Ouvrages de Protection Talus Rocheux
Ouvrages de Protection Talus Rocheux
Ouvrages de Protection Talus Rocheux
Jean-Louis Durville
Pierre Guillemin
Philippe Berthet-Rambaud
Didier Subrin
Janvier 2010
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Pierre Guillemin
LRPC de Lyon - Groupe de mécanique des roches
Centre d'études techniques de l'équipement de Lyon
Philippe Berthet-Rambaud
LRPC de Lyon - Groupe de mécanique des roches
Centre d'études techniques de l'équipement de Lyon
Actuellement : MND Engineering
Didier Subrin
LRPC de Lyon - Groupe de mécanique des roches
Centre d'études techniques de l'équipement de Lyon
Actuellement : CETU
Prix : 25 Euros HT
Abstract
This report presents the state of the art for the design of seven protection
kits against rock falls, among the most frequently used. It gives the main
references for understanding the functioning of these particular structures
and a synthesis of the design practice for the protection structures, as
they are applied at the Lyon Regional Laboratory. It clearly appears that
the present knowledge of the behaviour of most of these structures is still
incomplete and research is still needed. Results from experiments, such
as those which will be performed at the rock fall protection kits experiment
station, will be used for validating dynamic models and developing
simplified design methods. The experiments made on anchor bars will be
used for improving their design practice. In situ observations on the
behaviour of deflection structures will help to link their actual behaviour to
the test results on their parts and to produce more rational design rules.
Pierre POTHÉRAT
Les dispositifs de protection contre les chutes de blocs font appel à différents
principes et à des technologies très variées. Certains sont employés depuis fort
longtemps, d'autres ont été développés plus récemment mais, la plupart du
temps, la justification de ces dispositifs est très éloignée d’un
« dimensionnement » au sens noble du terme.
Parallèlement, les ingénieurs se trouvent face à une exigence de plus en plus
grande de justification des protections, d'évaluation de leur fiabilité, d'estimation
du risque résiduel. Aussi est-il apparu opportun de faire le point sur le
dimensionnement de ces dispositifs, de donner l'état de l'art sur ce sujet, même
si cet état de l'art est encore embryonnaire sur bien des points.
Pour ces ouvrages, qui pourtant relèvent de la sécurité des citoyens, on constate
qu'il existe très peu de normes ou de réglementations, mis à part les textes
généraux relatifs à l'environnement, à l'eau et à la sécurité-prévention-santé
pendant les chantiers de construction. De nombreux ouvrages ont été construits
en se basant sur des règles empiriques et force est d’admettre qu’ils ne se
comportent pas si mal. Mais ce qui ressort du retour d’expérience doit être utilisé
avec précaution. Les seules validations possibles requièrent des essais in-situ,
qui sont assez rares, d'où le projet de station d'essais développé par les
Laboratoires des Ponts et Chaussées, pour tester certaines parades passives. Il
faut aussi tirer le maximum d'enseignements des événements naturels atteignant
des dispositifs opérationnels, bien que les évènements sollicitant fortement les
ouvrages soient peu nombreux.
Ce document doit être considéré comme une première contribution, un état de
l’art sur les pratiques en matière de dimensionnement d’ouvrages de protection
contre les chutes de blocs, qui met notamment en évidence les insuffisances
actuelles. L’amélioration de ce texte et une édition sous forme d'un véritable
« guide technique » devraient suivre dans quelques années.
On peut citer, parmi les "référentiels techniques" disponibles (aux statuts divers :
normes, directives, recommandations, guides techniques), les documents
suivants, même si certains n'abordent que marginalement le dimensionnement :
On peut conclure de cette rédaction que les ouvrages de protection contre les
chutes de blocs ne sont pas couverts par un EC spécifique, et relèveraient plutôt
des ouvrages dits spéciaux, d'autant plus que la fonction d'un dispositif de
protection se matérialise non pas au niveau de celui-ci, mais à l'aval, au droit des
ouvrages à protéger. Néanmoins, un certain nombre de principes énoncés dans
les EC sont parfaitement transposables à ces ouvrages, et c'est le point de vue
que nous adopterons.
Suivant la « philosophie » des eurocodes, on effectue un dimensionnement aux
états-limites (ELU : ultime, ELS : de service) dans les différentes situations que
peut subir l'ouvrage. Trois principaux types de situations sont possibles, par
rapport à « l'événement rocheux » :
− les situations avant l'événement rocheux : le dispositif ne subit pas encore
d'action de la part de masse(s) rocheuse(s), il est soumis à des chargements
Suivant les eurocodes, les actions sont classées comme permanentes, variables
ou accidentelles (auxquelles il faut ajouter l'action sismique).
En fait, le niveau des connaissances est très variable suivant le type d’ouvrage
et, le plus souvent, embryonnaire ; par exemple, on a peu de recul sur les écrans
de filet. Les approches actuelles sont donc encore largement empiriques. Sur le
site de la station d’essai LCPC/CETE, qui entre en fonction en 2010 (site de
Montagnole en Savoie, figure 2), il sera possible de réaliser des essais
reproductibles en vraie grandeur, avec des impacts de blocs ayant une énergie
cinétique jusqu'à 10 000 kJ, sensiblement supérieure aux capacités des
installations existantes. Cette station permettra certainement, au cours des
prochaines années, des progrès substantiels dans le dimensionnement des
parades passives.
