Chap. 12 Poutres Et Dalles

Télécharger au format doc, pdf ou txt
Télécharger au format doc, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 42

Chapitre 12.

Les poutres et les dalles

Chapitre 12

LES POUTRES ET LES DALLES

1. LES POUTRES

1.1. Généralités

1.1.1. Définition

Une poutre est une barre à ligne moyenne droite de section rectangulaire, en T,
en I, H, etc ... (voir fig. 12. 1) travaillant en flexion.

Fig. 12. 1. Différentes sections des poutres.

1.1.2. Portée à prendre en compte

La portée L à prendre en compte est, généralement, mesurée entre nus des


appuis (voir fig. 12. 2, a). Dans le cas où les poutres se reposent sur des massifs
de maçonneries ou sont munies d’appareils d’appuis, la portée à prendre en
compte est prise entre points d’application des résultantes des réactions
d’appuis (voir fig. 12. 2, b, c). Pour les portiques, on fait intervenir la distance
entre axes des appuis (fig. 12. 2, d).

1.1.3. Prédimensionnement de la section droite

La hauteur de la section droite rectangulaire d’une poutre de portée L est


généralement prise égale à :

314
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12. 2. Portée à prendre en compte.


1 - poutre; 2 - poteau; 3 - massif de maçonnerie; 4 - appareil d’appui.

- pour les poutres isostatiques :


 1 1
h =    L  ; (12.1)
 12 8 
le plus souvent, on préfère prendre 
1
h  L (12.2)
10
- pour les poutres hyperstatiques :
 1 1 
h =   L (12.3)
 20 12 
le plus souvent, on préfère prendre
 1 1 
h =   L (12.4)
 16 12 

Les plus grandes valeurs de la hauteur h sont prises pour les poutres les plus
sollicitées et de grandes portées.

La largeur b de l’âme de la section droite est prise égale à :


b = (0,25 ... 0,50) h (12.5)

Pour les poutres solidaires d’une dalle, il convient, pour les largeurs b des tables
de compression, de respecter les dispositions résumées sur la fig. 12.3.

315
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.3. Détermination de la largeur efficace de la table de compression.

Il est admis de ne pas procéder au calcul des déformations (flèches) si les


conditions suivantes sont respectées:
- pour les poutres isostatiques, on doit avoir :
h 1
 (12.6)
L 10
(la condition (12.2));
- pour les poutres hyperstatiques non associées à des dalles, on doit
avoir:
h Mt
 (12.7)
L 10 M o
avec,
Mt - le moment en travée: Mt = (0,70 ... 0,95)Mo  ; Mo étant le moment
de la travée indépendante.
- pour les poutres hyperstatiques associées à des dalles, on doit avoir:
h Mt
 (12.8)
L 15M o

Dans le tableau 12.1 sont données les dimensions recommandées de la section


droite bxh des poutres hyperstatiques de section rectangulaire, en fonction
de la portée L et de la charge totale p au mètre linéaire.

Charge, Dimensions de la section droite bxh, en cm, pour une portée L, en m


p en égale à
316
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

daN/m 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0 7,5 8,0
1000 10x25 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 20x50
1200 10x30 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 20x55
1400 10x30 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x55 20x55
1600 15x30 15x30 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 20x55
1800 15x30 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55
2000 15x30 15x35 15x40 15x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55 25x60
2400 15x35 15x35 15x40 20x40 20x45 20x45 20x50 25x50 25x55 25x60 25x60
2800 15x35 15x40 20x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x60 25x60
3200 15x35 15x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x60 25x60 25x65
3600 15x40 20x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x55 25x55 25x60 25x65 30x65
4000 15x40 20x40 20x45 20x50 25x50 25x50 25x55 25x55 25x60 25x65 30x65
Tableau 12.1. Dimensions recommandées de la section droite des poutres.

1.2. Calcul des poutres

1.2.1. Déterminations des sollicitations

a) Chargements défavorables des poutres

Les poutres sont généralement conçues hyperstatiques, donc calculées comme


des poutres continues. Les sollicitations de calcul (moments fléchissant M,
efforts tranchants V) dans les différentes sections de la poutre sont
déterminées à partir des cas de chargements probables les plus défavorables
des charges permanentes et variables pour ces sections. Ces différents cas de
chargements défavorables permettent d’obtenir le tracé des courbes enveloppes
donnant les valeurs extrémales (maximales et minimales) des sollicitations dans
chaque section de la poutre. Les schémas de chargements les plus défavorables
des charges permanentes g et d’exploitation q sont donnés dans le tableau 12.2.
Ces schémas de chargements permettent de déterminer :
- les valeurs absolues maximales des moments fléchissant en travées
Mt,max et sur appuis Ma,max ;
- les valeurs minimales (négatives) des moments en travées Mt,min ;
- les valeurs absolues maximales des efforts tranchants aux voisinages
des appuis Va,max ;
- les valeurs maximales des réactions d’appui Ra,max.

317
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Nombre de travées et schémas de Sollicitations extrémales


chargements

Poutre à une travée

M1,max; VA,max ; VB,max ; RA,max ; RB,max

Poutre à deux travées

M1,max; M2,min ; VA,max ; RA,max

M2,max; M1,min ; VC,max ; RC,max

MB,max ; VB,max ; RB,max

Poutre à trois travées

M1,max ; M3,max ; M2,min ; VA,max ; VD,max ;


RA,max ; RD,max

M2,max ; M1,min ; M3,min

MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

Poutre à quatre travées


318
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

MD,max ; VD,max ; RD,max

M1,max ; M3,max ; M2,min ; M4,min ; VA,max ;


RA,max
M1,min ; M3,min ; M2,max ; M4,max ; VE,max ;
RE,max

Poutre à cinq travées

M1,max ; M3,max ; M5,max ; M2,min ; M4,min ;


VA,max ; TF,max ; RA,max ; RF,max
M2,max ; M4,max ; M1,min ; M3,min ; M5,min

MB,max ; VB,max ; RB,max

MC,max ; VC,max ; RC,max

MD,max ; VD,max ; RD,max

ME,max ; VE,max ; RE,max

Tableau 12.2. Schémas de chargements défavorables des charges permanentes et


d’exploitation pour les poutres continues.

Dans le cas où la poutre a plus de cinq (5) travées, on l’assimile à une poutre à
cinq travées; dans ce cas, les sollicitations dans toutes les autres travées
intermédiaires non voisines des travées de rive auront mêmes valeurs que dans la
travée centrale d’une poutre à cinq travées ; les sollicitations sur les appuis
intermédiaires de ces travées auront les mêmes valeurs que pour les appuis
encadrant la travée centrale de la poutre à cinq travées.

319
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

b) Méthodes de détermination des sollicitations dans les poutres

Il existe plusieurs méthodes pour déterminer les valeurs des sollicitations


développées dans les sections des poutres. Certaines de ces méthodes se
fondent sur la théorie de l’élasticité linéaire (méthodes classiques de la
Résistance des Matériaux) en supposant le béton armé comme un matériau
élastique parfait. D’autres méthodes, par contre, tiennent compte, dans une
certaine mesure, des déformations plastiques du béton armé et la redistribution
des efforts en considérant l’analyse limite de la structure (méthodes de
l’équilibre limite). Ainsi, parmi les principales méthodes utilisées, on peut citer:
- les méthodes élastiques;
- la méthode simplifiée de Caquot;
- les méthodes forfaitaires.

Chaque méthode présente quelques avantages et des inconvénients.

1.2.2. Les méthodes élastiques

a) La méthode des trois moments

Elle est fondée sur les hypothèses classiques de la Résistance des Matériaux.
Par cette méthode, il s’agit de déterminer d’abord les moments sur appuis qui
sont les inconnues hyperstatiques, en utilisant pour cela l’équation des trois
moments pour chaque appui intermédiaire. Pour l’appui i, cette équation se
présente comme suit (voir fig. 12.4) :

Li L L  L 6 a 6 b
M i 1  2 i  i 1  M i  i 1 M i 1   i i  i 1 i 1 (12.9)
Ii  I i I i 1  I i 1 I i Li I i 1 Li 1

Fig. 12.4.

