MAROCAINES
PUBLICATION
DK LA
Il
TOME OEUXIEME
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PAlUS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, RUE BONAPARTE, VI'
1005
KRAUS REPRINT
NendelnlLiechtenstein
1974
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TABLE DES MATIÈRES
DU TOME SECO~D
Fascicule 1.
Jlemoires:
Essai sur l'histoire politique du Nord·Muocain. par M. G. ti.u..OK.
Fascicule n.
Fascicule m.
Page•.
Mémoires:
La Colonie deR Maghrahim en Palestine, par NAHUM SLOUSCH. 229
L'Opuscule de Chaikh Zemmoury sur les Chorfa et les trihus du
Mal'oc, par G. SALIION • 2:i8
L'Ouerd des Ouled Sidy Bounou, par A, JOLY. 288
Notes et renseignements, par G. SALMON:
DU NORD-MAROCAIN
LES CHORFA
1. Cf. Ibn KhaldoûlI, op. cil., II, p. 568; El-Bekri, op. cit., p. 359'
2. Op. cil., p. 112.
3. Op. cit., II, p. 145.
4. « Plus loin on trouve Hadjer en-Necer Il le rocher de l'aigle ", rési-
dence des Beni Mohammed. A l'occident de ce lieu est situé le canton
de Rchouna, et, à l'orient, le territoire des Beni Feterkan, tribu gho-
maride. Au Hadjer, le chemin forme un embranchement; si l'on prend
ln route de droite on arrive à Aftès, ville appartenant à Guennoun ibn
Ibrahim, et habitée par des Kotama. Cette localité est riche et florissante;
elle est située à l'ouest du Hadjer et sur le bord du Lokkos ..... EI-
Bekri, op. cil. (Journ. asial., 1859' l, p. 331).
5• .Al-.Azhâr al-'â{ira al-an(âs bi·dhil..r ba'rJ, ma1,lâsin qOIl{b al-Maghrib
oua tâdj madfnal Fâll, éd. Fès, 1314, p. 191.
6. M, Mouliéras, dans son Maroc inconnu (II, p. 350-351), rapporte le
récit d'un voyageur djebalien qui dit avoir vu les ruines de l;Iadjar an-
Nasr entre les tribus de BraDes, Tsoul et Çan~âdja.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN ?
*
""
LOhistoire du second empire idriside reste assez obscure:
aucun historien, aucun voyageur n'a décrit I:Iadjar an-Nasr
et la vie qu'on y menait. Nous savons seulement que dès le
début, les descendants d'Idris divisèrent leur nouvel em·
pire en deux royaumes: l'un, composé de Tikisâs, de No-
kour et du Rif, fut attribué aux descendants d"Omar; tout
le reste, c'est-à-dire les environs de Tanger et de Ceuta,
avec le territoire du Djebel 'Alem, resta aux descendants
de Moul;1ammad·. Les Benoû 'Omar eurent pour chef 'Isa
Aboû 1-'Aich, petit-fils d' 'Omar; quant aux Benoû Moul;1am-
mad, ils obéirent, après la mort d'Ibrahim, à son frère
Al Qâsem al-Kennoûn, troisième fils de Moul;1ammnd fils
d'AI-Qâsem, qui résidait à I:Iadjar an-Nasr. Les défenseurs
de cette place eurent pendant quelques années à faire face
aux attaques de Moûsa ben AM 1- 'Afya; puis, ce chef,
gagné à la cause des Omayyades d'Espagne, se fit battre
par une nouvelle armée fâ\imite et s'enfuit dans le désert.
Les Idrisides qui avaient pris part à sa défaite se retrou-
vèrent alors, pour peu de temps il est vrai, en possession
de la plus grande partie du Maghrib septentrional. D'après
EI-Belcrit, Aboû l-'Aich, fils de Kennoûn, sous l'autorité
1. Ibn Khaldoûn, op. cil., II, p. 147 et seq.
2. Op. cil., p. 363.
8 ARCHIVES MAROCAINES
*
••
Les princes idrisides qui défendirent pied à pied le pa-
trimoine familial de I.ladjar an-Nasr, contre les convoitises
des Fâtimites et des Omayyades, étaient tous des Benoû
MouJ;tammad, c'est-à· dire des descendants d'AI-Qâsem fils
d'Idris II j les descendants de MouJ;tammad, fils d'Idris, ne
figurent pas dans cette période de l'histoire idriside du
nord, et ceux d"Omar y tiennent peu de place. Seul, 'Isa
Aboû 1- 'Aich, petit-fils d'Omar, régna sur une partie du
Rif, puis ses états furent incorporés à ceux d'Al Qâsem
al-Kennoûn. Ses descendants conservèrent toujours une
influence, reconnue par les autres membres de la famille.
Nous verrons plus loin que le célèbre Al-l,Iasan Ach-Châd-
hely appartenait à leur lignée. Quant aux descendants des
autres fils d' 'Omar, ils habitèrent presque tous, d'après
EI-Bekri', soit à Fès, soit au pays des Aoureba, c'est-à-dire
1. Ibn Khalùoûn, op. cil., p. 154; Ibn al-Athir, op. cil., p. 426 et seq.
2. Cf. Ibn Khaldoûn, op. cit., p. 155. C'est le personnage qui est ap·
pelé Soukra el-Berghouaty par le Roudh el-Rarta6 (p. 200).
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN 15
•
••
Maîtres à trois reprises du Maghrib septentrional, les
Idrisides du nord perdirent définitivement au XIe siècle
II
LA RENAISSANCE DU CHÉRIFISME.
r. Beaucoup d'auteurs ont écrit, à des titl'es divers, sur cette philoso-
phie mystique, et il est bien difficile d'en douner une bibliographie.
Nous citerons cependant: Dozy, op. cit., trad. Chauvin, p. 314 et suiv.;
Hughes, A Dictiona"J of lsLâm, p. 608 ct suiv.; Tholuck, Sufisllllts;
Rinn, op. cit., p. ~I et suiv. ; A. Le Chatelier, op. cit.; Depont et Cop-
polani, op. cit" p. 69 et suiv.
2. Et non dans le village de R'omàra près de Ceuta, comme l'ont dit
plusieurs auteurs.
3. Costume symbolique fait de lambeaux rapiécés, que portent le~
soûlis. Il est remplacé parfois par un fragment d'étoile. Cf. plus loin
notre article sur la Ir.herqa des Derqaoua et la Ir.herqa sOIÎ!j'a. La kherqa
n'a aussi, dans bien des cas, qu'une valeur figurative, sans représentation
matérielle.
ARCHIVES MABOCAINES
..
*
*
••
Les traditions idrisides sont toujours vivaces, ainsi
qu'en témoigne la vénération des populations du Maroc
septentrional pour Moulay 'Abd as-Salâm ben Machîch dont
la fin tragique frappa l'imagination populaire. Le saint qui
malgré l'héritage d'une noblesse vénérée avait renoncé
aux biens et aux jouissances de ce monde pour mener au
sommet d'une montagne une vie d'ascète, l'apôtre des doc-
trines mystiques au Maghrib, ne devait pas finir comme un
simple mortel.
11 avait lutté toute sa vie pour propager les vérités su-
prêmes au milieu des R 'omâra, ces Berbères crédules et
superstitieux, si facilement dominés par leurs magiciens, et
qui reconnaissaient aux femmes, elles-mêmes, des pouvoirs
occultes '. Leurs superstitions avaient multiplié les hé-
résies.
Déjà, au x· siècle de notre ère le prophète I.lamin, sorti
1. Cf. Mouliéras, op. cit., Il, p. 174 et suiv. Les Djebala qui reviennent
du pèlerinage rapporteut du Djebel 'Alem l'impression d'un pays floris-
sant, où coulent des sources d'eau vh'e, où fleurissent lès roses et mû-
rissent des arbres fruitiers de toutes espèces. C'est aussi le souvenir
qu'en a gardé M. Perdicaris, prisonnier à Taraddàn.
2, Cf. à ce sujet Michaux-Bellaire, Les impôts marocltins (Archives
mnrocnines, l, p. 7~")'
•
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN' 25
""
En tant que groupe religieux, les chorfa 'Alamyîn sont
constitués par cinq grandes familles: les Benoù 'Abd al-
Ouahâb, les Chefchaounyin, les Ral;J.mounyîn, les Lil;J.yâ-
nyin et les Reisoûnyîn.
Les premiers, les Benoû 'Abd al-Ouahâb, appelés aussi
Salâmyln, sont les descendants directs de Moulay' Abd
as-Salâm ben Machîch. Les auteurs marocains admettent,
en général, que le saint du Djebel 'Alem eut cinq fils, 'Isa,
Sallâm, Boûkîr, Mousa, 'AU, et une fille, Lalla Ar-Reisoûn.
Certains prétendent cependant qu'il n'eut que cette der-
nière fille, et d'autres, qu'il mourut sans postérité. Le
nom porté par les chorra Reîsoùnyin, descendanl~ de
1. Cf. A. Le Chatelier, Notes sur les villu .... p. 74 ..
26 ARCHIVES MAROCAINES
dans ce lieu l . Mais les chorfa émigrent aussi dans les tri-
bus des alentours, prin ci paIement chez les Beni Mçawwar,
au Djebel I~abîb et dans les villes de Chechaoù n et Té-
touan.
•
••
En tant que parti politique, les chorra du Djebel' Alem
ont comme domaine d'influence le territoire de douze tri-
bus: Beni'Aroûs, Beni Mçawwar, Beni· Ouad Râs, Beni
Aouzmar. Beni Sa 'id, Beni I~asan, Beni Ider, Beni Leît,
Beni Gorfot, Djebel ~abib, B~ni Issef, une partie d'Ahl-
Esserif, et une ville, Chechaoûn.
Fidèles clientes de Moulay 'Abd as-Salâm, dévouées
aux chorfa, ces tribus sont plus ou moins indépendantes
à l'égard du Makzen, inégalement d'ailleurs d'une époque
à l'autre, et c'est le désir de conserver cette indépendance
qui constitue le lien le plus solide de leur communauté
de vues politiques. Écartés du pouvoir. les chorfa idrisyip.
sont, par le fait, des rivaux des chorra 'alaouyin régnant à
Fès. et qui doivent compter avec eux. La dépendance à
leur égard de leur clientèle familiale fait bénéficier, dans
une certaine mesure, les tribus des immunités et des pri-
viléges accordés aux chorfa. C'est ainsi que les Beni
'Aroûs et leurs clients, les 'Ommyin, sont meharrin,
exempts d'impôts et de toute redevance envers le Makhzen;
cette faveur traditionnelle s'étend aux Beni Leit, et à la
tribu des Khâmes, bien que ces derniers ne soient pas
clients des 'Alamyîn·. Quant aux autres tribus, les unes
sont à peu près insoumises, comme les Beni Issef et les
Ahl-Esserîf, les autres doivent à leur esprit batailleur et à
la protection des chorfa, la force de résister au Makhzen.
Les Beni Ider, les Beni Mçawwar et le Djebel ~abib,
1. Cf. AI-Qâdiry, op. cil., p 48.
2. Cf. Le Chatelier, Noies sur Les villes... , p. 86-89.
:.10 ARCHIVES MAROCAINES
..
Les premiers sultans 'alaouites semblent s'être peu
souciés de la puissance idriside, qui ne constituait pas, à
leur époque, un danger aussi immédiat que celle des ma-
rabouts, et de l'élément militaire, si dangereux par les
soulèvements de ses chefs ou de ses milices. Ils ne com-
mencèrent à se préoccuper de la renaissance idriside,
qu'après le milieu du XVII" siècle, lorsque Moulay 'Abdallah
Chérif s'installa à Ouazzàn·, en donnant à sa famille l'il-
..
Même politit{ue à l'égard du Djebel 'Alem; mais ses chorfa
n'ayant ni zâouya, ni chef, le Makhzen procéda autrement.
