Chap II Les Grandes Écoles de La Pensée Économique

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Chapitre II - Les grandes écoles de la pensée économique

L’histoire de la pensée économique permet de mettre en évidence trois


principaux courants : le courant libéral, le courant marxiste et le courant
keynésien. Autour de ces trois courants, gravitent plusieurs théories
économiques et écoles de pensée fournissant des explications alternatives aux
problèmes économiques contemporains.

Section 1 - La pensée économique avant Adam Smith

I- La pensée Mercantiliste

C’est l’ensemble de doctrines et de politique économique qui s’est


développé en Europe au XVI ème et XVII ème siècle. Elle correspond à la
période de transition entre le féodalisme et le capitalisme.
Le mercantilisme doit son appellation à l’économiste classique Smith, de
l’italien Mercante veut dire marchand. Les principales idées des mercantilistes
sont :
- L’enrichissement est une fin louable ;
- L’intérêt personnel conduit à la prospérité générale et c’est
l’enrichissement des citoyens qui permet d’accroître la puissance de l’Etat
Ce sont les métaux précieux qui expriment la richesse et la puissance des nations
(Colbert) ; pour accroître la richesse, il faut accroître les métaux précieux. Cet
objectif ne peut être atteint que grâce au commerce extérieur c’est à dire grâce à
une balance commerciale excédentaire. Pour atteindre cet objectif, les
mercantilistes recommandent de :
- Le protectionnisme : Eviter la sortie d’or et d’argent du Royaume par
l’interdiction de la sortie des matières premières et la limitation de
l’entrée des produits manufacturiers étrangers ;
- Le colonialisme afin de développer les exportations ;
- L’intervention de l’Etat en matière de réglementation des manufactures,
de la construction de l’infrastructure, notamment la flotte commerciale et
militaire afin de conquérir d’autres marchés pour développer les
exportations. Puisque la quantité de métaux précieux dans le monde est
fixe, toute richesse acquise par une nation est perdue par une autre ;
- Le populationisme puisqu’une population plus importante permet
d’obtenir plus de main d’oeuvre nécessaire au développement de
l’industrie et du commerce d’exportation

1
- L’abondance de la monnaie bien qu’elle réduise le taux de l’intérêt et
stimule le crédit et la production, elle est à l’origine de l’inflation. Ainsi
J.Bodin [1568] attribue la hausse des prix à l’afflux des métaux précieux
en provenance de l’Amérique. Il formule une loi selon laquelle le pouvoir
d’achat des monnaies est inversement proportionnel à la quantité d’or et
d’argent existant dans un pays : C’est la première formulation de la
théorie quantitative de la monnaie ; le prix est déterminé par la quantité de
monnaie en circulation.
II- les physiocrates
Les physiocrates, sont ainsi dénommés car ils estiment que l’économie est
commandée par la nature. Ils envisagent une société à trois classes :
propriétaires, classe productive et classe stérile (artisans, commerçants). Les
agriculteurs produisent les richesses pour eux même et pour tous les autres. Les
producteurs prélèvent une part du produit, les artisans travaillent mais leur
activité, comme celles des marchands est stérile car seuls les produits de la terre
sont considérés comme des richesses.
L’apport théorique des physiocrates est considérable. Le tableau
économique de François Quesnay (1694-1774) est la première vision globale des
échanges entre « agents ». C’est l’ancêtre de la comptabilité nationale. Les
physiocrates sont aussi les précurseurs du libéralisme « laisser faire, laisser
passer ».

Section 2 - Le courant libéral

Le courant libéral se compose de deux branches, l’une classique qui


apparaît à la fin du 18ème siècle, l’autre néoclassique à la fin du 19ème siècle.
L’économie politique classique est née avec la société industrielle. La
publication en 1776, par Adam Smith, des Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations, est contemporaine des différent
perfectionnements de la machine à vapeur de Watt, symbolisant le point de
départ de la première révolution industrielle. Cette oeuvre est aussi
l’aboutissement d’un long mouvement d’idées au XVIII siècle (siècle des
lumières), connu sous le nom de philosophie de l’ordre naturel, et à la base de
l’idéologie du libéralisme économique.

Si 1776 est une date importante pour la science économique moderne, les
années 1870-1874 ne le sont pas moins, car le classicisme légué par Adam
Smith évolue grâce à la technique du calcul à la marge et la théorie de l’utilité.
Le terme néoclassique, parmi lesquels on trouve Carl Menger (Ecole de
Vienne), Léon Walras (Lausanne) et Stanley Jevons (Cambridge), désigne des
économistes qui travaillent dans le champ économique de l’équilibre général
indépendamment de leur idéologie respective (Walras se disait socialiste).
2
I. Les classiques

Le courant classique du 18ème siècle, est caractérisé par une évolution


radicale des mentalités, des valeurs, des techniques et des processus
économiques. Il s’agit de ce que l’on appelle la première révolution industrielle.
La puissance économique réside davantage dans la détention de biens de
production que dans la sphère des échanges. C’est en Angleterre, première
grande puissance à l’époque, avec Adam Smith (1723-1790), Thomas Malthus
(1766 - 1834), David Ricardo (1772 - 1823) ; puis en France avec Jean Baptiste
Say (1767 - 1832) que naît la pensée libérale classique.
Malgré la pluralité de leurs travaux1, les auteurs classiques parviennent à forger
une analyse qui repose sur quelques grands principes.

1. Le modèle de l’Homo oeconomicus


Plusieurs postulats sont évoqués par le courant classique :

- L’individualisme des agents économiques

L’individu est un être rationnel, il est le seul capable de juger et de


décider ce qui est bon pour lui. L’interventionnisme de l’Etat, même à but
louable, est donc pervers dans ses conséquences. Chaque individu poursuit son
intérêt particulier 2 (utilitarisme) par la maximisation des satisfactions et la
minimisation de l’effort (hédonisme). Ce postulat « smithien » a été précisé par
Jeremy Bentham avec la plus grande netteté.

