Mavier

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N° ordre : 2461 Année 2007

THESE
présentée pour obtenir le titre de

DOCTEUR DE L’INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE TOULOUSE

Ecole doctorale : Génie Electrique, Electronique, Télécommunications

Spécialité : Génie Electrique

Par

Jérôme MAVIER

Convertisseurs génériques
à tolérance de panne
Applications pour le
domaine aéronautique

Soutenue le 22 mars 2007 devant le jury composé de :

MM. P. LE MOIGNE Rapporteur


F. MEIBODY-TABAR Rapporteur
F. FOREST Examinateur
L. PRISSE Examinateur
F. RICHARDEAU Encadrant
H. PIQUET Encadrant
P. ROLLIN Invité

Thèse préparée au Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie (LAPLACE) – site ENSEEIHT


Unité Mixte de Recherche INPT – UPS – CNRS N°5213
7
Résumé

L’énergie électrique occupe un rôle de plus en plus important au sein des réseaux
aéronautiques. Cela occasionne une forte émergence de l’électronique de puissance, qui
constitue un domaine technologique crucial pour l’obtention de systèmes performants, fiables
et compétitifs.

Ce mémoire s’inscrit dans une approche d’aide à la conception des architectures de


traitement de l’énergie électrique à partir d’éléments de conversion génériques et modulaires.
Un recensement des applications des convertisseurs statiques est établi dans le cadre d’un
réseau d’avion "plus électrique" afin de délimiter un périmètre structurel des modules de
conversion.

La modularité de ces éléments ouvre la voie à la segmentation de la puissance et à la


redondance qu’il est proposé d’exploiter par la mise en œuvre de convertisseurs à tolérance de
panne, afin d’améliorer la disponibilité opérationnelle des systèmes. Dans cette perspective,
plusieurs topologies d’onduleur sont comparées analytiquement et par simulation sur la base
d’un modèle multiphysique d’actionneur électrohydrostatique de commandes de vol.

Dans le cadre des études expérimentales, les modules de conversion réalisés


comprennent en particulier les fonctionnalités appropriées pour mettre en œuvre un onduleur
reconfigurable, dédié à l’alimentation d’une machine synchrone à aimants permanents. Cet
onduleur comporte une redondance mutualisée sous la forme d’une quatrième cellule de
commutation connectée au neutre de la machine.

Enfin, en vue d’étendre le champ d’application de ce module générique, différentes


topologies de conversion alternatif-continu sont proposées pour optimiser la gestion de
l’énergie par rapport aux solutions traditionnelles. Une comparaison quantitative sur des
critères électriques et thermiques permet d’envisager les bénéfices de chaque structure.
7
Abstract

Electric power is of increasing importance in aeronautical systems. As a consequence,


static converters have become widespread, and power electronics is crucial for improving
performance, reliability and competitiveness.

The aim of this thesis is to contribute to the design of electrical networks by using
modular generic converters. To determine their structure, an inventory of power electronics
applications is carried out in the framework of a "more electric" aircraft.

The modularity of these power conversion blocks opens the way for power
segmentation and redundancy, that enables systems availability to increase. Following this
approach, several fault-tolerant inverter topologies are compared, both analytically and by
simulation based on the physical model of a flight surface electrohydrostatic actuator.

For the experimental studies, power electronics modules are designed to operate a
reconfigurable inverter that is dedicated to a permanent magnet synchronous motor drive.
Connected to the neutral point of the wye-connected motor, this inverter has a fourth leg that
acts as a mutualised redundancy.

Lastly, to extend the power electronics generic module’s field of application, three
AC/DC converter topologies are proposed in order to improve power management, in
comparison with conventional topologies, with respect to electrical and thermal design
criteria.
7
Avant-propos

Les travaux présentés dans ce mémoire ont été réalisés à Airbus France et au
Laboratoire d’Electrotechnique et d’Electronique Industrielle (LEEI), intégré depuis au
Laboratoire Plasma et Conversion d’Energie (LAPLACE), unité mixte de recherche associée
à l’Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT), à l’Université Paul Sabatier (UPS) et
au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Pour m’avoir accueilli au sein de
leurs entités respectives, je remercie M. Gilles Cescon, responsable du département
d’ingénierie des systèmes électriques (EYAE) d’Airbus, ainsi que MM. Yvon Chéron et
Maurice Fadel, directeurs successifs du LEEI.

Je tiens à remercier sincèrement les membres du jury de thèse :


• M. François Forest, professeur à l’université de Montpellier II et chercheur à l’Institut
d’Electronique du Sud (IES), pour nous avoir fait l’honneur d’accepter la présidence du jury ;
• M. Farid Meibody-Tabar, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Electricité et de
Mécanique (ENSEM) et chercheur au Groupe de Recherche en Electrotechnique et
Electronique de Nancy (GREEN), pour l’intérêt qu’il a manifesté à ces travaux en tant que
rapporteur ;
• M. Philippe Le Moigne, professeur à l’Ecole Centrale de Lille et chercheur au Laboratoire
d’Electrotechnique et d’Electronique de Puissance de Lille (L2EP), pour avoir assuré la
fonction de rapporteur ;
• M. Pascal Rollin, ingénieur à Technofan, pour sa participation en tant qu’industriel.

Je souhaite témoigner ma profonde reconnaissance aux membres du jury ayant


participé à l’encadrement de ces travaux :
• M. Frédéric Richardeau, chargé de recherche du CNRS au LAPLACE, pour m’avoir
véritablement formé à l’électronique de puissance et encadré avec intégrité, rigueur et
patience ; ce fut un honneur et un plaisir de travailler avec un chercheur aussi passionné,
compétent et pédagogue ; qu’il trouve ici la marque de ma gratitude et de mon admiration ;
• M. Hubert Piquet, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Electrotechnique,
d’Electronique, d’Informatique, d’Hydraulique et des Télécommunications (ENSEEIHT),
pour m’avoir soutenu et orienté tout au long de cette période avec ses réflexions pertinentes et
sa franchise coutumière ;
• M. Etienne Foch, responsable du groupe Recherche et Certification au sein du département
EYAE d’Airbus, pour avoir initié et supervisé les études menées tout en nous laissant une
grande liberté ;
• M. Lucien Prissé, docteur-ingénieur à Airbus France, pour avoir suivi ces travaux en nous
faisant profiter de son expérience technique.
Mes remerciements s’adressent également :
• aux techniciens du laboratoire, Didier Ginibrière, Jean-Marc Blaquière et Olivier Durrieu,
qui ont participé à la conception et la réalisation des différentes cartes électroniques ;
• à Guillaume Gateau, concepteur de la carte de commande, pour avoir assuré avec bonne
humeur le service après-vente ;
• aux informaticiens Jacques Benaioun et Jean Hector, dont la compétence a permis un
déroulement serein de la thèse ;
• au personnel administratif, qui assure avec gentillesse les tâches quotidiennes.

Ces années ont été rendues agréables et enrichissantes, tant sur le plan humain que sur
le plan intellectuel, grâce aux doctorants et aux enseignants-chercheurs du laboratoire, que je
remercie chaleureusement pour leur générosité, leur solidarité et la bonne humeur ambiante.
Je pense en particulier à Gianluca, qui m’a fait apprécier toute la qualité de l’expression
napolitaine, Matthieu L., le “serial câbleur” à l’origine de la libération des mœurs dans le
laboratoire, François P., s’rab et scientifique de talent, qui aurait pourtant fait une grande
carrière dans le cinéma d’auteur, François B., digne normalien par sa curiosité et digne
Aveyronnais par sa convivialité, Christophe C., le “michtau” au grand cœur dont le manque
de discrétion n’a d’égal que la générosité, Markos, l’aventurier qui campe sur les ronds-
points, Anne-Marie, dont la présence affectueuse nous a permis de conserver une once de
savoir-vivre, Jérôme “Faj”, pour les discussions rafraichissantes sur cette “époque
formidable”, Jérémi, toujours à l’écoute et avenant, Nicolas, aussi compétent que cynique, Ali
le futur président, Martin B. le futur PDG, Titou l’Irréprochable, Bayram “Dr Jekyll & Mr
Hyde”, Anthony, vrai cafre et fausse caille, Bernardo “o brasileiro paraguay”, Marcus “Zé
B.”, Julien “manger c’est tricher”, Wojciech, Valentin… Même s’il n’est pas possible de citer
tout le monde, chacun a contribué à me rendre cette période inoubliable.

Un grand merci également aux collègues d’Airbus, pour leur accueil amical et leur
aide pour trouver les informations utiles parmi les montagnes de données. Il est impensable de
ne pas mentionner Olivier, certainement le meilleur collègue imaginable, qui le premier nous
a tracé le chemin de croix du thésard avec compétence, générosité et bonne humeur, même
s’il aurait parfois voulu être un oiseau. Je remercie aussi Marc, l’homme le plus classe
d’Airbus, Cédric, Matthieu, Jean-Louis, Didier, et Thomas.

D’autre part, le soutien des proches m’a permis de puiser le courage et la sérénité
nécessaires durant ces années. Pour être restés toujours présents pendant cette période de vie
en ermite, je transmets mon affection aux amis, qui me montrent comme la fraternité et le
partage sont essentiels : vous êtes ma plus grande richesse. J'ai également une pensée pour les
membres de ma famille ; les mots sont insuffisants pour exprimer combien je leur suis
reconnaissant de leur soutien permanent et leur générosité…

Enfin, je remercie ma femme Loubna, qui m’a accompagné avec beaucoup de


compassion durant ces trois années, et qui a enrichi le quotidien par son sourire, sa douceur,
sa patience et, accessoirement, ses tajines, caris et autres colombos. Je l’admire de m’avoir
soutenu, plus encore de m’avoir supporté, et surtout de m’avoir témoigné à quel point l’amour
porte à la bonté et à l’abnégation.
“Le meilleur moyen pour apprendre à se connaître,
c’est de chercher à comprendre autrui.”
André Gide

“Les choses devraient être rendues aussi simples


que possible. Mais pas plus simples.”
Albert Einstein

“Etudier sans réfléchir est une occupation vaine ;


réfléchir sans étudier est dangereux.”
Confucius
7
Table des matières

Introduction ....................................................................................................... 15

Chapitre I Modules génériques de conversion pour réseaux électriques


aéronautiques..................................................................................................... 17
I.1 Evolution des réseaux aéronautiques ............................................................... 19
I.1.1 Avion "plus électrique" ........................................................................................ 19
I.1.2 Besoins en électronique de puissance dans les réseaux de bord .......................... 21
I.1.2.1 Génération et distribution électriques (ATA 24).............................................. 21
I.1.2.2 Commandes de vol (ATA 27) .......................................................................... 23
I.1.2.3 Conditionnement d’air (ATA 21)..................................................................... 25
I.1.2.4 Pompes à carburant (ATA 28) ......................................................................... 25
I.1.2.5 Pompes hydrauliques (ATA 29)....................................................................... 26
I.1.2.6 Systèmes atterrisseurs (ATA 32)...................................................................... 26
I.1.2.7 Inverseurs de poussée (ATA 78) ...................................................................... 27
I.1.2.8 Synthèse du recensement – évolution des standards ........................................ 27
I.2 Modules génériques de conversion ................................................................... 29
I.2.1 Critères technologiques ........................................................................................ 29
I.2.2 Critères fonctionnels ............................................................................................ 31
I.2.2.1 Conversion alternatif-alternatif ........................................................................ 31
I.2.2.2 Conversion continu-alternatif........................................................................... 31
I.2.2.3 Conversion alternatif-continu........................................................................... 33
I.2.2.4 Conversion continu-continu ............................................................................. 33
I.2.2.5 Synthèse topologique et fonctionnalités additionnelles ................................... 34
I.3 Caractérisation de l’application de référence.................................................. 36
I.3.1 Variation de vitesse .............................................................................................. 36
I.3.2 Modélisation d’un actionneur électrohydrostatique ............................................. 37
I.3.2.1 Convertisseur statique ...................................................................................... 38
I.3.2.2 Machine synchrone à aimants permanents (MSAP) ........................................ 44
I.3.2.3 Circuit hydraulique local.................................................................................. 46
I.3.2.4 Chaîne cinématique .......................................................................................... 47
I.3.2.5 Commande de l’EHA ....................................................................................... 48
I.3.2.6 Validation du modèle physique d’EHA ........................................................... 48

Chapitre II Topologies d’onduleur à tolérance de panne ............................. 51


II.1 Sûreté de fonctionnement : fiabilité et disponibilité ....................................... 53
II.2 Modes de défaut du convertisseur .................................................................... 55
II.2.1 Défauts et défaillances internes à l’onduleur ....................................................... 55
II.2.1.1 Défaillance de type "haute impédance" d’un transistor ................................... 56
II.2.1.2 Défaillance de type "haute impédance" des deux transistors d’une cellule de
commutation..................................................................................................................... 57
II.2.1.3 Défaillance de type "haute impédance" de l’ensemble des transistors ............ 58
II.2.1.4 Défaillance de type "basse impédance" d’un transistor ................................... 59
II.2.1.5 Défaut asymétrique croisé ................................................................................ 61
II.2.2 Défauts externes à l’onduleur............................................................................... 62
II.2.2.1 Défaut de court-circuit du bus continu............................................................. 62
II.2.2.2 Défaut d’isolement d’une phase....................................................................... 64
II.3 Isolement électrique des défauts ....................................................................... 66
II.3.1 Aspects technologiques ........................................................................................ 66
II.3.2 Interrupteur d’isolement inséré sur la connexion à la machine............................ 68
II.3.3 Interrupteurs d’isolement insérés sur les connexions au bus continu .................. 70
II.3.4 Interrupteurs d’isolement insérés au niveau de la machine.................................. 71
II.4 Périmètre de redondance pour la tolérance de panne .................................... 72
II.5 Association parallèle de cellules de commutation ........................................... 74
II.5.1 Description de la topologie .................................................................................. 74
II.5.2 Procédures d’isolement sur défaut ....................................................................... 74
II.5.3 Fonctionnement secours de l’onduleur ................................................................ 75
II.6 Onduleur à bras secours redondant ................................................................. 76
II.6.1 Description de la topologie .................................................................................. 76
II.6.2 Procédures d’isolement sur défaut ....................................................................... 77
II.6.3 Fonctionnement secours de l’onduleur ................................................................ 77
II.7 Onduleur à bras secours connecté au neutre de la machine .......................... 78
II.7.1 Description de la topologie .................................................................................. 78
II.7.2 Procédures d’isolement sur défaut ....................................................................... 80
II.7.2.1 Blocage de l’onduleur ...................................................................................... 80
II.7.2.2 Procédures alternatives d’isolement................................................................. 84
II.7.3 Fonctionnement secours de l’onduleur ................................................................ 86
II.7.3.1 Mode diphasé 120°........................................................................................... 86
II.7.3.2 Mode diphasé 60°............................................................................................. 87
II.7.3.3 Courants homopolaires en mode diphasé......................................................... 89
II.7.3.4 Commande en mode diphasé avec découplage des phases .............................. 90
II.7.3.5 Performances des modes dégradés................................................................... 91
II.8 Onduleur double................................................................................................. 94
II.8.1 Association série et différentielle de cellules de commutation ............................ 94
II.8.1.1 Structures multi-niveaux .................................................................................. 94
II.8.1.2 Onduleur double............................................................................................... 95
II.8.2 Procédures d’isolement sur défaut ....................................................................... 98
II.8.3 Fonctionnement secours de l’onduleur ................................................................ 99
II.9 Synthèse comparative des topologies.............................................................. 101
II.9.1 Plage de fonctionnement .................................................................................... 102
II.9.2 Dimensionnement électrique.............................................................................. 103
II.9.3 Puissance dissipée .............................................................................................. 105
II.9.4 Fiabilité et disponibilité...................................................................................... 106
II.10 Conclusion......................................................................................................... 111

Chapitre III Etudes expérimentales .............................................................. 113


III.1 Module de conversion statique........................................................................ 115
III.1.1 Périmètre structurel et fonctionnel du module expérimental ............................. 115
III.1.2 Mise en œuvre et dimensionnement du module de conversion ......................... 117
III.1.2.1 Dimensionnement des interrupteurs de puissance ..................................... 117
III.1.2.2 Condensateurs de découplage .................................................................... 117
III.1.2.3 Circuit de puissance ................................................................................... 118
III.1.2.4 Dissipation thermique ................................................................................ 119
III.1.2.5 Commande rapprochée et protections intégrées......................................... 121
III.1.2.6 Procédures internes automatiques .............................................................. 123
III.1.3 Architecture de commande................................................................................. 126
III.1.4 Caractérisation de la partie puissance du module .............................................. 129
III.1.4.1 Relevés de commutation à l’amorçage....................................................... 129
III.1.4.2 Relevés de commutation au blocage .......................................................... 130
III.1.4.3 Mesure de l’énergie dissipée par commutation.......................................... 130
III.1.4.4 Immunité de commande de l’interrupteur d’isolement .............................. 131
III.1.4.5 Immunité de la mesure de courant ............................................................. 133
III.2 Onduleur 4 bras reconfigurable...................................................................... 134
III.2.1 Banc expérimental.............................................................................................. 134
III.2.2 Autopilotage de la machine synchrone à aimants permanents........................... 135
III.2.2.1 Régulation de courant................................................................................. 135
III.2.2.2 Régulation de vitesse.................................................................................. 136
III.2.2.3 Calcul de la vitesse..................................................................................... 137
III.2.2.4 Machine d’état............................................................................................ 138
III.2.3 Essais expérimentaux ......................................................................................... 139
III.2.3.1 Autopilotage en fonctionnement triphasé .................................................. 139
III.2.3.2 Autopilotage en fonctionnement diphasé 60° ............................................ 140
III.2.3.3 Isolement et reconfiguration....................................................................... 141
III.3 Association des modules expérimentaux ........................................................ 142
III.3.1 Association parallèle .......................................................................................... 142
III.3.1.1 Equilibrage statique des courants............................................................... 142
III.3.1.2 Equilibrage dynamique des courants.......................................................... 144
III.3.1.3 Association parallèle avec une seule boucle de régulation de courant....... 146
III.3.2 Association différentielle ................................................................................... 147
III.4 Conclusion et perspectives............................................................................... 148

Chapitre IV Etage de conversion alternatif-continu ................................... 149


IV.1 Problématique................................................................................................... 151
IV.2 Pont de diodes et hacheur rhéostatique.......................................................... 152
IV.2.1 Tension continue ................................................................................................ 152
IV.2.2 Filtrage ............................................................................................................... 153
IV.3 Redresseur actif ................................................................................................ 155
IV.3.1 Dimensionnement électrique.............................................................................. 155
IV.3.1.1 Tension continue ........................................................................................ 155
IV.3.1.2 Régulation de la tension continue - Filtrage côté continu.......................... 156
IV.3.1.3 Régulation des courants de ligne - Filtrage côté alternatif......................... 157
IV.3.2 Synthèse du dimensionnement et des fonctionnalités ........................................ 158
IV.3.3 Applicabilité du module générique de conversion............................................. 159
IV.4 Pont de diodes et système de stockage local................................................... 160
IV.4.1 Stockage par supercondensateurs....................................................................... 160
IV.4.2 Convertisseur continu-continu ........................................................................... 161
IV.4.3 Commande du système de stockage................................................................... 161
IV.4.4 Dimensionnement du système de stockage........................................................ 163
IV.4.4.1 Plage de tension aux bornes des supercondensateurs................................. 163
IV.4.4.2 Capacité du système de stockage ............................................................... 163
IV.4.4.3 Dimensionnement électrique du système de stockage ............................... 164
IV.4.5 Bilan du dimensionnement................................................................................. 164
IV.5 Pont de diodes auto-commuté ......................................................................... 166
IV.5.1 Principe de fonctionnement – commutation automatique.................................. 166
IV.5.2 Dimensionnement électrique et thermique......................................................... 167
IV.6 Synthèse comparative des topologies.............................................................. 168
IV.6.1 Profils de mission ............................................................................................... 168
IV.6.2 Dimensionnement thermique ............................................................................. 169
IV.6.2.1 Régime thermique permanent .................................................................... 170
IV.6.2.2 Régime thermique transitoire ..................................................................... 171
IV.6.2.3 Application au profil de mission A ............................................................ 172
IV.6.2.4 Application au profil de mission B ............................................................ 173
IV.6.2.5 Application au profil de mission C ............................................................ 174
IV.6.3 Dimensionnement des composants passifs ........................................................ 175
IV.6.4 Comparaison des topologies............................................................................... 176
IV.6.4.1 Dimensionnement électrique...................................................................... 176
IV.6.4.2 Rendement énergétique .............................................................................. 177
IV.6.4.3 Bilan de masse............................................................................................ 177
IV.7 Conclusion......................................................................................................... 180

Conclusion générale et perspectives .............................................................. 181

Index des acronymes ....................................................................................... 183

Annexe A Stabilité du filtre LC................................................................... 185

Annexe B Dimensionnement dans le plan de Ragone............................... 187

Bibliographie.................................................................................................... 189
Introduction

Dès le début du 20ème siècle, l’énergie électrique était présente dans les premiers
prototypes d’avion. Depuis plus de deux décennies, l’électricité prend une importance
croissante au sein des réseaux aéronautiques. En effet, le développement du concept d’avion
"plus électrique" a montré le fort potentiel d’optimisation par rapport à l’emploi de systèmes
conventionnels hydrauliques et pneumatiques, principalement par une simplification de la
maintenance, une amélioration des rendements et une diminution des coûts de développement
et d’exploitation. Cette évolution est illustrée par des innovations récentes, telles que
l’introduction d’actionneurs électriques de commandes de vol sur l’Airbus A380. Pour les
prochaines générations d’avions, de nombreuses autres fonctions sont susceptibles d’être
réalisées à partir d’une puissance électrique, comme le démarrage des moteurs, le
conditionnement d’air et le freinage des roues. La mutation résultante des architectures
énergétiques des réseaux de bord occasionne une forte émergence de l’électronique de
puissance, qui constitue un domaine technologique crucial pour l’obtention de systèmes
performants, fiables et compétitifs.

Apparue il y a une cinquantaine d’années, l’électronique de puissance connaît


aujourd’hui des applications dans la plupart des domaines exploitant l’énergie électrique, avec
des puissances de quelques watts jusqu’à plusieurs dizaines de mégawatts. L’essor de son
développement industriel passe par un plus grand degré de standardisation. Ce travail de thèse
s’inscrit dans une approche d’aide à la conception des architectures de traitement de l’énergie
électrique à partir d’éléments de conversion génériques et modulaires. Pour cela, l’objectif est
de disposer de solutions électroniques à fiabilité maîtrisée et dont la mise en œuvre est
simplifiée. Les perspectives globales visées par cette démarche sont variées : baisse des coûts
de développement, de production et d’exploitation, optimisation de la maintenance préventive
et corrective et amélioration de la sûreté des systèmes. La recherche de modularité doit
notamment s’attacher à proposer le meilleur compromis avec l’intégration.

Dans ce mémoire, la contribution apportée concerne en particulier la problématique de


la tolérance de panne. Celle-ci est d’autant plus profitable qu’un centième seulement de
l’énergie contrôlée par le convertisseur peut en détruire les composants. Or, les topologies
classiquement utilisées ne permettent pas le maintien du fonctionnement en présence du mode
de défaillance le plus commun, le passage irréversible en basse impédance d’un interrupteur.
Pour satisfaire les exigences de disponibilité opérationnelle, le principe développé consiste à
mettre en œuvre des convertisseurs dotés de redondances structurelles.

Le premier chapitre débute par un recensement exhaustif des besoins actuels et à court
terme en conversion statique pour les réseaux aéronautiques. Sur cette base, nous proposons
des standards topologiques et un périmètre de module générique de conversion.

De par la prépondérance des systèmes d’entraînement à vitesse variable dans le


contexte envisagé, l’application de référence considérée est l’alimentation d’une machine
synchrone à aimants permanents. En particulier, le cas traité de manière plus détaillée est
celui d’un actionneur électrohydrostatique (EHA) de commandes de vol, qui permet de
commander le déplacement d’une gouverne par un circuit hydraulique local à partir d’une
puissance électrique. Cet équipement est en effet représentatif des diverses contraintes

15
imposées à l’électronique de puissance. Le modèle multiphysique d’EHA qui a été établi sous
SABER™ pour les besoins de simulation est décrit dans la seconde partie du chapitre I.

La modularité constitue une prédisposition à l’introduction de redondances


topologiques pouvant être exploitées pour accroître la disponibilité fonctionnelle des
systèmes. Selon ce principe, plusieurs topologies d’onduleur à tolérance de panne avec
différents niveaux de redondance active ou passive sont décrites et simulées dans le
chapitre II. L’étude détaille davantage le cas d’un onduleur 4 bras dont l’un des bras est
raccordé au neutre de la machine, en se focalisant sur les aspects concernant les procédures
d’isolement et les modes de fonctionnement après reconfiguration. Enfin, ces topologies sont
comparées de façon analytique sur des critères de dimensionnement silicium, de
dimensionnement thermique et de disponibilité.

Le chapitre III présente les applications expérimentales de certains des principes traités
dans le chapitre précédent. Il détaille la conception, la réalisation puis le test de modules de
conversion 300V-50A avec interrupteurs d’isolement, incorporant un superviseur local de
gestion des modes de marche et d’arrêt ainsi que des régimes de surcharge et de défaut. Ce
superviseur communique avec l’organe central de commande, lui-même contrôlé par
l’utilisateur via une interface logicielle. Une fois le fonctionnement des modules validé et
caractérisé, les modes d’association parallèle et différentielle sont testés. Puis ces modules
sont utilisés pour l’alimentation d’une machine synchrone à aimants permanents par un
onduleur 4 bras en fonctionnement triphasé et diphasé. L’apparition d’un défaut est ensuite
simulée pour observer les différentes phases de reconfiguration.

Enfin, le chapitre IV porte les considérations au niveau de l’étage de conversion


alternatif (fréquence variable) – continu, afin de proposer des alternatives à certaines des
limitations inhérentes aux convertisseurs classiquement utilisés. En particulier, la réversibilité
en puissance de certains actionneurs se traduit par une dissipation d’énergie au niveau du bus
continu. Des chaînes de conversion sont donc simulées en vue d’optimiser la gestion de
l’énergie en exploitant soit une réversibilité de l’étage d’entrée, soit un système de stockage
local. Une synthèse recense les caractéristiques des différentes topologies pour en comparer
les avantages fonctionnels, le rendement énergétique, le dimensionnement électrique et
thermique, les éléments de filtrage et la masse.

16
Chapitre I

Modules génériques de conversion pour


réseaux électriques aéronautiques

17
Chapitre I

77

18
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

I.1 Evolution des réseaux aéronautiques


I.1.1 Avion "plus électrique"
Quatre formes d’énergie sont utilisées sur les avions actuels ; elles sont principalement
obtenues à partir des moteurs de propulsion. Un prélèvement mécanique est effectué sur le
moteur pour couvrir ses propres besoins mécaniques ainsi que pour la génération des énergies
hydraulique et électrique. L’énergie pneumatique est, dans le cas d’un avion à réaction,
obtenue par prélèvement d’air sur les compresseurs du moteur.

L’énergie hydraulique est utilisée pour l’alimentation de nombreux actionneurs de


puissance, comme par exemple les servocommandes assurant le déplacement des surfaces de
commandes de vol. Le prélèvement d’air permet le conditionnement d’air du cockpit et de la
cabine, ainsi que le dégivrage des bords d’attaque des ailes et du moteur.

Durant les dernières décennies, l’énergie électrique a occupé un rôle croissant au sein
des réseaux de bord aéronautiques. Son utilisation était autrefois limitée à la navigation et
l’instrumentation de bord, puis elle s’est progressivement développée pour améliorer le
confort et le divertissement des passagers (éclairage, cuisine, équipements vidéo). De
nouvelles applications sont apparues pour optimiser le fonctionnement de l’avion, comme par
exemple la gestion électrique des commandes de vol sur l’Airbus A320 dans les années 1980
(Fly-by-wire). Le développement de l’Airbus A380 constitue une étape supplémentaire
d’innovation au niveau des technologies électriques :
• le réseau électrique alternatif est à fréquence libre (360-800Hz),
• le système de secours est entièrement électrique,
• des actionneurs électriques ont été introduits pour les commandes de vol,
• la fonction "disjoncteur" est réalisée électroniquement pour les faibles calibres de courant.

Pour les prochaines générations d’avions, et notamment le futur avion long courrier
Boeing, d’autres fonctions sont susceptibles d’être réalisées électriquement, comme par
exemple le freinage des roues, le conditionnement d’air ou le démarrage des moteurs. Cette
évolution des architectures énergétiques est souvent évoquée à travers l’expression "avion
plus électrique" [LAN06-1] [WEI03] [JON99] [QUI93]. Elle est liée au potentiel
d’amélioration supérieur qu’offrent les systèmes électriques par rapport aux autres formes
d’énergie exploitées, car les solutions conventionnelles sont déjà optimisées et ne laissent pas
entrevoir d’évolution significative. De nombreux bénéfices sont attendus des réseaux pour
lesquels l’énergie est davantage véhiculée sous forme électrique (Power-by-wire), sur les
plans technologique, industriel, fonctionnel et structurel.
• Le premier domaine présentant un gain est le développement des systèmes. Les interfaces
entre les différents composants sont simplifiées car elles sont plus homogènes (électrique -
électronique de puissance - électronique) et les évolutions des équipements électriques sont
facilitées. La simulation peut constituer un moyen plus adapté pour étudier l’optimisation du
dimensionnement et obtenir ainsi des éléments de décision. Les coûts de développement sont
donc potentiellement réductibles.
• De plus, la forte tendance actuelle d’électrification, qui concerne aussi bien l’aéronautique
que l’automobile, doit amener à terme une standardisation des équipements. Ainsi, des

19
Chapitre I

systèmes génériques pourront s’appliquer à des avions de types et de tailles différents,


générant donc une augmentation de volume du marché et alors une diminution du coût
d’acquisition de ces systèmes. De plus, les risques de développement de systèmes
standardisés sont limités par rapport aux développements spécifiques.
• D’autre part, l’intégration des systèmes est facilitée car davantage de tests d’intégration
peuvent être effectués chez le fournisseur et les tests lors de la phase d’assemblage de l’avion
sont simplifiés. Cela permet de réduire ainsi le coût et la durée de l’assemblage.
• La fabrication des avions est également facilitée par la plus grande flexibilité de
l’installation électrique par rapport aux systèmes hydrauliques et pneumatiques, pour lesquels
l’installation des tuyaux et conduits est plus contraignante. La souplesse conférée par le
câblage électrique amène des degrés de liberté supplémentaires pour l’aménagement de
l’avion selon les besoins du constructeur et du client.
• Le développement d’avions "plus électriques" pourrait à l’avenir conduire à un gain de
masse global, notamment grâce au remplacement des éléments de distribution des systèmes
hydrauliques et/ou pneumatiques, lourds et volumineux, et à l’amélioration de compacité que
laisse entrevoir l’évolution du degré d’intégration des convertisseurs.
• Un autre gain prévisible concerne le rendement énergétique, car l’énergie électrique permet
une gestion plus optimisée des sources et des charges, conduisant à une réduction de la valeur
crête et de la valeur moyenne de la puissance prélevée [COU04]. Cette réduction se répercute
directement sur la consommation de carburant.
• Le développement des réseaux électriques accroit la dissemblance des sources d’énergie,
ce qui constitue un facteur d’amélioration de la sécurité. La ségrégation des systèmes est ainsi
plus facile à mettre en œuvre.
• En outre, l’un des avantages majeurs concerne la maintenance des avions, car les systèmes
de puissance classiques sont à l’origine de plus de la moitié des délais de maintenance. En
effet, la défaillance d’un système hydraulique implique souvent l’indisponibilité de l’avion et
la maintenance peut être longue et coûteuse car le diagnostic limité rend la défaillance plus
complexe à localiser et les réparations sont souvent effectuées par des accès peu fonctionnels.
Les systèmes électriques permettent une surveillance et une détection des pannes plus aisée
puisque le diagnostic peut être intrinsèque, dans la mesure où l’électron transporte en même
temps que l’énergie une information simplement exploitable. La capacité opérationnelle est
donc améliorée par la réduction des délais de maintenance.
• De même, l’isolement des pannes est facilité et la capacité de reconfiguration des
architectures est accrue, ce qui se traduit par une plus grande disponibilité des fonctions
assurées. Cela constitue un facteur supplémentaire de réduction des coûts d’exploitation des
avions.
• Enfin, l’électrification de certaines applications peut entraîner un accroissement de
performances, par exemple en termes de précision et de dynamique de contrôle des
actionneurs.

En rassemblant des partenaires européens majeurs de l’industrie aéronautique, des


projets de recherche récents, tel que le POA (Power Optimized Aircraft) ou MOET (More
Open Electrical Technologies) ont pour ambition de montrer les bénéfices d’avions "plus
électriques" et d’établir de nouveaux standards industriels pour les systèmes électriques
d’avions commerciaux. En particulier, la forte émergence de l’électronique de puissance est

20
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

une conséquence de cette évolution technologique et constitue un point majeur pour


l’obtention de solutions performantes, compétitives et fiables.

I.1.2 Besoins en électronique de puissance dans les réseaux de bord


L’électronique de puissance est une discipline scientifique et technique dont l’objectif
est de concevoir des convertisseurs statiques assurant un traitement de l’énergie électrique
adapté aux sources qui lui sont connectées. Dans les dernières générations d’avions
commerciaux, la présence de convertisseurs statiques au sein des réseaux de bord était limitée
à une quantité réduite d’applications : alimentation de charges commerciales (galleys),
redresseurs (115V-400Hz/28V) et onduleurs de secours (28V/115V-400Hz) du réseau de
distribution électrique.

L’évolution actuelle et future des architectures électriques s’accompagne


nécessairement du développement des systèmes d’électronique de puissance. Ce travail de
thèse se veut une contribution à la définition des standards de conversion pour le réseau avion.
Pour délimiter le périmètre d’étude, une architecture de base est définie pour établir un
recensement des convertisseurs. La référence considérée est un avion de transport civil long
courrier bimoteur d’une capacité de 300 passagers, c’est-à-dire de la taille d’un Airbus A330,
et comportant les évolutions existantes ou à venir des avions "plus électriques". Pour la
description de ce recensement, les différentes applications des convertisseurs sont présentées
par chapitre ATA (Air Transport Association), qui est une classification répertoriant les
différents systèmes des avions.

I.1.2.1 Génération et distribution électriques (ATA 24)

L’énergie électrique est présente dans tous les avions. Au début du 20ème siècle déjà, le
Flyer des frères Wright utilisait un moteur électrique pour le démarrage. L’énergie électrique
a d’abord été fournie par des batteries, puis par de petits générateurs 12V ou 24V. Après la
seconde guerre mondiale, l’augmentation de la puissance installée a établi le 115V alternatif
comme standard pour les avions commerciaux de plus de 50 passagers.

Pour une architecture de type Airbus A330 (figure I.1), chaque moteur de propulsion
entraîne un générateur de 115kW régulé mécaniquement en vitesse, nommé IDG (Integrated
Drive Generator). Chacun des IDG alimente un réseau électrique en courant alternatif
triphasé 115V/200V à une fréquence de 400Hz. Les charges d’une puissance supérieure au
kilowatt sont alimentées directement sur ce réseau. Un réseau secondaire en courant continu
28V assure l’alimentation des charges de plus faible puissance. Il est généré par abaissement
puis redressement des tensions alternatives à l’aide de convertisseurs passifs dodécaphasés
(TR : Transformer Rectifier). Ceux-ci sont constitués d’un autotransformateur triphasé dont
l’un des deux secondaires est couplé en étoile et le second en triangle, chacun étant suivi d’un
pont de diodes double alternance.

Comme le réseau hydraulique est constitué de trois circuits indépendants (H1, H2 et


H3), cette architecture est dite "3H". Cette redondance est nécessaire pour assurer la tolérance
de panne de systèmes critiques tels que les commandes de vol et rendre ainsi la perte de
l’avion extrêmement improbable, ce qui correspond théoriquement à une probabilité
d’occurrence de 10-9 par heure de vol.

21
Chapitre I

Parmi les différentes configurations de fonctionnement secours, l’alimentation du


réseau alternatif peut être réalisée à partir de deux ou trois batteries pendant les phases
transitoires de défaut de la génération en courant alternatif. Le convertisseur assurant cette
fonction est un onduleur monophasé, référencé STAT INV sur le schéma.

figure I.1 : architecture simplifiée du réseau figure I.2 : architecture simplifiée du réseau électrique
électrique d’un avion 300 passagers "3H" d’un avion 300 passagers "2H2E" [LAN06-1]

Une première évolution majeure de l’Airbus A380 est l’introduction de générateurs


électriques à fréquence variable (VFG : Variable Frequency Generator) en remplacement des
IDG (figure I.3). Le CSD (Constant Speed Drive) régulant la vitesse de rotation du générateur
est ainsi supprimé. La simplification qui en résulte occasionne une réduction de la masse de
l’équipement (20% environ) ainsi qu’une amélioration de sa fiabilité et de sa maintenance.
Par contre, comme la vitesse du générateur n’est plus régulée, le réseau de bord est à
fréquence libre, variant entre 360 et 800Hz. Certaines charges auparavant alimentées
directement par le réseau alternatif doivent alors intégrer un étage de conversion. C’est le cas
par exemple des ventilateurs (figure I.4) et des pompes à carburant : comme la machine
asynchrone ne peut plus être couplée directement sur le réseau, elle est remplacée par un
système d’entraînement à vitesse variable constitué d’un convertisseur alternatif-alternatif et
d’une machine synchrone à aimants permanents (MSAP).

figure I.3 : générateur à fréquence variable (VFG) figure I.4 : ventilateur avec MSAP et convertisseur
(©Aerolec) statique (©Technofan)

L’architecture de référence dans le cadre de ce mémoire est présentée à la figure I.2 :


elle est dénommée "2H2E", puisque 2 circuits hydrauliques et 2 circuits électriques alimentent
l’ensemble des actionneurs, comme c’est le cas de l’A380. Elle permet donc la suppression
d’un circuit hydraulique par rapport à l’architecture "3H" traditionnelle.

22
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

I.1.2.2 Commandes de vol (ATA 27)

L’Airbus A380 est donc le premier avion à commandes de vol "plus électriques",
puisque les actionneurs en sont répartis sur les deux réseaux hydrauliques et les deux réseaux
électriques. De nombreux bénéfices découlent de cette architecture [VAN03].
• Tout d’abord, la redondance des sources de puissance est augmentée puisque leur quantité
passe de 3 (3H) à 4 (2H2E). L’amélioration de la sécurité est encore accrue par la
dissemblance de ces sources puisqu’elles étaient auparavant toutes hydrauliques ; cela fournit
ainsi une protection supplémentaire contre des défaillances communes pouvant affecter des
systèmes de même nature, qui pourraient être causées par exemple par une erreur de
maintenance.
• De plus, la distribution d’énergie électrique procure une flexibilité pour l’aménagement des
câbles dans l’avion, permettant une ségrégation plus facile des différentes routes, ainsi qu’une
capacité d’isolement et de reconfiguration que ne possèdent pas les systèmes hydrauliques.
• Le rendement des actionneurs électriques étant plus élevé que celui des servocommandes,
la puissance requise par un système électrique est réduite par rapport à son équivalent
hydraulique.
• D’autre part, le remplacement des composants hydrauliques est profitable à la maintenance
de par la suppression des risques de fuite et cela permet l’amélioration du MTBF (Mean Time
Between Failures) et de la disponibilité.
• Enfin, l’électrification de ces systèmes peut mener à terme à une réduction globale de
masse de l’avion.

figure I.5 : servocommande figure I.6 : actionneur figure I.7 : intégration de l’EHA (à
hydraulique électrohydrostatique droite) et de la servocommande (à
gauche) dans l’aile

Cette distribution mixte de puissance a entraîné le développement d’actionneurs à


puissance électrique à la place de servocommandes hydrauliques traditionnelles (figure I.5).
Trois types d’actionneurs prélèvent une partie ou l’intégralité de leur puissance sur le réseau
électrique.
• Un actionneur électrohydrostatique (figure I.6), ou EHA (Electro-Hydrostatic Actuator),
commande le mouvement de translation d’un vérin par un circuit hydraulique local. Pour cela,
une pompe hydraulique est entraînée par une machine synchrone à aimants permanents elle-
même autopilotée par un convertisseur. Cette structure combine le bénéfice d’une machine
électrique à forte puissance massique et d’un rapport de réduction mécanique élevé de
l’ensemble pompe-vérin, permettant de fournir une poussée importante à faible vitesse de
débattement. Le gain de masse et de volume évoqué précédemment ne se situe pas au niveau
des EHA, plus encombrants que les servocommandes hydrauliques (figure I.7), mais sur les
éléments de transport de l’énergie.

23
Chapitre I

• Un EBHA (Electrical Backup Hydraulic Actuator) associe autour d’un vérin commun les
composants d’une servocommande traditionnelle et ceux d’un EHA pour le mode secours.
• Les actionneurs électromécaniques, ou EMA (Electromechanical Actuator), ne comportent
pas d’étage hydraulique : pour générer l’effort sur la surface de commande de vol, le couple
produit par la machine électrique est transmis et amplifié mécaniquement. Les EMA ne sont
utilisés pour l’instant que pour les commandes de vol secondaires, notamment en raison du
retour d’expérience encore limité sur la probabilité de grippage de l’actionneur et son
vieillissement.

Un exemple d’architecture "2H2E" établie pour un avion de 300 sièges dans le cadre
du projet POA est présenté à la figure I.8. Un ensemble d’actionneurs électriques a remplacé
les servocommandes alimentées par l’un des trois circuits hydrauliques de l’architecture
conventionnelle "3H". Pour le recensement de charges, la puissance des EHA est estimée à
partir du cahier des charges de servocommandes traditionnelles en tenant compte des
rendements spécifiques de ces actionneurs (Tableau I-1).

figure I.8 : EHA dans une architecture de commandes de vol 2H2E (circuits hydrauliques non différenciés)

Commandes de vol Puissance Puissance Commandes de vol Puissance


primaires crête (kVA) moyenne (kVA) secondaires moyenne (kVA)

Aileron interne 13 2,2 Volets 21

Aileron externe 8 1,3 Becs 21

Gouverne de direction 14 2,6 THS 4,4

Gouverne de profondeur 8 2,1

Spoiler 9 0,2

Tableau I-1 : estimation de puissance d’actionneurs électriques de commandes de vol

Pour les commandes de vol primaires, le déplacement de chaque surface est assuré par
un à trois actionneurs. Sur les avions actuels, lorsqu’au moins deux actionneurs sont associés
sur une surface, les EHA fonctionnent principalement en redondance passive, mais cette
redondance peut devenir active pour atteindre certains points de fonctionnement
contraignants. En ce qui concerne les commandes de vol secondaires, deux moteurs placés à
la base des ailes commandent l’ensemble des 14 becs (slats), liés mécaniquement. De même,
les 4 volets (flaps) sont actionnés de façon mutualisée par deux moteurs. Le mouvement du
plan horizontal réglable (THS : Trimmable Horizontal Stabilizer) est également assuré par
deux moteurs. L’ensemble de ces actionneurs présente comme caractéristique commune une

24
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

commande en position et des conditions environnementales pouvant être sévères


(température, pression, etc.).

I.1.2.3 Conditionnement d’air (ATA 21)

Les fonctions principales du système de conditionnement d’air sont le contrôle de la


température de la cabine (chauffage/refroidissement) et du compartiment avionique
(refroidissement) et le contrôle de la pressurisation de la cabine. Pour assurer la circulation de
l’air, plusieurs ventilateurs d’une puissance maximale supérieure au kilowatt sont utilisés
[SDN] :
• deux ventilateurs pour la circulation de l’air dans le fuselage pressurisé, au fonctionnement
continu pendant la plupart des phases de la mission (9,8kVA) ;
• un ventilateur au fonctionnement intermittent pour l’évacuation de l’air conditionné des
toilettes et des compartiments galleys (1,7kVA) ;
• un des ventilateurs du pont inférieur (compartiment cargo), au fonctionnement continu
mais à des puissances différentes selon les phases de vol (1,6kVA) ;
• un ventilateur au fonctionnement continu pour la ventilation de la cabine (2,2kVA) ;
• un ventilateur au fonctionnement continu pour extraire l’air du compartiment avionique et
évacuer ainsi la chaleur dissipée (2,8kVA).

Dans les réseaux traditionnels à fréquence fixe, les ventilateurs sont entraînés par des
machines asynchrones connectées directement sur le réseau. Avec l’introduction de la
fréquence variable, cette structure a été remplacée par une machine synchrone à aimants
permanents autopilotée par un convertisseur statique, avec souvent une simple régulation en
courant. Cela présente entre autres l’avantage de pouvoir adapter le rendement du moto-
ventilateur selon le point de fonctionnement et d’obtenir ainsi des gains de consommation
significatifs.

I.1.2.4 Pompes à carburant (ATA 28)

Le système de pompes alimente les réacteurs en carburant à partir des réservoirs. Dans
un réseau à fréquence libre, les pompes à carburant comportent un convertisseur statique pour
les mêmes raisons que les ventilateurs.
• L’architecture représentée à la figure I.9 comporte 2 pompes principales pour chacun des 2
réacteurs (L1, L2, R1 et R2) et 2 pompes de secours (STBY). Les pompes principales font
circuler le carburant en permanence lorsque les réacteurs sont en marche. Chaque pompe a
une puissance nominale de 2,1kVA.
• Une autre pompe (FWD XFR) contrôle le centre de gravité de l’avion en transférant le
carburant entre le réservoir d’équilibrage (trim) et les réservoirs avant. Elle a un
fonctionnement continu pendant les phases de montée, de croisière et de descente (2,3kVA).
• Les pompes APU, de puissance plus faible, ne sont pas incluses dans le recensement.

25
Chapitre I

figure I.9 : architecture du système de carburant [FCOM]

I.1.2.5 Pompes hydrauliques (ATA 29)

Classiquement, pour une architecture "3H" d’un avion de 300 passagers, chaque
circuit hydraulique comprend une pompe électrique d’une puissance nominale de 15,2kVA en
tant que générateur auxiliaire de puissance hydraulique. Ces pompes sont utilisées au sol
durant les opérations de maintenance pour pressuriser les circuits. Elles peuvent également
fonctionner en permanence en vol en cas de défaut sur l’un des circuits hydrauliques. Il peut
être estimé que pour l’architecture de référence "2H2E" considérée, cette fonction est assurée
par deux pompes de 23kVA environ entraînées par un variateur de vitesse.

