Etude Comparative de La Petite Et Moyenne Industrie Et de La Grande Industrie Au Maroc
Etude Comparative de La Petite Et Moyenne Industrie Et de La Grande Industrie Au Maroc
Etude Comparative de La Petite Et Moyenne Industrie Et de La Grande Industrie Au Maroc
Mars 2007
SOMMAIRE
PREAMBULE……………………………………………………………………….....02
INTRODUCTION……………………………………………………………………. ..02
PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL DANS
L’ECONOMIE……………………………………………............................................04
DEFINITION DE LA PMI……………………………………………………………..06
SITUATION DE LA PMI ET DE LA GI ………...............................................................07
CONTRIBUTIONS DES PETITES, MOYENNES ET GRANDES INDUSTRIES……….............08
REPARTITION SECTORIELLE………………………………………………………..09
CARACTERISTIQUES DE LA PMI ET DE LA GI……………………………….............10
CONCLUSION…………………………………………………………………....16
ANNEXES……………………………………………………………………….......18
1
Préambule
Longtemps considérée par le monde des affaires et les décideurs comme une unité
gérée de façon archaïque, la petite et moyenne entreprise (PME) est désormais pensée et vue
aujourd’hui comme l’une des solutions pour le développement économique du pays et un
moyen efficace pour créer des emplois..
La conception restrictive traditionnelle, voyant dans la PME une petite unité opérant
dans des domaines à faible niveau technologique et jouant un rôle de second plan dans le
développement économique, a rapidement cédé la place à une image plus moderne de la PME.
En effet, dans la plupart des pays développés ou en voie de développement la PME est
associée à l’innovation, au dynamisme et à l’adaptation facile aux mutations et au
développement de marchés.
1- Introduction
Toutefois, les résultats de l’étude montrent bien que la contribution de la PMI dans le
développement du secteur manufacturier n’a pas beaucoup évolué depuis le milieu des années
quatre-vingt jusqu’à nos jours. En effet, la part des petites et moyennes entreprises dans la
production industrielle a fluctué entre 36 et 39%. Les exportations représentent entre 35 et
39% et la participation du secteur à l’emploi varie entre 40 et 43%.
2
Au niveau sectoriel, l’étude révèle une forte concentration de la production et des
exportations de la PMI. Cependant, la production est concentrée dans le secteur des industries
agro-alimentaires et celui de la chimie et parachimie qui dégagent, à eux seuls, plus des trois
quarts de la production des petites et moyennes entreprises. En ce qui concerne les
exportations de la PMI, celles-ci sont concentrées dans le secteur des industries textiles et cuir
qui assurent près de 46% des ventes à l’étranger des petites et moyennes entreprises, suivies
par les industries agroalimentaires qui réalisent près de 40% des exportations de la PMI. Il est
à noter que la situation est différente pour les grandes entreprises où les industries chimiques
occupent une place de choix dans le domaine de l’export avec des ventes à l’étranger
représentant plus du tiers des exportations des grandes entreprises. C’est le cas également des
grandes entreprises du secteur des industries électriques et électroniques qui font preuve d’un
dynamisme à l’export et qui réalisent près de 7% des exportations industrielles de la grande
industrie contre seulement une participation de 1% pour les PME du secteur des industries
électriques et électroniques.