320
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Soit Mo(x) et Vo(x) - respectivement, le moment fléchissant et l’effort tranchant


dans la section d’abscisse x dans la travée isostatique (indépendante)
équivalente de portée Li ; dans ce cas, le moment fléchissant M(x) et l’effort
tranchant V(x) dans ladite section sont alors déterminés par les expressions
suivantes :
M i 1 M
M(x) = Mo (x) + ( Li  x )  i x (12.10)
Li Li
dM ( x) M  M i 1
V(x) =  Vo ( x )  i (12.11)
dx Li
Le calcul se fait pour chaque cas de chargement quelque soit les rapports entre
les portées des travées, entre les moments d’inertie d’une travée à l’autre et
entre les charges permanentes et d’exploitation ; elle est donc universelle ; ce
qui constitue son avantage.

La méthode a les inconvénients suivants :


- elle suppose que la section résistante est homogène, élastique, isotrope
et constante ; ce qui n’est pas vrai pour le béton armé ;
- elle donne (par conséquent) des valeurs trop élevées des moments sur
appuis et des valeurs faibles pour les moments en travées ; ce qui est
contraire à la réalité ;
- elle est laborieuse, car on doit faire le calcul pour chaque cas de
chargement défavorable pour une section.

En cas d’utilisation de la méthode, il faut nécessairement majorer les valeurs des


moments en travées (jusqu’à 30% et plus) et minorer en conséquence celles des
moments sur appuis.

b) Utilisation des formules de tableaux

Il existe des tableaux déjà établis pour déterminer les valeurs maximales des
moments fléchissant et des efforts tranchants dans les poutres, pour
lesquelles :
- les moments d’inertie des sections droites sont les mêmes dans les
différentes travées;
- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,80 et
1,25 (c’est-à-dire que 0,80  Li /Li+1  1,25).

Cette méthode, comme celle des trois moments, donne des valeurs élevées des
moments sur appuis et de faibles valeurs des moments positifs en travées. On
321
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

peut ainsi utiliser les résultats de cette méthode en majorant (jusqu’à 30%) les
valeurs des moments en travées et en minorant en conséquence celles des
moments sur appuis. Par cette méthode, les valeurs maximales des moments
fléchissant Mmax (en travées et sur appuis) et des efforts tranchants Va,max sur
appuis sont déterminées par les expressions suivantes :
- pour les charges réparties:
Mmax = ( g + q )L2 (12.12)
Va,max = (ag + bq ) L (12.13)

- pour les charges ponctuelles:


Mmax = (G + Q )L (12.14)
Va,max = aG + bQ (12.15)
avec,
g, G - les charges permanents ; q, Q - les charges variables
d’exploitation ; L - portée de la travée considérée ; , a - coefficients tenant
compte de l’influence des charges permanentes disposées dans toutes les
travées ; , b - coefficients tenant compte de l’influence des charges variables
d’exploitation disposées dans différentes travées de façon défavorable.

Les moments négatifs pouvant apparaître dans certaines travées par suite d’une
disposition défavorable des charges variables d’exploitation sont calculés par les
expressions suivantes :
- pour les charges réparties :
Mt,min = (g + q)L2 (12.16)

- pour les charges ponctuelles :


Mt,min = ( G + Q)L (12.17)
avec,
 - coefficient tenant compte de l’influence des charges variables
d’exploitation disposées dans différentes travées de façon défavorable.

Les valeurs des coefficients , , a, b,  sont données dans le tableau 12.3 pour
les schémas de charges représentés sur la fig. 12.5.

Pour les poutres continues ayant plus de cinq (5) travées, le calcul se fait comme
des poutres à 5 travées en prenant pour les moments en travées la valeur M3 en

322
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.5. Différents schémas de chargements de la travée.

Valeurs des coefficients pour les différents schémas de


Efforts Coefficients chargement de la travée
1 2 3a 3b 3c

Poutres à deux travées

M1 +  0,070 0,047 0,156 0,222 0,265


+  0,096 0,064 0,203 0,273 0,383
MB -  0,125 0,078 0,188 0,333 0,469
-  0,125 0,078 0,188 0,333 0,469
VA +a 0,375 0,172 0,312 0,667 1,042
+b 0,437 0,211 0,406 0,833 1,266
VB -a 0,625 0,328 0,688 1,334 1,958
-b 0,625 0,328 0,688 1,334 1,958

Poutres à trois travées

M1 +  0,080 0,054 0,175 0,244 0,313


+  0,101 0,068 0,213 0,289 0,406
MB -  0,100 0,063 0,150 0,267 0,375
-  0,117 0,073 0,175 0,311 0,437
+  0,025 0,021 0,067 0,100 0,125
M2 +  0,075 0,052 0,0175 0,200 0,313
- 0,050 0,;031 0,075 0,133 0,188
VA +a 0,400 0,188 0,350 0,733 1,125
+b 0,450 0,219 0,425 0,866 1,313
VB,1 -a 0,600 0,313 0,650 1,267 1,875
-b 0,617 0,323 0,675 1,311 1,938
VB,2 +a 0,500 0,250 0,500 1,000 1,500
+b 0,583 0,302 0,625 1,222 1,812

Poutres à quatre travées

323
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M1 +  0,077 0,052 0,168 0,238 0,299


+  0,100 0,069 0,210 0,286 0,400
MB -  0,107 0,067 0,161 0,286 0,402
-  0,121 0,075 0,181 0,321 0,452
+  0,036 0,028 0,116 0,141 0,165
M2 +  0,081 0,056 0,183 0,222 0,333
- 0,045 0,028 0,067 0,111 0,167
MC -  0,071 0,045 0,107 0,191 0,268
-  0,107 0,067 0,161 0,286 0,402
VA +a 0,393 0,183 0,339 0,714 1,098
+b 0,446 0,216 0,420 0,857 1,299
VB,1 -a 0,607 0,317 0,661 1,286 1,902
-b 0,620 0,325 0,681 1,321 1,952
VB,2 +a 0,536 0,272 0,553 1,095 1,634
+b 0,603 0,313 0,654 1,274 1,885
VC,2 -a 0,464 0,228 0,449 0,905 1,366
-b 0,571 0,294 0,607 1,190 1,768

Poutres à cinq travées

M1 +  0,078 0,053 0,171 0,240 1,302


+  0,100 0,068 0,211 0,287 0,401
MB -  0,105 0,066 0,158 0,281 0,395
-  0,120 0,075 0,179 0,319 0,449
M2 +  0,033 0,026 0,112 0,130 0,156
+  0,079 0,055 0,181 0,216 0,327
MC -  0,080 0,050 0,118 0;211 0,296
-  0,111 0,070 0,167 0,297 0,417
M3 +  0,046 0,034 0,132 0,152 0,204
+  0,086 0,059 0,191 0,228 0,352
VA +a 0,395 0,184 0,342 0,719 1,105
+b 0,448 0,217 0,421 0,860 1,302
VB,1 -a 0,606 0,316 0,653 1,281 1,895
-b 0,620 0,325 0,679 1,319 1,949
VB,2 +a 0,526 0,266 0,540 1,070 1,599
+b 0,598 0,316 0,647 1,262 1,867
VC,2 -a 0,474 0,234 0,460 0,930 1,401
-b 0,576 0,301 0,615 1,204 1,787
VC,3 +a 0,500 0,250 0,500 1,000 1,500
+b 0,591 0,310 0,637 1,243 1,841
Tableau 12.3. Valeurs des coefficients , , a, b,  pour déterminer les sollicitations.

324
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

troisième travée et pour les moments et les efforts tranchants sur appuis, on
prend respectivement les valeurs MC et VC sur le troisième appui.

Pour les poutres dont les travées sont différentes de plus de 20%, mais ayant la
même raideur dans les différentes travées (Ii/Li = Ii+1/Li+1), les valeurs extrémales
des moments peuvent être déterminées par les expressions du tableau 12.4 pour
les schémas de charges représentés sur la fig. 12.6.

