non réduit à {0} et de dimension finie, alors toutes
les bases ont le même nombre d’éléments.
Espaces vectoriels de dimension finie 129
Démonstration. Si B = (ei )1≤i≤n et B ′ = (e′i )1≤i≤n′ sont deux bases de l’espace vectoriel E,
ce sont alors deux familles génératrices et libres et le théorème précédent nous dit que n′ ≤ n
et n ≤ n′ , soit n = n′ .
On peut alors donner la définition suivante.
Définition 9.4 Si E est un espace vectoriel non réduit à {0} et de dimension finie, alors sa
dimension est le nombre de l’une quelconque de ses bases. On note dimK (E) (ou simplement
dim (E)) cette dimension.
Exemple 9.3 L’ensemble C des nombres complexes est un espace vectoriel réel de dimension
2 et un espace vectoriel complexe de dimension 1, soit dimR (C) = 2 et dimC (C) = 1.
Exemple 9.4 Pour tout entier naturel n, l’espace Kn [x] des fonctions polynomiales de degré
au plus égal à n est de dimension n + 1.
Exemple 9.5 Pour tous entiers naturels non nuls n et m, l’espace Mm,n (K) des matrices à m
lignes et n colonnes est un espace vectoriel de dimension m · n. En particulier l’espace Mn (K)
des matrices carrées d’ordre n est de dimension n2 .
La base canonique de Mm,n (K) est (Ei,j )1≤i≤m où Ei,j est la matrice dont tous les coefficients
1≤j≤n
sont nuls sauf celui en position (i, j) .
Exemple 9.6 L’espace des fonctions définies sur un intervalle réel I et à valeurs réelles est de
dimension infinie (l’exercice 9.4 nous montre qu’on peut trouver des familles libres ayant une
infinité d’éléments). Il admet des bases, mais il n’est pas possible d’en expliciter une.
Exercice 9.5 Montrer que la dimension de l’espace des matrices carrées A d’ordre n qui sont
n (n + 1)
symétriques (i. e. telles que t A = A) est égale à et que la dimension de l’espace des
2
matrices carrées A d’ordre n qui sont anti-symétriques (i. e. telles que t A = −A) est égale à
n (n − 1)
.
2
Solution 9.5 Laissée au lecteur.
Remarque 9.2 Si B = (ei )1≤i≤n est une base E, on a alors E = vect (B) .
Démonstration. C’est le choix d’une base B = (ei )1≤i≤n de E qui nous permet de définir
un isomorphisme de E sur Kn . En effet l’unicité de l’écriture de tout vecteur x de E sous la
∑
n
forme x = λk ek se traduit en disant que l’application :
k=1
E → Kn
∑
n
x= λk ek 7→ (λ1 , λ2 , · · · , λn )
k=1
est bijective et il est facile de vérifier que cette application est linéaire.
On retient de ces résultats que pour montrer qu’une famille finie B de vecteurs est une base
de E, on peut procéder comme suit :
— si on ne connaît pas la dimension de E, on montre que B est génératrice et libre ;
— si on sait que E est de dimension n, on vérifie que B a exactement n éléments et on montre
que B est libre ou qu’elle est génératrice (il est inutile de montrer les deux points).
On a défini un espace vectoriel de dimension finie comme un espace vectoriel admettant
une base finie. Le théorème qui suit nous dit qu’on peut aussi définir un espace vectoriel de
dimension finie comme un espace vectoriel admettant une famille génératrice finie.
Théorème 9.7 Soit E un espace vectoriel admettant une famille génératrice finie. De cette
famille on peut extraire une base et E est de dimension finie.
Espaces vectoriels de dimension finie 131
Démonstration. Soit G = (ui )1≤i≤p une famille génératrice de E. Si cette famille est libre,
elle constitue alors une base de E et E est de dimension p. Sinon, cette famille est liée et l’un de
ses éléments, disons up est combinaison linéaire des autres (en changeant la numérotation des
éléments de G on peut toujours se ramener à ce cas de figure), ce qui implique que la famille
G ′ = (ui )1≤i≤p−1 est encore génératrice. Si cette famille est libre, c’est alors une base et E est
de dimension finie, sinon on recommence. En un nombre fini de telles opérations on construit
ainsi une base de E formée de n ≤ p éléments.
Démonstration. Soient B = (ei )1≤i≤n une base de E et L = (ui )1≤i≤p une famille libre dans
E. On sait déjà que p ≤ n. Si p = n, L est alors une base.
Supposons que p < n. Il existe alors un vecteur ek dans B tel que L′ = L ∪ {ek } soit libre.
En effet si un tel système est lié pour tout entier k compris entre 1 et n, il existe alors, pour
∑
p
chaque entier k, des scalaires λ1 , · · · , λp , λp+1 non tous nuls tels que λi ui + λp+1 ek = 0. Si
i=1
∑
p
λp+1 = 0, on a alors λi ui = 0 et tous les λi sont nuls puisque L est libre. On a donc λp+1 ̸= 0
i=1
∑p λi
et ek = − ui . En conséquence, tous les vecteurs de la base B sont combinaisons linéaires
i=1 λp+1
des éléments de L et L est alors générateur de E, ce qui est impossible pour p < n. Le système
L′ est donc libre. Si p + 1 = n, c’est une base et sinon on recommence. On arrive ainsi à
compléter L en une base de E au bout d’un nombre fini d’opérations.
Les deux corollaires qui suivent sont des résultats importants à retenir.
Corollaire 9.2 Tout sous-espace-vectoriel F d’un espace vectoriel E de dimension finie admet
des supplémentaires et pour tout supplémentaire G de F dans E, on :
De manière plus générale, on peut montrer que si E est un espace vectoriel de dimension
finie ou non, alors tout sous-espace vectoriel de E admet une supplémentaire dans E.
L’égalité (9.1) pour E = F ⊕ G peut se généraliser.
∑
p
dim (E) = dim (Fk ) .
k=1
Démonstration. On vient de voir que le résultat est vrai pour p = 2 et une récurrence nous
montre qu’il est vrai pour tout p ≥ 2.
Dans le cas de la somme, non nécessairement directe, de deux sous-espaces d’un espace de
dimension finie, on a le résultat suivant.
Théorème 9.10 Soient E un espace vectoriel de dimension finie et F, G deux sous espaces
vectoriels de E. On a :
Ce résultat a pour conséquence le résultat suivant très utile pour montrer qu’un espace est
somme directe de deux sous-espaces.
Théorème 9.11 Soient E un espace vectoriel de dimension finie et F, G deux sous espaces
vectoriels de E. On a :
Théorème 9.12 Soient E, F deux espaces vectoriels de dimension finie et u une application
linéaire de E dans F.
1. Si u est injective, elle transforme alors tout système libre de E en un système libre de F
et dim (E) ≤ dim (F ) .
2. Si u est surjective, elle transforme alors tout système générateur de E en un système
générateur de F et dim (F ) ≤ dim (E) .
3. Si u est bijective, elle transforme alors toute base de E en une base de F et dim (E) =
dim (F ) (deux espaces vectoriels de dimension finie isomorphes ont la même dimension).
4. Si dim (E) = dim (F ) , alors :
Démonstration.
∑p
1. Soit L = (xi )1≤i≤p un système libre dans E. Si λi u (xi ) = 0, on a alors du fait de la
(p ) i=1
∑ ∑p
linéarité de u, u λi xi = 0, ce qui signifie que λi xi est dans le noyau de u, donc
i=1 i=1
nul puisque u est injective, ce qui équivaut à la nullité de tous les coefficients λi puisque
L est libre. La famille u (L) est donc libre.
Prenant pour L une base de E, elle est formée de n = dim (E) éléments et u (L) est libre
à n éléments dans F, donc n ≤ m = dim (F ) .
2. Soit L = (xi )1≤i≤p un système générateur de E. Comme u est surjective tout vecteur y de
∑
p ∑
p
F s’écrit y = u (x) avec x dans E qui s’écrit x = λi xi , ce qui donne y = λi u (xi ) .
i=1 i=1
Le système u (L) est donc générateur de F.
Prenant pour L une base de E, elle est formée de n éléments et u (L) est générateur de
F à n éléments, donc n ≥ m.
3. et 4.Résultent des deux points précédents.
Le théorème 9.5 et le point 3. du théorème précédent nous disent que deux espaces vectoriels
de dimension finie ont même dimension si, et seulement si, ils sont isomorphes.
En vue de généraliser le théorème 9.11, on utilisera le résultat suivant.
Lemme 9.1 Si F1 , · · · , Fp sont des espaces vectoriels de dimension finie, il en est de même de
l’espace produit F = F1 × · · · × Fp et on a :
∑
p
dim (F ) = dim (Fk ) .
k=1
134 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
est équivalente à : ( )
∑
n ∑
m
λi ei , µj f j = (0, 0)
i=1 j=1
∑
n ∑
m
soit à λi ei = 0 et µj fj = 0 qui impose λi = 0 pour tout i compris entre 1 et n et µj = 0
i=1 j=1
pour tout j compris entre 1 et m. La famille B est donc libre et c’est une base de F. L’espace
F est donc de dimension finie égale au nombre d’éléments de B, soit à n + m.
Théorème 9.13 Si F1 , · · · , Fp sont des sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel E de di-
⊕n ∑p ∑p
mension finie, on a alors E = Fk si, et seulement si, E = Fk et dim (E) = dim (Fk ) .
k=1 k=1 k=1
φ F = F1 × · · · × Fp → E
(x1 , · · · , xp ) 7→ x1 + · · · + xp
est surjective et si de plus dim (F ) = dim (E) , cette application est en fait une bijection ce qui
⊕n
signifie que E = Fk .
k=1
Exercice 9.6 Montrer que l’ensemble des matrices carrées d’ordre n de trace nulle est un
sous-espace vectoriel de Mn (K) et calculer sa dimension.
Théorème 9.16 (du rang) Soient E, F deux espaces vectoriels de dimension finie et u une
application linéaire de E dans F. On a :
dim (E) = dim (ker (u)) + rg (u) .
Démonstration. Soit H un supplémentaire de ker (u) dans E et v la restriction de u à H,
c’est-à-dire l’application v définie sur H par :
∀x ∈ H, v (x) = u (x) .
Le noyau de cette application est :
ker (v) = H ∩ ker (u) = {0}
ce qui signifie que v est injective de H dans F et réalise une bijection de H dans Im (v) .
En écrivant tout vecteur y de Im (u) sous la forme y = u (x) avec x ∈ E qui s’écrit x = x1 +x2
où x1 ∈ ker (u) et x2 ∈ H, on a y = u (x1 ) + u (x2 ) = v (x2 ) , c’est-à-dire que y est dans Im (v) .
On a donc Im (u) ⊂ Im (v) et comme Im (v) ⊂ Im (u) , on a en fait Im (v) = Im (u) et v réalise
un isomorphisme de H sur Im (u) . Il en résulte que :
rg (u) = dim (Im (u)) = dim (H) = dim (E) − dim (ker (u)) .
136 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
Remarque 9.5 En montrant le théorème du rang, on a en fait montré que Im (u) est isomorphe
à un supplémentaire de ker (u) dans E.
Corollaire 9.3 Soient E, F deux espaces vectoriels de dimension finie et u une application
linéaire de E dans F. On a :
1. rg (u) ≤ min (dim (E) , dim (F )) ;
2. rg (u) = dim (E) si, et seulement si, u est injective.
Démonstration.
1. De la formule du rang, on déduit que rg (u) ≤ dim (E) et rg (u) ≤ dim (F ) par définition.
2. Si rg (u) = dim (E) , la formule du rang nous dit que dim (ker (u)) = 0, soit que ker (u) =
{0} et u est injective. Réciproquement si u est injective, on a ker (u) = {0} et rg (u) =
dim (E) .
Solution 9.6
1. On a toujours : ( ) ( )
Im u2 ⊂ Im (u) , ker (u) ⊂ ker u2
donc : ( ) ( )
Im (u) = Im u2 ⇔ rg (u) = rg u2
et : ( ) ( ( ))
ker (u) = ker u2 ⇔ dim (ker (u)) = dim ker u2
D’autre part, le théorème du rang nous dit que :
( ( )) ( )
dim (E) = dim (ker (u)) + rg (u) = dim ker u2 + rg u2
ce qui permet de déduire que :
( ) ( )
Im (u) = Im u2 ⇔ ker (u) = ker u2
∑
m
u (ej ) = aij fi
i=1
∑
n
et pour tout vecteur x = xj ej dans E, on a :
j=1
( n )
∑
n ∑
m ∑
m ∑
u (x) = xj aij fi = aij xj fi
j=1 i=1 i=1 j=1
∑
n
yi = aij xj (1 ≤ i ≤ m)
j=1
Définition 9.7 Avec les notations qui précèdent, on dit que la matrice :
A = ((aij ))1≤i≤m
1≤j≤n
où les xj , pour j compris entre 1 et n sont les composantes de x dans la base B et les yi , pour
i compris entre 1 et m celles de u (x) dans la base B ′ .
138 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
Exercice 9.8 Pour tout entier naturel non nul n, on désigne par Rn [x] l’espace vectoriel des
fonctions polynomiales à coefficients réels et de degré au plus égal à n. Pour n ≥ 1, on considère
l’application :
u Rn [x] → Rn [x]
P 7→ xP ′
où on a noté, pour toute fonction polynomiale P ∈ Rn [x] , P ′ le polynôme dérivé de P.
1. Montrer que u est une application linéaire de E dans E.
2. Donner la matrice de u dans la base canonique B = (1, x, x2 , · · · , xn ) de E.
3. L’application u est-elle injective ?
4. L’application u est-elle surjective ?
5. Calculer le noyau, l’image et le rang de u.
6. Soit F le sous-espace-vectoriel de E engendré par (x, x2 , · · · , xn ) . Montrer que l’applica-
tion u est bijective de F sur F.
Solution 9.7
1. Pour P ∈ E, on a P ′ ∈ Rn−1 [x] et xP ′ ∈ Rn [x] = E, donc u va bien de E dans E.
Pour P, Q dans E et λ, µ dans R, on a :
u (λP + µQ) = x (λP + µQ)′ = λ (xP ′ ) + µ (xQ′ )
= λu (P ) + µu (Q)
donc u est linéaire.
2. On a u (1) = 0 et pour k entier compris entre 1 et n :
( )
u xk = kxk .
La matrice de u dans B est donc :
0 0 0 ··· 0 0
0 1 0 ··· 0
0
0 0 2 ··· 0
0
A= .. .. .. ... ..
..
. . . . .
0 0 0 ··· n−1 0
0 0 0 ··· 0 n
Ce résultat peut se traduire en disant que l’application qui associe à toute application linéaire
u ∈ L (E, F ) sa matrice A ∈ Mm,n (K) dans les bases B et B ′ est linéaire. Plus précisément, on
a le résultat suivant.
Théorème 9.18 Étant données une base B = (ek )1≤k≤n de E et une base B ′ = (fk )1≤k≤m de F,
l’application φ qui associe à toute application linéaire u ∈ L (E, F ) sa matrice A ∈ Mm,n (K)
dans les bases B et B ′ est un isomorphisme de L (E, F ) sur Mm,n (K) .
Démonstration. On vient de voir que φ est linéaire et cette application est bijective du
fait qu’une application linéaire u ∈ L (E, F ) est uniquement déterminée par sa matrice dans
les bases B et B ′ .
En particulier, pour toute matrice A ∈ Mm,n (K) il existe une unique application linéaire
u ∈ L (Kn , Km ) ayant pour matrice A dans les bases canoniques de Kn et Km . On dira que u
est l’application linéaire canoniquement associée à la matrice A.
Pour ce qui est de la matrice d’une composée d’applications linéaires nous avons le résultat
suivant où G est un espace vectoriel de dimension r et B ′′ = (gk )1≤k≤r une base de G.
Théorème 9.19 Si v est une application linéaire de E dans F de matrice B ∈ Mm,n (K) dans
les bases B et B ′ et u une application linéaire de F dans G de matrice A ∈ Mr,m (K) dans les
bases B ′ et B ′′ , alors la matrice dans les bases B et B ′′ de l’application linéaire u ◦ v de E dans
G est la matrice produit C = AB ∈ Mr,n (K) .
Théorème 9.20 Un endomorphisme u de E est bijectif si, et seulement si, sa matrice A dans
les bases B et B ′ est inversible et dans ce cas A−1 est la matrice de u−1 dans les bases B ′ et B.
Définition 9.8 Soit A = ((aij ))1≤i≤m une matrice dans Mm,n (K) . En désignant, pour tout j
1≤j≤n
compris entre 1 et n, par Cj = (aij )1≤i≤n le vecteur de Kn représentant la colonne numéro j de
A, le rang de A est le rang de la famille (C1 , C2 , · · · , Cn ) de vecteurs de Kn .
Théorème 9.21 Le rang d’une matrice A ∈ Mr,m (K) est égal au rang de l’application linéaire
u ∈ L (Kn , Km ) canoniquement associé à la matrice A.
140 Espaces vectoriels réels ou complexes de dimension finie
Démonstration. En désignant par B = (ek )1≤k≤n une base de Kn et par B ′ = (fk )1≤k≤m
une base de Km , pour tout j compris entre 1 et n, la colonne numéro j de A est Cj = u (ej ) et :
Théorème 9.22 Si u ∈ L (E, F ) a pour matrice A ∈ Mr,m (K) dans les bases B et B ′ (toujours
avec les notations du début de ce paragraphe), alors le rang de u est égal au rang de A.
∑
n
e′j = pij ei
i=1
X = P X′
Formules de changement de base 141
où P est la matrice :
p11 p12 · · · p1n
p21 p22 · · · p2n
P = .. ... ..
. .
pn1 pn2 · · · pnn
ayant pour colonne j le vecteur de Kn formé des composantes de e′j dans la bases B1 .
On peut retenir cette formule sous la forme :
Définition 9.9 Avec les notations qui précèdent, on dit que P est la matrice de passage de la
base B1 à la base B2 .
Théorème 9.23 Avec les notations qui précèdent, la matrice de passage P de B1 à B2 est
inversible et son inverse est la matrice de passage de B2 à B1 .
( ′) ∑
n
′
IdE ej = ej = pij ei .
i=1
Cette matrice est donc inversible et son inverse est la matrice dans les bases B1 et B2 de
(IdE )−1 = IdE c’est-à-dire la matrice de passage de B2 à B1 .
On a donc :
(PB1 →B2 )−1 = PB2 →B1 .
Le calcul de l’inverse de la matrice de passage P de B1 à B2 peut se calculer en résolvant le
système linéaire aux inconnues ei :
∑
n
e′j = pij ei (1 ≤ i ≤ n)
i=1
Solution 9.8
1. L’égalité λ1 e′1 + λ2 e′2 + λ3 e′3 = 0 équivaut à :
λ1 + λ3 = 0
−λ1 + 2λ2 = 0
λ2 + λ3 = 0
Ap .
Formules de changement de base 143
4 2 −4
phisme de K de matrice A =
3 −6 −4 6 dans la base canonique B1 .
−1 −1 1
1. Déterminer la matrice de u dans la base B2 .
2. Calculer, pour tout p ∈ N, la matrice de up dans la base canonique de K3 .
Solution 9.9
1. La matrice de u dans la base B2 est :
2 1 −2 4 2 −4 1 0 1
′ −1
A = P AP = 1 1 −1 −6 −4 6 −1 2 0
−1 −1 2 −1 −1 1 0 1 1
2 0 0
= 0 −1 0
0 0 0
0 0 0
Opérations élémentaires et
déterminants
Définition 10.1 On dit qu’une matrice A = ((aij ))1≤i,j≤n ∈ Mn (K) est triangulaire inférieure
[resp. supérieure] si aij = 0 pour 1 ≤ i < j ≤ n [resp. pour 1 ≤ j < i ≤ n].
145
146 Opérations élémentaires et déterminants
Définition 10.2 Une matrice diagonale est une matrice triangulaire inférieure et supérieure.
avec 1 ≤ i ̸= j ≤ n et λ ∈ K.
Une matrice de transvection Tij (λ) est donc une matrice triangulaire dont tous les termes
diagonaux valent 1 et de termes hors de la diagonale tous nuls sauf celui d’indice (i, j) (i. e. en
ligne i et colonne j) qui vaut λ.
Di (λ) = In + (λ − 1) Eii ,
avec 1 ≤ i ≤ n et λ ∈ K∗ .
Une matrice de dilatation Di (λ) est donc diagonale de termes diagonaux tous égaux à 1 sauf
le numéro i qui vaut λ.
C’est-à-dire que :
1. la multiplication à gauche par une matrice de dilatation Di (λ) a pour effet de multiplier
la ligne i par λ ;
2. la multiplication à droite par une matrice de dilatation Dj (λ) a pour effet de multiplier
la colonne j par λ ;
3. la multiplication à gauche par une matrice de transvection Tij (λ) a pour effet de remplacer
la ligne Li par Li + λLj ;
4. la multiplication à droite par une matrice de transvection Tij (λ) a pour effet de remplacer
la colonne Cj par Cj + λCi .
Démonstration. Pour λ, µ dans K et i ̸= j compris entre 1 et n, la matrice Tij (λ) Tij (µ)
se déduit de Tij (µ) en ajoutant à sa ligne i sa ligne j multipliée par λ, ce qui donne la matrice
Tij (λ + µ) .
Prenant µ = −λ, on a Tij (λ) Tij (−λ) = T0 = In , ce qui signifie que Tij (λ) est inversible
d’inverse Tij (−λ) .
Le deuxième résultat est évident.
Avec l’exercice qui suit, on vérifie que toute matrice inversible d’ordre 2 est produit de
matrices élémentaires. Ce résultat est en fait vrai pour les matrices inversibles d’ordre n ≥ 2.
( )
a b
Exercice 10.1 Soit A = une matrice inversible.
c d
1. On suppose que c ̸= 0.
(a) Déterminer un scalaire λ1 tel que :
( )
1 b1
A1 = T12 (λ1 ) A =
c1 d 1
(d) En déduire qu’il existe des matrices de transvection P1 , P2 , Q1 et une matrice de dila-
tation D telles que :
A = P1 P2 DQ1
2. Donner un résultat analogue dans le cas où c = 0.
Solution 10.1
1.
Opérations élémentaires. Matrices de dilatation et de transvection 149
1−a
et prenant λ1 tel que a + cλ1 = 1, soit λ1 = , on a :
c
( )
d − det (A)
T12 (λ1 ) A = 1
c
c d
et prenant λ2 = −c, on a :
( ) ( )
d − det (A)
1 b1 1
T21 (λ2 ) A1 = = c
0 d − cb1 0 det (A)
et prenant λ3 = −b2 , on a :
( ) ( )
1 0 1 0
A2 T12 (λ3 ) = =
0 d2 0 det (A)
et utilisant le fait que les matrices de transvections sont inversibles, on déduit que :
soit :
A = T21 (−1) P1 P2 DQ1 .
150 Opérations élémentaires et déterminants
Théorème 10.2 Une matrice A ∈ Mn (K) (où n ≥ 2) est inversible si, et seulement si, elle
est produit de matrices élémentaires. Précisément si A ∈ Mn (K) est inversible, il existe alors
des matrices de transvection P1 , · · · , Pr et Q1 , · · · , Qs et une matrice de dilatation Dn (λ) telles
que :
A = P1 · · · Pr Dn (λ) Q1 · · · Qs .
(définition 8.14).
Une matrice d’ordre 1 étant tout simplement un réel ou un complexe, son déterminant est
lui même.
Le déterminant d’une matrice carrée A = ((aij ))1≤i,j≤n d’ordre n ≥ 3 peut se définir par
récurrence comme suit :
∑n
det (A) = (−1)i+1 ai,1 det (Ai,1 )
i=1
Exercice 10.2 Soient α1 , α2 , α3 des réels ou des complexes. Calculer le déterminant de la ma-
trice :
1 1 1
V (α1 , α2 , α3 ) = α1 α2 α3
α12 α22 α32
Une telle matrice est dite de Vandermonde.
152 Opérations élémentaires et déterminants
Solution 10.2 On a :
α2 α3 1 1
2 1 1
det (V (α1 , α2 , α3 )) = 2
− α1 2 + α1
α2 α32 α2 α32 α2 α3
( )
= α2 α32 − α22 α3 − α1 α32 − α22 + α12 (α3 − α2 )
= α2 α3 (α3 − α2 ) − α1 (α3 − α2 ) (α3 + α2 ) + α12 (α3 − α2 )
( )
= (α3 − α2 ) α2 α3 − α1 (α3 + α2 ) + α12
= (α3 − α2 ) (α2 (α3 − α1 ) − α1 (α3 − α1 ))
= (α3 − α2 ) (α3 − α1 ) (α2 − α1 )
Théorème 10.3 Si Ai (λ) est la matrice déduite de A ∈ Mn (K) en multipliant sa ligne i par
un scalaire λ, on a alors det (Ai (λ)) = λ det (A) , soit :
L1 L1
.. ..
. .
Li−1 Li−1
det λLi = λ det Li
Li+1 Li+1
. .
.. ..
Ln Ln
la matrice A′k,1 , pour k ̸= i, étant déduite de Ak,1 en multipliant sa ligne i par λ. On a donc
( )
det A′k,1 = λ det (Ak,1 ) pour k ̸= i et det (A′ ) = λ det (A) .
Corollaire 10.2 Pour tout A ∈ Mn (K) et tout scalaire λ, on a det (λA) = λn det (A) .
Théorème 10.4 Le déterminant d’une matrice triangulaire est égale au produit de ses termes
diagonaux, soit :
∏n
det (A) = aii
i=1
Pour le cas des matrices triangulaires supérieures, le cas n = 1 est encore évident et le cas
n = 2 se vérifie par le calcul. Supposant le résultat acquis au rang n−1 ≥ 2, pour A triangulaire
supérieure d’ordre n, La matrice A11 est triangulaire supérieure de diagonale a22 , · · · ann et pour
i compris entre 2 et n, les coefficients ai1 sont nuls de sorte que :
∏
n
det (A) = a1,1 det (A1,1 ) = aii .
i=1
Exemple 10.3 Si A = Di (λ) est une matrice de dilatation, on a alors det (Di (λ)) = λ.
Exemple 10.4 Si A = Tij (λ) est une matrice de transvection, on a alors det (Tij (λ)) = 1.
154 Opérations élémentaires et déterminants
Théorème 10.5 Soient A, A′ , A′′ des matrices de lignes respectives Li , L′i , L′′i (pour i compris
entre 1 et n) telles que Li = L′i = L′′i pour i ̸= k et L′′k = Lk + L′k où k est un indice compris
entre 1 et n. On a :
det (A′′ ) = det (A) + det (A′ )
soit :
L1 L1 L1
.. .. ..
. . .
Lk−1 Lk−1 Lk−1
′
det Lk + Lk = det Lk + det L′k
Lk+1 Lk+1 Lk+1
.. . ..
. .. .
Ln Ln Ln
avec A′′k,1 = Ak,1 = A′k,1 et pour i ̸= k, les matrices Ai,1 , A′i,1 , A′′i1 vérifiant les hypothèses du
théorème au rang n − 1 (avec des notations évidentes), donc :
( ( ))
det (A′′ ) = (−1)k+1 ak,1 det (Ak,1 ) + a′k1 det A′k,1
∑ n ∑n
( )
+ i+1
(−1) ai,1 det (Ai,1 ) + (−1)i+1 a′i,1 det A′i,1
i=1 i=1
i̸=k i̸=k
Les théorèmes 10.3 et 10.5 se traduisent en disant que le déterminant est linéaire par rapport
à chaque ligne.
Le résultat précédent se traduit en disant que le déterminant est une forme alternée sur les
lignes.
Corollaire 10.3 Si la matrice A ∈ Mn (K) a deux lignes identiques, alors det (A) = 0.
Corollaire 10.4 On ne change pas la valeur d’un déterminant si on ajoute à une ligne une
combinaison linéaire des autres lignes.
1 −2 −1 4
2 1
Solution 10.4 Les opérations L2 → L2 − L1 , L3 → L3 + L1 , L4 → L4 − L1 donnent :
5 5
5 4 2 1
7 1 12
7 1
12 −
0 − 5 5 5
det (A) = 5 5 5 = 5 −3 −1 10
0 −3 −1 10 14 7 19
− −
0 − 14 − 7 19
5 5 5
5 5 5
7 1 −12 7 1 −12
11 1
=5 −3 −1 10 = −3 −1 10
55 5
−14 −7 19 −14 −7 19
3 14
Puis les opérations L2 → L2 + L1 , L3 → L3 + L1 = L3 + 2L1 donnent :
7 7
7 1 −12
1
4 34 1 2 −2 17
det (A) = 0 − = · 7 · · 5
5 7 5 7 −1 −1
0 −57 −5
= 2 · 19 = 38
Exercice 10.5 Développer le déterminant de la matrice suivante sous la forme d’un produit
de facteurs linéaires en x :
x + 2 2x + 3 3x + 4
A (x) = 2x + 3 3x + 4 4x + 5 .
3x + 5 5x + 8 10x + 17
Solution 10.5 Les opérations L3 → L3 − L2 , L2 → L2 − L1 (dans l’ordre indiqué) donnent :
x + 2 2x + 3 3x + 4
det (A (x)) = x + 1 x + 1 x+1
x + 2 2x + 4 6x + 12
x + 2 2x + 3 3x + 4
= (x + 1) (x + 2) 1 1 1
1 2 6
puis L3 → L3 − L2 donne :
x + 2 2x + 3 3x + 4
det (A (x)) = (x + 1) (x + 2) 1 1 1
0 1 5
( )
1 1 2x + 3 3x + 4
= (x + 1) (x + 2) (x + 2) −
1 5 1 5
= (x + 1) (x + 2) (4 (x + 2) − (7x + 11))
= − (x + 1) (x + 2) (3x + 3) = −3 (x + 1)2 (x + 2)
Exercice 10.6 Soient α, β deux scalaires et A (α, β) = ((aij ))1≤i,j≤n la matrice d’ordre n ≥ 3
définie par : {
aii = β,
∀i ∈ {1, 2, · · · , n} ,
aij = α si j ∈ {1, 2, · · · , n} − {i} .
Calculer ∆ (α, β) = det (A (α, β)) .
Déterminants des matrices carrées 157
∆ (0, β) = β n .
On suppose que α ̸= 0.
En ajoutant les lignes 2 à n à la première ligne on a :
1 1 1 · · · 1
α β α · · · α
.
∆ (α, β) = (β + (n − 1) α) ... .. .. ..
. . . .. .
α ··· α β α
α ··· α α β
Exercice 10.7 En admettant que 1700, 1020, 1122 et 1309 sont tous divisibles par 17, montrer
sans le calculer que le déterminant :
1 7 0 0
1 0 2 0
D=
1 1 2 2
1 3 0 9
Les théorèmes 10.3, 10.5 et le corollaire 10.1 se traduisent aussi par le résultat suivant.
158 Opérations élémentaires et déterminants
Corollaire 10.5 Pour toute matrice A ∈ Mn (K) , toute matrice de dilatation Di (λ) et toute
matrice de transvection Tij (λ) , on a :
{
det (Di (λ) A) = det (Di (λ)) det (A) = λ det (A)
det (Tij (λ) A) = det (Tij (λ)) det (A) = det (A)
En utilisant le théorème 10.2, on obtient le résultat suivant.
Théorème 10.7 Pour toute matrice inversible A et toute matrice B dans Mn (K) , on a
det (AB) = det (A) det (B) .
Démonstration. La matrice A étant inversible s’écrit A = P1 · · · Pr Dn (λ) Q1 · · · Qs , où
les matrices Pi et Qj sont des matrices de transvection et la matrice Dn (λ) une matrice de
dilatation (théorème 10.2). Une utilisation répétée du corollaire précédent nous donne :
det (A) = det (Dn (λ)) = λ
et pour toute matrice B :
det (AB) = det (Dn (λ)) det (B) = det (A) det (B) .
Le résultat précédent est en fait valable pour toutes matrices A et B. Le cas où la matrice
A n’est pas inversible se traite en utilisant le résultat suivant.
Théorème 10.8 Une matrice A ∈ Mn (K) est inversible si, et seulement si, son déterminant
1
est non nul et dans ce cas, on a det (A−1 ) = .
det (A)
Démonstration. Si A est inversible d’inverse A−1 , on AA−1 = In et le théorème précédent
1
nous dit que det (A) det (A−1 ) = det (In ) = 1, donc det (A) ̸= 0 et det (A−1 ) = .
det (A)
La réciproque se démontre par récurrence sur n ≥ 1.
Pour n = 1, le résultat est évident car det (a) = a pour tout scalaire a.
Supposons le résultat acquis pour les matrices d’ordre n − 1 ≥ 1 et soit A d’ordre n telle
que det (A) ̸= 0. La première colonne de A est nécessairement non nulle (définition du déter-
minant) et on peut reprendre la démonstration du théorème 10.2 pour trouver des matrices de
transvection P1 , · · · , Pk telles que :
1 α12 · · · α1n
0 α22 · · · α2n ( )
1 α
Pk · · · P1 A = .. .. ... .. = 0 B
. . .
0 αn2 · · · αnn
où α est un vecteur ligne à n − 1 composantes et B une matrice carrée d’ordre n − 1.
Comme les matrices Pk sont inversibles, on a :
det (A) = det (Pk · · · P1 A) = det (B)
et det (B) ̸= 0. La matrice B est
( donc) inversible, ce qui implique que A est aussi inversible. En
x1
effet si Ax = 0, en notant x = avec x1 ∈ K et x′ ∈ Kn−1 , on a :
x′
{
x1 + αx′ = 0
Bx′ = 0
ce qui entraîne x′ = 0 et x1 = 0, soit x = 0. La matrice A est donc inversible.
Déterminants des matrices carrées 159
Démonstration. Il reste à traiter le cas où la matrice A n’est pas inversible. Dans ce cas
la matrice AB ne peut être inversible (sinon, en notant C l’inverse de AB, on a (AB) C = In ,
soit A (BC) = In et A est inversible) et on a :
L’égalité det (BA) = det (B) det (A) donne det (AB) = det (BA) .
On peut remarquer que det (AB) = det (BA) alors qu’en général AB ̸= BA.
La multiplication à droite par une matrice élémentaire se traduisant par une action particu-
lière sur les colonnes, on déduit de ce théorème et du théorème 10.1 les propriétés suivantes du
déterminant.
Corollaire 10.6 Si A′j (λ) est la matrice déduite de A ∈ Mn (K) en multipliant sa colonne j
( )
par un scalaire λ, on a alors det A′j (λ) = λ det (A) .
Si A ∈ Mn (K) a une colonne nulle, alors det (A) = 0.
Théorème 10.10 Pour toute matrice A dans Mn (K) , on a det ( t A) = det (A) .
A = P1 · · · Pr Dn (λ) Q1 · · · Qs
les transposées de matrices élémentaires étant des matrices élémentaires de même type avec
t
Dn (λ) = Dn (λ) , ce qui donne :
( )
det t A = det (Dn (λ)) = λ = det (A) .
et on a le résultat annoncé.
On procède de manière analogue pour la deuxième formule.
Avec les notations du théorème, on dit que det (Ai,j ) est le mineur d’indice (i, j) de la matrice
A et que (−1)i+j det (Ai,j ) est le cofacteur d’indice (i, j) de A.
soit :
1 · · · 1
( n )
∏ α2 · · · αn
∆ (α1 , · · · , αn ) = (αk − α1 ) .. . ..
.
. ..
k=2 n−2
α2 · · · αnn−2
( n )
∏
= (αk − α1 ) ∆ (α2 , · · · , αn )
k=2
et par récurrence :
∏
n ∏
n
det (An ) = (αk − α1 ) (αj − αi )
k=2 2≤i<j≤n
∏n
= (αj − αi ) .
1≤i<j≤n
162 Opérations élémentaires et déterminants
2. Cette matrice est inversible si, et seulement si, les αi sont deux à deux distincts.
Exercice 10.9 Calculer le déterminant de la matrice :
1 1 ··· 1
2 22 · · · 2n
An = .. .. . . .. .
. . . .
n n ···
2
nn
Solution 10.9 On a :
1 ···
1 1
2 · · · 2n−1
1
det (An ) = n! ..
.. . . .. = n!∆ (1, 2, · · · , n)
. . . .
1 n ··· n n−1
∏ ∏
n ∏ n
= n! (i − j) = n! (i − 1)! = i!.
1≤j<i≤n i=2 i=2
2. On a :
Dn = (2n + 1) Dn−1 − n2 Dn−2
avec les valeurs initiales D1 = 2, D2 = 6. En calculant D3 et D4 on conjecture que
Dn = (n + 1)! Ce qui se montre par récurrence sur n ≥ 2. C’est vrai pour n = 2 et le
supposant acquis jusqu’au rang n − 1 ≥ 2, on a :
Du théorème 10.8 on déduit le résultat suivant bien utile pour vérifier qu’un système de n
vecteurs dans Kn est libre et donc forme une base.
Théorème 10.12 Une famille (xj )1≤j≤n de n vecteurs de Kn est libre si, et seulement si, son
déterminant est non nul.
Théorème 10.13 Si B et B ′ sont deux bases de E, alors pour tout n-uplet (x1 , x2 , · · · , xn ) de
vecteurs de E, on a :
Théorème 10.15 Un endomorphisme u de E est inversible si, et seulement si, son détermi-
nant est non nul.
11
On se limite pour ce chapitre à l’étude des formes bilinéaires et quadratiques définies sur un
espace vectoriel réel ou complexe.
On désigne pour ce chapitre par E un espace vectoriel réel ou complexe de dimension finie
ou non et non réduit à {0} .
On notera K le corps de réels ou des complexes, en précisant quand cela sera nécessaire s’il
s’agit de R ou C. Par scalaire on entend réel ou complexe.
L’étude des formes quadratiques sur un corps quelconque de caractéristique différente de 2
sera reprise plus loin.
Définition 11.1 Une forme linéaire sur E est une application linéaire de E dans K.
Exemple 11.1 Si E est un espace vectoriel de dimension n et B = (ej )1≤j≤n une base de E,
alors la j-ième projection :
∑n
pj : x = xi ei 7→ xj
i=1
où j est un entier compris entre 1 et n, est une forme linéaire sur E.
Exemple 11.2 Si E est un espace vectoriel de dimension n, B = (ej )1≤j≤n une base de E et
α1 , α2 , · · · , αn des scalaires, alors l’application :
∑
n
ℓ:x= xi ei 7→ α1 x1 + α2 x2 + · · · + αn xn
i=1
En fait toutes les formes linéaires sur E de dimension n sont de la forme précédente. En
∑
n
effet, tout vecteur x de E s’écrit x = xj ej et pour tout forme linéaire ℓ sur E, on a :
j=1
( n )
∑ ∑
n ∑
n
ℓ (x) = ℓ xj ej = xj ℓ (ej ) = αj xj
j=1 j=1 j=1
165
166 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
où les αj ∈ K sont uniquement déterminés par αj = ℓ (ej ) pour tout entier j compris entre 1
et n.
Nous avons donc montré le résultat suivant.
Théorème 11.1 Si E est un espace vectoriel de dimension n et B = (ej )1≤j≤n une base de E,
alors l’ensemble de toutes les formes linéaires sur E est un espace vectoriel de dimension n de
base (p1 , · · · , pn ) .
On rappelle que si on dispose d’une base B d’un espace vectoriel E dire qu’une famille
(v1 , · · · , vp ) d’éléments de E est libre (ou que ces éléments sont linéairement indépendants)
équivaut à dire que les vecteurs colonnes X1 , · · · , Xp formés des composantes de ces vecteurs
dans la base B sont linéairement indépendants dans Kn . On peut donc parler de formes linéaires
linéairement indépendantes.
On rappelle également que pour montrer que le système (X1 , · · · , Xp ) est libre dans Kn , il
suffit d’extraire de la matrice (X1 , · · · , Xp ) un déterminant d’ordre p non nul (ce qui impose
bien sur que p ≤ n).
Dire que le système (X1 , · · · , Xp ) est libre dans Kn équivaut aussi à dire que la matrice
(X1 , · · · , Xp ) est de rang p. Comme une matrice et sa transposée
ont même rang, il revient au
t
X1
..
même de calculer le rang de la matrice transposée . .
t
Xp
On retiendra que des formes linéaires ℓ1 , · · · , ℓp définies sur E, de base B = (ej )1≤j≤n , par :
∑
n
∀x ∈ E, ℓi (x) = αi,j xj (1 ≤ i ≤ p)
j=1
Formes linéaires 167
est de rang p (Li est la matrice de ℓi dans la base B de E), ce qui revient à dire qu’on peut en
extraire un déterminant d’ordre p non nul.
Exercice 11.1 Montrer que les formes linéaires (ℓj )1≤j≤3 définies sur K5 par :
ℓ1 (x) = x1 + x2 + x3 + x4 + x5
ℓ2 (x) = 3x1 − 2x3 + 2x4 + x5
ℓ3 (x) = 3x2 + x3 + 3x4
sont linéairement indépendantes.
Remarque 11.1 La somme de deux formes linéaires sur E est une forme linéaire, mais en
général le produit de deux formes linéaires sur E n’est pas une forme linéaire.
Exercice 11.2 Soient ℓ1 et ℓ2 deux formes linéaires sur E. Montrer que l’application ℓ1 ℓ2 est
une forme linéaire sur E si, et seulement si, l’une de ces deux formes est l’application nulle.
Solution 11.2 Il est clair que si l’une de ces deux formes est l’application nulle, alors ℓ1 ℓ2 est
une forme linéaire sur E.
Réciproquement supposons que ℓ1 ℓ2 soit linéaire. On a alors pour tout scalaire λ et tous vecteurs
x, y dans E :
et le polynôme :
ou encore à :
ℓ1 (y) ℓ2 (y) = 0 et ℓ1 (x) ℓ2 (y) + ℓ1 (y) ℓ2 (x) = 0
pour tous x, y dans E.
Si ℓ1 ̸= 0, il existe alors y ∈ E tel que ℓ1 (y) ̸= 0, donc ℓ2 (y) = 0 et ℓ1 (y) ℓ2 (x) = 0 pour tout
x ∈ E, ce qui équivaut à ℓ2 = 0.
Exercice 11.3 Déterminer le noyau de la forme linéaire définie sur l’espace K3 par :
x
ℓ : v = y 7→ x − y
z
Définition 11.2 On appelle hyperplan vectoriel de E, le noyau d’une forme linéaire non nulle
sur E.
Les supplémentaires d’un hyperplan dans E de dimension finie sont donc des droites. En fait
ce résultat est général.
Théorème 11.3 Si H est un hyperplan d’un espace vectoriel E, il existe alors une droite D
telle que E = H ⊕ D.
Démonstration. On a H = ker (ℓ) où ℓ est une forme linéaire non nulle sur E. Il existe
donc un vecteur non nul a dans E tel que ℓ (a) = 0. En désignant par D = Ka la droite dirigée
par a, on a alors E = H ⊕ D. En effet, si x ∈ H ∩ D, il existe un scalaire λ tel que x = λa
et ℓ (x) = λℓ (a) = 0 nous donne λ = 0. On a donc H ∩ D = {0} . De plus pour tout vecteur
ℓ (x) ℓ (x)
x ∈ E, le vecteur y = x − a est dans H = ker (ℓ) et avec x = y + a, on déduit que
ℓ (a) ℓ (a)
x ∈ H + D. On a donc E = H + D et E = H ⊕ D.
Réciproquement un sous-espace vectoriel H de E supplémentaire d’une droite D est le noyau
de la forme linéaire ℓ qui associe à tout vecteur x de E sa projection sur D, c’est donc un
hyperplan.
On a donc le résultat suivant.
φ: E×E → K
(x, y) 7→ φ (x, y)
telle que pour tout x dans E l’application y 7→ φ (x, y) est linéaire et pour tout y dans E
l’application x 7→ φ (x, y) est linéaire.
Définition 11.4 On dit qu’une forme bilinéaire φ sur E est symétrique si φ (y, x) = φ (x, y)
pour tous x, y dans E.
Définition 11.5 On dit qu’une forme bilinéaire φ sur E est anti-symétrique (ou alternée) si
φ (y, x) = −φ (x, y) pour tous x, y dans E.
Remarque 11.2 Une application symétrique φ de E 2 dans K est bilinéaire si, et seulement
si, l’une des deux applications y 7→ φ (x, y) (pour tout x dans E) ou x 7→ φ (x, y) (pour tout y
dans E) est linéaire.
Exemple 11.4 Si E est l’espace C 0 ([a, b] , R) des fonctions continues de [a, b] dans R, alors
l’application : ∫ b
φ : (f, g) 7→ f (t) g (t) dt
a
est une forme bilinéaire.
Exemple 11.5 Si ℓ1 , · · · , ℓp sont des formes linéaires sur E et (αij )1≤i,j≤p une famille de
scalaires, alors l’application :
∑
(x, y) 7→ αij ℓi (x) ℓj (y)
1≤i,j≤p
Nous verrons un peu plus loin que, sur un espace de dimension n, toutes les formes bilinéaires
sont de la forme précédente.
On notera Bil (E) l’ensemble de toutes les formes bilinéaires sur E.
On vérifie facilement que Bil (E) est un espace vectoriel.
Exercice 11.4 Montrer que toute forme bilinéaire φ sur E s’écrit de manière unique comme
somme d’une forme bilinéaire symétrique et d’une forme bilinéaire alternée.
Solution 11.4 Soit φ une forme bilinéaire sur E. Les applications φ1 et φ2 définies sur E 2
par : {
φ1 (x, y) = 12 (φ (x, y) + φ (y, x))
φ2 (x, y) = 12 (φ (x, y) − φ (y, x))
sont bilinéaires, la forme φ1 étant symétrique et φ2 étant alternée. Et on a bien φ = φ1 + φ2 .
Réciproquement si φ = φ1 + φ2 avec φ1 bilinéaire symétrique et φ2 bilinéaire alternée, on a
alors : {
φ (x, y) = φ1 (x, y) + φ2 (x, y)
φ (y, x) = φ1 (y, x) + φ2 (y, x) = φ1 (x, y) − φ2 (x, y)
et φ (x, y) + φ (y, x) = 2φ1 (x, y) , φ (x, y) − φ (y, x) = φ2 (x, y) , ce qui prouve l’unicité de φ1 et
φ2 .
En désignant par Bil s (E) [resp. Bil a (E)] le sous-ensemble de Bil (E) constitué des formes
bilinéaires symétriques [resp. alternées] sur E, on vérifie facilement que Bil s (E) et Bil a (E) sont
des sous-espaces vectoriels de Bil (E) et l’exercice précédant nous dit que Bil (E) est somme
directe de Bil s (E) et Bil a (E) , soit :
∑n
Tout vecteur x ∈ E s’écrit de manière unique sous la forme x = xj ej . On associe à un tel
j=1
x1
x2
x le vecteur colonne X = .. de Kn .
.
xn
Plaçons nous tout d’abord sur E = R2 (ou C2 ) muni de sa base canonique (e1 , e2 ) . Si φ est
une forme bilinéaire sur E, on a alors pour tous vecteurs x = x1 e1 + x2 e2 et y = y1 e1 + y2 e2
dans E :
φ (x, y) = φ (x1 e1 + x2 e2 , y)
= x1 φ (e1 , y) + x2 φ (e2 , y)
= x1 φ (e1 , y1 e1 + y2 e2 ) + x2 φ (e2 , y1 e1 + y2 e2 )
= x1 (y1 φ (e1 , e1 ) + y2 φ (e1 , e2 )) + x2 (y1 φ (e2 , e1 ) + y2 φ (e2 , e2 ))
En désignant par A la matrice :
( )
φ (e1 , e1 ) φ (e1 , e2 )
A=
φ (e2 , e1 ) φ (e2 , e2 )
on remarque que :
( )( )
φ (e1 , e1 ) φ (e1 , e2 ) y1
AY =
φ (e2 , e1 ) φ (e2 , e2 ) y2
( )
y1 φ (e1 , e1 ) + y2 φ (e1 , e2 )
=
y1 φ (e2 , e1 ) + y2 φ (e2 , e2 )
et :
( )
t y1 φ (e1 , e1 ) + y2 φ (e1 , e2 )
X (AY ) = (x1 , x2 )
y1 φ (e2 , e1 ) + y2 φ (e2 , e2 )
= φ (x, y) .
Le produit des matrices étant associatif, cela s’écrit :
φ (x, y) = t XAY
Le cas d’une forme bilinéaire sur un espace de dimension n se traite de manière analogue.
Définition 11.6 La matrice d’une forme bilinéaire φ dans la base B = (ei )1≤i≤n de E est la
matrice carrée d’ordre n :
A = ((φ (ei , ej )))1≤i,j≤n .
Théorème 11.5 Soit φ une forme bilinéaire sur E et A la matrice de φ dans la base B. Pour
tous vecteurs x, y dans E, on a :
φ (x, y) = t XAY
Démonstration. En utilisant la bilinéarité de φ, on a :
( n )
∑ ∑n
φ (x, y) = φ xi ei , y = xi φ (ei , y)
i=1
( i=1
)
∑
n ∑
n ∑
n ∑
n
= xi φ ei , yj ej = xi yj φ (ei , ej )
i=1 j=1 i=1 j=1
172 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
et avec : ( n )
∑
AY = yj φ (ei , ej )
j=1 1≤i≤n
∑
n ∑
n
t t
XAY = X (AY ) = xi yj φ (ei , ej )
i=1 j=1
on a le résultat annoncé.
On retiendra que l’expression d’une forme bilinéaire φ dans une base est :
∑
n ∑
n ∑
t
φ (x, y) = XAY = xi aij yj = aij xi yj
i=1 j=1 1≤i,j≤n
Théorème 11.6 Une application φ de E × E dans K est une forme bilinéaire sur E si, et
seulement si, et seulement si, il existe une matrice A = ((aij ))1≤i,j≤n dans Mn (K) et des
formes linéaires ℓ1 , · · · , ℓn linéairement indépendantes telles que :
∑
∀ (x, y) ∈ E × E, φ (x, y) = aij ℓi (x) ℓj (x) .
1≤i,j≤n
Démonstration. Si φ est bilinéaire, on a dans une base B = (ei )1≤i≤n de E, pour tous x, y
dans E : ∑ ∑
φ (x, y) = aij xi yj = aij ℓi (x) ℓj (x)
1≤i,j≤n 1≤i,j≤n
Théorème 11.7 Une forme bilinéaire φ sur E est symétrique [resp. alternée] si, et seulement
si, sa matrice A dans une quelconque base B de E est symétrique [resp. alternée].
Le sous-espace Bil s (E) de Bil (E) formé des formes bilinéaires symétriques sur E est donc
isomorphe au sous-espace de Mn (K) formé des matrices symétriques, cet espace étant de
n (n + 1)
dimension , il en résulte que :
2
n (n + 1)
dim (Bil s (E)) = .
2
Avec Bil (E) = Bil s (E) ⊕ Bil a (E) , on déduit que :
n (n + 1) n (n − 1)
dim (Bil a (E)) = n2 − =
2 2
Exercice 11.5 Montrer que chacune des applications φ qui suivent est bilinéaire et calculer sa
matrice dans la base canonique de Rn .
1. n = 2, φ (x, y) = x1 y1 − 2x2 y2 .
2. n = 3, φ (x, y) = x1 y1 − x1 y2 − x2 y2 − 2x2 y3 − x3 y1 − 2x3 y3 .
3. n = 3, φ (x, y) = 2x1 y1 − 3x2 y2 − x3 y3 .
Solution 11.5 La bilinéarité de chacune de ces applications est évidente. Les matrices respec-
tives dans les bases canoniques sont :
( ) 1 −1 0 2 0 0
1 0
A1 = , A2 = 0 −1 −2 , A3 = 0 −3 0
0 −2
−1 0 −2 0 0 −1
Solution 11.6 On a :
( ) 1 2 3 y 1
φ (x, y) = t XAY = x1 x2 x3 2 3 4 y 2
3 4 5 y3
= x1 (y1 + 2y2 + 3y3 ) + x2 (2y1 + 3y2 + 4y3 ) + x3 (3y1 + 4y2 + 5y3 )
B = (e
Exercice 11.7 Déterminer dans la base canonique ) de R3 lamatrice
1 , e2 , e3 de la forme
1 −1 1
bilinéaire symétrique φ telle que pour v1 = 2 , v2 = 2 , v3 = 0 , on ait :
1 0 1
L’exercice précédent peut se résoudre de façon plus efficace en utilisant la formule de chan-
gement de base donnée par le résultat qui suit.
φ (x, y) = t X1 A1 Y1 = t
(P X2 ) A1 (P Y2 )
( )
t
= X 2 t P A 1 P Y2
et la matrice de φ dans B ′ :
φ (v1 , v1 ) φ (v1 , v2 ) φ (v1 , v3 ) 5 0 −1
A′ = φ (v1 , v2 ) φ (v2 , v2 ) φ (v2 , v3 ) = 0 1 4
φ (v1 , v3 ) φ (v2 , v3 ) φ (v3 , v3 ) −1 4 0
A = t P −1 A′ P −1
avec :
1 1
2
−1
P −1 = −1 0 1
−1 − 2 2
1
ce qui donne :
−1 −1
1 5 0 −1 1 1
2
−1
A = 12 0 − 21 0 1 4 −1 0 1
−1 1 2 −1 4 0 −1 − 2 21
16 11
2
−21
= 11 2
7
4
−6 .
−21 −6 26
Définition 11.7 Le discriminant dans une base B = (ei )1≤i≤n de E d’une forme bilinéaire
φ est le déterminant de la matrice A = ((φ (ei , ej )))1≤i,j≤n de φ dans cette base. On le note
∆B (φ) .
Exercice 11.9 Soient E, F deux espaces vectoriels, u une application linéaire de E dans F et
φ une forme bilinéaire sur F.
1. Montrer que l’application ψ définie sur E 2 par :
est bilinéaire.
2. En supposant E et F de dimension finie et en désignant par B1 une base de E, B2 une
base de F, A la matrice de u dans les bases B1 et B2 et par B la matrice de φ dans la
base B2 , déterminer la matrice de ψ dans la base B1 .
176 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
3. On suppose ici que E est de dimension n ≥ 1 et que φ est une forme bilinéaire sur E.
On appelle matrice de Gram d’une famille (xi )1≤i≤n de vecteurs de E, la matrice :
G (x1 , · · · , xn ) = ((φ (xi , xj )))1≤i,j≤n
et le déterminant de cette matrice, noté g (x1 , · · · , xn ) , est appelé déterminant de Gram
de la famille (xi )1≤i≤n .
(a) En désignant par B = (ei )1≤i≤n une base de E, montrer que :
Remarque 11.3 Il est facile de vérifier que l’ensemble Q (E) des formes quadratiques sur E
est un espace vectoriel.
Remarque 11.4 A priori, il n’y a pas unicité des formes bilinéaires associées à une forme
quadratique. Par exemple sur R2 , les formes bilinéaires φ et ψ définies par :
{
φ (x, y) = x1 y1 + x2 y2
ψ (x, y) = x1 y1 + x1 y2 − x2 y1 + x2 y2
Théorème 11.9 Si q est une forme quadratique sur E, il existe alors une unique forme bili-
néaire symétrique φ telle que q (x) = φ (x, x) pour tout x ∈ E.
Démonstration. La forme quadratique q est définie par q (x) = φ0 (x, x) pour tout x ∈ E,
où φ0 est une forme bilinéaire sur E. L’application φ définie sur E × E par :
1
φ (x, y) = (φ0 (x, y) + φ0 (y, x))
2
est bilinéaire et symétrique avec φ (x, x) = q (x) pour tout x ∈ E, ce qui prouve l’existence de
φ.
Comme φ est bilinéaire et symétrique, on a pour x, y dans E :
de sorte que :
1
φ (x, y) = (q (x + y) − q (x) − q (y))
2
ce qui prouve l’unicité de φ.
Définition 11.9 Avec les notations du théorème qui précède, on dit que φ est la forme polaire
de la forme quadratique q.
En écrivant que : {
q (x + y) = q (x) + 2φ (x, y) + q (y)
q (x − y) = q (x) − 2φ (x, y) + q (y)
on déduit que cette forme polaire est aussi définie par :
1
∀ (x, y) ∈ E 2 , φ (x, y) = (q (x + y) − q (x − y))
4
On notera aussi que pour tout scalaire λ et tout vecteur x, on a :
Remarque 11.5 L’application qui associe à une forme quadratique q sa forme polaire φ réa-
lise un isomorphisme d’espaces vectoriels de Q (E) sur l’espace Bil s (E) des formes bilinéaires
n (n + 1)
symétriques sur E. Pour E de dimension n, Q (E) est de dimension .
2
Remarque 11.6 De cet isomorphisme, on déduit aussi que deux formes bilinéaires symétriques
φ1 et φ2 sur E sont égales si, et seulement si, φ1 (x, x) = φ2 (x, x) pour tout x ∈ E.
Dans le cas des espaces vectoriels de dimension finie on peut utiliser les matrices pour définir
les formes quadratiques.
Définition 11.10 Soit E un espace vectoriel de dimension n et B une base de E. Si q est une
forme quadratique sur E de forme polaire φ, on dit alors que la matrice de φ dans la base B
est la matrice de q dans cette base.
En reprenant les notations du paragraphe 11.3, une forme quadratique est définie sur E de
base B par : ∑
q (x) = φ (x, x) = t XAX = aij xi xj
1≤i,j≤n
∑
n ∑
q (x) = aii x2i + 2 aij xi xj
i=1 1≤i<j≤n
Réciproquement une fonction q ainsi définie est une forme quadratique sur E de matrice
A = ((aij ))1≤i,j≤n dans la base B.
Le choix d’une base de E permet donc de réaliser un isomorphisme d’espaces vectoriels de
Q (E) sur l’espace des polynômes homogènes de degré 2 à n variables.
Solution 11.11
1. L’application φ définie sur E 2 par :
1 1
∀x ∈ E 2 , φ (x, y) = ℓ1 (x) ℓ2 (y) + ℓ1 (y) ℓ2 (x)
2 2
est bilinéaire symétrique et q (x) = φ (x, x) pour tout x ∈ E. Donc q est une forme
quadratique de forme polaire φ.
2. On a :
1 1
q (x) = (ℓ1 (x) + ℓ2 (x))2 − (ℓ1 (x) − ℓ2 (x))2
4 4
1 1
les formes linéaires ℓ′1 = (ℓ1 + ℓ2 ) et ℓ′2 = (ℓ1 − ℓ2 ) étant indépendantes puisque
2 2
ℓ1 , ℓ2 le sont. En effet si αℓ′1 + βℓ′2 = 0, on a alors (α + β) ℓ1 + (α − β) ℓ2 = 0, donc
α + β = α − β = 0 et α = β = 0.
3. Pour E = Kn , notons dans la base canonique :
∑n
ℓ1 (x) = αj xj
j=1
∑n
ℓ2 (x) = β j xj
j=1
On a alors :
( n )( )
∑ ∑
n
q (x) = α j xj βj xj
j=1 j=1
∑ ∑
n ∑
= αi βj xi xj = αi βi x2i + (αi βj + αj βi ) xi xj
1≤i,j≤n i=1 1≤i<j≤n
180 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
1
aij = φ (ei , ej ) = (ℓ1 (ei ) ℓ2 (ej ) + ℓ1 (ej ) ℓ2 (ei ))
2
1
= (αi βj + αj βi )
2
Exercice 11.12 Soit L une matrice ligne à n colonnes. Montrer que la matrice A = t LL
est une matrice carrée symétrique et que la forme quadratique q de matrice A dans la base
canonique de Kn est le carré d’une forme linéaire.
( )
Solution 11.12 Si L = α1 α2 · · · αn , on a alors :
α1
α2 ( )
A = .. α1 α2 · · · αn = ((αi αj ))1≤i,j≤n
.
αn
Exercice 11.13 Soient p un entier naturel non nul, ℓ1 , · · · , ℓp des formes linéaires sur E et
λ1 , · · · , λp des scalaires. Montrer que l’application q définie sur E par :
∑
p
∀x ∈ E, q (x) = αj ℓ2j (x)
j=1
∑
p
∀x ∈ E , φ (x, y) =
2
αj ℓj (x) ℓj (y)
j=1
Nous allons voir que sur un espace de dimension finie toute forme quadratique peut se mettre
sous la forme indiquée par l’exercice précédent.
L’utilisation des dérivées partielles peut être intéressante pour déterminer rapidement la
forme polaire d’une forme quadratique sur Rn .
Exercice 11.14 Montrer que si q est une forme quadratique sur Rn , alors sa forme polaire φ
est donnée par :
1 ∑ ∂q 1 ∑ ∂q
n n
φ (x, y) = (x) yj = (y) xi
2 j=1 ∂xj 2 i=1 ∂yi
∑
n ∑ ∑
q (x) = aii x2i + 2 aij xi xj = aij xi xj
i=1 1≤i<j≤n 1≤i,j≤n
(les égalités akj = ajk sont justifiées par la symétrie de la matrice A). On en déduit alors que :
( n )
∑ ∑
n ∑
φ (x, y) = aij xi yj = aij xi yj
1≤i,j≤n j=1 i=1
1 ∑
n
∂q
= (x) yj
2 j=1
∂xj
— Si a = 0 et c ̸= 0, on a :
( )2
b δ
q (v) = 2bxy + cy = c y + x + x2
2
c c
Théorème 11.10 Toute forme quadratique non nulle q sur K-espace vectoriel E de dimension
2 peut s’écrire sous la forme q = λ1 ℓ21 où λ1 est un scalaire non nul et ℓ1 une forme linéaire non
nulle ou q = λ1 ℓ12 + λ2 ℓ22 où λ1 , λ2 sont deux scalaires non nuls et ℓ1 , ℓ2 deux formes linéaires
indépendantes.
q1 (x, y) = x2 − 6xy + 5y 2
q2 (x, y) = xy
Solution 11.15 On a :
q1 (x, y) = (x − 3y)2 − 4y 2
1 1
q2 (x, y) = (x + y)2 − (x − y)2
4 4
On peut remarquer qu’une telle décomposition n’est pas unique. Par exemple, pour q2 , on
peut aussi écrire : ( )2 ( )2
1 1 1 1
q2 (x, y) = x+ y − x− y
2 2 2 2
184 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
Solution 11.16 On regroupe les termes contenant x1 pour l’écrire comme le début d’un carré,
soit :
x21 + 2x1 x3 = (x1 + x3 )2 − x23
ce qui donne :
q (x) = (x1 + x3 )2 + x22 + 2x2 x3 .
On utilise ensuite la méthode développée pour le cas n = 2 à la forme q ′ définie sur R2 par
q ′ (x2 , x3 ) = x22 + 2x2 x3 , soit :
ce qui donne :
q (x) = (x1 + x3 )2 + (x2 + x3 )2 − x23 = ℓ21 (x) + ℓ22 (x) − ℓ22 (x)
Théorème 11.11 Pour toute forme quadratique non nulle q sur E, il existe un entier p compris
entre 1 et n, des scalaires non nuls λ1 , · · · , λp et des formes linéaires ℓ1 , · · · , ℓp indépendantes
dans E ∗ tels que :
∑p
∀x ∈ E, q (x) = λj ℓ2j (x)
j=1
Supposons tout d’abord que cette expression contient au moins un terme carré, c’est-à-dire
qu’il existe un indice i compris entre 1 et n tel que aii ̸= 0. Quitte à effectuer une permutation
Théorème de réduction de Gauss 185
sur les vecteurs de base, on peut supposer que a11 = ̸ 0. En regroupant les termes contenant x1 ,
on écrit que :
( )
∑n ∑n
a 1j
a11 x21 + 2 a1j x1 xj = a11 x21 + 2x1 xj
j=2
a
j=2 11
( )2 ( n )2
∑ n
a1j ∑ a1j
= a11 x1 + xj − xj
a
j=2 11
a
j=2 11
et :
( )2
∑
n
a1j
q (x) = a11 x1 + xj + q ′ (x′ )
j=2
a11
= a11 ℓ21 (x) + q ′ (x′ )
∑
n a
xj , q ′ est une forme quadratique définie sur le sous espace vectoriel H
1j
où ℓ1 (x) = x1 +
j=2 a11
∑n ∑
n
de E engendré par e2 , · · · , en et x′ = xi ei si x = xi ei .
i=2 i=1
Si q ′ = 0, on a alors q = a11 ℓ21 avec a11 et ℓ1 non nuls.
Si q ′ ̸= 0, l’hypothèse de récurrence nous dit qu’il existe un entier p compris entre 2 et n,
des scalaires non nuls λ2 , · · · , λp et des formes linéaires indépendantes ℓ2 , · · · , ℓp définies sur H
tels que :
∑ p
′ ′ ′
∀x ∈ H, q (x ) = λj ℓ2j (x′ )
j=2
ce qui donne une décomposition de q comme combinaison linéaire de carrés de formes linéaires.
Il reste à vérifier que les formes ℓ1 , ℓ2 , · · · , ℓp sont linéairement indépendantes dans E ∗ .
∑p ∑ p
L’égalité λj ℓj équivaut à dire que λj ℓj (x) = 0 pour tout x ∈ E. Prenant x = e1 , on
j=1 j=1
∑
p
a ℓ1 (x) = 1 et ℓj (x) = 0 pour j compris entre 2 et p, ce qui donne λ1 = 0 et λj ℓj (x′ ) = 0
j=2
∑
p
pour tout x′ ∈ H, ce qui équivaut à λj ℓj = 0 et la nullité de tous les λj puisque le système
j=2
(ℓ2 , · · · , ℓp ) est libre dans H ∗ . On a donc le résultat annoncé.
Il reste enfin à traiter le cas où q est sans facteurs carrés, c’est-à-dire le cas où tous les
coefficients aii sont nuls. Comme q est non nulle, il existe deux indices i < j tels que aij ̸= 0.
Quitte à effectuer une permutation sur les vecteurs de base, on peut supposer que a12 ̸= 0. On
regroupe alors dans l’expression de q tous les termes contenant x1 et x2 que l’on fait apparaître
comme fragment d’un produit de deux formes linéaires, soit :
∑
n ∑
n
Q = a12 x1 x2 + x1 a1j xj + x2 a2j xj
j=3 j=3
( )( ) ( )( )
∑
n ∑
n
a1j ∑
n ∑
n
a1j
= a12 x1 + a2j xj x2 + xj − a2j xj xj
j=3 j=3
a12 j=3 j=3
a12
186 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
ce qui donne :
∑
q (x) = 2 aij xi xj
1≤i<j≤n
∑
= 2Q + 2 aij xi xj
3≤i<j≤n
1 1 ∑ p
q (x) = ℓ21 (x) − ℓ22 (x) + λj ℓ2j (x)
2 2 j=3
ce qui donne une décomposition de q comme combinaison linéaire de carrés de formes linéaires.
Il reste à vérifier que les formes ℓ1 , ℓ2 , · · · , ℓp sont linéairement indépendantes dans E ∗ .
∑p ∑p
L’égalité λj ℓj équivaut à dire que λj ℓj (x) = 0 pour tout x ∈ E. Prenant x = e1 et
j=1 j=1
x = e2 , on obtient λ1 a12 + λ2 a21 = 0 et λ1 − λ2 = 0, ce qui équivaut à λ1 = λ2 = 0 puisque
∑
p ∑
p
a21 ̸= 0 et λj ℓj (x′ ) = 0 pour tout x′ ∈ H, ce qui équivaut à λj ℓj = 0 et la nullité de tous
j=3 j=3
les λj puisque le système (ℓ3 , · · · , ℓp ) est libre dans H ∗ . On a donc le résultat annoncé.
On peut remarquer que cette démonstration est constructive, c’est-à-dire qu’elle fournit un
algorithme permettant d’obtenir une réduction en combinaison linéaire de carrés.
Une telle décomposition est appelée réduction de Gauss, ou plus simplement réduction, de
la forme quadratique q.
Théorème de réduction de Gauss 187
Solution 11.17 On a :
q (x) = (x1 + 2x2 + 3x3 )2 − x22 − 4x23 − 10x2 x3
= (x1 + 2x2 + 3x3 )2 − (x2 + 5x3 )2 + 21x23
Solution 11.18 On a :
q (x) = x1 x2 + 2x1 x3 + 2x1 x4 + x2 x3 + 4x2 x4 + 2x3 x4
= (x1 + x3 + 4x4 ) (x2 + 2x3 + 2x4 ) − 2x23 − 8x24 − 8x3 x4
= (x1 + x3 + 4x4 ) (x2 + 2x3 + 2x4 ) − 2 (x3 + 2x4 )2
1 1
= (x1 + x2 + 3x3 + 6x4 )2 − (x1 − x2 − x3 + 2x4 )2 − 2 (x3 + 2x4 )2
4 4
Exercice 11.19 Soit q la forme quadratique définie sur Rn par :
∑
n ∑
q (x) = x2i + xi xj .
i=1 1≤i<j≤n
Solution 11.19
1. On a :
2 1 ··· 1
1 . 1
..
1 2
A= .. ... ...
2 . 1
1 ··· 1 2
2.
(a) Pour n = 2, on a :
( )2
1 3
q (x) = x21 + x22 + x1 x2 = x1 + x2 + x22 .
2 4
(b) Pour n = 3, on a :
q (x) = x21 + x22 + x23 + x1 x2 + x1 x3 + x2 x3
( )2
1 1 3( 2 ) 1
= x1 + x2 + x 3 + x2 + x23 + x2 x3
2 2 4 2
( )2 ( )
1 1 3 2 2 2
= x1 + x2 + x3 + x2 + x3 + x2 x3
2 2 4 3
( )2 ( )2
1 1 3 1 2
= x1 + x2 + x3 + x2 + x3 + x23
2 2 4 3 3
188 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
(c) Pour n = 4, on a :
avec n ≥ 3.
1. Écrire q sous la forme :
q (x) = ℓ21 (x) + q1 (x′ )
où ℓ1 est une forme linéaire sur Rn et q1 une forme quadratique sur Rn−1 en notant
x′ = (x2 , x3 , · · · , xn ) .
2. Écrire q1 sous la forme :
3
q1 (x) = ℓ22 (x) + q2 (x′′ )
4
où ℓ2 est une forme linéaire sur R n−1
et q2 une forme quadratique sur Rn−2 en notant
x′′ = (x3 , · · · , xn ) .
3. Montrer que pour tout p compris entre 1 et n − 1, on peut écrire q sous la forme :
3 p+1 2 p+2
q (x) = ℓ21 (x) + ℓ22 (x) + · · · + ℓp (x) + qp+1 (x)
4 2p 2p + 2
avec :
1∑ n
ℓ1 (x) = x1 + xj
2 j=2
1∑
n
ℓ2 (x) = x2 + xj
3 j=3
..
.
1 ∑n
ℓp (x) = xp + xj
p + 1 j=p+1
et :
∑
n
2 ∑
qp+1 (x) = x2i + xi xj
i=p+1
p + 2 p+1≤i<j≤n
4. Réduire q.
Solution 11.20
Théorème de réduction de Gauss 189
1. On a :
∑
n ∑
n ∑
q (x) = x21 + x1 xj + x2i + xi xj
j=2 i=2 2≤i<j≤n
( )2 ( n )2
1∑ ∑ ∑ ∑
n n
1
= x1 + xj − xj + x2i + xi xj
2 j=2 4 j=2 i=2 2≤i<j≤n
( )2
1∑ 3∑ 2 1 ∑
n n
= x1 + xj + x + xi xj
2 j=2
4 i=2 i 2 2≤i<j≤n
= ℓ21 (x) + q1 (x′ )
avec :
1∑
n
ℓ1 (x) = x1 + xj
2 j=2
et :
3∑ 2 1 ∑
n
′
q1 (x ) = x + xi xj
4 i=2 i 2 2≤i<j≤n
2. On a :
1 ∑ 3∑ 2 1 ∑
n n
3
′
q1 (x ) = x22 + x2 xj + x + xi xj
4 2 j=3 4 i=3 i 2 3≤i<j≤n
( )2 ( n )2
1∑ 1 ∑ 3∑ 2 1 ∑
n n
3
= x2 + xj − xj + x + xi xj
4 3 j=3 12 j=3 4 i=3 i 2 3≤i<j≤n
( )2
3 1 ∑n
2∑ 2 1 ∑
n
= x2 + xj + x + xi xj
4 3 j=3 3 i=3 i 3 3≤i<j≤n
3
= ℓ22 (x) + q2 (x′′ )
4
avec :
1∑
n
ℓ2 (x) = x2 + xj
3 j=3
et :
2∑ 2 1 ∑
n
q2 (x′′ ) = x + xi xj
3 i=3 i 3 3≤i<j≤n
190 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
avec :
1 ∑
n
ℓp+1 (x) = xp+1 + xj
p + 2 j=p+2
et :
( ) ∑
n ( ) ∑
1 2 1
Qp+2 (x) = 1 − x2i + 1− xi xj
(p + 2)2 i=p+2
p+2 p+2 p+2≤i<j≤n
(p + 1) (p + 3) ∑ 2 2 (p + 1) ∑
n
= xi + xi xj
(p + 2)2 i=p+2
(p + 2)2 p+2≤i<j≤n
( n )
(p + 1) (p + 3) ∑ 2 2 ∑
= xi + xi xj
(p + 2)2 i=p+2
p + 3 p+2≤i<j≤n
(p + 1) (p + 3)
= qp+2 (x)
(p + 2)2
Ce qui donne :
3 p+1 2 p+2 2
q (x) = ℓ21 (x) + ℓ22 (x) + · · · + ℓp (x) + ℓ (x)
4 2p 2p + 2 p+1
p+2
+ Qp+2 (x)
2p + 2
3 p+1 2 p+2 2
= ℓ21 (x) + ℓ22 (x) + · · · + ℓp (x) + ℓ (x)
4 2p 2p + 2 p+1
p + 2 (p + 1) (p + 3)
+ qp+2 (x)
2p + 2 (p + 2)2
3 p+1 2 p+2 2
= ℓ21 (x) + ℓ22 (x) + · · · + ℓp (x) + ℓ (x)
4 2p 2p + 2 p+1
p+3
+ qp+2 (x)
2p + 4
soit le résultat au rang p + 1.
