DT201109 Alm Optimind
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ALM
La crise financière replace
L
l’ALM au centre de toutes les
préoccupations des assureurs
a gestion des risques assurantiels et financiers, portés par les compa-
gnies d’assurance, nécessite un pilotage prospectif de l’activité dirigé par
l’Asset & Liability Management, ALM.
L’ALM est en charge d’établir les recommandations sur les deux principaux leviers
de pilotage de l’activité.
La stratégie commerciale permet d’orienter la composition du portefeuille de contrats
d’assurance.
L’allocation stratégique des placements limite les risques financiers, nés de l’inversion
du cycle de production, afin de garantir le paiement des prestations aux assurés et les
profits futurs de la compagnie.
Sommaire
L’évolution des normes comptables et prudentielles catalyse des évolutions techniques
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 et stratégiques rendues indispensables par les nouvelles exigences en termes de valo-
Les fondements de l’ALM . . . . . . . . 2 risation de la valeur et des risques.
Les évolutions des normes
comptables et prudentielles . . . . . 4 L’économie qui s’érode depuis juillet 2007 a diminué voire supprimé les résultats
La revue des procédures financiers des compagnies qui doivent en conséquence améliorer leurs résultats
en ALM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 techniques.
L’ALM ou la quadrature
du cercle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 L’ALM centralise les expertises et les contraintes de la compagnie afin d’optimiser le
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 pilotage et intègre donc l’ensemble de ces évolutions.
Tarification Prestations
IFRS Solvabilité II
Souscription ALM
Gestion
d’actifs Agences
de notation
Produits
de couverture Investisseurs
Structure de l’état détaillé des placements les poussées inflationnistes. L’illiquidité du marché
des assureurs au 31/12/2008 après mise explique la part relativement faible que représente
en transparence ce type d’investissements par rapport à la structure
de placements.
Autres placements Titres de créance
17,3 % 68,2 % Enfin, les compagnies d’assurance utilisent les pro-
duits dérivés principalement à des fins de couverture
Produits dérivés
0,1 % et ne prennent pas structurellement de positions à
Immobilier effet de levier ; c’est pourquoi cette classe d’actifs
1,3 % est peu représentée. Les dérivés sont utilisés par les
OPCVM compagnies afin de structurer des titres obligataires
4,1 %
EMTN présentant les caractéristiques de rendement
et de maturité recherchées.
Actions
9,1 %
Évolution des outils ALM
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Source : ACP. Financial Reporting Standard – sur la MCEV – Market
Consistent Embedded Value.
Allocation stratégique des placements Elle constitue une évolution majeure en permettant
de valoriser l’asymétrie des engagements pris au
Les placements des compagnies d’assurance fran- bilan, notamment au travers des garanties financières
çaises s’élèvent à près de 1 800 milliards d’euros offertes sur les produits d’épargne.
soit plus de deux fois la capitalisation boursière des En effet, les modélisations déterministes et les
valeurs du CAC 40 qui s’élève à 800 milliards d’euros approches par stress scénario ne permettaient pas
ou encore plus que les 1 650 milliards d’euros de la de valoriser ces asymétries.
dette publique française. Les études ALM bénéficient donc de modélisations
Ils sont principalement constitués par des titres obli- stochastiques de la valeur du bilan benchmarkée par
gataires qui représentent 70 % des placements. la modélisation déterministe et de stress scénarios
qui permettent d’analyser les anticipations macro
Cette structure des placements est conduite par la économiques.
stratégie ALM des compagnies puisque seulement L’impulsion donnée par Solvabilité II sur les modèles
12 % des placements sont constitués par les produits internes contribue à une nouvelle génération de
en unités de compte souscrits par les assurés. modèles ALM qui amélioreront la valorisation des
risques.
