Permaculture - Le Guide Pour Bien Débuter-Lien-Torrent PDF

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À

Annie Lagueyrie

PERMACULTURE
LE GRIPE POUR RIEN OÉRUTER
Jardiner
en im itant la nature
Annie Lagueyrie

PERMACDLTDRE
LE BRIDE PDUR RIEN DÉRDTER
Jardiner
en im itan t la n atu re

teistica éditions
SOMMAIRE
Introduction................................................................................................ 4

Chapitre 1 : Laisser le sol travailler........................................................6


Observer : Dans la nature, on ne voit pas les jardiniers........................... 7
Comprendre : Des « travailleurs » non déclarés.........................................8
Applications : Limiter les perturbations...................................................... 9
Montage d’une bu tte....................................................................................... 17
Jardiner en v ille................................................................................................19

Chapitre 2 : Faire des déchets des ressources.....................................20


Observer : La nature reste propre................................................................21
Comprendre : Des déchets biodégradables...............................................22
Applications : Boucler les cycles..................................................................25
Montage d’une lasagne...................................................................................35
Jardiner en v ille............................................................................................... 36

Chapitre 3 : Replanter des arbres..........................................................37


Observer : À l’origine était une fo rê t...........................................................38
Comprendre : Les arbres, rois de la nature .............................................. 39
Applications : Vers un jardin-forêt..............................................................41
Jardiner en v ille............................................................................................... 51

Chapitre 4 : Un jardin à énergie solaire ..............................................52


Observer : Une énergie gratuite et renouvelable .....................................53
Comprendre : Toujours plus loin avec le soleil.........................................54
Application : Un plan bien co n çu ................................................................56
Jardiner en v ille............................................................................................... 66

2
Chapitre 5 : Une attention particulière à l’e a u ...................................67
Observer : beau favorise l’abondance......................................................... 68
Comprendre : beau, source de vie .............................................................. 69
Applications : Pour un jardin autonome en e a u ...................................... 72
Jardiner en v ille............................................................................................... 81

Chapitre 6 : La santé par l’équilibre .................................................... 82


Observer : La nature est toute belle............................................................ 83
Comprendre : Pullulation interdite ! .......................................................... 84
Application : Cultiver la biodiversité ......................................................... 88
Jardiner en v ille............................................................................................... 97

Chapitre 7 : Jardiner avec des animaux................................................98


Observer : Sauvages et domestiques .......................................................... 99
Comprendre : Les fonctions animales utiles à l’homme ......................100
Applications : Dujardin à la ferme ...........................................................102
Jardiner en v ille............................................................................................. 110

Conclusion...............................................................................................111

Annexes.................................................................................................... 114

© 2015, Éditions Rustica


Dépôt légal mars 2015
ISBN: 978-2-8153-0617-1
N° d’éditeur: 49972 (R15065)

www.rustica.fr

3
LE PLUS PARFAIT DES MODÈLES
À tous les amoureux de jardins, la nature n’offre-t-elle pas le plus parfait des modèles ?

Durant des millions d’années, arbres majestueux, prairies multicolores, sous-bois luxuriants
ont offert le gîte et le couvert à l’être humain et à des millions d’animaux sans que quiconque
n’ait rien à faire... sinon se déplacer pour récolter. Abandonnant peu à peu ce mode de vie
nécessairement nomade et non sans danger (intempéries, animaux sauvages... ),
l’homme s’est peu à peu organisé pour se mettre à l’abri, vivre en société et produire
lui-même sa nourriture sur place par le biais de l’agriculture.

Aujourd’hui, comme par le passé, ce n’est toujours pas suffisant.

Et cela ne va plus sans dégâts.

Au terme d’une très longue évolution, c’est en constatant les dérives du système agricole
(érosion, déforestation) encore aggravées par la généralisation des produits chimiques
et de la mécanisation (entraînant toxicité pour les utilisateurs, pollution des cours d’eau,
destruction de la faune, endettement, exode rural), que des scientifiques, écologistes,
biologistes et agriculteurs, en sont venus à remettre en question des pratiques de plus
en plus déconnectées de l’environnement.

Partout dans le monde - au Japon, en Australie, aux États-Unis, en Allemagne - l’efficacité


de méthodes, à la fois plus productives et plus respectueuses des hommes et de la nature,
a été prouvée. Lagriculture biodynamique et biologique, l’agroforesterie, l’agroécologie
et la culture bio-intensive, chacune avec leurs spécificités, agissent en ce sens.

Imaginée en Australie, en accord avec ces différents courants, la permaculture leur emprunte
bon nombre de pratiques : le refus des pesticides, des engrais chimiques et du labour au profit
des paillis, du compostage et de la culture intensive sur de petites surfaces.

4
Elle est avant tout une méthode de conception de systèmes d’organisation durables
(ou permanents, d’où le terme choisi de permaculture) et économes en énergie.

Quand la permaculture conçoit une ferme, elle s’attache à mettre en relation hommes,
plantes, animaux, environnement, clim at... de manière à ce qu’ils fonctionnent ensemble
du mieux possible. Ce mode d’organisation s’inspire du fonctionnement des systèm es
naturels (écosystèm es] et d’une éthique humaine forte. Elle fait appel à la pratique
du « design » pour en rendre compte : comme II existe des paysagistes, en permaculture
Il existe des « designers » .

Les trois objectifs des productions en permaculture sont :


- le soin à la terre,
- le soin aux personnes,
- le partage équitable des ressources.

Portant un regard global surtout l’environnement, la permaculture déborde largement


du cadre de l’agriculture, Incluant tous les aspect de la vie courante. Tout est relié :
nutrition, santé, habitat, écologie, artisanat, économie, société, communication, transports...

Or, si tous ces domaines nous concernent au quotidien et que chacun peut apporter
sa pierre à un nouvel édifice, les grandes décisions échappent à beaucoup d’entre nous.
En revanche, Il est un domaine qui nous offre des moyens d’agir très rapidement en faveur
de notre bien-être : le jardinage, unique objet de cet ouvrage d’initiation.

À la campagne et même en ville, pour cultiver des fleurs, produire des légumes ou faire
pousser des arbres fruitiers, la permaculture Invite à observer la nature, à comprendre
comment elle fonctionne et à jardiner avec elle en profitant de sa force plutôt que de vouloir
la dominer en s’épuisant : élémentaire, non ?

5
CHAPITRE 1
LAISSER LE SOL TRAVAILLER
“Chaque élément pris séparément n’a
aucun intérêt agricole ; c’est la synergie
de tous ces éléments qui va faire que
le sol sera fertile ou non.”
Claude et Lydia Bourguignon
■ OBSERVER
DANS LA NATURE, ON NE VO IT PAS LES J A R D IN IE R S . . .
Alors que l’homme s’évertue à travailler la terre de son jardin qui a continuellement ten­
dance à se tasser, les forêts atteignent des hauteurs vertigineuses, les prairies sont den­
sément couvertes d’herbes et de fleurs sans qu’aucun jardinier ne soit visible.

Pourtant, si l’on parvient à arracher une touffe de graminée dans un pré, force est de
constater qu’elle est fortement enracinée dans une terre meuble et friable, quelques vers
de terre étant la plupart du tem ps lovés confortablement autour des racines, signe indis­
cutable aujourd’hui d’un sol de bonne qualité.

Ce que recherche le jardinier, c’est en effet une terre meuble dans laquelle il est facile de
planter, bien aérée et qui ne reste pas gorgée d’eau à la moindre pluie. Pour la décrire,
on la dit «g ru m e le u s e » et pour en avoir une idée assez précise, il suffit d’observer celle
d’une taupinière. Or, c’est l’état naturel de la plupart des sols recouverts d’arbres et de
plantes sauvages.

Comment un sol peut-il rester meuble et aéré sans l’intervention de l’homme ?

?
COMPRENDRE
DES «TRAVAILLEURS» NON
DECLARES...
Si la terre des espaces naturels demeure
aussi parfaite, c’est grâce à l’action conju­
guée des racines et de tout un peuple sou­
terrain qui vivent en bonne intelligence,
explorant le sol chacun à leur manière à la
recherche de nourriture. Un seul plant de
seigle peut produire 600 km de racines !

Les racines tracent


Il est peu connu que le volume des racines
des plantes est nettement supérieur à
celui de leur partie aérienne. Celles des
arbres sont les plus puissantes, capables
de descendre à plus de 100 mètres de pro­
fondeur.

En se développant, les racines exercent


des forces qui décompactent la terre, la
« t r a v a ille n t» à leur manière, aussi bien
en surface qu’en profondeur car les plantes
ont des systèm es racinaires très diffé­
rents selon les espèces. Certaines ont des
racines horizontales, d’autres verticales,
plus ou moins profondes et les arbres pos­
sèdent les deux.

Elles form ent ainsi des galeries favorisant


l’infiltration de l’eau de pluie qui s’éva­
cue en profondeur jusque dans la nappe
phréatique. Le sol est ainsi perméable,
Les racines sont d’une puissance méconnue. bien drainé.

8
Tout un peuple souterrain
creuse
Pourtant plus nombreux que les êtres vivant sur
terre, les habitants du sol sont restés longtemps
méconnus pour la bonne raison que la plupart
sont microscopiques. Cependant, tous ont un
rôle capital à jouer. En bon état, un sol contient
jusqu’à un milliard d’organismes vivants.

- Taupes, mulots et autres rongeurs brassent


et aèrent le sol de façon très efficace en y
creusant les galeries nécessaires à leur mode
de vie. Une taupe peut par exemple creuser
100 m de galeries en une seule nuit...

- Les vers de terre comptent plusieurs caté­


gories. Les plus actifs dans le brassage du sol
sont les lombrics. Ils creusent des galeries
verticales, non pas avec leurs pattes comme
la taupe mais en ingérant la terre rencontrée.
Ils vont et viennent constamment entre pro­
fondeurs et surface, pour manger des feuilles La taupe possède des griffes très efficaces.
et vider leur intestin. En plus de cette action
d’aération, indispensable à toute vie dans le jardin déjà bien occupée par des plantes
sol, ils sont à l’origine de la formation de l’hu­ vivaces peut le rester si vous n’estim ez
mus (voir chapitre 2). pas nécessaire de cultiver des légumes, de
planter une haie brise-vent, des fru itie rs...

APPLICATIONS Refuser les produits


chim iques
LIMITER LES Contrairement aux produits naturels, les
produits chimiques fabriqués par l’industrie
PERTURBATIONS ne sont pas biodégradables. Les micro­
Jardiner c’est perturber mais on peut s’en organismes du sol savent décomposer le
tenir au strict minimum. C’est déjà beau­ bois, les feuilles, les os mais pas les pro­
coup et c’est surtout facile. Toute zone du duits chimiques !

9
En conséquence, ces produits s’accumulent Les fongicides sont utilisés contre le mildiou,
dans les sols où ils sont épandus puis dans l’oïdium, les taches noires du rosier qui sont
l’eau. des champignons microscopiques comme
tant d’autres, si précieux pour la vie du sol.
Ceci concerne avant tout les pesticides
qui sont toxiques pour la vie du sol : insec­ Tout épandage de pesticide dans la nature
ticides, herbicides ou fongicides sont faits entraînant des conséquences qu’il est im ­
pour détruire et ceci de façon plus générale possible de maîtriser, le jardinier respec­
qu’on aimerait le croire. tueux de l’environnement s’en abstient.

Un insecticide ne tue pas seulement les in­


M éthodes alternatives
sectes nuisibles, doryphores ou pucerons
au travail du sol
mais également les autres espèces très
utiles gravitant dans les parages : abeilles, Le sol se travaillant très bien lui-même quand
coccinelles, carabes... on le laisse faire, il importe de ne pas le boule­
verser outre mesure. Lhomme a déjà détruit
L’emploi d’un insecticide est également 30 % desterres arables de la planète. (1)
toxique pour les oiseaux qui consomment
alors quantités d’insectes empoisonnés. Cependant, si votre terrain a été trop long­
temps labouré, bêché, compacté par des en­
gins de terrassement lors de la construction
de la maison, érodé par la pluie, ou s’il est
envahi d’adventices très vivaces, il est né­
cessaire de rétablir peu à peu une situation
plus naturelle, à l’aide de méthodes aussi
douces que possible, afin de l’ameublir et de
l’aérer de façon à pouvoir semer et planter.

Le travail du sol s’effectue après une pé­


riode humide, quand la terre ne colle plus et
avant qu’elle ne durcisse.

Il convient notamment d’éviter de travailler le


sol en le retournant, ce qui a pour effet d’en­
terrer vivants tous les petits organismes qui
vivent en surface et qui ont besoin d’oxygène.
Le phénomène est d’autant plus perturbant
Un insecticide tue aussi les coccinelles... que l’outil s’enfonce profondément tel le soc

10
Une prairie est très riche en... vers de terre !

Les débuts du « bio »


Les bases de l’agriculture biodynamique sion beaucoup plus globale : un végéal,
ont été posées dès 1924 par Rudoph par exemple, ne peut être considéré
Steiner (1861-1925), à la suite de de­ indépendamment du sol dans lequel il
mandes d’agriculteurs qui s’inquiétaient pousse, de son âge, de la qualité de l’air,
déjà de « la dégénérescence des se­ du climat, et des plantes qui sont autour
mences » , de « l’affaiblissem ent des de lui.
anim aux d’élevage » , des « effets des C’est en recherchant une bonne syner­
engrais chimiques sur les plantes » , des gie entre ces éléments que l’agriculture
« conditions sociales des ouvriers agri­ simplement biologique devient alors
c o le s » ... (12) (bio)dynam ique. Elle utilise des mé­
Si l’agriculture biologique telle qu’on thodes de compostage très particulières
la connaît aujourd’hui repose avant et tous les calendriers lunaires actuels
tout sur le refus des pesticides et des reprennent le calendrier des semis que
engrais chimiques, le champ de l’agri­ Maria Thun (1922-2012) a mis au point
culture biodynam ique s’étend à une v i­ dès 1963.

11
d’une charrue, ou qu’il pulvérise le sol en fines 3 à 5 dents de 25 cm de longueur et deux
particules comme le font les fraises d’un mo­ manches qui en font toute son originalité.
toculteur. On mesure aisément l’effet produit Elle sert à ameublir la terre sans la retour­
sur les vers de terre et leurs compagnons... ner. C’est un outil d’entretien à utiliser dans
un jardin déjà cultivé en remplacement de
En enterrant la couche vivante et fertile du la bêche avec laquelle on retourne inutile­
sol, on en fait un sol mort. ment la terre depuis des générations.

• Une révolution en marche : Mode d’emploi de la grelinette


l’abandon de la bêche
1. Saisissez un manche dans chaque
Très utilisée en jardinage biologique, la gre-
main et plantez l’outil dans le sol face à
linette est une sorte de fourche comportant
vous, en appuyant dessus avec le pied
pour enfoncer les dents.

2. Reculez suffisam ment pour avoir


les deux bras tendus. Tirez les deux
manches vers vous en restant bien
droit ; inutile de se pencher.

3. Soulevez la motte et laissez retom­


ber la terre sans la retourner. Secouez
l’outil de droite et de gauche pour com­
pléter l’émiettement.

4. Poursuivez le travail en reculant


de façon à ne pas piétiner le sol déjà
travaillé.

Effectuez ce travail entre deux


cultures tant que le sol a tendance
à se compacter, à coller fortem ent
après une pluie et à durcir ensuite.
Au fil du temps, il ne sera quasim ent
plus nécessaire, comme nous le ver­
rons par la suite.

Oublions la bêche au profit de la grelinette.

12
connaissance du sol et ce que défendent
depuis des années des hommes aussi
avertis que Claude Bourguignon ( l ) ou
Pierre Rabhi ( i l ) .

• Défricher à petite échelle sans se


presser
Sur une petite surface (moins de 20 m2),
plutôt que d’arracher les plantes en place
en travaillant la terre, commencez par les
couper au ras du sol et recouvrez-les d’un
matériau opaque :

- Un tapis à recycler, un morceau de lino,


Une bâche de paille assez épaisse que
vous pourrez réutiliser. Couvrez-en le sol,
puis lestez les bords avec des pierres,
briques ou planches. Pour en améliorer
l’aspect, couvrez le tout de feuilles mortes,
de tontes de gazon ou de branches de co­
nifères.

- Deux couches de carton ondulé, par


exemple des cartons d’emballage bruns à
Le rouge-gorge cherche les vers sous les paillls.
récupérer dans une grande surface. Ils de­
Bien qu’il soit éreintant, le bêchage est tel­ vront se chevaucher légèrement de façon
lement ancré dans les pratiques que bien à supprimer tout interstice pouvant lais­
des jardiniers, tous doués de raison, jugent ser passer la lumière. Lestez l’ensemble
encore impensable l’idée de l’abandonner : et couvrez pour dissimuler. Six à 10 mois
la bêche colle autant à l’image du jardinier plus tard selon la vigueur des plantes qui
que l’argile à ses bottes ! Et pourtant, en étaient présentes, elles seront détruites,
retournant le sol, le bêchage le tue, et avec racines comprises, et auront servi de repas
lui ses capacités à former de l’humus (voir aux vers de terre qui vous auront préparé
chapitre 2). un sol meuble, enrichi en humus et idéal
pour semer, bien mieux que si vous l’aviez
Il est temps de mettre bêche et charrue à fait vous-mêm e. Ainsi, votre patience aura
la retraite, c’est ce que nous enseigne la été récompensée.

13
Allées et placettes rendent accessible tout l’espace des buttes de ce petit jardin.

sableuse, que vous pouvez y enfoncer pro­


• Défricher à grande échelle
fondément vos outils, qu’il ne retient pas
Sur un terrain compacté par des engins de l’eau en hiver, et que vous êtes dans la capa­
terrassement ou sur une parcelle agricole qui cité de vous pencher, il est inutile d’aména­
a été longtemps labourée avec tracteur et ger des buttes car cela représente un travail
charrue, un dernier passage de tracteur équi­ conséquent et une grosse perturbation pour
pé d’une sous-soleuse peut être utile avant le sol.
d’aménager tout un jardin dans lequel on
plantera des arbres. Cet outil comporte une La culture sur buttes est surtout intéres­
ou plusieurs longues griffes pénétrant pro­ sante dans les situations suivantes.
fondément dans le sol pour le fragmenter et
l’aérer sans le mettre sens dessus dessous. - Sol mince, médiocre ou très compacté : il
arrive par exemple que l’épaisseur de terre
cultivable ne dépasse pas 15 à 20 cm repo­
• Aménager des buttes
sant directement sur la roche ou sur un lit
Cette pratique, souvent attachée à la perma- de cailloux.
culture, n’est pas toujours indispensable.
- Sol humide : imperméable en terre très
Si votre sol est meuble, léger à tendance argileuse, il reste longtemps détrempé

14
après une pluie. L’humidité peut également et enrichir un sol en milieu pauvre et im ­
provenir d’une nappe d’eau proche de la perméable, les vers de terre s’occupant
surface dont le niveau monte en cas de tranquillem ent de l’homogénéisation des
fortes précipitations. Lorsqu’on ouvre un couches en une seule saison.
trou en hiver, il reste rempli d’eau. Peu de
plantes apprécient d’avoir longtemps les Lobjectif principal recherché étant de dis­
racines dans l’eau car elles manquent alors poser d’une butte au sol meuble et aéré, la
rapidement d’oxygène et peuvent littérale­ moindre des choses est d’éviter de marcher
ment mourir par noyade. dessus...

- Sol trop bas : si l’on a des difficultés phy­ - Une largeur limitée : si l’on veut pouvoir
siques à se pencher ou à s’agenouiller, relever cultiver jusqu’au centre de la butte sans
le niveau des zones cultivées peut grande­ y poser le pied, elle ne doit pas être trop
ment améliorer le confort de la posture de large. Pour une butte accessible des deux
travail. De nombreuses personnes peuvent à côtés, la largeur la plus courante est de
présent jardiner en fauteuil roulant entre des 80 cm à 1,20 m.
buttes spécialement aménagées pour elles.
- La hauteur : plus la butte est haute,
Le principe de la butte est simple ; il plus elle est efficace, mais l’effo rt mi-
consiste à augmenter l’épaisseur de terre
des zones à cultiver.
M ini-butte en carré
L’augmentation de terre meuble et aérée
permet aux racines d’explorer un plus
grand volume de sol à la recherche de Inspirée des réflexions d’un jardinier
nourriture et d’eau, et de se développer en américain, Mel Bartholomew, la tech­
conséquence. nique devenue célèbre du potager
en carrés relève d’une attitude très
La terre de la butte est mieux drainée et se permaculturelle. Adaptée à la surface
réchauffe plus vite, ce qui est intéressant réduite des jardins actuels, elle vise
au printemps au moment des semis. à optimiser la moindre surface de ter­
rain sur le principe d’un potager plutôt
Dans la mesure du possible, la terre ajoutée à petit, mais très productif. Consistant
la butte cultivée est prélevée à la surface des à remplir de bonne terre un cadre en
allées permettant de circuler autour. planches de 1,20 m de côté, le pota­
ger en carrés peut représenter une
C’est l’occasion d’ajouter un peu de sable version miniature de la butte.
ou de compost pour améliorer le drainage

15
nimum consiste à u tiliser la terre des mène utilisable pour répartir les plantes en
allées en se lim itant à la couche de sur­ fonction de leurs préférences. Attention, une
face, la plus fertile, de couleur som bre. butte étroite et haute aura des pentes trop
En zone humide, il n’est pas conseillé de raides.
creuser profondém ent des allées pou­
vant se tra n sform er en canaux lors de
fortes pluies.
Conserver le sol couvert
Les perturbations du sol qu’occasionne
- Des rebords verticaux : la terre est main­ l’aménagement des buttes ne se justifient
tenue sur les côtés de la butte par des que dans la mesure où elles ne seront pas
planches, des rondins, des briques ou un mu­ régulièrem ent renouvelées. On aménage
ret de pierres sèches. la butte, puis on l’entretient en permettant
au sol de retrouver un équilibre et en l’ai­
- Des rebords en pente : la terre tient natu­ dant à le maintenir.
rellement en place, fixée par les plantes. Les
pentes de la butte étant cultivables, la sur­ Pour cela, l’idéal est de conserver les
face utile est augmentée par rapport à une espaces cultivés toujours plantés avec
surface plane. Selon l’orientation, une face des racines viva n tes dont les sécrétions
peut être plus ensoleillée que l’autre, phéno­ nourrissent les m icro-organism es du sol.

Les buttes ergonomiques de Richard Wallner


Auteur et maraîcher à la ferme expéri­ par des planches sur lesquelles le
mentale Au petit colibri en Charente (16], jardin ier peut prendre appui ou même
Richard Wallner a mis au point, après s’asseoir pour tra va iller plus co n fo rta ­
plusieurs années de pratique, des buttes blement.
adaptées à son cas particulier permet­ - Le dessus de la butte est constitué de
tant notamment de varier les postures de deux faces en légère pente ce qui aug­
travail. mente encore la surface de culture. De
- Une largeur de 1,70 m augmente la chaque côté, à m i-pente, un long rondin
proportion de la surface cultivable par à demi enterré sert de repose-pied : en
rapport à celle des allées de 50 cm. y posant un pied, on peut avancer le
- Les rebords vertica u x de 45 cm de corps pour atteindre le haut de la butte
hauteur sont solidem ent m aintenus sans la tasser.

16
MONTAGE D’UNE BUTTE

1. À l’aide de cordeaux et de piquets plantés 3. Dans les allées, commencez également par dé­
au-delà des lim ites du chantier, délim itez la compacter la terre afin de la pelleter plus facilement
surface des allées pour circuler entre vos pour la transférer sur l’emplacement des buttes. Tra­
buttes : une largeur de 50 cm est un minim um vaillez couche par couche et prélevez uniquement
entre deux buttes. Celle des buttes varie selon la terre la plus foncée jusqu’à rencontrer une argile
la configuration choisie. très compacte, humide, ou beaucoup de cailloux.

2. À l’aide d’un fort sarcloir ou d’une houe, déca­ 4. Selon votre choix, fixe z ou non des rebords
pez tout d’abord la couche de surface sur 2 à 5 cm. latéraux. Épandez à la surface de la butte la
Lidéal serait de la réserver pour ne pas l’enfouir fine couche de terre m ise de côté. Arrosez
car elle est riche en m icro-organism es, puis en pluie fine et en plusieurs fois, afin de bien
essayez d’enfoncer dans le sol une fourche à hum idifier toute l’épaisseur de la butte, puis
bêcher ; si c’est facile, passez à l’étape suivante. co uvre z-la entièrem ent d’un paillis m élangé
Sinon, prenez le temps de décompacter le sol de de déchets ve rts et secs (vo ir chapitre 2 ).
la future butte à l’aide d’une grelinette : la vie du Épandez dans les allées les déchets de fauche
sol y reprendra d’autant plus facilement. et les racines.