L’analyse comparative des performances de la petite et moyenne industrie par rapport à
la grande industrie sur toute la période considérée, appelle les remarques suivantes :
(i) La productivité apparente du travail1 des grandes entreprises est deux fois plus
importante que celle des PME ;
(ii) Le cout du travail représente l’essentiel des charges de la petite et moyenne
entreprise. En effet, la part des frais de personnel dans la valeur ajoutée représente
46% pour la PMI et 33% pour la GI ;
(iii) La prédominance des entreprises à faible niveau de productivité aussi bien chez les
petites et moyennes que chez les grandes. Cependant, la proportion des entreprises
à faible niveau de productivité est de près de 90% pour les PME et avoisine 80%
pour la catégorie des grandes entreprises ;
(iv) En termes de niveau de salaire, on observe la même tendance. Ainsi, les unités à
bas-salaire représentent 84% des petites entreprises et forment 64% des grandes
unités industrielles ;
(v) Le rythme de croissance de l’investissement moyen (par entreprise et par emploi)
du secteur de la PMI est nettement supérieur à celui de la GI ;
(vi) Les flux d’emplois sont plus importants chez les petites et les moyennes entreprises
par rapport aux grandes traduisant une relation monotone décroissante entre la
taille de l’entreprise et les taux de création (brut et net) d’emplois. C’est-à-dire que
le taux augmente au fur et à mesure que la taille de l’entreprise baisse ;
(vii) La grande partie des ventes à l’étranger du secteur manufacturier est assurée par
des entreprises qualifiées de faible niveau de productivité. A ce propos, Les petites
et moyennes entreprises à faible niveau de productivité assurent près de deux tiers
des exportations du secteur de la PMI. Quant aux grandes entreprises de bas niveau
de productivité, celles-ci réalisent près des trois quarts de leur chiffre d’affaires à
l’export ;
(viii) L’analyse des résultats par destination des ventes, révèle l’importance de la
contribution des grandes entreprises exportatrices par rapport aux petites et
moyennes entreprises exportatrices. En effet, les grandes unités qui ne représentent
en fait que le quart des unités industrielles réalisent plus des trois quarts des ventes
à l’étranger des unités exportatrices.
1
La productivité apparente du travail est le rapport entre la valeur ajoutée et l’emploi.
3
2- Place du secteur industriel dans l’économie:
4
3- Situation de la PMI au Maroc
L’encouragement du secteur ainsi que l’élimination des contraintes qui entravent son
développement ont amené les décideurs de politiques publiques à mettre en place un arsenal
de dispositifs juridiques, des structures d’accueil et des incitations financières visant à soutenir
les efforts de restructuration du tissu industriel, à accompagner les entreprises pour assurer
leur adaptation aux nouvelles donnes de marché et à améliorer leurs performances
commerciales et de gestion.
Cette orientation pour encourager le développement des PME a été concrétisée par la
création, en 2002, de Agence Nationale pour la Promotion de la Petite et Moyenne Entreprises
(ANPME), avec pour rôle principal le soutien et l’appui aux PME, considérées comme vecteur
potentiel de création de richesse et, partant, d’emplois dans notre pays.
Cependant, les services proposés à la PME par l’agence sont variés et vont du
diagnostic de l’entreprise jusqu’au coaching financier. L’ANPME assure également des
interventions relatives à des dimensions transversales ou sectorielles du tissu industriel menées
en collaboration avec des associations professionnelles.
A cet effet, l’agence a mis en place, seule ou avec le concours d’autres organismes
nationaux ou internationaux, une batterie de mesures pour l’accompagnement et le soutien des
PME. C’est le cas du dispositif d’appui direct aux PME dénommé Fonds National de Mise à
Niveau (FOMAN) financé à part égale par le budget de l’Etat et l’UE : l’assistance technique
et l’accès des PME au financement. D’autres programmes sont menés en mobilisant la
coopération internationale, notamment avec l’ONUDI, l’USAID, la GTZ et le CDTI (Centre
Espagnol pour le Développement Technique et Industriel). Parallèlement et afin de permettre
aux petites et moyennes entreprises de participer activement à la concrétisation de la nouvelle
politiques industrielle « émergence» mise en place par le gouvernement et d’en tirer profit,
l’agence et dans le cadre de son plan d’action avec l’UE a inscrit un projet intitulé « appui à la
modernisation compétitive du secteur privé marocain ». Ce programme vise essentiellement la
promotion de l’innovation, la recherche, le transfert technologique et le développement des
réseaux de partenariat des PME marocaines avec les entreprises européennes.
