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Journal of Integrated Studies In Economics, Law, Technical Sciences & Communication JIS.
ELSC Issue 1-November 2020
LA CRISE DU COVID19 EN AFRIQUE :

IMPACT ECONOMIQUE DE LA PANDEMIE AU MAROC,
STRATEGIE ET ENSEIGNEMENTS
OUZIAME Karima
Doctorante en 3ème année- FSJES-Souissi
Université Mohammed V-Rabat
E-mail : [email protected]
Résumé :
L’impact de la crise du Covid19 sur le plan sanitaire et économique a été bien notable dans tous les pays du
monde. Le continent africain, malgré qu’il est moins touché par la pandémie, n’a pas fait exception.
L’Afrique s’est trouvée confrontée à un ensemble de défis sanitaires, et son économie basculée par les
répercussions néfastes de la crise.
Au Maroc, la pandémie reste pour le moment maîtrisée ainsi que son impact économique. Le Royaume a
rapidement adopté des mesures drastiques pour contrer la propagation de l’épidémie et cerner ses
conséquences socio-économiques. Ainsi, la stratégie de riposte économique du pays s’est caractérisée par
la mise en place d’une série d’actions, visant à soutenir les entreprises et les ménages et à prémunir
l’économie marocaine de l’impact du choc externe.
Certes, la crise pandémique du Covid19 a soulevé des enjeux complexes sur le plan national et continental,
mais elle a permis de tirer un ensemble d’enseignements qui constituent une véritable opportunité pour le
développement futur de l’économie marocaine et l’évolution du continent africain.
Mots clés:
Crise du covid19, Afrique, Maroc, impact économique, stratégie, enseignements.
Abstract:
The health and economic impact of the Covid19 crisis has been very notable in all countries of the world.
The African continent, even though it is less affected by the pandemic, didn’t make exception. Africa has
faced a range of health challenges, and its economy has been overbalanced by the harmful repercussions
of the crisis.
In Morocco, the pandemic remains for the moment controlled as well as its economic impact. The
Kingdom quickly adopted drastic measures to counter the spread of the epidemic and to surround its
socioeconomic consequences. Thus, the country's economic response strategy was characterized by the
implementation of a series of actions aimed at supporting firms and households and protecting the
Moroccan economy from the impact of the external shock.
Although the Covid19 crisis raised complex stakes at the national and continental levels, it has allowed to
draw a set of lessons which constitute a real opportunity for the future development of the Moroccan
economy and the evolution of the African continent.
‫ملخص‬
1
Journal of Integrated Studies In Economics, Law, Technical Sciences & Communication JIS.ELSC Issue 1-November 2020
‫ لم تشكل‬، ‫ القارة األفريقية‬.‫ تأثير ملحوظ على املستوى الصحي واالقتصادي في جميع دول العالم‬19‫كان ألزمة كوفيد‬
‫ كما تعرض‬، ‫ لقد وجدت أفريقيا أمامها مجموعة من التحديات الصحية‬. ‫استثناء على الرغم من كونها أقل تأثرا بالوباء‬ ً
. ‫اقتصادها للتداعيات السلبية لألزمة‬
‫ لقد اتخذت اململكة بشكل سريع تدابير‬.‫ ال يزال الوباء وكذا تأثيره االقتصادي تحت السيطرة في الوقت الراهن‬، ‫في املغرب‬
‫ فقد اتسمت استراتيجية االستجابة‬، ‫ وعليه‬.‫صارمة ملواجهة انتشار الوباء والحد من عواقبه االجتماعية واالقتصادية‬
‫االقتصادية للبالد بتنفيذ سلسلة من اإلجراءات التي تهدف إلى دعم املقاوالت واألسر وحماية االقتصاد املغربي من تأثير‬
.‫الصدمة الخارجية‬
‫ إال أنها مكنت من استخالص‬، ‫بالرغم من أن أزمة جائحة كوفيد طرحت رهانات صعبة على املستويين الوطني والقاري‬
.‫مجموعة من الدروس التي تشكل فرصة حقيقية للتنمية املستقبلية لالقتصاد املغربي وكذا تطور القارة األفريقية‬
Introduction :
Le monde est confronté à une situation sans précédent suite à
l’avènement de la pandémie Covid19. Il s’agit d’une crise sanitaire
avec des effets économiques et sociaux désastreux.
Le continent africain est moins impacté que le reste du monde,
mais affronte lui aussi un ensemble de défis sur le plan sanitaire pour
limiter la propagation du Covid19. Le déclenchement du Covid19 a
compromis des pays aux capacités sanitaires développées, l’Afrique,
dont les systèmes de santé sont parmi les moins développés et les plus
faibles du monde, ne fait pas exception.
Aux défis sanitaires, s’ajoute aussi les répercussions néfastes de
cette crise sur les économies des pays africains.
Le Maroc n’a malheureusement pas échappé au coronavirus, et
son impact sur l’économie du pays a été considérable. La crise a
affecté entre autres l’activité des entreprises, des ménages et les
échanges extérieurs.
Conscient de l’ampleur des répercussions socio-économiques de
la crise du Covid19, l’Etat a mobilisé l’ensemble de son appareil pour
faire face à la pandémie du coronavirus, protéger les citoyens et
préserver l’économie du pays. Sous l’égide de Sa Majesté Le Roi
Mohammed VI, les structures de l’Etat ont agit, dans un cadre
harmonisé et coordonné, pour concevoir les mesures de riposte
nécessaires et assurer leur mise en place effective.
Le présent article vise ainsi à démonter l’ampleur des
répercussions de la crise sur l’économie des pays africains en général
et sur l’économie marocaine en particulier, à dévoiler la stratégie du
2
Maroc adoptée face à l’impact économique du Covid19, et à mettre en