î?
Ils seront régulièrem ent paillés de dé­ gresse considérablem ent et, faute de
chets végé ta ux entre les plantes afin « personnel » , le sol n’est plus ni creusé
d’im iter la litière naturelle des sous-bois ni aéré ; les buttes se tassent à nouveau,
qui alim ente la petite faune du sol. En d’autant plus fortem ent qu’il pleut, et
effet, si celle-ci manque de nourriture, tout est à refaire !
notam m ent en hiver, sa population ré­

L’agriculture du non-agir (5)


Précurseur de la perm aculture, le Pour que le sol reste toujours cultivé
Japon ais Masanobu Fukuoka ( 1913- et grouillant de m icro-organism es, il
2008) se consacra d’abord à la re­ sem ait pour l’hiver une céréale (orge
cherche en laboratoire en étudiant les ou avoine) quelque tem ps avant que le
m aladies des plantes. Dès 1938, il fit riz ne soit récolté. Orge ou avoine com ­
le choix du retour à la terre et exp é­ mençait à germer avant la m oisson du
rim enta une m éthode d’agriculture riz, prenant de vitesse les m auvaises
sauvage dite du « non-agir » , c o n sis­ herbes qui se seraient développées
tant à in tervenir le m oins possible juste après.
afin de favoriser le développem ent Après des années d’observation et
naturel des plantes. Sans être contre d’expérim entation, Masanobu Fukuoka
le tra va il, Masanobu Fukuoka avait a ainsi réussi à cultiver ses céréales
cependant constaté que des tâches sans engrais, sans traitem ent, sans
inutiles le rendait pénible tout en nui­ inondation permanente des rizières,
sant à la fe rtilité du sol. Ses m éthodes sans machine et sans aucun labour
avaient de quoi su rp re n d re ... pendant plus de 25 ans, avec des ren­
Pour contrôler les mauvaises herbes et dements m eilleurs que ceux de l’agri­
fertiliser le sol de ses champs de riz, il le culture conventionnelle !
couvrait avec de la paille après la moisson, Il a décrit ses pratiques dans un livre pu­
laissaient des canards en liberté dans les blié en 1925, La Révolution d’un seul brin
champs (leurs fientes favorisent la décom­ de paille. Elles sont à nouveau à l’ordre
position de la paille) et semait du trèfle en du jour avec le développement du semis
même temps que le riz car c’est une plante direct, notamment des céréales, sans
qui enrichit le sol (voir chapitre 2). labour préalable.

18
vos pots dessus. Oui sait si quelques petits
JARDINER organismes ne viendront pas les coloniser
en passant par les trous de drainage, re­
EN VILLE liant ainsi leur contenu à la vraie terre et à
la nature sauvage ?
PAS DE SO L?
Quand on ne dispose que d’une cour ou
d’une terrasse en béton, la solution la plus
courante consiste à cultiver dans des pots.

Le terreau : essayez de le rendre aussi « vi­


vant » que possible. Profitez d’un séjour à la
campagne, chez des amis ou dans la famille,
pour récupérer de la vraie terre de jardin et
surtout du compost fabriqué par un jardi­
nier bio ou même du fumier décomposé. Si
les sacs semblent lourds par rapport à des
sacs de terreau, c’est que la terre du jardin
est sans doute très argileuse et qu’il vaut
mieux augmenter la proportion de compost
ou prélever un peu de sol sous des arbres, là
où des feuilles mortes se décomposent en
abondance.

Les pots : évitez vraiment la collection de


miniatures dans lesquels le terreau se des­
sèche très vite et n’est pas toujours facile
à réhydrater. Un équilibre sera plus facile à
établir dans de grands bacs plus larges que
hauts ; pour cultiver des légumes courants,
une profondeur de 30 à 40 cm suffit. Tous les
contenants doivent être percés de trous de
drainage dans le fond et l’eau en excès doit
pouvoir s’écouler sans fâcher le voisinage.

Dans une cour, même si le sol est inculti­


vable mais qu’il n’est pas bétonné, posez

19
CHAPITRE 2
FAIRE RES DÉCHETS
RES RESSOURCES
“Rien ne se perd, rien ne se créée,
tout se transforme”
Antoine Laurent de Lavoisier (1743 1794)
OBSERVER
LA NATURE RESTE PROPRE
Si la nature génère des déchets, ceux-ci passent relativement inaperçus et, au cours
d’une promenade, il est bien plus rare de trouver un cadavre d’animal que des emballages
u sagés...

Certes, les arbres morts qui finissent par s’écrouler au sol mettent plusieurs mois à tom ­
ber en miettes, mais ils font en quelque sorte partie du décor, tout comme les feuilles qui
s’envolent en automne dans un déploiement de couleurs - qui songerait à se plaindre du
spectacle ? Les feuilles tom bent par m illions et pourtant la litière qu’elles constituent ne
s’épaissit pas pour autant au fil des ans, pas plus que les crottes d’anim aux ou les restes
de leurs repas ne s’entassent. Au contraire, ils disparaissent comme par enchantement,
comme si la nature était autonettoyante.

21
COMPRENDRE
la litière des forêts) et animaux (excréments,
restes de cadavres) qui composent ce que l’on
nomme la matière organique. Les uns mangent
DES DjCHETS les parties tendres, les autres broient les par­
ties plus dures. Un grand nombre vit en surface
BIODEGRADABLES dans la litière. D’autres familles s’établissent
Si les déchets ne s’accumulent pas, c’est plus profondément, se nourrissant plus parti­
qu’ils peuvent être transformés (dégradés) culièrement des racines mortes, ce qui libère
par des phénomènes naturels. Leur carac­ l’espace pour les suivantes.
tère biodégradable suppose également qu’ils
ne soient pas déposés brusquement en trop Une fois la nourriture de ces invertébrés préle­
grandes quantités. Les dégâts accidentels vée, les restes broyés en éléments fins peuvent
d’une tempête sont évidemment plus longs à être attaqués par des animauxtoujours plus pe­
résorber. Les phénomènes naturels ne sont tits. Chaque étape conduit donc à une réduction
pas tout-puissants ; ils demandent du temps, du volume et de la taille des déchets, ainsi qu’à
de l’oxygène, de l’eau... la production d’excréments concentrés (fumier
de vers, de cloportes, d’araignées... ).

L’art d’utiliser les restes


La transform ation en humus
Cloportes, vers, araignées ou collemboles sont
les premiers acteurs du processus de biodégra­ À ce stade de la décomposition inter­
dation. Ces petits invertébrés se nourrissent viennent les êtres les plus minuscules, les
justement des déchets végétaux (notamment m icro-organism es, ainsi nommés parce
qu’ils sont seulement visibles au m icros­
cope. Parmi eux, deux groupes sont parti­
culièrement importants.

- Les champignons : ceux que nous aimons


ramasser dans les bois sont comparables à
la partie émergée d’un iceberg. Sous terre,
ils sont prolongés par des filaments extrê­
mement longs, fins et ramifiés, le m ycé­
lium. Dans 1 m2de sol fertile, le m ycélium
peut atteindre 10 000 km de long. (3)

Les champignons sont les seuls orga­


nismes capables de décomposer la lignine,
Le cloporte est un crustacé terrestre. une matière très résistante qui est l’un des

22
nourriture et qui constituent donc des en­
grais naturels.

Le cycle est ainsi bouclé : les parties


mortes des plantes et des anim aux sont
décomposées en éléments m inéraux pou­
vant alimenter de nouvelles plantes et les
anim aux qui s’en nourrissent.

Les lombrics, agents


de liaison
Outre les organismes vivants qu’il contient,
le sol est constitué de deux matières.

- La matière minérale (95 %) provient de


la dégradation des roches profondes (par
La litière est constamment recyclée. les racines, l’eau de pluie d’infiltration) en
éléments de plus en plus fins : sables gros­
principaux composants du bois, celui qui siers, limons, puis argiles.
assure sa rigidité.
- La matière organique, source d’humus,
Grâce aux champignons et à la lignine du est constituée des déchets végétaux ou
bois, la matière organique est finalement
transform ée en humus, une matière noire
source de fertilité.

- Les bactéries : ce sont les plus petits


êtres vivants du sol et pourtant, sans elles,
la vie n’aurait pas pu se produire sur terre.
1 g de sol contient plusieurs m illions de
bactéries. (3)

Le rôle des bactéries est déterminant dans


la phase finale de la décomposition de l’hu­
mus en éléments minéraux, les seuls qui
puissent être à nouveau absorbés par les
plantes afin d’assurer une partie de leur On reconnaît les lombrics à leurs anneaux.

23
anim aux à des états plus ou moins trans­ et d’herbes mortes, puis s’enfoncent dans
form és par la microfaune du sol. le sol pour y passer la journée en creusant
des galeries verticales. Ce faisant, ils in­
Sans la m atière organique et toute la gèrent de la terre et en particulier de l’ar­
faune qui la décom pose, le sol serait ce­ gile qu’ils trouvent en profondeur. Le tout
lui d’un désert. se mélange et s’agglomère dans leur intes­
tin en présence de substances collantes
Pour qu’un sol soit à la fois fertile et résis­ (m ucus) et de calcium (sécrété par des
tant à l’érosion, humus et argiles ont la ca­ glandes spéciales). Le produit de cette di­
pacité de se lier solidement en présence de gestion est élim iné en surface sous forme
calcium pour former ce que l’on nomme sa­ de petits tortillons, les turricules, dans des
vam m ent le « complexe argilo-humique » . quantités énormes.

Mais com m ent des argiles form ées en En un an, 270 kg de sol passe par l’intestin
profondeur à partir de la roche mère de 1 kg de vers de terre. (2)
peuvent-elles se lier à de l’humus élaboré
en surface ? Fabriqué et entretenu ainsi chaque jour,
un tel sol présente une structure idéale,
Les artisans maçons de cette construction grumeleuse, meuble et aérée, résistante
sont les term ites dans les pays tropicaux, à l’érosion, favorisant à la fois l’enracine­
et chez nous ce sont encore... les vers de ment des plantes, leur développement et
terre ! Ces animaux nocturnes viennent celui des nombreux m icro-organism es qui
chaque nuit se nourrir en surface de feuilles en assurent l’équilibre.

Une exception : les tourbières


Les tourbières se form ent dans des m i­ de nos terreaux alors que c’est un sup­
lieux froids, saturés d’eau et très acides port inerte. Son extraction détruit des
(sans calcium ), ne perm ettant pas la m ilieux très particuliers qui ont mis
vie des m icro-organism es. Les m atières des m illiers d’années à se form er et
organiques m ortes ne peuvent être qui hébergent une faune et une flore
totalem ent décom posées et s’accu­ qu’on ne trouve nulle part ailleurs, par
mulent ainsi sur des dizaines, voire des exemple des plantes carnivores - le sol
centaines de m ètres d’épaisseur. Pré­ est si peu fertile que les plantes n’ont
levée en énorm es quantités, la tourbe d’autres ressources que de manger des
constitue encore aujourd’hui l’essentiel insectes.

24
Dès l’autom ne, le fum ier ainsi produit
Une tradition qui se perd
était assez décom posé pour être épandu
Autrefois, dans toutes les fermes, la paille dans les cham ps, ce qui perm it durant
des céréales servait de litière aux animaux trè s longtem ps de renouveler le stock
abrités à l’étable durant l’hiver. Recueillant d’humus.
leurs excréments, elle était régulièrement
évacuée. Aujourd’hui, avec la généralisation des
grandes exploitations agricoles spéciali­
Une fois déposé en tas à l’extérieur, le m é­ sées, soit dans l’élevage, soit dans la cé-
lange de ces deux matières fermentait sous réaliculture, on ne sait plus que faire des
l’action de m icro-organism es qui se m ulti­ déchets qui se décom posent beaucoup
plient rapidement, provoquant un échauf- moins bien les uns sans les autres.
fement du tas pouvant aller jusqu’à 60 ou
?0 °C, ce qui suffit à détruire les graines

APPLICATIONS
d’adventices et les germes de maladies
que peuvent contenir les excréments.

BOUCLER LES CYCLES


Comme l’agriculture biodynamique ou
l’agroécologie, la permaculture s’efforce de
concevoir des systèm es qui subviennent
à leurs propres besoins. Dans le cas d’un
jardin, cela consiste notamment à limiter
les intrants (engrais, paillis, terreau, car­
burant des machines) et à recycler tous
les déchets (restes de cultures, fumier,
résidus d’élagage). Non seulement on ne
dépense pas de carburant pour apporter
les déchets dans une déchetterie, mais on
les utilise pour nourrir le sol au lieu d’ache­
ter des engrais.

Cultiver sans arracher


À la mort d’une plante, son systèm e raci-
naire se décompose et fournit au sol au
La paille est la tige sèche des céréales. moins autant de matière organique que

25
celle qui constituait la partie aérienne.
Un champ de blé moissonné laisse par
exemple 2 à G tonnes de racines qui pro­
duiront 200 à 600 kg d’humus. (1)

Chaque fois que c’est possible, il y a donc tout


intérêt à faucher les plantes plutôt qu’à les
arracher, par exemple lors de la récolte des
légumes verts (salades, choux, épinards). De
même, en fin de saison, coupez simplement
au ras du sol les tomates, les courges. C’est
encore plus intéressant pour les pois ou les
haricots dont les racines contiennent encore
des stocks d’azote (voir encadré).

La m éthode peut être généralisée aux


herbes indésirables (adventices) : même
les plus vivaces ne repoussent plus à
force d’être coupées et il est possible de
les intégrer aux paillis si l’on fauche les
tiges avant qu’elles ne produisent des
graines.

Généraliser les paillis


À la surface d’un sol mis à nu, les m icro­
organismes ne peuvent plus se développer
convenablement ; ils souffrent du soleil ou
du froid selon la saison car leur milieu na­
turel est une litière de végétaux en forêt ou
dans une prairie.

Sans eux et leur capacité à aérer, ameublir


et fertiliser la terre, ce travail est toujours à
refaire... et c’est au jardinier qu’il revient !
Or, « faire et refaire, c’est toujours travailler » ,
ce qui ne plaide pas en faveur des écono­
Il est préférable de manier compost et fumier à la fourche. mies d’énergie.

26
L’agroécologie au service des hommes et des sols
En France, à partir des années 19?0, de valoriser les ressources locales,
Pierre Rabhi, fortem ent inspiré par qu’elle est peu coûteuse et qu’elle est
l’agriculture biodynam ique, contribue adaptée aux populations les plus dé­
à développer une vision de l’a g ric u l­ m unies. Il l’expérim ente d’abord dans
ture plus respectueuse de la nature sa ferme en Ardèche, la développe au
et m ieux intégrée dans la société. plan local, puis international, notam ­
La fabrication et l’apport de com post ment au Sahel.
comme source d’hum us sont considé­ Inspirée des lois de la nature, cette pra­
rés comme essentiels, perm ettant de tique vise aussi a recréer des structures
rendre vie à des sols dégradés ou très agricoles à taille humaine favorisant une
pauvres et de préserver ensuite leur production de qualité biologique, adap­
fe rtilité . Cet agriculteur défend d’au­ tée aux besoins alimentaires locaux et
tant plus cette pratique qu’elle permet consommée sur place.

• Recyclage sur place


Plutôt que de s’épuiser à bêcher, retourner,
bouleverser, il pourrait suffire de maintenir Le paillis est la méthode la plus simple de
le sol toujours planté et couvert de déchets recyclage des déchets végétaux : il suffit de
végétaux pour entretenir une intense acti­ les étaler sur le sol entre les plantes en place
vité des micro-organism es. bien développées, sans surtout chercher à les
enfouir. Les vers de terre et autres animaux
Le terme de paillis provient de la tradition s’en occuperont à leur rythme. La pluie et l’ar­
paysanne consistant à épandre dans les rosage aideront également car le processus de
champs les restes des cultures de cé­ décomposition est très lent en milieu sec.
réales (paille de blé, orge, seigle, riz selon
les pays). En toute logique, on paille une surface avec
les déchets des plantes qui ont été récoltées,
Le terme anglais mulch est devenu cou­ à la manière de la paille dans les champs de
rant, désignant le caractère nutritif du blé. Ainsi, une partie des éléments prélevés
paillis qui, en se décom posant, fertilise dans le sol vont y retourner. Il est facile de
le sol puis nourrit les plantes. Mais peu faire de même avec les adventices, d’aban­
importe le terme, l’essentiel étant de tou­ donner dans l’allée les fanes de carottes et
jours penser à couvrir le sol. C’est ainsi les fleurs fanées sous les rosiers. Pourquoi
qu’il restera bien vivant et aéré. les transporter ailleurs ?

2?
L’opulence des courgettes doit beaucoup aux apports de compost.

Si les déchets sont trop volum ineux et ils constituent une nourriture appréciée,
voyants, on peut à la rigueur les découper notamment des vers de terre, et sont sur­
en tronçons. C’est notamment le cas des tout utiles aux cultures de courte durée, en
déchets de taille des haies et d’élagage particulier au potager. Épandez-les en fine
des arbres constitués de branches sou­ couche de 1 à 3 cm environ et renouvelez
vent encombrantes. L’usage d’un broyeur cette dernière lors de chaque coupe, car
permet de fabriquer du BRF (bois raméal une couche épaisse fermente et pourrit
fragm enté), un paillis riche en bois, et qui immédiatement.
stimule tout particulièrem ent l’action des
champignons s’il est uniquement com po­ Juste avant l’hiver, les feuilles mortes aident
sé d’essences feuillues. Le BRF est utilisé à protéger du froid le sol et ses habitants ainsi
avec succès au pied des arbres et arbustes que d’autres insectes utiles qui s’y réfugient
fruitiers. (coccinelles, syrp h es...). Utilisez en priorité
les feuilles qui s’accumulent aux endroits inop­
portuns (cour, allées, pelouse, terrasse...).
• Tonte effeuilles mortes, du paillis
Quand on en manque, on peut en prélever au
toute Tannée
pied d’arbres déjà bien développés. Disposez-
Du printemps à l’automne, les déchets de les entre les plantes vivaces, les jeunes ar­
tonte représentent peut-être la meilleure bustes (fruits rouges notamment), les rosiers
raison d’entretenir une pelouse ou des al­ et arbres fruitiers, en couche de 10 à 20 cm,
lées engazonnées. Facilement dégradés, d’autant plus épaisse que la plante est haute.

28
Cultiver son paillis :
les plantes engrais
Pour bien alimenter le sol des cultures
potagères et fruitières, le paillis frais ne
doit jam ais manquer. Si l’on veut pouvoir
compenser les importants prélèvements, il
faut également varier les sources d’appro­
visionnem ent.

Au lieu de tenter à tout prix de détruire cer­


taines plantes sauvages (ortie, fougère,
m a sse tte ...), on peut les faucher réguliè­
rement avant qu’elles ne produisent des
graines et les utiliser comme paillis. Elles
abondent le long des fossés ou dans les
zones humides.

On peut aussi choisir de cultiver quelques


plantes qui produisent rapidement une
abondante masse végétale, dans laquelle
on peut tailler sans compromettre leur sur­
Paillis de gazon et feuilles mortes. vie (consoude, b o u rra c h e ...).

Les légum ineuses, source d’azote


Les éléments constituant l’alimenta­ ries du genre Rhizobium vivent fixées
tion des plantes proviennent soit de la sur les racines des légumineuses (trèfle,
roche (phosphate, potasse, fer, cuivre, pois, fève, haricot, acacia, g e n ê t...). La
b o re ...), soit de l’air, principale source plupart du temps, c’est la plante hôte qui
d’azote dont les plantes ont besoin pour profite de cet azote, sauf si on la coupe
fabriquer des protéines mais qu’elles ou qu’elle meurt naturellement. L’azote
ne peuvent pas prélever directement. se trouve alors remis en circulation dans
Seules quelques algues et des bactéries le sol, à la disposition des plantes du voi­
en sont capables. Parmi elles, les bacté­ sinage.

29
Cependant, la pratique la plus courante à fondément ; sous terre, ils se décompose­
cet égard est celle des engrais verts ou raient mal.
plantes engrais. Pour en faire l’ap pren tis­
sage, il est Intéressant de com m encer en
Composter ies excédents
fin d’été dans les parcelles de légum es
qui se libèrent. Le sem is d’engrais vert
• Un mélange équilibré
occupera le terrain ju s q u ’à la prochaine
culture potagère, protégera le sol du Technique plus élaborée que le simple paillis,
froid et du tassem ent par la pluie. Celui-ci le compostage permet d’accélérer le proces­
restera aéré du fait de la croissance des sus naturel de décomposition de la matière
racines et du m aintien des m icro -orga­ organique.
nism es. Les plantes puiseront les restes
d’élém ents fe rtilisa n ts évitant qu’ils Comme dans le cas du fumier, l’action est
soient perdus par lessivage durant l’h i­ d’autant plus rapide et réussie qu’on mé­
v e r... Les engrais verts développant un lange en quantités égales des matériaux
fort enracinem ent sont donc p a rtic u liè ­ dits « verts » , tendres et riches en azote
rem ent in téressants. (tontes de gazon, feuilles vertes, éplu­
chures de fruits et légumes, restes de repas
En fin d’hiver, avant les nouveaux semis, sans trop de viande...) avec des matériaux
quand la plante est encore tendre, coupez dits « bruns » , riches en carbone, plus secs
les tiges au ras du sol (cisaille, tondeuse]. et difficiles à dégrader : branches, feuilles
Réduisez les déchets en menus morceaux mortes, paille, foin, sciure, cendre de bois
et laissez-les au sol durant quelques jours, le (en très petites quantités et de façon régu­
temps qu’ils sèchent en partie. Puis, à l’aide lière : une poignée par m2), qui vont favori­
d’une griffe, mêlez-les à la terre de surface ser la présence et l’action de champignons
sans surtout chercher à les enfouir plus pro­ pour fabriquer de l’humus.

Des exceptions au paillage


En fin d’hiver, avant les semis et afin de plants les plus appréciés des limaces et
favoriser le réchauffement du sol, écar­ des escargots, comme les salades, les
tez au râteau les restes de paillis non dé­ tournesols, le basilic, les h ostas... En
composé. Paillez à nouveau les cultures effet, un paillis bien frais offre un abri
quand elles seront bien développées. de choix à ces gastéropodes qui s’y réfu­
Au printemps, par temps durablement gient et s’y développent d’autant mieux
humide, évitez de pailler les jeunes qu’ils y trouvent de quoi se nourrir.

30
Il faut surtout éviter les apports Importants
d’une même catégorie : une grosse quan­
tité de feuilles mortes ou de branches en
automne va considérablement ralentir le
processus. On peut en revanche en faire un
stock qui va commencer à se décomposer
lentement durant l’hiver, et l’incorporer peu
à peu quand on dispose de matériaux verts à
partir du printemps.

Un tas compact de tonte de gazon fraîche


va pourrir dans l’heure et attirer une foule
de moucherons. Il est plus facile d’utiliser
les tontes en paillis et de faire sécher un
éventuel excédent durant une journée
avant de le mettre au compost en même
temps qu’une partie du stock de feuilles
mortes.

Enfin, pour réussir un compost, il faut y


prêter attention, l’arroser s’il est trop sec,
ajouter des matériaux secs s’il est trop hu­
mide. Le tas de compost mérite une place
d’honneur, une situation centrale qui ne
vous oblige pas à vous déplacer jusqu’au
fond du jardin uniquement pour déposer
vos déchets. Installez-le là où il sera le plus
pratique. Bien entretenu, il ne produit aucun
désagrément. Délaissé, oublié, il court le
risque de « mal tourner » .

• Utilisation du compost
Le compost peut être utilisé sur toute culture à
partir du moment où l’on ne parvient plus à iden­
tifier les déchets d’origine et qu’on n’y trouve
plus ou très peu de vers rouges. Il a alors une
couleur sombre, une structure friable et une Mélangez vos déchets de cuisine au compost.