5
Pour accompagner les entreprises exportatrices qui travaillent sous régime économique
en douane et dans le cadre du programme de catégorisation mis en place par l’ADII, l’agence
accorde une assistance technique pour la réalisation d’un diagnostic pour la catégorisation en
douane (DSD).
Pour notre cas et par manque de données, qualitatives et quantitatives, détaillées sur les
structures financières, organisationnelles et juridiques des entreprises étudiées, nous nous
contenterons d’adapter le critère, le plus communément utilisé, à savoir ; la taille de
l’entreprise mesurée par le nombre de salariés, prenant ainsi l’emploi comme caractéristique
importante de différenciation. .
Ces constations étant faites, le présent travail s’est basé sur une longue série de
données sur le secteur manufacturier permettant de suivre l’évolution des principales
grandeurs des entreprises industrielles entre la seconde moitié des années quatre-vingt et le
début des années deux mille (une série de 18 ans). La base de données utilisée est construite à
partir des fichiers de l’enquête annuelle sur les industries de transformation réalisée par le
Département du Commerce et de l’Industrie. L’unité d’observation retenue dans le cadre de
cette étude est l’entreprise et non l’établissement de production. Pour classer les entreprises
nous avons procédé à la stratification du tissu industriel en trois catégories d’entreprises :
2
La petite et moyenne industrie est définie comme toute entreprise dont le programme d’investissement comporte des
équipements de production pour une valeur minimale de 100.000 DH et maximale de 5 millions de DH et dont le coût
d’investissement par emploi stable est inférieur à 70.000 DH »
3
La définition adoptée dans la ‘LOI N° 53-00 FORMANT CHARTE DE LA PETITE ET MOYENNE ENTREPRISE’ est donnée
en annexe
6
• la catégorie de la moyenne industrie (MI) formée des entreprises employant entre 50 et
200 personnes ;
• la catégorie de la grande industrie (GI) composée des unités industrielles dont l’effectif
dépasse les 200 salariés.
Le secteur est caractérisé par une forte concentration de la production. Ainsi, un petit
groupe composé de 8% des grandes entreprises industrielles (emploi supérieur à 200
personnes) réalise, à lui seul, les deux tiers de la production industrielle, assure près des trois
quarts des exportations des industries de transformation et contribue à plus de 70% au PIB
industriel.
Les entreprises de taille moyenne (emploi compris entre 50 et 200 personnes), quant à
elles, représentent 19% des unités industrielles, produisent le quart de l’output industriel,
assurent 20% des exportations manufacturières et emploient 27% des effectifs industriels.
7
Toutefois, les résultats de l’étude montrent bien que la contribution de la PMI dans le
secteur manufacturier n’a pas beaucoup évolué depuis le milieu des années quatre-vingt
jusqu’à nos jours. En effet, la part des petites et moyennes entreprises dans la production
industrielle a fluctué entre 36 et 39%. Les exportations représentent entre 35 et 39% et la
participation du secteur à l’emploi varie entre 40 et 43%.
Les petites entreprises ont une taille moyenne de 15 salariés, réalisent un chiffre
d’affaires annuel moyen de 4 millions de dirhams et travaillent essentiellement pour le marché
local. Leurs exportations représentent à peine 12% de l’ensemble du chiffre d’affaires.
Pour ce qui est des moyennes entreprises, celles-ci ont une taille moyenne de près de
100 salariés et réalisent un chiffre d’affaires annuel moyen de l’ordre de 29 millions de
dirhams, dont près du cinquième est destiné à l’export.
La taille moyenne des grandes entreprises est de plus de 500 salariés. Cette catégorie
d’entreprises réalise un chiffre d’affaires moyen de 176 millions de dirhams, soit un chiffre
d’affaires 6 fois supérieur à celui de la moyenne industrie ou encore 44 fois supérieur au
chiffres d’affaires des plus petites entreprises industrielles.
