Léquilibration Occlusale
Léquilibration Occlusale
Léquilibration Occlusale
Introduction
L’équilibration occlusale par meulage constitue une phase terminale très importante de la réalisation
des prothèses dentaires.
Elle répond à un protocole précis et très rigoureux, en effet, l'équilibration occlusale dépasse la
simple réalisation des corrections occlusales car elle influe sur la réhabilitation des fonctions de
l'appareil manducateur et sur la pérennité du traitement.
Définition
L’équilibration occlusale par meulage correspond à l’ensemble des moyens techniques et
thérapeutiques destinés à assurer une répartition harmonieuse et durable des forces masticatoires
sur l’ensemble des tissus de support et sur leur infrastructure osseuse aboutissant ainsi à
l’adaptation bio-organique et fonctionnelle des prothèses.
Justification de l'équilibration
L’équilibration joue un rôle capital pour le rétablissement du concept occlusal réalisé lors du
montage des dents, cependant, les erreurs majeures d’occlusion ne devraient pas exister si l’étape
de l’essai fonctionnel a été parfaitement conduite, mais des imprécisions occlusales sont
provoquées par :
- Le praticien: imprécisions lors de l’enregistrement des relations;
- Le technicien de laboratoire: elles sont inévitables quelles que soit les phases
techniques concernées en particulier lors du montage;
- La technologie d'élaboration: durant toutes les étapes: distorsions des bases, des
variations de la dimension verticale d’occlusion...
Ces imprécisions altèrent la précision des relations occlusales imposant de pratiquer des corrections
afin de rétablir l’équilibre occlusal.
Objectifs de l'équilibration
Elle comporte deux objectifs majeurs:
- Objectif mécanique:
Améliorer la rétention et la stabilisation des prothèses par une répartition harmonieuse des charges
occlusales.
- Objectif neurophysiologique:
Obtenir une stabilisation d'origine extéroceptive et proprioceptive.
Principes de l'équilibration
Respect de la morphologie occlusale : Les corrections occlusales doivent respecter ou
rétablir la morphologie occlusale, mais aussi respecter les courbes prothétiques, tout en conservant
la dimension verticale d’occlusion.
Corrections légères : Les corrections occlusales ne peuvent assurer le sauvetage d’un montage
trop erroné.
Limite de l'équilibration
Le meulage d’équilibration ne permet pas de rattraper une erreur importante commise lors de
l’enregistrement de l’occlusion ou du montage, il ne doit intervenir que pour améliorer une
situation inter dentaire supposée satisfaisante au préalable (si la tige incisive est surélevée de +3mm
la prothèse est à refaire).
Chronologie de l’équilibration
C’est une empreinte des surfaces occlusales des dents maxillaires, qui peut être réalisée entièrement
au plâtre ou sa partie en contact avec les faces occlusales peut être en silicone lourd.
Cette clef sert à contrôler la qualité de la mise en moufle et de mettre en évidence d’éventuels
déplacements des dents tout en permettant de replacer la prothèse maxillaire sur l’articulateur.
Ces modèles représentent des « socles » où les prothèses polymérisées sont parfaitement stables et
permettent ainsi une équilibration occlusale précise.
Toute erreur dans les relations intermaxillaires se traduit par un manque d’adaptation entre ces deux
structures.
Le plâtre est préparé, déposé sur le galet de montage, puis sur le socle du modèle maxillaire ; la
branche supérieure de l’articulateur est rabattue, la tige incisive au contact de la table incisive.
2. Au cabinet dentaire
- Contrôles liés à l’insertion
Contrôle de la stabilité prothétique, de l’interface mucoprothétique et des surfaces polies
stabilisatrices.
Deux épaisseurs de cire Aluwax sont collées sur les faces occlusales mandibulaires et le praticien
guide la mandibule en relation centrée par de petits mouvements d’ouverture et de fermeture.
Lorsque le praticien juge que le mouvement s’effectue de manière harmonieuse, la prothèse
mandibulaire est amenée au contact des dents maxillaires qui pénètrent la cire Aluwax.
