C6int ENSTA
C6int ENSTA
C6int ENSTA
Méthode intégrale
La méthode intégrale consiste simplement à intégrer les équations transversalement sur toute la
variable interne de couche limite de 0 de ∞. On transforme un système d'équations aux
dérivées partielles (PDE) en un système d'équations différentielles ordinaires (ODE) portant
sur des "épaisseurs" (comme l'épaisseur de déplacement). Comme on a perdu le détail du
profil, il faut faire une hypothèse sur la forme du profil. Cette forme que l'on se donne a priori
permet d'exprimer les coefficients inconnus en fonction des autres variables.
On présente ici cette méthode et quelques fermetures laminaires et turbulentes.
Nous allons établir les équations intégrales en réécrivant le terme de dérivée totale
∂ ∂
u u + v u sous la forme conservative:
∂x ∂y
- 6.1 -
∂ ∂ ∂ ∂ 2 ∂ ∂ ∂ 2 ∂
2u u-u u+ v u= u +u v+v u= u + (u v).
∂x ∂x ∂y ∂x ∂y ∂y ∂x ∂y
puis, on soustrait les deux premières pour faire disparaître le gradient de pression. On admet
ici implicitement que la pression ne dépend que de x.
∂ ∂ ∂
ensuite, on soustrait: (u Ue), et on ajoute u Ue - Ue v: d'où:
∂x ∂x ∂y
∂ 2 ∂ ∂
(u -uUe) + (u - U e) Ue + (v(u - Ue)) =
∂x ∂x ∂y
∂2
= u
∂y2
On change de signe et on intègre de la paroi à ∞. Cette dernière intégration se fait sans
problèmes car u a le bon goût de tendre vers Ue, donc v(u - Ue) tend vers 0 en ∞. D'autre part
le domaine est fixe (pas de borne du genre Y(x)). En effet v(x,∞) n'est ni nul ni même borné
dans le cas général, en revanche (u - Ue) décroît plus vite vers 0 que v(x,y) n'augmente à
l'infini. On définit l'épaisseur de déplacement et l'épaisseur d'énergie:
∞ ∞
δ1= ∫(1-u/Ue) dy et δ2= ∫(1-u/Ue) u/U e dy
0 0
et soit H le facteur de forme qui est le rapport δ1/δ2. d'où:
d
(δ 2 U e2) + (δ1) Ue d Ue = ∂ u(x,y=0)
dx dx ∂y
On peut l'écrire aussi sous la forme:
d δ1 2 d ∂
Ue2 dx ( H )+ (δ1)(1+ H ) Ue dx Ue = u(x,y=0)
∂y
Par la suite, on verra qu'il est judicieux de définir un coefficient appelé coefficient de
frottement f2 tel que par définition:
∂ H
u(x,y=0) = f2 Ue.
∂y δ1
remarque
Si la vitesse Ue est constante (=1), et que l'on suppose les coefficients constants:
dδ1 Ue2 H
( ) = f 2 Ue.
dx H δ1
s'intègre en
- 6.2 -
δ1=√(2f2) H0(x)1/2.
On retrouve donc la couche limite de Blasius en (x) 1 / 2 !
∞
Si on définit une épaisseur thermique: δΘ= ∫(uΘ)/Ue dy, et on peut définir un facteur de forme
0
thermique HΘ = δΘ/δ1:
d δ1 ~ 1 ∂ ~
Pr ∂y Θ(y=0) Tw
(U e T w) = -
dx HΘ
- 6.3 -
L'analogie de Reynolds consiste à étendre le cas de la plaque plane à Pr=1 à tous les
écoulements. Or pour la plaque plane Nu=ReCf/2, donc le nombre de Stanton est
proportionnel au frottement local St = Cf/2. Connaissant le frottement on a donc rapidement un
ordre de grandeur du flux à la paroi.
Pour fixer les idées commençons par une "fermture" simple et classique.
Les équations dépendent de deux paramètres f2 et H qui sont inconnus pour l'instant. Il
dépendent en fait de la forme exacte du profil.
