Cours Entrepreuriat Social
Cours Entrepreuriat Social
Cours Entrepreuriat Social
Introduction
La récente crise économique et sociale a eu pour effet un accroissement des inégalités et a mis
en lumière de nombreuses dérives liées au comportement de certaines organisations, relatives
entre autres au respect de l'environnement ou des droits de l'homme. Elle a contribué à
remettre en question «le mythe de l'autorégulation spontanée des marchés et à pointer les
limites du modèle de gouvernance fondé sur la valeur actionnariale » (Petrella et al., 2010).
En France, ce constat a eu pour effet de soulever de nombreux questionnements quant à la
viabilité du système sur le long terme. Des voix en nombre croissant s'interrogent sur la
possibilité de concevoir une économie qui soit moins inégalitaire et destructrice (Drapery,
2011). Ainsi, donner du sens à l'activité économique est une aspiration partagée par un
nombre croissant de citoyens français, dont les étudiants et les jeunes diplômés (Barthélémy
et Slitine, 2014).
L'étude menée par IPSOS (2016) nous montre qu'aujourd'hui, seuls 46 % des étudiants
français des grandes écoles considèrent la rémunération comme étant un critère primordial ou
important dans le choix de leur métier. Leurs priorités sont désormais ailleurs. 97 % d'entre
eux préféreraient « avoir été utiles ou avoir apporté des changements à la société », ils sont
53% à considérer qu'être utile aux autres est un pré requis absolu dans le cadre de leur travail.
Ils définissent un travail utile comme un travail qui sert l'intérêt général (65%), qui améliore
la vie des gens (54%) et qui permet de changer les choses (40%). Au-delà de simplement
exercer une activité qui leur permettra d'obtenir un salaire, les jeunes générations
d'aujourd'hui sont donc de plus en plus à la recherche de sens dans leur travail (Tricomot,
2015). Ainsi, ces éléments contextuels ont eu pour effet un renforcement de l'intérêt porté aux
formes alternatives de l'économie. Permettre l'atteinte des objectifs économiques tout en
répondant aux besoins sociaux tel est le défi auquel tente de répondre le secteur de l'ESS.
Reconnue en France par la loi du 31 juillet 2014, 1 ' ESS regroupe un ensemble de structures
qui partagent une vision d'utilité sociale plus que la recherche d'un gain. Elle rassemble des
personnes autour de valeurs de démocratie et de solidarité. (Pinville, 2016). Ce modèle de
développement économique correspond à une nouvelle façon de faire de l'économie, qui
n'aurait pas pour but de réaliser du profit, mais de satisfaire les besoins de la société. Dans ces
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structures, l'humain passe avant le profit et 1' efficacité économique est mise au service de
1'intérêt général.
Si cette envie de passer à l'action est bien présente chez les jeunes, ils restent peu nombreux à
savoir comment sauter le pas. Selon une étude menée par 1'agence pour la valorisation des
initiatives socio-économiqu e (AVISE) en 2014, l' intégration des jeunes dans les structures de
l'ESS, est, freiné par la méconnaissance du secteur, ils sont 87% à ne pas connaître les
opportunités professionnelles potentielles de l'ESS et les dispositifs de sensibilisation
existants (A vise, 2014 ). De plus, les structures de l'économie sociale restent peu connues et
reconnues pour leurs spécificités aux yeux du grand public, malgré des efforts ces dernières
années (Sibieude, 2007). Cette faible visibilité s'explique entre autres par le fait que ces
organisations, qu'elles relèvent de la sphère marchande ou non marchande; ne se distinguent
pas toujours de manière évidente des autres acteurs économiques et sociaux, sociétés de
capitaux ou organisations publiques (Frémeaux, 2012). Enfin selon les auteurs Brouard et al
(2011), les entrepreneurs sociaux doivent posséder les compétences techniques des cadres de
l’économie à but lucratif et simultanément maîtriser des problématiques sociales et le manque
général de culture entrepreneuriale et de formation spécifique aux entreprises sociales
représente un frein à son développement.