Fig. 12.6.
Schémas

Nombre de travées et expressions pour les moments fléchissant

Poutre à deux travées:

1 M1,max = 0,0938p1L12 - 0,0313g2L22


MB,max = - 0,0625p1L12 - 0,0625p2L22
M2,max = - 0,0313g1L12 - 0,0625p2L22

M1,max = 0,203P1L1 - 0,0467G2L2


2 MB,max = - 0,0938P1L1 - 0,0938P2L2
M2,max = - 0,0467G1L1 + 0,203P2L2

M1,max = 0,2778P1L1 - 0,0556G2L2


3 MB,max = - 0,1667P1L1 -0,1667P2L2
M2,max = - 0,0556G1L1 + 0,2778P2L2

Poutre à trois travées :

M1,max = 0,092p1L12 - 0,0250g2L22 + 0,008p3L32


MB,max = - 0,0670p1L12 - 0,0500p2L22 + 0,017g3L32
M2,max = - 0,0250g1L12 + 0,0750p2L22 - 0,0250g3L32
M2,min = - 0,0250p1L12 + 0,0750g2L22 - 0,0250p3L32
1 MC,max = - 0,0170g1L12 - 0,0500p2L22 - 0,067g3L32
325
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M3,max = 0,008p1L12 - 0,0250g2L22 + 0,092p3L32

M1,max = 0,200P1L1 - 0,038G2L2 + 0,013P3L3


MB,max = - 0,100P1L1 - 0,075P2L2 + 0,025G3L3
M2,max = - 0,038G1L1 + 0,200P2L2 - 0,038G3L3
2
M2,min = - 0,038P1L1 + 0,200G2L2 - 0,038P3L3
MC,max = + 0,025G1L1 - 0,075P2L2 - 0,100P3L3
M3,max = +0,013P1L1 - 0,038G2L2 + 0,200P3L3

M1,max = 0,274P1L1 - 0,044G2L2 + 0,015P3L3


MB,max =- - 0,178P1L1 - 0,133P2L2 + 0,044G3L3
M2,max =- - 0,104G1L1 + 0,200P2L2 - 0,104G3L3
3
M2,min =- - 0,104P1L1 + 0,200G2L2 - 0,104P3L3
MC,max = + 0,044G1L1 - 0,133P2L2 - 0,178P3L3
M3,max = +0,015P1L1 - 0,044G2L2 + 0,274P3L3

Poutre à quatre travées:

M1,max = 0,092p1L12 - 0,025g2L22 + 0,007p3L32 - 0,002g4L42


MB,max = - 0,067p1L12 - 0,049p2L22 + 0,013g3L32 - 0,005p4L42
M2,max = - 0,025g1L12 + 0,074p2L22 - 0,020g3L32 + 0,007p4L42
M2,min = - 0,025p1L12 + 0,074g2L22 - 0,020p3L32 + 0,007g4L42
MC,max = 0,018g1L12 - 0,054p2L22 - 0,054p3L32 + 0,018g4L42
1 M3,max = 0,007p1L12 - 0,020g2L22 + 0,074p3L32 - 0,025g4L42
M3,min = 0,007g1L12 - 0,020p2L22 + 0,074g3L32 - 0,025p4L42
MD,max = - 0,005p1L12 + 0,013g2L22 - 0,049p3L32 - 0,067P4L42
M4,max = - 0,002g1L12 + 0,007p2L22 - 0,025g3L32 + 0,092p4L42

M1,max = 0,200P1L1 - 0,037G2L2 + 0,010P3L3 - 0,003G4L4


MB,max = - 0,100P1L1 - 0,074P2L2 + 0,020G3L3 - 0,007P4L4
M2,max = - 0,037G1L1 - 0,173P2L2 - 0,030G3L3 + 0,010P4L4
M2,min = - 0,037P1L1 - 0,173G2L2 - 0,030P3L3 + 0,010G4L4
2 MC,max = 0,027G1L1 - 0,080P2L2 - 0,080P3L3 + 0,026G4L4
M3,max = 0,010P1L1 - 0,030G2L2 + 0,173P3L3 - 0,037G4L4
M3,min = 0,010G1L1 - 0,030P2L2 + 0,173G3L3 - 0,037P4L4
MD,max = - 0,007P1L1 + 0,020G2L2 - 0,074P3L3 - 0,100P4L4
M4,max = - 0,003G1L1 + 0,010P2L2 - 0,037G3L3 + 0,200P4L4

M1,max = 0,274P1L1 - 0,044G2L2 + 0,012P3L3 - 0,004G4L4


MB,max = - 0,179P1L1 - 0,131P2L2 + 0,036G3L3 - 0,012G4L4
326
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M2,max = - 0,028G1L1 + 0,195P2L2 - 0,084G3L3 + 0,028P4L4


3 M2,min = - 0,028P1L1 + 0,195G2L2 - 0,084P3L3 + 0,028G4L4
MC,max = 0,048G1L1 - 0,143P2L2 - 0,143P3L3 + 0,048G4L4
M3,max = 0,028P1L1 - 0,084G2L2 + 0,195P3L3 - 0,028G4L4
M3,min = 0,028G1L1 - 0,084P2L2 + 0,195G3L3 - 0,028P4L4
MD,max = - 0,012P1L1 + 0,036G2L2 - 0,131P3L3 - 0,179P4L4
M4,max = - 0,004P1L1 + 0,012P2L2 - 0,044G3L3 + 0,274P4L4

Tableau 12.4. Expressions des valeurs extrémales des moments pour les poutres
continues avec des portées différentes des travées. g, G - charges permanentes; p, P -
charges totales (p = g + q; P = G + Q où q, Q -sont les charges d’exploitation).

Les efforts tranchants sont déterminés par les méthodes générales applicables
aux poutres continues.

1.2.3. La méthode de Caquot

La méthode de Caquot découle de la méthode des trois moments qu’elle simplifie


et corrige pour tenir compte:
- de la variation du moment d’inertie efficace des sections
transversales le long de la ligne moyenne ; cela a pour conséquence de
réduire les valeurs des moments sur appuis et d’accroître celles des
moments en travées ;
- de l’amortissement des effets de chargement des travées
successives qui est plus importante que celui prévu par la continuité
théorique ; cela a pour conséquence de limiter le nombre de travées
recevant les charges d’exploitation.

La méthode de Caquot s’applique dans les cas suivants:


- pour les constructions industrielles pour lesquelles les charges
d’exploitation Q sont très élevées :
Q >  2G ; 500 daN/m2  (12.18)
où, est la charge permanente au m ; 2

- pour les poutres solidaires ou non des poteaux, de section constante


ou variable d’une travée à l’autre et quelque soit le rapport entre les
portées des différentes travées.

327
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

a) Cas des poutres à moments d’inertie égaux dans les différentes travées
et non solidaires des poteaux

Le moment fléchissant Mi sur l’appui i est déterminé par les expressions


suivantes :
- pour les charges réparties p (voir fig. 12.7, a), on a:
3 3
p w L'w  p e L'e
Mi = (12.19)
8,5( L'w  L'e )

- pour les charges ponctuelles P (voir fig. 12.7, b), on a:


2
kPe L'e
Mi (Pe ) = (12.20)
( L'w  L'e )
2
kPw L'w
Mi (Pw ) = (12.21)
( L'w  L'e )
avec,
Lw, Le - longueurs des travées fictives : L’ = L pour une travée de rive et L’
= 0,8L pour une travée intermédiaire, L étant la portée de la travée libre ; k -
coefficient, déterminé par la formule suivante:
x( x  1)( x  2)
k = 2,125
(12.22)
avec, x = a/L

Fig. 12.7.

Pour déterminer les valeurs des moments en travées, on procède comme suit
(voir fig. 12.8) :
- on trace les courbes des moments de la travée indépendante de
longueur L sous l’effet des charges permanentes G (MG) et de la
totalité de la charge G + Q (MG+Q ) ;
- on porte sur les appuis les moments d’appuis minimaux (Ma,min ) et
maximaux (Ma,max ) en valeurs absolues, tout en supposant dans chaque

328
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

cas que les charges d’exploitation peuvent ou non être appliquées dans
les différentes travées ;
- pour déterminer les moments positifs en travées (Mt,max > 0 ), on prend
pour ligne de fermeture de la courbe MG+Q celle qui joint les moments
minimaux en valeur absolue ;
- pour déterminer les moments négatifs en travées (Mt,min < 0), on prend
pour ligne de fermeture de la courbe MG celle qui joint les moments
maximaux en valeur absolue.