- L’affirmation de la liberté économique

Dérivé de l’ordre naturel, le modèle de l’homo oeconomicus justifie en


retour le libéralisme économique. La propriété privée des moyens de
production est une garantie de la liberté. Le marché constitue le régulateur le
plus efficace de l’activité économique (on parle également de socialisation par le
marché). La recherche de l’intérêt individuel permet de réaliser l’intérêt général
car il existe une main invisible (le marché) qui guide les passions individuelles

1
Principales oeuvres : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith (1776),),
Traité d’Economie Politique de Jean-Baptiste Say (1803), Principes de l’Economie Politique et de l’Impôt de
David Ricardo (1817), Principes d’économie politique de Thomas Malthus (1820).
2
Cette recherche s’appuie sur des droits de propriété individuels et privés.

3
vers le bien de tous. L’harmonisation des intérêts étant naturelle, il n’y a dès lors
plus aucune raison pour qu’un pouvoir politique -l’Etat - fasse passer l’intérêt
général au dessus de la somme des intérêts privés.

Le rôle de l’Etat selon Von Mises (1983, p 39), est de « garantir le


fonctionnement sans heurts de l’économie de marché contre la fraude et la
violence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ». L’Etat doit donc se garder
d’intervenir au delà de son domaine naturel (Etat gendarme), d’autant plus
qu’en portant atteinte aux libertés économiques, il engage les hommes sur la
route de la servitude. Les libertés économiques sont le « rempart des autres
libertés », déclare Hayek (1947), et la meilleure garantie des libertés est la
propriété privée des moyens de production.

- La permanence de l’équilibre économique

Un système économique conduit par le principe de la liberté économique


tend naturellement vers l’équilibre. Lorsque celui-ci n’est pas réalisé, les prix
s’ajustent à la hausse ou à la baisse. La Loi des débouchés de Jean-baptiste Say
stipule que « toute offre crée ses débouchés », c’est-à-dire que l’offre crée une
demande équivalente.

2. L’analyse de la production

L’analyse de la production chez les classiques repose essentiellement sur


les 4 piliers suivants : la division du travail ; la théorie de la valeur ; la loi des
débouchés de J-B Say ; la théorie quantitative de la monnaie.

→ La division du travail : chez les classiques, le processus de production est la


combinaison de facteurs de production (terre, travail, capital). Plus la
spécialisation des tâches, ou encore la division du travail est poussée, plus le
produit obtenu (la combinaison des facteurs de production) sera élevé (efficace).
La division du travail aurait trois avantages. Premièrement, l’accroissement de
l’habileté de l’ouvrier augmente la quantité de produits qu’il peut réaliser.
Deuxièmement, le gain de temps qui se perd en passant d’un ouvrage à l’autre
peut être réutilisé dans une autre activité. Troisièmement, la division du travail
serait à l’origine de l’invention de toutes les machines propres à abréger et à
faciliter le travail.

Par la suite, la division du travail sera à la base de la doctrine du Libre-


échange prôné par les classiques. Ainsi, puisque c’est la faculté d’échanger qui
donne lieu à la division du travail, l’accroissement de cette dernière sera limité
par l’étendue de la faculté d’échanger, ou, en d’autres termes, par l’étendue du
marché.

4
→ La théorie de la valeur s’interroge sur la richesse qu’il faut produire. C’est
également l’une des questions les plus controversées du 19ème siècle. On
distingue généralement deux écoles, l’école anglaise basée sur la valeur
d’échange, et l’école française basée sur la valeur utilité.

Adam Smith et David Ricardo se sont engagés sur la voie d’une théorie
objective de la valeur, recherchant au delà de la valeur d’usage des biens
(subjective et variable d’une situation à une autre), les fondements d’une valeur
d’échange acceptable par tous. Pour Smith, à l’état primitif, il n’existe qu’un
seul facteur de production, le travail. Le rapport de valeur de deux biens sera
alors directement en proportion de la quantité de travail nécessaire pour les
obtenir. Dans un état plus avancé, il faut tenir compte du profit du capital et de
la rente foncière incorporés dans chaque produit. Ce n’est plus une théorie de la
valeur travail, mais une expression du coût de production.
Une formulation rigoureuse de l’utilité ne sera donnée qu’à la fin du 19ème
siècle avec l’introduction concomitante de la rareté. La théorie de la valeur serait
alors liée à l’utilité et la rareté d’un bien.
→ La loi des débouchés de J-B Say souligne que « c’est la production qui
ouvre des débouchés aux produits » (1803, [1972, p. 138]). Par la suite, cette loi
a donné lieu à quelques polémiques. Certains l’ont assimilé au précepte « toute
offre crée sa demande » et reproché à l’approche classique son incapacité à
saisir la portée de la demande. Or, Jean-Baptiste Say était tout à fait conscient de
l’importance de la demande. En insistant sur les débouchés, il souhaitait
simplement rappeler que les produits s’échangeaient contre d’autres produits et
que la monnaie ne remplissait « qu’un office passager dans ce double échange »
(1803, [1972, p. 140]). Dès lors, l’achat d’un produit ne pouvait être fait qu’avec
la valeur d’un autre produit. Dans ces conditions, « plus les producteurs sont
nombreux et les productions variées, et plus les débouchés sont faciles, variés et
vastes » (ibid).

→ La théorie quantitative de la monnaie (TQM) rappelle que la monnaie est


un voile, elle sert uniquement à faciliter les transactions économiques. La
monnaie est une marchandise comme une autre, sa seule fonction est de servir
d’intermédiaire des échanges. Dans son Traité d’économie politique, J-B Say
note que « la marchandise intermédiaire, qui facilite tous les échanges (la
monnaie), se remplace aisément dans ce cas-là par d’autres moyens connus des
négociants, et bientôt la monnaie afflue, par la raison que la monnaie est une
marchandise, et que toute espèce de marchandise se rend aux lieux où l’on en a
besoin » (1803, [1972, p. 139]).

