Mavier
Mavier
Mavier
THESE
présentée pour obtenir le titre de
Par
Jérôme MAVIER
Convertisseurs génériques
à tolérance de panne
Applications pour le
domaine aéronautique
L’énergie électrique occupe un rôle de plus en plus important au sein des réseaux
aéronautiques. Cela occasionne une forte émergence de l’électronique de puissance, qui
constitue un domaine technologique crucial pour l’obtention de systèmes performants, fiables
et compétitifs.
The aim of this thesis is to contribute to the design of electrical networks by using
modular generic converters. To determine their structure, an inventory of power electronics
applications is carried out in the framework of a "more electric" aircraft.
The modularity of these power conversion blocks opens the way for power
segmentation and redundancy, that enables systems availability to increase. Following this
approach, several fault-tolerant inverter topologies are compared, both analytically and by
simulation based on the physical model of a flight surface electrohydrostatic actuator.
For the experimental studies, power electronics modules are designed to operate a
reconfigurable inverter that is dedicated to a permanent magnet synchronous motor drive.
Connected to the neutral point of the wye-connected motor, this inverter has a fourth leg that
acts as a mutualised redundancy.
Lastly, to extend the power electronics generic module’s field of application, three
AC/DC converter topologies are proposed in order to improve power management, in
comparison with conventional topologies, with respect to electrical and thermal design
criteria.
7
Avant-propos
Les travaux présentés dans ce mémoire ont été réalisés à Airbus France et au
Laboratoire d’Electrotechnique et d’Electronique Industrielle (LEEI), intégré depuis au
Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie (LAPLACE), unité mixte de recherche associée
à l’Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT), à l’Université Paul Sabatier (UPS) et
au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Pour m’avoir accueilli au sein de
leurs entités respectives, je remercie M. Gilles Cescon, responsable du département
d’ingénierie des systèmes électriques (EYAE) d’Airbus, ainsi que MM. Yvon Chéron et
Maurice Fadel, directeurs successifs du LEEI.
Ces années ont été rendues agréables et enrichissantes, tant sur le plan humain que sur
le plan intellectuel, grâce aux doctorants et aux enseignants-chercheurs du laboratoire, que je
remercie chaleureusement pour leur générosité, leur solidarité et la bonne humeur ambiante.
Je pense en particulier à Gianluca, qui m’a fait apprécier toute la qualité de l’expression
napolitaine, Matthieu L., le “serial câbleur” à l’origine de la libération des mœurs dans le
laboratoire, François P., s’rab et scientifique de talent, qui aurait pourtant fait une grande
carrière dans le cinéma d’auteur, François B., digne normalien par sa curiosité et digne
Aveyronnais par sa convivialité, Christophe C., le “michtau” au grand cœur dont le manque
de discrétion n’a d’égal que la générosité, Markos, l’aventurier qui campe sur les ronds-
points, Anne-Marie, dont la présence affectueuse nous a permis de conserver une once de
savoir-vivre, Jérôme “Faj”, pour les discussions rafraichissantes sur cette “époque
formidable”, Jérémi, toujours à l’écoute et avenant, Nicolas, aussi compétent que cynique, Ali
le futur président, Martin B. le futur PDG, Titou l’Irréprochable, Bayram “Dr Jekyll & Mr
Hyde”, Anthony, vrai cafre et fausse caille, Bernardo “o brasileiro paraguay”, Marcus “Zé
B.”, Julien “manger c’est tricher”, Wojciech, Valentin… Même s’il n’est pas possible de citer
tout le monde, chacun a contribué à me rendre cette période inoubliable.
Un grand merci également aux collègues d’Airbus, pour leur accueil amical et leur
aide pour trouver les informations utiles parmi les montagnes de données. Il est impensable de
ne pas mentionner Olivier, certainement le meilleur collègue imaginable, qui le premier nous
a tracé le chemin de croix du thésard avec compétence, générosité et bonne humeur, même
s’il aurait parfois voulu être un oiseau. Je remercie aussi Marc, l’homme le plus classe
d’Airbus, Cédric, Matthieu, Jean-Louis, Didier, et Thomas.
D’autre part, le soutien des proches m’a permis de puiser le courage et la sérénité
nécessaires durant ces années. Pour être restés toujours présents pendant cette période de vie
en ermite, je transmets mon affection aux amis, qui me montrent comme la fraternité et le
partage sont essentiels : vous êtes ma plus grande richesse. J'ai également une pensée pour les
membres de ma famille ; les mots sont insuffisants pour exprimer combien je leur suis
reconnaissant de leur soutien permanent et leur générosité…
Introduction ....................................................................................................... 15
Bibliographie.................................................................................................... 189
Introduction
Dès le début du 20ème siècle, l’énergie électrique était présente dans les premiers
prototypes d’avion. Depuis plus de deux décennies, l’électricité prend une importance
croissante au sein des réseaux aéronautiques. En effet, le développement du concept d’avion
"plus électrique" a montré le fort potentiel d’optimisation par rapport à l’emploi de systèmes
conventionnels hydrauliques et pneumatiques, principalement par une simplification de la
maintenance, une amélioration des rendements et une diminution des coûts de développement
et d’exploitation. Cette évolution est illustrée par des innovations récentes, telles que
l’introduction d’actionneurs électriques de commandes de vol sur l’Airbus A380. Pour les
prochaines générations d’avions, de nombreuses autres fonctions sont susceptibles d’être
réalisées à partir d’une puissance électrique, comme le démarrage des moteurs, le
conditionnement d’air et le freinage des roues. La mutation résultante des architectures
énergétiques des réseaux de bord occasionne une forte émergence de l’électronique de
puissance, qui constitue un domaine technologique crucial pour l’obtention de systèmes
performants, fiables et compétitifs.
Le premier chapitre débute par un recensement exhaustif des besoins actuels et à court
terme en conversion statique pour les réseaux aéronautiques. Sur cette base, nous proposons
des standards topologiques et un périmètre de module générique de conversion.
15
imposées à l’électronique de puissance. Le modèle multiphysique d’EHA qui a été établi sous
SABER™ pour les besoins de simulation est décrit dans la seconde partie du chapitre I.
Le chapitre III présente les applications expérimentales de certains des principes traités
dans le chapitre précédent. Il détaille la conception, la réalisation puis le test de modules de
conversion 300V-50A avec interrupteurs d’isolement, incorporant un superviseur local de
gestion des modes de marche et d’arrêt ainsi que des régimes de surcharge et de défaut. Ce
superviseur communique avec l’organe central de commande, lui-même contrôlé par
l’utilisateur via une interface logicielle. Une fois le fonctionnement des modules validé et
caractérisé, les modes d’association parallèle et différentielle sont testés. Puis ces modules
sont utilisés pour l’alimentation d’une machine synchrone à aimants permanents par un
onduleur 4 bras en fonctionnement triphasé et diphasé. L’apparition d’un défaut est ensuite
simulée pour observer les différentes phases de reconfiguration.
16
Chapitre I
17
Chapitre I
77
18
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Durant les dernières décennies, l’énergie électrique a occupé un rôle croissant au sein
des réseaux de bord aéronautiques. Son utilisation était autrefois limitée à la navigation et
l’instrumentation de bord, puis elle s’est progressivement développée pour améliorer le
confort et le divertissement des passagers (éclairage, cuisine, équipements vidéo). De
nouvelles applications sont apparues pour optimiser le fonctionnement de l’avion, comme par
exemple la gestion électrique des commandes de vol sur l’Airbus A320 dans les années 1980
(Fly-by-wire). Le développement de l’Airbus A380 constitue une étape supplémentaire
d’innovation au niveau des technologies électriques :
• le réseau électrique alternatif est à fréquence libre (360-800Hz),
• le système de secours est entièrement électrique,
• des actionneurs électriques ont été introduits pour les commandes de vol,
• la fonction "disjoncteur" est réalisée électroniquement pour les faibles calibres de courant.
Pour les prochaines générations d’avions, et notamment le futur avion long courrier
Boeing, d’autres fonctions sont susceptibles d’être réalisées électriquement, comme par
exemple le freinage des roues, le conditionnement d’air ou le démarrage des moteurs. Cette
évolution des architectures énergétiques est souvent évoquée à travers l’expression "avion
plus électrique" [LAN06-1] [WEI03] [JON99] [QUI93]. Elle est liée au potentiel
d’amélioration supérieur qu’offrent les systèmes électriques par rapport aux autres formes
d’énergie exploitées, car les solutions conventionnelles sont déjà optimisées et ne laissent pas
entrevoir d’évolution significative. De nombreux bénéfices sont attendus des réseaux pour
lesquels l’énergie est davantage véhiculée sous forme électrique (Power-by-wire), sur les
plans technologique, industriel, fonctionnel et structurel.
• Le premier domaine présentant un gain est le développement des systèmes. Les interfaces
entre les différents composants sont simplifiées car elles sont plus homogènes (électrique -
électronique de puissance - électronique) et les évolutions des équipements électriques sont
facilitées. La simulation peut constituer un moyen plus adapté pour étudier l’optimisation du
dimensionnement et obtenir ainsi des éléments de décision. Les coûts de développement sont
donc potentiellement réductibles.
• De plus, la forte tendance actuelle d’électrification, qui concerne aussi bien l’aéronautique
que l’automobile, doit amener à terme une standardisation des équipements. Ainsi, des
19
Chapitre I
20
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
L’énergie électrique est présente dans tous les avions. Au début du 20ème siècle déjà, le
Flyer des frères Wright utilisait un moteur électrique pour le démarrage. L’énergie électrique
a d’abord été fournie par des batteries, puis par de petits générateurs 12V ou 24V. Après la
seconde guerre mondiale, l’augmentation de la puissance installée a établi le 115V alternatif
comme standard pour les avions commerciaux de plus de 50 passagers.
Pour une architecture de type Airbus A330 (figure I.1), chaque moteur de propulsion
entraîne un générateur de 115kW régulé mécaniquement en vitesse, nommé IDG (Integrated
Drive Generator). Chacun des IDG alimente un réseau électrique en courant alternatif
triphasé 115V/200V à une fréquence de 400Hz. Les charges d’une puissance supérieure au
kilowatt sont alimentées directement sur ce réseau. Un réseau secondaire en courant continu
28V assure l’alimentation des charges de plus faible puissance. Il est généré par abaissement
puis redressement des tensions alternatives à l’aide de convertisseurs passifs dodécaphasés
(TR : Transformer Rectifier). Ceux-ci sont constitués d’un autotransformateur triphasé dont
l’un des deux secondaires est couplé en étoile et le second en triangle, chacun étant suivi d’un
pont de diodes double alternance.
21
Chapitre I
figure I.1 : architecture simplifiée du réseau figure I.2 : architecture simplifiée du réseau électrique
électrique d’un avion 300 passagers "3H" d’un avion 300 passagers "2H2E" [LAN06-1]
figure I.3 : générateur à fréquence variable (VFG) figure I.4 : ventilateur avec MSAP et convertisseur
(©Aerolec) statique (©Technofan)
22
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
L’Airbus A380 est donc le premier avion à commandes de vol "plus électriques",
puisque les actionneurs en sont répartis sur les deux réseaux hydrauliques et les deux réseaux
électriques. De nombreux bénéfices découlent de cette architecture [VAN03].
• Tout d’abord, la redondance des sources de puissance est augmentée puisque leur quantité
passe de 3 (3H) à 4 (2H2E). L’amélioration de la sécurité est encore accrue par la
dissemblance de ces sources puisqu’elles étaient auparavant toutes hydrauliques ; cela fournit
ainsi une protection supplémentaire contre des défaillances communes pouvant affecter des
systèmes de même nature, qui pourraient être causées par exemple par une erreur de
maintenance.
• De plus, la distribution d’énergie électrique procure une flexibilité pour l’aménagement des
câbles dans l’avion, permettant une ségrégation plus facile des différentes routes, ainsi qu’une
capacité d’isolement et de reconfiguration que ne possèdent pas les systèmes hydrauliques.
• Le rendement des actionneurs électriques étant plus élevé que celui des servocommandes,
la puissance requise par un système électrique est réduite par rapport à son équivalent
hydraulique.
• D’autre part, le remplacement des composants hydrauliques est profitable à la maintenance
de par la suppression des risques de fuite et cela permet l’amélioration du MTBF (Mean Time
Between Failures) et de la disponibilité.
• Enfin, l’électrification de ces systèmes peut mener à terme à une réduction globale de
masse de l’avion.
figure I.5 : servocommande figure I.6 : actionneur figure I.7 : intégration de l’EHA (à
hydraulique électrohydrostatique droite) et de la servocommande (à
gauche) dans l’aile
23
Chapitre I
• Un EBHA (Electrical Backup Hydraulic Actuator) associe autour d’un vérin commun les
composants d’une servocommande traditionnelle et ceux d’un EHA pour le mode secours.
• Les actionneurs électromécaniques, ou EMA (Electromechanical Actuator), ne comportent
pas d’étage hydraulique : pour générer l’effort sur la surface de commande de vol, le couple
produit par la machine électrique est transmis et amplifié mécaniquement. Les EMA ne sont
utilisés pour l’instant que pour les commandes de vol secondaires, notamment en raison du
retour d’expérience encore limité sur la probabilité de grippage de l’actionneur et son
vieillissement.
Un exemple d’architecture "2H2E" établie pour un avion de 300 sièges dans le cadre
du projet POA est présenté à la figure I.8. Un ensemble d’actionneurs électriques a remplacé
les servocommandes alimentées par l’un des trois circuits hydrauliques de l’architecture
conventionnelle "3H". Pour le recensement de charges, la puissance des EHA est estimée à
partir du cahier des charges de servocommandes traditionnelles en tenant compte des
rendements spécifiques de ces actionneurs (Tableau I-1).
figure I.8 : EHA dans une architecture de commandes de vol 2H2E (circuits hydrauliques non différenciés)
Spoiler 9 0,2
Pour les commandes de vol primaires, le déplacement de chaque surface est assuré par
un à trois actionneurs. Sur les avions actuels, lorsqu’au moins deux actionneurs sont associés
sur une surface, les EHA fonctionnent principalement en redondance passive, mais cette
redondance peut devenir active pour atteindre certains points de fonctionnement
contraignants. En ce qui concerne les commandes de vol secondaires, deux moteurs placés à
la base des ailes commandent l’ensemble des 14 becs (slats), liés mécaniquement. De même,
les 4 volets (flaps) sont actionnés de façon mutualisée par deux moteurs. Le mouvement du
plan horizontal réglable (THS : Trimmable Horizontal Stabilizer) est également assuré par
deux moteurs. L’ensemble de ces actionneurs présente comme caractéristique commune une
24
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Dans les réseaux traditionnels à fréquence fixe, les ventilateurs sont entraînés par des
machines asynchrones connectées directement sur le réseau. Avec l’introduction de la
fréquence variable, cette structure a été remplacée par une machine synchrone à aimants
permanents autopilotée par un convertisseur statique, avec souvent une simple régulation en
courant. Cela présente entre autres l’avantage de pouvoir adapter le rendement du moto-
ventilateur selon le point de fonctionnement et d’obtenir ainsi des gains de consommation
significatifs.
Le système de pompes alimente les réacteurs en carburant à partir des réservoirs. Dans
un réseau à fréquence libre, les pompes à carburant comportent un convertisseur statique pour
les mêmes raisons que les ventilateurs.
• L’architecture représentée à la figure I.9 comporte 2 pompes principales pour chacun des 2
réacteurs (L1, L2, R1 et R2) et 2 pompes de secours (STBY). Les pompes principales font
circuler le carburant en permanence lorsque les réacteurs sont en marche. Chaque pompe a
une puissance nominale de 2,1kVA.
• Une autre pompe (FWD XFR) contrôle le centre de gravité de l’avion en transférant le
carburant entre le réservoir d’équilibrage (trim) et les réservoirs avant. Elle a un
fonctionnement continu pendant les phases de montée, de croisière et de descente (2,3kVA).
• Les pompes APU, de puissance plus faible, ne sont pas incluses dans le recensement.
25
Chapitre I
Classiquement, pour une architecture "3H" d’un avion de 300 passagers, chaque
circuit hydraulique comprend une pompe électrique d’une puissance nominale de 15,2kVA en
tant que générateur auxiliaire de puissance hydraulique. Ces pompes sont utilisées au sol
durant les opérations de maintenance pour pressuriser les circuits. Elles peuvent également
fonctionner en permanence en vol en cas de défaut sur l’un des circuits hydrauliques. Il peut
être estimé que pour l’architecture de référence "2H2E" considérée, cette fonction est assurée
par deux pompes de 23kVA environ entraînées par un variateur de vitesse.
26
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
une assistance électrique pour le freinage, en cas d’incident sur le circuit hydraulique : les
actionneurs sont de type EBHA. Pour l’architecture de référence, il est considéré de manière
simplifiée que le système de freinage électrique peut requérir une puissance crête de 35kVA
répartie équitablement sur les 8 roues arrière, comprenant chacune un actionneur.
Situés à l’arrière des réacteurs, les inverseurs de poussée ont pour mission d’exercer
une contre-poussée afin de ralentir l’avion lors de l’atterrissage. Cette action, qui intervient en
complément du freinage, requiert également une forte puissance pendant un temps court.
L’ETRAS (Electrical Thrust Reverser Actuation System) de l’Airbus A380 est un système
entièrement électrique qui comprend un ensemble convertisseur-MSAP contrôlé en position
(figure I.10). L’asservissement des deux capots (figure I.11) doit être précis afin de ne pas
générer des forces différentes, car cela pourrait conduire au déchirement des tôles. Pour
l’avion de référence, chaque inverseur de poussée pourrait consommer jusqu’à 25kVA en cas
d’atterrissage avorté ou de défaillance d’un système.
figure I.10 : ETRAS (©Hispano-Suiza) figure I.11 : ouverture des capots nacelle (©Aircelle)
figure I.12 : recensement des convertisseurs statiques pour un avion de 300 passagers "plus électrique"
27
Chapitre I
figure I.13 : puissance consommée en fonction des phases de vol (projet MEGEVE, avion 300 passagers)
Toutefois, dans le cadre de cette étude, il est considéré que le réseau électrique
conserve les standards actuels de réseaux à fréquence libre. Le graphique de recensement
présenté plus haut permet alors d’établir les caractéristiques communes aux différentes
charges. Il peut déjà être observé que 70% des équipements se situent dans la plage 0-10kVA,
et que l’application essentielle des convertisseurs est la variation de vitesse de systèmes
d’entraînement.
28
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Dans une logique idéalisée de "Plug and Play", les convertisseurs doivent pourvoir être
simplement connectés à leur application et être prêts à fonctionner directement. De même, les
sous-ensembles fonctionnels les constituant doivent être intégrés sous la forme de modules
génériques (figure I.14). Cette modularité doit être mise en œuvre sur le plan de l’information,
car chaque module doit posséder "l’intelligence" et les fonctionnalités internes pour s’associer
aux autres modules, et sur le plan spatial, pour les assembler physiquement de manière
judicieuse. Ce concept hiérarchique de modularisation peut encore être poussé, en observant
une granularité plus forte, au niveau des sous-systèmes composant le module de conversion,
toujours en compromis avec la notion d’intégration. Ainsi, chacune de ces parties peut avoir
son évolution technologique propre, ce qui permet de réduire encore les durées de conception
des produits.
