Imposture Diable Demons
Imposture Diable Demons
Imposture Diable Demons
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IMPOSTURE
SUR LE
DIABLE ET LES DÉMONS
par Jean leDuc
- Dédié à William, un frère en Christ du Québec qui m'a
motivé à rédiger ce document. -
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TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE 1……………………………13
L'ANGE DÉCHU REVIENT EN FORCE
CHAPITRE 2……………………………..21
LA MYTHOLOGIE CHRÉTIENNE
Mésopotamie
Perse
Égypte
Canaan
Grèce
Rome
Torah et Judaïsme
Le livre de Job
Le Diable et la chrétienté
Le Nouveau Testament et l'avène-
ment du Prince des Ténèbres
Le sens figuratif de l'Apocalypse
Le Diable et la psychanalyse
Visions théologiques
Tradition judéo-chrétienne
Les mythes Islamiques
CHAPITRE 3……………………………..60
LA CONTRIBUTION DE L'ÉTYMOLO-
GIE
L’étymologie normative
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L’étymologie populaire
L'étymologie du mot Satan
- Lucifer
- Le roi de Tyr
L'étymologie du mot Diable
L'étymologie du mot Démon
L'étymologie du mot Dragon
CHAPITRE 4……………………………136
LES ILLUSIONS DE L'ANGÉOLOGIE
MYTHIQUE
CHAPITRE 5……………………………144
L'HOMME CACHÉ QUI RÉSIDE DANS
LE CŒUR
CHAPITRE 6……………………………153
LES FANTASMES DIABOLIQUES DE
LA PSYCHOLOGIE
Les Démons comme délires psycho-
tiques
CHAPITRE 7……………………………164
LA POSSESSION DÉMONIAQUE
Dérèglements de l'exorcisme
La Possession comme phénomène
de Personnalité Multiple
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CHAPITRE 8……………………………198
ABSURDITÉS DE LA POSSESSION ET
DE L'EXORCISME
11
12
CHAPITRE 1
L'ANGE DÉCHU REVIENT EN FORCE
On aurait tendance à croire que la tech-
nologie du 21ie siècle aurait mit fin aux
mythes et anciennes superstitions ré-
servés aux peuples ignorants et cré-
dules, mais on se tromperait grande-
ment. Le Diable et ses hordes de dé-
mons seraient-ils de retour pour occa-
sionner toutes sortes de ravages dans
notre société dite civilisée ? A en croire
la prolifération des exorcistes chez les
sectes dites Évangéliques où nous
voyons toutes sortes de charlatans pra-
tiquer la délivrance de démons chimé-
riques, l'ange déchu revient en force en-
core plus que du temps de Jésus et ses
disciples. Il ne connaît pas de frontière
sociale, pas même de barrière religieuse
ou géographique. Les exorcistes schizo-
phrènes paranoïaques sont parés à
toute éventualité, nous voyons toutes
sortes de séances de délivrance surgir
dans les milieux de frénésies extatiques
comme chez les Pentecôtistes et les
Charismatiques, et les groupes dissi-
dents de la Troisième Vague comme la
secte de Michelle d'Astier, nommée aus-
13
si la reine des démons, et plusieurs
autres qui lui ressemblent comme
Claude Payan, Allan Rich, etc. Plusieurs
d'eux savent pertinemment que derrière
le masque de l'invisible ne se cache pas
toujours le visage d'un Satan mythique,
mais l'opportunité de l'ignorance des
crédules qu'ils utilisent à leurs avan-
tages.
20
CHAPITRE 2
LA MYTHOLOGIE CHRÉTIENNE
Nous entrons ici dans le domaine de
l’ensemble des mythes du christianisme,
récits issus de textes sacrés ayant pour
vocation d'expliquer le monde, ou lé-
gendes à caractère édifiant et souvent
terrifiant. Ces mythes incluent des récits
issus de la Bible, mais également
d’autres sources; au moyen âge il
semble avoir intégré de nombreux
mythes celtiques entre autres.
21
de Deucalion, se rapporterait à l'histoire
de Noé et du Déluge.
Mésopotamie
La religion mésopotamienne est l'une
des premières à représenter l'univers
comme le champ de bataille de l'affron-
tement cosmique entre le bien et le mal.
27
L'épopée de Gilgamesh, le plus ancien
texte connu, marque déjà la première
apparition d'un personnage diabolique
dans la figure de Huwawa. Ce géant
monstrueux garde la forêt de cèdres
dans laquelle Gilgamesh veut couper le
bois qui manque à son peuple. Gilga-
mesh terrasse le monstre mais n'en re-
tire aucune gloire et se voit au contraire
puni par Enlil, seigneur du ciel et roi des
dieux. Huwawa au-delà de ses aspects
terrifiants «son rugissement est comme
celui d'une tempête, sa bouche est le
feu et son souffle est la mort», repré-
sente en effet une force naturelle au ca-
ractère sacré.
Perse
Zarathoustra est à l'origine d'un boule-
versement sans précédent dans la my-
thologie mésopotamienne puisqu'il rem-
place tous les dieux existant par deux
entités, l'une bénéfique, Ahura Mazda,
dieu de la lumière apportant l'ordre,
l'autre Ahriman ou Angra Mainyu, prési-
dant aux forces destructrices. Il crée
ainsi la première religion dualiste en op-
posant deux puissances équivalentes et
28
projetant une vision du monde en noir
et blanc. Certains disciples de Zara-
thoustra réintroduiront plusieurs des an-
ciens dieux et suggéreront qu'Ahriman
est subordonné à Ahura Mazda. Cette
interprétation donne au dieu bienveillant
le rôle de juge ultime qui laisse les dé-
mons tenter l'humanité et n'intervient
qu'en dernier recours pour empêcher la
victoire du mal. Cette notion de Juge-
ment Dernier est une des composantes
du christianisme. Ahriman est proba-
blement le personnage ayant le plus
influencé le Diable chrétien. Véritable
incarnation du mal, capable de rivaliser
avec le dieu bienveillant, il est assisté
par sept démons majeurs. Nous trou-
vons aussi dans cette mythologie qui se
rapproche en plusieurs aspects à celle
du Druidisme, le dieu Mithra, fils d'Ahu-
ra Mazda, qui détient un grand nombre
de caractéristiques avec Jésus et la reli-
gion dite chrétienne. Mithra était devenu
le dieu principal dans l'empire Romain
du temps de l'empereur Constantin au
4e siècle, d'où il subit une métamor-
phose ingénieuse pour devenir le Jésus
du catholicisme.