Théorème de réduction de Gauss 191
4. Faisant p = n − 1, on a :
3 n n+1
q (x) = ℓ21 (x) + ℓ22 (x) + · · · + ℓ2n−1 (x) + + qn (x)
4 2 (n − 1) 2n
avec qn (x) = x2n = ℓ2n (x) , soit :
∑
n
p+1
q (x) = ℓ2p (x)
p=1
2p
avec :
1 ∑
n
ℓp (x) = xp + xj
p + 1 j=p+1
∑
n
pour p compris entre 1 et n (pour p = n, la somme est nulle).
j=p+1
Le théorème 11.11 nous fournit aussi une expression intéressante de la forme polaire de la
forme quadratique q comme nous allons le voir avec le théorème qui suit.
Pour la suite de ce paragraphe, q désigne une forme quadratique non nulle sur E et q =
∑p
λj ℓ2j une réduction de Gauss de cette forme quadratique où p est un entier compris entre 1
j=1
et n, λ1 , · · · , λp sont des scalaires non nuls et ℓ1 , · · · , ℓp des formes linéaires indépendantes.
On notera φ la forme polaire de q.
Théorème 11.12 Avec les notations qui précèdent, la forme polaire φ de q est alors définie
par :
∑ p
∀ (x, y) ∈ E × E, φ (x, y) = λj ℓj (x) ℓj (y)
j=1
Démonstration. Il est clair que φ est une forme bilinéaire symétrique sur E et pour tout
∑
p
x ∈ E, on a φ (x, x) = λj ℓ2j (x) = q (x) , ce qui signifie que φ est la forme polaire de q.
j=1
Les formes linéaires ℓ1 , · · · , ℓp étant linéairement indépendantes dans l’espace vectoriel E ∗ =
L (E, K) des formes linéaires sur E, elles peuvent se compléter en une base de cet espace (qui
on le sait est de dimension n), c’est-à-dire qu’il existe des formes linéaires ℓp+1 , · · · , ℓn (dans le
cas où p ≤ n − 1) telles que (ℓ1 , · · · , ℓn ) soit une base de E ∗ .
La réduction de Gauss du théorème 11.11 peut alors s’écrire :
∑
n
∀x ∈ E, q (x) = λj ℓ2j (x)
j=1
Théorème 11.13 Étant donnée une base (ℓi )1≤i≤n de l’espace vectoriel E ∗ des formes linéaires
sur E, il existe une base (fi )1≤i≤n de E telle que :
ℓi (fj ) = δij (1 ≤ i, j ≤ n)
où les δij sont définis par : {
1 si i = j
δij =
0 si i ̸= j
(symboles de Kronecker).
192 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
l’expression de ℓi dans la base B = (ei )1≤i≤n , la matrice Q = ((αij ))1≤i,j≤n est inversible puisque
les ℓi forment une base de E ∗ (la ligne i de Q est la matrice de ℓi dans la base B). En notant
F1 , · · · , Fn les colonnes de la matrice Q−1 , l’égalité QQ−1 = In s’écrit :
où (Ei )1≤i≤n est la base canonique de Kn . On a donc, pour tout entier j compris entre 1 et n :
QFj = Ej
Théorème 11.14 Avec les notations qui précèdent, il existe une base (fi )1≤i≤n de E dans
laquelle la matrice de q est diagonale de la forme :
λ1 0 · · · 0
..
. ..
.
0 λ2
D= . . .
.. .. .. 0
0 · · · 0 λn
∑
n {
λi si i = j
φ (fi , fj ) = λk ℓk (fi ) ℓk (fj ) = λi ℓi (fj ) =
0 si i ̸= j
k=1
Théorème de réduction de Gauss 193
Corollaire 11.1 Si A est une matrice symétrique d’ordre n à coefficients dans K, il existe
alors une matrice inversible P telle que la matrice t P AP soit diagonale.
Solution 11.21 On note x, y, z les coordonnées d’un vecteur v de R3 et q (x, y, z) pour q (v) .
1. La forme q est définie par :
5. La base (f1 , f2 , f3 ) est alors orthogonale pour q, ce qui signifie que la matrice de q dans
cette base est diagonale. Précisément, on a :
1 0 0
D = t P AP = 0 −1 0
0 0 0
ce qui peut aussi se vérifier par le calcul :
1 0 0 1 2 3 1 −2 1 1 0 0
t
P AP = −2 1 0 2 3 4 0 1 −2 = 0 −1 0 .
1 −2 1 3 4 5 0 0 1 0 0 0
Exercice 11.22 Soit q la forme quadratique définie sur Rn par :
∑
n−1 ∑
q (x) = x21 + 2 x2i + 2 xi xj
i=2 1≤i<j≤n
avec n ≥ 3.
1. Donner la matrice de q dans la base canonique de Rn .
2. Réduire q dans le cas n = 3.
3. Déterminer une base orthogonale pour q dans le cas n = 3.
4. Traiter le cas général.
Solution 11.22
1. On a :
1 1 1 ··· 1
1 2 1 ··· 1
.. . . . . . . ..
A= . . . . .
1 ··· 1 2 1
1 ··· 1 1 0
Théorème de réduction de Gauss 195
2. Pour n = 3, on a :
avec :
ℓ1 (x) = x1 + x2 + x3
ℓ2 (x) = x2
ℓ2 (x) = x3
formes linéaires indépendantes.
3. On résout le système :
x1 + x2 + x3 = y 1
x 2 = y2
x 3 = y3
ce qui donne :
x1 = y1 − y2 − y3
x2 = y2
x3 = y3
et :
1 −1 −1
f1 = 0 , f 2 = 1 , f 3 = 0
0 0 1
pour base q-orthogonale. La matrice de q dans cette base est :
1 0 0
D= 0 1 0
0 0 −1
4. Pour n ≥ 3, on a :
∑
n−1 ∑
q (x) = x21 +2 x2i + 2 xi xj
i=2 1≤i<j≤n
( n )2 ( )2
∑ ∑
n ∑
n−1 ∑
= xi − xi +2 x2i + 2 xi xj
i=1 i=2 i=2 2≤i<j≤n
∑
n−1 ∑
n−1
= ℓ21 (x) + x2i − x2n = ℓ2i (x) − ℓ2n (x)
i=2 i=1
avec :
ℓ (x) = ∑n
xi
1
ℓ (x) = x (2 ≤ i ≤ n)
i=1
i i
ce qui donne :
x =y −∑ n
yi
1 1
x = y (2 ≤ i ≤ n)
i=2
i i
et :
1 −1 −1 · · · −1
0 1 0 ··· 0
.. . . . . . . ..
P = . . . . .
0 ··· 0 1 0
0 ··· 0 0 1
est la matrice de passage de la base canonique (ei )1≤i≤n à une base q-orthogonale (fi )1≤i≤n .
On a donc : {
f1 = e1
fi = ei − e1 (2 ≤ i ≤ n)
et la matrice de q dans la base (fi )1≤i≤n est :
1 0 0 ··· 0
0 1 0 ··· 0
.. . . . . . . .
D= . . . . .. .
0 ··· 0 1 0
0 ··· 0 0 −1
Solution 11.23
1. La matrice de q dans la base canonique de R3 est :
1 1 0
A= 1 1+a −a .
0 −a 1 + a + a 2
2. On a : ( )
det (A) = a 1 + a2
3. La forme q est dégénérée si, et seulement si, a = 0.
4. On a : ( )
q (x) = (x + y)2 + a (y − z)2 + 1 + a2 z 2
Pour a = 0, q est de rang 2 et de signature (2, 0) .
̸ 0, q est de rang 3 et de signature (3, 0) pour a > 0 et (2, 1) pour a < 0.
Pour a =
Orthogonalité, noyau et rang 197
où :
1 −1 −1
P = 0 1 1
0 0 1
(x, y) 7→ x · y = x1 y1 + x2 y2 ou (x, y) 7→ x · y = x1 y1 + x2 y2 + x3 y3
définit une forme bilinéaire symétrique et la définition de l’orthogonalité correspond bien à celle
étudiée au Lycée.
Définition 11.12 Si X est une partie non vide E, l’orthogonal de X relativement à φ est le
sous-ensemble de E formé des vecteurs orthogonaux à tous les vecteurs de X.
X ⊥ = {y ∈ E | ∀x ∈ X, φ (x, y) = 0} .
Comme, pour toute partie non vide X de E, X ⊥ est un sous-espace vectoriel de E, l’inclusion
( )⊥
X ⊂ X ⊥ sera stricte pour X non sous-espace vectoriel.
Pour le produit scalaire usuel sur E = R2 , on a E ⊥ = {0} . En effet si y ∈ E ⊥ , il est en
particulier orthogonal à lui même, donc y · y = y12 + y22 = 0 et y1 = y2 = 0, soit y = 0.
Mais de manière général un vecteur peut être orthogonal à lui même sans être nécessairement
nul.
Considérons par exemple la forme bilinéaire symétrique φ définie sur R2 par :
φ (x, y) = x1 y1 − x2 y2
Un vecteur x est orthogonal à lui même si, et seulement si, x21 − x22 = 0, ce qui équivaut à
x2 = ±x1 .
Définition 11.13 On dit qu’un vecteur x de E est isotrope relativement à φ s’il est orthogonal
à lui même.
Définition 11.14 L’ensemble des vecteurs isotropes de E, relativement à φ, est le cône isotrope
de φ.
Cφ = {x ∈ E | q (x) = φ (x, x) = 0} .
On dit aussi que Cφ est le cône isotrope de la forme quadratique q et on le note alors Cq ou
−1
q {0} .
Lemme 11.1 Le noyau de φ est contenu dans son cône isotrope, soit :
ker (φ) ⊂ Cφ .
Solution 11.24 Dire que y est dans le noyau de φ signifie que φ (x, y) = 0 pour tout vecteur
x de R3 , ce qui équivaut à φ (ei , y) = 0 pour chacun des vecteurs de base canonique e1 , e2 , e3 .
Le noyau de φ est donc l’ensemble des solutions du système linéaire :
φ (e1 , y) = y1 = 0
φ (e2 , y) = y2 = 0
φ (e3 , y) = −y3 = 0
soit :
ker (φ) = {0} .
Le cône isotrope de φ est formé des vecteurs x tels que x21 + x22 − x23 = 0, et on reconnaît là
l’équation d’un cône de R3 (figure 11.1).
Solution 11.25 Dire que y est dans le noyau de φ signifie que φ (x, y) = 0 pour tout vecteur
x de R3 , ce qui équivaut à φ (ei , y) = 0 pour chacun des vecteurs de base canonique e1 , e2 , e3 .
Le noyau de φ est donc l’ensemble des solutions du système linéaire :
φ (e1 , y) = y1 = 0
φ (e2 , y) = 0 = 0
φ (e3 , y) = −y3 = 0
200 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
soit :
0
ker (φ) = y = y2 | y2 ∈ R
0
c’est donc la droite vectorielle dirigée par e2 .
Le cône isotrope de φ est formé des vecteurs x tels que x21 − x23 = 0, soit :
x1 x1
Cφ = x = x2 | (x1 , x2 ) ∈ R2 ∪ x = x2 | (x1 , x2 ) ∈ R2
x1 −x1
(F + G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ et (F ∩ G)⊥ ⊃ F ⊥ + G⊥
et x ∈ (F ∩ G)⊥ .
L’égalité (F ∩ G)⊥ = F ⊥ + G⊥ n’est pas assurée en général. Par exemple pour F, G supplé-
mentaires dans E, on a F ∩ G = {0} et (F ∩ G)⊥ = {0}⊥ = E n’est en général pas égal à
F ⊥ + G⊥ .
Dans le cas où E est de dimension finie, en désignant par A la matrice de φ dans une base
B et u l’endomorphisme de E ayant A pour matrice dans cette base, le noyau de φ est égal au
noyau de u.
Théorème 11.16 Soient E un espace vectoriel de dimension n, B = (ei )1≤i≤n une base de E,
A la matrice de la forme bilinéaire φ dans la base B et u l’endomorphisme de E de matrice A
dans la base B. On a alors :
ker (φ) = ker (u) .
Démonstration. Un vecteur x est dans le noyau de φ si, et seulement si, il est orthogonal
à tout vecteur de E, ce qui équivaut à dire du fait de la linéarité à droite de φ que x est
orthogonal à chacun des vecteurs de la base B, soit :
ce qui revient à dire les coordonnées x1 , x2 , · · · , xn de x dans la base B sont solutions du système
linéaire de n équations à n inconnues :
( n )
∑ ∑
n ∑n
φ xj ej , ei = xj φ (ej , ei ) = φ (ei , ej ) xj = 0 (1 ≤ i ≤ n)
j=1 j=1 j=1
Définition 11.16 On dit que la forme bilinéaire symétrique φ (ou de manière équivalente la
forme quadratique q) est non dégénérée si son noyau est réduit à {0} .
Du théorème précédent, on déduit qu’en dimension finie, une forme bilinéaire symétrique est
non dégénérée si, et seulement si, sa matrice dans une quelconque base de E est inversible, ce
qui équivaut à dire que son déterminant est non nul.
Comme pour les applications linéaires, on peut définir le rang d’une forme quadratique à
partir de la dimension de son noyau.
Définition 11.17 Si E est de dimension finie égale à n, le rang de φ (ou de q) est l’entier :
Du théorème précédent, on déduit qu’en dimension finie le rang d’une forme quadratique est
égal à celui de sa matrice dans une quelconque base.
Exercice 11.27 On note B = (ei )1≤i≤n la base canonique de Rn et on désigne par q la forme
quadratique définie dans cette base par :
∑
n ∑
q (x) = x2i + xi xj .
i=1 1≤i<j≤n
Solution 11.27
1 1
2
··· 1
2
1 ... ... ..
.
1. A = 2. ... ... .
.. 1
2
1
2
··· 1
2
1
2. x ∈ ker (q) ⇔ Ax = 0 ⇔ x1 + · · · + xj−1 + 2xj + xj+1 + · · · + xn = 0 pour 1 ≤ j ≤ n. En
∑
n
ajoutant toutes ces équations on obtient xj = 0 qui retranchée à l’équation j donne
j=1
xj = 0. On a donc ker (q) = {0} et rang (q) = n.
3. Pour n = 2, on a :
( )2
1 3
(a) q (x) = + + x1 x2 = x1 + x2 + x22 .
x21 x22
2 4
{ 1
x1 + x2 = a
(b) En résolvant le système 2 pour (a, b) = (1, 0) et (a, b) = (0, 1) , on
x2 = b ( ) ( 1 )
1 −2
obtient la base q-orthogonale : f1 = , f2 = .
0 1
( )
1 0
(c) La matrice de q dans cette base est D = .
0 43
4. Pour n = 3, on a :
(a)
et :
2x1 + x2 + · · · + xn = 2 + (j − 2) − j = 0.
Les vecteurs fj sont bien dans H et ils sont libres, donc forment une base.
1 0
... ..
2 1 ··· 1
.
1 1
. . . . .. 1
. . 0
. 1
(c) Afj = . . −j = −j − 1
2 .. . . . . 1
. 2
0 −1
1 · · · 1 2 .. .. ←j
. .
0 −1
(d) Pour 2 ≤ i < j, on a :
0
..
.
0
1
φ (fi , fj ) = (1, · · · , 1, −i, 0, · · · , 0) −j − 1 =0
2
−1
..
.
−1
j (j + 1)
(e) On a q (fj ) = et la matrice de q dans B ′ est :
2
2 0 ··· ··· 0
... ..
0 6 .
1
D=
.. . .
.
..
.
..
2 .. 12 .
.. .. ..
. . 0
0 ··· ··· 0 n (n + 1)
1∑ 1∑
n n
q (x) = j (j + 1) x′2
j = j (j + 1) ℓ2j (x)
2 j=1 2 j=1
avec X ′ = P −1 X où :
1 1 1 ··· 1
..
0 −2 1 .
P =
.. .
. 0 −3 . .
..
.
.. .. . .
. . . 1
0 0 0 0 −n
et la ligne j ≥ 2 est :
( )
1 1 1
0, · · · , 0, − , − ,··· ,− .
j j (j + 1) j (j + 1)
On a donc :
1 1
ℓ1 (x) = x1 + x2 + · · · + xn
2 2
1 1 1
ℓj (x) = xj + xj+1 + · · · + xn
j j (j + 1) j (j + 1)
ℓn (x) = 1 xn
n
ou encore :
1∑
n−1
1 n+1 2
q (x) = ((j + 1) xj + xj+1 + · · · + xn )2 + x .
2 j=1 j (j + 1) 2n n
Orthogonalité, noyau et rang 205
En dimension finie la réduction de Gauss d’une forme quadratique nous permet d’obtenir
son rang et son noyau.
Pour la suite de ce paragraphe, q désigne une forme quadratique non nulle sur un espace
∑p
vectoriel E de dimension n et q = λj ℓ2j la réduction de Gauss de cette forme quadratique
j=1
où p est un entier compris entre 1 et n, λ1 , · · · , λp sont des scalaires non nuls et ℓ1 , · · · , ℓp des
formes linéaires indépendantes.
On a vu que la forme polaire de q est définie par :
∑
p
φ (x, y) = λj ℓj (x) ℓj (y) .
j=1
rg (q) = p
et :
ker (q) = {x ∈ E | ℓ1 (x) = ℓ2 (x) = · · · = ℓp (x) = 0}
∑
p
Démonstration. À la réduction de Gauss q = λj ℓ2j est associée une base (fi )1≤i≤n de E
j=1
dans laquelle la matrice de q est diagonale de la forme :
λ1 0 · · · 0
... ..
0 λ .
D= . .2 .
.. .. .. 0
0 ··· 0 λn
où les p premiers λi sont non nuls et les suivants nuls (théorème 11.14). Il en résulte que
rg (q) = rg (D) = p et ker (q) est de dimension n − p.
Comme les formes linéaires ℓ1 , ℓ2 , · · · , ℓp sont linéairement indépendantes, l’espace vectoriel :
F = {x ∈ E | ℓ1 (x) = · · · = ℓp (x) = 0}
ce qui revient à inverser la matrice Q = ((αij ))1≤i,j≤n , où les αij sont définis par :
ℓi (x) = 0 (1 ≤ i ≤ p)
Ces vecteurs sont deux à deux orthogonaux puisque orthogonaux à tout vecteur de E.
Il suffit ensuite de résoudre les p systèmes linéaires :
{
1 si i = j
ℓi (fj ) = δij = (1 ≤ i, j ≤ p)
0 si i ̸= j
ce qui fournit une famille q-orthogonale (f1 , · · · , fp ) formée de vecteurs non nuls. Pour j fixé
entre 1 et p, le système linéaire ℓi (fj ) = δij où i varie de 1 à p a des solutions puisque la matrice
de ce système est de rang p et deux solutions de ce système diffèrent d’un élément du noyau de
q.
La famille (fi )1≤i≤n est alors une base q-orthogonale de E (exercice : vérifier qu’on a bien
une base).
Dans la pratique, on résout d’abord le système :
ℓ1 (x) = b1
..
.
ℓ (x) = b
p p
Solution
1. La matrice de q dans la base canonique de R3 est :
1 1 0
A= 1 1+a −a .
0 −a 1 + a + a 2
2. On a : ( )
det (A) = a 1 + a2
3. La forme q est dégénérée si, et seulement si, a = 0.
Signature d’une forme quadratique réelle en dimension finie 207
4. On a : ( )
q (x) = (x + y)2 + a (y − z)2 + 1 + a2 z 2
Pour a = 0, q est de rang 2.
̸ 0, q est de rang 3.
Pour a =
5. Dans tous les cas, il s’agit de résoudre le système :
x+y =α
y−z =β
z=γ
où :
1 −1 −1
P = 0 1 1
0 0 1
Théorème 11.18 Il existe un unique couple (s, t) d’entiers naturels tel que pour toute base
(ei )1≤i≤n de E qui est orthogonale relativement à q, le nombre de vecteurs ei tels que q (ei ) > 0
est égal à s et le nombre de vecteurs ei tels que q (ei ) < 0 est égal à t. De plus, on a s+t = rg (q) .
où s, t, s′ , t′ sont des entiers compris entre 0 et n avec la convention que la condition correspon-
dante sur le signe de q (ei ) ou q (e′i ) n’a pas lieu quand l’encadrement de l’indice i n’a pas de
sens.
Considérant les matrices de q dans chacune de ces bases, on voit que nécessairement on a
s + t = s′ + t′ = rg (q) .
On désigne par F le sous-espace {vectoriel de E } engendré par {e1 , · · · , es } (F = {0} pour
s = 0) et par G′ celui engendré par e′s′ +1 , · · · , e′n (G′ = {0} pour s′ = n). En supposant que
s ≥ 1, on a alors :
∑s
∀x ∈ F \ {0} , q (x) = λi x2i > 0
i=1
et :
∑
n
′
∀x ∈ G , q (x) = λ′i x2i ≤ 0
i=s′ +1
et s ≤ s′ .
En permutant les rôles joués par s et s′ , on montre de même que s′ ≤ s. On a donc s = s′
et t = t′ puisque s + t = s′ + t′ = rg (q) .
Définition 11.18 Le couple (s, t) d’entiers naturels défini par le théorème précédent est appelé
signature de q et on le note sgn (q) .
Une forme quadratique q est donc de signature (s, t) si, et seulement si, elle admet une
réduction de Gauss de la forme :
∑
s ∑
s+t
q= λj ℓ2j − λj ℓ2j
j=1 j=s+1
où les λj sont tous strictement positifs (pour s = 0 la première somme n’existe pas et s (√
= n c’est
)
la deuxième qui n’existe pas). En définissant les formes linéaires Lj par Lj (x) = ℓj λj x ,
on a la décomposition :
∑ s ∑
s+t
q= Lj −
2
L2j
j=1 j=s+1
et à cette décomposition est associée une base q-orthogonale de E dans laquelle la matrice de
q est :
Is 0 0
D = 0 −It 0
0 0 0
où Ir est la matrice identité d’ordre r. Les blocs diagonaux Is , −It ou 0 n’existent pas si s = 0,
s = n ou s + t = n.
Définition 11.19 On dit que la forme bilinéaire symétrique φ (ou de manière équivalente la
forme quadratique q) est positive [resp. définie positive] si q (x) ≥ 0 [resp. q (x) > 0] pour tout
x dans E [resp. dans E \ {0}].
Signature d’une forme quadratique réelle en dimension finie 209
Une forme quadratique non nulle est donc positive [resp. définie positive] si, et seulement si,
sa signature est (s, 0) [resp. (n, 0)] où s est compris entre 1 et n.
On définit de manière analogue les formes quadratiques négative [resp. définie négative] et
une forme quadratique non nulle est négative [resp. définie positive] si, et seulement si, sa
signature est (0, t) [resp. (0, n)] où t est compris entre 1 et n.
Exercice 11.29 On dit qu’une forme quadratique q sur E est définie si q (x) ̸= 0 pour tout
x ∈ E \ {0} . Montrer que si q est une forme quadratique définie (au sens de la définition qui
vient d’être donnée) sur un espace vectoriel réel E de dimension finie, alors elle est positive ou
négative.
Solution 11.28 Dans une base q−orthogonale B = (ei )1≤i≤n , la matrice de q est, a priori, de
Is 0 0
la forme D = 0 −It 0 . Si p = s + t < n, on a alors q (ep+1 ) ̸= 0 avec ep+1 =
̸ 0, ce qui
0 0 0
contredit le caractère définie de q. La forme q est donc de rang p = n.
Supposons que 1 ≤ s ≤ n − 1. On a alors q (es ) = 1, q (es+1 ) = −1 et :
q (es + es+1 ) = q (es ) + q (es+1 ) = 1 − 1 = 0
avec es + es+1 ̸= 0, ce qui contredit encore le caractère définie de q. On a donc s = 0 et q est
définie négative ou s = 0 et q est définie positive.
On peut aussi dire que, pour n ≥ 2, la fonction continue q de Rn dans R transforme le connexe
Rn \ {0} en un connexe de R∗ et en conséquence q (Rn \ {0}) est contenu dans R−,∗ ou R+,∗ .
∑p
À partir d’une réduction de Gauss, q = λj ℓ2j , on déduit que q est positive [resp. définie
j=1
positive] si, et seulement si, tous les λj sont strictement positifs [resp. p = n et tous les λj
sont strictement positifs]. En effet, la condition suffisante est évidente et pour la condition
nécessaire, en supposant λ1 < 0 (on peut toujours s’y ramener) et en désignant par (ei )1≤i≤n
une base q-orthogonale de E déduite de cette réduction de Gauss, on a q (e1 ) = λ1 < 0 et q
n’est pas positive.
Exercice 11.30 Soit q la forme quadratique positive définie sur R3 par :
q (x, y, z) = 2x2 + y 2 + z 2 + 2xy − 2xz.
1. Calculer la matrice de q dans la base canonique de R3 .
2. Donner une expression réduite de cette forme et en déduire le rang et la signature de q.
Solution 11.29
1. On a :
2 1 −1
A= 1 1 0
−1 0 1
2. On a :
( )
q (x, y, z) = 2 x2 + xy − xz + y 2 + z 2
(( )2 )
1 1 1 2 1 2 1
=2 x + y − z − y − z + yz + y 2 + z 2
2 2 4 4 2
( )2
1 1 1
= 2 x + y − z + (y + z)2 .
2 2 2
q est de rang 2 et de signature (2, 0) .
210 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
Une définition équivalente de la signature qu’une forme quadratique est donnée par le théo-
rème qui suit.
La démonstration de ce théorème nécessite les lemmes suivants.
Démonstration. Dire que la restriction de q à F est non dégénérée équivaut à dire que :
{x ∈ F | ∀y ∈ F, φ (x, y) = 0} = {0}
Théorème 11.19 En désignant par P [resp. N ] l’ensemble de tous les sous-espaces vectoriels
F de E tels que la restriction de q à F soit définie positive [resp. définie négative] (P ou N
peut être vide), la signature (s, t) de q est donnée par :
{
0 si P = ∅
s = max dim (F ) si P ̸= ∅
F ∈P
et : {
0 si N = ∅
t= max dim (F ) si N ̸= ∅
F ∈N
Démonstration. Notons :
{
0 si P = ∅
s′ = max dim (F ) si P ̸= ∅
F ∈P
et : {
0 si N = ∅
t′ = max dim (F ) si N ̸= ∅
F ∈N
∏
n
λk > 0. La matrice de q dans une autre base de Rn s’écrivant A = t P DP avec P inversible,
k=1
on a det (A) = (det (P ))2 det (D) > 0.
L’utilisation des mineurs principaux de la matrice de q dans une quelconque base de Rn nous
permet de savoir si une forme quadratique est définie positive ou non.
On rappelle que si A = ((aij ))1≤i,j≤n est une matrice carrée d’ordre n, les mineurs principaux
de A sont les déterminants des matrices extraites Ak = ((aij ))1≤i,j≤k où k est un entier compris
entre 1 et n.
Théorème 11.20 Soit q une forme quadratique non nulle sur un espace vectoriel réel E de
dimension n de matrice A = ((aij ))1≤i,j≤n dans une base (ei )1≤i≤n . La forme q est définie
positive si, et seulement si, tous les mineurs principaux de A sont strictement positifs.
Démonstration. Supposons q définie positive sur E. Pour k compris entre 1 et n, la matrice
Ak = ((aij ))1≤i,j≤k est la matrice de la forme quadratique qk égale à la restriction de q au sous-
espace vectoriel Ek de E engendré par les vecteurs e1 , · · · , ek . Cette forme qk étant définie
positive comme q, il en résulte que det (Ak ) > 0.
Pour la réciproque, on raisonne par récurrence sur la dimension n ≥ 1 de E.
Pour n = 1, le résultat est évident puisque E = Re1 est une droite vectoriel et q s’écrit
q (x) = q (x1 e1 ) = λx21 avec λ = q (e1 ) = det (A) .
Supposons le résultat acquis pour tous les espaces de dimension au plus égal à n et soit q
une forme quadratique sur un espace E de dimension n + 1. On se donne une base (ei )1≤i≤n+1
de E et on suppose que tous les mineurs principaux de la matrice A = ((aij ))1≤i,j≤n+1 de q
dans cette base sont strictement positifs. En désignant par H le sous-espace vectoriel de E
engendré par les vecteurs e1 , · · · , en , la matrice extraite An = ((aij ))1≤i,j≤n est la matrice de la
forme quadratique qn égale à la restriction de q à H. Tous les mineurs principaux de An étant
strictement positifs, cette forme q1 est définie positive sur H.
La restriction de q à H étant définie positive et q non dégénérée (det (A) ̸= 0), la signature
de q ne peut être que (n, 1) ou (n + 1, 0) (par définition de la signature). Si cette signature est
∑n
(n, 1) , cela signifie qu’on a une décomposition de Gauss de la forme q = λj ℓ2j − λn+1 ℓ2n où
j=1
tous les λj sont strictement positifs et la matrice de q dans une base q-orthogonale adaptée
à cette réduction est diagonale de termes diagonaux λ1 , λ2 , · · · , λn , −λn+1 . En notant D cette
∏n
matrice, on a det (D) = −λn+1 λk < 0, ce qui contredit det (D) = (det (P ))2 det (A) > 0. La
k=1
signature de q est donc (n + 1, 0) et q est définie positive.
Dans R , on a :
n
( )
∂ ∂ ∑ ∑
n
P (X) = aij xi xj + bi x i + c
∂xk ∂xk 1≤i,j≤n i=1
( n )
∂ ∑ ∑ n ∑n
= xi aij xj + bi x i + c
∂xk i=1 j=1 i=1
∑
n ∑
n
= akj xj + xi aik + bk
j=1 i=1
∑n ∑n
= akj xj + aki xi + bk
j=1 i=1
∑
n
=2 akj xj + bk (1 ≤ k ≤ n)
j=1
En définitive, si C est une quadrique à centre, en plaçant l’origine au centre, cette conique à
une équation de la forme :
q (X) = α
où q est une forme quadratique non dégénérée et α une constante.
Le théorème de réduction de Gauss nous permet d’écrire q comme combinaison linéaire de
n carrés de formes linéaires, ce qui revient à dire qu’il existe une base de Kn dans laquelle l’ex-
∑n
pression de q est q (X) = λi yi2 , les scalaires λi étant non nuls et dans cette base (orthogonale
i=1
pour q), une équation de C est :
∑
n
λi yi2 = α.
i=1
∑
s ∑
n
avec la convention que = 0 pour s = 0 et = 0 pour t = 0.
i=1 i=s+1
En particulier dans le plan R2 , on a les possibilités suivantes en désignant par x, y les coor-
données de X dans une base q-orthogonale, l’origine étant ramenée au centre de la quadrique :
— x2 + y 2 = ±α = β pour q de signature (2, 0) ou (0, 2) et C est vide pour β < 0, réduite à
{(0, 0)} pour β = 0 ou une ellipse pour β > 0 ;
— x2 − y 2 = α pour q de signature (1, 1) et C est une hyperbole.
x2 + y 2 + 4xy + 4 (x + y) − 8 = 0.
La forme quadratique q est non dégénérée puisque sa matrice dans la base canonique est :
( )
1 2
A=
2 1
2
ce qui donne X0 = − (1, 1) .
3
2 2
Le changement de variables X ′ = X − X0 , soit x′ = x + , y ′ = y + donne :
3 3
( )2 ( )2 ( )( ) ( )
′ 2 ′ 2 ′ 2 ′ 2 ′ 2 ′ 2
x − + y − +4 x − y − +4 x − +y − −8=0
3 3 3 3 3 3
soit :
32
(x′ )2 + (y ′ )2 + 4x′ y ′ =
3
comme prévu.
La réduction de Gauss donne :
32
(x′ + 2y ′ )2 − 3(y ′ )2 =
3
et C est une hyperbole.
En restant dans R2 , une quadrique C a une équation de la forme :
ax2 + 2bxy + cy 2 + dx + ey + f = 0
Si la forme quadratique
( q est dégénérée et non nulle, elle est de rang 1, ce qui équivaut
) ( ) à dire
( que
)
a b b a
la matrice A = est de rang 1 et il existe un réel non nul λ tel que =λ
b c c b
et l’équation de C devient :
( )
a x2 + 2λxy + λ2 y 2 + dx + ey + f = 0
soit :
a (x + λy)2 + dx + ey + f = 0
Si a = 0, on a l’équation :
dx + ey + f = 0
qui définit une droite si (e, d) ̸= (0, 0) , l’ensemble vide si (e, d) = (0, 0) et f ̸= 0 ou R2 tout
entier si (e, d) = (0, 0) et f = 0.
Pour a ̸= 0, on distingue alors deux cas de figure.
Soit e = λd et notre équation devient :
d f
(x + λy)2 + (x + λy) + = 0
a a
soit : ( )2
d d2 − 4af
x + λy + =
2a 4a2
√ droites si d − 4af > 0 (les droites d’équations x + λy =
2
ce
√ qui définit la réunion de deux
d2 − 4af − d d2 − 4af + d
et x + λy = − ), une droite si d2 − 4af = 0 (la droite d’équation
2a 2a
d
x + λy = − ) ou l’ensemble vide si d2 − 4af < 0.
2a
Soit e ̸= λd et le changement de variable x′ = x + λy, y ′ = dx + ey nous donne l’équation
′ 2 ′
a
(x ) + y + f = 0, ce qui définit une parabole (le changement de variable est validé par
1 λ
d e = e − λd ̸= 0).
En définitive, dans une base adaptée, une quadrique de R2 a une équation de l’une des formes
suivantes :
216 Formes bilinéaires et quadratiques réelles ou complexes
— x2 + y 2 = β ;
— x2 − y 2 = α ;
— dx + ey + f = 0 ;
— x2 = α ;
— ax2 + y + f = 0.
12
Espaces préhilbertiens
Définition 12.2 On appelle produit scalaire sur E toute forme bilinéaire symétrique définie
positive.
Définition 12.3 Un espace préhilbertien est un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire.
Un espace préhilbertien de dimension finie est dit euclidien.
Dans le cas où E est un espace euclidien, on peut aussi dire qu’un produit scalaire sur E est
la forme polaire d’une forme quadratique de signature (n, 0) .
On notera, quand il n’y a pas d’ambiguïté :
(x, y) 7−→ ⟨x | y⟩
un tel produit scalaire et pour y = x, on note :
√
∥x∥ = ⟨x|x⟩.
L’application x 7→ ∥x∥2 = ⟨x|x⟩ est tout simplement la forme quadratique associée à ⟨· | ·⟩ .
Les trois égalités qui suivent, expressions de la forme polaire d’une forme quadratique, sont
utiles en pratique.
La deuxième identité est l’égalité du parallélogramme. Elle est caractéristique des produits
scalaires dans le sens où une norme est déduite d’un produit scalaire si, et seulement si, elle
vérifie l’identité du parallélogramme (voir le chapitre sur les espaces normés).
217
218 Espaces préhilbertiens
Exercice 12.1 Montrer que l’application φ : (P, Q) 7→ P (1) Q′ (0) + P ′ (0) Q (1) définit une
forme bilinéaire sur E = R [x] . Est-ce un produit scalaire ?
Exemple 12.1 L’espace vectoriel Rn étant muni de sa base canonique (ei )1≤i≤n , l’application :
∑
n
(x, y) 7→ ⟨x | y⟩ = xk y k
k=1
définit un produit scalaire sur Rn . On dit que c’est le produit scalaire euclidien canonique de
Rn .
Exercice 12.2 L’espace vectoriel Rn est toujours muni de sa base canonique (ei )1≤i≤n . Soit
ω ∈ Rn . À quelle condition sur ω l’application :
∑
n
φ : (x, y) 7→ ωk xk yk
k=1
Solution 12.2 L’application φ définit une forme bilinéaire symétrique sur Rn pour tout ω ∈
Rn .
Si φ est un produit scalaire, on a alors ωj = φ (ej , ej ) > 0 pour tout j compris entre 1 et n.
∑
n
Réciproquement si tous les ωj sont strictement positifs, on a φ (x, x) = ωi x2i ≥ 0 pour tout
i=1
x ∈ Rn et φ (x, x) = 0 équivaut à ωi x2i = 0 pour tout i, ce qui équivaut à xi = 0 pour tout i,
soit à x = 0.
En conclusion, φ définit un produit scalaire sur Rn si, et seulement si, tous les ωi sont stricte-
ment positifs.
Exercice 12.3 Donner une condition nécessaire et suffisante sur les réels a, b, c, d pour que
l’application :
(x, y) 7→ ⟨x | y⟩ = ax1 y1 + bx1 y2 + cx2 y1 + dx2 y2
définisse un produit scalaire sur E = R2 .
Si on a un produit scalaire, alors a = ⟨e1 | e1 ⟩ > 0, d = ⟨e2 | e2 ⟩ > 0 et pour tout vecteur
x = e1 + te2 , où t est un réel quelconque, on a ⟨x | x⟩ = a + 2bt + dt2 > 0, ce qui équivaut à
δ = b2 − ad < 0.
Produit scalaire 219
b
avec ⟨x | x⟩ = 0 si, et seulement si, x1 + x2 = 0 et x2 = 0, ce qui équivaut à x = 0.
a
Donc ⟨· | ·⟩ est un produit scalaire si, et seulement si, b = c, a > 0, d > 0 et b2 − ad < 0.
Exercice 12.4 Soient n un entier naturel non nul, x0 , · · · , xn des réels deux à deux distincts
et ω ∈ Rn+1 . À quelle condition sur ω l’application :
∑
n
φ : (P, Q) 7→ ωi P (xi ) Q (xi )
i=0
Solution 12.4 L’application φ définit une forme bilinéaire symétrique sur Rn [x] pour tout
ω ∈ Rn .
Si φ est un produit scalaire, en désignant par (Li )0≤i≤n la base de Lagrange de Rn [x] définie
par :
∏n
x − xk
Li (x) = (0 ≤ i ≤ n)
k=0
xi − xk
k̸=i
Exercice 12.5 n étant un entier naturel non nul, on note Pn l’ensemble des polynômes trigo-
nométriques de degré inférieur ou égal à n, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions de R dans R
la forme :
∑n
P : x 7→ P (x) = a0 + (ak cos (kx) + bk sin (kx)) .
k=1
3. Montrer que si x0 , · · · , x2n sont des réels deux à deux distincts dans [−π, π[ , alors l’ap-
plication :
∑
2n
φ : (P, Q) 7→ P (xi ) Q (xi )
i=0
Solution 12.5
1. Il est clair que Pn est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel des applications de
R dans R. En notant respectivement ck et sk les fonctions x 7→ cos (kx) pour k ≥ 0
et x 7→ sin (kx) pour k ≥ 1, Pn est engendré par la famille Bn = {ck | 0 ≤ k ≤ n} ∪
{sk | 1 ≤ k ≤ n} , c’est donc un espace vectoriel de dimension au plus égale à 2n + 1.
Montrons que cette famille de fonctions est libre. Pour ce faire, on procède par récurrence
sur n ≥ 1 (comme avec l’exercice 9.4).
π
Pour n = 1, si a0 + a1 cos (x) + b1 sin (x) = 0, en évaluant cette fonction en 0, et π
2
successivement, on aboutit au système linéaire :
a0 + a1 = 0
a0 + b 1 = 0
a0 − a1 = 0
Il en résulte que :
∑
n−1
( 2 )
′′
2
n P + P = n a0 + 2
n − k 2 (ak ck + bk sk ) = 0
k=1
ou encore :
1 ∑( )
n
n
z P (x) = a0 z 2n
+ (ak − ibk ) z n+k + (ak + ibk ) z n−k = Q (z)
2 k=1
définit un produit scalaire sur l’espace vectoriel F des fonctions définies sur R à valeurs réelles,
continues et périodiques de période 2π.
Solution 12.7 Ce sont les mêmes arguments qu’à l’exercice précédent compte tenu qu’une
fonction de F est nulle si, et seulement si, elle est nulle sur [−π, π] .
est alors à valeurs strictement positives, le coefficient de t2 étant non nul, il en résulte que son
discriminant est strictement négatif, soit :
On peut déduire de cette inégalité quelques inégalités intéressantes sur les réels.
Exercice 12.8
1. On se donne un entier n ≥ 1 et des réels x1 , · · · , xn . Montrer que :
( n )2
∑ ∑n
xk ≤n x2k
k=1 k=1
Solution 12.8
1. L’inégalité de Cauchy-Schwarz nous donne :
( n )2 ( n )( n )
∑ ∑ ∑ ∑
n
xk · 1 ≤ 12 2
xk = n x2k
k=1 k=1 k=1 k=1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, tous les xk sont égaux.
2. L’application φ est bilinéaire et symétrique. Pour x ∈ Rn , on a :
∑
n ∑
q (x) = φ (x, x) = a x2i + 2b xi xj
i=1 1≤i<j≤n
( )2
∑
n ∑
n ∑
n
=a x2i + b xi − x2i
i=1 i=1 i=1
( )2
∑
n ∑
n
= (a − b) x2i + b xi
i=1 i=1
∑
n n (n + 1) ∑n n (n + 1) (2n + 1)
avec k= et k2 = , ce qui donne :
k=1 2 k=1 6
√
∑n
√ n2 (n + 1)2 (2n + 1) n (n + 1) √
k k≤ = √ 2n + 1.
k=1
12 2 3
Solution 12.10
224 Espaces préhilbertiens
∑
n n (n + 1) (2n + 1)
et avec k2 = , on en déduit que :
k=1 6
∑n
1 6n
2
≥ .
k=1
k (n + 1) (2n + 1)
Exercice 12.11
1. Montrer que pour tous réels a, b et λ, on a :
∑
n ∑
n−1
q (x) = (2k − 1) x2k −2 kxk xk+1
k=1 k=1
1∑
k
yk = xj .
k j=1
Inégalités de Cauchy-Schwarz et de Minkowski 225
n=1 n=1
Solution 12.11
1. On a :
( )
(2λ − 1) a2 − 2λab = λ a2 − 2ab + (λ − 1) a2
( )
= λ (a − b)2 − b2 + (λ − 1) a2
= λ (a − b)2 − λb2 + (λ − 1) a2
2.
(a) En utilisant le résultat précédent, on a :
∑
n−1
( )
q (x) = (2n − 1) x2n + (2k − 1) x2k − 2kxk xk+1
k=1
∑
n−1 ∑
n−1 ∑
n−1
= (2n − 1) x2n + k (xk − xk+1 ) − 2
kx2k+1 + (k − 1) x2k
k=1 k=1 k=1
∑
n−1 ∑
n−2 ∑
n−1
= (2n − 1) x2n + k (xk − xk+1 )2 + kx2k+1 − kx2k+1
k=1 k=1 k=1
∑
n−1
= (2n − 1) x2n + k (xk − xk+1 )2 − (n − 1) x2n
k=1
∑
n−1
= k (xk − xk+1 )2 + nx2n .
k=1
soit :
∑
n
q (x) = kℓ2k (x)
k=1
226 Espaces préhilbertiens
soit
∑
n ∑
2n
Q (x, y) = L2k (x, y) − L2k (x, y)
k=1 k=n+1
xk = kyk − (k − 1) yk−1 .
∑
n
Q (x, y) = (yk − 2xk ) yk
k=1
∑
n
= (yk − 2 (kyk − (k − 1) yk−1 )) yk
k=1
∑
n
= ((1 − 2k) yk + 2 (k − 1) yk−1 ) yk
k=1
∑
n ∑
n
= (1 − 2k) yk2 +2 (k − 1) yk−1 yk
k=1 k=1
soit :
∑
n ∑
n−1
Q (x, y) = (1 − 2k) yk2 + 2 kyk yk+1 = −q (y) .
k=1 k=1
Inégalités de Cauchy-Schwarz et de Minkowski 227
∑
n
( )
Q (x, y) = yk2 − 2xk yk = −q (y) ≤ 0
k=1
soit :
∑
n ∑
n
yk2 ≤ 2xk yk .
k=1 k=1
et :
∑
n ∑
n
yk2 ≤ 4 x2k .
k=1 k=1
Dans l’espace C 0 ([a, b] , R) des fonctions continues de [a, b] dans R muni du produit scalaire
∫ b
(f, g) 7→ f (t) g (t) dt, l’inégalité de Cauchy-Schwarz s’écrit :
a
(∫ b )2 ∫ b ∫ b
f (t) g (t) dt ≤ f (t) dt g 2 (t) dt.
2
a a a
√ 1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe un réel λ tel que f = λ √ , ce qui équivaut
f
à dire que f est constante.
et en intégrant :
∫ b ∫ ∫ ∫
b
′
b
(b − a)2 b
|f ′ (t)| dt.
2 2
|f (t)| dt ≤
2
|f (t)| dt (t − a) dt =
a a a 2 a
Pour f ∈ C 1 ([a, b] , R) sans hypothèse sur f (a) , la fonction g définie par g (x) = f (x) − f (a)
vérifie les hypothèses de l’exercice et avec g (a) = 0, g ′ = f ′ , on obtient l’inégalité :
∫ b ∫
(b − a)2 b ′ 2
|f (t) − f (a)| dt ≤
2
|f (t)| dt
a 2 a
∥x + y∥ ≤ ∥x∥ + ∥y∥ ,
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, x = 0 ou x ̸= 0 et y = λx avec λ ≥ 0 (on dit que x
et y sont positivement liés).
l’égalité étant réalisée pour λ ≥ 0. Pour λ < 0, l’inégalité est stricte puisque dans ce cas
|1 + λ| < 1 + |λ| = 1 − λ.
On suppose que x est non nul et y non lié à x. On a :
Sur Rn muni du produit scalaire canonique, l’inégalité de Minkowski prend la forme suivante :
v v v
u n u n u n
u ∑ u ∑ u∑
t (xk + yk ) ≤
2 t xk + t
2
yk2
k=1 k=1 k=1
Dans l’espace C 0 ([a, b] , R) des fonctions continues de [a, b] dans R muni du produit scalaire
∫ b
(f, g) 7→ f (t) g (t) dt, l’inégalité de Minkowski s’écrit :
a
√ √ √
∫ b ∫ b ∫ b
(f (t) + g (t))2 dt ≤ f 2 (t) dt + g 2 (t) dt.
a a a
12.3 Orthogonalité
Définition 12.4 On dit que deux vecteurs x et y appartenant à E sont orthogonaux si ⟨x | y⟩ =
0.
Cette définition sera justifiée d’un point de vue géométrique en utilisant l’inégalité de
Cauchy-Schwarz au paragraphe 13.1.
Théorème 12.4 (Pythagore) Les vecteurs x et y sont orthogonaux dans E si, et seulement
si
∥x + y∥2 = ∥x∥2 + ∥y∥2 .
On montre facilement par récurrence sur p ≥ 2, que si x1 , · · · , xp sont deux à deux orthogo-
naux, on a alors :
p
∑
2 ∑ p
xk
= ∥xk ∥2
k=1 k=1
Définition 12.5 On appelle famille orthogonale dans E toute famille (ei )i∈I de vecteurs de E
telle que ⟨ei | ej ⟩ = 0 pour tous i ̸= j dans I. Si de plus ∥ei ∥ = 1 pour tout i ∈ I, on dit alors
que cette famille est orthonormée ou orthonormale.
X ⊥ = {y ∈ E | ∀x ∈ X, ⟨x | y⟩ = 0} .
Théorème 12.5 Une famille orthogonale de vecteurs non nuls de E est libre.
∑
Démonstration. Si (ei )i∈I est une telle famille et si λj ej = 0 où J est une partie finie
j∈J
de I on a alors pour tout k ∈ J :
⟨ ⟩
∑
0= λj ej | ek = λk ∥ek ∥2 ,
j∈J
Exercice 12.15 Montrer que la famille {cos (nt) , sin (mt) | (n, m) ∈ N × N∗ } est orthogonale
dans l’espace vectoriel F ∫des fonctions continues et 2π-périodiques sur R muni du produit
π
scalaire (f, g) 7→ ⟨f | g⟩ = f (t) g (t) dt défini sur
−π
pour n ̸= m dans N∗ , on a :
∫ π ∫
1 π
sin (nt) sin (mt) dt = (cos ((n − m) t) − cos ((n + m) t)) dt = 0
−π 2 −π
et pour (n, m) ∈ N × N∗ , on a :
∫ π ∫
1 π
cos (nt) sin (mt) dt = (sin ((n + m) t) − sin ((n − m) t)) dt = 0.
−π 2 −π
Pour n = 0, on a : ∫ π
dt = 2π
−π
et pour n ≥ 1 : ∫ π ∫
1 π
2
cos (nt) dt = (cos (2nt) + 1) dt = π,
−π 2 −π
∫ π ∫
1 π
2
sin (nt) dt = (1 − cos (2nt)) dt = π.
−π 2 −π
Exercice 12.16 Étant donnée une famille (xi )0≤i≤n de n + 1 réels deux à deux distincts, on
munit Rn [x] du produit scalaire :
∑
n
(P, Q) 7→ ⟨P | Q⟩ = P (xi ) Q (xi ) .
i=0
Montrer que la famille (Li )0≤i≤n des polynômes de Lagrange définie par :
∏n
x − xk
Li (x) = (0 ≤ i ≤ n)
x i − xk
k=0
k̸=i
La famille (Li )0≤i≤n est orthonormée, donc libre et comme elle est formée de n + 1 polynômes,
c’est une base de Rn [x] .
∀j ∈ {1, · · · , p − 1} , ⟨ep | ej ⟩ = 0,
232 Espaces préhilbertiens
on déduit que :
λj + λp ⟨xp | ej ⟩ = 0 (1 ≤ j ≤ p − 1)
et : ( )
∑
p−1
ep = λp xp − ⟨xp | ej ⟩ ej = λp y p .
j=1
Du fait que xp ∈
/ Vect {x1 , · · · , xp−1 } = Vect {e1 , · · · , ep−1 } on déduit que yp ̸= 0 et la condition
∥ep ∥ = 1 donne :
1
|λp | = .
∥yp ∥
La condition supplémentaire :
⟨ ( ) ⟩
1 ∑
p−1
1
0 < ⟨xp | ep ⟩ = ep − λj ej | ep =
λp j=1
λp
∑
k−1
= ∥xk ∥2 − ⟨xk | ej ⟩2
j=1
(yk est orthogonal à ej pour 1 ≤ j ≤ k − 1). Les ⟨xk | ej ⟩ étant déjà calculés (pour obtenir yk ),
il suffit donc de calculer ∥xk ∥2 . En fait le calcul de ⟨yk | xk ⟩ est souvent plus rapide.
et :
∑
n ∑
n
∥x∥ = 2
⟨x | ek ⟩ =2
x2k .
k=1 k=1
Le procédé d’orthogonalisation de Gram-Schmidt 233
Ces égalités sont des cas particuliers des égalités de Parseval valables de manière plus générale
dans les espaces de Hilbert.
Démonstration. Les colonnes de la matrice P sont formées des vecteurs colonnes E1′ , · · · , En′ ,
où Ej′ est la matrice de e′j dans la base B et on a :
t ′
E1
(( t ′ ′ ))
t
P P = ... (E1′ , · · · , En′ ) = Ei Ej 1≤i,j≤n
t ′
En
((⟨ ′ ′ ⟩))
= ei | ej 1≤i,j≤n = ((δij ))1≤i,j≤n = In
et det (P ) = ±1.
Définition 12.7 On appelle matrice orthogonale toute matrice réelle d’ordre n inversible telle
que P −1 = t P.
La matrice de passage d’une base orthonormée B de E à une autre base orthonormée B ′ est
donc une matrice orthogonale et réciproquement une telle matrice est la matrice de passage
d’une base orthonormée de E à une autre.
Nous retrouverons cette notion de matrice orthogonale au paragraphe 13.10.
Solution 12.17
1. De la linéarité de u, on déduit que φ est bilinéaire symétrique.
Pour x ∈ E, on a φ (x, x) = ∥u (x)∥2 ≥ 0 et φ (x, x) = 0 équivaut à x ∈ ker (u) , soit à
x = 0 puisque u est bijectif. Donc φ est un produit scalaire sur E.
2. Soit B = (ei )1≤i≤n une base orthonormée de E et A la matrice de u dans cette base. Pour
x, y dans E, on a :
( )
φ (x, y) = ⟨u (x) | u (y)⟩ = t (AX) (AY ) = t X t AA Y
Solution 12.18 La fonction t 7→ 2 − t étant à valeurs strictement positives sur ]0, 2[ , il est
facile de vérifier que ⟨· | ·⟩ est un produit scalaire.
En utilisant l’algorithme de Gram-Schmidt, on définit la base orthonormée (Pi )0≤i≤2 par :
∫ 2
Q = 1, ∥Q ∥2 = 1
(2 − t) dt = 2, P0 = √
0 0
2
0
2
Q1 = x − ⟨x | P0 ⟩ P0 = x − ,
3
4 3
∥Q 1 ∥ = ⟨Q1 | x⟩ = , P1 = x − 1,
2
9 2
8 2
Q2 = x − ⟨x | P0 ⟩ P0 − ⟨x | P1 ⟩ P1 = x2 − x + ,
2 2 2
√ 5 5
8
∥Q2 ∥2 = ⟨Q2 | x2 ⟩ = , P2 = 6
(5x2 − 8x + 2)
75 4
Une base orthonormée de R2 [x] est donc :
( √ )
1 3 6( 2 )
√ , x − 1, 5x − 8x + 2
2 2 4
∫ 1
Exercice 12.19 Montrer que l’application (P, Q) 7→ P (t) Q (t) dt définit un produit scalaire
−1
sur R2 [x] . Donner la matrice dans la base canonique et déterminer une base orthonormée.
3 2
1
Q2 = x2 − ⟨x2 | P0 ⟩ P0 − ⟨x2 | P1 ⟩ P1 = x2 − ,
( 3)
3√
8 1
∥Q2 ∥ = ⟨Q2 | x ⟩ = , P2 = 10 x −
2 2 2
45 4 3
1. Montrer que : ∫ 1
t2n (2n)! π
∀n ∈ N, √ dt = .
0 1 − t2 22n (n!)2 2
2. En utilisant le procédé d’orthogonalisation de Gram-Schmidt, déduire de la base canonique
(1, X, X 2 ) de R2 [X] , une base orthonormée de R2 [X] .
Solution 12.20
1. Pour tout entier naturel n, on note :
∫ 1
t2n
Tn = √ dt.
0 1 − t2
1
La fonction à intégrer est positive et équivalente au voisinage de 1 à la fonction √ √ ,
2 1−t
elle est donc intégrable sur [0, 1] .
On a : ∫ 1
1 π
T0 = √ dt = arcsin (1) =
0 1−t 2 2
et pour n ≥ 1, une intégration par parties donne :
∫ 1 ∫ 1 √
t
Tn = t2n−1
√ dt = (2n − 1) x2n−2 1 − t2 dt
0 1 − t2 0
∫ 1 2(n−1)
t ( )
= (2n − 1) √ 1 − t2 dx = (2n − 1) (Tn−1 − Tn ) .
0 1 − t2
2. On pose Q0 = 1 et on a
∫ 1 ∫ 1
1 1
∥Q0 ∥ =
2
√ dt = 2 √ dt = π.
−1 1 − t 1 − t2
2
0
Donc :
1 1
P0 = Q0 = √ .
∥Q0 ∥ π
Puis Q1 (X) = X − λP0 où λ est tel que ⟨P0 | Q0 ⟩ = 0, ce qui donne :
∫ 1
t
λ = ⟨P0 | X⟩ = √ dt = 0
−1 1 − t
2
236 Espaces préhilbertiens
Donc : √
1 2
P1 = Q1 = X.
∥Q1 ∥ π
Puis Q2 (X) = X 2 − λP0 − µP1 où λ, µ sont tels que ⟨P0 | Q2 ⟩ = ⟨P1 | Q2 ⟩ = 0, ce qui
donne : ∫ 1 √
⟨ ⟩ 1 t2 1 π π
λ = P0 | X = √
2
√ dt = √ =
π −1 1 − t2 π2 2
et : √ ∫ 1
⟨ ⟩ 2 t3
µ = P1 | X = 2
√ dt = 0
π −1 1 − t2
√
π 1 1
par parité. On a Q2 (X) = X − λP0 = X −
2 2 √ = X 2 − et :
2 π 2
⟨ ⟩ ⟨ ⟩
∥Q2 ∥2 = Q2 | X 2 − λP0 = Q2 | X 2
∫ 1 ∫
t4 1 1 t2
= √ dt − √ dt
−1 1 − t 2 −1 1 − t2
2
4! 1π π
= 4 2π − = .
22 22 8
Donc : √
1 2( 2 )
P2 = Q2 = 2X − 1 .
∥Q2 ∥ π
Conclusion, une base orthonormée de R2 [X] est donnée par :
( √ √ )
1 2 2( 2 )
(P0 , P1 , P2 ) = √ , X, 2X − 1
π π π
n (n)
Exercice 12.21 Pour tout entier n positif ou nul, on note π2n (x) = (x2 − 1) et Rn = π2n .
On munit E = R [x] du produit scalaire défini par :
∫ 1
∀ (P, Q) ∈ E , ⟨P | Q⟩ =
2
P (x) Q (x) dx.
−1
1
6. Calculer ∥Rn ∥ , pour tout entier n positif ou nul. Les polynômes Pn = Rn sont les
∥Rn ∥
polynômes de Legendre normalisés.
Solution 12.21
Et utilisant le fait que −1 et 1 sont racines d’ordre n du polynôme π2n (x) = (x − 1)n (x + 1)n ,
(k−1)
on a π2n (±1) = 0, de sorte que :
∫ 1 ∫ 1
π2n (t) P ′ (t) dt.
(k) (k−1)
π2n (t) P (t) dt = −
−1 −1
où : ∫ ∫
1 1 (2 )n
In = π2n (t) dt = t − 1 dt.
−1 −1
Pour n ≥ 1, on a :
∫ ∫
1 (2 )n−1 ( 2 ) 1 ( )n−1
In = t −1 t − 1 dt = t2 − 1 t · tdt − In−1
−1 −1
(2n) (2 (n − 1)) · · · 2
n
2n
n 2 (n!)
2
In = (−1) I0 = (−1) 2
(2n + 1) (2n − 1) · · · 1 (2n + 1)!
et :
22n (n!)2 2
∥Rn ∥2 = (2n)! 2= 22n (n!)2
(2n + 1)! 2n + 1
√
2
soit ∥Rn ∥ = 2n n! .
2n + 1
∑
n
y= ⟨x | ek ⟩ ek
k=1
et on a :
∑
n
∥x − y∥ = ∥x∥ − ∥y∥ = ∥x∥ −
2 2 2 2
⟨x | ek ⟩2 . (12.1)
k=1
Projection orthogonale sur un sous-espace de dimension finie 239
Démonstration. Soit (ei )1≤i≤n une base orthonormée de F (le théorème de Gram–Schmidt
nous assure l’existence d’une telle base). Pour x dans E, on définit le vecteur y ∈ F par :
∑
n
y= ⟨x | ek ⟩ ek .
k=1
et on a bien ∥x − y∥ = d (x, F ) .
S’il existe un autre vecteur u ∈ F tel que ∥x − u∥ = d (x, F ) = δ, de :
Si x est un vecteur de E, alors le vecteur y de F qui lui est associé dans le théorème précédent
est la meilleure approximation de x dans F. En considérant la caractérisation géométrique
x − y ∈ F ⊥ , on dit aussi que y est la projection orthogonale de x sur F .
On note y = pF (x) . On a donc :
( )
(y = pF (x)) ⇔ y ∈ F et x − y ∈ F ⊥ ⇔ (y ∈ F et ∥x − y∥ = d (x, F ))
Remarque 12.1 Si F = {0} , on peut définir pF et c’est l’application nulle. On suppose donc,
a priori, F non réduit à {0} .
Dans le cas où E est de dimension finie et F = E, pF est l’application identité.
Remarque 12.2 pF (x) = x équivaut à dire que x ∈ F et pF (x) = 0 équivaut à dire que
x ∈ F ⊥.
240 Espaces préhilbertiens
( )
1
Exemple 12.2 Si D = Ra est une droite vectorielle, une base orthonormée de D est a
∥a∥
⟨x | a⟩
et pour tout x ∈ E, on a pD (x) = a.
∥a∥2
∑
n
∥pF (x)∥ =2
⟨x | ek ⟩2 ≤ ∥x∥2 .
k=1
1. Justifier la convergence des intégrales ⟨P | Q⟩ pour tous P, Q dans R [x] et le fait qu’on
a bien un produit scalaire.
2. Construire une base orthonormée de R3 [x] .
3. Soit P = 1 + x + x3 . Déterminer Q ∈ R2 [x] tel que ∥P − Q∥ soit minimal.
Solution 12.22
1. On vérifie par récurrence que :
∫ +∞
∀k ∈ N, tk e−t dt = k!
0
et de ce résultat on déduit que l’application ⟨· | ·⟩ est bien définie sur R [x] . On vérifie
ensuite facilement que c’est un produit scalaire.
2. En utilisant le procédé de Gram-Schmidt sur la base (1, x, x2 , x3 ) de R3 [x] , on a :
Q0
Q0 = 1, ∥Q0 ∥2 = 1, P0 = =1
∥Q0 ∥
Q1
P1 = x − ⟨x | P0 ⟩ P0 = x − 1, ∥Q1 ∥2 = 1, P1 = = x − 1,
∥Q ∥
1
Q2 = x − ⟨x | P0 ⟩ P0 − ⟨x | P1 ⟩ P1 = x − 4x + 2,
2 2 2 2
Q2 1 2
∥Q 2 ∥ 2
= 4, P 2 = = (x − 4x + 2) ,
∥Q2 ∥ 2
Q3 = x3 − ⟨x3 | P0 ⟩ P0 − ⟨x3 | P1 ⟩ P1 − ⟨x3 | P2 ⟩ P2
= x3 − 9x2 + 18x − 6,
Q3 1
∥Q3 ∥ = 36, P3 =
2
= (x3 − 9x2 + 18x − 6) .
∥Q3 ∥ 6
∑
2
Q= ⟨P | Pk ⟩ Pk .
k=0
Projection orthogonale sur un sous-espace de dimension finie 241
Le calcul des ⟨P | Pk ⟩ peut être évité en remarquant que dans la base orthonormée (P0 , P1 , P2 , P3 )
de E = R3 [x] , on a :
∑
3
P = ⟨P | Pk ⟩ Pk = Q + ⟨P | P3 ⟩ P3
k=0
on a : ∫ 1 ( 2 )2
M= inf x − ax − b dx = inf ∥f − Q∥2
(a,b)∈R2 −1 Q∈R1 [x]
2
où f (x) = x . Le théorème de projection orthogonale donne :
M = ∥f − P ∥2 = ∥f ∥2 − ∥P ∥2
Remarque 12.3 Si (ei )1≤i≤n est une base (non nécessairement orthonormée) de F, alors la
∑
n
projection orthogonale d’un vecteur x de E sur F est le vecteur y = yj ej , où les composantes
j=1
yj , pour j compris entre 1 et n, sont solutions du système linéaire :
⟨x − y | ei ⟩ = 0 (1 ≤ i ≤ n) ,
soit :
∑
n
⟨ei | ej ⟩ yj = ⟨x | ei ⟩ (1 ≤ i ≤ n) .
j=1
soit :
2y1 = 2
3
2
y2 = 0
3
1 1 8
ce qui donne y1 = et y2 = 0, soit P = et M = ∥f ∥2 − ∥P ∥2 = .
3 3 45
∫ 1
Exercice 12.24 Calculer inf 2 x2 (ln (x) − ax − b)2 dx.
(a,b)∈R 0
où F = Vect {x, x2 } . On sait que si (P1 , P2 ) est une base orthonormée de F, alors :
δ 2 = ∥f − ⟨f | P1 ⟩ P1 − ⟨f | P2 ⟩ P2 ∥2
= ∥f ∥2 − ⟨f | P1 ⟩2 − ⟨f | P2 ⟩2 .
Puis avec : ∫ 1
1
∀n ∈ N, ⟨f | x ⟩ =
n
xn+1 ln (x) dx = − ,
∫ 1 0 (n + 2)2
2
∥f ∥2 = x2 ln2 (x) dx = ,
0 27
on obtient : √
3
⟨f | P1 ⟩ = − ,
9
√
⟨f | P2 ⟩ = 5
12
et :
11
δ2 = . =
24 33
432
La projection orthogonale de f sur F étant donnée par :
5 19
P = ⟨f | P ⟩ P1 + ⟨f | P2 ⟩ P2 = x2 − x.
3 12
On peut aussi déterminer cette projection orthogonale P = ax2 + bx en utilisant le système
d’équations normales : {
⟨f − P | x⟩ = 0,
⟨f − P | x2 ⟩ = 0,
soit : 4
3a + 4b = − ,
3
4a + 5b = − 5 ,
4
5 19
ce qui donne a = et b = − . Le minimum cherché est alors :
3 12
2 31 1
δ 2 = ∥f ∥2 − ∥P ∥2 = − = .
27 432 432
Sur l’espace vectoriel F des fonctions continues et 2π-périodiques muni du produit scalaire :
∫ π
(f, g) 7→ ⟨f | g⟩ = f (x) g (x) dx,
−π
a0 (f ) ∑ ∑
n n
Sn (f ) (x) = + ak (f ) cos (kx) + bk (f ) sin (kx)
2 k=1 k=1
244 Espaces préhilbertiens
1∑ 2
Il en résulte que la série numérique a20 (f ) + (an (f ) + b2n (f )) converge avec :
2
∫
a20 (f ) ∑ ( 2 ) 1 π 2
+∞
+ an (f ) + bn (f ) ≤
2
f (t) dt
2 n=1
π −π
(théorème de Bessel).
On peut monter qu’on a fait l’égalité (théorème de Parseval).
De l’inégalité de Bessel, on déduit que lim an (f ) = lim bn (f ) = 0 (théorème de Riemann-
n→+∞ n→+∞
Lebesgue).
∫ π
2
an (f ) = t (π − t) cos (nt) dt
π 0
2 0 si n = 2p + 1
= − 2 (1 + (−1)n ) = 1
n − 2 si n = 2p
p
pour n ≥ 1.
L’identité de Parseval nous donne :
∫
π4 ∑ 1
+∞ π
2 π4
+ 4
= t2 (π − t)2 dt =
18 p=1 p π 0 15
soit :
∑
+∞
1 π4
4
= .
p=1
p 90
Projection orthogonale sur un sous-espace de dimension finie 245
Remarque 12.4 Pour F de dimension infinie, on a toujours F ∩ F ⊥ = {0} mais pas néces-
( )⊥
sairement E = F ⊕ F ⊥ , ni même F ⊥ = F. On considère par exemple l’espace vectoriel
∫ 1
E = C ([0, 1] , R) muni du produit scalaire ⟨f | g⟩ =
0
f (t) g (t) dt. Pour F = R [x] , du théo-
0 ( )⊥
rème de Weierstrass on déduit que F ⊥ = {0} et pourtant on a E ̸= F ⊕ F ⊥ et F ⊥ = E ̸= F.
Avec le théorème qui suit, on donne les principales propriétés des projections orthogonales.
Démonstration.
1. Si x = pF (x) , on a alors x ∈ F. Réciproquement si x ∈ F, avec x − x = 0 ∈ F ⊥ , on
déduit que pF (x) = x.
2. Résulte de pF (x) = x pour tout x ∈ F.
3. Si (ei )1≤i≤n est une base orthonormée de F, on a alors :
∑
n
∀x ∈ E, pF (x) = ⟨x | ek ⟩ ek
k=1
∑
n
⟨pF (x) | y⟩ = ⟨x | ek ⟩ ⟨y | ek ⟩ = ⟨x | pF (y)⟩ = ⟨pF (x) | pF (y)⟩ .
k=1
Exercice 12.25 On suppose que E est euclidien et on se donne une base orthonormée B de
E.
1. Déterminer la matrice dans B de la projection orthogonale sur la droite D = Ra engendrée
par un vecteur non nul a.
2. Déterminer la matrice de la projection orthogonale sur un hyperplan H de E dans B.
Solution 12.25
⟨x | a⟩
1. Par définition de pD , on a, pour tout x ∈ E, pD (x) = a. En écrivant que a =
∥a∥2
∑
n
ai ei , on a, pour tout j compris entre 1 et n :
i=1
⟨ej | a⟩ ∑ ai aj
n
pD (ej ) = a = 2 ei
∥a∥2 i=1
∥a∥
(( ))
ai aj
et la matrice A de pD dans B est A = , ce qui peut aussi s’écrire
∥a∥2 1≤i,j≤n
1
A= C t C, où C est le vecteur colonne formé des composantes de a dans B.
∥a∥2
⟨x | a⟩
2. On a H = {a}⊥ = (Ra)⊥ avec a ̸= 0 et pour tout x ∈ E, pH (x) = x − a. La
∥a∥2
matrice de pH dans B est donc :
(( ))
1 ai aj
B = In − A = In − t
C C= δij −
∥a∥2 ∥a∥2 1≤i,j≤n
Caractérisation des projecteurs orthogonaux dans un espace euclidien 247
Théorème 12.10 Soit p un projecteur d’un espace euclidien E. Les propriétés suivantes sont
équivalentes :
1. p est un projecteur orthogonal ;
2. pour tous x, y dans E, on a : ⟨p (x) | y⟩ = ⟨x | p (y)⟩ ;
3. pour tout x ∈ E, on a ∥p (x)∥ ≤ ∥x∥ .
soit : ( )
λ λ ∥x∥2 − 2 ⟨x | y⟩ ≥ 0
ce qui entraîne λ ∥x∥2 − 2 ⟨x | y⟩ ≥ 0 pour λ > 0 et λ ∥x∥2 − 2 ⟨x | y⟩ ≤ 0 pour λ < 0. Faisant
tendre λ vers 0 par valeurs positives et négatives respectivement, on obtient ⟨x | y⟩ ≤ 0 et
⟨x | y⟩ ≥ 0, soit ⟨x | y⟩ = 0. Le projecteur p est donc un projecteur orthogonal.
248 Espaces préhilbertiens
Pour ce chapitre (E, ⟨· | ·⟩) est un espace préhilbertien et ∥·∥ est la norme associée.
Le réel θ est la mesure dans [0, π] de l’angle géométrique (ou angle non orienté) que font les
vecteurs x et y dans E − {0} . On note (x, [ y) cette mesure. On a donc :
( )
[ ⟨x | y⟩
(x, y) = arccos ∈ [0, π] .
∥x∥ ∥y∥
Pour θ ∈ {0, π} , on a |⟨x | y⟩| = ∥x∥ ∥y∥ , ce qui équivaut à dire que les vecteurs x et y sont
liés (cas d’égalité dans l’inégalité de Cauchy-Schwarz).
π
Pour θ = , on a ⟨x | y⟩ = 0 et les vecteurs x, y sont orthogonaux.
2
De manière générale, on a :
où θ est la mesure dans [0, π] de l’angle que font les vecteurs non nuls x et y.
On peut remarquer que si λ, µ sont deux réels strictement positifs, alors :
( )
\ ⟨x | y⟩ [
(λx, µy) = arccos = (x, y)
∥x∥ ∥y∥
ce qui permet de définir la mesure dans [0, π] de l’angle géométrique de deux demi-droites
∆1 = R+ x1 et ∆2 = R+ x2 par :
\
(∆ \
1 , ∆2 ) = (x1 , x2 )
249
250 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Définition 13.1 On dit qu’une partie S de E est une sphère s’il existe un point ω dans E et
un réel R positif ou nul tels que :
S = {x ∈ E | ∥x − ω∥ = R}
∥y − x∥ ≤ ∥y − ω∥ + ∥ω − x∥ = 2R
l’égalité étant réalisée pour (x, y) = (ω + Ru, ω − Ru) ∈ S 2 où ∥u∥ = 1 (pour tout vecteur non
1
nul v ∈ E le vecteur u = v est de norme 1). On a donc :
∥v∥
2R = sup ∥y − x∥
(x,y)∈S 2
∥b − a∥ = ∥b − ω∥ + ∥ω − a∥ = 2R
et il existe un réel λ > 0 tel que b − ω = λ (ω − a) (cas d’égalité dans l’inégalité de Minkowski).
1
Avec ∥b − ω∥ = ∥ω − a∥ = R > 0, on déduit que λ = 1 et ω = (a + b) , ce qui prouve l’unicité
2
du centre ω.
B (ω, R) = {x ∈ E | ∥x − ω∥ ≤ R}
◦
[resp. B (ω, r) = {x ∈ E | ∥x − ω∥ < R} ]
◦
Remarque 13.1 Pour R = 0, on a S (ω, R) = B (ω, R) = {ω} et B (ω, R) = ∅.
Dans le cas où ω = 0 et R = 1, on dit que S (0, 1) [resp. B (0, 1)] est la sphère [resp. boule]
unité.
Si R > 0, le centre ω n’est pas dans S (ω, R) et on a vu dans la démonstration du théorème
précédent que S (ω, R) contient au moins deux points.
Dans le cas où E est une droite dirigée par e1 de norme 1, on a, pour R > 0 :
S = {x ∈ E | ⟨x − a | x − b⟩ = 0}
a+b
b − a
est une sphère de centre ω = et de rayon R =
(sphère de diamètre [a, b]).
2 2
( k=1 )
∑ n ∑
n ∑
n
⇔ x2k − 2 ω k xk + ωk2 − R2 = 0
k=1 k=1 k=1
∑
n
Réciproquement si ω1 , · · · , ωn etx c
b sont des réels, alors en notant ω = ωk ek , l’ensemble
k=1
∑
n b
b
des vecteurs x = xk ek de E tels que :
k=1
∑
n
a+ ∑
n
2 b
xk − 2
b
ωk xk + c = 0
2
k=1 k=1
est :
∑
n
— l’ensemble vide siac > ∥ω∥ =
b
2
ωk2 ;
k=1
— réduit à {ω} si c = ∥ω∥ ; 2
√
— la sphère de centre ω et de rayon R = ∥ω∥2 − c si c < ∥ω∥2 .
