Le Séisme Et Structures661
Le Séisme Et Structures661
Le Séisme Et Structures661
Patricia BALANDIER
1. Introduction, avertissement
3.1. Généralités
3.1.1. Déformations élastiques ou plastiques
3.1.2. Déterminer le type et l’importance des contraintes pour
dimensionner la structure
5. Introduction à la dynamique de
l’oscillateur simple (domaine élastique)
5.1. Généralités
6.1. Généralités
7.1. Généralités
9.1. Généralités
10.1. Généralités
11.1. Généralités
N-B : Les quelques clichés suivants sont présentés par ordre chronologique, sans
« hiérarchie » de gravité ou de fréquence des phénomènes, qui seront évoqués plus loin.
Figure 3 – Séisme du Chili, 1960 – Document Rodolfo Schild – Destruction de l’angle d’une
construction de maçonnerie sans chaînages. Les angles d’une construction sont le lieu d’accumulations
de contraintes qui doivent faire l’objet d’attentions particulières (conception, mise en œuvre).
Eléments de conception parasismique à l’usage des techniciens du
bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 10
Figure 4 - Séisme d’Anchorage, 1964 – Document Karl V. Steinbrugge – Dislocation des remplissages
de maçonnerie d’une ossature en béton armé et endommagement (souvent suivi de la ruine) de cette
ossature. Ce mode de construction « hétérogène » se comporte très mal sous l’action d’un séisme
violent.
Figure 7 - Séisme de Kobé, 1995 – Document EQIIS – Perte d’un étage. Ce mode de ruine partiel se
produit lorsque cet étage est le lieu d’un changement significatif des caractéristiques physiques de la
structure, ce qui était le cas sur cet immeuble.
Figure 8 - Séisme de Cariaco, 1997 – Document EERI – Effondrement en « mille-feuilles » des
planchers d’une construction. Ce mode de ruine traduit l’absence de contreventement. « Erreur » de
conception qui ne devrait jamais exister en zone sismique.
Figure 9 - Séisme d’Athènes, 1999 – Document EERI – Rupture de poteaux « courts », c’est-à-dire
de poteaux dont le rapport de l’élancement sur la section est trop faible. Si ce sont des éléments
principaux de la structure, ils subissent des contraintes extrêmement élevées.
Figure 10 - Séisme de Chi-Chi, Taiwan, 1999 - Document EERI – Perte totale ou partielle du rez-de-
chaussée des constructions à ossature en béton armé. Ce mode de ruine (trop) fréquent, est dû à la
différence significative de conception (donc de comportement) entre le rez-de-chaussée (commerces)
très ouvert et les étages (logements ou bureaux) encloisonnés par des éléments rigides (murs,
cloisons lourdes).
Figure 11 - Séisme de Chi-Chi, Taiwan, 1999 - Document EQIIS – Basculement global d’une
construction. Il existe plusieurs causes possibles, dont la liquéfaction des sols exposée dans le volume
1 de ce cours. Le moment de renversement des constructions élevées doit être limité par la
conception de la structure et équilibré par les dispositions constructives.
Etc.
La liste des dommages significatifs est encore longue. Reprenons la question en
étudiant les phénomènes.
PREMIERE PARTIE : LES PHENOMENES PHYSIQUES
Les phénomènes physiques rappelés dans cette première partie sous-tendent les
stratégies de bonne conception exposées dans la seconde partie de ce volume.
Exemple : Une poutre - console (encastrée à l’une de ses extrémités et libre à l’autre) fléchit (sous
l’effet de son poids et d’éventuelles charges). Ainsi ses dimensions supérieures s’allongent sous l’effet
d’un effort en traction et ses dimensions inférieures se raccourcissent sous l’effet d’un effort en
compression. La fibre neutre garde la même longueur.
Nous avons illustré le phénomène pour une console horizontale soumise à l’effet de la pesanteur. On
peut considérer un élément vertical encastré à sa base et soumis aux accélérations horizontales d’un
séisme comme une console verticale répondant aux mêmes règles de déformation (alternées).
Flexion ou cisaillement ?
