L Orthodontiste Novembre-Décembre 2017
L Orthodontiste Novembre-Décembre 2017
L Orthodontiste Novembre-Décembre 2017
Les récentes possibilités offertes par le chin-wing ont apporté une amélioration nette de la gestion
des cas d’excès vertical en remodelant les angles goniaques ouverts avec échancrure marquée.
1 2 3a b
4 5
6 7 8
Fig. 6 - Vue intra-orale initiale secteur Fig. 7 - Vue intra-orale initiale de face. Fig. 8 - Vue intra-orale initiale secteur
droit. gauche.
Fig. 9 - Radio
panoramique.
Fig. 10 - Tracé
céphalométrique
(analyse de Tweed). 9 10
11 12a b 13
14 15
16 17 18
Fig. 16 - Photographie secteur droit post- Fig. 17 - Photographie face intra-buccale Fig. 18 - Photographie secteur gauche
chirurgicale. post-chirurgicale. post-chirurgicale.
La chirurgie a été bi-maxillaire Le Fort I avec impac- La palpation du bord basilaire reste parfaitement
tion de 5-6 mm au niveau antérieur et légèrement régulière mais la patiente a reperdu un peu de hau-
moins postérieurement avec chin-wing compte teur faciale postérieure.
tenu de la rétrogénie et de l’incompétence labiale.
L’ostéotomie mandibulaire a été du type Obwegeser
classique avec ostéosynthèse par plaque et vis
Résultat de fin
bicorticales pour garantir une excellente stabilité de traitement
post-op et permettre une rééducation précoce. Le visage est plus carré et plus symétrique. La
patiente a souligné le changement y compris
Le chirurgien a constaté une résorption partielle
au niveau des yeux (horizontalisation de la ligne
du wing dans sa partie postérieure sur un ortho- bipupillaire et yeux qui paraissent plus grands).
pantomogramme récent mais cela n’a pas de Le profil est plus rectiligne et harmonieux (fig. 11
conséquences sur la qualité globale du résultat. à 13).
Fig. 19 -
Téléradiographie de
face post-chirurgicale.
Fig. 20 -
Téléradiographie
de profil post-
chirurgicale. 19 20
La patiente a décrit une difficulté dans les jours sui- L’efficacité dans la restitution d’une compétence
vant l’intervention pour faire accepter le résultat à labiale est certainement l’avantage principal du
ses enfants, alors que ses parents, frères et sœurs, wing sur la génioplastie classique. Cela est dû à
amis ont globalement bien apprécié le change- l’étendue et à la précision de la découpe osseuse
ment. Elle se dit très satisfaite malgré la réticence du wing qui s’étend en arrière au moins jusqu’à
de ses enfants. l’aplomb de la deuxième molaire au niveau de
La patiente est en classe I molaire. Les milieux sont l’encoche pré-angulaire. Le wing permet aussi des
plus centrés sans que cela soit absolument optimal amplitudes de propulsion de 8 à 10 mm (ce qui est
(limites liées aux implants et aux couronnes solida- difficile à obtenir en génioplastie classique) avec un
risées). L’occlusion obtenue avec les anciennes res- réglage très précis de la position verticale aboutis-
taurations pourrait être améliorée en refaisant les sant à un soutien optimal de l’ensemble labio-men-
couronnes (fig. 14 à 18). tonnier. Le risque est la surcorrection du menton
(impossible avec la génioplastie).
Discussion
Le recentrage chirurgical d’une arcade non symé-
Conclusion
trique est toujours une solution de compromis et il Le résultat esthétique et fonctionnel du traitement
n’est pas toujours possible d’avoir un résultat aussi ortho-chirurgical de cette patiente a été nettement
correct. amélioré par les possibilités sur le contour mandi-
Avec le chin-wing (fig. 19, 20), la stabilité de bulaire offertes par le chin-wing.
l’abaissement postérieur reste aléatoire surtout
pour les patients avec encoche pré-angulaire mar-
quée, comme ici.
1a b c
Cas clinique
Il s’agit d’une adolescente de 13 ans présentant une
latérognathie mandibulaire modérée. réalisant des compensations dento-alvéolaires sans
Articulé inversé secteur 1/4 commençant dès 12/42 modifier le squelette. La chirurgie maxillo-faciale
jusqu’à 15/45 (fig. 1 et 2). est écartée (fig. 3 et 4).
Dysfonction linguale majeure. Pas de trouble de la Il a été convenu de réaliser les déplacements ortho-
ventilation nasale. dontiques à l’aide de la technique Insignia pour
L’asymétrie squelettique n’entraîne pas de disgrâce optimiser la gestion du torque et la coordination
L’auteur faciale majeure. des arcades.
ne déclare
L’objectif est de rééquilibrer l’occlusion dentaire en
pas de lien d’intérêt
2a b c
Fig. 2a à e - Photographies
endobuccales avant
traitement ; articulé inversé d e
12 13 14 15/ 42 43 44 45,
déviation du point incisif
mandibulaire vers la droite,
diastèmes liés à la dysfonction
linguale.
Fig. 3a et b -
Céphalométrie
de profil et
radiographie
panoramique ;
on note la coudure
radiculaire 41 et
l’hypertrophie
légère des corpus
et ramus gauches.
3a b
Fig. 4a et b -
Cone beam
de prétraitement.
4a b
5a
b c
d e
Fig. 5a à f - Set up numérique Insignia.
Phase de déplacement
orthodontique
Après la pose de l’appareil orthodontique en tech-
nique indirecte à l’aide de jig de transfert nous
avons placé une séquence d’arcs .013 CuNiti, .018
CuNiti, .014x025 .018x.025 CuNiti, .019x.025 acier
(fig. 6).