Les efforts tranchants sont déterminés par la méthode générale applicable aux
poutres continues.

Fig. 12.8.

b) Cas des poutres à moments d’inertie variables d’une travée à l’autre non
solidaires des poteaux

Les moments sur l’appui i sont déterminés par les expressions suivantes:
- pour le cas des charges réparties, on a :
2 2
p w L'w  p e L'e
Mi = (12.23)
8,5(1   )
L'e I w
avec,  = (12.24)
L'w I e
- pour le cas des charges ponctuelles, on a :
 kPe L'e
Mi (Pe ) = (12.25)
(1   )
kPw L'w
Mi (Pw ) = (12.26)
(1   )

Iw et Ie étant les moments d’inertie dans les travées de gauche et de droite.

329
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Les moments en travées sont déterminés par la même procédure que pour les
poutres à moments d’inertie égaux. Les efforts tranchants sont déterminés par
la méthode générale applicable aux poutres continues.

c) Cas des poutres solidaires des poteaux qui les supportent

Notations : Pour les notations, voir la figure 12.9 ; les indices w et e


indiquent gauche (côté Ouest) et droite (côté Est) et les indices n et s
indiquent supérieur (côté Nord) et inférieur (côté Sud) ; H’ - la hauteur fictive :
Hn’ = 0,9 Hn si le noeud considéré appartient à l’avant dernier plancher; Hn’ =
0,8Hn dans les autres cas ; Hs’ = Hs si les poteaux sont articulés sur fondations ;
Hs’ = 0,8Hs dans les autres cas ; L’ - portée fictive de la poutre (L’ = 0,8L, avec
L - portée réelle) ; I - moments d’inertie des différents éléments.

Fig. 12.9.

Travées intermédiaires

Pour les travées intermédiaires, les valeurs absolues des moments dans les
sections dangereuses (nus des appuis) sont déterminées par les expressions
suivantes :
- au nu de l’appui dans la travée gauche :
Kw  K 
Mw = Me’  M w ' 1  w  (12.27)
D  D 
- au nu de l’appui dans la travée droite :
 Ke  K
Me = Me’ 1    Mw' e (12.28)
 D  D
- au nu inférieur des poutres dans le poteau inférieur :
330
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Ks
( M e ' M w ' )
Ms = (12.29)
D
- au nu supérieur des poutres dans le poteau supérieur :
Kn
Mn = ( M e ' Mw ' ) (12.30)
D
avec,
Kw = Iw / Lw’ (12.31)
Ke = Ie / Le’ (12.32)
Kn = In / Hn’ (12.33)
Ks = Is / Hs’ (12.34)
D = K w + K e + Kn + Ks (12.35)
1
Mw’ = pw L’w2 + Lw’kwPw (12.36)
8,5
1
Me’ = pe L’e2 + Le’kePe (12.37)
8,5
x( x  1)( x  2)
kw(e) = 2,125
(12.38)
avec, x = a / L’w(e) .

Les moments Mw et Me étant des moments au niveau des appuis de la poutre,


donc ils sont négatifs. La face tendue du poteau supérieur se trouvera du côté
correspondant à la plus grande des deux valeurs absolues Me’ et Mw’. Pour le
poteau inférieur, la face tendue se trouvera du côté opposé.

Travées de rive

Pour les notations, voir la fig. 12.10.

Fig. 12.10

Considérons d’abord une travée de rive avec une console (voir fig. 12.10).
Noeud 1: Ce noeud est étudié comme précédemment en posant Kw = 0 et en
substituant Mw1 à Mw’, où Mw1 est le moment isostatique de la console au nu de
l’appui 1 (Mw1 < 0). On obtient donc :
 Ke1  Ke1
Me1 = M e11   (12.39)
'
M w1
 D1  D1
331
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

K s1
Ms1 = ( M e1  M w1 )
'
(12.40)
D1
Kn1
= ( M e1  M w1 )
'
Mn1 (12.41)
D1
avec,
1
M’e1 = peLe’2 + Le’ kePe (12.42)
8,5
Ke1 = Ie1 / L’e1 (12.43)
Ks1 = Is1 / H’s1 (12.44)
Kn1 = Is1 / H’n1 (12.45)
D1 = Ke1 + Ks1 + Kn1 (12.46)

Noeud 2: Pour ce noeud, il s’agit tout d’abord d’évaluer les longueurs des travées
fictives. Ainsi, la longueur L’w2 est prise égale à :
L’w2 = 1 Lw2 (12.47)
avec, 1 - coefficient prenant les valeurs suivantes :
- pour (Ks1 + Kn1 )  1,5Ke1 :
1 = 0,8 (12.48)
- pour (Ks1 + Kn1 ) < 1,5Ke1 :
K s1  K n1
1 = 1 - (12.49)
7,5K e1
On a : 0,8  1  1,0.

Quant à la longueur L’e2, elle est prise égale à 0,8Le2 (L’e2 = 0,8Le2) si la travée
n’est pas de rive, c’est-à-dire si le noeud 3 n’est pas un noeud de rive. Dans le cas
où le noeud 3 est un noeud de rive, on prend :
L’e2 = 3 Le2 (12.50)
avec, 3 - coefficient prenant les valeurs suivantes :
- pour (Ks3 + Kn3)  1,5Kw3 , on a :
3 = 0,8 (12.51)
- pour (Ks3 + Kn3 ) < 1,5Kw3 , on a :
K s 3  K n3
3 = 1 - (12.52)
7,5 K w3

Les moments sont ensuite déterminés par les expressions précédentes


formulées pour la travée intermédiaire en remplaçant Mw’ par Mw’’ tel que :
1 K e1
Mw’’ = Mw2’ - M w1 (12.53)
2,125 D1

332
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

1
avec, Mw2’ = pwL’w22 + L’w2 kwPw (12.54)
8,5

Dans le cas d’une travée de rive sans console, les règles précédentes
s’appliquent en faisant Mw1 = 0.

Les efforts tranchants sont déterminés par la méthode générale applicable aux
poutres continues. Par mesure de simplification, on néglige les efforts normaux
développés dans les poutres.

1.2.4. Les méthodes forfaitaires

Il existe plusieurs méthodes forfaitaires ; certaines d’entre elles tiennent


compte de la redistribution des efforts, c’est-à-dire des propriétés plastiques
du béton armé. Les méthodes forfaitaires consistent à évaluer les valeurs
maximales des moments en travées Mt (Mt,max) et sur appuis Ma (Ma,max) à des
fractions, fixées forfaitairement , de la valeur maximale du moment Mo dans la
travée de comparaison (travée indépendante équivalente). Ces méthodes
s’appliquent, en général, à des poutres continues pour lesquelles les conditions
suivantes sont remplies :
- les moments d’inertie des sections droites sont les mêmes dans les
différentes travées;
- les portées successives sont dans un rapport compris entre 0,8 et 1,25
(0,8  Li / Li+1  1,25).

a) Méthode forfaitaire du BAEL 91

La méthode forfaitaire du B.A.E.L. (Normes Françaises) s’applique aux poutres


pour lesquelles, en plus des conditions précédentes :
- la fissuration ne compromet pas la tenue de la structure et de ses
revêtements;
- la charge d’exploitation Q est dite modérée (constructions courantes),
c’est-à-dire :
Q  Max  2G ; 500 daN/m2 (12.55)
où, G est la charge permanente.

Ledit règlement précise que, si une des conditions précédentes n’est pas
vérifiée, on peut appliquer la méthode de Caquot en majorant les moments en

333
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

travées et atténuant les moments sur appuis d’un coefficient compris entre 1 et
2/3 .

