Amar Ouzegane Un Communiste Musulman

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Mohamed  –  Karim      ASSOUANE  


 

AMAR
OUZEGANE
UN
Communiste
Musulman
BIOGRAPHIE
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à  la  mémoire    

d’Abdelkader  Benzighala  
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PRESENTATION

Lorsque le troisième leader du Parti Communiste d’Algérie (PCA), se mettait à


écrire son livre-témoignage, Le Meilleur combat (1962), il n’était plus ce militant
dévoué à la cause du prolétariat algérien. En effet, Amar Ouzegane c’est de lui qu’il
s’agit dans ce présent écrit, ce nationaliste enroulé au sin de l’UGTA-FLN et le militant
indépendantiste qui purgeait sa peine de prison à Fresnes en 1962.

L’écrit en question, ne peut-être considéré un simple témoignage d’un cadre-


militant communiste qu’il fut jusqu’en 1947 pouvant éclairer du mouvement
communiste algérien (MCA) sur une des pages les plus ambiguës et des plus complexes.
Mais LMC est un ouvrage qui répondait beaucoup plus à une attitude bien personnelle,
de la part d’Ouzegane, en direction de celui qui le remplacera à la direction du PCA,
Larbi Bouhali. Ce dernier avait rédigé un article intitulé Le peuple algérien lutte pour
son indépendance nationale, publié sur la revue théorique du PCUS, Kommunist,
en1960.

Il est intéressant d’apprécier et à sa juste valeur, l’écrit de Amar Ouzegane avant


de porter un tout autre regard sur l’itinéraire de l’ex-militant « communiste ». Rééditer
sous les presses d’une édition étatique en 2006, LMC s’ouvre sur ce qu’il nomme
idéologie nationale révolutionnaire (première partie) et que le FLN est bien cette force
qui a réussi « d’achever la défaite politique et idéologique des forces paralysantes au
sein du peuple » (p. 22). Les forces en question, Ouzegane les classes et les déterminent
non en tant que classes sociales, mais comme manifestations idéologiques comme si le
FLN avait mené une lutte idéologique armée contre un cartel idéal composé de
nationale- réactionnaire (les zaouïas), le nationale-réformisme (l’association des
Oulémas), l’idéologie de capitulation (PCA et MNA) enfin, celui de l’idéologie contre-
révolutionnaire du messalisme (LMC, p. 22-23).

Ouzegane estime que le régime colonial est source d’analphabétisme et


d’obscurantisme (p. 29) et que la fidélité

« à l’islam persécuté et bafoué par la colonisation était


objectivement plus révolutionnaire – dans la perspective lointaine –
et sur le plan dialectique et sur le plan historique » (p. 29).

S’il considère que le mouvement de réforme religieuse est un mouvement de


« renaissance islamique de caractère culturel et politique » (p. 30), le Parti communiste
par contre était,
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« Une organisation bourgeoise, anti-communiste,


rétrograde, cherchant à contrecarrer l’action révolutionnaire du
Parti national révolutionnaire, « organisation de masse » devant
rassembler tous les partisans de l’indépendance de l’Algérie » (p.
30).

Et rectifiant un peu lus loin son tir, il précisera que la position du Parti
Communiste en Algérie « fût rectifiée sur la pression de militants syndicaux liés au
peuple » (p. 31) en donnant l’exemple d’une action de masse combinée entre PCA et
PNR « en faveur du cheikh El-Okbi » (p. 31), qui a été accusé d’avoir été l’instigateur de
l’assassinat du muphti Bendali d’Alger en 1936.

Chargeant une fois de plus le PCA, Ouzegane considère ce parti comme une
organisation dépourvue de révolutionnaires qui puisse « étudier en même temps Al-
Coran et Marxisme et empiriocriticisme » (p. 41). Le militant révolutionnaire moderne,
dont Ouzegane fait allusion, est celui qui rejette l’attitude de la direction
bureaucratique du PCA à l’égard de la religion « par référence aux communistes
français qui ont hérité de l’anti-cléricalisme jacobin » qui, devant l’échec de la
transformation de l’Eglise en Eglise nationale détachée du Vatican, ont procédés à la
fermeture des couvents (p. 42). Mais, selon Ouzegane, la direction du PCA préfaire « se
nourrir quasi exclusivement de la littérature des Editions Sociales du PCF » (p. 42), se
faisant influencée par

« La déviation de l’aristocratie ouvrière européenne, par la


paresse intellectuelle et par la taqlid mimétique les dirigeants du
PCA se passeront au coup la corde de l’opinion de L’Humanité. » (p.
42)

Pour Ouzegane le PCA n’a pas réussi à savoir son indépendance selon
l’exigence de « événement historique », puisque son premier Congrès constitutif « s’est
déroulé (…) avec la participation du Troisième secrétaire du PCF » (p. 83-84). Un PCA
qui promettait au poste de secrétaire à l’organisation dans « l’appareil du CC du PCA »
(p. 87), un permanent originaire de la Métropole qui refusait de travailler sous la
direction d’un arabe. Ouzegane parle d’abandon, de la part du PCA, de la formation, de
l’éducation militante et de l’organisation de « la couche laborieuse la plus méprisable,
la plus nombreuse, la première réserve de la Révolution anti-impérialiste » (p. 87) de
la part surtout d’un parti qui se voulait être prolétarien.

Maxime Rodinson, cet orientaliste « marxisant » et dans un article compte-


rendu, avait mentionné LMC d’Ouzegane comme étant un ouvrage qui « règle les
comptes de l’auteur avec son passé communiste et son présent nationaliste » (Le
Monde-diplomatique, n° 104 du 12-1962), (p.7). Rodinson regrettant que « plus de
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distance eût été plus efficace », même si Ouzegane dépasse la défensive et attaque. En
attaquant, « Il construit. Et en discerne les lignes maîtresses d’un nouvel édifice, les
linéaments d’une nouvelle idéologie » (Idem), celle de l’islam comme facteur de
progrès.

Mais en s’acharnant sur « l’idiosyncrasie du théoricien du PCA, ce


particularisme bureaucratique béguetant la doctrine comme une chèvre » (p. 189).
Amar Ouzegane ne contribue nullement à éclairer l’histoire du MCA, en termes de lutte
des classes et d’événements historiques. Il n’est certes pas un historien, ni même un
théoricien du Parti, mais la retenue de cet ex-militant internationaliste, nous aurais
éviter les propos sarcastiques et blessant même, envers d’un Larbi Bouhali qui, tout
comme Ouzegane, est aussi un produit du déviationnisme politico-idéologique au sein
d’un même « parti ». LMC est malheureux combat de celui qui fut militant puis cadre
au sein du PCF, puis un des dirigeants du PCA et qui a contribué énormément à la lutte
nationale dans son ensemble, mais aussi, participant à la dégénérescence de tout un
mouvement révolutionnaire algérien.

Mais les faits historiques sont là et demeurent une des dimensions les plus
déterminantes à comprendre le pourquoi de tel ou tel comportement politique et
idéologique, permettant l’écriture de l’histoire du MCA en terme de connaissance,
permettant l’émergence de prises de positions futures.

De notre part, et après avoir abordé une lecture de l’itinéraire de Benali Boukort,
dans un précédent écrit et nous tenons à le mentionné fortement. Nous n’avons aucun
règlement de compte à dissimuler ou à expliciter devant les sacrifices de nos aînés du
MCA, Amar Ouzegane en tête, bien que nous n’avions pas l’honneur de le connaître ou
de l’approcher, il était important de signaler qu’après lecture de LMC, nous relevons en
lui un homme de grande culture et de lectures, une chose bien rare dans le contexte
colonial.

Amar Ouzegane évoquera l’Emir Khaled et la création de l’Etoile Nord-Africaine


(ENA), en la qualifiant d’organisation national-révolutionnaire (pp. 118-119) et
l’attitude tactique du PCA envers ses nationalistes (pp. 170-178) qu’il trouve
incompréhensible et la qualifiant de grave erreur historique. Tout en revenant à la
charge, à l’encontre de rival « bureaucratique », Ouzegane considère Larbi Bouhali
comme un frotteur de nombril autour d’une soi-disant opposition du « facteur militaire
au facteur politique » (p. 188) durant la lutte armée nationale entre le FLN et l’ALN.

Bien qu’il l’avait affirmé au début de son pamphlet, la question méthodologique


qui l’opposait à Bouhali, n’allait nullement « dresser le catalogue des principes de la
guerre révolutionnaire, de la stratégie et de la tactique dans la révolution bourgeoise
démocratique ». La conception est lancée et elle soulève un autre débat quant à la
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perception marxiste d’Ouzegane lui-même. De quelle « révolution bourgeoise


démocratique » est-il question à l’heure e la lutte armée anticolonialiste et où la
contradiction fondamentale est entre le peuple colonisé en lutte et la machine de guerre
coloniale. La confusion idéologique est certaine et ne fait qu’accentué la contradictoire
vision d’Ouzegane. Il évoque ces « mains habiles » qui peuvent vérifier, dans le cas
algérien, une « science révolutionnaire transformée en outil efficace ». un « outil » qui
permet de démêler ce qui « appartient au matérialisme historique » (Ouzegane) de
celui qui appartient à la théologie dogmatique, un concept qu’il dit emprunté à Ibn-
Khaldoun dans une tentative d’allier la pensée empirique du savant du 12e siècle avec la
dialectique marxiste.

Nous ne cherchons nullement à prendre position dans ce genre de conflits


quoique bien historique, ni à défendre l’un ou l’autre, mais plutôt d’apporter une
matière évènementielle pour une lecture historique et dialectique dans le but de
soulever un débat de militants qui pourrait répondre à la question suivante : Avions-
nous eu réellement un Parti Communiste Algérien ou faut-il parler de nécessitée d’une
refondation d’un Nouveau Parti Communiste Algérien ?
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UN « PCA VIRTUEL » POUR DES REALITES CONCRETES

Les 29 et 30/10/2019, la presse électronique algérienne a fait état de la création


d’un parti communiste, à partir d’une page Facebook « Saout El-Kadihine » (La Voix
des prolétaires), à travers la publication d’une Proclamation de la constitution du Parti
du prolétariat libérateur et émancipateur des travailleurs. Le Parti Communiste.

Composer de 17 paragraphes et quelques 2685 mots, le texte évoque cette


proclamation dans « le contexte de contre-révolution mondiale et d’affrontements anti-
impérialiste pour le partage des ressources et des marchés ». Beaucoup
« d’internautes » et quelques militants progressistes ont manifestés leur engouement,
appréciant « l’initiative » du Link.

Mais, à lire attentivement les deux premiers « textes » fondateurs du PC virtuel, il


y a lieu de relever son total éloignement, tout d’abord, de l’ancien PCA et de ces
continuateurs, ensuite. C’est une annonce de rupture à partir d’un rien.

Les contenus des textes du PC virtuel n’apporte absolument aucune réponse ni


référence théorique et philosophique sur l’identité de ce parti autoproclamé du
« prolétariat des travailleurs » (Y a-t-il un prolétariat des chômeurs et des sans-
emplois ?). deux mots qui sonnent la contradiction idéologique des concepteurs des
« appels », à vouloir se désigner comme avant-garde d’une force de travail bien plus
explicite dans la littérature marxiste-léniniste. La limite historique du « texte » de
proclamation ne dépasse nullement le mouvement de masse du 22 février 2019. Il est
d’autant plus intéressant de signaler au passage, cet apparition imitative d’un langage
pompeusement trotskyste tentant de contenir un mouvement de contestation politique
qui continu à ne pad dire son nom, c’est un PC virtuel et imagé au sein d’un hirak des
vendredis criards.

Si nous signalons, au passage, cette annonce, c’est bien dans le cadre d’évoquer
l’itinéraire « communiste » d’un militant qui participe lui aussi, à l’annonce d’un PC
d’une tout autre nature et dans un contexte sociohistorique bien plus complexe que
celui de l’indépendance politique de l’Algérie. Sans ce presser sur un quelconque
jugement hâtif, nous quittons ce militantisme virtuel, en évoquant au passage l’autre
écrit qui se eut un témoignage de militant « communiste » algérien en date de 2014 :
William Sportisse, frère cadet de Bernard et Lucien, figure du communisme dans le
Constantinois et en Algérie. L’article s’intitule, Le Parti Communiste Algérien et le
déclenchement de l’insurrection au premier novembre 1954, et à travers lequel
l’honorable militant révisionniste, défend la thèse d’une participation effective du PCA
dans la lutte armée de libération nationale et l’attitude de la direction de ce Parti vis-à-
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vis de l’insurrection qui aurait adhérée à l’idée de la nécessité de passer à l’action


violente et cela dès le 6e Congrès du parti révisionniste, qui a eu lieu du 21 au
23/11/1952.

Pour W. Sportisse, la déclaration de Larbi Bouhali, premier secrétaire du PCA à


l’époque, est, à elle seule, un changement de ligne et d’attitude de ce parti en direction
de la lutte armée pour l’indépendance politique. Larbi Bouhali, dont Ouzegane en
faisait un ennemi de classe, parlait de « lutte supérieure » que Sportisse réinterpréta en
« lutte armée » afin,

« D’éviter des poursuites et des condamnations des


tribunaux colonialistes pour atteinte à la sécurité intérieure de
l’Etat colonial en vertu de l’Art. 80 du code pénal Français ».

Sportisse estime que le PCA s’est renforcé à la veille du premier novembre 1954
grâce,

« à son action anticolonialiste et anti-impérialiste et ses efforts


constants en faveur de l’inion de toutes les forces nationales. »

Il considère que la large implantation du PCA parmi les couches populaires du


pays et son audience « dans les rangs des deux autres partis nationalistes (MTLD et
UDMA) et de l’Association des Oulémas » a été un facteur positif pour une adhésion à la
lutte armée. Il considère aussi que le PCA avait « une première réaction réaliste même
si elle a pu comporter certaines insuffisances. » et cette réaction se référait, ajoute
Sportisse, à la fois sur l’aspiration profonde d’une large majorité des Algériens à
l’indépendance et

« En même temps prenait en compte le niveau d’organisation


et la possession de moyens matériels nécessaires insuffisant pour
mener la lutte armée combinée aux autres formes de lutte. »

L’écrit de Sportisse avait pour objectif de rappeler la vérité historique « souvent


déformée par ceux qui par anticommunisme de classe ou guidés par des préjugés d’un
autre âge » voulant effacer l’apport, précise-t-il, des communistes à la lutte de
libération, et concluant par une citation de l’universitaire et ex-ministre du FLN,
Slimane Chikh, tirée de son livre l’Algérie en arme, qui ne fut en réalité que la réplique
nationaliste chauvine de l’écrit de l’officier de l’ALN et militant du PCA, Mohamed
Téguia, L’Algérie en guerre, où M. Chikh écrivait que, « le tribut payé par le PCA au
cours de la lutte de libération nationale est assez lourd. Le pouvoir colonial ne l’a pas
épargné » (p. 316). Alors que dans son ouvrage-témoignage, Le Camp des oliviers
(2012), le même Sportisse nie catégoriquement la participation du PCA d’une
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quelconque organisation ou autre structure pour la lutte armée d’indépendance de


l’Algérie. A la page 186 de ses entretiens avec Pierre-Jean Le Foll-Luciani, il est dit :

« Non. La seule préparation a été théorique. Je me souviens


par exemple avoir acheté et lu avec beaucoup d’intérêt un ouvrage
édité par les éditions en langues étrangères de Moscou,
rassemblent les écrits marxistes-léninistes sur les luttes des
partisans. Nous parlons également des méthodes d’organisations
de la période clandestine que nous avions connue sous Vichy,
lorsque nous évoquions l’histoire du Parti. Mais il n’y a pas eu de
cours particuliers. Bien sur, les communistes qui avaient fait le
service militaire savaient manier les armes, mais il n’y a pas eu de
préparation à la lutte armée en tant que telle. »

Les communistes algériens et toujours selon Sportisse, ne concevaient que la


lutte anticolonialiste que comme une lutte politique pacifique, qui devait utiliser tous
les moyens légaux à leurs dispositions. Le PCA n’était pas opposé à la lutte armée, mais
sur le seul plan de principe, mais « nous ne la préparons pas », précise encore William
Sportisse.

Mais le Bouhali dont évoque Sportisse, est une véritable cheville ouvrière du
révisionnisme moderne au sein du MCA. Bien avant Bachir Hadj-Ali qui regrettait la
« mort » de Statine en 1953 et le critiquait aux assises du XXe Congrès du PCUS,
Bouhali lui, adressait le 6/4/1951, un télégramme de félicitations au Parti communiste
italien à l’occasion de la tenue de son VIIe Congrès et lui souhaitant plein de succès
dans ses travaux « sous la direction du chef des représentants du peuple italien,
Palmiro Togliatti ». ce dernier, qui partageait le pouvoir politique en bon parti
électoraliste, avec la Social-démocratie et la Démocratie-chrétienne pro-américaine
après avoir fait école à l’ombre du fascisme.

Une fois la construction du socialisme en URSS trahie par l’oligarchie


Boulganine-Khrouchtchev, Bouhali s’installe entre Moscou et Prague, en porte-parole
du révisionnisme algérien. En 1963, il rencontre Nikita Khrouchtchev à Sotchi (Mer
Noire) partageant avec lui une cure personnelle et où il eut une discussion dans une
atmosphère imprégnée d’une cordiale amitié, précisait la dépêche de l’Agence TASS,
reliée par L’Unita du PCI, en date du 3/6/1963.

Bouhali était en « cure » au moment où un membre du BP du FLN, préparait la


dissolution « politique » et non juridique du PCA historique.
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AMAR OUZEGANE LE « MILITANT » DES ECOLES CORANIQUES

Nous nous intéresserons à ce militant « communiste », en tant que tel. Il faisait


partie de la première génération des dirigeants du MCA. Son parcours nationaliste
intéressera beaucoup plus les historiens idéologiques de ce courant.

Un parcours qui englobe 18 années de son existence, entre 1930 et 1948 avant sa
reconversion nationaliste.

L’histoire des Ouzegane est étroitement liée aux luttes de classe en Algérie où le
capitalisme français dominant et émergeant est à sa phase coloniale supérieure et une
société vivant dans des rapports socio-économiques féodales et décadentes depuis des
siècles. Le grand-père d’Amar faisait partie de cette société inféodée à un univers de
rapports sociaux clanistes et tribales, baignant dans une culture dominé par la
soumission sociale. La révolte féodale d’El-Mokrani en 1971, est une réaction tout à fait
subjectiviste à une réalité bien objective qui s’imposait par la machine de guerre
administrativo-militaire du capitalisme colonial. C’est une manifestation historique
propre à l’Algérie de la seconde moitié du XIXe siècle. la rébellion dite de Kabylie, mais
en réalité touchant des régions allant jusque dans la région de M’Sila et les portes du
désert au sud de l’Oranais, était une réaction tout à fait naturelle à la politique
cadastrale coloniale de la dépossession des terres agricoles et des biens dans le but réel
était une reconfiguration sociale de la féodalité locale qui entravé la politique coloniale
de population en particulier, et le système capitaliste industriel en Métropole d’une
façon générale.