29
Chapitre I
Le présent mémoire n’a pas vocation à traiter ces aspects technologiques. De ce point
de vue, il propose uniquement de déterminer les caractéristiques haut-niveau des modules de
conversion en délimitant le périmètre et la gamme de puissance couverte. Ces points sont
déduits des besoins fonctionnels exposés par la suite et ils sont détaillés dans la partie
expérimentale (chapitre III). Toutefois, le recensement permet déjà de fixer un ordre de
grandeur : les convertisseurs ont une puissance d’environ 10kVA (70% des charges
recensées). Il est ensuite envisageable d’exploiter la polyvalence des modules génériques de
conversion en les associant pour atteindre des puissances supérieures dans un rapport 2 à 4.
30
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
figure I.15 : fonctions de conversion pouvant composer une chaîne "type" de variation de vitesse
31
Chapitre I
figure I.16 : onduleur triphasé figure I.17 : onduleur monophasé (convertisseur indirect)
D’autre part, l’évolution des réseaux risque d’entraîner une multiplication des charges
polluantes telles que les redresseurs passifs, ce qui peut impliquer un recours au filtrage actif.
Par exemple, dans une configuration parallèle (figure I.18), un filtre actif a pour rôle de
compenser les harmoniques de courant occasionnés par ces charges non linéaires. La
fréquence de commutation des interrupteurs doit être très supérieure aux composantes
spectrales traitées.
figure I.18 : filtre actif parallèle figure I.19 : redresseur actif triphasé
32
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
figure I.21 : hacheur réversible figure I.22 : hacheur à cellules figure I.23 : hacheur à cellules
en courant associées en parallèle associées en différentiel
33
Chapitre I
Un premier critère concerne les niveaux électriques des interrupteurs. Pour les
applications basse tension (BT) envisagées, un calibre standard de 600V est adapté, puisque
les redresseurs traditionnels délivrent à partir du réseau alternatif une tension continue de
270V et pouvant s’élever jusqu’à 450V environ en cas de transitoire réseau ou de renvoi
d’énergie sur le bus continu. Les transistors sont donc préférablement de technologie IGBT ou
CoolMOS si de hautes fréquences sont requises. Pour les applications avec une source très
basse tension (TBT), l’utilisation de ces mêmes composants n’est pas forcément viable pour
la raison d’optimisation du dimensionnement évoquée précédemment. Il peut donc sembler
plus opportun de disposer de deux modules de conversion, l’un basse tension et l’autre très
basse tension, chacun ayant un calibre en courant adapté à la gamme de puissance envisagée.
34
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
1
Autorisation pour effectuer une mission donnée en fonction de l’indisponibilité de certains systèmes.
35
Chapitre I
Avantages Inconvénients
Coût d’exploitation
Economique Amélioration de la maintenance Coût de développement initial
Evolutions facilitées
Tableau I-2 : rappels sur les avantages et inconvénients technologiques des actionneurs électriques
36
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Il est donc plus aisé par la suite d’extrapoler les résultats d’études à des actionneurs
dont les exigences sont restreintes, comme par exemple les ventilateurs et les pompes.
Pour les différents besoins de l’étude, il a été développé sous SABER™ un modèle
multiphysique d’un EHA et de sa charge mécanique qui permet une caractérisation électrique,
mécanique hydraulique et thermique des différents étages de la chaîne de conversion
d’énergie (figure I.27). Cette représentation permettant une observation directe des
phénomènes physiques paraît d’autant plus appropriée de par la nature pluridisciplinaire de
l’EHA de commandes de vol. Les différents étages constituant cette chaîne sont décrits ci-
dessous. La modélisation de l’électronique de puissance mérite une attention particulière
puisque le fonctionnement des convertisseurs est le cœur de ce travail.
37
Chapitre I
Le convertisseur est alimenté par le réseau alternatif triphasé, modélisé sous la forme
d’une source de tension triphasée en série avec une impédance caractéristique du câblage.
L’étage d’entrée du convertisseur (figure I.28) est presque entièrement passif puisqu’il est
composé d’un filtre en T classique, d’un pont de diodes double alternance constitué de
composants idéaux (résistance à l’état passant constante), d’un filtre de sortie LC et d’un
hacheur rhéostatique, qui entre en fonctionnement hystérétique au seuil supérieur de tension
continue, lors des phases de freinage de l’actionneur. Le fonctionnement et le
dimensionnement de cet étage sont décrits plus en détail au chapitre IV.
38
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
conduction et de blocage. Les paramètres de la diode sont la chute de tension à l’état passant
et la résistance à l’état ouvert et à l’état fermé.
figure I.29 : schématique interne du modèle instantané MLI figure I.30 : symbole du
modèle instantané MLI
figure I.31 : schéma bloc de la boucle de courant et des fonctionnalités imbriquées dans le modèle MLI
39
Chapitre I
• D’autre part, le "temps mort" est modélisé via une porte logique. En effet, la mise en œuvre
d’un bras d’onduleur requiert l’introduction d’un temps de garde entre l’ouverture d’un
transistor et la fermeture du transistor adjacent, afin de disjoindre les commandes des deux
interrupteurs de la cellule à l’échelle de la commutation et d’éviter ainsi une conduction
simultanée des transistors.
• Enfin, il est possible de modéliser plus fidèlement le comportement d’une cellule
commandée numériquement en passant la mesure et la référence de courant dans un bloc de
filtrage-échantillonnage puis en introduisant un retard pur représentatif du temps de calcul.
Pour une émulation plus rigoureuse, il convient de numériser également les correcteurs.
Pour les simulations de longs profils de mission, il est proposé d’utiliser un modèle
moyen de la brique MLI en remplaçant les interrupteurs (figure I.32) par des sources de
courant et de tension (figure I.33). En supposant une conduction continue du courant dans la
cellule, les valeurs moyennes sur une période de découpage Td du courant dans les
interrupteurs et de la tension à leurs bornes peut être déterminée à partir du rapport cyclique
de conduction apparent α du transistor supérieur et des variables d’état.
Dans les relations suivantes, les chutes de tension aux bornes des composants sont
négligées. Par contre, il est pris en compte l’effet du temps mort tm, durant lequel la tension de
sortie de la cellule dépend de la conduction de l’une des diodes de la cellule et donc du signe
du courant de phase. Comme, pour les futures simulations, la durée du temps mort est
toujours faible devant la période de découpage, l’hypothèse de conduction continue est valide.
tm
< VB > = [α − × sgn(i ph )].VDC (I-1)
Td
tm
< i T1 > = [α − × sgn(i ph )].i ph (I-2)
Td
tm
< i T2 > = [α − × sgn(i ph ) - 1].i ph (I-3)
Td
figure I.32 : modèle instantané de bras d’onduleur figure I.33 : modèle moyen de bras d’onduleur
40
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
figure I.34 : schématique interne du modèle moyen MLI figure I.35 : symbole du
modèle moyen MLI
La validité du modèle moyen de la cellule est vérifiée par simulation puis comparaison
des grandeurs électriques avec celles du modèle instantané. La figure I.36 montre l’évolution
du courant de phase et le spectre de la tension de sortie de la cellule pour une simulation en
onduleur monophasé sur charge RL. L’analyse spectrale (transformée de Fourier) montre que
l’erreur sur le fondamental du courant de phase et celle sur le fondamental de tension de sortie
sont faibles (<1%). Le modèle moyen a permis un gain de temps considérable : pour un profil
d’une seconde, la durée de simulation est réduite de 310s à 3s.
figure I.36 : comparaison des grandeurs de sortie des modèles instantané et moyen
Durant la conversion d’énergie, une partie de l’énergie électrique traitée par les semi-
conducteurs est transformée en chaleur qui doit être évacuée. En électronique de puissance,
les considérations thermiques sont primordiales car elles sont directement liées aux objectifs
de fiabilité et de durée de vie requis pour les équipements et leur influence sur
l’encombrement et la masse des convertisseurs est majeure. En particulier, dans le contexte
41
Chapitre I
( )
⎧PcondD1 = α ⋅ i ph ⋅ Vf i ph
⎪
i ph < 0 ⎨ (I-5)
⎪⎩PcondIGBT2 = (1 − α ) ⋅ i ph ⋅ Vce i ph( )
• Les pertes par commutation représentent l’énergie dissipée pendant les changements d’état
et sont considérées proportionnelles à la fréquence de découpage. Les caractéristiques
d’énergie dissipée à l’ouverture et à la fermeture en fonction de la valeur du courant qui sont
délivrées par le fabriquant sont également entrées dans des tables croisées. Ces
caractéristiques sont valables pour une tension continue fixe (300V dans le cas traité). Pour
une valeur de tension continue VDC différente, la puissance dissipée est calculée en
introduisant un rapport de proportionnalité, ce qui constitue une approximation valable tant
que l’écart avec la tension continue de référence est peu important.
⎧ VDC
[ ( ) ( )]
⎪⎪PcomIGBT1 = Fdec ⋅ 300 ⋅ E on IGBT i ph + E off IGBT i ph
i ph ≥0⎨ (I-6)
⎪P
⎪⎩ comD2
V
= Fdec ⋅ DC ⋅ E off D i ph
300
( )
⎧ VDC
[ ( ) ( )]
⎪⎪PcomIGBT2 = Fdec ⋅ 300 ⋅ E on IGBT i ph + E off IGBT i ph
i ph <0⎨ (I-7)
⎪P
⎩⎪
comD1 = Fdec ⋅
VDC
300
⋅ E off D i ph( )
42
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
figure I.37 : modèle moyen de cellule de commutation avec calcul des pertes
des composants et représentation des températures d’interface
Par la suite, des estimations de dimensionnement thermique sur profil de mission vont
être réalisées. Il est donc proposé de compléter le modèle précédent pour faire le lien entre la
puissance dissipée par les composants semi-conducteurs et l’évolution des températures aux
différentes interfaces.
figure I.38 : structure d’un module de figure I.39 : modèle thermique d’un module IGBT-diode
puissance (T=température - j=jonction – c=boîtier – s=radiateur)
43
Chapitre I
Un modèle électrique équivalent de nature différente est donné par le fabriquant des
modules de puissance utilisés. Il est constitué de cellules RC parallèles associées en série et ne
correspond donc pas à une représentation physique intrinsèque de l’assemblage, mais plutôt à
un "fittage" des paramètres pour caractériser l’impédance thermique du composant entre la
jonction et le boîtier. Ainsi, pour la simulation thermique de puces d’un ou plusieurs modules
montés sur un même dissipateur, une représentation hybride entre les modèles de Cauer et de
Foster est adoptée ; le schéma électrique de la figure I.40 explicite le cas de deux puces d’un
module monté sur un dissipateur.
figure I.40 : modèle thermique de deux puces d’un module (Pd=puissance dissipée par une puce)
Comme les EHA sont logés dans les ailes, leurs exigences de compacité sont
prépondérantes. La machine électrique employée est donc avantageusement de type MSAP.
Cependant, les modèles de la bibliothèque SABER ne permettent pas de réaliser l’ensemble
des configurations topologiques étudiées par la suite. Un modèle de MSAP à enroulements
ouverts (6 bornes) a donc été développé au LEEI. Ses hypothèses de modélisation sont les
suivantes :
• le phénomène d’amortissement au rotor est négligeable,
• la machine fonctionne en régime linéaire (circuit magnétique non saturé),
• les inductances sont constantes et ne dépendent pas de la position du rotor (machine
magnétiquement lisse au rotor),
• la répartition spatiale du champ magnétique est considérée sinusoïdale (entrefer constant),
• il n’y a pas de courants induits au rotor (machine sans frettes conductrices).
44
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Dans les phases, les forces électromotrices résultant de la rotation du champ rotorique sont
établies par dérivation temporelle du flux.
⎧e A = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin (pθ m )
⎪
⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨e B = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟ (I-10)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪e C = −e A − e B
⎩
Le couple électromagnétique Cem produit par la machine est fonction des courants circulant
dans les phases.
⎡ ⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞⎤
C em = p ⋅ Φ M ⋅ ⎢i phA ⋅ sin (pθ m ) + i phB ⋅ sin ⎜ pθ m - ⎟ + i phC ⋅ sin ⎜ pθ m + ⎟⎥ (I-13)
⎣ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠⎦
Le couple utile instantané Cu appliqué à l’arbre moteur tient compte des frottements visqueux
fv de l’ensemble machine-pompe.
dΩ
C u = C em − f v ⋅ Ω − J ⋅ (I-14)
dt
Enfin, les paramètres à régler du modèle de MSAP sont récapitulés dans le tableau suivant.
45
Chapitre I
46
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
externes de la pompe et du vérin et il fixe le mode commun de pression sur les deux
chambres : en cas de nécessité, les clapets de gavage et anti-cavitation réinjectent du fluide
dans le circuit principal. Le modèle ne prend pas en compte les cas où la pression de chaque
chambre tombe en dessous du niveau de cavitation.
• En fonction de la température et de la pression, le coefficient de viscosité dynamique du
fluide utilisé (Skydrol) peut varier de 3 décades. Cependant, pour le modèle de pompe, ce
paramètre ne sert qu’à établir les fuites, c’est donc par rapport à ce critère que sa valeur doit
être fixée.
• D’autre part, le rendement réel de ce type de pompe peut être plus élevé en fonctionnement
moteur qu’en fonctionnement générateur, mais ce phénomène n’est pas représenté.
Quant au moment de charnière MC, il applique sur la tige du vérin une force Fv.
MC
FV = (I-16)
BL
Les pertes bloc du circuit hydraulique ΔPB, modélisées de la même manière, sont de la forme :
ΔPB = k B ⋅ Q ⋅ Q (I-18)
L’effort résultant est ramené au niveau du vérin en introduisant un nouveau coefficient kB’.
FB = k ′B ⋅ VV ⋅ VV (I-19)
47
Chapitre I
Enfin, les frottements secs du vérin sont considérés constants quelle que soit sa vitesse de
déplacement, ils sont modélisés par une force supplémentaire FF dont le signe est donné par le
sens d’extension de la tige du vérin par rapport à la position initiale.
Pour valider le modèle physique développé, sa concordance est vérifiée par rapport à
un modèle existant, conçu sous formalisme Bond Graph dans le mémoire de thèse [LAN06-2]
à partir d’un équipement de référence. Le profil de mission utilisé pour cette comparaison
représente une manœuvre d’évitement de l’avion ; il est donc contraignant pour les parties
électriques et mécaniques. La simulation de la figure I.41 est réalisée avec le modèle moyen
de convertisseur, puisque le modèle Bond Graph original ne prend pas en compte les
phénomènes liés aux commutations.
Les réponses des deux modèles sont semblables en régime permanent. La position de
la gouverne est correctement asservie. L’évolution des grandeurs de la chaîne cinématique et
de la partie hydraulique ne fait apparaître que de faibles disparités.
Lors des régimes transitoires, des écarts plus importants peuvent apparaître au niveau
des grandeurs électriques. En effet, l’utilisation des composants de la bibliothèque SABER
peut occasionner une limitation de la précision de représentation si leur niveau de détail est
insuffisant. Par exemple, le rendement de la pompe est en réalité différent selon le sens de
transfert de la puissance, mais le composant logiciel ne permet pas d’intégrer ce phénomène.
Globalement, les écarts observés restent raisonnables étant donnée la différence de
représentation entre les deux modèles. De plus, l’objectif essentiel de notre modèle est sa
représentativité physique et il n’a pas vocation à établir une similitude parfaite avec l’original
48
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques
Pour les études à suivre, l’intérêt majeur du modèle physique réside dans la simulation
du convertisseur. La représentation diffère entre les deux modèles au niveau de l’étage de
conversion électromagnétique car, dans le modèle Bond-Graph, l’ensemble onduleur-MSAP
est représenté par un hacheur alimentant une machine à courant continu. De par la vocation du
modèle physique, le fonctionnement de l’onduleur doit être caractérisé plus précisément sur
les plans électrique et thermique. De plus, il doit permettre de simuler des modes
d’alimentations moins conventionnels et d’observer les phénomènes hautes fréquences avec la
version instantanée de cellule de commutation.
Sur la figure I.41, la puissance électrique évolue de façon similaire pour les deux
modèles. Elle subit des fluctuations importantes au cours du profil de mission, ce qui
confirme le fonctionnement fortement impulsionnel de l’actionneur. Ponctuellement, lorsque
des changements de position brusques sont imposés à la gouverne, la force que doit appliquer
le vérin impose un fort afflux de puissance. Lorsque la gouverne doit être freinée à cause de
son inertie ou de la force aérodynamique qui lui est appliquée, la puissance est renvoyée par
l’ensemble onduleur-machine sur le bus continu où elle occasionne une élévation de la
tension, puis elle est éventuellement dissipée par un hacheur rhéostatique. Au contraire,
lorsque la position ne varie pas pendant un certain temps, il peut être observé que la machine
ne fournit de l’énergie que pour fournir le couple antagoniste. Sa vitesse de rotation est alors
quasiment nulle, ce qui traduit de faibles fuites hydrauliques, et la puissance prélevée sur le
réseau est donc faible.
figure I.41 : comparaison du modèle physique (traits bleus) et du modèle Bond Graph (pointillés noirs)
49
Chapitre I
50
Chapitre II
51
Chapitre II
52
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Ainsi, pour des systèmes fortement critiques, une fiabilité élevée n’est pas toujours
suffisante et il est alors nécessaire de pouvoir maintenir, en cas de panne, la disponibilité de la
fonction réalisée. Cette tolérance de panne implique une redondance fonctionnelle ainsi que la
capacité à assurer la mise en sécurité par confinement des défauts. Cela se traduit notamment
par un partitionnement fonctionnel et une ségrégation structurelle et technologique des
équipements au sein de l’architecture de l’avion.
Pour les convertisseurs de puissance, les calculs de fiabilité sont nettement plus
"délicats" que sur des cartes électroniques, en raison de la grande diversité technologique des
éléments qui les composent, de leurs conditions d’usage et de la grande variabilité des
contraintes environnementales. Ainsi, les méthodes d’analyse fonctionnelle telles que
l’AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leurs Criticités) sont plus
appropriées à l’étude d’un système que ne le sont les diagrammes de fiabilité reposant sur la
notion de taux de défaillance (λ), qui est à utiliser avec précaution en électronique de
53
Chapitre II
puissance. Les données de fiabilité [RDF00] [MIL91] sont donc utilisées préférentiellement
en valeur relative à des fins de comparaison et non pas en valeur absolue.
