Tecton I Que
Tecton I Que
Tecton I Que
Pierre Vergély
Yves Missenard
Tectonique
4e édition
Illustration de couverture : © Matauw – Fotolia.com
Avant-propos V
Chapitre 1 • Présentation 1
1.1 Qu’est-ce que la tectonique ? 1
1.2 Les déformations tectoniques et les mouvements des plaques lithosphériques 1
1.3 L’analyse et l’interprétation des déformations tectoniques 2
III
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale 85
6.1 La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension 85
6.2 La tectonique en décrochement :
failles coulissantes et failles transformantes 103
6.3 La tectonique en compression : «uplifts» et écailles de socle 110
6.4 L’inversion tectonique 112
IV
AVANT-PROPOS
Dans la réalisation de cette nouvelle édition, nous avons conservé l’esprit qui
avait guidé la rédaction initiale, à savoir une approche « naturaliste » de la tectonique
qui privilégie la qualité de l’acquisition des données tant sur le terrain qu’au labora-
toire, puis une interprétation de ces données qui fait appel aux concepts de base de la
mécanique et de la physique des matériaux.
Divers aspects de la déformation sont illustrés par des images abondamment
légendées et rassemblées dans un cahier couleur.
Dans cette 4e édition, le chapitre 11, qui est nouveau, présente les différents outils
permettant de caractériser les mouvements verticaux dont l’étude a connu un regain
d’attention ces vingt dernières années, probablement en partie grâce à l’apparition
ou au développement de nouveaux outils méthodologiques comme la géodésie ou la
thermochronologie. Pour chacune des techniques, une référence à un travail scienti-
fique est proposée, permettant à ceux qui le souhaitent d’approfondir la thématique.
Cette nouvelle édition s’enrichit également d’un glossaire destiné au lecteur
moins initié qui y trouvera les définitions volontairement brèves de quelques termes
courants du champ lexical de la tectonique.
Enfin, autre nouveauté, de nombreux documents supplémentaires, essentielle-
ment photographiques, sont mis à votre disposition en ligne (voir le lien au verso).
Ce manuel n’a pas la prétention d’être exhaustif. Les auteurs ont limité le contenu
aux connaissances générales en tectonique qui doivent être acquises par tous ceux et
toutes celles qui suivent une formation en géosciences du niveau L3 et M1. Le
lecteur qui souhaite compléter ses connaissances trouvera, en fin d’ouvrage, une
liste indicative de livres en français ou en anglais. Nous avons également indiqué les
références des articles scientifiques dans lesquels nous avons puisé nos données et
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.
V
De nombreux documents supplémentaires, essentiellement
photographiques, sont mis à disposition sur un site des auteurs :
http://www.structurotheque.u-psud.fr
PRÉSENTATION 1
1.1 QU’EST-CE QUE LA TECTONIQUE ?
La Tectonique est la discipline des Sciences de la Terre qui traite des déformations
de l’écorce terrestre. Ce terme, créé à la fin du siècle dernier, vient du grec
«Tektonikos», adjectif qui signifie propre au charpentier, à l’architecte ; il implique
donc une notion de structure. D’ailleurs, le terme de Géologie Structurale est
souvent employé comme synonyme de Tectonique. Toutefois, chez les auteurs de
langue anglaise, une distinction tend à s’imposer entre ces deux termes. La Géologie
Structurale («Structural Geology») est essentiellement l’étude de la géométrie des
structures. Par contre, la Tectonique («Tectonics») concerne plutôt l’étude de ces
structures en relation avec les mouvements (Cinématique) et les forces (Dynamique)
qui les ont créées.
1
Chapitre 1 • Présentation
2
1.3 • L’analyse et l’interprétation des déformations tectoniques
3
NOTIONS ÉLÉMENTAIRES
DE CONTRAINTE ET DE
2
DÉFORMATION
Les forces de volume agissent sur tout le volume rocheux. L’exemple le plus
évident est la force de pesanteur Fp = Mg. Une colonne de roche de section S, de
hauteur h et de densité Uc (Fig. 2.1a), est soumise à une force de pesanteur Fp =
ShUcg, g étant l’accélération de la pesanteur. Cette force Fp est verticale et dirigée
vers le bas. La force d’Archimède est aussi une force de volume qui agit sur les
5
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
Ainsi, un bloc continental d’épaisseur totale h = 70 km, présente une partie basale
r de 57 km d’épaisseur immergée dans le manteau de telle sorte que la force de
pesanteur Fp soit équilibrée par la poussée d’Archimède Fa. Le problème est ici très
simplifié puisqu’on néglige la croûte et la couche d’eau océaniques.
Les forces de surface agissent, elles, sur les surfaces limitant le volume rocheux.
Sur la figure 2.1a, la force de surface agissant sur la base horizontale de la colonne
de roche à une profondeur h est Fs = ShUc g. Elle est normale à cette surface et résulte
de la force de volume agissant sur la colonne de roche sus-jacente. La pression p =
FS /S, à la base de cette colonne est la pression ou contrainte lithostatique (V ZZ) agis-
sant sur la surface S au point P. Le système étant en équilibre, FS est équilibrée par
une force FZZ de même direction, de sens opposé et d’intensité égale. Si cette force
FS est appliquée sur une surface Sc faisant avec l’horizontale H un angle D (Fig. 2.1b),
FS se décompose vectoriellement en une force FN normale à la surface et une force
FT qui lui est tangentielle. Dans le cas de la subduction d’une lithosphère océanique
sous une lithosphère continentale par exemple (Fig. 2.3), l’interface des deux lithos-
phères est soumis à des forces de surface horizontales FXX résultant de la convergence
des deux lithosphères et verticales FZZ induites par les forces de volume. Ces forces
de surface se décomposent en forces tangentielles (ou cisaillantes) et forces normales
à l’interface.
6
2.1 • Notion de force et de contrainte
Une force s’exprime par le produit de la masse par une accélération J, c’est-à-dire
par une équation aux dimensions de la forme F = M L T –2, M, L et T étant les
dimensions de la masse, de la longueur et du temps. Dans le système C.G.S, la force
s’exprime en dyne (g.cm.s – 2) et dans le système international (S.I.) en newton
(kg.m.s – 2 ) ; 1 newton (N) = 10 5 dynes.
Figure 2.4 – Force résultante 'F exercée par la partie C1 du solide sur la
partie C2, au point P sur la surface 'S.
'F
Quand 'S tend vers zéro : § -------·
dF
------- = V (1)
© 'S¹ dS
Le vecteur V est la contrainte (en anglais : stress) appliquée à la surface dS au
point P, due aux forces externes. La contrainte a les dimensions d’une pression et
s’exprime par une équation aux dimensions 6 = FS – 1 = ML – 1 T – 2. On ne peut donc
additionner des vecteurs-contraintes que s’ils s’appliquent à une même surface, ce
qui est différent des vecteurs-forces. La contrainte s’exprime en pascal (kg. m– 1.s– 2)
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
dans le système S.I. et en bar dans le système C.G.S. (1 bar = 106 dynes.cm– 2 =
106 g.cm– 1.s– 2) ; 1 bar = 10 5 Pa.
Dans le cas général, le vecteur-contrainte V est oblique à la surface dS. L’intensité
de la contrainte varie avec l’orientation de la surface dS passant par le point P (c’est
une pression anisotrope). Ceci est très différent de ce qui se passe dans les liquides
dans lesquels la pression p est normale à toute surface passant par le point P et de
même intensité (pression isotrope). Le vecteur-contrainte V étant oblique à la
surface dS il peut se décomposer (Fig. 2.5) comme le vecteur-force en une
contrainte normale VN et une contrainte tangentielle VT (notée souvent W) au plan S.
2.2. États de contrainte uniaxial et biaxial. Supposons un solide isotrope soumis
à deux forces F et F c opposées et égales, appliquées orthogonalement aux faces
7
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
c c
FN F cos 4 F 2 c F 1 + cos24
-c = ---------------------c = ---- cos 4 = ---- --------------------------
– contrainte normale V N = -------
SS A/ cos 4 A A 2
c c
FT F sin 4 F c c F sin24
-c = ---------------------c = ---- sin4 cos 4 = ---- ----------------
– contrainte tangentielle W = -------
SS A/ cos 4 A A 2
Il existe un plan remarquable pour lequel V N est maximum et égal à F/A et sur
lequel W = 0. C’est le plan pour lequel cos 24c = 1 et sin 24c = 0, c’est-à-dire pour
4c = 0. Ce plan est dit un plan principal (p.p., Fig. 2.6a) et la contrainte normale à ce
plan est la contrainte principale V 1 = F/A. On peut alors écrire
V N = 1/2 V1 (1 + cos24c) et W = 1/2V 1 . sin24c (2)
8
2.1 • Notion de force et de contrainte
Il existe par ailleurs deux plans sur lesquels la contrainte tangentielle (ou
cisaillante) W est maximum : ce sont les plans pour lesquels sin 24c = 1 donc 4c = 45°.
En contrainte biaxiale (ou contrainte plane), pour un échantillon soumis sur ses
faces orthogonales A et B à des forces F1 et F3 orthogonales (avec F1 > F3, Fig. 2.6b),
il existe deux contraintes principales V1 = F1 /A et V3 = F3 /B puisque les faces A et
B sont par définition des plans principaux. La contrainte appliquée au point P sur une
surface SSc faisant avec la face A un angle 4c, s’exprime aussi en fonction des
contraintes principales V1 et V 3. En faisant la somme des contraintes normales et
tangentielles sur le même plan SSc du fait des contraintes V 1 et V3, on obtient :
V N = V1 . cos 2 4c + V3 . cos2 (S/2 – 4c) = V1 . cos2 4c + V3 . sin2 4c
W= V1 . cos 4c . sin 4c – V3 . cos(S/2 – 4c) . sin (S/2 – 4c)
= (V1 – V3) sin 4c . cos 4c
En écrivant ces valeurs en fonction de l’angle 2 4c, on obtient :
V N = 1/2 (V1 + V3) + 1/2 (V1 – V3) cos 24c
et t = 1/2 (V1 – V3) sin 24c (3)
Si on appelle 4 l’angle que fait la contrainte principale compressive V1 et le plan
de glissement SS c (ce que nous ferons toujours par la suite) alors le signe entre les deux
termes de V N devient moins (–) ; l’expression de W ne change pas. La différence (V1 –
V3) est appelée la contrainte différentielle. Ce cas de la contrainte plane est une simpli-
fication, applicable aux problèmes à deux dimensions, du cas de la contrainte triaxiale.
2.3. État de contrainte triaxial. Analysons le cas d’un corps isotrope soumis à un
système quelconque de forces. Soit un corps déformable C en état de contrainte, sans
torsion du matériau (Fig. 2.7a). L’état de contrainte dans ce corps est déterminé
quand en chaque point on connaît les contraintes sur trois plans arbitrairement choi-
sis. Menons par le point O quelconque trois plans parallèles aux plans de coordon-
nées dans le système d’axes Ox, Oy, Oz et un plan S suffisamment proche de O ; ces
4 plans définissent un tétraèdre élémentaire (Fig. 2.7a). L’interaction de ce tétraèdre
élémentaire sur le corps C se fait par des contraintes qui dans le cas général sont
obliques sur les plans qui le limitent (Fig. 2.4).
Chacune de ces contraintes Sx, Sy, Sz peut se décomposer suivant les trois axes du
repère, par exemple (Fig. 2.7b) pour Sz, le vecteur-contrainte sur la face du tétraèdre
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
ayant pour normale Oz, on obtiendra : Vzz suivant Oz et Vzx, Vzy dans le plan de normale
Oz (le premier indice est alors z) suivant les axes Ox et Oy (le deuxième indice est
alors respectivement x et y). Si nous notons les contraintes tangentielles par W et la
contrainte normale par V, ces trois composantes s’écrivent : Vzz, Wzx et Wzy. On obtient
neuf paramètres pour les contraintes Sx, Sy et Sz sur les 3 faces du tétraèdre élémentaire
(Fig. 2.7a) soit neuf quantités scalaires qui peuvent s’écrire sous la forme suivante :
§ V xx W xy W xz ·
¨ ¸
T V = ¨ W yz V yy W yz ¸
¨ ¸
© W zx W zy V zz ¹
9
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
Figure 2.7 – État de contrainte triaxial en un point P d’un corps (C). Les
indices simples x, y, z indiquent que les vecteurs-contraintes sont appliqués
aux trois faces du tétraèdre, orthogonales respectivement aux directions Ox,
Oy, Oz sans être orientées eux-mêmes suivant ces directions.
10
2.1 • Notion de force et de contrainte
Trois paramètres sont représentés par les valeurs principales V1, V2, V3, les trois
autres sont ceux qui définissent l’orientation du repère principal (O, X, Y, Z) par
rapport à un système quelconque, par exemple le repère géographique dans lequel
sont faites les mesures structurales. Ce tenseur des contraintes permet de calculer
tout vecteur appliqué au point P sur un plan donné de normale v (ayant pour cosinus
directeurs 1, m, n) par le produit de deux matrices :
§ V1 0 0 · § 1 ·
¨ ¸ ¨ ¸
TV ^ Q ` = ¨ 0 V2 0 ¸ ¨ m ¸ (4)
¨ ¸ ¨ ¸
© 0 0 V3 ¹ © n ¹
On montre en particulier qu’il existe deux plans de cisaillement maximum qui,
comme dans le cas des contraintes uniaxiale et biaxiale, forment un angle de 45°
avec les contraintes principales V1 et V3. Ces plans ont pour intersection l’axe V2. La
contrainte appliquée à un plan est donc une quantité vectorielle alors que l’état de
contrainte en un point P de ce plan est défini par un tenseur du second ordre.
11
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
Ceci est l’équation d’une ellipse centrée sur P et ayant pour grand et petit axes V1
et V2. Les extrémités des vecteurs-contraintes V appliqués au point P sont situées sur
cette ellipse. On montrerait de la même façon en trois dimensions que :
2 2 2
Vx Vy Vz
-----2 + -----2 + -----2 = 1
V1 V2 V3
ce qui est l’équation d’un ellipsoïde ayant pour axes V1, V2, V3. L’ellipsoïde des
contraintes triaxial est dit polyaxial (Fig. 2.9a) dans le cas général où V1 > V2 > V3.
Si V1 = V2 > V3 ou V1 > V2 = V1 (Fig. 2.9b) il est dit de révolution, ou axial, respec-
tivement autour des axes V3 et V1. Si V1 = V2 = V3, l’ellipsoïde devient une sphère
(Fig. 2.9c) et l’état de contrainte est de type hydrostatique.
12
2.2 • Notion de déformation
grande Vc1, compressive, est notée positivement, la valeur principale la plus petite Vc3
est nécessairement négative, Vc2 est soit positive soit négative. On dit que Vc1 est en
compression et Vc3 en traction (ou tension) alors que souvent dans les roches, à une
profondeur donnée, les contraintes totales V1 et V3 sont respectivement la plus
grande et plus petite compression.
13
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
Une déformation est donc définie par un champ de déplacement liant l’état initial à
l’état final. C’est la comparaison de conditions à deux instants différents alors que la
contrainte, elle, spécifie une condition à un instant donné.
1.2. Déformation homogène et hétérogène. Si des lignes parallèles dans un corps
à l’état initial restent parallèles à l’état final, ce corps a subi une déformation dite
homogène. En effet, on voit sur la figure 2.11 a que les petits carrés dans le corps
(ABCD) à l’état initial O ont été transformés à l’état final F c en de petits parallélo-
grammes tous identiques de forme, de dimensions et d’orientation.
Dans ce cas (Fig. 2.11c), si 'b et 'u sont les accroissements de déplacements par
rapport aux distances finales b et u, BsBc/UsUc = BBc/UUc ou 'b/b = 'u/u = k, k étant
le rapport d’homothétie des triangles (OBB c) et (CcBsBc). De façon générale, pour
une déformation homogène, l’accroissement du déplacement 'u/u, ce qu’on appellera
le gradient de déplacement 'u/u, est constant pour chaque particule du corps déformé.
Si ce gradient n’est pas constant, la déformation est dite hétérogène (Fig. 2.11b) ; les
lignes parallèles dans l’état initial ne sont alors plus parallèles dans l’état final.
1.3. Distorsion et déformation interne. La distorsion est définie par des rapports
dimensionnels entre l’état initial et l’état final, rapports appelés déformation interne
(en anglais, strain). Ceux-ci expriment des changements de longueur et de forme.
• la déformation linéaire. Plusieurs rapports sont utilisés pour caractériser le chan-
gement de longueur d’un état initial 1 0 à un état final 1 1 (Fig. 2.12a) :
– l’allongement relatif ou extension : H = '1/1 = (1 1 – 1 0)/1 0 ; H est négatif quand il
y a raccourcissement et positif quand il y a allongement
14
2.2 • Notion de déformation
– l’étirement : S = 1 1/1 0 = 1 + H
– l’élongation quadratique : O = (1 + H)2
côtés du carré, parallèles à l’axe Oy, subissent un cisaillement angulaire sans chan-
gement de longueur. Tout point A (x 0, y 0) du carré sera donc transformé en un point
Ac de coordonnées x 1 = x 0 + y0 tan ) et y1 = y0. Cette déformation est appelée
cisaillement simple.
En déformation homogène, tout cercle inscrit dans ces carrés sera transformé en
une ellipse (Fig. 2.13). On peut le démontrer simplement dans le cas du cisaillement
pur (Fig. 2.14). Un raccourcissement suivant Oy transforme tout point M d’ordon-
née y 0 sur le cercle en un point B y d’ordonnée y1 tel que (Fig. 2.14a)
SO MOc 1
--------- = ------------ = --------------
AO B y Oc 1 + Hy
15
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
Cette transformation est une affinité qui transforme le cercle en une ellipse mais,
dans ce cas, avec diminution de la surface. Une affinité de rapport 1/(1 + Hx) sur l’axe
des abscisses (Fig. 2.14b) transforme également le cercle en une ellipse mais, dans ce
cas, avec augmentation de la surface. Par contre deux affinités (Fig. 2.14c) telles que
1 + Hx= 1/(1 + H y) transforment le cercle en une ellipse en conservant la surface
initiale du cercle et ce cas est celui du cisaillement pur. De façon générale quelle que
soit la déformation homogène, on montre qu’en coordonnées cartésiennes tout point
du cercle dont l’équation est x 2 + y 2 = 1 se trouve sur une ellipse dite ellipse de
déformation dont l’équation peut s’écrire sous la forme :
2 2
x y
----- + ----- = 1 avec O 1 = (1 + H1)2 et O 2 = (1 + H 2)2 (8)
O1 O2
16
2.2 • Notion de déformation
sont les déformations principales longitudinales et peuvent être exprimées soit par H,
soit par (1 + H), soit par O = (1 + H)2. Les 3 plans qui contiennent deux axes princi-
paux de l’ellipsoïde sont les plans principaux de la déformation. Comme pour
l’ellipsoïde de contrainte, il existe plusieurs types d’ellipsoïdes de déformation que
nous examinerons plus en détail en étudiant les marqueurs de la déformation ductile
(Chap. 7).
L’état de distorsion en un point est donc complètement déterminé si l’on donne
l’orientation et la valeur des déformations principales longitudinales. Mais la défor-
mation n’est pleinement définie que si l’on connaît en outre la translation et la rota-
tion qu’a subi l’ellipsoïde de déformation. La déformation d’un corps est homogène
si en tout point de ce corps les axes principaux de l’ellipsoïde de déformation ont
même orientation et même valeur.
2.3. Déformation rotationnelle et déformation non rotationnelle. Si une déforma-
tion se produit sans rotation des axes principaux de la déformation par rapport à un
référentiel externe (Ox, Oy, Oz), on dira que c’est une déformation non rotation-
nelle. S’il y a rotation, la déformation est rotationnelle. Dans les cas particuliers de
déformation plane examinés précédemment, le cisaillement pur (Fig. 2.13a) est une
déformation non rotationnelle : les axes principaux de l’ellipse ont à l’état final la
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
même orientation qu’ils avaient sur le cercle à l’état initial ; le cisaillement simple
est une déformation rotationnelle : les axes principaux de la déformation ont subi
une rotation de l’état final à l’état initial (Fig. 2.13b). Déformation rotationnelle et
non rotationnelle ne doivent pas être confondues avec déformation non coaxiale et
coaxiale qui concernent les relations angulaires des axes principaux au cours d’une
déformation progressive. Ce cas sera analysé dans le Chapitre 7.
2.4. Déformation infinitésimale, déformation finie et chemin de déformation.
L’ellipsoïde de déformation peut décrire une déformation très petite, ou déformation
infinitésimale correspondant à l’état instantané de la contrainte qui a produit cette
déformation. Il peut aussi décrire une grande déformation entre un état initial et un
état final, ou déformation finie, résultant de l’accumulation de petites déformations
17
Chapitre 2 • Notions élémentaires de contrainte et de déformation
18
PHÉNOMÉNOLOGIQUE DE
ÉTUDE 3
LA RÉPONSE DES ROCHES
À LA CONTRAINTE
Déformations discontinues
et déformations continues
19
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
est partiellement restituée élastiquement (tracé AAc, Fig. 3.1) mais il reste une défor-
mation permanente (Hp) appelée déformation plastique. Si l’on recharge l’échantillon,
le graphe de charge suit approximativement le tracé AcA puis le tracé qu’il aurait eu
s’il n’y avait pas eu interruption de la charge. La nouvelle limite d’élasticité est devenue
VA qui est plus élevée que VE . On dit alors qu’il y a eu durcissement du matériau ; la
déformation plastique a donc changé l’état du matériau. Puis la pente du graphe
diminue mais un durcissement linéaire se maintient. La déformation peut ensuite
mener à la rupture (Fig. 3.1). Lorsque les roches sont déformées à pression et tempé-
rature ambiantes, souvent la rupture se produit sans déformation plastique appréciable
(voir Fig. 3.6). Dans certains cas, le tracé peut devenir parallèle à l’axe des H (voir
Fig. 3.6) ; à contrainte constante Vp , la déformation augmente alors avec le temps ;
ce phénomène est appelé le fluage (en anglais, creep). C’est une forme particulière,
à contrainte constante, de l’écoulement plastique ; la limite Vp est appelée seuil d’écou-
lement plastique.
20
3.1 • Le comportement des roches soumis à contrainte
Les valeurs de Hx et Hy se déduisent de cette équation par permutation circulaire
des indices.
Donc dans le domaine des déformations élastiques (en général des faibles défor-
mations), pour un corps isotrope, il existe une relation linéaire entre tenseur des
contraintes TV et tenseur des déformations TH car chaque déformation Hi , j (avec i, j
égal au choix à x, y, z) est reliée linéairement à l’ensemble des Vi , j . Ce qui est vrai
pour les contraintes normales quand i = j est également vrai pour les contraintes
cisaillantes quand i z j. La rhéologie des corps élastiques hookéens est représentée
par un modèle de ressort (Fig. 3.4a). De façon générale les roches ne sont ni parfai-
tement élastiques sauf pour de faibles contraintes, ni isotropes.
21
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
Figure 3.4 – Modèles rhéologiques simples (a) d’un corps hookéen, (b) d’un
liquide newtonien, (c) d’un corps de Saint-Venant ; e est la déformation et e la
vitesse de déformation.
2.2. Les corps plastiques sont caractérisés par une réponse non réversible à la
contrainte ; il se produit un écoulement de la matière qui dépend du temps tel par
exemple le fluage plastique à contrainte constante (Fig. 3.6 et 3.7). Ce fluage peut
dans certains cas se produire à vitesse constante, c’est le fluage stationnaire. Mesurée
dans ce cas, la vitesse de déformation H est proportionnelle à la contrainte telle que
·
H = DV (T et P étant constants) ; D est appelé la fluidité et l /D = K, la viscosité.
La viscosité est une constante qui dépend du matériau, de la température, de la
pression et de la vitesse de déformation. Deux cas peuvent être considérés :
a. La viscosité est indépendante de la contrainte. La vitesse de fluage H est propor-
tionnelle à la contrainte : H = V/ K (2)
C’est le comportement visqueux newtonien des liquides et de certains solides.
