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AVANT-PROPOS
Ce périodique annuel est l'organe d'un Institut qui n'existe pas encore.
. J'avais eu l'occasion de proposer, il y a quelque vingt ans *), l'organisation
d'un service de fouilles systématiques et, depuis, étais revenu maintes fois
à la charge. Mais les avant-projets pour la création d'un «Institut Archéo-
logique Roumain» par moi rédigés à l'intention des titulaires successifs du
Ministère de l'Instruction ou du Ministère des Beaux-Arts, ne purent
jusqu'à ce jour être transformés en texte de loi.
Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable.
E n publiant les deux premiers volumes de «Dacia», je tiens à m'acquitter
avant tout d'un double devoir: celui de remercier, celui de m'excuser.
J e tiens à remercier la Commission des Monuments Historiques qui
me confia, sans m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles
archéologiques de mon pays, avec des fonds encore très modestes 2 ), il est
vrai, mais suffisants pour permettre du moins une certaine activité col-
lective, capable de stimuler les efforts des jeunes chercheurs qui se sont
formés autour du Musée que je dirige et de la chaire que j'occupe.
À remercier de même M. Al. Lapedatu, ancien ministre des Beaux-Arts,
qui voulut bien subventionner l'apparition du premier volume de notre revue.
J e tiens aussi à m'excuser du grand retard avec lequel ces deux volumes
paraissent. L'on ne peut s'imaginer combien il est plus difficile de faire
marcher vingt hommes au même rythme avec la tête qu'avec les pieds. 11
ne saurait être question de mauvais vouloir ni de manque d'amitié; seule
l'inégalité naturelle des enthousiasmes fait tout le tort. Le premier volume
paraît avec un retard de quinze mois, le deuxième avec un retard de trois
mois. J e vais essayer de faire paraître le troisième au terme prévu, c'est-à-
dire vers la fin de l'année courante. Chaque volume contient les résultats
des recherches et des fouilles de l'année précédente. J'ai donné la préférence
au millésime des découvertes mêmes: les savants nous sauront peut-être
l 2
) Préface à mon essai sur le camp romain de ) Voir Dacia, I I 1925, p. 198, note 3,
Salsovia, Bucarest, 1906.
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VASII.i: l'XKVAN
gré de cette explication, qui csi, faite pour montrer que notre retard n'est
à un certain point de vue qu'apparent. L'on verra d'ailleurs par les études
et les compte-rendus de fouilles qui suivent, que malgré notre millésime
archaïsant, nous nous sommes tenus au courant des tout dernières publi-
cations sorties de presse avant notre apparition effective.
Nous publions notre Dacia en français (les autres langues mondiales
sont également admises) pour fournir à tous les savants qui s'occupent des
régions carpatho-danubiennes la possibilité de se concentrer autour de Dacia,
comme ils l'ont fait auparavant autour d'Ausonia, de Syria ou de Byzantion.
A côté donc des publications roumaines d'archéologie, comportant seu-
lement des résumés en une langue universelle (tels les Mémoires de l'Aca-
démie Roumaine, le. Bulletin de la Commission des Monuments Historiques,
etc.), nous avons cru utile de faire paraître une publication archéologique
roumaine rédigée exclusivement en une langue universelle. E n effet la Dacie,"
et en général les régions illyro-thraces, qui nous préoccupent tout spécialement,
sont le berceau des civilisations pré- et protohistoriques, dont ni l'Italie, ni
la Grèce, ni l'Asie Mineure ne pourraient se dispenser de connaître à fond
les phases successives et tous les détails de leur évolution. Les origines
italiques, grecques et asianiques des I l l - e et Il-e millénaires av. J.-Chr.
doivent être attentivement recherchées dans l'Europe danubienne. C'est un
point de vue connu, mais pas encore suffisamment reconnu par tout le
monde. Notre revue aidera à le faire reconnaître grâce au matériel inédit
de t o u t premier ordre qu'elle publiera de plus en plus amplement chaque
année. <*
D'autre p a r t toute la Romania orientale se résume de notre temps à
la Roumanie actuelle. C'est un devoir d'honneur pour ce pays que de pa-
tronner la recherche de t o u t le Romanisme oriental.
Mes chers collègues et amis, MM. Jérôme Carcopino et Roberto Pari-
beni, se sont de suite rangés à mes côtés, en illustrant de leur très précieuse
collaboration l'utilité d'une concentration scientifique autour de Dacia. J e
les en remercie aussi au nom de mes confrères roumains et j ' a t t e n d s avec
confiance la participation aussi bienveillante à nos efforts des autres spé-
cialistes étrangers.
La direction de Dacia se fait un devoir de respecter toutes les opinions
de ses collaborateurs, même celles des plus jeunes, et par suite plus enclins
aux illusions «généralisantes». Il va donc sans dire qu'elle ne s'identifie à au-
cune de ces opinions. E t si le directeur n'a pris lui-même que rarement la
parole pour compléter ou pour corriger tel petit détail, il ne faudrait point
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VI
AVANT-PROPOS
en conclure qu'il est toujours et totalement d'accord avec tout le reste. Chaque
auteur est responsable de ses affirmations.
Cette revue paraît en «français». Un français très approximatif, comme
le latin parlé aux temps du Bas-Empire dans les provinces trop éloignées
du centre. J'ai essayé de lutter, de faire mieux; j ' a i fait appel à des con
naisseurs; j ' a i été cependant accablé. Une longue maladie, dont je ne suis
pas encore remis, a complété le reste. Non seulement la dernière main aux
épreuves n'a pas été donnée avec toute l'attention nécessaire, mais aussi
toute la partie critique (compte-rendus, notes bibliographiques, liste des
dernières publications spéciales) a dû être remise au I l l - e volume de
Dacia, destiné à paraître vers la fin de cette année.
La préparation du matériel des deux premiers volumes de notre revue
m'a chargé d'une multiple dette de reconnaissance envers de nombreux
amis ou anciens élèves. Je mentionne leurs noms sans pouvoir dire par le
détail ce que je dois à chacun, soit pour la mise au point de certains ma
nuscrits, soit pour la version française des différents articles, soit pour la
lecture très attentive des épreuves. J e prie donc M-mes Marcelle Flot-Lam-
brino et Zoé Balş-Marinesco et M-lle Marie Holban ainsi que MM. I. Andrie-
şescu, Scarlat Lambrino, P . P . Panaitescu, C. C. Giurescu et Horia Teodoru
de croire a ma profonde gratitude pour le temps et le travail qu'ils voulurent
consacrer à notre Dacia. M. D. Pecurariu, le dessinateur du Musée National
d'Antiquités, a été infatigable à satisfaire tout le monde avec les ressources
de son talent remarquable. Une mention spéciale à M. H . Metaxa, qui cette
fois aussi, fut mon auxiliaire le plus précieux à la révision des dernières
épreuves.
Une carte schématique publiée en première page du deuxième volume
indique les localités principales dont s'occupent les études et les compte-
rendus des fouilles de 1924 et 1925.
Bucarest, avril 1927.
VASILE PÂRVAN
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LES TYPES DE VASES PEINTS
D'ARIUŞD (ERDSD)
La fabrication des vases peints a occupé dans l'Europe Orientale principale
ment les peuplades habitant la région qui s'étend de Kiew vers l'Ouest jusqu'aux
Carpathes antérieurs Orientaux et continue vers le Sud par les Balkans Orientaux
jusqu'en Thessalie Orientale. Les centres principaux de cette civilisation sont: Tri-
polje, à l'Ouest de Kiew, Petreni en Bessarabie Septentrionale, Cucuteni près de
Jassy, Şipeniţi en Boukovine, Ariuşd (Erôsd) près du cours supérieur de l'Oit, qui
comprend aussi quelques sous-centres, et enfin Dimini en Thessalie Orientale.
L'une des stations les plus importantes sur cette ligne déterminée plus haut
est, ainsi qu'il a été démontré par les fouilles entreprises, la région préhistorique
d'Ariuşd.
Les fouilles à cet endroit ont été continuées par le soussigné de 1907 à 1913 ;
cependant par suite des études minutieuses à faire et des multiples photographies
et esquisses à prendre, les travaux ont marché très lentement de sorte que je n'ai
pu déblayer qu'une étendue d'environ 515 m 2 . Un labeur méthodique a toutefois
permis d'établir les conditions stratigraphiques de l'endroit, l'emplacement des cou
ches ainsi que leur mode de formation jusqu'au niveau du terrain préhistorique,
c'est-à-dire jusqu'à la profondeur d'environ 3,50 m.
En déblayant le terrain on a découvert l'emplacement de quatre maisons d'ha
bitation du type à mégaron; on a pu se rendre compte de leur disposition, de la
construction des parois, des foyers, des fours à cuire les vases ainsi que des matériaux
de construction; on a également pu identifier l'emplacement et reconnaître la con
struction de l'enceinte fortifiée.
L'endroit préhistorique d'Ariuşd appartient aux centres à couches profondes.
Les fouilles ont révélé l'existence de sept couches principales, dont les II-ème—Vll-e
recèlent des traces de l'industrie des vases peints (céramique peinte). Pour plus de
facilité je nommerai ce groupe de six couches du nom d e : culture A.
Les trouvailles de la couche supérieure no. 1, épaisse de 30 à 40 cm et nommée
couche de humus supérieure, appartiennent à une autre civilisation que je nommerai
par rapport à la première, la culture B. Cette couche supérieure est surtout mélangée.
Comme à cet endroit il y avait autrefois un champ cultivé, la charrue et la herse
ont mélangé et fait pénétrer les objets de la couche supérieure dans les couches
inférieures.
C'est au moins de cette manière qu'on peut s'expliquer le manque de documents
de la culture B dans la couche supérieure. E n outre, il y a une trentaine d'années,
1 Dacia I 1924.
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FRANCISC LÀSZLO
cet endroit fut planté d'arbres, afin d'empêcher l'érosion des eaux. Les trous creusés
dans ce but ont naturellement bouleversé et mélangé les objets de cette couche. ,.
Plus récemment, à la recherche d'objets antiques on a creusé de grands et «I ,
petits trous et de la sorte les objets sortis des couches inférieures se sont mélangés ,
à ceux des couches supérieures.
A cause de ce multiple mélange des couches je n'ai pu trouver dans la culture 15
aucun fragment de vase dont il eut été possible d'établir le type. Malgré tout, nous
avons tout de même réussi à définir le mode de fabrication des vases, au point de
vue technique, leur profil, les éléments de l'ornementation et par conséquent à en ,
fixer l'époque. Dans ce but nous avons eu recours en premier lieu à la collection du
Musée National des Szeklers qui comprend le matériel découvert dans plus de qua
rante fouilles faites dans le département de Trei-Scaune l) et en second lieu aux
publications 2) concernant les objets provenant d'autres contrées de Transylvanie.
Enfin, j ' a i eu surtout recours aux études publiées 3) par Hubert Schmidt sur la sta
tion préhistorique de Sărata-Monteoru 4) près de Buzău et sur les tumuli de Ma
cédoine 5 ), ainsi qu'aux études du Dr. Martin Roska sur la station préhistorique de
Pecica-Sâmlac"). Après étude minutieuse des objets de la culture B d'Ariuşd, je
suis d'avis qu'ils appartiennent à l'époque de transition de l'âge de pierre à celui de
bronze, à l'époque nommée l'âge de la pierre et du bronze ; en ce qui concerne la
culture A, vu qu'on y rencontre le cuivre pour la première fois, mais comme d'autre
p a r t elle appartient encore à l'époque néolithique, je la nommerai l'époque de la
pierre et du cuivre (époque chalcolithique). Selon une autre terminologie, la culture A
peut être placée dans l'époque prémycénienne et la culture B dans l'époque proto
mycénienne 7 ). Les quelques fragments de vases du cycle de la céramique cordée 8 )
connus jusqu'à présent sur le territoire de Transsylvanie appartiennent à la même
époque que la culture B d'Ariuşd et d'autres endroits. E n deux endroits j ' a i trouvé
aussi des fragments de vases appartenant à la céramique a bossettes. J e rappellerai
ici que ces deux cultures sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre, quoique
quelques éléments de la culture B, p . ex. la couverte, l'emploi des spirales et <lr^
méandres comme ornements aient leur origine dans la culture A. É t a n t donné que
dans les stations à une seule couche du département de Trei-Scaune et des autres
endroits de Transsylvanie on n'a pas trouvé de vases peints, nous devons admettre
que les fragments de vases peints retrouvés dans la couche supérieure d'Ariuşd y
J
) A Székely Nemzeti Muzeum évi jelentései. tion von Monteoru, Bezirk Buzău. Zeitschrift fiir
2
) Dr. Kovâcs I s t v a n : Az Apahidai ôskori telep, Ethnologie, 1917, p . 999 — 1003.
5
etc. Dolgozatok-Travaux, 1911. Dr. Kovâcs I s t v â n : ) I I . S c h m i d t : Die Keramik der Makedonischen
A Korpâdi ôskori telep. Doïogozatok-Travaux, 1913, Tumuli. Zeitschrift fur Ethnologie, 1905, p . 91-113.
8
p . 1 — 17. Dr. Kovâcs I s t v â n : A mezobandi âsa- ) Dr. R o s k a M â r t o n : Asatâsok a peeska-
tâsok. Dolgozatok-Travaux, 1913, p . 265. Orosz szemlaki hatârban lévô Nagy-Silncon. Dolgozatok-
E n d r e : Ujabb lelctek a petrisi ôsteleprol Szamosuj- Travaux, 1912, p . 1 — 73.
7
vdrt. Archeologiai Êrtesitô, 1904, p . 227. ) Sophus Mûller: Urgeschichte Europas, Strass-
3
) Il faut y ajouter l ' é t u d e du Dr. Andrieşescu b u r g , 1905, p . 30 — 35.
8
(Bucarest 1924) intitulée «Piscul-Crăsani» qui vient ) Dr. R o s k a M â r t o n : Erôsdi zsinegdiszes edény-
de paraître et qui t r a i t e d ' u n matériel a p p a r t e n a n t tôredékek. Dolgozatok-Travaux, 1914, p . 420, fig. 2.
en partie à la culture B . Dr. Roska M â r t o n : Nouvelles études sur la céramique
4
) Liedloff-II. S c h m i d t : Die prăhistorische Sta cordée, «Archivelc Olteniei», I I I , p. 131 — 132.
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
ont été amenés des couches de la culture A par le bouleversement du sol. Cette sup-
i âtion est aussi confirmée par le fait que les fragments de vases en question cor-
i pondent entièrement aux vases peints des couches inférieures.
Les objets de la culture B d'Ariuşd présentent beaucoup d'analogie avec ceux
de Lengyel *) en Hongrie et de plusieurs foyers de Moravie et de l'Autriche Inférieure 2 )
étudiés par I. Palliardi; ensuite avec ceux des centres de B u t m i r 3 ) , Vinca 4 ) et
Turdaş 5 ) qui, malgré qu'on ait trouvé parmi les différents objets aussi quelques vases
peints, ne fait toutefois pas partie de la céramique peinte est-européenne mais du
cycle de la céramique à bandes rubanées de l'Europe centrale.
De sorte que, pendant que la culture A d'Ariusd appartient à la céramique
peinte est-européenne, la culture B peut être considérée comme un des derniers
foyers de la céramique à bandes rubanées de l'Europe Centrale et la rencontre de
ces deux cultures dans un seul et même endroit servira de base pour l'établissement
de leur date chronologique.
Les difficultés que nous rencontrons proviennent du fait que le nombre des ob
jets de la culture B est très restreint et que d'autre part, leur état est peu appro
prié à des recherches typologiques. Ces difficultés sont compensées par les trouvailles
des stations voisines et peut-être aurons-nous la chance dans les futures fouilles de
trouver une partie restée intacte de cette couche. Dans ce cas la station d'Ariuşd
pourrait fournir la solution de certains problèmes très discutés concernant l'étude
de la culture néolithique en Europe Orientale et Centrale.
J'ai publié le résultat des fouilles d'Ariuşd dans les communiqués du Musée
National des Szeklers 6) de St.-Gheorghe, dans Dolgozatok-Travaux, série 1911 7 ),
dans Archeologiai Ertesitô, série 1912 ). C'est toujours dans «Dolgozatok-Travaux» 9 )
8
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*) C'est à peine si j'ai trouvé pendant les fouilles procédé a donné entière satisfaction. Les vases
quelques vases entiers. Environ 150 exemplaires d'Ariuşd n'ont été arrangés dans les vitrines que
ont dû être reconstitués avec les fragments trou dans les deux dernières années et malgré tout,
vés. La reconstitution a réussi a tous les points durant onze ans, aucun d'eux ne s'est abîmé
de vue. Pour la réparation des vases j'ai em quoiqu'il y en avait qui étaient reconstitués de
ployé, suivant le procédé de la section d'antiquités soixante et même de quatre-vingt pièces. Une
du «Museum fur Vôlkerkunde» de Berlin sur les partie des vases ont par suite de leurs propor
instructions de Hubert Schmidt, une matière tions un poids respectable. Cette matière ne sert
nommée «Steinpappe» qu'on peut facilement pré pas seulement à la conservation des vases en
parer chez soi. Dans «Muzcum es Kônyvtdri Êr- argile, mais aussi des objets en bois, pierre
tesito» 1914, p. 217 et dans les «Archivele Olteniei», et os.
année III, no. 13, p. 242, j'ai prouvé que ce
1
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
cependant pas de fouilles régulières 1 ). Le résultat des fouilles régulières faites par
Hubert Schmidt à Cucuteni n'est pas encore publié, de sorte que pour l'étude des
trouvailles de cette station importante j ' a i dû me contenter des publications 2) anté
rieures et des documents vus à Berlin.
Selon mon impression, ni les publications sur Petreni 3 ) et Tripolje 4 ), ni les ad
mirables publications sur Dimini 5 ) ne présentent pas toutes les formes y existantes.
Cependant, à l'aide de ces traités, on peut entreprendre l'étude de la ligne princi
pale de répartition de la culture de la céramique peinte sur tout le territoire de l'Eu
rope Orientale, au point de vue de l'établissement t a n t des formes identiques que
des ressemblances et différences. Dans le présent ouvrage je me suis surtout servi
des deux études dans cette direction de Gordon Childe 6 ).
J e répartirai les vases d'Ariuşd dans les groupes suivants:
A (PI. 1) écuelles à fond sphérique ou plat et j a t t e s ; B (PI. 2) bols et petites
jarres; C (PI. 3 — 4 ) jarrres et cruches; D (PI. 5) cruches; E (PI. 6) vases à pied;
F (PI. 7) supports; G (PI. 8) vases plats à pied creux; H (PI. 9) vases rectangu
laires; J (PI. 10) couvercles; K (PL 11) vases en miniature; L (PL 12) vases plasti
ques; M (PL 13) fragments de vases dont le type ne peut être établi.
*) V. Gordon Childe: Schipenitz: A Late neo law, 1905, Moskau 1907, p . 53.
4
lithic Station with Paint Pottery in Bukovina, ) V. V. Chwoiko: Roskopky Plostsadok U. S.
«Journal of the Royal Anthropological Institute», Kurtoborodinax, Moskva 1910. G u s t a v Kossinna:
vol. L I I I , 1923, p . 263 — 288. J ' e n ai fait u n Der Ursprung der Urfinnen und der Urindo-
résumé dans les «Convorbiri literare», vol. 1924, gcrmancn und ihre Ausbreitung nach dem Osten,
p . 876. (<Mannus-Zcitschrift fur Vorgeschichte», Wiirzburg,
2
) H u b e r t S c h m i d t : Vorlăufigcr Bericht iiber 1909, vol. I, p . 17 — 52, 225 — 245.
5
die Ausgrabungen 1909—1910 Cucuteni bei Jassy ) Chrestos T s o u n t a s : Preistoricai Akropoleis
(Rumiinien), «Zeitschrift fur Ethnologie», vol. 1911, Diminiou kai Sesklou, en Athenais, 1908. V.
p . 582 — 601. Kônigliches Museum zu Berlin, Gordon Childe: The East European Relations
Fiihrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, p. to the Dimini Culture, «Journal of Hellenic Stu
17 — 18, Tafel 7. dies», p . 252 — 272, 1922 (résumé p a r moi d a n s
3
) l o a n Andrieşescu: La Dacie avant les Ro «Convorbiri Literare», 1924, p . 874).
6
mains, J a s s y , 1912 (en roumain). E. v o n S t e r n : ) Gordon Childe: Schipenitz et The East Euro
Die prămykenische Kultur in Siidrussland. Trudy pean Relations of the Dimini culture, I. c.
des XIII. russ. Arch. Kongress zu Jekaterinos-
5
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diffère par sa forme et son ornementation. La forme no. 7 a l'embouchure séparée |>;ir
une proéminence de l'intérieur du vase. Les nos. 8 et 9 ont une embouchure verticale,
bien développée et haute ; les types 10—12 l'ont courbée à l'intérieur. La plus développée
en hauteur est celle du type 12 qui forme pour cette cause la transition avec les tasses.
Les vases 7 et 10 sont soigneusement polis. À l'exception des types I cl 3, tous les vases
ont la base étroite. 1, 2, 3 et 11 sont des vases larges, 12 est un vase h a u t , les autres types
ont une hauteur moyenne. Le rapport entre le diamètre de l'embouchure et de la base
varie pour les derniers types de la série entre 1/& et x/3. Le diamètre de l'embouchure
du plus grand des vases (no. 4) est de 40 cm. Les vases ont tous des oreillettes proérni-
Pl. 1.
nentes, percées toujours horizontalement, excepté le type 1 dont l'oreillette est verti-
cale. Les oreillettes sont placées sous l'embouchure du vase, ou bien, aux types plus
développés, dans la ligne de l'épaule. Les types principaux sont 2, 4, 6, 10 et 12.
Les numéros d'inventaire des vases, indiqués sur le tableau A sont les s u i v a n t s :
1 = 1635, 2 = 575, 3 = 1942, 4 = 3460, 5 = 2432, 6 = 2328, 7 = 2353, 8 = 591,
9 = 2418, 10 = 2344, 11 = 3461, 12 = 579.
Bibliographie: A 2 Dolgozatok-Travaux, 1911, p . 211, fig. 9 et p . 190, t a b . 10,
fig 13), A 6 (/. c , p . 192, fig. 13), A 7 (/. c, p . 190, pi. 10, fig. 2).
Analogies: I. Des centres de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem) «Varmeghe» A 1 (Dolg.-Travaux, 1911, p . 193, fig. 16); A 2
(/. c , p . 193, fig. 17); A 3 (/. c , p . 192, fig. 14, p . 190, t a b . 10, fig. 4 ) ; A. 4 (l. c ,
p. 191, fig. 11, p . 216, fig. 70); A 7 (/. c, p . 194, fig. 19, p . 196, fig. 21); A 9 {l. c.
(»
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
p. 193, fig. 18); A 12 (/. c , p. 196, fig. 22); A 10 (/. c , p. 190, t a b . I 10 m fig. 1).
Priesterhiigel : A 3 ( J . Teutsch : Spătneolitische Ansiedlungen etc., MittheUungen
der Prăhist. Commission, 1903, p . 373, fig. 47) ; A 4. (/. c , p . 373, fig. 49) ; A 10
( /. c , p . 274, fig. 64);
I I . Des foyers en dehors de la région de VOlt;
Cucuteni: A 1 (Fûhrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, Berlin, 1913, t a b .
7, fig. a), A 4 (Convorbiri literare, 1924, p . 97); A 8 (Fuhrer, t a b . 7, fig. c) ;
A 9 (Z. c , t a b . 7, fig. e) ; A 9 (Zeitschrift fur Ethnologie, 1911, p. 586, fig. 3 c) ;
PI. II.
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUSD (ERÔSD)
transformé en un vase conique. 6 6 % des vases d'Ariusd sont coniques. Le vase sphé
roïde est le vase du nomade, le vase conique, celui de l'homme fixé. E t même aujour- /
d'hui la partie inférieure d'un vase à poser sur foyer libre est toujours conique, j
Il n'v a que les vases que l'on pend à la crémaillère qui ont une forme sphé
roïde (p. ex. la marmite). J ' a i fait quelques remarques sur la construction des
fovers qui me font supposer qu'en ce temps-là on employait déjà la suspension des
vases au-dessus du foyer.
La perforation des oreillettes, qui sont pour la plupart posées à la hauteur des
épaules, est verticale aux types 1 et 2 (ces deux types servaient en même temps de
couvercle) et horizontale aux autres bols. Les types 5, 7 et 14 n'ont pas d'oreillettes.
Toutes les oreillettes sont proéminentes et percées, sauf les types 8 a et 15 qui ont les
oreillettes pleines. Les types 1 et 8 a ont deux oreillettes, 9 en a quatre, les autres en
ont une seule.
Le type 8 est de fabrication brute, 2 et 9 sont soigneusement polis ; 5, 6, 7, 12
et 15 sont plastiques et peints, les autres sont seulement peints. Le type 6 a une
ornementation en forme de peigne vertical, les types 5 et 7 ont comme ornement
sur leurs parties supérieures quelques bandes en relief et sur leurs parties inférieures
des filets circulaires en relief. 3, 10, 12 et 15 ont les parois extrêmement minces;
il y a des vases dont les parois n'ont pas plus de 2 à 3 mm.
Les formes d'évolution sont 2, 3, 4, 12 et 15. Le type 12 doit être relevé. Des
84 vases d'Ariusd, 26 — près de 3 0 % — sont de ce t y p e .
Les numéros d'inventaire des vases indiqués dans le tableau B sont les suivants:
1 = 2350, 2 - 3640, 3 - 3561, 4 = 594, 5 = 558, 6 - 2422, 7 - 560, 8 a = 2470, 8 b
- 1948, 9 - 1241, 10 = 3375, 11 = 3654, 12 - 3376, 13 - 555, 14 - 3462, 15 = 547.
A consulter: B 3 (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , I, 8) ; B 7 (Dolgozatok-Trav.,
1912, p . 215, fig. 64); B 8 b (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , 11, p. 63 IV, 11); B. 13
(Dolg.-Trav. 1912, p . 217, fig. 28); B 7 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansiedlungen, dans les
Mitth. der prăhist. Comis., 1903, p. 389, fig. 128); B 5 (Convorhiri literare, 1924, p . 105),
B 12 (/. c , p. 109); B 12 (Dolg.-Trav., 1914, p. 346, fig. 44 t a b . 13 près du foyer).
Analogies: I. Les stations du bassin de VOlt.
Olteni (Oltszem) «Station de Varmeghe»: B 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, pi. 10,
fig.8); B 5 (/. c, p . 216, fig. 69); B 7 (l. c , p . 198, fig. 26, p . 196—198, fig. 24—25 et
Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . I I , fig. 7) ; B 12 (Dolg.-Trav., 1911, p . 196, fig. 23 et
Arch. Ért., 1912, p . 61, t a b . I l l , fig. 14). Olteni (Oltszem) «Leânykavâr»: B 2, B
12. Baia Malnaş (Mâlnâsfurdô) : «Fôvenyestetô» B 3, B 13. Sfântul-Gheorghe (Sepsiszent-
gyôrgy) «Gémvâra» B. 3. Reti (Réty) «Tôrôkrétje»: B. 7, B . 8, B. 10, B. 12. Lisneu
(Lisznyô) «Jenejekhegy»: B 12. Priesterhiigel: B 3 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansied.,
dans les Mitth. der prăhist. Commis., 1903, p. 377, fig. 46 et p . 385, fig. 60) ; B 2 (/. c ,
p . 374, fig. 60), B 12 (l. c , p . 284, fig. 104 şi p . 386, fig. 120).
I I . Les stations en dehors du bassin de VOlt:
Târgul-Mureş (Marosvâsârhely) B 12 (dr. Kovâcs I s t v â n : Marosvâsârhelyi
âsatâsok, Dolgozatok-Trav., 1915, p. 237, fig. 9 et p . 232, fig. 3, no. 17. Cucuteni:
B 3 (Zeitschrift fur Etnologie, 1911, p. 585, fig. a et c. Fuhrer, t a b . 7, fig. f) ; B 12
(Fiihrer, t a b . 7, fig. d). Petreni: B 12 la partie supérieure plus courbée (E. v. Stern:
Trudy, 1917, t a b . VI, fig. 9, t a b . X I , fig. 13); B 15 rebord plus large (I. c , t a b . I X ,
9
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FRANCISC LASZLÔ
fig. 3). Şipeniţi: B. 12. partie supérieure plus petite (G. Childe: Şipeniţi, p. 273, fig.
14); B 13 (/. c , t a b . XV, fig. 2) grand bol approchant du type B 15 avec deux ma
melons, un rebord arqué à l'extérieur et deux oreilles horizontales sous le rebord (/.
c,. p . 272, fig. 11). Bilcze: B 5 forme de remplacement (Osztr. Magy. Monarchia irâsban
es képekben. Galicia, p. 119). Kozlovce: B 13 (G. Childe : East European, p. 261,
fig. 6). Tripolje: B 1 et B 3 (d'après les photographies envoyées par M. Chwoiko
PI. III.
10
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
décorées que les parties inférieures. La partie inférieure des types 2 et 4 est sphéroïde,
celle des tvpes 1 et 3 a la forme d'un cône t r o n q u é ; 5 et 6 ont la forme d'un tonneau.
Le col du tvpe 1 n'est pas encore séparé, le type 2 a un col courbé à l'intérieur, 4—6
ont un col élevé ; le type 3 a un col qui présente la fusion de ces deux formations.
La partie supérieure des vases du type piriforme 7 et 8 est sphéroïde, leur partie in
férieure est un cône tronqué élevé. Ils ont un rebord court courbé à l'intérieur. La
partie inférieure et supérieure du type 9 est sphéroïde; le rebord assis verticalement
est bien séparé. Le type 10 est également sphéroïde et la partie supérieure porte la
lisière de la partie inférieure du rebord. Le type 11 est de fabrication grossière; sa
PI. IV.
partie inférieure est conique. Sur la lisière des lèvres il a des lignes incisées (ces lignes
ne sont pas indiquées sur le dessin). Le type 12 est un pot sphéroïde de fabrication
brute ; autour de l'ouverture et à la naissance du col il a une bande horizontale in
cisée verticalement. Le type 13 a une forme sphéroïde aplatie ; la partie supérieure
du pot 14 est sphéroïde, sa partie inférieure conique. La forme sphéroïde la plus ca
ractéristique appartient au type 15. Tandis que la base de tous les autres types est
plate et se sépare du corps par un angle aigu, la base de ce type est formée par une
surface convexe. La partie supérieure des types 1 6 — 1 9 est sphéroïde et leur partie
inférieure conique. Aux types 13—19 dont le col est d'une hauteur médiocre, on re-
11
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riîANCISC LÂSZLÔ
12
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I IS TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
photographie de M. Chwoiko) C 10, avec col plus haut (/. c ) , C 7 sans rebord (/. c),
C 9 (/. c), C 10 (Mannus, vol. I, t a b . 20). Bilcze: C 9, C 12, C 14 (Osztr. Magy.
Monarch, irâsban es képekben: Galicia, p. 119). Région du Dnjepr: C 6 embouchure
plus haute, rebord plus étroit (C. Childe: East European, p . 272, fig. 14 a.), C 8
le col manque (/. c , p. 272, fig. 14 b.) ; C 16 (/. c , p . 263, fig. 8.), Dutmir: C 1 (Fiala,
Radimsky, Hoernes: Die neolit. Station von Butmir, vol. I I , fig. 23), C 3, forme
rapprochée (/. c., vol. I, fig. 22).
G R O U P E D. — C R U C H E S (Amphores)
(PI. V, 1 — 6)
L'ouverture des cruches est encore plus étroite. En général, elle est de 2.5 fois
plus étroite que le corps du vase. La hauteur des cruches est toujours plus grande
que le grand diamètre horizontal. Caractéristiques pour la cruche type sont les deux
1.5
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FRANCISC LÂSZLÔ
Il
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)
i:>
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1 KANCISC LÂSZI/)
PL VII.
ment. La hauteur des petits pieds est de 8 — 1 0 cm, celle des moyens 20 — 30 cm et celle
des pieds hauts 30 — 40 cm. Le plus grand des pieds (figure 7) a une hauteur de 44 cm.
Les types de départ sont les types 2 à 7. Les plus nombreux trouvés sont les
types 5 à 7.
Les numéros d'inventaire des pieds creux dessinés sur la planche VII sont:
1 = 1948, 2 = 571, 3 = 2332, 4 = 585, 6 = 2328, 7 = 3653.
À consulter: F 1 (Dr. G. Wilke: Kullurbeziehungen, Mannus-Bibliothek, Wùrz-
burg, 1913, p. 50, fig. 73) (Dolg.-Trav., 1911, p. 204, 217, fig. 4 1 , p . 190, t a b . 10, fig.
12); F 2 (/. c , p. 204, fig. 43, p . 190, t a b . 10, fig. 6) ; F 3 (/. c , p. 190, t a b . 10,
fig. 7); F 4 (/. c , p . 205, fig. 44, p. 205, fig. 45); F 4 (/. c , 1914, p . 313, fig. 18 et
p . 334, fig. 344. Auprès de lui le vase A 4 et A 6).
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)
G R O U P E G. — V A S E S A P I E D C R E U X
(PI. VIII, 1—2)
Au même titre que les pieds creux, les vases à pieds creux sont des plus inté
ressants objets préhistoriques. Nous les avons découvert en exemplaires plus ou
moins nombreux dans plusieurs fouilles et ils semblent avoir été fabriqués depuis
l'époque néolithique jusqu'à celle romaine. Dans le domaine de la céramique peinte
est-européenne, ils ne sont connus jusqu'à présent, en dehors des foyers de la région
de l'Oit, que dans les centres de Cucuteni et Dimini. Dans les trois régions le pied
PL VIII.
creux qui sert de support est haut. La section en profil des pieds de vases d'Ariuşd
montre, comme pour le pieds libres, la forme d'un «S». Pour le maintien de l'équilibre
leur partie inférieure est plus large. La partie supérieure des parois du pied est pour
vue, immédiatement sous le vase, de deux larges ouvertures circulaires placées l'une
en face de l'autre. Leur b u t est le même que celui des ouvertures des pieds libres.
Sur la surface intérieure de ces pieds on a également trouvé des traces de suie. Le vase
est soudé au support. Le vase du type 1 est petit et peu profond. Son fond est con
cave et ses parois extrêmement épaisses. Le vase du type 2 correspond au type A 2.
Son diamètre est de très peu plus petit que la hauteur du vase entier avec support.
Un des exemplaires porte sous l'ouverture du vase une petite oreille proéminente
et horizontale ; deux autres exemplaires en ont deux. Un autre exemplaire a à la
place des oreillettes deux petits trous situés l'un en face de l'autre. Tous les exem
plaires sont soigneusement faits, leur surface est polie et la plupart sont décorés d'or
nements peints en blanc. Un des exemplaires a une ornementation polychrome. Leur
hauteur est de 13, 26, 29, 31 et 44 c m ; il y a aussi certaines miniatures. Deux exem
plaires ont été trouvés sur le plancher des habitations, un autre exemplaire dans
17
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2 Dacia I 1924.
FPANCISC LASZI/)
G R O U P E H.—VASES
RECTANGULAIRES
(PI. I X , fig. 1 — 5)
A l'exception d ' u n seul
exemplaire, tous les autres
PI. IX.
vases retrouvés sont en frag
ments. Les fragments 1—4 sont de fabrication grossière et appartiennent à des
vases d'une forme allongée comme une auge. Ils imitent probablement les auges
en bois. Leurs bords sont arrondis ; les parois intérieurs sont arquées en toutes direc
tions. Le no. 2 a la paroi percée. Le no. 4 est pourvu de deux côtés plus petits et à
mi-hauteur d'une protubérance percée horizontalement. La partie supérieure du type
L8
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)
G R O U P E J . — COUVERCLES
(PI. X, fig. 1-12)
Les couvercles des vases, sont la preuve du haut développement de la culture
19
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2*
IHANCISC LÀSZLÔ
les couvercles 1 — 5 et 12. Les grands bols indiques par B 5 et B 7 selon les analogies
de Cucuteni servaient aussi de couvercles. La preuve en est la courbe de l'ouverture
et l'ornementation peinte de la surface extérieure du fond. Nous savons aussi à quel
vase appartiennent le couvercle fig. 2 ainsi qu'un autre couvercle qui a été retrouvé.
La forme générale du couvercle est sphéroïde (types 1, 2, 3, 12) ou représente
un cône tronqué (4. 5). 1 et 2 sont pourvus à mi-hauteur des parois de protubé
rances, percées verticalement. Les couvercles 3 et 4 sont percés horizontalement
à leur endroit le plus haut, les autres ont à ce même endroit un bouton (6, 9, 10, 11)
proéminence en forme de cône tronqué ou une languette percée horizontalement
(7, 8) qui permet de les tenir dans la main. Développé en hauteur est le type 9 ; spé
cifique est le bouton fortement profilé du type 11. Les no. 4 et 5 ont la surface polie,
les autres ont des ornements peints.
Les numéros d'inventaire des couvercles indiqués sur le tableau J sont:
1 = 2350, 2 = 2373, 3 = 3621, 4— 2413, 5 = 3273, 6 - 3 7 2 7 , 7 = 3575 8 = 1850,
9 = 2 6 1 4 , 1 0 = 3574, 11 = 3704, 12 = 3371.
A consulter: J 12 (Conv. Lit., 1924, p . 109).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt : Olteni (Oltszem) «Varmeghe» J
5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 204, fig. 34), Olteni (Oltwem) «Leânykavâr» J 4 (/. c ,
p . 205, fig. 46 et t a b . 10, fig. 1).
I L Des centres autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni: J , 12 grand couvercle
peint (d'après le dessin que j ' a i fait dans la collection de Berlin du «Museum fiir
Vôlkerkunde»). Şipeniţi: J . 2 (G. Childe: Şipcnifi, t a b . X I V , fig. 2 ) ; J , 2 plus aplati
(E. v. Stern: Trudy, 1907, t a b . I, fig. 1). Bilcze: J 2 (Osztrâk-Magyar Monarchia,
Irâsban es Képekben. Galicia. p . 119), Tripolje: J 2 corps plus petit, courbé en
dehors, cou séparé. (Chwoiko: Raskopki Plostsadok, Moskau, 1910, t a b . V I I I , et
d'après les photographies de M. V. Chwoiko), J 5 (Mannus: vol. I, p . 242, t a b . 20),
Petreni: J 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1917, t a b . 1, fig. 1, t a b . VI, fig. 7
et t a b . V I I I , fig. 7).
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ElîOSD)
(Dolg.-Trav., 1914, p . 315, fig. 20). Les fours à cuire connus à Ariuşd (/. c, p . 314,
fig. 19, p . 345, fig. 43, p . 313, fig. 18) ont, comme on a pu établir d'après les fragments
de la base et des parois, exactement la même forme. La hauteur du vase est de 6 cm.,
le diamètre de sa base de 5.5 cm. Nous avons encore un pareil vase, un peu plus
grand, provenant des fouilles de«Gémvâra», située sur la limite de Sft.-Gheorghe ; comme
ornements sa surface pré
sente sous l'ouverture qua
tre sillons horizontaux et
plus bas deux sillons ver
ticaux. Son oreillette est
percée horizontalement.
Les numéros d'inven
taire des vases en minia
ture compris dans la PI.
X I sont: 1 = 2 4 3 9 , 2 =
2469, 3 = 2 4 3 8 , 4 = 3 6 7 5 .
A consulter : D. 2 (Dolg.-
Trav.,,1911, p. 217, fi g. 51).
Analogies : D'Oiteni (01-
tszem) A. 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 224, fig. 60); A 2 (/. c, p . 234, fig. 70); B (/. c ,
p . 213, fig. 47), C 6 forme rapprochée (/. c, p . 216, fig. 50) ; F 3 (/. c , p . 217, fig. 52) ;
G 2 (Z. c , p . 214, fig. 48); G 2 (/. c, p . 215, fig. 49); H 4 forme rapprochée (/. c ,
p . 218, fig. 53).
G R O U P E L. — VASES P L A S T I Q U E S
(PI. XII, fig. 1 — 5)
Les preuves les plus vives de la perfection artistique de l'homme d'Ariuşd sont
les figurines d'hommes et d'animaux en argile (idoles). Parmi les formes d'animaux
il y en a qui présentent une ouverture ovale dans le dos, de sorte que leur forme
extérieure n'est pas changée. De ces vases zoomorphes de type très ancien, les fig. 1
et 2 représentent une brebis. Leur pied est musclé, les autres parties du corps bien
modelées. Le fragment de la plus grande forme est présentée sous no. 4. Sa hauteur
est de 11,5 cm. On peut distinguer à la plupart des formes, entre les oreilles, des
têtes d'animaux. L'oreille de vase, dessin no. 3, imite une pareille tête d'animal.
Dans Dolgozatok-Travaux (1911, p . 194, fig. 20) j ' a i publié un vase à surface brute
qui possède sous le bord une proéminence allongée et penchée, ayant une certaine
ressemblance avec un nez d'homme, et sur les deux côtés, à la même hauteur, une
proéminence en forme d'hémisphère. Nous pouvons donc reconnaître dans les pro
éminences du vase, naturellement dans une forme extrêmement primitive, les traits
caractéristiques de la face humaine. La figure 5 représente aussi un fragment d'un
pareil vase antropomorphe. Il diffère du vase précédent principalement par le fait
que le nez commence au bord même du vase.
Les vases de la pi. X I I sont inventoriés comme suit: 1 = 501, 2 = K v . 102,
3 = 3702, 4 = B p . 189, 5 = B p . 126.
A consulter: L 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 221, fig. 86).
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FRANCISC LASZLÔ
GROUPE M . — V A S E S DIVERS
(PI. XIII, fig. 1 — 7)
Ces sont des vases dont le type ne peut être établi d'après les fragments retrouvés.
Afin de compléter cet ouvrage je présenterai aussi ces fragments, dont chacun
garde en partie les traits caractéristiques du vase auquel il appartenait. Les nos. 1 et 3
sont des éviers en forme de cône tronqué. Le no. 3 est ouvert en h a u t ; le no. 2 est le
fragment d'une embouchure de vase à filet saillant. La saillie extérieure sert à soutenir
le couvercle et le canal entre le bord et la saillie à le fixer. H u b e r t Schmidt a esquissé
22
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)
* *
Comme conclusion j'établirai ce qui suit concernant la forme des vases d'Ariuşd:
La matière plastique employée à la fabrication des vases a reçu par la perfection
artistique du potier d'Ariuşd une forme si parfaite et correspondant si bien à son
emploi que nous trouverons difficilement dans une autre station de l'époque pré
historique des formes aussi variées et réussies. Le fait que le potier donnait libre
cours à son imagination contribue à la variété des groupes et des formes de vases.
Dans ce qui suit je ferai connaître, par le tableau annexé PL XIV, les 12 groupes de
formes, 102 types de vases et les variétés établies dans la culture A d'Ariuşd. La
forme générale des vases dérive de la forme sphéroïde et du cône tronqué. La plupart
des vases ont gardé à la partie supérieure l'ancienne forme sphéroïde. La partie su
périeure est rarement cylindrique ou arquée, quelques fois elle a la forme d'un cône
tronqué. La partie inférieure des vases est sphéroïde ou en forme de cône tronqué.
Dans la description des bols et petites jarres j ' a i fait remarquer qu'au type B 9 la
forme de cône tronqué de la partie inférieure est née de la fonte du vase sphéroïde et
du pied cylindrique afin de rehausser le vase pendant le chauffage. Ceci se réfère
naturellement aussi aux soupières cruches et écuelles à fond sphérique ou plat. La
forme la plus développée en ce qui concerne le rehaussement du corps par un
cône tronqué renversé appartient aux types C 7, 8 des vases piriformes. J ' a i étudié
tous les vases des groupes A, B , C, D, afin d'établir le pourcentage des vases à
partie inférieure sphéroïde et le pourcentage des vases à partie inférieure trans
formée en forme de cône tronqué. Ces groupes ont 3 9 % de vases du type sphéroïde
et 6 1 % du type à cône tronqué. D'après les exemplaires répertoriés ici, 3 4 %
sont du type sphéroïde et 6 6 % du type à cône tronqué. Le résultat du tableau
statistique établi d'après les couches de la station est presque identique 1 ) . Le fond
des vases à partie inférieure en forme de cône tronqué est toujours étroit et a p l a t i ;
il correspond cependant parfaitement à la stabilité du vase, par suite de la forme
x
) H a n s Reinert : Chronologie der jiïngeren Stein- de la céramique de Bodensee — Pfahlbau (Tabl. V)
zeit in Suddeutschland, Augsburg, 1923. E n p r e n a n t 7 8 % sont sphéroïdes et 2 2 % coniques; dans le
pour base ce livre j ' a i composé ce résultat avec les groupe de la céramique de Mickelsberg (tabl.
résultats des formes de certains groupements de cul V I — V I I I 9 4 % sont sphéroïdes et 6 % coniques;
t u r e néolithique de l ' E u r o p e Centrale: dans le grou dans le groupe de la céramique cordée (tabl.
pe de la céramique à spirales et méandres (tabl. I) I X — X ) tous les vases sont sphéroïdes et arqués
tous les vases sont sphéroïdes, dans le groupe près du fond ; dans le groupe de Mondsee — Laibach
de la céramique de Hinkelstein (tabl. I I ) 94°/ 0 (tabl. X I I ) 6 8 % sont sphéroïdes et 3 2 % co
sont sphéroïdes et 6° 0 coniques ; d a n s le groupe niques.
23
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LES FORMES DE VASES PAR RAPPORT AUX COUCHES D'ARIUŞD
ET PAR RAPPORT À LA STATION À COUCHE UNIQUE D'OLTENI
Ariuşd ( E r o s d ) : «Tyiszkhegy» PL XIV.
o
u A. Les formes d'écuelles B . Les formes de bols et de petites D. Les formes
3 et de j a t t e s jarres
C. Les formes de j a r r e s et cruches
de cruches
A.-D. 1
O
O
1
1 2 3 1,6 5 7 8 9-12 1 2 3 4 5-7 8-9 10-11 12 12-14 15 1 2-4 5 6 7-8 9 10 11-12 13 14 15 16-19 1 2 3 \ 5 6 Total
IL 2 1 1 4 1 1 3 2 2 17
III. 1 1 2 1 1 1 ] I 1 1 1 12
IV. 1 1 2 1 1 l 1 2 3 1 4 2 1 3 1 1 1 1 4 1 2 38
V. 1 3 1 1 1 1 1 1 2 1 8 1 <S 1 1 2 1 27
VI. 1 1 4 1 1 2 5 2 3 1 3 15 1 5 1 1 1 1 1 1 3 1 55
VIL 2 1 1 1 4 2 1 2 1 2 1 1 2 1 22
Total 5 8 1 9 3 2 2 10 4 8 9 1 8 5 5 26 6 12 2 5 1 î 3 1 1 2 1 1 1 11 1 6 2 3 1 171
: '
40+ 84+ 30+ 17 = 171
Olteni ( O l t s z e m ) : «Varmeghe»
5 1 il 6 3 3 — 2 - 3 13 — 9 4 2 7 3 3 1 2 1 î — 2 1 5 — 13 1 1 —5 - 98
- | -
21+ 44+ 26+ 7=98
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Ariuşd ( E r ô s d ) : «Tyiszkhegy»
0)
G. Les for H. Les for K . Les L. Les
V E . Les formes F . Les formes formes de formes de M. Les fragments
s de vases à pied mes de vases mes de vases J . Les formes de couvercles E.-M.
de supports vases en vases plas de vases divers
o à pieds creux rectangulaires,
U miniature tiques
1-2 3-5 6,8 7 1 2 3-4 5-7 I 2 1,2,4 3 5 1 2 3 4-5 7-8 6,9,10-11 12 1 2 3 1 1,2,4 3,5 1,3 2 4,7 5 6 Total
IL 1 3 2 1 1 2 1 11
— —
III. 1 1 2
—
IV. 1 4 2 2 1 1 1 12
— —
V. 3 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2 20
:
VI. 1 1 6 13 1 2 1 i 1 27
VIL 2 3 2 1 4 2 5 3 1 1 1 2 1 1 29
Total 3 8 2 1 1 7 16 19 1 5 7 1 1 1 1 1 2 ; 4 1 2 1 1 1 3 2 2 1 2 1 1 101
5 1 9
1
4 — 7
- | -
- -U. - — 1 — — — — 29
- -
14+ 4+ 7+ 3+ 1+ = 29
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FRANCISC LĂSZLO
26
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LES TYPES DE VASES PEIATS D'ARIUŞD (ERÛSD>
Quant aux habitations de la première couche, nous espérons que les fouilles qu'on
projette de faire au centre de la station nous donneront les explications nécessaires.
Dans tous les endroits de la station, à l'intérieur et à l'extérieur des habitations
nous avons trouvé de nombreux foyers, tous de même construction. Le mode de
construction des fours à cuire les vases est également commun. Le nombre des objets
en cuivre est d'autant plus grand que la couche est plus récente. On en a cependant
trouvé aussi dans la couche la plus profonde. Les cinq sceaux en argile (pintaderos)
trouvés pendant les fouilles proviennent de la couche la plus profonde, mais nous
devons considérer ceci comme dû au hasard.
Il résulte de ce qui précède que l'unité de la civilisation est non seulement prouvée
par les types de vases, mais aussi par la totalité des découvertes qui ont été faites.
Afin de pouvoir comparer les formes d'Olteni avec celles d'Ariuşd, j ' a i joint au
tableau statistiqtie des formes d'Ariuşd, une pareille statistique des vases d'Olteni.
En comparant ces 2 tableaux on remarquera que les types d'Olteni correspondent
exactement aux types d'Ariuşd.
Il en est de même des 25 autres stations à céramique peinte de la région de l'Oit.
A Olteni nous n'avons trouvé qu'un seul type de vase qui n'existe pas à Ariusd:
c'est un grand pot sphéroïde à quatre oreilles cylindriques situées à mi-hauteur de
la paroi. (Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . IV).
Nous avons déjà, dans la description des groupes de vases, montré les analogies
avec les stations préhistoriques hors de la région de l'Oit. Des types de vases d'Ariuşd,
les vases des types A 4, A 8, A 9, les bols B 3, B 12, B 15, les vases des types C 3,
C 7, C 8, C 9, C 10, C 14, C 18, les cruches du type D 3, le couvercle J et les
vases plastiques se retrouvent, avec de petites modifications, dans presque toutes les
stations de ce stade de civilisation. Ces types primitifs sont communs sur tout le ter
ritoire de cette culture. À Ariuşd on n'a pas encore retrouvé le vase binoculaire 1 )
si caractéristique aux centres de l'Est, ni la tasse à pied à quatre proéminences2), ni
la cruche à 2 cônes et 2 oreillettes sous le col 3 ). Comme on n'a cependant mis à dé
couvert qu'une petite partie de la station d'Ariuşd, cette opinion peut encore être
changée.
L'étude des formes de vases n'est pas suffisante pour établir des degrés d'évolution
dans l'ensemble de cette civilisation. Lorsque tout le matériel de Cucuteni et encore
d'une autre station située plus à l'est sera publié et lorsque nous aurons à notre dis
position un tableau au moins ressemblant à celui que nous avons d'Ariuşd, mais qui
ne se bornant pas à relever seulement des formes isolées comprendra l'ensemble des
vases donnant ainsi la possibilité de comparer les recherches, il nous sera très facile
d'établir l'évolution de cette civilisation, sur des preuves indubitables et réelles.
FRANCISC LÂSZLÔ f
Sft.-Gheorghe, le 8 juin 1925.
2
*) G. Childe, East European, p . 273, fig. 1 5 ; ) G. Childe, Schipenitz, t a b . X V , fig. 6. Mannus,
Mannus (Tripolje-Kultur), vol. I,, t a b . X X X , vol. I, t a b . X X X I , Petreni, t a b . I, fig. 7.
3
X X X I . G. Childe, Schipenitz, p . 274, fig. 18 et ) G. Childe, Schipenitz, p. 272, fig. 11 et 12.
p . 275, fig. 20. Petreni, t a b . V I , fig. I.
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LES RICHESSES DES DACES
ET LE R E D R E S S E M E N T DE L'EMPIRE ROMAIN,
SOUS T R A J A N àV.PARVAN
en témoiglUkgfl At P'''<mnnissnnr.e
ot d'amitié.
C'est un fait, reconnu de tous, que Domitien laissa derrière lui une situation
financière obérée. Il avait fait la guerre 1 ). Il avait aimé les bâtiments 2 ). Il avait ali-
menté sa popularité de dispendieuses largesses :1). Dès 83, il avait augmenté d'un
quart la solde de ses troupes 4 ). L'argent avait fui par toutes ces brèches, et le seul
reproche que M. Stéphane Gsell, son historien véridique, adresse à son gouvernement,
est de «n'avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances, que Titus avait déjà
compromises» 5 ), et qui n'ont cessé, sous son règne, de péricliter toujours davantage.
Finalement, la pénurie du trésor devait le mener au crime: inopia rapax, comme
Suétone l'a dit de lui 6) ; et les exécutions, dont on le voit frapper à coups redoublés
l'aristocratie, pour en hériter ou confisquer les biens, se multiplient, à partir de 93 7 ),
avec les embarras qui les expliquent, mais qu'elles n'ont pas supprimés.
Quelques années plus tard, tout est changé. Le redressement est un fait accompli.
E t Trajan, sans s'appauvrir, ni s'endetter, fait face à des dépenses immensément ac-
crues avec des impôts qu'il a réduits. Commentée grand empereur a-t-il réalisé ce tour
de force d'équilibrer sans peine, avec des recettes en apparence diminuées, un budget
qu'il avait trouvé en déficit et dont les charges n'ont fait qu'augmenter? C'est un
problème qui n'a pas suffisamment retenu l'attention des historiens 8 ). La contradiction
qu'il implique est flagrante. La solution reste une énigme. Quelques mots me suffiront
à mettre la contradiction en pleine lumière, et j'espère trouver en Dacie le mot de
l'énigme. +
1
) En Germanie, en Pannonie, en Moesie, en Dre- nand, loc. cit., 2572).
4
tagne, en Afrique; cf. Weynand, P. IV., VI, 2551. ) Gsell, Essai sur le règne de Domitien, Paris,
et suiv. 1883, p. 156.
2 6
) Constructions du forum, dit de Nerva, de ) Ibid., p . 334.
6
l'Odéon, du Stade, de la villa d'Albano, dont ) Snét., Dont., 3.
7
toutes les splendeurs revivent dans l'excellente ) Gsell, op. cit., p. 262. Cf. Cass. Dio, LXV1I, 4.
8
étude de G. Lugli (Bull. Com. 1922); des temples ) Il n'est même pas entrevu par De la Berge,
de Vespasien et Titus, sur le Forum, de Minerva dont VEssai sur le règne de Trajan (Paris 1877)
Chalcidica, de Divorum Porticus ; remaniements du reste le plus sérieux auquel nous puissions recourir,
Palatin, achèvement du Colisée ; restauration du en attendant l'histoire de cet empereur, qu'a com-
Capitole, etc.; cf. Weynand, P. IV., VI, 2591. posée M. Roberto Paribeni avec toutes les res-
3
) Je pense à la magnificence de ses jeux (Suét., sources de sa remarquable érudition, mais dont
Dom., 4) et à la distribution de ses «dona» (cf. Wey- l'ampleur même a retardé jusqu'ici la publication.
28
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
T o u t d e s u i t e , il a p p a r a î t q u e l ' h i s t o i r e d u r è g n e se divise e n d e u x p é r i o d e s n e t -
t e m e n t t r a n c h é e s : l ' u n e , a v a n t 106, a n n é e q u e m a r q u e la fin v i c t o r i e u s e des guerres
daciques, l'autre, après.
D a n s la p r e m i è r e p é r i o d e , T r a j a n p o u r s u i t , d a n s t o u s les services de son g o u v e r -
n e m e n t , l ' a p p l i c a t i o n d u p r o g r a m m e d ' é c o n o m i e s é l a b o r é p a r le c o m i t é des c i n q sé-
n a t e u r s q u e N e r v a i n s t i t u a t o u t e x p r è s : V viri minuendis publicis sumptibus *) ; e t ,
si l'on e x c e p t e ses e x p é d i t i o n s de D a c i e , il n ' o u v r e p a s de n o u v e a u x c h a p i t r e s de
d é p e n s e s . E n d e h o r s des réfections d e r o u t e s 2 ) e t d e la c o n s t r u c t i o n d u Portus Tra-
iani, à Ostie 3 ) , le Panégyrique de P l i n e - l e - J e u n e , c e n s é m e n t p r o n o n c é en 100, m a i s
é d i t é sous la f o r m e d é v e l o p p é e où n o u s le lisons a u j o u r d ' h u i , u n p e u p l u s t a r d , e t
p e u t - ê t r e en 103 4 ) , n e c o n t i e n t g u è r e d ' a l l u s i o n s a u x t r a v a u x d e l ' u n des p l u s g r a n d s
b â t i s s e u r s q u e R o m e a i t c o m p t é s p a r m i ses P r i n c e s . D ' a u t r e p a r t , il est b i e n v r a i
q u e T r a j a n a t o u t d e s u i t e 5 ) s u b v e n t i o n n é les f o n d a t i o n s a l i m e n t a i r e s , c o m m e ses
p r é d é c e s s e u r s , m a i s l ' a m p l e u r q u ' a prise a v e c lui c e t t e i n s t i t u t i o n d ' a s s i s t a n c e q u ' a t -
t e s t e , en p a r t i c u l i e r , l ' i n s c r i p t i o n de Veleia, n e r e m o n t e p a s p l u s h a u t q u e les g u e r r e s
d a c i q u e s , c o m m e c e t t e i n s c r i p t i o n m ê m e , où l ' e m p e r e u r p o r t e son s u r n o m d e Daci-
f u s 6 ) , e n c o r e a b s e n t d e la t a b l e des Ligures Baebiani.
E n r e v a n c h e , s'il p r e n d soin de n e p a s a c c a b l e r les c o n t r i b u a b l e s sous u n f a r d e a u
q u i r i s q u e r a i t d ' é c r a s e r la m a t i è r e i m p o s a b l e , si, n o t a m m e n t , p o u r consolider la fa-
mille e t é l a r g i r la «romanité», il r e m a n i e l ' a s s i e t t e d e la vicesima hereditatum dans un
sens d o u b l e m e n t f a v o r a b l e a u x a s s u j e t t i s , p a r les d é g r è v e m e n t s d o n t b é n é f i c i e r o n t
d é s o r m a i s les successions grevées d e p a s s i f 7 ) e t p a r les e x o n é r a t i o n s q u i s e r o n t é t e n -
d u e s des fils a u x p è r e s , frères, a ï e u l s , e t p e t i t s - e n f a n t s 8 ) , et des R o m a i n s d e vieille
s o u c h e a u x n é o - c i t o y e n s e n t r é s d a n s la cité p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u d r o i t l a t i n 9 ) , T r a j a n
c o m p e n s e , e t a u d e l à , les p e r t e s r é s u l t a n t d e ces concessions, en a b a i s s a n t d e 100.000
s e s t e r c e s , chiffre p r o b a b l e d u I-er siècle 10) à 20.000 sesterces, chiffre p r é s u m é , sous
M a r c - A u r è l e , p a r le gnomon d e l ' i d i o l o g u e n ), la l i m i t e a u dessous de l a q u e l l e les «petites»
successions é c h a p p e n t à la t a x e successorale ; e t , p a r ailleurs, n o u s le v o y o n s a t t e n t i f
à r é p r i m e r les f r a u d e s 1 2 ) , à fortifier l ' a u t o r i t é de ses a g e n t s collecteurs 1 3 ), à t i r e r d ' u n e
8
*) Cf. Pline, Pan., 62; Lettres II, 1. 9. La com- ) Pline. P a n . , 38 et 39.
9
mission a donc continué son œuvre sous Trajan. ) Pline. Pan., 39.
2 10 2
) Il a réparé la voie Appienne, la via Salaria, la ) Cf. Willems, Droit Public , p. 4 8 1 , et Pline,
voie L a t i n e , créé les viae in Tuscia, élargi la via Pan., 40.
u
Traiana, de B é n é v e n t à Brindes. ) Cf. J. Carcopino, Le gnomon de Vidiologue,
3
) Le Portus Traiani figure sur des monnaies R. E. A., 1922, p. 20 du tir. à p.: le gnomon, 1.
frappées en 104. Allusion d a n s Pline, Pan., 29. 84 — 86, art. 29, de l'édition de M. Th. Reinach ne
4
) Cf. Schanz, Gesch. der rôm. Lit.3, I. p . 355 et frappe les Romaines non-mariées d'un impôt de
360. Les allusions à la rédaction du P a n é g y r i q u e l°/ 0 que si leur fortune atteint ou dépasse 20.000
se t r o u v e n t d a n s le livre IV des L e t t r e s , publié sesterces.
12
eu 103. ) É d i t de Trajan, au Dig., X L I X , 1 4 , 1 3 , faisant
s
) L a t a b l e alimentaire des Ligures Baebiani est remise de la moitié des sommes dues à ceux qui
de 1 0 1 ; cf. C. 7. L., I X , 1455, 1. 1. p a r leurs déclaration avaient devancé les inquisi-
•) C. I . L M X I , 1147, 1. 2. Il est vrai que le sur- tions du fisc.
13
nom de Dacicus a p p a r a î t dans les monnaies dès la ) Fragm. de iure fisci, 6 6 : Edicto divi Traiani
fin de 102, et, d a n s les inscriptions, dès 1 0 3 ; cf. cavetur ne qui provincialium cum servis fiscalibus
Dessau, Inscriptioncs selectae, 286. contrahant nisi adsignante procuratore.
7
) Pline. Pan., 40.
2<j
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JÉRÔME CARCOPINO
Or, non seulement l'Empire supporte sans fléchir le poids de ces magnificences,
mais on a l'impression que Trajan a pu lui épargner les sacrifices pécuniaires qui en
auraient dû être la rançon.
Jamais, en effet, les impôts que les Romains ont payés n'ont paru plus légers.
A une date, que nous ne saurions préciser, parce que nous ne savons rien de la
carrière du gouverneur auquel le Prince adresse le rescrit qui consacre cet abandon de
droits de l ' E t a t 1 0 ) , mais qui, en raison du silence de Pline en son Panégyrique, doit être
postérieure aux guerres daciques, Trajan renonce solennellement à revendiquer au fisc
8
*) Pline, Pan., 50: circumfcrtur sub nomine Cae- ) C. I.L., VI 1260, Dessau, Inscr. Sel, 290;
saris tabula ingens rerum venalium. (datée entre décembre 108 et décembre 109).
2 7
) Cf. Cass. Dio.. LVIII, 15 et Mommsen, Gesch. ) Sur le prix du terrain (3000 francs-or le
des rôm. Miinzivesens, p. 754 — 758. mètre), cf. Suét., Caes., 26; et, sur l'arasion du pé-
3
) Sur les travaux des Marais Pontins cf. Cass. doncule reliant le Quirinal et le Capitole, et la
Dio, L X V I I I , 15; sur Centumcellae, Pline, Ep. VI, somptuosité du forum de Trajan, cf. Lugli, La
3 1 : Il a ins sinistrum brachium firmissimo opère zona archeologica di iioma, Rome, 1924, p . 44 et
munitum est ; dextrum elaboratur. Or la publication suiv.
de cette lettre date de 107, au plus tôt (cf. Schanz, 8
) Voir au P. W., sous les mots ala et cohors,
op. cit., loc. cit., p. 360). tous les corps dont le gentilice Ulpius a fourni le
4
) L'inscription de l'arc d'Ancone est datée de surnom.