Si l'enregistrement n'est pas validé, la relation intermaxillaire déterminée n’est pas la relation
centrée, un nouvel enregistrement doit être réalisé.
Puis les prothèses sont immobilisées sur leurs modèles de travail avec du plâtre à prise rapide.
Les cires d’enregistrement sont éliminées, on rétablit l’intercuspidie maximale, puis la tige incisive est
bloquée à la dimension verticale ainsi obtenue.
La dimension verticale
L’articulateur est refermé, la distance séparant la tige incisive de la table incisive met en évidence
l’importance des corrections occlusales qui doivent être pratiquées.
Les marqueurs nécessaires sont des papiers à articuler fins ou des soies dentaires, portés par des
pinces de Miller.
Pour les instruments rotatifs pour les dents en porcelaine, la turbine peut être utilisée, les dents en
résine préfèrent les basses vitesses (pièce à main ou contre angle).
Selon HANAU
Les corrections occlusales se déroulent en deux temps:
Règle n°1 : Remodeler les versants cuspidiens qui entourent le sommet cuspidien pour le placer dans
sa fosse ou embrasure antagoniste.
Règle n° 2 : Si le sommet cuspidien est bien placé, ne jamais raccourcir la pointe cuspidienne, mais
approfondir la zone de réception antagoniste, sauf s'il ne s’harmonise pas avec les courbes frontale
et sagittale de l’arcade.
Aspects pratiques: L’articulateur est bloqué en relation centrée et l’interposition du papier à articuler
met en évidence les points de contacts en relation centrée.
Les corrections sont apportées à l’aide d’instruments rotatifs tout en respectant les principes de
l’équilibration.
Les corrections doivent aboutir à l’établissement de contacts occlusaux répartis sur l’ensemble des
dents postérieures sans contact entre les dents antérieures.
À la fin de cette séance, les prothèses sont confiées au patient et un rendez-vous lui est donné dans
les 48 heures suivantes.
Lors de ce second rendez-vous de contrôle, les corrections occlusales sont réalisées en relation
centrée jusqu’à l’obtention d’une stabilité de l’occlusion.
- Deuxième temps : contacts excentrés
L’objectif est d’obtenir une occlusion bilatéralement équilibrée, une fois les corrections en occlusion
de relation centrée achevées.
Points par points: On part de la relation centrée et les corrections sont faites millimètre par
millimètre, cette technique est plus longue, mais elle est très précise.
Par balayage: Les boîtiers condyliens déverrouillés, la branche supérieure de l’articulateur est
déplacée de la relation centrée vers la position excentrée, en propulsion ou en latéralité.
Les corrections sont alors plus rapides mais aussi beaucoup moins précises.
En propulsion
Les ailes de Bennett doivent être orientées à 0° pour assurer une propulsion rectiligne.
Les points de contacts en relation centrée doivent toujours être marqués et visibles (marqueur
rouge).
Le marqueur bleu placé entre les arcades objective les points de contacts en propulsion. Les
corrections sont réalisées jusqu’à ce que la tige incisive touche le plateau incisif (ne pas modifier la
DV).
En latéralité
Les ailes de Bennett sont orientées à 20° pour les ailes rectilignes.
Mise en évidence des contacts en occlusion de relation centrée, puis déplacements en latéralité.
Du côté travaillant, les corrections sont réalisées perpendiculairement aux faces vestibulaires ou
linguales sur les cuspides guides (vestibulaires maxillaires, linguales mandibulaires).
Du côté non travaillant, les corrections portent uniquement sur les cuspides vestibulaires
mandibulaires dans une direction disto-vestibulaire.
Les déplacements excentrés sont corrigés jusqu’à l’obtention du bout à bout incisif ; pendant ces
déplacements, la tige incisive doit glisser sur le plateau incisif.
Finitions et rodage
Il est possible pour parfaire l’équilibration d’utiliser une pâte de carborundum chargée d’huile de
vaseline qui est placée entre les dents prothétiques, les différents mouvements mandibulaires sont
simulés une dizaine de fois.