31
Excellent fourrage pour les animaux, le trèfle incarnat est aussi un engrais vert à la floraison très colorée.

légère odeur de sous-bois. Par rapport aux dé­ ou au printemps, en couche mince (5 à ? mm),
chets compostés, son volume a très nettement à la surface des pots ou d’un sol bien ameubli,
diminué. Cette transformation prend au moins puis griffez légèrement pour le mélanger à la
G mois. Avant ce stade, quand les vers rouges terre de surface. Arrosez s’il ne pleut pas et
sont encore nombreux, le compost n’est qu’à couvrez le tout d’un paillis pour entretenir un
demi mûr et son usage est plus délicat. degré d’humidité favorable à la transformation
de l’humus en éléments minéraux.
Si vous avez peu de compost mûr, réservez-le
aux légumes exigeants (à la plantation des Ceffet sur les plantes est visible rapidement.
tomates, des courges), aux cultures en pots Contrairement au vin, le compost trop mûr
et aux sols malmenés (remblais, sols très ne s’améliore pas. Mieux vaut l’utiliser dans
sableux ou au contraire collants et très argi­ l’année.
leux dans lesquels le compost va permettre de
relancer la vie des micro-organismes).
Fabriquer du sol : le jardin
en lasagnes
Évitez toujours d’enfouir le compost : dans la
nature, la matière organique se forme et se dé­ Éviter de retourner la terre, pailler régulière­
compose en surface. Épandez-le en automne ment et apporter du compost aide à entretenir

32
6 engrais verts pour l’hiver
L’avoine (Graminées ou Poacées) : facile Le seigle (Graminées ou Poacées) : c’est
à cultiver et de croissance rapide, elle l’idéal pour assurer un couvert végétal
travaille le sol grâce à un fort systèm e hivernal car il s’établit en 4 à 6 semaines
racinaire. Semée en automne, elle reste et résiste bien au froid. Le seigle pro­
en herbe et ne produit pas d’épis. tège le sol, le travaille en profondeur,
Lavescede Cerdagne (Légum ineusesou évite l’installation de m auvaises herbes
Fabacées) : elle développe en quelques et fournit au printemps une abondante
mois une masse de végétation qui prend masse végétale.
de vitesse les herbes sauvages. De plus, Le trèfle incarnat (Légum ineuses ou Fa­
elle absorbe l’azote de l’air et le trans­ bacées) : adapté aux climats doux, c’est
forme en un engrais stocké au niveau de une plante annuelle très mellifère qui
ses racines. produit au printemps de superbes fleurs
Le trèfle blanc (Légum ineuses ou Faba­ rouges. Elle enrichit le sol en azote et
cées) : vivace, il reste bas et produit tout peut aussi servir de fourrage.
l’été des fleurs blanches très appréciées L’épinard (Chénopodiacées) : au potager,
des abeilles. S’enracinant fortement, il il peut faire double emploi. On peut en ré­
ameublit le sol et l’enrichit en azote. On colter les jeunes feuilles pour la consom ­
peut l’installer durablement dans les mation, puis laisser les excédents au sol
allées du potager ou entre les arbres quand le froid les abîme. L’épinard a la
fruitiers, et le tondre régulièrem ent en capacité d’absorber un grand nombre de
laissant les déchets au sol. minéraux.

la fertilité du sol et son taux d’humus mais on la journée. Cela revient à constituer une butte
peut aussi créer du sol de toutes pièces. sans utiliser la terre des allées.

Débordée par son emploi du temps, Patricia Au jardin amateur, la méthode est très inté­
Lanza, une jardinière américaine, a popula­ ressante pour rénover un espace de culture
risé une technique originale : la culture en piétiné, fortement dégradé, dont le sol est
lasagnes. Entassés jusqu’à 30 ou 40 cm de très mince, caillouteux ou très imperméable,
haut, en alternant en couches minces de ou pour en créer un.
5 cm des matériaux verts et des matériaux
bruns, des déchets végétaux en tout genre C’est aussi l’occasion de recycler rapide­
sont prêts à accueillir des plantations dans ment d’abondants déchets végétaux pour

33
Créée en mars sur la pelouse, cette lasagne est devenue en été un luxuriant potager fleuri.

créer une nouvelle zone cultivable sans au­ Quand les plantes commencent à pousser,
cun travail du sol, ou de mettre en culture maintenez la surface paillée et surveillez
un bout de terrasse bétonnée ou même de l’arrosage car ce milieu a tendance à sécher
parking. très rapidement.

Après le montage des lasagnes, on peut D’un fort potentiel nutritif, la lasagne produit
planter immédiatement des légumes et des très rapidement des effets spectaculaires,
fleurs élevés en godets ou même à racines les plantes atteignant des dimensions
nues (poireaux, salades, choux à repiquer). hors du commun. Les grandes plantes
Ouvrez un trou d’un volume deux fois supé­ (tournesol, tomate) doivent être tuteurées
rieur à la motte et versez du terreau humide au moyen de piquets ancrés dans le sol
dans le fond. Disposez dessus la motte bien d'origine car celui de la lasagne manque de
humectée ou le plant dont vous aurez trempé stabilité.
les racines dans une boue liquide. Comblez
le trou autour des racines avec ce mélange Une fois les premières récoltes faites, ne
de compost et de terreau. Tassez en formant laissez plus le terrain inoccupé et entrete­
une petite cuvette au pied de la plante et ar­ nez toujours le paillis, sinon la lasagne va
rosez généreusement à l’intérieur. retomber comme un soufflé !

34
MONTAGE D’UNE LASAGNE

1. Après avoir fauché les herbes en place, superpo­ 2. Alternez ensuite, comme pour un compost, des
sez par-dessus au moins deux couches de carton couches minces [pas plus de 5 cm) de matériaux
d’emballage (sans vernis et débarrassés des ru­ verts (tontes de gazon, épluchures de légumes,
bans adhésifs), en les faisant se chevaucher pour mauvaises herbes sans les racines, fumier...)
éviter de laisser le moindre interstice. Naturel et et de matériaux plus secs (déchets de taille de
biodégradable, ce carton est assez durable pour haies broyés,feuilles mortes, paille, foin...).
tuer toute mauvaise herbe.

3. Arrosez bien après chaque couche de maté­ 4. Pour stabiliser les bords, chacun choisit sa
riaux secs et terminez par une épaisseur de 5 méthode. Ici, nous avons réalisé un plessis som­
à 10 cm de compost mûr ou d’un mélange de maire à l’aide de branches et de piquets en noise­
terre et de compost afin d’éviter la dispersion tier. On peut également fabriquer un mortier avec
des matières végétales par le vent. de la terre et du compost très humide, à étaler sur
les bords et qui va les rigidifier après séchage.

35
rempli, il faut laisser reposer le compost plu­
JARDINER sieurs mois sans ajouter de déchets. Mieux
vaut donc posséder deux petits bacs plutôt
EN VILLE qu’un seul, ou bien faire appel à la collabo­
ration des voisins, ce qui permet de remplir
LE COMPOST EN SILO un grand bac d’un seul coup (chacun stocke
ses déchets avant de les centraliser].
Un silo à compost est un bac avec un cou­
vercle qui permet de dissim uler les dé­ Quel que soit le modèle choisi, veillez à pou­
chets à la vue, de les abriter des excès de voir brasser le compost à l’intérieur pour fa­
pluie ou de sécheresse, et de la convoitise voriser sa décomposition. Une autre solution
de certains animaux, etc. consiste à trouver un modèle facile à renver­
ser. Une fois le silo plein, surveillez réchauf­
Contrairement à ce que pourraient faire fement du tas. Après refroidissement, versez
croire les images publicitaires, on ne jette son contenu sur une bâche, mélangez à la
pas ses déchets ménagers sur le dessus fourche, puis remettez la matière dans le
d’un silo tandis qu’on récolte du compost en silo. Si le tas ne chauffe pas, ce n’est pas un
b as... Cela tiendrait davantage de la magie problème : attendez environ 2 mois, puis pro­
que d’un processus naturel. Une fois le bac cédez à ce retournement.
CHAPITRE 3
REPLANTER DES ARRRES
« Je rêve de millions de jardinets urbains et
périurbains transformés en mini forêts »
Robërt I lart (1913 2000)
OBSERVER
À L’ORIGINE ÉTAIT UNE FORÊT
Chaque région du monde est caractérisée par un typ e de végétation naturelle dom i­
nante, qui se développe et se m aintient car c’est tout sim plem ent la plus adaptée aux
conditions locales (clim at, sol, pluviom étrie, etc.}. Le plus ancien systèm e forestier
connu est situé à Bornéo, date de 150 m illions d’années et continue à produire des
arbres hauts de 80 m. (13)

En France, comme dans beaucoup de pays au climat tempéré, les sols ont tendance à se
couvrir naturellement de forêts aux essences variables. Ainsi, sur notre façade m éditerra­
néenne, on peut être surpris d’apprendre qu’il y a bien longtemps, la végétation naturelle
était une immense forêt de chênes verts, chênes-lièges et, plus haut ou sur les versants
frais, chênes pubescents ou hêtres.

Même s’il est possible de défricher pour installer des cultures, il faut lutter sans cesse contre
la nature pour éviter le retour à l’état de forêt. Au moindre relâchement, les herbes sauvages

38
s’implantent et si l’on ne cultive plus, les
ronces apparaissent, suivies de buissons et
d’arbustes parmi lesquels se ressèment les
grands arbres des alentours.

Si l’arbre paraît y régner en maître, la forêt


est constituée d’un peuplement riche et
diversifié, aussi bien végétal qu’animal. La
hêtraie de l’Europe centrale regroupe par
exemple plus de 10 000 espèces vivantes
dont environ 4 000 espèces végétales et
plus de 5 000 insectes. (10)

Dans nos forêts à feuilles caduques


(hêtre, chêne, cha rm e), la lum ière qui
pénètre ju s q u ’au sol durant tout l’hi­
ver favorise divers étages (s tra te s ) de
végétation (cham pignons, plantes her­
bacées, arbustes, lianes grim p a n tes),
perm ettant le développem ent de m illions
d’êtres dont nous faisions partie encore
récem m ent.
La chlorophylle colore les feuilles en vert.

COMPRENDRE bien adapté à son environnement, le s y s ­


tème se stabilise et ne se modifie plus que
très peu. Une telle forêt est qualifiée de
LES ARBRES, ROIS forêt climax.
DELA NATURE
Cette végétation d’équilibre est fortement
liée à la pluviométrie. Dans certaines ré­
Végétation clim ax, le top
du top gions du monde peu arrosées (moins de
550 mm d’eau de pluie par an), le paysage
À la suite d’une longue évolution, la forêt est constitué de grandes prairies her­
devient le siège d’une communauté de v é ­ beuses (gram inées) sur des terres se ré­
gétaux et d’animaux répartis dans tout l’es­ vélant particulièrem ent bien adaptées au
pace disponible (sol, sous-sol, branches) développement de gram inées cultivées,
et liés les uns aux autres. Particulièrement dont le blé).

39
En France, les q uantités d’eau de pluie nomène n’est pas simplement local mais
sont trop im portantes pour une sim ple sensible à l’échelle de toute la planète,
prairie. La forêt est une végétation cli- l’oxygène étant ce qui rend notre atm os­
max plus adaptée car seuls les grands phère respirable.
arbres sont assez puissants pour ab­
sorber autant d’eau et même drainer les De plus, la forte consommation de gaz car­
excédents, en les guidant le long de leurs bonique par les arbres s’oppose à l’effet
racines vers les nappes souterraines. de serre. Rappelons que les gaz à effet de
Sans arbres, l’eau ruisselle, ravine, serre, dont le gaz carbonique est le princi­
créant inondations et glissem ents de pal, empêchent la chaleur de s’échapper de
terrain dans les pentes. l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauf­
fement climatique dont les effets sont déjà
Un arbre peut transpirer 100 à 200 litres mesurables. Or, seules les plantes vertes
d’eau par jour quand elle ne manque pas. savent consommer du gaz carbonique ;
Une prairie permet l’infiltration de 80 % tout le reste du monde, volcans, chemi­
de l’eau qu’elle reçoit, et une forêt jusq u ’à nées, hommes et anim aux ne font qu’en
100 %, alors qu’une surface asphaltée produire.
n’infiltre rien, produisant 100 % de ru issel­
lement. (18)

Un air où i! fait bon vivre


Le couvert forestier protège du vent, du
froid et des ardeurs du soleil. Par temps
chaud, les arbres consomment beaucoup
d’eau, qu’ils diffusent ensuite par transpi­
ration dans l’air ambiant, ce qui contribue
à le rafraîchir. L’effet est très sensible et on
peut en faire l’expérience en passant ra­
pidement d’une zone dégagée à une zone
forestière.

Grâce à leurs innombrables feuilles, les


arbres jouent un très grand rôle dans la
photosynthèse [voir chapitre 4). Au cours
de ce processus, ils absorbent du gaz car­
bonique contenu dans l’air et y rejettent de
l’oxygène, en telles quantités que le phé­ Un habitué des sous-bois, ni animal, ni végétal.

40
L’arbre fait aussi le sol
Les racines horizontales de l’arbre, situées
sous la couche de matière organique, ab­
sorbent les minéraux libérés par les bacté­
ries avant que l’eau de pluie ne les entraîne
plus en profondeur dans les nappes. Ces
minéraux absorbés pour son alimentation
seront remis à disposition des plantes par
l’intermédiaire des feuilles que l’arbre perd
chaque hiver.

La stabilité de l’arbre est assurée par un autre


type de racine, verticale et profonde (pivot),
allant s’insinuer jusque dans la roche-mère
et sécrétant des acides qui attaquent cette
dernière et la fragmentent en éléments plus
petits dont font partie les argiles.

Ingurgitées par les vers de terre, les argiles


sont ensuite progressivem ent remontées
et évacuées en surface.
Rosier-liane et pommier associés.
Grâce aux arbres, le systèm e n’a pas de
fuites : les minéraux sont conservés et les
argiles renouvelées. APPLICATIONS
En remplaçant les forêts par des plantations VERS UN JARDIN-FORÊT
cultivées la production d’argile est ralentie
car les racines des céréales ne sont pas as­ Certes, il n’est plus question de vivre comme
sez longues pour atteindre la roche-mère. au temps des Gaulois, quand la forêt occu­
En outre, si le champ n’est pas cultivé en pait les trois quarts du territoire. Par contre,
hiver, les minéraux sont lessivés par les il est tout à fait possible de copier le modèle
pluies. Autrefois, parallèlement à l’épandage de la forêt et de rendre aux arbres une plus
de fumier et pour compenser ce déficit, les grande place dans tous les jardins.
paysans pratiquaient le marnage, opération
consistant à épandre dans les champs une Le phénomène est déjà expérimenté en
argile calcaire, la marne. agriculture avec l’agroforesterie (14). Des

41
pratiques anciennes qui consistaient à
cultiver des pêchers dans les vignes, élever
des anim aux sous les arbres (pré-verger)
ou abriter les champs par des haies boca-
gères renaissent dans nos campagnes, en
lien avec la recherche sur la conservation
des sols et les pratiques de l’agroécologie.

Le choix des arbres


Toujours dans l’idée d’imiter la nature, il est lo­
gique de choisir des arbres adaptés aux condi­
tions locales et, en premier lieu, de laisser
pousser ceux qui se développent déjà au lieu
de les couper, partout où il n’est pas vraiment
nécessaire de faire place nette. Un endroit sau­
vage et arboré au fond du jardin côté nord de­
mande moins d’entretien qu’une pelouse, pro­
tège du vent sans faire d’ombre à la maison,
fournit des abris aux oiseaux et aux insectes
utiles, et des cachettes aux enfants intrépides.

Quand la place est davantage comptée,


l’arbre peut profiter à la fois au lieu et aux
divers besoins de ses habitants (ombrage,
envie d’un beau décor ou d’une produc­
tion).

- Bois : un élagage régulier permet la ré­


colte de branches pour de petites construc­
tions (tuteurs, structures pour plantes
grimpantes, cabane) ou le chauffage.

- Miel : les arbres forestiers sont les plus


grands fournisseurs des abeilles, les­
quelles ont besoin de nectar et de pollen
pour nourrir la ruche, et de propolis pour
Les haies protègent cultures et habitations. son entretien (voir chapitre 8). Un seul

42
gros tilleul peut générer la fabrication de
plus de 10 kg de miel en une saison. (15)

- Fruits : ceux de nos forêts ne figurent


plus guère à nos menus. Exception faite
des châtaignes, noisettes et éventuelle­
ment du sureau, on laisse aux animaux
nèfles, prunelles, merises, faînes et autres
glands. Nous préférons pommes, poires,
cerises, pêches, figues, noix ou agrumes,
qui sont tous des fruits exotiques venus
d’autres régions du monde (Proche-Orient,
Chine), dont les climats s’accordent plus
ou moins au nôtre. En conséquence, si
l’on veut cultiver ces arbres fruitiers le
plus naturellement possible, mieux vaut
privilégier les plus compatibles avec les
conditions de sol et de climat du jardin
(voir tableau pages 45 et 46). Pour élargir

Le jard in -fo rêt de Robert Hart, une source de v ita lité


Les forêts cultivées représentent poussant en harm onie et de m anière
une pratique courante en clim at tro ­ relativem ent autonom e. Il privilégia
pical (banane, café, ananas, vanille, les plantes vivaces ou se ressem ant
p o iv re ...) qu’on n’im aginait pas pos­ seules, des espèces m édicinales et
sible en clim at plus froid. Robert Hart com estibles peu u tilisé e s m ais plus
fut le prem ier à tenter l’expérience en toléra ntes à l’om bre que des légum es
Angleterre à partir de 1960. Dans sa classiques, et notam m ent toutes
ferme, après avoir associé élevage, sortes de plantes faisant office de sa ­
verger et légum es annuels assez cla s­ lades. Ce choix l’amena à constater que
siques, il se rendit com pte que cela lui la plupart de ses récoltes (salades,
dem andait beaucoup trop de travail. fruits classiques et à coques) étaient
Sur le m odèle naturel de la forêt, il propices à une alim entation crue très
conçut donc peu à peu une forêt-jardin diversifiée, source de vita lité et repré­
com ptant ju s q u ’à ? étages de plantes sentant un gain de tem ps et d’énergie.

43
le choix, comptons sur la grande diversité présentent la forme la plus naturelle d’un
des variétés. Au sein de chaque espèce, il y arbre. Ils sont classés par taille selon la
a toujours des exceptions qui confirment la hauteur du tronc (1,80 m pour une haute
règle, par exemple des pêchers à floraison tige et 1,50 m pour une dem i-tige). On
tardive qui échappent aux gelées. choisira l’une ou l’autre forme selon que
l’on souhaite pouvoir circuler dessous ou
Le choix du porte-greffe permet de tirer le cueillir des fruits plus près du sol. Ce sont
meilleur parti de la nature du sol et aussi des arbres vigoureux, très productifs, dont
de former des arbres plus ou moins vigou­ on peut espérer une bonne récolte à partir
reux. Les arbres dits « de plein vent » re­ de G ans après la plantation.

Les groseilles de couleur rosée attirent moins les oiseaux que les rouges.

44
Principales espèces fruitières dont un les terres à vigne. En terre aride, rocail­
choix de variétés parmi les plus faciles leuse et même calcaire, il doit être greffé
à vivre en climat moyen français (sélec­ sur ‘Sainte-Lucie’.
tion du pépiniériste Éric Dumont (16)) ‘Anglaise hâtive’, ‘May Duke’, ‘Royale Hâtive’
(fin mai à mi-juin), guigne ‘Beauté de l’Ohio’
Pommier (début juin), bigarreau ‘Lapins’ (juillet)
Le pom m ierpeut être cultivé danstoutes
les régions de France, jusqu’à 1 000 m Prunier
d’altitude. S’il faut généralement récolter Peu exigeant, le prunier redoute seule­
les fruits avant les gelées, certaines va ­ ment les excès d’eau et a surtout besoin
riétés ne seront bien mûres que durant d’une situation dégagée, loin d’une zone
l’hiver, ce qui permet de consommer des boisée.
pommes jusqu’au printemps à condition ‘Mirabelle de Nancy’ (fin août, début sep­
de disposer d’un endroit pour les stocker. tembre), ‘Reine-Claude dorée’ (mi-août), ‘Des
Transparente de Croncels’ (septembre- Béjonnières' (mi-août), ‘Victoria’ (début sep­
octobre), ‘Belle de Pontoise’ (décembre-jan­ tembre), ‘Reine-Claude diaphane’ (fin août,
vier), ‘Reinette Baumann’ (décembre à début septembre), ‘Sainte-Catherine’, pour
mars), ‘Calville du Roy’ (décembre à avril), tartes, conserves et séchage (septembre).
‘De Lestre’ ou ‘Sainte-Germaine’ (janvier à
avril),‘Reinette du Mans’ (février à avril). Pêcher
Préférant les terrains secs, il peut être gref­
Poirier fé sur prunier ‘Saint-Julien’ pour les terrains
Il préfère les sols profonds, riches en frais, légèrement humides mais perméables.
humus et conservant une certaine fraî­ ‘A msden’, variété rustique (début ju il­
cheur. La grande diversité de variétés let), ‘Précoce de Hâle’ (fin ju ille t), ‘Ma­
permet de consommer des fruits depuis dame Girerd’ (fin août).
le milieu de l’été jusqu’à la fin de l’hiver.
‘Favorite de Clapp’ (fin septembre), Abricotier
‘A lexandrine Douillard’ (mi-septembre à L’abricotier préfère les terres sèches
novembre), ‘Sucrée de Montluçon’ (oc­ et bien drainées. Il a besoin de chaleur
tobre-novembre), ‘Virginie Baltet’ (m i-no­ mais ses fleurs précoces redoutent le
vembre à mi-décembre). gel quand elles sont brusquement expo­
sées au soleil du matin.
Cerisier ‘Bergeron’, dont la fleur résiste aux gelées
Greffé sur merisier, il prospère dans de printemps (m i-juillet), ‘Canino’ (2e
les terres substantielles, fraîches, quinzaine de juillet), ‘Royal’, qui s’adapte
sableuses et siliceuses, les alluvions et à toutes régions (fin juillet, début août).

45
Autres plantes pour un jardin-forêt co­ tubercules), grande capucine (tout se
mestible mange, feuilles, boutons, fleurs, fruits).

Saisissez également l’occasion d’adop­ Plantes pour la strate basse tolérant la


ter quelques plantes com estibles pous­ mi-ombre ou poussant en hiver :
sant hors des sentiers battus.
Plantes aromatiques : menthe (envahis­
Petits arbres : cognassier, noisetier, sante), mélisse, cerfeuil, monarde, per­
sureau, amélanchier, cornouiller mâle, sil, ail des ours, ciboulette, livèche.
figuier (taillé ou palissé), pommier sau­
vage (‘Charlottae’ et ‘John Downie’), mû­ Légumes : épinard, chénopode, arroche,
rier noir ou blanc (m ulberries). poirée, chou.

Arbustes : groseillier à maquereau, cas- Verdures : mâche, mouron des oiseaux,


sissier (tolère les sols hum ides), gro­ claytone de Cuba (pourpier d’hiver), pe­
seillier à grappes, éléagnus (supporte tite pimprenelle (Sanguisorba minor),
bien l’ombre et fixe l’azote), m yrtille chicorée, pissenlit, oseille, cresson de
arbustive (plantation en sol très acide terre, maceron.
uniquem ent).
Fruits : fraise des bois, rhubarbe.
Plantes grimpantes ou à palisser : fram ­
boisier, vigne (en plein soleil), mûre, Fleurs (pour le décor) : narcisse, ané­
kiwi, glycine tubéreuse (on récolte les mone des bois, petite pervenche.

comestibles, aromatiques ou ornemen­


Un jardin à étages
tales, à vous de choisir selon vos envies
Comme dans une forêt, la permaculture et vos besoins, mais divers critères sont à
s’intéresse au fait d’associer aux arbres prendre en compte.
des plantes plus basses afin de mieux
occuper l’espace. Pour commencer, on - La place au soleil : le jardin-forêt doit être
peut se limiter à trois strates différentes : installé au soleil sans faire d’ombre aux
arbres, arbustes et plantes herbacées v i­ autres parties du jardin. Les arbres les plus
vaces basses. Avec l’expérience, l’ajout de hauts sont ainsi en plein soleil, ce qui est
plantes grimpantes pouvant s’accrocher favorable à leur développement et à la pro­
aux arbres, de bulbes à fleurs et même de duction de fruits. Les autres plantes sont
champignons est envisageable. Plantes réparties sous les arbres ou entre eux en

46
Ouverte au Sud, une clairière ensoleillée accueille et protège fleurs et légumes.

fonction de leurs besoins en lumière. Dans décrire un arc de cercle ouvert vers le sud
un jardin-forêt, toutes les plantes ne sont de façon à former une clairière visible de la
pas à l’ombre des arbres et il reste des maison par exemple. Dans un petit jardin
clairières, surtout durant la période où les de ville clos de murs, les formes fruitières
arbres grandissent. En outre, une fois les palissées ont fait leurs preuves. Chaque
feuilles tom bées en hiver, le soleil parvient arbre produit peu, mais il est possible d’en
aux plantes du sous-bois, dont certaines planter plusieurs et de bénéficier ainsi
profitent de l’aubaine pour fleurir à cette d’une appréciable diversité.
époque.
- L’évolution dans le temps : en ce qui
- L’espace disponible : un grand espace concerne les récoltes, les légumes an­
se prête à la répartition régulière d’arbres nuels sont efficaces dès la première an­
devenant grands, suffisam ment espacés née, mais plus il y aura d’ombre, moins ils
pour cultiver des plantes entre eux. Mais parviendront à se développer. Les courges
selon les cas, la plantation peut s’étirer montrent toutefois une grande aptitude à
sous forme de haie dans un jardin étroit, ou grimper et à fructifier dans les branches

4?
des arbres, ce qui économise beaucoup
d’espace au sol. Les arbustes à petits fruits
(framboises, groseilles) produisent dès la
deuxième année pendant 10 ans environ,
profitant d’un maximum de soleil durant
le temps que les grands arbres mettent
à se développer et à atteindre leur pleine
production. Le moment devient alors favo­
rable à une réorganisation de l’espace en
fonction de la place qu’il reste au soleil en
lisière des arbres.