3.1. Préambule
3.2. Problématique
Les retours d'expérience à la suite d'un choc restent peu nombreux. À notre
connaissance, il n'existe pas d'exemple in situ de merlon ayant subi de
destruction majeure et ayant fait l'objet d'une analyse détaillée, ce qui laisse
sous-entendre que les ouvrages actuels sont probablement largement
surdimensionnés. Il existe par contre des exemples où l'inefficacité du merlon est
due à un choc en partie haute de l'ouvrage, avec une inertie insuffisante pour
stopper le bloc incident qui scalpe l'ouvrage au passage. Ces conditions sont
liées à une mauvaise appréciation des trajectoires possibles ou une marge de
sécurité insuffisante sur la hauteur de l'ouvrage, compte tenu de la dimension du
bloc de projet, lors de l'implantation.
En l'absence de retour d'expérience exploitable, la réalisation d'essais en
conditions maîtrisées est donc essentielle pour appréhender les phénomènes.
Les essais d'impact en vraie grandeur restent rares (Peila et al., 1998). Des
essais ont été réalisés sur la centrifugeuse du LCPC pour étudier l'impact de
blocs rocheux sur un merlon dans le cadre de la protection de la RN90 à
Aigueblanche en Savoie (Lepert et Corté, 1988). Le merlon d'Aigueblanche
constitue l'ouvrage de référence à la fin des années 1980 avec un corps en
Pneutex, une hauteur de 7 m, une largeur de 5 m en tête, un parement amont
Les travaux réalisés à l'EPFL (Labiouse et al., 1994) ont cherché à étudier la
sollicitation dynamique du matériau de couverture des galeries de protection
pare-blocs type casquette. Les expérimentations menées dans une halle d'essais
ont principalement consisté à étudier la chute verticale de blocs de béton sur une
dalle souple reposant sur 4 appuis, recouverte d'une épaisseur de sol jouant le
rôle de matériau amortissant. Des essais avec chute inclinée ont également été
réalisés. Même si l'objectif initial n'est pas appliqué directement aux merlons, cet
ensemble exhaustif de résultats expérimentaux constitue une base de données
intéressante pour l'étude de l'impact sur des remblais en terre. La démarche a
notamment permis de caractériser un effort statique équivalent au choc
dynamique lié à l'impact sur le matériau amortissant (voir chapitre 6).
degrés
degré
,
(degrés)
(degrés)
,
(degrés)
φ =30 degrés
η =0 degré
φ =45 degrés
φ =30 degrés
η =30 degrés
φ =45 degrés
4.1. Introduction
4.2. Problématiques
Le filet à anneaux fait intervenir, par exemple, le contact multiple d’anneaux entre
eux, nécessitant la prise en compte de grandes déformations à l’échelle de
l’ouvrage tout en plaçant de fait le problème en dynamique des structures
souples. Ensuite au moment de l’impact, l’énergie incidente va se diffuser sous
forme d’une onde d’effort au sein même du filet jusqu’à ses points de maintien
pour ensuite se propager dans le haubanage et solliciter la structure porteuse. Si
l’effort correspondant est suffisant, les systèmes freins doivent alors se
déclencher pour consommer ce trop plein d’énergie et finalement atténuer les
Cela pose d’ailleurs la question du fonctionnement des systèmes freins qui, s’ils
sont souvent testés en statique sur banc, ne le sont que trop peu en dynamique
(des essais ont cependant eu lieu au LRPC de Lyon en 1978), seule façon de
Finalement, la voie la plus intéressante repose sur les approches numériques qui
permettent de considérer l’ensemble du problème autour de l’interaction du bloc
incident avec le comportement mécanique de la structure. Les travaux les plus
aboutis sont notamment issus de modélisations en éléments discrets (Volkwein
A., 2004), Nicot et al., 2001). Dans ces travaux, le bloc est souvent assimilé à
une boule rigide alors que les différents composants de l’écran sont intégrés via
des propriétés d’interaction (éléments du filet) et de comportement (haubanage,
poteaux) (Figure 11).
(a)
(b)
Figure 12. Impact calculé en éléments finis sur une membrane représentant le
filet d’un écran pare-blocs (vue de dessus) (Yamada et al., 1991) (a) avant
l’impact (b) après l’impact
Pour autant, ces approches nécessitent un gros travail de calage des paramètres
par recours quasi-systématique aux essais en grandeur nature. En effet, toute
modélisation, aussi exhaustive soit-elle, repose sur des hypothèses et donc des
limitations. Par exemple, les phénomènes d’échauffement ne sont pas
directement pris en compte mais participent pourtant à la dissipation globale : le
recalage consiste donc à les intégrer indirectement, par exemple en modifiant les
caractéristiques locales de l’interaction bloc-filet. De même et comme déjà
évoqué, ces modèles ont des difficultés à prendre en compte certaines
spécificités de fonctionnement liées aux assemblages, nécessitant de se placer
par hypothèse dans un contexte prétendu de « bon fonctionnement ».
Dans l’état actuel des connaissances, la seule véritable voie est donc celle de
l’expérimentation en grandeur nature du système envisagé. D’une part, cette
approche assure que, dans les conditions de l’essai, l’écran a résisté ou non.