Moulay Uasan endormit la défiance des 'Alamyin en leur
témoignant une déférence calculée. La désagrégation
des Beni 'Aroûs ne pouvait se faire qu'en détachant des
chorfa, la caste bourgeoise, les Soumata, élément prin-
cipal de la tribu. Après avoir achevé la pacification des
provinces du Sud, le sultan vint en 1889 guerroyer chez
les Djebala, au nord de Fès '. Son intention était de châtier
r. Nous avons remarqué cette aversion chez des ~olba Beni 'Aroûs
qui venaient visiter la bibliothèque de la Mission scientifique à Tan~er ;
ils regardaient longuemeut les commentaires du Qorân et de Boukhàry,
nH\me imprimés eu Europe, mais rejetaient avec indifférence les ouvrages
hisloriques ou géographiques d'Ibn AI-Athîr et d'Aboulféda.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN 39
..
Descendants de Yoûnous, oncle d"Abd as-Salâm ben
Machich, les Reisounyin tirent leur nom de Lalla ar-Rei-
soûn, fille du saint, qui fut la mère de Sidy 'Ali ben 'Isa :
celui-ci, le premier, porta le surnom de ReisotÎny, dont on
fit plus tard Reisoûly. Ses descendants sont les Oulad Ber-
reisoun ou Berreisoul (Ben ar-Reisoûl).
Habitant à l'origine le dchar d'Al-I.liçn. au Djebel'Alem,
ils se sont dispersés vers le x· siècle de l'hégire, époque à
laquelle le chef de la famille, avant la dispersion, était Sidy
'Abd ar-Ral).man Al- 'Alamy Al-YoÛnousy. Ce chérif était
plus respecté pour sa piété, que pour fla fortune qu'il né-
gligea; il couchait sur un lit de chêne-liège, dans une pièce
nue, et passait sa vie à étudier avec le Pôle l'Abdallah AI-
R'azouâny, refusant de toucher à l'argent et aux vêtements
qu'on venait lui offrir, même quand on déposait malgré lui
ces offrandes au milieu de sa chambre. Les chorfa Benoû
'Abd as-Salâm, descendants directs du saint, lui offrirent
vainement leurs filles en mariage; il refusa toujours, vou-
lant garder le célibat, et mourut sans enfant en 954 (1547)1.
Le frère de ce personnage, 'Ali ben 'Isa, était aussi un
homme pieux, qui passa sa vie en prières et étudia pendant
1. Nous avons déjà expliqué ce mot: AI-R'a7.ouâny, sans être un des
,. Ibidem.
~. Op. cit., p. !tG,
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN 43
1. Mouliéras (op. cil., Il, p. l!li) indique Tal'add"n comme une f,'a(-
tion des Beni 'AroÎI", rOlllprenant deux villag-es de 1no fenx '·.hal'un :
Taraddàn al-fouqy (sup,'rieur) et Taradd"n as-selly (inférieul'). c.'l'!ll IiI
que fnt conduit M, Pf'I'dica"is, pl'i~onnier d'Ar-Reîsouly.
~. Renseignement dû à l'obligeance de M. MiclHlux-Bellaire, d'Al.Qçal'.
44 ARCHIVES MAROCAINES
II
A
I . QOI'ân, sourates IX, versets 5, 8, ~!l; IV, jfi-j!); Il, ~I~, :1,5;
1. IIleul' avait demandé des échelles pOUl' escalade,' le" mun., mais
ils tal'dèl'cnL Lant à les lui foumil', que des l'cnfo,·ts eurenL le temp" d'a,'·
l'ive,' daus la ville assiégée. Cf. E1oufr,'ni, up. cil., p. 444.
2. Hloufl'<Îni, up. cil" p, ft46.
3. Hloufl'<Îni, op. cil., p. ~5o.
ARCHIVES MAROCAINES
Il
LES Rn'uNs
..
*
sibles : nous n'avons trouvé personne qui les ait vues. Cf. /stiqrt1, IV,
p.37·
1. Ifouiai ai-bahimya, p. 143.
2. Pidou, chevalier de Saint-Olon, né en Touraine, obtint une charge
de gentilhomme ordinaire du roi el! 1672, puis fut désigné comme envoyé
extraordinaire à Gênes, à Madrid et enfin au Maroc (1693). Il mourut
en 1720 à l'âge de 80 ans. Sur sa mission, cf. Thomassy, Le Maroc et
ses caravanes, p. 139 et suiv.
3. Pidou de Saint-Olon, Estat présent de l'empire de Maroc, p. 206.
56 ARCHIVES MAROCAINES
Ibid.• p. r54.
T.
Ezzi:îni, op. cil., p. 43.
?.
3. Cette supposition est basée sllr le fait qu'Al.lmcd Rify a,-ait fait
construire à Tétouan un palais que nous décrirons plus loio.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NüRD-MAROCAIN 57
III
LE PACHA AHMEll
La date que nous donnons ici est prise dans le floulal, mais Ezzi:ini
dit 1103, ce qui est certainement inexact. Ezzi:ini, op. cit., p. 1,3.
1. IJoulal al-bahimya. p. 1 Ir>..
••
Les événements qui suivirent, au Maghrib septentrional,
l'élection au sultanat de Moulay Al}med Adh-Dhahaby,
sont assez obscurs. As-Slàouy nous les raconte très som-
mairement'. D'après lui, lorl:\que la discipline se fut relâ-
chée dans tout l'empire et que les gouverneurs eurent
per'du le respect du souverain, Aboû l"Abbâs AQmed Ar-
l{jfy saisit le moment opportun pour mettre à exécution
J.Hraithwaite, p. 30.
2.Le corps de cavalerie des Ouadâya dut sa constitution" des femmes.
La mère de Moulay Isma 'il appartenait" cette tribu arabe établie alors
au nord du Sahara. Moulay Isma'il épousa lui· même la fille d'un chaikh
ouaday, Khanâlha bent Hekkâr, qui fut mère de Moulay 'Abdallah. Les
ûuadùyâ, attirés par cette protection, vinrent s'établir dans la plaine du
Saïs, entre Fès et le Zerhoûn, au service du sultan.
3. Histoire des révolutions ... , p. 3~!.
4. Ibid., p, 83. Il était ùgé de 70 ans cl recevait très aimablement les
étl'ang<'rs, aussi Braithwaile dit-il qu'il est nécessaire de le ménager, "
cause des services qu'il peut rend"e au commel'ce anglais.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NOIUl·l\lAROCAIN 63
..
*
1. Ibid., p. 403.
2. Ibid., p. 45.
3. Kitâh al-lstiqçâ, p. 56.
4. Braithwaite, op. cit., p. 368.
ARCH. MAROC.
66 ARCHIVES MAROCAINES
1. Ibid., p. 396.
2. Ibid., p, 396.
3. Ibid., p, 36, 396.
li8 ARCHIVES MAROCAINES
S *
70 ARCHIVES MAROCAINES
trebande sur nos côtes, et principalement celui du blé, qui est expressé-
ment défendu par notre loi...
ft Le mois dernier il y avait à Larrache un navire anglais qui faisait
2. Ibid., p. 45,
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD.MAROCAIN 71
,. ,.
'. Ibid. Le récit d'As-Slàouy est beaucoup plus détaillé et précis que
celui d'Ezziàoi, mais tous deux out utilisé les mêmes sources,
80 ARCHIVES MAROCAINES
....*
La défaite et la mort du pacha de Tanger plongea les
Rifains dans la consternation. Bien que la province de
Tanger fût écrasée d'impôts et de charges militaires, les
Fal;J.çya avaient depuis longtemps lié leur fortune à la cause
d 'Al;J.med; les Rifains, survivants de l'armée des Mou-
djâl;J.idîn, et qui formaient ses plus fermes soutiens, étaient
animés par l'espoir du butin: partout où ils passaient, les
champs étaient ravagés. Cette période fructueuse avait
duré plusieurs années et lorsque le sultan fut venu réta-
blir la paix à Tanger, les Rifains s'enfuirent de tous côtés
pour échapper aux représailles.
Moulay 'Abdallah séjourna à Tanger quarante jours,
quïl employa à pacifier la région et à faire l'inventaire des
biens du pacha pour les confisquer. Il fit venir un khodja
de Fès et le chargea de cet inventaire: on trouva dans le
palais d'Ar-Rify, des sommes d'argent, des armes, des
étoffes, des tapis, des selles et des vêtements en nombre
incalculable. On s'empara aussi des esclaves, hommes et
femmes, des chevaux, des mules et des troupeaux, qu'on
distribua aux Brabers. Les .fermes furent pillées, les
champs moissonnés et le palais de la qaçba, ruiné de fond
en comble'.
1. Istiqçâ, IV, p. 77; Ezziâni, p. 99; lfoulal, p. (53.
2. Ibid.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN 81
IV
LES OULAD tABD AÇ-CADOQ, GOUVERNEURS DE TANGER,
6 *
8l) ARCHIVES MAROCAINES
••
Les sultans comprirent que pour imposer leur autorité
directe dans la région de Tanger, il devaient éloigner les
Rifains et remettre le pouvoir aux mains de fonctionnaires
venus du centre et appuyés sur des 'abtd dévoués au
Makhzen. Aussi voyons-nous les Oulad 'Abd aç-Çadoq
écartés du gouvernement de Tanger pendant près d'un
siècle. Après l'exil de cette famille, le sultan Mou};1ammad
envoya à Tanger deux qâids de Miknâsa, Ach-Chaikh et
AI·Ahrar ben 'Abd Al-Malik, qui se rendirent impopu-
laires aux 'abid. Ceux-ci se révoltèrent en 1190 (1776),
voulant tuer leurs qâids, qui s'enfuirent d'abord à Acila,
mais purent ensuite tenir tête à la sédition et en punir les
instigateurs -.
Cependant, le sultan ne pouvait plus supporter la turbu-
lence de cette milice, qui commettait les pires excès dans
tous les ports de la côte où elle était casernée. Moulay
Mou};1ammad s'en rendit maître par la ruse; il convoqua
tous les 'abid à Dâr 'Arby, pour les ramener à Miknâsa. De
toutes parts, de Tanger, d'Acila, d'AI- 'Arâich et de Rabat,
ils accoururent en hâte à ce rendez-vous; lorsqu'il y furent
réunis, le sultan les livra aux Arabes Sofiân, Beni Mâlek
et Khlot qui les emmenèrent en esclavage -. Hs obtinrent
J. Ibid.
2. Ezziâni, p. 148 '149.
3. Ezziâni, p. 150.
ESSAI SUR L'HISTOIRE POLITIQUE DU NORD-MAROCAIN 87
il est vrai leur pardon quatre ans après, mais leur puis-
sanee militaire était détruite. Moulay Mou~ammad décida
de remplacer les 'abid de Tanger par des Rifains, pen-
sant que l'effervescence était calmée depuis longtemps
chez ces Berbères. Il y avait ainsi dans la ville, en 1200 de.
l'hégire, une garnison de 3,600 soldats du Rif '. Mais les
sultans, successeurs de Mou\1ammad, eurent soin de placer
cette garnison sous les ordres d'un gouverneur de Miknâsa
et non du nord. En 1209 (1794), le propre frère de Moulay
Solaimân, Moulay At-'fayyib, était gouverneur de Tanger'.
Plus tard, à la fin du règne de ce sultan, lorsque le
jeune Ibrahim, insurgé contre son oncle avec l'appui du
chérif d'Ouazzân, Moulay al- 'Arby, se réfugia dans les
provinces septentrionales, la région de Tétouan et d'Al-
Qçar fui de nouveau en proie aux horreurs de la guerre
civile. Tétouan acclama le jeune sultan et le reçut dans
ses murs, où il resta jusqu'à sa mort en 1821. Mais AI-
'Arâich et Tanger, qui était alors gouvernée par un qâid
rifain du nom d'Abo.û 'Abdallah Al- 'Arby As-Sa 'idy, refu-
sèrent d'embrasser la cause d'Ibrahim et restèrent fidèles
au vieux sultan, qui vint se fixer à Tanger pour diriger
les opérations contre Tétouan ",
Les Oulad 'Abd aç.Çadoq, pendant ce temps, avaient
travaillé à rentrer en grâce. Sous le règne de Moulay
Solaimân, ils furent les plus dévoués parmi les fonction-
naires du Makhzen. Remis en possession de leurs an-
ciennes propriétés, ils prirent rang dans l'entourage du
sultan, en retrouvant leur ascendant d'autrefois. En 1807,
nous trouvons un petit-fils d"Ab aç-Çadoq gouverneur de
Mogador, au moment où le sultan décidait d'autoriser
l'importation des marchandises d'Europe dans l'empire
1. lstiqçd, p. II7'
2. Ezroiâni, p. 172-173.
3, Illtiqçd, IV, p. 162.