6a b c
7a b c
8a b c
9a b c
10a b c
11a b
Conclusion
Seuls des appareillages réalisés sur mesure d’un set
Lorsqu’un compromis thérapeutique est décidé, up dentaire peuvent proposer ce type de fonction-
et en particulier dans des cas d’asymétrie où il est nalités.
nécessaire de réaliser des compensations dento- La technique Insignia propose des brackets avec des
alvéolaires à la dysmorphose squelettique pour évi- valeurs de torque totalement libres et individuelles
ter la chirurgie maxillo-faciale, il est intéressant de et des formes d’arcade également individuelles dès
pouvoir exprimer des torques individuels et d’avoir les arcs CuNiti ce qui répond à ces contraintes.
des formes d’arcades individualisées dès les pre-
miers arcs CuNiti.
Henri-Jean Falanga
Spécialiste qualifié en orthopédie dento-faciale, Six-Four-les-Plages
Présentation du cas
Nicolas D. est un patient de 38 ans qui est venu
consulter pour son sourire disgracieux (fig. 1). Il
présente une malocclusion de classe II subdivison
gauche totale par mésioposition du secteur 2 avec
une déviation dentaire du milieu maxillaire à droite
(fig. 2 à 6) dans un visage équilibré (fig. 7 et 8).
La mésioposition du secteur 2 a entraîné un encom-
brement antérieur avec malpositions des incisives
supérieures, la 12 étant en occlusion traumato-
gène, en bout à bout avec son antagoniste (fig. 3).
Dans le sens transversal, il existe une endoalvéo-
1 lie maxillaire avec occlusion inversée postérieure à
Fig. 1 - Photographie du sourire.
2 3 4
Fig. 2 - Vue endobuccale droite. Fig. 3 - Vue endobuccale de face. Fig. 4 - Vue endobuccale gauche.
L’auteur
ne déclare
aucun lien d’intérêt
6 7 8
9 10
11
12 14
Fig. 12 - Vue occlusale mandibulaire, Fig. 13 et 14 - Fabrication du cache.
appareillage lingual en place.
15 16
Fig. 15 - Meulage du cache au fur et à mesure Fig. 16 - Vue occlusale maxillaire avec
du recul de 23. le cache meulé.
Fig. 18 -
Téléradiographie
du crâne de profil
en fin de traitement
avant dépose
de l’appareil.
18 19
20 21 22
Fig. 20 - Vue de l’occlusion droite en fin Fig. 21 - Vue de l’occlusion de face en fin Fig. 22 - Vue de l’occlusion gauche en fin
de traitement. de traitement. de traitement.
Fig. 23 - Vue
occlusale
de l’arcade
maxillaire en fin
de traitement.
À la fin du traitement qui aura duré 24 mois l’appa-
23 reillage est déposé et des attelles linguales sont col-
lées de 13 à 23 et de 33 à 43 (fig. 20 à 26).
Discussion - conclusion
Le choix d’un traitement dyssymétrique a été dicté
ici par la malocclusion elle-même dyssymétrique.
Sur le plan occlusal la fonction canine et le guide
antérieur ont été rétablis. Les images péri-apicales
Fig. 24 - Vue sur 36 et 37 visibles en début de traitement per-
occlusale sistent (fig. 19). Sur le plan esthétique le sourire
de l’arcade s’est amélioré (fig. 27 et 28). Il est cependant
mandibulaire en fin
regrettable, afin de réduire la durée globale du trai-
24 de traitement.
25 26
28
Chloé Bernard-Granger
Spécialiste qualifiée en orthopédie-dento-faciale, Lyon
Paul Cresseaux
Chirurgien maxillo-facial, Lyon
Raphaël Filippi
Spécialiste qualifié en orthopédie-dento-faciale, Lyon
orthodontique, qui comme l’Abalakov dans les Nous vous présentons dans cet article notre pre-
années 30, révolutionnera certainement l’ancrage mier patient traité.
dentaire. Avec cette technique, l’ancrage posté-
rieur mandibulaire est désormais stable, fiable, Présentation du cas
peu coûteux, ne nécessite pas de ré-intervention
chirurgicale, est facilement ré-activable et surtout, Il s’agit d’un jeune homme de 19 ans, qui présente
est très confortable. une classe II squelettique par rétromandibulie
L’ancrage postérieur mandibulaire est particulière- (fig. 3 et 4).
ment difficile à générer. De nombreux systèmes L’examen endobuccal montre un sens transversal
par vis ou plaques d’ancrage ont été développés. correct. Dans le sens sagittal, nous notons une
Ils sont très efficaces mais restent difficiles à placer, classe I canine et molaire droite et gauche. 36 et 46
à entretenir, sont peu confortables pour le patient. ont été couronnées par des coiffes pédodontiques.
Ces systèmes sont donc peu utilisés au quotidien. À l’examen radiographique, nous observons un
3a b c
4a b
c d e
5 6
Fig. 6 Examen céphalométrique
Fig. 5 Orthopantomographie de début de traitement. de début de traitement.
8a b c
La procédure chirurgicale
Ce sont de simples fils d’ostéosynthèse qui étaient cal afin de ne pas gêner le patient. La mise en trac- Fig. 8 Vue du système
utilisés il y a 20 ans, avant l’avènement de l’ostéo- tion par l’orthodontiste peut avoir lieu rapidement de traction du côté
droit, gauche,
synthèse par plaque. après la mise en place du système.
puis en vue occlusale.
Ils sont placés en regard de la moitié de la hauteur Les suites opératoires sont simples et le plus sou-
coronaire molaire, ce qui correspond à la hauteur vent résumées à celles de l’extraction des dents de
de collage de l’appareil multi-attache. sagesse.
Ces fils peuvent être insérés sous anesthésie locale L’ancrage est mis en traction par un simple res-
(une sédation intraveineuse peut la compléter). sort NiTi de 200 grammes (de chaque côté), mis
L’accès à la branche montante de la mandibule est en place le lendemain de l’intervention. L’extrémité
équivalent à l’accès réalisé pour l’extraction des postérieure du ressort NiTi est fixée sur la partie
dents de sagesse. Celles-ci sont d’ailleurs souvent toronnée du fil d’ostéosynthèse. L’extrémité anté-
extraites lors de l’opération, cela permet d’amé- rieure du ressort est connectée à l’appareil multi-
liorer le recul de l’arcade inférieure et le redresse- bague inférieur par une ligature métallique. C’est
ment incisif. une traction directe.
