Michèle Montrelay - Sur Le Placenta
Michèle Montrelay - Sur Le Placenta
Michèle Montrelay - Sur Le Placenta
Sur le placenta
Michèle Montrelay
Montrelay Michèle. Sur le placenta. In: Sorcières : les femmes vivent, n°4, 1976. Enceintes. Porter, accoucher. pp. 29-30;
https://www.persee.fr/doc/sorci_0339-0705_1976_num_4_1_3738
placenta
beaucoup
affluent.
temps
de
coup
la paix
cœur
grossesse,
Comme
Maistemps
Quand
La
peut-on
d’angoisse
de
disparaît.
se
s’il
parole
Et
l’enfant
de
forts,
l’inconscient,
fait.
une
ledormait.
choses
dire
plus
est
femme
où
Ilviennent
battait
sin’y
là,
souvent
les
àsimplement
Ou
dire
mais
aqui
mots
laissé
plus
àcomme
percer
est
:l’inconscient
lalerêves,
bougent,
dans
àen
place
rythme
les
lui-même,
si—
cours
«...
inquiétudes,
lel’enfant
choses
Marguerite
deetdéroulement
se
Elle
ded’analyse
se
ses
deheurtent,
l’inconscient
?tait.
n’avait
a prenait
pulsations.
temps
signé
Duras.
On
fantaisies,
attend
plus
de
sa
se
s’en
faibles,
tout,
propre
(Nathalie
la
brisent
disparaît.
Comme
un
lieu
aperçoit
cure
jusqu’à
sensations
enfant,
où
de
expulsion.
en
cette
Granger.)
provisoirement
sise
àComme
éclats
l’inconscient.
ce
ilpendant
manifester.
alternance
nouvelles
lui
que»qui
vient
sison
la
le
à
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Peut-être les femmes qui « retiennent », réalisent quand il faut pousser
qu’elles ne peuvent, ne veulent pas laisser sortir l’enfant, veulent-elles garder
plus encore que le bébé, cet infini temps-placenta. Alors la différence est moins
grande qu’il le paraît entre elles et les autres qui participent au travail d’expulsion.
Puisque laisser la poussée se faire, vous distendre, vous ouvrir au labour
éclatant de la tête, c’est faire sortir l’enfant, mais pas encore le placenta. Cette
expulsion a lieu après.
Est-ce qu’on peut jamais tout à fait la réaliser ? Quelle mère, sinon celle
du psychotique, qui la nie, ne la vit pas, plus ou moins fort, plus ou moins
consciemment, mais toujours comme arrachement ? On ne fait pas activement
le placenta. On vous le tire. L’arbre de vie, la masse de velours rouge, humide,
spongieuse, est extirpée du ventre puis jetée. Ça saigne. Fuite liquide qu’on
ne sent pas : l’arrachement ne fait même pas mal. Pour l’enfant la trace de la
perte des membranes est l’ombilic. Pour la mère, cette fois-ci, c’est le sang
versé. Au moment de la délivrance la mère s(a)igne sa propre expulsion du
temps placenta de la grossesse. La sienne, et celle du bébé. Cette effusion
réalise la perte infinie dans laquelle elle et l’enfant sont emportés. La naissance
du bébé, le trauma, serait sans-fonds s’il n’avait pas celui répété de la naissance
de la mère. Une femme qui accouche naît à nouveau. Elle revit la première,
l’immense impuissance. En ceci elle devient mère non seulement d’un corps,
mais d’un désir qui n’est pas le sien.
On ne peut pas décider de devenir mère. L’autre désir, celui de l’enfant,
pousse là où on ne peut plus vouloir rien. Il sort de vous devenue terre.
Michèle Mont relay
L’HOMMELETTE
Considérons cet œuf dans le ventre vivipare où il n’a pas besoin de coquille,
et rappelons que chaque fois que s’en rompent les membranes, c’est une partie
de l’œuf qui est blessée, car les membranes sont, de l’œuf fécondé, filles au
même titre que le vivant qui vient au jour par leur perforation. D’où il résulte
qu’à la section du cordon, ce que perd le nouveau-né, ce n’est pas, comme le
pensent les analystes, sa mère, mais son complément anatomique.
Et bien ! Imaginons qu’à chaque fois que se rompent les membranes, par
la même issue, un fantôme s’envole, celui d’une forme infiniment plus primaire
de la vie, et qui n’est guère prête à redoubler le monde en microcosme.
A casser l’œuf se fait l’Homme, mais aussi l’Hommelette.
]. Lacan. VIe Colloque de Bonneval.
« L’inconscient ». Desclée de Brouwer.
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