Dans le cadre de cette étude, les convertisseurs statiques sont majoritairement présents
dans les systèmes d’entraînement à vitesse variable. Les données de fiabilité issues de la
littérature justifient le périmètre envisagé pour la mise en œuvre de la tolérance de panne. En
effet, pour les applications de variation de vitesse dans la gamme 10kW-100kW, les machines
industrielles ont un taux de panne de l’ordre de 7.10-6/h [TAV99]. Quant au taux de
défaillance d’une cellule de commutation d’onduleur à IGBT avec sa commande rapprochée,
il est estimé que sa valeur approchée est de l’ordre de 10-5/h dans les conditions de
fonctionnement envisagées 1. De plus, les retours d’expérience issus de l’industrie sur les
variateurs de moyenne puissance confirment que l’essentiel des défauts d’un système
convertisseur-moteur survient au niveau du convertisseur avec sa commande [THO95]
[HAN97].
1
Les données classiques montrent en effet une évolution approximative d’une décade par technologie : de l'ordre
de 10-9-10-8/h pour un transistor petit signal, 10-8-10-7/h pour un transistor faible puissance, 10-7-10-6/h pour un
transistor de puissance, 10-6-10-5/h pour un transistor de puissance avec sa commande rapprochée.
54
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
non non
Détection oui
et arrêt de
la cellule Détection oui
Défaillance en court-circuit d'une et arrêt de
puce Diode la cellule
non
Défaillance en circuit ouvert d'une
non
puce IGBT par décollement de ses
Dépassement de l’aire de sécurité de la bondings Perte d'une alternance de
puce (avalanche thermique, avalanche (l'autre puce reste, généralement, modulation.
électronique) défaillante en court-circuit) Fonctionnement très dégradé de la
Snappy recovery [Rahimo][Shammas] charge.
55
Chapitre II
Le maintien à l’état ouvert d’un transistor, dû par exemple à une défaillance de grille,
entraîne une perte de réversibilité en courant de l’interrupteur et se manifeste en mode
onduleur par la perte d’une alternance du courant de phase, qui est alors unipolaire et non
sinusoïdal. Ainsi, dans le cas où le transistor supérieur d’une cellule reste ouvert (figure II.4)
et que le courant dans la phase correspondante est positif, la phase de la MSAP reste
connectée au potentiel négatif du bus par la diode du bas. Dans le cas d’une commande MLI
avec correcteur PI et anti-windup, le courant de phase diminue alors jusqu’à s’annuler tandis
que l’erreur de courant du régulateur augmente jusqu’à saturer la modulante à sa valeur
supérieure. Le courant de phase reste donc nul tant que la référence de courant est positive,
puis, lorsque le courant de phase change de signe, le transistor défaillant n’intervient plus
dans la modulation et le courant peut alors être contrôlé. Que la commande du convertisseur
soit effectuée avec un correcteur ou par hystérésis, les conséquences sont semblables : le
courant dans la phase concernée est ainsi quasiment nul durant la moitié de la période de
modulation et, comme le neutre est isolé, les courants dans les deux autres phases sont
également déformés (figure II.5) et les modulantes sont saturées. La distorsion importante des
courants se traduit par une puissance fluctuante significative et elle implique, pour une même
puissance mécanique fournie, une augmentation du courant efficace par rapport au régime
normal puisque les harmoniques résultants ne génèrent que des pertes.
Le régime dégradé se manifeste sur le plan mécanique par une pulsation du couple de
la machine à la fréquence électrique de celle-ci. La valeur crête du couple se trouve
augmentée d’environ 60% par rapport à la valeur nominale dans le cas simulé.
56
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.5 : simulation sur une chaîne EHA d’une défaillance de type haute impédance d’un transistor
La défaillance d’un transistor de type haute impédance a été décrite dans [BIA96]. Si elle
survient dans cette plage de fonctionnement "haute vitesse", les forces électromotrices
produites par la machine prennent des valeurs élevées et leur combinaison peut être supérieure
à la tension continue du bus. Le courant dans la phase en défaut est alors bipolaire : si la
distorsion des courants peut s’en trouver réduite, les ondulations de couple vont être encore
davantage amplifiées.
II.2.1.2 Défaillance de type "haute impédance" des deux transistors d’une cellule de
commutation
57
Chapitre II
figure II.6 : défaillance de type haute impédance des deux transistors d’un bras
figure II.7 : simulation d’une défaillance de type haute impédance des deux transistors d’un bras
58
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
de la machine vers le bus continu est possible : le convertisseur fonctionne en pont de diodes
triphasé. Pour l’application EHA considérée, le dimensionnement du hacheur résistif permet
l’absorption de l’énergie générée. L’intensité des courants est d’autant plus élevée que la
vitesse de rotation est grande et elle détermine la valeur du couple de freinage [JAH99]
[LIA05]. Celui-ci s’annule dès que la vitesse de la machine repasse en dessous du seuil pour
lequel les forces électromotrices entraînent la circulation de courant.
Après une défaillance de type basse impédance d’un transistor, le transistor adjacent
doit donc être bloqué : le défaut de bras est de type basse impédance asymétrique. Le courant
dans la phase du bras en défaut devient incontrôlable car il existe deux chemins de court-
circuit avec les diodes antiparallèles de même niveau que le transistor défaillant (figure II.10).
Cet état est entretenu par les aimants en rotation qui engendrent des forces électromotrices
servant de sources d’excitation. Selon la combinaison des forces électromotrices, il se crée des
tensions positives aux bornes des diodes qui s’amorcent et autorisent alors la circulation des
courants dans ces chemins. Le fonctionnement peut être qualifié de régime de court-circuit
biphasé.
figure II.9 : défaut de court-circuit figure II.10 : défaut asymétrique de cellule de commutation
– représentation de l’un des chemins de court-circuit
59
Chapitre II
figure II.11 : impact d’un défaut asymétrique de cellule de commutation (Rdef =50mΩ)
En dehors des basses vitesses, l’amplitude d’oscillation des courants de défaut est
principalement limitée par la valeur de l’inductance cyclique. Leur composante continue
dépend de l’intermittence de la reprise de commande et elle est limitée avant tout par la
résistance statorique. Les amplitudes des courants peuvent donc atteindre des valeurs élevées.
Dans le cas de l’EHA, ce régime de défaut se traduit par une dérive de la position du
vérin puisque les asservissements de vitesse et de position ne sont plus maîtrisés. Toutefois les
ondulations mécaniques ne se répercutent pas sur la position du vérin, de par la forte inertie
du système.
Ce mode de défaillance d’un transistor impose donc le blocage de l’onduleur mais cela
ne suffit pas à isoler l’ensemble onduleur-machine puisqu’il subsiste un chemin de court-
circuit avec les diodes antiparallèles (cf. II.7.2.1). Ainsi, le déplacement du vérin peut causer
60
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Pour envisager une continuité de service avec ce type de défaut, une solution consiste
à intégrer des interrupteurs d’isolement dans l’onduleur (ou dans les enroulements de la
machine) afin de confiner le défaut et de reconfigurer l’onduleur pour un fonctionnement
secours. De plus, cela fournit un isolement électrique partiel ou total de l’ensemble onduleur-
machine, ce qui permet en outre de laisser l’arbre moteur libre de rotation en mode de dernier
défaut. Enfin, cela peut éviter aux différents composants de subir le régime de défaut dont les
grandeurs électriques et mécaniques, élevées par rapport à celles du régime nominal, peuvent
constituer des contraintes de dimensionnement supplémentaires.
Dans le cas d’un actionneur de type EMA (Electromechanical Actuator), utilisable par
exemple pour des commandes de vol secondaires, le mode de défaut considéré a des
conséquences semblables. Les dispositifs d’isolement électrique permettent non seulement
d’envisager une poursuite de fonctionnement post-défaillance, mais également d’assurer un
mode de dernier défaut de type "arbre libre", qui est plus complexe et coûteux à mettre en
œuvre par un moyen mécanique.
61
Chapitre II
La plupart des modes de défaut en amont de l’onduleur n’ont pas d’impact sur cette
étude. Par exemple, les défauts au niveau du réseau ou la mise à la masse avion accidentelle
de l’un des points du bus continu sont maîtrisés par les contacteurs en entrée de l’actionneur
qui permettent de l’isoler.
Par contre, les conséquences d’un court-circuit du bus continu (figure II.13)
concernent l’onduleur. Ses causes peuvent être diverses (défaut de connectique, défaillance
d’un condensateur, des diodes du redresseur, etc.) et les conséquences sont semblables à
celles d’un court-circuit de bras d’onduleur. Au niveau du réseau alternatif, les contacteurs de
l’actionneur assurent l’isolement pour ne pas mettre en défaut la génération. Au niveau de
l’ensemble onduleur-machine, la commande n’agit plus puisqu’aucune tension ne peut être
appliquée aux phases de la machine. Les commentaires suivants concernent les cas où le
défaut survient dans la plage de commande de la machine à couple constant, c’est-à-dire en
dehors de la zone de défluxage.
62
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Si la résistance de défaut est trop faible pour qu’une tension continue suffisante puisse
être maintenue, il s’établit un régime de court-circuit pour lequel l’amplitude des courants est
limitée par l’inductance cyclique Lc de la machine (figure II.15). La valeur maximale de
l’ondulation est donnée par l’équation suivante, la résistance statorique n’intervenant de
manière représentative qu’à plus faible vitesse.
Φm
ΔI ph_cc = (II-2)
Lc
Il peut être observé que l’établissement du régime dégradé génère un déséquilibre transitoire
des courants, dont les intensités sont alors portées à des valeurs encore supérieures. Enfin, ce
régime de court-circuit se manifeste également par de fortes oscillations de couple.
figure II.14 : simulation d’un défaut de court-circuit du figure II.15 : simulation d’un défaut de court-
bus continu (RDC=1Ω) circuit du bus continu (RDC=10mΩ)
63
Chapitre II
Les modes de défaut relatifs aux machines synchrones ont fait l’objet de nombreuses
études [NAN99] [ABD05]. Au niveau du rotor, leurs conséquences peuvent être notamment
un défaut de magnétisation, une déformation ou une cassure de l’arbre. Les défauts affectant
le stator peuvent résulter en l’ouverture d’une phase, un court-circuit partiel ou complet entre
phases, un court-circuit avec la masse avion ou un défaut de roulement. Deux types de défaut
représentatifs sont simulés pour en étudier l’impact sur la chaîne EHA.
Un défaut de court-circuit entre deux phases peut être causé par une abrasion de
l’isolement entre enroulements, des décharges partielles ou des origines mécaniques. Il en
résulte des amplitudes de courant de l’ordre du courant nominal et un couple fortement
ondulatoire (figure II.16). Seul le dimensionnement de la machine limite le courant de court-
circuit [SOO02], qui toutefois ne circule pas dans le convertisseur. Comme ce régime dégradé
est auto-entretenu, il entraîne une perte de contrôlabilité de l’actionneur. Ce défaut, s’il est
localisé dans la machine, ne peut donc être confiné avec les dispositifs d’isolement envisagés,
sauf éventuellement s’ils sont disposés dans les enroulements de la machine. Dans le cas de
l’EHA, seul le dispositif hydraulique permet d’isoler le vérin de la machine.
figure II.16 : simulation d’un défaut de court-circuit entre les phases B et C de la machine
64
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.17 : défaut d’isolement d’une phase de la machine par rapport à la masse
avion - représentation de l’un des chemins de court-circuit
figure II.18 : simulation d’un défaut d’isolement d’une phase de la machine par rapport à la masse avion
(régime normal – défaut à 0,40s – ouverture des contacteurs d’entrée à 0,42s – blocage de l’onduleur à 0,44s)
65
Chapitre II
figure II.19 : 3 dispositifs d’isolement par cellule figure II.20 : 1 dispositif d’isolement par cellule
figure II.21 : 2 dispositifs d’isolement par cellule figure II.22 : 2 dispositifs d’isolement par cellule
66
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Pour l’ensemble de ces raisons, il est choisi de mettre en œuvre des dispositifs
d’isolement de technologie différente. Toutefois, il peut être noté que des travaux de
recherche portent sur l’intégration d’éléments fusibles dédiés à une cellule de commutation
[BER06].
figure II.23 : topologie d’onduleur permettant l’isolement de cellules défaillantes à l’aide de fusibles
67
Chapitre II
68
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
zéro. Comme cette condition n’est pas assurée dans tous les cas, des stratégies de
reconfiguration adaptées seront envisagées par la suite (cf. II.7.2). D’autre part, ce composant
est à fermeture commandée sous polarisation directe, il n’est donc pas naturellement
réarmable et cela peut constituer une limitation pour certaines procédures de reconfiguration
de topologies à tolérance de panne.
figure II.25 : interrupteur 4 segments bi-commande à figure II.26 : interrupteur 4 segments mono-
base de thyristors commande à base de transistors
Compte tenu des composants disponibles, le compromis qui semble le plus satisfaisant
réside dans la configuration de gauche, qui est mise en œuvre dans le cadre de la partie
expérimentale. Il peut être remarqué, dans les applications d’alimentation de moteur
envisagées, que l’interrupteur d’isolement doit pouvoir bloquer une tension double de celle du
bus continu (sans défluxage) ; le calibre des semi-conducteurs est donc de 1200V, compte
tenu des niveaux de tension actuels.
69
Chapitre II
70
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
par rapport aux configurations précédentes, l’onduleur requiert 6 thyristors rapides, ce qui
pénalise fortement cette solution. De plus, les IGBT des cellules de commutation doivent être
dimensionnés pour tenir la tension d’isolement maximale.
figure II.32 : dispositif d’isolement par figure II.33 : dispositif d’isolement avec pont de diodes et
thyristors connectés en triangle interrupteur commandé
Ces solutions ne sont pas davantage développées, car elles ne concordent pas avec la
démarche suivie jusqu’alors. Il est en effet préféré d’intégrer l’ensemble des composants
d’électronique de puissance, et en particulier les interrupteurs d’isolement, dans le périmètre
du module de conversion. Ainsi, pour les études à suivre concernant les topologies d’onduleur
à tolérance de panne, il est choisi de disposer l’interrupteur d’isolement sur la connexion à la
machine. Il peut être remarqué que cette configuration n’autorise pas de continuité de
fonctionnement après une défaillance de court-circuit complet d’une cellule de commutation.
Le cas menant généralement à cette situation (défaillance de type basse impédance d’un
transistor de la cellule) doit donc être traité assez efficacement par le dispositif de commande
rapprochée pour que le défaut soit confiné et n’aboutisse pas au court-circuit définitif de la
cellule.
71
Chapitre II
72
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.34 : topologie classique d’onduleur triphasé – différents périmètres pour l’introduction de redondance
73
Chapitre II
Il est délicat de paralléliser directement les bras d’onduleurs car alors toute dissymétrie
du circuit de puissance et du temps de propagation des commandes peut entraîner une
conduction diagonale fugitive de deux cellules avec le risque de désaturer les transistors, ce
qui peut occasionner une défaillance. Il est donc préférable d’insérer au moins une inductance
entre deux bras en parallèle pour en assurer le découplage dynamique et limiter ainsi le
courant différentiel et donc le déséquilibre de courant entre les bras qui en résulte. Pour
obtenir une structure symétrique dans la perspective de la tolérance de panne, il est choisi
d’insérer une inductance sur la phase de chaque cellule en amont du point de raccordement.
Les selfs ne sont pas couplées magnétiquement pour assurer l’indépendance des cellules en
cas de reconfiguration post-défaillance.
L’addition d’une inductance entre les bras permet d’envisager l’entrelacement des
commandes afin de doubler la fréquence de commutation apparente. Cependant, cela requiert
un dimensionnement des inductances plus important que celui requis pour compenser
uniquement les dissymétries de puissance et de commande. Or, dans le cadre envisagé, il
semble plus approprié de minimiser la masse additionnelle induite et donc la valeur de cette
inductance. Certaines des considérations qui viennent d’être évoquées sont mises en évidence
lors des études expérimentales et elles sont développées dans le chapitre III.
figure II.35 : onduleur triphasé à cellules parallélisées deux à deux avec des
inductances de découplage et interrupteurs d’isolement
74
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
commandée de sorte à se trouver dans le même état que la cellule défaillante car un état
dissymétrique occasionne un court circuit du bus continu, limité seulement par les inductances
de découplage et les résistances internes des composants.
Si l’on considère qu’une cellule de commutation par phase est nécessaire et suffisante
au fonctionnement, cette topologie d’onduleur tolère donc au moins un défaut. Elle peut
même accepter jusqu’à deux défauts supplémentaires, si ceux-ci ne sont pas localisés sur une
phase déjà touchée, et ce sans réduction de performance supplémentaire par rapport au
premier défaut. Le tribut à payer pour cette disponibilité accrue est le nombre important
d’interrupteurs d’isolement que comprend la structure.
75
Chapitre II
76
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
77
Chapitre II
Ce principe a d’abord été appliqué dans [SPE90] à une machine à courant continu sans
balai pour améliorer le fonctionnement après un défaut de type "phase ouverte" (enroulement
de la machine déconnecté) : le bras additionnel est alors utilisé en mode secours pour
augmenter la valeur moyenne du couple. Puis il a été envisagé par ailleurs de raccorder le
neutre d’une machine asynchrone à un diviseur capacitif pour améliorer le fonctionnement
après la défaillance de type haute impédance d’un transistor ou l’ouverture d’une phase
machine afin de limiter l’ondulation de couple [ELC91] [LIU93].
Pour accroître le nombre de défauts tolérés, il a été proposé d’inclure des dispositifs
d’isolement à base de fusibles rapides et de thyristors [FUJ93-2] (figure II.39). En cas de
défaut de type "phase ouverte", les thyristors reliés au neutre de la machine sont amorcés et le
neutre est alors relié au point milieu capacitif. En cas de défaillance d’un transistor de type
basse impédance, le transistor adjacent est ouvert puis les thyristors connectés à la phase
concernée sont amorcés pour court-circuiter la maille créée par la phase et la moitié
supérieure ou inférieure du bus continu et ainsi ouvrir le fusible. La cellule de commutation
défaillante est alors isolée et l’onduleur est contrôlé par les 2 bras sains, le potentiel de la
troisième phase étant imposé par le diviseur de tension capacitif. La mise en œuvre de cette
topologie requiert toutefois d’assurer une immunité de commande des thyristors suffisante par
rapport aux forts gradients de tension auxquels ils sont soumis.
L’utilisation d’un point milieu capacitif est pénalisante à plusieurs niveaux. Tout
d’abord, cela constitue un inconvénient en termes de volume, pour assurer l’équilibrage des
tensions, et de durée de vie (donc de maintenance), car les condensateurs doivent être
dimensionnés de manière adéquate pour le fonctionnement secours : ils doivent laisser passer
un fort courant et éviter des fluctuations de tension préjudiciables au fonctionnement à basse
vitesse.
78
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.41 : onduleur à bras additionnel raccordé au neutre en mode secours uniquement
79
Chapitre II
Dans le cas d’une défaillance d’un transistor de type basse impédance, la commande
rapprochée ouvre rapidement l’autre transistor de la cellule pour éviter le court-circuit du bus
continu. Il a été établi qu’alors le courant de phase correspondant peut atteindre des
amplitudes élevées et qu’il n’est pas certain qu’il s’annule rapidement (cf. II.2.1.4). En
conséquence, des procédures d’isolement appropriées doivent être mises en œuvre pour
effectuer le blocage sous faible courant. Plusieurs stratégies sont envisageables en exploitant
les différentes fonctionnalités des bras principaux comme du 4ème bras ; elles sont décrites et
simulées ci-dessous pour ce mode de défaut avec le modèle d’EHA. Le cas du fonctionnement
en survitesse n’est pas considéré.