La qualité des points de contact est contrôlée avec un papier à articuler le plus fin possible, après un
polissage soigneux des surfaces occlusales.
Selon ACKERMANN
En relation centrée
Nécessité d’engrener à fond les cuspides palatines supérieures dans le sillon intercuspidien inférieur.
En propulsion
Le meulage sera réalisé selon la règle MS-DI.
En latéralité
Meulage de la pointe vestibulaire de la prémolaire inférieure afin d’éviter les contacts
déséquilibrants de cette cuspide avec les dents antagonistes, mais la priorité des meulages est donné
au coté non travaillant en meulant selon la règle (B.U.L.L) buccal upper, lingual lower, c'est-à-dire du
coté travaillant les versants vestibulaires supérieurs et des versants linguaux inférieurs.
Selon A.LAURITZEN
Débute par un meulage antérieur, ceci facilitera les mouvements de propulsion pour compenser un
over bite déséquilibrant .
En relation centrée
L'auteur ne diffère pas des autres en callant l’occlusion en centrée.
En propulsion
Ils se feront selon la règle DS-MI.
Contact équilibrant des dents postérieures sans meuler la cuspide disto-vestibulaire de la dernière
molaire inférieure nécessaire à ce contact.
En latéralité
Meulage des versants vestibulaires supérieurs du coté travaillant ainsi que les versants cuspidiens
palatin supérieurs mais en diagonale à direction linguo-vestibulaire et disto-mésiale pour le coté
balançant.
Selon J.SHARRY
En relation centrée
Équilibration en CENTRIC, ces meulages se portent soit:
En propulsion
Identique à LAURITZEN c'est-à-dire DS-MI.
En latéralité
Du côté travaillant le meulage sur le versant vestibulo-palatin de la cuspide vestibulaire ou linguo-
vestibulaire de la cuspide linguale.
En relation centrée
Comme les autres auteurs, calage de l’occlusion en centrée.
En latéralité
Du côté travaillant, le meulage se fera soit:
Selon LEJOYEUX
C'est l'une des techniques les plus utilisées, l'auteur préconise qu'elle soit réalisée sur articulateur.
Étape 1 : mise en articulateur des prothèses après polymérisation avec deux possibilités:
Mise en articulateur simple (base définitive);
Création d’un contre model avec double base engrenée.
Étape 2 : Transfert de l’axe charnière avec arc facial;
Étape 3 : Enregistrement de la relation centrée par la technique de l’articulé de TENCH;
Étape 4 : Programmation de l’articulateur;
Étape 5 : Coronoplastie de la morphologie des dents artificielles, selon les lois suivantes:
Loi 1 : les surfaces planes n’existent pas sans créer un blocage intercuspidien en occlusion
centrée et sans provoquer de composantes horizontales ou obliques au cours de toutes les
occlusions excentrées;
Loi 2 : dans le plan sagittal, toutes les cuspides actives doivent se situer dans l’aplomb d’une
embrasure ou d’un sillon intercuspidien.
Suppression des contacts prématurés en relation centrée : l’objectif est d’obtenir une
répartition uniforme des contacts, en respectant le principe de la lingualisation, avec élimination de
tout contacts inter-incisivo-canins.
Les réductions répondent aux lois suivantes:
Loi 1 : les cuspides à préserver sont les cuspides actives palatines supérieures et vestibulaires
inférieures, elles doivent avoir un relief sphéroïde et ne jamais être bloquées au fond d’une
fosse ou d’une gouttière intercuspidienne;
Loi 2 : les cuspides de valeur secondaire c'est-à-dire les cuspides vestibulaires supérieures et
linguales inférieures peuvent être modifiées;
Loi 3 : un contact généralisé suffisant doit exister entre les cuspides actives supérieures et les
versants internes de la gouttière intercuspidienne inférieure;
Loi 4 : toute cuspide active responsable d’un contact prématuré ne sera réduite que lorsque
au cours d’un mouvement de diduction, elle gênera le contact cuspidien du côté opposé,
dans le cas contraire c’est la fosse qui sera approfondie.