D’autre part, c’est le seul véritable moyen pour disposer de données fiables.
4.5. Le marquage CE
Trajectoire du bloc
Câble longitudinal supérieur
Pente de référence
hN – hauteur nominale de l’écran
Vue en coupe
4.6.2. Équipement
- installation de l’écran
Un écran de trois modules fonctionnels (soit quatre poteaux) doit être utilisé pour
les tests. Le fabricant doit préciser la géométrie d’installation en accord avec la
trajectoire prévue pour le bloc et son manuel d’installation et procéder à cette
installation sous la supervision de l’autorité de certification, elle-même en charge
des mesures et autres enregistrements. Les ancrages (qui ne font pas partie des
éléments à tester) doivent être dimensionnés en conséquence et approuvés par
le fabricant.
La procédure d’essai est basée sur des essais successifs à deux niveaux
d’énergie différents : l’énergie de Service ou Service Energy Level (SEL) et
l’énergie maximum ou Maximum Energy Level (MEL). La valeur de MEL doit être
supérieure ou égale à 3 fois la valeur de SEL. La classe de l'ouvrage à tester doit
être choisie préalablement par le fabricant en fonction des énergies de référence
figurant dans le tableau 1. Les classes de ce tableau sont appelées à remplacer
celles de la norme française NF P 95-308 (AFNOR, 1996, [4]) : Équipements de
protection contre les éboulements rocheux – Écrans de filets.
L’essai SEL est réalisé avec deux impacts successifs du bloc dans l’écran à la
même énergie SEL. L’objectif de ce test est d’évaluer la capacité de l’écran à
accepter des impacts successifs, avec une réduction de la hauteur utile limitée à
une certaine valeur.
L’essai SEL est réussi si les conditions suivantes sont remplies :
i/2
hN /2
hN
Figure 16. Position du premier impact SEL, au milieu du module central (vue de
dessus), le point rouge indique la cible du bloc
- lors du deuxième impact SEL (Figure 17), réalisé après enlèvement du bloc du
premier essai :
• le bloc est arrêté par l’écran ;
• le bloc n’a pas touché le sol avant que l’écran ait atteint l’élongation
maximale durant l’essai.
Aucune maintenance n’est autorisée entre ces deux lâchers à l’énergie SEL.
i/2
hR
Figure 17. Position du second impact SEL (vue du dessus) : au milieu du module
central de hauteur résiduelle hR, le point rouge figurant la cible du bloc.
L’essai est réalisé avec un unique impact de bloc. L’objectif est de caractériser la
capacité de l’écran en fonctionnement maximal. L’essai MEL va aussi donner la
hauteur résiduelle et l’élongation maximale de l’écran par rapport aux enjeux à
protéger pour pouvoir le positionner correctement et en sécurité.
L’essai MEL peut être réalisé avec le même écran que pour les impacts SEL,
après réparation ou avec un écran neuf. C’est au fabricant de choisir entre ces
deux possibilités avant l’essai MEL.
i/2
hN /2
hN
Figure 18. Position de l’impact MEL. Le point rouge représente la cible du bloc
L’ensemble des données fait l’objet d’un rapport d’essai où figurent, pour chaque
impact SEL et pour l’impact MEL, les informations suivantes :
− avant l’essai :
• masse du bloc,
• hauteur nominale,
• photographies de la position et de la construction de l’écran,
La mesure de la vitesse du bloc doit être faite au moyen d’une caméra rapide à
une vitesse d’au moins 100 images par seconde, ou tout autre moyen équivalent,
et avec une référence géométrique adéquate. Les photographies et
enregistrements vidéo doivent être suffisants pour décrire clairement le
comportement de l’écran et le déplacement du bloc avant et pendant l’impact. A
minima, il est conseillé d’utiliser au moins une camera rapide. La nécessité de
moyens complémentaires doit être considérée pour couvrir des zones d’intérêt
particulier.
Les mesures sur ancrages et câbles doivent être adaptées à l’écran testé. Au
moins trois mesures doivent être réalisées sur les principaux câbles reliés au
module central. Le choix doit être réalisé au cas par cas par l’autorité de
certification. Les efforts doivent être mesurés pendant tout le test. L’effort de pic
doit être déclaré et les diagrammes effort-temps fournis. La vitesse du système
d’acquisition doit être d’au moins 1 kHz.
hN
hN/2
Tolérance
Entraxe des poteaux = i
(1 mètre de diamètre)
4.6.10. Marquage CE
Lettres “CE”
YYY - YYY - définition ou nom du produit (le nom de la gamme du produit est
autorisé)
Exemple 2
Lettres “CE”
Le marquage de l’exemple 1 doit être fixé sur chaque poteau de l’écran. Il doit
être réalisé en métal ou frappé directement sur le poteau. Le marquage de
l’exemple 2 est utilisé pour l’emballage de l’écran avant installation et pour les
autres composants.
Rappelons pour terminer que le marquage CE, après une période de transition
(2008-2010), sera une condition incontournable pour la mise sur le marché d'un
produit.