La première stratégie proposée consiste à ouvrir tous les transistors sains afin de
provoquer une conduction intermittente de la phase du moteur concernée par le défaut. Il est
considéré ici que le 4ème bras n’est pas utilisé en fonctionnement normal ; il est donc
déconnecté et le neutre de la machine est alors flottant (figure II.43).
figure II.43 : phase de blocage de l’onduleur pour une défaillance de type "basse impédance" de T5
Comme les chemins de court-circuit avec les diodes sont toujours présents, l’énergie
stockée dans les bobinages de la machine se décharge à travers les diodes de roue libre avec
une dynamique imposée par l’impédance de la machine. Les courants de court-circuit
80
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
1
Toutefois, dans le cas particulier d’une défaillance survenant dans la plage de survitesse, les valeurs élevées des
fem permettent un retour de courant à travers les diodes vers le bus continu, qui doit pouvoir absorber l’énergie
renvoyée. Des stratégies particulières de gestion de défaut peuvent alors être mises en œuvre. Par exemple, les
bras sains peuvent être commandés de manière à symétriser le défaut sur l’onduleur afin de réduire les courants
et le couple après défaillance et de limiter le risque de démagnétisation [WEL03-1]. Ces aspects, davantage liés à
la commande de l’actionneur, ne sont pas détaillés ici.
81
Chapitre II
figure II.46 : schéma électrique équivalent onduleur-machine figure II.47 : blocage de l’onduleur et
(iphA<0, iphB>0, iphC>0) isolement
82
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Par contre, le courant dans la phase B subit une forte décroissance car VNB≈2VDC/3 et il
s’annule rapidement. Dès lors, le court-circuit n’a plus lieu que sur deux phases (figure II.48)
et l’évolution du courant dans la phase C est conditionnée par la combinaison des fem des
phases A et C.
di phC
2R ph ⋅ I phC + 2L c = eA − eC (II-6)
dt
Comme le terme (eA-eC) est alors négatif (figure II.50), le courant iphC décroît jusqu’à
s’annuler et l’interrupteur d’isolement peut être bloqué (figure II.47).
figure II.48 : chemin de circulation du courant iphC figure II.49 : chemins de circulation pour des courants
lorsque iphB s’annule négatifs dans les phases A et B
figure II.50 : défaillance de type basse impédance et blocage de l’onduleur – fem simples et composées
83
Chapitre II
Comme les phases des bras sains ont des potentiels variables pendant la durée où leur
courant est annulé par le blocage des diodes, une composante continue de tension s’instaure et
celle-ci introduit une composante continue dans les courants de phase. Ainsi, les phases
"saines" voient des courants dont les composantes spectrales prédominantes sont la
composante continue, le fondamental et le 2ème harmonique (courant de type redressé mono-
alternance). Dans la phase reliée au bras en défaut, la composante continue élevée du courant
quasi-sinusoïdal fait que celui-ci ne s’annule pas avant de nombreuses périodes électriques
(figure II.44). Les intensités mises en jeu sont élevées, car l’amplitude des courants n’est
limitée principalement que par l’inductance cyclique de la machine et leur composante
continue est limitée par la résistance statorique.
Pendant la durée de ce régime dégradé, les contraintes se reportent également sur les
grandeurs mécaniques puisque le couple présente des oscillations d’amplitude élevée et que la
vitesse n’est plus contrôlée. Le point de fonctionnement de l’actionneur a une influence sur le
régime de défaut. La vitesse de rotation de la machine lors de la défaillance conditionne la
durée de ce régime, mais elle n’agit pas sur les amplitudes des courants et du couple puisque
la fem et la réactance de la machine lui sont proportionnelles (en dehors de la plage basse
vitesse). Par contre, la force aérodynamique exercée sur la gouverne est plus déterminante car
elle conditionne l’évolution du régime de défaut : tant que l’isolement onduleur-vérin n’est
pas effectif, cette force peut entraîner le maintien de la rotation de la machine et donc du
régime de court-circuit en faisant dériver ainsi la position du vérin.
Il existe donc des cas pour lesquels le blocage de l’onduleur ne permet pas
l’annulation du courant de la phase concernée avant une durée assez longue, avec les
conséquences qui ont été exposées. Il est alors envisageable de mettre en œuvre des stratégies
correctives permettant d’accélérer l’isolement de la phase et d’éviter des régimes transitoires
de courant et de couple préjudiciables au dimensionnement du convertisseur et de la machine.
Pour cela, les interrupteurs d’isolement des autres phases peuvent être utilisés.
84
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Une autre alternative consiste à utiliser le bras secours comme élément d’assistance à
l’isolement pour forcer l’annulation du courant de phase. Lors du blocage de l’onduleur,
l’interrupteur d’isolement relié au neutre est fermé afin de court-circuiter l’enroulement
concerné de la machine (figure II.52). Comme la somme des courants de phase n’est plus
nulle, l’évolution du courant dans la phase C dépend non seulement de la fem eC mais
également de la tension induite par les courants des autres phases via l’inductance mutuelle.
En ne considérant que la contribution de la fem, l’isolement peut être assuré si le courant iphC
s’annule avant que la fem eC ne devienne négative (figure II.51). Dans le cas contraire, il faut
alors ouvrir les interrupteurs d’isolement des autres phases lorsque leur courant s’annule, et
l’isolement de la phase reliée au bras défaillant requiert une durée plus importante que la
procédure précédente, qui lui est par conséquent préférable.
En conclusion, comme les fem de la machine peuvent être reconstituées (en particulier
à partir de la position du rotor si elle est mesurée) et que les mesures des courants de phase
sont disponibles, il est possible de choisir, à l’apparition du défaut, la stratégie appropriée
pour procéder à l’isolement le plus rapidement possible. En particulier, les procédures
proposées utilisent la flexibilité conférée par les interrupteurs d’isolement pour écourter la
durée du régime de défaut dans les cas contraignants évoqués. Ainsi, non seulement les
contraintes électriques et mécaniques sont réduites, mais en outre la reconfiguration de
85
Chapitre II
Sans reconfiguration de la commande, ces enroulements sont parcourus par des courants
également décalés de 120° (ΨA=ΨB) ; c’est la raison pour laquelle ce mode de fonctionnement
est qualifié ici de "diphasé 120°". L’expression de la puissance fait alors apparaître un terme
fluctuant.
Ê ⋅ Î ph ⎡ ⎛ 2π ⎞⎤
Pem = ⎢2cos Ψ − cos ⎜ 2ω t + Ψ − ⎟⎥ (II-10)
2 ⎣ ⎝ 3 ⎠⎦
1
Les aspects transitoires de cette reconfiguration sont détaillés dans la partie expérimentale (chapitre III).
86
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Le couple électromagnétique produit en mode diphasé 120° présente donc une pulsation à
fréquence double de la fréquence de modulation, comme le montre la simulation de la figure
II.54.
3 ⎡2 1 ⎛ 2π ⎞⎤
C em 120° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph ⋅ ⎢ cos Ψ - cos ⎜ 2 ωt − Ψ − ⎟⎥ (II-11)
2 ⎣ 3 3 ⎝ 3 ⎠⎦
A même courant, l’amplitude crête de l’ondulation de couple vaut 50% de la valeur moyenne.
Quant au couple moyen produit en mode diphasé 120°, il est réduit de 33% par rapport au
mode triphasé.
3
C em 3ϕ = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph ⋅ cosΨ (II-12)
2
87
Chapitre II
Il est maximal pour des courants déphasés de 30° par rapport aux forces électromotrices dans
le référentiel statorique (figure II.55).
3 C em 3ϕ
Ψ A = 30° ⇒ C em 60° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph = (II-15)
2 3
A amplitude de courant donnée, le couple maximal produit en mode diphasé 60° est donc
limité à 57% de sa valeur en mode triphasé.
figure II.55 : diagrammes vectoriels des modes d’alimentation triphasés et diphasés (phase C défaillante)
figure II.56 : fonctionnement normal puis défaillance et reconfiguration en mode diphasé 60°
Dans les simulations présentées, les bras d’onduleur connectés aux phases sont
commandés en courant, avec une spécificité par rapport au fonctionnement normal qui est
présentée plus loin (cf. II.7.3.4). Le bras secours règle la tension homopolaire et il est
commandé en tension avec un rapport cyclique α=1/2 pour assurer en valeur moyenne une
88
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
tension nulle entre le neutre et le point milieu fictif du bus continu. Il est également possible
de lui appliquer une surmodulation.
Il peut être observé sur la simulation précédente que l’ondulation haute fréquence du
couple est légèrement accrue par ce mode de fonctionnement. En effet, l’une des spécificités
du mode diphasé est l’apparition d’une tension homopolaire aux bornes de la machine.
vA + vB dΦ hom
- vN = (II-16)
2 dt
Φhom est le flux homopolaire correspondant dans les enroulements statoriques. Sur le schéma
électrique équivalent de la figure II.57, l’inductance L des phases englobe l’inductance propre
et l’inductance de fuite, et M est la mutuelle inductance entre deux phases.
Cette composante homopolaire de courant ne crée pas de couple, elle génère seulement
des pertes. Comme l’inductance mutuelle a une valeur généralement de l’ordre de la moitié de
l’inductance propre, l’inductance qui limite l’ondulation de courant homopolaire vaut donc
environ le tiers de l’inductance cyclique (L-M) de la machine, ce qui explique l’augmentation
de l’ondulation des courants de phase. Cette impédance est toutefois assez importante pour
qu’il ne semble pas nécessaire d’introduire un filtre de mode commun additionnel ou de
spécifier un bobinage particulier de la machine.
89
Chapitre II
Pour une alimentation triphasée de la machine avec neutre isolé, le flux total d’une
phase est proportionnel au courant dans cette phase.
⎧Φ A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phA
⎪⎪
⎨Φ B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phB (II-18)
⎪
⎪⎩Φ C = L ⋅ i phC + M ⋅ i phB + M ⋅ i phA = (L − M) ⋅ i phC
La tension simple de chacune des phases i={A, B, C} peut s’écrire sous la forme :
d(i ph_i )
v i − v N = e i + R ph ⋅ i ph_i + (L − M) ⋅ (II-19)
dt
La tension aux bornes d’un enroulement n’est donc fonction que du courant circulant dans
cette phase et de sa force électromotrice.
En mode diphasé, l’expression des flux fait apparaître un couplage entre les deux
phases. En supposant la phase C déconnectée :
⎧Φ A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB
⎨ (II-20)
⎩Φ B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA
La tension simple d’un enroulement dépend alors également du courant parcourant l’autre
enroulement.
⎧ d(i phA ) d(i phB )
⎪⎪v A − v N = e A + R ph ⋅ i phA + L ⋅ +M⋅
dt dt
⎨ d(i phB ) d(i phA ) (II-21)
⎪v − v = e + R ⋅i
ph phB + L ⋅ +M⋅
⎩⎪
B N B
dt dt
Pour une commande performante, il est donc nécessaire de découpler ces grandeurs en
utilisant un changement de base approprié.
L+M
(Φ ) =
L M
M L
( )
⋅ i ph → (Φ ′) =
0
0
L−M
⋅ i ′ph ( ) (II-22)
Selon le schéma de principe de la figure II.59, le système découplé est caractérisé par la
matrice de passage P et la matrice inverse P-1. La contribution des résistances statoriques est
ici négligée.
1 1
P= (II-23)
1 -1
1 1 1
P -1 = ⋅ (II-24)
2 1 -1
Cela revient donc à réguler la somme et la différence des courants.
i phA + i phB
i ′phA = (II-25)
2
i phA − i phB
i ′phB = (II-26)
2
90
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
91
Chapitre II
92
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.61 : réduction des performances dynamiques d’un actionneur en mode secours
93
Chapitre II
Une topologie classique d’onduleur NPC 3 niveaux [MEY92] [KIM93] est représentée
à la figure II.62, où les pointillés délimitent le module de conversion générique. Dans le
contexte de cette étude, elle présente un manque de compatibilité avec l’approche modulaire
envisagée, en particulier à cause des diodes additionnelles. D’autre part, l’équilibrage du point
milieu du bus continu par un diviseur capacitif présente une difficulté supplémentaire qui
nécessite une solution appropriée telle qu’une commande spécifique [LEE96] [LIU91]. Il est
aussi envisageable d’associer les cellules en cascade pour obtenir un onduleur 3 niveaux,
comme dans [SOM03], mais le dimensionnement de cette topologie n’est pas avantageux.
figure II.62 : topologie classique d’onduleur 3 niveaux figure II.63 : onduleur 3 niveaux "flying capacitor"
94
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
interrupteurs offert par ces structures multi-niveaux ne constitue pas un avantage majeur. Par
contre, il est plus intéressant d’associer les cellules de commutation de manière à appliquer
des niveaux de tension de sortie supérieurs, à tension continue imposée, et à faciliter ainsi la
couverture de plages de vitesse plus élevées.
Pour VDC1=VDC2, les états de tension de sortie sont ceux d’un onduleur 3 niveaux.
Pour les raisons évoquées précédemment, cette topologie est surtout intéressante si les deux
sources de tension continue isolées sont naturellement mises à disposition par l’architecture
du réseau. En ce cas, cette structure permettrait d’envisager de nombreuses possibilités de
reconfiguration, et éventuellement de secourir les charges d’un réseau continu défaillant en
transférant une composante continue de courant via l’alimentation de la machine (figure II.65)
[BAU05]. Cela préfigure des architectures de distribution par réseaux continus à disponibilité
élevée. Toutefois, comme les études présentées dans ce mémoire sont basées sur des
architectures de réseau classiques, ces aspects ne sont pas développés davantage.
figure II.65 : alimentation d’un réseau continu en défaut par transfert de puissance
à travers un ensemble convertisseur-machine
Cette topologie d’onduleur double est donc envisagée pour un bus continu unique
(figure II.66). Par rapport à une topologie d’onduleur triphasé classique, à calibre en courant
et en tension identique des interrupteurs, le même couple peut être fourni et les tensions
différentielles appliquées aux phases peuvent être augmentées d’un facteur 1,9 (ou 2 sans
95
Chapitre II
considérer de surmodulation). En effet, la pleine tension du bus continu peut être appliquée
aux enroulements de la machine. Par contre, la tension homopolaire doit être contrôlée pour
minimiser le courant homopolaire. Or une commande pleine onde produit des tensions qui
contiennent des harmoniques à fréquence triple du fondamental et ces harmoniques
introduisent des composantes de courant homopolaires indésirables qui se rebouclent à travers
le bus continu. La zone de surmodulation est donc restreinte : la tension de sortie est limitée à
1,1VDC [WEL03-2].
figure II.66 : onduleur double à source de tension continue unique avec figure II.67 : représentation des états de
interrupteurs d’isolement (représentés par les rectangles vides) tension dans le plan (α,β)
Il apparaît dans cette équation que le courant homopolaire n’est limité que par l’inductance de
fuite Lf de la machine (figure II.68).
v A + v B + v C v A' + v B' + v C' ⎧ 2VDC VDC ⎫
v0 = − = ⎨± VDC ,± ,± ,0 ⎬ (II-29)
3 3 ⎩ 3 3 ⎭
L f = L + 2M (II-30)
Ainsi, si l’inductance de fuite du moteur est faible, l’ondulation des courants est importante.
Comme la composante homopolaire de courant ne participe pas à la génération du couple,
cette ondulation ne se reporte pas sur le couple mais cela implique une valeur efficace de
courant majorée et des pertes supplémentaires. Pour minimiser cette composante, la
commande ne devrait utiliser que les 7 états parmi 27 pour lesquels la tension homopolaire est
théoriquement nulle (figure II.67) ; cela devrait également améliorer les aspects CEM.
96
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.68 : courant homopolaire dans figure II.69 : ondulation de courant homopolaire pour
l’onduleur double Lf=20%L et Lf=40%L
97
Chapitre II
Par contre, dans le cas d’une défaillance d’un transistor de type basse impédance,
l’ouverture des autres transistors connectés à l’enroulement concerné ne permet pas d’isoler le
défaut puisqu’il subsiste un chemin de court-circuit avec la diode antiparallèle de la cellule en
vis-à-vis du transistor défaillant. Même si la contrôlabilité de l’actionneur n’est pas totalement
perdue, le courant de court-circuit présente des amplitudes élevées et le couple subit en
conséquence de fortes ondulations (figure II.72). Pour assurer l’isolement, cette topologie doit
donc comporter un dispositif d’isolement par enroulement machine, soit trois dispositifs
(figure II.66).
figure II.72 : défaut basse impédance avec blocage des figure II.73 : défaut basse impédance avec blocage
autres transistors de l’enroulement concerné de tous les transistors sains
98
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
figure II.74 : reconfiguration de l’onduleur double pour un fonctionnement secours en mode diphasé
Pour les mêmes raisons qui ont été exposées dans le cas de l’onduleur 4 bras (cf.
II.7.3.1), le fonctionnement en mode diphasé sans reconfiguration de la commande se traduit
par une ondulation de couple importante. Les consignes de courant sont donc décalées de la
même manière que pour le mode diphasé 60° de l’onduleur 4 bras (figure II.75). Le couple
maximal produit est alors réduit d’un facteur 0,67 par rapport au fonctionnement normal de
l’onduleur :
3 C em 3ϕ
C em 60° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph = (II-31)
2 3
En laissant de côté les différentes surmodulations envisageables, la plage de vitesse couverte
reste identique en mode secours.
99
Chapitre II
figure II.76 : pertes dans l’onduleur double en mode figure II.77 : comparaison des pertes entre l’onduleur
normal et en mode secours double et l’onduleur 4 bras avec neutre relié
100
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Une autre topologie que celles décrites précédemment est traitée dans ce sous-chapitre.
Celle-ci est considérée ici à titre de comparaison extrême du point de vue de la redondance
puisqu’elle présente une redondance active totale onduleur-bobinage, comme ce peut être le
cas de deux ensembles onduleur-machine couplés au niveau de l’arbre moteur ou de deux
onduleurs alimentant une machine double étoile [MEI04]. En cas de défaut, différents
principes sont envisageables pour l’isolement, mais pour assurer l’homogénéité de ce
comparatif il est utilisé le même type d’interrupteur d’isolement que pour les autres
topologies. Ainsi, la topologie considérée comprend deux ensembles onduleur-machine à
arbres solidaires non débrayables, chacun comportant deux interrupteurs d’isolement disposés
sur les phases de la machine (figure II.78). Cette configuration permet ainsi d’isoler les modes
de défaut envisagés pour que l’ensemble onduleur-machine sain puisse assurer le
fonctionnement secours sans avoir à compenser la contribution d’un couple de défaut.