Le profil est cherché sous la forme d'un polynôme, u passant de 0 à la paroi à ue loin à
une distance spéciale notée δ. Ce δ n'est pas la jauge L/√R, c'est une valeur précise "fois"
cette jauge. Cette idée permet de réconcilier les développements asymptotiques et une
démarche plus classique, ce δ peut être interprété comme la valeur de η telle que f'=0.99 ou
0.999, etc.. Cette valeur du problème asymptotique est ensuite multipliée par la valeur de
L/√R pour une valeur finie de R...
Ce polynôme doit respecter l'adhérence, et la valeur limite que l'on impose en δ: u=ue. Ce
sont les seules conditions "naturelles". On impose ensuite autant de ∂u/∂y=0 en y=δ qu'il le
faut (ça n'est pas physique! En effet il s'agit d'extensions de la vraie condition ∂u/∂y=0 à
l'infini)
par exemple à l'ordre 4, on pose η=y/δ.
u/ue = a0 + a1η + a2η2 + a3η3 + a4η4.
en η=1, a 0 + a1 + a2 + a3 + a4 =1
en η=0, a 0=0
en η=1, a 1 + 2a2 + 3a3 + 4a4 =0
la bonne condition est ensuite de prendre en η=0
∂ ∂2
0=- p+ u
∂x ∂y2
On trouve alors:
u/ue= 1-(1-η)3 (1+ (1-1/6 Λ)η)
du
Λ est un paramètre caractéristique du gradient de pression: Λ=δ2 dxe. On le retrouve en
- 6.4 -
comparaison des profils d'ordre 6 et Blasius (confondus) et du profil d'ordre trois (pointillés)
si on se donne ce profil (que l'on appelle "Pohlhausen ordre 4)", on en déduit les épaisseurs:
δ1/δ=(36 -Λ)/120; δ2/δ= 37/315 - Λ/945 - (Λ2)/9072,
H=((36 -Λ)/120 )/( 37/315 - Λ/945 - (Λ2)/9072)
H(0)=2.5540540
puis le frottement donne:
f2=(2 +Λ/6) (37/315 - Λ/945 - Λ2/9072) ;
Cette démarche est complètement classique. Ici nous dévions des ouvrages tels que Cousteix
ou Schlichting. En effet le paramètre naturel est bien Λ, et δ2 s'introduit naturellement.
On préfère en effet, pour notre part, exprimer H en fonction de Λ1 plutôt que Λ. Pourquoi?
Car δ1 est la quantité physique qui apparaît l'on fait du couplage fluide parfait couche limite
(c'est l'épaisseur de déplacement). Puis on préfère exprimer f2 en fonction de H (ce qui en
revanche est plus classique). Les auteurs préfèrent utiliser δ2 car il est directement relié au
frottement...
- 6.5 -
Ci dessous on trace le frottement en fonction de H.
f2
or par définition Λ1=Λδ12, après manipulation (le plus simple est de substituer le
développement Λ1en fonction de Λ au premier ordre:
Λ=100/9 Λ1.
d'où:
H=(36 - (100 Λ1)/9)/(120 (37/315 - (20 Λ1)/1701 - (625 Λ12)/45927))
on trace H en fonction de Λ1 (les points sont les valeurs issues de Falkner Skan, voir plus
loin), puis f2 en fonction de H?
Pour la partie thermique, partons du cas de la plaque plane sans gradient de pression à Pr=1,
comme u/Ue= 1-(1-η)3 , si on écrit: Θ = (1-η)3 , avec ∆=δT/δ=(3/10)δT/δ1 avec on l'a vu:
δ1=√(2f2) H0x1/2. = 1.75 x1/2, On calcule:
∞
∫(uΘ)/Ue dy ~ (5/14) δ1.
0
Donc:
d 5 ~ 1
dx (14 Ue δ1 Tw) = - Pr q
le problème est alors résolu, en effet on connaît δ1 et Ue. On impose ensuite:
- soit ~
Tw(x)=1 U e=1, δ1=√(2f2) H0x1/2. = 1.75 x1/2 (avec Pr=1) et par dérivation on obtient
le flux réduit à la paroi
q = 0.31 x-1/2.
(on avait trouvé 0.332)
- soit le flux réduit à la paroi q=1 et par intégration on en déduit la distribution de température
à la paroi
- 6.6 -
~
Tw(x) = 1.8 x1/2.