Une perforation de la branche montante est réa- La distalisation débute sur un arc à mémoire de
lisée, sous irrigation, grâce à une fraise boule forme de section .020 x .020.
montée sur pièce à main chirurgicale, afin de faire Une chaînette élastomérique est placée sur les
passer le fil d’ostéosynthèse de part et d’autre, en dents antérieures afin d’obtenir une action de recul
dégageant le nerf lingual. global de toute l’arcade.
Un fil d’ostéosynthèse, de 3/10è de mm de dia- Du côté droit, une gaine de Peek® (Albaflex®) est
mètre, est ensuite inséré dans la perforation. Les placée afin de maintenir l’espace nécessaire pour
deux brins seront toronnés et repliés au niveau de la pose d’un implant en position de 46 en fin de
l’appareil d’orthodontie pendant le geste chirurgi- traitement (fig. 8).
Les premiers résultats sont obtenus rapidement. La effet, l’axe incisif est passé de 112° à 92° en 5 mois.
traction est donc réactivée un mois après la pre- Une distalisation molaire de 3 mm a également
mière mise en traction en déplaçant simplement la été obtenue. Les axes incisifs maxillaires ont été
partie antérieure du ressort et un arc TMA 0,019 x maintenus, ce qui correspond parfaitement à notre
0,025 est inséré. objectif de départ (fig. 10 et 13).
Au bout de 5 mois de traction, le redressement Sur l’orthopantomographie, l’alvéole laissée libre
incisif souhaité est obtenu et nous programmons suite à l’extraction de 46 (en début de traite-
l’intervention d’avancée mandibulaire (fig. 9). ment orthodontique) se révèle être un excellent
La comparaison des téléradiographies permet marqueur radiographique. L’alvéole se comporte
d’objectiver le redressement incisif mandibulaire et comme un marqueur de Björk (par analogie à ses
la distalisation molaire mandibulaire obtenus. Nous études sur les directions de croissance). En effet,
observons également le maintien des axes incisifs l’alvéole ne se déplaçant pas sous l’action du trai-
au niveau de l’arcade maxillaire. tement orthodontique, elle constitue un repère
On note un redressement incisif très important. En radiologique stable. Sur l’orthopantomographie de
début de traction, l’alvéole est centrée. En fin de
14 15
16a b c
17a b
c d e
Dr Cresseaux, au cours du 7è mois de traitement. Elle a La dépose de son appareil a eu lieu en Décembre
consisté en une simple avancée mandibulaire. 2016.
Grâce au bon redressement des axes incisifs et donc à La durée totale de ce traitement orthodontico-
une phase de décompensation préchirurgicale efficace, chirurgical a donc été de 13 mois.
l’avancée mandibulaire a pu être suffisante et a permis Les objectifs squelettiques, dentaires et fonction-
de complètement corriger la classe II squelettique et nels ont été atteints (fig. 16 à 19).
dentaire.
La phase de décompensation préchirurgicale a été obte-
nue très rapidement grâce à l’ancrage par fil mandibu-
laire.
18 19
Orthodontie et chirurgie
d’avancée mandibulaire :
réflexions sur l’information délivrée aux patients
Christine Muller
Spécialiste qualifiée en orthopédie dento-faciale, Paris
Charlène Dancer
Spécialiste qualifiée en orthopédie dento-faciale, Brest
Claire Pernier
Spécialiste qualifiée en orthopédie dento-faciale, praticien-hospiatlier, faculté d’odontologie de Lyon
L
ongtemps l’apanage des adolescents, les trai- Les spécificités du besoin
tements orthodontiques se démocratisent et se d’information dans ces protocoles
multiplient chez les patients adultes. Quelle que ortho-chirurgicaux
soit la motivation première de cette patientèle, elle Les patients sont peu demandeurs d’informations
s’accompagne d’une exigence de discrétion à laquelle « strictement » techniques et médicales (le trait d’os-
répond parfaitement l’orthodontie linguale. La crois- téosynthèse…). Quand c’est le cas, leur répondre est
sance faciale de ces patients étant par ailleurs achevée, relativement aisé car ce sont des protocoles établis et
il est pertinent de proposer à des adultes présentant très documentés [4].
une dysmorphose squelettique de classe II sévère, un « Est-ce douloureux ? », « Y a-t-il une gêne pour man-
protocole associant orthodontie linguale et chirurgie ger ? » « Combien de temps dure l’hospitalisation ? »
d’avancée mandibulaire [1, 2]. sont ainsi leurs principales questions. Elles relèvent plus
Ce protocole, engageant et maîtrisé, requiert un effort des à-côtés, du confort, du timing. Les orthodontistes
de communication spécifique de la part des praticiens qui traitent régulièrement des patients adultes sont
impliqués. C’est ce que montre notre étude clinique habitués à ce que ces notions prennent plus d’impor-
rétrospective mono-centrique [3]. tance que chez les adolescents. Ce décalage est encore
Le but de cet article est de partager une expérience plus vrai dans le cadre des protocoles ortho-chirurgi-
et les résultats de cette étude inédite afin que chacun caux alors que les praticiens ont moins d’expérience du
puisse y trouver quelques éléments pour améliorer la fait du nombre moins élevé de cas traités et que la litté-
prise en charge de ces cas particuliers. rature scientifique sur laquelle ils peuvent s’appuyer est
moins abondante.