Le mouvement armé et confessionnel d’El-Mokrani était certes patriotique sur un


plan politique, mais bien marqué par une composition tribale et religieuse sur les plans
socio-idéologique. Il n’avait pas à prendre les armes au nom de la Confrérie religieuse
de la Rahmanya si ses propres intérêts économiques et ceux de la zaouïa n’étaient
remise en cause par le nouveau régime de Napoléon III. Personne ne peut prétendre
que le présent peu reconstruire les événements du passé. Mais les résistances
populaires du XIXe siècle colonial forment un vaste mouvement de nature patriotique
et à caractère traditionnel (MPT), face à un expansionnisme français de nature
mercantiliste par rapport à une structure sociale et économique précapitaliste.

Les forces populaires composant ce MPT sont essentiellement paysanne,


pastorales et les érudits religieux qui ont contribués à la formation d’un sentiment pré -
national.

Nous pensons que les instructions économiques coloniales ont contribués, d’une
façon effective, à faire de ce MPT une voie sans issue face à ce colonialisme de
population bien au devant de l’Histoire, alors que les structures qu’il combat, sont
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totalement dépassées par les événements de cette même Histoire et se retrouve donc en
arrière plan des événements et de leur développement.

Les guerres populaires traditionnelles que l’Algérie avait connues avant et après
le mouvement armé d’El-Mokrani, forment un réel examen pour les forces de l’esprit
d’une nation tant sur un plan organisationnel que celui de l’ordre social.

Ils ont certes, formés des guerres nationales et populaires, mais dirigées par des
idéologies traditionnelles, ne pouvant réussir à former une direction centrale orienter,
ni développer leur capacité à mobiliser le plus grand nombre de paysans malgré ce
caractère populaire et national de la guerre (en terme d’extension su une grande partie
du territoire national actuel). Tout comme nous relevons que de l’insurrection de l’Emir
Abdelkader à celle des Aurès en 1916, une certaine conscience patriotique s’affirmait
graduellement et qu’en terme d’accumulation, une sensibilité traditionnelle s‘est
développé avec un certain progrès qui virera, malheureusement vers la stagnation ou le
tournoiement en rond. Ce qui nous incite à noter, que la situation du MCA n’est pas
uniquement le résultat de l’influence de la Révolution bolchévique d’Octobre, mais celle
de toutes les évolutions sociales, économiques et idéologiques en Algérie coloniale.

Si le grand-père d’Ouzegane n’avait pas été spolié de ses centaines d’hectares de


terres agricoles, il n’aurait jamais eu l’idée de lever le petit doigt face à l’armée
coloniale, ni libérer les centaines de milliers de Kabyles et Arabes vivant sous le régime
de l’exploitation des féodalités pro-colonialistes. Amar Ouzegane, bien que né à La
Casbah d’Alger le 7/3/1910, a vécu son enfance dans ce climat familial marqué par
l’ordre socioculturel qui instruisait aux nouvelles générations la culture de la
soumission et du respect au patriarche clanique. L’école coranique fut une institution
bien adaptée à ce type d’enseignement et éducation idéologique. Et au-delà de cet
univers du Bien et du Mal, Amar Ouzegane sera confronté à la quotidienneté de
l’amertume. Il grandit au milieu de l’enfer de la Première guerre impérialiste et le
monde du partage des sphères coloniales. Il apprendra par le seul travail qu’il
n’appartient plus à une famille, une caste ou un groupe tribal, mais à nouveau monde
basé sur la seule division du travail par l’exploitation de classe. En 1924, Amar
Ouzegane est à Alger et il n’a que 14 ans et il n’est plus cet adolescent rêveur d’un avenir
meilleur pour lui et ses siens, mais un enfant délaissant sa condition juvénile et se
soumet à la réalité d’une négation de Soi et de l’effacement face au quotidien décadent.
Il est engagé comme garçon de vente à la criée à L’Echo d’Alger une véritable école pour
le futur journaliste et militant communiste. Son frère Saïd, reçoit au mois de février
1925, un prix d’encouragement de 5 francs, après avoir suivi les cours préparatoires du
soir du comité d’indigène de la rue Marengo (Alger). Belle somme à l’époque pour un
futur restaurateur de la rue Clauzel.
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Au moment où il rejoint le secteur grandissant des PTT et postiers d’Alger, le


monde vit une nouvelle dynamique politique et sociale. Il ignorait encore que la prison
de Lambèse (Batna) a été spécialement construite pour les prisonniers des Communes
de Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux. Un Empire qui condamne à la déportation, ses
propres sujets au nom d’un humanisme mensonger.

Amar Ouzegane avait grandis au milieu de ces paysans de la ville d’Alger, devenus
pour la plupart des dockers, conducteurs de tramways, vendeur de journaux ou à la
sauvette autour des marchés, des porteurs dans et autour des dock à vin. Une société
qui change et qui s’aliène de jour en jour en sombrant dans le banditisme, l’alcool, les
fumoirs et la prostitution. L’apartheid colonialiste a été une grande « académie » pour
une certaine prise de conscience politique.

L’année 1924, fut celle d’un déclic militant pour le mouvement ouvrier algérien.
Une Fédération communiste est en place en Algérie et elle compte déjà 3000 adhérents,
un journal, une imprimerie, un cercle et une salle des fêtes. Mais suite aux directives de
l’IC sur l’épuration des PC de toutes tendances sociale-démocrates et gauchistes, le
nombre réel des militants communistes est retombé à 200 cotisants réguliers. Deux
cents militants, pour la plupart d’origine européenne sur une population autochtone de
plus de 5 millions de personne. La région communiste du PCF-Algérie comptait
quelques dizaines « d’Arabes » entre Alger et Blida.

L’Algérie de l’enfance d’Ouzegane est celle des condamnations à la prison, pour


un oui ou un non. Les Algériens qui passaient au moins 5 jours de prison étaient, en
1926, au nombre de 2000. Mais les échos de la Révolution bolchévique arrivaient avec
beaucoup de lueurs d’espoir. La Révolution bolchévique avait donné naissance à une
Internationale des forces communistes de par le monde. Son leader s’éteindra le
24/1/1924, mais au mois de juin de la même année, débute les assise du Ve Congrès
mondial de l’IC et cela jusqu’au 8 juillet. Dix-huit mois plutôt, ce fut l’assise du Ive
Congrès lors duquel on annoncé les nouvelles tâches pour les luttes syndicales et
nationale. Le 4/6/1924, le Secrétariat général du PCF est saisi par les services du
Comité exécutif de l’IC afin de mandater des noms de participants au Ve Congrès. Le
Comité Directeur du PCF de l’époque donnera son approbation pour une liste de 14
noms, tous Français, afin de représenter le Parti aux assises. Une liste supplémentaire
verra le nom de l’Algérien Mohamed Marouf inscrit pour les travaux sur l’état des
colonies aux côtés d’un dénommé « Ferrand », de Gérard Verth ainsi que le député
ouvrier de la Seine, Boulois.

Le Comité Directeur du PCF, ajoutera et sur demande de l’exécutif de l’IC, un


représentant de l’Orient (Asie), le représentant des ouvriers indochinois en France,
N’Guen Ai Quoc, le futur Ho Chi Minh. Durant ce Congrès, deux questions ont été
soulevées et liées à la question nationale dans le cas algérien. La première, étant la
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bolchévisation au sein des partis communistes et la critique de l’IC à l’encontre de


l’action du PCF. L’intervention du délégué vietnamien sur la question nationale, la lutte
et les alliances anticolonialistes pour la libération nationale, marquera à jamais
l’histoire du mouvement communiste internationale. Côté de la délégation française,
une seule intervention retiendra l’attention de la section des colonies de l’IC. Celle
d’Henri Guilbeaux (1884-1938), un militant anarchiste suisse devenant communiste et
ami de Lénine, Guilbeaux sera expulsé du PCF pour sympathie avec Monatte et le
syndicalisme révolutionnaire et devenant par la suite, un agent des services secrets
français avec une nette adhésion aux idées du fascisme italien. Un itinéraire bien
« gauchiste » qui rappellera plus tard, ce lui du premier dirigeant du PCA, Benali
Boukort. Lors de la 21e séance du Ve Congrès (1/7/1924), Guilbeaux notait que :

« Sans sous-estimer les problématique qui se posent en


Europe, et en particulier les problèmes de l’Allemagne, sans sous-
estimer le nécessité qu’il y a pour l’Internationale Communiste à
donner tous son appui au Parti Communiste Allemand, la question
des nationalités, la question, des colonies occupe une place une place
de première importance. »

Intervention qui reprendra les propos de Lénine sur ces questions.


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LA REGION COMMUNISTE D’ALGERIE (RCA)

Une remarque l’impose sur cette RCA. Dans l’organigramme du PCF, l’Algérie a
été considéré comme Région et non en tant que colonie et la RCA est en fait sa section
algérienne dénommée à tors en tant que « Parti Communiste Algérien » dans de
nombreux documents internes. La RCA-PCF regroupait en 1925, une petite-bourgeoisie
de fonctionnaires indigènes instruits et francisés, faisant face, à presque au nombre
égal, aux représentants et militants ouvriers qui n’émergera pas aussi facilement du fait
que le projet colonialiste en Algérie est de nature rentière et spéculatif, exportant les
seules richesses du pays sans en apporter une quelconque transformation sociale ou
économique en direction des autochtones et maintenant le colonie Algérie en
dépendance permanente vis-à-vis de la Métropole colonisatrice.

En 1925, l’effectif des adhérents indigènes au sein de la RCA était de 310


personnes. Nous exclurons de notre décompte les 1230 européens pour des raisons
évidentes relevant du contenu de notre présent écrit.

En termes d fonctions sociales des membres de la RCA, la répartition est comme


suite :

- cheminots (entre ouvriers des ateliers et employés de bureaux, exploitation


et tractions) 82 :
- artisans 50 ;
- paysans 50 ;
- fonctionnaires (instituteurs en postes) 45 ;
- ouvriers de l’industrie 25 ;
- employés du commerce 20.

Sur un plan organisationnel, la RCA-PCF comportait des Rayons, Sous-rayon et


Cellules, répartis sur le territoire des 3 départements du nord algérien. A savoir :

- Alger : 3 Rayons : Alger-Ville

4 Sous-rayons à l’intérieur : Blida, El-Affroun, Ménerville (Thénia),


Orléansville (Chleff).

24 Cellules d’entreprises ;

6 Cellules de quartier ou de rue ;

4 cellules de villages ;

11 Cellules à l’intérieur du département d’Alger ;

2 Cellules de gare.
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- Oran : 1 Rayon

5 Sous-rayons : Bel-Abbés, Tlemcen, Mascara, Perrégaux (Mohammadia)


et Rélizane.

4 Cellules de quartier ;

1 Cellule de gare ;

11 Cellules de village.

- Constantine : 1 Rayon

4 Sous-rayons : Philippeville (Skikda), Batna, Biskra, Souk-Ahras.

10 Cellules de gare ;

13 Cellules de quartier ou de village.

Nous remarquons, qu’n dehors du département d’Alger et de sa campagne, la


RCA-PCF est très bien implantée dans le Constantinois dès 1920 et dont le travail
politique a été orienté en direction des cheminots. Afin de s’imprégner davantage du
climat qui régnait au sein et autour des 75 cellules de l’organisation communiste, nous
reproduisons un des rapports mensuels de Mazoyer, le Délégué régional de l’Algérie, en
date du mois d’aout 1924 :

« Aout n’est guère favorable à la propagande en Algérie, les


groupements ne sont pas actifs, beaucoup de camarades : les
cheminots, les fonctionnaires sont en congés, en France ou dans les
stations balnéaires d’Algérie.

Je me suis occupé de l’organisation des groupements


ouvriers. chez les dockers après plusieurs réunions j’avais réussi à
grouper 180 indigènes, dont plusieurs ont fait leur adhésion au PC
mais la mauvaise volonté des éléments européens, napolitains
pour la plupart, ne permettra pas à ce syndicat de vivre, c’est
dommage car il y a bien 4000 indigènes qui travail au port.

Les bouchers indigènes, bien moins nombreux, sont


organisés, j’y ai contribué par deux réunions à Belcourt.
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Le 8, causerie à la Section de Belcourt, nouvellement créé,


dans de bonnes conditions. 50 adhérents à la première réunion, une
jeunesse de 20 membres, c’est satisfaisants.

Le 9, déplacement à El-Affroun, causerie à la Section et


réunion publique à la salle de la mairie, une poignée de bons et
sincères militants qui ont de l’influence.

Le 11, causerie aux cheminots du CFRA.

Le 12, à Bab El-Oued où une réunion de section est décidée


pour le 14 à 21 heures, je fais la causerie.

Le 16 à 19 heures, bouchers de Belcourt, réunion constitutive


du syndicat et causerie sur la lutte de classe aux 60 indigènes
présents. A 21 heures, constitution des ouvriers en tabac en
groupement syndical ; Je crois que là nous arriverons à constituer
un solide noyau de camarades dévouée au communisme, la
corporation compte 6000 ouvriers et ouvrières qui travaillent dans
19 usines ou magasins. En grande partie des femmes, des étrangers
et des indigènes ; c’est intéressant.

Le 19, réunion à 18 heures chez les cheminots des CFRA où je


suis appelé pour réaliser l’union entre des autonomes et le syndicat
unitaire. C’est fait aujourd’hui.

Le 20 à la Bourse du travail, causerie aux boulangers qui


luttent pour l’application de la loi sur le travail de jour.

Le 22, à 20 heures, causerie éducative à la section de Bab El-


Oued ; bonne section d’ouvriers dévoués à la cause communiste.
Section nouvellement créée ayant plus de 100 adhérents et une
jeunesse de 35 membres.

Le 23 à 16 heures, à l’abattoir réunion des bouchers et à 19


heures réunion des ouvriers en tabac à Bab El-Oued. Le syndicat est
constitué provisoirement en attendant l’assemblée générale.

Le 24, je prends la parole au nom du Parti dans un meeting


de protestation contre l’arrestation de quatre ouvriers boulangers
arrêtés en flagrant délit la nuit pour entrave à la liberté de travail,
coups et blessures. Cette manifestation avait groupé 1500
personnes ; j’avais préparé l’ordre du jour voté à mains levées.
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Je me suis occupé en outre pendant tout le mois de la


correspondance intérieure, de la Lutte Sociale où je remplace
momentanément un rédacteur.

A mon avis, ma personnalité mise à part, il serait urgent et


indispensable que le Parti envisage le rétablissement du poste de
délégué permanent en Algérie, s’il veut véritablement se faire
connaître d’abord et soutenir ensuite par les indigènes.

Mazoyer. »

L’année 1925, représente un tournant qui mérite en tant que date butoir dans
l’histoire du MCA. La famine de 1923, les épidémies et la misère accentuent chez les
Algériens la haine de classe pour l’impérialisme colonial. Des militants Algériens et
Tunisiens se regroupent dans des cellules ouvrières en France, entre Paris et Marseille :
la Main d’œuvre indigène (MOI) est née. Une figure de proue marquera cette naissance
en la personne de Mohamed Marouf (23/2/1895- mars 1959).
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MOHAMED MAROUF, LE LUTTEUR DE CLASSE

Le nom de Marouf Mohamed est associé par l’historiographie nationaliste à


l’histoire de l’ENA-PPA ou encore à celle des Combattants De la Liberté (CDL-PCA) de
la part des dirigeants du PCA-PAGS révisionnistes. Alors que le nom de ce natif du
douar Chembel (Oued-Fodda, Chleff) est à lui seul une représentation si ce n’est la
synthèse, du combat communiste dans sa complexité et sa globalité entre revendication
sociale et lutte anti-impérialiste.

Le nom de Marouf, en tant que militant communiste, apparaît pour la première


fois de février 1924, lorsque le PCF, lance une campagne pour le parti dénommée, Les
munitions pour le Parti. Marouf se souscrit en une somme de 5 francs de l’époque, ce
qui est représente le salaire journalier d’un ouvrier « indigène ». Le PCF totalisa une
collecte de 11590,50 frs. La campagne s’est renouvelée au mois de mai 1927 et Marouf
enverra cette fois 10 francs sur une somme totale de 4347,80 frs. Et son nom de
souscripteur apparaît aux côtés du philosophe Georges Politzer et de Gabriel Péri.

Durant son parcours, Marouf était un ouvrier artificier dans la région de


Champagne et ce durant sont premier séjour en tant que travailleur nord-africain, pour
devenir ouvrier métallurgiste à Paris. En pleine effervescence ouvrière en France, la
section française de la IIIe Internationale venait de voir le jour et selon le Dictionnaire
biographique du mouvement ouvrier au Maghreb de René Galissot, Marouf avait déjà
assisté à Chleff, à la tournée politique de l’Emir Khaled alors représentant du
mouvement de la Fraternité Algérienne, une association soutenue par les communistes
français. Dès son retour en France en 1923, Marouf sera recruté comme ouvrier-mineur
de fond dans une mine de charbon à Saint-Etienne. C’est à cette époque qu’il se
rapprochera de Hadj-Ali Abdelkader et devient membre de l’Union Intercoloniale en
tant que secrétaire dans ce que nous pourrions considérer comme la première école de
formation politique de ceux qui vont luttés pour l’amélioration des conditions sociales
et économiques des colonisés.

Au sein de la CGTU, la section coloniale de la Main-d’œuvre Indigène (MOI), fera


de Marouf un orateur et un organisateur infatigable et remarqué parmi la communauté
ouvrière maghrébine. Il intégrera la Commission exécutive du syndicat des
métallurgistes affilé à la CGTU, puis membre de la fameuse Commission Coloniale du
PCF du temps de son premier président Salort avant de ce mettre en disgrâce ave André
Ferrat. Le PCF le désignera pour une formation politique à l’Ecole léniniste de l’IC à
Moscou et selon l’historien socialisant Galissot, Marouf sera arrêté à la frontière avec
l’Allemagne et sera emprisonné durant 2 mois, puis refoulé vers la France pour cause
d’un passeport « mal fait ». Au sein de la CC, Marouf est très actif et dans sa sous-
commission des travailleurs coloniaux, il se distinguera durant les campagnes du PCF
contre les guerres au Rif et en Syrie. Il sera aux côtés de Jacques Doriot, avant sa dérive
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fasciste. A partir de 1926, Mohamed Marouf est désigné par le PCF pour animer
l’Association de défense des intérêts des travailleurs nord-africains (ENA) avec Hadj-
Ali, Saadoun Yahia et Messali Hadj, pour ne citer que les plus en vue. D’octobre 1926 à
février 1927, il prendra en charge l’édition de l’organe de l’ENA, Ikdam, un titre qui
reprend le nom du journal de l’Emir Khaled en hommage et reconnaissance au combat
de cette personnalité estimée des musulmans en France et en Algérie. Mais pour
Marouf cette reprise du nom est une occasion d’appeler à l’union des militants
anticolonialistes algériens. En un laps de temps, il réussit à rapprocher les
sympathisants et militants de l’Emir au sein de l’ENA, avant que Messali ne verse dans
le nationalisme réactionnaire de l’Emir Chakib Arslan Bek.