En termes de coût de travail, les salaires et les charges sociales représentent près de la
moitié de la valeur ajoutée dégagée par les petites et les moyennes entreprises. En revanche, ce
ratio ne représente que 33% pour la catégorie des grandes entreprises. Ce constat confirme le
poids de la rémunération du facteur travail pour la PMI et montre que les frais du personnel
constituent la principale charge de la petite et moyenne entreprise.
En termes d’investissement, les grandes entreprises restent de loin les plus importantes.
Le montant des investissements est en moyenne de 10,3 millions de dirhams par an et par
entreprise, alors qu’il n’est que de 1,5 millions pour la catégorie des moyennes entreprises et
de 230 mille dirhams pour les petites entreprises.
Dans le domaine de l’export, les résultats de l’étude révèlent l’existence d’un effet
taille sur les ventes à l’extérieur de l’entreprise. Ainsi, on constate que plus la taille de
l’entreprise augmente plus le ratio exportation/chiffre d’affaires augmente. Ce dernier est de
12% pour la petite industrie, de 19% pour la moyenne industrie et de 27% au niveau de la
grande industrie
8
Contributions des petites, moyennes et grandes industries
pour la période 1986-2003
Ratio PI MI GI TOTAL
Emploi moyen 14,82 98,00 504,59 71,21
CA/entreprise (millions de dhs) 4 29 176 23
Exportations/CA 0,12 0,19 0,27 0,23
VA/emploi (en millier de dhs) 56,83 68,42 114,84 93,66
Investi./ entreprise (en millions de dh) 0,32 1,48 10,38 1,33
Cout du travail/VA 0,46 0,47 0,33 0,37
PI : petite industrie, MI : moyenne industrie et GI : grande industrie
Ce même constat reste aussi valable pour les industries agroalimentaires où une bonne
partie des unités industrielles est constituée de boulangeries et de pâtisseries modernes, ainsi
que petits établissements de conditionnement de fruits et légumes et des petites unités de
congélation et surgélation de poissons.
Pour ce qui est du secteur textile et du cuir, les petites unités regroupent des usines de
confection qui font de la sous-traitance ou de petits ateliers implantés généralement en dehors
des quartiers industriels et qui produisent des articles de maroquineries ou des chaussures en
cuir.
Quant aux petites entreprises du secteur des industries mécanique, métallurgique,
électrique et électroniques, celles-ci sont dans la plupart des cas des unités de menuiserie
métallique, des petits altiers de chaudronnerie et de confection de pièces mécaniques.
Moyenne industrie
Une bonne partie des unités de taille moyenne opère dans le secteur textile, soit 44%
des établissements industriels de taille moyenne. Ces unités sont très dynamiques à l’export et
à l’emploi. Elles assurent plus de la moitié (55%) des exportations de la moyenne industrie et
emploient plus de 46% des salariés de la MI.
En termes de production, ce sont les unités de taille moyenne du secteur
agroalimentaires qui occupent la première place. Elles réalisent, à elles seules, plus de 36% de
la production des entreprises de catégorie moyenne.
9
Grande industrie :
Le premier secteur est représenté par les sucreries, les minoteries industrielles, les
huileries, les grandes unités de conserves, les unités de fabrication de boissons et de
transformation de tabacs. Les grandes unités du second secteur sont formées de cimenteries,
d’unités de fabrication de produits pharmaceutiques, de la peinture et de transformation des
engrais chimiques.
Structure par grand secteur en %
10
3-7 Caractéristiques de la PMI et de la GI
4
Sont considérées comme entreprises à faible niveau de productivité celles qui ont un rapport va/effectif inférieur
à la moyenne sur toute la période étudiée.
5
Les entreprises à bas-salaires sont celles dont le salaire moyen par emploi est inférieur à la moyenne de salaire
de toutes les industries de transformation durant la période étudiée.