Am énagem ent et entretien


d’un jardin-forêt
Outre l’intérêt de réintroduire des arbres,
un jardin à étages utilise au mieux l’énergie
solaire ainsi que l’espace disponible, tant
au-dessus du sol qu’en dessous. Des plantes
différentes ont également des systèm es ra-
cinaires variés (profond, superficiel, pivotant,
ra m ifié...), susceptibles de mieux explorer
les différents horizons du sol que des plantes
Taillez des branches encore jeunes. toutes semblables. La concurrence est ainsi

Tailler ou non
les arbres fruitiers ?
On peut sim plem ent élaguer les et utilisent beaucoup d’énergie au d étri­
branches des espèces fruitières à pé­ ment de la production, aussi est-il préfé­
pins (pom m es, poires), afin que la lu­ rable, pour assurer leur remplacement,
mière puisse pénétrer jusqu’au cœur de de les supprim er régulièrem ent avant
l’arbre. Chez les espèces à noyau, les qu’elles ne soient trop grosses. Il en
branches de plus de 2 ans deviennent est de même pour les arbustes à petits
moins productives. Elles s’accum ulent fruits.

48
3g®:*«siSi
Une butte potagère est aménagée entre deux rangées d’arbres fruitiers.

moins rude, même si elle existe et qu’elle doit teur conseille surtout d’éviter l’installation
absolument être prise en compte. de gram inées (herbe et pelouse) à la base
des troncs car ce sont les concurrentes les
- Espace vital : l’espacement entre les plus redoutables des jeunes arbres. Mieux
plantes dépend de leur développement vaut placer à cet endroit des plantes aro­
respectif supposé. Si l’on ne veut pas à matiques non envahissantes (persil, ail
terme fermer totalement le jardin à la lu­ des ours, ciboule, ail ro c a m b o le ...), des
mière, les arbres doivent être très espa­ légumes verts (salades, épinard, chéno-
cés, assez pour ne pas se toucher une fois pode... ) ou des fraises des bois.
adultes. Patrick Whitefield, dans son livre
Créer un jardin-forêt (9 ), préconise de lais­ - Programme de plantation : la fin de l’au­
ser dégagée la zone de racines des jeunes tomne représente la saison de plantation
arbres et d’en éloigner notamment les idéale pour arbres et arbustes. Vivaces et
arbustes d’une distance égale à leur dia­ légumes peuvent attendre le printemps.
mètre adulte. Après 4 ou 5 ans, l’arbre sera Il est également envisageable de planter
assez fort pour supporter la situation. L’au­ d’abord uniquement les arbres (ou les

49
arbres et les arbustes), d’ensemencer le
terrain d’engrais vert (trèfle par exemple)
- q u ’il suffira de tondre occasionnellement,
ce qui ne demande qu’un faible entretien -
et de poursuivre les plantations au cours
des années suivantes. Afin de forger votre
expérience, vous pouvez aussi planter une
petite surface et vous réserver la possibili­
té de l’étendre par la suite.

- Accès et entretien : le piétinement des


zones cultivées étant dommageable au
maintien d’un sol meuble et aéré, travaillé
par les m icro-organism es, des allées sont
à prévoir pour accéder aux plantes. Afin de
ne pas consom m ertrop d’espace, on ajoute
à une seule allée principale, de petits sen­
tiers secondaires. Si cela ne suffit pas, il
faut placer des dalles là où l’on aurait en­
vie de poser le pied quand on commence à
s’occuper du jardin. Enfin, les opérations de
taille et de récolte, notamment des arbres
fruitiers, ne doivent pas nuire aux cultures
environnantes. Il est donc particulière­
ment important de résister à la tentation
(toujours très forte) d’une plantation trop
dense.

Comme ailleurs dans le jardin, le sol sera


maintenu couvert entre les plantes et
nourri par un paillis.

La permaculture favorise l’abondance naturelle.

50
plus vigoureuse qu’un cordon, convenant
JARDINER aux pommiers et aux poiriers.

EN VILLE - Palmette à la diable : sur un tronc court,


les branches sont palissées contre un mur
« Si l’on parvenait à convaincre 100 000 Lon­ sans réelle sym étrie. Cette forme convient
doniens de planter ne serait-ce que 10 arbres au figuier, et surtout au pêcher et à l’abri­
fruitiers chacun, cela ferait un million d’arbres, cotier dont il faut souvent renouveler les
une petite forêt ! » , Robert Hart. branches pour qu’elles produisent des
fruits.

Arbres fruitiers miniatures


Par rapport à de grands arbres, ces formes
Naturellement greffés sur des porte- fruitières demandent un sol de bonne qua­
greffes de faible vigueur, ces arbres per­ lité, riche, très bien drainé mais qui ne doit
mettent d’obtenir des plantes peu encom ­ pas trop sécher, une taille annuelle et des
brantes de formes très diversifiées, dont soins fortifiants (purins d’ortie, de prêle,
les plus simples sont les suivantes : voir chapitre 6) pour stim uler leur résis­
tance aux maladies. Il faut également leur
- Cordon vertical : l’arbre est réduit à un éviter la concurrence trop proche d’autres
tronc avec des ramifications très courtes plantes. En revanche, elles produisent
portant les fruits. On peut planter un arbre des fruits dès 2 ou 3 ans, permettent une
différent tous les 30 cm, par exemple toute grande diversité dans un minimum d’es­
une collection de pommiers. pace, un échelonnement dans le temps et
une très grande facilité de récolte.
- Cordon horizontal : la tige principale est
coudée à 90° et palissée sur un fil hori­
zontal à 40 ou 80 cm du sol seulement.
Le cordon peut avoir une branche (cordon
simple) ou deux (cordon double). Il est sur­
tout utilisé pour les pommiers.

- Basse-tige : arbre à petite couronne sur


un tronc très court et d’une hauteur totale
de 2 m environ (pommier, prunier, cerisier,
agrum es).

- Palmette en U : à 2 ou 4 branches verti­


cales, c’est également une forme palissée

51
CHAPITRE 4
UN JARDIN À
ÉNERGIE SOLAIRE
« Parfois, les gens travaillent plus qu’il
ne faut pour obtenir ce qu’ils désirent,
et parfois, ce qu’ils désirent,
ils n’en ont pas besoin »
Wendell Berry
OBSERVER
UNE ÉNERGIE GRATUITE ET RENOUVELABLE
Bien avant la découverte du pétrole et même du feu, le soleil était et demeure la principale
source d’énergie nécessaire à la vie, une source inépuisable, puissante et cadeau de la
nature. Chaleureux, son rayonnement pourvoit également à notre alimentation puisqu’il
rend possible le développement des plantes et des animaux qui s’en nourrissent. Forts de
cette énergie, nous pouvons respirer, digérer, éliminer, réguler notre température, nous
déplacer et exercer des activités, notam m ent... au jardin !

Cependant, la généralisation des produits tirés du pétrole (m otoculture, objets en plas­


tique, engrais chimiques, traitem ents phytosanitaires) a peu à peu modifié nos pratiques
à une époque où ces produits étaient sensés représenter le progrès et où leurs nuisances
sur l’environnement n’étaient pas prises en considération (pollution de l’air, des cours
d’eau, dégradation des sols).

Avec l’augmentation des prix du pétrole et les dépenses engendrées par la réparation des
dégâts (épuration des eaux, collecte et recyclage des déchets), il nous faut bien penser et

53
agir autrement, d’autant que les réserves
naturelles ne sont pas Inépuisables, sur­
tout au rythm e où nous les consommons.

Pour produire une calorie alimentaire,


notre agriculture consomme aujourd’hui
en moyenne 10 à 12 calories de pétrole.
O)

Le coût économique d’une mangue du


Kenya dégustée à Londres représente
600 fols l’énergie qu’elle contient. (9)

En 2014, le 20 août, l’humanité avait déjà


consommé toutes les ressources natu­
relles que la planète peut produire en un
an. (ONG Global Footprlnt Network)

SI nous continuons ainsi, Il nous faudrait


plusieurs planètes, or pour l’instant nous
n’avons qu’une seule Terre et pas d’autre
endroit où a lle r...

COMPRENDRE
TOUJOURS PLUS LOIN
AVEC LE SOLEIL
Soleil et chlorophylle, merci
la nature !
Il est bon de se rappeler à quel point les
plantes nous sont Indispensables. Ca­
pables d’utiliser l’énergie du soleil, grâce
à la chlorophylle dont elles disposent (p ig­
Tomates locales : un exotisme écologique ! ment responsable de leur couleur verte),

54
pour développer et entretenir leurs tissus,
Penser plutôt que dépenser
les plantes absorbent le gaz carbonique de
l’air, constitué de carbone et d’oxygène. Le En permaculture, le recours à l’énergie
carbone est transform é en divers sucres et solaire et, de manière générale, les éco­
l’oxygène rejeté dans l’air, lequel est ainsi nomies d’énergie ne représentent pas
rendu respirable pour les hommes et les seulement une nécessité ; c’est un com ­
animaux. portement choisi de façon à assurer le re­
nouvellement des ressources naturelles,
Si l’on exclut l’eau, les plantes sont consti­ leur partage équitable et à préserver aussi
tuées à 95 % des éléments qu’elles pré­ notre santé.
lèvent dans l’air grâce à leurs feuilles. Seu­
lement 2 à 5 % proviennent du sol. (1) Tout en contribuant au bien-être de la pla­
nète, cet objectif d’économie peut devenir,
Tout jardinier a donc intérêt à favoriser le à la petite échelle du jardin, un jeu, un défi,
fonctionnement naturel de ses plantes plu­ un moyen d’exprimer et de développer in­
tôt que de se polariser sur les engrais à leur telligence et créativité. Pour s’y adonner
apporter... En cultivant manuellement ses pleinement, c’est simple, il suffit de limiter
légumes, il fonctionne lui-même à l’énergie les recours à l’argent, ce qui est d’autant
solaire, entièrement gratuite, contrairement plus naturel et facile qu’on en a peu...
aux machines qui ont besoin de carburant
et qui génèrent bruit et pollution. Ceci conduit avant tout à rechercher des
solutions au plus près de ses véritables
De plus, le jardinier se nourrit au moins en besoins, en évitant le gaspillage et en favo­
partie de la meilleure façon qui soit, de lé­ risant le recyclage : fabriquer ses godets de
gumes et de fruits frais, sains, aussi natu­ semis en papier journal, ses tuteurs avec
rels que possible et sans coût de transport. les branches de la haie, choisir des outils
Il peut aussi les partager avec son entou­ durables (fer forgé) et en limiter le nombre
rage car le jardin est souvent généreux, au strict nécessaire, construire une serre
et même éventuellement nourrir quelques avec les fenêtres à simple vitrage qui ne
animaux avec ses excédents de plantes ou conviennent plus à une habitation éco­
ses déchets végétaux. nome en énergie, etc.

Les bénéfices sont m ultiples et encore Si le travail manuel remplace autant que
d ém u ltipliés quand le jard in ier travaille possible le recours à des engins m otori­
en accord avec les systè m e s naturels sés, il n’est pas question pour autant de
exam inés aux chapitres précédents : vie s’épuiser à la tâche, bien au contraire.
du sol, recyclage des déchets, cultures Par exemple, si vous trouvez que la tonte
étagées. prend trop de tem ps et génère des dé-

55
chets encom brants, au lieu d’envisager
l’achat d’une plus grosse machine équi­
pée d’un systèm e de broyage, pourquoi
ne pas plutôt réduire la surface à tondre
en transform ant une partie de la pelouse
en une prairie fleurie ? Deux fauches par
an suffisent et le foin se décompose
beaucoup mieux dans le com post que les
tontes de gazon.

Une juste évaluation des besoins et une


utilisation réfléchie du lieu conduit à
concevoir un jardin pratique, efficace,
plaisant et animé par le plus puissant des
moteurs : toujours aller dans le sens de la
nature plutôt que contre elle. C’est souvent
une question de bon sens, et si vous avez
L’art de la récup’ : exercez votre créativité. des capacités à l’exercer, vous avez sans
doute déjà pratiqué la permaculture sans
le savoir.

APPLICATIONS
UN PLAN BIEN CONÇU
Si la permaculture est née au temps des
babas cool, ses créateurs n’en sont pas res­
tés au stade de la contemplation de la na­
ture. Tout en cherchant à préserver celle-ci,
ils s’en sont inspirés pour :

- gagner en efficacité ;

- dépenser un minimum d’énergie ;

Tondeuse « vintage » pour couper et ramasser l’herbe. - recycler tous les déchets ;

56
- produire à profusion, favoriser le foison­
Un tem ps de réflexion
nement ;
Si l’on reprend l’exemple de l’abeille et des
- assurer le bien-être des hommes, des pommes, l’abeille est considérée comme
plantes et des animaux. un élément du système. Il se trouve que cet
élément est d’autant plus efficace qu’il est en
Nous avons, par exemple, observé ce type de mesure d’assurer plusieurs fonctions : la pro­
fonctionnement dans le procédé de la photo­ duction de miel et la pollinisation des fleurs
synthèse. Pensons également à l’abeille qui de pommiers.
butine la fleur de pommier pour prélever du
pollen et nourrir la ruche. Allant d’une fleur à Pour une bonne efficacité, il faut s’assurer
l’autre, elle perd sur la deuxième fleur un peu que chaque fonction dont nous avons be­
de pollen récolté sur la première, jouant ainsi soin soit assurée par plusieurs éléments,
un rôle actif dans la fécondation des fleurs et et que chaque élément remplisse lui-même
donc dans la formation des pommes. L’abeille plusieurs fonctions.
contribue à la fois à la production de miel et à
celle de pommes. En ce qui concerne votre jardin, les élé­
ments peuvent être un potager, des
On estime que 70 % des plantes à fleurs dé­ fleurs, une terrasse, une serre, un bas­
pendent en partie ou en totalité des insectes sin, des p o u les... À vous d’établir la liste
pour leur reproduction. Les insectes pollini- de vos envies en n’écoutant d’abord que
sateurs assurent par exemple 80 % de la pro­ votre plaisir. Dans les faits, les élém ents
duction des fraises, 75 % des pommes. (20) énoncés sont plus souvent des solutions
que de réels besoins, d’où l’intérêt de les
préciser.

Lélément « potager » peut aussi bien tra­


duire une envie de tomates à grignoter de
temps à autre qu’un désir d’aménager un
espace aussi délicieux que décoratif, ou en­
core l’intention d’assurer une grande partie
de la consommation familiale. Les trois be­
soins ne se matérialiseront pas de la même
façon sur le terrain.

Lélément « mare » constitue une solution


à des besoins très variés et parfois même
L’abeille aurait pu inventer la permaculture. contradictoires :

5?
- disposer d’une réserve d’eau d’arrosage.
Une disposition judicieuse
Dans ce cas, une citerne connectée à l’eau de
pluie peut s’avérer plus utile ; Chaque élément est d’autant plus efficace
et pratique qu’il est bien placé par rapport
- élever des poissons ou cultiver des nénu­ aux autres, ce qui permet notamment de :
phars. Les premiers risquent fort de manger
les seconds; - réduire les distances à parcourir pour
entretenir le jardin. C’est un point essentiel
- faire pousser des roseaux. Un fossé peut sou­ qui permet de gagner beaucoup de temps,
vent suffire... et il en existe peut-être déjà un d’économiser son énergie et de conserver à
sur le site. portée de vue les éléments demandant une
surveillance régulière ;
Si l’on décide que la mare est l’élément sou­
haitable, nous voyons qu’elle peut remplir
plusieurs fonctions : réserve d’eau, arro­
sage, culture de plantes aquatiques, éle­
vage de poissons et de canards. Un bassin
orné de plantes contribue à la beauté d’un
lieu, à sa fraîcheur, à développer la vie sau­
vage (libellules, crapauds, grenouilles, tous
utiles au potager pour manger les limaces).
Des animaux pourront s’y abreuver, tout
simplement les oiseaux ou des animaux do­
mestiques (m o u to n s...).

En prenant le temps de préciser chaque be­


soin, vous éviterez de voir trop petit, trop
grand ou de passer carrément à côté. Cela
permet de prévoir un élément à la juste me­
sure de ses différents besoins, tout en op­
timisant ses fonctions qui peuvent servir à
d’autres éléments.

Le procédé peut sembler fastidieux à une


époque où la tendance est à tout vouloir
le plus rapidement possible, et pourtant le
temps qu’on passe à construire son rêve
n’est-il pas déjà un plaisir ? Le nénuphar est beau et oxygène l’eau.

58
Au soleil, à mi-ombre ou sous la serre ; Installez les plantes en fonction de leurs besoins.

- installer les plantes là où elles pousseront compost) avec éventuellement sa serre. Si l’on
le mieux (au soleil, à l’abri du vent, près d’un élève des poules, on y construira le poulailler.
point d’eau ou de la porte d’entrée) ;
- Zone 2 : on peut y placer une haie, une
- utiliser au mieux l’espace disponible, pré­ prairie que l’on ne fauche que deux fois par
voir des allées pour l’entretien des plantes an ou pâturée pardes animaux, un parcours
sans que cela ne consomme trop de surface. pour les poules directement accessible de­
puis le poulailler, les arbres fruitiers ou la
partie du jardin-forêt ne comportant pas de
• Plus ou moins d’entretien
légumes annuels ou de salades à couper
La fréquence des interventions amène à défi­ tous les jours.
nir différentes zones dans le jardin, la maison
et ses environs immédiats figurant la zone 0. - Zone 3 : si le jardin est grand, il peut com­
porter une zone semi-sauvage très peu en­
- Zone 1 : les éléments demandant des soins tretenue où l’on récolte seulement ce que
ou des visites quotidiennes sont placés près produit la nature (mûres, fleurs, orties et
de la maison. On y trouve la terrasse, le pota­ fougères pour le mulch ou la fabrication de
ger (cultures annuelles, châssis pour semis, purins de plantes).

59
- Zone 4 : encore plus loin, une zone « natu­ Ne négligez pas votre condition physique,
relle » est laissée à elle-même. Même dans bien qu’elle puisse souvent s’améliorer en
un petit jardin, il serait équitable vis-à-vis de jardinant.
la nature de conserver un espace aussi sau­
vage que possible. Vos ressources sont aussi vos qualités per­
sonnelles :
Pour étaler les opérations dans le temps, la
sagesse recommande d’aménager d’abord - Vos compétences en jardinage, en brico­
une petite zone facilement accessible lage ou, si vous n’en avez pas, votre curiosi­
depuis la maison, de s’organiser pour en té ou votre capacité à apprendre.
assurer l’entretien soigné puis, si l’on a
encore du temps, les m oyens et l’envie, - La patience. Si vous n’avez pas d’obligation de
d’agrandir peu à peu la zone cultivée. résultats, rien ne presse. Ne vaut-il pas mieux
inventorier et préserver ce que contient déjà le
lieu (matériaux, bâtiments, bois, argile..), laisser
• Evaluer ses ressources
pousser ce qu’il n’est pas utile de couper et inven­
C’est le moment de confronter le rêve à la ter peu à peu le jardin qui vous convient, au lieu
réalité mais, contrairement à ce que l’on de copier trop rapidement les modèles standard
imagine, les ressources ne sont pas unique­ publicitaires qui ne vous correspondent pas et
ment d’ordre financier. La permaculture ne qui vous incitent surtout à dépenser de l’argent.
pousse pas à la dépense, bien au contraire.
Ses maîtres mots sont recyclage, récupéra­ - La sociabilité. L’entraide avec les voisins,
tion, conservation, respect, partage, entraide, les échanges d’informations et de matériaux
inventivité, créativité, systèm e D... profitent au jardin et favorisent l’extension
de la permaculture au-delà. Les interactions
Il est possible de jardiner même sans jardin bénéfiques n’ont pas de limites.
(voir page BG], sans acheter aucune plante...
et sans les voler non plus ! Faites l’inventaire
• Les caractéristiques du site
de tous vos amis et parents possédant un jar­
din et dans lequel vous pourrez prélever plus Procurez-vous un plan de votre terrain et
de boutures, de graines et de greffons que délim itez différentes zones en portant
vous ne pourrez jamais en utiliser. Très peu votre attention sur les points suivants :
d’outils suffisent et on en trouve un large choix
dans les vide-greniers. - L ensoleillement. Repérez le sud pour en
déduire les zones bien ensoleillées, à mi-
Il faut également tenir compte du temps ombre ou à l’ombre totale des arbres, d’une
libre que vous avez à consacrer à votre pro­ colline, ou de bâtiments et la direction des
jet nature pour le mener en conséquence. vents dominants.

60
Ombrez la serre en été et libérez l’espace au sol en faisant grimper des courges.

- La présence d’eau : sources, fossés, drains... ger des terrasses pour cultiver à plat et lut­
ter contre l’érosion.
- L existence ou non de chemins d’accès, de
haies, de clôtures. S’il existe une haie et pas
de chemin, aménagez le chemin le long de la
Tirer profit des micro-climats
haie dans une zone où les racines de celle-ci Le relief, la nature du sol ou la végétation
concurrenceraient de jeunes cultures. Ce che­ contribuent à créer dans le jardin des zones
min sera pratique pour tailler la haie ou récolter plus ou moins abritées, permettant de gagner
ce qui y pousse. Situé sur la face abritée du les quelques degrés qui évitent aux plantes
vent, il sera plus agréable à parcourir. de geler, favorisent la levée d’un semis ou des
récoltes plus précoces.
- L environnement immédiat, une vue à pré­
server ou des nuisances dont on souhaite se - L’orientation : attention au soleil du matin
protéger (bruits, épandage de pesticides, ani­ en hiver qui favorise des dégels rapides, pré­
maux sauvages pouvant manger les cultures). judiciables aux fleurs des arbres fruitiers.

- Le relief. Selon que la pente est douce ou - La pente : l’air froid plus lourd que l’air
forte, il sera peut-être nécessaire d’aména­ chaud s’écoule le long des pentes et s’accu-

61
L’effet de lisière
Comme celle d’une forêt, une lisière ap­ augmentant la longueur des lisières de
partient à deux m ilieux en même temps différentes manières.
(forêt et prairie, terre et eau, mer et - Creuser une mare aux bords sinueux
sable, ombre et lumière, au vent et sous plutôt que rectilignes et avec un fond à
le vent] et possède donc les caracté­ plusieurs niveaux.
ristiques de l’un et de l’autre, ce qui en - Ajouter une haie sur une prairie avec
démultiplie les possibilités. Les espèces deux faces diversement ensoleillées et
qu’on y rencontre sont plus nombreuses des plantes en quinconce pour en aug­
et la productivité meilleure. À la lisière menter la longueur.
entre la terre et l’eau, les mangroves, - Planter des arbres pour créer une alter­
les marécages, les bords de rivière, les nance de zones à l’ombre, plus fraîches,
estuaires sont parmi les m ilieux les plus et de zones au soleil, plus chaudes.
riches. On aura intérêt à inclure ce cri­ - Créer des buttes arrondies qui augmentent
tère dans l’aménagement d’un jardin en la surface cultivée (lisière entre terre et air).

mule contre les obstacles (bâtiment, haie


dense), dans les cuvettes ou le fond des
vallées. La zone la plus chaude se situe gé­
néralement à mi-pente, à l’abri du vent qui
souffle sur les sommets.

- Le vent : en hiver, il am plifie l’effet du


froid, c’est pourquoi il est conseillé d’abri­
ter le jardin et la maison par une haie. Plus
elle est haute, plus la zone protégée sera
étendue, sur environ 15 fois sa hauteur.
Attention toutefois à l’ombre portée ainsi
créée et à la concurrence des racines :
il est parfois plus judicieux de planter
plusieurs haies de taille m oyenne à inter­
valles réguliers.

- Les plans d’eau : en hiver quand le soleil est


Abritez du froid les semis printaniers. bas, ses rayons réfléchis par une surface

62
d’eau contribuent à réchauffer une zone de
culture située à proximité.

- La perméabilité du sol : elle réduit l’ef­


fet du froid en hiver et permet de mieux
conserver des plantes comme la lavande,
le thym , l’artichaut, l’ail ou l’échalote. Le
sol se réchauffe aussi plus vite au prin­
temps, favorisant les semis précoces au
potager (pois, carotte, radis). Paillis ré­
guliers et culture sur buttes améliorent la
perméabilité d’un sol lourd et argileux qui
aurait tendance à se colmater.

Jardin design
Le design est sans doute l’élém ent le plus
d istin c tif de la perm aculture, si on la com ­
pare aux autres pratiques « vertes » .