lumière les principaux enseignements qui en découlent.
1. Problématique :
La pandémie du Covid19 constitue un des plus grands défis
auxquels le monde est actuellement confronté. Cette crise du Covid19
qui s'est propagée dans le monde entier a engendré un ensemble de
répercussions notamment sur le plan économique et social.
L’Afrique qui était relativement épargnée par la pandémie, a
connu à partir du mois de juin 2020 une accélération de la
propagation du virus, ceci a mis en avant les fragilités caractérisant
les systèmes de santé en Afrique qui demeurent parmi les plus faibles
au monde.
L’impact de la crise du Covid19 était également notable sur les
économies africaines. Plusieurs secteurs ont été touchés (commerce,
tourisme, exportations, importations, etc.) suite à la politique de
confinement et aux freins imposés à la circulation au niveau mondial.
La crise avait de même ses retentissements sur l’emploi, l’activité des
entreprises et la vie des ménages.
Le Maroc figure parmi les pays africains relativement peu
touchés par la pandémie du Covid19, toutefois son économie a été
fortement impactée. La crise a entrainé un ralentissement ou une
cessation de l’activité de plusieurs entreprises. Ceci avait des effets
drastiques en termes de perte d’emplois et de baisse de la demande
des ménages en biens et services (baisse de la consommation
nationale). De même, les restrictions adoptées par la majorité des pays
à l’échelle internationale avaient des répercussions indéniables sur
l’investissement et les échanges extérieurs.
L’ampleur de l’impact économique de la crise du Covid19 a
dévoilé ainsi un ensemble de failles et de défaillances qui
compromettent l’évolution de l’économie marocaine et qui
interpellent un changement de paradigme quant au modèle de
développement du pays.
Ces constats amènent à se poser trois grands questionnements:
Quels sont les principaux aspects de l’impact économique de la
crise du Covid19 en Afrique et au Maroc ? Comment se présente la
3
stratégie de riposte économique du Maroc? et quels enseignements

peuvent être tirés sur le plan national et continental?
Pour répondre à ces questionnements, cet article présente dans un
premier temps, la situation en Afrique et l’impact économique de la
pandémie au niveau du continent, puis traite dans un second temps
l’impact économique de la crise du Covid19 au Maroc ainsi que la
stratégie de riposte économique du pays. L’article s’achève par la
présentation d’un ensemble d’enseignements issus de l’impact de
cette crise à l’échelle nationale et continentale.
L’objectif du présent article consiste ainsi à mettre en exergue
l’impact de la crise du Covid19 en Afrique et au Maroc notamment
sur le plan économique, de déceler la stratégie de riposte économique
adoptée au Maroc, et de présenter un ensemble d’enseignements
quant aux dispositions nécessaires pour l’affermissement de
l’économie marocaine et le développement du continent Africain.
2. Méthodologie de recherche :
La méthodologie de recherche poursuivie dans cet article est
basée sur une revue de littérature théorique et empirique. Dans ce
sens, un travail de recherche bibliographique approfondie a été
réalisé, qui a articulé aussi bien une collecte d’informations à partir de
documents divers (études officielles d’institutions, ouvrages, revues,
articles de presses, études statistiques,…) qu’une une recension des
écrits pertinents en lien avec la problématique et l’objectif de la
recherche.
La rédaction a été menée à travers une démarche rigoureuse suite
à un travail de réflexion, de formulation et d’ordonnancement des
données analysées conformément à un plan bien déterminé, qui
comporte trois grands volets (l’impact économique de la crise du
Covid19 en Afrique et au Maroc ; la stratégie de riposte économique
du Maroc ; les enseignements tirés) correspondants aux questions de
recherche précitées.
4
3. Revue de littérature:
3.1. L’Afrique face au Covid19 : un ensemble de défis à relever sur le
plan sanitaire et économique
La situation de la pandémie dans les différents pays du monde est
très disparate, si certains sont arrivés à contenir sa propagation,
d’autres sont toujours en quête de sa maitrise.
L’Afrique est relativement épargnée par la pandémie du
Covid19, le nombre de cas positifs enregistrés reste faible par rapport
aux autres régions du monde1. Cet écart peut s’expliquer par l’âge
moyen de la population africaine, le plus bas à l’échelle mondiale,
ainsi que par des facteurs climatiques, bien que cette hypothèse ait
déjà été remise en question par plusieurs experts2.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé pour l'Afrique, l'action
rapide et précoce des pays africains a contribué à maintenir les
chiffres à un niveau bas, mais une vigilance constante est nécessaire
pour limiter la propagation accélérée du Covid-19.
En fait, selon les chiffres, le continent a enregistré jusqu’en mois
de mai environ 100.000 cas cumulés (75 cas/million d’habitants) et
3.100 décès (2,3 décès/million habitants)3. En juin, près de 250.000
cas ont été confirmés, dont plus de 6000 décès4, reflétant ainsi
l'accélération de la propagation du virus en Afrique. Les pays qui
enregistrent le plus de cas sont l’Afrique du Sud (70038), l’Egypte
(44598), le Nigeria (16085), le Ghana (16085) et l’Algérie (10919)5.
3.1.1. L’Afrique confrontée à certaines faiblesses sur le plan
sanitaire :
Pour la plupart des pays Africains, l’impact actuel du virus est
limité. Mais, les grands pays africains (Nigeria, Egypte, Afrique du
Sud) enregistrent généralement une progression moyenne assez
1
Mo Ibrahim Foundation, Le COVID-19 en Afrique, données et analyse de la Fondation Mo
Ibrahim, 30 mars 2020.
2
Ibid.
3
Haut Commissariat au Plan (HCP), Approche par un benchmark de la situation de la
pandémie Covid-19 au Maroc, Situation au 22 Mai 2020, Maroc.
4
Ministère de la santé Maroc. Bulletin épidémiologique Covid-19, Numéro 7 du 17 juin
2020.
5
Ibid.
5
élevée, ce qui indique à des degrés divers, une faible maitrise de