29
Égypte
Anubis, est le seigneur de la nécropole.
Le panthéon égyptien fournit deux divi-
nités dont la contribution à ce qui va
devenir le Diable est significative. D'une
part Anubis, qui guide les âmes vers le
royaume des morts et porte des attri-
buts que l'on retrouvera chez le
démon chrétien: le caractère mi-
homme, mi-bête ou la queue. D'autre
part, Seth, dont l'une des formes est un
serpent et qui pourrait avoir donné sa
couleur rouge à Satan. On peut aussi
considérer que cette même forme de
Seth a été reprise par le christianisme
pour en faire le serpent qui a tenté Ève
et l'a conduite vers le péché. Il y a aussi
le dieu serpent Apophis qui était la per-
sonnification même du mal et du chaos
dans la mythologie égyptienne qui pour-
rait être à l'origine de cette partie du
créationnisme.
Canaan
Le personnage de la religion cana-
néenne qui influencera le plus le démon
chrétien est sans conteste Baal, dieu de
la fertilité et fils du dieu El. La vision pé-
30
jorative et négative que la Bible offre de
Baal est probablement le reflet de l'opi-
nion des juifs sur ce dieu d'une religion
païenne mais il semble que pour ses
adorateurs, Baal ait eu la dimension
d'un sauveur dans son combat contre
Mot, dieu de la mort et de la stérilité.
Grèce
Si la Grèce antique est le berceau de la
raison, les philosophes grecs ont cepen-
dant eu une influence très relative sur la
vision anthropomorphique que leurs
contemporains, dans toutes les strates
de la société, avaient des dieux et expli-
quaient encore par des travers très
humains les vicissitudes de leur exis-
tence.
32
Si la distinction entre le bien et le mal
est parfois diffuse, de nombreuses déi-
tés présentant deux facettes, l'une
bienveillante et l'autre malveillante, Hé-
siode affirme néanmoins que les mau-
vaises actions sont punies par les dieux
qui confient aux Érinyes la tâche de
tourmenter ceux qui vont contre les lois
du cosmos. C'est avec Platon qu'appa-
raît une distinction plus claire entre l'as-
piration au monde des idées et la tenta-
tion de céder aux besoins matériels (une
opposition inspirée notamment par le
combat de Zeus et Dionysos contre les
Titans).
Rome
Les chrétiens ont de plus été inspirés
par les images des tombes étrusques
qui dépeignaient des scènes d'horreur,
des démons et des flammes. La mytho-
logie étrusque, qui est de source Chal-
déenne, s'est beaucoup inspirée de la
mythologie grecque, et durant les pre-
miers siècles de l'hégémonie chrétienne
à Rome, elle a dû survivre en parallèle
de religions polythéistes. Il paraît donc
naturel que les chrétiens se soient inspi-
33
rés, consciemment ou non, de ce qu'ils
avaient sous les yeux, et surtout de ces
dieux étrusques qui représentaient pour
eux le paganisme, donc l'incarnation du
mal. Le Charun étrusque, démon de la
mort, est souvent représenté sur les
fresques, les sarcophages, les urnes et
les vases étrusques dès le IVe siècle av.
J.-C., comme un monstre ricanant, hir-
sute, au nez crochu, aux dents de san-
glier, pourvu d'un énorme maillet.
Torah et Judaïsme
Le Dieu des Juifs est d'essence moniste,
autant adoré pour sa bonté que redouté
pour sa colère; il est omnipotent et ne
laisse aucune place à la concurrence. À
l'opposé des croyances de leurs voisins,
le peuple d'Israël ne cherche pas à im-
puter à des déités externes les événe-
ments qu'il ne peut comprendre mais
considère plutôt qu'il est le responsable
de son propre destin: tout ce qui sur-
vient de mal est la conséquence de ses
errances et du non respect de son al-
liance avec Yahvé qui le punit en consé-
quence. «Je forme la lumière et je crée
les ténèbres, je fais le bonheur et je
34
crée le malheur: c'est moi, le Seigneur,
qui fais tout cela.» (Es 45.7). Cette vi-
sion, si elle semble correspondre à la
mentalité d'un peuple tribal en guerre
perpétuelle pour conquérir un territoire,
semble moins pertinente après que les
Juifs ont vaincu leurs adversaires et
commencé à se sédentariser. Les ques-
tions d'organisation sociale et de morale
émergent alors et les livres des pro-
phètes, rédigés à cette époque, font ap-
paraître une préoccupation particulière
pour les questions de bien et de mal. En
marge de la théologie officielle, les
croyances populaires subsistent et sont
évoquées à de nombreuses reprises
dans le Deutéronome. Le Judaïsme
développe alors la croyance dans
l'existence d'un esprit du mal (déjà
existante dans d'autres religions),
responsable des calamités qui aupara-
vant auraient été considérées comme la
justice de Yahweh devant les égare-
ments de son peuple. Le monisme de
principe est respecté mais on s'oriente
de plus en plus vers un dualisme de fac-
to. Si ces anges (malak Yahweh) ont ini-
tialement un rôle neutre et peuvent
35
même apparaître comme la manifesta-
tion de Dieu sous une forme visible par
l'homme, leur personnalité se dégage
peu à peu.
