L'entrepreunariat

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Actes de la deuxième conférence internationale sur la Francophonie économique

L’ENTREPRENEURIAT ET L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES


ET DES FEMMES EN AFRIQUE FRANCOPHONE

Université Mohammed V de Rabat, 2-4 mars 2020

LA PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT CONSTITUE-T-ELLE UNE SOLUTION À


LA PROBLÉMATIQUE DU CHÔMAGE DES JEUNES EN AFRIQUE ?

Yassine ABDELLAOUI
Doctorant en Sciences économiques et de gestion,
Université Mohamed V de Rabat, Maroc.
[email protected]

Résumé : L’entrepreneuriat est traité comme l’un des principaux axes de développement des pays
et des sociétés. En effet, dans une conjoncture internationale et nationale marquée par l’urgence
des réponses à apporter au problème du chômage des jeunes, la recherche d’idées novatrices
suppose la prolifération de la sensibilisation et de la mise en place de politiques favorisant l’esprit
d’entreprendre. La promotion de cet esprit est devenue, de nos jours, un vecteur décisif dans toutes
les politiques du développement africaines ayant comme objectif la création de richesse et
d’emploi.

Au Maroc, l’entrepreneuriat est considéré comme l’un des principaux moyens de lutte contre la
problématique du chômage. Dans cette vision, le gouvernement a mis en place toute une batterie
de mesures pour l’amélioration de la culture entrepreneuriale en vue d’encourager la création de
l’entreprise.

Mots clés : Entrepreneuriat, chômage, Afrique, Maroc.

Les idées et opinions exprimées dans les textes sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles
de l’OFE ou celles de ses partenaires. Aussi, les erreurs et lacunes subsistantes de même que les omissions
relèvent de la seule responsabilité des auteurs.

Introduction

Le débat sur l’entrepreneuriat renvoie actuellement au dysfonctionnement du marché du


travail et incite à réfléchir sur les démarches permettant de développer davantage l’insertion
professionnelle et la libéralisation de l’initiative individuelle, notamment dans un contexte
marqué par un chômage relativement important des jeunes. Ce phénomène qui touche
essentiellement les jeunes en Afrique a renforcé le sentiment que les modèles d’éducation et
de formation traditionnels sont déconnectés des besoins du monde du travail et ne permettent
plus ainsi de répondre aux aspirations des jeunes. Selon les statistiques du Haut-commissariat
au plan (HCP-Maroc), près d’un jeune sur quatre au niveau national est sans emploi. Cette
proportion atteint 44% parmi les jeunes femmes (Maroc en chiffre, 2016). Par conséquent,
l’incapacité des différents gouvernements à satisfaire les attentes de cette jeunesse dans
l’insertion à la vie active pourrait être une source d’instabilité politique et sociale pour le
pays.

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Dans ce contexte, peut-on espérer que le développement de l’entrepreneuriat combiné aux


nouvelles technologies apportera des solutions innovantes aux jeunes africains qui sont à la
recherche d’emploi ? Autrement dit, est-t- il possible de "faire plus avec moins" en combinant
le facteur risque et le facteur innovation pour résoudre le problème épineux du chômage en
Afrique ?

Il est clair que, le dynamisme entrepreneurial, l’innovation et les nouvelles technologies


d’information et de technologies, peuvent être proposées comme solutions pour un
développement durable si les politiques publiques arrivent à appuyer efficacement cette
option (complexe) dans leur stratégie de développement au sein d’un processus de formation
basé sur l’identification des compétences en tenant compte des nouvelles exigences du monde
du travail.

Ainsi, dans ce contexte marqué par l’échec des politiques publiques en Afrique et l’absence
d’issues à la crise actuelle qui est de nature multidimensionnelle et multiforme, peut-on
considérer la promotion de l’entrepreneuriat combinée au facteur innovation et aux diverses
possibilités offertes par l’économie numérique, comme alternative à la crise économique et
sociale actuelle en Afrique.

I. L’entrepreneuriat : une issue à la crise du chômage en Afrique?

A. La littérature entrepreneuriale

Nous rappelons, que dans la littérature économique, le concept ’’entrepreneur’’ a été traité
largement, mais la définition la plus célèbre est celle développée par l’économiste Joseph
Schumpeter en 1950 qui considère l’innovation comme facteur incontournable dans
l’opération d’impulsion de l’économie sous l’action de l’entrepreneur. Autrement dit, dans
une situation économique statique et stationnaire, l’entrepreneur par le biais de l’innovation
moteur du business, lance une nouvelle dynamique économique qui permettra à cette
économie de passer à une autre situation envisageant l’avenir autrement : L’entrepreneur est
un acteur fondamental de l'évolution économique.

Il est considéré, au sens Schumpetérien, un agent économique bien particulier et se distingue


nettement du chef d’entreprise qui est diminué d’une véritable caractéristique à savoir être «
un véritable aventurier qui n'hésite pas à sortir des sentiers battus pour innover et entraîner les
autres hommes à envisager autrement ce que la raison, la crainte ou l'habitude, leur dictent de
faire. Il doit vaincre les résistances qui s'opposent à toute nouveauté risquant de remettre en
cause le conformisme ambiant » (Schumpeter, 1911).

Trois principales approches à distinguer au sein de la littérature entrepreneuriale : descriptive,


comportementale et processuelle.