Le ressenti des patients ayant bénéficié d’un traitement
Les auteurs ne déclarent aucun lien d’intérêt combinant orthodontie linguale et chirurgie mandibu-
laire par la même équipe soignante n’a fait l’objet d’au- présentant une dysmorphose squelettique de classe II
cune publication à ce jour. Étant donné le petit nombre comparable. Tous les patients ont bénéficié, entre 2010
de cas que cela touche, les quelques études incluent en et 2015, d’un traitement mené par la même équipe et
effet les différentes chirurgies (uni et bimaxillaires) et combinant orthodontie linguale (Dr Christine Muller)
plusieurs équipes [5, 6, 7]. Cela rend évidemment com- et ostéotomie sagittale d’avancée mandibulaire (Dr
plexe l’élaboration d’une fiche d’information objective Dominique Deffrennes).
destinée au patient et à son entourage. Par conséquent, La cohorte se compose de 19 femmes et 10 hommes,
les patients ont tendance à aller rechercher des infor- avec une moyenne d’âge de 36,4 ans (59 % âgés de
mations sur Internet, avec toutes les inexactitudes et 20 à 40 ans) au moment de l’intervention chirurgicale.
aberrations que cela suppose [8, 9]. 52 % ont déjà reçu un traitement d’orthodontie dans
l’enfance ou dans l’adolescence. Le traitement ortho-
Le rôle de l’information médicale : dontico-chirurgical a duré en moyenne 28 mois (entre
nos obligations légales 18 et 36 mois).
En matière d’information médicale, le tournant s’opère Tous les patients ont suivi une même thérapeutique
en 2002 avec l’article L. 1111-2 de la loi 2002-303 du orthodontico-chirurgicale scindée en trois étapes : une
4 mars 2002 relatif aux droits des malades et à la qua- préparation par orthodontie linguale préchirurgicale de
lité du système de santé qui exige des praticiens qu’ils 6 à 18 mois afin de simplifier et d’optimiser la correction
délivrent à leurs patients une information claire, détail- opératoire ; une ostéotomie correctrice d’avancée man-
lée et adaptée sur les protocoles proposés et leurs dibulaire associée ou non à une génioplastie ; une phase
conséquences, de telle sorte que ces derniers soient en orthodontique post-chirurgicale de 6 à 12 mois pour
mesure de leur donner un consentement libre et éclairé affiner et stabiliser le résultat esthétique et fonctionnel.
[10]. Nos objectifs :
Dans ce contexte, la HAS diffuse ses recommandations • nous appuyer sur un questionnaire pour évaluer
dès 2005 sur la nature des informations à transmettre quantitativement et qualitativement la façon dont les
et la manière de le faire. Diagnostic, plan de traite- patients ont vécu chacune des trois étapes majeures
ment, buts à atteindre et moyens mis en œuvre, risques du protocole (préparation orthodontique préchirurgi-
encourus mais aussi coûts, moyens de prise en charge, cale, chirurgie d’avancée mandibulaire parfois associée
durée et conditions nécessaires à la bonne marche du à une génioplastie et phase de finition orthodontique
traitement doivent ainsi être présentés au patient. Ces linguale),
informations, exposées de façon claire, loyale et précise, • analyser l’impact du traitement global,
doivent être délivrées au cours d’un entretien individuel, • recueillir leur sentiment quant à l’information médi-
personnalisé, adapté au niveau de compréhension de cale délivrée par les équipes intervenantes.
chacun, assuré par le praticien lui-même, et non par Six patients sur dix annoncent avoir recherché des infor-
son équipe. Cet échange verbal, essentiel pour sceller mations complémentaires à l’issue de leur première
la confiance entre les différentes parties, peut être com- consultation orthodontique...65% des patients partis en
plété par une fiche d’information écrite et personnali- quête d’informations supplémentaires se sont tournés
sée. Ce document, récapitulant les points clés, permet vers Internet, surfant d’abord sur les forums et les blogs
au patient de s’y référer à tête reposée et de conserver en recherchant avant tout un soutien et du réconfort
un support écrit tout au long du traitement. de la part de personnes ayant déjà suivi ce protocole...
Si 12 % d’entre eux ont vu leur appréhension diminuer
Une étude clinique pour en savoir plus à l’issue de ces recherches, il y en a autant qui l’ont vue
C’est dans ce contexte global et dans cette perspective croître… Et l’étude ne peut évidemment pas préciser
de mieux informer nos patients que nous avons mené combien ont finalement renoncé au traitement. Quoi
une étude clinique rétrospective et monocentrique ana- qu’il en soit, c’est à nous orthodontistes de prendre
lysant objectivement le ressenti de 29 patients adultes les devants, en proposant par exemple à nos nouveaux
le fait qu’à ce stade, le bénéfice esthétique du sourire tiques), d’autres liés à l’orthodontie (douleurs dentaires
rempli par le nivellement de l’arcade maxillaire est déjà à chaque activation, gène à l’élocution à la pose de
visible, source d’une satisfaction qui n’existe d’ailleurs l’appareil) ainsi que deux notions d’ordre plus général
pas dans les projets de classe III où le sourire se dégrade (maintenir une bonne hygiène dentaire et gestion des
pendant la phase de décompensation des arcades den- rendez-vous). C’était l’objet de la question à choix mul-
taires. tiples suivante : « Finalement, quels éléments ont été les
Les résultats quant à la douleur dentaire sont également plus pénibles lors de votre traitement ? » (fig. 6).
intéressants (moyenne 2,8 sur 10) puisqu’ils montrent
globalement qu’elle est absente ou faible pour 50 % La douleur dentaire à chaque activation ainsi que la
des patients, faible pour 28 % d’entre eux et modérée gêne ressentie pour parler à la pose de l’appareil sont
pour 10 %. les deux éléments évalués comme les plus pénibles de
En plus de ces questions très spécifiques, nous avons l’ensemble du protocole... Force est de constater que
aussi voulu analyser la perception globale du traite- ce sont deux éléments strictement orthodontiques.
ment orthodontico-chirurgical en combinant des élé- Si c’est un peu contrariant pour notre spécialité, c’est
ments propres à la chirurgie (hospitalisation, œdème rassurant pour nos patients compte tenu de ce qu’ils
postopératoire, douleur post-chirurgicale, port d’élas- subissent pendant le temps chirurgical et qui peut nous
impressionner. Suivent, dans un mouchoir de poche, la tuelles séquelles sensitives (description, durée, douleur,
gêne liée à l’œdème, la difficulté d’hygiène, la douleur œdème, troubles sensitifs, matériel d’ostéosynthèse,
postopératoire - ce qui est cohérent avec les résultats de alimentation, hygiène) et, enfin, la phase orthodontique
la figure 1 puis le port des élastiques et enfin, l’hospi- post-chirurgicale qui génère souvent beaucoup d’impa-
talisation. Le faible impact de l’hospitalisation se révèle tience. Les patients pourraient l’annoter et elle servirait
être une autre bonne surprise, que nous pouvons asso- également de fil conducteur aux orthodontistes lors de
cier au fait qu’il ne s’agit pas d’une hospitalisation liée leurs entretiens liminaires avec eux.