Les grillages et les filets pendus sont des ouvrages constitués d'une nappe
souple, généralement métallique, de treillis de fils ou de câbles, amarrée en tête
de la zone à contrôler, et qui couvre l'intégralité des parois productrices
d'instabilités. Ce sont des dispositifs de protection passive dans la mesure où ils
n'empêchent pas le déclenchement des éboulements, mais se contentent de
canaliser les éboulis jusque dans une zone de réception située au débouché de
la nappe : replat, fosse de réception, autre ouvrage d'arrêt, etc. Dans certaines
configurations géométriques, les grillages ou filets pendus peuvent empêcher le
déclenchement des instabilités grâce au placage assuré par leur poids propre,
mais cette particularité accessoire, limitée en capacité et généralement localisée,
ne suffit pas pour les classer dans la catégorie des parades actives. Afin de
capter des éboulis qui proviendraient des versants situés en contre-haut de la
ligne d'amarrage et de les rabattre à l'intérieur de l'ouvrage, il est possible de
suspendre les nappes sur des poteaux haubanés, composant ainsi un avaloir. On
parle alors de grillages ou de filets pendus sur poteaux.
− poids propre (masse allant jusqu'à 15 kg par mètre carré pour certains filets),
− effort statique exercé par un bloc qui se détache d'un point quelconque de la
paroi,
− effort dynamique dû à un bloc en cours de chute.
Les grillages pendus sont des ouvrages communément utilisés pour la protection
contre les chutes de pierres, le terme de pierres étant entendu au sens
d'éléments rocheux inférieurs à quelques décimètres cubes. L'expérience montre
que des éléments individuels de 0,1 m3 sont canalisés sans occasionner de
dégâts particuliers aux nappes grillagées. Selon la configuration géométrique de
la paroi, donc selon la vitesse de propagation et l'angle d'incidence entre l'axe de
propagation et le plan de la nappe de grillage, des éléments plus volumineux
peuvent être contrôlés, mais le risque de déchirement du treillis par
poinçonnement local va rapidement croître avec la masse du bloc en
mouvement. La présence d'aspérités sur la pierre en mouvement, mise en
relation avec la taille de la maille du treillis, sera également un critère déterminant
pour les phénomènes de poinçonnement et de déchirement.
Certains grillages sont certifiés NF en tant que produit fini et chaque fabricant est
en mesure de présenter et de garantir les performances de ses produits.
Il existe deux types de tissage du fil : le tissage double torsion et le tissage simple
torsion. Le principal avantage des grillages double torsion, à maille hexagonale,
est l'absence de risque de démaillage, même en cas de rupture des fils. Les
grillages à maille losange, dits à « simple torsion », présentent un risque de
démaillage lors d'une rupture de fil, voire même lors des poinçonnements. Les
réparations sont alors très difficiles ou impossibles. Ces grillages, qui sont parfois
utilisés en raison de leur moindre coût et de leur facilité de pose (nappes très
souples), sont plutôt à réserver aux barrières pare-pierres en raison de leur
meilleure performance dynamique, justement procurée par la souplesse des
nappes. Des tests de traction dans le plan selon la norme américaine ASTM
A975, ainsi que des tests d'enfoncement, ont été menés par des fabricants avec
Certaines approches statiques des efforts appliqués aux nappes de grillage par
des blocs coincés entre l'ouvrage et une paroi verticale montrent que la charge
maximale se situe entre 10 et 50 % du poids du bloc. Ces chiffres, qui résultent
d'hypothèses ne prenant pas en compte les effets dynamiques (pourtant
largement prépondérants lors de l'écoulement des éboulis), ne sont pas
significatifs.
F G C A D K H I B J E
500
450
R R+5%
400 1
2
350
3
Charge verticale (kN)
R+50%
300
A
250 B
C
200 D
F
150
G
H
100 I
50 K
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Déplacement vertical(cm)
1 2 3
Figure 22. Essais de résistance sur différents types de filets : a- filet à maille
losange ; b- filet à anneaux à 6 contacts ; c- filet à anneaux à 4 contacts
80×100 80 2,70
Le grillage, livré en rouleaux, est déroulé lé par lé sur la paroi. Le raccord entre
lés se fait au niveau des fils de bordure par liaison maille à maille à l'aide de fils
de même nature que le grillage ou à l'aide d'agrafes spéciales posées au pistolet
pneumatique.
Lorsque que cela est nécessaire, des câbles de placage verticaux Ø 12 mm AM,
fixés aux ancrages de tête et maintenus à espace régulier par des ancrages de
rappel intermédiaires, peuvent permettre d'améliorer le positionnement de la
nappe grillagée au plus proche de la paroi et ainsi limiter la prise de vitesse par
les éboulis en transit. Des lignes de placage obliques ou horizontales
intermédiaires restent toujours possibles, sous certaines conditions, mais en
veillant à ne pas risquer de former des poches d'accumulation de matériaux qui
pourraient être complexes à vidanger ou qui pourraient conduire à la ruine de
l'ouvrage en cas de surcharge (Figure 23).
La ligne de placage de pied est disposée en bas de talus, à une hauteur qui tient
compte des contraintes d'exploitation (gabarit des chasse-neige, par exemple).
Dans le cas où le pied de paroi dispose d'une aire de réception suffisante, il est
possible de faire abstraction de cette ligne de placage et de lester seulement le
pied de la nappe grillagée pour éviter son décollement lors de la canalisation des
éboulis.
