Ouvrage Fef 4 PDF
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N
ous remercions l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF)
pour son soutien financier qui nous a permis de réaliser ce
quatrième ouvrage collectif. Nous tenons à remercier tous ceux
qui nous ont soutenus dans cette démarche tant au moment du
colloque de Beyrouth que pour la création de l’ouvrage et en tout premier
lieu, l’Agence universitaire de la Francophonie, dont le RIFEFF est membre
titulaire depuis 2003.
Nos remerciements sont également adressés aux nombreux contributeurs
retenus dont vous trouverez les textes dans cet ouvrage, ainsi qu’aux membres
du bureau impliqués dans ce travail conséquent : Abdelbaki BENZIANE;
Bitambile Balthazar NGOY-FIAMA; Fabienne BAUDOT, chargée de mis-
sion, coordinatrice du RIFEFF; Raymond-Philippe GARRY, vice-président,
délégué-général du RIFEFF et Thierry KARSENTI, président du RIFEFF.
Nous remercions Sylvie Côté pour la mise en page, Valérie Cusson pour
la révision linguistique, de même que Pascal Imberdis pour la couverture.
Verso première page de garde
Table des matières •
Introduction
La formation de formateurs et
d’enseignants à l’ère du numérique :
stratégies politiques et accompagnement
pédagogique, du présentiel à
l’enseignement à distance
C
et ouvrage collectif du RIFEFF, réseau de l’AUF, qui regroupe ac-
tuellement plus de 150 établissements d’enseignement supérieur de
formation de formateurs et d’enseignants, fait suite au 4e Colloque
international à Beyrouth, les 18, 19 et 20 novembre 2011.
Par ses colloques internationaux tous les deux ans, ses séminaires réalisés sur
tous les continents et avec ses ouvrages collectifs, il est reconnu comme un
réseau ressource par ses adhérents qui souhaitent échanger sur leurs pratiques
de formation et de recherche.
Ce 4e colloque international a de nouveau connu un vif succès. En effet, ce sont
près de 100 personnes de plus de 30 pays qui se sont réunies pour discuter et
échanger sur le thème principal du colloque : La formation de formateurs et
d’enseignants à l’ère du numérique : stratégies politiques et accompagnement
pédagogique, du présentiel à l’enseignement à distance.
Le colloque réalisé s’est s’inscrit dans la suite logique de celui de l’Université
Abdou Moumouni de Niamey en 2009 dont le thème était « Former à distance
des formateurs » et a fait l’objet du troisième ouvrage du RIFEFF, disponible
gratuitement sur notre site Web (voir www.rifeff.org/publications/).
Pourquoi avoir choisi une telle thématique? Parce que la formation des forma-
teurs et des enseignants est considérée comme le thème prioritaire avec une égale
• La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
du
Recto
RIFEFF
troisième
non présents
page de augarde
colloque de nous adresser des propositions d’ar-
ticles englobant les trois sous-thèmes précédemment mentionnés. Toutes les
propositions d’articles ont été soumises à l’expertise de deux rapporteurs du
Comité de rédaction, ainsi elles ont été retenues en fonction de leur qualité
et bien sûr de leur originalité. Les ouvrages du RIFEFF se veulent être des
outils de réflexion, de proposition et d’actions pour notre communauté et
au-delà tant nous croyons que la formation de formateurs est un thème vaste
et pluridisciplinaire.
Nous avons choisi de présenter les textes par ordre alphabétique du premier
auteur, en plaçant la conférence du Pr Depover, conférencier d’ouverture de
notre colloque en tête d’ouvrage. Le texte du Pr Depover porte sur « Modèles
pédagogiques et tutorat dans la formation des maîtres à distance ». Il est
suivi de quelque 29 textes de grande diversité, car le fil de cet ouvrage est
bien « La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique :
stratégies politiques et accompagnement pédagogique, du présentiel à
l’enseignement à distance ».
La table des matières, en tête d’ouvrage, doit permettre au lecteur d’aller là
où se trouve la réponse, sans doute partielle, à ses pôles d’intérêt, car on peut
cheminer à travers des articles proches de la recherche sur le sujet, proches
de la démarche de formation notamment sur la description de mise en place
de masters de formation de formateurs ou de masters en ingénierie. Mais
que ce soit sur de la recherche ou de la formation qui s’y trouve liée, la part
de la formation à distance est étroitement présente.
Vous pourrez trouver également des aspects plus spécifiques à la formation
à distance en tant qu’outil par exemple dans les besoins de la formation de
formateurs en éducation au développement durable, voire à ceux traitant de
la formation de formateurs dans le milieu de l’entreprise.
Le RIFEFF est un réseau d’établissements de formation de formateurs et
d’enseignants et les préoccupations des responsables de ces établissements sont
au cœur même des préoccupations du réseau. Pour ces raisons, de nombreuses
expériences, des démarches traitant d’expérimentations et des bilans de for-
mation partiellement ou totalement à distance sont décrits dans des pays aussi
divers que l’Algérie, le Maroc, la France, le Canada (Québec), la Mauritanie,
le Sénégal, la Guinée, la République démocratique du Congo, etc.
Bonne lecture à toutes et à tous.
• La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Modèles pédagogiques
et tutorat dans la formation des maîtres à distance
Christian Depover
Université de Mons (Belgique)
Résumé
L’idée qu’on se fait le plus souvent de la formation à distance repose sur
une conception qualifiée d’industrielle où il s’agit de profiter des économies
d’échelle pour réduire les coûts de formation et atteindre, de cette manière,
un public plus large et plus diversifié.
À cette approche, nous proposons une alternative qualifiée d’artisanale où
il s’agit de rencontrer un public plus ciblé et de profiter des possibilités
accrues d’interactions offertes par l’Internet pour mettre le tutorat au cœur
du dispositif.
Nous montrerons comment cette approche artisanale peut être mise en œuvre
dans la formation des maîtres en particulier dans les pays en développement
où les besoins sont énormes aux niveaux tant quantitatifs que qualitatifs.
Mots clés : formation à distance, formation des maîtres, tutorat, pays en
développement
1. Introduction
Il y a aujourd’hui un peu plus de 10 ans, l’AUF s’est adressée à trois uni-
versités, l’une située en France (l’Université de Strasbourg), l’autre en Suisse
(l’Université de Genève) et la troisième en Belgique (l’Université de Mons),
pour leur demander de mettre sur pied une formation à distance destinée en
priorité aux pays francophones du Sud. Il s’agissait de préparer des spécialistes
capables d’accompagner les initiatives en matière de formation à distance
(FAD) qui se faisaient jour grâce au soutien d’organismes internationaux
comme l’OIF, l’AUF ou la Banque Mondiale.
Agence universitaire de la Francophonie.
Organisation internationale de la Francophonie.
Préface •
Commonwealth of Learning.
Préface •
notamment des moyens limités qui ne permettent pas d’envisager une appro-
che industrielle. C’est ainsi qu’on voit naître des initiatives fort intéressantes,
basées sur de petites structures qui exploitent les possibilités de l’Internet
et s’appuient sur une organisation bimodale en tirant parti des ressources
disponibles dans les institutions déjà implantées sur place.
Une autre raison qui nous porte à croire que l’approche industrielle a encore
de belles années devant elle est liée à sa structure de coûts. Ainsi, dans une
approche industrielle, on considère que les coûts fixes liés à l’infrastructure à
mettre en place et au matériel pédagogique à produire sont importants alors
que les coûts variables sont généralement limités. Or, le contrôle des coûts
variables permet une diminution très substantielle du coût unitaire au fur et
à mesure que le nombre d’étudiants grandit. Pour obtenir cet effet d’échelle,
il est important de réduire au maximum les coûts variables ce qui peut être
obtenu à travers des taux d’encadrement nettement plus faibles que dans l’en-
seignement traditionnel (de l’ordre de 50 à 100 étudiants par encadreur).
La structure de coûts dans l’approche artisanale est généralement fort
différente. Des coûts fixes plus réduits, car on tire généralement parti de
l’association avec une institution existante pour partager certains frais d’in-
frastructures ainsi que les frais liés à la production du matériel pédagogique,
mais des coûts variables nettement plus élevés liés aux besoins de tutorat qui
vont de pair avec une approche plus interactive de l’apprentissage.
Si on compare la structure de coûts des approches artisanale et industrielle
par rapport à la formation présentielle, on constate aisément que, du point de
vue des coûts, la FAD artisanale est plus proche de l’enseignement présentiel
que de la FAD basée sur une approche industrielle (figure 1). Par conséquent,
contrairement à ce qu’on observe généralement pour la FAD classique, il n’est
pas surprenant de constater que les nouveaux dispositifs que l’on voit apparaî-
tre aujourd’hui ne poursuivent pas en priorité des objectifs de réduction des
coûts par rapport à l’enseignement présentiel. Il s’agit plutôt, comme nous
l’avons déjà évoqué, de proposer une offre de formation ciblée permettant
de satisfaire aux besoins non satisfaits ou encore d’améliorer la qualité d’une
offre existante par la création de partenariats internationaux ou l’échange de
matériel pédagogique (Depover & Orivel, 2012).
Préface • 11
Par contre, les projets visant spécifiquement la formation initiale des ensei-
gnants sont peu nombreux et se heurtent souvent à des difficultés techniques
liées notamment à la mise en place des stages et des activités pratiques. Dans
les faits, toutefois, il est souvent difficile de distinguer strictement entre
formation initiale et formation continue. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’en-
seignants engagés sans aucune qualification professionnelle pour lesquels il
convient de mettre sur pied une formation qui leur permettra d’obtenir un
titre pédagogique correspondant au niveau auquel ils enseignent, on pourrait
considérer que leur cursus relève de la formation continue puisqu’ils sont déjà
en activité, mais aussi de la formation initiale étant donné que le programme
vise à leur donner une formation professionnelle qu’ils n’ont pas eu l’occa-
sion d’acquérir jusqu’alors. En matière de formation à distance toutefois la
différence est sensible, car un maître déjà en poste, même sans qualification,
dispose déjà d’une expérience sur laquelle les formateurs pourront s’appuyer
et d’un lieu de pratique où il pourra directement mettre en œuvre ce qu’il
aura appris.
Un critère qui permet souvent de distinguer plus clairement entre forma-
tion initiale et formation continue concerne l’ampleur de la formation. En
formation initiale, c’est un cursus complet qu’il s’agit de proposer alors qu’en
formation continue le programme peut porter sur un aspect très spécifique
par rapport auquel on a détecté une faiblesse particulière. C’est le cas, par
exemple, du programme IFADEM proposé conjointement par l’AUF et
l’OIF qui vise la remise à niveau des enseignants du primaire en français
dans quatre pays d’Afrique subsaharienne.
Certains projets peuvent aussi concerner la formation des maîtres alors qu’au
départ ils visaient la formation des élèves. Ainsi, on sait qu’un des premiers
bénéfices de la télévision scolaire en Côte d’Ivoire, c’est d’avoir amélioré les
pratiques professionnelles des enseignants. De nombreux projets visant les
élèves au niveau primaire ou secondaire à travers des technologies comme la
radio et la télévision sont au départ justifiés par un déficit constaté au niveau
de la qualification des maîtres.
La formation à distance des maîtres dans les pays du Sud s’adresse générale-
ment à des publics dont les niveaux de formation sont très hétérogènes. C’est
particulièrement le cas lorsqu’elle concerne des maîtres déjà en poste qui ont
été recrutés alors qu’ils ne disposaient, d’aucune ou de très peu, de formation
pédagogique. Cette hétérogénéité porte non seulement sur la maîtrise de
certains prérequis spécifiques liés à leur discipline d’enseignement ou aux
approches pédagogiques qu’ils auront à mettre en œuvre, mais aussi à leur
capacité à apprendre à distance. Ainsi, de nombreuses recherches attestent
que certains modes d’éducation, voire certains systèmes éducatifs, développent
davantage chez l’élève leurs capacités d’autonomie et de contrôle sur leur
propre apprentissage. Kember (2007), dans son ouvrage sur l’enseignement
à distance dans les pays en développement (PED), insiste d’ailleurs sur le
fait que les étudiants dans les PED sont mal préparés à un mode d’appren-
tissage qui exige un haut niveau d’autonomie et la capacité à apprendre sans
la présence de l’enseignant ou d’autres apprenants.
Toutes les caractéristiques que nous venons d’évoquer, même si elles ne sont
pas propres à la formation à distance des maîtres, contribuent à rendre à la
fois plus complexes et plus coûteux le fonctionnement et la gestion d’un dis-
positif de FAD adapté à la formation des maîtres et expliquent l’importance
des coûts liés au tutorat dans ce type de dispositif. En effet, le recours à des
activités en présence alternant avec des activités à distance exige des moyens
humains importants afin d’assurer la continuité et la qualité du suivi. Pour
cela, il sera généralement fait appel à des tuteurs spécialisés pour prendre
en charge le suivi à distance, l’encadrement des activités pratiques, voire de
la pratique simulée. Par exemple, dans le dispositif de télévision interactive
mis sur pied par le ministère de l’Éducation du Maroc, trois catégories de
personnes interviennent dans le tutorat : le tuteur à distance, l’animateur
local et l’inspecteur responsable de l’enseignant en formation. C’est le cas
également du programme de formation à distance des enseignants organisé
par la FASTEF de l’Université de Dakar qui fait intervenir des tuteurs à
distance qui sont en même temps responsables des cours, des coordinateurs
locaux et des tuteurs de terrain. C’est le coordinateur local qui gère les tu-
teurs de terrain qui sont le plus souvent recrutés parmi les inspecteurs ou les
conseillers pédagogiques.
Le projet TVI a été mis en oeuvre à la fin des années 90 conjointement par le
gouvernement du Maroc, l’UNESCO et l’Union internationale des télécommu-
nications.
16 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Bibliographie
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La formation des formateurs en TIC au Maroc • 19
A. Aamili
LPCM, Faculté des sciences, Université Chouaïb Doukkali, El-Jadida
Maroc
A. Chiadli
Centre international de pédagogie et de gestion universitaires,
Faculté des sciences de l’éducation, UM5S, Rabat, Maroc
Résumé
L
’introduction du système LMD au Maroc en 2003 a été accom-
pagnée par l’insertion des TIC, en tant qu’outils, dans les ensei-
gnements traditionnels afin de permettre à tous les établissements
de formation d’atteindre le même niveau d’offres et de services
pédagogiques.
Deux objectifs principaux ont été visés :
- Moderniser les pratiques pédagogiques au sein des établissements de
formation en intégrant les TIC;
- Produire et mutualiser les contenus et les pratiques pédagogiques et
mettre en place une bibliothèque numérique de cours et de documents
multimédias et multilingues.
Pour atteindre ces objectifs, deux types de stratégies politiques ont été sui-
vies pour former les formateurs à l’intégration des TIC dans l’enseignement
supérieur :
- La création d’un Campus Virtuel Marocain par le Ministère de l’En-
seignement Supérieur;
- La mise en place d’ateliers « Transfer » et formation FAD par l’AUF.
Après 6 ans de mise en œuvre de ces deux stratégies, l’objectif est-il atteint?
Laquelle des deux stratégies a été la mieux adaptée et la plus pertinente?
20 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Notre recherche a pour but d’analyser la méthodologie suivie par ces deux
types de stratégies, d’identifier le degré d’intégration des TIC en pédagogie
universitaire, de mettre en évidence les compétences visées et de diagnos-
tiquer les résultats obtenus. Pour y parvenir, nous avons tout d’abord mené
des entrevues auprès de formateurs qui ont bénéficié des formations en TIC
dans le cadre du Campus Virtuel Marocain ou dans le cadre des ateliers
« Transfer ». Ensuite, nous avons mené une enquête auprès des enseignants
de la Faculté des lettres et de la Faculté des sciences de l’Université Chouaïb
Doukkali d’El-Jadida (Maroc) pour mesurer le degré d’intégration des TIC
dans l’enseignement.
1. Introduction
La réforme du système pédagogique au Maroc, qui a démarré au cours de
l’année universitaire 2003-2004, est un changement en profondeur visant les
structures, les pratiques pédagogiques, le système d’évaluation et les curricula.
Les raisons de ce changement sont identifiées, les plus connues sont :
- Le faible taux de réussite;
- Le fait que 50 % des étudiants quittent l’université sans diplôme;
- Le système de formation basé sur la transmission passive du savoir,
tourné vers les examens et ne favorisant pas le développement des
capacités d’analyse et de synthèse.
Les solutions proposées dans le cadre de la réforme pédagogique ont eu pour
défi d’améliorer le niveau des lauréats et promouvoir la réussite à l’université
par la mise en place :
- D’une nouvelle architecture pédagogique (système LMD);
- De nouvelles pratiques d’apprentissage et d’évaluation;
- Des formations en langues, en TIC, en techniques d’expression et de
communication et en méthodologie du travail universitaire pour tous
les étudiants.
L’intégration des TIC dans l’enseignement est donc considérée comme un
facteur important pour la promotion de la réussite et la lutte contre l’échec.
Le développement des compétences en TIC est identifié en tant que com-
pétence transversale devant être construite par l’étudiant et utilisée dans le
cadre des activités des diverses matières du cursus.
La formation des formateurs en TIC au Maroc • 21
3. Méthodologie
Nous avons adopté une méthode quantitative basée sur un questionnaire avec
échelle sous format papier. Les participants à l’enquête sont des enseignants
de la Faculté des sciences et de la Faculté des lettres. Ces deux établissements,
appartenant à l’Université Chouaïb Doukkali d’El-Jadida (Maroc), sont à
accès ouvert.
Sur les 200 enseignants sollicités, nous avons reçu 78 réponses, ce qui re-
présente un taux de retour de 39 %. Les données des questionnaires ont été
analysées par la méthode de statistique descriptive en utilisant le logiciel
SPSS version 10 pour Windows.
collègues. De même, le CRU n’a proposé aucun atelier, mais il a joué le rôle
d’intermédiaire pour organiser les ateliers « Transfer ».
Moyennement
Pas du tout
Fortement
Un peu
Assez
Traitement de texte (Word) 0 0 5 45 50
Logiciels de présentation (PowerPoint, etc.) 15 10 10 30 35
Tableur (Excel, etc.) 30 35 10 20 5
Éditeur de page Web (FrontPage, etc.) 60 5 5 10 20
Courrier électronique (Hotmail, etc.) 5 5 10 40 40
Navigation dans Internet (Internet 5,3 0 0 47,4 47,4
Explorer...)
Moteur de recherche (Google, etc.) 0 0 5 50 45
Chat et forums 47,4 21,1 10,5 5,3 15,8
Catalogues et bases de données pour la 21,1 15,8 21,1 15,8 26,3
documentation
Tableau 1 : Pourcentages des différentes réponses à la question « Êtes-vous à l’aise dans
l’utilisation des applications suivantes? »
Nos résultats révèlent que la majorité des enseignants de la Faculté des lettres
et de la Faculté des sciences est à l’aise avec le traitement de texte, le courrier
électronique et les moteurs de recherche. Mais un quart des enseignants ne
sont pas du tout ou sont peu à l’aise avec les logiciels de présentation. Pour
les tableurs, les éditeurs de page Web et les chats et forums, ce sont les deux
tiers des enseignants qui ne sont pas du tout ou qui sont peu à l’aise avec ces
outils. La même remarque est valable pour les catalogues et bases de données
pour documentation avec un pourcentage de 36,9 %.
26 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Très souvent
À l’occasion
Rarement
Souvent
Jamais
Traitement de texte (Word…) 20 0 20 20 40
Logiciels de présentation (PowerPoint, etc.) 25 15 25 5 30
Tableur (Excel, etc.) 60 15 10 15 0
Internet (navigation, moteur de recherche…) 40 5 15 15 25
Éditeur de page Web (FrontPage…) 75 10 10 5 0
Courrier électronique 25 5 10 25 35
Tableau 2 : Degré d’utilisation des applications technologiques dans l’enseignement
6. Conclusion
Les résultats de cette recherche ont montré clairement que la majorité des
enseignants n’ont pas encore intégré les TIC dans leurs enseignements malgré
l’investissement énorme en formation et en matériel, mais qui reste toujours
insuffisant. Les TIC sont objets d’apprentissage et non outils de l’enseigne-
ment-apprentissage. Ainsi, on ne peut pas parler d’intégration pédagogique
des TIC, mais plutôt de l’enseignement des TIC, voire de l’informatique. Il
existe très peu de contextes où les TIC sont des outils au service de l’ensei-
gnement-apprentissage de diverses disciplines scolaires.
Les individus ne s’approprient pas les technologies parce qu’elles sont offertes
sur le marché, mais parce qu’elles apportent des réponses à leurs besoins per-
sonnels. La valeur des technologies repose sur leur raison d’être : la technique
devient un moyen par lequel on supplée des manques, c’est peut-être là que
réside la clé de l’appropriation des TIC.
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Chronique d’un projet francophone mutualisé • 31
Fabienne BAUDOT
IUFM d’Auvergne – Université Blaise Pascal
France
Introduction
C
ette réflexion porte sur un travail de cinq années, engagé sur l’idée
de concevoir entre des établissements du Nord et du Sud un di-
plôme commun, dans une démarche différente, voire innovante.
L’innovation ne réside, ni dans le partage des contenus propre
à chacun, ni dans le partage d’un contenu totalement commun, mais dans
l’élaboration d’une architecture commune à tous, d’une colonne vertébrale
de la formation mutualisée, à enrichir de la couleur et de la spécificité liée à
son pays, à sa culture, à sa législation, à son contexte social...
Ce texte se propose de décrire le processus mis en œuvre pour permettre à ce
projet d’aboutir, en analysant de façon objective les difficultés, les réussites,
les manquements et les richesses d’une telle démarche.
Les étapes qui se sont enchaînées pendant cinq années ont été multiples
et se poursuivent encore à l’heure actuelle. Ce travail et cette réflexion ont
pour ambition de montrer que, plus qu’un projet et une idée, c’est toute une
philosophie au service d’objectifs francophones communs que ce projet
représente.
1- Le chemin parcouru…
Un contexte et un thème
Bien que ce projet ait pu aboutir dans n’importe quel domaine, dans n’importe
quelle discipline, celui de « la formation de formateurs » fut choisi, thème
32 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Un concept innovant
« Innover, ce n’est pas avoir une nouvelle idée mais c’est arrêter d’avoir une
vieille idée. »
Edwin Herbert Land
Le concept de ce projet ne s’est pas voulu innovant, il s’est défini ainsi. C’est
en le mettant en œuvre, en l’expliquant, en le définissant qu’il s’est révélé en
marge de la construction habituelle de diplômes communs internationaux, où
soit le seul fait d’être ouvert à des étudiants étrangers le rend international ou
encore parce qu’un contenu identique est délivré dans plusieurs établissements
sans coloration particulière du pays lui-même. S’agissant de « la formation de
formateurs », cette appropriation et mise en adéquation aux contextes locaux,
aux pratiques et aux besoins du pays ne pouvait être envisagée autrement.
Le cœur et la philosophie de ce projet se sont révélés être la construction
commune d’une structure, rapidement identifiée comme un référentiel
commun, à partir duquel chaque établissement devait décliner les objectifs
communs et les unités d’enseignements communes à la lumière des spécificités,
des contraintes, des lois, et des cultures de chacun des pays. Le but était bien
d’obtenir une définition commune de ce métier, des objectifs pédagogiques
conciliés, des compétences à acquérir identiques aux 11 partenaires.
Il fallait accepter que cette structure de diplôme soit vivante, non figée,
avec un socle de contenus communs, et toute une partie mouvante, restant
à s’approprier par chacun. C’était alors bien la construction du diplôme qui
devenait commune, avec la définition commune d’un référentiel d’un métier
défini, celui de formateur de formateurs tout en étant maîtrisé par chaque
établissement qui ouvrirait le diplôme.
Au niveau politique, tout d’abord, pour définir avec les chefs d’établissements
porteurs l’investissement de chacun;
Au niveau pédagogique ensuite, où les formateurs ont besoin de se rencontrer
pour confronter leur compréhension du projet qui leur a été livré par les col-
lègues qui ont construit la structure, mais aussi pour confronter l’organisation
des contenus, unités d’enseignement par unité d’enseignement, en définissant
ce qui peut-être commun, ou non, complété et enrichi d’un apport mutualisé
ou encore mis au service de l’ensemble de la communauté;
Enfin, dans un troisième temps, au niveau technique pour mettre en place
les outils nécessaires au fonctionnement du diplôme à distance.
Du projet à la réalité
Grâce à l’AUF qui favorise et encourage les projets concrets, deux séminaires
de travail en présentiel ont pu s’organiser en plus du travail à distance par
courriel ou par conférence téléphonique. En amont de ces séminaires, un
travail auprès de l’AUF a été mené par le RIFEFF et l’IUFM d’Auvergne
pour convaincre du bien-fondé d’une telle expérience et pour obtenir un
soutien. En 2006, une étude de faisabilité faisant état des objectifs communs
était déposée par les 11 établissements1 avec l’appui étroit du RIFEFF, à la
fois, force de proposition du projet, mais aussi et surtout moteur et catalyseur
de ce dernier.
Un travail collectif :
« Si tu as une pomme, que j’ai une pomme, et que l’on échange nos pommes, nous
aurons chacun une pomme. Mais si tu as une idée, que j’ai une idée et que l’on
échange nos idées, nous aurons chacun deux idées. »
George Bernard Schaw.
Le travail collectif a eu lieu en deux temps. Le premier temps a concerné
l’étude de faisabilité demandée auprès de l’AUF pour permettre à ces 11 éta-
blissements, non seulement d’étudier la crédibilité d’un tel projet, mais au-
delà de cette analyse de pouvoir ensuite décider ou non l’ouverture d’un tel
diplôme mutualisé. Cette étape a duré deux ans, de 2006 à 2008.
36 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Proposition d’un
nouveau groupe de
travail à d’autres
établissements
Années universitaires
2 – Le chemin à parcourir…
Trois ans après le début du lancement de ce projet, il reste à parfaire le fonc-
tionnement de ce master et à affiner la mutualisation à distance de cette for-
mation. Il convient encore d’affiner les collaborations au niveau des contenus
de cours, d’améliorer les échanges d’étudiants et les codirections de mémoires
ainsi que d’augmenter la qualité des enseignements à distance.
Il est à noter qu’en plus des difficultés de partages des savoirs, de travail entre
les formateurs de différents pays sur une même unité d’enseignement s’ajou-
Chronique d’un projet francophone mutualisé • 39
tent les obstacles dits « primaires », liés à des questions techniques d’utilisation
des TIC et de l’enseignement à distance. Si la fracture numérique subsiste
indéniablement pour certains pays du Sud, celle-ci n’est pas aussi flagrante
en ce qui concerne la mise en œuvre d’une formation à distance et d’un en-
seignement pédagogique adapté à cette nouvelle façon d’enseigner.
Dans notre projet, cette question primaire a dû être résolue et travaillé préa-
lablement aux questions et aux obstacles liés au développement des usages
et des contenus.
En parallèle de ce travail, un nouveau groupe de réflexion comme le montre
le schéma n° 2 commencera en 2012-2013 pour réaliser une étude de faisa-
bilité afin de voir les possibilités de rejoindre les établissements ayant déjà
ouvert.
Un travail se met également en place pour élargir ce master à d’autres do-
maines de formation, notamment « la formation de formateurs à l’éducation
au développement durable » ou encore « la formation de formateurs des
enseignants de français ». Là encore, des groupes de travail se constituent
pour étudier comment associer et intégrer ces nouveaux champs au master
existant.
En conclusion…
Ouvrir en même temps les différents diplômes dans les différents établissements
(diversité des procédures de validation, des diplômes eux-mêmes);
Penser qu’au sein de chaque établissement la démarche de mutualisation appa-
raitra forcément comme quelque chose d’évident et de souhaitable.
Réalités :
Des problématiques identifiées communes à partir d’un même référentiel;
Un enrichissement mutuel incontestable;
Une mise en place longue, mais payante au niveau de l’intérêt suscité par le
diplôme;
Une ambition concrétisée pour élargir les champs de la formation de formateurs
à d’autres domaines.
Pour réussir un tel projet, il faut arriver à surmonter ces obstacles, à se mettre
en réseau et à apprendre à travailler ensemble.