Les formations dédiées à 1' économie sociale et solidaire et à 1' entrepreneuriat social
foisonnent dans les universités et les grandes écoles. Les écoles de gestion les mieux cotées au
monde (Columbia, Harvard, New York University, Oxford, Stanford, etc.) offrent aujourd’hui
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des spécialisations en entrepreneuriat social dans leurs programmes et organisent des
conférences sur le sujet (Janssen et al., 2012). En France, c'est l'école supérieure des sciences
économiques et commerciales (ESSEC) qui a été pionnière dans ce domaine avec la création
de la chaire « entrepreneuriat social » en 2003. HEC a suivi et peu après de nombreuses
écoles de commerce, universités et Instituts d'études politiques ont emboîté le pas des
formations spécialisées dans 1' entrepreneuriat social (Barthélémy et Slitine, 2014).
Historiquement, 1' économie sociale regroupe des entreprises qui ont commencé à inventer en
France et en Europe des solutions économiques à vocation sociale il y a plus d'un siècle
(Barthélémy et Slitine, 2014). Ce n'est que plus tardivement que les concepts d'entrepreneuriat
social et d'entrepreneur social sont apparus. Les premières structures de l'économie sociale
étaient constituées des sociétés de secours mutuel qui visent à prendre en charge
collectivement des besoins vitaux que leurs membres n’étaient pas capables de se procurer
individuellement. Vinrent ensuite les premières coopératives de consommation, puis de
production et de crédit. C'est en 1886 que Charles Gide, théoricien du mouvement coopératif
français, développe le concept d'économie sociale fondée sur la solidarité, mais ce n’est qu'à
la fin des années 70 que ce concept fut redécouvert (Barthélémy et Slitine, 2014).
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L'ESS est particulièrement présente dans le domaine des services (secteur tertiaire). Cette
présence plus marquée résulte souvent d’un poids relatif plus faible du secteur public et du
secteur marchand et du rôle pionnier qu' ont joué les organisations d' ESS, inventant de
nouvelles activités et même de nouveaux métiers (Balaudé et Baillat, 2015). L'économie
sociale et solidaire rassemble les organisations ou entreprises sous statuts : d'associations,
coopératives, mutuelles, et fondations. Associations et fondations interviennent surtout dans
l'action sociale, la santé et 1' enseignement. Les coopératives sont quant à elles, des acteurs
essentiels de la banque et de la filière agroalimentaire. Elles prolongent parfois leur activité
avec des filiales situées hors de l'économie sociale.· Les mutuelles concentrent leurs
interventions dans les complémentaires santé et 1'assurance des biens et des personnes
(Bisault et Deroyon, 2014).
1. définition générale
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Il est à noter que l'origine géographique des chercheurs semble exercer une influence sur
l'approche de ces derniers concernant l'entrepreneuriat social en raison entre autres des
conceptions différentes du capitalisme et du rôle du gouvernement (Bacq et Janssen, 2011).
Ainsi, c'est en Europe et aux États-Unis que les travaux de recherche en entrepreneuriat social
sont les plus avancés. Cependant, pendant près de dix ans, ils se sont développés de manière
parallèle sans réelle interaction entre les deux régions (Defourny et Nyssens, 201 O).Nous
traitons dans les sections qui suivent des deux principaux modèles de pensée qui dominent la
littérature sur 1' entrepreneuriat social d ' aujourd'hui, soit le modèle américain et le modèle
européen.
A. le modèle américain
L'entrepreneuriat social émerge aux États-Unis durant les années 80. Deux séries
d'évènements sont alors à 1 'origine du développement du concept. Premièrement, la réduction
des financements publics a obligé les organisations à but non lucratif à rechercher de
nouvelles ressources, soit en se tournant vers des organismes philanthropiques, soit en
développant des activités commerciales (Eikenberry et Kluver, 2004). Deuxièmement, le
lancement en 1993 de l'initiative entreprise sociale par la Harvard Business School et la
création de programmes de formation et de soutien à l'entrepreneuriat social par d'autres
grandes universités (Columbia, Berkeley) et fondations comme l'organisation Ashoka, fondée
par Bill Drayton en 1981, ou le Center for Social Innovation, créé à 1 'Université de Stanford
en 1999 ont également contribué à son essor aux États-Unis et par la suite dans le monde
(Defoumy et Nyssens, 201 0).