(on avait trouvé 2.2)
6.1.4. Au final
L'équation de K'arm'an se lit:
d δ1 2 d f H
Ue2 dx ( H )+ (δ1)(1+ H ) Ue dx Ue = 2 Ue.
δ1
la fermeture sera
Λ1=δ12 dUe/dx
H=2.5541*exp(-Λ1/6.)
si Λ1>0.606 alors H=2.069
f2= (-1/H+4/H/H)*.2349*4
- 6.7 -
On a alors une équation différentielle de premier ordre à résoudre! Connaissant Ue, on intègre
en fait dδ1/dx = F(δ1,U e). On obtient à Ue donnée la distribution de δ1 et de frottement à la
paroi. La première quantité δ1 s'interprète comme un épaississement de la paroi, qui entraîne
une modification de l'écoulement de fluide parfait au second ordre. La second est le frottement
qui permet de calculer la traînée du profil. On calcule ensuite la distribution de température (ou
de flux).
Ce type de simplification marche remarquablement bien. Une autre fermeture possible consiste
à se donner des profils en polynômes (profils de Pohlhausen).
cette vitesse se raccorde ensuite exactement à la vitesse de fluide parfait pour y->0, la relation
entre yfp (la variable transverse de fluide parfait) et y la variable transverse interne de couche
limite étant yfp = y Re-1/2, la vitesse transverse de fluide parfait a pour développement de
Taylor:
∂v (x,0)
vfp(x,yfp) = vfp(x,0) + yfp fp + ...
∂yfp
- 6.8 -
∂vfp(x,0) d
comme = - dxUe, on a:
∂yfp
d
vfp(x,yfp) = vfp(x,0) - yfp dxUe + ...
On réécrit l'expression v(y) en variable de fluide parfait, il faut donc multiplier v(y) par sa
jauge (Re)-1/2 :
d d
(Re)-1/2v(Y) ~(Re)-1/2 dx(δ1Ue) - y(Re)-1/2 dxUe.
cette vitesse de transpiration provoquant un effet de second ordre de couche limite: le fluide
parfait est perturbé à l'ordre (Re)-1/2.
Les méthodes intégrales turbulentes sont moins rigoureuses, au lieu de faire tendre y vers
l'infini et de raccorder avec la solution à la paroi de fluide parfait, elle prennent par exemple
pour y la valeur telle que u(y)=0.99Ue, cette valeur de y étant ensuite notée δ!! En reprenant
(##) on fait encore apparaître δ1, on admet u(δ)-Ue~0 et on écrit:
dδ d
v(δ) - dx Ue = dx((δ1-δ)Ue).
on pose finalement
dδ v(δ)
CE = dx - U
e
que l'on appelle coefficient d'entraînement. Ce serait le taux d'entrée du fluide parfait dans la
couche limite, ce qui est une vision peu asymptotique des choses! Cette méthode est due à
Head (1958).
- 6.9 -
On peut l'écrire aussi sous la forme:
dδ2 Cf U e2 H+2 d
= - δ2 U dx U0.
dx 2 e
d δ-δ1 d
(δ-δ ) = C -
dx 1 E Ue dxUe
d δ1 Cf U e2 2 δ d
( ) = - (1+ H ) U1 dx Ue.
dx H 2 e
δ-δ1
Sachant que H* = est fonction de H et CE fonction de H* et Cf fonction de R et H,
δ2
fonctions à déterminer...
6.2.4. Fermetures
La loi pratique classique qui marche bien est tout simplement de prendre un profil de vitesse de
la forme
u y 1/7
U e = ( δ)
après calcul, on trouve:
δ1 1 δ 7 7+2
= 1+7, 2 = (1+7)(2+7) et H = 7 .
δ δ
Blasius a établi expérimentalement dans le cas de la plaque plane une loi liant Cf et Rδ:
0.0456
Cf =
Rδ1/4
partant de cette expression, des équations de Head Von K'arm'an et du profil précédent, on peut
calculer:
1 0.0086
2Cf = Rδ21/5
H=1.3
ou encore:
cf=0.0592 Rx-1/5 pour 5105<Rx<107
ce qui donne:
δ
δ=0.37 x Rx-1/5, et x1 = 0.0477 Rx-1/5.