88 ARCHIVES MAROCAINES
•
••
Ce descendant d'Ar-Rîfy, né vers 1855, était khalifa de
son oncle Mou\lammad ben 'Abd aç-Çadoq, pacha de Tan-
ger. Lorsque le sultan Moulay I:lasan passa dans cette ville
en 1889, il remarqua les aptitudes et l'intelligence du jeune
khalifa, qu'il emmena avec lui à Fès. Peu de temps après,
il le nomma pacha à Oudjda, sur la frontière algérienne.
Au bout de deux ans, lorsque son cousin I:lâdj Mou\lam-
mad eut été révoqué, à la suite du soulèvement des tribus
du nord, 'Abd ar-Ra\lmân fut investi du gouvernement de
Tanger qu'il occupa pendant huit ans. Habile diplomate,
il sut reculer de quelques années la séparation de l'An-
djera; musulman fanatique, il lutta de toutes ses forces
contre les empiètements des Européens. multipliant les
obstacles contre leurs acquisitions de propriétés.
Une mesure hostile aux Chrétiens le rendit populaire
chez les Fa\lçya. Ayant remarqué que les ambassades eu-
ropéennes qui se rendaient à Fès, rapportaient générale-
.. *.
Le jeune gouverneur, âgé seulement d'une trentaine
d'années, fils, neveu et frère de fonctionnaires, élevé par
conséquent dans les milieux makhzen, et imbu en mème
temps d'idées de grandeur nobiliaire, comme dernier des-
cendant d'une longue lignée de chefs militaires, n'était
guère préparé à faire face aux di.fficultés qui surgirent, dès
le lendemain de sa domination. Longtemps contenus par
la politique d"Abd ar-Rab.mân, les Andjera recommen-
çaient à s'agiter, et il devint bientôt nécessaire de les
détacher de la province de Tanger, pour leur donner une
autonomie presque complète, avec un qâid, un Amkech-
ched t, frère précisément de ce Moub.ammad Amkechched
qui avait gouverné l'Andjera, douze ans auparavant. Puis.
surgirent d'autres difficultés, créées par la promulgation
et le commencement d'application du nouveau système
d'impôt, le tertib, que la population refusait de payer. En-
fin. Moulay Ab.med Ar-Retsoûly, après avoir vécu de bri-
gandages pendant quelques années, parut prendre en main
la cause du paYBan opprimé, en organisant avec l'appui
des Andjera un mouvement insurrectionnel au Fab.ç, en
menaçant la sécurité de Tanger, pour enlever ensuite un
Européen, M. Harris, qu'il ne rendit que moyennant ran-
çon.
La campagne de ij.âdj 'Abd as·Salâm avait manqué d'é-
nergie; le paiement de la rançon, donnant satisfaction aux
exigences personnelles d'Ar-Reisoûly, calma seul les
insurgés, qui se séparèrent pour vaquer aux travaux des
champs. Mais l'hiver suivant (1904) était à peine achevé, que
Moulay Ab.med, qui n'avait cessé d'inquiéter le gouverne-
ment de Tanger, en battant la campagne avec une poignée
• •
de cette confrérie, ainsi que les FaQ.çya qui font leurs !ta-
fjra au marabout de Sidy 1- 'Arby al- 'Aîdy, à Gaouârit, et
viennent en corps à la rencontre de ceux de Miknâsa, le
Se jour du Moûloûd. Aucune particularité dans le costume
ne distingue les 'Aîssaoua ; cepeudant les fervents adeptes
portent la Gueultya, natte de cheveux derrière la tête,
qui se distingue de la natte rifaine (qarn), en ce que celle-
ci part du côté droit de la tête. .
sOli/j'a.
2. Ordl'e issu des Châdhelya, fondé au XYlle siècle par Mou!;lammad
ben Nâcer Ad.Drà'y, morl en 1669. La zâouya-mère est à Tamegrout
(Oued Drâ'a). Cf. Rinn, op. cit., p. 277 el suiv. ; Deponl et Coppolani,
op. cit•• p. 467 et suiY.; Monlel, op. cit., p. 20-21.
CONFRtRlES ET ZAOUYAS DE TANGER 111
I. « Le père à la 'arrâqya ", bonnet pointu brQd~ d'or que l'0rtellt les
enfants à Tétouan. .
8 *
118 AltCHIVES MAROCAINES
r. Sur le pèlerinage il Sidy 'Allâl, cf. Mouliéras, op. cit., II, p. 753.
?. C'est pendant son séjour il cette cour, que le sultan Aboû 'ln;în
chargea son secrétaire, Ibn Djozay de Grenade, de rédiger les voyages
d'Ibn Ba~oû~a, d'après les notes du voyageur: ce travail fut achevé cn
trois mois (1356). Ibn 13a~oûta ne mourut que vingt ans plus tard. Cf.
Defrémery et Sanguinetti, Vo)'ages d'l/m Batolltah, l, p. XXI; Mac
Guckin de Slane, VO,rage dans le Soudan pal' Ibn Batouta (Joul'/lal asia·
tique, 11\~3, p. 11\2'11\3).
3. Mouliéras (op. cit., Il, p. 1 r et suiv.) s'étenù longuement sur le
moiÎsem de ce marabout, dans la tribu de Fichtala.
124 ARCHIVES MAROCAINES
marocaines, p. ~!63).
LA KHERQA DES DERQAOUA
ET
LA KHERQA SOUFYA
1. De ~..,...-, çouf « laine ", parce que les premiers soûfis se vê-
taient de laine blanche; le Prophète le recommandait et la forme gram-
maticale est correcte; on peut citer en faveur de cette étymologie, ce
fait que les derviches persans s'appellent pechmineh pouch Il vêtu de
laine ". Cependant quelques auteurs font venir ce mot de "4- « pu-
reté ", ou du grec ao:po;, sage, ou enfin de ~ , çotra, « banc ",
parce que les premiers compagnons du Prophèt~ s'appelaient Ahl aç-
ÇO/!ll « les gens du banc ». On appelle aussi Çou{a une tribu anté-
islamique qui s'était séparée du monde, pour se vouer à l'entretien du
temple de la Mecque. Signalons enfin l'hypothèse émise par L. Rinn, qui
rattache ce mot à la racine berbère ][8, S. F. (exceller). Cf. Rinn,
op. cit., p. 25 et Essai d'etudes linguistiques et ethnologiques sur les ori-
gines herhères (Revue africaine, 1881, p. 25 ( et suiv. ; Arnaud, Étude
sur le Soufisme (Revue africaine, 1887, p. 352); Depont et Coppolani,
op. cit., p. 76 et suiv.; Montet, op. cit., p. 26 (note). Nous conservons
dans lloll'c article la tl'anscription soûfi, au lieu de çoûfi, comme étant
consacrée par l'usage.
9
130 ARCHIVES MAROCAINES
Rinn, op. cit., p. 202 et suiv. ; DepEInt et Coppolani, op. cit., p. 172. Sur
Sohraouardy Maqtoûl, cf. Carra de Vaux, La philosophie illuminative
(Journal asiatique, 1907, XIX, p. 63 et suiv.).
<-
1. Littéralement Li~, Ichirqa, lambeau, haillon de J;"";;", .!cha-
raqa, lacérer, déchirer, d'où l'expression .Aç(&db al-Khiraq (compagnons
des Kherqa) pour désigner les Soulis. Voici ce que dit le chaîkh As-
Senoussy de cette coutume: « Il y a encore parmi les Seherourdia, la
pratique qui consiste à se couvrir d'un v~tement composé d'un gl'and
nombre de pièces d'étoffes différentes et à se souvenir que l'homme est
constamment nu (c'est le sens même de moudjarrad ou moutadjarrad)
et observé par Dieu.
2. «L'explication de ce vêtement symbolique est donnée par diverses
autorités; elle est entièrement intellectuelle. La création se compose
d'une multitude de choses diverses, dont la plus parfaite est l'homme et
sa raison; les pièces du vêtement représentent cette multitude de choses,
et l'homme qui le porte rappelle que c'est pour lui que Dieu les a fait
exister. Quiconque arrive à saisir la portée de cette figure a atteint la
perfection à laquelle il doit prétendre.
ce L'institution de ce vêtement a pour but de modifier la nature
humaine, de la pénétrer des œuvres saintes et de lui faire renoncer à ses
tendances profanes JI. Cf. Colas, Livre mentionnant les autorités sur les-
quelles s'appuie le Cheikh E.-Senous.i, p. 91.
3. C'est la telckieh des Persans et des Turcs orientaux. Au Maghrib,
on l'appelle 'arrdqya. Sur ces termes d'habillement, cf. Dozy, Diction··
naire de. nom. des v~tements chez les .Arabes, Amsterdam, 1845.
9 •
134 ARCHIVES MAROCAINES
1. 'Abdallah ben Al}.med, lac. cit. Cependant il n'est pas défendu d'être
propre et correctement vêtu. Un homme dit au Prophète: « Je veux que
mes actions soient belles et mes vêtements beaux Il. Et il se repentit
aussitôt, pensant qu'on l'accuserait d'orgueil, mais le Prophète lui dit:
« Dieu est beau, il aime la beanté et il a voulu qu'on l'aime pareille-
ment Il. Ibid.
2. 'Abdallah ben Al)med, op. cit., fol. 21, recto.
3. Mounkir et Nàkir, les deux anges de la mort, placés au cbevet de
tout moribond pour recueillir son âme au passage, J'interroger sur sa
religion et, suivant sa réponse, lui faire souO'rir toutes sortes de tour-
ments <:n allendant le jugement de Dieu. Cf. Hughes, op. cit., p. 27'
LA KHERQA DES DERQAOUA 137
l, Les renseignements contenus dans cette note nousont été fournis par
Beni Bekkar. Une légende veut que les Beni·Màlek et les Soliân, s'étant
rencontrés sur les bords du Seboû, un saint du pays aurait pris une
jatte de lait, et après avoir versé de l'eau dedans, aurait dit: « De même
qu'il est impossible de séparer l'cau de ce lait, les deux tribus,resteront
éternellement voisines et alliées >l.
1. Notamment les Oulad Yal)ya, les Oulad Sidy Chaîkb et les Doui·
1. Sur celle assemblée municipale, cf. Salmon, op. cit., p. I9R et suiv
2. Inutile de dire que la plus grande injustice règne dans ces réparti-
tions. L"azoua, le plus influent au sein de la djamâ'a, trouve toujours le
moyen de s'arroger la meilleure part.
3. C'est·iI-dire en dehors du R'arb, plus nu sud, il l'entrée de la plaine
du Saïs.
148 ARCHIVES MAROCAINES
10.
SUR UN CAS DE HABOUS
caines, p. 35 et 8uiv.).
SUR UN CAS DE HABOUS 151
Istiqrâr.
Ta'aqtb.
Louange à Dieu seul!
Le maître Seyyîd AQ,med ben AI.J:lâdj 'Abd al-Kerîm
Foulân susdit, a témoigné qu'il a constitué Q,abous le
quart qu'il possède dans la moitié, au partage de la susdite
maison, Q,abous en faveur des fils <le ses fils et de leurs
enfants, tant qu'ils se multiplieront ou diminueront en
nombre, et s'ils s'éteignent, il sera constitué en Q,abous
durable et ouaqf éternel sur la zâouya du saint, pur, Sidy
AQ,med al-BaqqâI, que Dieu nous favorise par son inter-
cession! dans l'intention de contempler le visage de Dieu,
l'immense, et d'en être récompensé, d'un témoignage
complet. Celui qui sait que le constituant jouit de ses
SUR UN CAS DE HABOUS 153
lftya al'-adoûl.
Taoudya.
Louange à Dieu !
Les deux 'adoui susnommés et le deuxième 'adel susdit
ont apporté devant moi ce papier: c'est exact et je le fais
savoir.
L'esclave de son Maître (signé) : Foulân, Qâl,Iy.