I.1.2.6 Systèmes atterrisseurs (ATA 32)

L’avion a deux trains d’atterrissage principaux et un train d’atterrissage avant. Chaque


train comporte un actionneur pour l’extension et la rétraction et un système de portes qui
s’ouvrent ou se referment lors de ces actions. De plus, deux actionneurs sont dédiés à
l’orientation de la roue avant. Tous ces éléments sont actionnés hydrauliquement. Pour le
remplacement de ces systèmes par des actionneurs électriques, par exemple de type EHA, les
estimations du projet POA font état de fonctionnements ponctuels à forts appels de
puissance :
• extension/rétraction du train principal : 48kVA ;
• extension/rétraction du train avant : 5kVA ;
• ouverture/fermeture des portes du train principal : 10kVA ;
• ouverture/fermeture des portes du train avant : 8kVA ;
• guidage de la roue avant : 7kVA.

Le freinage impose également un fonctionnement impulsionnel de forte puissance ; il


est souvent effectué hydrauliquement par 2 systèmes redondants. L’Airbus A380 possède déjà

26
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

une assistance électrique pour le freinage, en cas d’incident sur le circuit hydraulique : les
actionneurs sont de type EBHA. Pour l’architecture de référence, il est considéré de manière
simplifiée que le système de freinage électrique peut requérir une puissance crête de 35kVA
répartie équitablement sur les 8 roues arrière, comprenant chacune un actionneur.

I.1.2.7 Inverseurs de poussée (ATA 78)

Situés à l’arrière des réacteurs, les inverseurs de poussée ont pour mission d’exercer
une contre-poussée afin de ralentir l’avion lors de l’atterrissage. Cette action, qui intervient en
complément du freinage, requiert également une forte puissance pendant un temps court.
L’ETRAS (Electrical Thrust Reverser Actuation System) de l’Airbus A380 est un système
entièrement électrique qui comprend un ensemble convertisseur-MSAP contrôlé en position
(figure I.10). L’asservissement des deux capots (figure I.11) doit être précis afin de ne pas
générer des forces différentes, car cela pourrait conduire au déchirement des tôles. Pour
l’avion de référence, chaque inverseur de poussée pourrait consommer jusqu’à 25kVA en cas
d’atterrissage avorté ou de défaillance d’un système.

figure I.10 : ETRAS (©Hispano-Suiza) figure I.11 : ouverture des capots nacelle (©Aircelle)

I.1.2.8 Synthèse du recensement – évolution des standards

Le recensement établi d’après les considérations précédentes est synthétisé par le


graphique de la figure I.12 ; l’objectif est d’établir la gamme de puissance des éléments de
conversion. Pour définir des standards électroniques pertinents, il faut prendre en compte
l’évolution possible des niveaux de tension. En effet, la multiplication des systèmes
électriques pourrait modifier les normes actuelles des réseaux.

figure I.12 : recensement des convertisseurs statiques pour un avion de 300 passagers "plus électrique"

27
Chapitre I

En particulier, l’électrification de certains systèmes qui n’ont pas été mentionnés


jusqu’ici peut être déterminante. L’évolution "bleedless" est probablement la plus
représentative. En effet, l’essentiel de l’énergie pneumatique, utilisée principalement pour le
conditionnement d’air et le dégivrage de la voilure et de la nacelle, provient d’un prélèvement
d’air sur les moteurs de propulsion. La suppression de ce prélèvement d’air implique des
changements majeurs dans le réseau électrique. En premier lieu, il n’est plus possible
d’effectuer un démarrage pneumatique des moteurs de propulsion à partir de l’air fourni par
l’APU. Il est alors envisageable de démarrer les moteurs électriquement, par exemple en
utilisant les générateurs. Des études sur ce thème de mutualisation des fonctions starter-
générateur sont par exemple réalisées dans le cadre du projet MEGEVE associant Airbus,
Snecma, Hispano-Suiza et Thales AES. D’autre part, le passage à des systèmes électriques
pour le conditionnement d’air et le dégivrage occasionne une augmentation considérable de la
puissance électrique installée : pour un avion de 300 passagers, des estimations montrent que
la génération électrique voit pratiquement quadrupler sa puissance (figure I.13), jusqu’ici
limitée à 230kVA.

figure I.13 : puissance consommée en fonction des phases de vol (projet MEGEVE, avion 300 passagers)

Si ces perspectives présentent de nombreux bénéfices fonctionnels pour l’avion, elles


provoquent des changements majeurs au niveau de la génération et de la distribution
électriques. En particulier, il est nécessaire d’augmenter la tension distribuée pour réduire les
sections du câblage électrique, et donc sa masse et son volume. Il peut ainsi être envisagé
d’évoluer vers des architectures de distribution 230VAC et même ±270VDC, comme de
nouveaux projets d’avion en font état.

Toutefois, dans le cadre de cette étude, il est considéré que le réseau électrique
conserve les standards actuels de réseaux à fréquence libre. Le graphique de recensement
présenté plus haut permet alors d’établir les caractéristiques communes aux différentes
charges. Il peut déjà être observé que 70% des équipements se situent dans la plage 0-10kVA,
et que l’application essentielle des convertisseurs est la variation de vitesse de systèmes
d’entraînement.

28
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

I.2 Modules génériques de conversion


En relation avec les besoins aéronautiques, ce travail de thèse s’inscrit dans une
démarche de conception de solutions électroniques fiables par une simplification des
architectures de traitement de l’énergie électrique, constituées d’éléments de conversion
génériques et modulaires. L’établissement d’un cahier des charges passe à la fois par des
considérations technologiques et fonctionnelles.

I.2.1 Critères technologiques


La forte diffusion de l’électronique de puissance à grande échelle industrielle passe par
un plus grand degré d’intégration et de standardisation. Encore actuellement, la conception
des convertisseurs est généralement dédiée aux équipements auxquels ils sont destinés. Les
sous-ensembles composant le convertisseur ne sont que rarement standardisés et ils doivent
être développés en série avec le produit. Si c’est un point de passage obligé pour parvenir à
une intégration globale optimisée, cette approche est pénalisante pour le coût de
développement, le retour sur investissement et la fiabilité des équipements.

Pour rompre avec cette méthodologie, les architectures de traitement de l’énergie


doivent être davantage modulaires, c’est-à-dire composées de sous-systèmes réalisant un
ensemble de fonctions élémentaires et compatibles entre eux pour leur association. Ainsi,
comme pour les applications de micro-électronique telles que les ordinateurs personnels, les
systèmes d’électronique de puissance pourraient être réalisés en associant des modules
standardisés. Cette modularité ne va pas nécessairement dans le sens de l’intégration et il y a
donc un compromis à obtenir entre ces deux objectifs. Par contre, au niveau industriel, les
bénéfices sont multiples. Disposer de composants génériques amène à réduire le coût de
production et la durée des cycles de conception, à mieux maîtriser la fiabilité des systèmes et
à en réduire les coûts de maintenance. En effet, l’interchangeabilité de ces éléments facilite la
maintenance corrective et la standardisation simplifie la maintenance préventive. Cette
démarche doit donc entraîner une diminution des coûts d’acquisition et d’exploitation. En
outre, cela pourrait permettre d’envisager de nouvelles applications pour lesquelles le coût et
la complexité de l’électronique de puissance étaient jusqu’alors rédhibitoires.

Dans une logique idéalisée de "Plug and Play", les convertisseurs doivent pourvoir être
simplement connectés à leur application et être prêts à fonctionner directement. De même, les
sous-ensembles fonctionnels les constituant doivent être intégrés sous la forme de modules
génériques (figure I.14). Cette modularité doit être mise en œuvre sur le plan de l’information,
car chaque module doit posséder "l’intelligence" et les fonctionnalités internes pour s’associer
aux autres modules, et sur le plan spatial, pour les assembler physiquement de manière
judicieuse. Ce concept hiérarchique de modularisation peut encore être poussé, en observant
une granularité plus forte, au niveau des sous-systèmes composant le module de conversion,
toujours en compromis avec la notion d’intégration. Ainsi, chacune de ces parties peut avoir
son évolution technologique propre, ce qui permet de réduire encore les durées de conception
des produits.

29
Chapitre I

figure I.14 : synoptique d’un convertisseur constitué de 3 modules génériques

Cette approche a connu il y a quelques années une certaine attention, en particulier


avec le concept de PEBB (Power Electronics Building Blocks), sous l’impulsion de l’ONR
(US Office of Naval Research) et de différents partenaires tels que le CPES (Center for Power
Electronics System, Virginia Institute of Technology) et ABB [ERI97] [LEE00] [STE03].
Leurs études ont été menées sur un large spectre : matériaux, techniques de packaging,
intégration multicouches (électronique de puissance, commande rapprochée, composants
passifs), compatibilité électromagnétique, management thermique, architectures de contrôle,
interfaces et protocoles de communication, intégration dans les réseaux, commutation douce,
etc. La gamme de puissance considérée dans ces études est au minimum de l’ordre de la
centaine de kW, ce qui rend les contraintes d’intégration et de coût moins fortes.

Cette démarche commence à être adoptée dans les domaines d’application


aéronautiques, pour lesquels la gamme de puissance est nettement plus faible. L’objectif étant
de concevoir et fabriquer le moins de modules pour le plus grand nombre d’applications, il
convient donc d’identifier les points communs électriques, mécaniques et thermiques
appropriés à cette modularité en recherchant le meilleur compromis avec l’intégration. Pour
cela, les aspects technologiques sont fondamentaux, d’autant plus que le besoin aéronautique
se démarque de l’expérience "terrestre" en électronique de puissance sur les contraintes
environnementales sévères et combinées (température, pression, vibrations, etc.) qui peuvent
être imposées aux équipements selon leur localisation.

Le présent mémoire n’a pas vocation à traiter ces aspects technologiques. De ce point
de vue, il propose uniquement de déterminer les caractéristiques haut-niveau des modules de
conversion en délimitant le périmètre et la gamme de puissance couverte. Ces points sont
déduits des besoins fonctionnels exposés par la suite et ils sont détaillés dans la partie
expérimentale (chapitre III). Toutefois, le recensement permet déjà de fixer un ordre de
grandeur : les convertisseurs ont une puissance d’environ 10kVA (70% des charges
recensées). Il est ensuite envisageable d’exploiter la polyvalence des modules génériques de
conversion en les associant pour atteindre des puissances supérieures dans un rapport 2 à 4.

30
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

I.2.2 Critères fonctionnels


L’objectif de ce travail est de contribuer à la démarche de recherche de généricité en
identifiant les standards topologiques répondant à l’ensemble des besoins fonctionnels. Les
applications recensées précédemment concernent essentiellement les systèmes d’entraînement
à vitesse variable. En considérant une chaîne générique de traitement de l’énergie d’un
variateur de vitesse (figure I.15), plusieurs fonctions de conversion apparaissent déjà.
D’autres applications encore sont susceptibles d’être présentes en observant l’ensemble du
réseau électrique et ses éventuelles évolutions.

figure I.15 : fonctions de conversion pouvant composer une chaîne "type" de variation de vitesse

I.2.2.1 Conversion alternatif-alternatif

L’autopilotage d’une machine électrique requiert d’adapter l’énergie provenant du


réseau alternatif. La conversion est effectuée en deux étapes par des étages distincts alternatif-
continu et continu-alternatif. Cette structure indirecte est traditionnellement avantageuse par
rapport aux convertisseurs directs alternatif-alternatif, car elle procure plus de degrés de
liberté pour le réglage des formes d’onde côté réseau et côté moteur, le filtrage sur le bus
continu est plus aisé, elle est plus modulaire et elle permet d’envisager une tolérance de
panne. Toutefois, les convertisseurs matriciels connaissent un regain d’attention et des
prototypes aéronautiques sont proposés [WHE03] [KLU02] ; s’ils permettent de réduire le
nombre de composants et peuvent bénéficier d’une plus forte intégration, la commande, la
commutation et le filtrage côté réseau sont plus délicats.

I.2.2.2 Conversion continu-alternatif

La fonction onduleur triphasé (figure I.16), dédiée à l’autopilotage de machines


tournantes, est le convertisseur commandé le plus répandu dans les réseaux actuels d’avions
"plus électriques". La tension du bus continu étant fixée par des redresseurs passifs de type
hexaphasé ou dodécaphasé, elle vaut 270V sans considérer de chute de tension ou de
fonctionnement dissipatif sur le bus continu. Cette application est développée dans les
chapitres II et III.

Le Static Inverter mentionné précédemment (cf. I.1.2.1) est un onduleur monophasé


qui permet de fournir une tension alternative 115V/400Hz à partir des batteries du réseau
secondaire 28V. Une topologie classiquement employée associe un hacheur survolteur de type
fly-back à un onduleur MLI (figure I.17).

31
Chapitre I

figure I.16 : onduleur triphasé figure I.17 : onduleur monophasé (convertisseur indirect)

D’autre part, l’évolution des réseaux risque d’entraîner une multiplication des charges
polluantes telles que les redresseurs passifs, ce qui peut impliquer un recours au filtrage actif.
Par exemple, dans une configuration parallèle (figure I.18), un filtre actif a pour rôle de
compenser les harmoniques de courant occasionnés par ces charges non linéaires. La
fréquence de commutation des interrupteurs doit être très supérieure aux composantes
spectrales traitées.

Toujours dans le domaine des équipements de traitement de la qualité réseau,


l’application UPFC (Unified Power Flow Controller) est à mentionner car elle peut être
constituée de structures identiques à celle de l’onduleur triphasé mentionné plus haut.
L’UPFC permet de gérer les échanges d’énergie sur une partie d’un réseau alternatif triphasé
maillé : aiguillage des puissances active et réactive, compensation des chutes de tensions et
des composantes harmoniques de courant et de tension [FOC98] [MAK99]. Dans le cas cette
fois de réseaux de distribution haute tension en courant continu (HVDC : High voltage Direct
Current), la structure MAPFC (Mixed function for Actuation and Power Flow Control) peut
être mentionnée ; elle est constituée de deux onduleurs triphasés connectés à chacune des
extrémités des enroulements de la machine (figure I.20) et combine les fonctions actionneur et
gestion des transferts de puissance entre deux réseaux continus [BAU05].

figure I.18 : filtre actif parallèle figure I.19 : redresseur actif triphasé

figure I.20 : MAPFC

32
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

I.2.2.3 Conversion alternatif-continu

Le convertisseur alternatif-continu constitue l’étage d’entrée du variateur de vitesse.


Dans les équipements actuels, il est pratiquement toujours passif, en particulier car il n’est pas
autorisé à renvoyer de l’énergie sur le réseau. L’évolution des réseaux de bord pourrait
toutefois amener cette norme à changer. Le chapitre IV de ce mémoire évoque l’application
de modules génériques de conversion pour des topologies de redresseurs. Si la comparaison
de ces structures est avant tout basée sur des critères de masse, il y est aussi fait état que
certains équipements comprenant un redresseur hexaphasé ne respectent pas les normes de
qualité réseau. Une solution peut résider dans le filtrage actif évoqué plus haut, mais si cela
s’avère pénalisant, par exemple sur le plan du dimensionnement, il pourrait être plus viable de
traiter le problème à la source en remplaçant chaque pont de diodes pollueur par un redresseur
actif à absorption quasi-sinusoïdale de courant (PFC : Power Factor Corrector). Une
topologie classique est présentée à la figure I.19 : elle est semblable à celle de l’onduleur
triphasé décrit ci-dessus. De plus amples détails sont donnés au chapitre IV.

Une autre application est présente dans le réseau de distribution : il s’agit du


redresseur dévolteur assurant la génération du réseau continu 28V à partir du réseau alternatif
triphasé. Il est constitué d’un transformateur dont chacun des bobinages secondaires est relié à
un pont de diodes double-alternance. Il est possible qu’à l’avenir cet équipement soit
remplacé par un convertisseur commandé remplissant des fonctions annexes : le contrôle de la
tension continue de sortie permettrait de laisser les batteries couplées en permanence sur le
réseau 28V, constituant ainsi un tampon assurant l’élimination des coupures d’électricité sur
le réseau continu.

I.2.2.4 Conversion continu-continu

La dernière famille de conversion peut être utilisée pour l’interconnexion de sources


dans le but de faire du stockage d’énergie. Un exemple est fourni dans le chapitre IV, avec un
hacheur permettant, lors des phases de freinage de l’actionneur, de stocker l’énergie renvoyée
par l’ensemble machine-onduleur dans un banc de supercondensateurs. D’autres applications
requérant une conversion continu-continu sont envisageables pour des sources de puissance
(éléments de stockage tels que des volants d’inertie) ou des sources d’énergie (pile à
combustible) mais elles restent encore à l’état de prospective.

Une première topologie envisageable de hacheur réversible en courant est représentée


à la figure I.21. Les cellules de commutation peuvent également être parallélisées, avec des
inductances couplées ou non, pour augmenter le calibre en courant (figure I.22). Enfin,
l’association de cellules de commutation en différentiel (figure I.23) procure un degré de
liberté supplémentaire pour le réglage de la tension de sortie (cf. chapitre IV).

figure I.21 : hacheur réversible figure I.22 : hacheur à cellules figure I.23 : hacheur à cellules
en courant associées en parallèle associées en différentiel

33
Chapitre I

Cependant, le dimensionnement de ces convertisseurs directs est d’autant moins


optimisé que le rapport entre les tensions d’entrée et de sortie est élevé, car la puissance
silicium installée devient importante par rapport à la puissance traitée puisque chaque
interrupteur est dimensionné pour les grandeurs électriques crêtes. Pour optimiser la
compacité et le coût silicium, une alternative consiste à insérer un transformateur, soit dans un
montage direct (exemple du fly-back faisant partie de la figure I.17), ou soit dans un montage
indirect associant un onduleur et un redresseur monophasés, comme par exemple à la figure
I.24.

Un autre type d’application peut être mentionné dans la perspective d’architectures à


base de réseaux continus haute tension : le coupleur de réseaux nommé DCPFC (Direct
Current Power Flow Controller). Cette structure de type buck-boost comprend une
inductance pour gérer les transferts de puissance entre deux réseaux continus, par exemple
pour en équilibrer les charges, en réguler la tension et secourir un réseau dont la génération
serait en défaut [ENS05]. Si cette fonction introduit un point commun entre les réseaux et
requiert donc une conception adaptée des architectures du point de vue de la sûreté de
fonctionnement, elle préfigure une possible évolution vers des réseaux de distribution HVDC
à disponibilité élevée.

figure I.24 : exemple de convertisseur continu-continu indirect figure I.25 : DCPFC

I.2.2.5 Synthèse topologique et fonctionnalités additionnelles

Cette vue d’ensemble non exhaustive des applications d’électronique de puissance


montre qu’un nombre restreint de configurations de semi-conducteurs permet de satisfaire le
plus grand nombre de topologies de convertisseurs. Le dénominateur commun topologique est
une cellule de commutation bidirectionnelle en courant et unidirectionnelle en tension, ou
"bras d’onduleur", dont les caractéristiques technologiques doivent permettre de remplir les
fonctions envisagées de manière adéquate.

Un premier critère concerne les niveaux électriques des interrupteurs. Pour les
applications basse tension (BT) envisagées, un calibre standard de 600V est adapté, puisque
les redresseurs traditionnels délivrent à partir du réseau alternatif une tension continue de
270V et pouvant s’élever jusqu’à 450V environ en cas de transitoire réseau ou de renvoi
d’énergie sur le bus continu. Les transistors sont donc préférablement de technologie IGBT ou
CoolMOS si de hautes fréquences sont requises. Pour les applications avec une source très
basse tension (TBT), l’utilisation de ces mêmes composants n’est pas forcément viable pour
la raison d’optimisation du dimensionnement évoquée précédemment. Il peut donc sembler
plus opportun de disposer de deux modules de conversion, l’un basse tension et l’autre très
basse tension, chacun ayant un calibre en courant adapté à la gamme de puissance envisagée.

Un second critère concerne la fréquence de découpage, qui peut varier de manière


importante entre les différentes applications. Certaines d’entre elles, spécifiques à

34
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

l’aéronautique, ont des performances fréquentielles supérieures à celles des applications


industrielles classiques. Elles requièrent donc une fréquence de découpage suffisante
(Fd>20kHz). Par exemple, dans le cas d’un redresseur actif, sa valeur doit être assez élevée
pour être compatible avec la fréquence du réseau (jusqu’à 800Hz) et minimiser la taille des
inductances de ligne nécessaires au filtrage du courant réseau. Le dimensionnement des
interrupteurs cherche alors davantage à réduire les pertes par commutation. A l’inverse, pour
l’alimentation d’une machine, il peut parfois être préférable de fonctionner à faible fréquence
de découpage pour limiter les pertes par commutation et les contraintes de CEM : les
interrupteurs ont alors plutôt intérêt à présenter des pertes par conduction réduites. Même si
ces contraintes ne vont pas dans le même sens, un compromis peut être trouvé car il existe des
modules opérant sur toute la gamme de fréquences. En ce qui concerne les applications TBT,
la symbolique employée sur les schémas est celle de l’IGBT mais la technologie MOSFET
peut être préférable pour l’étage TBT.

Sur le plan de la mise en œuvre, l’utilisation d’éléments de conversion modulaires est


naturellement quelque peu antagoniste avec la notion d’intégration. La tâche de conception
industrielle visant à assurer l’intégration des modules de conversion au sein des convertisseurs
est donc complexe, d’autant plus que la masse et le volume sont souvent des contraintes
primordiales dans la spécification des équipements aéronautiques. Par contre, cette propriété
de modularité amène une prédisposition à la redondance qu’il peut être intéressant d’exploiter
afin d’améliorer la disponibilité opérationnelle des systèmes sans dégrader la sécurité. Pour
cela, il convient d’utiliser les redondances topologiques internes de convertisseurs pour leur
conférer la capacité de tolérer une ou plusieurs pannes.

En utilisant des convertisseurs à tolérance de panne pour des équipements sensibles,


comme par exemple des actionneurs de surfaces de commandes de vol, la plus grande
disponibilité du système concerné se répercute directement sur le dispatch 1 des avions. Un
bénéfice supplémentaire de tels convertisseurs découle du diagnostic interne permanent, qui
constitue un facteur d’amélioration de la maintenance puisque l’identification des défauts est
facilitée. La tolérance de panne peut donc contribuer à une baisse des coûts d’exploitation et
une sûreté accrue des systèmes.

Ce principe constitue un sujet majeur de ce mémoire. Il est d’abord développé dans le


chapitre II, où les topologies envisagées sont décrites et caractérisées par simulation. Pour les
études expérimentales exposées au chapitre III, il a été conçu un prototype de module de
conversion pour la mise en œuvre d’un onduleur capable de s’auto-protéger en cas de
défaillance interne puis de se reconfigurer afin de maintenir son fonctionnement. Auparavant,
dans la suite de ce chapitre, une application de référence va être définie pour les besoins de
simulation.

1
Autorisation pour effectuer une mission donnée en fonction de l’indisponibilité de certains systèmes.

35
Chapitre I

I.3 Caractérisation de l’application de référence


I.3.1 Variation de vitesse
Le recensement des charges nécessitant un convertisseur statique a établi la
prédominance des applications de variation de vitesse pour les systèmes d’entraînement. Le
développement de cette activité ne concerne pas seulement l’aéronautique civile, mais
également les domaines militaire et automobile et de nombreux autres secteurs de l’industrie.
En effet, les actionneurs électriques prennent de plus en plus d’importance en raison des gains
qu’ils sont susceptibles de procurer (Tableau I-2).

Avantages Inconvénients

Rendement élevé Effort à l’arrêt


Performance Grande dynamique ⇒ nécessité d’un réducteur (EMA) ou d’un
Flexibilité de la commande circuit hydraulique local (EHA)
Diagnostic intégré possible Connectique
Fiabilité Gestion de défaillance interne facilitée Composants sous contraintes
Reconfiguration envisageable environnementales sévères
Potentiel d’évolution de l’intégration Thermique
Intégration
fonctionnelle et technologique CEM (auto-perturbation+émission)

Masse Masse des éléments de distribution Masse des convertisseurs

Coût d’exploitation
Economique Amélioration de la maintenance Coût de développement initial
Evolutions facilitées

Tableau I-2 : rappels sur les avantages et inconvénients technologiques des actionneurs électriques

Dans la mesure où un convertisseur statique est nécessaire à l’obtention des


performances spécifiées pour l’actionneur, les machines synchrones à aimants permanents
(MSAP) sont souvent préférées en raison de leurs propriétés attractives : densité massique et
volumique de puissance élevée, large plage de vitesse à puissance constante et excellent
rendement [BOS96] [JAH86].

Pour les études théoriques, il a été choisi de considérer comme application de


référence un actionneur électrohydrostatique (EHA) de surface de commandes de vol, car cet
actionneur impose à l’électronique de puissance des contraintes spécifiques variées :
• fonctionnement impulsionnel et intermittent,
• performances dynamiques élevées,
• réversibilité en puissance transitoire,
• sûreté de fonctionnement primordiale car cette fonction affecte la contrôlabilité de l’avion,
• influence de sa disponibilité sur le dispatch,
• contraintes environnementales sévères (plage de température -50°C/+85°C, zone non
pressurisée, vibrations, foudre, etc.),
• forte compacité de l’équipement de par l’espace limité dans les ailes.

36
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

Il est donc plus aisé par la suite d’extrapoler les résultats d’études à des actionneurs
dont les exigences sont restreintes, comme par exemple les ventilateurs et les pompes.

I.3.2 Modélisation d’un actionneur électrohydrostatique


Un EHA permet de commander le déplacement d’un vérin par un circuit hydraulique
local à partir d’une puissance électrique. Classiquement, le réseau de bord triphasé alimente
un bus continu 270V à travers un redresseur passif. Puis un onduleur de tension MLI
autopilote une machine synchrone qui entraîne une pompe hydraulique actionnant le vérin
relié à la gouverne (figure I.26).

figure I.26 : synoptique d’un EHA

Pour les différents besoins de l’étude, il a été développé sous SABER™ un modèle
multiphysique d’un EHA et de sa charge mécanique qui permet une caractérisation électrique,
mécanique hydraulique et thermique des différents étages de la chaîne de conversion
d’énergie (figure I.27). Cette représentation permettant une observation directe des
phénomènes physiques paraît d’autant plus appropriée de par la nature pluridisciplinaire de
l’EHA de commandes de vol. Les différents étages constituant cette chaîne sont décrits ci-
dessous. La modélisation de l’électronique de puissance mérite une attention particulière
puisque le fonctionnement des convertisseurs est le cœur de ce travail.

figure I.27 : modèle de simulation d’un EHA

37
Chapitre I

I.3.2.1 Convertisseur statique

Le convertisseur est alimenté par le réseau alternatif triphasé, modélisé sous la forme
d’une source de tension triphasée en série avec une impédance caractéristique du câblage.
L’étage d’entrée du convertisseur (figure I.28) est presque entièrement passif puisqu’il est
composé d’un filtre en T classique, d’un pont de diodes double alternance constitué de
composants idéaux (résistance à l’état passant constante), d’un filtre de sortie LC et d’un
hacheur rhéostatique, qui entre en fonctionnement hystérétique au seuil supérieur de tension
continue, lors des phases de freinage de l’actionneur. Le fonctionnement et le
dimensionnement de cet étage sont décrits plus en détail au chapitre IV.

figure I.28 : étages de conversion du modèle d’EHA

Pour la modélisation de l’onduleur, on peut choisir de représenter l’évolution


temporelle des grandeurs électriques avec leurs composantes hautes fréquences ou bien
uniquement leurs valeurs moyennes sur la période de découpage, plus lentement variables
dans le temps. La simulation de profils de mission de plusieurs secondes avec un modèle
onduleur-machine prenant en compte les phénomènes de commutation peut nécessiter des
durées de calcul importantes. Comme les constantes de temps des machines électriques sont
de l’ordre de la milliseconde, il est envisageable d’utiliser des "modèles moyens", c’est-à-dire
une représentation qui ne prend en compte que les phénomènes basses fréquences des
convertisseurs. Cette modélisation n’est valide que si les constantes de temps des grandeurs
extérieures au convertisseur varient lentement sur une période de découpage. C’est le cas de
certaines des études de simulation, pour lesquelles des profils de mission "longs" (quelques
dizaines de secondes) vont pouvoir être simulés. D’autres études vont requérir à l’inverse une
représentation plus fine des phénomènes électriques et des simulations plus courtes vont être
effectuées avec les "modèles instantanés".

Pour la simulation des convertisseurs, il a été choisi de réaliser des macro-composants


interconnectables pour accomplir les fonctions de conversion basiques, afin de faciliter la
mise en œuvre des modèles de convertisseurs et de bénéficier d’une plus grande lisibilité des
schémas de simulation. Cela consiste à imbriquer dans un symbole schématique un élément
topologique de conversion, ici une cellule de commutation (partie "puissance"), et ses
fonctionnalités les plus génériques (partie "signal").

I.3.2.1.a Modèles instantanés de cellule de commutation

Pour cette première "brique" de conversion, la partie puissance comprend un bras


d’onduleur composé de modèles de semi-conducteurs idéaux (figure I.29). Chaque
interrupteur de la cellule comprend un transistor et une diode en antiparallèle, dont les
caractéristiques physiques sont modélisées par des paramètres fixes à régler. Pour le
transistor, il s’agit de la résistance à l’état passant et à l’état bloqué et de la durée de mise en

38
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

conduction et de blocage. Les paramètres de la diode sont la chute de tension à l’état passant
et la résistance à l’état ouvert et à l’état fermé.

figure I.29 : schématique interne du modèle instantané MLI figure I.30 : symbole du
modèle instantané MLI

La partie "signal" imbriquée dans ce macro-composant comprend des blocs


fonctionnels de commande et de découpage. Un capteur renvoie la mesure du courant de
phase pour réguler ce dernier selon deux techniques correspondant à deux modèles de
simulation distincts.
• Pour la brique "MLI" (figure I.29), la commande en courant est réalisée par modulation des
impulsions de commande des interrupteurs (Modulation de Largeur d’Impulsion) : une onde
porteuse triangulaire haute fréquence est modulée par le rapport cyclique réglant le transfert
d’énergie. La boucle de régulation comprend un correcteur proportionnel-intégral (PI) et un
anti-windup qui bloque le terme intégral du correcteur en cas de dépassement des butées de
modulante (figure I.31). Ce modèle intègre différentes entrées pour les fonctionnalités
additionnelles : compensation de tension, remise à zéro de l’intégrateur, commande en tension
de la cellule en inhibant la boucle de courant, injection d’une modulante externe et
surmodulation.
• Pour la brique "hystérésis", la commutation de la commande du bras d’onduleur a lieu
lorsque la différence entre le courant mesuré et sa consigne excède un seuil prédéfini. Cette
fonction est simplement réalisée par une bascule RS dans laquelle entrent la mesure du
courant de phase et sa référence.

figure I.31 : schéma bloc de la boucle de courant et des fonctionnalités imbriquées dans le modèle MLI

D’autres fonctionnalités imbriquées sont communes à chacun de ces deux modèles.


• L’état des transistors peut être forcé en appliquant un signal logique sur une entrée externe
qui permet, via un bloc logique, de modifier éventuellement l’ordre de commande du
transistor. Ainsi il est possible de simuler artificiellement un défaut de commande ou la
défaillance physique d’un transistor de type haute impédance ou basse impédance.

39
Chapitre I

• D’autre part, le "temps mort" est modélisé via une porte logique. En effet, la mise en œuvre
d’un bras d’onduleur requiert l’introduction d’un temps de garde entre l’ouverture d’un
transistor et la fermeture du transistor adjacent, afin de disjoindre les commandes des deux
interrupteurs de la cellule à l’échelle de la commutation et d’éviter ainsi une conduction
simultanée des transistors.
• Enfin, il est possible de modéliser plus fidèlement le comportement d’une cellule
commandée numériquement en passant la mesure et la référence de courant dans un bloc de
filtrage-échantillonnage puis en introduisant un retard pur représentatif du temps de calcul.
Pour une émulation plus rigoureuse, il convient de numériser également les correcteurs.

I.3.2.1.b Modèle moyen de cellule de commutation

Pour les simulations de longs profils de mission, il est proposé d’utiliser un modèle
moyen de la brique MLI en remplaçant les interrupteurs (figure I.32) par des sources de
courant et de tension (figure I.33). En supposant une conduction continue du courant dans la
cellule, les valeurs moyennes sur une période de découpage Td du courant dans les
interrupteurs et de la tension à leurs bornes peut être déterminée à partir du rapport cyclique
de conduction apparent α du transistor supérieur et des variables d’état.

Dans les relations suivantes, les chutes de tension aux bornes des composants sont
négligées. Par contre, il est pris en compte l’effet du temps mort tm, durant lequel la tension de
sortie de la cellule dépend de la conduction de l’une des diodes de la cellule et donc du signe
du courant de phase. Comme, pour les futures simulations, la durée du temps mort est
toujours faible devant la période de découpage, l’hypothèse de conduction continue est valide.
tm
< VB > = [α − × sgn(i ph )].VDC (I-1)
Td
tm
< i T1 > = [α − × sgn(i ph )].i ph (I-2)
Td
tm
< i T2 > = [α − × sgn(i ph ) - 1].i ph (I-3)
Td

figure I.32 : modèle instantané de bras d’onduleur figure I.33 : modèle moyen de bras d’onduleur

Ces relations sont valides à condition que l’ondulation de courant à la période de


découpage reste faible devant la valeur moyenne de ce courant. Ainsi, la puissance moyenne
produite par les harmoniques de la tension de sortie de l’onduleur et les harmoniques du
courant de phase de même fréquence est négligeable et le transfert de puissance n’en est pas
affecté. La légitimité de cette approximation dépend donc de la nature et du dimensionnement
de l’application considérée et elle devra être vérifiée pour chaque cas de simulation.

40
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

figure I.34 : schématique interne du modèle moyen MLI figure I.35 : symbole du
modèle moyen MLI

Les blocs fonctionnels de commande du modèle instantané sont également utilisés


pour le modèle moyen (figure I.34). Pour remplacer le forçage des interrupteurs, une fonction
d’état Fetat est introduite afin de décrire le fonctionnement de la cellule.
• Fetat=1 signifie que la cellule est connectée au bus continu et à la phase et qu’elle
fonctionne normalement.
• Fetat=0 représente l’état déconnecté de la cellule : le courant est nul dans les sources
raccordées au bus continu et la tension de sortie n’est pas définie puisqu’elle est alors imposée
par la source en sortie. Dans cette condition, il est donc nécessaire de déconnecter le point
milieu de la cellule de la charge, ce qui n’est pas contraignant car le modèle moyen n’a pas
vocation à servir à l’étude des modes de défaut.

La validité du modèle moyen de la cellule est vérifiée par simulation puis comparaison
des grandeurs électriques avec celles du modèle instantané. La figure I.36 montre l’évolution
du courant de phase et le spectre de la tension de sortie de la cellule pour une simulation en
onduleur monophasé sur charge RL. L’analyse spectrale (transformée de Fourier) montre que
l’erreur sur le fondamental du courant de phase et celle sur le fondamental de tension de sortie
sont faibles (<1%). Le modèle moyen a permis un gain de temps considérable : pour un profil
d’une seconde, la durée de simulation est réduite de 310s à 3s.

figure I.36 : comparaison des grandeurs de sortie des modèles instantané et moyen

I.3.2.1.c Modélisation de la puissance dissipée par les composants semi-conducteurs

Durant la conversion d’énergie, une partie de l’énergie électrique traitée par les semi-
conducteurs est transformée en chaleur qui doit être évacuée. En électronique de puissance,
les considérations thermiques sont primordiales car elles sont directement liées aux objectifs
de fiabilité et de durée de vie requis pour les équipements et leur influence sur
l’encombrement et la masse des convertisseurs est majeure. En particulier, dans le contexte

41
Chapitre I

aéronautique, les contraintes de masse et les conditions environnementales peuvent être


particulièrement sévères, comme dans le cas des EHA de surfaces de commandes de vol qui
sont situés dans des zones étroites et non pressurisées.

Pour les études de simulation, un bloc fonctionnel modélisant de manière simplifiée


les pertes des interrupteurs est intégré dans le modèle moyen de cellule de commutation
(figure I.37). La puissance dissipée est estimée à partir de la composante basse fréquence du
courant, en considérant comme précédemment que l’ondulation relative sur la période de
découpage est faible. Même si cette hypothèse n’est pas vérifiée au voisinage du passage par
zéro du courant, les conséquences sont négligeables puisque la puissance dissipée est alors
quasiment nulle.

Les pertes dans les semi-conducteurs ont deux composantes.


• Les pertes par conduction dépendent des chutes de tension à leurs bornes et du courant qui
les traverse. Les caractéristiques Ic=f(Vce) des IGBT et If=f(Vf) des diodes données par le
fabriquant sont entrées dans des tables croisées qui restituent la chute de tension à l’état
passant en fonction de la valeur du courant. Puis les formules suivantes sont reconstruites
analogiquement pour établir la puissance dissipée par conduction par chaque composant.
( )
⎧⎪PcondIGBT1 = α ⋅ i ph ⋅ Vce i ph
i ph ≥ 0 ⎨
( )
⎪⎩PcondD2 = (1 − α ) ⋅ i ph ⋅ Vf i ph
(I-4)

( )
⎧PcondD1 = α ⋅ i ph ⋅ Vf i ph

i ph < 0 ⎨ (I-5)
⎪⎩PcondIGBT2 = (1 − α ) ⋅ i ph ⋅ Vce i ph( )
• Les pertes par commutation représentent l’énergie dissipée pendant les changements d’état
et sont considérées proportionnelles à la fréquence de découpage. Les caractéristiques
d’énergie dissipée à l’ouverture et à la fermeture en fonction de la valeur du courant qui sont
délivrées par le fabriquant sont également entrées dans des tables croisées. Ces
caractéristiques sont valables pour une tension continue fixe (300V dans le cas traité). Pour
une valeur de tension continue VDC différente, la puissance dissipée est calculée en
introduisant un rapport de proportionnalité, ce qui constitue une approximation valable tant
que l’écart avec la tension continue de référence est peu important.
⎧ VDC
[ ( ) ( )]
⎪⎪PcomIGBT1 = Fdec ⋅ 300 ⋅ E on IGBT i ph + E off IGBT i ph
i ph ≥0⎨ (I-6)
⎪P
⎪⎩ comD2
V
= Fdec ⋅ DC ⋅ E off D i ph
300
( )

⎧ VDC
[ ( ) ( )]
⎪⎪PcomIGBT2 = Fdec ⋅ 300 ⋅ E on IGBT i ph + E off IGBT i ph
i ph <0⎨ (I-7)
⎪P
⎩⎪
comD1 = Fdec ⋅
VDC
300
⋅ E off D i ph( )

Les caractéristiques utilisées proviennent du module EUPEC F4-150R06KL4 utilisé


pour le volet expérimental de ces études ; elles sont données pour une température de jonction
de 125°C, ce qui représente le cas le plus contraignant pour la puissance dissipée par les semi-
conducteurs.

42
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

figure I.37 : modèle moyen de cellule de commutation avec calcul des pertes
des composants et représentation des températures d’interface

I.3.2.1.d Modélisation du comportement thermique des composants semi-conducteurs

Par la suite, des estimations de dimensionnement thermique sur profil de mission vont
être réalisées. Il est donc proposé de compléter le modèle précédent pour faire le lien entre la
puissance dissipée par les composants semi-conducteurs et l’évolution des températures aux
différentes interfaces.

Le dimensionnement thermique consiste à établir l’impédance thermique du


dissipateur en fonction du profil de mission et de l’augmentation maximale de température
entre le milieu ambiant et la jonction du semi-conducteur. Ainsi, l’assemblage des modules
(figure I.38) et le dissipateur forment un réseau d’impédances thermiques. Un modèle
thermique simplifié peut donc être représenté par un schéma électrique équivalent sous la
forme d’une ligne de propagation de la chaleur ; la figure I.39 explicite le cas d’un module
composé d’une diode et d’un IGBT monté sur un radiateur. Il est ainsi possible d’établir les
variations de température aux interfaces physiques (puce, substrat, semelle, radiateur).

figure I.38 : structure d’un module de figure I.39 : modèle thermique d’un module IGBT-diode
puissance (T=température - j=jonction – c=boîtier – s=radiateur)

43
Chapitre I

Un modèle électrique équivalent de nature différente est donné par le fabriquant des
modules de puissance utilisés. Il est constitué de cellules RC parallèles associées en série et ne
correspond donc pas à une représentation physique intrinsèque de l’assemblage, mais plutôt à
un "fittage" des paramètres pour caractériser l’impédance thermique du composant entre la
jonction et le boîtier. Ainsi, pour la simulation thermique de puces d’un ou plusieurs modules
montés sur un même dissipateur, une représentation hybride entre les modèles de Cauer et de
Foster est adoptée ; le schéma électrique de la figure I.40 explicite le cas de deux puces d’un
module monté sur un dissipateur.

figure I.40 : modèle thermique de deux puces d’un module (Pd=puissance dissipée par une puce)

Par conséquent, en connaissant les impédances thermiques du système de refroidissement et


du matériau d’interface, il est possible de simuler l’évolution de la température de jonction
des composants (en valeur moyenne sur la période de découpage) en fonction du profil de
mission de l’actionneur.

I.3.2.2 Machine synchrone à aimants permanents (MSAP)

Comme les EHA sont logés dans les ailes, leurs exigences de compacité sont
prépondérantes. La machine électrique employée est donc avantageusement de type MSAP.
Cependant, les modèles de la bibliothèque SABER ne permettent pas de réaliser l’ensemble
des configurations topologiques étudiées par la suite. Un modèle de MSAP à enroulements
ouverts (6 bornes) a donc été développé au LEEI. Ses hypothèses de modélisation sont les
suivantes :
• le phénomène d’amortissement au rotor est négligeable,
• la machine fonctionne en régime linéaire (circuit magnétique non saturé),
• les inductances sont constantes et ne dépendent pas de la position du rotor (machine
magnétiquement lisse au rotor),
• la répartition spatiale du champ magnétique est considérée sinusoïdale (entrefer constant),
• il n’y a pas de courants induits au rotor (machine sans frettes conductrices).

Le fonctionnement de la machine est régi par les équations présentées ci-dessous. La


vitesse de rotation Ω, proportionnelle à la pulsation électrique ω, est déduite de la position
angulaire mécanique θm du rotor.
dθ m ω
Ω= = (I-8)
dt p

44
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

Un flux magnétique est généré par les aimants.


⎧Φ A = Φ M ⋅ cos (pθ m )

⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨Φ B = Φ M ⋅ cos ⎜ pθ m − ⎟ (I-9)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪Φ C = −Φ A − Φ B

Dans les phases, les forces électromotrices résultant de la rotation du champ rotorique sont
établies par dérivation temporelle du flux.
⎧e A = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin (pθ m )

⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨e B = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟ (I-10)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪e C = −e A − e B

Les tensions différentielles aux bornes des enroulements s’écrivent :


⎧ ( )
d L ⋅ i phA + M ⋅ i phB + M ⋅ i phC
⎪v A = R s ⋅ i phA + + eA
⎪ dt
⎪⎪ ( )
d L ⋅ i phB + M ⋅ i phA + M ⋅ i phC
⎨v B = R s ⋅ i phB + + eB (I-11)
⎪ dt
⎪ ( )
d L ⋅ i phC + M ⋅ i phB + M ⋅ i phA
⎪v C = R s ⋅ i phC + + eC
⎩⎪ dt

L’inductance L est la somme de l’inductance propre Lp et de l’inductance de fuite Lf.


L = Lp + Lf (I-12)

Le couple électromagnétique Cem produit par la machine est fonction des courants circulant
dans les phases.
⎡ ⎛ 2π ⎞ ⎛ 2π ⎞⎤
C em = p ⋅ Φ M ⋅ ⎢i phA ⋅ sin (pθ m ) + i phB ⋅ sin ⎜ pθ m - ⎟ + i phC ⋅ sin ⎜ pθ m + ⎟⎥ (I-13)
⎣ ⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠⎦

Le couple utile instantané Cu appliqué à l’arbre moteur tient compte des frottements visqueux
fv de l’ensemble machine-pompe.
dΩ
C u = C em − f v ⋅ Ω − J ⋅ (I-14)
dt

Enfin, les paramètres à régler du modèle de MSAP sont récapitulés dans le tableau suivant.

RS (Ω) Résistance de bobine statorique


L (H) Inductance d’une phase statorique
M (H) Inductance mutuelle entre deux phases
Φm (Wb) Valeur maximale du flux total des aimants dans une phase statorique
p Nombre de paires de pôles
2
J (kg.m ) Inertie
fv (N.m.s/rad) Coefficient de frottements visqueux
Tableau I-3 : paramètres réglables du modèle de MSAP

45
Chapitre I

I.3.2.3 Circuit hydraulique local

La pompe hydraulique est couplée directement à l’arbre du moteur. L’élément SABER


modélise une pompe dont le débit Q de fluide est proportionnel à la vitesse de rotation, aux
fuites près, et la pression ΔP générée évolue linéairement avec le couple. Les principaux
paramètres de configuration sont recensés dans le tableau suivant.

D (m3/tr) Cylindrée nominale


ηhyd Rendement hydraulique
ηmeca Rendement mécanique
Pnom (Pa) Pression nominale
Nnom (tr/min) Vitesse angulaire nominale
µnom (N.s/m2) Coefficient de viscosité dynamique du fluide
Tableau I-4 : paramètres réglables du modèle de pompe hydraulique

Le vérin hydraulique double effet établit la force et la position de la tige du vérin en


fonction de la pression exercée dans les chambres et du débit hydraulique. De plus, le circuit
hydraulique comporte un dispositif pour limiter la pression : il est modélisé ici par deux
valves en antiparallèle s’ouvrant en cas de trop forte pression, afin de laisser passer du fluide
directement entre les deux lignes. Les paramètres des valves sont choisis afin que l’ouverture
en fonction de la pression appliquée soit de type tout ou rien.

SA, SB (m2) Surfaces actives du piston


Lsat (m) Course en butée du vérin
Linit (m) Position initiale de la tige du vérin
kr (N.s/m2) Raideur de la butée mécanique
Pset (Pa) Pression d’ouverture de la valve
Pdelta (Pa) Pression supplémentaire pour une ouverture complète de la valve
amin/amax (m2) Sections limites des conduits
Tableau I-5 : paramètres réglables du modèle de vérin hydraulique et du dispositif anti-surpresseur

Pour être représentatif du comportement physique de l’EHA, le paramétrage de ces


modèles est influencé par différents phénomènes.
• Pour éviter d’introduire des composants supplémentaires, les pertes de puissance dans le
vérin et dans la chaîne cinématique sont prises en compte dans le rendement mécanique de la
pompe, dont la vocation première est de représenter les pertes de pression dans la pompe et
les canalisations.
• De même, le rendement hydraulique intègre les fuites de la pompe et du vérin, ainsi que les
pertes au niveau de la chaîne cinématique. Les fuites hydrauliques résultent de l’étanchéité
imparfaite de la pompe, des fuites internes entre les deux chambres du vérin et des fuites
externes à travers les joints. En réalité, deux niveaux de joint permettent de canaliser les fuites
et de remettre le fluide en circuit. Pour cela, un accumulateur hydraulique recueille les fuites

46
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

externes de la pompe et du vérin et il fixe le mode commun de pression sur les deux
chambres : en cas de nécessité, les clapets de gavage et anti-cavitation réinjectent du fluide
dans le circuit principal. Le modèle ne prend pas en compte les cas où la pression de chaque
chambre tombe en dessous du niveau de cavitation.
• En fonction de la température et de la pression, le coefficient de viscosité dynamique du
fluide utilisé (Skydrol) peut varier de 3 décades. Cependant, pour le modèle de pompe, ce
paramètre ne sert qu’à établir les fuites, c’est donc par rapport à ce critère que sa valeur doit
être fixée.
• D’autre part, le rendement réel de ce type de pompe peut être plus élevé en fonctionnement
moteur qu’en fonctionnement générateur, mais ce phénomène n’est pas représenté.