Les valeurs numériques calculées pour les différents critères de comparaison sont
consignées ci-dessous (Tableau II-3) pour chacune des topologies décrites. Nsc est le nombre
d’interrupteurs 3 segments constitués d’un transistor et d’une diode antiparallèle. Nis est le
nombre minimum d’interrupteurs d’isolement 4 segments pour assurer un arrêt sécurisé sur le
dernier défaut. Ndef est le nombre de défaillances internes pouvant être tolérées pour autoriser
un fonctionnement secours. Les autres critères de comparaison sont définis et commentés par
la suite.
101
Chapitre II
Onduleur 4 bras
8 6 1 1,3+12ds 1 100% 100% 4,6.10-7
redondant
1,6+9,5ds 0,57 (60°) 126%
Onduleur 4 bras à ≥3
8 1 1,3+8ds 0,67 (120°) 100% 100% 4,6.10-7
neutre relié ≤4
2,7+16,4ds 1 (60°) 235%
1+3ds 0,57 (60°) 52%
Onduleur double 12 3 1 1+3ds 0,67 (120°) 79% 52% 12,1.10-7
1,7+5,2ds 1 (60°) 89%
Redondance ≥4 1+4ds 0,5 55%
12 1 109% 9,1.10-7
onduleur-bobinage ≤6 2+8ds 1 100%
Tableau II-3 : caractéristiques opérationnelles comparées des topologies d’onduleur à iso-puissance nominale
Les topologies sont difficilement comparables uniformément sur ces critères dans la
mesure où la démarche suivie dans ce mémoire propose d’exploiter la modularité des
éléments de conversion génériques plutôt que d’effectuer de la segmentation de puissance.
Alors, puisque le choix d’une topologie dépend en premier lieu de la puissance requise pour
l’application, l’influence des spécifications de l’actionneur sur la définition des
caractéristiques de l’ensemble machine-convertisseur ne peut intervenir qu’entre topologies
de même puissance nominale. Par conséquent, pour que cette synthèse conserve son
uniformité quel que soit l’équipement envisagé, les topologies sont comparées ici au niveau
de l’impact du fonctionnement secours sur le dimensionnement électrique et thermique.
1
Pour être représentative des convertisseurs industriels considérés du point de vue du dimensionnement
électrique et thermique, la topologie d’onduleur triphasée de référence ne comporte pas d’interrupteurs
d’isolement. Mais il faudrait qu’elle en comporte au moins deux pour disposer, comme les autres topologies, de
la même capacité d’isolement sur le dernier défaut.
102
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
FSi =
∑ V̂ ⋅ Î + d ⋅ ∑ V̂
s is ⋅ Î is
(II-32)
6 ⋅ VDC ⋅ Î ph
Ce paramètre intègre de manière spécifique la présence des interrupteurs d’isolement (indice
is). En effet, ceux-ci ne sont pas soumis aux mêmes contraintes puisqu’ils ne commutent que
lors des reconfigurations et leur dimensionnement n’est donc pas identique à celui des
interrupteurs 3 segments des cellules de commutation. Pour prendre en compte cette
distinction, le facteur de dimensionnement silicium calculé pour les interrupteurs d’isolement
4 segments est multiplié par un gain ds, qui doit être représentatif de cette différence. D’autre
part, pour le calcul des tensions d’isolement, seule la plage de vitesse à couple constant est
considérée : les forces électromotrices restent limitées aux valeurs accessibles sans défluxage.
Le critère FSi donne une indication de la différence de coût silicium relative entre les
topologies, en considérant le coût des composants proportionnel aux contraintes qu’ils doivent
supporter. L’inverse de FSi représente donc le facteur de surcoût de la topologie : son
dimensionnement est d’autant plus optimisé que ce nombre est proche de l’unité. Les
éléments annexes tels que le circuit de puissance, la logique de commande et les capteurs
n’interviennent pas ici.
Pour une seule panne tolérée, ce critère traduit la marge de dimensionnement lors de
l’utilisation des composants en fonctionnement normal.
D’autre part, un indice de coût technologique Ict est établi pour synthétiser l’impact de
la tolérance de panne sur le potentiel d’intégration des topologies. Il est défini par le produit
du facteur de dimensionnement silicium par le nombre d’interrupteurs (3 segments et 4
segments) de la topologie, lui-même normalisé par rapport au nombre d’interrupteurs de
l’onduleur classique non reconfigurable.
FSi ⋅ (N sc + N is )
I ct = (II-34)
6
Plus l’indice évalué est faible, plus le potentiel d’intégration de la topologie est élevé. Dans le
cas d’interrupteurs de même type que ceux utilisés pour les études expérimentales, il peut être
remarqué que chaque interrupteur est associé à une commande rapprochée.
Enfin, un facteur mérite Fm peut être défini pour résumer les caractéristiques des
topologies pour les différents critères de dimensionnement et de disponibilité.
103
Chapitre II
6 1 Pmax ( secours)
Fm = N def ⋅ ⋅ ⋅ (II-35)
(N sc + N is ) FSi Pmax (normal )
Pour la plupart des topologies, ce critère est redondant avec l’indice de coût technologique et
il n’est par conséquent pas représenté.
Les différentes données sont reportées dans le graphe de la figure II.79, dont découlent
les observations suivantes.
• Les écarts entre les dimensionnements des topologies étant proportionnellement plus
importants que les écarts entre les quantités d’interrupteurs, l’indice de coût technologique
suit globalement l’évolution du facteur de dimensionnement silicium.
• L’onduleur à bras parallélisés peut tolérer entre 1 et 3 défaillances. Cependant, dans le pire
cas (une seule panne tolérée), le rapport entre dimensionnement et disponibilité n’est pas des
plus avantageux, en particulier car cette topologie possède le plus grand nombre de
composants.
• L’onduleur à bras secours redondant est surtout pénalisé par le nombre d’interrupteurs
d’isolement. Par contre, c’est la seule topologie pour laquelle le fonctionnement secours à
puissance nominale ne nécessite pas de surdimensionnement électrique ; son indice de coût
technologique est donc particulièrement intéressant pour cette condition de fonctionnement.
• L’onduleur 4 bras avec neutre relié a le dimensionnement électrique le plus contraignant, et
il le devient encore davantage pour un fonctionnement secours à puissance nominale. Cela est
dû en particulier à la contrainte en courant du bras secours en fonctionnement diphasé 60°.
Par contre, cette topologie est celle qui comporte le moins d’interrupteurs.
• L’onduleur double a le facteur de dimensionnement silicium et l’indice de coût
technologique les plus faibles, que ce soit pour un fonctionnement secours dégradé ou
nominal. Cela provient à la fois du faible nombre d’interrupteurs d’isolement et des
contraintes électriques réduites. Le principal inconvénient par rapport à un onduleur 4 bras est
le nombre élevé de cellules de commutation, qui peut se répercuter sur la compacité du
convertisseur.
• La redondance onduleur-bobinage est, sur le plan électronique, assez semblable à
l’onduleur à bras parallélisés. Par rapport à celle-ci, elle présente l’avantage de ne nécessiter
que 4 interrupteurs d’isolement. Par contre, la redondance de bobinage a forcément un impact
important sur la masse, le volume et le coût de l’actionneur, ce qui n’apparaît pas à travers les
paramètres exposés ici.
104
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Tableau II-4 : paramètres utilisés pour le calcul des pertes des topologies d’onduleur
Puis les valeurs obtenues sont normalisées par rapport aux pertes de la topologie de
référence. Les valeurs répertoriées (Tableau II-3) ne tiennent pas compte des pertes des
interrupteurs d’isolement, qui peuvent varier fortement selon la technologie employée, pour
qu’elles ne masquent pas le comportement des topologies.
A titre indicatif, la contribution des interrupteurs d’isolement est précisée sur la figure
II.80, dans le cas du fonctionnement secours à puissance réduite et avec les paramètres des
composants utilisés pour les études expérimentales. Alors, la puissance dissipée est à peu près
doublée pour chacune des topologies. Cette contribution conditionne donc de manière
importante le dimensionnement du système de refroidissement ; le choix des interrupteurs
d’isolement est effectivement un point critique pour la conception du convertisseur.
figure II.80 : puissance dissipée par chaque topologie selon le mode de fonctionnement
105
Chapitre II
Les constatations suivantes sont établies à partir de la figure précédente, sans tenir
compte de la contribution des interrupteurs d’isolement.
• En fonctionnement normal, les pertes sont logiquement inchangées pour les onduleurs 4
bras (références 2 et 3) par rapport à la topologie de référence. Les différents onduleurs 6 bras
(1,4,5) présentent une majoration des pertes de 9%, hormis l’onduleur double (4) pour lequel
la plus faible puissance dissipée (-21%) est due principalement à la réduction de moitié de la
fréquence de découpage que permet cette topologie.
• En fonctionnement secours, les topologies reconfigurées en onduleur triphasé classique
(onduleur à bras parallélisés (1), onduleur à bras redondant (2) et ensemble onduleur-machine
redondant (5)) ne présentent logiquement pas de majoration de la puissance dissipée en mode
nominal (Pds nom=100%).
• L’onduleur à bras additionnel relié au neutre (3) dissipe davantage de puissance en mode
dégradé diphasé 60° (Pds deg=126%). Le fonctionnement secours à puissance nominale est
beaucoup plus pénalisant pour le dimensionnement thermique car les pertes sont alors
majorées de 135%, en particulier à cause des pertes dans le bras connecté au neutre.
• A l’inverse, l’onduleur double présente par rapport à la topologie de référence des pertes
réduites (-11%) pour un fonctionnement post-défaillance sans réduction de puissance. C’est
donc la topologie qui requiert le dimensionnement thermique minimal, pour les paramètres
considérés et en particulier une fréquence de découpage apparente de 20kHz.
106
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Pour chaque topologie, il est estimé un taux de défaillance équivalent λond, qui est la
probabilité moyenne de panne active par heure de vol. La seconde grandeur calculée est le
taux de défaillance interne au convertisseur λd, qui représente la probabilité d’occurrence de la
première défaillance en marche normale. Il convient de rappeler que les applications
numériques sont effectuées essentiellement pour permettre une comparaison relative ; les
grandeurs absolues ne sont pas représentatives car elles ne sont pas corrélées aux conditions
de fonctionnement des composants dans leur environnement. Les définitions et les différentes
hypothèses de calcul sont récapitulées ci-dessous.
• Une panne active est une panne qui ne peut pas rester sur un avion plus longtemps que la
durée du vol. Elle est, de par ses conséquences, toujours détectée avant le prochain vol. Dans
le cas de l’onduleur, il est considéré ici qu’il s’agit simplement de la perte de la fonction
assurée.
• Une panne passive (ou cachée) caractérise une panne qui, en mode simple, n’a pas d’effet
décelable sur le fonctionnement de l’avion et ne peut être détectée par une surveillance
[AM2616]. Elle ne peut être détectée et réparée que par une tâche de maintenance (test avant
chaque vol ou intervention préventive) : l’intervalle de temps (en heures de vol) entre deux
tâches de maintenance est noté TM, il est nécessairement supérieur ou égal à la durée du vol
T0 (A.N. : TM=1000h, T0=8h).
• Les différents modes de panne sont indépendants.
• Les pannes triples ont une probabilité d’occurrence suffisamment faible pour pouvoir être
négligées par rapport aux pannes simples et doubles.
• Les défaillances répondent à une loi de probabilité exponentielle (e-λt) et le taux de
défaillance λ est donc constant dans le temps (processus de nature aléatoire) ; par conséquent,
les défaillances ayant pour cause un défaut intrinsèque (qualité) ou un processus de
vieillissement sous contraintes sont exclues.
• Comme les durées de vie sont d’un ordre de grandeur de 10000h, la condition λt<0,3 est
respectée, ce qui permet de linéariser les fonctions exponentielles (e-λt ≈ -λt).
107
Chapitre II
1
Pour l’onduleur 4 bras avec neutre relié, il est supposé que le bras additionnel est inactif en fonctionnement
normal ; ainsi, pour ces topologies à redondance passive, le bras secours est peu contraint car chaque interrupteur
ne supporte que la moitié de la tension continue et ne commute pas. Le taux de défaillance associé est donc
considéré faible (A.N. : λBS=10-7/hdv).
108
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
Onduleur 6 bras ⎛ T + T0 T + TM ⎞
3λ B ⋅ ⎜⎜ 2λ B S + λ PC S ⎟⎟ 3,1.10-7 6λB+6λIS=6,6.10-5
parallélisés ⎝ 2 2 ⎠
Onduleur 4 bras ⎡ T + T0 T + TM ⎤
3λ B ⋅ ⎢3λ B S + (λ PC + λ BS ) S ⎥ 4,6.10-7 3λB+3λIS=3,3.10-5
redondant ⎣ 2 2 ⎦
Onduleur 4 bras à ⎡ T + T0 T + TM ⎤
3λ B ⋅ ⎢(2 + a ) ⋅ λ B S + (λ PC + λ BS ) S ⎥ 4,6.10-7 3λB+3λIS=3,3.10-5
neutre relié ⎣ 2 2 ⎦
⎛ T + T0 T + TM ⎞
Onduleur double 6λ B ⋅ ⎜⎜ 4λ B S + λ PC S ⎟⎟ 12,1.10-7 6λB+3λIS=6,3.10-5
⎝ 2 2 ⎠
Redondance ⎛ T + T0 T + TM ⎞
6λ B ⋅ ⎜⎜ 3λ B S + λ PC S ⎟⎟ 9,1.10-7 6λB+4λIS=6,4.10-5
onduleur-bobinage ⎝ 2 2 ⎠
Les applications numériques pour les topologies à tolérance de panne sont répertoriées
à la figure II.82.
• La topologie présentant la plus grande disponibilité est naturellement l’onduleur à bras
parallélisés (1) puisqu’il peut tolérer jusqu’à 3 pannes : le taux de panne est réduit de 2
décades par rapport à la topologie de référence.
• Si, de par la construction de la fiabilité adoptée, la tolérance à une seule panne semble
suffisante, les topologies à 4 bras (2,3) présentent alors un meilleur compromis entre taux de
panne et taux de défaillance, ce dernier étant directement lié à la quantité de composants.
• La topologie onduleur double (4) présente un taux de panne et un taux de défaillance
accrus par le nombre de bras d’onduleur qu’elle comporte. Le gain en disponibilité par rapport
à la topologie de référence est nettement moins intéressant.
• Enfin, la redondance onduleur-bobinage (5) est également moins intéressante sur ces
critères de disponibilité. Elle n’est donc surtout profitable que si la fiabilité de la machine est
proche de celle de l’onduleur, ce qui n’est généralement pas le cas dans le contexte étudié (cf.
II.1).
109
Chapitre II
Bien que le fonctionnement secours ait été ici formalisé mathématiquement à travers
une panne cachée, en réalité la panne ayant occasionné la reconfiguration a dû être identifiée.
La tâche de maintenance est donc fortement facilitée par la connaissance du diagnostic. Or, en
considérant non pas la disponibilité fonctionnelle mais plutôt la disponibilité au niveau de
l’exploitation d’un équipement, la maintenabilité de celui-ci est alors un paramètre important
[ZWI95].
temps moyen de non défaillance
Disponibilité = (II-37)
temps moyen de non défaillance + temps moyen de réparation
110
Topologies d’onduleur à tolérance de panne
II.10 Conclusion
Afin de développer le concept de module de conversion générique, une première étape
a consisté à définir, dans le chapitre I, les topologies de convertisseurs statiques les plus
appropriées dans le réseau électrique considéré. La modularité permet d’envisager des
applications sur une plage de puissance aussi large possible en définissant des modes
d’association adaptés. De plus, elle constitue une prédisposition à l’introduction de
redondances qu’il est proposé d’exploiter pour améliorer la disponibilité des convertisseurs en
leur conférant une tolérance de panne.
Le chapitre suivant expose les études expérimentales de certains des principes qui ont
été traités théoriquement. Il a été choisi de s’attacher plus particulièrement au cas de
l’onduleur 4 bras avec neutre relié, en particulier car cette topologie, moins aisée à
caractériser que les autres, présente des avantages au niveau de la disponibilité et du nombre
de composants. Elle peut de plus procurer des fonctionnalités annexes en fonctionnement
normal et lors de la reconfiguration. Quant aux topologies à fort niveau de redondance (6
bras), elles sont envisagées, conformément à l’approche développée dans ce rapport, pour
augmenter la plage de puissance couverte par les modules de conversion, avec en particulier
des essais de mise en parallèle avec de faibles inductances additionnelles.
111
Chapitre II
77
112
Chapitre III
Etudes expérimentales
113
Chapitre III
77
114
Etudes expérimentales
Le périmètre structurel du module expérimental est défini par les sous-systèmes qu’il
intègre : les interrupteurs de puissance et leur commande rapprochée, la protection électrique
et thermique, la logique interne de contrôle, la mesure de courant, les composants passifs et
les interfaces de puissance et de données. Ces éléments vont être décrits successivement par la
suite.
115
Chapitre III
figure III.1 : schéma fonctionnel de convertisseur constitué de modules génériques (contexte aéronautique)
116
Etudes expérimentales
figure III.3 : brique structurelle de conversion figure III.4 : photo de l’intérieur du module
EUPEC (2 bras IGBT-diode)
117
Chapitre III
D’autre part, pour confiner le courant de découpage dans la maille constituée par la
cellule de commutation et le condensateur de découplage, le filtre ainsi formé doit avoir une
fréquence de coupure faible par rapport à la fréquence de découpage. En considérant une
inductance de câblage Lpar d’environ 1μH et une fréquence de coupure FLC de 12kHz, la
capacité requise vaut 176μF.
1
Cd = (III-2)
L par ⋅ (2π ⋅ FLC )2
Finalement, pour disposer d’un tampon d’énergie suffisant, il est choisi d’associer un
condensateur chimique 220μF/385V pour les deux cellules du module et un condensateur
polypropylène 2,2μF/400V de faible volume disposé au plus près de chacune des cellules de
commutation (figure III.5).
figure III.5 : circuit de puissance avec composantes inductives parasites et condensateurs de découplage
Pour minimiser les inductances parasites entre chaque bras d’onduleur et le bus
continu, les plans des points chaud et froid du bus sont superposés. D’autre part, pour pouvoir
associer facilement les modules expérimentaux, ceux-ci sont enfichables au niveau du bus
continu grâce à des lamelles dépassant du module qui viennent se visser sur le module voisin
(figure III.6). Les cartes de puissance doivent donc présenter une souplesse suffisante pour
accepter la flexion des lamelles nécessaire à leur connexion. L’épaisseur de cuivre est de
105μm et celle du circuit imprimé vaut 510µm. Comme les modules sont identiques, le
courant circulant dans le bus continu doit être transmis à travers le circuit imprimé double
face. Pour cela, 30 trous de 1mm de diamètre sont percés sur chacune des deux pistes du bus
continu puis ils sont métallisés par une couronne de cuivre de 30µm d’épaisseur. En l’absence
de données sur la densité de courant admissible dans les trous, l’augmentation de température
au niveau de la carte a été mesurée : elle ne dépasse pas 25°C pour un courant continu de 50A
(figure III.7 : les zones de trous métallisés sont encadrées en pointillés).