G. S.
LE TERTÎB
(TRADUCTION)'
pôt Mais il ne faut pas oublier que tout ce qui n'est pas
conforme à la loi du Prophète est mauvais, et l'ignorant
seul peut l'approuver. Si ceux-ci connaissaient les obliga-
tions qui découlent de la loi, ils seraient froissés de la
promulgation de ce terUh et ne l'approuveraient pas ...
« La loi religieuse, en effet, n'ordonne de payer que le
zakât 1, pour celui qu'elle désigne, qui a de l'argent, des
animaux et autres choses, grains, huile, etc; mais celui
qui n'atteint pas la limite fixée par la loi n'est pas obligé
de le payer. Le tertîb, au contraire, oblige celui qui n'a
qu'une brebis, par exemple, à payer, et, parmi les Maro-
cains, il y en a beaucoup qui, conformément à la loi qora-
nique, ne devraient pas payer et qui, en vertu du tertib,
seront lésés. Bien plus, tous ceux qui ont été désignés par
le passage du Qorân relatif au zakât, comme devant payer
l'impôt, seront aussi opprimés, et voici pourquoi: le con-
tribuable qui possède quarante moutons doit payer qua-
rante fois sept oukya. tandis qu'en vertu de la loi qora-
nique il ne paierait qu'un mouton, Le prix du mouton peut
être égal à cette somme; il peut aussi être supérieur ou
inférieur; s'il est supérieur, le gouvernement perdra sur
ce qu'il devait toucher auparavant. Mais où le contribuable
est opprimé, c'est lorsqu'il a 120 moutons, car en vertu de
la loi qoranique il ne doit payer jusque-là qu'un mouton,
tandis que, d'après le système du tertib, il devra payer six
douros. Il en est de même pour le propriétaire de chevaux,
de mules, d'ânes, de bœufs en nombre inférieur à trente,
d'arbres fruitiers et autres choses, sur lesquels la loi reli·
gieuse n'impose pas de zakât : tons seront lésés.
« Personne n'en sera dispensé: il est clair que les sujets
de l'empire seront opprimés: c'est une cause de décadence
et de ruine. Le trésor des musulmans ne sera rempli que
11*
AltCIIIVES MAHOCAIl\'ES
DESCIllPTlON TOPOGRAPHiQUE'
1. Rue des renégats ou, plus exactement, des esclaves chrétiens. C'est
EL-QÇAR EL.KEBIR Il
~. -' .'
EL-QÇAl{ EL-KE13Œ 1:J
Il
ORIGINES ET HISTOIRE.
1, Le mol 'IraI' dési~ne une eneeinle foelifiée, une "ille gal'anl;e pa l'
uue enceinle; c'est le mt'me mot 'lue 'liif:", mais 'lui a subi 1 comule laul
d,' IIlotS al'abes du dialecte llIaj.\IIl'ihitl, la "o'g-Ie du l't'''ll/li, eonsistant il
faiee )lasse" la \'oyelk de la )ll'ell.io'ee l'adicale d'uu llIot SUl' la secoude
100'squl' cdle"'i "st dj"I.II""'. SUI' l'dIe l'i·~le ... l', \\'. !lial',:ais. 1.1' dUI-
lec/l' ttt,({f,r dl' '1'/"/111'('11, Ce plll"lIlJlllt'llt' Ill' ~p "{'IILlnllle pa~ d<ll1:-- l"ad-
jeetif elilui'iue ; 011 .Iii Ill; (Jlif:".', I",hililul J'EI-Q~'i11' (pl. (!a.:ryill),
ARCHIVES MAROCAINES
1. Notre informateur était le fqih Abd as-Salâm Sefriouy, qui avait été
Jadis en possession du manuscrit en question, ainsi que de beaucoup
d'autres qu'il avait dû vendre dans un moment de détresse.
2. La Ri1).la d'Az-Zyâny raconte sur lui une légende très connue à El-
Qçar. Un jour, en venant à la méders!1 pour y faire son cours, il trouva
la salle vide, ses élèves étant tous sortis. Il s'enquit de la cause de cet
abandon et apprit que les jeunes gens écoutaient un individu ,"enu on
ne sait d'où, qui prétendait être Jésus, fils de Mal·ie. Le fqîh fit compa-
raitre cet homme devant lui et l'interroga, lui demandant des preuves
de la véracité de ses paroles. « Ce minaret en témoignera ", dit-il en
désignant le minaret de la grande mosquée. On interrogea le minaret
qui répondit: « C'est la vérité: c'est bit'n Jésus, fils de Marie." Le fqîh
s'écria alors: « Je cherche refuge en Dieu contre Satan le lapidé l " Il
fit ensuite emprisonncr et frapper l'imposteur jusqu'à ce que, le croyant
ÉL-QÇAR EL.ÎŒB1R 17
mort, on le jeta sur un tas d'ordures. Deux ans apr~s, le savant se pro-
menait en dehors de Bâb el-Oued, lorsqu'il vit venir à lui un homme
qui se prosterna et lui baisa les pieds : « Qui es-tu, ô mon frère? » dit
le fqîh. « Je suis Ben Ziz qui étais venu jadis soutenir que j'étais Jésus,
fils de Marie. J'étais possédé du dé mou, mais à la suite des coups que
j'ai reçus, le démon m'a quitté et je viens m'humilier devant toi. » Il le
suivit alors, et resta un de ses disciplcs assidus. Peut·être y a-t-il un
rapprochement à établir entre cette lég;?nde et l'inscription romaine. La
réponse du minaret pouvait bien être l'inscription que l'imposteur aurait
montrée du doigt, et sur laquelle on aurait lu le mot Jésus qui pourrait
s'y trouver. Le fqîh AI-Ouriâgly, pour éclaircir la question et démentir
l'imposteur, aurait traduit lui·même en arabe l'inscription latine.
1. Il est à remal quer que la pierre portant l'inscription gl'ecque est
encastrée dans la partie la plus récente du minaret, et non dans le mnr
en gros appareil, ce qui prouve qn'elle a été placée par les constructeurs
mu~ulmans du minaret, qui avaient dù la trouver dans les environs.
1 2
iS ARCHIVES MAROCAtN~s
1. Les auteurs arabes sont divisés sur la question des origines des
Ketama : les uns les font descendre des Berbères Branes, les autrcs,
d'Hymiar, c'est·à·dire du Yémen. Quoi qu'il en soit, les Ketama occu-
paient au début de la domination musulmane le littoral méditerranéen
entrc Sétif et Bône, puis, au XIIe siècle, une partie du massif de l'Oua-
rensenis. Ils étaient très divisés jusqu'au moment où la dynastie nais-
sante des Fâtimides les réunit pour conquérir l'Égypte et accomplir cette
révolution religieuse et politique qui divisa le Khalifat d'Orient pendant
plusieurs siècles. Les Ketama jetèrent l'épouvante dans la vallée du Nil,
mais ils n'y séjournèrent pas. Leur puissance fut brisée dès l'avènement
des Çan!,lâdja au Maghrib. En 460, EI-Bekri les mentionnait comme
fraction des Maçmoùda et un siècle plus tard Edrisi les regardait comme
les débris d'un peuple hérétique et sauvage. Cf. Ibn Khaldoûn, Histoire
des Berbères, trad. De Slane, l, p. 291 et seq. ; Carette, Recherches sur
l'origine et les migrations des principales tribus de l'Afrique septen-
trionale, p. 93 et seq.
2. Cf. EI.Bekri, Description de l'Afrique septentrionale, trad. De Slane
(Journal asiotique, 185 9, l, p. 322) ; Edrisi, lJe.ocription de l'Afrique et
de l'E.'pagne, trad, Dozy et De Goeje, p. 89.
20 ARCHIVES MARbcAtNtS
I. Budgett Meakin fait une confusion lorsqu'il donne les noms de Qçar
'Abd el-Kerim et Qçar Kétami, d'après le Raudh el-Qartas, dit· il, à
Qçar el-Mejaz qui n'est autre qu'EI-Qçar eç-Cer'ir, sur le détroit de Gi-
braltar. Il est inexact aussi qu'Edrisi place en ce lieu Qçar.Maçmouçla
qui est le même que Qçar eç.Cer'ir. Cet auteur attribue à El-Qçar el-
Kebir le num de Qçar 'Abd el-Kerim et dit que cette ville était habitée
par des Danhadja, ce qui est conforme à Ibll Khaldoûll et au Ralldh el-
Qartas. Cf. Edrisi, loc, cit.; Budgett Meakin, The la/ld 01 the Moors,
p. 338-339.
2. Cf. Reinaud et De Slane, Géographie d'Aboulfeda, p. 11"1".
3. V"~ ~.;l; J,I ~I ~..>.A 0""' Les habitants d'El-Qçarcroyaient
ainsi rabaisser ceux de Fès, le mot madina désignant une ville et qârya
un gros bourg.
4. Cependant, d'après EI-Bekri, elle aurait été capitale des états gou-
vernés par Idris, 61s d'Al-Qàsem, fils d'Ibrahim. Cf. El-Bekri, op, cit.•
p. h2.
12.
22 ARCHIVES MAROCAINES
I. Les Beni Achqiloûla étaient alliés aux Beni I-A!)mar par le mariage
p. !118,
2. Cf. Eloufràni, Nozltet-elhâdi, trad. Houdas, p. 132 et seq.; As-
Slàouy, Kitâb al.Jstiqçâ, III, p. rr.
RL.QÇAR EL.KEBIR 29
T. D'après Schefer (Léon l'Africain, Il, p. 225, note), le mot /lib! est
seul correct; cependant il existe plusieurs famiJles portant le nom de
Hahty·
2. Nous avons déjà parlé de ce personnage (Archive8 marocaine8, II,
p. 48 et sq.).
3. Pidou de Saint-Qlon présente R'ailân eomme un Maure andalous de
Salé, descendant des Zegry de Grenade; la famille R'aîlân est cependant
connue chez les BenÎ Gorfot. comme nous le verrons plus loin.
4. Pidou de Saint.Qlon, Estat present de l'empire du Maroc, p, 30,
ARCHlVES MAROCAlNtS
Peuplement.
III
ORGANiSATION ADMINISTRATIVE.
§ 1. - Le khaltfa.
S 2. - L'amin al-Moustafad.
1 4
50 ARCHIVES MAROCAINES
§ 5. - Les Juits.
1. Ils ont d'autres sources de revenus illicites: ils envoient leuI's hommes
daDs les jardins pour voler des bestiaux; parfois aussi ils fonl enlever
des jeunes filles pour les vendre dans ]a montagne.
EL-QÇAR EL-KEBIR 53
14*
54 ARCHIVES MAROCAINES
IV
§ 1. - L' Habitat.
§ 2. - Le Costume.
1. Léon l'Africain, op. cil., 11, p. ~22; Marmo1, op. cil., p. 208.
62 ARCHIVES MAROCAINES
§ 3. - L'Alimentation.
§ 4. - Le Mariage.
§ 5. - La Naissance.
§ 6. - La circoncision.
avant.
2. A Tanger, on l'appelle tahdra.
EL-QÇAR EL·KEBIR '5
ration faite. Cet enlèvement se fait natnrellement avec la
complicité des parents eux-mêmes, ou tout au moins du
père: voler un enfant pour le faire circoncire est considéré
comme une action louable, IIne œuvre pie.
Lorsque la circondsion se fait avec cérémonie, le père.
ou le voleur de l'enfant, le conduit dans une mosquée ou
un marabout, au son du tabal et de la r'aita. Le barbier pré-
sent fait l'opération avec des ciseaux et met sur la plaie
de la poudre de henné. L'enfant est rapporté chez lui à
califourchon sur le dos d'une femme, entourée de parentes
ou d'amies, portant des bâtons ornés de foulards et
d'autres étoffes decouleur. Le cortège marche dans l'ordre
suivant: l'enfant et les femmes, l'étendard de la confrérie
religieuse à laquelle appartient le père, ou d'une confrérie
ayant sa sympathie' t quelques membres de celte confrérie,
le tabal et la r'aita, et les amis de la famille. Si l'enfant a
été volé, le père ne parait pas à la cérémonie.