- 6.10 -
d dUe
(δ-δ 1 ) = cE - (δ-δ 1 )
dx dx
et l'équation de quantité de mouvement:
d δ1+2δ2 dUe cf
δ + δ
dx 2 2 Ue dx = 2
Il est convenu de poser
δ-δ1 δ
H*= et H= 1 ,
δ2 δ2
on en déduit:
d H*δ1 * H * dU e
dx( H ) = cE(H ) - H δ1 dx .
d cf -1 Η+2 dU e
dx (H δ1) = 2 - H δ1 Ue dx
-1
Ce système permet de calculer toutes les quantités, si on connaît les relations de fermeture:
Cf = 0.246 10-0.678HRδ2-0.268
cE=0.306(H*-3)-0.653
H*=1.535(H-.7)-2.715+3.3
cf
Log(R)
figure coefficient de frottement en fonction du logarithme de Reynolds
De cette même formule on en déduit ensuite Cf en fonction de H (à trois R fixés), on note que
la séparation se produit pour un facteur de forme d'environ 3
- 6.11 -
R= 104 105 106
cf*1000
H
figure coefficient de frottement en fonction
du facteur de forme pour différents nombres de Reynolds
6.3. Conclusion
Les équations intégrales mettent en relief la quantité importante qu'est l'épaisseur de
déplacement, elles sont assez précises car en fait la physique de l'écoulement a été assez
finement modélisée par les facteurs de formes.
Ces méthodes sont très utiles car rapides. Elles sont utilisées couramment en aérodynamique
où l'écoulement autour d'un avion complet ne peut encore être calculé que par ce type de
méthodes.
Notons que la prise en compte de la séparation de la couche limite peut être facilement calculée
avec ces méthodes.
Bibliographie
T. Cebeci & J. Cousteix (1999) "Modeling and computation of boundary layer flows",
Springer.
H. Gersten & H. Herwig (1992) "Strömungsmechanik" Ed. Viewig.
H. Schlichting (1987) "Boundary layer theory" Mac Graw Hill.
- 6.12 -
ANNEXE
βπ/2
f"0 de β
Attention, ce calcul n'est pas si simple, il faut pour obtenir la partie rebroussée résoudre en
∞
mode inverse... l'idée est d'imposer δ1 (en fait l'intégrale ∫(1-f')dη) et de trouver le bon
0
β...)? Il faut donc en fait tirer G(f''(0),β)=(1,δ1)!!!
*** Si on fait une méthode instationnaire: on résout ici f'''+f f''+β(1-f' 2) =0, l'équation est
non linéaire, avec des conditions aux limites en 0 et ∞. On la réécrit sous la forme de
"l'équation de la chaleur" instationnaire et on en cherche une solution stationnaire en temps (en
fait tous les coups sont permis!):
∂f'/∂t = f'''+f f''+β(1-f' 2) avec (f' = u) cela donne ∂u/∂t = fu'+ u''+ β(1-u2).
- 6.14 -
soit n l'itération en temps ∂u/∂t se discrétise en (un+1 - un)/∆t, et on résout l'équation implicite
en temps. La dérivée seconde est discrétisée par différences finies, et le système tridiagonal
obtenu est inversé par la méthode Thomas.
un+1 '' f nun+1 ' - un+1 /∆t = un/∆t puis fn+1 ' = u n+1
on donne u0n+1 =0 et uNn+1 =1. Malheureusement, cette méthode ne permet pas de résoudre
les profils séparés! Il y a explosion en temps! C'est normal puisque l'on résout une équation
de la chaleur avec une diffusivité négative!!!
A.4. Profils
Quelques exemples de profils de vitesse:
retenons:
βπ/2
π/2 0
β<0
- 6.15 -
A.5. cas particuliers
* point d'arrêt (Hiemenz) β=1 , n=1
u=xf'(η) v =-f(η), η=y
f'''+ff''+(1-f' 2)=0.
∞
f'' 0=1.23 et ∫(1-f')dη=0.648
0
- 6.16 -