Afin de surmonter tous ces obstacles, qui restent nombreux et empêchent ce
diplôme d’afficher un fonctionnement totalement opérationnel, concerté et
mutualisé, il convient rapidement de confronter les retours d’expériences des
uns et des autres pour tenter de remédier rapidement à ces difficultés.
La mutualisation des ressources et des savoirs n’est pas suffisante et l’ambition
reste d’organiser une véritable dynamique entre les équipes des différents éta-
blissements pour arriver à un travail collectif, à une concertation, à une réelle
coordination internationale francophone. Afin de faciliter cette mutualisation,
le rôle du RIFEFF reste prépondérant, car il doit agir comme une structure
extérieure aidante, en lien étroit avec la coordination du consortium des quatre
établissements afin de permettre l’analyse des difficultés, d’assembler ou encore
de catalyser, sans oublier la mise en cohérence du tout « international ».
Sans cette logique de décloisonnement qui peut s’opérer entre établissements,
mais également entre les formateurs d’un même établissement, il n’est pas pos-
sible d’imaginer une coordination pérenne entre ces acteurs, censés produire
une « intelligence collective » afin de donner un savoir partagé accessible au
plus grand nombre et répondant ainsi, uniquement avec cette contrainte de
« formation à distance » au développement humain par l’éducation.
« L’éducation est un progrès social... L’éducation est non pas une préparation à la vie,
l’éducation est la vie même. »
John Dewey
42 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Wafa BERRY
Université Libanaise, Faculté des lettres et des sciences humaines, Beyrouth
Liban
D
epuis un bon nombre d’années et partout dans le monde, la forma-
tion des formateurs est devenue la pierre angulaire de tout projet
à visée éducative.
Tout au long de mon engagement dans la didactique des langues, j’ai participé
ou j’ai été impliquée à certaines de ces formations, au Liban comme ailleurs,
et je peux affirmer que celles-ci se terminaient presque toujours selon le même
schéma : grand soulagement des uns et des autres, fiche d’évaluation de la
session, discours de remerciement d’un côté et, de l’autre, répliques d’encou-
ragements pour œuvrer dans le sens de la consolidation des acquis.
Une question s’imposait concernant la rentabilité optimale de ces formations
où des professeurs se déplaçaient, parfois, bien loin de chez eux, en vue de
suivre un programme de formation, intensif, « imposé » et qui n’offrait pas
toujours du nouveau pour certains parmi eux.
Qu’est-ce qui pouvait garantir à long terme la modification des comporte-
ments pédagogiques des professeurs? Ou encore sous quelle forme pouvait-on
assurer le suivi adéquat à une formation quelconque?
Je peux affirmer que ces interrogations trouvaient toute leur légitimité lors
des observations de classe que j’effectuais en ma qualité de formateur de
formateurs. J’ai pu constater que les enseignants s’étaient souvent arrêtés au
contenu travaillé lors de la formation, contenu qui, avec le temps, commençait
souvent à s’effriter et parfois même à se décontextualiser de façon à nuire aux
pratiques pédagogiques adéquates au lieu de les faire évoluer.
La formation, dans ses aspects et dispositifs traditionnels, se révélait donc
insuffisante et elle présentait au niveau pédagogique des lacunes qu’il fallait
affronter. Sans parler des impacts psychologiques du déplacement des en-
seignants pendant leurs jours de congé pour venir se former. À ce sujet, je
Formation à distance, IFADEM / UL • 43
En effet, d’un simple recours aux TICE dans un cours de didactique des
langues, j’ai initié avec les collègues du Centre que j’ai dirigé pendant quatre
ans, une licence en ingénierie de l’apprentissage des langues à trois compo-
santes : didactique, linguistique et technique. Cette licence a été suivie par
un Master intitulé Industrie des langues et e-formation.
La langue française est dominante au Centre des sciences du langage, néan-
moins, la formation en ingénierie didactique s’étend également aux langues
arabe, anglaise ou italienne.
Ce master vise l’ingénierie de formation dans ses deux sens : stratégique
et technique. Il consiste à former les étudiants à la conception de scénarios
didactiques attrayants, ludiques, destinés à être suivis à distance, en ligne ou
hors ligne.
À l’issue de la formation, les contenus censés être élaborés par les étudiants
ont pour objectif particulier l’enseignement de la langue et dans la langue
(arabe, française ou anglaise). Ils devraient être conçus à partir de documents
authentiques ou fabriqués inspirés de méthodes de langue ou de divers ma-
nuels de sciences, d’histoire, de géographie ou d’autres disciplines.
Évidemment, les unités d’enseignement présentes dans les programmes
visent particulièrement à former les étudiants aux compétences nécessaires
à la réalisation des objectifs du Master susmentionné. 14
15 http://lilas.citations-explorer.com
16 Voici quelques titres de travaux en cours : Filtrage automatique de définitions dans
les textes scientifiques : outils d’extraction d’informations et d’apprentissage en
ligne; Vulgarisation scientifique et français sur objectifs spécifiques; Conception
d’un cours et son implémentation en ligne; Éducation, technologies et coûts; La
vulgarisation scientifique sur les chaînes de télé libanaises; Vulgarisation scientifique
et affiche publicitaire; Technologies modernes et enseignement de la littérature.
Formation à distance, IFADEM / UL • 47
Éléments bibliographiques :
Alava, S. (sous la direction de). Cyberespace et formations ouvertes. Vers une mutation
des pratiques de formation? Perspectives en Éducation et Formation.
Bétrancourt, M. (2006). L’ergonomie des TICE : quelles recherches pour quels
usages sur le terrain? In B. Charlier et D. Peraya, Les technologies éducatives :
une opportunité d’articuler les savoirs d’expérience et ceux issus de la recherche?
(Symposium du REF03)
Charlier, B.et Peraya, D.(2003). Technologie et innovation en pédagogie, Perspectives
en Éducation et Formation, de Boeck.
Cros, F. (2005). Innovation technique et innovation en formation : convergences
et divergences. In Cedefop, Pratiques innovantes en formation et enjeux pour la
professionnalisation des acteurs (p. 20-30). Luxembourg : Office des publications
officielles des Communautés européennes.
Faeber, R. (2004). Caractérisation des situations d’apprentissage en groupe. STICEF.
Recueil 04, numéro spécial : ontologies pour les EIAH. Vol.11. INRP. Paris.
Gueraud, V. (2003). Pour une ingénierie des situations actives d’apprentissage. In
Desmoulins, C., Marquet, P., Bouhineau D. (edit). EIAH 2003, Strasbourg,
INRP.
Hotte, R., Leroux, P. (2003). Technologies et formation à distance. STICEF,
Vol 10.
Lessard, C. et R. Bourdoncle (2002). Qu’est-ce qu’une formation professionnelle
universitaire? Note de synthèse. Revue Française de Pédagogie, no. 139, avril-
mai-juin.
Pernin, J. P. (2003a). Quels modèles et quels outils pour la scénarisation d’activités dans
les nouveaux dispositifs d’apprentissage. Séminaire « TIC, nouveaux métiers et
nouveaux dispositifs d’apprentissage ». INRP. Lyon, 19 novembre 2003.
Quels dispositifs pour passer du guidage à l’accompagnement • 51
Jean-Yves BODERGAT
Université de Caen Basse-Normandie
Caen - France
C
et écrit réflexif porte sur un master francophone d’ingénierie de
la formation conçu en partenariat avec une université pédago-
gique d’Ho-Chi-Minh-Ville en Asie du Sud-Est, avec l’appui
du CREFAP-OIF (Centre régional d’enseignement du français
en Asie-Pacifique – Organisation internationale de la Francophonie). Ce
master délocalisé a appelé par rapport à sa version française des aménage-
ments parfois majeurs, l’invention de dispositifs et l’initiation de démarches
inédites chez les douze enseignants-chercheurs européens et leurs collègues
sud-asiatiques. À la fin de la quatrième promotion, quels enseignements
suggère cette expérience quant à l’ingénierie de la formation lorsque le
travail majeur à produire que constitue le mémoire professionnel est dirigé
essentiellement à distance?
investir cet espace de cerner avec plus de justesse les mutations en cours et
les chances de les accompagner dans le sens souhaité.
Seulement ce public francophone comporte des spécificités qui constituent
autant de difficultés potentielles puisqu’une bonne partie de la formation
s’effectue à distance : les étudiants disposent certes de cinq semaines de cours
en présentiel, mais c’est relativement peu alors qu’ils ne sont guère rompus
initialement aux sciences humaines (ils sont le plus souvent titulaires d’une
licence de français et d’un master en linguistique). Ils assument en parallèle
des responsabilités professionnelles parfois lourdes (direction de département
universitaire – chargé de mission au ministère – directeur d’ONG) et la
plupart sont contraints de compléter des revenus fort modestes en exerçant
plusieurs activités (très souvent des cours particuliers). Ajoutons que pour la
majorité, le français, seule langue utilisée dans cette formation, est une langue
seconde et que l’exercice de la pensée dans celle-ci en est plus délicat.
Aussi si le mémoire représente le travail majeur auquel contribue chacune
des sessions, par la mobilisation de concepts qui serviront à analyser et à
problématiser la question choisie par l’étudiant, il n’est pas étonnant qu’il
constitue la principale difficulté du cursus. Pour traiter celle-ci et faire aboutir
le processus que constitue le travail du mémoire, l’accompagnement semble
tout à fait approprié : il évoque en effet l’idée de suivi, d’aide et de soutien.
Néanmoins, il souligne aussi qu’on suit l’autre sur le chemin qu’il trace; or,
certaines aides dispensées quand la personne n’avance pas en relèvent-elles,
tout comme les indications de lectures en fonction du sujet qui prêtent peu
à discussion ou encore les rappels insistants quand le travail attendu tarde à
arriver? Pour déterminer les limites, mais aussi les conditions de mise en œuvre
de l’accompagnement, au service d’un trajet de formation (Ferry, 1983), il est
indispensable d’élucider cette démarche et de s’entendre sur ce terme.
22 Les termes en italiques désignent les composantes de chacune des trois dimensions
du concept.
23 Au sens où Paul Ricœur estime que l’éthique, qu’il distingue à ce titre de la morale
du devoir, accueille les affects et sentiments qu’il qualifie de spontanément tournés
vers autrui (1990, étude 7).
Quels dispositifs pour passer du guidage à l’accompagnement • 55
Pouvoir être ainsi impliqué dans une entreprise signifiante, parfois de grande
ampleur (remettre en place un réseau de bibliothèque et d’accès à la lecture
dans un pays qui a été dévasté) fait ressortir le caractère gratifiant de cette
démarche et sa singularité : c’est une relation asymétrique qui tend vers la
parité.
Conclusion
La formation à distance peut être opérationnelle si son enjeu, son ressort
et ses conditions sont identifiés. L’enjeu est que l’accompagnement ne se
dégrade pas en assistance pour quelques étudiants qui découvrent la démar-
che de recherche et qu’il ne reste pas subordonné à deux autres modalités
de direction, l’une au style prescriptif, l’autre au style normatif. Son ressort
réside dans les échanges par écrit grâce à des dispositifs qui permettent au
guidage de céder progressivement la priorité à l’accompagnement. Quant à
ses conditions, la première, sine qua non, tient à un encadrement sur place, à
la fois intégré à l’équipe des enseignants-chercheurs et assurant une média-
tion permanente entre les étudiants et les collègues européens. Les autres
relèvent de postures pédagogiques inscrites résolument dans le paradigme
de la formation et d’un fonctionnement collectif du travail. La mutualisation
des compétences et de nouvelles formes d’accompagnement se nouant entre
un groupe de formateurs et une promotion d’étudiants constituent autant
d’apports pour les enseignants-chercheurs, pour lesquels il est légitime aussi
de parler de développement professionnel.
Quels dispositifs pour passer du guidage à l’accompagnement • 63
Bibliographie
Ardoino, J. (2000). Éditorial, De l’« accompagnement » en tant que paradigme.
Pratiques de formation-Analyses, 40, 5-19.
Bodergat, J.-Y. (2005). La théorie comme ressource à mobiliser dans le mémoire
professionnel des enseignants. Revue des HEP de Suisse romande et du Tessin,
n° 2, 27-48.
Bodergat, J.-Y. (2006). L’accompagnement comme démarche de formation. Pour une
intelligibilité des processus à l’œuvre dans l’élaboration du mémoire professionnel des
enseignants. Thèse de Doctorat, Sciences de l’éducation, Université de Caen.
Boutinet, J.-P. & Pineau, G. (Ed.). (2002). L’accompagnement dans tous ses états.
Éducation permanente, 153/2002-4.
De Ketele, J.-M. (2006). L’approche par compétences : ses fondements. Bruxelles : de
Boeck.
Deleuze, G. (1968). Différence et répétition. Paris : PUF.
Derrida, J. (1967). Violence et métaphysique. L’écriture et la différence. Paris : Le
Seuil.
Ferry, G. (1983). Le trajet de la formation. Les enseignants entre la théorie et la pratique.
Paris : Dunod.
Gonnin-Bolo, A. (2002). Le mémoire professionnel en IUFM- « Traduction » des
savoirs, « médiation » des formateurs. Recherche et Formation, 40, 59-74.
Levinas, E. (1971). Totalité et infini. The Hague : Martinus Nijhoff Publishers.
Meirieu, P. (1997). Praxis pédagogique et pensée de la pédagogie. Revue française
de pédagogie, 120, 25-37.
Paul, M. (2003). Ce qu’accompagner veut dire : entre tradition et post-modernité. Thèse
de Doctorat en Sciences de l’Éducation, Université de Nantes, Tome I.
Perrenoud, P. (1993). Curriculum : le formel, le réel, le caché. In J. Houssaye (dir.),
La pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui (pp. 61-76). Paris : ESF.
Perrenoud, P. (1996). Enseigner, agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude. Paris :
ESF.
Ricœur, P. (1990). Soi-même comme un autre. Paris : Le Seuil.
Wiel, G. (1998). La démarche d’accompagnement. In G. Chapaz (Ed.),
Accompagnement et formation (pp. 19-44). Université de Provence, CRDP de
Marseille.
Winnicott, D.W. (1975). Jeu et réalité. L’espace potentiel. Paris : NRF, Gallimard, Coll.
Connaissance de l’inconscient. (Original publié en 1971).
64 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Cheikh Ahmed
École Excellence et Réussite, Programme de production multilatérale des ressources au
profit des systèmes éducatifs d’Afrique francophone (PPMR)
Mauritanie
L
e Programme de production multilatérale des ressources au
profit des systèmes éducatifs d’Afrique francophone (PPMR)
a pour objet de « mobiliser les experts du secteur de l’éducation
pour la recherche et la mise en œuvre des solutions relatives aux
problèmes que pose le développement des systèmes éducatifs de l’Afrique
francophone ».
Pour réaliser cet objectif, le PPMR s’engage à créer des plateformes de collabo-
ration qui permettront, entre autres, de préparer et de réaliser des formations
des enseignants et des cadres de gestion des systèmes éducatifs africains.
La contribution proposée se veut une description honnête de la situation
actuelle du projet d’un établissement de formation des formateurs dans son
état embryonnaire.
L’école « Excellence et Réussite », en quête de solutions aux différents défis
auxquels fait face le système éducatif mauritanien peu efficace, s’est orientée
vers un couplage d’une intégration pédagogique réussie des TICE dans son
enseignement/formation avec une gestion scolaire systémique.
Des étapes déterminantes sont déjà franchies comme :
• Ma formation, en tant que directeur fondateur de l’école, au master2 pro
UTICEF (Utilisation des TIC dans l’enseignement et la formation);
Regards et réflexions sur l’intégration des technologies • 65
35 Majoritairement des hauts cadres de l’État qui sont, pourtant, capables d’apprécier
et payer la qualité de l’éducation de leurs enfants.
36 Karsenti, T. (dir.). (2009). Intégration pédagogique des TIC : Stratégies d’action et
pistes de réflexion. Ottawa : CRDI
37 Exemple : les données de la Mauritanie sont peu ou pas alimentées sur l’Obser-
vatoire de l’Agenda panafricain de recherche sur l’intégration pédagogique des
TIC : http://www.observatoiretic.org/countries/show/13
38 Mauritanie, 2006 : Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, plan d’action
2006-2010.
39 « Le programme établi pour la période 2002-2006 a pris un certain retard et les
activités inscrites n’ont pas toutes été lancées jusqu’à l’année 2010 ». Stratégie
nationale de modernisation de l’administration et des TIC 2011-2015.
40 Séminaire e-gouvernement Mauritanie-MDMATIC-Janvier2010- Khouna Ould
Mohamed Yeslem.
70 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Aujourd’hui...
Au niveau mondial :
« Un large consensus se dessine dans le monde sur les bénéfices qu’un usage
approprié des technologies en évolution constante que sont les Technologies
de l’information et de la communication peut apporter à l’enseignement
scolaire. Ces bénéfices sont attendus dans la quasi-totalité des domaines
d’activité où le savoir et la communication jouent un rôle clé : amélioration
des processus d’enseignement et d’apprentissage et progression des résultats
scolaires, renforcement de la motivation des élèves et continuité de com-
munication avec les parents, mise en réseau et jumelage d’écoles, meilleure
qualité de gestion et de suivi au sein de l’école »42.
« Comme l’utilisation des TIC dans et pour l’éducation peut être considérée
à la fois comme une nécessité et une opportunité à l’échelle mondiale, cette
dimension transversale a été déclarée prioritaire dans tous les domaines de
compétence de l’UNESCO. » 43
Au niveau du continent :
« Si l’Afrique se donne pour mission de mieux préparer ses citoyens aux défis
du troisième millénaire, elle se doit de favoriser une intégration en profondeur
des technologies de l’information et de la communication. Cette intégration
des TIC, si on souhaite qu’elle ait un impact sur la qualité de l’éducation, doit
surtout être pédagogique, quotidienne et régulière afin de mettre à profit les
possibilités nouvelles et diversifiées de ces technologies » 44.
« Les TIC sont de plus en plus présentes dans les sociétés africaines et à un
certain degré dans tous les niveaux d’éducation, du préscolaire à l’université,
dans les secteurs formels et non formels »45.
Au niveau national :
Une nouvelle Stratégie nationale de modernisation de l’administration et
des TIC 2011-2015 a été validée le 6 juin 2011. Portée par les TIC comme
moyen de modernisation de l’Administration et comme vecteur du dévelop-
pement économique, elle exhorte à « Réussir notre société du savoir et de la
communication… »46. Elle prévoit une cinquantaine de projets dont :
• Raccorder la Mauritanie au câble sous-marin (prévisible vers la fin de
2012) 47;
• Déployer un réseau national en fibres optiques (déjà lancé depuis le
17 mai 2011 pour une durée d’exécution de 9 mois)48;
43 UNESCO - ISU 2010, Guide de mesure pour l’intégration des technologies de
l’information et de la communication (TIC) en éducation.
44 Karsenti, T. (dir.). (2009). Intégration pédagogique des TIC : Stratégies d’action et
pistes de réflexion. Ottawa : CRDI.
45 Agenda panafricain de recherche sur l’intégration pédagogique des TIC, un recueil
des bulletins d’information du projet PanAf- publié en 2009 par le ROCARE en
partenariat avec l’Université de Montréal et le CRDI.
46 Voir la page de garde du document.
47 http://www.cridem.org/imprimable.php?article=55764 page visitée le
28/10/2011.
48 Même ressource ci-dessus.
72 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
50 http://uticef.u-strasbg.fr/Page/PageAcolad/Authentification/UTICEF/Res-
source/plaquette_uticef_1_v1.htm
74 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Bibliographie
RESEN-(2010). Mauritanie. Rapport d’État sur le système éducatif national.
Groupe AFD-Mauritanie. (2008-2010). Cadrages des interventions pays : AFD/
Mauritanie.
MEN-Mauritanie. (2010). Stratégie nationale de formation des gestionnaires du système
éducatif : OIF/CONFEMEN/MEN.
Karsenti, T.; Garry, R.-P., N’Goy Fiama, B. et Baudot, F. (2011). Former à distance
des formateurs : stratégies et mutualisation dans la francophonie. Montréal :
AUF/RIFEFF.
UNESCO (1966). La recommandation de l’UNESCO concernant la condition du
personnel enseignant : UNESCO.
Karsenti, T. (dir.). (2009). Intégration pédagogique des TIC : Stratégies d’action et pistes
de réflexion. Ottawa : CRDI.
Mauritanie (2011). Stratégie nationale de modernisation de l’administration et des TIC
2011-2015 : Mauritanie.
Mauritanie-MDMATIC ( 2010). Séminaire e-gouvernement : MDMATIC.
UNESCO (2011). TIC UNESCO : Un référentiel de compétences pour les
enseignants.
UNESCO - ISU 2010, Guide de mesure pour l ’intégration des technologies de
l’information et de la communication (TIC) en éducation.
PanAf (2009). Un recueil des bulletins d’information du projet : ROCARE /UdM/
CRDI.
Karsenti, T., Collin, S. et Harper-Merrett, T. (2011). Intégration pédagogique des TIC :
Succès et défis de 100+ écoles africaines. Ottawa, ON : IDRC.
78 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Webographie
www.rocare.org
www.unesco.org
www.ernwaca.org
www.poledakar.org
www.afd.fr
http://www.rifeff.org/
www.modernisation.gov.mr
http://karsenti.ca/
http://www.observatoiretic.org
Dispositifs technologiques d’intégration linguistique des immigrants • 79
Dispositifs technologiques
d’intégration linguistique des immigrants :
quelles perspectives pour la formation de formateurs?
Simon Collin
Université du Québec à Montréal, Montréal, Québec
Canada
Introduction
L
’intégration linguistique a depuis longtemps été reconnue comme
un facteur important du processus d’intégration global des immi-
grants (Beacco, 2008; Kluzer, Ferrari et Centeno, 2009). Elle peut
être définie à l’essentiel comme suit : « Sont intégrés les immigrants
qui ont la capacité d’utiliser l’une ou l’autre des langues en présence dans la
société d’accueil, dans leurs communications à caractère public » (Lapierre
Vincent, 2004, p. 2). Il ne s’agit donc pas de maîtriser la langue au même
titre que les natifs, mais d’avoir une compétence langagière suffisante pour
agir et participer pleinement à la société d’accueil.
Dans ce contexte, cette étude se penche sur l’évolution contemporaine de l’in-
tégration linguistique humaine. En effet, les mutations profondes que connaît
actuellement l’immigration (Pellerin, 2008) et l’utilisation massive des techno-
logies depuis les années 1990 ouvrent de nouvelles perspectives et nécessitent
une redéfinition et une révision des cadres de références du domaine. Aussi,
notre objectif est de dresser un portrait international, bien que partiel, de ce
type de dispositifs technologiques, et, ce faisant, d’envisager les conséquences
qu’ils posent sur la formation de formateurs. À cette étape exploratoire, il
s’agit principalement de s’interroger sur la place que ces dispositifs accordent
à l’accompagnement humain, par rapport à l’accompagnement technologique,
et d’en dégager des avenues possibles pour la formation de formateurs. Ce
questionnement se fonde à la fois sur les développements récents d’un certain
nombre de dispositifs d’intégration linguistique en ligne et sur l’autonomie
qu’ils permettent aux immigrants dans leur apprentissage de la langue du
80 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Méthodologie
Pour gagner une vue d’ensemble des dispositifs TIC d’intégration linguis-
tique, nous avons procédé à une recherche documentaire puis à une analyse
visant à les caractériser.
Recherche documentaire
La recherche documentaire effectuée prend appui sur les méthodologies
proposées par Fraenkel et Wallen (2003) et Gall (2005). Les mots-clefs de
notre étude ont été combinés dans des moteurs de recherche généralistes,
scientifiques et spécialisés. Nous avons abouti à l’identification de 19 dis-
positifs TIC d’intégration linguistique déjà en usage. À partir de cette
base documentaire, nous interrogeons comment ces dispositifs négocient
l’accompagnement humain et la médiatisation technologique à l’égard de
l’intégration linguistique des immigrants.
82 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Résultats
Nous pouvons maintenant donner un aperçu des dispositifs TIC d’intégration
linguistique en offrant une comparaison internationale.
Supports d’apprentissage
Au vu de la figure 1, les types de supports les plus représentés sont les exercices
et autres activités autocorrigés (35 %), suivis de présentations et d’exemples
(28 %), qui portent généralement sur des situations langagières en langue
cible. Les vidéos sont également exploitées à hauteur de 18 %. Elles semblent
pertinentes dans la mesure où elles secondent le message audio d’un appui
visuel qui facilite la compréhension par les apprenants.
Interactions humaines
Au vu de la figure 2, la majorité des dispositifs étudiés (65 %) ne prévoit
aucune interaction humaine. Ceci explique aussi pourquoi les supports d’ap-
prentissage proposés sont prévus pour une utilisation autonome. Dans cette
perspective, il est possible de penser que les dispositifs TIC ne prévoyant
aucune interaction humaine ne sont probablement pas en mesure de couvrir
toute la dimension langagière nécessaire à l’intégration des immigrants. En
effet, l’absence d’interaction humaine amènerait à privilégier certaines com-
pétences et, en contrepartie, à en exclure d’autres, notamment la production
orale. Cette dernière étant pourtant essentielle aux immigrants dès leur arrivée
dans le pays d’accueil, il est possible de penser que les dispositifs TIC qui
ne l’abordent pas soutiennent certains aspects de l’intégration linguistique
et non sa totalité.
Dispositifs technologiques d’intégration linguistique des immigrants • 85
Figure 3. Place de la langue d’origine dans les dispositifs TIC d’intégration linguistique.
Discussion et conclusion
Les résultats présentés ci-dessus avaient pour but de caractériser sommaire-
ment les dispositifs technologiques d’intégration linguistique et, ce faisant,
d’interroger la place accordée à l’accompagnement en vue d’en dégager des
avenues possibles pour la formation des formateurs. À cet égard, commen-
çons par noter que l’accompagnement technologique semble largement
privilégié par rapport à l’accompagnement humain. Dans cette perspective,
les dispositifs technologiques d’intégration linguistique semblent assez peu
concernés par la formation de formateurs dans la mesure où ils y recourent
peu. En somme, ils semblent davantage être le fait d’informaticiens que de
formateurs en tant que tels. Cette situation n’est d’ailleurs pas entièrement
satisfaisante, dans la mesure où elle ne permet pas de développer l’ensemble
des compétences communicatives requises par les immigrants à leur arrivée
dans leur pays d’accueil. En effet, il est certain que la sous-utilisation de
l’interaction humaine ne permet pas de travailler la compétence orale, car
cette dernière nécessite une interaction avec un autre locuteur. L’absence de
formateur implique donc un manque à gagner pour certains aspects de ces
dispositifs.
Toutefois, certains d’entre eux semblent l’avoir compris et misent davantage
sur la présence d’interactions humaines, et donc d’un accompagnement hu-
main, parallèlement à l’accompagnement technologique. C’est notamment
le cas du dispositif québécois le Français en ligne, qui offre, dans sa formule
standard, 220 heures d’accompagnement humain par tutorat sur 450, les heu-
res restantes étant prévues en autoformation. Ce type de dispositifs nécessite
alors un investissement important dans la formation de formateurs. À lui seul,
le Français en ligne mobilise 32 tuteurs pour 4000 apprenants, ce qui reste
malgré tout rentable par rapport à des cours traditionnels en présentiel.
88 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Il est donc possible de penser que, bien que sous-exploité actuellement, l’ac-
compagnement humain a une place à prendre dans les dispositifs technolo-
giques d’intégration linguistique des immigrants en vue de leur amélioration.
Par conséquent, il est possible de penser que le domaine de la formation
de formateurs sera de plus en plus fréquemment impliqué, notamment par
l’avenue singulière de la formation de tuteurs. Cette implication croissante
de la formation de formateurs peut toutefois être contrecarrée par des consi-
dérations financières, qui risquent de maintenir un accompagnement avant
tout technologique, lequel représente l’avantage de ne pas nécessiter de
coût de formation et de salaire. Les dispositifs technologiques d’intégration
linguistique en étant à leur début, il est intéressant de suivre leurs dévelop-
pements et de voir quelles avenues ils vont emprunter, et quelles incidences
ces dernières vont avoir pour la formation de formateurs.