l’évolution de la maladie6.
En effet, il convient de signaler que les systèmes de santé des pays
africains sont plus faibles que ceux des autres régions du monde, avec
moins de lits d’hôpital, d’unités de soins intensifs et de professionnels de
santé qu’ailleurs7.
Également, malgré que 43 pays sont en mesure de proposer des
tests de dépistage du Covid19, il n’en demeure pas moins que les pays
africains sont généralement peu préparés pour assurer un dépistage
efficace aux points d’entrée, ainsi qu’assumer le suivi des voyageurs
et la prise en charge des personnes contaminées. Renforcer et
améliorer ces procédures s’avère indispensable pour limiter la
propagation du virus8.
Concernant les données relatives aux structures sanitaires, elles
restent parcellaires et fragiles reflétant ainsi une faible capacité à
produire des données actualisées, cruciale en cas d’urgence sanitaire.
Cependant, l’existence de statistiques robustes et d’instituts nationaux
de statistiques autonomes est un fondement essentiel pour toute
décision politique qui se veut efficace, notamment en matière de
santé9.
3.1.2. L’Afrique et l’impact économique de la crise du
Covid19 :
Sur le plan économique, la croissance économique de l’Afrique
pourrait baisser de 3,2 % à 1,8 % selon les prévisions de la
Commission économique pour l’Afrique (CEA). Il est estimé ainsi
que, dans le meilleur des cas, la croissance moyenne du PIB africain
diminuera de 1,4 point de pourcentage, passant de 3,2 % à 1,8 %.
Dans le pire des cas, le taux de contraction de l’économie africaine
pourrait se chiffrer à 2,6 % en 202010.
6
7
Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique (CEA), Le COVID-19 en Afrique :
Sauver des vies et l’économie, 17 Avril 2020.
8
Mo Ibrahim Foundation, Le COVID-19 en Afrique, op.cit.
9
Ibid.
10
Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique (CEA), op.cit.
6
Figure1 : baisse attendue de la croissance due à l’impact du Covid-19,

estimations de la CEA
Si cette situation ne fait pas l’objet d’une réponse collective et

organisée, la croissance économique et les progrès enregistrés au
cours de ces dernières années, notamment en matière de lutte contre la
pauvreté, risquent d’être anéantis. De surcroit, cela pourrait mettre à
l’épreuve les systèmes institutionnels, déjà fragiles, de certains pays,
et alimenter une recrudescence de conflits et d’instabilité11.
La crise du Covid19 avait ses répercussions sur les économies
africaines avec un impact notable notamment sur le commerce, qui
figure en tête des secteurs les plus touchés. En effet, il est à souligner
que 51% des exportations africaines sont destinés aux pays qui sont
très touchés par la crise déclenchée par le Covid-19 à savoir, l’Union
européenne, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Ces pays
sont les quatre grands importateurs des exportations africaines12.
Le secteur du tourisme est également l’un des secteurs les plus
touchés, car les flux touristiques avaient considérablement diminué
suite au confinement et aux freins imposés à la circulation au niveau
mondial. Sous l’effet de la tendance à la baisse des voyages, les
compagnies aériennes se trouvent confrontées à de nombreux
problèmes dont notamment la baisse de leurs ressources financières 13.
En outre, l’importation des produits importants particulièrement
les médicaments, constitue un enjeu de taille pour l’Afrique surtout en
cas de persistance de la pandémie. En fait, le continent importe 94%
11
Mo Ibrahim Foundation, Le COVID-19 en Afrique, op.cit.
12
Hussein Khaled, Covid-19 en Afrique: l’analyse de la Commission économique pour
l’Afrique, 15 avril 2020, in"LesEco.ma", consulté le 23 mai 2020
13
Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique, Le COVID-19 en Afrique :
Sauver des vies et l’économie, Avril 2020.
7
de ses besoins en médicaments dont 75% proviennent de l’Europe, de