B. Le modèle européen
Pour comprendre le développement du modèle européen, il est nécessaire de revenir sur les
raisons qui ont favorisé son émergence. En Europe, depuis les années 70, une transformation
de l'État providence s'est opérée dans les pays industrialisés. Ces changements ont entre autres
entraîné une baisse constante des budgets alloués à 1'action sociale. Ce désengagement
étatique a eu pour effet de réduire le pouvoir d'action des organismes sociaux et donc
d'augmenter les besoins sociaux (Barthélémy et Slitine, 2014). Cette période pointe également
du doigt les faiblesses des mécanismes du marché qui ont échoué à satisfaire les besoins de
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l'ensemble de la population. La crise du modèle de l'État providence (en termes de budget,
d'efficacité et de légitimité) a conduit les pouvoirs publics à laisser à l'initiative privée des
réponses qu'ils auraient souvent organisées eux-mêmes si la conjoncture avait été celle des
trente glorieuses. La majorité des États membres de l'Union européenne ont connu, à différent
niveau, la même tendance (Defourny et Mertens, 2008). Ce contexte a été favorable à un
développement progressif d'un tiers secteur composé d'organisations qui n'appartiennent ni au
secteur privé classique ni au secteur public et qui aurait pour finalité de satisfaire les besoins
non couverts par le marché.
3. l’entreprise sociale
Selon l'approche développée par l’EMES (voir Tableau 2.1) l'entreprise sociale poursuit une
diversité d'objectifs : sociaux (liés à la mission principale d'une entreprise sociale qui est de
servir la communauté), économiques (liés à l'activité entrepreneuriale de l'organisation) et
sociopolitiques (liés, à la recherche de plus de démocratie dans la sphère économique)
(Nyssens, 2007). Les organes de décision (assemblée générale, conseil d ' administration) des
entreprises sociales sont caractérisés par une grande diversité de parties prenantes à 1'
organisation. Ainsi, bénévoles, usagers, donateurs, travailleurs, financeurs publics ou
investisseurs privés peuvent être considérés comme parties prenantes selon le format de 1'
organisation. La perspective de l'entreprise sociale telle que décrite par l'EMES insiste sur la
dimension collective contrairement à l'approche américaine qui place la figure de
1'entrepreneur social au premier plan.
Mais d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, les définitions établies s'accordent à dire que 1'
entrepreneuriat social a pour finalité 1'exploitation d'opportunités dans le but d'opérer un
changement concernant un problème social ou environnemental. La rentabilité financière
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représente simplement un moyen d'atteindre cet objectif (Dacin et al., 201 0). L'exploitation
de ces opportunités s'opère par des individus appelés entrepreneurs sociaux.
4. l’entrepreneur social
Un des pionniers à avoir énoncé une définition de l'entrepreneur social fut le fondateur de l'un
des premiers réseaux mondiaux d'entrepreneur sociaux et membre de l'école de pensée
américaine de l'innovation Bill Drayton : « C'est un individu qui met ses qualités
entrepreneuriales au service de la résolution d'un problème sociétal à grande échelle»
(Brossard, 2009). Afin de bien comprendre la spécificité de l'entrepreneur social, il convient
de le comparer à l'entrepreneur classique. Selon l'économiste Joseph Schumpeter,
«L'entrepreneur est un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont 1'énergie est
suffisante pour bousculer la propension à la routine et réaliser des innovations ». Schumpeter
insiste sur la composante d'innovation. Au-delà d'être l'inventeur ou l'apporteur de capitaux,
l'entrepreneur est celui qui met en œuvre de nouvelles combinaisons pour apporter un
changement (Schumpeter, 1990). L'innovation est utilisée par l'entrepreneur dans le but de
mobiliser les ressources dont il dispose afin d'atteindre des objectifs (Brouard et al., 2010).
L'importance de l'innovation est également soulignée dans le secteur de l'entrepreneuriat
social.