Le 25/5/1927, Marouf anime une réunion des travailleurs de la Fonderie Guslin


(15e arrondissement de paris) en présence du secrétaire du syndicat des métallos L.
Cadet. Déjà, et dès le début de cette même année, Marouf en tant que représentant de la
main-d’œuvre coloniale avait assisté au Congrès de la 20e Union régionale de la CGTU
où il avait réclamait au nom de tous ses camarades, l’abolition du code de l’Indigénat
qui entrainait les lois et les décrets d’exception, en revendiquant le droit syndical
intégral et celui de la jouissance de toutes les lois sociales pour les coloniaux au même
titre que les ouvriers français. Lors de ces assises, il évoquera le travail que le MOC est
en train d’accomplir afin d’intégrer la CGTU dans l’esprit d’une union syndicale et
corporatiste des ouvriers. Lors de cette rencontre, un intervenant du nom d’Ali,
évoquera les tentatives de division entre ouvriers coloniaux et ceux de la métropole
perpétrés par le patronat, en précisant « qu’il faut éviter que les ouvriers coloniaux
fassent concurrence aux ouvriers français, car ces derniers en subissent les
conséquences ». durant ce congrès, Marouf se distinguera par une ferveur militante en
considérant la défense des ouvriers coloniaux comme une tâche qui ne pouvait réussir
que par un prolétariat organisé et structuré au sein d’un Parti communiste et dans un
syndicat qui prône la lutte de classe et non le réformisme.

En février 1927, il est à Avignon puis à Marseille, parmi les travailleurs des
colonies à travers des meetings et des manifestations de soutien à la Russie soviétique
contre les ingérences impérialistes occidentales et celle de la réaction tsariste qui sévit
encore. Marouf est à Clichy dès le mois d’avril 1927, parmi la Fédération des locataires
et celle des chômeurs du département de la Seine. Le meeting en question fut bien fut
bien particulier, après de longue acclamations de mots d’ordre revendicatifs, un cortège
de plus de 300 ouvriers, s’est formé derrière de pancartes et de bannières, parcourant
les rues de Clichy et

« S’en est allé faire, à quelques vautours particulièrement antipathique, une


aubade peu appréciée sans doute, mais longuement méritée. » (L’Humanité,4/4/4927)
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Au mois de juin de la même année, Marouf anime un rassemblement à Paris,


sous l’égide du Secours Rouge International-Section Française, contre l’infamie de la
contrainte par corps et l’amnistie intégrale des déportés et prisonniers politiques en
France et dans les colonies. Le délégué du MOC et animateur d’un des Comités de
chômeurs coloniaux de la région parisienne est au Congrès de la CGTU qui eu lieu à
Bordeaux. Le 18/4/1928, il est à Boulogne avec les ouvriers coloniaux des Fédérations
des métaux, des textiles et ceux du livre durant les fêtes du 1er Mai où il animait une
rencontre avec les ouvriers coloniaux au nom de la CGTU. La même année et au mois
de juin, il est élu au conseil national du Sous-sol (travailleurs des mines) animant une
large discussion sur la crise charbonnière. A cette époque, Marouf était ouvrier dans
une mine de charbon dans la région de la Loire et ce fut pour lui, l’occasion de
structurer les travailleurs du secteur colonial au sein de la Fédération unitaire du Sous-
sol.

L’homme de tous les fronts et de toutes les luttes est n militant acerbe et d’une
finesse inouïe. Il aurait déclaré lors d’un de ses meetings, au sujet des béni-oui-oui
proches de l’administration coloniale que,

« L’on m’a cité le cas d’un conseiller général qui tenait à


l’envers, sur son pupitre, le programme de la séance… Nul n’ignore
d’ailleurs qu’à chaque élection indigène, il y a un candidat
« officiel » pour le triomphe et le succès duquel tout est mis en
œuvre. » (La Presse-libre, 11/12/1928).

Mais dans le contexte de la colonisation de population, les luttes ouvrières et


politiques se payent lourdement par la répression quasi-méthodique et permanente de
la part des gouvernants coloniaux. C’est ainsi que, et selon un rapport du Secours Rouge
français en date du 1er semestre de 1929, 93 militants sont incarcérés pour leur action
antimilitariste ou de classe, 34 d’entre eux sont en prévention. Le rapport précise que
59 condamnés totalisent à eux seuls, 67 années de prison et ils sont réparties entre
régime politique (16 détenues et 14 prévenus) ; ceux du droit commun (43 détenus et 20
prévenus) en les condamnés dans les colonies (12 prévenus, dont le militant Sastre,
secrétaire de la 28e Union régionale et Torrecllas, de l’Union locale d’Oran) tous les
deux ont été arrêtés avec de nombreux dockers au cours de la grève des ports d’Oran, de
Mostaganem et d’Arzew. Des chiffres auxquels, il y a lieu de leur ajouter les 20
condamnés, dont un à 2 ans de haute surveillance dans le Sud algérien, 4 autres
atteignant 24 années de travaux forcées, 6 ont eu 35 ans de bannissement, 6 subissent
un total de 120 années de détentions, 4 ont été déportés à Nouméa (Nouvelle-
Calédonie) pour 120 et 1/5 d’années de perpétuité. Au total, 54 prévenus et détenus. Le
18/8/1929, une « Alerte aux travailleurs nord-africain et de la métropole » a été publier
sous la forme d’un appel de la CGTU et dans lequel il est dit :
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« La répression s’abat de plus en plus sur les militants


syndicalistes et révolutionnaires. En Algérie, comme en France, le
gouvernement traque les militants coupables d’avoir été dévoués à
la cause de leurs camarades, c’est ainsi qu’il a fait arrêter Marouf
Mohamed, secrétaire de la MOE et se propose de le déporter au
Sahara. Comme il a fait de Ben Lekhal et d’Issad.

Camarades, vous ne tolérez pas plus longtemps de tels


crimes.

En masse vous vous élèverez contre la répression


gouvernementale, vous viendrez nombreux au grand meeting de
protestation qui aura lieu aujourd’hui dimanche 18 aout, à 14 h 30,
rue de la Grange-aux-Belles.

Orateurs : Ali, de la CGTU.

Alain Boulé, de la 20e Union régionale et d’autres orateurs


coloniaux. »

Le quotidien colonialiste d’Alger, L’Echo d’Alger, annonce quand à lui, le


3/8/1929 et sous le titre de Deux arrestations pour propagande communiste en
Algérie, en écrivant :

« Le nommé Marouf Mohamed ben Kaddour propagandiste


communiste, domicilié à Paris, a été appréhendé par M. Haick,
commissaire, chef de brigades mobile à Orléansville et deux de ses
inspecteurs chez son père, domicilié au douar Chembal, d’Oued-
Fodda. »

Selon le journal, très proche du Gouvernement général d’Algérie, des tracts de


propagande ont été saisies et qu’au cours de la perquisition, de nombreuses boîtes de
poudre ont été découvertes dans la chambre de son frère Abdelkader, « qui a été
également arrêté et placé sous mandat de dépôt. » à la même date, le journal annonce
l’arrestation de « deux communistes notoires » et dont Marouf Mohamed est signalé
comme « propagandiste salarié » et qu’il état venu à Orléansville pour tenter
d’organiser des manifestations à l’occasion de la journée rouge du 1er aout. Le journal
colonial ajoute que Marouf est:
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« Secrétaire du Secours Rouge. La perquisition a amené la


découverte de plusieurs listes de souscription au SR, divers
documents et nombreux exemplaires de L’Humanité, trois kilos de
poudre de chasse, une grosse quantité de douilles et un fusil à
broche à deux coups. »

Marouf sera placé sous mandat de dépôt pour complot contre la sureté de l’Etat,
et son frère, pour détention illégale d’armes de guerre.

Le 29/8/1929, le camarade Marouf, M. Bouchafa du bureau du MOC de la 20é


UR de la Seine, rédigea un communiqué au nom de son instance syndicale et le publie
sur les colonnes de L’Humanité, sous le titre : Imposons la mise en liberté immédiate
de Marouf.

« Nous avons signalé à son heure l’arrestation arbitraire de


Mohamed Marouf, à Orléansville, sur dénonciation de Gérolami,
administrateur du Bureau Arabe de Paris. Voulant se venger de
notre camarade, parce que depuis plusieurs mois le bureau de la
MOE dénonçait les méfaits de la politique impérialiste dans
l’Afrique du Nord et les procédés des chaouchs de la rue Lecomte,
vis-à-vis des Nord-Africains. Nous pouvons assurer ceci à
Gérolami : La campagne qui avait été entreprise et qui continue,
contre son officine de mouchardage n’était pas seulement menée
par Marouf, mais par bon nombre de travailleurs Nord-Africains
et, en particulier, par les membres du bureau de la main-d’œuvre
coloniale.

On pourra reprocher le seigneur de la rue Lecomte à notre


camarade ? Sinon le crime d’avoir été à la cause de ses
compatriotes en les défendant contre un patronat rapace.

Ce que nous constatons, c’est que l’administration des


affaires indigènes Nord-Africaines recrute des mouchards, des
chaouchs brigands les Arabes et recrute aussi des escrocs tels que
Djelloul-Bechenine, dit Jules, et Bach, chaouch, enfant de chœur de
Gérolami, pris en flagrant délit d’escroquerie, en 1926, par des
inspecteurs du commissariat d’Asnières et qui, naturellement,
n’ont jamais été inquiétés.

Le bureau de la MOE se déclare prêt à lutter de toutes ses


forces pour exiger la suppression de cette officine où l’indigénat est
appliqué dans toute sa rigueur. Il engagea tous les travailleurs
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Nord-Africains à boycotter d’une façon complète le bureau de


négriers à la solde de Bordes, agent rétribue de l’impérialisme
français en Algérie qui, prétextant les défendre ne fait que continuer
sa politique esclavagiste. Le bureau de la MOE réclame avec force,
la mise en liberté immédiate de son secrétaire Marouf Mohamed,
détenu en prison à Alger, et soumis au régime des escapes et des
assassins. Et, tout de suite, le régime politique s’impose ! ».

Au mois de mars 1930, Marouf a comparu devant le Conseil du gouvernement


après avoir été jeté dans la prison de maison-Carré (El-Harrach) et subit pendant des
mois la plus horrible promiscuité. Devant le Conseil, ce fut le député communiste et
avocat M. Berthon qui prononça la défense de Marouf. Malgré la plaidoirie, il sera
condamné à un an d’internement. A la veille de cette comparution, un meeting a été
organisé et regroupa 2000 travailleurs Algériens qui ont protesté avec force et énergie
contre l’emprisonnement de Marouf et réclamaient la libération de tous les autres
détenus politiques.. La même cour, avait prononcé son jugement ans le procès de
syndicaliste d’Oran, Sastre, qui avait été poursuivi dans les conditions scandaleuses, par
un verdict d’acquittement. Durant sa captivité, qui dura 8 mois, Marouf avait subi les
pires brimades et vexations. Avant de le transférer à la prison de Barberousse (Serkadji,
Alger), il passa 28 jours à la prison de Chellala. A sa libération, au mois de mai 1930, il a
été l’objet de contraintes. La veille de la mise en liberté, les gardiens de la prison avaient
fouillés sa cellule et jusqu’à sa valise. Dehors, il sera constamment suivi, ce n’est
d’ailleurs que sur le bateau que le mouchard du Gouvernement général d’Algérie cessa
sa surveillance.

Marouf rejoindra la France, en laissant derrière lui son camarade Issad Ahcène
qui, enfermé pour 18 mois dans le Sud-oranais, a encore 6 mois à subit et décédera la
même année. De même, que leur camarade Tenib, détenu à Barberousse est menacé
d’une lourde condamnation. Quatre plus tard, le même conseil d’Etat reprenant la
conquête de Marouf contre sa mise en haute surveillance pour son activité syndicale et
anti-impérialiste et, cette fois, sur demande du gouverneur d’Algérie, le conseil
confirme l’arrêt concernant la mise en haute surveillance durant 9 mois encore en
Algérie. L’activité syndicale et politique de Mohamed Marouf a réellement mis la gène
les intérêts de la bourgeoisie colonialiste tant en France qu’en Algérie. La recrudescence
des activités politiques de Marouf sur le territoire de la métropole coloniale, avait des
répercussions immédiates sur la lutte syndicale et politique dans la colonie. Il faudrait
attendre l’avènement du gouvernement du Front populaire pour que Marouf retrouve
sa liberté d’action, parmi son peuple et son peuple et ses camarades, poursuivant un
tout autre combat de classe, celui de l’édification du PCA et du mouvement
révolutionnaire dans son ensemble.
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Dans un article paru dans une revue théorique du PCF, des mois d’avril-mai
1960, Henri Krasucki et en réponse à un autre article d’André Michel, traitant de la CGT
et les travailleurs Algériens, nous lisons ce passage :

« Par exemple, l’Union départemental de la Région


parisienne déployant alors déjà une grande activité dans le
domaine et à sa direction participait un militant algérien bien
connu des travailleurs parisiens à l’époque : le camarade Marouf,
mort voici plus d’un an après une longue détention au camp de
Berrouaghia. »

Nous ne quitterons pas le parcours militant de Marouf, sans évoquer sa


participation aux obsèques du militant syndicaliste, Tahar Acherchour qui succomba à
ses blessures après avoir été touché de deux balles assassines émanant du fils d’un
patron d’usine parisienne, un fasciste notoire. Marouf accompagna la dépouille
d’Acherchour jusqu’à son rapatriement en Algérie. L’événement qui a secoué la classe
ouvrière française et coloniale, date du mois de décembre 1936.

En 1937, Marouf est en Algérie. Il a assisté à la libération de ces deux camarades


communistes de la région de Tlemcen Badsi et Korriche en avril, de la même année. Il
participera aux festivités du 1er mai 1937 qui ont eu lieu à Alger ou 30000 travailleurs,
hommes et femmes, ont répondu à l’appel de la CGT-Algérie et dont il était le
secrétaire-adjoint.

Le 2 mars 1938, Mohamed Marouf est présent à la salle Cervantès (Alger) où les
délégués des 900 syndiqués du chemin de fer de la Régie algérienne et des 1000
travailleurs du Gaz et électricité d’Algérie (EGA) se sont retrouvés et votés à l’unanimité
le mot d’ordre de grève autour de revendications socio-professionnelles. A l’assemblée,
étaient présents MM. Bensimon, Liddi et Fayet. L’infatigable combattant syndicaliste,
repart à Nantes pour assister au Congrès national de la CGT en tant qu’un des délégués
coloniaux. Le 16/11/1938, il prendra la parole aux cotés de Bouzauquer, secrétaire de
l’Union Tunisienne qui avait évoqué les graves conflits sociaux qui se sont déroulés
dans nombre de villes tunisiennes. Lors de ce Congrès, Marouf interviendra sur les
atteintes contre la liberté syndicale et félicite les organisateurs d’avoir mis à l’ordre du
jour la question agricole et celle des ouvriers du secteur, notant qu’on Algérie les lois
sociales n’ont guère pénétré pour les travailleurs de l’agriculture, tout en souhaitant que
le Congrès de la CGT prenne à cœur la question des ouvriers coloniaux dans leur
ensemble.
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Après le débarquement Anglo-américain de 1942, Marouf devient membre du


directoire « algérien » de la France-Combattante et durant les festivités du 1er Mai 1944,
il s’adressa aux ouvriers musulmans algériens en leur rappelant la répression qui
sévissait à l’encontre des ouvriers de la colonie en période d’avant-guerre, en notant,
« aujourd’hui la situation est complétement changée : c’est avec le plein accord des
pouvoirs publics que vous ici, aussi nombreux ». il mettra l’accent sur les récentes
réformes politiques accordés aux indigènes et affirme la solidarité des travailleurs
musulmans d’Algérie avec leurs camarades de la métropole dans la lutte contre
l’hitlérisme. Il précisera par ailleurs que la CGT-Algérie compte déjà en 1942, quelque
120000 syndiqués, dont 60000 pour la seule région d’Alger.

Quelques années plus tard et en 1946, Marouf Mohamed est élu membre du CC
du PCA et ce pour la première fois. Lors de ce congrès ou accueillis le militant et
dirigeant communiste, André Marty, en provenance de son exil en URSS devant lequel,
Marouf évoqua encore une fois la situation des ouvriers agricoles, très exploités par les
seigneurs de la colonisation, remarqua-t-il. A la même séance, un autre militant
communiste, Ahmed Mahmoudi de Blida, interviendra en arabe, rappelant l’action du
PCA en faveur de toutes les populations de l’Algérie. Mahmoudi finira par être expulsé
du BP du PCA avant le Vie Congrès pour des raisons de mœurs dit-on (R. Galissot).

Au 1er mai 1944, Marouf tentait de rapprocher les travailleurs d’Algérie et de


France, en s’adressant aux premiers en ces termes :

« Appliquer toutes vos forces à accroitre l’effort de guerre.


Car en aidant à la libération du peuple français, vous servirez votre
propre avenir. »

Le 14/5/1946, le dirigeant syndical tentera de monter le ton en disant :

« Nous sommes 350000 travailleurs organisés, mais notre


force est minime. Les lois valables pour la métropole ne sont pas
appliquées ici. Nous désirons des relations plus étroites vec la CGT
française … Alger n’est pas Paris ! »

si nous évoquons l’itinéraire communiste de ce militant syndicaliste et dirigeant,


en rapport avec Amar Ouzegane c’est bien dans l’esprit de saisir le combat de deux
militants et l’évolution de leur engagement. Le long de son itinéraire militant, Marouf
s’est confronté à André Ferrat, de la Section de la Commission Coloniale (SCC). Ce n’est
pas le cas d’Ouzegane. Marouf est demeurait dans la lutte syndicale intimement liée à
l’action partisane. Ouzegane s’en est éloigné préférant le directoire du Parti
communiste à celui de la lutte du prolétariat. Marouf par son militantisme et sa
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conception léniniste du combat avait, en fait, guidé et orienté le parcours d’Ouzegane et


un bon nombre de militants algériens.
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AMAR OUZEGANE ET LA COMMISSION COLONIALE DU PCF

L’évocation de Marouf Mohamed ne devrait pas nous faire oublier l’action du


PCF en Algérie, ses apports a la lutte de classe dans notre pays, mais aussi sa main mise
et son paternalisme militant, que Jurquet nomme « néocolonial ». avec Toussaint-
François Campiglia (10/7/1893 – 30/1/1937) comme premier « instructeur » du PCF en
Algérie entre 1925-1926, Marcel Joubert, l’envoyé de la Commission coloniale du PCF
pour la réorganisation de la RCA en 1927 et Edmond-Ernest Cormon qui le premier à
avoir pratiquer la double direction entre Français et Arabes algériens au sein de la RCA,
le nom de Boualem Belarbi s’inscrit comme une malheureuse expérience au sein du
mouvement communiste algérien à devenir un jour, totalement indépendant de la
tutelle parisienne. Boualem fut le premier à être membre du secrétariat de la RCA en
1928 et un des premiers colonisés à fréquenter l’Ecole léniniste de l’IC. L’itinéraire de
l’homme mérite un travail de recherche à part.