- Équilibration médiate
Le nombre de séances nécessaires est variable selon les réflexes erronés.
48 heures après la livraison et l’équilibration immédiate le patient est revu et il y a deux possibilités:
Première possibilité : le patient est satisfait, un examen minutieux est réalisé, et il sera revu à une
séance ultérieure.
Seconde possibilité : le patient se plaint de douleurs et d’instabilités de la prothèse inférieure, un
nouvel enregistrement et transfert de la relation inter-arcades doit être réalisé, tous les contacts
seront recherchés et éliminés comme précédemment, et le patient est prié de revenir le lendemain.
- Équilibration secondaire
Se fait après une période plus ou moins longue d’adaptation et se réalise comme pour l’équilibration
immédiate en différentes étapes :
Loi 1 : le surplomb nécessaire des cuspides de valeur secondaire des prémolaires et molaires
doit être accentué ou recréé aux dépens des versants externes des cuspides actives en
respectant les points de contact assurant l’occlusion en relation centrée, afin d’augmenter la
préhension et de prévenir le risque de morsure des joues;
Loi 2 : le recul mandibulaire s’accompagne toujours de contacts prématurés entre les
versants cuspidiens antagonistes de rétrusion, la correction doit s’effectuer selon la formule
MS-DI .
Étape 4 : Harmonisation en propulsion selon la formule de meulage DS-MI mais aux dépens des
cuspides secondaires;
Étape 5 : Harmonisation en latéralité, l’objectif est d’avoir des contacts simultanés du coté
travaillant ainsi que du coté non travaillant et cette correction devra obéir aux lois suivantes :
Du coté travaillant : il s’effectuera aux dépens des versants internes des cuspides secondaire
vestibulaires supérieures et linguales inférieures;
Du coté non travaillant : il s’effectue aux dépens des versants internes mésiaux des cuspides
vestibulaires inférieures ou distaux internes des cuspides linguales supérieures en respectant la
courbe de WILSON, soit la formule MIVI-DILS.
Selon FRUSH
En relation centrée
Les contacts doivent être linéaires et le plus régulier, si un point de surcharge apparaît il doit être
éliminé au dépend des plateaux supérieurs.
En propulsion
Aucun meulage n’est à envisager puisque les couteaux inférieurs pourront glisser librement sur les
plateaux supérieurs.
En latéralité
On retouche uniquement les marques de grande intensité qui apparaissent sur le plateau supérieur
en gardant un contact simultané des deux côtés.
Selon SEARS
En relation centrée
S'il y a deux points de surcharge simultanément, un seul sera supprimé au dépend de l’arcade
inférieure.
En propulsion
Malgré un over jet augmenté, certains contacts déséquilibrants doivent êtres éliminés.
En latéralité
Si un contact gêne des deux cotés, il sera éliminé et siégera sur la crête linguo-triturante des dents
inférieures et vestibulo-triturante des dents supérieures.
Selon KLEIN
Identique à celui de SEARS sauf que ce dernier introduit le principe de rampe d’équilibration qui
objective les différents mouvements de propulsion et de latéralité lors de l’équilibration.
La surface des dents en porcelaine ne doit pas être altérée de manière à préserver leur état de
surface, les corrections s'adressent donc aux dents en résine.
Cependant, pour éviter les phénomènes d'usure liés au contact résine - porcelaine, il est possible de
créer des cavités dans la face occlusale des dents en résine en antagoniste des pointes cuspidiennes
d'appui, qui seront comblées d'amalgame ou de composite, et d'équilibrer sur articulateur.
Conclusion
Bien que les avis divergent sur la nécessité de réaliser une équilibration occlusale, celle-ci représente
une étape prothétique indispensable, bien souvent négligée, dans le traitement d'un édentement
total.
Le souci constant du praticien est l'élaboration d'une prothèse complète de qualité pour un meilleur
confort du patient, et une pérennité du résultat, le maintien de l'équilibre passe par une
indispensable maintenance annuelle, des équilibrations occlusales doivent être réalisées tous les
deux à trois ans environ.