L’objectif commun à toute stratégie ALM est de réa-
liser un adossement actif-passif pour limiter les Communication financière
risques de marché contingents au règlement des pres-
tations. Il s’agit de réaliser une concordance entre les La communication financière est
échéanciers au passif et à l’actif. à destination des marchés finan-
ciers et des assurés pour leur
Les actifs obligataires sont privilégiés par les permettre de forger leurs déci- Les compagnies
compagnies d’assurance car ils permettent de libérer sions vis-à-vis de la compagnie. d’assurance doivent
le capital investi à une date connue sans être exposé Elle est de plus en plus réglemen-
au risque de marché. tée, notamment par les normes
piloter au mieux
Les actions, plus risquées par nature, sont détenues comptables IFRS, prudentielles ces différents canaux
par les compagnies d’assurance afin de booster leur Solvabilité II ainsi que par les de communication.
rendement et par conséquent de rester concurren- exigences des agences de nota-
tielles. En effet, à long terme, les actions ont un ren- tion. Ces évolutions ont pour
dement plus élevé que les autres types de placement vocation d’uniformiser et d’amé-
grâce à leur prime de risque. Leur part dans les place- liorer les référentiels de commu-
ments des compagnies d’assurance est donc relative- nication financière.
ment importante. Les compagnies d’assurance doivent piloter au mieux
Les assureurs investissent également sur le mar- ces différents canaux de communication, notamment
ché immobilier afin de se protéger contre l’infla- au niveau de la valorisation de la valeur et des risques
tion. Effectivement, tout en profitant de revenus qui peut diverger malgré des principes communs.
réguliers grâce aux loyers perçus, l’indexation de
ceux-ci sur l’inflation permet de se protéger contre
04 // ALM // septembre 2011
L’évolution des normes de comptabilisation des par la Commission européenne, pour la publication de
Les dossiers techniques d’information Optimind
engagements, au travers des IFRS – International leurs états financiers et de leurs comptes consolidés.
Financial Reporting Standard – et de Solvabilité II
constitue un véritable défi pour les compagnies Les actifs financiers sont valorisés dans les comptes
d’assurance. consolidés en suivant la norme IAS 39 « Instruments
En effet, le passage d’une comptabilisation des actifs financiers : comptabilisation et évaluation ». Cette
financiers au coût historique à la juste valeur a des norme détermine la méthode de valorisation des
répercussions importantes sur la volatilité des bilans actifs financiers selon quatre catégories, en fonction
principalement par la volatilité des actifs financiers de l’intention d’utilisation des titres par l’entité. Voir
qui connaît depuis 2007 des records historiques. tableau ci-dessous.
De plus, le passage d’une valorisation prudente au Best
Estimate des passifs d’assurance est structurant pour La valorisation des provisions techniques de la
la communication financière et les phase 1 des IFRS est jugée insatisfaisante par l’IASB,
techniques de provisionnement. International Accounting Standards Board, et sera
revue lors de la phase 2, fin 2011, sur la base de la
Méthodes de valorisation consultation du second semestre 2010.
Un véritable défi
pour les compagnies IFRS Les normes IFRS évoluent régulièrement, des tra-
d’assurance. Depuis le 1er janvier 2005, les socié- vaux récurrents sont notamment organisés entre
tés européennes cotées doivent res- l’IASB et le FASB – Financial Accounting Standards
pecter les normes IFRS, adoptées Board, organisme en charge des normes américaines
Comptabilisation Comptabilisation des produits et pertes réalisés dans le compte de résultats : comptabilisation
des produits des dividendes, coupons et autres intérêts reçus et émis et comptabilisation
financiers des plus ou moins-values réalisées.
réalisés
US GAAP – pour tendre vers une convergence interna- ce qui motive de nombreux travaux actuariels comme
tionale des normes. la modélisation des garanties financières, des
comportements des assurés ou encore des sinistres
catastrophes.