La nappe peut être composée de différents types de filets, avec différents types
de torons, différents types de fils en différentes nuances d'acier, différents types
de tissage ou d'assemblage, etc. Les principaux types de produits que proposent
les industriels pour l'application protection contre les éboulements sont :
− les filets à anneaux à 6 contacts (produits analogues aux anciens ASM) avec
des mailles de 350 à 420 mm pour des torons qui peuvent atteindre le
diamètre de 16 mm avec des sections de fils très variables selon le fabricant ;
− les filets à anneaux à 4 contacts qui comportent le même type d'anneaux que
les filets à 6 contacts ;
− les filets à câble en maille losange, souvent de 200×200 mm et en diamètre
de 7 à 12 mm. Différents types de liaisons spécifiques permettent la tenue des
câbles aux jonctions. Les modules sont produits avec des câbles de ceinture
pour permettre à la fois la tenue du tissage et les liaisons inter-modules ;
− les filets tricotés à maille en 8, qui sont actuellement la spécificité d'un
fabricant français, avec des câbles dont les diamètres courants sont de 12 et
16 mm. Sur fabrication spéciale, des diamètres inférieurs (Ø 7 et 9 mm) ou
supérieurs (Ø 20 mm) sont possibles.
5.5. Pathologies
Concernant les filets pendus, les plus anciens sont constitués de filets ASM de
récupération qui, livrés sur le chantier, comportaient déjà des points d'attaque
ponctuels par la rouille du fait de leur séjour antérieur en zone portuaire ou
côtière. Depuis leur pose (une dizaine d'années), il n'y a pas eu d'évolution
notable de la corrosion. Le plus souvent, une protection par graisse consistante
Pour les grillages pendus, ce qui est observé le plus fréquemment reste le
déchirement partiel de la nappe dû à une surcharge concentrée ou à la présence
de blocs dépassant la capacité de l'ouvrage. La réparation de l'ouvrage est aisée
pour les grillages pendus de type maille hexagonale double torsion. Après
découpe éventuelle des surfaces trop atteintes, une pièce est positionnée puis
ligaturée maille à maille.
Pour les grillages pendus sur poteaux, le phénomène le plus courant est la
perforation de la nappe lors de l'impact par une pierre trop fortement énergétique
ou dont la trajectoire est trop frontale (normale) par rapport au plan moyen du
grillage. Dans ce dernier cas, le grillage joue alors un rôle de barrière auquel il
n'est pas destiné.
Dans les filets pendus, aucune pathologie majeure n'est à déplorer sur les
ouvrages en fonctionnement, même lorsqu'il y a eu dépassement notoire de la
capacité escomptée (voir exemples précédemment cités), hormis la rupture
d'ancrages de pied ou d'autres pièces fusibles.
6.1. Introduction
Comme pour toutes les défenses passives, les galeries pare-blocs sont
dimensionnées à partir de l’évaluation de l’énergie (cinétique) d’un ou plusieurs
blocs de projet selon leur masse et leur vitesse. La particularité de ces ouvrages
de génie civil est qu’ils sont placés au plus près de l’enjeu à protéger en étant du
coup moins tributaire de la géométrie de la trajectoire, cruciale par exemple pour
les écrans de filets. En contrepartie, la galerie est de fait le dernier recours de
l’infrastructure linéaire à protéger : route ou rail principalement.
6.2. Problématique
La problématique principale est donc celle de l’impact d’un bloc rigide sur une
structure éventuellement amortie mais globalement rigide. Ce thème général a
fait l’objet de nombreux travaux de recherche, notamment pour des applications
militaires avec des projectiles qui vont impacter des structures, certes en béton,
Enfin, les structures sont souvent idéalisées ou dans une gamme d’échelle
différente avec des dalles de petites dimensions (Ohno et al., 1992 ; Sawan et
Abdel-Rohman, 1986), des blocs (Luo et al., 2000) ou des poutres (Ishikawa et
al., 2002) pour des études spécifiques, concernant des phénomènes particuliers
et à l’échelle de la zone d’impact.
Pour autant, les phénomènes en jeu sont souvent très proches puisque, même
dans la gamme de vitesse et d’énergie qui nous intéresse, l’impact du bloc reste
initialement dynamique et ces travaux sont autant de sources connexes
d’inspiration.
En fait, le problème est totalement différent entre un cas où la galerie intègre une
couche amortissante et un cas sans couche amortissante. Dans la première
situation, l’objectif de cette couche amortissante est justement d’absorber la
dynamique de l’impact pour ne retransmettre à la structure porteuse qu’un effort
statique résultant (en plus du poids propre de cette couche) pour en permettre le
dimensionnement réglementaire (Labiouse, 2001). Au contraire, dans le cas où la
galerie n’intègre pas de couche amortissante, l’impact a lieu directement sur la
structure, qui est sollicitée en dynamique et doit donc encaisser cette énergie.
Cette catégorie « historique » (Figure 25) a sûrement fait l’objet des plus
nombreux travaux et dispose d’un grand retour d’expérience. Ainsi, plusieurs
approches existent pour obtenir de manière analytique l’effort agissant sur
l’ouvrage de protection. Elles diffèrent essentiellement par la manière de prendre
en compte le comportement du sol ou de la couche et de traiter l’aspect
dynamique ou quasi-statique de l’impact.