l’Inde et de la Chine14.
Egalement, l’impact économique du Covid19 sur les villes
africaines risque d’être sévère en raison de la forte baisse de la
productivité, des emplois et des revenus. Selon la Commission
économique pour l’Afrique (CEA), les effets de Covid19 sur l’emploi
sont susceptibles d’être graves dans les zones urbaines. En fait, les
entreprises et les commerces des villes africaines sont très vulnérables
aux effets du Covid19, en particulier les petites et moyennes
entreprises (PME) qui représentent 80% des emplois en Afrique. De
même, les retentissements de la crise sur les secteurs urbains de
l’économie (fabrication et services) qui représentent actuellement
64% du PIB en Afrique, entraîneront des pertes substantielles
d’emplois productifs.15
Face à l’impact économique de la pandémie, des mesures
d’accompagnement économique et social ont été révélées. En effet,
les gouvernements et les collectivités territoriales ont affirmé leur
volonté de concevoir et d’exécuter des plans de résilience
économique et sociale par le biais de divers mécanismes de protection
des entreprises, des travailleurs et des ménages. Par ailleurs, étant
donné que la majorité de la population en Afrique évolue dans le
secteur informel16, la performance des politiques adoptées est
conditionnée principalement par la capacité des Etats à assurer les
besoins essentiels des populations vulnérables.
3.2. Le Maroc face au Covid19 : impact économique de la pandémie et
stratégie mise en place
Le Maroc est considéré parmi les pays relativement peu touchés
par la pandémie du Covid19, et qui sont en quête de la maitrise de sa
propagation17. Les chiffres enregistrés sont très en deçà des niveaux
14
Hussein Khaled, Covid-19 en Afrique, op.cit.
15 Nations Unies, Commission économique pour l’Afrique (CEA), L’impact économique de Covid-19 sur les villes africaines, 14 avril
2020.
16
Ridde Valéry et Ba Mame Penda. La pandémie du Covid-19 vue d’Afrique. AOC. Analyse,
Opinion, Critique, 2020.
17
8
enregistrés dans les pays les plus durement touchés comme les Etats-
Unis, l’Italie, l’Espagne ou la France18.
3.2.1. L’impact économique du Covid19 au Maroc :
Le confinement débuté le 20 mars dans le cadre de l’état
d’urgence sanitaire au Maroc, a fortement pesé sur l’économie
marocaine. Cette dernière s’est retrouvée partiellement à l’arrêt avec
d’importants coûts économiques à couvrir.
La crise avait des impacts économiques considérables notamment
sur l’offre et la demande, et les échanges extérieurs.
3.2.1.1. Impacts sur l’offre et la demande :
Au niveau de l’offre, le Maroc est affecté par la rupture ou le fort
ralentissement des chaînes de valeurs, du fait de problèmes de
trésorerie, du recul de la demande et de la faillite de certaines TPME
(Très Petites Entreprise et PME). S’agissant de la demande, la
cessation ou le ralentissement de l’activité a engendré la perte de
certains emplois (notamment dans les services) et donc de revenus,
entrainant ainsi un recul de la consommation nationale19.
Cette situation critique au niveau de l’offre et la demande est due
essentiellement à l’impact manifeste de la crise Covid 19 sur l’activité
des entreprises au Maroc. En effet, suite à la crise, plusieurs
entreprises marocaines ont fermé ou réduit drastiquement leurs
activités.20
Au début d’avril, près de 142000 entreprises, soit 57% de
l’ensemble des entreprises, ont déclaré avoir arrêté définitivement ou
temporairement leurs activités. Sur ce total, plus de 135000
entreprises ont dû suspendre temporairement leurs activités tandis que
6300 ont cessé leurs activités de manière définitive. Par catégorie
d’entreprises, les TPE (très petites entreprises) représentent 72%, les
PME (petites et moyennes entreprises) 26% et les GE (grandes
18
Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc, Conjoncture, Edition spéciale :
le Maroc face à l’épidémie de Covid19, N° 1024, 15 avril - 15 mai 2020.
19
Ait Ali Abdelaaziz, Bassou Abdelhak, Dryef M’hammed, et al. La stratégie du maroc face
au Covid19. Avril 2020.
20
Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc, Conjoncture, Edition spéciale :
le Maroc face à l’épidémie de Covid19, op.cit.
9
entreprises) 2% des entreprises en arrêt d’activité de façon temporaire

ou défnitive21.
Les secteurs les plus touchés par cette crise sont l’hébergement et
la restauration avec 89% d’entreprises en arrêt, les industries textiles
et du cuir et les industries métalliques et mécaniques avec 76% et
73%, respectivement, ainsi que le secteur de la construction avec près
de 60% des entreprises en arrêt22.
Pour les entreprises qui continuent leurs activités (43% du total
des entreprises) malgré la crise sanitaire, la moitié d’entre elles
auraient dû réduire leur production pour s’adapter aux conditions
imposées par cette situation. 81% d’entre elles l’auraient réduite de 50
% ou plus23.
Les effets de la crise du Covid19 imposent ainsi aux entreprises
plus que jamais, l’exigence de faire évoluer leur capacité
d’adaptabilité, d’agilité et d’innovation, pour affronter cette crise et
assurer leur survie à long terme.
Par ailleurs, la rupture ou le ralentissement de l’activité des
entreprises a engendré des répercussions notables sur l’emploi. En
effet, 27% des entreprises auraient dû réduire temporairement ou
définitivement leurs effectifs. Les secteurs les plus touchés en termes
de réduction d’emplois seraient principalement les services avec
245000 postes de travail, soit 17,5% de l’emploi total de ce secteur,
suivi du secteur de l’industrie avec une réduction de 195000 postes,
ce qui représente 22% de la main-d’œuvre dans ce secteur24.
En perdant leur emploi, les ménages du secteur formel perdent
également leur principale source de revenus et rationnent, voire
baissent leur demande en biens et services.
Face à ce dilemme, l’Etat a mis à disposition des aides publiques
aux ménages pour perte d’emploi. Dans ce cadre, selon l’enquête
réalisée par le HCP, un ménage sur cinq (19%) a reçu une aide de
21
Haut Commissariat au Plan (HCP). Principaux résultats de l’enquête de conjoncture sur les
effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises, Avril 2020.Maroc
22
Ibid.
23
Ibid.
24
effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises, Avril 2020.Maroc
10
l’Etat pour compenser la perte d’emploi : 13% dans le cadre du

