ECS2 Chapitre2
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Sommes et séries
1 Sommes usuelles 2
1.1 Formule du binôme et applications en
trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Autres sommes usuelles . . . . . . . . . . . . 5
2 Sommes doubles 6
2.1 Sommes doubles indexées par un rectangle . . 6
2.2 Sommes doubles indexées par un triangle . . 7
4 Séries doubles 15
4.1 Ensemble dénombrable infini . . . . . . . . . 15
4.2 Séries indexées par un ensemble dénombrable
infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4.3 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . 17
4.4 Sommation par paquets . . . . . . . . . . . . 19
Compétences attendues.
3 Étudier la convergence d’une série à termes positifs par comparaison aux séries de référence.
3 Étudier la convergence d’une série double à l’aide du Théorème de Fubini ou d’une sommation
suivant les diagonales.
1 Sommes usuelles
1.1 Formule du binôme et applications en trigonométrie
Coefficients binomiaux
Définition.
n
Soit n ∈ N. On appelle factorielle n et on note n! l’entier défini par n! =
Y
k.
k=1
Remarque. On a 0! = 1 et si n ≥ 1, n! = n × (n − 1)!.
Définition.
Soit n ∈ N et p ∈ Z. On pose :
n!
!
n si p ∈ J0, nK
= p!(n − p)!
p
0 si p > n ou p < 0
n
p est le coefficient binomial et se lit « p parmi n ».
Rappel. L’entier n
p est :
Preuve.
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Remarque. Cette dernière relation nous permet de construire le triangle dit de Pascal (1623 - 1662),
qui permet un calcul rapide des premiers coefficients binomiaux :
p=0 p=1 p=2 p=3 p=4 ...
n=0 1
n=1 1 1
n=2 1 2 1
n=3 1 3 3 1
n=4 1 4 6 4 1
.. .. ..
. . .
n 1 n
1
n
2 ... n
p
n
p+1 ... 1
Exemples.
n n
! !
n n k n−k
• = 1 1 = (1 + 1)n = 2n .
X X
k=0
k k=0
k
n n
! !
n n
• (−1) = (−1)k 1n−k = (1 − 1)n = 0.
X X
k
k=0
k k=0
k
Rappels de trigonométrie
Il faut savoir retrouver les relations suivantes par une lecture efficace du cercle trigonométrique.
3
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x 0 π
√6
π
√4
π
3
π
2 π
cos(x) 1 2
3
√2
2 1
√2
0 -1
sin(x) 0 1
2 2
2
√2
3
1 0
tan(x) 0 √1
3
1 3 0
Définition.
Soit x un réel. On note eix le nombre complexe défini par eix = cos x + i sin x.
Propriété 3
• Pour tout (a, b) ∈ R2 , on a eia eib = ei(a+b) , ce qui s’écrit en identifiant parties réelles
et imaginaires :
cos(a + b) = cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b) ; sin(a + b) = sin(a) cos(b) + sin(b) cos(a).
cos(2a) = cos2 (a)−sin2 (a) = 2 cos2 (a)−1 = 1−2 sin2 (a) et sin(2a) = 2 sin(a) cos(a).
Linéarisation
Méthode.
Pour linéariser une expression trigonométrique du type cosk x sinl x, on procède comme suit :
(i) On utilise les formules d’Euler pour changer cos x et sin x en termes avec eix et e−ix ;
(iii) On regroupe les termes deux à deux conjugués pour reconnaître des cos(αx) ou sin(βx).
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2ikπ
exp avec k ∈ J0, n − 1K.
n
e4iπ/5
1 1
e6iπ/5
j 2 = e4iπ/3 e8iπ/5
Les racines n-èmes de l’unité sont les sommets d’un polygone régulier à n côtés.
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Propriété 6
n−1
!
Preuve. On développe (a − b) :
X
k n−1−k
a b
k=0
n−1
!