à une maladie mais à un acte chirurgical délibéré de D’autres voies peuvent être envisagées : il apparaît en
mieux-être. effet que l’information diffusée sous forme audiovi-
L’étude clinique met par ailleurs en évidence une dif- suelle est retenue plus facilement [16, 17]. Les simula-
férence de perception, a fortiori de satisfaction, entre tions offertes par les logiciels orthodontiques de type
les deux disciplines, orthodontie et chirurgie. Ainsi les Dolphin peuvent sans doute être utilisées avec un
patients de la cohorte auraient-ils souhaité recevoir plus impact fort.
de renseignements sur l’acte chirurgical, notamment sur A l’heure du numérique et face au réflexe spontané
l’importance du temps de récupération, les suites opé- de chacun à aller y puiser des données, créer un site
ratoires mais aussi l’évolution physique et l’impact psy- internet dédié, avec des informations scientifiquement
chologique afférent. C’est d’autant plus important de validées, ne doit pas non plus être négligé. Nous pour-
combler ces attentes que la satisfaction postopératoire rions alors orienter nos patients sans craindre qu’ils ne
et la capacité d’acceptation de la période de récupéra- se perdent dans des informations erronées trouvées sur
tion des patients sont liées à la qualité de l’information des sites moins sérieux.
délivrée avant l’intervention [14], information qui ne
doit d’ailleurs pas minimiser ces conséquences posto- Enfin, face au faible nombre de patients adressés par
pératoires [15]. Reste que 7 % des patients estiment, au leur chirurgien-dentiste traitant (14 %), il semble néces-
contraire, avoir globalement reçu trop d’informations : saire d’améliorer l’information auprès des omniprati-
ce résultat illustre parfaitement la complexité face à ciens sur les problématiques de dysmorphoses sévères
laquelle nous place la problématique de transmission et les protocoles de traitement orthodontico-chirurgi-
d’informations, finalement très patient-dépendante. caux, qui, à l’heure actuelle, est, au mieux, insuffisante.
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Dr P. Van Steenberghe Dr S. Dahan et assistantes)
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NUMÉRIQUE
Interview
de Laurent Petitpas,
Président de l’AFOND
Différents
systèmes
de caméra
d’empreinte
optique.
L’AFOND a été créée par des confrères qui rencontraient cha- Effectivement, la prédictibilité par set up pourrait devenir un
cun de leur côté les mêmes problématiques pour l’utilisation standard obligatoire d’utilisation des compétences actuelles !
du numérique dans leur pratique orthodontique. Si tel est leur souhait, les praticiens peuvent aller encore plus
La mise en route « digitale » pour ces pionniers a été par- loin dans l’utilisation des technologies numériques et faire
fois fastidieuse. C’est pour cette raison que lorsque nous nous évoluer leurs dossiers vers des traitements utilisant le numé-
sommes rencontrés et avons évoqué nos « soucis de Geek », rique : jusqu’à la CFAO (Conception et Fabrication Assistées
un rassemblement en association d’échange et d’entraide par Ordinateur) type Incognito, Insignia, ou Suresmile pour
nous est apparu tout à fait naturel. obtenir la fabrication de brackets et arcs individualisés.
Depuis, nous souhaitons avec l’AFOND établir un guide de La technologie numérique n’est pas « une » technique d’ortho-
qualité des différents systèmes pour fournir aide et formation dontie mais un ensemble d’outils matériels et surtout logiciels
à ceux qui se sentiraient incapables d’utiliser ces outils. Notre pour améliorer et dynamiser les techniques classiques ODF, et
guide pourrait s’intituler « le numérique pour les nuls » avec maîtriser de manière encore plus accrue nos traitements. Ce qui
différents niveaux d’utilisateurs et ainsi éviter les informations donne un sens réel supplémentaire à notre spécialité.
stéréotypées du type « moi, j’ai la… Elle marche bien… » L’apparition du cone beam en radiographie dentaire et l’arri-
« ou encore pire, j’ai investi et cela ne fonctionne pas… » sans vée de la caméra optique pour remplacer les empreintes en
aucune analyse précise des faits. matériaux conventionnels sont les deux premières étapes de
Pensez-vous que le numérique soit une technique la mise en place du numérique dans un cabinet d’orthodontie.
particulière d’orthodontie ou est-ce juste un outil
commun à toutes les techniques permettant d’en Pourriez-vous nous expliquer comment cette mise
faciliter la pratique ? en place s’est déroulée dans votre cabinet ?