Environ 80 séries d'essais (350 chutes) ont été réalisées dans une halle équipée
d'un puits au fond duquel était placée une dalle recouverte d'un remblai,
instrumentée pour mesurer les sollicitations dynamiques et les déformations du
système bloc-remblai-dalle. Les paramètres variés étaient la masse du bloc
d'impact (jusqu’à 1 tonne), sa hauteur de chute (jusqu’à 10 m), la nature du
remblai et son épaisseur (Figure 26). Des séries d'essais complémentaires ont
été réalisées directement sur le fond du puits pour contrôler l'influence de la
rigidité du système, l'effet du compactage du remblai, ainsi que l'effet de
l'inclinaison de l'angle d'impact. Pour ces essais, un dispositif permettant la
rotation du bloc a également été mis en place.
La directive suisse actuelle (OFROU, 1998) a été élaborée sur cette base et
selon le schéma général suivant :
Ouvrage :
Action dynamique :
géométrie, épaisseur et nature de
diamètre, masse, vitesse du bloc
la couverture
Dimensionnement de la structure
Bien entendu, le remblai de sol (non compacté !) n’est pas le seul moyen
amortissant possible et on peut également citer l’utilisation de composites
(« Pneusol », « Pneurésil », etc.). Par exemple, pour la protection du toit de la
station d’épuration du Cap Sicié à la Seyne-sur-Mer, avec comme spécification
un bloc de 7 t à 35 m/s, la couverture comporte jusqu'à sept couches de pneus
sous 0,5 m de sol de granulométrie de type 0/100 mm.
Dans le même temps, la demande d’une sécurité accrue sur les routes pour
assurer le maintien d’axes de transit nécessite de réaliser de nombreux ouvrages
de protection qui doivent être conçus pour assurer cette fonction au meilleur coût.
Pour les chocs ayant un niveau d’énergie dit « courant » (impact de plus forte
occurrence), la dalle se déforme uniquement dans son domaine « élastique » et
ne subit aucun endommagement significatif (légère fissuration du béton mais pas
de plastification des armatures). Aucune intervention de maintenance n’est donc
nécessaire après cette catégorie d’impact. Sur les ouvrages construits, une
couche de béton d'impact d'une douzaine de centimètres permet de conserver
l'intégrité de la structure pour les petits chocs.
Le premier ouvrage de ce type a ainsi été construit à la fin des années 1990 sous
l’impulsion de la DDE de Savoie au lieu-dit les Essariaux dans les Gorges de
l’Arly entre Albertville et Megève (Figure 27). Le concept a également été décliné
de différentes manières, par exemple pour prendre en compte des énergies plus
élevées ou des risques d’éboulement en masse (avec la nécessité de jouer un
rôle d’exutoire pour évacuer le matériau au fur et à mesure) avec une dalle
inclinée ou pour dégager l’horizon avec une structure porteuse en console. La
gamme d’énergie envisagée pour ce type d’ouvrage peut atteindre 17
mégajoules (étude initiale de la galerie de Poniente dans les gorges de l'Arly).
(a) (b)
Figure 28. (a) Fusibles PSD de la Galerie des Essariaux et (b) essai de
compression sur un fusible
m vb
M* = masse équivalente de la dalle
M*
m = masse du bloc
kd vb = vitesse d’impact du bloc
kd = raideur de la dalle suivant une loi
de comportement élasto-plastique
avec :
● Ecd = énergie cinétique de la dalle,
● uimp = déplacement de la dalle au point d’impact,
● u(x,y) = déplacement de la dalle au point de coordonnées (x,y),
● ρs = masse surfacique de la dalle.
Les calculs de la déformée de la dalle en statique et de la période fondamentale
sont effectués avec des outils classiques. Le poinçonnement de la dalle est pris
en compte en comparant l’effort de contact Fc avec la résistance au
poinçonnement donnée par le BAEL qui ne prend pas en compte les armatures
d’effort tranchant. Fc est calculé en considérant un contact parfaitement plastique
et un temps de contact égal au quart de la période fondamentale de la dalle.
Durant l’impact, la variation de quantité de mouvement du bloc étant égale à
l’impulsion, l’équation suivante est obtenue.
mb (v b − v'b )
Fc =
T
4
avec :
● Fc = résistance au poinçonnement,
● vb = vitesse du bloc avant le choc,
● v’b = vitesse du bloc après le choc en considérant un choc mou (= vdalle),
● T = période fondamentale de la dalle.
Une des premières difficultés avant d'aborder la simulation de tels problèmes est
de choisir correctement les outils utilisés. Pour apporter une réponse dans un
contexte d'ingénierie opérationnelle, le choix le plus évident est celui des
« éléments finis » selon un schéma d'intégration en temps explicite pour traiter
spécifiquement des aspects dynamiques transitoires de modèles non linéaires à
nombreux degrés de liberté (Berthet-Rambaud, 2004).