I.3.2.4 Chaîne cinématique

Le vérin déplace la gouverne par l’intermédiaire d’une timonerie mécanique solidaire


de la gouverne. Il est considéré ici que la relation entre la position de la tige du vérin et celle
de la gouverne est linéaire. Cette chaîne cinématique que constitue la charge mécanique de
l’actionneur est modélisée par une masse mG, qui est représentative de l’inertie J de la
gouverne à travers le bras de levier BL.
J
mG = (I-15)
B 2L

Quant au moment de charnière MC, il applique sur la tige du vérin une force Fv.
MC
FV = (I-16)
BL

Ces relations découlent des hypothèses suivantes :


• l’inertie du vérin est négligée devant celle de la gouverne,
• les variations de la longueur du bras de levier sont négligeables,
• la souplesse mécanique de la liaison entre la timonerie et la tige du vérin n’est pas prise en
compte ; il en est de même pour la liaison entre le point d’ancrage du corps du vérin et la
voilure de l’avion.

Lors de la présentation des architectures de commandes de vol (cf. I.1.2.2), il est


apparu qu’au moins deux actionneurs sont couplés sur certaines surfaces de commandes de
vol primaires. Par souci de simplicité, l’amortissement produit par une servocommande en
parallèle n’est pas modélisé par des éléments physiques mais par des éléments de contrôle et
une source d’effort. L’effet introduit par ce couplage sur l’actionneur actif est de la forme :
FS = k S ⋅ VV ⋅ VV (I-17)

Les pertes bloc du circuit hydraulique ΔPB, modélisées de la même manière, sont de la forme :
ΔPB = k B ⋅ Q ⋅ Q (I-18)

L’effort résultant est ramené au niveau du vérin en introduisant un nouveau coefficient kB’.
FB = k ′B ⋅ VV ⋅ VV (I-19)

47
Chapitre I

Enfin, les frottements secs du vérin sont considérés constants quelle que soit sa vitesse de
déplacement, ils sont modélisés par une force supplémentaire FF dont le signe est donné par le
sens d’extension de la tige du vérin par rapport à la position initiale.

I.3.2.5 Commande de l’EHA

La commande de l’actionneur doit assurer l’asservissement de position du vérin afin


d’imposer l’inclinaison de la gouverne. Ce mode de contrôle est réalisé par 3 boucles de
régulation imbriquées. La boucle de position, la plus lente, comprend un correcteur qui
compense simplement les pôles de la fonction de transfert du système en boucle ouverte
(indice S) par une fonction du 2ème ordre (indice L).
1 zS
⋅p2 + 2⋅ ⋅ p +1
ω S2 ωS
C L (p ) = K L ⋅ (I-20)
1 z2
⋅p2 + 2⋅ ⋅ p +1
ω 2L ωL

La sortie de cette boucle délivre la consigne de la boucle de régulation de vitesse. Cette


dernière détermine l’amplitude du courant de référence ; elle est réalisée simplement avec un
correcteur de type proportionnel-intégral, en assimilant la machine à un système du premier
ordre.
1
C Ω (p ) = G Ω + (I-21)
TΩ ⋅ p

Enfin, la boucle de régulation de courant, la plus rapide, achève l’autopilotage de la MSAP.


Le mode de commande dépend du modèle de cellule employé (cf. I.3.2.1). Ces techniques de
contrôle sont détaillées dans le cadre de la partie expérimentale de ce mémoire (chapitre III).

I.3.2.6 Validation du modèle physique d’EHA

Pour valider le modèle physique développé, sa concordance est vérifiée par rapport à
un modèle existant, conçu sous formalisme Bond Graph dans le mémoire de thèse [LAN06-2]
à partir d’un équipement de référence. Le profil de mission utilisé pour cette comparaison
représente une manœuvre d’évitement de l’avion ; il est donc contraignant pour les parties
électriques et mécaniques. La simulation de la figure I.41 est réalisée avec le modèle moyen
de convertisseur, puisque le modèle Bond Graph original ne prend pas en compte les
phénomènes liés aux commutations.

Les réponses des deux modèles sont semblables en régime permanent. La position de
la gouverne est correctement asservie. L’évolution des grandeurs de la chaîne cinématique et
de la partie hydraulique ne fait apparaître que de faibles disparités.

Lors des régimes transitoires, des écarts plus importants peuvent apparaître au niveau
des grandeurs électriques. En effet, l’utilisation des composants de la bibliothèque SABER
peut occasionner une limitation de la précision de représentation si leur niveau de détail est
insuffisant. Par exemple, le rendement de la pompe est en réalité différent selon le sens de
transfert de la puissance, mais le composant logiciel ne permet pas d’intégrer ce phénomène.
Globalement, les écarts observés restent raisonnables étant donnée la différence de
représentation entre les deux modèles. De plus, l’objectif essentiel de notre modèle est sa
représentativité physique et il n’a pas vocation à établir une similitude parfaite avec l’original

48
Modules génériques de conversion pour réseaux électriques aéronautiques

en régime impulsionnel. Sinon, d’autres modèles originaux de composants physiques auraient


pu être implémentés, comme l’a été celui de la MSAP.

Pour les études à suivre, l’intérêt majeur du modèle physique réside dans la simulation
du convertisseur. La représentation diffère entre les deux modèles au niveau de l’étage de
conversion électromagnétique car, dans le modèle Bond-Graph, l’ensemble onduleur-MSAP
est représenté par un hacheur alimentant une machine à courant continu. De par la vocation du
modèle physique, le fonctionnement de l’onduleur doit être caractérisé plus précisément sur
les plans électrique et thermique. De plus, il doit permettre de simuler des modes
d’alimentations moins conventionnels et d’observer les phénomènes hautes fréquences avec la
version instantanée de cellule de commutation.

Sur la figure I.41, la puissance électrique évolue de façon similaire pour les deux
modèles. Elle subit des fluctuations importantes au cours du profil de mission, ce qui
confirme le fonctionnement fortement impulsionnel de l’actionneur. Ponctuellement, lorsque
des changements de position brusques sont imposés à la gouverne, la force que doit appliquer
le vérin impose un fort afflux de puissance. Lorsque la gouverne doit être freinée à cause de
son inertie ou de la force aérodynamique qui lui est appliquée, la puissance est renvoyée par
l’ensemble onduleur-machine sur le bus continu où elle occasionne une élévation de la
tension, puis elle est éventuellement dissipée par un hacheur rhéostatique. Au contraire,
lorsque la position ne varie pas pendant un certain temps, il peut être observé que la machine
ne fournit de l’énergie que pour fournir le couple antagoniste. Sa vitesse de rotation est alors
quasiment nulle, ce qui traduit de faibles fuites hydrauliques, et la puissance prélevée sur le
réseau est donc faible.

figure I.41 : comparaison du modèle physique (traits bleus) et du modèle Bond Graph (pointillés noirs)

49
Chapitre I

En conclusion, le modèle physique établi est satisfaisant puisqu’il est suffisamment


représentatif du fonctionnement de l’EHA et il est adapté aux études à mener.
• Tout d’abord, la convergence du solveur est assurée malgré la difficulté que constitue une
telle association d’éléments hétérogènes.
• Il donne des résultats proches du modèle Bond Graph de référence et il offre en outre une
modélisation précise des convertisseurs et une visualisation directe des phénomènes
physiques.
• La modularité et les fonctionnalités des modèles imbriqués de cellules de commutation
facilitent grandement la mise en œuvre de topologies de convertisseurs différentes et la
réutilisation de ces modèles est aisée.
• Pour le profil représenté plus haut, la durée de simulation du modèle physique a été
majorée de 260% par rapport à celle du modèle Bond Graph. Cela n’est pas très pénalisant
puisque pour les études effectuées les profils de mission restent courts (<20s) et les temps de
calculs n’excédent pas quelques minutes.
• D’autre part, ce modèle est évolutif et il peut encore être complexifié pour améliorer sa
précision ou représenter des phénomènes supplémentaires.
• Enfin, comme la base convertisseur-machine est commune aux différentes applications
considérées, le modèle est rapidement modifiable pour simuler des applications moins
complexes, comme par exemple des ventilateurs ou des pompes.

50
Chapitre II

Topologies d’onduleur à tolérance de panne

51
Chapitre II

52
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.1 Sûreté de fonctionnement : fiabilité et disponibilité


La criticité d’un organe ou d’une fonction exprime le niveau de gravité que présentent
les conséquences de ses modes de défaut et de son indisponibilité pour le fonctionnement de
l’avion. La conception de la sûreté de fonctionnement définit donc en particulier la fiabilité
des systèmes par rapport à leur niveau de criticité, ce qui peut être visualisé schématiquement
par la position sur la courbe de Farmer (figure II.1).

Ainsi, pour des systèmes fortement critiques, une fiabilité élevée n’est pas toujours
suffisante et il est alors nécessaire de pouvoir maintenir, en cas de panne, la disponibilité de la
fonction réalisée. Cette tolérance de panne implique une redondance fonctionnelle ainsi que la
capacité à assurer la mise en sécurité par confinement des défauts. Cela se traduit notamment
par un partitionnement fonctionnel et une ségrégation structurelle et technologique des
équipements au sein de l’architecture de l’avion.

figure II.1 : courbe de Farmer

La démocratisation de l’électronique de puissance au sein des réseaux de bord


concerne de nombreux systèmes, avec des degrés de criticité différents. La démarche dans
laquelle s’inscrit ce travail de thèse est de mettre en œuvre des architectures d’électronique de
puissance à partir d’éléments de conversion génériques et modulaires, ce qui peut avoir une
influence favorable sur la sûreté de fonctionnement. En effet, la standardisation de ces
éléments est un vecteur d’amélioration de la maîtrise de leur fiabilité. D’autre part, la
modularité amène une prédisposition à la redondance, qui peut être exploitée pour améliorer
la disponibilité opérationnelle par la tolérance de panne. Cette approche constitue un
complément ou une alternative aux principes de conception classiques, pour lesquels la
fiabilité des systèmes à haute criticité est obtenue à l’aide de coefficients de sécurité élevés et
de redondances passives [ERT02], ce qui peut s’avérer pénalisant en termes de masse, de
volume et de coût.

Pour les convertisseurs de puissance, les calculs de fiabilité sont nettement plus
"délicats" que sur des cartes électroniques, en raison de la grande diversité technologique des
éléments qui les composent, de leurs conditions d’usage et de la grande variabilité des
contraintes environnementales. Ainsi, les méthodes d’analyse fonctionnelle telles que
l’AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leurs Criticités) sont plus
appropriées à l’étude d’un système que ne le sont les diagrammes de fiabilité reposant sur la
notion de taux de défaillance (λ), qui est à utiliser avec précaution en électronique de

53
Chapitre II

puissance. Les données de fiabilité [RDF00] [MIL91] sont donc utilisées préférentiellement
en valeur relative à des fins de comparaison et non pas en valeur absolue.

Dans le cadre de cette étude, les convertisseurs statiques sont majoritairement présents
dans les systèmes d’entraînement à vitesse variable. Les données de fiabilité issues de la
littérature justifient le périmètre envisagé pour la mise en œuvre de la tolérance de panne. En
effet, pour les applications de variation de vitesse dans la gamme 10kW-100kW, les machines
industrielles ont un taux de panne de l’ordre de 7.10-6/h [TAV99]. Quant au taux de
défaillance d’une cellule de commutation d’onduleur à IGBT avec sa commande rapprochée,
il est estimé que sa valeur approchée est de l’ordre de 10-5/h dans les conditions de
fonctionnement envisagées 1. De plus, les retours d’expérience issus de l’industrie sur les
variateurs de moyenne puissance confirment que l’essentiel des défauts d’un système
convertisseur-moteur survient au niveau du convertisseur avec sa commande [THO95]
[HAN97].

La plupart des applications recensées dans le premier chapitre comportent un


redresseur passif, de type pont de diodes hexaphasé ou dodécaphasé (figure II.2), qui a
certainement une fiabilité élevée en comparaison de celle de l’onduleur. Ainsi ce dernier
constitue le sous-système le plus sensible du point de vue de la fiabilité et il est donc celui
auquel la tolérance de panne est la plus profitable.

figure II.2 : topologie classique de convertisseur statique pour variation de vitesse

A partir de ces constats, ce chapitre décrit différentes topologies d’onduleur


reconfigurables compatibles avec l’approche de module de conversion générique. Les
principes évoqués y sont illustrés par des simulations effectuées avec le modèle d’EHA. Pour
envisager cette tolérance de panne, il faut d’abord identifier les modes de défaut de
l’onduleur. Les fonctionnements anormaux vont donc être commentés afin de définir les
moyens de diagnostic et les fonctionnements post-défaillance.

1
Les données classiques montrent en effet une évolution approximative d’une décade par technologie : de l'ordre
de 10-9-10-8/h pour un transistor petit signal, 10-8-10-7/h pour un transistor faible puissance, 10-7-10-6/h pour un
transistor de puissance, 10-6-10-5/h pour un transistor de puissance avec sa commande rapprochée.

54
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.2 Modes de défaut du convertisseur


II.2.1 Défauts et défaillances internes à l’onduleur
Un défaut (ou une imperfection) est caractérisé par une altération du fonctionnement
partielle ou globale, temporaire ou permanente, pouvant être réparable ou corrigée tant que
l’intégrité des composants n’en est pas affectée. Au sein de l’onduleur, les défauts les plus
communs et les plus critiques concernent majoritairement la commande des transistors. A
l’inverse, une défaillance traduit la perte irréversible du fonctionnement d’un composant. Elle
peut résulter d’une dégradation causée par une contrainte électrique, thermique ou mécanique
trop forte ; son origine peut être interne et liée au fonctionnement même, ou externe et liée à
l’environnement ou à un usage hors spécification [RIC04]. En particulier, un défaut de
commande répété peut induire la défaillance d’un transistor.

Le mécanisme de défaillance et la technologie des composants déterminent le


comportement électrique post-défaillance du transistor. Le mode de défaillance peut être un
état de faible impédance de la puce, à cause par exemple d’un dépassement de l’aire de
sécurité du composant, d’une rupture diélectrique, du rayonnement cosmique, de
l’électromigration ou sous l’effet du cyclage thermique. Dans un second mode de défaillance,
la puce peut se trouver dans un état de haute impédance, en particulier dans le cas d’un défaut
de driver, de connectique ou d’une défaillance de grille. Un arbre de défaillance issu de
l’AMDEC établie par [VAL03] synthétise les modes de défaillance d’une cellule de
commutation à IGBT (figure II.3).

Effet de la corrosion Problème de connexion,


Effets du cyclage thermique (décollement défaillance du driver
des bondings, délamination) Problème CEM

- Effet du cyclage thermique (délamination des Défaillance de la commande d'un


brasures, cassure au niveau de la puce) IGBT, de type fermeture ou non-
- Dépassement de l’aire de sécurité ( avalanche ouverture
Défaillance en circuit ouvert d'une
thermique, claquage par avalanche électronique, [court-circuit de type 1]
puce Diode
latch-up)
- Effet du vieillissement de l’oxyde de grille (rupture
diélectrique)
- Effet du rayonnement cosmique (dégradation de
Détection oui l’oxyde de grille, destruction des puces, latch-up) Détection oui
et arrêt de - Effet de l’électromigration (diffusion d’Al dans les et arrêt de
la cellule puces) la cellule

non non

Défaillance en court-circuit d'une


puce IGBT
[court-circuit de type 2] Défaillance de la commande d'un
IGBT, de type ouverture

Détection oui
et arrêt de
la cellule Détection oui
Défaillance en court-circuit d'une et arrêt de
puce Diode la cellule
non
Défaillance en circuit ouvert d'une
non
puce IGBT par décollement de ses
Dépassement de l’aire de sécurité de la bondings Perte d'une alternance de
puce (avalanche thermique, avalanche (l'autre puce reste, généralement, modulation.
électronique) défaillante en court-circuit) Fonctionnement très dégradé de la
Snappy recovery [Rahimo][Shammas] charge.

figure II.3 : arbre de défaillance d’une cellule de commutation à IGBT [VAL03]

55
Chapitre II

Dans le cadre de l’application traitée, les conséquences des modes de défaillance


évoqués sont analysées par simulation ci-dessous. Seules les pannes simples sont considérées,
hormis le défaut asymétrique croisé. Au niveau de la machine, il est supposé qu’après le
défaut les phases restent équilibrées et le flux sinusoïdal.

II.2.1.1 Défaillance de type "haute impédance" d’un transistor

Le maintien à l’état ouvert d’un transistor, dû par exemple à une défaillance de grille,
entraîne une perte de réversibilité en courant de l’interrupteur et se manifeste en mode
onduleur par la perte d’une alternance du courant de phase, qui est alors unipolaire et non
sinusoïdal. Ainsi, dans le cas où le transistor supérieur d’une cellule reste ouvert (figure II.4)
et que le courant dans la phase correspondante est positif, la phase de la MSAP reste
connectée au potentiel négatif du bus par la diode du bas. Dans le cas d’une commande MLI
avec correcteur PI et anti-windup, le courant de phase diminue alors jusqu’à s’annuler tandis
que l’erreur de courant du régulateur augmente jusqu’à saturer la modulante à sa valeur
supérieure. Le courant de phase reste donc nul tant que la référence de courant est positive,
puis, lorsque le courant de phase change de signe, le transistor défaillant n’intervient plus
dans la modulation et le courant peut alors être contrôlé. Que la commande du convertisseur
soit effectuée avec un correcteur ou par hystérésis, les conséquences sont semblables : le
courant dans la phase concernée est ainsi quasiment nul durant la moitié de la période de
modulation et, comme le neutre est isolé, les courants dans les deux autres phases sont
également déformés (figure II.5) et les modulantes sont saturées. La distorsion importante des
courants se traduit par une puissance fluctuante significative et elle implique, pour une même
puissance mécanique fournie, une augmentation du courant efficace par rapport au régime
normal puisque les harmoniques résultants ne génèrent que des pertes.

figure II.4: défaillance de type haute impédance d’un transistor

Le régime dégradé se manifeste sur le plan mécanique par une pulsation du couple de
la machine à la fréquence électrique de celle-ci. La valeur crête du couple se trouve
augmentée d’environ 60% par rapport à la valeur nominale dans le cas simulé.

De par l’inertie importante du système, l’asservissement de position du vérin n’est pas


perturbé. Cependant les vibrations résultantes peuvent être préjudiciables et induire un
vieillissement accéléré des éléments mécaniques pour un fonctionnement de longue durée.
D’autre part cela génère une ondulation de vitesse qui peut introduire des harmoniques basses
fréquences dans les références de courant, à l’origine de pertes supplémentaires et
éventuellement d’une résonance mécanique.

56
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.5 : simulation sur une chaîne EHA d’une défaillance de type haute impédance d’un transistor

Dans de nombreuses applications de variation de vitesse, la machine peut être


entraînée par défluxage (field-weakening operation) à des vitesses supérieures à la valeur
maximale Ωnom obtenue dans la région linéaire de commande. La relation suivante correspond
à une surmodulation par injection d’harmonique 3 et elle ne tient pas compte des différentes
chutes de tension.
(2α max − 1) ⋅ VDC
Ω nom = (II-1)
3 ⋅p⋅Φm

La défaillance d’un transistor de type haute impédance a été décrite dans [BIA96]. Si elle
survient dans cette plage de fonctionnement "haute vitesse", les forces électromotrices
produites par la machine prennent des valeurs élevées et leur combinaison peut être supérieure
à la tension continue du bus. Le courant dans la phase en défaut est alors bipolaire : si la
distorsion des courants peut s’en trouver réduite, les ondulations de couple vont être encore
davantage amplifiées.

II.2.1.2 Défaillance de type "haute impédance" des deux transistors d’une cellule de
commutation

Ce mode de défaut correspond à la perte de la commande d’un bras, ses deux


transistors restant ouverts. La phase n’est plus connectée qu’à travers les diodes antiparallèles
de la cellule de commutation (figure II.6) ; la conduction spontanée d’une des diodes du bras
en défaut dépend des forces électromotrices développées par la machine et des commandes
des bras restants. La dégradation des formes d’onde des courants est encore accrue par rapport
au cas précédent (figure II.7). Le courant dans la phase concernée est assez faible, voire
quasiment nul, selon la commande effectuée et les courants dans les phases saines ont leurs
fondamentaux en opposition de phase : ce mode de défaut est donc assez semblable au cas de
l’ouverture d’une phase de la machine. Le couple présente une ondulation à fréquence double
de la fréquence électrique dont l’amplitude est encore supérieure à celle du mode de défaut
précédent.

57
Chapitre II

figure II.6 : défaillance de type haute impédance des deux transistors d’un bras

figure II.7 : simulation d’une défaillance de type haute impédance des deux transistors d’un bras

Si la défaillance survient à haute vitesse, la durée de conduction des diodes se trouve


augmentée. Comme les diodes restituent de l’énergie vers le bus continu, la valeur moyenne
du couple produit s’en trouve réduite.

II.2.1.3 Défaillance de type "haute impédance" de l’ensemble des transistors

Ce mode de défaut correspond en particulier à la perte de la commande du


convertisseur. S’il survient dans la plage de fonctionnement à couple constant de l’actionneur,
les courants s’annulent et le couple électromagnétique également (figure II.8), à condition que
la tension continue reste imposée par le réseau. La fonctionnalité du convertisseur est perdue
et dans le cas d’un EHA de surface de commandes de vol l’actionneur passe en mode passif.

figure II.8 : ouverture de l’ensemble des transistors

Cependant, si le défaut survient à haute vitesse, la combinaison des forces


électromotrices peut être supérieure à la tension du bus continu et alors la restitution d’énergie

58
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

de la machine vers le bus continu est possible : le convertisseur fonctionne en pont de diodes
triphasé. Pour l’application EHA considérée, le dimensionnement du hacheur résistif permet
l’absorption de l’énergie générée. L’intensité des courants est d’autant plus élevée que la
vitesse de rotation est grande et elle détermine la valeur du couple de freinage [JAH99]
[LIA05]. Celui-ci s’annule dès que la vitesse de la machine repasse en dessous du seuil pour
lequel les forces électromotrices entraînent la circulation de courant.

II.2.1.4 Défaillance de type "basse impédance" d’un transistor

Une défaillance physique ou une imperfection de commande d’un transistor résultant


en un état de basse impédance est nettement plus critique car la cellule de commutation se
trouve court-circuitée. S’il s’agit d’un défaut de commande, le courant dans les transistors
augmente jusqu’à la désaturation de l’un d’entre eux (en quelques dizaines de nanosecondes)
puis la fusion de la puce ou de sa connectique. Ce transistor se trouve alors définitivement en
état de faible impédance. Sans intervention, le transistor encore actif subit le même
phénomène et la cellule est définitivement court-circuitée. L’augmentation du courant n’est
limitée que par l’inductance de la maille formée par la cellule avec le condensateur de filtrage
(au plus quelques centaines de nH) et la résistance des composants défaillants (figure II.9) ;
ainsi, le courant de court-circuit peut atteindre des amplitudes excessives. L’énergie libérée
par le condensateur ( E = CVDC
2
/ 2 ) doit être dissipée dans le silicium des semi-conducteurs et la
connectique, ce qui peut entraîner une ouverture brutale de la connectique voire des boîtiers
des IGBT ou de la connectique externe, ainsi que la propagation du défaut en amont de
l’onduleur ou vers la charge.

Pour éviter ces conséquences préjudiciables pour le système et son environnement, la


commande rapprochée de la cellule doit pouvoir réagir assez promptement (dans les 10
microsecondes qui suivent) lors de l’apparition du défaut pour ouvrir le transistor concerné ou
le transistor adjacent avant la fusion des puces. Pour cela, les circuits drivers modernes
intègrent généralement une détection de désaturation des transistors par mesure de la tension
collecteur-émetteur ou, plus rarement, du courant.

Après une défaillance de type basse impédance d’un transistor, le transistor adjacent
doit donc être bloqué : le défaut de bras est de type basse impédance asymétrique. Le courant
dans la phase du bras en défaut devient incontrôlable car il existe deux chemins de court-
circuit avec les diodes antiparallèles de même niveau que le transistor défaillant (figure II.10).
Cet état est entretenu par les aimants en rotation qui engendrent des forces électromotrices
servant de sources d’excitation. Selon la combinaison des forces électromotrices, il se crée des
tensions positives aux bornes des diodes qui s’amorcent et autorisent alors la circulation des
courants dans ces chemins. Le fonctionnement peut être qualifié de régime de court-circuit
biphasé.

figure II.9 : défaut de court-circuit figure II.10 : défaut asymétrique de cellule de commutation
– représentation de l’un des chemins de court-circuit

59
Chapitre II

figure II.11 : impact d’un défaut asymétrique de cellule de commutation (Rdef =50mΩ)

La simulation de la figure II.11 représente cette situation. Lorsque survient la


défaillance, la phase C est reliée au point chaud du bus continu. Comme son potentiel se
trouve fixé, les commandes des aux autres bras ne permettent plus d’appliquer les tensions
convenables. Il s’ensuit donc un régime dégradé durant lequel les consignes de courant ne
sont plus suivies : les modulantes des bras sains saturent à la butée supérieure, sauf lorsque les
courants croisent ponctuellement les références et que la commande redevient alors
brièvement effective. Cette reprise de commande intermittente contribue à maintenir la
composante continue de courant qui s’est installée à l’établissement de ce régime de défaut.

En dehors des basses vitesses, l’amplitude d’oscillation des courants de défaut est
principalement limitée par la valeur de l’inductance cyclique. Leur composante continue
dépend de l’intermittence de la reprise de commande et elle est limitée avant tout par la
résistance statorique. Les amplitudes des courants peuvent donc atteindre des valeurs élevées.

Les courants produisent un couple fortement oscillant et résistant en valeur moyenne


qui freine la rotation de la machine. A mesure que la vitesse de rotation diminue, l’amplitude
d’oscillation des courants diminue également car les composantes résistives influent
davantage sur l’impédance statorique. En se rapprochant des références de courant, les termes
délivrés par le régulateur sont plus faibles et cela contribue à la réduction des composantes
continues des courants.

II.2.1.4.a Conséquences pour l’EHA considéré

Dans le cas de l’EHA, ce régime de défaut se traduit par une dérive de la position du
vérin puisque les asservissements de vitesse et de position ne sont plus maîtrisés. Toutefois les
ondulations mécaniques ne se répercutent pas sur la position du vérin, de par la forte inertie
du système.

Ce mode de défaillance d’un transistor impose donc le blocage de l’onduleur mais cela
ne suffit pas à isoler l’ensemble onduleur-machine puisqu’il subsiste un chemin de court-
circuit avec les diodes antiparallèles (cf. II.7.2.1). Ainsi, le déplacement du vérin peut causer

60
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

la reprise de la rotation de la pompe et de la machine et les forces électromotrices induites


entraînent alors la reprise du régime oscillatoire de court-circuit. Un amortissement important
peut donc être généré, qui perturberait l’actionnement de la surface de vol par une
servocommande en parallèle. Ce n’est de plus pas conforme au mode de dernier défaut de
l’actionneur qui veut que la surface de vol soit laissée "au fil du vent". Pour éviter ces
conséquences, l’EHA passe en mode passif, pour lequel un dispositif de by-pass hydraulique
court-circuite les lignes hydrauliques du vérin et désolidarise la pompe. Ce dispositif permet
ainsi de laisser le vérin libre de mouvement tout en isolant ce dernier de la machine, mais la
fonction assurée par l’actionneur est alors perdue.

Pour envisager une continuité de service avec ce type de défaut, une solution consiste
à intégrer des interrupteurs d’isolement dans l’onduleur (ou dans les enroulements de la
machine) afin de confiner le défaut et de reconfigurer l’onduleur pour un fonctionnement
secours. De plus, cela fournit un isolement électrique partiel ou total de l’ensemble onduleur-
machine, ce qui permet en outre de laisser l’arbre moteur libre de rotation en mode de dernier
défaut. Enfin, cela peut éviter aux différents composants de subir le régime de défaut dont les
grandeurs électriques et mécaniques, élevées par rapport à celles du régime nominal, peuvent
constituer des contraintes de dimensionnement supplémentaires.

II.2.1.4.b Conséquences pour d’autres types d’actionneur

L’évolution de la situation peut être différente selon la nature de l’actionneur. Dans le


cas d’un équipement plus "rustique" tel qu’un ventilateur, le blocage de l’onduleur est
suffisant pour assurer l’arrêt de la rotation de la machine à la fin du régime de défaut s’il n’y a
pas de force extérieure suffisante pour entraîner la reprise de ce régime. S’il subsiste un flux
d’air suffisant, le régime de défaut peut être maintenu et la présence de dispositifs d’isolement
présente l’intérêt d’éviter toute perturbation aéraulique et d’éviter une dégradation due à la
circulation des courants de court-circuit. Ces dispositifs permettent enfin d’envisager un
fonctionnement post-défaillance et aussi éventuellement de s’affranchir du système prévu
pour absorber l’énergie pouvant être renvoyée vers le bus continu en cas de défaut.

Dans le cas d’un actionneur de type EMA (Electromechanical Actuator), utilisable par
exemple pour des commandes de vol secondaires, le mode de défaut considéré a des
conséquences semblables. Les dispositifs d’isolement électrique permettent non seulement
d’envisager une poursuite de fonctionnement post-défaillance, mais également d’assurer un
mode de dernier défaut de type "arbre libre", qui est plus complexe et coûteux à mettre en
œuvre par un moyen mécanique.

II.2.1.5 Défaut asymétrique croisé

Ce mode de défaut résulte de la défaillance de type "basse impédance" de deux


transistors de niveaux différents. Ce cas de panne double est mentionné car il s’agit de la
situation menant aux amplitudes de courant et de couple les plus élevées (figure II.12). Même
si une continuité de fonctionnement n’est pas envisagée, l’intérêt du confinement du défaut
est évident.

61
Chapitre II

figure II.12 : défaut asymétrique croisé

II.2.2 Défauts externes à l’onduleur


Ce paragraphe ne constitue pas une étude exhaustive des défauts externes à
l’onduleur ; seuls les plus représentatifs pour cette étude sont décrits afin d’évaluer les
éventuels bénéfices fonctionnels d’un onduleur à tolérance de panne. En effet, même lorsque
la continuité de service n’est plus possible, la capacité d’isolement peut encore être mise à
profit.

II.2.2.1 Défaut de court-circuit du bus continu

La plupart des modes de défaut en amont de l’onduleur n’ont pas d’impact sur cette
étude. Par exemple, les défauts au niveau du réseau ou la mise à la masse avion accidentelle
de l’un des points du bus continu sont maîtrisés par les contacteurs en entrée de l’actionneur
qui permettent de l’isoler.

Par contre, les conséquences d’un court-circuit du bus continu (figure II.13)
concernent l’onduleur. Ses causes peuvent être diverses (défaut de connectique, défaillance
d’un condensateur, des diodes du redresseur, etc.) et les conséquences sont semblables à
celles d’un court-circuit de bras d’onduleur. Au niveau du réseau alternatif, les contacteurs de
l’actionneur assurent l’isolement pour ne pas mettre en défaut la génération. Au niveau de
l’ensemble onduleur-machine, la commande n’agit plus puisqu’aucune tension ne peut être
appliquée aux phases de la machine. Les commentaires suivants concernent les cas où le
défaut survient dans la plage de commande de la machine à couple constant, c’est-à-dire en
dehors de la zone de défluxage.

figure II.13 : défaut de court-circuit du bus continu

62
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Le blocage de l’onduleur ne permet pas d’éviter la circulation des courants. Les


simulations suivantes sont effectuées en réalisant l’ouverture des contacteurs et le blocage de
l’onduleur immédiatement après l’apparition du défaut. Tout d’abord les courants dans les
phases s’annulent, puis, dès que la tension continue devient inférieure au seuil déterminé par
l’amplitude des forces électromotrices, l’onduleur fonctionne en pont de diodes triphasé
(figure II.14). L’amplitude des courants de phase dépend alors de la valeur de la résistance de
défaut ; elle peut donc être importante si cette dernière est faible. Les courants déterminent le
couple de freinage qui ralentit la machine. L’arrêt de celle-ci marque la fin du régime de
défaut.

Si la résistance de défaut est trop faible pour qu’une tension continue suffisante puisse
être maintenue, il s’établit un régime de court-circuit pour lequel l’amplitude des courants est
limitée par l’inductance cyclique Lc de la machine (figure II.15). La valeur maximale de
l’ondulation est donnée par l’équation suivante, la résistance statorique n’intervenant de
manière représentative qu’à plus faible vitesse.
Φm
ΔI ph_cc = (II-2)
Lc

Il peut être observé que l’établissement du régime dégradé génère un déséquilibre transitoire
des courants, dont les intensités sont alors portées à des valeurs encore supérieures. Enfin, ce
régime de court-circuit se manifeste également par de fortes oscillations de couple.

figure II.14 : simulation d’un défaut de court-circuit du figure II.15 : simulation d’un défaut de court-
bus continu (RDC=1Ω) circuit du bus continu (RDC=10mΩ)

En conclusion, ce régime de défaut met en jeu des amplitudes électriques et


mécaniques élevées. De plus, comme il a été exposé précédemment, ce régime peut être
maintenu de manière erratique si la machine continue à être entraînée en rotation. Si
l’onduleur comprend des dispositifs d’isolement, cela permet de minimiser la durée du régime
dégradé électromécanique, d’en empêcher la reprise et d’assurer le mode de défaillance ultime
en arbre libre.

63
Chapitre II

II.2.2.2 Défaut d’isolement d’une phase

Les modes de défaut relatifs aux machines synchrones ont fait l’objet de nombreuses
études [NAN99] [ABD05]. Au niveau du rotor, leurs conséquences peuvent être notamment
un défaut de magnétisation, une déformation ou une cassure de l’arbre. Les défauts affectant
le stator peuvent résulter en l’ouverture d’une phase, un court-circuit partiel ou complet entre
phases, un court-circuit avec la masse avion ou un défaut de roulement. Deux types de défaut
représentatifs sont simulés pour en étudier l’impact sur la chaîne EHA.

Un défaut de court-circuit entre deux phases peut être causé par une abrasion de
l’isolement entre enroulements, des décharges partielles ou des origines mécaniques. Il en
résulte des amplitudes de courant de l’ordre du courant nominal et un couple fortement
ondulatoire (figure II.16). Seul le dimensionnement de la machine limite le courant de court-
circuit [SOO02], qui toutefois ne circule pas dans le convertisseur. Comme ce régime dégradé
est auto-entretenu, il entraîne une perte de contrôlabilité de l’actionneur. Ce défaut, s’il est
localisé dans la machine, ne peut donc être confiné avec les dispositifs d’isolement envisagés,
sauf éventuellement s’ils sont disposés dans les enroulements de la machine. Dans le cas de
l’EHA, seul le dispositif hydraulique permet d’isoler le vérin de la machine.

figure II.16 : simulation d’un défaut de court-circuit entre les phases B et C de la machine

En cas de mise à la masse accidentelle d’une phase de la machine, cette phase se


trouve reliée au neutre du générateur, établissant ainsi un chemin de court-circuit à travers le
convertisseur et l’impédance des filtres de mode différentiel et de mode commun (figure
II.17). La perturbation de la commande de la machine est peu importante puisque les courants
de phase sont régulés ; une légère distorsion est générée par l’ondulation de la tension
continue (figure II.18). Par contre, des courants importants sont prélevés du réseau avec une
distorsion élevée et un fort courant circule à travers le chemin de masse. En ouvrant les
contacteurs de l’équipement, le défaut est confiné dans l’ensemble onduleur-machine et la
perte de contrôlabilité de l’onduleur entraîne, en l’absence de reconfiguration de la
commande, un régime dégradé avec des courants élevés et des ondulations de couple
importantes. Il est alors possible de procéder au blocage de l’onduleur pour supprimer
rapidement la circulation de courant. Si toutefois le défaut survient dans la plage de
survitesse, le blocage de l’onduleur n’empêche plus la circulation de courant et l’isolement
envisagé est alors profitable pour réduire la durée du régime de défaut.

64
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.17 : défaut d’isolement d’une phase de la machine par rapport à la masse
avion - représentation de l’un des chemins de court-circuit

figure II.18 : simulation d’un défaut d’isolement d’une phase de la machine par rapport à la masse avion
(régime normal – défaut à 0,40s – ouverture des contacteurs d’entrée à 0,42s – blocage de l’onduleur à 0,44s)

65
Chapitre II

II.3 Isolement électrique des défauts


Le sous-chapitre précédent a mis en évidence les contraintes résultant de différents
modes de défaut. En particulier, dans certains cas de court-circuit, le blocage des transistors
n’est pas suffisant pour isoler électriquement l’ensemble onduleur-machine puisque la
rotation des aimants de la machine entretient le régime de défaut. L’intérêt de dispositifs
d’isolement appropriés a été montré pour la plupart des défauts, afin de réduire les régimes
dégradés et éventuellement d’assurer le mode de défaillance ultime adéquat. Cela constitue
également un moyen d’envisager une tolérance de panne en permettant la reconfiguration du
convertisseur afin de poursuivre la mission.

II.3.1 Aspects technologiques


Pour pouvoir isoler totalement un bras d’onduleur de l’ensemble des potentiels
environnants (masse avion, points chaud et froid du bus continu, phases de la machine), 3
dispositifs d’isolement sont nécessaires puisque cette cellule de commutation est un tripôle
(figure II.19). Cette solution pénalise fortement les pertes et la compacité du convertisseur et
elle semble donc contraignante pour la plupart des applications industrielles. Avec un nombre
réduit de dispositifs (figure II.20 , figure II.21 et figure II.22), l’isolement n’est que partiel, en
particulier dans le cas du défaut d’isolement par rapport à la masse avion.

figure II.19 : 3 dispositifs d’isolement par cellule figure II.20 : 1 dispositif d’isolement par cellule

figure II.21 : 2 dispositifs d’isolement par cellule figure II.22 : 2 dispositifs d’isolement par cellule

Plusieurs technologies sont envisageables pour la réalisation de cette fonction. Dans la


littérature, de nombreuses topologies utilisent des fusibles [WEL04-1]. Un exemple est
représenté à la figure II.23. Chacun des deux condensateurs raccordés au bus continu est
connecté à un thyristor par bras d’onduleur. Suite à la défaillance d’un ou deux transistors du
même bras, l’amorçage des thyristors reliés à ce bras crée un court-circuit à travers le bus
continu et l’énergie absorbée par les condensateurs permet l’ouverture des 2 fusibles et
déconnecte ainsi la cellule de commutation du bus continu.

66
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Les fusibles présentent cependant un certain nombre d’inconvénients, en particulier


dans un contexte aéronautique.
• Tout d’abord, la plage de courant dans laquelle se produit la fusion est assez large, compte
tenu des dispersions sur la température ambiante, l’état de vieillissement et les pertes Joule de
ce type de composant. L’isolement électrique n’est donc pas parfaitement maîtrisé.
• De plus, la masse et le volume des condensateurs calibrés pour le stockage de l’énergie
nécessaire à la fusion grèvent la compacité du convertisseur. Leur valeur est choisie pour
avoir un transfert d’énergie suffisant en un temps assez court ; si les capacités mises en jeu
sont trop faibles, le courant circule pendant un temps trop court pour atteindre les limites
thermiques spécifiées pour le fusible et il ne s’ouvre donc pas. Une solution alternative
utilisant une inductance à la place du condensateur est envisageable, mais elle est plus
contraignante puisque le fusible doit avoir un pouvoir de coupure supérieur. De plus, elle est
moins sécuritaire car, si le fusible ne s’ouvre pas, le courant court-circuit à travers le bus
continu n’est limité que par l’inductance et la composante résistive des éléments en série.
• L’amplitude élevée du courant nécessaire à l’ouverture est une contrainte sur le
dimensionnement des thyristors, même si la durée de conduction est courte et s’ils n’ont pas à
conduire de courant après une éventuelle reconfiguration.
• D’autre part, en cas de surintensité, un arc électrique risque d’apparaître à leurs bornes, ce
qui peut constituer un inconvénient.
• Enfin, lorsque les fusibles sont connectés au bus continu, ils vont augmenter l’inductance
parasite des cellules de commutation et cela empire les surtensions vues par les interrupteurs
lors des commutations et les problèmes de CEM.

Pour l’ensemble de ces raisons, il est choisi de mettre en œuvre des dispositifs
d’isolement de technologie différente. Toutefois, il peut être noté que des travaux de
recherche portent sur l’intégration d’éléments fusibles dédiés à une cellule de commutation
[BER06].

figure II.23 : topologie d’onduleur permettant l’isolement de cellules défaillantes à l’aide de fusibles

En ce qui concerne les disjoncteurs conventionnels, ils ont comme inconvénients


principaux une masse et un volume conséquents, une dynamique lente impliquant un temps
d’ouverture important et la création d’un arc électrique.

Dans une perspective d’intégration, permettant d’envisager à terme un gain de masse,


de volume et de fiabilité, il semble préférable d’utiliser des semi-conducteurs pour réaliser

67
Chapitre II

cette fonction d’isolement. De plus, la dynamique de l’interrupteur est alors suffisamment


élevée pour permettre la déconnexion quasi-immédiate d’une cellule défaillante afin de limiter
les régimes de défaut, ainsi qu’une reconfiguration suffisamment rapide pour minimiser le
transitoire de couple. L’interrupteur électronique d’isolement doit être adapté à cet usage ; en
particulier, comme il conduit le courant en permanence, il doit présenter les pertes par
conduction les plus faibles possibles. Aujourd’hui, les semi-conducteurs de puissance
commandables et bidirectionnels en tension présentant le minimum de chute de tension sont le
thyristor et ses variantes (MCT notamment). Récemment, les IGBT à tenue en tension inverse
(RB-IGBT, MBS, …) sont très attractifs car leur chute de tension n’est que de 20 à 30%
supérieure à celle des thyristors de même calibre, avec comme fonctionnalité supplémentaire
la commande au blocage. Dans le cadre de cette étude, il n’est pas question de figer la
structure de cet interrupteur ; par la suite, la symbolique IGBT est utilisée par défaut pour
décrire un interrupteur commandable à l’amorçage et au blocage. Différentes structures sont
envisageables selon la localisation des interrupteurs d’isolement ; elles sont examinées dans
les paragraphes suivants.

II.3.2 Interrupteur d’isolement inséré sur la connexion à la machine


La solution la moins contraignante consiste à disposer l’interrupteur en série entre la
cellule de commutation et la phase de la machine. Sur le schéma fonctionnel de la figure II.24,
le dispositif S1 représente l’interrupteur d’isolement et S0 le dispositif de commande
rapprochée et de surveillance de la cellule de commutation et de S1 ; l’ensemble S0–S1 forme
une fonction disjoncteur électronique. L’interrupteur d’isolement doit être réversible en
courant et en tension. Un dispositif d’écrêtage doit être introduit en parallèle de cet
interrupteur pour éviter que l’énergie renvoyée par la machine soit dissipée dans les semi-
conducteurs, ce qui risquerait de les endommager si la coupure ne s’effectue pas au passage
par zéro du courant.

figure II.24 : schéma fonctionnel de la cellule de commutation avec interrupteur d’isolement


et leur dispositif de commande rapprochée et de protection

Plusieurs solutions sont envisageables pour la réalisation de l’interrupteur 4 segments.


L’utilisation d’une paire de thyristors en antiparallèle (figure II.25) se traduit par des pertes de
conduction réduites. En contrepartie, au niveau de la CEM, l’immunité de commande d’un
thyristor est inférieure à celle d’un transistor, ce qui nécessite des précautions de mise en
œuvre pour éviter un blocage inopportun. De plus, après reconfiguration, les thyristors se
voient appliquer la tension de découpage, pouvant occasionner des problèmes d’immunité
supplémentaires. Comme les thyristors sont des composants à blocage naturel, cette solution
n’est valable que dans la situation d’un courant de défaut intermittent avec un passage par

68
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

zéro. Comme cette condition n’est pas assurée dans tous les cas, des stratégies de
reconfiguration adaptées seront envisagées par la suite (cf. II.7.2). D’autre part, ce composant
est à fermeture commandée sous polarisation directe, il n’est donc pas naturellement
réarmable et cela peut constituer une limitation pour certaines procédures de reconfiguration
de topologies à tolérance de panne.

figure II.25 : interrupteur 4 segments bi-commande à figure II.26 : interrupteur 4 segments mono-
base de thyristors commande à base de transistors

Pour plus de flexibilité, une alternative consiste à utiliser un composant de type


transistor, commandable à l’ouverture et à la fermeture, pouvant ainsi isoler un courant de
défaut continu, positif ou négatif (figure II.26). Plusieurs configurations de dispositifs semi-
conducteurs peuvent alors être adoptées (figure II.27).
• La solution de gauche, constituée de composants discrets, a l’avantage de ne nécessiter
qu’une seule commande isolée mais ses pertes ne sont pas minimisées.
• Il existe une version intégrée de la configuration représentée au centre qui présente une
chute de tension à l’état passant réduite, mais elle n’est pour l’instant produite que pour des
calibres de courant et de tension plus faibles [GON05]. D’autre part elle présente
l’inconvénient de nécessiter deux commandes isolées.
• Enfin, l’interrupteur "Vienna" de la solution de droite, fabriqué par IXYS, présente une
chute de tension plus importante car il comporte davantage de composants en série et ceux-ci
sont optimisés pour le découpage et non pour la conduction.

figure II.27 : configurations d’interrupteurs 4 segments à base de transistors

Compte tenu des composants disponibles, le compromis qui semble le plus satisfaisant
réside dans la configuration de gauche, qui est mise en œuvre dans le cadre de la partie
expérimentale. Il peut être remarqué, dans les applications d’alimentation de moteur
envisagées, que l’interrupteur d’isolement doit pouvoir bloquer une tension double de celle du
bus continu (sans défluxage) ; le calibre des semi-conducteurs est donc de 1200V, compte
tenu des niveaux de tension actuels.