9
115 ap. J. C. (C. I. L., I X , 5849). ) Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, p. 66.
5 10
) Cf. Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, Le ) Cf. P. W., V, c. 425.
Caire, 1918, p. 396.
30
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
les biens des condamnés à la relégation x). E t en cette même année 106, à laquelle
nous devons rapporter la donation aux plébéiens de Rome d'un troisième congiaire
de l'Empereur, huit fois supérieur à ses deux précédents et à celui de Nerva 2 ), quin
tuple de celui dont Auguste s'est enorgueilli dans son testament 3 ), Trajan a* suspendu
la perception de l'impôt. Si, en effet, le Chronographe de 354 nous permet d'évaluer
à 650 deniers par tête la distribution faite à la plèbe en 106 4 ), le Chronicon paschale
place, sous le consulat de [L. Ceionius] Commodus et de Ceretanus (Cerealis) qui
coïncide avec cette année-là, le début de ces remises totales de contributions, qu'il
prolonge, d'ailleurs, jusqu'à la fin de la guerre persique: Toatavoç ŒTCEQ"/ÔIUEVOÇ à<peoiv
èyaoloaro xcôv XE/.WV ăyoic ăv ETTIOTQE^EI 5 ).
Par conséquent, en 106, Trajan était devenu tout d'un coup assez riche pour se
passer de l'argent de ses sujets et leur en donner par dessus le marché. Or l'année 106
est justement marquée par l'achèvement de la conquête dacique. N'eussions nous
aucun document pour nous le dire, que nous devrions déjà admettre que Trajan avait
puisé en Dacie les sommes qu'il a répandues alors sur les Romains au lieu de les exiger
d'eux. Nécessaire en elle même, cette hypothèse est confirmée par un texte qu'on n'a
cité, jusqu'à présent, que pour en rire 6 ), et dont il importe de rétablir maintenant
la valeur — et la vérité.
Dans son traité sur les magistrats de Rome, le byzantin Lydus glorifie Justinien
de ses succès sur le Danube : et, pour mieux glorifier le Basileus, il le compare à Trajan
qui, «ayant été le premier à vaincre les Gètes et leur roi Décébale, ramena à Rome
cinq cent fois dix mille livres d'or, le double de livres d'argent, sans compter un nombre
de vases et coupes défiant toute évaluation, des troupeaux, des armes, et plus de cin
quante fois dix mille valeureux guerriers, avec leurs armes» — «TZQÔJXOÇ [Tqaiavoc] èyoiv
ovv AEXE^d/.q) TtEVTaxoataç [xvQiààaç yocolov [ÂIJXQVJV, àmhiolaç ôè dgyvoov êxmofidxcov
ăvEV xai oxEfv&v] xt/xfjç ôoov èxfiEpiixÔTwv, àyel&v ZE xal ÔTthov xal àiôgcov fiayi/uoxdxojv
VTiEQ TTErrrjxovra juvqidôaç ovv roïç OTI/.OIÇ rPœjuai'oiç EtorjyayEv...» 7 ).
Que pourions nous souhaiter de mieux pour éclaircir le mystère qui planait sur
la politique de Trajan? Nous n'avons plus à nous étonner ni de ses largesses inouïes,
ni de ses entreprises gigantesques. E n Dacie, il n'avait pas trouvé seulement des mines
de m é t a u x précieux, dont le rendement est venu graduellement, année par année,
soulager son budget et accroître ses disponibilités. Il avait mis la main sur l'énorme
*) P o m p , au Dig., X L V I I I , 22, 1: caput et re- congiaire s'élèverait encore à 500 deniers [650—
scripto Divi Traiani ad Didium Secundum: scis (75 + 75)].
5
relegatorum bona avaritia superiorum temporum ) Chron. Pasch. p . 223 Mommsen. L a remise
fisco vindicata; sed aliud clementiae meae convcnit. ne saurait avoir d u r é de 106 à 117. Sans d o u t e
2
) Les trois congiaires de T r a j a n sont attestés constatée pour l'an 106, elle fut peut-être à nou
p a r les monnaies (Cohen, 3 2 1 , 324, 330). Le chiffre v e a u concédée en 113, j u s q u ' a u retour, et le Chro
de 75 deniers pour celui de Nerva est a t t e s t é par nicon aurait bloqué en une seule les d e u x mesures.
6
le Chron., 354. Pline (Panégyrique, 25) n'indique ) «Chiffres fantastiques», écrit De la Berge, op.
a u c u n e majoration p o u r le premier. cit., p . 142, n. 7.
3 7
) Res Gestae, I I I , 15: 120 deniers. ) J o h a n n e s L y d u s . De Magistratibus, I I , 28.
4
) Chron., 354, p . 146 M o m m s e n : congiarium J e suis le t e x t e de W u e n s c h , p . 83, 1. 12—19.
dédit DCL. Même si ce chiffre é t a i t global, le 3-e
31
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.IKHÔMK CAKCOriNO
trésor où les rois daces, héritiers des mineurs agathyrses dont parle Hérodote '), avaient
accumulé le produit des exploitations d'argent et d'or auxquelles, de la préhistoire à
nos jours, n'ont cessé de fournir les sites les plus grandioses des monts de Transyl
vanie; et c'est ce trésor dont l'opulence, soudain, ruissela comme un Pactole sur l'Em
pire entier. Quel trésor, d'ailleurs ! Et quel Pactole ! Cinq cent fois dix mille livres d'or
font cinq millions de livres, qui donnent — la livre romaine pesant approximativement
327 grammes — 1 million 650.000 kilogr. d'or, valant 5 milliards 559 millions de francs-or ;
et le double d'argent se monte, en conséquence à 3 millions 310.000 kilogr. d'argent
équivalant à 661 millions de francs-or. Ajoutons à ces comptes fantastiques les
500.000 guerriers, pris les armes à la main, qui, à leur arrivée à Rome, menacée dans
sa sécurité par leur affluence, auraient représenté l'effectif de la «Grande armée» de
Napoléon à son départ pour la Russie; et il nous faudra convenir que ces chiffres
sont trop beaux. 11 sont si beaux qu'il en deviennent absurdes, et qu'à leur seul énoncé
l'envie nous vient de traiter le texte où ils figurent comme une invention forgée de
toutes pièces par un cerveau en délire. Seulement nous n'avons pas le droit de l'é
carter avec cette désinvolture. Car Lydus, sentant lui même tout ce que ses asser
tions avaient d'extravagant, a voulu se couvrir de l'autorité qui les garantissait à
ses y e u x : «...EÎoijyayevy (bç ô KQIXOJV TICLQCOV TÔ> TTOM/U» duoyvQiam.o*)» — «ainsi q u e l'a
affirmé avec force Criton, témoin de cette guerre». Or, cette caution doit nous en
imposer: médecin de Trajan, Criton avait accompagné son impérial «lient en Dacie,
et, à son retour, il avait composé, sur les événements auxquels il avait assisté au
premier rang, un ouvrage en plusieurs livres, intitulé VEtixă, qui aurait constitué
une source inappréciable d'information sur les Gètes, leur pays et leur histoire,
s'il n'avait pas sombré à peu près tout entier 3 ). Si Lydus avait parlé pour son
compte, il serait négligeable. Mais il n'a fait que répéter à sa manière ce qu'il
avait lu — ou cru lire — chez Criton, dont le témoignage ne l'est pas. Ainsi,
d'une part, la statistique établie par Criton nous est parvenue en des termes inac
ceptables; et d'autre part, il nous est interdit de la sacrifier. Force nous est donc
de supposer que de son auteur à son compilateur elle s'est déformée au cours des
transmissions.
Aussi bien parviendrons nous facilement à retrouver le texte authentique de
Criton sous la forme insensée qu'il revêt chez Lydus. Nous n'avons même pas
besoin pour cela de recourir à une correction proprement dite. Il nous suffira de
rétablir en chiffres les nombres exposés en lettres dans le traité byzantin Sur les
Magistrats.
Habituellement, les chiffres de myriades s'expriment en grec par un M majuscule
suscrit de la lettre correspondante à leurs multiples 4 ). Appliquons à la phrase en litige
0
ce système de numération. On aura: E%IQV avv AexE^dXco M%QVOIOV [hJiQÔJv àinlaolaç
N
ôè aQyvQov xal àvôoûv juaxi/icoidTcov VTZEQ M. Mais aussitôt nous saute aux yeux
1
) Hér., IV, 104. Sur l'exploitation antérieure P. W., IV c. 1935.
4
aux Romains, cf. Téglâs, Ungar. Revue, 1889, p . ) Gardthausen, Das Buchtvcsen im Altertum*,
352. Leipzig, 1911, p. 371. Le M est sans apostrophe
2
) Lydus, De Magistratibus, I I , 28. dans les papyri (communication que je dois a l'a-
3
) Cf. F. H. G., IV, p . 373. Sur Criton, cf. mitié de Pierre Jouguet).
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32
LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN
1 4
) Gardthausen, op. cit. p. 370. Wilcken, Grund- ) 701.379 kilogr. d'or ; 226.400.000 onces trogs
ziige, I, p. XLVI; Bruno Keil, ap. Rubensohn, qui font 7.041.000 kilogr. d'argent (renseignements
Eleph. Pap., p. 84; dans les comptes du Didy- fournis par le Statesman Yearbook de 1925 et que
meion, par exemple, M. Haussoullier a relevé le M. Demangeon m'a aimablement communiqués).
6
cas du nombre 39322 affecté de la numération ) Le stockage était dans les habitudes des rois
r O de Macédoine. Cf. le discours de Persée à ses sol-
f-i. III I C K; des graphies analogues ont été re- dats, ap. Liv., XLII, 52: se pecuniam et frumen-
levées dans les inscription de Pricne (no. 118), turn prœter reditus metallorum in decem annos sepo-
d'Halicarnasse (Michel, 595), de Thessalie (Arvani- suisse.
8
topoullos, Revue de Philologie, 1911, p. 134). ) Plut. L u c , 37, dénombre au triomphe de
2
) Cf. mon. art. Galles et Archigalles, dans les Lucullus 56 mulets chargés de lingots et objets
Mélanges de Rome de 1923, p. 277 et suiv. d'or massif et 107 mulets chargés de 260 mil-
3
) Cf. Annales de Géographie, 1924, p. 582 et suiv. lions de drachmes.
33
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3 Ducia I 1924.
J K R A M E CARCOPINO
JÉRÔME CARCOPINO
Professeur à la Faculté des Lettrée
de l'Université de Paris
2
*) Cf. Pais, Fasti triumph. II, p. 443 et Jullian, ) Cf. Pais, op. cit. I I , p. 446: en plus des 300
Histoire de la Gaule, I I I , p. 65, n. 1. Justin, millions de sesterces distribués (Pline, N. H., 37,
X X X I I I , 3, 70: Fuere autem argenli pondo cen- 16), Pompée aurait pu attribuer a un seul des
tum decem millia, auri pondo quinquies fdeciesj quatre nouveaux sanctuaires dédiés par lui 1000
centum milia. Le trésor tectosage et le trésor talents d'or et 307 talents d'argent (non mon-
dace, si l'on admet ma lecture du texte de Justin, nayés), ce qui représente plus de 550 millions de
d'où decies disparaît, auraient renfermé des quan- francs-or.
tités d'or identiques. La coïncidence mérite d'être
retenue.
34
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CONSIDERATIONS SUR LES SKPULTURES
CELTIQUES DE GRUIA
Une découverte fortuite ') faite il y a déjà assez longtemps dans l'une des anciennes
îles du Danube serbo-roumain (cp. fig. 1), en face du confluent du Timoc (le Timacus
thraco-romain), nous offre l'occasion de reprendre la question de la pénétration illyrienne
RADVJEVAC [SERBIE]
Fig. 1.
*) Il y a une vingtaine d'années, notre collègue vue des découvertes, M. Bals dut se contenter
M. l'ingénieur Georges Bals ayant à diriger cer- de recueillir les objets mis à part par les ouvriers
taines constructions à Gruia, en face de Radujevac, d'après leur propre entendement de la chose.
dans l'ancienne île du Danube, maintenant réunie Après avoir longtemps conservé chez soi cette pe-
à la rive roumaine, fut avisé par les terrassiers qui tite collection, M. Bals m'a fait l'agréable sur-
exécutaient les fouilles pour les pilots des fonde- prise non seulement de me la communiquer
ments, de la découverte de nombreux ossements, (avec l'esquisse de plan que je reproduis ci-dessus,
tessons et objets en métal, qui étaient mis à fig. 1), mais d'en faire don au Musée National
jour sur toute la largeur de 50 m. de la fouille, d'Antiquités, ce dont je le remercie encore à
à des profondeurs allant de 0.50 —1.50 m. Arrivé cette place.
trop tard pour corriger la fouille au point de
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3*
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\ \SII I l'\l!\ \\
par les ouvriers qui l'ont découvert, ne représente pas moins un enrichissement tout
à fait remarquable de nos connaissances protohistoriques.
Nous devons tout d'abord préciser le caractère de la nécropole. Si telle urne funé-
raire de Gruia témoigne du rite de l'incinération, le nombre des inhumations paraît
avoir été encore plus grand, à juger d'après les nombreux ossements non calcinés, que
les ouvriers ont bouleversés partout dans les fosses qu'ils avaient exeavées pour les pilots
d'un bâtiment à construire. D'autre part l'inventaire funéraire appartient à deux épo-
ques nettement différentes et à trois civilisations bien caractérisées. Tandis que les
lances en fer et surtout la belle épée parfaitement conservée appartiennent à l'âge
de La Tène (II), la céramique et les objets de parure, tous en bronze, sont de types
illyriens absolumeiits identiques avec ceux constatés dans les couches hallstattienncs
de Donja Dolina d'abord, de Glasinac, Jezerine, etc.,
en second lieu. Certains tessons enfin sont de facture
géto-danubienne, toujours du premier âge du fer.
\A- problème historique est donc très simple: nous
constatons deux couches, dont la plus profonde, du
premier âge du fer, à prolongements typologiques
dans l'âge du bronze récent, est d'aspect plutôt «illy-
rien», tandis que la couche supérieure trahit la pré-
sence des Celtes — après 300 av. J.-Chr. — dans cette
région aussi. Mais l'examen des objets eux-mêmes va
nous procurer des renseignements beaucoup plus précis
que ces conclusions tout à fait générales.
La céramique. Tous les vases de Gruia sont faits
sans l'emploi du tour. Quant aux formes, nous re-
tenons d'abord (fig. 2) la présence des grandes urnes
«en cloche», hautes de c. 33 cm, décorées d'un seul
cordon, en bourrelet entrecoupé, à la hauteur des
"A- anses, et de quatres proéminences placées en croix
tenant lieu d'anses: deux horizontales, à profil con-
cave, et les deux autres verticales, à profil convexe. Ces urnes à pâte très poreuse et
légère, assez mal cuite, de couleur rougeâtre, trouvent leurs analogies d'un côté en
Transylvanie dans la vallée du Mures à la dernière période de l'âge du bronze, p. e.
à Bandul-de-Câmpie J) ou à Lechinla-de-Mures *), de l'autre en Ulyrie, dans la vallée
de la Save, à une époque plus récente 3 ), p. e. à Donja Dolina 4 ). Cependant la fac-
ture et les détails de la décoration de l'urne de Gruia, en premier lieu les proémi-
nences horizontales à profil concave, servant d'anses, tiennent beaucoup plus de
Donja Dolina que de Lechinţa-dc-Mureş. E t de même, tel cas isolé de la présence
des urnes en cloche à Ripacb) ou à Jezerine 6) ne doit pas nous tenter non plus à trouver
des relations plus étroites de la civilisation de Gruia avec ces régions. Ni la haute vallée
du Mures ni les hautes vallées bosniaques des affluents de la Save n'ont pas beaucoup
à dire dans la question des formes de la céramique que nous rencontrons sur le Danube
serbo-valaque vers 500 av. J.-Chr.
En effet les autres formes de vases aussi sont caractéristiques en premier lieu
pour la vallée de la Save au premier âge du fer, et presque point pour la région des
Alpes Dinariqucs. Nous possédons cinq coupes de Gruia appartenant chacune à un
type différent (fig. 3). Parmi ces coupes sans doute le type à deux anses, à canne
lures horizontales sur le col et obliques sur la panse et à deux proéminences faisant
croix avec les anses,
est décisif pour l'iden
tification des origines
de la civilisation de
Gruia. Caractéristique
pour l'âge du bronze
récent dans les pays
carpatho-danubiens ] )
le type de vases a proé
minences en forme de
cornes et à cannelures
horizontales sur le col,
obliques sur la panse,
parfois (les coupes-tas
ses à une seule 'anse)
à bords découpés obli
quement vers l'anse, s'est répandu jusqu'en Dalmatie 2 ) et jusqu'à Troie 3 ). Mais tandis
que dans le pays d'origine ce type disparaît par la suite, il fleurit au contraire dans
les régions d'infiltration et, justement dans la vallée de la Save, jusqu'à l'approche
du second âge du fer, peut-être même pendant les premiers siècles de cette époque.
L'un des centres où ce type est par excellence représentatif, est encore toujours la
station de Donja Dolina 1 ). Quant aux autres quatre formes de coupes elles se ren
contrent aussi en Dalmatie, mais elles ne sont pas caractéristiques pour cette région;
bien au contraire, la coupe à large ouverture à quatre proéminences en croix est très
commune en Dacie aussi à l'âge «scythique» 5 ), c'est-à-dire contemporanément avec les
stations illyriennes, tandis que la coupe à pied surélevé est une apparition habituelle
du premier âge du fer, et ensuite du second âge aussi, un peu partout.
x
) Cp. les vases de Borsod sur la Theiss supé etc., naturellement, plus ou moins modifié.
3
rieure chez H a m p e l , A bronzkor emlékei Magyar- ) Schmidt, chez Dôrpfeld, Troja u. Mon, A t h è
horiban I I , pi. C X L I 2 ; le vase de Boian sur le nes 1902, p . 594 suiv. — Q u a n t a u x t y p e s lusa-
D a n u b e inférieur chez Christescu, d a n s cette re ciens de la m ê m e origine, gétique, ils sont u n peu
v u e m ê m e , I I 1 9 2 5 ; le vase de Târgul-Mureşului différents des vases cités ci-dessus, note 1.
4
(pour les cannelures) chez P â r v a n , Getica, p . 307 e t ) Les exemplaires trouvés ici, des formes les
les considérations historiques chez P â r v a n Dacii la plus variées, d é r i v a n t d u m ê m e t y p e initial, sont
Troia, d a n s la revue Orpheus, I I 1926, p . 3 suiv. très n o m b r e u x ; v. chez T r u h e l k a d a n s les WMBH.
2
) P . e. à Sanskimost (chez Fiala WMBH. VI I X 1904, pi. X X I suiv.
6
1899, p . 66), à Strbci (chez le m ê m e , ibid., p . 55), ) P â r v a n , Getica, p . 427, 4 3 1 , etc.
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VASii.r. I'AKVAN
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
la manière dont on Ta obtenue d'une simple feuille de bronze coupée en triangle très
aigu. Comme pour les socs de charrue ou les haches à douille ou les talons de lances,
Fig. 6.
en fer, ainsi pour cette lance en bronze, on a rabattu autour d'un noyau rond les
deux marges de la feuille devant
constituer la douille et on les a
réuni autant que possible à force
de coups de marteau.
Un détail caractéristique mé-
rite encore d'être noté. Le pro-
priétaire du torques n'a pas été un
richard : sa modeste parure en
bronze est par deux fois rapiécée,
Fig. 7.
à clous en fer : à chaque brisure la
pauvre barre, originairement tor- Fig. 8.
due avec élégance, a été battue d'une manière très rustique, afin de devenir assez plate
pour être trouée (deux trous pour chaque brisure) et clouée.
Si les objets en bronze vont d'accord avec la céramique en ce qui concerne l'époque,
appartenant sans conteste encore au style du premier âge du fer, tout autre est le
cas des objets en fer, qui ne pourraient être datés qu'après 300 av. J.-Chr.
E n effet les sépultures de Gruia ont fourni plusieurs lances et javelots (fig. 4 et 9)
et deux épées en fer (fig. 10) appartenant à la deuxième période de l'âge de La Tène. E n
voici la description sommaire. 1. Lances à larges ailerons, de 0.38 m et 0.36 m de lon-
gueur et c. 0.06 — 0.055 de largeur; 2. Lances à fer long, à nervure parfois très saillante
et à ailerons plutôt étroits, de c. 0.38 et 0.34 m de longueur et c. 0.04 de l a r g e u r 1 ) ;
c'est le type commun de l'époque en Europe centrale, p. e. en Bavière ou en Suisse 2 );
3. Javelot à pointe très petite: sur 19 cm de longueur, la pointe n'en occupe que 7 ;
les ailerons de la pointe, très étroits: 2 c m ; 4. Javelot à tige conique et pointe quadran-
gulaire, sans ailerons, long de 18 cm; c'est un type connu au premier âge du fer aussi 3 ),
1 2
) Une de ces lances (fig. 4) a les ailerons brisés; ) Cp. chez D é c h e l e t t e , Manuel, I I 3 , p . 1145,
on peut c e p e n d a n t reconstituer avec assez de cer- fig. 1 et 2.
3
titude le contour du profil original. ) Ibidem, I I 2, p . 746, fig. 1.
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VASILK PÂRVAN
mais qui est encore plus répandu à l'âge de La Tènc dans tous les pays carpatho-
danubicns, depuis la Dacie ') jusqu'en Dalmatie 2 ).
Quant à la petite pointe de lance, battue en bronze (fig. 9 en haut à droite)
dont nous avons parlé plus haut, elle rentre aisément dans le système typologique du
second âge du fer.
Cependant les épées seules nous aident à dater les sépultures de Gruia d'une ma-
nière vraiment bien]définie. Des deux exemplaires que l'on y a trouvés, l'un ne re-
présente plus qu'un tron
çon de la lame (mince et
à nervure assez saillante)
long de c. 60 cm et large
de c. 4 cm ; l'autre, au
contraire, admirablement
conservé, long de 1.02 m
et large de 45 mm, est un
très bel exemple, typique,
des longues épées du se-
cond âge du fer, emplo-
yées par les Scordisques
de chez nous entre 300 et
100 av. J.-Chr., et dont
de nombreux exemples
ont été trouvés sur la rive
roumaine du Danube ser-
b e : p . e. à Turnu-Severin
une épée longue de 0.995
m sur 5 cm de largeur,
dans l'île de Simian une
autre de 0.975 x 0.055,
etc. 3 ). L'épée bien con-
servée de Gruia a été trou-
Fig. 9. vée avec une grande par- ^i« I0-
tie de son fourreau ; ce-
pendant par un certain hasard malencontreux 4) la gaine qui était très rouillée, après
avoir rempli sa mission de nous conserver presque intacte la lame de cette épée, s'est
évanouie en poussière.
Pour ne rien omettre, il faut enfin citer la grande hache-marteau en pierre polie,
à ce qu'il paraît, à peine ébauchée, sans trou d'emmanchement, et le fragment de
hache en pierre verte (fig. 4), trouvés dans la même fouille que les autres objets déjà
décrits, de l'âge du fer. L'apparition de ces deux témoignages néolithiques ne peut
cependant rien prouver quant à l'existence d'une couche néolithique à Gruia. Nous les
l 4
) Pârvan, Grtica, p. 513 et fig. 355. ) M. Bals ne peut pas s'expliquer le malheur;
*) P. e. à Bihac, v. WMBH. IV 1896, p. 186. un beau jour il découvrit que l'épée avait perdu
3
) V. chez Pârvan, Getica, p. 505 sniv. et pi. son fourreau: probablement quelque domestique
XXXVII fig. 1 et 3. l'avait laissée tomber par terre.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
L'ensemble des objets trouvés à Gruia ne résout pas de par soi-même le pro-
blème historique qui se présente ici: «les restes illyriens sont-ils à Gruia antérieurs aux
restes celtiques, ou bien contemporains?» Car rien n'empêche de retrouver à Gruia
aussi un phénomène très fréquent dans la civilisation de certaines régions de l'Europe
à l'âge de La Tène, c'est-à-dire la survivance des formes hallstattiennes à travers tout
le second âge du fer. E t c'est justement en territoire illyrien que ce phénomène est très
commun. Nous voyons p. e. à Jezerine une synthèse extrêmement curieuse des formes
hallstattiennes avec celles de l'âge de La Tène, avec prédominance absolue des anciennes
traditions illyro-gréco-italiques du premier âge du fer, sur lesquelles les formes «La
Tène» se greffent comme de simples annexes spécialisées (fibules), de nature complète-
ment étrangère à l'esprit général de la civilisation locale 3 ). On peut dire qu'il n'y a pas
de vrai La Tène dans les Alpes Dinariques et dans les hautes vallées illyriennes qui
descendent vers la plaine de la Save. Ni la céramique ni les armes celtiques ne se ren-
contrent dans ces régions. N'était telle fibule de la Il-e ou I l l - e période de La
Tène, nous ne pourrions jamais songer à dater telle urne parfaitement hallstattiennc
ou villanovienne au Il-e ou au I-er s. av. J.-Chr. E t M. Grenier a constaté un phéno-
mène identique en Alsace: «la civilisation de Hallstatt se perpétue, en Alsace, jusqu'aux
abords de la période romaine. La civilisation de La Tène y est peu représentée et mal
caractérisée. Quelques tombes plates à inhumation apparaissent en quelques points,
aussi bien au nord qu'au sud du pays, conjointement aux tumuli qui abritent confusé-
ment des incinérés et un petit nombre d'inhumés. Les deux espèces de sépultures,
tombes plates et tumuli, contiennent des objets identiques (c'est le cas pour les incinérés
et les inhumés de Donja Dolina, de Jezerine et des autres stations illyriennes aussi);
dans les unes et les autres le prolongement des traditions hallstattiennes se mêle au
slyle nouveau de La Tène (ce que nous avons précisé pour l'Illyrie aussi). L'évolution,
en un mot, est lente et sans rupture» 3 ). Or c'est le cas aussi pour les régions de l'Europe
danubienne où les Scythes prenant résidence encore en plein âge de Hallstatt s'assimilent
très vite aux indigènes, acceptent les formes locales de la civilisation du premier âge
du fer, et, lorsque les Celtes arrivent, résistent comme les Illyres, empêchant la flo-
raison des nouvelles formes. M. Louis de Mârton a relevé le fait très intéressant qu'à
Gyongyôs, dans le Heves, l'inventaire iranien — de caractère très différent de l'inven-
taire transylvain, mais identique avec l'inventaire de la Russie scythique — s'entremêle
de formes La Tène ' ) , qui le situent au IV-e s. av. J.-Chr., sans toutefois lui rien
prendre de l'aspect exotique et extrêmement conservatif qui lui était propre. Au con-
traire, comme en Dacie 2 ), comme en Alsace 3 ), comme eu Europe Centrale 1 ), ainsi à
Gyongyôs ce sont les formes de tradition néolithique qui prennent le dessus à l'époque
hallsiaitienne et réussissent à se maintenir même à l'âge de La T è n e 6 ) .
Toute autre est la situation dans les stations hallstattiennes dcl'Illyrie (cp. fig. 11);
à différence de la Dacie où le fil est ininterrompu depuis le néolithique jusqu'il l'âge de
£c£i!ii££)
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3 P A\E O N I A
Localités a découvertes cel/iţnes;Locatile's or eteevut/erfes illy/uenrte.i/ Ljjca/ile\ra c/ecottuer/es rrrï*/es
Fig. 11.
La Tène, il nous semble qu'un certain hiatus dans la continuité ethnographique et de ci-
vilisation est manifeste justement dans la vallée de la Save et les régions voisines de la
Dacie. À Donja Dolina, comme dans les Alpes Dinariques c'est tout un monde nouveau
qui semble surgir vers 1000 av. J.-Chr. L'Illyrie ne possède pas un vrai ancien âge du
bronze. Entre le monde de Donja Dolina et celui de Butmir il n'y a aucune continuité.
Stanley Casson a essayé de trouver la clé de l'énigme dans une migration «danubienne»
des hommes du bronze vers l'O illyrien à une époque assez récente de l'âge du bronze,
migration suivie par une autre, «hallstattienne», vers le S, partant d'un centre de disper-
sion situé dans l'actuelle Autriche, autour de Hallstatt même '). Nous y reviendrons
plus bas. Ce que nous voulons relever tout de suite, c'est qu'un hiatus analogue à celui
qui précède le «hallstatt» illyrien, le suit aussi. Les Iliyres passent du «premier âge du
fer» directement à l'«âge romain». E t tandis que l'Italie septentrionale, le Norique,la
Pannonie et la Dacie deviennent tout-à-fait «celtiques», FIllyrie n'en veut rien savoir 2 ).
Cependant le Danube est un fleuve par excellence celtique: depuis ses sources jusqu'à
son embouchure les châteaux forts celtiques se suivent presque sans interruption.
La capitale des Scordisques est Singidunum (Belgrade), à l'embouchure de la Save
illyrienne 3 ). Heorta, Capedunum et Bononia*) gardent aussi le Danube serbo-roumain 5 ).
E t pourtant, quoique nous soyons à la deuxième période de La Tène, pas un seul tesson
celtique à Gruia: les épées celtiques restent tout-à-fait solitaires au milieu des parures
et de la céramique illyriennes, hallstattiennes. D'autre part l'âge du fer illyrien ne
connaît pas les armes celtiques, tandis que les sépultures de Gruia, tellement illyriennes
par la presque totalité de leur mobilier, sont celtiques par les armes. Il n'y aurait donc
qu'une seule conclusion à toutes ces constatations: les Illyres de Gruia seraient vraiment
d'un autre temps que les Celtes, et l'arrivée de ces derniers aurait été ici plus récente.
Le problème des sépultures celtiques de Gruia se divise donc en deux: I. L'arrivée
des Illyres au milieu des Géto-Thraces de Gruia. I L L'arrivée des Celtes dans cette en-
clave illyrienne, établie au milieu des Thraces.
Casson admet une migration illyrienne, partant de Hallstatt, au début de l'âge
du fer, en aval du Danube, vers la «Bulgarie» aussi: «The same movement which pro-
jected the Iron Age Illyrians into Bosnia sent bodies of a similar stock south-east to
Macedonia and eastwards to Bulgaria. These latter branches reached their destinations,
certainly in the case of Macedonia and probably in t h a t of Bulgaria, at an earlier
date t h a n t h a t at which the Illyrian body descended the Save tributaries. Only
at Donja Dolina and Zara do we find earlier Iron Age sites. The fuller development
of the Serajevo region comes later, after 900 at the earliest and probably later»
(o. c, p. 326). Malgré l'accent et la précision que donne Casson à son opinion
concernant la migration illyrienne en Bulgarie, nous ne pourrions sous aucune forme
admettre cette thèse. D'ailleurs l'auteur lui-même ne peut fournir, sauf quelques in-
dications sur la civilisation de La Tène en Bulgarie, apportée ici par les migrations
celtiques (p. 309), rien d'autre que des appréciations d'ordre général sur l'âge du fer
de la Macédoine, plus ancien que celui de Bosnie, mais «mostly of the same type and
date» qu'en Serbie et en Bulgarie (p. 306).
1
) Macedonia, Thrace and Jllyria; their relations p a r a î t accepter — lui aussi — l'opinion de Munro) ;
to Greece from the earliest times donn to the time of or, d a n s toute l'Illyrie a u S de la Save il n'y a ni
Philip son ofAmyntas, Oxford, 1926, p . 287 — 327. population ni civilisation celtiques: les a r m e s ,
2
) Il est très é t o n n a n t de constater que certains les p a r u r e s , la céramique sont non-celtiques !
3
archéologues o n t cru pouvoir affirmer q u ' à J e - ) J u s t i n , X X X I I 3.
4
zerine nous avons affaire à des Celto-IUyres, ) Cp. Camille Jullian, Histoire de la Gaule I ,
seulement parce que l'on y trouve un certain nom- p . 296 suiv.
5
bre de fibules La Tène (Casson, o. c , p . 302, qui ) P â r v a n , Getica, p . 65.
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4
VA SI LE PÀKVAN
Car presque tous les monuments hallstattiens publiés par Poppoff '), et sur lesquels
s'appuie Casson aussi, sont de Macédoine et non de Bulgarie. Mais même s'ils en étaient,
il ne suffit pas de quelques fibules pour décider d'une question si complexe que les migra-
tions illyriennes vers le S et vers l'E. Il s'agit ici d'une conclusion analogue à celle tirée
par Radimsky 2 ), qui voulait trouver aussi en Bosnie le même La Tène qu'en Autriche
et en Hongrie, seulement parce qu'il avait découvert beaucoup de fibules de l'âge de
La Tène à Jezerine. E n effet la Bulgarie est reliée, à l'âge du fer, aussi étroitement à
la Valachie, qu'elle l'avait été à l'âge énéolithique et à l'âge du bronze. Ni en Valachie
ni en Bulgarie les Illyres n'ont rien à chercher. C'est déjà beaucoup si nous y rencon-
trons quelques faibles échos de leurs industries, d'ailleurs comme activité propre en
pays dinariques, tout-à-fait modestes.
Le problème doit être au contraire totalement renversé: entre 700 et 300 av. J.-Chr.
(les limites extrêmes des documents «illyriens» de Gruia) ce sont plutôt des mouve-
ments de population et de civilisation qui remontent le Danube bulgaro-roumain et
serbo-roumain: ce sont les Scythes qui venant de l'E occupent la Dacie et la Thrace
et repoussent devant eux vers l'O tous ceux qui essayent de leur résister: c'est à cette
époque, que les tribus daco-gètes du Banat et de la Petite-Valachie commencent leur
migrations vers la Dalmatie et la Péonie, où ils fonderont Thermidava, Eiminacium,
Berzumnum, Adzidzium, Asarnum, Blandona, Desudava, etc. etc. 3 ) et le nom des Daoi
aorsoi (Daorsi) : «les Daces blancs», devient épichorique dans la région de Spalato 4 ).
Un mouvement contraire, en aval du Danube, ne se prononce à l'âge du fer qu'à
partir de la fin du V-e s., lorsque la pression celtique commence à repousser vers l'E
tous les peuples du Danube moyen et inférieur. Il est très probable qu'à l'approche des
Taurisques, et plus tard des Boïens et des Scordisques, les tribus illyriennes de la vallée
de la Save aient dû chercher refuge soit dans les hautes vallées des affluents de la Save
et du Danube serbe, soit en aval de ces deux grandes vallées jusqu'en Petite-Valachie et
en Bulgarie occidentale. Les Thraces Triballes qui habitaient la vallée inférieure de la
Morava (Margus) paraissent avoir été déplacés vers l'E, jusqu'à l'Iskcr bulgare
(Oskios — Oescus), déjà vers le commencement du IV-e s. E n effet la grande invasion
triballique de l'an 376 contre Abdère et la côte thrace de l'Egée ne pourrait être expli-
quée sans le bouleversement produit par les Celtes dans les pays du Danube moyen et
de la Save 5 ). Or vers la même époque les Celtes pénétraient chez les Ardiens et les
Autariates aussi, entre les Alpes Dinariques et la région côtière qui s'étend depuis la
péninsule d'Istrie jusqu'à la vallée de la Narcnta (i). Ce qui est maintenant décisif pour
notre démonstration, c'est que déjà en 335 les Autariates s'étaient déplacés très loin
vers l'E, occupant le territoire situé immédiatement au N du pays des Agrianes. Les
renseignements de Ptolémée fils de Lagus, chez Arrien, combinés avec les informations
de Diodore et de Strabon, mènent à la conclusion tirée déjà par Zippel 7 ), que les Auta-
B
' ) D a n s l'Annuaire du Musée National de Sofia ) V. chez G. Zippel, Die rômische Herrschaft in
I I 1921, Sofia 1922, p . 152 suiv. (en b u l g a r e , avec Illyrien bis auf Augustus, Leipzig 1877, p . 31 suiv.,
u n t r è s bref résumé en français). le recueil des t e x t e s anciens c o n c e r n a n t ces évé-
2
) D a n s les WMBH. I I I 1895, p . 2 1 2 ; c p . d'ail- nements.
6
leurs Casson aussi, ci-dessus, p . 4 3 , note 2. ) Cp. Zippel, p . 34 et suiv.
3 7
) P â r v a n , Getica, p . 229 suiv., 672, 745 et 7 5 1 . ) 0. c, p . 38 suiv., avec les passages des au-
4
) Ibid., p . 38, 229 et 745. t e u r s anciens.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SEPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
riates avaient occupé après leur défaite dans leur pays d'origine, sur la Narenta, la
vallée de la Morava bulgare, devenant avec les Dardanes les voisins septentrionaux
des Péoniens.
Ces mouvements étaient encore en 335 en plein développement: c'est la raison pour
laquelle Alexandre le Grand entreprend son expédition contre les Triballes et les Illyres
«voisins entre eux» ' ) . Il pouvait s'attendre à chaque moment à une invasion analogue
à celle de l'an 376 contre Abdère. Or les Triballes sont à cette époque si loin vers l'E,
dans la vallée du Danube, que nous pouvons admettre Oescus déjà en 335 comme ca-
pitale de leur royaume 2 ). Mais en ce cas les Illyres, leurs «voisins» doivent occuper le
territoire immédiatement à l'O du Timacus. La présence d'objets d'aspect illyrien du
premier âge du fer en Triballic et en Dardanie ne devrait donc pas nous surprendre:
tous ces peuples se réfugiant au devant des Celtes portaient avec eux leurs anciennes
traditions industrielles.
Cependant les Celtes occupaient toute la région danubienne depuis Belgrade (Sin-
gidunum) jusqu'à Widdin (Bononia). Lorsque Brennus se décidait en 280 pour sa
fatale invasion en Grèce, les Celtes possédaient en Mésie supérieure un large territoire,
dont la garde était confiée à tout un peuple. E n effet les Celtes laissés en Mésie ad ter-
minas genlis tuendos sont à eux seuls capables, ne soli desides viderentur, d'armer pe-
dilum quindecim millia, equitum tria millia, de faire la guerre aux Gètes et aux Triballes,
réunis, et de les vaincre : fugatis Getarum Triballorumque copiis 3 ).
Or nous sommes arrivés avec ces événements juste dans la région et à Yépoque qui
nous préoccupent: à Gruia, vers la moitié du I l l - e s. av. J.-Chr. Les armes celtiques
de Gruia, dont l'épée formidable, à elle seule, pourrait nous expliquer la défaite et la
fuite au devant des Celtes, des Géto-Triballes armés de leurs petites sicae 4 ), sont le
témoignage de la prise de possession armée de la rive gétique du Danube par les Gau-
lois. Arrivant après les Illyres, auxquels appartiennent les restes pacifiques: vases et
parures, trouvés à Gruia, les Celtes trouvent à un siècle près de distance toute une civi-
lisation «illyrienne», dans ces régions auparavant purement thraces. Comme à Donja
Dolina, ainsi à Gruia les Celtes n'exercent pas leurs talents civilisateurs: ils y passent
1
) E n voir la liste chez P û r v a n , Getica, p . 505 m e n e r p a r les contes d ' A p p i e n vers des h y p o -
suiv. et les n o t e s . thèses p a r f a i t e m e n t inacceplahles.
2 5
) P â r v a n , Getica, p . 66 suiv. ) Cp. sur le rôle de Burebista d a n s l'Orient
3
) Cp. P â r v a n , o. c , p . 72. celto-illyro-thrace, Camille J u l l i a n , Histoire de la
4
) G. Zippcl, o. c , p . 153 et suiv., se laisse Gaule I I I , p . 152 suiv.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA
yscoQyeïv: Strabon, p . 315, en parlant des *Agôiaîoi). Mais leurs expéditions contre les
Ardiens et les Autariates se compliquèrent aussitôt par des guerillas sans fin contre les
Dardaniens, les Triballes et les Scordisques aussi (Strabon, p. 315 et 318). Or, la situa-
tion était la suivante. Les Celtes arrivés dans la vallée de la Drave et de la Save, où
ils avaient fondé des villes comme Carrodunum ou Neviodunum (v. fig. 11), avaient préféré
d'envahir et de dévaster, plutôt que de coloniser les territoires illyriens des Alpes Dinari-
ques; Strabon nous le dit d'une manière précise à propos des Scordisques: /lexaţv ôè
( AaQÔavlwv ) ie xal XÔJV ""AqbiaUnv ol AaoaQi'pioi elol xal 'AyQiâveç xal alla aarj/ua ëêvrj,
â ênuQÛovv ol IxooÔioxoi /uéxQi rjorj/wioav xi]v %d}Qav xal ÔQvpâjv âpdxov èy rj/iégaç
nleiovç ènofyoav fi.F.oxi)v (p. 318). Mais les invasions celtiques le long de la côte adriatique
au IV-e s. ont dû être encore plus sauvages ! ) . Ce qui est sûr, c'est que les Taurisques
descendant le Noarus, le Dravus et le Savus vers les plaines pannoniennes, se sont
établi au N de la Drave et y ont fondé leurs grands ateliers sidérurgiques, comme celui
de Szalacska au S du lac Pelso. Leur tendance migratoire, de caractère agricole, com
mercial et industriel a été plutôt vers l'E que vers le S. Comme au IV-e et au ITI-e s.
ainsi vers le commencement du I-er s. av. J.-Chr. les Celtes de la Pannonie avaient
(de nouveau ; cp. ci-dessous) dépassé le Danube, et le royaume de Critasiros avait pour
frontière orientale la Theiss, c'est-à-dire le Celte avait envahi tout le territoire gète
compris entre la Theiss et le Danube. Ce dont Burebista ne manque pas de se plain
dre, lorsqu'il commence ses grandes guerres contre les Boïens et les Taurisques de la
Pannonie: (les Daces) xaxaTtole/ir/oavxeç Boîovç xal Tavoloxovç, ëxhr] Kelxixà xà vno
KnnaaiQCi), (pdoxovteç eïvai xr)v %d)qav ocpExeoav, xainen noxa/xov ôieioyovToç xov IlaQioov
(1. Ilaûlnov), Qéovxoç àno xcôv OQÛJV ènl xov "IOXQOV xaxà xovç ZXOQÔLOXOVÇ xalovjuévovç
Falàxaç. xal yàg ovxoi xoïç 'IIIVQIXOÏÇ ëêvem xal xoïç Ooqxloiç àvayàÇ &xr\oav àll'
èxEivovç /ièv ol Aaxol xaxélvoav, xovxoiç ôè xal ov/i/zàxoiç ÈyQi'\navxo Ttolldxiç. Les dé
couvertes archéologiques confirment les dires de Strabon (p. 313): déjà à la deuxième
période de La Tène les Celtes s'étendaient jusqu'à la Theiss et même à l'E de cette ri
vière. Les restes celtiques, de Koszeg, de Dâlj, de Hôdsâg, de Hatvan-Boldog, de Balsa,
de Gyoma, (TApahida 2 ), démontrent que depuis les Alpes jusqu'en Dacie les Celtes
occupaient toutes les plaines du Danube moyen et que le chemin qu'ils avaient découvert
d'abord vers 400 av. J.-Chr., lorsque leurs guerriers en remontant la vallée du Mures,
étaient arrivés jusqu'à Silivaş, en plein centre de la Transylvanie 3 ), n'avait jamais
été désappris.
Or les Celtes dont il s'agit à Gruia étaient les «petits» Scordisques, d'abord adversaires,
ensuite alliés des Daces. Leurs demeures sont définies par Strabon (p. 318) comme il
suit: âxtjoav ô'ovxoi naqà xov "IOXQOV ôirjorj/iévoi bi%a, ol fièv jueyâloi ZXOQÔCOXOI xalov-
[levoi ol ôè (nxQoi ol fièv juexaÇi) ôveïv Tzoxa/xôjv è/À,ftallovxa>v elç xov "IOXQOV, XOV xe
NOÛQOV XOV naQa rrjv Zeyeoxixrjv QEOVXOÇ*) xal xov Màqyov (xivèç ôè BaQyov epa-
ah) '), ol ôè /iixoiH xovxov nênav, ovvâmovreç Tniflattoïç xal Mvaoïç. el%ov ôè xal rdv
njowv rivàç ol ZXOQÔLOXOI, tnl rooovrov ô*fjv$ijô^aav wore xal [ié%Qt x&v ' l/lrnixôjv xal
TÛV IJawrixcov xal Ooaxùov 71QOÎ]\I%V ôoiov xaréa%ov ovv xal ràç Vïjoovç ràç iv rib
"IoTQCp ràç nlriovç, tfoav ôè xal nôleiç avroïç 'Eôqxa xal Kanêôovvov. La description
de Strabon correspond très bien à la situation que les découvertes archéologiques
confirment pour la Il-e période de l'Age de La Tène, c'est-à-dire pour le Ill-e et
le Il-e s. av. J.-Chr. Au contraire à la Jll-e période, après l'an 100 av. J.-Chr., les
Gètes prennent complètement le dessus et les Scordisques subissent le même sort
que les autres Celtes voisins de la Dacie. Ce qu'il faut retenir chez Strabon, c'est
que les Celtes n'habitent de manière vraiment intense que sur la rive même du Danube,
entre les embouchures de la Drave et de la Morava d'un côté, entre celles de la Morava
et du Timoc de l'autre. Ça veut dire que les Scordisques de la rive droite du Danube
ne font que prolonger plus ou moins au sud du fleuve la masse compacte celtique qui
habitait au N de la Drave et du Danube.
Voici maintenant en quelques mots la suite des événements après l'installation dé-
finitive des Romains en Macédoine. En 141 les Scordisques de la Save battent les Ro-
mains; autre guerre en 135. E n 117 le préteur Sexte Pompée est attaqué en Macédoine
par les Gaulois et les Mèdes (les Thraces Maedi). E n 114 C. Porcius Caton essayant
de punir les Scordisques sur leur propre territoire est b a t t u et chassé lui-même, et toute
PIllyrie est ravagée jusqu'à l'Adriatique. Ce n'est qu'en 112 que M. Livius Drusus réussit
à repousser les Gallo-Thraces et à les forcer de faire la paix. Cependant les années
110 et 109 sont troublées par de nouvelles batailles très sanglantes en Thrace (C. Cae-
cilius Metellus) et en pays scordisque, entre le Drin, la Save, le Danube et le Cibre (M.
Minucius Rufus). E n 97 et en 92— 88, d'autres combats et invasions: les barbares ar-
rivent jusqu'à Dodone. Les Gètes sont pendant ces guerres les compagnons fidèles
des Scordisques: Minucius Rufus imperator a Scordiscis Dacisque premebatur, quibus
impar erat numéro, dit Frontin, Strat. I I 4, 3. Mais tandis que les Gètes sont protégés
au-delà du Danube par leurs forêts impénétrables (cp. chez Florus I 39, 6: Scribonius
Curio, en 74 av. J.-Chr. Dacia tenus venit, sed tenebras saltuum expavit), les Scordisques,
comme d'ailleurs les Illyres et les Thraces aussi, sont de plus en plus affaiblis et décimés
par les Romains tenaces et inexorables. Appien, De reb. Illyr. 3, nous le dit ex-
pressément à propos des Triballes et des Scordisques, les voisins directs des Gètes:
les deux nations se sont combattues avec acharnement l'une l'autre jusqu'à ce que
*es restes des derniers Triballes se soient enfuis chez les Gètes de Valachie, de sorte
que leur peuple, qui du temps de Philippe et d'Alexandre était très puissant, perdit
jusqu'à son nom même parmi les nations du Bas-Danube ; quant aux Scordisques affaiblis
dans les mêmes luttes, ils ont été presque anéantis par les Romains et se sont réfugiés
dans les îles du Danube, d'où plus tard ils ont essayé de se sauver en se rassemblant
dans certaines régions de la Pannonie inférieure 2 ).
Nous constatons donc que le travail civilisateur chez les Celtes du Danube méso-
triballique était très enrayé par les suites du désordre ininterrompu qui régnait ici.
Tandis que les Celtes de la Pannonie et de la Dacie développaient toute une civilisation
«celtique», d'une richesse et variété comparables à celles de la Gaule et des pays du Da
nube supérieur, les Scordisques disparaissaient presque sans laisser d'autres traces de leur
existence sauf les armes avec lesquelles ils s'étaient défendus jusqu'à la dernière heure.
Il nous reste maintenant une seule question encore à élucider à propos des sépul
tures de Gruia: celle d'une éventuelle contemporanéité des vases et des parures de ces
tombes, avec les lances et les épées trouvées à la même place. L'on peut aisément
constater en Illyrie que la céramique de type carpatho-danubien de l'âge récent du
bronze et du premier âge du fer continue à être en usage même à l'âge de La Tène.
Radimsky a même relevé le fait suivant, d'une importance décisive: «auf der Drehscheibe
erzeugte Thongefăsse kamen in Jezerine ziemlich selten vor und gehoren fast durchaus dem
Formenkreise rômischer oder griechischer Gefiisse an, so dass man schliessen darf, die
Einwohner des Landes haben in der La Tène-Période nur aus freier Hand Thongefăsse
erzeugt, und der Gebrauch der Tôpferscheibe sei ihnen erst durch die Rômer bekannt
geworden» '). Mais il y a autre chose encore: nulle forme céramique de type celtique n'est
adoptée par les Illyres, comme c'est si souvent le cas en Dacie, où tant de formes nouvelles
se retrouvent en technique paysanne tout simplement façonnées à la main, à côté des
vases tournés, de la même époque, soit importés des Celtes du NO, soit fabriqués en Dacie
Les armes celtiques de Gruia, datables à la deuxième période de La Tène, auraient
donc très bien pu être contemporaines de la poterie «illyrienne» que l'on y a découverte.
Cependant il faut relever de suite le cas tout-à-fait exceptionnel où se trouveraient les
Celtes enterrés de cette façon, pêle-mêle avec des étrangers et avec un mobilier funé
raire étranger.
Encore plus difficilement pourrions-nous admettre une contemporanéité des pa
rures et des épées de Gruia. En effet les fibules de l'âge de La Tène ont vite trouvé
leur chemin même dans les coins les plus reculés de l'Illyrie. Il suffit de parcourir les
rapports des fouilles de Jezerine (Radimsky), de Sanskimost (Fiala), et, naturelle
ment, de Donja Dolina (Truhelka) 2) [l'emplacement classique pour les formes cérami
ques et autres de la civilisation illyrienne de la vallée de la Save], pour se convaincre
aussitôt que les Illyres eux-mêmes ont adopté les types celtiques de fibules et que par
suite en aucun cas et sous aucun motif la belle fibule en arc de Gruia n'aurait pu appar
tenir ni à un homme ni à une femme de l'âge de La Tène. Quant aux pendantifs en forme
de grelots, ils sont si caractéristiques pour l'époque pré-La Tène (ou au plus tard archaeo-
La Tène) d'Illyrie, qu'ils constituent, à côté de la céramique, le trait ethnographique le
plus frappant pour le non-celtisme du mobilier funéraire en bronze trouvé à Gruia.
Force nous est de tirer maintenant les conséquences de notre brève analyse des
sépultures de Gruia. La pénétration illyrienne en aval du Danube, en pays gétiques,
déjà avant l'arrivée des Celtes, mais sûrement provoquée par leurs invasions en terri
toire proprement illyrien, dans la vallée de la Save, nous paraît parfaitement assurée
et datée par les découvertes de la couche la plus ancienne de Gruia. À un siècle près
de distance suivent les Celtes eux-mêmes. Les sépultures celtiques de Gruia sont ex
clusivement de temps de guerre. Nul objet celtique de nature pacifique n'y a été trouvé.
2
*) Radimsky, Die Nekropole von Jezerine in Pri- ) Dans les WMBH. Iïï 1895, VI 1899 et IX
toka, dans les WMBH. III 1895, p. 195. 1904.
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49
VASILE PÂRVAN
3
') Je dois noter encore ici, que la question des ) Les bracelets plurispiraux à têtes de serpent,
migrations illyriennes, vers la Macédoine (tout d'a de Mahrevici (Truhelka, dans les WMBH. X ï ï
bord celle des Autariates eux-mêmes) ne m'a pas 1912, p. 20), n'ont rien de commun avec les bra-
préoccupé ci-dessus ; je renvoie donc aux articles déjà celets analogues de la Dacie, sauf peut-être l'idée
cités de Vulic et de Katzaroff et j'ajoute que le stylistique, tout à fait générale.
4
sujet mériterait d'être traité de nouveau par quelque ) Truhelka, l. c , p. 26 — 28, poursuit sur le
jeune historien slave qui serait en même temps un terrain les trois périodes de l'âge illyrien de La
archéologue militant sur le terrain. Tène, d'après les fibules, et croit pouvoir établir des
2
) Cp. pour les couteaux de Verşeţ, Pârvan progrès et des regrès de la pénétration celtique
Getica, p. 488 et 527 suiv. avec fig. 333 et le9 dans les Alpes Dinariques.
observations p. 528 note 1.
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50
LES FOUILLES DE SULTANA
Nous avons expliqué ailleurs ') les circonstances dans lesquelles nous nous sommes
dirigé vers la région qui, géograpbiquement, porte le nom, assez bien connu, de Câmpia
românà (la Plaine Roi un ai ne).
Immédiatement voisine de la Dobrodgea, la «Câmpia românâ» a été explorée au
cours des vingt dernières années du siècle dernier par Gr. G. Tocilesco, principalement
au point de vue épigraphique, et, en second lieu, en ce qui concerne les monuments
gréco-romains qu'on y rencontre. Tocilesco, élève de Hirschfeld, collaborateur et cor-
respondant de celui-ci, et aussi de Mommsen, était surtout un épigraphiste.
Mais, à partir de 1906, grâce à M. Pârvan, et par suite de l'extension de plus en
plus grande prise par ses études historico-archéologiques, qui ont permis de connaître
en détail l'histoire de la Scythie-Mineure, de Salsovia à Abrittus, y compris les centres
d'Ulmetum, Tropaeum, Tomi, Callatis et Histria, depuis le temps de la pénétration
grecque jusqu'au moyen âge, la Plaine Roumaine, qui n'est séparée de la Dobrodgea
que par le Danube, dont les eaux l'enceignent en décrivant une large courbe, avant
de se diriger vers la mer Noire, la Plaine Roumaine, disons-nous, était tout naturelle-
ment destinée à occuper le premier rang parmi nos récentes préoccupations.
Au temps de la dernière guerre, plusieurs archéologues allemands ont profité des
circonstances qui soumettaient notre pays à l'occupation étrangère pour entreprendre
des recherches dans beaucoup de localités d'Olténie, antérieurement explorées par moi
ou par quelques autres amateurs de la région, soit dans une des îles du Danube, à
Gârla-Mare, soit sur les bords du fleuve, à Mâgura-dela-Fundu-Chiselet (cote 24) etc.
Sauf en ce qui concerne Gârla-Mare 2 ), nous ne possédons jusqu'à présent aucun
renseignement détaillé, ni aucun double. Seule, une communication personnelle de
M. le Professeur Hubert Schmidt, de Berlin, a attiré, en 1923, notre attention sur les
richesses archéologiques exceptionnelles que renferme spécialement la vallée du Danube.
Entre temps, nous avions déjà commencé nos travaux par toute une série de
voyages de reconnaissance, immédiatement suivis de fouilles, d'une part à Piscul-Cra-
sani, actuellement mise au jour, et, plus tard, à Sultana, dont nous nous occupons ici.
Au cours de l'automne de cette même année, un de nos assistants, M. Radu Vlâdesco-
Vulpe, actuellement membre de l'École roumaine de Rome, a exploré pas à pas toute
la région située entre Mostishtea et Calarashi 3 ).
2
' ) I. Andrieçescu: Piscul Crasani, Découvertes ar- ) Léonard Franz: Vorgeschichtliche Funde aus
chcologiques faites en 1923 (Annales de ΓAcadémie Rumànien, Sonderabdruck aus der «Wiener Prâ-
roumaine, Mém. de la Sect. historique, Série I I I , historischen Zeitschrift», I X , 1922, Vienne, 1922.
3
Tome I I I , p . 1 et suiv. ; résumé en langue fran- ) Bulletin de la Commission des Monuments histori-
çaisc, pages 93—94). ques, X V I I , fas. 40, Bucarest, 1924, p . 40 et suivantes.
51
i*
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I. ANDRIEÇESCU
Les fouilles que nous avons dirigées au cours de l'été 1924 à Cetatea-dela-Zimnicea,
Teleorman, ont complété, par un riche matériel, les recherches entreprises à Piscul-
Crasani. De même, les fouilles effectuées à Gumelnitza, près d'Oltcnitza (Ilfov) et en-
treprises par un autre assistant de notre Musée, M. Vladimir Dumitresco, pendant
Fig. 1.
Sultana est un petit village, le plus petit peut-être de ceux qui s'alignent, tout
près les uns des autres, à droite ou à gauche de la Mostishtea, et sur les rives du grand
canal qu'elle forme au Sud de Târiceni, où l'on aboutit, soit par la voie ferrée Buca-
rest-Constantza (gare Sàruleshti), soit par la grand'route, plus ou moins parallèle à la
voie ferrée, route que l'on abandonne à Tâmâdâu, pour descendre plus bas, par Pârlita
et Gurbâneshti, Obileshti et Frâsinet (fig. 1).
Nous sommes là en plein Bâràgan, à peu près au milieu de la plate-forme qui repré-
sente la steppe la plus typique de la Roumanie,— coupée par la rivière Mostishtea et
bornée par la Ialomitza. L'aspect général du paysage est très pittoresque et très spé-
cial. Il a été magistralement décrit par le prosateur et archéologue roumain Alexandre
Odobesco. Aux points de vue géographique et géologique, il faut se reporter aux
œuvres de MM. Em. de Martonne, S. Mehedintzi, feu G. M. Murgoci, G. Vâlsan et
Vintilâ Mihailesco. 1 ).
Les éminences du terrain, qui dépassent rarement une hauteur de 70 mètres, bor-
dent des deux côtés la vallée de la Mostishtea, laquelle toutefois, avant de s'élargir
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LES FOUILLES DE SUI.TANA
2
physique, Bucarest, 1915. Vintilà Mihâilescu: ) Idem, p. 82.
3
Vlâsia §i Mostiçtea, Bucureçti, 1925. ) G. Vâlsan, op. cit., p. 83.
») R. Vlâdesco-Vulpe, loc. cit., p. 81—83.
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I. ANDRIEÇESCU
par les vestiges mêmes, livrés par la partie explorée, elle était entière. Des ve-
stiges nombreux et ca-
ractéristiques, rencon-
trés à la surface du sol
(silex taillés, fragments
de poteries), nous ont
montré, dès notre pre-
mière visite, que nous
nous trouvions dans
une station des plus in-
téressantes au point de
vue de sa richesse. Ces
suppositions devaient
être entièrement con-
firmées.
Nous expliquerons
d ' a b o r d comment se
sont développées les
fouilles ; nous expose-
rons ensuite les résul-
Fig. 2.
tats de ces travaux,
et nous en tirerons les
conclusions qui convi-
ennent aux points de
vue chronologique et
cultural-historique.
*
* *
É t a n t donné l'état
dans lequel nous avons
trouvé la colline de Sul-
tana, coupée par le mi-
lieu, comme nous l'a-
vons déjà dit, et en
continuel éboulement
vers le lac — on peut
le voir d'ailleurs par la
photographie prise sous
Fig. 3. cet angle — nous avons
estimé que les fouilles
devaient, dès le début, être pratiquées, non seulement à l'endroit où la surface révé-
lait le plus grand nombre de vestiges — ce qui est explicable par l'érosion des cou-
ches d'humus que les phénomènes atmosphériques, grâce à l'exposition du lieu, pou-
vaient attaquer avec une force considérable — mais encore, et dans la limite du possible,
:.i
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LES FOUILLES DE SULTANA
qu'on devait explorer tous les environs immédiats de la falaise en cours d'affaisse-
ment, laquelle, même sans fouilles, se serait effondrée en quelques années.
C'est ainsi que nous avons procédé.
La superficie totale occupée actuellement par le plateau, un peu bombé, de la col-
line, représente un diamètre de 25 mètres, et, dans un autre sens, une dimension maxima
(EO — NS) de 71 mètres.
Avant de s'être éboulée, la colline présentait une forme oblongue, dont l'axe était
de direction NE — SO et elle mesurait 130 mètres environ.
Nous avons donc pratiqué une coupe (NE — SO) de 40 mètres carrés (20X2), dans
la pente E de la colline et jusqu'à sa bordure (endroit où se rencontrent les vestiges
les plus nombreux à la surface) ; nous avons fouillé, d'autre part, une étendue plus
considérable : 100 mètres carrés (20 X 5), de manière que vers la fin des travaux, et
suivant les nécessités que la solution des problèmes avait imposées lors des dernières
fouilles, la dernière portion devînt large de 150 mètres carrés (15 X 10), dans la direction
EO, jusqu'à l'extrême limite Ouest de la colline. Le total des fouilles s'étendrait sur
290 mètres carrés (fig. 4).
11 faut ajouter toutefois que la troisième surface n'a pas été creusée au point de
parvenir jusqu'à épuisement de la couche de culture ; le temps manquait d'abord,
puis les objets recueillis étaient, sauf de rares exceptions, à peu près identiques. Mais
nous estimons qu'ainsi un premier résultat avait été déjà atteint, dans la voie de la re-
connaissance et de l'identification des localités, pour la carte archéologique de la Rou-
manie. Un riche matériel et de nombreuses observations sur les conditions dans les-
quelles ont été faites les trouvailles en sont la preuve.
Plus tard, lorsque la région entière sera mieux connue, on pourra poursuivre les
travaux. Grâce à elles, on pourra obtenir la vérification des observations faites, et
compléter une récolte qui, ici comme ailleurs, ne sera certainement point exempte de
surprises. Nous ne croyons pas cependant que l'aspect général de la vie passée en ces
lieux, soit plus tard défini d'une manière trop différente de la nôtre, à la suite des
résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent.
*
* *
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I. ANDRIEÇESCU
de bijou en terre cuite, une tête de figurine d'animal au museau mince et allonge.
Nous présenterons en temps utile ces divers objets.
Entre 25 et 40 centimètres de profondeur, les poteries deviennent plus nombreuses,
les silex aussi. Nous avons trouvé une autre hachette en pierre polie. On commence
à découvrir des vases à profils intéressants, dont certains sont garnis de proéminences
simples ou doubles, des fragments de jarres, des débris provenant d'habitations, et
qui renferment encore des morceaux de branchages ayant servi à la confection du
torchis. Pour le moment, signalons de pareils vestiges dans les portions NE de la
surface B, et SE de la surface A, tout autant d'indices d'habitations que nous trouve-
rons en masse à un niveau inférieur. Parmi divers silex éclatés, signalons en particulier
une superbe pointe de flèche. Beaucoup de fragments de poteries, ou de moulins à
bras, dans la partie SE de la surface B, indiquent le voisinage d'autres habitations,
bâties à un niveau plus bas. Il était donc tout naturel de rencontrer, encore, dans cette
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LES FOUILLES DE SULTANA
direction, des débris de murs, avec des traces d'enduit appliqué à la main. Cette ma-
nière de faire, de beaucoup
antérieure à la maçonnerie,
nous la retrouvons cepen-
dant, aujourd'hui encore,
dans les maisons paysannes
les plus élémentaires.
Les fragments de murs
trouvés à Sultana sont so-
lides et bien conservés (fig.