(a − b) = (a − b)(bn−1 + abn−2 + · · · + an−1 )
X
k n−1−k
a b
k=0
= (abn−1 + a2 bn−2 + · · · + an ) − (bn + abn−1 + · · · + an−1 b)
= an − bn .
2 Sommes doubles
2.1 Sommes doubles indexées par un rectangle
Soit (n, p) ∈ (N∗ )2 . On considère une famille de réels indexée par deux indices (ai,j ) 1≤i≤n . On souhaite
1≤j≤p
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Soient (ai )1≤i≤n et (bj )1≤j≤p deux familles de nombres complexes. Alors on a :
n
! p p
n X p X
n
bj = ai bj =
X X X X
ai × ai bj .
i=1 j=1 i=1 j=1 j=1 i=1
Preuve.
n
! p n p n p
bj = bj =
X X X X X X
ai × ai ai bj .
i=1 j=1 i=1 j=1 i=1 j=1
On est ramené à une somme double comme dans la proposition précédente.
n−1 n n j−1
aij = aij =
X X X X X
aij .
1≤i<j≤n i=1 j=i+1 j=2 i=1
Preuve. De même, on dispose les ai,j dans un tableau à double entrée. Mais cette fois le tableau est
triangulaire : seuls sont pris en compte les éléments ai,j où i ≤ j.
j=1 j=2 ··· j=n
n
i=1
X
a1,1 a1,2 ··· a1,n a1,j
j=1
n
i=2
X
a2,2 ··· a2,n a2,j
j=2
.. .. .. ..
. . . .
n
i=n
X
an,n an,j
j=n
1
X 2
X n
X
ai,1 ai,2 ··· ai,n S
i=1 i=1 i=1
La deuxième égalité s’obtient en sommant les termes qui sont strictement au dessus de la diagonale.
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Méthode.
Ces égalités ne sont pas à apprendre par cœur. Il faut savoir les retrouver en procédant ainsi :
(ii) on détermine les bornes de la somme en regardant l’intervalle d’entiers parcouru par i.
X
i=
Ces bornes ne doivent pas dépendre de j ;
(iii) on détermine enfin les bornes de la deuxième somme en fixant i et en regardant l’intervalle
X
j=
d’entiers parcourut par j. Cet intervalle dépend de i.
i
Exercice. Calculer .
X
1≤i≤j≤n
j
3.1 Généralités
Définition.
• On appelle série de terme général un , la suite (Sn )n∈N définie pour tout n ∈ N par
n
Sn = uk . On la note un , un ou encore un .
X X X X
• On dit que la série un converge si la suite (Sn )n∈N admet une limite finie dans R, et on
X
n +∞
appelle alors somme de la série le réel lim uk , qu’on note S ou uk .
X X
n→+∞
k=0 k=0
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Remarques.
– des constantes multiplicatives : pour tout λ ∈ R, les séries un et λun sont de même
X X
nature.
Définition.
On suppose que la série
X
un converge.
Pour n ∈ N, on appelle reste partiel d’ordre n le nombre :
+∞
Rn = S − Sn =
X
uk .
k=n+1
converge et
+∞ +∞ +∞
(λun + µvn ) = λ un + µ
X X X
vn .
n=0 n=0 n=0
divergente.
Mise en garde.
Il est possible que la série (un + vn ) converge alors que les séries un et vn divergent (par
X X X
Pour scinder une somme en deux, on vérifiera au préalable que les deux séries
convergent.
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Propriété 11 (Télescopage)
k=0
Ainsi la série (un − un+1 ) converge si et seulement si la suite (un )n∈N converge.
X
Exercice.
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Preuve.
Remarque. Par contraposition si la suite (un )n∈N ne converge pas vers 0, alors la série diverge. On
dit dans ce cas que la série un diverge grossièrement.
P
n≥0
Mise en garde.
Il existe des séries dont le terme général tend vers 0 et divergentes. Par exemple, la série
X 1
harmonique n’est pas grossièrement divergente ( n1 tend vers 0), mais on a vu que cette
n≥1
n
série diverge cependant.