5
L’équation de la TQM illustre ce phénomène. Elle se présente de la
manière suivante : M .v = p. Y M désigne la masse monétaire ; v, la vitesse de
circulation de la monnaie ; p, le niveau général des prix et Y, les transactions
économiques. Considérer que la monnaie est un voile, revient à accepter le
raisonnement suivant : toute hausse de M doit correspondre à une hausse de Y
(c’est parce que les transactions économiques augmentent, que l’on a besoin de
plus de monnaie). Si M augmente indépendamment de Y, alors c’est p qui
augmentera (une augmentation de monnaie qui ne correspond pas à une
augmentation des transactions économiques, génère une hausse des prix, c’est à
dire dans le langage courant, de l’inflation).

3. La répartition

La question de la répartition du produit concerne les classes, au nombre de


trois : les propriétaires terriens, les capitalistes, les travailleurs. Chaque classe
offre une contribution particulière au produit, un facteur de production propre :
la terre, le capital, le travail. Chaque facteur reçoit un revenu qui lui est propre
(et dont la détermination est spécifique) : la rente, le profit, le salaire.

→ La théorie de la rente est associée à deux apports. Malthus et Smith


considèrent que la rente foncière est considérée comme un don gratuit de la
nature récupérée par les propriétaires fonciers en vertu de leur pouvoir
monopole de détention de la terre. De leur côté, Ricardo et Mill introduisent le
principe de la rente différentielle. Comme la terre est limitée, les rendements
sont décroissants. On admet ainsi que les nouvelles terres qui seront mises en
chantier, seront de moins en moins fertiles.

→ La théorie de l’intérêt : les classiques considèrent que le profit et l’intérêt


sont assimilables. Smith avance que le profit est la part de la richesse produite
qui revient aux capitalistes. Pour Ricardo, il s’agit de faire une soustraction entre
la valeur créée et la part allant aux salariés pour assurer leur entretien, la part
aux propriétaires fonciers en vertu de la rente différentielle. En fait, dans
l’approche libérale, le profit rémunère le risque de l’entrepreneur et des
apporteurs de capitaux.
Le profit d’aujourd’hui est la condition des investissements de demain.
PROFIT (t) → INVESTISSEMENTS (t+1) → PRODUCTION (t+1) →
EMPLOI (t+1) → SALAIRES (t+1)

→ La théorie du salaire présente deux versions complémentaires. La première


de court terme s’appuie sur la théorie du fonds des salaires (A. Smith, J-S Mill).
La masse salariale (salaire multiplié par le nombre de travailleurs) est considérée
comme prédéterminée par le montant des capitaux accumulés (épargne) par les
capitalistes pour engager le processus de production. Ainsi w N = S (où w

6
désigne le salaire ; N, le travail et S, l’épargne). La seconde, de long terme,
introduit le salaire naturel (Malthus, Ricardo). Le travail est une marchandise,
qui a un coût de production correspondant au minimum nécessaire à l’entretien
de l’ouvrier et de sa famille.
II. Les néoclassiques

Apparue dans la seconde moitié du 19ème siècle, la pensée néoclassique


tire son origine des travaux de Léon Walras, Vilfredo Pareto et Alfred Marshall.
Trois notions sont essentielles :

1. Le calcul à la marge

La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes


économiques au niveau des comportements individuels guidés par le principe de
rationalité. C’est la démarche de la microéconomie. Le modèle de l’homo
oeconomicus insiste sur le fait que tout comportement relève d’un calcul, d’un
choix explicite ou implicite…

- Les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, compte tenu de la


contrainte de leur revenu. En fait, les consommateurs sont placés
perpétuellement devant des choix à effectuer entre plusieurs biens (ici les biens
X et Y). Compte tenu de la contrainte de revenu, si le consommateur décide
d’acheter plus de bien X, il devra renoncer à une certaine quantité de bien Y. La
variation du prix des biens X et Y (que l’on qualifie d’effet de substitution) ou
la variation du revenu (effet revenu) desserre ou resserre la contrainte qui pèse
sur le consommateur.
Max U (X, Y)
Cte : R = px . X + py . Y
U : utilité, X : bien 1, Y : bien 2, R : revenu, px : prix du bien X, py : prix du
bien Y
Effet substitution : si le prix du bien X augmente, à revenu constant, le
consommateur devra diminuer sa consommation de bien X ou modifier sa
combinaison de biens (X, Y). Effet revenu : si le revenu augmente, le
consommateur pourra augmenter sa consommation de bien X, de bien Y ou des
deux (X, Y).

En utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité


marginale, qui représente la valeur à laquelle le consommateur estime le bien,
est décroissante en fonction des quantités consommées. Ainsi l’utilité totale
croît, mais l’accroissement de la dernière unité (utilité marginale) est de plus en
plus faible pour les biens qui existent en quantité illimitée (ceci est illustré par le
principe de satiété du consommateur).

7
- Les producteurs cherchent à maximiser leurs profits compte tenu de la
contrainte de leur fonction de production. Cette fonction de production est
dite à facteurs substituables (c'est-à-dire que le producteur recherche la meilleure
combinaison de travail et de capital). Toutefois, la théorie néoclassique admet
qu’à court terme, seul le facteur travail parvient à s’adapter (le facteur capital a
besoin d’un certain temps d’adaptation).
Max П = p Y – wN – r K
Cte : Y = f (N, K)
П : profits, w : salaire, N : travail, r : intérêt, K : capital

Le prix du marché résulte de l’égalisation entre le coût marginal et l’utilité


marginale, qui est appréhendée du point de vue du producteur, prend le nom de
recette marginale. A long terme, le prix du marché est égal au minimum du
coût moyen et le profit pur égal à 0. Les facteurs de production (travail, capital)
sont rémunérés en fonction de leur productivité marginale. Ainsi le salaire réel
est égal à la productivité marginale du travail : w / p = ∆ Y / ∆ N

2. Le modèle du marché, l’équilibre partiel et l’équilibre général

La représentation de la pensée néoclassique passe par le modèle d'une


économie de marché. Le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la
demande, qui réagissent en fonction du prix3. L’équilibre partiel (équilibre sur
un seul marché), cher à Alfred Marshall, est souvent opposé à l’équilibre
général, dont la paternité revient à Léon Walras.