Le livre de Job
Après l'exil et la réduction en esclavage
à Babylone au VIe siècle av. J.-C., les
Juifs s'interrogent sur leur statut de
peuple élu. L'incompréhension des Juifs
qui peinent à accepter leurs propres pé-
chés comme seule justification des
fléaux qui s'abattent sur eux, amène à
des développements théologiques dont
on retrouve la trace principalement dans
le Livre de Job. Ce passage marque en
effet la première apparition explicite de
Satan.
Littéralement «adversaire» ou quelqu'un
qui s'oppose, le personnage apparaît
plusieurs fois dans l'Ancien Testament
et peut-être traduit de différentes ma-
nières en fonction du contexte, mais
jamais il désigne un ange déchu ni
une créature mythologique gro-
tesque; le Livre de Job est néanmoins
la première apparition nominative, ex-
plicite (on ne parle plus de "serpent" par
36
exemple) de celui-ci. Il y apparaît
comme un tourmenteur avec des fonc-
tions bien déterminées et personnifiée
pour l'occasion par Job ou l'auteur du
livre, un tourmenteur que Dieu ne laisse
agir que dans les limites de ce que Job
peut supporter et pour rendre l'évidence
de sa fidélité à Dieu. En effet, Satan,
soutient à Yahvé que la fidélité de Job
n'est que le résultat des bontés qui lui
ont été accordées et que si sa foi était
mise à l'épreuve, sa loyauté ne durerait
pas. Satan se voit donc accorder par
Dieu la liberté d'éprouver Job dans le
seul but de tester la sincérité de sa foi.
En aucune façon il s'agit ici d'un ange
déchu, un «Malak», mais de fils de Dieu,
ou de «ben elohim», désignation qui
était appliqué aux fidèles du peuple,
surtout à des dirigeants ou des juges
qui administraient la justice. Le contexte
du livre nous indique clairement que le
rôle de Satan est joué par les amis
de Job qui cherchent à l'accuser, car
Satan signifie aussi l'accusateur. Ils
cherchèrent à accuser Job devant l'as-
semblée des «fils de Dieu», une assem-
blée typique de croyants qui se rassem-
37
blaient pour rendre un culte à Dieu et
dont les dirigeants administraient la loi
et la justice parmi le peuple.
39
tés dans l'esprit simple des ignorants et
des crédules.
Le Diable et la chrétienté
Héritier du Judaïsme, le Christianisme
reprend l'idée du Diable mais en fait
une personne surnaturelle plutôt
qu'un adversaire purement humain
comme il en est ainsi dans l'Ancien Tes-
tament; une personne qui agit, et non
seulement au plan moral par la tenta-
tion des fidèles, mais qui agit dans le
monde et le séduit pour l'amener contre
les fidèles de Dieu. La Vérité ne pouvant
que provoquer dans la pensée chré-
tienne, les persécutions ne peuvent
s'expliquer que par l'action d'un Démon
mythique. L'Empire romain, premier
persécuteur est donc naturellement le
premier à se voir qualifier de légion du
Démon.
42
Parler du Diable est une chose familière
et commune aux Chrétiens superstitieux
des premiers siècles. Sa nature et ses
pouvoirs sont définis peu à peu et si les
théologiens débattent de ces questions
au plan spirituel, la masse des croyants
conserve une vision très imagée du Dé-
mon qui provient de la mythologie. Le
Malin est généralement représenté
comme une figure humaine dégénérée,
plus que comme un monstre surnaturel.
Au plan profane, les contes populaires
qui le mettent en scène font de lui un
adversaire sans grand pouvoirs et aisé-
ment trompé. Ses représentations sont
d'ailleurs quasi inexistantes avant le VIe
siècle et ne deviennent vraiment cou-
rantes et accessibles qu'avec les églises
romanes dont la statuaire et les vitraux
donnent corps au Démon. A vrai dire,
le Démon et ses cohortes infernales
sont des inventions du Catholicisme
afin de contrôler les crédules par la
peur, tactique militaire très bien
connue depuis des siècles.
Le Diable et la psychanalyse
Il importe de comprendre que la psy-
chanalyse est l'étude de la science du
psyché, terme qui provient du Grec et
qui signifie «l'âme», ou encore la «cons-
51
cience de l'existence de l'être humain».
Quoiqu'elle eut un début assez difficile,
la science de l'étude de l'âme s'est raffi-
née pour devenir une aide importante
au niveau de la compréhension de la na-
ture humaine déchue. Au début du XXe
siècle, Sigmund Freud apporte un nou-
vel éclairage à la figure du Diable et
tente la première approche scientifique
des cas de "possession". En étudiant
une névrose dite démoniaque au XVIIe
siècle, un cas de supposée possession
démoniaque en pleine chasse aux sor-
cières, il suggère que les accusations
portées expriment en fait le refoulement
des pulsions sexuelles que la morale de
l'époque réprouve particulièrement.
Freud a dit: «Le Diable n'est pas autre
chose que l'incarnation des pulsions
anales érotiques refoulées», interpréta-
tion assez ambigüe du comportement
humain, mais qui détient néanmoins
certaines exactitudes. Elle s'inscrit dans
le cadre de la théorie qu'il développe se-
lon laquelle les névroses trouvent leur
origine dans des désirs sexuels inassou-
vis.