1. L’approche descriptive (ou approche par les traits) répond à la question « qui est
l’entrepreneur ? » (Stevenson et Jarillo, 1990). C’est une approche centrée sur
l’individu. Elle consiste à repérer les traits de personnalité et les caractéristiques qui
définissent la personnalité de l’entrepreneur. L’hypothèse principale derrière cette
école de pensée est que les entrepreneurs possèdent des traits de personnalité, des
attributs personnels et un système de valeurs qui les prédisposent à une activité
entrepreneuriale et les distinguent des autres individus (les non-entrepreneurs)

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(Greenberger et Sexton, 1988 ; Gartner, 1990 ; Shaver et Scott, 1991).

Les critiques soulevées à l'égard de cette approche ont été très nombreuses. Selon
Vesper (1985) et Gartner (1990), « la recherche du profil de l’entrepreneur ne répond
pas à la question fondamentale, à savoir : comment une entreprise voit-elle le jour ?
L’entrepreneur type est un mythe. Par conséquent, toute typologie qui tenterait de
catégoriser les entrepreneurs à partir des traits de personnalité paraît illusoire »
(Diakite, 2004).

2. L’approche comportementale (ou approche par les faits) répond à la question « que
fait l’entrepreneur ? ». Nous parlons souvent de l’entrepreneur mais nous oublions que
sa réussite ne dépend pas uniquement de ses traits de personnalité et de ses
caractéristiques psychologiques. En effet, « l’entrepreneur se forme graduellement,
influencé d’abord affectivement par sa famille, ensuite symboliquement par le milieu
du travail et ses modèles entrepreneuriaux, et enfin sociologiquement par son
implication graduelle dans un milieu, son enracinement et son intégration dans ce
dernier » (Schmitt, 2008). En d’autres termes, la dimension individuelle de
l’entrepreneur n’est rien sans un environnement adéquat. « Les variables
environnementales caractérisant les individus sont donc devenues, elles-mêmes de
réels objets d'analyse » (Tounés, 2003).

De nombreuses publications ont montré l’importance de l’environnement socioculturel, du


réseau personnel et professionnel, du contexte familial et du cadre politique et économique
dans l’explication des comportements entrepreneuriaux (Bowen et Hisrich, 1986 ; Hisrich et
O’Cinneide, 1986 ; Aldrich et al, 1987; Filion, 1991 ; Saglio, 1991 ; Casson, 1991).

Vers le début des années 90, un grand débat a animé la communauté des chercheurs en
entrepreneuriat. Il concernait la critique des approches focalisées sur les traits de personnalité
(approche descriptive) et celles centrées sur les comportements (approche comportementale).
Stevenson et Jarillo affirment « qu’il est réducteur d’expliquer un comportement complexe
(l’entrepreneuriat) en se référant à quelques traits psychologiques ou sociologiques»
(Stevenson et Jarillo, 1990). En effet, « La création d’entreprises cesse d’être analysée comme
la photographie instantanée d’un événement où le créateur est d’abord seul (…) puis n’est
plus seul, mais joue toujours le rôle principal (…). Elle devient un film dont le créateur est un
des acteurs ; c’est l’approche axée sur le processus entrepreneurial » (Hernandez, 1995), cité
par Tounés, A. (2003), cité par Hernandez, É. M. (1995), cité par Bourguiba (2006).

3. L’approche processuelle répond à la question « comment ? ». Depuis le début des


années 90, les recherches en entrepreneuriat changent d’orientation pour s’intéresser
désormais au processus entrepreneurial. Il paraît important de s’ouvrir à de nouvelles
perspectives de recherche qui prennent en considération l’aspect dynamique et
processuel de l’entrepreneuriat. Autrement dit, les recherches en entrepreneuriat ne
sont plus centrées sur l’entrepreneur et ses traits de personnalité mais plutôt sur le
processus entrepreneurial (Carter, Gartner et Reynolds, 1996).

L’approche par processus est une approche dynamique qui s’intéresse à des phénomènes en
évolution. Elle « s’oppose aux approches fixistes du monde où l’on fige des relations et l’état
des notions et des concepts. (…). Elle correspond à toutes ces publications récentes où il n’est
plus question du créateur et de ses caractéristiques, mais de formation d’organisation, de
création d’organisation, d’émergence organisationnelle, etc. » (Hernandez, 1995).

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Contrairement à l’approche descriptive et comportementale, l’approche processuelle


privilégie une vision plus large de l’entrepreneuriat.

Malgré les apports de l’approche processuelle, elle reste incomplète et limitée. L’une des
principales limites de l’approche processuelle est qu’elle se focalise sur l’étude de la période
de gestation du projet d’entreprise et néglige l’étude de l’occurrence de l’événement
entrepreneurial et l’identité du créateur (Audet, 2001). A cet égard, « le concept d’intention
entrepreneuriale prend tout son sens. Les modèles basés sur la conception intentionnelle de la
création entrepreneuriale, en se positionnant au carrefour de différentes écoles de pensées,
apportent une explication plus centrée sur les mécanismes affectant l’intention et la
concrétisation du projet entrepreneurial » (Bourguiba, 2007). L’intention entrepreneuriale est
considérée parmi les premières étapes du processus de création d’entreprise. Elle est le
meilleur prédicateur du devenir entrepreneurial et un élément nécessaire pour l’exécution du
comportement (Fishbein et Ajzen, 1975 ; Fayolle, Gailly et Lassas-Clerc, 2006).

La variété des approches et des modèles théoriques nous permet de bien cerner notre travail
de recherche qui concerne la promotion de l’entrepreneurial en Afrique pour lutter contre le
chômage des jeunes dans ce continent qui connait un très grand retard dans ce domaine
comme le souligne tous les rapports émanant des organisations internationales.