Sphères dans un espace euclidien 253
Dans le cas où E est un plan euclidien, on peut donner une représentation paramétrique
d’un cercle.
Pour ce faire, on rappelle que si u, v sont deux réels tels que u2 + v 2 = 1, il existe un unique
réel θ dans ]−π, π] tel que u = cos (θ) et v = sin (θ) (voir la définition de l’argument d’un
nombre complexe non nul).
Désignant par B = (e1 , e2 ) une base orthonormée de E, on en déduit que tout point x du
cercle S (ω, R) s’écrit de manière unique x = x1 e1 + x2 e2 avec :
{
x1 = ω1 + R cos (θ)
x2 = ω2 + R sin (θ)
avec θ ∈ ]−π, π] .
En écrivant (x1 , x2 ) = (ρ cos (t) , ρ sin (t)) et (ω1 , ω2 ) = (r cos (α) , r sin (α)) où ρ = ∥x∥ ,
r = ∥ω∥ et α, t réels, on a aussi :
( )
(x ∈ S (ω, R)) ⇔ ρ2 − 2ρr (cos (t) cos (α) + sin (t) sin (α)) + r2 − R2 = 0
( )
⇔ ρ2 − 2ρr cos (t − α) + r2 − R2 = 0
On en déduit qu’une équation polaire d’un cercle passant par 0 est donnée par ρ = 2r cos (t − α)
π
où t décrit R et ρ = ∥x∥ (t = α + donne le point 0 du cercle).
2
Dans le cas où n = 3, on peut aboutir à une représentation paramétrique de S (ω, R) dans
une base orthonormée B = (e1 , e2 , e3 ) de E comme suit.
Pour x ∈ S (ω, R) , on a :
avec θ3 = (x \
− ω, e3 ) ∈ [0, π] et de :
avec sin (θ3 ) ≥ 0, on déduit qu’il existe un réel θ2 ∈ ]−π, π] tel que :
x1 = ω1 + R cos (θ2 ) sin (θ3 )
x2 = ω2 + R sin (θ2 ) sin (θ3 ) (13.1)
x3 = ω3 + R cos (θ3 )
avec θ4 ∈ [0, π] et :
et la paramétrisation :
x1 = ω1 + R cos (θ2 ) sin (θ3 ) sin (θ4 )
x2 = ω2 + R sin (θ2 ) sin (θ3 ) sin (θ4 )
x3 = ω3 + R cos (θ3 ) sin (θ4 )
x4 = ω4 + R cos (θ4 )
avec θ2 ∈ ]−π, π] et θ3 , θ4 dans [0, π] .
Par récurrence, on déduit que pour n ≥ 3, une paramétrisation de la sphère S (ω, R) est
donnée par :
x1 = ω1 + R cos (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn )
x2 = ω2 + R sin (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn )
x3 = ω3 + R cos (θ3 ) sin (θ4 ) · · · sin (θn )
.. (13.2)
.
xn−2 = ωn−2 + R cos (θn−2 ) sin (θn−1 ) sin (θn )
xn−1 = ωn−1 + R cos (θn−1 ) sin (θn )
x = ω + R cos (θ )
n n n
∑
n
(xk − ωk )2 = R2 − (xn+1 − ωn+1 )2 = R2 sin2 (θn+1 )
k=1
avec sin (θn+1 ) ≥ 0, ce qui signifie qu’il est sur la sphère S (ω ′ , R′ ) où ω ′ = ω − ωn+1 en+1 =
∑n
ωk ek et R′ = R sin (θn+1 ) de l’espace euclidien de dimension n, E ′ engendré par e1 , · · · , en .
k=1
Il existe donc un réel θ2 ∈ ]−π, π] et des réels θ3 , · · · , θn dans [0, π] tels que :
x1 = ω1 + R sin (θn+1 ) cos (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn )
x = ω2 + R sin (θn+1 ) sin (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn )
2
x3 = ω3 + R sin (θn+1 ) cos (θ3 ) sin (θ4 ) · · · sin (θn )
..
.
xn−2 = ωn−2 + R sin (θn+1 ) cos (θn−2 ) sin (θn−1 ) sin (θn )
xn−1 = ωn−1 + R sin (θn+1 ) cos (θn−1 ) sin (θn )
x = ω + R sin (θ ) cos (θ )
n n n+1 n
Hyperplans dans un espace euclidien 255
et on a la paramétrisation :
x1 = ω1 + R cos (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn ) sin (θn+1 )
x2 = ω2 + R sin (θ2 ) sin (θ3 ) · · · sin (θn ) sin (θn+1 )
x3 = ω3 + R cos (θ3 ) sin (θ4 ) · · · sin (θn ) sin (θn+1 )
..
. (13.3)
xn−2 = ωn−2 + R cos (θn−2 ) sin (θn−1 ) sin (θn ) sin (θn+1 )
x
n−1 = ωn−1 + R cos (θn−1 ) sin (θn ) sin (θn+1 )
x = ω + R cos (θ ) sin (θ )
n
x
n n n+1
n+1 = ωn+1 + R cos (θn+1 .
)
Réciproquement, on vérifie que (13.2) définit bien la sphère de centre ω et de rayon R dans
E de dimension n.
Pour n = 3, si x ∈ E vérifie (13.1) , on a :
( )
∥x − ω∥2 = R2 cos (θ2 )2 sin2 (θ3 ) + sin2 (θ2 ) sin2 (θ3 ) + cos2 (θ3 )
(( ) )
= R2 cos (θ2 )2 + sin2 (θ2 ) sin2 (θ3 ) + cos2 (θ3 )
( )
= R2 sin2 (θ3 ) + cos2 (θ3 ) = R2
et x ∈ S (ω, R) .
Supposant le résultat acquis pour les espaces euclidiens de dimension n ≥ 3, si x dans E
∑n
de dimension n + 1 vérifie (13.3) , alors x′ = x − xn+1 en+1 = xk ek vérifie (13.2) dans E ′
k=1
engendré par e1 , · · · , en avec R′ = R sin (θn+1 ) ≥ 0, il est donc sur la sphère S (ω ′ , R′ ) où
∑ n
ω ′ = ω − ωn+1 en+1 = ωk ek et on a :
k=1
Théorème 13.3 Soit E un espace euclidien de dimension n. Pour tout forme linéaire ℓ sur
E, il existe un unique vecteur a ∈ E tel que :
∀x ∈ E, ℓ (x) = ⟨a | x⟩ .
Si H est un hyperplan vectoriel de E, il existe alors un vecteur non nul a tel que H = {a}⊥ .
Si H est un hyperplan affine de E ne contenant pas 0, il existe alors un vecteur non nul b tel
que H = {x ∈ E | ⟨b | x⟩ = 1} .
(x ∈ H) ⇔ (⟨a | x⟩ = λ) ⇔ (⟨b | x⟩ = 1)
1
en notant b = a.
λ
Ce résultat peut s’exprimer en disant que pour E euclidien, l’application qui associe à tout
vecteur a ∈ E la forme linéaire x 7→ ⟨a | x⟩ réalise un isomorphisme de E sur son dual E ∗ .
Le théorème précédent n’est pas valable pour E préhilbertien de dimension infinie comme
le montre l’exercice qui suit.
∫ 1
Exercice 13.1 Soit E = C ([0, 1] , R) muni du produit scalaire défini par ⟨f | g⟩ =
0
f (t) g (t) dt
0
et ℓ la forme linéaire définie sur E par ℓ (f ) = f (0) pour tout f ∈ E. Peut-on trouver une
fonction a ∈ E telle que ℓ (f ) = ⟨a | f ⟩ pour tout f ∈ E ?
Construire un hyperplan H de E qui n’est pas l’orthogonal d’une droite.
⟨x | a⟩
∀x ∈ E, pH (x) = x − a
∥a∥2
∑
n
et pour tout x = xk ek dans E, la distance de x à H est :
k=1
n
∑
ak x k
|⟨a | x⟩|
d (x, H) = = √ k=1
.
∥a∥ ∑ n
a2k
k=1
⟨x | a⟩
avec pH ⊥ (x) = a, ce qui donne :
∥a∥2
n
∑
ak x k
|⟨x | a⟩|
d (x, H) = = √ k=1
.
∥a∥ ∑ n
a2k
k=1
De manière un peu plus générale, si H est un hyperplan affine d’équation ℓ (x) = λ, on peut
encore définir la distance de x ∈ E à H par d (x, H) = inf ∥x − z∥ .
z∈H
En désignant par x0 un point de H, on a λ = ℓ (x0 ) et H = x0 + ker (ℓ) , de sorte qu’en
notant H0 = ker (ℓ) , on a :
= d (x − x0 , H0 ) = ∥x − x0 − pH0 (x − x0 )∥
258 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
∑
n
Démonstration. On note a = ak ek et ℓ est la forme linéaire définie sur E par ℓ (x) =
k=1
∑
n
⟨a | x⟩ = ak x k .
k=1
En désignant par x0 un point de H, on a λ = ℓ (x0 ) et H = x0 + ker (ℓ) , de sorte que :
|⟨x − x0 | a⟩|
d (x, H) = d (x − x0 , ker (ℓ)) =
∥a∥
∑ n
ak x k − λ
|ℓ (x) − ℓ (x0 )|
= = k=1√
∥a∥ ∑n
a2k
k=1
( )
x
Exemple 13.1 La distance d’un point M = du plan R2 à la droite D d’équation ax +
y
by + c = 0 est :
|ax + by + c|
√
d (M, D) = .
a2 + b 2
La distance d’un point M de l’espace R3 au plan P d’équation ax + by + cz + d = 0 est :
|ax + by + cz + d|
d (M, P ) = √ .
a2 + b 2 + c 2
Hyperplan médiateur dans un espace préhilbertien 259
H = {x ∈ E | ∥x − a∥ = ∥x − b∥}
1
est l’hyperplan affine passant par c = (a + b) (milieu du segment [a, b]) et de direction H0 =
2
{b − a}⊥ , soit :
H = {x ∈ E | ⟨x − c | b − a⟩ = 0}
1
Démonstration. En notant d = (b − a) , on a a = c − d, b = c + d et :
2
∥x − a∥2 − ∥x − b∥2 = ∥x − c + c − a∥2 − ∥x − c + c − b∥2
= ∥x − c + d∥2 − ∥x − c − d∥2
= 4 ⟨x − c | d⟩
de sorte que :
(x ∈ H) ⇔ (∥x − a∥ = ∥x − b∥) ⇔ (⟨x − c | d⟩ = 0)
Définition 13.4 Avec les notations du théorème, on dit que H est l’hyperplan médiateur du
segment [a, b] .
Ha = {x ∈ E | ⟨x − c | b − a⟩ < 0}
et :
Hb = {x ∈ E | ⟨x − c | b − a⟩ > 0}
1
où c = (a + b) est le milieu du segment [a, b] .
2
On a alors la partition de E :
E = Ha ∪ H ∪ Hb .
Comme dans le plan euclidien, on a le résultat suivant.
Théorème 13.6 Avec les notations précédentes, pour x ∈ Ha et y ∈ Hb , l’intersection [x, y]∩H
est réduite à un point.
260 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
φ : [0, 1] → R
t 7→ ⟨z (t) − c | b − a⟩
On a :
φ (t) = ⟨(1 − t) x + ty − c | b − a⟩
= ⟨t (y − x) + x − c | b − a⟩
= ⟨y − x | b − a⟩ t + ⟨x − c | b − a⟩
φ′ (t) = ⟨y − x | b − a⟩
= ⟨y − c | b − a⟩ − ⟨x − c | b − a⟩ > 0
Démonstration. En posant ω0 = ω − x0 , on a :
∥x − ω∥2 = ∥y − (ω − x0 )∥2 = ∥y − ω0 ∥2
= ∥(y − pH0 (ω0 )) + (pH0 (ω0 ) − ω0 )∥2
= ∥y − pH0 (ω0 )∥2 + ∥pH0 (ω0 ) − ω0 ∥2
= ∥y − pH0 (ω0 )∥2 + d2
Dans le cas où H ∩ S est réduit à un point, on dit que l’hyperplan H est tangent à la sphère
S.
soit |R′ − R| ≤ δ ≤ R + R′ .
Il en résulte que S ∩ S ′ = ∅ si δ ∈
/ [|R′ − R| , R + R′ ] .
On suppose donc que δ ∈ [|R′ − R| , R + R′ ] .
1 1
En notant ω0 = (ω + ω ′ ) le milieu du segment [ω, ω ′ ] et x0 = (ω ′ − ω) , on a pour tout
2 2
vecteur x ∈ E :
∥x − ω ′ ∥ − ∥x − ω∥2 = 2 ⟨x | ω − ω ′ ⟩ + ∥ω ′ ∥ − ∥ω∥2
2 2
avec ω − ω ′ = −2x0 et :
ce qui donne :
∥x − ω ′ ∥ − ∥x − ω∥2 = 4 (⟨ω0 | x0 ⟩ − ⟨x | x0 ⟩)
2
= 4 ⟨ω0 − x | x0 ⟩
soit x ∈ S ∩ S ′ .
On a donc S ∩ S ′ = S ∩ H = S ′ ∩ H (S et S ′ jouent des rôles symétriques), où H est
l’hyperplan d’équation 4 ⟨ω0 − x | x0 ⟩ = R′2 − R2 .
Si R = R′ , H est alors l’hyperplan d’équation ⟨ω0 − x | x0 ⟩ = 0, soit l’hyperplan passant par
1
ω0 = (ω + ω ′ ) et de direction H0 = {x0 }⊥ = {ω ′ − ω}⊥ , c’est-à-dire l’hyperplan médiateur
2
de [ω, ω ′ ] . Dans ce cas, on a :
pH (ω) = ω0 + pH0 (ω − ω0 ) = ω0
puisque ω − ω0 = −x0 ∈ H0⊥ . On a alors :
d = d (ω, H) = ∥ω − pH (ω)∥ = ∥ω − ω0 ∥
∥ω ′ − ω∥ δ
= ∥x0 ∥ = =
2 2
′ ′
avec 0 = |R − R| ≤ δ ≤ R + R = 2R.
Le théorème 13.7 nous dit alors que :
— si δ = ∥ω − ω ′ ∥ = 2R, alors S ∩ S ′ = S ∩ H = {ω0 } ;
′ ′
— si 0 < δ = ∥ω √ − ω ∥ < 2R, alors S ∩ S est la sphère de H de centre ω0 et de rayon
√ 4R2 − δ 2
R 2 − d2 = .
2
Dans le cas général x est dans S ∩ S ′ = S ∩ H si, et seulement si :
{
∥x − ω∥ = R
(13.4)
4 ⟨x − ω0 | x0 ⟩ = R2 − R′2
En écrivant que E = H0 ⊕ D0 , où H0 = {x0 }⊥ et D0 = Rx0 et en plaçant l’origine en ω0 , on
a x − ω0 = y + λx0 avec y ∈ H0 et λ ∈ R. Avec ω = ω0 − x0 , on a alors :
{
∥x − ω∥2 = ∥x − ω0 + x0 ∥2 = ∥y + (λ + 1) x0 ∥2 = ∥y∥2 + (λ + 1)2 ∥x0 ∥2
4 ⟨x − ω0 | x0 ⟩ = 4λ ∥x0 ∥2
de sorte que (13.4) est équivalent à :
{
∥y∥2 + (λ + 1)2 ∥x0 ∥2 = R2
4λ ∥x0 ∥2 = R2 − R′2
∥ω ′ − ω∥ δ
ou encore en tenant compte de ∥x0 ∥ = = ,à:
2 2
′2
R −R
2
λ=
δ2
∥y∥2 = 4R − (λ + 1) δ = (2R − (λ + 1) δ) (2R + (λ + 1) δ)
2 2
2
4 4
′2
R −R +δ
2 2
On a donc λ + 1 = et :
δ2
4R2 − (λ + 1)2 δ 2 = (2R − (λ + 1) δ) (2R + (λ + 1) δ)
( )( )
R2 − R′2 + δ 2 R2 − R′2 + δ 2
= 2R − 2R +
δ δ
(R − (R − 2Rδ + +δ )) ((R + 2Rδ + δ 2 ) − R′2 )
′2 2 2 2
=
( ′2 δ2
2) ( )
R − (R − δ) (R + δ)2 − R′2
=
δ2
Intersection de deux sphères dans un espace euclidien 263
ce qui donne :
( ′2 )( )
R − (R − δ)2 (R + δ)2 − R′2
∥y∥ =
2
4δ 2
(R − (R − δ)) (R′ + (R − δ)) ((R + δ) − R′ ) ((R + δ) + R′ )
′
=
4δ 2
(R − R + δ) (R + δ − R ) (R′ + R − δ) (R + δ + R′ )
′ ′
=
( 2 ) ( 4δ 2 )
δ − (R′ − R) (R′ + R)2 − δ 2
2
=
4δ 2
Pour |R′ − R| ≤ δ ≤ R + R′ , on a δ 2 − (R′√ − R)2 ≥ 0 et (R ′
√+ R) − δ ≥ 0 et y est sur la
2 2
R2 − R′2 R2 − R′2 ′2
2 donne 4 ⟨ω0 + λx0 − ω0 | x0 ⟩ = 4λ ∥x0 ∥ = R − R et ω0 + λx0 est
2 2
λ= =
δ 2
4 ∥x0 ∥
bien dans H).
R2 − R′2
Réciproquement si x = ω0 + λx0 + y avec λ = et ∥y∥ = R′′ dans H0 , on a
δ2
ω0 + λx0 ∈ H, donc x ∈ H et :
13.8 Inversion
1 z
Dans le plan complexe privé de l’origine, on définit l’inversion par z 7→ = 2.
z |z|
De manière plus générale, on définit sur un espace préhilbertien E, l’inversion u par :
1
∀x ∈ E \ {0} , u (x) = x.
∥x∥2
Lemme 13.1 L’inversion u est involutive de E \ {0} sur E \ {0} et conserve les angles géo-
métriques de vecteurs.
Démonstration. L’application u est bien à valeurs dans E \ {0} . Pour tout x ∈ E \ {0} ,
1
on a ∥u (x)∥ = et :
∥x∥
1 1
2 u (x) = ∥x∥
2
u (u (x)) = x=x
∥u (x)∥ ∥x∥2
c’est-à-dire que u ◦ u = Id.
Pour tout x ∈ E \ {0} , le vecteur u (x) est non nul et colinéaire à x, donc :
\
(u (x) [
, u (y)) = (x, y)
et :
∥x − y∥2
= .
∥x∥2 ∥y∥2
L’inversion peut être utilisée pour montrer une inégalité de Ptolémée comme suit.
∥t − x∥ ∥y − z∥ ≤ ∥t − y∥ ∥x − z∥ + ∥t − z∥ ∥x − y∥
(inégalité de Ptolémée).
Symétries orthogonales dans les espaces euclidiens 265
Démonstration. On suppose tout d’abord que t = 0. Il s’agit alors de montrer que pour
x, y, z dans E, on a :
∥x∥ ∥y − z∥ ≤ ∥y∥ ∥x − z∥ + ∥z∥ ∥x − y∥
Pour x = 0, on a 0 ≤ ∥y∥ ∥z∥ + ∥z∥ ∥y∥ , pour y = 0, on a ∥x∥ ∥z∥ ≤ ∥z∥ ∥x∥ et pour z = 0,
on a ∥x∥ ∥y∥ ≤ ∥y∥ ∥x∥ .
En supposant x, y, z non nuls, en divisant par ∥x∥ ∥y∥ ∥z∥ , il est équivalent de montrer que :
∥y − z∥ ∥x − z∥ ∥x − y∥
≤ +
∥y∥ ∥z∥ ∥x∥ ∥z∥ ∥x∥ ∥y∥
soit :
∥u (y) − u (z)∥ ≤ ∥u (x) − u (z)∥ + ∥u (x) − u (y)∥
ce qui se déduit de l’inégalité triangulaire :
∥u (y) − u (z)∥ = ∥(u (y) − u (x)) + (u (x) − u (z))∥
≤ ∥u (y) − u (x)∥ + ∥u (x) − u (z)∥ .
On place ensuite, pour t quelconque, l’origine en t, ce qui revient à poser x′ = x−t, y ′ = y −t
et z ′ = z − t dans l’inégalité :
∥x′ ∥ ∥y ′ − z ′ ∥ ≤ ∥y ′ ∥ ∥x′ − z ′ ∥ + ∥z ′ ∥ ∥x′ − y ′ ∥
et donne :
∥t − x∥ ∥y − z∥ ≤ ∥t − y∥ ∥x − z∥ + ∥t − z∥ ∥x − y∥ .
Remarque 13.2 On peut montrer que l’inégalité de Ptolémée est caractéristique des normes
qui dérivent d’un produit scalaire.
Définition 13.6 On appelle réflexion une symétrie orthogonale par rapport à un hyperplan et
demi-tour ou retournement une symétrie orthogonale par rapport à une droite.
Démonstration.
1. On a :
x ∈ F ⇔ pF (x) = x ⇔ sF (x) = x
et :
x ∈ F ⊥ ⇔ pF ⊥ (x) = x ⇔ sF (x) = −x
2. On a :
sF ◦ sF = (pF − pF ⊥ ) ◦ (pF − pF ⊥ )
= pF ◦ pF − pF ⊥ ◦ p F − pF ◦ pF ⊥ + pF ⊥ ◦ pF ⊥
= pF + pF ⊥ = Id
3. On a :
4. On a :
⟨sF (x) | sF (y)⟩ = ⟨x | sF ◦ sF (y)⟩ = ⟨x | y⟩
Isométries 267
5. On a :
sF + sF ⊥ = (pF − pF ⊥ ) + (pF ⊥ − pF ) = 0
et :
sF ◦ sF ⊥ = (pF − pF ⊥ ) ◦ (pF ⊥ − pF )
= pF ◦ pF ⊥ − pF ⊥ ◦ pF ⊥ − pF ◦ pF + pF ⊥ ◦ pF
= −pF ⊥ − pF = −Id.
6. Il suffit de se placer dans une base formée de la réunion d’une base orthonormée de F et
d’une base orthonormée de F ⊥ .
Exercice 13.2 Soient F, G deux sous espaces vectoriels de E tels que F ⊂ G⊥ (F et G sont
orthogonaux). Montrer que sF ◦ sG = sG ◦ sF = sH , où H = (F ⊕ G)⊥ .
sF (sG (x)) = −y − z = −x
Pour x ∈ H = (F ⊕ G)⊥ = F ⊥ ∩ G⊥ , on a :
13.10 Isométries
E est un espace préhilbertien.
Définition 13.7 Une isométrie (ou application orthogonale) de E est une application u : E →
E qui conserve le produit scalaire, c’est-à-dire que :
Exemple 13.3 Les seules homothéties x 7→ λx qui sont des isométries sont Id et −Id. En
effet pour e ∈ E de norme égale à 1, on a 1 = ∥e∥2 = ∥u (e)∥2 = λ2 et λ = ±1.
Exemple 13.4 Les symétries orthogonales sont des isométries (point 4. du théorème 13.10).
268 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Exercice 13.3 Soient a un vecteur non nul dans E, α un réel et u l’application linéaire définie
par :
∀x ∈ E, u (x) = x + α ⟨x | a⟩ a
Déterminer les valeurs de α pour lesquelles u est une isométrie.
2
ou encore à ∥a∥2 α + 2 = 0 et donne α = − .
∥a∥2
2
Réciproquement, si α = − , l’application u est définie par :
∥a∥2
⟨x | a⟩
∀x ∈ E, u (x) = x − 2 a
∥a∥2
et on reconnaît ici la réflexion par rapport à l’hyperplan orthogonal au vecteur a (on a u (x) = x
pour ⟨x | a⟩ = 0 et u (a) = −a).
Exercice 13.4 Soient a un vecteur non nul dans E, α un réel et u l’application linéaire définie
par :
∀x ∈ E, u (x) = α ⟨x | a⟩ a − x
Déterminer les valeurs de α pour lesquelles u est une isométrie.
Solution 13.4 Pour α = 0, u est l’homothétie de rapport −1 (u = −Id) et c’est une isométrie.
Pour α ̸= 0 et x ∈ E, on a :
2
ou encore à ∥a∥2 α − 2 = 0 et donne α = .
∥a∥2
2
Réciproquement, si α = , l’application u est définie par :
∥a∥2
⟨x | a⟩
∀x ∈ E, u (x) = 2 a−x
∥a∥2
et on reconnaît ici le demi-tour par rapport à la droite dirigée par a (on a u (x) = −x pour
⟨x | a⟩ = 0 et u (a) = a).
Isométries 269
Remarque 13.4 Une isométrie conserve l’orthogonalité, c’est-à-dire que pour tous x, y dans
E, on a :
⟨x | y⟩ = 0 ⇒ ⟨u (x) | u (y)⟩ = 0
mais une application qui conserve l’orthogonalité n’est pas nécessairement une isométrie comme
le montre l’exemple d’une homothétie de rapport λ ∈ / {−1, 1} .
Exercice 13.5 Soit E un espace euclidien de dimension n ≥ 2, B = (ei )1≤i≤n une base ortho-
normée de E et u une application linéaire de E dans E qui conserve l’orthogonalité.
1. Montrer que ∥u (ei )∥ = ∥u (ej )∥ pour tous i, j compris entre 1 et n. On notera λ cette
valeur commune.
2. Montrer que ∥u (x)∥ = λ ∥x∥ pour tout x ∈ E (pour λ > 0, on dit que u est une similitude
de rapport λ).
Solution 13.5
1. Pour 1 ≤ i, j ≤ n, on vérifie facilement que les vecteurs ei −ej et ei +ej sont orthogonaux,
donc :
⟨u (ei − ej ) | u (ei + ej )⟩ = 0
et avec :
∑
n ∑
∥u (x)∥2 = x2i ∥u (ei )∥2 + 2 xi xj ⟨u (ei ) | u (ej )⟩
i=1 1≤i<j
∑n ∑n
= x2i ∥u (ei )∥2 = λ 2
x2i = λ2 ∥x∥2
i=1 i=1
Théorème 13.11 Une application u : E → E est une isométrie si, et seulement si, elle est
linéaire et conserve la norme, c’est-à-dire que :
∀x ∈ E, ∥u (x)∥ = ∥x∥
Réciproquement, si u est une application de E dans E qui conserve le produit scalaire, il est
clair qu’elle conserve la norme. Il nous reste à montrer qu’elle est linéaire.
Pour x, y dans E et λ dans R, on a :
∥u (x + λy) − u (x) − λu (y)∥2 = ∥u (x + λy)∥2 + ∥u (x)∥2 + λ2 ∥u (y)∥2
− 2 (⟨u (x + λy) | u (x)⟩ + λ ⟨u (x + λy) | u (y)⟩)
+ 2λ ⟨u (x) | u (y)⟩
= ∥x + λy∥2 + ∥x∥2 + λ2 ∥y∥2
− 2 (⟨x + λy | x⟩ + λ ⟨x + λy | y⟩)
+ 2λ ⟨x | y⟩
= 2 ∥x∥2 + 2λ2 ∥y∥2 + 2λ ⟨x | y⟩
− 2 ∥x∥2 − 4λ ⟨x | y⟩ − 2λ2 ∥y∥2
+2λ ⟨x | y⟩ = 0
ce qui équivaut à u (x + λy) = u (x) + λu (y) et u est linéaire.
Remarque 13.5 Une application u : E → E qui conserve la norme n’est pas nécessairement
linéaire et n’est donc pas une isométrie en général. Par exemple pour e ∈ E de norme égale à
1, l’application u : x 7→ ∥x∥ e conserve la norme et n’est pas linéaire (u (−x) = u (x) ̸= −u (x)
pour x ̸= 0).
Exercice 13.6 Soit u une application de E dans E qui conserve les distances, c’est-à-dire que :
∀ (x, y) ∈ E × E, ∥u (x) − u (y)∥ = ∥x − y∥
Montrer qu’il existe un vecteur a ∈ E et une isométrie v de E tels que u (x) = a + v (x) pour
tout x ∈ E.
Solution 13.6 Soient a = u (0) et v : E → E définie par v (x) = u (x) − a, pour tout x ∈ E.
Pour tous x, y dans E, on a :
∥v (x)∥ = ∥u (x) − u (0)∥ = ∥x − 0∥ = ∥x∥
∥v (x) − v (y)∥2 = ∥u (x) − u (y)∥2 = ∥x − y∥2
soit :
∥v (x)∥2 − 2 ⟨v (x) | v (y)⟩ + ∥v (y)∥2 = ∥x∥2 − 2 ⟨x | y⟩ + ∥y∥2
et en conséquence ⟨v (x) | v (y)⟩ = ⟨x | y⟩ . L’application v est donc orthogonale.
Théorème 13.12 Si E est un espace euclidien (donc de dimension finie), alors une isométrie
est un automorphisme de E et O (E) est un sous-groupe de GL (E) .
Démonstration. Soit u ∈ O (E) . Pour x ∈ ker (u) , on a 0 = ∥u (x)∥ = ∥x∥ et x = 0. Donc
ker (u) = {0} et u est injective, ce qui équivaut à dire que u est un automorphisme de E dans
le cas où E est de dimension finie.
On a Id ∈ O (E) et pour u, v dans O (E) , x dans E, on a :
∥u ◦ v (x)∥ = ∥u (v (x))∥ = ∥v (x)∥ = ∥x∥
−1
( )
u (x)
=
u u−1 (x)
= ∥x∥
donc u ◦ v et u−1 sont dans O (E) . L’ensemble O (E) est donc bien un sous-groupe de GL (E) .
On dit, dans le cas où E est de dimension finie, que O (E) est le groupe orthogonal de E.
Isométries 271
Remarque 13.6 Si E est de dimension finie, une isométrie est toujours injective (son noyau
est réduit à {0}), mais n’est pas nécessairement surjective.
Donc, dans le cas de la dimension infinie, O (E) n’est pas un groupe.
Considérons par exemple un espace préhilbertien E∫ de dimension infinie dénombrable (par
1
exemple E = R [x] muni du produit scalaire (P, Q) 7→ P (x) Q (x) dx.). On se donne une base
0
orthonormée (en )n∈N (le procédé de Gram-Schmidt nous permet de construire une telle base)
∑
nx
et on définit l’endomorphisme u par u (en ) = en+1 pour tout entier n ≥ 0. Pour x = xk e k
k=0
∑
nx ∑
nx
dans E, on a u (x) = xk ek+1 et ∥u (x)∥2 = x2k = ∥x∥2 et u est une isométrie. Comme
k=0 k=0
Im (u) = Vect {ek | k ∈ N∗ } ̸= E, cette application n’est pas surjective.
Remarque 13.7 On peut donner, dans un espace préhilbertien, la définition suivante d’une
isométrie : une isométrie est un automorphisme qui conserve la norme et dans ce cas O (E)
est un sous-groupe de GL (E) .
⟨u (x) | u (y)⟩ = ⟨x | y⟩ = 0
Théorème 13.14 Soient E un espace euclidien, B = (ei )1≤i≤n une base orthonormée de E et
u une application linéaire de E dans E. L’application u est une isométrie si, et seulement si,
elle transforme B en une base orthonormée de E.
Démonstration. Supposons que u ∈ O (E) . Avec ⟨u (ei ) | u (ej )⟩ = ⟨ei | ej ⟩ = δij pour
1 ≤ i, j ≤ n, on déduit que u (B) = (u (ei ))1≤i≤n est orthonormé. Il en résulte que u (B) est
libre et c’est une base puisque formé de n = dim (E) vecteurs.
Réciproquement supposons que u ∈ L (E) transforme B en une base orthonormée de E. On
∑
n
a alors pour tout x = xi ei dans E :
i=1
2
∑n
∑
n
∥u (x)∥ =
2
xi u (ei )
= x2i = ∥x∥2
i=1 i=1
et u ∈ O (E) .
Ce théorème va nous donner une caractérisation des matrices d’isométries dans une base
orthonormée de E.
272 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
∑
n
De plus si B = (ei )1≤i≤n est une base orthonormée de E, en notant pour tout x = xi e i
i=1
dans E, X = (xi )1≤i≤n ∈ Rn le vecteur colonne formé des composantes de X dans B, on a pour
tous x, y dans E :
∑
n
⟨x | y⟩ = xk yk = ⟨X | Y ⟩
k=1
Théorème 13.15 Soient E un espace euclidien, B = (ei )1≤i≤n une base orthonormée de E et
u une application linéaire de E dans E de matrice A dans B. L’application u est une isométrie
si, et seulement si, t AA = A t A = In .
Définition 13.8 On appelle matrice orthogonale, une matrice réelle A telle que t AA = A t A =
In .
Théorème 13.16 Pour toute matrice A dans On (R) , on a det (A) = ±1 et On (R) est un
sous-groupe de GLn (R) .
Isométries 273
(AB)−1 = B −1 A−1 = t B t A = t
(AB)
on en déduit que On (R) est un sous-groupe de GLn (R) .
Corollaire 13.2 Si u est une isométrie d’un espace euclidien E, on a alors det (u) = ±1.
Démonstration. On a det (u) = det (A) où A est la matrice de u dans une base orthonormée
et u ∈ O (E) si, et seulement si, A ∈ On (R) , ce qui entraîne det (A) = ±1.
On note :
O+ (E) = {u ∈ O (E) | det (u) = 1}
On+ (R) = {A ∈ Mn (R) | det (A) = 1}
O− (E) = {u ∈ O (E) | det (u) = −1}
On− (R) = {A ∈ Mn (R) | det (A) = −1}
et on dit que les éléments de O+ (E) [resp. On+ (R)] sont des automorphismes orthogonaux
positifs ou des isométries directes ou des rotations vectorielles [resp. des matrices orthogonales
positives] et les éléments de O− (E) [resp. On− (R)] sont des automorphismes orthogonaux né-
gatifs [resp. les matrices orthogonales négative].
Théorème 13.17 O+ (E) [resp. On+ (R)] est un sous-groupe distingué de O (E) [resp. de On (R)]
d’indice 2.
Solution 13.7
1. On vérifie que A ∈ O4+ (R) , ce qui équivaut à u ∈ O+ (E) .
2. On a H = {a}⊥ , où a est le vecteurs de coordonnées α1 , α2 , α3 , α4 dans la base canonique
et pour tout x ∈ H, on a ⟨u (x) | u (a)⟩ = ⟨x | a⟩ = 0, ce qui signifie que u (x) ∈ {u (a)}⊥ .
On a donc H ⊂ {u (a)}⊥ , avec u (a) ̸= 0 puisque a ̸= 0 et u est un isomorphisme, donc
{u (a)}⊥ est un hyperplan et H = {u (a)}⊥ puisque ces deux espaces sont de dimension
3.
En définitive, u (H) est l’hyperplan d’équation ⟨u (a) | x⟩ = 0.
274 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
On rappelle que si A = ((aij ))1≤i,j≤n est une matrice carrée d’ordre n, la matrice des cofac-
teurs de A est la matrice C = ((cij ))1≤i,j≤n , où cij = (−1)i+j det (Aij ) en notant Aij la matrice
carrée d’ordre n − 1 déduite de A en supprimant la ligne numéro i et la colonne numéro j. On
a alors :
A · t C = t C · A = det (A) In
1
et dans le cas où A est inversible, A−1 = t
C.
det (A)
Théorème 13.18 Si A ∈ On+ (R) [resp. A ∈ On+ (R)], on a alors A = C [resp. A = −C], où
C est la matrice des cofacteurs de A.
Démonstration. Résulte de :
1
A−1 = t
C = ± tC = tA
det (A)
pour A ∈ On (R) .
Théorème 13.19 Si B = (ei )1≤i≤n et B ′ = (e′i )1≤i≤n sont deux bases orthonormées de E, alors
la matrice de passage P de B à B ′ est une matrice orthogonale.
∑
n
Démonstration. L’application linéaire u définie par u (ej ) = e′j = pij ei pour tout j
i=1
compris entre 1 et n est une isométrie puisqu’elle transforme une base orthonormée en base
orthonormée et en conséquence sa matrice dans la base B, qui n’est autre que la matrice
P = ((pij ))1≤i,j≤n , est orthogonale.
Avec les notations du théorème, on a det (P ) = ±1.
On définit une relation sur l’ensemble des bases orthonormées de E en disant qu’une base
orthonormée B est en relation avec une base orthonormée B ′ si, et seulement si, la matrice de
passage P de B à B ′ est dans On+ (R) . On notera ∼ cette relation.
Théorème 13.20 La relation ∼ ainsi définie est une relation d’équivalence et il y a exactement
deux classes d’équivalence pour cette relation.
Définition 13.9 Orienter l’espace euclidien E revient à choisir une base orthonormée E.
Le théorème précédent nous dit qu’il n’y a que deux orientations possibles pour E.
Définition 13.10 Si l’espace E est orienté par le choix d’une base orthonormée B, on dit
qu’une base orthonormée B ′ est directe (ou qu’elle définit la même orientation que B) si B ′ est
dans la classe d’équivalence de B et on dit que cette base B ′ est indirecte dans le cas contraire.
Exercice 13.8 On suppose que E est orienté par le choix d’une base orthonormée B = (ei )1≤i≤n
et on (se donne
) une permutation σ de {1, 2, · · · , n} . À quelle condition portant sur σ la base
Bσ = eσ(i) 1≤i≤n est-elle directe ?
Solution 13.8 En notant ε (σ) la signature de la permutation σ, on a detB (Bσ ) = ε (σ) det (In ) =
ε (σ) et Bσ est directe si, et seulement si, σ est une permutation paire.
Définition 13.11 Le produit vectoriel (ou produit extérieur) des n−1 vecteurs x1 , x2 , · · · , xn−1
de E est le vecteur a défini par (13.5) . On le note x1 ∧ x2 ∧ ... ∧ xn−1 .
∑
n
Dans la base orthonormée B0 , en notant xi = xij ei pour tout i compris entre 1 et n, les
j=1
réels :
det (x1 , x2 , · · · , xn−1 , ei ) = ⟨x1 ∧ x2 ∧ ... ∧ xn−1 | ei ⟩
sont les composantes du vecteur x1 ∧ x2 ∧ ... ∧ xn−1 dans la base B0 . On a donc :
∑
n
x1 ∧ x2 ∧ ... ∧ xn−1 = (−1)i+n δi ei (13.6)
i=1
Remarque 13.8 (−1)i+n δi est aussi le cofacteur Ci,n (x1 , x2 , · · · , xn−1 ) d’indice (i, n) de la
matrice (X1 , X2 , · · · , Xn−1 , 0) (i. e. celui en ligne i et colonne n)
Par exemple dans l’espace euclidien E = R3 muni de sa base canonique, le produit vectoriel
de x = (x1 , x2 , x3 ) et y = (y1 , y2 , y3 ) est le vecteur z = (z1 , z2 , z3 ) défini par :
x2 y 2
z1 = = x y − x3 y2
x3 y3 2 3
x y
z2 = − 1 1 = x3 y1 − x1 y3
x3 y3
x y
z3 = 1 1 = x1 y2 − x2 y1
x2 y 2
Exercice 13.9 On suppose que E est de dimension 3. Montrer que si (f1 , f2 , f3 ) est une base
orthonormée directe, on a alors :
f1 ∧ f2 = f3 , f 2 ∧ f3 = f1 , f 3 ∧ f1 = f2
Solution 13.9 Le vecteur f1 ∧ f2 est orthogonal au plan engendré par f1 , f2 , donc colinéaire à
f3 et il existe un réel λ tel que f1 ∧ f2 = λf3 . Ce réel λ est déterminé par :
Théorème 13.21
— Le produit vectoriel est une application (n − 1)-linéaire alternée de E n−1 dans E ;
— le vecteur x1 ∧ x2 ∧ ... ∧ xn−1 est orthogonal à tous les vecteurs xi (1 ≤ i ≤ n − 1) ;
Produit vectoriel dans un espace euclidien 277
Démonstration.
— Chacune des applications :
ce qui revient à dire que (x1 , · · · , xn−1 , x1 ∧ ... ∧ xn−1 ) est une base de E.
Remarque 13.9 Avec det (x1 , · · · , xn−1 , x1 ∧ ... ∧ xn−1 ) = ∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥2 > 0 dans le cas
où (x1 , ..., xn−1 ) est libre, on déduit que la base (x1 , · · · , xn−1 , x1 ∧ ... ∧ xn−1 ) est directe.
Exercice 13.10 Montrer que si (x1 , ..., xn−1 ) est une famille orthonormée dans E, alors (x1 , · · · , xn−1 , x1 ∧
est une base orthonormée directe de E.
Solution 13.10 On sait déjà que (x1 , · · · , xn−1 , x1 ∧ ... ∧ xn−1 ) est une base directe de E. En
prolongeant (x1 , ..., xn−1 ) en une base orthonormée directe de E, (x1 , ..., xn−1 , xn ) , on a x1 ∧
... ∧ xn−1 = λxn avec :
Théorème 13.22 Si H est un hyperplan de E et (x1 , ..., xn−1 ) une base de H, alors la droite
D = H ⊥ est dirigée par le vecteur x1 ∧ ... ∧ xn−1 et pour tout vecteur x de E, la projection
orthogonale de x sur H est :
⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩
pH (x) = x − (x1 ∧ ... ∧ xn−1 )
∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥2
et la distance de x à H est donnée par :
|⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩|
d (x, H) =
∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥
Démonstration. Le vecteur x1 ∧ ... ∧ xn−1 étant orthogonal à tous les xi qui engendrent
H, est nécessairement dans H ⊥ . Comme H ⊥ est une droite et x1 ∧ ... ∧ xn−1 non nul, la droite
D = H ⊥ est dirigée par x1 ∧ ... ∧ xn−1 .
On a d (x, H) = ∥x − y∥ où y = pH (x) est la projection orthogonale de x sur H. Comme
x − y ∈ H ⊥ , il existe un réel λ tel que x − y = λ (x1 ∧ ... ∧ xn−1 ) et avec :
λ ∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥2 = ⟨x − y | x1 ∧ ... ∧ xn−1 ⟩ = ⟨x | x1 ∧ ... ∧ xn−1 ⟩
(puisque y ∈ H et x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∈ H ⊥ ), on déduit que :
⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩
λ=
∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥2
⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩
y =x− (x1 ∧ ... ∧ xn−1 )
∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥2
et :
|⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩|
d (x, H) = ∥x − y∥ =
∥x1 ∧ ... ∧ xn−1 ∥
Remarque 13.11 Le théorème précédent nous dit aussi qu’une équation de l’hyperplan H de
base (x1 , ..., xn−1 ) est donnée par :
x ∈ H ⇔ ⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩ = 0.
Remarque 13.12 En prenant pour (x1 , ..., xn−1 ) une base orthonormée de H (c’est toujours
possible avec le procédé d’orthogonalisation de Gram-Schmidt), on a :
pH (x) = x − ⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩ (x1 ∧ ... ∧ xn−1 )
et :
d (x, H) = |⟨x1 ∧ ... ∧ xn−1 | x⟩|
Exercice 13.11 Donner une équation du plan vectoriel P de R3 engendré par les vecteurs
u = (1, 1, 1) et v = (1, 2, 3) . Calculer la distance de x = (1 − 1, 1) à P.
Solution 13.11 Ce plan est orthogonal au vecteur :
u ∧ v = (1, −2, 1)
et une équation est donc x1 − 2x2 + x3 = 0.
La distance de x = (1 − 1, 1) à P est donnée par :
|⟨u ∧ v | x⟩| 4
d (x, P ) = =√ .
∥x1 ∧ v∥ 6
Isométries en dimension 2 279
Exercice 13.12 Montrer que si u et v sont deux applications dérivables d’un intervalle réel I
dans Rn , alors l’application u ∧ v est dérivable avec :
∀t ∈ I, (u ∧ v)′ (t) = u′ (t) ∧ v (t) + u (t) ∧ v ′ (t)
Remarque 13.13 Le réel θ qui intervient dans le théorème précédent est unique si on le prend
dans [−π, π[ , c’est la détermination principale de l’argument de a + ic.
Démonstration. La matrice de passage P de B0 à B est dans O2+ (R) puisque les bases
B0 et B sont orthonormées et définissent la même orientation. Comme le groupe O2+ (R) est
commutatif, en désignant respectivement par A et A′ les matrices de u dans B0 et B, on a
A′ = P −1 AP = P −1 P A = A.
( )
cos (θ) − sin (θ)
Théorème 13.24 Soit u ∈ O (E) de matrice Rθ =
+
dans B0 .
sin (θ) cos (θ)
Si B est une base orthonormée directe [resp. indirecte], alors la matrice de u dans B est Rθ
[resp. t Rθ = Rθ−1 = R−θ ].
280 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Exemple 13.5 L’identité est la rotation d’angle 0, −Id est la rotation d’angle π.
π
Exemple 13.6 Si ρ est la est la rotation d’angle et (f1 , f2 ) une base orthonormée directe,
2
on a alors ρ (f1 ) = f2 et ρ (f2 ) = −f1 .
De l’étude du groupe commutatif O2+ (R) , on déduit que l’inverse de la rotation d’angle θ est
la rotation d’angle −θ et la composée des rotations ρ d’angle θ et ρ′ d’angle θ′ est la rotation
ρ ◦ ρ′ = ρ′ ◦ ρ d’angle θ + θ′ .
Cette notion d’angle de rotation permet de définir la notion d’angle orienté de deux vecteurs
non nuls dans l’espace orienté E.
donc cos (θ) = cos (θ′ ) et sin (θ) = sin (θ′ ) , ce qui équivaut à θ′ = θ et entraîne ρ′ = ρ.
Si, avec les notations du théorème qui précède, ρ est la rotation d’angle θ, on dit alors que θ
est l’angle orienté des vecteurs x et y et on note (x,[ y) = θ. Un réel θ dans la classe d’équivalence
θ est une mesure de l’angle orienté (x, [ y), le représentant θ ∈ [−π, π[ est la mesure principale
[
de (x, y).
Exercice 13.13 Quels sont les points fixes d’une rotation du plan.
et :
pour θ ∈
/ 2πZ, ce qui signifie que ρ − Id est injective et ker (ρ − Id) = {0} .
Exercice 13.14 On se place dans un plan euclidien E et on se donne deux droites distinctes
D et D′ dans E.
1. Déterminer toutes les rotations ρ telles que ρ (D) = D.
2. Montrer qu’il existe une rotation ρ telle que ρ (D) = D′ et ρ (D′ ) = D si, et seulement
si, les droites D et D′ sont orthogonales. Préciser alors le nombre de ces rotations.
Solution 13.14
1. On a déjà ρ = Id qui laisse D stable. Si ρ ̸= Id est une rotation qui laisse stable D, pour
tout vecteur directeur unitaire f1 de D, on a alors ρ (f1 ) = −f1 et ρ = −Id (il y a une
unique rotation qui transforme un vecteur unitaire en un autre).
2. Soit f1 un vecteur unitaire qui dirige la droite D. Si D′ = ρ (D) , le vecteur unitaire ρ (f1 )
dirige D′ et si ρ (D′ ) = D, on a alors ρ2 (f1 ) = ±f1 . Comme D ̸= D′ , les vecteurs f1
et ρ (f
(1 ) sont linéairement
) indépendants et la matrice de ρ dans la base (f1 , ρ (f1 )) est
0 ±1
D= et comme det (D) = 1, on a nécessairement ρ2 (f1 ) = −f1 et :
1 0
⟨ ⟩
⟨f1 | ρ (f1 )⟩ = − ρ2 (f1 ) | ρ (f1 ) = − ⟨ρ (f1 ) | f1 ⟩
entraîne ⟨f1 | ρ (f1 )⟩ = 0, ce qui signifie que les droites D et D′ sont orthogonales.
π
Réciproquement, si les droites D et D′ sont orthogonales, alors les rotations d’angle et
2
π
− transforment D en D′ et ce sont les seules.
2
282 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Théorème 13.26 Les isométries indirectes d’un plan euclidien sont les réflexions.
Solution 13.15
1. Toutes ces applications sont des isométries et avec det (ρ ◦ σ ′ ) = det (σ ′ ◦ ρ) = −1,
det (σ ◦ σ ′ ) = det (σ ′ ◦ σ) = 1, on déduit que la composée d’une rotation et d’une ré-
flexion est une réflexion et que la composée de deux réflexions est une rotation.
En désignant respectivement par Rθ , Sθ et Sθ′ les matrices de ρ, σ et σ ′ dans une base
orthonormée directe B0 , on vérifie par un calcul direct que :
Rθ Sθ′ = Sθ+θ′ , Sθ′ Rθ = Sθ−θ′ , Sθ Sθ′ = Rθ−θ′ , Sθ′ Sθ = Rθ′ −θ = (Rθ−θ′ )−1
On peut aussi dire que ρ ◦ σ qui est une réflexion est involutive, donc ρ ◦ σ = (ρ ◦ σ)−1 =
σ −1 ◦ ρ− et composant à gauche par σ, on obtient σ ◦ ρ ◦ σ = ρ−1 .
a au moins une racine réelle et cette racine est dans {−1, 1} . Il existe donc un vecteur non nul
x tel que u (x) = ±x.
où Tr (u) est la trace de u et α2 un réel. Ce polynôme est donc de degré 3 à coefficients réels et
le théorème des valeurs intermédiaires nous dit qu’il a au moins une racine réelle (de manière
plus générale, un polynôme réel de degré impair a au moins une racine réelle).
Dire que λ ∈ R est racine de Pu équivaut à dire que u − λId est non injective, ce qui revient
à dire que ker (u − λId) ̸= {0} et il existe un vecteur non nul x tel que u (x) = λx. Puis comme
u est une isométrie, on a ∥u (x)∥ = ∥x∥ et nécessairement |λ| = 1, ce qui signifie que ±1.
284 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Remarque 13.15 Nous verrons plus loin que ce polynôme Pu est appelé le polynôme caracté-
ristique de u et ses racines sont les valeurs propres de u.
Exemple 13.7 Pour u = Id, on a Pu (λ) = (1 − λ)3 et λ = 1 est l’unique valeur propre.
Exemple 13.8 Pour u = −Id, on a Pu (λ) = − (1 + λ)3 et λ = −1 est l’unique valeur propre.
Exemple 13.9 Si u est une réflexion, alors sa matrice dans une base convenablement choisie
est :
1 0 0
S= 0 1 0
0 0 −1
donc Pu (λ) = − (1 − λ)2 (1 + λ) et les valeurs propres de u sont −1 et 1.
Exemple 13.10 Si u est un retournement, alors sa matrice dans une base convenablement
choisie est :
1 0 0
S= 0 −1 0
0 0 −1
donc Pu (λ) = (1 − λ) (1 + λ)2 et les valeurs propres de u sont −1 et 1.
avec det (A) = 1, ce qui impose u (g3 ) = g3 et u = Id, ce qui n’est pas le cas.
Si D est réduit à {0} , il n’existe pas de vecteur non nul tel que u (x) = x et le théorème
13.27 nous dit qu’il existe alors un vecteur non nul x tel que u (x) = −x. Ce vecteur dirige une
droite ∆ qui est stable par u et le plan ∆⊥ est également stable par u. La restriction v de u
au plan ∆⊥ est aussi une isométrie et en désignant par g1 un vecteur unitaire directeur de ∆,
(g2 , g3 ) une base orthonormée de ∆⊥ , la matrice de u dans la base (g1 , g2 , g3 ) est :
( )
−1 0
A=
0 B
Isométries en dimension 3 285
Avec les notations du théorème, on dit que u est la rotation d’axe D orienté par f1 ∧ f2 et
d’angle θ (défini modulo 2π).
Si A ∈ O3+ (R) \ {I3 } est la matrice de u ∈ O+ (E) \ {Id} dans la base orthonormée B0 , alors
l’axe de la rotation u est obtenu en déterminant le noyau de u − Id, ce qui revient à résoudre
un système linéaire (A − I3 ) X = 0, où la matrice A − I3 est de rang 2.
Pour ce qui est de la mesure principale θ ∈ [−π, π[ \ {0} de l’angle de cette rotation, avec :
Tr (u) = Tr (A) = Tr (Rθ ) = 2 cos (θ) + 1
on en déduit la valeur de cos (θ) et celle de θ au signe près.
Si Tr (u) = −1, on a alors cos (θ) = −1, donc sin (θ) = 0 et θ − −π.
Dans le cas où θ ∈ ]−π, π[ \ {0} , on peut déterminer le signe de sin (θ) , et donc de θ, comme
suit.
Avec u (f1 ) = cos (θ) f1 + sin (θ) f2 , on déduit que sin (θ) = ⟨u (f1 ) | f2 ⟩ . De plus, en notant
f3 = f1 ∧ f2 , on a f3 ∧ f1 = f2 (exercice 13.9) et :
sin (θ) = ⟨u (f1 ) | f2 ⟩ = ⟨u (f1 ) | f3 ∧ f1 ⟩ = det (f3 , f1 , u (f1 ))
= det (f1 , u (f1 ) , f3 )
ce qui permet de déterminer sin (θ) et θ.
En fait, comme seul le signe de θ nous importe, on choisit un vecteur non nul x dans D⊥ ,
1
on pose f1 = x, on complète ce vecteur en une base orthonormée (f1 , f2 , f3 ) de E et
∥x∥
det (x, u (x) , f3 )
sin (θ) = est du signe de det (x, u (x) , f3 ) , ce qui permet de déterminer θ.
∥x∥2
Exercice 13.16 On se place dans l’espace E = R3 muni de sa structure euclidienne canonique.
On désigne par u l’endomorphisme de E de matrice :
−1 2 2
1
A = 2 −1 2
3
2 2 −1
dans la base canonique B0 .
286 Géométrie dans les espaces préhilbertiens
Solution 13.16
1. Avec A ̸= I3 , A t A = I3 et det (A) = 1, on déduit que u est une rotation d’angle non nul
(modulo 2π).
2. L’axe de cette rotation est obtenu en résolvant le système linéaire (A − I3 ) X = 0, soit :
−2x + y + z = 0
x − 2y + z = 0
x + y − 2z = 0
1
1
ce qui donne x = y = z et l’axe D de u est la droite dirigée par e3 = √ 1 .
3 1
3. Avec Tr (u) = −1 = 2 cos (θ) + 1, on déduit que cos (θ) = −1 et θ = −π.
Solution 13.17
1. On a :
2
( ) a ab ac ( )
A t A = a2 + b2 + c2 − 1 ab b2 bc + a2 + b2 + c2 I3
ac bc c2
et l’égalité A t A = I3 est réalisée si, et seulement si, a2 + b2 + c2 = 1.
2. On a :
si u est une isométrie. Donc u ∈ O3+ (R) \ {I3 } et c’est une rotation d’angle θ ∈ [−π, π[
π
tel que 2 cos (θ) + 1 = Tr (A) = 1, ce qui donne θ = ± .
2
L’axe D de cette rotation est obtenu en résolvant le système linéaire (A − I3 ) X = 0,
soit : 2
(a − 1) x + (ab − c) y + (ac + b) z = 0 (1)
(ab + c) x + (b2 − 1) y + (bc − a) z = 0 (2)
(ac − b) x + (bc + a) y + (c2 − 1) z = 0 (3)
Isométries en dimension 3 287
Définition 14.1 On appelle forme anti-linéaire sur un espace vectoriel complexe E toute ap-
plication ℓ : E → C telle que :
1. ℓ (x + y) = ℓ (x) + ℓ (y) pour tous x, y dans E ;
2. ℓ (λx) = λℓ (x) pour tout nombre complexe λ et tout vecteur x ∈ E.
Définition 14.2 On appelle forme hermitienne sur un espace vectoriel complexe E toute ap-
plication φ : E × E → C telle que :
1. φ (y, x) = φ (x, y) pour tous x, y dans E (symétrie hermitienne) ;
2. pour tout y ∈ E, l’application x 7→ φ (x, y) est linéaire.
Remarque 14.1 Pour tout x ∈ E, on a φ (x, x) = φ (x, x), ce qui signifie que φ (x, x) est réel.
289
290 Espaces préhilbertiens complexes
Cette notion de forme hermitienne complexe généralise la notion de forme bilinéaire symé-
trique réelle.
Définition 14.4 On appelle produit scalaire sur E toute forme hermitienne définie positive.
Définition 14.5 Un espace préhilbertien complexe est un espace vectoriel complexe muni d’un
produit scalaire.
Dans le cas où E est de dimension finie, on dit que E est un espace hermitien.
(x, y) 7−→ ⟨x | y⟩
Pour x ∈ E et λ ∈ C, on a :
Pour x, y dans E, on a :
∥x + y∥2 = ⟨x + y | x + y⟩ = ∥x∥2 + 2ℜ (⟨x | y⟩) + ∥y∥2
∥x − y∥2 = ⟨x − y | x − y⟩ = ∥x∥2 − 2ℜ (⟨x | y⟩) + ∥y∥2
∥x + iy∥2 = ⟨x + iy | x + iy⟩ = ∥x∥2 + 2ℑ (⟨x | y⟩) + ∥y∥2
∥x − iy∥2 = ⟨x − iy | x − iy⟩ = ∥x∥2 − 2ℑ (⟨x | y⟩) + ∥y∥2
Il en résulte que :
( )
ℜ (⟨x | y⟩) = 1 ∥x + y∥2 − ∥x − y∥2
4
1( )
ℑ (⟨x | y⟩) = ∥x + iy∥2 − ∥x − iy∥2
4
et :
1( ) i( )
⟨x | y⟩ = ∥x + y∥2 − ∥x − y∥2 + ∥x + iy∥2 − ∥x − iy∥2
4 4
Cette identité est l’analogue de l’identité de polarisation pour les produits scalaires réels.
On a aussi l’égalité du parallélogramme :
( )
∥x + y∥2 + ∥x − y∥2 = 2 ∥x∥2 + ∥y∥2
Exemple 14.1 L’espace vectoriel Cn étant muni de sa base canonique (ei )1≤i≤n , l’application :
∑
n
(x, y) 7→ ⟨x | y⟩ = xk y k
k=1
définit un produit scalaire sur Cn . On dit que c’est le produit scalaire euclidien canonique de
Cn .
Produits scalaires 291
Exercice 14.1 L’espace vectoriel Cn est toujours muni de sa base canonique (ei )1≤i≤n . Soit
ω ∈ Cn . À quelle condition sur ω l’application :
∑
n
φ : (x, y) 7→ ωk xk yk
k=1
Solution 14.1 Pour tout y ∈ E, l’application x 7→ φ (x, y) est linéaire, quel que soit ω ∈ Cn .
Si φ est un produit scalaire, on a alors ωj = φ (ej , ej ) ∈ R+,∗ pour tout j compris entre 1 et n.
Réciproquement si tous les ωj sont réels strictement positifs, on a φ (y, x) = φ (x, y) pour tous
∑n
x, y dans E, φ (x, x) = ωi |xi |2 ≥ 0 pour tout x ∈ Cn et φ (x, x) = 0 équivaut à ωi |xi |2 = 0
i=1
pour tout i, ce qui équivaut à xi = 0 pour tout i, soit à x = 0.
En conclusion, φ définit un produit scalaire sur Cn si, et seulement si, tous les ωi sont stricte-
ment positifs.
Exercice 14.2 Donner une condition nécessaire et suffisante sur les nombres complexes a, b, c, d
pour que l’application :
Exercice 14.3 Soient n un entier naturel non nul, x0 , · · · , xn des réels deux à deux distincts
et ω ∈ Rn+1 . À quelle condition sur ω l’application :
∑
n
φ : (P, Q) 7→ ωi P (xi ) Q (xi )
i=0
Solution 14.3 L’application φ définit une forme bilinéaire symétrique sur Rn [x] pour tout
ω ∈ Rn .
292 Espaces préhilbertiens complexes
Si φ est un produit scalaire, en désignant par (Li )0≤i≤n la base de Lagrange de Rn [x] définie
par :
∏n
x − xk
Li (x) = (0 ≤ i ≤ n)
x i − xk
k=0
k̸=i
Exercice 14.4 n étant un entier naturel non nul, on note Pn l’ensemble des polynômes trigo-
nométriques de degré inférieur ou égal à n, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions de R dans R
la forme :
∑n
P : x 7→ P (x) = a0 + (ak cos (kx) + bk sin (kx)) .
k=1
Solution 14.4
1. Il est clair que Pn est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel des applications de
R dans R. En notant respectivement ck et sk les fonctions x 7→ cos (kx) pour k ≥ 0
et x 7→ sin (kx) pour k ≥ 1, Pn est engendré par la famille Bn = {ck | 0 ≤ k ≤ n} ∪
{sk | 1 ≤ k ≤ n} , c’est donc un espace vectoriel de dimension au plus égale à 2n + 1.
Montrons que cette famille de fonctions est libre. Pour ce faire, on procède par récurrence
sur n ≥ 1 (comme avec l’exercice 9.4).
π
Pour n = 1, si a0 + a1 cos (x) + b1 sin (x) = 0, en évaluant cette fonction en 0, et π
2
successivement, on aboutit au système linéaire :
a0 + a1 = 0
a0 + b 1 = 0
a0 − a1 = 0
Il en résulte que :
∑
n−1
( 2 )
′′
2
n P + P = n a0 + 2
n − k 2 (ak ck + bk sk ) = 0
k=1
ou encore :
1 ∑( )
n
z n P (x) = a0 z 2n + (ak − ibk ) z n+k + (ak + ibk ) z n−k = Q (z)
2 k=1
définit un produit scalaire sur l’espace vectoriel F des fonctions définies sur R à valeurs réelles,
continues et périodiques de période 2π.
Solution 14.6 Ce sont les mêmes arguments qu’à l’exercice précédent compte tenu qu’une
fonction de F est nulle si, et seulement si, elle est nulle sur [−π, π] .
est alors à valeurs strictement positives, le coefficient de t2 étant non nul, il en résulte que son
discriminant est strictement négatif, soit :
On peut déduire de cette inégalité quelques inégalités intéressantes sur les réels.
Exercice 14.7
1. On se donne un entier n ≥ 1 et des réels x1 , · · · , xn . Montrer que :
( n )2
∑ ∑n
xk ≤n x2k
k=1 k=1
Solution 14.7
1. L’inégalité de Cauchy-Schwarz nous donne :
( n )2 ( n )( n )
∑ ∑ ∑ ∑
n
xk · 1 ≤ 12 x2k = n x2k
k=1 k=1 k=1 k=1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, tous les xk sont égaux.
2. L’application φ est bilinéaire et symétrique. Pour x ∈ Rn , on a :
∑
n ∑
q (x) = φ (x, x) = a x2i + 2b xi xj
i=1 1≤i<j≤n
( )2
∑
n ∑
n ∑
n
=a x2i + b xi − x2i
i=1 i=1 i=1
( )2
∑
n ∑
n
= (a − b) x2i + b xi
i=1 i=1
Géométrie affine
297
15
Espaces affines
Pour A et −→
v fixés, on notera simplement D une telle droite.
−
→
On dit que −
→v est un vecteur directeur de la droite D et la droite vectorielle D = R−
→
v est la
direction de D.
Définition 15.1 On dit que deux droites sont parallèles si elles ont même direction.
→ {−
− →}
Théorème 15.1 Pour A (xA , yA ) ∈ P et −→
v = α−→ı + β− →ȷ ∈ P \ 0 , on a :
D (A, −
→
v ) = {M (x, y) ∈ P | ax + by + c = 0}
299
300 Espaces affines
et donc :
D (A, −
→
v ) = {M (x, y) ∈ P | ax + by + c = 0}
avec :
(a, b, c) = (β, −α, αyA − βxA )
et (a, b) = (β, −α) ̸= (0, 0) .
Si on veut se passer des déterminants, on écrit que M (x, y) ∈ D (A, −
→
v ) si, et seulement si,
−−→ −
→
il existe un réel λ tel que AM = λ v ce qui se traduit par :
{
x − xA = λα
y − yA = λβ
et β (x − xA ) − α (y − yA ) = λαβ − λαβ = 0.
Réciproquement soit :
D = {M (x, y) ∈ P | ax + by + c = 0}
( c) ( c )
On a D ̸= ∅ puisque 0, − ∈ D si b ̸= 0 ou − , 0 ∈ D si a ̸= 0 (on peut aussi dire qu’une
b a
forme linéaire non nulle est surjective, il existe donc (x, y) ∈ R2 tel que ax + by = −c pour tout
réel c). En se fixant un point A (xA , yA ) dans D, on a pour tout point M (x, y) ∈ D :
ax + by = −c = axA + byA
x − xA −b
soit a (x − xA ) + b (y − yA ) = 0 ou encore = 0, ce qui traduit le fait que les
y − yA a
−−→
vecteurs AM et − →v = −b− → ı + a−
→ȷ sont liés avec −
→v non nul. On a donc D ⊂ D (A, − →v ) et le
premier point de la démonstration nous donne l’autre inclusion. On a donc bien D = D (A, − →v ).
Avec les notations du théorème, on dit que D est la droite d’équation cartésienne (ou d’équa-
tion implicite) ax + by + c = 0 dans le repère R. En réalité on a obtenu ainsi une équation
polynomiale de degré 1 de D et une telle équation n’est pas unique. Précisément on a le résultat
suivant.
Théorème 15.2 Soient a, b, c et a′ , b′ , c′ des réels avec (a, b) ̸= (0, 0) et (a′ , b′ ) ̸= (0, 0) . Les
équations ax + by + c = 0 et a′ x + b′ y + c′ = 0 (dans le repère R) définissent la même droite
si, et seulement les vecteurs de R3 (a, b, c) et (a′ , b′ , c′ ) sont colinéaires (ce qui équivaut à dire
qu’il existe un réel non nul λ tel que (a′ , b′ , c′ ) = λ (a, b, c)).
Si D est une droite d’équation ax + by + c = 0, alors toute droite parallèle a pour équation
ax + by + c′ = 0
Le triangle dans le plan affine euclidien 301
Théorème 15.4 Deux droites D et D′ sont parallèles si, et seulement si, elles sont égales ou
sans point commun.
Définition 15.2 Deux droites ayant un unique point commun sont dites sécantes.
Exercice 15.1 Soient a, b deux réels non nuls. À quelles conditions portant sur a et b les
x y x y
droites d’équations respectives + − 1 = 0 et + − 1 = 0 sont-elles sécantes ? Déterminer
a b b a
le point d’intersection de ces droites dans ce cas.
Définition 15.3 Soit p un entier supérieur ou égal à 2. On dit que des droites D1 , · · · , Dp sont
∩
p
concourantes si l’intersection Dk est réduite à un point.
k=1
Définition 15.4 Un triangle (non dégénéré) est la figure formée par trois points distincts
A, B, C du plan P. On le note ABC.
On dit que les points A, B, C sont les sommets du triangle et les segments [B, C] , [A, C] et
[A, B] sont les cotés du triangle opposés respectivement aux sommets A, B et C.
On dit que le triangle est aplati si les points A, B, C sont alignés.
Les triangles considérés sont a priori non aplatis. Un triangle non aplati est aussi appelé vrai
triangle.
Dire qu’un triangle est isocèle en A revient à dire que le sommet A est sur la médiatrice du
coté opposé [B, C] .
Théorème 15.6 Les trois médianes d’un triangle ABC concourent en un point G qui est
l’isobarycentre G de A, B, C.
302 Espaces affines
On en déduit que :
(−−→ −−→) (−−→ −−→) −−→ −→
∀M ∈ P, M B 2 − M A2 = M B + M A · M B − M A = 2M I · AB
Ce dernier résultat nous donne une définition équivalente de la médiatrice d’un segment.
Théorème 15.7 Si A, B sont deux points distincts du plan P, alors la médiatrice du segment
[A, B] est la droite M[A,B] orthogonale à (AB) et passant par le milieu I de [A, B] .
Le triangle dans le plan affine euclidien 303
Démonstration. Notons
{ −−→ −→ }
M′[A,B] = M ∈ P | M I · AB = 0
Définition 15.8 On dit qu’un cercle C est circonscrit à un triangle ABC si les trois sommets
A, B, C appartiennent au cercle C.
Théorème 15.8 Les trois médiatrices d’un triangle ABC sont concourantes en un point Ω qui
est le centre du cercle circonscrit à ce triangle.
Remarque 15.2 Si le triangle ABC est aplati, alors les médiatrices sont parallèles et donc
non sécantes.
M[A,b]
Exercice 15.3 Étant donné un cercle C, construire son centre.
Solution 15.2 On prend trois points A, B, C sur ce cercle et l’intersection M[B,C] ∩ M[A,C] est
le centre du cercle. A B
b b
Théorème 15.9 Les trois hauteurs d’un triangle ABC sont concourantes.
−−→ −−→
Démonstration. Si H est le point d’intersection des hauteurs HA et HB , on a HA· BC = 0,
−−→ −→ −−→ −→
HB · CA et l’identité de Stewart nous donne HC · AB = 0, ce qui signifie que H ∈ HC . Les
trois hauteurs sont donc concourantes.
Définition 15.10 Le point d’intersection H des trois hauteurs d’un triangle ABC est l’ortho-
centre de ce triangle.
Exercice 15.5 Soit ABC un triangle et A′ B ′ C ′ le triangle construit en menant, pour chacun
des cotés du triangle ABC, la parallèles à ce coté qui passe par le sommet opposé. Montrer
que les hauteurs de ABC sont les médiatrices de A′ B ′ C ′ (ce qui permet de retrouver le fait
que les hauteurs de ABC sont concourantes puisqu’on sait que les médiatrices de A′ B ′ C ′ sont
concourantes).
307
308 Espaces affines euclidiens
17
Applications affines
309
310 Applications affines
18
Coniques
d (A, D) = inf AM
M ∈D
∑
n
−−→ − →
αi GAi = 0
i=1
311
312 Coniques
La distance d (M, D) étant nulle si, et seulement si M ∈ D, on aura d (M, D) > 0 pour tout
M ∈ Γ puisque F n’est pas sur D et on peut écrire que :
{ }
d (M, F )
Γ= M ∈P \D | =e
d (M, D)
MF
On peut aussi dire que Γ est une ligne de niveau de la fonction M 7→ définie sur P \ D.
MH
On dit que la perpendiculaire ∆ à D passant par F est l’axe focal de la conique Γ (le mot
focal signifie « qui est relatif au(x) foyers(s) »).
Le point K à l’intersection de D et ∆ est le projeté orthogonal de F sur D.
La distance d = KF est non nulle et le réel p = ed est appelé paramètre de la conique.
Dans ce qui suit, on se donne une conique Γ de directrice D, de foyer F et d’excentricité e
et ∆ est son axe focal.
d (σ (M ) , F ) σ (M ) σ (F ) MF
= =
d (σ (M ) , D) σ (M ) σ (H) MH
et en conséquence M est sur Γ si, et seulement si, σ (M ) est sur Γ (figure 18.2).
Le résultat qui suit nous confirme qu’une conique n’est pas vide.
Définition par directrice, foyer et excentricité 313
Théorème 18.1
1. L’intersection d’une parabole Γ avec son axe focal est réduite à un point qui est le milieu
du segment [F K] .
2. L’intersection d’une ellipse ou d’une hyperbole Γ avec son axe focal est réduite aux deux
points A, A′ où A est le barycentre du système de points pondérés {(F, 1) , (K, e)} et A′
le barycentre de {(F, 1) , (K, −e)} .
Démonstration.
1. On suppose que Γ est une parabole, c’est-à-dire que e = 1.
Dire M ∈ ∆ ∩ Γ équivaut à dire que M ∈ ∆ et M F = d (M, D) , ce qui équivaut à
M ∈ ∆ et M F = M K (les points de ∆ se projettent sur K), ce qui revient à dire que
M est à l’intersection de la médiatrice de [KF ] et de ∆, c’est donc le milieu de [KF ] .
2. On suppose que e ̸= 1.
Dire M ∈ ∆ ∩ Γ équivaut à dire que M ∈ ∆ et M F 2 = e2 M H 2 , ce qui équivaut à :
(−M−→
′
−−→) (−−→ −−→)
M F − eM K · M F + eM K
b
−−→ −−→ − →
les points M, K, F étant alignés (ils sont tous sur ∆), ce qui équivaut à M F + eM K = 0
−−→ −−→ −
→
ou M F − eM K = 0 (de manière générale, on a − →
u ·−→v = ∥− →
u ∥ ∥−
→
v ∥ cos (−
→
u ,−
→
v ) et ici
(−
→u ,−
→
b
Le résultat suivant nous donne au autre définition de la parabole comme lieu géométrique.
On rappelle que si C est un cercle
H de centre O et de rayon R > 0 et D une droite, on a alors,
b
en notant d = d (O, D) : ∆
D ∅ si d > R
C∩D = {H} si d = R
{M1 , M2 } si d < R
314 Coniques
Lemme 18.2 La parabole Γ de directrice D et foyer F est aussi le lieu des centres des cercles
tangents à D et passant par F (figure 18.3).
Figure 18.3 – Parabole comme lieu des centres des cercles ...
coordonnées d’un point M ∈ P dans ce repère. Les coordonnées du point F sont (xF , 0) et
l’équation de la droite D est x = xK . On a alors les équivalences :
( ) ( )
(M ∈ Γ) ⇔ M F 2 = e2 M H 2 ⇔ (x − xF )2 + y 2 = e2 (x − xK )2
(( ) ( ) )
⇔ 1 − e2 x2 + y 2 − 2 xF − e2 xK x = e2 x2K − x2F
Les points d’intersection de la conique Γ avec l’axe focal sont les points M (x, y) ∈ Γ tels
que y = 0, ce qui donne :
( ) ( )
1 − e2 x2 − 2 xF − e2 xK x = e2 x2K − x2F
Pour e = 1, on obtient :
2 (xF − xK ) x = x2K − x2F
avec xF ̸= xK puisque F ∈
/ D, ce qui donne :
xF + xK
x=
2
et on retrouve le milieu du segment [F K] comme unique point d’intersection.