52
Selon Freud, le Diable représente en fait
une figure patriarcale et incarne la peur
et la défiance vis-à-vis du père, tandis
que Dieu en représente l'affection et
l'influence protectrice: «Il y a là un pro-
cessus psychique qui nous est bien con-
nu, la décomposition d’une représenta-
tion impliquant opposition et ambiva-
lence en deux contraires violemment
contrastés (…). Le père serait par con-
séquent le modèle primitif et individuel
aussi bien de Dieu que du Diable». Cette
théorie est loin d'être parfaite, toutefois
elle détient dans ce cadre naissant de la
psychanalyse, des éléments assez im-
portants qui démontrent que la religion
est vue comme une création psychique
permettant à l'individu d'accepter le
monde qui l'entoure ainsi que sa propre
condition mortelle. Le Démon est in-
tégré à l'individu comme faisant
partie de son inconscient, luttant à
son insu contre sa propre volonté.
La Bible nous dit en effet qu'il y a deux
volontés en l'homme, une volonté char-
nelle et une volonté de responsabilité
(Jean 1:13) Cette théorie de Freud
touche ici aux premières lueurs de
53
la réalité concernant le Diable et les
démons. En faisant ressortir les désé-
quilibre de la conscience, on peut ainsi
procéder à trouver une manière de
l'équilibrer. Mais rectifier pleinement
l'équilibre d'une conscience déréglée ne
peut se faire sans que l'Esprit de Christ
habite réellement le cœur du conseiller
ou du docteur. Sans l'Esprit de Christ la
solution n'est que temporaire, ils peu-
vent calmer un esprit troublé mais cela
souvent qu'avec l'aide d'un sédatif et les
dérèglements ne tardent pas à se mani-
fester de nouveau. La personne désé-
quilibrée doit aussi recevoir l'Esprit de
Christ pour être rétablie, en d'autres
mots elle doit être convertie par la puis-
sance de l'Esprit de Dieu, et non par la
puissance de sa volonté charnelle. Mal-
heureusement une psychanalyse
réellement chrétienne et biblique
n'existe pas encore et n'existera
probablement jamais, car le chris-
tianisme moderne a sombré complè-
tement dans l'apostasie. Il n'y a que
très peu de vrais chrétiens dans le
monde aujourd'hui. Toutefois on n'a pas
à ce demander pourquoi tellement de
54
personnes dites chrétiennes s'opposent
avec virulence à la psychanalyse, car
elle dévoile la pensée intérieure de ce
qu'ils sont ainsi que l'esprit de rébellion
qui demeure en eux.
Visions théologiques
D'un point de vue théologique, le Diable
est considéré comme un ange révolté
contre Dieu, déchu et précipité en enfer,
qui pousse les humains à faire le mal,
quoique la Bible ne supporte aucu-
nement une telle notion mytholo-
gique. La construction d'une telle doc-
trine n'est possible que si l'on tire des
versets hors de contexte pour prouver
un prétexte. Si certaines traditions con-
sidèrent que le mal vient aussi de Dieu,
et que le Diable n'est qu'un de ses as-
pects ou de ses agents, la plupart lui
donnent une dimension autonome. Dans
ce cas, selon certains, Dieu laisse dans
une certaine mesure le champ libre au
Diable, tout en conservant la possibilité
de le l'enchaîner de nouveau, alors que
pour les Manichéens la lutte entre ces
deux forces ne peut être arbitrée que
par l'homme.
55
Tradition judéo-chrétienne
La tradition judéo-chrétienne présente
le Diable comme la personne du mal,
une personne vivante et non un sym-
bole ou un principe. Étant supposément
un esprit et donc invisible, on ne décrit
pas son corps mais on spécule abon-
damment de ce qui le caractérise: il est
celui qui s'oppose à Dieu pour toujours.
59
CHAPITRE 3
LA CONTRIBUTION
DE L'ÉTYMOLOGIE
Lire la Bible est bien, mais comprendre
ce que nous lisons est encore mieux. La
grande majorité de ceux qui se di-
sent chrétiens et qui lisent la Bible
en français comprennent son texte
à la lumière des significations mo-
dernes des mots, puis s'imaginent
en mesure de proclamer et défendre
les grandes vérités du christia-
nisme. Une telle approche est le
comble de la stupidité, ils ne réalisent
point que la Bible n'a pas été écrite en
français mais qu'elle est une traduction
de l'Hébreu pour l'Ancien Testament et
du Grec pour le Nouveau Testament.
Elle n'est pas un livre normal écrit par
un auteur français qui raconte une his-
toire quelconque, et ne se lit pas comme
un livre commun. Aucun ne peut dire
avec autorité que «la Bible dit ceci ou la
Bible dit cela» s'il n'a pas au moins une
base de la connaissance de ces deux
langues ou au moins de l'une d'elles.
Beaucoup dans une traduction de
son Texte Sacré ne reflète en au-
60
cune façon le sens réel des mots
dans les originaux, et cela occa-
sionne un grand nombre de conflits
au niveau de sa compréhension.
Mais tout n'est pas sans espoir, heureu-
sement de nos jours nous sommes ri-
chement béni de toutes sortes d'outils
qui nous aident dans ce domaine: Con-
cordances variées, Glossaires, Atlas,
Dictionnaires bibliques, et Lexiques Hé-
breu et Grec qui nous donnent le sens
des mots et toutes leurs nuances ou sy-
nonymes. Malheureusement, quoique
nous en avons plusieurs en français, les
meilleurs outils sont en anglais mais la
majorité des chrétiens français sont trop
paresseux pour apprendre cette langue,
encore moins l'Hébreu ou le Grec. Il ne
faut pas trop demander aux français
qui se disent chrétiens, surtout il ne
faut pas les déranger dans leur
piètre confort dans lequel ils se ber-
cent dans leurs illusions de com-
prendre tout.