B. Perspectives macroéconomiques en Afrique

L’Afrique est en crise, c’est un fait. Sa forte croissance démographique, la baisse de ses
revenus et de ses investissements, sa production alimentaire décroissante, les continuels
troubles sociaux, la dégradation de l’environnement, la médiocrité des institutions,
l’importance de la dette ; sont autant de manifestations qui hypothèquent son avenir et
rendent difficile son décollage ou du moins du processus de rattrapage économique des
émergents.

Or, malgré ce tableau noir, l’Afrique semble se ressaisir. C’est ainsi qu’elle a depuis 2000,
accéléré de façon soutenue son rythme de croissance.
Le soutien conséquent des très petites et petites entreprises dans le cadre d’un processus
d’industrialisation qui, au demeurant, reste l’une des conditions ciné qua non pour libérer
l’imaginaire collectif africain et promouvoir la culture de la créativité et de l’innovation.

Le rapport sur les perspectives économiques en Afrique établit par le Centre de


développement de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques),
en collaboration avec la Banque Africaine de Développement(BAD), la Commission
Economique des Nations Unies pour l’Afrique(UNECA) et le Programme des Nations Unies
pour le Développement(PNUD), fournit des données et des analyses complètes sur les
économies africaines. L’édition 2017 de ce rapport a été consacrée au thème spécial
d’entrepreneuriat (Perspectives économiques en Afrique, 2017).

Ce rapport fournit des prévisions macroéconomiques à deux ans, une base de données
statistiques complète, en plus des études thématiques sur les partenariats émergents, la
mobilisation des ressources domestiques, l’aide au développement, l’innovation et les TIC, la
formation technique et professionnelle, le chômage des jeunes, etc.

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Il indique que l’Afrique doit faire face à un ensemble de défis majeurs qui entravent son
développement (Perspectives économiques en Afrique, 2017) :
 Le premier défi est la pauvreté qui est en rapport avec le manque d’emploi et la
recrudescence du chômage particulièrement chez les jeunes. Cependant, la croissance
de l’économie africaine se concentre sur des secteurs très peu créateurs d’emplois ;
 Le second défi concerne la faiblesse de l’investissement dans les infrastructures et la
mauvaise maintenance dans des secteurs comme le transport, l’énergie, l’eau
l’assainissement, et les TIC, etc. ;
 Le troisième défi concerne la faiblesse de l’appareil administratif qui n’arrive pas à
mobiliser les ressources domestiques pour soutenir le processus de croissance ;
 Un autre défi concerne la faiblesse de la bonne gouvernance dans la gestion des
affaires de la nation et qui a un impact négatif majeur affectant l’ensemble de
l’économie en favorisant la corruption, la fraude et l’évasion fiscale à grande échelle.

Ce même rapport a consacré une partie pour analyser le rôle de l’entrepreneuriat dans le
processus d’industrialisation de l’Afrique notamment à travers des programmes publics visant
à renforcer l’entrepreneuriat (multiplication des programmes d’entrepreneuriat, favoriser la
pratique des affaires pour les entrepreneurs, le développement des clusters, etc.).

Il précise pour le cas de l’économie marocaine que les performances des nouveaux métiers du
Maroc (automobile, aéronautique, etc.) ont permis de modifier en profondeur le panier des
exportations. En revanche, des obstacles majeurs au développement des entreprises subsistent
malgré les actions entreprises par les pouvoirs publics (statut de l’auto-entrepreneur,
extension de la couverture sociale aux indépendants, etc.).

Mais ce rapport n’a pas insisté sur le dividende démographique et les opportunités que
présente ce dividende pour l'Afrique. Le dividende démographique est l'accélération de la
croissance économique qui peut résulter d'une baisse rapide de la fécondité d'un pays et
l'évolution ultérieure de la structure par âge de la population. Avec moins de naissances
chaque année, la population d'un pays en âge de travailler grandit par rapport à la population
jeune et dépendante. Avec plus de personnes dans la population active et moins jeunes à
prendre en charge, un pays peut profiter de l'occasion pour la croissance économique rapide si
les bons investissements économiques, sociaux et politiques sont élaborées en matière de
santé, d'éducation, de gouvernance et d'économie.

Avec une population qui est prévu de doubler d’ici 2050 et un produit intérieur brut (PIB)
dont le taux de croissance sera de plus de 5% par an, l’Afrique est le deuxième continent plus
rapide au monde en développement. Pourtant, l’Afrique est confrontée au défi de créer
suffisamment d’emplois pour soutenir la croissance de sa population en âge de travailler, en
particulier le nombre croissant de jeunes. Au cours des 10 dernières années, l’Afrique a créé
plus de 37 millions d’emplois rémunérés, mais le rythme de la création d’emplois doit être
accélérer pour suivre le nombre de personnes ayant besoin d’un emploi et maintenir un niveau
élevé de croissance économique (Hafid et Echkoundi, 2019).

Partant de ces constats, notre réflexion va porter sur l’étude et l’analyse de la problématique
du chômage des jeunes au Maroc et dans la majorité des pays africains créant ainsi une
situation d’instabilité économique et sociale. La promotion de l’entrepreneuriat constitue-t-
elle une solution adéquate à ce dilemme ? Dans quelle mesure l’innovation associée aux
technologies d’information et de communication constitue-t-elle une inflexion dans la pensée
des jeunes africains en situation de chômage pour rester « at-home » en créant des projets

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créateurs de valeur ? Quel rôle incombe à la bonne gouvernance pour accompagner la réussite
de ce processus de développement alternatif?