En anglais design sign ifie davantage que


le mot « dessin » en français ; il y ajoute
l’idée de conception. En perm aculture, ce
travail de conception aboutit à l’élabora­
tion d’un plan sur lequel sont disposés les
divers élém ents, de sorte qu’ils puissent
agir ensem ble efficacem ent (exem ple
page 114). Outre que ce prem ier travail
est essentiel, il constitue un bon m o­
ment qui incite à se poser des questions
que l’on aurait tendance à ignorer si l’on
ne tentait pas de les tra n scrire sur le pa­
pier. On prend généralem ent plaisir à le
prolonger et aussi à le partager.

Quelques exemples d’éléments à placer sur


le plan du jardin : Beau et facile à entretenir : un jardin bien conçu.

63
- Une réserve d’eau de pluie. Installée
sous une descente de gouttière près de
la maison, elle surplombera si possible
la zone à arroser afin que l’eau s’écoule
naturellem ent sans l’intervention d’une
pompe. Elle pourra être reliée à un s y s ­
tèm e d’arrosage et les excédents de­
vraient pouvoir alim enter une mare de
façon à ne pas être perdus. On pourra
prévoir un trop-plein à la mare se déver­
sant dans une zone sem i-m arécageuse
où cultiver des roseaux.

-L e potager. Objet de soins quotidiens, le


potager est situé aussi près que possible
de la maison en lien avec l’entrée ou la
L’art de dissimuler une réserve d'eau. cuisine et non pas dans un coin reculé

19?8, invention du
term e « perm aculture »
Bill Mollison est né en 1928 dans un mgren à la conception d’une agricultu­
village de Tasmanie. Les habitants pê­ re plus soutenable, à base de cultures
chaient pour se nourrir, cultivaient leurs m ultiples associées, en synergie avec
légumes et fabriquaient tout ce qui leur les anim aux et les hommes. Ils lui don­
était utile. Personne n’avait un seul mé­ nèrent le nom de « perm aculture »
tier, mais des compétences variées sim ­ (culture permanente, au sens de du­
plement adaptées à ses besoins. rable) et la firent connaître en écrivant
Forestier et scientifique, Bill Mollison le livre Permaculture 1.
assista ensuite à la dim inution des Cette manière de conjuguer biologie,
quantités de poissons et d’algues, et à agriculture, élevage et architecture frois­
la détérioration de l’environnem ent. Or, sa à l’époque bien des professionnels,
ayant longuem ent observé le fonction­ tous spécialistes, mais avec le temps,
nement de la forêt, il pensa qu’on pou­ l’enseignement de la permaculture
vait le reproduire. Devenu professeur à s’est étendu et l’on compte à présent
l’Université, il travailla avec David Hol- 300 000 diplômés de par le monde.

B4
En permaculture comme dans la nature, on cultive ensemble des plantes aussi variées que possible.

du jardin. En position centrale, une zone de la coller au plus près des lim ites de la
de com postage et un abri de jardin pour propriété car on ne tire alors partie que
ranger tous les outils lim iteront les va-et- d’une seule face.
vient. L’abri de jardin offre généralem ent
des parois verticales très pratiques pour
palisser des plantes grim pantes (h a ri­
cots, courges, to m a te s ...) et un toit pour
collecter un supplém ent d’eau de pluie.
C’est aussi un endroit possible pour ados­
ser face au sud une serre dans laquelle il
fait bon s’abriter.

- La haie. Ses fonctions peuvent être m ul­


tiples et cum ulées : brise-vent, brise-vue,
ombrage, source de nourriture pour les
hum ains et les anim aux. À terme, la haie
peut égalem ent constituer une clôture
efficace. Il n’est pas toujours avantageux

65
Pour les conserver, les bénéficiaires s’en­
JARDINER gagent à les entretenir et à les cultiver de
leur mieux.
EN VILLE
Les anciens jardins ouvriers font au­
JARDINS PARTAGÉS jourd’hui l’objet de mesures conserva­
toires. De nombreux jardins collectifs sont
Au XIXe siècle, l’exode rural, les mauvaises régulièrem ent créés par les m unicipalités
conditions de logement, la m isère et la et jusqu’au coeur des cités, parmi les im ­
dose de malheur sont telles que les grands meubles où ils remplacent avantageuse­
patrons de l’Industrie s’inquiètent des ment les classiques espaces verts.
conséquences, à savoir l’alcoolisme et le
syndicalism e. Ils font construire sur les Les listes d’attente pour l’attribution d’un
lieux de travail des maisons avec jardins jardin sont longues mais on peut s’y Ins­
dans lesquelles sont logés les ouvriers. crire ou proposer aussi son aide à ceux qui
en ont un chez eux et qui ne parviennent
L’abbé Lemire a créé en 1896 la Ligue fran­ plus à l’entretenir. Bon nombre de per­
çaise du jardin ouvrier qui va contribuer à sonnes âgées seraient sans doute ravies
Intensifier le mouvement par l’attribution de partager leur terrain et de transm ettre
de lopins de terre en périphérie des villes. leur savoir en bonne compagnie.

66
CHAPITRE 5
UNE ATTENTION
PARTICULIÈRE À L’ EAU
« Avant d'accuser le puits d’être trop
profond, le sage vérifie si ce n’est pas
la corde qui est trop courte. »
Marcel Pagnol
OBSERVER
L’ EAU FAVORISE L’ABO N D AN C E
Qu’elle tombe en pluie, coule en rivière ou jaillisse en source, l’eau semble semer du vert sur
son passage : berges luxuriantes, forêts exubérantes, herbe drue. Comme dans une jungle, les
plantes sont plus hautes, les feuilles plus grandes et une multitude d’animaux y cohabitent,
trouvant là de quoi se désaltérer et se nourrir.

Lors d’un été sec, chacun a pu constater comme la nature reverdit en quelques jours après
une pluie. Si l’on peut en déduire que l’eau lui fait du bien, cela sous-entend également qu’elle
peut supporter un manque momentané. Malgré de longues périodes sèches, notre Midi pos­
sède une végétation certes différente mais partout présente, ainsi que des vergers et des
potagers enchantant la cuisine méridionale.

Hélas, depuis peu et contrairement aux plantes, nous ne pouvons plus utiliser l’eau disponible
dans la nature pour nos propres besoins ; à de rares exceptions près, elle n’est plus potable, ce
qui met aussi en danger de nombreuses espèces animales, notamment aquatiques. Depuis les
30 dernières années, 80 % des effectifs de poissons ont disparu de la Loire. [France Na­
ture Environnement pour Rustica n°2209, 2012)

68
COMPRENDRE • Pour des plantes bien hydratées
Les plantes puisent l’eau dans le sol. Bien
L’ EAU, SOURCE DE VIE évidemment, plus leur réseau de racines est
long, plus leur autonomie est importante. Ain­
L’eau est indispensable à la vie et à ses si les arbres sont-ils très résistants, capables
principaux acteurs. d’aller chercher l’eau très profondément
jusque dans les nappes souterraines.

Un constituant essentiel
• Mycorhizes, les racines augmentées
Quand il fait chaud et sec, les plantes
perdent leur tonus et leurs feuilles s’af­ La quasi-totalité des plantes terrestres, y
faissent car c’est l’eau qui maintient leurs compris les plantes cultivées, ont acquis la
cellules fermes et bien gonflées, un peu capacité de s’associer à des champignons
comme l’air dans un ballon. Un légume (mycorhizes) qui se présentent sous la forme
vert du potager contient en moyenne 90 % d’un intense réseau de filaments intimement
d’eau. ( 18) liés à leurs racines et les prolongeant.

La plupart des anim aux ne font pas excep­ Grâce aux m ycorhizes, on estim e que le
tion à la règle, y compris tous les m icro­ volum e de sol exploré par une racine est
organismes du sol qui redoutent eux aussi m ultiplié par 1 000. (19)
la sécheresse.
En échange de l’eau et des m inéraux, les
plantes fabriquent des sucres dont elles
Un agent de circulation
redonnent une partie aux cham pignons.
Une plante ne pouvant se déplacer pour
aller chercher sa nourriture, elle en puise Les mycorhizes renforcent les défenses des
une grande partie dans l’air et, quant au végétaux, notamment contre d’autres cham­
reste, c’est l’eau qui la lui apporte : absor­ pignons vecteurs de maladies (pathogènes).
bée au niveau des racines, cette dernière
charrie avec elle les élém ents m inéraux L’utilisation de grandes quantités d’engrais,
ayant la particularité d’être solubles, de pesticides et le tassement des sols em­
contrairem ent à la matière organique ou à pêchent les m ycorhizes de se développer.
l’humus. Eau et m inéraux rejoignent ainsi
le flux de sève de la plante et sont d istri­
• Régulation des sorties
bués aux organes qui les utilisent ensuite
pour se développer (bourgeons, tiges, L’eau qui n’est pas utilisée par la plante est
fle u rs ... ). évacuée dans l’air par transpiration ce qui

69
contribue à la rafraîchir ainsi que l’air am­ Un sol argileux est capable de faire d’impor­
biant, l’effet étant d’autant plus sensible tantes réserves quand il pleut et d’en resti­
que la végétation est abondante. tuer une partie par temps sec. Cette capa­
cité est d’autant plus forte qu’il contient de
Les plantes perdent également de l’eau par l’humus, l’ensemble se comportant un peu
un phénomène d’évaporation favorisé par la comme une éponge.
chaleur ou le vent.
Moins il y a d’eau dans le sol, plus celui-ci
Afin de limiter les risques de déshydrata­ la retient pour sa propre survie jusqu’à un
tion, la plante a donc la capacité d’ouvrir certain seuil (point de flétrissem ent) en
plus ou moins les orifices (stom ates) par dessous duquel les plantes ne peuvent
lesquels l’eau s’échappe. plus l’absorber.

Ainsi, les espèces végétales adaptées à la


L’eau dans le sol
sécheresse (pin sylvestre, pin d’Alep, chêne
pubescent) ont la capacité d’absorber de l’eau
• Infiltration ou ruissellement dans un sol qui semble sec, alors que d’autres
Une partie de la pluie qui tombe au sol peut demandent de l’eau en abondance, facile à ab­
être entraînée et perdue par ruissellement, sorber (peuplier, saule, chêne pédonculé).
notamment dans une pente et sur une surface
imperméable (asphalte, terre nue compactée)
jusqu’à ce qu’un obstacle l’arrête et qu’elle
puisse s’infiltrer. Une fois dans le sol, l’eau des­
cend par l’effet de la gravité. Une partie est cap­
tée au passage par les animaux et les racines
des plantes, une autre est retenue par le sol.

• Des réserves plus ou moins


utilisables
Cette capacité de rétention varie selon les
sols. Elle est faible dans le cas d’un sol
sableux très perméable et d’autant plus
forte que le sol contient de l’argile.

La capacité de rétention d’un sol sableux est


de 80 à 120 g d’eau par kg de terre sèche
contre 400 à 500 g pour un sol argileux. ( 18) Les plants puisent surtout l ’eau dans le sol.

?0
• Des nappes polluées
L’eau d’infiltration qui n’est ni utilisée par
les plantes ou les animaux, ni mise en ré­
serve dans le sol s’enfonce de plus en plus.
Le sable, les roches retiennent les élé­
ments solides et agissent comme un filtre,
de sorte que les nappes souterraines sont
naturellement limpides contrairement à
celles des rivières. Mais limpide ne signifie
pas potable car bactéries, nitrates et pesti­
cides ne sont pas filtrés par les roches.

En conséquence, l’eau des puits est le plus


souvent impropre à la consommation et
celle provenant de captages en profondeur
doit être soigneusement désinfectée (à
l’aide de produits chim iques), pour être
rendue potable avant d’être distribuée, et
régulièrem ent contrôlée. Aussitôt sortie du
robinet, la plus grande partie de l’eau deve­
nue potable est immédiatement souillée.

La consommation d’eau potable des mé­


nages est d’environ 150 litres par jour en
m oyenne sur le territoire français, dont
10 litres seulement servent pour la bois­
son et la préparation de la nourriture,
49 litres pour douches et bains, 25 litres
pour le lavage du linge. Et 25 litres d’eau
potable vont directement dans les WC !
(Enquête C.I.EAU, 2006)

Ensuite, d’autres traitem ents sont encore


nécessaires pour épurer les eaux usées,
ce qui finit par coûter très cher à la collec­
tivité. Économiser l’eau potable est donc
devenu une priorité. Lesfeuillages ne doivent pas couvrir plus de FO %d’un plan d'eau.

?1
APPLICATIONS Une population m oyenne de vers de terre
permet l’écoulement de 1G0 mm d’eau de
pluie par heure à travers ses galeries, soit
POUR UN JARDIN l’équivalent d’un orage exceptionnel. (18)
AUTONOME EN EAU
Une petite zone en terrain plat cernée de
S’il est vrai que les plantes ont besoin d’eau, fossés sera asséchée à la m anière d’une
la satisfaction de ce besoin ne passe pas île. Sur une zone plus vaste, un q uadril­
uniquement par l’arrosage : l’arrosage n’est lage est nécessaire, que l’on com parera
qu’une solution parmi d'autres. D’autres plutôt à un archipel. Les fo ssés à ciel
points méritent d’être considérés qui ren­ ouvert ont tendance à se rem plir de vase
dront peut-être l’arrosage secondaire, voire charriée par l’eau. Leur curage perm et
quasiment inutile. de m aintenir leur efficacité et de récu ­
pérer un m atériau généralem ent fertile.
La meilleure eau pour les plantes est celle Quand ils peuvent représenter un danger
qui est déjà dans le sol. En le nourrissant, (ch u te ) ou gêner le passage, la pose d’un
en l’aérant, en le maintenant paillé et plan­ drain (tu ya u percé) dans le fond perm et
té, vous favorisez sa capacité à faire des de les combler.
réserves et à les libérer selon les besoins
des plantes, tout naturellement.

Un humus peut retenir jusqu’à 15 fois son


poids en eau. ( 18)

Réguler les excès


Une plante court davantage de risques de
mourir les racines dans l’eau que dans un
terrain sec. Seules les plantes aquatiques
sont adaptées à cette situation. Les plantes
terrestres se noient, elles moisissent,
pourrissent et périssent par asphyxie.

Un jardin qui reste gorgé d’eau, même tem ­


porairement, doit être drainé de façon à as­
sécher les zones à cultiver. Les autres zones
peuvent demeurer humides, ce qui favorise
une riche biodiversité. Les salades n’aiment pas l’excès d’eau.

72
Pour éviter une montée des eaux en cas de forte butte. C’est un large fossé en cuvette, creu­
pluie, il faut prévoir une évacuation du réseau de sé le long d’une courbe de niveau perpen­
fossés vers un point bas ou un réservoir. Saisis­ diculairement à la pente. La terre déblayée
sez cette occasion pour creuser une mare. est déposée du côté de la pente pour former
un talus faisant office de butte sur laquelle il
est intéressant de planter des arbres. L’eau
Éviter les fuites
s’infiltre au niveau de la noue directement
Les fuites peuvent être nombreuses et c’est en vers les racines des arbres au lieu de ruis­
multipliant les interventions, même minimes, seler sur la pente. Des baissières communi­
que vous réaliserez de vraies économies. cantes peuvent aussi permettent d’irriguer
toute une pente à partir d’une réserve d’eau
Par ruissellement : en terrain plat, maintenir aménagée au sommet.
le sol planté ou au moins paillé est suffisant.
Les zones en pente doivent êtres aména­ - Aménager un potager praticable dans
gées pour que l’eau ait le temps de s’infiltrer une forte pente demande plutôt la créa­
au lieu de s’écouler en surface. tion d’une ou plusieurs terrasses planes
comme cela se pratiquait dans les zones
- La baissière ou noue, pratique courante de montagne ou de collines escarpées.
en permaculture, est une autre version de la Soutenues par des murets, un ensemble

L’île-jardin de la ferm e
du Bec Hellouin
Une couche de terre arable d’une vin g­ daires de fruits et légumes sur 4 000 m2
taine de centim ètres seulement re­ et divers types de buttes.
couvre un lit de silex et de graviers dans Cernée par un canal alimenté par la
un fond de vallée jam ais cultivée depuis rivière Bec coulant à proximité, l’île-jar-
le néolithique où l’air froid s’accumule din comporte 200 m2 environ de buttes
provoquant des gelées jusqu’à fin m ai... rondes de 1,20 m de large consacrées
mais il y coule de l’eau en abondance. aux légumes repiqués.
Unique en son genre en France, asso­ Cet espace humide très riche a été ren­
ciant permaculture et culture bio-inten­ du totalement autonome en matière
sive, la ferme biologique du Bec Hellouin organique. Il est fertilisé par un paillage
(Eure) a été créée en 2006 par Perrine permanent associant roseaux coupés,
et Charles Hervé-Gruyer. Elle produit vase et feuilles cultivées sur place, no­
aujourd’hui 80 à 120 paniers hebdoma­ tam ment consoude et bardane.

73
de terrasses permet d’utiliser toute la sur­ sem is, par exemple à l’aide de cagettes
face disponible. Si le cas se présente, une renversées.
terrasse peut être plutôt soutenue par un
talus planté d’arbustes dont les racines Par lessivage : dans un sol argileux, l’eau
fixeront efficacement la terre. est absorbée et retenue assez près de
la surface, dans la couche fertile où se
Par évaporation : protégez le jardin trouvent de nom breuses racines. Le sol
contre le vent par des haies de feuillus reste frais plus longtem ps après une
qui le filtre n t efficacem ent. En clim at pluie ou un arrosage, ce qui favorise éga­
chaud, des plantations étagées de typ e lement la décom position de la m atière
ja rd in -fo rê t apportent de l’ombre et leur organique.
transpiration contribue à rafraîch ir l’air
am biant. L’eau perdue par les unes pro­ Au contraire, dans un sol très perméable
fite aux voisines. Pensez à om brager vos contenant beaucoup de sable ou de cail­
loux, l’eau s’infiltre très vite en profondeur
et le sol redevient rapidement sec.

Mieux vaut donc apporter souvent de pe­


tites quantités d’eau à un sol sableux et
espacer des arrosages généreux en sol
argileux.

L’apport de matière organique (paillis,


com post) se transform ant en humus et la
plantation d’arbres aux racines profondes
restent bénéfiques dans tous les cas.

Évaluer les ressources en eau


Chaque jardin est un cas particulier à
considérer selon le climat, la configuration
du terrain, les politiques locales, etc.

• Pluviométrie

Leau de pluie est la meilleure pour arroser les


plantes ; elle est gratuite, encore relativement
10 mm : l’équivalent d’un bon arrosage. propre et ne demande aucune intervention.

74
fil des mois car s ’il pleut régulièrem ent,
l’arrosage du jardin est quasim ent inu­
tile (m ais demeure nécessaire pour les
plantes en pots). Les périodes de séche­
resse estivale, les fortes chaleurs, des
vents fréquents accentuent les besoins
en eau.

Sachez qu’une bonne averse de 10 mm,


soit l’équivalent d’un arrosoir de 10 litres
au mètre carré, remplace un arrosage en
été au potager.

Pour avoir une bonne idée de la pluviom é­


trie, il est très simple de fixer un pluvio­
mètre (récipient gradué en m illim ètres
indiquant la quantité d’eau tom bée) au
sommet d’une clôture, dans un endroit dé­
gagé du jardin et à l’abri du vent.

• Puits

Un puits que l’on utilise à nouveau après


une longue période d’abandon devient
souvent de plus en plus productif. S’il
Laissez réchauffer l’eau d’un puits. semble sec ou ne contenir qu’une faible
hauteur d’eau, c’est peut-être qu’il a sim ­
La mesure de la quantité d’eau tom bant plement été colm até par des sédim ents
annuellement en un lieu donné s’exprime au fil du temps. Il est toujours intéressant
en m illim ètres (m m ) d’eau et peut parfois de se renseigner auprès des voisins, no­
surprendre. Il tombe dans l’année 944 mm tam m ent les plus âgés, et de faire appel
d’eau à Bordeaux, soit 944 litres par m 2, à un sourcier pour juger du potentiel du
B35 mm à Paris, 1 500 mm au Pays puits avant d’entreprendre des travaux de
Basque, 54? mm à Perpignan et 5?? mm restauration.
à Colmar, (source Météo France)
L’eau de puits, généralement très fraîche,
Cette donnée est à pondérer en fonction gagne à séjourner dans un réservoir en
de la répartition des précipitations au surface pour parvenir à température

?5
• Source

Une zone humide sur le terrain peut parfois


cacher une résurgence d’eau que l’on peut
canaliser ou stocker en creusant une mare,
assurant immédiatement deux fonctions :
réservoir et drainage.

• Canal d’irrigation
Dans les zones agricoles et sèches, le
manque d’eau en été a depuis longtemps
incité les collectivités à s’organiser. Selon
les régions, des canaux ou des réseaux d’ir­
rigation ont été aménagés et sont alimen­
tés par l’eau des rivières sans traitement.
Le coût est donc bien moindre, notamment
avec des systèm es d’abonnement. C’est
une solution qui reste envisageable si l’on
a besoin d’assurer une production consé­
quente de fruits et de légumes.

Sélectionner des plantes


Des tuiles pour canaliser l’eau de pluie.
adaptées
Que l’on entre dans une jardinerie à Angers,
ambiante. Évitez ainsi à vos plantes les à Marseille ou à Strasbourg, l’uniform isa­
douches froides en plein été ! tion des espèces végétales proposées au­
rait tendance à nous faire oublier qu’on ne
peut pas tout faire pousser partout dans
• Cours d'eau
les mêmes conditions.
Du petit ru à la rivière, tout est bon pour
arroser. Attention toutefois aux cours d’eau L’eau devant être économisée et l’arro­
qui s’assèchent en été. Il faut également sage consommant du tem ps et du maté­
veiller à aménager un accès sécurisé à riel (tuyaux, raccords), il est essentiel de
l’eau et se renseigner à la mairie sur la constituer son jardin avec un maximum
réglementation en vigueur concernant le d’espèces adaptées au régime pluviomé-
pompage des eaux. trique du lieu.

?6
La récupération d’eau
en quelques c h iffre s
En été, quand ¡1 ne pleut pas, les besoins Ainsi, pour une surface de 50 m 2, cela
en eau d’un potager en permaculture v a ­ correspond à une réserve de 50 à
rient de 1 à 5 litres par jour et par mètre 250 litres par jour, soit 350 à 1 250
carré selon la chaleur, la perméabilité litres pour une autonom ie d’une se ­
du terrain et les estimations. (4) (8) maine sans pluie.

- Les plantes supportant un milieu sec développe déjà naturellement sur place :
soufrent des e xc è s... d’humidité. Cela haies, herbe, plantes sauvages utiles ou
peut paraître évident mais combien de
pieds de thym périssent chaque hiver dans
une flaque d’eau ?

- Les plantes les plus exigeantes en eau


sont celles installées en pots, même les
plus résistantes à la sécheresse.

- Les espèces annuelles demandent plus


d’arrosage en été que la plupart des v i­
vaces car elles n’ont pas le temps de dé­
velopper un important réseau de racines.
C’est notamment le cas des légumes : il est
quasiment impensable de ne pas arroser le
potager en été.

- Les jeunes plants ont besoin d’arrosages


réguliers jusqu’à ce qu’ils soient bien en­
racinés (arbres). S’ils sont adaptés au
régime pluviométrique, ils se passeront
totalement d’arrosage après le premier été
suivant la plantation.

Choisir un maximum de plantes adaptées,


c’est avant tout laisser pousser ce qui se Le thym se passe totalement d’arrosage.

??
décoratives. Vous tirerez également des m oustiques. Une protection contre les ar­
enseignements de ce qui pousse dans les deurs du soleil limite la prolifération d’a l­
environs. Cette sagesse permet de réserver gues ou de m icro-organism es dans l’eau
l’arrosage à des plantes plus exigeantes, tout en conservant celle-ci à tem pérature
mais utiles (fruits, légumes, quelques ambiante.
fleurs particulièrem ent a p p ré cié e s...).
Équipez le réservoir d’un robinet de vidange
situé le plus bas possible et, 10 cm au-
Faire des réserves d’eau
dessus, d’un second robinet pour puiser
de pluie
l’eau, de façon à ne pas entraîner les im ­
En France, pratiquement aucune région puretés qui ne manqueront pas de se dé­
ne reçoit moins de 600 mm de pluie dans poser dans le fond. Pour lim iter encore les
l’année et partout des arbres peuvent se risques de colmatage des tuya ux, placez
développer. C’est donc que l’eau de pluie
peut suffire à arroser un jardin à condition
de pouvoir en faire des réserves pour les
mois les plus secs.

Une pluviom étrie annuelle de 600 mm peut


permettre de récupérer 68 m3d’eau s’écou­
lant de la toiture d’une maison de 100 m2.

Si la récupération d’eau de pluie est facile, elle


reste limitée par le volume des réservoirs
dont on peut s’équiper et les conditions de
conservation d’une eau relativement propre.

