Murs de Soutènement
Murs de Soutènement
Murs de Soutènement
Les murs de soutènement sont des constructions destinées à éviter l'éboulement ou le glissement d'un
talus de terrain trop pentu.
Ils sont employés en sites montagneux pour protéger les chaussées contre les éboulements de terre, en
site urbain afin de réduire l'emprise des talus, etc.,
Ce cours concerne les murs de soutènement en béton armé comportant une paroi résistante verticale (ou
très proche de la verticale) et une semelle de fondation (figure 1).
Ce type de mur est économique sans contreforts, tant que sa hauteur n'excède pas 5 à 6 m, et peut être
réalisé sur un sol de qualités mécaniques peu élevées.
ka intervient également dans l'évaluation de la poussée due à la charge variable éventuelle sur le
remblai.
En pratique, les valeurs numériques de (et donc de k a) et de ne sont pas connues avec précision.
On n'en connaît que les valeurs « probables » et, dans la philosophie des états -limites, il conviendrait
de considérer pour chacun des termes ( , ka, une valeur minimale et une valeur maximale encadrant
la valeur probable).
Par exemple :
- l'incertitude sur peut atteindre ± 2 ° à ± 5° ; cette incertitude sur entraîne une incertitude sur k a
pouvant atteindre ± 8 % à ± 20 % ;
Admettons ± 10 % sur k a et ± 10 % sur . Il faudrait donc considérer, en désignant par k a et les valeurs
« probables » :
kmax =1,10 ka et kmin = 0,9 ka
max =1,10. et min=0,90.
et combiner à chaque fois ces valeurs deux à deux en recherchant l'effet le plus défavorable vis-à-vis
du phénomène étudié.
1
2. Pré-dimensionnement
Il est donc important de pré-dimensionner le mieux possible l'ouvrage à étudier, pour arriver de la
façon la plus rapide aux résultats convenables, sans trop de tâtonnements.
Le Guide pour l'étude et la réalisation des soutènements donne quelques règles simples pour les
murs-cantilever «courants » en béton armé (figure 2).
Il est prudent de majorer de 15 % la largeur de semelle donnée par ce document car elle ne permet
pas toujours de satisfaire les vérifications relatives à la stabilité externe.
Une méthode plus élaborée - et donc plus longue - consiste à utiliser les abaques du SETRA.
Dans le cas où le parement extérieur du mur est prévu sensiblement vertical, il convient de lui donner
un léger fruit (c'est-à-dire une inclinaison vers l'amont) au moins égal à 2%, afin qu'il ne donne pas
l'impression désagréable d'être en surplomb, s'il bascule légèrement vers l'avant pour atteindre son
équilibre.
3. Conditions de stabilité
Elles sont au nombre de trois :
- non-poinçonnement du sol d'assise ;
- non-renversement;
- non-glissement sur le sol d'assise.
Dans ce qui suit, on n'étudie que le cas d'un mur soutenant un remblai à terre-plein horizontal.
Le système des forces F Hser et F Vser est équivalent à la seule force verticale F Vser appliquée au centre
de pression C défini par (figure 3) :
𝑀𝐺𝑠𝑒𝑟
𝐺𝐶 = = 𝑒𝑠𝑒𝑟
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟
La vérification du non-poinçonnement est souvent faite en admettant une distribution linéaire (triangulaire ou
trapézoïdale et en comparant à une contrainte limite la contrainte de référence réf calculée au quart de la
zone comprimée (ou bien à la limite du noyau central).
𝜎𝑟é𝑓 ≤ 𝜎𝑠𝑒𝑟
3
Avec 𝜎𝑠𝑒𝑟 = 𝑞𝑠𝑒𝑟 . 𝑒 (−𝛿 𝑅 )
𝑞𝑠𝑒𝑟 contrainte limite admise en service sur le terrain d'assise, déduit d'essais de laboratoire.
En première approximation :
𝑞𝑢
𝑞𝑠𝑒𝑟 =
3
𝐹𝐻𝑠𝑒𝑟 𝐹𝐻𝑠𝑒𝑟
𝑡𝑎𝑛 𝛿𝑅 = , 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝛿𝑅 = 𝑎𝑟𝑐𝑡𝑎𝑛
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟 𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟
Sur un terrain d'assise rocheux, le mur tend à basculer autour de son arête 0 s ous l'effet du moment de
renversement M 0 s e r , H dû à PH et QH .
La charge variable sur le remblai, de même que les terres sur le patin avant pouvant ne pas exister (du
fait de travaux par exemple), ce qui correspond à la combinaison C3, il faut s'assurer :
Pour simplifier, on admet que la cohésion du sol d'assise est nulle (sens de la sécurité). Si désigne l'angle
de frottement interne du sol d'assise, la condition de non-glissement s'écrit:
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟 . 𝑡𝑎𝑛 𝜑
𝐹𝐻𝑠𝑒𝑟 ≤
1,5
Pour le calcul de FHser et FVser, les combinaisons d'actions à considérer sont les mêmes que pour la
vérification du non-poinçonnement.