Pour répondre à ces interrogations, il apparait que la culture entrepreneuriale est bien vivante
en Afrique, puisque beaucoup d’africains considèrent l’entrepreneuriat comme une bonne
opportunité de carrière. Le continent affiche la plus forte proportion au monde d’adultes
démarrant ou gérant une nouvelle entreprise, mais souvent dans des secteurs faiblement
productifs. Par conséquent, les nouvelles stratégies d’industrialisation doivent s’efforcer de
profiter de cette dynamique et de cibler les entreprises privées du continent à croissance
rapide susceptibles de créer des emplois de qualité.

1. Afrique, un continent en devenir

La capacité de résilience économique de l’Afrique a été mise à l’épreuve mais les conditions
d’une croissance plus solide sont là du fait du recul des cours des produits de base qui s’est
prolongé jusqu’au début de l’année 2016. Le discours autour de l’« Essor de l’Afrique » a été
quelque peu mis à mal : la croissance du continent a marqué le pas en 2016, à 2.2 %, contre
3.4 % en 2015. Ce fléchissement du produit intérieur brut (PIB) souligne le rôle important que
jouent quelques grandes économies d’Afrique dans la performance d’ensemble. Par exemple,
avec 29.3 % du PIB de l’Afrique, le Nigéria est un indiscutable poids lourd. La récession qu’il
a connue a donc eu un retentissement global négatif plus important que les récessions en
Libye ou au Tchad. Malgré cette dégradation, la trajectoire de croissance du continent devrait
rester résiliente, soutenue par une demande intérieure plus forte, une gouvernance
macroéconomique plus solides et un environnement des affaires plus propice (Perspectives
économiques en Afrique, 2017).

Source : Département de la statistique, Banque africaine de développement.12


http://dx.doi.org/10.1787/888933486444.

Pour l’année 2016-2017, plusieurs facteurs expliquent la médiocrité des performances


économiques d’ensemble du continent, même si la décélération concerne essentiellement les
pays exportateurs de matières premières. Il s’agit des effets toujours sensibles du Printemps
arabe, d’une reprise économique mondiale modérée, y compris dans les économies
émergentes (avec entre autres le ralentissement qui perdure en Chine, devenue l’un des

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principaux partenaires commerciaux de l’Afrique), et des intempéries et des sécheresses dans


un certain nombre de pays africains (Perspectives économiques en Afrique, 2017).

Le repli récent des cours des produits de base ralentit la croissance. La chute des prix des
matières premières, entamée mi-2014, a eu un effet délétère sur plusieurs pays exportateurs
d’Afrique. Les cours des produits de base hors énergie ont plongé de 6 % en 2016 par rapport
à leur niveau de 2015 et ont été particulièrement affectés par la baisse des prix des métaux et
des minerais. En 2016 en moyenne, les prix annuels des métaux ont été inférieurs de 6 % à
leur niveau de 2015, une évolution à imputer principalement à la décélération de la croissance
en Chine. Les produits de base agricoles sont restés stables, même si l’indice des prix des
matières premières agricoles est passé de 83 USD en 2015 à 80 USD en 2016, du fait surtout
des effets d’escalade des subventions à la production et d’une abondance des volumes d’offre.
D’une manière générale, les prix annuels des produits pétroliers ont connu un recul par
rapport à 2015 et 2014.

Le taux de croissance des pays africains exportateurs de pétrole comme l’Algérie, l’Angola, le
Nigéria et le Soudan a fortement marqué le pas en 2016, à 1.6 %, contre 3.3 % en 2015. En
Libye et en Guinée équatoriale, cette contraction atteindrait respectivement -8.1 % et -8.2 %
en 2016. La croissance du PIB en volume du Tchad et du Nigéria étant attendue à
respectivement -3.4 % et -1.5 %. En Afrique du Sud, l’une des plus grandes économies du
continent et parmi les principaux exportateurs de produits de base hors énergie, la croissance
est estimée à un niveau très faible en 2016, à 0.4 %, du fait entre autres de la baisse de
performance des industries extractives (Perspectives économiques en Afrique, 2017 ; Hafid et
Echkoundi, 2019).

La croissance économique reste molle, pénalisée par l’atonie de la reprise mondiale et la


décélération des marchés émergents. L’atonie et la fragilité de la reprise dans les économies
avancées et les marchés émergents (notamment en Chine) constituent le troisième facteur de
ralentissement de l’économie africaine. Les pays émergents et en développement devraient
conserver une dynamique de croissance de 4.1 % en 2016 et progresser pour atteindre
respectivement 4.5 % et 4.8 % en 2017 et 2018. Avec une croissance estimée à 6.3 % en 2016
et à 6.4 % et 6.3 % en 2017 et 2018, les pays émergents et en développement d’Asie (Chine,
Inde, Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Viet Nam) dopent la performance du
groupe des pays émergents et en développement (Perspectives économiques en Afrique,
2017 ; Hafid et Echkoundi, 2019).

