Ethnotaxonomie Malinke: D'ivoire
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garisation est une démarche relativement récente dont la nécessité portance pour le monde tropical est largement reconnue. En effet,
fut mise en évidence par plusieurs auteurs. Selon Kilahama (1 998), la médecine traditionnelle soulage plus de 70 % des populations du
tiers-monde (Malaisse, 1 992) et 80 % des populations africaines
les connaissances écologiques autochtones constituent d'ailleurs un
outil essentiel des stratégies de vulgarisation. (Adjanohoun et al., 1 985). Cependant, la pratique de cette méde¬
cine nécessite toujours des améliorations considérables, quand on
la compare à l'état qu'elle atteint en Inde ou en Chine (Sofowara,
L'accès aux connaissances des paysans peut se faire de façon
directe à travers des enquêtes ethnobotaniques. Cependant, cer¬ 1996). Ces améliorations, qui permettraient d'aboutir à des
taines informations, moins "rationnelles", ne peuvent être obtenues
"drogues nouvelles" en tirant parti du patrimoine végétal (Ake Assi
par les techniques classiques conventionnelles. Dans ces cas, le étal., 1981), sont multiples, et justifient une meilleure connaissan¬
ce des plantes médicinales tant du point de vue de l'identification
recours à des méthodes moins formelles est nécessaire (Cotton,
1 996). Ainsi, l 'ethnotaxonomie ou parataxonomîe (Spichiger et ai,
que de leurs multiples usages.
2000), dont le but est l'étude des systèmes de classification utilisés
Le système taxonomique Malinke sera discuté et comparé à la
par les populations indigènes, constitue un moyen permettant de
comprendre le mode de perception des plantes. Des informations démarche utilisée par deux autres groupes ethniques : les Bambara
intéressantes peuvent émaner de la signification littérale et de l'éty-
du Mali (Adjanohoun et al., 1981) et les Peuls du Cameroun
(Tourneux et Daïrou, 1 998).
mologie des dénominations vernaculaires.
Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
332 Origine des pharmacopées traditionnelles et élaboration des pharmacopées savantes
dans la médecine locale ont été dressés lors d'une enquête prélimi¬ Les systèmes de dénomination vernaculaire
naire (Ambe et Malaisse, 2000). Le matériel de référence a été
déposé au Jardin Botanique National de Belgique (BR) à Meise. Pour 25 taxons, l'étymologie et la signification littérale des déno¬
minations vernaculaires nous ont été signalées par des informateurs
Pour ces plantes médicinales, la signification littérale ainsi que I'éty- "avisés". Le Tableau II reprend la liste de ces espèces (noms scien¬
mologie des dénominations locales (en langue Dioula) ont été tifiques) ainsi que les informations relatives aux noms vernaculaires
recherchées. et aux significations littérales de ceux-ci.
plantes destinées à l'hygiène bucco-dentaire, les stupéfiants et sti¬ centes de Kalanchoe crenata, utilisées pour traiter les maux
mulants, les tisanes "bienfaitrices", les plantes aphrodisiaques. d'oreille, se présentent sous forme de tapis continu rappelant un
emplacement pour dormir. De ce fait, la plante se nomme "dêbê-
En guise de discussion, l'efficacité réelle de quelques-unes d'entre dêbê-brou" (natte-natte-feuille) (Figure 1). L'écorce de la liane
elles a été commentée, en comparaison avec leurs usages par ligneuse Salacia stuhlmanniana, dont le décocté est utilisé dans les
d'autres populations (Ambé et Malaisse, 2000). cas de fatigue générale, ressemble à un cordage tressé qui rap-
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AmJbé G.A. et Malaisse F. 333
pelle un faisceau d'une "centaine" de nerfs. Son appellation de Référence à des plantes ou organes mieux connus
"fassa-kêmin", littéralement "cent nerfs" fait ressortir ce caractère.
Les écailles de l'inflorescence rose de Thonningia sanguinea rap¬ Pour quelques plantes médicinales, la dénomination se réfère à
pellent quelque peu la couronne de feuilles observée pour certains d'autres plantes ou organes mieux connus. Le terme "sounsoun" (en
palmiers. C'est le palmier de la biche blanche, "konannan-ya-tché" dioula), désigne un groupe de taxons à fruits succulents.
(Figure 2).