69
Chapitre II

II.3.3 Interrupteurs d’isolement insérés sur les connexions au bus


continu
Une variante consiste à disposer les interrupteurs d’isolement au niveau de la
connexion au bus continu. Cette configuration requiert deux interrupteurs par cellule de
commutation ainsi qu’éventuellement l’ajout d’une cellule de filtrage supplémentaire de type
LC (figure II.28). Elle possède par contre l’avantage de permettre l’isolement d’un défaut de
court-circuit de la cellule de commutation. De plus, l’immunité de commande des
interrupteurs d’isolement est accrue car leurs électrodes sont reliées aux potentiels peu
variables de la source de tension continue.

Il est tout d’abord proposé d’utiliser des interrupteurs 3 segments, réversibles en


courant et unidirectionnels en tension. Ainsi, la topologie bénéficie de meilleures
performances de conduction, à composant donné, que la configuration avec interrupteur
d’isolement 4 segments connecté à la phase de la machine, pour laquelle les chutes de tension
des deux composants en série s’additionnent. En contrepartie, le niveau d’isolement dont
bénéficient les cellules n’est pas intégral. Ainsi, après un défaut de type basse impédance d’un
transistor, l’interrupteur commandable est ouvert mais la conduction des diodes antiparallèles
peut dégrader les formes d’ondes. Pour les applications concernées par le défluxage,
l’isolement d’un défaut est compromis lors du fonctionnement du variateur en régime de
survitesse. Comme précédemment, on peut utiliser des composants de type transistor (figure
II.29) ou de type thyristor (figure II.30).

figure II.28 : interrupteurs figure II.29 : interrupteurs 3 figure II.30 : interrupteurs 3


d’isolement disposés sur la segments à base de transistors segments à base de thyristors
connexion au bus continu

Pour accroître le niveau d’isolement, des interrupteurs bidirectionnels en courant et en


tension doivent être utilisés. Le nombre de composants et les pertes par conduction sont alors
plus élevés et le nombre important de composants rend cette solution peu viable
industriellement.

Enfin, une alternative intégrant la fonction d’isolement dans les cellules de


commutation a été proposée dans [WEL04-2]. Une diode est ajoutée en série avec l’IGBT
pour permettre le blocage d’une tension inverse (figure II.31). Un thyristor est disposé en
antiparallèle de cet ensemble pour pouvoir empêcher la circulation de courant. Si
l’interrupteur ainsi constitué présente l’avantage d’une réduction du nombre de composants

70
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

par rapport aux configurations précédentes, l’onduleur requiert 6 thyristors rapides, ce qui
pénalise fortement cette solution. De plus, les IGBT des cellules de commutation doivent être
dimensionnés pour tenir la tension d’isolement maximale.

figure II.31 : cellule de commutation proposée dans [WEL04-2]

II.3.4 Interrupteurs d’isolement insérés au niveau de la machine


Pour assurer le confinement de défauts, une autre possibilité consiste à utiliser le
couplage des enroulements de la machine en y insérant des dispositifs d’isolement. Une
solution simple est présentée à la figure II.32, où trois thyristors connectés en triangle sont
insérés dans le couplage en étoile des enroulements [WEL04-2]. En cas de défaut, il faut
attendre un passage par zéro du courant pour pouvoir bloquer les thyristors. Cette topologie ne
permet pas d’envisager un fonctionnement secours. Une autre configuration est présentée à la
figure II.33 : si elle permet de bénéficier d’une plus rapidité pour l’isolement, elle est
nettement plus contraignante sur le plan de l’intégration.

figure II.32 : dispositif d’isolement par figure II.33 : dispositif d’isolement avec pont de diodes et
thyristors connectés en triangle interrupteur commandé

Ces solutions ne sont pas davantage développées, car elles ne concordent pas avec la
démarche suivie jusqu’alors. Il est en effet préféré d’intégrer l’ensemble des composants
d’électronique de puissance, et en particulier les interrupteurs d’isolement, dans le périmètre
du module de conversion. Ainsi, pour les études à suivre concernant les topologies d’onduleur
à tolérance de panne, il est choisi de disposer l’interrupteur d’isolement sur la connexion à la
machine. Il peut être remarqué que cette configuration n’autorise pas de continuité de
fonctionnement après une défaillance de court-circuit complet d’une cellule de commutation.
Le cas menant généralement à cette situation (défaillance de type basse impédance d’un
transistor de la cellule) doit donc être traité assez efficacement par le dispositif de commande
rapprochée pour que le défaut soit confiné et n’aboutisse pas au court-circuit définitif de la
cellule.

71
Chapitre II

II.4 Périmètre de redondance pour la tolérance de


panne
Sur le principe d’une conception modulaire des structures d’électronique de puissance,
l’un des thèmes de ce mémoire est d’envisager une amélioration de la disponibilité
fonctionnelle des convertisseurs par l’exploitation des redondances internes de topologies
d’onduleur à tolérance de panne. La tolérance de panne est définie par la capacité à maintenir
la fonctionnalité initiale avec un niveau de performance acceptable après avoir subi une ou
plusieurs défaillances, au moyen d’une reconfiguration de la structure et/ou de la commande
du convertisseur.

Une topologie classique d’onduleur triphasé intégrant des interrupteurs d’isolement


peut tolérer une défaillance interne, mais les performances de l’actionneur en fonctionnement
dégradé monophasé ne sont pas satisfaisantes pour l’ensemble des applications envisagées :
réduction de puissance importante, fortes ondulations de couple [ELC93], démarrage incertain
de la machine selon la position du rotor à l’arrêt. La tolérance de panne requiert alors un
niveau de redondance supérieur du point de vue quantitatif. Cette redondance peut être active
ou passive, selon qu’elle participe ou non au fonctionnement normal.

Dans la littérature, des systèmes d’entraînement dont la machine possède un nombre


de phases supérieur à 3 ont été étudiés pour introduire des redondances dans les systèmes
d’entraînement [JAH80] [FUJ93-1] [MAR00] [KES03] [ZHA05]. Dans le cadre de notre
étude, il a été choisi d’utiliser des machines standardisées semblables à celles des
équipements actuels c’est-à-dire de type machine synchrone à aimants permanents triphasée.
De plus, les justifications de l’introduction des redondances au niveau du convertisseur
statique et en particulier de l’onduleur ont été exposées précédemment (cf. II.1). D’autre part,
les topologies AC/AC à tolérance de panne [JAC03] ne sont pas non plus considérées afin de
conserver le choix de l’étage d’entrée alternatif-continu selon l’application concernée (cf.
chapitre IV).

Tout d’abord, il est nécessaire d’établir le périmètre topologique autour duquel la


redondance doit être mise en œuvre, depuis la puce jusqu’à l’onduleur complet. Cette
réflexion constitue une première étape vers la définition d’un module générique de
conversion.
• En considérant une topologie classique d’onduleur triphasé (figure II.34), un premier
niveau de redondance consiste à multiplier les interrupteurs en les ajoutant en parallèle et/ou
en série.
L’association parallèle est assez naturelle puisque les interrupteurs sont souvent constitués
de plusieurs puces en parallèle. Cependant, dans l’objectif d’une tolérance de panne, ce mode
d’association requiert que le mode de défaillance intrinsèque soit de type haute impédance,
alors que naturellement la fusion de la puce occasionne un état de faible impédance. De plus,
dans l’optique d’un module générique facilement associable, cette approche ne semble pas la
plus appropriée car elle requiert des précautions de mise en œuvre pénalisantes.
L’association série des composants est avant tout mise en œuvre pour assurer une tenue en
tension suffisante. Elle est exploitée depuis longtemps pour des applications à haute tension
continue. Il a également été étudié le potentiel de certaines topologies pour une tolérance de
panne [BAU00]. En considérant les technologies de composants existantes (IGBT en
particulier) et les faibles niveaux de tension continue mis en jeu par les architectures actuelles

72
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

ou à venir (270V/540V ou davantage suivant la nature du redresseur), ce type d’association ne


semble pas adéquat.
• A un niveau supérieur, il est envisageable de mettre en œuvre la redondance autour du
périmètre de la cellule de commutation. C’est l’approche qui est retenue dans cette étude car
elle présente à nos yeux le compromis exploitable avec le plus de flexibilité. Les intérêts en
seront mis en évidence au fur et à mesure de l’évaluation des topologies proposées.
• Enfin, un niveau plus "macroscopique" de redondance consiste à associer directement des
convertisseurs entre eux, c’est-à-dire au moins 2, 3 voire 4 cellules de commutation. Par
rapport à la solution précédente, celle-ci entraîne implicitement une limitation de modularité.
En effet, de par l’étendue de son périmètre, ce convertisseur "générique" peut difficilement
couvrir de manière optimale l’ensemble du panel de fonctions de conversion envisagées (cf.
I.2.2). Quant aux considérations relatives au dimensionnement d’une telle configuration, elles
sont développées dans le sous-chapitre de synthèse des topologies d’onduleur à tolérance de
panne (cf. II.9).

figure II.34 : topologie classique d’onduleur triphasé – différents périmètres pour l’introduction de redondance

Une fois faite l’hypothèse du périmètre de redondance, l’étape suivante consiste à


décliner les topologies permettant une tolérance de panne. Par la suite, ces topologies sont
présentées selon un niveau de redondance croissant. Pour chacune d’entre elles, le
fonctionnement en mode normal et en mode secours est décrit et les stratégies de gestion de
défaut sont envisagées pour autoriser la continuité de service de l’équipement tout en assurant
la protection du convertisseur et de son environnement. En particulier, la topologie d’onduleur
à bras secours connecté au neutre de la machine (cf. II.7) est davantage détaillée car c’est
celle qui est mise en œuvre dans le cadre de l’application expérimentale.

73
Chapitre II

II.5 Association parallèle de cellules de commutation


II.5.1 Description de la topologie
L’association de cellules de commutation en parallèle est une manière simple
d’introduire des redondances dans la topologie (figure II.35). De plus, comme ces
redondances sont actives, cela constitue un moyen d’augmenter la puissance d’alimentation
de la charge à partir d’un module générique à calibre fixé et pour une tension continue
imposée, en doublant le courant total de chaque phase.

Il est délicat de paralléliser directement les bras d’onduleurs car alors toute dissymétrie
du circuit de puissance et du temps de propagation des commandes peut entraîner une
conduction diagonale fugitive de deux cellules avec le risque de désaturer les transistors, ce
qui peut occasionner une défaillance. Il est donc préférable d’insérer au moins une inductance
entre deux bras en parallèle pour en assurer le découplage dynamique et limiter ainsi le
courant différentiel et donc le déséquilibre de courant entre les bras qui en résulte. Pour
obtenir une structure symétrique dans la perspective de la tolérance de panne, il est choisi
d’insérer une inductance sur la phase de chaque cellule en amont du point de raccordement.
Les selfs ne sont pas couplées magnétiquement pour assurer l’indépendance des cellules en
cas de reconfiguration post-défaillance.

L’addition d’une inductance entre les bras permet d’envisager l’entrelacement des
commandes afin de doubler la fréquence de commutation apparente. Cependant, cela requiert
un dimensionnement des inductances plus important que celui requis pour compenser
uniquement les dissymétries de puissance et de commande. Or, dans le cadre envisagé, il
semble plus approprié de minimiser la masse additionnelle induite et donc la valeur de cette
inductance. Certaines des considérations qui viennent d’être évoquées sont mises en évidence
lors des études expérimentales et elles sont développées dans le chapitre III.

figure II.35 : onduleur triphasé à cellules parallélisées deux à deux avec des
inductances de découplage et interrupteurs d’isolement

II.5.2 Procédures d’isolement sur défaut


Les modes de défaut considérés dans ce chapitre sont ceux, internes à l’onduleur, qui
ont été décrits précédemment pour un onduleur triphasé : défaillance de transistor de type
basse impédance ou haute impédance et perte de commande d’une cellule de commutation.
Leurs conséquences sont assez semblables pour l’onduleur à bras parallélisés. Toutefois, dans
le cas d’une défaillance de transistor de type basse impédance, la cellule en parallèle doit être

74
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

commandée de sorte à se trouver dans le même état que la cellule défaillante car un état
dissymétrique occasionne un court circuit du bus continu, limité seulement par les inductances
de découplage et les résistances internes des composants.

Les différents modes de défaut sont identifiables à partir des informations de


diagnostic de la commande rapprochée et/ou de leur signature observée par la mesure de
courant. Quand un régime anormal est détecté, l’organe superviseur du convertisseur en est
informé. Lorsque le diagnostic de défaut est établi, les mesures correctives peuvent alors être
appliquées : pour autoriser la reconfiguration du convertisseur, une étape préalable de
protection est nécessaire. Dans tous les cas, l’interrupteur d’isolement de la cellule concernée
(rectangle vide sur la figure II.35) doit être bloqué afin d’isoler le défaut. Pour que le
dimensionnement des éléments de protection de l’interrupteur d’isolement ne soit pas
excessif, il est nécessaire de minimiser l’énergie à dissiper lors du blocage de l’interrupteur et
il doit donc se produire à faible courant.

Les procédures d’isolement envisageables et la description des régimes dégradés avant


reconfiguration sont décrites en détail pour la topologie d’onduleur 4 bras avec neutre relié
(cf. II.7.2). Les principes qui y sont exposés sont directement transposables et applicables ici,
hormis la procédure spécifique utilisant le bras connecté au neutre.

II.5.3 Fonctionnement secours de l’onduleur


Une fois le défaut confiné, l’onduleur est reconfiguré pour maintenir le
fonctionnement sur les autres phases avec l’ensemble des cellules saines. Pour une même
puissance délivrée à la charge, le courant doit être doublé dans la cellule ayant perdu son bras
en parallèle. Les aspects de dimensionnement et de réduction de performances relatifs au
fonctionnement secours sont développés plus loin dans cet exposé (cf. II.7.3.5).

Si l’on considère qu’une cellule de commutation par phase est nécessaire et suffisante
au fonctionnement, cette topologie d’onduleur tolère donc au moins un défaut. Elle peut
même accepter jusqu’à deux défauts supplémentaires, si ceux-ci ne sont pas localisés sur une
phase déjà touchée, et ce sans réduction de performance supplémentaire par rapport au
premier défaut. Le tribut à payer pour cette disponibilité accrue est le nombre important
d’interrupteurs d’isolement que comprend la structure.

Une topologie alternative permettant de réduire le nombre d’interrupteurs d’isolement


et les pertes en fonctionnement secours consiste à insérer la redondance sous forme passive,
comme cela est représenté à la figure II.36 pour une paire de cellules. Le bras redondant (celui
de droite) n’est pas commandé en fonctionnement normal, mais comme il n’est pas isolé ses
diodes conduisent le courant et il en résulte un cyclage asymétrique des composants.

figure II.36 : redondance passive d’une association parallèle de cellules de commutation

75
Chapitre II

II.6 Onduleur à bras secours redondant


II.6.1 Description de la topologie
Pour une application dont les besoins en puissance se situent dans la gamme couverte
par le module générique de conversion, le niveau de redondance élevé de la topologie
précédente (deux bras par phase) peut sembler excessif pour permettre la tolérance d’une
panne au minimum. Il est alors envisageable de mutualiser les redondances introduites dans
cette topologie sous la forme d’un bras secours pouvant se substituer à chacune des cellules de
commutation. La redondance est donc ici passive puisque le bras additionnel est inactif en
fonctionnement normal. Cette topologie a été proposée dans la littérature [BOL00] en
intégrant des fusibles pour réaliser l’isolement des cellules en cas de défaut (figure II.37).

figure II.37 : onduleur à bras secours redondant


(vert/pointillés courts : dispositifs d’isolement - rouge/pointillés longs : dispositifs de connexion)

En considérant les arguments avancés pour la structure des interrupteurs d’isolement,


la topologie considérée par la suite est constituée d’interrupteurs tels que ceux présentés en
II.3.2 et elle est représentée par la figure II.38. Trois dispositifs de connexion et trois
dispositifs d’isolement (un par phase) sont requis, ce qui peut constituer un inconvénient pour
la compacité du convertisseur. Des structures d’interrupteur différentes peuvent être
employées : il peut ainsi être intéressant d’utiliser des interrupteurs d’isolement à base de
transistors et des interrupteurs de connexion constitués d’une paire de thyristors en anti-
parallèle, afin de réduire les pertes par conduction en fonctionnement secours.

figure II.38 : onduleur à bras secours redondant


(vert/pointillés courts : dispositifs de connexion, rouge/pointillés longs : dispositifs d’isolement)

76
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.6.2 Procédures d’isolement sur défaut


Les procédures d’isolement doivent répondre aux mêmes contraintes que celles de la
topologie précédente ; elles sont décrites en détail pour la topologie suivante (cf. II.7.2).

II.6.3 Fonctionnement secours de l’onduleur


Comme pour cette topologie le bras secours constitue une redondance pure, son
dimensionnement est le même que pour les autres bras et le fonctionnement secours reste
celui d’un onduleur triphasé : aucune modification de l’algorithme de commande n’est requise
et l’intégralité de la puissance nominale peut être fournie.

77
Chapitre II

II.7 Onduleur à bras secours connecté au neutre de la


machine
II.7.1 Description de la topologie
Le principal inconvénient de la topologie précédente est le nombre élevé
d’interrupteurs d’isolement et de connexion. Une alternative permettant de réduire la quantité
d’interrupteurs consiste à déplacer le bras secours au niveau du neutre de la machine.

Ce principe a d’abord été appliqué dans [SPE90] à une machine à courant continu sans
balai pour améliorer le fonctionnement après un défaut de type "phase ouverte" (enroulement
de la machine déconnecté) : le bras additionnel est alors utilisé en mode secours pour
augmenter la valeur moyenne du couple. Puis il a été envisagé par ailleurs de raccorder le
neutre d’une machine asynchrone à un diviseur capacitif pour améliorer le fonctionnement
après la défaillance de type haute impédance d’un transistor ou l’ouverture d’une phase
machine afin de limiter l’ondulation de couple [ELC91] [LIU93].

Pour accroître le nombre de défauts tolérés, il a été proposé d’inclure des dispositifs
d’isolement à base de fusibles rapides et de thyristors [FUJ93-2] (figure II.39). En cas de
défaut de type "phase ouverte", les thyristors reliés au neutre de la machine sont amorcés et le
neutre est alors relié au point milieu capacitif. En cas de défaillance d’un transistor de type
basse impédance, le transistor adjacent est ouvert puis les thyristors connectés à la phase
concernée sont amorcés pour court-circuiter la maille créée par la phase et la moitié
supérieure ou inférieure du bus continu et ainsi ouvrir le fusible. La cellule de commutation
défaillante est alors isolée et l’onduleur est contrôlé par les 2 bras sains, le potentiel de la
troisième phase étant imposé par le diviseur de tension capacitif. La mise en œuvre de cette
topologie requiert toutefois d’assurer une immunité de commande des thyristors suffisante par
rapport aux forts gradients de tension auxquels ils sont soumis.

figure II.39 : topologie proposée dans [FUJ93-2]

L’utilisation d’un point milieu capacitif est pénalisante à plusieurs niveaux. Tout
d’abord, cela constitue un inconvénient en termes de volume, pour assurer l’équilibrage des
tensions, et de durée de vie (donc de maintenance), car les condensateurs doivent être
dimensionnés de manière adéquate pour le fonctionnement secours : ils doivent laisser passer
un fort courant et éviter des fluctuations de tension préjudiciables au fonctionnement à basse
vitesse.

Il semble donc préférable de relier le neutre de la machine à un 4ème bras d’onduleur.


Ce diviseur de tension actif permet en outre de bénéficier de performances supérieures

78
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

puisque la plage de tension de sortie applicable à la machine est accrue. La topologie


proposée dans [BOL00] reporte les fusibles de la topologie précédente au niveau des
connexions au bus continu pour étendre la tolérance de panne à une défaillance de cellule de
commutation de type "court-circuit".

figure II.40 : topologie proposée dans [BOL00]

Le bras additionnel est ici connecté en permanence au neutre de la machine. Toutefois,


même s’il n’est pas actif en fonctionnement normal, ce bras est alors modulé et donc sujet aux
défaillances ; c’est pourquoi il peut être préférable de lui adjoindre un dispositif d’isolement
(figure II.41). Le bras supplémentaire n’est ainsi relié au neutre qu’en cas de défaut, ce qui
évite toute circulation de courant en mode normal : ce bras secours constitue alors une
redondance passive. A l’inverse, il est imaginable de faire jouer à cette cellule de
commutation un rôle de filtrage actif en mode normal [JUL96] [ORI97] [VER03] et elle
constitue alors une redondance active. Si elle subit une défaillance, cette cellule doit donc
pouvoir être isolée pour permettre la reconfiguration de l’onduleur.

figure II.41 : onduleur à bras additionnel raccordé au neutre en mode secours uniquement

Comme il a été exposé précédemment (cf. II.3.1), un aspect contraignant de mise en


œuvre des topologies précédentes réside dans l’utilisation de fusibles. C’est pourquoi la
structure considérée par la suite est constituée d’interrupteurs d’isolement insérés sur la
connexion à la phase de la machine (figure II.42). La mise en œuvre et la gestion du
fonctionnement de cette topologie ont été brevetées [BRE05].

79
Chapitre II

figure II.42 : onduleur 4 bras avec interrupteurs d’isolement

II.7.2 Procédures d’isolement sur défaut


Pour les modes de défaut tels qu’une défaillance de transistor de type haute impédance
ou l’ouverture d’une phase, le courant dans la phase concernée s’annule pendant une part
importante de la période de modulation. Il est donc aisé de procéder au blocage de
l’interrupteur d’isolement sous faible courant. Le régime transitoire avant reconfiguration ne
dure au plus qu’une demi-période et ce mode dégradé ne perturbe pas de manière critique le
fonctionnement de l’actionneur.

Dans le cas d’une défaillance d’un transistor de type basse impédance, la commande
rapprochée ouvre rapidement l’autre transistor de la cellule pour éviter le court-circuit du bus
continu. Il a été établi qu’alors le courant de phase correspondant peut atteindre des
amplitudes élevées et qu’il n’est pas certain qu’il s’annule rapidement (cf. II.2.1.4). En
conséquence, des procédures d’isolement appropriées doivent être mises en œuvre pour
effectuer le blocage sous faible courant. Plusieurs stratégies sont envisageables en exploitant
les différentes fonctionnalités des bras principaux comme du 4ème bras ; elles sont décrites et
simulées ci-dessous pour ce mode de défaut avec le modèle d’EHA. Le cas du fonctionnement
en survitesse n’est pas considéré.

II.7.2.1 Blocage de l’onduleur

La première stratégie proposée consiste à ouvrir tous les transistors sains afin de
provoquer une conduction intermittente de la phase du moteur concernée par le défaut. Il est
considéré ici que le 4ème bras n’est pas utilisé en fonctionnement normal ; il est donc
déconnecté et le neutre de la machine est alors flottant (figure II.43).

figure II.43 : phase de blocage de l’onduleur pour une défaillance de type "basse impédance" de T5

Comme les chemins de court-circuit avec les diodes sont toujours présents, l’énergie
stockée dans les bobinages de la machine se décharge à travers les diodes de roue libre avec
une dynamique imposée par l’impédance de la machine. Les courants de court-circuit

80
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

interagissent avec les forces électromotrices et il en résulte un régime dégradé fortement


perturbé (figure II.44). L’évolution du courant, conditionnée par la combinaison des forces
électromotrices, produit sur l’arbre mécanique un couple de freinage fortement oscillatoire et
l’ensemble machine-onduleur fonctionne en générateur incontrôlé. Ce régime de freinage
dynamique se poursuit jusqu’à l’annulation des courants, lorsque les amplitudes des forces
électromotrices, déterminées par la vitesse de rotation, deviennent inférieures au seuil de
conduction des diodes.

figure II.44 : simulation d’un défaut de court-circuit du transistor supérieur


du bras C avec blocage de l’onduleur

L’instant auquel se produit la défaillance conditionne le premier passage du courant


par zéro. Une étude séquentielle est menée ici pour déterminer les conditions d’annulation du
courant. Le cas traité est celui de courants en phase avec les forces électromotrices à l’instant
du défaut (commande en couple maximum). Les autres cas, pour lesquels ces grandeurs sont
déphasées, ne sont pas décrits mais ils peuvent être traités de manière identique 1. Il est
considéré que la détection de défaut est rapide par rapport à la période de modulation et ainsi
le blocage de l’onduleur est immédiat.

II.7.2.1.a Apparition de la défaillance pendant l’alternance négative du courant

La défaillance concernant le transistor T5, la phase C est alors en permanence


connectée au point chaud du bus continu et le courant iphC dans cette phase tend à être positif.
En conséquence, si la défaillance se produit lors de l’alternance négative du courant iphC,
celui-ci va rapidement s’annuler avant de croître de nouveau (figure II.45) et il est donc

1
Toutefois, dans le cas particulier d’une défaillance survenant dans la plage de survitesse, les valeurs élevées des
fem permettent un retour de courant à travers les diodes vers le bus continu, qui doit pouvoir absorber l’énergie
renvoyée. Des stratégies particulières de gestion de défaut peuvent alors être mises en œuvre. Par exemple, les
bras sains peuvent être commandés de manière à symétriser le défaut sur l’onduleur afin de réduire les courants
et le couple après défaillance et de limiter le risque de démagnétisation [WEL03-1]. Ces aspects, davantage liés à
la commande de l’actionneur, ne sont pas détaillés ici.

81
Chapitre II

possible de procéder au blocage de l’interrupteur d’isolement lors du passage par zéro du


courant. Il s’agit donc d’un cas favorable dont la probabilité d’occurrence est de 50%.

figure II.45 : apparition de la défaillance, blocage de l’onduleur et isolement

Au contraire, si la défaillance se produit lors de l’alternance positive du courant, son


annulation dépend en particulier de l’instant correspondant de la période de modulation, des
paramètres de la machine et du point de fonctionnement.

II.7.2.1.b Défaillance pendant l’alternance positive du courant - cas d’isolement

Si le défaut survient au début de l’alternance positive du courant iphC, le courant iphA


est négatif et le courant iphB est positif (figure II.46). Tant qu’aucun de ces courants ne
s’annule, le potentiel du neutre par rapport au point froid du bus continu se trouve fixé à
2VDC/3 et l’évolution du courant iphC est déterminée par la source d’excitation que constitue la
force électromotrice eC et par l’impédance de la machine.
di phC VDC
R ph ⋅ i phC + L c ⋅ = − eC (II-3)
dt 3

e C = E ⋅ sin (wt ) (II-4)


Le courant iphC est alors la somme d’une exponentielle décroissante vers 0 de constante de
temps Lc/Rph et d’une sinusoïde déphasée de φ par rapport à la fem de la phase C.
⎛ Lc w ⎞
ϕ = arctan⎜ ⎟ (II-5)
⎜ R ph ⎟
⎝ ⎠
En considérant que la composante résistive est peu influente, l’évolution du courant est
directement imposée par le signe du terme (VDC/3-eC). Pour le point de fonctionnement
auquel correspond la simulation de la figure II.47, l’amplitude de la fem eC est inférieure à
VDC/3 et par conséquent le courant dans la phase C est légèrement croissant.

figure II.46 : schéma électrique équivalent onduleur-machine figure II.47 : blocage de l’onduleur et
(iphA<0, iphB>0, iphC>0) isolement

82
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Par contre, le courant dans la phase B subit une forte décroissance car VNB≈2VDC/3 et il
s’annule rapidement. Dès lors, le court-circuit n’a plus lieu que sur deux phases (figure II.48)
et l’évolution du courant dans la phase C est conditionnée par la combinaison des fem des
phases A et C.
di phC
2R ph ⋅ I phC + 2L c = eA − eC (II-6)
dt
Comme le terme (eA-eC) est alors négatif (figure II.50), le courant iphC décroît jusqu’à
s’annuler et l’interrupteur d’isolement peut être bloqué (figure II.47).

figure II.48 : chemin de circulation du courant iphC figure II.49 : chemins de circulation pour des courants
lorsque iphB s’annule négatifs dans les phases A et B

II.7.2.1.c Maintien du régime de défaut

Si la défaillance se produit plus tard au cours de la période de modulation et que le


terme (eA-eC) devient positif avant que le courant iphC ne se soit annulé, ce dernier
recommence à croître (figure II.50). Tant que le courant iphB est nul, le potentiel de la phase B
dépend du potentiel du neutre et de la fem eB. Lorsque la tension composée VBC devient
supérieure au seuil de conduction de la diode, le courant circule alors dans la diode supérieure
connectée à la phase B (figure II.49). L’évolution du courant iphC n’est plus conditionnée que
par la fem simple eC.
di phC
R ph ⋅ i phC + L c = −e C (II-7)
dt
Sa croissance se poursuit donc jusqu’au changement de signe de cette fem.

figure II.50 : défaillance de type basse impédance et blocage de l’onduleur – fem simples et composées

83
Chapitre II

Comme les phases des bras sains ont des potentiels variables pendant la durée où leur
courant est annulé par le blocage des diodes, une composante continue de tension s’instaure et
celle-ci introduit une composante continue dans les courants de phase. Ainsi, les phases
"saines" voient des courants dont les composantes spectrales prédominantes sont la
composante continue, le fondamental et le 2ème harmonique (courant de type redressé mono-
alternance). Dans la phase reliée au bras en défaut, la composante continue élevée du courant
quasi-sinusoïdal fait que celui-ci ne s’annule pas avant de nombreuses périodes électriques
(figure II.44). Les intensités mises en jeu sont élevées, car l’amplitude des courants n’est
limitée principalement que par l’inductance cyclique de la machine et leur composante
continue est limitée par la résistance statorique.

Pendant la durée de ce régime dégradé, les contraintes se reportent également sur les
grandeurs mécaniques puisque le couple présente des oscillations d’amplitude élevée et que la
vitesse n’est plus contrôlée. Le point de fonctionnement de l’actionneur a une influence sur le
régime de défaut. La vitesse de rotation de la machine lors de la défaillance conditionne la
durée de ce régime, mais elle n’agit pas sur les amplitudes des courants et du couple puisque
la fem et la réactance de la machine lui sont proportionnelles (en dehors de la plage basse
vitesse). Par contre, la force aérodynamique exercée sur la gouverne est plus déterminante car
elle conditionne l’évolution du régime de défaut : tant que l’isolement onduleur-vérin n’est
pas effectif, cette force peut entraîner le maintien de la rotation de la machine et donc du
régime de court-circuit en faisant dériver ainsi la position du vérin.

II.7.2.2 Procédures alternatives d’isolement

Il existe donc des cas pour lesquels le blocage de l’onduleur ne permet pas
l’annulation du courant de la phase concernée avant une durée assez longue, avec les
conséquences qui ont été exposées. Il est alors envisageable de mettre en œuvre des stratégies
correctives permettant d’accélérer l’isolement de la phase et d’éviter des régimes transitoires
de courant et de couple préjudiciables au dimensionnement du convertisseur et de la machine.
Pour cela, les interrupteurs d’isolement des autres phases peuvent être utilisés.

En premier lieu, après le blocage de l’onduleur, il est envisageable de profiter de


l’annulation du courant dans l’une des phases "saines" pour ouvrir celle-ci. Comme il ne
subsiste alors qu’un seul chemin de court-circuit par les deux phases restantes, il n’y a plus de
permutation entre différents régimes de court-circuit ; la composante continue des courants
s’en trouve limitée et ainsi le courant iphC peut s’annuler plus rapidement. Dans le cas simulé
(figure II.51), la fem composée (eB-eC) est négative lorsque le courant iphA s’annule et elle
impose donc la décroissance du courant iphC. Comme celui-ci ne s’est pas encore annulé
lorsque la tension (eB-eC) devient positive, sa croissance reprend et il faut attendre une période
électrique avant son annulation et donc l’isolement. Il subsiste donc un transitoire de couple
d’amplitude conséquente mais la perturbation de l’asservissement de vitesse est minime. Pour
cette procédure, il est préférable d’ouvrir l’interrupteur de la phase dont le courant s’annule le
premier, quel que soit l’instant auquel survient la défaillance.

84
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.51 : procédures alternatives d’isolement


(à gauche : ouverture de la phase B - à droite : assistance du bras secours)

Une autre alternative consiste à utiliser le bras secours comme élément d’assistance à
l’isolement pour forcer l’annulation du courant de phase. Lors du blocage de l’onduleur,
l’interrupteur d’isolement relié au neutre est fermé afin de court-circuiter l’enroulement
concerné de la machine (figure II.52). Comme la somme des courants de phase n’est plus
nulle, l’évolution du courant dans la phase C dépend non seulement de la fem eC mais
également de la tension induite par les courants des autres phases via l’inductance mutuelle.
En ne considérant que la contribution de la fem, l’isolement peut être assuré si le courant iphC
s’annule avant que la fem eC ne devienne négative (figure II.51). Dans le cas contraire, il faut
alors ouvrir les interrupteurs d’isolement des autres phases lorsque leur courant s’annule, et
l’isolement de la phase reliée au bras défaillant requiert une durée plus importante que la
procédure précédente, qui lui est par conséquent préférable.

figure II.52 : assistance du bras secours à la reconfiguration

En conclusion, comme les fem de la machine peuvent être reconstituées (en particulier
à partir de la position du rotor si elle est mesurée) et que les mesures des courants de phase
sont disponibles, il est possible de choisir, à l’apparition du défaut, la stratégie appropriée
pour procéder à l’isolement le plus rapidement possible. En particulier, les procédures
proposées utilisent la flexibilité conférée par les interrupteurs d’isolement pour écourter la
durée du régime de défaut dans les cas contraignants évoqués. Ainsi, non seulement les
contraintes électriques et mécaniques sont réduites, mais en outre la reconfiguration de

85
Chapitre II

l’onduleur entre le fonctionnement normal et le fonctionnement secours ne nécessite plus une


éventuelle annulation de la vitesse.

II.7.3 Fonctionnement secours de l’onduleur


En cas d’occurrence au sein de l’onduleur de l’un des types de défaut considérés, la
cellule de commutation correspondante est déconnectée de la phase de la machine comme
cela a été exposé. L’organe superviseur connecte alors la cellule reliée au neutre de la
machine 1 (figure II.53). Le bras secours assure alors le retour des courants diphasés par le
neutre et joue le rôle de diviseur de tension actif pour régler la tension du neutre. Pour les
différents modes de fonctionnement secours décrits ci-dessous, la phase C est celle qui est
isolée.

figure II.53 : reconfiguration du circuit de puissance après isolement du bras défaillant

II.7.3.1 Mode diphasé 120°

L’alimentation de la machine en mode diphasé consiste à réguler le courant dans deux


enroulements décalés entre eux de 120°. Avec une approximation au 1er harmonique, les
expressions de ces courants sont les suivantes :
⎧i phA = Î ph ⋅ cos (ω t + Ψ A )

⎨ ⎛ 2π ⎞ (II-8)
⎪i phB = Î ph ⋅ cos ⎜ ω t + − + ΨB ⎟
⎩ ⎝ 3 ⎠
ω est la pulsation électrique et Ψ est le déphasage entre le courant et la force électromotrice
d’une même phase. La puissance peut être exprimée à partir du produit vectoriel des courants
et des forces électromotrices.
Ê ⋅ Î ph ⎡ ⎛ 2π ⎞⎤
Pem = ⎢cos Ψ A + cos Ψ B + cos(2ω t + Ψ A ) + cos⎜ 2ω t + Ψ B + ⎟⎥ (II-9)
2 ⎣ ⎝ 3 ⎠⎦

Sans reconfiguration de la commande, ces enroulements sont parcourus par des courants
également décalés de 120° (ΨA=ΨB) ; c’est la raison pour laquelle ce mode de fonctionnement
est qualifié ici de "diphasé 120°". L’expression de la puissance fait alors apparaître un terme
fluctuant.
Ê ⋅ Î ph ⎡ ⎛ 2π ⎞⎤
Pem = ⎢2cos Ψ − cos ⎜ 2ω t + Ψ − ⎟⎥ (II-10)
2 ⎣ ⎝ 3 ⎠⎦

1
Les aspects transitoires de cette reconfiguration sont détaillés dans la partie expérimentale (chapitre III).

86
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Le couple électromagnétique produit en mode diphasé 120° présente donc une pulsation à
fréquence double de la fréquence de modulation, comme le montre la simulation de la figure
II.54.
3 ⎡2 1 ⎛ 2π ⎞⎤
C em 120° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph ⋅ ⎢ cos Ψ - cos ⎜ 2 ωt − Ψ − ⎟⎥ (II-11)
2 ⎣ 3 3 ⎝ 3 ⎠⎦

A même courant, l’amplitude crête de l’ondulation de couple vaut 50% de la valeur moyenne.
Quant au couple moyen produit en mode diphasé 120°, il est réduit de 33% par rapport au
mode triphasé.
3
C em 3ϕ = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph ⋅ cosΨ (II-12)
2

Après reconfiguration, il est donc nécessaire d’augmenter l’amplitude du courant pour


maintenir l’intégralité de la puissance mécanique moyenne fournie en fonctionnement normal.

figure II.54 : fonctionnement secours en mode diphasé 120°

La plage de vitesse de la machine est inchangée en fonctionnement secours, car


l’onduleur peut appliquer aux enroulements de la machine les mêmes niveaux de tension. De
plus, le principe de défluxage reste applicable [BIA03].

Enfin, les asservissements de position et de vitesse ne sont pas pénalisés par ce


fonctionnement dégradé tant que l’inertie mécanique permet de filtrer les ondulations de
couple au niveau de la réponse mécanique pour limiter ainsi les ondulations de vitesse. Ces
ondulations impliquent un dimensionnement approprié de la chaîne cinématique afin de ne
pas induire une fatigue mécanique qui pourrait être dommageable à long terme.

II.7.3.2 Mode diphasé 60°

Pour obtenir une répartition spatiale sinusoïdale du champ magnétique et ainsi


minimiser l’ondulation de couple, les vecteurs courant doivent être décalés de 60° [FAN93] ;
ce fonctionnement est alors qualifié de "mode diphasé 60°".
π
ΨA = ΨB − (II-13)
3

87
Chapitre II

Le couple électromagnétique produit vaut alors :


1 ⎡ ⎛ π ⎞⎤
C em 60° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph ⋅ ⎢cos Ψ A + cos ⎜ Ψ A − ⎟⎥ (II-14)
2 ⎣ ⎝ 3 ⎠⎦

Il est maximal pour des courants déphasés de 30° par rapport aux forces électromotrices dans
le référentiel statorique (figure II.55).
3 C em 3ϕ
Ψ A = 30° ⇒ C em 60° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph = (II-15)
2 3
A amplitude de courant donnée, le couple maximal produit en mode diphasé 60° est donc
limité à 57% de sa valeur en mode triphasé.

figure II.55 : diagrammes vectoriels des modes d’alimentation triphasés et diphasés (phase C défaillante)

La simulation présentée à la figure II.56 montre l’évolution des grandeurs électriques


et mécaniques dans les phases successives de fonctionnement normal, d’auto-isolement sur
une défaillance de transistor de type basse impédance et de reconfiguration en mode diphasé
60°. Pour maintenir la puissance nominale lors du fonctionnement secours, le courant dans les
phases est majoré d’un facteur √3 par rapport à sa valeur avant la défaillance et le courant
dans le bras secours, étant la somme des courants de phase, est augmenté d’un facteur 3.

figure II.56 : fonctionnement normal puis défaillance et reconfiguration en mode diphasé 60°

Dans les simulations présentées, les bras d’onduleur connectés aux phases sont
commandés en courant, avec une spécificité par rapport au fonctionnement normal qui est
présentée plus loin (cf. II.7.3.4). Le bras secours règle la tension homopolaire et il est
commandé en tension avec un rapport cyclique α=1/2 pour assurer en valeur moyenne une

88
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

tension nulle entre le neutre et le point milieu fictif du bus continu. Il est également possible
de lui appliquer une surmodulation.

II.7.3.3 Courants homopolaires en mode diphasé

Il peut être observé sur la simulation précédente que l’ondulation haute fréquence du
couple est légèrement accrue par ce mode de fonctionnement. En effet, l’une des spécificités
du mode diphasé est l’apparition d’une tension homopolaire aux bornes de la machine.
vA + vB dΦ hom
- vN = (II-16)
2 dt

Φhom est le flux homopolaire correspondant dans les enroulements statoriques. Sur le schéma
électrique équivalent de la figure II.57, l’inductance L des phases englobe l’inductance propre
et l’inductance de fuite, et M est la mutuelle inductance entre deux phases.

figure II.57 : schéma électrique équivalent de la machine

Il en résulte une ondulation de courant homopolaire à la fréquence de découpage, comme le


présente la simulation de la figure II.58.
di hom 1 dΦ hom
= ⋅ (II-17)
dt L+M dt

figure II.58 : tension homopolaire et ondulation de courant homopolaire

Cette composante homopolaire de courant ne crée pas de couple, elle génère seulement
des pertes. Comme l’inductance mutuelle a une valeur généralement de l’ordre de la moitié de
l’inductance propre, l’inductance qui limite l’ondulation de courant homopolaire vaut donc
environ le tiers de l’inductance cyclique (L-M) de la machine, ce qui explique l’augmentation
de l’ondulation des courants de phase. Cette impédance est toutefois assez importante pour
qu’il ne semble pas nécessaire d’introduire un filtre de mode commun additionnel ou de
spécifier un bobinage particulier de la machine.

89
Chapitre II

II.7.3.4 Commande en mode diphasé avec découplage des phases

Pour une alimentation triphasée de la machine avec neutre isolé, le flux total d’une
phase est proportionnel au courant dans cette phase.
⎧Φ A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phA
⎪⎪
⎨Φ B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA + M ⋅ i phC = (L − M) ⋅ i phB (II-18)

⎪⎩Φ C = L ⋅ i phC + M ⋅ i phB + M ⋅ i phA = (L − M) ⋅ i phC

La tension simple de chacune des phases i={A, B, C} peut s’écrire sous la forme :
d(i ph_i )
v i − v N = e i + R ph ⋅ i ph_i + (L − M) ⋅ (II-19)
dt
La tension aux bornes d’un enroulement n’est donc fonction que du courant circulant dans
cette phase et de sa force électromotrice.

En mode diphasé, l’expression des flux fait apparaître un couplage entre les deux
phases. En supposant la phase C déconnectée :
⎧Φ A = L ⋅ i phA + M ⋅ i phB
⎨ (II-20)
⎩Φ B = L ⋅ i phB + M ⋅ i phA
La tension simple d’un enroulement dépend alors également du courant parcourant l’autre
enroulement.
⎧ d(i phA ) d(i phB )
⎪⎪v A − v N = e A + R ph ⋅ i phA + L ⋅ +M⋅
dt dt
⎨ d(i phB ) d(i phA ) (II-21)
⎪v − v = e + R ⋅i
ph phB + L ⋅ +M⋅
⎩⎪
B N B
dt dt

Pour une commande performante, il est donc nécessaire de découpler ces grandeurs en
utilisant un changement de base approprié.
L+M
(Φ ) =
L M
M L
( )
⋅ i ph → (Φ ′) =
0
0
L−M
⋅ i ′ph ( ) (II-22)

Selon le schéma de principe de la figure II.59, le système découplé est caractérisé par la
matrice de passage P et la matrice inverse P-1. La contribution des résistances statoriques est
ici négligée.
1 1
P= (II-23)
1 -1

1 1 1
P -1 = ⋅ (II-24)
2 1 -1
Cela revient donc à réguler la somme et la différence des courants.
i phA + i phB
i ′phA = (II-25)
2

i phA − i phB
i ′phB = (II-26)
2

90
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.59 : régulation des courants découplés en mode diphasé

II.7.3.5 Performances des modes dégradés

II.7.3.5.a Fonctionnement secours à puissance nominale

La reconfiguration du mode triphasé au mode diphasé s’accompagne d’une majoration


de courant de phase et de neutre pour maintenir l’intégralité des performances statiques et
dynamiques. Les conséquences sur le dimensionnement des convertisseurs sont récapitulées
dans le Tableau II-1. Les pertes sont calculées par simulation pour un profil de mission
dimensionnant, avec les caractéristiques des modules utilisés dans le cadre de l’application
expérimentale et sans prendre en compte les pertes dans les interrupteurs d’isolement. Il
apparaît que le fonctionnement secours à puissance nominale pénalise le dimensionnement
électrique et thermique de manière importante pour le mode diphasé 60° et plus modérément
pour le mode diphasé 120°. Le cas du mode diphasé 60° est illustré à la figure II.60.

Triphasé Diphasé 120° Diphasé 60°


Courant bras de phase In 1,5.In 1,73.In
Courant bras secours Ø 1,5.In 3.In
Ondulation crête de couple BF 0 0,5.<Cem> 0
Pertes 420W 651W (+55%) 1009W (+140%)

Tableau II-1 : caractéristiques en fonctionnement normal et en fonctionnement secours à puissance nominale

figure II.60 : simulation d’un EHA avec alimentation en mode triphasé


(en noir/foncé) et en mode diphasé 60° (en vert/clair)

91
Chapitre II

II.7.3.5.b Fonctionnement secours à puissance réduite

En l’absence de surdimensionnement électrique de l’onduleur, la réduction de


puissance en fonctionnement secours qui en découle est définie dans le Tableau II-2. La
comparaison des pertes est effectuée pour un courant de 50Aeff, toujours sans prendre en
compte la puissance dissipée dans les interrupteurs d’isolement.

Triphasé Diphasé 120° Diphasé 60°


Couple moyen maximal Cm 0,67.Cm 0,57.Cm
Ondulation crête de couple BF 0 0,5.<Cem> 0
Courant bras de phase In In In
Courant bras secours Ø. In 1,73.In
Pertes 100%. 100% 127%

Tableau II-2 : caractéristiques en fonctionnement normal et en fonctionnement secours à puissance réduite

Selon l’équipement considéré, la reconfiguration impacte alors les performances


statiques et/ou dynamiques de l’actionneur en fonction de ses spécifications.
• Les performances dynamiques fixent généralement le calibre en courant des interrupteurs.
Alors, la limitation de courant en fonctionnement secours se traduit par une réduction du
couple moteur maximal Cm et, de par le principe fondamental de la dynamique, par une
accélération maximale plus faible qu’en fonctionnement normal.
dΩ C m + C ch
= (II-27)
dt J
Le fonctionnement secours s’accompagne donc d’une augmentation du temps de réponse de
l’actionneur, comme l’illustre la simulation de la figure II.61 : la position du vérin présente
une erreur de traînage. Par contre, comme la plage de vitesse est quasiment inchangée, le
régime dégradé n’implique pas de réduction de vitesse et les points de fonctionnement
statique les plus contraignants peuvent encore être atteints.
Les EHA de commandes de vol ont un fonctionnement impulsionnel ; ils requièrent donc
rarement les pics de puissance nécessaires aux accélérations dimensionnantes des
spécifications. La réduction de performances en fonctionnement secours pourrait être
acceptable car l’impact sur la contrôlabilité de l’avion reste très modéré. Ce principe est déjà
appliqué pour certaines gouvernes ayant deux actionneurs en parallèle, puisque les régimes
transitoires les plus contraignants en termes de couple produit ne sont obtenus que par un
fonctionnement conjoint des deux actionneurs.
Pour des équipements plus "rustiques" tels que des ventilateurs ou des pompes, cet aspect
semble peu pénalisant car les performances dynamiques sont généralement de second ordre.