De la fin de 1933 jusqu’au début de 1934, les rapports entre le PCF et la RCA ont
été marqués par des crises sporadiques, selon les termes d’un rapport de la CC-PCF sur
la question du travail politique et organisationnel entre janvier 1934 et juin 1935. Le
document relève que la direction de la RCA était entre les mains d’un « groupe
d’éléments sectaire et très louches », lit-on à la page 2. Ils étaient hostiles au PCF,
réduisant à rien l’activité et l’influence communiste en Algérie. Ils étaient 200
adhérents avec seulement 20 militants arabes et que l’organe de la Région, Lutte
Sociale ne paraissait plus depuis 6 mois. afin d’y remédier à cette situation chaotique, le
PCF envoya en Algérie le dirigeant de la SCC avec comme tâche de remettre à niveau, à
savoir, « une nouvelle direction régionale « , réapparition de la Lutte Sociale et
recrutement et une réorganisation systématique (Rapport, p. 2). La RCA engagera un
travail méthodique sur le plan de la lutte anti-impérialiste parmi les masses indigènes ,
qui concerné le scandale de la distribution des vivres aux fellahs, les menaces de la
Commission Interministérielles dite « Commission de la Méditerranée » et la lutte
contre les décrets lois. Un travail un travail qui devait replacer la question coloniale
dans la primeur des questions politiques des tâches révolutionnaires de la RCA.

Afin d’aboutir à ses résultats, il était nécessaire d’établir un Front unique avec les
groupements national-réformistes, développer une large agitation à travers des
meetings et des manifestations populaires. Le rapport de la SCC relève encore que la
situation syndicale était totalement absente depuis 4 ans constitutive et le tard est
immédiatement collé à Fernand Seiss du syndicat des cheminots d’Alger et à qui la SCC,
reproche « de ne pas avoir une compréhension bien nette sur la conquête des masses
travailleuses indigènes ».
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Le groupe dit « colonialiste » de Seiss sera éliminé dès l’été 1934 et les 5 membres
du groupe, dit de « Boualem » sera exclu à son tour et cela « sans pouvoir troubler la
marche du parti », précise le rapport en question.

Ouzegane arrive en pleine épuration politique et organique de la RCA et la


volonté chez des communistes arabes et kabyles de voir un parti communiste composé
essentiellement de colonisés et non d’européens d’origine coloniale. En 1934, l’effectif
de la RCA était de près de 400 membres dont 82 arabes algériens. Au mois d’aout de la
même année, la nouvelle direction organisa son travail en direction de la paysannerie et
développa son travail de luttes économiques à travers l’organisation des grèves d’Oran,
des meetings et manifestations à Alger et Constantine.

En réaction à ce renouveau militant, l’administration et les éléments policiers, en


étroite connivence avec des partis fascistes, font éclatés les événements antijuifs de
Constantine. Mais, le Rayon communiste de la ville ne suit pas le sens de cette action
réactionnaire et note, « coups des quelques camarades arabes communistes de cette
ville et composé essentiellement de fonctionnaires et travailleurs français ou juifs », le
Rayon de Constantine manifeste une

« Incompréhension totale de cette explosion de la colère des


masses ouvrières et surtout paysannes arabes (déviés par la
provocation impérialiste dans un sens antisémite), ne jouèrent
aucun rôle dans ses événements. »

A cette époque, Amar Ouzegane est encore en France, auprès de la SCC qui l’avait
pris en charge tant sur le plan de la formation que sur celui de l’apprentissage dans les
domaines de l’action militante de masse au sein du mouvement syndical en direction
des travailleurs coloniaux d’Afrique du Nord.

Lorsque Galissot évoque la biographie d’Ouzegane, il incluse ce dernier au milieu


d’un débat qui aurait lieu à la SCC et portant sur l’autonomisation de la RCA, en
affirmant qu’Ouzegane avait participé à cette décision. Nous nous sommes interrogé sur
les sources de ces affirmations, alors que les documents que nous avons pu consultés
jusque là, affirment que la décision de « l’autonomisation » de la RCA et sa
transformation en un PC hybride aux contours limités, est totalement franco-française
et qu’aucun algérien n’y a été consulté.

Après les événements de Constantine, une commission d’enquête a été dépêchée


par le PCF pour s’imprégner de la situation d’après le « pogrom ». Il est dit dans son
rapport qu’il,

« S’ensuivie une répression sensible dans son travail qui se


manifester surtout lors des élections cantonales, les élections aux
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délégations financières, et surtout aux élections municipales de


1935 » (p. 3).

La RC de Constantine avait en réalité marqué son désaccord avec la direction du


PCF dans, ce que le rapport de la SCC appel, « la question fondamentale de la
révolution en Algérie », ce qu’il faut entendre par là « révolution démocratique » et non
nationale démocratique, dont le PCF n’avait jamais pris en compte lorsqu’il s’agit de
l’Algérie.

La RCA-PCF bouillonne par le rejet et le refus de toutes les directives et


orientations de la direction parisienne, Paul Radiquet est envoyé comme « instructeur »
du Parti, en remplacement d’André Ferrat. Radiquet, note le rapport en page 3,

« Au lieu de consolider la direction régionale décapitée et


désorganisée, accentues la désorganisation et déclenche ne lutte de
groupes. »

Il sera question de graves fautes commises par cet instructeur qui avait abouti à
un net recul de l’activité du PCF-Algérie, ce qui poussa la direction parisienne de
l’exclure définitivement de ses rangs. Le PCF-Algérie demeurera sensiblement attaché à
une ligne électoraliste. Le rapport relève que les élections municipales, tant à titre
européen qu’à titre indigène, ont été un échec cuisant pour le Parti, notamment à Alger
et à Constantine, relevant quand même, une petite « avancée » dans la région de Sidi
Bel-Abbés (candidat européen) et à Orléansville (à titre indigène). Une fois de plus, le
mal vient de la personne de « l’instructeur » et non plus de la ligne politique du Parti.

Ouzegane, toujours à Paris, ne fait qu’enregistrer les suites d’échecs de son parti
en Algérie, face à des luttes syndicales de plus en plus grandissant. La difficulté du PCF-
Algérie est sont incapacité à organiser un front anti-impérialiste de masse dont la
direction lui revenez. le rapport indique que depuis 18 mois, le CC du PCF et par le
biais de la SCC qui lui a été rattachée, fait suivre l’action de la Région algérienne en lui
envoyant systématiquement des directives et des explications politiques. Dans le même
texte, il est question aussi de renforcer la direction régionale qui comptait « deux
camarades assez solides », à savoir Fayet, le secrétaire de l’Union régionale de la CGTU
et Delattre, de l’Union des cheminots avec des militants PCF d’origine arabe qui ont été
formés depuis 2 ans et il est question, certainement de Benali Boukort et d’Ouzegane,
même si le rapport ne mentionne pas leur nom, pour des raisons objectives et
sécuritaires de l’époque.

Le rôle donc, d’Ouzegane était de renforcer la direction du PCF-Algérie afin de


faire de cette organisation un « parti indépendant directement lié à l’IC », une
indépendance, certes sur le papier et aux yeux du Comité Exécutif de l’IC, alors qu’en
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réalité c’est bien un autre projet qui se tramer pour le communisme en Algérie.
« Elever » dans la sève de la nouvelle ligne opportuniste du PCF, M. Ouzegane sera
marqué durant son parcours militant par les luttes économiques et frontistes, sans
pouvoir aller plus loin à savoir dans le sens d’une construction d’un futur PCA
réellement indépendant.

Le document parle de 454 membres affilés à la RCA, au printemps 1935, dont 91


arabes. Même avec Ouzegane à la direction régionale du PCF-Algérie, les 363 militants
européens se considèrent les détenteurs du mouvement communiste en Algérie et en
tant que membre depuis 1934, de cette direction, Ouzegane assistera du 1er et
2/11/1934, à la session du CC du PCF et adressera un état des lieux de la RCA (Voir
Annexe n°1).
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AMAR OUZEGANE ET LE COMBAT FRONTISTE

Le mois de mai 1936, Ouzegane publie dans la presse coloniale un appel du


Comité pour la préparation du Congrès Musulman Algérien (CMA) entant que membre
du Comité provisoire du CMA en question. A mois d’aout de la même année, un second
appel pour un meeting du CMA est signé par Ouzegane en tant que secrétaire du comité
algérois du congrès en question. Il fut un membre bien dynamique dans la fondation de
ce « front antifasciste de masse », mais en 1936 le CMA connaitra quelques soubresauts
au niveau de sa direction avec une lutte de leaderships entre les courants « politiques »
et « culturalistes ».

Le 17/10/1936 s’ouvre à 10 heures à la salle Henri Barberousse, le 1er Congrès du


PCA, en présence de 300 délégués des divers Rayons de la RCA. Ouzegane donne
lecture de son « volumineux et très documenté » rapport sur la situation du prolétariat
musulman en Algérie, sur l’action fasciste, sur l’activité et les revendications du PC en
direction des indigènes, sur les résultats de cette activité et sur les tâches qu’il y a
encore à accomplir, note l’Echo d’Alger du 18/10/1936. M. Barthel qui assista au
Congrès, leva la séance de la matinée, les travaux reprendront à l’après-midi et en huit-
clos. Ouzegane sera désigné secrétaire du CC du Parti Communiste d’Algérie et en
novembre 1936, il est au CMA comme représentant des communistes dans ce qui a été
considéré comme Front Antifasciste Algérien aux cotés des nationaux-réformistes.

Ouzegane assiste à la fin 1936, au meeting du représentant du CC du PCF, Gaston


Monmousseau, député de la Seine pour le Front populaire, assisté de Jean Barthel,
« l’instructeur » du PCF au sein du PCA qui est surtout son dirigeant effectif. Le
14/12/1936, le corps du militant syndicaliste, Tahar Acherchour est arrivé à Alger,
Monmousseau, ceint de son écharpe de député, M. Fayet et M. Meniccucci, de l’Union
départemental de la CGTU, « l’instructeur » Barthel et Ouzegane étaient là pour
accueillir la dépouille de la victime du patronat fasciste. Le soir même, il sera
transporté par train jusqu’à Bougie pour enfin, le porté au cimetière de son village
natal, Zioui, dans la commune d’Ikedjene (Sidi-Aich).

Au début de l’année 1937, Amar Ouzegane et au nom du Comité algérois du CMA,


adressa un télégramme à MM. Blum et Viollette dans lequel on pouvait lire :

« Le comité algérois du Congrès Musulman, réuni le 9


janvier 1937, accepte le projet Viollette pour son principe du
collège électoral unique avec l’espoir d’une extension rapide vers le
suffrage universel exprimé dans la Charte revendicative du CMA
et proteste contre la campagne mensongère des fascistes et de tous
les ennemis de la cause musulmane. »
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en avril 1937, Ouzegane accompagne le député PCF des Alpes-Maritimes, M.


Barel lors de son déplacement dans la commune de Perrégaux (El-Mohammadia). Les 8
et 9/5/1937, toujours secrétaire du PCA, il assiste au Congrès du Secours Rouge
d’Algérie, en compagnie d’Abdallah, du Comité local du CMA de Bône (Annaba),
Hamouda, du comité algérois du CMA et secrétaire des Jeunesses musulmanes et de
Amar, représentant de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC). Le
Secours Rouge Algérien, devenu Secours Populaire, avait en 1936 en son sein 1700
adhérents et passa au 1er mai 1937 à 6167 membres.

Par l’intégration d’un secrétaire du PCA au conseil du CMA, c’est une ère
politique qui venait d’être inauguré sous la bannière du communisme et dont le slogan
était : Union et Progrès pour la Liberté et la Paix. Et le long de cette année 1937, deux
mots vont revenir sans cesse dans les discours d’Ouzegane à savoir : « Front populaire »
et « Charte revendicative du CMA ». Le PCA a réussi « d’unir » Léon Blum et cheikh
Ben Badis !

Ne pas soutenir le projet Blum-Viollette malgré sa « modestie » et son


« insuffisance », clame le PCA, c’est « agir contre les intérêts du peuple algérien et
contre la sécurité du pays ». Il semble clair que l’Algérie qui est désigné est cette partie
intégrante de l’Empire colonial français avec un peuple euro-arabe et L’Humanité du
15/1/1937, parle elle, de misère en Algérie qui serait provoquée « dans les campagnes
algériennes par des colons fascistes et de hauts fonctionnaires liées aux agents de
Hitler » et, « c’est pourquoi, dans l’intérêt du peuple algérien, dans l’intérêt de la
France et de la paix, les communistes, appuient, malgré ses insuffisances, le projet
Viollette ». En effet, le 13/1/1937 le Dr. Benjelloul présida une réunion à la salle
Majestic d’Alger un meeting de la Fédération des Elus Musulmans (FEM) en se
prononçant sur le dit projet de réformes électorales en direction des indigènes.
Ouzegane intervenant comme secrétaire –adjoint du CMA, déclarera qu’il fait
entièrement confiance aux élus qualifiés de la population musulmane :

« Vous-êtes, les porte-parole de la masse. Nous sommes


derrière vous. Vous êtes les seuls responsables et nous vous faisons
confiance pour faire aboutir la politique que nous réclamons : le
pain, la paix, la liberté. »

Deux jours auparavant et en tant que secrétaire du PCA, Amar Ouzegane


présidait à la salle Carrefour du Ruisseau à Alger, un meeting de travailleurs indigènes
et européens, lors duquel assistait M. Clamamus, sénateur de la Seine pour le PCF,
Barel, député PCF de Nice et Benali Boukort secrétaire du PC d’Algérie. Le 17/4/1937,
Ouzegane assiste en tant que secrétaire du CMA, à la réunion organisée par le PCA à
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Bab El-Oued consacré à la défense du petit commerce et l’artisanat, il sera en


compagnie de Lamine Lamoudi, vice-président du CMA et du sénateur PCF Clamamus
qui montra que le petit commerce et l’artisanat comme le petit propriétaire et le petit
paysan, comme le prolétariat du bureau et de l’usine, victimes des mêmes injustices
sociales, le petit commerçant n’étant pas propriétaire de son instrument de travail, il est
la première victime de la lutte engagée par les féodalités financières contre l’économie
démocratique.

Au mois de mai, Ouzegane préside une série de réunions avec différentes sections
du PCA-Alger, dont celle de Belcourt, regroupant les membres et sympathisants du
Parti autour de questions organiques, les orientations politiques et les actions du PCA
au sein du CMA. A partir du même mois, le PCA enclenche sa compagne électorale pour
les municipales sous le label de L’Union populaire (le Front populaire en Algérie). Amar
Ouzegane se présente comme candidat, il aura 1036 voix, devançant d’une voix son
premier responsable du Parti, Boukort, sur les 3163 inscrits et les 2340 votants, avec
2273 de suffrages exprimés. Lors de ces élections pour les listes indigènes il y a lieu de
noter que les candidats national-réformistes inscrits, ont nettement devancés les
candidats communistes, le Dr. Lamoudi (1045 voix), Amara Hadj-Ahmed comme tête
de liste avec 1089 voix et Hamouda Ahmed (1068 voix) sur une liste de 11 candidats
élus en entier.

Le lendemain de ces élections, c’est le voyage bien privé à Alger du couple


Viollette qui retint l’attention. Celui qui fut Gouverneur général d’Algérie, avait reçu
tout d’abord ses amis personnels, les féodaux Bouderba et Tamzali, peu après, il recevra
cheikh El-Okbi, en tant que président du Cercle du progrès (Nadi Ettaraki) et les
nouveaux élus, dont Ouzegane. Une rencontre non officielle et tout à fait éloigné des
préoccupations des coloniaux. Le 10/7/1937, Ouzegane assiste, en tant que secrétaire-
adjoint du CMA, au banquet qu’organisa le Cercle du progrès au restaurant du Prado-
Plage. Il fut organisé en ce lieu après que la municipalité d’Alger leur a refusé son stade
et qu’aucun propriétaire de salles n’avait voulu les leur louer, de même pour la direction
de la Foire d’Alger. Le lendemain, 11/7 c’est au siège du Cercle qu’avait lieu la rencontre
entre les protagonistes de l’Union populaire d’Algérie, durant laquelle des milliers
d’auditeurs musulmans massés sur la place du Gouvernement, venus écouter le cheikh
Ben Badis. Au premier rang étaient assis, les cheikh El-Okbi et Ben Badis, M. Taharat,
vice-président du CMA pour le Constantinois, Dr. Lamoudi, vice-président du CMA de
l’Algérois, Benhadj, secrétaire général du CMA, M. Bencheneb, secrétaire-général
adjoint, Boukerdana, trésorier général, Amara, son adjoint et Makassi, archiviste et
délégué à la propagande du CMA. La séance s’est ouverte avec un texte coranique de la
Louange à Allah, psalmodié par le cheikh Ben Badis, M. Taharat pris la parole et lance
un appel pour l’union de tous les musulmans afin d’améliorer leur statut et remporter
de nouveaux succès contre les ennemis qui se trouvent chez les grands colons, dans
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l’administration et parmi certains musulmans, qu’il considère comme traitres à la cause


des populations musulmanes. M. Benhadj prendra la parole en présentant un
historique du CMA tout en définissant les règles de conduite du Congrès, il dira qu’il y a
deux méthodes à employer : celle qui consister à tendre la main et à attendre, comme
nous avons attendu depuis plus d’un siècle ; et celle qui consiste à compter d’abord sur
soi, à obtenir la justice en faisant la preuve soi-même d’une conscience collective de
justice, de discipline, d’auto-éducation. C’est cette seconde méthode qu’à adopté le
CMA, qui a appuyé le Front populaire, mais qi entend rester indépendant de toute
formation politique. Il ajoutera, que c’est bien d’ailleurs le sens des eux principales
motions adoptées par les assemblées réunies ces jours-ci : une motion renouvelant pour
quelques mois, sa confiance au gouvernement du Front populaire pour lui donner le
temps de prendre une décision.