• Des réservoirs fonctionnels


L’eau s’écoulant naturellement par gravité,
placez le collecteur de toiture le plus haut
possible sur le terrain, de façon à pouvoir
diriger l’eau récoltée vers des réservoirs
secondaires ou les lieux d’arrosage, sans
avoir recours à une pompe.

Veillez à bien couvrir les réservoirs pour


qu’ils ne se transform ent pas en viviers à Le couvercle du réservoir fa it office de filtre.

78
Ne résistez pas aux bienfaits d’une mare.

un grillage fin à la sortie de la gouttière l’eau à des plantes isolées, par exemple
(afin de retenir les débris provenant des de jeunes arbres. Pour juger des quanti­
toits) et équipez le robinet d’un filtre. tés, com ptez au préalable les secondes
Pensez égalem ent à protéger les robinets nécessaires à remplir un arrosoir de
contre le gel en les em m itouflant de m até­ 10 litres avec votre tuyau. Il suffira de
riaux isolants. com pter de même en arrosant directe­
ment au pied des arbres.
Pour dissim uler un réservoir à la vue, un
écran grillagé pourra faire l’affaire, tout en - Le goutte à goutte : cet arrosage doux
accueillant une plante grimpante. favorise une infiltration très lente et lim ite
les pertes par lessivage. En sol sableux
perméable, on place des tuya ux parallèles
• Différents systèmes
tous les 15 cm, et tous les 30 cm en sol ar­
de distribution
gileux. Afin de lim iter l’évaporation, placez-
- Larrosoir : il permet de se rendre compte les sous le paillis. Avec ce systèm e, on ar­
des quantités qu’on apporte... et qu’on porte ! rose toute la surface du sol, ce qui profite
Équipé d’une pomme, il convient bien pour aux racines mais aussi à l’ensemble des
arroser chaque jour de petites zones semées. m icro-organism es présents.

- Le tuyau d’arrosage : il demeure pré­ Comme l’écrit Richard Wallner : « C’est le


cieux pour lim iter l’effort et apporter de sol que l’on arrose, pas la plante. »

?9
Aménager une mare
On ne compte plus les fonctions de la de 80 à 120 cm minimum permet de
mare et c’est pourquoi elle est particu­ conserver une eau tempérée. L’am éna­
lièrement appréciée en permaculture. À gement de deux paliers intermédiaires
vous d’aménager celle qui correspond (60 et 30 cm par exemple) permet de
à vos besoins : biodiversité, drainage, sécuriser les bords.
réserve d’eau, agrément, culture de - Les variations de niveau : elles peuvent
plantes aquatiques, bien-être des ca­ être importantes en été quand alternent
nards, élevage de poissons... périodes de sécheresse et grosses pluies
- Le lieu : un point bas où convergent d’orage. Pour sauvegarder la vie de la mare,
des eaux de ruissellement est Idéal, ainsi des réserves d’eau de pluie sont à prévoir.
qu’une zone où l’eau a tendance à s’accu­ Par évaporation, une mare baisse en
muler naturellement. Mieux vaut éviter m oyenne de 1 cm par journée sans pluie.
la proximité de grands arbres dont les ra­ - Une eau claire : plantes oxygénantes et
cines peuvent endommager les berges et épuratrlces (roseau commun, massette,
les feuilles s’accumuler dans le fond. Dans Iris d’eau, menthe aquatique, sallcaire)
une pente, le trop-plein d’une mare peut en entretiennent la transparence de la mare,
alimenter une autre située plus bas. alors que canards et poissons la troublent
- Un travail d’équipe : jusqu’à 30 m2, Il est de leurs déjections. Plus la mare est pe­
possible de creuser une mare à la main. tite, plus l’équilibre est difficile à établir.
C’est l’occasion d’organiser un chantier en - Un trop-plein : pour éviter les débor­
famille ou entre amis, suivi d’un bon repas ! dements d’une petite mare en cas de
La fin de l’été est une bonne période pour fortes pluies, on doit prévoir une évacua­
prolonger le temps des vacances, juste tion vers un fossé ou une zone humide
avant les pluies d’automne qui rempliront la qui contribuera à la création d’un milieu
mare. différent supplémentaire, favorable au
Pour récupérer toute l’eau tombant sur développement de joncs, menthe, reine-
une toiture de 100 m2 dans une région des-prés...
de pluviométrie de G00 mm, Il faudrait - Plantations : Il n’est pas nécessaire
une mare d’environ GO m2 et 1,10 m de d’acheter des plantes car la mare va se
profondeur en moyenne. trouver naturellement colonisée avec
- La forme et le fond : les formes courbes des espèces adaptées au milieu. À vous
s’intégrent mieux dans le paysage et fa­ de faire le tri et de compléter par des
cilitent les procédés d’étanchéité. SI le plantes épuratrlces : prenez garde à ne
sol en contient, une épaisseur de 20 à pas Introduire de plantes exotiques In­
30 cm d’argile bien tassée sur les côtés vasives (élodée, ju s s ie ... ). Il en est de
et le fond peut permettre d’étanchéifier même pour les anim aux : grenouilles
la mare de façon plus naturelle et éco­ et libellules s’installent spontanément
logique qu’une bâche. Une profondeur quand le milieu leur convient.

80
creuse une galerie dans laquelle elle s’infil­
JARDINER trerait de plus en plus vite.

EN VILLE - Placez une soucoupe sous chaque pot


pour récupérer les excédents. Videz-la s’ils
L'ARROSAGE ÉCONOMIQUE ne sont pas bus rapidement (en moins
d’une heure).
DES PLANTES EN POTS
Si la pluie profite au jardin, elle a bien du mal - Récupérez l’eau de rinçage et de cuisson
à parvenir jusqu’au terreau des pots, une (sans sel) des légumes. Si vous devez ar­
bonne partie glissant le long des feuilles roser à l’eau du robinet, laissez-la reposer
et s’écoulant en dehors. Quelques astuces dans un récipient plus large que haut afin
permettent de pallier cet inconvénient. que le chlore s’évapore et qu’elle parvienne
à température ambiante.
- Rapprochez les pots les uns des autres.

- Même si le plastique est moins écolo­


gique, il conserve mieux l’humidité que la
terre cuite, sauf si elle est émaillée.

- Comme au jardin, conservez la surface


des pots paillée.

- Dans le terreau, des billes d’argile ont la


capacité de se gorger d’eau et de constituer
des réserves.

- Installer un réseau de goutte à goutte


dans un ensemble de pots est tout à fait
envisageable. On peut l’alimenter avec
une réserve d’eau placée en hauteur dans
un réservoir contenant de l’eau de pluie.
Faites courir le tuyau d’alimentation au sol
derrière les pots afin de le dissim uler et
reliez-le à chaque pot à l’aide d’un tuyau
plus petit, équipé d’un goutteur à piquer
dans le terreau. Changez régulièrem ent les
goutteurs de place pour éviter que l’eau ne

81
CHAPITRE B
LA SANTÉ PAR L’ÉQUILIBRE
« Le vrai jardinier se découvre devant
la pensée sauvage »
Jacques Prévert
LA NATURE EST TOUTE BELLE
Alors qu’un rosier malade est tout de suite repérable dans un jardin, qui a déjà remar­
qué un églantier mal en point dans la nature ? Pourtant, si l’on y regardait de près, on
apercevrait sans doute des feuilles rongées ou même tachées, mais vaille que vaille, les
branches continuent de pousser, de fleurir, puis de se couvrir de baies, se mêlant à celles
de leurs nombreux voisins. Parmi eux, le chêne, toujours majestueux, a depuis longtemps
appris à résister à la maladie du blanc (oïdium ) qui poudre ses feuilles sans vraim ent le
perturber. Plus bas dans la prairie, l’achillée millefeuille nourrit de nombreuses chenilles
et se propage à qui mieux mieux.

La nature est vaste, alors on peut la regarder de loin et c’est davantage un effet d'en­
semble qu’on en saisit, le résultat d’une énergie commune. L’œil s’attarde sur ce qui est
beau : une colonie de digitales ayant envahi une coupe forestière, une traînée d’ancolies

83
sur un talus, un couvert de fougères dans Le maintien de ces relations conditionne la
un sous-bois, une prairie im pressionniste, survie de chacun et évite en même temps
un arbre particulièrem ent élancé. la prédominance d’un groupe. Pour la na­
ture, toute pullulation reflète un désordre
Toutes ces plantes vigoureuses qui res­ grave qu’elle s’emploie à résorber au plus
pirent la santé, poussant nombreuses, v a ­ vite. Un équilibre global est ainsi maintenu
riées et serrées les unes contre les autres, entre les besoins de l’individu et ceux du
dégagent une force tranquille qui apaise et groupe au travers de relations d’une in­
pousse à la contemplation du tout plutôt croyable précision.
qu’à l’examen des détails. Les petits dé­
fauts, les tracas passent inaperçus.
On partage la nourriture
C’est avec la même force que les plantes Dans la nature, la nourriture est abondante
sauvages s’invitant dans nos jardins ont car indispensable à la vie ; on ne meurt pas
tendance à supplanter rapidement celles de faim mais on ne se gave pas non plus
que nous y cultivons. Seul le jardinier dépi­ car on a bien d’autres choses à faire. Tout
té songe à les traiter de m auvaises herbes. est pensé pour satisfaire chacun tout en
En permaculture, leur vigueur éveille la cu­ évitant les excès.
riosité et fait plutôt figure d’exemple.

• Chacun son régime

COMPRENDRE Animaux et plantes ont en général des ré­


gimes bien spécifiques et ne peuvent pas
consommer tout ce qui leur tombe sous la
PULLULATION INTERDITE ! dent ou la racine. Le partage se fait donc tout
naturellement et conditionne également la
Tous les êtres vivants, plantes ou animaux, répartition des espèces sur le territoire.
sont dépendants les uns des autres (ne
serait-ce que parce que les uns mangent La prêle et l’ortie sont riches en silice
les autres). La nature est ainsi formée de qu’elles puisent dans l’argile. L’achillée, la
com m unautés cohabitant pour demeurer consoude, le chardon accumulent potas­
en bonne santé grâce à une recette élé­ sium et magnésium. L’oseille et le pissen­
mentaire, consistant à satisfaire avant lit concentrent le phosphore. Le trèfle et
tout leurs besoins essentiels (respirer, se autres légumineuses fixent l’azote de l’air.
nourrir, dormir, éliminer et se reproduire
pour assurer la survie ou l’évolution de l’es­ Des adaptations existent selon les saisons
pèce). Cela implique également de savoir ou les phases de la vie. En été, l’oiseau
se défendre. change de régime, passant des graines

84
aux insectes (notam m ent des pucerons),
tandis que la chenille devient papillon et ne
vit plus que de nectar de fleurs.

Le ver luisant consomme les escargots


adultes et leurs œufs.

Du genre généraliste, les araignées


mangent de nombreux pucerons, des
mouches et même des papillons adultes,
dont la piéride du chou.

Les oiseaux détruisent jusqu’à 9? % des che­


nilles de la piéride du chou et jusqu’à 95 % des
larves du ver de la pomme (carpocapse).

De m inuscules guêpes s’attaquent à des


chenilles plus grosses qu’elles en pondant
jusqu’à 200 œufs à l’intérieur afin que
leurs larves trouvent à s’y nourrir. Ainsi
périssent notamment les chenilles des
arbres fruitiers, des légumes (noctuelle)
ou du maïs (p yra le ). (20)

• Les uns mangent les autres


Ce processus constitue un moyen de
contrôle des populations, qui fonctionne
d’autant mieux qu'il est plus facile de choi­
sir les proies qui ont tendance à pulluler.
Pour une coccinelle, une colonie de puce­
rons est plus aisément repérable qu’un
seul, et elle peut faire tout un repas au
même endroit sans se fatiguer. Pas ques­
tion pour autant de relâcher son attention :
un oiseau ou une mante religieuse sont
toujours à redouter. Plus on mange, plus on
risque d’être m angé... Il faut bien des pucerons pour nourrir les coccinelles !

85
noires du rosier, oïdium ), aux piqûres et
• Restauration en plantes hôtes
m orsures d’insectes.
Insectes et plantes sont étroitement liés,
à tel point que certains insectes ne vivent - Gaz dissuasif : les plantes fabriquent
que sur une plante qui leur procure à la fois des substances dont l’odeur repousse ef­
le gîte et le couvert. Pas de plante, pas d’in­ ficacement les insectes susceptibles de
sectes ! L’ortie offre un hébergement par­ les ronger. Ils les détectent grâce à leurs
ticulièrem ent recherché puisqu’elle abrite antennes. L’odeur des huiles essentielles de
environ 30 espèces d’insectes, dont de la lavande, du thym, du romarin dégoûtent
nombreuses chenilles de papillons qui dé­ les insectes. La menthe repousse la majo­
vorent ses feuilles, profitant de sa capacité rité des herbivores dont les vaches et les
à repousser si vigoureusement. moutons.

La grande berce héberge les coccinelles - Produits toxiques : ils rendent les feuilles
sur ses feuilles, différentes chenilles sur immangeables. Le muguet, la digitale pourpre
les fleurs et les fruits. Ses tiges creuses sont bien connus pour leur toxicité.
laissées en place en hiver offrent un refuge
aux insectes auxiliaires et au printemps
des supports pour les toiles d’araignées.
(20 )

La plante n’est pas une proie


si facile
Si l’on considère le nombre extraordinaire
d’espèces herbivores, on est en droit de se
demander comment il existe encore des
plantes. Ne pouvant fuir face à la convoi­
tise des champignons, des limaces, des
chenilles, des vaches, des girafes, elles
ont développé au fil du temps des m éca­
nismes de défense dignes des plus grands
stratèges.

- Une bonne armure : comparable à notre


peau, la cuticule recouvrant les feuilles
s’oppose à l’intrusion de champignons res­
ponsables de maladies (mildiou, taches L’ortie : un hôtel apprécié et bien défendu.

86
De la racine à la fleur, toutes les parties du muguet sont toxiques... même l’eau du vase !

La bourdaine provoque des troubles di­ peu à peu cernées par une ligne de défense
gestifs chez les herbivores par ses effets de couleur rouge. (22)
laxatifs.
Dès qu’une plante est rongée par un in ­
La nicotine des feuilles de tabac possède secte (une chenille par exem ple), elle
des pouvoirs insecticides utilisés depuis le est capable d’appeler au secours en
XVIIe siècle, comme la saponine de la sapo­ ém ettant des substances volatiles (COV)
naire officinale. perçues par les prédateurs naturels des
insectes. (24)
- Contre-attaque : s’il arrive qu’un germe
de maladie pénètre par les stomates des - Dissémination massive : pour un indivi­
feuilles (l’équivalent des pores de notre du qui meurt, cent autres répandent des
peau), le végétal a la capacité d’abandon­ milliers de graines dont certaines sont
ner des cellules à l’ennemi le temps de capables de patienter plusieurs dizaines
mettre en place des barrages efficaces d’années dans le sol avant de germer.
contre la propagation des filaments des Quand les tiges sont mangées, il reste
champignons. Il est possible d’observer le encore des racines capables de former de
phénomène sur les feuilles : des taches nouvelles pousses un peu plus tard, tou­
constituées par les cellules mortes sont jours plus loin...

8?
APPLICATIONS « Il n’y a pas à choisir entre la biodiversi­
té et nous. Nous, êtres humains, sommes
une expression de la biodiversité. » (6)
CULTIVER LA BIODIVERSITÉ
Aux petits maux, pas
Des relations multiples entre règne végétal
de rem èdes
et règne animal, retenons que :
Comme l’agriculture biologique et les
- naturellement, une plante ne manque ni autres pratiques respectueuses de l’envi­
de vigueur, ni de moyen de défense, que ce ronnement, la perm aculture refuse l’u tili­
soit contre les insectes ou contre les ma­ sation de produits chim iques pour lutter
ladies ; contre les attaques d’insectes et de m ala­
dies. Ces produits n’étant pas constitués
- depuis toujours, plantes et insectes de substances naturelles, ils ne sont pas
vivent en étroite relation, ayant besoin les biodégradables parles m icro-organism es ;
uns des autres, et plus la diversité est im ­ ils s’accum ulent donc dans la nature et
portante, plus un équilibre viable peut se polluent les sols et les cours d’eau.
maintenir ;
Les substances que les plantes fabriquent
- compte tenu de ces liens multiples et im ­ pour se défendre (les m étabolites) sont
briqués, il est facile d’imaginer l’effet que stockées à l’intérieur de leurs cellules dans
peut produire l’utilisation de pesticides : de petits réservoirs (les vacuoles). C’est
celui d’une bombe qui tue indifféremment également dans ces vacuoles que s’accu­
les bons et les méchants. mulent les produits chimiques, engrais ou
pesticides. Comme la place y est limitée,
En toute logique, la solution retenue en cela réduit d’autant plus la capacité de
permaculture pour assurer la santé des stockage des métabolites de défense (22).
plantes en même temps que celle des Donc, plus une plante reçoit de produits
anim aux et des hommes est de tenter de chimiques, moins elle peut développer de
reproduire les conditions d’un équilibre na­ résistance naturelle.
turel en favorisant la biodiversité. Inventé
tout récemment dans les années 1980, Même quand ils sont autorisés en a g ri­
ce mot désigne au sens large l’immense culture biologique, ces traitem ents vont
diversité du monde vivant sous toutes à l’encontre de l’équilibre pouvant s ’é ta­
ses formes. De la conservation de cette blir naturellem ent entre les populations :
richesse dépend le maintien d’un équilibre un insecticide même biologique, reste
viable sur notre planète car, comme le dit si un insecticide. Il en est de même pour
bien Pierre Rabhi : les fongicides u tilisé s contre les cham -

88
pignons, comme par exem ple la bouillie
bordelaise autorisée en agriculture bio­
logique. M assivem ent u tilisée en v itic u l­
ture notam m ent, elle est form ulée à base
de cuivre. À classer parmi les m étaux
lourds, le cuivre qui s ’accum ule dans le
sol devient toxique pour les organism es
qui y viven t.

Diversifier ies plantes


cultivées
La dive rsité est un exem ple de fonction
qui profite à tous : plantes, anim aux et
hommes. Que ce soit pour notre agré­
ment ou pour notre alim entation, la v a ­
riété est source de beauté des paysages
et de santé à une époque où notre ré­
gime alim entaire s’est considérablem ent
appauvri en fru its et légum es frais. La
recherche de la dive rsité s ’opère à plu­
sieurs niveaux.

• Semences potagères, un monde


à explorer
S’il est vrai qu’on ne vit pas pour manger,
jardiniers, horticulteurs et chercheurs ont
cependant développé des trésors de pas­
sion et de patience pour stim uler notre
appétit. Ouvrons par exemple un catalogue
de graines, non pas à la page, mais bien au
chapitre de la laitue !

À partir de notre modeste laitue sauvage


[Lactuca saf/Va), à la saveur bien amère, un
nombre incroyable de variétés différentes
ont été sélectionnées : la laitue pommée est Pour obtenir une prairie fleurie, laissez pousser la pelouse.

89
Les tomates à petits fruits sont très douces. Mangez des pommes toute l’année.

Découvrez les variétés régionales de prunes. Orange, blanches et violettes : toutes des carottes !

tendre, la batavia plus croquante, la romaine inégalable, passant directement du jardin à


conserve une saveur affirmée, et chacune l’assiette.
d’elle compte des dizaines de variétés diffé­
rentes par la couleur, la forme, la saveur mais Parmi les légumes les plus adaptés à nos
aussi la résistance au froid, au chaud, s’adap­ climats et du plus haut intérêt pour la san­
tant ainsi aux différentes saisons de culture. té, choux et chicorées offrent également
Et il y a les grosses pour les festins, les plus une très riche palette. Les fruits ne sont pas
petites pour les célibataires endurcis. La lai­ en reste puisqu’on a pu identifier plusieurs
tue est aussi l’exemple du légume que l’on milliers de pommes et de poires différentes,
peut récolter toute l’année. En associant une 200 sortes de cerises, 400 de tomates, etc.
ou deux variétés pommées à la saveur douce
et deux ou trois salades à couper plus rele­ Les étalages du commerce n’étant pas pleine­
vées, on assure à la famille une belle ration ment le reflet de cette diversité, le jardin de­
de savoureuses vitamines d’une fraîcheur meure le meilleur moyen d’en faire l’expérience.

90
• Mélange des genres et culture
intensive
En permaculture, la première justification
de la mise en culture du sol est la satisfac­
tion de nos besoins vitaux et notamment
une alimentation garante de bonne santé,
ce qui oriente le choix vers le potager, les
arbres fruitiers, mais aussi les plantes aro­
matiques et médicinales ou utilisables en
artisanat (saule), l’idéal étant les plantes
polyvalentes.

En ce qui concerne l’ornement, la tendance


est plutôt à contempler la nature, ce qui est
le meilleur moyen de préserver l’environne­
ment et la biodiversité. En lui réservant la
plus grande place, on favorise le maintien
de paysages d’autant plus beaux et riches
qu’ils sont vastes.

Le domaine vital d’une biche couvre en


m oyenne 500 à 2 000 hectares et celui
d’un mâle adulte (cerf) plusieurs milliers.
(Office nationnal de la chasse et de la
faune sauvage, ONCFS)

En comparaison, les zones cultivées


doivent être petites mais soignées de ma­
nière intensive pour être très productives.

La diversité favorable à l’établissement d’un


équilibre écologique se traduit au jardin par
l’association de plantes aussi différentes
que possible qui occupent tout l’espace
disponible. Du fait que l’on n’utilise pas de
machines, les allées d’accès peuvent être
réduites au minimum nécessaire à assurer Le potager fleuri est un premier pas vers la diversité.

91
le confort de l’entretien. L’ensemble se tra­ Afin de rendre le jardin autonome en nour­
duit donc généralement par une mosaïque riture et notamm ent en mulch, il est in té ­
de couleurs, de silhouettes et de textures ressant d’y inclure des zones à faucher
de feuillages auxquelles se mélangent des consacrées à des plantes p a rticulière­
plantes en fleurs, dont l’effet ornemental ment aptes à extraire certains nutrim ents
peut être encore intensifié par la recherche du sol. Outre l’azote, la consoude extrait
d’harmonies de teintes, d’arrangements le potassium et les légum ineuses accu­
géométriques (jardin mandala, plate-bande mulent le phosphore. La luzerne prélève
en trou de serrure par exemple) et l’ajout de du calcium. (9)
structures pour plantes grimpantes.
Ces plantes étant très vigoureuses et v i­
C’est une manière ludique de concevoir un vaces, on peut les faucher plusieurs fois
jardin qui n’est plus cloisonné, avec des lé­ dans l’année. Les espèces sauvages sont
gumes en rangs d’oignons d’un côté, des souvent de m eilleurs accum ulateurs que
massifs de fleurs de l’autre et une pelouse les plantes cultivées, notamm ent celles
trônant au milieu. Tout y est comestible ou qui ont de puissantes racines : ortie,
presque, à consommer sans danger ni modé­ pissenlit, chicorée ou achillée m illefeuille
ration, des yeux aussi bien qu’à belles dents. peuvent enrichir paillis et com post.
Stim ulés par ces apports, les m icro­
organism es travailleront d’autant mieux.
* Des plantes pour le sol Au bout du compte, on peut tout à fait se
Les végétaux cultivés peuvent être regrou­ passer d’engrais.
pés en deux catégories.

Faire une place aux plantes


- Ceux que l’on prélève au moins en partie
sauvages
pour notre consommation : fruits, légumes,
plantes aromatiques, bois de chauffage ou Communément traitées de « mauvaises
de construction. herbes » , elles sont nommées adventices
en langage savant car elles poussent spon­
- Ceux qui restent intacts ou presque, leurs tanément dans les cultures sans y avoir
parties mortes ou taillées pouvant être été invitées. Or, des millions de graines
laissées au sol : plantes fleuries d’agré­ dorment dans le sol et le meilleur moyen
ment, haies, engrais verts, pelouse... de les réveiller est de le tra va iller...