5) ; ils ont été en effet cuits
par l'incendie qui a ravagé
les habitations dont ils fai-
saient partie,
Au même niveau, aussi
bien en B q u ' e n A, on a
également trouvé d ' a u t r e s
Fig. 5.
ustensiles en silex, typiques
ou atypiques ; une perle allongée faite d'argile cuite, intacte, dans la partie sud de la
région A, et une autre, brisée, en B ; un instrument en cuivre ; un disque de parure
percé d'un trou; des fragments de moulins à b r a s ; des fragments de passoires; une
sorte de petite table à pieds (on en rencontrera plus tard d'autres échantillons) ; un
petit percuteur.
Parmi les fragments de céramique recueillis, un certain nombre sont décorés d'une
ornementation très intéressante et tout à fait nouvelle, caractérisée par une rangée
d'incisions courbes et parallèles entre elles, qui se succèdent horizontalement sur la
partie arrondie des vases. Ces incisions servent de points de départ à d'autres, prati-
quées plus bas, toujours courbes et parallèles entre elles, mais disposées en sens inverse.
Nous nous en occuperons lors de la description des résultats obtenus.
Enfin, au même niveau, on a rencontré une figurine d'animal en terre cuite ;
dans la partie sud de la région A, deux autres figurines, réduites en fragments, sont
humaines.
La couche révélant la civilisation s'annonce donc comme exceptionnellement riche.
Toutefois, le terrain a été fortement bouleversé. On en trouve la preuve, non seule-
ment dans des débris de murs beaucoup plus perfectionnés, construits à la chaux, mais
dans la découverte d'une longue aiguille de fer, d'un ciseau et d'autres ustensiles pjus
petits, également en fer, et même d'une icône en bronze qui figure la Vierge Marie
tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Cette icône est bordée d'une inscription en langue
slavonne, dont l'étude sera confiée à un spécialiste.
La présence de cet objet est due à un simple hasard et ne modifie en rien l'unité /
de culture du milieu archéologique de Sultana, que, dès la surface même du sol, on r e ^
connaît comme appartenant au néo- et à l'énéolithique.
Entre 40 et 60 centimètres, le sol est uniquement composé de terre végétale, sauf
aux points 1 et 2, où l'on trouve assez fréquemment des vestiges de murs, et des cen-
dres, et même au point 3, où ces restes se rencontrent en quantités moindres.
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I. ANDRIKÇKSCU
Nous nous trouvons donc évidemment au-dessus d'une des régions peuplée autre-
fois de modestes habitants. L'inventaire des objets recueillis présente de nombreux
fragments de céramique, dont beaucoup proviennent de vases de grande dimension.
Un certain nombre portent, à leur surface, des proéminences simples, doubles ou
triples.
Les silex travaillés sont fort nombreux; beaucoup d'entre eux sont typiques.
On a trouvé encore un disque d'argile troué, deux percuteurs, une belle hache
en pierre taillée (pi. I I , fig. 9), un autre percuteur, une petite table en argile cuite
pourvue de quatre pieds (pour la forme, v. pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10) et des moulins
à bras.
Certains fragments de gros vases, découverts aux environs du point 1, présentent,
outre leurs proéminences, une ornementation tout à fait rudimentaire, réalisée, sans
grand soin, à l'aide des doigts, et en sens oblique, sur les parois du vase, avant sa
cuisson.
Ces vases portaient quelquefois des couvercles ; on en a découvert plusieurs, de
formes spéciales (pi. X X I I I , fig. 1—4 et 7 — 9).
Il faut signaler encore une autre hache, de grande dimension, en pierre taillée
(pi. II, fig. 7); et, parmi les débris de poteries, encore un fragment orné d'incisions
courbes, dans les sens horizontal et vertical, et parallèles entre elles; nous en avons
déjà parlé.
Au milieu de la région A et à 50 centimètres de profondeur, on a découvert la
partie supérieure d'une figurine en terre cuite.
A partir de 60 et jusqu'à 75 centimètres, les traces de murs sont beaucoup plus
apparentes, relativement au sol environnant, qui est d'une couleur plus sombre, si
on le compare à la teinte de l'argile souvent cuite et agglomérée par une chaleur
ardente.
Aux points 1 et 2 et en moindre quantité au point 3, les débris dont il vient d'être
question se trouvent épars dans la masse considérable des restes de clôtures, de paille
et de clayonnages que l'on distingue mieux au niveau atteint par nous, sur le point
4. Des vestiges assez importants de murs, de paille et de clayonnages commencent
également à se révéler au point 5.
Comme inventaire, nous relevons en B : des silex, un lest de filet, un disque
troué de parure, une passoire, une figurine d'animal à long cou, cette dernière en
terre cuite (pi. X X X I V , fig. 19) ; 3 percuteurs en silex, plusieurs perles, grosses et
de forme allongée, faites d'argile cuite.
En A et spécialement dans le voisinage du point 4 : une hache en pierre; un
petit couteau en pierre ; un lest de filet ; un moulin à bras ; au dessous du point 4,
une idole entière, bien conservée, (pi. X X X V , fig. 6 et 7), une hachette de pierre
dont l'œil n'est pas terminé ; une gaine, ou hache perforée, en corne de cerf,
brisée au niveau de l'emmanchement (pi. I X , fig. 2 et pi. X, fig. 2).
Un peu plus loin vers le Nord, un autre exemplaire de manche semblable, demeuré
intact; une figurine plate, en os, également très bien conservée (pi. X X X V I , fig. 6 et
pi. X X V I I , fig. 6 a).
Signalons parmi les silex, une superbe pointe de flèche, et, parmi les fragments
de céramique, un grand nombre qui présentent des proéminences simples ou doubles,
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LES FOUILLES DE SULTANA
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I. AND1UEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTANA
peinte; ils sont peu nombreux. Remarquons qu'à ce niveau ils commencent à peine
à apparaître.
Une nouvelle série de parois — assez restreinte toutefois — se révèle au Sud-Ouest
de l'habitation 10, au point 13; ces bâtiments auront dû constituer un simple abri
d'été, au voisinage des habitations proprement dites. Dans toute cette partie NE
de la surface B, on a rencontré des fragments de vases, du charbon, et une partie im-
portante d'une; moulin à bras.
À côté des ruines, il faut mentionner en outre les trouvailles suivantes: un petit
vase, des restes de moulins, des poids pour filets ; des tessons de poteries dont certains
présentent des proéminences larges et aiguës.
Un petit vase, découvert au point 2, porte à sa surface deux rangées de proémi-
nences superposées (pi. XV, fig. 11 et pi. X V I I I , fig. 6).
Les vases trouvés sont la plupart trop petits pour être d'un usage pratique. L'un
d'entre eux est d'une forme et d'une technique supérieure à celles de tous les autres
échantillons découverts jusqu'ici. De même, les poids de filets, beaucoup mieux con-
stitués au point de vue de la forme et de la cuisson, se distinguent totalement des ob-
jets similaires découverts dans les autres stations, néo-, ou même énéolithiques.
Nous ne pouvons donc, d'une part, écarter une impression assez claire du culte
et du rite funéraire que représentent tous ces restes. D'autre part, étant donné tou-
jours que tous les éléments de l'inventaire et surtout, bien entendu, la céramique de
caractère supérieur — est sûrement plus récente que celle du milieu général, primitif
néolithique, de Sultana, — elle ne peut s'expliquer ici, par rapport à la couche et au
niveau auxquels nous sommes parvenus, que par une superposition de populations. Les
nouveaux venus ont creusé et bouleversé le sol, en beaucoup d'endroits, à une profon-
deur bien plus grande que celle du niveau où se tenaient leurs devanciers.
Depuis 1 m 30 jusqu'à 1 m 75, sous le point 1, et le long du talus de l'Est, on re-
trouve des débris de parois. Le terrain environant est surtout de couleur jaune, argileux.
En divers endroits, on trouve des traces de feu, de charbon, de calcaire, partout
des silex, et aussi des tessons de poteries, dont beaucoup présentent des proé-
minences.
Vers le talus Ouest, au même niveau, on a trouvé une figurine en os (pi. X X X V I ,
fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. l a ) ; une autre, en terre cuite, assez informe; deux têtes,
toujours en terre cuite et un poids de filet.
En A, c'est-à-dire parmi les restes de parois incendiées portant des empreintes
bien visibles de chaumes trouvées dans la partie Sud-Est, on a trouvé deux percuteurs,
un fragment de vase portant un ornement en spirale, des silex, un moulin de 0 m, 50 X
0 m, 25, ressemblant à une cuve de blanchisseuse, et un autre du même genre, mais
plus petit.
Un peu plus profondément, au point 1, et le long du talus Est, on rencontre peu
à peu et de plus en plus clairement une nouvelle série de débris de parois, mêlés de
cendres et de bois carbonisé.
Ces ruines s'étendent successivement sur des surfaces qui commencent par 0 m, 80 X
0 m, 80 — 1 m, et le dernier ensemble comporte 1 m 8 0 X 1 m 80 (fig. 4 : 1 3 , 1 2 , l t ) . Un
groupe, à peu près aussi considérable, se trouve au même niveau, dans la direction
verticale du point 8 (fig. 4 : 8j).
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I. ANDKIEÇESCU
Dans ces deux portions, les débris de poteries sont rares. Relevons-en seulement
un, avec proéminences, qui provient d'une jarre ou d'une urne.
Nous voici donc parvenus à une profondeur de 1 m 60. L'inventaire est toujours
le même. Aux environs des ruines du point lv et vers le Nord, on a trouvé un moulin
à bras. Au même niveau, dans la portion A, plusieurs autres ont été découverts. Dans
B, un peu plus à l'Ouest du moulin dont nous venons de parler, on a trouvé encore un
instrument en cuivre, et une figurine d'animal long et mince, en terre cuite (pi. X X X I V ,
fig. 19), surtout des silex, dont beaucoup sont typiques; une hache en pierre, une petite
figurine féminine en os (pi. X X X V I , fig. 3 et pi. X X X V I I fig. 3), un disque d'os
percé, une perle de forme oblongue en argile cuite.
De la portion A, on a retiré aussi des silex, et, dans la direction du Sud-Est, de
nombreux fragments de poteries, de débris de coquilles et des cendres.
Mais ce n'est pas seulement à 1 3 , 1 2 et l j que nous avons rencontré des vestiges
d'habitation à ce niveau. Nous trouvons les mêmes débris de parois avec traces de
branchages aux points 10 et 13 ; tout auprès, nous avons rencontré une partie de
moulin à main, et des poteries, avec des restes de charbon ; une figurine d'animal en
terre cuite, avec des mamelles (pi. X X X V , fig. 15), un poids de filet, des fragments
de grands vases et un petit ustensile en cuivre.
Le caractère technique de la céramique ne se montre pas inférieur, ce qui
est tout à fait remarquable à ce niveau, où, nous avons découvert au-dessus, les
habitations dont nous parlions tout à l'heure, séparées par une couche de terre
jaune.
Depuis 1 m 75 jusqu'à 2 m, l'aspect du sol se révèle le même, aussi bien en A qu'en B,
et l'inventaire ne change pas. Ce sont les mêmes silex éclatés, dont beaucoup sont
typiques. On a trouvé là trois haches de silex taillé, trois autres, plus petites, en
pierre polie; un fragment de moulin, un fragment de grande jarre avec une proé-
minence très accusée, un percuteur en silex, sur lequel on découvre un essai de perfo-
rage ; un poinçon en os, une moitié de fuseau, une figurine en terre cuite, et un petit
vase, sans caractère utilitaire.
Au-dessous du point 2, on a découvert également un petit vase piriforme, et des
débris d'autres poteries plus grandes, de qualité bien supérieure. De même, en fon-
çant plus bas à partir de ce niveau, on a extrait des céramiques dont la plupart
sont d'un genre supérieur à celles qui ont été découvertes jusqu'à présent. Les unes
sont patinées, d'autres revêtues de couleurs ou d'ornements en spirale. Nous les dé-
crirons plus loin, en détail.
Au coin NE de la portion B se trouvent actuellement les derniers vestiges des
ruines situées entre les points 11 et 5, à la même profondeur que celle atteinte par les
autres fouilles.
Au-dessous du point 81? et au point 8 même, les débris sont nombreux et ren-
ferment souvent des traces de chaume. Au même endroit, on a trouvé un poids co-
nique en terre cuite, non percé, travaillé avec soin, et une anse de couvercle. Un peu
plus loin, vers le Sud-Est, on a découvert une partie de plateau, de bonne facture,
revêtue d'une légère patine.
L'inventaire des objets en os s'accroît de deux fragments de figurines dont la
partie inférieure est ornementée ; l'une d'elles surtout présente des trous pointillés
(>1>
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LES FOUILLES DE SULTANA
Les résultats des fouilles de Sultana — fouilles qui n'ont duré que peu de temps,
et qu'on a pratiquées sur une surface relativement restreinte, si l'on considère le ter-
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I. ANDKIEÇESCU
rain resté intact— sont cependant assez satisfaisants. Nous avons, grâce à elles, repré-
senté à peu près entièrement l'inventaire des stations similaires d'Europe les mieux
pourvues sous le point de vue préhistorique.
Ce qui manque encore, nous le trouverons, sans aucun doute, en fouillant le sol
sur une étendue aussi grande que possible. Nous pourrons ainsi élucider les doutes
et les imprécisions qui ont été la conséquence forcée de nos premières recherches.
*) Ici, comme ailleurs, les recherches bien in- tentionnées n'avaient point manqué. On pourra
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LES FOUILLES DE SULTANA
et au Sud du Danube, elle présente une signification spéciale, que nous essaierons de
préciser en terminant.
Comme dans toutes les stations similaires, l'industrie du silex est bien représentée
à Sultana.
En commençant par les instruments qui servaient à la fabrication d'outils et
d'armes — qu'on nomme percuteurs et nueléus — nous en trouvons à Sultana de nom-
breux échantillons, surtout des premiers.
Sur 23 percuteurs en silex, presque tous, d'après les données classiques précédem-
ment acquises, ont tellement servi que tous leurs angles sont effacés et sont deve-
nus tout à fait sphériques (pi. I, fig. 1, 2,
3 et 4 ; pi. I I , fig. 1 et 2 ; pi. XIV, fig.
4, 5 et 7). Un autre présente une forme
à peu près discoïde (pi. I I , fig. 2) ').
En outre, dans tous ces percuteurs,
on a pratiqué un léger creux, évidemment
pour que le doigt s'y fixât et ne glissât
point ; mais ce creux n'est pas aussi pro-
fond que dans la forme typique présentée
par de Mortillet 2 ).
Les nueléus découverts à Sultana sont
au nombre de 14, et de taille moyenne
ou petite. Deux d'entre eux présentent
une forme plus ou moins arrondie (pi. I I ,
fig. 3 et 4), semblable à celle de projectiles
de même nature, dits «nucléiformes» 3 ).
Mais comme le prouvent les étoilures de
leurs extrémités, il n'est pas impossible
qu'ils aient servi de percuteurs 4 ).
Si nous considérons le nombre rela-
tivement restreint des «nueléus», compa-
rativement à celui des «percuteurs» et sur-
tout à l'abondance d'instruments en silex,
typiques ou atypiques, entiers ou fragmen-
taires, qui se chiffrent par environ 1850,
parmi lesquels 1000 pourraient être défi- Pi. IL
nis propres à l'usage, nous pouvons avoir
l'impression qu'à Sultana, même si la matière brute a été apportée en quantités ap-
préciables, elle a été travaillée, non seulement avec beaucoup de conscience, mais
même avec parcimonie.
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3 Daeta î 19i4.
1. VNDKIK.SESCr
Parmi les instrumente en silex découverts à Sultana, les plus nombreux sont des
lames et des couteaux, entiers on fragmentaires. Les bords en sont souvent très tran-
chants. Plates sur la face d'éclatement, ces lames ou ces couteaux portent au dos une
ou deux nervures longitudinales (pi. I I I , fig. 1—45). Il est évident qu'en beaucoup de
cas ces objets ont été faits pour être bien tenus en main.
Beaucoup plus rares, et sans autre distinction, on trouve des lames de silex qui
portent des dentelures pins on moins fortes; on peut les considérer comme de petites
scies (pi. IV, fig. 1 — 7).
En revanche, les grattoirs sont
très nombreux et très caractéristi-
ques (pi. IV, fig. 8 — 12,17 - 24,25 —
26, 33 et 34, 36 — 3 8 ; pi. V, fig. 1
et 2). À notre avis, ceux découverts
à Sultana ne peuvent être distin-
gués d'une autre sorte d'instruments
similaires, les rocloirs, qui se trou-
vent également en assez grand nom-
bre.
Nous présenterons ici seulement
quelques exemplaires (pi. IV, fig.
13 — 16, 27 — 32 et 35).
Il n'est cependant pas impos-
sible que certains de ces grattoirs
(pi. IV, fig. 12, 17, 19 et 37; pi. V,
fig. 1), aient été utilisés également
comme retouchoirs. Mais leur pointe
a été brisée par l'usage.
lîlllllllull
Parmi les instruments que nous
venons de eiter, l'un présente une
forme archaïque spéciale (pi. IV, fig.
33). Il y a là, peut-être, seulement
Γ 58
53 54 35 56 37 58 39 40 41 42 43 44 45 un hasard ; peut-être aussi un reste
ri. i de types antérieures, ce qui concorde
assez bien avec l'emploi fréquent des
retouchoirs, qui, à Sultana, se rapprochent beaucoup, comme aspect, des types mou-
stériens.
Tous les instruments sont confectionnés de telle manière qu'ils peuvent être saisis
solidement entre le pouce et l'index de la main droite.
Il n'y a rien à observer quant aux perçoirs (pi. V, fig. 3 — 21); les seuls qui aient
été travaillés avec soin sont les deux derniers, mais, comme ils sont trop petits, ils
ne semblent pas, certainement, avoir été pratiquement utilisés.
Un exemple de retouche plus soigné est celui qui est représenté par la fig. 13.
Cette pièce était probablement une pointe de flèche.
Ce sont les instruments représentés dans la planche V (fig. 22 — 44), qui semblent
avoir surtout servi de retouchoirs. Leur pointe est le plus souvent rompue et devenue
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LES FOUILLES DE SULTAN A
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5*
Si nous passons m a i n t e n a n t a u x a u t r e s é l é m e n t s de l ' i n v e n t a i r e que nous pro-
duisons ici, de nouvelles p r e u v e s du genre ainsi q u e des p h a s e s du travail n o u s seront
données p a r u n e série c o m p l è t e de huches en silex, d é c o u v e r t e d a n s t o u t e s les couches,
et qui r e p r é s e n t e n t , ici, c o n n u e ailleurs ( B u t m i r , etc.), non seulement les a p t i t u d e s
W
1 2 . 4 5 6 7 β 9 10 * 3 4- W
12 13
11 a 15 1* 17 18 IV 20 21
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J? 3θ 39 40 41
PI. V.
42 43 44 54 35 36 37 38
PL VI
39 40 *1
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LES FOUILLES DE SULTANA
représentés par les exemplaires figurés dans les reproductions (pi. I, fïg. 13, 15 et 12
ou pi. I I , fig. 5, 7 et 10).
L'exemplaire à peu près typique comme forme pourrait être celui représenté dans
la fig. 14 de la planche I (pi. I I , fig. 9). Un autre exemplaire de même ordre a été
brisé à l'usage (pi. I, fig. 12 et 13 ou pi. II, fig. 5 et 10). De même, le dernier exem-
plaire de la planche II (fig. 14), utilisé comme hache, a été, à un moment donné, em-
Pl VII
ployé comme nucléus, en détachant d'une de ces surfaces deux lames, faciles à re-
connaître (pi. I, fig. 16).
Comme Montelius le dit, cette sorte de haches appartient aux dernières périodes
de l'époque néolithique *) et, vu leur abondance dans toute la station de Sultana,
elle constitue une première indication chronologique plus précise, dont nous devons
tenir compte.
*) Schlemm, «p. cit., p. 99, et l'opinion de Mon- keilen und flachen Hacken, das der dritten in spitz-
teliui concorde parfaitement avec le parallélisme nackigen Beilen, das der Steinkupferzeit in schmal-
établi par Moritz Hoernes, à savoir: «1. Spiral- nackigen Beilew>. M. Hoernes: Urgeschichte der bil-
maanderkeramik ohne Malerei ; 2. Stichbandke- denden Kunst in Europa von den Anfângen bis um
ramik; 3. bemaltc Keramik. Das Steingeriit der 500 vor Christi, ΙΙΙ-e Aufl. hg. v. O. Menghin,
ersten und zweiten Stufe besteht in Schuhleisten- Wien, 1925, p. 300.
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I. ANDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTAN A
PI. IX.
' ) Franz v. P u l s k y : Die Kupfcrzeit in Ungarn, plaires en bronze provenant de Sinaïa, v. Andrie-
Budapcst, 1884, p. 71, fig. 1 — 6 ; Hampel Jozsef: sescu: Sur Vâge du bronze en Roumanie. 1915,
A bronzkor rmlékri Magyarhonban, Budapest, où il est parlé d'un exemplaire tout en cuivre
1892—1896, I I I , p. 51, fig. 4 — 8. Pour les exem- découvert en Posnanie.
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I. 4NDRIEÇESC1
') G. et A. de Mortillet: Musée, pi. LI, fig. 516 et 548; Déchelette, op. cfo, I, p· 532, fig. 192.
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LE9 FOUILLES DK SULTANA
verrons plus loin, nous avons trouvé aussi des objets bien travaillés en terre cuite,
soit pour la parure, soit pour des usages pratiques, à savoir: pour le filage, la pêche.
Comme bois, il ne nous est resté que les empreintes des étais employés pour les
16 17 18 „ „ | | 1\ ^
27 28
21 22 2", 24
29 50 25 26
27 M
PI \ I . PI. XII.
habitations. Ceci est explicable en raison de la nature grasse de notre sol, ainsi que des
pluies fréquentes qui le pénètrent et l'imbibent.
En ce qui concerne Vos, nous signalerons, tout d'abord, plusieurs poignards, les
uns plus petits (pi. X I , fig. 3 et 4 ; pi. X I I , fig. 31 et 32" (long. 0 m 094), un autre
assez grand et puissant (pi. X I I , fig. 26 (long. 0 m 148).
Le plus grand nombre sont des poinçons ou des perçoirs (pi. X I , fig. 1, 2, 5, 6,
12—16; pi. X I I , fig. 14, 18, 19,20, 25 et 30); les dimensions en sont habituellement
réduites.
On a aussi trouvé à Sultana deux ciseaux également en os, dont l'un est usé
et moins régulièrement travaillé (pi. X I I , fig. 13), l'autre plus soigneusement ouvré,
quoique la rugosité soit fort apparente sur la partie déclive du tranchant (pi. X I I ,
fig. 12).
Enfin on a découvert à Sultana toute une série d'Objets de parure, pendantifs, en
os également, dont certains tout prêts à être fixés ou adaptés aux vêtements (pi. X I ,
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T. ANDRIEÇESCU
fig. 7 — 9; de même fig. 1 1 ; ensuite pi. I X , fig. 9, la même que celle de la pi. X I I ,
fig. 24; pi. VII, fig. 25, 21, 23, 24 ou pi. X I I , fig. 15, 21, 17, 23 et 22).
On a trouvé, par contre, en plus grand nombre des disques-parures en terre cuite
(pi. X I , fig. 21 — 30; pi. VII, fig. 22 et 27 ou pi. X I I , fig. 4 et 5).
Une seule perle percée, en os, a été trou-
vée (pi. X I , fig. 31), mais on a découvert un
bien plus grand nombre de semblables paru-
res en terre cuite (25) présentant la forme
de grains de perles percés dans toute leur lon-
gueur (pi. X I I I , fig. 1 — 2 1 ; pi. VII, fig. 30
et 31). On a fermement l'impression que les
habitants, plus accoutumés aux produits cé-
ramiques, trouvaient plus commode d'exé-
cuter également leurs parures en terre cuite.
À Sultana, comme ailleurs, les fusa'ioles
sont aussi en terre cuite, très simples d'ail-
leurs (pi. VII, fig. 29 et 28 ou pi. X I I , fig. 11
et 9 ; de même pi. X I I I , fig. 22 — 25); en ce
qui concerne les tissus on n'en trouve pas la
moindre trace à Sultana. Il en est de même
des poids pour filets (23) (pi. V I I , fig. 3 2 ;
pi. I X , fig. 8, 12, 13, et 6, de même pi. X I V ,
• il m
*9 20
23
fig. 2 et 3). L'un de ces poids de filet (pi. IX»
fig. 6) présente sur son fonds, trois empreintes
circulaires. Un deuxième exemplaire (pi. XIV,
^ÊÊL fig. 2) présente, situées au même endroit, < :inq
•
W pareilles empreintes à la file. La ebose ne
24 25 peut être due au hasard. Ce sont-là probable-
p. χ τ ment des signes conventionnels, dont nous ne
connaîtrons peut-être jamais le mystère.
L'exemplaire suivant (pi. I X , fig. 7 ou pi. XIV, fig. 1) est d'une forme ne res-
semblant aux poids de filet qu'en apparence, sans trou de suspension, mais d'une
régularité complète que ne possèdent point les poids de filet. On ne peut préciser
l'emploi de cet objet, qui n'était certainement pas un poussoir. Bien qu'on en ait
trouvé très peu, les poussoirs de Sultana ont une tout autre forme (pi. I X , fig. 5 et
10 ou pi. X X I I I , fig. 1 et 2), par rapport aux couvercles des vases. Cela n'a pas pu
être non plus un pilon à semences, car on a trouvé à Sultana un assez grand nombre
de meules à bras, destinées à écraser les grains (pi. XIV, fig. 6) ; or, leur forme est
bien différente. Il est bien plus probable que des instruments du genre de celui dont
nous nous occupons, étaient des molettes à broyer les couleurs employées dans l'in-
dustrie céramique.
De même, n'oublions pas, dans cet ordre d'idées, quelques petites tables à quatre
pieds, toujours en terre cuite (pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10), dont l'emploi n'a pu être
que de caractère religieux, en tout cas, d'aucune utilité pratique.
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LES FOUJLF.ES DE SULTANA
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i. A\i>mi:si:s<:r
souvent réduite à un simple passage à la flamme. Les exemplaires sont néanmoins ré-
sistants. Le contour présente une ligne assez sûre et, d'autre part, l'ornementation,
quelque naïve et simple qu'elle soit, est disposée suivant certaines lois qui, en aucun
cas, ne contredisent le cadre des motifs ornementaux de l'Europe du Sud-Est. Il n'est
pas rare, comme nous le verrons par la suite, que de nouvelles variations documentent
des motifs connus d'une autre manière.
Les grandes formes sont à peu près toujours aussi le plus primitives comme tech-
nique.
Les petites formes, d'un profil plus délicat, accusent aussi une meilleure tech-
nique. La pâte de ces vases est plus uniforme et plus uniformément cuite, quelque-
fois même très bien et très également cuite et façonnée.
Beaucoup plus rarement, la surface des vases a une patine, au sens préclassique,
mais propre du mot, patine fréquente plus tard dans la céramique de l'âge du bronze
en Dacie comme aussi au Sud-Est de l'Europe.
A Sultana du moins, les vases ne sont pas grands; il n'y en a que de petits; leur
profil est particulièrement élégant, mais n'appartient qu'au Sud-Est, dans des limites
géographiques, sur l'étendue desquelles on discutera encore fort longtemps ' ) . Cette
céramique représente à Sultana le maximum, en ce qui concerne la capacité tech-
nique.
Les formes. — Si la céramique de Sultana ne diffère, quant à la technique, presque
en rien de la céramique néo- et énéolithique en général et encore moins de l'Europe
du Sud-Est, comme nous venons de le voir, en ce qui concerne les formes et l'orne-
mentation, cette céramique nous apporte beaucoup de nouvelles données intéres-
santes, d'autant plus qu'elles comblent une lacune, ressentie depuis un long temps
dans tout le monde carpatho-balcanique, presque entièrement inconnu jusqu'à pré-
sent, en ce qui a trait à la région comprise entre les Carpathes et le Bas-Danube.
Sultana n'est, il est vrai, sous ce point de vue, qu'un simple début, mais je crois
qu'il est, comme on le verra, assez concluant.
Ce qui prédomine à Sultana, depuis les couches les plus basses de la période de
civilisation et jusqu'en haut, c'est, sans nul doute, une céramique primitive en tant
que matériel et comme travail et tout aussi simple comme forme et ornementation.
Ayant des parois épaisses et droites, que les vases soient grands ou petits, ils
n'ont d'autres ornements que l'accolement, autour du goulot, d'une ceinturette alvéo-
laire, ou d'incrustations parallèles. Il en va de même d'une ou de plusieurs grandes
proéminences, surtout excécutées sans soin, d'où partent assez souvent vers le bas,
obliquement, d'autres ceinturettes, ou encore, très souvent, le plus simple ornement
que nous puissions imaginer pour recouvrir la surface des vases (— (1er Flàchenfullende
' ) Soit dit en passant, je suis loin de croire nier m o t : La Thessalie appartiendrait pour cette
que les opinions de M. C. L. Woolleys (Afia minor, époque au milieu de culture de l'Asie Mineure, etc.
Syria and the Acgcan, «Liverpool Annals», 1922) Plus justifiées me semblent les réserves et la ré-
bien que nouvelles et intéressantes, ainsi que les pétition de la p . 794 ainsi que de la note 131 de
commentaires de M. O. Mengbin (M. Hoernos M. Mengbin, quand il dit: «Es wiire aber immerliin
Mengbin: Urgeschichtc drr bildvndvn Kunst in Eu- moglich, dass kiinfti^r Fnrscbungcn uns veranlassen
ropa von den Anfàngcn bis zu 500 vor Christi, kônnen, eine andere Aufteilung vorzunebmcn».
Wien, 1925, p. 772), soient, à ce sujet, le der-
7(.
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LES FOUILLES DE SULTANA
PI. XV.
XVI, fig. 1 — 7). Il est bon de noter que les trois derniers fragments cités de la pi.
X V I , bien que situés tout à fait au bas de la couche de civilisation, sont supérieurs
aux autres comme pâte et comme cuisson. Il ne s'agit pas d'une variation accidentelle,
mais, comme nous le verrons dans beaucoup d'autres cas, d'un abaissement général de
bas en haut du niveau général de culture.
Dans une forme de vase, aux parois intérieures inclinées, le genre d'ornementa-
tion est le même (pi. XV, fig. 3 ou pi. XVI, fig. 8).
Enfin, dans un fragment de vase aux parois encore plus inclinées — le travail et
la cuisson ayant été plus soignés — l'ornementation est constituée par des incisions et
des égratignures, plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'effilant
vers le goulot du vase (pi. XV. fig. 5).
Avec une même technique, d'autres vases, entiers ou fragmentaires, présentent
des formes toutes différentes, et ce, surtout pour les petits vases.
Un petit vase, trouvé dans les couches basses de la fouille, vase très probablement
destiné au culte, de cuisson assez bonne, nous permet de distinguer deux lignes presque
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I. ANDRIKÇKSCtl
égales du profil (pi. XV, fig. 8 ou pi. XXI, fig. 4); la ligne la plus petite se trouve
au fond.
Nous pouvons, en accentuant certaines de ces lignes de profil,poursuivre une varia-
tion des plus intéressantes dans le
cadre des formes du milieu néo- et
énéolithique Carpathn-Dnnubien, ainsi
que du Sud-Est européen.
Un petit vase, à moitié conservé,
aux parois droites relativement épais-
ses et travaillées avec moins de soin,
a la ligne du goulot assez distincte,
mais irrégulièrement tracée, et porte
deux proéminences, qui se répétai-
ent probablement aussi sur l'autre
face (pi. XV, fig. 7). 11 a été trouvé
dans les couebes les plus basses et de
proportions inusitées; c'était proba-
blement aussi un vase destiné au
culte.
Petit également, mais moins pro-
fond, un autre vase a la forme d'une
coupe basse, avec un ornement d'in-
cision, radial mais irrégulier, à sa
partie inférieure; comme le précé-
/
- ^ÊÊMÊË^ - dent, il ;i été trouvé dans les plus
^w.' v m I basses couebes de la période de cul-
4 1 turc (pi. XV, fig 9).
Il y a des formes beaucoup plus
13
nombreuses, qui, s'il leur manquait
le fond, auraient beaucoup de res-
semblance avec les coupes en céramique peintes de la Transylvanie, et même, en allant
plus loin, de l'Europe centrale.
Elles n'ont toutefois jamais les parois droites et leur fond est toujours grand, mais
jamais spliérique (pi. XV. fig. 10) ; les proéminences en diagonale séparent la ligne su-
périeure du corps du vase de la ligne inférieure. Avec quelques variantes, c'est l'une
des plus fréquentes formes trouvées à Sultana.
Une semblable variante nous est offerte par le vase suivant, qui présente une
légère accentuation du goidot et deux fois quatre proéminences en diagonale (pi. XV,
fig. 11 ou pi. XVIII, fig. 6) λ). Il en est de même pour un autre, avec cette différence
qu'ici les proéminences, répétées et plus ou moins régulières, constituent un véritable
ornement (pi. XV, fig. 13). On trouve encore de pareils exemplaires en Valachie, mais
en petit nombre. Ce sont-là les exemplaires les plus caractéristiques qui illustrent
l
) Seules trois paires de proéminences sont autres, constituant la 4-e paire, sont disparates,
constituées p a r paires, l'une sous l'autre ; les deux
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LES FOUILLES DE SULTANA
PI. XVII
ornement à raies verticales, sans doute postérieur comme ornement à l'ancien, réduit
à varier les surfaces par les traces parallèles des doigts promenés verticalement ou
obliquement.
D'autre fois, plus rarement, la ligne du goulot manque ; le vase possède alors
une anse puissante et l'ornementation consiste en des raies plus ou moins courbes qui
ornent à leur manière la partie supérieure du vase (pi. XV, fig. 14),
E n allant du plus ancien au plus nouveau, de l'inférieur au supérieur, stratigraphi-
qiiement parlant, nous avons une fois de plus l'occasion de constater, non pas une évolu-
tion, mais une régression sous le rapport des formes ; quant aux autres éléments, ils
ne diffèrent pas d'une manière discordante (pi. XV, fig. 15, 16 et 6; pi. X V I I , fig.
1, 2, 11, 5, 10 et 4 ; de même pi. XVI, fig. 9 —15). Ces formes ne représentent pas
seulement une liaison avec les figures antérieures; l'une d'entre elles, tout particu-
lièrement (pi. XV, fig. 6 ou pi. XVI, fig. 11), de par le caractère de son profil,
représente une liaison avec d'autres formes similaires que nous verrons plus loin,
d'une autre technique et d'une autre ornementation, beaucoup plus caractéristiques à
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S u l t a n a . La forme devient ainsi un élémenl d ' o r i e n t a t i o n s t y l i s t i q u e particulièrement
précieux.
Il y a plusieurs g r a n d s vases p l u s
c o n s i s t a n t s c o m m e p â t e , bien venus à
la cuisson, p o s s é d a n t une o r n e m e n t a -
tion s e m b l a b l e à celle dont nous a v o n s
parlé plus h a u t , o r n e m e n t a t i o n e m p l o -
yée plus l i b r e m e n t et d ' u n e m a n i è r e
plus sûre (fig. t e x t e 7 - 9 et pi. X V I I ,
fig. 7).
U n v a s e s e m b l a b l e au p r é c é d e n t ,
a y a n t des parois p l u s épaisses, n o u s
p r é s e n t e d e u x anses i m p o r t a n t e s e t u n e
o r n e m e n t a t i o n c o n s t i t u é e p a r des grou-
pes de q u a t r e lignes p r o é m i n e n t e s , dis-
posées en d e u x rangées a l t e r n a t i v e s (fig. t e x t e 1 0 ; p i . X I X , fig. 1). Le f r a g m e n t
d ' u n a u t r e v a s e , de forme et f a c t u r e similaires, a u n e a n s e r e p r é s e n t a n t u n e t ê t e
d ' a n i m a l (fig. t e x t e 11).
Q u a n d la p a r t i e inférieure du vase
est p l u s basse et q u e le v a s e en son
t o u t est plus p e t i t , alors il est p r i v é
d ' a n s e s q u i s o n t r e m p l a c é e s p a r des
p r o é m i n e n c e s ; l ' o r n e m e n t a t i o n est
aussi plus simple, c o m m e n o u s l ' a v o n s
v u plus h a u t (pi. X X , fig. 1).
N o u s a r r i v o n s ainsi à l'une des
formes p r é d o m i n a n t e s de la c é r a m i -
q u e de S u l t a n a , bien c o n n u e p a r sa
fréquence, s u r t o u t «dans le N o r d de la
région C a r p a t h o - B a l c a n i q u e » néo- e t
Fi
é n é o l i t h i q u e , la c é r a m i q u e incisée et 8- 8 ·
p e i n t e : la forme en poire 1 ) .
A S u l t a n a n o u s la t r o u v o n s d a n s u n e série e n t i è r e d ' e x e m p l a i r e s , p a r m i lesquels
le plus c a r a c t é r i s t i q u e est, sans d o u t e , celui q u e r e p r é s e n t e la figure (texte) 12 a, 6, ainsi
q u e la pi. X V I I , fig. 9 e t p i . X V I I I , fig. 2. L e v a s e a le fond r o n d , le r e b o r d l é g è r e m e n t
relevé, e t il s ' a p p u i e , a p p r o x i m a t i v e m e n t , sur q u a t r e pieds en d i a g o n a l e , q u i a t t e i g -
n e n t à peine la ligne h o r i z o n t a l e d u fond. E n t r e d e u x de ces pieds le v a s e p r é s e n t e u n e
a n s e , en forme de t ê t e d ' a n i m a l , p e r c é e ; d a n s la p a r t i e d i a m é t r a l e m e n t opposée e t
e n t r e les d e u x a u t r e s p i e d s , le v a s e n ' a q u ' u n e p r o é m i n e n c e é g a l e m e n t p e r c é e . L a
couleur d u v a s e est foncée et l é g è r e m e n t p a t i n é e . D e p a r la forme et de p a r ses dé-
tails p l a s t i q u e s , le v a s e de S u l t a n a est u n e x e m p l e c a r a c t é r i s t i q u e de la c o m b i n a i s o n
de la c é r a m i q u e e t de la p l a s t i q u e ; celle-ci, c o m m e n o u s le v e r r o n s , e s t t r è s bien
représentée à Sultana.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Trois autres exemplaires, sans posséder la patine du vase ci-dessus, mais ayant
subi une bonne cuisson exécutée avec soin, ont le fond plus sûr (pi. X V I I , fig. 6 et
12 (pi. X V I I I , fig. 4), de même pi. XVII, fig. 8 (pi. X V I I I , fig. 5); le dernier, de
même, a une petite proéminence et
un léger ornement peint en zigzag,
sur tout le corps du vase (visible
seulement sur la pi. X V I I I , fig. 5).
Nous reviendrons à l'ornement; en
l ont cas il faut remarquer, encore
une fois, la liaison entre la forme du
vase, la proéminence qu'il porte et
l'ornement colorié ; on doit aussi re-
marquer le motif ornemental; tou-
tes ces données sont caractéristiques
pour l'unité de style de la céramique
de Sultana.
Bien cuits, possédant souvent
une patine foncée, plusieurs vases ont l'aspect de casseroles, formes qui ne sont
pas étrangères au Sud-Est. L'ornementation répète des motifs connus ou bien manque
complètement (pi. X V I I , fig. 13 ; pi. X X , fig. 8 et 4).
Il y a deux autres casseroles d'une
forme approximativement analogue,
ayant une partie supérieure bien plus
basse, d'un aspect général beaucoup
plus commun et sans aucun ornement
(pi. X X , fig. 2 ou pi. X V I I I , fig. 1, de
même pi. X V I I I , fig. 3).
Une petite casserole, ressemblant
aux précédentes, ayant toutefois des
parois verticales à sa partie inférieure
et ne possédant aucune ornementation,
est d'une correction et d'une délica-
tesse de lignes remarquables ; elles a
été trouvée beaucoup plus profondé-
ment que la plupart des autres (pi. X X ,
fig. 6). Le fragment d'un vase tout à
Fig. 10. fait semblable, un peu moins souple,
bien façonné toutefois, possède aussi un
léger ornement de lignes incisées, constituant une bande verticale, qui probablement se
répète (pi. X V I I , fig. 3).
Il faut également mentionner que parmi les formes de vases indiquées plus haut,
dont l'une a les parois de sa partie supérieure légèrement inclinées, a sur les lignes de la
panse une série d'excavations ou creux régulières s'étendant tout autour (pi. X X , fig. 9) ;
d'autre part, le rapport entre la partie supérieure et la partie inférieure des mêmes
formes peut varier, comme nous en donnons des exemples (pi. X X , fig. 11).
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6 Ducin T l'.i-'l.
I. ANDRIEÇESCU
*) Contribution à la Dacie avant les Romains, possède une légère patine foncée,
3
p. 57 — 58 et note 79— 84. ) Collection de Berlin. Précisions de II. Schmidt:
2
) La panse du vase constitue un angle aigu; Tongefàssc drr jiingcren Kultur. B. Jùngcre Stil·
sans ornements, le vase est façonné avec soin et arten.
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LUS FOI ILI.FS DE SULTANA
Par contre, une autre série de formes aux parois droites, mais bien moins soi-
gneusement ouvrées, toujours patinées néanmoins, et avec les creux du profil emplis
d'une pâte blan-
che ornementale,
se répète de bas
en haut, dans
toute l'étendue
de la couche de
culture (pi. XX,
fig. 20, 22 et 19;
pi. XIX, fig. 3,
4 (pi. XX, fig.
20,5) (pi. X X , fig.
22) et 6). On se
tromperait en cro- PI. XVIII
yant que les pre-
miers fragments sont plus anciens ; au contraire, la chose a été en se simplifiant. Il est
à noter également que le fragment le
plus nouveau (pi. X I X , fig. 3) porte
une proéminence qui souligne l'inci-
sion blanchâtre située près du rebord
du vase.
D'autres formes de vases bas, un
genre de coupes, les unes répétant, en
plus petit, des variantes déjà signa-
lées, mais d'une technique et d'un
travail de beaucoup supérieurs, re-
présentent ce que nous pouvons con-
sidérer comme la dernière expression
de perfection céramique à Sultana
(pi. X X , fig. 7, 10, 18 et 21). Leur
nombre relativement beaucoup plus
petit, ainsi que leur caractère peu uti-
litaire ont été mis en liaison, comme
nous l'avons déjà vu, avec leur em-
ploi comme vases du culte. Il faut
également mentionner ici qu'ils ont
tous été trouvés aux plus grandes
profondeurs des couches de l'époque
de civilisation. Le rebord de l'un
10 des fragments est légèrement tordu
(pi. X X , fig. 18). La patine noirâ-
PI. X I X .
tre du dernier fragment, d'ailleurs
sans autre ornementation, est tout à fait remarquable.
D'utilité douteuse, peut-être sans même en avoir eu, un petit vase de Sultana a la
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e*
forme d'une fusaïole; il est travaillé sans soin et insuffisamment cuit (pi. X X , fig. 15).
Un autre ressemble à une petite auge, possédant deux proéminences latérales percées
de trous verticaux et une ornementation d'incisions légères, en manière de virgules su-
perposées (pi. X X I I , fig. 1 ou pi. X X I , fig. 7 1 ) ; d'une technipuc de la pâte et d*un
travail assez primitifs, ce vase contraste avec la profondeur à laquelle il a été trouvé,
ainsi qu'avec son ornementation. Un troisième a la forme d'une corne coupée (pi. X X ,
PI. XX.
fig. 14), une sorte de rhyton en miniature. Le fragment d'un quatrième vase, d'une
forme qui, elle aussi, n'est pas rare, a une proéminence percée verticalement et qui
très probablement se répète sur l'autre face (pi. X X I I , fig. 2).
Un cinquième petit vase est beaucoup plus caractéristique (pi. X X I I , fig. 3 ou pi.
X X I , fig. 3). Découvert dans la couche la plus élevée, il a non seulement une forme
familière à notre Sud-Est, mais, par la terminaison de sa partie supérieure en figu-
rine plastique, il représente, encore une fois à Sultana, l'étroite relation qui existe
ici entre la céramique et la plastique.
Parmi les dernières formes de vases entiers, ou presque entiers, de Sultana, que nous
pouvons présenter, l'un au fond arrondi et possédant deux rosaces (ou tortils) latérales,
l
) Sans aucun ornement, d'autres semblables une cloison médiane,
cuvettes sont doubles, c'est-à-dire séparées par
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LES FOUILLES DE SULTANΛ
PI. XXII.
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î. \M)Hii;si;scr
me semble d'autant plus fondée, qu'un couvercle véritable, venant toujours de Sul-
tana, beaucup plus régulier (pi. X X I I , fig. 7), porte un ornement tout à fait simi-
laire comme intention, mais d'une autre exécution et très rapproché, comme manière,
de ce qui a été indiqué plus haut (pi. XV, fig. 12, 15 etc.).
Comme ailleurs, il a été trouvé
à Sultana, de nombreux couvercles
de vases. En dehors de celui que
nous avons présenté, ils se réduisent
à trois types: un type de couvercle
trouvé plus profondément, certaine-
5, ment plus ancien, avec une poignée
* représentant une tête d'homme, à peu
près telle qu'elle est [représentée à
part (pi. X X I I , fig. 10 et X X I I I ,
fig. 3 et 8) ; un deuxième type, tou-
jours plus ancien que le suivant, avec
la poignée d'une forme beaucoup
plus éloignée de la représentation plas-
tique de la tête humaine (pi. X X I I ,
fig. 4) ; enfin un troisième type, plus
nouveau, comprend une série entière
de couvercles, plus ou moins fragmen-
taires, de différentes grandeurs, tous
munis de manches puissants (fig. texte
13 et 14; pi. X X I I , fig. 14 et pi. X X I I I ,
fig. 9).
Des formes céramiques pouvant
être illustrées par des fragments inar
ginaux et par des rosaces, nous en don
nons, enfin, une série entière pour com
pléter la présentation ci-dessus ( pi
Fig. 14.
X I X , fig. 7 —10 ; pi. X X I V , fig. 1 —14)
J e reproduis aussi quelques fragments dans le texte, pour permettre d'apprécier le
profil: la fig. 16 de la pi. X X I I est la pi. X X I V , fig. 10; la fig. 11 de la pi. X X I I est
la pi. X X I V , fig. 1 1 ; la fig. 13 de la pi. X X I I est la fig. 12 de la pi. X X I V ; le profil
fragmentaire marginal pi. X X I V , fig. 1 est approximativement celui représenté par la
fig. 8 de la pi. X X I I avec les variantes pi. X X I I , fig. 15 et pi. X X V , fig. 1 (pi. X X I V ,
fig. 13) ; un dernier fragment est de beaucoup le plus élancé (pi. X X V , fig. 5 ; pi. X X I V ,
fig. 14), avec sa rosace commençant tout de suite sous la ligne de panse du vase.
Dans un seul cas, un fragment représentant le fond d'un vase a une rosace obtenue
par percement horizontal, vers l'intérieur du vase et non point vers l'extérieur (pi.
X X I I , fig. 6). Dans un seul cas aussi, une rosace, puissante et large, habituellement ver-
ticale par rapport à la surface du vase, a, en plus d'une ligne verticale saillante, sur
sa surface, deux proéminences à sa partie supérieure (pi. X X V , fig. 6). Comme nouvel
exemple de l'étroite liaison qui existe à Sultana entre la céramique et la plastique,
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il
fragment a été trouvé
à 1 m 20 de profon-
deur.
Dans la présenta- 10
tion du matériel céra-
PI. XXIII.
mique, les formes con-
stituent un meilleur critérium que la technique. Mais le complément des deux c'est
l'ornement.
* *
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I. A N D R I K S I x l
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I. INDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DF SULTANA
fragment marginal (pi. X X V I I I , Kg. 6) les lignes obliques sont plus rares et plus en relief
que sur le fragment marginal de la planche XVI, fig. 5. L'avant-dernier fragment men-
tionné (pi. X X V I I I , fig. 5) présente aussi de l'intérêt par le fait que les lignes en re-
lief sont obliques de gauche à droite et tracées sans aucune considération pour la
symétrie des proéminences ; de pareils cas sont rares.
Les lignes en relief, légèrement obliques ou verticales, arrivent enfin à constituer
de véritables petits registres (si l'on peut ici utiliser ce mot) en lesquels est répartie,
avec une remarquable symétrie, toute la surface du vase et particulièrement la sur-
face supérieure, (pi. X X V I I I , fig.
13, 14 et 23). La pâte et la nature
du travail de l'ornementation sont
d'une même simplicité. Les proémi-
nences, quand il y en a, sont d'anci-
enne facture. Nous nous trouvons
toutefois, et sans doute, en des temps
très avancés au point de vue de la
culture ; ces temps sont encore illus-
trés par deux autres fragments à
proéminences et à raies saillantes,
partant obliquement ou verticale-
ment des proéminences (pi. X X V I I I ,
fig. 11 et 18). Nous arrivons ainsi
aux vases dont les panses ne son!
ornementées que par de semblables
raies saillantes, parallèles et plus ou
moins proéminentes. Un semblable
fragment, de bonne cuisson' (pi.
X X V I I I , fig. 19), mais en pâte com-
mune, a des parois assez épaisses ;
sa découverte dans les couches infé-
rieures de la station concorde com-
plètement avec tout ce que l'on a
trouvé à des niveaux supérieurs. L'o-
rigine néolithique et énéolithique de PI. XXVIII.
la céramique côtelée est mise une fois
de plus en évidence d'une manière tout à
fait concluante.
Des observations tout aussi intéressantes au point de vue du caractère général
archéologique, nous sont offertes à Sultana, d'un côté par l'ornementation d'incrusta-
tion et de fouille en profondeur, et, de l'autre, par l'ornementation à ceinturettes. Nous
avons, en passant, donné un aperçu sur l'emploi des deux procédés. Il est évident
que leur maximum d'utilisation ne pouvait tendre qu'à recouvrir de l'un ou l'autre
de ces ornements, la plus grande partie de ces vases. L'amour de la variation inter-
vient ici également, surtout en ce qui concerne le premier ornement cité, et nous amène
à des motifs nouveaux, inconnus jusqu'à Sultana, lesquels trouvent leur explication
avec toutes les données stylistiques convaincantes, allant du plus ancien au plus
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é. fit 31 "^2
PI \ \ l \ .
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b a s , plus ou moins parallèles (pi.
X X I X , fig. 24). Comme u n t e l
o r n e m e n t é t a i t , t e c h n i q u e m e n t dif-
ficile à réaliser sans utilisation de
certaines lignes horizontales de di-
rection t o u t a u t o u r du vase, p o u r
é v i t e r le m a n q u e de parallélisme des o r n e m e n t s de tous les vases cités plus h a u t , il a
fallu p r o c é d e r en c o n s é q u e n c e . E t alors, ou l'on a t r a c é d i r e c t e m e n t des lignes horizon-
t a l e s , q u i , de m ê m e q u e l ' o r n e m e n t a t i o n composée de simples creux p r e s q u e r o n d s
qu'elles e n f e r m a i e n t , é t a i e n t emplies d ' u n e p â t e blanche — les cas sont très rares (pi.
X X I X , fig. 18), ou bien l'on a procédé b e a u c o u p plus h a b i l e m e n t , d ' u n e m a n i è r e plus
raffinée m ê m e — et c'est le procédé, c o m p a r a t i v e m e n t le plus utilisé à S u l t a n a — en
t r a ç a n t les lignes horizontales de direction de telle façon, q u e , v u e de profil, la p a r t i e
o r n e m e n t a l e d u vase se p r é s e n t e c o m m e u n e rangée de s o r t a n t s et de r e n t r a n t s super-
posés, m a r q u é s d e ces signes de p a r e n t h è s e d o n t nous avons p a r l é (pi. X X I X , fig. 17,
22, 2 3 , 2 5 , 26, 2 8 , 29 — 32). Ces d e n t e l u r e s , disposées l'une derrière l ' a u t r e , c o u p e n t plus
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I. ANDRIKÇESCU
ou moins régulièrement (en tous cas beaucoup plus régulièrement que d'après le pro-
cédé précédent) une grande partie du vase (pi. X X I X , fig. 32 et pi. X X V , fig. 2),
ou même sa plus grande partie (pi. X X I X , fig. 31). Si les lignes horizontales de
direction sont creusées plus négligemment, l'ornement en souffre comme symétrie
(pi. X X I X , fig. 20), avec une exception explicable lorsque le vase est tout petit (pi.
X X I X , fig. 27 et X X I I , fig. 9). Au contraire, lorsque les creux horizontaux ont été
tracés avec assurance et profondément, l'ornement arrive à se présenter comme dans
le fragment (pi. X X I X , fig. 28), où un creux avec un clair ornement de fermeture de
la parenthèse alterne avec un autre, inverse, d'ouverture du même signe. L'effet est
le même que celui de l'ornement auquel les archéologues allemands ont donné le nom
de falsches Schnurornament, mais celui de Sultana est plus complexe, dont les élé-
ments sont, je crois, ceux que nous avons présentés.
Nous arrivons ainsi à un ornement tout à fait à part dans le cadre de l'archéo-
logie de la Dacie, ainsi que de l'Europe du Sud-Est, dont quelque fragments vont
nous servir d'exemples, les uns marginaux, un autre d'un petit vase presque entier,
trouvés — notons-le — dans la couche la plus basse de la station de Sultana. Nous
les présentons, d'après ce qui vient d'être dit, dans cette succession même, du moins
profond au plus profond (pi. X X I X , fig. 30 — 32; puis fig. 29, 33 et 34; enfin pi. X X X ,
fig. 1 — 17 et X X X I , fig. 4). Il est à remarquer, qu'aux points de vue technique et
de la forme, nous avons dépassé depuis longtemps les possibilités des premiers groupes
céramiques établis plus haut et que nous nous trouvons en présence de quelques-uns
des meilleurs produits céramiques de Sultana.
De quoi se compose l'ornement qu'ils portent? Eu égard aux éléments de filia-
tion stylistique indiqués plus haut, la réponse ne semble pas trop difficile. II y a
certes et en premier lieu ces signes de parenthèse parallèles entre eux, que nous
avons vus plus haut (plus haut aussi comme niveau), en rangées sur la surface des
vases et disposés de manière d'autant plus régulière, que les lignes horizontales de
direction ont été mieux tracées. Nous retrouvons le même ornement sur trois frag-
ments exécutés très simplement (pi. X X I X , fig. 29, 33 et 34). Il est évident que pour
des vases de plus en plus parfaits, l'ornement prend des aspects variés ; le prototype
reste le même. Ce sont tous les mêmes signes de paranthèse mis bout à bout (par exem-
ple pi. X X X , fig. 3, 7 et 12), reliés entre eux avec habileté. Deux fragments nous don-
nent surtout une preuve éclatante de la finesse du matériel employé et du fini du tra-
vail (pi. X X X , fig. 5, ou pi. X X V , fig. 4 et pi. X X X , fig. 17 ou pi. X X I I , fig. 18).
Si nous ajoutons à cela la présence du même ornement sur une forme comme
celle représentée par la fig. 3 de la pi. X X V et 4 de la pi. X X X (piriforme et avec
des proéminences, forme et accessoires également caractéristiques de la Dacie et du
Sud-Est), et le fait que, dans un autre cas (pi. X X X , fig. 16), nous trouvons le même
ornement à côté d'un autre peint sur le col du vase (fait caractéristique pour cette
époque à la Dacie et au Sud-Est), l'ornement dont nous parlons plus haut, nous
apparaît comme organiquement lié à notre milieu archéologique et parmi les plus
beaux produits de l'époque néolithique et énéolithique de la Dacie. Ce sont d'ailleurs
les moins nombreux.
Ils ont, pour la plupart, de toutes petites formes et ont été fort probablement
employés aux rites religieux.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Mais la céramique de Sultana compte encore deux séries de produits qui, se dis-
tinguant de ceux qui viennent
d'être vus, surtout comme décor
( en partie aussi comme tech-
nique ), nous ont obligés à les
grouper à p a r t : une céramique à
bandes, linéaire, spiralo-méandri-
que, monochrome, avec peu de
traces d'ornementation par in-
crustation de pâte blanche ; enfin,
une céramique peinte de deux
manières : l'une plus primitive,
sous tous les rapports, utilisant
comme motif le même ornement
spiraloïde antérieurement cité ; un ( " \
;
-^ v
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I. WDKIKSI'.Sd
1
) Voyez aussi pi. XIX, fig. 3—6.
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LES FOUILLES DE SULTAINA
qui sont remplies d'autres incisions, plus ou moins régulières (pi. X X X , fig. 34-37; pi.
X X X I I , fig. 2, 7, 9 et 11).
L'ornement spiraloïde résulte du groupement de deux ou plusieurs creux ou d'in-
cisions spirales parallèles, qui entourent toute la rotondité des vases (deux incisions
profondes, pi. X X X I I , fig. 1; quatre minces, pi. X X X I I , fig. 5).
D'autres fois, l'ornement spiraloïde est plus schématique et résulte de creux en
spirales assez soigneusement tra-
cés sur les parois des vases (pi.
X X X , fig. 33).
Une catégorie à part est for-
mée tout naturellement par les
cas où l'ornement est en spirale
mate, en bande en léger relief,
laquelle contourne les parois des
vases. Maintenant la surface res-
tante des vases est laissée sans
aucun ornement (pi. X X X I I , fig.
12) ou laissée sans aucun soin
(pi. X X X I I , fig. 13) ; d'autres
fois elle est recouverte de lignes
légèrement incisées, plus ou moins
régulièrement (pi. X X X I I , fig.
14, 15 et 17 ; pi. X X X I I I , fig.
16 et 17).
Parmi ces fragments, l'un spé-
cialement (pi. X X X I I , fig. 17)
laisse se détacher l'élément spirale
d'une manière très claire, avec un
luisant mat, par rapport à la face
du vase grattée sans ordre. En-
core plus fortement profilée est
la bande spirale d'un autre frag-
ment (pi. X X X I I , fig. 14).
Il est plus rare de voir, toujours sous l'influence de l'ornement spirale, dans une
des variantes ci-dessus, la partie supérieure du vase, au-dessous de la ligne du col,
laquelle est ceinte d'une bande remplie de légères incisions (pi. X X X I I , fig. 6).
Il est également rare de voir à Sultana des incisions courbes, d'ailleurs peu ré-
gulières, accompagner une bande visible sur l'intérieur d'un petit vase plat (pi. X X X I I ,
fig. 19) ; son extérieur, au rebord droit, est orné non seulement de courtes dentelures
de la ligne séparant le col du corps du vase, mais encore d'incisions obliques (pi. X X X I ,
fig. 1).
L'ornementation d'un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 10) est schéma-
tique, toujours en spirale et du même genre.
Enfin, le seul exemple d'ornementation à méandres, qui ait été fourni par Sul-
tana, est constitué par un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 8) sur lequel
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7 Dacia l 1924.
T. ANDRIEÇESCU
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LES FOUILLES DE SULTANA
99
7*
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I. ANDIUKÇKSCU
PI. XXXIV.
et aquilin, une fente à l'endroit de la bouche, et enfin les orbites, dont l'une plus pro-
fonde que l'autre (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Le cou est indiqué par deux
incisions horizontales, mais de face seulement. Rien que de face également on aper-
çoit quelques incisions obliques, irrégulières, qui entrecoupent la ligne du cou et re-
présentent très probablement des bijoux ou parties de vêtement. Trouvée au-dessous
de B 6 ' "> à 1 m 20 profondeur.
Plus près de la surface, au niveau de la case B 5 et dans ses environs on a trouvé
la partie supérieure d'une autre figurine (haut. 0.083; larg. 0.063), creuse; la figure
*) Une autre, de moindres dimensions, est moins et la même ligne nasale au centre de la figure,
soigneusement travaillée, mais a les 4 mêmes trous
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LES FOUILLES DE SULTANA
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I. VNDRIEÇ] 5C1
par l'expression plastique des seins pointus et durs et une légère courbe à la ligue
du ventre, également bien comprise (pi. X X X V , fig. 18).
Ce n'est pas le seul cas à Sultana. I n autre petit torse (haut. 0.065; larg. 0.043),
sans tête, ni bras, ni la jambe droite (PI. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V , fig. 9 et 10),
présente un grand intérêt du point de vue plastique, et dénote une compréhension
de la natuie et un savoir-faire, non commun pour cette époque, non seulement dans
ces parages, mais partout ailleurs. Bien que le seul bras qui existe soit incomplet,
le restant du torse démontre d'une façon précise la figurine féminine typique, et dont
le sexe, contrairement à la généralité, n'est pas indiqué par ce qu'on pourrait nommer
le triangle de la vie, mais par la ligne plus accentuée du ventre, ainsi que des hanches et
des fesses, mais sans exagération de la manière stéatopygique. Il est à remarquer
qu'elle a été trouvée à une grande profondeur, 2 m 90, c'est-à-dire au niveau ar-
chéologique de la céramique peinte.
Un autre torse, appartenant aussi aux couches profondes de Sultana, présente
le même sens plastique remarquable (pi. X X X I V , fig. 8 et pi. X X X V , fig. 11 et 12).
Dans la position assise, quoique la tête, les bras et les pieds manquent, la ligne du
dos, des épaules et des hanches est réellement harmonieuse (haut. 0.056; larg. 0.049),
Il a été travaillé et cuit assez soigneusement; il est chargé d'une légère patine couleur
chair, sans que l'on puisse affirmer que cela ait été fait exprès.
En tout cas, ce genre de travail plastique est unique même à Sultana. Un peu
plus haut, mais à une assez grande profondeur quand même (2 m 50), on a trouvé une
autre figurine, pieds et bras brisés (pi. X X X I V , fig. 9: haut. 0.070, larg. 0.035). La tête
est intacte, les yeux sont marqués par l'arcade sourcilière, le nez par une petite pro-
éminence. L'œil droit est particulièrement visible, et une ligne assez profonde au-des-
sous fait penser à des rides. Au-dessous de la bouche, très grande, représentée par
une incision horizontale, se trouvent 4 petits trous. Les seins sont légèrement profilés.
Les lignes représentant le triangle de la vie et celle du sexe proprement dit sont, par
contre, très prononcées.
Dans les mêmes couches, on a trouvé 3 pieds, ayant le même aspect extérieur et
cuits; il sont de la même pâte que les figurines. Le premier et le plus grand (haut.
0.085 ; larg. 0.030 et 0.032) représente la partie du bas ventre jusqu'au talon (pi.
X X X I V , fig. 10). À l'intérieur il est plat. Il appartient sans doute à une autre moitié
qui manque. Trouvé dans A, à environ 2 m 40.
Du second nous n'avons que la partie inférieure et la semelle (pi. X X X I V , fig.
11). Il est cave jusqu'à proximité de la plante du pied. Tout rond, il appartenait
sans doute à une figurine cave. Trouvé également en A, au coin de NE, à 1 m 10
profondeur.
Le troisième, plus petit et d'un travail plus primitif (pi. X X X I V , fig. 12), a été
trouvé en B, à 2 m 65 profondeur.
Chose caractéristique et que nous devons retenir, c'est que toutes les figurines
humaines dont on a parlé plus haut, ont été trouvées exclusivement dans les parties
inférieures de la couche de cuîture, comme par exemple à Butmir 1 ), et jamais d'autre
façon.
a
) Radirnsky, Hoernes, Fiala: Die ncolilhischc I, p. 15 et I I , p . 22.