C’est comme le praticien le souhaite ! Il y a ici deux questions bien différentes mais numériques
Certains accepteront des systèmes complets préétablis, « clefs toutes les deux.
en main » pour leur simplifier la tâche avec l’impression En premier lieu, la caméra scan intra-buccale.
d’avoir moins d’énergie à produire pour la réalisation de leurs À l’origine, il a fallu réaliser la mise en place totale de ce nou-
traitements. veau dispositif car, par méconnaissance (2011), de véritables
Par contre, pour d’autres que je rejoins, le numérique doit être tests se sont avérés nécessaires : un véritable challenge à des
un complément à toutes les techniques, avec différents degrés fins de qualité, précision et reproductibilité.
d’implication que l’on souhaite lui donner. À l’époque, il y a eu beaucoup d’implication de ma part pour
Il me semble qu’aujourd’hui, nous pouvons et devons utiliser initier ce processus. Mon installation numérique personnelle
ces outils pour nos diagnostics. n’est pas représentative de ce qu’aurait à réaliser un prati-
L’analyse de nos dossiers par set up numériques, véritables cien décidant de s’équiper en 2018. Aujourd’hui, si je devais
occlusogrammes 3D est le gage d’une étude approfondie de m’équiper, cela semblerait sans doute beaucoup plus simple.
nos cas. Cependant, ces aménagements structurels nécessitent de
Actuellement, leur absence dans la constitution de nos dos- modifier le schéma de protocoles du cabinet pour l’utilisation
siers pourrait sans doute nous être reprochée par un expert de ces caméras, et de leurs fichiers. Cette démarche doit être
judicaire ou d’assurance en cas de problème avec un patient. réfléchie et comme toute évolution dans un cabinet d’ortho-
• l’autonomie de fonctionnement où l’ordinateur peut être ne fournissait malheureusement pas de rendu suffisant pour
arrêté pendant l’impression. notre exercice !
Dès lors, il est difficile de se prononcer de manière catégorique Une des principales utilisations de l’impression 3D dans mon
sur le choix du matériel. Aujourd’hui, la machine parfaite qui cabinet est la confection de gouttières thermoformées de fini-
domine toutes les autres n’existe pas ! Chaque équipement, tion en technique « in office » alliant rapidité, précision et
chaque logiciel a des spécificités et des outils qui peuvent faire faible coût !
défaut à d’autres. Ayez tout de même à l’esprit qu’il faudrait réactualiser
Nous devons donc plutôt établir un référencement des possi- aujourd’hui ces informations sur le matériel car l’évolution
bilités de chaque produit et ainsi un praticien pourra organiser est permanente et très très rapide pour notre bonheur de
son choix en fonction de son cahier des charges et de ses « Geek » !
souhaits d’utilisation, pondérés systématiquement par l’aspect L’AFOND a été créée pour cela : concevoir un guide référentiel
économique tarifaire ! des différents systèmes. Ils sont nombreux et un seul praticien
Il est impossible pour un praticien d’utiliser toutes les caméras ne peut pas sérieusement tout tester.
et tous les CBCT du marché au quotidien dans son cabinet. Les retours d’expérience de confrères pour des systèmes effi-
Même les démonstrations et tests d’utilisation sont souvent caces ou non … le digital orthodontique en est à ses débuts
fugaces et parfois loin de l’utilisation au quotidien, d’où un et un certain tri est à réaliser durant cette période d’initiation.
comparatif impossible à mener à bien de manière catégorique. Plus tard, tout cela va s’éclaircir et devenir certainement plus
Pour s’équiper, un praticien doit avant tout établir un cahier simple, ce qui permettra à tous les cabinets d’y accéder.
des charges précis de ce qu’il souhaite pouvoir réaliser afin
de choisir les meilleures machines avec les outils qui lui seront Que pensez-vous apporter via L’AFOND à la pratique
nécessaires. Ceci est bien évidemment propre à chacun. orthodontique ? Quels sont les évènements ou
Il conviendra également de maîtriser l’aspect économique pratiques que vous allez organiser ou promouvoir ?
de telles installations pour notre cabinet. Il nous faut choisir La réponse précédente a peut-être déjà éclairci cette ques-
uniquement des systèmes permettant un gain de productivité tion. Pour les événements de notre association, beaucoup de
sinon cela finit par coûter beaucoup. choses sont en route, mais d’autres restent à mettre en place
Vous me posez la question sur les outils que j’utilise dans mon et améliorer ce qui existe : une implémentation permanente
cabinet actuellement. Ceux-ci ont été évolutifs car il ne faut est nécessaire car en correspondance avec l’évolution des
pas oublier que j’ai commencé à scanner en 2011 ! technologies :
Ainsi, j’ai commencé par le scanner intra buccal 3D 3M LAVA • Site internet : http://afond.fr
COS, puis trois versions de machines se sont succédé pour • Study group
aujourd’hui tester la nouvelle True Definition Scanner en ver- • Rencontres in office.
sion portable. Ces équipements m’ont tous apporté satisfac- • Mailing
tion, en étant évidemment heureux car à chaque nouvelle • Cours conférences
version, la rapidité et l’efficacité se sont toujours fait ressentir. Une panoplie totale est à développer. Et nous n’en sommes
Pour l’acquisition radiologique 3D, je suis équipé depuis 2013 qu’au début. Évidemment, tous les membres peuvent partici-
d’un Planmeca Promax 3D Mid, Machine hybride à champ per à la publication et à la diffusion de leur retour expérience.
variables (grand champ à petit, téléRX, opt). L’AFOND doit être une « FAQ » de référence pour l’orthodon-
Mon choix à l’époque s’est tourné vers cet équipement pour tie numérique !
ses possibilités d’export et d’import DCM et STL des volumes,
ainsi que la qualité de ses images. Après quelques débuts dif- Merci beaucoup pour toutes ces réponses claires
ficiles pour l’utilisation du logiciel Romexis attenant à cette sur votre activité, vos motivations et vos projets au
machine, les bugs et manque de mémoire, insuffisamment sein de l’AFOND. Nous ne manquerons pas de suivre
préconisé au départ, ont fini par être résolus en très grande l’évolution de l’orthodontie numérique dans la revue
partie. Cette machine m’apporte aujourd’hui satisfaction au « L’Orthodontiste » et donc de suivre l’évolution de
quotidien. votre association. Nous sommes en plein accord sur
Je suis également équipé d’imprimantes 3D : une « Up »(FDM) le fait que le numérique est un vecteur important
et une « Formlabs 1+ » (stéréolithographie), imprimantes bon d’évolution de notre pratique orthodontique ce qui
marché que je possède depuis 2015. ne nous fait pas oublié que l’humain reste le point
Mes premières impressions 3D se sont faites en 2012 avec essentiel de notre pratique.