M. Taleb-Ahmed, du CMA-Tlemcen, insista sur l’oubli des querelles électorales


de la veille au sein du CMA et évoqua la politique de l’Allemagne et de l’Italie à l’égard
des musulmans :

« Qu’on soit sans crainte, nous serons prêts à repousser par


les armes, les puissances fascistes. La France peut compter sur nous
comme en 1914. Mais ces mêmes armes, nous les prendrons aussi,
ici en Algérie, contre tous ceux, à quelques races qu’ils
appartiennent, qui ont intérêt à maintenir longtemps, encore les
musulmans sous leur joug. »

Et il poursuit :

« L’avenir de la France dans ce pays dépend de la politique de


son gouvernement vis-à-vis des musulmans et aussi des hommes qui
sont chargés de l’appliquer. Nous sommes confiants dans cet avenir
que nous connaissons l’idéal généreux du peuple de France et parce
que, plus que jamais, nous avons conscience de notre propre force. »

Le Dr. Lamoudi a, par contre, surpris plus d’un en lançant son désaccord « sur le
fond », dira-t-il, avec le comité exécutif du CMA et donne sa démission du poste qu’il
occupe. A la clôture de cette rencontre, le cheikh Ben Badis, rétorquera en précisant :

« J’ai l’impression que le Front populaire n’est pas si fort


qu’on le pensait et que le capitalisme le tient encore à sa merci.
Quant à M. Viollette, il a surtout travaillé pour la France en lançant
un projet qui nous oblige à attendre. On doit le remercier toute fois
de ce projet dont l’adoption ne satisferait que partiellement les
musulmans algériens. »
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Amar Ouzegane, n’ayant pas intervenue à l’occasion mais pouvait se sentir dans
son milieu puisque le CMA, hétérogène à ses débuts en 1936, allait se rapprocher un
peu plus des thèses nationalistes du PPA. Mais c’est la crise au sein du PCA qui a le plus
marqué ce militant en cette année de 1936. Le 9/12, Ouzegane et Jean Barthel, le
secrétaire « instructeur » et en présence de Gaston Monmousseau du CC-PCF, parlaient
au Grand-Hall de l’automobile (Champs-de-Manœuvre) de soutenir le programme du
FP et de la Charte du CMA. Ce dernier qui ne faisait qu’attiser les conflits de personnes
entre un Benhadj et un Lamoudi sur la direction du mouvement.

Mais, le changement « d’instructeur » au sein du PCA allait poser un autre grave


préjudice sur le plan organisationnel, puisque Robert Deloche va remplacer Barthel-
Chaintron à l’orientation politique du parti. Le nouveau idéologue du PCA ne passait
son temps qu’à imposer dans les rencontres du Parti algérien, cette ligne de la lutte
antifasciste ; dans une France toujours menacée par l’hitlérisme, le fascisme italien et
voyant dans les nationalistes algériens des agents du fascisme international dans la
colonie Algérie. Un bon nombre d’écrits politiques de Deloche ne faisaient que fustigé le
PPA, comme étant une section du PPF. Deloche ne s’entendait pas avec les militants
arabes algériens puisqu’ils étaient formés à « l’école de Ferrat » et celle de son
prédécesseur Barthel et il n’était en Algérie, qu’afin de mettre de l’ordre dans les rangs
avec son air de commandeur et de patron d’entreprise. A la mi-1937, Ouzegane et un
bon nombre de militants démissionneront ou s’éjecteront de leurs postes de
responsabilités, afin d’éviter les confrontations bureaucratiques et anti-léniniste de
« l’instructeur » du PCF. Pourtant, c’est bien à ce même Deloche que Amar Ouzegane,
plus tard ministre de l’Agriculture du président Ben Bella, fera appel durant les
premières années de l’indépendance politique.

Ouzegane, un peu plus libre de ses engagements au sein du PCA, reprend son
activité au sein du PCA, reprend son activité au sein du CMA, contribuant énormément
à la réussite de son 2e Congrès du mois de juillet 1937. Du second semestre 1937,
jusqu’à l’interdiction du PCA en septembre 1939, Ouzegane est le député municipal du
PCA à Alger et défenseur des intérêts de ses travailleurs indigènes.

Sur la démission des instances du PCA, Ouzegane témoignera auprès de son ami
Jacques Jurquet, qu’il :

« Etait clair que j’avais été écarté par la fraction pro-PCF


privilégiant à l’excès l’antifascisme en oubliant la question
nationale anticolonialiste. »

Nous reviendrons plus loin sur les avis d’Ouzegane qu’il avait développé, de son
vivant, à Jurquet. Des dires qui on disent longuement sur la personnalité bien
contradictoire et évasive du militant.
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OUZEGANE LE CONSEILLER MUNICIPAL

Avec l’événement du gouvernement du Front populaire, l’unification syndicale


des CGTU-CGT et le choix du PCF pour une transformation « démocratique » de la
lutte des classes, le PCA allait connaître de nouveaux choix politiques et stratégiques. Le
2e Congrès (18-19/12/1937) du PCA, avait tracé la ligne politique et idéologique du
mouvement communiste algérien en entier. Il n’est plus question de révolution
prolétarienne, de socialisme, ni de lutte de classe, les concepts et les principes du
marxisme-léninisme sont vite remplacés par des slogans sociaux-démocrates sous
bannières de l’IC. L’idéologie de la fraternité des communautés est omniprésente dans
les meetings, rencontres et écrits du PCA, toujours sous la surveillance d’objecteurs de
conscience du CC et du BP du PCF.

Pour la population analphabète et illettrée d’Algérie, le PCF préconise une prise


de conscience politique par la voie électorale er la représentation non parlementaire
parisienne, mais à un niveaux bien local. C’est bien largement suffisant. L’électoralisme
cantonal et départemental devient une machine politique et programmatique bien
huilée pour le PCA, à travers les thèses réformatrices du « Grand parti-frère » et pour
l’ensemble de l’action du parti algérien. Lors de son passage à Souk-Ahras, début 1937,
Amar Ouzegane avait émis un discours dont les propos seront repris par un journal
colonialiste local, en ces termes :

« Omar Ouzegane se présenta ainsi : Je suis le leader de


notre parti communiste arabe en Algérie. Frères du Riff, frère de
Syrie, glorieux compagnons d’Abdelkrim au Maroc, glorieux
défenseurs de votre sol en Syrie, morts comme vivants, sachez que
nous avons toujours approuvés de tout notre cœur, et vous, vous
frère du Riff encore vivants, sachez que nous pleurons vos morts et
de tout notre cœur. Dites-vous aussi qu’un jour qui n’est pas loin
peut-être, les troubles Marocaines en sont la preuve, vous
prendrez, nous prendrons tous ensemble une éclatante revanche,
car en face de vous, en face de nous, comme en face des Ethiopiens
aussi, il n’y a que les fascistes, les ennemis mortels des musulmans,
qui ont osé, il y a moins d’un an, s’approprier l’Abyssinie seulement
pour la richesse de son sous-sol. » (L’Avenir de Souk-Ahras,
10/1/1937)

Des propos certes anticolonialistes, mais bien éloignés de conception


communiste-révolutionnaire de l’IC. Il y a bien eu des manifestations que le PCA avait
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organisé dans le but de soutenir les peuples colonisés, mais dans l’objectif est de
condamner le fascisme mondial et nullement dans la perspective anticolonialiste. Dans
le cas de l’Algérie, le PCA et ses discours politiques n’ont jamais mis le doigt sur la
contradiction fondamentale entre colonisateurs et colonisés, préférant la réconciliation
entre exploiteurs et exploités, allons jusqu’à faire une distinction entre colons dit
fascistes et colons semblant dire, progressistes.

Au mois d’avril 1937 et durant la libération des militants Badsi et Korriche de


Tlemcen et en présence de 3000 travailleurs, le PCA préfère parler et dénoncer le
fascisme qui « se démasque à travers les condamnations et l’arrestation des deux
militants communistes ». C’est le fascisme, ennemis du peuple algérien et de l’unité
populaire qui est mis en cause et non le colonialisme en question. Le même type de
discours est reproduit après le retour de déportation à Beni-Abbés, de Benali Boukort,
le 1/5/1937 et ces 30000 travailleurs, hommes et femmes, qui ont défilés à Alger, ne
faisaient que glorifier la grandeur du Front populaire et son action antifasciste.

Ouzegane, au collège électoral indigène, mène la compagne pour le conseil


municipal aux cotés de ses camarades européens qui, eux, représentent le « fraternel
collège électoral ». le 27/6/1937, il sera classé avec 863 voix, à la 3e place derrière
Hadj-Ahmed Fertchoukh (956 voix) et Benali Boukort (865 voix). Les résultats déclarés,
il est question d’un ballottage entre les trois listes indigènes, dont le nombre d’inscrits
était de 3163, avec 2188 votants et 2095 suffrages exprimés. Les élections devront se
refaire au mois d’octobre 1937 avec une légère révision des listes électorales sous l’égide
de l’administration coloniale. le secrétaire indigène du PCA reprendra son bâton de
pèlerin contre le fascisme nationaliste en comptant sur l’appui du CMA et de son porte-
parole « politique » cheikh El-Okbi, qui lors d’un meeting, sera interrompu par un
militant de l’ENA-PPA et au cheikh de rétorquer dans le même esprit du discours du
PCA :
« La politique d’indépendance des amis de Messali était une
politique enfantine, que celle du CMA consistait à tendre la main à
la France en luttant contre la misère et l’ignorance et non à se
livrer à des futurs esclavages pires que ceux que connaissent
aujourd’hui les indigènes d’Algérie. »

Le même CMA, pleinement engagé dans le réformisme social appui le PCA et la


politique des Elus franco-musulmans, qui ne souhaitent que réalisé quelques retouches
sur le système colonial en le maintenant pour leurs intérêts de classe. Le 5/10/1937, la
colonisation installe des Délégations spéciales afin de remplacer les 150 élus
musulmans qui ont démissionnés collectivement suite aux recommandations du CMA.
Le PCA s’est joint à cette action. Sélectionnés par le CC du PCF, les candidats du parti
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algérien dont Ouzegane, repartent en campagne électorale entre les 6 et 16/10, dans la
1er Circonscription dite arabe d’Alger. En tant que secrétaire du PCA et conseiller
municipal (démissionnaire), Ouzegane est parmi la délégation de campagne que préside
Robert Deloche, membre du CC-PCF soutenant la candidature de M. Elie Mignot,
secrétaire régional du PCA-Alger et candidat dans la 2e Circonscription dit européenne,
de même que M. Alex Muchielli, e la 4e Circonscription en présence de Jean Graudel
conseiller général de la Seine et maire de Gennevilliers.

Les résultats complets de ces élections, parurent le 18/10/1937, montrant un net


recul des voix communistes face aux nationalistes de Messali et ceux des Elus franco-
musulmans réformistes. Déclarés résultats en ballottage, Ouzegane n’aura eu que 580
voix sur les 7517 exprimés, face à Messali Hadj qui a eu quelques 2425 voix. Le PCA est
totalement en perdition, désavoué le parti « communiste » décide de faire désister ses
candidats u profit des nationalistes-réformistes. Ainsi Ouzegane se retrouve écarté dans
sa circonscription en faveur du candidat du Parti Socialiste-SFIO, Oulhadj Benhadj et à
Médéa, son camarade Bensalem Abdelkader en faveur de Saâdeddine Bencheneb du
FEM. Après ce recul électoral, le PCA et à travers lui Amar Ouzegane, se retrouve
désavoué par le CMA même, qui se réuni plus et arbore la dislocation et l’effritement.
Toujours cloitrer dans sa logique électoraliste, le secrétaire-adjoint du CMA tente de
réunir le Congrès à deux reprises les 19 et 23/4/1938, dans le but d’examiner la
situation générale, de traiter la question des démissions de ses membres qui se font par
voie de presse et prendre les dispositions qui s’imposent. Le 23/4/1938, Ouzegane
préside le seul comité Algérois du CMA qui ne sera qu’une douloureuse parenthèse dans
ce qui a été considéré comme modèle d’un Front antifasciste algérien.

L’expérience législative d’Amar Ouzegane est aussi une page de l’histoire du PCA
qui croyait au passage pacifique d’une société multiraciale vers les libertés
démocratiques et non vers le socialisme ou à l’indépendance nationale. Le slogan bien
rétrograde, à notre sens, du Pain, Paix et Liberté, se confirme dans ce jeu électoraliste
des municipales. Le conseil municipal d’Alger du 9/10/1938 et dont Ouzegane est
membre, s’est réunis pour l’adoption d’un nouveau tableau des effectifs du personnel
municipal. L’élu demanda qu’il y soit un nouveau recrutement d’indigènes au sein de la
municipalité, la proposition lui sera refusée pour cause de restrictions budgétaires
décidées par le Gouverneur d’Algérie. Ouzegane votera quand même la distribution des
500 quintaux de blé tendre qui ont été attribués, par décision préfectorale, à la
commune d’Alger, afin d’être distribuée aux indigènes nécessiteux.

L’élu communal « communiste » hausse le ton, lors de la réunion du 15/7/1938,


pour déplorer le vote de certains crédits et du retard apporté à l’exécution d’un
programme d’habitat indigènes. Il interviendra, avec ses collègues musulmans, sur la
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question des concessions israélites d’Alger, demandant une commission pour leur
permettre de connaître l’avis de l’Association consistoriale. Enfin, il signalera la non
attribution des rappels de 1937 au personnel municipal pour la plupart des européens.
A le fin de 1938 et intervenant sur le budget municipal pour 1939, Ouzegane se plaindra
de ce que les promesses faites n’aient pas été tenus et déplore que le nombre de
centimes additionnels soient passés de 167 à 360 en 1937 et en fin, à 389,75 pour1938.
Il dira entre autre à l’adresse du maire fasciste d’Alger, M. Rozis : « Votre politique
financière consiste à faire payer le petit ».

La presse de l’époque et durant la période allant des mois de décembre 1937 et


janvier 1939, avait rapportés les quelques propos des élus communistes à travers des
« débats houleux » et dans le contexte mondial du fascisme guerrier. Suite à la
remarque d’Ouzegane sur la politique financière et budgétaire, un représentant
européen releva que si les indigènes s’obstinaient à discuter chaque chapitre c’est que
cette tactique qui émane de leur Parti tournerait à l’obstruction. Une provocation qui
donna ses fruits, puisque l’élu Boumendjel, protestera, en relevant que « ce n’est pas
parce que nous ne voterons pas le budget qu’on nous empêchera de dire notre façon de
penser » et à son collègue, M. Labsi d’ajouter « nous parlerons, même si cela nous
entraine jusqu’à demain matin ». De son côté, le maire fasciste rétorquera par, « vous
nous empoisonnez l’existence ! ».

Durant la même séance, M. Amara a fait remarquer que rien n’avait été prévu
pour payer le rappel promis aux employés municipaux. Le maire réplique par « rien
n’avait été promis ». Les discussions tournent à la protestation et à de violentes
interpellations de la part de Boumendjel, Amara et Hamoud au sujet de l’attribution des
200000 francs à l’AMNA, une œuvre de bienfaisance des Pères-Blancs. Les élus avaient
demandés que cette somme soit versée au bureau de bienfaisance musulman ou au
Centre d’entraide sociale, pour eux les Pères-Blancs font du prosélytisme dans les
masses indigènes et les subventions municipales ne doivent pas permettre de
semblables menées. L’Echo d’Alger du 14/1/1939, rapporte ce qui suit au sujet de cette
séance :

« On entendis M. Labsi qui protesta contre l’attitude de M.


Rozis se refusant de recevoir, le 6/10/1938, trois conseillers
indigènes qui venaient lui soumettre une motion contre les
prétentions italiennes.
Et M. Labsi d’ajouter : « M. Rozis, qui se disait indisposait,
ne l’était plus quelques heures plus tard pour assister à la
réception du Consul général à bord du « Vulcania ». M. Labsi
regretta que la municipalité d’Alger n’ait pas cru de voir, au sujet
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de la récente attitude de l’Italie, joindre ses protestations à celle des


autres municipalités algériennes.
M. Amara, de protester contre les termes du discours de M.
Rozis à la réception de fin d’année.
« - Vous avez affirmé que la plus grande honte que vous ayez
ressentie, c’était de voir des membres du personnel municipal
confier leurs revendications à des communistes indigènes connus
pour leur hostilité envers tout ce qui est français… »
M. Ouzegane :
« - S’il y a quelqu’un qui doit avoir honte, c’est vous
Monsieur le maire, qui, par votre attitude, contraignez les
employés européens à nous confier leur défense. Du reste, ceux de
votre Parti, ne se gênent pas pour vous fustiger à se sujet, qui vous
dit à se sujet votre fait. »
M. le maire :
« - A out cela je ne répond que par du mépris. »
Les conseillers ont échangés des apostrophes, du type : « Et va donc fasciste »,
« Associez-vous à Mussolini », ou encore « Osez un peu crier : Vive Rome ! ».

La séance du 29/12/1939 fut aussi pour les fascistes municipaux français, une
occasion afin de provoquer les élus du PCA. Maitre Antona, élu et avocat au barreau
d’Alger, profitant de sa mobilisation militaire, laissa une lettre au maire d’Alger dans
laquelle il demande à ce que des précisions soient faites sur la situation de certains
Conseillers municipaux du PCA et « dont le Parti a été considérés comme dissous au vu
de la loi du 26 septembre 1939 ».

Le 23/2/1940 et sur requête du préfet d’Alger le conseil municipal de la ville


d’Alger prononce la déchéance de plein droit du mandat des 6 conseillers municipaux
communistes.
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OUZEGANE : DE LA DETENTION POLITIQUE A LA DERIVE


IDEOLOGIQUE

Le mois d’aout 1939, une délégation du Comité d’accueil d’Alger pour réfugiés
Espagnols avait été reçue par le préfet de la ville. La délégation été composée de Virgil
Barel, député PCF des Alpes-Maritimes, M. Belaiche, conseiller générale de l’Union des
syndicats de la région d’Alger, M. Mombardi, délégué financier d’Alger, Louise
Benchamoul, du Secours Populaire (ex-Secours Rouge), Antoine Chiavarini, trésorier
du Comité d’accueil et Amar Ouzegane, conseiller municipal d’Alger.

La rencontre portait sur l’état et les conditions de vie des réfugiés de l’Espagne
républicaine dans les camps de Boghari, de Carnot (aujourd’hui Abadia) et de
Benihindel. Le préfet d’Alger de son côté, avait évoqué le réaménagement d’un camps à
Benchicaou (Médéa) au prix de 700000 francs débloqués pour la circonstance. Durant
cette entrevue, Virgile Barel déclara qu’il compte rendre visite aux réfugiés espagnols
malades et hospitalisés à Alger, de même pour Kaddour Belkaim, secrétaire du PCA et
Antoine Chiavarini qui se rendront en visite aux camps d’Orléansville, de Carnot et de
Benihindel. La préfecture en question, avait projeté de dégager le camp de Boghari vers
la région de Cherchell où un nouveau camp était en construction pour accueillir les
centaines de républicains espagnols « internés » dans les conditions les plus
inhumaines et des plus déplorables. L’un des membres du Comité d’accueil, Antoine
Chiavarini et sa campagne du Secours Populaire, Leone Gosselin, seront d’ailleurs
arrêtés le 28/12/1939 dans le cadre de la loi anticommuniste du gouvernement
Daladier. En effet, le décret du 26/9/1939 stipulant la dissolution du PCF et de toutes
les organisations syndicales, sociales, sportives et culturelles qui lui sont affilés,
exigeant des militants communistes et des adhérents une déclaration par écrit
répudiant tout appartenance au communisme, est une véritable inquisition mise en
œuvre par les fascistes au pouvoir en France.