Références
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Étude du sentiment d’auto-efficacité des enseignants • 89
Modibo Coulibaly
Université Abdou Moumouni, Niamey
Niger
Abdelkader Galy Kadir
Université Abdou Moumouni, Niamey
Niger
Thierry Karsenti
Université de Montréal, Québec
Canada
Résumé
L
’article porte sur le sentiment d’auto-efficacité des enseignants de
l’université à l’égard de l’utilisation de l’ordinateur. Dans le contexte
de l’enseignement supérieur nigérien, les TIC sont identifiées
comme facteur pouvant parfaire la qualité de l’enseignement.
Cependant, le manque de qualification du personnel enseignant dans l’uti-
lisation des TIC en retarde l’arrivée dans les classes. Cette recherche vise à
comparer les perceptions des niveaux d’habiletés techniques des enseignants
des différentes facultés de l’Université Abdou Moumouni de Niamey en
vue de constituer des groupes d’apprentissages selon ces classements. Pour
atteindre cet objectif, une enquête par questionnaire a été menée auprès de
289 enseignants-chercheurs.
Les résultats démontrent que le Computer Efficacy Scale (CSE) adapté de
Coulibaly (2009) est un instrument d’appoint permettant de former des
groupes d’apprentissages respectueux des niveaux d’habiletés techniques des
enseignants-chercheurs candidats à une formation à l’intégration pédago-
gique des TIC.
90 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Introduction
La qualité de la pédagogie universitaire se pose comme l’un des critères
essentiels de classement des universités dans le monde (Lussault, 2010).
D’une manière générale, les universités africaines occupent la portion congrue
dans ces classements (Ndoye, 2010). L’une des causes de cet état de choses
tient dans le déficit de qualité pédagogique de ces universités. Force est de
constater que le rendement interne desdites universités laisse à désirer. En
effet, les conditions déficientes d’enseignement et de recherche nuisent au
premier chef à la qualité de l’enseignement supérieur en Afrique et, par rico-
chet, au rendement des apprenants. Ainsi, une augmentation exponentielle
des taux d’admission succède au surpeuplement des amphithéâtres et des
résidences universitaires, tandis que les rares diplômés ne trouvent comme
seul emploi que le service civique national puis le « volontariat ». De 2005 à
2009, les statistiques [selon le Directeur des ressources humaines du minis-
tère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique
(MESSRS), 15 juin 2011] montrent que le nombre de fonctionnaires ayant
le statut d’enseignants titulaires ne cesse de diminuer comme une peau de
chagrin au profit du nombre d’enseignants par défaut percevant le tiers du
salaire qu’un titulaire aurait pu toucher. Le Tableau 1 présente l’évolution de
cette situation.
Tableau 1 : Évolution du rapport entre la population de fonctionnaires, les enseignants
titulaires et la population d’enseignants par défaut
Problématique
Dans la présente section, sera d’abord expliqué le lien entre la réforme Li-
cence-Master-Doctorat (LMD) à l’UAM et les TIC. Ensuite, sera brièvement
décrite la situation des TIC à l’UAM. Et enfin, le problème et l’objectif de
recherche vont clore cette section.
Contexte de la recherche
En révisant le Plan décennal de développement pour l’éducation (PDDE),
le gouvernement nigérien a placé l’enseignement supérieur au centre de sa
stratégie de lutte contre la pauvreté. Ce choix est congruent avec le Projet
d’appui à l’enseignement supérieur (PAES) entrepris par l’Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui a pour objectifs l’amélioration
des systèmes d’enseignement supérieur et l’intégration régionale en matière
d’enseignement supérieur à travers la mise en œuvre de la réforme LMD.
Cette réforme du système de formation universitaire oblige l’enseignement
supérieur d’Afrique francophone à rénover profondément son système [As-
92 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
2. Cadre théorique
3. Méthodologie
3.1. Participants
L’enquête a atteint l’ensemble des enseignants chercheurs de l’UAM. Cette
université compte 289 enseignants répartis de la manière suivante : 68 ensei-
gnants pour la Faculté des sciences et technologies (FAST), 22 pour la Faculté
d’agronomie (FA), 37 pour la Faculté des sciences de la santé (FSS), 78 pour la
Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH), 33 pour l’École normale
supérieure (ENS) et 51 pour la Faculté des sciences économiques (FSEJ).
Sur les 289 enseignants, il y a 255 hommes (88,2 %) et 34 femmes (11,8 %).
Ainsi, la variable indépendante (les catégories d’institutions universitaires) a
été croisée avec le genre qui s’est révélé être une variable pertinente pour me-
surer la perception qu’une personne a de ses capacités à utiliser un ordinateur
sur le plan technique dans d’autres études (Smith et Owen, 1989). L’univers
d’enquête a été constitué d’une population composée des 289 enseignants.
Ainsi, la totalité des 289 enseignants ont répondu aux questionnaires entre
le 24 janvier et le 27 février 2010.
96 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Échelle Items
Je suis à l’aise en utilisant l’ordinateur pour écrire une lettre ou un texte.
7. Je suis à l’aise pour supprimer les fichiers qui ne sont plus utiles.
Niveau 8. Je suis à l’aise pour ajouter ou supprimer une information dans un fichier.
débutant 9. Je suis à l’aise en affichant le contenu d’un fichier pour consultation à
l’écran.
10. Je suis à l’aise pour copier un fichier individuel.
Niveau Je suis à l’aise pour me connecter à un cours en ligne.
intermédiaire Je suis à l’aise pour me déconnecter d’un cours en ligne.
Je suis à l’aise pour construire des activités d’évaluation sur la plateforme.
Je suis à l’aise pour expliquer pourquoi un programme fonctionnera ou ne
Niveau avancé fonctionnera pas sur un ordinateur donné.
Je suis à l’aise pour apprendre l’utilisation des différents moteurs de
recherche.
Étude du sentiment d’auto-efficacité des enseignants • 97
Pour le traitement des tableaux des données, nous avons fait recours au lo-
giciel Statistical Package for Social Sciences 12 ([SPSS], version Windows).
L’analyse de la variance (ANOVA) à deux critères [un critère inter-groupes
(les facultés) et un critère intra-groupes de mesures répétées chez les mêmes
sujets (les trois échelles)] a été utilisée pour tenter d’obtenir une vue d’en-
semble sur toutes les moyennes relatives au sentiment d’auto-efficacité des
enseignants de l’UAM à l’égard de l’ordinateur. Un niveau alpha de .05 a été
utilisé pour tous les tests statistiques.
4. Résultats
Comparaison des enseignants des différentes institutions universitaires
Les précautions d’usage permettant de vérifier les données en cas d’anomalies
comme les valeurs extrêmes ont été prises avant d’appliquer une ANOVA à
deux critères. On observe une différence de perception de niveaux d’habileté
entre enseignants des différentes institutions universitaires :
(a) à la FAST, il y a trois valeurs extrêmes (221, 225 et 231) et éloignées
(262, 266 et 268) au niveau débutant;
(b) à la FA, il y a quatre valeurs extrêmes (126, 127, 142 et 275) au ni-
veau débutant et trois valeurs éloignées (126, 142 et 248) au niveau
avancé;
(c) à la FSS, il y a six valeurs extrêmes (78, 83, 86, 110, 112 et 114) au
niveau débutant et une valeur éloignée (114) au niveau intermédiaire;
(d) à l’ENS, il y a trois valeurs éloignées (27, 29 et 288) au niveau débutant
et une valeur éloignée (13) au niveau avancé;
(e) à la FSEJ, il y a trois valeurs extrêmes (62, 273 et 282) au niveau
débutant et quatre valeurs extrêmes (203, 273, 282 et 289) au niveau
intermédiaire;
(f ) à la FLSH, il n’y a pas de valeurs éloignées.
Ainsi, 27 observations ont été écartées des 289 enseignants-chercheurs inter-
rogés. Par conséquent, 262 observations ont été retenues pour l’application
de l’ANOVA. Les valeurs des moyennes marginales du Tableau 4 suggèrent
fortement les effets principaux des facteurs Niveaux d’habiletés techniques
et Catégories d’institutions universitaires. De plus, il y a une évolution dé-
croissante des niveaux de performance (débutant, intermédiaire et avancé)
Étude du sentiment d’auto-efficacité des enseignants • 99
Discussion et conclusion
Les résultats révèlent que les moyennes des niveaux débutant, intermédiaire
et avancé des enseignants des différentes institutions universitaires sont dé-
croissantes. On peut ainsi observer une pyramide renversée représentant la
configuration instable du sentiment d’auto-efficacité à l’égard de l’usage de
l’ordinateur des enseignants de l’UAM. On pourrait, dans une perspective
sociocognitive de l’apprentissage (Bandura, 2007), soutenir que, à la suite des
sessions de formation aux TIC du CNF, les enseignants sont amenés à douter
de leur capacité à utiliser les TIC dans leurs cours (attentes d’efficacité) et de
ce fait ils ne sont pas convaincus des effets favorables (attentes de résultats)
produits par l’utilisation de celles-ci. Ainsi, plus une personne doute de ses
possibilités à réaliser une conduite ressentie comme profitable, moins elle
sera portée à l’accepter.
Étude du sentiment d’auto-efficacité des enseignants • 101
Références bibliographiques
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at the annual meeting of the American Educational Research Association,
San Francisco, CA.
Étude du sentiment d’auto-efficacité des enseignants • 103
Introduction
P
our répondre aux exigences du monde de l’emploi, la formation doit
être en adéquation avec les besoins du secteur. Or, cette congruence
recherchée entre l’emploi et la formation fait souvent défaut, d’où la
nécessité d’un développement des compétences pour les formateurs
qui sont chargés d’encadrer les futurs employés.
Mais avec l’introduction des TIC dans l’enseignement et la formation, de
profondes mutations se sont opérées et il est aujourd’hui offert à tout indi-
vidu désireux de suivre une formation, quels que soient le lieu, le temps et
l’espace, de le faire par l’intermédiaire de nouveaux dispositifs mis en place par
des structures publiques ou privées. Donc, cette introduction des TIC dans
l’enseignement et la formation constitue une innovation technopédagogique
majeure en ce sens qu’elle induit un changement de paradigme important :
le passage du présentiel au distanciel.
Dans cet article, nous présentons une nouvelle démarche pour assurer la
formation continue des enseignants des lycées techniques et des centres de
formation du Sénégal qui peinait à décoller du fait notamment de la dis-
tance d’une part, entre les institutions cibles et d’autre part, entre celles-ci et
l’institution devant accueillir les auditeurs. En effet, la formation continue
des formateurs des lycées techniques et des centres de formation se faisait
uniquement en présentiel. Comme les formateurs se trouvent dans les diver-
ses régions du Sénégal et vu leurs occupations professionnelles, ce type de
formation posait beaucoup de contraintes liées au regroupement des audi-
teurs. Cette contrainte majeure a fait germer l’idée d’utiliser un dispositif de
Le développement des compétences dans la formation continue des enseignants • 105
Modèles d’enseignement
Le passage du présentiel au distanciel influe naturellement sur le mode de
transmission du savoir qui se déroule sous forme d’activités.
La nature des activités proposées aux apprenants implique principalement
deux modèles d’enseignement/apprentissage à savoir le cognitivisme et le
socioconstructivisme. En effet, l’appropriation de la plupart des concepts du
cours proposé crée un déséquilibre cognitif par rapport à une représentation
initiale. Dans les activités de production et de métacognition, l’apprenant
est confronté à une situation-problème qu’il est appelé à résoudre seul. Cet
isolement qui lui est imposé doit créer en lui un conflit cognitif d’autant
plus qu’il doit être capable de se prendre en charge et de développer ce que
M. Linard appelle « la capacité de distanciation cognitive » qu’elle rapproche
de l’autonomie. Il s’agit de la capacité mentale à prendre du recul par rapport à
soi-même, par rapport à sa propre action, de prendre conscience des mécanismes
de sa propre pensée et donc de les améliorer et de les piloter de façon autonome.
M. Linard considère que l’autonomie est un mode supérieur de conduite intégrée
(une métaconduite) qui, pour la plupart des individus, doit être apprise » [9].
Donc les situations d’apprentissage proposées provoquent naturellement la
métacognition, c’est-à-dire, l’apprenant est amené à avoir une attitude réflexive
relativement à ses pratiques et à sa façon d’apprendre.
Dans les activités de collaboration, on fera recours au socioconstructivisme
pour développer ce que Vygotsky et Perret-Clermont appellent « l’effet des
pairs dans le développement cognitif ». D’ailleurs, C. Depover affirme « qu’en
matière de formation d’adultes on sera particulièrement attentif à profiter de l’effet
d’entrainement lié aux activités sociales, en particulier à favoriser la collaboration
et l’entraide au sein des groupes dans le cadre d’activités où chacun aura l’occasion
de partager son savoir et de témoigner de son expérience pour les mettre au service
d’une tâche commune » [3].
Le choix du socioconstructivisme comme un des modèles d’enseignement-
apprentissage requiert un dispositif de formation doté des principaux outils
synchrone (chat) et asynchrone (mail, forum, wiki) de collaboration. L’asyn-
chronité de la majorité des activités favorise une posture réflexive autorégu-
latrice des apprentissages de la part des apprenants.
Le développement des compétences dans la formation continue des enseignants • 111
Résultats
Pour procéder à une évaluation des apprentissages tout au long du processus,
nous avons utilisé un tableau de bord qui nous a permis de suivre toutes les
interactions entre les apprenants d’une part et entre les apprenants et la pla-
teforme d’autre part. À chaque étape du processus, des rétroactions régulières
sont fournies aux apprenants à la fin de chaque activité, ce qui a eu pour effet
la création de balises susceptibles de recadrer les apprentissages en vue de
l’atteinte des objectifs. Finalement, les synthèses fournies dans le cadre du
travail collaboratif étaient de hautes factures en ce sens qu’ils sont arrivés
à faire ressortir dans leur carte conceptuelle respective les concepts de base
et la plupart des relations existantes entre eux. Globalement, on peut dire
qu’ils ont atteint les objectifs d’intégration qui étaient visés dans ce module
de formation.
La deuxième phase de l’évaluation consistait à inviter les apprenants à s’auto-
évaluer. Pour la formation en général les apprenants se disent très satisfaits. Les
rencontres synchrones avec les partages cordiaux entre coéquipiers d’une part
et entre coéquipiers et tuteur d’autre part, le travail en équipe et la disponibilité
du tuteur ont été considérés comme les moments marquants de la formation.
En outre, ils approuvent totalement la précision et la clarté des objectifs ainsi
que leur adéquation avec les contenus de la formation. Ils reconnaissent tous
également que les situations d’évaluation qui leur ont été proposées leur ont
permis d’intégrer parfaitement les situations d’apprentissage, ce qui leur
a permis de rompre avec les amalgames dans beaucoup de concepts et de
mieux faire la relation entre les différentes formes de maintenance. Un autre
apprécie la réalisation de cartes conceptuelles qui lui a permis de résumer un
contenu de vingt-cinq pages en… une seule!
Une double motivation a été au cœur de ce test : le fait de participer pour
une première fois en formation à distance et l’utilité du module qui leur est
proposé. À la fin de la formation, ils sont tous d’avis que le module qui leur
a été proposé a parfaitement répondu à leurs attentes.
112 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Conclusion
Le passage du présentiel au distanciel apporte une nouvelle vision de la dé-
marche d’innovation dans la mise en place d’un dispositif technopédagogique
qui est une source de changement et de progrès qui doit être observable dans
les attitudes et les pratiques quotidiennes.
L’innovation est considérée comme un changement qui, dans le but d’amé-
liorer une situation, peut porter sur une pratique, une méthode, une façon
d’enseigner certains contenus disciplinaires, une procédure, un outil ou de
nouvelles clientèles [10]. Les TIC constituant des outils au service d’un
projet pédagogique, innover consiste à médiatiser des contenus à l’aide d’un
dispositif technologique [11]. En se référant à la réflexion de Vygotsky sur
la théorie de l’activité à savoir le nouveau concept de l’action orientée vers
un objet médiatisée par un artefact, l’activité humaine n’est pas une réaction
directe à l’environnement [12]. La relation entre l’agent humain et les objets
de l’environnement est médiatisée par des moyens culturels construits par
l’homme pour le rendre capable de contrôler et de transformer son environ-
nement. Rabardel considère quant à lui que l’artefact devient petit à petit un
instrument à la suite d’une genèse instrumentale selon des schèmes d’usage
permettant à l’individu d’interagir avec le groupe de référence [12]. Cette
réflexion montre parfaitement que les innovations technologiques doivent
produire des instruments qui sont profitables aux innovations pédagogi-
ques.
Cette expérimentation que nous avons réalisée nous a fourni des informations
relatives à :
À la pédagogie : le changement de paradigme dans les pratiques enseignantes à
savoir l’introduction des méthodes actives dans l’apprentissage trouve l’assen-
timent des testeurs qui ont magnifié le travail collaboratif qui a complètement
bouleversé leur mode d’apprentissage;
Au domaine temporel : l’asynchronité des apprentissages a permis malgré la
distance de mettre en œuvre une formation flexible en termes de lieu et de
temps et en un moment où le public était en activité professionnelle; cette
possibilité offerte par la formation à distance est l’un des avantages qui ex-
pliquent le bien-fondé des innovations technopédagogiques.
Aujourd’hui, il est clairement établi que les modèles constructivistes ont
trouvé leur véritable épanouissement dans la formation à distance.
Le développement des compétences dans la formation continue des enseignants • 113
Références bibliographiques
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professionnelle au Sénégal.
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entièrement ou partiellement à distance.
[10] Peraya D., Jaccaz B. (2004)- Analyser, soutenir, et piloter l’innovation : un modèle
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[11] Charlier B. et al.(2002)- Apprivoiser l’innovation.
[12] Charleir B. et Daelle A. (2000). - Comment un « nouvel outil qu’il faut bien
utiliser » devient un instrument au service d’une activité.- Projet d’article pour
le livre Learn-Nett.
114 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Fatou Diagne
ENSETP /Université Cheikh Anta Diop, Dakar
Sénégal
Thierry Eymard
IUFM d’Auvergne, Université Blaise Pascal–Clermont-Ferrand
France
développés par les membres du laboratoire ACTE, qui prennent place plus
largement, dans le cadre de réseau national et international.
Cette licence prend place au sein d’une offre existante au sein d’un pôle in-
teruniversitaire d’excellence54. Elle s’inscrit dans l’axe 4 (éduquer à la santé)
du plan de santé stratégique de l’ARS en Auvergne (objectifs généraux 12,
13 et 14)55. Il existe une demande forte de la part des collectivités territoria-
les qui sont responsables de la mise en œuvre et de l’accompagnement des
dispositifs partenariaux des champs éducatifs, sociaux et de santé (projet
réussite éducative, ateliers santé ville, contrat éducatif local, etc.). Au-delà
de son inscription régionale, cette licence vient étoffer l’offre de formation
nationale dans ce domaine56 et satisfaire un marché de l’emploi qui se dé-
cline à l’échelon régional et national57. Elle a été construite sur la base d’un
partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’Université du
Québec à Trois-Rivières en collaboration avec l’APS de Liège et le RADIX de
Lausanne. D’autres partenaires nationaux viennent la renforcer : DGESCO
(formation des infirmières scolaires), l’INPES, le secteur mutualiste et asso-
ciatif (responsables de projet en éducation à la santé).
La démarche a consisté à :
Identifier les besoins de santé des populations et les articuler avec les de-
mandes du terrain; développer le potentiel d’intervention des agents de dé-
veloppement en santé pour la mise en œuvre de l’EPS au sein des politiques
nationales sanitaires et sociales au niveau local comme national dans une
démarche de promotion de la santé;
54 L’IUFM d’Auvergne – Université Blaise Pascal accueille en effet depuis 2004 une
spécialité du master 2 « éducation et santé publique » cohabilitée par les Universités
Clermont 1 et 2, l’Université Lyon 1, l’École des hautes études en santé publique
de Rennes. L’année 2011 voit l’ouverture du master 1 de cette même spécialité.
55 Promouvoir l’adoption de comportements favorables à la santé (objectif général
12), améliorer l’efficience des interventions en éducation pour la santé (objectif
général 13), développer et accompagner des démarches partenariales de promotion
de la santé (objectif général 14).
56 Une seule licence professionnelle ouverte dans ce domaine à l’heure actuelle (UFR
Savoie).
57 Cf. offres d’emplois disponibles sur le site de la Banque de données en santé
publique.
116 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
2. Objectifs de la licence
À travers cette licence, il s’agit de faire acquérir les connaissances liées au
concept de promotion de la santé (éducation, prévention et protection) et
de permettre au stagiaire de concevoir, de monter et d’évaluer un projet avec
des approches thématiques, territoriales et populationnelles en lien avec ce
domaine. Pour ce faire, il devra être capable d’effectuer un diagnostic de be-
soins de santé, de concevoir et de mettre en œuvre des projets et des actions
territorialisés dans le domaine de la promotion de la santé et enfin de gérer
une équipe et de communiquer relativement aux projets. La création d’une
UE libre « data-management » est en cours d’étude.
Le public
La licence professionnelle « Éducation et promotion de la santé » s’inscrit
dans un plan de développement visant le recrutement d’étudiants sur le
plan national avec une priorité régionale. Le pourcentage des étudiants en
formation initiale est estimé à 20 % contre 80 % des étudiants en formation
continue.
En formation continue
Professionnels du champ sanitaire et social des collectivités territoriales,
caisses d’assurance maladie, conseils généraux, centres communautaires
d’action sociale, associations de santé, centre social rural et personnels de
l’éducation…
Mise en place de la gestion commune • 117
En formation initiale
Étudiants issus de L2 (sciences humaines et sociales ou sciences de la vie),
de BTS - DE - DEUST - BTSA (Économie sociale et familiale; secteur
sanitaire et social; espace rural; gestion des activités physiques, sportives et
culturelles, etc.).
Intégration professionnelle
Les emplois visés sont ceux de chargé de mission, de chargé de prévention,
de coordinateur atelier santé ville, de chargé d’études et de chargé de projet.
Il s’agit également de permettre l’évolution professionnelle des salariés en
activité en accédant à une promotion interne au sein de l’organisme employeur.
Cette licence s’inscrit dans une visée d’insertion professionnelle immédiate,
de valorisation et de reconnaissance des acquis et de l’expérience.
Intervenants
Les intervenants seront issus du milieu professionnel (conseil général,
communes, caisse d’assurance maladie, organisme d’État, associations de
santé, organisations non gouvernementales (ONG) et académiques (UBP
Clermont 2, ENSETP de l’Université Cheik Anta Diop de Dakar, Univer-
sité du Québec à Trois-Rivières, APES-ULg, École de santé publique de
l’Université de Liège, Université de Balamand au Liban). Cette ouverture
internationale s’inscrit dans le cadre d’échange de compétences notamment
en matière de santé communautaire.
Compétences visées
Elles se structurent suivant 8 axes : compétences en matière de santé; com-
pétences éducatives; compétences sociales; compétences managériales de
projet; compétences partenariales; compétences de communication; com-
pétences éthiques et compétences d’évaluation. Enfin, un axe transversal
visera la construction d’une identité professionnelle et le développement de
compétences en analyse de pratiques professionnelles.
Les enseignements se structureront selon un souci de progressivité des conte-
nus en présentiel (120 h) et à distance (100 h), dans la perspective du stage
(300 h). Afin de favoriser la réussite des étudiants, le principe du tutorat et
118 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Elle a été confortée par la volonté d’ouvrir cette formation à Dakar dès 2012
alors qu’elle ne démarrera probablement qu’en 2013 à Clermont-Ferrand.
Pour ce qui est du volume de cours, l’UBP de Clermont-Ferrand pouvant
s’appuyer sur l’expertise du master en Éducation et Santé publique qu’elle
porte depuis 2004, fournira une quantité de cours supérieure (150 h) à celle
de l’UCAD (100 h), mais la totalité des cours seront à la disposition des
étudiants des 2 diplômes cohabilités.
La reconnaissance de la responsabilité de chaque université
La responsabilité de chaque université vis-à-vis de ses étudiants et de sa
société en général reste entière; il lui appartient donc de réguler les contenus
des cours et les modalités de travail de ses étudiants.
Chaque université a une totale liberté dans la conduite du travail de ses
étudiants, y compris sur les modules de cours mis à disposition par l’autre
université. L’affichage de ces modalités et le partage d’expérience est néan-
moins une condition indispensable de l’enrichissement du travail en commun
et du bon fonctionnement de la cohabilitation.
Ce sont des principes simples, qui restent à éprouver dans la réalisation
effective, mais qui nous ont semblé être de nature à garantir la transparence
et l’efficacité du partenariat.
La mise en œuvre de cette licence professionnelle cohabilitée est rendue pos-
sible par la qualité scientifique et organisationnelle de chacun des partenaires,
mais aussi par la volonté de transparence et la confiance mutuelle entre les
acteurs. Elle offre une grande cohérence, car nous partageons beaucoup d’ob-
jectifs et valeurs dans le domaine de l’éducation à la santé. C’est un chantier
long et compliqué comme toutes les formations partagées, innovantes et à
distance, mais nous ne doutons pas de le mener à bien, car il nous tient à cœur
autant aux uns qu’aux autres et qu’il est élaboré dans un esprit conforme à
la cohabilitation : celui d’un travail exigeant, de haute tenue scientifique et
réellement mis en commun.
122 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Références bibliographiques
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L’IUFM d’Auvergne – Université Blaise Pascal du master 2 « éducation et santé
publique ».
Le « Master international francophone des métiers de la formation » • 123
Introduction
L
’Institut supérieur des sciences de l’éducation de Guinée (ISSEG)
a officiellement lancé le « Master international francophone
des métiers de la formation » le 4 avril 2011. Ce lancement est
l’aboutissement d’un long processus qui remonte à 2007, quand
l’institution s’est engagée dans une étude de faisabilité ayant conduit à l’éla-
boration de ce master, dans le cadre du Réseau international francophone
des établissements de formation de formateurs (RIFEFF).
Le RIFEFF, soucieux de mutualiser les ressources disponibles au niveau des
établissements membres et de promouvoir l’intégration pédagogique des
technologies de l’information et de la communication dans la formation des
formateurs, s’est engagé dans l’élaboration de ce master qui révolutionne les
pratiques traditionnelles en matière d’enseignement et d’apprentissage. Ce
programme qui alterne, sinon intègre, des formations en présentiel et à dis-
tance prévoit que la gestion pédagogique et administrative se réalise à travers
une plateforme spécifique, domiciliée à Clermont-Ferrand (France).
Orientations du programme
L’étude de faisabilité, élaborée par Garry et al. (2007 à 2010), définit pour le
programme des objectifs d’ordre scientifique et pédagogique.
Au plan scientifique, le Master international francophone des métiers de la
formation a pour but de permettre à des étudiants et/ou des auditeurs en
124 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Méthodologie
La présente étude procède par l’analyse des ressources documentaires mobi-
lisées et utilisées dans le cadre du programme et des unités d’enseignement
développées durant le semestre 1. Cette analyse documentaire a été complétée
par la mesure des perceptions des gestionnaires du programme, des forma-
Le lancement du programme
La cérémonie de lancement du « Master international francophone des
métiers de la formation » à l’ISSEG de Conakry, le 4 avril 2011, a enregistré
la présence remarquable des autorités du Département de l’enseignement
60 Des formateurs qui avaient effectué le pèlerinage et des étudiants qui étaient à
l’intérieur du pays n’ont pu être joint dans le cadre de cette recherche.
61 Un étudiant admis au programme ne s’est jamais présenté aux sessions en présen-
tiel et deux autres se sont limités respectivement à la première et à la deuxième
session.
Le « Master international francophone des métiers de la formation » • 127
La formation
Cinq sessions de formation en présentiel (de trois jours chacune) ont été déjà
organisées depuis le lancement du programme. La formation a démarré avec
deux UE (UE1 et UE6) et les autres ont été introduites progressivement.