Station von Butmir bei Serajeuo, 1895 n. 1898
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LES FOUILLES DE SULTANA
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T. A N I H U I . S I . S C r
fait qui ne peut pas être dû au hasard. D'un côté, par leurs dimensions réduites
(pi. X X X I V , fig. 17: long. 0.035; haut. 0.020; larg. 0.020; pi. X X X I V , fig. 18 est
encore plus petite) ; d'autre part, toutes les deux sont percées d'un trou, pour les sus-
pendre ou les accrocher, ce qui nous fait croire qu'elles servaient d'amulettes. La plas-
tique cesse d'avoir à Sultana son importance antérieure. J e ne crois pas le moment
opportun d'insister sur les suggestions de caractère religieux que cette transformation
nous inspire.
Les figurines en os, de Sultana, ne présentent pas moins d'intérêt. Au nombre
de 6, il est à remarquer qu'aucune n'a été trouvée à moins de 0.65 de profondeur; elles
correspondent donc entièrement avec les autres figurines humaines en terre cuite.
La première de ces figurines en os, trouvée à Sultana, ne présente que la partie
inférieure d'une figurine soigneusement travaillée (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I ,
fig. 6 a), ayant le triangle de la vie, duquel part une ligne verticale qui sépare les
jambes et trois séries de points ronds, d'une profondeur égale, à savoir: une série de
deux fois quatre (16) sous le triangle et une autre série de trois fois trois (18) plus bas
et irrégulièrement disposés ; enfin, près de l'extrémité, un point seulement de chaque
côté de la ligne qui sépare les jambes. Sur le dos, une seule ligne horizontale sépare
le corps des membres. Trouvée au milieu des fouilles A, et non loin de la figurine
féminine en terre cuite déjà citée (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6 et 7). Hau-
teur 0.063; larg. 0.027; grosseur 0.004.
Dans B, à 1 m 40 de profondeur et non loin de 1, on a trouvé une autre moitié
d'une figurine en os (pi. X X X V I , fig. 4 et pi. X X X V I I , fig. 4 a). Une simple ligne hori-
zontale à l'endroit du triangle de la vie et deux trous au-dessus de celle-ci. Une seule
ligne verticale sépare les jambes. La fissure sur la partie supérieure de cette figu-
rine est petite. Cette partie avait peut-être une forme rhomboïde, large; la tête est
du même format que la figurine suivante. Les deux entailles de côté représentent pro-
bablement la séparation du corps et des membres. Sur le dos et à la partie infé-
rieure, une seule ligne verticale indique la séparation des jambes. Hauteur 0.072 ;
largeur 0.025; grosseur 0.003.
Une autre figurine féminine, presque intacte, a été trouvée au même niveau que
la précédente, c'est-à-dire non loin des habitations de la partie NE des fouilles B et
à leur base (pi. X X X V I , fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. 1 a). La tête, le torse et les membres
sont bien définis. La tête a deux trous percés, représentant les oreilles. Deux autres
trous représentent les yeux, une ligne horizontale, la bouche, et au-dessous trois pe-
tits trous sont trop loin du cou pour qu'on puisse supposer un collier. Sur le corps,
trois autres petits trous sont pointillés en sens horizontal. A la partie inférieure les
jambes sont nettement séparées, et, au-dessus du triangle de la vie, la figurine a six
petits trous et deux autres de chaque côté. Sous le triangle et vers les extrémités,
deux entailles pourraient indiquer la séparation des semelles et des pieds. Dans le
dos rien qu'une ligne horizontale séparant le torse de la partie inférieure, et deux
petits trous au-dessous de cette ligne. Hauteur 0.059; largeur 0.020; grosseur 0.001.
Dans le même voisinage des débris d'habitation de B 1 , et non loin de la figurine
d'animal long et mince, présentée plus haut (pi. X X V I , fig. 2 et 3), mais à une plus
grande profondeur, on a découvert une autre figurine, presque intacte aussi (pi. X X X V I ,
fig. 3 et pi. X X X V I I , fig. 3 a). Légèrement plus bombée, elle a également les parties
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LES FOUILLES DE SULTAN A
du corps nettement distinctes, mais le travail est moins soigné. La tête a les mêmes
trous percés pour les oreilles, deux points pour les yeux; la fente de la bouche est
plus légère et au-dessous deux petite trous sont à peine perceptibles. Deux autres
trous percés sur le corps représentent les épaules. En échange, la partie inférieure de
la figurine, divisée en deux par une ligne verticale, est entièrement couverte par six
trous d'un côté et cinq de l'autre. À l'extrémité, la figurine est percée, afin qu'on
puisse la suspendre, détail précieux en ce qui concerne l'utilisation moins fréquente
de ces figurines féminines en os. Dans le dos, deux lignes horizontales séparent le
bassin, et un autre verticale les jambes. Cette dernière passe outre le trou percé,
ce qui prouve que celui-ci a été fait postérieurement aux autres détails. Hauteur
0.057; larg. 0.020; grosseur 0.015.
À une plus grande profondeur, toujours en B, on a trouvé un autre fragment de
figurine plate, brisée à partir de la ligne supérieure du triangle de la vie. (pi. X X X V I ,
fig. 5 et pi. X X X V I 1 , fig. 5a). Celle-ci a de même la ligne verticale séparant les
jambes et neuf trous pointillés de chaque côté et aussi la même ligne verticale sur
le dos. Hauteur 0.039; larg. 0.024; grosseur 0.002.
Enfin, la dernière figurine plate en os de Sultana est la plus grande, la mieux
conservée et d'un travail plus minutieux (pi. X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
La tête a de chaque côté 3 trous percés, au lieu de deux, deux points pour les yeux, une
ligne horizontale pour la bouche et 4 points au-dessous. Le torse, à l'endroit des épaules,
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I ANDRIEÇESCU
a u n trou percé de c h a q u e côté, mais aussi trois petits points au milieu, dont l'un
plus haut q u e les deux a u t r e s . La partie inférieure a au-dessus du triangle «le la vie
7 points, el 9 a u t r e s sur les bords de ce m ê m e triangle. Plus bas. 12.'5 a n t r e s p o i n t s sont
distribués sans o r d r e . Des entailles et de légères incisions horizontales s'aperçoi-
v e n t vers l ' e x t r é m i t é de la figurine. Dans le dos. la ligne séparant le corps des mem-
bres est représentée par une double incision, au-dessus «le laquelle on r e m a r q u e d e u x
p o i n t s . Tout à l ' e x t r é m i t é , les entailles et incisions de l'ace se prolongent aussi d a n s le
dos. La ligne séparant l e s . j a m b e s m a n q u e t o t a l e m e n t . H a u t e u r 0 . 0 8 2 ; larg. 0 . 0 2 0 ;
grosseur 0.013. T r o u v é e à - m 12."> d a n s lî.
Bien q u e de c o u r t e d u r é e (un peu pins de dru\ semaines), les fouilles faites à Sul-
t a n a sur u n e superficie r é d u i t e (à peine 290 m è t r e s carrés) n o u s a u t o r i s e n t , croyons-
n o u s , à é m e t t r e quelques c o n s i d é r a t i o n s c o n c l u a n t e s , se référant d ' u n e part a u x résul-
t a t s q u e n o u s a v o n s p r é s e n t é s ci-dessus, d ' a u t r e p a r t à la s i t u a t i o n de S u l t a n a d a n s
les confins de la Daeie et du S u d - E s t de l ' E u r o p e .
C o m m e m a i n t endroit des a u t r e s régions de la Dacie, la g r a n d e b u t t e de S u l t a n a
a été h a b i t é e vers la fin de l'époque néolithique p a r u n e p o p u l a t i o n q u i a v a i t fait choix
de ce lieu p a r c e qu'il p r é s e n t a i t de plus sûrs m o y e n s de défense et q u ' i l c o m m a n d a i t
u n plus large horizon.
Si l'on s'en r a p p o r t e à l'épaisseur de la couche de civilisation, c e t t e s t a t i o n a dû
ê t r e h a b i t é e p e n d a n t u n e période assez l o n g u e ; elle a pris fin, c o m m e t a n t d ' a u t r e s ,
à la suite d ' u n incendie qui a e n t i è r e m e n t c o n s u m é ce qui e x i s t a i t a u p a r a v a n t . Dès
l'époque à laquelle a p p a r t i e n n e n t les objets de c u i v r e , r a r e s et sans i m p o r t a n c e , qui
o n t été d é c o u v e r t s ici, ces p a r a g e s o n t été a b a n d o n n é s et s o n t restes d é s e r t s . Ce n ' e s t
q u e b e a u c o u p plus t a r d q u e des n o u v e a u x v e n u s q u i , a c c i d e n t e l l e m e n t et p o u r p e u d e
t e m p s , o n t passé p a r là, y o n t enfoui ou p e r d u la p e t i t e icône de la Vierge et d ' a u t r e s
m e n u s ustensiles en fer sans a u c u n i n t é r ê t .
L a colline de S u l t a n a é t a i t sans d o u t e occupée p a r u n assez g r a n d n o m b r e d'habi-
t a t i o n s exiguës, les unes isolées, les a u t r e s contiguës. On distingue assez n e t t e m e n t les
décombres de leurs parois, et, n o u s espérons q u e de nouvelles fouilles entreprises sur u n e
é t e n d u e aussi v a s t e q u e possible, p o u r r o n t fournir des détails encore plus précis sur le
p r o b l è m e des h a b i t a t i o n s de S u l t a n a .
Mais il n ' y a v a i t pas s e u l e m e n t des h a b i t a t i o n s à S u l t a n a : il y a v a i t aussi — e t c'est
fort explicable — des t o m b e a u x et des objets sacrés. Nous a v o n s , en effet, l'impression cer-
t a i n e q u e p a r m i les vestiges d é c o u v e r t s , soit a u t o u r , soit à l'intérieur, soit au-dessous
des h a b i t a t i o n s il n ' y a pas e x c l u s i v e m e n t des ustensiles et des objets u t i l i t a i r e s ; d ' a u t a n t
plus q u e , s o u v e n t , c o m m e j e l'ai i n d i q u é à plusieurs reprises, il s'y mêle des tessons de
g r a n d s vases, primitifs, m u n i s de p r o é m i n e n c e s ; ce sont c e r t a i n e m e n t de ces u r n e s funé-
raires q u i o n t conservé l o n g t e m p s , n o n s e u l e m e n t leur facture, mais aussi leur a s p e c t
t r a d i t i o n n e l s , et q u i , en raison des débris qui les e n t o u r e n t , s o n t a u t a n t d'indices i n d u b i -
t a b l e s de sépultures et d ' o b j e t s sacrés.
S'il en est ainsi, n o u s p o u v o n s d ' a u t a n t plus facilement n o u s e x p l i q u e r p o u r q u o i
la p l u p a r t des exemplaires et n o t a m m e n t t o u s les plus b e a u x de c e u x q u e c o m p o r t e
l ' i n v e n t a i r e de S u l t a n a o n t été t r o u v é s à la plus g r a n d e p r o f o n d e u r . U n e a u t r e h y p o t h è s e
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LES IOI II.I.KS l)i: SI ITANA
I. ANDRIEÇESCU.
1 3
) L'Allemagne de Sud ou l'Autriche. Voir Cari ) Cari Schuchhardt, Cernavoda, l. c, p. 23.
Schuchardt, Cernavoda, cine Steinzeitsiedrlung in *) G. Wilke, article Bulgarie dans le Reallexikon
Thrakien, d a n s Praehistorische Zeitschrift, XV, cité, vol. I I , fascicule 3, pag. 204 et suiv. Voir
1923, 26. en particulier la planche reproduisant des figu-
2
) Volume I I , 4-ème fascicule, p . 295, Berlin rines en os.
1925.
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C A L L A TI S
j.ER R A P P O R T P R É L I M I N A I R E .
FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNÉE 1924
E n 1922, M. V. P â r v a n plaignant le sort des restes antiques de Callatis que détrui-
sent sans pitié les barbares de nos jours, écrivait dans les Annales de la Dobrogea,
An. I I I , n. 3, p . 318: «Callatis se couvrira peu à peu de laideurs modernes. Les anti-
ques dormiront encore longtemps sous le gravois. Leur joie enfantine — énoncée sur
t a n t de leurs pierres tombales — de revoir encore un jour la bonne lumière du
soleil, ne leur sera pas destinée. Ce seront les sous-sols des boucheries et tavernes
modernes qui descendront aux tombeaux de leur art et de leur vie. Du marbre antique
on fera du mortier et des moellons pour d'informes casernes modernes».
Combien de réalité, combien de vérités tristes dans cette description que nous
donne M. P â r v a n de la situation de l'ancienne Callatis au point de vue archéologique !
Car, après les recherches et les commencements des fouilles archéologiques, faites
p e n d a n t l'été de l'année 1924, nous avons pu nous convaincre que la destruction des
restes antiques se fait sur une vaste échelle de la p a r t de ceux qui voient en n ' i m p o r t e
quelle muraille antique seulement une excellente carrière de pierres déjà travaillées,
propres à la maison ou à être vendues ; nous avons vu que la disparition au-delà des
frontières des objets de valeur, découverts incidemment par les h a b i t a n t s à l'occasion
de la construction d'un fondement, progresse à la suite du grand gain que réalisent
les amateurs spéculateurs par les ventes de collections d'antiquités ; nous pouvons
affirmer que t o u t retard à a t t a q u e r systématiquement les terrains non bâtis de Man-
galia et à noter chaque trace découverte à l'occasion des fouilles faites pour telle ou
telle construction, signifie une perte irréparable pour les études archéologiques, pour
l'histoire de la ville et pour la science.
La science doit être reconnaissante à M. V. P â r v a n pour avoir attiré l'atten-
tion de tous sur ce point d'importance exceptionnelle, historique et archéologique,
en a l a r m a n t ceux qui sont compétents de sauver les restes antiques de la destruc-
tion ou aliénation, et pour avoir obtenu, par la Commission des Monuments Histori-
ques, près le Ministère des Arts, les fonds nécessaires aux fouilles archéologiques de
Mangalia qui se trouve exactement sur l'emplacement de l'ancienne Callatis.
Les fouilles faites a u x mois d'août et de septembre 1924, peuvent être qualifiées
à peine d'essais de fouilles systématiques. Car, dans la Mangalia d'aujourd'hui, les
fouilles archéologiques ne peuvent être faites que dans des conditions extrêmement
difficiles à cause des établissements modernes. Les t r a v a u x archéologiques, avec
t o u t le personnel et l'appareil scientifique et technique, ne peuvent avoir à Mangalia
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CAI.LATIS
le succès et le résultat que nous présentent tant d'autres endroits plus heureux, situés
loin des installations modernes, libres, et depuis longtemps abandonnés par les éta
blissements humains plus compacts, touchés tout au plus à la surface, une fois
par an, par le fer de la charrue. A Mangalia, sur l'emplacement de l'ancienne ville
dorique de Callatis, les fouilles ne peuvent se faire que sur des terrains fort étroits,
sur de petites parcelles ou dans des cours trop peu spacieuses. Des installations et
des constructions nombreuses couvrent presque toute l'étendue de l'ancienne Callatis.
A Mangalia, le chercheur dépend plus que nulle part de la bienveillance de la
population mélangée des Roumains, Grecs, Turcs et Bulgares, et de chaque habi
tant à part, pour pouvoir faire les études et sondages nécessaires dans les cours ou
sur les parcelles étroites des particuliers, souvent peu enchantés du dérangement
causé.
A cause des nombreuses installations qui se sont succédé à l'endroit de l'an
cienne Callatis, la terre a été remuée plusieurs fois jusqu'à des profondeurs consi
dérables qui varient en différents points de Mangalia. Ce fait est peu favorable aux
fouilles archéologiques. Les constatations et les conclusions que nous pourrions tirer
d'après les couches de terre, ne sont pas strictes à Mangalia, où nous trouvons
souvent, après les objets de l'époque gréco-romaine, à une profondeur plus grande,
près de la terre vierge, des objets de date plus récente.
Le gravois qui se trouve au-dessus des restes antiques atteint, par-ci par-là,
jusqu'à 5 mètres de hauteur et sa masse inerte nous empêche, elle aussi — en de
hors de l'étroitesse des terrains à fouiller et des constructions modernes — de pour
suivre les vestiges antiques sous la terre, de continuer la découverte d'une muraille où
d'un monument partiellement déblayé.
Nos recherches et fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Callatis depuis le
1 août — 20 Sept. 1924 n'ont pu être exécutées que sur une échelle réduite. Il nous
manquait en outre le personnel nécessaire à la surveillance technique, les instruments
et le matériel roulant indispensable là-bas.
Nous nous sommes contenté et nous nous contentons d'enregistrer, année par
année, dans notre rapport préliminaire sur l'ancienne ville de Callatis, quelque chose
des restes de la fille fière et héroïque, fidèle et glorieuse d'Héraclée pontique, de Cal
latis qui, devenu un centre puissant de commerce et d'art, a su résister à un Lysi-
maque, a osé braver les Byzantins. Nous espérons pouvoir reconstruire ensuite, au
moins en traits généraux, une image pâle de la lumineuse polis d'autrefois, à l'aide de
la somme des restes enregistrés provenant des fouilles et des découvertes.
L'une des plus importantes questions est celle de fixer les limites de l'ancienne
ville de Callatis 1 ).
Du côté oriental, de NE — SO, se trouve la mer qui, à en juger par les puits et les
restes de bâtiments trouvés dans la mer, a rongé une bonne portion du rivage, au
jourd'hui assez haut et abrupt. Celui-ci s'incline, avec de nombreux restes de con
structions et de céramique du côté de la mer, vers la plaine avoisinant le jardin
public d'aujourd'hui. Au coin NE du plateau sur lequel était bâtie l'ancienne ville,
*) Presque tous les dessins sont faits par M. le photographies que je dois à M. le professeur O.
professeur VI. Nichitovici de Cernăuţi. Il y a trois Tafrali.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
I. L E S FOUILLES
D a n s la c o u r du m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , où, en 1923, à l'occasion de la con
s t r u c t i o n d ' u n e p e t i t e d é p e n d a n c e , o n t é t é d é c o u v e r t s des f o n d e m e n t s p u i s s a n t s et où
l'on v o y a i t à n o t r e a r r i v é e à M a n g a l i a p l u s i e u r s restes a r c h i t e c t o n i q u e s , a u v o i s i n a g e
d e la forge ( q u a t r e b a s e s de colonnes e t 2 f r a g m e n t s d e c h a p i t a u x i o n i q u e s ) , n o u s
a v o n s t r o u v é , d u côté de l ' e n t r é e de c e t t e d é p e n d a n c e , 4 m è t r e s au S., à 1.25 m de p r o
f o n d e u r , u n f o n d e m e n t de p i e r r e calcaire, 3.50 m de l o n g u e u r et e n v i r o n 0.55 m
de l a r g e u r . Le m a t é r i e l de ce f o n d e m e n t est la p i e r r e calcaire q u i se t r o u v e d a n s les
carrières a v o i s i n a n t e s . L a p r e m i è r e c o u c h e de ce f o n d e m e n t est formée de 3 g r a n d s
blocs r e c t a n g u l a i r e s , de 38 c m de h a u t sur 107 c m , 152 c m e t 91 c m de l o n g u e u r . Les
blocs s o n t s o i g n e u s e m e n t t r a v a i l l é s s a n s ê t r e c e p e n d a n t polis. A 54 c m du b o u t d u
bloc de 107 c m de long, se t r o u v e la p a r t i e inférieure d ' u n e colonne de 22 c m de h a u
t e u r . S u r u n e b a s e de 50 c m c a r r é s et de 8 c m de h a u t e u r s'élève, à 3 c m de h a u t e u r ,
le c y l i n d r e inscrit d a n s ce c a r r é . A u - d e s s u s de ce cercle c o m m e n c e le t o r e , a p r è s lequel
s'élève le fût de la colonne q u i , sur u n e h a u t e u r de 8 c m , a u n d i a m è t r e de 43 c m .
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CAU.ATJS
égal à celui de la colonne dans sa partie inférieure (Fig. 2). c) 55 cm, 22 cm, 8 cm,
4 cm, 47 cm, 6 cm. Cette base est brisée au socle, dans deux coins opposés et
moins soigneusement travaillée (Fig. 3). La pierre aussi est d'une autre qualité que
celle des autres. C'est un calcaire plus poreux qui paraît criblé, m o n t r a n t des trous
et des élévations comme une masse bouillonnante. A 2 ) / 2 cm du bord de la co-
lonne se trouve, parallèlement à la circonférence de la colonne, un cercle gravé.
Au-dessous des blocs qui supportent les bases des colonnes on peut distinguer,
à l'extrémité sud de ce bâtiment, 6 couches de pierres calcaires, de 30 cm, 20 cm, 34
cm, 28 cm, 20 cm, et de 35 cm d'épaisseur, dont la plus basse se trouve, à 3.10 m
de profondeur, sur la terre vierge de couleur j a u n â t r e . A partir de 1.85 m de pro-
fondeur, on trouvait une telle quantité de fragments de céramique ordinaire qu'il
semble qu'on y déposait des tessons et des vases usés.
Après avoir établi de cette manière la direction et l'extrémité sud du bâtiment,
nous avons essayé de nous orienter aussi du côté est, vers le mur et la propriété de
I. G. Aldea. Voulant éviter t o u t désagrément et conflit, nous ne nous sommes ap-
proché de lui qu'à une distance d'environ 1 mètre (Voir fig. 4).
A 1.50 m de cette muraille et à 1.05 m au-dessous du sol, nous avons trouvé, a
l'extrémité sud de la construction aux colonnes une mauvaise masure dans la direction
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU
le mur ô'QÏAea:
iî«jj- 1. J f ' » y
I
Fig. 4.
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CALLATIS
113
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8 Dacia I 1924.
THÉOPHILE SAUCI1 C SĂVEANU
a u - d e s s o u s d e l u i , o n voit u n e p i e r r e d e 1 m è t r e d e l o n g e t 40 c m d e l a r g e q u i e s t
c r e u s é e à 5 c m d e p r o f o n d e u r s u r 10 c m d e l a r g e u r . E l l e est i n c l i n é e v e r s l ' o u e s t
s a n s q u ' o n p u i s s e e n d é c o u v r i r la c o n t i n u a t i o n .
L e b l o c d e 195 c m , m e n t i o n n é p l u s h a u t , t r a h i t , p a r l'incision d e 5 c m s u r u n e
s u r f a c e d e 20 c m , la d i s p a r i t i o n d ' u n e c o n s t r u c t i o n en b o i s d o n t le b u t d o i t r e s t e r
énigmatique.
Ici se t r o u v e , a u n i v e a u du bloc m e n t i o n n é plus h a u t , u n c o m p l e x e e n t i e r d e
r a n g é e s d e blocs d e h a u t e u r d i f f é r e n t e , s a n s q u ' o n a i t la p o s s i b i l i t é de les d é t e r m i
n e r d e p l u s p r è s , la c o n t i n u a t i o n des fouilles y é t a n t e x c l u e . P o u r s u i v a n t le m u r a u x
c o l o n n e s v e r s le n o r d d e r r i è r e la p e t i t e d é p e n d a n c e je l'ai t r o u v é , à 14.35 m d e dis
t a n c e d e la p r e m i è r e b a s e d e c o l o n n e , à 1.3 m d e p r o f o n d e u r s o u s la t e r r e ( F i g . 7).
Il y a v a i t p l u s i e u r s b l o c s en d é s o r d r e e t , a p r è s les a v o i r é c a r t é s , j ' y ai r e n c o n t r é
la s e c o n d e b a s e d e c o l o n n e , u n p e u d é p l a c é e , d e m ê m e s d i m e n s i o n s q u e celle q u e
n o u s a v o n s d é c o u v e r t e «in situ» a u s u d d e la d é p e n d a n c e .
D u m u r a u x c o l o n n e s p a r t , a u p o i n t d é b l a y é , u n a u t r e v e r s l ' e s t e t v e r s la m a i
s o n d ' A l d e a . D a n s la p a r t i e d é c o u v e r t e , il a 72 c m d ' é p a i s s e u r . J ' a i t r o u v é a u d e s s o u s
d e ce m u r u n e c o l o n n e lisse d e c a l c a i r e , c a s s é e en d e u x , a u d i a m è t r e d e 37 c m d a n s
la partie supérieure. Elle ne p e u t q u ' a p p a r t e n i r à cette construction. Elle a été pla
cée s u r le m u r a u x d e u x b a s e s d é c o u v e r t e s p a r n o u s «in situ».
À 140 c m d u m u r d e l'est p a s s e en a n g l e d r o i t u n a u t r e m u r d e 50 c m d ' é p a i s
s e u r v e r s la p r o p r i é t é d ' A l d e a .
P a r le m u r d e 72 c m e t celui d e 50 c m se f o r m e u n e s p a c e r e s s e m b l a n t à u n e
p e t i t e c a v e . O n t r o u v e des m u r s p a r a l l è l e s n o n s e u l e m e n t d u c ô t é e s t d u b â t i m e n t
a u x c o l o n n e s , m a i s d u c ô t é o u e s t a u s s i p a r t u n m u r o p p o s é à celui d e 72 c m d ' é p a i s
s e u r . I c i n o u s n ' a v o n s p u faire les r e c h e r c h e s n é c e s s a i r e s q u e s u r u n e l o n g u e u r d e
1.10 m . L a p r o f o n d e u r d e ce m u r e s t la m ê m e q u e celle d u m u r l o n g i t u d i n a l .
A l ' i n t é r i e u r d u m u r , le b l o c r e c t a n g u l a i r e d e 189 c m d e l o n g u e u r e t d e 4 8 c m de
h a u t e u r e s t d i g n e d ' ê t r e r e l e v é . A 87 c m du b o r d m é r i d i o n a l d e ce b l o c e t 79 c m d e la
m a r g e s u p é r i e u r e des b l o c s a u x c o l o n n e s , n o u s c o n s t a t o n s les t r a c e s d ' u n e p o r t e ( ?) d e 84
c m de h a u t , qui était a p p a r e m m e n t m u r é e . Les m o n t a n t s étaient formés de 3 rangs de
b l o c s d e 2 9 , 2 8 , 27 c m d e h a u t e u r , q u i é t a i e n t polis à 6 c m d e la m a r g e . L a p o r t e se t r a h i t
a u s s i p a r le fait q u e la p i e r r e d ' a u - d e s s o u s d e 31 c m d e h a u t e u r s ' a v a n c e d e 14 c m . L e
seuil n ' e s t p a s fait d ' u n b l o c u n i q u e e t s u r p a s s e d e 6 c m la ligne d é m a r q u a n t la p o r t e .
L a l i a i s o n a v e c les blocs d e la p o r t e se fait a u m o y e n d e 2 p i e r r e s d e 31 c m d e h a u t e t
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CAM ATI S
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8»
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
deux parlies différentes: A 70 cm au-dessus de la terre vierge qui s'y trouve à une
profondeur de 3.7(> m, le mur est composé de grands blocs non taillés. Après cette
partie suit une autre de 80 cm à I0(> cm de hauteur, formée de blocs rectangulaires,
qui à leurs bords sont polis t a n t du côté horizontal que du côté vertical de l'exté
rieur. D'ailleurs, ces blocs ont l'apparence brute. C'est une sorte de «rustica» ha
bituelle du temps hellénistique (p. ex. à Priène) qu'on constate dans 3 ou 4 rangées
de blocs. Au-dessus de cette «rustica» on rencontre des pierres non travaillées d'une
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CALLATIS
Une construction d'une longueur si considérable, aux murs qui partent d'un côté
et de l'autre du mur longitudinal, ne peut pas ne pas avoir eu un rôle important
dans la ville de Callatis à travers les siècles qui se sont succédé. Au cours de ce temps,
cette construction aura dû souffrir bien des modifications et des amplifications que
l'on peut entrevoir dans les parties du mur découvertes par nous.
On peut facilement déduire de la céramique extrêmement riche que l'on rencontre
à l'est et à l'ouest du mur longitudinal, que cet édifice se trouvait à un endroit bien
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TU ÊOPH11 -I : s\ ucn ( :-s\ v KANU
importance spéciale, il s'est développé peu à peu et est devenu un établissement indé-
pendant, l u e place libre, propre aux réunions comme axi commerce, a été séparée
des rues et des édifices voisins par un mur pourvu ou non de colonnes. Des portes et
des portails y permettaient l'ac-
cès de plusieurs côtés. Les murs
entourant la place étaient sou-
vent des portiques couverts pou-
vant, aussi contenir sur un ou
plusieurs côtés des espaces en re-
trait servant de boutiques.
Le mur découvert dans la
cour de C. Dan pouvait servir
d'enceinte au marché et une par-
tie en était munie de colonnes
provenant d'une époque que nous
ne saurions déterminer avec cer-
Fig. 13. titude.
Au bord de la mer, entre la
sous-préfecture et le palais de la douane, nous avons mis au jour des murs d'un
édifice important construits
en pierres de taille (Fig. 11 et
12) dont le plan met en évi-
dence les dimensions des ru-
ines. Nous n'avons pas été à
même de continuer les fouil-
les sans démolir la rue le long
du littoral (Fig. 13).
Dans la cour d'Anastas
Curti nous avons rencontré,
à une profondeur de 1.50 m
deux grands blocs des dimen-
sions de 1 3 0 x 5 5 x 3 0 et de
Fip. 14.
1 3 0 X 7 1 X 3 0 cm qui, par la
fente à l'endroit où ils se touchaient, nous ont trahi une terre moins rassise, Nous
l'avons facilement perforée avec un fer pointu.
En levant les blocs, nous avons découvert un canal grandiose formé de blocs la-
téraux de 80 cm de hauteur et de 85 — 90 cm de largeur placés sur les blocs du fond
de ce canal. La profondeur du canal est de 1.05 m. (Voir la fig. 14).
Nous sommes entrés à l'intérieur du canal, après en avoir extrait la terre, sur
une longueur de 7.5 m vers la rue et la propriété de G. Georgescu. Nous n'y avons
trouvé que fort peu de céramique romaine. Nous nous sommes proposé de nous
orienter plus spécialement sur ce canal l'année prochaine.
Nous avons encore fait des fouilles sur les parcelles de N. Stoya et Halit Mu-
stafa, sur la parcelle du Dr. Buterescu, Boulevard Maria, sur la colline du théâtre
et près de la mosquée ancienne. Rien de remarquable.
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CALLATI S
II. R E S T E S A R C H I T E C T U R A U X E T SCULPTURAUX
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
cm de diamètre. Les deux trous, l'un en bas, l'autre en haut, ont les dimensions de
8X9
— cm.
4
Près de la «colline du théâtre» un fragment de colonne a les dimensions
46 X35 cm.
Un autre fragment de colonne cassée, en calcaire, trouvé chez G. Georgescu-Suc
cesseurs, a 94 cm de long et 4 1 — 4 4 cm de diamètre.
Près de la maison de A. Gheorghiu un fragment de colonne lisse a 45 cm de
h a u t et 33 cm de diamètre.
Dans la cour de Manoli Comino se trouve à la surface de la terre un fragment de
base de colonne en calcaire, 59 cm de diamètre.
Dans la rue en face du docteur Mardari nous avons trouvé une base de colonne
en calcaire conchylien, dont la plinthe a 45 cm carrés et 8 cm de
haut. Le diamètre du fût de la colonne est de 39 cm. Elle a été
( transportée au musée de la sous-préfecture, n. 32.
Dans la cour de Ismail Secheria se trouve une base de co
lonne en marbre, avec les dimensions indiquées à la figure 17.
Un fragment de base, en calcaire, trouvé près de la glacière
de Theodoru, a les dimensions indiquées à la figure 18.
Un autre fragment, en calcaire, trouvé au même
lieu, a la base de 27 cm carrés, 20 cm de diamètre,
et 13y 2 de haut (fig. 19).
FiK. 17.
Les nombreuses bases de dimensions différentes
trahissent le grand nombre des édifices péristyles de l'ancienne ville
de Callatis.
Un chapiteau en calcaire conchylien, 18 cm de haut, 43 cm de
diamètre, a un abaque de 53 cm carrés. Fig. 18.
■+ O ZO La couronne plastique de feuilles que nous trou-
vons sur l'échiné de ce chapiteau, a son importance sous le rap-
port technique ainsi qu'esthétique.
Cf. le chapiteau du temple aux six colonnes de Paestum chez
Springer-Wolters, Die Kunst des Altertums 1921, p . 160, fig. 331.
Un fragment de chapiteau en beau marbre blanc à gros grains,
des dimensions 3 5 x 2 9 cm, trouvé chez H. Theocharidis, main-
N
tenant chez le Dr. H. Slobozeanu à Bucarest, rue Pompiliu Eliade 15. Le cous-
yj sinet est plein d'ornementations végétales, de sorte qu'il semble que l'artiste n'ait eu
'yS d'un autre but, que de laisser le moins de vide possible.
Le coussinet est lié au milieu par un ruban à rinceaux flanqué de deux bourrelets
tournés. Du ruban partent, au-dessus du coussinet, deux rinceaux qui se répan-
dent vers les deux bouts du coussinet ornementé chacun de 4 rangs de feuilles im-
briquées ce qui lui donne l'aspect d'un artichaut. Les rinceaux servent à remplir
les coins vides.
L'édifice de style ionique, auquel appartient ce chapiteau, a dû être d'une splen-
deur magnifique à en juger par ce chapiteau. (Voir le dessin et la photographie,
fig. 20 et fig. 21).
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CALLATIS
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Ill ÊOPH11 ,E SAUCIUC-SAVEANU
-f-
Fig. 2(>.
Fig. 29.
bucrânes, on remarque une rosette stylisée. Le travail est fin, malgré les défauts
du détail. Les bucrânes sont munis d'une espèce de chapiteaux auxquels sont sus-
pendues des deux côtés des bandes, parure habituelle des bucrânes. Musée de la sous-
préfecture, no. 16.
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r.M.LATIS
Un travail plus expressif se voit sur une autre pièce du musée, no. 70, en marbre,
19.5 cm de h a u t , 55 cm de large cl 15 cm d'épaisseur Les bucrânes y sont ornés d'un
filet d'astragals, qui semble pendre en gouttes du côté gauche et droit des bu-
crânes. Cette pièce nous rappelle la frise de la construction de la porte de Samo-
thrace de l'époque de Ptolérnée II (Springer-Wolters, 1. c , éd. 11, p . 357, fig. 689).
La partie supérieure de la pièce est cassée, et nous ne pouvons savoir si elle a eu
un cymation, un profil ou un bord simple. (Fig. 31).
Un fragment profilé, en marbre, 12 cm de haut, a un trou de 3 . 5 x 3 . 5 cm.
Un relief en marbre, cassé à
gaUcne a la partie intérieure, a
droite et en bas, 20 cm de h a u t ,
48 cm de large, et 12 cm de gros,
découvert aux fouilles dans la cour
de C. Dan, m a i n t e n a n t au mu-
sée de la sous-préfecture, no. 40
(Fig. 32).
Dans le c h a m p , encadré à gau- -fjf I
Fig. 31.
che et en h a u t d'une marge de 5 cm
et 3 cm de large, et 1 cm de profondeur, nous voyons deux déesses tournées à gauche.
L'une des déesses est commodément assise sur un objet cylindrique. Le buste
est plein, la chevelure riche. La main gauche est levée. Le bras et l'avant-bras for-
ment un angle obtus. Il est vraisem-
j- o 48 •*■
blable qu'elle tenait à la main gauche
une lance. L'autre déesse est debout.
Par l'égide et par le casque elle se ré-
vèle comme la déesse Athéné. La déesse
se présente vigoureuse et majestueuse.
| Elle est ceinte, en h a u t sous la poi-
_i trine, et les plis de son vêtement sont
Fig. 32. indiqués assez schématiquement. C'est
le type d ' A t h é n é au casque corin-
thien 1 ). La main gauche <!<• la déesse Athéné est levée de la même manière que
celle de l'autre déesse. Le pied gauche est un peu avancé. La j a m b e est un peu cour-
bée au genou. La position de la main droite ne peut être éclaircie.
Toutes les deux déesses regardent a t t e n t i v e m e n t vers la droite.
Nous avons ici sans doute un relief qui ornait un décret public. Il devait être
placé à u n lieu nèmyavéoiaxoç», où il était visible et lisible pour chacun. Le t r o u
de 2 cm de large, qui se trouve à 13 cm du bord gauche, et les restes d'un autre trou
a droite, nous dénotent que ce relief a été fixé au moyen de ces trous et du métal.
Ce relief a p p a r t i e n t au groupe de n o m b r e u x reliefs, qui devaient être publiés
par mon arni le directeur de l'école autrichienne d'Athènes, M. Dr. O. Walter dans
son oeuvre «Griechische Urkundenreliefs».
1
) J,c casque corinthien est très r a r e , sur les re- R o s c h e r , Lexikon der griveh. und rôm. Mythologie
liefs du I V è m e siècle a v . J . Chr. Furtwiingler, I, 1, c. 701 e t suiv.
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THÉOPHILE SAl'CIUC-SĂVEAMJ
Nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses en ce qui concerne
l'interprétation de la scène où nous trouvons avec certitude la déesse principale
d'Athènes. 11 est possible que l'Etat athénien ait entretenu avec la ville de Cal-
latis de tels rapports, qu'un décret athénien orné d'un relief ait été placé à l'un des
principaux points de la ville de Callatis, peut-être sur Vâyogà.
L'antre déesse, dans la société de laquelle se trouve la déesse Athéné peut être celle
qui joue un rôle important à Callatis. Ce rôle s'explique par la productivité et par
la richesse en céréales des regions situées au voisinage de la ville de Callatis. Mais
il faut d'abord poser la question si ce monument concerne la ville de Callatis.
Dans la cour du président de la Com. intérimaire de Mangalia, M. I. Roşculeţ,
se trouve un relief en marbre dont les dimensions sont 93 X 64 X 18 cm. (Voir la fig. 33).
Le coin de gauche en liant manque, ainsi que celui de droite en bas.
La surface de cet haute-relief est rongée et détériorée, de sorte qu'à peine si l'on
peut distinguer les contours des trois figures. C'est dommage, que même dans ces
déplorables conditions il ne puisse être abrité dans un musée et être placé dans un
lieu, où il ait un autre sort que celui auquel il est sujet à présent dans la cour de
I. Roşculeţ. Les trois figures qu'on voit sont, sans doute, féminines. On remarque
cela mieux à la partie supérieure de la figure qui se trouve au milieu, et puis à la
figure de droite ; moins bien ou, plutôt, on ne le voit pas du tout à la figure de
gauche.
Les figures, telles qu'elles se présentent au nombre de trois et dans l'attitude
où nous les voyons, nous font penser aux trois déesses du destin, aux trois Parques,
Clotho, Lachésis et Atropos.
La figure de gauche tient d'une main un bâton, celle du milieu lève la main
droite, le geste de la troisième ne peut être déterminé, le relief étant complètement
abîmé. Il est compréhensible que, vu l'état déplorable de ce relief, l'interprétation
des trois Parques soit problématique. C'est dommage que nous ne puissions ajouter
avec certitude ce relief aux rares monuments d'art qui représentent «les Moires»,
«les cantatrices de l'avenir» ] ) .
1
) Voir Weizsackcr, Roschcr, Ausfiïhrl. Lexikon der griech. u. rôm. Mythologie II, 2, c. 3093.
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C.AI.LATIS
Muller-Wieseler, D.
d. a. K. 2, 292, en-
*
suite d'autres dans
Miillcr-Wieseler, 2,
890, 2, 838 a et
841).
Fi
Clotho a partout S- 36-
le même rôle. Elle file. Lachésis tient à la main le globe et le style ou écrit sur le
globe. Atropos montre un cadran solaire ou tient à la main les rouleaux ouverts
du sort.
Le relief d'un couvercle de sarcophage du Musée Cap.
4, 29, montre au milieu Lachésis avec les attributs de Tyché,
avec la corne d'abondance et la balance. A gauche, on voit
Clotho filant, Atropos tenant le rouleau du sort ouvert du
côté droit.
Le relief de Mangalia, lui aussi, a peut-être été en rap
port avec un ou plusieurs autres groupes. Il est difficile de
croire que l'artiste l'ait laissé en complet isolement. Nous
n'oserions former aucune hypothèse sur ce point.
La partie inférieure d'un tronc de femme (fig. 34), des
hanches aux pieds en marbre, des dimensions 4 0 x 3 5 X25 cm,
chez I. Roşculeţ de Mangalia. C'est une femme assise, vêtue Fig. 37
du peplos et du chiton. A sa gauche se voient les contours
les pattes de devant.
d'un animal assis sur les pattes de derrière et appuyé sur
D'après les vestiges d'une patte, c'est un lion, compagnon habituel de la déesse Cy-
bèle ou Magna Mater qui joue un grand rôle dans les villes de la côte occidentale de
la Mer Noire.
Un fragment de stèle profilée en marbre, à fronton et acrotères, de dimensions
de 5 1 X 2 9 X 7 cm, se trouve dans le musée de Mangalia, no. 8. On n'y voit aucune
inscription. N'y-a-t-il peut-être pas eu une inscription peinte? Aucune trace de couleur
ne nous trahit ce secret (Fig. 35).
Un angle droit en marbre, aux côtés de 75 et 62 cm de longs, 30 cm de
haut et 24 cm d'épaisseur, fait voir à l'extérieur des rinceaux en relief. (Voir la
figure 36).
Deux fragments, l'un en marbre, de la forme indiquée à la figure 37, l'autre en
pierre calcaire se trouvent dans la cour de Ismail Sekeria à Mangalia.
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THÉOPHILE S M i l l i SĂ^ KANU
I I I . INSCRIPTIONS
A. En marbre et pierre calcaire
Les plus importantes des inscriptions notées en 1924 à Mangalia sont les deux
des thiasitcs de Callatis, que nous avons copiées à partir du (> Août dans la cour
de M. Theoharidis où nous avait conduit le maître maçon Gaetano lanachi. C'est
là que M. O. Tafrali les a vues plus tard et les a copiées.
Ces inscriptions ont été découvertes en 1921 par Theoharidis sur sa parcelle
près de la mer, dans un bâtiment antique que lui-même a mis au jour. Elles étaient
placées dans le mur coin me simple matériel et y ont été trouvées, les surfaces gra
vées face à face. Le but auquel a servi l'édifice qui cachait les inscriptions des thia
sitcs ne saurait être précisé. Au moment de notre arrivée à Mangalia on ne pou
vait constater qu'un grand trou dont on avait extrait les blocs formant l'antique
édifice. Les inscriptions sont brisées en plusieurs morceaux, l'une en 8, l'autre en 5.
Cela peut s'expliquer par le grand poids de la partie d'en haut de l'édifice qui
pesait sur les plaques de marbre placées dans le mur. Les stèles étaient en outre
profilées et à frontons; Tune d'entre elles avait même le bord élevé, et le poids du
mur devait exercer ses effets avant tout sur les bords élevés de stèles.
Les stèles étant posées face à face dans le mur «l'origine romaine ou post-romaine
(la propriété de Theoharidis se trouve au quartier romain noble, comme nous le nom
mons par suite des indices que nous avons), les parties non brisées nous montrent
les lettres intactes et non altérées par des différents facteurs. A l'endroit où elles se
trouvent depuis 3 ans et où nous les avons vues elles souffrent des détériorations
journalières; elles s'abîment, s'effritent sous l'influence de toutes sortes d'intempéries,
par l'écoulement des gouttes d'eau de la gouttière p. ex. Nous avons fait les démar
ches nécessaires — sans réussir cependant — auprès du propriétaire pour qu'il les cède
au musée de Mangalia qui a été inauguré le 14/IX, 1924 dans une chambre de la sous-
préfecture avec le concours de M. C. Melidi.
Dernièrement les inscriptions sont parvenues, à ce que nous avons entendu dire,
pour une somme de 3900 Ici, au musée de Iassy.
No. 1.
Stèle en marbre, bleuâtre, profilée, à un cyma de 2 cm et une plaque de 1.8
cm de large, composée de 8 fragments dont les marges sont dépourvues de petites
écailles perdues.
La hauteur de la stèle est de 85 cm, la largeur en bas de 46 cm, en haut 44 cm,
l'épaisseur de 8.5 — 8 cm.
La face gravée est de 72 cm de long. Le fronton avec les acrotères a au milieu
13 cm de haut, à gauche et a droite 8 cm. Le tympan est 5 cm de haut et 1 cm de
profond. A 4 cm des bords droit et gauche de la face gravée il y a 2 incisions de 3
cm de long, 2.3 cm de large, 0,5 cm de profond. Elles servaient à fixer la stèle au
moyen de crampons métalliques.
La partie de derrière de la stèle n'est pas travaillée.
Les lettres commencent à 0.5 cm du bord. Leur hauteur est de 1.1 — 1.2 cm
La forme des lettres o et 0) est plus petite que celle des autres.
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CALLATIS
l 2
) Voir le facsimile Ath. Mitt. 1911, p. 3 et ) Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik
suiv. II, 2, p. 463, 472.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
signe < | . Cette forme pourrait être expliquée par la forme du Z qui se trouve dans
les inscriptions athéniennes à partir de l'an 180 av. J . Chr. ! ) .
Supposant que cette forme soit exacte, nous admettrions une erreur du lapicide,
qui devrait être expliquée par le manque d'habitude d'employer la forme nouvelle du Z.
A la ligne 37 on voit, sans doute, la forme plus ancienne du Z. (Voir le facsimile 2)
de l'inscription, fig. 38).
Dans la suite, nous donnons la transcription de l'inscription avec les compléments
que nous allons justifier plus bas.
'Ayadăi xv%ai. 'ETCL fïaaiXéoç Zi/iov xofv
'AoxXamdôa, /njroç ăiovvaCov^ nquioijunov-
zoç 'Ayrj/iovcç xov Ilvêuoroç- ëôoÇe xoïç ùiaoi-
zatç' ôncoç xazaoxevao&r] vaoç x<oi &eidi xovç
5 iiéXovxaç T&V ïïtaoïxàv ènayyékXeoûat elç xày xa-
zaaxevàv 6 xi xa ëxaoxoç nQoaiQfjrai' xoïç ôè ènay-
yeiXa^évoiç ëcoç /ièu xqvoov eî/nev oxéyarov (piXo-
zi/uiaç ôià (it'ov xai êyyqacpàv elç ozdXav, xoïç ôè ë-
laooov yjjroov ènayyeiXafiÂvoiÇ ëaJÇ àqyvqûv
10 [xjQtăxovra eî/iev xdv xe èyyqacpàr xai oxé(pavov an
feveqyjeoiaç xài xqiexyqt'ôi ôià (iioxr xoïç ôè Xoinoïç xoïç ë-
Xaaoov èrtayfyeiXaftévoiçJ elfi[e]v èyyqo.<fàv xaç ènay-
yeXtaç elç xàv azdXav Ô7i<oç ô[è] xai xazaoxEvao&f] ô vfaj-
oç (hç xdXXioxa xaflj ovvxo/itœxaza, êXéoêai avôqaç
15 ZQEÏÇ èx nàvxow x(bv ftiaoïxâv oi ôè aîqedêvzeç Xafïôvzeç
naqà TCÔJ' ênayyeÛM/téi'iov %Eiqitovvxi xà ôidqoqa xai Xô-
yov ànoô(i)Ocvvxi ëyyqayov xcv x£lQi0/l°v' ovvexeXe-
o&évxoç ôè xov ëqyov eljuey x[ai] xoïç alqevxeïoi èni xày xaxa-
oxevàv oxé<pavov èv zaïç avfvjôôoiç âç xa ovvœvzt oi êtafoïj-
20 zaï xazà zqiexrjqîôa' vacat 3-5 cm 'Aya&ăi zv^ai. vacat 14 cm.
Oïôe ènayyelXavxo elç zàv olxoÔo/uav xov vaov' vacat 3.5 cm.
'Anollojvloç Zaxvqov ^ Mfjnç 'Eqeoîov JPA
'Ano?.?.d)vioç ''Ajtolhoviov vacat 2 cm. Zcooîfiioç llqanofidxov AJA
[0](?d7T7toç AnoXXwvfov [Xajiqéaç Aa/ufocpjcôvxoç JPA
25 ALOVVGIOÇ [Kal]%aô[6v]oç vacat 2 cm. Evyoaïoç Zaxvqov JPA
Olxoô6[ii]o[a]v [xov vjafojv Evatojv i JPA
Mevioxoç 'HqaxX,e[i6ixr\]ç X .. a i x ç A*A
Aa^uixqioç Aa/naxqiov ^ vacat 1*2 cm. Z
Zijuft'ajç II qe^aêioivoç îf£ [ZJÏ/ioç Aa
30 . . vxïroç M (xov % ' AnoXXoônoç
[Ajalxifioç IJaoïdôa,. ^ vacat 3*2 cm. xoç èqydxaç xgidxofvxaj.
ZOJ7CVQOÇ IIQOJxcnôXdoç îf£ Ilqo/ia'&îojv Il QOfrnftuovcc
r
Eqjuayévr]ç Aa/ioyâjvxoç % èqydxaç ôexanévxe.
KqixôfiocXoç IJvqoov ^ 'Ayrjjuojv ITw&îwvoç xaflaX-
35 'AoxXajiioèojqoç 'AnoXXoô6xov% Xeïov xai iqydxaç ôexanhxe.
2
') Larfeld, 1. c. p. 472. ) Fait par M. I. Manoli.
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CALLATIS
10 c m .
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9 Dacia T 1924.
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
x
) P â r v a n , Cerusia din Callatis, An. Acad. IV, 4, 1, p. 714.
R o m . , séria I I , 1919, X X X I X , p. 58. *) Pour la Laconie voir Hoffmann, 1. c. p. 714.
2 5
) Dans l'inscription suivante nous trouvons la ) Kiïhncr-Blass, Ausfiihrliche G r a m m a t i k der
forme râtv ftiaoeircôv. griech. Sprache I 3 , 2, p , 57.
3 6
) Voir O. Hoffmann dans Collitz - Bcchtel, ) Kùhner-Blass, /. c , p. 49.
7
S a m m l u n g der griechischen Dialektinschriftcn ) Kùhner-Blass, l. c, p. 106 et suiv.
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CALLATIS
4
') Voir l'inscription des Iobacches d'Athènes ) Poland, Geschichte des griechischen Vereins-
chez Dittenberger, Sylloge éd. 3, 1109,1. 40 et 80. wesens, Preisschriften der Jablonowskischen Ge-
2
) Voir O. Hoffmann l. c , IV, 4, 1, p. 720. sellschaft, 1909, Leipzig, p. 22 et suiv.
3 5
) K u h n e r - G e r t h , Ausfuhrliche G r a m m a t i k der ) Voir Pape-Benseler, W o r t e r b u c h der griechi-
griech. Sprache I I 3 , 1, p. 208, et Kùhner-Blass, schen Eigennamen s. v. ZÏ/JIOÇ. Uîfioç (qui a le nez
Ausfiihrliche G r a m m a t i k der griech. Sprache camus) se trouve dans la même inscription et en-
I 3 , 1, p . 281. core aux lignes 29 et 41 ; cf. 2i/J,laç à la ligne 29.
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•j*
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CALLATIS
x
) Sur l'aisimnatas voir Solmscn, Beitrăge zur ei d'une époque postérieure et dans l'adn.,*** nous
griechischen Wortforschung I, 1908, p. 36 et suiv. voyons les différences dialectales de ce mot.
6
A P a t r a i aloifivfrijt est l'cpithète de Dionysos, ) Eurip. Bacch. 680; Poland, /. c. p. 16.
d'après Pausanias V I I , 20, 1. •) Poland, l. c. p. 198.
2
) A Chalcédoine le président du conseil (Pov?.rj) ') Cf. Arist. Eth. Nie. V I I I , 11, p. 1160 a, 19 et
et du collège des aisimnatai s'appelle aye^Kov ou suiv.: ëviai ôè xûv xoivcoviœv ô'rjôovijv ôoxovoiv
âye/iwv (iovlrjç. yiyveadai &iaoa)T(»v xal eqaviaxibv avxai yào &v-
3
) Poland, l. c. p. 25. oîaç ëvexa xal avvovaiaç. Poland, /. c. p. 31.
4
) Ici nous constatons des oscillations entre i et "; Poland, /. c. p. 17, 526.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
contribuer pour la somme qu'ils voulaient. Ceux qui souscrivaient une somme j u s q u ' à
un xQvaâç recevaient le atêcparov rptlorifitaç ôtà fti'ov (1. 7 — 8) xal èyyqaxpàv eiç ozdXav.
Les payeurs d'une somme inférieure à un yqvaoç jusqu'à trente iiQyvQOÏ recevaient
xàv xe èyyqacpàv xal arétpavov evRQyeotaç (?) xa XQIEXIJQIÔL Ôià fit'ov (1. 10 — 1 1 ) , et enfin
ceux d'une somme au dessous de 30 àqyvQol, èyyQCMpàv xaç èmiyyeHaç (1. 12 — 13).
Pour que le temple fût construit le mieux et le plus vite possible, une commission de
trois thiasites devait être élue. Ces trois commissaires avaient le devoir de recevoir
les différentes contributions des souscripteurs et de rendre par écrit leurs comptes
de l'administration du fonds. Le travail terminé, les trois élus ènl xàv xaxaoxevàv
avaient le droit de porter une couronne aux réunions triétériques. Après le texte de
la résolution des thiasites suivent les noms des souscripteurs en deux colonnes.
C'est une chose très générale dans le monde grec, que dans un cercle ou dans
l'autre les membres d'un club décrètent et lancent des listes de souscription parmi
les membres, pour la construction d'un temple de quelque divinité 1 ).
Pour la restauration du temple apollinien de Delphes, qui a été détruit par un
incendie et par un tremblement de t e r r e 2 ) , les appels ont été faits à tous les Grecs de
partout3). é.
D'après les contributions, nous distinguons trois catégories de souscripteurs :
Ceux d'un %QVOUÇ au moins, ceux de trente aQyvQoî au moins, et ceux qui ont souscrit
moins de 30 àqyvQOÏ.
E n ce qui concerne la valeur d'un %QVO6Ç et d'un ÙQyvQovç, les rapports entre un
XQVOÔÇ et un âgyvQOVÇ, l'étalon de ces monnaies, nous ne pouvons rien préciser, parce
que nous ne pouvons pas déterminer avec certitude la chronologie de l'inscription.
Si nous convenons de l'époque autour de l'année 200 av. J . Chr. nous pou
vons calculer le %QVOOÇ à un statère d'or macédonien, qui à l'époque d'Alexandre-
le-Grand n ' a v a i t que 0.003 d'argent, le reste é t a n t d'or pur. L' àQyvqovç était à la
même époque identique à une drachme, qui n ' a y a n t que 0.009 de plomb, de fer et
un minimum d'or, était au reste d'argent pur 4 ).
La valeur d'un àqyvQovç n ' a u r a pas été trop différente de celle de la monnaie
courante attique 5 ).
La valeur de la monnaie d'or, d'un XQVOOÇ, ne peut être déterminée absolument,
parce que dans cette évaluation interviennent les oscillations des rapports entre l'or
et l'argent, depuis un multiple de 14 j u s q u ' à 10.
A l'époque d'Alexandre-le-Grand le rapport de l'argent à l'or était de 1 : 1 2 ^ e t
30 drachmes macédoniennes étaient au statère d'or dans le même rapport de poids
que l : 1 2 1 / 2 6 ) .
L'inscription des thiasites, qui établit les trois classes des souscripteurs (êcoç...
XQVOOV à la ligne 7; êcoç àqyVQmv xqiàxovxa à la ligne 9 — 10, et xoiç ëkioaov ènayyEi-
lafiêroLÇ à la ligne 11 — 12) nous indique la limite inférieure pour les distinctions
] 3
) Cf. les catalogue des eranistai de R h o d e s , ) D i t t e n b e r g e r , /. c. p. 236 et suiv.
D i t t e n b e r g e r , Sylloge 3 , 116, 1. 3 et ss.: rolôe 4
) H u l t s c h , Griech. u. rôm. Métrologie, p. 240 et
ènavyEO.GLVTO elç ràv àroixoôo/iàv roil TOÎ%OÏ) xal suiv.
rœv /j,va/j,e{cov r&v Tteaôvrœv êv râ) oeiofiâ). °) H u l t s c h , Z. c. p . 235.
-) Voir D i t t e n b e r g e r , Sylloge, ed, 3, 295, 1. 8 •) H u l t s c h , /. c. p . 246.
et la n o t e 4.
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CALLATIS
qui devaient être accordées ; elle indique le XQVOÔÇ et les trente àoyvnoï comme les
sommes les plus petites, dont le payement était la condition principale et unique
de la première et de la seconde distinction de notre inscription.
La limite au-dessus d'un iQVoàq, n'est pas prévue ; on ne pouvait attendre que quel-
qu'un, dans un accès de philanthropie, offrît plus d'un %QVO6Ç pour le naos des thiasites.
L'inscription nous montre que le nombre des souscripteurs d'un xQva°? était
assez grand.
Ceux qui souscrivaient et payaient moins d'un XQvaôç jusqu'à trente âoyvooï au
moins, avaient à recevoir une distinction moins importante.
Le montant de trente àoyvQoï ne peut être expliqué qu'en se basant des rapports
et les usages des valeurs enracinées à l'époque de l'inscription et par le nombre de
trente âçyvQOÏ, connu comme un équivalent du statère d'or de l'époque d'Alexandre-
le-Grand.
D'après le degré descendant des distinctions énumérées dans l'inscription, nous
pouvons voir que la valeur d'un XQva°Ç n'était pas celle d'un statère simple, mais
d'un statère double ou d'une tétradrachme en or x ).
Après la destination du orécpavoç (pùon/uaç, accordée à ceux qui avaient souscrit
jusqu'à un XQV0(>Ç, suit la distinction de ceux qui avaient souscrit jusqu'à trente
àqyvQOÏ.
Le qualificatif de la couronne fixée aux derniers souscripteurs nous manque,
parce que le morceau du commencement de la ligne 11 avec la majeure partie des
lettres du qualificatif ne nous est pas conservée. Nous sommes réduits à des hypo-
thèses en ce qui concerne la seconde couronne.
D'après le mot (piXori/ua, le substantif abstrait qui qualifie la couronne des
souscripteurs jusqu'à un XQVOf)Ç, nous attendrions aussi pour la qualification de la
couronne, destinée aux souscripteurs jusqu'à trente ànyvgoï. un qualificatif ab-
strait. Les lettres initiales du second qualificatif semblent être Ail, que nous pou-
vons lire à la ligne 10.
Mais avec ces lettres nous ne pouvons pas rétablir le mot propre à combler cette
lacune et qui aurait la terminaison eoîaç, indiquée par les restes des lettres à la
ligne 11. D'après la désinence eoîaç nous sommes tenté à compléter evEQyeolaç.
Ce qualificatif a besoin d'être complété. Car le titre de eveoyjeoiac, à côté du titre
cpilôxifwç 2) est une des distinctions les plus habituelles, accordées aux bienfaiteurs de
tous les degrés dans toutes les parties de la Grèce et dans toutes les organisations
d'une polis grecque.
Mais la difficulté consiste d'abord dans le fait qu'à la fin de la ligne 10 se trou-
vent les lettres CLT, par lesquelles le nom de la couronne semble commencer. En-,
suite nous avons des difficultés d'espace pour le mot eveoysolaç au commencement
de la ligne 11.
Pour une lecture certaine et plausible, nous sommes dans l'embarras. Nous pou-
vons admettre une erreur du graveur du décret, qui après le mot oxécpavov a fait fausse
J
) H u l t s c h , I. c. p . 240 et s. ; 243 et suiv. Voir Pin- l. c. 368, 1. 1 9 ; 369, 1. 4 5 ; de C a r p a t h o s , D i t t .
scription d'Olbia chez D i t t e n b e r g e r , Sylloge, éd. Sylloge 3 , 570, 1. 1 6 ; de P a t m o s (c. 200 a v . J .
3, n o . 4 9 5 , 1 . 68, n o . 1 9 ; cf. l'inscription d ' E p h è s e , Chr.), D i t t . Sylloge 3 , 1068, 1. 20.
D i t t . Sylloge 3 , 352, 1. 14 — 1 5 ; de l'île de Crête, 2
) P o l a n d l. c , p . 437 et suiv.
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route, ce qui nous est arrivé en lisant pour la première fois le 6/VI11 1924 la ligne 10 et
surtout les lettres otécpavov an. Le lapicide a pu être entraîné par la formule presque
stéréotype d'Athènes et des autres villes du IV-ème siècle av. J. Chr. indiquant le
nombre des drachmes fixées pour acheter la couronne, par la formule oxetpàvov àrro
(le chiffre) àQa%[AÔ>V. *).
Quoique la lecture eôegyeolaç corresponde admirablement à cette lacune de l'in
scription— voir l'exposé des motifs de l'inscription suivante, 1. 34 — 35, où nous
trouvons le mot evEQyeola—, admettre une erreur du graveur avec les lettres an ne
signifie que relever la possibilité d'un expédient.
Nous nous demanderons: quel atétpavoç était nommé tpi/.ortiii'ftç et quel était
l'autre ?
La distribution de couronnes, de grande importance d'abord dans les questions
sacrales, comme signes distinctifs d'honneur, est connue dans toute la Grèce, depuis
les temps les plus reculés, et ensuite surtout aux grands agones célèbres, aux jeux
Phythiens, Olympiens, Néméens, et Isthmiens 2 ).
Les couronnes de fleurs (aré<paroç arûtvoç) étaient rares 3 ). Dans la plupart
des cas elles étaient de feuilles toujours vertes soit de laurier (Ôdyn/ç oxéiparoç ou
oxêtpavoç ôàxpvivoç) 4 ), de l'arbre d'Apollon Pythios, soit d'olivier (èXaiaç oxé<pavoç 5 ),
auquel nous devons penser, quand nous lisons ûallov OTEtpàvq) ou i%ûMr(p Oxe<pàv(p
dans les nombreuses inscriptions de partout, soit de myrte 0 ) (pi,V(5£(vr)Ç axérpavoç),
soit de cyprès 7 ).
Dans notre inscription, la couronne a été probablement un oxé(pavoç legôç, i. e.
rod '&eov, une couronne sacrée de Bacchus, une couronne de lierre (voir xixxov oretpdvo)
x(J> Txaxoup xov &EOV de Péparèthe, chez Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 587, 1. 31—32).
Il y a eu deux oxéqoavoi: l'un çpiloxitiiaç,, l'autre e/deoyeoiac (?), dont nous ne
pouvons pas deviner les signes distinctifs. L'une des couronnes se porte ôiù fiiov à
tous les festivals, l'autre ôià fiiov, mais seulement xâ xnu:r>)Qtôi (1. 11).
Il est intéressant de voir ces oxéqoavoi qualifiés par des substantifs abstraits. Mais
de quelle façon a été la couronne destinée aux membres élus pour le contrôle de la
construction du temple et pour l'administration des fonds recueillis? Etait-ce une
autre que l'une des deux couronnes nommées plus haut? A cause des mots xuxà
xniex7]Qi'Ôa (1. 19 — 20) nous sommes tenté de croire que la couronne des trois com
missaires était la même que la seconde.
Pour ce qui concerne le mot ovvoôoç de la ligne 19, il est très usité dans le
langage de la vie sociétaire postérieure des Grecs, et signifie des associations aux buts
religieux et économiques-sociaux.
