Poutres & Poutrelles
Poutres & Poutrelles
Poutres & Poutrelles
L'objectif de cette partie est de présenter les méthodes de calcul des sollicitations : Moment
fléchissant et Effort tranchant dans les poutres et les poutrelles continues des planchers.
Ces méthodes sont adaptées au matériau béton armé puisqu'elles prennent en compte les
capacités d'adaptation et le phénomène d'amortissement du béton armé.
1. PARTICULARITÉS LIÉES AU BÉTON ARMÉ
1.1 Rappel de Résistance des Matériaux
Une poutre continue est une poutre reposant sur plusieurs appuis simples, et dont les
moments sur appuis, hormis les appuis de rives, ne sont pas nuls (voir figure 1a)
Fig 1
Pour une poutre élastique, ce problème peut être résolu par l'utilisation de la formule des
trois moments qui fournie (n-2) équations reliant les moments sur appuis, où n est le nombre
d'appuis
Sachant que sur les deux appuis de rive les moments sont nuls,
Il est alors possible de résoudre ce système et ainsi d'obtenir les moments sur les appuis
intermédiaires.
Une fois connus les moments sur appuis Mw et Me, chaque travée peut être étudiée
séparément comme une poutre isostatique soumise à deux moments à ses extrémités,
comme indiqué sur la Figure 1b.
Le théorème de superposition permet alors de résoudre ces trois chargements
(chargement sur la travée, moments à l'appui gauche et à l'appui droit) séparément, comme
indiqué sur la Figure 1c.
Finalement, en notant (x) le moment de la travée isostatique de référence dû au
chargement sur la poutre, on obtient le moment fléchissant et l'effort tranchant le long de la
travée :
(a) : Définition des 3 poutres de portée l et armée chacune par une section d'acier Ao.
(b) : Allure de la fissuration dans 3 trois poutres (début du chargement).
(c) : Allure de la fissuration à la rupture.
Après application d'une charge relativement faible, les parties de béton tendu qui ne sont
pas armées vont se fissurer, comme indiqué sur la Figure 2b:
• La poutre 1 est bien armée, et elle ne va pas fissurer.
• La poutre 2 se fissure au niveau des encastrements,
• tandis que la poutre 3 se fissure au centre.
Par conséquent, pour les trois poutres, le moment dans la section la plus sollicitée vaut :
A l’ELU, le moment ultime étant proportionnel à la section d'acier dans la section la plus
sollicitée :
On en déduit que cette limite est atteinte pour une même valeur de la charge :
En conclusion, la charge à la rupture ne dépend que de la section d'acier Ao correspondant au
fonctionnement isostatique, indépendamment de la position des aciers pour les poutres encastrées.
La fissuration des sections les moins armées permet une redistribution des moments qui diffère de celle
donnée par la théorie de la résistance des matériaux, c'est le phénomène d'adaptation.
On adoptera pour les poutres continues un ferraillage analogue à celui défini sur la Figure 3, où les
sections d'acier en travée At et sur appuis Aw et Ae (chapeaux) vérifient l'inégalité suivante :
Selon que les quatre conditions suivantes sont vérifiées ou pas, on appliquera
différentes méthodes :
Si a n'est pas vérifiée (cas des planchers à charge d'exploitation relativement élevée),
on appliquera la méthode de Caquot (Annexe E2 du BAEL).
Si a est vérifiée mais une ou plus des trois conditions b, c et d ne le sont pas, on
appliquera la méthode de Caquot minorée (Annexe E2 du BAEL).
Ces trois méthodes sont présentées dans les parties suivantes.
Remarque 1:
Si les quatre conditions sont vérifiées, il est toujours possible d'utiliser la méthode de Caquot
minorée, qui conduira à un ferraillage mieux dimensionné que celui obtenu avec la méthode
forfaitaire. Mais la méthode de Caquot est plus longue que la méthode forfaitaire !
Remarque 2:
Ces méthodes s'appliquent uniquement aux poutres supportant une dalle faisant office de
table de compression. Pour le calcul d'une poutre de chemin de roulement par exemple, on
utilisera la théorie classique de la résistance des matériaux pour calculer les moments sur
appuis.
3. MÉTHODE FORFAITAIRE (ANNEXE E.1)
(1)
Remarque :
lorsque, sur l'appui de rive, la poutre est solidaire d'un poteau ou d'une poutre, il convient
de disposer sur cet appui des aciers supérieurs pour équilibrer Ma = -0.15M0.
Mode opératoire :
Dans la pratique, on prend la valeur minimale des moments sur appui Mw et Me (en valeur
absolue), puis on calcule Mt par la formule des moments.
3.3 Armatures longitudinales
Lorsque les trois conditions suivantes sont réunies : q g, les charges sont
réparties et les moments sur appuis sont pris à leur valeur absolue minimale
(valeurs adoptées sur le schéma ci-dessus), il est alors possible de déterminer de
façon forfaitaire la longueur des chapeaux et l'arrêt des barres, comme indiqué
sur la Figure 5.
Lorsqu'il n'est pas possible de réaliser l'arrêt forfaitaire des barres, il faut
tracer la courbe enveloppe des moments fléchissants (voir la méthode de Caquot).
3.4 Effort tranchant
Pour déterminer la valeur de l'effort tranchant aux appuis, ce dernier est
calculé en faisant abstraction de la continuité, sauf pour les appuis voisins des
appuis de rive.