Pour e ̸= 1, on a une équation polynomiale de degré 2 de discriminant réduit :
( )2 ( )( )
δ = xF − e2 xK + 1 − e2 e2 x2K − x2F
( )
= e2 x2F + x2K − 2xF xK = e2 (xK − xF )2 = (ed)2 = p2
1 − e cos (θ) K
En remarquant que :
∀θ ∈ R, ρ2 (θ + π) = −ρ1 (θ)
en déduit, en notant γk une paramétrisation de Γk , que :
γ2 (θ + π) = ρ2 (θ + π) (cos (θ + π) , sin (θ + π))
D
= ρ1 (θ) (cos (θ) , sin (θ)) = γ1 (θ)
et Γ1 = Γ2 , donc Γ = Γ1 .
Nous allons maintenant revenir à la représentation cartésienne (18.1) en distinguant les cas
e = 1 et e ̸= 1.
Équation réduite d’une conique 317
ce qui nous conduit à choisir l’origine O de sorte que xF = −xK , c’est-à-dire que O est le milieu
1 −→
de [F K] , soit l’unique point d’intersection de Γ avec son axe focal. En prenant −→ı = OF ,
OF
KF p
on a alors xF = OF = = , xK = −xF et xF − xK = p, de sorte que dans ce repère une
2 2
équation de la parabole est y 2 = 2px.
On dit que le point O, milieu de [KF ] , est le sommet de la parabole.
Réciproquement si Γ est une courbe d’équation y 2 = 2px dans un repère orthonormé
(O, −
→ı ,−
→
ȷ ) avec p > 0, en remontant les calculs précédents,
( p ) on vérifie que Γ est une para-
p p
bole de directrice D d’équation x = − et de foyer F , 0 . En effet, en posant xF = et
2 2 2
xK = −xF , on a :
( 2 ) ( )
y = 2px ⇔ (x − xF )2 + y 2 = (x − xK )2 ⇔ (M F = M H) .
Cette équation nous permet un tracé de la parabole Γ dans le repère orthonormé (O, −
→
ı ,−
→
ȷ ).
1 2
Avec la parité de y 7→ y , on étudie cette courbe pour y ≥ 0, puis on complète le graphe
2p
obtenu par symétrie par rapport à l’axe ∆ = Ox. Cette fonction est strictement croissante de
x
R+ sur R+ avec → +∞, on a donc une branche parabolique de direction Ox (c’est la
y y→+∞
définition). En O on a une tangente verticale. Le tracé du graphe de Γ s’en suit.
ce qui donne :
p (x − x0 ) − y0 (y − y0 ) = 0.
Cette équation cartésienne peut aussi être obtenue à partir de l’équation implicite f (x, y) =
2px − y 2 = 0 de Γ. La différentielle de f ne s’annulant jamais, la tangente à Γ en M0 (x0 , y0 ) a
pour équation :
∂f ∂f
(M0 ) (x − x0 ) + (M0 ) (y − y0 ) = 0
∂x ∂y
soit :
p (x − x0 ) − y0 (y − y0 ) = 0.
Ce qui peut aussi s’écrire, compte tenu de y02 = 2px0 :
px − y0 y + px0 = 0.
On peut remarquer que les tangentes à une parabole ne sont jamais parallèles à l’axe focal
(l’axe des abscisses) puisque une telle droite serait d’équation ax + by + c = 0 avec a = 0 et le
coefficient p est strictement positif.
Si une telle tangente est parallèle à la directrice D, elle est alors perpendiculaire à l’axe focal
donc d’équation x = x0 et y0 = 0 dans l’équation ci-dessus, ce qui donne x0 = 0 (y02 = 2px0 ) et
M0 est le sommet O de la parabole.
c’est donc la tangente à Γ en M0 . Cette tangente coupe [HF ] en son milieu IH (p, 0) .
ı = F K.
FK
M (t)orthogonale de M (t) sur D et en dérivant l’égalité :
En notant H (t) la projection Fb
−−−−→
2
−−−−−−−→
2
H (t)
F M (t)
−
M (t) H (t)
= 0,
b
Exercice 18.1 Soit Γ une parabole. Pour tout M ∈ Γ qui n’est pas sur l’axe focal, on désigne
par P la projection orthogonale de M sur ∆ et par Q le point d’intersection de la normale à Γ
en M avec ∆. Montrer que la longueur P Q est constante.
(figure ??).
Un exemple de parabole
Considérons par exemple, dans le plan euclidien R2 muni de sa base canonique (Ω, − →
e1 , −
→
e2 ) la
parabole ayant pour directrice la droite D d’équation X + Y = 0 et pour foyer le point F (2, 2) .
La droite D est dirigée par −→v = (−1, 1) et pour M (X, Y ) ∈ R2 la projection orthogonale
H (XH , YH ) de M sur D est définie par :
{
XH + YH = 0 (H ∈ D) (−−→ )
− (X − XH ) + (Y − YH ) = 0 HM · − →v =0
ou encore : {
XH + YH = 0
XH − YH = X − Y
Y −X
ce qui donne YH = −XH = .
2
En particulier, pour M = F, cette projection est K (0, 0) = Ω.
La condition M F = M H se traduit alors par :
(X + Y )2
(X − 2)2 + (Y − 2)2 =
2
Équation réduite d’une conique 321
ou encore :
X 2 + Y 2 − 2XY − 8 (X + Y ) + 16 = 0 (18.2)
(c’est l’équation de la parabole dans le repère (Ω, − →e1 , −
→
e2 )).
Sur la figure 18.7, on représente cette parabole avec la construction du point intersection de
la perpendiculaire DH à D passant par H (−1, 1) et de
la Q médiatrice
de [HF ] .
√
b
−→
Le paramètre p de cette parabole est p = KF =
ΩF
= 2 2, le sommet est le milieu
O (1, 1) de [KF ] (c’est aussi le point d’intersection de la parabole avec l’axe focal d’équation
Y = X, ce qui donne 2X 2 −2X 2 −16X +16 = 0) et dans un repère adapté, une équation est y 2 =
√
2px = 4 2x. Ce repère est (O, − →ı ,−
M→
ȷ ) , où O (1, 1) , −
→ı = √ (−
1 → −
e1 + →
e2 ) et −
→
ȷ = √ (−− →
e1 + −
→
b
1
e2 ) .
P
b
2 2
Nous verrons plus loin comment trouver la directrice et le foyer d’une parabole définie par
une équation du type 18.2.
Si cette droite n’est pas parallèle à l’axe focal, on a alors a ̸= 0 et une équation de la droite
est x = αy + β et du système : {
b
K
x = αy + β
y 2 = 2px
on déduit que y est solution de l’équation de degré 2 :
y 2 − 2pαy − 2pβ = 0
∆
y0 y0 y02 y0
x = y − x0 = (y − y0 ) + − x0 = (y − y0 ) + 2x0 − x0
p p p p
ou encore :
x2 y2
+ = 1.
a2 a2 (1 − e2 )
Avec cette équation, on retrouve le fait que ∆ est un axe de symétrie et on constate aussi que
le point O, milieu de [AA′ ] est un centre de symétrie et l’axe des y, à savoir la perpendiculaire
à ∆ passant par O est un axe de symétrie.
Précisément, on déduit de cette équation le résultat suivant.
On dit que le point O est le centre de la conique et que Γ est une conique à centre.
Exercice 18.2 Montrer que les paraboles n’ont pas de centre de symétrie.
324 Coniques
Pour e > 1, Γ est une hyperbole et en posant b2 = a2 (e2 − 1) , elle a pour équation réduite
dans (O, − →
ı ,−
→
ȷ):
x2 y 2
− 2 = 1.
a2 b
On dit que a est le demi axe (ou que 2a est l’axe) de l’hyperbole.
On peut remarquer que l’axe des x (l’axe focal) coupe l’hyperbole en A (a, 0) et A′ (−a, 0)
et que l’axe des y ne coupe pas Γ.
′
On dit que les points A,√ A sont les sommets de l’hyperbole.
a2 + b 2 a a2
L’excentricité est e = , la directrice D a pour équation x = xk = = √ et
a √ e a2 + b 2
le foyer est F (xF , 0) avec xF = ea = a2 + b2 .
x2 y 2
Réciproquement une courbe Γ d’équation 2 − 2 = 1 dans un repère orthonormé est une
a b
hyperbole d’excentricité, directrice et foyer définis ci-dessus (il suffit de remonter les calculs).
x2 y2
De 2 = 1 + 2 ≥ 1, on déduit que x2 ≥ a2 et l’hyperbole est strictement contenu dans
a b
a
P privé de la bande délimité par les droites D (d’équation x = xK = ) et D′ (d’équation
e
a
x = − ).
e
On déduit de cette équation implicite que la tangente à l’hyperbole Γ en M0 (x0 , y0 ) a pour
équation :
x0 y0
(x − x 0 ) − (y − y0 ) = 0
a2 b2
x20 y02
ce qui peut encore s’écrire compte tenu de 2 − 2 = 1 :
a b
x0 y0
x − 2 y = 1.
a2 b
Pour e < 1, Γ est une ellipse et en posant b2 = a2 (1 − e2 ) , elle a pour équation dans
(O, −→
ı ,−
→ȷ):
x2 y 2
+ 2 =1
a2 b
avec 0 < b < a. √
a2 − b 2 a a2
L’excentricité est e = , la directrice D a pour équation x = xk = = √ et
a √ e a2 − b 2
le foyer est F (xF , 0) avec xF = ea = a2 − b2 .
x2 y2
Réciproquement une courbe Γ d’équation 2 + 2 = 1 avec 0 < b < a dans un repère
a b
orthonormé est une ellipse d’excentricité, directrice et foyer définis ci-dessus (il suffit de remonter
les calculs).
x2 y 2
Remarque 18.2 Pour a = b, l’équation + = 1 définit un cercle qui n’est pas une ellipse
a2 b 2
définie par directrice foyer et excentricité (on verra qu’un cercle peut être vu comme une ellipse
d’excentricité nulle et de directrice rejetée à l’infini).
On dit que a est le demi grand axe (ou que 2a est le grand axe) et que b est le demi petit
axe (ou que 2b est le petit axe) de l’ellipse.
On peut remarquer que l’axe des x coupe l’ellipse en A (a, 0) et A′ (−a, 0) et que l’axe des y
la coupe en B (0, b) et B ′ (0, −b) .
On dit que les points A, A′ , B, B ′ sont les sommets de l’ellipse.
Équation réduite d’une conique 325
F B 2 = OB 2 + OF 2 = b2 + e2 a2 = a2 .
Il en résulte que :
F B = F B′ = F ′B = F ′B′ = a
x2 y2 a2 a a
De = 1− ≤ 1, on déduit que x 2
≤ a 2
< , soit − < x < et l’ellipse est strictement
a2 b2 e2 e e
a
contenu dans la bande délimité par les droites D (d’équation x = xK = ) et D′ (d’équation
e
a
x = − ).
e
On déduit de cette équation implicite que la tangente à l’ellipse Γ en M0 (x0 , y0 ) a pour
équation :
x0 y0
2
(x − x0 ) + 2 (y − y0 ) = 0
a b
2
x y2
ce qui peut encore s’écrire compte tenu de 20 + 20 = 1 :
a b
x0 y0
2
x + 2 y = 1.
a b
x2 y 2
Exercice 18.3 Soit Γ une ellipse d’équation 2 + 2 = 1 dans un repère orthonormé (O, −
→ı ,−
→
ȷ ),
a b
avec 0 < b < a.
Montrer que le produit des distances des foyers de Γ à une tangente quelconque est constant
égal à b2 (le carré du demi petit axe).
√
Solution 18.2 On a F (xF , 0) et F ′ (−xF , 0) avec xF = ea = a2 − b2 et la tangente T0 à Γ
en M0 (x0 , y0 ) a pour équation :
x0 y0
2
x + 2 y = 1.
a b
2 2
x y
avec 20 + 20 = 1.
a b
La distance d’un point M à T0 est donnée par :
x
0 y0
2 x + 2 y − 1
d (M, T0 ) = a √ b
x20 y02
+ 4
a4 b
et :
2
x x x0 2
0 0 x − 1
2 xF − 1 2 xF + 1 a4 F
d (F, T0 ) d (F ′ , T0 ) = √a √a =
x20 y02 x20 y02 x20 y02
+ 4 + 4 + 4
a4 b a4 b a4 b
|x x − a |
2 2 4
|x (a − b ) − a4 |
2 2 2
= b 4 4 0 2 F 4 2 = b4 0 4 2
b x0 + a y 0 b x0 + a4 y02
326 Coniques
x20 y02
ce qui s’écrit, compte tenu de + 2 =1:
a2 b
|x20 (a2 − b2 ) − a4 |
d (F, T0 ) d (F ′ , T0 ) = b4 ( )
x20
b x0 + a b 1 − 2
4 2 4 2
a
|x (a − b ) − a |
2 2 2 4
= b2 20 2 = b2 .
b x0 + a4 − a2 x20
et :
t ∈ R 7→ γ2 (t) = (−a ch (t) , b sh (t))
Γ1 et Γ2 sont les deux branches de l’hyperbole.
De γ2 (−t) = −γ1 (t) , on déduit que Γ2 est l’image de Γ1 par la symétrie de centre O.
Ces paramétrisations nous permettent un tracé de Γ. Pour ce faire, il suffit de tracer Γ1 .
L’étude de γ1 se fait pour t ≥ 0 puis on complète le graphe obtenu par symétrie par rapport à
l’axe Ox. Les fonctions ch et sh sont strictement croissante, avec γ1′ (0) = b− →ȷ , on déduit qu’on
−t
y1 (t) be −e
t
b
a une tangente verticale en A (a, 0) et avec = t −t
→ , on déduit que la droite
x1 (t) a e + e t→+∞ a
d’équation ay − bx = 0 est asymptote à l’infini.
y1 (t) b
De même avec → − , on déduit que la droite d’équation ay +bx = 0 est asymptote
x1 (t) t→−∞ a
à l’infini.
Les tracés de Γ1 , Γ2 et Γ s’en suivent.
Pour a = b, les diagonales d’équations y = x et y = −x sont asymptotes et on dit que
Γ est une hyperbole équilatère√(les asymptotes sont perpendiculaires). Dans ce cas, de b2 =
a2 (e2 − 1) , on déduit que e = 2. √
Une hyperbole équilatère est donc une conique d’excentricité 2.
Une autre paramétrisation peut s’obtenir comme suit.
] π π[ ] π π[ x2
En posant y = b tan (t) avec t ∈ − , (tan est bijective de − , sur R), on a 2 =
2 2 ( 2 2 ) a
1 a a
1 + tan2 (t) = et x = ± . Réciproquement tout point ± , b tan (t) est sur
cos2 (t) cos (t) cos (t)
l’hyperbole. On a donc Γ = Γ1 ∪ Γ2 , où Γ1 et Γ2 sont les courbes d’équations paramétriques
respectives : ( )
] π π[ a
t∈ − , 7→ γ1 (t) = , b tan (t)
2 2 cos (t)
et : ] π π[ ( )
a
t∈ − , 7→ γ2 (t) = − , b tan (t)
2 2 cos (t)
Équation réduite d’une conique 327
( )
t 1 − u2 2u
En posant u = tan , on a u ∈ ]−1, 1[ , cos (t) = , tan (t) = et les paramé-
2 1+u 2 1 − u2
trisations : ( )
1 + u2 2u
u ∈ ]−1, 1[ 7→ ±a ,b .
1 − u2 1 − u2
Pour l’ellipse, le résultat qui suit nous conduit à une paramétrisation.
Théorème 18.6 Si x, y sont deux réels tels que x2 + y 2 = 1, il existe alors un unique réel
t ∈ [−π, π[ tel que x = cos (t) et y = sin (t) .
Un exemple d’hyperbole
Considérons dans le plan euclidien R2 muni de sa base canonique (Ω, − →
e1 , −
→
e2 ) l’hyperbole
ayant pour excentricité e = 2, pour directrice la droite D d’équation X + Y = 0 et pour foyer
le point F (2, 2) . La droite D est dirigée par −
→
v = (−1, 1) et pour M (X, Y ) ∈ R2 on a déjà vu
Y −X
que la projection orthogonale H (XH , YH ) de M sur D est définie par YH = −XH = .
2
En particulier, pour M = F, cette projection est K (0, 0) = Ω.
La condition M F = 2M H se traduit alors par :
(X − 2)2 + (Y − 2)2 = 2 (X + Y )2
ou encore :
X 2 + Y 2 + 4XY + 4 (X + Y ) − 8 = 0 (18.4)
(c’est l’équation de l’hyperbole dans le repère (Ω, −
→
e1 , −
→
e2 )).
Les sommets de cette hyperbole sont les points d’intersection avec l’axe focal d’équation
( )
2 2 2
Y = X, ce qui donne l’équation 3X + 4X − 4 = 0 de racines −2 et et les sommets A
2
,
3 3 3
et A′ (−2, −2) . ( )
2 2
Le centre est le milieu de [AA′ ] , soit O − , − .
√ 3 3
4 2 x2 y2
Le demi axe est a = OA = et dans un repère adapté, une équation est 2 − 2 =
√ 3 ( ) a b
√ 4 2 −
→ −
→ 2 2 −
→ 3 − →
1 où b = a e2 − 1 = √ . Ce repère est (O, ı , ȷ ) , où O − , − , ı = √ OA =
3 3 3 4 2
328 Coniques
√ (−
1 → −
e1 + →
e2 ) , −
→
ȷ = √ (−−
→
e1 + −
→
1
e2 ) et l’équation est :
2 2
9x2 − 3y 2 = 32.
(figure 18.8).
Un exemple d’ellipse
Considérons aussi, dans le plan euclidien R2 muni de sa base canonique (Ω, − →
e1 , −
→
e2 ) l’ellipse
1
ayant pour excentricité e = , pour directrice la droite D d’équation X + Y = 0 et pour foyer
2
le point F (2, 2) . La droite D est dirigée par −
→
v = (−1, 1) et pour M (X, Y ) ∈ R2 la projection
Y −X
orthogonale H (XDH , YH ) de M sur D est définie par YH = −XH = .
2
En particulier, pour M = F, M cette projection est K (0, 0) = Ω.
b
1
La condition M F = M H se traduit alors par :
2b
F b
H
(X + Y )2
(X −A2) + (Y − 2) =
b 2 2
8
ou encore : O b
A′
7X + 7Y 2 − 2XY − 32 (X + Y ) + 64 = 0
2
(18.5)
(c’est l’équation de l’ellipse dans le repère (Ω, −
→
e1 , −
→
b
e2 )).
∆
Équation réduite d’une conique 329
Les sommets de cette ellipse sont les points d’intersection de l’ellipse avec l’axe focal d’équa-
4
tion Y = X, ce qui donne l’équation 3X 2 − 16X + 16 = 0 de racines et 4 et les sommets
( ) 3
′ 4 4
A (4, 4) et A , .
3 3 ( )
′ 8 8
Le centre est le milieu de [AA ] , soit O , .
3 3
4√ x2 y 2
Le demi axe est a = OA = 2 et dans un repère adapté, une équation est 2 + 2 = 1 où
√ 3 ( ) a b
√ −→
b = a 1 − e2 = √ . Ce repère est (O, − →
ı ,−
→ ,−
→ OA = √ (− →
e1 + −→
2 2 8 8 1 1
ȷ ) , où O , ı = e2 ) ,
3 3 3 OA 2
−
→ȷ = √ (−−
1 →
e1 + −→e2 ) et l’équation est :
2
(figure 18.9).
b
O
330 Coniques
a2 b2
ce qui entraîne que λ est solution de l’équation :
b2 (x0 − λv)2 + a2 (y0 + λu)2 = a2 b2
qui est équivalente à :
( 2 2 ) ( ) ( )
a u + b2 v 2 λ2 + 2 a2 uy0 − b2 vx0 λ + a2 y02 + b2 x20 − a2 b2 = 0.
Cette équation est de degré 2 puisque a2 u2 + b2 v 2 ̸= 0 du fait que a > 0, b > 0 et (u, v) ̸= (0, 0) .
Elle a donc 0, 1 ou 2 solutions réelles.
Le discriminant de cette équation est :
( )2 ( )( )
δ = a2 uy0 − b2 vx0 − a2 u2 + b2 v 2 a2 y02 + b2 x20 − a2 b2
( )
= a2 b2 a2 u2 + b2 v 2 − u2 x20 − 2uvx0 y0 − v 2 y02
( )
= a2 b2 a2 u2 + b2 v 2 − (ux0 + vy0 )2
soit en tenant compte de ux0 + vy0 = −w (M0 ∈ D) :
( )
δ = a2 b 2 a2 u 2 + b 2 v 2 − w 2 .
On en déduit alors que :
— si a2 u2 + b2 v 2 < w2 , alors δ < 0 et D ne coupe pas Γ ;
— si a2 u2 + b2 v 2 = w2 , alors δ = 0 et D coupe Γ en un unique point. Prenant ce point
comme origine M0 de D, on a M0 ∈ D ∩ Γ et :
( 2 )
x0 y02
a y0 + b x0 − a b = a b
2 2 2 2 2 2 2 2
+ 2 −1 =0
a2 b
de sorte que : ( )2
0 = δ = a2 uy0 − b2 vx0
et : ( y x0 )
0
a2 uy0 − b2 vx0 = a2 b2 u 2 − v 2
b a
−
→ (x y )
0 0
ce qui signifie que V = (−v, u) est orthogonal au vecteur 2
, 2 qui est orthogonal à
a b
la tangente à Γ en M0 . La droite D est donc tangente à Γ.
Équation réduite d’une conique 331
Démonstration. On a :
( )
OI 2 + OJ 2 = a2 cos2 (θ) + cos2 (θ′ )
( )
= a2 cos2 (θ) + sin2 (θ) = a2 .
Théorème 18.10 Soient P et P ′ deux plans non orthogonaux de l’espace et C un cercle inclus
dans P. La projection orthogonale de C sur P ′ est une ellipse ou un cercle.
Si les plan P et P ′ sont orthogonaux, cette projection est alors un segment que l’on peut
voir comme une ellipse écrasée.
Théorème 18.11 Soient Γ une conique et M un point de Γ qui n’est pas sur l’axe focal ∆. La
tangente à Γ en M coupe la directrice D en un point T tel que le triangle M F T soit rectangle
en F (figure 18.10).
1 −−→ −
→
avec
−−→
M H = ± ı puisque ces deux vecteurs sont colinéaires et de norme 1 et en notant
M H
−−→ 1 −−→
u (t) =
→
M F , on a :
−−
M F
−−→ d −−→ d −−→
u (t) · M F = ±e− →ı · M H,
dt dt
avec :
−
→ d −−→ → d −−→ − d −−→
ı · MH = − ı · MF + → ı · FH
dt dt dt
Équation réduite d’une conique 333
et :
−
→ d −−→ d (−
→ −−→) d (−→
(−−→ −−→)) d (−→ −−→)
ı · FH = ı · FH = ı · F K + KH = ı · FK = 0
dt dt dt
dt
−−→ −−→
−−→
du fait que KH est orthogonal à −
→ı et −
→
ı · F K =
F K
ne dépend pas de t. On a donc :
−−→ d −−→ d −−→
u (t) · M F = ±e−
→
ı · MF .
dt dt
D −−→ d −−→
Si T est le point d’intersection de laMtangente à Γ en M avec la directrice D, on a M T = λ M F
b
dt
et : F b
Γ ⊂ {M ∈ P | M F + M F ′ = 2a}
avec 2a > F F ′ .
Théorème 18.13 Si F, F ′ sont deux points distincts de P et a un réel tel que 2a > F F ′ , alors
l’ensemble :
Γ = {M ∈ P | M F + M F ′ = 2a}
est une ellipse de foyers F, F ′ et de grand axe 2a.
Définition bifocale des coniques à centre 335
M F 2 − (M F ′ ) = (M F + M F ′ ) (M F − M F ′ ) = 2a (M F − M F ′ )
2
avec :
M F 2 = (x − ea)2 + y 2 et (M F ′ ) = (x + ea)2 + y 2
2
ce qui donne :
2a (M F − M F ′ ) = −2eax
et de : {
M F + M F ′ = 2a
M F − M F ′ = −2ex
on déduit que :
M F = a − ex > 0.
(a )
Le projeté orthogonal de M ∈ Γ sur D étant H , y , on a :
e
a 1
M H = − x = (a − ex)
e e
et M F = eM H. Donc Γ est contenu dans l’ellipse de foyers F, F ′ et de grand axe 2a.
La réciproque a été établie avec le théorème précédent.
On peut aussi travailler analytiquement toujours dans le même repère orthonormé (O, −
→
ı ,−
→
ȷ ).
′ ′2 ′
La condition M F + M F = 2a équivaut à M F + M F + 2M F · M F = 4a , soit à :
2 2
ou encore à :
x2 + y 2 + e2 a2 + M F · M F ′ = 2a2
ce qui peut aussi s’écrire :
M F · M F ′ = 2a2 − x2 − y 2 − e2 a2
On a donc :
( ( )2 )
(M ∈ Γ) ⇒ M F 2 · M F ′2 = 2a2 − x2 − y 2 − e2 a2
(( )( ) ( )2 )
⇒ (x − ea)2 + y 2 (x + ea)2 + y 2 = 2a2 − x2 − y 2 − e2 a2
(( ) ( ))
⇒ 1 − e2 x2 + y 2 = a2 1 − e2
avec 0 < e < 1 et Γ est contenu dans l’ellipse de foyers F, F ′ et de grand axe 2a.
Réciproquement si M est un point de l’ellipse de foyers F, F ′ et de grand axe 2a, ses coor-
y2
données vérifient l’équation x2 + = a2 , ce qui équivaut à :
1 − e2
( )2
M F 2 · M F ′2 = 2a2 − x2 − y 2 − e2 a2
336 Coniques
y2
et avec x2 ≤ a2 , ≤ a2 , on déduit que :
1 − e2
( )
( ) ( ) 2 y2
2a − x − y − e a = a − x
2 2 2 2 2 2 2
+ 1−e2
a − ≥0
1 − e2
et M F · M F ′ = 2a2 − x2 − y 2 − e2 a2 , ce qui équivaut à M F + M F ′ = 2a.
Remarque 18.4 Dans le cas où les foyers F et F ′ sont confondus, on obtient le cercle d’équa-
tion M F = a que l’on peut voir comme une ellipse d’excentricité nulle et de directrice rejetée
à l’infini.
Théorème 18.15 Si F, F ′ sont deux points distincts de P et a un réel tel que 0 < 2a < F F ′ ,
alors l’ensemble :
Γ = {M ∈ P | |M F − M F ′ | = 2a}
est une hyperbole de foyers F, F ′ et de grand axe 2a.
2a = |M F − M F ′ | ≤ F F ′
En utilisant la définition bi-focale des coniques à centres, on a les résultats suivants sur les
tangentes.
Démonstration.
−−→
−−Soit
M : t 7→ M (t) une paramétrisation régulière de Γ. En dérivant
→′
l’égalité
M F
+
M F
= 2a, on a :
En remarquant que :
d −−→′ d −−→ d −−→ d −−→
MF = MF + F F ′ = MF
dt dt dt dt
−−→ 1 −−→ −−→ 1 −−→
et en posant u (t) =
−−→
M F et v (t) =
−−→
M F ′ on a :
M F
M F ′
(−−→ −−→) d −−→
u (t) + v (t) · M F = 0
dt
d −−→ −−→ −−→
ce qui signifie que le vecteur tangent M F est orthogonal au vecteur u (t) + v (t) qui dirige la
dt
bissectrice intérieure issue de M du triangle M F F ′ , encore équivalent à dire que la tangente à
Γ en M est la bissectrice extérieure issue de M du triangle M F F ′ .
Une démonstration analogue donne le résultat suivant pour l’hyperbole.
et la tangente à Γ en γ (t) est dirigée par γ ′ (t) = (−a sin (t) , b cos (t)) . Une équation de cette
tangente est donc donnée par :
x − a cos (t) −a sin (t)
y − b sin (t) b cos (t) = b cos (t) (x − a cos (t)) + a sin (t) (y − b sin (t))
= b cos (t) x + a sin (t) y − ab = 0
u (x − x0 ) + v (y − y0 ) = 0
a2 u2 + b2 v 2 = (ux0 + vy0 )2
qui signifie que (u, v) est dans le cône isotrope de la forme quadratique q définie par :
( ) ( )
q (X, Y ) = a2 − x20 X 2 − 2x0 y0 XY + b2 − y02 Y 2 .
Lieu orthoptique d’une conique 339
(δ ′ est le discriminant des équations de degré au plus égal à 2, (a2 − x20 ) t2 − 2x0 y0 t + (b2 − y02 )
et (a2 − x20 ) − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) t2 ).
x20 y02
Pour 2 + 2 < 1, on a δ > 0, donc (a2 − x20 ) (b2 − y02 ) ̸= 0 et les équations de degré 2
a b
(a2 − x20 ) t2 − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) et (a2 − x20 ) − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) t2 n’ont pas de racine réelle
(puisque δ ′ < 0), ce qui entraîne que le cône isotrope de q est réduit à {(0, 0)} et il ne passe
pas de tangente à Γ par M0 .
x2 y 2
Pour 20 + 20 = 1, on a δ = δ ′ = 0, donc (a2 − x20 ) (b2 − y02 ) ̸= 0 et les équations de degré 2
a b
(a2 − x20 ) t2 − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) et (a2 − x20 ) − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) t2 ont une unique racine réelle,
ce qui entraîne que le cône isotrope de q est une droite vectorielle et il passe une seule tangente
à Γ par M0 .
x2 y 2
Pour 20 + 20 > 1, on a δ < 0.
a b
Si (x20 , y02 ) = (a2 , b2 ) , l’équation (18.7) devient :
2x0 y0 uv = 0
et u = 0 ou v = 0, de sorte que D0 est une droite passant par (±a, ±b) parallèle à l’un des
axes. Cette droite et sa perpendiculaire en M0 sont alors tangentes à Γ (par exemple pour
M0 = (a, b) , la tangente à Γ en A (a, 0) est la droite d’équation x = a et la tangente en B (0, b)
est la droite y = b).
Si (x20 , y02 ) ̸= (a2 , b2 ) , alors l’une des équations de degré 2 (a2 − x20 ) t2 − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) ou
(a2 − x20 ) − 2x0 y0 t + (b2 − y02 ) t2 (δ ′ > 0) a deux racines réelles distinctes et le cône isotrope de q
est la réunion de deux droites vectorielles distinctes. Il passe donc exactement deux tangentes
à Γ par M0 .
Théorème 18.18 Le lieu des points M du plan euclidien P d’où l’on peut mener deux tan-
gentes à l’ellipse Γ qui sont orthogonales est le cercle d’équation :
x 2 + y 2 = a2 + b 2 .
(figure 18.11).
340 Coniques
uk (xM−
0 x0 ) + vk (y − y0 ) = 0 (k = 1, 2)
u1 u2 + v1 v2 = 0 (18.8)
b2 − y02
m1 m2 = ,
a2 − x20
Lieu orthoptique d’une conique 341
Théorème 18.19 Le lieu des points M du plan euclidien P d’où l’on peut mener deux tan-
gentes à l’hyperbole Γ qui sont orthogonales est le cercle d’équation :
x 2 + y 2 = a2 − b 2 .
Théorème 18.20 Le lieu des points M du plan euclidien P d’où l’on peut mener deux tan-
p
gentes à la parabole Γ qui sont orthogonales est la directrice D d’équation x = − .
2
342 Coniques
avec :
∑
4
σ1 = yk =0
σ ∑
k=1
2 = yi yj = 4p (x0 − p)
∑
1≤i<j≤4
σ3 = yi yj yk = −8p2 y0
1≤i<j<k≤4
σ4 = y1 y2 y3 y4 = 4p2 (x20 + y02 − R2 )
(fonctions symétriques élémentaires des racines).
∑
4
Une condition nécessaire de cocyclicité est donc σ1 = yk = 0, les réels yk étant deux à
k=1
deux distincts.
Réciproquement, étant donnés des réels y1 , y2 , y3 , y4 deux à deux distincts tels que σ1 =
∑4
yk = 0, on définit les réels x0 et y0 par :
k=1
∑
4p (x0 − p) = σ2 = yi yj
∑1≤i<j≤4
−8p2 y0 = σ3 = yi yj yk
1≤i<j<k≤4
et le réel r par : ( )
4p2 x20 + y02 − r = σ4 = y1 y2 y3 y4 .
Il s’agit alors de vérifier que r > 0. Les conditions imposées nous disent que les yk sont racines
de :
P (t) = t4 − σ1 t3 + σ2 t2 − σ3 t + σ4
( )
= t4 + 4p (p − x0 ) t2 − 8p2 y0 t + 4p2 x20 + y02 − r
Équations des coniques dans un repère quelconque 343
on déduit que : ( )2
1 2
r= y − x0 + (y1 − y0 )2 > 0
2p 1
1 2 1 2
(r = 0 donnerait y1 = y0 et x0 = y1 = y , soit M0 ∈ Γ, ce qui n’est pas ) et peut poser
2p 2p 0
r = R2 avec R > 0. Les conditions Q (yk ) = 0 pour 1 ≤ k ≤ 4 nous disent alors que les points
Mk sont cocycliques.
On a donc montré le résultat suivant.
Théorème 18.21 Les points deux à deux distincts Mk (xk , yk ) , pour 1 ≤ k ≤ 4, sont cocy-
∑
4
cliques sur la parabole Γ d’équation y 2 = 2px si, et seulement si, yk = 0.
k=1
Théorème 18.22 (Joachminstal) Les points deux à deux distincts Mk (xk , yk ) , pour 1 ≤
k ≤ 4, sont cocycliques sur l’ellipse Γ de paramétrisation (x, y) = (a cos (t) , b sin (t)) si, et
∑
4
seulement si, yk ≡ 0 modulo 2π.
k=1
Théorème 18.23
1. Si δ < 0, alors Γ est soit vide, soit une ellipse, soit un cercle éventuellement réduit à un
point.
2. Si δ = 0, alors Γ est soit vide, soit une droite, soit la réunion de deux droites parallèles,
soit une parabole.
3. Si δ > 0, alors Γ est soit la réunion de deux droites sécantes, soit une hyperbole.
344 Coniques
Dans le cas où δ ̸= 0 et Γ est une conique, les valeurs propres de la matrice A de q définissent
les directions principales (ou les axes) de la conique. Cette conique est à centre et les coordonnées
du centre s’obtiennent en résolvant le système :
∂φ
f (x, y) = 0
∂x
∂φ
f (x, y) = 0
∂y
soit : {
ax + by + d = 0
bx + cy + e = 0
19
Le corps C des nombres complexes est supposé construit (voir le chapitre 7).
On rappelle que C est un corps commutatif et un R-espace vectoriel de dimension 2, de base
canonique (1, i) où i est une solution complexe de l’équation x2 + 1 = 0.
detB (−
→
v1 , −
→
v2 ) = detB (B ′ ) detB′ (−
→
v1 , −
→
v2 )
345
346 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. Résulte du fait que tout nombre complexe [resp. tout point de P ou tout
−
→
vecteur de P ] est uniquement déterminé par sa partie réelle et sa partie imaginaire [resp. par
ses coordonnées dans le repère R ou dans la base (−
→
e1 , −
→
e2 )].
−
→
Tout point M du plan affine P [resp. tout vecteur − →v du plan vectoriel P ] s’écrit donc de
manière unique M = φ (z) [resp. −→
v =− →
φ (z)] et peut ainsi être identifié au nombre complexe
z.
Le plan P muni de cette identification est appelé plan complexe ou plan d’Argand-Cauchy.
−
→
Si M ∈ P [resp. −
→ v ∈ P ] s’écrit M = φ (z) [resp. −
→
v =− →
φ (z)], on dit que z est l’affixe de M
−
→ −
→
[resp. l’affixe de v ] et M [resp. v ] le point [resp. vecteur] image de z.
−−→ −−→
On a φ (0) = O, le vecteur OM est le vecteur image de z et z est l’affixe de OM . Précisément
si z = x + iy, on a :
−−−−−−→ −−→
φ (0) φ (z) = OM = x− →
e1 + y −
→
e2 = −
→
φ (z)
ce qui peut s’écrire dans P :
φ (z) = φ (0) + −
→
φ (z)
et s’interprète en disant que φ est une application affine de C dans P d’application linéaire
associée −→
φ (le plan vectoriel C est naturellement muni d’une structure d’espace affine).
En utilisant cette identification entre P et C, on peut donner les interprétations géométriques
suivantes où a, b, z, z ′ désignent des nombres complexes et A, B, M, M ′ leurs images respectives
dans P.
1. L’axe O = R−
x 1
→
e est identifié à l’ensemble des nombres réels.
2. L’axe Oy = R− →
e2 est identifié à l’ensemble des imaginaires purs.
−→ −→ −−→ −→ −−→ −→
3. a + b est l’affixe du vecteur OC = OA + OB et b − a l’affixe du vecteur AB = OB − OA
(résulte de la linéarité de −
→
φ ).
( ) −−→ −−→
4. ℜ zz ′ = ℜ (zz ′ ) = xx′ + yy ′ = OM · OM ′ .
(−−→ −−→)
5. ℑ (zz ) = xy − x y = det OM , OM ′ .
′ ′ ′
Équations complexes des droites et cercles du plan 347
Remarque 19.3 Si u, v sont deux nombres complexes avec v non nul, on a les équivalences :
( )
u 1
= 2 uv est réel ⇔ (uv est réel)
v |v|
et : ( )
u 1
= 2 uv est imaginaire pur ⇔ (uv est imaginaire pur)
v |v|
En utilisant les propriétés 7. et 8. précédentes, on en déduit que si A, B, C, D sont des points
deux à deux distincts, alors :
( )
b−a
(A, B, C sont alignés) ⇔ ((b − a) (c − a) ∈ R) ⇔ ∈R
c−a
et :
( )
( ( ) ) b−a
((AB) et (CD) sont orthogonales) ⇔ (b − a) d − c ∈ iR ⇔ ∈ iR
d−c
βz + βz + γ = 0 (19.1)
où β = i (a − b) ∈ C∗ et γ est réel.
Le nombre complexe β = i (a − b) est l’affixe d’un vecteur −→v qui est orthogonal à D. En
effet, on a :
−
→ −→ ( ) ( )
v · AB = ℜ β (b − a) = ℜ i |b − a|2 = 0.
On peut aussi aboutir à ce résultat en utilisant une équation cartésienne de D :
ux + vy + w = 0
1 1
avec (u, v) ∈ R2 \ {(0, 0)} et w ∈ R. En écrivant que x = (z + z) et y = (z − z) pour M
2 2i
d’affixe z, cette équation devient :
u (z + z) − vi (z − z) + 2w = 0
soit :
(u − iv) z + (u + iv) z + 2w = 0
avec β = u + iv affixe du vecteur − →v = u− →
e1 + v −
→
e2 orthogonal à D.
Réciproquement une équation du type (19.1) définit une droite. En effet, en écrivant z =
x + iy, β = u + iv, cette équation devient :
soit :
γ
ux + vy +=0
2
et c’est une droite dirigée par le vecteur d’affixe −v + iu = iβ (ou orthogonale au vecteur
d’affixe β = u + iv).
(x − xΩ )2 + (y − yΩ )2 = R2
|z − ω|2 = R2
(z − ω) (z − ω) = zz − ωz − ωz + |ω|2 − R2 = 0
zz − ωz − ωz + γ = 0 (19.2)
x2 + y 2 − 2ux − 2vy + γ = 0
soit :
(x − u)2 + (y − v)2 + γ − u2 − v 2 = 0
+ v 2 − γ = |ω|2 − γ (ce réel est positif), on constate qu’on a le cercle de
et en posant R2 = u2√
centre ω et de rayon |ω|2 − γ.
On a donc montré le résultat suivant.
αzz + βz + βz + γ = 0
et |z| = OM est bien indépendant du repère orthonormé choisi. On peut donc aussi définir le
module de z comme la distance de O à M où M = φ (z) et O = φ (0) , φ étant la bijection de
C sur P relative à un repère quelconque R.
∥−
→u +− →v ∥ = ∥− →
u ∥ + 2− →
u ·−
→v + ∥− →
2 2 2
v∥ (19.3)
−
→
pour tous vecteurs −
→
u ,−
→v du plan euclidien P .
De cette identité, on déduit que :
( )
|z + z ′ | + |z − z ′ | = 2 |z|2 + |z ′ |
2 2 2
et s’interprète en disant que la somme des carrés des diagonales d’un parallélogramme est égale
à la somme des carrés des cotés. En effet, en notant M ′′ le point d’affixe z + z ′ , OM M ′′ M ′ est
un parallélogramme avec :
−−−−→ −−−→ −−→
— |z| = OM = M ′ M ′′ puisque l’affixe de M ′ M ′′ = OM ′′ − OM ′ est z + z ′ − z ′ = z ;
−−−→ −−−→ −−→
— |z ′ | = OM ′ = M M ′′ , puisque l’affixe de M M ′′ = OM ′′ − OM est z + z ′ − z = z ′ ;
— |z + z ′ | = OM ′′ (une diagonale) et |z ′ − z| = M M ′ (l’autre diagonale).
Cette identité du parallélogramme est caractéristiques des normes qui se déduisent d’un
produit scalaire.
Nous reviendrons sur cette identité du parallélogramme au paragraphe sur le triangle.
Interprétation géométrique du module d’un nombre complexe 351
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, z et z ′ sont liés sur R (théorème 7.5), nous permet de
−
→
retrouver la même inégalité dans le plan euclidien P :
|−
→u ·−→v | ≤ ∥− →
u ∥ ∥−
→v∥
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, les vecteurs −
→
u et −
→
v sont liés.
De cette inégalité, on déduit l’inégalité triangulaire dans C :
|z + z ′ | ≤ |z| + |z ′ |
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, z et z ′ sont positivement liés sur R (théorème 7.6),
−
→
qui nous permet de retrouver la même inégalité dans le plan euclidien P :
∥−
→
u +− →v ∥ ≤ ∥− →
u ∥ + ∥−
→v∥
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, les vecteurs −
→
u et −
→
v sont positivement liés.
Cette inégalité triangulaire s’interprète en disant que dans un vrai triangle ABC la longueur
d’un coté est strictement inférieure à la somme des longueurs des deux autres cotés :
−−→
−→ −→
BC
=
AC − AB
= |z − z ′ |
−→
−→
′
< |z| + |z | =
AC
+
AB
−→ −→
en notant z l’affixe de AC et z ′ celle de AB.
De manière plus générale, on a vu que pour toute suite finie z1 , · · · , zn de nombres complexes
non nuls avec n ≥ 2, on a : M M ′′
∑n ∑ n
zk ≤ |zk |
k=1 k=1
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe des réels λ2 , · · · , λn tels que zk = λk z1 pour
k = 2, · · · , n (exercice 7.7). Du point
de vue
géométrique, en désignant par Mk les points
∑n − −−→
∑n
−
−−→
d’affixe zk , on en déduit que l’égalité′
OM
=
OM k
équivaut à dire que les points
M
k=1
k
O k=1
O, M1 , · · · , Mn sont alignés sur la demi-droite [OM1 ) .
352 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Eλ = {z ∈ X | f (z) = λ}
où λ décrit R.
À chaque ligne de niveau Eλ , on associe la partie Eλ de P formée des points d’affixes z ∈ Eλ .
On identifiera les ensembles Eλ et Eλ .
Précisément, on a : { }
Eλ = M ∈ P | f ◦ φ−1 (M ) = λ
Par exemple pour ω ∈ C donné, les lignes de niveau de :
f : z 7→ |z − ω|
f : z 7→ |z − a| + |z − b|
f : z 7→ ||z − a| − |z − b||
En utilisant la représentation complexe des droites et cercles (théorème 19.2), on peut étudier
les lignes de niveau de la fonction :
|z − b|
f : z ∈ C \ {a} 7→
|z − a|
Pour tout réel λ, on a :
{ }
|z − b|
Eλ = z ∈ C \ {a} | = λ = {z ∈ C | |z − b| = λ |z − a|}
|z − a|
Pour λ < 0, cet ensemble est vide et pour λ = 0, il est réduit à {b} .
Lignes de niveau associées aux module 353
Remarque 19.6 Pour λ = 1, la médiatrice du segment [A, B] coupe le plan affine en deux
demi-plans respectivement définis par les inéquations complexes |z − b| < |z − a| (c’est le demi-
plan qui contient b) et |z − b| > |z − a| (c’est le demi-plan qui contient a).
Remarque 19.7 Pour λ ̸= 1, on a :
1 λ2
ω =a+ (b − a) = b + (b − a)
1 − λ2 1 − λ2
et le centre Ω du cercle Eλ est sur la droite (AB) privée du segment [AB] (pour |λ| > 1, on a
1 λ2
< 0, donc Ω est sur la demi-droite ]−∞, A] , et pour |λ| < 1, on a > 0, donc Ω
1 − λ2 1 − λ2
est sur la demi-droite [B, +∞[).
354 Nombres complexes et géométrie euclidienne
et signifie que le centre Ω est le barycentre de (A, −λ2 ) et (B, 1) . On retrouve le fait que ce
centre est sur la droite (AB) .
Remarque 19.9 Pour λ ̸= 1, les points de Eλ ∩ (AB) sont ceux dont l’affixe z est telle que :
{
|z − ω| = R
z = ω + t (b − a)
λ |a − b|
|z − ω| = |t| |b − a| = R =
|1 − λ2 |
et :
λ
t=±
|1 − λ2 |
Pour λ > 1, on a les deux solutions :
λ 1 λ
c=ω+ (b − a) = a + (b − a) + (b − a)
λ2 − 1 1 − λ2 λ2 − 1
λ−1 1 λ 1
=a+ 2 (b − a) = a + (b − a) = a+ b
λ −1 λ+1 λ+1 λ+1
et :
λ 1 λ
d=ω− (b − a) = a + (b − a) − 2 (b − a)
−1 λ2 1−λ 2 λ −1
λ+1 1 λ 1
=a− 2 (b − a) = a − (b − a) = a− b
λ −1 λ−1 λ−1 λ−1
ou encore : {
(λ + 1) c = λa + b
(λ − 1) c = λa − b
ce qui signifie que Eλ ∩ (AB) = {C, D} où C est le barycentre de (A, λ) et (B, 1) et D le
barycentre de (A, λ) et (B, −1) .
On procède de manière analogue pour 0 < λ < 1.
Eλ = {z ∈ C | |z + 3| = 2 |z|}
Exercice 19.1 Déterminer l’ensemble E des nombres complexes z tels que |z − i| = |z − iz| =
|z − 1| .
Lignes de niveau associées aux module 355
(figure 19.3).
Exercice 19.2 B b
A O
b b
2
356 Nombres complexes et géométrie euclidienne
M A2 + M B 2 = λ
Solution 19.2
a+b a+b
1. En posant z = + t (ce qui revient à placer l’origine en I d’affixe , c’est-à-dire
2 2
au milieu du segment [A, B]), on a :
2 2
b − a b − a
2 2
|z − a| + |z − b| = t +
+ t −
2 2
( 2 )
b − a
= 2 |t|2 +
2
2
a + b |b − a|2
= 2 z − +
2 2
|b − a|2
M A2 + M B 2 = 2M I 2 +
2
et l’égalité M A2 + M B 2 = λ se traduit par :
2λ − |b − a|2
M I2 =
4
Il en résulte que :
|b − a|2
— C = ∅ pour λ < ;
2
|b − a|2
— C = {I} pour λ = ;
2 √
2λ − |b − a|2 |b − a|2
— C est le cercle de centre I et de rayon pour λ > .
2 2
z1 z2 = ℜ (z2 z2 ) + iℑ (z2 z2 ) = −
→
v1 · −
→
v2 + i det (−
→
v1 , −
→
v2 )
on peut définir les mesures d’un angle orienté de deux vecteurs non nuls − →v1 et − →
v2 .
−
→ −
→
Pour ce faire on écrit que z1 z2 = ρe où ρ = |z1 z2 | > 0 ( v1 et v2 sont non nuls) et θ ∈ R est
iθ
un argument de z1 z2 .
On dit alors que θ est une mesure de l’angle orienté de vecteurs (− →v1 , −
→
v2 ) , relativement au
repère orthonormé R = (O, − →
e1 , −
→
e2 ) . ( −
′ ′
→′ )
→′ −
Si les affixes sont considérées relativement à un autre repère orthonormé R = O , e1 , e2 ,
en notant z ′ l’affixe du vecteur − →
v relativement à R′ , on a :
z1′ z2′ = −
→
v1 · −
→
v2 + i detB′ (−
→
v1 , −
→
v2 )
avec :
detB′ (−
→
v1 , −
→
v2 ) = detB′ (B) detB (−
→
v1 , −
→
v2 ) = ± detB (−
→
v1 , −
→
v2 )
(le calcul du produit scalaire −→
v1 · −
→
v2 ne dépend pas du choix d’une base orthonormée). Dans le
cas où R définit la même orientation que R, on aura detB′ (B) = 1 et z1′ z2′ = z1 z2 .
′
Cette définition d’une mesure d’angle orienté de vecteur est donc indépendante du choix
d’un repère orthonormé orienté.
On suppose donc ici que P est orienté par le choix d’un repère orthonormé R = (O, − →
e1 , −
→
e2 ) .
Tout repère orthonormé définissant la même orientation que R est dit direct.
−
→
Remarque 19.10 Le choix d’une orientation de P nous permet de définir sans ambiguïté la
mesure principale dans ]−π, π] d’un angle de vecteurs. Ce choix d’une orientation correspond
au choix d’une racine carrée i de −1 dans C.
∥−
→
u +−
→
v ∥ = ∥−
→
u ∥ + 2 ∥−
→
u ∥ ∥−
→
v ∥ cos (θ) + ∥−
→
2 2 2
v∥
π
Pour θ = modulo π, on retrouve le théorème de Pythagore.
2
Les vecteurs −→
v1 et −
→
v2 sont colinéaires si, et seulement si, det (−
→
v1 , −
→
v2 ) = 0, ce qui équivaut à
sin (θ) ou encore à θ = 0 modulo π, soit θ ∈ {0, π} pour la détermination principale.
358 Nombres complexes et géométrie euclidienne
(−→On en )déduit que les points deux à deux distincts A, B, C sont alignés si, et seulement si,
−→
AB, AC ≡ 0 modulo π. Précisément, en utilisant la détermination principale de la mesure
(−→ −→) −→ −→
d’angle (ou de l’argument), on aura AB, AC = 0 si, et seulement si, AC = λAB avec λ > 0
−→ −→
−→
−→
(−→ −→) −→ −→
(AB · AC =
AB
AC
> 0) et AB, AC = π si, et seulement si, AC = λAB avec λ < 0
−→ −→
−→
−→
(AB · AC = −
AB
AC
< 0) (figure 19.4).
c−a ( )
Si les points A, B, C sont deux à deux distincts alors un argument de (ou de b − a (c − a))
(−→ −→) b−a
est une mesure de l’angle orienté θA = AB, AC et on a :
−→ −→
AB · AC
cos (θA ) = AB · AC
(−→ −→) (19.4)
det AB, AC
sin (θ ) =
A
AB · AC
En utilisant les propriétés de l’argument, on obtient les résultat suivants.
— Si A, B, C dans P sont deux à deux distincts, alors ces points sont alignés si, et seulement
si, arg (b − a) ≡ arg (c − a) modulo π. ( )
b−a
En effet dire que A, B, C sont alignés équivaut à dire que arg ≡ 0 (π) et avec
( ) c−a
b−a
arg ≡ arg (b − a) − arg (c − a) (2π) , on a le résultat annoncé.
c−a
— ( ) ( )
−
→ −
→
( v2 , v1 ) ≡ arg
z1
≡ − arg
z2
≡ − (−→
v1 , −
→
v2 ) (2π)
z2 z1
— La relation de Chasles sur les mesures d’angle :
A B C
(−
→
v1 , −
→
v2 ) + (−
→
v2 , −
→
v3 ) ≡≡ (−
→
v1 , −
→
b b b
v3 ) (2π)
→ −→
−−
AB, AC ≡ 0 (2π)
C A B
b b b
Lignes de niveau associées à l’argument 359
En effet, on a :
( ) ( )
−
→ −
→ −
→ −
→
( v1 , v2 ) + ( v2 , v3 ) ≡ arg
z2
+ arg
z3
z z2
( )1
≡ (−
→
v1 , −
→
z3
≡ arg v3 ) (2π)
z1
f : z ∈ C \ {ω} 7→ arg (z − ω)
où ω est un nombre complexe donné, cette fonction étant a priori à valeurs dans le groupe
R
quotient (voir le chapitre 20).
2πZ
Pour tout nombre réel θ, on note :
Théorème 19.5 Si θ est un nombre réel, alors l’ensemble Eθ est identifié à la demi-droite
passant par le point Ω d’affixe ω et d’angle polaire θ privée du point Ω, soit :
{ −−→ }
Eθ = M ∈ P | ΩM = ρ (cos (θ) − →
e1 + sin (θ) −
→
e2 ) avec ρ > 0
(figure 19.5).
Figure 19.5 –
360 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. Un nombre complexe z est dans Eθ si, et seulement si, il s’écrit z = ω+ρeiθ
−−→
avec ρ > 0, ce qui se traduit dans le plan P par ΩM = ρ− →v avec ρ > 0, où − →v = cos (θ) −
→
e1 +
sin (θ) −
→
e2 est le vecteur d’affixe eiθ . L’ensemble Eθ est donc la demi droite d’origine Ω et dirigée
par −→
v.
est identifié à la droite passant par le point Ω d’affixe ω et d’angle polaire θ privée du point Ω.
où a, b sont deux nombres complexes distincts, nous fournira un critère de cocyclicité de 4 points
du plan.
On s’intéresse tout d’abord aux lignes de niveau :
{ ( ) }
z−a
Eθ = z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (π)
z−b
R
où θ est un réel donné. La fonction f est dans ce cas à valeurs dans le groupe quotient .
πZ
On note Eθ la partie de P correspondante, c’est l’ensemble :
{ (−−→ −−→) }
Eθ = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ θ (π)
Théorème 19.6 Si a, b sont deux nombres complexes distincts et θ un réel, alors l’ensemble :
{ ( ) }
z−a
Eθ = z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (π)
z−b
est identifié à :
— la droite (AB) privée des points A et B si θ est congru à 0 modulo π ;
Lignes de niveau associées à l’argument 361
Figure 19.6 –
a+b b−a
— au cercle de centre Ω ayant pour affixe ω = − i cotan (θ) et de rayon R =
2 2
1 b − a
privé des points A et B si θ n’est pas congru à 0 modulo π. (figure 19.6).
|sin (θ)| 2
Démonstration.
( ) On a déjà vu que les points M, A, B sont alignés si, et seulement si,
z−a B
arg ≡ 0 (π) , donc pour θ ≡ 0 (π) , Eθ est la droite (AB) privée des points A et B.
z−b
z−a
En désignant par α un argument de , pour z ∈ C \ {a, b} , en utilisant le lemme
z−b M
précédent, on a :
N
( ( ) ) ( )
z−a z−a z − a 2iθ
arg ≡ θ (π) ⇔ = e
z−b z−b z−b
( ) ( ) ( )
⇔ 1 − e2iθ zz + ae2iθ − b z + be2iθ − a z + ab − abe2iθ = 0
A b
Ω
Pour θ ≡ 0 (π) , on a e2iθ
= 1 et la condition :
( ) ( )
b − a z − (b − a) z − ab − ab = 0
En écrivant que 1 − e2iθ = −2i sin (θ) eiθ , cette équation s’écrit :
a+b b−a
L’équation (19.5) est donc celle du cercle de centre ω = − i cotan (θ) et de rayon
2 2
|b − a|
R= .
2 |sin (θ)|
L’ensemble Eθ est donc le cercle de centre ω et de rayon R privé des points A et B.
Remarque 19.12 Les points A et B sont bien sur le cercle de centre ω et de rayon R puisque :
b − a
|a − ω| = |b − ω| = |1 + i cotan (θ)| = R
2
Lignes de niveau associées à l’argument 363
Remarque 19.13 Le centre du cercle Eθ , pour θ non congru à 0 modulo π, ayant une affixe de
a+b
la forme ω = +iλ′ (b − a) est sur la droite passant par le milieu de [AB] et perpendiculaire
2
à la droite (AB) , c’est-à-dire sur la médiatrice du segment [AB] .
π |b − a| a+b
En particulier, pour θ = , on a R = et ω = est l’affixe du milieu de [A, B] .
2 2 2
L’ensemble : { (−−→ −−→) π }
E π2 = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ (π)
2
est donc le cercle de diamètre [A, B] privé des points A et B.
Remarque(19.14 Au) vu du résultat obtenu, il eut été judicieux d’utiliser le repère orthonormé
−
→ − → −
→
direct R′ = O, e′1 , e′2 , où O est le milieu de [AB] et e′1 dirige la droite (AB) (ce repère est-il,
a priori, si naturel que ça ?). Avec ce choix les affixes de A et B sont respectivement a′ et −a′
avec a′ réel non nul et le lieu géométrique :
{ (−−→ −−→) }
Eθ = M ∈ P \ {A, B} | M A, M B ≡ θ (π)
On a alors :
( ( ) ) ( )
z − a′ z − a′ z − a′ 2iθ
arg ≡ θ (π) ⇔ = e
z + a′ z + a′ z + a′
( ) ( ) ( ) ( )
⇔ 1 − e2iθ zz + a′ e2iθ + 1 z − a′ e2iθ + 1 z − a′2 1 − e2iθ = 0
1 + e2iθ ′1 + e
2iθ
⇔ zz + a′ z − a z − a′2 = 0
1 − e2iθ 1 − e2iθ
⇔ zz + ia′ cotan (θ) z − ia′ cotan (θ) z − a′2 = 0
⇔ zz − ωz − ωz + γ = 0
|a′ |
on reconnaît là le cercle centré en Ω d’affixe ω et de rayon R = avec |a′ | = OA =
|sin (θ)|
AB b − a
= .
2 2
Remarque 19.15 Quand le point M sur le cercle Eθ tend vers B, la droite (BM ) devient
tangente au cercle et cette tangente TB fait un angle géométrique θ avec la droite (AB) .
Corollaire 19.1 Soient A, B, C, D des points deux à deux distincts. Ces points sont alignés ou
c−bd−a
cocycliques si, et seulement si, est réel.
c−ad−b
364 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Démonstration. On a :
( ) ( ( ) )
c−bd−a c−bd−a
∈ R ⇔ arg ≡ 0 (π)
c−ad−b c−ad−b
( ( ) ( ) )
d−b c−b
⇔ arg ≡ arg (π)
d−a c−a
On distingue alors deux cas. ( )
c−b
Soit A, B, C sont alignés et dans ce cas arg ≡ 0 (π) , de sorte que :
c−a
( ) ( ( ) )
c−bd−a d−b
∈ R ⇔ arg ≡ 0 (π) ⇔ (A, B, C, D alignés) .
c−ad−b d−a
( )
c−b
Soit A, B, C ne sont pas alignés et dans ce cas arg ≡ θ (π) avec θ non congru à 0
c−a
modulo π, de sorte que :
( ) ( ( ) )
c−bd−a d−b
∈ R ⇔ arg ≡ θ (π) ⇔ (A, B, C, D cocycliques) .
c−ad−b d−a
Théorème 19.7 Soient a, b deux nombres complexes distincts et θ un nombre réel. L’ensemble :
{ ( ) }
z−a
z ∈ C \ {a, b} | arg ≡ θ (2π)
z−b
est la droite (AB) privée du segment [AB] si θ ≡ 0 modulo 2π, le segment [AB] privé de A et
B si θ ≡ π modulo 2π, ou un arc de cercle d’extrémités A, B privé de ces points (arc capable),
si θ n’est pas congru à 0 modulo π.
En utilisant l’inégalité triangulaire avec son cas d’égalité dans C, on a le résultat suivant.
Théorème 19.8 (Ptolémée) Soient A, B, C, D des points deux à deux distincts. Le quadri-
latère convexe ABCD est inscriptible dans un cercle si, et seulement si, AC · BD = AB · CD +
AD · BC (le produit des diagonales est égal à la somme des produits des cotés opposés).
AC · BD = |(c − a) (d − b)|
= |(b − a) (d − c) + (d − a) (c − b)|
≤ |(b − a) (d − c)| + |(d − a) (c − b)| = AB · CD + AD · BC
(inégalité de Ptolémée) l’égalité étant réalisée si, et seulement si, il existe un réel λ > 0 tel que :
(b − a) (d − c) = λ (d − a) (c − b)
b−ad−c
ce qui équivaut à = −λ ∈ R∗,− qui est encore équivalent à :
d−ab−c
( )
b−ad−c
arg ≡ π (2π)
d−ab−c
Le triangle dans le plan complexe 365
ou à : ( ) ( )
b−a b−c
arg − arg ≡ π (2π)
d−a d−c
et entraîne : ( ) ) (
b−a b−c
arg ≡ arg (π)
d−a d−c
soit : (−→ −−→) (−−→ −−→)
AB, AD ≡ CB, CD (π)
et A, B, C, D sont cocycliques.
Réciproquement si ces points sont cocycliques, on a :
( ) ( )
b−a b−c
arg ≡ arg (π)
d−a d−c
b−ad−c (−→ −−→) (−−→ −−→)
donc µ = ∈ R. Si µ > 0, alors AB, AD ≡ CB, CD (2π) et les points A, C
d−ab−c
sont dans le même demi-plan délimité par la droite (BD) , ce qui contredit le fait que ABCD
est convexe. On a donc µ < 0 et (b − a) (d − c) = λ (d − a) (c − b) avec λ > 0, ce qui entraîne
l’égalité dans l’inégalité de Ptolémée.
les mesures principales des angles orientés de vecteurs en A, B et C respectivement (figure 20).
Figure 19.7 –
Usuellement, on note respectivement a, b, c les cotés opposés à A, B, C (à ne pas confondre
avec les abscisses).
366 Nombres complexes et géométrie euclidienne
θA + θB + θC ≡ π (2π)
Pour un vrai triangle direct [resp. indirect] les déterminations principales de ces angles sont
toutes dans ]0, π[ [resp. dans ]−π, 0[], donc la somme est dans ]0, 3π[ [resp. dans ]−3π, 0[] congrue
à π modulo 2π et en conséquence est égale à π [resp. −π].
On a donc θA + θB + θC = π pour un triangle direct et θA + θB + θC = −π pour un triangle
indirect.
Des relations (19.7) et (19.6) on déduit que :
ce qui donne :
BC AC AB
= = (19.8)
sin (θA ) sin (θB ) sin (θC )
Le triangle dans le plan complexe 367
sin (θB ) AC
tan (θB ) = =
cos (θB ) AB
on déduit que :
CB 2 = AB 2 − 2AB · AC cos (θA ) + AC 2 .
368 Nombres complexes et géométrie euclidienne
et :
c2 = a2 + b2 − 2ab cos (θC ) .
de sorte que :
(−→ −→) x xC
det AB, AC = B = yA (xC − xB )
−yA −yA
et :
1 AH · BC
m (T ) = |yA | |xC − xB | =
2 2
soit la formule : « base que multiplie hauteur divisé par 2 ».
Pour un triangle direct, on a :
1 (−→ −→) 1
m (T ) = det AB, AC = AB · AC sin (θA )
2 2
et pour un triangle indirect, on a :
1 (−→ −→) 1
m (T ) = − det AB, AC = − AB · AC sin (θA )
2 2
en notant θA la détermination principale de l’angle en A.
1
On retrouve l’aire d’un triangle T rectangle en A, m (T ) = AB · AC.
2
1 π
Réciproquement si m (T ) = AB · AC, on a alors sin (θA ) = ±1, soit θA = ± (suivant que
2 2
T est direct ou non) et T est rectangle en A.
Pour un triangle direct, en utilisant la formule (19.8) , on obtient :
(−→ −→) x − x 1
xC − xA
0 0
det AB, AC = B A
= x x − x x − xA
yB − yA yC − yA A B A C
yA yB − yA yC − yA
1 1 1 xA yA 1
= xA xB xC = xB yB 1
yA yB yC xC yC 1
et en désignant par a, b, c les affixes relatives au repère R des points A, B, C, cela s’écrit aussi :
a+a a−a
(−→ −→) xA yA 1 2 2i
1
det AB, AC = xB yB 1 = b+b 2
b−b
2i
1
xC y C 1 c+c c−c
1
2
2i
a+a a−a 1 2a a − a 1
1 1
= b + b b − b 1 = 2b b − b 1
4i 4i
c+c c−c 1 2c c − c 1
a a−a 1 a a 1
1 1
= b b − b 1 = − b b 1
2i 2i
c c−c 1 c c 1
et :
a a 1
1
m (T ) = ± det b b 1
4i
c c 1
le signant ± étant celui qui assure la positivité de m (T ) .
En calculant ce déterminant, on a :
a a 1 a a 1
det b b 1 = det b − a b − a 0
c c 1 c−a c−a 0
( )
b−a b−a ( )
= det = (b − a) (c − a) − b − a (c − a)
c−a c−a
= 2iℑ ((b − a) (c − a))
et on obtient la formule :
1
m (T ) = ± ℑ ((b − a) (c − a)) (19.9)
2
En traduisant le fait que M est sur la droite (AB) si, et seulement si, l’aire du triangle ABM
est nulle, on en déduit l’équation complexe suivante de la droite (AB) :
a a 1
(M ∈ (AB)) ⇔ det b b 1 = 0
z z 1
370 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Ce cercle, qui est uniquement déterminé, est le cercle circonscrit au triangle T = ABC et son
centre Ω est à l’intersection des trois médiatrices de T.
Un point M est sur ce cercle circonscrit à T si, et seulement si :
( ) ( )
a−z a−c
arg ≡ arg (π)
b−z b−c
Lemme 19.4 Soit T = ABC unBvrai triangle. Un point M est sur la hauteur issue de A de T
( ) z−a
si, et seulement si, son affixe z est telle que (z − a) c − b (ou de manière équivalente )
c−b
soit imaginaire pur.
( )
Démonstration. Si M = A, on a z = a et (z − a) c − b = 0 est bien imaginaire pur.
Sinon M est sur la hauteur issue de( A si,) et seulement si les droites (AM ) et (BC) sont
orthogonales, ce qui équivaut à (z − a) c − b imaginaire pur, qui est encore équivalent à dire
z−a
que est imaginaire pur. Ω
c − bA
b
Lemme 19.5 Soient a, b, c des nombres complexes deux à deux distincts. Pour tout z ∈ C, le
nombre complexe
( ) ( )
Z = (z − a) c − b + (z − b) (a − c) + (z − c) b − a
C
est imaginaire pur.
Le triangle dans le plan complexe 373
Démonstration. Résulte de :
( ) ( ) ( )
(z − c) b − a = (z − a) b − a + (a − c) b − a
( ) ( )
= (z − a) b − c + (z − a) (c − a) + (a − c) b − a
( ) ( )
= (z − a) b − c + (z − b) (c − a) + (b − a) (c − a) + (a − c) b − a
( )
= − (z − a) c − b − (z − b) (a − c) + 2iℑ ((b − a) (c − a))
qui s’écrit :
Z = 2iℑ ((b − a) (c − a))
Le fait que Z soit imaginaire pur se traduit par ℜ (Z) = 0, soit par :
( ( )) ( ( ))
ℜ (z − a) c − b + ℜ ((z − b) (a − c)) + ℜ (z − c) b − a = 0
ou encore par :
−−→ −−→ −−→ −→ −−→ −→
AM · BC + BM · CA + CM · AB = 0
pour tout point M ∈ P.
Cette égalité est l’égalité de Wallace.
Théorème 19.12 Soit T = ABC un vrai triangle. Les trois hauteurs de T sont concourantes.
Exercice 19.3 Soit T = ABC un vrai triangle. Montrer que l’orthocentre H de T a pour affixe
relativement au repère R = (O, −
→
e1 , −
→
e2 ) :
ℜ ((a − b) (c − a))
h=a+i (c − b)
ℑ ((c − b) (c − a))
( )
a−b
ℜ
c−a
=a+i ( ) (c − b)
c−b
ℑ
c−a
Solution 19.3 Comme H ∈ TA ∩ TB , il existe deux réels λ1 et λ2 tels que :
h = a + iλ1 (c − b) = b + iλ2 (c − a)
ce qui entraîne :
a−b c−b
iλ2 = + iλ1
c−a c−a
374 Nombres complexes et géométrie euclidienne
et :
ab ab
h = −i = .
γ c
En fait, pour déterminer une affixe de l’orthocentre, il est plus commode de travailler dans
un repère d’origine O = Ω où Ω est le centre du cercle circonscrit au triangle.
Exercice 19.4 Montrer que si ABC est un triangle inscrit dans le cercle de centre Ω et de
rayon R > 0, alors l’affixe de son orthocentre est h = a + b + c. (Ω étant pris comme origine).
On a :
1 a−b a−b 1 a−b
= 2 = 2 =
a−b |a − b| |b − c| b−cb−c
( )
1 a−c+c−b 1 a−c
= = −1
b−c b−c b−c b−c
a−c b−c a − c a − c
avec = puisque = = 1, donc :
b−c a − c b−c b − c
( )
1 1 b−c 1 b−c 1
= −1 = −
a−b b−c a−c b−ca−c b−c
1 1
= −
a−c b−c
1 1 1
et + + = 0.
a−b b−c c−a
Supposons cette dernière identité réalisée. On a alors en multipliant par (a − b) (b − c) (c − a) :
(b − c) (c − a) + (a − b) (c − a) + (a − b) (b − c) = 0
et en développant, cela est équivalent à :
ab + bc + ca − a2 − b2 − c2 = 0.
En supposant cette identité vérifiée, on a :
( )( 2
) ( ) (
2
) ( )
aj 2 + bj + c aj + bj + c = a2 + b2 + c2 + j + j ab + j 2 + j ac + j + j bc
2
avec j 2 + j = j + j = −1, ce qui donne :
( 2 )( 2 )
aj + bj + c aj + bj + c = 0
et j ou j est racine de az 2 + bz + c = 0.
Supposons que j soit racine de az 2 + bz + c = 0. Tenant compte de 1 + j + j 2 = 0, on a alors :
( )
0 = aj 2 + bj + c = aj 2 + bj − c j + j 2 = (b − c) j + (a − c) j 2
et (b − c) j = − (a − c) j 2 qui entraîne |b − c| = |c − a| . On peut aussi écrire :
( )
0 = aj 2 + bj + c = aj 2 − b 1 + j 2 + c = (c − b) + (a − b) j 2
et on a (c − b) = − (a − b) j 2 qui entraîne |a − b| = |c − b| . { }
L’équivalence entre 5. et 6. se déduit du calcul suivant. Pour z ∈ j, j = {j, j 2 } :
a z2 1 a − b z2 − z 0 ( )
a − b z 2
− z
det b z 1 = det b − c z − 1 0 = det
b−c z−1
c 1 1 c 1 1
( )
= az + b + cz 2 − a + bz 2 + cz
( ) ( )
= z az 2 + bz + c − z az 2 + bz + c
( ) ( )
= (z − z) az 2 + bz + c = 2iℑ (z) az 2 + bz + c .
Nous verrons un peu plus loin que la caractérisation 6. des triangles équilatéraux traduit
le fait qu’un triangle équilatéral est semblable à un triangle ayant pour sommets les points
d’affixes 1, z, z 2 avec z = j ou z = j.
Interprétation géométrique des applications z 7→ az + b, z 7→ az + b 377
Exercice 19.5 Soit α = ρeiθ un nombre complexe non nul et n un entier naturel non nul. Mon-
trer que les racines n-ièmes de α se déduisent des racines n-ième de l’unité par une similitude
√ θ
directe de centre 0, de rapport n ρ et d’angle .
n
Solution 19.5 Les racines n-ièmes de α sont les :
√ θ+2kπ √ θ 2kπ
zk = n
ρei n = n ρei n ei n (0 ≤ k ≤ n − 1)
2kπ
où les ei n , pour k compris entre 0 et n − 1, sont les racines n-ième de l’unité.
378 Nombres complexes et géométrie euclidienne
Quatrième partie
379
20
Structure de groupe
∀ (a, b) ∈ G2 , a ⋆ b = φ (a, b) .
Il sera parfois commode de noter une telle loi sous la forme additive (a, b) 7→ a + b ou sous
la forme multiplicative (a, b) 7→ a · b ou plus simplement (a, b) 7→ ab.
On notera (G, ⋆) l’ensemble non vide G muni de la loi de composition interne ⋆.
Exemple 20.1 L’addition et la multiplication usuelles sont des lois de composition interne sur
N, Z, Q, R et C.
Exemple 20.2 Si E est un ensemble non vide et P (E) l’ensemble de toutes les parties de E,
les applications :
sont des lois de composition interne sur P (E) (△ est l’opérateur de différence symétrique).
381
382 Structure de groupe
Exemple 20.3 Si E est un ensemble non vide et F (E) l’ensemble de toutes les applications
de E dans E, alors l’application de composition (f, g) 7→ f ◦g est une loi de composition interne
sur F (E) .
Exemple 20.4 Dans l’ensemble Mn (R) des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels les
opérations usuelles d’addition (A, B) 7→ A + B et de multiplication (A, B) 7→ AB sont des lois
de composition interne.
Exemple 20.5 Dans l’ensemble GLn (R) des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels
inversibles l’addition n’est pas une loi interne (si A est inversible, il en est de même de B = −A
et la somme A + B = 0 ne l’est pas) et la multiplication est une loi interne.
Définition 20.2 Soit G un ensemble non vide muni d’une loi de composition interne (a, b) 7→
a ⋆ b. On dit que :
1. cette loi est associative si :
∀ (a, b, c) ∈ G3 , (a ⋆ b) ⋆ c = a ⋆ (b ⋆ c)
∀ (a, b) ∈ G2 , a ⋆ b = b ⋆ a
∀a ∈ G, a ⋆ e = e ⋆ a = a
Remarque 20.1 Dire qu’un élément a ∈ G est régulier à gauche [resp. à droite] signifie que
l’application g 7→ a ⋆ g [resp. g 7→ g ⋆ a] est injective.
∏
n ∏
n−1
aj = aj ⋆ a n
j=1 j=1
Dans le cas où tous les aj sont égaux à un même élément a, ce produit est noté an et on dit
que c’est la puissance n-ième de a. On retiendra que ces éléments de G sont donc définis par la
relation de récurrence : { 0
a =1
∀n ∈ N, an+1 = an ⋆ a
Dans le cas où la loi est notée additivement, on note plutôt na au lieu de an .