Remarque. Les sommes des séries géométriques dérivées s’obtiennent en dérivant celle de la série
géométrique par rapport à q.
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Le saviez vous ?
X 1
Le problème de Bâle consiste à demander la valeur de la somme de la série . Posé par
n2
le mathématicien Pietro Mengoli en 1644, ce problème résiste aux attaques des mathématiciens
éminents de l’époque. C’est Euler qui en découvra la valeura en 1735 :
+∞
1 π2
=
X
.
n=1
n2 6
Dans ses travaux, il est amené à introduire la fonction ζ définie pour tout s > 1 par :
+∞
1
ζ(s) =
X
n=1
ns
et démontre une formule liant ζ à l’ensemble des nombres premiers. Dès lors, l’étude de cette
fonction devient un enjeu crucial pour les mathématiciens, puisque sa compréhension améliorerait
la connaissance de la répartition des nombres premiers.
Les idées d’Euler sont reprises par le mathématicien allemand Bernhard Riemann dans un article
de 1859, dans lequel il étudie (un prolongement de) la fonction ζ, baptisée depuis la fonction zêta
de Riemann, en démontre les propriétés de base et énonce une conjecture, appelée hypothèse de
Riemann, sur les points d’annulation de cette fonction.
L’hypothèse de Riemann est l’un des problèmes ouverts les plus importants des mathématiques du
début du XXI e siècle. Il fait partie des sept Problèmes du prix du millénaire posés par l’Institut
de mathématiques Clay en 2000, qui offre un million de dollars pour sa résolution.
Si les séries de Riemann vous passionnent, si vous voulez devenir riche et célèbre, ou si vous voulez
simplement en savoir un peu plus sur ce sujet fascinant, ce lien devrait vous plaire.
a
Une preuve de cette surprenante formule se trouve dans le problème 2 du sujet d’EM Lyon 2005.
X n2
Exercice. Convergence et somme de la série ?
n≥1
3n
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Mise en garde.
Les résultats énoncés dans cette partie ne sont valables que pour les séries à termes positifs, ou
plus généralement pour les séries de terme général de signe constant à partir d’un certain
rang. Ils sont faux si le terme général change de signe.
Propriété 13
Si uk ≥ 0 pour tout k ∈ N, alors la suite des sommes partielles est une suite croissante et
dans ce cas :
• soit la suite des sommes partielles est majorée auquel cas la série converge ;
• soit la suite des sommes partielles n’est pas majorée auquel cas la série diverge vers
n
+∞, c’est-à-dire lim uk = +∞.
X
n→+∞
k=0
• uk = o vk
+∞
k ≥ 0 à partir d’un certain rang
• vX uk converge
X
• vk converge k≥0
Négligeabilité k≥0
« petit o » • uk = o vk
+∞
k ≥ 0 à partir d’un certain rang
• vX vk diverge
X
• uk diverge k≥0
k≥0
n≥1
n
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1
• .
X
n≥2
n2 ln(n)
X ln(n)
• .
n≥2
n2
Remarque. Grâce à cette notion, on se ramène à l’étude d’une série à termes positifs pour laquelle
on peut appliquer tous les résultats de la section précédente.
Exemples.
P xn
• est absolument convergente pour tout x ∈ R.
n!
+∞ +∞
X
(inégalité triangulaire généralisée).
X
un ≤ |un |
n=0 n=0
Preuve.
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X (−1)n
Exemple. La série est absolument convergente, donc convergente.
n≥1
n2
Mise en garde.
Il existe des séries convergentes ( un converge) qui ne sont pas absolument convergentes
X
X (−1)n−1
( |un | diverge). Nous verrons par exemple en TD que la série harmonique alternée
X
n≥1
n
est convergente, mais pas absolument convergente.
• si son terme général est de signe constant à partir d’un certain rang :
– on le précise dès le début de l’étude (« C’est une série de terme général de signe constant
(à partir d’un certain rang) ») ;
– on applique les théorèmes de comparaison/domination/équivalence avec/par des séries de
références (géométrique, Riemann, exponentielle).