Entre autres, l’IASB a publié en 2009 la norme
IFRS 9 « Instruments financiers » visant à rempla- Code des assurances – comptabilisation
cer la norme IAS 39 d’ici 2013 – adoption européenne et provisions d’actif
non fixée. L’un des changements notables de cette Les compagnies d’assurance françaises restent sou-
future norme résulte dans la classification des actifs mises au Code des assurances et doivent, dans ce
financiers selon deux catégories, et non plus quatre : cadre, établir des comptes sociaux.
le coût amorti et la juste valeur. Le classement sera
fonction, d’une part, du business model utilisé pour Les actifs sont alors classés en deux catégories :
la gestion de l’actif, et, d’autre part, des caractéris- - les placements en représentation des engagements
tiques contractuelles des flux de trésorerie associés en unités de compte, comptabilisés en valeur de
à cet actif. marché. Les plus ou moins-values latentes sont jus-
tifiées dans le compte de résultat par les ajustements
Solvabilité II ACAV – Assurances à Capital Variable ;
La future réforme Solvabilité II, qui permettra d’uni- - les placements des portefeuilles cantonnés et du por-
formiser la réglementation prudentielle du marché de tefeuille général, comptabilisés au coût d’acquisition
l’assurance européen, définit à la fois les méthodes de et dépréciés si besoin.
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valorisation des postes du bilan et le calcul du capital La réglementation française impose notamment le
réglementaire SCR, Solvency Capital Requirement. provisionnement de certains risques liés aux actifs
financiers et aux interactions actif-passif. Voir
Les instruments financiers doivent être évalués par tableau ci-dessous.
application des normes IFRS sauf dans le cas où les
normes IFRS ne retiennent pas la juste valeur. Dans La détention de certains instruments financiers
ce cas, Solvabilité II requiert que la juste valeur soit amène les assureurs à constituer ces provisions, pou-
malgré tout retenue. Le paragraphe V.1.4 des spéci- vant potentiellement avoir un impact négatif sur les
fications techniques du QIS 5 présente de manière marges techniques et financières.
détaillée les ajustements à apporter aux règles de
valorisation spécifiées par les normes IFRS. La gestion d’actifs doit tenir compte de ces méca-
nismes pour leur impact sous Solvabilité I ainsi que
Les provisions techniques doivent être valorisées dans la communication financière.
selon les spécifications techniques de la future régle-
mentation. Ces dernières divergent des normes IFRS Le capital réglementaire
notamment sur la prise en compte du new business,
des facteurs d’actualisation et de la risk margin. Les résultats du QIS 5 publiés par l’ACP ont confirmé
La valorisation Best Estimate des engagements a la contribution importante du SCR marché au SCR
modifié les méthodes de provisionnement à la fois par global. Le capital réglementaire, qui était pris en
la suppression du sur-provisionnement prudentiel et compte dans la stratégie commerciale, devra donc être
par l’actualisation des engagements. maintenant pris en compte dans la stratégie d’alloca-
Le sur-provisionnement permettait de justifier tion d’actifs, ce qui constitue un bouleversement dans
...
une analyse partielle des risques. L’approche Best les études ALM.
Estimate nécessite donc d’analyser ces risques,
Constituée pour corriger la valeur Constituée dès lors que les actifs Constituée pour couvrir l’insuffisance
historique retenue dans les comptes se trouvent globalement en moins- de rendement des actifs par rapport
lorsque, par rapport aux marchés, value latente par rapport à leur coût à l’engagement minimum des assureurs
un titre est en moins-value de manière d’acquisition. sur les fonds en euros.
durable, c'est-à-dire depuis 6 mois
consécutifs pour les valeurs mobilières.
06 // ALM // septembre 2011
Source : Optimind.