En notant V0i la valeur absolue de l'effort tranchant sur les appuis de la
travée isostatique de référence i, les valeurs absolues de l'effort tranchant aux
appuis sont déterminées de façon forfaitaire comme indiqué sur la Figure 6.
Fig. 6 : Valeur forfaitaire de l'effort tranchant dans des poutres continues à 2 travées et plus de 2 travées.
4. MÉTHODE DE CAQUOT (ANNEXE E.2)
Soit après simplification par 6E et en tenant compte de ce que Mi-1=Mi+1=0 sur les
appuis i-1 et i+1.
D’où :
Ce qui s’écrit :
En posant
•Itravée Iappui
Cas particulier
Si les travées ont le même moment d’inertie I :
Et l’on obtient :
Cas des charges concentrées
On considère les 2 travées fictives de portées l’w (pour celle de gauche) et l’e
(pour celle de droite) détachées de part et d’autre de l’appui considéré et
soumises à l’action d’une charge concentrée Pe d’abscisse ae comptée depuis l’appui
central.
D’où :
Ce qui s’écrit dans le cas général de charges concentrées dans les deux travées
encadrant l’appui considéré :
En posant
Et l’on obtient :
Les coefficients k(a) en fonction de a est définie dans l'annexe E.2 du BAEL.
Remarque :
lorsqu’agissent simultanément des charges réparties et des charges
concentrées, on superpose les résultats précédents. Le moment total est
obtenu comme la somme des moments sur appui des différents chargements.
L'évolution du moment en travée M(x), pour un cas de charge, est donné par :
Chacun de ces trois cas correspond à une valeur extrême des moments de la deuxième
travée et des appuis 2 et 3.
A l'ELU C = 1.35g + 1.5q et D = 1.35g et à l'ELS C=g+q et D=g.
On prendra garde de bien travailler avec les bonnes valeurs des moments sur appuis et de
la charge p en fonction du cas de charge considéré.
4.5 Effort tranchant
L'effort tranchant, pour un cas de charge donné, est calculé classiquement comme l'opposé de la
dérivée du moment fléchissant, soit :
Sur l'appui i, les valeurs à gauche et à droite de l'effort tranchant sont donc
où
• V0w et V0e sont les efforts tranchants à gauche et à droite de l'appui i des travées isostatiques de
référence i - 1 et i, respectivement,
• Ma i-1, Mai , Mai+1 sont les moments sur les appuis i - 1, i et i + l, respectivement,
• li-1 et li sont les portées des travées i - 1 et i, à droite des appuis i - 1 et i, respectivement
Le cas de charge correspondant aux efforts tranchants maximums sur l'appui i se produit lorsque les
deux travées adjacentes sont chargées et les autres déchargées (voir Figure 10).
Fig. 10 : Cas de charge conduisant à la valeur maximale de l'effort tranchant sur l'appui i.
4.6 Tracé des Moments fléchissants
Pour illustrer cette partie, nous prendrons l'exemple d'une poutre à 4 travées de portées identiques
(l=5.00m), supportant une charge permanente g = 20kN/m et une charge d'exploitation q = 25kN/m,
correspondant à une charge surfacique de 6kN/m2.
Présentation des calculs : La présentation des calculs se fait dans un tableau qui comporte autant de
colonnes qu'il y a de travées sur la poutre. Pour un calcul à l’ELU de la méthode de Caquot non-minorée,
ce tableau prend la forme présentée sur la Figure 11. Dans le cas de la méthode de Caquot minorée, on
ajoutera 3 lignes : g’= 2g/3, C1.35g’ + 1.5q et D1.35g’.
Fig. 12 : Tracé des moments fléchissants des trois cas de charge et de la courbe enveloppe.
4.7 Tracé de l'épure d'arrêt de barres
Fig. 15 : Définition de la valeur du moment résistant en fonction de l'arrêt des barres du ferraillage longitudinal.
Règle du décalage :
On tient compte de l'existence de bielles de béton inclinées à 45° en décalant dans le sens
défavorable la courbe enveloppe du moment fléchissant de 0.8h. Ceci revient dans la plupart
des cas à rallonger forfaitairement les aciers de 0,8h à chaque extrémité.
Ordre d'arrêt des armatures : On procède à l'arrêt des armatures de façon symétrique et en
commençant par les barres les plus proches de l'axe neutre, comme indiqué sur la Figure 16.
Fig.16 : Définition de l'ordre d'arrêt des barres en fonction de leur position dans le section.
Epure d'arrêt de barres :
En tenant compte des longueurs d'ancrage et de la règle du décalage, l'épure d'arrêt de
barres se construit en utilisant la courbe enveloppe des moments fléchissants. La section
d'acier des moments maximums est calculée, puis un choix sur le nombre de barres est
effectué. Si le ferraillage est composé de plusieurs lits, le moment résistant repris par chacun
des lits est tracé sur le diagramme des moments fléchissants. L'intersection de ces droites de
moment résistant avec la courbe enveloppe détermine les arrêts de barres (il faut ensuite
rajouter 0,8h).
L'article B.6.5,1 du BAEL précise les conditions à vérifier pour ne pas avoir à faire une
vérification sur les flèches limites pour les poutres. Les trois conditions à vérifier sont :
avec fe en MPa.
Si ces conditions n'étaient pas vérifiées, le calcul des flèches est nécessaire