2. Le redressement des cours des produits de base ravive les perspectives de


croissance de l’Afrique

Les prévisions de croissance pour le continent africain tablent sur un rebond modéré en 2017
et 2018, à respectivement 3.4 % et 4.3 %, contre 2.2 % en 2016. Les facteurs intérieurs restent
les principaux moteurs de cette embellie, mais la hausse attendue des prix des matières
premières fournira un amortisseur plus que bienvenu pour combler les déficits budgétaires et
stimuler la croissance. Les cours de la plupart des produits de base ont entamé leur
redressement en 2016 et devraient conserver une trajectoire haussière en 2017 et 2018. Ainsi,
les prix du pétrole ont commencé à remonter début 2016 et pourraient atteindre 55 USD le
baril en 2017, contre 43 USD en 2016. Cette évolution s’explique par les réductions de
production dans certains pays producteurs membres et non membres de l’organisation des
pays exportateurs de pétrole (OPEP) au premier trimestre 2017. En décembre 2016, l’OPEP et
les autres pays producteurs ont décidé, séparément, de réduire la production de pratiquement

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1.8 million de barils par jour sur les six premiers mois de l’année 2017. Dans le sillage de ces
accords, les cours de pétrole ont bondi de 10 % à la fin du quatrième trimestre 2016, pour
atteindre en moyenne 49.1 USD le baril. Depuis janvier 2017, les prix s’orientent au-dessus
de 53 USD le baril et ont atteint 55.99 USD en mars 2017. Une appréciation de la situation
économique actuelle de l’Afrique, des attentes et du climat général, réalisée auprès des
participants africains à l’enquête économique mondiale de l’institut Ifo, laisse entrevoir un
scénario optimiste pour le premier semestre 2017 (Perspectives économiques en Afrique,
2017).

3. Renforcer l’entrepreneuriat pour aider l’industrialisation en Afrique

L’industrialisation figure parmi les priorités des différents pays africains, il s’agit d’un enjeu
toujours essentiel. Le rôle du secteur manufacturier et le potentiel d’autres activités
économiques dans le cadre de la quatrième révolution industrielle est une importante
opportunité. Mais nous n’avons pas suffisamment de données relatives à la situation de
l’entrepreneuriat à l’échelle du continent afin de mettre en évidence les types d’entrepreneurs
susceptibles de favoriser l’industrialisation.

Les innovations technologiques soutiennent l’entrepreneuriat africain. La technologie crée de


nouveaux modèles et, en désorganisant les chaînes de valeur, entraîne de nouvelles formes et
méthodes d’investissements étrangers. Les IDE liés à la technologie ont, notamment, des
retombées positives pour les entrepreneurs locaux.

Les chefs d’entreprise africains appliquent les nouvelles technologies aux services traditionnels
et, ce faisant, développent leur activité. Les innovations vont des services financiers aux
paiements mobiles en passant par les projets d’énergie photovoltaïque.

Les entreprises étrangères comme les entreprises africaines travaillent avec de nouvelles start-
ups et des plateformes technologiques pour faire émerger la prochaine génération des techno-
entrepreneurs.

Les pouvoirs publics peuvent concevoir des stratégies d’industrialisation pour encourager
l’entrepreneuriat afin que les pays d’Afrique puissent concrétiser leurs ambitions en matière
d’industrialisation. En premier lieu, l’adoption de stratégies d’industrialisation nécessite un
leadership affirmé. D’autre part, la mise en œuvre des stratégies adoptées requiert des
conditions qui font encore défaut à certains pays : des capacités et des institutions nationales
solides, des politiques et une coordination efficace entre les organismes publics, ainsi qu’un
suivi et une révision à intervalles réguliers des politiques. Les pays peuvent apprendre par la
pratique. Sans industrialisation, l’Afrique ne pourra pas rattraper son retard sur les régions à
revenu élevé. Une stratégie est par conséquent nécessaire pour atteindre cet objectif (Chiguer,
2019).

Les trois caractéristiques principales des stratégies d’industrialisation innovantes :


- Doivent éviter les erreurs commises par le passé,
- Tirer parti des secteurs à fort potentiel de croissance,
- Permettre l’autonomisation de tous les agents économiques, et en particulier des
entrepreneurs africains motivés.

Une stratégie d’industrialisation a pour but de transformer la société. Il s’agit d’un bien
public, qui doit à ce titre être soutenu par les autorités du pays, car il permet de lier

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l’élaboration des politiques et les ambitions à long terme des citoyens pour leur pays. Pour
réaliser ces ambitions, elle doit définir les priorités de développement qui servent à
coordonner les objectifs politiques à moyen terme et évaluer leurs avancées. Ces priorités
dépendent du contexte propre à chaque pays africain. Une stratégie d’industrialisation oriente
la réflexion et les investissements à long terme dans un environnement incertain. Elle établit
un cadre général propice à la coordination des politiques en fixant :
‐ Des objectifs à long terme pour le développement,
‐ Des priorités à moyen terme pour orienter les politiques et les investissements. Ces
priorités peuvent être adaptées en fonction de l’évolution des risques. Pour atteindre
les objectifs à moyen terme, des réformes structurelles peuvent se révéler nécessaires,
y compris en matière de gouvernance à des niveaux multiples.
‐ Des objectifs à court terme permettant d’évaluer les performances, notamment de
chaque organisme public, de récompenser les bons résultats et de réviser les politiques
en conséquence. Pour être innovantes, les stratégies d’industrialisation doivent être
participatives, multisectorielles et adaptées au contexte local. Les pouvoirs publics de
chaque pays peuvent, à différents niveaux de gouvernement et de différentes manières,
agir pour la mise en œuvre des politiques industrielles. Les stratégies participatives
sont susceptibles de libérer le potentiel des agents économiques africains, et
notamment les entrepreneurs, et de permettre à la population de s’approprier le
processus. Ces stratégies ne doivent pas se limiter à une accumulation de politiques
sectorielles, mais fournir un cadre général d’harmonisation entre les politiques
sectorielles, macroéconomiques et les politiques adaptées au contexte local. Elles
doivent prendre en compte précisément le potentiel de différentes zones et régions, y
compris à l’échelle infranationale et dans une perspective transfrontière.