Le 24/2/1940 et sur requête du préfet d’Alger, une déchéance de pleine droit du


mandat des conseillers municipaux de la ville et région d’Alger a été signifié aux
membres du PCA. Alors débute une véritable « chasse aux sorcières » à travers tout le
territoire de la colonie Algérie. Amar Ouzegane sera arrêté et conduit en étention au
camp d’internement de Djenen Bou- Rezg, à Ain Séfra.

C’est dans le troisième volume de l’ouvrage de Jacques Jurquet que nous


retrouvons quelques éléments pouvant apporter quelques clarifications sue la période
allant du 2e au 3e Congrès du PCA, à commencer par la surprenante décapitation de ce
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dernier juste après le retournement de veste du secrétaire du CC-PCA, Benali Boukort.


Amar Ouzegane dira à ce sujet :
« Benali Boukort convoqué au siège du Gouvernement
général au moment de la dissolution du PCA. Il accepte de faire
une déclaration condamnant le Pacte germano-soviétique.

Pour Ouzegane, il aurait été plus digne pour cet ancien dirigeant de ce faire
arrêter que de recevoir un poste de receveur des transports urbains d’Alger et qui finit
par commanditer les assassinats des militants de la Fédération de France du FLN en
étant au sein du MNA messaliste entre 1956 et 1962. En évoquant la date du 27/4/1940,
Ouzegane la considère comme celle de la mise à mort du PCA. Il notera entre autre, que
« Nous sommes presque tous arrêtés à l’exception de Larbi Bouhali qui fut arrêté au
mois de mai 1940 ».

A l’annonce de la dissolution du PCF, puis celle du PCA, Ouzegane prend contact


avec la militante paulette Melot-Lenoir, épouse de Robert Lenoir et mettent sur pied
une imprimerie clandestine pour relancer l’organe central du Parti. Il avait assuré lui-
même, la rédaction politique du n°2 du mois de novembre 1940 de la Lutte Sociale.

En évoquant la reconstitution du PCA, Ouzegane rapporte que l’opération fut


réalisé avec aisance « grâce à la disponibilité de nombreux militants », sans s’étaler
sur un quelconque détail ou indice sur le comment et le pourquoi de cette phase
cruciale de l’histoire du Parti, en se limitant au seul exemple de la réunion qui a eu lieu
à Bab El-Oued et à laquelle il avait assisté. Elle aurait regroupé 15 militants-cadres,
dont Fayet et Marouf. C’est durant cette réunion qu’il a été proposé comme Premier
secrétaire du PCA, précise-t-il.

« Mon analyse sur la situation politique ayant été jugé plus


juste que le rapport préliminaire confus de Bouhali. Ce dernier élu
responsable à l’organisation, chargé de fixer le nouveau lieu de
rencontre de la nouvelle direction de 5 membres, ne vint pas au
rendez-vous fixé par lui-même, pour me voir au restaurant de mon
frère, rue Clauzel où le travaille depuis que j’ai cessé d’être
permanent du Parti. »
On l’absence de textes sur cette fameuse réunion de Bab El-Oued et le grand
silence de Larbi Bouhali, il devient difficile pour l’histoire de parier sur l’objectivité des
propos d’Ouzegane sur une période bien complexe de l’existence du PCA. Une période
qui révélera le PCA autant par sa force que ses énormes faiblesses politiques
qu’organisationnelles. Afin de remédier à ces oublis, intentionnés ou non, un « blanc
d’histoire » pour lequel nous nous sommes contenté de recueillir quelques faits sur
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cette période de la chasse aux communistes, menée par l’administration fasciste et sa


police coloniale. Mais qui nous interroges aussi, sur cette attitude d’Ouzegane à vouloir
se maintenir en idolâtrie face aux sacrifices de ses camarades de tout âge et de tout
sexe, en huilant sa petite personne de tous les parfums et ne cessant de régler des
comptes personnels devant son échec politique et idéologique.

A l’annonce du Pacte germano-soviétique, des militants et cadres-dirigeants du


PCA ont eu des attitudes négatives et d’incompréhension vis-à-vis de la stratégie du
PCUS face au déferlement des armadas nazis. La machine de propagande fasciste était à
son comble en Algérie et il fallait assaisonner les esprits simple en les préparant à une
guerre contre le communisme en affaiblissant au maximum les partis communistes et
disperser les rangs des progressistes. A ceux-là s’ajoute la question de la formation
politique et idéologique des dirigeants algériens du PCA et leur capacité d’assimiler la
stratégie et la tactique communiste, en termes léninistes, afin de prendre les décisions
les plus justes dans cette lutte de classe mondiale que ne cessait de mener le PC(b)US.
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UNE EPURATION COLONIALE METHODIQUE

Nous présentons et d’une manière non-exhaustive, le listing de cette campagne


orchestrée méthodiquement contre les militants (es) du PCA entre 1940 et 1942.
En septembre 1940, le Tribunal militaire permanent d’Alger condamne Marcel
Planès, agent des PTT et ancien secrétaire de la Région algéroise du PCA à 18 mois de
prison et à 3000 francs (1230 euros) d’amende.
Au mois d’octobre 1940, le Tribunal correctionnel d’Alger a infligé une peine de 7
mois de prison au nommé Kerrouche Brahim ben Ahmed de Boufarik, pour propos
défaitiste tenus dans cette ville, le 20/8/1940. Trois mois également ont été retenus à
l’encontre de Serkissian Carabed, photographe à Kouba, pour propagation de mots
d’ordre émanant de l’Internationale Communiste. On lui reprochait d’avoir, en public, à
Maison-Carrée, exhibé la doctrine communiste. Ce à quoi, Serkissian (un exilé d’origine
arménienne) répond que l’on a mal compris ou mal entendu. Il affirme, qu’il aurait dit :
« Je suis commune mixte ! » et non communiste, voulant dire par là que son opinion se
cantonnait dans un juste milieu des doctrines politiques en cours avant la guerre.
Sur mandat d’arrêt délivré par le doyen des juges d’instruction, chargé de
l’instruction ouverte contre les communistes d’Algérie, le docteur Cattoir, un
communiste de Constantine a été arrêté et écroué à la prison civile au mois de
novembre 1940.
Un communiste de Bougie est condamné à 6 mois de prison par le tribunal de
Constantine. Reconnu comme chef d’une cellule du PCA à Bougie, le commis des
Postes, Ernest Merlet, le 23/10/1939 dans le train qui le ramenait d’Alger à
Constantine, Merlet parlait d’un voyage qu’il venait d’effectuer en Union Soviétique, et
en présence de civils et de militaires, faisait l’apologie des institutions soviétiques. A
l’audience, Ernest Merlet nie. L reconnaît simplement avoir narré en détail son périple
soviétique. Des témoins entendus en donnent un démenti formel. Il sera condamné le
20/2/1940, à 6 mois de prison et à 500 francs (205 euros) d’amende.

Le 13/3/1941, la police fasciste française procéda à Lyon à 50 arrestations. A


Toulon et Montauban, à 51 arrestations de militants communistes, dont une vingtaine
de Français, une trentaine d’Espagnols et quelques Italiens, tous à Lyon. Sur un total de
109 militants, nous comptons parmi eux, Jean Chaintron (Barthel).
Au mois de juin 1941, le régime de la collaboration institue au ministère de
l’Intérieur, une commission chargée de l’examen des dossiers des juifs d’Algérie. M.
Gazagne, le chargé de mission au Commissariat général aux questions juives est
membre de cette commission d’épuration raciale.
En janvier 1941, une police spéciale a vu le jour menant une opération appelée
vulgairement « Lutte contre le communisme » comme s’il s’agissait d’une lutte
épidémiologique ou d’une dérive sociale et éthique. Cette police avait pour mission de
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surveiller et traquer les soi-disant derniers représentants du parti interdit. Depuis 1940,
cette police est présente avec pouvoir d’exceptions dans les départements d’Algérie, de
Tunisie et du Maroc. A Alger, le commissaire Barrette était chargé de la surveillance et
des arrestations des militants, adhérents et sympathisants du PCA, des JC et de la CGT.
Le 27/1/1941, on annonce l’arrestation d’un groupe de militants, parmi eux 2
femmes : une institutrice révoquée pour ses idées et une jeune femme « d’origine
israélite ». les deux autres militants, n’étaient autre que Georges Raffini, 24 ans, dit
« Durand Pierre », originaire de la ville de Constantine, arrêté le 20/1/1940 et Gustave
Vallon, 20 ans dit « Ville Jean », mécanicien et originaire de la même ville.
Aux abords de la plage des Deux-Moulins (Bologhine, Alger), une descente de la
Police Spéciale fasciste arrête dans un cabanon, 3 militants, à savoir Maurice Laban, dit
« Poli Dominique », 26 ans, ancien étudiant en pharmacie, originaire de Djelfa, sa
campagne Odette Deï, dite Rossignol dite « Dodo » ou encore « Zozo », 23 ans,
ancienne employée et licencié des Chemins de Fer d’Algérie. Enfin, Tahar Kateb, 23 ans
dit « Amerouchène Lakhdar » ou « Amrouche Ali » ou même « Ghenassia Isaac-
Georges » originaire de Biskra et déjà condamné en décembre 1939 à 6 mois de prison
pour distribution de tracts. Lors de cette arrestation, des sommes, allant de 2000 à
6000 francs (820 à 2460 euros) ont été trouvés sur chacun d’eux, une petite presse
d’imprimerie, une ronéo, deux machines à écrire, des tracts en français et en arabe, de
même qu’un numéro de Lutte Sociale à moitié imprimée. La même arrestation a touché
Pastor Baptiste, 36 ans, ébéniste et secrétaire de la section du PCA de Bab El-Oued,
ainsi que Adonis Crouail, 33 ans, charpentier habitant à Oran où il était secrétaire de la
section communiste au sein de la CGT.
Durant cette compagne répressive touchant communistes et nationalistes, faut-il
le rappeler, des « Algériens » bien assimilés à la culture nationale de l’Empire coloniale
discutait le budget 1941 de la ville d’Alger. Ce fut le cas de MM. Hamouda, Sfindja,
Kortebi, Boumendjel et Ferhat Abbas. Alors que sur le plan de la lutte contre le
communisme, le préfet fasciste d’Alger décide, au début de septembre 1941, d’interner
les militants PCA qui suivent :
A Orléansville : Montagné, Verdu, Carratéra, Serrano, Mahmoudi et Bouchakdji ;
A Ménerville : Cipriani et Pons ;
A Oued-Fodda : Mohamed-Pierre Marouf ;
A Hussein-Dey : Simonin, La Torre, Gemy, Sorabelle, Nou-Nachor Julien ;
A Birmandreïs : Cardonna et Barthe.
Les militants Jean Alvorrès et Kaci Mokrane, inculpés de reconstitution de ligue
dissoute (le PCA) seront déférés au Tribunal militaire d’Alger. La même décision
préfectorale mentionnera dans le cadre de la lutte contre le Parti du Peuple Algérien, les
militants nationalistes Ali Hamza et Mostefa Chaouch de Dellys, qui seront internés au
camp de Djenen Bou-Rezg, sous l’inculpation d’être coupable de menées subversives en
faveur du PPA.
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Le même préfet fasciste présentera durant le mois d’aout 1941, 7 militants


communistes au Tribunal militaire d’Alger, sous l’inculpation de reconstitution de ligue
dissoute. Les sept concernés furent :
Lisette Vincent, ex-directrice d’école au département d’Oran, Carillo Martin, exilé
espagnol, Perez Gonzalès, Ramirez Nunez et Aziz Nuarette.
Le 3/9/1941, le même tribunal prononça les condamnations à l’encontre de :
- Moïse Scemama et Georges, 4 ans de prisons et 1000 francs
d’amende (2440 euros) ;
- Viktor Siltruk, 3 ans et 1000 francs d’amende ;
- Benjamin Gozlan, 1 an et 200 francs d’amende ;
- Enfin, Isaac Zirah, 3 ans et 1000 francs d’amende.

Les 26 et27/11/1941, la cour martial d’Oran inculpe 21 militants communistes de


reconstitution de ligue dissoute PCA) parmi les 18 condamnés de prison de peine
s’échelonnant de 5 ans à 6 mois de prison et de 100 francs (56 euros) à 5000 francs
(2800 euros).
Vers le 13/12/1941, le Tribunal militaire de la 15e Division à Marseille, condamne
11 communistes pour avoir constitués une organisation de liaison et de soutien au PCA
entre l’Algérie et la Métropole. Il s’agissait de :
- Jean Devaux, peine de mort par contumace ;
- Joseph Pastor, peine de mort par contumace, pour détention de
tracts ;
- Adolphe Follignani, travaux forcés par contumace ;
- Joseph Gabelda, 20 ans de travaux forcés ;
- Albert Domenech, 10 ans de travaux forcés ;
- Jean Ferruga, Idem ;
- Carmen Boatell, Idem ;
- Antoine Ballri, 15 ans de travaux forcés ;
- Georges Colomba, 18 mois de prison, pour transport du papier
duplicateur ayant servi à trier des tracts ;
- Jean-Louis Tourel, à 5 ans de prison, pour distribution de tracts
communistes.

A Alger, le directeur de la Sécurité générale en Algérie, Muscatelli, règne en


maître avec Bringard, sous-directeur de la sécurité générale et Lavaysse, le secrétaire
générale de la Préfecture d’Alger, délégué à la police d’Etat d’Alger. Communistes, juifs,
Francs-Maçons, anarchistes étrangers et nationalistes radicaux algériens ont tous été
dans les mêmes camps et le même sac. Il s’agissait de puritanisme racial qui voulait
éliminer ces « rubigineux » qui entravaient la Révolution nationale-fasciste.
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Amar Ouzegane est au camp de Djenen Bou-Rezg et le capitaine Schoen est venu
lui proposé un poste de chef de service à Radio PTT-Alger. Le militant s’y refuse et pour
cause :
« La direction du Parti mit en garde, contre ces conceptions
erronée tous ceux qui étaient connus pour leurs responsabilités
publiques », témoignera-t-il à Jacques Jurquet.
Sauf, pour ceux qui n’avait pas une certaine influence de masse, ils seront
autorisés à agir en double-jeu et il cite les noms du frère cadet d’Ali Débabèche et
Ahmed Mahmoudi. Dans ce camp, la plupart des militants communistes étaient
d’origine française.

De mars à juillet 1942 et à deux mois du débarquement Anglo-américain


au Maroc et en Algérie, le Gouvernement général fasciste d’Algérie avait arrêté et
condamné 33 militants communistes supplémentaires. Cette chasse aux « sorciers
rouges » avait atteint son paroxysme au Maroc et en Tunisie, où la Section spéciale du
Tribunal militant de Casablanca venait de condamnés 19 militants communistes, dont
4 ans travaux forcés, 7 à des peines de travaux forcés allant de 5 à 12 ans et 8 militants
à des peines de prisons allant de 5 à une année. Du côté du tribunal militaire de Tunis, 7
militants communistes qui ont comparu le 16/7/1942 et ont été condamnés à des peines
allant jusqu’à 15 ans de travaux forcés, alors que d’autres à 20 années d’interdiction de
séjours dans certaines villes et des amandes allant de 2000 à 50000 francs de l’époque.

En Algérie, le PCA continu à être la cible du colonialisme fasciste et au


mois de mars 1942, 6 militants dont une femme ont été condamnés à la peine capitale.
La police spéciale fasciste française qui avait mis sous surveillance la nouvelle direction
du PCA-Clandestin depuis sa formation en novembre 1939, aboutit à partir du
15/11/1940 aux arrestations et en finalité au démantèlement de la nouvelle équipe
dirigeante.
Les condamnés à mort :
- Thomas Ibanez ;
- Lisette Vincent ;
- Georges Raffini ;
- Ditmar Donéliou ;
- Emile Touati ;
- Ahmed Smaïli (par contumace, en fuite)
Aux travaux forcés à perpétuité :
- Maurice Laban ;
- Roland Lenoir ;
- Jacques Bentolila ;
- Gabrielle Gimenez ;
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- Louis Laurent ;
- Aliddine Débabèche ;
- Odette Deï ;
- Gustave Vallon ;
- Omar Mouleshoul.
A 20 ans de travaux forcés :
- Mohamed Kateb ;
- Jacques Salort ;
- Mohamed Boucetta ;
- Roger Tissier.
A 15 ans de travaux forcés :
- Paul Estorges ;
- Ignace La Bella ;
- Baptiste Pastor ;
- Maurice Gay.
A 10 ans de travaux forcenées :
Charles Fayette ;
Yvonne Saillon ;
Alexandre Pantalini ;
Isabelle Viel ;
Oscar Gonzalès.
A des peines diverses d’emprisonnement :
- Louis Font (5 ans) ;
- Alexandre Urios (5 ans) ;
- Antonin Sanchez (5 ans) ;
- Cristobal Vaguero (4 ans) ;
- Paul Phesans (2 ans) ;
- Louis Gjener (2 ans) ;
- François Vaquero (2 ans) ;
- Jean Torrecilla (1 an et 4 mois) ;
- Fernand Longhi (1 an et 3 mois) ;
- Ahmed Bachir (1 an et 2 mois) ;
- Joseph Ramon (1 an) ;

A Oran et au mois d’avril 1942, les militants, Figueros, Dasi, Parra, Farina,
Hernandez, Carillo, Oltra, Luis Garcia, Estrada, tous réfugiés républicains
espagnols, anarchistes et communistes du PCE, ont été condamnés à un an de
prison et 12000 francs d’amende chacun pour « fausses déclaration d’état-civil».
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Le 12/6/1942, la section spéciale du Tribunal militaire d’Alger fait


comparaitre 7 militants communistes dans l’affaire dite de « l’imprimerie
clandestine du PCA ». Les concernés étaient :
- Paul Caballero, à mort par contumace ;
- Fernand Manchon, aux travaux forcés à perpétuité ;
- Jean-Marie Bontet, 5 ans de réclusion ;
- Abdallah Kaci, à 3 ans d’emprisonnement et 12000 francs
d’amende ;
- Gaston Bontet, à 6 mois de prison et 20000 francs d’amende ;
- Aranda Guzman, à 18 mois de prison et 1200 de francs ;
- Daniel Grassi, à 1 an de prison et 200 francs.

Au 3//7/1942, 11 militants communistes arrêtés à Blida au mois de mai


1942 ont comparus devant la même section spéciale du parquet militaire d’Alger
sous inculpation de vouloir reconstituer le PCA dissout et propagation de mots
d’ordre de la 3e IC. Les noms des militants concernés, sont :
- Albert Menerger (15 ans de travaux forcés) ;
- Joachim Barcelo (10 ans de travaux forcés) ;
- François Gatto (7 ans de prison et 1200 francs d’amende) ;
- René Zaraquin (5 ans de prison et 1200 de francs d’amende) ;
- Auguste Chatain (4 ans et 1200 francs d’amende) ;
- Maurice Ribet (4 ans et 1200 francs d’amende) ;
- Georges Chatiel (18 mois de prison et 1200 francs d’amende) ;
- Braham Larinouna (8 mois de prison et 200 francs d’amende) ;
- Robert Deddouche (6 mois et 200 francs d’amende) ;
- Mohamed Ali-Khodja (6 mois de prison et 200 francs) ;
- Pierre Attard (6mois de prison et 200 francs).
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DEUX PCA DITES-VOUS ?