75
Nous retrouvons aussi ce double sens
du mot «Satan» dans l'Ancien Testa-
ment:
«Mais la colère de Dieu s'enflamma,
parce qu'il s'en allait; et l'ange de
l'Éternel se tint dans le chemin comme
un Satan contre lui» (Nom.22:22);
«... et qu'il ne descende point avec nous
dans la bataille; de peur qu'il soit un Sa-
tan contre nous dans la bataille» (l
Sam.29:4);
«Et David dit: Qu'ai-je à faire avec vous,
fils de Tseruja? car vous m'êtes aujour-
d'hui des Satans» (2 Sam. 19:22);
«Et maintenant l'Éternel, mon Dieu, m'a
donné du repos tout alentour, et je n'ai
point de Satans» (1 Roi 5:4);
«L'Éternel donc suscita un Satan à Sa-
lomon, Hadad, Iduméen, qui était de la
race royale d'Edom» (1 Roi 11:14);
«Dieu suscita aussi un autre Satan à Sa-
lomon; savoir Rézon, fils d'Eljadah» (1
Roi 11:23);
«Rézon donc fut Satan d'Israël tout le
temps de Salomon» (1 Roi 11:25);
«... et ceux qui me rendent le mal pour
le bien, sont mes Satans, parce que je
recherche le bien» (Psm. 38:20);
76
«Que ceux qui sont les Satans de mon
âme, soient honteux et défaits» (Psm.
71:13);
«Au lieu que je les aimais, ils ont été
mes Satans; mais moi, je n'ai fait que
prier en leur faveur» (Psm. 109:4);
«Telle soit la part de l'Éternel, la récom-
pense de mes Satans, et de ceux qui
parlent mal de moi» (Psm. 109:20);
«Que mes Satans soient revêtu de con-
fusion, et couvert de leur honte comme
d'un manteau» (Psm. 109:29).
86
Il n'y a aucun doute que la chute de Lu-
cifer mentionnée dans Es.14: 12, est
nulle autre que la chute du dernier roi
de Babylone, Belschatsar (Dan. 5:1-30),
qui était le représentant officiel de
Nimrod comme Lucifer. Pour qui a
des yeux pour lire, les passages d'Ésaie
13:17 à 14:23, se rapportent clairement
à la destruction de l'empire Babylonien,
aucune autre interprétation n'est pos-
sible: «Et Babylone, l'ornement des
royaumes, la fière parure des Chal-
déens, sera comme Sodome et Gomore,
que Dieu détruisit. Elle ne sera plus ja-
mais habitée, elle ne sera plus jamais
peuplée» (Es.13:19,20). Ceci est la clé
du contexte qui se rapporte à Lucifer
dans Es. 14:12-23. Le livre de Daniel
nous affirme positivement que Belschat-
sar, le dernier roi des Chaldéens, fut tué
lorsque Darius le Mède s'empara du
royaume Babylonien avec l'aide de Cy-
rus, roi des Perses (Dan. 5:28-30; 2
Chr. 36:20-23; Esd. 6:1-5). Ceci est
supporté par le célèbre exégète, Mat-
thew Henry, qui nous dit dans ses
Commentaires: «Les passages d'Ésaïe
14:11,12; se rapportent au roi de Baby-
87
lone qui brillait (Lucifer) comme l'étoile
du matin». Thomas Haweis apporte son
accord en nous disant: «Les versets
d'Ésaïe 14:4-23 se rapportent à la chute
de Babylone». La preuve de ceci est
scellé positivement et sans aucun doute
dans Es. 14:4: «tu te moqueras ainsi du
roi de Babylone», nous indiquant que le
nom de "Lucifer" est un titre quali-
ficatif qui désigne un homme et non
un ange. Dans Es. 14:13,14; pas-
sages qui se réfèrent à la construc-
tion de la tour de Babel; nous voyons
que le roi de Babylone s'opposa à Dieu
en s'exaltant et se glorifiant lui-même
comme Souverain Pontife du monde en-
tier, titre païen des Mystères Chaldéens
du culte du Soleil qui passa a Darius le
Mède pour être transmis de nouveau à
Alexandre le Grand qui a conquit le
royaume Médo-Perse, et qui trouva sa
place finalement dans l’empire Romain
et dans la Papauté. Le prophète Daniel
confirme la chute du roi de Babylone en
ces mots: «Et toi Belschatsar... tu t'es
élevé contre le Seigneur des cieux...
Dieu a compté ton règne, et y a mis
fin... Ton royaume sera divisé, et donné
88
aux Mèdes et aux Perses» (Dan.5:
22,30). Ainsi s'écroule en ruine l'hypo-
thèse de la chute d'un ange imaginaire
qui enflamme l'esprit du christianisme
contrefait moderne. Comme la Babylone
antique fut détruite, ainsi il sera fait à la
Babylone Mystérieuse qui repose sur
sept montagnes (Ap. 17:3-9; 18:2,21).
95
Le fait que le mot "Éden" apparaît dans
le livre d'Ézéchiel n'a pas manqué de
stimuler l'imagination extravagante des
mythomanes. Recherché un Jardin
d'Éden littéral où Adam habitait est aus-
si futile que de rechercher la vrai Église
de Christ parmi les organisations ecclé-
siastiques du christianisme moderne.
Ceux qui veulent "un paradis terrestre"
matériel marchent dans les voies de
Caïn et de Nimrod et sont des enfants
de rébellion; tout comme ceux qui fon-
dent des fausses églises.
Le Dictionnaire Grec-Français de J.