Sous l’effet d’un séisme, les éléments constructifs soumis à des forces tangentielles
opposées (ou de même direction mais différentielles) à leurs extrémités (par exemple un
poteau entre deux planchers) se déforment, en fonction de leur géométrie plus ou moins
élancée, en flexion ou par mise en losange. Le type de contraintes et la localisation des
contraintes les plus élevées dans l’élément dépendront du mode de déformation. Ainsi, les
dispositions constructives devront tenir compte de ce paramètre. Il faudra donc pré-identifier
le mode de déformation des différents éléments de la structure, et plus généralement celui
de la structure dans son ensemble.
3.2.2.2. Torsion
Il peut arriver que les forces résultant de l’action sismique sur un élément ou sur la
structure dans son ensemble provoquent la torsion de cet élément ou de la structure
autour d’un axe. C’est un mode de déformation auquel les matériaux de construction
résistent mal. Il est rarement généré par un mouvement différentiel au niveau du sol,
mais en général par un excentrement des masses de la construction ou du
barycentre de ses raideurs qui génère un couple de torsion. Nous verrons plus loin
comment les masses et les raideurs conditionnent la cinématique d’une structure.
L’élément ou la structure soumis à un couple de torsion ne subit pas des niveaux de
contraintes homogènes. Plus le « bras de levier » du couple de torsion est important,
plus les contraintes sont élevées à proximité du centre de torsion et plus les
déformations sont importantes à l’autre extrémité.
Un excentrement élevé du centre de gravité par rapport au barycentre des
raideurs peut, pour une action « modérée », générer localement des contraintes
ou des déformations trop élevées au regard de la résistance des matériaux de
construction. C’est un phénomène qu’il faudra impérativement éviter.
F = k.X k =
E [Mpa]
Acier : module d’Young
Béton : module de déformation
longitudinale
L [m]
La raideur décroît selon le cube de la longueur, ce qui est également énorme, nous
verrons aussi que, mal maîtrisé, ce paramètre est à l’origine d’un grand nombre de
dommages dont l’origine est une mauvaise conception de la structure.
4.1.1. Généralités
Lorsque la vitesse d’un objet varie en grandeur (accélération positive ou négative), il
est soumis à des forces d’inertie (translation), s’il y a une variation de direction il est
soumis à une force centrifuge (rotation). Il y a proportionnalité entre ces forces et les
variations de vitesse et de direction.
Rappelons que la force d’inertie agissant sur un corps est égale au produit de sa
masse par son accélération : Fi = m.a (2ème loi de Newton).
(On acceptera par simplification que a est une « pseudo-accélération » sur le repère
relatif de ses fondations en déplacement)
(Accélération du sol)
Pour le dimensionnement des structures aux charges sismiques selon les règles
parasismiques on considère, par commodité, que ces charges sont les forces d’inertie
engendrées dans la construction par l’accélération maximale que cette construction
est censée subir pendant le séisme. L’analyse « modale spectrale » (ou son
application simplifiée) est la méthode retenue par les règles pour évaluer cette
accélération maximale pour chacun des modes significatifs d’oscillation de la
structure sous l’effet des ondes sismiques (voir plus loin).
Les Forces d’inertie s’appliquent sur les masses de la construction. Dans le cas
général on considèrera que les masses sont concentrées dans les planchers.
Ainsi, la réduction des masses permet de minimiser les sollicitations d’origine
sismique. Pour le projet on considèrera, en fonction de sa nature et ses
volumes, que la recherche d’un rapport résistance/masse volumique élevé
est un facteur à optimiser.
Nous verrons que l’endommagement peut également être utilisé à cet effet, sous
réserve de ne pas provoquer la ruine de la construction. Un des enjeux de la
construction parasismique sera de maîtriser la nature et la localisation de
l’endommagement qui d’un point de vue énergétique est très favorable.
En résumé
Cette démarche d’optimisation de la capacité d’absorption d’énergie de la structure,
ne vise pas l’augmentation de la résistance des éléments structuraux aux contraintes,
en termes de résistance pure, ce qui n’est pas forcément suffisant en cas de séisme
majeur. On cherche à plutôt à limiter les contraintes induites par les mouvements
sismiques de manière qu’elles n’atteignent pas la limite de rupture. Le but est donc
de soustraire les constructions aux sollicitations excessives d’ensemble ou localisées.