11
Ces résultats montrent bien que l’essentiel du tissu industriel est composé d’entreprises
dont la part de la contribution des travailleurs à la création de richesse de l’entreprise reste très
basse. Ce constat, ajouté à la forte concentration des emplois dans la catégorie d’entreprises à
faible niveau de salaire peut être pénalisant pour notre secteur industriel, confronté de plus en
plus à une concurrence plus acerbe et la montée en puissance des économies à forte
productivité du facteur travail. Dans le domaine de l’export, les entreprises à faible-
productivité de petite et moyenne taille assurent près de deux tiers des ventes à l’étranger et les
grandes entreprises réalisent près des trois quarts de leur chiffre d’affaires à l’export.
Toutefois, il est à noter avec satisfaction le dynamisme à l’export des PMI à haut niveau de
productivité apparente du travail. En effet, cette catégorie d’entreprises qui ne représente que
11% de la population des PMI réalise 37% des exportations de ce secteur.
Entre 1986 et 2003, si l’on retient le rapport d’investissement par entreprise, il apparaît
que les petites et moyennes entreprises ont renforcé plus leur position que les grandes
entreprises. En effet, l’investissement moyen par entreprise et par emploi ont été multipliés par
près de 2,5 pour la PMI entre 1986 et 2003 contre seulement 1,5 pour la grande industrie. Ce
qui confirme que le rythme de croissance de l’investissement moyen par entreprise et par
emploi de la PMI est supérieur à celui de la GI
Evolution du rapport investissement par emploi
et par entreprise entre 1986 et 2003
PMI GI
Année IMEt en IMEm en millier de IMEt en millier de IMEm en millier de
millier de dhs dhs dhs dhs
1986 248 8 8 592 17
2003 568 20 12 585 25
rapport 2003/1986 2,29 2,50 1,46 1,47
En termes de flux bruts6 d’emplois et comme cela a été confirmé dans plusieurs
travaux dans le domaine et aussi de façon plus détaillée dans nos deux précédentes études 7, ce
sont les petites et moyennes entreprises qui créent le plus d’emplois. Le tableau ci-dessous fait
bien apparaitre ce résultat et montre l’existence d’une relation monotone décroissante entre la
taille de l’entreprise et le taux brut de création d’emplois. C’est-à-dire que le taux décroît au
fur et à mesure que la taille de l’entreprise augmente. En effet, le taux brut de création
d’emplois est de l’ordre de 24% pour les entreprises industrielles de moins de 50 salariés, il de
18% pour les moyennes entreprises employant entre 50 et 200 personnes et enfin ce taux est
de 15% pour les grandes unités industrielles de plus de 200 salariés.
6
La méthode de calcul des flux bruts d’emplois est celle utilisée par les trois chercheurs américains Davis,
Haltiwanger et Schuh
7
Les deux études réalisées par la DEPF en mai 2006 :
1- Etude sur les entreprises à forte croissance en emploi ;
2- Etude sur les flux bruts de création et de destruction d’emplois dans le secteur manufacturier.
12
Flux bruts et nets de créations et de destructions d’emplois par taille
Ensemble des entreprises
Il ressort, cependant de cette étude que si les petites et moyennes entreprises affichent
des taux de créations d’emplois plus élevés, elle révèle aussi que ce sont ces mêmes
entreprises qui détruisent le plus d’emplois. Le taux de rotation, défini comme la somme du
taux brut de création et le taux brut de destruction, est très élevé chez la catégorie des petites
industries où ce taux est supérieur à 43%. Pour la moyenne et la grande industrie, le taux de
rotation est respectivement de près de 33% et 27%. L’écart est de 16 points entre la petite et la
grande industries et de 5 points entre la grande et la moyenne industrie, c’est dire la différence
de la contribution à l’emploi par taille. L’importance de la réallocation de la main d’œuvre au
niveau des petites et moyennes industries peut trouver sa justification dans le fait que ces
unités font appel dans la plupart des cas à des travailleurs à faible niveau de qualification, de
productivité de travail et généralement mal rémunérés. Ce constat est confirmé par les écarts
importants entre les flux d’emplois dans la catégorie d’entreprises à faible niveau de
productivité et de salaire par rapport aux entreprises dites à haut niveau de productivité et à
salaire élevé.