𝐹𝐻𝑠𝑒𝑟
≤ 0,40 (𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛)
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟 .𝑡𝑎𝑛 𝜑
Lorsque la condition 𝐹𝐻𝑠𝑒𝑟 ≤ n'est pas satisfaite, il est nécessaire de disposer sous la semelle une
1,5
bêche d'ancrage (figure 4). Celle-ci est normalement placée à l'arrière de la semelle, parfois, mais assez
4
rarement, dans le prolongement du voile, mais jamais à l'avant en raison du risque de suppression de la
butée par ouverture d'une tranchée lors de travaux ultérieurs. Cette bêche est toujours coulée à pleine
fouille, sans coffrage.
En présence d'une bêche, la vérification au glissement peut être conduite en ne considérant que le bloc
compris entre le plan fictif de poussée active et un plan de rupture passant par la base de la bêche (figure
5) en négligeant par sécurité la butée à l'avant de la semelle.
La résultante générale R des actions sur le mur fait un angle ' avec la normale au plan de rupture. Il
faut avoir:
𝑅. 𝑐𝑜𝑠 𝛿 ′ . 𝑡𝑎𝑛 𝜑 + 𝑐. 𝐴𝐵
𝑅. 𝑠𝑖𝑛 𝛿 ′ ≤
1,5
c, étant la cohésion du terrain d'assise, que l'on peut négliger par sécurité.
Comme il est rare qu'un mur de soutènement soit placé dans des conditions de fissuration peu
préjudiciable (il s'agit en effet d'un ouvrage extérieur, exposé aux intempéries et à d'éventuelles
venues d'eau, en contact permanent avec un terrain pouvant être agressif, etc.), les calculs relatifs à
la résistance des différents éléments constitutifs sont normalement conduits à l'état-limite de
service.
Pour tenir compte des différentes incertitudes, on peut, par exemple, adopter :
5
4.1 Calcul de voile (ou du « rideau »)
Pour simplifier, on suppose que la poussée active des terres et celle due aux charges d'exploitation
sur le terre-plein s'exercent directement sur le parement interne du mur, avec un angle d'inclinaison
nul sur la normale à ce parement.
Le voile est calculé comme une console encastrée sur la semelle (section S 1) et soumise à une charge
trapézoïdale (figure 6). Les armatures, et leurs arrêts, se déterminent à partir des diagrammes du
moment de flexion et de l'effort tranchant.
Ces contraintes induisent des efforts normaux dans la semelle, mais ceux-ci ont des effets de peu
d'importance, et sont souvent négligés.
Les armatures sont déterminées en considérant le patin et le talon comme encastrés sur le voile.
Les terres aval ayant un effet favorable, on suppose qu'elles ont été retirées.
La combinaison d'actions à considérer pour le calcul des armatures, et pour laquelle il convient donc de
déterminer en premier lieu FVser, MGser et eser est (cf.5.1) :
6
FVser et eser ayant été déterminés, on a :
𝐹𝑉𝑠𝑒𝑟
𝜎𝑠𝑜𝑙 =
𝑏 − 2. 𝑒𝑠𝑒𝑟
Les sollicitations (M, N, V) dans la section S2 (figure 6b) et les armatures correspondantes s'en
déduisent.
La combinaison d'actions à considérer est la même que celle considérée pour le calcul du patin [soit C4
ci-avant].
Sollicitations et armatures (figure 6c) se déterminent comme pour la section S2 (figure 6b).
4 .3 Ferraillage
La figure 7 donne le schéma de principe du ferraillage principal, c'est-à-dire celui qui résulte des
calculs effectués comme indiqué précédemment.
Il est toutefois nécessaire de prévoir également un ferraillage complémentaire pour tenir compte des
multiples effets secondaires existant dans ce type d'ouvrage : gradient thermique dû à
l'ensoleillement, inégalité de la poussée des terres dans le sens longitudinal due, par exemple, à
l'hétérogénéité du remblai, à des tassements différentiels, etc.
1. L'écartement de deux armatures de même direction, appartenant à une même nappe, ne doit pas
excéder 0,30 m.
2. Voile:
- côté remblai : barres de répartition horizontales représentant une section
Ah (cm2/m) 0,10.e1
Avec e1 (cm) : épaisseur du voile à sa base;
- En tête du mur, à défaut d'une nervure de raidissement (armée forfaitairement), il est conseillé
de constituer un chaînage correspondant à une section d'acier de 4 cm 2 (voir figure 7).
7
Figure 7 - Ferraillage schématique d'un mur sans contreforts