La pomme-canelle du Sénégal [Annona senegalensis) et le kaki de
Dans ce type de référence, le rapprochement de deux taxons dont brousse [Diospyros mespiliformis), tous deux utilisés en médecine
la distinction reposera sur la polarité mâle-femelle est une traditionnelle, sont mieux connus pour la consommation de leurs
démarche courante. La pilosité des plantes constitue alors parfois fruits. Les villageois distinguent le "sounsoun-gbêni" ("sounsoun
un critère de distinction. Ainsi, Cassia hirsuta est considérée comme blanc") - correspondant à Annona senegalensis, dont les fruits sont
femelle "kinkeliba-moussoman" (kinkéliba-femelle) à cause des orangés à maturité - du c de b Annona muricata, désigné
poils hirsutes sur ses feuilles rappelant la chevelure de la femme. Le par "toubabou-sounsoun" (sounsoun des Européens). Pour cette
"kinkeliba-tchêman" (kinkéliba-mâle) correspond à Cassia occi¬ dernière espèce, les fruits restent verdâtres à maturité. De même, le
dentalis. Dans ce cas encore, l'utilisation de caractéristiques de l'or¬ "sounsoun-ba", littéralement "grand sounsoun", désigne le
gane utilisé, en l'occurrence la feuille, se vérifie. Diospyros mespiliformis - arbre de 1 0 à 1 5 m de hauteur - qui se
distingue aisément des autres "sounsoun" à port arbustif.
Par rapport aux fruits, la distinction entre taxons semblables peut L'importance du port apparaît encore pour une autre appellation
être mise en évidence par rapport à la comestibilité ou non. Les de la Pomme-canelle, à savoir "dougouminnin-sounsoun", littérale¬
taxons à fruits comestibles sont symbolisés par la fertilité et sont ment sounsoun du sol, à cause du développement à même le sol
rapprochés de la femme. Ainsi, le "m'bouré-tchêman" (m'bouré- des fruits.
mâle) désigne l'espèce Gardénia erubescens à fruits non comes¬
tibles. Par opposition, le "m'bouré-moussoman" (m'bouré-femelle) A l'instar du terme "sounsoun", celui de "gbéi" regroupe les
aux fruits comestibles, à saveur de pomme, correspond à Gardénia espèces à fruits succulents appartenant au genre Landolphia. Les
ternifolia. fruits d'Opilia celtidifolia, plante à usage médicinal, sont très
appréciés des oiseaux. L'espèce est dénommée "konon-gbéi", ce
Combinaison de références à l'usage qui signifie littéralement gbéi des oiseaux.
et aux caractéristiques morphologiques
Enfin, signalons l'exemple de la Fabaceae Pseudarthria hookeri. La
Il existe des dénominations qui associent à la fois l'usage et les dénomination de cette herbacée, "soumgban-fi" ("soumgban
caractéristiques morphologiques. Ainsi, Vernonia guineensis se noir"), fait référence au thé de savane, Lippia multiflora. Cette der¬
nomme "tchê-banangou" (igname de l'homme). Le terme "igname" nière espèce, dénommée "soumbgan", est très connue dans la
fait allusion aux racines tubéreuses de la plante ; la consommation région pour le parfum agréable émanant de la tisane issue des
de l'organe souterrain est réservée aux hommes, dont il augmente feuilles. La décoction des feuilles plus foncées de P. hookeri fournit
la virilité. également une tisane utilisée pour traiter le diabète.
L'herbe baïonnette, Imperata cylindrica var. africana, présente l'al¬ Référence à des critères écologiques
lure générale des mauvaises herbes désignées par le terme général
de "bîn". Pour différencier la variété africana, des autres variétés Au cours de nos enquêtes en pays Malinke, nous avons relevé à
qui sont des mauvaises herbes, les villageois utilisent l'appellation plusieurs reprises des références au milieu où croissaient les
de "bîn-brouni", littéralement "herbe feuillée". Les feuilles de la plantes. Ceci est particulièrement le cas pour les divers fruitiers
variété africana, fournissant une tisane parfumée et très appréciée, sauvages.
sont alors mises en évidence.