Actuellement, cinq UE sont complétées en présentiel, il s’agit de : UE1 (For-
mation d’adultes), UE2 (Approfondissement au processus d’apprentissage),
UE3 (Didactique professionnelle), UE5 (Systèmes éducatifs dans la fran-
cophonie) et UE6 (Méthodologie de recherche). Les travaux demandés aux
étudiants, qui se réalisent dans le cadre de la formation à distance, sont en train
d’être déposés aux formateurs. L’UE4 (Conseil en formation) a débuté avec
la cinquième session et la sixième, programmée à partir du 12 janvier 2012,
lui sera entièrement consacrée.
128 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Les stratégies empruntées pour la mise en œuvre des formations (en pré-
sentiel et à distance) ont consisté en de brefs exposés (avec supports papier
et électroniques, appuyés par des vidéoprojections) et des travaux étudiants
(individuels ou d’équipes) centrés sur les compétences visées par le programme.
Les étudiants bénéficient de l’accompagnement des formateurs durant la
réalisation des travaux demandés.
En attendant la familiarisation avec la plateforme dédiée au master par
tous les acteurs, un groupe Yahoo, créé par les organes de gestion, facilite les
échanges d’information et de consignes pour les travaux à distance entre les
acteurs du programme (étudiants, formateurs et gestionnaires).
Conclusion
En se fondant sur les recommandations de Clermont-Ferrand et sur les tra-
vaux préparatoires qui les ont précédés, l’ISSEG a réussi à lancer le Master
international francophone des métiers de la formation le 4 avril 2011.
Les formations en cours se déroulent dans le cadre de six unités d’enseigne-
ment dont deux au démarrage (UE1 et UE6), une introduite à la deuxième
session de présentiel (UE3), deux à la troisième (UE2 et UE5) et l’UE4 à
la cinquième. À présent, seule cette dernière n’est pas bouclée en présentiel.
Quelques travaux demandés sont attendus pour la fin du mois de décem-
bre 2011.
La mise en œuvre de ces UE a été rendue possible grâce à la mobilisation d’un
personnel qualifié et très attaché aux normes de qualité, tant en présentiel
qu’à distance. Les échanges de documents et d’information, qui se réalisent
fréquemment à travers la messagerie Yahoo, en attendant la familiarisation
des acteurs avec la plateforme dédiée au Master, renforcent la synergie fonc-
tionnelle de l’équipe.
Le « Master international francophone des métiers de la formation » • 135
Bibliographie
Diallo, M. C. (2011). Rapport de stage de mobilité suite au séminaire du consortium
concernant le Master International des Métiers de la formation, tenu à Clermont-
Ferrand du 26 février au 4 mars 2011.
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et animer des formations. Guide méthodologique. Notes de cours UE1, IUFM
d’Auvergne.
136 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Arnaud DIEMER
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
France
E
n l’espace de quelques années, les nouvelles technologies de l’in-
formation et de la communication (NTIC) ont profondément
modifié notre rapport à la connaissance (l’information est devenue
une ressource, un bien marchand) et bien évidemment notre ma-
nière d’enseigner (Karsenti, Larose, 2001). Toutes les formations innovantes
s’appuient aujourd’hui sur un double dispositif : un présentiel de plus en plus
réduit (8 à 4 semaines) adossé à une formation à distance (FOAD). Cette
dernière ne se réduit pas à une technique qui utiliserait l’exposé multimédia
pour dispenser un enseignement à des étudiants plus ou moins distants du
centre de formation. Elle se conçoit comme « un système complexe qui ne peut
être assimilé aux systèmes traditionnels d’enseignement ni dans son fonctionne-
ment organisationnel, ni dans son fonctionnement pédagogique. Ses particula-
rités résident essentiellement dans les relations nouvelles entre l’apprentissage
et l’enseignement, c’est-à-dire dans la dynamique du processus de formation »
(Henri, Kaye, 1985, p. 7). Nous entrons ainsi dans le champ de l’éducation
systémique, évoquée dès 1975 par Joël de Rosnay dans le Macroscope. Un
système est un ensemble d’éléments en interaction, organisés en fonction
d’un but. En tant que systèmes d’activités humaines (Checkland, 1981),
les organisations éducatives n’échappent pas à cette règle. Pour un système
éducatif, la réalisation d’apprentissages constitue son but principal (Wion,
Gagné, 2008). Les interactions entre le formateur et les apprenants insistent
sur la fonction d’encadrement, laquelle doit favoriser l’autonomie des élèves.
Dans le cas de l’enseignement traditionnel, Curonici et McCulloch (2004)
ont montré comment le système encadrant (l’enseignant), par la constance
et l’adaptation, permet au système encadré (les élèves) d’expérimenter des
Formation de formateurs dans le milieu de l’entreprise, des collectivités et des services • 137
64 Hotte et Leroux (2003) notent que l’inconvénient d’une telle approche est de
surestimer les capacités d’autonomie des apprenants.
138 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
elle maintient les salariés en poste tout en leur permettant d’améliorer leurs
connaissances et leurs compétences (en France, des dispositifs législatifs
– droits individuels de formation, DIF; Congé individuel de formation,
CIF; valorisation des acquis professionnels, VAP; valorisation des acquis de
l’expérience, VAE – encadrent la formation). Pour les salariés, elle permet
de répondre à un besoin d’individualisation permanente de la formation,
c’est un atout pour s’adapter aux évolutions de l’entreprise et de la société en
général. Pour les centres de formation, elle constitue un moyen susceptible
de viabiliser certains cursus (notamment ceux qui ne parviennent pas à réunir
un effectif local suffisant) tout en garantissant, grâce à la mutualisation des
ressources, une formation de qualité.
Initier une telle formation à distance, qui plus est dans l’espace francophone,
nécessite d’identifier les clés du succès. Dans un article visant à relater
une expérience de formation à distance (en l’occurrence un programme de
master M2 en maintenance et gestion des infrastructures et équipements
communaux dans 17 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et des Caraïbes),
Lhoussaine Moughli, Jean-Francis Semporé et Tofangui Guy-Rolland Koné
(2008, p. 248-249) ont identifié 11 facteurs de réussite : l’implication et la
volonté des autorités de l’établissement au plus haut niveau; la sensibilisation
et l’implication de tous les acteurs dès le début du projet, l’expérience et la
valorisation des compétences internes; l’analyse exhaustive des besoins; la
construction d’un dispositif technopédagogique simple, clair et précis; la
définition précise des rôles des acteurs et leurs effets sur les activités tradi-
tionnelles; la mise au point d’un programme d’accompagnement pédagogique
technique de l’équipe-projet; la mise en place d’un système de production des
contenus adapté au dispositif FOAD, la prise en compte de la participation
des enseignants dans leur plan de charge annuelle; l’intéressement des ac-
142 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Conclusion
Les pratiques de FOAD correspondent à des besoins qui prennent leurs
sources, non seulement dans les évolutions technologiques et économiques
de la société, mais aussi dans l’évolution des modes de vie. La FOAD – via
le développement de pratiques d’apprentissage autonome – engendre une
modification des rapports au savoir (mobilisation de l’expertise en temps
réel) tout en répondant à un besoin d’individualisation de la formation. C’est
en quelque sorte un moyen de se libérer des contraintes spatio-temporelles
du système éducatif traditionnel, d’être en formation tout au long de sa vie.
Pour les salariés, c’est un atout leur permettant de s’adapter aux évolutions
des entreprises et de la société. On mesure ainsi tout l’attrait que peut exercer
une formation à distance tournée vers la transmission des savoirs et la fran-
cophonie dans la mise en œuvre d’une politique de gestion des ressources
humaines.
Formation de formateurs dans le milieu de l’entreprise, des collectivités et des services • 145
Bibliographie
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146 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
1. Introduction
La deuxième décennie de notre XXIe siècle est marquée par l’explosion et
l’introduction de nouvelles technologies d’information et de communica-
tion dans l’éducation et la formation des ressources humaines de qualité en
réponse aux besoins de plus en plus grandissants de toutes les catégories so-
cioprofessionnelles, aux exigences du marché du travail face à la concurrence
régionale et internationale en matière des ressources humaines qualifiées. La
formation à distance assistée par les TIC menée depuis les années 90 dans
les pays développés en Europe, en Amérique, en Asie, tels que la France,
l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis, le Canada, le Japon, Singapour,
etc. constitue une tendance irréversible par ses avantages considérables et ses
inconvénients à franchir. En tant que pays francophone en développement
désireux de s’intégrer à la région et au monde, depuis 1986, le Vietnam mène
sa politique d’ouverture destinée à accélérer son œuvre d’industrialisation et
de modernisation nationales en faveur de son développement durable. La
formation des ressources humaines qualifiées dont celle des enseignants de
langues (y compris de ceux de français) par tous les moyens disponibles en
fait partie intégrante. La FAD assistée par les TIC considérée comme une
des solutions effectives et efficaces entre autres, peut contribuer à améliorer
le niveau d’instruction du peuple en général et à s’adapter à l’économie du
savoir, au mécanisme de l’économie de marché en pleine mutation en période
transitoire.
La formation à distance des enseignants de français au Vietnam • 149
Les défis de la FAD sont nombreux face aux besoins grandissants de forma-
tion continue des enseignants. Il s’agit donc de :
• Sensibiliser le corps d’enseignants de français à la nécessité de la FAD
assistée par les TIC et l’encourager à y participer.
• Trouver le financement, les équipements nécessaires à l’élaboration, au
fonctionnement d’un dispositif de formation à distance assisté par les
TIC.
• Former une équipe de formateurs compétents, capable de concevoir et
d’animer un dispositif de formation à distance adapté au public ciblé.
• Faciliter l’accès de tous les enseignants de français à ce dispositif de
formation par tous les moyens.
Pour relever ces défis, il faut absolument résoudre tous les problèmes avant
la mise en place d’un dispositif de formation à distance assistée par les TIC,
adaptée aux besoins réels des enseignants de français à l’aide de nos propres
efforts, des expériences du soutien financier technique, professionnel de la
part des partenaires francophones comme la France, le Canada, la Belgique.
Leurs expériences nous semblent précieuses et utiles pour la conception, la
conduite et l’animation d’un tel dispositif de formation à distance.
3. Conclusion
À l’ère numérique, il appartient à la FAD des enseignants de français au
Vietnam de profiter des atouts de TIC pour concevoir un dispositif de FAD
en leur faveur afin de renforcer leurs compétences linguistiques, communica-
tives, professionnelles, socioculturelles et d’améliorer la qualité de formation,
d’enseignement/apprentissage du français et en français.
Les succès de sa mise en œuvre dépendent largement des conditions matériel-
les, techniques des établissements scolaires, des enseignants, de leur motiva-
tion, de la volonté des autorités compétentes, des responsables de formation
concernés et le projet national du gouvernement vietnamien d’équiper tous les
établissements scolaires et universitaires du pays des moyens d’informatique
nécessaires pour rendre les TIC accessibles à tous.
Les perspectives de la FAD assistée par les TIC des enseignants de fran-
çais sont prometteuses en réponse à leurs besoins en matière de formation
continue et à leur nécessité d’apprentissage et de formation tout au long
158 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Bibliographie
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Le Master Ingénierie et Conseil en Formation de l’École normale supérieure • 159
Babacar DIOUF
École normale supérieure d’enseignement technique et professionnel, Université Cheikh
Anta Diop, Dakar
Sénégal
Contexte général
N
ombreux sont les changements sociaux intervenus dans les socié-
tés subsahariennes comme le Sénégal dont la particularité est de
faire émerger de nouvelles problématiques sociales qui remettent
en question les pratiques et la formation des personnels quel
que soit leur niveau d’intervention dans les dispositifs de fonctionnement
des systèmes régissant les activités humaines, qu’il s’agisse d’individus, de
familles, de groupes ou de communautés. Les praticiens interpellés, quelle
que soit leur formation disciplinaire, sont appelés à renouveler leur pratique
et à poursuivre leur développement tant sur le plan professionnel que sur le
plan personnel. Cette situation exige nécessairement une requalification des
procédures et des processus de formation professionnelle à l’initiale comme
en continu.
Cette problématique interpelle aussi toutes les technostructures spécialisées
dans le domaine de la formation de formateurs.
Contexte national
Cette évolution du contexte global ci-dessus convoqué exige que des ruptures
efficientes soient apportées, et ce, par un souci d’égalité de chances pour une
meilleure amélioration du niveau des connaissances concernant les diverses
interventions et pratiques en cours dans notre système de formation.
160 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Objectifs de l’étude
Voici les trois visées de cette étude :
Rendre compte de l’état d’avancement du programme de Master mention
Ingénierie et Conseil en Formation (ICF) lancée par l’ENSETP en 2008-
2009;
Dégager les perspectives d’avenir en termes de modalités de formation;
Identifier les facteurs dynamisants et les forces restrictives pour aller vers
une FOAD.
Le Master Ingénierie et Conseil en Formation de l’École normale supérieure • 161
Objectifs du programme
Au plan général, il s’agit de satisfaire les besoins du marché du travail par la
mise à disposition de ressources qualifiées et adéquates.
De manière beaucoup plus opérationnelle, il vise à former des ingénieurs-
conseils dans les domaines de la formation à travers quatre postures ou
fonctions concourantes :
Une fonction de responsable et d’animateur de formation, tant dans les
organismes de formation que dans les services de direction de formation
des entreprises;
Une fonction de chargé de mission de formation auprès des institutions
publiques et des organismes divers;
Une fonction de conseiller en formation continue;
Une fonction de consultant en ingénierie de la formation.
Il vise aussi l’acquisition d’une compétence générique centrée sur :
la conception, l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de politiques et
de dispositifs de formation;
le développement de nouvelles compétences dans le champ de la formation
relatives au processus d’individualisation et aux activités de conseil et de
consulting.
162 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Cibles du programme
Ce programme est ouvert aussi bien aux fonctionnaires qu’aux non-fonc-
tionnaires évoluant dans les administrations publiques, dans les entreprises
privées et dans les organisations diverses.
La question de la validation des acquis de l’expérience y est prise en charge
pour bonifier les acquis résultant des situations de travail.
Architecture des enseignements
Master 1
Master 2
Réalisations du programme
Deux cohortes en cours du soir de 20 auditeurs, soit 40 personnes au total,
ont été formées de 2008 à 2011.
La pression reçue à ce niveau a permis de créer une nouvelle modalité de
livraison dite « séminaires intensifs hebdomadaires ». Il s’agissait dans ce
cadre de procéder à un regroupement pédagogique chaque fin de semaine ou
weekend (toute la journée du samedi et la demi-journée du dimanche).
Ainsi, une cohorte de 15 auditeurs en cours hebdomadaires a été formée.
Cette formule a permis certes la participation d’auditeurs venant des régions
les plus proches de la capitale, lieu où se déroulent les formations en présentiel.
Cependant, beaucoup de candidats à ce programme servant dans les régions
frontalières ou éloignées n’ont pas pu y accéder.
Par ailleurs, la mise en œuvre du programme en présentiel a permis de dispo-
ser :
• d’un référentiel de formation éprouvé;
• d’un référentiel de certification;
• d’un dispositif managérial;
• d’un réseau de partenaires pour les stages d’étudiants.
164 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Facteurs internes
Il faut tout d’abord signaler :
Un engagement institutionnel qui s’est traduit par l’option résolue de l’école
d’adopter la FOAD dans son approche-formation en créant un service FOAD
et en formant toute l’équipe des enseignants à la conception de cours en ligne,
au tutorat de cours à distance.
En encourageant des candidatures d’enseignants au master UTICEF et
ACREDITE, ce qui s’est traduit par l’obtention de trois bourses AUF à ces
masters.
Un engagement des enseignants à mettre leurs cours en ligne et à se prêter
à cette aventure qu’ils jugent intéressante : la mise en place d’une équipe de
projet chargée du pilotage de l’expérience.
Facteurs externes
En dépit des efforts considérables consentis en matière d’allocation budgétaire
en faveur de l’éducation, le Sénégal n’avait pas cessé de connaître une baisse
continue du taux de scolarisation qui était passé de 58,1 % en 1989 à 54 %
en 1994. Cette tendance à la baisse était d’autant plus préoccupante qu’elle
s’accompagnait de fortes disparités entre sexes et entre régions.
Face à cette situation, le gouvernement a pris beaucoup de mesures qui ont
fini par montrer leurs limites réelles. Ainsi pour la rentrée 1995-1996 plus de
1500 classes risquaient encore de rester sans maîtres si de nouvelles mesures
adéquates n’étaient pas prises.
Le schéma classique qui consistait à recruter des candidats à l’enseignement
et à les envoyer en formation pendant un an ou pendant quatre ans n’était
plus pertinent face à cette situation.
Pour la première année, 1200 volontaires ont été sélectionnés avec à la clef
une formation de trois mois avant d’être envoyés dans les classes. Leur mission
devait s’arrêter au bout de quatre ans.
Les objectifs d’une telle initiative étaient, entre autres, de donner un coup
d’arrêt à la baisse du taux brut de scolarisation au Sénégal, d’inverser la
tendance par l’accroissement continu du TBS afin d’atteindre les objectifs
de TBS de 65 % en 1998 et de 75 % en 2000, de lutter contre les disparités
166 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Pour chaque unité, il est identifié un responsable qui coordonne l’activité des
intervenants au sein de celle-ci.
Conclusion
Cette expérience en cours montre encore une fois de plus, la nécessité et l’ur-
gence de rendre plus accessible la formation continue des acteurs du terrain
du fait de la dynamique des problématiques professionnelles.
Les questions relatives à l’éloignement ne se posent que si la zone n’a pas
de réseau Internet. L’Internet est aujourd’hui un puissant levier pour que
les politiques de formation contribuent efficacement à assurer l’égalité des
chances de formation dans nos sociétés actuelles.
Cette approche de formation (FOAD) lancée par l’ENSETP (Sénégal)
devrait se préoccuper davantage du mode de financement dans un contexte
d’égalité des chances. Cependant, cette égalité suppose qu’il y ait une ré-
partition des atouts naturels : ceux qui sont au même niveau de talent et de
capacité et qui ont le même désir de les utiliser devraient avoir les mêmes
perspectives de succès, ceci sans tenir compte de leur position initiale dans
le système social.
Il s’agit de voir dans quelle mesure la FOAD pourrait être amenée à remplir
cette fonction. Enfin, la FOAD n’est pas une panacée à toutes les probléma-
tiques de formation posées.
168 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Si l’on veut aussi que la formation change ou améliore véritablement les situa-
tions qui ont généré les besoins de formation, il faut absolument préparer le
transfert au moment de la formation et assurer le suivi et l’accompagnement
du développement des compétences après la formation (le transfert). Cette
dimension constitue aussi un axe prospectif.
La formation aura porté des fruits si les compétences acquises par la formation
permettent de régler les problèmes vécus dans les situations qui ont justifié
la réalisation de la formation.
Références bibliographiques
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France.
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Usages et pratiques sur Moodle entre présence et distance • 169
Aïda EL-SOUFI
Institut Libanais d’Éducateurs, Université Saint-Joseph, Beyrouth
Liban
Introduction
L
a plateforme Moodle66 est utilisée dans le cadre d’un cours d’ini-
tiation aux TICE, dispensé aux futures éducatrices67 à l’Institut
Libanais d’Éducateurs. Après une prise en main réalisée en pré-
sentiel, plusieurs activités sont proposées : certaines sont réalisées
en présentiel, d’autres à distance; certaines sont individuelles, d’autres sont
à réaliser en binôme et d’autres encore nécessitent un travail collaboratif
d’équipe. Un suivi, en présentiel mais également à distance, est assuré par
l’enseignante. Nous avons choisi cette forme hybride pour aider les étudiantes
à devenir plus autonomes en réduisant la surcharge de l’emploi du temps68.
Cette approche leur permet également de travailler à leur rythme en alternant
des séances de cours et des activités d’apprentissage en présence et à distance.
Nous avons délibérément choisi de mélanger ainsi les approches entre présen-
tiel et distance dans les activités d’enseignement-apprentissage afin de créer
un dynamisme de travail et de faciliter la collaboration et l’interaction entre
les étudiantes à travers l’utilisation de la plateforme et les outils de communi-
cation puisque « la diversification des modalités d’apprentissage se fait dans le but
d’une plus grande centration sur l’apprenant » (Charlier, Deschryver, & Peraya,
Ainsi, à tour de rôle, les étudiantes ont été amenées à utiliser les outils pro-
posés par Moodle comme le forum ou la messagerie instantanée qui favorise,
comme l’a déjà souligné Tomé en parlant des blogues, « la communication, la
collaboration, les échanges ouverts et le partage des connaissances, renforçant ainsi
l’idéal de l’intelligence collective » (Tomé, 2009). Ces outils sont considérés
comme « un catalyseur qui conduit progressivement l’enseignant à innover au
niveau de ses méthodes en les rendant plus centrées sur l’activité de l’apprenant
(“que vont-ils faire de ces outils?”) » (Lebrun, 2002, 2007). Ils créent également
une communication plus dynamique entre enseignants et étudiantes. Pour
cette raison, il nous a semblé pertinent de centrer leur utilisation sur les
activités de communication et de discussion afin de donner plus de sens à
l’enseignement-apprentissage et le rendre plus efficace, plus motivant et plus
rentable pour l’enseignant et pour l’apprenant. En effet, « les caractéristiques
majeures des dispositifs de formation hybrides sont l’articulation présence-distance
et l’intégration des technologies pour soutenir le processus d’enseignement-appren-
tissage » (Charlier et al., 2005).
Nissen considère qu’une formation partiellement à distance exige de la part
de l’apprenant une certaine autonomie pour « organiser son temps, communiquer
via Internet pour apprendre, réaliser une tâche ou poser des questions, chercher et
traiter des informations, utiliser les outils techniques, mettre en lien des éléments
qu’il apprend avec ceux qu’il connaît déjà ou encore remettre en cause sa manière
de travailler et d’apprendre » (Nissen, 2007). L’idée est déjà présentée par
Albero (2003) qui propose de distinguer sept différents types de l’autonomie
d’ordre technique, informationnel, méthodologique, psychoaffectif, cognitif,
métacognitif et social. Nissen (2007) leur ajoute l’autonomie langagière.
Linard (2003) a souligné que le plus souvent l’autonomie de l’étudiant est
considérée comme déjà acquise, ce qui n’est pas le cas. Pour cette raison,
nous avons essayé de mettre à la disposition des étudiantes des ressources et
des activités leur permettant d’atteindre cette autonomie. Le suivi assuré a
également visé à atteindre cet objectif. Dans le même esprit, Valdès considère
que l’espace hybride de formation est mieux centré sur l’apprenant puisqu’il
lui propose des ressources variées et accessibles à distance, des situations
pédagogiques variées et adaptées à ses besoins, un rythme de travail indivi-
dualisé… (Valdès, 1996).
172 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Activités proposées
En nous inspirant des travaux de Mangenot, nous avons adopté une démarche
pédagogique axée sur des tâches ayant un sens et fondée sur des dispositifs
technologiques69. Ainsi, nous avons adopté la typologie proposée par Henri
et Lundgren-Cayrol (2001) : la fouille collective, l’analyse critique, le débat,
la prise de décision et la résolution de problème auxquels Mangenot (2003)
ajoute trois autres tâches : la discussion, l’étude de cas et la conception de
ressources pédagogiques. Chaque activité s’est basée en même temps sur un
travail en présentiel et à distance et s’est enrichie de discussions menées au
sein du groupe-classe. Il est à souligner que la discussion est un élément
caractéristique des activités proposées sur le forum. Comme le souligne
Mangenot, nous avons jugé utile de permettre aux étudiantes de s’exprimer
sur leur expérience pédagogique et de mettre en application des notions tirées
de la lecture des documents et des ressources nouveaux.
À chaque outil présenté sur la plateforme a correspondu une tâche précise
réalisée tout d’abord individuellement afin d’inciter les étudiantes au travail
réflexif puis en binôme ou en groupe réduit. Ainsi, pour réaliser un glossaire
sur les TIC, les étudiantes ont utilisé des dictionnaires et des encyclopédies en
ligne, elles ont trié les informations et reformulé le contenu avant de publier
leur article sur Moodle. Par la suite, elles ont lu les propositions des autres
et ont essayé de les commenter ou d’apporter un complément d’information
qu’elles ont jugé important de préciser.
Des articles et des ressources sont mis en ligne à la portée des étudiantes
afin de faciliter leur participation aux forums. L’objectif du forum est de les
amener à mieux structurer leurs connaissances et à mettre en œuvre leurs
compétences afin de les actualiser, de les améliorer et de développer ainsi des
aptitudes à l’innovation.
Les étudiantes ont la possibilité de décider des ressources à utiliser, d’effectuer
des choix. Une page de liens non exhaustive ni obligatoire est proposée (lec-
ture d’articles de vulgarisation scientifique : des professeurs écrivant pour des
professeurs). Guidées par les notions abordées dans les articles proposés, les
étudiantes sont amenées à se questionner sur les aspects positifs et la valeur
ajoutée quant à l’intégration des TIC en milieu scolaire et sur leur rôle dans
l’acquisition de certaines compétences. Ce travail de lecture est prolongé par
des discussions en classe et sur le forum de Moodle.
Les informations recueillies durant la lecture et les discussions engagées sur
le forum ont permis aux étudiantes d’approfondir certaines notions de base
liées à l’utilisation des TIC en milieu scolaire et leur ont donné la possibilité
de distinguer la réalité de l’utilisation des TIC de certaines idées reçues comme
la facilité de chercher et de trouver des informations sur Internet… Elles ont
également permis de faire émerger certains besoins comme l’importance de
connaître des outils de recherche plus pointus ou des moteurs de recherche
spécialisés dans le domaine de l’éducation afin de trouver des ressources
pédagogiques et documentaires ainsi que des sites éducatifs pertinents. Les
discussions sur le forum ont favorisé la réflexion qualitative des étudiantes
sur l’intégration des TIC dans le cadre de l’enseignement-apprentissage et
sur l’impact de l’utilisation de certains outils.
Le forum a également aidé les étudiantes à élaborer un annuaire spécialisé :
ressources pédagogiques s’adressant aux enseignants et sites documentaires
s’adressant aux élèves. Chaque site est présenté d’une façon succincte avec des
commentaires pour développer l’esprit critique, avoir du recul par rapport à un
site, évaluer un site selon des critères objectifs et fiables au niveau de la mise
en page, mais surtout au niveau des contenus et de leur éventuelle utilisation
pédagogique. Pour mener à bien cette activité, les étudiantes ont utilisé des
outils de recherche spécialisés qu’elles ne connaissaient pas auparavant70 : les
moteurs et les annuaires spécialisés, les portails et les anneaux éducatifs…
Plusieurs séances en présentiel et à distance ont été menées pour concevoir
ce type d’annuaire en ligne mis à la disposition de toutes les étudiantes sur
Moodle. Le bilan dressé par les étudiantes au niveau de l’évaluation de l’ac-
tivité souligne l’aspect positif de tel apprentissage : il s’agit d’un outil facile
à utiliser avec un impact très positif sur leur travail réflexif.
70 Toutes les étudiantes utilisent exclusivement Google pour mener leur recherche.
D’ailleurs, elles ne connaissent pas d’autres outils de recherche.
174 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Évaluation
L’évaluation adoptée a pour objectif d’améliorer la qualité du travail des étu-
diantes et de les orienter vers une meilleure acquisition surtout au niveau des
compétences technologiques, cognitives et langagières. Elle englobe plusieurs
aspects : la manipulation technique, la pertinence des contenus, la qualité du
travail collaboratif et l’utilisation de la langue.
Toutes les activités des étudiantes sont suivies de près par l’enseignante et
ont principalement été l’objet de deux rétroactions afin de leur permettre de
rectifier leurs écrits et d’en améliorer le contenu. Les rétroactions sont publiées
sur la plateforme et un message informe les étudiantes de leur dépôt : une
première rétroaction concerne le premier jet et oriente les étudiantes vers les
points à améliorer ou vers des ressources susceptibles de les aider… et une
rétroaction après chaque activité donne une évaluation et une notation.