une machine en kit en bois ! Il s’agissait de la « type A », qui
Céline Martin
Chirurgien-dentiste, Interne en orthodontie, Lyon
Sarah Chauty
Maître de conférences à Lyon, praticien libéral à Décines-Charpieu
Conclusion
Ainsi, le décalage est plus facile à diagnostiquer sur télé-
radiographie que cliniquement. L’œil du profane tolère
près de 2 mm de plus que le spécialiste pour remarquer
la dissymétrie. L’examen sur tissus mous (c’est-à-dire ce
À partir de quand peut-on qui est fait tous les jours lorsque nous parlons avec une
parler de dissymétrie tierce personne) là aussi est moins précis que la téléradio-
et d’asymétrie ? graphie de profil. De ce fait, il existe une certaine marge
entre le seuil normal et le seuil pathologique. Enfin, à dé-
Une dissymétrie est significative :
calage égal, le côté de la dissymétrie intervient !
• cliniquement sur photographie de face à partir de
Toutefois, la symétrie d’un visage ne garantit pas sa beau-
4 mm de déviation par rapport au plan sagittal médian
té. D’ailleurs, Nardoux définit la dissymétrie naturelle [9]
(étude réalisée avec 10 orthodontistes examinant des
photographies de face) [5], comme « une différence harmonieuse des deux parties du
• « Céphalométriquement », à partir 2 mm de décalage visage au repos et en fonction ». De sorte que, l’harmonie
de la ligne médiane sur téléradiographie de face. du visage n’est donc pas synonyme de symétrie parfaite
La dissymétrie visible sur photographie de face est une et Baud de conclure [3] : « un visage d’une symétrie rigou-
notion plus objective que celle visible sur téléradiogra- reuse donnerait une impression de géométrie absolue et
phie de face comme nous le montre l’étude de Masuoka. invraisemblable».
En effet, lorsqu’il s’agit de définir une asymétrie franche
nécessitant un traitement, celle-ci est facile. Seulement
le choix entre « pas d’asymétrie » et « asymétrie légère
ne nécessitant pas de traitement » devient plus com-
Références
plexe à définir [6]. Pour cet auteur, la façon la plus fiable 1. Bishara SE, Burkey PS, Kharouf 7. Corte CC, Silveira BL, Marque-
de mesurer une asymétrie sur téléradiographie de face JG. Dental and facial asymme- zan M. Influence of occlusal
est d’évaluer la déviation du point Me par rapport au tries: a review. Angle Orthod. plane inclination and mandi-
1994;64(2):89-98. bular deviation on esthetics.
plan sagittal médian. Pour lui une asymétrie légère
2. Ferré J. Le diagnostic des asymétries Dental Press J Orthod. 2015
nécessitant un traitement débute lorsque Me est décalé Oct;20(5):50-7.
faciales squelettiques. Applica-
de plus de 0,80 mm du plan sagittal médian, et une tion au sujet normal. Existe-t-il 8. Meyer-Marcotty P, Stellzig-Eisen-
asymétrie sévère lorsqu’il dévie de plus de 7,80 mm. des sujets symétriques ? Orthod hauer A, Bareis U, Hartmann
Selon l’étude de Corte, une asymétrie faciale est visible Fr. 1974; 45: 127. J, Kochel J. Three-dimensional
à partir de 4,32° d’inclinaison du plan d’occlusion sur 3. Salagnac JM. Latérodysmorphose perception of facial asym-
mandibulaire. EMC - Médecine metry. Eur J Orthod. 2011
téléradiographie de face pour les orthodontistes et Dec;33(6):647-53.
buccale 2008;3(1):1-16 [Article
5,88° pour les profanes et de 4,155 mm de décalage 28-625-G-10]. 9. Nardoux J. [Possibilities given to a
du menton par rapport au plan sagittal médian pour les clinic by the transversal study
4. Dictionnaire orthognathodontie
orthodontistes contre 5,54 mm pour les profanes [7]. (orthopédie dento-faciale). of the face (during these last 10
SFODF, 2007. years)]. Orthod Fr. 1970;41:3-
189.
Quand l’œil nous trahit : différences de perception 5. Haraguchi S, Iguchi Y, Takada K.
de la dissymétrie faciale selon le côté de la dévia- Asymmetry of the face in ortho-
tion. dontic patients. Angle Orthod.
2008 May;78(3):421–6.
L’étude de Meyer-Marcotti sur la perception de la dis-
6. Masuoka N, Momoi Y, Ariji Y, Nawa
symétrie faciale met en évidence qu’une dissymétrie H, Muramatsu A, Goto S, Ariji
faciale avec déviation du menton vers la droite est per- E. Can cephalometric indices
çue plus négativement qu’une dissymétrie avec dévia- and subjective evaluation be
tion du menton vers la gauche (les spécialistes et le consistent for facial asym-
metry? Angle Orthod. 2005
grand public ont estimé que 4 mm de décalage vers
Jul;75(4):651-5.
la gauche étaient moins dissymétriques que 2 mm de
décalage vers la droite) [8].
Attitude de l’orthodontiste
face aux dents permanentes traumatisées
Patrice Denis
Spécialiste qualifié en orthopédie dento-faciale à Saint-Etienne
Travail réalisé dans le cadre de son mémoire (directrice Claire Pernier)
Traumatismes
Précautions à prendre avant le début
des tissus durs coronaires du traitement orthodontique
Précautions à prendre avant le début
du traitement orthodontique (fig. 1) Il est indispensable :
- de vérifier, lors du collage de l’attache, que la
Il est indispensable de : reconstitution corono-radiculaire assure une
- s’assurer de l’absence de dommages parodontaux bonne étanchéité cervicale ;
collatéraux et de la vitalité pulpaire ; - que le ligament parodontal soit complet ;
- restaurer la dent fracturée et s’assurer de l’étan- - que la dent soit asymptomatique ;
chéité de la restauration (absence de coloration - que sa mobilité reste dans des limites normales
marginale ou de mobilité du fragment restauré) ; [3, 4].