Planche nous donne toutes les significa-
tions et nuances des mots qui sont as-
sociés à celui de «démon», dont voici
les principales que nous donnons (en
conjonction avec le Dictionnaire des Sy-
nonymes du CRISCO), Dans tous ces
mots et toutes leurs significations
et nuances, aucun n'a rapport avec
des anges déchus transformés en
démons, tous sans exception s'ap-
plique à l'être humain, même les
mots dieu et divinité qui pour les
grecs étaient des héros reconnus
pour leurs exploits:
Dai = pourquoi donc, comment donc,
(motif, raison, considération, esprit, in-
telligence, jugement, lucidité, pensée,
rationnel, rectitude, réfutation, répara-
tion, sens).
Daio = 1- partager, déchirer, mettre en
pièces, tuer, immoler - découper, distri-
110
buer; 2- flambeau, torche ardente -
brûler [dans le sens d'être en feu], al-
lumer, consumer, ravager.
Monas - Monos = être isolé, seul,
abandonné.
Moné - Monia = 1- action de s'arrêter
ou arrêt, repos, lenteur, séjour, de-
meure, retard, temporisation 2- soli-
tude, isolement, célibat, seul, solitaire.
daimonao = être hors de soi, être fou,
être insensé.
daimonion = avoir l'intelligence parta-
gé entre les dieux et les hommes, faux
dieux, idoles.
daimonios = être possédé, être misé-
rable, criminel, fou, insensé - (implique
la notion de démence, être transporté,
être extatique).
daimon = dieu, divinité, providence,
sort, destin, fortune - les mànes ou
âmes bienveillantes.
112
terme qui signifie proprement «cons-
cience déréglée».
125
Il est évident, pour ceux qui ont des
yeux pour voir, que ceci est le contexte
historique dans lequel tout ce texte de
l'Apocalypse doit être interprété. Il faut
se garder du poison des Milléna-
ristes qui nous disent que ce texte
de l'Apocalypse se rapporte à des
événements encore à venir, contre-
disant toutes les règles d'interpré-
tation biblique. Nous trouvons cette
interprétation fallacieuse chez ceux qui
se nomment audacieusement "Frères
Chrétiens" ou Darbystes, chez la majori-
té des sectes Baptistes, chez les Pente-
côtistes et Charismatiques; et chez plu-
sieurs groupes dissidents qui se récla-
ment sans dénominations.
135
CHAPITRE 4
LES ILLUSIONS
DE L'ANGÉOLOGIE MYTHIQUE
Selon A.R. Kayayan, pasteur, mission-
naire et directeur de Perspectives Ré-
formées, «les Israélites voyaient l'uni-
vers peuplé de créatures et de puis-
sances invisibles. Les Seirim ou Poilus,
désignant les démons à face de bouc;
Lilith, démonesse de la nuit; les
Tsiyyims ou bêtes féroces; et toutes
sortes de superstitions du même es-
pèce». Auguste Rohling (Le Juif Talmu-
diste) en cite quelques exemples: «Le
Vendredi au soir, Dieu créa les démons.
Il ne leur donna pas de corps parce
qu'ils s'étaient opposés à ce que
l'homme reçut un corps. Quelques dé-
mons descendent d'Adam qui, chargé de
la malédiction de Dieu, refusa d'appro-
cher Ève pour ne pas procréer des en-
fants de malheur. Deux femmes de dé-
mons lui apparurent et conçurent de lui
de nouveaux démons. Adam a engendré
pendant 130 ans avec Lilith, une femme
des démons, que des esprits, des dé-
mons et des spectres nocturnes. Lilith
fut désobéissante envers Adam, son
136
époux. Pour sa punition, tous les jours,
cent de ses enfants meurent. La nuit
elle rugit continuellement accompagnée
de 480 esprits de malédictions. Les dé-
mons dansent entre les cornes d'un
bœuf qui sort de l'eau, et au milieu
d'une troupe de femme qui reviennent
d'un enterrement. A cause des démons,
personne ne doit se rendre en des en-
droits solitaires, ou se trouver seul pen-
dant la croissance et la décroissance de
la lune, ni saluer quelqu'un pendant la
nuit, car ce pourrait bien être un dé-
mon. On doit se laver les mains de bon
matin, parce que l'esprit impur s'arrête
sur des mains impurs; et beaucoup
d'autres folies de ce genre».
143
CHAPITRE 5
L'HOMME CACHÉ
QUI RÉSIDE DANS LE CŒUR
Nous savons maintenant que Satan est
l'esprit d'inimitié en l'homme, c'est à
dire l'esprit hostile ou adversaire contre
l'Esprit de Dieu. En effet, le mot Grec
"Satanas" qui signifie "adversaire" est
relié à "Satto" qui signifie «charger,
harnacher, équiper, armer, accabler,
bourrer, combler, fouler». Nous obte-
nons ainsi le principe que Satan est nul
autre que l'esprit de l'homme qui
harnache la chair en excitant ou
provoquant les passions troublées
de sa conscience (les démons), tout
comme un cavalier qui harnache
(attelle) son cheval après lui avoir
passé la bride. Ainsi Satan est nul
autre que l'esprit d'adversité ou de
concurrence en l'homme.
145
très précise et ne demande pas plus de
détails.
147
Limiter la figure du Diable à une défini-
tion, théologique, philosophique ou
symbolique du mal serait extrêmement
réducteur. Lente création d’un imagi-
naire collectif, le Diable est un mythe
capable de donner du sens à la vie en
dépassant les contradictions insolubles
et en apaisant nos plus profondes an-
goisses. Cette construction intellectuelle
et sensible a fourni à l’occident une ré-
ponse à l’insoutenable mystère du tra-
gique de l’existence.
