Vers Une Vision Biblique de La Politique
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Vers Une Vision Biblique de La Politique
« La politique est diabolique et les politiques sont corrompus. Par conséquent, le
chrétien ne doit pas s’y mêler. Le chrétien est un citoyen céleste. Il n’a aucun devoir
civique et citoyen à remplir. Contentons-nous de jouer notre rôle de sel et de lumière
du monde sans nous impliquer dans la vie politique. » Voilà un résumé de ce que
beaucoup de chrétiens pensent de la politique.
Dans une certaine mesure, cette tendance d’écarter les chrétiens des affaires
civiles, à tort ou à raison, plonge ses racines chez les anabaptistes depuis le début de
l’histoire de l’Église. En voulant une vie paisible, beaucoup de chrétiens préfèrent
s’écarter de la politique.
Par contre, certains pensent que l’Etat et l’Eglise doivent s’entremêler. C’était une
position soutenue par exemple par le réformateur Jean Calvin. Il proposait que l’Etat
gouverne les questions de « la moralité externe, » et que l’Eglise gouverne les
affaires de « l’homme interne », mais en incluant l’empêchement de péchés religieux
comme faisant partie de la tâche du gouvernement civile.[1]
Un nouveau disciple de Jésus actif dans la politique, doit-il s’y renoncer pour “servir
Dieu?” Explorons quelques pistes de réflexion. A vous d’en juger.
La politique c’est quoi ? D’abord, la politique est la science du pouvoir, la science
du gouvernement de l’Etat. Sans ambages, certains théoriciens soutiennent qu’elle
ne vise que la prise du pouvoir et sa conservation durable. Dans certains cas, quel
que soit le régime en place, le rêve du politique en ce sens est réduit à se servir lui-
même et non à servir le peuple qu’il est censé représenter ou qu’il est appelé à
défendre et protéger. Il n’est préoccupé que par sa réélection ou par la conservation
du pouvoir politique.
Vu tout simplement à la loupe du leadership, une telle perception de la politique ne
reflète en aucune manière la conception et le modèle de leadership de Jésus. Dans ce
cas, ce sont les politiques qui sont corrompus ou c’est la politique elle-même qui est
corrompue ?
Notez bien qu’il s’agit d’une réaction à une question piège que des Hérodiens,
partisans du roi installé par le pouvoir romain, ont posé à Jésus. Heureusement, Jésus
a pu détecter très rapidement qu’il s’agit d’une manœuvre hypocrite. Que voulait
insinuer Jésus en réalité par cette réaction ?
Pour certains, les hérodiens ont posé la question parce qu’ils voulaient que Jésus se
positionne, soit en faveur de César, soit en faveur de Dieu, c’est-à-dire clarifier une
dichotomie entre le spirituel et le temporel. Pour ces Hérodiens, il n’y avait pas
d’autres alternatives. Je pense que ces hommes voulaient trouver un chef
d’accusation solide pour inculper Jésus au regard de la loi Romaine.
La réaction de Jésus nous montre qu’il n’est pas question de jouer un tel jeu. C’est
impossible de mettre Dieu sur un même pied d’égalité avec un chef politique. A Dieu
seul soit la gloire, mais non à César. C’est la monnaie qui revient à ce dernier, c’est-
à-dire les affaires civiles et politiques. Il ne s’agit pas d’un même ordre.
Je partage l’avis de certains penseurs chrétiens comme Dr Richard Ramay et Ravi
Zacharias sur ce point. Ils pensent qu’en faisant une telle déclaration, Jésus veut
montrer qu’étant donné l’effigie sur la monnaie est celle de César, un chef politique,
il est normal que les citoyens soient soumis à lui en payant l’impôt. Mais puisque
César a été créé à l’image de Dieu, il appartient à Dieu. Donc, le vrai propriétaire de
la pièce est Dieu.