118
Etudes expérimentales
119
Chapitre III
dissipée par les composants en mode onduleur est établie à partir des équations suivantes
[TUR01].
2
⎛ π ⎞ ⎡ 2 ⎛ 8 ⎞⎤
Î ph ⋅ ⎜1 + ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎢ Î ph ⋅ ⎜1 + ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎥
⎝ 4 ⎠ ⎢ ⎝ 3π ⎠⎥
Pcond IGBT = VCE0 ⋅ +Rd IGBT ⋅ (III-3)
2π ⎢ 8 ⎥
⎢ ⎥
⎣ ⎦
2
⎛ π ⎞ ⎡ 2 ⎛ 8 ⎞⎤
Î ph ⋅ ⎜1 − ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎢ Î ph ⋅ ⎜1 − ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎥
⎝ 4 ⎠ ⎢ ⎝ 3π ⎠⎥
Pcond diode = Vd0 ⋅ + Rd diode ⋅ (III-4)
2π ⎢ 8 ⎥
⎢ ⎥
⎣ ⎦
⎡⎛ a + a ⎞ Î ph Î 2ph ⎤
Pcom = Fd ⋅ ⎢⎜⎜ on off
⎟⎟ + ⋅ (b on + b off ) + ⋅ (c on + c off )⎥ (III-5)
⎢⎣⎝ 2 ⎠ π 4 ⎥⎦
Les coefficients aon, bon, con, aoff, boff et coff résultent de l’interpolation des courbes Eon=f(iC) et
Eoff=f(iC) du fabriquant (pour VDC et Tj fixés) à des équations du second degré. Les pertes
dans l’IGBT dues au recouvrement et les pertes par commutation de la diode sont prises en
compte de manière simplifiée à travers le coefficient aon.
Les applications numériques donnent une puissance totale dissipée de 195W par les
deux cellules de commutation du module (Îph=50A, Fd=17kHz, Tj_IGBT=Tj_diode=125°C). Pour
une température du dissipateur inférieure à 100°C et une température ambiante de 20°C, la
résistance thermique du dissipateur doit être de 0,41°C/W.
ΔTsa
R sa = (III-6)
Pd
figure III.9 : résistance thermique AR125SG [ARC] figure III.10 : dissipateur Arcel ARH
120
Etudes expérimentales
La commande rapprochée des cellules de commutation est disposée au plus près des
composants pour réduire les inductances parasites. Elle s’articule autour d’un driver fabriqué
par la société Concept [CON1] [CON2]. Ce composant génère les signaux de commande
appliqués aux grilles des IGBT à partir des ordres de commande TTL ; il en assure donc la
mise en forme, l’amplification et l’isolement galvanique. Les caractéristiques principales du
driver sont récapitulées ci-dessous.
D’autre part, le driver peut être utilisé pour appliquer les temps morts. Cette
fonctionnalité n’est pas utilisée pour permettre une modification de ce paramètre logicielle et
non pas matérielle ; il peut cependant sembler plus sécuritaire d’appliquer les temps morts
directement au niveau de la commande rapprochée plutôt qu’au niveau de la carte de
commande centrale, afin d’éviter d’éventuelles erreurs de commande liées à la transmission.
De même, il a été choisi de ne pas intégrer de modulateur sur la carte de commande
rapprochée, afin de mutualiser cette fonction au niveau de la carte de commande centrale pour
en tirer bénéfice en termes de volume et de fiabilité.
121
Chapitre III
La solution simple consistant à ajouter une diode transil comme écrêteur passif est
pénalisante pour différentes raisons : son dimensionnement doit permettre de dissiper une
énergie importante, ses caractéristiques varient avec les paramètres de fonctionnement comme
la température, la tension de clampage est mal maîtrisée et la tension d’avalanche de la transil
peut être atteinte. Il est préférablement employé un dispositif qui consiste à insérer une diode
transil bidirectionnelle entre la grille et le collecteur pour effectuer une contre-réaction sur
l’IGBT [BAU00]. Une résistance est ajoutée pour stabiliser cette contre-réaction. Si une
122
Etudes expérimentales
tension trop importante apparaît aux bornes de la diode transil, elle entre en limitation et laisse
passer un courant qui vient charger la grille de l’IGBT et contrôler ainsi la vitesse de
décroissance de la tension de grille, limitant donc le gradient de courant dans le transistor. Ce
principe d’écrêtage actif permet d’écouler l’énergie présente dans l’inductance de la maille de
commutation à travers le composant de puissance.
Un capteur de courant à effet Hall LEM LAH 100-P est inséré en sortie de chacune
des cellules de commutation pour les besoins de régulation et de protection. Il comprend un
isolement galvanique et permet la mesure de courants efficaces jusqu’à 100A avec un temps
de réponse inférieur à 500ns et une bande passante de 200kHz. L’information délivrée par le
capteur de courant d’un bras permet la détection d’une surintensité, de la surcharge au court-
circuit (cf. III.1.2.6).
Une thermistance CTN est intégrée dans le module EUPEC. Sa résistance diminue
lorsque la température augmente et sa valeur est utilisée par un circuit spécifique de la
commande rapprochée pour détecter une surchauffe due à un ou plusieurs composants des
deux cellules de commutation du module.
123
Chapitre III
(figure III.12). Les séquences de commande des interrupteurs de puissance selon les
différentes phases de fonctionnement sont récapitulées à la figure III.13.
figure III.12 : implémentation analogique des procédures prioritaires (défauts actifs à l’état bas)
figure III.13 : séquences de commande des interrupteurs de puissance selon les phases de fonctionnement
124
Etudes expérimentales
figure III.14 : mise en marche d’une cellule figure III.15 : isolement d’une cellule
figure III.16 : test de la protection en courant figure III.17 : test de la protection en courant (zoom)
125
Chapitre III
• En cas de signal de défaut transmis par le driver, correspondant à une détection de court-
circuit ou de défaut interne, la procédure appliquée est semblable à celle du défaut de
surintensité hormis l’absence de détection de seuil. L’organe de commande central doit
également transmettre un signal de réinitialisation pour autoriser la reprise du fonctionnement.
• Enfin, en cas d’une perte de la liaison avec la commande centrale ou de défaut de cette
dernière, le module doit assurer son auto-protection et sa mise à l’arrêt dans le mode de
dernier secours le plus approprié. Cette situation est gérée naturellement puisqu’un niveau bas
de tension en entrée de la carte de commande rapprochée correspond au blocage des
transistors des cellules de commutation et des interrupteurs d’isolement. La procédure d’arrêt
classique est donc réalisée.
Dans tous les cas, les différentes informations de statut sont transmises par le module à
la carte de commande centrale qui diagnostique d’éventuels modes de défaut puis décide alors
des mesures correctives à appliquer.
La carte DSK C6713 recevant les consignes est une plateforme de développement de
faible coût conçue par Texas Instruments (DSP Starter Kit) permettant une mise en œuvre
rapide pour des applications dédiées. Elle s’articule autour d’un microprocesseur (Digital
Signal Processor) TMS320C6711 à virgules flottantes. Le programme est téléchargé de
l’ordinateur vers la carte qui est alors autonome mais accepte encore de recevoir des données
par un mode d’interruptions. D’autres composants de cette carte sont utilisés : un port
d’entrées/sorties, une interface JTAG, de la mémoire morte (ROM) et de la mémoire vive
dynamique (SDRAM), une connectique pour interfacer une mémoire externe (EMIF) et des
signaux périphériques permettant une extension des fonctionnalités par addition de cartes
externes. En utilisant cette dernière fonctionnalité, deux cartes supplémentaires développées
au LEEI sont superposées à la carte DSP (figure III.19).
La première carte (MPAB_NUM sur la figure III.18) s’articule autour d’un composant
logique programmable FPGA (Field Programmable Gate Array) ACEX 1K100 d’Altera
[RUE03] [AIM04]. Avec 100 000 portes, 4992 éléments logiques et 208 pins utilisateur, il
exécute les traitements numériques rapides et à faible temps de calcul. Le lien série (JTAG)
permet de programmer une mémoire flash, qui configure automatiquement le FPGA lors de la
mise sous tension. L’échange de données entre le FPGA et le DSP est effectué via 16
registres. De plus, la carte comprend 56 entrées/sorties numériques sous la forme de 24
canaux bidirectionnels et 32 canaux unidirectionnels numériques bufférisés.
126
Etudes expérimentales
figure III.19 : cartes DSK 6713, MPAB_NUM et figure III.20 : carte d’interface
MPAB_ANA superposées
127
Chapitre III
Enfin, une carte supplémentaire a été conçue pour interfacer les signaux des modules
de conversion, de la carte de commande et de la mesure de position de la machine (figure
III.20). De par la diversité des câbles, des connecteurs et de la nature des signaux, il est
évident qu’une recherche de généricité implique de minimiser le nombre d’interconnexions et
de standardiser les architectures de commandes, les interfaces et les protocoles de
communication.
Chaque module de conversion comporte donc 10 entrées TTL puisqu’il reçoit, via la
carte d’interface, les ordres de commande des deux cellules de commutation et de leur
interrupteur d’isolement ainsi que les consignes de réarmement pour les défauts de
surintensité et de driver. Le module expérimental renvoie 8 signaux vers la carte de
commande, via la carte d’interface : mesure des courants et statut des cellules de commutation
(défaut driver, défaut surintensité et défaut température). Par souci de simplicité, la
conversion analogique-numérique n’est pas intégrée dans les modules, même si la
transmission de données numériques est potentiellement moins susceptible d’être perturbée
par rapport à des signaux analogiques.
128
Etudes expérimentales
Toutefois, cette cassure n’est pas très marquée car la tension est filtrée par la capacité parasite
COSS de l’IGBT. Ainsi, la valeur de l’inductance de maille calculée est approximative, mais
son ordre de grandeur est cohérent.
figure III.22 : amorçage sous 150V/15A figure III.23 : amorçage sous 300V/3A
Puis il s’ensuit un régime oscillatoire amorti sous l’effet des capacités parasites des
interrupteurs et des inductances de câblage. D’autre part, il apparaît à travers ces oscillations
une traînée de la tension VCE causée par la capacité Miller de l’IGBT, car cette dernière
augmente lorsque VCE diminue.
129
Chapitre III
figure III.24 : blocage sous 150V/15A figure III.25 : blocage sous 300V/4A
Dans une configuration semblable de hacheur sur charge RL, l’énergie dissipée lors
des commutations a été calculée pour des valeurs moyennes de courant de 10A, 20A, 30A et
40A (VDC=300V, Fd=15kHz , Ta=25°C). La tension est mesurée avec une sonde passive et le
courant avec une pince à effet Hall.
Pour les valeurs de résistance de grille considérées (cf. III.1.2), les relevés à
l’amorçage (figure III.26) montrent des gradients de courant de l’ordre de 800A/μs et des
gradients de tension de l’ordre de 1,4kV/μs. Pour les relevés au blocage (figure III.27), les
gradients de courant sont semblables (900A/μs) et les gradients de tension sont portés à
3,5kV/μs.
130
Etudes expérimentales
figure III.26 : amorçage sous 300V figure III.27 : blocage sous 300V
L’énergie dissipée lors des commutations est calculée par intégration des pertes (figure
III.28). Conformément aux caractéristiques reportées dans la datasheet pour des valeurs de
courant plus élevées, il apparaît que les pertes à l’amorçage deviennent légèrement
supérieures aux pertes au blocage pour une résistance de grille de 10Ω. De plus, les courbes
présentent un écart croissant avec les données extrapolées à partir de la datasheet pour une
même résistance de grille : cela peut s’expliquer par le fait que les mesures ont été réalisées
avec une température de boîtier croissante (de 36°C à 72°C) alors que dans la datasheet la
température de jonction est constante (125°C). Toutefois, les puces en technologie NPT sont
relativement peu sensibles à la température.
Enfin, un point essentiel pour les études à venir est de vérifier l’immunité de
commande des transistors de l’interrupteur d’isolement face aux différentes sollicitations, en
particulier la tension de mode commun, puisque cet élément est primordial pour la capacité de
reconfiguration de l’onduleur.
131
Chapitre III
Cette excitation à courant très faible est un cas de fonctionnement contraignant car il y
a peu de charges stockées dans les jonctions ce qui permet des fronts de commutation abrupts
(de l’ordre de 3kV/μs). Les tensions aux bornes des deux composants de l’interrupteur
d’isolement (VCE1, VCE2) montrent la réponse de l’excitation à travers le circuit RLC série que
constituent la charge et les capacités parasites des interrupteurs bloqués (figure III.31). Ainsi,
la tension d’excitation est tenue par un IGBT et une diode de l’interrupteur d’isolement et la
répartition de tension entre ces composants montre une oscillation. En effet, comme
l’interrupteur d’isolement présente une très forte impédance, une faible énergie suffit à
perturber la stabilité des potentiels à l’intérieur de cet interrupteur. La situation est semblable
pour une impédance de charge réduite (figure III.32).
figure III.31 : immunité de la commande en phase de figure III.32 : immunité de la commande en phase de
blocage (R=44Ω) blocage (R=6,6Ω)
132
Etudes expérimentales
figure III.33 : immunité de la commande en phase de figure III.34 : immunité de la commande en phase de
blocage (6,6Ω / 0mH) blocage avec bras opposé bloqué
Dans une configuration de hacheur sur une charge RL, les relevés présentés pour des
courants de phase de 5A et 20A comparent les courants mesurés par une pince à effet Hall et
par le capteur LEM LAH100-P de la carte de commande rapprochée. Sur la mesure du
capteur, un bruit haute fréquence se superpose à la valeur moyenne du courant et son
amplitude reste inférieure à 200mV (2A). De plus, il apparaît un léger effet de filtrage par
rapport à la mesure donnée par la pince de courant, qui provient du filtre RC sur la carte de
commande rapprochée ainsi que des condensateurs ajoutés sur la carte d’interface.
Globalement, le retard de la mesure et le niveau de bruit restent acceptables même pour des
courants faibles.
figure III.35 : mesure de courant pour <Iph>=5A figure III.36 : mesure de courant pour <Iph>=20A
133
Chapitre III
figure III.37: onduleur 4 bras à briques figure III.38 : banc moteur (MSAP, MAS+variateur)
modulaires
figure III.39 : limites de fonctionnement de la MSAP figure III.40 : fem générée à 1000tr/mn dans l’une
dans le plan couple-vitesse des phases de la MSAP (50V/div)
134
Etudes expérimentales
Les deux machines sont accouplées et montées sur un châssis à roulettes avec support
antivibratoire, qui incorpore des platines de câblage pour les connexions de puissance et de
données. Le synoptique complet du banc expérimental est représenté à la figure III.41. La
machine asynchrone est utilisée comme une charge en fournissant un couple résistant
réglable. L’autopilotage de la MSAP est effectué à partir de la mesure de position rotorique
délivrée par un codeur absolu 9 bits.
135
Chapitre III
dΦ ∂Φ dθ m
e= = ⋅ (III-9)
dt ∂θ m dt
⎧
⎪e = − p ⋅ Ω ⋅ Φ ⋅ sin
⎪ A M (pθ m )
⎪⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨e B = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟ (III-10)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪ ⎛ 2π ⎞
⎪e C = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m + ⎟
⎪⎩ ⎝ 3 ⎠
Pour une commande à couple maximal, les courants de référence générés sont en phase avec
les forces électromotrices.
⎧i phA = −I ref ⋅ sin (pθ m )
⎪
⎨ ⎛ 2π ⎞ (III-11)
⎪i phB = −I ref ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟
⎩ ⎝ 3 ⎠
La régulation est alors réalisée avec un correcteur proportionnel-intégral selon le schéma bloc
de la figure III.42. La fonction de transfert du système en boucle fermée est la suivante.
k p_i
1+ ⋅p
k i_i
TBF i = (III-12)
k p_i Lc
1+ ⋅p + ⋅ p2
k i_i k i_i ⋅ VDC
Le correcteur PI est numérisé simplement par la méthode des trapèzes. Les mesures de
courant issues des modules de conversion sont numérisées au niveau de la carte de
commande. Enfin, les rapports cycliques α calculés sont transmis au FPGA, qui s’acquitte de
la modulation de largeur d’impulsion et transmet les ordres de commande vers le module de
conversion.
136
Etudes expérimentales
k pΩ ⋅ p + k iΩ 1
TBO Ω = K c ⋅ ⋅ (III-13)
p J⋅p + f
k pΩ
1+
k iΩ
TBF Ω = (III-14)
⎛ f + K C ⋅ k pΩ ⎞ J
1 + ⎜⎜ ⎟⋅p +
⎟ ⋅p2
⎝ K C ⋅ k iΩ ⎠ K C ⋅ k iΩ
Les paramètres du correcteur en sont déduits par assimilation avec un système du deuxième
ordre de pulsation propre ω0Ω et de coefficient d’amortissement ξΩ.
⎧ 2 ⋅ ζ Ω ⋅ J ⋅ ω 0Ω − f
⎪k pΩ = KC
⎪
⎨ 2 (III-15)
⎪k = J ⋅ ω 0Ω
⎪ iΩ KC
⎩
Les caractéristiques mécaniques ont dû être identifiées : l’inertie de l’ensemble mécanique est
déterminée par des essais de lâcher (J=21.10-3kg.m2) et les frottements sont mesurés en
régime statique (f=4.10-3N.m.s/rad).
La mesure de vitesse Ωmes est établie à partir de l’information transmise par le capteur
de position en calculant l’angle mécanique Δθm parcouru par unité de temps. La vitesse est
donc calculée à période fixe NΩTd, multiple de la période de découpage.
Δθ m
Ω mes = (III-16)
N Ω ⋅ Td
L’erreur absolue maximale sur la mesure de vitesse dépend de la résolution du codeur (9 bits).
εΩ ε Δθ m ε Δθ m ± 1LSB 2π
= = = 9 ⋅ (III-18)
Ω Ω ⋅ N Ω ⋅ Td Δθ m 2 − 1 Δθ m
137
Chapitre III
Un critère supplémentaire est introduit par la correction de vitesse qui est effectuée
dans la zone de discontinuité de la position (figure III.44), puisque la vitesse calculée est
erronée lorsque la position passe de 2π à 0 ou inversement. Comme la valeur de la vitesse
n’est pas remise à jour lors du passage par cette zone, il est nécessaire que la période de
rafraichissement de la mesure de vitesse soit courte devant la période électrique.
2π p ⋅ Ω max
N Ω << soit FΩ >> (III-20)
p ⋅ Ω max ⋅ Td 2π
En considérant une vitesse maximale de 1000tr/mn, ce dernier critère est déterminant. Il est
choisi NΩ=100, ce qui correspond à une fréquence de rafraichissement de 167Hz et une erreur
relative maximale sur la vitesse inférieure à 20% en-deçà de 195tr/mn (figure III.45). Cette
méthode de mesure d’angle par unité de temps offre donc une faible précision à basse vitesse.