La quantification des risques de marché spécifiée par Les spécifications techniques du QIS 5 requièrent éga-
la formule standard de Solvabilité II est composée de lement une analyse par transparence des risques por-
sept sous-modules : Interest rate, Equity, Property, tés au travers des parts de fonds d’investissement tels
Spread, Currency, Concentration et Illiquidity, ce que les OPCVM. Une application de la formule stan-
dernier ne portant que sur les BEL, Best Estimate dard doit être effectuée sur chaque titre sous-jacent
Liabilities. détenu. En l’absence d’informations suffisantes,
Les chocs de la formule standard sont des chocs l’hypothèse la plus défavorable sur la base du man-
instantanés et indépendants sur la NAV, Net Asset dat de gestion devra être appliquée, à défaut le choc
Value, qui ne prennent pas en compte les risques equity other sera retenu.
contingents comme par exemple l’impact sur les taux
d’un choc immobilier. La NAV correspond aux fonds D’ici l’entrée en vigueur de la réforme, pour traiter
propres économiques de la compagnie. En consé- de manière appropriée ce principe de transparence,
quence, les risques portent non seulement sur les les assureurs auront besoin de reportings spécifiques
engagements vis-à-vis des assurés mais aussi sur les et détaillés de la part des sociétés de gestion et des
profits futurs de la compagnie : les contrats en unités banques d’investissement qui respecteront les spéci-
de compte pour lesquels tous les risques sont portés fications techniques de la réforme ainsi que les exi-
par les assurés contribuent au SCR à hauteur du gences en termes d’auditabilité et de documentation
résultat que génère l’activité. Voir schéma ci-dessus. des méthodes.
Les résultats du QIS 5 montrent que les risques de Critères retenus par les agences de notation
marché représentent 60 % du SCR du marché euro-
péen principalement au travers des risques action, Les agences de notation ont accompagné ces évolu-
spread et taux qui contribuent respectivement à hau- tions sur le marché de l’assurance en intégrant les
teur de 25 %, 15 % et 10 % au SCR. nouvelles technologies de modélisation de la valeur
ainsi que l’enrichissement de l’Enterprise Risk
Management, ERM.
La notation, qui reste un critère de référence pour
les investisseurs, se fonde à la fois sur une approche
quantitative des risques et sur une approche quali-
tative, principalement sur l’intégration de l’ERM
au sein de la compagnie. Cette approche est simi-
laire à celle retenue par la future réglementation
Solvabilité II.
Les chocs de la formule Les agences de notation anticipent donc un
standard sont des impact faible de la future réglementation sur
leurs notations. En revanche, AM Best, spécia-
chocs instantanés et lisée dans le secteur de l’assurance, prévoit
indépendants sur la NAV, une phase de transition où les investisseurs
Net Asset Value. auront moins confiance du fait de l’horizon
court d’implémentation de ce régime plus
rigide.
ALM // septembre 2011 // 07
Compte tenu des enjeux économiques et des évolu- apporter une solution dans ce nou-
tions réglementaires, les processus ALM vont devoir vel environnement réglementaire.
évoluer dans l’objectif d’améliorer la gestion des L’optimisation du portefeuille,
risques, d’optimiser le SCR et de limiter sa volatilité. sans fonction d’utilité pour modé- Sous Solvabilité I,
Ces évolutions s’inscriront dans le cadre de travail liser le compromis rendement- le capital réglementaire
actuel dans lequel le comité ALM, regroupant l’en- risque sera réalisée grâce à une est indépendant
semble des directions de la compagnie, adapte l’al- nouvelle frontière efficiente : sur
location stratégique à partir d’études quantitatives la courbe rendement-SCR et sur des risques financiers
fournies par la direction ALM auxquelles contribuent la surface de la nappe rendement- portés au bilan de la
les directions techniques pour la modélisation du volatilité-SCR. compagnie d’assurance.
passif. Voir graphique ci-dessous.
Revue des procédures
Cette organisation permet d’analyser et de gérer de de gestion d’actifs
façon continue et détaillée les problématiques de
gestion et d’allocation des placements. Elle permet de L’approche économique retenue par la future régle-
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tenir compte des aléas que génèrent les risques assu- mentation induit des leviers d’optimisation du SCR au
rantiels, les risques financiers et leurs interactions. niveau de l’allocation stratégique par classe d’actifs
mais également au niveau de la gestion d’actifs.