4.3. Paramètre de la durée du séisme
Cette démarche qualitative prend tout son sens si on considère bien que l’action
« réglementaire » du séisme est assimilée pour le calcul de dimensionnement à une
force statique équivalente calculée en prenant en compte l’accélération (en réponse)
supposée maximale de la structure, et que le paramètre durée n’est pas pris
directement en considération. Dans les faits, un séisme impose aux constructions
une suite d’accélérations violentes dont la durée peut dépasser 1 mn (voir des
exemples d’accélérogrammes dans le volume 1 de ce cours). Or la durée de
secousses est un facteur important du niveau d’endommagement. Un séisme long
est en général plus destructeur qu’un séisme court plus fort. Le calcul réglementaire,
quasi statique, ne prend pas en considération les conséquences dues à l'alternance
d'efforts.
4.4. Le bâtiment doit-il résister à une force ou absorber
l’énergie du séisme ?
En conclusion de ce qui précède on pourra dire :
- que le bâtiment doit réglementairement résister aux forces statiques
équivalentes calculées pour l’action réputée maximale du séisme,
- qu’une mauvaise conception peut générer des accumulations de contraintes
localisées qui sont un facteur de ruine pour les constructions, même
dimensionnées pour l’action sismique « réglementaire ».
En revanche, l’expérience post-sismique montre que des bâtiments ne répondant pas
aux normes de construction parasismique, si leur conception leur permet de
minimiser l’action sismique et d’absorber l’énergie sismique, se comportent bien.
5.1. Généralités
Une construction, qui peut être assimilée à un oscillateur (système masse + ressort),
peut être un amplificateur des secousses qui lui sont communiquées au niveau des
fondations (phasage de Tsol et de Tbat). Aussi les amplitudes des paramètres du
déplacement des différents niveaux de la superstructure sont en général plus
importantes que celles du sol d’assise.
Les paramètres de l’oscillation des structures sous l’effet de celles du sol sont la
période (ou la fréquence) et le(s) mode(s) (« forme ») de ces déformations
cycliques. Nous allons voir que ces deux paramètres dépendent des masses et des
raideurs de la structure, de leurs localisation et du type de liaisons. (Voir les modes
d’oscillation au §6)
Période propre d'oscillation d'un bâtiment : période selon laquelle le bâtiment oscille
librement suite à un déplacement, c’est-à-dire, vis-à-vis du séisme, après l'arrêt des
oscillations forcées (et jusqu'à l'amortissement complet du mouvement).
On suppose :
une structure symétrique du point de vue des masses et des raideurs.
le plancher indéformable dans son plan.
les masses concentrées dans les planchers.
On verra l’influence des paramètres définissant la raideur (longueurs et inerties des
éléments de la structure, nature des liaisons entre éléments, matériaux utilisés) et
l’influence de la masse sur les modes propres de vibration.
Exemple du bâtiment à un niveau considéré comme un oscillateur simple.
(Illustrations Gérald Hivin pour les GAIA)
= =
Mouvement sismique selon x
Cet oscillateur simple, oscillateur linéaire à un seul degré de liberté, est soumis à un
mouvement sismique, suivant x, appliqué à sa base. La masse m est soumise en cas
d’oscillations à une force de rappel du ressort Fr et à une force d’amortissement Fa.
k =f(E,I,L, nature
des liaisons)
Statique Dynamique
Oscillations libres Oscillations forcées
1° Expérience
masses
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de poteaux, même
matériau des poteaux, même type de liaisons (encastrements), mais la masse fixée sur le plancher
diffère.
On observe que la maquette dont la masse est plus importante a une
période propre d’oscillation plus longue.
2° Expérience
hauteurs
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même section de poteaux, même matériau des poteaux,
même type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher, mais la longueur des
poteaux diffère. On observe que la maquette dont les poteaux sont plus élancés
a une période propre d’oscillation plus longue.
3° Expérience
sections
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même matériau des poteaux,
même type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher, mais la section des poteaux
diffère.
On observe que la maquette dont la section des poteaux est moindre
(moindre inertie) a une période propre d’oscillation plus longue.
4° Expérience
liaisons au
support
différentes
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de poteaux, même
matériau des poteaux, même masse sur le plancher, mais le type de liaisons en pied diffère.
On observe que la maquette articulée en pied a une période propre
d’oscillation plus longue que la maquette encastrée en pied.
5° Expérience
matériaux
différents
Les deux maquettes sont semblables : même hauteur de poteaux, même section de
poteaux, même type de liaisons (encastrements), même masse sur le plancher mais
le matériau des poteaux diffère.