programme RAMED et 6% dans le cadre du programme d’aide aux
salariés formels (CNSS).25
3.2.1.2. Impacts sur les échanges extérieurs :
Le confinement et la suspension des liaisons aériennes ont mis à
l’arrêt le secteur touristique engendrant de ce fait un important recul
des transferts des marocains résidant à l’étranger, et une suspension
des entrées de devises. Ceci a accentué davantage le déséquilibre de la
balance courante marocaine, qui présente déjà habituellement un
déficit de 4 à 6 % du PIB.26
Egalement, la suspension des chaînes de valeurs internationales a
entraîné une régression de la demande internationale adressée aux
produits marocains, ainsi qu’un recul des investissements directs
étrangers (IDE).27
Par ailleurs, les restrictions adoptées par la majorité des pays à
l’échelle internationale avaient des répercussions indéniables sur les
entreprises exportatrices au Maroc. Près de 67% des entreprises
exportatrices auraient être impactées par la crise sanitaire. Une
entreprise sur 9 aurait arrêté définitivement son activité, 5 sur 9
entreprises auraient procédé à un arrêt temporaire alors qu’un tiers des
entreprises restent encore en activité mais elles auraient dû réduire
leur production28. Dans ce sens, il convient de noter que la production
des secteurs industriels exportateurs au Maroc a fortement diminué,
car ces secteurs ont été durement affectés par la crise du fait de leur
positionnement dans les chaînes de production mondiale (le continent
européen absorbe 66 % des exportations marocaines)29.
Ainsi, sur le plan des exportations, plusieurs secteurs de
l’économie marocaine ont été négativement impactés. Les plus
25
Haut Commissariat au Plan (HCP). Enquête sur l’impact du coronavirus sur la situation
économique, sociale et psychologique des ménages, Note de synthèse des principaux
résultats, Avril 2020.
26
Humbert-bouvier Cécile, La chronique économique, in Conjoncture, Edition spéciale : le
Maroc face à l’épidémie de Covid19, N° 1024, 15 avril - 15 mai 2020.
27
Ait Ali Abdelaaziz, Bassou Abdelhak, Dryef M’hammed, et al. La stratégie du maroc face
au Covid19. Avril 2020.
28
effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises, Avril 2020.
29
Humbert-bouvier Cécile, La chronique économique, in Conjoncture, op.cit.
11
touchés sont l’automobile et l’aéronautique, dont les ventes à

l’étranger ont reculé de 25,3 % et 19,2 %. Dans une moindre mesure,
les secteurs du textile et du cuir, des phosphates et dérivés et de
l’agriculture et agroalimentaire pâtissent également de la récession
globale, leurs exportations ayant diminué respectivement de 7,0 %,
4,9 % et 2,5%.30
Au niveau des importations, la crise a davantage pesé sur les
importations de biens d’équipement (-12,0 %) que sur les produits
finis de consommation (-3,2 %)31.
Une amélioration de la situation du commerce extérieur dépendra
certes de facteurs internes, mais restera majoritairement tributaire du
rebond des économies européennes, principaux débouchés des
exportations marocaines.
3.2.2. Stratégie du Maroc pour cerner l’impact économique
du Covid19:
Dès l’enregistrement du premier cas confirmé du Covid19 au
Maroc (le 2 Mars 2020), une série de mesures ont été instaurées
progressivement dont les principales sont la fermeture des frontières
et des écoles mais également un large confinement de la population
accompagné de règles de distanciation et d’hygiène.32
Figure 2 : calendrier des mesures adoptées au Maroc depuis mi-
février 2020 jusqu’au 24 avril
30
Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc, Conjoncture, Entreprises : prêtes
pour l’après covid19 ?, N° 1025, 15 mai - 15 juin 2020.
31
Ibid.
32
Haut Commissariat au Plan (HCP). Pandémie Covid-19 dans le contexte national, Situation
et scénarios, Mai 2020.
12
Source : Haut Commissariat au Plan (HCP). Pandémie Covid-19 dans le contexte national,
Situation et scénarios, Mai 2020.
En imposant très tôt ces mesures drastiques, le Royaume a su

anticiper l’impact sanitaire de cette pandémie. De remarquables
efforts ont été déployés en un temps record pour augmenter la
capacité d’accueil hospitalière ou encore pour sécuriser
l’approvisionnement en médicaments et en matériel médical de
première nécessité. Cette mobilisation exceptionnelle de l’Etat
marocain lui a même valu d’être cité en exemple à l’étranger.33
La stratégie du Maroc dans la lutte contre la pandémie s’est
caractérisée par l’adoption d’une série de mesures sur divers plans
(sanitaire, économique, social, etc.).
Sur le plan économique et face à l’impact de la crise du Covid19,
la stratégie de riposte a consisté en la mise en place d’un ensemble
d’actions visant à préserver l’économie du pays ainsi que d’apporter
les aides nécessaires pour accommoder les citoyens aux lourdes
conséquences économiques de la crise.
Les principaux axes de la stratégie du Maroc face à l’impact
économique du Covid19 se présentent ainsi comme suit :
- La création d’un Fonds spécial pour la gestion de la pandémie
Covid-19:
Il s’agit d’un dispositif exceptionnel qui a été créé à l’initiative de
Sa Majesté Le Roi Mohammed VI. Ce Fonds est alimenté par les dons
d’entités publiques et privées ainsi que les contributions des
particuliers.
L’emploi de ses ressources vise à prendre en charge l’urgence
sanitaire (mise à niveau du dispositif médical via l’achat de
médicaments, d’équipement médical et hospitalier, et le renforcement
des moyens de fonctionnement du ministère de la santé) et à financer
les mesures de soutien à l’économie nationale, de préservation des
emplois, et d’atténuation des répercussions sociales de la crise
(notamment indemnités chômage et aides de subsistance au secteur
33
Darriet Jean-Pascal, Covid-19 Un élan de solidarité exemplaire, in Conjoncture, Edition
spéciale : le Maroc face à l’épidémie de Covid19, N° 1024, 15 avril - 15 mai 2020.
13
informel)34. Ainsi, cet élan de solidarité a rendu possible la