Pour des roches à petite taille de grains (inférieur à 20 Pm, par exemple les mylo-
nites, voir Chap. 5, § 5.7), ce comportement peut être une bonne approximation de la
22
3.1 • Le comportement des roches soumis à contrainte
23
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
24
3.2 • L’influence des conditions physiques sur la déformation des roches
25
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
26
3.2 • L’influence des conditions physiques sur la déformation des roches
27
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
D’autres expériences ont été réalisées en soumettant des barreaux de roches à des
charges constantes, à pression et température ambiantes, pour des durées de l’ordre
de l’année. Le comportement des roches représenté par un graphe déformation-
temps (Fig. 3.11) montre que :
– pour des charges très inférieures à la contrainte critique de rupture, le fluage décé-
lère et tend vers une limite ; c’est le fluage primaire ou fluage transitoire
(Fluage I, Fig. 3.11a),
– pour des charges élevées (Fig. 3.11b) après un fluage primaire (Fluage I), on
observe un fluage stationnaire c’est-à-dire à vitesse constante, c’est le fluage
secondaire (Fluage II) ou « pseudo-visqueux ». Il est suivi d’un fluage accéléré ou
fluage tertiaire (Fluage III) qui peut mener à la rupture.
La décharge de l’échantillon renseigne sur le fluage. Lorsque la décharge inter-
vient au cours du fluage primaire (A, Fig. 3.11b), une partie de la déformation est
restituée instantanément donc élastiquement ; le reste est totalement restitué mais
progressivement, cette élasticité retardée est appelée anélasticité (ou viscoélasticité).
Au cours du fluage secondaire (Ac, Fig. 3.11b), la déformation est restituée d’abord
élastiquement puis anélastiquement mais il reste une déformation permanente. Le
comportement élastique est représenté (Fig. 3.12) par un modèle de ressort, le
comportement anélastique par un modèle de ressort associé en parallèle à un amor-
tisseur (unité dite de Voigt), ce dernier ralentit la restitution de l’énergie du ressort.
La déformation permanente est représentée par un amortisseur associé en série à un
patin qui fixe le seuil d’écoulement visqueux newtonien d’où le terme de fluage
28
3.3 • Le rôle de la nature des roches
29
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
30
3.4 • Les domaines de la déformation géologique en fonction de la profondeur
31
Chapitre 3 • Étude phénoménologique de la réponse des roches à la contrainte
très faibles vitesses peuvent se plisser dans un domaine superficiel. Par contre, dans
des conditions de P-T identiques, si ces roches sont solidaires d’un socle métamor-
phique ou granitique cassant qui se déforme par glissements intermittents mais
rapides sur des failles, les roches sédimentaires situées au-dessus de ces failles
auront aussi un comportement cassant.
Il n’est certes pas toujours facile d’estimer l’influence des paramètres physiques
dans la déformation géologique d’autant plus que les valeurs obtenues par expéri-
mentation dépendent beaucoup des conditions expérimentales et ne sont donc pas
immédiatement transposables aux déformations géologiques. Toutefois, les
tendances montrées par ces expériences doivent être gardées présentes à l’esprit
dans les interprétations tectoniques car ces paramètres contrôlent nécessairement la
genèse des structures géologiques.
32
LA
DÉFORMATION
CASSANTE DES MILIEUX
4
ROCHEUX CONTINUS
Tout comme les échantillons soumis aux essais mécaniques, les milieux rocheux
continus peuvent se déformer par rupture, se fracturer, quand ils sont soumis à des
contraintes tectoniques. Les déformations cassantes naturelles ainsi formées peuvent
être regroupées en deux grands types : d’une part les failles et les joints de cisaille-
ment, d’autre part les fentes et les diaclases.
failles. Puisqu’il y a glissement relatif des blocs, c’est qu’il existe une contrainte
cisaillante W sur le plan de fracture ; on emploie donc souvent le terme de joint de
cisaillement pour désigner des microfailles sur lesquelles le déplacement est en
général très faible.
Le plan de faille est donc un plan de cisaillement (Fig. 4.1). En fait, c’est souvent
une surface irrégulière, ondulée ou courbe, parfois remplacée par une zone plus ou
moins épaisse contenant de nombreux plans de cisaillement (voir Fig. 5.5). Au
contact du plan de faille les blocs peuvent être polis au cours du mouvement et
former ce qu’on appelle des miroirs de failles. Ceux-ci portent souvent des stries de
friction qui indiquent la direction et le sens du vecteur-glissement S (voir chap. 5
§ 5.4). Le bloc situé au dessus du plan de faille est appelé le toit, celui situé sous le
33
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
plan de faille est appelé le mur. Le vecteur-glissement S joint sur le plan de faille
deux points A et Ac du mur et du toit qui étaient initialement contigus (Fig. 4.1). Le
rejet RV est sa composante suivant la verticale, RT est sa composante horizontale
dans le plan perpendiculaire au plan de faille et correspond ici à l’allongement du
matériau. Dans le cas d’une faille décrochante (Fig. 4.2c, d) le vecteur-glissement
est horizontal et il n’existe donc qu’un rejet horizontal suivant la direction de la faille
(= rejet-direction RD), RV = 0. La direction de la faille est donnée par l’horizontale
(d) tracée sur le plan de faille et son azimut est l’angle E que fait la direction de la
faille avec le nord géographique. Le pendage de la faille est l’angle D que fait le plan
de faille avec l’horizontale du lieu.
34
4.1 • Failles et joints de cisaillement, fentes de tension et diaclases
évaporites, de quartz dans les roches siliceuses et les granites. L’ouverture des fentes
est en général millimétrique à décimétrique. Leur longueur axiale va du centimètre à
quelques dizaines de mètres, exceptionnellement elle atteint quelques centaines de
mètres (= les gjas, voir Fig. 6.11).
Les diaclases sont des fractures qui, comme les fentes, ne montrent pas de trace
de cisaillement mais dont cependant les épontes restent jointives. Elles forment des
réseaux de fractures, en gros, perpendiculaires à la stratification. On emploie aussi le
terme de «joint» dans un sens très général pour désigner des fractures aux épontes
jointives sans traces de cisaillement mais ayant, elles, une disposition quelconque
par rapport à la stratification. Des réseaux de joints sont souvent associés aux failles.
35
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
Lorsque la maille de ces joints est serrée, ceux-ci contribuent à augmenter les capa-
cités de réservoir en fluides (eau, pétrole) des roches.
36
4.2 • Les plans de fracture dans les essais mécaniques
forme de barillet (Fig. 4.4b). La rupture se produit le long de deux familles de plans
conjugués qui forment un dièdre 24 souvent voisin de 60° dont le plan bissecteur
contient la direction de compression maximum V 1 . Un glissement relatif des blocs
se produit le long de ces plans ; ceux-ci sont donc des plans de cisaillement.
laires à l’axe X, donc aussi parallèles à l’axe Z (Fig. 4.4 e). En compression, les
plans de cisaillement conjugués forment un dièdre aigu 24 souvent voisin de 60°
dont la bissectrice est l’axe Z. En traction, les plans de cisaillement conjugués
forment un dièdre obtus souvent voisin de 120° dont le plan bissecteur contient l’axe
X ; l’axe Z est donc aussi dans le plan bissecteur du dièdre supplémentaire aigu 24.
Si l’on suppose que les déformations sont faibles et que le milieu reste isotrope,
comme la déformation est non rotationnelle, les axes principaux de la déformation
et de la contrainte sont coaxiaux (Fig. 4.4g). Il apparaît alors que, aussi bien en trac-
tion qu’en compression, les fentes sont parallèles à V 1 et perpendiculaires à V 3 et
que les plans de cisaillement conjugués forment un dièdre aigu 24 dont le plan
bissecteur contient V 1 et un dièdre obtus (S – 24) dont le plan bissecteur contient V 3 .
37
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
En contrainte polyaxiale (V 1 > V 2 > V 3), les plans de cisaillement ont pour intersec-
tion l’axe V 2 . Dans les conditions expérimentales (V 1 > V 2 = V 3 et V 3 < V 2 = V 1) les
surfaces de cisaillement sont des cônes d’axes V 1 ou V 3 .
38
4.3 • Les critères de rupture
39
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
Figure 4.6 – (a) Corps glissant avec friction sur un plan incliné d’un angle M°,
(b) variation des valeurs de W et V N en fonction de l’angle 4°, en contrainte
uniaxiale [voir (2), Chap. 2].
Figure 4.7 – (a) Contrainte V au fond d’une fissure ayant la forme d’une ellipse
et soumise à une traction T orthogonale au grand axe (d’après Price, 1966,
Pergamon, Oxford, 338 p.) (b) Pressions appliquées sur les parois d’un pore rempli
de fluide. La pression hydrostatique est égale à la pression lithostatique.
40
4.3 • Les critères de rupture
41
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
angle M (Fig. 4.8b). Pour tout cercle (C1) situé en dessous de la droite ', les
contraintes (W,V) représentées par les points sur ce cercle (C1) n’atteignent pas la
valeur critique de rupture, le matériau ne se fracture pas. Pour tout cercle (C3) qui
coupe cette droite ', la partie du cercle située au-dessus de la droite, représente des
contraintes entraînant la rupture. Pour le cercle C2 tangent à la droite ' au point R, ce
point représente la contrainte critique à laquelle s’initie la fracture et 4 est l’angle de
rupture. On remarque alors que pour tout cercle tangent à cette droite ', WC = OA +
AB ; AO est constant et AB = VN·tan M, d’où WC = OA + VN tan M. On retrouve là le
critère de rupture de Coulomb-Navier avec OA = Co la cohésion du matériau, M
l’angle de friction interne et le coefficient de friction interne Pi = tanM. Pour un maté-
riau donné, on peut déterminer expérimentalement W et VN à la rupture pour diffé-
rentes valeurs de V1 et V3 (Fig. 3.6) et tracer les cercles correspondant à ces
conditions de rupture. L’enveloppe de tous ces cercles qui représente le critère empi-
rique de rupture du matériau est appelée l’enveloppe de Mohr. En général, ce n’est
pas une droite (Fig. 4.9) comme nous l’avons supposé ci-dessus. En compression et
pour de fortes pressions hydrostatiques, les conditions de rupture se situent à droite
sur la partie rectiligne de l’enveloppe de Mohr ; dans ce cas, le critère de Coulomb-
Navier rend bien compte des données expérimentales. Envisageons le cas où la pres-
sion hydrostatique Ps augmente, P s = V = 1 e 3 V 1 + V 2 + V 3 [(6), Chap. 2]. Le
centre du cercle de Mohr a pour abscisse OC = ½ (V1 + V3) = 3/2 Ps – 1/2 V2. Dans le
cas de la contrainte plane, V2 = 0, le centre du cercle se déplace vers la droite sur
l’axe des abscisses d’une quantité 3/2 Ps. Le point de tangence R sur ' se déplace
aussi vers la droite et l’angle 24 augmente ; ceci est conforme aux résultats expéri-
mentaux (Fig. 4.5b). Par contre, dans le domaine de la tension, le cercle tangente
l’enveloppe de Mohr, à gauche dans sa partie à pente forte ; l’angle 24 est petit,
voisin de zéro : c’est le domaine de la rupture cassante. Là, la pente forte de l’enve-
loppe de Mohr traduit le fait que la résistance du matériau à la traction est beaucoup
plus faible qu’en compression, ce qui est en accord avec la théorie de Griffith.
42
4.3 • Les critères de rupture
milieu, la libération des fluides dans ce dernier par des réactions métamorphiques de
déshydratation ou des fusions partielles de roches, peut conduire à une pression
interstitielle Pi plus grande que la pression hydrostatique Ps sur la trame solide. Il y a
fracturation dite hydraulique de la roche. Un réseau de perméabilité s’établit qui
correspond à un premier seuil de percolation (Fig. 3.8). Si la teneur en fluide
augmente, un 2e seuil de percolation peut être franchi, la trame solide perd sa conti-
nuité et le comportement du milieu devient celui du fluide. Nous verrons (Chap. 9)
qu’une telle fracturation hydraulique intervient dans les niveaux contenant
des évaporites à la base de certaines nappes et favorise leur transport (Chap. 9,
§ 9.1.4).
43
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
44
4.4 • Simulation analogique de l’initiation et de la propagation des failles
Si le matériau utilisé est de l’argile dont on supposera pour simplifier une densité
voisine de celle du granite, D* | 1 d’où 6* | L*.
Le rapport de similitude de la résistance à la rupture en compression est celle des
dimensions du modèle soit 10– 5, ce qui donne une résistance du matériau du modèle
6m = 2.103 Pa. C’est l’ordre de grandeur de la résistance d’une argile très molle qui
s’étale sous son propre poids. Pour les expériences simulant une déformation ductile
de la croûte, les matériaux utilisés (la silicone par exemple) ont une vitesse de défor-
mation (H) proportionnelle à la contrainte (H = VK, Fig. 3.4b), les expériences
doivent alors tenir compte du rapport des vitesses de déformation du modèle aux
vitesses géologiques. Ceci se traduit par un facteur de réduction K* de la viscosité
des matériaux :
K* = M*L*– 1 T*– 2/L* L*– 1 T*– 1 = M*L*– 1 T*– 1 (8)
Pour autant que les forces d’inertie soient encore négligeables et que la seule
accélération à considérer soit la pesanteur, G*g = L* T*– 2 = 1, alors
K* = M * L*– 2 T* = D* L* T̯* (9)
Si D* et L* sont fixés par le matériau du modèle et sa taille, T* détermine le
rapport des viscosités ou inversement le rapport des viscosités fixe le facteur de
réduction du temps.
45
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
46
4.4 • Simulation analogique de l’initiation et de la propagation des failles
On les appelle aussi joints de cisaillement R (du nom de Riedel) ; ils forment avec la
direction de zzc un angle voisin de 15°. Les joints de cisaillement senestres sont dits
antithétiques du couple cisaillant moteur, on les appelle aussi joints de cisaillement
Rc. Ce qui est remarquable, et qui ne s’observe pas en déformation non rotationnelle,
c’est que les fentes et les joints de cisaillement sont disposés parallèlement dans la
zone de cisaillement suivant un dispositif que l’on dit « en échelon ». Si la déforma-
tion se poursuit (Fig. 4.11b), l’ellipse est cassée par les joints de cisaillement R et Rc,
la valeur de l’angle 24 augmente et peut dépasser 90° ; il y a rotation interne des
plans de cisaillement (Fig. 4.11b), mais celle-ci n’est pas symétrique. Les joints R
synthétiques qui prennent en charge l’essentiel du déplacement tournent moins vite
que les joints antithétiques Rc : la valeur de l’angle 42 (angle entre Rc et Z) croît plus
vite que 41 (angle entre R et Z). Par ailleurs, les axes de l’ellipse tournent, le grand
axe X tendant à se paralléliser avec zzc. L’ellipse subit une rotation par rapport à zzc
que l’on appelle rotation externe (Fig. 4.16b) ; celle-ci est caractéristique de la
déformation rotationnelle.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
47
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
3.2. Des expériences faites avec des boîtes de cisaillement (voir Fig. 5.2a)
permettent de suivre l’évolution de ces plans de cisaillement. Le déplacement se
poursuivant, les joints R se propagent dans le matériau, de chaque côté de la zone de
cisaillement. Les joints Rc presque perpendiculaires au sens du cisaillement général
subissent une distorsion et une rotation et ils régressent (Fig. 4.12a). Ces derniers ne
peuvent pas, en effet, prendre en compte le déplacement ; il se forme de nouveaux
joints de cisaillement appelés P, symétriques des joints R par rapport à la direction
générale zzc du mouvement et dont le mouvement est synthétique de celui-ci
(Fig. 4.12b). La combinaison des cisaillements P et R conduit à la formation d’une
zone de joints de cisaillement en tresse dans la direction générale du cisaillement et
la largeur de la partie active de la zone de joints de cisaillement diminue. La résis-
tance au cisaillement du matériau atteint alors une valeur minimum (Voir Fig. 5.2a)
qui n’évolue ensuite plus beaucoup.
48
4.5 • Interprétation des déformations cassantes naturelles
V1 est la bissectrice de l’angle aigu formé par les plans de failles, V 3 est la bissectrice
de l’angle obtus. Toutefois, il faut toujours garder en mémoire que l’utilisation de ce
modèle admet implicitement (1) que les failles sont conjuguées (elles se sont formées
en même temps), (2) qu’elles n’ont pas subi de rotation interne telle que le dièdre 24
initialement aigu soit devenu obtus. En vérité, comme la croûte continentale garde en
héritage les failles formées au cours du temps, on est rarement assuré que des failles
soient conjuguées ce qui en pratique limite considérablement l’intérêt de la méthode
d’Anderson. En tout cas, la condition nécessaire mais non suffisante à l’utilisation de
cette méthode est de s’assurer que les vecteurs-glissements S1 et S 2 sont contenus dans
le plan orthogonal à l’intersection des plans de failles (Fig. 4.13, voir projections
stéréographiques).
49
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
50
4.5 • Interprétation des déformations cassantes naturelles
On peut bien entendu combiner l’analyse des failles, des fentes et des joints stylo-
lithiques dans des sites fracturés.
1.3. État de contrainte dû à la pression lithostatique et contrainte tectonique.
Nous avons dit précédemment que le modèle d’Anderson suppose un milieu à
l’équilibre dans lequel la pression lithostatique p (ou contrainte lithostatique V z )
crée en profondeur un état de contrainte de type hydrostatique (V x = V y = V z = Ugh)
auquel peuvent s’ajouter des contraintes tectoniques «supplémentaires» d’origine
tectonique (S xx , S yy) (Fig. 4.13). C’est un sujet controversé qui mérite qu’on s’y
arrête.
a) La pression lithostatique p = V z = Ugh s’appliquant sur les faces horizontales
d’un cube élémentaire à une profondeur h, tend à aplatir celui-ci produisant des
51
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
allongements Hzx et Hzy dans le plan horizontal (voir Fig. 3.3). Si l’on considère que
le milieu est élastique et isotrope dans les premiers kilomètres sous la surface du sol,
ces allongements sont donnés par la relation [(1), Chap. 3] :
H x = 1/E [V x – Q(V y + V z)], H y = 1/E [V y – Q (V x + V z)] (10)
Si le milieu est à l’équilibre, c’est que les roches environnantes appliquent sur les
faces verticales du cube des contraintes V x et V y telles que H x = 0 et H y = 0. Dans ce
cas, à partir des relations (10), on obtient :
V x = V y = Q/(1 – Q) V z (11)
L’état de contrainte Ts résultant de la seule pression lithostatique dans un milieu
rocheux élastique isotrope est donc de révolution autour de V z :
§ Q e 1 – Q Ugh 0 0 ·
¨ ¸
Ts = ¨ 0 Q e 1 – Q Ugh 0 ¸ (12)
¨ 0 0 Ugh ¸¹
©
Pour les roches compactes élastiques, Q est inférieur à 0,5 donc Q/(1 – Q) est infé-
rieur à 1 et V x = V y , V z . La contrainte verticale est V 1 ; il existe une contrainte diffé-
rentielle (V 1 – V 3) donc un déviateur qui croît avec la profondeur (Fig. 4.15a) et la
pression hydrostatique P s = V [(6), Chap. 2] induite par la pression lithostatique
dans un tel milieu est :
Ps = 1/3 Ugh [1 + 2 Q/(1 – Q)] (13)
Supposons qu’à l’état de contrainte Ts , résultant du seul effet de la pression lithos-
tatique sur une roche élastique (sans qu’il y ait relaxation du déviateur), s’ajoute une
contrainte tectonique S xx (Fig. 4.13 et Fig. 4.15 b). En négligeant la petite augmenta-
tion de contrainte verticale (S zz = 0) due à l’allongement vertical de la colonne de
roche résultant de cette contrainte tectonique S xx (voir Chap. 3, § 3.1.2-2.1). Cette
dernière doit produire un allongement Hxy suivant la direction y tel que Sxx = EHx =
– E Hxy/Q (voir Chap. 3, § 3.1.2-2.1). S’il n’y a pas d’allongement suivant la direction
y (état statique), c’est que les roches environnantes appliquent sur la face verticale
du cube, orthogonale à la direction y une contrainte S yy = E Hy telle que Hy = Hxy
d’où il s’ensuit que S yy = QS xx. Si on considère pour simplifier que les contraintes
dues à la pression lithostatique et à la contrainte tectonique ont les mêmes directions
principales, on peut écrire la contrainte totale sous la forme :
§ Q e 1 – Q Ugh + S xx 0 0 ·
¨ ¸
Tt = ¨ 0 Q e 1 – Q Ugh + QS xx 0 ¸ (14)
¨ ¸
© 0 0 Ugh ¹
Ceci signifie que si S xx est une contrainte compressive et qu’en surface le régime
tectonique est compressif, on aura V x = V 1 et V y = V 2 . Mais à partir d’une certaine
profondeur, V z deviendra nécessairement la valeur la plus grande et le régime tectonique
52
4.5 • Interprétation des déformations cassantes naturelles
53
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
54
4.5 • Interprétation des déformations cassantes naturelles
Les fentes peuvent être associées à des failles inverses (Fig. 4.18 d), normales
(Fig. 4.18 e) ou décrochantes (Fig. 4.18 f).
55
Chapitre 4 • La déformation cassante des milieux rocheux continus
2.2. Les joints de cisaillement en échelon. Il est également fréquent d’observer sur
le terrain des joints de cisaillement en échelon. Leur interprétation est toujours déli-
cate car leur seule géométrie est insuffisante pour déterminer le sens du mouvement
sur la zone de cisaillement majeure. En effet, pour une géométrie donnée (Fig. 4.19)
on peut toujours proposer deux sens de mouvement suivant qu’il s’agit de joints R
ou P. Il est donc nécessaire de déterminer le mouvement sur les joints de cisaillement
eux-même par l’observation des stries (voir Chap. 5), ce qui permet avec leur
géométrie de définir s’il s’agit de joints R ou P.
56
4.5 • Interprétation des déformations cassantes naturelles
Figure 4.20 – Lenticulations associées à des failles inverses (a), normales (b),
décrochantes senestres (c) et décrochantes dextres (d).
pour les failles normales ou inverses à fort pendage pour lesquelles une faible rota-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
tion leur fait acquérir une géométrie respectivement inverse et normale. Ceci peut
conduire à des erreurs d’interprétation sur le régime tectonique dans lequel elles se
sont formées. Les rotations externes liées aux failles décrochantes se font autour
d’un axe vertical. On peut les mettre en évidence par la rotation de repères linéaires
horizontaux comme, par exemple, des axes de plis ou par la rotation des déclinaisons
paléomagnétiques mesurées dans des formations sédimentaires ou magmatiques
situées au voisinage des zones de failles.
57
LA
DÉFORMATION
CASSANTE DES MILIEUX
5
ROCHEUX DISCONTINUS
cette même faille, à Loma Prieta situé à une centaine de kilomètres au SE de San
Francisco. Bien que la rupture n’ait pas atteint la surface, les données sismologiques
et géodésiques ont montré qu’en profondeur le mouvement sur la faille était à la fois
décrochant dextre et inverse avec un rejet horizontal de 2 m et un rejet vertical de
1,40 m. On pourrait multiplier les exemples : la majorité des grands séismes résulte
de l’activation de failles existantes et leurs mouvements montrent souvent, à la fois,
des composantes horizontale et verticale. Ce sont des failles à glissement oblique.
59
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
60
5.2 • Les plans de glissement dans les essais mécaniques
étape de l’essai, de l’angle entre les plans de cisaillement et la direction des forces
appliquées. La courbe contrainte (W)/déplacement total (D) montre (Fig. 5.2 a) que W
croît rapidement pour atteindre la résistance maximum (W max) du matériau à
laquelle se produit la rupture par joints de cisaillement (voir Fig. 4.12 a). Puis W
décroît pour atteindre une valeur palier appelée résistance ultime ou résiduelle (Wu) ;
c’est la contrainte nécessaire à la poursuite du glissement sur le plan de fracture
formé (voir Fig. 4.12 b) ; elle est plus faible que celle nécessaire à la rupture.
Des expériences semblables menées sur divers types de roches montrent que le
comportement après rupture dépend de la composition minéralogique de la roche, de
sa texture, de sa granulométrie qui déterminent la rugosité du plan de fracture. Plus
le grain est fin, plus le plan est lisse et plus le glissement après rupture est facile.
61
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
plan de clivage pour les ardoises ou le plan de coupe pour les roches isotropes fasse
avec la direction de V1 un angle E compris entre 0 et 90° (Fig. 5.3). L’échantillon est
comprimé dans une machine à tester à des pressions de confinement variables.
62
5.3 • Les critères de glissement
Pour une valeur fixe de V3, traçons les cercles tangents l’un (CG) à l’enveloppe de
Mohr au glissement 'G, l’autre (CR) à l’enveloppe de Mohr à la rupture 'R. La droite
63
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
64
5.4 • Cinématique des failles dans un milieu rocheux fracturé
Le glissement S sur une faille est souvent enregistré par divers marqueurs (appelés
tectoglyphes) résultant de la déformation de la roche dans la zone de cisaillement.