Par cette méthode, les valeurs absolues des moments en travées Mt et sur
appuis Mw et Me (respectivement moments sur appui gauche et sur appui droit
de la travée considérée) doivent vérifiées les conditions suivantes :
 Mt,r  M’ - 0,5(Mw - Me ) (12.56)
avec, M’ = Max  1,05Mo ; (1 + 0,3)Mo  (12.57)
 Mt,i  0,5(1 + 0,3)Mo (12.58)
dans une travée intermédiaire;
 Mt,r  0,5(1,2 + 0,3)Mo (12.59)
dans une travée de rive;
 la valeur absolue Ma de chaque moment sur appui intermédiaire doit
être telle que (voir fig. 12.11) :
 Ma  0,6 Mo pour une poutre à deux travées;
 Ma  0,5Mo pour les appuis voisins des appuis de rive d’une
poutre à plus de deux travées;
 Ma  0,4Mo pour les autres appuis intermédiaires d’une
poutre à plus de trois travées.
Dans ces expressions :
Mo - le moment maximal dans la travée de comparaison (pour une charge
uniformément répartie p, on a Mo = pL2/8) ;  - coefficient définit comme suit :
Q
 = GQ (12.60)

Fig. 12.11.

Aux appuis de rive, pour les éléments coulés sur place, il convient dans tous les
cas de prévoir un moment d’encastrement au moins égal à 0,2Mo.

A partir des valeurs maximales des moments en travées et sur appuis, on


détermine les sections d’armatures longitudinales dans ces sections dangereuses.

334
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Les efforts tranchants sont déterminés par les méthodes générales appliquées
aux poutres continues.

b) Deuxième méthode (méthode de ferraillage continu)

Cette seconde méthode tient compte de la redistribution des efforts en


supposant un ferraillage continu de la poutre et en considérant que la fissuration
est jugée peu préjudiciable pour l’exploitation de la structure. Dans ce cas, on
peut forfaitairement prendre les valeurs extrémales des moments en travées et
sur appuis, égales à celles qui sont données dans le tableau 12.5. On remarquera
que la valeur du moment en travée de rive est fonction du moment
d’encastrement à l’appui de rive. En effet, la valeur du moment d’encastrement
en appui de rive dépend du rapport des raideurs de la poutre et de l’appui. Les
petites valeurs du moment d’encastrement sont prises quand la raideur de la
poutre est plus grande que celle de l’appui ; les grandes valeurs sont prises pour
le cas contraire, c’est-à-dire quand la raideur de la structure d’appui dans le plan
de flexion de la poutre est plus grande que celle de cette dernière.

Pour les efforts tranchants sur appuis, leurs valeurs sont données sur la fig.
12.12.

Fig. 12.12. Valeurs des efforts tranchants. Vo - la valeur de l’effort tranchant dans la
poutre isostatique.

Efforts Valeurs des moments pour un moment d’encastrement MA égal à


0,1Mo 0,2Mo 0,4Mo 0,6Mo
Une travée

M1 0,95Mo 0,90 Mo 0,80 Mo 0,65 Mo


Deux travées

335
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

M1 0,93 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,68 Mo 0,68 Mo 0,68 Mo 0,68 Mo
Trois travées

M1 0,92 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
Quatre travées

M1 0,91 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
MC 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
Cinq travées

M1 0,90 Mo 0,85 Mo 0,75 Mo 0,65 Mo


MB 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
M2 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo 0,65 Mo
MC 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
M3 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo 0,50 Mo
Tableau 12.5. Valeurs des moments maximaux en travées et sur appuis.
Mo - moment dans la travée indépendante.

1.2.5. Courbes enveloppes des moments et épures des moments


résistants

Les courbes enveloppes des moments de flexion sont tracés pour pouvoir arrêter
certaines armatures longitudinales là où elles ne sont plus nécessaires pour
équilibrer les efforts internes. Pour les poutres en béton armé, soumises à des
charges uniformément réparties, la courbe enveloppe des moments de flexion
peut être construite en utilisant la formule suivante :
M = 10-3pL2 (12.61)
où,
p - la charge totale uniformément répartie: p = g + q, où g et q sont
respectivement les charges permanentes et d’exploitation ; L - la portée de la
travée considérée;  - coefficient, fonction du rapport q/g, dont les valeurs pour
les différents points (voir fig. 12.13) sont données dans les tableaux 12.6 et 12.7.
336
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.13. Courbe enveloppe des moments de flexion dans une poutre continue.
N.B.:  l’épure des moments dans la travée de rive est tracée pour un moment
d’encastrement égal à 0,2Mo ;
 les valeurs du coefficient  sont données dans le tableau 12.8 en fonction du
rapport q/g.

Points 1 2 3 4 6 7 8 9 11 12 13 14
 65 104 85 25 20 73 73 20 18 68 68 18
Tableau 12.6 Valeurs du coefficient  pour déterminer les moments positifs en
travées.
N.B.: les valeurs de  pour les sections dangereuses où le moment est maximal sont
données sur la fig. 12.13.

Une fois la courbe enveloppe tracée, on peut déterminer les aciers (sections
d’armatures) nécessaires pour n’importe quelle section de la poutre ; toutefois,
pour des raisons constructives et de mise en oeuvre, on se limite à quelques
sections seulement, à commencer par la section dangereuse où le moment est
maximal. Avec la diminution de la valeur du moment et selon la portée de la
poutre, on peut arrêter une, deux, trois ou quatre fois les armatures qui ne sont
plus nécessaires ; pour les petites et moyennes portées, on fera un à deux arrêts
d’armatures longitudinales et pour les grandes portées, on peut augmenter le
nombre d’arrêts jusqu’à trois ou quatre. Dans tous les cas, il faut respecter les
règles d’arrêt des armatures longitudinales (chapitre 9). Aussi, en choisissant et
en disposant les armatures principales (longitudinales), on doit chaque fois
vérifier que la hauteur utile réelle dr correspondant au ferraillage réalisé ne
soit pas inférieure à la hauteur utile théorique d prise dans le calcul ; autrement
dit on doit toujours avoir dr  d.

337
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

N° Valeurs du coefficient  pour un rapport q/g égal à


points
0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
0 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25 -25
5 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81 - 81
6 -10 -20 -26 -30 -33 -35 -37 -38 -39 - 40
7 +22 +16 -3 -9 -12 -16 -19 -21 -22 -24
8 +24 +9 0 -6 -9 -14 -17 -18 -20 -21
9 -4 -14 -20 -24 -27 -29 -31 -32 -33 -34
10 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63
11 -3 -13 -19 -23 -25 -28 -29 -30 -32 -33
12 +28 +13 -3 -4 -6 -10 -13 -15 -16 -18
13 +28 +13 +4 -3 -6 -10 -13 -15 -16 -18
14 -3 -13 -19 -23 -25 -28 -29 -30 -32 -33
15 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63 - 63
Tableau 12.7. Valeurs du coefficient  pour déterminer les moments négatifs en
travées et sur appuis.
N.B.: les valeurs de  pour le point 0 correspond à un moment d’encastrement égal à
0,2Mo.

q/g 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
1 0,167 0,200 0,228 0,250 0,270 0,285 0,304 0,320 0,330 0,339
Tableau 12.8. Valeurs du coefficient 1 (voir fig. 12.13) en fonction de q/g.

Sur la fig. 12.16 par exemple, sont représentées la courbe enveloppe des
moments de flexion (moments sollicitant) et l’épure des moments résistants
tracées après calcul des sections d’armatures pour une poutre continue à trois
travées soumise à l’action de charges uniformément réparties.

Dans le cas des charges d’exploitation réparties de faible valeur Q (Q  G), on


peut se dispenser du tracé des courbes enveloppes, c’est-à-dire qu’on peut ne pas
considérer les différents cas de chargements défavorables ; dans ce cas, on
applique en même temps la totalité de la charge dans toutes les travées et on
détermine les valeurs maximales des sollicitations. Pour ce cas, on doit respecter
les dispositions de la fig. 12.15.

338
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.14. Courbes enveloppes (1) et épures des moments résistants (2).

Fig. 12.15.