De nombreux pays d’Afrique ont adopté des stratégies en faveur de l’entrepreneuriat, mais la
plupart d’entre elles sont davantage axées sur la lutte contre la pauvreté et la création
d’emplois que sur l’industrialisation du pays. D’après une enquête portant sur 42 pays
africains, les stratégies en faveur de l’entrepreneuriat cherchent souvent à réduire la pauvreté
en stabilisant le revenu des micro-entrepreneurs motivés par nécessité. Elles visent rarement à
accroître l’emploi salarié et la productivité, deux éléments nécessaires à l’industrialisation. La
plupart des stratégies ciblant la micro, petite et moyenne entreprise.

Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 du Maroc en est un exemple. Il définit des


mesures spécifiques pour soutenir la croissance de l’entrepreneuriat au moyen de cinq piliers :
création d’un statut d’auto-entrepreneur, protection sociale, financement, fiscalité et soutien
direct aux entrepreneurs. S’il n’existe pas de formule unique pour promouvoir
l’entrepreneuriat, pour être efficaces, les politiques doivent s’adapter aux quatre étapes du
développement de l’activité. Chaque pays doit adopter son propre dosage de mesures en
prenant en compte ses ressources, sa vision du développement, ses capacités technologiques
et ses systèmes de production. Toutefois, toutes ces politiques doivent suivre les étapes de
développement d’une entreprise : amorçage, démarrage/start-up, croissance et expansion.

II. Promotion de l’entrepreneuriat et dynamique de la croissance au Maroc


A. Le chômage des diplômés, un phénomène de société

Nul ne peut ignorer l’importance de l’entrepreneuriat dans le développement des pays et des
sociétés. En effet, dans un contexte international, national et régional caractérisé par l’urgence
des réponses à apporter aux problèmes imposés par les jeunes et les promoteurs de projet, la
recherche d’idées novatrices suppose la prolifération de la sensibilisation et de la mise en

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place de politiques favorisant l’esprit d’entreprendre. La promotion de cet esprit est devenue,
de nos jours, un vecteur décisif dans toutes les politiques du développement régional et aussi
bien dans les processus de création de richesse et d’emploi.

Le chômage des jeunes, et plus particulièrement des diplômés, constitue l’un des problèmes
primordiaux auxquelles sont confrontés actuellement les économies. Au Maroc, la création
des centres de formations professionnelles vise à assurer une meilleure adéquation entre la
formation des jeunes et les besoins du marché.

Nombreux sont les lauréats du système de formation qui pensent exercer un emploi conforme
à leurs qualifications. Par ailleurs, l’adéquation entre la formation reçue et l’emploi exercé
dépend de l’examen des branches d’activités des employeurs et de la perception de ces
derniers qui sont de plus en plus exigeants. L’appréciation des employeurs diffère selon les
caractéristiques des lauréats, la qualité de leurs compétences acquises et de la concordance
avec les besoins des employeurs.

Ainsi, des études sur le cheminement professionnel des lauréats de la formation


professionnelle ont tenté (Ministère de l’Education Nationale et de la Formation
Professionnelle, 2015) :
‐ D’apporter un éclairage sur certains aspects relatifs à l’employeur, à l’insertion des
diplômés dans le marché de travail, à la perception des employeurs par rapport à la
qualité des compétences développées et leur adéquation avec les besoins de
l’entreprise ;
‐ De déterminer le degré de satisfaction des employeurs et l’aptitude du marché de
travail à reconnaître les qualifications des lauréats pour enfin développer des signaux
permettant une meilleure adéquation entre formation et emploi.

1. La problématique de l’employabilité

La notion de l’employabilité se réfère au phénomène complexe de l’insertion professionnelle.


Il s’agit d’une manière générale de la capacité d’une personne ou d’un groupe de personnes, à
obtenir et à conserver un emploi. L’employabilité couvre ainsi l’ensemble des connaissances,
des compétences et des qualités personnelles permettant de réussir dans un parcours
professionnel.

Le débat sur l’employabilité renvoie alors aux coûts individuels et sociaux du


dysfonctionnement du marché du travail et incite à réfléchir aux démarches permettant de
développer davantage l’insertion professionnelle, notamment dans un contexte marqué par un
chômage relativement important des jeunes. Ce phénomène qui touche la jeunesse mondiale a
renforcé le sentiment que les modèles d’éducation et de formation traditionnels sont
déconnectés des besoins du monde du travail et ne permettent plus ainsi de répondre aux
aspirations des jeunes.

Par ailleurs, le développement du numérique et des réseaux sociaux lié à un contexte


mondialisé, rend le défi de l’employabilité encore plus complexe. L’information devient en
grande partie digitalisée, interactive et accessible de diverses manières. De plus, les relations
de travail ont connu une évolution importante vers des formes de plus en plus flexibles, une
transformation continue et organisée autour des technologies de l’information. La
mondialisation a en effet changé notre façon de produire, de consommer, de gérer mais
également de penser.

378
 
 

Ce débat se trouve aujourd’hui au cœur des préoccupations des pouvoirs publics aussi bien
dans les pays développés que dans les pays émergents. Ces derniers sont appelés à évoluer
dans leur manière d’appréhender l’employabilité et proposer ainsi une vision d’ensemble de
l’insertion professionnelle couvrant principalement :
‐ Les préalables à l’insertion professionnelle,
‐ Les préalables pour la réalisation de tâches et de responsabilités liées à un emploi,
‐ Les préalables liés à la recherche d’un emploi,
‐ Les préalables à l’adaptation au travail.