Sur cette base, des résultats tout à fait intéressants ont pu être obtenus (Berthet-
Rambaud, 2004) : en particulier, les flèches maximales aux différents points de
mesure peuvent être prédites de manière très satisfaisante à mieux que 1 mm
Déplacement vertical en mm
Déplacement vertical enmm
12
6 6
Exp
Exp
0 Num
Num
0.15 0.35 0.55 0.75
-6 0
0.15 0.35 0.55 0.75
-12
-6
-18
temps en s.
temps en s.
Bien sûr, ces outils permettent d’aller beaucoup plus loin qu’une approche
simplement linéaire élastique. À titre anecdotique, un calcul uniquement élastique
sous-évalue la flèche maximale de plus de 60 %, erreur qui "justifie" aussi
l’emploi de ces moyens non-linéaires à vocation déterministe.
Les contreforts sont des ouvrages actifs généralement constitués de béton armé
(Figure 33). Lorsque les efforts appliqués sur l'ouvrage comportent des
composantes tangentielles (composantes autres que de compression simple),
des ancrages passifs viennent renforcer la tenue de la structure.
Le rôle principal d'un contrefort est d'assurer une butée de pied pour la masse
potentiellement instable qui présente en général un important déchaussement.
L'ouvrage vient en sorte remplacer la masse minérale manquante qui a pu
disparaître par érosion (dans le cas d’une alternance de bancs durs et de bancs
tendres, par exemple), par effondrement ou même parfois par terrassement. La
géométrie du front rocheux et de la zone d'assise, tout comme le mécanisme
d'évolution de la masse instable, sont déterminants pour le positionnement et le
dimensionnement de l'ouvrage. Les forces de compression, normales à l'axe
principal du contrefort, susceptibles d'être développées lors de la mise en
mouvement de la masse instable, vont être transmises directement aux
fondations par l'intermédiaire de la structure bétonnée. Les autres forces,
tangentielles, qui pourront avoir tendance à générer un moment induit dans
l'ouvrage, seront contrôlées, pour l'essentiel, par des ancrages qui s'opposeront
aux couples de renversement.
Le dimensionnement d'un contrefort ancré par ancrages passifs peut alors être
effectué comme dans l'exemple suivant (Figure 35). À l'équilibre-limite, le
contrefort est soumis à son poids P, à l'effort F et à deux réactions R1 et R2. Il
faut noter que la seconde peut être dirigée vers l'extérieur ou vers l'intérieur du
massif suivant les cas, et mobiliser ou non le frottement béton/rocher.
R2
R2n
R2t
R1z R1
R1x
7.4. Pathologies
Les pathologies observées sur les contreforts béton sont rares si l'ouvrage a été
dimensionné et réalisé correctement. Les éclatements de béton ou les mises à
nu des armatures résultent souvent de défauts de mise en œuvre. Les
réparations à entreprendre, hors défaut de dimensionnement, sont alors
identiques à ce qui se fait classiquement sur tout ouvrage en béton.
Un ancrage passif est une barre métallique insérée dans un forage traversant la
surface de rupture potentielle, et rendue solidaire du rocher sur toute sa longueur
(le plus souvent au moyen d'un coulis de ciment). Son objectif est de renforcer la
résistance au cisaillement d'une discontinuité rocheuse, plus rarement de créer
une résistance à la traction normale à la discontinuité (cas fréquent en travaux
souterrains).
avec :
Tmax : effort tangentiel maximal,
N : effort normal,
U : résultante des pressions d'eau dans la discontinuité,
c : cohésion de la discontinuité naturelle,
ϕ : angle de frottement de la discontinuité naturelle,
δ : angle de dilatance de la discontinuité naturelle,
A : aire de la discontinuité,
Cb : contribution de l'ancrage passif.
Les pathologies observées sont diverses : rupture de la barre (due à une erreur
de dimensionnement ou d'implantation), insuffisance de scellement (due à un
défaut de mise en œuvre) et glissement de la barre dans le trou de forage,
corrosion de la barre.
α = 90° T N
rotules
plastiques
Un des résultats importants apportés par ces essais est la variabilité des
déplacements correspondant à la contribution maximale. Si celle-ci subit une
décroissance relativement modeste lorsque l'on passe d'une inclinaison «
favorable » de 45 degrés à une barre verticale, voire à une barre à contre-sens,
200
100
Cb (kN)
-100
-200
0 20 40 60 80 100
U (mm)
Figure 39. Courbe complète effort-déplacement dans le cas d'une barre à contre-
sens
Les essais effectués au LRPC de Lyon ont montré que l’emploi de cette méthode
conduit à des coefficients de sécurité par rapport à la résistance ultime qui sont
variables, un peu supérieurs à 2 pour des barres verticales, mais plus faibles
lorsque la barre est inclinée (1,2 pour α = 45 degrés), ceci en raison de la
ductilité très variable du système, comme on le voit sur la figure 38). En fait, pour
des angles α élevés (et a fortiori pour les barres à contre-sens), la réorientation
de la barre lors du cisaillement vient modifier localement l’inclinaison de celle-ci
et le calcul est alors pris en défaut.
m2
1+
Cb = R e 16 [cos (θ + β)tan ϕ + sin(θ + β)]
m2
1+
4
avec :
Re : limite élastique de la barre en
traction ;
m=4
tan β = cotan (θ + δ)
δ : angle de dilatance ;
θ = π/2 - α : inclinaison de l’ancrage par
rapport à la normale au plan de
glissement.