distribution d’aides concrètes aux salariés en arrêt temporaire de
travail et aux personnes opérant dans le secteur informel.35
- La création d’un Comité de Veille Economique (CVE) :
Le 16 mars 2020, un Comité de Veille Economique (CVE) a été
mis en place par le Ministère de l’Economie, des Finances et de la
Réforme de l’Administration. Composé des grandes instances
économiques et sociales du pays, le CVE a pour mission la gestion du
"Fonds spécial" et l’identification des mesures de soutien à
l’économie aussi bien pour les entreprises que les ménages
défavorisés36.
- Le soutien aux ménages et aux entreprises :
Dès le début du confinement, le Royaume a adopté des mesures
fortes pour préserver son économie et soutenir les populations les plus
fragiles. Ces mesures consistent notamment en l’octroi d’aides aux
ménages vulnérables et actions de soutien aux entreprises.
▪ Aides aux ménages :
Le CVE a annoncé un ensemble de mesures d’aides aux ménages.
Ces mesures qui sont financées par le Fonds spécial Covid-19
consistaient en une aide mensuelle de 2000 dirhams mise en place
pour tous les salariés déclarés à la CNSS37 qui sont en arrêt
temporaire de travail ou faisant partie d’une entreprise en difficulté.
Les millions de ménages opérant dans le secteur informel ont, de
leur côté, perçu une aide de 800 à 1200 dirhams selon la taille du
ménage38. Une opération inédite de distribution via un numéro court
de téléphone a été mise en place pour ceux bénéficiant de la
couverture sociale Ramed à partir du 6 avril 2020 39. Pour les non-
34
Ait Ali Abdelaaziz, Bassou Abdelhak, Dryef M’hammed, et al. op.cit.
35
Darriet Jean-Pascal, Covid-19 Un élan de solidarité exemplaire, in Conjoncture, op.cit.
36
Zhani Ahmed, Economie nationale et marchés de taux face aux enjeux du Covid19 et de la
sécheresse, CDG Capital Maroc, Avril 2020.
37
Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration Maroc,
Coronavirus : Les nouvelles mesures annoncées suite à la 2ème réunion du CVE, 19 mars
2020.
38
Travaux du Comité de Veille Economique, Tenue de la troisième réunion du CVE, 23 mars
2020.
39
Ibid.
14
ramedistes, un site internet a été créé à cet effet et la déclaration a

débuté le 10 avril40.
En outre, le Groupement Professionnel des Banques du Maroc
(GPBM) avait indiqué qu’à partir du 30 mars, un report des échéances
de crédits amortissables (prêts immobiliers, à la consommation…) et
de leasing serait accordé sur demande, jusqu’au 30 juin 2020 au
bénéfice des ménages directement impactés par le Covid-1941.
▪ Aides aux entreprises :
Pour les entreprises, plusieurs mesures ont été adoptées afin de
les soutenir à surmonter l’impact de la crise. Parmi les actions phares
menées:
La décision de suspension du paiement des charges sociales à la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et la mise en place d’un
moratoire pour le remboursement des crédits bancaires au profit des
entreprises42.
La mis en place auprès de la Caisse Centrale de Garantie
(CCG) d’un dispositif de garantie appelé « Damane Oxygène » à
destination des très petites, petites et moyennes entreprises dont le
chiffre d’affaires ne dépasse pas 200 millions de dirhams et des
entreprises intermédiaires dont le chiffre d’affaires est compris entre
200 et 500 millions de dirhams43.
L’adoption d’une mesure de tolérance concernant les échéances
fiscales, selon laquelle les entreprises dont le chiffre d’affaires est
inférieur à 20 MDH, peuvent si elles le souhaitent, bénéficier du
40
Covid19: Mesures prises par le Comité de Veille Economique et par le Ministère, Procédure
de déclaration pour les non-ramedistes opérant dans le secteur informel, 9 avril 2020.
41
Pigaglio Rémy, Le Maroc face à l’épidémie de Covid-19, in Conjoncture, Edition spéciale :
le Maroc face à l’épidémie de Covid19, N° 1024, 15 avril - 15 mai 2020.
42
2020.
43
Caisse Centrale de Garantie Maroc, COVID-19 : la CCG lance la garantie exceptionnelle
« Damane Oxygène » pour venir en aide aux entreprises en difficulté, 30 mars 2020.
15
report des déclarations fiscales et du paiement de l'impôt jusqu’à fin