La prise en compte de ces dimensions permettrait de dresser un profil type d’une personne
employable.

L’université marocaine, en tant que principal levier de l’employabilité, est également appelée
à intégrer cette complexité dans ses processus de formation afin d’identifier les compétences
clés et les aligner avec les nouvelles exigences du monde du travail (la communication
interpersonnelle, la maitrise des langues, l’attitude face au risque, la pro-activité, la
polyvalence, l’intelligence émotionnelle, etc.).

Nombreux sont les des lauréats du système de formation qui pensent exercer un emploi
conforme à leurs qualifications. Par ailleurs, l’adéquation entre la formation reçue et l’emploi
exercé dépend de l’examen des branches d’activités des employeurs et de la perception de ces
derniers qui sont de plus de plus exigeants. L’appréciation des employeurs diffère selon les
caractéristiques des lauréats, la qualité de leurs compétences acquises et de la concordance
avec les besoins des employeurs.

2. Le cheminement professionnel des lauréats de la formation professionnelle

Le chômage des diplômés représente aujourd’hui un phénomène de société largement présent


sur la scène médiatique et politique. Ce phénomène est dû principalement à l’augmentation
rapide et massive des lauréats de différentes formations professionnelles, à la complexité du
contexte macroéconomique du marché d’emploi et ainsi à la difficulté d’insertion des jeunes
lauréats à la vie active. Bien que l’insertion des jeunes lauréats de la formation professionnelle
à la différence des autres diplômés, font l’objet d’un suivi détaillé et régulier ces dernières
années, permettant de relever une progression significative des taux d’insertion et des taux
d’emploi depuis 2000, toutefois, l’accès à l’emploi et aux conditions d’insertion continuent à
être liés à la qualification des diplômés, aussi bien à la formation professionnelle choisie et
aux domaines ou disciplines étudiées ( Ministère de l’Education Nationale et de la Formation
Professionnelle, 2015).

Afin d’appuyer les études d’insertion, la Direction de la Planification et de l’Evaluation


réalise, également, des études sur le cheminement professionnel des lauréats durant les 3
années qui suivent l’obtention de leur diplôme. Ces études de cheminement ont pour objectifs
de compléter les études d’insertion par l’évaluation de la situation professionnelle d’une
promotion donnée, 3 années après sa sortie de l’établissement de formation. Elles permettent
de dégager des informations pointues sur l’évolution : du taux d’emploi, des caractéristiques
des emplois occupés, les moyens utilisés pour trouver l’emploi, les caractéristiques des
lauréats chômeurs, la mobilité professionnelle des lauréats. Elles permettent, également,
d’évaluer le degré d’adéquation de la formation à l’emploi occupé.

379
 
 

Bien que l’insertion des jeunes lauréats de la formation professionnelle à la différence des
autres diplômés, font l’objet d’un suivi détaillé et régulier ces dernières années, permettant de
relever une progression significative des taux d’insertion et des taux d’emploi depuis 2000,
toutefois, l’accès à l’emploi et aux conditions d’insertion continuent à être liés à la
qualification des diplômés, aussi bien à la formation professionnelle choisie et aux domaines
ou disciplines étudiées.

Les études sur le cheminement professionnel des lauréats de la formation professionnelle


insistent sur les aspects suivants :
‐ Caractéristiques des employeurs des lauréats de la formation professionnelle (par
promotion),
‐ Caractéristiques des lauréats de la formation professionnelle (par promotion),
‐ Perception des employeurs sur la formation des employés de la Formation
professionnelle (par promotion),
‐ Observations et suggestions des employeurs par rapport à la qualification des lauréats.

B- Lancement du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises en


2020
1. Les préalables à la réussite d’une politique d’entreprenariat

Au Maroc, les pratiques de la politique entrepreneuriale sont encore jeunes. Elles se limitent
dans quelques mesures publiques et privées incitatives visant principalement à réduire
les contraintes réglementaires et administratives qui pèsent sur l’activité
entrepreneuriale, faciliter l’accès des PME aux financements et à la technologie, promouvoir
la formation à l’entrepreneuriat qu’elle soit scolaire ou professionnelle. Un certain nombre de
mesures ont été mises en place pour promouvoir, par la création des entreprises,
l’entrepreneuriat :
‐ Régionalisation avancée : elle est considérée comme solution assurant la répartition
des pouvoirs et des compétences, cadre démocratique permettant aux citoyens de
prendre en main directement leurs problèmes pour accompagner les mutations
des régions et les dynamiques que produisent leurs territoires, le mode de
gouvernance basé sur l’autonomie et la collaboration entre la région et le
gouvernement ;
‐ Instauration du programme de création de TPE « MOUKAWALATI » : c’est un
programme qui accompagne les jeunes promoteurs avant la création de leurs
entreprises, les soutenants lors de son démarrage et les accompagnants pendant
l’année qui suit son ouverture. En plus d’améliorer les conditions financières du
programme, l’Etat a pu fédérer autour de lui plusieurs intervenants engagés dans la
promotion de l’entrepreneuriat, comme les Chambres de Commerce, d’Industrie et de
Services, les Centres Régionaux d’Investissement, les banques, les associations de
microcrédit, les universités, l’office de la formation professionnelle et de la promotion
du travail (OFPPT) et l’agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences
(ANAPEC).
‐ Programmes de formation universitaires à l’entrepreneuriat : Les établissements de
l’enseignement supérieur public et privé se sont efforcés de proposer des formations
en adéquation avec cette nouvelle opportunité;
‐ Création du statut de l’auto-entrepreneur : adopté par l’Etat marocain en novembre
2013, le statut est réservé davantage à des personnes qui opèrent dans l’artisanat et
l’informel. Les étudiants, particulièrement les lauréats de la formation professionnelle,
les petites entreprises ayant un chiffre d’affaires ne dépassant pas les 500.000 DH et