Pour les entreprises pérennes8, les taux de création brute, de suppression brute et de
croissance nette d'emplois sont inférieurs aux taux affichés par l'ensemble des entreprises du
secteur manufacturier. Cette différence est plus prononcée chez les petites entreprises où le
taux brut de création est réduit de moitié (12% pour les entreprises pérennes contre 24% pour
l’ensemble des entreprises). L’écart entre la classe moyenne n’est que de 5 points, alors que le
taux de création brute des grandes entreprises permanentes et l’ensemble des grandes
entreprises pour toute la durée étudiée n’est que de trois points. Cette même situation est
constatée pour le taux brut de destruction et la rotation de la main d’œuvre entre les entreprises
pérennes et l’ensemble des entreprises. Ceci signifie que l'effet des créations d'emplois
engendrées par les entreprises nouvellement créées et les destructions d'emplois imputables
aux cessations d'entreprises sont très importants et ont une forte incidence sur l'analyse des
contributions à l'emploi par taille d'entreprise.
8
Ce sont les entreprises en exploitation continue durant toute la période étudiée
13
Contribution par taille et par destination
Les résultats de l’étude sur les entreprises à forte croissance dans le secteur
manufacturier au Maroc10 sur une période de dix (1994-2003) ont révélé l’importance de
l’accroissement de l’emploi des petites entreprises par rapport aux grandes. En effet, le
nombre de salariés des entreprises à forte croissance appartenant à la classe inférieure (moins
de 20 personnes) a été multiplié par 7,8 passant d’une moyenne de 27 salariés par entreprise en
1994 à 210 salariés en 2003. Les entreprises de taille moyenne employant entre 50 à 200
salariés ont quadruplé leurs effectifs. Les grosses unités de plus de 200 salariés, quant à elles,
ont doublé leurs effectifs.
En terme de chiffre d’affaires, on assiste toujours à la même relation monotone
décroissante entre l’évolution des ventes de l’entreprise et sa taille, c’est-à-dire plus
l’entreprise appartenait en 1994 à une tranche d’emploi inférieure, plus l’évolution de son
chiffre d’affaires a été grande. En effet, le chiffre d’affaires de la classe d’effectifs de moins
50 salariés a été multiplié par cinq, celui des entreprises des classes intermédiaires (effectif
entre 50 à 200 personnes) a été triplé et les ventes des grandes entreprises ont presque doublé.
Comme pour l’emploi et le chiffre d’affaires, la progression des exportations est plus
importante chez les petites en début de période que chez les grandes. En effet, les ventes à
l’étranger des petites entreprises employant moins de 50 salariés ont été multipliées par 7,2
tandis que celles des grandes entreprises n’ont été multipliées que par 1,7. On note également
une nette amélioration de la part des exportations dans le chiffre d’affaires au niveau de la
catégorie des petites entreprises par rapport aux grandes. Cette part est passée de 21% à 30%
pour les entreprises employant moins de 50 salariés, alors qu’elle a accusé un recul chez les
grandes entreprises de plus de 200 salariés, passant de 57% en début de période à 51%.en fin
de période.