Dans son ouvrage Eléments d’économie politique pure (1874), Léon


Walras précisera la condition d’équilibre général : « l’échange de plusieurs
marchandises entre elles sur un marché régi par la libre concurrence est une
opération par laquelle tous les porteurs, soit d’une, soit de plusieurs d’entre ces
marchandises, soit de toutes, peuvent obtenir la plus grande satisfaction de
leurs besoins compatible avec cette condition que non seulement deux
marchandises quelconques s’échangent l’une contre l’autre suivant une
proportion commune et identique, mais que, de lus, ces deux marchandises
s’échangent contre une troisième quelconque suivant deux proportions dont le
rapport soit égal à la première » (1874, [1988, p. 199-200]). L’équilibre général
est la formation d’un prix d’équilibre sur chacun des marchés existants. La
théorie néoclassique identifie quatre marchés : le marché des biens et services, le
marché du travail, le marché des titres et le marché de la monnaie.

3
On présente généralement deux fonctions (linéaires ou non), du type : O = f( p) D = f (p)

8
Les agents économiques sont à la fois demandeur et offreur sur
l’ensemble des marchés (ainsi les ménages demandent des produits sur le
marché des biens, offrent leur force de travail sur le marché du travail,
demandent des actifs financiers sur le marché des titres, demandent de la
monnaie). La théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance des 4 marchés,
en précisant (grâce aux égalités comptables emplois – ressources des agents) que
l’équilibre sur les marchés du travail, de la monnaie et des titres, permet de
conclure que le marché des biens et services est également en équilibre.

Par ailleurs, Léon Walras suppose l’existence d’un commissaire priseur


qui centralise toute l’information sur le volume et les conditions de transactions,
et propose des prix. Les prix étant donnés, les agents, dissociés en unité de
consommation (le consommateur maximise sa fonction d'utilité sous une
contrainte budgétaire) et unité de production (le producteur maximise ses profits
sous la contrainte d'une fonction de production), vont manifester leurs offres et
leurs demandes correspondantes. Cette confrontation entre offres et demandes
pour un certain système de prix s'effectuera sans qu'aucun échange n'ait eu lieu.
Le prix évoluera en fonction de l'excès de l'offre (la demande) sur la demande
(l'offre) pour aboutir à un nouveau système de prix. Le processus d'ajustement4
continuera (sans que s'effectue aucun échange) jusqu'à ce qu'il existe un même
système de prix pour tous les opérateurs tel que pour chaque bien, l'offre soit
égale à la demande, et que les échanges ne puissent s'effectuer en dehors de ce
même système de prix. Vilfredo Paretoprécisera que l’équilibre général est un
optimum, c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la satisfaction d’un
individu sans détériorer celle d’un autre. Autrement dit, les échangistes sont
satisfaits à l’équilibre et il n’y a plus de possibilité d’échange. L’équilibre avec
un système de prix unique aboutit ainsi à la maximisation des satisfactions pour
l’ensemble des agents économiques.

4. Une démarche normative

La théorie néoclassique est normative dans la mesure où les équilibres ne


sont pas ce qui est, mais ce qui doit être. D’une certaine manière, il faut donc
modifier le réel dans le sens des hypothèses du modèle. Ceci explique
l’utilisation courante du modèle de concurrence pure et parfaite. Sur le
marché, le prix est unique compte tenu de la rationalité des comportements sous
les hypothèses : de fluidité du marché (circulation de l’information) ; de
transparence du marché (l’information est disponible à tous) ; d’atomicité de
l’offre et la demande (aucun agent ne peut agir sur le marché), d’homogénéité
des produits (produits standards) et d’absence de barrières à l’entrée.

En concurrence pure et parfaire, le prix devient une donnée pour les


agents économiques considérés individuellement (on dit qu’ils sont price-

9
takers). Le prix unique garantit au producteur que toute la production offerte,
trouvera un débouché à ce prix.

Section 3 - Le courant Marxiste

Le 19ème siècle voit le capitalisme industriel se développait rapidement et


dominait peu à peu toutes les structures économiques et sociales. Toutefois, dans
le même temps, la condition ouvrière se détériore, les salaires sont très bas, les
conditions de travail précaires et la dépendance économique accrue. Les excès
de ce capitalisme font naître à la fois un mouvement de contestation syndical (le
socialisme) et une réflexion d’ensemble sur les rouages et l’avenir du
capitalisme (le marxisme). Marx4 étudie en effet la société capitaliste anglaise,
première nation industrielle afin d’en tirer certaines lois. Il s’agit avant tout
d’une étude historique du développement et de l’essor du capitalisme. Cette
critique du capitalisme est contenue dans son oeuvre majeure 5 « Le capital »
publié en quatre tomes.

I. La recherche de la plus value

Le courant marxiste s’oppose à la théorie libérale en démontrant que


l’organisation capitaliste de la société aboutit à l’exploitation de la plus grande
partie de la population par les détenteurs des moyens de production. La société
se divise donc en deux grandes classes qui s’affrontent : le prolétariat (qui
détient la force de travail) et la bourgeoisie (qui détient le capital).

L’affrontement de ces classes s’effectue dans le cadre du processus de


production. Marx part du principe que la Force de travail (seule source de
valeur) n'est pas payée par le capitaliste au prorata de la valeur qu'elle a permis
de créer, mais marchandise comme les autres, à sa valeur d'échange (qui suite à
la théorie du minimum vital, correspond au temps de travail exigé pour produire
les biens nécessaires à sa reproduction). Le capitaliste récupère à son profit la
différence qui constitue la plus value (ou encore surtravail ).