Le lendemain, les femmes invitées viennent diner à la
maison du circoncis, en apportant des gharâIna. Les
maddâllat, qui n'ont pas cessé leur office pendant toute
cette cérémonie, et qui le continueront, ainsi que le tabal
et la r'aita, pendant sept jours encore, sont payées par la
mère, Le tabal, la r'aita et les maddâllat, qui viennent
donner l'àubade, matin et soir, chez le circoncis, pendant
une semaine sont nourris. les deux premiers dans la rue,
et les dernières dans la maison.
§ 7. - L'enterrement.
RÉGIME ÉCONOmQUE.
1. Si, par exemple, le prix d'UB bœuf cst fixé à 25 douros, J'acheteur
D'eD Tersera que 24.
1 6 *
86 ARCHIVE~ MAROCAINES
elles sont placées sur des mules, liées deux par deux par
un bout restant à scier. Il ne faut pas moins d'une journée
de marche pour amener ces poutrelles de Chechaoun à El·
Qçarj la charge de 4 poutrelles est vendue 5 pesetas. Les
marchands de bois ne payent pas le droit des portes, mais
acquittent l"achoûr.
Le vendredi matin, de très bonne heure, a lieu, devant la
prison, le SOûq al-ltamâm oua d-djâja, marché aux pigeons
et aux poules. Enfin on vend tous les jours au soûq des
fruits et des légumes, apportés par les Khlot et les Rifains
de la banlieue d'EI-Qçar, et du pain.
Les khabbàzât (marchandes de pain) tiennent leurs éta-
lageB en plein vent sur le Soûq, dans la rue du Dlwàn et à
la porte du fondaq de la régie. Ce sont des femmes mariées
ou des veuves qui font le pain elles-mêmes et le portent à
cuire au four banal; elles sont dirigées par un amîn qui a
le privilège d'être seul à vendre son pain les mardi, mer-
credi et jeudi jusqu'à une heure de l'après-midi. Nous indi-
EL-QÇAR EL.KEBIR .7
quons plus loin les taxes perçues par le mob.tasib sur la
vente de ces pains; la petite livre 'aUAry (500 gr.) est ven.
due 20 centimes. Les gens de passage et ceux qui habitent
les fondaqs achètent seuls du pain; chaque famille domi.
ciliée à EI-Qçar prépare le sien à la maison t.
Les grains se vendent sur un marché spécial appelé
rafiba zara' (cour au blé), à l'ouest de la ville, du côté de
BAb el-Oued. Ce marché tO,ut entier appartient aux \laboûs
et comprend 30 boutiques disposées en carré autou.r d'une
place; chaque boutique est louée 2 peso 50 par mois par
les \laboûs; les marchands de grains qui les occupent
achètent en gros aux paysans et vendent au détail. Les
paysans (Khlot et 'fliq principalement, s'installent parterre'
et payent alors, au profit du Makhzen, un droit de station-
nement de cinq onces (20 c.), par chouâry (charge de
mùle). Deux 'adoul, au service de l'amtn al-Moustafad se
tiennent dans une guérite, à l'entrée du marché, pour per-
cevoir ce droit, dont ils versent une petite partie (60 onces
par jour) aux mesureurs ('abbâra). Les 'abbàra sont huit
et travaillent alternativement; il leur revient donc 0 peso 30
par jour chacun, plus la poignée de grain laissée par le
vendeur pour chaque moudd mesuré. Les portefaix fiam-
mâla, sont payés par les acheteurs, à raison de 8 cent. le
moudd. Il n'y a pas d"achoûr sur la vente des grains.
Le marché aux grains a lieu chaque jour; on achète
généralement lorsqu'il fait beau temps et on vend quand
il pleut, parce que les Khlo\ ne viennent pas apporter leurs
grains. Les denrées vendues à la rafiba zara' sont: le blé
§ 3 - Les /ondaqs.
f
96 ARCIIIVES MAROCAINES
ARCH. XAROC. 7
1 7
!/S ARCHIVES MAROCAINES
§ 4. - L'industrie.
FIg.l.
FifJ·2
PL. J.
Coupe en ion!!
Hg.l.
Hg. a
Coupe en œéI.vez·s
Eg.2.
PL. II.
EL-QÇAR. EL-KEBIR ioa
basde 50 centimètres environ du niveau de la cour. Il faut
donc descendre une grande marche pour atteindre le
métier, en se courbant un peu, car le toit de chaume
s'abaisse très près du sol de la cour: cette disposition, en
laissant l'atelier dans une demi-obscurité, permet aux tis- .
serands de n'être pas incommodés l'été par les rayons du
soleil. .
Le métier, meramma, est sensiblement le même que
celui dont on faisait usage chez nous avant les perfection-
nements apportés par Jacquard, mais avec quelques modi-
fications que nous allons faire connaltre. Il se compose
de deux bâtis en charpentes reliés par des traverses en bois
(fig. 1 et 2). Le rouleau d'ensouple A, sur lequel la chaine
(qyâm ). déployée au préalable sur une monture tournante
(na'ora aç-çafM est posée, s'appelle me/oua r'azlYj une
corde chargée d'un poids forme frein et s'oppose au dérou-
lement de cette chaine en la maintenant tendue jusqu'au
rouleau B, appelé me/oua çadry, sur lequel s'enroule le
tissu. Les deux tisserands sont assis côte à côte sur le même
banc devant le rouleau B; leur travail consiste à ouvrir la
chaine en soulevant les fils qui doivent recouvrir la duite
et en laissant reposer ceux qui doivent être recouverts par
elle, à lancer la navette dans cette ouverlure, de gauche à
droite, en la rattrapant à la sortie, et à serrer fortement la
duite contre la précédente en refermant la chaine.
L'ouverture de la chaine est faite au moyen de quatre
lames appelées menckeck, suspendues à une traverse de
bois dela partie supérieure du bâtis, pardes cordestournant
sur des moUettes et reliées, par des cordes également, à
une pédale sous le métier. Lorsque l'ouvrier pose son pied
sur la pédale. une des lames s'abaisse, la mollette tourne
et l'autre lame monte: la chaine se trouve ainsi ouverte.
Chaque lame, menckeck, est formée de deux tiges de ros~au
disposées parallèlement à 10 ou 15 centimètres l'une de
l'autre et entre lesquelles sont tendues de petites corde-
ARCHIVES MAROCAINES
1
~
1 3
#
~ JQ
o
6
lE
Sidy Mîmoûn étant un djinn nègre dont l'hahitude est de hanter les lieux
ahandonnés.
EL_QÇAR EL-IŒBIR. Ui
§ 5. - L'agriculture.
§ 6. - La pêche.
§ 7. - La misère.
let de sa belle et dut verser encore une forte somme ail khalîfa qui a~'ait
déjà exigé de lui une amenùe la veille.
EL-QÇAR EL ·KEBIR 121
VI
rNSTITUTIONS COMMERCIALES.
§ 1. - Le Mo{ttasib.
§ 2. - Les corporations.
J. Cf. S. de Sacy, Traité des poids et des mesures légales des Mu-
sulmans (Magasin encyclopédique, '797, l, p. 38-89).
EL.QÇAR EL-KEBIR 141
1. Ce fait démontre une fois de plus que les vieilles institutions maro-
caines sont détruites chaque jour par le droit de protection consulaire.
ARCHIVES MAROCAINES
Mesures de capacité
Moudd (grains) (G4 litres) :
Nouc.; moudd (1/2) - l'ba'y (r/4) - thomny (1/8) - nouç thomny (1/16)
- rbî'a (1/32).
Qoulla (huiles) (26 I. 37) :
Nouç (1/2) - rba'ya (1/4) - kasseîn (1/8) - kas (1/16) - nouc.; kas (1/32).
Poids
Qan{ar 'a{{âry (ao kilogr.) :
Noug (1/2) - rba' (I/tl) - noug rba' (1/8) - rba' de rba' (1/16).
R{al (1/100) (500 grammes) :
Nouc.; l'tal (1/2) - arba' ouaq (1/4) - ouqiteîn (1/8) - ouqya (1/16) -
noug ouqya (1/32) - thomneîn (1/6~) - themen (1/128) - noug themen
(1/256) - l'ba' (1/512) - nouaya (1/204R).
Qantar baqqâl)' ou kha(il.iâr)' (Ro kil.) :
Nouc.; (1/2) - rba' (1/4) - nouç rba' (1/8) -rba' de rba' (1/16).
R{al (1/100) (800 grammes) :
Nou<; rtal (1/2) - arba' ouaq (1/4) - ouqiteîn (IJR) - ouqya (1/16) -
noug ouqya (1/32).
Qan{ar Guezzâlj, derrâzy ou fahhâmy (100 kil.) ;
Nouç (1/2) - l'ba' (1/4) - nouç rba' (1/8) - rba' de rba' (1/16).
R{al derrâzr ou fahltâmy (1.000 grammes) :
Nouc.; l'tal (Ih) - arha' ouaq (I/tl) - ouqiteîn (I/R) - ouqya (1/16)
nouç (1/32) - rcbia' (1/64) - nouç l'cbia' (r/128).
Mesllres de IODgueur
Arpentage;
Qàma = 3 dhrà' (coudées).
Maçonnerie:
Dhrà' = 2 chber (palmes); - qadam (pied) =
12 çba' (pouces).
Laine du pays:
Dhrâ' = 2 chber; uouç, rba', thcmen.
Qaîsarya :
Qàla (St! cm.) =
2 chbcl' 1/2 = 30 pouccs; nonç, rba', thClllCll.
EL-QÇAR EL-KEBIR
VII
LA vu: RBLIGIEUSE.
r. Hi.toi,.e du PO,.tu641, r- 64 'rer.o, ci~ pal' Schefer, op. cit., Il, p. 224;
2. Schefer, op. cit., Il, p. 223.
ARCH • •,uoc. 10
20
146 ARCHIVES MAROCAINES
20 *.
150 ARCHIVES MAROCAINES
§ 1. - Mosquées,
)J~ I:fl .,.\..;0-1 ..s~ t"~ Djdma' Sidy A{lmed ben Mançour.
J. Littéralement: la rouge.
EL-QÇAR EL·KEBIR 157
..s~."Jl I.:f. ~ ..s~ t"~ Djdma' Sidy' Ali hen Al- 'Arhy.
A Bâb el·Oued (Kattânîn). Petite mosquée surmontée
d'un minaret bas et hexagonal. et renfermant le tombeau
de Sidy 'Ali ben A.l-'Arby AI-Khairy mort au Xl" siècle de
l'hégire. La famille Khalry, une des plus anciennes d'El-
Qçar, est aujourd 'hui éteinte. Pendant le mois de ramal.làn,
la clarinette joue seule dans cette mosquée.
1. Ce. deux édifice. étaient toua deux près du mur d'enceinte qui
passe derrière Dâr Dabbâr' et va rejoindre la tour de Sidy Bel-'Abbb,
aux Benâtyin. Au fond de la tannerie, on retrouve .ur le mur d'enceinte
une ancienne tour carrée en brique., .emblant garder UD de. bras
de la rivière, égout .ujourd'hui, qui passe derrière DAr D.bbâr'. Le
mur d'enceinte pa••e .ur ce bras de ri...ière. La vol1te qllÏ donne p.....ge
.u cou... d'eau es' ronde, -
160 ARCHIVES MAROCAINES
1. Pour r'orabâ.
EL-QÇAR EL.KIŒlR 161
,
.~
:
(
~
EL-QÇAR EL-KEBIR 165
ratif coutre le morbus gallicus. Mais celui qui l'emploie
doit s'astreindre à ne pas manger de. viande de bœuf, ni
de poisson autre que celui de la lagune de M~ulay Boû
Sel\1âm, ni de choses acides, ni de chèvre, ni de brebis
(on peut manger le mouton mais ~sans ~ce, avec de.
l'huile, et de l'ail seulement), ni d'olive, ni d~ fruit crn ; il
doit s'abstenir en outre de respirer du soufre et d'avoir
des relations avec une femme: il ne mange guère que de
l'ail, de l'huile et des œufs. Le père de ce moqaddem a reçu
du chérif d'OnazzAn, SI AI-l:Iâdj Al-'Arby, en récompense
d'un service à lui rendu, le privilège de vendre la 'ochba
dégagée de toutes les obligations alimentaires citées plus
haut, aussi sc vend-elle beaucoup plul!I cher: c'est une
baraka transmissible que lui a donnée la Dâr ~amâna, et
St 'Abdi as-S:lIAm en a hérité de son père.