9 Les entreprises à forte croissance sont définies comme le premier décile d’entreprises affichant les valeurs les plus élevées de l’indice de Mustar, défini par l’équation :
10
Etude réalisée par la DEPF en 2006
14
Evolution de l’effectif, des exportations et chiffre d’affaires moyens
des entreprises à forte croissance par tranche
Base 100:1994
4- Conclusion
S’il a été démontré que les petites et moyennes entreprises affichent des taux de
créations d’emplois plus élevés, l’étude révèle aussi que ce sont ces mêmes unités qui
détruisent le plus d’emplois. Ce comportement asymétrique est généralement observé chez les
petites et moyennes entreprises à faible niveau de productivité et pour des unités à bas-salaires.
Cette tendance se vérifie aussi bien lorsque l’on distingue entre firmes exportatrices et
non exportatrices. En effet, la contribution des grandes entreprises exportatrices (25% des
unités exportatrices) contribuent pour plus des trois quarts à la production, à l’emploi et aux
exportations industrielles. L’autre point important et non des moindres mis en évidence par
l’étude est l’écart en terme de productivité apparente du travail entre les petites et les grandes
entreprises. Le rapport entre la GI et la PMI est de deux. C’est-à-dire que la productivité
apparente du travail des grandes entreprises est deux fois plus importante que celle des petites.
Il en va de même pour le coût du travail. Ce dernier représente 47% pour la PMI et 33% pour
la GI.
L’étude révèle également que malgré les efforts entrepris pour diversifier les activités
exportatrices, certains secteurs continuent d’afficher un dynamisme tout à fait exceptionnel.
C’est notamment le cas des activités du secteur agroalimentaire et de celui de la confection
pour la PMI. En revanche, pour les secteurs identifiés comme secteurs porteurs notamment les
industries électroniques et l’industrie automobile, le dynamisme à l’export est assuré par des
entreprises de grande taille.
15
Afin d’assurer le dynamisme affiché par le tissu de la PMI en termes de contribution à
l’emploi, aux exportations et partant à la création de la richesse, d’une part et combler les
lacunes constatées en matière de productivité et de qualification des travailleurs du secteur de
la PMI, d’autre part, trois dimensions fondamentales du tissu industriel sont à prendre en
compte pour la formulation de politiques appropriées au développement du secteur :
11
Mémorandum économique pays, Promouvoir la croissance et l’emploi par la diversification productive et la
compétitivité, volume II Etude de base, 14 mars 2006.
16
Le problème d’accès aux terrains a été cité par les industriels comme l’un des
problèmes majeurs au développement de leur entreprise. En effet, sur un échantillon de 35
pays interrogés dans le cadre de l’étude sur l’évaluation du climat d’investissement, le Maroc
est le premier pays où le foncier constitue une contrainte majeure (43% des entreprises
interrogées ont déclaré l’accès au foncier comme étant une contrainte majeure et sévère).
Cependant, ce résultat reste à relativiser puisque la grande partie de l’échantillon des
entreprises interrogées sont situées dans des zones caractérisées par une forte demande
immobilière. Il s’agit de grandes villes comme Casablanca, Rabat et Agadir.
Dans le domaine de la formation et malgré des efforts considérables mis en place dans
le cadre de mécanisme de formation du personnel en cours d’emploi, les résultats de l’étude
indiquent que 20% seulement des entreprises interrogées offrent une formation à leurs
employés. Cette faiblesse de l’investissement dans le capital humain aggravé par des niveaux
très bas de l’éducation fondamentale des travailleurs risquent de pénaliser l’entreprise
confrontée à une rude concurrence sur nos marchés traditionnels par des pays comme la Chine
et la Pologne qui assurent la formation à l’ensemble de leurs travailleurs. Cette dimension se
répercute négativement sur l’encadrement technique du personnel dans le secteur
manufacturier qui demeure faible et dont le taux reste en deçà des normes admises au niveau
international.
..
17
Annexes
Extrait de la
Article Premier : Au sens de la présente loi, on entend par petite et moyenne entreprise, ci-après
dénommée PME, toute entreprise gérée et/ou administrée directement par les personnes physiques
qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires, et qui n'est pas détenue à plus de 25%
du capital ou des droits de vote par une entreprise ou conjointement par plusieurs entreprises ne
correspondant pas à la définition de la PME.