65
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
Figure 5.5 – Les différents types de roches déformées associées à une faille
majeure (d’après Sibson, 1977, J. Geol. Soc. London, 133, 191, et Scholtz, 1988,
Geol. Rund. Stuttgart, 77, 319, modifié). La contrainte différentielle (V1 – V3)
décroît quand la déformation ductile augmente ; le trait en pointillés
correspond aux conditions des bassins sédimentaires (voir Fig. 4.16).
66
5.4 • Cinématique des failles dans un milieu rocheux fracturé
Figure 5.6 – Schéma des déplacements de deux blocs séparés par un plan de
faille : (a) simple glissement, (b) glissement avec écartement (E), (c) glissement
avec rapprochement (R). Lo : largeur initiale, Lf : largeur finale.
Les marqueurs du glissement (voir par ex. Petit, 1987) sont disposés sur le miroir
de faille soit parallèlement (striations au sens général) soit perpendiculairement au
vecteur-glissement des blocs rocheux.
Parmi les structures parallèles au déplacement on distingue d’une part les rayures
(r) et les stries (s) (Fig. 5.7 a), fines et courtes et d’autre part les rainures (ra) et les
cannelures (ca), plus marquées et plus longues (Fig. 5.7 b). Leur différence de taille
traduit, dans une certaine mesure, la différence d’ampleur du déplacement bien que
leur longueur ne représente qu’une valeur minimum de celui-ci. Le miroir de faille
se façonne par destruction localisée des reliefs faisant obstacle au déplacement, par
ailleurs dans la zone de glissement s’accumulent les produits de désagrégation de la
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
roche dont les fragments mécaniquement les plus résistants, entraînés par le mouve-
ment des blocs produisent sur la surface de la faille les diverses striations. Le sens du
déplacement est déterminé avec certitude dans le cas de stries accompagnées de
traces de blocage de fragments résistants (bl., Fig. 5.7 a) ou associées à une traînée
résultant de l’abrasion asymétrique d’un relief (t., Fig. 5.7 a).
Parmi les structures les plus fréquentes perpendiculaires au déplacement, on
trouve les escaliers à cristallisations minérales sous abri (c, Fig. 5.7 c) et les esca-
liers de dissolution par pression (st., Fig. 5.7 d). Les cristallisations minérales sont
souvent fibreuses (fib.) en amont et automorphes (aut., Fig. 5.7 c) en aval du mouve-
ment. Les stries stylolithiques (st., Fig. 5.7 d) font face au mouvement qui entraîne la
pression-dissolution. Les demi-fentes de traction soit planes (fp., Fig. 5.7 e), soit
67
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
courbes (fc., Fig. 5.7 f) associées au miroir de faille sont de bons marqueurs cinéma-
tiques, faciles à interpréter. C’est aussi le cas des microcisaillements de type Riedel
(R., Fig. 5.7 g). qui s’observent généralement sur des failles sur lesquelles s’est
produit un déplacement D > 10 cm. Pour de faibles déplacements D < 1 cm, les
marqueurs les plus caractéristiques sont des surfaces lissées faisant face au mouve-
ment (1., Fig. 5.7 h).
68
5.4 • Cinématique des failles dans un milieu rocheux fracturé
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
k étant le numéro de chacune des failles et N le nombre de failles. Pour chaque faille,
l’écart (W k , S k) devant tendre vers 0, cos 2 (W k , S k) doit tendre vers 1 et donc la
fonction F, somme des cos 2 (W k , S k) doit tendre vers – N. Comme il y a 4 paramètres
à déterminer (voir § 5.3.2) pour résoudre ce problème, il faut avoir au minimum
69
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
70
5.4 • Cinématique des failles dans un milieu rocheux fracturé
b) La méthode du dièdre droit. Cette méthode (O. Pegoraro, 1972) est applicable
à des populations de failles congénères de nature différente (par exemple des failles
normales, normales – décrochantes et décrochantes) qui sont généralement celles des
milieux faillés naturels. Il faut tout d’abord construire, pour chaque plan de faille (F),
le plan auxiliaire (PA) orthogonal à la faille et à la strie (S F ) (Fig. 5.10 a). Ces deux plans
séparent 4 dièdres droits : deux opposés par le sommet sont en compression, les deux
autres en tension. La distinction des dièdres droits en compression et en tension est
faite à partir de la cinématique de la faille définie par la strie. On démontre (Mc Kenzie,
1967) que pour un glissement sur un plan de fracture préexistant, les axes V1 et V3
sont situés n’importe où dans les dièdres droits respectivement en compression et en
tension (Fig. 5.10 b). Ceci est donc très différent de la rupture d’un milieu homogène
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
et isotrope non fracturé pour lequel les axes V1 et V3 sont sur les plans bissecteurs des
dièdres respectivement aigus et obtus limités par les plans de failles conjugués.
La superposition des dièdres en compression, ou en tension, pour plusieurs failles
limite une zone commune de l’espace en compression, ou en tension (voir
Fig. 5.10 c, pour deux failles F1 et F 2 ). S’il existe un tenseur unique qui rend compte
du mouvement sur la population de failles, l’axe V1 est dans la zone commune en
compression et l’axe V3 dans la zone commune en tension. Cette méthode peut être
aussi utilisée pour la recherche des axes V1 et V3 qui rendent compte de la cinéma-
tique des failles sismiques montrée par une population de mécanismes aux foyers de
séismes. Les dièdres droits sont ceux limités par les plans nodaux et qui contiennent
les axes de pression (P) et de traction (T).
71
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
72
5.4 • Cinématique des failles dans un milieu rocheux fracturé
(voir Fig. 4.13 c). Si le milieu rocheux est préfracturé, des failles décrochantes
peuvent apparaître aussi bien dans un régime tectonique décrochant (V2 vertical) que
compressif (V3 vertical) ou extensif (V1 vertical). Par exemple, la figure 5.8 b montre
très bien des failles à mouvement décrochant dextre normal (faille n° 49) et décro-
chant senestre normal (failles n° 28 et 30) dans un régime extensif. Ceci montre bien
que la cinématique d’une seule faille ne permet pas de définir un régime tectonique ;
celui-ci ne peut être déterminé que par l’analyse d’une population de failles. En
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
73
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
Figure 5.11 – Rejet réel et rejets apparents sur une faille oblique.
74
5.5 • Initiation, croissance et segmentation des failles
De très nombreux auteurs ont étudié la segmentation des failles. Pour donner une
vue actualisée de la question, nous avons repris les résultats des travaux de Marchal
et al. (1998 et 2003) réalisés dans le cas de l’étude de faille normale. D’après ces
auteurs, la segmentation d’une faille implique que la propagation se fasse à partir
d’une faille parent de forme approximativement elliptique, qui s’étend de façon
radiale et qui développe des failles secondaires (tip fault) à ses extrémités
(Fig. 5.12). Rapidement la faille parent se connecte aux failles secondaires. Ce
processus propre à une faille isolée peut interférer avec une faille isolée voisine, à
laquelle elle pourra se connecter par l’intermédiaire d’une faille de relai. Ce modèle
de propagation explique bien l’aspect sinueux complexe de la surface des failles
(figures c et e, planche 2 du cahier couleur).
75
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
FAILLE ISOLÉE 1
faille de bordure
T
Propagation FAILLE
E radiale
M ISOLÉE 2
P Connection
S faille parent /
faille
de relai
FAILLE ISOLÉE
Propagation Propagation
radiale radiale
Connection connection
faille parent / des segments
faille de bordure
terminaison ondulée
76
5.5 • Initiation, croissance et segmentation des failles
Relais perpendiculaires
au déplacement Ondulations verticales
relai
pas à gauche
(II au déplacement)
relai ondulation
pas à droite ondulation pas à gauche
pas à droite
relai
en
ondulation
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
compression
en
compression
Ondulations
relai
horizontales
en
extension
(I au déplacement)
ondulation
en
extension
Relais parallèles
au déplacement
a b
77
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
Dans le cas d’une faille normale on observe sur les sections verticales des terminai-
sons parfois en queues-de-cheval formées de fractures à faible déplacement tangen-
tiel ou des fractures ouvertes (mode I) (2, Fig. 5.16). Dans la vue en plan
(horizontale) on observe des fractures ouvertes (mode I) passant latéralement à des
fractures en échelons (mode I) (Fig. 5.16). Ces structures constituent une partie de la
zone de dommage de la faille (cf. § 5.6.3).
Mode II
Plan de faille
Mode
II & III
terminaison verticale 3
en coupe verticale
2
1
2
terminaison latérale
vue en plan
3
2 1
78
5.6 • Zone de faille et roches de failles
Dans le cas de failles décrochantes sont décrits divers types de terminaisons dont
sont ici présentés quelques exemples (Fig. 5.17) (extrait de Kim Y.-S., et al., 2004).
Leur interprétation permet de connaître aisément la cinématique de la faille à
laquelle cette terminaison est associée.
1/2 fente
σ1
terminaison ramifiée
asymétrique
σ1
terminaison ramifiée
symétrique
failles synthétiques
terminaison par
failles antithétiques
failles
antithétiques
terminaison par
stylolithe et 1/2 fente stylolithe
Figure 5.17 – Quelques exemples les plus
courants de terminaison de faille
1/2 fente (cas de faille décrochante)
σ1 (modifié de Kim Y.-S., et al., 2004).
dans les zones de relais et à ses extrémités. Son épaisseur est approximativement
proportionnelle à l’importance (dimension, rejet) de la faille.
La zone de faille représente la portion de roche mécaniquement et structuralement
modifiée par la formation de la faille depuis son initiation à son état actuel, incluant
les déformations liées à d’éventuelles réactivations.
La limite externe de la zone de faille est souvent difficile à définir. Elle peut être
progressive si elle se développe dans des matériaux homogènes dont l’histoire tecto-
nique et simple (monophasée), tandis qu’elle est brusque si elle s’est formée dans
des roches déjà structurées (importance de l’héritage structural). Lors de son étude il
convient de distinguer la part des déformations héritées, sans lien avec la formation
initiale de la faille, de celles contemporaines de son histoire ultérieure. Selon cette
79
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
notion large, une zone de faille est le reflet de toutes les déformations enregistrées
lors de toute l’activité de la faille y compris celles formées dans des états de
contraintes différents de ceux de son initiation (ex. zone de faille normale réactivée
en faille décrochante).
Très souvent une zone de faille souligne géomorphologiquement le tracé de la
faille, soit en creux à cause d’une érosion localisée plus facile, soit en relief en rela-
tion avec une induration de la zone concernée. Ces aspects morphologiques sont liés
au comportement mécanique des roches (plus ou moins fragiles), dans le premier cas
et à la circulation de fluides avec précipitation, dans le second cas.
ZF=ZEd
ZFe
ZFi ZFe
FM
F
1000 m
A
Fm
mF
100 m B
FM fe
mF
t
fe
fe
ZEe
10 m C
SG
s ZEe
FC
1m
D
do
sty
rF
0.1 m E
Figure 5.18 – Blocs structuraux schématiques montrant la hiérarchisation
des structures cassantes dans une zone de faille. Selon l’échelle
d’observation (du kilomètre (a) au centimètre (b)), les structures apportent
des informations différentes et complémentaires. (Voir détails dans le texte).
80
5.6 • Zone de faille et roches de failles
zone de dommage
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
zone de dommage
de terminaison
(Tip damage z.)
Figure 5.19 – Zone de dommage diffuse et localisée dans une zone de faille
(d’après, Kim Y.-S. and Sanderson D.J., 2010, modifié).
81
Chapitre 5 • La déformation cassante des milieux rocheux discontinus
Zone de dommage
de mur déformation Mode III
(Wall damage z.)
E C E C
C E
Ces différentes structures qui s’associent et interfèrent le long des failles sont les
marqueurs privilégiés de la déformation cassante qu’il convient d’analyser avec
beaucoup d’attention car elles permettent de définir, dans le détail, les conditions de
la déformation (vitesse, ampleur, chronologie, présence de fluides…).
82
5.7 • Le cœur de la faille et les roches de failles
C3 C2 fabrique
fabrique sans orientation orientée
(foliée)
INCOHÉSIVE
CATACLASITES
fr.<0.
1 cm
mat. protocataclasite protomylonites mat.
protocataclasite foliée
10-50 % 10-50 %
MYLONITES
Série des
mat. cataclasite mat.
cataclasite foliée mylonites
50-90 % 50-90 %
mat.
ultracataclasite mat.
90- ultracataclasite ultramylonite
foliée 90-100 %
100 %
Tableau 5.1
au cours du mouvement (sismique) de la faille. Ces roches sont appelées des pseudo-
tachylites.
Toutes les roches de failles cohésives sont connues sous leurs aspect non orienté
et orienté ; dans ce dernier cas elles sont dites foliées (cataclasites foliées, pseudo-
tachylites foliées…).
Cette classification a été établie sur des exemples de roches silicatées sédimen-
taires, plutoniques ou métamorphiques, il est vrai, très répandues. Elle doit être
étendue aux roches telles que les calcaires.
83
TECTONIQUE LA
CASSANTE À L’ÉCHELLE
6
RÉGIONALE
Les systèmes faillés
85
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
éventail vers la faille bordière majeure : leur pendage augmente avec la profondeur
ce qui indique un basculement progressif du toit de la faille pendant la sédimenta-
tion. Enfin, le long de la faille majeure se sont accumulés des dépôts détritiques
grossiers (brèches sédimentaires et olistolithes), provenant du démantèlement de
l’escarpement de faille, qui attestent de l’activité de celle-ci pendant la sédimenta-
tion (Fig. 6.1a, b).
Grabens et horsts se forment par allongement (extension) horizontal de la croûte
terrestre (Fig. 1.2a). Ils sont souvent associés pour former des rifts où l’extension est
localisée et de grands bassins du type «Basin and Range» où l’extension est diffuse.
86
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
a) Situation régionale
Ce rift (en anglais rift = déchirure) comporte de nombreux grabens (Fig. 6.2a)
dont le graben d’Alès et s’étend sur plus de 1 500 km de la Méditerranée à la mer du
Nord. C’est un des plus grands rifts continentaux avec le grand rift est-africain
(§ I.2.2). Un volcanisme actuellement non actif, celui d’Auvergne et de la région
rhénane, lui est associé. Nous examinerons plus en détail le graben du Rhin situé
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
87
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
dans la partie centrale du rift (Fig. 6.2b). Il se présente comme une dépression de 300 km
de long, 30 à 40 km de large et de 100 à 200 m d’altitude moyenne, dominé dans sa
partie méridionale par les hauteurs (1 000 à 1 500 m) des Vosges et de la Forêt Noire
qui forment ce qu’on appelle les épaulements du rift. Au nord, ces épaulements sont
peu importants (altitude | 500 m). Deux volcans, le Vogelsberg et le Kaiser Stuhl,
d’âge essentiellement miocène sont situés dans le graben (Fig. 6.2b)
88
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
à une zone de cisaillement simple ductile, diffuse, à faible pendage (25°) dans la
croûte inférieure. Le Moho est décalé verticalement d’environ 2 km dans le prolon-
gement en profondeur de cette faille majeure listrique. Ce profil montre qu’à
l’échelle crustale le graben est fortement dissymétrique. Dans la partie septentrio-
nale du graben, c’est la zone de failles orientale qui correspond à la faille bordière
majeure ce qui est en accord avec la position du dépôt-centre décalée vers cette faille
bordière (Fig. 6.3).
89
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
90
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
91
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
92
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
Figure 6.10 – Carte structurale simplifiée du rift des Afars. (1) socles
continentaux et leur couverture, (2) volcanisme stratoïde postérieur à 5 Ma,
(3) rifts axiaux quaternaires, (4) failles normales, (5) rifts océaniques avec les
isochrones (en 10 6 ans) d’après les anomalies magnétiques (modifié d’après
Le Dain et al., 1980, Bull. Soc. Géol. France, (7), 22, 817-830).
93
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
94
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
hydrostatique, la déformation cassante ne se fait plus par fentes mais par glissement
sur des plans de failles (voir Fig. 4.4). En utilisant un critère de Coulomb-Navier
[(1), Chap. 4], avec une cohésion en surface Co = 1 MPa et en supposant que la pres-
sion normale V N sur les fractures est la pression effective d’un milieu saturé en eau
[(4), Chap. 4], on peut calculer la valeur de V T à partir de laquelle va se produire un
glissement sur des plans de défaut préexistants faisant avec l’axe V 1 un angle E compris
entre 45° et 15° (voir Fig. 5.4). Cette valeur limite de V T est voisine de 1,8 MPa, plus
faible que la valeur nécessaire pour propager une fente jusqu’à 150 m de profondeur.
Donc les fentes ouvertes (Fig. 6.11a) ne se forment probablement que dans les 50 à
100 premiers mètres sous la surface et, plus profondément, des glissements doivent
se produire sur des failles préexistantes (Fig. 6.11d).
95
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
96
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
and Range dans l’ouest des États-Unis, qui s’étend au sud jusqu’au Mexique dans les
provinces du Sonora et du Chihuahua, peuvent atteindre le millier de km de large. La
partie septentrionale de cette dernière région qu’on appelle le Grand Bassin (voir
carte en figures e et f de la planche 4 du cahier couleur), est très caractéristique de ce
type de structure. Elle est formée d’un ensemble de grabens et de horsts de direction
N-S, larges chacun de 30 à 40 km (Fig. 6.12a), qui se répètent périodiquement.
97
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
98
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
la croûte et il a été suggéré, par exemple pour le Basin and Range (Wernicke et
Burchfield, 1982), qu’elles pourraient traverser même la lithosphère.
Les failles normales sismiquement actives ont presque toujours un pendage
compris entre 30 et 60° ce qui semble indiquer que les glissements sur les failles
normales à très faible pendage (< 20°) ne produisent pas de séismes.
En déformation cassante, pour qu’un glissement avec friction se produise sur une
faille, il faut que la contrainte tangentielle W résolue sur le plan de faille atteigne une
valeur critique Wc = Co + PVN [(1), Chap. 4]. Le scénario du glissement peut schéma-
tiquement se résumer ainsi : la faille étant « collée », la contrainte tangentielle croît
et la déformation élastique du matériau augmente. La valeur critique Wc étant atteinte,
la faille glisse, le matériau reprend sa forme initiale et une partie de l’énergie élastique
accumulée est libérée sous forme de trains d’ondes qui produisent un tremblement de
terre. Ces failles par « collage-glissement » (stick-slip faults) glissent donc par à-
coups. Une faille normale à très faible pendage, proche de l’horizontale, est proche
de l’orientation du plan principal (V2, V3) de contrainte (voir Fig. 4.13b). Sur une telle
faille, la valeur de la contrainte cisaillante W est faible et la valeur de la contrainte
normale VN̯, donc de la friction (PVN), est grande (voir les valeurs de W et VN pour 4
voisin de 90°, Fig. 4.6b). Un mécanisme de « collage-glissement » ne peut donc se
produire que très difficilement sinon pas du tout. Il est donc probable que si un glis-
sement se produit sur de telles failles, en particulier sur les failles listriques, il ne peut
se faire que par fluage asismique (= creep-slip faults). Dans la croûte supérieure, un
tel glissement n’est possible que si la friction est très faible par exemple du fait d’une
forte pression de fluide qui diminue la pression normale effective (voir Fig. 4.7b) ou
de la présence d’un matériau (gouge) très ductile dans le plan de faille. Par contre,
dans la croûte inférieure, à cause de l’augmentation de température, un glissement par
un mécanisme de déformation ductile (voir Chap. 7) peut se produire à faible vitesse
(10– 11 à 10– 14 s– 1) sur des zones de cisaillement ductiles (failles ductiles), normales,
à très faible pendage (voir Fig. 6.4) ; ces failles n’ont un comportement cassant que
pour des vitesses de déformation élevées, par exemple lors de très grands séismes.
croûte. Les différentes méthodes utilisées dépendent du modèle de failles retenu qui
peut supposer une géométrie plane ou courbe du plan de faille et une rotation ou une
absence de rotation autour d’un axe horizontal des blocs séparés par les failles.
5.1. L’extension sur les failles planes
– L’extension peut se produire sans rotation des blocs, si la largeur des blocs est
trop grande pour que ceux-ci puissent facilement basculer et/ou si l’extension est
faible. Dans ce cas, l’extension d’une couche faillée, de longueur initiale L o et de
longueur finale L f , est donnée par H = (L f – L o )/L o (Fig. 6.13a). La longueur L o
ne peut être déduite que par reconstitution (restauration) de la forme initiale de la
couche faillée. La différence 'L = L f – L o représente la quantité d’allongement
horizontal réel RH si la mesure est effectuée dans le plan du mouvement réel
99
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
RVR (voir Fig. 5.11) et d’allongement horizontal apparent dans les autres cas. On
peut toujours calculer l’allongement horizontal réel RH sur une faille dont on
connaît la direction (d), le pendage (D), le rejet vertical (RV) et l’azimut (Az) du
vecteur-glissement (Fig. 5.11 et 6.13a) :
'L = RH = RV e tan D sin Az – d
Si plusieurs failles décalent la couche repère, l’allongement horizontal total 'L
correspond à la somme des allongements sur chaque faille.
– L’extension se produit généralement avec rotation des blocs quand l’extension
devient importante. Dans ce cas, la rotation est en effet une nécessité mécanique :
le mouvement sur chaque faille produit en effet une déformation par un méca-
nisme de cisaillement simple (Fig. 6.14) mais qui doit conduire à un étirement de
la croûte par un mécanisme de cisaillement pur. Le passage de la déformation
élémentaire sur les failles à la déformation globale du matériau nécessite une rota-
tion autour d’un axe horizontal pendant la déformation. Le pendage initial D o de
la faille diminue et devient D f , les couches du bloc subissent un basculement b =
p o – p f , égal à la différence entre leur pendage initial p o et le pendage final p f .
L’allongement défini à l’aide du facteur d’étirement E = 1 + H est (Fig. 6.13b) :
E = sinD o /sinD f
100
6.1 • La tectonique en extension : grabens, rifts et bassins en extension
101
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
Un ensemble de failles listriques imbriquées (Fig. 6.15b) peut produire des rota-
tions de blocs. Ces rotations sont la conséquence de la forme courbe des failles, les
failles ne subissent pas de rotation, seules les couches sont basculées et, par ailleurs,
la valeur de la rotation est différente d’un bloc à l’autre. Ces deux caractères – absence
de rotation des failles et rotation différentielle des blocs – distinguent la rotation due
aux failles vraiment listriques de celle liée aux failles planes ou presque planes (modèle
de dominos). Pour une même quantité d’extension, les valeurs du basculement des
blocs dans le cas de failles listriques sont beaucoup plus grandes que dans le cas des
failles planes. Ainsi dans le cas de décollement sur des failles listriques, on peut sures-
timer fortement la quantité d’extension si on utilise un modèle de dominos.
5.3. La mesure de la quantité d’extension crustale à partir des failles de surface.
La transition croûte supérieure cassante/croûte inférieure ductile est une transition
graduelle de température qui se produit très vraisemblablement dans un intervalle
(300-450 °C) correspondant aux transitions ductile/cassant des minéraux constitutifs
des roches qui s’y trouvent (voir Fig. 5.5). S’il n’existe pas de découplage méca-
nique entre la croûte cassante et la croûte ductile (Fig. 6.13b), la quantité d’allonge-
ment de la croûte inférieure par déformation ductile est égale à celle, par
déformation cassante, de la croûte supérieure ; la déformation de la croûte est homo-
gène. Mais l’existence de grands plans de cisaillement simple, ductile, à faible
pendage traversant la croûte inférieure, et même la lithosphère, peut imposer une
déformation hétérogène de la croûte avec éventuellement un découplage entre la
croûte inférieure et la croûte supérieure. Dans ce cas, on peut être amené à sous-
estimer la quantité d’extension à partir des seules données de surface (voir Chap. 9 ;
extension ductile).
102
6.2 • La tectonique en décrochement : failles coulissantes et failles transformantes
S’il existe un découplage sur une faille de détachement, par exemple à la base de
la couverture sédimentaire, la déformation de celle-ci devient indépendante de celle
du substratum. Dans certains cas (Fig. 6.16), le niveau de décollement permet seulement
103
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
104
6.2 • La tectonique en décrochement : failles coulissantes et failles transformantes
La zone de failles active de San Andreas forme une dépression, large d’une dizaine
de km, qui ne correspond pas à un «rift» bien qu’on lui attribue parfois à tort ce terme,
mais qui reflète simplement l’érosion facile des roches broyées dans la zone de failles.