4
Marx (1818 -1883) est né en Prusse, de famille aisée, cultivée et libérale (père avocat), il entre à l’université de
Bohn en Droit-Philosophie. Il fait une thèse sur Epicure. Faisant partie des hégéliens de Gauche, le
gouvernement le refuse en tant que professeur. Il sera successivement expulsé de la France (1845), de la
Belgique (1848), puis d’Allemagne, il s’installera en Angleterre dans la misère malgré l’aide de son ami Engels.

5
Les principaux travaux de Marx sont : la Lutte des Classes en France (1850) ; Le 18 Brumaire de L.N
Bonaparte (1852) ; La contribution à l’économie politique (1857) ; Salaires, prix et profits (1865) ; Le capital I
(1867) ; La guerre civile en France (1871) ; Critique du programme de Gotha (1875) ; Le Capital II et III (1895)
; Le Capital IV (1905).

10
II. La crise du capitalisme

Pour Karl Marx, la crise du capitalisme est inéluctable, et ceci pour


plusieurs raisons :
- Les décisions des agents économiques ne sont pas coordonnées. D’une part, la
production et la consommation sont des opérations disjointes. Les biens sont
produits pour être vendus en échange de monnaie, et non pour satisfaire la
demande, ce qui entraîne des désajustements entre production et consommation.
D’autre part, l'investissement est réalisé par les entreprises capitalistes dans les
branches susceptibles de procurer des taux de profit élevés sans pour autant
qu'une demande effective soit assurée. Si l’économie est décomposée en deux
sections productives : l'une de biens de production (section I), l'autre de biens de
consommation (section II). L'absence de coordination de l'investissement
empêche la réalisation permanente des conditions d'équilibre d'une telle
économie.

- L'économie capitaliste fait apparaître un problème de sous-consommation


ouvrière. L'entrepreneur individuel, en cherchant à maximiser ses profits, va
faire pression sur les salaires qui représentent un coût. Or ces salaires sont un
élément de la demande effective (cette situation devrait s'accentuer avec la
croissance du salariat). Ceci caractérise une situation de surproduction par
rapport à la demande effective. Le marché va sanctionner cette surproduction en
entraînant une baisse des prix qui va elle même provoquer une baisse du taux de
profit. Cette baisse du taux de profit va inciter les capitalistes à investir dans
d'autres activités. Le taux de profit joue ainsi le rôle de régulateur des
désajustements. La chute des prix et du taux de profit provoque une baisse de la
production, de l'emploi, et du pouvoir d'achat. C'est la dépression.

- Enfin, la recherche d’une plus-value toujours plus importante (notamment


grâce à des salaires bas, que Marx appelle, Minimum de Subsistance) et la
concurrence entre capitalistes devraient provoquer une paupérisation des
ouvriers et un blocage dans le développement du système capitaliste. Cette
contradiction doit entraîner la destruction du capitalisme et l’avènement du
socialisme (l’un des fondements de l’idéologie socialiste repose sur l’abolition
des moyens privés de production, source d’exploitation du prolétariat, il faut lui
substituer des moyens collectifs de production).

Section 4 - Le courant Keynesien

La Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie est la


principale oeuvre de l’anglais John Maynard Keynes (1883 -1946). Publiée à
Londres en 1936 (puis traduite en France après la seconde guerre mondiale), la
Théorie Générale (24 Chapitres) est avant tout une théorie de l'emploi. C'est

11
parce qu'elle offrait une solution plausible à l'angoissant problème du chômage
(taux de chômage supérieur à 10 % en Grande Bretagne) qu’elle fût fort bien
accueillie en 1936.

I. Les postulats Keynésiens

La pensée keynésienne, que certains qualifient de « révolutionnaire »


s’ordonne autour de 6 points (les six parties de son ouvrage).

- La Théorie Générale s'attaque à la Loi de Say "L'offre crée sa demande" (qui


suppose implicitement que le système économique fonctionne à pleine capacité)
et au rôle stabilisateur des marchés. Une telle théorie serait incapable d'étudier
les problèmes se rapportant au chômage (involontaire) et au cycle économique.
Les crises économiques (surproduction, chômage,..) sont synonymes d’une
défaillance des marchés et de la loi de l’offre et la demande. Une solution au
problème serait une intervention de l’Etat, c’est-à-dire une substitution du public
au prix (on passe de l’Etat Gendarme à l’Etat Providence). Cette intervention de
l’Etat s’effectue au travers de politiques économiques.

- La théorie générale a pour vocation de présenter le fonctionnement du système


économique pris dans son ensemble. En considérant les revenus globaux, les
profits globaux, la production globale, l'emploi global, l'épargne et
l'investissement global, bien plus que les revenus, la production, l'emploi...,
d'industries, d'entreprises ou d'individus considérés isolément. Ainsi l'égalité de
l'épargne et de l'investissement qui est nécessairement vérifiée dans l'ensemble
du système, ne l'est nullement dans le cas de l'individu isolé. L’analyse
keynésienne est donc avant tout une approche macroéconomique.

- La théorie générale a également pour vocation de démontrer que le volume réel


de la production et de l'emploi dépend, non de la capacité de production ou du
niveau préexistant des revenus, mais des décisions courantes de produire,
lesquelles dépendent à leur tour des décisions d'investir et den l'estimation
actuelle des montants de la consommation courante et future. Dès que l'on
connaît la propension à consommer et à épargner, on peut calculer le niveau des
revenus et partant le niveau de la production et de l'emploi qui assurent
l'équilibre du profit lorsque l'investissement nouveau est d'un montant donné.

- La théorie générale insiste sur le rôle joué par l’investissement. On peut ainsi
penser que celui-ci constitue le remède spécifique au chômage involontaire (tout
du moins à court terme). Mais l'analyse de court terme ne doit pas être
confondue avec la thérapeutie de long terme. Le remède spécifique au chômage,
c'est l'accroissement de la consommation laquelle est la fin de l'activité

12
économique, et non l'augmentation de l'investissement qui n'en est que le moyen
(Chapitre 22, section IV).