Revue des procédures d’allocation stratégique Prenons l’exemple du capital requis au titre des obli-
des placements gations corporate, il est possible de l’optimiser en
tenant compte de la duration, donc de la sensibilité de
Sous Solvabilité I, le capital réglementaire est indé- ce type d’actif. Les chocs de taux et de spread n’étant
pendant des risques financiers portés au bilan de la pas linéaires par maturité, il est possible de jouer
compagnie d’assurance. Solvabilité II introduit donc sensiblement sur le capital réglementaire en faisant
de nouvelles métriques dans les programmes d’opti- le choix d’une maturité appropriée. Voir graphique
misation de portefeuille sur lesquels s’appuient les page 8. De plus, le rating des sociétés sous-jacentes
processus d’allocation stratégique. est d’une grande importance. Une société qui est
En effet, la consommation de fonds propres, à travers dégradée et passe d’un rating de BB à B fait augmen-
le niveau du SCR Marché, va compléter la volatilité et ter le SCR spread de façon substantielle, toutes choses
la Tracking-Error, à la fois comme mesure de risque égales par ailleurs, pour être parfois plus important
et comme contrainte dans l’optimisation. que le SCR action.
Maximiser son rendement pour un budget de SCR
donné, minimiser sa consommation de fonds propres Optimisation de la diversification
sous la contrainte d’un rendement minimum, tels sont
des problèmes auxquels l’allocation stratégique peut Le bénéfice de diversification des risques donné par
Gestion d’actifs
Comité ALM
Direction ALM Sélection des valeurs mobilières
ou stratégique Investissement & Rebalancements
• Identification/Exposition
aux risques significatifs • Calculs, hypothèses
• Analyse des marchés et modèles de passif
• Reportings
Direction
Actuariat
Source : Optimind.
08 // ALM // septembre 2011
Choc de Spread
60 %
50 %
% de la valeur de marché
Les dossiers techniques d’information Optimind
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
0 10 20 30 40 50 60 70
Duration en années
Source : Optimind.
la formule standard, potentiellement accru par une Que ce soit lors d’une fusion ou d’une acquisition, le
approche modèle interne, est l’une des nouveautés but recherché par un assureur est le même, à savoir
de Solvabilité II par rapport aux normes actuelles. accroître ses profits mais aussi diversifier son profil
L’optimisation de la diversification motivera cer- de risques.
taines restructurations que ce soit au travers de la Une société d’assurance spécialisée dans un type de
réassurance interne, de la fusion de filiales ou du risque aura beaucoup plus de difficultés à mobiliser
déploiement de succursales en Europe, voire du rap- un capital réglementaire qui sera plus important
prochement des acteurs middle market. que celui demandé à un assureur dont l’activité est
diversifiée. Parmi les solutions qui s’offrent aux
La réassurance interne est un des outils que possè- sociétés d’assurance spécialisées ou de niche pour
dent les grands groupes d’assurance afin de bénéficier rester compétitives, figurera alors la possibilité de
de l’effet de diversification et ainsi limiter l’immo- fusionner avec d’autres assureurs afin de créer des
bilisation de capital au sein des filiales. En effet, le synergies en termes d’activité et de diversification
transfert sur un seul et même bilan d’une entité juri- de risques.
dique permet d’augmenter l’effet de diversification.
Il est à noter, toutefois, qu’une partie du SCR restera Stratégies de couverture
dans les entités locales, en particulier les capitaux au
titre des risques de contrepartie et opérationnels, qui L’approche économique retenue pour le calcul du
sont généralement inférieurs aux capitaux des autres capital réglementaire ainsi que la volatilité du ratio
modules, souscription et marché, à la condition que de solvabilité constitueront des motivations supplé-
le rating ou le ratio de solvabilité de la filiale de réas- mentaires dans la cession des risques auprès des réas-
surance soit suffisamment élevé. sureurs et des marchés financiers.