Dans le cas, où une poutre à une travée est prolongée par un porte-à-faux, il faut
tenir compte de l’effet de console qui consiste à considérer les différents cas
de chargement représentés sur la fig. 12.16.

Détermination du moment minimal en


travée
Détermination du moment maximal en
travée
339
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Détermination du moment maximal sur


appui du porte-à-faux
Détermination de la longueur des
chapeaux du côté de la travée (équilibre
statique)
Vérification du moment positif en travée

Fig. 12.16. Vérification de l’effet de la console.

Les armatures transversales sont déterminées à partir des valeurs des efforts
tranchants. En qualité d’armatures transversales, on utilise des cadres, des
étriers et des épingles. La répartition des armatures transversales se fait, dans
tous les cas, suivant la courbe enveloppe des efforts tranchants. Dans le cas des
charges uniformément réparties, on peut utiliser la répartition de Caquot ou
d’autres types de répartition. Souvent, pour des poutres soumises à des charges
uniformément réparties modérées, on peut utiliser deux espacements pour les
armatures transversales (cadres), à savoir un premier espacement st1, pour les
zones d’appui, déterminé à partir de la valeur de l’effort tranchant au niveau de
l’appui et un deuxième espacement st2, pour la zone centrale, déterminé à partir
de la valeur de l’effort tranchant à l’abscisse xc = 0,25L de l’appui où, L est la
portée de la travée (voir fig. 12.17).

Fig. 12.17.

Sur la fig. 12.18 sont montrés quelques cas de ferraillage des sections droites
des poutres.

340
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.18.
1, 2 - armatures longitudinales inférieures et supérieures; 3 - cadres; 4 - épingle; 5 _
talon pour loger les armatures longitudinales inférieures; 6 - armatures du hourdis.

2. LES DALLES

2.1. Généralités

Les dalles pleines en béton armé sont des pièces minces dont l’épaisseur h est
largement inférieure à ses dimensions dans le plan. Elles sont de formes
différentes dans le plan : carrée; rectangulaire, circulaire, trapézoïdale,
triangulaire, etc ... Elles reposent, en général, sur plus de deux appuis (2, 3, 4 ou
plus) constitués par des poutres ou murs porteurs et travaillent en flexion dans
un ou deux sens.

La portée L à prendre en compte est prise, en général, entre nus des appuis ou
entre points d’application des résultantes des réactions d’appuis dans le cas où
elles reposent sur un massif de maçonnerie (voir fig. 12.19).

La hauteur h de la dalle est prise égale à :


 1 1 
h =   L (12.62)
 45 25 

341
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.19. Portée à prendre en compte. 1 - appui (poutre); 2 - dalle; 3 - massif de


maçonnerie.

L’épaisseur minimale d’une dalle est de 5 cm dans tous les cas, sauf quand elle
est associée à des entrevous résistants où l’on peut réduire la hauteur à 4 cm.

Il est admis de ne pas procéder au calcul des déformations (flèches) si la


hauteur h de la dalle vérifie la condition suivante :
Mt
h L (12.63)
20 M o
où,
Mt - le moment en travée dans le sens du plus petit côté (sens de la petite
portée): en général Mt = (0,75 ... 0,95)Mo, Mo étant le moment dans la travée
indépendante (sens de la petite travée).

Dans les formules (12.62) et (12.63), on doit prendre les petites valeurs de la
hauteur h pour le cas des dalles de petites portées, les moins sollicitées et
ayant des appuis continus le long du contour. On peut aussi se servir des données
du tableau 12.9 pour les constructions courantes.

Charge Valeur de l’épaisseur h de la dalle pour une portée L égale à


répartie, 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 3,6
en daN/m2
250 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
300 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
350 6 6 7 7 8 8 9 9 10 10 11
400 7 7 8 8 8 9 9 10 10 10 11
450 7 7 8 8 8 9 9 10 10 10 11
500 7 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11
600 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11 12
700 7 8 8 8 9 9 10 10 11 11 12
800 7 8 8 9 9 10 11 11 12 12 13
900 7 8 8 9 9 10 11 12 12 13 14
1000 7 8 8 9 10 11 12 12 13 14 14
Tableau 12.9. Epaisseurs des dalles en fonction de la portée et de la charge.

342
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Dans ce qui va suivre, on se limitera au calcul des dalles ayant une épaisseur h
constante et soumise à des charges normales au plan médian de la dalle.

2.2. Calcul des dalles

Les dalles sont calculées comme des plaques. Dans le cas des plaques
rectangulaires de côté Lx et Ly (Lx < Ly ), la pratique a montré que :
 La dalle porte dans un seul sens (sens de la petite portée Lx) si :
- le rapport Lx /Ly est inférieur à 0,4 (Lx /Ly < 0,4 ) ;
- la charge est uniformément répartie.
 La dalle porte dans les deux sens si :
- les charges ne sont pas uniformément réparties ;
- la dalle est rectangulaire et que 0,4  Lx /Ly  1,0, quelque soit la
charge ;
- la dalle a une autre forme (non rectangulaires) dans le plan, quelque
soit la charge.

Dans le cas où la dalle porte dans un seul sens, elle est calculée comme une
poutre de portée Lx avec une section rectangulaire de hauteur h et de largeur
b = 1,00 m ; on l’appelle poutre-dalle en ce moment.

Dans le cas où la dalle porte dans les deux sens, elle est calculée dans les deux
sens comme une plaque de côtés Lx et Ly ; les sollicitations de calcul sont
ramenées à l’unité de largeur de la plaque dans le sens considéré.

Le calcul des dalles consiste à déterminer les efforts internes développées dans
leurs sections et de déterminer par la suite les sections d’armatures nécessaires
pour équilibrer ces efforts internes. Il existe deux méthodes principales de
calcul des dalles :
- les méthodes élastiques ;
- la méthode de l’équilibre limite.

2.2.1. Le calcul élastique

Le calcul des dalles chargées transversalement est fondé sur la théorie


technique de flexion des plaques minces qui conduit à la résolution de l’équation
différentielle suivante :
343
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

- pour les plaques rectangulaires:


 4  4  4  q ( x, y )
 2   (12.64)
x 4 x 2y 2 y 4 D

- pour les plaques circulaires:


2 1 1  2   2 1  1  2  q( r ,  )
 2    2   2  (12.65)
 r r r r 2
 2 
r r r r  2 
D
  
où,
x, y - sont les coordonnées cartésiennes ; r,  - les coordonnées polaires ; q - la
charge transversale ;  - la fonction des déplacements décrivant la surface
élastique de la dalle ; D - la rigidité cylindrique de la dalle :
Eh 3
D = (12.66)
12(1   2 )

h - épaisseur de la dalle;  - coefficient de Poisson du matériau de la dalle.

Les sollicitations, constituées des moments de flexion M et de torsion T


(efforts internes essentiels) et des efforts tranchants V, sont alors
déterminées par les expressions suivantes :
- pour les dalles rectangulaires:
  
  2 2

Mx = - D  2   2  (12.67)
 x y 
     2 2

My = - D  2   2  (12.68)
 y x 
 2
T = - D (1 - ) xy (12.69)
   2  2 

Vx = - D   (12.70)
x  x 2 y 2 
   2  2 
Vy = - D y  2   2  (12.71)
 y x 

- pour les dalles circulaires:


  2  1  1  2 
Mr = - D  2      (12.72)
 r  r r r 2  2 
 1  1  2  2 
M = - D   2  (12.73)
 r r r 2  2 r 
  1  
T = - D(1 - )   (12.74)
r  r  

344
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

   2  1  1  2 
Vr = - D  2     2 2  (12.75)
r  r  r r r  
1   1  1  2  2 
V = -D   2    (12.76)
r   r r r  2 r 2 

La résolution de ces équation différentielles (c’est-à-dire la détermination de la


fonction ) est généralement très laborieuse, sauf pour quelques cas très
particuliers. Dans la pratique, on utilise les résultats fournis sous forme de
tableaux ou d’abaques. Les données de ces tableaux et abaques peuvent, parfois,
dans une certaine mesure, tenir compte des déformations plastiques du béton
armé. Ainsi, pour les dalles rectangulaires soumises à des charges uniformément
réparties p, la flèche i, les moments de flexion Mxi et Myi dans les sections
particulières i de la dalle peuvent être déterminés par les expressions
suivantes (voir fig. 12.20):
10 5 10 5
 =  i pL x 4   i pL y 4 (12.77)
D D
Mx = 10-4i pLx2 = 10-4  i pLy2 (12.78)
My = 10-4i pLx2 = 10-4  i pLy
2
(12.79)
où,
D est la rigidité cylindrique de la dalle; i est le numéro du point (voir fig.
12.20, a) ; , , ,  ,  ,  sont des coefficients dont les valeurs sont
données dans le tableau 12.10 pour les différents schémas de liaison de la dalle
aux contours (voir fig. 12.20, b).