Ainsi, nous avons pu identifier deux exemples de plantes médici¬
L'hygiène bucco-dentaire est assurée par des cure-dents, "gbêssê". nales rencontrées sur les berges des cours d'eau. Le terme de
Les plantes servant à cet usage sont différenciées par les caracté- "berge" est désigné sous l'appellation de "bâ" ou "ko" en langue
ristiques des organes util isés, les rameaux. On distingue le "man- dioula. L'espèce Margaritaria discoidea (Syn. Phyllanthus discoi-
nan-gbêssê" (cure-dent caoutchouc) désignant l'espèce Lophira deus), dont les feuilles sont utilisées en bain et en boisson dans les
lanceolata du fait de la flexibilité de ses rameaux. Le "soucaro- cas de fatigue générale ou de sommeil chronique, se rencontre
gbêssê" (cure-dent sucré | correspond au Jambolan de Guinée ou principalement dans les lieux humides de savane (Adjanohoun et
Sygygium guineense var. macrocarpum ; une variété possédant des al., 989). Sa dénomination de "bâ-kôgô", littéralement "sel des
1
rameaux à saveur sucrée. berges", se réfère à cette écologie. L'Asteraceae Vernonia colorata
Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
334 Origine des pharmacopées traditionnelles et élaboration des pharmacopées savantes
sera notre second exemple. L'espèce, répandue dans les galeries et femelle semble prédominer pour les distinguer. La différenciation
forestières, se nomme "kô-savinan", c'est-à-dire, le savon des des deux "kinkéliba" [Cassia hirsuta et Cassia occidentalis) ainsi
berges. que celle des deux "m'bouré" [Gardénia erubescens et Gardénia
ternifolia) en sont de bons exemples. La référence à une plante
Autres types de références mieux connue est également utilisée en cas de similitude. Les
espèces Pseudarthria hookeri et Lippia multiflora, à port similaire,
Des références à des concepts socio-culturels ont également été se distinguent sur la base de la couleur des feuilles. Celles-ci parais¬
notées. L'appellation du tabac [Nicotiana tabacum) "gbossoro" sent plus sombres chez Pseudarthria hookeri, le "soumgban-fi"
(voyou) vient du fait que l'usage peu ordinaire de la plante en (soumgban noir).
milieu rural islamisé amène à considérer les utilisateurs comme
"peu responsables" - des voyous ! Comparaison avec les Peuls du Cameroun et les Bambara du Mali
Le "soucola-brou", littéralement feuille de la nuit, est l'appellation La référence à l'usage semble peu courante chez les Peuls. Dans
réservée à Ocimum canum ; la plante entière est utilisée pour éloi¬ l'ouvrage consulté (Tourneux et Daïrou, 1998), le terme de médi¬
gner les mauvais esprits qui se manifestent la nuit. cament n'est apparu qu'une seule fois, en l'occurrence pour dési¬
gner Jatropha gossypiifolia ("maagani-balmol" = médicament / de
l'arme). L'auteur précise en outre que le mot "maagani" (médica¬
Synthèse et discussion ment) a été emprunté à l'ethnie Haoussa. De même chez les
Bambara du Mali, l'allusion à l'usage thérapeutique ne semble pas
Les démarches identifiées ci-dessus pour la dénomination des évidente, du moins si l'on tient compte du lexique des noms verna¬
plantes par les Malinke de Séguéla s'observent également pour culaires proposé par Adjanohoun et al. (1981). En conclusion, il
d'autres groupes ethniques, mais toutefois avec quelques diffé¬ semble que pour les deux populations de comparaison, le recours
rences. Nous discuterons du système reconnu. Nous comparerons à l'usage ne soit pas nécessaire ; traduisant une richesse d'appel¬
ensuite celui-ci à la nomenclature signalée pour d'autres popula¬ lations propres.
tions de l'Afrique occidentale.
Les références aux caractéristiques de la plante s'observent chez les
Bambara du Mali et les Peuls du Cameroun. Dans ce dernier grou¬
La classification des Malinke de Séguéla pe ethnique, l'espèce Cassia hirsuta est nommée "Kaccu-
Kaccunga", "sale chose puante", à cause du goût peu agréable du
La référence à l'usage semble quasi constante pour la dénomina¬ décocté des feuilles. De même, l'appellation "nyamm-jeeda"
tion des plantes exotiques [Hyptis suaveolens, Colocasia sp, (mange / tais-toi) désigne un ensemble de plantes à sauce peu
Jatropha curcas, Azadirachta indica). Toutefois, quelques plantes agréables à manger à cause de leur odeur. On doit pourtant s'en
indigènes répondent à cette démarche, notamment Mitracarpus contenter quant on a faim. Il s'agit de Corchorus sp. (Tiliaceae),
scaber et Securinega virosa. Les autres espèces indigènes sont Sida sp. (Malvaceae) et d'Urena lobata (Malvaceae).