92
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.61 : réduction des performances dynamiques d’un actionneur en mode secours

• D’autre part, pour notre application de référence, le dimensionnement thermique est


déterminé par les performances statiques et en particulier par la charge d’arrêt spécifiée. En
conservant le dimensionnement thermique nominal, l’intégralité de la charge d’arrêt ne peut
plus être maintenue et l’actionneur ne peut donc pas compenser seul les forces
aérodynamiques les plus importantes. Dans le cas d’actionneurs en parallèle sur une surface
de commande de vol, la puissance manquante peut être fournie par le (ou les) actionneur(s)
redondant(s).
Pour les applications plus "rustiques", les performances sont souvent peu influentes devant
les objectifs de disponibilité. En conséquence, en régime statique, les modes dégradés
devraient être profitables même sans surdimensionnement de l’onduleur. Par exemple, dans le
cas d’un actionneur dont la caractéristique de la charge mécanique est de type Cch=k.Ω², une
réduction du couple d’un rapport n (n>1) se traduit par une limitation de sa vitesse de rotation
d’un rapport n1/2. Ainsi, pour le mode diphasé 60°, la vitesse de rotation n’est réduite que de
25% par rapport à sa valeur nominale. La perturbation sur la fonction assurée pourrait donc
être acceptable pour ce type d’application.

93
Chapitre II

II.8 Onduleur double


II.8.1 Association série et différentielle de cellules de commutation
II.8.1.1 Structures multi-niveaux

Pour exploiter la modularité des éléments de conversion génériques afin d’atteindre


une puissance d’alimentation plus élevée tout en permettant une tolérance de panne, il a été
proposé auparavant d’associer des cellules de commutation en parallèle (cf. II.5). Une autre
configuration consiste à les associer en série, ce qui préfigure d’autre part des niveaux de
tension continue plus élevés (cf. I.1.2.8). Les topologies multi-niveaux qui en résultent
possèdent certains avantages par rapport à un onduleur 2 niveaux conventionnel.
L’accroissement du nombre d’états de tension permet d’étager la tension de sortie et dans
certains cas d’augmenter la fréquence de découpage apparente. De plus, une diminution de
l’amplitude des fronts de commutation génère une réduction des courants de mode commun.
Pour une qualité spectrale donnée des ondes en sortie, les pertes par commutation sont
réduites par rapport à un onduleur 2 niveaux. Par contre, l’augmentation du nombre de
composants occasionne une majoration des pertes par conduction.

Une topologie classique d’onduleur NPC 3 niveaux [MEY92] [KIM93] est représentée
à la figure II.62, où les pointillés délimitent le module de conversion générique. Dans le
contexte de cette étude, elle présente un manque de compatibilité avec l’approche modulaire
envisagée, en particulier à cause des diodes additionnelles. D’autre part, l’équilibrage du point
milieu du bus continu par un diviseur capacitif présente une difficulté supplémentaire qui
nécessite une solution appropriée telle qu’une commande spécifique [LEE96] [LIU91]. Il est
aussi envisageable d’associer les cellules en cascade pour obtenir un onduleur 3 niveaux,
comme dans [SOM03], mais le dimensionnement de cette topologie n’est pas avantageux.

Ce type de structure requiert deux sources de tension continue isolées. En l’absence


d’une architecture de réseau de bord adaptée (réseaux de distribution continue haute tension),
il faut recourir par exemple à un transformateur redresseur à deux enroulements secondaires,
ce qui peut pénaliser la compacité du convertisseur. Une topologie de type "flying capacitor"
(figure II.63) ne requiert qu’une source de tension continue, au prix de condensateurs
supplémentaires [MEY06] [BAU00].

figure II.62 : topologie classique d’onduleur 3 niveaux figure II.63 : onduleur 3 niveaux "flying capacitor"

Aux niveaux de tension continue imaginés (270V-800V), le calibre en tension des


interrupteurs n’est pas un critère de dimensionnement critique. Aussi, le partitionnement des

94
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

interrupteurs offert par ces structures multi-niveaux ne constitue pas un avantage majeur. Par
contre, il est plus intéressant d’associer les cellules de commutation de manière à appliquer
des niveaux de tension de sortie supérieurs, à tension continue imposée, et à faciliter ainsi la
couverture de plages de vitesse plus élevées.

II.8.1.2 Onduleur double

La topologie de la figure II.64, que nous nommerons onduleur double, constitue un


moyen d’association différentielle des cellules de commutation en redondance active pour
augmenter la tension et donc la puissance d’alimentation de la machine, dont les six bornes
statoriques doivent être accessibles. Cette structure présente un degré de redondance élevé à
plusieurs niveaux (cellules de commutation, enroulements de la machine, bus continus), ce
qui peut être exploité pour accroître la disponibilité fonctionnelle de l’onduleur.

figure II.64 : onduleur double à sources de tension continue isolées

Pour VDC1=VDC2, les états de tension de sortie sont ceux d’un onduleur 3 niveaux.
Pour les raisons évoquées précédemment, cette topologie est surtout intéressante si les deux
sources de tension continue isolées sont naturellement mises à disposition par l’architecture
du réseau. En ce cas, cette structure permettrait d’envisager de nombreuses possibilités de
reconfiguration, et éventuellement de secourir les charges d’un réseau continu défaillant en
transférant une composante continue de courant via l’alimentation de la machine (figure II.65)
[BAU05]. Cela préfigure des architectures de distribution par réseaux continus à disponibilité
élevée. Toutefois, comme les études présentées dans ce mémoire sont basées sur des
architectures de réseau classiques, ces aspects ne sont pas développés davantage.

figure II.65 : alimentation d’un réseau continu en défaut par transfert de puissance
à travers un ensemble convertisseur-machine

Cette topologie d’onduleur double est donc envisagée pour un bus continu unique
(figure II.66). Par rapport à une topologie d’onduleur triphasé classique, à calibre en courant
et en tension identique des interrupteurs, le même couple peut être fourni et les tensions
différentielles appliquées aux phases peuvent être augmentées d’un facteur 1,9 (ou 2 sans

95
Chapitre II

considérer de surmodulation). En effet, la pleine tension du bus continu peut être appliquée
aux enroulements de la machine. Par contre, la tension homopolaire doit être contrôlée pour
minimiser le courant homopolaire. Or une commande pleine onde produit des tensions qui
contiennent des harmoniques à fréquence triple du fondamental et ces harmoniques
introduisent des composantes de courant homopolaires indésirables qui se rebouclent à travers
le bus continu. La zone de surmodulation est donc restreinte : la tension de sortie est limitée à
1,1VDC [WEL03-2].

figure II.66 : onduleur double à source de tension continue unique avec figure II.67 : représentation des états de
interrupteurs d’isolement (représentés par les rectangles vides) tension dans le plan (α,β)

Comme les courants de phase peuvent présenter une composante homopolaire, le


système d’équation (II-18) est couplé. Il doit donc être découplé par un changement de base
adapté, par exemple en utilisant la transformation de Concordia [MEI04]. En négligeant la
résistance statorique :
⎛ v 0 ⎞ ⎛ L + 2M 0 0 ⎞ ⎛i ⎞ ⎛e ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ d ⎜ 0⎟ ⎜ 0⎟
⎜ vα ⎟ = ⎜ 0 L−M 0 ⎟ ⋅ ⎜ iα ⎟ + ⎜ eα ⎟ (II-28)
⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ dt ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ vβ ⎠ ⎝ 0 0 L − M ⎟⎠ ⎜ iβ ⎟ ⎜ eβ ⎟
⎝ ⎠ ⎝ ⎠

Il apparaît dans cette équation que le courant homopolaire n’est limité que par l’inductance de
fuite Lf de la machine (figure II.68).
v A + v B + v C v A' + v B' + v C' ⎧ 2VDC VDC ⎫
v0 = − = ⎨± VDC ,± ,± ,0 ⎬ (II-29)
3 3 ⎩ 3 3 ⎭

L f = L + 2M (II-30)
Ainsi, si l’inductance de fuite du moteur est faible, l’ondulation des courants est importante.
Comme la composante homopolaire de courant ne participe pas à la génération du couple,
cette ondulation ne se reporte pas sur le couple mais cela implique une valeur efficace de
courant majorée et des pertes supplémentaires. Pour minimiser cette composante, la
commande ne devrait utiliser que les 7 états parmi 27 pour lesquels la tension homopolaire est
théoriquement nulle (figure II.67) ; cela devrait également améliorer les aspects CEM.

Toutefois, comme la commutation des bras ne peut être contrôlée parfaitement


(disparités de caractéristiques des interrupteurs, temps mort), la machine doit être
dimensionnée pour avoir une inductance de fuite suffisante. Pour le modèle de simulation, la
machine a une inductance de fuite qui vaut 20% de l’inductance de phase. En passant à 40%,
l’ondulation de courant est réduite (figure II.69).

96
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.68 : courant homopolaire dans figure II.69 : ondulation de courant homopolaire pour
l’onduleur double Lf=20%L et Lf=40%L

La commande de l’onduleur est semblable à celle d’un onduleur monophasé en pont


en mode unipolaire. Comme la somme des courants de phase n’est plus nulle, il est nécessaire
d’alimenter séparément les trois phases de la machine et donc de réguler le courant dans
chacune des phases. Dans les simulations, les trois cellules de l’un des onduleurs triphasés
sont commandées en courant par MLI intersective. Chacune des cellules du second onduleur
est commandée en tension, en lui appliquant une modulante inverse de celle de la cellule en
vis-à-vis. L’effet est identique à celui d’un déphasage de 180° des porteuses entre les deux
onduleurs puisque les butées de modulante sont égales en valeur absolue. Cette commande
diagonale permet de doubler la fréquence de découpage apparente vue par le courant de
phase, comme le représente la simulation de la figure II.70, sur laquelle F1 et F2 sont les
fonctions de modulation appliquées aux transistors supérieurs de deux cellules en vis-à-vis.
F1-F2 est donc représentative de la tension différentielle 3 niveaux appliquée à l’enroulement
de la machine. Ainsi, pour un même niveau d’ondulation de courant, la fréquence de
découpage peut être réduite de moitié, ce qui occasionne une diminution des pertes par
commutation et des contraintes de CEM.

figure II.70 : commande diagonale de l’onduleur double par MLI intersective

97
Chapitre II

II.8.2 Procédures d’isolement sur défaut


Les modes de défaut de l’onduleur double ont des conséquences semblables à celles de
l’onduleur triphasé, mais le niveau de redondance élevé procure des degrés de liberté
supplémentaires. Ainsi, une défaillance de transistor de type haute impédance occasionne une
distorsion des courants générant une ondulation de couple, mais la dégradation du
fonctionnement peut être limitée par une adaptation de la commande.

Par contre, dans le cas d’une défaillance d’un transistor de type basse impédance,
l’ouverture des autres transistors connectés à l’enroulement concerné ne permet pas d’isoler le
défaut puisqu’il subsiste un chemin de court-circuit avec la diode antiparallèle de la cellule en
vis-à-vis du transistor défaillant. Même si la contrôlabilité de l’actionneur n’est pas totalement
perdue, le courant de court-circuit présente des amplitudes élevées et le couple subit en
conséquence de fortes ondulations (figure II.72). Pour assurer l’isolement, cette topologie doit
donc comporter un dispositif d’isolement par enroulement machine, soit trois dispositifs
(figure II.66).

figure II.71 : blocage de l’onduleur double – chemin du courant de court-circuit

La procédure d’isolement consiste à bloquer l’ensemble des transistors sains de


l’onduleur (figure II.71), ce qui provoque l’annulation des courants des deux phases non
impactées par le défaut. Ainsi, l’évolution du courant de défaut ne dépend plus que de la force
électromotrice servant de source d’excitation ; il est de type courant redressé mono-alternance
et son amplitude est limitée principalement par l’inductance propre de la machine. Par
conséquent, l’annulation de ce courant ne peut être attendue pendant une trop longue durée.
La simulation confirme ce comportement (figure II.73) : l’isolement peut être effectué en
moins d’une période électrique.

figure II.72 : défaut basse impédance avec blocage des figure II.73 : défaut basse impédance avec blocage
autres transistors de l’enroulement concerné de tous les transistors sains

98
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Enfin, un avantage supplémentaire de l’onduleur double est de pouvoir isoler un


défaut de court-circuit entre phases du moteur, ce que ne permet aucune des autres topologies
proposées. Il est en effet possible de supprimer le chemin de court-circuit en ouvrant
symétriquement les bras des deux phases concernées. L’actionneur peut alors être mis à l’arrêt
de manière sécurisée.

II.8.3 Fonctionnement secours de l’onduleur


Suite à l’isolement d’une cellule de commutation et au blocage de la cellule opposée,
le fonctionnement est maintenu sur les deux phases restantes (figure II.74).

figure II.74 : reconfiguration de l’onduleur double pour un fonctionnement secours en mode diphasé

Pour les mêmes raisons qui ont été exposées dans le cas de l’onduleur 4 bras (cf.
II.7.3.1), le fonctionnement en mode diphasé sans reconfiguration de la commande se traduit
par une ondulation de couple importante. Les consignes de courant sont donc décalées de la
même manière que pour le mode diphasé 60° de l’onduleur 4 bras (figure II.75). Le couple
maximal produit est alors réduit d’un facteur 0,67 par rapport au fonctionnement normal de
l’onduleur :
3 C em 3ϕ
C em 60° = ⋅ p ⋅ Φ m ⋅ Î ph = (II-31)
2 3
En laissant de côté les différentes surmodulations envisageables, la plage de vitesse couverte
reste identique en mode secours.

figure II.75 : fonctionnement normal, isolement et reconfiguration de l’onduleur double

99
Chapitre II

En ce qui concerne la commande, l’onduleur double requiert, comme l’onduleur 4


bras, un découplage des courants pour un fonctionnement optimum en mode diphasé
(cf. II.7.3.4). De plus, l’ondulation de courant homopolaire est limitée par le terme (L+M) en
mode diphasé (cf. II.7.3.3), et non plus uniquement par l’inductance de fuite de la machine
comme en fonctionnement normal.

Enfin, la simulation de la figure II.76 représente les pertes de l’onduleur double en


fonctionnement normal et secours, dans les mêmes conditions que l’onduleur triphasé : même
profil de mission et paramètres identiques pour la machine et les interrupteurs. Cependant,
pour un même niveau d’ondulation du courant, la fréquence de découpage de l’onduleur
double est réduite de moitié (Fd=5kHz). Le détail des pertes dans un interrupteur est donné par
la figure II.77 pour chacune des topologies.
• En fonctionnement normal, l’onduleur double présente des pertes moyennes majorées de
56% par rapport à l’onduleur triphasé. Si les pertes par commutation par composant sont
réduites d’environ 50% pour l’onduleur double, l’augmentation du nombre de composants est
logiquement à l’origine de la dissipation de puissance globalement plus élevée puisqu’aux
"faibles" fréquences de découpage considérées, les pertes par commutation ne sont pas
prépondérantes. D’autre part, les pertes des interrupteurs d’isolement ne sont pas représentées
ici, mais elles sont identiques pour les 2 topologies en mode triphasé puisqu’autant
d’interrupteurs conduisent les mêmes courants.
• A l’inverse, pour le fonctionnement secours en mode diphasé 60°, la puissance dissipée par
l’onduleur double est réduite de 18% par rapport à l’onduleur 4 bras puisque les pertes par
conduction sont davantage équilibrées entre les deux topologies, en particulier à cause du
courant plus important qui passe dans le bras secours de l’onduleur 4 bras. La contribution des
pertes par commutation est donc plus significative. De plus, si l’on prend en compte les pertes
des interrupteurs d’isolement, qui ne sont pas représentées ici, la puissance dissipée en mode
secours par l’onduleur double est encore réduite par rapport à l’onduleur 4 bras puisqu’il n’y a
que deux interrupteurs qui conduisent le courant pour la première topologie contre trois pour
la seconde.

figure II.76 : pertes dans l’onduleur double en mode figure II.77 : comparaison des pertes entre l’onduleur
normal et en mode secours double et l’onduleur 4 bras avec neutre relié

100
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.9 Synthèse comparative des topologies


Pour faciliter la comparaison des topologies d’onduleur à tolérance de panne en
fonction de l’application envisagée, une synthèse de leurs caractéristiques conclut ce chapitre.
Les critères comparatifs généraux sont les performances en mode normal et en mode secours,
le dimensionnement silicium, la fiabilité, la disponibilité et le dimensionnement thermique.
Une défaillance est définie ici par la perte fonctionnelle d’un bras d’onduleur.

Dans les sous-chapitres précédents, les topologies d’onduleur ayant le niveau de


redondance le plus élevé (6 bras) ont été proposées dans le but d’utiliser les modules de
conversion génériques pour couvrir des applications sur une plus large gamme de puissance.
Or, pour assurer l’homogénéité de ce comparatif, le dimensionnement de chaque topologie est
établi pour une même puissance nominale, en prenant comme référence un onduleur triphasé
2 niveaux classique. A tension continue imposée, le calibre en courant des topologies à 6 bras
est donc réduit de moitié.

Une autre topologie que celles décrites précédemment est traitée dans ce sous-chapitre.
Celle-ci est considérée ici à titre de comparaison extrême du point de vue de la redondance
puisqu’elle présente une redondance active totale onduleur-bobinage, comme ce peut être le
cas de deux ensembles onduleur-machine couplés au niveau de l’arbre moteur ou de deux
onduleurs alimentant une machine double étoile [MEI04]. En cas de défaut, différents
principes sont envisageables pour l’isolement, mais pour assurer l’homogénéité de ce
comparatif il est utilisé le même type d’interrupteur d’isolement que pour les autres
topologies. Ainsi, la topologie considérée comprend deux ensembles onduleur-machine à
arbres solidaires non débrayables, chacun comportant deux interrupteurs d’isolement disposés
sur les phases de la machine (figure II.78). Cette configuration permet ainsi d’isoler les modes
de défaut envisagés pour que l’ensemble onduleur-machine sain puisse assurer le
fonctionnement secours sans avoir à compenser la contribution d’un couple de défaut.

figure II.78 : topologie à redondance active totale onduleur-bobinage

Les valeurs numériques calculées pour les différents critères de comparaison sont
consignées ci-dessous (Tableau II-3) pour chacune des topologies décrites. Nsc est le nombre
d’interrupteurs 3 segments constitués d’un transistor et d’une diode antiparallèle. Nis est le
nombre minimum d’interrupteurs d’isolement 4 segments pour assurer un arrêt sécurisé sur le
dernier défaut. Ndef est le nombre de défaillances internes pouvant être tolérées pour autoriser
un fonctionnement secours. Les autres critères de comparaison sont définis et commentés par
la suite.

101
Chapitre II

FSi (deg) Pds deg


Topologies Nsc Nis Ndef Ims Pdn λond
FSi (nom) Pds nom

Onduleur triphasé 1 6 0 0 ∅ 0 100% ∅ 3.10-5

Onduleur 6 bras ≥1 1+6ds 0,5≤Ims≤1,5 55%


12 6 109% 3,1.10-7
parallélisés ≤3 2+12ds 1≤Ims≤3 100%

Onduleur 4 bras
8 6 1 1,3+12ds 1 100% 100% 4,6.10-7
redondant
1,6+9,5ds 0,57 (60°) 126%
Onduleur 4 bras à ≥3
8 1 1,3+8ds 0,67 (120°) 100% 100% 4,6.10-7
neutre relié ≤4
2,7+16,4ds 1 (60°) 235%
1+3ds 0,57 (60°) 52%
Onduleur double 12 3 1 1+3ds 0,67 (120°) 79% 52% 12,1.10-7
1,7+5,2ds 1 (60°) 89%
Redondance ≥4 1+4ds 0,5 55%
12 1 109% 9,1.10-7
onduleur-bobinage ≤6 2+8ds 1 100%

Tableau II-3 : caractéristiques opérationnelles comparées des topologies d’onduleur à iso-puissance nominale

II.9.1 Plage de fonctionnement


Le fonctionnement de l’actionneur est caractérisé ici par les plages de tension et de
courant délivrées par l’onduleur en fonctionnement normal et secours, qui définissent les
caractéristiques mécaniques (couple et vitesse). En fonctionnement normal, les topologies
d’onduleur à 4 bras couvrent les mêmes plages tension-courant que l’onduleur triphasé.
L’onduleur à bras parallélisés permet une réduction de moitié du courant nominal pour une
même amplitude de couple, comme la topologie à redondance totale onduleur-bobinage.
Quant à l’onduleur double, il peut doubler la tension différentielle appliquée aux
enroulements de la machine ; le courant est ainsi réduit de moitié à iso-puissance.

Les topologies sont difficilement comparables uniformément sur ces critères dans la
mesure où la démarche suivie dans ce mémoire propose d’exploiter la modularité des
éléments de conversion génériques plutôt que d’effectuer de la segmentation de puissance.
Alors, puisque le choix d’une topologie dépend en premier lieu de la puissance requise pour
l’application, l’influence des spécifications de l’actionneur sur la définition des
caractéristiques de l’ensemble machine-convertisseur ne peut intervenir qu’entre topologies
de même puissance nominale. Par conséquent, pour que cette synthèse conserve son
uniformité quel que soit l’équipement envisagé, les topologies sont comparées ici au niveau
de l’impact du fonctionnement secours sur le dimensionnement électrique et thermique.

1
Pour être représentative des convertisseurs industriels considérés du point de vue du dimensionnement
électrique et thermique, la topologie d’onduleur triphasée de référence ne comporte pas d’interrupteurs
d’isolement. Mais il faudrait qu’elle en comporte au moins deux pour disposer, comme les autres topologies, de
la même capacité d’isolement sur le dernier défaut.

102
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.9.2 Dimensionnement électrique


Le facteur de dimensionnement silicium FSi de l’onduleur est le rapport du
dimensionnement silicium de l’ensemble des interrupteurs de la topologie par rapport à celui
d’un onduleur triphasé classique sans tolérance de panne.

FSi =
∑ V̂ ⋅ Î + d ⋅ ∑ V̂
s is ⋅ Î is
(II-32)
6 ⋅ VDC ⋅ Î ph
Ce paramètre intègre de manière spécifique la présence des interrupteurs d’isolement (indice
is). En effet, ceux-ci ne sont pas soumis aux mêmes contraintes puisqu’ils ne commutent que
lors des reconfigurations et leur dimensionnement n’est donc pas identique à celui des
interrupteurs 3 segments des cellules de commutation. Pour prendre en compte cette
distinction, le facteur de dimensionnement silicium calculé pour les interrupteurs d’isolement
4 segments est multiplié par un gain ds, qui doit être représentatif de cette différence. D’autre
part, pour le calcul des tensions d’isolement, seule la plage de vitesse à couple constant est
considérée : les forces électromotrices restent limitées aux valeurs accessibles sans défluxage.

Le critère FSi donne une indication de la différence de coût silicium relative entre les
topologies, en considérant le coût des composants proportionnel aux contraintes qu’ils doivent
supporter. L’inverse de FSi représente donc le facteur de surcoût de la topologie : son
dimensionnement est d’autant plus optimisé que ce nombre est proche de l’unité. Les
éléments annexes tels que le circuit de puissance, la logique de commande et les capteurs
n’interviennent pas ici.

Le dimensionnement silicium des topologies est établi pour un fonctionnement secours


à puissance nominale et à puissance réduite, ce que traduit la valeur correspondante du
paramètre Ims, l’indice de disponibilité qui représente la réduction de puissance disponible
après une défaillance. Pour les topologies pouvant tolérer plusieurs (k) pannes, la puissance en
mode secours est sommée pour chacune des défaillances successives.
∑P max ( reconf k )
I ms = k (II-33)
Pmax (normal )

Pour une seule panne tolérée, ce critère traduit la marge de dimensionnement lors de
l’utilisation des composants en fonctionnement normal.

D’autre part, un indice de coût technologique Ict est établi pour synthétiser l’impact de
la tolérance de panne sur le potentiel d’intégration des topologies. Il est défini par le produit
du facteur de dimensionnement silicium par le nombre d’interrupteurs (3 segments et 4
segments) de la topologie, lui-même normalisé par rapport au nombre d’interrupteurs de
l’onduleur classique non reconfigurable.
FSi ⋅ (N sc + N is )
I ct = (II-34)
6
Plus l’indice évalué est faible, plus le potentiel d’intégration de la topologie est élevé. Dans le
cas d’interrupteurs de même type que ceux utilisés pour les études expérimentales, il peut être
remarqué que chaque interrupteur est associé à une commande rapprochée.

Enfin, un facteur mérite Fm peut être défini pour résumer les caractéristiques des
topologies pour les différents critères de dimensionnement et de disponibilité.

103
Chapitre II

6 1 Pmax ( secours)
Fm = N def ⋅ ⋅ ⋅ (II-35)
(N sc + N is ) FSi Pmax (normal )

Pour la plupart des topologies, ce critère est redondant avec l’indice de coût technologique et
il n’est par conséquent pas représenté.

figure II.79 : critères de dimensionnement électrique des topologies d’onduleur

Les différentes données sont reportées dans le graphe de la figure II.79, dont découlent
les observations suivantes.
• Les écarts entre les dimensionnements des topologies étant proportionnellement plus
importants que les écarts entre les quantités d’interrupteurs, l’indice de coût technologique
suit globalement l’évolution du facteur de dimensionnement silicium.
• L’onduleur à bras parallélisés peut tolérer entre 1 et 3 défaillances. Cependant, dans le pire
cas (une seule panne tolérée), le rapport entre dimensionnement et disponibilité n’est pas des
plus avantageux, en particulier car cette topologie possède le plus grand nombre de
composants.
• L’onduleur à bras secours redondant est surtout pénalisé par le nombre d’interrupteurs
d’isolement. Par contre, c’est la seule topologie pour laquelle le fonctionnement secours à
puissance nominale ne nécessite pas de surdimensionnement électrique ; son indice de coût
technologique est donc particulièrement intéressant pour cette condition de fonctionnement.
• L’onduleur 4 bras avec neutre relié a le dimensionnement électrique le plus contraignant, et
il le devient encore davantage pour un fonctionnement secours à puissance nominale. Cela est
dû en particulier à la contrainte en courant du bras secours en fonctionnement diphasé 60°.
Par contre, cette topologie est celle qui comporte le moins d’interrupteurs.
• L’onduleur double a le facteur de dimensionnement silicium et l’indice de coût
technologique les plus faibles, que ce soit pour un fonctionnement secours dégradé ou
nominal. Cela provient à la fois du faible nombre d’interrupteurs d’isolement et des
contraintes électriques réduites. Le principal inconvénient par rapport à un onduleur 4 bras est
le nombre élevé de cellules de commutation, qui peut se répercuter sur la compacité du
convertisseur.
• La redondance onduleur-bobinage est, sur le plan électronique, assez semblable à
l’onduleur à bras parallélisés. Par rapport à celle-ci, elle présente l’avantage de ne nécessiter
que 4 interrupteurs d’isolement. Par contre, la redondance de bobinage a forcément un impact
important sur la masse, le volume et le coût de l’actionneur, ce qui n’apparaît pas à travers les
paramètres exposés ici.

104
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.9.3 Puissance dissipée


Le rendement de l’onduleur est un autre critère important car le système de
refroidissement peut avoir une importance considérable sur la compacité de l’actionneur.
Dans le tableau de comparaison présenté plus haut sont répertoriés les calculs de puissance
dissipée par les semi-conducteurs pour chaque topologie en fonctionnement normal (Pdn) et
secours (Pds). Les pertes sont calculées pour un fonctionnement permanent en modulation
sinusoïdale (hors surmodulation), avec les caractéristiques du module utilisé pour les études
expérimentales et les paramètres répertoriés ci-dessous (Tableau II-4).

Î ph VDC Fd mmax cos φ Tj


50A crête 270V 20kHz 0,9 0,8 125°C

Tableau II-4 : paramètres utilisés pour le calcul des pertes des topologies d’onduleur

Puis les valeurs obtenues sont normalisées par rapport aux pertes de la topologie de
référence. Les valeurs répertoriées (Tableau II-3) ne tiennent pas compte des pertes des
interrupteurs d’isolement, qui peuvent varier fortement selon la technologie employée, pour
qu’elles ne masquent pas le comportement des topologies.

A titre indicatif, la contribution des interrupteurs d’isolement est précisée sur la figure
II.80, dans le cas du fonctionnement secours à puissance réduite et avec les paramètres des
composants utilisés pour les études expérimentales. Alors, la puissance dissipée est à peu près
doublée pour chacune des topologies. Cette contribution conditionne donc de manière
importante le dimensionnement du système de refroidissement ; le choix des interrupteurs
d’isolement est effectivement un point critique pour la conception du convertisseur.

figure II.80 : puissance dissipée par chaque topologie selon le mode de fonctionnement

105
Chapitre II

Les constatations suivantes sont établies à partir de la figure précédente, sans tenir
compte de la contribution des interrupteurs d’isolement.
• En fonctionnement normal, les pertes sont logiquement inchangées pour les onduleurs 4
bras (références 2 et 3) par rapport à la topologie de référence. Les différents onduleurs 6 bras
(1,4,5) présentent une majoration des pertes de 9%, hormis l’onduleur double (4) pour lequel
la plus faible puissance dissipée (-21%) est due principalement à la réduction de moitié de la
fréquence de découpage que permet cette topologie.
• En fonctionnement secours, les topologies reconfigurées en onduleur triphasé classique
(onduleur à bras parallélisés (1), onduleur à bras redondant (2) et ensemble onduleur-machine
redondant (5)) ne présentent logiquement pas de majoration de la puissance dissipée en mode
nominal (Pds nom=100%).
• L’onduleur à bras additionnel relié au neutre (3) dissipe davantage de puissance en mode
dégradé diphasé 60° (Pds deg=126%). Le fonctionnement secours à puissance nominale est
beaucoup plus pénalisant pour le dimensionnement thermique car les pertes sont alors
majorées de 135%, en particulier à cause des pertes dans le bras connecté au neutre.
• A l’inverse, l’onduleur double présente par rapport à la topologie de référence des pertes
réduites (-11%) pour un fonctionnement post-défaillance sans réduction de puissance. C’est
donc la topologie qui requiert le dimensionnement thermique minimal, pour les paramètres
considérés et en particulier une fréquence de découpage apparente de 20kHz.

Ces éléments de réponse permettent d’envisager les contraintes de dimensionnement


pour la dissipation thermique. En particulier, le fonctionnement à puissance constante est
assez représentatif de certains EHA de surfaces de commande de vol puisque ceux-ci peuvent
avoir à tenir en permanence une charge d’arrêt spécifiée, qui est dimensionnante
thermiquement. Toutefois, déterminer l’impact sur la masse et le volume d’un équipement
requiert une analyse plus complète des cycles de fonctionnement imposés et du système de
refroidissement. En particulier, le mode d’évacuation de la chaleur influe de manière
déterminante sur la compacité du convertisseur.

II.9.4 Fiabilité et disponibilité


La fiabilité est l’aptitude d’une entité à accomplir une fonction requise, dans des
conditions et pour une durée données. C’est une caractéristique des convertisseurs
déterminante pour respecter les spécifications imposées aux équipements et donc un critère
important pour la comparaison des topologies. Les redondances introduites dans les onduleurs
occasionnent implicitement un accroissement du taux de défaillance. Par conséquent, le temps
moyen entre défaillances, ou MTBF (Mean Time Between Failure), est réduit par rapport au
convertisseur de référence. Par contre ces topologies permettent une amélioration de la
disponibilité, qui est la probabilité moyenne qu’une entité puisse accomplir une fonction
requise dans des conditions et à un instant donnés [RIC04].

Il est proposé ici de comparer la fiabilité prévisionnelle des différentes topologies


(Tableau II-5). Pour cela, un arbre de défaillance simplifié est établi pour chacune (figure
II.81) : dans ces diagrammes de fiabilité, une association série représente une somme des taux
de panne (condition ET) tandis qu’une association parallèle traduit l’indépendance des taux de
panne (condition OU).

106
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

figure II.81 : arbres de défaillance des topologies d’onduleur

Pour chaque topologie, il est estimé un taux de défaillance équivalent λond, qui est la
probabilité moyenne de panne active par heure de vol. La seconde grandeur calculée est le
taux de défaillance interne au convertisseur λd, qui représente la probabilité d’occurrence de la
première défaillance en marche normale. Il convient de rappeler que les applications
numériques sont effectuées essentiellement pour permettre une comparaison relative ; les
grandeurs absolues ne sont pas représentatives car elles ne sont pas corrélées aux conditions
de fonctionnement des composants dans leur environnement. Les définitions et les différentes
hypothèses de calcul sont récapitulées ci-dessous.
• Une panne active est une panne qui ne peut pas rester sur un avion plus longtemps que la
durée du vol. Elle est, de par ses conséquences, toujours détectée avant le prochain vol. Dans
le cas de l’onduleur, il est considéré ici qu’il s’agit simplement de la perte de la fonction
assurée.
• Une panne passive (ou cachée) caractérise une panne qui, en mode simple, n’a pas d’effet
décelable sur le fonctionnement de l’avion et ne peut être détectée par une surveillance
[AM2616]. Elle ne peut être détectée et réparée que par une tâche de maintenance (test avant
chaque vol ou intervention préventive) : l’intervalle de temps (en heures de vol) entre deux
tâches de maintenance est noté TM, il est nécessairement supérieur ou égal à la durée du vol
T0 (A.N. : TM=1000h, T0=8h).
• Les différents modes de panne sont indépendants.
• Les pannes triples ont une probabilité d’occurrence suffisamment faible pour pouvoir être
négligées par rapport aux pannes simples et doubles.
• Les défaillances répondent à une loi de probabilité exponentielle (e-λt) et le taux de
défaillance λ est donc constant dans le temps (processus de nature aléatoire) ; par conséquent,
les défaillances ayant pour cause un défaut intrinsèque (qualité) ou un processus de
vieillissement sous contraintes sont exclues.
• Comme les durées de vie sont d’un ordre de grandeur de 10000h, la condition λt<0,3 est
respectée, ce qui permet de linéariser les fonctions exponentielles (e-λt ≈ -λt).

107
Chapitre II

• Les défaillances considérées ici sont limitées aux interrupteurs semi-conducteurs de


l’onduleur et elles sont supposées complètes et permanentes (défaillances catalectiques). Le
taux de panne d’un bras d’onduleur avec son driver est noté λC (A.N. : λC=10-5/hdv). La
défaillance de type haute impédance d’un interrupteur d’isolement est associée à un taux λIco
(A.N. : λIco=10-7/hdv). La somme de ces deux valeurs est notée λB, elle représente le taux de
perte fonctionnelle d’un bras d’onduleur.
• Comme il n’est pas considéré de surdimensionnement pour le fonctionnement secours, les
taux de panne sont identiques à ceux pris en compte pour le fonctionnement normal. Par
contre, dans le cas de l’onduleur 4 bras avec neutre relié, l’impact de la majoration du courant
dans le bras secours sur la fiabilité est introduite par le coefficient a (cf. figure II.81).
• Le calcul du taux de défaillance λd du convertisseur ne tient compte que des interrupteurs
qui conduisent le courant, la contribution des autres interrupteurs étant supposée faible.
Comme les interrupteurs d’isolement fonctionnent essentiellement en régime de conduction,
leur taux de défaillance λIS est supposé petit devant λB (A.N. : λIS=10-6/hdv).

La tolérance de panne apporte une continuité de fonctionnement en cas de défaillance,


à condition que le convertisseur puisse être reconfiguré. Le fonctionnement secours est donc
associé dans les arbres de défaillance à une panne cachée λPC (A.N. : λPC=10-7/hdv), qui
traduit en réalité le taux d’échec de la reconfiguration. Il est supposé que cette notion de
panne cachée couvre l’ensemble des cas susceptibles d’empêcher le fonctionnement secours.
Par exemple, la protection de court-circuit intégrée dans le driver d’un IGBT n’intervient
qu’en cas de reconfiguration ; si elle est défaillante, le confinement de ce type de défaut est
compromis et par voie de conséquence le fonctionnement secours également. De même, la
défaillance de type basse impédance d’un interrupteur d’isolement constitue une panne cachée
si elle n’est pas détectable en fonctionnement normal, car elle ne permet plus l’isolement du
bras concerné et donc la reconfiguration du convertisseur. Dans les topologies à 4 bras, le
terme λBS représente la panne cachée du bras additionnel ainsi que du dispositif d’isolement
associé 1.

D’autre part, en définissant TS comme la durée pendant laquelle il est admis de


maintenir le fonctionnement secours, une défaillance dans le convertisseur en fonctionnement
normal peut être formalisée mathématiquement comme une panne cachée dont la durée
maximale entre réparation vaut TS (A.N. : TS=1000h). A titre d’exemple, le taux de panne
équivalent d’un bras d’onduleur (λB) en redondance active avec un second bras (λB+λPC) est
formulé selon l’équation suivante :
⎛ T + T0 T + TM ⎞
λ = λ B ⋅ ⎜⎜ λ B S + λ PC S ⎟⎟ (II-36)
⎝ 2 2 ⎠
TM est l’intervalle de temps entre chaque maintenance permettant la détection d’une panne
cachée λPC.

1
Pour l’onduleur 4 bras avec neutre relié, il est supposé que le bras additionnel est inactif en fonctionnement
normal ; ainsi, pour ces topologies à redondance passive, le bras secours est peu contraint car chaque interrupteur
ne supporte que la moitié de la tension continue et ne commute pas. Le taux de défaillance associé est donc
considéré faible (A.N. : λBS=10-7/hdv).

108
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

Topologies λond A.N. (hdv-1) λd

Onduleur triphasé 3λ B 3.10-5 3λB=3.10-5

Onduleur 6 bras ⎛ T + T0 T + TM ⎞
3λ B ⋅ ⎜⎜ 2λ B S + λ PC S ⎟⎟ 3,1.10-7 6λB+6λIS=6,6.10-5
parallélisés ⎝ 2 2 ⎠

Onduleur 4 bras ⎡ T + T0 T + TM ⎤
3λ B ⋅ ⎢3λ B S + (λ PC + λ BS ) S ⎥ 4,6.10-7 3λB+3λIS=3,3.10-5
redondant ⎣ 2 2 ⎦

Onduleur 4 bras à ⎡ T + T0 T + TM ⎤
3λ B ⋅ ⎢(2 + a ) ⋅ λ B S + (λ PC + λ BS ) S ⎥ 4,6.10-7 3λB+3λIS=3,3.10-5
neutre relié ⎣ 2 2 ⎦
⎛ T + T0 T + TM ⎞
Onduleur double 6λ B ⋅ ⎜⎜ 4λ B S + λ PC S ⎟⎟ 12,1.10-7 6λB+3λIS=6,3.10-5
⎝ 2 2 ⎠

Redondance ⎛ T + T0 T + TM ⎞
6λ B ⋅ ⎜⎜ 3λ B S + λ PC S ⎟⎟ 9,1.10-7 6λB+4λIS=6,4.10-5
onduleur-bobinage ⎝ 2 2 ⎠

Tableau II-5 : taux de défaillance et taux de panne des topologies d’onduleur

figure II.82 : taux de défaillance et taux de panne des topologies d’onduleur

Les applications numériques pour les topologies à tolérance de panne sont répertoriées
à la figure II.82.
• La topologie présentant la plus grande disponibilité est naturellement l’onduleur à bras
parallélisés (1) puisqu’il peut tolérer jusqu’à 3 pannes : le taux de panne est réduit de 2
décades par rapport à la topologie de référence.
• Si, de par la construction de la fiabilité adoptée, la tolérance à une seule panne semble
suffisante, les topologies à 4 bras (2,3) présentent alors un meilleur compromis entre taux de
panne et taux de défaillance, ce dernier étant directement lié à la quantité de composants.
• La topologie onduleur double (4) présente un taux de panne et un taux de défaillance
accrus par le nombre de bras d’onduleur qu’elle comporte. Le gain en disponibilité par rapport
à la topologie de référence est nettement moins intéressant.
• Enfin, la redondance onduleur-bobinage (5) est également moins intéressante sur ces
critères de disponibilité. Elle n’est donc surtout profitable que si la fiabilité de la machine est
proche de celle de l’onduleur, ce qui n’est généralement pas le cas dans le contexte étudié (cf.
II.1).

109
Chapitre II

Bien que le fonctionnement secours ait été ici formalisé mathématiquement à travers
une panne cachée, en réalité la panne ayant occasionné la reconfiguration a dû être identifiée.
La tâche de maintenance est donc fortement facilitée par la connaissance du diagnostic. Or, en
considérant non pas la disponibilité fonctionnelle mais plutôt la disponibilité au niveau de
l’exploitation d’un équipement, la maintenabilité de celui-ci est alors un paramètre important
[ZWI95].
temps moyen de non défaillance
Disponibilité = (II-37)
temps moyen de non défaillance + temps moyen de réparation

Les éléments de surveillance et d’aide au diagnostic constituent donc un vecteur


d’amélioration de la maintenabilité et de la disponibilité des systèmes, pouvant favoriser une
baisse des coûts d’exploitation et une sûreté accrue de ceux-ci.

110
Topologies d’onduleur à tolérance de panne

II.10 Conclusion
Afin de développer le concept de module de conversion générique, une première étape
a consisté à définir, dans le chapitre I, les topologies de convertisseurs statiques les plus
appropriées dans le réseau électrique considéré. La modularité permet d’envisager des
applications sur une plage de puissance aussi large possible en définissant des modes
d’association adaptés. De plus, elle constitue une prédisposition à l’introduction de
redondances qu’il est proposé d’exploiter pour améliorer la disponibilité des convertisseurs en
leur conférant une tolérance de panne.

Dans ce chapitre, des topologies d’onduleur à tolérance de panne avec différents


niveaux de redondance active ou passive ont été envisagées et certaines de leurs
caractéristiques de fonctionnement ont été développées, notamment les aspects concernant les
procédures d’isolement et les performances après reconfiguration. Ainsi, l’impact sur le
dimensionnement électrique et thermique a pu être quantifié selon le mode de fonctionnement
secours acceptable pour l’actionneur considéré.

Le chapitre suivant expose les études expérimentales de certains des principes qui ont
été traités théoriquement. Il a été choisi de s’attacher plus particulièrement au cas de
l’onduleur 4 bras avec neutre relié, en particulier car cette topologie, moins aisée à
caractériser que les autres, présente des avantages au niveau de la disponibilité et du nombre
de composants. Elle peut de plus procurer des fonctionnalités annexes en fonctionnement
normal et lors de la reconfiguration. Quant aux topologies à fort niveau de redondance (6
bras), elles sont envisagées, conformément à l’approche développée dans ce rapport, pour
augmenter la plage de puissance couverte par les modules de conversion, avec en particulier
des essais de mise en parallèle avec de faibles inductances additionnelles.

111
Chapitre II

77

112
Chapitre III

Etudes expérimentales

113
Chapitre III

77

114
Etudes expérimentales

III.1 Module de conversion statique


Dans le cadre des applications expérimentales, une première étape consiste à réaliser
les modules de conversion statique appropriés. Selon l’approche modulaire qui a été présentée
dans le premier chapitre, les éléments de conversion doivent être facilement associables et
posséder l’ensemble des fonctionnalités nécessaires aux différentes études envisagées.

III.1.1 Périmètre structurel et fonctionnel du module expérimental


Tout d’abord, il convient de définir les fonctionnalités génériques qui doivent être
implémentées pour assurer la modularité. Cette propriété doit être mise en œuvre à deux
niveaux, qui se distinguent parallèlement par la nature des signaux traités (puissance et
communication).
• Sur le plan spatial, les modules doivent pouvoir être associés physiquement de manière
simple et sans trop pénaliser la compacité. Cela impose des contraintes sur la disposition des
cartes électroniques et en particulier sur le circuit de puissance. En ce qui concerne les
composants de puissance, il a été établi dans les chapitres précédents que la redondance se
situe au niveau de la cellule de commutation. En recensant les différentes topologies prévues
pour les études expérimentales, le plus grand dénominateur commun est un ensemble de deux
cellules de commutation. Ce périmètre peut certes s’avérer pénalisant, dans une optique de
standardisation, pour les topologies comprenant un nombre impair de bras d’onduleurs.
Toutefois, dans le cadre de cette action de recherche, il est intéressant d’étendre ce périmètre
au niveau conférant au module un potentiel d’intégration le plus élevé possible. Ensuite, une
vision industrielle pourra conforter ou non ce périmètre, notamment en fonction des
topologies retenues et de la capacité à assurer l’indépendance des modes de panne, car le
défaut d’un bras ne doit pas se reporter sur l’autre bras du module.
• Sur le plan fonctionnel, chaque module doit posséder en interne "l’intelligence" suffisante
pour être à la fois facilement associable et autonome. En effet, une certaine autonomie
fonctionnelle est profitable pour que la connexion du module ne nécessite pas de
configuration particulière et également pour s’auto-protéger en cas de panne (défaillance
interne, perte de la liaison avec le superviseur, etc.). En ce qui concerne l’association des
modules dans leur convertisseur d’application, une conception hiérarchique s’impose du point
de vue de la communication. Sur le schéma de la figure III.1, les trois niveaux de partition de
traitement de données sont récapitulés pour le module dans son contexte avion. Pour ces
études expérimentales, c’est l’utilisateur qui occupe le rôle de superviseur à travers une
interface PC et qui transmet ainsi les consignes à la carte de contrôle du convertisseur. Puis la
carte de commande rapprochée constitue l’intelligence localisée du module de conversion
d’énergie.

Le périmètre structurel du module expérimental est défini par les sous-systèmes qu’il
intègre : les interrupteurs de puissance et leur commande rapprochée, la protection électrique
et thermique, la logique interne de contrôle, la mesure de courant, les composants passifs et
les interfaces de puissance et de données. Ces éléments vont être décrits successivement par la
suite.