4 Séries doubles
4.1 Ensemble dénombrable infini
Définition.
On dit qu’un ensemble I est dénombrable infini lorsqu’il existe une bijection ϕ de N dans I
c’est-à-dire lorsque I est un ensemble infini dont on peut énumérer les éléments, sans omission ni
répétition.
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Exemples.
• N est dénombrable : on peut énumérer 0, 1, 2, 3, . . .
• Z est dénombrable : on peut énumérer 0, 1, −1, 2, −2, . . .
• N2 est dénombrable : on peut énumérer suivant les diagonales (0, 0), (1, 0), (0, 1), (2, 0), (1, 1), (0, 2), . . .
Remarque. On admet que les manipulations ensemblistes classiques (produits finis, réunions dénom-
brables) d’ensembles dénombrables fournissent encore des ensembles dénombrables. Par exemple
N3 = N × N × N est aussi dénombrable.
Propriété 15
+∞
Si la famille (ui )i∈I est sommable, alors la somme uϕ(n) est indépendante de l’indexation
X
n=0
ϕ. On appelle ce réel la somme de la famille (ui )i∈I et on la note simplement ui .
X
i∈I
Corollaire 16
choisie. En d’autres termes, pour tout ϕ : N → N bijective, la série uϕ(n) est absol-
X
ument convergente, et on a :
+∞ +∞
un =
X X
uϕ(n) .
n=0 n=0
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Mise en garde.
Ce résultat est faux si la série ne converge pas absolument : l’ordre de sommation peut influer
X (−1)n
sur la nature de la série ou la valeur de sa somme. Prenons par exemple . Cette série
n
est convergente mais pas absolument convergente. Et on peut montrer que :
1 1 1 1 1 1 1 (−1)n−1
1− + − + − + − + ··· + −→ ln(2)
2 3 4 5 6 7 8 n n→+∞
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 ln(2)
1− − + − − + + ··· + − − + −→ .
2 4 3 6 8 5 2n − 1 4n − 2 4n 2n + 1 n→+∞ 2
Remarque. Les définitions de cette section sont peu utilisables en pratique (problème du choix de
ϕ qui peut mener à des calculs trop compliqués). Pour montrer qu’une famille indexée par N2 est
sommable, on utilisera l’un des théorèmes des sections suivantes (Fubini ou sommation suivant les
diagonales).
X +∞
!
(iii) Pour tout j ∈ N, la série |ui,j | converge et la série converge.
X X
|ui,j |
i≥0 j≥0 i=0
toutes les sommes intervenant dans cette égalité étant des sommes de séries convergentes.
Méthode.
Pour appliquer le théorème de Fubini à une série double (indexée par N2 ) :
• On peut alors permuter les sommes infinies et calculer la somme de la série double.
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(−1)i+j ij
Exercices. Pour tout (i, j) ∈ N2 , on définit ui,j = . Montrer que la famille (ui,j ) est
i!j!
sommable et calculer sa somme.
Propriété 18
i≥0 j≥0
et on a : ! +∞
+∞
ui vj =
X X X
ui vj .
(i,j)∈N2 i=0 j=0
Preuve.
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Soit (In )n∈N une partition de N2 , c’est à dire une famille de sous-ensembles de N2 telle que :
+∞
In = N2 et In ∩ Im = ∅ si n 6= m.
[
n=0
Dans ce cas, on a :
+∞
ui,j =
X X X
ui,j .
(i,j)∈N2 n=0 (i,j)∈In
In = {(i, j) ∈ N2 / i + j = n}
= {(i, n − i) / i ∈ J0, nK}
I0 I1 I2 I3
En appliquant le résultat précédent avec la partition (In ) de N2 suivant les diagonales, on obtient la
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Méthode.
On pensera à utiliser la sommation suivant les diagonales quand le terme général ui,j de la famille
fait intervenir la quantité i + j.
Remarques.
• On admettra que les théorèmes ou les techniques classiques concernant les séries s’étendent aux
familles indexées par N × N.
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