généralement dénommées par rapport aux caractères botaniques
de l'organe utilisé, combiné ou non à l'usage. La démarche consis¬ Parmi les références aux caractéristiques morphologiques, on peut
tant à nommer les plantes en fonction de leur usage implique une citer, pour le Mali, le cas du "sinjan" Cassia sieberiana et du "sin-
certaine limite à la diversité des noms vernaculaires. En effet, on jam-ba" (grand sinjan) Kigelia africana. Ces deux espèces possè¬
peut se demander comment distinguer deux plantes destinées à trai¬ dent des fruits impressionnants par leur taille qui peut atteindre 80
ter la même maladie ! Il est logique de penser que les villageois, cm de long pour C. sieberiana (Aubreville, 1 936) et 30 à 60 cm de
n'utilisant qu'une ou deux plantes pour chaque pathologie, attri¬ long pour K. africana (Berhaut, 1 967). Cependant, les gousses de
buent à ces espèces des noms en conséquence. Les plantes portant C sieberiana sont étroites tandis que les fruits du saucissonnier
alors les noms de maladies seraient dès lors les plus efficaces. Kigelia africana sont volumineuses, atteignant 6 à 8 cm de large
(Berhaut, 1967), ce qui vaut à cette dernière l'appellation de
Les espèces dont la dénomination fait référence à des plantes ou "grand sinjan".
organes mieux connus sont des plantes utilisées à d'autres fins,
mais dont les vertus thérapeutiques ont été probablement décou¬ En ce qui concerne la dualité mâle et femelle, il convient de noter
vertes par la suite. Les fruits étant les principaux organes recherchés que la nature du caractère mâle et de son contraire, le caractère
en savane, de nombreuses plantes sont dénommées sur cette base. femelle, revêt des formes diverses, souvent pittoresques, parfois
C'est le cas des "sounsoun" Annona senegalensis et de Diospyros étonnante selon les populations considérées. Par exemple, contrai¬
mespiliformis ou encore du "gbéi" des oiseaux Opilia celtidifolia. rement aux Malinke de Séguéla, les Peuls considèrent Gardénia ter¬
Lorsque deux taxons sont semblables, la référence à la dualité mâle nifolia, à fruits comestibles, comme l'entité mâle "dii'aali-gorki"
Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
Ambé G.A. et Malaisse F. 335
[Gardénia / mâle ). L'espèce Gardénia erubescens, à fruits non sonnes âgées à nos enquêtes. Si l'on tient compte du fait que les
comestibles, est l'équivalent femelle "dii'aali-debbi" [Gardénia / dénominations des plantes n'est jamais le fruit du hasard, cette
femelle). De même, la pilosité ne semble pas indiquer, chez les observation dénoterait une perte sensible des connaissances rela¬
Peuls, l'entité femelle. tives à l'étymologie et aux significations littérales des noms verna¬
culaires. De même, nous avons pu noter une exploitation relative¬
En effet, Piliostigma reticulatum se nomme "barkeehi-debbi" ment limitée des plantes sauvages pour les soins de santé ; obser¬
[Piliostigma / femelle) et se distingue de Piliostigma thonningii vation confirmée par les nombreuses dénominations faisant appel
désigné par "barkeehi-gorki" [Piliostigma / mâle) dont les feuilles à la maladie traitée. L'installation relativement récente de cette
sont pubescentes sur la face inférieure. Cette dernière espèce pos¬ population - venue principalement des autres territoires Manding
sède en outre des feuilles plus grandes, fortement bilobées ; ce qui (Mali, Guinée)- en territoire de Séguéla, peut expliquer cette relati¬
lui confère peut-être une certaine masculinité ? Dans tous les cas, ve "pauvreté" en connaissance du milieu. Ce constat justifie tant la
il serait intéressant de comprendre les motivations de ces déno¬ nécessité que l'urgence d'études ethnotaxonomiques pour sauve¬
minations. garder ce qui reste encore des connaissances locales. Comme le
relèvent Bokdam et Droogers (1 975), la disparition des plantes sau¬
En ce qui concerne la référence à des plantes ou organes mieux vages sous l'influence de la modernisation conduit à la perte des
connus, le système Malinke utilisé pour différencier les annones est connaissances relatives à leurs usages, leurs noms et leurs étymolo-
d'usage chez les Peuls. En effet, ceux-ci distinguent l'Annone indi¬ gies. Ces connaissances qui ont été lentement accumulées, gardées
gène Annona senegalensis, nommé "dukuuhi-ladde" (Annone / de et livrées de génération en génération, risques de disparaître défi¬
brousse), de l'Annone exotique Annona squamosa, nommé nitivement.