380
 
 

des prestations de moins de 200.000, les personnes à besoins spécifiques, les


diplômés-chômeurs en milieu rural, les chômeurs sans qualification, les marocains
résidant à l’étranger (MRE) ou encore les étrangers résidant au Maroc (en situation
régulière) sont aussi ciblés. En effet, les auto-entrepreneurs n’ont pas besoin ni d’avoir
un local professionnel pour créer leurs entreprises ni de présenter leurs bilans
comptables à l’administration fiscale, profitent d’une réduction fiscale de 1 % du CA
pour les activités industrielle, commerciale et artisanale 2% pour les prestations de
services, ne sont pas redevable aux services fiscaux s’ils ne réalisent pas de CA
pendant l’année de leurs inscriptions.

2. Le programme « INTELAKA » 2020

En quoi consiste le programme « INTELAKA » ? Le programme « INTELAKA », lancé en


début de l’année 2020 vise à offrir une nouvelle génération de produits de garantie et de
financement à destination des TPE, des jeunes porteurs de projet, du monde rural, du secteur
informel et des entreprises exportatrices (Hespress, 2020).

Le lancement de « Intelaka » intervient suite à la signature des conventions actant le


démarrage du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises. Le programme a
été développé de manière conjointe entre le ministère de l’Economie, des Finances et de la
Réforme de l’Administration, Bank Al-Maghrib et le Groupement Professionnel des Banques
du Maroc dans le cadre d’une approche participative. L’objectif étant de lancer une nouvelle
dynamique de rupture à même d’encourager l’entrepreneuriat afin de favoriser l’insertion
socio-économique des jeunes, notamment dans le monde rural.

Dans le cadre de ce lancement, il a été procédé à la signature de conventions entre les banques
et la Caisse Centrale de Garantie (CCG) pour la mise en œuvre et l’opérationnalisation des
produits suivants :
‐ « DAMANE INTELAK » : Produit de garantie ciblant les auto-entrepreneurs, les
porteurs de projet et les TPE.
‐ « DAMANE INTELAK AL MOUSTATMIR AL QARAWI » : Produit de garantie
ciblant les petites exploitations agricoles, les TPE, les porteurs de projets et les auto-
entrepreneurs du monde rural.
‐ « START-TPE » : Produit de financement sous la forme d’une avance remboursable
après une franchise de 5 ans, sans intérêts et sans exigence de sûretés, à destination des
TPE, porteurs de projet et auto-entrepreneurs.

Cette opération vise l’élargissement de l’accès des entreprises aux prêts bancaires. Un
montant de 8 milliards de DH est alloué à cette fin, tandis que le Fonds Hassan II pour le
développement économique et social prendra en charge 2 milliards de DH pour des crédits
destinés au monde rural. Elle constitue un certain nombre de ruptures par rapport à ce qui a
été pratiqué jusqu’à présent :
‐ La première rupture touche à l’accès au financement, représenté sur la base d’une
étude conduite par le Haut-commissariat au plan (HCP). 75% des préoccupations des
petites entreprises au Maroc vont vers l’accès au financement. Les mécanismes
adoptés s’appuient sur des garanties pouvant aller jusqu’à 80%. Ces garanties
s’appuient à leur tour sur le Fonds d’affectation spéciale créé par la Loi de finances
2020, et qui a été amendé par les 2 milliards de DH injectées par le Fonds Hassan II ;

381
 
 

‐ La deuxième rupture citée concerne les crédits. Dans ce cadre, les banques vont se
suffire, pour ces catégories-là, des garanties liées au produit lui-même et vont renoncer
à toutes les garanties personnelles qui étaient demandées souvent pour ce genre de
projets ;
‐ Quant à la troisième rupture, elle a trait au taux d’intérêt appliqué (2% en règle
générale, et 1,75% pour les projets dans le monde rural). Ces taux « historiquement »
bas et qualifiés « d’exceptionnels », du fait qu’ils sont inférieurs au taux directeur de
la banque centrale (2,25%) (Financial Afrik, 2020).

Conclusion

Nombreux sont les observateurs qui prédisent un avenir radieux au continent africain en tant
que future locomotive de l’économie mondiale. Dans ce cadre, les politiques libérales
préconisées par les organismes financiers internationaux (Banque mondiale et FMI),
considèrent la promotion de l’entrepreneuriat comme vecteur majeur de développement du
continent africain en générale et du Maroc particulièrement.

Ainsi, ce dernier a mis en place une politique axée essentiellement sur le soutien de l'auto-
initiative d’emploi, l’accompagnement des entrepreneurs, l'encouragement de l’esprit de
créativité et d’innovation et l'accroissement du rendement de la promotion des initiatives de
l'emploi. Il a créé plusieurs structures en en l’occurrence l’Agence nationale pour la
promotion de la PME (ANPME) ayant pour principales missions : l’identification,
l’élaboration, le lancement et le suivi des actions d’accompagnement technique en faveur des
entreprises nouvellement créées ou déjà existantes.

Bibliographie

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Webographie

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 Hespress, 02- 2020.
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sur le cheminement professionnel des lauréats de la formation professionnelle,
2015 ».
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