On vérifie facilement que an ⋆ am = am ⋆ an = an+m [resp. (na) + (ma) = (ma) + (na) =
(n + m) a pour une loi additive] pour tous n, m dans N∗ (voir le théorème 20.9).
Exemple 20.7 Si E est un ensemble non vide, les opérations ∩ et ∪ sont commutatives et
associatives sur P (E) . L’ensemble vide ∅ est un élément neutre pour ∪ et E est un élément
neutre pour l’intersection ∩.
Exemple 20.8 Si E est un ensemble non vide la composition des applications est associative
et non commutative dans F (E) . L’identité est un élément neutre pour cette loi.
Exemple 20.9 Dans Mn (R) l’addition est associative et commutative et la multiplication est
associative et non commutative.
Exercice 20.1 Montrer que le produit vectoriel est une loi de composition interne non asso-
ciative sur R3 .
Solution 20.1 On rappelle que ce produit vectoriel est la loi interne définie par :
′ ′
x x yz − y ′ z
y ∧ y ′ = x′ z − xz ′ .
z z′ xy ′ − x′ y
( →)
−
En désignant par −→
ı ,−
→
ȷ , k la base canonique de R3 , on a :
( →) → −
− → (−
− → →) −→ − → −→ − →
−
→
ȷ ∧ −→
ȷ ∧ k =−
ȷ ∧→
ı =−k, j ∧−
ȷ ∧ k = 0 ∧ k = 0.
Théorème 20.1 Soit (G, ⋆) un ensemble non vide muni d’une loi de composition interne. Si
G admet un élément neutre, alors ce dernier est unique.
Définition 20.3 Soit (G, ⋆) un ensemble non vide muni d’une loi de composition interne et
admettant un élément neutre e. On dit qu’un élément a de G est inversible s’il existe un élément
a′ dans G tel que a ⋆ a′ = a′ ⋆ a = e. On dit alors que a′ est un inverse (ou un symétrique) de
a dans G.
384 Structure de groupe
Théorème 20.2 Soit (G, ⋆) un ensemble non vide muni d’une loi de composition interne as-
sociative et admettant un élément neutre e. Si a ∈ G admet un inverse dans G, alors ce dernier
est unique.
a′ ⋆ a ⋆ a′′ = a′ ⋆ (a ⋆ a′′ ) = a′ ⋆ e = a′
Remarque 20.2 Pour une loi non associative, l’unicité du symétrique n’est pas assurée. Par
exemple dans l’ensemble G = {0, −1, 1} muni de la loi définie par la table :
⋆ 0 −1 1
0 0 −1 1
−1 −1 0 0
1 1 0 0
En cas d’existence, on notera a−1 un inverse de a dans (G, ⋆) , la loi ⋆ étant associative.
Dans le cas d’une loi de composition interne notée de façon additive, on notera plutôt −a
un inverse de a et on l’appellera opposé.
Exemple 20.10 Dans (N, +) seul 0 a un opposé et dans (N, ·) seul 1 a un inverse.
Exemple 20.11 Dans (Z, +) tout élément admet un opposé et dans (Z, ·) les seuls éléments
inversibles sont 1 et −1.
Exemple 20.12 Dans (R [x] , +) tout élément admet un opposé et dans (R [x] , ·) les seuls
éléments inversibles sont les polynômes constants non nuls.
Exemple 20.13 Le cours d’algèbre linéaire nous dit que l’ensemble des éléments inversibles de
(Mn (R) , ·) est GLn (R) .
20.2 Groupes
Définition 20.4 Un groupe est un ensemble non vide G muni d’une loi de composition interne
⋆ possédant les propriétés suivantes :
— la loi ⋆ est associative ;
— il existe un élément neutre e pour la loi ⋆ ;
— tout élément de G admet un symétrique.
Si de plus la loi ⋆ est commutative, on dit que le groupe G est commutatif ou abélien.
En général, s’il n’y pas de confusion possible, on dira tout simplement que G est un groupe
pour (G, ⋆) est un groupe et on notera ab ou a + b le résultat de l’opération a ⋆ b. Avec la
première notation, on dit que G est un groupe multiplicatif et on notera 1 l’élément neutre,
a−1 le symétrique d’un élément a de G et avec la seconde notation, on dit que G est un groupe
additif et on notera 0 l’élément neutre, −a le symétrique qu’on appelle opposé.
Groupes 385
Exemple 20.14 Les ensembles Z, Q, R et C munis de l’addition usuelle sont des groupes
abéliens.
Exemple 20.15 L’ensemble N muni de l’addition usuelle n’est pas un groupe du fait qu’un
élément non nul de N n’a pas d’opposé dans N (l’équation a + x = 0 avec a ̸= 0 dans N n’a pas
de solution dans N).
Exemple 20.16 Les ensembles Q∗ , R∗ et C∗ munis de la multiplication usuelle sont des groupes
abéliens.
Exemple 20.17 L’ensemble Z∗ muni de la multiplication usuelle n’est pas un groupe du fait
qu’un élément de Z\{−1, 0, 1} n’a pas d’inverse dans Z (l’équation ax = 1 avec a ∈ Z\{−1, 0, 1}
n’a pas de solution dans Z).
Exemple 20.18 Si E est un ensemble non vide, l’ensemble P (E) est alors un groupe pour
l’opération de différence symétrique : (A, B) 7→ A △ B = (A ∪ B) \ (A ∩ B) .
Exemple 20.19 Si E est un ensemble non vide, l’ensemble des bijections de E dans lui même
muni de la composition des applications est un groupe (en général non abélien). Ce groupe est
le groupe des permutations de E, il est noté S (E) ou S (E) .
Exemple 20.20 L’ensemble Mn (R) des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels est un
groupe additif, mais non multiplicatif.
Exemple 20.21 L’ensemble GLn (R) des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels et in-
versibles est un groupe multiplicatif, mais non additif.
Exercice 20.2 Montrer que si (G, ⋆) est un groupe, alors pour tout a ∈ G, la translation à
gauche ga : x 7→ a ∗ x [resp. à droite da : x 7→ x ∗ a] est une bijection de G d’inverse ga−1 [resp.
da−1 ].
Exercice 20.3 Montrer que si (G, ⋆) est un groupe et E un ensemble non vide, alors l’ensemble
GE des applications de E dans G muni de la loi · définie par :
Solution 20.3 Pour f, g dans GE , f · g est bien une application de E dans G, donc un élément
de GE .
L’application 1 : x 7→ e est le neutre pour cette loi.
Si f ∈ GE , l’application f ′ : x 7→ (f (x))−1 est l’inverse de f.
Pour f, g, h dans GE et x ∈ E, on a :
et donc f · (g · h) = (f · g) · h.
L’ensemble GE muni de la loi · est donc un groupe.
Si G est commutatif, on a alors pour f, g dans GE et tout x ∈ E, (f · g) (x) = ( fE(x)) ⋆ g (x) =
g (x) ⋆ f (x) = (g · f ) (x) , ce qui revient à dire que f · g = g · f. Le groupe G , · est donc
commutatif si G l’est.
Exercice 20.4 Soient G, H deux groupes multiplicatifs. Montrer que le produit direct G × H
muni de la loi :
((a1 , a2 ) , (b1 , b2 )) 7→ (a1 , a2 ) (b1 , b2 ) = (a1 b1 , a2 b2 )
est un groupe.
est un groupe et ce groupe est commutatif si, et seulement si, tous les Hi le sont.
Si (G, ⋆) est un groupe tel que G ait un nombre fini n ≥ 1 d’éléments, on dira alors que
G est un groupe fini d’ordre (ou de cardinal) n. Pour un tel groupe fini d’ordre petit, on peut
dresser sa table de composition. Cette table est appelée table de Pythagore.
Exercice 20.5 Montrer que l’ensemble G = {e, a, b, c} muni de la loi ⋆ définie par la table
suivante :
⋆ e a b c
e e a b c
a a e c b
b b c e a
c c b a e
est un groupe commutatif (a ⋆ b est situé à l’intersection de la ligne de a et de la colonne de b).
Ce groupe est le groupe de Klein. Une représentation géométrique est donnée par l’ensemble
{Id, σx , σy , σz } , où Id est l’identité de l’espace R3 et σx , σy , σz sont les symétries orthogonales
par rapport aux trois axes Ox , Oy et Oz , en munissant cet ensemble de la composition des
applications.
définit-elle un groupe ?
Exercice 20.7 Soit (G, ⋆) un ensemble non vide muni d’une loi de composition interne asso-
ciative, admettant un élément neutre e à gauche, c’est-à-dire que :
∀a ∈ G, e ⋆ a = a
∀a ∈ G, ∃a′ ∈ G | a′ ⋆ a = e.
Montrer alors que (G, ⋆) est un groupe (e est alors le neutre de (G, ⋆) et a′ le symétrique de a).
a ⋆ e = a ⋆ (a′ ⋆ a) = (a ⋆ a′ ) ⋆ a = e ⋆ a = a,
on déduit que e est aussi un neutre à droite. En définitive, e est un élément neutre dans (G, ⋆)
et a′ est le symétrique de a. Avec l’associativité de ⋆, il en résulte que (G, ⋆) est un groupe.
L’exercice précédent nous dit que pour une loi associative la vérification de l’existence d’un
neutre à gauche et d’un inverse à gauche est suffisante pour affirmer qu’on a une structure de
groupe.
Exercice 20.8 Montrer que l’ensemble G = ]−1, 1[ muni de la loi ⋆ définie par :
x+y
x⋆y =
1 + xy
est un groupe commutatif.
388 Structure de groupe
Solution 20.8 Pour x, y dans ]−1, 1[ , on a |xy| < 1, donc 1 + xy > 0 et x ⋆ y est bien défini.
De plus avec :
(x + y)2 − (1 + xy)2 = x2 + y 2 − 1 − x2 y 2
( )( )
= x2 − 1 1 − y 2 < 0
et :
Les deux exercices précédents ne sont que des cas particuliers de l’exercice 20.34.
Groupes 389
−1
Théorème 20.4 Soit (G, ⋆) un groupe. Pour tous a, b dans G, on a (a−1 ) = a et (a ⋆ b)−1 =
b−1 ⋆ a−1 .
Plus généralement, on vérifie facilement par récurrence sur p ≥ 2 que si a1 , · · · , ap sont des
éléments d’un groupe G, on a alors :
Solution 20.10 Pour a, b dans G, de abab = (ab)2 = 1, on déduit que a (abab) b = ab, soit
a2 bab2 = ab ou encore ba = ab.
Solution 20.11
1. Dans le cas où G est commutatif, on a pour tous a, b dans G :
20.3 Sous-groupes
Définition 20.5 Soit (G, ⋆) un groupe. Un sous-groupe de G est un sous-ensemble H de G tel
que :
— H est non vide ;
— pour tous a, b dans H, a ⋆ b−1 est dans H.
Le résultat qui suit nous donne une définition équivalente de la notion de sous-groupe.
Théorème 20.5 Soit (G, ⋆) un groupe. Un sous-ensemble H de G est sous-groupe si, et seule-
ment si :
— H contient l’élément neutre e de G ;
— H est stable pour la loi ⋆, c’est-à-dire que :
∀ (a, b) ∈ H 2 , a ⋆ b ∈ H
∀a ∈ H, a−1 ∈ H.
Exemple 20.22 Si (G, ⋆) est un groupe d’élément neutre e, alors H = {e} et G sont des
sous-groupes de G. On dit que ce sont les sous-groupes triviaux de G.
Exemple 20.23 L’ensemble Γ des nombres complexes de module égal à 1 (le cercle unité) est
un sous-groupe du groupe multiplicatif C∗ .
Théorème 20.6 Si G est un sous-groupe de (Z, +) , il existe alors un unique entier naturel n
tel que
G = nZ = {qn | q ∈ Z}
Cet entier n est le plus petit élément de G ∩ N∗ .
Solution 20.16 On vérifie que c’est un sous-groupe du groupe multiplicatif SL2 (R) .
Pour tout réel θ, on a det (Rθ ) = 1, donc Rθ ∈ SL2 (R) . On vérifie facilement que Rθ R−θ = In ,
ce qui signifie que Rθ−1 = R−θ .
On a In = R0 ∈ O2+ (R) et pour Rθ1 , Rθ2 dans O2+ (R) , Rθ1 Rθ2−1 = Rθ1 −θ2 ∈ O2+ (R) .
Donc O2+ (R) est un sous-groupe de SL2 (R) .
Avec Rθ1 Rθ2 = Rθ1 +θ2 , on déduit que O2+ (R) est commutatif.
Exercice 20.17 L’ensemble O2− (R) des matrices de réflexion défini par :
{ ( ) }
− cos (θ) sin (θ)
O2 (R) = Sθ = |θ∈R
sin (θ) − cos (θ)
Solution 20.17 Pour tout réel θ, on a det (Rθ ) = −1 ̸= 0, donc O2− (R) ⊂ GL2 (R) .
Comme In ∈ / O2− (R) , cet ensemble n’est pas un sous-groupe de GL2 (R) .
Pour θ1 , θ2 dans R, on a :
( )( )
cos (θ1 ) sin (θ1 ) cos (θ2 ) sin (θ2 )
Sθ1 Sθ2 =
sin (θ1 ) − cos (θ1 ) sin (θ2 ) − cos (θ2 )
( )
cos θ1 cos θ2 + sin θ1 sin θ2 cos θ1 sin θ2 − cos θ2 sin θ1
=
− cos θ1 sin θ2 + cos θ2 sin θ1 cos θ1 cos θ2 + sin θ1 sin θ2
( )
cos (θ1 − θ2 ) − sin (θ1 − θ2 )
= = Rθ1 −θ2 ∈ O2+ (R)
sin (θ1 − θ2 ) cos (θ1 − θ2 )
Solution 20.18 On vérifie que c’est un sous-groupe du(groupe) multiplicatif GL2 (R) .
On a In = M(1,0) ∈ G et pour tous réels a, b, on a det M(a,b) = a2 − b2 ̸= 0, donc M(a,b) ∈
GL2 (R) , l’inverse de M(a,b) étant :
( )
−1 1 a −b
M(a,b) = 2 = M( a , −b ) ∈ G.
a − b2 −b a a2 −b2 a2 −b2
Exercice 20.19 L’ensemble des matrices carrées d’ordre n à coefficients réels symétriques et
inversibles est-il un groupe multiplicatif ?
Sous-groupes 393
Exercice 20.20 Montrer que pour tout groupe (G, ⋆) et tout élément a de G, le centralisateur
de a formé des éléments Za de G qui commutent avec a, soit :
Za = {b ∈ G | a ⋆ b = b ⋆ a}
est un sous-groupe de G.
(b ⋆ c) ⋆ a = b ⋆ (c ⋆ a) = b ⋆ (a ⋆ c)
= (b ⋆ a) ⋆ c = (a ⋆ b) ⋆ c = a ⋆ (b ⋆ c)
c’est-à-dire que b ⋆ c ∈ Za .
Pour b dans Za , de a ⋆ b = b ⋆ a, on déduit que
Exercice 20.21 Montrer que pour tout groupe (G, ⋆) , le centre (ou commutateur) Z (G) de G
formé des éléments de G qui commutent à tous les autres éléments de G, soit :
Z (G) = {a ∈ G | ∀b ∈ G, a ⋆ b = b ⋆ a}
est un sous-groupe de G.
Solution 20.21 On a Z (G) ̸= ∅ puisque e ∈ Z (G) . Pour a, b dans Z (G) , on a pour tout
c∈G:
( ) ( )−1 ( )−1
a ⋆ b−1 ⋆ c = a ⋆ c−1 ⋆ b = a ⋆ b ⋆ c−1
( )
= (a ⋆ c) ⋆ b−1 = c ⋆ a ⋆ b−1
Exercice 20.22 Déterminer les centres des groupes multiplicatifs GLn (R) et SLn (R) .
Solution 20.22 Le centre de GLn (R) est formé des homothéties de rapport non nul.
Soit A = ((aij ))1≤i,j≤n dans le centre de GLn (R) , c’est-à-dire commutant avec toutes les ma-
trices inversibles. En désignant par (Eij )1≤i,j≤n la base canonique de Mn (R) , on a A (In + Eij ) =
394 Structure de groupe
(In + Eij ) A pour tous i ̸= j compris entre 1 et n, ce qui équivaut à AEij = Eij A pour tous
i ̸= j. En désignant par (ei )1≤i≤n la base canonique de Rn , on a :
∑n
AEij ej = Aei = aki ek
( nk=1 ) .
∑
Eij Aej = Eij
akj ek = ajj ei
k=1
pour tous i ̸= j et l’égalité AEij = Eij A impose aki = 0 pour k ∈ {1, · · · , n} − {i} et aii = ajj .
C’est-à-dire que A = λIn avec λ ∈ R∗ . Réciproquement ces matrices d’homothéties sont bien
dans le centre de GLn (R) .
Comme les matrices In + Eij (pour i ̸= j compris entre 1 et n) sont aussi dans SLn (R) ,
le raisonnement précédent nous montre que le centre de SLn (R) est {In } pour n impair et
{−In , In } pour n pair.
Exercice 20.23 Soit H une partie finie non vide d’un groupe (G, ⋆) . Montrer que H est un
sous-groupe de G si, et seulement si, il est stable pour la multiplication.
Exercice 20.24 Soient H, K deux sous-groupes d’un groupe multiplicatif G. On définit les
sous-ensembles HK et KH de G par :
Montrer que :
(HK est un sous-groupe de G) ⇔ (HK = KH)
2. En déduire que :
card (H) card (K) = card (HK) card (H ∩ K)
puis que :
(HK est un sous-groupe de G) ⇔ (HK ⊂ KH) ⇔ (HK = KH)
Solution 20.25
1. Soit g = h1 k1 ∈ HK. L’égalité g = hk avec (h, k) ∈ H × K équivaut à h1 k1 = hk, ce qui
entraîne h = h1 k1 k −1 = h1 g avec g = k1 k −1 = h−1 −1
1 h ∈ H ∩ K et k = h h1 k1 = g k1 .
−1
on déduit que :
∑ ( ) ∑
card (H) card (K) = card (H × K) = card φ−1 (g) = card (H ∩ K)
g∈HK g∈HK
−1
et de (a2 ) = b2 , on déduit que a2 b2 = 1, donc a2 b4 = b2 , soit a2 = b2 et a4 = 1.
Les conditions (ab)−1 = a−1 b et (ba)−1 = b−1 a reviennent à dire que b−1 a−1 = a−1 b, soit
b = ab−1 a−1 et a−1 b−1 = b−1 a, soit a = ba−1 b−1 . Dans le cas où a et b commutent, celà donne
b = b−1 et a = a−1 , soit a2 = b2 = 1. Il suffit donc de prendre deux éléments d’ordre 2 qui
commutent. ( )2
Z
On peut considérer, par exemple, le groupe de Klein G = {Id, σx , σy , σy } (isomorphe à ),
2Z
où σx , σy , σy désignent les symétries orthogonales par rapport aux axes dans l’espace euclidien
R3 .
Exercice 20.27 Soient H, K deux sous-groupes d’un groupe G. Montrer que H ∪ K est un
sous-groupe de G si, et seulement si, H ⊂ K ou K ⊂ H.
Corollaire 20.1 Si X est une partie d’un groupe (G, ⋆) , l’intersection de tous les sous-groupes
de G qui contiennent X est un sous-groupe de G.
Démonstration. L’ensemble des sous-groupes de G qui contiennent X est non vide puisque
G en fait partie et le théorème précédent nous dit que l’intersection de tous ces sous-groupes
est un sous-groupe de G.
Définition 20.6 Si X est une partie d’un groupe (G, ⋆) , le sous-groupe de G engendré par X
est l’intersection de tous les sous-groupes de G qui contiennent X.
On note ⟨X⟩ le sous-groupe de G engendré par X et ce sous-groupe ⟨X⟩ est le plus petit
(pour l’ordre de l’inclusion) des sous-groupes de G qui contiennent X.
Dans le cas où X est l’ensemble vide, on a ⟨X⟩ = {e} .
Définition 20.7 Si X est une partie d’un groupe (G, ⋆) , on dit que X engendre G si G = ⟨X⟩ .
Groupes monogènes 397
est un sous-groupe de G.
Pour x1 ∈ X, on a e = x1 ⋆ x−1
1 ∈ H et pour x = x1 ⋆ · · · ⋆ xn , y = y1 ⋆ · · · ⋆ ym dans H, on a :
x ⋆ y −1 = x1 ⋆ · · · ⋆ xn ⋆ ym
−1
⋆ · · · ⋆ y1−1 ∈ H
Remarque 20.4 Le point 3. du théorème précédent nous dit aussi que ⟨X⟩ = ⟨X −1 ⟩ =
⟨X ∪ X −1 ⟩ .
Définition 20.8 On dit que G est un groupe monogène s’il existe x1 ∈ G tel que G = ⟨x1 ⟩ .
Si de plus, G est fini, on dit alors qu’il est cyclique (ce terme sera justifié après avoir défini la
notion d’ordre d’un élément d’un groupe).
Pour tout a ∈ G nous avons déjà défini les puissances entières positives de a (paragraphe
20.1). Dans un groupe, on définit les puissances entières, positives ou négatives, de a ∈ G par :
0
a =1
∀n ∈ N, an+1 = an a
∀n ∈ N∗ , a−n = (an )−1
( −1 )n n
a a = a−1 · · · a−1 a · · · a = 1
an am = an+m
(ab)n = an bn = bn an
Démonstration. On montre tout d’abord le résultat pour n, m dans N par récurrence sur
m ≥ 0 à n fixé. Le résultat est évident pour m = 0 et le supposant acquis pour m ≥ 0, on a :
et pour n ≤ m′ , on a :
( )−1 ( ′ )−1
n−m′ m′ −n m −n ′
a = a = a a = an a−m
(ab)n+1 = (ab)n ab = an bn ab = an bn ba
= an bn+1 a = an abn+1 = an+1 bn+1 .
⟨a⟩ = {an | n ∈ Z}
Exercice 20.28 Soit G un groupe. Montrer que pour tout n-uplet (x1 , · · · , xn ) d’éléments de
G qui commutent deux à deux (avec n ≥ 1), on a :
{ n }
∏ α
⟨x1 , · · · , xn ⟩ = xk k | (α1 , · · · , αn ) ∈ Zn
k=1
{ }
Solution 20.28 En notant X = {x1 , · · · , xn } , on a X −1 = x−1 −1
1 , · · · , xn et comme les xk
commutent, on déduit que :
{m }
∏
⟨x1 , · · · , xn ⟩ = yk | m ∈ N et yk ∈ X ∪ X −1 pour 1 ≤ k ≤ m
{k=1 }
∏n
= xαk k | (α1 , · · · , αn ) ∈ Zn
k=1
δ
où b1 , · · · , bn sont des entiers relatifs premiers entre eux dans leur ensemble. On a donc G = Z,
µ
δ
ce qui signifie que G est monogène engendré par .
µ
400 Structure de groupe
x ∼ y ⇔ x−1 y ∈ H
h ∈ g ⇔ g ∼ h ⇔ k = g −1 h ∈ H ⇔ ∃k ∈ H | h = gk ⇔ h ∈ gH
soit g = gH.
L’ensemble de toutes ces classes d’équivalence est noté G/H et on l’appelle l’ensemble des
classes à gauche modulo H.
On a donc :
G/H = {g | g ∈ G} = {gH | g ∈ G} .
L’application :
π : G → G/H
g 7→ g = gH
est surjective. On dit que c’est la surjection canonique de G sur G/H.
Dans le cas où G est le groupe additif Z tout sous-groupe de G est de la forme nZ où n est
Z
un entier naturel et cette construction aboutit au groupe des classes résiduelles modulo n
nZ
(ces groupes seront étudiés plus en détails au chapitre 25).
Définition 20.9 Si G est un groupe ayant un nombre fini d’éléments son cardinal est appelé
l’ordre de G.
Démonstration.
Groupes finis. Théorème de Lagrange 401
G/H = {g1 , · · · , gp }
card (G)
[G : H] = card (G/H) = .
card (H)
Exercice 20.31 Montrer qu’un groupe fini d’ordre p un nombre premier est cyclique (et donc
commutatif).
Solution 20.32 H ∩ K est un sous groupe de H, il est donc d’ordre 1 ou p. S’il est d’ordre p,
il est égal à H et H = H ∩ K ⊂ K entraîne H = K, puisque ces deux ensembles ont le même
nombre d’éléments. On a donc, pour H ̸= K, p = 1 et H ∩ K = {1} .
Solution 20.33 On note respectivement (gi H)i∈I et (hj K)j∈J les classes à gauches modulo H
dans G et modulo K dans H deux à deux distinctes.
Nous allons alors montrer que la famille des classes à gauches modulo K dans G deux à deux
distinctes est (gi hj K)(i,j)∈I×J . Dans le cas où [G : K] est fini, il n’y a qu’un nombre fini de
telles classes, ce qui impose que I et J sont finis et on a :
Définition 20.10 On dit que φ est un morphisme de groupes de G dans H si φ est une
application de G dans H telle que ::
Dans le cas où φ est de plus bijective, on dit que φ est un isomorphisme du groupe G sur le
groupe H.
Dans le cas où H = G, on dit que φ est un endomorphisme du groupe (G, ⋆) et que c’est un
automorphisme du groupe (G, ⋆) si φ est de plus bijective.
Démonstration. En notant les lois de chacun des groupes sous forme multiplicative, on a
pour tout (a, b) ∈ G2 :
ce qui signifie que φ−1 est un morphisme de groupe. Et on sait déjà qu’il est bijectif, c’est donc
un automorphisme de G
On déduit du théorème précédent que l’ensemble (Aut (G) , ◦) des automorphismes de G
dans lui même est un sous-groupe du groupe symétrique (S (G) , ◦) formé des bijections (ou
permutations) de G.
Morphismes de groupes 403
Exemple 20.26 La fonction exponentielle est un isomorphisme de groupes de (R, +) sur (R+,∗ , ·) .
∑
n
Exemple 20.28 L’application tr : A = ((aij ))1≤i,j≤n 7→ aii qui associe à une matrice sa
i=1
trace est un morphisme du groupe additif (Mn (R) , +) dans (R, +) .
Exemple 20.29 L’application det : A 7→ det (A) qui associe à une matrice son déterminant
est un morphisme du groupe multiplicatif (GLn (R) , ·) dans (R∗ , ·) .
Démonstration.
1. Pour tout a ∈ G, on a :
φ (a) = φ (a ⋆ e) = φ (a) · φ (e)
et multipliant par φ (a)−1 , on obtient 1 = φ (e) .
2. Pour tout a ∈ G, on a :
( ) ( )
1 = φ (e) = φ a ⋆ a−1 = φ (a) · φ a−1
Im (φ) = {φ (x) | x ∈ G} .
Démonstration.
404 Structure de groupe
1. On a ker (φ) ̸= ∅ puisque e ∈ ker (φ) (φ (e) = 1) et pour x, y dans ker (φ) :
( ) ( )
φ x ⋆ y −1 = φ (x) · φ y −1 = φ (x) · φ (y)−1 = 1
( )
cos (θ) − sin (θ)
Exemple 20.30 L’application φ : θ 7→ Rθ = est un morphisme de
sin (θ) cos (θ)
groupes de (R, +) dans (SL2 (R) , ·) et son image Im (φ) = O2+ (R) est un sous-groupe commu-
tatif de (SL2 (R) , ·) (exercice 20.16).
Exercice 20.34
1. Soient (G, ·) un groupe, E un ensemble non vide et f : G → E une application bijective.
Montrer que l’ensemble E muni de la loi ⋆ définie par :
( )
x ⋆ y = f f −1 (x) · f −1 (y)
est un groupe isomorphe à (G, ·) (on dit qu’on a transporté la structure de groupe de G
sur E).
2. Retrouver les résultats des exercices 20.8 et 20.9.
Morphismes de groupes 405
√
3. Montrer que pour tout entier impair n ≥ 1 impair l’application (x, y) 7→ x⋆y = n
xn + y n
défini une structure de groupe commutatif sur R.
Solution 20.34
1. La fonction f étant bijective de G sur E l’application ⋆(défini bien une ) loi(interne sur )E.
−1 −1 −1
Pour tout x ∈ E, on a x ⋆ f (1) = f (1) ⋆ x = x et x ⋆ f (f (x)) = f (f −1 (x)) ⋆
x = f (1) donc f (1) est neutre et tout élément de E est inversible.
Enfin pour x, y, z dans E, on a :
( )
x ⋆ (y ⋆ z) = f f −1 (x) · f −1 (y ⋆ z)
( )
= f f −1 (x) · f −1 (y) · f −1 (z)
et :
( )
(x ⋆ y) ⋆ z = f f −1 (x ⋆ y) · f −1 (z)
( )
= f f −1 (x) · f −1 (y) ⋆ f −1 (z)
3. Déterminer le noyau de f.
4. Déterminer ce noyau dans le cas où G = GLn (R) .
5. Vérifier que si on prend pour définition d’automorphisme intérieur les applications ga :
x 7→ a−1 xa, l’application a 7→ ga n’est pas nécessairement un morphisme de groupes.
Solution 20.35
1. Pour x, y dans G, on a :
( )( )
fa (xy) = axya−1 = axa−1 aya−1 = fa (x) fa (y)
donc f (ab) = fab = fa ◦ fb et f est un morphisme de groupes. Donc Int (G) qui est
l’image de f est un sous-groupe de Aut (G) .
3. Le noyau de f est formé des a ∈ G tels que fa = IdG , c’est-à-dire des a ∈ G tels que
axa−1 = x pour tout x ∈ G, ce qui équivaut à ax = xa pour tout x ∈ G. Le noyau est
donc le commutateur (ou le centre) Z (G) de G.
4. Pour G = GLn (R) , ce noyau est formé des homothéties de rapport non nul. Soit
A = ((aij ))1≤i,j≤n dans le centre de GLn (R) , c’est-à-dire commutant avec toutes les
matrices inversibles. En désignant par (Eij )1≤i,j≤n la base canonique de Mn (R) , on
a A (In + Eij ) = (In + Eij ) A pour tous i, j compris entre 1 et n, ce qui équivaut à
AEij = Eij A pour tous i, j. En désignant par (ei )1≤i≤n la base canonique de Rn , on a :
( n )
∑
n ∑
AEij ej = Aei = aki ek = Eij Aej = Eij akj ek = ajj ei .
k=1 k=1
Donc aki = 0 pour k ∈ {1, · · · , n} − {i} et aii = ajj . C’est-à-dire que A = λIn avec
λ ∈ R∗ . Réciproquement ces matrices d’homothéties sont bien dans le centre de GLn (R) .
5. Si on prend pour définition d’automorphismes intérieurs les applications ga : x 7→ a−1 xa,
on a gab = gb ◦ ga ̸= ga ◦ gb en général et a 7→ ga n’est pas un morphisme
( de groupes.
)
0 1
Par exemple pour le groupe multiplicatif G = GL2 (R) , soient A = et B =
( ) ( ) 1 0( )
0 1 −1 −1 0 12 a b
. On a A = A, B = et pour toute matrice M = ∈
2 0 1 0 c d
GL2 (R) , on a : ( ) ( c d )
−1 c d −1 2 2
A M= , B M=
a b a b
de sorte que : ( )
−1 d c
gA (M ) = A M A = AM A =
b a
Morphismes de groupes 407
et : ( )
−1 d 2c
gB (M ) = B M B =
2b a
ce qui donne :
( ) ( )
a 2b a 2b
gA ◦ gB (M ) = c ̸= gB ◦ gA (M ) =
2
d 2c d
en général.
Exercice 20.36 Déterminer tous les endomorphismes du groupe additif Z puis tous les auto-
morphismes de ce groupe.
∀a ∈ R, ∀r ∈ Q, f (ra) = rf (a) .
2. Montrer que les seuls endomorphismes du groupe additif R qui sont monotones sont les
homothéties (i. e. les applications x 7→ λx, où λ est une constante réelle).
1. En prenant (x, y) = (0, 0) dans (20.1) , on obtient f (0) = 2f (0) , ce qui équivaut à
f (0) = 0 (un morphisme de groupes transforme le neutre en neutre).
En prenant (x, y) = (x, −x) dans (20.1) , on obtient f (x) + f (−x) = 0. On a donc
f (−x) = −f (x) pour tout x ∈ R, c’est-à-dire que la fonction f est impaire (un mor-
phisme de groupes transforme l’opposé en opposé).
De (20.1) on déduit par récurrence que pour tout a ∈ R on a :
∀n ∈ N, f (na) = nf (a) .
408 Structure de groupe
Enfin avec l’imparité de f, on déduit que ce dernier résultat est encore vrai pour les
rationnels négatifs. On a donc f (ra) = rf (a) pour tout a ∈ R et tout r ∈ Q.
2. Soit f un endomorphisme croissant du groupe additif R. En particulier, on a λ = f (1) ≥
f (0) = 0.
En désignant, pour x ∈ R, par (rn )n∈N et (sn )n∈N des suites d’approximations décimales
par défaut et par excès de ce réel, on a pour tout n ∈ N :
(a) Si pour tout x dans G ∩ R+,∗ , on a φ (x) ̸= 0, avec la croissance de φ on déduit que
φ (x) > 0 pour tout x dans G ∩ R+,∗ .
a φ (a)
(b) Supposons qu’il existe a ̸= b dans G ∩ R+,∗ tels ̸= . On peut supposer que
b φ (b)
a φ (a)
< et avec la densité de Q dans R on déduit qu’il existe un nombre rationnel
b φ (b)
p a p φ (a)
tel que < < . On a alors qa < pb et avec la croissance de φ on déduit que
q b q φ (b)
p φ (a) φ (x)
qφ (a) ≤ pφ (b) , ce qui est en contradiction avec < . La fonction x 7→
q φ (b) x
est donc constante sur G ∩ R . +,∗
Solution 20.40 On a :
(si gH ⊂ Hg, alors pour k ∈ H, gk ∈ Hg, donc il existe k ′ ∈ H tel que gk = k ′ g et gkg −1 =
k ′ ∈ H, donc gHg −1 ⊂ H).
c’est-à-dire que g −1 hg ∈ ker (φ) . Le sous-groupe ker (φ) de G est donc distingué.
Solution 20.43 On sait déjà que φ (G1 ) est un sous-groupe de H (que φ soit surjectif ou non)
et que φ−1 (H1 ) est un sous-groupe de G.
1. Si φ est surjectif, tout h ∈ H s’écrit h = φ (g) avec g ∈ G et pour tout h1 = φ (g1 ) ∈
φ (G1 ) (avec g1 ∈ G1 ), on a hh1 = φ (g) φ (g1 ) = φ (gg1 ) avec gg1 ∈ gG1 = G1 g et il
existe alors g2 ∈ G1 tel que gg1 = g2 g, ce qui donne hh1 = φ (g2 g) = φ (g2 ) φ (g) =
φ (g2 ) h ∈ φ (G1 ) h. On a donc hφ (G1 ) ⊂ φ (G1 ) h, pour tout h ∈ H, ce qui signifie que
φ (G1 ) est distingué dans H.
2. Pour g ∈ G et g1 ∈ φ−1 (H1 ) , on a :
( )
φ gg1 g −1 = φ (g) φ (g1 ) (φ (g))−1 ∈ φ (g) H1 (φ (g))−1 = H1
et gg1 g −1 ∈ φ−1 (H1 ) . Donc gφ−1 (H1 ) g −1 ⊂ φ−1 (H1 ) et φ−1 (H1 ) est distingué dans G.
Théorème 20.17 Un sous-groupe H de G est distingué si, et seulement si, il existe une unique
structure de groupe sur l’ensemble quotient G/H des classes à gauche modulo H telle que la
surjection canonique π : G → G/H soit un morphisme de groupes.
Sous-groupes distingués, groupes quotients 411
Démonstration. Si G/H est muni d’une structure de groupe telle que π soit un morphisme
de groupe, on a alors nécessairement pour tous g, g ′ dans G :
gg ′ = π (g) π (g ′ ) = π (gg ′ ) = gg ′
((g ′ )−1 (g −1 g1 ) g ′ est dans H puisque H est stable par automorphismes intérieurs), soit gg ′ =
g1 g1′ .
Il reste à vérifier que G/H muni de cette loi de composition interne est bien un groupe.
Avec :
Comme on a vu que le noyau d’un morphisme de groupes est distingué, on déduit qu’un sous-
groupe distingué de G est le noyau d’un morphisme de groupes.
Remarque 20.6 Dans le cas où G est commutatif, pour tout sous-groupe H de G, G/H est
un groupe puisque tous les sous-groupes de G sont distingués.
Exemple 20.31 Si G est le groupe additif Z, on sait alors que ces sous-groupes sont les nZ où n
Z
est un entier naturel et comme (Z, +) est commutatif, l’ensemble quotient est naturellement
nZ
muni d’une structure de groupe.
D’autre part, le théorème de division euclidienne nous permet d’écrire tout entier relatif k sous
la forme k = qn + r avec 0 ≤ r ≤ n − 1, ce qui entraîne k − r ∈ nZ et k = r. Et comme r ̸= s
pour 0 ≤ r ̸= s ≤ n − 1 (on a 0 < |r − s| < n et r − s ne peut être multiple de n), on en déduit
que :
Z { }
= 0, 1, · · · , n − 1
nZ
a n éléments. Ce groupe est cyclique d’ordre n engendré par 1.
contradiction avec g ∈
/ H.
Théorème 20.18 Si G, H sont deux groupes et φ : G → H un morphisme de groupes, il
existe alors un unique isomorphisme de groupes φ : G/ ker (φ) → Im (φ) tel que φ = i ◦ φ ◦ π,
où i : Im (φ) → H est l’injection canonique (définie par i (h) = h pour tout h ∈ Im (φ)) et
π : G → G/ ker (φ) la surjection canonique (définie par π (g) = g = g ker (φ) pour tout g ∈ G).
Démonstration. Comme ker (φ) est distingué dans G, G/ ker (φ) est un groupe.
Si un tel isomorphisme φ existe, on a alors, pour tout g ∈ G :
φ (g) = i ◦ φ ◦ π (g) = i ◦ φ (g) = φ (g)
ce qui prouve l’unicité de φ.
Vu l’analyse du problème, on montre d’abord que l’on peut définir φ par φ (g) = φ (g)
pour tout g ∈ G/ ker (φ) . Pour justifier cette définition, on doit vérifier qu’elle ne dépend
pas des choix du choix d’un représentant de g. Si g = g ′ , on a alors g ′ g −1 ∈ ker (φ) , donc
φ (g ′ ) (φ (g))−1 = φ (g ′ g −1 ) = 1 et φ (g) = φ (g ′ ) . L’application φ est donc bien définie et par
construction, on a φ = i ◦ φ ◦ π.
φ est à valeurs dans Im (φ) = Im (φ) , donc surjectif.
Avec : ( ) ( ) ( )
φ gg ′ = φ gg ′ = φ (gg ′ ) = φ (g) φ (g ′ ) = φ (g) φ g ′
on voit que c’est un morphisme de groupes.
L’égalité φ (g) = 1 équivaut à φ (g) = 1, soit à g ∈ ker (φ) ou encore à g = 1. Ce morphisme
est donc injectif.
Corollaire 20.2 Soient G, H deux groupes et φ : G → H un morphisme de groupes. Si G est
fini, on a alors :
card (G) = card (ker (φ)) card (Im (φ))
Démonstration. Comme G/ ker (φ) et Im (φ) sont isomorphes, dans le cas où G est fini,
on a :
card (G)
card (Im (φ)) = card (G/ ker (φ)) = .
card (ker (φ))
φ (g1 g2 ) = φ (g1 g2 ) = φ^
(g1 g2 ) = φ (g^
1 ) φ (g2 )
^
=φ ^
(g1 )φ (g2 ) = φ (g1 ) φ (g2 )
Si R est une relation d’équivalence sur G, on dit que cette relation est compatible avec la
loi de G si, pour tous g, g ′ , h, h′ dans G, on a :
Cette compatibilté de R avec la loi de G est une condition nécessaire et suffisante pour
définir naturellement une structure de groupe sur l’ensemble quotient G/R par :
gg ′ = gg ′
Précisément, on a le résultat suivant, où G/R est l’ensemble des classes d’équivalence modulo
R et π : g 7→ g = {h ∈ G | gRh} est la surjection canonique de G sur G/R.
Théorème 20.20 Soit R une relation d’équivalence sur G. Cette relation est compatible avec
la loi de G si, et seulement si, il existe une unique structure de groupe sur l’ensemble quotient
G/R telle que la surjection canonique π : G → G/R soit un morphisme de groupes.
Démonstration. Si G/R est muni d’une structure de groupe telle que π soit un morphisme
de groupe, on a alors nécessairement pour tous g, g ′ dans G :
gg ′ = π (g) π (g ′ ) = π (gg ′ ) = gg ′
gg ′ = g g ′ = h h′ = hh′
ce qui signifie que gg ′ Rhh′ . La relation R est donc compatible avec la loi de G.
Réciproquement, supposons que R soit compatible avec la loi de G. L’analyse que l’on vient
de faire nous montre que la seule loi possible sur G/R est définie par gg ′ = gg ′ . Pour montrer
qu’une telle définition est permise, il s’agit de montrer qu’elle ne dépend pas des choix des
représentants de g et g ′ . Si g = h et g ′ = h′ , on a alors gRh et g ′ Rh′ , ce qui entraîne gg ′ Rhh′ ,
soit gg ′ = hh′ .
414 Structure de groupe
Exercice 20.46 Soit R une relation d’équivalence sur G compatible avec la loi de G. Montrer
que :
1. pour tous g, h dans G, on a gh = gh et hg = hg ;
2. H = 1 est un sous-groupe distingué de G ;
3. pour tout g ∈ G, g = gH = Hg et G/R = G/H.
Solution 20.46
1. On a :
( ) ( )
k ∈ gh ⇔ (∃h′ ∈ G | h′ Rh et k = gh′ ) ⇒ (k = gh′ Rgh) ⇒ k ∈ gh
soit gh ⊂ gh et gh = gh.
On procède de manière analogue pour l’égalité hg = hg
2. On a 1 ∈ H = 1, si g, h sont dans H, on a gR1 et hR1, donc ghR1 et pour g ∈ H, 1Rg
et g −1 Rg −1 entraîne g −1 R1, soit g −1 ∈ H. Donc H est bien un sous-groupe de G.
pour g ∈ G, on a gH = g1 = g et Hg = 1g = g = gH, ce qui signifie que H est distingué
dans G.
3. On a aussi montré en 2. que G/R = G/H.
L’exercice précédent nous dit en fait que les relations d’équivalence sur un groupe compatibles
avec sa loi sont celles suivant un groupe distingué (à gauche ou à droite).
Définition 20.13 L’ordre d’un élément a de G est l’élément θ (a) ∈ N∗ ∪ {+∞} défini par :
Si θ (a) est dans N∗ , on dit alors que a est d’ordre fini, sinon on dit qu’il est d’ordre infini.
Remarque 20.7 Seul l’unité 1 ∈ G est d’ordre 1 dans G. En effet, si a = 1, alors ⟨a⟩ = {1}
et si a ̸= 1, alors a0 ̸= a1 et ⟨a⟩ a au moins deux éléments.
Remarque 20.9 Dans le cas où le groupe G est fini, le théorème de Lagrange (théorème 20.12)
nous dit que, pour tout a ∈ G, l’ordre de a divise l’ordre de G.
Un groupe fini G d’ordre n est cyclique si, et seulement si, il existe dans G un élément d’ordre
n.
Ordre d’un élément dans un groupe 415
Solution 20.47 Tout nombre complexe non nul s’écrit z = ρeiα où ρ ∈ R+,∗ et α ∈ [0, 2π[
(avec un tel choix
k de α,k cette écriture est unique).
Si ρ ̸= 1, on a z = ρ ̸= 1 pour tout entier relatif k, donc z k ̸= z j pour k ̸= j dans Z et ⟨z⟩
est infini.
Si ρ = 1, on a alors, pour k entier relatif non nul, z k = eikα = 1 si, et seulement si, il existe un
α
entier relatif q tel que kα = 2qπ, ce qui signifie que est rationnel. On en déduit donc que :
2π
α
— pour irrationnel, z k ̸= 1 pour tout entier relatif k et ⟨z⟩ est infini ;
2π
α p
— pour = rationnel avec (p, q) ∈ Z × N∗ et p ∧ q = 1, en effectuant la division
2π q
euclidienne d’un entier relatif k par q, on a k = mq + r avec 0 ≤ r ≤ q − 1 et :
( )m ( )m
z k = eikα = eiqα eirα = e2ipπ eirα = eirα
Exercice 20.48 Déterminer l’ordre d’une matrice de rotation [resp. de réflexion] dans GL2 (R)
(exercices 20.16 et 20.17). En déduire qu’on peut trouver deux éléments d’ordre fini dans
GL2 (R) dont le produit est d’ordre infini.
Solution 20.48 Pour tout réel α et tout entier n ≥ 1, on a Rαn = Rnα et Rαn = In équivaut à
e−inα = 1, ce qui revient à dire qu’il existe un entier relatif q tel que nα = 2qπ. Il en résulte
α
qu’une matrice de rotation Rα est d’ordre fini si, et seulement si, ∈ Q.
2π
Si Sα est une matrice de réflexion, on a Sα2 = Rα−α = In et Sα ̸= In , donc Sα est d’ordre 2.
α − α′
La composée de deux matrices de réflexions Sα ◦ Sα′ = Rα−α′ est d’ordre infini si ∈/ Q.
2π
Pour a ∈ G, le sous-groupe de G engendré par a peut être vu comme l’image du morphisme
de groupes :
φa : Z → G
k 7→ ak
(pour j, k dans Z, on a φa (j + k) = aj+k = aj ak = φa (j) φa (k) et φa est bien un morphisme
de groupes).
En utilisant la connaissance des sous-groupes additifs de Z, on a le résultat suivant.
Théorème 20.21 Pour a ∈ G, on a θ (a) = +∞ si, et seulement si, φa est injective et pour a
d’ordre fini, on a ker (φa ) = θ (a) Z.
416 Structure de groupe
Corollaire 20.3 Dire que a ∈ G est d’ordre fini n ≥ 1 équivaut à dire que an = 1 et ak ̸= 1
pour tout k est compris entre 1 et n − 1 (θ (a) est le plus petit entier naturel non nul tel que
an = 1).
Corollaire 20.4 Dire que a ∈ G est d’ordre fini n ≥ 1 équivaut à dire que, pour k ∈ Z, on a
ak = 1 si, et seulement si, k est multiple de n.
Dans le cas où le groupe G est additif, l’ordre de a ∈ G est défini comme le plus petit entier
n ≥ 1 tel que na = 0, quand cet ordre est fini. L’égalité ma = 0 équivaut alors à dire que m
est multiple de n. Le groupe engendré par a est alors :
Exercice 20.50 Soit G un groupe fini d’ordre m. Montrer que pour tout entier relatif n premier
avec m, l’application g 7→ g n est une bijection de G sur lui même (c’est donc une permutation
de G).
Solution 20.50 Comme m ∧ n = 1, le théorème de Bézout nous dit qu’il existe deux entiers
relatifs u et v tels que un + vm = 1 et pour tout g ∈ G, on a g = g un+vm = (g u )n (g m )v = (g u )n ,
ce qui signifie que l’application g 7→ g n est surjective. Comme G est fini, cette application est
bijective.
Exercice 20.51
1. Soit G un groupe fini dont tous les éléments sont d’ordre au plus égal à 2. Montrer que
G est commutatif et que son ordre est une puissance de 2.
2. Montrer que si G est un groupe fini d’ordre 2p avec p premier, il existe alors un élément
d’ordre p dans G.
Solution 20.51
1. Si tous les éléments de G sont d’ordre au plus égal à 2, on a alors a2 = 1 pour tout a ∈ G,
et G est commutatif (exercice 20.10).
Si G est réduit à {1} , on a alors card (G) = 1 = 20 .
Si G d’ordre n ≥ 2 n’est pas réduit à {1} , il existe a ∈ G \ {1} tel que ⟨a⟩ = {1, a}
G
et le groupe quotient est de cardinal strictement inférieur à n = card (G) avec tous
⟨a⟩
ses éléments d’ordre au plus égal à 2. On conclut alors par récurrence sur l’ordre de G.
En supposant
( ) le résultat acquis pour les groupes d’ordre strictement inférieur à n, on a
G
card = 2p et card (G) = 2p+1 .
⟨a⟩
On peut procéder de façon plus rapide (et plus astucieuse) comme suit. En notant la loi
de G sous forme additive, on a 2 · a = 0 pour tout a ∈ G et on peut munir G d’une
Z
structure de -espace vectoriel en définissant la loi externe par 0a = 0 et 1a = a pour
2Z
tout a ∈ G, la loi interne étant l’addition de G. Si G est fini, il est nécessairement
(( )p ) de
Z Z
dimension fini sur et notant p sa dimension, on a card (G) = card = 2p .
2Z 2Z
418 Structure de groupe
2. Si G est d’ordre 2p ≥ 4 avec p premier, le théorème de Lagrange nous dit que les éléments
de G \ {1} sont d’ordre 2, p ou 2p. S’il n’y a aucun élément d’ordre p, il n’y en a pas
p
d’ordre 2p (si g ∈ G \ {1} est d’ordre 2p, on a alors g 2 ̸= 1, g p ̸= 1 et (g 2 ) = g 2p = 1,
donc g 2 est d’ordre p), donc tous les éléments de G \ {1} sont d’ordre 2 et G est d’ordre
2n = 2p, d’où p = 2n−1 , n = 2 et p = 2 puisque p est premier, soit une contradiction avec
l’hypothèse qu’il n’y a pas d’élément d’ordre p (= 2). Il existe donc dans G des éléments
d’ordre p.
Ce résultat est un cas particulier d’un théorème de Cauchy qui nous dit que si G est un
groupe fini de cardinal n, alors pour tout diviseur premier p de n, il existe dans G un
élément d’ordre p (théorème 20.1).
Exercice 20.52 Montrer qu’un groupe G est fini si et seulement si l’ensemble de ses sous-
groupes est fini.
Solution 20.52 Si G est un groupe fini alors l’ensemble P (G) des parties de G est fini (de
cardinal 2card(G) ) et il en est de même de l’ensemble des sous-groupes de G.
Réciproquement soit (G, ·) un groupe tel que l’ensemble de ses sous-groupes soit fini. On peut
∪ ∪
r
écrire G = ⟨g⟩ et cette réunion est finie, soit G = ⟨gk ⟩ . Si l’un de ces sous-groupes ⟨gk ⟩
g∈G k=1
est infini, alors les ⟨gkn ⟩ où n décrit N
forment une famille infinie de sous-groupes de G : en
effet l’égalité ⟨gkn ⟩ = ⟨gkm ⟩ entraîne gkn
= gkjm , soit gkn−jm = 1 et n − jm = 0 (gk est d’ordre
infini), c’est-à-dire que m divise n. Comme n et m jouent des rôles symétriques, on a aussi n
qui divise m et en définitive n = m (on peut aussi dire que ⟨gk ⟩ est isomorphe à Z et de ce fait
a une infinité de sous groupes). On a donc une contradiction si l’un des ⟨gk ⟩ est infini. Donc
tous les ⟨gk ⟩ sont finis et aussi G.
Exercice 20.53 Donner des exemples de groupes infinis dans lequel tous les éléments sont
d’ordre fini.
Solution 20.53 En désignant, pour tout entier n ≥ 1, par Γn le groupe des racines n-èmes de
∪
+∞
l’unité dans C∗ , la réunion Γ = Γn est un sous-groupe de C∗ (1 ∈ Γ, pour z ∈ Γ, il existe
n=1
n ≥ 1 tel que z ∈ Γn , donc z −1 ∈ Γn ⊂ Γ et pour z, z ′ dans Γ, il existe n, m tels que z ∈ Γn et
z ′ ∈ Γm , donc zz ′ ∈ Γn·m ⊂ Γ). Ce groupe Γ est infini avec tous ses éléments d’ordre fini.
Z
Le groupe additif G = [X] avec p premier est infini et tous ses éléments sont d’ordre 1 ou
pZ
p.
Si on définit sur le corps Q des rationnels la relation d’équivalence r v s si et seulement si
Q
r − s ∈ Z, alors le groupe quotient pour cette relation d’équivalence est infini et tous ses
Z
p
éléments sont d’ordre fini (q = 0).
q
Si E est un ensemble infini, alors (P (E) , ∆) où ∆ est l’opérateur de différence symétrique est
infini et tous les éléments sont d’ordre 1 ou 2 puisque A∆A = ∅.
Démonstration.
1. Soit δ = θ (a) ∧ k et n′ , k ′ premiers entre eux tels que θ (a) = δn′ , k = δk ′ .
Pour tout entier relatif j, on a :
( k )j
a = akj = 1 ⇔ ∃q ∈ Z | kj = qθ (a) ⇔ ∃q ∈ Z | k ′ j = qn′
⇔ n′ divise j (Gauss)
( ) θ (a)
et en conséquence θ ak = n′ = .
θ (a) ∧ k
( ) θ (a)
2. Si k divise θ (a) , on a alors θ (a) ∧ k = |k| et θ ak = .
|k|
( )
3. Si k est premier avec θ (a) , on a alors θ (a) ∧ k = 1 et θ ak = θ (a) .
4. Soit µ = θ (a) ∨ θ (b) . Dans le cas où a et b commutent, on a (ab)µ = aµ bµ = 1 avec µ ≥ 1
et ab est d’ordre fini et cet ordre divise µ. En désignant par n = θ (ab) l’ordre de ab, on
a an bn = (ab)n = 1 et an = b−n ∈ ⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩ .
Si ⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩ = {1} , on a alors an = bn = 1 et n est multiple de θ (a) et θ (b) , donc de
θ (a) ∨ θ (b) et n = θ (a) ∨ θ (b) .
Si θ (a) ∧ ∨θ (b) = 1, on a alors θ (a) ∨ θ (b) = θ (a) θ (b) . De plus avec ⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩ ⊂ ⟨a⟩ et
⟨a⟩∩⟨b⟩ ⊂ ⟨b⟩ , on déduit que card (⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩) divise θ (a) = card (⟨a⟩) et θ (b) = card (⟨b⟩) ,
donc card (⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩) = 1 et ⟨a⟩ ∩ ⟨b⟩ = {1} , ce qui implique que θ (ab) = θ (a) ∨ θ (b) =
θ (a) θ (b) .
Remarque 20.10 Si θ (a) et θ (b) ne sont pas premiers entre eux, avec a, b commutant et
d’ordre fini, l’ordre de ab n’est pas nécessairement le ppcm de θ (a) et θ (b) . En prenant par
exemple a d’ordre n ≥ 2 dans G et b = a−1 qui est également d’ordre n, on ab = ba = 1 d’ordre
1 ̸= ppcm (n, n) = n.
Remarque 20.11 Pour a et b ne commutant pas, le produit ab peut être d’ordre infini, même
si a et b sont d’ordre fini.
Z ⟨n ⟩ ⟨n⟩
Exemple 20.33 Les sous groupes de sont les 1 = où d est un diviseur de n. Un
nZ d d
Z
tel sous-groupe est isomorphe à et il y en a autant que de diviseurs de n.
dZ
⟨ 2iπ ⟩ ⟨( ) nd ⟩
2iπ
Exemple 20.34 Les sous groupes de Γn = {z ∈ C | z = 1} = e n sont les
n
en =
⟨ 2iπ ⟩
e d = Γd où d est un diviseur de n et il y en a autant que de diviseurs de n.
Lemme 20.1 (Cauchy) Soit G un groupe commutatif fini d’ordre n ≥ 2. Pour tout diviseur
premier p de n il existe dans G un élément d’ordre p
Structure d’anneau
21.1 Anneaux
Définition 21.1 Soit A un ensemble non vide muni de deux lois de composition interne notées
+ (une addition) et · (une multiplication). On dit que (A, +, ·) est un anneau si :
— (A, +) est un groupe commutatif ;
— la loi · est associative ;
— la loi · est distributive par rapport à la loi +, ce qui signifie que :
{
a · (b + c) = a · b + a · c
∀ (a, b, c) ∈ A ,
3
(b + c) · a = b · a + c · a
Si (A, +, ·) est un anneau, on notera 0 le neutre pour l’addition et s’il existe on notera 1 le
neutre pour la multiplication. L’opposé d’un élément a (i. e. le symétrique pour +) sera noté
−a et on notera a − b pour a + (−b) .
On écrira souvent ab pour a · b dans un anneau.
Dans un anneau unitaire, on supposera que 0 ̸= 1 (sans quoi l’anneau est réduit à {0}). Un
anneau unitaire a donc au moins deux éléments.
Exemple 21.1 Les ensembles Z, Q, R, C muni des opérations usuelles sont des anneaux com-
mutatifs et unitaires.
Exemple 21.2 Soient E un ensemble non vide et A un anneau. On vérifie facilement que
l’ensemble AE des applications de E dans A muni des opérations d’addition et de multiplication
définies par :
{
(f + g) (x) = f (x) + g (x)
∀ (f, g) ∈ A × A , ∀x ∈ E,
E E
(f · g) (x) = f (x) · g (x)
est un anneau. Cet anneau est commutatif si A l’est et il est unitaire si A l’est avec comme
élément neutre pour le produit l’application constante égale à 1.
En particulier l’ensemble RN des suites réelles est un anneau commutatif unitaire et pour toute
partie non vide I de R, l’ensemble RI des fonctions définies sur I et à valeurs réelles est un
anneau commutatif unitaire.
421
422 Structure d’anneau
Exemple 21.3 L’ensemble Mn (R) [resp. Mn (C)] des matrices carrées réelles [resp. com-
plexes] d’ordre n ≥ 1 muni des opérations usuelles d’addition et de multiplication est un anneau
unitaire non commutatif.
Exemple 21.4 Plus généralement si A est un anneau commutatif unitaire, l’ensemble Mn (A)
des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans A est un anneau unitaire non commutatif pour
les opérations d’addition et multiplication définies par :
(( ))
M + M ((
′
= mij + m′ij 1≤i,j≤n
))
′
∑n
MM = mik m′kj
k=1 1≤i,j≤n
où on note M = ((mij ))1≤i,j≤n la matrice ayant pour coefficient mij en ligne i et colonne j pour
i, j compris entre 1 et n.
On peut aussi définir, pour λ ∈ A et M = ((mij ))1≤i,j≤n ∈ Mn (A) , la matrice λM par
λM = ((λmij ))1≤i,j≤n .
( )
a b
Exercice 21.1 Soit A un anneau commutatif unitaire. Pour M = dans M2 (A) , on
c d
définit le déterminant et la trace de M respectivement par :
det (M ) = ad − bc ; Tr (M ) = a + d
1. Vérifier que, pour toutes matrices M, M ′ dans M2 (A) , on a det (M M ′ ) = det (M ) det (M ′ ) .
( )
a b
2. Pour M = ∈ M2 (A) , on définit la comatrice (en fait la transposée de la
c d ( )
f d −b
comatrice) de M par M = .
−c a
f.
(a) Calculer M M
( )
1 0
(b) Montrer que M 2 − Tr (M ) M + det (M ) I2 = 0, où I2 = .
0 1
Solution 21.1
1. On a : ( )( ) ( )
′ a b a′ b ′ aa′ + bc′ ab′ + bd′
MM = =
c d c′ d′ ca′ + dc′ cb′ + dd′
et :
(a) On a :
( )( ) ( )
f= a b d −b ad − bc 0
MM =
c d −c a 0 ad − bc
= det (M ) I2
(b) On a :
f
M 2 − Tr (M ) M + det (M ) I2 = M 2 − Tr (M ) M · I2 + M · M
( )
= M M − Tr (M ) I2 + M f
avec :
( ) ( )
a b a+d 0
M − Tr (M ) I2 = −
c d 0 a+d
( )
−d b f
= = −M
c −a
ce qui donne :
M 2 − Tr (M ) M + det (M ) I2 = 0.
Exercice 21.2 Soit E un ensemble non vide. Montrer que l’ensemble P (E) des parties de E
muni des opérations ∆ de différence symétrique et ∩ d’intersection est un anneau commutatif
et unitaire (c’est l’anneau de Boole).
A∆B = (A ∪ B) \ (A ∩ B) = (A \ B) ∪ (B \ A) ,
et :
(x ∈ A∆ (B∆C)) ⇔ (x ∈ A et x∈
/ B∆C) ou (x ∈ B∆C et x ∈ / A)
⇔ (x ∈ A et x∈
/ B et x ∈
/ C) ou (x ∈ A et x ∈ B ∩ C)
ou (x ∈ B et x∈
/ C et x ∈
/ A) ou (x ∈ C et x ∈
/ B et x ∈
/ A)
⇔ (x ∈ A et x∈
/ B et x ∈
/ C) ou (x ∈ A ∩ B ∩ C)
ou (x ∈ B et x∈
/ C et x ∈
/ A) ou (x ∈ C et x ∈
/ B et x ∈
/ A)
A∆A = (A ∪ A) \ (A ∩ A) = A \ A = ∅,
424 Structure d’anneau
c’est-à-dire que A est l’opposé de A pour la loi ∆ (tous les éléments de P (E) \ {∅} sont d’ordre
2, ce qui permet de retrouver la commutativité de (P (E) , ∆) et le fait que P (E) est de cardinal
une puissance de 2 si E est fini).
En définitive, (P (E) , ∆) est un groupe commutatif.
On vérifie facilement que ∩ est commutative et associative. L’ensemble E est le neutre pour ∩.
Pour A, B, C dans P (E) , on a :
(x ∈ A ∩ (B∆C)) ⇔ (x ∈ A et x ∈ B∆C)
⇔ (x ∈ A et x ∈ B et x ∈
/ C) ou (x ∈ A et x ∈ C et x ∈/ B)
⇔ (x ∈ A ∩ B et x ∈
/ C) ou (x ∈ A ∩ C et x ∈/ B)
⇔ (x ∈ A ∩ B et x ∈
/ A ∩ C) ou (x ∈ A ∩ C et x ∈/ A ∩ B)
⇔ (x ∈ (A ∩ B) \ (A ∩ C)) ou (x ∈ (A ∩ C) \ (A ∩ B))
⇔ x ∈ (A ∩ B) ∆ (A ∩ C)
Exercice 21.3 Soient A1 , A2 deux anneaux. Montrer que le produit direct A1 × A2 muni des
lois : {
((a1 , a2 ) , (b1 , b2 )) 7→ (a1 , a2 ) + (b1 , b2 ) = (a1 + b1 , a2 + b2 )
((a1 , a2 ) , (b1 , b2 )) 7→ (a1 , a2 ) · (b1 , b2 ) = (a1 · b1 , a2 · b2 )
est un anneau.
De manière plus générale, si A1 , · · · , Ap sont des anneaux, on peut alors munir le produit
∏
p
direct Ak = A1 × · · · × Ap d’une structure d’anneau comme dans le cas où p = 2. Si Ak = A
k=1
pour tout k compris entre 1 et p, on note alors Ap cet anneau produit.
Avec le théorème qui suit, on donne un résumé des règles de calculs utilisables dans un
anneau.
Démonstration.
— On a a · 0 = a · (0 + 0) = a · 0 + a · 0 et simplifiant par a · 0 dans le groupe (A, +) , on en
déduit que a · 0 = 0.
Anneaux 425
(n + 1) (a · b) = n (a · b) + a · b = (na) · b + a · b
= (na + a) · b = ((n + 1) a) · b
Sur Z, Q, R ou C, une formule intéressante est celle du binôme de Newton. Elle est en fait
valable sur anneau unitaire quand les éléments commutent.
n+1
∑
n−1
k
(a + b) = Cn+1 ak bn+1−k .
k=0
et pour c ̸= 0, on a AB ̸= BA.
Remarque 21.2 La formule du binôme peut aussi se montrer en utilisant un argument de dé-
nombrement. Comme a et b commutent, (a + b)n = (a + b) · · · (a + b) , le produit étant effectué
n fois, est une somme de monômes ak bn−k et, pour k fixé entre 0 et n, il y a autant de monômes
ak bn−k que de produits aabaa · · · où a intervient k fois et b intervient n − k fois. Dans une telle
liste, il y a Cnk façons de choisir la position des k éléments a (les a étant placés, les b le sont
automatiquement), ce qui donne la formule.
L’identité remarquable qui suit, pour a et b qui commutent, est aussi intéressante.
Remarque 21.3 Si a et b ne commutent pas, ce résultat n’est plus nécessairement vrai. Par
exemple dans Mn (R) en considérant deux matrices A et B telles que AB ̸= BA, on a :
(B − A) (B + A) = B 2 − AB + BA − A2 ̸= B 2 − A2 .
( ) ( )
1 1 a b
Par exemple, les matrices A = et B = donnent :
0 1 c d
( ) ( )
a+c b+d a a+b
AB = , BA =
c d c c+d
et pour c ̸= 0, on a AB ̸= BA.
Éléments inversibles dans un anneau unitaire 427
Remarque 21.4 L’exercice 20.7 nous dit que pour vérifier qu’un élément a de l’anneau uni-
taire A est inversible, il suffit de vérifier qu’il a un inverse à gauche (ou à droite) puisque la
loi multiplicative est associative.
Exemple 21.6 On a (Mn (R))× = GLn (R) [resp. (Mn (C))× = GLn (G)].
Théorème 21.4 Soit (A, +, ·) un anneau unitaire. L’ensemble A× des éléments inversibles de
A est un groupe pour le produit.
c’est-à-dire que ab est inversible d’inverse b−1 a−1 . La multiplication définit donc une loi interne
sur A× . On sait déjà que cette loi est associative, que 1 en est le neutre et tout a ∈ A× est
−1
inversible par construction d’inverse a−1 ∈ A× (on (a−1 ) = a). (A× , ·) est donc un groupe.
Exercice 21.4 Soit (A, +, ·) un anneau unitaire. Montrer que si a ∈ A est tel que an = 0 pour
∑
n−1
un entier n ≥ 1 (on dit alors que a est nilpotent), alors 1 − a est inversible d’inverse ak .
k=0
Solution 21.4 On a :
∑
n−1
1 − an = (1 − a) ak
k=0
∑
n−1
pour n ≥ 1 et an = 0 donne (1 − a) ak = 1, ce qui signifie que 1 − a est inversible d’inverse
k=0
∑
n−1
ak .
k=0
Solution 21.5
1. On a :
(1 − ba) (1 + bua) = 1 − ba + bua − babua
= 1 + b (−1 + u − abu) a
= 1 − b (−1 + (1 − ab) u) a
= 1 − b (−1 + 1) a = 1
puisque (1 − ab) u = 1 (l’idée de cet in verse peut être inspirée par le calcul dans R :
1 ba
=1+ = 1 + bua).
1 − ba 1 − ab
2. Dire que 0 est valeur propre de AB équivaut à dire que det (AB) = 0 et comme det (AB) =
det (BA) , cela équivaut à dire 0 est valeur propre de BA.
Dire que λ ̸= 0 est valeur propre de AB équivaut à dire que λIn − AB est non inversible,
1 1
ce qui revient à dire que In − AB est non inversible et cela équivaut à dire que In − BA
λ λ
est non inversible, donc que λ est aussi valeur propre de BA.
Remarque 21.5 On peut en fait montrer que si A, B sont deux matrices réelles ou complexes,
alors AB et BA ont le même polynôme caractéristique.
Définition 21.3 On dit que a ∈ A est un diviseur de 0 si a ̸= 0 et s’il existe b ̸= 0 dans A tel
que a · b = 0.
Remarque 21.6 Un diviseur de 0 dans un anneau unitaire n’est jamais inversible (pour la
multiplication) et, par contraposée, un élément inversible ne peut être un diviseur de 0.
Définition 21.4 Un anneau est dit intègre s’il est commutatif et n’admet pas de diviseur de 0.
Exemple 21.10 L’anneau Mn (R) [resp. Mn (C)] est non intègre puisque non commutatif.
Sans se préoccuper de la commutativité,
( ) trouver des diviseurs de 0 dans Mn (R) . Par
) ( on peut
1 0 0 0
exemple, pour n = 2, on a = 0 et aucune de ces deux matrice n’est nulle.
0 0 0 1
21.3 Sous-anneaux
Définition 21.5 Soit (A, +, ·) un anneau. Un sous-anneau de A est une partie non vide B de
A telle que (B, +) est un sous-groupe de A et B est stable pour la multiplication, c’est-à-dire
que pour tous a, b dans B, a · b est aussi dans B.
Si l’anneau A est unitaire, B doit contenir 1.
Il est facile de vérifier qu’un sous-anneau d’un anneau et lui même un anneau.
Théorème 21.5 Soit (A, +, ·) un anneau et B une partie non vide de A. B est un sous-anneau
de A si, et seulement si : {
a−b∈B
∀ (a, b) ∈ B ,
2
a·b∈B
(pour A unitaire, il faut ajouter 1 ∈ B).
Exemple 21.12 Les ensembles Z, Q, R muni des opérations usuelles sont des sous-anneaux de
C.
Solution 21.6
1. Facile.
a
2. Un rationnel r = est inversible dans D si, et seulement si, il existe un entier relatif
10m
a b
b et un entier naturel n tels que m n = 1, ce qui revient à dire que ab = 10n+m ou
10 10
encore que 2 et 5 sont les seuls diviseurs premiers possibles de a et b.
Exercice 21.7 Soit p ≥ 2 un entier sans facteurs carrés dans sa décomposition en produit de
∏
r
nombres premiers (c’est-à-dire que p = pk où les pk sont premiers deux à deux distincts).
k=1
√ [√ ] √
4. Montrer que si n + m p est inversible dans Z p , il en est alors de même de n − m p.
[√ ]
5. Montrer que le groupe des éléments inversibles de Z p est :
√ { √ √ }
(Z [ p])× = n + m p ∈ Z [ p] | n2 − pm2 = ±1
Solution 21.7
√ [√ ] √ √ [√ ]
1. On a 1 = 1 + 0 p ∈ Z p . Pour a = n + m p et a′ = n′ + m′ p dans Z p , on a :
{ √ [√ ]
a − a′ = (n − n′ ) + (m − m′ ) p ∈ Z p [ ]
√ √
aa′ = (nn′ + pmm′ ) + (nm′ + mn′ ) p ∈ Z p
[√ ]
Donc Z p est un sous anneau de R.
√ √ n
2. Si a = n + m p = 0 avec m ̸= 0, on a alors p = − ∈ Q, ce qui n’est pas possible si
m
√ a
p est sans facteurs carrés. En effet p = avec a, b premiers entre eux dans N∗ , donne
b
∏
r
a = pb , donc p1 divise a, soit a = p1 a1 et p21 a21 = pb2 , soit p1 a21 =
2 2
pk b2 et p1 va
k=2
∏
r
diviser b (il est premier avec pk dans le cas où r ≥ 2), ce qui contredit a ∧ b = 1.
√ k=2
L’égalité n + m p = 0 entraîne donc m = 0 et n = 0.
[√ ] √ [√ ] ( √ )
3. Si n ∈ Z ⊂ Z p est inversible, il existe alors n′ +m′ p ∈ Z p tel que n n′ + m′ p =
√
nn′ + nm′ p = 1, ce qui entraîne nn′ = 1 et nm′ = 0, soit m′ = 0 et nn′ = 1 dans Z, ce
qui donne n = n′ = ±1. Donc :
√
Z ∩ (Z [ p])× = Z× = {−1, 1}
√ [√ ] √ [√ ]
4. Si a = n + m p est inversible dans Z p , il existe alors a′ = n′ + m′ p ∈ Z p tel
√
que aa′ = 1, soit (nn′ + pmm′ ) + (nm′ + mn′ ) p = 1, ce[ qui] entraîne nn′ + pmm′ = 1
√ √
et nm′ + mn′ = 0 (unicité de l’écriture n + m p dans Z p ). Il en résulte que :
√ √ √
(n − m p) (n′ − m′ p) = (nn′ + pmm′ ) − (nm′ + mn′ ) p = 1
√ [√ ]
et n − m p est inversible dans Z p .
√ [√ ] √
5. Si a = n( + m p est ) ( inversible)dans Z p , il [en est] alors de même de n − m p et du
√ √ √
produit n + m p n − m p = n2 − pm2 (Z p est un groupe multiplicatif), ce qui
( n −√pm ) ( = ±1.√Réciproquement, si n et m sont tels que n2 − pm(2 = ±1, on
2 2
entraîne ) a
√ √ )
alors n + m p n − m p = ±1 et n + m p est inversible d’inverse ± n − m p .
[√ ]
On peut montrer que les éléments inversibles de Z 2 sont les éléments de la forme
( √ )n ( √ )n ( √ )n
± 1 + 2 où n est un entier relatif, l’inverse de ± 1 + 2 étant ± −1 + 2 .
[√ ]
Exercice 21.8 On désigne par p un entier naturel non nul et par Z i p l’ensemble des
nombres complexes défini par :
√ { √ }
Z [i p] = a + ib p | (a, b) ∈ Z2 .
[√ ]
1. Montrer que Z i p est un anneau unitaire commutatif et intègre (pour p = 1, Z [i] est
l’anneau des entiers de Gauss).
[√ ] √
2. Montrer que[Z i ] p est contenu dans tout sous anneau unitaire de C qui contient i p.
√
L’anneau Z i p est donc le plus petit sous anneau de C (pour l’ordre de l’inclusion)
√ √
qui contient i p, on dit que c’est le sous anneau de C engendré par i p.
Sous-anneaux 431
[√ ]
3. Montrer que Z i p est égal à l’intersection de tous les sous anneaux de C qui contiennent
i.