L’investissement est par nature instable : il résulte en effet des prévisions


sur la rentabilité du capital, plus précisément de l’efficacité marginale du capital
(comportement des entrepreneurs) et du niveau de l’intérêt qui dépend en partie
du comportement des ménages (demande de monnaie).

- La théorie générale est une théorie de la monnaie (la monnaie de crédit). La


théorie générale de l'emploi et la monnaie sont étroitement liées :
La quantité de monnaie est la variable indépendante la plus importante de toutes
puisqu'elle est commandée par les autorités. Keynes dénonce le fait que « de
nombreux économistes ont soutenu que le montant de l'épargne courante
déterminé l'offre de capital frais, que le montant de l'investissement courant en
gouvernait la demande et que le taux d'intérêt était le facteur d'équilibre ou le
prix déterminé par le point d'intersection de la courbe d'offre d'épargne et de la
courbe de demande d'investissement ». Le rôle du taux d'intérêt est de maintenir
en équilibre, non la demande et l'offre de biens de capital nouveaux, mais la
demande et l'offre de monnaie, c'est-à-dire la demande d'argent liquide et les
moyens d'y satisfaire. Keynes insiste d'ailleurs dans la préface de la première
édition anglaise sur le rôle primordial joué par la monnaie. Il définit ainsi ce
qu'il appelle une économie monétaire : « Une économie monétaire est une
économie où la variation des vues sur l'avenir peut influer sur le volume actuel
de l'emploi et non sur sa seule orientation ». Selon Keynes, ce n'est pas le taux
d'intérêt, mais le niveau des revenus qui assure l'égalité entre épargne et
investissement.

- La théorie Générale considère enfin que le niveau général des prix et les prix
individuels sont déterminés d'une façon strictement identique. C'est à dire qu'ils
dépendent de l'offre et la demande.

II. Le principe de la demande effective

Le principe de la demande effective ne peut être compris sans faire


référence à la demande globale et à l’offre globale. La demande globale
introduit l’intervention de trois agents et de trois fonctions (ou actes)
économiques : les ménages (fonction de consommation), les entrepreneurs
(fonction d’investissement) et l’Etat (dépenses publiques). L'état de la technique,
le niveau des salaires, l'importance de la technique, de l'outillage et de la main
d’oeuvre inemployés ainsi que la situation des marchés et de la concurrence
déterminent les conditions de l'offre globale. En fait, la quantité de monnaie
détermine l'offre de ressources liquides, par là, elle gouverne le taux de l'intérêt
et jointe à divers facteurs (notamment ceux qui intéressent la confiance,

13
l'incitation à investir6), elle détermine le niveau des revenus, de la production, et
de l'emploi, et le niveau général des prix. La demande effective correspond au
point d’intersection entre l’offre globale et la demande globale 7 (elles mêmes
exprimées en fonction de la variable emploi).

Keynes stipule que le chômage est le résultat d'une insuffisance de la


demande effective. L’Etat peut agir sur les 2 composantes de la demande
globale :
- sur la consommation : l'Etat peut augmenter les revenus disponibles en
réduisant la fiscalité. Plus directement, l'Etat peut accroître sa propre
consommation (la consommation publique).
- sur l'investissement : en réduisant les taux d'intérêt, l'Etat va réduire le coût des
emprunts pour les ménages et le coût de financement des investissements pour
les entreprises.

Dans les faits, l’action de l’Etat se traduira par une politique budgétaire
expansive (dépenses > recettes), plus précisément l'Etat va chercher à augmenter
ses investissements publiques. L'impact sur l'économie sera plus que
proportionnel, c’est ce que l’on appelle l’"effet multiplicateur".

6
L'investissement n'est avantageux que si l'efficacité marginale du capital est supérieure au taux d'intérêt (effet
de levier). Il existe une relation inverse entre le taux d'intérêt et l'investissement.
7
La confiance et « le climat des affaires » étant des paramètres importants, on préfère parler d’anticipation de la
demande globale (si les anticipations des milieux d’affaire sont pessimistes, le niveau de l’emploi sera faible, ce
qui entraînera une croissance du chômage).

14
Chapitre III : Présentation de l’activité économique
Pour présenter l’activité économique, nous utilisons l’outil de la
comptabilité nationale. C’est une Comptabilité rétrospective en ce sens qu'elle
décrit l'évolution des agrégats dans passé et une comptabilité prospective du fait
qu'elle pourrait fournir une projection des principaux agrégats macro-
économiques et constitue donc un instrument important de prévision et de
planification d'une façon générale.

C'est une comptabilité en termes de flux du fait qu'elle s'intéresse à la


variation des grandeurs économiques ou plus précisément à la variation des
stocks relatifs à ces grandeurs économiques.

C'est une comptabilité en termes monétaire en ce sens qu'elle ne saisit que


les flux monétaires et non pas les échanges de biens et services et des facteurs de
production.

C'est une comptabilité qui retrace l'activité des unités institutionnelles


résidentes sur le territoire économique. Une unité institutionnelle est résidente si
elle effectue des opérations économiques pour un an ou plus sur le territoire
économique. Du fait que le nombre de ces unités est important, leur
classification en secteurs institutionnels est nécessaire.
Un secteur institutionnel est un regroupement d'unités institutionnelles
ayant un comportement économique homogène. Cette classification peut se faire
selon plusieurs critères : Celui de l'origine des ressources (Ressources propres,
subventions ou emprunts), celui de la forme juridique (Personnes morales,
personnes physiques), celui de la taille (nombre d'employés par exemple) ou
celui de la fonction économique principale (Production, Répartition des revenus,
Consommation, …).

Le critère le plus important qui a été retenu est celui de la fonction


économique principale et de l'origine des ressources. Compte tenu de ces critères
on peut distinguer essentiellement 5 secteurs institutionnels ou agents
économiques.