Une caractéristique fondamentale des failles décrochantes est leur linéarité sur de
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
longues distances. La faille de San Andreas coupe de façon rectiligne une topographie
différenciée, décalant de façon dextre les interfluves des cours d’eau. Dans la dépres-
sion, suivant les irrégularités du tracé de la faille, certaines zones sont comprimées
ou étirées formant dans les sédiments meubles respectivement des rides de compres-
sion (pressure ridges) ou des bassins affaissés (sag ponds). La composante verticale
du déplacement reste faible ; le long du tracé de la faille le rejet vertical peut diminuer
et même s’annuler pour ensuite s’inverser formant ce qu’on appelle des «failles en
ciseaux». Ces caractéristiques physiographiques sont l’expression de l’activité
récente et actuelle de cette faille dont l’histoire a commencé il y a probablement 30 Ma.
L’activité géologique plus ancienne de la zone de failles de San Andreas se traduit
par les déformations caractéristiques des failles décrochantes, déjà signalées sur
105
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
106
6.2 • La tectonique en décrochement : failles coulissantes et failles transformantes
107
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
Figure 6.20 – Schéma de failles transformantes (FT) ; a : senestre reliant une limite
divergente (LD) à une limite convergente (LC) ; b : dextre reliant deux limites
divergentes ; c : senestre reliant deux limites convergentes. On remarquera que sur
le schéma b, le décalage apparent des deux rides médio-océaniques (LD) est
senestre alors que le mouvement réel, dû à l’ouverture sur les rides, est dextre.
décalé par celle-ci. Lorsqu’une faille sismique est réactivée, il est en général facile
de mesurer en surface le déplacement horizontal (voir Chap. 5, § 5.1.1). La somme
des déplacements durant une période donnée permet d’estimer une vitesse moyenne
de déplacement horizontal actuel ; pour la partie centrale de la faille de San Andreas
par exemple, celle-ci est estimée à 34 mm/an. Les mesures géodésiques à terre, ou
par le moyen des satellites artificiels, permettent aussi de telles mesures de déplace-
ments horizontaux actuels. Pour les déplacements d’âge quaternaire, on utilise
souvent le décalage de structures morphologiques (terrasses alluviales, cônes de
déjection, moraines glaciaires, réseau hydrographique) dont il faut estimer l’âge. La
déflexion de cours d’eau de part et d’autre du tracé de la faille (Fig. 6.21b) doit être
utilisée avec précaution car les cours d’eau ne sont pas des repères passifs ; érosion
et captures peuvent en modifier le cours.
Pour les failles anciennes ces repères peuvent être sédimentaires (lignes de paléo-
rivages, d’isofaciès), structuraux (axes de plis, traces de chevauchements) ou
magmatiques (batholithes, axes volcaniques). Ainsi le décalage de lignes d’isofaciès
d’âge crétacé supérieur dans la partie sud de la faille du Levant suggère un décroche-
ment senestre de l’ordre de 100 km. Dans sa partie septentrionale, cette faille semble
décaler de 80 km, de façon senestre, le front de chevauchement des nappes d’âge
crétacé supérieur sur la bordure septentrionale arabe. La différence de déplacement
pourrait être absorbée au moins en partie par le plissement des Palmyrides et sur le
tronçon libanais de direction NE-SW de cette faille (Fig. 6.19). Mais l’incertitude
sur la magnitude des déplacements horizontaux anciens est souvent grande, faute de
repères décalés sûrs ; par exemple les estimations du déplacement sur la faille nord-
anatolienne varient de 25 à 120 km !
108
6.2 • La tectonique en décrochement : failles coulissantes et failles transformantes
109
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
les axes horizontaux V 1 et V 3 ; l’axe intermédiaire V 2 est vertical (Fig. 4.13c). Des
failles normales et inverses dont les directions sont orthogonales respectivement à V 3
et V 1 peuvent être associées aux failles décrochantes. Une telle déformation non rota-
tionnelle pose des problèmes d’espace quand la déformation devient grande. Elle ne
peut être résolue que par une rotation interne des plans de cisaillement et/ou un glis-
sement différentiel alterné sur chacune des familles de failles conjuguées (Fig. 4.10d).
Une telle déformation par cisaillement pur peut s’observer dans les avant-pays plissés
des chaînes de montagnes dans lesquels des systèmes de failles décrochantes conjuguées
coupent avec un angle fort les systèmes de plis. Dans ce cas, la longueur de ces failles
(L < 100 km) et le déplacement (D d quelques 10 km) restent modestes.
Les grandes failles décrochantes (L | 100-1 000 km), souvent parallèles aux chaînes
de montagnes, ne constituent pas des systèmes conjugués ; elles se forment par un
mécanisme de cisaillement simple (Fig. 4.11). La zone de faille majeure résulte géné-
ralement de la réactivation d’une faille ou d’une discontinuité crustale, voire lithos-
phérique, préexistante. Dans une telle zone de faille, la déformation est rotationnelle.
Les structures incrémentales, formées par exemple lors de la réactivation d’une faille
sismique, peuvent parfois montrer une géométrie analogue à celles en échelon (R, Rc,
T, P, Fig. 4.11) formées au cours d’expériences. Mais dans les zones de faille ayant
une longue histoire, l’utilisation d’un tel modèle théorique est en général une approxi-
mation simpliste, souvent fausse ; ce modèle ne permet pas d’interpréter les structures
de déformation finie rotationnelle résultant d’une évolution complexe en réseau anasto-
mosé des failles (Fig. 4.12). En outre, une telle interprétation ne tient compte ni de la
nature hétérogène des roches et ni, surtout, de leur état de préfracturation. Une zone
de failles décrochantes n’indique pas nécessairement un régime tectonique régional
décrochant (V 2 vertical). En effet, si le milieu rocheux est préfracturé, des grandes
failles décrochantes peuvent se former aussi bien dans un régime tectonique régional
décrochant (V 2 vertical), qu’extensif (V 1 vertical) ou compressif (V 3 vertical) (voir
Chap. 5, § 5.4.4).
110
6.3 • La tectonique en compression : « uplifts » et écailles de socle
111
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
112
6.4 • L’inversion tectonique
l’Éocène supérieur, § 6.2.1). L’inversion tectonique n’est en fait qu’un cas particu-
lier de la réactivation dans un nouveau régime tectonique de fractures préexistantes
(voir Chap. 5).
113
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
lui être associée (Fig. 6.24a). La présence d’une couverture sédimentaire cachetant
initialement la faille favorise la formation de flexures, parfois accompagnées du
décollement de cette couverture (Fig. 6.24 b). Si la faille préexistante a un faible
pendage (environ 30°), proche de celle du plan de cisaillement maximum (Fig.
4.13a), l’inversion en compression est encore plus facile et la géométrie finale de
l’accident peut prendre l’allure d’un chevauchement (Fig. 6.24 c). Par contre, dans le
cas d’une faille à pendage vertical ou presque vertical sur laquelle la valeur de la
contrainte normale V N est élevée par rapport à celle de la contrainte cisaillante W,
l’inversion se réalise difficilement ; il se crée souvent une «zone morte» au-dessus
de laquelle le contenu sédimentaire du graben est charrié (Fig. 6.24d) suivant un
plan de faille inverse à pendage de 30 à 45°.
b) L’inversion en compression d’une faille normale plane conduit souvent à une
faille inverse de géométrie simple, éventuellement compliquée de flexures ou
d’écaillages formant ce qu’on appelle une faille-pli (Fig. 6.25a). Mais si la faille
normale préexistante est listrique, la forme courbe de la faille impose un bascule-
ment du toit vers l’intérieur de l’ancien fossé (Fig. 6.25b) éventuellement accompa-
gné, là encore, d’un écaillage des lèvres du mur. L’expression de l’inversion est
évidemment d’autant plus spectaculaire que l’ampleur du nouveau déplacement est
grande par rapport au déplacement initial. L’inversion pourra être sous-estimée et
même ignorée si le deuxième déplacement est inférieur au premier.
114
6.4 • L’inversion tectonique
115
Chapitre 6 • La tectonique cassante à l’échelle régionale
donc pas étonnant que l’analyse structurale détaillée des chaînes de montagnes
montre que souvent la localisation des grandes failles inverses qui affectent le socle
de ces chaînes soit contrôlée par la localisation et l’orientation des failles majeures
en distension nées lors de la formation du bassin océanique. C’est le cas des Alpes
occidentales par exemple. La fracturation de la plate-forme continentale européenne
a débuté au Trias inférieur et a abouti au Trias supérieur – Jurassique inférieur à une
architecture en horsts et grabens. L’actuelle marge occidentale des massifs cristallins
externes (Fig. 6.23) était alors bordée de grandes failles normales de direction NNE-
SSW à pendage généralement vers l’ESE (mouvement 1, Fig. 6.23a) comme en
témoignent les brèches d’écroulement synsédimentaires d’âge jurassique inférieur
qu’on observe à leur pied et les basculements de blocs qui leur sont associés. Au
Jurassique supérieur – Crétacé inférieur l’extension de la région s’est généralisée,
accompagnée d’une importante subsidence de la marge et d’une importante activité
magmatique (formation d’une croûte océanique) dans le bassin proprement dit.
L’expansion océanique s’est interrompue au Crétacé supérieur ; la région est entrée
en compression ; c’est alors que s’est produite l’inversion tectonique (mouvement 2,
Fig. 6.23a). L’héritage structural du bassin et de ses marges qui s’est exprimé lors de
l’inversion est non seulement d’échelle locale (failles, blocs basculés…) mais peut
être considéré d’un point de vue plus général encore, à l’échelle de la croûte
(Fig. 6.23b).
116
LA
DÉFORMATION
DUCTILE DES ROCHES
7
Dans les conditions naturelles, les roches peuvent se déformer de façon ductile. Le
plissement en est l’exemple le plus frappant ; comme il a fait l’objet de nombreuses
études il sera analysé dans un chapitre particulier (Chap. 8). Ce chapitre est plus
général ; il concerne les mécanismes de la déformation ductile, homogène et hétéro-
gène, des roches.
117
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
Certains défauts sont ponctuels : un site du réseau peut être inoccupé, il y a alors
une lacune atomique, ou un des atomes peut être inséré entre les sites du réseau, il y
a alors un atome interstitiel, ou même un atome peut-être différent de ceux du site
normalement occupé, comme le demanderait la stoechiométrie, c’est une impureté.
Les défauts peuvent être linéaires ; c’est le cas par exemple de la ligne de terminai-
son d’un demi-plan réticulaire supplémentaire qui s’insère entre les plans du réseau.
118
7.2 • Les mécanismes de la déformation plastique
Enfin un défaut peut être planaire ; c’est le cas par exemple de la limite extérieure
d’un cristal et aussi d’autres défauts fondamentaux pour la plasticité comme les
macles, les parois de dislocations… (voir § 7.2.2-2.1).
1.2. La diffusion dans le réseau cristallin et le transfert de matière. À l’intérieur
d’un cristal, un atome ne reste pas dans un site du réseau mais se déplace à travers
celui-ci en sautant dans les lacunes ou dans des sites interstitiels. Les atomes du
réseau peuvent ainsi voyager par un processus qui fait intervenir la diffusion à l’état
solide. Empiriquement on constate que le flux (J x) d’atomes qui diffusent est propor-
tionnel à leur gradient de concentration (dC/dx) ; c’est la loi de Fick :
J x = – Dx . dC/dx (1)
Dx est le coefficient de diffusion qui exprime la mobilité des atomes. En fait, cette
loi ne s’applique qu’aux systèmes idéaux, dont les systèmes dilués, et non aux miné-
raux complexes, A D B E C J , non idéaux qu’on considère en géologie (voir Jaoul,
1990). Dans ces minéraux, le flux J i des atomes de l’espèce (i) qui diffusent est :
D i D i dP i
- ---------
J i = – ---------------- (1)
V M RT dx
avec D i = D, E, J le coefficient de stoechiométrie dans la formule du minéral, VM le
volume molaire du minéral, P i le potentiel chimique de la particule (i) et D i le coef-
ficient d’auto-diffusion de l’atome (i) qui est thermiquement activé comme une
exponentielle : D i = K . e – E/RT (E = énergie d’activation de la diffusion). Cette loi
est équivalente à la loi de Fick dans le cas de l’idéalité. La mobilité des atomes croît
quand la température croît et décroît quand la pression hydrostatique croît. On
montre aussi que la concentration de lacunes est plus grande sur les surfaces en
tension et plus faible sur les surfaces en compression. Un atome (A, Fig. 7.2a) peut
donc migrer vers la surface du cristal soumis à la contrainte déviatorique la plus
faible (extensive) Vc3 et les lacunes (L, Fig. 7.2a) migrer vers la surface soumise à la
contrainte déviatorique la plus forte (compressive) Vc1. De ces migrations résulte un
transfert de matière à partir de surfaces discrètes qui conduit à un raccourcissement
et à un allongement du grain. La déformation du grain est coaxiale, les axes princi-
paux de la déformation gardant la même orientation pendant la déformation.
1.3. Les dislocations dans le réseau cristallin et le glissement des dislocations. La
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
déformation plastique peut aussi se faire par glissement d’une partie du cristal sur un
plan cristallographique (Fig. 7.2b), qui est habituellement un plan atomique dense,
et suivant une direction cristallographique (b) dont les distances inter-atomiques sont
petites. L’ensemble plan-direction s’appelle le système de glissement. Mais sur le
plan de glissement toutes les liaisons atomiques ne sont pas rompues en même temps ;
le glissement se propage progressivement dans la zone intacte. La ligne qui borde la
région où le glissement a déjà eu lieu est un défaut linéaire appelé dislocation.
Une dislocation est la bordure d’un demi-plan réticulaire supplémentaire
(Fig. 7.3a) qui peut se déplacer (glisser) successivement d’une quantité élémentaire,
égale à une distance interatomique (Fig. 7.4). Cette dislocation est dans le plan de
glissement. Quand on applique une contrainte cisaillante parallèlement au plan de
119
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
Figure 7.2 – (a) Déformation coaxiale d’un cristal par diffusion des atomes
(A) et des lacunes (L) ; (b) Déformation non coaxiale d’un cristal par
glissement sur une seule famille de plans cristallographiques.
120
7.2 • Les mécanismes de la déformation plastique
121
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
voisines et il faut des valeurs de contraintes de plus en plus élevées pour les mouvoir.
Mais à haute température, les lacunes et les atomes peuvent diffuser facilement et les
dislocations-coins peuvent contourner les obstacles si des lacunes ou des atomes (L
et A, Fig. 7.5a) s’ajoutent à l’extrémité du demi-plan réticulaire supplémentaire ; c’est
le phénomène de montée des dislocations. Celui-ci permet une diminution de la
densité des dislocations isolées par exemple par leur annihilation quand deux dislo-
cations, se déplaçant en sens opposés, entrent en contact (Fig. 7.5b) ou par leurs
regroupements planaires qui forment ce qu’on appelle des parois de dislocations.
Celles-ci séparent, à l’intérieur des grains, des sous-grains d’orientations cristallines
un peu différentes qu’on observe souvent dans des grains de quartz déformés ; c’est
le processus de polygonisation. L’ensemble de ces processus constituent le phéno-
mène de restauration (recovery). Il peut ainsi s’établir un équilibre dynamique entre
le durcissement et la restauration conduisant à un fluage stationnaire (voir Chap. 3,
§ 3.1.2-2.2) dit fluage-dislocation (climb controlled creep ou dislocation creep). La
·
vitesse de déformation H est alors contrôlée par la montée des dislocations donc par
la diffusion dans le cristal
· n
H v D S Vc (2)
en général avec n | 3-5 : le fluage-dislocation est non newtonien (voir Chap. 3,
§ 3.1.2). D s est un coefficient de diffusion effectif de l’ensemble des atomes migrant
vers ou hors de la dislocation pour la faire monter. Pour un minéral de formule A D
B E C J [voir (1)] :
1 Di D E J
------ =
Ds ¦ i ------ = ------- + ------- + -------
Di DA DB DC
où DA , DB , D C sont les coefficients d’auto-diffusion des espèces i = A, B, C. S’il
se trouve qu’une des espèces a un coefficient d’auto-diffusion beaucoup plus faible
· ·
que les autres, c’est elle qui contrôle la vitesse de déformation H . Il faut noter que H
est thermiquement activé comme l’est D s (voir Jaoul, 1990).
Figure 7.5 – (a) Montée d’une dislocation de 1 en 2 par ajout d’une lacune (L) ;
la dislocation peut contourner l’obstacle et se déplacer de I en Il.
(b) deux dislocations montent de 1 en 2 par ajouts d’atomes (A) et s’annihilent.
122
7.2 • Les mécanismes de la déformation plastique
Le fluage par diffusion n’est prépondérant que pour de faibles contraintes, des
températures élevées (Fig. 7.7) et une taille de grains petite, inférieure à 20 P. Le
fluage-diffusion dépend d’un exposant n = 1 de la contrainte Vc ; c’est un fluage
visqueux newtonien (voir Chap. 3, § 3.1.2).
b) La pression-dissolution aux basses températures. Le processus de dissolution-
cristallisation ou pression-dissolution (pressure-solution) ne diffère pas fondamen-
talement du fluage de Coble, à ceci près qu’il existe un fluide mouillant les joints de
grains (Fig. 7.6c). Il s’établit un flux des ions dissous (I, Fig. 7.6c) des faces du
solide soumises à plus forte contrainte déviatorique (Vc1) vers les faces soumises à
la plus faible contrainte déviatorique (Vc3). Le transfert des ions se fait dans le fluide
intergranulaire, soit par diffusion soit par infiltration. La loi de vitesse de fluage est
de la même forme que celle du fluage de Coble, avec D m le coefficient de diffusion
dans le fluide intergranulaire :
· 3
H v D m GV c e d (5)
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans ce cas, le système n’est pas nécessairement clos à l’échelle du grain car les
éléments dissous peuvent être transportés par le fluide et cristalliser loin du lieu de
dissolution. Le phénomène de pression-dissolution peut être important aux basses
températures et de ce fait il est souvent associé à la tectonique cassante, en particu-
lier dans les calcaires dans lesquels il se manifeste par la formation de joints styloli-
thiques (Fig. 4.3b) et de fentes à cristallisations minérales (Fig. 4.3a).
La figure 7.7 donne pour la calcite, à titre d’exemple, une carte des domaines
température-contrainte pour les différents mécanismes de fluage. Il faut toutefois se
souvenir que, du fait de l’hétérogénéité minéralogique des roches, différents
mécanismes de fluage peuvent être actifs en même temps dans un même volume
rocheux.
123
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
124
7.2 • Les mécanismes de la déformation plastique
suivant deux plans (C) et (Cc) symétriques par rapport au plan d’aplatissement (S).
Dans les deux cas, il en résulte des orientations préférentielles caractéristiques des
systèmes de glissement donc du réseau cristallin et de forme (rapports géométriques
aplatissement S/cisaillement C). En fait, la déformation en 3 dimensions des agré-
gats polycristallins, même formés d’une seule espèce minérale, est beaucoup plus
complexe car elle active souvent plusieurs systèmes de glissement. Par ailleurs, il ne
se produit ni vides entre les grains, ni superpositions de grains tels qu’on peut les
observer sur la figure 7.8 car il y a recristallisation dynamique des grains au cours de
la déformation. On trouvera dans Ribbe et Yang (1991), une approche plus
complexe, mais plus réaliste, de l’acquisition d’une texture préférentielle en 3D,
avec recristallisation.
125
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
126
7.3 • Les principales structures ductiles homogènes naturelles des roches
127
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
128
7.3 • Les principales structures ductiles homogènes naturelles des roches
Figure 7.11 – Diagramme de Flinn (1962, J. Geol. Soc. London, 68, 385-433)
représentant les diverses formes d’ellipsoïdes de la déformation.
129
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
130
7.3 • Les principales structures ductiles homogènes naturelles des roches
131
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
132
7.3 • Les principales structures ductiles homogènes naturelles des roches
loppe dans toutes les roches formées de minéraux sensibles à la dissolution (calcite,
quartz), notamment dans les roches carbonatées impures (calcaires argileux, mamo-
calcaires, mames, calcschistes).
3.2. La schistosité de crénulation est une schistosité espacée qui se forme par une
action simultanée d’un processus de pression-dissolution localisée sur des surfaces
discrètes et d’une rotation rigide du matériau (2, Fig. 7.15) liée au plissement des
microlithons. Les phyllites sont réorientées par rotation rigide dans les flancs des
microplis lors de flexion du matériel, de telle sorte que leur plan de clivage
(plan 001) devienne parallèle ou presque au plan axial des microplis (Fig. 7.13). En
outre, dans les flancs des plis où la contrainte moyenne V m est la plus forte, se
produit une dissolution importante et un transfert de matière vers les charnières
133
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
(2, Fig. 7.16). Ceci provoque une transposition du litage initial (S 0 ou S 1) en bandes,
phylliteuses dans les flancs des plis et quartzeuses ou calcitiques dans les charnières.
La fissilité de la roche est due précisément à l’orientation préférentielle des phyllites
dans les flancs des microplis. La forme des microplis donnant cette schistosité de
crénulation est fonction de la position que ceux-ci occupent dans les plis de plus
grande dimension dans lesquels ils se forment : symétrique dans la charnière du pli
majeur, asymétrique dans ses flancs, l’asymétrie s’inversant d’un flanc à l’autre.
3.3. La schistosité de flux est une schistosité de type continu ; toutefois, en lame
mince (3, Fig. 7.16), on peut distinguer des domaines lenticulaires, formés d’agré-
gats ou de minéraux isolés (le plus souvent quartz et feldspath), dans un fond formé
de minéraux phylliteux disposés parallèlement, en films très serrés, anastomosés
autour des clastes et agrégats.
Cette schistosité peut résulter d’une réorientation passive par rotation rigide
(2, Fig. 7.15) de minéraux à habitus en plaquette (micas), associée à un processus de
pression-dissolution. Il y a dissolution des minéraux sensibles (calcite, quartz), loca-
lisée sur les surfaces soumises à plus forte contrainte déviatorique et recristallisation
le long des surfaces soumises à la contrainte déviatorique la plus faible (zones
d’ombre de pression, 1, Fig. 7.19). Des cristallisations orientées de minéraux
peuvent se produire dans certaines zones favorables (franges de pression – 2,
Fig. 7.19).
134
7.3 • Les principales structures ductiles homogènes naturelles des roches
Dans les roches riches en minéraux silicatés non phylliteux (quartz, feldspath), la
schistosité de flux peut être acquise par un processus de glissement de dislocations
(3, Fig. 7.15), accompagné d’une recristallisation dynamique des minéraux existants
(voir § 7.2.3-3.1) ou d’une cristallisation orientée de néoblastes (4, Fig. 7.15 et 4,
Fig. 7.16). La roche ainsi déformée possède une schistosité de flux qui s’exprime par
une orientation préférentielle de forme des minéraux (allongement des grains paral-
lèlement à une même direction) et par une orientation préférentielle du réseau cristal-
lin dont l’étude se fait à partir de l’analyse statistique de l’orientation des axes
optiques des minéraux déformés. Il est ainsi possible de caractériser le régime de la
déformation (coaxiale ou non), le sens du cisaillement si la déformation est non-
coaxiale et de définir l’orientation des axes cinématiques associés à cette déforma-
tion (pour en savoir plus, voir Bouchez, 1977).
En définitive, la schistosité de flux se forme dans un large éventail de conditions
·
physiques ( H , P, T) dans lesquelles apparaissent et se combinent les divers méca-
nismes de la déformation ductile (voir Fig. 7.7) et cela depuis les zones sans méta-
morphisme jusqu’aux domaines fortement transformés par métamorphisme.
rotation des plans de schistosité précocement formés (plans XiYi). Ces plans de
schistosité peuvent alors se trouver en position oblique sur les directions des axes Xe
et Ze de la déformation instantanée et devenir ainsi des plans de glissement
(Fig. 7.17b).
C’est ce que l’on observe par exemple dans les plis synschisteux (voir Chap. 8)
lorsque la flexion des niveaux les plus compétents provoque une rotation des plans
de schistosités précocement formés ; des glissements peuvent alors se produire sur
ceux-ci (Fig. 7.17c et d). De telles rotations peuvent aussi se produire au cours d’une
déformation par cisaillement simple, non coaxiale. La schistosité acquise par recris-
tallisation dynamique et correspondant au plan XY de la déformation (Fig. 7.18 a)
peut subir une rotation externe d’autant plus grande que la déformation cisaillante
135
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
136
7.4 • Exemples de déformation ductile hétérogène
est plus importante (Fig. 7.18b). Le plan de schistosité (S) peut alors devenir un plan
de glissement «actif» (Sc). Des plans de cisaillements «C» (Fig. 7.18c), parallèles
au plan du cisaillement majeur, se forment souvent dans ces conditions. S’ils sont
nombreux et serrés ils peuvent être confondus avec des plans de schistosité. Cette
déformation conduit à l’acquisition d’une orientation préférentielle de forme dite
«fabrique de forme». Les microlithons acquièrent une forme sigmoïdale analogue à
celle des lenticulations en déformation ductile-cassante (Fig. 4.20), qui permet de
déterminer le sens du cisaillement (Fig. 7.18d).