Cela a permis de veiller à la concrétisation du travail de lecture et de re-
formulation, d’aider les étudiantes à mieux comprendre certaines notions
et de développer leur esprit critique quant à l’utilisation des TIC dans un
contexte d’enseignement-apprentissage : lecture d’articles, commentaires,
discussions…
De leur côté, les étudiantes ont évalué le cours en fin de trimestre grâce à un
questionnaire/sondage qui révèle qu’elles sont plutôt satisfaites des contenus
ainsi que des modalités de travail et des compétences pédagogiques et tech-
nologiques acquises. Elles sont également satisfaites des activités menées sur
la plateforme. Elles regrettent cependant de ne pas avoir assez de temps afin
d’explorer d’autres outils présents sur Moodle. Certaines se sont demandé si
la plateforme restera accessible à la fin du cours et s’il existe un moyen leur
permettant de sauvegarder les activités réalisées durant le semestre. Elles se
sont montrées favorables à l’introduction d’un cours supplémentaire sur les
TICE71. Certaines souhaitent seulement une réduction du nombre d’activités
qu’elles jugent plutôt chronophages. D’autres proposent que l’évaluation porte
uniquement sur la manipulation technique de la plateforme et des différents
outils utilisés et non sur le niveau linguistique des interventions.
71 À l’origine, le cours sur les TICE est donné au deuxième semestre de la deuxième
année. Suite aux demandes des étudiantes qui ont insisté sur le fait que le cours
intervient trop tard dans leur cursus universitaire, il a été déplacé et fait désormais
partie du premier semestre de la première année. Également à la demande des
étudiantes, l’Institut examine la possibilité d’intégrer un deuxième cours sur les
TICE en deuxième année de formation.
176 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Difficultés rencontrées
L’utilisation du forum a entraîné la découverte de certaines lacunes chez les
étudiantes, des lacunes d’ordre techniques, mais également pédagogiques…
L’une des difficultés d’une telle démarche alliant présentiel et distance est de
proposer des activités motivantes et ayant un sens pour les étudiantes, activités
leur permettant également de développer des pratiques plus professionnelles
et plus performantes quant à l’utilisation des TIC.
Ce travail a également requis une initiation à des techniques rédactionnelles
pour mieux formuler un avis, mener une discussion, argumenter… La concep-
tion du forum-annuaire s’est appuyée sur les connaissances et l’expérience
personnelle de chaque étudiante, mais également sur le travail de recherche
et d’initiation aux TIC durant le cours. Quoique l’activité rédactionnelle
soit très individualisée, le résultat final, l’annuaire, est le résultat d’un travail
collaboratif.
Il est à souligner la mobilisation réduite de la part des étudiantes rebutées par
la lecture des articles, la démarche réflexive exigée d’elles lors de l’exécution
des activités et la manipulation d’outils technologiques. Comme l’ont déjà
souligné Degache et Nissen, « la simple mise à disposition d’outils de communi-
cation n’amène pas les étudiants à échanger entre eux : la perception d’une claire
finalité à l’échange s’affirme comme une nécessité incontournable » (Degache &
Nissen, 2008). Il a fallu donc trier les outils et ne choisir que ceux qui nous
semblaient les mieux adaptés à notre contexte. Il a également fallu chercher
des solutions pour favoriser la mobilisation des étudiantes et surtout rendre les
activités proposées plus motivantes. En présentant la perspective actionnelle
et l’apprentissage par les tâches, Catroux souligne l’importance de proposer
aux apprenants « des occasions d’actions communes à finalité collective ». Dans ce
cas, une tâche efficace rend l’apprenant responsable de son apprentissage et
lui permet également de construire ses connaissances par « stades successifs »
(Catroux, 2006).
La manipulation du forum s’avère pertinente parce qu’il s’agit d’adapter un
dispositif ou un outil de travail aux besoins de la formation. Elle permet de
mener une réflexion sur l’adoption de l’innovation pédagogique en milieu
scolaire et de proposer des pistes pour l’intégration des TIC dans un processus
d’enseignement-apprentissage.
Usages et pratiques sur Moodle entre présence et distance • 177
Conclusion
Il est évident qu’il était difficile aux étudiantes d’utiliser exclusivement la
plateforme Moodle à distance alors qu’il s’agit d’un cours où leur présence
est obligatoire. Il était donc nécessaire de créer des activités hybrides visant
une initiation à l’utilisation de Moodle. Cette approche hybride mêlant
présence et distance a ainsi privilégié une pédagogie axée sur les tâches et le
travail collaboratif. Cela a évidemment favorisé une meilleure acquisition des
compétences pédagogiques et technologiques chez les étudiantes, mais leur
a également permis d’améliorer leurs compétences linguistiques et d’aiguiser
leur sens critique. L’utilisation de la plateforme les a aidées à se montrer plus
ouvertes dans leurs critiques et dans la réception des commentaires qui leur
étaient adressés et aussi de mieux communiquer dans le cadre de la classe en
présentiel et à distance.
La plateforme est un support qui favorise l’évolution de l’enseignement-ap-
prentissage, inscrit dans une démarche pédagogique centrée sur l’apprenant
et sur le développement de son autonomie. À travers les différentes activités
utilisant la plateforme, nous avons visé l’initiation des étudiantes à un espace
de travail collaboratif, mais en même temps nous avons voulu leur offrir la
possibilité de penser à son intérêt pédagogique et à la plus-value quant à son
intégration dans un contexte d’enseignement-apprentissage. La réalisation
des différentes tâches exigées leur a permis de mieux maîtriser la plateforme
ainsi que les outils technologiques, mais aussi de mieux approfondir leur
connaissance, de structurer leur pensée et surtout de développer des stratégies
de travail pour mieux apprendre et par la suite, comme nous l’espérons, mieux
enseigner. Il est à souligner que cette méthode pédagogique est transférable
aux élèves et exige réflexion et créativité.
178 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Il est évident qu’au cours de cette initiation il nous était impossible d’aborder
toutes les options de Moodle ou de les approfondir toutes. En tout cas, ce
n’était pas notre but. Nous avons été obligée d’effectuer des choix qui corres-
pondaient à nos objectifs pédagogiques et aux demandes formulées par les
autres professeurs. Nous espérons que cette initiation donnera aux étudiantes
le goût d’approfondir leurs connaissances technologiques et de se lancer dans
l’exploration et la création de projets se basant sur l’utilisation des TICE dans
leurs pratiques pédagogiques au quotidien.
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180 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Raymond-Philippe Garry
RIFEFF, Montréal, Canada, Québec, Clermont
France
M
algré un développement, particulièrement conséquent les
20 dernières années, que nul ne peut nier tant sur le plan
quantitatif que qualitatif, l’enseignement supérieur, dans de
nombreux pays dits du Sud, connait de grandes difficultés.
Elles sont dues à des causes souvent décrites : manque de crédits, part du PIB
attribué à l’enseignement et la recherche souvent 4 fois inférieure à celle des
pays du Nord, intérêt mitigé et parfois faible des gouvernants pour l’éducation
et la formation, fuite de nombreux étudiants, enseignants et chercheurs vers
des pays plus propices à leurs carrières, montée en puissance spectaculaire de
la demande des jeunes face à des capacités d’accueil tant en hommes qu’en
locaux qui ne suivent pas, salaire des enseignants particulièrement faible,
programmes de recherche pas ou peu coordonnés…. Cette liste n’est pas
exhaustive.
De fait, les universités africaines, prises en exemple, sont saturées et démunies.
Déjà pleines à craquer, ces universités risquent de déborder. Certes, ceci est
la preuve que l’éducation de base et l’accès au secondaire progressent, mais
cette massification promet de se transformer en explosion des effectifs.
De 400 000 en 2005, le nombre des étudiants dans les vingt pays d’Afrique
francophones – Maghreb non compris – frôlera les 2 millions en 2015, ce
qui représente une croissance de plus de 150 % dans des pays comme le Mali,
La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique • 181
- Autre exemple : d’une façon concrète, pour aider à répondre aux enjeux
posés, l’AUF (Agence universitaire de la Francophonie) propose des
services aux étudiants et aux personnels à travers ses « campus numé-
riques francophones ».
Ce réseau de campus numériques est conçu prioritairement pour l’accès aux
TIC à des fins d’enseignement et de recherche dans les universités. Ces centres
équipés mettent à disposition des étudiants des salles informatiques connec-
tées à Internet, la possibilité de suivre des visioconférences, des formations à
distance, d’accéder à des ressources scientifiques et techniques, etc.
Citons enfin l’initiative, en 2011, de la Banque africaine de développement
qui va financer à hauteur de 12 millions d’euros, l’Université virtuelle africaine
(UVA) pour renforcer sa capacité en créant de nouveaux centres ouverts d’en-
seignement à distance et en mettant à niveau des centres existants (Afrique
Avenir, 2011).
Par ces quelques exemples, nous pouvons constater que les pays du Sud
bougent.
Malheureusement, malgré ces initiatives, les étudiants africains sont très
nombreux à partir faire leurs études à l’étranger. Selon Afrique Avenir du
08-05-2011, ils sont les champions de la mobilité.
La décision de partir à l’étranger est souvent contrainte, en raison de l’absence
de la spécialité choisie par l’étudiant, mais la principale motivation pour partir
étudier à l’étranger reste la possibilité d’accéder à une meilleure formation.
Par ailleurs, les étudiants diplômés à l’étranger peuvent aussi compter sur une
meilleure reconnaissance internationale de leur diplôme. Ce sont des constats
que l’on peut adoucir un peu en mentionnant que quelques pays africains
accueillent eux aussi des étudiants étrangers par exemple l’Afrique du Sud,
le Sénégal, le Ghana et au Maghreb, le Maroc.
Un autre thème fort important est la mise en synergie des forces en présence
pour développer, sur un sujet donné, une, voire des équipes de recherche,
d’innovation ou de valorisation en relation avec les attentes du pays.
Bien d’autres sujets peuvent pris en compte, mais à ce niveau, il s’agit de
choix politiques qui ne peuvent être pris que par le responsable de l’établisse-
ment, que ce soit un directeur un recteur, un président, en fonction du degré
d’autonomie de l’établissement face à sa tutelle. Parfois les situations sont
aussi différentes que le nombre de pays, ce dont il est pris acte.
Ces données étant précisées, le choix devient lié au problème de taille cri-
tique.
Conclusion provisoire
Au sein de notre réseau, tous les établissements de formation possèdent des
potentialités de développement en formation et en recherche.
Elles ne pourront espérer se concrétiser, notamment pour les établissements
en émergence, que dans un cadre d’une véritable solidarité universitaire
où les responsables de projets sont ceux de terrain, ceux qui acceptent d’être
pilotes au nom du groupe et où la formation mutualisée à distance doit
prendre progressivement mais rapidement toute sa place.
La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique • 191
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192 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Sophie Goyer
Université de Montréal, Montréal, Québec
Canada
D
ans l’univers de la formation à distance, où l’idée de penser à un
dispositif qui permettra l’exposition et le partage de données
(textes, observations, réflexions, etc.), qui facilitera les échanges
et les rétroactions entre l’apprenant et les formateurs et qui favo-
risera la diversité des modes d’évaluation, le portfolio numérique représente
un outil tout indiqué. Dans de tels programmes de formation, les formateurs
y verront un moyen de suivre, à distance et dans le temps, l’évolution des ap-
prentissages de l’étudiant et ainsi avoir un regard plus global et plus critique
de ses compétences, et ce, dans les divers champs de sa formation. De plus,
dans un contexte où les étudiants, diplômés ou en voie de l’être, sont souvent
à la recherche d’emploi dans des régions qui peuvent s’avérer loin de leur lieu
de résidence, le eportfolio devient un outil de présentation et de promotion
fort appréciable, en plus d’être particulièrement novateur.
Dans cet article, nous verrons d’abord les principales fonctions du portfolio
et en quoi le portfolio électronique peut présenter de réels avantages pour
la formation des futurs maîtres, mais aussi pour les apprenants de tous âges.
Cette section fera également état des avantages spécifiques du portfolio
électronique dans un contexte de formation à distance. Nous présenterons
par la suite Éduportfolio, un modèle de portfolio électronique (ou eportfolio)
conçu pour le monde de l’éducation, par des acteurs de l’éducation. Nous
terminerons par quelques résultats de recherche en lien avec l’implantation
de ce eportfolio chez des étudiants en formation initiale des maîtres.
Avantages du portfolio électronique en éducation • 193
Les contenus exigés par les formateurs seront ainsi souvent accompagnés
de grilles d’autoévaluation qui permettront à l’apprenant de développer son
autonomie et ses responsabilités face aux apprentissages qu’il réalisera (Little,
2005). Ainsi, il développera de meilleures capacités d’auto-évaluation et de
reconnaissance de ses compétences (Bräuer, 1999). Le portfolio suppose une
évaluation qui rend compte de l’évolution des apprentissages de l’étudiant
(Gresso et Lomicka, 1999), et possiblement, de l’évaluation globale de son
portfolio (Melville, 1997). Aussi, comme le portfolio renseigne autant sur le
processus d’apprentissage que sur le résultat, il pourra servir aussi bien pour
l’évaluation formative que sommative (Karsenti et Collin, 2010).
Le portfolio pourra lui même comporter les traces des évaluations réalisées
par le formateur, et ce, par des commentaires intégrés. Il en est de même
avec l’évaluation par les pairs qui sera fortement encouragée. Les possibilités
qu’offre le eportfolio sur le plan de l’évaluation sont un avantage indéniable
dans une formation à distance.
Présentation d’Éduportfolio
Eduportfolio.org a été lancé en 2007 et en est maintenant à sa version 4.0,
version offrant de toutes nouvelles fonctionnalités novatrices et branchées
sur les usagers. En effet, la philosophie des concepteurs a toujours été de
consulter les utilisateurs afin de répondre directement à leurs besoins et
d’intégrer les dernières technologies propres aux jeunes utilisateurs, no-
tamment celles propres aux réseaux sociaux. Bien que ce eportfolio offre de
nombreuses fonctionnalités, il en reste pas moins d’une très grande simplicité.
Cette facilité d’usage en fait un outil qui convient autant à de jeunes élèves
du primaire, qu’à des étudiants universitaires et des enseignants en exercice.
Il s’agit d’un outil entièrement gratuit et pour lequel l’usager peut s’inscrire
par lui-même, sans lien avec son institution d’attache. Ainsi, l’usager étant
l’unique propriétaire de son portfolio, il pourra continuer à l’alimenter après
son parcours de formation.
Sa structure étant très souple, Éduportfolio se prête à une variété de contex-
tes pédagogiques puisqu’il ne comporte pas, comme d’autres, de sections à
contenus préétablis qui ne sont pas toujours pertinentes dans un contexte
éducatif donné. Ainsi, le portfolio sera construit section par section selon les
besoins de l’usager. À ces sections viendront se greffer des sous-sections, des
fichiers textes, audio et vidéo, ou tout autre document numérique. Ces sections
pourront, au choix de l’usager, être publiques ou protégées avec un mot de
passe, ou encore archivées et ainsi accessibles uniquement à l’utilisateur.
Sur le plan esthétique, Éduportfolio offre différents modèles de présentation
qui reflètent la diversité et les goûts propres aux utilisateurs. Cette option
permet en effet de personnaliser son portfolio comme le fait également la
section « Biographie », en offrant à l’usager la possibilité de se présenter, voire
de réaliser sa propre vidéo de présentation. Autre fonctionnalité intéressante,
ce portfolio électronique génère automatiquement une table des matières
du portfolio. Cette particularité facilite l’organisation et la consultation de
son contenu. Notons également la présence d’un moteur de recherche qui
permet aux visiteurs de repérer par mots-clés des éléments d’un ou de plu-
sieurs portfolios.
200 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
des 403 étudiants questionnés croient à son potentiel. Ce sur quoi les étudiants
voient un plus grand avantage concerne la visibilité professionnelle. Ainsi,
46 % des étudiants estiment que le portfolio est un outil intéressant pour se
présenter et faire valoir ses compétences professionnelles. Autre constatation,
le portfolio est perçu par les étudiants comme étant un outil principalement à
portée individuelle (64 %). Ainsi, 30 % d’entre eux ne croient pas au potentiel
collaboratif de l’outil. Nous croyons toutefois que les professeurs ne mettent
pas suffisamment les étudiants dans des situations où ils auraient à exploiter
davantage le potentiel interactionnel et social d’Éduportfolio.
Conclusion
Le portfolio électronique peut constituer un outil remarquable à des fins
d’apprentissages et développement professionnel. Toutefois, il importe
d’adopter une stratégie d’implantation qui saura assurer son plein potentiel.
Il devient donc important que les objectifs d’une telle implantation soient
clairement définis et adoptés par l’ensemble de la communauté au sein d’un
programme de formation. Il est également essentiel de former les utilisateurs,
et plus encore, les formateurs, à sa conception et à ses finalités. De surcroît,
il serait important de pratiquer davantage les activités mettant en œuvre la
pratique réflexive afin de rendre cet exercice plus signifiant et stimuler les
réflexions en profondeur. Dans ces conditions, il est envisageable de croire
à une intégration réussie, mais ce, en gardant toujours en tête que les visées
soient davantage axées sur l’apprenant et ses apprentissages que sur des
besoins institutionnels.
202 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Bibliographie
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Avantages du portfolio électronique en éducation • 203
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204 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Youssoupha GUEYE
École Normale Supérieure d’Enseignement Technique et
Professionnel, Université Cheikh Anta Diop, Dakar
Sénégal
Introduction
A
u Sénégal, plusieurs études ont mis en évidence la nécessité de
réformer le secteur de l’enseignement technique et de la formation
professionnelle (ETFP) dans une perspective de renforcement de
la compétitivité des entreprises et de l’économie nationale.
Ainsi, en février 2002, par une volonté politique affirmée par plusieurs actes
posés, dont les assises sur l’ETFP, un document de politique sectorielle du
ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a
été élaboré et articulé autour de quatre axes stratégiques :
• l’élargissement de l’accès à la formation professionnelle et technique;
• l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages;
• le renforcement de la gouvernance et de l’autonomie des structures;
• le développement et la mise en œuvre d’un dispositif d’appui et de suivi
à l’insertion socioprofessionnelle dans les structures de la formation
professionnelle et technique (FPT).
L’introduction de l’approche par compétence (APC) comme nouvelle moda-
lité pédagogique dans les structures de la FPT s’inscrit donc dans cette pers-
pective de l’amélioration de la qualité afin de réaliser l’adéquation des profils
de formation avec les compétences recherchées par le marché du travail.
De l’analyse des besoins au dispositif de pilotage d’une formation à distance • 205
Contexte de l’étude
Le gouvernement du Sénégal développe depuis 1995 une nouvelle politi-
que de recrutement d’enseignants vacataires. Ces vacataires sont titulaires
en général d’un diplôme de formation professionnelle supérieure et sont
engagés pour servir dans les établissements des cycles moyen et secondaire,
sans formation pédagogique préalable. Ils représentent plus de la moitié de
l’effectif des enseignants « craie en main73 » dans ce sous-secteur.
Compte tenu du nombre important d’enseignants sans formation profes-
sionnelle initiale et des besoins énormes en la matière qui en découlent, le
mode de formation actuel (qui se réduit à des plans de formation en présen-
tiel de quelques jours, pendant les fêtes de Noël, de Pâques ou des grandes
vacances) n’est ni efficient ni efficace. Voilà pourquoi il a été lancé un projet
de recherche-action. Sur le plan général, ce projet a pour objectif, d’une part,
de contribuer au renforcement de capacités des professeurs de la formation
professionnelle et technique, ce qui permettrait la satisfaction des demandes
en matière de ressources humaines qualifiées. D’autre part, il s’agit d’appuyer
Problématique
Les raisons qui ont conduit le Sénégal et les pays au sud du Sahara à cette
situation sont, pour une large part, liées à une augmentation massive des
effectifs des élèves dans l’enseignement élémentaire (6 à 12 ans). En effet,
en 1990, lors de la conférence mondiale sur l’éducation pour tous à Jomtien
(Thaïlande) et en 2000 à la conférence de Dakar (Sénégal), le Sénégal, à
l’instar d’autres pays, s’est engagé à assurer la scolarisation de tous les jeunes
en âge d’aller à l’école. Il en a résulté des inscriptions massives d’élèves dans
l’enseignement élémentaire. Quelques années plus tard, c’est au tour des
collèges et lycées de devoir faire face à ce flux important d’élèves venant de
l’élémentaire. De ce fait, compte tenu de l’urgence et du déficit d’enseignants
en sciences et technique industrielle formés à l’École Normale Supérieure
d’Enseignement Technique et Professionnel, des centaines de jeunes sans
formation pédagogique et avec, pour la plupart d’entre eux, un niveau de DUT,
BTS ou d’un diplôme équivalent (bac+2), sont recrutés comme professeurs
vacataires dans les différentes filières de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle.
Les politiques d’ajustements structurels des années 80 et leurs corolaires
constituent la deuxième raison du blocage de la formation classique des
enseignants, ce qui ne permettait plus le recrutement de professeurs d’ensei-
gnement secondaire technique.
La troisième raison est liée au gel de la formation dans certaines filières à
l’ENSETP. Cette dernière justifie le manque de professeurs techniques dans
les lycées et collèges. Ajoutons à cela le fait que certains professeurs certifiés
préfèrent évoluer dans le monde des entreprises.
Toutes ces raisons expliquent la présence de vacataires dans l’enseignement
technique et la formation professionnelle au Sénégal, où ces non-profession-
nels sont astreints aux mêmes résultats que les professionnels.
Objectifs de l’étude
Sur le plan général, ce projet cherche à contribuer à la promotion de la for-
mation professionnelle de professeurs techniques, en vue de la satisfaction
des demandes en matière de ressources humaines qualifiées, au renforcement
des structures de formation et d’enseignement technique par la promotion
de la formation initiale, continue et du recyclage des formateurs.
De manière plus spécifique, il s’agit de proposer un modèle de formation
hybride permettant d’assurer la formation académique et professionnelle
des enseignants vacataires du secteur de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle.
Résultats obtenus
Certains grands axes d’analyse se profilent suite à notre analyse des réponses.
Ils sont approfondis en fonction des différentes dimensions éclairant l’analyse
des besoins.
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214 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Hafida HADDAD
ENSET d’Oran
Algérie
Abdelghani NAIT BRAHIM
ENSET d’Oran
Algérie
Introduction
L
’expérience de l’ENSET d’Oran dans la formation à distance est
passée par trois différentes étapes que nous pouvons qualifier pour
la première de traditionnelle, pour la seconde de semi-traditionnelle
et de numérique pour la troisième. En effet, suite à la décision du
ministère de l’Éducation nationale de réformer le statut des professeurs de
collège en établissant le diplôme de licence comme le niveau minimum de
recrutement de cette catégorie d’enseignants, il a été décidé de permettre
aux professeurs en exercice, ayant suivi des cursus de bac+1 et bac+2 dans
des instituts technologiques d’éducation, de bénéficier d’un complément de
formation universitaire qui les mettrait au même niveau que leurs collègues
et leur donnerait ainsi droit à la même évolution dans leurs carrières. C’est
ainsi qu’entre 2004 et 2011, l’ENSET d’Oran a été un des établissements
d’enseignement supérieur qui ont contribué à la formation de ces professeurs
de collège en s’appuyant sur la méthode traditionnelle d’envoi de cours sur
papier imprimé et, par la suite, d’envoi de cours sur supports numériques
(CD).
Mais c’est à travers le master international francophone des métiers de la
formation, conçu conjointement par quatre établissements de formation de
formateurs appartenant à quatre pays différents (Algérie, Guinée, France,
Niger) que l’ENSET d’Oran entreprend une véritable entrée dans l’ère nu-
La formation à distance à l’ENSET d’Oran • 215
mérique avec toutes ses exigences logistiques et tous ses impératifs pédago-
giques à partir de l’année universitaire 2010-2011. Les deux caractéristiques
principales de cette formation sont qu’elle est un projet international à la fois
dans sa conception, sa réalisation et son suivi. De plus, c’est une formation qui
se déroule, à l’ENSET d’Oran, à plus de 60 % à distance, via une plateforme
dédiée sur Internet.
Un travail à la fois collaboratif et coopératif a eu lieu entre les quatre éta-
blissements suivants :
• ENSET d’Oran (Algérie);
• ENS de l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger);
• ISSEG de Conakry (Guinée);
• IUFM d’Auvergne de l’Université de Clermont 2 (France).
Il a permis de réfléchir et de concevoir durant deux années des fiches de
présentations précisant les unités d’enseignements, une description détaillée
de l’UE, des programmes par UE, ainsi que des modalités de mise en œuvre.
Dans le souci d’offrir une formation à un large public, ce master propose
deux spécialités :
Spécialité 1 : Formation de formateurs dans le milieu de l’enseignement;
Spécialité 2 : Formation de formateurs dans le milieu de l’entreprise, des
collectivités et des services.
Si les trois autres établissements ont opté pour la spécialité 1 comme première
étape, l’ENSET d’Oran, constatant un écho assez favorable auprès des entre-
prises, a opté pour l’ouverture de la spécialité 2 qui répond aux besoins peu
satisfaits des entreprises en termes de formation. Il est à noter que dans le cas
de l’ENSET d’Oran, étant une école normale et à la différence des universités
algériennes, le système LMD n’y est pas encore appliqué. Ceci l’a contraint
d’ouvrir cette formation sous une version locale appelée DPGS (Diplôme
de postgraduation spécialisée), une formation universitaire, diplômante et
payante, ouverte aux professionnels ayant une expérience professionnelle de
plus de trois ans. Le tableau ci-dessus présente le déroulement de la formation
et met en relief la part infime de présentiel qu’elle contient.
La mise en œuvre
La mise en place de la formation à distance a fait ressortir plusieurs avanta-
ges tant pour les formateurs que pour les étudiants. Cependant, nous avons
constaté beaucoup de difficultés du fait que la formation à distance est un
procédé nouveau jamais lancé auparavant par l’ENSET d’Oran, ni par un
autre établissement de formation en Algérie, en plus d’être également différent
du mode de formation traditionnel pour les entreprises.
Conclusion
La mise en œuvre d’un master international à distance à l’ENSET d’Oran
a certes soulevé des difficultés non négligeables sur les plans pédagogique
et opérationnel, mais cela a permis à cet établissement d’intégrer un mode
d’enseignement peu utilisé en Algérie, et qui offre une batterie de solutions
considérables pour la formation des cadres d’entreprises. Ce type de for-
mation aura sans aucun doute comme effet de contribuer à une installation
progressive d’une nouvelle culture pédagogique qui aura pour avantage de
répondre aux contraintes de temps, de nombre et de coût financiers que les
entreprises peinent à régler dans les formations où le présentiel est le maître.
Cette culture nécessitera certainement un changement de comportement,
non seulement de la part des formateurs et étudiants, mais également de la
part des responsables-décideurs et des responsables administratifs qui sont
souvent les premiers à décider de la vie d’une entreprise ou de tout autre
institution éducative, culturelle ou commerciale.
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Rivard, P. (1998). Formation de formateurs : manuel d’apprentissage. Montréal : FRP
groupe-conseil, Inc.
Le développement de compétences pédagogiques des enseignants • 221
Aminata Ka
Université Cheikh Anta Diop, Dakar
Sénégal
Introduction
L
a formation ouverte et à distance (FOAD) vient répondre aux
besoins de formation accrue dans les pays d’Afrique au sud du
Sahara et le Sénégal n’est pas en reste. Dans le contexte de la for-
mation continue, les étudiants apprennent à travailler à distance
dans des environnements virtuels partagés. Ces environnements offrent aux
apprenants géographiquement dispersés une possibilité de collaboration sans
contrainte de temps ni d’espace pour réaliser une production commune sous
le pilotage de formateurs et de tuteurs qui ont introduit sur la plateforme
les contenus de cours et organisé la nouvelle stratégie pédagogique à suivre.
Des ateliers de formations ont été organisés sur la procédure d’exécution des
cours en ligne : la structuration pédagogique, l’implémentation de modules
de cours à distance et le tutorat dans une formation ouverte et à distance en
partenariat avec l’AUF et le Centre de calcul de l’UCAD.
222 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
L’accompagnement des enseignants est une question cruciale qui mérite d’être
bien pensée dans tout le dispositif d’enseignement à distance et les contraintes
ne manquent point. Assurer la formation permanente des enseignants est
un des objectifs de l’équipe ALED de l’ENSETP. La stratégie élaborée par
l’équipe ALED (formation – accompagnement – suivi des enseignants dans
la structuration et la mise en ligne de leurs modules de cours…) est-elle
appliquée pour la réussite du projet FOAD? Existe-t-il des contraintes au
niveau des formateurs liées à l’élaboration des cours en ligne?