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Entrepreneur social Entrepreneur commercial
Mission sociale Centrale Périphérique
Création de valeur Parallèle à la réalisation de Centrale
la mission ; vise l’autonomie
financière Maximisation du profit
Vision A Long terme A court terme
Agent de changement Innove pour répondre aux Innove pour le
besoins sociaux développement économique
Bénéfices Le profit est un moyen Le profit une fin
Opportunité Exploite l’opportunité de Exploite l’opportunité
progrès social d’affaire sur un marché
Source (Brossard, 2009)
1. présentation
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4) un nombre croissant d’ONG qui se disputent les financements de plus en plus réduits
apportés par les donateurs et le besoin d’adopter des modèles durables générateurs de
revenus.
5) un secteur privé de plus en plus conscient de l’importance de l’impact social pour
restaurer la confiance du public et améliorer son image ;
6) la liberté de fonctionnement accrue des entreprises privées, jusqu’alors étroitement
réglementées par l’État, liée à l’aplanissement des obstacles traditionnels à leur entrée
sur le marché.
Malgré le développement de l’écosystème des ES, aucune donnée systématique n’existe sur
ces entreprises tunisiennes. L’un des principaux problèmes dans ce domaine est lié à
l’absence de définition universelle des ES en Tunisie. Le terme « entreprise sociale » couvre
des pratiques hétérogènes et des modalités organisationnelles allant des entreprises classiques
sans but lucratif aux entreprises classiques à but lucratif. La majorité des institutions qui se
définissent comme des ES sont des ONG exerçant des activités génératrices de revenus.
Bien que les ES créent moins d’emplois que les autres entreprises, connaissent une croissance
plus lente et se développent rarement à l’échelle nationale ou mondiale, elles emploient une
part beaucoup plus importante de personnes souvent exclues du marché du travail : jeunes,
femmes, handicapés, et communautés rurales ou à faible revenu où le chômage est souvent
élevé. Les ES contribuent également à intégrer les travailleurs clandestins dans l’économie
formelle. Bien qu’elles puissent rarement rivaliser avec le secteur commercial au niveau des
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salaires, elles offrent des emplois durables et de haute qualité souvent assortis d’avantages,
tels qu’une formation en cours d’emploi.
Les ES sont souvent intégrées dans les collectivités locales et œuvrent au renforcement de
leurs capacités, des marchés locaux et de la compétitivité des économies locales. Elles
contribuent à la création de chaînes de valeur ouvertes, à l’optimisation des circuits de
distribution et à la promotion de l’innovation au niveau local. Les modèles économiques des
ES sont souvent ancrés dans le patrimoine culturel et social des communautés, et contribuent
à la dignité des populations autochtones et à la création de moyens de subsistance durables.
En Tunisie, les ES sont particulièrement actives dans les secteurs tels que la culture et
l’écotourisme, l’artisanat et la médecine traditionnelle, qui sont susceptibles de revitaliser les
communautés rurales. En stimulant les facteurs locaux favorisant l’entrepreneuriat et la
créativité, les ES pourraient contribuer à une croissance durable et solidaire et accroître la
résistance aux chocs économiques extérieurs.
Selon une étude menée par la banque mondiale (2016) les principales conclusions sont les
suivantes :
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• Maturité : Le secteur des ES est relativement jeune en Tunisie. La majorité des ES
ont été créées après 2011, et 25 % depuis moins de deux ans. La plus ancienne ES de
la base de données, La Ferme Thérapeutique pour Handicapés, à Ariana, a été fondée
en 2008.
• Répartition régionale : La région de Tunis est le principal centre du pays, mais leur
aire de répartition est vaste et comprend les régions intérieures, telles que Sidi Bouzid,
Médenine (dans le sud-est) et Jendouba (dans le nord-ouest). Il va de soi que les ES
des régions rurales sont davantage axées sur l’agriculture, la subsistance,
l’écotourisme et l’artisanat.
• Innovation : Les activités des ES sont généralement caractérisées par l’innovation sur
le plan des services. Ces innovations comblent un vide dans la prestation des services
(par exemple, aide aux personnes âgées), en améliorant l’efficacité des services (par
exemple, entreprise de recyclage des déchets recourant aux acteurs du secteur informel
de l’économie) ou leur couverture des zones reculées (par exemple, soins de santé).