De façon générale, la schistosité représente, du moins à son initiation, le plan XY
de la déformation, ensuite et selon le type de déformation, le plan de schistosité
s’écarte, par rotation, de la position de plan XY et de ce fait peut être activé en plan
de glissement.
4.2. Les linéations et les axes de la déformation. Les linéations résultent de méca-
nismes variés et ont, de ce fait, des significations très différentes vis-à-vis des axes
de la déformation.
– La linéation d’intersection (L i) et la linéation de crénulation (L B) contenues dans
le plan de schistosité S sont souvent, mais pas nécessairement, parallèles à l’axe Y
de la déformation. Ceci n’est vrai qu’à condition que la surface déformée (S 0)
soit, à l’origine, parallèle au plan YZ de la déformation (1 et 2, Fig. 7.14), c’est-à-
dire à condition qu’au début du plissement, la surface déformée (S 0) contienne la
direction de raccourcissement Z. C’est pourquoi ce type de linéation ne peut être
considéré, seul, comme un indicateur fiable d’axe de déformation ; il doit toujours
être associé à un autre marqueur.
– La linéation minérale (L m) est disposée selon l’axe X de la déformation, qu’il
s’agisse d’une orientation préférentielle de minéraux prismatique ou de minéraux
ayant cristallisés dans les zones d’ombre de pression (3, Fig. 7.14).
– La linéation d’allongement ou d’étirement d’objet (L a) définit comme la linéation
précédente l’axe X (4, Fig. 7.14). Toutefois les fragments d’objets résultant d’un
boudinage sont disposés parallèlement à l’axe Y.
– La linéation de boudinage (L b) indique sans ambiguïté la direction de l’axe Y
(5, Fig. 7.14) lorsqu’il n’existe qu’une direction de boudins. Mais le boudinage
peut parfois se faire sur deux directions de fractures conjuguées donnant un débit
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
137
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
surtout au contraste mécanique entre les objets inclus et la matrice (clastes et matrice
des roches sédimentaires, minéraux ou agrégats de minéraux des roches métamor-
·
phiques et magmatiques). Mais les conditions physiques du milieu ( H , T, P) contrô-
lent également la forme de ces structures.
138
7.4 • Exemples de déformation ductile hétérogène
type G (2, Fig. 7.21) ; la forme des lettres grecques V et G schématisent la forme de
ces deux types de structures. Un type mixte V – G (3, Fig. 7.21), moins courant, est
également connu.
Il est probable que la forme de ces structures est surtout contrôlée par, d’une part,
le degré de couplage entre l’objet et sa matrice et, d’autre part, par le gradient de
déformation cisaillante à travers les plans de cisaillement de la matrice. On peut
ainsi distinguer des indicateurs structuraux essentiellement liés à la rotation d’objets
139
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
140
7.4 • Exemples de déformation ductile hétérogène
(D, Fig. 7.18) dites en poisson qui sont de bons indicateurs du sens du cisail-
lement.
– b 2 : Le matériel situé entre les plans de cisaillement n’est pas passif ; il subit une
rotation (par rapport à un référentiel externe) enregistrée soit autour des clastes,
soit par les lentilles sigmoïdales de la matrice. Il se produit alors des cisaillements
secondaires Cc (b 2 , Fig. 7.22) et aussi P, analogues aux joints de cisaillements R
et P en déformation ductile-cassante (Fig. 4.12).
– b 1 : l’objet est fortement couplé à la matrice. Sa rotation dépend beaucoup de sa
forme et de son orientation initiale par rapport aux plans de glissement rapide
dans la matrice. S’il est rigide, il peut se cisailler ; dans ce cas, le sens de glisse-
ment des fragments, comparable au basculement à droite ou à gauche d’une pile
de livres, n’est pas un critère fiable du sens du cisaillement général.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
141
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
142
7.4 • Exemples de déformation ductile hétérogène
pli oblique
linéation l"X" (allongement)
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
plan S
plan C pli en foureau
linéation l"C"
plan C
plan C
pli oblique
a plan S b
Figure 7.24 – Structures tectoniques dans une zone mylonitique : a : relation
foliation (S), cisaillements C et C’ et linéations ; b : plis en fourreau
et plis obliques.
143
Chapitre 7 • La déformation ductile des roches
– Des plis se forment également dans les mylonites. Généralement anisopaques, ils
ne sont pas cylindriques mais en forme de fourreau (sheath fold) avec l’axe du
fourreau parallèle à la direction de cisaillement général (Fig 7.24 b), ou bien
obliques et leur axe tend à être parallèle au cisaillement. Leur asymétrie flanc
long/flanc court très marquée sert à définir la cinématique de la déformation
cisaillante qui accompagne la formation de la zone mylonitique.
3.2. Aspect microstructural des mylonites. Les mylonites se forment au détriment
de roches qui sont mono ou polyminérales. Dans le premier cas la déformation est
relativement simple car les minéraux se déforment de manière identique ; c’est les
cas de mylonites de quartzites. En revanche les mylonites de roches polyminérales
montrent des singularités microstructurales dues à la diversité de réponse rhéolo-
gique des différents minéraux. Par exemple dans une granodiorite, roche formée de
quartz, feldspaths (orthoclase et plagioclase), biotite, le quartz se déforme de façon
ductile (glissement intracristallin) (cf. § 7.2.), alors que les feldspaths le font de
manière cassante (fracturation, granulation…) et les micas, par flexuration ou granu-
lation (voir cahier couleur, planche 8). Il en résulte une riche diversité de structures
et de microstructures et, par voie de conséquence, une nomenclature complexe (voir
tableau 5.1).
3.3. Mécanismes de formation des mylonites. Sans entrer dans le détail (nous
renvoyons le lecteur aux références bibliographiques), nous retiendrons que la défor-
mation dans les mylonites procède :
– par amplification de la déformation ductile : depuis des grains de quartz à texture
onduleuse jusqu’au quartz en ruban ;
– par réduction de la taille des minéraux cassants et « arrondissement » de leur
forme initiale (formation de porphyroclastes).
La déformation dans les mylonites se faisant dans un régime cisaillant général, la
déformation est nécessairement rotationnelle hétérogène. Les interactions méca-
niques entre les grains initiaux ductiles qui donnent naissance à la matrice myloni-
tique et les grains cassants, à l’origine des porphyroclastes, s’expriment par des
déformations localisées autour des clastes (mantled porphyroclasts) (voir § 7.4.2) ;
celles-ci sont utilisées pour caractériser l’histoire structurale de ces roches, notam-
ment pour déterminer le sens du cisaillement contemporain de leur formation.
La planche 8 du cahier couleur illustre divers aspects microstructuraux de la
déformation ductile le long de la faille décrochante finihercynienne de La Marche,
sur le bord septentrional du Massif central français.
144
LA TECTONIQUE DUCTILE
À L’ÉCHELLE RÉGIONALE :
8
LES DÉCROCHEMENTS
DUCTILES
Les systèmes plissés
et les zones de cisaillement ductiles
Nous prendrons pour exemple, le système de failles décrochantes d’âge paléozoïque
supérieur auquel appartient la faille des Cévennes (voir Chap. 6, § 6.2.1).
145
Chapitre 8 • La tectonique ductile à l’échelle régionale : les décrochements ductiles
déformée est un granite à biotite et muscovite (320 Ma), de texture équante. Les roches
les moins déformées (protomylonites) montrent des plans subverticaux, parallèles à
la trace du cisaillement majeur, portant des linéations d’étirement et des stries ; ce
sont donc des plans de cisaillement (C). Une deuxième famille de plans verticaux
correspond à une orientation minérale qui définit un plan de schistosité (S) (voir
Fig. 7.18). Les plans (S) et (C) forment un dièdre voisin de 45°. L’intensification de
la déformation se manifeste par une augmentation de la densité des surfaces C
(c, Fig. 7.18), par une rotation des surfaces S, leur activation en plans de cisaillement
(b, Fig. 7.18) et par une diminution de la valeur de l’angle (S, C). Dans les roches les
plus déformées (ultramylonites), situées dans la zone de cisaillement majeur, les
plans S et C sont confondus. La taille des grains diminue (10 Pm) et il y a recristal-
lisation dynamique des grains dans des conditions de P-T estimées par la stabilité de
la biotite et de l’assemblage albite-microcline à T | 400-500 °C et P > 500 MPa.
L’existence de structures cassantes (stries) et ductiles (linéations d’étirement) sur les
plans (C) doit correspondre à des vitesses de déplacement sur ces plans respective-
ment rapides et lentes (voir Fig. 3.9) dans un processus de glissement instable.
À l’échelle de l’affleurement, certains massifs granitiques ont acquis une forme
de cornue caractéristique d’une déformation cisaillante. Sur ce décrochement
majeur, une déformation par cisaillement simple dextre se manifeste donc claire-
ment de l’échelle de l’échantillon à celle du massif.
146
8.2 • Autres exemples de décrochements ductiles
décrochements qui pourraient être liés à l’extension gravitaire qui a suivi l’épaissis-
sement crustal et la surrection de la chaîne hercynienne.
147
Chapitre 8 • La tectonique ductile à l’échelle régionale : les décrochements ductiles
148
LA
DÉFORMATION
CASSANTE/DUCTILE
9
ET LE PLISSEMENT
nent les lignes d’inflexions (i1 , i 2 ) de la surface plissée. La ligne de crête et la ligne
de creux représentent respectivement les lieux topographiquement les plus élevés et
les plus bas de la surface déformée ; axes et lignes de crête ou de creux peuvent être
distincts ou confondus. L’axe d’un pli peut être rectiligne ou courbe ; dans ce dernier
cas, la surface plissée est accidentée de dômes et de bassins. On appelle surface axiale
la surface qui contient les axes des surfaces plissées empilées ; elle est souvent plane,
on l’appelle alors le plan axial du pli (Fig. 9.1b). Les surfaces d’inflexions sont celles
qui contiennent les lignes d’inflexions.
La forme des surfaces plissées simples peut être caractérisée par la demi-longueur
d’onde W/2 et l’amplitude A de chaque courbure, mesurées à partir de la ligne joignant
les points d’inflexion (Fig. 9.2a). La surface plissée peut présenter des ondulations
149
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
d’ordres différents (plis polyharmoniques) ; les plis de petite longueur d’onde sont
dits plis parasites (Fig. 9.2b). L’angle d’un pli (i 1, i 2) ou angle d’ouverture est défini
par l’angle des tangentes à la surface plissée aux points d’inflexion (i 1 et i 2 ) (Fig. 9.3a).
Selon la valeur de cet angle on parle de pli modéré (gentle), ouvert (open), fermé
(close), serré (tight) et isoclinal (Fig. 9.3b). Des méthodes précises permettent de
décrire et de classer les plis (voir Ramsay 1967, Hudleston 1973, Twiss 1988).
Figure 9.3 – a) Angle d’un pli (angle des tangentes aux points d’inflexion) ;
b) termes utilisés pour décrire les plis définis par leur angle.
150
9.1 • La géométrie des plis
L’orientation des plis est définie par l’orientation de l’axe du pli (azimut et plon-
gement) et du plan axial (direction et pendage) (Fig. 9.4). Fleuty (1964) a proposé un
mode de classification des plis qui tient compte des valeurs du pendage du plan axial
(PA) et du plongement de l’axe (Fig. 9.4). Reportés sur un diagramme, ces deux
paramètres permettent de décrire le degré d’homogénéité ou bien d’évolution des
plis dans une chaîne plissée ou un segment de chaîne.
Figure 9.4 – Diagramme de Fleuty (1964, Proc. Geol. Ass. Lond., 75, 461-492)
représentant les plis en fonction du plongement (G) de l’axe et du pendage (D)
du plan axial.
(Fig. 9.5a) qui sont disposés parallèlement et/ou perpendiculairement à l’axe du pli.
De cette disposition on déduit le système d’axes géométriques A, B et C du pli, tel
que l’axe C soit la normale au plan axial, B l’axe du pli et A, perpendiculaire aux
deux autres axes, correspond à l’intersection des plans M et Mc. Un pli qui possède
2 plans de symétrie (M et Mc ), a une symétrie orthorhombique ; un pli qui n’a qu’un
plan de symétrie (M ou Mc), a une symétrie monoclinique, et un pli qui n’en possède
aucun, a une symétrie triclinique.
La surface plissée peut être aussi décrite par l’orientation de ses génératrices
(Fig. 9.5b) : lorsque celles-ci sont parallèles entre elles le pli est dit cylindrique ; si
elles convergent en un point (le vortex) le pli est dit conique et autrement il est défini
comme quelconque.
151
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
152
9.2 • Les plis isopaques et le plissement par flexion
Les études théoriques concernant la croissance des plis (Biot, 1961 ; Ramberg,
1963) ont considérablement simplifié le problème pour qu’il puisse être traité analy-
tiquement. On admet que le matériau est élastique ou visqueux newtonien, que la
déformation est plane, les effets de gravité négligeables et que la compression agit
au départ parallèlement aux couches (Fig. 9.7a). On montre ainsi que pour qu’un pli
s’initie et croisse, le milieu doit être formé de couches de propriétés mécaniques
contrastées qui contiennent de faibles irrégularités que l’on suppose sinusoïdales par
hypothèse. Ces dernières sont à l’origine d’instabilités qui commencent toutes à
croître mais, parmi celles-ci, l’une d’elle dont la longueur d’onde croît préférentiel-
lement, devient une série de plis de longueur d’onde dominante Wd (Fig. 9.7a). Pour
un comportement visqueux newtonien, cette longueur d’onde dépend de l’épaisseur
153
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
Figure 9.7 – Plissement par flexion (a) d’une couche de viscosité K 1 dans un
milieu de viscosité K 2 ; b) plissement disharmonique de couches à viscosités
différentes (d’après Ramberg, 1964, Tectonophysics, 1, 307-341).
154
9.2 • Les plis isopaques et le plissement par flexion
plan contenant ces forces est un plan de symétrie de la poutre. Les forces de réaction
sur les appuis sont R l et R 2. Ces forces extérieures imposent des moments de flexion
et des forces de cisaillement dans les sections droites, perpendiculaires à l’axe de la
poutre. Toute section droite D (Fig. 9.9a) est soumise sur un de ses côtés (le gauche
par exemple) à :
– un moment de flexion M (ou moment fléchissant) égal à la somme algébrique
des moments des forces extérieures (à gauche) autour d’un axe O passant par D :
M = R 1x – P1 (x – a) – P2 (x – b)
– et à une force de cisaillement FT (ou effort tranchant) égale à la somme algébrique
de toutes les forces extérieures (à gauche) parallèles à D :
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
¦ M0 = M – M + dM + F T dx – p dx b dx e 2 = 0
155
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
Figure 9.9 – Flexion d’une poutre en appui libre. Les conventions de signe du
moment M et des forces cisaillantes FT sont définies en bas de la figure.
avec b = 1, d’où dM = FT dx – p dx 2/ 2
Le dernier terme en dx2 étant négligeable, la force de cisaillement est égale à :
FT = dM/dx (3)
Les forces de cisaillement FT dans les sections droites sont donc liées aux varia-
tions du moment de flexion le long de l’axe de la poutre.
2.2. Les contraintes dans une poutre en flexion pure. En flexion pure, puisqu’il
n’existe pas de forces cisaillantes dans les sections droites, FT = dM/dx = 0 et donc
le moment de flexion M est constant tout le long de la poutre. Ceci se produit quand
seuls des couples sont appliqués aux extrémités de la poutre et qu’aucune force
n’agit sur elle. Si la poutre est homogène, sa courbure est constante et elle se courbe
en arc de cercle. Après déformation, les sections droites de la poutre correspondent
aux rayons d’un cercle de centre C (= centre de courbure, Fig. 9.11). Il est alors
évident que les fibres convexes (extrados) de la barre s’allongent et que les fibres
concaves (intrados) se raccourcissent. Entre les deux se trouve la surface neutre sur
laquelle il n’y a ni allongement ni raccourcissement. Son intersection avec une
section longitudinale de la poutre est appelée la ligne neutre et avec une section
droite, l’axe neutre (Fig. 9.11).
156
9.2 • Les plis isopaques et le plissement par flexion
Figure 9.11 – Contraintes dans une poutre en flexion pure (poutre en appui libre).
Figure 9.12 – Contraintes dans une poutre en flexion simple (poutre encastrée).
Pour que l’équilibre statique du morceau de poutre soit réalisé, il faut qu’en tout
point les contraintes tangentielles horizontales W h soient égales aux contraintes
tangentielles W v dans les sections droites (Fig. 8.12b). De la relation (6), il résulte
que les contraintes cisaillantes sont maximum sur la ligne neutre (quand yo = o) et
nulles sur les bords de la poutre (yo = c). En flexion simple, les sections droites
subissent donc des déformations angulaires non uniformes ; c’est le cas quand une
poutre est encastrée à une de ses extrémités (Fig. 8.12b).
158
9.2 • Les plis isopaques et le plissement par flexion
159
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
Tout marqueur linéaire l 0 situé sur le plan repère So et faisant avec l’axe B du pli
un angle 4 0 (Fig. 9.14a) subit au cours du plissement une rotation autour de cet axe
(Fig. 9.14b). Si cette droite l 0 était située sur la surface neutre, elle deviendrait une
ligne courbe faisant en tout point un même angle 4 0 avec l’axe B du pli. Cette
courbe décrirait les génératrices d’un cône ayant pour axe l’axe B du pli et pour
demi-angle au sommet 4 0 et serait représenté sur un stéréodiagramme de Wulff
(voir pour l’utilisation de la projection stéréographique Vialon et al., 1976) par un
petit cercle (l 0 ) faisant avec l’axe B un angle 4 0 (Fig. 9.14c). En fait cette droite l 0
est située soit sur la surface d’extrados, soit sur la surface d’intrados qui subissent
respectivement un allongement et un raccourcissement. Il en résulte que dans
l’extrados l’angle entre la droite plissée (lce ) et l’axe B augmente (4ce ) et que dans
l’intrados l’angle entre la droite plissée (lci ) et l’axe B diminue (4ci ) Dans les flancs
du pli, où il n’y a ni allongement ni raccourcissement, cet angle garde une valeur
constante (4 0 ). La valeur de (4ce – 4ci ) (voir stéréodiagramme, Fig. 9.14) dépend
des quantités d’allongement et de raccourcissement dans la charnière du pli à défor-
mation de charnière.
Ces déformations et en particulier la conservation, au cours de la déformation, de
la forme rectiligne des marqueurs linéaires perpendiculaires aux limites de la plaque,
indiquent que ces plis isopaques à déformation de charnière résultent essentielle-
ment d’un mécanisme en flexion pure (Fig. 9.11a).
b) Les plis à déformation de flancs. Un modèle analogique représentant ce type de
pli est donné soit par un paquet de cartes ou de feuillets minces, soit par une plaque
de plasticine que l’on fléchit en maintenant la charnière fixe (voir l’exemple des
poutres encastrées, Fig. 9.12). La déformation des marqueurs circulaires imprimés
sur la tranche de la plaque montre que la déformation est surtout localisée dans les
flancs (Fig. 9.13b). Les cercles, transformés en ellipses, indiquent que la déforma-
tion s’est faite par cisaillement simple, parallèlement aux flancs du pli. Le sens du
cisaillement s’inverse d’un flanc à l’autre du pli ; l’importance du cisaillement
(valeur de J) diminue de la ligne d’inflexion des flancs vers les charnières. Dans le
détail, la déformation par cisaillement peut se faire de façon continue dans la plaque
en flexion (pli par écoulement flexural : flexural flow fold) (Fig. 9.13b2) ou sur des
surfaces discrètes (pli par glissement flexural : flexural slip fold) (Fig. 9.13b1).
Les marqueurs linéaires initialement perpendiculaires aux limites de la plaque,
acquièrent une forme sigmoïde dans les flancs. La déformation est hétérogène et elle
est généralement plane et les axes principaux O 1 et O 3 des ellipsoïdes sont perpendi-
culaires à l’axe du pli. Les surfaces du pli sont approximativement parallèles à une
des deux sections particulières circulaires, des ellipsoïdes de déformation et, pour
cette raison, aucune distorsion ne se produit sur ces surfaces et sur toutes les surfaces
à l’intérieur de la strate qui sont parallèles à celles-ci. Il ne se produit donc aucune
modification d’épaisseur de la plaque : le pli est donc isopaque. La déformation
cisaillante des marqueurs linéaires initialement perpendiculaires aux limites de la
plaque indique que les plis isopaques à déformation de flanc résultent essentielle-
ment d’un mécanisme en flexion simple (Fig. 9.12b).
160
9.2 • Les plis isopaques et le plissement par flexion
3.2. Les déformations cassantes dans les plis isopaques. Les nombreuses struc-
tures et microstructures cassantes que l’on observe dans les plis naturels, nous
renseignent directement sur les modes de plissement isopaque.
a) Dans les plis à déformation de charnière, les zones d’extrados, en allongement,
sont découpées par des demi-fentes de traction, souvent remplies de calcite ou de
quartz disposé en fibres perpendiculaires à l’axe du pli et par des failles normales
limitant des grabens allongés parallèlement à l’axe du pli (Fig. 9.15a et b). Dans la
zone d’intrados, en raccourcissement, se forment souvent des stylolithes dont les
pics sont perpendiculaires à l’axe du pli, associés à des fentes de traction parallèles à
la surface plissée (Fig. 9.15c). Parfois des failles inverses ou des plis parallèles à
l’axe du pli accidentent la surface d’intrados (Fig. 9.15d et e).
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
161
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
b) Dans les plis à déformation de flanc, se forment toutes les structures cassantes
généralement associées aux zones de cisaillement simple (Chap. 4, § 4.5.2) :
systèmes de fentes en échelon simple ou conjugués, cisaillements secondaires paral-
lèles à la surface plissée ou en systèmes conjugués de type R et Rc (Fig. 9.16).
162
9.3 • Les plis semblables et le plissement par cisaillement simple
La forme de ces plis, et aussi le mode de plissement qui leur donne naissance, sont
fondamentalement différents de ceux des plis isopaques (de classe 1B). Lors de la
déformation, la surface déformée (stratification ou autres surfaces) subit seulement
une translation passive (Fig. 9.18a). Un tel type de plissement peut résulter d’un
cisaillement simple de la matière selon des surfaces planes de cisaillement (shear
planes) parallèles qui sont des plans de transport. Un cisaillement simple homogène
ne peut pas former de plis, ceux-ci résultent nécessairement d’un cisaillement simple
hétérogène dans le plan perpendiculaire au plan de cisaillement et contenant le
vecteur-déplacement, mais homogène dans le plan de cisaillement (Fig. 9.18b). La
forme du pli dépend du gradient de cisaillement et de l’inversion du sens de cisaille-
ment dans le plan perpendiculaire au plan de cisaillement. Un paquet de cartes dont
les cartes glissent les une sur les autres peut servir de modèle analogique d’un tel méca-
nisme de plissement.
En raison du mécanisme de cisaillement simple qui est à l’origine de ces plis on
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
peut leur associer des axes cinématiques appelés axes a, b et c qui sont tels que (a)
est le vecteur-glissement dans le plan de cisaillement (= plan de transport), (c) est la
normale à ce plan et (b) est orthogonal à (a) et (c) (Fig. 9.19). Les axes géométrique
(B) et cinématique (b) du pli ne sont confondus que si la surface S 0 déformée était, à
l’origine, confondue avec le plan (bc) de la déformation (Fig. 9.18).
163
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
164
9.3 • Les plis semblables et le plissement par cisaillement simple
165
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
produit souvent sur des plis déjà formés par flexion (plis isopaques de classe 1B) ou
par cisaillement (plis anisopaques de classe 2). En général, l’aplatissement homo-
gène de ces plis (flattened folds) conduit à de nouvelles formes de plis qui occupent
dans la classification de Ramsay les divers espaces des classes 1C et 3 (voir
Fig. 9.6b, c et Fig. 9.21c). Si la direction d’aplatissement est en gros perpendiculaire
au plan axial des plis, l’aplatissement se poursuivant, leur géométrie tend à se
rapprocher de celle des plis semblables de la classe 2 (Fig. 9.21c). L’aplatissement
perpendiculaire au plan axial de plis déjà semblables tend à rendre ceux-ci isocli-
naux en leur gardant une géométrie de classe 2.