Pour y remédier, il est possible d’implémenter une méthode mesurant le temps écoulé par
unité d’angle et de commuter entre les deux méthodes de calcul en fonction de la plage de
vitesse, mais cela ne présente pas d’intérêt particulier pour les études menées.
figure III.44 : éléments de calcul de la vitesse à figure III.45 : erreur relative maximale de la mesure de
partir de la mesure de position vitesse en fonction de sa fréquence de rafraîchissement
138
Etudes expérimentales
phase préliminaire à dynamique réduite pour limiter les à-coups de couple et les pointes de
courant lors du régime transitoire suivant la reconfiguration (jeton dans la position "diphasé").
Dans tous les autres cas de défaut, le jeton est déplacé à la position "arrêt" : l’onduleur
est arrêté de manière sécurisée en bloquant les cellules de commutation, puis en ouvrant les
interrupteurs d’isolement à faible courant. Il est rappelé que les ordres de commande
déterminés par la carte de contrôle ne sont appliqués que s’ils sont en adéquation avec les
procédures automatiques internes des modules de conversion ; en effet, les ordres de
commandes imposés au niveau "matériel" sont prioritaires devant ceux émis au niveau
"logiciel".
139
Chapitre III
Un essai est présenté à la figure III.49. Les deux courants de phase sont mesurés par
des pinces à effet Hall et l’addition de ces signaux permet de calculer le courant IphN dans le
neutre. Ce dernier a bien une amplitude majorée d’un facteur 1,73 par rapport aux courants de
phase.
Les formes d’onde montrent que la régulation s’effectue correctement. De plus, il n’est
pas observé d’importante ondulation de courant homopolaire par rapport à l’ondulation de
courant que présentent les essais en fonctionnement triphasé. Cela corrobore l’hypothèse d’un
filtrage suffisant par l’inductance L+M (cf. II.7.3.3) : il n’est pas nécessaire de spécifier un
bobinage particulier de la machine ni d’ajouter un filtre de mode commun supplémentaire.
140
Etudes expérimentales
Un essai est présenté à la figure III.50. Les différentes étapes définissant la position du
jeton de la machine d’état, et donc le mode de fonctionnement, sont numérotées de 1 à 4. Au
départ, l’onduleur fonctionne en mode triphasé (1). Lorsque l’organe superviseur est informé
d’un régime anormal, la première mesure corrective consiste à bloquer les cellules de
commutation de l’onduleur (2). Dès que la mesure de courant dans la phase concernée par le
défaut est inférieure au seuil bas, l’interrupteur d’isolement est ouvert. Puis, le bras relié au
neutre de la machine est connecté en fermant son interrupteur d’isolement et les commandes
des bras "sains" de l’onduleur sont désinhibées. La commande de l’onduleur en mode diphasé
60° est alors active avec une dynamique réduite (3). Enfin, lorsque l’erreur sur la mesure de
vitesse est inférieure à un seuil prédéfini, la commande en mode diphasé 60° est effectuée à
dynamique nominale (4).
En regardant les formes d’onde de plus près, un pic de courant circulant entre le bras A
et le bras connecté au neutre est observé lors de la reconfiguration matérielle de l’onduleur ;
sa durée est de quelques millisecondes. Une adaptation de la commande de l’onduleur doit
permettre de s'affranchir de ce phénomène.
figure III.50 : reconfiguration (Cch=5N.m / Ω=50rad/s) figure III.51 : zoom au début de la reconfiguration
141
Chapitre III
En régime statique, les principales causes d’un déséquilibre de courant en sortie des
cellules de commutation sont les suivantes.
• La chute de tension à l’état passant des semi-conducteurs peut constituer une cause de
dissymétrie prépondérante. Toutefois, pour les modules Econopack utilisés, le fabriquant
affirme que cette dispersion est faible et que le modules peuvent être parallélisés sans
sélection préalable [EUP04].
• Dans la configuration étudiée, il est probable que la dissymétrie des résistances parasites au
niveau de la connectique des puces, du routage et du câblage entre les cellules en parallèle a
peu d’influence par rapport à la composante résistive des interrupteurs.
142
Etudes expérimentales
• D’autre part, pour les modules utilisés, les IGBT ont un coefficient de température positif
sur toute la plage de courant et les diodes ont un coefficient de température positif au-delà du
courant nominal. Cela signifie qu’un déséquilibre de courant, menant à l’accroissement de
température du composant conduisant le courant le plus élevé, entraîne l’augmentation de sa
résistance dynamique. Ainsi, le courant dans ce composant tend à diminuer et cela permet un
équilibrage naturel des courants, en éliminant le risque d’emballement thermique.
• De par la configuration expérimentale adoptée, le refroidissement des différents
composants est assez homogène pour ne pas introduire de dissymétrie supplémentaire.
figure III.53 : onduleur monophasé avec charge raccordée à un point milieu capacitif
L’équilibrage basse fréquence des courants ne dépend pas de la différence entre les
deux selfs. En effet, leur impédance Lω et leur résistance série interne (entre 5 et 8mΩ pour
44μH et 7μH) sont faibles par rapport aux résistances de sortie des interrupteurs : à Tc=25°C
et Ic=50A, RCE=26mΩ et Rd=20mΩ pour les bras d’onduleur et RCE=40mΩ et Rd=37mΩ pour
les interrupteurs d’isolement. Le déséquilibre de courant provient donc majoritairement de la
dispersion des caractéristiques VCE(IC) et Vd(IC) des semi-conducteurs. Or, il apparaît que la
dissymétrie évolue proportionnellement avec le rapport cyclique. Cela pourrait indiquer que la
disparité de caractéristiques intervient de manière prépondérante dans l’interrupteur
d’isolement. Cette disparité est plus ou moins marquée en fonction du signe du courant dans
la charge et donc des composants qui conduisent le courant dans chaque interrupteur
d’isolement. Ce point montre l’intérêt, dans une perspective d’industrialisation, de disposer de
modules standardisés dont les caractéristiques présentent peu de dispersion : pour une
commande en boucle ouverte, la mise en parallèle de modules ne requiert alors pas de
surdimensionnement.
Enfin, il apparaît que l’équilibrage est également bien assuré pour de basses
fréquences de modulante (quelques Hz). Toutefois, à partir de 6,25Hz, il apparaît
identiquement sur les 2 bras une distorsion des formes d’onde de courant pour chaque
alternance (mode commun). Elle est causée par le temps mort, qui constitue une perturbation
de tension dont la composante basse fréquence introduit une série d’harmoniques sur la
tension. Elle se reporte sur le courant de charge avec d’autant plus d’influence que la
fréquence de modulation est faible puisque l’impédance de la charge diminue. Cette
143
Chapitre III
perturbation n’intervient pas sur le mode différentiel (équilibrage des courants) et elle
n’apparaît qu’en boucle ouverte.
figure III.54 : self différentielle de figure III.55 : self différentielle de figure III.56 : self différentielle de
88μH à 100Hz 88μH à 25Hz 88μH à 3,1Hz
figure III.57 : self différentielle de figure III.58 : self différentielle de figure III.59 : self différentielle de
14μH à 100Hz 14μH à 25Hz 14μH à 3,1Hz
figure III.60 : self différentielle de figure III.61 : self différentielle de figure III.62 : self différentielle de
3,5μH à 100Hz 3,5μH à 25Hz 3,5μH à 3,1Hz
144
Etudes expérimentales
et ainsi le déséquilibre de courant ΔIph pendant la durée Δt où les tensions de sortie des
cellules sont différentes.
Δt ⋅ VDC
ΔI ph = (III-21)
LA + LB
Les essais représentés par la suite ont été réalisés dans la même configuration que
précédemment, avec une inductance de 7μH sur chaque bras. Le déséquilibre observé sur la
figure III.63 intervient deux fois par période de découpage (Td=60μs). Il ne provient pas d’une
dispersion de transmission des ordres de commande (<50ns) ou d’une évolution
dissymétrique des tensions de grille. Le déséquilibre est lié au fait que les interrupteurs ne
s’amorcent et ne se bloquent pas à la même vitesse. Le pic de tension différentielle qui en
résulte présente une amplitude plus élevée à l’amorçage des transistors (figure III.64 et figure
III.65) ; cela traduit une disparité des caractéristiques des interrupteurs.
figure III.64 : dissymétrie de commutation (iph>0) figure III.65 : dissymétrie de commutation (iph<0)
145
Chapitre III
Dans le cadre des applications envisagées pour la mise en parallèle, chacun des bras
d’onduleurs est commandé en courant. L’introduction des boucles de régulation, avec une
stratégie adaptée, permet de partager équitablement les courants entre les cellules en
compensant de manière active le déséquilibre statique [SHA99].
Dans la continuité des études de mise en parallèle, il est simplement proposé ici
d’appliquer expérimentalement ce principe (figure III.66). La forme d’onde du courant n’est
pas parfaitement sinusoïdale à cause du déséquilibre des tensions VCb et VCh aux bornes des
condensateurs créant le point milieu, mais cela n’a pas d’influence sur les phénomènes
étudiés. Avec une seule boucle de courant, le principe est assez semblable à celui de la boucle
ouverte puisque le même rapport cyclique est transmis aux deux cellules de commutation.
Cependant, l’action de la régulation compense presque totalement les déséquilibres de courant
à basse fréquence (ΔI<0,2A soit 5% environ).
figure III.66 : mise en parallèle de deux bras avec une boucle de régulation de courant globale
146
Etudes expérimentales
figure III.68 : fonctionnement diphasé 4 bras (onduleur double en mode secours) à 10N.m – 40rad/s
147
Chapitre III
Différents modes d’association fonctionnels des modules sont testés. Dans le cas de la
mise en parallèle, il est constaté que l’équilibrage statique et dynamique des courants est
conditionné par les disparités de caractéristiques entre les composants et les dissymétries du
montage. Un taux de déséquilibre convenable est observé avec des inductances additionnelles
peu élevées.
148
Chapitre IV
149
Chapitre IV
150
Etage de conversion alternatif-continu
IV.1 Problématique
Dans les deux chapitres précédents, l’utilisation d’un module générique a été
envisagée pour la conversion continu-alternatif. Ce dernier chapitre traite de l’applicabilité de
ce module pour réaliser d’autres fonctions de conversion. Il est donc proposé d’étudier l’étage
d’entrée du convertisseur d’un variateur de vitesse.
Des chaînes de conversion sont donc proposées pour optimiser la gestion de l’énergie
en bannissant l’étage dissipatif. Pour l’analyse et le pré-dimensionnement des topologies, les
simulations sont effectuées sur la base du modèle d’EHA. Puis, une synthèse recense les
caractéristiques des différentes topologies afin d’en comparer les performances, le rendement
énergétique, le dimensionnement électrique et thermique, les éléments de filtrage et la masse.
151
Chapitre IV
Or, c’est lors de ces phases de fonctionnement à vitesse élevée que la machine doit se
voir appliquer les tensions de phase maximales. En conséquence, la motorisation doit être
capable d’assurer la vitesse de rotation maximale spécifiée avec une tension de bus réduite.
Pour certains actionneurs, la commande de la MSAP par défluxage permet de remplir cette
condition. Par contre, dans le cas d’un actionneur dont la commande ne le permet pas, cette
condition impose une contrainte supplémentaire sur le dimensionnement de la machine.
152
Etage de conversion alternatif-continu
figure IV.3 : formes d’ondes du convertisseur de référence (profil de mission A, cf. IV.6.1)
D’autre part, le hacheur rhéostatique est commandé par hystérésis à partir de la mesure
de la tension continue. Pour éviter la mise en fonctionnement du hacheur en cas
d’augmentation de la tension réseau lors de régimes perturbés, le seuil de déclenchement doit
être élevé. Sur la figure IV.4, la norme [ABD1.8] indique une tension simple maximale
VAC=180V, à laquelle correspond une tension continue de 421V en l’absence de chute de
tension. Ainsi, cette tension élevée par rapport à la valeur nominale impose un
surdimensionnement des composants raccordés au bus continu.
IV.2.2 Filtrage
Le filtrage impose des contraintes conséquentes sur la masse et le volume du
convertisseur. Certains critères de dimensionnement sont donc exposés pour permettre la
comparaison des topologies.
Le filtre du côté continu est constitué d’une inductance série suivie d’un condensateur
en parallèle. La valeur de l’inductance peut être déterminée à partir d’une approximation au
1er harmonique de la tension redressée Vd, pour une ondulation du courant continu ΔiDC.
153
Chapitre IV
t1
1 6 3 ⋅ V̂AC
L DC =
Δi DC
⋅ ∫ (V (t ) − V
t0
d DC ) ⋅ dt =
105 ⋅ π ⋅ Δi DC ⋅ w AC
(IV-3)
Tableau IV-1 : norme définissant le spectre des courants prélevés sur le réseau [ABD1.8]
Le filtrage est également nécessaire du côté réseau. Les formes d’ondes des courants
prélevés (figure IV.3), caractéristiques du pont de diodes, ont un taux de distorsion
harmonique (TDH) basse fréquence de 20% à 30 % selon le filtre en T inséré en entrée du
convertisseur. Cela n’est pas conforme aux spécifications, en particulier pour les harmoniques
d’ordre 5 et 7 qui excèdent les valeurs requises par la norme ABD100-1.8 (cf. Tableau IV-1).
Ces composantes harmoniques ne peuvent être supprimées par l’ajout de filtres passifs à cause
de la fréquence variable du réseau. Toutefois, comme les EHA fonctionnent rarement à leur
puissance maximale, l’effet de la distorsion des courants sur le réseau alternatif est considéré
comme acceptable. Au niveau de la qualité réseau, les normes sont établies sur les
caractéristiques d’un redresseur dodécaphasé, mais cette solution n’est pas détaillée car elle
mène à des convertisseurs moins compacts.
154
Etage de conversion alternatif-continu
Comme le montage est survolteur, la valeur minimale de la tension continue VDCmin est
supérieure à la tension générée par le pont de diodes.
VDCmin =
(V̂
AC ) (
2
+ R AC Î AC + L AC w AC Î AC )
2
1 2t m + t ON min (IV-6)
−
2 Td
155
Chapitre IV
Cette équation tient compte des butées de rapport cyclique et donc du temps minimum de
conduction tONmin des transistors, ainsi que des chutes de tension dues au temps mort tm, aux
caractéristiques résistives et inductives du réseau et aux composants passifs. Cette valeur peut
être diminuée de 15% grâce à une surmodulation par injection d’harmonique d’ordre 3 et elle
vaut alors au minimum 335V pour l’application considérée (fAC=800Hz, tm=1,5μs,
tONmin=2μs).
Ainsi, l’un des avantages du redresseur actif par rapport au redresseur passif de
référence est de pouvoir s’affranchir des variations de la tension continue. L’asservissement
de tension doit être assez rapide pour répondre aux transitoires de charge et ainsi limiter la
valeur du condensateur du bus continu. Par contre, sa bande passante doit être assez petite
devant la fréquence du réseau pour ne pas introduire d’harmoniques dans les références de
courant. La fréquence minimale du réseau étant de 360 Hz, la fréquence de coupure de la
boucle de tension est choisie à 80Hz.
Ce condensateur doit également absorber les courants harmoniques de la charge afin qu’ils ne
se retrouvent pas dans les courants d’entrée, mais ce critère haute fréquence est moins
contraignant. Enfin, il faut vérifier que le dimensionnement du condensateur soit approprié au
courant efficace maximal.
156
Etage de conversion alternatif-continu
Le redresseur actif est commandé pour imposer une absorption sinusoïdale de courant
en phase avec les tensions simples du réseau. La bande passante de la régulation de courant
est choisie une décade en dessous de la fréquence de découpage. Cette boucle est donc assez
rapide par rapport à la régulation de tension pour assurer la séparation des modes.
Le filtrage en entrée est réalisé en insérant des inductances LT dont la valeur est
définie par la relation suivante [MAR98].
VDC
LT = (IV-8)
6,9 ⋅ Fd ⋅ ΔI AC
D’autre part, le courant crête que doit absorber le condensateur CT est défini à 5% de la valeur
crête maximale du courant de ligne (CT=8,2μF).
Î C
CT = (IV-10)
V̂C ⋅ ω AC
La fréquence de coupure est de l’ordre de 6kHz, elle respecte donc les critères précédents.
157
Chapitre IV
Parmi les bénéfices potentiels procurés par ce convertisseur, il peut également être
mentionné que son fonctionnement actif permet d’envisager son utilisation pour des activités
annexes. Par exemple, la redondance des actionneurs de commandes de vol offre un degré de
liberté qu’il est possible d’exploiter : lorsqu’un EHA est en mode passif, il peut être
avantageux que son redresseur remplisse une fonction de conditionneur réseau ou de filtrage
actif. Cette redondance semi-active offre de plus un diagnostic instantané de l’état du
convertisseur puisque la surveillance est permanente et cela autorise une continuité de
fonctionnement immédiate en cas de défaillance de la servocommande active, sans risque de
panne cachée. Toutefois, cette utilisation n’est réaliste que si la bande passante de la
régulation de courant et donc la fréquence de découpage sont suffisamment élevées.
158
Etage de conversion alternatif-continu
159
Chapitre IV
figure IV.9 : plan de Ragone [CHR00] figure IV.10 : modèle équivalent d’un supercondensateur
160
Etage de conversion alternatif-continu
Une stratégie plus évoluée consiste, dans les phases de fonctionnement à forte puissance, à
garder les supercondensateurs en faible état de charge pour qu’ils soient prêts à absorber
1
La dispersion des capacités et des résistances séries équivalentes des éléments en série, de l’ordre de 20% de la
valeur nominale, entraîne une répartition inégale des tensions à leurs bornes. Or, dans la plupart des applications,
la durée de vie d’un supercondensateur est moins limitée par le nombre de cycles de fonctionnement que par sa
température et la tension à ses bornes. De plus, des tensions élevées entraînent une dégradation des performances
avec le vieillissement [HER01]. Il est donc nécessaire d’équilibrer les tensions entre les supercondensateurs
[RIZ04] [LIN03].
161
Chapitre IV
l’énergie produite par une phase de décélération. Dans les phases de fonctionnement à faible
puissance, les supercondensateurs sont gardés aussi chargés que possible afin de pouvoir
fournir un éventuel pic de puissance. Le réseau électrique fournit ainsi la puissance moyenne
et le système de stockage produit la puissance fluctuante basse fréquence complémentaire.
Cela autorise un sous-dimensionnement du redresseur et du câblage en amont de
l’équipement. Ce principe est particulièrement profitable pour des équipements à
fonctionnement fortement impulsionnel et distants du cœur électrique primaire, comme c’est
le cas de nombreux EHA de commandes de vol.