[ √ ]× [√ ]
4. Déterminer le groupe Z i p des éléments inversibles de Z i p .
Solution 21.8
[√ ]
1. Il suffit de montrer que Z i [ p est un sous anneau de C.
√ √ ] √ √
On a 1 = 1 + i · 0 · p ∈ Z i p . Pour z = a + ib p et z ′ = a′ + ib′ p, où a, a′ , b, b′
sont des entiers relatifs, on a :
{ √ [√ ]
z − z ′ = (a − a′ ) + (b − b′ ) i p ∈ Z i [p
√ √ ]
zz ′ = (aa′ − pbb′ ) + (ab′ + ba′ ) i p ∈ Z i p
[√ ]
Donc Z i p est un sous anneau de C et comme C, il est unitaire commutatif et intègre.
√
2. Si un anneau A contient i p, il contient également 1 (il s’agit d’anneaux unitaires) et
√
en[ conséquence
] il contient tout élément de la forme a + ib p avec (a, b) ∈ Z2 . On a donc
√
Z i p ⊂ A.
√
3. En désignant par (Ai )i∈I la famille de tous les sous anneaux de C qui contiennent i p,
∩ [√ ] [√ ] [√ ]
on a A = Ai ⊂ Z i p puisque Z i p est l’un de ces sous-anneaux et Z i p ⊂ A
i∈I [√ ]
puisque A est un anneau. On a donc bien Z i p = A.
√ [√ ] [√ ]
4. Si z = a + ib p est inversible dans Z i p , il existe alors z ′ ∈ Z i p tel que zz ′ = 1
et |z|2 |z ′ |2 = 1 avec |z|2 = a2 + b2 p2 ∈ N et |z ′ |2 ∈ N, ce qui impose |z|2 = |z ′ |2 = 1.
On a donc a2 + b2 p2 = 1 avec (a2 , b2 p2 ) ∈ N2 , ce qui équivaut à (a2 , b2 p2 ) = (1, 0) ou
(a2 , b2 p2 ) = (0, 1) ou encore à a = ±1 et b = 0 ou a = 0 et b2 p2 = 1. Pour p = 1, la
condition b2 p2 = 1 équivaut à b = ±1 et pour p ≥ 2, elle n’est jamais réalisée puisque,
pour tout b ∈ Z, on a b2 p2 = 0 ou b2 p2 ≥ p2 ≥ 4. On a donc Z [i]× ⊂ {−1, 1, −i, i} et
[ √ ]×
Z i p ⊂ {−1, 1} pour p ≥ 2. Les inclusions réciproques se vérifiant facilement. En
définitive, on a : {
√ × {−1, 1, −i, i} si p = 1,
Z [i p] =
{−1, 1} si p ≥ 2.
Exercice 21.9 Soit A un anneau commutatif unitaire et Mn (A) l’anneau des matrices carrées
d’ordre n à coefficients dans A.
1. Montrer que l’ensemble GLn (A) des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans A
telles que : ∑
det (A) = ε (σ) ai,σ(i) ∈ A×
σ∈Sn
Exercice 21.10 On dit qu’un nombre réel α est algébrique s’il existe un polynôme non nul P
dans Q [X] tel que P (α) = 0.
Un nombre réel qui n’est pas algébrique est dit transcendant.
On note A l’ensemble des nombres réels algébriques.
432 Structure d’anneau
√√
√ 1+ 5
1. Montrer que les réels α = 2 et β = sont algébriques.
√ √ 2
2. Montrer que le réel β = 3 2 + 3 4 est algébrique.
∑n ∑
m
3. Soient α, β deux nombres algébriques et P (X) = ak X k , Q (X) = bk X k deux
k=0 k=0
polynômes non nuls dans Q [X] tels que P (α) = 0 et Q (β) = 0, avec an = bm = 1. On
note : { i j }
α β | 0 ≤ i ≤ n − 1, 0 ≤ j ≤ m − 1 = {γk | 1 ≤ k ≤ p}
où p = nm et γ1 = α0 β 0 = 1. On désigne par V le vecteur de Rp de composantes
γ1 , · · · , γp .
(a) Montrer qu’il existe deux matrices carrées d’ordre p à coefficients rationnels A et B
telles que αV = AV et βV = BV.
(b) Montrer que A est un anneau commutatif unitaire.
Solution 21.10
√
1. α = 2 est annulé √ par X 2 − 2 ∈ Q [X] \ {0} .
2
On a 2β 2 = 1 + 5 et (2β 2 − 1) = 5. Le réel β est donc annulé par le polynôme
P (X) = X 4 − X 2 − 1 ∈ Q [X] et en conséquence il est algébrique.
√
2. On a β = α + α2 , où α = 3 2 est algébrique annulé par X 3 − 2. De α3 = 2, on déduit
que : ( )
β 2 = α2 + 2α + 4, β 3 = 6 α2 + α + 1 = 6β + 6
β est donc algébrique annulé par P (X) = X 3 − 6X − 6.
3.
(a) Pour tout entier k compris entre 1 et p il existe deux indices i, j tels que γk = αi β j et
αγk = αi+1 β j . Pour i compris entre 0 et n − 2, αγk est l’un des γr et pour i = n − 1,
on a :
∑n−1
αγk = α β = −
n j
ar α r β j
r=0
qui est une combinaison linéaire à coefficients rationnels des γ1 , · · · , γp . Il existe donc
une matrice A dans Mp (Q) telle que αV = AV.
De manière analogue, on voit qu’il existe une matrice B dans Mp (Q) telle que βV =
BV.
(b) On a 1 ∈ A, de manière évidente.
Pour α, β dans A, on a avec les notations précédentes, (A − B) V = (α − β) V avec
V non nul dans Rp , ce qui signifie que α − β est une valeur propre de la matrice
A − B, c’est donc une racine du polynôme caractéristique χA−B qui est dans Q [X]
puisque A − B est une matrice à coefficients rationnels. Il en résulte que α − β est
algébrique. De même avec (AB) V = (αβ) V on déduit que αβ est algébrique.
En conclusion A est un sous-anneau de R.
Définition 21.6 On dit que φ est un morphisme d’anneaux de A dans B si φ est une appli-
cation de A dans B telle que :
— φ (1) = 1 ;
— ∀ (a, b) ∈ A2 , φ (a + b) = φ (a) + φ (b) ;
— ∀ (a, b) ∈ A2 , φ (a · b) = φ (a) · φ (b)
Dans le cas où φ est de plus bijective, on dit que φ est un isomorphisme d’anneaux A sur B.
Dans le cas où A = B, on dit que φ est un endomorphisme de l’anneau A et que c’est un
automorphisme de l’anneau A si φ est de plus bijective.
Im (φ) = {φ (x) | x ∈ A} .
Il est facile de vérifier que ker (φ) est un sous-anneau de A et Im (φ) un sous-anneau de B.
En fait pour tout x ∈ ker (φ) et tout y ∈ A, on a φ (xy) = φ (x) φ (y) = 0 · φ (y) = 0,
c’est-à-dire que xy ∈ ker (φ) . Cette propriété se traduit en disant que ker (φ) est un idéal de
l’anneau A.
Un tel morphisme est injectif [resp. surjectif] si, et seulement si, ker (φ) = {0} [resp. Im (φ) =
B].
434 Structure d’anneau
22
Structure de corps
22.1 Corps
Définition 22.1 Soit K un ensemble non vide muni de deux lois de composition interne notées
+ (une addition) et · (une multiplication). On dit que (K, +, ·) est un corps si :
— (K, +, ·) est un anneau unitaire (avec 1 ̸= 0) ;
— tous les éléments de K \ {0} sont inversibles pour la multiplication (ce qui revient à dire
que K× = K \ {0}).
Si de plus l’anneau (K, +, ·) est commutatif, on dit que le corps (K, +, ·) est commutatif.
Solution 22.1 Pour x ∈ K∗ , on a (x, 0) · (0, x) = (0, 0) , il existe donc des diviseurs de 0 dans
l’anneau produit K2 et en conséquence ce n’est pas un corps.
Exemple 22.1 Les ensembles Q, R, C muni des opérations usuelles sont des corps commuta-
tifs. Mais Z n’est pas un corps.
435
436 Structure de corps
(où a est le nombre complexe conjugué de a) est un corps non commutatif (corps des quaternions
de Hamilton).
( )
1 0
Solution 22.2 On montre d’abord que H est un sous-anneau de M2 (C) . On a I2 = ∈
0 1
( ) ( ′ )
a b a b′
H et pour A = ,B= dans H, on a :
−b a −b′ a′
( )
a( − a′ ) b − b′
A−B = ∈H
− b − b ′ a − a′
et : ( ′ ′
)
( − bb ′ ) ab + a b′
aa ′ ′
AB = ∈ H.
− ab′ + a b aa′ − bb
Donc H est(un sous-anneau
) de M2 (C) .
a b
Pour A = ∈ H on a det (A) = |a|2 + |b|2 , de sorte que det (A) ̸= 0 pour A ̸= 0 et
−b a
A est inversible dans M2 (C) d’inverse :
( )
−1 1 a −b
A = 2 ∈H
|a| + |b|2 b a
Dans un corps on a en général plus de facilités à résoudre certaines équations que dans un
anneau.
Par exemple dans un anneau une équation de la forme ax + b = 0 n’a pas nécessairement
de solution. On peut considérer le cas d’un anneau de matrices. Si A, B sont des matrices
réelles d’ordre n, l’équation AX + B = 0 équivaut à AX = −B qui donne det (A) det (X) =
(−1)n det (B) et pour A non inversible, B inversible, on aboutit à une impossibilité puisque
det (A) = 0 et det (B) ̸= 0.
Solution 22.3
Corps 437
ax2 + bx + c = (x − x1 ) (a (x + x1 ) + b)
( )
b
= a (x − x1 ) x + x1 +
a
= a (x − x1 ) (x − x2 ) .
On a donc montré que ax2 + bx + c est factorisable dans K, si, et seulement si, l’équation
ax2 + bx + c = 0 a des solutions dans K.
Par exemple sur R, l’équation x2 + 1 n’est pas factorisable.
Remarque 22.1 Dans un corps non commutatif une équation de degré 2 peut avoir plus de
deux racines, elle peut même en avoir une infinité. Par exemple dans le corps H des quaternions
(exercice 22.2) une matrice A ∈ H est annulée par son polynôme caractéristique P (X) = X 2 −
tr (A) X + det (A) (théorème de Cayley-Hamilton) et on peut trouver une infinité
( de matrices
)
1 eit
dans H de trace et déterminant donné. Par exemple, pour tout réel θ, on a A = ∈
−e−it 1
H avec tr (A) = det (A) = 2. Toutes ces matrices sont solutions de X 2 − 2X + 2 = 0.
Exercice 22.4 Montrer qu’un anneau unitaire intègre et fini est un corps.
Solution 22.4 Soit A un anneau unitaire intègre. Pour tout a ̸= 0 dans A, l’application x 7→ ax
est injective. En effet si ax = ay, alors a (x − y) = 0 et x−y = 0 puisque A est intègre et a ̸= 0.
Si de plus A est fini, alors cette application est bijective et en particulier il existe b ∈ A tel que
ab = 1, ce qui prouve que a est inversible à droite. On montre de même que a est inversible à
gauche. On a donc montré que tout élément non nul de a est inversible, ce qui revient à dire
que A est un corps.
Définition 22.2 Soit (K, +, ·) un corps. On dit qu’une partie L de K est un sous-corps de K
si :
438 Structure de corps
— L est un sous-anneau de K ;
— L∗ = L \ {0} est stable par passage à l’inverse, c’est-à-dire que pour tout x ∈ L∗ , x−1 est
dans L∗ .
On vérifie facilement qu’un sous-corps d’un corps est lui même un corps.
Théorème 22.1 Soit (K, +, ·) un corps et L une partie non vide de K. L est un sous-corps de
K si, et seulement si :
— 1∈L:
— ∀ (x, y) ∈ L2 , x − y ∈ L ;
— ∀ (x, y) ∈ L × L∗ , xy −1 ∈ L.
Démonstration. Laissée au lecteur.
Si L est un sous-corps d’un corps K, on dit alors que K est une extension de L.
Exemple 22.2 Les ensembles Q, R muni des opérations usuelles sont des sous-corps de C.
Exercice 22.5 Montrer que le seul sous-corps de Q est lui même.
Solution 22.5 Laissée au lecteur.
Exercice 22.6 Soit p un entier sans facteurs carrés dans sa décomposition en produit de
nombres premiers. Montrer que l’ensemble :
√ { √ }
Q [ p] = r + s p | (r, s) ∈ Q2
est un sous-corps de R.
[√ ]
Solution 22.6 [On vérifie facilement que Q p est un sous-anneau de R (même démonstra-
√ ] √ √
tion que pour Z p déjà rencontré). Comme [√ ]p est irrationnel, on a a = r + s p = 0 si, et
seulement si, r = s = 0. Pour a ̸= 0 dans Q p , on a ;
√
−1 1 r−r p √
a = √ = 2 ∈ Q [ p] .
r+s p r − ps2
[√ ]
En conclusion, Q p est un sous-corps de R.
Exercice 22.7 Montrer que l’ensemble :
{ }
Q [i] = r + si | (r, s) ∈ Q2
est un sous-corps de C.
Solution 22.7 On vérifie facilement que Q [i] est un sous-anneau de C (même démonstration
que pour Z [i] déjà rencontré). Pour z ̸= 0 dans Q [i] , on a ;
1 r − si
a−1 = = 2 ∈ Q [i] .
r + si r + s2
En conclusion, Q [i] est un sous-corps de C.
Exercice 22.8 Montrer que l’ensemble A des réels algébriques est un corps.
Solution 22.8 On sait déjà que A est un sous-anneau de R. ( )
∗ 1 1
Si α ∈ A est annulé par P ∈ Q [X] \ {0} de degré n ≥ 1, alors est annulé par X P n
∈
α X
Q [X] \ {0} et en conséquence est algébrique. On en déduit que A est un sous-corps de R. On a
ainsi un exemple de corps strictement compris entre Q et R.
Morphismes de corps 439
Définition 22.3 On dit que φ est un morphisme de corps de K dans L si φ est une application
de K dans L telle que :
— φ (1K ) = 1L ;
— ∀ (a, b) ∈ K2 , φ (a + b) = φ (a) + φ (b) ;
— ∀ (a, b) ∈ K2 , φ (a · b) = φ (a) · φ (b)
Dans le cas où φ est de plus bijective, on dit que φ est un isomorphisme de corps de K sur
L.
Dans le cas où K = L, on dit que φ est un endomorphisme du corps K et que c’est un auto-
morphisme du corps K si φ est de plus bijective.
On peut remarquer qu’un morphisme de corps est en fait un morphisme d’anneaux unitaires.
On a, pour un tel morphisme, φ (0) = 0, φ (1) = 1, φ (−a) = −φ (a) pour tout a ∈ K et
φ (a−1 ) = φ (a)−1 pour tout a ∈ K∗ .
Exercice 22.9 Montrer que l’identité est le seul endomorphisme de corps non identiquement
nul de R.
∀n ∈ A, n ≥ m.
Si de plus m est dans A on dit alors que c’est un plus petit élément. Dans ce cas il est
uniquement déterminé.
On dit qu’une partie A non vide de Z est majorée s’il existe un entier M tel que :
∀n ∈ A, n ≤ M.
Si de plus M est dans A on dit alors que c’est un plus grand élément. Dans ce cas il est
uniquement déterminé.
L’ensemble Z est bien ordonné, c’est-à-dire que :
— toute partie non vide et minorée de Z admet un plus petit élément ;
— toute partie non vide et majorée de Z admet un plus grand élément.
441
442 Division euclidienne dans Z
Remarque 23.2 La relation de divisibilité est une relation d’ordre non totale sur N. C’est à
dire qu’elle est :
— réflexive : pour tout a ∈ N, a/a ;
— antisymétrique : si a/b et b/a dans N alors a = b ;
— transitive : si a/b et b/c dans N alors a/c.
Deux éléments quelconques de N ne sont pas toujours comparables. Par exemple on n’a aucune
relation de divisibilité entre 3 et 5 dans N.
nZ = {n · q | q ∈ Z}
Dn = {q ∈ Z | q divise n}
Exercice 23.1 Montrer que, pour tout entier relatif n, nZ est un sous-groupe additif de Z.
aZ ⊂ bZ ⇔ b/a ⇔ Db ⊂ Da
et :
aZ = bZ ⇔ a = ±b ⇔ Da = Db .
Divisibilité et congruences 443
Solution 23.2 Si aZ ⊂ bZ, on a alors a ∈ bZ, c’est-à-dire qu’il existe un entier q tel que
a = bq et b/a.
Si b/a, on a alors a = qb avec q ∈ Z et tout diviseur δ de b va diviser a, ce qui signifie que
Db ⊂ Da .
Si Db ⊂ Da , on a alors b ∈ Da , c’est-à-dire qu’il existe un entier q tel que a = bq et pour tout
pa dans aZ, on a pa = pqb ∈ bZ, c’est-à-dire que aZ ⊂ bZ.
On a donc ainsi montré la première série d’équivalence.
Si aZ = bZ, on a alors aZ ⊂ bZ et bZ ⊂ aZ, donc b/a et a/b et a = ±b.
Si a = ±b, les entiers a et b ont les mêmes diviseurs, ce qui signifie que Da = Db .
Si Da = Db , on a alors Da ⊂ Db et Db ⊂ Da , donc b/a et a/b et a = ±b qui équivaut à aZ = bZ.
Exercice 23.3 Déterminer tous les entiers naturels non nuls n tels que n + 1 divise n2 + 1.
n2 + 1 = n (n + 1) − (n − 1)
Exercice 23.4 Déterminer tous les entiers relatifs n différents de 3 tels que n−3 divise n3 −3.
n3 − 3 = (n − 3 + 3)3 − 3 = q (n − 3) + 33 − 3
= q (n − 3) + 24
et :
n ∈ {−21, −9, −5, −3, −1, 0, 1, 2, 4, 5, 6, 7, 9, 11, 15, 27} .
Réciproquement ces valeurs conviennent bien.
Définition 23.2 Soient n un entier naturel et a, b deux entiers relatifs. On dit que a est congru
à b modulo n si n divise a − b. On note
a ≡ b (n)
Dire que a est congru à b modulo n équivaut aussi à dire que a − b ∈ nZ.
Pour n = 0, on a 0Z = {0} et a ≡ b (0) revient à dire que a = b.
Pour n = 1, on a 1Z = Z et la relation a ≡ b (1) est toujours vérifiée.
On suppose donc, dans ce qui suit que n ≥ 2.
On peut facilement vérifier que la relation de congruence est une relation d’équivalence.
C’est-à-dire que :
— a ≡ a (n) (a − a = 0 ∈ nZ) ;
— a ≡ b (n) ⇒ b ≡ a (n) (a − b ∈ nZ entraîne b − a ∈ nZ puisque nZ est un groupe) ;
— (a ≡ b (n) , b ≡ c (n)) ⇒ a ≡ c (n) (a − b ∈ nZ et b − c ∈ nZ entraîne a − c =
(a − b) − (c − b) ∈ nZ puisque nZ est un groupe).
444 Division euclidienne dans Z
Cette relation est compatible avec l’addition et la multiplication sur Z. C’est-à-dire que :
Solution 23.5 On a 3x ≡ −7y (11) donc 15x ≡ −35y (11) avec 15x ≡ 4x (11) et −35y ≡
9y (11) .
Exercice 23.6 Soient a et b dans Z. Montrer que si p = a2 + b2 est impair supérieur ou égal
à 3 alors p − 1 est multiple de 4.
Solution 23.6 Tout entier k est congru à 0, 1, 2 ou 3 modulo 4, donc k 2 est congru à 0 ou 1
modulo 4 et a2 + b2 est congru à 0, 1 ou 2 modulo 4. Si p est impair et p = a2 + b2 alors p est
congru à 1 modulo 4 et p − 1 est multiple de 4.
Solution 23.7 L’entier m = an − b2n est pair comme différence de nombres impairs. Il est
donc divisible par 6 si, et seulement si, il est divisible par 3. Avec a ≡ 2 (3) et b ≡ 2 (3) on
déduit que m ≡ 2n − 22n (3) et m est divisible par 3 si, et seulement si 2n − 22n ≡ 0 (3) ce qui
équivaut à 2n ≡ 1 (3) encore équivalent à dire que n est pair.
A = {k ∈ Z | bk ≤ a} .
Cet ensemble est non vide (pour a ≥ 0, 0 est dans A et pour a < 0, a est dans A) et majoré
(pour a ≥ 0, a majore A et pour a < 0, 0 majore A). Il admet donc un plus grand élément q
qui vérifie :
qb ≤ a < (q + 1) b.
Il suffit alors de poser r = a − bq.
Pour b < 0 on travaille avec −b et on a l’existence de (q ′ , r′ ) vérifiant :
{
a = −bq ′ + r′ ,
0 ≤ r′ < −b.
Le théorème de division euclidienne dans Z 445
Et il suffit de poser q = −q ′ , r = r′ .
Supposons qu’il existe deux couples d’entiers (q, r) et (q ′ , r′ ) vérifiant (23.1) avec q ̸= q ′ . On
a alors :
|r − r′ | = |b (q − q ′ )| ≥ |b|
avec r et r′ dans ]− |b| , |b|[ ce qui est impossible. On a donc q = q ′ et r = r′ . Le couple (q, r)
vérifiant (23.1) est donc unique.
Définition 23.3 Avec les notations du théorème 23.1 on dit que a est le dividende, b le diviseur,
q le quotient et r le reste dans la division euclidienne de a par b.
Remarque 23.3 On peut montrer un résultat analogue au théorème 23.1 avec la condition
|r| < b (en supposant b > 0), mais dans ce cas le couple (q, r) n’est pas unique. Par exemple on
a:
12 = 3 × 5 − 3 = 2 × 5 + 2.
b a b
q≤ < q+1
|b| |b| |b|
ce qui donne
a
q≤ <q+1
b
[a] a
pour b > 0 et signifie que q = (partie entière de ).
a
b b
a [a]
Pour b < 0, on a −q ≤ − < −q + 1, soit q − 1 < ≤ q et q − 1 = si le reste r = a − bq
a [a]
b b b
est non nul et q = = si le reste est nul.
b b
Remarque 23.4 La démonstration précédente du théorème de division euclidienne n’est pas
constructive. Un algorithme de détermination du quotient et du reste est donné par la méthode
de descente infinie de Fermat qui revient à faire une démonstration par récurrence du théorème
23.1.
446 Division euclidienne dans Z
Exercice 23.8 Calculer, pour tout entier naturel n, le reste dans la division euclidienne par
13 de l’entier xn = 42n+1 + 3n+2 .
Solution 23.8 On a :
xn = 4 · 42n + 9 · 3n = 4 · 16n + 9 · 3n
= 4 (16n − 3n ) + (4 + 9) 3n
∑
n
= 4 (16 − 3) 16n−k 3k−1 + 13 · 3n = 13yn .
k=1
Le reste dans la division euclidienne par 13 de xn est donc nul, le quotient étant donné par :
∑
n
qn = 4 16n−k 3k−1 + 3n
k=1
Exercice 23.9 Soient a et b deux entiers naturels non nuls tels que a > b. Donner une condi-
tion suffisante sur les entiers a et b pour que tous les entiers xn = a2n+1 + bn+2 , où n est un
entier naturel, soient divisibles par a + b2 .
Solution 23.9 On a :
( )n
xn = a · a2n + b2 · bn = a · a2 + b2 · bn
(( )n ) ( )
= a a2 − b n + a + b 2 b n
( 2 )∑ n
( 2 )n−k k−1 ( )
=a a −b a b + a + b2 bn .
k=1
Exercice 23.10 Soient a, b deux entiers relatifs. Montrer que si a2 + b2 est divisible par 7,
alors a et b sont divisibles par 7.
Pour 0 ≤ r1 , r2 ≤ 6 et (r1 , r2 ) ̸= (0, 0) , r12 + r22 n’est jamais divisible par 7 et donc a2 + b2 n’est
pas divisible par 7. En conclusion, si a2 + b2 est divisible par 7, alors a et b sont divisibles par
7.
19 = 2 × 7 + 5 ≡ 5 (7)
Les paragraphes qui suivent sont consacrés à quelques applications du théorème de division
euclidienne.
Théorème 23.3 Soit b un entier supérieure ou égal à 2. Pour tout entier n > 0 il existe un
unique entier p et un unique (p + 1)-uplet (n0 , n1 , · · · , np ) ∈ Np+1 tels que np ̸= 0, 0 ≤ nk ≤ b−1
pour tout k ∈ {0, 1, · · · , p} et :
∑ p
n= n k bk . (23.3)
k=0
∪
+∞
[ j j+1 [
∗
N = b ,b
j=0
448 Division euclidienne dans Z
il suffit de montrer le résultat pour tout entier n dans [bj , bj+1 [ où j décrit N. Pour ce faire on
procède par récurrence sur j ≥ 0.
Pour j = 0 tout n ∈ [1, b[ s’écrit sous la forme (23.3) avec p = 0 et n0 = n.
Supposons le résultat acquis pour j ≥ 0 et soit n ∈ [bj+1 , bj+2 [ . En utilisant le théorème de
division euclidienne on peut écrire n = bq + n0 avec 0 ≤ n0 ≤ b − 1. On a alors :
( )
bq = n − n0 > bj+1 − b = b bj − 1
∑
p
b ≤n≤
p
(b − 1) bk = bp+1 − 1 < bp+1 .
k=0
′ ′ ′ ′
De même bp ≤ n < bp +1 . Donc bp < bp+1 soit bp −p < b et nécessairement p = p′ . En
remarquant que n0 est le reste dans la division euclidienne de n par b, on déduit que n0 = n′0
puis par récurrence que nk = n′k pour tout k ∈ {1, · · · , p} . D’où l’unicité de la décomposition.
Remarque 23.5 Dans la décomposition (23.3) on a bp ≤ n < bp+1 , c’est-à-dire que p est le
plus grand entier vérifiant bp ≤ n.
Définition 23.4 Avec les notations du théorème 23.3 on dit que (23.3) est la représentation
en base b de l’entier n. On note :
n = np · · · n1 n0 b
et on dit que les nk sont les chiffres dans l’écriture en base b de n.
Pour les valeurs successives b = 2, 8, 10 et 16, les écritures en base b correspondantes sont
les systèmes de numération binaire (chiffres 0, 1), octal (chiffres 0, 1, · · · , 7), décimal (chiffres
0, 1, · · · , 9) et hexadécimal (chiffres 0, 1, · · · , 9, A, B, · · · , F ).
Pour b = 10, on écrit plus simplement n = np · · · n1 n0 la représentation décimale de l’entier
n.
Si n = np · · · n1 n0 b , alors n0 est le reste dans la division euclidienne de n par b et np · · · n1 b
est le quotient. Cette remarque nous permet de donner un algorithme de calcul des chiffres dans
l’écriture en base b de n : on divise n par b, puis le quotient par b et ainsi de suite, un quotient
Les systèmes de numération 449
nul indique la fin du processus et les restes successifs donnent, de droite à gauche, l’écriture en
base b de n. Par exemple, l’écriture en base b = 2 de n = 120 s’obtient comme suit :
n 120 60 30 15 7 3 1
q 60 30 15 7 3 1 0
r 0 0 0 1 1 1 1
2
ce qui donne 120 = 1111000 .
b
On peut remarquer que l’écriture en base b de l’entier b est b = 10 et plus généralement,
b
pour tout entier p ≥ 1, l’écriture de l’entier bp en base b est b = 10 · · · 0 (1 suivi de p zéros).
On peut également remarquer que si n = np · · · n1 n0 b , alors pour tout entier k compris entre
1 et p, nk−1 · · · n1 n0 b est le reste dans la division euclidienne de n par bk et np · · · nk b est le
quotient.
L’écriture en base b peut être utilisée pour comparer deux entiers naturels non nuls, en faire
la somme ou le produit (voir [ ?], chapitre 1, paragraphe 2).
L’écriture en base b = 10 permet d’obtenir les critères classiques de divisibilité résumés avec
l’exercice qui suit.
Exercice 23.14 Soit n un entier naturel et n = np · · · n1 n0 b son écriture dans une base b ≥ 2.
Montrer que :
450 Division euclidienne dans Z
— si d est un diviseur premier de b ≥ 2 (les nombres premiers sont définis au chapitre 24),
alors n est divisible par d si, et seulement si, n0 est divisible par d ;
— si b ≥ 3 et d est un diviseur premier de b − 1, alors n est divisible par d si, et seulement
∑p
si, nk est divisible par d ;
k=0
— si d est un diviseur premier de b + 1, alors n est divisible par d si, et seulement si,
∑p
(−1)k nk est divisible par d.
k=0
Solution 23.15 On a :
( )20 ( )4
2100 = 25 = (30 + 2)20 ≡ 220 = 25 ≡ 24 = 16 ≡ 6 (10)
( )25
3100 = 34 ≡ 125 ≡ 1 (10)
( )2
4100 = 2100 ≡ 36 ≡ 6 (10)
5100 ≡ 5 (10)
6100 ≡ (−4)100 ≡ 6 (10)
7100 ≡ (−3)100 ≡ 1 (10)
8100 ≡ (−2)100 ≡ 6 (10)
9100 ≡ (−1)100 ≡ 1 (10)
et donc S ≡ 3 (10) .
Exercice 23.16 Pour tout entier naturel n, on désigne par an et bn les entiers définis par
a0 = 16, b0 = 4 et pour n ≥ 1, an = 11 · · · 1155 · · · 56, où le chiffre 1 est répété n + 1 fois et le
chiffre 5 répété n fois et bn = 33 · · · 34 où le chiffre 3 est répété n fois.
Montrer que an = b2n pour tout n. Généraliser.
Solution 23.16 Pour les premières valeurs de n, on peut constater que a0 = 16 = 42 = b20 ,
a1 = 1156 = 342 = b21 , a2 = 111556 = 3342 = b22 .
De manière plus générale, pour n ≥ 1, on a :
bn = 4 + 3 · 10 + · · · + 3 · 10n
10n − 1 10
= 4 + 3 · 10 =4+ (10n − 1)
10 − 1 3
2 1
= + 10n+1
3 3
et :
an = 6 + 5 · 10 + · · · + 5 · 10n + 10n+1 + · · · + 102n+1
10n − 1 10n+1 − 1
= 6 + 5 · 10 + 10n+1
10 − 1 10 − 1
n+1 ( )
5 · 10 10
=6+ (10n − 1) + 10n+1 − 1
9 9
( )2
4 4 n+1 1 2n+2 2 1 n+1
= + 10 + 10 = + 10 = b2n .
9 9 9 3 3
Caractéristique d’un anneau ou d’un corps commutatif 451
Solution 23.17 On sait déjà que δ = a ∧ b divise a et b, donc δ ∈ Da,b et tout entier d ∈ Da,b
divisant a et b va diviser δ = au + bv.
Comme tout d ∈ Da,b divise δ, on a Da,b ⊂ Dδ et comme tout d ∈ Dδ divise δ qui divise lui
même a et b, d va diviser a et b, soit d ∈ Da,b . On a donc Da,b = Da∧b .
On peut aussi donner une définition de pgcd (a, b) sans référence directe aux sous-groupes
de Z comme indiqué dans l’exercice suivant.
Exercice 23.18 Montrer, sans référence directe aux sous-groupes de Z, que l’ensemble Da,b
défini à l’exercice précédent admet donc un plus grand élément δ (δ est alors le plus grand
diviseur communs à a et b).
Solution 23.18 L’ensemble Da,b est non vide car il contient 1. Comme a et b ne sont pas
tous deux nuls, cet ensemble est fini puisqu’un entier relatif non nul n’a qu’un nombre fini de
diviseurs dans N∗ . L’ensemble Da,b est donc non vide et majoré dans N∗ , il admet donc un plus
grand élément δ ∈ N∗ qui est bien le plus diviseur communs à a et b.
Exercice 23.20 Soient a, b deux entiers naturels non nuls. Montrer que :
{
(a − b) ∧ b si a ≥ b
a∧b=
a ∧ (b − a) si b > a
remplacer b par b − a ;
Fin si ;
Fin ;
pgcd = a ;
Fin.
Par exemple, pour (a, b) = (128, 28) , on a :
a ∧ b = 100 ∧ 28 = 72 ∧ 28 = 44 ∧ 28
= 16 ∧ 28 = 16 ∧ 12 = 4 ∧ 12 = 4 ∧ 8
= 4 ∧ 4 = 4.
Cet algorithme n’est évidemment pas très performant, il sera amélioré par l’algorithme d’Eu-
clide.
Exercice 23.21 Soient a et b deux entiers relatifs non tous deux nuls. Montrer que :
a ∧ b = a ∧ (a + b) = b ∧ (a + b) .
Solution 23.21 On remarque que si (a, b) ̸= (0, 0) , alors (a, a + b) ̸= (0, 0) et (b, a + b) ̸=
(0, 0) .
En notant δ = a ∧ b et δ ′ = a ∧ (a + b) , on a :
δ = au + bv = a (u − v) + (a + b) v
∈ aZ + (a + b) Z = δ ′ Z
donc δZ ⊂ δ ′ Z et :
δ ′ = au′ + (a + b) v ′ = a (u′ + v ′ ) + bv ′
∈ aZ + bZ = δZ
a ∧ b = a ∧ (a + b) = b ∧ (a + b) .
Exercice 23.22 Soient a, b deux entiers naturels non nuls. Calculer (5a + 3b) ∧ (7a + 4b) en
fonction de a ∧ b.
On définit de manière analogue le pgcd d’une famille a1 , · · · , ap formée de p entiers non tous
nuls comme le plus grand des diviseurs communs à a1 , · · · , ap . On le note pgcd (a1 , · · · , ap ) ou
a1 ∧ a2 ∧ · · · ∧ ap et c’est un entier supérieur ou égal à 1. Cette définition est justifiée par le
théorème suivant.
Plus grand commun diviseur 455
Théorème 23.5 Soient a1 , · · · , ap des entiers relatifs non tous nuls. Il existe un unique entier
naturel δ tel que :
a1 Z + · · · + ap Z = δZ.
∑
p
Cet entier s’écrit δ = uk ak avec (u1 , · · · , up ) ∈ Zp et c’est le plus grand entier naturel qui
k=1
divise a1 , · · · , ap .
Théorème 23.6 Soient a, b sont deux entiers relatifs. Il existe un unique entier naturel µ tel
que :
aZ ∩ bZ = µZ.
Si a = 0 ou b = 0, alors µ = 0. Si a ̸= 0 et b ̸= 0, alors µ est le plus petit entier naturel non
nul multiple de a et de b.
Définition 23.7 Soient a, b deux entiers relatifs. On appelle plus petit commun multiple de a
et b le plus petit entier naturel multiple de a et b. On le note ppcm (a, b) ou a ∨ b.
Remarque 23.6 La définition de ppcm (a, b) peut aussi se justifier directement sans référence
directe aux sous-groupes de Z. Pour ce faire, on désigne par Ma,b l’ensemble des multiples
communs à a et b. Si a ̸= 0 et b ̸= 0, alors l’ensemble Ma,b ∩ N∗ des multiples communs à a et b
qui sont strictement positifs est non vide car il contient |ab| , il admet donc un plus petit élément
µ qui est bien plus petit commun multiple de a et b. Pour a = 0 ou b = 0, on a Ma,b = {0} et
µ = 0.
Remarque 23.7 Le ppcm de a et b est aussi le plus petit élément pour l’ordre de la division
dans Z de l’ensemble Ma,b des multiples communs à a et b. En effet, a ∨ b est un multiple de
a et b et tout multiple commun m à a et b qui est dans aZ ∩ bZ = µZ est un multiple de a ∨ b.
456 Division euclidienne dans Z
Lemme 23.1 Soient a, b deux entiers relatifs premiers entre eux. On a alors :
a ∨ b = |ab| .
(a ∧ b) (a ∨ b) = |ab| .
a ∧ b = 1 ⇔ a ∨ b = |ab| .
|ab|
On a donc pour a, b dans Z∗ a ∨ b = .
a∧b
On peut donc définir de manière naturelle le ppcm de deux entiers relatifs non tous deux
nuls par :
|ab|
a∨b= .
a∧b
On peut aussi utiliser cette relation pour calculer le ppcm de deux entiers. On calcule d’abord
le pgcd en utilisant l’algorithme d’Euclide (paragraphe 23.7), puis on divise |ab| par ce pgcd .
On définit de manière analogue le ppcm d’une famille a1 , · · · , ap formée de p entiers non tous
nuls comme le plus petit des multiples communs à a1 , · · · , ap . On le note ppcm (a1 , · · · , ap ) ou
a1 ∨ a2 ∨ · · · ∨ ap et c’est un entier supérieur ou égal à 1. Cette définition est justifiée par le
théorème suivant.
Plus grand commun diviseur 457
Théorème 23.8 Soient a1 , · · · , ap des entiers relatifs non tous nuls. Il existe un unique entier
naturel µ tel que :
a1 Z ∩ · · · ∩ ap Z = µZ.
µ est le plus petit entier naturel divisible par a1 , a2 , · · · et ap .
Exercice 23.24 Montrer que si a1 , · · · , ap sont des entiers relatifs non nuls deux à deux pre-
miers entre eux alors a1 ∨ · · · ∨ ap = |a1 · · · ap | . Ce résultat est-il encore valable si on suppose
que a1 , · · · , ap sont premiers entre eux dans leur ensemble.
Solution 23.24 On sait déjà que si a1 et a2 sont premiers entre eux alors a1 ∨ a2 = |a1 a2 | .
Supposons le résultat acquis pour p − 1 ≥ 2 et soient a1 , · · · , ap deux à deux premiers entre
eux. Les entiers a1 · · · ap−1 et ap sont alors premiers entre eux (corollaire 23.2) et en utilisant
l’associativité du ppcm, on a :
a1 ∨ · · · ∨ ap = (a1 ∨ · · · ∨ ap−1 ) ∨ ap
= |a1 · · · ap−1 | ∨ ap = |a1 · · · ap | .
Ce résultat n’est plus valable si on suppose seulement que les ak sont premiers entre eux dans
leur ensemble comme le montre l’exemple suivant :
2 ∨ 3 ∨ 4 = 12 ̸= 2 · 3 · 4 = 24
Solution 23.25 La réponse est non pour n ≥ 3 comme le montre l’exercice précédent.
Exercice 23.27 Déterminer tous les couples (a, b) d’entiers naturels non nuls tels que a∧b = 3
et a ∨ b = 12.
Solution 23.27 De a∨b = 12 on déduit que a, b sont des diviseurs de 12 donc dans {1, 2, 3, 4, 6, 12} .
de a ∧ b = 3, on déduit que a et b sont multiples de 3, donc dans {3, 6, 12} . De ab =
(a ∧ b) (a ∨ b) = 36, on déduit que :
— a = 3 [resp. b = 3] donne b = 12 [resp. a = 12] et (3, 12) , (12, 3) sont deux solutions
possibles ;
— a = 6 [resp. b = 6] donne b = 6 [resp. a = 6] et a ∧ b = 6 ̸= 3.
En définitive, (a, b) ∈ {(3, 12) , (12, 3)} .
Exercice 23.28 On se propose de montrer que pour tout entier naturel n > 2, on a :
Solution 23.28
1. On a :
µ2 = ppcm (1, 2) = 2 ≥ 1 et µ3 = ppcm (1, 2, 3) = 6 ≥ 2.
2.
1
(a) Pour 0 < x < 1, on a 0 < x (x − 1) ≤ sup x (1 − x) = , ce qui donne le résultat.
[0,1] 4
(b) On a :
∫ ( n )
1 ∑
In = xn Cnk (−1)k xk dx
0 k=0
∑
n ∫ 1
k
= Cnk (−1) xn+k dx
k=0 0
∑
n
(−1)k
= Cnk
k=0
n+k+1
an
et en réduisant au même dénominateur In = , où an ∈ N∗ .
µ2n+1
(c) On a alors µ2n+1 In = an ≥ 1 et :
1
µ2n+1 ≥ ≥ 4n = 22n .
In
(d) Pour n ∈ N∗ , on a :
µ2n+2 = µ2n+1 ∨ (2n + 2) ≥ 22n .
On a donc montré que µn ≥ 2n−2 pour tout n ≥ 4.
On peut en fait montrer que µn ≥ 2n pour tout n ≥ 7.
L’algorithme d’Euclide. 459
Théorème 23.9 Soient a, b deux entiers naturels non nuls et r le reste dans la division eucli-
dienne de a par b. On a alors a ∧ b = b ∧ r.
a ∧ b = r0 ∧ r1 .
a ∧ b = r0 ∧ r1 = · · · = rp−1 ∧ rp = rp−1 .
C’est à dire que a ∧ b est le dernier reste non nul dans cette suite de divisions euclidiennes.
Par exemple pour calculer le pgcd de a = 128 et b = 28, on procède comme suit :
a = 128 = 4 · 28 + 16 = q1 r0 + r1
r0 = 28 = 1 · 16 + 12 = q2 r1 + r2
r1 = 16 = 1 · 12 + 4 = q3 r2 + r3 (23.4)
r 2 = 12 = 3 · 4 + 0 = q r
4 3 + r4
r4 = 0, r3 = 4 = 128 ∧ 28
On peut utiliser un tableau pour effectuer la suite des calculs. Sur la deuxième ligne, on
place d’abord a et b, puis sur la première ligne on place au dessus de b le quotient q1 et sur
la troisième ligne, on place au dessous de a le reste r1 , ce même reste r1 étant aussi placé
en deuxième ligne après b. On recommence alors avec le couple (b, r1 ) . Sur la première ligne
460 Division euclidienne dans Z
apparaissent les quotients successifs sur la troisième les restes successifs. Le dernier reste non
nul, qui apparaît en fin de deuxième ligne, donne alors le pgcd .
q1 q2 q3 q4 4 1 1 3
a b r1 r2 r3 128 28 16 12 4
r1 r2 r3 r4 = 0 16 12 4 r4 = 0
On a donc construit, avec l’algorithme d’Euclide, deux suites d’entiers (rn )0≤n≤p et (qn )1≤n≤p
de la manière suivante :
a = q1 r0 + r1 (0 < r1 < r0 = b)
r0 = q2 r1 + r2 (0 < r2 < r1 )
r1 = q3 r2 + r3 (0 < r3 < r2 )
..
.
rp−3 = qp−1 rp−2 + rp−1 (0 < rp−1 < rp−2 )
r
p−2 = qp rp−1 + rp (rp = 0)
On vérifie alors, par récurrence finie sur n ∈ {0, 1, · · · , p − 1} , qu’il existe des entiers un et
vn tels que rn = aun + bvn .
Pour n = 0 et n = 1 on a :
r0 = b = a · 0 + b · 1,
r1 = a · 1 + b (−q1 ) .
a (u + λb) + b (v − λa) = au + bv = a ∧ b.
xn = xn−2 − qn xn−1 (2 ≤ n ≤ p − 1)
et :
( ) ( )( ) ( )( )
xp−1 −qp−1 1 −qp−2 1 −q2 1 x1
= ···
xp−2 1 0 1 0 1 0 x0
( )
x1
= Ap−1 .
x0
p − 1 = 3, (q1 , q2 , q3 ) = (4, 1, 1)
et :
( )( ) ( )( )
−q3 1 −q2 1 −1 1 −1 1
A3 = =
1 0 1 0 1 0 1 0
( )
2 −1
=
−1 1
d’où :
( ) ( )
)( ) ( ( )
u3 2 −1u1 1 2
= A3 = = ,
u2 −1 1 u0 0 −1
( ) ( )( ) ( )( ) ( )
v3 2 −1 −q1 2 −1 −4 −9
= = =
v2 −1 1 1 −1 1 1 5
a ∧ b = r3 = r1 − q3 r2 = r1 − q3 (r0 − q2 r1 )
= r1 (1 + q3 q2 ) − q3 r0 = (a − q1 r0 ) (1 + q3 q2 ) − q3 r0
= (a − q1 b) (1 + q3 q2 ) − q3 b = au + bv
(on commence par la fin), soit pour les valeurs particulières 128 et 28 :
128 = 4 · 28 + 16
28 = 1 · 16 + 12
16 = 1 · 12 + 4
12 = 3 · 4
qui donne :
Lemme 23.2 L’équation diophantienne (23.5) a des solutions entières si, et seulement si, δ
divise c.
Théorème 23.10 Si c est multiple de δ, alors l’ensemble des solutions de (23.5) est :
avec k ∈ Z. Réciproquement on vérifie que pour tout k ∈ Z, (x0 − kb′ , y0 + ka′ ) est bien solution
de (23.5) . En effet on a :
L’algorithme d’Euclide
( c vu au paragraphe précédent nous permet d’obtenir une solution par-
c)
ticulière (x0 , y0 ) = u0 , v0 .
δ δ
Exemple 23.1 Soit à résoudre l’équation :
74 = 8 · 9 + 2
9=4·2+1
et donc :
1 = 9 − 4 · 2 = 9 − 4 · (74 − 8 · 9)
= 74 · (−4) + 9 · 33
D’un point de vue géométrique l’ensemble des solutions de (23.5) est formé de la suite de
points de Z2 définie par :
( )
x 0
M0 = ,
x0 ( )
′
−b
Mk = M0 + k , k ∈ Z.
a′
( )
−
→′ −b′
Les points Mk sont sur la droite passant par M0 et dirigée par le vecteur v =
( ) a′
−b
ou encore par le vecteur colinéaire −
→
v = . Ces vecteurs sont orthogonaux au vecteur
( ) a
−
→
u =
a
.
b
128x + 28y = 8.
où k décrit Z.
ax ≡ b (n) (23.6)
Théorème 23.11 (chinois) Soient n, m deux entier supérieur ou égal à 2 premiers entre eux.
Quels que soient les entiers relatifs a et b le système (23.8) a une infinité de solutions dans Z.
Démonstration. Comme n et m sont premiers entre eux on peut trouver une infinité de
couples d’entiers relatifs (u, v) tels que :
nu + mv = 1.
x − x0 = pn = qm.
Mais m est premier avec n, le théorème de Gauss nous dit alors que m divise p. On a donc
x = x0 + knm avec k ∈ Z. Et réciproquement on vérifie que pour tout entier relatif k, x0 + knm
est solution de (23.8) . En définitive, si n et m sont premiers entre eux, alors l’ensemble des
solutions de (23.8) est :
S = {x0 + knm | k ∈ Z}
où x0 est une solution particulière de (23.8) .
Dans le cas général où m et n ne sont pas nécessairement premiers entre eux on note δ =
m ∧ n, n = δn′ , m = δm′ avec n′ , m′ premiers entre eux et µ = m ∨ n.
Si x ∈ Z est une solution de (23.8) alors δ qui divise n et m va diviser x − a et x − b, il divise
donc a − b. Donc si a − b n’est pas un multiple de δ = m ∧ n le système d’équations (23.8) n’a
pas de solutions.
On suppose donc que a − b est multiple de δ, c’est-à-dire que b − a = δc′ . Les entiers n′ et m′
étant premiers entre eux, le théorème de Bézout nous dit qu’il existe des entiers u0 et v0 tels
que n′ u0 + m′ v0 = 1. En posant :
x0 = bn′ u0 + am′ v0
on a :
x0 = b (1 − m′ v0 ) + am′ v0 = b − m′ v0 (b − a)
= b − m′ v0 δc′ = b − mv0 c′ ≡ b (m) .
Et de manière analogue on voit que x0 est congru à a modulo n. L’entier x0 est donc solution
de (23.8) .
Si x ∈ Z est solution de (23.8) alors x est congru à x0 modulo n et modulo m, soit :
x − x0 = pn = qm = pδn′ = qδm′ .
466 Division euclidienne dans Z
x − x0
On déduit donc que est un entier et :
δ
x − x0
= pn′ = qm′ .
δ
Mais m′ est premier avec n′ , le théorème de Gauss nous dit alors que m′ divise p. On a donc :
x − x0
= kn′ m′
δ
avec k ∈ Z. Ce qui peut aussi s’écrire :
nm
x − x0 = knm′ = k = kµ
δ
avec k ∈ Z.
Et réciproquement on vérifie facilement que pour tout entier relatif k, x0 + kµ est solution
de (23.8) . En définitive, l’ensemble des solutions de (23.8) est :
S = {x0 + k (m ∨ n) | k ∈ Z}
Définition 23.8 Soient (a, b) ∈ Z2 − {(0, 0)} . On dit que a et b sont premiers entre eux (ou
étrangers) si leur pgcd est égal à 1.
De manière équivalente, on peut dire que a et b sont premiers entre eux si, et seulement si, −1
et 1 sont leurs seuls diviseurs communs, ce qui est encore équivalent à dire que Da ∩Db = {−1, 1}
ou encore que le dernier reste non nul dans l’algorithme d’Euclide vaut 1.
Exercice 23.30 Soient (ak )1≤k≤p et (bk )1≤k≤q deux suites finies d’entiers relatifs non nuls.
∏p ∏q
Montrer que si n = ak et m = bk sont premiers entre eux, alors chaque ak , pour k
k=1 k=1
compris entre 1 et p, est premier avec chacun des bj , pour j compris entre 1 et q.
Définition 23.9 Soient a1 , · · · , ap des entiers relatifs non tous nuls. On dit que a1 , · · · , ap sont
premiers entre eux dans leur ensemble si leur pgcd est égal à 1.
Nombres premiers entre eux. Les théorèmes de Bézout et de Gauss 467
Exercice 23.31 Est-il équivalent de dire a1 , · · · , ap sont premiers entre eux dans leur ensemble
et a1 , · · · , ap sont deux à deux premiers entre eux ?
Solution 23.31 On vérifie immédiatement que la réponse est négative en considérant le triplet
(2, 3, 8) .
Théorème 23.12 Soient (a, b) ∈ Z2 −{(0, 0)} et δ = a∧b. Il existe deux entiers p et q premiers
entre eux tels que a = δp et b = δq.
Démonstration. Comme δ divise a et b il existe deux entiers p et q tels que a = δp et
b = δq. Le pgcd δ ′ = p ∧ q est un diviseur de p et q, donc l’entier naturel δδ ′ divise a = δp et
b = δq et nécessairement δδ ′ ≤ δ, soit δ (1 − δ ′ ) ≥ 0 avec δ > 0. On a donc δ ′ ≤ 1. Mais δ ′ est
supérieur ou égal à 1 comme tout pgcd qui se respecte. En définitive, on a δ ′ = 1, c’est-à-dire
que p et q sont premiers entre eux.
De manière plus générale, on a le résultat suivant.
Théorème 23.13 Soient a1 , · · · , ap des entiers relatifs non tous nuls. et δ = a1 ∧ a2 ∧ · · · ∧ ap .
Il existe des entiers a′1 , · · · , a′p premiers entre eux dans leur ensemble tels que ak = δa′k pour
tout k compris entre 1 et p.
Démonstration. Analogue au cas où p = 2.
Exercice 23.32 Déterminer tous les couples (a, b) d’entiers naturels non nuls tels que a∧b = 3
et a + b = 12.
Solution 23.32 On a a = 3p, et b = 3q où p, q sont des entiers naturels non nuls premiers
entre eux et a + b = 12 équivaut à p + q = 4.
Réciproquement si a = 3p, b = 3q où p, q sont des entiers naturels non nuls premiers entre eux
tels que p + q = 4, alors a ∧ b = 3 et a + b = 12.
Les seuls couples (p, q) possibles sont (1, 3) et (3, 1) . Donc (a, b) = (3, 9) ou (a, b) = (9, 3) .
Exercice 23.33 Soient a, n deux entiers naturels non nuls. Montrer que :
(a + 1)n − 1
∧ a = a ∧ n.
a
Solution 23.33 On remarque d’abord que :
∑
n−1
(a + 1) − 1 = a
n
(a + 1)k
k=0
(a + 1) − 1
n
est divisible par a, donc est un entier.
a
(a + 1)n − 1
Soit δ = ∧ a. Pour tout k ≥ 0, on a :
a
(a + 1)k ≡ 1 (mod a)
(pour k = 0, c’est clair et pour k ≥ 1, on utilise la formule du binôme) et donc :
(a + 1)n − 1 ∑
n−1
b= = (a + 1)k ≡ n (mod a)
a k=0
de sorte que δ qui divise a et b divise aussi n = b − pa (p ∈ Z). Il en résulte que δ divise
δ ′ = a ∧ n. Comme δ ′ divise a et n, il divise aussi b = n + pa et en conséquence δ ′ divise δ. On
a donc bien δ = δ ′ .
468 Division euclidienne dans Z
Exercice 23.34 On se donne un entier naturel a ≥ 2 et on définit la suite (un )n∈N par :
n
∀n ∈ N, un = a2 + 1.
1. Montrer que :
∀n ∈ N, un+1 = (un − 1)2 + 1.
2. Montrer que :
∏
n
∀n ∈ N, un+1 = (a − 1) uk + 2.
k=0
Solution 23.34
1. On a : ( )2
n+1
un+1 = a2 + 1 = a2n + 1 = (un − 1)2 + 1.
2. On procède par récurrence sur n ≥ 0.
Pour n = 0, on a :
( )
u1 = a2 + 1 = a2 − 1 + 2
= (a − 1) u0 + 2.
= qun + 2
Théorème 23.14 (Bézout) Deux entiers relatifs a et b non tous deux nuls sont premiers
entre eux si et seulement si il existe deux entiers relatifs u et v tels que au + bv = 1.
Nombres premiers entre eux. Les théorèmes de Bézout et de Gauss 469
Théorème 23.15 (Bézout) Des entiers relatifs a1 , a2 , · · · , ap non tous nuls sont premiers
entre eux dans leur ensemble si et seulement si il existe deux entiers relatifs u1 , u2 , · · · , up tels
∑ p
que uk ak = 1.
k=1
Corollaire 23.1 Soient a, b, c des entiers relatifs non nuls. Si c est premier avec a alors a∧b =
a ∧ (bc) (le pgcd de deux entiers est inchangé si on multiplie l’un d’eux par un nombre premier
avec l’autre).
Corollaire 23.2 Soient a1 , a2 , · · · , ap et c des entiers relatifs non nuls. Si c est premier avec
∏p
chacun des ak , pour k compris entre 1 et p, il est alors premier avec leur produit ak .
k=1
∏
p
∏
p
∏
p
c∧ ak = c ∧ ak = c ∧ ak = · · · = c ∧ ap = 1
k=1 k=2 k=3
Théorème 23.16 (Gauss) Soient a, b, c des entiers relatifs non nuls. Si a divise bc et a est
premier avec b alors a divise c.
470 Division euclidienne dans Z
Démonstration. Comme a et b sont premiers entre eux, il existe deux entiers u, v tels que
au + bv = 1 et pour tout entier c, on a acu + bcv = c, de sorte que si a divise bc, il va diviser
c = acu + bcv.
Ce résultat peut être utilisé pour donner une unique représentation des nombres rationnels
non nuls.
p
Corollaire 23.3 Tout nombre rationnel non nul r s’écrit de manière unique r = avec p ∈ Z∗
q
et q ∈ N∗ premiers entre eux.
a
Démonstration. Un nombre rationnel non nul r s’écrit r = avec (a, b) dans Z∗ × N∗ . En
b
p p p′
notant δ = a ∧ b on a a = δp, b = δq et r = avec p et q premiers entre eux. Si r = = ′
q q q
avec (p, q) , (p′ , q ′ ) dans Z∗ × N∗ tels que p ∧ q = p′ ∧ q ′ = 1, on a alors pq ′ = p′ q avec q premier
avec p et q qui divise pq ′ , donc q divise q ′ d’après le théorème de Gauss. De manière analogue,
on voit que q ′ divise q. On a donc q = q ′ (q, q ′ sont des entiers naturels non nuls) et p = p′ .
L’écriture est donc unique.
Corollaire 23.4 Si un entier relatif non nul n est divisible par des entiers a1 , a2 , · · · , ap deux
à deux premiers entre eux, il est alors divisible par leur produit.
Exercice 23.35
1. Montrer que pour tout entier naturel n, il existe deux entiers pn et qn premiers entre eux
tels que : (√ )n √
2 + 1 = pn + qn 2.
[√ ] ( √ ) √
2. En utilisant l’application φ définie sur l’anneau Z 2 par φ a + b 2 = a − b 2 pour
tout (a, b) ∈ Z2 , montrer que, pour tout n ∈ N, on a :
(√ )n ( √ )
2 − 1 = (−1)n pn − qn 2 .
Solution 23.35
Nombres premiers entre eux. Les théorèmes de Bézout et de Gauss 471
√ [√ ]
1. Le réel θ = 2 + 1 est dans l’anneau Z 2 , il en est donc de même de θn pour tout
n ∈ N, ce qui prouve l’existence des suites d’entiers (pn )n∈N et (qn )n∈N .
On peut aussi retrouver ce résultat par récurrence en écrivant que pour tout n ∈ N, on
a: (√ )( √ ) √
θn+1 = 2 + 1 pn + qn 2 = (pn + 2qn ) + (pn + qn ) 2
ce qui donne : {
pn+1 = pn + 2qn
qn+1 = pn + qn
et montre en outre que les pn et qn sont des entiers naturels non nuls sauf q0 = 0.
On a alors :
pn+1 ∧ qn+1 = (pn + 2qn ) ∧ (pn + qn ) .
En utilisant la relation a ∧ b = a ∧ (a + b) = b ∧ (a + b) (exercice 23.21), on a :
pn ∧ qn = qn ∧ (pn + qn ) = (qn + pn ) ∧ qn
= (qn + pn ) ∧ (pn + qn + qn ) = pn+1 ∧ qn+1 .
pn ∧ qn = p0 ∧ q0 = 1 ∧ 0 = 1.
[√ ]
2. L’application φ réalise un automorphisme de l’anneau A = Z 2 . En effet, pour tous
√ √
x = a + b 2 et x′ = a′ + b′ 2 dans A, on a :
{ √
φ (x + x′ ) = (a + a′ ) − (b + b′ ) 2 =√ φ (x) + φ (x′ )
φ (xx′ ) = (aa′ + 2bb′ ) − (ab′ + a′ b) 2 = φ (x) φ (x′ )
√ √
et x = a + b 2 a pour unique antécédent a − b 2 par φ.
On a donc, pour tout n ∈ N :
(√ )n ( √ )n ( (√ ))n
2 − 1 = (−1) 1 − 2 = (−1) φ
n n
2+1
((√ )n ) ( √ )
= (−1)n φ 2+1 = (−1)n φ pn + qn 2
( √ )
= (−1) pn − qn 2
n
(√ )n (√ )n
3. Pour tout n ∈ N, on a 2+1 2 − 1 = 1, soit :
( √ )( √ )
(−1) pn + qn 2 pn − qn 2 = 1
n
ou encore :
p2n − 2qn2 = (−1)n
(c’est une relation de Bézout pour pn et qn qui sont premiers entre eux) et :
{ (√ )n √ √
2 + 1 = pn + qn 2 = pn + p2n − (−1) (
n
)
(√ )n ( √ ) √
2 − 1 = (−1) pn − qn 2 = (−1) pn − pn − (−1)
n n 2 n
En posant sn = p2n , on a :
{ (√ )n √ √
2 + 1 = sn +( sn − (−1)n )
(√ )n √ √
2 − 1 = (−1)n sn − sn − (−1)n
472 Division euclidienne dans Z
avec rn = sn − 1.
24
Nombres premiers
L’ensemble Dn des diviseurs dans N∗ d’un entier n ≥ 2 contient toujours 1 et n, il est donc
de cardinal supérieur ou égal à 2. On s’intéresse ici aux entiers p ≥ 2 tels que Dp soit de cardinal
minimal, à savoir 2.
Remarque 24.1 0 et 1 ne sont pas premiers et 2 est le seul nombre pair qui est premier.
Exemple 24.1 n = 111111 est non premier (la somme des chiffres de n est égale à 6, donc n
est divisible par 3 < n).
n
Exemple 24.2 Les nombres de Fermat sont les entiers de la forme Fn = 22 + 1où n est un
entier naturel.
Ces entiers sont premiers pour n = 0, 1, 2, 3, 4, mais pas pour n = 5 ou n = 6.
L’instruction Maple :
for n from 1 to 6 do factorset(2^(2^n)+1) od ;
nous donne :
{5}, {17}, {257}, {65537}, {6700417, 641}, {67280421310721, 274177}
soit pour n = 5 et n = 6 :
5 ( )( )
F5 = 22 + 1 = 4294967297 = 641 × 6700417 = 27 · 5 + 1 27 · 3 · 17449 + 1 ,
6
F6 = 22 + 1 = 18446744073709551617 = 274177 × 67280421310721
( )( )
= 28 · 32 · 7 · 17 + 1 28 · 5 · 47 · 373 · 2998279 + 1 .
Euler (sans l’aide de Maple) avait montré que F5 n’est pas premier.
Le résultat qui suit se déduit du fait que toute partie non vide de N admet un plus petit
élément.
Théorème 24.1 (Euclide) Tour entier n supérieur ou égal à 2 a au moins un diviseur pre-
mier.
473
474 Nombres premiers
Solution 24.1 On a :
n = 1 + 2b + · · · + 2bp + bp+1
bp − 1
= 1 + 2b + bp+1
b−1
bp+2 + bp+1 − b − 1 (bp+1 − 1) (b + 1)
= =
b( − 1 b− ) 1
= (b + 1) 1 + b + · · · + b p−1
+b p
∑
m−1
p = a − 1 = (a − 1)
m
ak = (a − 1) q
k=0
Théorème 24.2 Tout entier√ n supérieur ou égal à 2 qui est composé a au moins un diviseur
premier p tel que 2 ≤ p ≤ n.
L’ensemble P des nombres premiers 475
Lemme 24.3 Un entier p ≥ 2 est premier si, et seulement si, il est premier avec tout entier
compris entre 1 et p − 1.
Lemme 24.4 Soit p un nombre premier et r un entier naturel supérieur ou égal à 2. Si p divise
le produit n1 n2 · · · nr de r entiers naturels non nuls, alors p divise l’un des nk .
Exercice 24.3 Soient p ≥ 2 un nombre premier et n, m des entiers naturels non nuls. Montrer
que p divise n ou pm est premier avec n.
Solution 24.3 Si p divise n c’est fini. Sinon p est premier avec n et le théorème de Bézout
nous dit qu’il existe deux entiers relatifs u et v tels que up+vn = 1. On a alors 1 = (up + vn)m =
un pn + vn n, ce qui signifie que pn et n sont premiers entre eux.
Exercice 24.4 Soient a et b deux entiers relatifs non nuls. Montrer que :
( 2 )
a + b2 ∧ (ab) = (a ∧ b)2 .
Il s’agit alors de montrer que δ ′ = (p2 + q 2 ) ∧ (pq) = 1 si p ∧ q = 1 (on s’est ramené en fait au
cas où a et b sont premiers entre eux). Supposons que δ ′ ≥ 2, il admet alors un diviseur premier
d ≥ 2 et d qui divise pq (pq est multiple de δ ′ ) va diviser p ou q. Mais d divise p entraîne d
divise p2 avec d diviseur de p2 + q 2 (p2 + q 2 est multiple de δ ′ ), donc d premier divise q 2 , il
divise donc q, ce qui est impossible (p et q premiers entre eux ne peuvent avoir d ≥ 2 comme
diviseur commun). Comme p et q jouent des rôles analogues, d ne divise pas q. On a donc
nécessairement δ ′ = 1.
Exercice 24.5 Soient a et b deux entiers relatifs non nuls et n un entier naturel non nul.
Montrer que :
an ∧ bn = (a ∧ b)n et an ∨ bn = (a ∨ b)n .
L’ensemble P des nombres premiers est infini 477
an ∧ bn = (δ n pn ) ∧ (δ n q n ) = δ n (pn ∧ q n )
Par exemple, on a :
125 ∧ 27 = 53 ∧ 33 = 5 ∧ 3 = 1.
On peut déduire de l’exercice précédent que deux entiers relatifs non nuls a et b sont premiers
entre eux si, et seulement si, an et bn sont premiers entre eux, quel que soit l’entier n ≥ 1.
Exercice 24.6 Soient a, b, c, d des entiers relatifs non nuls. Montrer que si a ∧ b = c ∧ d = 1,
alors (ac) ∧ (bd) = (a ∧ d) (b ∧ c) .
Démonstration. On sait déjà que P est non vide (il contient 2). Supposons que P soit fini
avec :
P = {p1 , · · · , pr } .
L’entier n = p1 · · · pr + 1 qui est supérieur 2 admet un diviseur premier pk ∈ P. L’entier pk
divise alors n = p1 · · · pr + 1 et p1 · · · pr , il divise donc la différence qui est égale à 1, ce qui est
impossible. En conclusion P est infini.
478 Nombres premiers
Remarque 24.2 En rangeant les nombres premiers dans l’ordre croissant, on constate que les
entiers nr = p1 · · · pr + 1 sont premiers pour r compris entre 1 et 5 (n1 = 3, n2 = 7, n3 = 31,
n4 = 211, n5 = 2311). Pour r = 6, n6 = 30 031 = 59 × 509 n’est pas premier. On ne sait pas si
la suite (nr )r≥1 contient une infinité de nombres premiers.
Exercice 24.7 Montrer que pour tout entier naturel n, on peut trouver un nombre premier p
plus grand que n. Conclure.
P1 = {p ∈ P | ∃n ∈ N ; p = 4n + 3}
P2 = {p ∈ P | ∃n ∈ N ; p = 6n + 5}
Solution 24.8 On remarque qu’un nombre premier différent de 2 est nécessairement impair et
son reste dans la division euclidienne par 4 [resp. par 6] ne peut être que 1 ou 3 [resp. 1, 3 ou
5].
Supposons que P1 [resp. P2 ] soit fini et notons p1 = 3 [resp. p1 = 5] < p2 < · · · < pr tous ses
éléments. L’entier :
m = 4p1 · · · pr − 1 = 4 (p1 · · · pr − 1) + 3
resp. m = 6p1 · · · pr − 1 = 6 (p1 · · · pr − 1) + 5
qui est de la forme 4n + 3 [resp. 6n + 5] avec n ≥ 2 n’est pas premier puisque strictement
supérieur à tous les pk pour k compris entre 1 et r (m > 4pk − 1 > pk puisque pk ≥ 3) [resp.
m > 6pk −1 > pk puisque pk ≥ 5]. Comme m est impair [resp. impair non multiple de 3 puisque
congru à 5 modulo 3] ses diviseurs premiers sont de la forme 4k + 1 avec k ∈ N∗ ou 4k + 3
avec k ∈ N [resp. 6k + 1 avec k ∈ N∗ ou 6k + 5 avec k ∈ N] et ils ne peuvent pas être tous de
la forme 4k + 1 [resp. 6k + 1] sans quoi m serait aussi de cette forme, donc congru à 1 modulo
4 [resp. modulo 6] ce qui contredit le fait qu’il est congru à 3 [resp. à 5] (ou à −1) modulo 4
[resp. modulo 6]. L’entier m a donc un diviseur pk dans P1 [resp. dans P2 ] et comme pk divise
p1 · · · pr , il va aussi diviser −1, ce qui est impossible avec pk premier. L’ensemble P1 [resp. P2 ]
est donc infini.
De P1 ⊂ P [resp. P2 ⊂ P] on déduit que P est infini.
Remarque 24.3 De manière plus générale on peut montrer que si a et b sont deux entiers
premiers entre eux alors il existe une infinité de nombres premiers de la forme an + b (théorème
de Dirichlet).
Pour tout réel x ≥ 2, on désigne par π (x) le cardinal de l’ensemble des nombres premiers
contenus dans l’intervalle [0, x] , soit :
Le théorème des nombres premiers (conjecturé par Gauss, puis montré par Hadamard et de
la Vallée-Poussin) nous dit plus précisément que :
x
π (x) ∼ .
x→+∞ ln (x)
En désignant par li la fonction logarithme intégral définie par :
∫ x
dt
∀x ≥ e, li (x) =
e ln (t)
on a aussi :
π (x) ∼ li (x) .
x→+∞
x
Exercice 24.9 Montrer que li (x) ∼ .
x→+∞ ln (x)
avec :
∫ x ∫ √x ∫ x
dt dt dt
φ (x) = 2 = 2 + √ 2
e ln (t) e ln (t) x ln (t)
√ √
x−e x− x √ x
≤ 2 +4 2 ≤ x+4 2
ln (e) ln (x) ln (x)
√ √ ln (x)
(pour t ≥ x, on a ln (t) ≥ ln ( x) = ) et :
2
φ (x) ln (x) 4
0< x ≤ √ + → 0
ln(x)
x ln (x) x→+∞
x
ce qui donne l’équivalence li (x) ∼ .
x→+∞ ln (x)
Les exercices qui suivent nous donne une première idée de la répartition des nombres pre-
miers.
Solution 24.10
1. On procède par récurrence sur n ≥ 1.
Pour n = 1 et n = 2, le résultat est évident.
On le suppose acquis pour tout entier k compris entre 1 et n ≥ 2. Comme pour n ≥ 2, pn
est impair, l’entier pn + 1 est pair donc non premier et pn+1 ≥ pn + 2. Avec l’hypothèse
de récurrence, on déduit donc que :
pn+1 ≥ pn + 2 ≥ 2n + 1.
ce qui équivaut à :
n−1 n
ee ≤ x < ee
La fonction π étant croissante, on a :
( n−1 ) ( n−1 )
n = π (pn ) ≤ π 22 ≤ π e2 ≤ π (x)
soit :
π (x) ≥ n > ln (ln (x))
Exercice 24.11 Montrer que pour tout entier naturel n ≥ 2, on peut trouver n entiers naturels
consécutifs non premiers (la distribution des nombres premiers n’est pas régulière).
Solution 24.11 Les n entiers mk = (n + 1)! + k où k est compris entre 2 et n + 1 sont non
premiers puisque mk est divisible par k qui est compris entre 2 et n + 1 < mk .
Théorème 24.4 Tout entier naturel n ≥ 2 se décompose de manière unique sous la forme :
n = pα1 1 · · · pαr
r , (24.1)
Démonstration. On démontre tout d’abord l’existence d’une telle décomposition par ré-
currence sur n ≥ 2.
Pour n = 2, on a déjà la décomposition.
Supposons le résultat acquis pour tout entier k compris entre 2 et n ≥ 2. Si n+1 est premier,
on a déjà la décomposition, sinon on écrit n + 1 = ab avec a et b compris entre 2 et n et il suffit
d’utiliser l’hypothèse de récurrence pour a et b.
L’unicité d’une telle décomposition peut aussi se montrer par récurrence sur n ≥ 2. Le
résultat est évident pour n = 2. Supposons le acquis pour tout entier k compris entre 2 et
n ≥ 2. Si n + 1 a deux décompositions :
n + 1 = pα1 1 · · · pαr
r = q1 · · · qs ,
β1 βs
où les pj [resp. qi ] sont premiers deux à deux distincts et les αj [resp. βi ] entiers naturels non
nuls. L’entier p1 est premier et divise le produit q1β1 · · · qsβs , il divise donc nécessairement l’un
des qk . L’entier qk étant également premier la seule possibilité est p1 = qk . En simplifiant par
p1 on se ramène à la décomposition d’un entier inférieur ou égal à n et il suffit alors d’utiliser
l’hypothèse de récurrence pour conclure.
L’écriture (24.1) est la décomposition en facteurs premiers de l’entier n.
Le théorème précédent se traduit en disant que l’anneau Z des entiers relatifs est factoriel.
En fait, de manière plus générale, on peut montrer qu’un anneau euclidien (c’est le cas de
Z ou de K [x]) est principal et en conséquence factoriel.
L’unicité dans la décomposition en facteurs premiers peut être utilisée pour montrer que Q
(ou N2 ) est dénombrable.
Exercice 24.12 On désigne par f l’application définie sur N2 = N × N par :
∀ (n, m) ∈ N2 , f (n, m) = 2n 3m
Montrer que f est injective. Il résulte que N2 est dénombrable.
Solution 24.12 L’égalité f (n, m) = f (n′ , m′ ) avec (n, m) et (n′ , m′ ) dans N2 équivaut à
′ ′
2n 3m = 2n 3m et l’unicité de la décomposition en facteurs premiers d’un entier naturel non
nul nous dit que (n, m) = (n′ , m′ ) . L’application f est donc injective de N2 dans N et bijective
de N2 dans f (N2 ) ⊂ N.
ln (p)
Exercice 24.13 Soient p > q ≥ 2 deux nombres premiers. Montrer que est irrationnel.
ln (q)
ln (p) α
Solution 24.13 Supposons que = avec α, β entiers naturels non nuls premiers entre
( )ln (q) β
eux. On a alors ln (pα ) = ln q β et pα = q β , ce qui est impossible du fait de l’unicité de la
décomposition en facteurs premiers.
Exercice 24.14 Soient p1 < p2 < · · · < pr des nombres premiers. Montrer que les réels
ln (p1 ) , ln (p2 ) , · · · , ln (pr ) sont Q-libres dans R.
α1 αr ∑r
αk
Solution 24.14 Supposons qu’il existe des rationnels ,··· , tels que ln (pk ) = 0.
β1 βr k=1
βk
∏r ∑r
αk ∑r
En notant β = βk , on a β ln (pk ) = 0, soit γk ln (pk ) = 0, où les γk sont des entiers
k=1 k=1
βk k=1
∏ r
relatifs, ce qui équivaut à pγkk = 1 et les γk sont nécessairement tous nuls puisque les pk sont
k=1
premiers distincts (unicité de la décomposition en facteurs premiers).
482 Nombres premiers
Exercice 24.15 Soit n ≥ 2 un entier sans facteur carré, c’est-à-dire que n a une décomposition
∏r
en facteurs premiers de la forme n = pk où les pk sont premiers deux à deux distincts.
√ k=1
Montrer que n est irrationnel.
√ √ a
Solution 24.15 Si n est rationnel, il s’écrit alors n = , où a, b sont deux entiers naturels
b
2 2
non nuls premiers
√ entre eux. On a a = nb et si p est un diviseur premier de a (on a bien
a ≥ 2 puisque n > 1), p divise nb en étant premier avec b (a et b sont premiers entre eux),
2 2 2
√
il divise n (théorème de Gauss), ce qui contredit le fait que n est sans facteur carré. Donc n
est irrationnel.