166
9.4 • Les plis anisopaques et le plissement par aplatissement
Dans les flancs du pli, la surface S 0 , voisine du plan XY, subit un allongement X tel
que l’angle 4cf entre le marqueur réorienté (lc) et l’axe B augmente (4cf > 4 0 ,
(Fig. 9.22a et b).
La courbe de dispersion de la linéation lc sur un stéréodiagramme de Wulff par
exemple (Fig. 9.22c), permet d’apprécier l’importance et la localisation de cet apla-
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
167
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
En résumé, la diversité de forme des plis naturels est le reflet de la diversité des
mécanismes qui leur donnent naissance, de la nature du matériel affecté, en particulier
des contrastes mécaniques (différence de viscosité) des assemblages stratifiés, des
·
conditions du milieu où se produit la déformation (P, T, H ) et de l’évolution de la défor-
mation au cours du temps. L’utilisation de la géométrie des plis comme indicateur de
la déformation n’est pas simple car les plis résultent en général d’une déformation
hétérogène progressive. En revanche les plissements successifs enregistrent souvent
bien les grandes étapes historiques de l’édification des chaînes de montagnes.
168
9.5 • La notion de stratigraphie mécanique
169
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
170
9.5 • La notion de stratigraphie mécanique
Profondeur (m)
Telouet 2500
2000
1500
1000
500
0
de collines allongées selon la direction est-ouest (Fig. 9.27). Ces collines correspon-
dent à une série d’écailles tectoniques imbriquées, contrôlées par l’activation d’un
niveau de décollement localisé dans les séries triasiques et liasiques. Les accidents
s’enracinent au nord dans le socle paléozoïque rigide, à la faveur d’anciennes failles
normales inversées.
• Synthèse
L’ensemble de ces observations permet d’établir la stratigraphie mécanique compa-
rée des trois sites brièvement présentés ci-dessus (Fig. 9.28). Les barres blanches
soulignent les séries incompétentes, qui constituent des niveaux de décollement
préférentiels. Ceux-ci peuvent être majeurs, comme dans le Cambrien, l’Ordovicien,
le Trias et le Lias, ou secondaires, comme dans le Crétacé supérieur du premier site.
171
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
On constate ainsi que sur une distance relativement courte, le long d’un même acci-
dent majeur, la position du ou des niveaux de décollements peut varier considérable-
ment. Les structures induites par l’activation de ces niveaux de décollements sont de
fait très diverses, depuis un anticlinal frontal relativement simple jusqu’à des imbri-
cations complexes. La morphologie du front de chaîne est elle-même directement
liée à cette variabilité.
Il est important de souligner que la distribution des séries compétentes et incom-
pétentes dans la pile sédimentaire est en premier ordre contrôlée par l’héritage tecto-
nique, même si des facteurs externes comme les circulations de fluides ou des
changements de conditions de pression et de température peuvent ultérieurement
modifier cette stratigraphie mécanique. En effet, on voit ici que le développement des
écailles tectoniques sur le site 3 est en lien avec l’apparition de niveaux évaporitiques
triasico-jurassiques, niveaux absents plus à l’est. Il s’agit là d’une conséquence directe
du développement des bassins au début du Mésozoïque, dont l’épaisseur du remplis-
sage s’accroît vers l’ouest. De la même manière, l’histoire hercynienne est à l’origine
de la préservation d’épais schistes ordoviciens qui constituent aujourd’hui un niveau
de décollement préférentiel dans une région très localisée, alors qu’ils sont partout
ailleurs érodés. L’histoire passée des zones étudiées est donc un facteur déterminant
sur l’organisation structurale actuelle des chaînes de montagnes.
172
9.6 • Les modèles de plis
Figure 9.28 – Synthèse de l’étude des trois sites présentés sous la forme de
logs lithostratigraphiques et mécaniques. Les barres verticales noires
représentent les niveaux compétents, les barres blanches les niveaux
incompétents. Les niveaux de décollement sont représentés par des flèches
noires. Ils se localisent dans des niveaux différents selon les sites, donnant
lieu au développement de structures tectoniques variées.
173
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
– sont reliés entre eux par le facteur temps. Il existe un continuum entre les diffé-
rents types de structures présentées, qui ne sont que des modèles extrêmes, toutes
les solutions intermédiaires étant possibles.
Ce type de pli est généralement relativement symétrique, mais le plan axial peut
être basculé si le niveau de décollement inférieur perd de son efficacité (diminution
de viscosité). La longueur d’onde est généralement importante, ce type de pli
174
9.6 • Les modèles de plis
pouvant être d’échelle lithosphérique. Ces plis présentent fréquemment des struc-
tures secondaires à l’intrados (disharmonie, failles inverses) et à l’extrados (struc-
tures extensives) (cf. § 9.2.3). L’augmentation du raccourcissement peut provoquer
la rupture du pli, dont l’un des flancs est alors recoupé par un chevauchement tardif
(Break-Thrust, Fig. 9.29c). Dans ce cas, on notera que la déformation cassante est
tardive par rapport à la déformation plicative. De tels plis faillés sont par exemple
bien illustrés dans le Zagros (cf. § 10.3.3).
175
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
176
9.7 • L’équilibrage des coupes et la restauration
donnera lieu à la formation d’un pli de cintrage sur rampe, mais cette fois-ci en régime
extensif (Fig. 9.32). Le lecteur pourra se référer par exemple à Benedicto et al., 1996,
pour des exemples illustrés par des profils sismiques sur la marge du golfe du Lion.
Ce type de modèle permet ainsi d’expliquer pourquoi, dans des domaines en exten-
sion, on observe des séries dont le pendage est parallèle aux failles. De la même
manière, le concept de trishear zone, zone triangulaire de déformation située dans le
secteur de propagation d’une rampe, peut s’appliquer en extension (Fig. 9.33).
177
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
Pour illustrer ces définitions, nous prendrons le cas de trois couches, initialement
horizontales dans leur état anté-déformation (Fig. 9.34a). Ces couches sont affectées
par un épisode de déformation compressive, qui donne lieu à la formation d’un pli
(Fig. 9.34b). Ce pli est dans un second temps recoupé par un chevauchement tardif
qui affecte son flanc avant, et un rétrochevauchement (Fig. 9.34c).
178
9.7 • L’équilibrage des coupes et la restauration
restaure la coupe en annulant le jeu des failles et en « dépliant » les plis (voir les
figures 9.34c, 9.34b, puis 9.34a), on retrouve bien l’état anté-déformation supposé,
avec des couches horizontales, continues et de même longueur. Cette coupe est dite
équilibrée. Il est important ici de préciser que cette solution n’est généralement pas
unique : il s’agit donc d’une solution possible, mais le fait qu’elle soit équilibrée ne
garantit pas sa véracité. Cependant, toute coupe qui n’est pas équilibrée est de facto
fausse.
179
Chapitre 9 • La déformation cassante/ductile et le plissement
180
LA
TECTONIQUE
CASSANTE/DUCTILE
10
RÉGIONALE
La cartographie géologique montre que les formations les plus anciennes qui affleu-
rent dans le Jura sont des niveaux à évaporites (anhydrite et sel), très ductiles, d’âge
triasique supérieur dans le Jura externe et triasique moyen dans le Jura interne. C’est
ce qui a conduit depuis longtemps à l’idée que la couverture sédimentaire du Jura est
décollée de son socle (Buxtorf, 1907). Entre les années 1950 et 1960, de nombreux
forages effectués dans le Jura externe en ont apporté la preuve. Dans l’arc Lédonien,
les forages occidentaux (MT3-2, C, Fig. 10.2a) montrent que les formations d’âge
jurassique avec à leur base un niveau à évaporites triasiques (| 210 Ma) recouvrent
anormalement le remplissage tertiaire (Oligocène-Pliocène, | 36 à 4 Ma) du graben de
la Bresse ; ce recouvrement atteint 6 km suivant une direction NW-SE. Les forages orien-
taux (L1, L2, B, V, Fig. 10.2a) montrent, eux, une série sédimentaire stratigraphiquement
181
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
182
10.2 • La géométrie des plis et des chevauchements de couverture
jusqu’au Mexique (Fig. 10.3a). Elle constitue la bordure orientale du domaine plissé,
chevauchant sur l’avant-pays cordillérain (Montagnes Rocheuses centrales et méri-
dionales et plateau du Colorado) peu déformé, parfois affecté de grandes failles
inverses (les uplifts, voir Fig. 6.22). Grâce aux nombreux forages et profils
sismiques réalisés dans cette région pétrolifère, la géométrie de la chaîne est très
bien connue, en surface comme en profondeur.
L’Overthrust Belt du Wyoming est formé d’un empilement d’unités (appelées
nappes) déplacées de plusieurs dizaines de kilomètres vers l’est sur des plans de
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
failles de faible pendage (surfaces de charriage) pentées vers l’ouest. Les unités
charriées dites allochtones (du grec, autre terre) reposent anormalement sur d’autres
unités ou sur un substratum non déplacé dit autochtone (du grec, sa propre terre =
formée sur place). Dans l’Overthrust Belt du Wyoming, toute la couverture paléo-
zoïque à cénozoïque est décollée sur le socle précambrien, peu ou pas déformé dans
la partie orientale de la chaîne, mais affecté de failles inverses dans les régions occi-
dentales (Fig. 10.3b).
2.1. La géométrie des plis et des chevauchements. Les chevauchements (ici les
charriages) ont une géométrie caractéristique en rampes et paliers (Fig. 10.4a) : les
paliers (flats) sont des surfaces de chevauchement parallèles au litage sédimentaire
et les rampes (ramps) des surfaces qui le recoupent selon un angle faible (20-30°).
183
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
184
10.2 • La géométrie des plis et des chevauchements de couverture
s
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
185
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
10.3.1 Introduction
Les chaînes de montagne récentes sont toutes reconnaissables par leur relief acci-
denté, atteignant plusieurs kilomètres d’altitude. Ce relief résulte de la déformation
186
10.3 • Le prisme orogénique
187
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
188
10.3 • Le prisme orogénique
Figure 10.7 – Modèle structural des Alpes établit à partir des données de la
campagne sismique ECORS-CROP au travers des Alpes occidentales franco-
italiennes, en 1990. La chaîne des Alpes ici est décrite brièvement sur la
transversale NW-SE, du Jura à la plaine du Pô, le long du profil « ECORS-CROP
alpine seismic traverse » (Roure et al., 1990).
189
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
Parmi les nombreux modèles publiés nous avons retenu ceux de Cécile Bonnet
(2007, 2008), qui renseignent assez précisément sur les interactions entre la tecto-
nique, l’érosion et la sédimentation lors de l’évolution de la chaîne alpine occidentale.
À partir de leurs modélisations Bonnet et al. (2008) ont montré que l’évolution du
coin orogénique, et donc la structure finale de la chaîne, était très sensible aux condi-
tions rhéologiques de départ mais aussi au taux d’érosion et de sédimentation.
Parmi les nombreuses expériences réalisées a été retenue celle qui, avec un faible
taux d’érosion et de sédimentation, illustre le mieux la coupe des Alpes occidentales
le long du profil ECORS (Fig. 10.9).
190
10.3 • Le prisme orogénique
Préalpes Helvétique
NW Bassin molassique
& Ultrahelvétique Pennique SE
Jura
0 0
10 10
20 20
km km
dépôts couverture socle paléozoïque nappes
molassiques mésozoïque et plus ancien penniques
la surrection des points repères est moins rapide et la déformation se fait surtout par
accrétion frontale (formation du Jura). Les irrégularités de la pente de la trajectoire
de la surrection (exhumation) visibles sur le graphe sont enregistrées dans l’histoire
thermochronologique des roches de ces parties de la chaîne.
Les nombreux modèles régulièrement publiés de plus en plus compliqués, basés
sur la théorie du coin critique de Coulomb, tentent souvent avec succès de rendre
compte de certains aspects des zones de convergence en général (prisme d’accrétion)
et des chaînes de collision en particulier. Toutefois ces modèles sont impuissants
pour expliquer ces contextes dans leur ensemble, notamment dans leur évolution
profonde. On fait alors appel à des modélisations analogiques utilisant des matériaux
de rhéologies variées autres que granulaires tels ceux proposés par Shemenda et son
191
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
7
profondeur / élévation à l'altitude de référence (km)
6
C t38
B t29 A B
5 t38 C
t28
4
A t29
3
t38 t28
t0
2
1 t29
A t0 t0
t28 B C
0
-1
t15
-2 t16
t15
Evolution orogénique t16 t15 t16
-3
Distance au repère (km)
-4
100 150 200 250 300 350 400 450 500 550
accrétion frontale
altitude et repère
de référence
c
t29 - t38 sous placage
du substratum européen
b
t0 - t15 subduction
de la plaque européenne
sédimentation érosion
molasse
A B C a
équipe (Shemenda, 1994). Ce sont aussi des modélisations numériques faisant appel
à des lois physiques où la rhéologie des roches, les conditions physiques (T, P, vitesse
de déformation…) sont introduites dans des protocoles de calcul nécessitant des
moyens de calcul importants qui sont mis en œuvre (par exemple voir Burov et al.,
2001).
192
10.3 • Le prisme orogénique
Iran à l’Oligo-Miocène (Sherkati et Letouzey, 2004 ; Fig. 10.11). Les plus hauts
sommets culminent à plus de 4 000 m, mais l’altitude moyenne est de l’ordre de
1 200 m. La morphologie de la chaîne est asymétrique, avec une pente relativement
faible du nord-est vers le sud-est, et marquée par une série de ressauts topographiques
en direction de l’avant-pays. Du fait d’un climat aride, la morphologie des structures
tectoniques y est remarquablement préservée ; de plus, le potentiel pétrolier de l’avant-
pays du Zagros a donné lieu à de nombreuses campagnes d’exploration. La structure
de ce système orogénique est donc relativement bien contrainte aujourd’hui.
La chaîne du Zagros est classiquement divisée en deux grands domaines : le
Dezful au nord-ouest, et l’arc du Fars au sud-est. Cette distinction morphologique
est contrôlée par la structure crustale de la chaîne et son héritage. Dans le Dezful, la
chaîne est étroite (130 km environ) et les structures rectilignes, alors que le Fars
s’étend sur une largeur de près de 300 km et les structures présentent une courbure
concave vers le sud-ouest (Fig. 10.11). Ce contraste entre les deux domaines est
classiquement expliqué par la pré-existence dans le Fars de bassins salifères
précambriens dont les épaisses séries évaporitiques (formation des sels d’Hormuz)
ont permis la propagation de la déformation sur des distances importantes.
Les zones dites internes du Zagros, situées au nord-est sont constituées essentiel-
lement de séries méso-cénozoiques métamorphiques et magmatiques. Elles sont
limitées au sud-ouest par un accident chevauchant majeur, la Main Zagros Fault
(MZF, Fig. 10.11), qui les sépare des zones externes, constituées d’une épaisse
couverture sédimentaire méso-cénozoïque plissée.
Parmi les nombreux travaux publiés sur les zones externes du Zagros, nous avons
choisi de présenter les résultats de Matteo Molinaro qui couplent l’évolution du
prisme orogénique à sa structure lithosphérique.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
193
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
SW NE
Golfe Persique Zagros Iran
0
Profondeur (km)
Moho
- 100
1400°C
Lithosphère
asthénosphère
-200
0 200 400 600 800 1000 1200
Distance (km)
194
10.3 • Le prisme orogénique
Cette coupe et sa cinématique associée illustrent ainsi une évolution dans le temps
du style de la déformation, qui dans un premier temps s’exprime sous la forme d’une
tectonique de couverture (thin-skin tectonic), et voit dans un second temps l’activation
des failles de socles, qui recoupent les structures pré-existantes (thick-skin tectonic).
• Interprétation en termes de prisme de Coulomb
La cinématique déduite de la coupe équilibrée (Fig. 10.3.9) permet de mettre en
évidence trois étapes et souligne bien le passage d’une tectonique de couverture à une
tectonique de socle, probablement au cours du Plio-Pleistocène. La première étape voit
l’empilement d’écailles tectoniques dans les zones internes du Zagros au cours du
195
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
196
10.4 • L’exhumation des roches métamorphiques dans les chaînes de montagne
197
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
198
10.4 • L’exhumation des roches métamorphiques dans les chaînes de montagne
400 °C). Vers la fin de cette première étape les roches les plus profondément enfouies
sont remontées à moins de 20-30 km de profondeur : première et rapide exhumation.
– Dans une deuxième étape (Fig. 10.16b), entre 30 et 20 Ma, la déformation super-
ficielle crustale migre vers l’est dans la plaque européenne, tandis que la plaque
apulienne poinçonne le prisme orogénique, provoquant la poursuite (modérée) de
l’exhumation de ses parties internes. Le système devient à double déversement et
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
199
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
200
10.4 • L’exhumation des roches métamorphiques dans les chaînes de montagne
201
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
La chaîne alpine hellénique montre un exemple très intéressant où les deux méca-
nismes d’exhumation que l’on vient de décrire rapidement se superposent. Un modèle
proposé par J.-P. Brun et C. Facenna (2008) propose une explication de l’évolution
de l’exhumation des roches de HP en relation avec celle de la zone de subduction.
202
10.4 • L’exhumation des roches métamorphiques dans les chaînes de montagne
métamorphisée sous HP (Fig 10.19a et b). Les roches ainsi transformées peuvent
être déjà en partie exhumées dans le canal de subduction (cf. § 10.4.5). Difficilement
subductable la croûte continentale se désolidarise de son manteau en formant un
empilement d’écailles se propageant vers l’extérieur de la chaîne. Dans cette
première étape la fosse migre dans le sens de la subduction. Lorsque la totalité de la
croûte continentale est complètement découplée (Fig 10.19c) la lithosphère subduc-
tante s’enfonce plus librement et se verticalise. La partie crustale déformée et méta-
morphisée remonte rapidement (exhumation principale) tandis que la partie la plus
interne de la chaîne, subit un étirement (extension d’arrière-arc) accompagné d’un
magmatisme typique d’arc (Fig. 10.19d). La fosse amorce un recul en même temps
que la diminue le pendage de la zone de subduction. Le dégagement du coin lithos-
phérique entre la zone de subduction et la croûte subduite étirée permet la remontée
203
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
204
10.5 • La tectonique salifère
tzit tée
tée
Q uar y dra
e
sh
até
dé Ar
5 rgi
le
ydr
Sel hydraté
gil
A ef
nt h
ort
em
me
Sel déshydraté
en
orte
th
ile f
yd
rat
Arg
ée
10
Domaine extensif Domaine compressif
205
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
situées en dessous, non déformées. Il n’y a donc pas d’enracinement des structures
observées en surface en dessous du niveau de sel.
206
10.5 • La tectonique salifère
et que l’instabilité gravitaire est entretenue, par subsidence au bas de la marge ou par
des apports sédimentaires en haut de marge par exemple. Le phénomène est très lent,
avec des vitesses d’un ordre de grandeur inférieures à celles d’origine géodyna-
mique. La tectonique salifère affecte des domaines dont la largeur peut dépasser
200 km, et pour lesquels une pente de quelques dixièmes de degrés suffit pour
déclencher la mobilité des sédiments au dessus du sel.
La figure 10.23 présente un profil sismique interprété par Fort et al. (2004) de la
marge d’Angola. Du haut de la marge à sa base, on observe ainsi des structures
diverses : cette variabilité des structures en fonction de la position sur la marge est
appelée « zonation structurale ». Cette diversité des structures, qui résulte de variations
207
Chapitre 10 • La tectonique cassante/ductile régionale
Direction de transport
Pied de marge Haut de marge
Graben
Diapirs blocs basculés
Radeau
25 km Marge d'Angola
Zone en compression Zone en extension
Le régime tectonique local au pied de la marge est très différent de celui observé
sur les parties hautes, puisque d’un état de contrainte extensif, on passe à un état de
contrainte compressif. Les structures associées sont alors des plis de décollement et
des failles inverses. La série évaporitique glissée du haut de la marge s’accumule sur
son pied, où elle est épaissie, et déborde sur la plaine abyssale, formant un front de
déformation très marqué sous la forme d’un escarpement topographique. Les
diapirs, transportés passivement vers le pied de marge, s’amplifient sous l’effet de la
contrainte compressive : localement, le sel peut être amené en surface, voir recouvrir
totalement certains radeaux qui se trouvent alors totalement englobés dans les
évaporites. Ces structures particulières, où les séries sont totalement encapsulées
dans la couche de sel, présentent un intérêt du point de vue pétrolier, les blocs étant
hermétiquement préservés dans le niveau imperméable d’évaporites, mais constitue
aussi un défi pour l’imagerie sismique, qui peine à traverser le sel.
208
LES MOUVEMENTS
VERTICAUX
11
11.1 INTRODUCTION
L’existence de mouvements verticaux affectant la croûte terrestre est connue depuis
longtemps : dès le XVIIIe siècle, Pierre Bouguer et Roger Joseph Boscovich pres-
sentent la notion d’isostasie. Ces mouvements verticaux seront même la base de la
théorie des ponts proposée par Émile Haug en 1906 pour expliquer les similitudes de
faciès observées de part et d’autre des océans actuels, en alternative à la théorie de la
« dérive des continents » d’Alfred Wegener. Pourtant, c’est l’existence de déplace-
ments horizontaux (les mouvements « tangentiels ») qui va focaliser l’attention des
géologues. Dès la fin du XIXe puis au début du XXe siècle, les « géologues alpins »
comme Marcel Bertrand ou Albert Heim (et plus tard Émile Argand pour l’Hima-
laya) montrent l’existence d’un raccourcissement de plusieurs centaines de kilo-
mètres dans la chaîne alpine. L’importance du rôle joué par ces déplacements
horizontaux de matière à la surface du globe culminera avec la formalisation de la
théorie de la tectonique des plaques dans les années 1960-1970.
Ces vingt dernières années, pourtant, l’étude des mouvements verticaux a connu
un regain d’attention, probablement en partie grâce à l’apparition ou au développe-
ment de nouveaux outils méthodologiques comme la géodésie ou la thermochrono-
logie. Les données ainsi acquises ont révélé la remarquable diversité de ces
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
209
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
210
11.2 • Les processus à l’origine des mouvements verticaux
a b c d
LLA
e f g h
LLA
i
j
211
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
212
11.3 • Décrire l’évolution de la surface topographique
pour les mouvements verticaux. Le lecteur pourra se référer aux travaux d’O.
Cavalié pour un exemple d’application à partir duquel les mesures de mouvements
verticaux ont permis de mieux contraindre la rhéologie de la lithosphère (Cavalié
et al., 2007).
213
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
paramètres les plus utilisés (Fig. 11.2) ; elle permet de mesurer la maturité d’un
bassin versant. De manière schématique, un bassin versant profondément incisé dans
un plateau est interprété comme « jeune », alors qu’une vallée évasée, dont les
versants présentent des pentes douces, est interprétée comme « ancienne ». La
courbe hypsométrique et l’intégrale hypsométrique associée (Fig. 11.2) permettent
de quantifier ces observations, qui nécessitent un modèle numérique de terrain de
bonne qualité et adapté à l’échelle de la zone d’étude. Il n’en reste pas moins que la
géomorphologie quantitative reste un outil très délicat à utiliser en raison de sa
dépendance au climat (l’érosion varie au cours du temps et est souvent très différente
de part et d’autre d’un relief) et aux lithologies (les formes du relief sont fortement
contrôlées par la nature des roches). Il est ainsi nécessaire de prendre en compte ces
paramètres dans l’interprétation des données obtenues.
a b
500 1
B.V.1 B.V.1
400 0,8
Altitudes (normalisée à 1)
300 0,6
Altitudes (m)
B.V. 2 B.V. 2
200 0,4
B.V. 3 B.V. 3
100 0,2
0 0
0 20 40 60 80 100 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
Aire relative (%) Aire relative (normalisée à 1)
B.V. 1 B.V. 3
214
11.3 • Décrire l’évolution de la surface topographique
Depuis les années 1990, l’étude des formes du relief a bénéficié des progrès de la
géochimie avec la mise au point de techniques de datation des surfaces. Ces
nouvelles méthodes, souvent très lourde analytiquement, permettent de déterminer
depuis combien de temps un échantillon est exposé à la surface du globe, pour des
durées allant jusqu’à quelques dizaines de milliers d’années. Elles reposent sur le
fait que les roches à l’affleurement sont soumises continuellement au rayonnement
cosmique. Ce bombardement permanent est à l’origine de la formation de divers
nucléides (par exemple 10Be, 21Ne, 26Al, 36Cl) dans les phases minérales exposées.
Connaissant les constantes de désintégration de ces éléments et leur concentration
actuelle, il est alors possible de dater la durée d’exposition de l’échantillon analysé.