Les grandeurs à contrôler sont le courant dans le système de stockage (afin de protéger
les composants des surintensités et des dépassements de température), la tension aux bornes
des supercondensateurs (pour éviter leur dégradation), et la tension du bus continu. Le schéma
bloc de la commande du hacheur implémentée est représenté à la figure IV.12. Une première
boucle régule la tension aux bornes du module supercapacitif par hystérésis et la seconde
boucle régule le courant en sortie du hacheur avec un correcteur proportionnel-intégral. La
tension du bus continu n’est pas régulée car c’est le courant de charge qui détermine l’action
du convertisseur. Ainsi, lorsque le courant de charge ISC est négatif, le module supercapacitif
absorbe l’énergie générée par la machine tant que VSC<VSCmax ; ce seuil n’est théoriquement
jamais dépassé puisqu’il s’agit du critère de dimensionnement du module supercapacitif. A
l’inverse, lorsque le courant de charge est positif, celui-ci est fourni par le système de
stockage si VSC>VSCmin, afin que les supercondensateurs restent dans un état de charge
permettant d’absorber l’énergie générée maximale, conformément à la stratégie définie.
162
Etage de conversion alternatif-continu
Le premier critère de dimensionnement à définir est la plage de tension aux bornes des
supercondensateurs, qui résulte d’un compromis entre plusieurs considérations.
• Une tension élevée permet de minimiser les pertes dans le système de stockage, car la
contribution majoritaire provient de la résistance série équivalente des supercondensateurs et
la puissance dissipée augmente donc avec le carré du courant.
• Le nombre de supercondensateurs en série est d’autant plus grand que la tension est élevée,
ce qui peut se répercuter sur la fiabilité du système de stockage.
• La tension en sortie du hacheur est limitée par les butées de rapport cyclique de commande
du hacheur.
ΔE max =
1
2
( 2
⋅ C SC ⋅ VSCmax 2
− VSCmin ) (IV-12)
Pour conforter le dimensionnement établi, il est nécessaire de tenir compte des pertes
dans les supercondensateurs, car elles sont conséquentes par rapport à la puissance traitée par
le système de stockage. La vérification, effectuée dans le plan de Ragone, est présentée dans
l’annexe B.
163
Chapitre IV
Tensions Courants
PSCmax
Semi-conducteurs VDC=270V ISC max
= =29,7A
VSCmin
ΔISC
Supercondensateurs Vel=2,5V ISCmax = ISC max
+ =34,7A
2
Comme le courant conduit par les interrupteurs est faible, les pertes générées sont peu
élevées et une fréquence découpage assez haute est choisie (30kHz) afin de réduire la valeur
de l’inductance de lissage (225μH).
VDC ⋅ α ⋅ (1 − α ) VDC
L SC = ≤ (IV-15)
Fdec ⋅ ΔI SC 4 ⋅ Fdec ⋅ ΔI SC
164
Etage de conversion alternatif-continu
165
Chapitre IV
figure IV.16 : prototype figure IV.17 : formes d’ondes en entrée du redresseur passif réversible
400V – 50Hz – 25kW
166
Etage de conversion alternatif-continu
D’autre part, le dimensionnement en courant des transistors est réduit à 40% du calibre
du redresseur MLI. En effet, les transistors du pont de diodes auto-commuté ne sont actifs
qu’en mode onduleur ; ils voient donc un courant plus faible puisque la puissance maximale
générée par la machine est bien inférieure à la puissance maximale prélevée.
167
Chapitre IV
168
Etage de conversion alternatif-continu
Consigne de
position (°)
Moment de
charnière (N.m)
Un découplage dynamique apparaît de par les disparités entre le temps de réponse d’un
module (quelques centaines de ms) et celui d’un radiateur, qui lui est supérieur d’au moins 2 à
3 ordres de grandeur. Ainsi, les constantes de temps des phénomènes mis en jeu conditionnent
169
Chapitre IV
la diffusion des flux de chaleur. Aux fréquences de découpage (de l’ordre de la dizaine de
kHz), la puce est en régime adiabatique (accumulation de chaleur). Aux fréquences de
modulation (de l’ordre de la centaine de Hz), les flux de chaleur diffusent à travers
l’assemblage des modules. Pour des fréquences plus faibles, correspondant au facteur de
marche de l’actionneur, l’inertie thermique du radiateur n’est alors plus toujours suffisante
pour considérer la température de boîtier invariante. Ainsi, suivant le cycle de fonctionnement
considéré, le dimensionnement est lié soit au régime thermique permanent, soit au régime
thermique transitoire ; il faut donc identifier la contrainte dimensionnante pour chaque
élément dissipateur de puissance.
figure IV.19 : évolution des températures de jonction et de boîtier pour un créneau de puissance dissipée
Un régime thermique permanent est défini par un horizon de temps suffisamment long
pour que le flux de chaleur ait eu le temps de traverser l’assemblage du composant et de se
diffuser dans le dissipateur. Dans les cas considérés, le temps de réponse du dissipateur est au
moins de l’ordre de quelques dizaines de secondes. Une fois le régime établi, les capacités
thermiques sont chargées et la température de jonction dépend alors uniquement des
résistances thermiques des éléments. Seule la valeur moyenne de la puissance dissipée
intervient car les constantes de temps électriques liées à la commutation et à la modulation
sont rapides devant la constante de temps thermique du système de refroidissement. Ainsi, la
température de jonction varie peu autour de sa valeur moyenne. Le critère de
dimensionnement est la surface d’échange Sd du radiateur nécessaire à l’évacuation des
calories, qui est une image du flux de chaleur moyen <Фd> et donc de la puissance dissipée
moyenne (figure IV.20).
Φ d = h ⋅ S d ⋅ ΔTsa (IV-16)
170
Etage de conversion alternatif-continu
figure IV.20 : flux de chaleur moyen et instantané générés par le pont de diodes (profil de mission A)
Pour une comparaison quantitative des topologies, il est intéressant d’estimer la masse
des dissipateurs, même si cela ne correspond pas précisément aux équipements, pour lesquels
les boîtiers font office de radiateurs. La masse est établie à partir du catalogue Arcel [ARC],
dont les produits couvrent la gamme d’application (figure IV.21). Les calculs sont effectués
sans optimisation de la géométrie des radiateurs : seules deux dimensions du dissipateur sont
prises en compte, la troisième (épaisseur) est considérée figée.
figure IV.21 : masse des dissipateurs ARCEL en fonction de la résistance thermique (convection naturelle)
Les régimes thermiques transitoires correspondent à des temps de cycle courts par
rapport à la constante de temps thermique du dissipateur. Ainsi, l’augmentation de
température du dissipateur pour un échelon de puissance dissipée peut être considérée linéaire
(figure IV.22). Alors, en faisant l’hypothèse que toute la chaleur est évacuée entre deux
cycles, la masse métallique md du dissipateur nécessaire au stockage de chaleur est l’image de
l’énergie maximale ΔEmax dissipée par le convertisseur. Dans l’équation suivante, les
puissances dissipées au niveau des interfaces jonction-boîtier et boîtier-radiateur sont
négligées.
171
Chapitre IV
⎛ −
t ⎞
⎜ R sa C sa ⎟ ΔΦ d ⋅ t ΔE max
ΔTsa = ΔΦ d ⋅ R sa ⎜1 − e ⎟≈ C = (IV-17)
⎜ ⎟ sa md ⋅c
⎝ ⎠
c est la chaleur massique du dissipateur. En l’absence de données concernant les impédances
thermiques des capots des EHA, l’estimation de masse est réalisée en considérant des
dissipateurs homogènes en aluminium (cAl=897 J.°C-1.kg-1).
∫ Φ(t) ⋅ dt
Pd Tpr (IV-20)
Sd = =
h ⋅ ΔTsa Tpr ⋅ h ⋅ ΔTsa
172
Etage de conversion alternatif-continu
figure IV.23 : pertes dans le pont de diodes avec système de stockage et dans le redresseur actif (profil A)
173
Chapitre IV
Dans le cas du pont de diodes associé à un module supercapacitif (figure IV.25), les
pertes dans le système de stockage sont largement supérieures à celles du pont de diodes, bien
que la puissance absorbée par l’onduleur soit supérieure à la puissance générée. Cela montre
l’importance d’une mise en œuvre adéquate du système de stockage pour en minimiser les
pertes.
figure IV.25 : pertes dans le pont de diodes et le système de stockage (profil de mission B)
174
Etage de conversion alternatif-continu
Tc min − Ta
R sa = 6 6
− R cs
(IV-21)
∑P
1
m_IGBT + ∑P
1
m_diode
Le produit AeSb est utilisé comme critère de comparaison des inductances, avec les
paramètres de calcul répertoriés ci-dessous (Tableau IV-4) [RAL05]. L’hypothèse est faite
que les inductances des différentes topologies ont des caractéristiques similaires et que le
matériau magnétique est le même. Ainsi, à partir d’un dimensionnement réalisé avec des
données de fabriquant, il est établi un coefficient de proportionnalité k1 entre le produit AeSb
et la masse de l’inductance. Aucun facteur d’échelle n’est introduit pour les inductances
triphasées ; on se place donc dans le pire cas (3 inductances monophasées).
α J Bmax k1 k2 k3
Tableau IV-4 : paramètres de calcul pour le dimensionnement des inductances et des condensateurs
175
Chapitre IV
Les résultats des différentes topologies sont représentés à la figure IV.26. Le facteur de
dimensionnement silicium FdimSi représente le rapport entre la puissance de dimensionnement
des interrupteurs et la puissance du convertisseur. Il constitue un indicateur du coût en
silicium du convertisseur.
p
∑I
i =1
i_max ⋅ Vi_max
(IV-25)
FdimSi =
PDCmax
Ce facteur est peu intéressant pour le convertisseur de référence, à cause notamment de la
valeur élevée de la tension continue à partir de laquelle le hacheur résistif est enclenché. Il est
encore supérieur pour le redresseur actif, dont les calibres en courant et tension de chacun des
12 interrupteurs sont dimensionnés pour la puissance maximale.
L’indice d’intégration est défini par le rapport du nombre de puces sur le nombre de
boîtiers. Il témoigne de la réduction du nombre de boîtiers et de la densité de puces qu’ils
contiennent. Ce critère est favorable au redresseur MLI et au pont de diodes auto-commuté.
Toutefois cet indice peut être encore plus élevé pour la solution de référence, s’il y a un
composant sur étagère répondant aux spécifications, puisqu’il existe des modules qui
intègrent un pont de diodes triphasé et un hacheur rhéostatique.
176
Etage de conversion alternatif-continu
Les résultats font apparaître l’avantage du pont de diodes sur le redresseur actif en cas
de faible réversibilité en puissance de l’actionneur (profil A). Par contre si une puissance
conséquente est générée par la machine synchrone, sa dissipation dégrade considérablement
l’efficacité de l’étage d’entrée du convertisseur de référence (réduction de 39% pour le profil
B). Les redresseurs réversibles permettent de limiter aux seules pertes des composants la
puissance dissipée en phase de freinage et ainsi d’améliorer substantiellement le rendement.
Le pont de diodes auto-commuté est beaucoup plus efficace, puisque les phases de
fonctionnement moteur, pour lesquelles son rendement est celui d’un pont de diodes
classique, requièrent une puissance bien supérieure aux phases de fonctionnement générateur.
Enfin, la topologie avec le système de stockage permet également de bénéficier d’un
rendement élevé.
Le bilan de masse global comprend la contribution des composants passifs (hormis les
filtres de mode commun) et celle des dissipateurs. Pour cette dernière, deux estimations sont
établies selon le critère de dimensionnement thermique.
Dans le cas de l’équipement considéré, le flux de chaleur moyen à dissiper est avant
tout déterminé par la charge d’arrêt de l’actionneur, pour laquelle l’onduleur voit des courants
élevés (cf. IV.6.1). Ce point de fonctionnement ne requiert qu’une faible puissance d’entrée et
donc de faibles intensités dans le redresseur. A l’inverse, pour le régime thermique permanent
dimensionnant le redresseur, les pertes de l’onduleur sont nettement réduites. Ainsi, la surface
d’échange du dissipateur imposée par la charge d’arrêt couvre les besoins de refroidissement
du redresseur en régime thermique permanent. Par conséquent, l’influence de la topologie de
l’étage d’entrée sur le dimensionnement thermique du convertisseur est établie à partir du
régime thermique transitoire. L’estimation de la masse correspondante du radiateur est
déterminée par la quantité de chaleur qu’il doit pouvoir stocker (cf. IV.6.2.2).
Ce bilan de masse est favorable aux topologies proposées par rapport au pont de
diodes avec hacheur rhéostatique (figure IV.28). En particulier, les étages d’entrée les plus
avantageux sont le pont de diodes auto-commuté et le pont de diodes associé à un système de
stockage d’énergie, qui permettent respectivement des gains de masse de 54% et 44% par
rapport au convertisseur de référence.
177
Chapitre IV
figure IV.28 : bilan de masse avec le critère de figure IV.29 : bilan de masse avec le critère de
régime thermique transitoire régime thermique permanent
Les évolutions plausibles des réseaux de bord peuvent amener à envisager le cas d’un
onduleur distant de l’étage d’entrée du convertisseur, comme cela pourrait se produire avec
une distribution continue haute tension (cf. I.1.2.8). Un second bilan de masse est alors établi
en dimensionnant le dissipateur sur le critère du régime thermique permanent (cf. IV.6.2.1). Il
apparaît que les pertes conséquentes du redresseur MLI imposent une surface d’échange
importante, qui se répercute sur la masse du dissipateur (figure IV.29). Par contre, les deux
autres topologies entraînent une réduction de masse de 29% (système de stockage) et de 40%
(pont de diodes auto-commuté) par rapport au convertisseur de référence.
Bien sûr, ces estimations de masse sont approximatives et elles ne prennent pas en
compte les diverses optimisations pouvant être attendues dans le cadre d’un développement
industriel. L’objectif est simplement de proposer un ordre de grandeur des bénéfices
potentiels des topologies. En conclusion, les avantages et inconvénients des différentes
chaînes de conversion sont récapitulés dans le tableau suivant.
178
Etage de conversion alternatif-continu
Avantages Inconvénients
179
Chapitre IV
IV.7 Conclusion
L’étude menée dans ce chapitre met en évidence l’intérêt des topologies de redresseurs
réversibles et du redresseur passif associé à un système de stockage. Par rapport au pont de
diodes avec hacheur rhéostatique, elles laissent présager une optimisation du
dimensionnement électrique et thermique pouvant résulter en une réduction de la masse et du
volume de l’équipement.
Enfin, l’utilisation d’un module de conversion générique pour les fonctions redresseur
et hacheur dépend de l’adéquation de son dimensionnement avec celui de l’application
envisagée, ainsi que des aspects technologiques : fréquences de découpage disparates, mise en
parallèle…
180
Conclusion générale et perspectives
Selon la démarche adoptée, les niveaux de redondance les plus élevés (onduleurs 6
bras) constituent d’abord un moyen d’association des modules de conversion pour étendre la
plage de puissance couverte. Sur le plan de la tolérance de panne, les topologies intégrant ces
redondances actives peuvent présenter certains avantages, comme par exemple la tolérance
éventuelle d’un plus grand nombre de pannes, dans le cas de l’onduleur à bras parallélisés, ou
la réduction de la quantité d’interrupteurs d’isolement, dans le cas de l’onduleur double.
181
l’association différentielle de modules a permis de valider le fonctionnement secours de
l’onduleur double.
D’autre part, des topologies avec un niveau de redondance réduit (onduleurs 4 bras)
ont été proposées pour bénéficier d’une tolérance de panne avec un nombre réduit de
composants. L’insertion en redondance passive d’un bras secours pouvant se substituer à un
bras défaillant a le mérite de la simplicité et d’un fonctionnement identique après
reconfiguration. Par contre, le raccordement du bras additionnel au neutre de la machine
constitue la topologie avec le plus faible nombre de composants et elle permet d’optimiser la
disponibilité de l’onduleur. Le bras supplémentaire peut également avoir des fonctionnalités
annexes. En fonctionnement normal, il permet éventuellement d’effectuer un filtrage actif de
la tension de mode commun afin de réduire les perturbations électromagnétiques de mode
commun. Il peut aussi être utilisé pour optimiser la reconfiguration du convertisseur. Pour ces
différentes raisons, l’étude de cette topologie a été privilégiée.
Les perspectives de complément sur les aspects de tolérance de panne sont variées. En
particulier, la problématique de l’interrupteur d’isolement constitue une considération
majeure, car elle conditionne fortement la viabilité industrielle des topologies présentées.
L’évolution technologique des composants est donc du plus haut intérêt, puisqu’elle peut
amener à disposer d’interrupteurs blocables à faible chute de tension à l’état passant et de
calibres adaptés, ou encore de cellules de commutation assurant un mode de dernier défaut
favorable, de type haute impédance.
182
Index des acronymes
A/C Aircraft
AMDEC Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité
A.N. Application numérique
APU Auxiliary power unit
ATA Air transport association
BAT Batterie
BT Basse tension
CEM Compatibilité électro-magnétique
CSD Constant speed drive
CSM/G Constant speed motor/generator
CTN Coefficient de temperature négatif
EBHA Electrical backup hydraulic actuator
EHA Electrohydrostatic actuator
EMA Electromechanical actuator
ETRAS Electrical thrust reverser actuation system
EXT External power
EPGS Electrical power generating system
ESS Essential
fem Force électromotrice
FWD Forward
GEN Generator
hdv Heures de vol
HVDC High voltage direct current
IDG Integrated drive generator
MLI Modulation de largeur d’impulsions
MSAP Machine synchrone à aimants permanents
MTBF Mean time between failures
RAT Ram air turbine
STAT INV Static inverter
STBY Standby
TBT Très basse tension
THS Trimmable horizontal stabilizer
TR Transformer rectifier
VFG Variable frequency generator
183
7
184
Annexe A
Stabilité du filtre LC
Le filtre LC inséré sur le bus continu constitue un circuit résonnant qui peut entrer en
oscillation. En particulier, lorsque la puissance prélevée par la charge est constante, la pente
négative de la résistance équivalente, tangente au point de fonctionnement, caractérise une
instabilité dynamique potentielle : si la tension continue oscille, le courant continu oscille
également en opposition de phase (figure A.1).
δv DC V
= − 0 = R eq (IV-26)
δi DC I0
figure A.1 : oscillation des grandeurs électriques sur figure A.2 : schéma monophasé équivalent
charge à puissance constante (Req<0)
185
La condition pour un amortissement positif en est déduite (critère de Hurwitz) [ROU06] :
2
L DCeq R DCeq ⋅ VDC
< (IV-29)
C DC PCH
figure A.3 : simulation d’un échelon de puissance de la charge (de 12% à100% Pnom)
186
Annexe B
187
Pour que le dimensionnement soit correct, le cycle énergie-puissance du système de
stockage imposé par le profil de mission le plus contraignant doit donc s’intégrer dans la
surface définie par ces équations. Il n’est pas tenu compte des pertes dans le hacheur et dans
l’inductance de lissage. L’enveloppe du cycle de la charge est établie à partir des profils de
mission les plus contraignants et en considérant que le système de stockage est capable de
fournir une puissance de même valeur que celle qu’il doit pouvoir absorber (PCHmin=-PCHmax).
188
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