"dukuuhi-Makka" (Annone / de la Mecque). D'autre part, à l'ins¬
tar du "gbéi" et du "sounsoun" des Malinke, le préfixe "dukuuhi" Parallèlement à la sauvegarde du savoir, ce dernier pourrait utile¬
semble indiquer tout fruit savoureux. Ainsi, le papayer, Carica ment être le support d'une recherche pharmacognosique.
papaya, est considéré comme l'Annone de village appelée "dukuu-
hi-wuro" (Annone / de village). Aussi bien chez les Malinke que Remerciements
chez les Peuls, on se réfère au colonisateur qui peut être politique
(Européen) ou religieux (Islam, la Mecque). Nos premiers remerciements vont à l'endroit du gouvernement de
la République de Côte d'Ivoire qui a octroyé une bourse d'étude de
Quelques références à l'écologie de la plante ont été notées chez Doctorat à l'un de nous (G.-A. Ambé).
les Peuls du Cameroun. Le "maayo", cours d'eau temporaire,
confère à l'espèce Ludwigia hyssopifolia l'appellation de "tabaahi- Nous remercions également le laboratoire d'Ecologie de la Faculté
maayo" (plante noire du maayo). L'équivalent de terre ferme est le Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux ainsi que le
tabac, Nicotiana tabacum nommé "tabaahi" (plante noire). De Laboratoire de Botanique de la Faculté Universitaire de Cocody
même, les Peuls distinguent "l'Ocimum de cours d'eau" Clausena (Abidjan) pour diverses facilités logistiques et financières.
anisata "jammbal-joohi-maayo" de la Basilic (O. basilicum) qui est
Enfin, nous tenons à remercier notre guide de terrain Sangaré
"l'Ocimum de village" nommé "jammbal-joohi-wuro". La dénomi¬
Vamoussa ainsi que tous les villageois qui ont bien voulu participer
nation peut combiner à la fois l'écologie et les caractéristiques de
à nos enquêtes.
la plante. Ainsi, un Vernonia sp. est désigné par "ndiyamhi" (plan¬
te aquatique) tandis que d'autres Vernonia spp. se nomme "kaa/ki-
maayo" (arbuste amer du cours d'eau).
Références
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Les concepts descriptifs utilisés sont principalement l'usage poten¬ ADJANOHOUN E.J., ADJAKIDJÉ V, AHYI M.R.A, AKÉ ASSI L, AKOE-
tiel, l'allure générale ou encore l'écologie de la plante. Des simili¬ GNINOU A., D'ALMÉIDA J., APOVA F., BOUKEF K., CHADARE M., CUS-
SET G., DRAMANE K., EYME J., GASSITA J.-N., GBAGUIDI N., GOUDO¬
tudes d'approche avec d'autres groupes ethniques ont été mention¬
TE E., GUINKO S., HOUNGNON P., LO I., KÉITA A., KINIFFO H.V., KONÉ-
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Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
336 Origine des pharmacopées traditionnelles et élaboration des pharmacopées savantes
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Figure 2.
Le palmier de la biche blanche ("konannan-ya-
tché, en dioula") : Thonningia sanguinea Valh
Les écailles de l'inflorescence rose de la plante rap¬
pellent quelque peu la couronne de feuilles obser¬
vée pour certains palmiers. C'est le palmier de la
Figure 1. biche blanche.
La plante natte-natte-feuille ("dêbê-dêbê-brou"):
Kalanchoe crenata (Andrews) Haworth.
Suite à son mode particulier de propagation, les feuilles
crassulescentes de ce suffrutex, utilisées pour traiter les
maux d'oreille, se présentent sous forme de tapis continu
rappelant un emplacement pour dormir : la natte.
Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
Ambé G.A. et Malaisse F. 337
Tableau I Les plantes utilisées dans la médecine traditionnelle et la pharmacopée en pays Malinke
(BR : Jardin Botanique National de Belgique, Meise)
Des sources du savoir aux médicaments du futur From the sources of knowledge to the medicines of the future
338 Origine des pharmacopées traditionnelles et élaboration des pharmacopées savantes
Tableau II Signification littérale des noms vernaculaires de quelques plantes utilisées dans la médecine traditionnelle
et la pharmacopée en pays Malinke
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