Outre qu’il favorise également la diversité,


• Apprendre à les connaître
le maintien d’un certain équilibre entre les
deux sortes limite la part des exportations Ce sont avant tout des plantes sauvages et
et préserve les réserves d’humus du sol. naturelles, ayant toutes leur place dans notre

92
Rotation et association des cultures, la diversité
dans le tem ps et l’espace
Pratiquer la rotation des cultures - Entre elles, des annuelles en m é­
consiste à cultiver l’une après l’autre lange régulièrem ent renouvelées. On
sur une même parcelle des plantes ap­ peut sem er les petits légum es (ra ­
partenant à des familles différentes. dis, carottes, salades à couper) sur
Comme elles n’ont pas le même régime des lignes différentes et repiquer les
alimentaire, cela permet de mieux utili­ plus gros à in terva lles réguliers. Ils
ser les nutriments du sol dans le temps auront été sem és auparavant sous
et de limiter la pullulation d’insectes ou la serre (tom ates, courgettes, bette­
de champignons qui se nourrissent de raves, fenouil) ou en pépinière bien
ces plantes - les trouvant en abondance abritée (choux, poireaux, o ign on s).
toujours au même endroit, ils auraient Afin de lim iter leur ombre portée, les
alors tout loisir de s’installer. La rotation légum es grim pants (haricots, fèves,
est essentielle en monoculture, quand pois, tom ates) sont placés sur le
une seule plante occupe tout un champ côté nord de la butte ou pa lissés au-
(céréales, pommes de terre), mais l’as­ dessus des allées sur des arches as­
sociation de plantes variées limite forte­ sez hautes pour laisser le passage
ment les risques d’appauvrissement du libre.
sol et de développement de maladies, - Une proportion d’engrais verts : vesce
comme c’est le cas dans la forêt ou, à d’hiver, luzerne...
plus petite échelle, dans un jardin-forêt. - Quelques fleurs comestibles : capu­
Sur une butte de permaculture, le pro­ cine naine, souci, bourrache...
blème est contourné par la pratique des Dès qu’un espace est libéré par une ré­
cultures associées. colte, il est aussitôt réutilisé afin d’entre­
- Des plantes vivaces restant en place : tenir toujours la dynamique du sol. Ainsi,
rhubarbe, fraises, artichauts, ciboulette, plus les associations sont riches, moins
thym , arbustes fru itie rs... la rotation des cultures doit être calculée.

environnement avec un rôle à jouer, bien que l'érosion, l’incendie) pour les couvrir et les
mal connu. protéger, sont souvent des plantes capables
de fixer l’azote atmosphérique au niveau de
Par exemple, les plantes dites pionnières leurs racines et d'enrichir ainsi le terrain pour
(acacia, genêt, ajonc), ayant la capacité favoriser l’installation d’autres espèces, sou­
de coloniser des endroits dégradés (par vent des graminées, puis des arbres.

93
Dans les sols tassés, manquant d’oxygène,
on voit se développer des plantes à fortes
racines (chardon, plantain) qui contri­
buent à l’aérer de nouveau. Une fois le but
atteint, elles disparaissent car le milieu ne
leur convient plus.

Toutes sont de bons indicateurs de l’état et


de la qualité du sol. La renoncule rampante
signale un engorgement en eau, le pissen­
lit un excès de matière organique d’origine
animale (pâturage) et la petite oseille une
carence en argile.

• Les gourmandes dans l’assiette


Du printemps à l’automne, nous pourrions
en faire un usage alimentaire quotidien.

- L’ortie : juste cuite, elle fond dans les


potages et garnit les quiches comme un
légume vert. Effet tonique garanti.

- Les jeunes pousses : de nombreuses


plantes à ajouter crues aux salades ou à
cuire légèrement en omelette ou en soupe
sont disponibles toute l’année si l’on varie
les espèces. En hiver, elles sont souvent
plus douces, dépourvues d’amertume. À
la fois aromatiques et médicinales, elles
sont riches en principes actifs et sources
d’une grande vitalité : campanule raiponce
(autrefois cultivée comme légum e), carda-
mine hérissée, chardon-marié, laiteron,
pissenlit, mâche sauvage, roquette, pim-
prenelle, pourpier, vergerette (substitut au
piment en hiver), mouron des oiseaux...
Fleuri mais épineux, l ’ajonc défend les nids des oiseaux. (23)

94
- Les fleurs : coquelicot, mauve, moutarde
noire, marguerite, pâquerette, tussilage,
violette. Ne vous privez pas d’en parsemer
vos salades pour y ajouter couleurs et nu­
triments, précieux même en petites quan­
tités.

• Les fleuries dans le jardin


Le coquelicot n’a pas son pareil pour s’ins­
taller au potager dans la terre fraîchement
travaillée.

Laissez pousser un coin de prairie enso­


leillé et vous ne tarderez pas à le voir pi­
queté de marguerite des champs, achillée,
mauve, m illepertuis, molène, sauge des
près ou scabieuse.
Le hérisson fu it les jardins trop organisés.

Primevère, violette, com pagnon rouge, aisément qu’on ait eu l’idée de les utiliser
euphorbe des bois et digitale pourpre comme fortifiant et fertilisant.
s’installent au pied de la haie tandis que
salicaire et reine-des-près bordent les - L’ortie : qui ne connaît pas encore le purin
fossés. d’ortie ? En faisant fermenter 1 kg d’ortie
fraîche dans 10 litres d’eau de pluie, on en
Anémone des bois, pulmonaire et petite extrait en quelques jours les principes ac­
pervenche tapissent les sous-bois. tifs (vitam ines, oligoéléments, m inéraux).
De plus, on favorise le développement dans
Presque toutes ont donné lieu à des varié­ la préparation de bactéries et d’enzym es
tés cultivées dans les jardins, alors pour­ qui en décuplent l’efficacité. On obtient
quoi ne pas adopter le modèle original ? ainsi un liquide très concentré. Dilué à 10 %
Surtout qu’il s’invite généralement chez dans l’eau d’arrosage des plantes culti­
vous gratuitem ent... vées, le purin agit comme un stim ulant
naturel de la vie du sol et, par conséquent,
de la croissance des plantes. Comme il est
• Les guérisseuses dans la pharmacie facile à fabriquer et efficace, n’est-ce-pas
Si vous observez la vigueur avec laquelle une justification supplémentaire à l’entre­
poussent ces plantes, vous comprendrez tien d’un carré d’orties au jardin ?

95
- La prêle des champs : se propageant
Un jardin plus vivant
rapidem ent en soi frais om bragé, elle est
très riche en silice qui aide à renforcer Le maintien d’arbres, de haies ou de fleurs
les parois végéta les et leur résistance sauvages dans un coin de prairie sont de
aux attaques de cham pignons vecteu rs bons m oyens pour accroître les popula­
de m aladies (m ildiou, oïdium , rou ille). tions d’insectes auxiliaires, oiseaux et
La prêle se prépare en décoction : ha­ papillons, surtout si vous y ajoutez des
chez la plante et faites trem per durant espaces humides propices aux libellules,
24 heures 1 kg de plante fraîche dans crapauds, grenouilles, etc.
un faitout en inox rempli de 10 litres
d’eau de pluie. Puis, portez à é b u lli­ Dans le milieu naturel de cette petite faune,
tion et m aintenez-la à petits bouillons rien n’est taillé, fauché ou soigneusement
et à couvert (c ’est essentiel) pendant ratissé, aussi faut-il s’efforcer de trouver
20 m inutes. Laissez refroidir une nuit, le meilleur équilibre entre le foisonnement
filtre z à l’aide d’un filtre à café et u tilisez qui leur convient et un certain ordre néces­
diluée à 20 % dans les 2 jours. saire à nos activités humaines. Le zonage
évoqué au chapitre 4 peut y aider, l’entre­
- Le pissenlit : extirpez les pissenlits avec tien devenant de moins en moins strict
leur racine, secouez la terre. Découpez au fur et à mesure qu’on s’éloigne du lieu
en menus morceaux avec des gants car d’habitation.
la sève est collante, et réalisez un extrait
fermenté (1,5 kg pour 10 litres d’eau de
pluie). Diluez à 10 % et arrosez au pied de
toute plante repiquée.

- La fougère : son extrait fermenté (à pré­


parer comme le purin d’ortie) repousse les
pucerons.

Selon les plantes qui ont tendance à enva­


hir votre jardin, faites vos propres essais.
Si vous pensez qu’une plante A poussant
dans votre jardin en grande quantité peut
être efficace pour stim uler une plante B,
fabriquez un purin avec A et testez-le sur
certains plants de B. Jugez des effets en
comparant les plants B arrosés au purin et
celles qui ne le sont pas.

96
des rondins de bois ou en boîte comme le
JARDINER pleurote.

EN VILLE - Les graines germées : un bocal à poser


sur le rebord de la fenêtre suffit. Profitant
de la chaleur de la maison et du milieu hu­
PETITES SURFACES
mide, les graines vont germer en quelques
A HAUTE DIVERSITE jours, produisant alors de jeunes plan-
Outre les plantes prenant peu d’espace au tules vertes pleines d’énergie à ajouter
sol, notamment les plantes grimpantes ou aux crudités.
les petites formes palissées d’arbres frui­
tiers (voir chapitre 3), le choix d’espèces
utilisables en petites quantités permet
encore d’accroître la diversité des petites
surfaces dont on dispose en ville.

- Les plantes aromatiques : 1 plant d’es­


tragon, de th ym et de menthe, 2 plants de
persil ou de ciboulette, 3 ou 4 de basilic suf­
fisent aux besoins de la cuisine familiale et
représentent d’intéressantes économies
compte tenu de leur prix de vente dans le
commerce.

- Les verdures à couper : repoussant plu­


sieurs fois (roquette, feuilles de chêne
rouge et verte, chicorée frisée, b ettes... ),
on peut en semer des mélanges.

- Les récoltes rapides : prêt à être récolté


en 3 semaines, le radis libère rapidement
le terrain et favorise la diversité dans le
temps.

- Les champignons : ne possédant pas de


chlorophylle, les cham pignons n’ont pas
besoin de lum ière et peuvent être cultivés
dans les endroits les plus som bres, sur

9?
CHAPITRE 7
JARDINER AVEC
DES ANIMARX
« Le problème, ce n’est pas qu’il y a trop
d’escargots, c’est qu’il manque
des canards ! »
Bill Mollison
L - OBSERVER
SAUVAGES ET DOMESTIQUES
Du plus petit au plus grand, tous les animaux interviennent à leur manière sur leur en­
vironnement, avec des effets plus ou moins visibles, sensibles, quantifiables. Les plus
petits ne sont pas les moins efficaces - nous avons déjà constaté le rôle de la microfaune
dans le sol, celui des insectes auxiliaires et pollinisateurs, des oiseaux ou des crapauds,
dont nous pouvons favoriser la présence dans un systèm e de permaculture.

Les grands animaux se tiennent à l’écart. Ils ont besoin de vastes espaces pour recher­
cher leur nourriture, se reproduire et élever leurs petits à l’abri du danger. Chacun a sa
« niche » , au sol, dans les arbres, le long des cours d’eau... Même s’ils sont très nom­
breux, leurs prélèvements passent relativement inaperçus, sauf quand ils s’attaquent à
nos cultures. Comme ils se déplacent beaucoup, leurs déjections s’en trouvent également
dispersées.

99
Or, le développem ent des activités hu­
maines consom m ant toujours plus d’es­
pace, il arrive très souvent que leur habitat
soit détruit ou que leur territoire devienne
trop petit pour assurer leur survie.

Parmi eux se trouvent égalem ent les an­


cêtres des anim aux dom estiques qui, de
tous tem ps, ont vécu avec les hommes,
leur procurant m ontures, nourriture,
laine, etc. S’ils dem eurent indissociables
de l’image de la ferme, de sa basse-cour,
de son étable et de ses pâturages, c’est
qu’ils peuvent être totalem ent intégrés
à son fonctionnem ent, ce qui ne pouvait La chèvre est élevée depuis 10 OOO ans.
laisser in différen ts les inventeurs de la
perm aculture. pace dégagé : troupeaux de vaches en plaine,
de moutons dans les alpages, de chèvres dans
les zones arides, de cochons en sous-bois ont

COMPRENDRE contribué à façonner de nouveaux paysages,


en mangeant, tout simplement.

LES FONCTIONS ANIMALES La façon dont les anim aux trouvent


UTILES A L’HOMME leur nourriture a également son impor­
tance. Alors qu’une vache ou un cheval
Chassés dès la préhistoire mais également se contentent généralement de brouter
peints sur les murs des grottes et véné­ l’herbe et les feuilles, une chèvre s’attaque
rés dans l’Antiquité, les animaux ont pris volontiers aux buissons ou même à l’écorce
une part importante dans la société des des arbres et un cochon creuse la terre à
hommes qui ont su utiliser leurs multiples la recherche de racines, déterrant tout sur
capacités, dont certaines sont tout sim ple­ son passage - un vrai laboureur qui aurait
ment liées à leur mode de vie. pu inspirer l’inventeur de la charrue.

La recherche de nourriture La production de fum ier


Une fois la forêt défrichée, travail pour lequel on Une partie de leur nourriture est im m é­
peut déjà utiliser des animaux, les herbivores diatement recyclée sur place par l’inter­
sont d’une aide précieuse pour maintenir l’es- médiaire de leurs excréments, ce qui peut

100
suffire à renouveler les réserves d’un pâ­
turage et profiter également à des plantes
cultivées, notamment des arbres fruitiers
comme ce fut le cas des pommiers dans
les prairies normandes.

Le pâturage peut aussi constituer un pré­


cédent à l’établissement d’un champ culti­
vé après qu’il aura été bien brouté et fumé.
Les anim aux sont alors conduits ailleurs,
ce qui évite par la même occasion le déve­
loppement excessif de parasites dans un
fumier qui s’accumulerait, dépassant les
capacités des organismes décomposeurs.

En hiver, lors de leur passage à l’étable, le


fumier des animaux est stocké, décomposé
par compostage avec la litière, puis épandu
dans les champs cultivés. C’est un compost
particulièrement riche en azote dont les
plantes ont besoin en assez grande quan­
tité et qu’elles ne peuvent puiser que dans
le sol. En quantité mesurée, c’est également
un bon stimulant de la faune microbienne
du sol.

La sociabilité
La capacité à former de paisibles troupeaux
simplifie considérablement l’élevage des ani­
maux quand il s’agit de les surveiller, de les
déplacer, de les traire ou de les réunir dans
un abri. Après d’innombrables essais au tra­
vers des âges, seuls les plus dociles et so­
ciables ont été domestiqués. Chaque espèce
exprime cependant des particularités, no­
tamment lors des périodes de reproduction
et d’élevage des petits. Un mode de vie aussi Le fumier composté des animaux enrichit le potager.

101
naturel que possible est le meilleur moyen part de vie animale plus ou moins associée
d’assurer la bonne santé des animaux, même à la production végétale : vers de terre,
si leurs pratiques sont souvent déroutantes. insectes, oiseaux, grenouilles et aussi
taupes, escargots, lim aces...
Un lapin a besoin de manger certaines de ses
crottes afin de les digérer une seconde fois et L’ajout d’animaux domestiques n’est pas une
de pouvoir ainsi assimiler la cellulose, consti­ nécessité, surtout si l’on ne compte pas s’en
tuant principal des plantes dont il se nourrit. nourrir, et bien évidemment quand la place
est comptée. De plus, adopter un animal est
un acte qui nous engage. Privé de sa liberté, il
L’adaptation à
dépend de nous pour sa nourriture, son abri
l’environnem ent
vis-à-vis des intempéries et des prédateurs.
Tout comme les plantes, les espèces animales
s’adaptent au climat, au relief, à la nourriture Sur une même surface, on nourrit 6 fois moins
locale, accompagnant partout l’homme dans de personnes en élevant des animaux (viande,
ses déplacements, comme le cheval, l’âne, le œufs) qu’en cultivant des fruits et légumes.
mulet, le dromadaire, l’éléphant.
Selon les espèces, il faut de 3 à 20 kg de
Peuplant nos basses-cours, le dindon est céréales pour produire 1 kilo de viande.
pourtant américain, le canard de Barbarie
mexicain, le poulet indien, la pintade africaine. 50 % des terres arables du tiers-monde
servent à nourrir notre bétail. (Source :
Au fil du temps, les espèces domestiques se 0NU/FA0)
sont considérablement diversifiées au travers
de races sélectionnées en vue de leur spéciali­ Cependant, pour qui aime vivre entouré d’ani­
sation dans une production (lait, viande, peau) maux, la permaculture offre un cadre particu­
ou de multiples activités (chien de chasse, de lièrement intéressant dans lequel leurs be­
garde, de troupeau, de course, cheval de trait), soins seront d’autant mieux satisfaits qu’ils
en dehors du plaisir de leur simple compagnie. deviendront utiles à l’ensemble du système.

L’anim al, un « élém ent »


APPLICATIONS vivant
51 la présence d’anim aux correspond à
DU JARDIN À LA FERME certains de vos besoins (compagnie, nour­
riture, recyclage des d é c h e ts ...), vous en
Dans un systèm e de permaculture, toutes profiterez d’autant mieux qu’ils vivront
les pratiques contribuent à favoriser une heureux.

102
Outre les abris pour la nuit, une surface en
• Espace vital plein air est nécessaire aux ébats de vos ani­
Aucun animal, même domestique, n’est fait maux. C’est ce qui leur permet de bien digérer,
pour vivre constamment enfermé ou canton­ de prendre le soleil, de conserver un corps en
né à une trop petite surface ; seul l’élevage bon état de marche, de chasser naturellement
industriel le permet. les parasites en se roulant dans la poussière
ou dans la boue. Chacun ayant ses habitudes,
En élevage industriel, une poule pondeuse la qualité de l’espace compte aussi.
doit bénéficier d’une surface de 750 cm2, soit
guère plus d’une feuille de papier A 4 ... qui en Si la surface nécessaire à chacun varie en
fait environ 625. Elle passe sa courte vie en fonction des espèces, les minimums géné­
cage. ralement admis sont souvent bien faibles. En
revanche, il n’y a aucune limite supérieure.
Sans rapport avec des conditions de vie na­
turelles, le manque d’espace se traduit très Deux poules peuvent trouver leur nourri­
rapidement par des maladies et des troubles ture dans 50 m2de jardin sans dommages
du comportement avec leur cortège de sym p­ visibles pendant seulement une à deux se­
tômes : prolifération de parasites, mauvaises maines selon la saison et le climat.
odeurs dans les litières, agressivité, etc.

• Nourriture

Dans l’espace qu’on lui attribue, l’animal doit


pouvoir trouver la plus grande partie de la
nourriture qui lui convient, pour être autonome
et faire suffisamment d’exercice, ce qui vous
fera gagner du temps. Cela fonctionne d’autant
mieux que l’animal est adapté à l’environne­
ment (un cochon dans un bois de chênes).

Si la surface est trop petite et, selon la sai­


son, la nourriture poussant naturellement
n’est pas assez abondante, l’environnement
est dégradé car l’animal mange tout ce qu’il
trouve et ses déjections s’accumulent. Vous
devez alors lui apporter des compléments
de nourriture, si possible produite sur place
et correspondant à ses besoins naturels.
Ces cochons méritent un cadre plus naturel. Par exemple, un cheval a davantage besoin

103
Votre présence régulière pour les soins, la
surveillance et la nourriture est essentielle
pour créer entre vous et vos animaux des re­
lations chaleureuses. Il faut également son­
ger à défendre vos animaux des importuns,
notamment les volailles fort convoitées
(notamment par le renard au printemps
quand il doit nourrir ses petits), mais aussi
les moutons contre les chiens errants, par
exemple. Durant la nuit et l’hiver, chaque es­
pèce a besoin d’un abri spécifique assurant
également de bonnes conditions de ponte
et d’élevage des jeunes, car les naissances
font partie du jeu. Si vous élevez ensemble
des mâles et des femelles d’une même es­
pèce, il faut songer à ce que vous ferez des
petits...

Chacun son rôle


L’oison grandit très vite.
L’intégration d’anim aux dans un s y s ­
d’herbe et de foin que de compléments ali­ tèm e de perm aculture doit perm ettre de
mentaires protéines. Vous devez aussi net­ créer de nouvelles relations bénéfiques
toyer son parc ou l’en changer régulièrement. avec les autres élém ents, dont vous-
même. Votre envie de les accueillir en fait
partie m ais vous pouvez en ajouter bien
• Une bonne compagnie
d’autres.
Aucun animal domestique n’aime vivre seul.

• Des abeilles pollinisatrices


S’il faut des poules à un coq, deux poules
vivent bien ensemble. Leur autonomie est très appréciable. Tout
en fécondant vos fleurs, elles trouvent
Un « jeu » d’oies comprend un mâle pour elles-m êm es leur nourriture, fabriquant
3 à 5 femelles. en abondance un miel délicieux dont vous
pouvez récolter une partie sans compro­
Un âne aime la compagnie mais pas la mettre leur survie. Nutritif et même théra­
concurrence, alors qu’un cheval accepte peutique, il est bourré d’oligoéléments et
bien de vivre avec d’autres animaux. d’agents antibactériens.

104
Nourrir les oiseaux en hiver
Les graines des cosmos défleuris feront que de grosses têtes de tournesol qui,
le bonheur des chardonnerets tandis après vous avoir réjoui de leurs pétales
que le merle ou le rouge-gorge fouilleront ensoleillés, leur offriront des centaines
votre paillis à la recherche de malheu­ de graines bien rangées, cultivées avec
reux vers une fois qu’ils auront boulotté amour et garanties bio ? D’ailleurs, qui
vos si jolies baies de cotonéaster et avant connaît l’origine des boules de graisse
de se jeter sur celles du lierre. Quelles et le mode de culture des mélanges de
meilleures mangeoires pourriez-vous graines qui abondent à présent dans le
proposer aux mésanges insatiables commerce ?

Sans surveillance ni clôtures, les abeilles


retrouvent le chemin de leur ruche et
donnent naissance à une abondante pro­
géniture qu’elles élèvent très bien sans
vous. Ce sera juste de la m ain-d’œuvre en
plus.

- Offrez des fleurs aux abeilles. Pour aug­


menter leur population, la première solu­
tion consiste à planter un maximum de
plantes mellifères afin qu’elles trouvent
en abondance propolis, pollen et nectar
durant leur période d’activité, de la fin de
l’hiver à l’automne.

Une colonnie d’abeilles est constituée se­


lon la saison de 10 000 à 80 000 ouvrières
rassemblées autour d’une même mère.
Chacune visite environ 700 fleurs par jour.
(25 et 26)

Produisant beaucoup de fleurs au même


endroit, les arbres sont donc providentiels
pour les butineurs. Les ruches sont équipées d’une planche d’envol.

105
L’érable champêtre est riche en nectar.
Saule et noisetier fournissent du pollen
dès la fin de l’hiver. Les bourgeons collants
du peuplier ou du marronnier sont riches
en propolis. Seul le châtaignier et le ro­
binier (acacia) fournissent les trois, mais
sur une courte durée. (15)

Chaque espèce fleurissant peu de temps,


il convient de rechercher des associations
favorisant un étalement des ressources
dans le temps. Dans les haies, saule, noi­
setier, cornouiller mâle et buis sont fré­
quentés dès février-mars. L’aubépine, la
bourdaine, le troène, le sureau, le cytise
prennent la suite, puis les fleurs manquent
rarement durant la belle saison. Le lierre Une échelle limite les intrusions au poulailler.
est une source tardive de pollen, précieuse
pour bien affronter l’hiver. tout de récolter du miel, ce qui demande
un apprentissage conséquent. Il est éga­
Sauvages ou semées, les prairies fleuries lement possible de trouver un accord avec
sont intéressantes à condition de ne pas un apiculteur qui installera ses ruches sur
les couper trop tôt. Les parcelles de trèfle votre terrain et s’en occupera. C’est une
et de luzerne sont à la fois mellifères et bonne occasion d’apprendre de manière
sources d’azote pour le sol. très concrète.

Les abeilles pouvant se déplacer dans un


• Poules et canards, les complices des
rayon de 2 à 3 km autour de leur ruche,
petits jardins
elles iront butiner ailleurs ce qu’elle ne
trouvent pas chez vous. L’un comme l’autre trouveront leur nourriture
de manière autonome dans un parc herbeux
- Une ruche pour commencer. L’installa­ que l’on pourra enrichir par des semis ou des
tion d’une ruche au bon endroit permet de plantations. Ils peuvent également manger
fidéliser les abeilles : une lisière de forêt les fruits tombés des arbres éliminant du
ou une haie exposée au sud est idéale. Elle même coup les vers qu’ils contiennent. Les
leur fournit un abri vis-à-vis de certains poules mangeront même certains insectes
prédateurs et contre les intempéries, no­ nuisibles durant le temps qu’ils passent dans
tamment en hiver. Elle vous permet sur- le sol (carpocapse des pommes).