Aux dires de M. Ouzegane, il y aurait eu durant le fascisme vichyste en Algérie,


deux PCA, l’un à orientation dite nationale sous la direction d’Ahmed Smaïli et
comprenant essentiellement des Algériens et des cheminots européens de la région
d’Oran et un second PCA, à orientation européenne, composé de ceux qui étaient issues
du PCF et avaient comme chef de file Caballero. De même qu’il évoque le numéro de
novembre 1940 de la Lutte Sociale, qui aurait été diffusé et édité par des militants
Algériens « ce qui avaient échapper à la répression ».
Mais, à la lecture des informations qui précédent sur la répression fasciste et les
diverses condamnations des militants communistes, nous pourrions nous interrogés
sur les propos de celui qui a été interné et totalement isolé organiquement à Djenen
Bou-Rezg jusqu’à la fin du mois d’avril 1943. Tout comme nous pouvons lire dans le
Tome 3 de l’ouvrage de Jurquet, que :

« Sous le contrôle, dit, vigilant des dirigeants et militants


français, le PCA n’avait pratiquement plus d’activité
d’indépendante, ni même autonome. Il redevient de fait ce qu’il
avait toujours été depuis sa fondation, un simple organisme
occupé à appliquer en Algérie la ligne définie en France (sauf pour
la période de septembre 1939 à juin 1941) » (pp. 102-104, de la
réédition algérienne).

Il y a une certaine incohérence entre les deux propos et la réalité vécue par les
militants (es) eux-mêmes durant cette période de la clandestinité. La surveillance des
agissements des militants, leurs arrestations puis leurs condamnations, montrent qu’il
y avait d’incessantes tentatives de mettre sur pieds le PCA tel qu’il a été dissous, avec
une reconfiguration régionale qu’exige la clandestinité. I l y avait une distribution de
tâches précises entre Arabes et Européens dans le même organigramme sur les plans
financiers et moyens matériels, auxquels il faut ajouté que des responsabilités
régionales ont été mise sur pied afin de coordonner avec la direction clandestine qui
représentait les 3 départements.

La question qui s’impose, par contre d’elle-même, est certainement la suivante :


Comment la police spéciale fasciste de Vichy a-t-elle réussie à démanteler les différents
réseaux ? N’y avait-il pas des failles organisationnelles au sein du PCA qui permettaient
l’entrer des « taupes » dans les rangs des militants ? les réponses sont d’ordre politique
et idéologique.
Ouzegane et ses compagnons seront tardivement libérés, bien après ceux du PCF
incarcérés en Algérie. Ils découvriront un autre regard de la France coloniale, celui de
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maintenir la colonie au sein de l’Empire en apportant quelques restructurations


politiques et économiques afin d’asseoir un peu plus l’exploitation des richesses pour la
reconstruction de la métropole.
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OUZEGANE, LE DEPUTE REFORMISTE DE LA COLONISATION

A leur sortie des camps d’internement « toute la population européenne vouait


aux communistes une admiration particulière, notamment les juifs. » (Ouzegane à
Jurquet, pp, 211-213). Il rédigea même un article sur l’hebdomadaire du PCA, Liberté,
n°38, sur l’Ordonnance du 7 mars 1944 où De Gaulle et son CFLN, abrogea le Code de
l’Indigénat.
Les 14 et 18/8/1943, le PCA reprend son activité légale et convoque à Hussein-
dey, au foyer municipal, quelques 200 délégués pour une Conférence nationale après
les réunions de conférences régionales qui ont eu lieu le 1er aout autour du thème jugé
de l’heure, Unir le peuple algérien pour l’écrasement du fascisme. Le rapport d’activité
a été présenté par Nicolas Zanettacci, celui de l’organisation par Ouzegane et celui de la
politique général du Parti par Larbi Bouhali. Ce dernier avait posé avec insistance dans
son rapport, la question de la participation du peuple algérien à la guerre contre le
fascisme, pour la libération des peuples et pour la liberté. Plusieurs délégués avaient
insistés sur le recrutement et l’organisation des masses musulmanes dans le Parti.

Présents à cette conférence, les dirigeants du Pcf avaient pris la parole aux
clôtures de la rencontre. Waldeck Rochet disait, entre autre que :

« L’autre question essentielle, c‘est la politique à mener à


l’égard des masses musulmanes : les communistes, nous devons le
marquer fortement, sont contre toutes formes d’oppression, contre
toute inégalités de droit entre les hommes et entre les peuples… »

Présent aussi, Etienne Fajon qui prononça le discours ce clôture de travaux de la


conférence, notera de son coté :

« La politique de notre parti ? Unir le peuple algérien, sans


distinction d’opinion, de race ou de religion, pour une
participation agissante à la guerre des forces de liberté contre le
fascisme. »

Le PCA réinitialisé dans sa ligne d’avant septembre 1939, il aura à a tête un


directoire euro-algérien de 17 membres et militera durant toute une année a se
réorganiser selon la ligne et les choix de la direction du PCF fortement présente à Alger.
Une seconde Conférence centrale du PCA aura lieu, cette fois, à la grande salle
Pierre Bordes les 13 et 24/9/1944 sous le thème : L’Union dans l’action des peuples
d’Algérie et de France. Amar Ouzegane tiendra un rôle essentiel durant cette
Conférence en chargeant, comme avant 1939, les dirigeants nationalistes en les
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qualifiants de complices, conscients ou non, des cent seigneurs liés aux Hitlériens
(avant 1939, ils étaient 200 !) et agents provocateurs manipulés par la police et les
services non épurés des éléments vichystes.

Ouzegane et les « communistes » algériens continuaient à formuler cette fausse


contradiction principale entre le peuple colonisé et le fascisme mondial, essentiellement
hitlérien, et non celle d’une colonisation qui durait depuis 114 ans. Durant cette
Conférence, on parle d’interventions de délégués qui ne cessaient de souligner « la
justesse de la ligne politique » de leur Parti. Cette justesse que Jurquet résume en :

1) La lutte contre le fascisme, les trusts et les seigneurs de la colonisation ;


2) Union indissociable avec le peuple de France qui veut bâtir une démocratie
nouvelle et réelle ;
3) Union des populations algériennes sans distinction de race, de religion, ni
d’opinion politique ou philosophique.
Jurquet estime que Ouzegane a été trompé et induit en erreur tout comme l’avait
été, avant lui, Kaddour Bélkaïm. Le PCF aurait transmis de fausses informations aux
militants algériens leurs annonçant la formation d’une armée populaire d’un type
nouveau qui est en train de libérer le territoire de la France, de même que ce discours
d’Ouzegane qu’il prononça sur une défaite des exploiteurs du peuple de France qui
entrainera la chute de ceux qui les soutiennes en Algérie, comme exploiteurs du peuple
colonisé. Ouzegane reconnaissait plus tard que le PCA,

« N’avait pas réussi à entrainer les larges masses


musulmanes, ni à définir une tactique à l’égard des divers
mouvements pseudo-nationalistes. »

Mais au mois de février 1945, la conférence des 3 Partis communistes nord-


africains (Tunisie, Algérie et Maroc) avait publier un communiqué, mettant en garde la
population des trois colonies, notamment les Algériens, sur ce qui se tramer derrière les
« révoltes de la faim ». Donc, les vichystes toujours au sein des appareils administratifs
fomentent un coup insurrectionnel contre le CFLN et forces Alliées présentes en
Algérie.

Ouzegane sera envoyé, au nom du PCA, à Constantine afin de déjouer ces


manœuvres. Il fera une tournée de rassemblements à partir du 16/4/1945, débutant par
Sétif, puis retournant le 1/5, à Constantine afin d’organiser une grande manifestation
populaire et ouvrière. Sur cette épisode politique, il dira à Jurquet que :
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« Là, j’ai empêché d’aboutir la tactique du PPA qui visait à


regrouper sous sa seule bannière tous les Algériens. Il avait mis en
place des sentinelles pour les inciter à rejoindre son groupe. Mais
je parvins à lui opposer un défilé par corporations syndicales à
l’actif concours de nos camarades arabes syndicalistes.
Le défilé du PPA fut squelettique, mais le notre fut plus
important et, contrairement à ce qui se passe à Alger, Oran ou
Bougie, il n’y eut ni mort ni blessés. »

La première semaine du mois de mai 1945, Ouzegane poursuit sa charge


contre les nationalistes du PPA. Il écrira notamment :

« Les instruments criminels, ce sont les chefs du PPA, tel


Messali et les mouchards camouflés dans les organisations
pseudo-nationalistes. Il faut châtier rapidement et
impitoyablement les organisateurs de ces troubles, passer par les
armes les instigateurs de la révolte et les hommes de mains qui ont
dirigé l’émeute. »

Traitant Moufdi Zakaria de « premier Khalife de Messali », de millionnaire et de


trafiquant notoire, Ouzegane chargera son ex-camarade Boukort qui a rejoint le PPA, en
le qualifiant de
« Traitre du PCA, collabo de Berque par peur de la
répression de 1940, qui travailla avec la police de Vichy pour faire
arrêter les militants du PCA, devenu un théoricien des faux-
nationalistes du PPA. »

C’était encore un Chadli Mekki, orateur du PPA désigné de mouchard de Ricko, le


directeur du camp de Djenen Bou-Rezg, un hitlérien forcené et antisémite. Il évoquera
encore un Younes, rédacteur en chef du journal du PPA, d’un homme très lié au
panarabiste Chakib Arslan ou encore, le vice-président du PPA, Si Djilani qui collabora
activement au sein de l’organisation nazi Todt.

A la page 280 de l’ouvrage de Jurquet, Ouzegane tente d’expliquer sa virulence à


l’encontre des nationalistes du PPA, comme suite :

« Ma virulence s’explique par l’anticommunisme enragé de


ces personnes qui oubliaient d’attaquer l’ennemi principal, le
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colonialisme. Boudali Safir, après la publication de cet article m’a


dit que je l’avais confondus avec son frère dont j’ai oublié le
prénom. Moufdi Zakaria, plus tard, auteur de l’hymne algérien et
Chadli Mekki, messaliste arrêté au Caire comme tel, ne m’en ont
pas tenu rigueur. Benali Boukort qui a écrit à des internés de
Djenen Bou-Rezg leur proposant de les faire libérer avec la
certitude de leur trouver un emploi, est devenu ensuite rédacteur
clandestin d’un journal nationaliste. »

mais au-delà d’une quelconque tentative de se remettre en cause en termes


d’attitudes et de prises de positions, Amar Ouzegane ne faisait qu’adhérer un peu plus à
la ligne erronée du PCA, dictée par « le Grand parti-frère » de France. Aujourd’hui et à
la lumière des évolutions historiques au sein même du Mouvement communiste
mondial, nous ne pouvons occultés cette tentative à vouloir esquivé les questions
idéologiques, politiques et organisationnelles avec un acharnement à personnaliser les
dérives de ce leader poursuivant à soutenir les positions réformistes et déviationniste
du PCA jusqu’à son exclusion.

Avant sa dérive nationaliste et bourgeoise, Amar Ouzegane continua à soutenir la


voie de l’électoralisme et la défense d’une Algérie multiethnique, pluriculturelle dans le
cadre de la fraternité entre les peuples de France et d’Algérie à travers cette « théorie
thorézienne » purement anti-marxiste-léniniste, d’une libération du peuple colonisé par
celui qui le colonise.

Le 14/7/1943, à Alger, le général De Gaulle et le CFLN était au complet au


moment du gigantesque rassemblement populaire et auquel avait assisté Amar
Ouzegane, déclarant que le peuple algérien participait tout entier aux côtés de la France
et des Nations-Unies à cette guerre juste, à cette guerre sacrée contre le fascisme.
Devant M. Murphy, l’envoyé spécial du président Roosevelt, Mac Milan, ministre
représentant de Churchill et M. Miskievitch, représentant de l’URSS et officier de
l’Armée Rouge, les propos d’Ouzegane ont plus à beaucoup de présents mais étonnés le
représentant du pays des Soviets auprès des forces du débarquement Alliées du
8/11/1942.

Au mois d’aout 1943, Ouzegane est devenu membre de l’Assemblée municipale de


la Délégation Spéciale de la ville d’Alger, qui comptait 18 membres européens et 7
membres musulmans. La présidence de la Délégation a été octroyée à Marcel Duclos et
Ouzegane se retrouve aux côtés de MM. Benmrabet, Boumedine, Haddou Abdelkader,
Kateb Hamida, le Dr. Tamzali Abdenour et Zoual Elhadj, pour une nouvelle législation
administrative tant que le PCF est alliée à la bourgeoisie capitaliste française qui s’est
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reconvertie dans les affaires de la reconstruction d’une métropole mise à genou par le
nazisme et le fascisme vichyste. Ouzegane animera le premier meeting du PCA depuis
son retour à la légalité à la salle du Majestic (29/3/1943), en compagnie d’Henri
Pourtalet, député PCF de Cannes, François Billoux, député de Marseille et Nicolas
Zanettacci. Au mois de novembre, il est à Tunis assistant à la salle Maltaise, à la
conférence nationale du PCT aux côtés des députés PCF, Lucien Midd et Virgil Barel.

Le 8/11/1943, à Alger, le membre du CC-PCA est convié à l’inauguration de


l’Université Nouvelle qui ce veut un espace intellectuel s’adressant à toutes personnes
qui désirent parfaire leur culture générale et compléter leurs connaissances dans les
domaines de la philosophie, l’art, la littérature, l’histoire de France, de l’Algérie et du
monde, pour une période de 7 mois. Vers la fin de l’année 1943, Ouzegane est à Rouïba
animant un meeting public en compagnie du député PCF Lapère. Mis janvier 1944, une
patrouille de l’armée américaine, chargée de la surveillance de la frontière séparant le
Maroc espagnol du Maroc français venait le 20 janvier d’arrêter un groupe de
communistes espagnol du PCE qui était porteur de documents qui ont établis leur
intention de dynamiter le siège de la Phalange franquiste de la ville de Fez. Le groupe
de la résistance espagnole portait des documents délivrés par les autorités gaullistes
d’Alger.

Le PCA de son côté lança à Alger la « Coupe Amar Ouzegane » de football et la


coupe 1944, sera remportée par l’ER Ben-Aknoun face à la JSB par 1 à 0. A Oran, ce fut
l’occasion pour Ouzegane d’assister à la commémoration du 20e Anniversaire de la mort
de Lénine, qui a eu lieu au théâtre municipal le 22/1/1944 et au cours de laquelle
successivement la parole a été donnée au secrétaire du PCA, au député des Ardennes M.
Lapère et au secrétaire régional du PCA-Oran Polozneto. Un ordre du jour a été voté
sous les acclamations du nom de Staline en tant que « digne continuateur de Lénine »
et la vaillante Armée Rouge.

A l’instauration d’une Délégation Spéciale de la ville d’Alger, Ouzegane est


désigné comme membre de l’assemblée provisoire, ce qui inaugure pour le dirigeant du
PCA sa nouvelle phase de commis du nouveau pouvoir et son administration coloniale.
A la 1er Conférence centrale du PC d’Algérie qui a eu lieu au mois de septembre 1944,
Ouzegane présente une analyse de la situation politique de la colonie, en relevant
notamment, que :
« L’Algérie servira-t-elle à constituer un bastion versaillais
ou deviendra-t-elle le solide allié de la France nouvelle contre les
gros féodaux et leur complices, conscient ou non ? Le parti
communiste veut entrainé les populations algériennes dans la
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grande lutte sacrée contre l’hitlérisme et les trusts traitres, pour la


libération de la France et la propre libération du pays. »

La résolution qui suit, indique clairement que le PCA d’après 1942, faisait
pleinement le jeu de la direction politique du PCF.
Ainsi, nous pouvons lire :

« La Conférence centrale du Parti Communiste Algérien,


réunie salle Pierre Bordes, les 23 et 24 septembre 1944 à Alger.
Enregistre les lenteurs des départs des députés communistes
français et de tous les internés politiques métropolitains ; proteste
avec énergie contre le fait scandaleux, et malgré les promesses
faites le 18 septembre par M. Le général Catroux, représentant du
gouvernement provisoire de la République française en Afrique du
Nord, que depuis plus d’un mois que Paris est libérée, des élus du
peuple de France ne puissent reprendre leur poste de combat
auprès de ceux qui les ont mandatés ; demande instamment que la
priorité soit accordée aux membres de l’Assemblée consultative,
aux parlementaires, ainsi qu’aux 300 déportés politiques encore
présents à Alger pour leur départ immédiat en France. »

Ainsi, le PCA s’inquiète du retard des départs de quelques députés PCF pour
rejoindre leurs postes auprès de la bourgeoisie capitaliste coloniale, et ne semble
nullement inquiète du retour des blessés, et handicapés à vie des milliers d’Algériens
qui ont été victimes d’une guerre impérialiste qui ne les concernes ni de près ni de loin.

Le larbinisme du PCA auprès du PCF, se poursuit jusqu’à mobiliser les


travailleurs nord-africains pour la reconstruction de la France qui est une manière de
rebâtir la colonie Algérie. C’est ainsi que 3000 nord-africains se sont assemblés à La
Mutualité de Paris, le 21/9/1944 et acclamaient, aux dires de L’Humanité, la politique
du parti communiste français. Etienne Fajon, de retour d’Algérie, sur la situation de
l’Afrique du Nord et l’activité des communistes dans cette contrée. Adjroud Rabah était
parmi les intervenants, puis c’est à Fajon de décrire l’action des députés communistes et
celle du parti communiste nord-africain, action qui ébranla les barrières
laborieusement dressés par les ennemis de la France entre les populations de races
différentes en Afrique du Nord et qui crée les conditions de l’union entre ces
populations et lepeuple de France ; une vision qui rejoint le grand projet colonial d’une
Union Française après que le peuple vietnamien et son Parti Communiste pris
l’initiative combattante et historique d’ébranler l’Empire coloniale de France.
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En Algérie, Ouzegane est une fois encore au meeting du PCA, organisé à la salle
Majestic le 24/9/1944 où il est accompagné de Waldeck Rochet et Johanny Berlioz afin
d’expliquer aux militants et adhérents du Parti, les résultats de la Conférence centrale
du parti. Avec le même Berlioz auquel se joindra Léon Feix, le nouveau idéologue du
PCF, Ouzegane est à la 2e Conférence centrale des Jeunesses Communistes d’Algérie qui
terminera ses travaux le 23/10/1944 à la salle Bordes. Comme de tradition les délégués
apportèrent le bilan de leur activité dans différentes sections, leurs revendications et
leurs suggestions.