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CALLATIS
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ÏIICOlMIII.I, S U Cil C - S \ \ IWl
*) Confer la salle des Iobacches découverte par êv Aî/ivaiç. Voir mon article, Statutele Iobachilor,
Dôrpfeld à Athènes, dans le district de Dionysos Orpheus, 1925, no. 3, p. 1 et suiv.
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CALLATIS
N r . 2.
Stèle en m a r b r e b l a n c , c o m p o s é e
a u j o u r d ' h u i d e c i n q m o r c e a u x , de 96
c m de h a u t e u r , a v e c u n f r o n t o n 85
c m d e h a u t a u m i l i e u , s u r les d e u x
c ô t é s de 4 c m d e h a u t .
L a l a r g e u r d e la stèle est en b a s
d e 42 c m , e n h a u t de 37 c m , l'épais-
s e u r d e 16 e t 10 c m .
L a face g r a v é e e s t a p p r o f o n d i e de
1.8 c m e t l ' i n s c r i p t i o n e s t e n c a d r é e
p a r u n b o r d élevé d e 4.5 c m d e l a r g e ,
à g a u c h e e t à d r o i t e . L e b o r d a u des-
sous d u f r o n t o n est de 1.8 cm de l a r g e u r .
Le t y m p a n du fronton sans acro-
t è r e s e s t u n p e u a p p r o f o n d i et e n c a d r é
p a r t r o i s c ô t é s de 1.8 c m de l a r g e u r .
A d r o i t e d u t y m p a n on v o i t es-
q u i s s é en lignes incisées u n d a u p h i n ,
le s y m b o l e de la p r o t e c t i o n b é n é v o l e
d i v i n e , le s y m b o l e d u v o y a g e h e u r e u x ,
la m a s c o t t e des n a v i g a t e u r s . S u r son
r a p p o r t avec Dionysos, voir T h r a e m e r ,
R o s c h e r Ausfiihrliches L e x i c o n der
griech. u n d r ô m . Mythologie, I, p .
1 0 8 3 , s. v . D i o n y s o s . Fig. 39.
A 3 c m d u b o r d s u p é r i e u r e t à 1.2
c m d u b o r d à g a u c h e c o m m e n c e l ' i n s c r i p t i o n de 42 lignes. A p a r t i r d e la ligne
29 les l e t t r e s s o n t u n p e u p l u s g r a n d e s q u e 0,8 c m .
L a stèle e n b a s , s u r ses d e u x c ô t é s , à 6 cm d u b o u t est a r r o n d i e j u s q u ' à u n e
p r o f o n d e u r d e 2 c m ; elle est a u r e v e r s , à 6 cm d u b o u t , p l u s p r o f o n d é m e n t t a i l l é e ,
d e v a n t ê t r e m o n t é e s u r u n socle, sur u n e b a s e .
l
) Cf. l'inscription argienne, Michel, Rec. 1011, 1. 2 6 : VJieQÛvgœf &fjvat] rf/v eïooôov. Voir Poland
l. c. p . 468 et suiv.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
D a n s la s u i t e n o u s d o n n o n s la p h o t o g r a p h i e (fig. 39) e t la t r a n s c r i p t i o n de
l'inscription.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCIUr.-SĂVEANU
3
*) M e i s t e r h a n s - S c h w y z e r , G r a m m a t i k der a t - ) Dessau, Regcs T h r a c i a e qui f u e r u n t i m p e -
tischen I n s c h r i f t e n , p . 49. Voir encore nolehaç à r a n t e A u g u s t o , E p h e m . epigr. I X , p . 697 et suiv.
4
la ligne 11 et 18 ; [reij/idç, Tereifiào&ai et xeifiaïç ) Plut., A p o p h t h . Caes. A u g . 2, p . 207 A ; cf.
a u x lignes 16, 28 et 29, (fiXcaeinov et (pdorei/uaç v i t a R o m . 17.
6
a u x lignes 33 et 36. ) Voir H e r w c r d e n , Lexicon graec. suppl. e
2
) Collitz-Bechtel, /. c. 3094, 1. 2. dialect. 1902, s. v. Avxrjoç.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU
L'inscription devait être placée elç rov inupavèaxaxov rov fxvjipv xônov. Le lieu
doit être ènupavêaraTOÇ ] ), non pas de la ville mais rov [ivyj>v.
Le mot /tv%6ç nous est connu par Homère 2 ), où nous le trouvons dans la phrase
stéréotype êç fiv%àv ê$ ovÔov ou e£ ovôoïo. Cette phrase indique qu'une fois étaient
des %â).XEoi xoïyoi, une autre fois des finovoi neol TOÏ%OV3) depuis le seuil jusqu'au
coin le plus reculé et plus caché de la salle. Dans la phrase èç fÂV%àv t'| ovÔov le
mot juv%6ç a le sens d'intérieur. C'est dans le même sens que le mot est employé dans
notre inscription. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de l'intérieur d'un édifice des
thiasites, soit du temple du dieu protecteur du thiasos, connu par l'inscription pré
cédente, soit de la salle des assemblées que nous pouvons nous imaginer pareille
au Baccheion des Iobacches d'Athènes.
La distinction accordée à Ariston devait être publiée jusqu'au mois de Avxijov,
mois d'Apollon Lykeios, adoré aussi à Mégare (I. G. VII, 1, 35). Au mois de Avxijaç
ont été célébrés rà Çerixà Aiovvoia, probable
ment la plus importante fête de Dionysos
de Callatis correspondant aux Aiorvata fxe-
yâla ou rà èv "Aarei d'Athènes du mois
de l'Elaphébolion, où les Athéniens con
cluaient des conventions avec les Etats
étrangers et où ils distribuaient les distin
ctions 4 ).
A côté des Çenxà Aiovvoia, il est évident
que les Callatiens auront eu aussi d'autres
Dionysia.
Il est probable que ces Çevixà Atorvaia
étaient triétériques 5 ).
Sur Ariston, fils d'Ariston, membre du
Fig. 40. thiasos de Callatis, dont la mascotte était
le dauphin et dont les distinctions devaient
être publiées jusqu'aux Çenxà Aiorvoia du mois de Avxtjoç, nous n'avons pas d'autres
informations. Les distinctions décrétées aux deux Ariston, père et fils, nous montrent
qu'ils appartenaient à une famille influente de Callatis à une époque où la ville
accordait le titre de bienfaiteur et fondateur à tous ceux qui venaient moralement
et matériellement au secours de la ville, de ses institutions politiques-religieuses et
au secours de ses citoyens tombés en péril par suite des complications nombreuses
avec les tribus barbares des régions thraces durant la vie et l'activité d'Ariston
père et Ariston fils.
2
') Voir à Delphes àva&éfiev èv râ> èmqpave- ) Od. VII, 87 et 96.
3
aràrq) TÔTCO) rod leoov, Dittenberger, Sylloge, éd. ) Voir aussi Herwerden, Lex. suppl. et dial.,
3,438, 1. 29 — 30 ; à Erétrie, àva&eïvai èv rib éd. 2, s. v. nvyrôç.
yvfxvaaioi èv rGi ênirpaveararw râncp, Ditt. Syl- *) A Mégare nous connaissons les Aiovvoia par
l o g e \ 714, 1. 44; Chalassarnai (Crête), xaï à- l'inscription. I. G. V I I , 1, 21, 1. 34.
5
vaMvro) èç rà leqàv rov 'ATI6U.O)VOÇ èç ràv èm- ) Cf. pour Athènes, Moinmscn, Fcste der Stadt
(favéararuv rônov, Ditt. Syllogc 3 , 368, 1. 45 — 46. Athen im Altertum, Leipzig, 1898, p. 2 9 ; Kern,
Chez Pârvan, /. c , p. 63, 1. 20 nous trouvons les Dionysos, dans Pauly-Wissowa, R E , V, 1021 et
mots: èç ràv èmantiôrarov rônov rov yvfivaolov. suiv.
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CALIATIS
No. 3.
Dans la cour de Ismail Secheria nous avons trouvé u n fragment de stèle en
marbre, 23 cm de long, 23 */2 de large, 8 cm de gros. On y voit (Fig. 40) en deux
lignes, les m o t s :
0AABIOC E— | AQPOC, en lettres de 1.8 cm de grandeur.
Après ÔCOQOÇ l'espace est libre de 11 cm, non taillé de 5 cm. Au-dessous de
Ô(»QOÇ, l'espace est libre de 15 cm.
Le nom de Flavius est un terminus post quem pour la détermination chro-
nologique de ce m o n u m e n t .
r
ÔCOQOÇ est la seconde partie du nom qui peut avoir été E[on6Jôcoooç (Bechtel-
Fick, Die griech. Personnenamen, éd. 2, 1894,
p . 105), si, après le nom de Flavius, il n ' y
a eu, en effet, q u ' u n espace libre de 6 cm
-. -~-—,
3T
destiné à l'inscription.
l|KfOE No. 4.
Une grosse colonne en marbre, à inscrip-
N tion (voir la figure 41), a été coupée en mor-
ceaux et transformée en corniche, à ce que
nous montre le fragment qui se trouve dans
■ »
ax o v
AV N A
AEITA
cli TtanoJôeÏTa
Nous relevons la ligature de trois lettres à la première ligne. L ' Y
m o n t r e une petite barre transversale.
Fig. 43. No. 6.
U n a u t r e motif de représentations plastiques habituel au sud du Danube se
t r o u v e sur un fragment d'ex-voto, en marbre de la riche collection de M. Roşculeţ
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10 Ducia T 1924.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
Fig. 44.
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CALLATIS
No. 8.
Sur un fragment de stèle (72X22.5X20 cm), en marbre (Fig. 45), ayant à gauche
et à droite des marges, nous lisons, en lettres de 3.8 cm de grandeur, les mots:
fivtf[tf]Ç
xavx è-
No. 9.
A une époque postérieure, chrétienne, appartient l'inscription xov (pûcoxxîoxov
d'un fragment en marbre profilé ( 1 9 X 3 2 X 7 6 cm), au musée no. 13. E n relief
on voit dans un cercle le signe de la croix. Devant l'inscription il y a une feuille gra-
vée. Voir les figures 46 et 47.
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m»
THÉOPHILE SAIJCIUC-SAVKANU
i ri ! M 'T " '.•*. '.V t '. *. ' l M H11111 '.'î '." 7: ','i '?r. JiT; ■'.■.am » iH» 11 " ;v.'i T? '.• • '.J?^^f w'.Jl'".v.':V/.'SB^**"
'"■wWWlwniiwiiiiuiw'liiwiiiwniriiiiWWiiiiiili ■'wptiMit«miw,:tin*nV»"utHn«wti*nrtri.
Fig. 47.
I
AI10A
J
*) Cf. Walter Altmann, Die romischen Grab- ) Je dois le dessin du monument à M. Dc-
altare der Kaiserzeit, 1905, Berlin. mianov.
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CALLATIS
E n i ... o
A
APX . . IOY
1
) Conf. l ' a t t r i b u t chez D u m o n t , l. c. pi. 6, no. u n d R ô m e r . Ed. 6, p a g . 267, fig. 321.
3
12 et pi. 8 n o . 17. ) Bechtel-Fick, Die griechischen Personen-
2
) On voit q u e l q u e chose de pareil sur u n e n a m e n , p . 286.
4
t a b l e d'argile qui se t r o u v e à P a r i s . Voir la repro- ) Hellas I V , 5 — 6, p . 57.
d u c t i o n chez G u h l - K o n e r , Leben der Griechen
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T H É O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU
6) Un fragment d'anse avec une partie du goulot, long de 8 cm, large de 4.3 cm,
épais de 2.2 cm (mesure du pourtour de l'anse de 11 cm), de courbure très arrondie.
La terre en est très fine, bien travaillée avec un peu de petites paillettes blanches.
La couleur est jaune-clair à la surface et à l'intérieur.
L'anse n'est pas soigneusement travaillée et le timbre est imprimé à la hâte,
de sorte que la partie inférieure seule et un peu de la partie gauche sont visibles.
On voit là les lettres AEO. Le delta ne peut être alpha.
On remarque au milieu du timbre un quadrupède (Fig. 52) probablement un
chien courant la queue touffue en l'air.
7) Un petit fragment d'anse double (Fig. 53), formé par deux anses rondes réunies,
de courbure lente, long de 6 cm, large de 4.6 cm, épais de 2.3 cm, pourtour 12.3
cm, est formé de terre fine et bien travaillée. On y remarque de petites paillettes
fines et brillantes. La surface est teinte en jaune vert. A l'intérieur, la terre est de
couleur rouge-clair. Sur la partie d'en bas de l'anse double on voit un sceau frag
mentaire, rectangulaire, long de 4.4 cm, large de 0.7 cm, avec les lettres KEPAD,
hautes de 0.6 cm. Les deux barres parallèles et verticales, devant le K ne peuvent
appartenir qu'à la forme du sceau. Dans les lettres KKPAQ nous ne pouvons voir
que le nom Kégôcov, commun en Grèce (Pape-Benseler, "Wôrtcrbuch der griech. Ei-
gennamen, s. v.) pour les esclaves et hommes libres, d'autant plus qu'après l'eo
nous pouvons remarquer les traces d'une barre verticale. Conf. aussi Bechtel-Fick,
Die griech. Personennamen, p . 160. Dans la partie intérieure de l'anse double on
voit encore l'impression du doigt de l'ouvrier qui a mis le sceau.
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CALLATIS
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THÉOPHILE SAUCTUC-SĂVEANU
12) Un fragment d'anse (Fig. 58), long de 8.0 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.3 cm,
pourtour de 11.5 cm, en terre fine, bien travaillé, de couleur rosâtre, à la surface
légèrement poudreuse, à teinte d'un jaune pâle, à la courbure élégante (voir fig. 59),
montre le sceau rectangulaire, long de 6 cm, large de 2 cm, avec les lettres :
IZT1AI0
AIT YNO
nOIEIAD
TOY IIPQNYMOY
TOY IlOZl ADN 10 Y
On n'a que des traces méconnaissables de l'attribut. Parmi les lettres de forme
petite sont remarquables l'omicron fort petit, comme un point, et le pi avec la se
conde barre parallèle plus courte.
15) Un fragment d'anse double, formé par deux anses rondes, soudées sur toute
leur longueur et collées à l'embouchure et à la panse, en terre rosée à l'intérieur,
rouge pâle à la surface, porte du côté intérieur d'une anse la lettre A (Fig. 62).
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CALLATI S
16) Une anse double, de couleur rose, a sur une moitié une estampille à inscrip-
tion fragmentaire dont on peut distinguer les lettres êm (Fig. 63).
17) Un fragment (Fig. 64), 7 % cm, de long. 4 cm de large, 2 cm d'épaisseur pour-
tour 10 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes bril-
lantes et blanches, couleur rouge brique clair, à courbure brusque, presque rectan-
gulaire, porte un sceau avec l'attribut en forme de quadrupède dont le cou est
long. Au dessus et au dessous de ce quadrupède on lit en deux lignes les lettres
IA ITHI
Il A YIANJHI
La forme ïonienne du second nom mérite d'être relevée.
18) Fragment d'anse (Fig. 65), 7 cm de long, 3.5 cm de large, 2 cm de gros, avec
une partie de l'embouchure.
Pourtour 10 cm, à courbure gracieuse, en terre fine, bien travaillée, avec
des petites paillettes jau-
ne doré et blanches, à la
surface jaune gris et pou-
dreuse, à l'intérieur rouge
brique clair.
Le sceau, légèrement
imprimé et pour cela dé-
fectueux, à l'exception
du coin droit d'en haut,
Fig. 66.
est long de 3 cm et large
de iy2 cm. Au centre on voit un trépied de forme nor-
Fig. 65.
male et le long d'un pied on lit les lettres IITEIAII,
évidemment ''AqJiaTEiaric. Conf. le nom 'Açioreiôaç sur les inscriptions d'origine rho-
dienne chez Dumont, Z. c. p. 83, n. 50 — 53.
Un thêta paraît être sous le second pied du trépied. En haut du trépied, à gauche,
incertaines, les lettres QX.
19) Fragment d'embouchure de vase (Fig. 66), 9 % c m ^ e l° n g> ^a corde de l'arc de
7 cm est de 5 cm. Terre grossière, rougeâtre, avec beaucoup de paillettes blanches. Le
sceau, long de 5 cm, large de 2 % cm, a des lettres altérées et à peine lisibles. On y lit:
. . XXOOIV
êm 'AjtMpna
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
dreuse et d'un rouge brique clair à la surface, de travail peu soigné. Le sceau fra
gmentaire (large de 1.5 cm) montre une feuille en forme de coeur (Fig. 67).
21) Fragment de l'embouchure d'un vase avec une partie (celle-ci longue de 6.5
cm, large de 4.5 cm, épaisse de 2 cm, pourtour de 10.7 cm) d'anse (Fig. 68), en terre
fine, bien travaillée, dont les fractures montrent un rose pâle ; à la surface légèrement
poudreuse, de teinte d'un jaune pâle. Le sceau (large de 2.2 cm) légèrement im
primé est cassé à droite et porte dans la partie conservée une inscription, proba
blement en trois lignes, dont la troisième ne nous a conservé aucune lettre.
EI11 APAKOfN]-
roi EYOPY
Cf. l'inscription no. 65 chez Dumont, /. c. p . 347, où nous rencontrons les mots
*Eni AçàxovToç, et no. 66 de la dixième série des
inscriptions d'origine enidienne où peut-être se
trouvent quelques lettres du nom qui commence,
comme dans notre inscription, par les lettres
EV&Q.
22) Fragment d'anse, long de 7 cm, large de
4 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11 cm, en terre
fine, bien travaillée, avec un grand nombre de
paillettes blanches, couleur rouge brique, portant
un sceau, long de 1.5 cm,
large de 1.3 cm avec le mo
nogramme indiqué dans la
fig. 69.
Sur les sigles des po
tiers voir Courby, Les va
ses grecs à reliefs, 1922, p .
394 ; cf. les monogrammes
sur les monnaies de Calla- 71.
Fig. 70.
tis chez Pick, Die antiken Mûnzen Nordgriechenlands I, p . 97,
n. 197 et 198.
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CALLATIS
23) Fragment d'anse, long de 4 cm, large de 4.5 cm, épais de 2 cm, pourtour de
10.7 cm, en terre fine, très bien travaillée, couleur brun clair. Le sceau, large de 1.1 cm,
montre les lettres finales CTO d'une forme peu soignée. L'estampille y a été profon
dément imprimée (Fig. 70).
L'intérieur du vase auquel appartient cette anse était cannelé comme nous le
démontre un reste attaché à l'anse.
24) Un fragment d'anse, d'argile très fine et molle, couleur ocre clair blanc, long
de 9.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, porte deux signes en forme de x.
Des amphores et des fragments de vases trouvés au lit de la mer reculée à Man-
galia, qui aujourd'hui font partie de la collection précieuse de l'avocat N. Roşculeţ à
Constanta, rue Badescu 8, je n'en ai pu noter à la hâte que les inscriptions suivantes,
incisées sur le col dont j ' a i fait les copies sans autres indications (Voir fig. 71):
25) EY0PAIO2
A YZWE
Après l'epsilon du mot Avnlêe on voit
l'attribut d'un vase.
26) EYnOPOZ
A YZWE
Entre les deux lignes on voit à droite
un canthare couché.
27) XAIPEZ1
AYII0E
L'attribut comme dans l'inscription précédente.
Le nom Avoîêefoç] qui se répète avec trois autres noms, Euphraios, Euporos
et Chairesikles ( ?) peu têtre plutôt le patronymique, le nom du père des trois fils
potiers, que le nom d'une autorité municipale.
28) Un fragment de col de vase, trouvé à Tatlagiac sur le terrain de Vlas Tra-
himac près de la pêcherie.
Le fragment est en terre moins fine, à l'intérieur couleur rouge brique, à la sur-
face grise, avec des paillettes brillantes et blanches. Il est pourvu d'une estampille
en creux portant l'inscription (Fig. 72):
ZKY0A2
MAAAKOI
A la fin, entre les deux lignes, on voit la figure d'un canthare couché.
Le sigma et le my semblent être un griffonnage postérieur, d'autant plus que
l'on voit deux barres formant un angle, qui ont été ajoutées au pied du sigma.
Si nous n'avons pas d'indications dans l'empreinte même, nous pouvons fort
facilement commettre une erreur voulant déterminer la provenance d'un fragment
d'anse quelconque par la nature de la terre, par la couleur de l'anse ou par la
courbure.
Dans la plupart des cas la terre ne varie que très peu et la courbure est beau-
coup sujette aux hasards. Dans l'argile on trouve presque partout des paillettes
brillantes ou blanches.
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THÉOPHILE SAUCItJC-SĂVEAMJ
Les paillettes noires ou dorées sont une indication plus précieuse pour déterminer
à quel centre de production peut appartenir un fragment quelconque.
En ce qui concerne la couleur, elle est encore plus incertaine. Car la cou
leur de la même argile varie en mille nuances et dépend de l'intensité et de la
durée du feu auquel les vases ont été exposés. Pour ces considérations, j ' a i préféré
n'indiquer que deux fois dans ce rapport préliminaire le centre et l'origine auxquels
les fragments d'anse énumérés pourraient appartenir. E t dans les deux cas les in-
scriptions nous in
diquent l'origine de
"N
l'île de Thasos. Dans A
l'ordre de remune \
ration je me suis EnrxYo
Fig. 73. guidé plutôt par la \...
couleur de l'argile. Al
La forme de l'anse pourrait, elle aussi, être
d'une importance déterminante au sujet de l'ori
gine, si nous avions plus que les très petits frag
ments d'anse trouvés dans les endroits différents
où nous avons fait les fouilles dans une profon- J'j——
deur atteignant 4 mètres.
Fig. 74.
29) Un fragment de pithos qui se trouvait
chez Theoharidis, aux dimensions de 2 6 X 9 X 8 cm, porte autour de l'embouchure les
lettres W II III qui devraient indiquer la capacité du vase (Voir la fig. 73).
30) Une tuile du musée de la sous-préfecture, no. 18, porte l'in
scription (Voir la figure 74) :
EIII2X YO
A KO ^NO
J e n'enregistrerai pas au chapitre suivant, mais immédiatement
Fig. 75.
ici, les inscriptions gravées sur de la céramique vernie.
31) Fragment de fond rond (de 4 cm de diamètre) d'un vase à vernis noir. Autour
du point central, couleur d'argile, des bandes circulaires, t a n t ô t plus larges, tantôt
plus étroites, à vernis noir luisant, de couleur de l'argile et de couleur brune al
ternent.
Sur le verni noir de la bande circulaire de la marge du fond on lit les lettres
OYFA soigneusement et joliment gravées.
La petite forme du thêta avec le point au milieu nous rappelle les caractères
du IV-ème siècle av. J. Chr. (Fig. 75).
Sur la partie inférieure du vase à embouchure évasée, on voit, autour d'un
cercle du milieu du vase, deux palmettes, liées entre elles par un arc, qui passe du
centre d'une palmette au centre de l'autre. On remarque aussi des restes d'une
autre paire de cercles, qui auront été attachés à deux autres palmettes.
32) La partie inférieure d'un vase d'argile, couleur ocre jaune brûlé blanc. La
base ronde de 12 cm diamètre a un pied de 12 cm de h a u t et de 0.6 d'épaisseur. Le
fond intérieur de la base est un peu creux et porte sur le vernis noir mat les let
tres ME.
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CAI I.ATIS
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
gauche. Elle était posée probablement dans un groupe. Conf. Eros adolescent dans
Courby, /. c , p. 208, fig. 34, 2, et le moulage antique en plâtre du musée Hildesheim,
p. 211, fig. 35 a. (Fig. 79).
Moule en terre cuite rouge d'une tête de femme, 8 cm de long, le cou 2 cm de
long, aux boucles de type archaïque. La tête porte une sorte de couronne. C'est
peut-être la tête d'une déesse à nuance locale, peut-être Cybèle (Fig. 80).
Une main avec le bras inférieur depuis le coude, long de lx/2 c m ' excellemment
travaillé, appartenant à une statuette d'environ 28 cm de hauteur (Fig. 81).
Un morceau du bras inférieur (3.2 cm) et le bras supérieur (5 cm), en terre cuite
rouge, d'une figurine vêtue.
A>- Un petit reste appartient
à une statuette en terre cuite
rouge.
Fig. 82.
Nous possédons aussi un
petit masque de Silène à la
fig. 82.
Nous enregistrons ici en
core deux de ces objets, nom
més poids à tisser, en terre
cuite rouge en forme de pyra- l
mide tronquée, trouvés au fou- I
illes chez Dan. L'un est 4.5 cm ^
Fig. 80. de haut et a la base carrée de *
3.3 cm, l'autre 6 cm de haut I
et 4.2 cm-. I
Chez Ionaşcu à Mangalia, nous I
avons vu la figurine féminine, envelop- I
pée, en terre cuite rouge, de 15.5 cm '
p;„ ai de haut, sur une plinthe (Voir fig. 83). ,
b) Vases. La récolte de céramique *- Fig. 83.
est extrêmement pauvre au point de vue des vases intacts, mais
assez riche en fragments. La plupart en ont été découverts dans la cour de C. Dan.
Nous sommes tenté de supposer qu'il y avait ici un magasin potier.
Nous divisons ces fragments en fragments en argile commune, non vernie et
sans décor, et en ceux qui sont vernis et décorés.
La céramique simple appartient pour la plupart aux amphores destinées au
commerce de vin ou d'huile. A ces amphores, quelque uniformité que fût pro
duite par la roue, il y a une vaste échelle de possibilités qui fait varier les formes. E t
cette variation dépend de bien de circonstances qui peuvent se produire plus faci
lement pour la partie inférieure des vases.
Trois spécimens nous montrent les formes de pareilles amphores. Elles ont été
trouvées incidemment par les habitants du pays.
La fig. 71 montre 3 amphores de formes diverses, photografiées chez l'avocat
N. Roşculeţ de Constanta. Deux autres fragments d'amphores, trouvés de même à
Mangalia, appartiennent au même M. Roşculeţ.
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CALLATIS
Une amphore entière et la partie supérieure avec l'anse d'une autre amphore
ont été photografiées par nous chez M. D. Ionaşcu de Mangalia.
Les Callatiens auront sans doute eu leurs propres amphores faites en l'argile qui
se trouve au voisinage de la ville et qui est merveilleusement propre à la fabrication
des vases. La carrière d'argile, située au chemin des bains sulfureux, est encore aujour
d'hui fort recherchée par les habitants de la ville de Mangalia à cause de ses qualités
supérieures.
Les amphores qui se trouvent depuis la Russie méridionale jusqu'en Provence,
et temporellement depuis l'époque La Têne jusqu'aux grandes migrations qui ont
coupé et achevé les relations commerciales, ont servi aussi à Callatis au cours des
siècles comme ustensils indispensables pour toute espèce de liquides. E t le nombre des
ici les types les plus intéressants de pieds notés, sans pouvoir affirmer s'ils ont été
fabriqués à Callatis ou ailleurs (Fig. 84).
Parmi les fragments de vases en argile commune, on en relève un de pâte
grossière. Le fragment nous fait voir trois impressions de pouces l'une près de
l'autre.
Plus intéressants sont les fragments de vases vernis et aux ornements peints et
en relief. Les vases peints ne sont pas polychromes. Pour la plupart des cas ce sont
l'argile et le vernis qui constituent les couleurs de l'ornement.
Les vases à relief sont à glaçure et à vernis mat. Nous avons encore des fra
gments de vases vernis côtelés, en argile, qui sont fort répandus et datent de la fin
du IV-ème et du commencement du III-ème siècle. Ils semblent être nés en Crète,
et pour leur commerce la ville d'Athènes doit avoir joué un rôle important.
Un seul vase est intact. Sur un pied de 4.2 cm de diamètre et 0,6 cm de
hauteur, qui, dans une excavation centrale de 2.5 cm de diamètre porte un om
phalos pointu, s'élève une petite écuelle de 9 cm de diamètre et de 2.5 cm de profon
deur. E n vernis noir mat, il peut constituer une sorte de cendrier (Voir la fig. 85).
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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
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CALLATIS
Entre les feuilles, en haut et en bas de la tige ondulée, il y a trois petits points
blancs; un seul petit point de masse blanche se voit entre les pétioles de chaque
feuille.
Nous avons plusieurs fragments de vases côtelés, en argile fine, couleur ocre
chair blanche. La figure 88 nous montre un pareil fragment; le pied, à vernis noir
brun mat. 11 se compose d'une partie ronde de 7.2 cm de diamètre, à profil mouluré.
Dans l'excavation de son intérieur on voit un omphalos. La partie ronde est surmontée
d'un cône tronqué d'une circonférence de 11 —10 cm et de 3.6 cm de hauteur. La
partie inférieure de la panse de vase conservée a 4 champs. Deux champs opposés
sont munis de 23 ou 25 cannelures, les deux autres ne montrent que 3 cannelures
irrégulièrement gravées au milieu de chaque champ.
Pour la partie supérieure, cf. Courby, /. c , p. 202, fig. 32.
Il y a un autre fragment
à peu-près de la même espèce,
de dimensions plus grandes ;
il nous est parvenu sans pied.
Les deux champs cannelés ont
19 — 20 cannelures. Chacun des
autres champs n'a que deux
lignes, convergentes vers une
partie qui est aujourd'hui per-
due.
On voit les mêmes lignes
Fig. 88. sur un autre fragment de vase Fig. 89.
cannelé dont la panse est, à la
partie inférieure, couleur rouge de Venise, à la partie supérieure, d'un vernis de cou-
leur d'argent (Fig. 89).
Très usé est un petit
fragment.
Un fragment de vase
^ËvSil
en argile, gris, sans ver-
nis, a des incisions pri-
mitives à partir du mi-
Fig. 90. Fig. 91. Fig. 92.
lieu de la panse jus-
qu'en bas. Nous pouvons considérer ce fragment comme appartenant à la phase
initiale de l'imitation des vases métalliques.
Il y a des petits fragments à glaçure avec un décor en relief qui peut être
qualifié d'oves ou des côtelettes.
La figure 90 nous montre des incisions en barres courtes et parallèles, suivies
en bas d'autres incisions qui sont faites dans les intervalles des incisions précé-
dentes et ainsi de suite.
Le décor d'un autre fragment de vase de couleur ocre chair est à peu près le même.
Nous attribuerons beaucoup de fragments trouvés aux vases dont le nom antique
est ignoré et que les modernes ont convenu d'appeler bols. Voir Courby, î. c , p .
329 et ss.
161
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I I Dacin I 1084.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂ.VEANU
Deux fragments (Fig. 91, 92), de la partie inférieure d'un bol, de couleur grise,
sans vernis, au fond concave, nous montrent en relief une ligne pointillée suivie de
deux lignes parallèles. Les points et les lignes couvrent probablement la surface to-
tale du bol. Car, deux autres fragments d'un bol (Fig. 93) à vernis mat, font voir
des godrons et des lignes pointillées verticales de la même sorte, sous le rebord de
1.5 cm de largeur incliné vers l'intérieur et après une bordure de parallélogrammes,
formés de lignes pointillées et entourés de deux lignes horizontales.
Un petit fragment de vase, couleur d'argent rougeâtre, montre un décor en re-
lief similaire.
Fragment de bol, partie inférieure, de couleur gris cendré. Sur le fond un peu
concave de 5 cm de diamètre on voit le sigle EY.
La partie inférieure du bol est ornée de folioles, de palmettes imbriquées. Voir
Courby, l. c. p . 353, fig. 73 o. p . et p . 368 fig. 80, 8; p. 394, f. 383. Comment était le
décor de la partie supérieure c'est ce que nous pouvons seulement soupçonner.
162
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CALLATIS
Petit fragment de panse de bol brisé en deux (Fig. 95), haut de 3 cm, 7 cm
de large, 0.4 cm de gros, couleur gris cendre, de vernis noir mat. Après une bordure
d'oves et de dards suit une zone de 3 cm de largeur où l'on voit des figures humaines
en relief. Une figure assise sur un bloc tient à la main gauche une lyre et en touche
de l'autre main les cordes. Les pieds semblent être d'un quadrupède cornu, ce qui
se confirme par l'entourage du joueur de lyre.
Devant cette figure assise, il y a une deuxième figure debout, type de Silène.
Elle tient à la main gauche un bâton en forme de croix. C'est peut-être un thyrse et
un habit ou une grappe de raisin. Elle court, la jambe gauche un peu avancée. Une
autre figure ailée, le pied droit avancé, tient à ses deux mains un bâton qui grossit
vers le b o u t ; peut-être est-ce une massue. Son visage ne peut être si facilement
distingué que celui du Silène qui court après lui.
Mais on remarque assez clairement sur le dos de
cette figure une queue, de sorte
que nous ne pouvons douter de
sa signification. Nous avons à
faire à une scène bacchique. Der-
rière la figure assise on voit les
restes des pieds d'une quatrième
Fig. 96. Fig. 97.
figure et un objet indéterminé.
Les restes d'une seconde zone sont trop exigus.
Un fragment de vase en relief en couleur rouge indien. Il y a un reste exigu de
décor. Un reste plus remarquable nous montre un petit fleuron.
Un fragment de pied de vase a, à l'intérieur, un objet tordu, en couleur ocre
chair, comme tout l'extérieur du fragment sauf le fond du pied qui est brun noir.
D'intérêt est encore un petit fragment de rebord et de la partie supérieure
de la panse d'un vase.
La plupart des fragments découverts appartiennent au type de patères plates, à
lustre noir, aux rebords plus ou moins droits, plus ou moins évasés, souvent aux bords
qui s'amoindrissent, inclinés en bas. Ces patères portent à l'intérieur decors de pal-
mettes estampées en cercle, disposées parfois autour d'un décor central.
Autour des palmettes estampées on voit souvent un ou plusieurs cercles simples
ou des cercles formés de barres courtes et parallèles. Ces dernières sont incisées, sur le
vase mis en rotation, au moyen d'un instrument pointu. Il y a encore des cercles
formés par des points deux à deux, incisés au moyen d'un instrument plus ou moins
pointu. Une fois nous voyons autour des palmettes, dirigées et liées au centre du
vase au moyen d'incisions oviformes, deux cercles simples et parallèles, dont l'in-
tervalle est rempli de crochets parallèles. Autour des cercles il y a des demi-cercles
qui s'entrecoupent et puis des palmettes rangées en cercle.
Le pied d'un tel vase fragmentaire est de 2 cm de haut. Sur le revers du pied,
garni de bandes circulaires, en couleur alternativement d'argile et de vernis noir
ou brun, on lit la lettre A. La base du vase porte au milieu un omphalos plus ou
moins prononcé.
Les variétés de cette sorte de vases (fig. 96 — 98), d'un lustre admirable, sont
données par le diamètre du vase entier, du pied, de la grandeur et d'épaisseur
163
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u*
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU
164
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CALLATI S
crampons fixés. Leur emploi est devenu clair: les crampons servaient à consolider les
parois grandes et lourdes des vases, qui se seraient cassés facilement à cause de leur
masse pesante.
Dans la partie inférieure d'une amphore découverte à une profondeur de 2.5 cm
dans la cour de C. Dan, se trouvait une masse verdâtre qui nous semblait huileuse.
Ne pouvant faire l'analysese sur les lieux, nous nous sommes adressé à notre collègue,
M. F . Netolitzki de Cernăuţi. M. Netolitzki a bienvoulu nous donner l'information
demandée au sujet de la masse trouvée dans le fragment d'amphore et de quel
ques restes d'os mélangés avec de la terre, trouvés dans un autre fragment. Nous
reproduisons la constation de M. Netolitzki écrite en allemand:
1. Amphoraftiss:
lin Inneren befindet sich grunlich-graue erdige Masse, welche in unregelmăssig-
kantige Stiicke durch Austrocknen zerfăllt. An einem der Stiicke ist ein rinnenfôr-
mig vertiefter Abdruck vorhanden, der keiner Erhabenheit an dem Gefassstiicke
entspricht. Mit Wasser befeuchtet zerfăllt die Masse sofort in ein griinlich-graues
Pulver, das unter dem Mikroskope nur aus sehr kleinen kantigen Gesteinssplitterchen
besteht, die auch jetzt einen schwach grùnlichen Farbton besitzen. Mineralsauren
losen nicht ; nur ein leichter schwach-rôtlicher Anflug auf den Bruchstellen der er-
digen Massen lôst sich in Salzsăure unter Entwicklung von Kohlensâureblàschen.
Organisierte Bestandteile, etwa Kieselskelette von Getreidepflanzen etc. fehlen.
2. Erde mit Knochenstiicken.
Durch Abziehen werden getrennt:
a) Knochen von mindestens zwei Tierarten, die ich mit Sicherheit nicht unter-
scheiden kann. Es findet sich ein Kieferstuck, dessen Form und Bezahnung auf eine
Eidechse weist. Andere Knochen gehôren aber bestimmt nicht zu diesem Tiere.
b) Zwei Stiicke Metalldraht mit rauher, grubig-warziger Oberflăche, welche ganz
in Patina verwandelt ist (kohlensaures Kupfer). Die angefeilte Flăche zeigt einen
Kupferkern umgeben von einem anderen Metall (Silber?).
c) Die Erde enthalt keine Pflanzenreste.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
Professeur à VUniversité de Cernăuţi
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LES FOUILLES DE TINOSUL
I. LA STATION AVANT LES FOUILLES
1
) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, An. Acad. torn. I l l , p p . 415, n. 3 ; 5 3 8 ; Dicfionarul geografic
Rom., sect, ist., ser. I l l , torn. I l l , mem. 1, Bu- al României, Bucurcşti, 1902, vol. V, p. 601, s. v . ;
cureşti, 1924 (avec résumé en français). Alex. Odobcscu, Artele din Romania, tn periodul
2
) Radu Vulpe, Raport asupra săpăturilor arheo- preistoric, Opère complete, I I I , Bucureşti, 1908,
logice delà Piscul-Coconilor, Bulct. Comis. Monum. p . 198; C. Moisil, Privire asupra antichităţilor pre-
Istorice, X V I I , Bucureşti, 1924, fasc. 39 (avec istorice ale României, Bui. Com. Mon. 1st., I I I , Bu-
résumé en français), p . 46 seqq. cureşti, 1910, p. 121 ; I. Andrieşescu, Contribuée la
3
) Aujourd'hui ce «Comité archéologique» n'e Dacia înainte de Romani, Iasi, 1912, p . 23, n. 44.
6
xiste plus. ) La collection Bolliac ne peut pas être visitée,
4
) Cctatea Tinosul, Trompeta Carpaţilor, 1869, No. quoiqu'elle se trouve déposée dans de caisses au
739. Nous reproduisons cette citation d'après C. Musée National de Bucarest. À la suite d'un in
Moisil (v. la note suivante), sans avoir à ce moment terminable procès de succession, elle est mise sous
la possibilité de voir l'article même de Bolliac. séquestre judiciaire. Nous n'avons pas sous la
5
) Gr. Tocilescu, Dacia înainte de Romani, An. main l'article publié dans la Trompeta Carpafilor,
Acad. Rom., Bucureşti, 1880, sect. I I , ser. I I , pour savoir s'il est illustré.
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LES FOUILLES DE TINOSUI.
Aucune information écrite ne nous laisse supposer que depuis Bolliac il y eut de nou
velles recherches à cette station. Toutefois, les habitants nous apprennent que, peu
de temps avant la guerre de 1916, l'endroit a été visité d'une manière superficielle par
Alexandre Dumitrescu, fonctionnaire de l'Académie Roumaine, auteur de quelques
communications au Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, qui aurait
trouvé entre autres l'anse d'une amphore portant un timbre l ). Nous doutons qu'il
ait publié les résultats de ses recherches.
Au mois d'avril 1922, nous avons fait de notre propre initiative une première ex
cursion à Tinosul avec deux de nos collègues. Les quelques heures que nous y avons
passées nous ont permis de faire en hâte un relevé du plan et de trouver une certaine
quantité de débris de poteries grecques et de poteries primitives indigènes, ainsi qu'un
grand fragment de moulin à bras (v. pag. 210). Plus tard, au mois de juillet 1922
nous y avons accompagné notre maître, M. V. Pârvan. Cette fois-ci nous avons relevé
un plan plus complet de la station et nous avons emporté une plus grande quantité
de débris, preuve évidente d'une station préromaine, tout au plus protoromaine 2 ).
Les fouilles fructueuses entreprises par M. I. Andrieşescu en 1923 à Piscul-Crăsani,
station contemporaine de celle qui nous occupe, ont hâté la décision de M. Pârvan
de faire faire des fouilles également de ce côté-ci, sur les bords de la Prahova. Et c'est
à nous qu'il a pensé pour diriger les travaux.
A cela se réduit l'historique des recherches faites jusqu'à présent à Tinosul. On
trouvera plus bas l'exposé détaillé de nos fouilles et les résultats obtenus.
I I . SITUATION DE LA STATION
La station de Tinosul se trouve sur la rive gauche de la Prahova, à 45 km de Bu
carest et à 15 km de Ploeşti, plus précisément, à 1500 m ouest de la gare Prahova
du chemin de fer qui réunit ces deux villes, et à 500 m est du hameau Pisculeşti (la
commune de Tinosul). Le village de Tinosul 3) lui fait face de l'autre côté de l'eau.
La station consiste en un promontoire élevé de 21 m au-dessus des eaux de la
Prahova qui le minent, et de 141 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 1). Point
trigonométrique de premier ordre de l'Institut géographique de l'Armée, c'est l'endroit
le plus haut de la région. Le promontoire fait partie d'un plateau isolé qui s'étend
entre la vallée de la Prahova et la vallée de Viişoara, petit ruisseau. Il est séparé de
ce plateau par une tranchée à rempart, ouvrage exécuté par les anciens habitants de
la station.
Sous la couche de terre végétale et sous la couche contenant les vestiges de vie
humaine, commence une couche profonde de terre brune qui repose sur le gravier et
le sable du lit de la rivière. Celui-ci a une largeur moyenne de 500 m ; à travers les
1
) Alex. Dumitrescu, tout en n ' a y a n t pas la rile Dunării, p. 139, 2 0 3 ; Getica, p. 133, 137,
prétention d'être un archéologue compétent, a 174 — 178, 219, sqq.
3
visité un grand nombre de stations antiques de ) La station se trouve sur la limite des com
la plaine valaque, mais à part quelques informa munes de Tinosul et de Puchenii-Crainici et fait
tions publiées dans les journaux habituels, il n'a partie au point de vue administratif de cette der
fait paraître aucun travail à leur sujet. Tout au nière. Nous l'appellerons toutefois Tinosul, vu que
moins sur Tinosul il n ' a rien publié. la commune du même nom est plus proche.
2
) V. P â r v a n , Inceputurile vielii romane la gu-
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
cailloux l'eau coule en petits filets qui tantôt se séparent tantôt se n'unissent. L'eau
ne dépasse 1 m de profondeur qu'à la suite de la fonte des neiges ou des pluies abon
dantes. Presque partout on peut passer la rivière à gué soit à pied, soit en voiture.
La région où est située la station est boisée. Ce sont les dernières ramifications
vers le nord, des vastes forêts massives de Vlăsia, qui s'étendent entre le Danube et
la région des collines comprenant les départements de Vlaşca, Teleorman, Ilfov et Pra-
hova. Un peu plus au nord se trouve la limite de la région des forêts de plaine et de
rmwm
i
*"*'* ^Pfe^cHftkâSH
la région des colhnes sous-carpathines. Les tumuli antiques, tellement répandus dans
les régions de plaine non boisée, font complètement défaut de ce côté-ci, bien que
nous nous trouvons en présence d'une époque où on avait l'habitude d'élever des tu
muli funéraires a ). Cela s'explique par le fait, que dans l'antiquité la forêt devait
être encore plus épaisse que de nos jours 2 ). Il nous faut aller à 12 km au nord de
*) Pour les tumuli de l'époque romaine en Do- les forêts. C'est une remarque que nous avons
brogea et dans la plaine moldo-valaque, cf. V. fait dans nos fréquentes excursions archéologiques
Pârvan, Descoperiri noua în Scythia Minor, Bu- dans la plaine roumaine et q u ' u n examen mi
cureşti, 1913, An. Acad. Rom., sect, ist., s. I I , v. nutieux des cartes topographiques militaires sur
X X X V , p . 52 sqq., avec un résumé en français; l'échelle 1:50.000 pourrait la confirmer. La raison
id., Castrul delà Poiana fi drumul roman prin en est que les tumuli étaient des monuments fu
Moldova de Jos, ibid., ser. I I , vol. X X X V I , Bu- néraires et que par conséquent on les mettait
cureşti, 1913, p. 20, avec un résumé en français; dans les endroits les plus visibles, souvent le long
id., Archaologischer Anzeiger: Rumănien, Jahr- des voies naturelles de communication (Joseph
buch des kaiserl.-deutsch. arch. Inst., Berlin, 1915, Déchelette, Manuel d'archéologie cdliquc, I I 2*
4, p. 255: Histria. Paris, 1913, p. 631) et près des lieux habités. On
2 n'observe presque jamais des tumuli sur les thal
) Ordinairement les tumuli sont situés en pleine
campagne et tout à fait exceptionnellement dans wegs des vallées ou aux fonds des forêts.
168
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LES FOUILLES DE TINOSUL
*) Voir la carte de l'État Majeur de l'Armée 1:100.000 ne comprend pas tous les détails comme
Roumaine, échelle 1:100.000, edition 1913. celles de 1:50.000 ou 1:20.000 (dont nous n'avons
2
) Dans la carte militaire citée on remarque un aucune sous la main), de sorte que sur le terrain
groupe de 22 tumuli, à 4 km ouest de la ville de les tumuli de Strejnicul pourraient être dans un
Plocsti, près du village de Strejnicul, sur une éten- plus grand nombre,
due de 2 km 2 environ. A savoir que la carte de
169
www.cimec.ro ;
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
a m
Tout d'abord l'endroit s'imposait à ses premiers habitants comme lieu fortifié,
par sa position élevée, défendue par les eaux de la Prahova, par les vastes forêts qui
l'entourent et par le grand escarpement peu accessible. Cette défense naturelle ne
demandait, pour être complète, que la fortification vers le nord-est. "W
170
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LES FOUILLES DE TTNOSUL
III. LA D E S C R I P T I O N D E S FOUILLES
Sur t o u t e l ' é t e n d u e de la s t a t i o n , l'attention~2rû v o y a g e u r n ' e s t spécialement a t
tirée q u e p a r la présence d u r e m p a r t nord-ouest. H a u t de 1,50 m vers l'intérieur et
de 5 m v e r s l'extérieur, il laisse voir p a r endroits des m o t t e s d'argile calcinée p a r le
feu. N o u s a v o n s c o m m e n c é nos fouilles à p a r t i r de cet é l é m e n t visible, p l u s préci
s é m e n t à p a r t i r de l'angle n o r d , où se t r o u v e le p o i n t h a u t . Les t r a v a u x exécutés a n t é
r i e u r e m e n t en cet endroit p a r le service géographique militaire n e n o u s o n t p a s e m p ê c h é
d ' y puiser les meilleurs r é s u l t a t s en ce q u i concerne la fortification et les vestiges d'ha
bitation.
Le t e m p s et les m o y e n s n e n o u s p e r m e t t a i e n t p a s d ' e n t r e p r e n d r e la fouille t o t a l e
de la s t a t i o n . P o u r en avoir u n e connaissance générale, nous avons dû nous résoudre
à faire plusieures groupes de fouilles d a n s les différents p o i n t s p r i n c i p a u x . Nous a v o n s
c o m p l é t é nos recherches p a r quelques p e t i t s sondages a u x environs de la s t a t i o n .
À la fin des t r a v a u x t o u t e s les t r a n c h é e s et t o u t e s les a u t r e s fouilles ont été com
blées.
Au t o t a l on a fouillé 731 m 2 , r é p a r t i s de la m a n i è r e s u i v a n t e : 214 m 2 au groupe
n o r d ; 162 m 2 au g r o u p e e s t ; 90 m 2 a u x groupes de sud et de sud-ouest, 100 m 2
a u c e n t r e et 165 m 2 à la g r a n d e t r a n c h é e L .
P o u r faciliter l'exposé d e nos recherches n o u s suivrons cet o r d r e : 1. L'explo
r a t i o n d u r e m p a r t (v. fig. 3 , B, C, D , E, J , K, M ) ; 2. Les t r a v a u x A-N; 3. La
fouille F; 4 . L a fouille J du groupe E s t ; 5. La g r a n d e t r a n c h é e L; 6. L a t r a n c h é e G;
7. L a t r a n c h é e H; 8. Les sondages d a n s les environs de la s t a t i o n . Le premier p a r a
g r a p h e concerne la fortification ; le second, le troisième, le q u a t r i è m e concernent les h a b i
t a t i o n s ; le c i n q u i è m e , le sixième et le septième c o n c e r n e n t les t o m b e s .
1. T R A V A U X D ' E X P L O R A T I O N D U REMPART
N o u s a v o n s d a n s la t r a n c h é e C-M la plus complète coupe t r a n s v e r s a l e du r e m p a r t .
P o u r contrôler les r é s u l t a t s de c e t t e t r a n c h é e n o u s avons établi d ' a u t r e s fouilles en ri
goles e t des fouilles de g r a n d p é r i m è t r e .
Tranchée C-M. Dimensions : C = 15 m X 1 m , M = 12 m X 1 m , t o t a l = 27
m X 1 m . D e p r o f o n d e u r v a r i a b l e , parcequ'elle coupe le r e m b l a i et le fossé; ainsi le
m a x i m u m est de 4,40 m à l'endroit d u s o m m e t et le m i - LÉGENDE
nimum <l<- L,75 m - m aux e x t r é m i t é s . WWfy^W lïsy&inn^i °"^" 50 "" s£T
L a coupe r e p r o d u i t e à la fig. 5 r e p r é s e n t e la p a r o i ' ^ ^ ^ ^ f f i ?FBBE"MOTPÎ!I,
E s t de la t r a n c h é e . Les couches du r e m b l a i et de 1' i n t é - Sf?5^cSû(i CMABSCII
'/.'■-' V . ' '•:}.''^j TCOHE CALClMte
rieur <l<- l enceinte sont bien distinctes à l'endroit de rnSÈÊESk CEMDRC
f m f 55£ŞŞ3©ţ|p8 G3AV1J1H
l ' a n t i q u e p u i t s figure en z, rempli de t e r r e calcinée jj|J ||f| TERDE. GLAISE
j u s q u ' à la vitrification. A p a r t i r du fond du p u i t s n o u s ^ ^ ^ ^ ^ TERPC VCDDÂTRC
t r o u v o n s une légère couche de 0,01 m de résidus de J | | l | i | IËT^RE: VIE.HOL
c h a r b o n , 6, q u i forme l ' a x e quasi horizontale de la stra- ţ^jjgj^j^^ TLRQE. NON FOUILLEZ
Fi
tification. Sous c e t t e couche, il y a u n e d e u x i è m e de 8- 4-
t e r r e v e r d â t r e , a, q u i a u milieu devient plus profonde, a t t e i g n a n t l'épaisseur de 2 m
en é p o u s a n t la forme d ' u n e fosse. Les fragments céramiques c o n t e n u s sont t o u s d'origine
p r i m i t i v e , travaillés à la m a i n , noirs ou rouges, b r i l l a n t s . Cette couche a c o n t i n u e v e r s
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
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LES FOUILLES DE TINOSUL
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RADII VULPE ET ECATERINA VULPE
sur le même croquis la section D et la section d (fig. 8 ; v. aussi la fig. 9). On trouve,
de même que dans les sections B et C, la couche de terre glaise. Elle contient des ossements
d'animaux, du charbon, un tesson avec proéminence et des tessons rudimcntaires noires ou
rougeâtres polies. En d on a trouvé également des restes de terre glaise calcinée par le feu
et qui du temps où le rempart n'était pas encore détruit, constituait probablement une
COUPE
petite habitation (fig. 3, l).
Nous retrouvons successivement la couche de
débris et de terre calcinée, coupée par endroits par
les fouilles récentes (fig. 8, sect. D, en s), la couche
La Tène de la station et enfin la couche végétale.
Fi 8 Sur la paroi SO de la tranchée Dd, entre la couche
de débris calcinés du rempart et la couche générale
La Tène, se trouve sur une certaine étendue, une couche de grosses pierres de rivière
(fig. 3, p). Nous avons déblayé cette couche, qui se trouve à une profondeur de
0,50 — 0,70 m, sur une étendue d\ de 5 m X 5,50 m. Au-dessus de ces pierres et
peut-être en rapport avec elles, nous avons trouvé une grande quantité de céra
mique La Tène, de nombreux fragments d'amphores grecques, quelques fragments de
miroirs en métal blanc, un petit couteau en fer, un petit vase en miniature, une perle
en terre cuite, plusieures «fusaïoles» x) en terre cuite, deux petites idoles rudimentaires,
un vase La Tène contenant des pierres, des ossements d'animaux, surtout de cheval,
du charbon, etc. Probablement, nous nous trouvons en présence d'une tombe profanée,
ce qui nous empêche d'y trouver tous ces éléments en bon ordre. Il est certain que ces
l
) Nous appelions ces objets avec le terme plus toujours employés au filage; cf. plus-bas, pag.
commun de «fusaïoles», quoiqu'ils ne soient pas 208.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
objets n'ont pas des rapports avec les couches du rempart. Le pavé en pierre en re
lation avec une tombe n'est pas inconnu en Dacie; nous le rencontrons à la nécropole
La Tone d'Apahida l).
Tranchée J. Longueur 21 m, largeur 2 m, profondeur variant entre 1,60 m à l'ex
trémité intérieure et 3 m sur la crête du rempart. La coupe de la paroi Nord, figurée par
le croquis (fig. 10) présente la même stratification que celle trouvée à 36 m de ce point,
dans la tranchée C. Le profil inférieur de la couche de terre verdâtre contenant des
restes de terre calcinée, des ossements, du charbon, et des tessons exclusivement pré
historiques, présente à l'endroit de la crête du rempart une bosse de 0,35 m X 0,50
m (fig. 10, v) et descend vers la pente extérieure du rempart jusqu'à 3,50 m de pro
fondeur (a).
Au-dessus se trouve la couche de terre glaise c, contenant du gravier, des débris
calcinés, des ossements et du charbon.
La couche d de débris, de terre calcinée et de charbon a une épaisseur de 0,60 m —
1 m. De même que dans la coupe C cette couche est très compacte sur la pente intérieure
sous la couche générale La Tène de la station, f (fig. 10) et presqu'inexistente sur la pente
extérieure, perdue dans la couche végétale.
Tranchée K. Longueur 20,50 m ; largeur 1 m ; profondeur 1,50 m aux extrémités,
2,60 m au milieu. La fouille n'a pas été poussée jusqu'à la terre vierge, de sorte que
nous ne connaissons pas, à cet endroit, la profondeur de la couche de terre verdâtre
a, contenant des débris calcinés et du charbon. On a trouvé dans cette couche une
importante quantité de céramique préhistorique façonnée à la main et totalement dif
férente par la technique, par les ornements et par les formes, de celle de la couche La Tène
de la station (v. plus bas, pag. 190 seqq.). Aucun objet en silex ou en métal n'a pas
été trouvé parmi ces tessons qui constituent comme nous le verrons plus loin un élément
plus précis pour compléter les remarques suggérées par la coupe C. Le reste de la stra
tification est identique à la coupe C.
On observe de même que dans les tranchées J et B (v. fig. 11), que la couche
générale La Tène de la station, / , descend davantage vers l'extrémité de la pente inté
rieure du rempart. On peut considérer qu'il s'agit d'une excavation faite dans la terre
vierge, soit pour l'écoulement des eaux pluviales du rempart, ou plutôt pour compléter
avec la terre enlevée le profil du rempart (v. plus précisément dans la fig. 10, g).
l
) Kovâcs I s t v â n , La station préhistorique et le section archéologique du musée national de Tran-
cimetière celtique de Vépoque La Tène d'Apahida sylvanie à Kolozsvâr (Cluj), I I , 1911, p. 62.
(hongrois et français), Dolgozatok-Travaux de la
175
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
COUDC K
couche de charbon b, déposée par endroits sur la couche de terre verdâtre (v. sect. C,
fig. 5), témoigne la présence des foyers établis avant toute intention d'organiser une
défense. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on a exécuté le grand fossé et qu'on a construit
le rempart avec la terre du déblai, auquel on a ajouté du gravier extrait du lit
des eaux de la Prahova 2 ). L'examen de la section M (fig. 5) nous montre que les cou
ches du rempart sont d'une époque moins récente que celles du fossé, déposées et amas
sées à cet endroit au cours des siècles par les agents physiques. En tout cas on ne peut
pas mettre en doute que l'exécution du fossé est en liaison directe avec celle du rempart.
Celui-ci a été établi à l'aide d'une armature formée par une rangée de gros poteaux pro
fondément plantés dans la couche de terre verdâtre, dans des trous dont on peut re
marquer le profil en v, coupe J e t enph, coupe C (fig. 5 et 10). Ces poteaux, dans leur partie
supérieure qui dépassait de beaucoup le rempart, ont été reliés entre eux par des tra
verses et du clayonnage, constituant de la sorte l'armature sur laquelle on est venu coller
et presser soigneusement de l'argile mélangée avec de la paille. Le parapet ainsi construit,
relativement assez solide, achève le système de fortification de la station de Tinosul.
Les poteaux étaient en chêne et en frêne, essences très répandues dans les forêts voisines.
Ils devaient avoir 0,20 m de diamètre au minimum, comme on peut le voir dans la section
C (fig. 5, t), où se sont conservées les traces d'un poteau carbonisé sur une hauteur de
0,70m. Les traverses carbonisées, trouvées en e (fig. 3), avaient 0,10 m d'épaisseur; les
*) Ordinairement, à une fortification à fossé et p. 233. A Tinosul nous ne trouvons aucun indice
à rempart, la porte et signalée par une interrup pareil ; le fossé s'étend ininterrompu d'une ex
tion du fossé. A Mayen, dans l'Allemagne occi trémité à l'autre, ce qui nous suggère l'opinion
dentale, les dix-sept portes de l'enceinte, décou exprimée plus haut.
2
vertes par les fouilles du rempart, correspondent ) La proportion du mélange d'argile et de
à u n nombre égal d'interruptions du fossé aux gravier n'est pas la même sur toute la longueur
mêmes endroits ; H a n s Lehner, Der Festungsbau du rempart. Très abondant dans la tranchée C,
der jiingeren Steinzeit, Prahistorische Zeitschrift, le gravier ne se rencontre plus dans les tranchées
I I , Berlin, 1910, I Heft, p . 1 8 ; M. Ebert, Real- B et K.
lexikon der Vorgeschichte, Berlin, 1925, Festung,
176
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LES FOUILLES DE TINOSUL
branchages du clayonnage, dont les mottes de terre calcinée par le feu en ont gardé le
moule, avaient 0,02 — 0,05 m d'épaisseur. La distance entre le poteau carbonisé t, coupe
C (fig. .r>) et le point n, où on a trouvé plusieures traverses carbonisées, est de 2 m environ
et doit représenter l'épaisseur du parapet antique. Le rapport qu'on peut établir entre
cette largeur et la couche de débris calcinés, épaisse de 0,50 m env. (d, fig. 5) représen
tai! I les restes du parapet incendié, nous permet de déduire que celui-ci avait tout au
moins 3 m de hauteur. En réalité il devait dépasser 4 m.
Ce sont des ennemis victorieux qui ont dû mettre le feu à la station. L'incendie n'a
pas épargné le parapet. La quantité de bois que celui-ci renfermait était suffisante pour
calciner la masse de terre mélangée avec de la paille, qui le constituait. Le tout s'est
écroulé formant la couche de débris calcinés et de charbon, dernier vestige de la fortifi
cation d'autrefois.
C'est la «Komerschanze» de Potsdam *), entre autres fortifications du même genre,
qui nous aide à bien comprendre la fortification de Tinosul. Nous y trouvons dans le
profil général, à l'extrémité de la pente intérieure du rempart, la même dépression que
celle notée plus haut dans les différentes coupes et surtout en J (fig. 10, g). Plus évidente
à Postdam, où elle est accusée par les fondations des habitations, elle n'est à Tinosul
qu'une légère excavation, produite par l'enlèvement des terres employées à la construc
tion du rempart. A Potsdam les poteaux du parapet traversent toutes les couches du
rempart, pénétrant jusque dans la terre vierge, ce qui prouve que le parapet a été con
struit, de même qu'à Tinosul, sur une armature en bois préalablement établie. Le terrain
sabloneux de Potsdam a conservé mieux, détachées en brun, les traces des poteaux de la
palissade, qui pourris à Tinosul sont complètement disparus. À ce sujet une comparaison
avec la fortification de Potsdam est utile à l'étude de la palissade de Tinosul. Les poteaux
de Potsdarn ont une épaisseur d'env. 0,30 m. Sans doute, à Tinosul ils devaient avoir la
même dimension, pour assurer la solidité de la palissade, qui exigeait des fondements tout
aussi profonds ; d'ailleurs les trous faits dans la terre vierge pour fixer les poteaux ont
0,50 — 0,70 m de largeur à Potsdam et 0,50 m à Tinosul (par ex. en v, coupe J , fig. 10).
La forme générale de la fortification de Potsdam est poligonale et suit la conforma
tion du terrain. À Tinosul cependant, le fragment conservé du rempart épouse seulement la
forme d'un arc de cercle à grand diamètre et défend le promontoire qui constitue la station.
C'est la forme la plus simple d'une fortification préhistorique, répondant à une stratégie
élémentaire et suffisamment pratique, lorsque la position s'y prête. En effet, pour fortifier
un promontoire défendu de par la nature même du terrain par les eaux et les escarpements
abrupts, il suffit de s'occuper seulement d'un seul côté, celui qui fait face au plateau. Il en
résulte la fortification dénommée éperon barré 2 ), qui se retrouve très souvent à l'époque
préhistorique et protohistorique, en Roumanie 3) comme dans le reste de l'Europe 4 ).
x
) C. Schuchhardt, Die Romerschanze bei Pots- pra antichităfilor preistorice aie României, Bulet.
dam, Priihistorische Zeitschrift, I, 1909, p . 209; Com. Mon. Istor., I I I , 1910, p . 118 sqq.) ; Ariuşd,
id., Alteuropa in seiner Kultur- und Stilcntwicklung, Cisnădie, Grădiştea-Orăştie, Jacul R o m a n , Mă-
Bcrlin, 1919, p . 293. ghieruş, Monor, Murăş-Sâncraiu, Peşteana, Porum-
2
) J . Déchelette, Manuel, I, p . 371. bul-Mare, Sovata, Uroiu, etc., (cf. I. Martian,
3
) P a r exemple: Piscul-Crăsani (cf. Andrieşescu, Reperloriu arheologic pentru Ardeal, Bistriţa, 1920,
Piscul-Cràsani, p. 20); Poiana (cf. V. Pârvan, passim).