L’équipe pédagogique de l’ENSETP est constituée de 24 formateurs répartis
dans cinq (5) départements : STI (sciences et techniques industrielles); EFS
(économie familiale et sociale); P C (psychologues-conseiller); STA (sciences
et techniques administratives); STE (techniques économiques et gestion).
Comment peut-on classer les apprenants-formateurs de l’ENSETP ayant
reçu cette formation? Il faut créer un dispositif d’accompagnement efficace
pour une formation réussie. En est-il le cas à l’ENSETP? Bien que les forma-
teurs aient participé à plusieurs séminaires de formation pour l’élaboration de
contenus de cours à implémenter sur la plateforme Moodle, l’ENSETP doit
réussir le pari de l’enseignement à distance en tant que pôle de compétence de
l’enseignement technique et de la formation professionnelle (ETFP). Même
si les compétences ont été installées au cours des formations, le démarrage du
projet effectif tarde à se faire et des contraintes bloquent le développement
des compétences, du présentiel à la distance. Un référentiel de compétences
doit, dès lors, être défini pour le formateur de l’ENSETP puisque le projet
concerne une nouvelle démarche pour l’enseignant qui doit s’adapter du pré-
sentiel (papier, craie, tableau…) à de nouveaux instruments qui exigent des
compétences appliquées au contexte déjà préétabli d’enseignement et d’ap-
prentissage à distance. Pour Guy Le Boterf (2003), la compétence suppose :
savoir, vouloir et pouvoir agir. Elle se définit dans l’action et elle se vérifie
exclusivement sur le terrain. Être compétent, c’est « savoir mobiliser au bon
moment et de la bonne manière ses diverses capacités ». En est-il le cas pour
les enseignants de l’ENSETP? Pour une plus grande efficacité dans le travail,
on doit disposer de bons outils et d’un encadrement performant et surtout
agir vite, juste après la formation. Wittorski (2005) parle de compétences
techniques, de compétences sociales et gestuelles. Aussi, les compétences
collectives qui sont le produit d’une coopération entre les formateurs et les
membres de l’encadrement peuvent générer un savoir-agir collectif spécifique
à une équipe de travail. Ainsi selon Mayoute (2007), la compétence permet
Le développement de compétences pédagogiques des enseignants • 223
Méthodologie
Les matériaux d’enquête partent de l’identification des formateurs, les com-
pétences requises pour la formation à distance, les types de compétences à
développer à l’issue du cours à distance : la traduction du cours en présentiel,
la définition les objectifs d’étapes; le fait de tutorer un cours à distance, de
gérer un forum, de répondre aux questions d’étudiants par le chat…, de cor-
riger une évaluation en ligne, les contraintes ressenties par les formateurs (les
facteurs bloquant l’élaboration du cours à distance : la charge d’enseignement
en présentiel, les facteurs culturels et contextuels). La méthode de recueil
des données est appuyée par les logiciels Sphinx 2000 et le SPSS10.5, pour
le recueil et le calcul des données. À l’issue de cette étude, nous souhaitons
déceler les contraintes bloquant l’élaboration des contenus d’enseignement
des formateurs de l’ENSETP et proposer enfin des recommandations sus-
ceptibles d’améliorer le cadre de réalisation des contenus de formation en
ligne. Nos instruments nous ont permis de décrire les compétences acquises
lors des formations reçues en FOAD, d’en mesurer les renforcements à opérer
et de décrire les contraintes liées aux facteurs de contenus des modules, aux
charges d’enseignement, d’administration, de famille, etc.
224 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Résultats
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9
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q o
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I
U
O O
N
Les chiffres qui retiennent notre attention pour des renforcements sont les
suivants : scénarisation du module, élaboration du cours sous Hot Potatoes,
implémentation du déroulement du cours, mais la différence n’est pas signi-
ficative comme le traduit le calcul du X2.Le chi275 = 3,53, ddl76 = 11, 1-p77=
1,83 %.
2
a 3
1 4 uJe
so
1
0
1
I
U
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75 Le test du Chi2 consiste à mesurer l’écart entre une situation observée et une situa-
tion théorique et d’en déduire l’existence et l’intensité d’une liaison mathématique.
Il permet de répondre rationnellement à la question « les deux variables sont-elles
indépendantes? »
76 Le ddl (degré de liberté) désigne le nombre de valeurs aléatoires qui ne peuvent
être déterminées ou fixées par les équations des tests statistiques.
77 Le p est le niveau de probabilité.
226 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
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H
Discussion
Le développement de compétences pédagogiques des enseignants suffit-il
pour mener à terme un projet d’enseignement à distance? Le cas de l’EN-
SETP/ UCAD nous a permis de mettre en évidence les réalités des contrain-
tes rencontrées par les enseignants.
Les contraintes liées à la base de rémunération, celles liées aux charges ad-
ministratives et familiales sont les plus représentées.
Les limites de notre étude nous amènent à penser à d’autres voies de ré-
flexion : l’encadrement effectif des formateurs par l’équipe ALED, qui est
à repenser.
Trois facteurs clés ont une incidence sur la réussite ou l’échec du dévelop-
pement du projet : les ressources; le temps et la qualité du produit. Les
ressources : Le contenu en ressources est un critère de réussite d’un projet
FOAD. Bien évidemment, c’est la matière première d’un dispositif de for-
mation à distance. C’est l’élément visible et c’est sur ce point que l’apprenant
portera un jugement positif ou négatif à propos de la FOAD. Classiquement,
les investissements les plus lourds portent sur l’acquisition des contenus.
On peut observer parfois que ce poste représente plus de 80 % d’un budget
230 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Conclusion
Les enseignants de l’ENSETP sont-ils prêts à changer de mode d’enseigne-
ment? En tout cas, leurs choix vont vers le mode hybride.
Dès lors les limites de notre étude nous amènent à penser à d’autres voies
de réflexion : un renforcement de l’encadrement des formateurs par l’équipe
ALED qui doit se rendre plus disponible. Le matériel informatique doit
être mis à la disposition des enseignants; le mode de rémunération doit être
déterminé. Ensuite, nous pourrons déduire que les avantages à mettre les
cours en ligne sont mis en valeur. La politique de communication faisant
défaut, il faut maintenant effectuer un travail de rapprochement de l’équipe
ALED pour arriver à une production de qualité, ce qui a retardé le projet
même si au départ tous les enseignants ont adhéré massivement au projet.
Ces propositions de recommandations susceptibles d’améliorer le cadre de
réalisation des contenus de formation en ligne par une prise en charge effective
des suivis de formation, une meilleure orientation matérielle et financière à
considérer et surtout l’aide pédagogique dispensée par un formateur tout le
Le développement de compétences pédagogiques des enseignants • 231
Bibliographie
Bakhoum, N. (2002). Services à distance et services de proximité en milieu africain, quels
défis pour le bibliothécaire en tant que vecteur de développement. Communication
présentée au 68th IFLA Council and General Conference, Glasgow, Écosse.
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Telecommunications 2002 (pp. 1980-1982). Chesapeake, VA: AACE.
232 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Introduction
N
otre communication traite de la mise en œuvre, en République
démocratique du Congo, et plus particulièrement au Katanga,
de l’Initiative francophone de formation à distance des maitres
(IFADEM).
Cette communication voudrait également montrer que :
les préoccupations du RIFFEF sur la formation à distance des formateurs
rencontrent celles des autorités politico-administratives et des gestionnaires
du système éducatif aux niveaux tant national que provincial;
la formation à distance des formateurs n’est plus, en République démocrati-
que du Congo, le seul apanage de l’enseignement supérieur et universitaire,
mais elle s’étend aujourd’hui à l’enseignement primaire, secondaire et pro-
fessionnel.
L’exposé commence par la présentation de la phase d’élaboration de l’Initia-
tive, se poursuit avec l’analyse de rapport des missions exploratoires qui ont
permis d’étudier les modalités de la mise en œuvre de l’initiative au Katanga
et se termine par la mise en évidence de l’importance de la mise en œuvre
du projet du point de vue de la qualité de l’enseignement au primaire, au
secondaire et au niveau professionnel.
La formation des formateurs à distance • 233
Gouvernance de l’initiative
L’initiative se compose de quatre instances ci-après :
- Le Comité de pilotage (CP) : organe d’orientation politique coprésidé
par l’administrateur de l’OIF et le Recteur de l’AUF;
- Le Comité de coordination internationale (CCI) : instance opération-
nelle assurant le suivi et l’animation du dispositif et conduisant la mise
en œuvre de l’IFADEM;
- Le Comité national (CN) : organe de coordination pour le compte du
Ministère de l’EPS;
- Le Comité provincial (CPRO) qui coordonne au niveau provincial,
en liaison avec le CN, les volets administratif, pédagogique et organi-
sationnel de l’Initiative. Il choisit les acteurs de terrains, les provinces
éducationnelles et en assure le suivi.
Introduction
L’objectif de l’expérimentation de l’Initiative au Katanga est de mettre en œu-
vre un dispositif hybride combinant le présentiel et le distanciel qui s’articule
autour de deux établissements secondaires à section pédagogiques : Institut
Msaada de Likasi et le Complexe scolaire Elimu de Kolwezi. L’Initiative
vise une population de 600 enseignants à qui elle entend faire acquérir des
compétences professionnelles sur l’usage des TIC. Les partenaires entendent
créer deux espaces numériques dans les lieux précités et appuyer le MEPSP
dans le développement des contenus pédagogiques adaptés et les provinces
éducationnelles du Katanga 1 et Katanga 4.
Conclusion
Références
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programme dans l’offre d’enseignement supérieur » in Akam, Noble et Ducasse,
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et autoformation à l’université : au-delà des clivages institutionnels et
pédagogiques? » in Saleh, Imad, Enseignement ouvert et à distance. Épistémologie
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distance en Tunisie » in http://www.tn.refer.org/spip.php?article169.
La formation des formateurs à distance • 239
Loiret, Pierre-Jean (2005). Université Virtuelle Africaine. Histoire d’une mise en scène.
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Kinshasa : AUF-OIF.
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avril 2011. Rapport de Mission. Kinshasa : OIF-AUF.
OIF-AUF (2010). Mission exploratoire pour étudier la faisabilité d’IFADEM en
RDC, Kinshasa, 24-28 janvier. Rapport de mission.
240 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Didier Mulnet
IUFM d’Auvergne, Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand
France
Introduction
U
ne formation de formateurs en éducation au développement
durable prend tout son sens si elle se fait en direction d’un public
représentatif de la société dans toutes ses composantes (rurales
et urbaines, régionale et nationales voire internationales), ce qui
crée de fortes contraintes techniques et matérielles.
Le développement durable repose sur de nouveaux modes de gouvernance, des
choix politiques et un respect des règles éthiques. Le formateur quitte ainsi le
statut de « maître » pour initier, coordonner ou accompagner les idées et les
projets des apprenants. Mettre en place des objectifs (autonomie, créativité
ou esprit critique) et des principes (solidarité, participation, subsidiarité…)
est inhérent à tout projet éducatif en ce domaine. Limitant les inégalités
liées à l’éloignement et à l’isolement, les coûts économiques et les impacts
environnementaux, la formation à distance apporte une réponse cohérente
à ce triple objectif (social, environnemental et économique), mais pose des
problèmes pédagogiques importants.
Ce diplôme de formation de formateur a été pensé ainsi, en réunissant un
public à l’image de la société avec un temps en présentiel adapté, des temps
de travail autonomes et individualisés respectant la diversité des rythmes, des
acquis et des cultures des individus, des cours synchrones qui contribuent à
la dynamique de l’ensemble du groupe. Des forums régulés ou autonomes
favorisent la vie de sous-groupes. Il faut piloter, organiser, voire bousculer ce
public d’adultes (chez qui le poids du vécu est très différent selon les indivi-
dus) tout en laissant liberté et autonomie. L’autoévaluation fournit des points
La formation à distance : une réponse aux besoins de la formation • 241
de repère, mais laisse ouverts des sujets qui par autoformation continueront
d’évoluer au delà de la formation.
L’ouverture et la souplesse, la tension entre respect des individualités et né-
cessité d’un recours au collectif sont nécessaires, car ces métiers auxquels on
forme en EDD n’existeront pas sous cette forme demain. Les compétences
développées en formation à distance sont constitutives d’un nouveau métier
pour ces futurs formateurs de formateur qui devront inventer des solutions
pour des problèmes qui ne se posent pas encore.
Le mode de mise en place des modules, qui articule la complémentarité des
outils de la formation à distance avec la variabilité des attentes, des capacités
et des potentialités des stagiaires contribue à la création d’une culture com-
mune. Dans ce diplôme, la formation en présentiel a été pensée en fonction
de la formation à distance et non l’inverse.
Le diplôme d’université « Formation de formateurs dans le domaine de l’édu-
cation au développement durable » s’adresse à un public mixte d’enseignants,
de personnels des collectivités, des services de l’État et des associations. Le
critère de base de la constitution de ce groupe de 21 personnes était la mixité
professionnelle ainsi qu’un équilibre géographique régional et national. Le
volume d’enseignement de ce diplôme est d’environ cinq cents heures (mé-
moire professionnel compris). Pour des raisons pratiques (les stagiaires sont
tous salariés), cet enseignement ne pouvait se faire en présentiel, d’où le choix
initial de grouper la formation sur quatre semaines de présentiel réparties
pour moitié sur des temps de vacances scolaires et de travail.
Le référentiel de compétences établi pour chaque unité d’enseignement est
actuellement spécifique au contexte français. Ce référentiel pourrait être
discuté et modulé en fonction des autres contextes francophones.
Après avoir présenté les spécificités de la formation en éducation au dévelop-
pement durable, puis les relations entre le dispositif de formation à distance et
l’éducation au développement durable, la réflexion portera sur la conception
en elle-même du dispositif de FOAD.
242 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Cet enseignement est adisciplinaire (Lange J.M. & Victor P., 2006) alors que
le système scolaire fait tout pour l’intégrer dans les disciplines selon les trois
vagues de la stratégie nationale. Il est aussi pluricatégoriel, concernant l’inté-
gralité de la société civile : de ce fait, les modes de formation sont rarement
scolaires, d’autant qu’il apparait que ces formes ne sont pas les plus pertinentes
en regard des objectifs et principes de l’éducation au développement durable.
Effectivement, les changements d’attitude souhaités nécessitent des styles
et outils pédagogiques propices à induire ces changements (débats, jeux de
rôle, utilisation de médias...).
En référence à la stratégie nationale du développement durable, trois objectifs
sont définis dans le milieu scolaire : éducation au choix, à la complexité et
aux risques (ni déni ni catastrophisme).
Une autre différence avec les disciplines habituelles est que le champ des
connaissances scientifiques de l’EDD n’est que rarement stabilisé. L’en-
seignement a pour point de départ des controverses scientifiques et des
questions socialement vives : le positionnement du formateur (et qui plus
est du formateur de formateur) ne peut être celui de l’expert. Le formateur
va devenir un accompagnateur; ce changement de statut très déstabilisant
doit être accompagné, car on glisse d’un enseignement des faits à un ensei-
gnement des valeurs.
244 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
cet impact. Cet effort semblait nécessaire pour qu’il y ait un minimum de
cohérence entre les pratiques lors de la formation et les valeurs prônées par
le développement durable et son éducation.
Parallèlement à ces aspects, nous avons favorisé les mises en relation entre
stagiaires ou avec des connaissances extérieures du réseau EDD régional pour
favoriser les hébergements, le covoiturage et une vie sociale locale (mais la
durée des journées de formation limite fortement ce dernier point).
Les limites de la formation à distance sont à mon sens là : les semaines de
présentiel sont nécessaires pour que des changements d’attitudes évoluent vers
des changements de comportements. La formation à distance par sa continuité
favorise de façon complémentaire le renforcement de ces comportements (ce
qui est impossible dans une formation continue d’adultes classique où après
l’allégresse des formations, le manque de suivi anéantit bien souvent les effets
obtenus en formation). Il ne s’agit donc pas d’opposer la formation à distance
et en présentiel, mais de les articuler selon un scénario adapté.
La mise en place des forums régulés ou non est un moteur de la formation.
Cependant, dans le cas présent de ce diplôme, le groupe utilise prioritaire-
ment la liste mail personnelle qui est perçue dans son rôle social et comme
un espace de liberté.
L’esprit de l’EDD est celui d’une nouvelle gouvernance qu’il convient de met-
tre en œuvre dans le cadre d’une telle formation : cela suppose des espaces de
liberté (liberté d’aller plus loin que les propositions sur les cours à distance, de
ne les traiter que lorsque le stagiaire en éprouve le besoin, de faire autrement
en allant chercher ailleurs…), des relations non hiérarchiques (en ce sens
le courriel et d’une façon générale le travail à distance est indéniablement
facilitateur) et une prise en compte des potentialités de chacun…
Discussion
Les compétences développées en formation à distance sont constitutives d’un
nouveau métier pour ces futurs formateurs de formateur qui devront inventer
des solutions pour des problèmes qui ne se posent pas encore. Cette FOAD
doit donc être inventive et novatrice tant dans ses modes de fonctionnement
que dans ses objectifs.
La formation à distance : une réponse aux besoins de la formation • 251
Bibliographie
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Références, 298 p.
Brugvin, M., (2005). Formations ouvertes à distance. Développer les compétences à
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numérique), Presses universitaires de Bordeaux, p. 259-269.
252 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Georges N NAHAS
Université de Balamand, Balamand
Liban
Elie I. DANNAOUI
Université de Balamand, Balamand
Liban
Introduction
L
’objectif de cet article est de montrer à travers un exemple comment
une formation à distance peut être réalisée en utilisant une méthode
d’apprentissage par problèmes qui prend en considération, de façon
implicite, les requis de qualité. L’exemple cité dans la seconde moitié
de l’article repose sur un canevas théorique exposé dans la première partie, qui
sert d’assises au développement de la réflexion pédagogique sur les méthodes
de formation. Cet exemple montre comment une scénarisation programmée
suivant des principes méthodiques précis permet l’évolution conceptuelle et
l’acquisition des connaissances chez les apprenants tout en assurant dans une
formation à distance les possibilités du travail de groupe.
Problématique et hypothèse
Ces deux données d’égale importance mettent les éducateurs devant la
nécessité d’adopter une nouvelle approche qui se différencie des schémas
classiques par son ouverture, sa flexibilité et son efficacité. Est-ce qu’une
telle approche nécessite l’adoption d’un nouveau paradigme pédagogique?
Et lequel? Existe-t-il une stratégie éducative qui répond aux exigences de
succès de tels projets académiques? Quelles sont les conditions de succès
d’une telle stratégie?
La théorie des champs conceptuels forme le canevas théorique de l’approche
préconisée. Il s’agira alors de montrer comment ce canevas assure la complé-
mentarité entre une formation par projets, la flexibilité de l’enseignement à
distance et les critères de qualité requis. D’où l’hypothèse : Il est possible de
mettre au point des formations à distance couplées avec une approche cognitive de
résolution de problèmes qui répondent à l’esprit d’innovation et aux exigences de
qualité.
peut donc ne pas influer sur le vécu pédagogique. Ainsi, créer des situations
à problèmes comme bases de l’action qui aboutira à la participation et à la
réflexion se trouve simplifié et peut faire gagner à la formation une meilleure
efficacité. Ainsi en est-il des moyens de communication. Le débat critique,
qui mènera à la conceptualisation et à l’appropriation des connaissances, va
se trouver élargi et donc enrichi.
Mais le grand défi réside dans une adoption rapide, parfois forcenée, de cer-
taines techniques et de certains outils sans les avoir testés au niveau de leur
qualité aussi bien intrinsèque qu’extrinsèque. D’où la nécessité d’un débat qui
débouchera sur des critères contraignants afin d’assurer au vécu pédagogique
sa vision d’avenir.
Le nouveau paradigme
intrinsèque de la personne humaine, ainsi que son rôle culturel dans la so-
ciété. Le danger de voir ces techniques faire vivre les jeunes dans un monde
virtuel loin de leur quotidien ne peut être jugulé qu’à travers une utilisation
conséquente de ces mêmes techniques qui valorisera ces aspects sociétaux.
À partir de là, nous pensons qu’à partir de ce nouveau paradigme, nous pou-
vons avantageusement mettre au point des formations à distance de qualité,
qui prennent en considération tous ces éléments et peuvent être un exemple
d’application qui illustre notre propos.
Exemple illustratif
La question principale qui a guidé notre travail sur le plan de la scénarisation
pédagogique dans un EIAH est la suivante : est-il possible de scénariser une
activité didactique qui prend en considération les nouvelles données péda-
gogiques au niveau des sciences de l’éducation, des techniques didactiques
et du vécu pédagogique? Plus précisément, la question se pose de la manière
suivante : en quoi ces nouvelles données affectent-elles l’ingénierie éducative
dans un contexte complexe comme celui de la formation à distance?
Au niveau méthodologique, nous avons procédé de la manière suivante :
L’identification des éléments constitutifs de cette innovation présentée dans
la partie théorique;
L’alignement des éléments identifiés avec une méthode d’enseignement et
d’apprentissage qui répond éventuellement aux nouvelles contraintes imposées
par le changement total du paradigme pédagogique classique;
La proposition d’un modèle de scénarisation didactique au sein d’une pla-
teforme de formation à distance.
Le cheminement opérationnel
Notre recherche nous a menés à choisir l’apprentissage par problèmes ou APP
(Problem-based Learning – PBL) comme cadre méthodique pour l’ingénierie
éducative dans un contexte de formation à distance. Ce choix n’a pas été fait
seulement à cause de la réussite de cette méthode dans des domaines et des
disciplines exigeants aux niveaux théorique et pratique comme la médecine,
mais plutôt pour son potentiel dynamique de répondre aux besoins identifiés
dans cet article.
Il existe quatre clés pour réussir cette méthode :
En premier lieu, les problèmes sont présentés à l’apprenant tel qu’ils existent
en réalité, comme problèmes mal structurés, non résolus et stimulant la gé-
nération de plusieurs hypothèses sur leur cause et leur gestion.
Les apprenants sont ensuite appelés à assumer la responsabilité de leur
propre apprentissage, à déterminer leurs besoins d’apprentissage et à trouver
les ressources appropriées pour acquérir les données informatives, ainsi que
celles relatives au contrôle et à l’évaluation de leur propre performance et de
celle de leurs collègues.
Dans ce contexte, le rôle de l’enseignant en tant que tuteur dans le processus
APP est de guider ou de faciliter l’apprentissage. La relation avec les ap-
prenants est une relation entre adultes visant à suivre le développement de
l’apprenant, et à former à l’indépendance et à l’esprit critique.
Enfin, les problèmes choisis sont ceux les plus aptes à être confrontés par
l’apprenant dans la vie réelle et lors de la pratique de sa carrière. Les aptitudes
et les activités requises des apprenants sont celles valorisées dans la vie réelle
– ce qui fait de l’APP un processus d’apprentissage authentique.
Situation
L’exemple illustratif consiste à scénariser une activité dans le cadre d’une
formation continue des enseignants dans le domaine de la technologie édu-
cative. L’objectif de cette activité est d’aider les apprenants à développer leurs
compétences dans le domaine des TICE en les appelant à participer dans la
conception d’un projet pilote d’intégration des nouvelles technologies dans
un cadre scolaire. La situation-problème consiste à simuler une situation
réelle dans laquelle les apprenants font partie d’un comité chargé de concevoir
un projet d’établissement. Le projet doit prendre en considération plusieurs
contraintes de caractère budgétaire, culturel et opérationnel.
Développement
Notons que les étapes de l’APP sont déterminées d’une façon simple et directe.
Malgré cela, il y a souvent un chevauchement qui mène à une reconsidération
lors du travail du groupe. Dans notre cas, nous avons scénarisé notre activité
suivant le modèle Authentic Problem-based Learning proposé par Barrows, tel
que l’indique le cheminement suivant :
Opérationnalité
Présentation du problème
Les apprenants « lisent » l’énoncé du problème et en discutent. Ils peuvent
bien être tentés de prononcer leur « diagnostic » tout de suite; ils doivent être
encouragés à réfléchir d’une façon plus profonde sur le « pourquoi, comment
et quand ». Le problème peut être présenté sous plusieurs formes (vidéos,
animation, texte, fichier audio…). La présentation du problème se déroule
en mode synchrone.
Exploration des connaissances déjà acquises
La clarification des termes et le sens des termes utilisés dans l’énoncé du pro-
blème sont une manière idéale pour lancer cette étape, avant de passer à une
exploration plus approfondie. Les apprenants arrivent avec des connaissances
de base déjà acquises ainsi qu’un ensemble d’expériences et de représentations.
Comme les apprenants retiennent plus facilement les nouvelles connaissances
en étant capables de les considérer en continuité avec des acquis antérieurs,
cette étape fournit aux apprenants l’occasion de conscientiser leur compré-
hension antérieure du sujet afin de l’utiliser individuellement ou en groupe.
260 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Les tuteurs sont appelés à prendre les mesures nécessaires pour que tous les
apprenants participent à cette étape, en ayant un regard critique vis-à-vis
des informations et des représentations introduites par tout un chacun. Les
tuteurs sont appelés dans cette étape à essayer d’éviter que les apprenants ne
s’engagent sur des chemins stériles qui mineront l’étape suivante.
Un glossaire est utilisé pour la clarification des termes utilisés. Il permet de
mettre en commun les connaissances individuelles. À ce niveau, le tuteur
déclenche une discussion en proposant une ou plusieurs sessions d’échanges.
À partir des sujets abordés dans le module Forum, les tuteurs encouragent
les apprenants à participer à des forums pour développer les différents points
de vue. Pour valider ces connaissances et leur mise en commun, des modules
tests sont introduits à ce niveau.
Production des hypothèses et des mécanismes possibles
À partir des discussions qui auront eu lieu dans ces échanges, les apprenants
produisent des hypothèses sur la nature du problème, y compris les mécanis-
mes de résolution possibles. Le tuteur est appelé à les guider afin d’éviter une
approche superficielle du problème, l’objectif étant d’inciter les apprenants à se
concentrer sur la compréhension des concepts principaux qui y sont illustrés.
Dans cette étape, le tuteur engage les apprenants à produire des hypothèses
qui peuvent être reliées aux objectifs d’apprentissage du problème.
Pour répondre à ces besoins, le tuteur propose alors des modules Wiki. Ce
type de modules permet aux apprenants d’ajouter, d’étendre ou de modifier le
contenu. Les anciennes versions des propositions ne sont jamais supprimées
et peuvent être restaurées.
Ce wiki a pour fonction de « tracer » les propositions. Elles sont importantes
à consulter soit par l’apprenant qui peut constater son évolution, soit par le
tuteur qui est plus à même de comprendre le raisonnement mis en place
dans ce travail.
Identification des problèmes
Les problèmes d’apprentissage peuvent être définis comme des questions
auxquelles on ne peut pas répondre à partir des connaissances déjà acquises
au sein du groupe, mais peuvent être gérés par une recherche attentive. À ce
stade, les apprenants sauront quels sont leurs objectifs et ce sera à la charge du
tuteur d’aider le groupe à identifier clairement ces objectifs et à les formuler
Formation à distance et apprentissage par problèmes • 261
Conclusion
Cet exemple de scénarisation a été mis en œuvre dans le cadre des cours
appartenant à des disciplines très différentes. L’un de ces cours a été donné
dans le cadre d’une formation au multimédia et l’autre dans le cadre d’un
apprentissage de l’histoire. Dans les deux cas, cette scénarisation a montré
que les apprenants se sentent plus impliqués dans leur propre apprentissage,
sont plus conscients de la finalisation du cours lui-même et ont acquis des
compétences opérationnelles même sans le cadre d’une formation en sciences
humaines. En effet, la clarté de l’approche pédagogique centrée sur l’appre-
nant et basée sur l’approche cognitiviste a permis à cette scénarisation de
lier l’apprentissage à l’action. De plus, ces modules ont montré que l’utilisa-
tion des TICE, loin d’être un handicap au niveau universitaire, est un outil
précieux pour responsabiliser les apprenants vis-à-vis de leur formation et
pouvoir les aider à travailler en groupe. Enfin, cette scénarisation et sa mise
en application dans des domaines relativement différents montrent qu’un
changement de paradigme pédagogique est possible et que le cheminement
d’un tel changement n’est plus difficile à tracer. Pour terminer, nous dirons que
la scénarisation précise qui a su conjuguer ces différents aspects de didactique
appliquée a abouti à des résultats qui méritent d’être quantifiés à l’avenir.