115
Chapitre III

figure III.1 : schéma fonctionnel de convertisseur constitué de modules génériques (contexte aéronautique)

figure III.2 : module expérimental de conversion


(de bas en haut : dissipateur+ventilateur – carte de puissance – carte de commande rapprochée)

116
Etudes expérimentales

III.1.2 Mise en œuvre et dimensionnement du module de conversion


III.1.2.1 Dimensionnement des interrupteurs de puissance

Le module de conversion comprend deux cellules de commutation. Comme ces


cellules sont reliées au même bus continu pour les topologies envisagées, le module comprend
4 ports de connexion pour les signaux de puissance (figure III.22). D’autre part, les études du
chapitre précédent ont mis en évidence la nécessité d’un dispositif d’isolement par bras
d’onduleur pour la tolérance de panne.

figure III.3 : brique structurelle de conversion figure III.4 : photo de l’intérieur du module
EUPEC (2 bras IGBT-diode)

Pour les composants de puissance, le dimensionnement électrique adopté doit être


cohérent avec celui des applications recensées. Pour les systèmes d’entraînement à vitesse
variable, la tension continue peut s’élever jusqu’à 450V (cf. chapitre IV). Les études
expérimentales sont menées avec une tension continue de 300V et un calibre de 600V est
donc retenu. Le composant sélectionné est un module EUPEC F4-150R06KL4, qui intègre
deux bras d’onduleur 600V-150A (TC=55°C) à IGBT NPT.

Un interrupteur d’isolement est inséré en sortie de chacun des bras d’onduleur. La


structure retenue pour cet interrupteur a été présentée en II.3.2, elle est constituée de deux
associations antiparallèles IGBT-diode disposées en antisérie. Ces composants doivent
présenter des pertes par conduction aussi réduites que possible. De plus, lors de la description
du fonctionnement de l’onduleur 4 bras, il a été établi que l’interrupteur d’isolement doit
pouvoir bloquer une tension double de la tension du bus continu. Les composants INFINEON
IKW40T120 sélectionnés comprennent un IGBT et une diode 1200V-40A (TC=100°C). La
chute de tension de l’IGBT est peu élevée, mais la diode est moins optimisée pour la
conduction (VCEsat=1,8V, VF=1,75V à 25°C/40A).

III.1.2.2 Condensateurs de découplage

Lors du blocage d’un interrupteur d’une cellule de commutation, la tension à ses


bornes peut être fortement accrue par la tension induite par l’inductance parasite de câblage
sous l’effet du gradient de courant. Il faut donc insérer en parallèle et au plus près des cellules
de commutation des condensateurs de découplage pour absorber les changements rapides de
courant lors des commutations et assurer ainsi la continuité du courant dans les inductances
parasites.

Un premier critère de dimensionnement des condensateurs de découplage est la


variation de tension continue ΔVDC acceptable. Une capacité de 49μF est obtenue

117
Chapitre III

(ΔVDC=5%VDC, Îph=50A, Fd=17kHz), en considérant que le courant de charge est sinusoïdal,


que la composante de courant provenant du bus est parfaitement continue, et que la fréquence
de découpage est très supérieure à la fréquence de modulation [VAL03].
Î ph
Cd = (III-1)
4 ⋅ ΔVDC ⋅ Fd

D’autre part, pour confiner le courant de découpage dans la maille constituée par la
cellule de commutation et le condensateur de découplage, le filtre ainsi formé doit avoir une
fréquence de coupure faible par rapport à la fréquence de découpage. En considérant une
inductance de câblage Lpar d’environ 1μH et une fréquence de coupure FLC de 12kHz, la
capacité requise vaut 176μF.
1
Cd = (III-2)
L par ⋅ (2π ⋅ FLC )2

Finalement, pour disposer d’un tampon d’énergie suffisant, il est choisi d’associer un
condensateur chimique 220μF/385V pour les deux cellules du module et un condensateur
polypropylène 2,2μF/400V de faible volume disposé au plus près de chacune des cellules de
commutation (figure III.5).

figure III.5 : circuit de puissance avec composantes inductives parasites et condensateurs de découplage

III.1.2.3 Circuit de puissance

Pour minimiser les inductances parasites entre chaque bras d’onduleur et le bus
continu, les plans des points chaud et froid du bus sont superposés. D’autre part, pour pouvoir
associer facilement les modules expérimentaux, ceux-ci sont enfichables au niveau du bus
continu grâce à des lamelles dépassant du module qui viennent se visser sur le module voisin
(figure III.6). Les cartes de puissance doivent donc présenter une souplesse suffisante pour
accepter la flexion des lamelles nécessaire à leur connexion. L’épaisseur de cuivre est de
105μm et celle du circuit imprimé vaut 510µm. Comme les modules sont identiques, le
courant circulant dans le bus continu doit être transmis à travers le circuit imprimé double
face. Pour cela, 30 trous de 1mm de diamètre sont percés sur chacune des deux pistes du bus
continu puis ils sont métallisés par une couronne de cuivre de 30µm d’épaisseur. En l’absence
de données sur la densité de courant admissible dans les trous, l’augmentation de température
au niveau de la carte a été mesurée : elle ne dépasse pas 25°C pour un courant continu de 50A
(figure III.7 : les zones de trous métallisés sont encadrées en pointillés).

118
Etudes expérimentales

figure III.6 : principe de connexion des modules au niveau du bus continu

figure III.7 : thermographie infrarouge au niveau du bus continu (50A continu)

figure III.8 : association de deux modules connectés au niveau du bus continu

III.1.2.4 Dissipation thermique

Sur le plan thermique, l’association de modules consiste à en aligner les dissipateurs


(figure III.8). La largeur des cartes de puissance et de commande rapprochée est donc
conditionnée par la taille du radiateur. Le dimensionnement de ce dernier est établi par une
détermination analytique des pertes en mode onduleur, pour un refroidissement par
convection naturelle. Pour le calcul, les composants sont modélisés comme une association en
série d’une source de tension (VCE0, Vd0) et d’une résistance (Rd IGBT, Rd diode). La puissance

119
Chapitre III

dissipée par les composants en mode onduleur est établie à partir des équations suivantes
[TUR01].
2
⎛ π ⎞ ⎡ 2 ⎛ 8 ⎞⎤
Î ph ⋅ ⎜1 + ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎢ Î ph ⋅ ⎜1 + ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎥
⎝ 4 ⎠ ⎢ ⎝ 3π ⎠⎥
Pcond IGBT = VCE0 ⋅ +Rd IGBT ⋅ (III-3)
2π ⎢ 8 ⎥
⎢ ⎥
⎣ ⎦
2
⎛ π ⎞ ⎡ 2 ⎛ 8 ⎞⎤
Î ph ⋅ ⎜1 − ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎢ Î ph ⋅ ⎜1 − ⋅ m max ⋅ cosϕ ⎟ ⎥
⎝ 4 ⎠ ⎢ ⎝ 3π ⎠⎥
Pcond diode = Vd0 ⋅ + Rd diode ⋅ (III-4)
2π ⎢ 8 ⎥
⎢ ⎥
⎣ ⎦

⎡⎛ a + a ⎞ Î ph Î 2ph ⎤
Pcom = Fd ⋅ ⎢⎜⎜ on off
⎟⎟ + ⋅ (b on + b off ) + ⋅ (c on + c off )⎥ (III-5)
⎢⎣⎝ 2 ⎠ π 4 ⎥⎦

Les coefficients aon, bon, con, aoff, boff et coff résultent de l’interpolation des courbes Eon=f(iC) et
Eoff=f(iC) du fabriquant (pour VDC et Tj fixés) à des équations du second degré. Les pertes
dans l’IGBT dues au recouvrement et les pertes par commutation de la diode sont prises en
compte de manière simplifiée à travers le coefficient aon.

Les applications numériques donnent une puissance totale dissipée de 195W par les
deux cellules de commutation du module (Îph=50A, Fd=17kHz, Tj_IGBT=Tj_diode=125°C). Pour
une température du dissipateur inférieure à 100°C et une température ambiante de 20°C, la
résistance thermique du dissipateur doit être de 0,41°C/W.
ΔTsa
R sa = (III-6)
Pd

Le dissipateur ARCEL AR125SG conviendrait à ces spécifications (figure III.9). Toutefois, il


est nécessaire pour certaines études expérimentales de fonctionner en mode hacheur, qui est
plus contraignant thermiquement. Il est donc choisi d’ajouter une ventilation forcée pour ce
mode de fonctionnement et le modèle de dissipateur retenu, du même fabriquant, apparaît à la
figure III.10.

figure III.9 : résistance thermique AR125SG [ARC] figure III.10 : dissipateur Arcel ARH

120
Etudes expérimentales

III.1.2.5 Commande rapprochée et protections intégrées

Un bloc électronique gère la commande rapprochée des interrupteurs de puissance. Il


assure en même temps la fonction de surveillance locale permettant au module de conversion
de s’auto-protéger en cas de dépassement de la plage de fonctionnement autorisée. Cette
dernière fonctionnalité est d’autant plus fondamentale qu’elle conditionne la capacité des
convertisseurs à confiner les défauts pour permettre la tolérance de panne.

III.1.2.5.a Commande des cellules de commutation

La commande rapprochée des cellules de commutation est disposée au plus près des
composants pour réduire les inductances parasites. Elle s’articule autour d’un driver fabriqué
par la société Concept [CON1] [CON2]. Ce composant génère les signaux de commande
appliqués aux grilles des IGBT à partir des ordres de commande TTL ; il en assure donc la
mise en forme, l’amplification et l’isolement galvanique. Les caractéristiques principales du
driver sont récapitulées ci-dessous.

Résistance de grille à l’amorçage 10Ω Temps de propagation 350ns

Résistance de grille au blocage 10Ω Tension de détection de court-circuit 3,05V

Tension de grille à l’état haut +15V Temps de détection en type I 5,5µs

Tension de grille à l’état bas -15V Temps de détection en type II 2µs

Tableau III-1 : caractéristiques et réglages du driver

La vitesse de commutation, déterminée par le réglage de la résistance de grille, peut


être configurée indépendamment au blocage et à l’amorçage. Il y a un compromis à obtenir
puisqu’une faible valeur de résistance occasionne des fronts de commutation abrupts
contraignants pour les aspects CEM, ce qui exacerbe notamment les phénomènes d’oscillation
au blocage, tandis qu’une valeur élevée implique une commutation plus lente qui se répercute
par une majoration des pertes par commutation et un effet plus marqué du recouvrement. De
plus, la valeur de la résistance doit respecter la limite du courant de grille fourni par le driver,
soit RG>5Ω.

D’autre part, le driver peut être utilisé pour appliquer les temps morts. Cette
fonctionnalité n’est pas utilisée pour permettre une modification de ce paramètre logicielle et
non pas matérielle ; il peut cependant sembler plus sécuritaire d’appliquer les temps morts
directement au niveau de la commande rapprochée plutôt qu’au niveau de la carte de
commande centrale, afin d’éviter d’éventuelles erreurs de commande liées à la transmission.
De même, il a été choisi de ne pas intégrer de modulateur sur la carte de commande
rapprochée, afin de mutualiser cette fonction au niveau de la carte de commande centrale pour
en tirer bénéfice en termes de volume et de fiabilité.

III.1.2.5.b Protection de court-circuit

Le driver Concept intègre également une protection rapprochée permettant de


diagnostiquer un défaut de court-circuit selon une méthode classique de détection de
désaturation des transistors. Pour cela, le driver envoie un courant continu de faible valeur à
travers le transistor fermé, générant ainsi une tension qui est comparée avec une référence

121
Chapitre III

prédéterminée par la valeur de la résistance Rth (figure III.11). En cas de dépassement du


seuil, signifiant la désaturation de l’IGBT, le driver impose l’ouverture des deux IGBT pour
couper le défaut. Cette protection est réalisée en quelques microsecondes. La technologie
IGBT présente l’avantage, lors de sa désaturation, de limiter le courant de court-circuit à
moins de 10 fois la valeur du courant nominal, ce qui procure un intervalle de temps
(typiquement une dizaine de microsecondes) entre l’apparition du défaut et le passage à la
défaillance physique irréversible pour que la commande rapprochée puisse intervenir.

figure III.11 : protections intégrées dans la commande rapprochée

Assurer la sûreté de fonctionnement requiert également l’insertion d’éléments


auxiliaires de protection afin de maintenir les composants dans leur aire de sécurité. Ainsi,
lors de l’ouverture du transistor en cas défaut de court-circuit, l’inductance de la maille de
commutation peut générer une surtension fatale à la puce IGBT si elle est supérieure à sa
tension d’avalanche. Pour minimiser cette surtension au blocage, il est possible de réduire le
gradient de courant par le choix d’une valeur suffisante de la résistance de grille RGoff.
Toutefois, l’augmentation de cette résistance se répercute sur les pertes du transistor à
l’ouverture.

La solution mise en œuvre consiste à augmenter la résistance de grille uniquement lors


de la coupure d’un courant de court-circuit [KON94] [VAL03]. Une diode connectée sur le
collecteur de l’IGBT permet de détecter le court-circuit. En fonctionnement normal, le
transistor MOS court-circuite la résistance RGoffD (figure III.11). En cas de défaut, cette
résistance se retrouve en série avec la résistance de grille RGoff de l’IGBT. Comme la somme
de ces deux résistances est élevée (160Ω), le gradient de courant dans l’IGBT est réduit à
quelques dizaines d’ampères par microseconde et la surtension induite par l’inductance de
maille est donc fortement limitée. L’inconvénient de ce dispositif est qu’il est actif, dans le
cas d’un court-circuit de type II (défaillance d’une puce), uniquement après la désaturation de
l’IGBT sain du bras. Par conséquent, la surtension importante apparaissant lors de la
désaturation d’un IGBT ne peut être limitée et il faut donc prévoir un dispositif
supplémentaire pour écrêter la tension.

La solution simple consistant à ajouter une diode transil comme écrêteur passif est
pénalisante pour différentes raisons : son dimensionnement doit permettre de dissiper une
énergie importante, ses caractéristiques varient avec les paramètres de fonctionnement comme
la température, la tension de clampage est mal maîtrisée et la tension d’avalanche de la transil
peut être atteinte. Il est préférablement employé un dispositif qui consiste à insérer une diode
transil bidirectionnelle entre la grille et le collecteur pour effectuer une contre-réaction sur
l’IGBT [BAU00]. Une résistance est ajoutée pour stabiliser cette contre-réaction. Si une

122
Etudes expérimentales

tension trop importante apparaît aux bornes de la diode transil, elle entre en limitation et laisse
passer un courant qui vient charger la grille de l’IGBT et contrôler ainsi la vitesse de
décroissance de la tension de grille, limitant donc le gradient de courant dans le transistor. Ce
principe d’écrêtage actif permet d’écouler l’énergie présente dans l’inductance de la maille de
commutation à travers le composant de puissance.

Lorsque qu’il diagnostique un court-circuit, le driver en informe le superviseur et se


bloque automatiquement pendant au moins une seconde en inhibant les ordres de commande.
Il a donc été ajouté, en entrée du driver, un système de verrouillage composé de deux bascules
qui maintient l’inhibition de la commande de la cellule de commutation tant qu’un signal de
réinitialisation n’a pas été envoyé par le superviseur.

III.1.2.5.c Protection de surcharge

Un capteur de courant à effet Hall LEM LAH 100-P est inséré en sortie de chacune
des cellules de commutation pour les besoins de régulation et de protection. Il comprend un
isolement galvanique et permet la mesure de courants efficaces jusqu’à 100A avec un temps
de réponse inférieur à 500ns et une bande passante de 200kHz. L’information délivrée par le
capteur de courant d’un bras permet la détection d’une surintensité, de la surcharge au court-
circuit (cf. III.1.2.6).

III.1.2.5.d Protection thermique

Une thermistance CTN est intégrée dans le module EUPEC. Sa résistance diminue
lorsque la température augmente et sa valeur est utilisée par un circuit spécifique de la
commande rapprochée pour détecter une surchauffe due à un ou plusieurs composants des
deux cellules de commutation du module.

III.1.2.5.e Commande des interrupteurs d’isolement

La commande rapprochée des interrupteurs d’isolement est réalisée beaucoup plus


simplement que celle des cellules de commutation. La commande est commune aux deux
transistors d’un interrupteur et elle ne comprend pas de protection particulière hormis le
dispositif d’écrêtage entre la grille et l’émetteur. Elle bénéficie cependant de la détection de
surcharge effectuée avec la mesure de courant. Si la cellule de commutation est en
fonctionnement, la défaillance de l’interrupteur n’a pas d’incidence grave sur le
fonctionnement puisque le mode de défaillance ultime du composant utilisé est généralement
un état de faible impédance. Par contre, la cellule de commutation ne peut plus être isolée, ce
qui peut par exemple empêcher la reconfiguration d’un onduleur à tolérance de panne ou
dégrader le fonctionnement d’un onduleur 4 bras dont le neutre serait directement raccordé à
la cellule de commutation.

III.1.2.6 Procédures internes automatiques

Pour assurer l’autonomie et la sécurité du module de conversion, celui-ci doit effectuer


automatiquement une gestion "matérielle" rapide et prioritaire en réponse aux principaux
évènements internes (protection) et externes (marche/arrêt). Pour cela, la carte de commande
rapprochée intègre une circuiterie analogique qui réalise certaines procédures automatiques en
réaction aux informations délivrées par les différents blocs fonctionnels décrits précédemment

123
Chapitre III

(figure III.12). Les séquences de commande des interrupteurs de puissance selon les
différentes phases de fonctionnement sont récapitulées à la figure III.13.

figure III.12 : implémentation analogique des procédures prioritaires (défauts actifs à l’état bas)

figure III.13 : séquences de commande des interrupteurs de puissance selon les phases de fonctionnement

Les procédures de marche/arrêt suivantes sont imposées en priorité et


indépendamment pour chacun des bras du module expérimental.
• Lors du démarrage, la commande des transistors d’une cellule de commutation n’est
activée qu’après la mise en conduction de l’interrupteur d’isolement. Par sécurité, un
intervalle de temps minimum est imposé entre ces évènements ; sa durée est calibrée par un
filtre RC et le chronogramme de la figure III.14 montre que le délai entre la connexion
effective de la cellule et le découpage est de 250μs environ.
• A l’inverse, pour isoler le bras d’onduleur, la commande d’ouverture de l’interrupteur
d’isolement bloque d’abord les transistors de la cellule de commutation, puis ouvre
l’interrupteur après un délai de 700μs (figure III.15).

124
Etudes expérimentales

figure III.14 : mise en marche d’une cellule figure III.15 : isolement d’une cellule

Les fonctions de protection élémentaires sont également effectuées au sein du module


de conversion pour assurer une réaction rapide et prioritaire en cas de défaut.
• En cas de détection de surchauffe du module EUPEC (température supérieure à 100°C), la
cellule de commutation est bloquée, puis l’interrupteur d’isolement après le délai minimal. Le
fonctionnement peut reprendre normalement lorsque la tension aux bornes de la thermistance
repasse en-dessous de la valeur définie par le cycle d’hystérésis et correspondant à 75°C.
• La mesure issue du capteur de courant est comparée à un seuil haut pour détecter une
surintensité. Dans ce cas, les transistors de la cellule de commutation sont immédiatement
ouverts. Pour minimiser la contrainte d’énergie à dissiper, l’interrupteur d’isolement n’est
ouvert qu’après la détection du seuil bas de courant. Cependant, si cette information n’est pas
transmise après un délai calibré par le monostable, l’ouverture de l’interrupteur est quand
même imposée. Cette fois, la reprise du fonctionnement n’est autorisée que lorsque l’organe
de commande central transmet un signal de réinitialisation.
Le fonctionnement de la protection en courant est validé expérimentalement en mode
hacheur sur une charge RL (L=1mH) sous une tension continue de 300V (figure III.16). Le
seuil haut, réglé à 20A, est atteint en appliquant un échelon sur la charge résistive. La
temporisation impose un délai d’1ms environ ; le courant a alors eu le temps de s’annuler et la
détection du seuil bas (4A) n’intervient donc pas pour la disjonction. Cette dernière condition
sera vérifiée ultérieurement lors des essais de reconfiguration de l’onduleur 4 bras.

figure III.16 : test de la protection en courant figure III.17 : test de la protection en courant (zoom)

125
Chapitre III

• En cas de signal de défaut transmis par le driver, correspondant à une détection de court-
circuit ou de défaut interne, la procédure appliquée est semblable à celle du défaut de
surintensité hormis l’absence de détection de seuil. L’organe de commande central doit
également transmettre un signal de réinitialisation pour autoriser la reprise du fonctionnement.
• Enfin, en cas d’une perte de la liaison avec la commande centrale ou de défaut de cette
dernière, le module doit assurer son auto-protection et sa mise à l’arrêt dans le mode de
dernier secours le plus approprié. Cette situation est gérée naturellement puisqu’un niveau bas
de tension en entrée de la carte de commande rapprochée correspond au blocage des
transistors des cellules de commutation et des interrupteurs d’isolement. La procédure d’arrêt
classique est donc réalisée.

Dans tous les cas, les différentes informations de statut sont transmises par le module à
la carte de commande centrale qui diagnostique d’éventuels modes de défaut puis décide alors
des mesures correctives à appliquer.

III.1.3 Architecture de commande


L’architecture de commande des modules de conversion suit une organisation
hiérarchique peu différente sur le principe de celle évoquée dans la partie théorique (figure
III.1). Le PC et son utilisateur représentent le superviseur délivrant les consignes haut niveau
telles que les profils de mission et les consignes de marche/arrêt et de réinitialisation.
L’interface logicielle est un programme Excel qui communique avec la carte de commande
via une liaison parallèle. Cette dernière, qui assure l’ensemble des calculs logiques et la
transmission des signaux de donnée, associe une carte DSP, une carte FPGA et une carte de
mise en forme (figure III.18).

La carte DSK C6713 recevant les consignes est une plateforme de développement de
faible coût conçue par Texas Instruments (DSP Starter Kit) permettant une mise en œuvre
rapide pour des applications dédiées. Elle s’articule autour d’un microprocesseur (Digital
Signal Processor) TMS320C6711 à virgules flottantes. Le programme est téléchargé de
l’ordinateur vers la carte qui est alors autonome mais accepte encore de recevoir des données
par un mode d’interruptions. D’autres composants de cette carte sont utilisés : un port
d’entrées/sorties, une interface JTAG, de la mémoire morte (ROM) et de la mémoire vive
dynamique (SDRAM), une connectique pour interfacer une mémoire externe (EMIF) et des
signaux périphériques permettant une extension des fonctionnalités par addition de cartes
externes. En utilisant cette dernière fonctionnalité, deux cartes supplémentaires développées
au LEEI sont superposées à la carte DSP (figure III.19).

La première carte (MPAB_NUM sur la figure III.18) s’articule autour d’un composant
logique programmable FPGA (Field Programmable Gate Array) ACEX 1K100 d’Altera
[RUE03] [AIM04]. Avec 100 000 portes, 4992 éléments logiques et 208 pins utilisateur, il
exécute les traitements numériques rapides et à faible temps de calcul. Le lien série (JTAG)
permet de programmer une mémoire flash, qui configure automatiquement le FPGA lors de la
mise sous tension. L’échange de données entre le FPGA et le DSP est effectué via 16
registres. De plus, la carte comprend 56 entrées/sorties numériques sous la forme de 24
canaux bidirectionnels et 32 canaux unidirectionnels numériques bufférisés.

126
Etudes expérimentales

La seconde carte (MPAB_ANA) est utilisée pour la conversion des signaux


analogiques ou numériques. Elle possède 8 entrées analogiques et 4 sorties analogiques avec
des niveaux analogiques compris entre +5V et -5V. Cette carte adapte les signaux analogiques
issus des capteurs au format d’entrée des deux convertisseurs analogique-numérique
THS10064, qui réalisent l’échantillonnage simultané sur 10 bits des huit entrées non
différentielles ainsi que le stockage d’échantillons dans un buffer circulaire adressable par le
DSP. D’autre part, deux convertisseurs numérique-analogique TLC7628CDW sont utilisés
pour visualiser des variables numériques internes du DSP ou du FPGA codées sur 8 bits.

figure III.18 : synoptique de la carte de commande avec ses différents étages

figure III.19 : cartes DSK 6713, MPAB_NUM et figure III.20 : carte d’interface
MPAB_ANA superposées

127
Chapitre III

Enfin, une carte supplémentaire a été conçue pour interfacer les signaux des modules
de conversion, de la carte de commande et de la mesure de position de la machine (figure
III.20). De par la diversité des câbles, des connecteurs et de la nature des signaux, il est
évident qu’une recherche de généricité implique de minimiser le nombre d’interconnexions et
de standardiser les architectures de commandes, les interfaces et les protocoles de
communication.

Le synoptique de l’architecture de commande est représenté à la figure III.21. La


répartition des tâches est la suivante. Le superviseur transmet la consigne de commande de la
MSAP et les ordres de fonctionnement haut-niveau de l’onduleur (marche/arrêt,
réinitialisation ou simulation de défaut). Le DSP reçoit ces données ainsi que les informations
de statut des éléments du convertisseur et les mesures de courant et de position. Il s’acquitte
alors des procédures de commande appropriées qui sont déterminées selon une machine
d’état. Puis il délivre au FPGA les rapports cycliques de commande et les signaux de
réarmement des cellules de commutation, les ordres de commande des interrupteurs
d’isolement et les consignes pour la modulation. Le FPGA effectue la modulation de largeur
d’impulsion tout en gérant le temps mort et le forçage des commandes selon les consignes
amont (DSP). Il transmet ensuite les ordres de commande des interrupteurs et les signaux de
réarmement. D’autre part, la carte de conversion numérise les mesures de courant et elle
permet en outre la visualisation des signaux numériques traités par le DSP.

figure III.21 : synoptique de l’architecture de commande


(les flèches ⇒ définissent la provenance ou la destination des informations)

Chaque module de conversion comporte donc 10 entrées TTL puisqu’il reçoit, via la
carte d’interface, les ordres de commande des deux cellules de commutation et de leur
interrupteur d’isolement ainsi que les consignes de réarmement pour les défauts de
surintensité et de driver. Le module expérimental renvoie 8 signaux vers la carte de
commande, via la carte d’interface : mesure des courants et statut des cellules de commutation
(défaut driver, défaut surintensité et défaut température). Par souci de simplicité, la
conversion analogique-numérique n’est pas intégrée dans les modules, même si la
transmission de données numériques est potentiellement moins susceptible d’être perturbée
par rapport à des signaux analogiques.

128
Etudes expérimentales

III.1.4 Caractérisation de la partie puissance du module


Les commutations d’un interrupteur de bras d’onduleur ont été caractérisées en
fonctionnement hacheur. La tension collecteur-émetteur VCE a été mesurée avec une sonde
différentielle sur piles (trait cyan/clair) et avec une sonde passive (trait magenta/foncé). Le
courant iC dans l’interrupteur a été mesuré par une sonde de courant, sous la forme d’un tore
bobiné placé sur le condensateur chimique (trait vert/clair), et par une pince de courant à effet
Hall (trait bleu/foncé).

III.1.4.1 Relevés de commutation à l’amorçage

La commande rapprochée impose une tension VGE=+15V entre la grille et l’émetteur


de l’IGBT. Lorsque la tension de grille atteint un seuil (≈6V), l’IGBT entre en conduction. Le
taux de croissance du courant iC est alors fonction de la résistance de grille. L’inductance de la
maille de commutation peut être mesurée par la cassure que présente la tension VCE.
δVce ⋅ Δt
Lm = ≈ 100nH (III-7)
Δi C

Toutefois, cette cassure n’est pas très marquée car la tension est filtrée par la capacité parasite
COSS de l’IGBT. Ainsi, la valeur de l’inductance de maille calculée est approximative, mais
son ordre de grandeur est cohérent.

figure III.22 : amorçage sous 150V/15A figure III.23 : amorçage sous 300V/3A

La croissance du courant iC est linéaire et son gradient dépend de la commande


rapprochée : il est inversement proportionnel à la résistance de grille RGon. Le courant dans la
diode de l’interrupteur supérieur décroît jusqu’à devenir négatif par le phénomène de
recouvrement (évacuation des charges stockées dans la jonction de la diode). Cela se
répercute par un pic de courant dans l’IGBT. Lorsque les charges en excès ont été évacuées,
la diode retrouve son pouvoir bloquant, mais la capacité parasite de la diode maintient
l’accroissement de l’amplitude du courant iC. Ces formes d’onde suggèrent que le courant dû
au recouvrement est peu important et que la capacité de transition de la diode contribue
majoritairement au pic de courant observé.

Puis il s’ensuit un régime oscillatoire amorti sous l’effet des capacités parasites des
interrupteurs et des inductances de câblage. D’autre part, il apparaît à travers ces oscillations
une traînée de la tension VCE causée par la capacité Miller de l’IGBT, car cette dernière
augmente lorsque VCE diminue.

129
Chapitre III

III.1.4.2 Relevés de commutation au blocage

La commande rapprochée impose à l’IGBT une tension de grille VGE=-15V. Lorsque


la tension de seuil est atteinte, l’IGBT se bloque. La dynamique de la tension VCE est liée au
courant de charge. Le plateau observé sur iC provient de la capacité parasite de l’IGBT et de la
capacité de transition de la diode. Lorsque VCE=VDC, la diode de l’interrupteur supérieur
devient conductrice et le courant dans l’IGBT décroît rapidement, occasionnant une
surtension avec l’inductance de la maille de commutation. La dynamique du courant iC est
conditionnée par les caractéristiques de l’IGBT et par la commande rapprochée (RGoff).

Finalement, l’oscillation observée résulte du circuit résonant constitué par les


inductances de câblage en série avec la capacité parasite COSS de l’IGBT. Parallèlement, le
courant de l’IGBT montre un traînage, traduisant l’évacuation des charges stockées dans la
région de base.

figure III.24 : blocage sous 150V/15A figure III.25 : blocage sous 300V/4A

Sur le plan de l’instrumentation, la mesure de tension effectuée par la sonde passive


est la plus précise et la plus rapide. La sonde différentielle donne des résultats satisfaisants au
niveau de la rapidité : elle présente un retard de 20ns environ lors de l’amorçage et inférieur à
10ns lors du blocage. La différence de temps de réponse est du même ordre entre la sonde de
courant et la pince à effet Hall mais la sonde est moins précise : elle présente des ondulations
plus élevées, en particulier à l’amorçage.

III.1.4.3 Mesure de l’énergie dissipée par commutation

Dans une configuration semblable de hacheur sur charge RL, l’énergie dissipée lors
des commutations a été calculée pour des valeurs moyennes de courant de 10A, 20A, 30A et
40A (VDC=300V, Fd=15kHz , Ta=25°C). La tension est mesurée avec une sonde passive et le
courant avec une pince à effet Hall.

Pour les valeurs de résistance de grille considérées (cf. III.1.2), les relevés à
l’amorçage (figure III.26) montrent des gradients de courant de l’ordre de 800A/μs et des
gradients de tension de l’ordre de 1,4kV/μs. Pour les relevés au blocage (figure III.27), les
gradients de courant sont semblables (900A/μs) et les gradients de tension sont portés à
3,5kV/μs.

130
Etudes expérimentales

figure III.26 : amorçage sous 300V figure III.27 : blocage sous 300V

figure III.28 : énergie dissipée à l’amorçage et au blocage (RgON=RgOFF=10Ω)


et comparaison sur base datasheet (DS)

L’énergie dissipée lors des commutations est calculée par intégration des pertes (figure
III.28). Conformément aux caractéristiques reportées dans la datasheet pour des valeurs de
courant plus élevées, il apparaît que les pertes à l’amorçage deviennent légèrement
supérieures aux pertes au blocage pour une résistance de grille de 10Ω. De plus, les courbes
présentent un écart croissant avec les données extrapolées à partir de la datasheet pour une
même résistance de grille : cela peut s’expliquer par le fait que les mesures ont été réalisées
avec une température de boîtier croissante (de 36°C à 72°C) alors que dans la datasheet la
température de jonction est constante (125°C). Toutefois, les puces en technologie NPT sont
relativement peu sensibles à la température.

III.1.4.4 Immunité de commande de l’interrupteur d’isolement

Enfin, un point essentiel pour les études à venir est de vérifier l’immunité de
commande des transistors de l’interrupteur d’isolement face aux différentes sollicitations, en
particulier la tension de mode commun, puisque cet élément est primordial pour la capacité de
reconfiguration de l’onduleur.

Le premier essai présenté correspond à une phase de conduction de l’interrupteur


d’isolement dans une configuration hacheur sous 300V et 20A (figure III.29). Les tensions
sont mesurées avec les sondes actives. L’excitation que constitue la tension de sortie du bras
Vexc occasionne un couplage significatif sur la commande des transistors de l’interrupteur
(VGE swAC), malgré l’ajout d’une capacité de 1μF entre la grille et l’émetteur. Toutefois, la
marge est suffisante pour garantir le bon fonctionnement.

131
Chapitre III

figure III.29 : immunité de la commande en figure III.30 : configuration de test de l’immunité de


phase de conduction l’interrupteur d’isolement ouvert

Le second essai présenté consiste à soumettre l’interrupteur à une excitation en phase


de blocage, afin de vérifier sa capacité à assurer l’isolement au sein d’un convertisseur en
fonctionnement. Comme les procédures automatiques intégrées empêchent le découpage d’un
bras d’onduleur si son interrupteur d’isolement est ouvert, la configuration adoptée est celle
de la figure III.30. La charge RL (L=10mH) en série représente une impédance de valeur
cohérente avec l’application d’alimentation de moteur présenté plus loin. Un plan de charge
est ajouté pour faire circuler un minimum de courant dans l’interrupteur qui commute.

Cette excitation à courant très faible est un cas de fonctionnement contraignant car il y
a peu de charges stockées dans les jonctions ce qui permet des fronts de commutation abrupts
(de l’ordre de 3kV/μs). Les tensions aux bornes des deux composants de l’interrupteur
d’isolement (VCE1, VCE2) montrent la réponse de l’excitation à travers le circuit RLC série que
constituent la charge et les capacités parasites des interrupteurs bloqués (figure III.31). Ainsi,
la tension d’excitation est tenue par un IGBT et une diode de l’interrupteur d’isolement et la
répartition de tension entre ces composants montre une oscillation. En effet, comme
l’interrupteur d’isolement présente une très forte impédance, une faible énergie suffit à
perturber la stabilité des potentiels à l’intérieur de cet interrupteur. La situation est semblable
pour une impédance de charge réduite (figure III.32).

figure III.31 : immunité de la commande en phase de figure III.32 : immunité de la commande en phase de
blocage (R=44Ω) blocage (R=6,6Ω)

En supprimant l’inductance de la charge, on observe des dépassements plus importants


sur la répartition des tensions internes de l’interrupteur d’isolement et les oscillations sont à
plus haute fréquence (figure III.33). Pour tous ces essais, les variations de la tension de grille
de l’interrupteur d’isolement ne dépassent pas 800mV, confortant son immunité.

132
Etudes expérimentales

figure III.33 : immunité de la commande en phase de figure III.34 : immunité de la commande en phase de
blocage (6,6Ω / 0mH) blocage avec bras opposé bloqué

Enfin, un test supplémentaire consiste à effectuer l’excitation avec un bras d’onduleur


en ouvrant cette fois le bras opposé. La charge est encore purement résistive (27Ω). La
perturbation de la tension de grille n’excède pas 600mV (figure III.34). Cette configuration
est moins pénalisante pour l’interrupteur d’isolement puisque la tension différentielle qui lui
est appliquée est réduite.

En conclusion, les différents tests effectués ont permis d’adapter la commande


rapprochée de manière à bénéficier d’une immunité des tensions de grille satisfaisante pour
les interrupteurs d’isolement, bien que leur driver ne soit qu’en tension unipolaire.

III.1.4.5 Immunité de la mesure de courant

Dans une configuration de hacheur sur une charge RL, les relevés présentés pour des
courants de phase de 5A et 20A comparent les courants mesurés par une pince à effet Hall et
par le capteur LEM LAH100-P de la carte de commande rapprochée. Sur la mesure du
capteur, un bruit haute fréquence se superpose à la valeur moyenne du courant et son
amplitude reste inférieure à 200mV (2A). De plus, il apparaît un léger effet de filtrage par
rapport à la mesure donnée par la pince de courant, qui provient du filtre RC sur la carte de
commande rapprochée ainsi que des condensateurs ajoutés sur la carte d’interface.
Globalement, le retard de la mesure et le niveau de bruit restent acceptables même pour des
courants faibles.

figure III.35 : mesure de courant pour <Iph>=5A figure III.36 : mesure de courant pour <Iph>=20A

D’autre part, le bon fonctionnement de la procédure automatique de protection en cas


de surcharge a également été validé précédemment en vérifiant la détection des seuils de
déclenchement avec la mesure de courant (figure III.17).

133
Chapitre III

III.2 Onduleur 4 bras reconfigurable


III.2.1 Banc expérimental
La finalité du module de conversion réalisé est de mettre en œuvre une topologie
d’onduleur 4 bras à tolérance de panne (figure III.37) dans une application d’alimentation de
moteur. Pour cela, un banc moteur a été réalisé par la société SPELEM à partir de nos
spécifications (figure III.38).

figure III.37: onduleur 4 bras à briques figure III.38 : banc moteur (MSAP, MAS+variateur)
modulaires

La machine synchrone à aimants permanents, sur la gauche de la photo, peut fournir


une puissance mécanique maximale permanente de 7,7kW (figure III.39). Afin de pouvoir
mettre en œuvre les différentes méthodes d’alimentation envisagées, cette machine triphasée a
ses enroulements ouverts : chaque enroulement possède deux bornes de raccordement. Ses
caractéristiques sont répertoriées ci-dessous (Tableau III-2). Contrairement à la spécification
initiale, cette machine génère des forces électromotrices dont la forme est davantage
trapézoïdale que sinusoïdale (figure III.40).

Vitesse de rotation maximale 2000tr/mn Nombre de paires de pôles 4


Couple maximal 41N.m Coefficient de couple 2,4N.m/A
Résistance statorique par phase 0,28Ω Coefficient de fem 147mVeff/rpm
Inductance cyclique 6,5mH Inertie 97kg.cm²

Tableau III-2 : caractéristiques de la MSAP

figure III.39 : limites de fonctionnement de la MSAP figure III.40 : fem générée à 1000tr/mn dans l’une
dans le plan couple-vitesse des phases de la MSAP (50V/div)

134
Etudes expérimentales

La charge est constituée par une machine asynchrone associée à un variateur


UNIDRIVE contrôlant la machine en couple ou en vitesse. Cet ensemble permet un
fonctionnement moteur ou générateur et la résistance de freinage sur le bus continu du
variateur est dimensionnée pour un fonctionnement générateur permanent. Le variateur
délivre la mesure du couple à partir de la mesure des courants avec une précision de 5% et la
mesure de la vitesse à partir de la mesure de position par un codeur 10 bits.

Les deux machines sont accouplées et montées sur un châssis à roulettes avec support
antivibratoire, qui incorpore des platines de câblage pour les connexions de puissance et de
données. Le synoptique complet du banc expérimental est représenté à la figure III.41. La
machine asynchrone est utilisée comme une charge en fournissant un couple résistant
réglable. L’autopilotage de la MSAP est effectué à partir de la mesure de position rotorique
délivrée par un codeur absolu 9 bits.

figure III.41 : synoptique du banc expérimental

III.2.2 Autopilotage de la machine synchrone à aimants permanents


La MSAP est commandée en vitesse par deux boucles de régulation imbriquées.
L’algorithme de régulation est codé en C puis téléchargé dans le DSP. Il est exécuté par une
routine d’interruption dont la période correspond à la période de découpage Td. Elle a été
réglée ici à 60μs, en particulier pour réduire le bruit acoustique.

III.2.2.1 Régulation de courant

Le flux magnétique généré par les aimants s’exprime en fonction de la position


mécanique θm du rotor.

⎪Φ = Φ ⋅ cos
⎪ A M (pθ m )
⎪⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨Φ B = Φ M ⋅ cos ⎜ pθ m − ⎟ (III-8)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪ ⎛ 2π ⎞
⎪Φ C = Φ M ⋅ cos ⎜ pθ m + ⎟
⎪⎩ ⎝ 3 ⎠
La rotation de la machine induit dans les phases des forces électromotrices proportionnelles à
la pulsation électrique ω=pΩ.

135
Chapitre III

dΦ ∂Φ dθ m
e= = ⋅ (III-9)
dt ∂θ m dt


⎪e = − p ⋅ Ω ⋅ Φ ⋅ sin
⎪ A M (pθ m )
⎪⎪ ⎛ 2π ⎞
⎨e B = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟ (III-10)
⎪ ⎝ 3 ⎠
⎪ ⎛ 2π ⎞
⎪e C = − p ⋅ Ω ⋅ Φ M ⋅ sin ⎜ pθ m + ⎟
⎪⎩ ⎝ 3 ⎠
Pour une commande à couple maximal, les courants de référence générés sont en phase avec
les forces électromotrices.
⎧i phA = −I ref ⋅ sin (pθ m )

⎨ ⎛ 2π ⎞ (III-11)
⎪i phB = −I ref ⋅ sin ⎜ pθ m − ⎟
⎩ ⎝ 3 ⎠

La régulation est alors réalisée avec un correcteur proportionnel-intégral selon le schéma bloc
de la figure III.42. La fonction de transfert du système en boucle fermée est la suivante.
k p_i
1+ ⋅p
k i_i
TBF i = (III-12)
k p_i Lc
1+ ⋅p + ⋅ p2
k i_i k i_i ⋅ VDC

Le correcteur PI est numérisé simplement par la méthode des trapèzes. Les mesures de
courant issues des modules de conversion sont numérisées au niveau de la carte de
commande. Enfin, les rapports cycliques α calculés sont transmis au FPGA, qui s’acquitte de
la modulation de largeur d’impulsion et transmet les ordres de commande vers le module de
conversion.

figure III.42 : schéma bloc de la boucle de régulation de courant

III.2.2.2 Régulation de vitesse

L’utilisateur transmet les consignes de vitesse de rotation de la MSAP par le PC. La


régulation de vitesse est réalisée sur le même principe que la régulation de courant (figure
III.43). Le couple de charge Cch, qui intervient comme une perturbation, est également imposé
par l’utilisateur via le variateur de la machine asynchrone. Les fonctions de transfert du
système en boucle ouverte TBO et en boucle fermée TBF sont établies en assimilant l’ensemble
mécanique à un système du premier ordre. Il est considéré que la boucle de courant est à gain
constant.

136
Etudes expérimentales

k pΩ ⋅ p + k iΩ 1
TBO Ω = K c ⋅ ⋅ (III-13)
p J⋅p + f

k pΩ
1+
k iΩ
TBF Ω = (III-14)
⎛ f + K C ⋅ k pΩ ⎞ J
1 + ⎜⎜ ⎟⋅p +
⎟ ⋅p2
⎝ K C ⋅ k iΩ ⎠ K C ⋅ k iΩ

Les paramètres du correcteur en sont déduits par assimilation avec un système du deuxième
ordre de pulsation propre ω0Ω et de coefficient d’amortissement ξΩ.
⎧ 2 ⋅ ζ Ω ⋅ J ⋅ ω 0Ω − f
⎪k pΩ = KC

⎨ 2 (III-15)
⎪k = J ⋅ ω 0Ω
⎪ iΩ KC

Les caractéristiques mécaniques ont dû être identifiées : l’inertie de l’ensemble mécanique est
déterminée par des essais de lâcher (J=21.10-3kg.m2) et les frottements sont mesurés en
régime statique (f=4.10-3N.m.s/rad).

figure III.43 : schéma bloc de la boucle de régulation de vitesse

III.2.2.3 Calcul de la vitesse

La mesure de vitesse Ωmes est établie à partir de l’information transmise par le capteur
de position en calculant l’angle mécanique Δθm parcouru par unité de temps. La vitesse est
donc calculée à période fixe NΩTd, multiple de la période de découpage.
Δθ m
Ω mes = (III-16)
N Ω ⋅ Td

Le choix du paramètre NΩ constitue un compromis entre la précision et la fréquence de


rafraîchissement FΩ de la valeur de vitesse calculée. Cette dernière doit être très supérieure à
la bande passante de la boucle de régulation.
1
FΩ = (III-17)
N Ω ⋅ Td

L’erreur absolue maximale sur la mesure de vitesse dépend de la résolution du codeur (9 bits).
εΩ ε Δθ m ε Δθ m ± 1LSB 2π
= = = 9 ⋅ (III-18)
Ω Ω ⋅ N Ω ⋅ Td Δθ m 2 − 1 Δθ m

137
Chapitre III

Elle peut s’exprimer en fonction de la fréquence de rafraîchissement.


εΩ 4π ⋅ FΩ
= 9 (III-19)
Ω (2 − 1) ⋅ Ω m

Un critère supplémentaire est introduit par la correction de vitesse qui est effectuée
dans la zone de discontinuité de la position (figure III.44), puisque la vitesse calculée est
erronée lorsque la position passe de 2π à 0 ou inversement. Comme la valeur de la vitesse
n’est pas remise à jour lors du passage par cette zone, il est nécessaire que la période de
rafraichissement de la mesure de vitesse soit courte devant la période électrique.
2π p ⋅ Ω max
N Ω << soit FΩ >> (III-20)
p ⋅ Ω max ⋅ Td 2π

En considérant une vitesse maximale de 1000tr/mn, ce dernier critère est déterminant. Il est
choisi NΩ=100, ce qui correspond à une fréquence de rafraichissement de 167Hz et une erreur
relative maximale sur la vitesse inférieure à 20% en-deçà de 195tr/mn (figure III.45). Cette
méthode de mesure d’angle par unité de temps offre donc une faible précision à basse vitesse.
Pour y remédier, il est possible d’implémenter une méthode mesurant le temps écoulé par
unité d’angle et de commuter entre les deux méthodes de calcul en fonction de la plage de
vitesse, mais cela ne présente pas d’intérêt particulier pour les études menées.

figure III.44 : éléments de calcul de la vitesse à figure III.45 : erreur relative maximale de la mesure de
partir de la mesure de position vitesse en fonction de sa fréquence de rafraîchissement

III.2.2.4 Machine d’état

Le fonctionnement et la configuration de l’onduleur sont réglés dans le programme du


DSP par une machine d’état qui régit le déplacement d’un jeton logiciel dont la position
définit la phase de fonctionnement (figure III.46). A chaque interruption périodique du
programme (Td=60μs), les informations de diagnostic issues des modules de conversion et les
ordres transmis par l’utilisateur sont traités pour déterminer le fonctionnement approprié. En
fonction du verdict, le jeton est maintenu dans sa position précédente ou il est déplacé vers
une nouvelle position.

Au démarrage de l’application, le jeton est dans la position "initialisation", en attente


de la mise en marche de l’utilisateur. Lorsque l’ordre est transmis, le jeton est déplacé dans la
position "triphasé" : les interrupteurs d’isolement sont fermés, puis les commandes des bras
désinhibées et le fonctionnement triphasé est alors actif. En cas de diagnostic d’un défaut
simple, la machine d’état déplace le jeton pour assurer le blocage de l’onduleur. Dès que les
courants de phase deviennent inférieurs à un seuil prédéterminé, l’interrupteur d’isolement de
la cellule défaillante est bloqué puis l’onduleur est reconfiguré en connectant le bras relié au
neutre. Le fonctionnement secours a alors lieu en mode diphasé 60°, avec éventuellement une

138
Etudes expérimentales

phase préliminaire à dynamique réduite pour limiter les à-coups de couple et les pointes de
courant lors du régime transitoire suivant la reconfiguration (jeton dans la position "diphasé").