.
Ce seuil peut être dépassé si l'entreprise est détenue par :
-des fonds collectifs d'investissement, tels que définis à l'article 27 ci-après ou,
-des sociétés d'investissement en capital, telles que définies à l'article 28 ci-après ;
-des organismes de capital risque, tels que définis à l'article 31 ci-après ;
-des organismes financiers dûment habilités à faire appel à l'épargne publique en vue
d'effectuer des placements financiers, à condition que ceux-ci n'exercent, à titre individuel ou
conjointement, aucun contrôle sur l’entreprise
a) pour les entreprises existantes, avoir un effectif permanent ne dépassant pas deux cents personnes
et avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d'affaires annuel hors taxes
n'excédant pas soixante-quinze millions de dirhams, soit un total de bilan annuel n'excédant pas
cinquante millions de dirhams ;
Lorsqu'il s'agit d'une P.M.E. qui détient directement ou indirectement plus de 25% du capital ou des
droits de vote dans une ou plusieurs entreprises, il est fait addition des effectifs permanents et des
chiffres d'affaires annuels hors taxes ou des totaux des bilans annuels de ladite P.M.E. et des autres
entreprises précitées, sans toutefois que le total de chacun de ces critères dépasse les seuils fixés ci-
dessus.
b) pour les entreprises nouvellement créées, engager un programme d'investissement initial global
n'excédant pas vingt-cinq millions de dirhams et respecter un ratio d'investissement par emploi de
moins de deux cent cinquante mille dirhams.
On entend par entreprise nouvellement créée, toute entreprise ayant moins de deux années
d'existence
Article 2 : La qualité de PME est reconnue, sur sa demande, à l'entreprise qui remplit les conditions
prévues à l'article premier ci-dessus
La qualité de PME donne lieu à une identification dont la procédure est fixée par voie réglementaire.
Cette identification doit être produite pour bénéficier des avantages prévus aux articles 22 et 24 de la
présente loi
18
Evolution des principales grandeurs par an
60
production
40
20
exportations
0
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
année
19
Evolution des pricipales grandeurs de la GI
entre 1986-2003
100 exportations
80
part %
60
40 emplois nombre d'entreprises
production
20
0
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
année
20
Structure des principales grandeurs par secteur
Variable PMI GI
Nombre IAA 26,93 17,21
d’entreprises ITC 23,43 51,74
ICP 31,56 18,83
IMM 15,62 9,53
IEE 2,46 2,69
Production IAA 40,29 31,56
ITC 15,24 16,82
ICP 25,94 36,80
IMM 15,52 10,89
IEE 3,01 3,92
Exportations IAA 39,39 16,67
ITC 45,88 37,16
ICP 9,46 34,71
IMM 4,10 4,85
IEE 1,17 6,60
Emploi IAA 21,16 22,62
ITC 31,88 45,65
ICP 28,88 20,49
IMM 14,92 7,45
IEE 3,16 3,79
IEE
IMM 2%
16% IAA
27%
ICP
32% ITC
23%
21
Structure de la GI par secteur
nombre d'entreprises
IEE
3%
IAA
IMM
10%
17%
ICP
19%
ITC
51%
IMM IEE
4% 1%
ICP
9%
IAA
39%
ITC
47%
IEE
7%
IMM IAA
5% 17%
ICP
35%
ITC
36%
22
Structure de la PMI par secteur
emplois
IEE
3%
IMM
15% IAA
21%
ICP
29%
ITC
32%
IEE
4%
IMM
7%
IAA
23%
ICP
20%
ITC
46%
IEE
3%
IMM
16%
IAA
40%
ICP
26%
ITC
15%
23
Structure de la GI par secteur
production
IEE
4%
IMM
11% IAA
32%
ICP
36%
ITC
17%
24