Parmi d’autres exemples d’innovation des ES tunisiennes, citons : l’établissement de
coopératives citoyennes d’achat, la mise en réseau de jeunes entreprises, la création de
moyens de subsistance à petite échelle, et la formation et le transport des groupes
vulnérables.
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populations mal desservies (diagnostic sanitaire) et transformer des problèmes graves
d’environnement en opportunités.
• Collaboration avec l’État : Certaines ES participent à la fourniture de services
municipaux. Dans le domaine de la gestion des déchets solides, plusieurs ES
collaborent ainsi avec les municipalités à la collecte des déchets. Leur relation avec les
collectivités locales n’a toutefois pas encore de caractère officiel. Les accords officiels
entre les entrepreneurs sociaux et les municipalités restent rares.
4. politique de l’état
• Le contrat signé par l’État tunisien annonçant la construction d’une économie solidaire
et intégrée promouvant la reprise économique et le développement des possibilités
d’emploi. Ce contrat vise à améliorer la conjoncture économique, l’investissement,
l’innovation, l’entrepreneuriat et la création d’entreprises durables, à haute valeur
ajoutée, compétitives et porteuses d’emplois. Il fait également référence au
renforcement du rôle des sociétés mutuelles pour réduire les inégalités sociales.
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l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA), l’Union Tunisienne de
l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) et les principaux partis politiques.
La concertation lancée par l’État tunisien sur les ES regroupe l’UGTT et les autres principales
parties concernées, y compris les incubateurs d’ES. Début 2016, l’UGTT a préparé un projet
de loi définissant les principes des entreprises sociales :
• Gestion démocratique
• Traitement équitable des employés
• Indépendance vis-à-vis de l’État
5. Cadre juridique
Ce projet de loi a été élaboré par un groupe d’experts, il a été adopté par l’assemblée
représentative du peuple tunisien en Juin 2020 son utilité et son impact dépendront des
mécanismes de mise en œuvre, notamment de la création et du fonctionnement d’un organe
d’accréditation, de la clarté et de l’application effective du statut juridique, et de la pertinence
des mesures de lutte contre l’opportunisme des entrepreneurs avides de profit qui désirent
obtenir le statut d’ES pour minimiser leurs contributions fiscales. (voir annexe)
6. financement
Les ES qui ont atteint la phase de croissance se tournent généralement vers les banques
commerciales. Mais en Tunisie, les institutions financières traditionnelles hésitent à prêter aux
ES en raison du risque associé à leur faible marge bénéficiaire et à leur structure de
gouvernance participative.
L’infrastructure matérielle est généralement bonne en Tunisie et ne représente pas une entrave
aux activités des ES.
Le niveau général d’instruction est élevé sur le plan de la quantité, mais la qualité pose
problème, notamment le manque de compétences pratiques des récents diplômés
universitaires. La culture entrepreneuriale est généralement limitée et peu d’idées se
matérialisent sous la forme d’ES de qualité. Qui plus est, le marché du travail tunisien manque
de cadres qualifiés, ce qui pose problème aux ES pendant leur phase de croissance car elles ne
peuvent pas offrir les mêmes salaires que les entreprises à but lucratif.
Mais le nombre de diplômés employés par des ES ou créant leur propre ES est inconnu.
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8. conclusion
Bien que les ES soient promises à devenir des vecteurs importants du développement social et
économique, d’importants obstacles devront être confrontés pour qu’elles puissent atteindre
leur plein potentiel. Et si leur nombre augmente en Tunisie, leur stade de développement est
encore précoce. La majorité des ES tunisiennes sont toujours au stade de conception ou
d’expérimentation, et rares sont celles à avoir atteint une taille raisonnable. Les ES recensées
ont noué des partenariats relativement peu développés, y compris avec l’État, et ne recourent
pas suffisamment à l’innovation et à la technologie. Ces conclusions sont confirmées par les
parties concernées, qui notent le manque de projets d’ES « vendables » et attrayants pour les
investisseurs.
Pour que les pouvoirs publics réalisent le plein potentiel des ES, il est essentiel que leur
nombre et leur taille augmentent. Cela suppose de réduire les obstacles à leur création et à leur
croissance, qui dépendent en partie de l’appareil gouvernemental.
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