Souvent le résultat d’une politique de croissance En ayant recours à la réassurance, les assureurs peu-
externe, les grands groupes se retrouvent par- vent transférer une partie de leurs risques à un ou plu-
fois confrontés à un effet de « mosaïque » lorsque sieurs réassureurs entraînant ainsi une diminution de
l’on regarde la structure de leur organisation. leurs besoins en fonds propres. En effet, sous réserve
Solvabilité II va alors jouer un rôle de catalyseur en de l’application de critères d’éligibilité, Solvabilité II
forçant les décisions de restructuration et de concen- autorise les compagnies d’assurance à comptabiliser
tration des entités du groupe. De totalement le transfert de risque vers les réassureurs
ce fait, il va y avoir une optimisa- tout en prenant en compte le risque de contrepartie
tion du capital disponible qui sera des réassureurs.
L’analyse des stratégies alors alloué à d’autres branches
de couverture prendra d’activités ou aux actionnaires. En L’analyse des stratégies de couverture prendra donc
contrepartie, ces opérations de res- dorénavant en compte l’éventuelle économie en capital.
donc dorénavant tructuration vont mettre en lumière Solvabilité II favorise ainsi un recours plus fréquent
en compte l’éventuelle les activités de la société qui ne sont à la réassurance, à la fois comme outil de gestion
économie en capital. pas pérennes et peuvent dans un des risques extrêmes, de financement de la capacité
deuxième temps provoquer la mise assurantielle et d’optimisation des exigences de fonds
en run-off ou la cession des activités propres.
mises en cause.
ALM // septembre 2011 // 09
En effet, les réassureurs disposent potentiellement Le lien avec les exigences relatives à l’ORSA
d’un bénéfice de diversification plus important que
les cédantes. Outre ce paramètre de diversification, En affinant très largement le calcul du capital
les réassureurs peuvent également avoir l’avantage réglementaire – qui devient une mesure des risques
de disposer d’un modèle interne. Le modèle interne, réels auxquels est exposé l’assureur – Solvabilité II
plus adéquat et adapté à la complexité de leur profil crée donc de multiples opportunités d’optimisation
de risques, permet d’appréhender de manière plus du niveau de fonds propres à immobiliser. Mais la
précise et plus juste l’exposition aux risques et les réforme va plus loin, et complète ces dispositions
calculs de capitaux réglementaires. purement quantitatives par un ensemble d’exigences
En termes de coût de la réassurance, ces éléments encadrant les pratiques de gestion des risques des
conduiront à des situations dans lesquelles, pour un assureurs.
même risque, l’augmentation marginale des fonds La fonction gestion des risques doit mettre en place
propres pour le réassureur sera inférieure à celle de puis piloter un ensemble de processus, qui prend le
la cédante. nom d’ORSA – Own Risk and Solvency Assessment≈ –,
consistant à cartographier le profil de risques de
Le risque de contrepartie, bien présent dans le cadre l’assureur, définir une stratégie de gestion des
d’un transfert de risques à un ou plusieurs réas- risques et suivre au quotidien la mise en œuvre de
sureurs, doit dès lors être maîtrisé. Il s’agit pour cette stratégie.
la cédante d’identifier les risques potentiels de
défaillance du ou des réassureurs auxquels elle fait Il s’agit là d’une généralisation des Best Practice
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appel et d’apprécier la perte potentielle encourue. d’enterprise risk-management, ERM, qui se sont mises
Deux paramètres ont alors un grand rôle à jouer dans en place depuis plusieurs années chez les grands
l’appréciation de ce risque selon la formule standard : noms du secteur. Si l’ORSA requerra pour eux avant
d’une part la notation des réassureurs et de l’autre tout de la formalisation et de la documentation de ces
le nombre de contreparties. Ces deux éléments per- processus, pour les acteurs de taille plus modeste, ces
mettront aux cédantes de déterminer leur risque de exigences représentent souvent un fossé organisa-
contrepartie qui, dans le cas d’un réassureur noté A, tionnel et culturel à franchir.