152
CHAPITRE 6
LES FANTASMES DIABOLIQUES
DE LA PSYCHOLOGIE
Certains qui détiennent la sagesse du
discernement n’ont pas hésité à se ser-
vir des acquis de la psychologie mo-
derne et de la psychanalyse pour identi-
fier les pseudo-manifestations diabo-
liques à des fantasmes ou illusions de
leur nature humaine. Mais le Diable (ou
ses expressions mentales) a une his-
toire, ses figures et ses fonctions chan-
gent avec les lieux, les cultures, les
époques. Il n'a pas toujours été person-
nalisé, il n'a pas eu tout le temps des
aspects anthropomorphiques ou zoo-
morphiques. L'univers du monde diabo-
lique est d'une richesse étonnante, té-
moignant de la variété des peurs hu-
maines dans des contextes différents et
de puissance de son imaginaire stimulé
par l'ignorance et la crainte.
163
CHAPITRE 7
LA POSSESSION DÉMONIAQUE
La possession démoniaque est en
vogue de nos jours, encore plus que
du temps de Jésus et ses disciples,
et elle attire de nombreuses per-
sonnes affamées d'un sensationna-
lisme débridé qui demande pas
mieux que d'être reconnue comme
l'expérience normative du christia-
nisme face à des désordres d'ordre
psychiques et même mythiques qui
trahissent le déséquilibre d'une
psychose collective. Prenant ici appui
sur une ethnographie réalisée parmi des
églises dites évangéliques de la région
genevoise, on montre comment le com-
bat contre les démons, en vogue dans
les milieux charismatiques, constitue
une extension des pratiques habituelles
d’évangélisation propres à un supposé
évangélisme. Dans les deux cas, il
s’agit de délivrer des individus ou
des collectifs de l’emprise d'un
Diable et de démons imaginaires qui
se rapportent aux mythes d'an-
ciennes religions à mystères.
164
L’efficacité rituelle du charisma-
tisme tient au fait qu’il use de la
louange comme d’une arme spiri-
tuelle afin de manipuler et influen-
cer les gens, ce qui lui permet dans
sa folie d’exorciser des territoires et
des institutions, ou encore de déli-
vrer leurs membres des péchés de
leurs ancêtres. Dès lors, la démonolo-
gie ordinaire de l’évangélisme est sus-
ceptible de donner lieu à une théologie
politique appelant à des formes particu-
lières d’investissement des symboles et
de l’imaginaire nationaux. L'exorcisme
est ainsi devenu le nouveau mode
populaire parmi des groupes de re-
tardés qui s'imaginent avoir la puis-
sance de chasser des mauvais es-
prits de personnes instables et su-
perstitieuses. En fait, ne pas croire
au Diable et aux démons comme des
entités distinctes de l'homme, est
considéré comme un blasphème et
un sérieux affronts aux croyances
groupales illusoires de ces sectes
manipulatrices qui s'imagine détenir
le monopole de la vérité, tout en pro-
165
clamant le contraire afin de mieux sé-
duire ses victimes.
166
Un autre point commun aux cas de pos-
session, est que les démons s’expriment
par la bouche des possédés, de la-
quelle sort une voix qui ne semble
pas être la leur mais qui provient de
leur démence hallucinatoire, hurlent
des insultes et des obscénités, blasphè-
ment, etc. De surcroît, nombre de
possédés se trouvent capables de
comprendre et de parler diverses
langues étrangères, dont ils
n’avaient auparavant aucune con-
naissance. Cela est significatif au ni-
veau du parler en langues chez les
sectes dites Évangéliques à tendances
extatiques. Ces derniers reçoivent un
baptême des esprits qu'ils qualifient
dans leurs délires psychotiques de
Baptême du Saint-Esprit et se met-
tent à parler en des langues insen-
sées, à interpréter ce charabia, à
prophétiser des pressentiments
axiomatiques ou a rire à grand
éclats souvent en se roulant par
terre. Enfin, les possédés font souvent
montre d’une force physique extraordi-
naire, qui dépasse largement leurs ca-
pacités habituelles, tout comme nous
167
voyons des gens agir en cas de danger
qui reçoivent une surdose d'adrénaline.
170
rent leur péché, ce fut un genre de
repentance à salut.
Dérèglements de l'exorcisme
En général, l'exorcisme est un rituel re-
ligieux destiné à expulser une entité
psychique maléfique qui se serait empa-
rée d'un être animé (humain ou ani-
mal). Cette pratique est probablement
universelle, elle est largement attestée
sur le continent eurasien: chamanisme,
177
taoïsme, hindouisme, bouddhisme, ainsi
que les monothéismes (islam, judaïsme,
christianisme). A l’origine du comporte-
ment de l’Église institutionnalisée, il y a
l’exemple et le commandement du
Christ: «Guérissez les malades et chas-
sez les démons.» L’exorcisme vise à ex-
pulser les démons ou à libérer de
l’emprise démoniaque et cela par
l’autorité spirituelle que Jésus aurait
confié à son Église ou à certains indivi-
duels. L'entité la plus connue censée
provoquer la possession est la force que
les chrétiens nomment Satan ou le
Diable que nous avons identifié positi-
vement comme étant la nature humaine
déchue en chacun de nous.
181
Le Nouveau Testament utilise le verbe
«chasser» (ekballo) les démons plutôt
que «exorciser». Pourquoi? Sans doute
parce que l’exorcisme s’associait avec la
magie, l’accomplissement de certains ri-
tuels hautement symboliques, et
l’utilisation de formules religieuses lé-
thargiques spécifiques pour transférer
des suggestions envoûtantes afin de
manipuler les victimes. Ce n’est pas ce
que nous trouvons dans le Nouveau
Testament. Ce qui signifie que l'exor-
cisme n'est pas un don ou une pra-
tique biblique enseignée par Jésus à
ses disciples, comme le prétendent
plusieurs qui se donnent à toutes
sortes d'égarements, il est plutôt
une déformation de la vérité et un
viol de la Parole de Dieu.