Castrul delà Poiana, p. 2 sqq.); Sultana, Calom- *) Cf. M. Wosinsky, Das prahistorische Schanz-
fircşti, Nctoţi, etc. (cf. C. Moisil, Privire asu- werk von Lengyel, seine Erbauer und Bewohner,
111
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12 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
Le systhème de fortification comme sa technique, qui sont dans leur simplicité les
mêmes à toutes les époques, ne nous permettent pas de leurs fixer une date. Tout
au plus peut-on espérer que de nouvelles recherches dans la plaine roumaine amène
ront plus de précision. Ce qui est certain c'est que la couche Latène de la station couvre
complètement le parapet démoli et qu'aucun élément de cette couche ne se retrouve ni
dans les restes du parapet, ni dans les couches inférieures du rempart. Ceci met en
évidence que la démolition de la fortification précède, on ne saurait dire de combien,
l'époque Latène. Dans la couche des débris de la palissade et dans la couche du rem
part, on n'a trouvé aucun objet en métal ou en silex; le petit rasoir en silex trouvé
en B (pag. 210) est un élément trop isolé pour retenir notre attention. Le peu de frag
ments céramiques trouvés dans ces couches, quoique antérieurs à l'époque Latène par
la technique, ne présentent aucune forme précise et aucun ornement, qui puisse fixer
leur époque. Dans la couche la plus profonde et antérieure à la construction du rem
part on a trouvé plusieurs éléments céramiques qui peuvent être considérés, avec une
assez grande certidude, comme datant de l'époque énéolithique (éventuellement de l'âge
de bronze; v. plus bas, pag. 193). Nous arrivons ainsi à trouver deux dates entre les
quelles nous pouvons fixer la construction, l'existence et la destruction de la fortifi
cation de ïinosul. L'une post quem c'est l'époque énéolithique, l'autre ante que m c'est
l'époque Latène. Entre ces deux dates le reste de la station ne présente aucune autre
couche significative. Puisqu'il faut exclure l'époque du bronze et la première époque
du fer, c'est toujours avec les tessons éncolithiques trouvés dans ses substructions
et recueillis à l'intérieur de l'enceinte dans les fouilles H et L, que nous devons compter.
11 nous faut conclure que la fortification de Tinosul a été construite par les premiers
habitants de la station, peut-être même peu de temps après leur établissement. lie
peu de restes énéolithiques de la station nous laisse supposer qu'elle a été détruite peu
de temps après la construction du parapet. Celui-ci a été consumé par le feu et
la disposition des couches nous montre qu'on n'a fait aucun essai de reconstruc
tion et que même plus tard, à l'époque Latène, on ne s'est plus servi de la fortifi
cation.
2. LES FOUILLES A et N
I I I , Budapest, 1891, p. 221 sq. ; W. R a d i m s k y , ùber die Fortsehritte der rom.-germ. Forschung,
Die vorgeschichtliche und rômischen Altcrtumcr des 1905, p. 26 s q q . ; Déchelctte, Manuel, I, p . 368
Bezirkcs Zupanjac in Bosnien, Wiss. Mitt. a. Bosn. sqq. ; II. Lehner, Der Fcslungsbau der jiingcren
u. d. H e r e , IV, 1896, p. 135 s q q . ; C. Marchesetti, Stcinzvit, Prah. Zeitschr., 1910, 1 ; Ebert, Fc-
/ castellicri preistorici di Trieste e délia regione stung, Reallexikon der Vorgcschichte, v. I I I , p .
Giulia, Trieste, 1903, passim; E d u a r d Anthes, Der 233 sq.
gcgenuàrtige Stand der Ringrvallforschung, Bericht
178
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LES FOUILLES DE TTNOSUL
179
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KADU VULPE ET KCATERINA VULPE
fragment d'amphore grecque, traverse la tranchée A sur une longueur de 2,30 m env.
(fig. 13).
Avant d'arriver à la couche de terre végétale on rencontre la couche de terre noire,
/ , contenant de la céramique Latène I I I , des débris d'amphores grecques, des fragments
de terre calcinée, du charbon, des ossements, etc., qui s'étend d'une manière générale
sur toute la surface de la station. Elle a en moyenne 0,70 m d'épaisseur; vers le rempart
la couche s'amincit et disparaît complètement sur la crête. A une profondeur de 0,25 m
sous la terre végétale (fig. 12) on remarque une rangée plus dense de tessons, d'ossements
et de débris, e, d'une épaisseur variable. Au-dessus et au-dessous de cette rangée les tessons
sont plus rares, mais de la même espèce et de la même époque. Dans la coupe C, tout
près du trou z, se trouve le trou o (fig. 5), large de 0,50 m et haut de 0,60 m, rempli de
terre glaise et de débris calcinés, éléments se rapportant à l'époque Latène. En A, au
tour du point a (fig. 13) on a trouvé à une profondeur de 0,30 — 0,50 m de nombreux
fragments de verre coloré, en même temps qu'un fragment de bronze d'une forme et
d'une destination indéterminables (fig. 41,6). Tout près de là, en JV, on a trouvé plusieurs
fragments de verre transparent et de verre coloré, des objets en fer et en bronze, des
perles et des fusaïoles de terre cuite, ainsi qu'un grès façonné en forme de marteau. En E
on a trouvé le beau calice de candélabre eu bronze, dont nous donnons la reproduction
(fig. 45 et 46), ainsi que quelques petits objets en fer, en bronze et en terre cuite. En E
on a rencontré des ossements d'animaux et des coquilles d'escargots qui constituent
sans doute des restes d'aliments. Tous ces éléments, dont on a parlé plus haut, autant
ceux trouvés en A, que ceux trouvés au nord et à l'est, font un ensemble qui ne dépasse
pas la surface occupée par la couche inférieure de débris (fig. 13), ce qui prouve une fois
de plus qu'entre ces deux couches il y a une étroite liaison et que nous avons à faire à
un emplacement de l'époque Latène.
Du côté B de la tranchée A, il n'y a plus que deux couches. Au-dessus de la terre
vierge on trouve la mince couche de 0,10 — 0,15 m contenant de rares fragments de terre
calcinée, de charbon et des tessons travaillés à la main et d'un lustrage noir. Tout de
suite après on rencontre la couche/, plus riche en céramique de l'époque Latène I I I et
épaisse, comme partout ailleurs, de 0,70 m. En b (fig. 3) à une profondeur de 0,80 m
on a trouvé l'anse d'une amphore à inscription (fig. 34,9) et quelques grands fragments
d'épaisse poterie grecque.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
*) Lâszlô Ferencz, op. cit. lia, Milano, 1923, p. 8 3 ; pour la Dacie cf. V. Pâr-
2
) I. Andricşcscu, op. cit. van, Gctica, p. 183 sqq.
3 s
) Id., Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ) L. Ferencz, o. c.
4 6
) J . Dcchelette, Manuel, I, p. 348; I I 1, p. ) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
130; I I 3, p. 942 sqq. ; C. Schuchhardt, AIteuropa, presse.
p . 1 6 ; G. Pinza, Sloria délie civiltà antiche </'Ita ') V. Pârvan, Gctica, p . 135, 185.
181
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
En ce qui concerne les portes et la toiture des habitations, quoique nous n'avons
trouvé aucune indication archéologique, par analogie avec les maisons du Latène III
de la Dacie (Costeşti-Transylvanie) on peut supposer que les portes étaient en bois et la
toiture en paille, en roseau ou en jonc ').
3. FOUILLE F
LifiBiil | YuÂmtmnmMi En d (fig. 3)' cette couche pénètre dans la terre vierge
+ à line profondeur de 0,50 m en forme de puits de 1,70 m de
T diamètre. Le trou est rempli de terre noire avec des fragments
de terre calcinée, de charbon, d'ossements, de tessons Latène
et grecs et avec une grande quantité de graines carbonisées
et aglomérées, de millet, d'orge, de seigle et surtout de blé. Les graines ne se trouvent
que jusqu'à 0,20 m de profondeur; au-delà il n'y a plus que du charbon de bois de
chêne mélangé avec de la terre.
Tout contre, à une profondeur de 0,50 m se trouve une couche de débris d'habi
tation, a, épaisse de 0,40 m, qui ne dépasse pas 3 m de longueur sur 1,80 m de largeur
et qui contient des fragments d'argile calcinée, du charbon de bois de chêne et de
frêne, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, de nombreux tessons de vases
Latène et d'amphores grecques d'importation. On a trouvé également un fragment
de passoir en terre cuite et un anneau en bronze (fig. 49,3). En a (fig. 3) on rencontre
de grosses pierres de rivière. En somme il s'agit des vestiges d'une habitation incendiée
et le trou d constitue peut-être un dépôt de graines, semblable à ceux qu'on a encore
aujourd'hui l'habitude de faire dans certains endroits de la région. Une petite couche
de restes calcinés d'habitation se trouve également en / (fig. 3) à 0,40 m de profondeur,
qui paraît se rattacher aux vestiges mentionnés plus haut (a).
A 1 m de a, à une profondeur de 1 m, on aperçoit sur une étendue de 0,50 m X 0,60
m un petit tas, c, haut de 0,20 m constitué par de jolis tessons lustrés (fig. 21), d'une
technique supérieure et différents des autres fragments céramiques trouvés dans la
l
) V. P â r v a n , l. c. ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 943 sqq. ; C. Schuchhardt, Altvuropa, 1. c.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
station. On n'y trouve aucun tesson Latène semblable à ceux rencontrés dans les couches
supérieures. De toute la fouille F c'est le groupement céramique le plus profond. On
trouve à Apahida, en Transylvanie, des vases exactement pareils 1 ), ce qui prouve
qu'ils sont de l'époque Latène II (v. plus bas, pag. 194), pendant que la couche géné
rale d'au-dessus est de l'époque Latène III.
E n 6 (fig. 3 et 15), à 0,20 m plus haut, la couche de tessons, qui s'étend sur 0,70
m de long., 0,50 de larg., et 10 m d'épaisseur, contient des fragments Latène I I I et
grecs de mêmes types que ceux de la couche générale d'au-dessus.
En e (fig. 3) on trouve une petite quantité de grosses pierres de rivière, calcinées
en partie, au même niveau que celles du point a'. On y a également déterré quelques
petits fragments de moulins à bras pour moudre le grain.
4. FOUILLE I
En liaison avec les tranchées J et K (fig. 3), la fouille I s'étend sur 20 m de lon
gueur, 5 m de largeur et 1 m — 1,10 m de profondeur. La stratification est tout aussi
simple que dans la fouille F. Au-dessus de la terre vierge qui se trouve à une profondeur
de 0,80 m, la couche d'argile de 0,20 m d'épaisseur contient de rares fragments de
débris calcinés et de charbon. Plus haut on rencontre sur une étendue restreinte, du
côté Ouest, une couche de débris d'habitation (fig. 3, partie hachurée l). Cette couche
de débris, de fragments d'argile calcinée, de charbon, de céramique grecque importée et
>) Kovâcs Istvân, Apahida, Dolgozatok-Tra- 2; 48, f. 59; 51, f, 63, 2 et surtout p. 28, fig.
vaux, II, 1911, pp. 25, fig. 27; 31, f. 32, 2; 29, 2.
36, f. 40, 3; 37, f. 42, 2; 41, f. 48, 2; 43, f. 51,
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RADU VULPE ET ECATERINA VI LPE
indigène Latène, est mince (0,10 m) et peu dense; ce n'est qu'au-dessus du puits i
qu'elle atteint une plus forte épaisseur. On y a trouvé plusieurs fragmenta d'amphores,
trois poids enterre cuite (v. pag. 208), un petit fragment de moulin à liras, un hameçon
en fer, quelques fusaïoles, des ossements d'animaux, une défense de sanglier, un
fragment de gaine en bronze (fig. 47,4), quelques morceaux de poix brûlée, plusieurs
fragments, épais de 0,03 m, d'un grand doliuw, des clous en fer, du millet carbonisé,
etc. Ce sont les restes d'une habitation incendiée, dont faisait partie le puits i, un dépôt
peut-être pour la conservation des grains.
Dans ce puits profond de 0,70 m et de 1,50 m de diamètre, on a trouvé, mêlés
aux débris calcinés, des restes d'aliments et des ossements d'animaux, du charbon,
des tessons grecs d'importation et Latène, des bouchons d'amphores, un poid en terre
cuite, une fusaïole. Dans la partie supérieure du puits on a trouvé deux clous en fer
et une grande quantité de grains carbonisés, de blé, d'orge, de millet et surtout de
chanvre, tout comme dans le puits d de la fouille JP.
Dans la couche générale contenant les vestiges de vie humaine, qui fait suite, on
a trouvé une grande quantité de fragments céramiques grecs d'importation et indi
gènes Latène. Du côté Est on a découvert plusieurs objets en fer, un gros clou, une
fibule en bronze de type «thrace» (fig. 48,2, v. plus
COI PI - bas, pag. 213), quelques fusaïoles, des ossements et des
cornes de boeuf, un morceau de verre coloré, etc.
Vers l'angle sud on a rencontré une petite couche de
débris d'habitation.
En k se trouve un puits circulaire de 0,75 m de
diamètre qui descend jusqu'à 2,10 m de profondeur
sous le niveau du sol (fig. 16), assez en contre-bas de
la couche générale / , avec laquelle il n'a pas de con
tinuité. Au fond du puits, sur la terre vierge,se trouve
une première couche, assez mince, de débris .d'argile
Fig. 16. Coupes des deux tombes
à incinération.
calcinée. Ces trois couches régulièrement disposées ne
paraissent pas avoir été ultérieurement remuées. Le
seul objet qu'on y a découvert c'est le fond d'un vase primitif et poreux contenant de la
cendre et des ossements. La couche de terre glaise qui suit, épaisse de 0,50 m, contient
quelques fragments seulement de terre calcinée et de charbon. La dernière couche,
de terre noire, épaisse de 0,10 m, contient des tessons Latène I I I de toutes les espèces.
Ce puits constitue d'une manière évidente l'une des tombes d'incinération, dont il sera
question plus bas (pag. 188).
Du côté Est de la fouille J, dans le puits j (fig. 3), de 1,60 m de diamètre et profond
de 2 m, on a trouvé, dans une première couche, plusieurs tessons de vases grecs d'impor
tation et Latène. Dans une seconde couche, de terre glaise, des fragments de terre cal
cinée et du charbon, tout comme en k (fig. 16). Au-dessus, dans la couche générale / ,
on a trouvé les mêmes tessons que dans la couche inférieure, en même temps que quel
ques petits couteaux en fer et une fusaïole.
Sur la pente intérieure du rempart, dans la couche Latène qui fait suite à la couche
f de la fouille J, on a trouvé en J et en K (fig. 10, couche/?) une petite rangée de cailloux
de rivière, semblables à celles de la fouille d' (fig. 3 et pag. 174).
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I.i;S IOI II,I,I.S l)i; TINOSITL
5. LA TRANCHÉE CENTRALE L
La tranchée L, longue de 55 in, large de 3 m et profonde
de 1,30 m environ, traverse la station dans toute sa longueur.
Elle est située à 8 m environ des fouilles F et / et nous fait
voir une stratification tout aussi simple (la fig. 17 représente
la paroi Ouest). En général la terre vierge se trouve à une
o-:-*.*i
profondeur variant entre 0,60 m et 0,80 m et exceptionellement
à I m de profondeur. Une première mince rangée de gravier
continue du côté nord-est la même couche que celle trouvée
'4
dans les fouilles C, A, N, F. Au-dessus de ce gravier et sous I . S ';
la terre végétale nous rencontrons la couche générale des ves
tiges de vie humaine / . L'épaisseur de cette couche, sensi
I t
blement moins riche qu'en F et en J, varie entre 0,40 et 0,70
m. Elle contient (à part quelques rares fragments de terre cal
cinée) des débris d'habitation, du charbon et des tessons en ma
jeure partie grecs d'importation et Latène. On y a également ri
déterré quelques fusaïoles, quelques petits objets en bronze et '.
en fer, une monnaie hellénistique en bronze (pag. 212), des os
sements d'animaux, des dents de cheval, quelques fragments -•
de moulin à bras en pierre sabloneuse, un clou en fer, du verre
fondu, etc.
La même couche présente par endroits, à 0,40 m de v.i
profondeur au-dessous du niveau du sol, des amoncellements
isolés et hauts de 0,20 — 0,40 m de débris d'une habitation M Pu
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RADU YILPE ET ECATKKINA \ l 1.1*1
Latène et grecs, en même temps qu'un morceau de verre bleu et une broche ronde en
bronze (fig. 48,6).
Pour fouiller les puits qui étaient visibles grâce à l'escarpement produit |>ar les
eaux de la Praliova, on a exécuté les tranchées a et fi (fig. 3). En a il y a trois puits
(fig. 3): al, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre; a2, profond de 0, 70 m
et large de 0,50 m de diamètre; et a3, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre.
On y a trouvé une grande quantité de tessons Latène et grecs et différents objets en
même temps que des débris d'argile calcinée, du charbon, des ossements et des restes
d'aliments. En al ces fragments sont plus rares. En «2 on a trouvé une perle en verre
et un clou en fer et en a3 plusieurs objets en bronze et en fer, un fragment de moulin
à bras, une perle en verre, du millet carbonisé, une défense de sanglier et une monnaie
à l'effigie d'Agrippine (pag. 213), qui est très importante, parcequ'elle permet de dater
avec une plus grande précision l'époque de la couche la plus récente de la station.
Il n'y a qu'un puits dans la tranchée /?, profond de 0,60 m au-dessous de la couche
générale/, et large de 0,90 m de diamètre. A part quelques fragments d'argile calcinée,
quelques ossements et un peu de charbon, il ne contient qu'une très petite quantité
de tessons exclusivement Latène, sans aucune trace de poterie grecque ou travaillée
au tour. Au fond du puits on a trouvé une mâchoire de sanglier.
7. TRANCHÉE H
A 3 — 7 m de la tranchée L, la tranchée H a une longueur de 20 m, une largeur
de 2 m et une profondeur de 1 m. La couche contenant des vestiges de vie humaine
est tout aussi mince et pauvre qu'en G (fig. 14). A 0,60 m de profondeur on a trouvé
quelques objets en fer et une espèce de marteau en pierre sabloncusc (v. pag. 210) en
même temps que quelques tessons Latène et grecs.
Pour fouiller les différents puits que l'escarpement produit par les eaux de la Pra-
hova avait rendu apparents, on a pratiqué les tranchées y, ô, £, £, r), #, x (fig. 3).
Les puits trouvés en y et ô, profonds de 1 m, ne paraissent pas avoir été faits à une
époque lointaine, car à part quelques rares tessons Latène et grecs, l'objet en fer, en forme
de coutre (fig. 47,24, p. 219) est d'une antiquité douteuse. On observe la même chose
dans la tranchée Ç.
En e (fig. 3) on a découvert un puits plus grand f i , profond de 0,50 m au-dessus
de la couche générale / et large de 1,40 m de diamètre et un puits plus petit e2 rectan
gulaire, de 0,80 m X 0,50 m et profond de 0,40 m. Dans la partie supérieure du puits
el une couche de débris d'argile calcinée contient des tessons primitifs rougeâtres et
lustrés. Au-dessous de cette couche on a trouvé plusieurs tessons primitifs et, autour
d'un vase intéressant à plusieures anses (fig. 18), les débris d'un vase mis en miettes,
de la cendre, du charbon et une fusaïole primitive. Toute cette céramique est complè
tement différente de celle contenue dans la couche générale / de la station. Aucun
élément Latène ou grec, aucune poterie travaillée au tour. Au fond du puits quelques
lattes carbonisées sont assez soigneusement croisées. A côté, dans le petit puits e2, on
a rencontré de la terre glaise et quelques très rares tessons primitifs mais d'une époque
plus récente que ceux trouvés en el.
La fig. 16 représente en coupe, les différentes couches du puits ?/, large de 1,60
m de diamètre et profond de 1 m au-dessous de la couche générale / . La première,
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LES FOUILLES DE TINOSUL
a, haute de 0,30 m, contient de la cendre, du charbon, des restes d'aliments, des osse
ments de volailles, deux fibules en bronze, un anneau en bronze, un vase grisâtre d'un
galbe fin et les tessons de plusieurs autres vases Latène et grecques, tous d'une tech
nique délicate. Au-dessus, de la terre en poudre calcinée, contenant des cailloux
de rivière, des ossements de volailles, un morceau de fer brut, etc., constitue la se
conde couche, 6, de 0,05 m d'épaisseur. La couche suivante, c, de 0,20 — 0,40 m d'épais
seur, contient quelques débris calcinés d'argile mélangée avec de la paille, du char
bon, de la cendre, une urne d'une facture primitive Latène et une grande quantité de
tessons grecs et Latène. La dernière couche, d, de 0,30 — 0,45 m d'épaisseur, plus pauvre,
ne contient que quelques débris d'argile calcinée et de charbon. Ce puits, le mieux
conservé de toute la station, constitue la tombe type de Tinosul.
En ê le puits a un diamètre de 1,20 m et une profondeur de 0,50 m sous la couche
générale / . On y trouve en désordre de la terre calcinée, du charbon, des ossements,
des cailloux calcinés, une grande quantité de tessons de fine poterie Latène et grecque.
Il n'y a de remarquable qu'une fusaïole, une perle en verre coloré, une fibule en bronze,
une pointe de «flèche» en fer et un fragment de fibule en argent (fig. 48,11, pag. 211).
Enfin, le puits «, large de 1 m de diamètre environ et profond de 0,50 m sous
la couche générale/, contient de la terre calcinée, du charbon, des ossements d'animaux,
des dents de cheval, des tessons Latène et quelques rares fragments de vases grecs.
On a trouvé en même temps une fusaïole, une pierre à aiguiser cilindrique et une bre
loque en terre cuite en forme d'anneau (fig. 39,2). Quoique les couches sont assez mé
langées, on observe que la couche la plus compacte de terre calcinée se trouve dans la
partie supérieure du puits.
Conclusions au sujet des tombes. Sans aucun doute, les puits isolés, que nosibuilles
ont mis en évidence, sont pour la plupart des tombes. On se rappelle que les puits d et i
trouvés dans les fouilles F et /(fig. 3 et pag. 182 sqq.), font exception et paraissent con
stituer des dépôts de grains. En ce qui concerne les puits des tranchées G et H, ils sont
assez rapprochés les uns des autres pour donner l'impression qu'ils constituent une
région funéraire, d'autant plus que dans la couche générale / , très pauvre, les traces
d'habitation sont inexistentes. Les tombes isolées sont fréquentes, soit auprès des
habitations (k et jf de la fouille JT, pag. 184 ; q de la tranchée C, pag. 179 ; et y de la fou
ille N, pag. 179), soit dans les couches superposées du rempart.
Dans toute la station de Tinosul on n'a trouvé aucune trace d'ossements humains.
Toutes les tombes sont à incinération. Cette constatation ne fait d'ailleurs que con
firmer ce que les fouilles exécutées à Apahida a ), Piscul-Crăsani 2 ), Piscul-Coconi 3 ), etc.
nous avaient appris au sujet des tombes Latène de la Dacie 4 ) et ce qu'on savait de la
religion des Gètes 5 ), qui habitaient à cette époque la contrée 6 ), dont la station de Tino
sul était un des centres.
De toutes les tombes découvertes, deux seulement (el de la tranchée II et tu de la
tranchée L) font partie de la couche énéoblthique la plus ancienne de la station ; les
' ) Kovâcs, /oc. cit. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 39, p . 48.
2 4
) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ; V. ) V. Pârvan, Getica, p. 160 sqq.
6
P â r v a n , Getica, p . 185. ) Ibidem.
3 6
) R a d u Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com. ) Ibidem, p. 81 sq., p . 130, etc., passim.
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RADU VULPE ET ECATERINA VGLPE
autres sont de l'époque Latène I I I . C'est une preuve de la continuité du rite de l'in
cinération à travers les différentes époques de Tinosul, conservés par tradition d'une
génération à l'autre ').
Les tombes, en général, ne se trouvent pas dans un «'lai de conservation satis
faisant; principalement la tombe d' paraît avoir été particulièrement bouleversée au
cours des temps. Les tombes e, y de la tranchée / / et h de la fouille J, sont les mieux
conservées. En les analysant on remarque qu'elles sont en forme de puits qui ne dé
passent jamais 1 m de largeur et 2,50 m de profondeur. Dans leur partie inférieure
on trouve du charbon, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, des débris de
poterie, de fins objets de parure. Au-dessus on rencontre de la terre calcinée mélangée
avec du charbon et de la cendre, recouverte par de gros débris calcinés d'argile pétrie
avec de la paille (fig. 16, ?/). Le reste du puits est rempli avec de la terre contenant
quelques fragments de charbon et des restes de combustion. De cette stratification
on peut déduire qtie la crémation ne se faisait pas dans le puits même, mais dans le
voisinage immédiat de la tombe. Ce qui explique la présence au fond du puits des
éléments qui sur le bûcher auraient dû se trouver à la surface, comme les vases, les
restes d'aliments, les cendres du défunt, les objets de parure, la cendre et le charbon
du bois employé, tandis que à l'ouverture de la tombe on y trouve de la terre brûlée
et de l'argile calcinée pétrie avec de la paille, qui était pareille à celle dont on se servait
à la construction des habitations. Ces restes sont probablement les débris calcinés d'un
autel improvisé, sur lequel on établissait le bûcher de crémation.
Le fait que la crémation se faisait à côté du puits, est prouvé par les différentes
fouilles d'autres nécropoles de la même époque.
A Apahida on a trouvé tout près du puits, là où avait eu lieu la crémation, des
fragments d'objets, qui complètent ceux trouvés dans le puits même 2 ). Pareillement
dans les nécropoles des autres régions de l'Europe centrale on a trouvé des indices
qui mènent aux mêmes constatations 3 ).
Les cendres du défunt étaient déposées à même la terre au fond du puits ou
dans des urnes en terre cuite ou en bronze 4 ). A Tinosul on a trouvé partout de
ces urnes en terre cuite, en miettes tellement éparpillées que leurs reconstitution
devient difficile. A côté des ces urnes, il y avait dans les tombes d'autres vases
destinés à contenir des aliments et des boissons 5 ), ou peut-être purement décora
tifs. Le plus souvent les urnes sont primitives, poreuses, travaillées à la main, de
formes simples, ayant des ornements en forme de bandes en relief appliquées sur
les parois, des striations irrégulières ou des proéminences. On constate ce fait
dans la majeure partie des cas, à Piscul-Crăsani 6 ) et en règle générale à Piscul-
*) Pour l'origine autochtone de la race géto- Jezerine in Pritoka bei Bihac, ibidem, I I I 1895,
dace dans les pays carpatho-danubiens, cf. V. p. 1 8 3 ; Giro Truhelka, Der vorgeschiehtlirhe Pfahl-
P â r v a n , o. c , p. 33 sqq., p. 4 1 . bau im Savabette bei Donja Dolina, ibidem, I X
2
) Kovâcs, o. c, p. 62, a. 1904, p. 88.
3
) C. Marchesetti, Scavi nella necropoli di S. *) Cf. Marchesetti, Castellieri, p. 153 ; Déche-
Lucia pressa Tolmino, Trieste, 1893, p . 1 3 4 ; F. lette, Manuel, I I 3, p. 1037.
6
Fiala, Die Ergebnisse der Untersuehung prdhisto- ) Déchelette, l. c.
6
rischer Grabhiigel auf dern Glasinac im Jahre 1892, ) A Piscul-Crăsanilor on a trouvé deux am
Wissensch. Mitteil. a. Bosn. u. d. Hercegov., I, phores remplies de cendre et employées sans doute
1893, p. 166; W. Radimsky, Die Nekropole von comme urnes funéraires, ce qui ne serait pas un
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LES FOUILLES DE TINOSUL
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
8. L E S S O N D A G E S D E S E N V I R O N S D E LA STATION
On a fouillé a u t o u r de la s t a t i o n en 8 p o i n t s sur 1 m de h a u t e u r , 1 m de l a r g e u r
e t 1 m de l o n g u e u r , d a n s u n e zone de 16 m à 70 m de r a y o n . P a r t o u t les r é s u l t a t s
ont été n u l s . On a conclu q u e le t e r r a i n h a b i t é é t a i t délimité p a r l'enceinte de la s t a
t i o n . T o u t e s les couches de la s t a t i o n , c o n t e n a n t des vestiges de vie h u m a i n e , et m ê m e
les restes d i s p a r a t s de vases et de traces a n t i q u e s s ' a r r ê t e n t b r u s q u e m e n t a u fossé
qui e n t o u r e la s t a t i o n , c o m m e on p e u t le voir d a n s la coupe M (fig. 5). Au pied de l'hau
t e u r sur laquelle est située la s t a t i o n , vers la rivière de la P r a h o v a , on t r o u v e des t r a c e s
a n t i q u e s sur u n r a y o n n e d é p a s s a n t pas 10 m et t o u t e s p r o v e n a n t de l ' é c r o u l e m e n t
de la p a r o i escarpée.
IV. L E S O B J E T S T R O U V É S D A N S L E S FOUILLES
1. L A C É R A M I Q U E
L a c é r a m i q u e c o n s t i t u e , n a t u r e l l e m e n t , le plus riche et le plus v a r i é é l é m e n t des
couches de la s t a t i o n . Les plus n o m b r e u x f r a g m e n t s de vases furent t r o u v é s d a n s les
fouilles A et N et les plus rares d a n s les t r a n c h é e s H et L. Les a u t r e s e x c a v a t i o n s en
o n t d o n n é aussi u n e q u a n t i t é suffisante. La c é r a m i q u e est composée g é n é r a l e m e n t des
tessons de t o u t e s sortes, d o n t n o u s a v o n s p u r e c o n s t i t u e r s e u l e m e n t u n n o m b r e t r è s
p e t i t des v a s e s , d ' u n e m a n i è r e plus ou m o i n s c o m p l è t e .
E n faisant la classification de la c é r a m i q u e de Tinosul n o u s d i s t i n g u o n s p r e m i è r e
m e n t trois catégories s u i v a n t les é p o q u e s : A) la c é r a m i q u e de l ' é p o q u e é n é o l i t h i q u e ,
t r o u v é e s p o r a d i q u e m e n t d a n s les fouilles i / , K, L (v. plus h a u t , p a g g . 1 7 5 ; 185 s q . ) ;
B) la c é r a m i q u e de l ' é p o q u e L a t è n e I I r e n c o n t r é e en p e t i t e q u a n t i t é d a n s u n seul
p o i n t de la fouille F; et C) la c é r a m i q u e de la couche L a t è n e I I I , la p l u s r é c e n t e et la
plus a b o n d a n t e .
A. LA C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E ÉNÉOLITHIQUE
Les vases de c e t t e catégorie sont fabriqués à la m a i n d ' u n e p â t e assez é p u r é e et
m a l g r é la cuisson s o u v e n t i m p a r f a i t e , ils p r é s e n t e n t t o u j o u r s s u r les parois e x t é r i e u r e s
u n l u s t r e noir-grisâtre, rosé ou b r u n .
Les f r a g m e n t s t r o u v é s n e s o n t ni assez n o m b r e u x ni assez g r a n d s p o u r n o u s per
m e t t r e de r e t r o u v e r la forme des vases. U n profil plus c o m p l e t est fourni p a r le f r a g m e n t
d ' u n v a s e funéraire, s i m p l e m e n t c o n i q u e , p r é v u de plusieures anses au-dessus de la
2
') C. Marchesetti, op. cit., p. 136; Caatellieri, ) V. Pârvan, Getica, p. 185.
p.153.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
partie la plus renflée delà panse (fig. 18; v. le même à la fig. 20), qui fut trouvé dans
la tombe el (pag. 186). Parmi les autres fragments nous distinguons des profils de vases
simples (fig. 19,1,5,6) et des vases à rebords restreints (fig. 19,2,3,7, et 8). L'un de ces
derniers présente un galbe un peu à cassure (fig. 19,4). Les fragments de panses corres
pondent à des vases simples (fig. 19,6) ou à des écuelles quasi-sphériques (fig. 19,2, 5).
Les anses plates, largement courbées (fig. 19,9; 20) sont les plus communes. Ce que
différencie cette céramique préhistorique de la céramique
Latène c'est l'ornementation plus méticuleuse et plus
variée. Les motifs sont constitués par des lignes inci
sées en zig-zag (fig. 19,3 et 7 ; 23,8), par des stries paral
lèles interrompues (fig. 19,1,2,4) ou par une bande de
lignes et points gravés parsemée de petits boutons en re
lief (fig. 19,8). Sur une anse de forme simple on voit le
dessin d'un rhombc (fig. 19,9). Quelques tessons présentent
des cannelures parallèles avec de petites stries entre elles
(fig. 19,4, 5). À part les incisions et les stries il y a encore Fi"ig. 18. Fragment d'une urne funé-
à mentionner comme éléments ornementaux les proémi- r a i r e P r i m i t i v e à plusieurs anses,
nences organiques à très petit relief et applaties (fig. 19,6; 22,5). La même intention
ornementale régit la disposition des anses nombreuses sur le vase funéraire cité plus
haut.
Tous les fragments céramiques décrits jusqu'ici ont le même aspect et la même
technique, ce qui prouve davantage leur contemporaineté. Il est difficile de dater cette
191
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u\i)iï \ i i.1*1 : I:T F.CATF.KÏNA VULPE
céramique constituée par des fragments peu nombreux et trop petits: d'autant plus
qu'en dehors d'eux on n'a pas trouvé dans les mêmes couches aucun autre élément chro
nologique plus précis. A cet égard le grattoir en silex trouvé dans la tranchée D, c'est-
à-dire dans l'endroit le plus remué dans
les temps les plus récents par les diffé
rentes fouilles non archéologiques (v.
p;ig. 173), ne peut apporter aucune con
tribution. C'est le seul objet de ce genre
rencontré dans toute la station et, d'au
tre part, les objets en silex ne sont
pas toujours un indice de l'époque de
la pierre ] ). Par exemple, à Piscul-Cră-
sani 2 ) et Piscul-Coconi 3 ), des stations
éminemment Latène I I I , de même que
Tinosul. on a trouvé plusieurs objets en
silex. Quant aux objets de métal, ils
manquent tout à fait dans la couche pré
historique de Tinosul.
Ainsi le seul élément datable, assez
élastique pourtant, nous est fourni par
le peu d'ornements gravés sur les tes
sons. Les lignes en zig-zag comme motif
ornemental primitif, ne peuvent four
nir aucun renseignement chronologique
parce qu'elles sont communes à toutes
les régions et à toutes les époques, de
puis le néolithique jusqu'aujourd'hui 4 ).
Fig. 20. Fragments de vases énénlilhiques et de
l'époque Latène III.
De même, les proéminences ne sont pas
une caractéristique néolithique 5 ), comme
orvpourra le voir dans les pages suivantes. Cependant on peut citer un tesson néolithique
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LES FOUILLES DE TINOSUL
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13 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
C. L A C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E LATÈxNE I I I
S u i v a n t la t e c h n i q u e , la c é r a m i q u e t r è s a b o n d a n t e de c e t t e é p o q u e se divise en d e u x
p a r t i e s : a) la c é r a m i q u e t r a v a i l l é e à la m a i n et b) la c é r a m i q u e travaillée a u t o u r .
a) Céramique travaillée à la main. T o u j o u r s s u i v a n t la t e c h n i q u e , c e t t e c é r a m i q u e
se divise à son t o u r en d e u x c a t é g o r i e s : la p r e m i è r e c o m p r e n d les vases m a l cuits et d ' u n e
p â t e i m p u r e et p o r e u s e ; la seconde c o m p r e n d les vases d ' u n e p â t e p l u s h o m o g è n e , p a s
t o u j o u r s m i e u x cuits, d ' u n l u s t r a g e noir ou b r u n - g r i s â t r e , m a i n d ' u n a s p e c t différent
de la c é r a m i q u e é n é o l i t h i q u e , d o n t on a p a r l é p l u s h a u t (pag. 191). Les v a s e s de ces d e u x
catégories, q u o i q u e c o n t e m p o r a i n s , o n t des formes et des o r n e m e n t s dissemblables. P a r m i
les p r e m i e r s il y en a q u i o n t les b o r d s simples et droits (fig. 22,1, 2, i l , 12,13 ; 23,5), d ' a u t r e s
les b o r d s légèrement repliés (fig. 2 2 , 3 , 4 , 9 ; 23,4) et d ' a u t r e s les b o r d s repliés d ' u n e
3
*) Déchelette, Manuel, II 3, p. 1475, fig. 670 a. ) Ibidem, p. 68.
2 4
) Kovâcs Istvân, Apàhida, Dolgozatok-Travaux, ) Déchelette, l. c.
II, 1911, p. 28, fig. 29, 2 ; cf. plus haut, p. 183, 6
) Ibidem, p. 915. 923. 1082; Pârvan, Getica
n. 1. p. 565 sqq.
194
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LES FOUILLES DE TINOSUL
Fig. 22. Céramique primitive de l'époque Latène III (sauf le fragment no. 5, qui est énéolithique).
22,6; 26). T o u t a u t r e s sont les proéminences des vases de Piscul-Crăsani, où les plus n o m
b r e u s e s o n t la forme d ' u n cylindre t r a p p u 2 ) ou d ' u n b o u t o n elliptique simple ou divisé
en d e u x ou trois p a r t i e s 3 ) . A T i n o s u l , où ce dernier t y p e est p e u fréquent (fig. 22,1, 2,12,
23,1,2), n o u s r e n c o n t r o n s d ' a u t r e s variétés d e proéminences (fig. 23,11,12), p a r m i les
quelles certaines sont perforées p o u r p e r m e t t r e le passage d ' u n fil de suspension (fig.
23,6). L e plus s o u v e n t la décoration des vases à proéminences est complétée p a r des
b a n d e s en relief (fig. 22,1, 2, 6,12; 23,2, 9,12) et p a r des stries (fig. 23,11).
Les b a n d e s en relief, soit appliquées, soit constituées p a r les parois m ê m e s des v a s e s ,
o n t les formes les p l u s variées. Certaines se r e t r o u v e n t à Piscul-Crăsani, c o m m e p a r
») Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 12 — 24, fig. 96 — 98. 100 — 101. 104 — 111. 115.
3
19-61. ) Ibidem, p. 16, fig. 33; p. 20, fig. 48 — 50;
2
) Ibidem, p. 12 — 21; fig. 19 — 20. 23 — 24. 26. p. 22 — 23, fig. 57 — 58. 99. 102 — 103. 107.
28. 29 — 32. 34. 37. 40 — 41. 43. 47. 52 — 53. 55. 112 — 114.
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13»
RADU VULPE ET ECATERLNA VULPE
exemple: la bande en relief simple (fig. 24,8,10, 13), la bande à dépressions continues,
obtenues en pinçant la pâte entre deux doigts (fig. 22,12) et la bande tordue (fig. 23,9) ' ) .
D'autres n'ont été trouvées jusqu'à présent qu'àTinosul: la bande en relief à stries obli
ques rares (fig. 24,4) ou rapprochées (fig. 22,1; 23,5,9; 24,5,12), la bande double à stries
en arêtes de poisson (fig. 24,1,6) et la bande à relief ondulé (fig. 23,4). En général les
Fig. 23. Céramique primitive de l'époque Latcne III (sauf le fragment no. 8, qui est cnéolithique).
bandes, simples ou doubles (fig. 24,1,6), sont disposées sur le goulot (fig. 22,9, lo), sur
la base ou sur la panse (fig. 24,13; 26). Quelquefois elles sont verticales et tiennent toute
la hauteur du vase (fig. 22,l). Sur certains fragments on a trouvé des bandes curvi
lignes et entrelacées (fig. 22,1; 23,2).
Quant'aux stries qui décorent la panse des vases, elles dessinent par un simple trait
(fig. 22,7; 23,5; 24,2; 26) ou plusieurs traits parallèles (fig. 24,4,9,10; 25,a), selon qu'elles
sont tracées par un ébauchoir ou par un peigne, des zig-zags ou des ondulations. Quel
quefois (fig. 24,l) plusieures stries parallèles accompagnent la décoration des bandes en
relief, dont on a parlé plus haut. Le plus souvent la décoration est réduite à des simples
*) Ibidem, p . 13 — 24, fig. 22 — 25. 27 — 28. Russie méridionale; cf. Max E b c r t , Ausgrabun-
30 — 32. 35 — 38. 4 1 . 45. 52. 59 — 61. On trouve gen auf dem Gute Maritzyn, Gouv. Cherson (Siïd-
de la céramique identique en ce qui concerne les Russland), P r a h i s t . Zeitschr., I I I , 1911, Berlin,
formes, la technique et les ornements dans les p. 256, fig. 3.
stations et les tombes de même époque de la
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LES FOUILLES DE TINOSUL
stries parallèles et horizontales qui font le tour du vase (fig. 22,3; 24,4,11). Les stries
paraissent môme sur les anses (fig. 24,7). Sur certains tessons on remarque en guise de
décoration des stries irrégulières et dans tous les sens. On ne saurait dire si le léger dé-
foncement elliptique du fragment représenté dans la fig. 22,11, est décoratif ou utilitaire,
pour permettre de saisir le vase.
La poterie qu'on vient de décrire est d'une facture et d'un aspect tout à fait primitif;
elle est dépassée même par les produits de la céramique énéolithique et elle est totalement
inférieure à la céramique contemporaine faite au tour. Faite avec une négligence surpre
nante et d'une pâte de qualité tout à fait inférieure, elle est d'une fragilité qui la rend
presqu'inutilisable dans la vie quotidienne. Si nous considérons que les urnes funéraires
trouvées dans les tombes de Tinosul, ainsi que dans celles de Piscul-Crăsani x ) ou de
Piscul-Coconi 2 ), font partie presque sans exception de cette catégorie de céramique,
nous pouvons déduire qu'en général ces vases avaient surtout un caractère religieux en
rapport avec les antiques traditions rituelles, qui vue la persévérance des proéminences
et des bandes en relief décoratives, remontent jusqu'à l'époque néolithique 3 ). En tout
cas ce n'est pas par pur hasard qu'aucun vase de technique supérieure ou travaillé
au tour n'est employé comme urne funéraire à Tinosul ou à Coconi (v. plus-haut,
pag. 188).
De la même technique négligée sont les tasses simples à grandes anses qui relient le
rebord à la base (fig..25,9; 32) pareilles à celles trouvées à Crăsani 4 ).
En général les anses de toute cette poterie sont applaties, sémicirculaires, en forme
de point d'interrogation, avec ou sans stries (fig. 24,7) ou bien avec un bouton en relief pour
3
*) Cf. plus haut, p. 188, n. 6. ) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 35 sqq.
2 4
) Plus haut, p. 189, n. 1. ) Ibidem, p. 44; fig. 62 — 64. 65 — 67.
197
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
poser le pouce (fig. 24,3, 7). Un gros fragment d'anse, qui faisait sans doute partie d'un
grand vase, est décoré par trois bandes en relief longitudinales (fig. 24,5). Dans la petite
tranchée <5 (fig. 3) on a trouvé un grand fragment d'une pâte impure, gros et plat, qui
constituait peut-être la base d'un vase de grandes dimensions.
La seconde catégorie de céramique faite à la main, d'une technique supérieure et
d'une pâte plus homogène, à lustrage, présente à part des profils simples (fig. 25,1, 2, 4,12),
des profils plus compliqués à rebords plus prononcés et plus détachés, à angle vif (fig.
25,6, 7, lo). Ces formes se retrouvent aussi à Crâsani et M. Andrieşescu à juste raison sup
pose qu'elles sont imitées d'après les formes de la céramique travaillée au tour *). Cette
chose est encore mieux mise en évidence à Tinosul, où quelques fragments de rebords
d'une pâte insuffisamment cuite travaillés à la main et d'un lustrage noirâtre présentent
un profil (fig. 25,6) tout à fait identique aux profils les plus caractéristiques de la céra
mique contemporaine travaillée au tour (v. les fig. 28,5; 32). Les bases sont simples ou
imitées d'après la céramique travaillée au tour. Les anses les plus répandues sont
plates, courbes et disposées verticalement (fig. 25,3), disposées horizontalement sur les
rebords des terrines (fig. 25,2; 32), en forme de point d'interrogation, s'élevant plus haut
que la bordure du vase (fig. 25,11) et à bouton proéminent pour poser le pouce (fig. 25,5).
Sur un fragment de terrine (fig. 25,12) l'anse se réduit à une simple oreillette.
Le manque complet d'ornementation, de même qu'à Crasani 2 ), caractérise cette
céramique et la différencie de celle de la première catégorie. Les quelques proéminences
qu'on rencontre exceptionellement n'ont qu'un but utilitaire et remplacent les anses
l 2
) Ibidem, p . 5 1 . ) Ibidem, p. 50.
198
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LES FOUILLES DE TINOSUL
(fig. 25,4), comme par exemple l'enflure que présente parfois le rebord évasé de la poterie,
particularité rencontrée aussi à Cră-
sani l ).
b) Céramique travaillée au tour. Cette
céramique se divise également en deux
catégories: 1. la céramique travaillée
sur place d'après des modèles greco-
romains ou celtiques plus anciens et ca
ractérisée par la qualité supérieure de
la pâte, grisâtre ou plus rarement rou-
geâtre et par le profil des formes; 2. la
céramique greco-romaine d'importation.
De même qu'à Piscul-Crăsani 2 ), la
céramique fabriquée sur place est très
abondante à Tinosul et comprend toute
la variété de vases utilisés dans la vie
quotidienne pour boire et pour manger,
des plus petits et plus fins jusqu'aux plus
grands et à grosses parois, tasses, coupes,
terrines, casseroles, cruches, carafes, va
ses très évasés, passoirs, etc. Et, chose
inconnue à Crăsani, nous trouvons de la
même pâte grisâtre, même des ampho
res, solides, imitées avec beaucoup d'a
dresse d'après les modèles grecs, ayant Fig. 26. Céramique primitive et supérieure
de l'époque Latène I I I .
les mêmes ornements ondulés et les
mêmes anses bicylindriques que les amphores des cités grecques du Pont-Euxin.
De même qu'à Crăsani 3 ), le profil le plus caractéristique est celui à rebords évasés
et larges, (fig. 27,3,4; 28,5, 7,10; 32) profil très rare dans le reste de l'Europe, 4 ) mais ex
cessivement répandu en Dacie, surtout dans la plaine roumaine, où il constitue une des
principales caractéristiques de la céramique Latène 6 ). Le travail au tour permet une
grande variété de dimensions et de profils (fig. 28,5, 7,10 ; 29,1-7) : les coupes simples à
profils droits et aux rebords retroussés à angle vif (fig. 29,l), voisinent avec des formes
plus compliquées, plus élégantes, à profils composés (fig. 28,6 ; 29,1-7 ; 32) et avec de vases
199
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
x
) Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1484, fig. 678.
200
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LKS FOUILLES DE TINOSUL
(fig. 2 6 , 28,8, 9, i l ) . E n ce cas l ' o r n e m e n t le plus compliqué q u ' o n puisse obtenir est com-
posé de zones alternées de lignes rectilignes et de lignes ondulées (fig. 28,8, 11). Quelque
fois la d é c o r a t i o n est complétée p a r u n e ligne ondulée brillante sur le r e b o r d évasé de la
201
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
poterie, obtenue sur la glaise avant la cuisson et après le séchage à l'aide d'un ébauchoir
en bois (fig. 28,5, 7,10).
A Piscul-Crăsani la céramique grecque d'importation et la céramique grisâtre sont
les seules travaillées au tour. A Tinosul cependant nous trouvons une troisième catégorie :
ce sont les vases fabriqués avec une belle pâte rougeâtre et fine, semblable à celle des
vases grecs les plus fins. Nous ne pouvons pas les considérer d'origine hellénique; leurs
formes sont identiques à celles de la céramique grisâtre décrite plus haut, comme par
exemple le profil compliqué aux rebords évasés (fig. 31,4,16). Nous retrouvons les mêmes
202
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LES FOUILLES DE TINOSUL
profils fins (fig. 28,1, 4; 29,8, lô), les mêmes anses petites et plates, en forme de signe
d'interrogation (comparer les fig. 28,2,3 avec la fig. 31,4), les mêmes petites anses hi-
cylindriques, les mêmes ornements ondulés (fig. 31,2) ] ).
Quant aux formes semblables à celles de la céramique grecque, comme la fine po
terie, dont la fig. 28,4 reproduit le profil, comme les vases dont le rebord a le profil
typique de la poterie à couvercle (fig. 31,5,9; 33), comme les bols sémisphériques sans
bases (fig. 28,4) et les vases presque sphériques et à petites bases, il est plus difficile
de déterminer si elles sont importées ou fabriquées sur place. Nous avons le même
doute en ce qui concerne la provenance du fragment de rhyton en forme de tête d'aigle
(fig. 31,8) et l'anse
composée de deux
cylindres tordus ]
(fig. 31,13).
De même qu'à
Crăsani la céra
mique importée
est très abondan
te. Pourtant la
variété des types
n'est pas aussi
grande que celle
de la céramique
travaillée surpla
ce. La majeure
partie des tessons
Fig. 32. Céramique de l'époque de Latène III.
de cette cérami
que sont des restes d'amphores, vases très répandus alors par le commerce des vins
et des huiles. D'autres tessons sont des restes de vases plus petits, quelques-uns même
très fins et qui la plupart du temps ont servi de modèle aux potiers indigènes (fig. 28,1,4;
29,12-15; 30,5).
En examinant les tessons des amphores nous avons trouvé des éléments appartenant
à 90 amphores différentes, ce qui paraît considérable pour une station aussi petite que
celle de Tinosul. A Piscul-Crăsani, M. Andrieşescu n'en a compté que 30 environ 2 ).
*) A Gorodok Nikolajcwka, station de la mê qu'à Tinosul on n'en a recueilli que 160 environ.
me époque que Tinosul, dans la Russie méridi On doit tenir compte de la différence d'époques
onale, on a trouvé des tessons de vases de la entre les deux stations. La station de Crăsani est
même catégorie, de profils identiques, qui é- plus ancienne que celle de Tinosul (commence
taient fabriqués à la m a i n ; cf. M. E b e r t , Ausgra- ment de notre ère) d'environ deux siècles (s. III—II
bungen bei dern «Gorodok Nikolajewka» am Dnjepr, av. J . C. ; cf. Pârvan, Getica, p. 203 sqq.). Sans
Gouv. Cherson, Priihist. Zeitschr., V 1913, p. 99, doute, les relations commerciales des Gètes avec
fig. I l l , 9 — 21. les civilisations méridionales, très suivies dès le
2 Vl-ème siècle av. J . C. (Pârvan, La pénétration
) Piscul-Crăsani, p . 69. E n échange on a
trouvé à Piscul-Crăsanilor plus de 500 fragments hellénique et hellénistique dans la vallée du Danube,
à proéminences de vases primitifs poreux, tandis Bucarest, 1923, Académ. Roum., Bull, de la sect.
203
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
A Tinosul aucune amphore n'a été retrouvée entière. En général les types sont identiques
dans les deux stations et proviennent sans doute des mêmes cités grecques *). Quelques
unes sont rouge feu ou rouge bricque, d'autres jaunâtres. La technique est la même et
dans la pâte on trouve des fines paillettes de sable noir. Ce détail qui caractérise
totites les amphores gréco-romaines trouvées dans cette région, fait complètement défaut
aux amphores de pâte grisâtre, dont on a parlé plus haut (pag. 200). Ce qui constitue une
preuve de plus que ces dernières étaient fabriquées par les habitants. Les amphores ont
leurs bases en pointes ou plates. Les dimensions varient, mais pas beaucoup. Les anses
ont des sections transversales différentes: il y en a d'ovales simples ; il y en a d'ovales avec
une arête (fig. 31,"), avec deux arêtes (fig. 31,17) et avec trois arêtes (fig. 33,2; 34,2). .Les
anses bicylindriques sont très répandues de même qu'à Crâsani et ce sont les seules que
les habitants se sont attachés à imiter dans leur poterie grisâtre. Une seule anse d'une
pâte rouge feu présente en section une
arête à angle vif (fig. 33,1; 34,:$).
Une autre anse trouvée dans la
tranchée A, en b, (fig. 34,9; 39,12),
porte l'inscription suivante:
' A o/rj vvéfi fovj
0(u[ri7ij7tov
Les amphores portant le cachet
de l'astynome sont très rares dans
le monde grec méridional 2 ), mais
très répandues dans les régions du
Pont-Euxin 3 ). Heureusement, dans
le cas présent nous pouvons déter
miner avec précision l'origine de notre
amphore. Qalvinnoç est le nom d'un
agoranome sur un m)x<»[ia de Pani-
don dans le sud de la Thrace: en
■^ àyoqavôfiov 0aivtnnov 4 ). Mais sur
les anses des amphores ce nom ne
paraît que sur les rives de la Scythie,
Fig. 33. Céramique grecque d'importation. en trois exemplaires : àotVVO/lfov]
3
hist., t. X , p . 4 sqq.), étaient encore plus fré- ) Paul Becker, Ueber eine Sammlung unedier-
quentes au commencement de l'époque impériale ter Henkelinschriflen aus dem sudlichen Ruszlnnd,
romaine, ce qui explique à Tinosul la supériorité Jahrbiïchcr f. classischc Philolog., Supplhd. IV,
quantitative des amphores et des objets impor- Leipzig 1862, p . 464 sqq. ; idem, Ueber eine neue
tés sur la céramique de technique primitive. Sammlung unedierter Henkelinschriften aus dem
1
) Ordinairement Thasos, Rhodes et Cnide (cf. siidlichen Ruszlnnd, ibid., Spplbd. X , Leipzig 1878;
Pârvan, Getica, p . 204 sqq.), auxquelles on doit idem, Ueber eine dritte. Sammlung unedierter Hen-
ajouter les cités grecques du P o n t - E u x i n , comme kelinschriften aus dem sudlichen Ruszlnnd und iiber
Olbia (v. plus bas, pag. 205). Dumont's Inscriptions céramiques de Grèce, Paris
2
) M. Albert Dumont, Inscriptions céramiques 1871, J a h r b . f. class. Philol., Leipzig, 1878, p . 111
de Grèce, Paris 1872, p . 2 3 . Ailleurs, p . 141, il sqq.
attribue aux Cnidiens le peu d'inscriptions avec *) D u m o n t , op. cit., p . 42.
àoTVvô[iov, trouvées en Grèce.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
■ osl 4-
Fig. 34. Céramique grecque d'importation.
fait indirectement et les cités grecques de la Dobrogea, Histria ou Tomi servaient d'in
termédiaires, mais il est intéressant de constater que Tinosul a été atteint par le commerce
olbiopolitain aussi 6 ).
Un autre élément appartenant aux amphores sont les bouchons. Le plus souvent
ils sont faits de la même pâte de bonne qualité (fig. 31,11). Rarement ils sont informes,
en argile qui moule la forme de l'ouverture du vase, séchés et puis cuits, comme on a
') Becker, Ueber eine drille Sammlung, etc., p. 30, dérable d'inscriptions céramiques de la catégorie
no. 27. des àaxvvôiAot; cf. Paul Nicorescu, Scavi e scoperte
2
) Idem, Ueber eine neue Sammlung, etc., p . 221, a Tyras, Ephemeris Dacoromana, I I , 1924, Borna,
no. 8. p . 409 sq.
3 5
) Ludolf Stephani, Erklarung einiger Jahre 1865 ) Ueber eine drille Sammlung, etc., p . 111.
8
im siidlichen Russland gefundenen Gegenstănde, ) Pour les relations politiques et économiques
Compte-rendu de la Comission impériale archéolo assez suivies entre Olbia et les cités grecques de la
gique pour l'année 1866, St. Pétersbourg, 1867, Dobrogea, cf. V. Pârvan," Gerusia din Callatis,
p . 134, no. 26. An. Ac. Bom., s. ist., ser. I I , t. X X X I X , Bucu-
4
) Cf. P . Becker, Ueber eine drille Sammlung, reşti, 1920, p . 54 sq. ; idem, La pénétration hellé
etc., p . 108 sqq. On a trouvé également en Bou- nique et hellénistique dans la vallée du Danube, p .
manie, à Tyras (Cetatea-Albă) un nombre consi 10 sq.
205
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
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LES FOUILLES DE TINOSUL
2. O B J E T S E N T E R R E CUITE
Les p l u s c o m m u n s objets en t e r r e cuite, après la c é r a m i q u e , sont ici, c o m m e à Piscul-
Crăsani, les fusaïoles. O n en a t r o u v é 43 en t o u t . Le plus s o u v e n t elles sont faites d ' u n e
p â t e suffisamment h o m o g è n e , plus ou moins cuite. Quelques unes de ces fusaïoles possè
d e n t u n l u s t r a g e rouge. Les a u t r e s sont plus primitives et moins bien cuites. U n e seule n ' e s t
p a s cuite d u t o u t . Les formes les plus habituelles sont celles des fig. 38,1-3,6, 9-11 (v. aussi
les fig. 39 e t 43), t r o u v é e s également à Piscul-Crăsani 2 ). D ' a u t r e p a r t n o u s t r o u v o n s celles
b i c o n i q u e s , h a u t e s (fig. 38,4), u n e en forme de croix (fig. 38,12) et u n e p l a t e , g r a n d e et p e u
épaisse (fig. 4 1 , l ) . Q u o i q u e les o r n e m e n t s sont peu n o m b r e u x , ils a p p a r a i s s e n t sur les fusaïo
les de Tinosul plus f r é q u e m m e n t q u ' à Crăsani. Trois fusaïoles p r é s e n t e n t des stries r a y o n
n a n t e s , d o n t d e u x sont r e p r o d u i t e s d a n s les fig. 38,3,10. On a r e n c o n t r é u n e a u t r e d a n s la
fouille N, côtelée sur le b o r d (fig. 38,11). Le rôle de ces objets t r o u v é s en E u r o p e dès plus
x
) Ibidem, p. 37 sq. Marchesetti, Castellieri, p. tionnant ceux trouvés à Donja Dolina (Der vor-
146, qui cite les vases en miniature trouvés dans gesch. Pfahlbau im Savabette bei Donja Dolina
l'Illyric et dans l'Italie septentrionale, les con- W. M. a. Bosn. u. d. Here, IX, 1904, p. 48).
2
sidère comme des jouets d'enfants et la même ) Andrieşescu, op. cit., p. 80; fig. 240 — 247.
interprétation leur donne M. Truhelka, en men-
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RADII VIILPE ET ECATERINA VULPE
anciens temps jusqu'à l'époque romaine l), tant dans les nécropoles, que dans les sta
tions, est difficile à établir. On leur accorde généralement le nom et l'emploi de fusaïoles,
supposant qu'elles servaient à équilibrer la tige verticale qui servait au filage 2 ). Là-
dessus M. Andrieşescu adopte l'opinion très plausible de M. Truhelka 3) en ce qui con
cerne les fusaïoles de Crăsani; il croit qu'on les employait comme contre-poids destinés
à garder au fond de l'eau les filets de pêche, pareils à ceux qu'on emploie de nos jours en
Bosnie. Le fait qu'on trouve en grande quantité ces objets dans les stations où la pêche
ne pouvait pas être une des principales occupations des habitants 4) et que ce sont
parmi les objets les plus courants dans les tombes 5 ), nous empêche d'adopter d'une
manière générale cette opinion. Nous retrouvons d'ailleurs dans les stations lacustres
néolithiques parmi les nombreuses fusaïoles — et pourtant là ce serait le cas des en
gins de pêche— certaines portant encore leur tige en bois 8 ). Il est fort probable qu'un
pareil objet ait eu plusieurs emplois, dont ces deux derniers, de fusaïoles et contre-poids
de filets de pêche, seraient les principaux 7 ). Dans les tombes elles peuvent être des
perles de colliers aussi.
Comme objets à plusieurs emplois, nous trouvons également les pyramides perforées
au sommet et servant soit comme contre-poids d'instruments de pêche, ou comme contre-
x 4
) Cf. Déchelette, Manuel, I, p . 581 ; II 1, p. ) Comme par exemple Piscul-Crasanilor et Ti-
390; II 3, p . 1398; et G. Lafaye, Fusus (C. Dareni- nosul.
6
berg, E . Saglio, E . Potticr, Dictionnaire des an ) Déchelette, Manuel, I I 3, p. 1398.
tiquités grecques et romaines, Paris 1896, II), p. «) Ibidem, I, p. 581 ; I I 1, p . 390.
1426 b . ') Ibidem, I I 1, p . 390: «Cependant tous les
2
) Déchelette, o. c , I, p . 581 et G. Lafaye, o. c. petits objets globulaires en terre cuite perforés au
3
) Der vorgeschichtliche Pfahlbau im Savabette centre ne sont pas des fusaïoles. Il en est qui,
bei Donja Dolina, Wissenschaftliche Mitteilungen d'après leurs formes ou leurs dimensions, ont dû
aus Bosnien und der Hercegovina, I X , 1904, servir les uns de grains de collier, les autres de
p . 38 sq. poids de métiers à tisser ou de poids de filets».
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LES FOUILLES DE TINOSUL
0 H C
Dans la fouille J on a trouvé un objet en
terre cuite à manche (fig. 39,14), pareil à celui
trouvé à Crăsani et supposé par M. Andrieşescu
à juste raison comme servant au polissage des
vases 4. Ce serait là connaître la manière dont
<ş O c •
on polissait la céramique supérieure faite à la
main, de l'époque Latène.
Il n'y a pas doute quant à l'emploi déco
ratif des perles rondes ou ovales en terre cuite
(fig. 38,5, 8 ; 43 ; 49,16), dont on n'en a trouvé que
quatre à Tinosul. Comme objet de parure pri
mitif nous pouvons citer une breloque en forme
d'anneau avec une partie proéminente (fig. 39,2),
trouvée dans la tombe # de la fouille 1/ (p. 187).
Fig. 39. Petits objets en terre cuite, anse d'am
Aux fouilles d et D nous avons découvert phore à inscription et deux monnaies de bronze.
trois figurines fort primitives en terre cuite :
une représentant rudimentairement une tête d'homme, les yeux étant figurés par une
unique perforation traversant la racine du nez et ayant un trou à la base, destiné à re
cevoir le support en bois ; et les deux autres simulant des têtes de cheval (fig. 38,7 ; 41,4, 5 ;
49,18). Il est difficile de déterminer à quelle couche appartenaient ces figurines: Latène
ou énéolilhique, car elles ont été trouvées justement à l'endroit où la terre a été le plus
souvent remuée avant nos fouilles. Leur primitivité les rapproche beaucoup des figurines
néolithiques, par exemple de celles de Cucuteni en Moldavie 5 ) et de Sultana dans la
vallée de la Mostiştea 6 ). Malgré cela, à Tinosul elles voisinent, dans les couches plus
récentes, avec la céramique de l'époque Latène I I I .
Parmi les objets en terre cuite il est à mentionner un petit disque prolongé en
forme de bec (fig. 41,7), dont l'emploi ne peut pas être déterminé avec certitude. Il pour
rait être considéré parmi les petits tessons arrondis qu'on trouve souvent dans les sta
tions protohistoriques et qu'on prend pour des jouets d'enfants 7 ). De ces tessons on
a trouvé à Crăsani plusieures espèces, certains perforés, ce qui autorise M. Andrieşescu
à supposer qu'ils font partie de la même catégorie que les ainsi appellees «fusaïoles» 8 ).
') Andricşescu, Piscul-Crăsani, 79; fig. *) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 79 ; fig. 238 ;
236 — 237. Pârvan, Getica, p. 209, n. 1.
2 6
) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de ) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de
Romani, p . 38, n. 24. Romani, pi. VI.
3 6
) Déchelette n'en parle pas. Du monde grec, ) Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
où ils furent connus de bonne heure, ces poids presse.
7
sont passés en Italie, où ils deviennent communs ) C. Marchesetti, I Castellicri preistorici di Tri
à l'époque r o m a i n e ; V. Chapot, Textrinum (Da- este e délia regione Giulia, p. 147.
8
remb.-Saglio, Y), p. 166. ) Piscul-Crăsani, p. 8 1 ; fig 254—255.
209
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14 Dacia I 1924.