est inférieur à 4 % de l’économie en capital apportée
par le traité. Les décisions stratégiques de demain devront donc
intégrer systématiquement une vision risque. Par
Les assureurs peuvent également avoir recours à un exemple, les réflexions sur la politique de développe-
transfert d’une partie de leurs risques vers les mar- ment commercial devront donner lieu à l’évaluation
chés financiers. Dans ce cas, le coût en capital pour des impacts sur les besoins en fonds propres futurs
les banques reste celui de Bâle 2, mais maintenant et à la mise en place de plans d’actions adaptés. La
les cédantes bénéficieront d’une économie en capital revue de l’allocation stratégique, l’optimisation de la
inexistante auparavant. Solvabilité II apporte donc diversification et les stratégies de couverture consti-
un réel gain sur ce type de stratégies de couverture. tuent autant de leviers sur lesquels l’assureur peut
jouer pour financer le développement de son activité
et optimiser sa rentabilité.
L’ALM est indispensable du fait de l’inversion du afin d’améliorer les résultats techniques et limiter
cycle de production qui implique un temps de latence les risques de marché, notamment en pilotant les
plus ou moins important entre le pilotage de l’acti- rachats des assurés. En effet, les compagnies d’assu-
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vité et la constatation de ses bénéfices sur le bilan rance, à l’inverse des banques, n’ont pas encore connu
de la compagnie. Ce temps de latence requiert une de désinvestissement des assurés ce qui leur a per-
vision prospective de l’évolution de la valeur et des mis de ne pas réaliser les moins-values latentes des
risques de la compagnie d’assurance afin d’anticiper portefeuilles d’actifs.
la stratégie commerciale et la stratégie d’allocation
des placements. Ce contexte fait de l’ALM l’un des métiers les plus
complexes du marché de l’assurance puisqu’il doit à la
Les techniques de projection et fois maximiser la performance et la valeur de la com-
d’analyse du bilan sont de plus en pagnie, tout en limitant les risques portés au bilan
plus complexes afin de prendre et en respectant les contraintes de gestion propres à
L’ALM, l’un des métiers en compte la diversité des risques chaque compagnie.
les plus complexes portés au bilan, les exigences de
du marché plus en plus fortes en termes de L’évolution des techniques actuarielles a permis
communication financière et plus de compléter les approches déterministes par les
de l’assurance. récemment l’approche économique approches stochastiques de projection des engage-
retenue par la future réglementa- ments. Malgré cette évolution importante des outils
tion Solvabilité II. ALM, il est nécessaire de mettre en place des proces-
sus de décision adaptés afin de réaliser les arbitrages
Enfin, la conjoncture économique constitue une nécessaires pour concilier le caractère antinomique
contrainte forte dans la stratégie ALM, particuliè- des contraintes de gestion des compagnies d’assu-
rement depuis la propagation de la crise aux dettes rance.
souveraines qui constituent en France 25 % des
placements. L’ALM est en charge d’optimiser le ROE au travers de
La politique ALM des compagnies d’assurance a per- l’optimisation des résultats financiers et techniques
mis de limiter l’impact de la crise financière principa- et de la consommation en capital tout en respectant
lement grâce à une politique de placements prudente, l’appétence aux risques de la compagnie, prenant en
notamment peu exposée aux structurés de crédit, compte l’inertie du bilan des compagnies. La stratégie
à l’adossement actif-passif et l’absence de rachats commerciale permet de piloter les engagements qui
massifs des assurés. seront pris au bilan dans le futur ; l’allocation straté-
gique des placements permet de piloter la rentabilité
Malgré tout, la crise économique que nous subissons à la fois des engagements présents et futurs.