Section 1 – Les agents économiques

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Un agent économique participe de façon spécialisée à l’activité
économique. Il dispose de ressources lui permettant d’obtenir un revenu et il
constitue un centre de prise de décision.
Les agents économiques sont regroupés, sur la base de leur fonction
économique principale, en secteurs institutionnels. Les principaux agents
économiques sont :
I – Les ménages
Un ménage est constitué par tout individu ou groupe d’individus vivant
dans un logement séparé ou indépendant. Les ménages sont donc des personnes
physiques vivant sur un territoire, y percevant un revenu et le dépensant pour
acheter des biens et services nécessaire à leur consommation.
II – Les entreprises
Il s’agit de tous les agents dont l’activité aboutit à la production de biens
et services destinés à être revendus à d’autres acteurs de la vie économique. Une
entreprise combine des moyens matériels et humains pour réaliser sa production
en utilisant le travail fourni par les ménages et le stock de capital disponible.
III – Les administrations
Les administrations sont publiques et privées. Les administrations
publiques qui comprennent l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales,
produisent des services non marchands et redistribuent une partie de la richesse
nationale. Elles sont financées par des prélèvements obligatoires ( cotisations
sociales, impôts).
Les administrations privés (partis, syndicats, associations à but non
lucratif) produisent des services non marchands à des groupes particuliers de
ménage. Elles perçoivent des cotisations versées par leurs membres ou des
subventions versées par les administrations publiques.
IV – Les institutions de crédit
Intermédiaires entre les agents économiques, et notamment entre les
entreprises et les ménages, les institutions de crédit ont pour mission d’assurer le
financement de l’économie. Elles créent de la monnaie en accordant des crédits,
mettent en relation des agents qui détiennent de la monnaie (épargnant) et ceux
qui dans le cadre de leur activité en ont insuffisamment (investisseurs), et elles
gèrent les dépôts des particuliers et des entreprises.
V – Le reste du monde

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Une économie nationale entretient avec l’étranger de nombreuses
relations. Pour tenir compte de ces relations, la comptabilité nationale a crée un
secteur institutionnel supplémentaire (fictif) dénommé : « le reste du monde ».

Section 2 - Les opérations économiques


On distingue essentiellement trois catégories d'opération :

I - Les opérations sur biens et services

Elles décrivent l'origine (ressources) et l'utilisation (emploi) des biens et services


pendant une année.

a - L'origine ou ressources : On retrouve la production et les importations.

La production est définit, par le Système Elargi de la comptabilité


Nationale, comme "Une activité socialement organisée des unités résidentes,
consistant à créer des biens et services habituellement échangés sur le marché
et/ou obtenue à partir de facteurs de production s'échangeant sur le marché ".

On distingue la production marchande de celle non marchande. La


production marchande (Qm) est une production s'échangeant sur un marché à un
prix qui couvre au moins les coûts de production, son évaluation se fait donc par
le prix du marché ; ce sont les biens et certains services. Alors que la production
non marchande (Qnm) est constituée exclusivement par les services, son
évaluation se fait par les coûts de production. Il s'agit des services fournis par les
APU et les APV à titre gratuit ou quasi gratuit.

Les importations des biens et services sont évaluées à leurs prix CAF
(Coût Assurance Fret) qui représente la valeur des biens à leur entrée sur le
territoire économique.
b - Les utilisations (emplois) : La consommation, les investissements et
l'exportation.
 La consommation (C) comporte la consommation intermédiaire de la
consommation finale.
→ La consommation intermédiaire (CI) représente la valeur des biens (autres
que de capital fixe) et des services marchands consommés au cours de la période
dans le processus courant de la production. Au cours de cette opération, il y a
disparition complète des biens soit par incorporation dans des produits plus
élaborés (matières premières) ou par destruction (fuel). L'achat de biens durables

17
militaires tels que les portes avions par les APU, par exemple, est une CI des
APU.
→Alors que la consommation finale (CF) représente la valeur des biens et
services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains individuels ou
collectifs, elle est le fait des MN, la CF des services non marchands par les MN
concerne essentiellement les services fournis par les APU et certains services
fournis par les APV.

 La formation du capital ou l'investissement (I) peut prendre deux formes :


la Formation Brute de Capital Fixe et la formation ou la variation des
stocks.
→ La Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est la valeur des biens durables
acquis par les unités de production pour être utilisés au moins un an dans le
processus de production. Chaque année, les biens d'équipement perdent une
partie de leur valeur à cause de leur utilisation dans le processus de production
(usure). la perte de cette partie sera financée par une fraction de la valeur de la
production de l'année. Cette partie perdue qui s'appelle l'Amortissement (A)
présente des difficultés d'évaluation et de mesure, par conséquent les comptes de
la comptabilité nationale seront présentés en termes bruts. De sorte que la
formation Nette de Capital Fixe (FNCF) est égale à : FNCF = FBCF - A. Par
ailleurs, la FBCF des MN concerne l’acquisition de logements.
→ Les stocks concerne tous les biens autres que ceux de capital fixe détenus par
les unités de production à un moment donnée. La comptabilité nationale
n'enregistre pas les quantités stockées mais plutôt les variations du volume des

 Les Exportations (EX) de biens et services sont évalués à leurs prix FOB
(Free on Board) cad à leurs prix du marché à la frontière.

Par conséquent pour chaque agent économique, on aura l'égalité


ressources emplois : X + M = C + I + X

II - Les opérations de répartition

Le Système Elargi de la Comptabilité Nationale définit les opérations de


répartition comme étant des opérations de distribution et de redistribution du
revenu issu de la production ainsi que les flux de revenu avec le reste du monde.
on distingue les opérations de répartition notamment :
 La Rémunération des Salariés (RS) : Cette rubrique comprend les salaires
et traitements bruts cad avant déduction des cotisations sociales
(employeurs et employés).
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 Les Impôts liés à la Production et à l'Importation (II) concernent les biens
et services et sont payés par les unités de production et reçus par les APU.
Ils frappent la production (TVA,), l'importation de biens et services et
l'utilisation des facteurs de production (Taxe professionnelle).