Outre ce moqaddem, les Derqaoua ont un cha/kh, l:Iadj
~l-Moufaddal AI-l:Iabiby, chef de la zAouya du Djebel
l:Iabtb. qui vient souvent à El·Qçar où i1~possède une
maison. Il vient aussi de la montagne des Derqaoua por-
teurs de Kherqa qui font des quêtes chez les adeptes de
l'ordre. Ceux-ci se réunissent tous les vendredis à la
zAouya.
Touhâma. - Les Touhâma ou Tayylbya étaient autrefois
aussi nombreux à EI-Qçar que les Djilâla (600 environ),
mais par la faute du moqaddem actuel, leur nombre est
tombé à une centaine tout au plus. Leur douya, très an-
cienne, est derrière Djâma' as-Sa'tda au quartier de Cha-
rl'a; elle contient le tombeau de Sidy Boû Sel\1am ben
'Abd al-DjaItI At-Touhâmy, mort vers le milieu du dernier
siècle. Un imâm, non touhâmy, mais payé 2 peso par mois
par les Touhâma, y dirige la prière; il y a en outre un cer-
tain nombre de tolbaqui lisent le tIizb chaque jour
moyennant une rétribution de 0 peso 40 par mois,
Le moqaddem, qui fait fonctions de nA4her, e8t un tan-
neur 'Abd as-Salâm AI-Dje1.zâr, nommé pat' le mezouar,
21**
166 ARCHIVES MAROCAINES
J. Les Beni Sayah sont originaires des Ou\ad At.uned, familles Kh\o~
établies à EI-Qçar depuis trois générations.
EL.QÇA.R EL-KEBIR 161
1.
c~~y4..:1~ y\~~y~..:1
§ 3. - Marabouts.
fils d'un sultan sa 'adien qui lui avait demandé des jeunes
filles afin de se divertir. Us prétendent que c'est lui qui fit
construire le mausolée de Moulay 'Ali Boû R'àleb.
fi Ü~ Lalla Nehqa.
Le nom et l'origine de cett~ fem~e sont également in-
connus. On raconte que lors d'une bataille contre les Por-
tugais, on lui conseilla de s'enfuir d'El.Qçar, mais qu'elle
refusa en disant: Nebqa u je resterai If. Son lombeau est
au Minzah.
J. « Parmi eux 19Orait le cheikh dont la valeur ne sanrait être mé·
connue, M01;lammed Aalter qui eut un aort funeate ;
« S"U avait commia ulle faute manifeate, aOIl cœur cependant était pur
de tout acepticiame ;
« le l'ai vu en aonge, il avait le visage radieux et le corpa éclatallt de
heauté et de parure. )0
Node' el.ladi, trad. Boudaa, p. 136.
186 ARCHIVES MAROCAINES
dr
~
~
.
...sJ..:- Szdy Moululmmad Moûmen.
De la famille des Moûmenin beni Isef, non chorfa. Simple
chambre au rez-de-chaussée {mstd), où se tient une école
qorâniqu'e : un fqih du nom de Si Moubammad ben Isef,
simple coïncidence, y enseigne aujourd'hui.
...5.>)51 I.:f...vl .J.- .J.- ...5~ Sid!l Sa'd hen Sa'd ad-Dfn
I.:f.
al-Kourdy (le Kurde).
I~~~I
exécuté par le kamendja (violon); le gombl'Y accompagne
comme suit:
pierre, dont les halles frappaient les comhattants sans aucune force, dès
qu'ils étaient éloignés à quelque distance; il est prohahle aussi que Boû
Sell).âm employait une superchel'ie pour enhardir ses compagnons.
EL-QÇAR EL·KEBIR 20t
VIII
§. 1. - Familles algériennes.
~.)....:; 'Odda.
La famille 'üdda est originaire de Mostaganem, oit l'ar-
rière grand-père du chef actuel était reis sous la domina-
tiùn turque. Réfugiés à Tétouan lors de la conquête fran-
çaise, les 'üdda s'adonnèrent au commerce et occupèrent
des emplois publics. 'Abd ar-Ra~mân 'üdda vint s'établir à
EI-Qçar et fut nommé amin, puis, détaché auprès de Moulay
1- 'Abbâs, commandant des troupes marocaines pendant la
guerre de Tétouan. Il y noua de solides relations et jouit
de la protection de Sidy 'Abd as-Salâm ben-Reisoûl, in-
fluent au Makhzen; lorsqu'il mourut, ses enfants devinrent
les pupilles du chérif. Le chef actuel de la famille, Ma~a
med ben 'Abd ar-Ra~lmân, habite EI-Qçal' avec son frère et
sa sœur, veuve d'un chériC Reisouly d'EI.Q~~ar qui lui a
laissé un fils, marié récemment avec une Reisoùlya de Tâ-
ceroût. Une autre branche est restée à Tétouan, où elle
jouit de la protection consulaire française, comme celle
d'EI-Qçar.
Mavamed 'üdda est affilié à la confrérie des Djilâla;
il a épousé une chérira ~amdoùchya. La famille tout entière
est alliée aux Beni Marzoù<l, aux Beni 'Ata Allah, aux R'râ-
bly, aux Reisoûly et aux I.lamdoùchy.
La fortune immobilière des 'üdJa est pres<lue double
de celle des Châoùch. Elle comprend sept maisons et
écuries d'une valeur totale de 125.000 pesetas. un fondal{
(40.000 pes.), une écurie à Soûl{ aç-Gar'ir (10.000 pes.),
sept petites maisons (75.000), neuf jardins (40.000), envi-
ron 50.000 peRetas de terre, sans compter quelques terres
dans la tribu de Khlot, des troupeaux et 20 aUelées de
labour.
EL-QÇAR EL-KEBIR 207
~,).;j Qondaqdjy.
Originaires de Blidah, d'une famille de fabricants de
fusils comme l'indique leur nom, les Qondaqdjy émi-
grèrent à Tétouan lors de la conquête française. Le père
des Qondaqdjy actuels vint à EI-Qçar, s'y maria avec la
sœur de Châoùch et exerça le métier de tanneur et cordon-
nier. 11 eut deux fils: l'un, Al-'Arby, établi actuellement
au Soûq al·bâïk, un autre à Tanger, converti au protestan-
tisme, dit-on, à la suite d'un séjour à Londres, aux frais de
la Société biblique.
Les Qondaqdjy soo,t pauvres, n'ont pas de terres et
jouissent de peu d'influence.
§ 2. - Familles chérifiennes.
~))l; Qâderytll.
~l.j (,;f, J..?' ...s~ )~-,' Ou/ad Sidy Altmed ben Nrlcer.
Ces chorfa, appelés aussi ehorfa de l'Oued Drâ 'a, sont
trois frères à EI-Qçar : Si AI-l;Iâdj 'Allâl An-Nâciry, com-
manditaire de plusieurs commerçants; Si Al-ijâdj A.tJ.med,
qui tient boutique au Soûq al-bâik; et Sidy Mou.tJ.ammad,
négociant en savon. Leur père est mort depuis longtemps
à EI-Q~ar; ils y possédaient autrefois la maison qui est
aujourd'hui la zâouya des Derqaoua et dont le Qorm
s'étendait autour sur un rayon assez grànd i elle était
presque la zâouya des Nàceryln qui n'en possèdent pas à
EI-Qçar. Ils l'ont vendue aux Derqaoua parce qu'elle était
trop éloignée du centre de la ville. Ces chorfa sont riches
et respectés; ils ont de mauvaises dispositions à l'égard de
notre influence.
~# Mejoûlyfn.
Ces chorra sont idrisides 'Amrânyîn et disciples d'AI-
Djazoûly; ils sont établis à EI-Qçar depuis le commence-
ment du x· siècle. Originaires de Chaouya, ils ont fait jadis
un assez long Séjour au Soûs AI-Aqça, où quelques-uns
sont restés. Selon les uns, le premier Mejoùly venu i\ El·
Q~~ar serait Sidy A~med, qui y aurait été envoyé par son
maltre, AI-Djazoûly. Selon les autres, ce privilège appar-
tiendrait à Sidy Mou1)ammad, qui aurait dû à sa vie errante
le surnom de Mejoûl (dispersé, errant). Il était contem-
porain de Sidy Mou1)ammad AI-I.lâdj, patron de Tanger:
lorsque celui·ci fut tué, que sa tête fut tranchée et envoyée
à Fès, Mejoûly alla à sa rencontre et arriva à la I.Iadjra al-
Mauqaf, au moment où la mule qui portait cette précieuse
relique, bulta contre la pierre et fit rouler la tête sur le sol;
Mejoûly la ramassa, remporta à la l.Iâra située non loin de
là et lui parla, puis illa rapporta sur la mule et la laissa
continuer son voyage vers Fès.
Sidy ~\.~med et Sidy Mou/.Jammad AI-Mejoùl sont en·
telTés tous deux, sous la même qoubba, au quartier des
Mejoûlyîn, qui portait autrefois le nom de Djenân Ar·
RolÎmy (jardin du Romain, ou du chrélien). Les Mejoùlyîn,
nombreux à EI'Qçar, font au Moûloùd une manifestation
aux tombeaux de leurs deux ancêtres. Il existe des Mejoû.
lyin à Ouazzân; l'un d'eux est retourné au Soùs il y a
vingt ans.
-S)~I Aç-Clbdra.
Nous n'avons pu obtenir de renseignements sur l'ori-
gine de ces chorfa, Ils ont une zâouya chez les Sefiân et
EL.QÇA.R EL-KEBIR 215
YemlaJ.1. était venu chez Sidy Ali ben AJ.1med au Djebel Çarçar, pour
travailler comme jardinier dans sonjardin, qui renfermait des grenadiers.
Un jour Sidy 'Ali lui demanda de séparer les grenades douces des acides.
" Comment puis-je les rccoullailr~?Il répondit 'Abdallah. Le maître, fort
étonné, lui dit: « N'as-lu jamais mang'é de grenade depuis que tu tra-
vailles chez moi? ,. Sur la réponse négative d"Abdallah, Sidy 'Ali lui
dit: « Tu as la ba,'aka : tu ne peux pas rester avec moi. » Il lui con-
seilla donc de partir, et le jeune homme alla s'installer à I,larach où il
fonda la maison d'Ouazzàn.
EL-QÇAR EL-KEBIR 2t7
c.;)'!.~ Qojafryfn.
Le véritable nom de cette famille, de l'avis des plus
savants de ses membres, serait ..s)"!J. Qochatry, de la
tribu arabe de Qochair. dont nOLIs connaissons un des-
cendant éminent : Aboû l-Qâsem 'Abd al-Kerim ben
.ijaouàzin AI-Qochatry, auteur de la Risâlat al-Qochafrya,
traité mystique composé en 434 de l'hégire (1042 (J.-C.).
Leur premier ancêtre au Maroc, Ma\lammed Al.
218 ARCHIVES MAROCAINES
u-::.)~ Djahdryin.
IJ'.,.b Taoud·
Cette famille, qui a des prétentions injustifiées au ché-
rifat, est originaire du Djebel }Jablb, dchar de Djebtla.
Leur grand-père. le fqth Tahâmy, vint à EI-Qçar sous
Moulay'Abd ar-Ra\lmân, avec ses deux cousins AFfâher
et A~-Tayytb. Depuis plus d'un demi-siècle, les membres
de cette famille administrent les \laboûs en qualité de
nâd.her; le premier fut St 'Abd as SalAm Taoûc}, puis St
AI-HAdy, St AI-R'Aly, Si 'Abd al.Qâder et St Fec}c}oûl,
actuellement en fonction. On trouve à EI-Qçar, outre ce
nâdher, son frère St AI-'Arby, et ses cousins St A\lmed"
imAm de la grande mosquée, }JAdj el-kebir son frère, Mou-
\lammad et}Jâdj TAher fils d"Abd as-SalAm, et quelques
parents pauvres appartenant à une branche établie à EI-
Qçar, avant l'arrivée de Tahâmy. Les Touad.a ont été riches,
grAce aux \laboûs où ils ont puisé largementi ils possèdent
encore un fondaq et quelques terres.