Exercice 24.16 Soit n un entier de la forme n = 2m + 1 avec m ≥ 0. Montrer que si n est
p
premier alors m = 0 ou m est une puissance de 2 (ce qui revient à dire que n = 22 + 1 est un
nombre de Fermat).
Solution 24.16 Si m = 0, alors n = 2 est premier.
Si m = 1 = 20 , alors n = 3 est premier.
On suppose que m ≥ 2. La décomposition en facteurs premiers de m permet d’écrire que m =
2p (2q + 1) où p et q sont des entiers naturels.
Si q est non nul, on a alors :
( p )2q+1
n = 22 + 1 = a2q+1 + 1
∑
2q
= (a + 1) (−1)k a2q−k = (a + 1) b
k=0
avec a + 1 = 22 + 1 ≥ 3 et :
p
n a · a2q + 1
b== >1
a+1 a+1
(a ≥ 2 et q ≥ 1), donc n n’est pas premier.
Exercice 24.17 Soit p = 2m − 1 un nombre premier de Mersenne (donc m est premier).
Montrer que q = 2m−1 p est un nombre parfait, c’est-à-dire qu’il est égal à la somme de ses
diviseurs stricts (i. e. différents de q).
Solution 24.17 L’entier q = 2m−1 p est décomposé en facteurs premiers et ses diviseurs stricts
sont les 2k avec k compris entre 0 et m − 1 et les 2k p avec k compris entre 0 et m − 2. La
somme de ses diviseurs stricts est :
∑
m−1 ∑
m−2
k
S= 2 +p 2k
k=0
( m−1
k=0
) ( )
=2 −1+p 2
m
− 1 = p + p 2m−1 − 1 = q
∏
r
Si n = pαk k est un entier décomposé en produit de facteurs premiers, alors les diviseurs
k=1
∏
r
de n sont de la forme d = pγkk où les γk sont des entiers naturels tels que γk ≤ αk pour tout
k=1
∏
r
k compris entre 1 et r. Il y a donc (αk + 1) diviseurs positifs possibles de n.
k=1
La décomposition en facteurs premiers peut être utilisée pour calculer le pgcd et le ppcm de
deux entiers naturels supérieur ou égal à 2.
Tout est basé sur le lemme qui suit.
Décomposition en facteurs premiers 483
leurs décompositions en facteurs premiers avec les pk premiers deux à deux distincts et les αk ,
βk entiers naturels (certains de ces entiers pouvant être nuls). On a alors :
(a divise b) ⇔ (∀k ∈ {1, 2, · · · , r} , αk ≤ βk )
Démonstration. Dire que n divise m équivaut à dire qu’il existe un entier q ≥ 1 tel que
m = qn et en écrivant q = pγ11 · · · pγr r où les γk sont des entiers naturels, on a :
m = pβ1 1 · · · pβr α1 +γ1
r = p1 · · · pαr r +γr .
L’unicité de la décomposition en facteurs premiers de m nous dit alors que :
∀k ∈ {1, 2, · · · , r} , βk = αk + γk ≥ αk .
leurs décompositions en facteurs premiers avec les pk premiers deux à deux distincts et les αk ,
βk entiers naturels (certains de ces entiers pouvant être nuls). On a alors :
∏
r
min(αk ,βk )
∏
r
max(αk ,βk )
n∧m= pk , n∨m= pk .
k=1 k=1
∏
r
min(αk ,βk )
Démonstration. L’entier δ = pk divise n et m d’après le lemme précédent.
k=1
∏
r
Si d est un diviseur de n et m, il s’écrit sous la forme d = pγkk où les γk sont des entiers
k=1
naturels tels que γk ≤ αk et γk ≤ βk pour tout k compris entre 1 et r, on a donc γk ≤ min (αk , βk )
pour tout k compris entre 1 et r et d divise δ. Donc δ est bien le pgcd de n et m.
Pour ce qui est du ppcm, on a :
nm ∏ α +β −min(α ,β ) r
n∨m= = p k k k k
n ∧ m k=1 k
avec :
αk + βk − min (αk , βk ) = max (αk , βk )
pour tout k compris entre 1 et r.
Le résultat précédent se généralise au calcul du pgcd et du ppcm de p ≥ 2 entiers naturels.
Exercice 24.18 On note 2 = p1 < p2 < · · · < pn < · · · la suite infinie des nombres premiers
∑ 1
+∞
et on se propose de montrer la divergence de la série . Pour ce faire, on introduit la suite
n=1 pn
(un )n≥1 définie par :
1
∀n ≥ 1, un = n ( ).
∏
1 − pk
1
k=1
484 Nombres premiers
où En est l’ensemble des entiers naturels non nuls qui ont tous leurs diviseurs premiers
dans Pn = {p1 , · · · , pn } .
2. En déduire que, pour tout n ≥ 1, on a :
∑
pn
1
un ≥ .
k=1
k
( )
∑ 1
3. En déduire que la série ln 1 − est divergente et conclure.
pn
∑ 1
4. Quelle est la nature de la série où α est un réel ?
pαn
∑ z pn
5. Quelle est le rayon de convergence de la série entière .
pn
Solution 24.18
1. Pour n ≥ 1, on a :
( +∞ )
∏
n
1 ∏n ∑ 1 ∑+∞
1
un = = =
k=1
1 − pk1
k=1
p
i=0 k
i
p p · · · pinn
i1 i2
i1 ≥0,i2 ≥0,··· ,in ≥0 1 2
∑ 1
= .
k∈E
k
n
n (
( )) ( )
∏ 1 ∑n
1
lim ln 1− = lim ln 1 − = −∞
n→+∞
k=1
pk n→+∞
k=1
pk
∑ ( )
1
La série ln 1 − est donc divergente. Cette série étant à termes négatifs avec
( ) pn
1 1 ∑ 1
ln 1 − v − , on en déduit la divergence de .
pn +∞ pn pn
On a aussi la courte démonstration suivante :
∑ 1
+∞
Si < +∞ il existe alors un entier r ≥ 1 tel que :
n=1 pn
∑
+∞
1 1
Rr = < .
p
n=r+1 n
2
Valuation p-adique 485
∑
+∞ 1
en contradiction avec = +∞.
n=1 1 + nP
1 ∑ 1
4. Pour α ≤ 0, on a α ≥ 1 et la série diverge puisque son terme général ne tend pas
pn pαn
vers 0.
1 1 ∑ 1
Pour 0 < α ≤ 1, on a α ≥ et la série diverge.
pn pn pαn
Pour α > 1, on a pour tout n ≥ 1 :
∑n
1 ∑pn
1 ∑
+∞
1
Sn = α
≤ α
< < +∞
p
k=1 k k=1
k k=1
kα
∑ 1
donc la suite des sommes partielles (Sn )n≥1 est majorée et la série converge.
pαn
∑ z pn
5. La série diverge pour z = 1, son rayon de convergence est donc R ≤ 1.
pn
Pour |z| < 1 et n ≥ 1, on a pn ≥ n et :
pn
z
pn ≤ |z | ≤ |z |
pn n
∑ n
+∞ ∑ z pn
+∞
avec |z | < +∞, donc < +∞ et R ≥ 1. On a donc R = 1.
n=1 n=1 pn
où C w 0.261.
On a aussi : ∑ 1
= ln (x) + O (1) .
p ≤x
p n
n
On a donc : { }
νp (n) = max k ∈ N | pk divise n
et :
̸ 0 ⇔ (p divise n) .
νp (n) =
La décomposition en facteurs premiers de n peut donc s’écrire sous la forme :
∏
n= pνp (n)
p∈Dn ∩P
∏
où Dn désigne l’ensemble des diviseurs positifs de n, ce qui peut aussi s’écrire n = pνp (n) , le
p∈P
produit étant fini puisque νp (n) = 0 si p ne divise pas n.
On peut remarquer que si m est le nombre de zéros qui terminent l’écriture décimale
d’un entier n ≥ 2, alors n est divisible par 10m et pas par 10m+1 et en conséquence, m =
min (ν2 (n) , ν5 (n)) .
Théorème 24.6
1. Si p est un nombre premier et n, m sont deux entiers naturels non nuls, alors :
{
νp (nm) = νp (n) + νp (m)
νp (n + m) ≥ min (νp (n) , νp (m))
Démonstration.
1. On a : ∏
nm = q νq (n)+νq (m)
q∈P
ce qui entraîne νp (nm) = νp (n) + νp (m) pour tout p ∈ P et en supposant que νp (n) ≤
νp (m) :
∏ ∏
n + m = pνp (n) q νq (n) + pνp (m) q νq (m)
q∈P\{p} q∈P\{p}
∏ ∏
= pνp (n) q νq (n) + pνp (m)−νp (n) q νq (m)
q∈P\{p} q∈P\{p}
qui entraîne νp (n + m) ≥
ce ∏ ∏ νp (n) = min (νp (n) , νp (m)) . Si νp (n) ≤ νp (m) , alors
q νq (n) + pνp (m)−νp (n) q νq (m) ne peut pas être divisible par p et νp (n + m) =
q∈P\{p} q∈P\{p}
νp (n) .
2.
Valuation p-adique 487
Solution 24.19
1. Les multiples de pk compris entre 1 et k
[ n]sont les entiers m = p q où q est un entier
n n
compris entre 1 et k , il y en a nk = k . Pour pk > n, on a nk = 0.
p p
2. L’ensemble En = {1, 2, · · · , n} peut être partitionné sous la forme :
∪
+∞
En = (Pk ∩ En )
k=0
où P0 est l’ensemble des entiers non multiples de p et, pour k ≥ 1, Pk est l’ensemble des
entiers multiples de pk et non multiples de pk+1 . Pour tout k ≥ 0 et tout m ∈ Pk , on a
νp (m) = k. De plus, pour k ≥ 1, Pk ∩ En est formé de l’ensemble des entiers compris
entre 1 et n qui sont multiples de pk privé du sous-ensemble formé des multiples de pk+1
et donc card (Pk ∩ En ) = nk − nk+1 .
On en déduit que :
∑
n ∑
+∞ ∑
νp (n!) = νp (m) = νp (m)
m=1 k=0 m∈Pk ∩En
∑
+∞ ∑
+∞
= k card (Pk ∩ En ) = k (nk − nk+1 )
k=0 k=0
488 Nombres premiers
ce qui donne : (q )
∑n
1 νp (n!)
lim − =0
n→+∞
k=1
pk n
et tenant compte de lim qn = +∞, on a :
n→+∞
∑qn
1 ∑
+∞
1 1 1
lim = −1= −1=
n→+∞
k=1
p k
k=0
p k 1− 1
p
p−1
νp (n!) 1 n
et lim = , soit νp (n!) ∼ .
n→+∞ n p−1 n→+∞ p − 1
On a :
+∞ [
∑ ] q [
∑ ]
100 100
ν2 (100!) = =
k=1
2k k=1
2k
Valuation p-adique 489
[ ]
ln (100)
avec q = = 6 et :
ln (2)
+∞ [
∑ ] q [
∑
′ ]
100 100
ν5 (100!) = =
k=1
5k k=1
5k
[ ]
′ ln (100)
avec q = = 2 ce qui donne :
ln (5)
100 100 100
ν5 (100!) = + = 24 < < ν2 (100!)
5 25 2
et m = 24, ce qui est confirmé par Maple :
100! = 93 326 215 443 944 152 681 699 238 856 266 700 490 715 968 264 38
621 468 592 963 895 217 599 993 229 915 608 941 463 976 156 518
286 253 697 920 827 223 758 251 185 210 916 864
000 000 000 000 000 000 000 000
On peut remarquer que ν2 (100!) w 100 et ν5 (100!) w 25.
∑n 1
Exercice 24.20 Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, on note Hn = .
k=1 k
1 a
1. Soit p un entier naturel non nul. Montrer que H2p = Hp + où a, b sont des entiers
2 2b + 1
naturels avec a non nul.
2. Montrer par récurrence que pour tout entier naturel non nul Hn est le quotient d’un entier
impair par un entier pair et qu’en conséquence ce n’est pas un entier.
Solution 24.20
1. On a :
∑p
1 ∑
p−1
1 1 N
H2p = + = Hp +
k=1
2k k=0 2k + 1 2 D
avec D = ppcm (1, 3, · · · , 2p − 1) qui est impair et N entier naturel non nul.
3
2. On a H2 = ∈ / N. Supposons le résultat acquis au rang n ≥ 2. Si n = 2p, on a alors :
2
1 2a + 1 1
Hn+1 = Hn + = +
2p + 1 2b 2p + 1
(2a + 1) (2p + 1) + 2b 2a′ + 1
= =
2b (2p + 1) 2b′
avec a′ = a + b + p + 2ap et b′ = b (2p + 1) . Si n = 2p + 1, on a alors :
c 1
Hn+1 = H2(p+1) = + Hp+1
2d + 1 2
c 1 2a + 1 4bc + (2d + 1) (2a + 1) 2a′ + 1
= + = =
2d + 1 2 2b 4b (2d + 1) 2b′
avec a′ = a + d + 2ad + 2bc et b′ = b (2d + 1) .
Dans tous les cas, Hn est le quotient d’un entier impair par un entier pair et en consé-
quence, ce n’est pas un entier.
490 Nombres premiers
1. Montrer que :
r = max ν2 (k) ̸= 0.
m≤k≤n
2. On veut montrer qu’il existe un unique entier k compris entre m et n tel que r = ν2 (k) .
Pour ce faire on raisonne par l’absurde en supposant que r = ν2 (k1 ) = ν2 (k2 ) avec
m ≤ k1 < k2 ≤ n.
k1 + k2
(a) Montrer que r = ν2 (k3 ) avec k1 < k3 = < k2 .
2
k1 + kj
(b) Montrer que la suite (kj )j≥2 définie par kj+1 = est une suite strictement
2
décroissante d’entiers naturels non nuls vérifiant r = ν2 (kj ) pour tout j ≥ 2 et
conclure.
3. Montrer qu’il existe un entier impair s tel que :
ppcm (m, m + 1, · · · , n) = 2r s.
Solution 24.21
1. Du fait que l’un des deux entiers m ou m + 1 est pair, on déduit que pour m < n on a
r = max ν2 (k) ̸= 0.
m≤k≤n
2. L’ensemble {m, · · · , n} étant fini il existe au moins un entier k compris entre m et n tel
que r = ν2 (k) et il s’agit ici de montrer que cet entier est unique. On suppose donc qu’il
existe deux entiers k1 < k2 compris entre m et n tels que r = ν2 (k1 ) = ν2 (k2 ) . On a
alors k1 = 2r q1 et k2 = 2r q2 avec q1 et q2 impairs.
k1 + k2
(a) L’entier k3 = , milieu de l’intervalle [k1 , k2 ] , est compris entre m et n et il
2
s’écrit :
k3 = 2r−1 (q1 + q2 ) ,
avec q1 +q2 pair. On a donc ν (k3 ) ≥ r et comme on a aussi ν2 (k3 ) ≤ r = max ν2 (k) ,
m≤k≤n
on a nécessairement ν2 (k3 ) = r.
Valuation p-adique 491
(b) En itérant la construction précédente, on peut construire une suite strictement décrois-
k1 + kj
sante d’entiers (kj )j≥2 telle que kj+1 = , m ≤ k1 < kj ≤ n et r = ν2 (k1 ) =
2
ν2 (kj ) , ce qui est impossible. On peut donc conclure qu’il existe un unique entier k
compris entre m et n tel que r = ν2 (k) .
3. En utilisant les décompositions en facteurs premiers de tous les entiers compris entre m
et n, on a :
ppcm (m, m + 1, · · · , n) = 2r s,
où s est un entier impair.
4. Pour tout entier j compris entre m et n, on peut écrire :
1 1
= ν2 (j) ,
j 2 qj
où qj est impair et divise s. Soit en écrivant s = qj pj avec pj impair :
1 2r−ν2 (j) pj
= .
j 2r s
(a) Pour j = k on a r = ν2 (k) et :
1 nk
= r ,
k 2s
avec nk = pk impair.
(b) Pour j ̸= k, on a ν2 (j) < r et :
1 nj
= r ,
j 2s
avec nj = 2r−ν2 (j) pj pair.
(c) En écrivant que :
1 ∑1
n
nk u nk + u
Hm,n = + = r + r = ,
k j=m j 2s 2s 2r s
j̸=k
avec nk impair et u pair, on déduit que Hm,n est le quotient d’un entier impair par
un entier pair. En conséquence Hm,n n’est pas un entier.
Solution 24.22
1. Des encadrements : {
[2x] ≤ 2x < [2x] + 1
[x] ≤ x < [x] + 1
on déduit que :
[2x] − 2 [x] > 2x − 1 − 2x = −1
soit [2x] − 2 [x] ≥ 0 et :
[2x] − 2 [x] < 2x − 2x + 2 = 2
soit [2x] − 2 [x] ≤ 1. On a donc bien [2x] − 2 [x] ∈ {0, 1} .
n
2. Si p est un diviseur premier de C2n , il divise aussi (2n)! = (n!)2 C2n
n
et en conséquence il
divise l’un des entiers m compris entre 1 et 2n, il est donc nécessairement compris entre
2 et 2n.
3. On a : ( )
νp ((2n)!) = νp (n!)2 C2n
n n
= 2νp (n!) + νp (C2n )
et en utilisant la formule de Legendre (exercice précédent) :
n
νp (C2n ) = νp ((2n)!) − 2νp (n!)
+∞ ([
∑ ] [ ])
2n n
= k
− 2 k
.
k=1
p p
√
4. Si p est un nombre premier vérifiant 2n < p < 2n, on a alors pour tout k ≥ 2 :
n 2n 2n
0< < ≤ <1
pk pk p2
[ ] [ ]
2n n
et k
− 2 k = 0, ce qui donne :
p p
[ ] [ ]
2n n
n
νp (C2n ) = −2 ∈ {0, 1}
p p
√ 2 √
5. Pour n ≥ 5, on a 2n < n (c’est équivalent à 2n > 3 ou encore à 2n > 9), donc si p
3 [ ] [ ]
2 2n n
est un nombre premier tel que n < p ≤ n, on a νp (C2n ) =
n
−2 avec :
3 p p
2n
2≤ <3
p
1≤ <
n 3
p 2
Valuation p-adique 493
ce qui donne : [ ] [ ]
2n n
n
νp (C2n ) = −2 = 2 − 2 = 0.
p p
2
Pour n = 2, le seul nombre premier vérifiant 2 < p ≤ 2 est p = 2 et :
3
( )
ν2 C42 = ν2 (6) = 1.
2
Pour n = 3, le seul nombre premier vérifiant 3 < p ≤ 3 est p = 3 et :
3
( )
ν3 C63 = ν3 (20) = 0.
2
Pour n = 4, le seul nombre premier vérifiant 4 < p ≤ 4 est p = 3 et :
3
( )
ν3 C84 = ν3 (65) = 0.
2 2
On peut aussi dire directement que si n < p ≤ n avec n ≥ 3, alors p > 3 = 2, soit
3 3
p ≥ 3, donc p2 ≥ 3p > 2n et pour tout k ≥ 2 :
n 2n 2n
k
< k ≤ 2 <1
p p p
[] [ ]
2n n
ce qui donne − 2 = 0 et :
pk pk
[ ] [ ]
2n n
n
νp (C2n ) = −2 =2−2=0
p p
2n n 3
puisque 2 ≤ < 3 et 1 ≤ < .
p p 2
] [
[ ]
2n n
6. En notant, pour tout entier k ≥ 1, ak = k − 2 k , on a :
p p
∑
+∞
n
mp = νp (C2n )= ak
k=1
cette somme étant finie et les ak valant 0 ou 1. Si tous les ak sont nuls, alors mp = 0 et
pmp = 1 ≤ 2n. Sinon, il y en a seulement un nombre fini qui valent 1 et on désigne par
r le grand indice tel que ar = 1. On a alors :
∑
r
mp = ak ≤ r.
k=1
2n 2n
Si pmp > 2n, on a alors ≤ < 1 pour tout k ≥ mp et ak = 0, ce qui impose r < mp
pk pmp
(r ≥ mp donnerait ar = 0, alors que ar = 1) en contradiction avec mp ≤ r. On a donc
pmp ≤ 2n.
494 Nombres premiers
√ les facteurs premiers de C2n sont compris entre 2 et 2n avec νp (C2n ) ∈ {0, 1}
n n
7. Comme
pour 2n < p < 2n, on a :
∏ ∏
n
C2n = pmp pmp
√ √
2≤p≤ 2n 2n<p≤2n
√ √
n
avec mp = νp (C2n pmp ≤] 2n pour 2 ≤ p ≤ 2n, mp ∈√{0, 1} pour
) et [√ [√ 2n p ≤ 2n.
] <√
Comme il y a au plus 2n nombres premiers entre 2 et 2n avec 2n ≤ 2n, on
déduit que : √ ∏
n
C2n ≤ (2n) 2n pm p .
√
2n<p≤2n
2
De plus on a vu que mp = 0 pour n < p ≤ n, ce qui donne :
3
√ ∏ ∏ √ ∏ ∏
n
C2n ≤ (2n) 2n
pmp pmp ≤ (2n) 2n p p
√ √
2n<p≤ 32 n n<p≤2n 2n<p≤ 23 n n<p≤2n
22r
≤ C2r+1
r
≤ 22r
2r
∏ r
et p divise C2r+1 .
r+2≤p≤2r+1
Démonstration. Pour r ≥ 1, on a :
2r+1
∑
2r+1
2r+1 k
2 = (1 + 1) = C2r+1
k=0
≥ r
C2r+1 + r+1
C2r+1 r
= 2C2r+1
r
et C2r+1 ≤ 22r .
Pour k compris entre 1 et r, on a :
k (2r)! 2r − k + 1 (2r)!
C2r = =
k! (2r − k)! k (k − 1)! (2r − (k − 1))!
2r − k + 1 k−1 k + 1 k−1
= C2r ≥ C2r > C2r k−1
k k
Le postulat de Bertrand 495
r
Il en résulte que C2r k
> C2r pour tout k compris entre 1 et r − 1, cette inégalité étant encore
r+k r−k r k
valable pour k = 0. Et avec C2r = C2r pour k compris entre 0 et r, on déduit que C2r > C2r
pour tout k ̸= r compris entre 0 et 2r.
De ces inégalités, on déduit que :
∑
2r
22r = (1 + 1)2r = C2r
0 r
+ C2r + k
C2r
k=1
k̸=r
0
< C2r r
+ C2r + (2r − 1) C2r
r r
= 1 + 2rC2r
22r
soit 22r ≤ 2rC2r
r
, ou encore ≤ C2r
r
.
2r ∏
S’il n’y a pas de nombres premiers compris entre r + 2 et 2r + 1, alors p = 1
r+2≤p≤2r+1
r
divise C2r+1 . Sinon, soit p un nombre premier compris entre r + 2 et 2r + 1. Cet entier p divise
r
(2r + 1)! = r! (r + 1)!C2r+1 et comme p ≥ r + 2, il ne peut diviser le produit r! (r + 1)! formé
d’entiers tous strictement inférieurs à r + 2 (sinon il diviserait l’un d’eux), il est donc premier
r r
avec r! (r + 1)! et va diviser C2r+1 (théorème de Gauss). L’entier C2r+1 est donc divisible par
tous les nombres premiers compris entre ∏ r + 2 et 2rr+ 1, en conséquence, il est divisible par leur
produit. On a donc en particulier p ≤ C2r+1 .
r+2≤p≤2r+1
≤ 4r C2r+1
r
≤ 42 r 2r
=42r m
=4 .
et : √ ∏
2n
2 3 ≤ (2n)1+ 2n
p. (24.2)
n<p≤2n
496 Nombres premiers
] [
2n 2n
Démonstration. Pour n ≥ 3, en notant m = , on a m ≤ < m + 1 et :
3 3
∏ ∏ 2n
p≤ p ≤ 4m ≤ 4 3
√
2n<p≤ 23 n 2≤p≤m+1
ce qui donne :
√ ∏ ∏ √
2n
∏
n
C2n ≤ (2n) 2n
p n
pC2n ≤ (2n) 2n
43 p
√
2n<p≤ 32 n n<p≤2n n<p≤2n
22n
En utilisant l’inégalité ≤ C2n
n
, on en déduit que :
2n
√
2n
∏
2 2n
= 4 ≤ (2n)
n 1+ 2n
43 p
n<p≤2n
et : √ ∏
n 2n
4 3 = 2 3 ≤ (2n)1+ 2n
p.
n<p≤2n
Théorème 24.7 (Bertrand) Si n est un entier supérieur ou égal à 2, il existe alors des
nombres premiers compris entre n et 2n.
ou encore : (
2n √ ) (√ )
ln (2) ≤ 1 + 2n ln 2n
6
encore équivalent à :
(√ ) ln (2) √2n (√ ) ln (√2n)
g 2n = √ ≤f 2n = √
6 1 + 2n 2n
√ 960
et nécessairement 2n < n0 = 31, soit 2n < 312 = 961 ou encore n ≤ = 480.
2
On donc ainsi montré que pour tout entier n > 480, il existe des nombres premiers entre n
et 2n.
Pour les entiers compris entre 2 et 480, il n’est pas nécessaire de considérer tous les cas. On
peut remarquer que la suite strictement croissante de nombres premiers :
(pk )1≤k≤11 = (2, 3, 5, 7, 13, 23, 43, 83, 163, 317, 631)
est telle que pk < pk+1 < 2pk . Il en résulte que tout intervalle ]n, 2n] avec 2 ≤ n ≤ 480 contient
l’un de ces nombres premiers. En effet, en désignant pour n ≥ 2, par k le plus grand indice tel
que pk ≤ n, on a pk ≤ n < pk+1 < 2pk ≤ 2n et pk+1 ∈ ]n, 2n] .
Lemme 24.10 Un entier naturel p ≥ 2 est premier si, et seulement si, pour tout entier k
p!
compris entre 1 et p − 1, p divise Cpk = .
k! (p − k)!
Théorème 24.8 (Fermat) Soit p un entier naturel premier. Pour tout entier relatif n on a :
np ≡ n (p) .
Démonstration. On démontre tout d’abord ce résultat sur les entiers naturels par récur-
rence sur n ≥ 0. Pour n = 0 le résultat est évident. On le supposant acquis pour n ≥ 0, on
a:
∑p−1
p p
(n + 1) = n + Cpk nk + 1 ≡ np + 1 ≡ n + 1 (p) .
k=1
Pour p ≥ 3, p est impair et (−n)p = −np est congru à −n modulo p, donc np est congru à n
modulo p.
On peut aussi déduire du lemme 24.10 que si p est premier, alors pour tout couple (a, b)
d’entiers relatifs, on a :
∑
p−1
p
(a + b) = a +p
Cpk ap−k bk + bp ≡ ap + bp (p) .
k=1
Par récurrence sur l’entier n ≥ 1, on déduit alors que pour tout n-uplet (a1 , · · · , an ) d’entiers
relatifs, on a :
(a1 + · · · + an )p ≡ ap1 + · · · + apn (p) .
Prenant tous les ak égaux à 1, on en déduit que np est congru à n modulo p. Ce résultat est
encore valable pour n = 0 et n < 0.
Théorème 24.9 (Fermat) Soit p un entier naturel premier. Pour tout entier relatif n non
multiple de p, on a :
np−1 ≡ 1 (p) .
Si p est un entier pour lequel il existe un entier n compris entre 1 et p − 1 tel que np−1 ne
soit pas congru à 1 modulo p, alors p n’est pas premier puisque np−1 est congru à 1 modulo p
pour p premier et 1 ≤ n ≤ p − 1 d’après le théorème de Fermat.
La réciproque du théorème de Fermat est fausse. On peut en fait montrer que pour p ≥ 2,
la condition np−1 ≡ 1 (mod p) pour tout n premier avec p est équivalente à p premier ou
∏r
p= pk avec r ≥ 3, 3 ≤ p1 < · · · < pr premiers tels que pour tout k compris entre 1 et r,
k=1
pk − 1 divise p − 1 (un tel entier est appelé nombre de Carmichaël ou nombre pseudo-premier).
Par exemple 561, 1105, 1729, sont des nombres de Carmichaël.
En 1999, Alford, Granville et Pomerance ont montré qu’il y a une infinité de nombres de
Carmichaël.
Les théorèmes de Fermat et de Wilson 499
Exercice 24.23 Calculer le reste dans la division euclidienne de 52008 par 11.
Solution 24.23 Comme 11 est premier le théorème de Fermat nous dit que 510 est congru à
1 modulo 11. On effectue alors la division euclidienne de 2008 par 10, soit 2008 = 200 × 10 + 8
et on déduit que 52008 est congru à 58 modulo 11. Enfin avec 52 ≡ 3, 54 ≡ 9 ≡ −2, 58 ≡ 4
modulo 11, on déduit que 52008 ≡ 4 modulo 11, ce qui signifie que 4 est le reste dans la division
euclidienne de 52008 par 11.
Exercice 24.24 Soit p ≥ 7 un nombre premier. Montrer que p4 − 1 est divisible par 240.
chaque coefficient de ce polynôme étant multiple de 16, il en résulte que p4 − 1 est multiple de
16. D’où le résultat annoncé.
Lemme 24.11 Soit p ≥ 5 un nombre premier. Pour tout entier k compris entre 1 et p − 1, il
existe un unique entier r compris entre 1 et p − 1 tel que kr soit congru à 1 modulo p.
Supposons que l’on ait trouvé un autre entier s ̸= r vérifiant la même condition que r. On
peut supposer que s > r. On a alors kr ≡ ks ≡ 1 modulo p avec r, s compris entre 1 et p − 1,
ce qui implique que k (s − r) ≡ 0 modulo p, donc p divise k (s − r) en étant premier avec k et
en conséquence il doit diviser s − r avec 1 ≤ s − r ≤ p − 1, ce qui est impossible. L’entier r est
donc unique.
Dans le lemme précédent, on aura k = r, si, et seulement si, k 2 − 1 = (k − 1) (k + 1) est
divisible par p, donc p doit diviser k − 1 ou k + 1, ce qui n’est possible que si k = 1 ou k = p − 1.
Théorème 24.10 (Wilson) Un entier p supérieur ou égal à 2 est premier si, et seulement si,
(p − 1)! est congru à −1 modulo p.
et on a alors :
( )( )
∏ ∏
(p − 1)! = 1 · k r (p − 1) ≡ p − 1 ≡ −1 mod p
k∈E1 r∈E2
Exercice 24.26 Montrer qu’un entier p supérieur ou égal à 2 est premier si, et seulement si,
(p − 2)! est congru à 1 modulo p.
Z
24.7 Les anneaux Zn = et la fonction indicatrice d’Eu-
nZ
ler
Les démonstrations des propositions qui suivent sont faites au paragraphe 25.3.
Démonstration. On sait que si p est premier, alors pour tout entier k compris entre 1 et
p!
p−1, p divise Cpk = (lemme 24.10), ce qui implique en utilisant la formule du binôme
k! (p − k)!
de Newton que, que pour tout n ∈ Z, (X + n)p est congru à X p + np modulo p et le théorème
de Fermat nous dit que np est congru à n modulo p.
Si (X + n)p est congru à X p + n modulo p, on a alors Cpk nk ≡ 0 modulo p pour tout k
compris entre 1 et p − 1 et np ≡ n modulo p. Comme p est premier avec n et divise Cpk nk , pour
k compris entre 1 et p − 1, il va diviser Cpk (théorème de Gauss). On déduit alors du lemme
24.10 que p est premier.
Le calcul de φ (n) pour n ≥ 2, où φ est la fonction indicatrice d’Euler, peut se faire en
utilisant la décomposition de n en facteurs premiers grâce au théorème chinois.
Théorème 24.13 (chinois) Les entiers n et m sont premiers entre eux si, et seulement si,
les anneaux Znm et Zn × Zm sont isomorphes.
Corollaire 24.2 Si n et m sont deux entiers naturels non nuls premiers entre eux, alors
φ (nm) = φ (n) φ (m) .
φ (pα ) = (p − 1) pα−1 .
∏
r
Théorème 24.14 Si n ≥ 1 a pour décomposition en facteurs premiers n = pαi i avec 2 ≤
i=1
p1 < · · · < pr premiers et les αi entiers naturels non nuls, alors :
∏r ∏r ( )
αi −1 1
φ (n) = pi (pi − 1) = n 1− .
i=1 i=1
pi
De ce résultat on déduit que pour tout n ≥ 3, φ (n) est un entier pair. On déduit également
que φ (n) est compris entre 1 et n.
Exercice 24.27 Soient p et q deux nombres premiers distincts et n = pq. Montrer que si a et
b sont deux entiers naturels tels que ab ≡ 1 (mod φ (n)) , alors pour tout entier relatif c, on a
cab ≡ c (mod n) . Ce résultat est à la base du système cryptographique R.S.A.
Solution 24.27 Si ab ≡ 1 (mod φ (n)) , il existe alors un entier relatif k tel que :
ab = 1 + kφ (n) = 1 + k (p − 1) (q − 1) .
Si c est un entier relatif premier avec p, on a alors cp−1 ≡ 1 (mod p) (théorème de Fermat)
et :
cab = cck(p−1)(q−1) ≡ c (mod p) .
502 Nombres premiers
Si l’entier relatif c n’est pas premier avec p, c’est nécessairement un multiple de p (qui est
premier) et :
cab ≡ 0 ≡ c (mod p) .
De manière analogue, on a cab ≡ c (mod q) et avec p et q premiers entre eux il en résulte que
cab ≡ c (mod pq) .
Solution 24.28
1. L’application φ : x 7→ x2 est un morphisme de groupes de Z× ×
p dans Zp de noyau ker (φ) =
{ }
(−1), 1 (x2 = 1 ⇔ (x − 1) (x + 1) = 0 et −1 ̸= 1 dans le corps Zp pour p ≥ 3
( { }) p − 1
×
premier). On a donc card (Im (φ)) = card Zp / (−1), 1 = , ce qui signifie qu’il
2
p−1 p+1
y a exactement carrés dans Z×
p (comme 0 est un carré, il y a exactement
2 2
carrés dans Zp ).
p−1
2. Si x ∈ Z× ×
p est un carré, il existe y ∈ Zp tel que x = y et x
2 2 = y p−1 = 1. Donc les
p−1 p−1
carrés de Z× p sont racines du polynôme P (X) = X
2 − 1. Comme il y a carrés et
2
p−1
au plus racines du polynôme P dans Z×
p , on en déduit l’ensemble Im (φ) des carrés
2 p−1
de Z×p est l’ensemble des racines du polynôme P (X) = X
2 − 1.
3. On a :
( ) ( ) ( )
p−1
p−1
(−1) ∈ Im (φ) ⇔ (−1) =1 ⇔
2
≡ 0 (mod 2)
2
⇔ (p ≡ 1 (mod 4))
a = {b ∈ Z | b ≡ a (n)} = {b ∈ Z | n divise b − a}
= {b = a + qn | q ∈ Z} = a + nZ
a = a + 0Z = {a}
de sorte que :
Z0 = {{a} | a ∈ Z}
est en bijection avec Z. On identifie alors Z0 à Z.
Dans le cas particulier où n = 1, deux entiers relatifs quelconques sont toujours congrus
modulo 1 et pour tout entier relatif a, on a :
a=a+Z=Z
de sorte que : { }
Z0 = {Z} = 0
est identifié à {0} .
503
504 Les anneaux Z/nZ
Cet ensemble est donc de cardinal égal à n et il est en bijection avec l’ensemble de tous les
restes modulo n.
Démonstration. Le théorème de division euclidienne nous permet d’écrire tout entier relatif
a sous{ la forme a =} qn + r avec 0 ≤ r ≤ n − 1, ce qui entraîne que a = r. On a donc
Zn = 0, 1, · · · , n − 1 . Pour montrer que cet ensemble est de cardinal égal à n, il nous reste à
montrer que tous ses éléments sont distincts. Si r = s avec r et s compris entre 0 et n − 1, on a
alors s − r = qn avec q ∈ Z et l’encadrement 0 ≤ |s − r| = |q| n ≤ n − 1 dans N impose q = 0,
ce qui équivaut à r = s. { }
Considérant qu’un anneau a au moins deux éléments et que Z1 = 0 , on suppose dans ce
qui suit que n ≥ 2.
La compatibilité de la relation de congruence modulo n avec l’addition et la multiplication
sur Z (voir le paragraphe 23.2) va nous permettre de transporter la structure d’anneau de Z à
Zn , un tel prolongement étant unique.
On désigne par πn la surjection canonique de Z sur Zn , c’est l’application qui associe à tout
entier relatif sa classe modulo n.
Tout antécédent par πn d’un élément x de Zn est appelé un représentant de x.
Théorème 25.2 Il existe une unique structure d’anneau commutatif unitaire sur Zn telle que
la surjection canonique πn soit un morphisme d’anneaux.
Démonstration. On vérifie tout d’abord qu’on définit deux opérations internes sur Zn avec :
{
x+y =a+b
∀ (x, y) ∈ Zn ,
2
xy = ab
⟨a⟩ = {ka | k ∈ Z}
Définition 25.1 On dit qu’un groupe G est monogène s’il est engendré par l’un de ses éléments,
c’est-à-dire s’il existe a dans G tel que G = ⟨a⟩ . Un groupe monogène fini est dit cyclique.
x = k = 1| + ·{z
· · + 1} = k1
k fois
avec k = 0 si, et seulement si, k est multiple de n. Il en résulte que (Zn , +) est un groupe
cyclique d’ordre (ou de cardinal) n. En fait, à isomorphisme près, c’est le seul.
θ
Exemple 25.3 Si θ est un réel tel que n’est pas rationnel, alors le groupe :
2π
⟨ iθ ⟩ { ikθ }
e = e |k∈Z
Théorème 25.4 Soit p un nombre premier. Tout groupe G d’ordre p est cyclique, donc iso-
morphe à Zp .
506 Les anneaux Z/nZ
Démonstration. Tout élément de G \ {1} est d’ordre p (puisque son ordre divise p et est
différent de 1), il en résulte que G est cyclique d’ordre p, donc isomorphe à Zp .
Le résultat qui suit nous dit que les sous groupes d’un groupe cyclique sont cycliques.
Théorème 25.5 Tous les sous groupes de Zn sont cycliques d’ordre qui divise n. Réciproque-
ment pour tout diviseur d de n, il existe un unique sous groupe de G d’ordre d, c’est le groupe
n
cyclique engendré par q = :
d
{ }
H = ⟨q⟩ = 0, q, · · · , (d − 1) q .
On note Z∗n l’ensemble des éléments inversibles de Zn . C’est un groupe pour la loi multipli-
cative.
Théorème 25.6 Soit a un entier relatif. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. a est inversible dans Zn ;
2. a est premier avec n ;
3. a est un générateur de (Zn , +) .
Démonstration. Dire que a est inversible dans Zn équivaut à dire qu’il existe b dans Zn
tel que ab = 1, encore équivalent à dire qu’il existe b, q dans Z tels que ab + qn = 1, ce qui
équivaut à dire que a et n sont premiers entre eux (théorème de Bézout).
En traduisant le fait que a est inversible dans Zn par l’existence d’un entier relatif b tel que
ab = ba = 1, on déduit que cela équivaut à dire que 1 est dans le groupe engendré par a et
donc que ce groupe est Zn .
Définition 25.3 On appelle fonction indicatrice d’Euler la fonction qui associe à tout entier
naturel non nul n, le nombre, noté φ (n) , d’entiers compris entre 1 et n qui sont premiers avec
n.
Le théorème précédent nous dit que pour tout entier n ≥ 2, φ (n) est le nombre de générateurs
du groupe cyclique (Zn , +) (ou de n’importe quel groupe cyclique d’ordre n) ou encore que c’est
le nombre d’éléments inversibles de Zn .
Du théorème de Lagrange, on déduit immédiatement le résultat suivant.
Fonction indicatrice d’Euler 507
Théorème 25.7 (Euler) Pour tout entier relatif a premier avec n, on a aφ(n) ≡ 1 (n) .
Démonstration. Si a est premier avec n, alors a appartient à Z∗n qui est un groupe d’ordre
φ (n) et en conséquence son ordre divise φ (n) (théorème de Lagrange), ce qui entraîne aφ(n) = 1,
ou encore aφ(n) ≡ 1 (n) .
Si n est premier, alors tout entier compris entre 1 et n − 1 est premier avec n, ce qui implique
que φ (n) = n − 1 et le théorème d’Euler devient le petit théorème de Fermat.
Théorème 25.8 (Fermat) Soit p un entier naturel premier. Pour tout entier relatif a on a :
ap ≡ a (p) .
Démonstration. Le théorème d’Euler nous dit que ap−1 ≡ 1 (p) si a est premier avec n,
c’est-à-dire si a n’est pas multiple de p, ce qui entraîne ap ≡ a (p) . Pour a multiple de p, on a
ap ≡ a ≡ 0 (p) .
La réciproque de ce théorème est fausse comme nous le montrera l’étude des nombres de
Carmichaël au paragraphe ??. Par exemple on a a561 ≡ a (561) pour tout entier relatif a avec
561 = 3 · 11 · 17 non premier.
Le théorème de Fermat peut être utilisé pour calculer des congruences avec des grands
nombres. Si p est un nombre premier impair, n, m deux entiers naturels, l’entier n n’étant
pas multiple de p, en effectuant les divisions euclidiennes par p et par p − 1, on n = qp + r,
m = q ′ (p − 1) + s avec 1 ≤ r ≤ p − 1, 0 ≤ s ≤ p − 2 et :
nm ≡ rs (p)
Par exemple on a 20032003 ≡ 4 (5) . En effet 2003 = 5{· 400 } + 3 et 2003 = 4 · 500 + 3.
Dans le cas où n est premier tous les éléments de Zn \ 0 sont inversibles et en conséquence
Zn est un corps. En fait on a le résultat plus précis suivant.
Remarque 25.3 L’implication (3) ⇒ (2) est aussi conséquence du fait que tout anneau uni-
taire fini et intègre est un corps (théorème de Wedderburn). Si A est un anneau fini intègre,
alors pour tout a ∈ A \ {0} l’application x 7→ ax est injective de A dans A, donc bijective, ce
qui entraîne l’existence de a′ ∈ A tel que aa′ = e (e est le neutre pour la multiplication).
Démonstration. Si n est premier alors Zn est un corps commutatif et tout élément k de Z∗n
∏(
n−1 )
est racine du polynôme X n−1 − 1, on a donc X n−1 − 1 = X − k dans Zn [X] et en évaluant
k=1
∏(
n−1 )
ce polynôme en 0, il vient −1 = −k = (−1) n−1
(n − 1)!. Pour n = 2, on a −1 = 1 et pour
k=1
n ≥ 2 premier on a n impair et −1 = (n − 1)! dans Zn .
Réciproquement si n ≥ 2 est tel que (n − 1)! = −1 dans Zn , alors tout diviseur d de n
compris entre 1 et n − 1 divisant (n − 1)! = −1 + kn va diviser −1, ce qui donne d = 1 et
l’entier n est premier.
Le calcul de φ (n) pour n ≥ 2 peut se faire en utilisant la décomposition de n en facteurs
premiers grâce au théorème chinois.
Théorème 25.11 (chinois) Les entiers n et m sont premiers entre eux si, et seulement si,
les anneaux Znm et Zn × Zm sont isomorphes.
·
Démonstration. Pour tout entier relatif k, on note k sa classe modulo nm, k sa classe
··
modulo n et k sa classe modulo m.
Le produit cartésien Zn × Zm est naturellement muni d’une structure d’anneau commutatif
unitaire avec les lois + et · définies par :
( ) ( ) ( · )
· ·· · ·· ··
′ ′ ′ ′
j, k + j , k = j + j , k + k
( ) ( · ·· ) ( · ··
)
· ··
′ ′ ′
j, k · j , k = j · j , k · k ′
( )
· ··
Supposons n et m premiers entre eux. L’application φ : k 7→ k, k est un morphisme
d’anneaux de Z dans Zn × Zm et son noyau est formé des entiers divisibles par n et m donc par
nm puisque ces entiers sont premiers entre eux,
( il )se factorise donc en un morphisme injectif
· ··
d’anneaux de Znm dans Zn × Zm par φ : k 7→ k, k . Ces deux anneaux ayant même cardinal,
l’application φ réalise en fait un isomorphisme d’anneaux de Znm dans Zn × Zm .
Si n et m ne sont pas premiers entre eux les groupes additifs Znm et Zn × Zm ne peuvent
être isomorphes puisque 1 est d’ordre nm dans Znm et tous les éléments de Zn × Zm ont un
ordre qui divise le ppcm de n et m qui est strictement inférieur à nm.
Corollaire 25.1 Si n et m sont deux entiers naturels non nuls premiers entre eux, alors
φ (nm) = φ (n) φ (m) .
Le calcul de φ (n) est alors ramené à celui de φ (pα ) où p est un nombre premier et α un
entier naturel non nul.
Démonstration. Si p est premier, alors un entier k compris entre 1 et pα n’est pas premier
avec pα si et seulement si il est divisible par p, ce qui équivaut à k = mp avec 1 ≤ m ≤ pα−1 , il
y a donc pα−1 possibilités. On en déduit alors que :
∏
r
Théorème 25.12 Si n ≥ 1 a pour décomposition en facteurs premiers n = pαi i avec 2 ≤
i=1
p1 < · · · < pr premiers et les αi entiers naturels non nuls, alors :
∏
r ∏r ( )
1
φ (n) = pαi i −1 (pi − 1) = n 1− .
i=1 i=1
p i
De ce résultat on déduit que pour tout n ≥ 3, φ (n) est un entier pair. En effet, pour n = 2α
∏
r
avec α ≥ 2, on a φ (n) = 2α−1 qui est pair et pour n = 2α pαi i = pα1 1 m avec α ≥ 0, r ≥ 1,
i=1
tous les pi étant premiers impairs, on a φ (n) = (p1 − 1) pαi 1 −1 φ (m) qui est pair.
On déduit également que φ (n) est compris entre 1 et n (ce qui se voit aussi avec la définition).
En fait on a le résultat plus précis suivant.
n ∏
r
n
φ (n) = φ (pi ) = φ (m)
m i=1 m
510 Les anneaux Z/nZ
et : √
φ (n) n φ (m) φ (m)
√ = √ ≥ √ > 1,
n m m m
√
ce qui donne φ (n) > n.
Pour n = 2α avec α ≥ 3, on a :
φ (n) (√ )α−2
√ = 2 2 −1 =
α
2 >1
n
√
et φ (n) > n.
Pour n = 2α 3β avec α ≥ 1, β ≥ 1 et (α, β) ̸= (1, 1) , on a :
φ (n) α β
(√ )α (√ )β−2
√ = 2 2 3 2 −1 = 2 3 >1
n
(√ )α (√ )−1 2
(pour β ≥ 2 il n’y a pas de problème et pour β = 1 on a α ≥ 2 et 2 3 ≥ √ > 1),
√ 3
ce qui donne φ (n) > n.
∏
r
Enfin, si n est pair supérieur ou égal à 7, il s’écrit n = 2α1 pαi i avec 3 ≤ p2 < · · · < pr
i=2
∏
r
premiers et αi ≥ 1 pour tout i compris entre 1 et r. En posant m = 2 pi , on a ::
i=2
√
φ (n) n φ (m) φ (m)
√ = √ ≥ √ ,
n m m m
avec :
1 ∏ pi − 1
r
φ (m)
√ =√ √ .
m 2 i=2 pi
p−1 φ (m) p2 − 1 p2 − 1
Pour p ≥ 3, on a √ > 1, donc √ > √ √ et pour p2 ≥ 5, on a √ √ > 1. Il reste
p m 2 p2 2 p2
∏
r
à étudier le cas p2 = 3, soit n = 2α1 3α2 r, avec r = pαi i où 5 ≤ p3 < · · · < pr sont premiers.
i=3
Dans ce cas, on a :
φ (n) φ (2α1 3α2 ) φ (r)
√ = √ √ >1
n 2α1 3α2 r
d’après ce qui précède. √
On a donc ainsi montré que φ (n) > n pour tout n ≥ 7.
26
ax ≡ b (n) (26.1)
Dans le cas où b = 1, cette équation a des solutions si, et seulement si a est inversible
dans Zn , ce qui équivaut à dire que a est premier avec n. Dans ce cas l’algorithme d’Euclide
nous permet de trouver une solution x0 ∈ Z de (26.1) . Si x ∈ Z est une autre solution, alors
a (x − x0 ) est divisible par n qui est premier avec a et le théorème de Gauss nous dit que n doit
diviser x − x0 . Réciproquement on vérifie facilement que pour tout k ∈ Z, x0 + kn est solution
de (26.1) . En définitive, dans le cas où a et n sont premiers entre eux, l’ensemble des solutions
de ax ≡ 1 (n) est :
S = {x0 + kn | k ∈ Z}
où x0 est une solution particulière de cette équation.
Dans le cas où les entiers a et n sont premiers entre eux et b est un entier relatif quelconque,
pour toute solution particulière u0 de l’équation ax ≡ 1 (n) l’entier x0 = bu0 est solution de
(26.1) . Comme précédemment, on en déduit que l’ensemble des solutions de (26.1) est :
S = {bx0 + kn | k ∈ Z}
Théorème 26.1 L’équation diophantienne (26.1) a des solutions entières si, et seulement si,
δ divise b. Dans ce cas, l’ensemble des solutions de cette équation est :
Démonstration. Si l’équation (26.1) admet une solution x ∈ Z alors δn′ divise δa′ − b et δ
divise b.
511
512 Utilisation des congruences et des anneaux Z/nZ
Si b est un multiple de δ, il s’écrit b = δb′ et toute solution de a′ x ≡ b′ (n′ ) est aussi solution
de (26.1) .
On a vu que les solutions de a′ x ≡ b′ (n′ ) sont de la forme x = b′ x′0 + kn′ où x′0 est une
solution de a′ x ≡ 1 (n′ ) et k est un entier relatif. Réciproquement on vérifie facilement que
pour tout entier k ∈ Z, x = b′ x′0 + kn′ est solution de (26.1) .
Théorème 26.2 (chinois) Soient n, m deux entier supérieur ou égal à 2 premiers entre eux.
Quels que soient les entiers relatifs a et b le système (26.2) a une infinité de solutions dans Z.
Démonstration. Comme n et m sont premiers entre eux on peut trouver une infinité de
couples d’entiers relatifs (u, v) tels que :
nu + mv = 1.
x − x0 = pn = qm.
Mais m est premier avec n, le théorème de Gauss nous dit alors que m divise p. On a donc
x = x0 + knm avec k ∈ Z. Et réciproquement on vérifie que pour tout entier relatif k, x0 + knm
est solution de (26.2) . En définitive, si n et m sont premiers entre eux, alors l’ensemble des
solutions de (26.2) est :
S = {x0 + knm | k ∈ Z}
où x0 est une solution particulière de (26.2) .
Dans le cas général où m et n ne sont pas nécessairement premiers entre eux on note δ le
pgcd de n et m, n = δn′ , m = δm′ avec n′ , m′ premiers entre eux et on note µ le ppcm de n et
m.
Théorème 26.3 L’équation diophantienne (26.2) a des solutions entières si, et seulement si,
a − b est multiple de δ. Dans ce cas, l’ensemble des solutions de (26.2) est :
S = {x0 + kµ | k ∈ Z}
x0 = bn′ u0 + am′ v0 ,
on a :
x0 = b (1 − m′ v0 ) + am′ v0 = b − m′ v0 (b − a)
= b − m′ v0 δc′ = b − mv0 c′ ≡ b (m) .
De manière analogue on voit que x0 est congru à a modulo n. L’entier x0 est donc une solution
de (26.2) .
Si x ∈ Z est solution de (26.2) alors x est congru à x0 modulo n et modulo m, soit :
x − x0 = pn = qm = pδn′ = qδm′ .
x − x0
Il en résulte que est un entier et :
δ
x − x0
= pn′ = qm′ .
δ
Comme m′ est premier avec n′ , le théorème de Gauss nous dit que m′ doit diviser p. On a donc :
x − x0
= kn′ m′
δ
avec k ∈ Z. Ce qui peut aussi s’écrire :
nm
x − x0 = knm′ = k = kµ
δ
avec k ∈ Z.
Réciproquement on vérifie facilement que pour tout entier relatif k, x0 + kµ est solution de
(26.2) . En définitive, l’ensemble des solutions de (26.2) est :
S = {x0 + kµ | k ∈ Z}
— Du fait que 10 est congru à 1 modulo 3 (resp. modulo 9) on déduit que 10k est congru à
∑
p
1 modulo 3 (resp. modulo 9) pour tout entier k et a est congru à ak modulo 3 (resp.
k=0
modulo 9). Donc a est divisible par 3 (resp. par 9) si et seulement si la somme de ses
chiffres est divisible par 3 (resp. par 9).
— Enfin du fait que 10 est congru à −1 modulo 11 on déduit que 10k est congru à (−1)k
∑p
modulo 11 pour tout entier k et a est congru à (−1)k ak modulo 11. Donc a est
k=0
divisible par 11 si et seulement si la somme alternée de ses chiffres est divisible par 11.
En remplaçant 10 par une base b ≥ 2, on a de manière plus générale les résultats suivants,
où on a noté a = ap · · · a1 a0 b l’écriture en base b d’un entier a (les ak sont compris entre 0 et
b − 1 et ap est non nul) :
— si d est un diviseur de b alors a est divisible par d si, et seulement si a0 est divisible par
d:
∑p
— si d est un diviseur de b−1 alors a est divisible par d si, et seulement si ak est divisible
k=0
par d ;
∑
p
— a est divisible par b + 1 si, et seulement si (−1)k ak est divisible par b + 1.
k=0
Cinquième partie
Problèmes d’algèbre
515
517
Le théorème de d’Alembert-Gauss
27.1 Énoncé
Le but de cet problème est de montrer le théorème fondamental de l’algèbre : tout polynôme
complexe non constant a au moins une racine.
∑n
On se donne un polynôme P (z) = ak z k de degré n ≥ 1 avec an = 1.
k=0
27.2 Solution
1. Pour tout z ∈ C∗ , on a :
a
0 an−1
|P (z)| = |z|n n + · · · + + 1
z z
a
n−k
avec lim k = 0 pour k = 1, · · · , n. D’où le résultat.
|z|→+∞ z
519
520 Le théorème de d’Alembert-Gauss
Q (z) = 1 + bp z p + · · · + bn z n
Q (z) = 1 + bp z p (1 + ε (z))
|Q (z)| = |1 + bp z p (1 + ε (z))|
≤ |1 + bp z p | + rp ρp |ε (z)|
1
Si de plus ρ = |z| < r, alors |ε (z)| < et :
2
1
|Q (z)| ≤ |1 + bp z p | + rp ρp
2
avec : ( θp +π
)p
bp z p = rp eiθp ρe−i p = rp ρp e−iπ = −rp ρp .
ii. On a lim (1 − rp ρp ) = 1, donc 1 − rp ρp > 0 pour ρ assez petit et pour un tel choix :
ρ→0
1 1
|Q (z)| ≤ 1 − rp ρp + rp ρp = 1 − rp ρp < 1.
2 2
28.1 Énoncé
Exercice 28.1 Soient E = Mn (R) l’espace vectoriel des matrices carrées à coefficients réels
d’ordre n ≥ 2 et q l’application définie sur E par :
( )
∀M ∈ E, q (M ) = T r M 2 .
1. En notant M = ((xij ))1≤i,j≤n un élément de E, donner une expression de q.
2. Montrer que q est une forme quadratique sur E.
3. Donner une expression la forme polaire φ de q.
4. Effectuer une réduction de q en combinaison linéaire de carrés de formes linéaires indé-
pendantes dans le dual E ∗ .
5. Déterminer le rang, le noyau et la signature de q.
6. Soient E1 = {M ∈ E | t M = M } le sous-espace vectoriel de E formé des matrices symé-
triques et E2 = {M ∈ E | t M = −M } le sous-espace vectoriel de E formé des matrices
antisymétriques.
(a) Donner la dimension de E1 en précisant une base.
(b) Que dire des termes diagonaux d’une matrice M = ((xij ))1≤i,j≤n ∈ E2 ?
(c) Donner la dimension de E2 en précisant une base.
(d) Montrer que E = E1 ⊕ E2 .
(e) Montrer que E2 ⊂ E1⊥ , où E1⊥ désigne l’orthogonal de E1 relativement à φ.
(f) Déterminer E1⊥ .
7. Montrer que la restriction de q à E1 est définie positive et que la restriction de q à E2
est définie négative.
28.2 Solution
1. Le coefficient d’indice (i, i) de P = M 2 , pour i compris entre 1 et n, est :
∑
n
pii = xik xki
k=1
521
522 La forme quadratique T r (M 2 ) sur Mn (R)
et donc :
( ) ∑
n ∑
n ∑
n
2
q (M ) = T r M = pii = xik xki
i=1 i=1 k=1
∑
n ∑
= x2ii + 2 xij xji .
i=1 1≤i<j≤n
∀ (M, N ) ∈ E 2 , φ (M, N ) = T r (M N )
vérifier que :
— φ est symétrique puisque T r (M N ) = T r (N M ) pour toutes matrices M, N dans E.
— φ est bilinéaire puisque l’application trace est une forme linéaire et, à N fixé, l’appli-
cation M 7→ M N est linéaire de E dans E, ce qui entraîne que pour tout N fixé, dans
E l’application M 7→ T r (M N ) est linéaire comme composée d’application linéaires.
La symétrie nous dit que φ est en fait bilinéaire et cette application étant à valeurs
réelles, c’est bien une forme bilinéaire symétrique.
— Pour tout M ∈ E, q (M ) = φ (M, M ) .
En conséquence q est une forme quadratique.
3. Ce qui précède nous dit que l’application φ : (M, N ) 7→ T r (M N ) est la forme polaire de
q.
4. Pour 1 ≤ i < j ≤ n, on a :
1 1
2xij xji = (xij + xji )2 − (xij − xji )2 ,
2 2
ce qui donne la réduction de Gauss :
∑
n
1 ∑ 1 ∑
q (M ) = x2ii + (xij + xji )2 − (xij − xji )2
i=1
2 1≤i<j≤n 2 1≤i<j≤n
∑
n
1 ∑ 1 ∑
= L2ii (M ) + L2ij (M ) − L2 (M )
i=1
2 1≤i<j≤n 2 1≤i<j≤n ji
L’algorithme de Gauss nous assure que ces formes sont linéairement indépendantes dans
le dual E ∗ .
5. Le rang de q est :
avec :
X = {(1, 2) , · · · , (1, n)} ∪ {(2, 3) , · · · , (2, n)} ∪ · · · ∪ {(n − 1, n)}
ce qui donne :
n (n − 1)
card (X) = (n − 1) + (n − 2) + · · · + 2 + 1 =
2
et rg (q) = n + n (n − 1) = n2 = dim (E) .
La forme q est donc non dégénérée et ker (q) = {0} .
La signature de q est
( ) ( )
n (n − 1) n (n − 1) n (n + 1) n (n − 1)
sign (q) = n + , = , .
2 2 2 2
6.
(a) Une matrice symétrique est uniquement déterminée par son triangle supérieur large
n (n + 1)
(i. e. avec la diagonale comprise), ce qui signifie que dim (E1 ) = .
2
On peut aussi dire qu’une matrice symétrique s’écrit :
∑
M= aij Eij
1≤i≤j≤n
n (n − 1) n (n + 1)
dim (E) = n2 = + = dim (E1 ) + dim (E2 )
2 2
et en conséquence E = E1 ⊕ E2 .
(e) Pour (M, N ) ∈ E2 × E1 , on a :
t
(M N ) = t N t M = −N M,
avec q (M ) = 0 si, et seulement si, Lji (M ) = xij − xji = 2xij = 0 pour 1 ≤ i < j ≤ n, ce
qui équivaut à M = 0.
La restriction de q à E2 est donc définie négative.
29
29.1 Énoncé
√ tout nombre complexe z = x + iy, on note z = x − iy le complexe conjugué de z et
Pour
|z| = zz le module de z.
On note Σ2 l’ensemble des entiers naturels qui s’écrivent comme somme de deux carrés, soit :
{ }
Σ2 = n ∈ N | n = a2 + b2 où (a, b) ∈ Z2 .
On peut remarquer qu’un entier n est dans Σ2 si, et seulement si, il existe un nombre
complexe z = a + ib avec (a, b) ∈ Z2 tel que n = |z|2 .
1. Montrer que Σ2 est stable pour le produit, c’est-à-dire que le produit de deux entiers
naturels qui sont somme de deux carrés est encore somme de deux carrés.
Il suffit donc, pour décrire Σ2 , de s’occuper des nombres premiers qui peuvent s’écrire
comme somme de deux carrés.
2. Montrer que si n ∈ Σ2 est impair, il et alors congru à 1 modulo 4.
3. Soit p un nombre premier dans Σ2 . Montrer que p est soit égal à 2, soit congru à 1 modulo
4.
4. Soit p un nombre premier congru à 1 modulo 4. Montrer qu’il existe un entier naturel
non nul r tel que p divise 1 + r2 (on peut utiliser le théorème de Wilson). Ce résultat
est-il encore vrai pour p premier congru à 3 modulo 4 ?
5. Soient x un réel et n ≥ 1 un entier. Montrer qu’il existe un couple d’entiers (p, q) ∈ Z×N∗
tels que :
1
1 ≤ q ≤ n et |qx − p| ≤ .
n+1
6. Soient x et λ deux réels avec λ > 1 non entier. Montrer qu’il existe un couple d’entiers
(p, q) ∈ Z × N∗ tels que :
1
1 ≤ q < λ et |qx − p| < .
λ
7. Soient r et n deux entiers naturels non nuls tels que n divise 1 + r2 . Montrer que n est
r √
somme de deux carrés (on peut utiliser la question précédente avec x = et λ = n).
n
525
526 Décomposition d’un entier en carrés. Entiers de Gauss
8. Soient p, q deux entiers naturels non nuls premiers entre eux et n un entier naturel non
nul. Montrer que si n divise p2 + q 2 , il est alors somme de deux carrés.
9. Soit p un nombre premier. Montrer que p est somme de deux carrés si, et seulement si,
il est égal à 2 ou congru à 1 modulo 4 (théorème de Fermat).
10. On propose ici une autre démonstration du résultat précédent. Compte tenu de I.3, il
suffit de montrer qu’un nombre premier congru à 1 modulo 4 est dans Σ2 . On se donne
donc un nombre premier p congru à 1 modulo 4.
(a) Montrer qu’il existe un entier r compris entre 2 et p − 1 tel que p divise r2 + 1.
√
(b) Montrer que si r < p, alors p = r2 + 1.
√
(c) On suppose que p < r.
i. En désignant par (rk )0≤k≤n la suite des restes successifs qui apparaissent dans
l’algorithme d’Euclide pour le calcul de p ∧ r où r0 = r, rn−1 = p ∧ r et rn = 0,
montrer que, pour tout k compris entre 0 et n − 1, il existe un entier wk compris
entre 1 et p − 1 tel que rk ≡ rwk modulo p.
ii. Montrer qu’il existe un entier k compris entre 1 et n − 1 tel que p = rk2 + wk2 .
11. Soit n un entier naturel non nul somme de deux carrés. Montrer que si p est un diviseur
premier de n congru à 3 modulo 4, alors l’exposant de p dans la décomposition de n en
facteurs premiers est nécessairement pair.
12. Déduire de ce qui précède qu’un entier naturel non nul n est somme de deux carrés si, et
seulement si, les éventuels diviseurs premiers de n congrus à 3 modulo 4 qui apparaissent
dans sa décomposition en facteurs premiers y figurent avec un exposant pair.
13. Montrer que n = 3240 est dans Σ2 et donner une décomposition de n en somme de deux
carrés.
14. Montrer que si n est somme de deux carrés, n = a2 + b2 , avec a et b premiers entre eux,
alors n n’a pas de diviseur premier congru à 3 modulo 4. La réciproque est-elle vraie ?
1.
(a) Montrer que Z [i] est un sous anneau de C stable par l’opération de conjugaison
complexe.
(b) Montrer que l’anneau Z [i] est contenu dans tout sous anneau de C qui contient i.
L’anneau Z [i] est donc le plus petit sous anneau (unitaire) de C (pour l’ordre de
l’inclusion) qui contient i, on dit que c’est le sous anneau de C engendré par i.
(c) Montrer que Z [i] est égal à l’intersection de tous les sous anneaux de C qui contiennent
i.
2. Déterminer l’ensemble Z [i]× des éléments inversibles de Z [i] .
3. Soient u, v dans Z [i] .
(a) Montrer que si u/v dans Z [i] , alors |u|2 divise |v|2 dans N et, pour v ̸= 0, |u| ≤ |v| .
Énoncé 527
(b) Montrer que si u/v dans Z [i] et |u| = |v| , alors u et v sont associés et v/u.
(c) Montrer que si u/v et v/u dans Z [i] , alors |u| = |v| . La réciproque est-elle vrai ?
4. Soit (u, v) dans Z [i] × Z [i]∗ . Montrer qu’il existe un couple (q, r) dans Z [i]2 tel que :
On note Σ4 l’ensemble des entiers naturels qui s’écrivent comme somme de quatre carrés,
soit : { }
Σ4 = n ∈ N | n = a2 + b2 + c2 + d2 où (a, b, c, d) ∈ Z4 .
On peut remarquer qu’un entier n est dans Σ4 si, et seulement si, il existe deux nombres
complexes u = a + ib et v = c + id avec (a, b, c, d) ∈ Z4 tels que :
( )
u v
n = det = |u|2 + |v|2 .
−v u
Z
Pour tout nombre premier p, on note Fp le corps des classes résiduelles modulo p.
pZ
1. Montrer que Σ4 est stable pour le produit, c’est-à-dire que le produit de deux entiers
naturels qui sont somme de quatre carrés est encore somme de quatre carrés.
Dans les deux questions qui suivent, p désigne un nombre premier impair.
2.
(a) Déterminer le nombre de carrés dans Fp , c’est-à-dire le cardinal de l’ensemble :
{ }
C = x2 | x ∈ F p .
(b) Montrer que pour tous u, v dans F∗p et w dans Fp , l’équation ux2 + vy 2 = w a une
solution (x, y) dans F2p .
528 Décomposition d’un entier en carrés. Entiers de Gauss
p−1 p−1
(c) Montrer qu’il existe des entiers relatifs r et s compris entre − et tels que
2 2
p divise 1 + r2 + s2 .
3. On se propose dans cette question de montrer que p est somme de quatre carrés.
On note :
E = {k ∈ {1, · · · , p − 1} | kp ∈ Σ4 } .
(a) Montrer que E est non vide.
(b) On désigne par m le plus petit élément de E. Montrer que m est impair.
(c) On suppose que m > 1 et on désigne par a, b, c, d des entiers relatifs tels que :
mp = a2 + b2 + c2 + d2 .
I = aA = {ab | b ∈ A} .
On dit que l’anneau A est principal si tous ses idéaux sont principaux.
On rappelle que l’anneau A est euclidien, s’il existe une fonction N : A∗ → N (appelée
stathme) telle que pour tout couple (a, b) d’éléments de A∗ , il existe un couple (q, r) dans A2
tel que a = bq + r avec r = 0 ou N (r) < N (b) .
On rappelle que l’anneau A est dit factoriel si pour tout a ∈ A∗ il existe une unité u ∈ A×
∏
r
et des élément irréductibles p1 , · · · , pr tels que a = u pk , cette décomposition étant unique à
k=1
∏
r ∏
s
permutation et aux inversibles près, c’est-à-dire que si a = u pk = v qk , où u, v sont des
k=1 k=1
unités et p1 , · · · , pr , q1 , · · · , qs des élément irréductibles, alors r = s et il existe une permutation
σ de l’ensemble {1, 2, · · · , r} telle que, pour tout k compris entre 1 et r, pk et qσ(k) soient
associés.
Énoncé 529
1.
√
(a) Montrer que Z [i n] est un sous anneau de C stable par l’opération de conjugaison
complexe.
√
(b) Montrer
√ que l’anneau
√ Z [i n] est contenu dans tout sous anneau de C qui contient
i n. L’anneau Z [i n] est donc √ le plus petit sous anneau (unitaire) de C (pour l’ordre
√ l’inclusion) qui contient i n, on dit que c’est le sous anneau de C engendré par
de
i n.
√
(c) Montrer que √Z [i n] est égal à l’intersection de tous les sous anneaux de C qui
contiennent i n.
√ × √
2. Déterminer l’ensemble Z [i n] des éléments inversibles de Z [i n] .
√
3. Soient u, v dans Z [i n] .
√
(a) Montrer que si u/v dans Z [i n] , alors |u|2 divise |v|2 dans N et, pour v ̸= 0, |u| ≤ |v| .
√
(b) Montrer que si u/v dans Z [i n] et |u| = |v| , alors u et v sont associés et v/u.
√
(c) Montrer que si u/v et v/u dans Z [i n] , alors |u| = |v| . La réciproque est-elle vrai ?
√
4. Montrer √ que si u ∈ Z [i n] est tel que |u|2 soit premier dans N, alors u est irréductible
dans Z [i n] .
√
5. Montrer que tout élément u non nul et non inversible dans Z [i n] se décompose en
produit de facteurs irréductibles, c’est-à-dire qu’il existe un entier r√≥ 1, des éléments
v1 , · · · , vr deux à deux distincts (si r ≥ 2) irréductibles dans Z [i n] et des entiers
∏r
naturels non nuls α1 , · · · , αr , tels que u = ± pαk k .
k=1
6. On suppose ici que n ≥ 3 est impair.
√ √ √
(a) Montrer que 2, 1 + i n et 1 − i n sont irréductibles dans Z [i n] .
(b) Montrer que 1 + n s’écrit de deux manière différentes √ comme produit de facteurs
irréductibles (permutations mises à part). L’anneau Z [i n] n’est donc pas factoriel
pour n ≥ 3 impair.
√ √
(c) Soit u irréductible dans Z [i n] divisant le produit vw où v, w sont dans Z [i n] .
Peux-t-on affirmer que u divise v ou w ?
7. Montrer qu’un anneau euclidien est principal.
8. Soit A un anneau principal. Montrer directement (sans utiliser l’implication A principal,
donc factoriel) que si un élément u irréductible dans A divise le produit vw de deux
éléments de A, alors il divise v ou w.
9. On suppose que n ≥ 3.
√ √
(a) Montrer que i n, est irréductible dans Z [i n] .
√
(b) Montrer (sans utiliser l’implication A principal, donc factoriel) que Z [i n] n’est ni
euclidien ni principal (on distinguera les cas n pair et n impair).
√
10. Montrer que Z [i n] est principal pour n = 1 ou n = 2.
530 Décomposition d’un entier en carrés. Entiers de Gauss
29.2 Solution
– I – Le théorème des deux carrés
On peut remarquer que Σ2 est non vide, puisqu’il contient 0, 1, 2 = 12 + 12 et plus générale-
ment tous les entiers carrés n = a2 + 0.
1. Soient n = a2 + b2 et m = c2 + d2 où a, b, c, d sont des entiers relatifs. En écrivant que
n = |u|2 et m = |v|2 où, u = a + ib et v = c + id, on a :
nm = |uv|2 = |(ac − bd) + (ad + bc) i|2
= (ac − bd)2 + (ad + bc)2
(identité de Lagrange), c’est-à-dire que nm est somme de deux carrés d’entiers.
2. Si n est un entier impair qui s’écrit n = a2 + b2 avec a et b entiers, alors ces deux entiers
sont de parité différente. Comme a et b jouent des rôles symétriques, on peut supposer
que n = 2p et b = 2q + 1 et on a n = 4p2 + (2q + 1)2 = 4k ′ + 1, c’est-à-dire que n est
congru à 1 modulo 4.
3. On a 2 = 12 + 12 ∈ Σ2 . Si p est premier différent de 2, il est nécessairement impair et si
de plus il est dans Σ2 , il est alors congru à 1 modulo 4.
p−1
4. Comme p ≥ 3 est congru à 1 modulo 4, il s’écrit p = 4q + 1 avec q ≥ 1 et m = = 2q
2
est un entier pair non nul.
Avec 2m = p − 1 ≡ −1 mod p, on déduit que m + 1 ≡ −m mod p et pour tout entier k
compris entre 1 et m − 1 :
m + k + 1 ≡ −m + k = − (m − k) mod p
de sorte que :
(p − 1)! = 1 · 2 · · · · · m · (m + 1) · · · · (m + m)
≡ m! (−1)m m · (m − 1) · · · · · 1 = (m!)2 mod p
(m est pair).
D’autre part, le théorème de Wilson nous dit que (p − 1)! ≡ −1 mod p si p est premier.
On a donc (m!)2 ≡ −1 mod p, ce qui signifie que p divise r2 + 1 où r = m!
Dire que p ≡ 3 mod 4 revient à dire qu’il existe un entier n ≥ 0 tel que p = 4n + 3.
p−1
On a alors r = = 2n + 1 et si x ∈ Z∗p est tel que x2 = −1, il vient xp−1 = x2r =
( )2n+1 2
−1 = −1, ce qui contredit le théorème de Fermat qui nous dit que xp−1 = 1 pour
tout x ∈ Z∗p (on a −1 ̸= 1 puisque p ≥ 2).
En définitive, on a montré qu’un entier premier p est congru à 1 modulo 4, si, et seulement
si, −1 est un carré dans Z∗p .
5. En désignant par [t] la partie entière du réel t ([t] ≤ t < [t] + 1), on a :
E = {kx − [kx] | 0 ≤ k ≤ n} ∪ {1} ⊂ [0, 1]
1
et il existe au moins deux éléments distincts de E qui ont un écart au plus égal à .
n+1
En effet, si ce n’est pas le cas, les n + 2 éléments de E sont deux à deux distincts et en
les rangeant dans l’ordre croissant :
t0 = 0 < t1 < · · · < tn < tn+1 = 1
Solution 531
on a :
( )
∪
n ∪
n
1
1 = m ([0, 1]) ≥ m [tk , tk+1 ] = m ([tk , tk+1 ]) > (n + 1) =1
k=0 k=0
n+1
ce qui est impossible. Si ces deux éléments sont xk = kx − [kx] , où k est compris entre
0 et n et xn+1 = 1, on a alors :
1
|kx − [kx] − 1| = |qx − p| ≤
n+1
1
où on a posé q = k ∈ {1, · · · , n} (k = 0 donne |xk − xn+1 | = 1 > puisque n ≥ 1)
n+1
et p = [kx] + 1 ∈ Z. Sinon il s’agit de xk = kx − [kx] et xj = jx − [jx] avec 0 ≤ k < j ≤ n
et on a :
1
|jx − [jx] − (kx − [kx])| = |qx − p| ≤
n+1
où on a posé q = j − k ∈ {1, · · · , n} et p = [kx] − [jx] ∈ Z.