On observe que la maquette dont matériau a un module de déformation
moins élevé a une période propre d’oscillation plus longue.
Conclusion :
La première expérience démontre que la période propre d’oscillation croît avec les
masses mises en mouvement.
Les quatre autres expériences montrent que la période propre d’oscillation décroît
avec la raideur (on a vu les 4 paramètres de la raideur/flexibilité au § 3.2.2).
Or le projet architectural va conditionner ces paramètres. Si le programme le permet,
le concepteur pourra opter pour un mode constructif et des élancements qui lui
permettront « d’éloigner » la construction des périodes dominantes du sol (structures
rigides sur sols souples, riches en basses fréquences et structures flexibles sur sols
rigides, riches en hautes fréquences)
5.3.3. Résolution de l’équation du mouvement oscillatoire à l’aide
d’un spectre de réponse
Pour les projets courants on utilisera une méthode simplifiée, visant l’estimation de la
sollicitation maximum, avec les limites de fiabilité déjà exposées.
Une fois établies les périodes d’oscillation des structures (analyse modale), on lit sur
le spectre l’accélération en réponse supposée maximale, tenant compte de
l’amplification des mouvements du sol par la structure en fonction de ses périodes
d’oscillation.
A B
ue possible de la (des) période(s) dominante(s) du sol. Pour cela, on dispose rarement d’un spectre de réponse spécifique au
ou rocheux pour des structures flexibles (portiques sans murs de remplissage par exemple). Mais il est beaucoup plus judic
La période propre d’un bâtiment courant est égale à environ un dixième du nombre
de niveaux. Un bâtiment de quatre étages sur rez-de-chaussée possède donc une
période propre proche de 0,5 s. Celle-ci peut être déterminée d’une manière plus
précise par des formules forfaitaires figurant dans les règles parasismiques ou par un
calcul plus approfondi. La période d’un bâtiment existant peut aussi être évaluée
expérimentalement.
La période propre dominante du sol peut être déterminée à partir des essais
géotechniques (essai pressiométrique, SPT, cross-hole,…) ou mesurée à l’aide du
bruit de fond.
Spectre de réponse :
• Le spectre de réponse des structures est un outil pour estimer la réponse
d’un bâtiment au séisme (son amplification du mouvement du sol).
• En général il s’agit de réponse en accélération, mais il existe des spectres en
déplacement et en vitesse.
• Le spectre de réponse est une « courbe » sur laquelle on lit les valeurs
maximales de l’amplification du mouvement du sol.
• Les constructions sont repérées sur le spectre de réponse par leur période propre.
• On distingue:
– Les spectres de réponse d’un site donné pour un séisme donné
– Les spectres de réponse élastiques pour un site ou « standard » un type de sites
– Les spectres de réponse élastique standard réglementaires
– Les spectres de dimensionnement (élasto-plastiques)
•Le spectre d’un séisme particulier sur un site donné ne caractérise pas de
façon satisfaisante la réponse des constructions à un séisme futur dont les
caractéristiques peuvent être très différentes (source différente).
– Dans un repère quadrilogarithmique, dans ce cas un seul spectre donne tous les
paramètres du mouvement.
Spectre quadrilogarithmique
• On distingue:
– Les spectres élastiques
– Les spectres élastoplastiques, dits de dimensionnement.
6.1. Généralités
Les amplifications du mouvement par un oscillateur simple ou multiple (comme un
bâtiment considéré comme encastré à sa base) se produisent par « effet de
ressort »; la force dans un ressort, dans notre cas la charge sismique, agit sur la
masse. Elle est égale, nous l’avons vu plus haut, au produit de la rigidité du ressort
(k) par le déplacement de la masse (x)
F = k.x.
Les déplacements relatifs des différents planchers d’un bâtiment et leurs paramètres
(déplacement, vitesse et accélération) dépendent de l’importance et de la répartition
des masses qui les constituent, de la rigidité des différents éléments porteurs et de
leur localisation.
Les modes, c’est à dire la forme, des oscillations d’une structure dépend de la
réponse de la structure aux différents mouvements imposés par le sol et par ses
propres caractéristiques (raideurs, masses) : tamis, pompage, roulis, lacet.