Cette apparente simplicité théorique masque les difficultés inhérentes à la tech-
nique. Comme le rayonnement cosmique s’atténue progressivement lors de sa péné-
tration dans le matériel, il faut donc connaître la position exacte de la phase mesurée
et faire des hypothèses sur les taux d’érosion subis. De plus, le rayonnement est
dépendant de l’exposition de la surface considérée (configuration topographique), et
la concentration initiale du nucléide considéré n’est généralement pas connue
(possibilité d’exposition préalable, par exemple pour un échantillon prélevé sur une
terrasse fluviatile : on parle alors d’héritage). Ces techniques ont néanmoins pu être
appliquées dans des contextes variés : terrasses marines soulevées, terrasses allu-
viales déformées, dépôts morainiques. On pourra se référer par exemple à Saillard
et al. (2011) pour illustrer un cas d’application à la chaîne des Andes, permettant de
discuter le contexte tectonique régional et la dynamique de la zone de subduction à
grande échelle.
11.3.3 Paléo-altimétrie
La paléo-altimétrie a pour objectif de déterminer l’altitude, par rapport au niveau
moyen des mers, à laquelle s’est produit un phénomène géologique. À l’heure
actuelle, il n’existe pas d’outil simple à mettre en œuvre, et presque toutes les
méthodes disponibles sont indirectes. Parmi les plus simples de ces méthodes,
l’analyse granulométrique des dépôts sédimentaires permet d’estimer l’ampleur du
relief relatif entre la source et le lieu de sédimentation : plus la granulométrie est
importante, plus le relief érodé devait être important. Cette méthode reste cependant
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
215
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
appliquer sur les cas naturels. D’autres tentatives ont été faites en utilisant l’augmen-
tation du bombardement cosmique avec l’altitude, bombardement qui favorise la
production d’éléments cosmogéniques dans les roches exposées. De fait, l’extrême
complexité du protocole analytique et les importantes incertitudes des résultats n’ont
pas permis un développement en routine de ces techniques. À l’heure actuelle,
l’outil « paléo-altimètre » reste à inventer.
216
11.4 • Décrire l’histoire thermique des roches
11.4.2 Thermochronologie
La thermochronologie s’appuie sur la dépendance d’un paramètre physique ou
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
217
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
218
11.4 • Décrire l’histoire thermique des roches
Temps (Ma)
C
60 °C
L L L
0 μm 13 μm 0 μm 13 μm 0 μm 13 μm
Figure 11.3 – Haut : chemins temps/température pour trois échantillons
théoriques. Le temps est en abscisses, en millions d’années, le présent
correspondant au 0. La température apparaît en ordonnées, en degrés
Celsius. La gamme de température grisée correspond à la zone de recuit
partiel : à ces températures, les traces de fission cicatrisent progressivement.
À plus haute température, la cicatrisation est immédiate à l’échelle des temps
géologiques. La cicatrisation n’est plus possible à des températures
inférieures à | 60 °C. Bas : distribution des tailles de longueur des traces de
fission dans les échantillons A, B et C. n est le nombre de traces mesurées,
L la longueur en micromètres. Pour les échantillons A et B, dont l’histoire
thermique est relativement simple, l’âge « traces de fission » correspond à la
période du refroidissement subit. Par contre, pour une histoire thermique
plus complexe comme celle de l’échantillon C, l’âge « traces de fission » ne
peut plus être associé à un épisode de réchauffement ou de refroidissement
précis, et il devient alors nécessaire de modéliser l’histoire thermique
en utilisant la distribution des longueurs de traces. Le caractère bimodal
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Gautheron et al., 2013). Elle repose sur le fait que, dans un minéral, la décroissance
radioactive de l’238U, de l’235U, du 232Th et du 147Sm génère la production de noyaux
d’hélium (particules alpha). À basse température (< 60 °C), ces noyaux d’hélium
sont piégés dans la maille cristalline alors que, au-delà de 100 °C, la température
permet à l’hélium de s’échapper du cristal par diffusion. On notera que ces tempéra-
tures théoriques peuvent varier par exemple en fonction de la chimie du cristal.
Connaissant la quantité d’éléments pères, d’hélium piégé et les lois de décroissances
radioactives, il est possible de remonter à un âge de franchissement des isothermes.
219
Chapitre 11 • Les mouvements verticaux
À l’instar des traces de fission, l’interprétation est relativement simple dans les
domaines actifs en termes de mouvements verticaux. Dans les domaines de soulève-
ment/subsidence lents, l’interprétation est plus complexe comme en témoigne la
grande dispersion des âges obtenus (voir par ex. Rougier et al., 2013). Il est alors
nécessaire de tenir compte de divers facteurs (taille des grains, défauts préexistants,
quantité d’éléments pères…).
11.4.3 Diagenèse
La diagenèse est l’ensemble des transformations subies par un sédiment lors de son
enfouissement pendant le remplissage d’un bassin. Ces transformations se font donc
à relativement faible pression (de 0 à 1 kbar) et à basse température (de 15 à 200 °C).
Les méthodes permettant de caractériser les conditions physiques de la diagenèse
sont extrêmement nombreuses : c’est en effet la diagenèse qui permet la maturation
de la matière organique et la formation des hydrocarbures. Parmi les plus classiques,
on peut citer l’étude des transformations minéralogiques (transformation smectite/
illite, ou gypse/anhydrite avec l’augmentation de la température), celle des inclu-
sions fluides (microthermométrie) ou la caractérisation de la matière organique
(détermination du pouvoir réflecteur de la vitrinite, détermination du Tmax). Les
thermochronomètres de basse température précédemment évoqués peuvent égale-
ment renseigner sur les mouvements verticaux enregistrés par les sédiments.
L’ouvrage récent Bassins sédimentaires – les marqueurs de leur histoire thermique
(M. Pagel, J. Barbarand, D. Beaufort, C. Gautheron, J. Pironon, Edp sciences,
collection Géosphères) donne un aperçu large de ces différentes techniques et
d’exemples d’application.
11.4.4 Métamorphisme
L’étude des roches métamorphiques renseigne sur l’histoire thermo-barométrique
des roches pour des domaines de pression et de température dépassant ceux de la
diagenèse, même si la limite entre métamorphisme et diagenèse reste difficile à défi-
nir. Les différents assemblages minéralogiques issus de transformations isochi-
miques sous l’effet de variations de pression et de température permettent de
reconstituer l’histoire prograde et/ou rétrograde de l’échantillon analysé. Cette
histoire peut ensuite être traduite en termes de mouvements verticaux (enfouisse-
ment et exhumation). Étant donné les échelles de temps et d’espace des processus
métamorphiques, ces techniques sont bien adaptées à la description de l’histoire des
domaines actifs en limites de plaques (zones convergentes). Ils permettent ainsi de
discuter du fonctionnement des orogènes dans leur ensemble, depuis la racine crus-
tale jusqu’à la surface. De très nombreux travaux traitent de cette question, et le
lecteur pourra se référer à l’ouvrage Métamorphisme et géodynamique de C. Nicol-
let (Dunod) destiné à aux étudiants de fin de licence, master et doctorat.
220
GLOSSAIRE
Préambule : cet ouvrage étant destiné à des roches à plus grande profondeur, où la température et la pres-
étudiants de Licence 3 et Master ayant déjà une forma- sion sont plus fortes. Les roches plastiques en surface (sel
tion de base à la géologie structurale, le lecteur moins par exemple) font exception à cette règle.
initié trouvera ici les définitions volontairement brèves Cataclasite (s.l.) : terme générique désignant une roche de
de quelques termes courants du champ lexical de la faille dans le domaine cassant (cf. mylonite).
tectonique. Ce glossaire n’a pas vocation à être Cercle de Mohr : représentation graphique permettant de
exhaustif et le lecteur pourra se référer à l’ouvrage déterminer l’état de contrainte (valeurs des contraintes
Dictionnaire de géologie (Dunod) pour plus de préci- tangentielle et normale) dans un volume rocheux en fonction
sions ou pour les termes non définis ici. des contraintes principales appliquées sur n’importe quel
Allochtone : dans le cas d’une nappe tectonique, unité ayant plan de ce volume rocheux. La détermination de l’enveloppe
subi un déplacement horizontal significatif par rapport à de rupture permet au cercle de Mohr de devenir prédictif en
l’autochtone. termes de déformation.
Anderson (modèle d’–) : le modèle d’Anderson est un Chaîne de chevauchement/plissement : s’applique aux
modèle géométrique prédictif des relations entre contraintes chaînes de montagne qui résultent de l’activation d’un niveau
et déformations cassantes (failles). Il montre que les failles de décollement d’échelle régional, permettant le transfert de
inverses ont généralement un pendage assez faible, de l’ordre la déformation de l’intérieur vers l’extérieur de la chaîne. La
de 30°, les failles normales ont un pendage de l’ordre de 60°, déformation s’exprime alors au-dessus de ce niveau de décol-
et les failles décrochantes sont verticales. Ces résultats sont lement par des structures de couverture de type plis de propa-
à pondérer des propriétés pétrophysiques du matériau consi- gation, plis de rampe, plis de décollement.
déré et des conditions de pression et température lors de la Charnière (d’un pli) : observée sur une section orthogonale
déformation. de l’axe d’un pli, elle correspond à la zone de courbure
Antiforme : en domaine sédimentaire, géométrie présentant maximum de la structure.
des pendages divergents du cœur de la structure vers l’exté- Chevauchement : synonyme de faille inverse, généralement
rieur. On parle d’anticlinal lorsque la polarité des séries est employé lorsque la structure est d’échelle régionale.
normale. Cisaillement : zone généralement plane, peu épaisse, où les
Aplatissement : déformation des roches plastiques soumises roches sont soumises à un couple de forces (mouvement de
à une contrainte compressive de révolution (V2 = V3) ou rotation) généré par des contraintes tangentielles aux limites
proche de celle-ci. Un volume de matière initialement sphé- de volumes rocheux en mouvement. C’est le lieu de défor-
rique est transformé en un disque ou une galette. Le débit en mation intense, localisée et caractérisée par des structures
feuillet (cf. clivage) des ardoises résulte de l’aplatissement spécifiques (cf. structures de Riedel).
de roches sous les conditions de faible métamorphisme. Clivage : propriété qu’ont les roches à se débiter en feuillets
Autochtone : dans le cas d’une nappe tectonique, unité située réguliers, parallèles et minces. C’est le cas des belles ardoises
sous l’allochtone. gris bleuté exploitées dans la région d’Angers.
Axes de déformation : système d’axes rectangulaire qui Continue (déformation –) : déformation homogène des
caractérise divers aspects de la déformation. On distingue : roches, en l’absence de discontinuité mécanique. Elle est
(1) les axes géométriques (de la déformation) X, Y, Z (X axe définie à une certaine échelle d’observation, celle de l’obser-
d’allongement, Z axe de raccourcissement, Y axe intermé- vation de ses discontinuités. Continue à l’échelle mésosco-
diaire – allongement ou raccourcissement – ; X, Y, Z sont pique (visible à l’œil nu), elle est bien souvent discontinue
les axes de l’ellipsoïde de déformation) ; (2) les axes ciné- à l’échelle microscopique.
matiques a, b, c ; a étant défini comme l’axe de transport de Contrainte : la contrainte est une force appliquée à une unité
la matière lors de la déformation. de surface. Elle est l’équivalent d’une pression orientée et est
Boudinage : structure tectonique résultant de l’étirement ou à l’origine de la déformation. Elle est généralement décom-
de l’aplatissement hétérogène d’un niveau repère et caracté- posée en une composante normale Vn et une composante
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
risée par son amincissement parfois jusqu’à sa rupture dans cisaillante tangentielle W, cette dernière permettant le glisse-
les parties les moins résistantes à la déformation. ment sur un plan de faille.
Calcite sous abri : minéralisations secondaires par de la Contraintes principales : elles correspondent aux valeurs
calcite d’espaces ouverts au cours du glissement de part et propres du tenseur des contraintes et sont notées V1, V2 et V3
d’autre d’une irrégularité du plan de faille. Ces tectoglyphes (respectivement contrainte principale maximum, intermé-
permettent généralement de déterminer le sens et la direction diaire et minimum). Dans le cas triaxial, les contraintes prin-
du mouvement. cipales sont perpendiculaires aux trois plans dits principaux
Cannelures : ondulations décimétriques à plurimétriques sur lesquels la contrainte cisaillante est nulle.
sur un plan de faille provoquées par l’abrasion mécanique le Coupes équilibrées : une coupe équilibrée est une coupe
long de celui-ci au cours du glissement. Ces tectoglyphes, pour laquelle il existe un chemin cinématique permettant de
caractéristiques d’un rejet important, permettent générale- revenir à un état initial supposé via le dépliage des plis et
ment de déterminer le sens du mouvement. l’inversion du jeu des failles. Sa réalisation permet de valider
Cassante (déformation –) : dans les roches, la déformation l’interprétation de la coupe proposée sans pour autant assurer
est dite cassante lorsqu’elle se produit par apparition de l’unicité de la solution proposée.
ruptures plus ou moins nombreuses séparant des parties Crochon : structure plissée résultant de la friction sur un plan
intactes. Elle a lieu généralement dans la partie supérieure de faille.
de l’écorce terrestre ; elle s’oppose à la déformation ductile Décollement : un décollement est un niveau incompétent (de
(déformation continue), qui se produit pour la plupart des faible résistance mécanique) qui permet potentiellement la
221
Glossaire
propagation de la déformation par glissement. Les litholo- Faille transformante : type particulier de faille décrochante
gies favorables sont typiquement les évaporites ou les séries qui relie à ses extrémités deux zones de déformation
argileuses. compressives et/ou extensives. Ce sont des failles de grande
Déviateur des contraintes : composante du tenseur des dimension, décrites dans le cadre de la géodynamique océa-
contraintes obtenue après soustraction de la contrainte nique où elles découpent les dorsales ou les zones de subduc-
moyenne, hydrostatique. Elle est à l’origine des changements tion et accommodent le mouvement relatif des plaques
de forme des matériaux. lithosphériques. En contexte continental, elles raccordent
Diaclase : terme généralement réservé aux fractures sans des rifts ou des segments de chaînes de montagne et partici-
déplacement tangentiel et organisées en réseau. Dans les pent largement à l’organisation des zones orogéniques.
roches sédimentaires, elles débitent la roche en blocs paral- Fenêtre tectonique : portion de l’allochtone d’une nappe
lépipédiques réguliers déterminant un réseau de fracture tectonique érodée laissant affleurer l’autochtone.
orthogonal perpendiculaire aux joints de stratification (S0). Fente de tension : fracture en forme de fuseau née de la
L’espacement des diaclases est lié mécaniquement à l’épais- déformation cassante (discontinue) dans la partie supérieure
seur des bancs et aux caractéristiques pétrophysiques des de l’écorce terrestre. Le plan de la fracture contient la
roches. contrainte principale maximum et est perpendiculaire à la
Discontinue (déformation –) : déformation localisée sur des contrainte principale minimum. L’espace entre les épontes
plans dans le volume rocheux laissant intacts les éléments de la fente peut être vide ou colmaté de minéraux syn- à post-
individualisés entre ces plans. Notion dépendante de ouverture. Lorsqu’elles se forment dans des zones de cisaille-
l’échelle d’observation. ment, elles sont déformées de manière sigmoïde et la géomé-
Écaillage : isolement d’un bloc entre deux contacts tecto- trie indique le sens du cisaillement qui l’a créée.
niques connectés en profondeur. Flèche : valeur maximum du déplacement de l’allochtone par
Élasticité : régime de déformation d’un matériau permettant rapport à l’autochtone d’une nappe tectonique.
un retour à l’état initial (anté-déformation) après arrêt de Foliation : débit régulier, parallèle des roches métamor-
l’application de la contrainte. phiques, souligné par des minéraux néoformés disposés en
Élongation : différence entre la longueur d’un objet avant feuillets de nature différente. Alternance, par exemple, de
et après déformation, exprimée en unité de longueur ou en feuillets clairs (quartz, feldspath) et sombres (biotite, amphi-
pourcentage de la longueur initiale. bole).
Escarpement (de faille) : forme topographique en relief Graben : structure tectonique, morphologiquement en
correspondant à la surface de glissement de faille plus ou creux, limité par des failles à jeu normal (cf. faille normale),
moins dégradée par l’érosion. L’ampleur du relief créé est née dans un contexte tectonique en extension.
fonction de la quantité cumulée du déplacement vertical (cf. Horst : forme tectonique morphologiquement en relief appa-
rejet) et de l’importance de l’érosion. De l’ordre de quelques raissant dans les mêmes conditions que les grabens, avec
centimètres ou mètres lors d’un événement sismique, il peut lesquels ils sont très souvent associés.
être de plusieurs kilomètres dans les régions où la tectonique Hydrostatique (contrainte –) : caractérise un état de
est très active (par exemple dans le golfe de Corinthe, en contrainte où les trois contraintes principales ont la même
Grèce). valeur. L’ellipsoïde des contraintes est alors une sphère et les
Exhumation : remontée d’une roche vers la surface. Lors de déformations associées sont exclusivement des changements
l’exhumation, l’évolution des conditions de pression et de volumes.
température peut conduire à des modifications des conditions Intrados (d’un pli) : cf. extrados.
du métamorphisme (pour des enfouissements profonds) et/ Inversion tectonique : réactivation d’une structure tecto-
ou à la fermeture des thermochronomètres. nique par l’action d’un processus opposé à celui qui l’a créée.
Extrados/Intrados (d’un pli) : l’intrados d’un pli corres- Un exemple courant est le rejeu en faille inverse (compres-
pond à sa partie concave et l’extrados à sa partie convexe. sion) d’une faille normale (née en extension).
Selon le mode de formation du pli (par flexion, par aplatis- Klippe : partie de l’allochtone d’une nappe de charriage
sement hétérogène…, cf. pli), le comportement mécanique isolée par l’érosion sur l’autochtone.
de l’intrados et de l’extrados est différent et les structures qui Linéation : structure d’échelle mésoscopique dont la géomé-
s’y forment sont représentatives de ces différences. Par trie linéaire est le résultat d’une organisation intime de la
exemple, l’extrados d’un pli par flexion est en traction roche. Il existe de nombreux types de linéations (minérale,
maximun à la charnière et l’intrados en compression de déformation-étirement, de glissement, d’intersection de
maximum ; des fentes de traction parallèles se forment à l’axe surfaces…) à signification structurale très différente. Leur
du pli sur l’extrados et des joints stylolithiques à l’intrados. utilisation en termes cinématiques doit être faite avec précau-
La chronologie d’apparition de ces structures permet de tion.
reconstituer les étapes de la croissance du pli (enroulement/ Miroir de faille : en raison de son aspect lisse souvent lustré,
déroulement à la charnière). voire brillant, on appelle miroir de faille la surface de glis-
Faille : fracture d’origine tectonique présentant un déplace- sement de blocs délimitant une faille. Sur cette surface sont
ment parallèle à la surface des blocs qu’elle sépare. enregistrées des structures planaires ou linéaires (cf. tecto-
Faille aveugle : faille n’atteignant pas la surface, par oppo- glyphe), dont l’analyse permet de reconstituer l’histoire de
sition à une faille émergente. la faille : sens, chronologie des mouvements, nature du glis-
Faille cachetée : faille dont l’activité est scellée par des sement (sismique, asismique)… Toutefois, les événements
dépôts postérieurs. les plus anciens sont plus ou moins oblitérés par les plus
Faille normale, inverse, décrochante : ce sont les trois récents.
types principaux de failles géométriquement illustrés par le Mur : bloc situé au-dessous d’un plan de faille.
modèle d’Anderson (cf. Anderson). Les failles normales ont Mylonite : roche issue de la déformation ductile, à l’état
un pendage fort (60°) et naissent en extension ; les failles solide, de roches localisées à des zones de cisaillement (cf.
inverses, de faible pendage (30°), naissent en compression. cisaillement). Les roches originelles isotropes (granites par
Ces failles ont un glissement à composante verticale. Les exemple) sont alors transformées en roches anisotropes
failles décrochantes accommodent le coulissement horizon- planaires (foliation) et linéaires (linéation). Dans le même
tal des blocs, parfois sur des déplacements cumulés de contexte tectonique, si la déformation est cassante, il se
plusieurs dizaines et même des centaines de kilomètres. forme des cataclasites.
222
Glossaire
Niveau de décollement : niveau de très faible résistance ment bref (séisme S.L.), mais les rejets de grande ampleur
mécanique (lithologies typiques : évaporites ou argiles) (de quelques dizaines de mètres à quelques kilomètres) sont
permettant le glissement des unités sus-jacentes et le décou- le cumul d’un nombre important de glissement le long de la
plage de la déformation entre les unités situées au-dessus et faille.
en dessous. Relais (de faille) : zone de raccord entre deux parties non
Palier : portion de faille parallèle à la stratification de la série continues d’une faille, ou entre deux failles suffisamment
affectée. Le palier peut être de bloc supérieur ou de bloc infé- proches pour s’influencer mécaniquement au cours de la
rieur et se forme généralement à la faveur d’un niveau de déformation. Les relais de failles sont des lieux particuliers
décollement. où la morphologie de surface et les structures tectoniques
Pendage : angle que fait un plan par rapport à un plan hori- sont complexes. La déformation qui s’y exprime n’est pas
zontal. Il caractérise l’inclinaison d’une surface géologique, représentative de l’état de contrainte régional.
et sa valeur donnée en degrés est obtenue avec un clinomètre. Riedel (structures de –) : structures tectoniques spécifiques
À cette valeur est ajoutée l’orientation azimutale de la ligne des zones de cisaillement de la déformation discontinue.
de plus grande pente du plan. L’autre paramètre nécessaire Décrites dans les expériences analogiques réalisées par
à l’orientation de la surface est sa direction définie par Riedel (1929), elles sont classiquement connues par leurs
l’orientation de l’horizontale du plan repérée par rapport au initiales R et R’. Il s’agit de surfaces de cisaillements secon-
nord dont la valeur est donnée par la boussole. daires apparaissant dans les zones de cisaillement, à 15° et
Phase (de déformation) : une phase de déformation est une 75° de celles-ci. Leur orientation et leur cinématique permet-
période durant laquelle un régime tectonique donné va tent de définir le sens du cisaillement général auquel elles
s’appliquer de manière continue. Elle est définie structura- sont génétiquement liées.
lement, chronologiquement et géographiquement. Elle doit Roches de faille : roches issues de la transformation des
être distinguée de la notion de phase tectonique, au cours de matériaux situés au voisinage immédiat des failles lors du
laquelle plusieurs phases de déformation peuvent se succé- mouvement de celles-ci. Selon la vitesse et l’ampleur du
der, se superposer et donne naissance à un orogène. déplacement, les roches sont plus au moins transformées
Plasticité : comportement rhéologique où, après avoir été (cataclasites, pseudotachylites…) jusqu’à ne plus être repré-
soumis à un régime de contrainte, le matériau conserve une sentatives des roches originelles.
part de la déformation maximum enregistrée, sans revenir à Rupture : réponse d’un matériau ne pouvant plus accom-
son état initial. moder la contrainte appliquée par déformation élastique ou
Pli : de dimension centimétrique (microplis) à plurikilomé- plastique. Une ou plusieurs fractures se forment et la défor-
trique, les plis sont des structures tectoniques très connues, mation est alors accommodée par du déplacement entre ces
souvent spectaculaires. Ils sont nés de la déformation conti- plans de fractures. Dans des conditions de pression et de
nue et hétérogène des roches possédant des surfaces planes température suffisamment élevées, le matériau se déforme de
antérieures à la déformation. Ces surfaces dessinant les plis façon ductile et n’atteint jamais la rupture.
peuvent être mécaniquement passives où actives au cours de Schistosité : débit parallèle, serré, des roches ayant subi des
la déformation. Plusieurs mécanismes donnent naissance à contraintes tectoniques intenses. Elle se forme par réorien-
des plis : la flexion, l’aplatissement et le cisaillement hété- tation, par dissolution/cristallisation de minéraux préexis-
rogène en sont les plus connus. tant, par cristallisation orientée de nouveaux minéraux (cf.