6. On désigne par n la partie entière de λ et on a n < λ < n + 1 (λ n’est pas entier) et en
1
désignant par (p, q) un couple d’entiers dans Z×N∗ tels que 1 ≤ q ≤ n et |qx − p| ≤ ,
n+1
1
on a 1 ≤ q < λ et |qx − p| < .
λ
√
7. Si n est un carré, il est alors somme de deux carrés. Sinon le réel λ = n n’est pas entier
r
et en notant x = , on peut trouver un couple d’entiers (u, v) tel que 1 ≤ v < λ et :
n
r 1
1
|vx − u| = v − u < = √
n λ n
ou encore : √ √
1≤v< n et |vr − un| < n.
En posant w = vr − un ∈ Z, on a w2 ≤ n et 1 ≤ v 2 + w2 < 2n avec :
( )
v 2 + w2 = v 2 + (vr − un)2 ≡ v 2 + v 2 r2 = v 2 1 + r2 mod n
nombres premiers congrus à 1 modulo 4 (s’il en existe) et les qj des nombres premiers
congrus à 3 modulo 4 (s’il en existe). Comme 1, 2, les pj et les qj2 sont dans Σ2 qui est
stable par multiplication, on en déduit que n ∈ Σ2 .
13. Par exemple 3240 = 23 · 34 · 5 est somme de deux carrés. On a :
2
3240 = (1 + i)3 ∗ (1 + 2i) ∗ 92
= |−6 − 2i|2 ∗ 92 = 62 ∗ 92 + 22 ∗ 92
= 542 + 182
14. Si n = a2 + b2 avec a et b premiers entre eux, alors tout diviseur premier impair p de
n divise a2 + b2 et il est alors somme de deux carrés (question I.8) et donc congru à 1
modulo 4 (question I.9).
La réciproque est fausse comme le montre l’exemple de :
n = 45 = 5 · 32 = 32 + 62 .
1.
(a) Pour tout u = a + ib ∈ Z [i] , on a u = a − ib ∈ Z [i] , donc Z [i] stable par conjugaison.
On a 1 = 1 + i · 0 ∈ Z [i] . Pour u = a + ib et v = c + id, où a, b, c, d sont des entiers
relatifs, on a : {
u − v = (a − c) + (b − d) i ∈ Z [i]
uv = (ac − bd) + (ad + bc) i ∈ Z [i]
(b) Si un anneau A contient i, il contient également 1 (il s’agit d’anneaux unitaires) et
en conséquence il contient tout élément de la forme a + ib avec (a, b) ∈ Z2 . On a donc
Z [i] ⊂ A.
(c) En désignant par (Ai )i∈I la famille de tous les sous anneaux de C qui contiennent i,
∩
on a A = Ai ⊂ Z [i] puisque Z [i] est l’un de ces sous-anneaux et Z [i] ⊂ A puisque
i∈I
A est un anneau. On a donc bien Z [i] = A.
2. Si u = a+ib est inversible dans Z [i] , il existe alors v ∈ Z [i] tel que uv = 1 et |u|2 |v|2 = 1
avec |u|2 = a2 + b2 ∈ N et |v|2 ∈ N, ce qui impose |u|2 = |v|2 = 1. On a donc a2 + b2 = 1
avec (a2 , b2 ) ∈ N2 , ce qui équivaut à (a2 , b2 ) = (1, 0) ou (a2 , b2 ) = (0, 1) ou encore à
a = ±1 et b = 0 ou a = 0 et b = ±1. On a donc Z [i]× ⊂ {−1, 1, −i, i} . L’inclusion
réciproque se vérifiant facilement. En définitive, on a :
On peut remarquer que le groupe Z [i]× est le cyclique d’ordre 4 formé des racines 4-ième
Z
de l’unité et qu’il est isomorphe à .
4Z
534 Décomposition d’un entier en carrés. Entiers de Gauss
3.
(a) Dire que u/v dans Z [i] signifie qu’il existe q ∈ Z [i] tel que v = qu, ce qui entraîne
|v|2 = |q|2 |u|2 avec |q|2 ∈ N et |u|2 divise |v|2 dans N. De plus, pour v non nul, on a
q ̸= 0, donc |q|2 ≥ 1 dans N et |v|2 ≥ |u|2 , ce qui revient à dire que |u| ≤ |v| .
(b) Si u = 0 ou v = 0 alors u = v = 0 et u, v sont bien associés.
On suppose donc que u ̸= 0 et v ̸= 0. On a v = qu dans Z [i]∗ avec |u| = |v| , donc
|q| = 1 dans Z [i] , ce qui équivaut à dire que q ∈ Z [i]× . Il en résulte que u et v sont
associés, ce qui entraîne que v divise u.
(c) Dire que u/v et v/u dans Z [i] équivaut à dire que u et v sont associés dans Z [i] ,
soit v = qu avec q ∈ {−1, 1, −i, i} , ce qui entraîne |u| = |v| (on peut aussi utiliser la
question précédente en permutant les rôles de u et v). √
La réciproque est fausse. En effet, pour u = 2 + i et v = u = 2 − i, on a |u| = |v| = 5
u 2+i 3 4
et u, v ne sont pas associés puisque = = + i∈ / Z [i] .
v 2−i 5 5
u ∪[ 1 1
[
4. Soit z = = x + iy avec (x, y) ∈ R . En utilisant la partition R =
2
n − ,n + ,
v n∈Z
2 2
on peut trouver un unique couple (a, b) d’entiers relatifs tels que :
[ [ [ [
1 1 1 1
(x, y) ∈ a − , a + × b − ,b +
2 2 2 2
v ∈ uZ [i] et u divise v.
∏
r
Par récurrence, on déduit que si u irréductible divise un produit vk , il divise alors l’un
k=
des vk .
7.
√
(a) On a 2 = (1 + i) (1 − i) avec 1 ± i non inversible (|1 ± i| = 2 ̸= 1), donc 2 est
réductible dans Z [i] .
(b) Soit p premier impair congru à 3 modulo 4. Si p = u1 u2 avec |uk | = |ak + ibk | > 1,
pour k = 1, 2, dans Z [i] , on a alors p2 = (a21 + b21 ) (a22 + b22 ) dans N∗ et a21 + b21 est un
entier compris entre 2 et p2 − 1 (puisque a2k + b2k ≥ 2) qui divise p2 , ce qui impose
a21 + b21 = p en contradiction avec p congru à 3 modulo 4 puisque dans ce cas p n’est
pas somme de deux carrés.
(c) Si p est premier impair congru à 1 modulo 4, il est alors somme de deux carrés, soit
√
p = a2 + b2 = uv avec u = a + ib, v = u et |u| = |v| = p > 1 dans Z [i] , ce qui
signifie que u et v ne sont pas inversibles et p est réductible dans Z [i] .
8. Supposons que |u|2 soit premier dans N. Si u = vw dans Z [i] , on a alors p = |u|2 =
|v|2 |w|2 dans N avec p premier, ce qui implique |v|2 = 1 ou |w|2 = 1, soit v ou w
inversible dans Z [i] . L’entier de Gauss u est donc irréductible dans Z [i] .
9. On a déjà montré que les entiers naturels premiers congrus à 3 modulo 4 et les entiers
de Gauss u tels que |u|2 soit premier dans N sont irréductibles de Z [i] .
Réciproquement, soit u irréductible de Z [i] . L’entier de Gauss u divise uu = |u|2 dans
Z [i] . En utilisant la décomposition en facteurs premiers de |u|2 dans N, on déduit que
u divise un des facteurs premiers p de cet entier |u|2 . On a donc p = uv avec p ≥ 2
premier dans N et v ∈ Z [i] . Si v est inversible, u est alors associé à p, donc p est premier
irréductible Z [i] , c’est-à-dire congru à 3 modulo 4. Sinon, on a |v| > 1 et de p2 = |u|2 |v|2
dans N, avec 2 ≤ |u|2 < p2 , on déduit que |u|2 = p.
Les éléments irréductibles de Z [i] sont donc les entiers de Gauss associés à un entier
naturel premier congru à 3 modulo 4 et les entiers de Gauss u tels que |u|2 soit premier
dans N.
1. Soient n = a2 + b2 + b2 + c(2 et m = α 2 2 2
) + β + γ +( δ 2 où a, b, · )
· · , δ sont des entiers relatifs.
′ ′
u v u v
En écrivant que n = det et m = det où, u = a + ib, v = c + id,
−v u −v ′ u′
536 Décomposition d’un entier en carrés. Entiers de Gauss
u′ = α + iβ, v ′ = γ + iδ, on a :
( )( ′ ) ( )
u v u v′ uu′ − vv ′ uv ′ + vu′
nm = det = det
−v u −v ′ u′ −uv ′ − vu′ uu′ − vv ′
( )
uu′ − vv ′ ) uv ′ + vu′
( ′
= det = uu − vv ′ 2 + uv ′ + vu′ 2
− uv ′ + vu′ uu′ − vv ′
= |(a + ib) (α + iβ) − (c + id) (γ − iδ)|2
+ |(a + ib) (γ + iδ) + (c + id) (α − iβ)|2
= |(aα − bβ − cγ − dδ) + i (aβ + bα − dγ + cδ)|2
+ |(aγ − bδ + cα + dβ) + i (bγ + aδ + dα − cβ)|2
= (aα − bβ − cγ − dδ)2 + (aβ + bα + cδ − dγ)2
+ (aγ − bδ + cα + dβ)2 + (aδ + bγ − cβ + dα)2
c’est-à-dire que nm est somme de quatre carrés d’entiers.
Comme on peut changer b, c, d en −b, −c, −d sans modifier n, cette identité s’écrit aussi :
nm = (aα + bβ + cγ + dδ)2 + (aβ − bα − cδ + dγ)2
+ (aγ + bδ − cα − dβ)2 + (aδ − bγ + cβ − dα)2
2.
4. Comme tout entier naturel est produit de nombres premiers et Σ4 qui contient 0, 1 et
tous les nombres premiers est stable par le produit, on déduit que Σ4 = N.
√
– IV – Les anneaux Z [i n] pour n ≥ 2
1.
√ √ √ √ √
(a) Pour tout u = a + ib n ∈ Z [i n] , on a u = a − ib n ∈ Z [i n] , donc Z [i n] stable
par conjugaison. √ √ √ √
On a 1 = 1 + i · 0 · n ∈ Z [i n] . Pour u = a + ib n et v = c + id n, où a, b, c, d
sont des entiers relatifs, on a :
{ √ √
u − v = (a − c) + (b − d) i n√∈ Z [i n]√
uv = (ac − bdn) + (ad + bc) i n ∈ Z [i n]
√
(b) Si un anneau A contient i n, il contient également 1 (il s’agit √ d’anneaux unitaires)
et en conséquence
√ il contient tout élément de la forme a + ib n avec (a, b) ∈ Z2 . On
a donc Z [i n] ⊂ A.
√
(c) En désignant par (Ai )i∈I la famille de tous les sous anneaux de C qui contiennent i n,
∩ √ √ √
on a A = Ai ⊂ Z [i n] puisque Z [i n] est l’un de ces sous-anneaux et Z [i n] ⊂ A
i∈I √
puisque A est un anneau. On a donc bien Z [i n] = A.
√ √ √
2. Si u = a + ib n est inversible dans Z [i n] , il existe alors v ∈ Z [i n] tel que uv = 1
et |u|2 |v|2 = 1 avec |u|2 = a2 + nb2 ∈ N et |v|2 ∈ N, ce qui impose |u|2 = |v|2 = 1. On
a donc a2 + nb√ 2
= 1 avec (a2 , b2 ) ∈ N2 et n ≥ 2, ce qui équivaut à b = 0 et a = ±1.
×
On a donc Z [i n] ⊂ {−1, 1} . L’inclusion réciproque étant vérifiée pour tout anneau
unitaire. On a donc :
[ √ ]× { [√ ] }
Z i n = u ∈ Z i n | |u| = 1 = {−1, 1} .
3.
√ √
(a) Dire que u/v dans Z [i n] signifie qu’il existe q ∈ Z [i n] tel que v = qu, ce qui
entraîne |v|2 = |q|2 |u|2 avec |q|2 ∈ N et |u|2 divise |v|2 dans N. De plus, pour v non
nul, on a q ̸= 0, donc |q|2 ≥ 1 dans N et |v|2 ≥ |u|2 , ce qui revient à dire que |u| ≤ |v| .
(b) Si u = 0 ou v = 0 alors u = v = 0 et u, v sont bien associés.√
∗
On suppose donc√que u ̸= 0 et v ̸= 0. On a v = qu dans Z √[i ×n] avec |u| = |v| , donc
|q| = 1 dans Z [i n] , ce qui équivaut à dire que q ∈ Z [i n] . Il en résulte que u et
v sont associés, ce qui entraîne que v divise u.
√ √
(c) Dire que u/v et v/u dans Z [i n] équivaut à dire que u et v sont associés dans Z [i n] ,
soit v = ±u, ce qui entraîne |u| = |v| . √ √
La réciproque
√ est fausse. En effet, pour u = 1 + i n et v = u = 1 − i n, on a
|u| = |v| = n + 1 et u, v ne sont pas associés puisque :
√ √ 2
u 1+i n (1 + i n) 1−n 2 √ [√ ]
= √ = = + i n∈
/Z i n
v 1−i n 1+n 1+n n+1
2
pour n ≥ 2 ( ∈
/ Z).
n+1
Solution 539
√
4. Supposons que |u|2 soit premier dans N. Si u = vw dans Z [i n] , on a alors p = |u|2 =
|v|2 |w|2 dans
√ N avec p premier, ce qui implique |v| = 1 ou√|w| = 1, soit v ou w inversible
2 2
Cette borne inférieure existe puisque P = {N (u) | u ∈ I \ {0}} est une partie non vide
de N et de plus elle est atteinte, c’est-à-dire qu’il existe u0 dans I \{0} tel que n = N (u0 ) .
En effectuant la division euclidienne d’un élément u de I par u0 , on a u = qu0 + r avec
q, r dans A et r = 0 ou N (r) < N (u0 ) , ce qui entraîne r = 0 puisque u0 est de stathme
minimal dans I \ {0} . Tout élément u de I s’écrit donc u = qu0 et I ⊂ u0 A. Comme par
ailleurs u0 A ⊂ I puisque I est un idéal, on a I = u0 A.
En définitive, A est principal.
8. Comme l’anneau A est principal, l’idéal uA + vA est engendré par un élément δ (un pgcd
de u et v dans A), soit uA+vA = δA. De u ∈ δA, on déduit que δ divise u, donc δ est soit
inversible, soit associé à u, puisque u est irréductible. Dans le cas où δ est inversible, on a
δA = A, donc 1 ∈ uA+vA, soit 1 = αu+βv avec α, β dans A et u divise w = αuw +βvw.
Dans le cas où δ est associé à u, on a δA = uA, donc v ∈ uA et u divise v.
∏r
Par récurrence, on déduit que si u irréductible divise un produit vk , il divise alors l’un
k=
des vk .
9.
√ √
(a) Si i n = uv avec u, v non inversibles, en écrivant que u = a + ib n, on déduit que
√ 2 √
n = |i n| est divisible par a2 + nb2 ≥ 2. Si b = 0, en écrivant que v = c + id n, on
a alors : √ √
i n = ac + iad n
et ad = 1, soit |a| = 1 qui contredit a2 = a2 + nb2 ≥ 2. Si b ̸= 0, on a alors
nb2 ≤ a2 + nb2 ≤ n ce √ entraîne |b| = 1 et a = 0,√soit u = ±1, en contradiction
qui
avec u inversible. Donc i n est irréductible dans Z [i n] .
√
(b) Il suffit de montrer que Z [i n] n’est pas principal.
√
Pour n ≥ 3 impair, on a vu en I.6c que Z [i n] ne satisfait pas à la condition de
Gauss, il ne peut donc être est principal.
Si n ≥ 4 est pair, il s’écrit n = 2m avec m ≥ 2. Avec :
( √ ) √ √ ( √ )
2 m + i n = n + 2i n = i n 2 − i n
√ √
on déduit
√ que l’irréductible i n divise √ le produit 2 (m + i n) sans diviser v = 2 ou
m + i n. En effet, les multiples de i n sont de la forme :
√ ( √ ) √ √
i n a + ib n = −nb + ia n = −2mb + ia n
Nombres de Fibonacci
30.1 Énoncé
On définit la suite de Fibonacci (un )n∈N par :
{
u0 = 0, u1 = 1
∀n ∈ N∗ , un+1 = un−1 + un
6. Lorsque n tend vers l’infini, donner un équivalent simple de un en fonction de r2 (r2 est
le nombre d’or).
7. Montrer de deux manières différentes que :
∑
n
∀n ∈ N, un+2 = 1 + uk .
k=0
8. Montrer que :
∀n ∈ N∗ , un−1 un+1 − u2n = (−1)n (30.3)
des deux manières suivantes :
(a) en utilisant la formule (30.2) ;
(b) en raisonnant par récurrence.
543
544 Nombres de Fibonacci
12. Soient n, m dans N∗ . Montrer que si m est un multiple de n alors um est multiple de un .
13. Soient n, m dans N∗ .
(a) Montrer que si d ∈ N∗ est un diviseur commun à n et m, alors ud est un diviseur
commun à un et um .
(b) En déduire que un∧m divise un ∧ um .
14. Montrer que pour n, q dans N∗ on a :
{
uqn ≡ qun uq−1 2
n+1 (un )
uqn+1 ≡ un+1 (u2n )
q
30.2 Solution
1. On a u0 = 0 et on vérifie facilement par récurrence sur n ≥ 1 que un ∈ N∗ pour tout
n ∈ N∗ .
2. Il est facile de vérifier que E est un sous-espace vectoriel de l’espace des suites réelles. En
effet la suite nulle vérifie la relation de récurrence (30.1) et si x, y vérifient cette relation,
pour tous réels λ, µ, on a pour tout entier n ≥ 1 :
λxn+1 + µyn+1 = λ (xn−1 + xn ) + µ (yn−1 + yn )
= (λxn−1 + µyn−1 ) + (λxn + µyn )
ce qui signifie que λx + µy ∈ E.
L’application φ : x 7→ (x0 , x1 ) est linéaire de E dans R2 et elle est bijective du fait
qu’une suite x vérifiant (30.1) est uniquement déterminée par ses valeurs initiales x0 et
x1 . L’application φ réalise donc un isomorphisme de E sur R2 et E est de dimension 2.
3. Dire que la suite x = (rn )n∈N est dans E équivaut à dire que :
( )
∀n ∈ N∗ , rn−1 r2 − r − 1 = 0
encore équivalent à dire que r est racine de P puisque r ̸= 0.
4. Le discriminant de P est δ = 5, il a donc deux racines réelles données par :
√ √
1− 5 1+ 5
r1 = et r2 = .
2 2
5. Les suites x = (r1n )n∈N et y = (r2n )n∈N sont dans E et linéairement indépendantes. En
effet si λx + µy = 0 (i. e. λr1n + µr2n = 0 pour tout n ∈ N) on a en particulier λ + µ = 0,
donc µ = −λ et λr1 + µr2 = 0, soit λ (r1 − r2 ) = 0 et λ = µ = 0 puisque r1 ̸= r2 . Ces
deux suites forment donc une base de E. Il existe donc deux réels α et β uniquement
déterminés tels que u = αx + γy. Les réels α et β sont solutions du système linéaire :
{
α+β =0
αr1 + βr2 = 1
ce qui donne :
1 1 1
α= = − √ et β = −α = √ .
r1 − r2 5 5
On a donc :
1
∀n ∈ N, un = √ (r2n − r1n ) .
5
( ( )n ) ( )n
un 1 r1 r1 r1
6. De n = √ 1 − avec lim = 0 (on a 0 < < 1), on déduit que :
r2 5 r2 n→+∞ r2 r2
( √ )n
r2n 1 1+ 5
un ∼ √ = √ .
n→+∞ 5 5 2
7. On peut procéder par récurrence sur n ≥ 0. Pour n = 0, on a u2 = 1 = u0 + 1 et en
supposant le résultat acquis au rang n ≥ 0 :
∑
n
un+3 = un+1 + un+2 = un+1 + 1 + uk
k=0
∑
n+1
=1+ uk .
k=0
546 Nombres de Fibonacci
8.
(a) Pour tout n ∈ N∗ , on a :
1 (( n−1 )( ) )
un−1 un+1 − u2n = r2 − r1n−1 r2n+1 − r1n+1 − (r2n − r1n )2
5
1 ( )
= − (r1 r2 )n−1 r22 + r12 − 2r1 r2
5
1
= − (r1 r2 )n−1 (r2 − r1 )2
5
√
avec r1 r2 = −1 et r1 − r2 = − 5, ce qui donne :
1 (√ )2
un−1 un+1 − un = − (−1)
2 n−1
5 = (−1)n .
5
on a δ1 = −1 et pour n ≥ 2 :
∀n ∈ N∗ , δn = (−1)n−1 δ1 = (−1)n .
9. Le résultat précédent et le théorème de Bézout nous disent que pour tout n ∈ N∗ , un−1
et un sont premiers entre eux.
10.
Solution 547
avec :
um−n = (−1)n (um un+1 − um+1 un )
et :
um−1−n = (−1)n (um−1 un+1 − um un )
ce qui donne :
(c) On déduit du résultat précédent, par récurrence sur m ≥ 0, n étant donné dans N∗
que An Am = An+m .
Le résultat est vrai pour m = 0 et m = 1 et en le supposant vrai pour m ≥ 1, on a :
(d) De :
( )( )
un+1 un um+1 um
An Am =
un un−1 um um−1
( )
um un + um+1 un+1 um un+1 + un um−1
=
um un−1 + un um+1 um un + um−1 un−1
( )
un+m+1 un+m
= An+m =
un+m un+m−1
on déduit que :
(la dernière égalité peut aussi se déduire du fait que un+m = um+n ).
12. Il s’agit de montrer que si m = qn avec q ≥ 1, alors um est multiple de un .
On procède par récurrence sur q ≥ 1.
Pour q = 1, c’est évident.
En supposant le résultat acquis pour q ≥ 1, en écrivant que :
avec un+1 = un−1 + un ≡ un−1 modulo un , ce qui donne un un−1 ≡ un un+1 modulo u2n et :
( )
u(q+1)n ≡ qun uqn+1 + un uqn+1 = (q + 1) un uqn+1 u2n
De manière analogue, on a :
15.
Solution 549
un ∧ um = un ∧ uqn+r = un ∧ ur
et quq−1 q−1
n+1 est multiple de un , c’est-à-dire que un qui est premier avec un+1 divise qun+1 , le
théorème de Gauss nous dit alors que un divise q, soit q = q ′ un et m = q ′ nun est multiple
de nun .
550 Nombres de Fibonacci
31
31.1 Énoncé
On se propose avec ce problème de donner plusieurs démonstration du théorème d’Euclide
sur l’infinitude de l’ensemble P des nombres premiers (partie II), puis d’en déduire quelques
conséquences (partie III).
6. Soit p un diviseur premier d’un nombre de Fermat Fn avec n ≥ 0. Montrer que p est soit
égal à Fn , soit de la forme p = 2n+1 q + 1, où q admet un diviseur premier impair.
7. Montrer que, pour tout n ≥ 2, le chiffre des unités de Fn est égal à 7.
551
552 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
et conclure.
Preuve 8 Montrer que si p est un diviseur premier de m = 2pr − 1, alors 2 est d’ordre pr dans le
groupe multiplicatif Z∗p et conclure.
Preuve 9
(a) Soit p un nombre premier impair. On se propose de montrer que −1 est un carré dans
Zp si, et seulement si, p est congru à 1 modulo 4.
i. Montrer que si p ≡ 3 mod 4, alors −1 n’est pas un carré dans Zp (ce qui revient
à dire que l’équation x2 + 1 = 0 n’a pas de solutions dans Zp ).
Z
ii. Montrer que si p ≡ 1 mod 4, alors l’équation x2 + 1 = 0 a deux solutions dans
pZ
p−1
qui sont −r! et r! où r = (−1 est alors un carré dans Zp ).
2
(b) On note :
P1 = {p ∈ P | ∃n ∈ N ; p = 4n + 3}
P2 = {p ∈ P | ∃n ∈ N∗ ; p = 4n + 1}
i. Montrer que (un )n∈N est une suite strictement croissante d’entiers naturels diffé-
rents de 0 et 1.
ii. Montrer que pour tous m > n ≥ 0, on a :
um ≡ a mod un
i. Montrer que (un )n∈N est une suite strictement croissante d’entiers naturels impairs.
ii. Montrer que, pour tout entier naturel n, on a :
{
un+1 ≡ −2 mod un
∀m ≥ n + 2, um ≡ 2 mod un
iii. Montrer que les un sont deux à deux premiers entre eux. Conclure.
Preuves 11 Connaissez vous d’autres démonstrations du théorème d’Euclide ?
1. On note 2 = p1 < p2 < · · · < pn < · · · la suite infini des nombres premiers et on
∑ 1
+∞
se propose de montrer que = +∞. Pour ce faire, on raisonne par l’absurde en
n=1 pn
∑ 1
supposant que la série à termes positifs est convergente. Pour tout n ≥ 1, on note :
pn
∑
+∞
1
Rn =
k=n+1
pk
PQ = {p1 , · · · , pr } .
∏
r
On note aussi m = pk .
k=1
∑
n
i. Montrer qu’il existe un polynôme R (X) = bk X k de degré n dans Z [X] tel que
k=1
Q (a0 mX) = a0 (1 + R (X)) , chaque coefficient bk , pour k compris entre 1 et r,
étant divisible par m.
ii. En utilisant les diviseurs premiers de 1 + R, montrer qu’on aboutit à une contra-
diction et conclure.
3. En utilisant le polynôme Q (X) = 4X 2 + 1, retrouver le fait qu’il existe une infinité de
nombres premiers congrus à 1 modulo 4. ( )
∗ 2iπ
Pour tout entier naturel n ∈ N , on note ωn = exp et on définit le polynôme
n
cyclotomique Φn par :
∏n
( )
Φn (X) = X − ωnk
k=1
k∧n=1
556 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
(les ωnk pour k premier avec n et 1 ≤ k ≤ n sont les racines primitives n-ième de l’unité).
Pour tout entier naturel n ∈ N∗ , on note Dn l’ensemble des diviseurs de n dans N∗ .
On admet les résultats suivants :
— pour tout n ∈ N∗ on a : ∏
Xn − 1 = Φd (X)
d∈Dn
∗
— pour tout n ∈ N , Φn est un polynôme à coefficients entiers.
Soient n ≥ 2 un entier naturel et p un nombre premier ne divisant pas n. On se propose
de montrer dans les deux questions qui suivent que p divise Φn si, et seulement si, p est
congru à 1 modulo n.
4. On se donne un entier n ≥ 2 et un nombre premier p qui divise Φn .
(a) Montrer qu’il existe un entier naturel a tel que l’ordre d de a dans le groupe multi-
plicatif Z∗p soit un diviseur de n.
(b) Montrer que si d = n, alors p est congru à 1 modulo n.
(c) On suppose que d < n.
i. Montrer que an − 1 est divisible par p2 .
ii. Montrer que, pour tout entier m ≥ 1, on a :
Φm (a + p) ≡ Φm (a) mod p.
31.2 Solution
– I – Les nombres de Fermat
1. On a : ( )2
n+1
Fn+1 = 22 + 1 = 22n + 1 = (Fn − 1)2 + 1.
Le pgcd de Fn et Fn+1 divise Fn et Fn+1 = Fn2 − 2Fn + 2, il divise donc 2 et comme il
divise Fn qui est impair ce pgcd vaut 1, c’est-à-dire que Fn et Fn+1 sont premiers entre
eux.
∏n
2. On vérifie tout d’abord par récurrence, que pour tout n ≥ 0, on a Fn+1 = Fk + 2.
k=0
Pour n = 0, on a :
F1 = 22 + 1 = 5 = F0 + 2.
Solution 557
∏
n−1 ∏
n
Fn+1 = Fn (Fn − 2) + 2 = Fn Fk + 2 = Fk + 2.
k=0 k=0
= qFn + 2
Le pgcd de Fn et Fm divise alors 2 et comme il divise Fn qui est impair ce pgcd vaut 1,
c’est-à-dire que Fn et Fn sont premiers entre eux.
3. Avec Fnp ∧ Fmp = (Fn ∧ Fm )p pour tout p ≥ 1, on déduit pour n ̸= m Fnp et Fmp sont
premiers entre eux.
558 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
4.
(a) On a G0 = 3 qui est premier. En utilisant l’identité :
( )
a3 + 1 = (a + 1) a2 − a + 1
on a, pour tout n ∈ N :
n+1 ( n )3
Gn+1 = 23 + 1 = 23 +1
( n (
) ( 3n )2 n
)
= 23 + 1 2 − 23 + 1
(( n ) )
2 n
= Gn 23 − 23 + 1 = Gn qn
( n )2
avec Gn ≥ 2 et qn = 23 − 23 + 1 ≥ 2 pour tout n ∈ N. Il en résulte que Gn+1
n
( n )2 n
qn = 23 − 23 + 1 ≡ (−1)2 − (−1) + 1 = 3 ≡ 0 mod 3
c’est-à-dire que qn est divisible par 3 et en supposant que Gn est divisible par 3n+1 ,
on déduit que Gn+1 est divisible par 3n+2 . On a donc ainsi montré par récurrence que
pour tout n ∈ N, Gn est divisible par 3n+1 .
5. Supposons que a soit impair, on a donc a ≥ 3 et am + 1 est un nombre pair supérieur ou
égal à 4, il ne peut être premier. L’entier a est donc nécessairement pair.
En utilisant la décomposition en facteurs premiers, on a m = 2n (2q + 1) où n et q sont
deux entiers naturels. Supposons q ≥ 1, on a alors :
( n )2q+1
am + 1 = a2 + 1 = b2q+1 + 1
( )
= (b + 1) b2q − b2q−1 + b2q−2 − · · · + 1
∑
2q
= (b + 1) (−1)k b2q−k = (b + 1) S
k=0
am + 1 b2q+1 + 1
avec b + 1 = a2 + 1 ≥ 2 et S = ≥ 2 (c’est équivalent à b (b2q − 2) ≥ 1
n
=
b+1 b+1
≥ a ≥ 2 et q ≥ 1) et l’entier am + 1 n’est pas premier.
n
qui est vérifié puisque b = a2
n
6. Supposons que Fn = 22 + 1 = pqn avec p premier et qn entier naturel non nul. Comme
Z
Fn est impair, on a nécessairement p ≥ 3. On a alors Fn = 0 dans Zp = .
( ) pZ
2n 2n+1 2n 2 ( )2
On a donc 2 = −1 dans Zp et 2 = 2 = −1 = 1 et l’ordre de 2 dans le
groupe multiplicatif Z∗p est un diviseur de 2n+1 , donc de la forme 2k avec 1 ≤ k ≤ n + 1,
2n
mais avec 2 = −1 ̸= 1 (puisque p ̸= 2) on déduit que cet ordre est exactement 2n+1 .
Par ailleurs, on sait que l’ordre d’un élément dans un groupe divise ( ∗l’ordre
) du groupe
(théorème de Lagrange), donc 2 n+1
est un diviseur de p − 1 = card Zp , ce qui peut se
traduire par p − 1 congru à 0 modulo 2n+1 ou encore p congru à 1 modulo 2n+1 .
Dire que p est congru à 1 modulo 2n+1 signifie qu’il existe un entier q ≥ 1 tel que
p = 2n+1 q + 1. Si q n’admet aucun diviseur premier impair, il est de la forme q = 2m avec
Solution 559
Preuve 1 On sait déjà que P est non vide (il contient 2). Supposons que P soit fini avec :
P = {p1 , · · · , pr } .
ce qui entraîne :
2n = card (E) ≤ card (F ) = (n + 1)r
2n
l’entier naturel non nul n étant quelconque, ce qui est en contradiction avec lim r =
n→+∞ (n + 1)
+∞.
Il en résulte que P est infini.
560 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
Preuve 5
∏
r
α
(a) De pαk k ≤ m = pj j ≤ pnr , on déduit que αk ln (pk ) ≤ n ln (pr ) et :
j=1
[ ]
ln (pr ) ln (pr ) ln (pr )
αk ≤ n ≤n < n +1
ln (pk ) ln (2) ln (2)
[ ]
ln (pr )
et αk ≤ n .
ln (2)
(b) On a donc :
{ [ ]}
∏
r
ln (pr )
{1, 2, · · · , pnr } ⊂ pαk k | 0 ≤ α1 , · · · , αr ≤ n
k=1
ln (2)
et :
([ ] )r ( )r ( )r
ln (pr ) ln (pr ) ln (pr ) 1
pnr ≤ n +1 ≤ n +1 =n r
+
ln (2) ln (2) ln (2) n
( )r
ln (pr )
≤nr
+1
ln (2)
ou encore : ( )r
pnr ln (pr )
≤ +1
nr ln (2)
pnr
l’entier n ≥ 1 étant quelconque, ce qui est incompatible avec lim = +∞.
n→+∞ nr
Il en résulte que P est infini.
Preuve 6
(a) Pour tout k ≥ 2, on a :
1 1 1 1
< = −
k 2 k (k − 1) k−1 k
et pour n ≥ 2 :
∑ n ∑ n ( )
1 1 1 1
Sn = <1+ − =2−
k=1
k 2
k=2
k−1 k n
( )
1
avec lim 2 − = 2. Il en résulte que la suite croissante (Sn )n≥1 est majorée par
n→+∞ n
2, elle est donc convergente de limite S ≤ 2.
En écrivant, pour tout n ≥ 2, que :
( )
1 1 1 1
= − +
n 2 n 2 n (n − 1) n (n − 1)
( )
1 1 1
= − − 2
n−1 n n (n − 1)
on a :
∑
+∞ +∞ (
∑ ) ∑ +∞
1 1 1 1
S= =1+ − −
n=1
n 2
n=2
n−1 n n=2
n (n − 1)
2
∑
+∞
1
=2− = 2 − T < 2.
n=2
n2 (n − 1)
Solution 561
(b)
m n
i. Si m ∈ E est divisible par p2k , on a alors m = p2k qk ≤ n et qk = 2 ≤ <
[ ] [ ] [ ] pk pk 2
n n n
+ 1, soit q k ≤ . Il y a donc un maximum de possibilités pour qk
p2k p2k p2k
et pour un tel m.
ii. En écrivant que :
∪
r
{ }
E2 = m ∈ E | m est divisible par p2k
k=1
on déduit que :
r [
∑ ] ∑r ∑r
n n 1
card (E2 ) ≤ ≤ =n
k=1
p2k p
k=1 k
2
p2
k=1 k
∑
+∞
1
<n = n (S − 1) .
n=2
n2
on déduit que :
card (E1 ) ≤ card ({0, 1}r ) = 2r .
∏r
On a donc, pour tout entier n > pk :
k=1
soit :
0 < 2r + n (S − 2)
avec S − 2 < 0, ce qui est impossible pour n assez grand.
Il en résulte que P est infini.
562 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
Preuve 7
(a) Soit x un réel strictement supérieur à 1 et n un entier naturel non nul tel que n ≤ x.
∏r
On a la décomposition en facteurs premiers n = pαk k , où les αk sont des entiers
k=1
positifs ou nuls. Pour tout k compris entre 1 et r, on a pαk k ≤ n ≤ x et
[ ]
ln (x) ln (x) ln (x) ln (x)
αk ≤ ≤ = < +1
ln (pk ) ln (p1 ) ln (2) ln (2)
soit : [ ]
ln (x)
αk ≤
ln (2)
puisque αk est entier.
(b) Pour x > 1, on a [x] = card (Ex ) , où :
Ex = {n ∈ N | 1 ≤ n ≤ x} .
Preuve 9
(a) On remarque qu’un nombre premier différent de 2 est nécessairement impair et son
reste dans la division euclidienne par 4 ne peut être que 1 ou 3.
i. Dire p ≡ 3 mod 4 revient à dire qu’il existe un entier n ≥ 0 tel que p = 4n + 3.
p−1
On a alors r = = 2n + 1 et si x ∈ Z∗p est tel que x2 = −1, il vient
2
( )2n+1
xp−1 = x2r = −1 = −1, ce qui contredit le théorème de Fermat qui nous dit
que xp−1 = 1 pour tout x ∈ Z∗p (on a −1 ̸= 1 puisque p ≥ 2).
ii. Le théorème de Wilson nous dit que (p − 1)! = −1 dans Z∗p puisque p est premier.
Par ailleurs, pour k = 1, · · · , r, on a :
r + k ≡ −r + k − 1 mod p
r + k ≡ − (r − (k − 1)) mod p
et :
(p − 1)! = 1 · 2 · · · · · r · (r + 1) · · · (r + r)
≡ r! (−1)r r (r − 1) · · · 1 = (−1)r (r!)2 mod p
p−1
Pour p ≡ 1 mod 4, on a p = 4n + 1 avec n ≥ 1 et r = = 2n, de sorte que
2
2
(−1)r = 1 et (p − 1)! ≡ (r!)2 mod p, ce qui donne r! = −1 d’après le théorème de
Wilson. Donc −1 est un carré dans Z∗p . Comme −r! est aussi solution de x2 +1 = 0
avec −r! ̸= r! puisque p ̸= 2, on a ainsi les deux seules solutions possibles.
(b)
i. Supposons que P1 soit fini et notons 3 = p1 < p2 < · · · < pr tous ses éléments.
L’entier :
m = 4p1 · · · pr − 1 = 4 (p1 · · · pr − 1) + 3
qui est de la forme 4n + 3 avec n ≥ 2 n’est pas premier puisque strictement
supérieur à tous les pk pour k compris entre 1 et r (m > 4pk − 1 > pk puisque
pk ≥ 3). Comme m est impair, ses diviseurs premiers sont de la forme 4k + 1 avec
k ∈ N∗ ou 4k +3 avec k ∈ N et ils ne peuvent pas être tous de la forme 4k +1, sans
quoi m serait aussi de cette forme, donc congru à 1 modulo 4, ce qui contredit le
fait qu’il est congru à 3 (ou à −1) modulo 4. L’entier m a donc un diviseur pk
dans P2 et comme pk divise p1 · · · pr , il va aussi diviser −1, ce qui est impossible
avec pk premier. L’ensemble P1 est donc infini.
De P1 ⊂ P, on déduit que P est infini.
ii. Supposons que P2 soit fini et notons 5 = p1 < p2 < · · · < pr tous ses éléments.
L’entier :
m = 4p21 · · · p2r + 1
qui est de la forme 4n + 1 avec n ≥ 2 n’est pas premier puisque strictement
supérieur à tous les pk pour k compris entre 1 et r. Comme m est impair, ses
diviseurs premiers sont de la forme 4k + 1 avec k ∈ N∗ ou 4k + 3 avec k ∈ N. Si
564 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
(un−1 > a dans N équivaut à un−1 ≥ a+1), c’est-à-dire que (un )n∈N est strictement
croissante à valeurs dans N \ {0, 1} .
ii. On procède par récurrence sur m > n, à n ≥ 0 fixé.
Pour m = n + 1, on a :
um ∧ un = un ∧ a = 1
v. Pour (a, b) = (2, 3) , la suite (un )n∈N est solution de l’équation récurrente :
{
u0 = 3
∀n ≥ 1, un − 2 = un−1 (un−1 − 2)
ou encore : {
u0 = 3
∀n ≥ 1, un = (un−1 − 1)2 + 1
On sait que la suite (Fn )n∈N des nombres de Fermat est aussi solution de cette
équation. On retrouve donc le fait que deux nombres de Fermat distincts sont
premiers entre eux.
En notant vn = un − Fn , on a :
{
v0 = 0
∀n ≥ 1, vn = (vn−1 − 1)2 + 1
(d)
i. On vérifie facilement par récurrence que (un )n∈N est une suite d’entiers naturels
impairs tous différents de 1. En effet, u0 = a est impair avec a ≥ 3 et supposant
le résultat acquis au rang n − 1, un = u2n−1 − 2 est un entier impair et :
un ≥ 9 − 2 ≥ 3.
1.
∑ 1
(a) La quantité Rn étant le reste d’ordre n de la série à termes positifs convergente ,
pn
on a lim Rn = 0 et il existe un entier n0 ≥ 1 tel que :
n→+∞
1
∀n ≥ n0 , 0 < Rn < .
2
(b) Les ensembles P1 et P2 formant une partition de l’ensemble P des nombres premiers,
on peut faire la partition indiquée de E.
i. La décomposition en facteurs premiers de tout entier n ∈ E1 , peut s’écrire sous la
forme :
∏r ∏r ∏
r
n= αk
pk = εk
pk p2β
k
k
= pq 2
k=1 k=1 k=1
où, pour tout k compris entre 1 et r, on a posé :
{
0 si αk est pair
εk =
1 si αk est impair
∏
r ∏
r
p= pεkk , q = pβkk . Le nombre maximum de choix possibles pour p est :
k=1 k=1
2.
(a) Soit :
∑
n
Q (X) = ak X k
k=0
ii. Le polynôme 1 + R qui est non constant à coefficients entiers admet des diviseurs
premiers. Si p est l’un d’eux il existe un entier a tel que p divise 1+R (a) et p divise
Q (a0 ma) = a0 (1 + R (a)) , c’est-à-dire que p est un diviseur premier de Q, c’est
donc l’un des pk . L’entier p divise alors m et comme m divise tous les coefficients
bk , p va diviser R (a) . On est donc dans la situation où p premier divise les entiers
R (a) et 1 + R (a) , ce qui entraîne que p divise 1, soit une impossibilité.
En conclusion Q admet une infinité de diviseurs premiers.
3. Le polynôme Q (X) = 4X 2 +1 admettant une infinité de nombres premiers, on peut donc
trouver une suite strictement croissante (pn )n∈N de nombres premiers et une suite (an )n∈N
d’entiers relatifs tels que pour tout n ∈ N, pn divise 4a2n + 1. On a alors 4an 2 = −1 dans
Zpn et pn est nécessairement congru à 1 modulo 4, c’est-à-dire que pn est de la forme
4k + 1.
On a dispose ainsi d’une infinité de nombres premiers congrus à 1 modulo 4.
568 Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
4.
(a) Dire que p divise Φn équivaut à dire qu’il existe un entier relatif a tel∏que p divise
Φn (a) , ce qui revient à dire que Φn (a) = 0 dans Zp . Avec an − 1 = Φd (a), on
d∈Dn
déduit que an = 1 dans Zp et l’ordre d de a dans le groupe multiplicatif Z∗p est un
diviseur de n, soit d ∈ Dn .
( )
(b) Si d = n, alors n est un diviseur de p − 1 = card Z∗p et p = 1 + kn avec k ∈ Z.
(c)
i. Si d < n, de : ∏
0 = ad − 1 = Φδ (a)
δ∈Dd
dans le corps Zp , on déduit qu’il existe δ ∈ Dd tel que Φδ (a) = 0, ce qui équivaut
à dire que Φδ (a) est divisible par p. L’entier p divise donc Φn (a) et Φδ (a) où δ
est un diviseur de n (δ divise d qui divise n) tel que δ < n, ce qui entraîne que :
∏ ∏
an − 1 = Φd′ (a) = Φδ (a) Φn (a) Φd′ (a)
d′ ∈Dn d′ ∈Dn −{δ,n}
et en conséquence :
Φm (a + p) ≡ Φm (a) mod p.
iii. Avec : ∏
(a + p)n − 1 = Φδ (a + p) Φn (a + p) Φd′ (a + p)
d′ ∈Dn −{δ,n}
et :
Φm (a + p) ≡ Φm (a) ≡ 0 mod p
pour m = δ et m = n, on déduit que (a + p)n − 1 est divisible par p2 .
iv. De ce qui précède, on déduit que (a + p)n − an est divisible par p2 et il existe un
entier q tel que :
∑
n
p q = (a + p) − a = na
2 n n n−1
p+ Cnk an−k pk = nan−1 p + p2 r
k=2
ce qui entraîne que nan−1 p est divisible par p2 et donc que nan−1 est divisible par
p. Comme p est premier avec n, on en déduit que an−1 est divisible par p, soit
an−1 = 0 dans le corps Zp et a = 0, ce qui contredit an = 1. On ne peut donc
avoir d < n.
(d) On a donc d = n et p est congru à 1 modulo n.
Solution 569
32.1 Énoncé
–I–
x2 + y 2 = z 2 . (32.1)
1. Montrer que si (x, y, z) ∈ N3 est solution de (32.1) , alors x et y ne peuvent être tous les
deux impairs.
2. Montrer que si (x, y, z) ∈ N3 est une solution non triviale de (32.1) alors x ∧ y = y ∧ z =
x ∧ z. En déduire qu’il existe δ ∈ N∗ et x′ , y ′ , z ′ dans N deux à deux premiers entre eux
solution de (32.1) tels que x = δx′ , y = δy ′ , z = δz ′ .
3. Soit (x, y, z) ∈ N3 une solution non triviale de (32.1) avec x, y, z deux à deux premiers
entre eux (on peut toujours se ramener au cas où x, y, z sont positifs).
(a) Montrer que x et y sont de parités différentes.
On suppose que x est pair et y impair (x et y jouent des rôles symétriques).
(b) Montrer qu’il existe deux entiers u et v premiers entre eux tels que y = u − v et
z = u + v.
(c) Montrer que u et v sont les carrés de deux entiers premiers entre eux. On note u = n2
et v = m2 .
(d) En déduire que :
x = 2nm, y = n2 − m2 , z = n2 + m2 .
(e) En déduire toutes les solutions de (32.1) .
– II –
On s’intéresse à l’équation :
x4 + y 4 = z 2 . (32.2)
On suppose que équation admet des solutions (x, y, z) dans N3 avec z ̸= 0.
1. Montrer que l’équation (32.2) admet une solution (x, y, z) dans N3 avec z > 0 minimal,
x > 0 et y > 0.
571
572 Le théorème de Fermat pour n = 2 et n = 4
2. Montrer que x et y sont premiers entre eux puis que x, y et z sont deux à deux premiers
entre eux.
3. Montrer que l’on peut supposer x pair et qu’il existe alors deux entiers a et b premiers
entre eux tels que :
x2 = 2ab, y 2 = a2 − b2 , z = a2 + b2 .
4. Montrer que a est impair et b est pair.
5. Montrer qu’il existe deux entiers u et v premiers entre eux tels que :
b = 2uv, y = u2 − v 2 , a = u2 + v 2 .
En notant que x2 = 4uv (u2 + v 2 ) montrer qu’il existe des entiers naturels r, s, t tels que :
u = r2 , v = s2 , a = t2 .
32.2 Solution
–I–
Z 2
1. Si x et y sont impairs, ils sont congrus à 1 ou −1 modulo 4, on a donc dans ,z =
2Z
Z
x2 + y 2 = 2, ce qui est impossible puisque les carrés dans sont 0 et 1.
2Z
2. Soient δ1 = x ∧ y, δ2 = y ∧ z et δ3 = x ∧ z. On a δ1 ̸= 0 puisque (x, y) ̸= (0, 0) . Avec
a2 ∧ b2 = (a ∧ b)2 (exercice ??) et a ∧ b = a ∧ (a + b) (exercice 23.21), on déduit que :
( )
δ32 = x2 ∧ z 2 = x2 ∧ x2 + y 2 = x2 ∧ y 2 = δ12
et : ( )
δ22 = y 2 ∧ z 2 = y 2 ∧ x2 + y 2 = y 2 ∧ x2 = δ12
ce qui donne δ1 = δ2 = δ3 puisque tous ces entiers sont positifs. On peut alors écrire, on
note δ ce pgcd commun, x = δx′ , y = δy ′ , z = δz ′ avec x′ , y ′ , z ′ deux à deux premiers
entre eux et (32.1) avec δ ̸= 0 nous donne (x′ )2 + (y ′ )2 = (y ′ )2 .
3.
(a) On a déjà vu que x et y ne peuvent être tous deux impairs et comme ils sont premiers
entre eux, ils ne peuvent être tous deux pairs.
(b) On a x = 2a et y = 2b + 1 et (32.1) s’écrit :
z2 − y2 x2
uv = = = a2
4 4
les entiers u et v étant premiers entre eux, ce qui impose que ces entiers sont des
carrés. En effet, si u n’est pas un carré, il est différent de 1 et sa décomposition en
facteurs premiers nous donne u = p2α+1 q avec p premier ne divisant ni q ni v (u et
v sont premiers entre eux, ce qui donne a2 = p2α+1 r avec p ne divisant pas r, ce qui
est impossible. On a donc u = n2 et v = m2 avec n, m premiers entre eux puisque
1 = n2 ∧ m2 = (n ∧ m)2 .
(d) On a donc :
y = u − v = n2 − m2 ,
z = u + v = n2 + m2 ,
2
x = 4a2 = 4uv = 4n2 m2
avec x ≥ 0, ce qui donne :
x = 2nm, y = n2 − m2 , z = n2 + m2
– II –
574 Le théorème de Fermat pour n = 2 et n = 4
33
33.1 Énoncé
Pour tout entier naturel n ≥ 2, on note Zn = Z/nZ l’anneau des classes résiduelles modulo n,
Z∗n le groupe multiplicatif des éléments inversibles de cet anneau et φ (n) le nombre d’éléments
de Z∗n (indicateur d’Euler).
On pose φ (1) = 1.
Si k est un entier relatif, on note k = k + nZ la classe de k dans Zn .
Pour tout couple (a, b) d’entiers relatifs, on note a ∧ b le pgcd de a et b et a ∨ b leur ppcm .
Pour cette partie, les groupes sont notés multiplicativement { ket on note
} 1 l’élément neutre.
Si G est un groupe, pour tout a dans G, on note ⟨a⟩ = a | k ∈ Z le sous groupe de G
engendré par a.
Si ⟨a⟩ est infini, on dit alors que a est d’ordre infini dans G, sinon on dit que a est d’ordre
fini dans G et l’ordre de a est θ (a) = card (⟨a⟩) .
1. Donner des exemples de groupes infinis dans lequel tous les éléments sont d’ordre fini.
2. Soit G un groupe fini. Montrer que si x est un élément de G d’ordre p, y un élément de
G d’ordre q, avec p et q premiers entre eux et xy = yx, alors xy est d’ordre pq. Si p et q
ne sont pas premiers entre eux, xy est-il d’ordre p ∨ q.
3. Donner un exemple de groupe dans lequel on peut trouver deux éléments d’ordre fini
dont le produit est d’ordre infini.
4. Soit G un groupe commutatif fini d’ordre n ≥ 2.
(a) Montrer que si p et q sont deux entiers naturels non nuls, alors il existe deux entiers
p′ et q ′ premiers entre eux tels que p′ divise p, q ′ divise q et p ∨ q = p′ q ′ .
(b) Montrer qu’il existe un élément de G dont l’ordre est égal au ppcm m des ordres de
tous les éléments de G.
(c) Montrer que m a les mêmes facteurs premiers que n.
(d) En déduire que pour tout diviseur premier p de n il existe dans G un élément d’ordre
p.
5. Montrer que tout sous groupe fini du groupe multiplicatif K∗ = K \ {0} d’un corps
commutatif K est cyclique.
575
576 L’anneau Z/nZ et les nombres de Carmichaël
6. Soit G un groupe tel que tout élément de G soit d’ordre au plus égal à 2.
(a) Montrer que G est commutatif.
(b) On suppose de plus que G est fini. Montrer que card (G) = 2n .
7. Soit G = ⟨a⟩ un groupe cyclique d’ordre n ≥ 2.
n
(a) Soit x = ak ∈ H. Montrer que l’ordre de x est égal à .
n∧k
(b) Montrer que si H est un sous-groupe de G non réduit à {1} , alors H = ⟨ap ⟩ où p
n
divise n et H est cyclique d’ordre .
p
(c) Montrer que pour tout diviseur q de n, il existe un unique sous groupe de G d’ordre
n
q, c’est le groupe cyclique H = ⟨ap ⟩ avec p = .
q
1. Montrer que pour tout entier naturel n ≥ 2, φ (n) est le nombre de générateurs du groupe
cyclique (Zn , +) .
2. Montrer que pour tout entier naturel n ≥ 2, φ (n) est le nombre d’entiers compris entre
1 et n premiers avec n.
3. Soit n ≥ 2. Montrer que si k est un entier relatif premier avec n, alors k φ(n) ≡ 1 (mod n)
(théorème d’Euler).
4. Soit n ≥ 2. Montrer que n est premier si et seulement si (n − 1)! ≡ −1 (mod n) (théo-
rème de Wilson).
∑ 1
p−1
5. Soit p un nombre premier strictement plus grand que 3. On note Sp = et pour tout
k=1 k
∏
p−1
entier k compris entre 1 et p − 1, pk = j.
j=1
j̸=k,j̸=p−k
φ (pα ) = (p − 1) pα−1 .
7. Montrer que si n et m sont deux entiers naturels non nuls premiers entre eux, alors
φ (nm) = φ (n) φ (m) .
Énoncé 577
∏
r
8. Montrer que si n ≥ 1 a pour décomposition en facteurs premiers n = pαi i avec
i=1
2 ≤ p1 < · · · < pr premiers et les αi entiers naturels non nuls, alors :
∏r ( )
1
φ (n) = n 1− .
i=1
pi
12. Pour tout entier n ≥ 2, on désigne par Φn le n-ième polynôme cyclotomique défini par :
∏( )
Φn (X) = X − ωnk ,
k∈Sn
2iπ
où Sn est l’ensemble des entiers k compris entre 1 et n premier avec n et ωn = e n . Pour
n = 1, on note Φ1 (X) = X − 1.
∏
(a) Montrer que X n − 1 = Φd , où Dn est l’ensemble des diviseurs positifs de n.
d∈Dn
∑
(b) En déduire la formule de Möbius n = φ (d) .
d∈Dn
(a) Montrer que pour tout x ∈ Z∗n l’application σ (x) définie sur Zn par :
∀y ∈ Zn , σ (x) (y) = xy
(b) Soit d ∈ Dp−1 . Montrer que si ψ (d) > 0, alors ψ (d) = φ (d) .
(c) Montrer que ψ (d) = φ (d) pour tout d ∈ Dp−1 et en déduire que Z∗p est cyclique (on
retrouve donc un cas particulier du résultat de I.5.).
3. Soient p un nombre premier impair et α un entier supérieur ou égal à 2. On se propose
dans cette question de montrer que le groupe multiplicatif Z∗pα est cyclique (voir aussi le
livre d’algèbre de Perrin-Riou).
(a) Montrer que pour tout entier k compris entre 1 et p − 1, Cpk est divisible par p.
(b) Montrer qu’il existe une suite d’entiers naturels non nuls (λk )k∈N tous premiers avec
p tels que :
k
∀k ∈ N, (1 + p)p = 1 + λk pk+1 .
(c) Montrer que la classe résiduelle modulo pα , 1 + p est d’ordre pα−1 dans Z∗pα .
(d) Soit x = k + pZ un générateur du groupe cyclique Z∗p . Montrer que y = k p + pα Z
α−1
(b) Montrer que la classe résiduelle de 5 modulo 2α est d’ordre 2α−2 dans Z∗2α .
(c) On désigne par ψ l’application qui à toute classe résiduelle modulo 2α , k+2α Z, associe
la classe résiduelle modulo 4, k + 4Z. Montrer que cette application est bien définie,
qu’elle induit un morphisme surjectif de groupes multiplicatifs de Z∗2α sur Z∗4 et que
son noyau est un groupe cyclique d’ordre 2α−2 .
(d) Montrer que l’application :
– IV – Nombres de Carmichaël
Un théorème de Fermat nous dit que si p est premier et k premier avec p, alors
k p−1 ≡ 1 (mod p) (théorème d’Euler II.3. avec n premier). Dans cette partie on s’intéresse
à la réciproque de ce résultat. Que peut-on dire de n tel que k n−1 ≡ 1 (mod n) pour tout k
premier avec n ?
On appelle nombre de Carmichaël tout entier n ≥ 2 non premier tel que :
∀x ∈ Z∗n , xn−1 = 1.
1. Montrer qu’un nombre de Carmichaël est impair.
∏
r
2. Soit n = pi avec r ≥ 2, 3 ≤ p1 < · · · < pr premiers tels que pour tout i compris entre
i=1
1 et r, pi − 1 divise n − 1. Montrer que n est un nombre de Carmichaël.
∏r
3. Soit n = pαi i avec r ≥ 2, 3 ≤ p1 < · · · < pr premiers et αi ≥ 1 pour tout i compris
i=1
entre 1 et n un nombre de Carmichaël.
(a) On suppose qu’il existe un indice i compris entre 1 et r tel que αi ≥ 2.
i. Montrer qu’il existe un entier relatif p tel que la classe modulo pαi i , p + pαi i Z, soit
d’ordre pi dans Z∗pαi et qu’il existe un entier relatif q premier avec n solution du
i
système de congruence :
{
q ≡ p (mod pαi i )
( α )
q≡1 mod pj j (1 ≤ j ̸= i ≤ r) .
33.2 Solution
– I – Préliminaires sur les groupes finis
Z Z ∏ Z
1. Le groupe additif G = [X] (ou [X] avec p premier, ou ) est infini et tous
2Z pZ p∈P pZ
ses éléments sont d’ordre 2.
Si on définit sur le corps Q des rationnels la relation d’équivalence r v s si et seulement
Q
si r − s ∈ Z, alors le groupe quotient pour cette relation d’équivalence est infini et
Z
p
tous ses éléments sont d’ordre fini (q = 0).
q
Si E est un ensemble infini, alors (P (E) , ∆) où ∆ est l’opérateur de différence symétrique
est infini et tous les éléments sont d’ordre 1 ou 2 puisque A∆A = ∅.
580 L’anneau Z/nZ et les nombres de Carmichaël
∏
r ∏
r
p= pαi i , q= pβi i
i=1 i=1
∏
p
∀y = (y1 , · · · , yp ) ∈ H, ψ (y) = yi
i=1
Solution 581
(b) Si H n’est pas réduit à {1} , il existe k compris entre 1 et n − 1 tel que ak ∈ H et on
peut poser : { }
p = min k ∈ {1, · · · , n − 1} | ak ∈ H .
En écrivant, pour tout x = ak ∈ H, k = pq+r avec 0 ≤ r ≤ p−1 (division euclidienne),
on a ar = ak (apq )−1 ∈ H et nécessairement r = 0. On a donc H ⊂ ⟨ap ⟩ ⊂ H, soit
H = ⟨ap ⟩ . Avec an = 1 ∈ H on déduit que n est multiple de p et l’ordre de H est
n n
égal à = .
n∧p p
n
(c) Si q est un diviseur de n, on pose H = ⟨ap ⟩ où p = et H est un sous-groupe cyclique
q
n
de G d’ordre = q. Réciproquement si H est un sous-groupe de G d’ordre q, c’est
p
n
nécessairement H = ⟨ap ⟩ avec p = (question précédente).
q
– II – Quelques propriétés de la fonction indicatrice d’Euler
1. Dire que k est inversible dans Zn équivaut à dire qu’il existe u ∈ Zn tel que ku = 1
encore équivalent à dire qu’il existe u ∈ Z tel que uk = 1, soit à dire que 1 est dans le
groupe engendré par k et donc que ce groupe est Zn . Donc k ∈ Z∗n si et seulement si k
est générateur du groupe additif Zn . Il en résulte que φ (n) est le nombre de générateurs
du groupe cyclique (Zn , +) .
2. Dire que k est inversible dans Zn équivaut à dire qu’il existe u ∈ Zn tel que ku = 1 encore
équivalent à dire qu’il existe deux entiers relatifs u et v tels que ku + nv = 1 équivalent à
dire que k et n sont premiers entre eux (théorème de Bézout). En considérant que chaque
classe modulo n a un unique représentant compris entre 1 et n, on déduit que φ (n) est
le nombre d’entiers compris entre 1 et n premiers avec n. 2
φ(n)
3. Si k est premier avec n, alors k appartient à Z∗n qui est d’ordre φ (n) et k = 1,
c’est-à-dire que k φ(n)
≡ 1 (mod n) .
4. Si n est premier alors Zn est un corps commutatif et tout élément a de Z∗n est racine du
∏ ∏(
n−1 )
polynôme X n−1 − 1, on a donc X n−1 − 1 = (X − a) = X − k dans Zn [X] et en
a∈Z∗n k=1
∏(
n−1 )
évaluant ce polynôme en 0, il vient −1 = −k = (−1)n−1 (n − 1)!. Pour n = 2, on a
k=1
−1 = 1 et pour n ≥ 2 premier on a n impair et −1 = (n − 1)! dans Zn . Réciproquement
si n ≥ 2 est tel que (n − 1)! = −1 dans Zn , alors tout diviseur d de n compris entre 1
et n − 1 divisant (n − 1)! = −1 + kn va diviser −1, ce qui donne d = 1 et l’entier n est
premier.
5. (a) On a :
p−1 ( )
∑
p−1
∑
p−1
(p − 1)! (p − 1)! ∑ 1 1 (p − 1)!
pk = = + =2 Sp .
k=1 k=1
k (p − k) p k=1
k p−k p
φ (n)
2. est la probabilité pour qu’un entier k pris au hasard entre 1 et n soit premier avec n.
n
Solution 583
p−1 ( )
∑
p−1
∑ −1 2 ∑( ) ∑ ∑
p−1
2
∑
p−1
−1 2 2
pk = k = x = (y) = j = j 2,
k=1 k=1 x∈Z∗n y∈Z∗n j=1 j=1
∑
p−1 p (p − 1) (2p − 1)
avec j2 = ∈ N et p premier strictement plus grand que 3,
j=1 6
ce qui entraîne que 6 divise p (p − 1) (2p − 1) en étant premier avec p, donc 6 di-
(p − 1) (2p − 1)
vise (p − 1) (2p − 1) (théorème de Gauss) et ∈ N, ce qui permet de
6
conclure à :
∑
p−1
∑
p−1
pk = j2 = 0
k=1 j=1
dans Zn .
∑
p−1 (p − 1)! a
(d) L’égalité pk = 2 Sp avec Sp = , s’écrit :
k=1 p b
∑
p−1
pb pk = 2a (p − 1)!
k=1
∑
p−1
et du fait que p divise pk , on déduit que p2 divise 2a (p − 1)!. L’entier p étant
k=1
premier impair est premier avec 2 (p − 1)!, on déduit avec le théorème de Gauss que
p2 divise a.
6. Si p est premier, alors un entier k compris entre 1 et pα n’est pas premier avec pα si et
seulement si il est divisible par p, ce qui équivaut à k = mp avec 1 ≤ m ≤ pα−1 , il y a
donc pα−1 possibilités. On en déduit alors que :
7. Le théorème chinois nous dit que si n et m sont deux entiers premiers entre eux alors les
anneaux Znm et Zn × Zm sont isomorphes, un isomorphisme étant réalisé par :
( )
( ) · ··
∀k ∈ Znm , f k = k, k ,
· ··
où on a noté k la classe de k modulo nm, k la classe de k modulo n et k la classe de k
modulo m. La restriction de f à Z∗nm réalise un isomorphisme de groupes multiplicatifs
de Z∗nm sur Z∗n × Z∗m , ce qui entraîne :
ab = 1 + kφ (n) = 1 + k (p − 1) (q − 1) .
φ (n) ∏ pi − 1
r
√ = √ .
n i=1
pi
φ (n) (√ )α−2
√ = 2 2 −1 =
α
2 >1
n
√
et φ (n) > n.
(e) Si n = 2α 3β avec α ≥ 1, β ≥ 1 et (α, β) ̸= (1, 1) , on a alors :
φ (n) α β
(√ )α (√ )β−2
√ = 2 2 3 2 −1 = 2 3 >1
n
(√ )α (√ )−1
(pour β ≥ 2 il n’y a pas de problème et pour β = 1 on a α ≥ 2 et 2 3 ≥
2 √
√ > 1), ce qui donne φ (n) > n.
3
3. Ce résultat est à la base du système cryptographique R.S.A.
Solution 585
∏
r
(f) Si n est pair, il s’écrit n = 2α1 pαi i avec 3 ≤ p2 < · · · < pr premiers et αi ≥ 1 pour
i=2
∏
r
tout i compris entre 1 et r. En posant m = 2 pi , on a ::
i=2
√
φ (n) n φ (m) φ (m)
√ = √ ≥ √ ,
n m m m
avec :
1 ∏ pi − 1
r
φ (m)
√ =√ √ .
m 2 i=2 pi
p−1 φ (m) p2 − 1 p2 − 1
Pour p ≥ 3, on a √ > 1, donc √ > √ √ et pour p2 ≥ 5, on a √ √ > 1.
p m 2 p2 2 p2
∏
r
Il reste à étudier le cas p2 = 3, soit n = 2α1 3α2 r, avec r = pαi i où 5 ≤ p3 < · · · < pr
i=3
sont premiers. Dans ce cas, on a :
φ (n) φ (2α1 3α2 ) φ (r)
√ = √ √ >1
n 2α1 3α2 r
√
d’après ce qui précède. On a donc ainsi montré que φ (n) > n pour tout n ≥ 7.
11. (a) Il est clair que Sd ∩ Sd′ = ∅ pour d ̸= d′ dans Dn . Si k est un entier compris entre 1
et n, en notant δ le pgcd de k et n, k = δk ′ et n = δd avec k ′ et d premiers entre eux,
n
on a k ∧ n = δ = et k ∈ Sd avec d ∈ Dn . On a donc la partition :
d
∪
{1, · · · , n} = Sd .
d∈Dn
n ′
(b) Un entier k compris entre 1 et n est dans Sd si et seulement si il s’écrit k = k avec
d
k ′ compris entre 1 et d premier avec d. On a donc :
avec :
∏( ∏ ( ( 2iπ )k′ nd ) ∏ ( )
) d d
′
X− ωnk = X− en = X − ωdk = Φd (X)
k∈Sd k′ =1 k′ =1
k′ ∧d=1 k′ ∧d=1
n
(k ∈ Sd s’écrit k = k ′ avec k ′ compris entre 1 et d premier avec d), ce qui donne :
d
∏
Xn − 1 = Φd (X) .
d∈Dn
586 L’anneau Z/nZ et les nombres de Carmichaël
(b) Chaque polynôme Φ∑d étant de degré φ (d) , en posant φ (1) = 1, on déduit du résultat
précédent que n = φ (d) .
d∈Dn
(b) Dire que ψ (d) > 0 équivaut à dire qu’il existe dans Z∗p au moins un élément x d’ordre
{ }
d et le groupe G = 1, x, · · · , xd−1 est alors formé de d solutions distinctes de
l’équation X d −1 = 0, or cette équation a au plus d solutions dans le corps commutatif
Zp , il en résulte que G est exactement l’ensemble de toutes les solutions de cette
équation. On déduit donc que les éléments d’ordre d dans Z∗p sont les générateurs du
groupe cyclique G et on sait qu’il y a φ (d) tels générateurs. On a donc ψ (d) = φ (d)
si ψ (d) > 0.
∑ ∑
(c) On a p − 1 = ψ (d) = φ (d) avec ψ (d) = 0 ou ψ (d) = φ (d) , ce qui
d∈Dp−1 d∈Dp−1
entraîne que ψ (d) = φ (d) pour tout d ∈ Dp−1 . En particulier, on a ψ (p − 1) > 0,
c’est-à-dire qu’il existe dans Z∗p des éléments d’ordre p − 1 et ce groupe est alors
cyclique d’ordre p − 1.
p!
3. (a) On a Cpk = et p divise k! (p − k)!Cpk = p!. Tout entier j compris entre 1 et
k! (p − k)!
p − 1 étant premier avec p, on déduit du théorème de Gauss que p divise Cpk si k est
compris entre 1 et p − 1.
(b) On procède par récurrence sur k ≥ 0. Pour k = 0, on prend λ0 = 1. Pour k = 1, on
a:
p
∑p
2
(1 + p) = 1 + p + Cpk pk ,
k=2
Solution 587
(1 + p)p = 1 + p2 + νp3 = 1 + λ1 p2
k+1 ( )p ∑
p
(1 + p)p = 1 + λk pk+1 = 1 + λk pk+2 + Cpj λjk pj(k+1) ,
j=2
avec Cpj λjk pj(k+1) divisible par pk+3 , pour j compris entre 2 et p, ce qui donne :
k+1
(1 + p)p = 1 + pk+2 (λk + νp) = 1 + λk+1 pk+2 ,
(λα−2 est premier avec p, donc λα−2 pα−1 ne peut être divisible par pα ) on déduit que
1 + p est d’ordre pα−1 dans Z∗pα .
(d) La classe modulo p, x = k + pZ est d’ordre p − 1 dans Z∗p et du fait que pα−1 − 1
est divisible par p − 1 pour α ≥ 2, on déduit que k p −1 ≡ 1 (mod p) et k p ≡
α−1 α−1
on déduit que y = j +pα Z =k p +pα Z est d’ordre p−1 dans Z∗pα (si j r ≡ 1 (mod pα )
α−1
card (Z∗2α ) = card (ker (ψ)) card (Z∗4 ) = 2 card (ker (ψ))
et card (ker (ψ)) = 2α−2 . Avec 5 + 2α Z d’ordre 2α−2 dans ker (ψ) (5 ≡ 1 (mod 4)) on
déduit que ker (ψ) est cyclique d’ordre 2α−2 engendré par 5 + 2α Z.
{ }
(d) Pour x ∈ Z∗2α , on a ψ (x) ∈ Z∗4 = 1, −1 . Si ψ (x) = 1, alors ψ (x) x = x ∈ ker (ψ)
et si ψ (x) = −1, alors ψ (x) x = −x et ψ (ψ (x) x) = −ψ (x) = 1 et ψ (x) x ∈ ker (ψ) .
Du fait que ψ est un morphisme de groupes multiplicatifs, on déduit qu’il en est de
même de π.
Si x ∈ ker (π) , alors ψ (x) = 1 et ψ (x) x = 1, donc x = 1 et π est injectif. Ces deux
groupes ayant même cardinal, on déduit que π est un isomorphisme. En résumé Z∗2α
est isomorphe à Z2 × Z2α−2 pour α ≥ 3 et Z∗2α n’est pas cyclique puisqu’il n’y a pas
d’élément d’ordre 2α−1 dans Z2 × Z2α−2 .
– IV – Nombres de Carmichaël
( )n−1
1. Si n est pair, alors n − 1 est impair et −1 = −1 (n ̸= 2) et n n’est pas un nombre
de Carmichaël.
2. Soit x = k ∈ Z∗n avec k entier relatif premier avec n. Pour tout i compris entre 1 et r,
l’entier k est premier avec pi et le théorème de Fermat nous dit que k pi −1 ≡ 1 (mod pi ) ,
ce qui entraîne k n−1 ≡ 1 (mod pi ) puisque n − 1 est multiple de pi − 1. On a donc pi qui
divise k n−1 − 1 pour tout i compris entre 1 et r, les pi étant premiers et distincts, il en
∏
r n−1
résulte que n = pi divise k n−1 − 1, soit k = 1 dans Z∗n et donc n est un nombre de
i=1
Carmichaël.
3. (a) i. Le groupe multiplicatif Z∗pαi est d’ordre φ (pαi i ) = (pi − 1) piαi −1 et pour αi ≥ 2, pi
i
est un diviseur premier de l’ordre de ce groupe, on sait alors qu’il existe dans Z∗pαi
i
un élément x = p + pαi i Z d’ordre pi . D’autre part le théorème chinois nous dit que
l’application :
t + nZ 7→ (t + pα1 1 Z, · · · , t + pαr r Z)
∏r
réalise un isomorphisme d’anneaux de Zn sur Zpαi i et ce isomorphisme induit
i=1
∏
r
un isomorphisme de groupes de Z∗n sur Z∗pαi , en conséquence l’élément
i=1 i
∏
r
(1 + pα1 1 Z, · · · , p + pαi i Z, · · · , 1 + pαr r Z) ∈ Z∗pαi a un unique antécédent q + nZ
i=1 i
dans Z∗n ,
ce qui se traduit par l’existence d’un entier relatif q premier avec n et
solution de : {
q ≡ p ((mod pαi i ))
α
q≡1 mod pj j (1 ≤ j ̸= i ≤ r) .
ii. L’entier q étant premier avec n, la classe résiduelle x = q+nZ est dans Z∗n et xn−1 =
1, c’est-à-dire que q n−1 ≡ 1 (mod n) , ce qui donne q n−1 ≡ 1 (mod pαi i ) d’après
le théorème chinois, soit pn−1 ≡ 1 (mod pαi i ) puisque q ≡ p (mod pαi i ) . En
conséquence l’ordre pi de p+pαi i Z dans Z∗pαi divise n−1, ce qui est en contradiction
i
Solution 589
avec pi premier divisant n. En conclusion il ne peut pas exister d’indice i tel que
∏r
αi ≥ 2 si n est un nombre de Carmichaël. On a donc n = pi .
i=1
(b) Pour tout i compris entre 1 et r le groupe multiplicatif Z∗pi est
cyclique d’ordre pi − 1,
il existe donc un élément ki + pi Z d’ordre pi − 1 dans Z∗pi et
en désignant par k un
entier relatif premier avec n solution de :
{
k ≡ ki (mod pi )
k ≡ 1 (mod pj ) (1 ≤ j ̸= i ≤ r)
Sous-groupes de L (E)
591
592 Sous-groupes de L (E)
Bibliographie
593
594 Sous-groupes de L (E)