L’analyse modale spectrale applique la Loi de Newton pour chaque nœud considérant
que son déplacement résulte de ses N degrés de liberté, chacun étant considéré
comme un oscillateur simple soumis à une oscillation forcée dépendant de sa
fréquence modale, de son amortissement modal et de sa déformée modale. Le
spectre de réponse établi pour un oscillateur simple est appliqué mode par mode.
6.4. Analyse modale spectrale, méthodologie
Géométrie de la structure
Analyse modale Les bâtiments à
Analyse spectrale étages ou plus
Modélisation
généralement les
structures constituées
Matrices
des massesM Définition de l'action sismique de calcul de plusieurs masses
des raideursK liées par des éléments
porteurs non
infiniment rigides sont
modélisés en
oscillateurs multiples.
Modes propres
périodesTi Un oscillateur
pulsationswi Spectre de réponse en accélération multiple aura
fréquencesfi plusieurs modes
propres de
vibration de
rs propres (coefficient de répartition des accélérations pour les différentes masses)
Coefficient lu sur le spectre période T1, T2, T3
(déterminés par
l’analyse modale
et bien sûr
Accélération de chaque masse du modèle
Déplacements
indépendants du
séisme)
Forces
Pour chacun de
ces modes propres
Exemple d’un bâtiment à 3 niveaux (translation en x). l’analyse spectrale
Oscillateur à 3 degrés de liberté. 3 modes propres de vibration. permet de
déterminer
l’accélération de
chaque masse du
modèle pour
chacun des modes
de vibration
a31 = a3.φ31
a32 = a3.φ32
a33 = a3.φ33
Mode 1 (T1) Mode 2 (T2) Mode 3 (T3)
Accélération Spectre de réponse en accélération
a3 d’un séisme donné
a2
a1
Comme nous l’avons vu, dans le sens de la sollicitation, la rigidité d’un élément
augmente selon le cube de la dimension de la section sollicitée, mais la résistance
seulement avec le carré. Elle augmentent dans le même rapport lorsque l’élancement
de l’élément est réduit.
La cinématique de la structure sera déterminée par ses éléments les plus rigides (en
x et en y). Ils devront être en nombre et dimensions suffisants pour équilibrer
l’action sismique.
Si, en plus, ces éléments plus rigides sont excentrés, un mode d’oscillation en torsion
peut être excité par le séisme, et dans ce cas un problème de déformations trop
importantes peut concerner les éléments flexibles éloignés du barycentre des raideurs.
7.1. Généralités
Les forces d'inertie générées par l’action sismique dans les éléments de la structure,
résultent des actions transmises par les liaisons de ces éléments.
Les déformations qui leur correspondent peuvent atteindre un niveau pour lequel la
ruine est inévitable par instabilité plastique ou par rupture fragile.
Lorsque les matériaux (et leur mise en œuvre) présentent une capacité importante de
déformation plastique avant rupture il est possible d'obtenir une sécurité acceptable en
autorisant des incursions significatives dans le domaine plastique (post-élastique). La
ductilité ainsi définie se traduit par une augmentation des déformations sans élévation
notable du niveau de contraintes dans la structure.
Ductilité : capacité d'un matériau, et par extension d'un élément ou d'une structure,
de subir, avant la rupture, des déformations plastiques (irréversibles) sans perte
significative de résistance. Ces matériaux "préviennent" donc de l'approche de leur
rupture.
Rotule plastique : zone plastifiée d'un élément de structure (poteau, poutre, ...). Une
telle zone se comporte comme une rotule mécanique, autorisant la rotation sur son axe
des autres parties de l'élément.
Dimensionner une structure avec un coefficient q inférieur à celui qui est autorisé
apporte de fait un gain de résistance ultime, de même que l’optimisation des qualités
intrinsèques de la structure par une conception optimisée telle que décrite dans la 2°
partie de ce volume (homogénéité, régularité, hyperstaticité…) .
Nous allons voir dans la 2° partie de ce volume comment, en tenant compte des
concepts physiques que nous avons précisés, une bonne conception peut garantir les
objectifs de sécurité plus sûrement que le simple calcul réglementaire.
Elle permet également de minimiser le niveau d’endommagement sans accroître le coût
de la construction.
8.1. Généralités
Penser que toute structure « calculée » selon les règles PS-92 satisfait au besoin de
sécurité et de non effondrement amène bien des concepteurs et des BET exerçant en
zone de sismicité élevée à dire « Faisons le projet d’architecture, puis le
dimensionnement de la structure dans le respect des résultats du calcul modal spectral
en vigueur pour les ORN garantira sa tenue au séisme ».