- s’efforcer, lors du collage de l’attache, d’étendre
la surface du collage sur le segment coronaire non Précautions à prendre pendant
fracturé [2-4]. le traitement orthodontique
Il est indispensable que :
- l’application de la force soit d’intensité propor-
tionnelle à la longueur radiculaire résiduelle ;
- le traitement soit le plus court possible ;
L’auteur ne déclare aucun lien d’intérêt - la continuité de la vitalité pulpaire soit surveillée
cliniquement et radiographiquement [5].
Fig. 1 - Fracture
coronaire
non compliquée
de 21 reconstituée
au moyen
d’une résine
composite.
Fig. 2 - Fracture corono-radiculaire de 21 ayant abouti à une récession parodontale corrigée au moyen d’une égression
orthodontique associée à un lambeau repositionné coronairement.
Fig. 4 - Intrusion complète de 11 immature, ayant subi une ré-éruption partielle à 4 semaines.
- dent réimplantée de façon incomplète ; dent est repositionnée, le fil orthodontique, selon sa
- dent instable suite à la réimplantation ; taille et sa rigidité, sert de contention souple ou semi-
- dent immature intruse > 7 mm (fig. 4) ; rigide pour stabiliser la situation corrigée [8, 9].
- dent mature intruse > 3 mm ;
- dent mature intruse < 3 mm, si aucun mouve- Effets du déplacement
ment n’est perceptible après 2-4 semaines.
Les dents adjacentes, stables et non blessées, à la
orthodontique sur
dent lésée doivent être identifiées avant de placer les dents traumatisées
les boîtiers, de sorte que la dent puisse être dépla- Un antécédent de traumatisme augmenterait le
cée de manière efficace. Un fil en NiTi.012 ou .014 risque de développer une nécrose pulpaire pendant
est généralement utilisé en raison de la force légère le déplacement orthodontique et cela de manière
qu’il délivre sur une période prolongée. Dans les plus importante pour les traumatismes des tissus
cas où la dent se retrouve en occlusion inversée parodontaux que coronaires [10-12].
ou devient la source d’une interférence occlusale, De même, selon Brin, un antécédent de trau-
il faudra déverrouiller l’occlusion par l’application matisme augmente le risque de développer une
d’une petite quantité de CVI ou composite sur les résorption radiculaire (inflammatoire ou de rempla-
faces occlusales des dents postérieures. Lorsque la cement) pendant le déplacement orthodontique
[13]. Linge et Linge trouvent que les diminutions lui, trouve que les dents traumatisées ne sont pas
moyennes de longueur radiculaire de telles dents plus susceptibles de développer une résorption
sont de 1,07 mm alors qu’elles sont de 0,64 mm en radiculaire que les dents non traumatisées [15].
l’absence de traumatisme [14]. Malmgren, quant à
Tableau 1 : Périodes de latence à respecter avant le début du déplacement orthodontique d’une dent
traumatisée selon le type de traumatisme et la thérapeutique endodontique retenue
Type de lésion Périodes de latence avant le déplacement orthodontique
Fractures coronaires ou corono-
3 mois. [2]
radiculaires non compliquées
Fractures coronaires ou corono- Après pulpotomie et signes radiographiques de cicatrisation (environ 3 mois).
radiculaires compliquées [2]
1 à 2 ans. [2, 16]
Fractures radiculaires
Une période plus courte peut suffire si la dent est asymptomatique.
Dommage parodontal mineur
(concussion, subluxation, extrusion et
3 mois. [17]
luxation latérale avec déplacement
mineur)
1 an, si aucune ankylose n’est diagnostiquée. [2]
Dommage parodontal modéré
Le déplacement orthodontique est déconseillé avant la cicatrisation
à sévère (luxation latérale avec
parodontale complète (6 mois). Si les dents sont soumises à une force
déplacement modéré à sévère,
orthodontique entre 6 mois et 1 an après le traumatisme et que le
intrusion et dent réimplantée)
déplacement ne se fait pas, il faudra suspecter une ankylose. [17]
Attendre la preuve radiographique de la continuité du développement
Dent immature traumatisée radiculaire. Une surveillance clinique et radiographique est nécessaire après 6
mois, 1 an et 2 ans. [2]
Le déplacement orthodontique peut être commencé immédiatement, en
Coiffage pulpaire direct
l’absence de dommages collatéraux, si l’édification radiculaire est achevée. [4]
Attendre la fin de l’édification radiculaire (6-12 mois). Le traitement
Pulpotomie partielle endodontique complet peut être réalisé après la fin du traitement
orthodontique. [4]
Apexification Il faut avant tout avoir obtenu une apexification. [4]
Le déplacement orthodontique peut être commencé immédiatement à
Dent traitée endodontiquement condition qu’il n’y ait aucune lésion péri-apicale. Une obturation définitive
(à cause d’une carie) avec de la gutta percha est recommandée plutôt qu’une obturation canalaire
provisoire au Ca(OH)2 [18]
Attendre la preuve radiographique d’une cicatrisation et respecter une
Dent traitée endodontiquement
période de latence de 1 an. Les dents avec des signes de résorption radiculaire
(à cause d’une résorption
semblent être plus susceptibles au développement d’une résorption sévère
inflammatoire)
pendant le déplacement orthodontique. [19]
Pour une dent à apex mature, une obturation initiale au Ca(OH)2 doit être
Dent traitée endodontiquement
suivie par une obturation définitive avec de la gutta percha. La période de
(à cause d’une blessure traumatique)
latence recommandée dépend du type de blessure. [19]
Attendre la preuve radiographique d’une cicatrisation (1 an). Si une radio-
Résection apicale
clarté apicale persiste, réaliser une surveillance endodontique. [19]
Bibliographie
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