 Les Subventions d'Exploitation (SE) sont des transferts versés par les
APU aux unités productrices afin de leur permettre de vendre à un prix
inférieur aux coûts de production.

 Les Revenus de la Propriété et de l'Entreprise (RPE) sont constitués par


les intérêts, les revenus de la terre, les revenus des actifs incorporels
(droits d'auteur, Licences d'exploitation de brevets d'invention), les
dividendes et autres revenus distribués par les sociétés.

 Les Opérations d'Assurance Dommage (AD) concernent les versements


de primes par les assurés et la remise d'indemnités par les entreprises
d'assurance.

III - Les opérations financières

Ces opérations sont relatives à la création, la collecte et la mise en oeuvre


des moyens de financement nécessaires à l'économie. Elles constituent la contre
partie de la plupart des opérations sur biens et services et des opérations de
répartition.

Selon le critère de l'instrument sur lesquelles elles portent, le Système


Elargi de la Comptabilité Nationale classe les opérations financières en quatre
rubriques :
 Les instruments de paiement sont des moyens de paiement pouvant servir
aux règlements immédiats des transactions sans transformation préalable
(pièces, billets et dépôt à vue).

 Les instruments de placement concernent les dépôts non monétaires (dans


les caisses d'épargne), les bons non négociables à court terme, les bons
négociables à moyens et long terme (bons de trésor), les obligations, les
actions et les autres participations.

 Les instruments de financement concernent essentiellement les crédits à


court terme et les crédits à moyen et long terme.

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 Les réserves techniques d'assurance sont les indemnités liées à des
événements incertains (décès, accidents) versés par les entreprises
d'assurance en contre partie des primes qu'elles reçoivent.

Section 3 – Les marchés

Les agents économiques sont reliés entre eux par les transactions qu’ils
effectuent sur quatre marchés principaux :
- le marché des biens et services ;
- le marché des facteurs de production ;
- les marchés financiers (dont le marché de la monnaie) et
- le marché des changes ou marchés des devises.

Concrètement, chacun de ces marchés représente un ensemble de marchés


distincts. Le marché des biens et services, par exemple, englobe le marché des
chaussures, le marché du cinéma, le marché des automobiles, etc... Le marché
des facteurs inclut tous les marchés où s’échangent les facteurs de production. Il
englobe le marché du travail, le marché des ressources naturelles, le marché des
immeubles, etc... Le marché du travail regroupe les marchés où se transigent les
différentes catégories de main-d’oeuvre, comme les menuisiers, les comptables,
les artistes, etc.

Puisqu’il est impossible d’analyser le fonctionnement de ces différents


marchés, on raisonne comme s’il existait un seul marché de biens et services sur
lequel tous les biens et services étaient vendus et un seul marché sur le quel les
services de tous les facteurs de production étaient échangés.

Le marché des biens et services sert à expliquer le volume de la


production nationale, le niveau général des prix et donc le taux d’inflation.

Le marché des facteurs, particulièrement le marché du travail permet de


déterminer le niveau de l’emploi, le taux de chômage et le taux de salaire. Les
marchés financiers, particulièrement le marché de la monnaie permet de
déterminer le taux d’intérêt.

Sur le marché des devises, on échange la monnaie nationale contre des


monnaies étrangères ; cet échange reflète l’ensemble des transactions entre un
pays et ses partenaires commerciaux. Ce marché sert donc à déterminer le taux

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de change de la monnaie nationale cad la valeur de la monnaie nationale en
termes d’une monnaie étrangère.

Section 4 - Le circuit économique

Un circuit économique est une représentation schématique des


mécanismes fondamentaux du fonctionnement d’une économie.

Supposons une économie privée (l’Etat est absent) et fermée composée


seulement de ménages et des entreprises non financières. Supposons également
qu’il existe seulement deux marchés, le marché des biens et le marché des
facteurs. Dans ce cas, le schéma de cette économie se présente comme suit :

Selon ce schéma, les transactions entre les ménages et les entreprises


donnent lieu à un double flux : Un flux réel, représentée en pointillé, correspond
à un mouvement de biens et de facteurs d’un agent à l’autre. En contrepartie de
ce flux, existe un flux monétaire inverse, représentant les sommes versées en
échange de biens et des facteurs.

Les ménages possèdent les facteurs de production. Ils offrent aux


entreprises les services de ces facteurs en échange d’un revenu ; ce dernier
correspond aux coûts de production supportés par les entreprises.

Les entreprises utilisent les services de ces facteurs de production pour


produire des biens et services qu’elles vendent ensuite aux ménages sur le
marché des biens et services. Les ménages peuvent alors acheter cette

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production grâce aux revenus reçus des entreprises en contrepartie des services
des facteurs de production.

Par conséquent, les dépenses d’un agent économique constituent des


revenus pour l'autre agent. Les dépenses de production des entreprises sont des
revenus pour les ménages et les dépenses des ménages sont des revenus pour les
entreprises ; c’est le phénomène de la circularité des flux. La consommation des
ménages dépend de leur revenu, mais leur revenu dépend des recettes des
entreprises qui elles-mêmes dépendent de la consommation des ménages.

Néanmoins, ce schéma suppose qu’il n’existe aucune épargne, ni de la


part des ménages qui consomment tous leurs revenus, ni de la part des
entreprises qui distribuent la totalité de leurs profits en dividendes. Toutes les
recettes des entreprises sont versées aux ménages sous forme de revenus des
facteurs (salaires, intérêts, loyers, dividendes, etc.). L’absence de l’épargne
implique donc que les entreprises récupèrent en recettes tous leurs coûts de
production (y compris les dividendes versés) et que les ménages reçoivent en
revenus le montant exact qu’ils dépensent en consommation.

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