Il y a toutefois un déferlement
commun sur un ensemble de gens
qui sont envoûtés d'une décharge
psychique générale qui les envahit
tous, comme nous voyons dans cer-
tains groupes dit chrétiens comme
le Vignoble, ou manipulé par des
professionnels en mesmérisme sug-
gestif comme des prédicateurs de la
trempe de Benny Hinn qui charme
des foules entières. Mis à part sa si-
gnification théologique (ou culturelle)
183
particulière, ainsi que les éventuels
phénomènes parapsychologiques qui
pourraient lui être associés, la crise de
possession ne se distingue pas d'une
crise d'hystérie au sens de Charcot ou
des phénomènes de spasmophilie, de
transe, voire des états de rebirth (nou-
velle naissance) provoqués dans cer-
taines thérapeutiques. La possession
est une forme de trouble psychopa-
thologique ou de mécanisme psy-
chophysiologique dont les consé-
quences pourraient même être très
dangereuses si les personnes dites
possédées sont soumise à des exor-
cismes de la part d'évangéliques
névrosés. Déjà plusieurs personnes
sont mortes à cause de telles aberra-
tions pratiquées même sur des jeunes
enfants innocents.
199
La plupart des sectes protestantes
croient aux possessions et à l'exor-
cisme. Selon Michael Cuneo, sociologue
à l'Université Fordham: «Une estimation
prudente permet d'affirmer qu'il y a cinq
à six cents ministères Évangéliques pra-
tiquant l'exorcisme de nos jours, et
qu'on pourrait facilement doubler, voire
tripler ce chiffre». D'après le révérend
Brian Connor, de Caroline du Sud, «la
lutte contre le mal dans sa forme ani-
mée est le mandat le plus négligé de
tous ceux qui nous ont été conférés par
la Bible». Connor est passé à l'émission
Dateline, de la NBC, qui traitait de
l'exorcisme (13 novembre 2001). On le
voyait, aidé de quelques amis, consa-
crer toute une journée à tenter d'extir-
per les démons du corps d'un quinqua-
génaire qui avait souffert, dans le passé,
de dépression et de confusion. Les exor-
cistes Évangéliques brandissaient des
bibles, dont ils lisaient occasionnelle-
ment des passages, ainsi que des croix.
Pressant le malheureux de toutes parts,
ils récitaient des prières des heures d'af-
filée en sommant les démons de partir.
Le sujet hurlait parfois comme une bête
200
et faisait la grimace à ses bienfaiteurs.
C'était du plus bel effet dramatique, et
la catharsis finit par être assez intense
pour que le possédé vomisse un coup.
Connor a immédiatement déclaré que
c'était Satan qui quittait le corps du
pauvre homme, et que tous les démons
avaient été chassés. Un suivi effectué
deux mois plus tard a cependant montré
que le groupe avait dû répéter l'exercice
à six autres reprises. Maintenant, sans
aucun doute, les démons étaient partis.
Quant au sujet lui-même, il disait aller
bien et se sentir comme un homme
nouveau. Après avoir visionné
l'émission, Michael Cuneo a conclu
que le groupe suggérait à son sujet
comment il devait se comporter. Il a
dit n'avoir vu aucune preuve de
possession démoniaque ni d'exor-
cisme quelconque. On a montré la
même bande à un psychiatre, qui s'est
déclaré incapable d'évaluer ce qu'il avait
vu en tant que spécialiste. Il lui sem-
blait toutefois, à titre de croyant,
qu'il y avait là quelque chose de
bien réel en rapport avec une pos-
session démoniaque. Sur quoi fon-
201
dait-il cette conclusion? «Sur la
foi», NON, sur la croyance reli-
gieuse d'un endoctrinement particu-
lier. Cet homme était membre du comi-
té de l'American Psychiatric Association
sur la religion et la psychiatrie. Le com-
portement des exorcistes était au moins
aussi intéressant que celui du possédé.
Croire en l'existence de démons est
une chose, mais penser qu'on a la
capacité de faire appel à un être
surnaturel omniscient et omnipo-
tent pour qu'il chasse des démons
par votre intermédiaire demande
des preuves, surtout lorsque nous
savons que les démons sont le fruit
de l'imagination de plusieurs
siècles. Autant les exorcistes que
l'exorcisé se sont mis le doigt dans l'œil.
De toute évidence, les premiers tiraient
une grande fierté de leur réussite, et se
réjouissaient de leur victoire sur Satan.
Le sujet, lui, entouré, dorloté et aimé, a
finalement été félicité, récompensé par
l'approbation de ses bienfaiteurs lors-
qu'il s'est débarrassé du Malin en se
proclamant serviteur de Jésus. Rien de
ce qui s'est passé là n'est bien compli-
202
qué. Le groupe a convaincu le sujet qu'il
était possédé. On lui a indiqué comment
il devait se comporter, et tout le monde
s'est congratulé quand le démon a quit-
té sa victime. Pour expliquer comment
tout le groupe en est venu à croire qu'il
pouvait exorciser des démons, il faut re-
courir aux concepts d'aveuglement et de
renforcement collectif. Les exorcistes
aiment clairement leur travail, et ils ti-
rent une satisfaction évidente de l'aide
qu'ils procurent d'une façon aussi spec-
taculaire. Je suis persuadé que bien des
pseudos chrétiens Évangéliques se de-
mandent, après avoir vu l'émission,
comment ils pourraient devenir des
aides exorcistes».
216
Que Jésus chassa des démons, dans le
sens général superstitieux et mythique
que les gens attribuent à ce terme, est
complètement faux. Jésus n'a jamais
chassé aucun démon de ce genre, il
redressa plutôt des consciences déré-
glées par des obsessions de culpabilité
pour avoir brisé la loi de Dieu, et il fit
cela avec douceur et compassion.
217
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