Dans tous les autres cas de défaut, le jeton est déplacé à la position "arrêt" : l’onduleur
est arrêté de manière sécurisée en bloquant les cellules de commutation, puis en ouvrant les
interrupteurs d’isolement à faible courant. Il est rappelé que les ordres de commande
déterminés par la carte de contrôle ne sont appliqués que s’ils sont en adéquation avec les
procédures automatiques internes des modules de conversion ; en effet, les ordres de
commandes imposés au niveau "matériel" sont prioritaires devant ceux émis au niveau
"logiciel".

figure III.46 : machine d’état programmée dans le DSP

III.2.3 Essais expérimentaux


III.2.3.1 Autopilotage en fonctionnement triphasé

Pour l’alimentation de la machine par l’onduleur triphasé, les rapports cycliques


(αA,αB) de deux des cellules de commutation sont issus des boucles de régulation de courant.
La troisième cellule est commandée en tension (αC=-αA-αB). Le comportement est satisfaisant
en régime statique : les courants sont bien sinusoïdaux (figure III.47) et la vitesse ne présente
pas d’ondulation (figure II.54). Le couple Cch visualisé est celui de la charge, puisque le banc
expérimental ne comprend pas de mesure directe du couple. Les aspects liés aux régimes
dynamiques sont abordés plus loin dans ce mémoire.

figure III.47 : fonctionnement triphasé figure III.48 : fonctionnement triphasé


(Cch=10N.m / Ω=80rad/s / VDC=300V) (Cch=10N.m / Ω=80rad/s / VDC=300V)

139
Chapitre III

Lors des essais, des erreurs de mesure de la position apparaissent de manière


intempestive. Ces erreurs se répercutent sur l’autopilotage en modifiant soudainement les
références sinusoïdales de courant, ce qui se traduit par de brusques à-coups de couple. Pour
en limiter l’impact, les tests de cohérence et le filtrage logiciels ont été ajustés en
conséquence. De plus, pour réduire les perturbations électromagnétiques à l’origine de ce
phénomène, des filtres de mode commun et de mode différentiel ont été insérés et ils
permettent de s’affranchir partiellement de ces erreurs de mesure. En attendant la réalisation
d’une carte d’isolement de la mesure, les essais ne sont pas effectués à haute vitesse. Dans ce
contexte, les aspects de surmodulation ne sont donc pas envisagés.

III.2.3.2 Autopilotage en fonctionnement diphasé 60°

Pour l’onduleur 4 bras et l’onduleur double, le mode de fonctionnement secours qui a


été privilégié est le mode diphasé 60° (cf. II.7.3.2). La cellule de commutation connectée au
neutre de la machine est commandée en tension avec un rapport cyclique d’1/2, tandis que les
deux autres bras sont commandés en courant.

Un essai est présenté à la figure III.49. Les deux courants de phase sont mesurés par
des pinces à effet Hall et l’addition de ces signaux permet de calculer le courant IphN dans le
neutre. Ce dernier a bien une amplitude majorée d’un facteur 1,73 par rapport aux courants de
phase.

Les formes d’onde montrent que la régulation s’effectue correctement. De plus, il n’est
pas observé d’importante ondulation de courant homopolaire par rapport à l’ondulation de
courant que présentent les essais en fonctionnement triphasé. Cela corrobore l’hypothèse d’un
filtrage suffisant par l’inductance L+M (cf. II.7.3.3) : il n’est pas nécessaire de spécifier un
bobinage particulier de la machine ni d’ajouter un filtre de mode commun supplémentaire.

figure III.49 : fonctionnement diphasé (Cch=5N.m / Ω=40rad/s)

140
Etudes expérimentales

III.2.3.3 Isolement et reconfiguration

Le fonctionnement de la machine d’état est maintenant présenté sur un chronogramme


complet. La mise en défaut est réalisée de deux manières différentes. La première méthode
consiste à signaler un défaut artificiel à la carte de commande via le PC. La seconde méthode
consiste à abaisser le seuil de courant sur l’un des bras d’onduleurs pour simuler une
reconfiguration dans un cas de surcharge.

Un essai est présenté à la figure III.50. Les différentes étapes définissant la position du
jeton de la machine d’état, et donc le mode de fonctionnement, sont numérotées de 1 à 4. Au
départ, l’onduleur fonctionne en mode triphasé (1). Lorsque l’organe superviseur est informé
d’un régime anormal, la première mesure corrective consiste à bloquer les cellules de
commutation de l’onduleur (2). Dès que la mesure de courant dans la phase concernée par le
défaut est inférieure au seuil bas, l’interrupteur d’isolement est ouvert. Puis, le bras relié au
neutre de la machine est connecté en fermant son interrupteur d’isolement et les commandes
des bras "sains" de l’onduleur sont désinhibées. La commande de l’onduleur en mode diphasé
60° est alors active avec une dynamique réduite (3). Enfin, lorsque l’erreur sur la mesure de
vitesse est inférieure à un seuil prédéfini, la commande en mode diphasé 60° est effectuée à
dynamique nominale (4).

En regardant les formes d’onde de plus près, un pic de courant circulant entre le bras A
et le bras connecté au neutre est observé lors de la reconfiguration matérielle de l’onduleur ;
sa durée est de quelques millisecondes. Une adaptation de la commande de l’onduleur doit
permettre de s'affranchir de ce phénomène.

Au niveau des grandeurs mécaniques, l’amplitude du couple lors de la reconfiguration


est limitée. Comme l’écart de vitesse par rapport à sa consigne n’excède pas la valeur fixée, la
phase de fonctionnement diphasé à dynamique réduite n’a pas lieu. La réduction de vitesse
due au régime transitoire est déterminée par la bande passante de la boucle de vitesse.

figure III.50 : reconfiguration (Cch=5N.m / Ω=50rad/s) figure III.51 : zoom au début de la reconfiguration

141
Chapitre III

III.3 Association des modules expérimentaux


III.3.1 Association parallèle
Dans le chapitre précédent, une topologie associant des cellules de commutation en
parallèle a été mentionnée (cf. II.5). Dans la démarche de mise en œuvre de convertisseurs à
partir de modules génériques, cette association parallèle de modules permet d’accroître le
courant d’alimentation de la charge à même calibre des composants. En outre, l’augmentation
du niveau de redondance permet d’envisager une tolérance de panne.

A un niveau inférieur, le principe de mise en parallèle est classiquement appliqué aux


puces dans les composants "multichip" et il repose sur un grand savoir-faire technologique
pour l’équilibrage des contraintes. Dans le cadre de ce mémoire, il s’agit d’une association à
un niveau supérieur : l’objectif est de mettre en parallèle des bras d’onduleur avec le
minimum d’inductance entre ces bras, tout en assurant un taux de déséquilibre du courant
maîtrisé. La validation expérimentale de ce principe n’est pas triviale puisqu’il est tributaire
des caractéristiques technologiques.

Comme toute dissymétrie de commutation entre bras parallélisés entraîne une


conduction diagonale des cellules, il est préférable d’insérer au moins une inductance entre
deux cellules pour limiter la croissance du courant différentiel qui en résulte. Dans la
perspective d’une tolérance de panne, il est choisi d’insérer une inductance sur la phase de
chaque cellule en amont du point de raccordement (figure III.52), ces inductances n’étant pas
couplées magnétiquement (cf. II.5.3).

figure III.52 : association parallèle de cellules de commutation sur charge inductive

III.3.1.1 Equilibrage statique des courants

En régime statique, les principales causes d’un déséquilibre de courant en sortie des
cellules de commutation sont les suivantes.
• La chute de tension à l’état passant des semi-conducteurs peut constituer une cause de
dissymétrie prépondérante. Toutefois, pour les modules Econopack utilisés, le fabriquant
affirme que cette dispersion est faible et que le modules peuvent être parallélisés sans
sélection préalable [EUP04].
• Dans la configuration étudiée, il est probable que la dissymétrie des résistances parasites au
niveau de la connectique des puces, du routage et du câblage entre les cellules en parallèle a
peu d’influence par rapport à la composante résistive des interrupteurs.

142
Etudes expérimentales

• D’autre part, pour les modules utilisés, les IGBT ont un coefficient de température positif
sur toute la plage de courant et les diodes ont un coefficient de température positif au-delà du
courant nominal. Cela signifie qu’un déséquilibre de courant, menant à l’accroissement de
température du composant conduisant le courant le plus élevé, entraîne l’augmentation de sa
résistance dynamique. Ainsi, le courant dans ce composant tend à diminuer et cela permet un
équilibrage naturel des courants, en éliminant le risque d’emballement thermique.
• De par la configuration expérimentale adoptée, le refroidissement des différents
composants est assez homogène pour ne pas introduire de dissymétrie supplémentaire.

figure III.53 : onduleur monophasé avec charge raccordée à un point milieu capacitif

Une campagne de caractérisation a été réalisée avec plusieurs valeurs d’inductances


d’équilibrage, dans une configuration d’onduleur monophasé (figure III.53) dont la charge
(RCH variable, LCH=10mH) est raccordée à un point milieu capacitif (C=3mF). Les deux
cellules de commutation sont commandées en boucle ouverte par des rapports cycliques
sinusoïdaux identiques. Il apparaît que le déséquilibre basse fréquence de courant entre les
deux bras reste inférieur à 20% (figure III.54 à figure III.62).

L’équilibrage basse fréquence des courants ne dépend pas de la différence entre les
deux selfs. En effet, leur impédance Lω et leur résistance série interne (entre 5 et 8mΩ pour
44μH et 7μH) sont faibles par rapport aux résistances de sortie des interrupteurs : à Tc=25°C
et Ic=50A, RCE=26mΩ et Rd=20mΩ pour les bras d’onduleur et RCE=40mΩ et Rd=37mΩ pour
les interrupteurs d’isolement. Le déséquilibre de courant provient donc majoritairement de la
dispersion des caractéristiques VCE(IC) et Vd(IC) des semi-conducteurs. Or, il apparaît que la
dissymétrie évolue proportionnellement avec le rapport cyclique. Cela pourrait indiquer que la
disparité de caractéristiques intervient de manière prépondérante dans l’interrupteur
d’isolement. Cette disparité est plus ou moins marquée en fonction du signe du courant dans
la charge et donc des composants qui conduisent le courant dans chaque interrupteur
d’isolement. Ce point montre l’intérêt, dans une perspective d’industrialisation, de disposer de
modules standardisés dont les caractéristiques présentent peu de dispersion : pour une
commande en boucle ouverte, la mise en parallèle de modules ne requiert alors pas de
surdimensionnement.

Enfin, il apparaît que l’équilibrage est également bien assuré pour de basses
fréquences de modulante (quelques Hz). Toutefois, à partir de 6,25Hz, il apparaît
identiquement sur les 2 bras une distorsion des formes d’onde de courant pour chaque
alternance (mode commun). Elle est causée par le temps mort, qui constitue une perturbation
de tension dont la composante basse fréquence introduit une série d’harmoniques sur la
tension. Elle se reporte sur le courant de charge avec d’autant plus d’influence que la
fréquence de modulation est faible puisque l’impédance de la charge diminue. Cette

143
Chapitre III

perturbation n’intervient pas sur le mode différentiel (équilibrage des courants) et elle
n’apparaît qu’en boucle ouverte.

figure III.54 : self différentielle de figure III.55 : self différentielle de figure III.56 : self différentielle de
88μH à 100Hz 88μH à 25Hz 88μH à 3,1Hz

figure III.57 : self différentielle de figure III.58 : self différentielle de figure III.59 : self différentielle de
14μH à 100Hz 14μH à 25Hz 14μH à 3,1Hz

figure III.60 : self différentielle de figure III.61 : self différentielle de figure III.62 : self différentielle de
3,5μH à 100Hz 3,5μH à 25Hz 3,5μH à 3,1Hz

III.3.1.2 Equilibrage dynamique des courants

Les déséquilibres de courant observés en régime dynamique peuvent avoir plusieurs


origines.
• La dispersion du seuil VGEth à partir duquel les IGBT commencent à conduire est supposée
faible pour les modules Econopack utilisés, d’après le fabriquant.
• Les inductances parasites entre les puces et les connexions au bus continu sont de faibles
valeurs et par conséquent leurs disparités semblent peu influentes.
• La répartition des champs magnétiques créés par les conducteurs dépend de la disposition
des bras dans le module ; elle peut occasionner une différence de vitesse de commutation des
interrupteurs. Cette contribution devrait rester limitée.

Si la dissymétrie de commutation est assez importante, la pleine tension de bus


s’applique et, en l’absence d’inductance d’équilibrage, le courant de court-circuit n’est alors
limité que par les inductances parasites des cellules jusqu’à la désaturation des IGBT. Cela
peut donc s’avérer destructeur pour les composants. Par conséquent, une self est insérée entre
les cellules de commutation pour limiter la croissance du courant différentiel haute fréquence

144
Etudes expérimentales

et ainsi le déséquilibre de courant ΔIph pendant la durée Δt où les tensions de sortie des
cellules sont différentes.
Δt ⋅ VDC
ΔI ph = (III-21)
LA + LB

La parallélisation d’onduleurs a souvent été considérée en ajoutant des inductances de


valeurs importantes [SHI04]. Pour des applications d’alimentation sans interruption (UPS) ou
de redresseur actif, cela n’est pas forcément préjudiciable puisqu’un filtre de sortie est
nécessaire. Pour les applications d’alimentation de moteur envisagées, les caractéristiques
inductives de ce dernier peuvent supprimer le besoin de filtrage différentiel. Les inductances
additionnelles doivent alors être minimales pour ne pas pénaliser la compacité du
convertisseur et ne pas occasionner une diminution importante de la tension de sortie. Ainsi,
dans cette étude, les inductances ne sont dimensionnées que pour compenser les dissymétries
du montage. Dans cette logique, les cellules de commutation sont commandées en
synchronisme et l’entrelacement des commandes n’est pas traité.

Les essais représentés par la suite ont été réalisés dans la même configuration que
précédemment, avec une inductance de 7μH sur chaque bras. Le déséquilibre observé sur la
figure III.63 intervient deux fois par période de découpage (Td=60μs). Il ne provient pas d’une
dispersion de transmission des ordres de commande (<50ns) ou d’une évolution
dissymétrique des tensions de grille. Le déséquilibre est lié au fait que les interrupteurs ne
s’amorcent et ne se bloquent pas à la même vitesse. Le pic de tension différentielle qui en
résulte présente une amplitude plus élevée à l’amorçage des transistors (figure III.64 et figure
III.65) ; cela traduit une disparité des caractéristiques des interrupteurs.

figure III.63 : déséquilibre haute fréquence des courants

figure III.64 : dissymétrie de commutation (iph>0) figure III.65 : dissymétrie de commutation (iph<0)

145
Chapitre III

L’amplitude du déséquilibre reste inférieure à 2A pour une tension commutée de 200V


avec les deux inductances de 7μH. Cela reste peu élevé par rapport au courant vu par le bras
d’onduleur. La faible valeur de self montre que l’ajout d’inductances d’équilibrage requis
pour la mise en œuvre de la topologie est peu pénalisant au niveau de son dimensionnement et
l’impact sur la compacité du convertisseur est donc réduit. De par la limitation du nombre
d’entrées et de sorties de la carte de commande, il n’a pas été réalisé d’essai en configuration
triphasée.

III.3.1.3 Association parallèle avec une seule boucle de régulation de courant

Dans le cadre des applications envisagées pour la mise en parallèle, chacun des bras
d’onduleurs est commandé en courant. L’introduction des boucles de régulation, avec une
stratégie adaptée, permet de partager équitablement les courants entre les cellules en
compensant de manière active le déséquilibre statique [SHA99].

L’association en parallèle de bras d’onduleur peut présenter un avantage


supplémentaire dans le contexte considéré. Comme chacun de ces bras comporte un capteur
de courant, leur commande peut être maintenue en cas de défaillance de l’un des capteurs. La
mesure de courant restante suffit à effectuer la régulation en instaurant une boucle commune
pour les deux cellules.

Dans la continuité des études de mise en parallèle, il est simplement proposé ici
d’appliquer expérimentalement ce principe (figure III.66). La forme d’onde du courant n’est
pas parfaitement sinusoïdale à cause du déséquilibre des tensions VCb et VCh aux bornes des
condensateurs créant le point milieu, mais cela n’a pas d’influence sur les phénomènes
étudiés. Avec une seule boucle de courant, le principe est assez semblable à celui de la boucle
ouverte puisque le même rapport cyclique est transmis aux deux cellules de commutation.
Cependant, l’action de la régulation compense presque totalement les déséquilibres de courant
à basse fréquence (ΔI<0,2A soit 5% environ).

figure III.66 : mise en parallèle de deux bras avec une boucle de régulation de courant globale

146
Etudes expérimentales

III.3.2 Association différentielle


Un dernier cas mérite d’être mentionné dans cette expérimentation des modes
d’association. Dans le cadre des études d’onduleurs à tolérance de panne, la topologie
onduleur double a été évoquée (cf. II.8). Il est proposé ici de valider rapidement son
fonctionnement en mode secours, c’est-à-dire sur 4 bras (figure III.67).

L’onduleur double requiert, comme l’onduleur 4 bras, un découplage des courants


pour optimiser la commande en mode diphasé (cf. II.7.3.4). La même commande découplée
que pour l’onduleur 4 bras peut être utilisée. Les formes d’ondes visualisées (figure III.68)
montrent la conformité du fonctionnement expérimental avec les études de simulation. En
particulier, l’ondulation de courant homopolaire est peu importante puisqu’elle est limitée par
le terme L+M (cf. II.7.3.3). Le fonctionnement secours constitue en effet un cas favorable par
rapport au fonctionnement normal, pour lequel l’ondulation de courant homopolaire n’est
limitée que par l’inductance de fuite de la machine.

figure III.67 : configuration onduleur double en fonctionnement secours

figure III.68 : fonctionnement diphasé 4 bras (onduleur double en mode secours) à 10N.m – 40rad/s

147
Chapitre III

III.4 Conclusion et perspectives


Ces études expérimentales ont pour objectif d’appliquer certains des principes évoqués
dans les chapitres précédents. La première étape a consisté à concevoir et réaliser un module
de conversion incorporant les fonctionnalités élémentaires requises. Ce module est caractérisé
et les différents aspects de son fonctionnement sont validés.

En outre, la mise en œuvre de ce prototype expérimental met en relief certaines des


contraintes de conception dans une perspective industrielle : définition du périmètre du
module générique, modularité sur le plan spatial et fonctionnel, choix et dimensionnement des
interrupteurs et des composants passifs intégrés, gestion interne des protections rapprochées,
système de refroidissement, contraintes CEM sur l’immunité des signaux et les perturbations
générées… Le compromis entre modularité et intégration constitue notamment un point
fondamental pour que le concept de module de conversion générique soit viable.

Différents modes d’association fonctionnels des modules sont testés. Dans le cas de la
mise en parallèle, il est constaté que l’équilibrage statique et dynamique des courants est
conditionné par les disparités de caractéristiques entre les composants et les dissymétries du
montage. Un taux de déséquilibre convenable est observé avec des inductances additionnelles
peu élevées.

D’autre part, l’alimentation d’une machine synchrone à aimants permanents est


réalisée avec un onduleur 4 bras avec bras secours connecté au neutre. Le fonctionnement en
mode triphasé et en mode diphasé 60° est satisfaisant et conforte les principes théoriques
exposés. En particulier, un dimensionnement spécifique de la machine n’est pas nécessaire.
De plus, la tolérance de panne a pu être caractérisée par l’observation des phases de
reconfiguration selon les procédures établies.

148
Chapitre IV

Etage de conversion alternatif-continu

149
Chapitre IV

150
Etage de conversion alternatif-continu

IV.1 Problématique
Dans les deux chapitres précédents, l’utilisation d’un module générique a été
envisagée pour la conversion continu-alternatif. Ce dernier chapitre traite de l’applicabilité de
ce module pour réaliser d’autres fonctions de conversion. Il est donc proposé d’étudier l’étage
d’entrée du convertisseur d’un variateur de vitesse.

Pour les actionneurs recensés, la conversion alternatif-continu est classiquement


réalisée par un redresseur passif non réversible. Or, certaines applications telles que les EHA
de commandes de vol imposent une réversibilité en puissance et la machine fonctionne alors
dans les 4 quadrants. Il est donc inséré sur le bus continu un hacheur résistif pour dissiper
l’énergie générée durant les phases de freinage (figure IV.1). Cet étage intermédiaire grève le
rendement du convertisseur et il génère de la chaleur qui doit être dissipée, ce qui peut
pénaliser le dimensionnement du système de refroidissement.

Des chaînes de conversion sont donc proposées pour optimiser la gestion de l’énergie
en bannissant l’étage dissipatif. Pour l’analyse et le pré-dimensionnement des topologies, les
simulations sont effectuées sur la base du modèle d’EHA. Puis, une synthèse recense les
caractéristiques des différentes topologies afin d’en comparer les performances, le rendement
énergétique, le dimensionnement électrique et thermique, les éléments de filtrage et la masse.

figure IV.1 : étage d’entrée conventionnel de l’EHA

151
Chapitre IV

IV.2 Pont de diodes et hacheur rhéostatique


Un convertisseur classiquement utilisé est d’abord présenté pour servir de référence à
la comparaison des topologies. Le redressement de la tension alternative du réseau est
effectué par un pont de diodes triphasé double alternance (figure IV.2). Le hacheur de
freinage est constitué d’une résistance, avec une diode de roue libre en parallèle, disposée en
série avec un transistor. Ce convertisseur a le mérite d’être simple et fiable, mais il présente
également des inconvénients qui pénalisent son dimensionnement.

figure IV.2 : pont de diodes triphasé et hacheur rhéostatique

IV.2.1 Tension continue


Dans le cas d’un transfert de puissance pour lequel la machine fonctionne en moteur,
la valeur moyenne de la tension continue est déterminée par la tension composée UAC du
réseau d’alimentation.
3 ⋅ Û AC
VDC = (IV-1)
π
Dans un avion d’une capacité de 500 passagers, la distance de câblage entre le cœur électrique
primaire et certains actionneurs de commandes de vol peut atteindre pratiquement 90m. La
chute de tension continue ΔVDC est alors importante lorsque la puissance prélevée par
l’onduleur est élevée.
⎡3 ⎤
ΔVDC = ⎢ ⋅ (L AC + L T ) ⋅ 2π ⋅ f AC + 2R AC ⎥ ⋅ I DC (IV-2)
⎣ π ⎦
Ainsi, la simulation de la figure IV.3 fait apparaître une chute de tension de l’ordre de 20% de
la tension nominale (fAC=400Hz, RAC=187mΩ, LAC=81μH) et elle est encore plus importante
pour une fréquence réseau fAC de 800Hz.

Or, c’est lors de ces phases de fonctionnement à vitesse élevée que la machine doit se
voir appliquer les tensions de phase maximales. En conséquence, la motorisation doit être
capable d’assurer la vitesse de rotation maximale spécifiée avec une tension de bus réduite.
Pour certains actionneurs, la commande de la MSAP par défluxage permet de remplir cette
condition. Par contre, dans le cas d’un actionneur dont la commande ne le permet pas, cette
condition impose une contrainte supplémentaire sur le dimensionnement de la machine.

152
Etage de conversion alternatif-continu

figure IV.3 : formes d’ondes du convertisseur de référence (profil de mission A, cf. IV.6.1)

D’autre part, le hacheur rhéostatique est commandé par hystérésis à partir de la mesure
de la tension continue. Pour éviter la mise en fonctionnement du hacheur en cas
d’augmentation de la tension réseau lors de régimes perturbés, le seuil de déclenchement doit
être élevé. Sur la figure IV.4, la norme [ABD1.8] indique une tension simple maximale
VAC=180V, à laquelle correspond une tension continue de 421V en l’absence de chute de
tension. Ainsi, cette tension élevée par rapport à la valeur nominale impose un
surdimensionnement des composants raccordés au bus continu.

figure IV.4 : norme décrivant les transitoires de tension du réseau [ABD1.8]

IV.2.2 Filtrage
Le filtrage impose des contraintes conséquentes sur la masse et le volume du
convertisseur. Certains critères de dimensionnement sont donc exposés pour permettre la
comparaison des topologies.

Le filtre du côté continu est constitué d’une inductance série suivie d’un condensateur
en parallèle. La valeur de l’inductance peut être déterminée à partir d’une approximation au
1er harmonique de la tension redressée Vd, pour une ondulation du courant continu ΔiDC.

153
Chapitre IV

t1
1 6 3 ⋅ V̂AC
L DC =
Δi DC
⋅ ∫ (V (t ) − V
t0
d DC ) ⋅ dt =
105 ⋅ π ⋅ Δi DC ⋅ w AC
(IV-3)

En fonctionnement moteur de l’actionneur, le condensateur de bus doit limiter les variations


basses fréquences de tension continue générées par le redresseur ainsi que les variations
hautes fréquences qui pourraient perturber la commande de la machine. En conservant
l’approximation au 1er harmonique d’une onde sinusoïdale, le critère basse fréquence donne la
relation suivante.
ΔI DC
C DC = (IV-4)
6 ⋅ w AC ⋅ ΔVDC

De plus, le filtre empêche les composantes harmoniques du courant de bus provenant du


découpage de se propager sur le réseau alternatif. La fréquence de coupure Fc du filtre doit
être faible devant la fréquence de découpage.
1
Fc = << Fd (IV-5)
2π L DC C DC

D’autre part, le condensateur limite la vitesse de variation de tension du bus continu en


absorbant l’énergie fournie par l’actionneur lors des phases de freinage ; il doit donc avoir une
valeur suffisante pour que la dynamique imposée au hacheur rhéostatique ne soit pas trop
élevée. En outre, le critère de stabilité du filtre doit être pris en compte pour éviter une
oscillation du filtre lorsque la charge prélève une puissance constante importante (cf.
Annexe A). Enfin, le dimensionnement du condensateur doit être cohérent avec la valeur du
courant efficace circulant du côté redresseur et du côté onduleur.

Tableau IV-1 : norme définissant le spectre des courants prélevés sur le réseau [ABD1.8]

Le filtrage est également nécessaire du côté réseau. Les formes d’ondes des courants
prélevés (figure IV.3), caractéristiques du pont de diodes, ont un taux de distorsion
harmonique (TDH) basse fréquence de 20% à 30 % selon le filtre en T inséré en entrée du
convertisseur. Cela n’est pas conforme aux spécifications, en particulier pour les harmoniques
d’ordre 5 et 7 qui excèdent les valeurs requises par la norme ABD100-1.8 (cf. Tableau IV-1).
Ces composantes harmoniques ne peuvent être supprimées par l’ajout de filtres passifs à cause
de la fréquence variable du réseau. Toutefois, comme les EHA fonctionnent rarement à leur
puissance maximale, l’effet de la distorsion des courants sur le réseau alternatif est considéré
comme acceptable. Au niveau de la qualité réseau, les normes sont établies sur les
caractéristiques d’un redresseur dodécaphasé, mais cette solution n’est pas détaillée car elle
mène à des convertisseurs moins compacts.

154
Etage de conversion alternatif-continu

IV.3 Redresseur actif


Dans la démarche de mise en œuvre des architectures de traitement de l’énergie à
partir de modules de conversion génériques, l’association de trois cellules de commutation
pour la conversion alternatif-continu a été évoquée au début de ce mémoire (cf. I.2.2.3). Cette
topologie, schématisée à la figure IV.5, a la faculté d’imposer une absorption quasi-
sinusoïdale de courant et de régler le facteur de puissance et la tension continue.

De plus, sa réversibilité en puissance permet d’injecter sur le réseau la puissance


générée pendant les phases de freinage. Ce mode de fonctionnement n’est pas encore admis
dans les réseaux de bord, car il impose certaines contraintes. D’abord, la fréquence du courant
réinjecté sur le réseau doit être bien maîtrisée pour ne pas occasionner de perturbations.
D’autre part, si plusieurs actionneurs ont un fonctionnement générateur pendant la même
période, comme cela est plausible pour les commandes de vol, il faut s’assurer que le réseau
puisse recevoir cette énergie sans dysfonctionnement. L’évolution des réseaux d’avions "plus
électriques" pourrait changer cette situation et faire admettre l’usage de ce type de
convertisseur.

figure IV.5 : redresseur actif

IV.3.1 Dimensionnement électrique


IV.3.1.1 Tension continue

Le redresseur actif permet de régler la tension continue. Dans une application de


variation de vitesse, cette tension doit être suffisante pour atteindre les vitesses de rotation
maximales de la machine. La limitation supérieure de la tension de sortie du redresseur est
plutôt d’ordre technologique (IGBT 600V-1200V-1700V, effet Corona [SEG90]). Pour les
objectifs poursuivis ici, il est choisi de ne pas exploiter ce degré de liberté et de conserver une
valeur de tension proche de celle des autres topologies.

Comme le montage est survolteur, la valeur minimale de la tension continue VDCmin est
supérieure à la tension générée par le pont de diodes.

VDCmin =
(V̂
AC ) (
2
+ R AC Î AC + L AC w AC Î AC )
2

1 2t m + t ON min (IV-6)

2 Td

155
Chapitre IV

Cette équation tient compte des butées de rapport cyclique et donc du temps minimum de
conduction tONmin des transistors, ainsi que des chutes de tension dues au temps mort tm, aux
caractéristiques résistives et inductives du réseau et aux composants passifs. Cette valeur peut
être diminuée de 15% grâce à une surmodulation par injection d’harmonique d’ordre 3 et elle
vaut alors au minimum 335V pour l’application considérée (fAC=800Hz, tm=1,5μs,
tONmin=2μs).

IV.3.1.2 Régulation de la tension continue - Filtrage côté continu

La figure IV.6 représente le schéma bloc de la régulation en cascade implémentée, qui


comprend une première boucle de rétroaction pour asservir les courants de phase à des
références sinusoïdales et une seconde boucle, plus lente, pour régler la tension de sortie du
convertisseur. Les correcteurs utilisés sont de type proportionnel-intégral.

figure IV.6 : schéma bloc de la régulation de tension et de courant

Ainsi, l’un des avantages du redresseur actif par rapport au redresseur passif de
référence est de pouvoir s’affranchir des variations de la tension continue. L’asservissement
de tension doit être assez rapide pour répondre aux transitoires de charge et ainsi limiter la
valeur du condensateur du bus continu. Par contre, sa bande passante doit être assez petite
devant la fréquence du réseau pour ne pas introduire d’harmoniques dans les références de
courant. La fréquence minimale du réseau étant de 360 Hz, la fréquence de coupure de la
boucle de tension est choisie à 80Hz.

Comme les harmoniques basses fréquences de la tension continue sont normalement


éliminés par la boucle de régulation, le condensateur CDC est principalement dimensionné
pour limiter les variations de tension du bus continu durant le temps de réponse de la boucle
de tension pendant lequel le condensateur échange transitoirement l’énergie avec la charge.
ΔPmax ⋅ Tr
C DC ≥ (IV-7)
VDC ⋅ ΔVDC

Ce condensateur doit également absorber les courants harmoniques de la charge afin qu’ils ne
se retrouvent pas dans les courants d’entrée, mais ce critère haute fréquence est moins
contraignant. Enfin, il faut vérifier que le dimensionnement du condensateur soit approprié au
courant efficace maximal.

Pour une ondulation de tension de 10% et une puissance à fournir du dixième de la


puissance nominale, l’application numérique de l’équation précédente donne une capacité de
850μF : sa valeur est supérieure à celle de la solution de référence.

156
Etage de conversion alternatif-continu

IV.3.1.3 Régulation des courants de ligne - Filtrage côté alternatif

Le redresseur actif est commandé pour imposer une absorption sinusoïdale de courant
en phase avec les tensions simples du réseau. La bande passante de la régulation de courant
est choisie une décade en dessous de la fréquence de découpage. Cette boucle est donc assez
rapide par rapport à la régulation de tension pour assurer la séparation des modes.

Le filtrage en entrée est réalisé en insérant des inductances LT dont la valeur est
définie par la relation suivante [MAR98].
VDC
LT = (IV-8)
6,9 ⋅ Fd ⋅ ΔI AC

La fréquence de découpage Fd doit être suffisamment élevée pour assurer convenablement la


régulation de courant à la fréquence maximale du réseau (800 Hz), mais elle ne doit pas être
trop grande afin de limiter les pertes dans les semi-conducteurs. Il y a donc un compromis
entre l’encombrement du dissipateur et des inductances de filtrage, à ondulation de courant
donnée. Or, pour l’actionneur considéré, un dimensionnement thermique conséquent est
imposé par l’onduleur et ainsi l’accroissement des pertes par commutation ne constitue pas
une contrainte supplémentaire de dimensionnement du dissipateur (cf. IV.6.4.3). Une
fréquence de découpage assez élevée (Fd=30kHz) est donc choisie pour réduire la valeur et
donc la masse des inductances (LT=169μH).

Comme une faible ondulation de courant conduit à des tailles d’inductances


excessives, un condensateur est inséré en entrée du redresseur pour former un filtre en T avec
l’inductance de câblage. Le courant de ligne voit un filtre de fréquence de coupure Fc qui doit
être bien inférieure à la fréquence de découpage, mais suffisamment grande devant la
dynamique de l’onduleur.
1
Fc = (IV-9)
2π L AC C T

D’autre part, le courant crête que doit absorber le condensateur CT est défini à 5% de la valeur
crête maximale du courant de ligne (CT=8,2μF).
Î C
CT = (IV-10)
V̂C ⋅ ω AC

La fréquence de coupure est de l’ordre de 6kHz, elle respecte donc les critères précédents.

157
Chapitre IV

IV.3.2 Synthèse du dimensionnement et des fonctionnalités


Avec le dimensionnement établi, la simulation de la figure IV.7 confirme la régularité
de la tension continue ainsi que l’amélioration des formes d’onde des courants de ligne par
rapport à l’équipement de référence, comme l’expose l’analyse spectrale de la figure IV.8.
Ainsi, ce convertisseur respecte les normes de qualité réseau : le taux de distorsion est ici de
l’ordre de 2,2% alors qu’il atteint 20,6% avec le pont de diodes.

figure IV.7 : formes d’onde du redresseur actif

figure IV.8 : analyse spectrale du courant et de la tension côté réseau (Fd=20kHz)

Parmi les bénéfices potentiels procurés par ce convertisseur, il peut également être
mentionné que son fonctionnement actif permet d’envisager son utilisation pour des activités
annexes. Par exemple, la redondance des actionneurs de commandes de vol offre un degré de
liberté qu’il est possible d’exploiter : lorsqu’un EHA est en mode passif, il peut être
avantageux que son redresseur remplisse une fonction de conditionneur réseau ou de filtrage
actif. Cette redondance semi-active offre de plus un diagnostic instantané de l’état du
convertisseur puisque la surveillance est permanente et cela autorise une continuité de
fonctionnement immédiate en cas de défaillance de la servocommande active, sans risque de
panne cachée. Toutefois, cette utilisation n’est réaliste que si la bande passante de la
régulation de courant et donc la fréquence de découpage sont suffisamment élevées.

158
Etage de conversion alternatif-continu

Ce convertisseur présente aussi certains désavantages par rapport à la solution de


référence.
• L’utilisation de 6 interrupteurs actifs et l’accroissement du nombre de composants
(commandes rapprochées, capteurs de courant,…) se répercute sur la fiabilité du
convertisseur.
• Le convertisseur a des pertes plus importantes.
• Le filtrage passif de mode différentiel et de mode commun peut grever la masse et le
volume du convertisseur.

IV.3.3 Applicabilité du module générique de conversion


L’utilisation de modules génériques pour cette application semble réaliste
technologiquement. Tout d’abord, le calibre en courant des interrupteurs du redresseur est
semblable à celui de l’onduleur. Comme pour ce dernier, les modules peuvent être associés en
parallèle pour l’alimentation d’un actionneur de puissance supérieure. Cependant, sur le plan
de l’optimisation du dimensionnement thermique, les interrupteurs doivent être adaptés à la
fois aux applications à fréquence de découpage élevée, pour lesquelles les pertes par
commutation prédominent, et à celles à faible fréquence de découpage, pour lesquelles ce sont
les pertes par conduction qui prédominent.

D’autre part, la fonctionnalité des composants annexes est exploitable. En particulier,


les capteurs de courant sont nécessaires pour la régulation du courant. Quant aux interrupteurs
d’isolement, ils peuvent être utilisés pour conférer au convertisseur une tolérance de panne.
Ainsi, en cas de défaillance interne d’une cellule de commutation, celle-ci est déconnectée de
la phase du réseau afin de poursuivre le fonctionnement en mode monophasé. La
reconfiguration de la commande permet alors de limiter la réduction de puissance à 57% de la
valeur nominale, à calibre de courant donné.
3 1
Pmax tri = ⋅ Û AC Î AC → Pmax mono = ⋅ Û AC Î AC (IV-11)
2 2
En l’absence de surdimensionnement électrique et thermique du redresseur, ce mode dégradé
se traduit par une réduction des performances dynamiques de l’actionneur mais pas des
performances statiques, puisque celui-ci est encore capable de tenir la charge d’arrêt (cf.
IV.6.1). D’autre part, la tension continue présente une ondulation basse fréquence dont la
pulsation est double de celle du réseau. Si certaines des contraintes mentionnées ne sont pas
acceptables, il est envisageable de mettre en œuvre une topologie à 4 cellules de commutation
afin d’améliorer le fonctionnement secours, de manière assez semblable à ce qui a été
présenté au sous-chapitre II.7. Il faut toutefois pour cela qu’il soit acceptable d’imposer des
fronts de commutation élevés au neutre du réseau alternatif.

159
Chapitre IV

IV.4 Pont de diodes et système de stockage local


Si la réjection sur le réseau de l’énergie générée en phase de freinage n’est pas
autorisée, une alternative à la dissipation réside en un stockage local de cette énergie. De par
leurs caractéristiques, les supercondensateurs constituent un moyen de stockage adapté.
L’utilisation d’un module générique de conversion est envisageable dans le cadre cette
application.

IV.4.1 Stockage par supercondensateurs


Les supercondensateurs sont utilisés pour des applications qui requièrent une
puissance instantanée élevée pendant une durée limitée. Avec des densités massiques de
puissance jusqu’à 20kW/kg et des densités massiques d’énergie pouvant atteindre 10Wh/kg
(figure IV.9), cette technologie est attractive, notamment pour les systèmes embarqués. Les
supercondensateurs constituent de plus un moyen de stockage de forte efficacité de charge et
décharge [RUF03] ; leur robustesse mécanique permet de supporter un environnement
vibratoire ; ils ont une durée de vie importante et ils peuvent subir un nombre de cycles très
élevé (>500000 cycles) sans dégradation des performances [ATT04].

figure IV.9 : plan de Ragone [CHR00] figure IV.10 : modèle équivalent d’un supercondensateur

Le modèle équivalent d’un supercondensateur, représenté à la figure IV.10 [ZUB00],


fait apparaître les différents phénomènes qui en régissent le fonctionnement. Cependant,
comme cette modélisation est relativement complexe, les paramètres correspondants sont
rarement fournis par les constructeurs et leur obtention nécessite une campagne de
caractérisation [RIZ06]. Une caractérisation précise de son comportement n’étant pas
nécessaire dans le cadre de cette étude, le supercondensateur est simplement modélisé par une
capacité et une résistance disposées en série.

160
Etage de conversion alternatif-continu

IV.4.2 Convertisseur continu-continu


Les tensions nominales des supercondensateurs étant peu élevées (généralement <3V),
une association en série de supercondensateurs avec un dispositif d’équilibrage 1 permet
d’atteindre des niveaux de tension plus importants. Principalement pour des raisons
d’encombrement et de coût, le nombre de supercondensateurs en série est limité et la tension
de sortie également. D’autre part, les transferts d’énergie occasionnent des variations de
tension importantes des supercondensateurs.

Un convertisseur continu-continu est donc nécessaire pour adapter la tension de sortie


du "module supercapacitif" constitué au niveau de tension du bus continu. Si le rapport de
tension n’est pas trop important, un convertisseur direct convient (cf. I.2.2.4). La topologie
utilisée pour cette étude est celle, classique, du hacheur dévolteur bidirectionnel en courant
(figure IV.11). Pour respecter le principe d’interconnexion des sources, le système de
stockage fonctionne en source de courant.

figure IV.11 : pont de diodes et système de stockage local

IV.4.3 Commande du système de stockage


Différentes stratégies de contrôle sont envisageables. Une stratégie "rustique" consiste
à laisser les supercondensateurs dans un état de charge minimal afin qu’ils restent en mesure
d’absorber l’énergie la plus importante pouvant être produite lors d’une phase de freinage.

Une stratégie plus évoluée consiste, dans les phases de fonctionnement à forte puissance, à
garder les supercondensateurs en faible état de charge pour qu’ils soient prêts à absorber

1
La dispersion des capacités et des résistances séries équivalentes des éléments en série, de l’ordre de 20% de la
valeur nominale, entraîne une répartition inégale des tensions à leurs bornes. Or, dans la plupart des applications,
la durée de vie d’un supercondensateur est moins limitée par le nombre de cycles de fonctionnement que par sa
température et la tension à ses bornes. De plus, des tensions élevées entraînent une dégradation des performances
avec le vieillissement [HER01]. Il est donc nécessaire d’équilibrer les tensions entre les supercondensateurs
[RIZ04] [LIN03].

161
Chapitre IV

l’énergie produite par une phase de décélération. Dans les phases de fonctionnement à faible
puissance, les supercondensateurs sont gardés aussi chargés que possible afin de pouvoir
fournir un éventuel pic de puissance. Le réseau électrique fournit ainsi la puissance moyenne
et le système de stockage produit la puissance fluctuante basse fréquence complémentaire.
Cela autorise un sous-dimensionnement du redresseur et du câblage en amont de
l’équipement. Ce principe est particulièrement profitable pour des équipements à
fonctionnement fortement impulsionnel et distants du cœur électrique primaire, comme c’est
le cas de nombreux EHA de commandes de vol.

Comme cette seconde stratégie ne permet pas de minimiser le dimensionnement du


système de stockage, elle n’est donc avantageuse que si le gain sur la masse des câbles et du
redresseur compense l’augmentation de masse du système de stockage. Dans le cadre de cette
étude, seule la masse du convertisseur est prise en compte et l’objectif est alors de maintenir
les grandeurs électriques dans les marges spécifiées avec un dimensionnement minimal du
système de stockage. C’est donc la première stratégie proposée qui est mise en œuvre par la
suite.

Les grandeurs à contrôler sont le courant dans le système de stockage (afin de protéger
les composants des surintensités et des dépassements de température), la tension aux bornes
des supercondensateurs (pour éviter leur dégradation), et la tension du bus continu. Le schéma
bloc de la commande du hacheur implémentée est représenté à la figure IV.12. Une première
boucle régule la tension aux bornes du module supercapacitif par hystérésis et la seconde
boucle régule le courant en sortie du hacheur avec un correcteur proportionnel-intégral. La
tension du bus continu n’est pas régulée car c’est le courant de charge qui détermine l’action
du convertisseur. Ainsi, lorsque le courant de charge ISC est négatif, le module supercapacitif
absorbe l’énergie générée par la machine tant que VSC<VSCmax ; ce seuil n’est théoriquement
jamais dépassé puisqu’il s’agit du critère de dimensionnement du module supercapacitif. A
l’inverse, lorsque le courant de charge est positif, celui-ci est fourni par le système de
stockage si VSC>VSCmin, afin que les supercondensateurs restent dans un état de charge
permettant d’absorber l’énergie générée maximale, conformément à la stratégie définie.

figure IV.12 : commande du système de stockage par seuil de tension

La bande passante de commande du hacheur doit être suffisante pour absorber le


courant de la charge car sinon la différence de ces courants charge le condensateur de bus et
l’augmentation de la tension continue n’est pas limitée. Cette condition est respectée en
assurant une dynamique de commande du hacheur supérieure à celle de l’onduleur, ce qui est
rendu possible par la fréquence de découpage élevée du hacheur (cf. IV.4.4.3). Enfin, un
inconvénient de ce mode de contrôle est l’ajout d’un capteur de courant continu, qui est
coûteux et encombrant.

162
Etage de conversion alternatif-continu

IV.4.4 Dimensionnement du système de stockage


IV.4.4.1 Plage de tension aux bornes des supercondensateurs

Le premier critère de dimensionnement à définir est la plage de tension aux bornes des
supercondensateurs, qui résulte d’un compromis entre plusieurs considérations.
• Une tension élevée permet de minimiser les pertes dans le système de stockage, car la
contribution majoritaire provient de la résistance série équivalente des supercondensateurs et
la puissance dissipée augmente donc avec le carré du courant.
• Le nombre de supercondensateurs en série est d’autant plus grand que la tension est élevée,
ce qui peut se répercuter sur la fiabilité du système de stockage.
• La tension en sortie du hacheur est limitée par les butées de rapport cyclique de commande
du hacheur.

Comme la stratégie de contrôle adoptée occasionne de faibles courants dans le système


de stockage, il est considéré que ses pertes sont peu importantes. Il a donc été choisi ici de
limiter à 24 le nombre d’éléments en série, en particulier afin de réduire l’encombrement du
module supercapacitif avec ses éléments d’équilibrage. Alors, pour une tension Vel aux bornes
d’un supercondensateur limitée à 2,5V, le seuil supérieur de tension VSCmax vaut 60V.

IV.4.4.2 Capacité du système de stockage

La quantité d’énergie maximale ΔEmax fournie par le module supercapacitif dépend de


la plage de tension à ses bornes.

ΔE max =
1
2
( 2
⋅ C SC ⋅ VSCmax 2
− VSCmin ) (IV-12)

Il est choisi d’utiliser les supercondensateurs de manière à limiter la profondeur de décharge à


50% de la tension nominale, ce qui correspond à une exploitation de 75% de l’énergie stockée
maximale. Dans ces conditions, la capacité CSC nécessaire vaut :
8 ΔE max
C SC = ⋅ 2 (IV-13)
3 VSCmax

Pour la méthode de contrôle adoptée, le dimensionnement est établi par intégration de la


puissance générée par l’actionneur pour un profil de mission contraignant avec une consigne
de position sinusoïdale (cf. IV.6.1). La capacité correspondante vaut 1,63F. Le modèle de
supercondensateur sélectionné est le ESHSR-0050C0-002R7 de Nesscap, qui a une capacité
Cel de 50F et une résistance série équivalente Rel de 25mΩ. Les caractéristiques du module de
stockage d’énergie en sont déduites.
⎧ C el
⎪C SC = = 2,08F
⎨ n (IV-14)
⎪R = n ⋅ R = 0,6Ω
⎩ SC el

Pour conforter le dimensionnement établi, il est nécessaire de tenir compte des pertes
dans les supercondensateurs, car elles sont conséquentes par rapport à la puissance traitée par
le système de stockage. La vérification, effectuée dans le plan de Ragone, est présentée dans
l’annexe B.