du mois de juin 202044.
L’octroi sur demande d’un report des échéances de crédits
amortissables (prêts immobiliers, à la consommation…) et de leasing,
jusqu’au 30 juin 2020 au bénéfice des entreprises directement
impactés par le Covid-19. Les entreprises peuvent bénéficier
également de lignes de crédit additionnelles de fonctionnement
couvrant jusqu’à 3 mois de dépenses courantes et dans les conditions
du produit Damane Oxygène garanti par la CCG45 .
L’adoption d’une politique de communication crédible à travers
la diffusion des informations liées aux mesures de soutien adoptées.
Un e-portail a été crée par la Confédération Générale des Entreprises
du Maroc (CGEM) : http://coronavirus.cgem.ma, qui consiste en une
plateforme bilingue comprenant des informations utiles sur les
mesures de soutien aux entreprises et leurs modalités de mise en
œuvre46.
- L’intervention de la Banque centrale (BAM):
Dans l’objectif de soutenir l’activité économique, Bank Al
Maghrib a opté en mois de mars pour la baisse du taux directeur de 25
points de base à 2% et puis en juin à 1,5%dans l’objectif d’augmenter
le niveau de liquidité des banques et pour permettre aux ménages et
aux entreprises de se financer dans les meilleurs conditions47.
Des mesures prudentielles ont été également prévues visant à
tripler les capacités de refinancement des banques par le biais
d’opérations d’open market et de swap de changes, l’élargissement de
la liste des collatéraux éligible pour ces opérations, l’allongement des
maturités des opérations de refinancement ainsi que l’élargissement
44
2020.
45
Pigaglio Rémy, Le Maroc face à l’épidémie de Covid-19, in Conjoncture, op.cit.
46
Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) , Covid-19 : La CGEM lance
un site dédié, [en ligne], https://www.cgem.ma/fr/actualite-cgem/covid-19---la-cgem-lance-
un-site-dedie--2287, consulté le 20 juin 2020.
47
Bank Al-Maghrib, Rapport sur la politique monétaire N°55/2020, juin 2020.
16
des programmes dédiés aux très petites entreprises (TPE) pour leurs
crédits de fonctionnement48.
- L’adoption de mesures pour prémunir l’économie
marocaine contre le choc externe :
Afin de parvenir à limiter l’impact du choc externe, un ensemble
de mesures ont été mise en place dont notamment le recours au
financement externe. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une
approche globale visant à prémunir l’économie contre le choc externe
qui affecte au premier lieu les secteurs exposés sur le marché
international et le tourisme, ainsi qu'à préserver les équilibres externes
en compensant une partie du recul des investissements directs
étrangers (IDE) et des transferts courants49.
Parmi les actions entreprises dans ce cadre :
-Le Maroc a procédé le 7 avril 2020 à un tirage sur la Ligne de
précaution et de liquidité (LPL) qu’il avait auprès du Fonds monétaire
international, d’un montant de 3 milliards de dollars, et ce pour faire
face aux répercussions sociales et économiques du Covid19 et pour
conserver de solides réserves extérieures dans un contexte
d'incertitudes accrues50. Le pays a également tiré sur une ligne de
crédit contractée auprès de la Banque Mondiale d’un montant qui
s’élève à 275 millions de dollars, réservé préalablement à l’appui des
politiques de développement pour la gestion des catastrophes51.
- Le dépassement du plafond des financements extérieurs fixé en
vertu de l’article 43 de la loi des finances de 2020 à hauteur de 31
milliards de dirhams, pour permettre au pays d’assurer ses besoins en
devises notamment à travers le recours à l’emprunt sur le marché
international52.
48
49
Ibid.
50
Fonds Monétaire International, Communiqué de presse N° 20/138, Le Maroc procède au
tirage des ressources disponibles au titre de la ligne de précaution et de liquidité pour faire
face à la pandémie de Covid-19, 8 avril 2020.
51
Bouhia Hynd, Le Maroc face au Covid19 : agilité, cohésion et innovation, avril 2020.
52
Secrétariat Général du Gouvernement Maroc, Projet de décret-loi n° 2.20.320 relatif au
dépassement du plafond des emprunts extérieurs adopté par le conseil de gouvernement le
6 avril 2020.
17
-L’appel de l’administration des douanes à la réduction des

importations de véhicules au strict minimum afin de réduire l’impact
négatif de la crise sur la balance des paiements du pays53.
- L’annonce du ministère des finances et Bank Al Maghrib le
passage à la deuxième phase de flexibilité du régime de change par
l’élargissement des bandes de fluctuation dans un intervalle de +/-5%,
afin de limiter l’impact du choc externe du Covid19 sur les réserves
de change du Royaume54.
4. Enseignements :
L’avènement de la pandémie universelle covid19 a mis en
lumière les déficiences des Etats les plus puissants ainsi que des pays
en développement à gérer la crise sanitaire et économique.
Globalement, le Maroc a montré une capacité à faire face aux
enjeux graves du choc pandémique en ayant recours à des approches
préventives, innovantes et en agissant de manière pédagogique et
rationnelle à travers une série de mesures sur le plan sanitaire et
économique.
La crise a reflété un fort engagement de l’Etat, des citoyens et de
différents acteurs (entreprises, partenaires sociaux, les syndicats,
secteur financier, etc.) pour réussir les différentes mesures et actions
de relance adoptées. De même, elle a été révélatrice de certaines
priorités à prendre en considération, particulièrement la nécessité
d’investir massivement dans le développement de l’infrastructure
sanitaire (hôpitaux et leurs équipements) et l’exigence de consolider
l’économie du pays.
L’impact du Covid19, notamment sur le plan économique a
permis de tirer un ensemble d’enseignements quant aux dispositions
nécessaires pour la relance de l’économie marocaine et son
affermissement sur le long terme (post-covid19). Il s’agit entre autres
de :
53
Courrier de l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) adressé le 23
mars2020 au Président de l’Association des importateurs de véhicules Maroc (AIVAM)
relatif à la demande de réduction au strict minimum les importations.
54
18
▪ Promouvoir la production nationale et encourager un

mouvement économique conduit par la préférence nationale. En
effet, la baisse des exportations et des importations reflète le
degré d’intégration du Maroc à l’économie mondiale et les
contraintes qui en résultent.
▪ Dans ce sens, il importe de soutenir l’impulsion d’une nouvelle
économie en confortant les secteurs dans lesquels le Maroc jouit
de véritables atouts tels que l’agro-industrie, le textile, la
logistique, les énergies renouvelables, l’aéronautique,
l’automobile, l’électronique et les technologies de l’information.
▪ Encourager l’investissement en recherche et développement, et
la consommation de produits "Made in Morocco". En fait,
l’excès d’importations inhibe la capacité d’entrepreneuriat et
accentue la dépendance du pays via à vis de l’étranger.
▪ Assurer un recueil en continu d’études sectorielles et d’impact
macro-économique pour pouvoir adapter et ajuster les stratégies
et mesures de soutien mises en place.
▪ Penser à concevoir le nouveau modèle de développement
marocain en adoptant une vision plus sociale de l’économie qui
permettra d’insuffler un nouvel élan au secteur de la santé et aux
activités génératrices d’emploi et de revenus (PME,TPE, Start-
up et auto-entrepreneuriat).
En outre, la crise du Covid19 a dévoilée pour certaines
entreprises un ensemble de faiblesses à relever tels que le manque
d’agilité, manque de transversalité, l’incapacité à anticiper, manque
de recours à la digitalisation… soulignant ainsi la nécessité d’adopter
des actions d’ajustement ou de transformation pour assurer leur
évolution et pérennité. Elles sont amenées de ce fait à améliorer leur
mode de fonctionnement, à optimiser les charges et les ressources et à
investir dans les nouvelles technologies et l’utilisation des dispositifs
digitaux.
Par ailleurs, il en découle aussi de cette crise sanitaire majeure
des enseignements considérables relatifs à la transition digitale du
Royaume. L’épreuve du Covid-19 a permis au Maroc d’explorer des
solutions innovantes pour répondre aux besoins des citoyens. En fait,
19
le recours des autorités à l’utilisation des nouvelles technologies