Un tel raccourci traduirait-il une méconnaissance des limites de l’arbitrage réglementaire
des PS-92 au regard de la réalité de l’action sismique ?
- Une force statique « équivalente au séisme » calculée en utilisant des spectres
de réponse réglementaires susceptibles « de passer à côté » d’un problème
d’amplification élevée par résonance est-elle suffisamment représentative de la
réalité des déformations induites sur la structure par une action dynamique
aléatoire et de la fatigue des matériaux sous l’effet des agressions répétées d’un
séisme majeur ?
- Quant-à la ductilité « réglementaire » accordée par le coefficient q qui autorise, à
juste titre, de réduire l’action sismique de calcul en fonction du type de structure,
ne risque-t-il pas d’être surestimé si la conception même de cette structure
génère des accumulations de contraintes localisées et la rupture fragile de
proche en proche qui s’ensuit ?
On ne peut pas pour autant complexifier davantage la réglementation, dont la simple
application actuelle n’est pas toujours acquise dans tous ses aspects, du
dimensionnement à l’exécution.
La solution consiste certainement à opérer des choix lors de la conception des
structures, qui leur confèrent une « réserve de résistance ». Cette « réserve de
résistance » viendra d’une conception « saine » de la structure, conception qui vise une
maîtrise de la réponse du bâtiment aux secousses. (N-B : La mise en œuvre de chaque
système constructif viendra abonder les dispositions générales exposées dans le présent
chapitre. Voir volume 3 pour la mise en œuvre)
Aussi, après avoir analysé l’esquisse architecturale, nous allons reprendre la lecture de
la structure en voyant en quoi sa conception définitive permet ou non une « bonne »
réponse à l’action sismique.
1
Sans accumulation de contraintes localisées.
Eléments de conception parasismique à l’usage des techniciens du
bâtiment
Patricia BALANDIER pour DDE Martinique – SECQUIP – Juillet 2001 - page 40
8.2. Adéquation du système constructif à la nature du projet
Les critères à évaluer avant d’arrêter le choix et les caractéristiques d’une structure en
zone sismique vont dans le même sens que des concepts qui ont été abordés pour les
choix architecturaux.
Ainsi :
- Les choix judicieux relatif au système constructif devront, le cas échéant,
compenser les problèmes non résolus des choix architecturaux. Une
architecture apparemment irrégulière devra avoir une structure régulière dans
l’implantation de ses raideurs et ses masses, c’est à dire des remplissages légers
à la place de murs porteurs ou remplissages raides, là où il ne faut pas créer de
raideurs ou de masses ponctuelles et/ou excentrées.
- Par ailleurs, il conviendra de veiller à ce qu’une architecture en apparence
régulière ne soit pas rendue vulnérable par une irrégularité dans les choix de
structure.
- Il conviendra de prêter la plus grande attention aux éléments non structuraux
(cloisons lourdes d’inertie non négligeable dans leur plan), allèges sur ossatures,
masses importantes, etc.) susceptibles de modifier le comportement prévu de la
structure.
- La dissipativité, quels que soient les moyens de l’obtenir (amortissement
anélastique, pose d’amortisseurs, incursions dans le domaine post-élastique)
devra être « raisonnée » en amont de l’application forfaitaire du coefficient q des
règles PS-92.
Séisme de San Fernando, 1971 - Document NISEE-USA – La masse importante des jardins implantés
au sommet d’une structure à un niveau périphérique de l’hôpital de San Fernando a contribué à la ruine
de ladite structure, lors du séisme de 1971.
En élévation, descentes de charges régulières
Ces conditions doivent être remplies à tous les niveaux de façon à assurer une descente
de charges directe au travers des éléments porteurs et de contreventement. Dans le cas
contraire, le transfert des charges dans ces éléments par les diaphragmes impose que
la qualité de leur mise en œuvre assure leur rigidité effective et des liaisons (zones
critiques) résistantes et ductiles.
- A Gauche Kobé 1995 - Document NISEE-USA - La réponse de cet ouvrage d’art, plus élevée
que celle pour laquelle il avait été calculé et mis en œuvre, n’aurait sans doute pas entraîné sa
ruine totale, si sa conception avait été hyperstatique plutôt qu’isostatique.