Pour les dalles rectangulaires uniformément chargées et articulées aux quatre


contours, on utilise le plus souvent les expressions suivantes pour déterminer les
moments de flexion développés au centre:
Mx = x pLx2 (12.80)
My = y Mx (12.81)
où,
x , x - coefficients dont les valeurs sont données dans le tableau 12.11 en
fonction du rapport des côtés Lx /Ly et de la valeur du coefficient de Poisson .

345
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.20. Schémas des dalles.


a - points particuliers de la dalle; b - différents schémas de liaisons de la dalle.

Coefficie Valeurs des coefficients pour un rapport Lx /Ly égal à


Schémas nts 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
5 1013 865 726 603 498 405
1 5 1000 868 740 628 528 441
5 367 407 445 446 450 441
5 251 234 208 182 154 128
5 406 382 344 300 255 211
2 5 117 149 209 198 209 211
- 4 818 782 723 652 580 506
- 3 559 562 561 551 532 506
5 468 418 360 308 257 210
5 573 521 460 397 337 281
3 5 184 226 259 274 284 281
- 4 1184 1091 996 875 773 674
- 3 784 776 766 747 711 674
5 254 242 224 205 183 157
5 412 393 368 336 297 261
4 5 109 136 161 187 204 212
- 4 835 811 771 717 660 597
- 3 559 562 565 564 554 545
5 450 384 317 258 204 157
5 554 482 408 334 269 212
5 205 243 270 283 274 262
5 - 4 1126 1018 887 758 644 545
- 3 780 770 745 704 654 597
5 262 253 240 227 212 192
5 416 409 394 370 345 317
97 122 151 173 199 216
346
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

6 5 847 838 816 782 745 698


- 4
5 844 644 479 355 261 192
7 5 846 661 509 380 285 216
5 393 412 408 382 350 317
- 3 1213 1107 1018 902 799 698
5 86 114 138 158 176 193
2 183 219 248 263 271 276
5 39 78 103 123 139 139
5 121 178 220 252 274 292
8
2004 1476 1106 865 691 559
- 4 335 416 493 561 616 664
- 1 268 333 384 413 426 435
+ 2 709 798 837 848 850 851
- 6
5 249 241 232 216 209 193
1 286 284 283 280 278 276
5 435 405 370 330 309 292
5 93 106 120 141 140 139
9 - 3
- 4 139 186 238 380 472 559
1 830 808 786 730 696 664
- 6 450 449 447 443 438 435
845 845 846 847 849 851
5 1440 1570 1710 1970 2330 2820
1 180 320 520 820 1220 1750
10 4 1400 1450 1510 1590 1670 1750

5 396 511 658 839 1044 1266


1248 1260 1272 1282 1284 1266
5
651 806 973 1159 1366 1395
1 1293 1337 1387 1451 1522 1595
4
Tableau 12.10. Valeurs des coefficients pour déterminer les flèches et les moments
de flexion dans les dalles rectangulaires soumises à des charges uniformément
réparties. N.B.: Ces valeurs des coefficients sont données pour un coefficient de
Poisson  = 0,2.

A l’aide des formules (12.77), (12.78) et (12.79), on peut déterminer la flèche et


les moments de flexion pour une dalle rectangulaire articulée aux contours et
soumises à une force concentrée P appliquée au centre ; pour cela, il suffit de

347
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

poser pL2 = P . Les forces concentrées réelles ne s’appliquent jamais à un point,


mais si l’on assimile cette surface à un cercle de rayon ro, alors, on obtient :

Valeurs des coefficients x et y pour un coefficient de Poisson 


égal à
Lx /Ly
 = 0,2 (E.L.S.)  = 0 (E.L.U.)
x y x y
0,40 0,1121 0,2854 0,1101 0,2500
0,45 0,1063 0,3234 0,1036 0,2500
0,50 0,1000 0,3671 0,0966 0,2500
0,55 0,0936 0,4150 0,0894 0,2500

0,60 0,0870 0,4672 0,0822 0,2948


0,65 0,0805 0,5235 0,0751 0,3613
0,70 0,0743 0,5817 0,0684 0,4320
0,75 0,0684 0,6447 0,0621 0,5105

0,80 0,0628 0,7111 0,0561 0,5959


0,85 0,0576 0,7794 0,0506 0,6864
0,90 0,0528 0,8502 0,0456 0,7834
0,95 0,0483 0,9236 0,0410 0,8875

1,00 0,0441 1,0000 0,0368 1,0000


Tableau 12.11. Valeurs des coefficients pour déterminer les moments de flexion dans
les dalles rectangulaires uniformément chargées et articulées aux contours.

1  2Lx 
5 = (1   ) ln   1  (12.82)
4  ro 
1  2 Lx 
5 = (1   ) ln 1 2  (12.83)
4  ro 
où,
1 et 2 - coefficients, fonctions du rapport des côtés, dont les valeurs, de
même que celles du coefficient  dans la formule (12.77) sont données dans le
tableau 12.12.

Coefficients Valeurs des coefficients pour un rapport Lx /Ly égal à


< 0,5 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
5 1690 1650 1560 1476 1340 1300 1260
1 0 0,023 0,058 0,089 0,120 0,128 0,135
2 0 0,042 0,128 0,215 0,360 0,464 0,565
Tableau 12.12. Valeurs des coefficients pour déterminer les moments de flexion dans
les dalles rectangulaires soumises à une charge concentrée appliquée au centre.
348
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Pour les dalles circulaires uniformément chargées, la flèche  et les moments


de flexion radial Mr et circonférentiel (tangentiel) M sont déterminés par
les expressions suivantes :
- dans le cas d’une articulation au contour :

 =
p
 R 2  r 2 
 5  2
 

R  r2  (12.84)
64 D  1 
1
Mr = p(3   )( R 2  r 2 ) (12.85)
16
M =
1
16

p (3   ) R 2  (1  3 ) r 2  (12.86)
où,
R - le rayon de la dalle; r - le rayon du point considéré (on a : r = 0
au centre de la dalle) ;

- dans le cas d’un encastrement au contour :


 =
p
64 D

R2  r2  2
(12.87)

Mr =
1
16

p (1   ) R 2  (3   )r 2  (12.88)

M =
1
16

p (1   ) R 2  (1  3 )r 2  (12.89)

Quand la dalle circulaire est soumise à l’action d’une force concentrée P


appliquée au centre, on obtient les expressions suivantes pour la flèche et les
moments :
- dans le cas d’un contour articulé :
PR 2   r2  r2 r
 =  (3   ) 1    2(1   ) ln  (12.90)
16D(1   )   R  2
R 2
R
 
P r
Mr = (1   ) ln (12.91)
4 R
P  r
M =   (1   ) ln  (12.92
4  R

- dans le cas d’un contour encastré :


PR 2  r2 r2 r
 = 1  2  2 2 ln  (12.93)
16D  R R R 
P  r
Mr = 1  (1   ) ln  (12.94)
2  R
P  r
M =    (1   ) ln  (12.95)
4  R
349
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Cas des dalles rectangulaires continues

Pour les dalles rectangulaires continues, les valeurs maximales des moments en
travées Mt et sur appuis Ma doivent satisfaire les conditions suivantes :

 dans le sens de la petite portée Lx :