106
- La poule gratte le sol avec ses griffes Le jeu est particulièrem ent amusant (et
pour en extirper des vers, des insectes, de pratique) depuis la fenêtre de la cuisine !
petits graviers et des brins d’herbe jusqu’à Pensez-y en aménageant leur parcours.
tout arracher, y compris les graines en dor­
mance, tout en déposant ses crottes ferti­ - Avec ses pattes palmées et son bec plat, le
lisantes. Cette aptitude très écologique à canard trouve davantage son bonheur dans un
désherber et à préparer la terre au naturel environnement aquatique, aidant à contrôler
sans la retourner, a inspiré la conception l’envahissement d’une mare par les algues et
du très inventif « tracteur à poules » (voir les plantes sauvages. S’il peut nager, il perdra
encadré). dans l’eau une partie de ses crottes. S’il aime
patauger, il ne gratte pas la terre comme une
Les poules sont également imbattables poule et ne disperse pas les paillis, aussi
dans l’art d’élim iner les restes, ingurgitant peut-on le laisser aller dans certaines parties
plus vite que leur ombre les déchets qu’on du jardin pour débusquer des limaces - le ca­
leur jette, épluchures et restes de légumes. nard coureur indien est réputé dans cet exer-

Tracteur à poules
Très représentatif de la permaculture, ce Par déduction, pour éviter le désagré­
principe consiste à utiliser l’énergie que ment d’un sol totalement dénudé dans
les poules mettent dans la recherche leur propre enclos, celui-ci devra être
de nourriture pour préparer un terrain, suffisam ment grand ou, mieux encore,
comme on pourrait le faire avec un trac­ divisé en plusieurs zones auxquelles
teur. Les poules remplacent à la fois l’ou­ les poules auront accès en alternance
til et l’essence. afin de laisser aux plantes le temps
En les parquant temporairement sur de repousser. Au moyen d’une clôture
une petite surface, celle-ci se trouve amovible, on peut les installer alternati­
rapidement désherbée, débarrassée vement sous les arbres fruitiers pour ré­
d’éventuels insectes parasites, fertilisée colter les fruits délaissés, sur la pelouse
et prête à être mise en culture. On peut au printemps pour limiter la tonte, dans
alors déplacer les poules et les mettre à une parcelle de céréales après la m ois­
« travailler » sur une autre parcelle. son pour picorer les graines restées au
10 poules peuvent nettoyer environ 80 m2 sol. Par un systèm e réfléchi de clôtures,
en 6 à 10 semaines. (17) le poulailler peut ainsi donner accès à
Pour un résultat rapide, on peut concen­ plusieurs zones rendues ou non acces­
trer davantage les poules. sibles selon les besoins.

10?
Sans créer beaucoup d’ombre, il demeure
possible de planter quelques arbres frui­
tiers très espacés et de border ou de sub­
diviser l’ensemble à l’aide de haies m ixtes
afin de diversifier la végétation et ses fonc­
tions (fourragère, mellifère, fru itiè re ...].

Si l’on protège les jeunes plantations,


quelques animaux sont en mesure d’assurer
la tonte de l’herbe tout en fertilisant le terrain.

Dès lors que les surfaces ne se comptent


plus en centaines mais en milliers de
mètres carrés, moutons et chèvres sont
plus indiqués que des poules.

- La chèvre peut manger de l’herbe mais elle


préfère les feuilles d’un sous-bois, qu’elle peut
Toute adoption implique des devoirs. brouter jusqu’à 2,50 m de haut en prenant
cice et s’intéresse moins aux plantes que les appui sur le tronc d’un arbre dont elle peut
autres... sauf s’il manque de limaces. aussi entamer l’écorce, avec une préférence
pour les jeunes arbres fruitiers. Si la nourriture
Avec ou sans mâle, une poule peut pondre semble plus verte à l’extérieur de son enclos,
150 à 300 œufs par an et une cane jusqu’à elle multiplie les ruses pour s’échapper et
200. En présence d’un coq et d’un canard, mange alors tout ce qui lui tombe sous la dent :
certains œufs pourront être fécondés et rosiers, arbustes, légumes... Il était courant
donner naissance à des petits. autrefois de l’entraver au moyen d’un licol
pour lui permettre de brouter sans toucher
aux plantes délicates, mais est-ce vraiment
• Chèvres ou moutons pour voir plus
un sort à réserver à un animal ? Intelligente
grand et très affectueuse, la chèvre est d’une excel­
Dans le cadre d’un jardin, il s’agit moins lente compagnie, à condition de se montrer
de développer un élevage que de réduire plus rusé qu’elle et de lui construire un enclos
le coût et le temps d’entretien d’un vaste avec un grillage à moutons de 1,20 m de haut
espace que l’on souhaite conserver ouvert surmonté d’un fil électrique.
à la lumière, aussi naturel que possible, et
offrant une alternative intéressante à un - Le mouton est un brouteur plus efficace et
simple pré, voire à un classique gazon. paisible. Vous aurez tout intérêt à choisir une

108
Gestion des zones de pâturage
Les anim aux ont une tendance bien Pour augmenter l’autonomie, il est inté­
naturelle à manger d’abord les plantes ressant de réserver un espace à la pro­
qu’ils préfèrent et à piétiner les autres. duction de foin. Sur de petites surfaces
Pour éviter gaspillage et repousse désor­ on peut parfaitement couper le foin ma­
donnée, il est plus intéressant de diviser nuellement à l’aide d’une bonne faux, le
l’espace en plusieurs parcelles. Placez faire sécher en meules et le stocker en
les anim aux sur la première jusqu’à ce vrac comme autrefois dans le grenier de
qu’ils aient mangé leurs plantes préfé­ la bergerie ; il sera sur place au moment
rées et s’attaquent aux autres. Avant des repas tout en améliorant l’isolation
qu’ils ne soient affamés, que la parcelle thermique.
ne soit totalement dégarnie ou envahie Pour l’été, quand un temps sec ralentit la
de déjections, placez-les ensuite sur une pousse de l’herbe, un parcours en sous-
autre parcelle. Il s’agit de trouver le bon bois, des parcelles ensemencées de
équilibre entre consommation, capacité trèfle, des feuilles d’acacia, de frêne, de
de repousse et recyclage des déjections, tilleul font de bons compléments tout en
dans le but de mettre en place un s y s ­ étant des plantes intéressantes à culti­
tème durable. ver, améliorantes ou mellifères.

race locale adaptée au type de végétation de


la région ainsi qu’au climat. Il peut alors vivre
dehors toute l’année avec de l’eau et un abri
contre la chaleur (des arbres de préférence]
et les fortes intempéries.

Cependant pour l’hiver, les traites et les nais­


sances, prévoyez un abri fermé, pour le mou­
ton comme pour la chèvre. Avant de vous en­
gager, n’hésitez pas à vous renseigner auprès
des éleveurs locaux sur le nombre d’animaux
qu’il est possible d’accueillir compte tenu
de la surface enherbée dont vous disposez.
Préparez-vous également à affronter d’éven­
tuelles maladies ou même la disparition de
l’un de vos animaux, toujours plus difficile à
accepter que celle de nombreuses plantes. Prévoyez plusieurs parcs pour les moutons.

109
à migrer. On peut alors récupérer le com ­
JARDINER post de la caisse du milieu. Vous pouvez
l’utiliser à raison d’une poignée à la surface
EN VILLE de vos pots car il est très concentré.

EiSENIA, UN VER Le ver Eisenia intéressant beaucoup les


enfants et étant un sage compagnon, tou­
COMPOSTEUR
tefois frileux, on place tout simplement le
Le verm icom post est fabriqué par des vers verm icom posteur dans la cuisine ou juste
proches cousins du lombric, auxquels il à côté, dans le cellier.
vous suffit de confier vos déchets végé­
taux de cuisine (épluchures de fruits et On trouve le verm icom posteur en vente
légumes, restes de café et de thé) en ajou­ prêt à l’emploi avec les vers et une nour­
tant éventuellement du carton humide. riture spéciale, mais on peut aussi le fa­
briquer à l’aide de bacs de rangement en
Pour un petit élevage, le composteur est plastique.
constitué de trois com partiments superpo­
sés.

- Le compartiment inférieur est étanche


et équipé d’un robinet qui permet de ré­
cupérer un jus (ou thé] de compost très
concentré en éléments nutritifs, à utiliser
une fois par mois comme engrais liquide
pour vos plantes en pots, à raison de 1 litre
dilué dans 10 litres d’eau d’arrosage.

- Le compartiment intermédiaire possède


un fond finement perforé. Il accueille les
vers et les déchets, à renouveler au fur et
à mesure qu’ils sont consom més et re cy­
clés.

- Le compartiment supérieur est égale­


ment perforé et équipé d’un couvercle.
Quand les vers ont produit une belle quanti­
té de compost, on dépose les déchets dans
la caisse du haut où les vers ne tardent pas

110
CONCLUSION
BIEN PLUS QU’ UN JARDIN
« Le plaisir est aussi une récolte »
Bill Mollison
Dépassant sa fonction d’agrément, le jardin en permaculture s’ouvre à de nouveaux horizons,
entraînant avec lui le jardinier, sa famille, ses voisins, ses am is... Un carré de plantes aroma­
tiques, quelques tomates et des salades réveillent des souvenirs potagers rapidement suivis
d’envies de fraises, de groseilles, de pom m es..., comme un avant-goût de paradis.

On découvre alors la vie du sol, un chemin vers l’infiniment petit, une véritable ruche souter­
raine à l’oeuvre sous nos pieds, à laquelle on doit presque tout sans en connaître presque rien.

Sans les vers, les cloportes, les cham pignons et quelques m illions de bactéries, la m ai­
son aurait déjà pu disparaître sous un am oncellem ent de feuilles m ortes non décom ­
posées.

Alors, c’est ça la biodiversité ?

Apaisant, gourmand, édifiant, respectueux de l’environnement, stimulant l’imagination, convi­


vial, favorisant l’entraide et la coopération, faisant une vraie place aux animaux : même petit,
un tel jardin n’a plus vraiment de limites.

Jusque dans les villes, il permet de tisser un vrai lien avec la nature, la Terre sur laquelle
on vit, nous rappelant ainsi qu’une relation durable est forcément réciproque. Pour rester
féconde, la Terre aussi a besoin de nous.

112
Concevoir un jardin en permaculture aide
aussi à comprendre ce que l’on fait et pour­
quoi on le fait. Combien de jardiniers pestent
d’avoir à tondre chaque semaine sans se
demander ce qui les y oblige ?

À l’heure où les espaces naturels ne cessent


de se réduire, où fruits et légumes de qualité
sont aussi rares que chers, la permaculture
nous invite à utiliser au mieux les jardins
dont nous pouvons disposer, à la fois nour­
riciers et en accord avec l’environnement,
sources aussi d’échanges et pourquoi pas
de revenus.

Sur la base des pratiques de la perma­


culture, l’Institut national de la recherche
agronomique (INRA) étudie actuellement
en France la rentabilité de microfermes
utilisant seulement 1 000 m2 cultivés. Ce
systèm e de production à faible consomma­
tion d’énergie serait accessible sans grands
moyens financiers, favoriserait une com­
mercialisation locale sans coût de trans­
ports, et consommerait moins de surfaces
agricoles, permettant de laisser à la nature
les espaces nécessaires à la sauvegarde
des espèces menacées.

Comme dans tout systèm e de permaculture,


tous les éléments sont importants, chacun
pouvant assurer une ou plusieurs fonctions.

Nous espérons que ce guide vous permet­


tra d’oser vous lancer et de bien débuter.

« Le meilleur engrais pour une plante est


l’ombre du jardinier.»

113
Un petit jardin à croquer
Fines herbes, fru its, fle u rs et lé gu m e s :
sur 100 m 2, on peut to u t m anger ou presque.

Selon les principes de la permaculture, les di­ ment office de support pour fleurs et légumes
vers éléments sont disposés de façon à opti­ grimpants.
miser l’efficacité de l’ensemble.
La butte potagère. Son tracé s’inspire des
Circulation. Les plantes les plus utilisées ou de­ plates-bandes en « trou de serrure » de Bill
mandant un entretien régulier sont proches de la Mollison : les plantes plus hautes sur le pour­
maison (aromatiques, légumes], Lespace le plus tour protègent celles du centre. Ce tracé tout
éloigné sous le pommier reste très naturel avec en courbes ajoute un caractère insolite et
une haie de ronces à mûres et des plantes sau­ décoratif, rendant le potager aussi attrayant
vages comestibles. qu’un jardin d’ornement.

Les éléments construits. Cabane à outils, serre Gestion des ressources. Deux bacs à com­
et zone de compostage sont regroupées pour post, tonte de la pelouse pour paillis, plantes
avoir des parois communes (économie de engrais à faucher (consoude, ortie), broyage
moyens et discrétion). Placées au nord, elles ne des résidus de taille et récupération d’eau de
génèrent pas d’ombre gênante. Elles font égale­ pluie.

114
Sources, bibliographie et sites Internet
Chapitres 1 à 3
Ouvrages
(1) Le sol, la terre et les champs, Claude et Lydla Bourguignon. Éditions Sang de la Terre, 2008.
(2) Des vers de terre et des hommes, Marcel Bouché. Éditions Actes Sud, 2014.
(3) Les jardiniers de l’ombre, Biaise Leclerc. Éditions Terre Vivante, 2002.
(4) Manuel de culture sur butte, Richard Wallner. Rustica éditions, 2013.
(5) La révolution d’un seul brin de paille, Masanobu Fukuoka. Guy Trédaniel Éditeur, 2005.
(6) Pierre Rabhi, semeur d’espoirs. Entretiens, Olivier Le Nalre. Éditions Actes Sud ;
coll. Domaine du Possible, 2013.
(2) Les formidables atouts des engrais verts, Victor Renaud. Rustica éditions, 2014.
(8) Mon potager bio en ville, Éric Prédlne et Franck David. Éditions Terre Vivante, 2012.
(9) Créer un jardin-forêt, Patrick Whltefleld. Éditions Imagine Un Colibri, 2011.
( 10) Encyclopédie de l’écologie. Conclusion de René Dumont. Éditions Larousse, 1992.

Sites Web
(11) Terre et Humanisme : terre-humanlsme.org
Association fondée par Pierre Rabhi qui travaille au développement de l’agroécologle.
(12) Mouvement de l’Agriculture Biodynamique (MABD) : www.blo-dynamle.org
(14) Association Française d’Agroforesterle : www.agroforesterie.fr
(15) Centre Régional de la Propriété Forestière de Poitou Charentes (CRPF) : http://www.crpf-poltou-
charentes.fr
( 16) Les arbres Éric Dumont : www.erlcdumont.fr

Conférence
(13) 2eAssises nationales de la biodiversité 2012 ; Palais du Littoral, Grande-Synthe.
« Protéger les sols pour préserver la biodiversité » Intervention de Claude Bourguignon.

Chapitres 4 à 8
Ouvrages
(12) Introduction à la permaculture, Bill Molllson. Éditions Passerelle Éco, 2012.
(18) Le guide malin de l’eau au jardin, Jean-Paul Thorez. Éditions Terre Vivante, 2005.
( 19) La symbiose mycorhizienne : une association entre les plantes et les champignons, Jean
Garbaye. Éditions Quae, 2013.
(20) Coccinelles, primevères, mésanges... Denis Pépin et Georges Chauvin. Éditions Terre Vivante, 2008.
(21) Purin d’ortie et compagnie, Bernard Bertrand, Jean-Paul Collaert et Éric Petiot. Éditions de
Terran, 2009.
(22) Les soins naturels aux arbres, Éric Petiot. Éditions de Terran, 2008.
(23) Récolter les jeunes pousses des plantes sauvages comestibles, Moutsle et Gérard Ducerf.
Éditions de Terran, 2013.

115
(25) Créer son rucher, Henri Clément. Rustica éditions, 2004.
( 26) Tout savoir sur l’abeille... et le reste, Jack Guichard et Carole Xénard. Éditions Le Pommier, 2014.

Colloque
(24) Quand les plantes se parlent. Colloque scientifique du 23 mai 2014, Paris. Société Nationale
d’Horticulture de France (SNHF).

Pour en savo ir p lu s ...


Ferme et école de permaculture du Bec Hellouin :
http://www.fermedubec.com
Nombreuses formations en permaculture dont CCP (Cours Certifié de Permaculture], jardinage et
maraîchage, nature, artisanat, éco-construction.
Adresse : 1 sente du Moulin au Cat, 22 800 Le Bec Hellouin
Tél. : 02 32 44 50 52

Permaculture : guérir la terre, nourrir les hommes, Perrine et Charles Hervé-Gruyer, Éditions Actes
Sud, 2014.
Des légumes en hiver, Eliot Coleman. Éditions Actes Sud, 2013.

Le manuel des jardiniers sans moyens. Téléchargeable gratuitement en ligne sur le site de
L’Ambassade du Bien Vivre Alimentaire : horizonalimentaire.fr
Elle regroupe trois sites de formation en France: Les Anges Gardiens (62) Au ras du Sol (24) et le Mat (02),
qui travaillent à promouvoir un transfert de savoir-faire très concret, libre d’accès et universalisable afin
que chacun puisse retrouver les moyens de cultiver la terre et de cuisiner les produits bruts.

Association Brin de Paille : http://asso.permaculture.fr


La vocation de l’association est de promouvoir la permaculture et de faciliter les échanges entre
ses différents acteurs.

Université Populaire de Permaculture : permaculturefrance.org


Réseau décentralisé de concepteurs/formateurs et de lieux de formation à la permaculture. Sa
vocation est de promouvoir la permaculture et de participer à son développement dans le monde
francophone par son enseignement.

Au Petit Colibri, ferme écologique : http://aupetitcolibri.free.fr


Adresse : chemin de l’Évêché, 16 520 Marsac

Passerelle Éco : www.passerelleco.info


Lassociation et la revue Passerelle Eco ont pour objectif de mettre concrètement un mode de vie
écologique à la portée de tous. Édition d’une revue et de livres concernant, notamment, la permaculture.

116
Index 59, 65, 24,92,110
Consoude 29, 92
Courge 32,42
Abeille 10,42, 52,104
Abri 65 Déchet 20-36,102,110
Acacia 29 Décoction 96
Agriculture blodynamlque 11, 25, 22 Défrlchage 13, 14
Agriculture biologique i l Doryphore 10
Agroécologie 25, 22 Drainage 15
Agroforesterie 41
Algue 28 Eau 2, 8,10,15, 23,40, 41, 55, 58, 60, 62, 64,
Ane 104 65, 62-81
Animaux 98-110 Élagage 28,42, 48
Annuelle 93 Élevage 43
Araignée 22, 85, 86 Énergie solaire 52-66
Arbre 8,14, 28, 32-51, 59, 62, 69, 24, 22, 80, 84, Engrais chimique 11, 25, 55, 69
91,96,108 Engrais vert 30, 33, 51, 92, 93
Argile 14,19,23,24,41, 20,80,84 Épinard 33
Arrosage 22, 58, 64, 22, 24, 25, 26, 28, 29 Érosion 24
Association (des cultures) 93 Escargot 30, 85,102
Avoine 18, 33
Bâche 13 Faîne 43
Bactérie 23, 41 Faune 18, 24
Balsslère 23 Feuille morte 13,19, 21, 28, 31
Basilic 30 Fève 29
Blé 26, 22 Fleur 46, 28, 85, 86, 92, 93, 95,105
Bouillie bordelaise 88 Fongicide 10
Bourrache 29 Forêt 2, 38, 39,40,41,43,93
BRF28 Fougère 29
Butte 14,15,16,12,18, 62, 63, 23, 93 Fruit 43, 44,45, 46, 48, 49, 55, 28, 86, 88, 90,
91.92.102.106
Calendrier lunaire 11 Fumier 19, 25, 30,41,101
Canard 18, 58, 80,106,102,108
Carabe 10 Genêt 29
Carpocapse 85,106 Gland 43
Carré (en) 15 Goutte à goutte 29, 80
Carton 13, 35 Grellnette 12
Champignon 10, 22, 28, 30, 39, 46, 69, 86, 88,
93,96,92 Haie 59,61,62,65,24,92,108
Charme 39 Haricot 29
Charrue 12 Herbicide 10
Chêne 38,39 Hêtre 38, 39
Chenille 85, 86 Hostas 30
Cheval 100,104 Humus 9,13, 22, 23, 24, 25, 22, 30, 69, 20, 22,
Chèvre 100,103,108 24,92
Chou 34
Cloporte 22 Insecte 10, 24, 28, 39,42, 52, 85, 86, 88, 93,
Clôture 61, 65 96.99.102.106
Coccinelle 10, 28, 85, 86 Insecticide 10
Cochon 100
Collembole 22 Jardin-forêt 43,46,42,48, 59, 24, 93
Compostage 11,15,19, 22, 30, 31, 32, 36, 56, Jardin design 63

il?
Jardin partagé G6 Porte-greffe 44
Pot 19, 81
Lasagnes 32, 34, 35 Potager 64, 69, 23
Légume 43,4G, 42, 49, 55, 59, G9, 2?, 28, 88, Poule 59,103,104, 106,102,108
90,92,93,102,102 Prairie 2, 39,40, 56, 59,62,84
Légumineuse 29, 84, 92 Prêle 84, 96
Lignine 22 Produit chimique 9
Limace 30, 58,86,102,108 Propolis 42
Limon 23 Puceron 10, 85
Lisière G2 Puits 21, 25
Lombric 9, 23 Purin 59, 95
Luzerne 92 Pyrale 85

Maladie 82-98,103 Racine 2, 8,15, 22, 23, 24, 25, 26, 30, 34, 40,
Mare 62,64, 26,80,102 41,49,69,20,22,24,94
Massette 29 Recyclage 22, 55, 56, 60
Micro-organisme 9,10,16,18,19, 22, 24, 25, Riz 22
26,22,30,32,50,69,28, 29,88,92 Rongeur 9
Miel 42, 52,104,106 Rotation (des cultures) 93
Mildiou 10,86,96 Rouille 96
Mouton 58,100,104,108 Ruche 42, 52,105,106
Muguet 86
Mulch 22, 59,92 Sable 15,23
Mulot 9 Salade 30, 34,43,59
Mycorhize 69 Seigle 8, 22, 33
Semis 11,13,15,59,63,24,93
Nappe phréatique 8,15,40, 41, 69,21 Serre 59
Nectar 42 Sol 6-19
Noctuelle 85 Sureau 43
Noue 23 Syrphe 28

Oïdium 10, 86, 96 Tache noire 10, 86


Oie 104 Taille 28,48
Oiseau 10,42, 58, 84, 85, 96, 99, 102,105 Taupe 9,102
Orge 18, 22 Termite 24
Ortie 29, 84, 86, 94, 95 Terre 2
Terreau 19, 24, 25, 34
Paillage 18, 25, 26, 28, 29, 30, 34, 50, 63, 22, Tilleul 43
24,92 Tomate 32, 34
Papillon 85, 86, 96 Tonte 13, 28, 31, 55, 56
Pelouse 28,42, 56, 92 Tourbière 24
Pesticide 10,11, 69, 88 Tournesol 30, 34
Photosynthèse 40, 52 Trèfle 18, 29, 33, 51
Piéride du chou 85 Tuyau d’arrosage 29
Pissenlit 96
Plante aromatique 46, 49, 80, 91, 92, 94, 96 Vache 100
Plante grimpante 46, 65, 29, 92, 96 Vent 62
Pluviométrie 24, 26 Ver de terre 2, 9,12,13,15, 22, 24, 22, 28,41,
Poireau 34 22, 102,110
Pois 29 Verger 43
Poisson 58, 80 Vesce de Cerdagne 33
Pollen 42, 52 Vivace 93

118
Un grand merci :
À Perrine et Charles Hervé-Gruyer, ainsi qu’à toute l’équipe de la ferme du Bec
Hellouin, un lieu unique et formidable pour appréhender la permaculture ;
À Sacha Guégan, formateur enthousiaste en design et permaculture ;
Àtous les stagiaires du CCP de mars et juin 2014 qui se reconnaîtront ;
À Muriel Emsens pour ses photos éclairées ;
À Yann Sourbier pour sa relecture attentive ;
À Julie Parpaillon, mon éditrice. Merci pour ce climat de calme et d’efficacité ;
À Elisabeth Pegeon, directrice éditoriale de Rustica éditions pour son adhé­
sion immédiate à ce projet.

Crédits photos
Muriel Emsens- pp. 42, 49 (Ferme du Bec Hellouin), 59, Bl, G5, 89, 101,113.
Fotolia - pp. 52,104,105,108.
Istock- pp. 2,8,9,10,13,21,22,23 (haut), 25,31,32,38,39,40,42,43, 53, 58,
62, 63, 66, 68,20, 21, 25, 28,83,85,86,82,91,94,95,99,103,106,112.
Annie Lagueyrie - pp. 11,14,34,35 (2, 3,4), 54, 56 (toutes, haut : création
Luc Crinière), 26 (Jardin des Sambucs), 29 (jardin de Marguerite), 109.
Rustica - Franck Boucourt : pp. 26,41 ; Éric Brenckle : pp. 12, 28,48, 50,
90 (haut droite et bas gauche) ; Laurie Hego : p. 64 ; Chistian Hochet :
pp. 35 (1), 24,92 ¡Virginie Klecka : pp. 23 (bas), 22,90 (bas droite) ;
Frédéric Marre : pp. 12 (toutes), 19,36, 51,81 ; Alexandre Petzold :
pp. 29,44, 22,90 (haut gauche).
Thinkstock- p. 100.

Direction éditoriale : Élisabeth Pegeon


Suivi éditorial : Julie Parpaillon
Direction artistique et création : Mathieu Tougne
Réalisation et adaptation : Vincent Fraboulet
Direction de fabrication : Thierry Dubus
Suivi de fabrication : Florence Bellot
Correction : Hélène Fitamant Gaudin
Gravure : Apex

Achevé d’imprimer en mai 2015 par GPS (en Slovénie)

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