depuis juillet 2007 a transformé la stratégie ALM : les
rendements financiers ne constituent plus le résul- Solvabilité II va apporter son lot de contraintes avec
tat de la compagnie. Il est nécessaire de trouver des une formule standard qui, d’une part, implique un
relais de croissance en dehors des marchés financiers calcul lourd et complexe du SCR pour les études ALM,
et d’autre part, établit une cartographie des risques
qui ne concordera pas avec la vision interne des com-
pagnies. Les études de cas suivantes illustrent ces
contraintes au travers de l’adossement actif-passif
et de l’horizon de temps de la mesure des risques.
L’adossement actif-passif est une contrainte Solvabilité II n’a pas identifié explicitement
partagée par l’ensemble du marché de l’assu- l’adossement actif-passif comme un risque fi-
rance qui permet de limiter l’exposition de la nancier. Malgré tout, l’adossement actif-passif
compagnie aux risques des marchés financiers. a potentiellement un fort impact sur le risque
Il consiste à établir une allocation des place- de taux du module SCR Marché de la formule
ments dont les coupons, dividendes, loyers et standard. En effet, la sensibilité aux taux des
échéances de capital permettent de régler la provisions techniques compense la sensibilité
grande majorité des prestations aux assurés en aux taux des obligations détenues à l’actif.
limitant le risque de devoir céder des actifs sur
le marché secondaire. Pourquoi l’optimisation de l’adossement actif-
passif ne permet-elle pas d’optimiser le capital
L’ALM se place dans une situation de poursuite réglementaire sous Solvabilité II ?
de l’activité et prend donc en compte la produc- La future réglementation ne prend pas en
tion nouvelle, ou encore les flux des contrats compte la production nouvelle. Selon le spectre
qui seront souscrits à l’avenir, pour établir d’analyse de Solvabilité II, un bilan adossé
l’adossement actif-passif. La production nou- parfaitement selon les hypothèses ALM présen-
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velle constitue un apport brut de trésorerie à la terait un risque actif-passif avec une duration
souscription du contrat au travers des primes plus longue à l’actif qu’au passif du bilan éco-
d’assurance et un apport net de trésorerie sur nomique.
la durée de vie du contrat constitué par le ré- Il n’est donc pas possible à la fois d’optimiser
sultat de la production nouvelle. Afin d’optimi- l’adossement actif-passif et de minimiser le
ser la gestion financière, cette trésorerie de la capital réglementaire. Les assureurs devront
production nouvelle est prise en compte dans donc définir des stratégies ALM consistant
l’adossement. à rechercher des optimisations du couple ados-
sement actif-passif/minimisations du capital
réglementaire, en fonction de la stratégie définie.
Conclusion
Après les travaux de modélisation de la valeur, Le marché de l’assurance européen doit maintenant
beaucoup de moyens seront mobilisés sur la mo- définir cette communication financière pour la
délisation des risques. Ces travaux constituent de rendre accessible aux instances dirigeantes et aux
réelles innovations pour l’approche quantitative en marchés financiers.
ALM.
Les dossiers techniques d’information Optimind
L’enjeu de demain est de conserver l’expertise sur Enfin, l’ALM doit accompagner les directions pro-
les limites des modèles et de poursuivre les déve- duits, réassurance et d’investissement dans l’inté-
loppements sur les analyses macroéconomiques. Il gration du calcul complexe de la rentabilité sous
s’agit d’une expertise outils qui doit prendre de plus Solvabilité II.
Réalisation :
juste équilibre entre ces différentes expertises.
de l’environnement. Ils sont imprimés sur des papiers certifiés par des labels de qualité
rapport prudentiel. Les directions ALM devront vul-
Les Dossiers Techniques Optimind sont produits selon des processus respectueux
gariser (i) les divergences entre ces deux normes
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