220 ARCHIVES MAROCAINES
~~ Fdsyln.
Avant leur séjour à Fès, les Fâsyin s'appelaient Al·
Mourryin. Ils seraient descendants de Sa'd ben Zeid, des
Ça~laba, cousin d'Omar ben Al KhatPb dont il avait épousé
la sœur. AprèS un séjour en Andalousie, ils allèrent se
~,LL
J
.:.J
-..:>. Benî J/estâra.
•
~! Al-Kha!ih.
Les Oulad AI-Khatîb descendent réellement de Sidy
Moul,1ammad AI-Khatib, très probablement un Achqiloûla.
Ils appartiendraient donc eux-mêmes à cette famille. Ce
qui serait de nature à confirmer cette hypothèse, c'est qu'il
1, KitâlJ al-lstiqçd. IV, p. 14.
EL-QÇAR EL-KEBIR 223
~y).1 AI-Khamry.
Cette famille, originaire d'Andalousie, est venue à EI-
Qçar au IVe siècle de l'hégire, d'après le fqih Moubammad
bel-Baèhtr Al.Kamry, mort il y a une vingtaine d'années.
Un quartier entier dans l'ancien Qçar, détruit par la rivière,
portàit leur nom; il existe encore dans les jardins du côté
du Soudd une Darb al.Khamry. lJâdj Moubammad Al·
Khamry, chef de famille, possède une maison, un grand
nombre de jardins et quelques terres.
)t;..J.1 Al-Djezzdr.
Cette famille, originaire de Salé, est venue à EI-Qçar au
siècle de l'hégire, lors d'une épidémiA de peste; elle
X1l 8
appartient aux Oulad Ar-Rafqy, dont elle porte le nom,
celui d'Al-DjezzAr venant seulement d'un de leurs ancêtres,
boucher à El-Qçar. Il existe encore six branches de cette
famille à EI-Qçar, d'influence nulle, autre part qu'à DAr
Dabhâr', où ils exercent le métier de tanneurs. 'Abd as-
SalAm AI-DjezzAr est actuellement moqaddem de la zAouya
de Moulay At-TahAmy à El-Qçar.
~, Al-Malny.
Très ancienne famille, originaire du DjebellJablb; une
femme Matnya a construit à ses frais, avant Moul.y Isma 'n,
un pont pns d'EI-Qçar, appelé Qan\8ra de Sidy SIAma, qui
22" ARCHIVES MAROCAINES
J.;JI AI-Cllel/y.
Famille d"oulamâ, venue à EI-Qçar au x· siècle de l'hé-
gire et descendant de Sidy 'Ali Chelly, qui a une qoubba
au-dessus du Soûq al-Khamis de Boujedian, en Ahl Serif.
Si A1).med Chelly et Si Mou1).ammad ben 'Abd al-Ouahhâb
Chelly ont des maisons et des jardins à EI-Qçar; ils sont
très nombreux au dchar de Boujedian.
J~I Al-Khachâny.
Très vieille famille, descendant de Sidy 'Isa ben Kha-
chân, sur le Seboû, aujoul'd'hui au R'arb, et qui était, à
l'époque de l'existence de Sidy 'Isa, en territoire Khlot.
La famille est donc Khlot; elle a deux maisons à Bâb el-
Oued: I:lâdj A1).med et Hâdj Mou1).ammad.
E. MICHAl.:x-BEJ,LAIRE ET G. SALMON.
pieux de toutes leI' Ilations SOU'l le ciel, des Parthes et Mèdes et Éla-
mites, des habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadocie,
du Pont et de l'Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l'Égypte et
des contrées de la Cyrénaïque, et des Romains présents ici, tant juifs
que prosélytes" (Acte& de& .Apôtre&, Il, 5, 13 et suiT. Reuss, Ifl7 6),
Plus loin il est question de la synagogue dite des Affranchis et de celle
des Cyrénéens et des Alexandrins (VI, 9; XI, 26).
Le Talmud de Jérusalem, tr. Sabbat 7, traite des ':l"~ C'N:lil C',J
c'est-à-dire les prosélytes qui viennent de la Lybie et doivent êh'e con-
sidérés comme des Égyptiens, auxquels les relations matrimoniales avec
leI' Israélites ne sont permises qu'après la 3' génération.
~~. Nous aurons encore l'otcasion d'y revenir.
LA COLONIE DES MAGHRABIM EN PALESTINE 233
présence d'un docteur de l'école tanaUe qui florin ait en Palestine entre
:'0 et 200 après J.-C. (2 Graetz, IV, p. 9).
Comme nous n'avons pas jusqu'ici d'autres exemples d'inscriptions
hébraiques analogues en Afrique du Nord, comme d'un autre côté, il de-
vait certainement y avoir parmi les réfugiés de la Cyrénaique, des doc-
teurs de la Palestine, il ne serait pas téméraire de considérer cette pierre
comme appartenant à la fille d'un des nombreux disciples du célèbre
rabbi Akiba, l'inspirateur et l'âme de l'insurrection juive contre les Ho-
mains sous Trajan et Adrien, dont le voyage en Afrique est confirmé
par le Talmud Bab., tr. Hosch-Haschana, 26 a.
1. Munk, Palelti:u, p. 622.
2. Respo1UJa de Hai, recueil Taam Sekenim, p. 54.
3. Entre 1142 et 1146 Abdallah ibn Toumart, le fondateur de la dynas.
tie des Almohades vainquit les AlmoraYides et s'empara de la capitale
du Maroc. A cettè occasion les Juifs eorent le choix entre la conversion
et l'expulsion totale. Une grande partie d'entre eux émigra en Espague
et en Italie et dans les pays de l'Orient (Graetz, t. IX, p. (84).
236 ARCHIVES MAROCAINES
If
III
IV
XVIII"siècle, comme l'attestent les voyageurs juifs, usages qui ont disparu
au Maroc mais sont encore en vigueur à Jérusalem.
1. Revue de.~ Écoles, p. 391.
LA COLONIE DES MAGHRABIM EN PALESTINR 251
1. Ville qui est (:If. dit le texte, très incorrect. C'est 'fî~ qu'il faut lire.
t'OPUSCULE bu CHAItŒ ZEMMOURY 263
ben 'Abd al-Kerlm ben Ya'lA ben Alimed ben Sa'id ben
Mas 'oûd ben "Ali ben Mouliammad ben Alimed ben
Idris II, etc...
est 'fâher ben 'AIt ben MouJ;1ammad ben AJ;1med ben Dâoûd
ben 1.I0rma ben Moûsa ben 'Abdallah ben Sa 'id ben Mou-
J;1ammad ben AJ;1med ben Zakaryâ ben Dâoûd ben 'Ali ben
al-Qâsem ben Idris II, elc.
mad ben IbrAhim ben Dja 'far ben 'Ali ben 'Abdallah ben
'Abd al-QAder ben l;Iorma ben 'Isa ben Idris II. '!sa laissa
deux fils: Mou\lammad, l'alné, habitant à TAmesnà dans
la tribu des ZenAta, dans la plaine d'Ar-Roummân - on
appelle ses descendants Mor'rAoua; son frère, dont Zem-
moûry ne nous donne pas le nom, habitait avec son père
dans la tribu des Mor'rAoua. Une branche de cette fa-
mille vit à Dantcha, au Sahara; une autre, dans le Dsoûl.
Mougammad an-Nafs az-Zâkya ben Djâ 'far ben (sma 'il ben
'Abdallah al-Kâmel, etc. Ce sont donc des Oulad 'Abdallah
al-Kâmel. Celui-ci eut quatre frères, 'Ali, AI-l.Iasan, Jbrâ-
him, Dja'far. Les descendants de Sidy 'Ali se fixèrent en
Égypte; une fraction resta cependant à Yanbo et une autre
se rendit dans l"Irâq. Moul;J.ammad ach-Chérif resta à
Yanbo et ses enfants se fixèrent à Yanbo les palmiers;
ils sont très nombreux. mais une branche habite à La
Mecque. lbrâhim, dont le tombeau est à l'Oued al- 'Arby,
en langue berbère Oued 'Arhab, laissa des descendants
dont une branche est dans un vill~ge de l'Oued 'Arhab. une
autre entre Yanbo al-Bagr et Yanbo an-Nakhl; Dja 'far a son
tombeau à Yanbo an-Nakhl et ses descendants dans tout le
nord de l'Afriqlte : une branche habite Médine, une autre
Yanbo, une autre l"'râq. une autre Alexandrie, et une
enfin le Maghrib, Fès même.
Il
LES MARABOUTS
III
IV
CHORB. 'ALAMYÎN.
rase. 2, p. 167-
2. Reconnai••tJllua" Maroc, p. 292 - 2 9 3•
3. Micliaux-Bellaire et Salmon, op. cil., p. 167.
4. De Foucauld, op. cil., p. :.t95•
5. Michaux.Bellaire et Salmon, op. cil.; note, p. 167'
6. Ibid., p. 168.
290 ARCHIVES MAROCAINES
•
••
TRADUCTIOK t
Quant à cc celles qui soufflent dans les nœuds Il les commentateurs disent,
les uns qu'il s'agit des femmes qui, par leurs ruses, troublent les réso-
lutions des hommes; les autres qu'il s'agit des sorcières juives qui fai-
saient des nœuds et soufflaient sur eux pour ensorceler quelqu'un.
Il Mahomet a été, dit-on, ensorcelé ainsi par un juif qui avait fait onze
nœuds sur un fil qu'il suspendit dans un puits, l'ange Gabriel révéla alors
à Mahomet et le secret de l'ensorcellement et les deux chapitres (CXIl et
CXIV). A la lectnre de chacun de ces chapitres un nœud s'évanouit, et
Mahomet guérit. »
2. Il s'agit de Satan.
3. C'est la dernière sourate (CXIV) du Coran, intitulée: Il tell Hommell ».
Ce chapitre et le précédent sont appelés Ellllou'aououidhatani, parce
qu'ils commencent par les mots A'oudhou; c'est-à-dire: cc les deux lnvo-
cations au secours ll, parce qu'ils commencent par: cc Je cherche un re-
fuge ». Le premier est considéré comme garantissant l'âme contre les
malheurs qui peuvent l'atteindre, et le second comme préservatif pour le
corps.
L'OUERD DES OULED SIDI DOUNOU 29'
Puis il dira trois' fois :
Je cherche un refuge auprès des paroles complètes de
Dieu contre la méchanceté de ses créatures t.
1 Les mots du texte, très mal ~crits, semblcDt être s\ft-' ~)-' dODt le
seDS me paratt être celai que je dODDe dana le texte.
2. C'eat eD partie ODe paraphraae du chapitre LXVII, lC l'll"'pire _.
3. Mot à mot je auia ce IlUltiD eD traiD de Umoiguer.
4. AllusioD au venet 17 de la aOlOrate LXIX « le Jour inlvita6ü. _ Le
troDe de Dieu, ordiDairemeDt aupporU par quatre aDgea, le aera par
hait le jour du jugemeDt denaier.
5. C'eat la fiD du denaier vernt de la aGunte IX iDtitulée: « rJ".lIUUIil"
ou le Repentir ••
304 ARCHIVES MAROCAINES
1. C'est toi qui les tiens par la crinière; - c'est aue paraphrase de la
Sn du yeraet 59 du chapitre XI, fi Houtl • : Il Car j'ai mis ma couSance
en Dieu, qui est mon Seigneur et le y6tre. Il n'existe pas IIne seule créa-
ture qu'il ne tienne par le bout de la chnelure •• C'est-ô.dire qu'il ne
dirige, qu'il ne rasse agir comme il yeut.
2. C'cst-À-dire gouYerne toute chose anc justice et équi~.
3. Expression textuellement extraite dc la sourate XL VII, verset 9,
• Le Dilibll"tllion ••
ARCHIVES MAROCAiNES
donne-moi une ouïe saine; mon Dieu donne moi une vue
saine. Il n'y a d'autre Dieu que toi.
1. Ces trois alinéas sont les trois derniers .versets du chapitre XXXVII
..*.