d’information et de communication (NTIC), à la fois pour assurer le
flux d’information, pour implémenter certaines des mesures prises par
le CVE et pour faciliter le déploiement des aides, a démontré la
capacité des pouvoirs publics à innover et à s’approprier les nouvelles
technologies, et témoigne aussi de l’appropriation croissante de ces
outils par les citoyens et de la généralisation de la culture du
numérique .
Ainsi, la crise provoquée par le Covid-19 constitue pour le pays
une véritable opportunité pour amorcer la réflexion sur un nouveau
modèle économique qui repose sur l’exploitation de la nouvelle
économie 4.0 (économie numérique, intelligence artificielle, machine
learning, robotisation, etc.).
Sur le plan continental, cette pandémie du coronavirus a mis en
avant un certain nombre de priorités immédiates à prendre en
considération dont notamment:
La nécessité de remédier aux faiblesses des structures sanitaires
du continent africain à travers l’amélioration des systèmes de santé
ainsi que leur accessibilité, le renforcement des capacités statistiques
et le développement de la recherche scientifique. De même, compte
tenu de la fragilité générale des structures de santé en termes de
capacités humaines, d’équipement et de chaînes d’approvisionnement,
la collaboration des acteurs et des pays s’avère plus que jamais
indispensable.
L’impératif de renforcer le dynamisme économique des pays
d’Afrique, car la vulnérabilité des économies des villes africaines
exige des efforts pour revitaliser et améliorer leur productivité à
travers des investissements adéquats visant à combler les déficits
et les obstacles importants auxquels elles sont confrontées.
L’importance d’encourager la production locale et de renforcer
les liens entre pays voisins afin de permettre aux pays de
l’Afrique d’alléger sur le long terme leur dépendance par rapport
à l’extérieur, et de construire ainsi les jalons d’un développement
économique durable.
20
L’exigence d’une gouvernance robuste et coordonnée sur

l’ensemble du continent. Surmonter les crises telles que la
pandémie Covid19, requiert la consolidation des dynamiques de
solidarité et d’entraide africaine sur divers champs (économique,
technologique, échanges de bonnes pratiques…), et nécessite par-
delà les frontières nationales et régionales le renforcement et la
coordination des efforts déployés par les différents acteurs et
partenaires.
Conclusion :
Comme partout ailleurs, l’Afrique n’a pas échappé aux retombées
néfastes de la crise du Covid19. Cette dernière a soulevé d’immenses
défis liés aux capacités sanitaires des pays africains, et a engendré un
ralentissement de leurs économies.
Au Maroc, face à la pandémie du Covid19, un ensemble
d’actions ont été menées sur divers plans (sanitaire, économique,
social, etc.). De même, la collaboration entre les institutions
publiques, le secteur privé et la société civile a permis de limiter les
dégâts et de contenir les effets socio-économiques de la pandémie.
Ainsi, sur le plan économique, la stratégie de riposte au Maroc
s’est caractérisée par la création d’un "Fonds spécial pour la gestion
de la pandémie du coronavirus", ainsi que l’adoption d’une batterie de
mesures (création du CVE, soutien aux entreprises et distribution
d’aides aux ménages, interventions de BAM,..) afin de lisser l’impact
économique et social de la crise.
En somme, la stratégie de riposte économique du pays a permis
jusque-là de maitriser les conséquences socio-économiques de la
crise. Toutefois, la pandémie du Covid19 a été révélatrice de certaines
déficiences à combler aussi bien au niveau national que pour
l’ensemble du continent africain, et a permis ainsi de tirer un
ensemble d’enseignements favorables au développement du Maroc et
de l’Afrique sur le long terme.
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22
Les nouvelles mesures annoncées suite à la 2ème réunion du CVE, 19 mars 2020.
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[30] Zhani Ahmed, Economie nationale et marchés de taux face aux enjeux du Covid19 et de la sécheresse, CDG Capital
Maroc, Avril 2020.
23

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Journal of Integrated Studies In Economics, Law, Technical Sciences & Communication JIS.

ELSC Issue 1-November 2020

LA CRISE DU COVID19 EN AFRIQUE :

Maroc adoptée face à l’impact économique du Covid19, et à mettre en

stratégie de riposte économique du Maroc? et quels enseignements

élevée, ce qui indique à des degrés divers, une faible maitrise de

Figure1 : baisse attendue de la croissance due à l’impact du Covid-19,

Si cette situation ne fait pas l’objet d’une réponse collective et

de ses besoins en médicaments dont 75% proviennent de l’Europe, de

entreprises) 2% des entreprises en arrêt d’activité de façon temporaire

l’Etat pour compenser la perte d’emploi : 13% dans le cadre du

touchés sont l’automobile et l’aéronautique, dont les ventes à

En imposant très tôt ces mesures drastiques, le Royaume a su

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