- dans les travées de rive :
0,85Mo,x  Mt,x  0,95Mo,x (12.96)

- dans les travées intermédiaires :


0,75Mo,x  Mt,x  0,85Mo,x (12.97)

- sur les appuis de rive :


0,40Mo,x  Ma  0,65Mo,x (12.98)

- sur les appuis intermédiaires :


0,50Mo,x  Ma  0,65Mo,x (12.99)

- de plus, on doit avoir  :


Mt,x +0,5 (Mw,x + Me,x)  1,25Mo,x (12.100)

 dans le sens de la grande portée Ly :


- dans les travées de rive :
0,85Mo,y  Mt,y  0,95Mo,y (12.101)

- dans les travées intermédiaires :


0,75Mo,y  Mt,y  0,85Mo,y (12.102)

- sur les appuis de rive :


0,40Mo,x  Ma  0,5Mo,x (12.103)

- sur les appuis intermédiaires :


0,50Mo,y  Ma  0,70Mo,y (12.104)
Ma  0,40Mo,x (12.105
- de plus, on doit avoir  :
Mt,y +0,5 (Mw,y + Me,y)  1,25Mo,y (12.106)

Dans ces expressions:


350
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Mo,x , Mo,y - les moments maximaux calculés avec l’hypothèse d’une


articulation aux contours dans les sens de la petite portée et de la grande
portée; Mw , Me - sont les valeurs absolues des moments sur appuis de gauche et
de droite.

A partir des valeurs des moments, on détermine les sections d’armatures comme
pour les éléments fléchis. La largeur étant de 1 m ( b = 1,00 m = 100 cm), on
répartit uniformément les barres d’armatures sur cette largeur ; les armatures
dans le sens de la petite portée sont toujours placées le plus proche de la
paroi.

Dans le choix et la répartition des armatures, il faut tenir compte que


l’écartement des barres dans un sens ne doit pas, en aucun cas, dépasser les
valeurs données dans le tableau 12.13.

Ecartement maximal des armatures d’une même nappe


Direction pour les cas de charges suivants:
charges réparties charges concentrées
la petite portée (la plus
sollicitée) Min  3h ; 33 cm Min  2h ; 22 cm
la grande portée (la moins
sollicitée) Min  4h ; 45 cm Min  3h ; 33 cm
Tableau 12.13. Ecartement maximal des armatures d’une même nappe. h - épaisseur de
la dalle.

La condition de non fragilité pour les dalles se présente comme suit :


- dans le sens de la petite portée:
x  0,5o (3 - Lx /Ly ) (12.107)

- dans le sens de la grande portée:


y  o (12.108)
où,
x , y sont les pourcentages (taux) d’armatures dans les sens x et y ; o - le
pourcentage de ferraillage rapporté à l’épaisseur de la dalle strictement requise
par la justification à l’état limite ultime de résistance ; dans tous les cas, on doit
avoir o  1,2% pour les armatures rond-lisses et o  0,8% pour les armatures
à haute adhérence.

351
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Comme il a été déjà souligné, dans le cas des poutres - dalles (c’est-à-dire des
dalles rectangulaires avec Lx /Ly < 0,40) ; elles sont calculées seulement dans le
sens de la petite portée Lx comme des poutres de largeur b = 1,00 m. A partir
des moments, on détermine les sections d’armatures As,x dans ce sens. Dans le
sens de la grande portée (sens y), on dispose des armatures de répartition de
section As,y telles que :
- pour le cas des charges réparties :
As,y = 0,25 As,x (12.109)

- pour le cas des charges concentrées :


As,y = As,x /3 (12.110)

2.2.2. Méthode de l’équilibre limite

Par cette méthode, il s’agit d’évaluer la capacité portante de la dalle en tenant


compte des déformations plastiques des matériaux. L’analyse limite de la dalle
se fait par la méthode cinématique. Ainsi, on suppose qu’à l’état limite, dans les
sections dangereuses de la dalle, se forment des séries de rotules linéaires
appelées charnières plastiques ; ce sont ainsi les lignes de rupture de la dalle.
Au niveau des appuis, les charnières plastiques se forment en haut (charnières
négatives) le long des appuis, et en travées, elles se forment en bas (charnières
positives) suivant les bissectrices des angles et au milieu de la travée le long du
grand côté (voir fig. 12.21). Le long de ces charnières, les moments ont atteint
leurs valeurs limites respectives et la dalle se transforme en un mécanisme
formé de disques rigides liés entre eux par les charnières plastiques suivant les
lignes de rupture.

Dans le cas général, on est en présence de six (6) moments : deux (2) moments
positifs en travée Mx et My et quatre (4) moments négatifs sur appuis Mn , Me ,
Ms et Mw .

352
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Fig. 12.21. Analyse limite d’une dalle rectangulaire encastrée aux contours et soumise
à une charge uniformément répartie. 1, 2 - charnières plastiques (lignes de rupture),
respectivement sur appuis et en travées.

A l’état limite, la surface plane de la dalle se transforme en un corps de hauteur


f, formé d’éléments triangulaires et trapézoïdaux liés par les charnières
plastiques. L’angle de rotation  est égal à:
f 2f
  tan = 0,5 L  L (12.111)
x x

Le travail virtuel de la charge uniformément répartie p est égal à :

353
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

Wp =  ypdA = pV (12.112)
A

où,
y est le déplacement ; V - le volume du corps obtenu à l’état limite ou encore le
volume des déplacements :
V =
1
6

fL x (3L y  L x )  (12.113)

Le travail virtuel des moments de flexion dans les charnières plastiques, dans
le cas d’un ferraillage uniforme de la dalle dans les deux sens, est égal à :

WM = M = Mx 2 + Mn  + Ms  + My 2 + Mw  + Ms  (12.114)
ou encore
2f
WM = (2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me) (12.115)
Lx

Le travail virtuel des forces extérieures Wp étant égal à celui des efforts
internes WM, on obtient :
pfL x 2f
(3L y  L x ) = (2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me ) (12.116)
6 Lx
d’où
2
pL x
(3L y  L x ) = 2Mx + 2My + Mn + Ms + Mw + Me (12.117)
6

L’expression (12.117) est l’équation d’équilibre de la dalle. Les moments limites


Mi (i = x, y, n, s, w, e) agissant dans les charnières plastiques sont déterminés par
la formule :
Mi = fs As,i zi (12.118)
avec,
fs = fe /s où fe est la limite d’élasticité garantie des armatures, s - le
coefficient de sécurité ; zi - le bras de levier du couple intérieur pour la section
correspondante : zi = (0,8 ... 0,9)h où, h est l’épaisseur de la dalle ; As,i - sections
d’armatures correspondantes, on a :
As,x - la section totale des armatures tendues coupant les lignes de
rupture positives (sur la longueur de la charnière) et parallèle au
petit côté (Lx) de la dalle ;
As,y - la même chose pour les armatures parallèles au grand côté (Ly) de la
dalle;
As,w - la section totale des armatures tendues sur appuis sur toute la
longueur de la travée dans la section I-I;
354
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-
Chapitre 12. Les poutres et les dalles

As,e - la même chose dans la section I’-I’;


As,s - la section totale des aciers tendus dans la section II-II;
As,w - la même chose dans la section II’-II’.

L’expression (12.117) est valable même si tous les côtés de la dalle ne sont pas
encastrés. Dans le cas où un côté est sur appui articulé, on pose le moment sur
l’appui correspondant (Mw , Me , Ms , Mn ) égal à zéro.

En se donnant des rapports entre les sections d’armatures As,i dans les
différentes sections de la dalle (dans les différentes directions en travées et
sur appuis), on obtient différents rapports entre les moments limites (moments
résistants) Mi . Dans ces conditions, à la place de six (6) inconnues ( Mx , My , Mw ,
Me , Ms , Mn ), on trouve une (1) seule inconnue et on peut passer ainsi à la
résolution du problème.

355
Ecole Nationale d’Ingénieurs A.B. TOURE de Bamako. Cours de Béton armé, par H.A.DICKO, Ph.D
-2008-

Vous aimerez peut-être aussi