C’est pour cela que nous pensons que de telles expérimentations sont appelées
à être multipliées dans différents contextes et situations, évaluées et mises en
commun afin que la préparation d’une nouvelle ère pédagogique au niveau
universitaire soit le fruit d’un travail concerté dûment évalué et valorisé.
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Vie pédagogique, Numéro 132. <http://www.viepedagogique.gouv.qc.ca/
numeros/132/vp132_22-26.pdf>.
264 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
1. Introduction
N
otre exposé, qui s’inscrit dans le cadre du troisième thème de ce
colloque, à savoir : l’enseignement à distance, une réelle stratégie
de mutualisation et de développement entre établissement et pays,
développera trois points :
• L’historique du Réseau des écoles supérieures de santé publique en vue
de l’amélioration de la qualité de l’enseignement (LINQED, en sigle en
anglais);
• Les trois projets que le LINQED est en train de développer;
• La stratégie de mutualisation et développement de l’enseignement à dis-
tance entre établissements et pays au sein du LINQED.
Une conclusion va clôturer notre bref exposé dont l’objectif est de porter à la
connaissance des participants à ce colloque que l’enseignement à distance que
notre réseau travaille à développer est aussi une préoccupation d’autres réseaux
d’éducation comme le LINQED, réseau qui tient à faire du E-Learning un
moyen parmi tant d’autres d’améliorer la qualité de l’éducation au niveau du
Master dans les institutions partenaires de santé publique, et ce, à travers tous
les continents.
266 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
2. L’historique du LINQED
Le Réseau LINQED, regroupant les écoles de santé publique ainsi que les
facultés de médecine ayant en leur sein le Département de santé publique,
a été créé au début de décembre 2008 lors du premier atelier qui s’est tenu
à Anvers, à la suite du troisième accord entre l’Agence gouvernementale de
coopération au développement (AGCD), une agence belge, et l’Institut de
médecine tropicale d’Anvers (IMT d’ANVERS) dans le but d’améliorer la
qualité de l’éducation dans les établissements membres.
Ce réseau est une association des institutions de l’enseignement supérieur
et universitaire organisant un programme de troisième cycle en médecine
tropicale (humaine et vétérinaire) et en santé publique internationale.
Le but du réseau est de contribuer à l’amélioration de la santé animale et
humaine et de soutenir les bases rationnelles des systèmes de soins et de
politiques de santé dans le développement de pays en consolidant la capacité
d’enseignement au troisième cycle en médecine tropicale et en santé publique
internationale (2008 workshop report).
Trois ateliers annuels ont été organisés jusqu’à présent.
Comme mentionné précédemment, le premier atelier s’est tenu au début
de décembre 2008 à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. Celui-ci a
donné l’occasion de la création du Réseau et a regroupé les institutions de
santé publique d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Au total,
12 établissements membres avaient signé l’acte d’adhésion au Réseau :
• l’Institut Koirala des sciences de la santé du Népal;
• le Département des maladies vétérinaires tropicales de la Faculté de
science vétérinaire de l’Université de Pretoria, en Afrique du Sud;
La formation des enseignants et des étudiants du niveau du master • 267
5. Conclusion
L’enseignement à distance focalise depuis 2007 les préoccupations des éta-
blissements membres du RIFEFF lors des différentes rencontres bisannuelles.
Ma participation aux différentes rencontres du RIFEFF et du LINQED m’a
permis de me rendre réellement compte que les deux réseaux, en adoptant
l’enseignement à distance comme un des points focaux de leurs activités dans
le but d’améliorer la qualité de l’éducation dans les systèmes éducatifs des
divers pays en général et des établissements membres en particulier, soulignent
l’importance de l’enseignement à distance dans la formation des formateurs
et des enseignants à l’ère du numérique.
Un des objectifs du Forum mondial sur l’éducation tenu à Dakar en avril 2000
concerne l’amélioration sous tous les aspects de la qualité de l’éducation dans
un souci d’excellence, de façon à obtenir des résultats d’apprentissage reconnus
et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul
et les compétences indispensables dans la vie courante (UNESCO, 2004).
Cet objectif étant poursuivi par le RIFEFF et le LINQED, deux réseaux
qui considèrent que l’enseignement à distance pourrait être un des moyens à
appliquer, il faudrait maintenant que les différents pays signataires de l’accord
de Dakar sur l’Éducation pour tous (en 2000) puissent prêter main-forte aux
deux réseaux afin de leur permettre de réaliser sans faille les projets d’ensei-
gnement à distance qu’ils élaborent en vue de l’atteinte des objectifs de l’EPT
dont la contribution à la réduction de la pauvreté n’est plus à démontrer.
C’est dans cette perspective que nous faisons nôtres les propositions faites
par Alain Jaillet (2011) dans son article sur « Collaborations Nord-Sud, un
état des lieux et des constats ». En effet, nous pensons comme l’auteur précité
que « sur le plan international, l’encadrement politique des motivations des
programmes de développement Nord-Sud s’organise de plus en plus autour
des agendas internationaux » et nous sommes aussi d’accord avec la position
La formation des enseignants et des étudiants du niveau du master • 271
de la Conférence mondiale sur la science signalée par A. Jaillet dans son article
précédemment cité, position selon laquelle « le progrès scientifique implique le
recours à diverses modalités de coopération aux niveaux intergouvernemental,
gouvernemental et non gouvernemental et entre ces niveaux, à savoir : projets
multilatéraux; réseaux de recherche, y compris l’établissement des réseaux Sud-
Sud; partenariats associant les communautés scientifiques des pays développés et
des pays en voie de développement afin de répondre aux besoins de tous les pays
et de leur permettre de progresser ». Les multiples activités internationales du
RIFEFF et du LINQED pour l’amélioration de la qualité de l’éducation à travers
le E-Learning cadrent avec cette position et sont donc à encourager financière-
ment et matériellement par les organisations internationales, les gouvernements
des pays développés et de ceux en voie de développement, les organisations non
gouvernementales, etc. Cet encouragement matériel et financier permettra à ces
deux réseaux d’éducation de faire face au coût élevé de la connexion aux outils
du E-Learning dont la nature des outils du Web a, selon Stéphane B. Bazan
(2011), considérablement évolué depuis sa création en 1993.
Références bibliographiques
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des enseignants de l’USJ grâce aux outils Web 2.0. In Former à Distance des
Formateurs : stratégies et mutualisation dans la francophonie. Collectif sous la
direction de Karsenti et al., Réseau international francophone de formation des
formateurs (RIFEFF), Presses de l’Université de Montréal, Montréal.
Jaillet, A. (2011). Collaboration Nord-Sud, un état des lieux et des constats. In Former
à distance des formateurs : stratégies et mutualisation dans la francophonie. Collectif
sous la direction de Karsenti et al., Réseau international francophone de formation
des formateurs (RIFEFF), Presses de l’Université de Montréal, Montréal.
LINQED executive committee : 2008, 2009, 2010, 2011 workshop reports.
LINQED executive committee : 2011 executive committee reports.
UNESCO (2004) : Rapport mondial de suivi sur l’EPT(2005), l’exigence de qualité,
UNESCO, Paris.
272 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Dr Réghioua Mohamed
Directeur de l’École Normale Supérieure
Constantine / Algérie
Préambule
À
l’instar de tous les pays en voie de développement, l’Algérie, au
lendemain de son indépendance, a dû faire face à l’épineux pro-
blème de scolarisation, problème aggravé par un départ massif
de ses cadres enseignants vers d’autres cieux ou vers d’autres
créneaux mieux rémunérateurs, un exode rural très important causant un
déséquilibre dans la répartition géographique des places pédagogiques, une
forte natalité, un héritage dérisoire en moyens matériels et humains et surtout
une déstructuration totale de son système éducatif à travers les programmes
et les choix politiques du moment.
Selon les moyens du moment et malgré les efforts colossaux consentis par
l’État en la matière, les diverses stratégies de formation mises en place à l’épo-
que n’obéissaient qu’au seul souci de garantir une place pédagogique à tout
enfant algérien scolarisé ou en âge de l’être, de l’école primaire à l’université.
Cela s’est traduit certes, par une couverture quasi totale de la scolarisation
de la population, mais ce besoin de satisfaction de la quantité au détriment
de la qualité a aussi mis en place un système éducatif déconnecté des réalités
sociales et des besoins du pays, produisant plus de chômeurs que de personnes
insérées socialement.
Depuis les années deux mille et grâce à une certaine stabilité du « flux » de
demandes de scolarisation et une plus riche disponibilité en moyens, on note
une exigence qualitative de la formation et une réorientation et réadapta-
La formation des enseignants et des étudiants du niveau du master • 273
Notons que les deux volets académique et professionnel sont d’égale impor-
tance en volume horaire.
La population estudiantine (3200 étudiants toutes années et tous paliers
confondus), attirée par de meilleures conditions de formation comparative-
ment aux autres structures universitaires (effectifs réduits, suivi individuel, etc.)
et surtout par un contrat de travail au bout du cursus, est une population de
qualité, motivée et où le taux de déperdition ne dépasse pas les 5 %. L’accès
aux ENS se fait suite à :
• Une participation à un classement national des postulants dont la
moyenne au bac de l’année en cours est supérieure ou égale à 12/20;
• Et, dans le cas où ce classement le permet, la réussite à un entretien
devant une commission qui jugera de son aptitude au métier d’ensei-
gnant.
Cette sélection au départ a permis aux ENS d’avoir une réputation établie
de structures de formation de qualité et a entraîné un engouement reconnu
à travers tout le pays. Fidèle à cette image, l’ENSC s’est dotée de moyens
matériels adéquats (salles de classe, amphithéâtres équipés des moyens
technologiques modernes, laboratoires de physique et de chimie, laboratoi-
res de langues multimédias, salles informatiques et fond documentaire qui
s’enrichissent d’année en année) et développe une politique de recrutement
de son personnel enseignant obéissant aux critères de spécificité de l’École,
à savoir dispenser un enseignement académique universitaire et un ensei-
gnement professionnel.
L’École normale supérieure de Constantine est maintenant un établissement
très prisé et recherché à l’échelle presque nationale; elle accueille des étudiants
de 24 wilayas, soit de la moitié du pays.
D’autre part et afin de garder son caractère d’établissement universitaire
ainsi que de stabiliser et de perfectionner son encadrement, l’École a investi
d’autres créneaux tels que :
• la recherche à travers l’ouverture de post-graduation dans différentes
filières;
• le perfectionnement de son encadrement par son association à des
projets de recherche tous types confondus (PNR, CNEPRU…) et
son intégration dans des laboratoires de recherches au sein de l’école
même;
La formation des enseignants et des étudiants du niveau du master • 275
Organisation pédagogique
L’École Normale Supérieure de Constantine comprend actuellement :
• trois sous-directions;
• un secrétariat général;
• six départements pédagogiques (Langue et Littérature arabes; Langue
française; Langue anglaise; Histoire et Géographie; Sciences exactes et
Informatique; Philosophie) dispensant un enseignement en graduation
selon trois paliers de formation, à savoir :
- La Formation de professeurs de l’enseignement secondaire « PES »
pour le lycée et d’une durée globale de cinq ans (Bac+5).
- La Formation de professeurs de l’enseignement moyen « PEM » pour
le collège d’une durée globale de quatre ans (Bac+4).
- La Formation de maîtres de l’enseignement primaire « MEP » pour
l’école primaire d’une durée globale de trois ans (Bac+3).
Cette formation comprend :
un enseignement académique, étalé sur tout le long du palier choisi et consis-
tant en un enseignement théorique équivalant – selon le palier – à une licence
(Bac+3), à un master 1 (Bac+4) ou à un master 2 (Bac+5).
un enseignant didactique et psychopédagogique (225 heures) le long du cursus,
préparant l’étudiant à son futur métier d’enseignant.
un enseignement professionnel à travers des stages pratiques au sein d’établis-
sements de l’Éducation nationale correspondant au palier lors de la dernière
année de formation. Cet enseignement se décline en trois phases :
Stage d’observation (octobre-novembre). Le stagiaire passe un jour par semaine
dans son établissement d’affectation;
Stage alterné (décembre-mars), qui consiste en une prise en charge progressive
d’une classe d’élèves par le stagiaire en présence de l’enseignant titulaire (un
jour par semaine).
276 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Stratégie
Afin d’éviter de perturber le fonctionnement des cours au niveau des établis-
sements (Collèges) employant les enseignants retenus pour cette formation, le
dispositif retenu par le MEN consiste en :
• Une FOAD;
278 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Pour cette première année, la priorité a été accordée aux enseignants titulaires
du baccalauréat et qui présentent donc un meilleur profil pour suivre la forma-
tion dispensée dans les normes pédagogiques prescrites. La dernière cohorte
achèvera sa formation en 2015-2016.
• Soutenance de mémoires;
• Délibérations;
• Délivrance de documents pédagogiques et administratifs.
En guise d’observation, nous constatons que cette stratégie de mise à niveau,
noble dans son esprit mais, hélas, encore une fois dictée par l’urgence de parer
à une situation établie, a tout de suite battu de l’aile et a montré ses limites
dès la première année, et ce, pour les raisons évidentes suivantes :
La population retenue, pré-retraitable dans sa quasi-majorité, ne se souciait
que de la manière de régulariser une situation administrative dans le but
d’améliorer une retraite proche et ne peut donc répondre au vœu de mise à
niveau prôné par le MEN;
La plupart de ses individus, sans vouloir remettre en cause leur qualification
professionnelle, n’ont pas les prérequis indispensables pour suivre la formation
académique dispensée. Leur rupture avec la formation remonte à tellement
loin qu’il leur est très difficile de s’accrocher. Un recyclage d’une ou de deux
années les aurait peut-être mieux servis.
Les acteurs chargés du suivi et de l’encadrement pédagogique de cette po-
pulation (UFC–ENS–Directions de l’éducation) se sont distingués par un
manque prononcé pour ne pas dire par une absence totale de coordination
et par un non-respect du cahier de charges (allégement de la charge horaire
des candidats retenus, mauvaise circulation de l’information…).
L’éparpillement des candidats à travers le territoire national et leur éloigne-
ment des centres de regroupement a été un facteur pénalisant. Un meilleur
accès à Internet et une culture à l’environnement numérique auraient rendu
la tâche moins ardue.
Perspectives
Dans le cadre d’une uniformisation et d’une meilleure lisibilité des différentes
formations et diplômes et d’un alignement sur le système éducatif interna-
tional, les ENS sont engagées dans cette dynamique par la mise en place de
commissions mixtes (MESRS & MEN) pour l’élaboration des programmes
permettant le basculement dans le système mondial de formation LMD
(Licence-Master-Doctorat).
La formation des enseignants et des étudiants du niveau du master • 281
Il est à noter qu’une autre opération d’amélioration des performances des ensei-
gnants du lycée a été retenue pour l’année 2012 selon le dispositif de formation
à distance. Elle vise à préparer les enseignants au concours de l’agrégation. La
population ciblée est les enseignants responsables de matières et ceux ayant
cumulé dix années d’ancienneté. Le concours est prévu pour l’année 2012.
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282 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Lionel Roche
Laboratoire ACTé (EA 4281), Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II
France
Nathalie Gal-Petitfaux
Laboratoire ACTé (EA 4281), Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II
France
Introduction
L
e rapport de l’OCDE78 (2009) met en avant la formation des
enseignants comme un levier permettant d’améliorer les résul-
tats scolaires des élèves. Cependant, en France, le rapport Jolion
(2011) soulève le fait que « la qualification professionnelle est le
parent pauvre de cette réforme » de la formation des enseignants initiée en
France en septembre 2010 avec la mastérisation. Ainsi, la question du rôle
de l’analyse de pratique comme moyen de développement professionnel s’est
très rapidement posée dans le cadre de ces nouveaux dispositifs de formation.
Ces derniers sont « entendus comme la mise en place d’organisations de
moyens susceptibles de susciter l’activité des sujets en référence à des ob-
jectifs affichés » (Barbier, 2009, p. 226). Il existe une diversité de dispositifs
d’analyse de la pratique en classe des enseignants et des élèves? Néanmoins,
il est possible de les regrouper en deux grandes catégories : a) ceux valorisant
des ateliers de pratiques réflexives sans recourir à des supports audiovisuels
(Blanchard-Laville et Nadot, 2004), méthode de « remise en situation par
les traces matérielles » (Theureau, 2010), speed-tutoring (Duret, Rousseau et
Trehet, 2009); b) ceux ayant recours à la vidéo comme moyen de formation
Cadre théorique
L’étude s’inscrit dans le cadre de l’anthropologie cognitive. Elle est conduite
selon l’hypothèse de l’action située (Suchman, 1987) et de la cognition située
(Hutchins, 1995; Norman, 1993). Ce positionnement théorique repose sur
le fait que l’action est envisagée comme possédant des propriétés d’auto-or-
ganisation et comme essentiellement située. Quatre postulats orientent plus
précisément notre approche « située » de l’activité.
Premièrement, toute action humaine est conçue comme située. Elle est
inscrite dans des contextes spatiaux, matériels, sociaux et culturels donnés, à
partir desquels elle est produite par les acteurs. Ainsi, elle est indissociable
de la situation dans laquelle elle émerge. L’action de formation, qui est une
action à part entière, doit être étudiée in situ, en prenant en compte l’ensemble
des conditions environnementales, humaines et matérielles, au sein duquel
elle émerge. Envisager l’action comme un couplage action/situation permet
d’envisager l’environnement comme étant « porteur » de ressources pour
l’action, disponibles pour l’acteur selon ses intentions (Norman, 1993). C’est
en ce sens que les dispositifs d’analyse de pratique médiés par des ressources
audiovisuelles pourront constituer des artefacts ayant un rôle structurant de
l’activité des formés et des formateurs.
Deuxièmement, l’activité est autonome dans la mesure où elle consiste en un
couplage structurel entre l’acteur et son environnement (Varela, 1989). Ce
couplage asymétrique signifie que c’est l’acteur qui spécifie seulement ce qui
est pertinent pour lui, de son point de vue, à l’instant considéré, c’est-à-dire
seulement ce qui constitue son monde propre perçu subjectivement. Dans
ce sens, un environnement (p. ex., de formation) n’existe pas objectivement
indépendamment de l’acteur; il émerge plutôt de l’interaction que l’acteur
entretient avec cet environnement et des significations que l’acteur attribue
L’analyse de dispositifs audiovisuels de formation • 285
Méthode
Participants
Les participants sont des fonctionnaires stagiaires de l’académie d’Aix-Mar-
seille, enseignants du second degré. Ils sont lauréats du Certificat d’aptitude
professionnelle à l’enseignement secondaire (CAPES) dans le cadre de leur
formation initiale différée. La situation de formation analysée fait partie d’une
formation massée de trois semaines dont le but était de favoriser chez ces
enseignants un développement professionnel sur les points suivants : la prise
en main de la classe; la mise au travail de la classe; la gestion de l’hétérogénéité
des élèves. Les enseignants étaient tous en poste en collège et enseignaient
différentes disciplines. L’étude présentée ici est une étude de cas avec une
fonctionnaire stagiaire en musique (que nous nommerons FS). Elle intègre
deux niveaux d’analyse : a) le cours d’action de cette enseignante stagiaire
avec le dispositif audiovisuel proposé et b) l’étude de l’activité collective au
sein du groupe de stagiaires.
286 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Dispositif audiovisuel
Le dispositif étudié était une séquence de formation d’une heure trente,
découpée en trois temps : a) un temps de visionnage d’un reportage télévisé
présentant un épisode de classe où un enseignant débutant prenait la suite
d’un enseignant chevronné dans une classe dite « difficile », alors que le début
de la leçon avait été assuré par le titulaire, b) un temps d’échanges formés/
formés, et/ou formés/formateur, et de commentaires de la part des formés et
du formateur, c) un re-visionnage de certains passages de l’épisode avec ou
sans arrêt sur image afin d’insister ou de développer certains points.
Traitement de données
Le traitement des données a été réalisé en trois temps : tout d’abord une
description des comportements des enseignants en formation à partir du
suivi ethnographique et des enregistrements audiovisuels (T1), puis une
analyse des significations qui accompagnent l’activité de FS lorsqu’elle est
confrontée au dispositif de formation (T2), une description des compor-
tements de FS à partir du suivi ethnographique et des enregistrements
audiovisuels (T3). Ces trois temps indiquent les deux niveaux d’analyse qui
sont les nôtres : a) le niveau du cours d’action individuel-social et b) celui du
cours d’action collectif. La description de l’activité des acteurs en formation
a donné lieu à des tableaux à quatre colonnes : la première correspondait au
décours temporel de l’action d’analyse de pratique, la seconde mettait en
évidence les actions des enseignants en formation, la troisième concernait
les communications (des stagiaires et du formateur) au cours de l’analyse
de pratique et la quatrième indiquait les verbalisations de l’acteur lors de
l’entretien d’autoconfrontation.
Il s’agissait finalement de rendre compte des usages que les formés faisaient
de l’artefact audiovisuel. Cette mise à jour devrait permettre de produire des
ressources nécessaires pour concevoir, ultérieurement, de nouveaux outils
pour la formation, tant du point de vue des séquences audiovisuelles que de
l’activité réflexive à opérer dessus.
Premiers résultats
Deux pistes de résultats peuvent être esquissées suite aux premières ex-
périmentations engagées. Elles sont relatives a) aux caractéristiques du
dispositif que le formé perçoit comme nécessaires pour se former et b) aux
formes d’activités que le formé construit, développe, quand il est confronté
au dispositif.
Troisièmement, les épisodes proposés aux formés doivent rester au plus près
des situations de classe se déroulant dans leur milieu « naturel ». Le mode
de saisie du formé ne doit pas être orienté par des éléments tels que des
commentaires.
Conclusion
Cette étude initiée dans le cadre de notre première année de thèse de doctorat
a tenté d’envisager les situations de formation recourant à la vidéo comme
des situations d’interaction entre un individu, un collectif et un dispositif,
afin de nourrir une démarche de conception de ressources de formation à
distance, notamment audiovisuelles.
Notre étude a pu montrer l’apport pour les formés d’être confrontés à des ex-
traits vidéos thématiques, leur permettant de se « replonger » dans l’expérience
de la classe. Cette confrontation à des traces audiovisuelles d’expériences de
classe a permis de comprendre et de mettre en perspective des activités futures
à entreprendre dans leur propre classe.
Au final, cette première étude nous permet, à partir d’une analyse de l’acti-
vité individuelle des formés, d’évaluer le potentiel du dispositif pour former
des professionnels à la pratique de classe par l’analyse d’expériences. Des
pistes pour la conception de dispositifs de formation à distance utilisant
des supports audiovisuels peuvent être dégagées. Les épisodes présentés
doivent a) être courts, ciblés sur une thématique et proches des situations
de classe écologiques; b) permettre de ressentir et « saisir » la réalité de la
classe (temps, espace, déplacements); c) aider à se (re) plonger dans le vécu
d’une expérience non vécue ou vécue; d) évoquer des situations de classe
proches du niveau de développement professionnel du formé pour faciliter
un partage d’expériences, la construction de règles du métier et de pistes de
transformation de sa pratique. Ces résultats nous semblent converger avec
ceux de Leblanc (2010) qui ont montré que la confrontation à des vidéos
de « pairs anonymes » débutants ou un peu plus expérimentés contribuait
à : a) rassurer les enseignants par la proximité entre les situations filmées et
leur vécu; b) révéler des aspects problématiques de leur propre pratique en
construisant un sens nouveau à la situation; c) à s’interroger sur leur déve-
loppement professionnel.
Ainsi, les séquences audiovisuelles construites doivent être un moyen de
permettre à chacun de « faire un pas en avant » (Guérin & Péoc’h, 2011)
dans son développement professionnel.
292 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
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L’analyse de dispositifs audiovisuels de formation • 293
Fathia Souissi
Faculté de médecine d’Annaba, Université Badji Mokhtar Annaba
Algérie
Contexte
N
otre contribution s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre et
de l’expérimentation d’un projet personnel développé dans le
contexte de la formation diplômante en TICE (technologies
de l’information et de la communication pour l’enseignement)
entièrement en ligne par Internet, la PGS Ide@ « Internet pour le Dévelop-
pement de l’Enseignement à distance en Algérie » dispensé par l’École normale
supérieure (ENS) de Kouba. La formation Ide@ s’inspire du Master pro-
fessionnel (UTICEF) délivré par l’Université Louis Pasteur de Strasbourg
(ULP). S’adressant principalement aux enseignants du supérieur, elle vise à
leur donner la capacité d’organiser, de concevoir et d’accompagner un projet
d’enseignement ou de formation professionnelle, utilisant les possibilités
offertes par les technologies.
Objectifs généraux
À long terme, notre projet ambitionne les deux objectifs suivants :
Aider les enseignants à construire des compétences leur permettant d’adapter
leur pédagogie à la diversité des publics universitaires, en particulier par suite
de l’intégration des TIC dans leurs pratiques professionnelles;
Développer des attitudes de travail en équipe et en réseau.
Ces objectifs visent à favoriser l’évolution de la professionnalité enseignante
en s’appuyant sur son expérience personnelle et celle de ses pairs.
L’analyse de dispositifs audiovisuels de formation • 295
Valeur ajoutée
Notre projet offre plus d’une valeur ajoutée à la formation pédagogique des
enseignants par les TIC. Pour en cerner les différents aspects, nous nous
sommes inspirés des sept indicateurs de Viens & al. (2007) : accès; indivi-
dualisation; rétroaction enrichie; autonomie et investissement de l’apprenant;
coopération, collaboration, co-élaboration; apprentissage contextualisé, ancré
dans la réalité; apprentissages de haut niveau, réflexion critique, compétences
296 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Conception du prototype
À la lumière des résultats d’analyse, nous avons élaboré le cahier de charges
de notre projet. Ce dernier s’articule autour de quatre axes principaux. Nous
nous proposons de développer l’axe pédagogique, qui comporte en particulier
la scénarisation que nous avons prévue pour notre atelier :
- Scénario pédagogique
- La formation à caractère non obligatoire se déroule entièrement à distance
via la plateforme Univ-Rct. Il est à noter que plusieurs sessions de cette
formation peuvent être prévues et étalées sur l’année, pour permettre à un
maximum d’enseignants d’y participer, selon leurs disponibilités.
- L’encadrement, lors des séminaires et des activités à distance, se fait par
un tuteur, au moyen de plusieurs outils de communication (courrier
électronique, chat, forum, etc.) qui aideront l’apprenant à acquérir les
méthodes des études actives basées sur son action. Le tutorat proposé
sera essentiellement méthodologique.
- La formation débute par un regroupement en présentiel d’une journée,
qui consiste essentiellement à familiariser les apprenants avec l’environ-
nement de travail à distance, à savoir la plateforme Univ-Rct.
- Ensuite, la prise de connaissances des contenus du cours, les séminai-
res, les forums, la réalisation des activités prévues dans les situations
problèmes sont dispensés à distance.
- L’évaluation concerne les activités notées avec rétroaction individualisée
lors des rencontres. Elle portera sur la participation au séminaire, les
travaux individuels et d’équipe et les contributions en matière d’orga-
nisation, de soutien, de motivation et d’esprit d’initiative.
L’analyse de dispositifs audiovisuels de formation • 299
2e semaine :
Expérimentation
Les neuf testeurs retenus pour expérimenter le prototype sont en majorité des
universitaires (7/9). Les candidatures nous ont été envoyées en même temps
que les retours de questionnaires. Notons au passage que le nombre assez
restreint de candidatures enregistré est dû à l’indisponibilité des enseignants
durant la période de tenue de l’atelier. Cette indisponibilité est accrue par
un agenda pédagogique chargé (cours, examens, etc.), ce qui nous amène à
réfléchir sur le choix de la meilleure période de l’année universitaire en termes
de vacation pour programmer notre atelier.