- A droite, Ceyhan (Séisme d’Adana 1998) – Document P. Balandier pour AFPS - Malgré la destruction
« en compression » des poteaux de sa façade sur rue (Hall d’entrée), la redondance des
descentes de charges possibles par des éléments plus résistants sur l’arrière de la construction a
sauvé cet immeuble de la ruine totale.
A gauche, Séisme d’Anchorage, 1964 – Document Karl V. Steingrugge – A droite, Séisme de San
Fernando, 1971 – Docuement EERI – La raideur de la cage d’ascenseur n’était pas compatible
avec la flexibilité de l’ossature.
8.11. Vérification de la résistance aux efforts alternés
La présence d’éléments ou d’un système d’éléments ne pouvant travailler qu’en traction
et pas en compression ne permet pas de répondre à l’exigence de travail sous charges
alternées sans désordre. On admet ces désordres sur certains éléments constructifs
(par exemple rotules plastiques ou éléments fusibles) mais pas sur tous. Il convient de
bien comprendre les efforts générés par le séisme aux différentes phases de l’oscillation
et de vérifier, au delà du comportement d’ensemble, que chaque élément aura la
réponse qu’on attend de lui selon sa fonction.
Nature de l’ouvrage
Les exigences de performances sont plus ou moins importantes selon qu’un risque
normal ou d’un risque spécial doit être envisagé. Au delà de la stricte application
réglementaire, l’incidence économique fait partie des critères d’arbitrage.
- Dans le premier cas, risque normal, les stratégies de dissipativité permettent
d’appliquer un coefficient minorant au calcul de la structure, et des économies.
- Dans ce second cas, les déformations post-élastiques ne sont pas admises (soit
hyper rigidité, soit appuis parasismiques, ce qui est en général moins cher et
préserve les équipements).
Zone sismique
Plus l’aléa est élevé, plus les exigences de bon comportement dynamique doivent l’être.
Ils doivent l’être au delà de la simple application de l’accélération nominale de calcul
réglementaire qui va avec la zone.
S’il fallait faire une pré-conclusion, on pourrait dire que « construire parasismique » est
tout sauf une liste de recettes toutes faites à appliquer.
Chaque projet sur son site est unique. Il faut le penser non pas en termes de
« solidité », mais de dynamique. Comprendre comment le site va filtrer le
séisme de référence, et comment le bâtiment peut répondre à cette
action locale en fonction de sa conception, et lui éviter les configurations
défavorables sur ce site là et pour ce programme là.
Si cette condition est remplie, le dimensionnement suffisant et la mise en
œuvre ductile ne sont plus que des « formalités ».
9. La question du contreventement
9.1.1.Principes
Pendant un séisme, une construction reçoit des charges horizontales qui, comme les
charges verticales, doivent être transmises jusqu’au sol d’assise de la construction par
les éléments résistants (travaillant en flexion ou en cisaillement).
Séisme de Kalamata – Document x - Ce type de ruine par empilement des dalles est typique d’une
absence de contreventement vertical.
Par conséquence :
On doit trouver un diaphragme (contreventé dans son plan) à chaque plancher et dans
les plans de toiture. Rappelons qu’il doit transmettre équitablement l’action horizontale
du séisme aux palées de stabilité (ne pas confondre palées et porteurs en statique)
9.2.2.En élévation
En élévation : nous avons vu que les hétérogénéités de raideurs entr niveaux doivent
rester très faibles pour ne pas avoir de modes d’oscillation complexes générant des
accumulations de contraintes.
Les palées de stabilité courbes (réponse au parti architectural), doivent constituer une
coque rigide (pas de maçonnerie).
Les types de palées suivants sont les plus rigides (chacun pour un système constructif
cohérent dans le choix de ses matériaux et de leur mise en œuvre.
- Maçonnerie confinée
- Voiles de béton ou béton armé
- Panneaux de bois massif
- Panneaux de bois contreplaqué
Séisme d’El Asnam. La ruine des panneaux de remplissage (maçonnerie) de l’ossature de béton
armé illustre le fait qu’un « matériau rigide » dont la mise en œuvre est défaillante (ici, problème
du comportement non solidaire entre l’ossature et le remplissage), ne constitue pas une palée de
stabilité.