Figure 40. Méthode graphique pour le calcul des ancrages (Panet, 1987)
Les ancrages passifs ne sont pas utilisés lorsque l’on veut éviter tout
déplacement, car la mobilisation de l’effort résistant suppose un certain
glissement le long de la discontinuité renforcée. Lorsqu’un déplacement avant
rupture est acceptable, celui-ci doit tout de même rester d’amplitude raisonnable,
dans une perspective d’état-limite de service (ELS) par exemple. De plus, un
glissement excessif le long de la discontinuité armée risque de détruire le coulis
d’injection, donc de favoriser la pénétration de l’eau et la corrosion des
armatures. C’est pourquoi on ne peut en général tolérer un déplacement trop
important. Considérons, à titre d’exemple, la contribution mobilisée pour un
déplacement tangentiel de 10 mm (Figure 38) : hormis les cas d’inclinaison dans
le sens du mouvement, cette contribution est sensiblement inférieure à la
contribution ultime ; elle est même négligeable pour une inclinaison à contre-
sens.
Pour une vérification sous séisme, on ne dispose guère de méthode autre que
pseudo-statique : l'effort sismique « équivalent » s'ajoute au poids dans l'équilibre
du bloc et conduit à une rotation apparente de la pesanteur. Au LRPC de Lyon, la
pratique est de limiter le travail des barres à la limite élastique ; s'agissant d'une
sollicitation de courte durée, on fait abstraction du coefficient de sécurité qui est
pris sur les aciers dans le cadre d'une charge permanente. Les calculs sont
menés par une approche pseudo-statique conforme aux règles de construction
parasismique de la norme NF P 06-013 (AFNOR, 1995).
Les grillages et les filets plaqués, tout comme leurs homologues pendus, sont
des ouvrages constitués d'une nappe souple, généralement métallique, de treillis
de fils ou de câbles, positionnés sur les masses ou sur les zones à contrôler et
maintenus fermement plaqués, généralement à l'aide d'ancrages et de liaisons
par câbles. Ce sont des dispositifs de protection active puisqu'ils empêchent le
déclenchement des éboulements ou, en fonction de l'élasticité résiduelle du
dispositif, en limitent fortement l'ampleur. La première phase de l'étude de la
parade est donc la détermination des dimensions et des masses des blocs
instables.
Les filets plaqués sont généralement des ouvrages de plus petites dimensions.
Sauf cas exceptionnel, ils excèdent rarement une vingtaine de mètres carrés.
Dans les tailles supérieures, l'effet de confinement est difficile à obtenir en raison
de l'élasticité des modules. Des dispositifs complémentaires de placage et de
verrouillage sont alors nécessaires. Les efforts auxquels sont soumis les filets
sont, le plus souvent, reportés latéralement sur les ancrages périphériques, des
ancrages ponctuels de blocs individualisés pouvant compléter le dispositif.
Pour ce qui concerne les caractéristiques des grillages et les normes appliquées
en matière de fabrication, il sera fait référence au chapitre « Filets et grillages
pendus » car, quelle que soit l'application, les produits et les matériels sont les
mêmes.
Comme pour les grillages, la capacité d'un filet plaqué va dépendre autant de la
résistance intrinsèque des matériels et matériaux mis en place que de la qualité
du placage, qui aura un rôle déterminant dans l'immobilisation des matériaux. La
configuration géométrique de la paroi et le choix de la position des amarres
périphériques du filet participent grandement à l'efficacité du dispositif.
À partir des essais quasi-statiques de traction dans le plan menés sur les filets
(Berthet-Rambaud et Guillemin, 2006) et qui ont permis de mettre en évidence le
comportement de ces différents produits, notamment leur élasticité sous charge
(Figure 21), il est aisé de choisir le produit qui apportera la meilleure réponse à
l'effet souhaité :
La nature des filets utilisés en placage est identique à celle des filets pendus. Il
sera donc fait référence au chapitre 5 pour tout ce qui concerne ses
caractéristiques.
Afin de filtrer les éléments de petite taille qui pourraient passer au travers des
mailles des filets, une nappe de grillage peut parfois être mise en place.
Tout comme pour les ouvrages pendus, en plus du critère technique qui reste
prépondérant, le choix du filet à plaquer se fait également en fonction de critères
économiques.
En fait, aucun cas de rupture ou de déchirement n'a été observé sur des
ouvrages de placage…
Les pathologies liées à la corrosion et qui pourraient apparaître sur les grillages
et les filets plaqués sont bien entendu les mêmes que celles qui peuvent affecter
leurs homologues pendus. Il sera donc fait référence au chapitre 5 pour tout ce
qui concerne ces caractéristiques.
Les barres d'ancrage scellées au rocher ont fait l'objet de plusieurs travaux
expérimentaux et théoriques ces dernières années. Il doit être possible de
produire une synthèse à caractère opérationnel, notamment en complétant les
études expérimentales de façon à tenir compte de l'ensemble des paramètres en
présence. L'observation in situ du comportement des filets pendus devrait
permettre de relier leur performance réelle aux essais sur éléments et ainsi de
déboucher sur un dimensionnement raisonné.