La session présentielle représente l’autre difficulté à laquelle nous nous som-
mes heurtés durant la phase d’expérimentation. En effet, certains enseignants
ont manifesté des réticences pour participer à cette session obligatoire, en
particulier pour un public néophyte. Les raisons évoquées sont toujours
reliées à un agenda chargé.
Une première solution de remédiation – et c’est celle que nous avons adoptée
– consiste à répéter la session présentielle de manière à permettre au maximum
d’enseignants d’y participer. Notre expérience a montré que 6/9 enseignants
inscrits à notre atelier ont pu participer aux trois sessions présentielles que
nous avons pu effectuer. L’inconvénient majeur réside dans la disponibilité
de la salle de regroupement, les problèmes de connexion ainsi que quelques
problèmes techniques qui ont entravé le bon déroulement de ces sessions.
Pour pallier toutes ces difficultés, nous envisageons, dans l’avenir, de remplacer
cette session présentielle par un tutoriel audiovisuel explicitant en détail le
fonctionnement de la plateforme, accompagné d’une activité d’initiation au
travail collaboratif, le tout à distance. Nous espérons ainsi contrer tous ces
problèmes et préparer les enseignants dans les meilleures conditions possibles
à suivre l’atelier.
Évaluation
L’évaluation est une dimension essentielle dans la conception et la mise en
œuvre de n’importe quel projet de formation à distance; elle vise à réguler et
à adapter les actions réalisées. De plus, elle permet de mieux comprendre les
raisons des difficultés rencontrées ou les facteurs de réussite et de capitaliser
les acquis de l’expérience.
302 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
- Pertinence,
- Respect de l’éthique,
- Etc.
Synthèse des Évaluation des Document individuel
lectures connaissances
- Stat. de connexion
Évaluation du dispositif
Cette dernière doit se faire à différentes étapes de la formation, de préférence
par des personnes-ressources. Il est également préconisé une évaluation in-
terne, par les apprenants mêmes. Les outils d’évaluation sont multiples, allant
de la grille d’évaluation à faire remplir par un expert aux questionnaires à
faire remplir par les apprenants.
Pour notre part, nous avons utilisé ces deux méthodes, ce qui nous a permis,
en réalisant la synthèse des deux évaluations, de faire ressortir les points de
convergence et de divergence à partir desquels des propositions d’améliora-
tions ont été faites. Celles-ci sont regroupées dans le Tableau 5.
Conclusion
Partant de notre expérience personnelle comme apprenante dans une forma-
tion à distance (FAD), en l’occurrence la PGS Ide@, nous avons développé
un projet de mise en œuvre d’un atelier de sensibilisation des enseignants
du supérieur aux pédagogies actives, conçu entièrement à distance, ce qui
représente à notre avis une double innovation à la fois technologique et
pédagogique.
Grâce aux outils de suivi offerts par la plateforme Univ-RCT, nous disposons
de statistiques d’interaction permettant d’apprécier la vie du groupe, la pro-
ductivité des apprenants et le niveau de réalisation des activités pédagogiques.
Les outils synchrones (chat) et asynchrones (courrier électronique, forum)
ont permis de nouvelles sociabilités, et ont fait émerger de nouvelles formes
d’échange virtuel. De même que les nombreuses interactions entre pairs ont
permis le partage d’informations et de ressources et facilité la production d’un
savoir collectif basé sur la co-construction des connaissances. Toutefois, bien
que la collaboration des apprenants ait été riche, elle est également parsemée
de quelques difficultés (inégalité des compétences et d’implication, etc.).
Les appréciations positives des testeurs quant au tutorat proactif et réactif
confirment l’idée que la médiation humaine et l’accompagnement pédago-
gique sont nécessaires pour compenser les manques et relancer la motivation
des apprenants.
Naturellement, ce projet contient des points forts et des points faibles, mais
nous retiendrons, à notre grande satisfaction, que le dispositif mis en place
est parvenu à conquérir un public de novices qui ont su s’adapter au nouveau
mode de formation. En effet, les sociabilités engendrées en ligne ont contribué
très efficacement à l’apprentissage. Les résultats obtenus sont satisfaisants à
différents niveaux : cognitif, pédagogique et métacognitif.
Notre vision d’avenir concernant ce projet est orientée vers la conquête d’un
plus grand nombre d’enseignants, à travers tout le territoire. Le choix du mode
d’apprentissage (en ligne) que nous avons effectué dès le départ joue beaucoup
en sa faveur. À long terme, nous envisageons de concevoir une formation sur
les pédagogies actives et leur implication dans le processus d’apprentissage
en réseau dans des environnements technologiques tels que les plateformes.
En fait, ces ateliers constituent pour nous le thermomètre grâce auquel nous
pouvons « prendre la température des enseignants » quant à leur réceptivité
vis-à-vis d’une telle formation.
L’analyse de dispositifs audiovisuels de formation • 305
Bibliographie
Charlier, B. & al. (2000), Comment un « nouvel outil qu’il faut bien utiliser » devient
un instrument au service d’une activité, Learn-Nett, Apprendre les technologies
pour l’éducation. Projet d’article pour l’ouvrage Learn Nett.
Charlier, B., Bonamy, J, Saunders, M. (2002), Apprivoiser l’innovation. In Technologie
et innovation en pédagogie. Dispositifs innovants de formation pour l’enseignement
supérieur. Bruxelles : De Boeck.
De Lièvre, B. Depover, C. Quintin, J-J et Decamps, S. (2003), Les technologies
peuvent-elles être la source de pédagogies plus actives? 3e Séminaire IntersTices,
Université de Mons-Hainaut.
Deschryver, N. & Peraya, D. (2003-2004). STAF17 - Réalisation d’un dispositif de
formation entièrement ou partiellement à distance. TECFA, Diplôme STAF.
Lebrun, M. (2005), Quand les technologies propulsent la pédagogie de l’apprentissage
et la formation pédagogique des enseignants, Questions de pédagogie dans
l’enseignement supérieur, Lille – juin.
Peraya, D. & Jaccaz, B. (2004). Analyser, soutenir et piloter l’innovation : un modèle
« ASPI ». In Actes du Colloque TICE 2004, Technologies de l’information et
de la connaissance dans l’enseignement supérieur et l’industrie (pp. 283-289).
Université de technologie. Compiègne (19 au 21 octobre).
Tricot, A. Plégat-Soutjis, F. (2003). Pour une approche ergonomique de la conception
d’un dispositif de formation à distance utilisant les TIC, Article de recherche,
Volume 10.
Viens, J. et Bertrand, C. (2007). Où est la valeur ajoutée des TIC? Québec français,
n° 144, p. 109-110.
306 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Introduction
I
ntroduites dans les établissements scolaires relevant du ministère de
l’Éducation de base par l’Arrêté No 3592/B1/780/MINEDUB/CAB du
24/09/2007, les TICE entendues technologies de l’information et de la
communication pour l’enseignement l’ont été pour viser deux objectifs
fondamentaux, à savoir « Favoriser le développement intégral de l’enfant sur
le triple plan physique, intellectuel et moral » (1er objectif ) et « Assurer une
éducation de qualité en formant et en recyclant les formateurs que vous êtes;
formateurs capables de s’arrimer à l’évolution dynamique de la science pédago-
gique et du monde en perpétuelle mutation (2nd objectif ) ». Depuis ce temps, les
TICE font leur bonhomme de chemin. Pourtant, les choses semblent stagner.
Des deux objectifs, lequel a été atteint et à quel degré? Le développement
intégral des élèves est-il effectif? Les enseignants sont-ils formés et recyclés?
Pour en avoir une idée, il faut d’une part faire un tour d’horizon des types
d’usages des TIC par les enseignants ou cadrans, puis montrer les difficultés
d’acquisition du matériel informatique dans les écoles et enfin, proposer les
voies et moyens pouvant permettre d’acquérir les outils et de construire des
dispositifs de formation à distance. Tels sont les buts que vise cette étude
bien limitée dans le temps et l’espace qui donne une vue d’ensemble, une vue
globale de la situation des TIC dans le système éducatif camerounais.
Types de cadrans et appropriation des TIC • 307
Tableau No 1 : La possession du livre scolaire dans les EPA de l’ENIEG de Dschang
No École L’effectif des L’effectif des L’effectif des L’effectif des Effectif total
élèves qui élèves qui élèves qui élèves qui d’élèves
possèdent possèdent possèdent le possèdent le interrogés
le livre de le livre de livre d’anglais livre de TIC
français mathématiques
/ / N % N % N % N % N %
01 EPA I 249 89,56 134 48,20 53 19,06 29 10,43 278 41,81
02 EPA II 237 88,10 117 43,49 77 28,62 7 2,60 269 40,70
03 EPA IV 196 63,84 166 54,07 95 30,94 5 1,62 307 49,01
04 EPA V 239 90,87 197 74,90 177 67,30 14 5,32 263 59,59
05 EPA VI 152 86,85 94 53,71 72 41,14 11 6,28 175 46,99
Total 1073 83,84 708 68,59 474 46,76 66 6,56 1292 59,52
Légende :
EPA : École Primaire d’Application
ENIEG : École Normale d’Instituteurs de l’Enseignement Général
EPA I : École Primaire d’Application Groupe I
N : Effectif en chiffre
% : Effectif en pourcentage
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
TICE : Technologies de l’Information et de la Communication pour
l’Enseignement
Au regard de ce tableau, les enfants des écoles primaires d’application ont
majoritairement les manuels de français (83,84 %) et de mathématiques
(68,59 %). Est-ce parce qu’il s’agit de disciplines appelées fondamentales?
Toujours est-il que sans manuels, l’apprentissage est difficile. L’enfant ne peut
pas durablement découvrir les données à acquérir. Et quand nous savons
que ce que je vois est plus fixé et retenu que ce que j’entends, que les paroles
s’envolent alors que les écrits restent, on comprend la difficulté qu’il y a à
transmettre le savoir à nos apprenants. Surtout que le matériel manipulable
Types de cadrans et appropriation des TIC • 309
n’est pas toujours présent, ceci malgré l’introduction de l’approche par les
compétences (APC) à l’école et la fabrication du matériel didactique à base
de matériaux locaux et de récupération. L’enfant doit observer, toucher, palper,
manipuler, décomposer, recomposer, etc., pour être capable de confirmer ou
d’infirmer les hypothèses émises au cours des interactions didactiques qui
doivent bien sûr suivre la démarche scientifique instruite par la nouvelle
approche pédagogique (NAP). Même le matériel de substitution manque
pour rendre les enseignements concrets. L’enceinte scolaire, face à ces réalités
difficiles, devient un cadre idéal pour l’introduction des TIC qui peuvent
aider à créer toutes les conditions nécessaires et suffisantes à l’apprentissage.
Et c’est donc à juste titre que le premier objectif de l’enseignement de cette
discipline stipule qu’elle doit « Favoriser le développement intégral de l’enfant
sur le triple plan physique, intellectuel et moral ». Mais alors, où en sont les
écoles et les activités d’enseignement-apprentissage dans un contexte où cette
discipline est inscrite au programme depuis 2007?
En termes d’état des lieux et de bilan à ce jour, le résultat de l’introduction de
cette discipline au programme est que depuis l’année passée, elle devient une
matière obligatoire aux examens du CEP (Certificat d’Études Primaires) et
du CAPIEMP (Certificat d’Aptitude Pédagogique des Instituteurs de l’En-
seignement Maternel et Primaire). Même si l’apprentissage semble intéresser
au plus haut niveau les enfants, il faut reconnaître que les conditions ne sont
pas remplies pour que l’objectif ci-dessus énoncé soit facilement atteint. Et
pour cause, non seulement les livres n’existent pas dans les salles de classe,
mais encore le matériel d’application n’existe pas dans les écoles. Bien plus,
dans les écoles d’application qui sont a priori des écoles de référence, le taux
moyen de possession du livre d’informatique est de 6,56 %. Dans certaines
de ces écoles, ces taux sont alarmants, car ils sont de 2,60 % et de 1,62 %.
Même si de temps à autre les enseignants des écoles d’application empruntent
le matériel informatique de l’ENIEG pour passer les leçons de TIC, il faut
reconnaître qu’il s’agit de solutions essentiellement provisoires et précaires.
En définitive, la formation reçue par les élèves-maîtres devient inopérante
sur le terrain si on rapproche la situation des écoles d’application de celle
des écoles publiques simples, avec la particularité que les secondes n’ont pas
toujours la latitude d’emprunter le matériel. Mais déjà, peut-on dire que
cette formation reçue dans les ENIEG est donnée à la hauteur des attentes
en matière de TIC? C’est difficile de répondre par l’affirmative au regard de
l’état des lieux qui y est fait. Une lecture rapide du tableau ci-dessous présenté
nous permet de mieux comprendre.
310 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Tableau No 2 : L’état des lieux des TIC dans les ENIEG publiques de l’Ouest
N° ENIEG Effectif Élèves Nbre Ratio Ratio Existence e-mail Nbre Nbre Nbre
des finis- d’ordi- élève/ élève de la de total de profs
élèves sants nateurs Ordina- finissant/ connexion l’école de profs avec
teur ordinateur Internet profs de e-mail
TIC
01 Bafang 457 185 2 228,5 92,5 Existe Existe 17 3 7
02 Bafoussam 600 300 7 85,7 42,8 Non Non 21 2 8
03 Bangangté 483 213 1 483,0 213,0 Non Non 15 2 2
04 Dschang 468 198 7 66,8 28,2 Existe Existe 36 4 15
05 Foumban 491 206 5 98,2 29,4 Non Non 14 2 /
06 Mbouda 509 233 6 84,8 38,8 Existe Existe 31 4 6
Total 3008 1335 28 107,4 47,6 / 134 17 38
Légende :
Nbre : nombre
Au regard des résultats de l’enquête menée dans les ENIEG de l’Ouest-
Cameroun sur l’état des lieux des TIC ci-dessus présentés, on peut constater
que les écoles de formation ont d’un (1) à sept (7) ordinateurs pour des ef-
fectifs allant de 468 à 600 élèves-maîtres. Ces effectifs correspondent à des
ratios allant de 84,8 à 483 élèves-maîtres par machine pour une moyenne
régionale de 107,4. Par ailleurs, environ 38 professeurs sur un total de 134
ont une adresse électronique, soit un pourcentage de 28,35 %. Enfin, seules
trois écoles sur les six ENIEG fonctionnelles à l’heure actuelle à l’Ouest-
Cameroun ont une connexion Internet. Ceci permet de conclure qu’aucune
ENIEG de l’Ouest n’a un centre multimédia digne de ce nom, un vrai. Voilà
globalement présenté l’état des lieux des TIC dans les écoles primaires et les
ENIEG de la région de l’Ouest-Cameroun. À quel cadran correspond cet
état des lieux?
Types de cadrans et appropriation des TIC • 311
Conclusion
À terme, il faudra repérer et suggérer les pistes de partenariat, de collabo-
ration et de coopération pouvant permettre aux enseignants d’être accom-
pagnés à distance et d’accompagner leurs élèves en présentiel et à distance
dans l’acquisition des savoirs et de la culture mondiale. Une telle démarche
dans laquelle le Nord tient la main du Sud sans complexe peut permettre de
beaucoup gagner, ne serait que dans l’organisation. Les fruits de la bourse de
mobilité effectuée par notre enseignant à l’IUFM Célestin Freinet de Nice
non encore suffisamment cueillis ainsi que les retombées des stages qu’ef-
fectuent les élèves-professeurs d’écoles depuis trois ans déjà à l’ENIEG de
Dschang prouvent à suffisance que le partenariat et la coopération doivent
être permanents entre les institutions de formation. Les gains parfois ne
sont pas très visibles, surtout dans les débuts. Il suffit de maintenir le cap et
surtout de croire au bien-fondé de ce qui est entrepris. Les résultats positifs
tombent toujours.
318 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
Bibliographie
Abdallah-Pretceille, M. (2004), L’éducation interculturelle, Paris, PUF, 126 p. (Que
sais-je?), Première édition 1999.
Abdallah-Pretceille, M. et Thomas, A. (dir.), (1995), Relations et apprentissages
interculturels, Paris : A. Colin, 178 p.
Karsenti, T., Garry, R-P., N’Goy Fiama, B. et Baudot, F. (2010), Former à distance des
formateurs : stratégies et mutualisation dans la francophonie, Presses Universitaires
Blaise Pascal, RIFEFF/AUF.
Thomas, M. (2002), « La compétence interculturelle : un apprentissage », Non-
violence
Actualité, Novembre-décembre 2002, Centre de Médiation Interculturelle, Metz.
Collaborer et s’autoréguler à distance • 319
Gaëtan Temperman
Bruno De Lièvre
Joachim De Stercke
Département des sciences et de la technologie de l’éducation
Université de Mons, Mons
Belgique
1. Introduction
A
u premier cycle universitaire, un des grands défis pour l’enseignant
est de développer et de gérer des séquences pédagogiques qui
favorisent l’activité autonome des grands groupes d’étudiants et
qui soient susceptibles d’avoir un effet positif sur la maitrise des
compétences visées. Cette préoccupation rejoint dans une certaine mesure
le concept d’industrialisation qui renvoie à la nécessité de rechercher des
moyens pédagogiques efficaces pour faire face à l’augmentation importante
des volumes d’apprenants à l’université (Moeglin, 1998) et à l’absence de
moyens supplémentaires d’encadrement humain. Pour répondre à ces be-
soins, l’usage d’environnements numériques de travail à distance constitue
probablement une piste intéressante dans la mesure où ces dispositifs sont à
présent capables de supporter les interactions sociales entre les apprenants,
elles-mêmes potentiellement propices à leur développement cognitif. C’est au
cœur de cette double préoccupation qu’a progressivement émergé le modèle
de l’apprentissage collaboratif à distance qui envisage, dans une perspective
de co-construction des connaissances, d’associer à distance plusieurs appre-
nants autour d’une tâche qui stimule les échanges, par l’intermédiaire de
l’ordinateur (Dillenbourg & Fischer, 2007). Qu’il soit envisagé en présentiel
ou à distance, l’apprentissage collaboratif n’est cependant pas aisé à mettre
en œuvre. Plusieurs méta-analyses montrent en effet que l’apprentissage en
groupe se révèle plus efficace que l’apprentissage individuel dans deux études
320 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
sur trois seulement (Hattie, 2009). Cette incertitude liée à la garantie de bé-
néfices pour les apprenants a ouvert la voie à un large champ de recherches
centrées sur la problématique du design pédagogique de ces environnements
collaboratifs. Ces recherches ont pour objectif principal d’évaluer le support
proposé aux apprenants pour dynamiser leur processus collaboratif. Elles
permettent ainsi d’identifier les conditions qui influencent positivement
la qualité de ce type d’apprentissage. Parmi celles-ci, les modalités d’enca-
drement tutoral constituent des variables-clefs pour stimuler et orienter les
interactions au sein du groupe. Un grand nombre de résultats empiriques
mettent clairement en évidence l’effet bénéfique d’interventions spécifiques
d’un tuteur humain pour réguler le processus d’apprentissage des groupes
restreints (Depover & al., 2011). La mise en œuvre des recommandations
issues de ces études s’avère cependant difficile à intégrer en contexte réel dans
la mesure où, au premier cycle universitaire, les ressources humaines pour
encadrer ces groupes engagés dans une tâche collaborative s’avèrent souvent
limitées. Pour compenser ce déficit humain, certains auteurs proposent d’in-
citer les étudiants à prendre eux-mêmes en charge les fonctions tutorales en
distribuant des rôles sein de leur groupe de travail (Strijbos & De Laat, 2010).
Pour favoriser l’autorégulation au sein des groupes restreints, une autre piste
intéressante souvent évoquée dans la littérature pédagogique passe par la mise
à disposition d’outils de suivi permettant à un groupe de visualiser la manière
dont ses membres collaborent dans leur environnement de travail à distance
( Janssen & al., 2011). Dans cette contribution, nous essayerons d’apporter
quelques éléments de réponse à la question de l’efficacité intrinsèque d’un
environnement d’apprentissage collaboratif autorégulé à la fois par les rôles
et par un outil de suivi. Pour y parvenir, nous nous appuierons sur une étude
expérimentale réalisée dans un contexte réel de formation.
2. Le scénario pédagogique
Le contexte de notre étude est celui d’un cours introductif à la pédagogie
proposé à des étudiants inscrits en 1re année de bachelier à l’Université de
Mons. Il s’articule autour d’une partie théorique proposée en présentiel et
de travaux pratiques organisés sur une plateforme de formation à distance.
De manière à les aider dans la maîtrise du cours, nous leur avons proposé à
l’occasion des travaux pratiques une séquence pédagogique basée sur deux
tâches distinctes : une activité de conceptualisation leur permettant d’établir
des liens entre les différents concepts du cours ainsi qu’une activité d’études
Collaborer et s’autoréguler à distance • 321
4. Méthodologie
4.2.2 Q2 : Dans quelles conditions certains processus apparaissent-ils dans l’en-
vironnement d’apprentissage?
Sur la base de ces résultats, nous pouvons déjà mettre en évidence qu’un rôle
plus social (coach et modérateur) se révèle moins efficace quand celui-ci n’est
pas supporté par un outil de suivi.
Collaborer et s’autoréguler à distance • 327
Nature de la
trace dans le Théoricien Secrétaire Coach Modérateur Organisateur
forum
Tableau Nombre de 101.17 60.25 64.83 109.92 122.33
de bord messages
Degré d’assiduité 81.33 74.42 77.17 82.75 81.25
en lecture (%)
Degré d’assiduité 65.33 63.50 67.08 72.25 73.25
en écriture (%)
Nombre de 35.58 33.75 33.33 32.50 35.75
concepts traités
Nombre de 139.91 110.66 99.50 151.25 131.58
mots-charnières
(indices
d’argumentation)
Tableau Nombre de 22.50 37.25 24.08 31.75 33.25
de bord messages
Degré d’assiduité 61.92 67.50 59.92 61.58 68.17
en lecture (%)
Degré d’assiduité 42.83 46.17 45.75 44.33 50.67
en écriture (%)
Nombre de 35.58 38.75 38.41 36.00 33.58
concepts traités
Nombre de 65.66 101.16 57.41 57.83 52.75
mots-charnières
(indices
d’argumentation)
Tableau 6 : Analyse du processus mis en œuvre dans le forum (tâche d’identification)
À partir de ces différentes observations, nous pouvons avancer l’idée que les
visualisations fournies (l’histogramme avec le nombre de messages et les de-
grés d’assiduité) dans le tableau de bord expliquent probablement ce processus
d’apprentissage différent dans le forum de discussion. Celles-ci influencent
également positivement l’argumentation (nombre moyen de mots-charnières
pour les apprenants avec un tableau de bord = 119.91). Ce constat corrobore
les travaux de Janssen & al. (2011) concernant l’effet bénéfique de l’« aware-
ness » sur la qualité des échanges médiatisés. Il va également dans le sens des
330 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
6. Conclusions et perspectives
D’un point de vue méthodologique, notre étude expérimentale montre que les
traces se révèlent être précieuses pour mieux comprendre la progression des
étudiants dans un dispositif médiatisé (Siemens & Long, 2011). Nos analyses
mettent en évidence que le tableau de bord influence directement le processus
d’apprentissage et partiellement la progression des apprenants. Si l’évaluation
formative obtenue via une agrégation des données et la préparation visuelle
de celles-ci sont des outils précieux pour favoriser l’autorégulation, nos ana-
lyses indiquent toutefois qu’il s’avère nécessaire de les adapter au scénario
332 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
7. Bibliographie
Depover, C., De Lièvre, B., Quintin, J.J., Peraya, D. & Jaillet, A. (2011). Le tutorat
en formation à distance, Bruxelles : De Boeck.
Dillenbourg, P. & Fischer, F. (2007). Basics of Computer-Supported Collaborative
Learning. Zeitschrift für Berufs- und Wirtschaftspädagogik, 21, pp. 111-130.
Hattie, J. (2009). Visible Learning: A Synthesis of over 800 Meta-Analysis relating to
Achievement. Routledge : Milton Park.
Janssen, J., Erkens, G. & Kirschner, P. (2010). Group awareness tools : It’s what you
do with it that matters. Computers in Human Behavior, 27, pp. 1046-1058.
Jelman, Y. (2010). Travail collaboratif et interactions dans les forums de discussion
fermés. Cas d’élèves ingénieurs tunisiens, Questions vives, 7 (14), pp. 89-105.
Mangenot, F. (2003). Tâches et coopération dans deux dispositifs universitaires de
formation à distance, ALSIC, 6, 1, pp. 109-125.
Michinov, N. & Primois, C. (2005), Improving productivity and creativity in online
groups through social comparison process : New evidence for asynchronous
electronic brainstorming”, Computers in human behavior, vol. 21, no. 1, pp.11-28.
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Un dispositif de formation à distance pour former des formateurs • 333
Serge THOMAZET
Clermont Université, Université Blaise Pascal, ACTé, Clermont-Ferrand
France
Idrissa DIOP
Clermont Université, Université Blaise Pascal, ACTé, Clermont-Ferrand
France
Contexte du projet
D
ifférentes instances internationales (OCDE, 2004, 2005; ONU,
1993; UNESCO, 2000) affirment la nécessité de scolariser les
élèves à besoins éducatifs particuliers dans un cadre qui soit le
plus ordinaire possible. Ce qui est, pour de nombreux pays, une
nouvelle modalité de scolarisation des élèves handicapés, en difficulté ou
malades a des conséquences très importantes en termes de formation. En
effet, alors qu’auparavant, le projet était de former quelques enseignants spé-
cialisés qui avaient pour mission de scolariser ces enfants dans des dispositifs
spécialisés, il s’agit maintenant de former tous les enseignants à l’accueil de la
différence en milieu ordinaire. La formation des enseignants et professionnels
d’accompagnement peut se faire, au Nord comme au Sud, par un dispositif
minimal en formation initiale, puis par un accompagnement de terrain ap-
porté sous forme de conseil pédagogique ou en formation continue. Encore
faut-il disposer des formateurs susceptibles d’assurer cette formation et cet
accompagnement. C’est de ce constat d’un besoin de formation de formateurs
qu’est né le projet que nous présentons ici de masters « scolarisation et besoins
éducatifs particuliers » qui visent la formation d’experts susceptibles d’assurer
des missions de formation, de conseil et d’accompagnement.
334 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique
S1 S2
Tableau 2 : Enseignements du M2
Semestre 3 Semestre 4
Scolarisation des
UE 1 élèves à BEP, approches UE 7 Les élèves en difficulté à l’école et au collège
plurielles
Processus
d’apprentissages,
UE 2 UE 8 Motivation et estime de soi, pistes d’action
troubles spécifiques des
apprentissages.
UE 3 Partenariats et conseil UE 9 Projets, accompagnement et autonomie
Scolarisation des élèves
UE 4 à besoins éducatifs UE 10 Travaux d’étude et de recherche, Mémoire
particuliers
Travaux d’étude et de
UE 5 UE 11 Option de spécialité obligatoire
recherche
Option de spécialité
UE 6
obligatoire
… et ailleurs!
À la suite du 4e colloque du RIFEFF, de nombreux établissements universi-
taires ont fait état de projets similaires ou montré leur intérêt pour l’ouverture
d’un tel master : l’Algérie, le Canada (Québec), la Côte d’Ivoire, le Liban,
le Niger.
Conclusion
La mise en place du consortium que nous avons présenté doit relever trois
défis. Un défi légal, en permettant à des universités contraintes par des cadres
administratifs différents de collaborer; un défi pédagogique, car il faudra
construire un cadre et un référentiel commun de formation et enfin un défi
technique, car il nous faut construire un dispositif de formation à distance
permettant la cohabitation et la collaboration des différentes formations. Le
projet est donc ambitieux, mais à la mesure des enjeux, de nombreux enfants
et adolescents handicapés ou en grande difficulté sont exclus de l’école et donc
de la société alors que des dispositifs qui ont montré leur efficacité devraient
leur permettre une scolarité en milieu ordinaire.
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344 • La formation de formateurs et d’enseignants à l’ère du numérique