Du 8 au 17/2/1945 un événement mondial a manqué le mouvement syndical. A


Londres, s’est ouverte la 1er Conférence mondial des syndicats comprenant 204
membres, 40 organisations ouvrières nationales, 15 organisations syndicales
internationales et 08 dites neutres, représentants quelques 60 millions de syndiqués.
La CGT français était présente avec une représentation de 18 délégués dont l’Algérien
Mohamed Marouf pour toute l’Afrique du Nord. Amar Ouzegane se rendra à Casablanca
(Maroc) afin d’assister au meeting organisé par le PCM, le 18/2/1945. Au théâtre
municipal de la ville, il y avait le secrétaire du PCM, Ali Yata, Victor Joannès le délégué
du PCF en Afrique du Nord. Le « communiste » Algérien, note à cette occasion sa joie
de parler et pour la première fois devant les populations marocaines, tout en soulignant
la nécessité de poursuivre la lutte contre le fascisme hitlérien, ennemi juré de tous les
peuples. Il ajoutera que le Parti communiste, ayant toujours poursuivis une ligne de
conduite rectiligne a constamment travaillé dans l’intérêt supérieur de la France
généreuse et humaine. Ouzegane marque aussi sa fierté d’avoir mené le bon combat
contre le fascisme et ses agents. Parmi ces derniers, se trouvent les trusts qui
maintiennent la population dans la servitude et pratiquent une politique de division.
Ainsi donc, il convient d’unir les populations nord-africaines, entre elles, puis le peuple
Français, leur allié naturel, pour châtier les traitres et liquider toute survivance
vichystes, supprimer les barrières douanières arbitrairement établies entre les pays de
l’Afrique du Nord et instituer, enfin dans ces pays une démocratie réelles, à l’image de
la France nouvelle.

En rentrant en Algérie, Amar Ouzegane s’engage pleinement dans ce « combat »


pour cette France nouvelle qui abrogera le code de l’Indigénat et ouvrira les portes
devant une démocratie coloniale à de futur Musulmans non- citoyens bien sur !

Les événements génocidaires du 8 mai 1945 dites du Constantinois, révéleront un


Ouzegane totalement acquis à l’idée d’une Union française qui passe par le seul chemin
électoraliste. Après avoir soutenu durant le Front populaire le projet Viollette, il
s’acharnera avec un semblant de « parti communiste » à soutenir une fois encore la voie
de la démocratie libérale du parlementarisme colonial ouverte par le gouvernement
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provisoire du CFLN. Il participera aux élections d’octobre 1945 en menant bataille


contre ceux qui ont été derrière les « troubles du Constantinois », à savoir les
nationalistes qualifiés de supporters des agents des vichystes camouflés au sein de
l’administration et leurs alliés, les féodaux terriens.

Les résultats de ces élections montreront que la voie choisie par le PCA est
totalement erronée, sinon néfaste. L’administration coloniale préférera cette fois, de
soudoyer les nationalistes en les récupérant politiquement et s’éloigner d’un PCA
totalement vidé de ses capacités de nuisance à l’encontre du nouvel ordre colonial. A
Alger et autour des 4 sièges, Ouzegane n’aura que 81425 voix devant une victoire
écrasante de la liste de l’Union et Progrès Social qui aura, pour les 3 premiers sièges, un
total de 135570 voix.
A Constantine, son camarade Mohamed Chouadria, aura les quelques41303 voix
devancé par les listes « Union Démocratique Franco-Musulmane » et celle de la SFIO,
qui partageront les 232574 voix sur les 275877 du suffrage exprimé.
Devant se raz-de-marée des candidats de l’administration et des nationalistes-
réformistes, le journal du Secours Populaire, La Défense, du 16/1/1945 s’interrogera
sur le pourquoi d’une Algérie qui n’a pas voté « à gauche » et dans lequel nous lisons :

« C’est parce que les Algériens n’ont pas été partout en


mesure de voter comme ils s’entendaient (si nous voulions citer
tous les faits qui illustrent cette affirmation nous pourrions
remplir les huit pages de notre Défense) »

le texte évoque un scrutin systématiquement faussé au niveau des communes


mixtes du territoire du Sud et dans la région d’Abbo (extrême est d’Alger) et le journal
cite la commune de Bou-Mehdi où il y avait 200 votants, en ouvrant l’urne, il n’y restait
que 120 bulletins de la liste Ouzegane au milieu de 1055 bulletins de la liste du féodal
Bachir. Au Camp-du-Maréchal (aujourd’hui Tademaït, Tizi-Ouzou) le frère du caïd a été
vu en train de verser des enveloppes dans l’urne ouverte. A Sidi-Aïssa (M’Sila), le caïd
déchira publiquement 150 bulletins de la liste Ouzegane en proclamant leur annulation.
La Défense, parle de chantage au ravitaillement, de menaces d’arrestations et de
provocations à l’encontre des électeurs et de substitution des bulletins « des listes
démocratiques ».

au mois de novembre 1945, la Constituante d’Algérie décidera de nommer une


Commission d’enquête afin d’examiner les conditions dans lesquelles se sont déroulées
les élections dans le département d’Oran, au niveau des listes des Non-citoyens (2e
Collège), une région jugée fief du PCA. Le député communiste-musulman a fait
remarquer qu’au moment « où la France donne le droit de vote à 1200000
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Musulmans, au lieu de 200000, il importe que le scrutin apparaisse incontestable ». il


intervenait bien sur, en tant que secrétaire de l’Assemblée Constituante qui a été élu par
499 voix et dont la présidence a été confiée à Jacques Duclos.

Le 1er décembre 1945, les députés communistes d’Algérie, Mme Alice Sportisse,
Pierre Fayet, Camille Larribère et Ouzegane, auxquels s’était joint le « communisant »
général Tubert, ont entretenu le ministre de l’Intérieur des « problèmes urgents
concernant, en Algérie, les mesures de grâce pour les récentes condamnations à
morts », de même pour des questions de semences, des salaires et de la sécurité sociale.
Histoire de noyer le poisson dans l’eau, le ministre Tixier a donné certains
« apaisements » quant aux mesures de clémence à faire intervenir à l’occasion de
l’arriver au pouvoir du nouveau gouvernement. Au sein de ce dernier, le futur fasciste
Jacques Soustelle a été nommé ministre des Colonies.

Amar Ouzegane faisant partie de cet appareil idéologique de l’administration


coloniale, s’associera au Dr. Bendjelloul en vue de présenter des propositions de lois
accordant une amnistie à certains musulmans nord-africains, condamnés lors des
« événements du Constantinois ». avant la déposition du projet de loi en question,
Ouzegane est à Paris, en compagnie du docteur Larribère, député d’Oran, assisté à la
journée de l’Aïd El-Kebir des travailleurs Cégétistes nord-africains de la région
parisienne. L’Humanité du 1/12/1945, écrira que c’est sous le signe de l’amitié des
peuples de France et d’Afrique du Nord, qu’un repas comprenant le traditionnel
couscous a été servi à 400 invités et que dans l’après-midi, les deux députés
« communistes » sont venus tour à tour dégager le sens d’une telle journée de solidarité
sociale.

Début 1946, l’assemblée Constituante à Paris, avait incluse quelques figures


communistes des colonies au sein de commissions parlementaires. C’est ainsi que nous
trouvons le nom d’Amar Ouzegane dans les 9e Commission des finances et du contrôle
budgétaire ainsi que la 10e Commission dite, de l’Intérieur, de l’Algérie et de
l’administration, aux côtés de Jacques Duclos, André Marty et Georges Cogniot pour ne
citer que ceux-là. Camille Larribère sera simultanément député de la Constituante et
membres de la 5e Commission de la Défense nationale et de 16é Commission des
territoires d’Outre-Mer aux côtés de Léopold Bistol et Aimé Césaire pour La Martinique
et le docteur Vergès pour La Réunion. Quand a Mohamed Chouadria, il sera désigné
membre de la 17e Commission du travail et de la sécurité sociale.

C’est dans ce cadre « démocratique » que luttent enfin les PC des colonies. Nous
retrouvons ainsi un Jean-Marie Larribère (1892-1965), alors député d’Oran, déplorait le
caractère hâtif des débats qui ont « une telle importance », estime cet orateur, en
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dénonçant même ce qu’il nommait le régime antidémocratique qui préside encore à la


désignation des organisations financières de l’Algérie et l’insuffisance des mesures en
matières sociales, en matière de constructions scolaires et sanitaires. Il demanda aussi
la suppression du système des caïdat, ainsi que l’amnistie totale pour les emprisonnés
politiques musulmans.

Au mois de février 1946, Ouzegane demande au secrétaire d’état à la présidence


du Conseil, chargé de l’information, quelles sont les raisons qui ont motivé la
suppression de l’autorisation de paraître, accordée au journal L’Algérie Nouvelle
d’Alger qui était un nouveau titre de l’organe du PCA la Lutte Sociale, seul journal en
Algérie, estime-t-il,
« Qui ait continué à poursuivre la lutte clandestine contre
Vichy et les commissions italo-allemandes, malgré les nombreuses
condamnations à mort et aux travaux forcées et les tortures
affligées à ses héroïques rédacteurs, imprimeurs et diffuseurs,
alors qu’une multitude de journaux ont été nouvellement créés à
Alger et que la presse hitléro-fasciste n’a jamais cessé de paraître
malgré la libération. »

Durant les élections du 2e Collège à Oran, il y a eu de vifs incidents causant


plusieurs morts parmi les musulmans. Une commission d’enquête parlementaire a été
envoyée sur place et ses résultats ont été présentés par Maurice Lacroix qui déclara que
les élus eux-mêmes ne doivent pas être incriminés, mais seulement la pression qu’a fait
subir l’administration française en faveur de ces élus. Il conclura qu’il est bien tard pour
prononcer des invalidations et que l’on ne peut pas se lancer dans de nouvelles élections
dans l’Oranais, à quelques semaines des élections générales. Ouzegane, le député
communiste, rétorquera que :

« Les musulmans d’Oran, préfèrent n’avoir pas de


représentants que des représentants choisis par l’administration et
les puissants d’argent. »

Mais mise à part cette petite note critique, en réalité le chef du PCA, avait
auparavant félicité la commission d’enquête de la loyauté incontestable de son
jugement et ce en sa qualité de député musulman non-citoyen. Et il dira entre autre :

« Il est établi que les élections ont eu lieu dans des conditions
anormales. Les musulmans préfèrent ne pas être momentanément
représenté plutôt que de l’être par les hommes choisis par le préfet.
Le groupe communiste votera l’annulation des élections et
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demande la révocation du préfet d’Oran, des administrateurs et


des caïds complices. Ce sera une victoire de la démocratie sur le
fascisme. »

Le député socialiste à la Constituante, Pierre Bloch, appuiera les déclarations


d’Ouzegane, Lakhdari et Boumchenouf. On procéda au vote à main levée, mais les
résultats étaient douteux, alors un scrutin public est décidé à la tribune.

Dans son édition du 28/2/1946, le Journal Officiel de la République française,


inscrit dans le compte-rendu de cette journée, qu’à 15 heure et en séance publique,
Amar Ouzegane était en discussion sur des projets de lois portant amnistie de certaines
infractions commises en Algérie. Mohamed Bendjelloul et plusieurs de ses collègues
tendant à accorder l’amnistie pleine et entière à tous ceux qui, en Algérie,
antérieurement et postérieurement au 8 mai 1945, ont été condamnés pour certains
faits politiques. De même pour le député Mohamed Achour et plusieurs de ses
collègues, sauf pour le caïd Benchenouf qui préféra interpeler le ministre de l’Intérieur
sur les « mesures qu’il compte prendre pour remédier à la misère entrainant une
immortalité effrayante » sévissant en Algérie.

Au mois de mars, Ouzegane, Chouadria, Pierre Fayet, Camille Larribère, Mme


Sportisse et plusieurs autres de leurs collègues ont déposés un texte de loi tendant à
faire de la langue arabe une langue officielle aux côtés de la langue française en Algérie.
Le projet du texte stipulait cinq articles, à savoir :

« Article Premier – En Algérie, la langue arabe est la langue


officielle, à côté de la langue française ;
Art. 2 – Les actes du gouvernement, de l’administration
générale et locale et de tous les actes des pouvoirs publics, seront
portés à la connaissance de la population algérienne
obligatoirement en français et en arabe ;
Art.3 – Les tribunaux seront assistés en permanence de
traducteurs jurés qui donneront connaissances des débats au fur et
à mesure de leurs déroulements, ainsi que de la sentence ;
Art.4 – L’enseignement de la langue arabe est obligatoire
dans les établissements scolaires de tous les degrés ;
Art.5 – Le ministère de l’Intérieur est chargé de prendre
dans le plus bref délai les décrets pour l’application réelle de la
présente loi. »
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Un texte qui ne verra jamais le jour contenu des résistances de la part des forces
politiques et sociales en Algérie rejetant de voire une quelconque idée d’autonomie de la
colonie vis-à-vis de la Métropole, mais bien un territoire totalement assimilé et
intégralement francisé. Ouzegane et le PCA s’enfoncèrent de plus en plus dans les
orientations anti- marxiste-léniniste du PCF, du genre de cette nation algérienne en
formation et à l’occasion du 47e anniversaire de Maurice Thorez, le directoire du PCA
envoi un télégramme de témoignage de sympathie au grand lutteur de classe.

En juin 1946, les élections législatives en Algérie montrerons une fois de plus que
la ligne de soumission politique et idéologique st une voie antirévolutionnaire dans le
contexte de la lutte anticolonialiste, dans un contexte mondial bien complexifié par
l’annonce d’une « Guerre froide » des puissances impérialistes face à la montée des
Révolutions prolétariennes et anticolonialistes sous la houlette de l’URSS triomphant
du nazisme. En Algérie, c’est encore un échec cuisant du PCA au sein de se deuxième
collège des musulmans non-citoyens, après que l’électorat traditionnel du PCA ait
abandonné ceux qui s’éloignaient de plus en plus du prolétariat colonial. Les
« communistes » sont devenus le fruit de la colère face à une montée du nationalisme-
réformateur qui joua la carte d’un certain radicalisme aux côtés du PPA en se
nourrissant, dans la parole, de patriotisme arabe et musulman que la population
algérienne assimile à une nouvelle forme de pensée politique.

Un Comité de Défense de l’Afrique du Nord a été crée et décide dans son


programme d’action d’alerter tout le Monde arabe par la célébration de la « Journée de
l4afrique du Nord » par des grèves, des manifestations diverses et des souscriptions,
tendant à dénoncer l’action de la France en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Vers la fin
de l’année 1946, Ouzegane envoi le 3/12 un télégramme au seul député communiste
d’Alger, Pierre Fayet, au sujet des trois nouvelles exécutions à mort d’Algériens arrêtés
après le 8 mai 1945 et dans lequel il est écrit, « trois condamnations à mort exécuter
lundi, malgré promesse du gouvernement». Devant cette nouvelle, les députés
« communistes » Mohamed Mokhtari, Djemad Chérif, Pierre Fayet et Alice Sportisse
sont intervenus auprès de Le Troquer, ministre de la Défense. Celui-ci leur a déclaré
que le télégramme ordonnant de réussoir à toute exécution « est arrivé à destination
avec un retard de 18 heures ». à 19 mois des événements du 8 mai 45, 7 exécutions à
mort ont touchés des citoyens algériens et au quotidien, Ce Soir, de s’interroger : A
quelle réaction les éléments vichystes d’Algérie veulent-ils pousser les musulmans ?

Alors que le 4e Congrès du PCA (17 au 19/4/1947) se marginalise davantage avec


son programme politique sur une Algérie libre et démocratique dans le « sillage d’une
union des races constitutives de la nouvelle nation algérienne », Le Devoir de vivre,
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organe de la Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme (LICA), de janvier 1948, nous


lisons :

« En Algérie, une situation latente vient de ce préciser : la position politique des


musulmans. Depuis quelques jours, une Union est née d’un concert raciste. Ou, mieux,
une conception raciste des appels racistes des milieux anti-arabes (Je ne dirais pas
antimusulmans) ont recréé par réaction le concept raciste de l’union des Arabes. Les
uns ou les autres ergoteront et soutiendront à « ce n’est pas nous qui avons
commencé », comme si en telle manière, la position chronologique dans l’ignominie
était une excuse ou une justification !
Trois partis arabes, dits aussi musulmans, ce sont alliés pour une certaine unité
d’action. Le MTLD (ex-PPA) de Messali Hadj, l’UDMA de M. Ferhat Abbas et le PCA
d’Amar Ouzegane ont trouvé un « modus vivendi » (Manière de vivre-Compromis,
NDL) qui est aussi « modus activi » (Manière d’activité et d’opérer, NDL).
« Union pour une République Algérienne », telle est la raison sociale et politique
du nouveau mouvement (…) Les nationalistes de Messali la voient entièrement
indépendante (…) Les progressistes de Ferhat Abbas la veulent « dans le cadre de
l’Union française », les communistes d’Amar Ouzegane l’espèrent « comme stade
indispensable pour atteindre l’internationalisme ».
En réalité, seule l’animosité antieuropéenne lie ces trois frères ennemis, seul le
racisme les rapproches, seul la haine les unit : premier danger. »

Nous sommes au début de 1948 et Amar Ouzegane est définitivement exclus des
instances du PCA décidée par André Marty, Jacques Duclos et d’autres dirigeants du
PCF, avec une « motion spéciale » : On lui incombe toutes les erreurs du PCA à son
compte propre et à ses agissements.

Mais à la lecture de ce qui précède, l’itinéraire d’Ouzegane été de tout temps celui
d’un docile et appliqué militant qui n’a jamais cessé de défendre et avec enthousiasme
remarqué, les orientations politiques du Parti-père de Paris. Une institution encrée
dans le réformisme et le révisionnisme moderne, qu’avait soutenu Ouzegane dès 1936.
En s’excluant lui-même de l’histoire du Mouvement communiste algérien, par son
opportunisme, sa pantalonnade et son abstraction, il était presque naturel qui revient
au galop à ces sources désuets aux anachronismes historiques.
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ANNEXE: 1
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Documents de l’Ecole Léniniste de l’I.C, concernant le militant Belarbi Ahmed, dit “Boualem”.
 
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L’Humanité-3/7/1937

 
 
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Table des matières :

Présentation………………………………………………………………………………………3

Un « PCA virtuel » pour des réalités concrètes……………………………………...7

Amar Ouzegane, le « militant » des écoles coraniq10ues………………………10

La Région Communiste d’Algérie (RCA)……………………………………………..14

Mohamed Marouf, le lutteur de classe…………………………………………………18

Amar Ouzegane et la Commission coloniale du PCF……………………………..27

Amar Ouzegane et le combat frontiste…………………………………………………31

Ouzegane le conseiller municipal………………………………………………………..36

Ouzegane : De la détention politique à la dérive idéologique………………….41

Une épuration coloniale méthodique…………………………………………………..44

Deux PCA dites-vous ?……………………………………………………………………….50

Ouzegane, le député réformiste de la colonisation……………………………….52

Annexes……………………………………………………………………………………………65

Table des matières……………………………………………………………………………85

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