Pli cylindrique, pli conique : la forme de la surface d’un pli foliation). Dans tous les cas, la schistosité représente le plan
est géométriquement définie par des lignes droites appelées d’aplatissement (plan XY) de la roche déformée.
génératrices. Si les génératrices sont parallèles, le pli est dit Strie : terme général donné aux tectoglyphes linéaires indi-
cylindrique (propriété géométrique du cylindre) ; si elles sont quant la direction et le sens de déplacement sur la faille. On
convergentes en un point le pli, est dit conique. Dans la réalité distingue les stries de cristallisation, de dissolution (ou stri-
du terrain, la partie médiane d’un pli est proche d’une géomé- lolithe), mécaniques.
trie cylindrique alors que ses extrémités, ou terminaisons, Strie (mécanique) : tectoglyphe linéaire caractéristique des
sont presque coniques. plans de faille et ayant pour origine la friction entre les deux
Pli isopaque, anisopaque : le caractère iso/anisopaque est blocs. La présence de l’élément striateur (petit galet par ex.)
relatif à l’épaisseur des strates plissées. On suppose que la en bout de strie permet de déterminer la cinématique sur le
couche plissée avait initialement une épaisseur constante sur plan de faille.
la partie observée ; si celle-ci est toujours constante après le Strilolithe : strie formée par pression-dissolution orientée
plissement, le pli est dit isopaque. Si elle varie le long du pli, localisée sur un miroir de faille, et accompagnant le mouve-
il est anisopaque. Il existe une relation étroite entre le carac- ment des blocs que la faille sépare. La strilolithe représente
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
tère iso/anisopaque d’un pli et son mode de formation (pli la contrainte tangentielle locale appliquée à la faille.
par flexion, par aplatissement, par cisaillement). Stylolithes : structures de pression-dissolution fréquentes
Pli de propagation : pli ayant pour origine la propagation dans les carbonates et formant des plans irréguliers portant
d’une faille depuis un niveau de décollement vers la surface. des pics millimétriques à centimétriques. L’axe de ces pics
La géométrie du pli est contrôlée par la rampe de bloc infé- est parallèle à la contrainte principale maximum.
rieur ainsi créée. Synforme : en domaine sédimentaire, géométrie présentant
Pli de rampe : pli formé en réponse à la formation d’un des pendages convergents vers le cœur de la structure. On
système de palier/rampe/palier de bloc inférieur en profon- parle de synclinal lorsque la polarité des séries est normale.
deur, impliquant deux niveaux de décollement. Tectoglyphe : structure ayant pour origine le glissement
Rampe : portion de faille oblique par rapport à la stratifica- entre deux blocs le long d’un plan de faille et permettant de
tion de la série affectée. Une rampe de bloc inférieur corres- discuter la cinématique sur ce plan.
pond généralement à un palier de bloc supérieur. Tenseur des contraintes : description matricielle d’un état
Rejet (de faille) : déplacement relatif des blocs rocheux de contrainte. On ramène généralement ce tenseur à une
limités par une faille. Le rejet « vrai » marqué par des stries matrice diagonale dont les trois termes sont les valeurs des
sur le miroir de faille n’est parfois connu que par ses compo- contraintes principales maximum, intermédiaire et mini-
santes verticales ou horizontales, selon l’orientation et la mum.
forme (linéaire ou plane) du repère affecté par le déplacement Toit : bloc situé à l’aplomb d’un plan de faille.
relatif. Le rejet d’une faille active se produit lors d’un événe- Viscosité : résistance à l’écoulement d’un matériau.
223
LÉGENDES DU CAHIER
PHOTOGRAPHIQUE
Planche 1: Plis et plissement
b) Plis en chevron
Les calcaires du Crétacé supérieur (Sénonien) sont déformés par des plis à flancs droits et charnières
étroites (= plis en chevron). Leur plan axial est vertical. (Montagne de Bures, Dévoluy, Alpes, France).
c) Anticlinal droit
Les calcaires du Tithonien sont déformés en anticlinal droit (plan axial vertical). Des plis secondaires
apparaissent à l’intérieur de la structure (disharmonie). (Saint-Julien-en-Beauchène, Dévoluy, Alpes,
France).
d) Anticlinal
Anticlinal dans les calcaires et marnes du Crétacé inférieur (ouest de la Montagne de Ceüse, Hautes Alpes,
France). Noter la variation de l’angle du pli le long du plan axial.
e) Plis cylindriques
Succession d’anticlinaux et de synclinaux cylindriques dans les calcaires lités du Jurassique supérieurs
de St May. (Vallée de l’Aygues, Drome, France).
Planche2: Failles
224
Légendes du cahier photographique
d) Faille normale
Faille normale dans les calcaires lités du Lias des Causses (St.-Affrique, Aveyron, France). Faille à rejet
vertical de 60 cm et pendage de 65°.
e) Faille décrochante
Miroir de faille décrochante recoupant des calcaires en gros bancs. De grosses cannelures horizontales
sont bien visibles sur ce miroir ; le jeu est senestre. (Faille des Cévennes, Pégairolle de Buèges,
Hérault, France).
f) Faille inverse
Faille inverse dans des marnes. Rejet inverse d’un mètre environ. (Oxfordien, massif d’Aujour, Veynes,
Hautes Alpes, France).
a) Le rift est-africain
Vue de la partie centrale du rift est-africain, à la jonction du segment nord-Kenya (au nord) et du
segment des grands lacs (au sud-ouest). (Document MGDS).
225
Légendes du cahier photographique
c) Stylolites tectoniques
Deux générations de stylolites tectoniques affectent les calcaires : les premiers formés sont horizontaux
et à pics verticaux ; ils sont nés en extension ; les seconds verticaux, à pics horizontaux se sont formés
en compression. (Calcaires, Navacelles, Hérault, France).
d) Miroir de faille
Sur la surface de faille lustrée par la friction on peut voir des stries et de cannelures parallèles. (Le Mas
d’Alary, Permien de Lodève, Hérault, France).
e) Brèche tectonique
Brèche formée par fracturation et arrachement lors du jeu décrochant (sénestre) sur une faille verticale
(vue parallèle au plan de faille), recoupant des bancs calcaires inclinés vers la droite. (Puèchabon,
Hérault, France).
b) Gradin de cristallisation
Dans cette lame mince d’un gradin de cristallisation la calcite cristallisée (gris clair « sale ») fibreuse et
encombrée d’impuretés a cristallisé pendant le mouvement sur la faille. La roche encaissante (gris
foncé) est microfracturée dans la contre-marche de la structure. (Calcaire micritique, Navacelles,
Hérault, France).
226
Légendes du cahier photographique
a) Schistosité de crénulation
La stratification soulignée par l’alternance lithologique forte (couleurs contrastées), fortement inclinée
à droite est recoupée et déformée par une schistosité de crénulation moyennement espacée, faiblement
inclinée vers la gauche. (Paléozoïque, Mont Louis, Pyrénées orientales, France).
c) Schistosité de fracture
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Sur le flanc d’un anticlinal dans des calcaires marneux (Jurassique sup. Dévoluy, Alpes) s’est formée
une schistosité de fracture, dont l’orientation et l’espacement changent selon la lithologie.
d) Brèche de faille
Une brèche de faille incohèrente borde une faille verticale. (Calcaires marneux du jurassique moyen,
Causse du Larzac, Aveyron, France).
e) Gouge de faille
Une gouge (matériel écrasé incohérent), de couleur gris bleuté jalonne une faille normale dans des
calcaires lacustres. (Oligocène, Limagne de Clermont Ferrand, France).
f) Brèche tectonique
Couloir de brèche dans des calcaires cristallins. (Jurassique, Pyrénées Orientales, France).
227
Légendes du cahier photographique
Planche8: Mylonites
Sur la faille ductile de la Marche, accident tectonique décrochant hercynien majeur en bordure nord du
Massif central français, se développe une série de mylonites formées au dépend de roches granitiques
mises en place vers 330-305 Ma.
En moins de 2 mètres le granite, très peu affecté (protomylonite naissante planche 8a) est transformé
en une ultramylonite évoluée (planche 8g).
228
BIBLIOGRAPHIE
MANUELS GÉNÉRAUX
AUBOUIN J., BROUSSE R. et LEHMAN J.P., 1968 – Précis de Géologie, Tome 3 : Tectonique,
Tectonophysique, Dunod, 544 p.
CHOUKROUNE P., 1995 – Déformations et déplacements dans la croûte terrestre, Masson,
126 p.
DERCOURT J., 2006 – Géologie et Géodynamique de la France Outre-mer et européenne,
Dunod, 3e édition, 400 p.
DEBELMAS J., MASCLE G. et BASILE C., 2008 – Les Grandes structures géologiques, Dunod,
5e édition, 322 p.
DAVIS G.H., 1984 – Structural Geology of Rocks and Regions, John Wiley & Sons, 492 p.
GIDON M., 1987 – Les Structures Tectoniques, B.R.G.M., Manuel et Méthodes, n° 15, 206 p.
GOGUEL J., 1965 – Traité de Tectonique, Masson, 457 p.
HOBBS B.E., MEANS W.D. et WILLIAMS P.F., 1976 – An Outline of Structural Geology, J.
Wiley & Sons, 571 p.
JOLIVET L., BRUN J.P., MEYER B., PROUTEAU G., ROUCHY J-L. et SCAILLET B., 2008 – Géody-
namique Méditerranéenne, Vuibert et Société Géologique de France, éditeurs, 216 p.
LLIBOUTRY L., 1998 – Tectonophysique et Géodynamique. Une synthèse Géologie structu-
rale – Géophysique interne, Masson, 462 p.
MATTAUER M., 1973 – Les Déformations des Matériaux de l'Écorce Terrestre, Hermann,
493 p.
MEANS W.D., 1976 – Stress and Strain, Basic Concepts of Continuum Mechanics for Geolo-
gists, Springer-Verlag, New-York, Heidelberg, 338 p.
NICOLAS A., 1989 – Principes de Tectonique, Masson, 223 p.
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
NICOLAS A. et POIRIER J.P., 1976 – Crystalline Plasticity and Solid State Flow in Metamor-
phic Rocks, J. Wiley & Sons, 444 p.
NICOLLET C., 2010 – Métamorphisme et Géodynamique, Dunod, 288 pages.
PHILIP H., BOUSQUET J-C. et MASSON F., 2007 – Séismes et risqué sismiques. Approche
sismotectonique, Dunod, 340 p.
PRICE N.J. et COSGROVE J.N., 1990 – Analysis of Geological Structures, Cambridge Univ.
Press, 511 p.
RAMSAY J.G., 1967 – Folding and Fracturing of Rocks, McGraw-Hill Book Company,
568 p.
RAMSAY J.G. et HUBER M.I., 1983, 1987 – Modern Structural Geology, vol. 1 : Strain Analy-
sis, vol. 2 : Folds and Fractures, Acad. Press, 700 p.
229
Bibliographie
Chapitre 1 : Présentation
KEARY P. et VINE J.F., 1990 – Global Tectonics, Blackwell, 302 p.
LE PICHON X., FRANCHETEAU J. et BONNIN J., 1976 – Plate Tectonics, Developments in
Geotectonics, 6, Elsevier, 311 p.
MATTAUER M. et MERCIER J.L., 1984 – « Chaînes de montagnes (typologie) », Encyclopedia
Universalis, vol. 4, 569-578.
« La Dérive des Continents ; la Tectonique des Plaques », 1979 – Bibliothèque Pour La
Science, éd. française de Scientific American, diffusion Belni, Paris, 215 p.
230
Bibliographie
PRICE N.J., 1968 – Fault and Joint Development in Brittle and Semi Brittle Rocks, Pergamon,
176 p.
ting, Fault Sealing and Fluid Flow in Hydrocarbon Reservoirs, Geological Society,
Special Publications, 147, 51-70.
MARCHAL D., GUIRAUD M. et RIVES T., 2003 – « Geometric and morphologic evolution of
normal fault planes and traces from 2D to 4D data », Journal of Structural Geology, 25,
135-158.
MC GRATH A. et DAVISON I., 1995 – « Damage zone geometry around fault tips », Journal of
Structural Geology, 17,7, 1011-1024.
MC KENZIE D.M., 1967 – « The relation between fault plane solutions for earthquakes and
the directions of the principal stresses », Bull. Seismol. Soc. Am., 59, 591-601.
MERCIER J.L. et CAREY-GAILHARDIS E., 1989 – « Regional state of stress and characteristic
fault kinematics instabilities shown by aftershock sequences : the aftershock sequences of
231
Bibliographie
232
Bibliographie
233
Bibliographie
FRIZON DE LAMOTTE D. et BUIL D., 2002 – « La question des relations entre failles et plis
dans les zones externes des chaînes de montagnes. Ébauche d’une histoire des idées au
cours du XXe siècle », Travaux Du Comité Français D'histoire De La Géologie, Troi-
sième série, T.XVI.
HUDDELSTON P.J., « Fold morphology and some geometrical implications of theories of fold
development », Tectonophysics, 16, 1-46.
MISSENARD Y., TAKI Z., FRIZON DE LAMOTTE D., BENAMMI M., HAFID M., LETURMY P. et
SÉBRIER M., 2007 – « Tectonic styles in the Marrakesh High Atlas (Morocco): The role of
heritage and mechanical stratigraphy », Journal of African Earth Sciences, 48 (4), 247-
266.
MITRA S. 2002 – « Structural models of faulted detachment folds », AAPG bull. 86(9), 1673-
1694.
NASH W.A., 1974 – Résistance des matériaux, 1. Cours et Problèmes, McGraw Hill, 211 p.
(éd. française, McGraw Hill, Paris, 1977).
RAMBERG H., 1963 – « Fluid dynamics of viscous buckling applicable to folding of layered
rocks », Bull. Am. Assoc. Petr. Geol., 47, 484-515.
RICH J.L., 1934 – « Mechanics of low-angle overthrust faulting as illustrated by Cumberland
Thrust Block », Virginia, Kentucky, and Tennessee, Amer. Assoc. Petroleum Geol. Bull.,
18, p. 1584-1596.
TEIXELL A., ARBOLEYA M.L., JULIVERT M. et CHARROUD M., 2003 – « Tectonic shortening
and topography in the central High Atlas (Morocco) », Tectonics, 22 (5), 1051,
doi:10.1029/2002TC001460T.
SUPPE J., 1985 – « Principles of structural geology », Prentice-Hall Inc, Englewood Cliffs,
537 p.
WISS R.J., 1988 – « Description and classification of folds in single surfaces », J. Struct.
Geol., 10 (6), 607-623.
234
Bibliographie
CHEMENDA A.J., 1994 – Subduction: insights from physical modeling, Kluwer, Dordrecht,
215 p.
CONEY P.J., 1980 – « Cordilleran metamorphic core complexes : an overview », In ML.
CRITTENDEN., P.J.CONEY et G.H.DAVIS Eds., Cordilleran metamorphic core complexes,
Geol Soc. Amer. Mem., 153, 7-34.
CAIRE A., 1960-63 – « Problèmes de tectonique et de morphologie jurassienneé », Mém. Soc.
Géol. France, Livre à la mémoire du Prof. P. Fallot, t. II,105-158.
DAVIS D.M. et ENGELDER T., 1985 – « The role of salt in fold-and-thrust belts », Tectono-
physics, 119, 67-88.
DAVIS D., SUPPE J. et DAHLEN F.A., 1983 – « Mechanics of Fold-and-Thrust Belts and Accre-
tionary Wedges », Journal of Geophysical Research, vol. 88, n° B2, 1153-1172.
DEBELMAS J., 1974 – « Les Alpes Franco-Italiennes », Géologie de la France, Doin, Paris,
540 p.
GLANGEAUD L., 1953 – « Tectonique comparée des nappes de glissement dans le Jura bressan
et diverses régions méditerranéennes », Bull. Soc. Géol. France, (6), III, 697-702.
JOLIVET L., BRUN J.P., MEYER B., PROUTEAU G., ROUCHY JM. et SCAILLET B ., 2008 – Géody-
namique méditerranéenne, Vuibert et SGF Eds., 218 p.
JOLIVET L., FACENNA C., GOFFE B., BUROV E. et AGARD Ph., 2003 – « Subduction tectonics
and exhumation of high-pressure metamorphic rocks in the Mediterranean orogens »,
American Journal of Sciences, vol. 303, p. 353-409.
MOLINARO M., ZEYEN H. et LAURENCIN X., 2005a – « Lithospheric structure beneath the
south-eastern Zagros Mountains, Iran : recent slab break-off ? », Terra Nova, Volume
17, Issue 1, 1–6.
MOLINARO M., LETURMY P., GUEZOU J.-C. et FRIZON DE LAMOTTE D., 2005b – « The struc-
ture and kinematics of the southeastern Zagros fold-thrust belt, Iran : From thin-skinned
to thick-skinned tectonics », Tectonics, vol. 24, tc3007, doi:10. 1029/2004tc001633.
MUGNIER J.L. et VIALON P., 1986 – « Deformation and displacement of the Jura cover on its
basement », J. Struct. Geol., 8 (3/4), 373-387.
ROURE F., HEITZMANN P. et POLINO R., 1990 – « Deep structure of the Alps », Mém. Soc.
Géol. Fr., Paris. 156 ; Mém. Soc . Géol Suisse, Zürich,1 ; Vol. sp. Soc. Geol. It. Roma, 1,
367 p.
SHERKATI S. et LETOUZEY J., 2004 – « Variation of structural style and basin evolution in the
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
central Zagros (Izeh zone and Dezful Embayment), Iran », Mar. Pet. Geol., 21(5), 535-
554.
TIREL C., BRUN JP. et BUROV E. , 2004 – « Thermo-mechanical modeling of extensional
gneiss domes », Gneiss domes in orogeny, edited by WHITNEY D.L., Boulder, Colorado,
p. 67-78.
ZEYEN H. et FERNANDEZ M., 1994 – « Integrated lithospheric modelling combining thermal,
gravity, and local isostasy analysis : Application to the NE Spanish Geotransect »,
Journal of Geophysical Research, 99, 18089-18102.
235
Bibliographie
GPS observations in Iceland », Geophys. J. Int., 177 (2), 691-716, doi : 10.1111/j.1365-
246X.2008.04059.x.
BEAUVAIS A., RUFFET G., HÉNOCQUE O. et COLIN F., 2008 – « Chemical and physical erosion
rhythms of the West African Cenozoic morphogenesis : The 39Ar-40Ar dating of super-
gene K-Mn oxides », J. Geophys. Res., 113, F04007.
BUROV E. et GERYA T., 2014 – « Asymmetric three-dimensional topography over mantle
plumes », Nature, 513, 85-89, doi : 10.1038/nature13703.
Cavalié O., Doin M. P., Lasserre C. et Briole P., 2007 – « Ground motion measurement in the
Lake Mead area, Nevada, by differential synthetic aperture radar interferometry time
series analysis : Probing the lithosphere rheological structure », J. Geophys. Res., v.
112(B3).
EINSELE G., 2000 – Sedimentary Basins, Springer Verlag ed.
GAUTHERON C., BARBARAND J., KETCHAM R., TASSAN-GOT L., VAN DER BEEK P. et PAGEL M.,
2013 – « Chemical influence on D-recoil damage annealing in apatite : implications for
(U-Th)/He dating », Chem. Geol., 351, 257-267.
HUSSON É., SÉRANNE M., COMBES P.-J., CAMUS H., PEYBERNÈS B., FONDECAVE-WALLEZ M.J.
et MELINTE-DOBRINESCU M., 2012 – « Marine karstic infillings : evidence of extreme base
level changes and geodynamic consequences (Paleocene of Languedoc, south of
France) », Bull. Soc. géol. France, t. 183, n° 5, p. 425-441.
JOHNSON D.M., SMITH W.K. et SILMAN M.R., 2004 – « Comment on : Climate independent
paleoaltimetry using stomatal density in fossil leaves as a proxy for CO2 partial
pressure », Geology, e82-e83, doi : 10.1130/0091-7613-33.1.e82.
MCELWAIN J.-C., 2004 – « Climate-independent paleoaltimetry using stomatal density in
fossil leaves as a proxy for CO2 partial pressure », Geology, 32, 1017-1020.
Pérouse E., VERNANT P., CHÉRY J., REILINGER R. et MCCLUSKY S., 2010 – « Active surface
deformation and sub-lithospheric processes in the western Mediterranean constrained by
numerical models », Geology, 38(9), 823-826, doi : 10.1130/G30963.1.
ROUGIER S, MISSENARD Y., GAUTHERON C., BARBARAND J., ZEYEN H., LIEGOIS J.P., BONIN B.,
OUABADI A., EL-MESSAOUD DERDER M. et FRIZON DE LAMOTTE D., 2013 – « Eocene exhu-
mation of the Tuareg shield », Geology, 41, 615-618.
SAILLARD M., HALL S.R., AUDIN L., FARBER D.L., REGARD V. et HÉRAIL G., 2011 – « Andean
coastal uplift and active tectonics in southern Peru : 10Be surface exposure dating of
differentially uplifted marine terrace sequences (San Juan de Marcona, ~15.4°S) »,
Geomorphology, V.128(3-4), 178-190.
SERPELLONI E., VANNUCCI G., PONDRELLI S., ARGNANI A., CASULA G., ANZIDEI M., BALDI P.
et GASPERINI P., 2007 – « Kinematics of the western Africa-Eurasia plate boundary from
focal mechanisms and GPS data », Geophys. J. Int., 169(3), 1180-1200, doi : 10.1111/
j.1365-246X.2007.03367.x.
236
INDEX
Aciculaire (minéral) 132 Axes géométriques (A, B, C) plan de 11, 33, 39, 64, 114,
Agrégat polycristallin 121, 151, 152, 163 137, 140, 163
125, 127 Axial (plan, surface) 149 simple 15, 20, 46, 56, 89,
Allochtone 183 100, 101, 125, 140, 146,
Allongement 2, 16, 34, 90, Basculement (de blocs) 86, 152, 160, 162-164
96, 137, 156 100, 102, 114, 116, 196 (sens de) 137, 138, 163
(mesure de l’) 90 Basin and Range (bassin de (zone de) 47, 55, 56, 65,
Amincissement type) 86, 96, 98, 99, 104, 89, 142, 146, 147
crustal 89, 98 112 pur 15, 16
lithosphérique 89, 194 Boucle de dislocation 120 Clastes 132, 134, 138, 140
Amollissement du matériau 26 Bouclier 93 Cleavage 130
Amonton (loi d’) 39 Boudinage 137 Clivage 121, 130, 133
Amplification (facteur d’) Brèche sédimentaire 86 Coble (fluage de) 123
154 Buckling 153 Cohésion 36, 39, 41, 42, 61,
Analogique (simulation) 3 Burgers (vecteur de) 120 62, 95
Anderson (modèle) 49, 54, Coin extrusif 186
68, 98 Cannelures 67 Collage-glissement (faille
Anélasticité 28 Carey-Brunier (méthode de) par) 99
Angle d’ouverture d’un pli 68 Collision 1, 106, 148, 191,
150 Cassante (déformation) 2, 27, 192, 197
Anticlinal 162, 170 30, 31, 33, 48, 59, 82, 149 Compression 1, 13
Antiforme 149 Cataclasite 66, 83,148 Confinement (pression de)
Antithétique (faille) 47, 56, Cataclastique (déformation) 24-26, 28, 30, 36, 117
85, 94, 101 118 Conique (pli) 151
Aplatissement 103, 125, 128, Chaîne alpine 189 Conjugué (faille, cisaille-
140, 153, 166, 167 Charge 19, 37 ment) 37, 45, 49, 110, 117
Asismique 67, 99 Charnières de pli 134, 159, Constriction 128
Asthénosphère 89, 90, 92, 160, 161 Continue (déformation) 2,
194 Charriage 182, 183 19, 30, 159
Atome interstitiel 118 Chemin P-T 198, 200 Contrainte cisaillante 33, 65
Autochtone 183 Chevauchement 168, 173, (champ de) 11
Autodiffusion 119 175, 178 déviatorique 12, 65, 68
Avant-pays 110, 170, 171, aveugle 186 différentielle 9, 24, 28, 31,
183, 190 émergent 186 43, 52, 53, 123, 125
Axes cinématiques (a, b, c) Cinématique 1, 65, 68, 71, (ellipsoïde des) 65
135, 163, 164 72, 73, 98 (état de) 5, 9, 10-12, 49,
Axes de déformation Cisaillement 51, 52, 54, 64, 68, 70, 91,
(X, Y, Z) 128, 135, 137 (angle de) 62 94, 95, 98
Axes de pli 57, 104, 108, 195 augulaire 15 plane 9
237
Index
238
Index
239
Index
240
Index
241
Index
242
a
I
Anticlinal de Saint-Julien-en-Beauchêne
II
Miroir de faille normale
(Korkuteli, Turquie).
Planche 2 – Failles
(légendes détaillées en page 224)
Système de failles
décrochantes de
l’Altyn Tagh (AT),
et de Kunlun (K),
(Chine).
III
e
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
Stries de cristallisation
(gabbros, Alpes, France). Stries mécaniques et de cristallisation
(grés calcaire, Alpes, France).
VI
Stries de cristallisation
(serpentinites Vourinos, Grèce). Stries mécaniques
Deux générations. (calcaire et dolomie, Grèce).
VII
s s
c s
b
VIII c c
f
s
g
cf
c pc
(type ?)