HADU VULPE ET KCATKIUNA VUI.PK
3. O B J E T S EN P I E R R E
Parmi ces objets en pierres est à mentionner l'unique silex trouvé dans la station
(fig. 41,3) et dont on ne peut déterminer l'époque (v. plus haut, p. 178).
A remarquer les moitiés des deux moulins à bras, l'une trouvée dans la fouille G
et l'autre dans l'écroulement du promontoire sur lequel se trouve la station (fig. 40),
tous les deux de forme connue à l'époque Latène et romaine '). Pareils fragments de
moulins à bras, mais beaucoup plus
\> petits, ont été trouvés en abondance
^ifi^ à Tinosul dans les fouilles F , / et L.
En général ils sont en pierre sablo
neuse constituant la base du rocher,
pareils à ceux qu'on construit de nos
jours dans les environs.
Fig. 40. Moulin à bras, en pierre.
(D'après Pârvan, Getica, f. 345; seulement la pièee du milieu Une pierre à aiguiser, de forme
est de Tinosul).
prismatique, polie, terminée en pointe^
en forme de tournevis a été découverte dans la fouille A, une autre plus mince a été
découverte dans la fouille H.
On ne peut pas déterminer l'emploi d'un grès de rivière, équarri en forme de marteau
cubique, avec une perforation commencée et non finie, trouvé dans la fouille N, ainsi que
l'emploi d'une pierre sabloneuse elliptique fort cassable, possédant la même perforation
non terminée (fig. 41,2) et trouvée dans la fouille H 2 ).
4. O B J E T S EN V E R R E
A Tinosul nous avons une richesse d'objets en verre qui contraste avec Piscul-
Crăsani. On a trouvé en total 27 fragments de fine verroterie de toutes espèces et
*) Déchelette, Manuel, I I 3, p.1386 sqq. ; fig. pour des anneaux en métal, le cercle creusé n ' é t a n t
617 — 6 1 8 ; A. Baudrillart, Mola (Daremb.-Saglio, en ce cas que la forme de ces anneaux. Ordinaire
I I I ) , p . 1960 sqq. ment, on eboisissait, pour faire de moules, les
2
) Il est possible que cette pierre sabloneuse, pierres sabloneuses, de la moindre d u r e t é ; cf.
très friable, ne soit pas un marteau, mais un moule G. Pinza, Storia délie civiltà antiche </' Italia, p. 76.
210
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LES FOUILLES DE TINOSUL
principalement aux fouilles A et N. La majorité de ces fragments sont bleus foncés, certains
avec des barres blanches. A distinguer le bord d'un petit vase (fig. 42 ; le même dans la
fig. 49,11) et l'anse d'un autre (fig. 43). Nous avons ensuite la catégorie des fragments
multicolores avec des barres, avec des points de couleur verte, jaune, rouge, noires
(v. les fig. 43 et 49,11,12,13). Le nombre de ces derniers se réduit à 5. Nous distinguons
deux bords de petits vases. On a trouvé en / un fragment de vase en verre de couleur
verte joliment orné de fleurs colorées et en N un autre de la même couleur,
ayant comme décorations sur le fond
transparent des feuilles opaques. Dans
cette même dernière fouille on a trouvé
des fragments de vases en verre incolore
et en bon état, de pâte fort fine, pré
sentant comme décoration une barre
horizontale opaque x ). En norme gé
nérale il est à observer qu'à la station
de Tinosul les fragments de verre sont Fig. 42. Fragment de vase en verre multicolore.
fort peu altérés ou même pas du tout,
contrairement à ceux de Piscul-Crăsani ou à ceux des villes gréco-romaines de la Do-
brogea 2 ). A part les fragments plus haut décrits, tous appartenant à de fins vases de
parfum importés du Sud gréco-romain 3 ), on a trouvé deux perles en verre coloré en
vert, blanc et jaune, l'une sphérique et l'autre ovoïde (fig. 43 ; 49,19). De plus nous
mentionnons 6 fragments de verre incolore ou bleu, résidus des verres fondus par la
chaleur d'un incendie qui a détruit les habitations de Tinosul. Quoique l'origine de
l'art du verre soit en Orient 4 ) et Alexandrie le centre du plus grand développe
ment 5 ), à l'époque de notre station l'art du verre était fort répandu dans d'autres
régions du monde antique, .par exemple les îles grecques Lesbos et Rhodes 6 ), l'Italie 7)
et même la Gaule 8 ). On ne peut pas avec assurance déterminer le centre de prove
nance des objets en verre trouvés dans les stations gètes; on peut supposer qu'ils
provenaient des îles grecques en même temps que d'autres objets. On doit tenir compte
d'une autre part, que ces vases étaient d'un emploi courant dans le commerce des par
fums et par conséquent en liaison avec l'Egypte, pays producteur de parfums 9 ) de
même que les îles grecques 1 0 ).
5. O B J E T S EN MÉTAL
Pas d'objets en or. Un objet en argent, trente-sept en bronze et trente-deux en fer.
Argent. Il s'agit de l'arc d'une fibule, applati, très légèrement recourbé, effilé vers
une extrémité, d'un travail précis et orné de quelques stries longitudinales sur les bords
x 4
) Ce sont des verres transparents et minces, ) Ibidem, p . 936 sqq.
5
produits dans les fabriques d'Alexandrie, qui flo- ) Ibidem, p. 937.
rissaient au début de l'empire romain (Morin- Jean, «) Ibidem, p. 938 a.
1
Vitrum, Daremb.-Sagl., V, p. 937). ) Ibidem.
2 8
) V. P â r v a n , Cetatea Ulmetum, I, An. Acad. ) Ibidem.
9
Rom., s. ist., ser. I I , torn. X X X I V , Bucureşti, ) V. Chapot, Unguentum, Daremb.-Saglio, V,
1912, p. 77 sq. (avec un résumé en français). p . 591, 594, 597.
3 10
) Morin-Jean, o c, p. 938 sqq. ) Ibidem, p. 595.
211
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14*
KADI' VT1LPE ET ECATEIUNA VI LPE
(fig. 4 3 ; 48,11). Cette fibule est identique à celles trouvées à JMauheim, nécropole située
près de Francfort sur le Main, et datée par les monnaies qu'on y a trouvé, comme
T
l
Fig. 43. Objets en terre cuite, en verre, en argent et en bronze.
212
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LES FOUILLES DE TINOSUL
relations commerciales à cette époque entre les Gètes de la plaine danubienne et l'île
grecque de Thasçs 1 ), relations qui ont été vérifiées pour d'autres endroits de la
Dacie 2 ). La deuxième monnaie, la plus grande, d'un grand intérêt comme terme ante
quem de la station, est de 0,036 m. de diamètre et 0,03 m. d'épaisseur. Quoique très ef
facée, on peut facilement distinguer l'effigie d'Agrippine et lire l'inscription suivante:
A G R I P P I N A M(urci) Ffilia) GERMANICI CAESARIS et sur le revers l'inscription
S(enatus) C(onsulto) au milieu et CLAVDIVS CAESAR AVGfustus) GERM (anicus)
V(onlifex) M(aximus) TRIB(unicw) VOT(estate) [...], autour. Il s'agit d'Agrippine
l'ancienne, épouse de Germanicus et mère de Caligula, à la mémoire de laquelle l'em
pereur Claude a frappé cette monnaie 3 ).
A défaut de plus de précision nous pouvons avoir la certitude qu'entre 48 et 54 apr.
J.-Chr., seule époque à laquelle Claude pouvait faire frapper des monnaies, la station de
Tinosul était encore habitée. Cette constatation concorde d'ailleurs avec les objets trouvés
dans nos fouilles.
De cette nature sont en premier lieu les fibules en bronze trouvées en nombre total
de 12. Trois ont été trouvées en petits fragments: une aiguille longue de 0,025 m,
une autre de 0,07 m (fig. 43), un fragment d'arc de 0,02 m. Entre autres un petit fragment
de fil de bronze recueilli parmi la terre des fouilles ne peut pas être identifié avec certi
tude comme un ardillon de fibule. Quant aux autres 8 pièces, elles sont conservées sinon
complètes, du moins dans la plupart de leurs éléments constitutifs. Six parmi elles ont
la forme commune des épingles de nourrice et deux la forme de broches rondes. De la
série de six, une a été déformée par le feu (fig. 43).
Il nous restent donc cinq datable», dont une présente un grand intérêt par sa
forme ayant les apparences du type delà Certosa (fig. 43 ; 48,2). Cependant, elle en diffère
dans les détails, surtout par le bouton terminal relevé, qui est courbé vers l'exté
rieur. On ne rencontre cette particularité à aucune des fibules connues de l'Europe
occidentale et centrale 4 ), mais seulement à quelques exemplaires trouvés en Bul
garie, sur un territoire limité entre le Danube et les monts Balcans 5 ). Avec notre
spécimen de Tinosul ce territoire se prolonge plus au nord vers les Carpatlies. Les
M. Casson à la fig. 16 d, avec un arc «scythe», dans un tumulus de Kerschbach dans la Fran-
la d a t e de 280 av. J.-C. de M. Anson est plus conie centrale, présente un appendice caudal cour
convenable. bé deux fois en forme de S et se terminant
*) V. P â r v a n , Castrul de la Poiana, p. 10. par une tête de serpent relevée vers l'extérieur
2
) V. Pârvan, Getica, p. 609 sqq. On a trouvé dans (R. Beltz, Die Latènefibeln, Zeitschr. f. E t h n . , 1911,
la Dacie supérieure, en plusieurs endroits, des mon p. 674, fig. 10; Lindenschmidt, Alterthiimer unserer
naies provenant de Thasos, ainsi q u e : Caşolţ, heidnischen Vorzeit, IV, pi. 14, 13). Toutefois, il
Cătălina, Cetea, Feleacul-Săsesc, Ghclinţa, Ho- n'y s'agit que d'une exception isolée, cette fibule
morod-Sânmărtin, Nocrich, Pianul-dc-Sus, R ă h ă u , différant entièrement, par sa forme, de celle de
Soatul-Unguresc, Şicul-Marc, Tisa ; cf. pour toutes Tinosul.
5
I. Martian, Répertoria arheologic pentru Ardeal, ) B. Filov, Dva mogili groba v Balkana, Iz-
s. v. vjestija na bălgarskoto arheologicestvo druzestvo
3
) II. Cohen, Description historique des monnaies — Bulletin de la Société archéologique bulgare,
frappées sous Vempire romain, communément ap I, Sophie, 1910, p. 156, fig. 1 ; R. Popov, Re
pellees Médailles impériales, vol. I ' , Paris 1880, cherches préhistoriques dans la plaine de Vratsa
p . 231, nos. 2 — 3. (bulgare et français), Bulletin de l'Institut archéo
*) Une fibule de Latène I «à tête d'animal» (cf. logique bulgare, I I , 1923 — 1924, p. 136, fig. 60.
Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1249 sq.) trouvée
213
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RADU VULPE KT ECATERINA VULPE
archéologues bulgares ont déjà donné le nom de «type thrace» à cette nouvelle forme
de fibule *). Quant à l'époque, ils la considèrent comme contemporaine à celle de la
Certosa 2 ). Nous ne savons pas s'ils s'en appuient sur les conditions stratigraphiques
dans lesquelles furent trouvées les fibules mentionnées ou seulement sur leur res
semblance avec le type bolonais, mais il est certain que notre exemplaire de Ti-
nosul fut trouvé dans la couche la plus récente de la station, en compagnie des
objets Latène I I I . Toutefois, l'exemple est si isolé que jusqu'à des nouvelles re
cherches nous ne pouvons nous en prononcer. D'autre part il est à remarquer que
nous n'avons trouvé à Tinosul aucune couche contenant des objets caractéristiques
de l'époque de la Certosa (fin de Hallstatt et début de Latène I 3 ).
2 Les autres quatre fibules de Tinosul sont de types Latène
I I I et provinciaux romains: toutes à ressort, avec une plaque
d'arrêt pleine et recourbée (fig. 44) 4 ), certaines ayant sur l'arc
un petit renflement en forme d'anneau (fig. 44,1,2). Très fine
et de petites dimensions (0,03 m), travaillée avec soin, est la
fibule trouvée dans la tombe >/ (fig. 44,l). La date de la sta
tion est fixée par la monnaie romaine plus haut mentionnée ; elle
est en plus confirmée par ces objets de toilette, qui présen
tent des formes caractéristiques du premier siècle de l'empire
romain. Nous sommes amenés à la même constatation par l'exa
men des deux broches rondes, une de la forme d'un disque avec
des cercles concentriques ciselés (fig. 43 ; 49,l), l'autre de la forme
d'une petite roue à 4 rayons (fig. 4 3 ; 48,6). Ce type de broche ne
+. - -oos— -_i s e rencontre plus dans le Latène, mais seulement à l'époque
romaine, continuant ensuite jusqu'au moyen âge 5 ). Il est fré
Fig. 44. Fibules en bronze.
quent en Allemagne jusqu'au Rhin 6 ), dans le centre de l'Eu
rope ) et dans la Russie méridionale 8 ). Une broche simple, comme celle de la fig.
7
1
) R. Popov, loc. cit. Mainz wăhrend des Jahres 1910, Mainzer Zeitschr.,
2
) Ibidem. V I , 1911, p. 105, fig. 21. 25. 2 7 ; idem, V I I , 1912,
3
) La fibule du t y p e de la Certosa se ren p. 86, fig. 1; R. Forrer, Reallexikon, pi. 60, fig. 10;
contre à la fin de l'époque de H a l l s t a t t (Déche- M. E b e r t , Zur Geschichte der Fibel «mit umge-
lette, Manuel, I I 2, p . 848). Les formes dérivées schlagenem Fuss», PrUh. Zeitschr., I I I , 1911, H eft
d'elle se trouvent p e n d a n t t o u t le Latène I (Dé- 3, p . 232.
6
chelette, Manuel, I I 3, p , 1248, fig. 533 ;R. For- ) Oscar Almgrcn, Studien ùber nordeuropăische
rer, Reallexikon der pràhistorischen, klassischen Fibelformen der ersten nachehristlichen Jahrhun-
und friihchristlichen Altertiïmer, Berlin — S t u t t g a r t , derte mit Beriicksichtigung der provinzialromischen
1907, pi. 57, fig. 10; Ebert, Reallexikon der Vor- und sùdrussischen Formen, Stockholm 1897, p .
geschichte, pi. 105, fig. e; pi. 106, fig. b) et même 100 sqq.
dans le Latène I I (R. Beltz, Die Latènefibeln, •) Behrens - Brenner, Ausgrabungen im Legions
Zeitschr. fur Ethnolog., 1911, p. 675 ; Déchelette, Kastell zu Mainz, Mainz. Zeitschr., 1911, p. 105,
Manuel, I I 3, p . 1251). fig. 24. 36 a, b ; Almgren, o. c, p. 99.
4 7
) La fibule que nous reproduisons dans la ) Almgren, o. c , p . 101.
8
fig. 44,3, est parfaitement datable. On la rencontre ) Ibidem, p . 104. '
9
au commencement de l'époque impériale romaine ) Csallâny Gâbor, ôkori leletek a Szentesi mu-
dans toute l'Europe centrale. Cf. G. Behrens-E. zeumban, Archeologiai Értesito, X X V I , Budapest
Brenner, Ausgrabungen im Legions Kastell zu 1906, p. 52, fig. 7.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
plus richement ornées, à Ô-Szôny *), à Tiszafured 2 ), à Balfi (com. Sopron) 3 ), à Sô-
venyhâza *), etc., toutes de l'époque romaine. Broches rondes, parmi lesquelles une
à quatre rayons, se retrouvent ensemble avec des fibules provinciales du commence
ment de l'empire, en Bosnie, à Ribic près de Bihac 5 ), à Donja-Dolina 6) et à Meclo
dans le Tirol 7 ). D'autres presque pareilles se rencontrent jusqu'en Angleterre à Marston-
St. Lawrence 8 ) et même dans la Russie méridionale, à Kuban et à Artyukhow 9 ),
toujours des premiers siècles de l'empire romain.
Le plus remarquable objet de bronze de la
station de Tinosul est le vase orné trouvé dans
la fouille E (fig. 45 et 46; le même dans la fig.
37,2), un joli objet importé du sud gréco-romain.
C'est la bobèche d'un candélabre, 10) dont la
tige n'a pas été retrouvée, malgré les fouilles né
cessaires. La pièce formant le raccord entre ces
deux parties du candélabre a été trouvée isolée
près du vase. Les dimensions du vase et du rac
cordement ensemble sont: hauteur 0,133 m ;
largeur de l'ouverture 0,11 m. Le raccordement
n'est pas orné. Le vase, à sa partie inférieure
présente des côtes en relief, son milieu est recou
vert de feuillage ciselé, au-dessus duquel il y a
une bande décorée d'un xv/iâuov lesbique, en
suite une rangée de perles, une bande de dents
triangulaires incisées et enfin autour du bord
du vase, une couronne composée de deux ra
meaux de laurier, reliée aux deux bouts. La
partie la plus caractéristique de l'ornement de
Fig. 45. Vase de candélabre en bronze.
ce vase c'est le feuillage qui recouvre tout son
milieu et qui se rencontre également sur un autre récipient de candélabre trouvé
à Kertch dans la Russie méridionale, n ) ensuite sur un vase en argent provenant
de Conceşti en Roumanie (distr. Dorohoiu) 12 ), sur des couvercles d'urnes funéraires
1
) Archeologiai Ertesilii, 1897, p. 442. p. 328 (pi. X X I I I , 2); p. 329 (pi. X X I I I , 13).
9
2) Ibidem, 1899, p . 84. ) M. Rostovtzeff, Iranians and Greeks in South
3
) Ibidem, 1910, p. 39. Russia, Oxford 1922, pp. 142. 174.
10
*) Ibidem, 1899, p. 183. ) A première vue ce récipient pourrait être
b
) Vejail Curtfic, Ein Flachgruberfeld der Japoden pris comme le pied d'un vase plus grand, mais
in Ribii bei Bihac, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. si l'on tient compte de l'épaisseur massive des
H e r e , V I I , 1900, p . 16, fig. 17. parois et du fait qu'il est fabriqué de plusieures
*) C. Truhelka, Der vorgeschichtliche Pfahlbau im pièces, on arrive facilement à l'interprétation que
Savabetle bei Donja Dolina, Wiss. Mitt. aus Bosnien nous en donnons ici et qui est confirmée suffi
u. d. H e r e , I X , 1904, p. 133, pi. L X X V I I , 22, etc. samment par des analogies.
7 u
) Campi, Die Ausgrabungen in Meclo (Mechel) ) M. Rostovtzeff, Anticnaja decorativnaja zivo-
im Valdi Non, Mitteil. anthropol. Gesellsch., Wien, pis na jugje Rossij, S.-Petersburg 1914, p. 207, pi.
1884, 15, p . [100]. L X , 5.
8 12
) Sir Henry Dryden, Excavation of an An ) A. Odobesco, Le trésor de Pétrossa, Paris
cient Burial Ground at Marston St. Lawrence, co. 1889 — 1900, I, p. 489, fig. 1 9 8 ; Kondakof, Tols
Northampton, Archaeologia, London 1885, X L V I I I , toï et Salomon Reinach, Antiquités de la Russie
215
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HADU VULPE ET ECATERINA VULPE
4
méridionale, Paris 1891, p . 89, fig. 117. ) W. Unverzagt, Studien zur terra sigillata mit
*) P a r exemple, dans le Musée National des Rddehenverzierungen, Prahist. Zeitschr. X V I , 1925,
Thermes à Rome, au milieu du corridor, premi Heft 3/4, p . 151, fig. 20.
5
er étage. ) J . Brimsmid, Antikni figurai ni hronsani pred-
2
) Fr. Bulic, Due coperchi di sarcofagi mar- meti u hrvatskom narodnom muzvju u Zagrehu,
morei trovati a Salona, Bull, di archeol. c storia Vjesnik hrvatskoga arheoloSkoga d r u s t v a , X I I I ,
d a l m a t a , X X X , 1907, p . 99, pi. V — V I . Zagreb, 1913 — 14, p . 266, nr. 275.
3 6
) P a r exemple, en plusieurs endroits à R o m e : ) R. Gagnât — V. Chapot, Manuel d'archéologie
dans le Musée du Latran, dans le vestibule du Mu romaine, I, Paris 1917, p . 550, fig. 301.
7
sée Borghese, tout au long de la voie appienne, etc. ) Rostovtzeff, loc. cit.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
D e toutes ces analogies nous pouvons déduire à coup sûr l'époque du vase de
Tinosul, qui ne dépasse pas le I-er siècle de l'ère actuelle. Cette datation concorde
avec celle de tous les autres objets trouvés dans la couche Latène III de notre
station.
C'est l'époque à laquelle se rattachent en général les beaux candélabres sur
montés de vases, dont les plus caractéristiques exemplaires ont été trouvés à Pom-
péi et à Herculanum l ) . Le principal centre de production de ces objets était en
Italie. A peu près tous sont fondus en plusieures pièces 2 ), comme celui de Tinosul.
Nous sommes informés par Pline l'Ancien que ces pièces étaient fabriquées en des
endroits différents: les tiges constituaient la spécialité des fonderies de Tarente, en
Italie, tandisque les vases servant de bobèches étaient travaillés dans les ateliers
d'Égine, en Grèce 3 ).
Parmi les objets importés nous distinguons également 5 fragments de miroirs en
métal blanc (fig. 47,1, 2; 48,8), parmi lesquels ceux trouvés en E gardent encore une
belle patine. Sur un de ces fragments présentant des traces du feu, trouvé en d', on
peut voir les infimes traces d'un vêtement de tissage simple carbonisé.
Pendantifs: un petit grelot conique perforé à la pointe (fig. 43), un fragment de
tablette en forme de fourchette (fig. 43), une pincette (fig. 47,3; 49,5) et une tablette
trapézoïdale à trois trous de type tellement commun déjà à l'époque Hallstatt 4 ).
Nous avons encore, d'autres objets: la bouterolle d'une gaine d'épée, se terminant
en pointe sphérique et étant ornée de barres simples horizontales (fig. 47,4; 48,16),
d'époque romaine 5) ; quatre anneaux de bronze de dimensions variant entre 0.015 m et
0,024 m de diamètre, parmi lesquels un formé par un fil, dont les bouts s'enroulent ré
ciproquement, constitue un type caractéristique de l'époque Latène III 6) (fig. 43) ; un
autre d'un fil tordu (filg. 43 ; 49,4), un troisième fondu en entier (fig. 43 ; 49,6) et un qua
trième d'aspect plus primitif (fig. 4 3 ; 49,3) et une moitié d'un bracelet bien travaillé, de
jolie patine (fig. 43; 48,7). Us nous restent non identifiables neuf fragments de différents
objets, dont deux en meilleur état, de travail supérieur, peut-être des fragments de statuet
tes ou des anses de vases en bronze (fig. 41,6, 8), l'une longue de 0,052 m et l'autre de 0, 032
m. Parmi ces derniers fragments on remarque encore: une petite anse rivée à un frag
ment de tablette (fig. 4 3 ; 49,2), peut-être le couvercle d'un vase; une autre tablette
«;ii ire avec un trou au milieu ; trois fragments de tablettes de petite épaisseur, une pointe
de clou à quatre arêtes et un fragment d'aiguille courbée (fig. 48,12).
Fer. Naturellement, tous les objets en fer ont été déformés par la grosse couche de
rouille déposée à travers les temps. Premièrement à mentionner une fibule, la seule en
ce métal, sans ardillon, en forme d'arbalète à la tête de l'arc ; il s'agit probablement d'un
ressort (fig. 47,13). On est incertain à ce sujet à cause de la rouille qui a détruit tout détail.
1
) E . Saglio, Candelabrum (Daremb.-Saglio-Pot- lie, I, Stockholm, 1895, pi. 54, f. 10; S. Reinach,
tier), I I , p. 874 ; Cagnat-Chapot, op. cit., I I , Paris Fibula, Daremb.-Sagl., I I , p. 1107, fig. 3000; Dé-
1920, p . 467. chelette, Manuel, I I 2, p. 596, fig. 230.
z 5
) E . Saglio, op. cit., p . 875. ) La pointe sphérique est commune aux bou-
3
) Naturalis historia, X X X I V , 3, 6: Privatim terolles de l'époque romaine; cf. A. Reinach, Va-
Ai'gina candclabrorum supvrficiem dumtaxat ela- gina, Daremb.-Sagl., V, p. 624, fig. 7243 sq.
6
boravil, sicut Tarcntum scapos. ) Déehelette, Manuel, I I 3, p. 1227 sq., fig.
4
) O. Montclius, La civilisation primitive en Ita- 520.
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
2
') La fin de l'époque Latène et le début de ) J. Kellner, Rômische Baurcstc in Ilidze bei
l'époque impériale romaine; cf. S. Reinach, op. Sarajevo, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Here, V,
cit., p. 1102 b ; p. 1108 b, cp. fig. 3008-3010. 1897, p. 155, fig. 78.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
V. CONCLUSIONS
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
vue militaire, dont n'ont tenu compte, comme nous le verrons plus loin, que les pre
miers habitants.
La station a été habitée avec intermittences à trois époques: 1° à l'époque néolithi
que, 2° à l'époque Latène II et 3° à l'époque Latène I I I . Il y a eu un grand intervalle
entre la première et la seconde. En effet,le seul document trouvé dans les fouilles, qu'on
pourrait attribuer à ce temps, la fibule de forme dérivée de la «Ccrtosa» (fig. 4 3 ; 48,2),
est un exemplaire complètement isolé, rencontré dans une couche plus récente et ne
permet aucune conclusion au sujet d'une époque Hallstatt ou Latène I à Tinosul.
Pour la première fois l'enceinte de Tinosul a été habitée à l'époque énéolithique,
époque qui a laissé de nombreux vestiges dans la plaine roumaine. Cependant, contraire
ment aux autres centres qui ont été longuement peuplées à cette époque, comme par
exemple Sultana, la couche la plus ancienne de Tinosul ne présente que des traces spora-
diques et peu nombreuses, exceptée la fortification qui constitue un document des plus
importants. Celle-ci a été bridée et abandonnée aussitôt après sa construction, à la suite
d'une vaine résistance à de puissants envahisseurs qui se sont contentés de détruire et de
piller sans rien construire à la place.
L'enceinte longtemps abandonnée, ne recommence à être habitée, peu à peu et d'une
manière passagère, qu'à l'époque Latène II (sec. I I I — I I av. J.-C). Les influences de la
civilisation celtique pénètrent à cette époque jusqu'à Tinosul, où nous trouvons des
vases identiques à ceux d'Apahida (distr. Cluj) et à la céramique celte de Bavière (cf.
plus haut, pag. 194).
Nous ne connaissons pas quelle a été la fin de cette seconde époque de la station.
En tout cas les informations archéologiques font complètement défaut pendant au moins
un siècle. Ce n'est que dans la dernière partie de l'époque Latène III que la station de
Tinosul, habitée à nouveau, connaît une floraison plus intense que jamais. A ce temps
Boirebistas et ses successeurs dominaient la Dacie et les empereurs romains étendaient leur
puissance au sud du Danube. La population de Tinosid est constituée à cette époque, de
même que dans le Latène II, par les Gètes, probablement de la même race que les habi
tants de l'époque énéolithique 1 ), dont ils ont hérité jusque dans les plus petits détails
le rite funéraire de l'incinération, ainsi que quelques éléments décoratifs de la céra
mique.
Il est à remarquer qu'à ces deux dernières époques la fortification brûlée et aban
donnée à l'époque énéolithique n'a plus été employée. On observe la même insouciance
au sujet des fortifications à plusieures autres stations Latène de la plaine gète, comme
Coconi, Odaia-Vlădichii, Mănăstirea 2 ), ces deux dernières n'étant défendues même
pas par leur situation topographique ou par des obstacles naturels 3 ). Nous nous trou
vons à une époque de puissantes organisations politiques qui garantissaient une paix pro
longée et mettaient la population à l'abri des surprises. Evidemment l'absence des forti
fications n'est pas générale. Seulement, les puissantes cités qui défendaient le pays,
') Cf. plus haut, p. 188, n. 1. ne fût fortifiée par la main de l'homme, est ce
2
) R. Vulpe, Compte-rendu du relevé archéolo pendant entourée par les eaux du lac de Mos-
gique des régions Mostiştea et Călăraşi (roumain et tiştea, de sorte qu'elle forme une presqu'île; R.
français), Bui. Com. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com. Mon. 1st.,
40, p . 81 sq. et p . 97. X V I I , 1924, fasc. 39, p. 48 (avec une carte).
3
) La station de Piscul-Coconilor, bien qu'elle
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LES FOUILLES DE TINOSUL
résidences des chefs politiques et situées dans les différents centres plus peuplés, étaient
suffisamment fortes pour enlever aux petits villages qui se trouvaient dans leur proxi
mité, le souci de la fortification l ). Ceci explique pourquoi les habitants de l'époque
Latène III négligent l'importance militaire de la station de Tinosul 2 ) et n'en tirent aucun
parti. C'est la paix relative dont jouissaient les populations gètes de la plaine roumaine
des Carpathes au Danube, dans la dernière phase de l'époque Latène I I I , quand les ar
mées de Boirebistas et de ses successeurs et les légions romaines de la Mésie garantis
saient tour à tour contre les invasions du nord, ce qui a permis la grande floraison spiri
tuelle et économique de la région.
Le commerce entre la Dacie et le sud méditerranéen, très actif dès le sixième siècle
avant J.-Chr. 3 ), atteint son apogée au commencement de notre ère. Les recherches
et les cartes archéologiques exécutées jusqu'à présent dans nos régions de plaine 4)
mettent en évidence une grande profusion et une forte densité d'éléments spirituels et
économiques importés du monde gréco-romain. Cette situation est évidente d'une ma
nière tout à fait particulière à Tinosul, où la couche Latène I I I est incomparablement
plus générale et plus riche que les autres couches plus anciennes, malgré le peu d'impor
tance économique de ce centre. La céramique et les objets trouvés, de même qu'à Cră-
sani, dénotent que les influences spirituelles venues de l'Occident celto-italique et du
Sud-Est hellénique, étaient accompagnées par de fréquentes liaisons commerciales dans
les mêmes directions 5 ). Spécialement l'inscription céramique trouvée sur une anse
d'amphore importée d'Olbia nous donne un renseignement précis à ce sujet. Sans doute,
ce n'était pas une exception; nombreuses devaient être les cités helléniques de la rive
du Pont-Euxin, qui devaient envoyer à Tinosul leurs marchandises choisies et tout
naturellement nous devons compter parmi celles-ci les cités les plus rapprochées: Histria,
Tomi et Callatis de la Dobrogea gète 6 ). Tinosul n'était pas situé loin de la grande route
reliant directement le centre de la Dacie avec ces cités 7 ). La monnaie thasienne avec
l'effigie d'une jeune tête d'Héraclès et l'arc «scythe» au revers, nous autorise de pré
ciser des relations commerciales avec le monde grec égéen. La monnaie d'Agrippinç
d'autre part, généralement connue dans l'empire romain, pouvait être amenée de n'im
porte quelle contrée d'au-delà du Danube, mais bien plus probablement de l'ouest.
Depuis longtemps l'Italie était devenue pour nos pays également un centre d'attraction
') Nous voyons, par exemple à l'occasion de la sence presque complète des armes de toute es
guerre de Crassus contre les Gètes, en 30 — 29 av. pèce. Sauf la bouterolle d'épée reproduite dans
J.-C., que après la prise de la cité de Dapyx (roi les fig. 47,4 ; 4 8 , u , le problématique fer de lance des
gète d'une partie de l'actuelle Dobrogea), ses su fig. 47,22; 48,i3 et les deux flèches de fer assez in
jets n'essaient pas de résister dans un autre bourg, certaines, mentionnées à la pag. 218, on ne sau
mais se réfugient dans une grande caverne. Cras r a i t citer u n autre objet pareil.
3
sus fait murer l'ouverture de la caverne et les ) V. Pârvan, La pénétration hellénique et hel
Gètes sont obligés de se rendre à cause de la faim. lénistique dans la vallée du Danube, p. 4 sqq.
4
Sans doute, dans tout le territoire dominé par ) Ibidem, p . 12 sqq. ; id., Inceputurile viefii,
Dapyx il n'y avait q u ' u n seul bourg fortifié. On romane la gurile Dunării, p. 55 sqq. ; id., Getica,
remarque la même chose dans le pays voisin, du p. 416 sqq. ; R. Vulpe, Mostistea et Călăraşi, pp. 84.
roi Zyraxes, où le même Crassus conquit tout 87. 97.
un pays par la prise seulement d'une cité: Gc- 6
) Cf. V. Pârvan, Getica, p . 643 sqq.
nucla. Pour ces faits, cf. V. Pârvan, Getica, p. 6
) V. Pârvan, La pénétration hellénique, etc., p .
89 sq. 3 sq.
z
) De plus, il est à remarquer à Tinosul l'ab '') V. P â r v a n , Getica, p. 217.
221
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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE
x
) Ibidem, p. 295 sqq. *) Ibidem, p. 108 sqq.
2 5
) V. plus h a u t , p. 217. ) Corpus inscriptionum Latinarum, X I V , 3608 ;
3
) Pârvan, op. cit., p. 103 sq. cf. P â r v a n , op. cit., p . 103.
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LES FOUILLES DE TINOSUL
Avant de finir, nous nous faisons un plaisir en même temps qu'un devoir a remercier
vivement notre maître Monsieur le Profeseur Vasile Pârvan, qui nous a confié l'explo
ration de la station de Tinosul et qui, comme toujours, nous a prodigué ses précieux con
seils et ne nous a pas refusé les ressources inépuisables de son haut savoir; Monsieur le
Prof. loan Andrieşescu, qui à plusieures reprises nous a aimablement fait profiter de son
expérience archéologique; Monsieur Dionisie Pecurariu, colaborateur infatigable à qui
nous devons les plans et les dessins de cette étude; Messieurs Vladimir Dumitrescu et
Dorin Popescu, nos collègues du Musée National, qui pendant notre absence de Bucarest
ont eu la gentillesse de faire dessiner et photographier les objets que nous y avions laissé.
Home, le 1 mai 1926.
l
) V. P â r v a n , /. c.
223
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
1-cr C O M P T E - R E N D U 1 )
La reprise systématique des recherches archéologiques à Sarmizcgetusa (Ulpia
Traiana) interrompue par la guerre mondiale, a préoccupé notre monde scientifique
dès les premières années après l'union. C'était, même, une obligation vis-à-vis de notre
passé. L'Institut d'Archéologie et de Numismatique de l'Université roumaine de Cluj
était appelé, en premier lieu, à réaliser ces recherches. Une visite rendue aux ruines de
l'ancienne capitale de la Dacie p e n d a n t l'été 1921 fut le point de départ de l'activité
déployée en 1924.
Comprenant tout l'intérêt de la question, M. Aristide Blank — a bien voulu accorder
au Musée (du district) de Deva la somme de 100.000 loi pour les recherches archéolo
giques du district — écartant ainsi, par son beau geste, le dernier obstacle qui s'oppo
sait aux t r a v a u x .
La direction des recherches a été prise — à la demande du directeur du Musée
de Deva — p a r l'Institut d'Archéologie et de Numismatique de l'Université de Cluj,
a y a n t aussi l'appui moral de la Commission des Monuments Historiques, section pour
la Transsylvanie.
On m'a fait l'honneur — en qualité d'attaché de l'Institut — de me charger de
l'exécution des fouilles projetées, selon les indications et les conseils de M. le Profes
seur D. M. Teodorescu, directeur de l'Institut déjà cité, en collaboration avec M. I.
Mallasz, directeur du Musée de Deva.
Les recherches entreprises ont été déployées dans trois directions:
1. Explorer de nouveaux endroits dans le b u t de mettre en lumière des restes de
bâtisses, restés encore ignorés. 2. Vérifier (selon les possibilités) et déterminer sur la
carte des recherches faites par d'autres personnes, à diverses époques et 3. Recueillir
le matériel inédit, qu'on pourrait encore trouver chez des particuliers ou ailleurs.
Dans ce qui suit, je vais tâcher de présenter le résultat de cette triple activité,
déployée dans l'intervalle du 15 août au 10 octobre 1924.
Une pensée bien naturelle m'empêche, cependant, de terminer ces lignes sans re
mercier Mr. le Prof. D. M. Teodorescu pour ses bienveillants conseils, t o u t à fait indis
pensables à u n d é b u t a n t tel que moi, conseils donnés sur le chantier même et aussi
pendant le travail de coordination des résultats.
De même, mes plus vifs remerciements à Mr. Aristide Blank pour l'aide maté
rielle, mise à notre disposition ; sans elle, les t r a v a u x ne pouvaient pas commencer.
') Le Directeur de cette Revue remercie son de la peine qu'elle s'est donnée de reviser et de
ancienne élève, Madame Zoé C. Marinescu, née Bals, traduire en français l'arlicle de M. Daicovici.
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
') Pour le nom de Sarmizegetusa au cours des Ceci me fait supposer que le nom de Zeofii-
siècles, voir C. /. L. I I I , Suppl. 5, Indices, pp. Çeyéftovoa pouvait appartenir à une localité dace
2543 et 2671. Pour le reste: G. Mateescu: / de la vallée du Ilaţeg sans être pourtant la capi
Traci nelle epigrafi di Roma (dans: Ephem. tale même (regia) des Daces; celle-ci doit être
Daco-Romana I, p. 122, note 3) qui le classifie recherchée ailleurs et était appelée — peut-être —
parmi les noms toponymiques terminés par le seulement 6 fiaaiXeioç, ro Şaoileiov, ou rà /?a-
suffixe -£a,-oa. Il faut y ajouter Sarm(izege- olketa. Il ne serait pas non plus impossible que
tusae?), trouvé sur une brique du Musée de la résidence royale ait été appelée «ZeQ/uÇeyéêovoa
Sophia (E. Kalinka: Anlikc Dcnkm. in Bul- ô Paolkeioç» ou Z. ro fiaoD.eiov, comme nous
garien, no 452). En ce qui concerne les écrivains la trouvons citée par Ptolémée ( I I I , 8, 9 ; VIII,
antiques (Dio Cassius, Ptolemaeus, Llpianus, 11, 4). Toutefois, une confusion de la part du
Tab. Peut., An. Kav.) voir Pauly-Wissowa: géographe est aussi possible, car l'historien Dio
RE, seconde série, I I I , col. 25 s. Sarmizegethusa Cassius, plus préoccupé de la vérité historique,
et C. / . L. I I I , p. 228, XXVI. Les variantes s'est évidemment servi, pour décrire la topo
des différents manuscrits se trouvent dans toutes graphie du pays et la campagne de Trajan —
les éditions critiques des auteurs respectifs. des commentaires de l'Empereur.
2
En ce qui concerne la question, si discutée ) Voir, en ce qui concerne les épigraphistes de la
et reprise maintenant plus sérieusement que Dacie, les introductions de Mommsen: C. I. L. I I I ,
jamais, s'il faut rechercher la célèbre résidence pp. 153 —160; 1013 ; 1373 — 1374 (voir aussi: Van-
Ac Décébal sur ce même emplacement de la ca- nuaire de la Soc. d'Hist. et d"1 Arch, du district
pitale romaine, je ne puis — et il ne serait non de Hunedoara [hongr.], 1891 — 1892, pp. 37 — 4 0 ;
plus indiqué ici de donner des explications. J e Archaeologiai Értesito (ancienne série) 1875, p.
désire, cependant, indiquer une circonstance qui 226; L'Annuaire de la Soc. d,Hist. et d,Arch.
— étudiée avec plus de compétence — pourrait du district de Hunedoara (hongr.), 1899, p. 105
conduire vers une solution ou, du moins, vers et suivantes. A titre de curiosité, on peut con
une hypothèse plus proche de la vérité. On sait sulter aussi: I. Bogdan, Istoria Coloniei Sarm.,
que Dio Cassius mentionne une seule fois le nom Partie I-e, Appendice, pp. 47 — 50 où l'on donne
de ZeQUtteyèftovna, quand un corps militaire a les passages — concernant Sarmizegetusa — ex
été laissé en Dacie, après la première guerre: traits de nos anciens historiens (Nicolas Costin,
(LXVIII, 9) cnoarôneôov èv Z. xaxaXuiojv; il Dem. Cantemir, etc.). L'ouvrage de C. Torma:
n'ajoute cependant pas, au nom de ZeQfiiÇe- Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam
yéftovaa, une épithete telle que ŞaoiXeiov et il et Epigraphicam, (Budapest 1880) est de grande
n'indique en rien qu'il veut parler de la «capi- utilité en ce qui concerne les épigraphistes et la bi-
tale» de Décébal. Ici, sans doute, il s'agit de la bliographie de Sarmizegetusa jusqu'à 1879-1880.
Sarmizegetusa de la vallée du Haţeg. Mais, J'ai essayé (voir la Bibliographie à la fin de ce
toutes les fois qu'il mentionne, clairement et di- travail) de continuer cette bibliographie jusqu'à
stinclcment la résidence royale, il la nomme, tout nos jours, sans avoir la prétention d'avoir épuisé
simplement, ô ftaolXeioç, rà fiaoLXeiov ou bien rà cette question.
paalAeia.
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15 Dacia I 1924.
C. DA1C0VICI
*) J e n'ai pas la prétention d'enumérer ici chaque dişte) a été achetée, ces dernières années, par
exploration faite à Sarmizegetusa: il suffit de le Musée de Deva et installée à Grădişte dans un
rappeler qu'on a retrouvé des autels romains, local aménagé à cet effet.
2
provenant du district de Hunedoara (sûrement ) L'idée d'organiser un musée et de former
aussi de Sarmizegetusa) dans le château Komis une société archéologique afin de collectionner
à Pănetul de Câmpie (district Murăş-Turda) et systématiquement tous les restes extraits des
deux autres plaques votives se sont égarées dans ruines, est beaucoup plus ancienne. L'empereur
le district Solnoc-Dobâca, à Ciachi-Gârbău (A. François I-er d'Autriche avait exprimé ce désir
Buday: Dolgozatok-Travaux, V I I , 1916, p. 34). lors de sa visite dans ces parages, en 1817 (v.
Il faut y ajouter les dégâts causés par les pay Alvâry: Uti levelek dans «Mult es Jelen», 1846
sans qui, depuis des siècles, emploient les statues p. 112). A. Fodor, de Lugoş, émet l'idée de créer
pour obtenir de la chaux et aussi les dégâts de xine Société d'Archéologie pour toute la Transsyl-
l'ancienne administration qui permettait l'em vanie (Conférence tenue à Cluj le 3 sept. 1844,
ploi des blocs des murs pour les contructions à l'occassion du congres des médecins et natu
de ponts, chaussées, et des lignes de chemin de ralistes hongrois (v. V Annuaire de la Société
fer; la Société d'Hist. et d'Arch. du district de d'Hist. et d'Arch. du district de Hunedoara [hon
Hunedoara a été, ainsi, obligée d'intervenir à la grois], X X I I , p. 25 note 19). En ce qui con
Direction des chemins de fer hongrois (voir: cerne la visite de l'empereur, en 1817, voir l'auto
l'Annuaire de la Société, An. 1891—1892 p. 115). biographie du comte Bethlen Lajos qui a guidé
Les habitations seigneuriales des environs de Sa Majesté: Grôf Bethlen Lajos Ônéletlvirâsa, publié
Sarmizegetusa — comme chacun le sait — pos par le dr. Szâdeczky Lajos, Cluj 1908, p. 45.
sèdent de nombreux fragments provenant de Cette même idée a été discutée vers 1860 (v.
la capitale dace; de nombreuses églises ont été Mikô Adam: Uti naplô Erdély délnyugati részéhol,
construites à l'aide de matériel extrait de ces 1860, manuscrits des Archives du «Musée Trans-
ruines (par exemple l'église de Demsuş, consi sylvain» de Cluj, t a b . 23 — 24; quelques années
dérée, longtemps, comme étant «romaine», auparavant, Iosef Wass avait fait une proposi
Peşteana, etc.). — L'évêché gréco-catholique de tion analogue: Kolozsvări Magyar Futur, sup
Lugoş, qui abrite un grand nombre de monuments plément à l'«Erdélyi Muzeum», 1856, no. 16 pp.
originaires de Sarmizegetusa, (collectionnés sur 127 — 130. (Voir: Arch. Êrtesitô, X I X , p. 92 et
tout par le K. Père archi-prêtre I. Ianza) mérite note).
notre entière reconnaissance. La collection, si E. Ballun fait l'historique de la création de
précieuse, du chanoine N. Muntean, de Lugoş, la Société d'Hist. et d'Arch. du district de Hu
(ancien archi-prêtre gréco-catholique à Gră- nedoara, dans VAnnuaire de la Société citée, an.
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
X V I I I et X I X (voir aussi an. X du même An- de cette mosaïque et qui y a attiré de nombreux
nuaire pp. 105—121). Pour les faits qui ont pré- visitateurs. Cette découverte a, peut-être aussi
cédé ce mouvement, voir: VAnnuaire mentionné, attiré Ackner, qui a décrit son voyage à Sarmi-
an. X V I I I , pp. 97 — 102. zegetusa (o. c, I, pp. 280 — 285). La bibliographie,
') Mentionnée pour la première fois, dans le plus ancienne concernant cette mosaïque (in-
journal hongrois «Magyar Kurir» 1823, no. 28 complète, cependant) se trouve chez Téglâs Bêla
du 3 octobre: Mozaik Pădimentom omit Ulpia (Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. [hongr.],
Trajana omladékain talâltak. J . Bedâus v. Deva, I X , 1897 — 1898 pp. 12 —18): A két vâr-
Scharberg publia, en 1825: Abbildung von zwei helyi mozaik padlô, où sont reproduites les scènes.
altcn Mozaiken... Hermannstadt et Kronstadt, Voir aussi Torma C.: Repertorium, p. 190.
1825. Les reproductions des scènes (ainsi que Nous ne pouvons passer sous silence le travail
celle du no. 3) se trouvent aussi chez Kirâly P. du roumain St. Moldovan dans: «Foaie p. minte,
Ulpia Traiana Aug. Col. Dac. Sarm. Metrop., inimă şi literatură», 1853, p. 270. Une repro-
pp. 114 —116 (d'après I. Arneth: Arch. Ana- duction en couleurs se trouve chez Szilâgy S.:
lecten. Tafeln zu den Sitzungsberichten d. phil.- A magyar nemzet tort., Budapest, 1895, vol. I,
hist. Classe, vol. VI, f. 1 — 2, 1851, tab. XV, p. CCX. Il est intéressant de noter que E. Ballun
XVI). Cf. aussi Neigebaur, Dacien, p. 38, no. affirme savoir où se trouve la mosaïque détruite
111; Téglâs G.: Hunyadvm. tort., I, p. 61. mais déclare ne pouvoir le divulguer pour des mo-
Téglâs et Kirâly commettent une erreur en sou- tifs politiques (VAnnuaire de la Société d'Hist. et
tenant que la mosaïque «Victoria» (no. 3) a été d'Arch. Deva [hongr.], 1908 [XVIII] p. 32 n. 4).
2
découverte en 1823. ) Voir aussi Arneth, o. c. tab. XVII — X V I I I .
Cette découverte a fait beaucoup de bruit, Goos, Chronik («Archiv des Vereines fur Sieben-
dans tout le pays et nous en retrouvons un écho bùrgische Landeskunde», 1876, [XIII], p. 320).
dans la riche littérature du temps, qui s'occupe
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iù*
C. DAICOV1CI
Ackrier a recouvert les fouilles. Elle se trouvait probablement à proximité «le l'auberge
actuelle, au milieu du village.
4. Mithraeum. Les premières fouilles sistématiques ont été. entreprises, au nom de
la Société d'Histoire et d'Arcbéologie de Deva ' ) , au cours de L'été 188! par G-. Téglâs
et P . Kirâly (Ki'mig).
La découverte de plusieurs sculptures mitbriaques, achetées par la Société et
déposées au musée de Deva, a donné l'impulsion nécessaire pour commencer les Touilles.
Les t r a v a u x ont duré trois étés (1881 — 1883) et le résultat obtenu a été le dégage
ment d'un reste infime du plan d'un temple mitbriaque et environ 250 fragments
(sculptures et inscriptions). V. VAnnuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch. (liongr.), Deva,
1881 — 1883 (II), p . 107; 1883 — 1884 (III), p . 85). Le temple était situé (dans le plan
au no. II) au Sud du coin S. Ouest du camp, à environ 200 — 250 pas, près de la rive
gaucbe de la rivière (Apa mică) '-). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p. 75) suppose l'exis
tence de plusieurs Mitbraea. E n ce qui concerne l'ancienneté du culte mitbriaque. à
Sarmizegetusa, Kirâly P . croit qu'il y a été introduit au moment de la fondation de
la forteresse par la V-e légion (Kirâly P., A Sarmizegetusai Mithraeum, p. 69).
5. Temple syriaque (Malagbcl I). Découvert la même année que le Milbraeum,
par les mêmes explorateurs, situé à l'Ouest du camp, sur le «Dealul Dălineştilor» (dans le
plan au no. 1), il a subi un meilleur sort et a été conservé, comme plan, presque entier
(Annuaire Soc. a"Hist, et a"Arch. [hongr.], Deva, I I I , 1883/84, p . 85 —86). Ici aussi,
le hasard — une inscription (la célèbre D U S P A T R I I S , C. I. L. I I I , 7954) mise à jour
par une cbarrue — a déterminé l'emplacement des recherches. Une vive discussion
suivit, concernant les noms des dieux sémites 3 ). Téglâs G. {Hmegye tort., I, p . 73)
rapporte le temple environ à la fin du I I , commencement du I l l - e siècle.
6. Le temple de Dis Pater et Proserpina a été découvert, par Téglâs G. (Klio, X ,
p . 502) en 1883, en compagnie de Kirâly Pâl, dans le voisinage de l'amphithéâtre (à
l'Est) ; dans le plan au no. X I I . Cependant, ils n'ont pas trouvé le plan du temple,
*) L'aide en argent a été fournie, pour ces du Musée de Timişoara ont été trouvées aussi
fouilles-ci, et pour les suivantes plutôt par l'Etat sur remplacement des fouilles (Annuaire de la
que par la Société. Société d'Hist. et d'Arch. [hongr. JDeva, 1883 —
2
) Pour la bibliographie, je rappelle, parmi 1884, p. 85; Az orsz. rég. es vmh. lârsulat évkonyve,
les ouvrages plus importants: P. Kirâly: A sar Budapest, 1879 — 1885, pp. 152 — 158).
mizegetusai Mithraeum dans «Archacologiai Koz- Une sculpture mithriaque, provenant de Sar
lemények», 1886 (XV) ; Fr. Studniczka, Mi- mizegetusa, se trouve aussi au Musée Brukcnthal
thraeen u. andere Denkmdler aus Dacien, («Arch, à Sibiu (v. Gooss: Chronik, p. 319).
3
-ep. Mitt.», VII, pp. 202 — 225); Tonna K.: ) Voir Téglâs G.: llunyadvm. liirt., I, pp.
Inschr. aus Dacia, Moesia Sup. u. Pannonia inf... 72 — 73, où se trouve aussi la bibliographie de
(«Arch.-ep. Mitt.», VI, pp. 101 sqq. et 144 — 145). cette question. Il faut y ajouter: A vârhelyi
Voir aussi: «Arch. Ért.», V, (1885), pp. 262 sqq.; Syrus Templom, par Téglâs G. («Arch. Ertesitô»,
Cumont F . : Textes et monuments figurés relatifs 1906, [XXVI], pp. 321 — 330, où l'on trouve
aux mystères de Mithra..., Bruxelles, 1896—1899, aussi un plan du temple et où l'on cherche à le
I, pp. 250 — 251 ; II, pp. 135 sqq., 280 sqq. ; idem, reconstituer, pp. 324 — 325). Cf. Roscher, Myth.
Mithrasemlékek Magyarorszăgon, («Arch. Ert.», Lex. I I , 2 s. Malachbelos. En ce qui concerne
1893, pp. 289 — 299); C. I. L., I I I , 7922 - 7950. les noms, voir aussi l'opinion de Th. Noldckc:
En ce qui concerne le culte de Mithra à Sarmize (C. /. L., I I I , au no. 7954). L'inscription C. I. L.,
getusa: C. I. L., I I I , 1436, 1437, 7951, 7953, 12581. I l l , 7955 a été trouvée sur le même emplacement.
Kirâly soutient que les sculptures mithriaques
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
puisqu'ils n'en font aucune mention. Tout ce qu'on a trouvé — et sur cela repose la
supposition de L'existence du temple — est une série de trois bas reliefs représentant
Dis et Proserpina '). (Cf. Ann. de la Soc. tVHist. et a"Arch, [hongr.], Deva, 1883/84
( I I I ) , p . 86 — 87).
7. Le Temple (?) de Malagbel I I ; Téglâs et Kirâly pensent pouvoir le placer dans
le voisinage du temple de Dis Pater (dans le plan au no. XV) en s'appuyant sur le
témoignage d'un autel votif (C. I. L. I I I , 7956) 2 ).
8. Le temple de Bel Hammon (?) se serait trouvé près du côté Ouest du camp (à l'in
térieur de celui-ci; dans le plan au no. IV) d'après la supposition de Téglâs et Kirâly,
fondée sur le témoignage d'une colonne surmontée d'une tête d'Hammon (voir YAn
nuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch., [hongr]. Deva, 1883/84 (III), p . 87 et Téglâs G.,
Hmegye tort., I, p . 62).
9. Le plan d'une grande bâtisse, découverte en 1883 près du mur Nord, à environ
10 pas à l'intérieur dti camp (dans le plan au no. X X ) 3 ).
10. Le plan d'une bâtisse (auberge?) découverte aussi en 1883, à l'extérieur du
camp, d'après ce qui ressort de la relation de Kirâly P., o. c , p . 109 — 110, qui nous
en donne aussi le plan, la situant au Sud de la «route de Trajan». Téglâs G. n'en fait
pas mention et nous n'avons pas pu en déterminer l'emplacement dans l'actuel vil
lage de Grădişte.
11. Le plan d'une maison modeste, comprenant trois chambres a été découvert
en 1883 (?) par les mêmes (v. Kirâly P., o. c, p . 113 où se trouve aussi le plan) près
des thermes (dans le plan au no. X I X ) .
12. Les thermes, ont été découverts en 1883 par Téglâs et Kirâly, à l'intérieur
du camp, près du mur Nord (dans le plan au no. X V I I I ) sur le lieu appelé «Grohotea
Tornieştilor». La date de la construction — ou, peut-être, seulement celle d'une re
construction — nous est fournie par les briques trouvées à l'occasion des fouilles : a.
158 p . Chr. (Téglâs G. : Hmegye tort., I, p . 63 — 64, où se trouve aussi le plan de la bâtisse) 4 ).
') Téglâs G.: Adalékok... («Erdélyi Muzcum S. Reinach: («Rép. de la Statuaire Gr. et Rom.»,
Kiadvânyai», 1889, (VI), pp. 357 — 368). «Arch. II, (1912), p. 137, fig. 1, 2) considère les deux
-ep. Mil t., VIII, (1884), pp. 3 9 — 4 0 (Studniczka). reliefs trouvés d'abord, comme représentant
Dr. kuzsiiiHzky B . : Alvilûgi istenck Magyarorszâgi Juppilvr Succllus.
z
ramai kôemlékeken («Archaeologiai Krtesitô», 1907, ) L'Annuaire de la Société d'IIist. et d? Arch.
(XXVII), pp. 119 — 130, fig. 2 et 3. V. aussi la de Deva, (hongr.), 1883 — 1884 p. 87; Arch.-ep.
bibliographie française de la question: «Bull, de Mitt., VIII, p. 52, no. 3. Téglâs G.: Hunyadvm.
la Soc. nat. des Antiquaires de Fr.», 1891, p. 83 tort., I, p. 62.
et 1892, pp. 140, 142 et Reinach, Antiquités nat. Dans le Corpus, on mentionne à tort qu'on
Description raisonnée du Musée du Saint-Germain- aurait trouvé cette inscription «in templo deorum
en-Laye, pp. 182—-183). Téglâs G. a publié aussi Syriacorum».
3
(Arch. Ért., 1907, (XXVII), pp. 368 —370) la ) VAnnuaire delà Société d'Hist. et d'Arch.,
troisième sculpture, trouvée ultérieurement au (hongr.), Deva, 1883 —1884, (III), p. 87. Téglâs
même endroit. G.: llunyadmegye tort., I, p. 62. Kirâly P . : VI-
Pour une sculpture représentant Dis Pater et pia Tr. Aug, pp.. 111 — 113 (le plan, p. 111).
4
Proserpina, avec l'inscription DITO (sic) PATRI ) L'Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch.,
E T P R O S E R P I N A E etc., trouvée à Sarmizege- (hongr.), Deva, 1883 — 1884, p. 8 8 ; Kirâly P . :
tusa vers 1905, v o i r — outre l'article de Ku- Ulpia Traiana, pp. 104 —108 (où l'on trouve aussi le
zsinszky B., mentionné plus haut (pp. 119 —121)— plan de la bâtisse); Arch.-ep. Mitt. VIII, (1884),
aussi Klio, X, pp. 501 — 502 et la note 2. Cf. C. p. 54, no. 4 — 6; etc.
I. L. I I I , 12583.
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C. DAICOVICI
Il n'est, peut-être, pas inutile de rappeler que la pièce vue p e n d a n t les fouilles
exécutées devant l'empereur François I-er d'Autriche, lors de sa visite à Grădi.şte
en 1817, était, peut-être aussi un «bain». On a trouvé, sous le pavé en briques (mo
saïque?) des t u y a u x de chauffage, praefurnium, de la cendre, etc. (v. Grôf Bethlen
Lajos Onéletleiràsa, publié par le Dr. Szâdeczky Lajos, CIuj, 1908, p . 45). On ne sait
plus où se trouvait ce bain.
13. Le Temple à"Esculape et d'Hygie. L'emplacement a été déterminé par Téglàs
G., en 1884, à l'aide de deux fragments (C. I. L. I I I , 7897, 7898), au Nord du camp et au
Nord-Est de l'Amphithéâtre (plan no. XIV) (v. Téglâs G.: Hmegye tort., I, p . 62 et 68).
Quelques autres autels et plaques votives, dédiés à Esculape et Hygie, provenant de
la même région, ont été publiés par J â n o B. dans Arch. Ert., X X X I I (1912), p .
405 — 407. Ces autels se trouvent aujourd'hui au Musée local de Sarmizegetusa. (Voir,
plus bas, p . 2 5 3 — 2 5 4 , un bas-relief représentant Esculape et Télesphore — que M. J a n ô
B . a bien-voulu nous céder pour être publié — et qui provient aussi de Sarmizegetusa
(du même endroit?). E n ce qui concerne ici le culte d'Esculape voyez: C. I. L. I I I ,
1417, 1417 », (découvert par J . Kemény), 1422 (inscription grecque), 7896, 7899, 12579,
13775, 13776 et *1427.
14. Le temple de Iupiter Dolichenus (Dolichenum). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p . 73)
suppose qu'il se trouvait dans le coin Sud-Ouest du camp, à l'intérieur de celui-ci.
(Dans le plan au no. I I I ) . Cette supposition se base sur un bas-relief, travaillé de manière
rudimentaire et représentant une Victoire, a y a n t u n aigle à son côté (Téglâs, o. c,
p . 73). Il fut trouvé au même endroit, probablement vers 1884 — 1 8 8 5 . L'ancienneté
de ce temple est la même que celle du temple syriaque (idem, ibidem) a ) .
15. Les années suivantes, les mêmes explorateurs poursuivent la route de Trajan,
étudient le mur (voir le plan), commencent à nettoyer l'Amphithéâtre (VAnnuaire
de la Soc. d'Hist. et d'Archéologie [hongr.], Deva, 1883—1884 (III), p . 88 — 89).
16. Le temple (?) de Malagbel I I I , a été mis à jour en 1889 par Téglâs-Kirâly, au
Nord-Ouest du camp (v. Téglâs G., dans Erd. Muz. Egylet Kiadv., 1890, V I I , p . 3 9 2 - 3 ;
Arch.-ep. Mitt., X I I I , p . 192, 1 - C. I. L., I I I , 12580.). Téglâs G., dans Hmegye tort.,
I, p . 62, détermine un endroit inexact 2 ). Nous ne sommes pas parvenu à déterminer
son emplacement sur le plan de Grădişte, faute de données plus précises. A la suite
des mêmes fouilles, on a trouvé les fragments d'inscription C. I. L. I I I , 12578, 12585.
17. L'Amphithéâtre (plan no. X I ) a été mis à jour en 1890 — 1 8 9 3 par Téglâs G.,
Kirâly P . et Szinte Gâbor; la Société d'Hist. et d'Arch. de Deva avait déjà acheté
ce terrain en 1888. La date de la reconstruction de l'amphithéâtre a été fixée, par
Téglâs, en l'an 158 p . Chr. On a trouvé, parmi les ruines, des briques avec l'estam
pille de l a : L E G I I I I F . F . (Téglâs G.: Hmegye tort., I, p . 64. Erdélyi Muz., 1902 ( X I X ) ,
p . 342 et Klio, X , p . 497 no. 26, 2 7 ) 3 ) .
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
Dacia, I I , 122 — 129. Le vicaire gréco-catholique En ce qui concerne les inscriptions C. I. L.,
de Ilaţeg, St. Moldovan, décrit l'amphithéâtre, I I I , 13780, 13778, 13779 et 13777, on fait la
vers 1853: «Foaia p. minte, inimă şi literatură», remarque qu'elles ont été trouvées: «in effossio-
1853, pp. 268 sq. nibus amphitheatri» et que «Téglâs misit»; la
En ce qui concerne les briques avec l'estam dernière (se trouvant sur une statue) a été pu
pille: Tertulflo et Sacerdote consulibusj ( = 158 bliée, sans commentaire, dans l'«Annuaire de la
p. Chr.), I ]ul[ius] AflexanderJ, trouvées dans Société d'Hist. et d'Arch». Deva, I X , p. 183,
l'amphithéâtre aussi plus tard, voir Téglâs G.: et aussi dans: «Antichităţile romane din comi-
(Klio, X, p. 497, no. 22). tatul de Hunyad», p. 15. Voir aussi: Klio, X I ,
1
) J. Jung connaît la découverte de ce temple p. 505.
2
de Némésis et annonce la publication des ré ) Vers la même époque, des fouilles ont été
sultats par Téglâs G., ce qui — à mon su — n'a faites à Micia et en quelques autres localités.
pas été fait. Voir: Arch. -ep. Mitt., X V I I , p. Vers 1900, l'Administration du District prend
10, 8 ; cf. aussi Téglâs G.: Hm. Tort., I, pp. des mesures pour inscrire les monuments an
69 — 70, d'où il ressort qu'il n'avait pas encore tiques qui se trouveraient chez des particuliers.
publié son article en 1902.
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C. DAICOVICI
') Parmi ces objets se trouve un autel élevé présentant Hécate, provenant de Sarmizegetusa
à la divinité lunaire - d'origine phrygienne — et faisant partie de la collection de Mr. le cha
et qui — jusqu'alors — n'était pas connu en noine N. Muntean. Le même publie aussi (ibidem,
Dacie: Men (Meni)jGn. Vastian(ius)/ G. Petr(o- pp. 33—38) deux bas-reliefs votifs (provenant
nius) Iustus j Corn(vlius) Proc(ulus) / ex voto). de Sarmizegetusa et se trouvant aujourd'hui an
(Ibidem, p. 50). I/importancc de l'inscription Musée Transylvain de Cluj) avec les inscriptions
Deo Aeterno et Iunoni et Angelis (publiée dans suivantes: 1. Iunoni lie / gini (sic) Mar / cia
Y Arch. Êrt., X X X I I , (1912), p. 4 0 1 ; Arch. An Cura/ V. S. L. M. et 2. (grecque): /A. TEIM../
zciger, 1913, col. 334 et Année Epigr., 1914, no. eun-Y. . .