Les travées triangulées sont des systèmes de contreventement assez rigides. Elles
peuvent être constituées de :
- Tirants en diagonale (ne travaillent pas en compression, fatiguent sous les efforts
alternés et dissipent très peu d’énergie)
- Barres en diagonale, en V, en X ou autres (attention à la création de tronçons
courts)
- Haubanage
Le parti pris pour ce bâtiment (Pointe-à-
Pitre) a été de le contreventer par une
triangulation globale en façade.
Exemple de contreventement en façade par croix de St André sur chacune des travées. Il s’agit
d’un type de contreventement triangulé plutôt flexible qui autorise des déformations non négligeables.
Les tirants les plus sollicités ont plastifié, certains on rompu, mais la redondance des palées de
stabilité a permis des reports de charges qui ont sauvé ce bâtiment hyperstatique. Les tirants
défectueux peuvent être remplacés à l’issue du séisme.
Il est possible de contreventer une ossature frottement a été installé à la jonction des
de béton armé par des croix de St André en deux
acier. Dans le cas présent, afin de réduire les
sollicitations, un dispositif d’amortisseur par
tirants. Ainsi, lors d’un séisme une
partie de l’énergie dynamique est
transformée en chaleur.
Autre mode de contreventement triangulé par barres d’une ossature d’acier. Leur disposition en V inversé
permet de ne pas exercer de poussée dans le nœud d’ossature pendant la phase de compression.
Il est en effet préférable en cas de sollicitation importante de provoquer la plastification au milieu
de la poutre plutôt que la formation d’une articulation dans le nœud qui doit rester un
encastrement.
Les portiques sont rigides dans leurs nœuds, mais flexibles dans leurs éléments. Un
portique bien conçu et dimensionné est une palée de stabilité. Dans ce cas là on va
considérer que toutes les travées de toutes les files doivent avoir la même raideur dans
un sens donné, pour ne pas créer de point dur. Les ossatures à portiques croisés sont
donc en principe autostables. Mais elles autorisent des déformations importantes. Aussi
il est fréquent de leur associer des éléments de contreventement pour leur donner un
comportement plus rigide de façon plus économique qu’en augmentant la section des
poteaux. On choisira les palées rendues ainsi plus rigides de façon à ce que leur
implantation ne génère pas de torsion d’ensemble.
Les arcs (lamellé-collé, acier) sont rigides dans leur plan. Il est nécessaire de les
articuler afin qu’ils puissent supporter les tassements de sol différentiels éventuels.
9.3. Nombre et localisation des palées
Elles doivent être en nombre suffisant et disposées pour résister aux efforts de flexion
et de torsion (couple). C’est à dire qu’elles doivent être disposées de façon à assurer la
même rigidité dans les deux directions :
- mais non concourantes pour éviter les torsions d’axe vertical,
- à tous les étages (pas de niveau flexible),
- de préférence périphériques (long bras de levier depuis le centre de rigidité), et
symétriques (CR=CG),
- de préférence sur les angles si l’ensemble des façades ne peut participer au
contreventement,
- éventuellement par noyaux, disposés de façon à ce que CR=CG
- suffisamment larges pour offrir la meilleure résistance à la flexion, au cisaillement et
à l’arrachement.
Si les diaphragmes sont rigides il suffit en principe de trois palées par niveau : une dans
chaque direction (translation), plus une pour créer un couple s’opposant à la rotation).
Redondance souhaitable.
Si les diaphragmes sont flexibles il faut au moins une palée par file dans chaque
direction et à tous les étages.
La disposition des palées doit conférer à chaque niveau une rigidité comparable
(translation et torsion) : homogénéité en nombre, en nature et en localisation.
Eventuellement une rigidité croissante vers le bas (sans variation d’étage à étage
supérieure à 20%).
Idéal :
- superposer les palées de stabilité pour constituer des consoles verticales
suffisamment larges, avec un avantage à les disposer dans les angles du bâtiment
- favoriser l’existence de bielles de compression à l’échelle des façades.
Impératif :
- tous les niveaux contreventés (pas de niveau flexible).
Le mode de contreventement doit assurer des rigidités comparables à tous les niveaux de la
construction. Ici, le niveau inférieur contreventé par portiques (flexibles) n’est pas compatible
avec la présence de contreventements raidis des par plaques rigides dans les étages.