163
Chapitre IV

IV.4.4.3 Dimensionnement électrique du système de stockage

Le dimensionnement électrique du système de stockage est résumé dans le Tableau


IV-2, en faisant l’approximation d’un rendement unitaire du convertisseur. Le calibre en
courant des interrupteurs dépend du critère de dimensionnement lié au mode de contrôle ;
dans le cas traité, il est défini par la puissance maximale à absorber lorsque la machine
fonctionne en générateur. La valeur obtenue limite donc également la dynamique de décharge
des supercondensateurs, ce qui n’est pas pénalisant car elle reste rapide à l’échelle des cycles
de fonctionnement de l’EHA.

Tensions Courants
PSCmax
Semi-conducteurs VDC=270V ISC max
= =29,7A
VSCmin
ΔISC
Supercondensateurs Vel=2,5V ISCmax = ISC max
+ =34,7A
2

Tableau IV-2 : éléments de dimensionnement électrique du système de stockage

A partir des données individuelles des éléments, l’encombrement du module de 24


supercondensateurs avec son système d’équilibrage actif des tensions est estimé sur la base
d’un rapport de proportionnalité établi en considérant des dispositifs similaires
commercialisés par les fabricants. La masse vaut alors environ 437g et le volume 343mL.

Comme le courant conduit par les interrupteurs est faible, les pertes générées sont peu
élevées et une fréquence découpage assez haute est choisie (30kHz) afin de réduire la valeur
de l’inductance de lissage (225μH).
VDC ⋅ α ⋅ (1 − α ) VDC
L SC = ≤ (IV-15)
Fdec ⋅ ΔI SC 4 ⋅ Fdec ⋅ ΔI SC

IV.4.5 Bilan du dimensionnement


Les simulations avec différents profils de mission confirment le comportement de la
commande et le respect des limites imposées. L’énergie maximale est stockée sans
dépassement des seuils de tension ou de courant (figure IV.14). La tension maximale du bus
continu est réduite par rapport au convertisseur de référence (figure IV.13), ce qui atténue les
contraintes de dimensionnement des composants qui y sont raccordés. De plus, si les chutes
de tension continue liées à la puissance prélevée sur le réseau sont pénalisantes, une stratégie
de commande appropriée peut permettre de s’en affranchir. De même, le système de stockage
peut compenser d’éventuelles dégradations du réseau.

D’autre part, le système de stockage peut contribuer à une potentielle amélioration de


la sûreté de fonctionnement du convertisseur : en cas de défaillance amont (au niveau du
réseau ou du redresseur), l’actionneur peut disposer d’une réserve d’énergie suffisante pour
terminer la mission dans le mode de dernier secours approprié. Par exemple, une surface de
commandes de vol pourrait encore être déplacée dans une position finale pénalisant le moins
possible la contrôlabilité de l’avion.

164
Etage de conversion alternatif-continu

figure IV.13 : fonctionnement du système de figure IV.14 : fonctionnement du système de stockage


stockage (profil de mission A) (profil de mission B)

Pour l’équipement considéré, le module générique de conversion est nettement


surdimensionné en courant pour réaliser la fonction hacheur avec le mode de contrôle
envisagé. Par contre, le dimensionnement pourrait être plus adapté pour une stratégie de
commande où le système de stockage fournit la puissance fluctuante de l’actionneur (cf.
IV.4.3). Plus généralement, l’utilisation du module générique pour cette application de
stockage d’énergie est envisageable pour d’autres applications dont la gamme de puissance
convient, avec en outre la possibilité d’une mise en parallèle pour augmenter le calibre en
courant, ou d’une association différentielle pour s’affranchir de la limite inférieure de tension,
liée aux butées du rapport cyclique de commande des interrupteurs (cf. I.2.2.4).

Quant à la présence de l’interrupteur d’isolement dans le module de conversion, elle


contribue également à la maîtrise de la sûreté de fonctionnement du convertisseur : elle
permet ainsi d’isoler l’étage de stockage, par exemple en cas de défaillance d’un transistor de
type basse impédance. De plus, cet interrupteur n’impacte que peu le dimensionnement
thermique du convertisseur puisque les pertes qu’il introduit sont faibles devant la puissance
dissipée par les supercondensateurs.

165
Chapitre IV

IV.5 Pont de diodes auto-commuté


Ce convertisseur ne constitue pas une application potentielle supplémentaire pour les
modules de conversion génériques. Il est décrit succinctement au titre d’élément de
comparaison car il permet d’optimiser la compacité de l’étage d’entrée par rapport aux autres
topologies.

IV.5.1 Principe de fonctionnement – commutation automatique


A l’inverse de la démarche qui consiste à adjoindre aux cellules de commutation des
éléments auxiliaires de protection, le concept de commutation automatique place les éléments
de protection en amont de la conception du convertisseur puisque c’est la protection elle-
même qui réalise le mécanisme de commutation. Les principes en ont été développés au LEEI
[RIC04] ; ils mettent en œuvre des interrupteurs dont au moins une commutation est auto-
protégée en courant ou en tension.

Parmi les applications de cellules à commutation automatique, un redresseur triphasé


réversible à thyristor-dual disjoncteur (figure IV.15) a été breveté et développé conjointement
par le LEEI et la société CIRTEM [ROU03] [RIC03]. L’ouverture par disjonction se produit
par dépassement du seuil de courant et la fermeture par annulation de la tension aux bornes de
l’interrupteur. Un driver adéquat autorise la mise en conduction lorsque la mesure de tension
aux bornes devient inférieure au seuil déterminé et le bloque quand la mesure de courant
intégrée détecte le dépassement du seuil correspondant. Les commandes rapprochées sont
auto-alimentées directement par le réseau. D’autre part, une version de ce convertisseur avec
un seuil de disjonction adaptatif est en cours de développement.

figure IV.15 : schéma fonctionnel du redresseur passif réversible auto-commuté

figure IV.16 : prototype figure IV.17 : formes d’ondes en entrée du redresseur passif réversible
400V – 50Hz – 25kW

166
Etage de conversion alternatif-continu

Ce convertisseur est donc l’équivalent d’un pont de diodes réversible à


fonctionnement auto-commuté. Il ne consomme pas de puissance réactive et la tension
continue est déterminée par la tension du réseau. Les disjonctions ont lieu aux changements
de signe des tensions composées d’entrée, c’est à dire lors de l’amorçage naturel des diodes,
soit 6 fois par période (figure IV.7). Les courants d’entrée sont déphasés de 120°.

IV.5.2 Dimensionnement électrique et thermique


L’étude a été menée avec un seuil de disjonction adaptative fixé à Iph+5A et une
fenêtre d’inhibition de 650μs. Le filtre en T est constitué d’inductances de 20μH qui
s’ajoutent aux caractéristiques inductives du réseau, de condensateurs de 3,3μF avec des
résistances de 3,3Ω en série pour abaisser le facteur de qualité.

Les éléments de filtrage au niveau du bus continu ne nécessitent pas un


dimensionnement supérieur à celui du pont de diodes classique ; les mêmes valeurs sont donc
conservées. La tension continue ne subit pas d’élévations importantes comme celles
occasionnées par le hacheur rhéostatique puisque la réversibilité en courant de ce
convertisseur est instantanée. Les contraintes de dimensionnement en tension sur les semi-
conducteurs et les composants passifs sont donc réduites par rapport au convertisseur de
référence.

D’autre part, le dimensionnement en courant des transistors est réduit à 40% du calibre
du redresseur MLI. En effet, les transistors du pont de diodes auto-commuté ne sont actifs
qu’en mode onduleur ; ils voient donc un courant plus faible puisque la puissance maximale
générée par la machine est bien inférieure à la puissance maximale prélevée.

En ce qui concerne le dimensionnement thermique, le redresseur passif réversible


permet également d’optimiser la compacité du convertisseur. En mode redresseur, le
fonctionnement est celui d’un pont de diodes, donc les pertes restent faibles. En mode
onduleur, les transistors fonctionnent à basse fréquence et ils sont optimisés pour les régimes
de conduction.

167
Chapitre IV

IV.6 Synthèse comparative des topologies


Le dimensionnement électrique et thermique des convertisseurs est effectué à partir
des résultats de simulation. La masse des convertisseurs est estimée en prenant en compte les
composants passifs et le système de refroidissement. Dans cet objectif, des profils de mission
de l’actionneur ont été établis pour représenter les pires contraintes sur les semi-conducteurs
et les composants passifs au regard des critères électriques et thermiques. Comme l’onduleur
est semblable pour les différentes topologies, il n’est pas intégré dans la comparaison.

IV.6.1 Profils de mission


D’après un dossier de spécification d’EHA, l’actionneur est dimensionné en particulier
pour couvrir deux points de puissance (P1,P2) contraignants (figure IV.18). Le point P1
représente la charge d’arrêt de l’actionneur : il définit le moment de charnière maximal
appliqué à la gouverne qui doit être tenu à basse vitesse. Ce point de fonctionnement requiert
donc une faible puissance, mais il est dimensionnant thermiquement car la production du
couple nécessaire impose la circulation de forts courants dans l’onduleur. Le point de
fonctionnement P2 représente la puissance maximale prélevée sur le réseau électrique. Il
correspond à la vitesse de débattement maximale de la gouverne, car différents phénomènes
prennent une ampleur croissante avec celle-ci : frottements dans la pompe et la machine,
pertes bloc du circuit hydraulique et amortissement de la servocommande en parallèle sur la
gouverne.

figure IV.18 : points de fonctionnement au niveau du vérin issus des spécifications

Pour établir le pré-dimensionnement des convertisseurs, deux profils de mission sont


définis (Tableau IV-3). Basé sur un profil normalisé existant, le profil de mission A a été
modifié pour mettre en jeu la puissance crête (P2) et la puissance moyenne maximale du
redresseur, avec des temps de cycle représentatifs. Ce profil permet principalement d’estimer
les courants crêtes, de dimensionner les semi-conducteurs et les composants passifs de filtrage
côté réseau et côté bus continu, et de déterminer les régimes thermiques transitoires et
permanents en fonctionnement moteur de l’actionneur.

Le profil de mission B impose l’énergie maximale à dissiper, stocker ou renvoyer sur


le réseau en fonctionnement générateur de l’actionneur. Il comporte une consigne sinusoïdale
de position pour une force aérodynamique constante appliquée au vérin. Ce profil impose
notamment le dimensionnement du hacheur rhéostatique, du système de stockage local et des
transistors du redresseur passif réversible.

168
Etage de conversion alternatif-continu

Profil de mission A Profil de mission B

Consigne de
position (°)

Moment de
charnière (N.m)

Hacheur rhéostatique (résistance et


Semi-conducteurs du redresseur, transistor), système de stockage d’énergie
Dimensionnement
composants passifs de filtrage côté réseau, (supercondensateurs, inductance de
électrique
inductance du bus continu. lissage et convertisseur), condensateur du
bus continu.

Régimes thermiques transitoires et


Dimensionnement Régimes thermiques transitoires et
permanents hacheur rhéostatique et
thermique permanents redresseur.
hacheur de stockage.

Tableau IV-3 : profils de mission pour les études de simulation

Enfin, le profil de mission C correspond à la charge d’arrêt de l’actionneur (P1). Pour


l’actionneur considéré, les spécifications imposent que l’intégralité de la charge d’arrêt puisse
être maintenue en permanence. Cette phase de fonctionnement détermine le dimensionnement
thermique de l’onduleur, qui peut conditionner celui de l’étage d’entrée du convertisseur.

IV.6.2 Dimensionnement thermique


Les considérations thermiques sont fondamentales, car elles sont directement liées aux
objectifs de fiabilité et de durée de vie des convertisseurs et leur influence sur la masse et le
volume de l’équipement est majeure. Les paramètres pris en compte pour l’estimation des
pertes durant la conversion d’énergie ont été présentés précédemment (cf. I.3.2.1). Le
comportement thermique de l’assemblage des modules et du dissipateur étant modélisé par un
réseau d’impédance équivalent, le dimensionnement consiste à établir l’impédance thermique
du dissipateur en fonction de l’augmentation de température maximale autorisée entre le
milieu ambiant (Ta=70°C dans le pire cas) et la jonction du semi-conducteur (Tj=125°C). La
technique de dissipation de la chaleur considérée est la convection naturelle car c’est le mode
de refroidissement utilisé pour l’équipement, qui est situé en environnement non pressurisé.

Un découplage dynamique apparaît de par les disparités entre le temps de réponse d’un
module (quelques centaines de ms) et celui d’un radiateur, qui lui est supérieur d’au moins 2 à
3 ordres de grandeur. Ainsi, les constantes de temps des phénomènes mis en jeu conditionnent

169
Chapitre IV

la diffusion des flux de chaleur. Aux fréquences de découpage (de l’ordre de la dizaine de
kHz), la puce est en régime adiabatique (accumulation de chaleur). Aux fréquences de
modulation (de l’ordre de la centaine de Hz), les flux de chaleur diffusent à travers
l’assemblage des modules. Pour des fréquences plus faibles, correspondant au facteur de
marche de l’actionneur, l’inertie thermique du radiateur n’est alors plus toujours suffisante
pour considérer la température de boîtier invariante. Ainsi, suivant le cycle de fonctionnement
considéré, le dimensionnement est lié soit au régime thermique permanent, soit au régime
thermique transitoire ; il faut donc identifier la contrainte dimensionnante pour chaque
élément dissipateur de puissance.

figure IV.19 : évolution des températures de jonction et de boîtier pour un créneau de puissance dissipée

IV.6.2.1 Régime thermique permanent

Un régime thermique permanent est défini par un horizon de temps suffisamment long
pour que le flux de chaleur ait eu le temps de traverser l’assemblage du composant et de se
diffuser dans le dissipateur. Dans les cas considérés, le temps de réponse du dissipateur est au
moins de l’ordre de quelques dizaines de secondes. Une fois le régime établi, les capacités
thermiques sont chargées et la température de jonction dépend alors uniquement des
résistances thermiques des éléments. Seule la valeur moyenne de la puissance dissipée
intervient car les constantes de temps électriques liées à la commutation et à la modulation
sont rapides devant la constante de temps thermique du système de refroidissement. Ainsi, la
température de jonction varie peu autour de sa valeur moyenne. Le critère de
dimensionnement est la surface d’échange Sd du radiateur nécessaire à l’évacuation des
calories, qui est une image du flux de chaleur moyen <Фd> et donc de la puissance dissipée
moyenne (figure IV.20).

Φ d = h ⋅ S d ⋅ ΔTsa (IV-16)

Le coefficient de convection thermique h dépend en particulier des caractéristiques du fluide,


de la nature de son écoulement, de la forme des ailettes et de la conductivité du matériau. Pour
un fonctionnement au sol avec convection naturelle, une valeur typique de 5 W.K-1.m-2 est
utilisée pour les applications numériques.

170
Etage de conversion alternatif-continu

figure IV.20 : flux de chaleur moyen et instantané générés par le pont de diodes (profil de mission A)

Pour une comparaison quantitative des topologies, il est intéressant d’estimer la masse
des dissipateurs, même si cela ne correspond pas précisément aux équipements, pour lesquels
les boîtiers font office de radiateurs. La masse est établie à partir du catalogue Arcel [ARC],
dont les produits couvrent la gamme d’application (figure IV.21). Les calculs sont effectués
sans optimisation de la géométrie des radiateurs : seules deux dimensions du dissipateur sont
prises en compte, la troisième (épaisseur) est considérée figée.

figure IV.21 : masse des dissipateurs ARCEL en fonction de la résistance thermique (convection naturelle)

IV.6.2.2 Régime thermique transitoire

Les régimes thermiques transitoires correspondent à des temps de cycle courts par
rapport à la constante de temps thermique du dissipateur. Ainsi, l’augmentation de
température du dissipateur pour un échelon de puissance dissipée peut être considérée linéaire
(figure IV.22). Alors, en faisant l’hypothèse que toute la chaleur est évacuée entre deux
cycles, la masse métallique md du dissipateur nécessaire au stockage de chaleur est l’image de
l’énergie maximale ΔEmax dissipée par le convertisseur. Dans l’équation suivante, les
puissances dissipées au niveau des interfaces jonction-boîtier et boîtier-radiateur sont
négligées.

171
Chapitre IV

⎛ −
t ⎞
⎜ R sa C sa ⎟ ΔΦ d ⋅ t ΔE max
ΔTsa = ΔΦ d ⋅ R sa ⎜1 − e ⎟≈ C = (IV-17)
⎜ ⎟ sa md ⋅c
⎝ ⎠
c est la chaleur massique du dissipateur. En l’absence de données concernant les impédances
thermiques des capots des EHA, l’estimation de masse est réalisée en considérant des
dissipateurs homogènes en aluminium (cAl=897 J.°C-1.kg-1).

figure IV.22 : réponse de la température du dissipateur à un échelon de flux de chaleur

IV.6.2.3 Application au profil de mission A

Le profil A est représentatif du régime thermique permanent en fonctionnement


moteur. Le flux de chaleur moyen Pd, correspondant aux pertes dans les convertisseurs
pendant la durée Tpr du profil, doit pouvoir être dissipé avec une augmentation de la
température de radiateur ΔTsa n’excédant pas la plage autorisée.
ΔTsa = Tc min − Pd ⋅ R cs − Ta (IV-18)

La température de boîtier minimale Tc min dépend des caractéristiques des semi-conducteurs.


{( )(
Tc min = T j − max Pm_IGBT ⋅ R jc_IGBT , Pm_diode ⋅ R jc_diode )} (IV-19)

Cela détermine la surface d’échange Sd du dissipateur.

∫ Φ(t) ⋅ dt
Pd Tpr (IV-20)
Sd = =
h ⋅ ΔTsa Tpr ⋅ h ⋅ ΔTsa

Ce profil intègre également le point de fonctionnement imposant la puissance


instantanée maximale prélevée par l’actionneur (figure IV.23). Il en est déduit l’énergie
thermique maximale à stocker par le dissipateur, ce qui détermine une première limitation
pour la température de radiateur. Cependant, comme le profil A représente également le
régime thermique permanent, l’augmentation de température du radiateur lors du pic de
puissance doit être assez limitée pour que l’augmentation de la température de jonction qui en
résulte reste minime. Pour les applications numériques, une valeur ΔTsa arbitraire est fixée,
l’objectif étant de disposer d’ordres de grandeur réalistes entre les différentes composantes du
bilan de masse.

172
Etage de conversion alternatif-continu

figure IV.23 : pertes dans le pont de diodes avec système de stockage et dans le redresseur actif (profil A)

Le cas du pont de diodes associé à un système de stockage par supercondensateurs est


illustré par la figure IV.23. Sur ce profil la réversibilité intervient peu et l’essentiel des pertes
provient du pont de diodes. En comparaison, la puissance dissipée par le redresseur actif
(Fd=30kHz) est beaucoup plus élevée.

IV.6.2.4 Application au profil de mission B

Le profil B détermine l’énergie maximale générée par l’actionneur en phase de


freinage ; cela représente le régime thermique transitoire dimensionnant pour le système de
dissipation ou de stockage. Comme il est considéré que ce profil ne dure pas plus d’une
période de la consigne de position sinusoïdale, le flux de chaleur produit durant ce temps doit
être stocké par le dissipateur. Quant au régime thermique permanent, il est défini par un profil
de mission dérivé du profil B mais moins contraignant ; le flux de chaleur moyen produit
pendant la période du débattement doit pouvoir être dissipé.

L’inconvénient majeur de la dissipation de puissance par un hacheur rhéostatique est


de générer une importante quantité de chaleur. La simulation des pertes dans le convertisseur
montre que l’énergie dissipée dans la résistance de freinage peut atteindre de fortes valeurs
(plus de 2000J) et elle prévaut nettement devant l’énergie dissipée par le pont de diodes
pendant l’intégralité du profil de mission (figure IV.24). Par conséquent, ce mode de
fonctionnement peut avoir un impact déterminant sur le dimensionnement du système de
refroidissement.

173
Chapitre IV

figure IV.24 : puissance dissipée dans le convertisseur de référence (profil de mission B)

Dans le cas du pont de diodes associé à un module supercapacitif (figure IV.25), les
pertes dans le système de stockage sont largement supérieures à celles du pont de diodes, bien
que la puissance absorbée par l’onduleur soit supérieure à la puissance générée. Cela montre
l’importance d’une mise en œuvre adéquate du système de stockage pour en minimiser les
pertes.

figure IV.25 : pertes dans le pont de diodes et le système de stockage (profil de mission B)

IV.6.2.5 Application au profil de mission C

Pour l’onduleur de l’EHA, le dimensionnement du dissipateur est lié à la charge


d’arrêt de l’actionneur, qui doit pouvoir être maintenue en permanence. Bien que la tension du
bus continu puisse être différente en fonction de l’étage d’entrée du convertisseur, les pertes
dans l’onduleur sont considérées identiques pour toutes les topologies. La puissance moyenne
dissipée dans les diodes et les IGBT détermine la température de boîtier minimale (cf.
IV.6.2.3) et donc la résistance thermique du radiateur.

174
Etage de conversion alternatif-continu

Tc min − Ta
R sa = 6 6
− R cs
(IV-21)
∑P
1
m_IGBT + ∑P
1
m_diode

La faible valeur de résistance thermique obtenue (Rsa=0,076°C/W) impose un dissipateur de


masse très importante (>5kg). De même, l’estimation de la puissance moyenne dissipée par
l’onduleur (437W) se traduit par une grande surface d’échange. Par conséquent, ce profil de
mission est dimensionnant pour le régime thermique permanent de l’ensemble du
convertisseur.

IV.6.3 Dimensionnement des composants passifs


Le dimensionnement d’une inductance L fait appel, en particulier, à la section du
circuit magnétique Ae et à la surface de bobinage effectivement disponible Sb.
⎧ L ⋅ I max
⎪A e = n ⋅ B
⎪ max
⎨ (IV-22)
⎪S = α ⋅ n ⋅ I eff
⎪⎩ b J
n est le nombre de spires, Bmax l’induction maximale (<Bsat), Ieff et Imax les valeurs efficace et
crête du courant, α le coefficient de foisonnement et J la densité de courant. Le produit des
paramètres Ae et Sb est une image de l’énergie stockée.
α ⋅ L ⋅ I max ⋅ I eff
A eSb = (IV-23)
J ⋅ B max

Le produit AeSb est utilisé comme critère de comparaison des inductances, avec les
paramètres de calcul répertoriés ci-dessous (Tableau IV-4) [RAL05]. L’hypothèse est faite
que les inductances des différentes topologies ont des caractéristiques similaires et que le
matériau magnétique est le même. Ainsi, à partir d’un dimensionnement réalisé avec des
données de fabriquant, il est établi un coefficient de proportionnalité k1 entre le produit AeSb
et la masse de l’inductance. Aucun facteur d’échelle n’est introduit pour les inductances
triphasées ; on se place donc dans le pire cas (3 inductances monophasées).

α J Bmax k1 k2 k3

2,5 5A/mm² 0,8T 6,54.106 1,85.10-3kg/J 1,67.10-3l/J

Tableau IV-4 : paramètres de calcul pour le dimensionnement des inductances et des condensateurs

Le dimensionnement du condensateur du bus continu dépend de la capacité, de la


tenue en tension, de l’énergie maximale à stocker pendant les régimes transitoires et du
courant efficace en régime statique (thermique). Sa technologie conditionne ses
caractéristiques et en particulier la compacité. Comme les condensateurs à film ont une
énergie massique moins élevée, les condensateurs électrolytiques leur sont préférés dans les
cas considérés (plusieurs centaines de μF / 270V-450V). Leurs inconvénients majeurs sont de
faibles durées de vie, une fiabilité réduite et une forte sensibilité à la tension et la température.
L’énergie étant une image de la masse m et du volume v, elle est utilisée comme critère de
comparaison et les applications numériques sont effectuées avec les coefficients de

175
Chapitre IV

proportionnalité k2 et k3 (Tableau IV-4), qui sont déduits de valeurs d’énergies massiques et


volumiques issues de la littérature (540J/kg, 600J/l).
⎧ 1 2
⎪⎪m = 2 ⋅ k 2 ⋅ C ⋅ V
⎨ (IV-24)
⎪v = 1 ⋅ k ⋅ C ⋅ V 2
⎪⎩ 2
3

IV.6.4 Comparaison des topologies


IV.6.4.1 Dimensionnement électrique

Les résultats des différentes topologies sont représentés à la figure IV.26. Le facteur de
dimensionnement silicium FdimSi représente le rapport entre la puissance de dimensionnement
des interrupteurs et la puissance du convertisseur. Il constitue un indicateur du coût en
silicium du convertisseur.
p

∑I
i =1
i_max ⋅ Vi_max
(IV-25)
FdimSi =
PDCmax
Ce facteur est peu intéressant pour le convertisseur de référence, à cause notamment de la
valeur élevée de la tension continue à partir de laquelle le hacheur résistif est enclenché. Il est
encore supérieur pour le redresseur actif, dont les calibres en courant et tension de chacun des
12 interrupteurs sont dimensionnés pour la puissance maximale.

L’indice d’intégration est défini par le rapport du nombre de puces sur le nombre de
boîtiers. Il témoigne de la réduction du nombre de boîtiers et de la densité de puces qu’ils
contiennent. Ce critère est favorable au redresseur MLI et au pont de diodes auto-commuté.
Toutefois cet indice peut être encore plus élevé pour la solution de référence, s’il y a un
composant sur étagère répondant aux spécifications, puisqu’il existe des modules qui
intègrent un pont de diodes triphasé et un hacheur rhéostatique.

figure IV.26 : dimensionnement électronique figure IV.27 : rendement énergétique

176
Etage de conversion alternatif-continu

Enfin, le facteur de mérite est le rapport de l’indice d’intégration par le facteur de


dimensionnement silicium, il synthétise donc le potentiel d’intégration de la topologie. Il est
nettement à l’avantage du pont de diodes auto-commuté, puisque cette topologie compte à la
fois un nombre de puces réduit et une puissance silicium installée restreinte. Ensuite, le pont
de diodes avec stockage puis le redresseur actif restent préférables sur ce critère à la topologie
de référence.

IV.6.4.2 Rendement énergétique

Le rendement énergétique de l’étage d’entrée du convertisseur est défini par le rapport


de l’énergie électrique absorbée par l’onduleur sur l’énergie fournie par le réseau. Il est
calculé à partir des pertes dans les semi-conducteurs et les composants résistifs pour les deux
profils de mission représentatifs du fonctionnement thermique des différents éléments des
convertisseurs (figure IV.27).

Les résultats font apparaître l’avantage du pont de diodes sur le redresseur actif en cas
de faible réversibilité en puissance de l’actionneur (profil A). Par contre si une puissance
conséquente est générée par la machine synchrone, sa dissipation dégrade considérablement
l’efficacité de l’étage d’entrée du convertisseur de référence (réduction de 39% pour le profil
B). Les redresseurs réversibles permettent de limiter aux seules pertes des composants la
puissance dissipée en phase de freinage et ainsi d’améliorer substantiellement le rendement.
Le pont de diodes auto-commuté est beaucoup plus efficace, puisque les phases de
fonctionnement moteur, pour lesquelles son rendement est celui d’un pont de diodes
classique, requièrent une puissance bien supérieure aux phases de fonctionnement générateur.
Enfin, la topologie avec le système de stockage permet également de bénéficier d’un
rendement élevé.

IV.6.4.3 Bilan de masse

Le bilan de masse global comprend la contribution des composants passifs (hormis les
filtres de mode commun) et celle des dissipateurs. Pour cette dernière, deux estimations sont
établies selon le critère de dimensionnement thermique.

Dans le cas de l’équipement considéré, le flux de chaleur moyen à dissiper est avant
tout déterminé par la charge d’arrêt de l’actionneur, pour laquelle l’onduleur voit des courants
élevés (cf. IV.6.1). Ce point de fonctionnement ne requiert qu’une faible puissance d’entrée et
donc de faibles intensités dans le redresseur. A l’inverse, pour le régime thermique permanent
dimensionnant le redresseur, les pertes de l’onduleur sont nettement réduites. Ainsi, la surface
d’échange du dissipateur imposée par la charge d’arrêt couvre les besoins de refroidissement
du redresseur en régime thermique permanent. Par conséquent, l’influence de la topologie de
l’étage d’entrée sur le dimensionnement thermique du convertisseur est établie à partir du
régime thermique transitoire. L’estimation de la masse correspondante du radiateur est
déterminée par la quantité de chaleur qu’il doit pouvoir stocker (cf. IV.6.2.2).

Ce bilan de masse est favorable aux topologies proposées par rapport au pont de
diodes avec hacheur rhéostatique (figure IV.28). En particulier, les étages d’entrée les plus
avantageux sont le pont de diodes auto-commuté et le pont de diodes associé à un système de
stockage d’énergie, qui permettent respectivement des gains de masse de 54% et 44% par
rapport au convertisseur de référence.

177
Chapitre IV

figure IV.28 : bilan de masse avec le critère de figure IV.29 : bilan de masse avec le critère de
régime thermique transitoire régime thermique permanent

Les évolutions plausibles des réseaux de bord peuvent amener à envisager le cas d’un
onduleur distant de l’étage d’entrée du convertisseur, comme cela pourrait se produire avec
une distribution continue haute tension (cf. I.1.2.8). Un second bilan de masse est alors établi
en dimensionnant le dissipateur sur le critère du régime thermique permanent (cf. IV.6.2.1). Il
apparaît que les pertes conséquentes du redresseur MLI imposent une surface d’échange
importante, qui se répercute sur la masse du dissipateur (figure IV.29). Par contre, les deux
autres topologies entraînent une réduction de masse de 29% (système de stockage) et de 40%
(pont de diodes auto-commuté) par rapport au convertisseur de référence.

Bien sûr, ces estimations de masse sont approximatives et elles ne prennent pas en
compte les diverses optimisations pouvant être attendues dans le cadre d’un développement
industriel. L’objectif est simplement de proposer un ordre de grandeur des bénéfices
potentiels des topologies. En conclusion, les avantages et inconvénients des différentes
chaînes de conversion sont récapitulés dans le tableau suivant.

178
Etage de conversion alternatif-continu

Avantages Inconvénients

• Pollution harmonique du réseau


• Simplicité, fiabilité
• Variations importantes de la tension
Pont de diodes et • Pas d’alimentation extérieure ni de
continue
hacheur résistif commande (sauf hacheur rhéostatique avec
• Rendement énergétique
capteur VDC)
• Masse du dissipateur

• Absorption sinusoïdale de courant • Renvoi d’énergie sur le réseau pas encore


• Réversibilité intrinsèque autorisé
• Réglage de la tension continue • Complexité, fiabilité, coût
• Contrôle du facteur de puissance • Au moins 2 capteurs de courant et 1 de
Redresseur actif • Robustesse aux perturbations réseau tension + synchronisation avec la tension
• Potentielle amélioration de la disponibilité réseau
fonctionnelle (tolérance de panne, filtrage • Dimensionnement CDC
réseau en cas d’actionneurs en redondance • Masse des inductances (MD et MC)
semi-active) • Pertes et masse du dissipateur

• Complexité, fiabilité, coût


• Faible masse
Pont de diodes et • 2 à 4 capteurs
• Potentiel sous dimensionnement du
système de • Volume du système de stockage
redresseur et du câblage
stockage • Pollution harmonique du réseau (identique
• Pas d’élévation de tension continue
au convertisseur de référence)

• Renvoi d’énergie sur le réseau pas encore


• Forte compacité autorisé
• Ni capteur ni alimentation externes • Maturité industrielle
Pont de diodes
• Réversibilité intrinsèque • Pas de contrôle de la tension continue,
auto-commuté
• Pas d’élévation de tension continue sensibilité aux transitoires de charge
• Dimensionnement réduit des transistors • Pollution harmonique du réseau (identique
au convertisseur de référence)

Tableau IV-5 : synthèse comparative des topologies

179
Chapitre IV

IV.7 Conclusion
L’étude menée dans ce chapitre met en évidence l’intérêt des topologies de redresseurs
réversibles et du redresseur passif associé à un système de stockage. Par rapport au pont de
diodes avec hacheur rhéostatique, elles laissent présager une optimisation du
dimensionnement électrique et thermique pouvant résulter en une réduction de la masse et du
volume de l’équipement.

Les caractéristiques de ces chaînes de conversion sont extrapolables à d’autres EHA


de commandes de vol. De plus, d’autres charges à fonctionnement réversible peuvent être
concernées parmi les applications envisagées (cf. I.1.2) : actionneurs des trains d’atterrissage,
direction de la roue avant, inverseurs de poussée et freinage éventuellement. Par contre, pour
les charges dont la réversibilité en puissance est anecdotique (ventilateurs, pompes, etc.), le
choix de la topologie pour l’étage d’entrée des convertisseurs est surtout orienté par les
contraintes de masse, de volume et de qualité réseau (redresseur actif, redresseur passif
hexaphasé ou dodécaphasé).

Les considérations thermiques sont toutefois directement dépendantes du mode de


dissipation de la chaleur. Certaines techniques permettent d’envisager une réduction
considérable de la masse du système de refroidissement et les bilans de masse seraient alors
essentiellement conditionnés par les composants passifs de filtrage.

Enfin, l’utilisation d’un module de conversion générique pour les fonctions redresseur
et hacheur dépend de l’adéquation de son dimensionnement avec celui de l’application
envisagée, ainsi que des aspects technologiques : fréquences de découpage disparates, mise en
parallèle…

180
Conclusion générale et perspectives

Ce mémoire constitue une contribution à la conception de modules génériques de


conversion statique pour l’aéronautique. Pour cela, un recensement des applications
d’électronique de puissance pour des réseaux de bord d’avions actuels et "plus électriques" a
d’abord permis d’établir les besoins de conversion afin d’identifier des standards
topologiques.

Puis, dans le cadre des études expérimentales, la réalisation et la caractérisation de


modules de conversion 300V-50A à IGBT ont permis d’appréhender certains aspects de mise
en œuvre dans une perspective industrielle, comme la délimitation du périmètre structurel du
module et la gestion interne des modes de marche/arrêt et des régimes de surcharge et de
défaut. Le caractère parfois antagoniste des facteurs liés à la modularité et à l’intégration
laisse présager de la difficulté à établir un compromis entre ces propriétés.

Les études de simulation ont confirmé l’intérêt de l’application retenue, l’actionneur


électrohydrostatique de commandes de vol, de par la diversité des profils de mission et
facteurs de marche qu’elle impose à l’électronique de puissance. La modélisation adoptée
pour la simulation de cet actionneur en permet la caractérisation sur les plans électrique,
thermique, mécanique et hydraulique. Pour faciliter la mise en œuvre des différents modèles
de convertisseurs sous SABER™, des macro-composants interconnectables ont été créés en
associant une cellule de commutation et ses fonctionnalités génériques de contrôle et de
commande. De plus, la précision de représentation des phénomènes électriques peut être
adaptée selon l’objet de l’étude pour réduire la durée des simulations. Enfin, la concordance
du modèle d’EHA avec un modèle existant a été vérifiée. De par leur conception physique et
modulaire, la réutilisation, l’adaptation et l’évolution de ces modèles sont aisées.

La sûreté de fonctionnement constituant un enjeu majeur pour le développement de


l’électronique de puissance, la modularité et la segmentation de la puissance traitée par les
éléments de conversion ont été exploitées pour introduire des redondances passives ou
actives, afin de bénéficier d’une tolérance de panne et d’accroître ainsi la disponibilité
opérationnelle des systèmes. Des topologies d’onduleur à tolérance de panne avec des niveaux
de redondance différents ont donc été étudiées et caractérisées par simulation, puis leur
dimensionnement électrique et thermique ainsi que leur disponibilité ont été comparés.

Selon la démarche adoptée, les niveaux de redondance les plus élevés (onduleurs 6
bras) constituent d’abord un moyen d’association des modules de conversion pour étendre la
plage de puissance couverte. Sur le plan de la tolérance de panne, les topologies intégrant ces
redondances actives peuvent présenter certains avantages, comme par exemple la tolérance
éventuelle d’un plus grand nombre de pannes, dans le cas de l’onduleur à bras parallélisés, ou
la réduction de la quantité d’interrupteurs d’isolement, dans le cas de l’onduleur double.

Expérimentalement, l’association de bras d’onduleurs en parallèle a montré un


équilibrage statique naturel des courants relativement satisfaisant et un équilibrage dynamique
plus délicat, qui requiert l’introduction d’inductances d’une dizaine de microhenrys. De plus,

181
l’association différentielle de modules a permis de valider le fonctionnement secours de
l’onduleur double.

D’autre part, des topologies avec un niveau de redondance réduit (onduleurs 4 bras)
ont été proposées pour bénéficier d’une tolérance de panne avec un nombre réduit de
composants. L’insertion en redondance passive d’un bras secours pouvant se substituer à un
bras défaillant a le mérite de la simplicité et d’un fonctionnement identique après
reconfiguration. Par contre, le raccordement du bras additionnel au neutre de la machine
constitue la topologie avec le plus faible nombre de composants et elle permet d’optimiser la
disponibilité de l’onduleur. Le bras supplémentaire peut également avoir des fonctionnalités
annexes. En fonctionnement normal, il permet éventuellement d’effectuer un filtrage actif de
la tension de mode commun afin de réduire les perturbations électromagnétiques de mode
commun. Il peut aussi être utilisé pour optimiser la reconfiguration du convertisseur. Pour ces
différentes raisons, l’étude de cette topologie a été privilégiée.

Par simulation, différentes procédures d’isolement entre l’onduleur et la machine


synchrone à aimants permanents ont été envisagées en exploitant les interrupteurs
d’isolement. En effet, dans les cas les plus contraignants de défaillance d’un transistor de type
basse impédance, il est possible de déterminer la stratégie appropriée pour écourter le régime
transitoire de défaut et réduire ainsi les contraintes électriques et mécaniques qu’il engendre.
D’autre part, les conséquences des modes de fonctionnement secours sur le dimensionnement
de l’actionneur sont quantifiées.

Expérimentalement, l’alimentation d’une machine synchrone à aimants permanents


par un onduleur 4 bras dont le bras secours est connecté au neutre a été mise en œuvre. Son
fonctionnement est validé en mode triphasé et en mode diphasé 60°. Les essais confirment
notamment qu’un dimensionnement spécifique de la machine n’est pas nécessaire. De plus,
les phases successives d’une procédure de reconfiguration ont également pu être observées.

Les perspectives de complément sur les aspects de tolérance de panne sont variées. En
particulier, la problématique de l’interrupteur d’isolement constitue une considération
majeure, car elle conditionne fortement la viabilité industrielle des topologies présentées.
L’évolution technologique des composants est donc du plus haut intérêt, puisqu’elle peut
amener à disposer d’interrupteurs blocables à faible chute de tension à l’état passant et de
calibres adaptés, ou encore de cellules de commutation assurant un mode de dernier défaut
favorable, de type haute impédance.

Enfin, le chapitre IV apporte quelques éléments de décision sur la conversion


alternatif-continu. Les modèles de simulation ont été exploités pour dresser une comparaison
quantitative du dimensionnement électrique et thermique de plusieurs structures de
conversion, à partir de la spécification de profils de mission de l’actionneur. En cas de
réversibilité en puissance conséquente de celui-ci, l’intérêt des topologies de redresseurs
réversibles ou du redresseur passif associé à un système de stockage par supercondensateurs a
ainsi été mis en évidence ; elles permettent en effet une optimisation du dimensionnement
électrique et thermique pouvant se répercuter par une réduction de la masse et du volume des
convertisseurs. L’utilisation de modules génériques de conversion semble plausible, en
fonction de l’adéquation de son dimensionnement et de ses caractéristiques technologiques
avec l’application envisagée. Toutefois, ces considérations sont conditionnées par l’évolution
des réseaux électriques aéronautiques, qui pourrait induire à l’avenir de profonds
changements.

182
Index des acronymes
A/C Aircraft
AMDEC Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité
A.N. Application numérique
APU Auxiliary power unit
ATA Air transport association
BAT Batterie
BT Basse tension
CEM Compatibilité électro-magnétique
CSD Constant speed drive
CSM/G Constant speed motor/generator
CTN Coefficient de temperature négatif
EBHA Electrical backup hydraulic actuator
EHA Electrohydrostatic actuator
EMA Electromechanical actuator
ETRAS Electrical thrust reverser actuation system
EXT External power
EPGS Electrical power generating system
ESS Essential
fem Force électromotrice
FWD Forward
GEN Generator
hdv Heures de vol
HVDC High voltage direct current
IDG Integrated drive generator
MLI Modulation de largeur d’impulsions
MSAP Machine synchrone à aimants permanents
MTBF Mean time between failures
RAT Ram air turbine
STAT INV Static inverter
STBY Standby
TBT Très basse tension
THS Trimmable horizontal stabilizer
TR Transformer rectifier
VFG Variable frequency generator

183
7

184
Annexe A

Stabilité du filtre LC

Le filtre LC inséré sur le bus continu constitue un circuit résonnant qui peut entrer en
oscillation. En particulier, lorsque la puissance prélevée par la charge est constante, la pente
négative de la résistance équivalente, tangente au point de fonctionnement, caractérise une
instabilité dynamique potentielle : si la tension continue oscille, le courant continu oscille
également en opposition de phase (figure A.1).
δv DC V
= − 0 = R eq (IV-26)
δi DC I0

figure A.1 : oscillation des grandeurs électriques sur figure A.2 : schéma monophasé équivalent
charge à puissance constante (Req<0)

Pour étudier la stabilité du convertisseur de référence, le redresseur et les éléments de


filtrage sont modélisés par un schéma monophasé équivalent (figure A.2) dont les paramètres
simplifiés sont donnés par les équations suivantes. L’angle d’empiètement est supposé
inférieur à 60°.
⎧ 3 ⋅ w AC ⋅ L AC
⎪R DCeq = 2R AC + R DC +
⎨ π (IV-27)
⎪L DCeq = 2L AC + L DC

Dans le cadre de l’application considérée, la résistance équivalente Req représente la puissance


consommée par la MSAP et les pertes dans l’onduleur. Le circuit est régi par l’équation
différentielle :

⎛ R DCeq ⎞ ⎛ L ⎞ dVDC d 2 VDC


E = ⎜1 + ⎟ ⋅ VDC + ⎜ R DCeq ⋅ C DC + DCeq ⎟⋅ + L DCeq ⋅ C DC ⋅ (IV-28)
⎜ R eq ⎟ ⎜ R eq ⎟ dt dt 2
⎝ ⎠ ⎝ ⎠

185
La condition pour un amortissement positif en est déduite (critère de Hurwitz) [ROU06] :
2
L DCeq R DCeq ⋅ VDC
< (IV-29)
C DC PCH

Pour le modèle d’EHA, l’application numérique donne PCH<61kW (fAC=360Hz).


Comme la puissance de l’actionneur est inférieure à cette valeur, le filtre reste stable, ce que
confirme la simulation (figure A.3). Le critère de stabilité est ici favorisé par la longueur
importante de câblage entre l’actionneur et le cœur électrique primaire, qui se traduit par une
valeur de résistance équivalente élevée. La même simulation a été réalisée pour une longueur
de câblage de l’actionneur réduite à 8m, soit 10% de sa valeur d’origine (RAC=18,7mΩ,
LAC=8μH). Le filtre est alors instable et l’oscillation de la tension continue est importante.

figure A.3 : simulation d’un échelon de puissance de la charge (de 12% à100% Pnom)

Ainsi, le dimensionnement du filtre LC du bus continu doit tenir compte du critère de


stabilité, qui peut être fortement conditionné par les composants passifs de l’étage d’entrée et
les caractéristiques du câblage. Les facteurs favorisant la stabilité sont l’augmentation de la
composante résistive RDCeq et de la capacité CDC et la diminution de la composante inductive
LDCeq. Dans le cas étudié, l’augmentation de la longueur de câblage est avantageuse puisque le
filtre s’en trouve stabilisé à ratio LDC/CDC fixé.

186
Annexe B

Dimensionnement dans le plan de Ragone

Pour conforter le dimensionnement préliminaire du système de stockage, il faut tenir


compte des pertes de puissance dans les supercondensateurs, car elles sont conséquentes par
rapport à la puissance traitée. Cela est vérifié dans le plan de Ragone, qui représente l’énergie
stockée dans les supercondensateurs en fonction de la puissance PSC qui transite dans le
système de stockage [LAN06-2]. Le calibre en courant des composants détermine l’enveloppe
de cette courbe (figure B.1).
2
1 ⎛P ⎞ C R 2 ⋅C ⋅I2
ΔE = ⋅ C SC ⋅ ⎜⎜ SC − R SC ⋅ I SC ⎟⎟ = SC2 ⋅ PSC
2
− R SC ⋅ C SC ⋅ PSC + SC SC SC (IV-30)
2 ⎝ I SC ⎠ 2 ⋅ I SC 2

De par la convention de signe adoptée, les supercondensateurs se chargent lorsque la


puissance PSC est supérieure aux pertes dans la résistance équivalente (PSC>RSCISC²). Pour des
valeurs inférieures la capacité se décharge pour restituer de l’énergie. Le cycle limite du
système de stockage est donné par le maximum VSCmax de la tension aux bornes des
supercondensateurs et par les extrema VCmin et VCmax de la tension aux bornes de la capacité
idéale.
⎧ 2
R SC ⋅ C SC 2
2
C SC ⋅ VSCmax
⎪ΔE ≤ 2
⋅ PSC − R SC ⋅ C SC ⋅ PSC +
⎪ 2 ⋅ VSCmax 2
⎪ 2
⎪ C SC ⋅ VCmax
⎨ΔE ≤ (IV-31)
⎪ 2
⎪ 2
C SC ⋅ VCmin
⎪ΔE ≥
⎪ 2

figure B.1 : énergie stockée en fonction de la puissance (CSC=2,1F / VSCmax=60V / ISCmax=30A)

187
Pour que le dimensionnement soit correct, le cycle énergie-puissance du système de
stockage imposé par le profil de mission le plus contraignant doit donc s’intégrer dans la
surface définie par ces équations. Il n’est pas tenu compte des pertes dans le hacheur et dans
l’inductance de lissage. L’enveloppe du cycle de la charge est établie à partir des profils de
mission les plus contraignants et en considérant que le système de stockage est capable de
fournir une puissance de même valeur que celle qu’il doit pouvoir absorber (PCHmin=-PCHmax).

Le graphique de la figure B.2 conforte le dimensionnement effectué. Il montre


également que la référence pour la commande de la tension aux bornes des
supercondensateurs est plus élevée que la valeur prévue initialement (VSCmin=30V), mais la
profondeur de décharge correspondante respecte toujours le critère de dimensionnement,
compte tenu de la puissance dissipée dans les supercondensateurs.

figure B.2 : concordance des cycles de la charge et du système de stockage

188
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