Selon une autre théorie, le chrétien doit se soumettre aux autorités comme ayant
un pouvoir second, par rapport à Dieu qui est l’autorité suprême. Dans ce sens, le
pouvoir politique exprime la volonté de Dieu. Paul souligne : « Toute autorité vient de
Dieu. » [5] Quelles sont les implications d’une telle pensée ?
D’une part, Dieu contrôle toute chose et est au-dessus de tout pouvoir politique. Il
est le commandant en chef. Le principe du pouvoir vient de Lui.
D’autre part, le pouvoir politique est l’émanation d’un mode de gouvernance de
Dieu sur la création. En d’autres termes, tout en cessant ses œuvres créatrices, Dieu
continue à œuvrer activement dans l’univers. Il se sert des gouvernements humains
pour gouverner l’univers.
Paul affirme que le magistrat est serviteur de Dieu. A ce titre Dr Kuyper soutient :
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Le magistrat est un instrument de « grâce commune », pour contrecarrer toute licence et tout
outrage et protéger le bien contre le mal. Mais il est plus. Outre tout cela il est institué par Dieu
comme son serviteur, afin de pouvoir servir l’œuvre glorieuse de Dieu, dans la création de
l’humanité, à partir de destruction totale.[6]
Une vision biblique de la politique est intimement liée au concept « mandat culturel
» que Dieu a donné à l’être humain depuis le commencement de l’histoire de notre
planète. Ce mandat était confié parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu.
Celle-ci comprend une dimension politique. Elle prend en compte le fait que l’homme
soit gérant de la création, chargée de la garder et cultiver. Dans ce contexte, Michael
Novak, dans The Spirit of Democratic Capitalism, cité par Darrow Miller, écrit :
La création, laissée à elle-même, est incomplète, et les êtres humains sont appelés à être co-
créateurs avec Dieu et à faire émerger les potentialités cachées par le Créateur. La création est
pleine de secrets en attente d’être découverts, d’énigmes que l’intelligence humaine doit
résoudre. Le monde n’est pas sorti de la main de Dieu avec toutes ses richesses : ce sont les
humains qui ont pour vocation de se les approprier.[7]
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Cependant, l’Etat (la politique) et l’Eglise comme institutions restent et demeurent
deux sphères sociales différentes avec des fonctions différentes, mais non deux
ennemies.
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Cet article est tiré du 18ème chapitre de mon ouvrage Faiseur de disciples ou Faiseur d’aliénés ? Petit traité
d’éducation chrétienne du nouveau disciple, disponible sur Amazon. Il (le chapitre) a été retouché pour être adapté
à tous les chrétiens.
[2] Basic Ideas of Calvinism (Les Idées Fondamentales du Calvinisme), cité par Dr
Richard Ramsay, p. 55
[3] Abraham Kuyper, Lectures on Calvinism, “III. Calvinism and Politics.” (Conférences
sur le Calvinisme, «III. Le Calvinisme et la Politique »), donnée à Princeton, 1898.
(http://www.kuyper.org/stone/lecture3.html), visité le 15 Juillet 2020.
[7] Darrow Miller. Faites des nations mes disciples : clés pour une réforme de nos
sociétés, Editions Jeunesse en mission, 2008, p.150
[8] Alain Nisus (dir.). Pour une foi réfléchie : Théologie pour tous, Ed. La Maison de la
Bible, Allemagne 2011, p.802
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BIBLIQUE DE LA
POLITIQUE
Jésus a dit Jésus: « A César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu. » La déclaration de Jésus a préoccupé l’esprit de plus d’un.
Parfois elle est servie comme un tremplin, soit pour soutenir l’idée
que Jésus approuve la vocation du politique, soit pour écarter toute
possibilité de mélanger le temporel du spirituel. Toute une théologie
de la politique est construite là-dessus. Alors, l’Eglise et l’Etat sont
deux institutions séparées et incompatibles ? Le chrétien ne doit pas
se mêler des affaires politiques ?