INVOCATION EN VERS.
3 t *
314 ARCHIVES MAROCAINES
3. Le texte porte : ~~\Îi JI> ~ ,', l:-:s::"" voulant dire " endroit
où ~'it )) je pense que l'auleur a employé ce mot métaphoriquement pour
dire « endroit oit se répand Il ce parfum. Il s'agirait de la tombe d'un
saint de l'Islam, peut-~tre de celle de Sidi Bounou, en admettant que la
poésie que nous traduisons ici soit celle que l'on récite sur la tombe
de ce dernier, ce qui paraît probable. Le sens donné par nous au mot
~ semble corroboré par le vers suivant. Ajoutons que les indigènes
q'~e nous avons consultés pour éclairci.' DOS doutes se SODt montrés
aussi embllrrassés qne Dous-même.
L'OUERD DES OULED SIDI BOUNOU 3f5
meDt daDs le texte. CepeDdaDt il ne faut pas s'eD étonner: c'est fréqueDt
chez les poètes mystiques chez "lesquels l'art de bien dire semble consis-
ter en l'art de dire des choses auui iDcohéreDtes que possible.
1. Il s'agit du Prophète. Le surDom, qui suit la yoie droite, lui est
souveDt dODné. Le même mot sigDifie aussi, et même plus SOUyeDt, celui
qui dirige.
2. Vera la Route, sous-eDteDdu. du BieD.
3. C'est-à-dire qui était éloqueDt.
4. « Maitre des deux lumières », je De sais ce que cela siguiSe. Peut-
être cela veut-il dire : qui avait les deux Dobles qualités d'être tres gé_
Déreux et de toujours veDir au secours de ceux qui l'imploraieDt.
'>. Ce Ters me semble sbsolumeDt ohscur. Nul D'a pu l'expliqDer. Il
est fait saDS doute allu.iou à quelque fait historique i' J'ignore également
de quel Abou BI-Ha66en il s'agit. E.t·ce de Âbou-BI Ba••en Bele,",-
douli, le fondateur de tant d'ordres my.tiques i' DaDs ce cas ~\ « le
Canal» sigDifierait peut-être soit le CaDal qui iraTeraait le Caire et dODt
il restait eDcore Daguère des traces (Voir Makrisi, De6cription de r ÊlJ:fpte
et du Caire, édit. de Boulaq), soit If! CaDal du Nil à la Mer Rou(CC. OD
sait eD tofFet que c'est eD Égypte que mourut probablement, ou disparut,
tout au moiDs, Abou-eI-HaaseD Hch-Chadouli. Et Billelidj, .. le Canal »,
serait pris poUl' désïguer l'Égypte eDtière(i').
320 ARCHIVES MAROCAINES
.
""
Ensuite le fidèle dira:
Il n'y a d'autre divinité que Dieu.
Il n'y a d'autre divinité que Dieu.
Il n'y n d'autre divinité que Dieu.
Notre Seigneur Mohammed est l'apôtre de Dieu; que
Dieu répande sur lui ses bénédictions, ainsi que, sur sa
famille et ses compagnons, et qu'il leur accorde le salut
complet.
Fin de l'Ouerd Béni composé par la Montagne de Dieu
et sa force, le Cheikh parfait des Seigneurs Généreux et
Prophètes, Dieu honore leur repos et les di rige. et Dieu
étende leurs mains à sa rencontre. 0 Dieu, réunis-nous
avec eux, fidèles du Prophète. et les amis sincères, aux
mart)TS de la religion, aux saints hommes; réunis-nous
à nos pères, à nos mères, à nos enfants, à nos épouses, à
nos frères, à nos sœurs, à tous ceux qui on t avec nous des
liens de parenté; à tous les musulmans, à toutes les mu-
s~lmanes, à cellx qui sont vivants parmi eux, et à ceux qui
sont morts; et accepte notre prière.
Louange à Dieu maître des mondes.
Ceci a été terminé le mercredi 9 du Rebi'a florissant de
l'année 1319, écrit de la main de Celui qui pèche, du faible,
de Celui qui implore le pardon de Dieu son maitre, Moham-
med ben 'Abd Elkerim. Chérif Alaoui, du Tafilelt, Ajlaoui.
Fin.
.*"
Au nom du Dieu Clément et Miséricordieux. Que Dieu
répande sa Lénédiction et accorde son ~alllt à notre Sei-
LtouEtm DES OULED SIDI BOUNOU
1. C'est Salomon.
Quant à ces noms propres, voici ce que dit à leur égard le Coran et
ce à quoi il est fait allusion.
Pour Moïse : " Voici ce que nous révélàmes à la mère de Moïse:
Allaite-le, et si tu crains pour lui, jette-le dans la mer et cesse de craindre;
nc t'afflige pas, car nous te le restituerons un jour, et nous en ferons un
de nos envoyés. » Chap. XXVIII, " Pharaon », vers. 6.
Pour Abraham: Il fait à ses contribules des reproches de leur idolà-
trie. Ils décident de le brûle r vivant:
" - Brûlez-le, dirent-ils, et venez au secours de nos dieux, si vous
voulez faire quelque chose.
« - Et nous, nous avons Jit : 0 feu! sois lui-frais! Que la paix soit
sur Abraham. »
Versets 68 et 69, chap. XXI, " les Prophètes. »
Pour David et Salomon" Souviens-toi aussi de David et de Salomon
quand ils prononçaient uue sentence concernant un champ où les trou-
peaux d'une famille avaient causé des dégàts. Nous étions présents il leur
jugement.
« Nous donnâmes à Salomou l'intelligence de l'affaire, pt il tous deux
le pouvoir et la sagesse, et forç.Îmes les monlagnelS et les oiseaux à
chauler avec David nos louanges. Nous avons agi. »
« Nous apprimes à David l'art de faire des cuirasses pour vous; c'est
pour vous mettre à l'abri des violences que vous exercez entre vous. Ne
serez-vous pas reconnaissants?
« Nous soumimes à Salomon le vent impétueux, courant à ses ordres
vers le pays que nous avons béui. Nous savions tout.
« Et parmi les démons nous lui en sou mimes qui plongeaient pour
pêcber les perles pour lui, et exécutaient d'autres ordres encore. Nous
les surveillons nous·même. "
Coran, sourate XXI, fi les Prophètes n, versets ;8·82.
Enfin pour Salomon on trouve encore.
u Un jour 1('8 armées de Salomon, composées de génies el d'hommes,
se rassemblèrent devant lui, et les oiseaux aussi, tous rangés par troupe
séparées, cIe. "
Coran, suu rate XXVII, " Lit Fuurllli », verset 17.
VOUERD DES OULED SIDI BOUNOU 3~3
32. - Kaf, Hâ, Yâ, 'AYn, Sin'. Comme dans nos versets.
..
Nous attacherons-nous maintenant à examiner la valeur
littéraire ou spirituelle de l' ouerd et du hizb qui précèdent?
Il semble que cela n'en vaille pas la peine. On peut les
résumer en peu de mots : c'est un assemblage disparate
de morceaux du Coran pris un peu partout, entremêlés de
paraphrases, d'amplifications souvent peu heureuses d'au-
tres versets, ou même de ceux qui sont déjà employés.
Ces citations proclament les vérités essentielles de la reli-
gion musulmane, mais avec autant de désordre que de pro-
lixité. Les amulettes sont faites dans le même esprit, et
les traités qui donnent la manière de les rédiger, nous
présentent aussi des versets du Coran cités de la même
façon, et non moins arbitrairement choisis pour l'ordinaire,
quoiqu'il s'en trouve parfois un, tel le verset du Trône,
qu'on signale comme plus particulièrement propre à chasser
les maléfices.
A. JOLY.
32*
UN VOYAGEUR MAROCAIN A tA. FIN DU XVIlle SIÈCLE
LA RIHLA D'AZ-ZYÂNY
des pauvres.
2. Sur ces impôts et la condition des chOl,fa vis-il-vis d'eux, cf.
LES DHAHER DES QNA'j.'RA D'EL-QÇAR 3~5
33*
ARCHIVES MAROCAINES
2. Dhahel' lsma'îly.
Le nom du constituant ne s'y trouve pas, mais la date
indique que le signataire est Moulay Isma'il, dont le sceau
est apposé en tête.
Ce dhaher, fait en faveur des seyyîd At-Tâher ben 'Ali
AI-Qantry, At-Tâher ben Mouvammad AI-Qantry, Mou-
I)ammad ben Mouvammad AI-Qantry et tous leurs neveux
habitant à EI-Qçar et autres lieux, est le renouvellement
d'un diplôme antérieur leur confirmant leurs droits, ttOu-
qoûq, leurs coutumes, 'âda, et leur manière de vivre,
slra, renvoyant à leur zâouya leur 'achour et leur zakât
et constituant en ouaqfpour cette zâouya un certain nom-
bre de terre~. Voici le détail de ce ollaqf : les terres de
l'Oued Ouaroûr, de l'Oued Dahnoûn (ou Daçuoun ?), du
Dvahr 'Abd ad-Dâîm, de Sidy Djezloù (Sidy Zglo' ?), de
Boù l,Iarcha, d'Aboû Berdy et les 'azlb du dchar d'An-Nahl
(les abeilles) du Djebel çarçar. En outre, les dîmes des
Oulad Qaman, des Oulad 1,I0urâr et des 'Ançary seront
versées à la même zâouya.
Daté du 15 rabî' Il de l'an 1084 (1673).
3. Dhahel' fsma'lly.
Renouvellement du dhaher précédent, en faveur du
seyyîd 'Ali AI-Qantry et de tous ses cousins habitant à El·
Qçar. L"achour et le zakât sont reversés à la zâouya et le
reste est employé selon le désir du bénéficiaire. Le di-
plôme se termine par cette phrase: « Quiconque voudra
en changer la destination, nouS lui couperons la tête! Il
Daté du 11 cha'bân 1114 (1702).
5. Dltaher du chérifIsma'tly.
Renouvellement en faveur des deux fqlh SiJJy At-Tàher
ben 'Ali et Sidy Moubammad ben Moubammad AI-Qantry,
son cousin, spécifiant que leurs terres s'étendron~ sur
30 zouija de terres du Makhzen labourables, qu'ils pren-
dront en tel endroit qu'ils le voudront, à EJ-Qçar. et sur
10 zouija appartenant aux habitants d'EI-Qçar l • En outre,
la terre d'Oumm 'Askar sera habousée en faveur de la
zâouya de leur ancêtre Sidy 'Abd ar·Rabman ben Sidy At-
Tâher ben Sidy Qâsem AI-Qantry « qui a établi sur des
bases solides la science de Sidy 'Abd ar-Rabman AI-Madj-
dhoûb, » ainsi' que leurs terres comprises dans le qua-
drilatère de Dbar 'Abd ad.DIUm, Boû Berdy, Boû 'Acha et
Boû Dersa, et les jardins de leurs parents.
Daté du 19 Djoumâda Il de l'an 1132 (1719).
1. C'est le fameux pacha A'\tmed, gouverueur de Tanger, dont nous
avons parlé dans une étude précédente. ED 1127 (1115), EI-Qçar relevait
donc, du gouvernement de Tanger. Cf. Archive.. marocaine.., Il, p. 57 et
seq.
2. C'était dODc une spoliation faite en faveur des QnAtra. Il est pos-
sible que ces terres aient appartenu au Makhzen qui les aurait prêtées
à des habitants d'EI.Qçar, moudjAhidIn par exemple, et qui aurait décidé
plus tard de les reprendre pour les donner aux Qnâtra.
348 ARCHIVES MAROCAINES
6. Dhaher Isma'ily.
Renouvellement pur et simple du dhaher précédent, en
faveur du porteur de ce diplôme, le fqîh Sidy Moubammad
J.en A\-Tâher AI-Qan\ry, de ses frères le seyyîd AI-Mou-
faQQal et le seyyid AI- 'Arby et de tous ses neveux habitant
EI-Qçar et autres lieux. « Et quiconque en changera la des-
tination, nous lui couperons la tête! )l
Daté du milieu de Rabi' II de l'an 1143 (1730).
G. SALIlION.
ARCH • •"ROC.
3.4
LES "BDADOUA