106) a été relevée par A. Garroni, Studi di anti- •1) Téglâs G. démontre l'importance de cette
chità, Roma, 1918, pp. 9 sqq. ( = «Kendiconti inscription: Caelestis Virgo jeleniosége Daciâban.
délia R. Accademia dei Lincei, ser. 5, t. XXV, («Archaeologiai Értesito», X X X I V , (1914), pp.
pp. 66 — 80). 350—354; avec photographie). Voir aussi Do-
'-) Mr. Iânô B. publie aussi (Dolgozatok-Tra maszewski: Abhandl. zur rôm. Religion, pp.
vaux, Cluj, 1913, (4), p. 259) une plaque comme 148—150: G. Gatti, Di un antica iscrizione chc
morative mise à jour par le labourage du prin ricorda la dea «Virgo Caelestis», dans «Diss. délia
t e m p s ; on y atteste l'existence de la XV-e dé Pont. Ace. Rom. di Arch. 1896, ser. II, T. VI,
curie du «Collegium Fabrum»; jusqu'à ce moment pp. 329 sqq ; H. Frère, Sur le culte de Caelestis
seules les décuries I, I I I , IV et X I I I nous étaient (dans «Revue Arch.» 1907, 2 pp. 21 sqq. ; Ugo
connues (C. 7. L., I I I , 7960, 1494, 1431, 7905). Antonielli, Tanil—Caelestis nelV arte figurata, dans
Mr. A. Buday a publié (Dolgozatok-Travaux, «Notiziario Archeologico» fasc. I I I , Roma 1922,
1916 (VII), pp. 28 — 33) quatre bas-reliefs re pp. 4 1 — 6 9 .
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
contrôle, des fours à chaux. La Direction du Musée de Deva a eu, à cet égard,
d'indiscutables mérites l).
23. Les traces d'une chambre avec installation d'hypocauste ont été trouvées par
M. I. Mallâsz pendant l'été 1922, au Nord du camp (dans le plan au no. I X et la fig. no. 1).
Outre ce qui vient d'être énuméré plus haut, on cite les vestiges suivants, connus
avec plus ou moins de sûreté ou de probabilité:
24. Un temple de Diane, mentionné par Téglâs G. (Hunyadvm. tort., p . 62), se se
rait trouvé au Sud-Est du camp. L'existence de ce temple lui a, peut-être, été sug
gérée par le fragment d'autel C. I. L., I I I , 7961, car il dit, à cet égard: «provenu de
nos fouilles» (o. c , p . 67). On ne précise pas la date (sûrement avant 1888) à laquelle
on l'a découvert ni
l'emplacement pré
cis. On connaît aus
si une plaque votive
dédié à Diane à Sar-
mizegetusa. C. I. L.,
I I I , 7903. Cf. aussi
Klio, X , p . 496, no.
3 : un autel dédié à
Diane, et publié par
Téglâs G.
25. L'existence
d'un aqueduc à Sar
mizegetusa, qui ali
mentait la ville avec
l'eau des monts Re-
tezat, est attestée
par C. I. L., I I I ,
Fig. 1. Pièce avec hypocauste (dans le plan du village au no. IX).
1446 (v. au même
endroit, la notice d'Ariosti). Ackner (Reise nach Vdrhely, I I , p . 229: au Sud, «vers
Ohaba», et Die Colonien...., p . 1 3 : «des traces indubitables d'un aqueduc») et Zintz
F. (Die rômische Colonie Sarmizegetusa, p . 31 — 32) en ont vu des restes. Malgré tous
mes efforts, je ne suis pas parvenu à retrouver une trace sûre.
26. Cimetières. Il semble qu'il y en ait eu deux à Sarmizegetusa : un à l'Est du camp,
le long de «la route de Trajan», qui conduit vers F«Ostrovul Mare» et un autre à l'Ouest
près du chemin (au Nord de celui-ci) et qui conduit vers les Portes de fer (dans le plan
au no. V et X V I ) . Cf. Gooss, Chronïk, p . 319; Neigebaur: Dacien, p . 1 8 ; Ackner: Reise
nach Vdrhely in antiqu. Hinsicht, I I , p . 231 ; Téglâs : Hunyadmegye tort., p . 85 ; St. Muntean,
«Foaia p . minte, inimă şi lit.», 1853, p . 270 (bien que ce dernier soutienne qu'à l'Est
du camp, à environ 600 pas, il se trouve le cimetière des héros morts pendant les
luttes contre les Turcs, au temps du voévode Achate Bârcsay). Le mode de sépulture
était l'inhumation. (Kirâly P . : Ulpia Tr. Aug..., p . 151).
l
) Le Musée de Deva a acheté, cette année, musée local —- déjà commencé — et qui servira
une maison à Grădiste, destinée à abriter un aussi d'habitation aux explorateurs.
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C. DAICOVICI
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
de femme, sans tête l). Cependant les résultats n'ont pas répondu à notre attente et
notre explication en est dans l'état général des ruines d'ici: le terrain arable restreint
et pauvre de Grădişte oblige les paysans à débarrasser de pierres et restes de murs
même le plus petit lam
beau de terre, à la fin de
le rendre plus produc
tif. Ici aussi, le terrain
avait été très fouillé.
Les t r a v a u x ont com
mencé le 15 août 1924,
par un sondage profond
d'un mètre et large de
8 0 - 1 0 0 cm. Dès le pre
mier jour, je trouvais
les traces d'un mur, qui
paraissait assez bien bâ
ti et conservé : c'est le
:
£3-3-~ Ttrtn nesSpaf.
mur qui limite au Nord
la pièce F . Poursuivant
le travail les jours sui
vants avec deux équi
Fig. 2. Plan de la «villa suburbana»
pes, j ' a i réussi, en l'es
pace de 10 jours, à découvrir les restes d'une bâtisse (le plan se trouve sur la fig. no. 2).
Il ne reste plus, des murailles, que les fondations, qui étaient enfouies dans la terre.
J e n'ai retrouvé nul
le part les murs, qui
étaient peut-être en
briques, au moins en
ce qui concerne les
murs intérieurs. J'ai
même retrouvé quel
ques briques placées
sur le mur qui sépare
CdeD(v.fig.no.3).
Cependant, les fon
dations même sont
très mal conservées
par endroits. Le ma
tériel employé con
siste en gros cailloux,
placés en «opus in-
Fig. 3. La «villa suburbana» certum»avec un mor
tier mêlé à beaucoup
de sable. La profondeur du socle ne pouvait dépasser 1 —1,20 m, dont nous avons mis
*) Détruite par les paysans et employée pour fabriquer de la chaux.
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C. DAICOVICI
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FOUILLES ET RECHERCHES^ SARMIZEGETUSA
•
30 cm de largeur et 6 cm d'épaisseur. Elle sont posées horizontalement. La paroi
Nord est détruite. Le fond est pareillement pavé de briques, de largeur moindre, et
qui forment un léger angle produit probablement par des pressions ultérieures (v.
fig. no. 2, section II). Ici non plus, nous n'avons trouvé quoi que ce soit, qui aurait
pu nous donner un éclaircissement — pas même des traces de feu.
Le mur qui sépare D de E est le plus mal conservé. Du côté Est de cette pièce
on a trouvé un tas de pierre calcaire, plus ou moins calcinée et même de la chaux vive,
de la cendre, des charbons, d'indiscutables traces, donc, d'un grand feu. Il n'est pas
exclu qu'il ait existé ici un four à chaux moderne, pareil à t a n t d'autres du village.
E . Espace, en forme de trapèze; les parois Nord (1,40 m de longeur) et Sud
(2,35 m de longueur) moins épaisses que les murs qu'elles prolongent et alignées avec
ceux-ci sur la ligne intérieure. Sûrement, c'est une construction ultérieure et secondaire
à mon avis — de même que F , dont E rappelé, du reste, aussi la forme.
F . La prolongation de la paroi commune, avec A et C, renferme un espace
dont les côtés sont: à l'Ouest 1,70 m, au Nord 9,80 m, à l'Est 2,40 m et au Sud 9,55 m.
A cette dernière paroi, le bout de mur commun avec E, rentré sensiblement vers l'in
térieur, (orme de cette manière, une espèce de niche.
Avant de s'efforcer d'établir le caractère de ce reste de bâtisse, il est bon de
préciser le fait suivant: la bâtisse n'est pas complète mais s'étendait, assurément,
vers le Sud, comme il résulte des traces indubitables des deux murs perpendicu
laires sur le mur Sud. Nous n'avons pas pu les poursuivre, faute d'une entente avec
le propriétaire voisin (car la pièce E se trouvait sur son terrain) et aussi parce que
les dépenses pour les fouilles pouvaient être employées, de manière plus productive,
dans des recherches à l'intérieur du camp.
Les objets découverts à l'occasion des fouilles sont extrêmement peu nombreux
et, ceux-là même, n'ont pas été trouvés à l'intérieur des pièces mais à l'extérieur des
murs. Ce sont: a) une pincette de bronze longue de 11 cm trouvée près du mur
Nord de la pièce F , à l'extérieur, b) u n fragment de fibule en arbalète, en bronze,
d'une longueur de 6,50 cm, trouvée au Sud du mur Sud de la bâtisse, à une profon
deur de 70 cm et, en fin, c) une clé en fer de 10,50 cm mise à jour près de la fi
bule. On a encore trouvé, répandus partout, des débris — surtout de couvercles —
et quelques briques avec les empreintes habituelles de griffes d'animaux.
Tout ce qui pourrait nous éclairer par conséquent, sur la signification de la bâtisse
est réduit à la partie architectonique.
Il n ' y a pas de doute — à mon avis — que nous nous trouvons devant une maison
particulière ou, plutôt, devant une partie de cette maison orientée vers l'Ouest. C'est,
probablement, une villa suburbana *) dont nous n'avons mis à jour, peut-être, qu'un
seul côté, un logement des domestiques, etc. 2 ), étant donné l'irrégularité et le manque
de soin du travail, et l'absence de la moindre trace d'ornementation de l'intérieur 3 ).
') Une semblable villa suburbana pourrait bien dans différentes publications archéologiques dont
être celle mentionnée p. 229, no. 10, mise à jour on dispose ici à Cluj, mais je n'ai rien trouvé.
3
par Kirâly P. (qui suppose avoir trouvé une auber ) [L'auteur se trompe: il s'agit tout simplement
ge). J e ne trouve, pourtant, aucune ressemblance des substructions des décorations architectoniques
entre celle-ci et la bâtisse mise au jour par moi. de la villa. V. P.]
z
) Je me suis efforcé de trouver une analogie
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C. DAICOVICI
E et F , seraient, en tout cas, des couloirs (ouverts?) qui l'entouraient des côtés Nord
et Est.
E n ce qui concerne la premiere vasque, plaqué de marbre, je songe à un bassin (lacus)
comme il y en a, par exemple, à la villa de Val Catena (Isola Brioni Grande, Istria)
découverte par A. Gnirs (v. Jahrbuchfiir Altertumskunde, Vienne, I l (1908), p . 136 — 9,
plancbe I I I ) . E n ce qui concerne la seconde vasque, l'explication en est encore plus dif
ficile et je me demande si nous nous ne trouvons pas devant une tombe ultérieure, u n
«Ziegelgrab» comme on en a t a n t découvert à Porolissum par A. Buday (Dolgozatok-
Travaux, Cluj 6 (1915), p . 51 sqq. fig. 5, 9, 10, 11, 12) et qui offrent une ressemblance
étonnante avec ce que nous avons trouvé ici.
Il est curieux que tous ceux qui se sont occupés de l'étude du camp romain
de Sarmizegetusa ] ) lui donnent cbacun une forme et des dimensions différentes. Tous
sont d'accord qu'il était de la forme d'un quadrilatère, mais ses dimensions varient
selon chaque auteur. Hormis Téglâs Gabor et Kirâly P . qui ont fait des recherches
plus détaillées concernant les murs, vers l'année 1886, les autres auteurs n'indiquent
qu'approximativement l'étendue du camp. J e ne répéterai pas ce que disent ces deux
archéologues du district de Hunedoara, relativement aux dimensions du camp et de la
forme des murs, vu que les conclusions qu'ils en tirent se basent beaucoup plus sur des
analogies et (en dehors de la longueur et de la direction pas toujours certaines des côtés
latéraux) sur de simples hypothèses 2 ). Il est inutile de mentionner que la forme — avec
tours, etc. — qu'imagine Antonescu, ne repose sur aucun fondement réel (o. c , p . 45).
J e me bornerai à signaler ici ce que j ' a i pu constater sur place à la suite d'un
examen très attentif des ruines. Ainsi: on peut suivre facilement et avec précision les
côtés Sud et E s t dans leur totalité. On peut poursuivre le mur Nord jusqu'à la rive
droite du ruisseau (Apa mica) qui traverse le village du S au N, coupant le mur en
deux endroits et où ce dernier prend une autre direction sans pouvoir déterminer
d'une façon précise s'il c o n t i n u e ; nous pouvons, t o u t au plus, supposer qu'il se pro
longe dans le sens même, suivi jusqu'à ce p o i n t 3 ) . Un seul côté — celui de l'Ouest —
est le plus ruiné et à tel point, qu'on peut à peine en découvrir les traces. Toutefois
il est certain que ce côté se dirigeait, au moins jusqu'à un certain point, parallèlement
au chemin communal conduisant vers l'église gréco-catholique. Des restes incontestables
du mur en sont la preuve. Ainsi, vis-à-vis de l'Église, sur un point un peu plus élevé,
l
) J e c i t e , p a r m i c e u x - c i : A. F . Marsigli ( = M a r - Dacica..., Budapest 1 8 9 1 , p . 39 s q q . ; T é g l â s
sili): Danubius Pan.-Mysicus, Hagae Comi- G . : Hvmegye Tort., I , p . 6 1 ; A n t o n e s c u T . : Ce-
t u m et A m s t e l o d a m i , 1726, t o r n . I I , t a b . 2 4 ; I I o - tatea Sarmizegetusa, I a ş i 1906, p p . 6 et 4 5 .
2
h e n h a u s e n , S. I . : Die Alterthiimer Daciens..., Wien ) A i n s i , p a r e x e m p l e , les s u p p o s i t i o n s con
1775, p p . 22 — 2 3 ; (les d e u x r e p r o d u i s e n t le p l a n c e r n a n t les p o r t e s ; t o u t e o p i n i o n est d i s c u t a b l e
d u c a m p ) ; N e i g e b a u r , I . F . , d r . : Dacien, p . 1 7 ; t a n t q u ' o n n ' a u r a p a s fait des fouilles.
3
A c k n e r , M. I . : Die rôm. Alterthiimer u. deutschen ) Ce q u e T é g l â s G. c r o y a i t d i s t i n g u e r d a n s le
Burgen in Siebenb., W i e n 1857, p . 4 sq. ; S t . j a r d i n de l ' a u b e r g e est p l u t ô t u n «vallum» (voir
M o l d o v a n : Foaia p. minte, inimă şi literatură, plus bas).
1853, p . 2 6 3 ; K i r â l y P . : Ulpia Tr. Aug. Col.
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FOUILLES KT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
qu'on remarque à première vue, j ' a i pu mettre à jour, sur une distance de quelques
mètres, la partie extérieure du côté Ouest (v. fig. no. 5 et plan du village d) puis,
u n peu plus vers le Nord, entre les deux débouchés des ruelles conduisant vers le
centre du village, apparaissent encore des restes de fondation du mur tels que cail
loux, fortement cimentés entre eux par un mortier solide et durable. Dans un sens
général donc, la direction de ce côté serait également établie. On est dans l'impos
sibilité de se prononcer avec certitude sur l'angle Nord-Ouest du camp, de même
qu'on ne peut pas se prononcer sur la forme exacte qu'avaient ces angles, ce qui
est — du reste — bien difficile d'établir sans se livrer à des fouilles.
Nous arrivons ainsi, à constater que le camp affectait, selon toute probabilité,
la forme d'un quadrilatère. T a n t que tous les angles ne seront pas connus, il est im
possible d'en indiquer des dimensions exactes; surtout on ne peut considérer comme
véridiques les chiffres donnés par Téglâs G. et Kirâly P., concernant la longueur des
côtés Nord et Ouest, en partie incertains 1 ).
Si, toutefois, j'insiste pour indiquer les dimensions des côtés Sud et Est, visibles
dans leur entier, c'est pour en déduire approximativement quelle pouvait être l'éten
due du camp ; les deux autres côtés ne pouvant guère changer de façon essentielle
le résultat ainsi obtenu. Ayant mesuré à deux reprises leur longueur, j ' a i constaté
que le côté Sud avait 600 m de long et le côté Est 540 m. Considérant donc les
deux autres côtés plus ou moins égaux à leurs parallèles, nous arrivons à une sur
face de 324.000 m carrés ce qui classe ce camp parmi les plus grands de la Dacie.
Si, en ce qui concerne la forme et les dimensions du camp on a émis des opinions va-
x
) Ils indiquent: pour le côté Nord: 668 m ; G.: o. c , p. 6 1 ; Kirâly P . : o. c , p. 40).
Ouest 621 m ; Sud 605 m ; Est 530 m (Téglâs
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C. DAICOVICI
') Le savant chanoine de Lugoş, St. Moldovan, que les blocs de pierre, répandus ci et là, for
affirme, lui aussi (je ne sais s'il se base sur des maient la base (la fondation) du mur.
2
choses vues ou sur des on-dit) que: «la ligne droite ) On peut encore distinguer, sur le côté Ouest
du mur était bâtie — sur une certaine distance — du camp, vis-à-vis de l'église gréco-catholique
du côté extérieur, à l'aide de grandes pierres (Plan d), sur une distance de quelques mètres,
taillées» (Foaia p. minte, inimă şi litcratură, quelques blocs qui formaient le revêtement ex
1853, p. 263). Kirâly P . : Ulpia Tr., p. 40 pense térieur et qui sont restés en place.
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F O U I L L E S E T R E C H E R C H E S A SARMIZEGETUSA
ne peut affirmer ni jusqu'où allait ce revêtement du mur, ni quelle avait été la forme
qu'il prenait dans la partie du h a u t ; de même, on ne peut savoir quelle était la nature
du mur du côté intérieur: la section faite au mur Est (plan a) n'a pu nous donner aucun
éclaircissement à ce sujet, tout était détruit. Le noyau de la maçonnerie, dont j ' a i
trouvé les traces dans la coupe b, était en cailloux de rivière au bain de mortier (emplecton).
Le côté interne étant inconnu, la question de l'épaisseur de mur reste imprécise;
seul l'examen de la fon
dation peut nous permet
tre certaines approxima
tions relativement à l'é
paisseur. Dans la coupe b
l'épaisseur de la fondation
est de 4 m. On pourrait
donc supposer pour le mur
une épaisseur minimum de
3 mJ).
Ainsi pour le moment,
il ne peut être question
de fixer l'endroit des por
tes, de courtines, etc.
J e veux toutefois men
tionner un autre fait resté
inobservé jusqu'à présent ; Fig. 7 - Le mur du camp visible dans la cave de la.maison no. 224.
plusieurs auteurs ont affirmé que le camp était entouré de fossés; Kirâly P . (o. c ,
p. 40) parle de même de «tranchées
■ t f H ^ I doubles». J e n'ai pas pu vérifier l'e-
r
r V ^ , ! '■■&&$ xistenec des deux fossés mais il y en
avait selon tout probabilité un seul,
entourant le camp de tous les côtés
(mais certainement des côtés Nord,
Est et Sud). Cependant, ce qui a passé
inaperçu, c'est le «vallum» qui s'étend
parallèlement aux murs Nord, Est et
Sud, à distance de 18 à 20 mètres
du mur, facilement reconnaissable
sur une étendue assez longue, Limi
loo w un M » u sa 20 io ocm. t a n t le fossé découvert aussi par d'au
Fig. 7 a.
tres 2 ). Ce qui a induit en erreur ceux
qui ont fait des recherches jusqu'ici et les a poussés à ne prêter aucune attention
au «vallum» du côté Nord (où il est impossible de ne pas le voir et d'être ainsi amené
à rechercher ses traces aussi sur les autres côtés où, quoiqu'existant, il est moins
l 2
) T. Antoncscii: o. c. indique l'épaisseur du ) St. Moldovan : l.c. soutient à juste titre [? V.
mur égale à 2—2,50 m (p. 6) et à la p. 47, 2,50 — 3 P.] que «le mur du côté Nord était doublé», l'in-
mètres. tervalle étant environ de 24 pas.
241
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10 Dacia I 1924.
C. DAICOVICI
') La hauteur de «vallum», composé de terre cet été et peut-être aussi pendant l'été prochain,
et de cailloutis, sur le côté Nord, est à peine C'est pourquoi je ne note ici que le strict néces-
40 — 50 m au dessus de la surface de la terre. saire pour donner quelques éclaircissements su r
2
) Nous espérons poursuivre les fouilles pendant le caractère de la bâtisse découverte.
24.2
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
parce qu'il est situé presque au centre du camp et aussi, parce qu'il se trouvait non
cultivé et dénué de plantation (dans le plan du village au no. X X I I ) . On savait — a u
sujet de ce terrain — qu'il avait appartenu dans le temps au comte Lônyai, qui en avait
retiré un grand nombre de monuments, répandus, ensuite, de tous les côtés; quel
ques-uns se trouveraient au Musée de Deva, mais on ne peut plus vérifier quels objets
proviennent, sûrement, de ce terrain.
Dès les premières heures de travail, nous nous sommes rendu compte que nous
avions à faire à un terrain déjà très fouillé ; quelques jours plus tard, seulement,
nous avons trouvé les traces indiscutables d'une bâtisse, qui paraissait, dès le premier
abord, par l'épaisseur et la profondeur de ses murailles ! ) , un édifice important. Pour
suivant les fouilles — à l'aide de plusieurs équipes — le long des murs découverts,
nous avons mis à jour, après plus d'un mois de recherches, les restes d'une grande
construction 2 ), qui dépassait de beaucoup notre attente et qui — sûrement — nous
réserve encore bien des surprises. (Voir fig. 8).
Pour le moment, nous avons dégagé les murs trouvés, sans nettoyer l'intérieur des
pièces. Les parois sont de pierre calcaire, posée en opus incertum, excepté trois côtés
ajoutés plus tard, de la pièce I I I , d'une technique inférieure: cailloux posés toujours
en opus incertum. Des traces d'enduit sont visibles par endroit.
Ici aussi, le problème le plus a t t r a y a n t était d'établir — au moins en géné
ral — le caractère et la signification de la bâtisse mise à jour. Nous ne doutons
pas un instant qu'elle fût un édifice public. Nous ne pouvons cependant fournir d'au
tres éclaircissements, malgré tous nos efforts, car ni la construction en elle-même
( d ' a u t a n t plus que nous avons mis au jour seulement une partie du plan, sans déblayer
l'intérieur de la bâtisse, ni les objets et les inscriptions trouvés ne nous ont donné des
indications certaines.
Le hasard nous a favorisé en un certain sens, car nous avons découvert des in
scriptions (presque toutes fragmentées) qui nous ont fourni de précieuses indications.
Voici les inscriptions découvertes:
1. Plaque de m a r b r e 3 ) (dont la partie inférieure manque), brisée en plusieurs
morceaux qui se raccordent parfaitement. Longueur: 60 c m ; h a u t e u r : 27 cm et 25,50
c m ; épaisseur: 9 cm. Le champ de l'inscription, encadré d'un triple profil, est bien
lisse. La hauteur des lettres est de 4 cm. Ecriture monumentale. A été trouvée à a,
à la surface de la terre (fig. no. 9).
') L'épaisseur varie entre 0.80 et 1,40 m. La Al. Ferenczi, préparateur à l'Institut d'Archéologie
profondeur dépasse 2,50 m. de Cluj, j ' a i relevé le plan de la bâtisse à l'aide des
2
) Le mur, long, dirigé aproximativement moyens rudimentaires — qui se trouvaient à notre
Nord-Sud, a une longueur de 81 m ; il est sou disposition. Dès que toute la bâtisse aura été mise
tenu, sur le côté extrême, vers l'Ouest, par 15 au jour, Mr. R. Wagner, l'architecte de la Com
contreforts de différentes épaisseurs. Perpendi mission des monuments historiques, de Cluj, relè
culairement sur celui-ci, se trouve un autre mur vera le plan exact; on donnera aussi, à cette
plus épais, de 65 m de long, ayant du côté N. occasion une description détaillée de la bâtisse.
8
9 socles à apparence de contreforts, placés deux par ) Sauf mention spéciale, par marbre nous
deux, & l'exception d'un, solitaire; à côté se entendrons marbre de Bucova, carrière exploitée
trouvent deux hases de colonne. Il est à supposer par les Romains, à 16 km vers l'Ouest de Sarmi-
que tous les 9 socles portaient des colonnes. zegetusa.
On doit noter qu'aidé par Mr. V. Winkler et Mr.
243
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10*
C. DAICOVICI
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) C ! LI 0 _
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y .V ,. j,
X/Rll^
Fig. 9.
244
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
Cette inscription me semble avoir été posée en même temps que la première
— peut-être vers la seconde moitié du Il-e siècle — à en juger d'après le caractère et la
forme des lettres. Les
deux o n t été enca
strées dans le mur. PpN ^
^^^r _ ^^L
3. Fragment d'une
plaque de marbre avec
(SE , ţ^H ^d^aa^zM
m
une inscription entou
rée d'un cadre simple.
Seule, la partie droite **1 '-.-r »
T?
EV[TYCHES]
[C]SPED(ius) VIC[torinus]
[C]SPED(ius) VA[lerianus]
VLP(ius) A
A]VRE[l](ius)
5. Fragment d'une inscription sur marbre, trouvé à côté des deux fragments pre
cedents. Largeur (dans le h a u t ) : 10 c m ; hauteur: 16 c m ; épaisseur: 3,50 c m ; hauteur
des lettres: 1,3 cm.
VS
INVS
NUS
245
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C. DAICOVICI
6. Fragment d'une plaque en marbre avec inscription; seul, le côté droit nous a
été conservé, et on y distingue un double cadre. Longueur: 29 c m ; h a u t e u r 18 c m ;
épaisseur: 4 c m ; hauteur des lettres: 3,50 cm. Trouvé à d, sous une m o t t e de terre,
(fig. no. 12).
RIV
[TECT]ORIO > E T > PIC[TVRA]
[SIG1JLLIS > E T > L I N T E I S
. . . E>LABRA>AE[NEA]
L'examen de ce matériel épigraphique nous montre plusieurs personnages connus,
de Sarmizegetusa (dans les deux premières inscriptions mais surtout dans la seconde).
Voici, en effet,
l'inscription C. I. L.,
I I I , 6270 (v. aussi no.
1509) qui se trouve
aujourd'hui à Schwe-
chat (près de Vienne) :
M. Proc(ilius)
M(arci) Fil(ius) Pa-
pfiria tribu) Niceta /
Ilvir et fia [m Jen Co
ifoniae) Sarmiz (ege-
tusae) I item sac(erdos)
Laurentium / Lavina-
t(iuin) uedem Augu-
staîibus j pecunia sua
facicnd(arn) instituit /
eandern M. Proci(îius)
Fig. 12. Fragments d'inscriptions et de reliefs de Sarmizegetusa.
Reguîus j dec(urio)
Col(oniae) eq(uo) publ(ico) filius et hcre(s) / eius per [fee] it dedicav(itque).
Il était naturel — vu l'identité du nom mentionné dans cette inscription et de
celui cité dans l'inscription que j ' a i découverte — d'admettre un rapprochement entre
la bâtisse mise à jour et l'«aedes Augustalium» mentionnée dans C. I. L., 111,6270').
Quoique bien a t t r a y a n t , ce rapprochement ne serait t o u t de même resté qu'une
simple supposition, sans une précieuse notice du vicaire St. Moldovan-). Dans u n
compte-rendu sur ses recherches dans la valée du Haţeg («Foaia p . minte, inimă si lite-
ratură», 1853, p . 263 — 264), il mentionne «les caves» de l'intérieur du camp et, en
suite, d i t : «Ici, à une distance de 30 pas du centre (du camp) vers le Nord, se trou
vait un angle d'une grande bâtisse, élevé d'environ une «orgia» au-dessus des ruines
') En ce qui concerne une bâtisse semblable, (1912), p. 401): M. Procilius Aphrodisius Aug-
voir C. I. L., X I , 3161, de Caere, où on lit: Ver- (ustalis) Col(oniac) Mvtropol(is) et Procilia filio.
2
binus Aug. L. Phctrium Augustalibus... donum ) Cet investigateur — plein de mérites des
ilnlii. — Les «Procili» apparaissent encore dans un antiquités romaines était un des intellectuels les
certain nombre d'inscriptions de Sarmizegetusa: plus remarquables parmi les Roumains de Trans-
C. I. L., I I I , 7963, 13783; on doit y ajouter celle sylvanie. Pour sa biographie et ses ouvrages,
publié par J â n ô B. (Arch. Êrtesitô, X X X I I , voir: Enciclopedia liomână, I I I , p. 314.
246
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
et qui était considéré comme une ancienne église; plus bas, à une distance égale
( = 30 pas) vers le Nord, on trouva, le 11 avril 1851, près de la surface du sol, u n
bloc en marbre, joliment encadré et qui a été transporté à Vienne, les divers frag
ments a y a n t été reliés par des cercles en fer et le piocheur ayant reçu 30 florins
autrichiens, et [le bloc] p o r t a i t cette inscription . . . ».
Suit, ensuite, exactement la même inscription que celle publiée dans le Corpus.
Il ne peut être question d'un autre endroit que celui où se poursuivent nos
fouilles: la définition «centre» du camp (voir plan no. X X I I ) et, surtout, la mention
des «caves» — dénomination donnée, on le sait, seulement aux voûtes de cet endroit —
en sont une preuve.
J e n'ai pu voir l'inscription même, qui se trouve dans les environs de Vienne
mais l'observation qu'elle était «joliment encadrée» me fait supposer qu'elle possède
le même cadre triple que les fragments no. 1 et 2. Il est probable qu'une compa
raison des lettres nous indiquerait un même type et une même époque.
Nous ne pouvons pas nous prononcer encore sur l'époque à laquelle cette «aedes»
a été bâtie, a v a n t d'étudier l'édifice dans sa totalité. J e rappelé seulement qu'on a
trouvé de nombreuses tuiles et briques avec l'estampille de la L E G I I I I F F telles
qu'on en a aussi trouvé dans l'amphithéâtre, dont la date de reconstruction (?)
a déjà été fixée: 158 p . Chr. Nous verrons plus tard s'il est possible d'établir une cor
rélation entre ces deux faits et si on peut même fixer la date de l'arrivée (ou, du moins
du séjour) de la légion I I I I F F à Sarmizegetusa ; nous pouvons affirmer cependant,
dès maintenant, que cette légion a eu ici une vexillatio pendant un espace de temps
assez long. C'est pourquoi, l'opinion exprimée dans Pauly-Wissowa (RE. X X I V , Halb-
band [1925], col. 1544 »Legio»), que cette légion s'est trouvée en Dacie (c'est-à-dire
Sarmizegetusa) seulement pendant les années 102 — 1 0 7 , quand elle aurait été défini
tivement retirée en Mésie, ne me paraît pas vraisemblable.
Ainsi dirigé vers une voie sûre — me semble-t-il — j ' a i cherché à identifier dans
le même sens les personnes mentionnées dans les fragments no. 3 et 4. L'état fragmen
taire dans lequel ces inscriptions nous sont parvenues, rend le travail difficile. Seuls
les cognomina — et même ceux-ci incomplets — ont été conservés dans le frag
ment no. 3 : toute identification serait donc, risquée. Nous avons eu plus de chance
avec le fragment no. 4, qui nous a fourni un éclaircissement. Nous avons facilement
identifié SPED.VA (de la 4-e ligne) avec C. Sped(ius) Valerianus, déjà connu à Sar
mizegetusa ] ) , en qualité de Aug(ustalis) Col(oniae), d'une dédicace se trouvant
sur une sculpture mithriaque, mise à jour pendant les fouilles, au Mithraeum, par
Kirâly-Téglâs 2 ). Sped(ius) Vic(torinus), ne se retrouve en Dacie dans aucune autre
inscription connue.
V R E , de la dernière ligne, pourrait être complété avec [Q. AJureflius Saturninus
Aug(ustalis) Col(oniae)] C. I. L., I I I , 7981; ou bien: [AJureflius Vitalis, Aug(ustalis)
Col(oniae)] C. I. L., I I I , 1982.
') C. I. L., I I I , 7933. Nous trouvons, à Apulum, I I I , 14466 de Napoca (cf. aussi: C. L L., I I I ,
un C. Sped. Valerianus, decurio collegi fabrum no. 862, 912): Soli Invicto Mithr(ae) (p)ro
(C. I. L., I I I , 7767). Est-ce le même? salut(e) (or)dinis Aug(ustalium) et R. Forrer:
2
) En ce qui concerne la relation entre les «Au- Das Mithra-Hciligtum von Kônigshofen bei Stras-
gustales» et le culte de Mithra, voir: C. I. L., sburg, Stuttg. 1915, p. 50.
247
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C. DAICOVICI
E n ce qui concerne les autres noms, je ne puis les reconstituer — pour le moment —
de façon certaine.
Ayant donc établi plus haut q u e : SPED(ius) VA(lerianus) est sûrement identique
à l'«Augustalis Coloniae» du même nom (C. 1. L., I I I , 7933) et que [A Jurc(lius) peut
être identifié — très probablement — à l'un des «augustales» du C. I. L., I I I , 7981 et
7982, je crois pouvoir conclure — sans me tromper — que les fragments 3, 4 et 5 con
stituent un «Album» des «augustales» de la colonie de Sarmizegetusa ; ceux-ci étaient
assez nombreux à Sarmizegetusa l ) et dans le reste du pays (Apulum, Napoca, Po-
talssa, voir C. I. L., I I I , Indices, p . 2543 et 2552) et l'existence d'une semblable liste
est bien explicable.
L'inscription No. 6, indépendamment du fait que nous ayons ou non exactement 2)
complété les mots nous prouve largement que la beauté de l'ornementation égalait les
dimensions de la bâtisse. Les r e s t e s — assez rares, il est vrai — d'enduit coloré, trouvés
dans les décombres, ainsi que le très grand nombre de sculptures — malheureusement
toutes brisées — découvertes pendant le déblayement dos murs, confirment cette assertion.
L'inscription du C. I. L., I I I , 7960 — que je rapporte, ainsi que l'a déjà fait
0 . Hirschfcld (Arch. Ep. M lit. I (1877), p . 122, note), à notre bâtisse — ne manque
pas d'intérêt; il y est question d'un Tib. Cl. lanuarius Aug. Col. Pair. Dec. I, et de
son fils Cl. Verus, qui dotent une certaine bâtisse de la peinture du portique, accubltus,
proportlcus, cullna et frontalls («ob honorem dupli». . . est-il dit du fils). On ne con
naît plus l'endroit où cette inscription a été trouvée (aujourd'hui elle se trouve à l'É-
vêché greco-catholique de Lugoj). J e ne vois p o u r t a n t pas la nécessité de supposer
qu'il est question d'un édifice public du «collegium fabrum» (qui, dans ce cas, aurait
été mentionné) mais je crois, plutôt, qu'il y est question de la «decuria» d'un
«collegium)) ou «ordo» des «augustales»; bien que ce «collegium» ne soit pas encore
connu à Sarmizegetusa, il a p o u r t a n t pu exister ici, comme à Napoca (voir n. 47).
E n ce qui concerne «honor dupli», «extra rem militarem rarissime inventus» (v.
l'observation de Mommsen, Corpus /. c ) , il existe d'autres cas analogues: C. I. L.,
X , 1790: ...et Dendroforo et Au(gustaîl) dupllc(larlo) . . . ; ensuite, l'inscription de
Baiae (Notizie degll Scavi, 1897, p . 12): . . . Itemque Augustall dupl(iclario) . . . — Voir
aussi C. I .L., X , 1871, 1873, 1875, 1882, 1886. — Nous trouvons plus difficilement
des analogies en ce qui concerne le «Collegium Fabrum» (cf. C. I. L., I I I , 1494). L'in
scription C. I. L., I I I , 1516 se rapporte peut-être au même sujet.
Nous nous arrêtons — pour le moment — aux constatations faites à propos des
fouilles et nous attendrons que le résultat des prochaines fouilles confirme nos antici
pations. Dans tous les cas, la découverte (unique, à ma connaissance) du plan de
l'édifice d'une des plus importantes corporations sociales de l'empire romain, nous en
courage à continuer l'oeuvre commencée. Nous espérons que ce travail, une fois fini,
augmentera un matériel archéologique (qui sera publié en un tout) et jettera une
1
) On doit ajouter, aux inscriptions du Corpus, publiées dans: Dolgozatok-Travaux, 1913 (IV),
les inscriptions (comprenant des «augustales») p. 260.
publiées dans: Arch. Êrtesitô, (1912), X X X I I , *) [Il faut lire à la 4-c 1. [canjdelabra, le D é-
pp. 401, 405 et 408 ( = Arch. Anzeiger, 1913, tant parfaitement visible dans la photographie.
col. 334 — 335, no. 6, 10 et 18) provenant de V. P.]
Sarmizegetusa, et celles provenant de Micia,
248
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
III
M A T É R I E L I N É D I T OU R E V I S É
1. Autel, en marbre, se trouvant au musée
local de Sarmizcgetusa ; hauteur 79 cm ; largeur
38 cm ; brisé en bas, au côté gauche. La partie
d'en h a u t du champ de l'inscription est dé
t r u i t e ; hauteur des lettres 3 cm. Iânô B. a pu
blié l'inscription, mais en commettant des fau
tes (Arch. Értesito, X X X I I , p . 350) et Finâly G.
(Arch. Anzeiger, 1913, col. 335) les a reproduites.
Voir aussi Revue Arch. 1914, p . 477, no. 114.
Voici la lecture de lâno et Finâly (1) et la
mienne (2) (v. fig. no. 13):
1. 2.
G
T: > F E L AE > F E L I
G E N I O > DOM G E N I O > DOM
DIVINAE DIVINAE
DIOGENES>EVTY DIOGENES > EVTY
C H E I I S > AVGG > CHETIS>AVGG[G]>f s W
NN > D I S P > VII > NN[N]>DISP>VIK> Fig. 13.
V >S >L > M [V > ] S > L > M.
Le G de la première ligne est bien visible ; l'A et l'I de la seconde ligne ne font
pas de doute. Aux lignes 6 et 7 on voit distinctement la place qu'occupaient le troi
sième G et le troisième N, effacés plus tard par une «damnatio memoriae», mais qui
sont cependant reconnaissables à un examen plus attentif. Il n'est donc pas question
de deux empereurs (comme le suppose lâno, /. c.) mais de trois, dont l'un a dû souffrir
la «damnatio memoriae». Ceux-ci sont — sans aucun doute — Sévère, Caracalla et
Geta (le nom de ce dernier étant effacé après sa mort, par ordre de Caracalla). La date
de l'inscription est ainsi établie: 209 — 211 p . Chr.
Dans l'avant-dernière ligne, la lecture de Iânô B., admise aussi par Finâly G.:
D I S P V I I (septimus) est certainement des plus fausses et m a n q u a n t de sens. Un
') L'importance de l'inscription des «augustales» Ici aussi, ils eurent une place spéciale dans
à Sarmizegetusa ressort aussi du fait que celui l'amphithéâtre (C. I. L. I I I , 12586).
qui institue l'«aedes» est «duumvir et flamen Co- En ce qui concerne le titre de augustalis Colo-
loniae item sacerdos Laurentium Lavinatium». niarum d'Apulum (C. I. L., I I I , 1069) [peut-
(Le culte de ces derniers avait un caractère ita être faut-il lire: Aug. Colon. Ap(ulensis)], Gooss
lique par excellence: V. Pârvan: Contrib. epigr. C. pense que la signification est la suivante:
la ist. Crest. în Dacia, p. 171 — 172, note 769; «ein Mensch, welcher in mehreren Stădten zu-
voir aussi l'article de Philipp dans Pauly-Wis- gleich Augustalis watt. (Untersuchungen ùber die
sowa, R. E. s. Lavinium). C. I. L. I I I , 1425: Innerverhaltnisse des Tr. Daciens, dans: «Archiv
un aug. col. qui a reçu les ornamenta decurio- d. V. f. siebenb. Landeskunde», X I I (1874),
nalia. p. 113).
249
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C DAICOVICI
G[enio] '!
[Daci]AE (?)>FELI[ci\s? et]
G E N I O > DOM(as)
DIVINAE
DTOGENES > E V T Y
C H E T I S >AVG(ustorum) (trium) >
N(ostrorum) > DISP (ensatoris) > VlK(arius)
V(otum) > S(olvit) > Lfibens > M(erilo)
Fig. 14.
M
P
[PA]LMYR >
[ I J A B R A E N f u s j > FL(orus?) > M
BASSl(ius) > MARINVfs;
[MAX]IMVS G O R A > L V
(dus) MAXIMVS BARS(emon) S [A
CE]RDOT(es) > TEMPLUM
E X SVO > FECER(unt) >
Il s'agit donc, de prêtres d'origine orientale, qui élèvent un temple à une divi
nité inconnue, probablement (supposons-nous) à l'une des divinités orientales,
250
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loi ii.i.Ks I;T R E C H E R C H E S A S A R M I Z E G E T U S A
') 11 faut lire en réalité comme suit: [AJvlius, devenu citoyen romain : HAMASAEO ALA-
d/onu> PalJmyrfaJ orifundus J, pracf(ectus) co- PATHA PALMYR (ensi) dans un nouveau di
h(ortis) I Aug(ustac) I(turaeorum): cp. aussi plôme militaire de Porolissum. La forme Palmy-
C. I. L., I I I , dipl. X X X V I I et LXVII avec renus est plus fréquente (v. C. I. L. VI. 50: . . .
Wissowa-Kroll, H. E., nouv. sér. IV, 1, col. 305. C. Licinius N . . . [et Heliodorus] Palmyrenus
2
) Dans les Dolgozatok-Travaux, Szeged, 1925 [aedem Belo] constituferuntj.
3
(I), p. 26 Buday lit le nom d'un ancien soldat, ) Cf. C. I. L., I I I , 14445.
251
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C. DAICOVICI
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FOUILLESJÎT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
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C. DAICOVICI
le pied gauche et la partie d'en bas du vêtement, nous ont été conservés. Le travail
grossier ne permet pas de voir clairment ce que represent la partie supérieure. Il se
peut que ce soit, d'une execution très rudimentaire, la main gauche du personnage
t e n a n t une capsula ou un volumen, symbole de l'art médical, represent al ion analo
gue à l'Esculape de la coll. Pamfili, R o m a (Clarac, Mus. d. Se 552 A 1155 B ; Matz-
Duhn, Ant. Bildw. in Rom., no. 59) et à celui de la coll. Ludovisi (Reinach, H*'p. dv
la St. I L 3 3 ; Arndt-Amelung, Phot, Einzclaufn. no 2 7 2 ; Schreiber, Die Ant. Bildw.
der Villa Ludovisi, no. 101) ; les deux d'origine greque. La main droite s'appuyait
probablement sur le b â t o n court au serpent. Il est chaussé de sandales. E n bas, à
droite, on paraît avoir esquissé Vomphalos. A sa gauche se trouve Telesphoros, vêtu
d'un manteau avec un capuchon en pointe sur la t ê t e ; il tient ses mains croisées, de
v a n t ; volumen déroulé ?) ; il est nu-pieds.
E n dessous se trouve l'inscription suivante: Aesculapio et] Hygiae [. . . . ex] voto.
E n jugeant d'après la photographie, le travail paraît très médiocre x ).
9. Statue de femme, sans tête, en marbre, se t r o u v a n t dans le jardin de M. Litsch M.
H a u t e u r 145 cm (fig. no. 17). Placée sur une plinthe, le poids reposant sur la j a m b e
gauche. Le v ê t e m e n t : un long chiton (slola), descendant j u s q u a u x chevilles; par dessus,
se trouve la palla, jetée sur l'épaule gauche, entourant le cou et qui recouvre tout le
corps, entourant les bras et formant des plis. Elle tient le bras droit croisé sur la poi
trine, tandis que le bras gauche pend et semble retenir de la main les plis du vêtement.
Travail médiocre.
Mentionnée par Miinsterberg et Oehler, (l. c., plus bas) et par J â n ô B. (Arch. Ért.,
1912 ( X X X I I ) , p . 52)..
10. Une statue de femme (en marbre) à peine reconnaissable à cause du mauvais
état de conservation. Se trouve appuyée au coin de droite de la bâtisse qui abrite la
croix (troiţa) élevée au centre du village. H a u t e u r : 95 cm.
Les objets suivants se trouvent dans la possession de M. I. Litsek, propriétaire
à Grădişte:
I L Plaque de marbre (autre qualité que le marbre de Bucova, plus fin), avec u n
bas-relief représentant Jupiter DoUchenus. Les dimensions de la plaque sont: longueur
17,50; hauteur 11,50; épaisseur 3 — 4 c m ; possède u n cadre de 2 cm de large. Très
bien polie. A été trouvée à Sarmizegetusa, mais on ne connaît plus l'emplacement exact.
L'exécution du travail est médiocre. L'inscription — s'il en a jamais existé une — se
trouvait à la partie inférieure de la plaque, aujourd'hui brisée (Fig. no. 18 au pre
mier rang, no. 2).
Le bas-relief représente Jupiter DoUchenus, sur un taureau qui se dirige vers
la droite. Le dieu, p o r t a n t une barbe, est vêtu du cbstume militaire romain du Il-e
siècle après J . Chr. la tunique descend j u s q u ' a u x genoux; il est ceint du «cingulum»,
auquel est attachée devant la languette de cuir qui protège l'abdomen. Sur la tête,
au lieu de casque, le dieu porte un bonnet phrygien. Le manteau (paludamentum)
') En ce qui concerne le culte d'Esculape à trouve aussi en Dacie, comme le prouvent les bas-
Sarmizegetusa, voir: p. 230 no. 13. Le culte de reliefs de Turda (AEM. 1894, X V I I , p. 8, no.
ïelesphorop, répandu spécialement dans l'Asie Mi 2 et p. 16 « C. I. L. I I I 12545) et de Apulum
neur et en Thrace, avec le Danube comme limite (C. I. L. I I I , 979). Pour la Pannonia, voir Petz,
vers le Nord (Roscher, M. Lex., V, 321) se re ôkori Lexikon s. v. Asclrpius.
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
entoure le cou et pend sur le bras gauche. A droite se trouve la gaine (vagina) ] ), et
à gauche on distingue — semble-t-il — le poignard (pugio). Dans la main gauche,
le dieu tient un faisceau d'éclairs et dans la main droite la «bipennis». A sa droite se
trouve, sur une branche, un aigle, avec une couronne dans le bec, symbole attribué quel-
') Pour le vêtement du dieu cfr. S. Rcinach: p. 92, no. 2. Jup. Dolichenus de Wiesbaden
Rép. de la Statuaire Grecque et Rom., II (1912)' (Allemagne).
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c. DAiœvrci
12. Plaque en marbre (10 cm X 9,50), brisée au milieu; bas-relief, encadré, repré
sentant un homme nu ( H e r c u l e s ? ; voir Mendel, Cat. des S e , no. 859). Travail très
médiocre. (Fig. no. 18 au premier rang no. i ) .
13. Tête de femme, les cheveux partagés par une raie, au milieu. Sur les cheveux,
ondulés et colés aux tempes, des restes de la main droite. H a u t e u r 12,50, largeur (en
haut) 9,50 cm. Marbre blanc. (Fig. no. 18 au dessous du no. 2).
14. Plaque en marbre (fragment) avec cadre ; bas-relief représentant une tète de
femme (?). H a u t e u r du fragment: 9 c m ; largeur 12 cm. (Fig. no. 18 au premier
rang no. 3).
15. Deux fragments de plaques de marbre, avec ornements v é g é t a u x : a) h a u t e u r
10 cm, largeur 11 cm. b) hauteur 8 cm, largeur 20 cm. Au milieu, un mufle de tau
reau (?). (Fig. no. 18 au premier rang no. 4 — 5).
16. M. I. Litsek possède encore plusieurs «lucernae» en terre, bien conservées:
L'une d'elle (longueur 9,50 cm, largeur maxima 6,50 cm), porte le nom du fabri-
Fig. 19 a. Fragment de monument funéraire. Fig. 19 b. Le même comme dans la fig. 19.
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
le calcaire. Un des lions (a), long de 116 cm, large de 80 cm, h a u t de 85 cm, tient sous
sa p a t t e gauche une tête d'animal (taureau ou bélier), et regarde vers la g a u c h e ; l'autre,
(b), long de 115 cm, large de 65 cm, h a u t de 85 cm, semble avoir aussi tenu sous sa
p a t t e une tête, aujour
d'hui méconnaissable. Le
lion regarde vers la droite.
Miinsterberg et Oehler les
mentionnent dans : «Jah-
resh. d. Oest. Arch. Inst.»,
1902 (V), col. 133.
19. Lion funéraire, de
pierre calcaire, trouvé dans
la cour de M-me Tornya
(fig. no. 21). Longueur 143
cm, h a u t e u r 87 cm. Sous
la p a t t e gauche se trouve
une tête de bélier ; (âne ?) ;
le regard du lion est dirigé
vers la gauche. (V. Miin
sterberg et Oehler, l. c ) . *** 2 0 a- L i o n f u n « a i r e-
20. Lion funéraire en marbre, couché sur une plaque de marbre, tient sous sa p a t t e
gauche de devant une tête de bélier. Le regard est dirigé vers la gauche (fig. no. 22). Lon
gueur 71 cm, h a u t e u r 52,
largeur 36 cm. Reproduit
chez Mûnsterberg et Oeh
ler, /. c. Mentionné aussi
par J â n ô B . (Arch. Ért.,
1912 ( X X X I I ) , p . 52).
Se trouve dans la cour
de M. Litsek 1 ).
21. Banc en grès,
provenant sûrement de
l ' a m p h i t h é â t r e ; se trou
ve dans la cour de M.
Litsek. Longueur 145 cm,
h a u t e u r 42 X 30 cm. Sur
le dossier u n peut dé-
Fig. 20 b. Lion funéraire. chiffrer Un S.
' ) Voir — en ce qui concerne les lions funéraires 1913, VI, fasc. 23, pp. 97 - 1 2 2 , passim) ; pour No
de la Dacie— excepté Miinsterberg et Oehlcr (revue ricum et Pannonia Schober, Die rôm. Grabsteine
citée), Gr. Tocilescu: Mon. Epigr.şi Sculpt.,le cha von Noricum und Pannonien, Wien 1923, passim et
pitre concernant les monuments funéraires. A. Bu- spécialment p. 213. Cp. aussi AEM, 1,160, IV, 116,
day: Dolgozatok-Travaux, VII, (1916), pg. 52 sqq. VII, 178, X, 213. X I I I , 24, 29, XV, 59, X V I , 201.
Comparer aussi AEM, X V I I . 24 sq.; G. Murnu :Mo- Je rappelle ici que deux autres monuments
numente de piatră din Col. de Antich. a Muz. din funéraires (provenant, probablement, de Sarmi-
Adam-clissi, («Buletinul Com. Mon. 1st.», Bucuresti, zegetusa) se trouvent dans la cour de la caserne
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17 Dada I 1924.
C. DAICOVICI
22. Fragment d'un banc de pierre calcaire, qui se trouve devant la porte de M-me
Tornya. Longuer 37 cm. On n'y voit aucune trace de l'inscription — dont parlent Miin-
sterberg et Oehler, o. c, col. 134 («=• C. I. L., I I I , 1526). Il est, peut-être, question
d'un autre banc.
23. Autel, de marbre, se trou
v a n t dans la cour de Ignatz lïeron
et employé comme pilier du bal
con. J e n'ai pu distinguer aucune
inscription sur les côtés qui sont
restés visibles. Longueur (à la base)
42 cm. H a u t e u r 80 cm. Largeur
48 cm.
24. Sous le premier, on distin
gue, enfoui dans la terre, la partie
supérieure d'un autre autel, tou
jours en marbre, de plus grandes
Fig. 21. Lion funéraire. dimensions : longueur 65 cm (je n'ai
pas pu mesurer les autres côtés).
25. Autel en marbre, se t r o u v a n t dans le jardin de M-me Tornya, à demi enfoui
en t e r r e ; aucune trace d'inscription. Longueur 29 cm, largeur 22 cm, h a u t e u r de la
partie qui dépasse le sol: 38 cm.
26. Chapiteau, de calcaire gris ;
se trouve au musée local (fig. 2 3 ,
no. 2) ; le diamètre du fût m e s u r a n t
29 cm est séparé de l'«cchinus»
(hauteur de 6 cm) — orné d'oves
entre lesquels se trouvent des pe
tites pointes de flèches — par une
série d'astragales sur lesquels, en
fin, est posé l'«abacus» (tailloir) ;
hauteur 7 cm.
27. Chapiteau de m a r b r e ; se
trouve au musée local. Le diamè-
, r^ nr. T , , Fig. 22. Lion funéraire.
tre du l u t : 20 cm. La h a u t e u r de
l'«abacus» est de 6 c m ; l'«echinus» avec les oves, séparés par des lignes verticales, est
de 5 cm. E n t r e le fût et l'«echinus» se trouve une bande de 6 cm de h a u t .
des gendarmes à Haţeg: un lion, pareil à celui le même doute que Conzc (Horn. Bildwvrke II,
décrit au no. 20 (de dimensions: longueur 71 cm, p. 9, n. 2). Conze (l. c.) et Schober (Die Horn.
hauteur 50 cm) et un fragment de monument Grabsteine von Noricum und Pannonien, Sonder-
funéraire formé par deux lions placés en direc schrift d. Ost. Arch. Inst. Wicn, B. X , 1923, p .
tions opposées, une tête d'Ammon se trouvant 213) sont d'accord pour mettre les lions funéraires
entre eux. (Longueur 110 cm, hauteur 44 cm). Ce en rapport avec le culte de Cybèle, ce qui auto
groupe formait certainement la partie inférieure rise ce dernier (o. c. p . 214) à supposer qu'il ne
du monument. Les deux pièces sont de marbre. s'agit pas d'Ammon, mais de ce génie des eaux
Les cornes du bélier sont parfaitment visibles. (Wasserdamon) qui bien souvent, dans les bas-reliefs
Pour l'identifier avec Aminon, nous n'avons pas d'Asie Mineure, est représenté auprès de Cybèle.
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FOUILLES FT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
28. B ase de colonne en grès, se t r o u v a n t au musée local (planche 23, 1). Le dia
mètre du fût est de 23 cm. La hauteur du «plinthus» est de 4 cm. Du «plinthus» au
fût 7,50 cm.
29. Chapiteau «corinthien», en marbre, trouvé dans la cour de M. I. Litsek (fig. 15
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17*
C. DAICOVICI
37. Petit sarcophage (?) de pierre calcaire sans couvercle; trouvé au même endroit.
Longueur 100 cm, hauteur 46 cm, largeur 47 cm. La profondeur du creux (l'intérieur
____________ du sarcophage) est de 21 cm [ J â n ô B. (Arch. Ért., 1912
( X X X I I ) , p . 272 — 3) mentionne encore un autre sar
cophage de plus grandes dimensions].
38. F û t de colonne brisée en deux. Se trouve
dans le jardin de Bălan Oproni, la maison no. 117.
Longueur 1,35 m ; diamètre 20 cm.
39. Base de colonne de marbre, se t r o u v a n t dans
la cour de Zgârcea D u m . Mihăesc, la maison no. 153.
Longueur du «plinthus»: 65 cm largeur 65 m.
40. Chapiteau de marbre ; se trouve dans la cour
de Moisoni Atanase (Groza Ion). Le diamètre du fût:
36 cm. L'«echinus» (avec oves et astragales) : 27 cm
Fig. 25. Chapiteau. hauteur. Les oves sont séparés par des pointes de flè
ches. «Abacus»: 8 cm de h a u t .
4 1 . Chapiteau «corinthi
en» de marbre. Se trouve
dans la cour de l'archi-prêtre
gréco-catholique R. Raca (fig.
no. 25). Le diamètre du fût
38 cm, «echinus» 23,5 cm
«abacus» 6,5 cm.
42. Chapiteau «corinthi
en» composite, en marbre. Se
trouve dans le jardin de
l'archi-prêtre R. Raca (fig. no.
26). Le diamètre du fût: 37,5
cm, «echinus» 32,5, «abacus»
(détérioré) 3 cm.
Fig. 26. Chapiteau.
BIBLIOGRAPHIE
Pour la bibliographie plus ancienne, concernant Sarmizegetusa, j'indique:
NEIGEBAUR, I. F . : Dacien. Braşov 1851, pp. 301 —310: «Literatur iiber die kl. Altcrthùmer Daciens».
P A U L Y ' S : Real-Encyclopădie (ancienne série). Stuttgart 1852, vol. VI, 1, pp. 780 — 781.
C. I. L. I I I et tout spécialement:
TORMA C. : Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam et Epigraphicam (Budapest 1880), qui
comprend toute la bibliographie concernant cette question, jusqu'en 1880 *).
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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
Les ouvrages cités plus bas sont, par conséquent, ceux parus — à ma connaissance — après
1880. Je tiens cependant a ajouter au Répertoire bibliographique de Torma, quelques publications an
térieures à l'année 1880 et qui ne sont pas citées par lui.
ALVÀRY: Uti levelek dans «Mult es Jelen» (journal). Cluj 1846, pg. 112 sqq.
GHICA, L : Dacia Vechiâ dans la «Rev. Română», Bucureşti I (1861), pp. 417 — 418.
' «MAGYAR KURIR» (journal), Vienne 1823, I I , 28: «Mozaik Pâdimentom omit Ulpia Trajâna omla-
dékain talâltak».
MIKO ÀDÀM: Uti naplâ Erdély délnyugati részébbl, 1860. (Le manuscrit se trouve aux Archives du
«Musée transsylvain», à Cluj). Tab. 23 — 24.
MOLDOVAN, ST.: Annotafiuni despre ţeara Haţegului, dans «Foaia pentru minte, inimă şi literatură».
Rraşov 1853, no. 34 — 42.
Muncelului et la Grădiştea delà vallée du Haţeg du «Musée transsylvain» de Cluj, mais dans le
[ = Sarmizegetusa] ne se trouvent pas dans les Cartofilacium, tom. X V I I I , du même, ibidem.
«Miscellanea» tom. I X , A. du comte I. Kemény
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C. DAICOVICI
PATSCH, C.: Arch. Epigr. Uniersuchungen SUT Geschichtc der rom. Provins Dalmatien III, («Wisscn-
schnftliche Mitlcilungen aus Bosnien nnd Hcrzcgowina», VI, p. 262 sqq.: Dalmatien
und Dacien).
PETERSEN, E.: Trajan» Dakische. Kriege. Leipzig 1899, II, Exkurs: Sarmizegetusa.
P R E M E R S T E I N , A.: Die Dreiteilung der Provins Dacia, («Wiener Eranos». Wicn 1909, pp. 2 5 6 - 2 6 9 ) .
SZÂDECZKY LAJOS dr.: Grof Bethlen Lajos Ônéletleirâsa. Kolozsvâr (Cluj), p. 45. (Extrait du journal
«Ujsâg», Janvier 1908).
TÉGLÀS G.: Hunyadmegyei Kalauz. Kolozsvâr (Cluj) 1902.
■— Hunyadmegye tôrtênete I. Budapest 1902.
TOCILESCU, GR. G.: Monumentele Epigrafice si Sculpturali ale Muzeului National de Antichităfi
din Bucureşci. Bucureşti 1902.
ZINTZ, F.: Die rômischc Colonie Sarmisegetusa dargestellt von oo («Programrn des ev. Gymnasiums
A. B. zu Mediasch»... 1879 — 1880. Mediasch. 1880.
PÉRIODIQUES:
CONSTANTIN DAICOVICI
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LÉGENDE DU PLAN.
I Temple syriaque (Malagbel I). X Chambre. XVIII Les thermes.
II Mithraeum. XI Amphithéâtre. XIX Petite bâtisse.
III Dolichenum. XII Temple de Dis Pater. XX Bâtisse.
IV Temple de Bel-Hammon. XIII Temple de «Némésis». XXI Chambre.
V Cimetière. XIV Temple d'Esculape et d'Hygie. XXII Aedes Augustalium.
VI Temple de «Caelestis Virgo» (?). XV Temple de Malagbel IL XXIII Bâtisse.
VII Mosaïque, (1823). XVI Cimetière. XXIV Traces d'«hypocauste».
VIII Bâtisse particulière. XVII Villa suburbana. XXV Mosaïque (1924).
IX Pièce avec «hypocauste».
le mur du camp (supposé).
la prétendue «route de Trajan».
la route romaine secondaire, encore incertaine.
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LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE l»OIANA
SELEI, PRÈS DE SARMIZEGETUSA
Les ruines de Poiana Selei (la clairière de Sclea), situées au N-V de Sarmizegetusa sont con
nues depuis longtemps par les archéologues roumains et hongrois qui leur accordent m ê m e
une certaine importance. Malgré cela, on n'avait pas encore entrepris des fouilles archéologiques
à cet endroit. Nous nous sommes proposé de le faire pour voir si l'importance accordée à ces
ruines était justifiée et pour compléter les fouilles entreprises dernièrement à l'intérieur de
Sarmizegetusa et des citadelles de Grădiştea-Muncel.
La clairière de Selea se trouve à 3 5 — 4 0 minutes de marche du village de Grădişte (Sar
mizegetusa) ; le chemin qui y conduit passe entre deux collines à l'aspect de forteresses. Dans la
partie S-0 de la clairière se trouve une grange (v. t a b . 1). E n allant de cette grange vers le N - E
on observe un tas de pierre (a-b) en forme de muraille, longue de 20 m et épaisse de 1,30 — 1,50 m.
Ce tas de pierre a été signalé à M. le professeur D. M. Teodorescu par M. Iosif Mallâsz, di
recteur de musée de D e v a ; ce dernier croit qu'il s'agit des restes d'un «mur cyclopéen
dacique».
Pour pouvoir connaître la construction de ce mur, ou a creusé d'abord sur ses deux côtés
E (tab. 1, le côté a) deux fossés parallèles, longs de 2.20 m et profonds de 1,50 m. E n les unis
sant ensuite par une tranchée, on a constaté que «le mur» était formé par la juxtaposition de
simples pierres de rivière, un peu moins grandes q u ' u n pain et rangées sur le sol. Audessous
d'elles, à la profondeur de 0,50 — 1 m, il y avait des tuiles romaines, enfouies dans la terre.
La partie orientale du tas de pierre se perd dans un buisson touffu; l'extrémité occiden
tale, située à 12 mètres de la tranchée, touche à un petit monticule semicirculaire de 15 m.
de diamètre dont l'extrémité orientale est un peu accentuée. E t a n t donné que des débris de
tuiles romaines et des morceaux de briques jonchaient la surface de ce monticule, il a fallu
le fouiller également. A ce but j ' a i fait creuser une première tranchée (b-c) près de l'extré
mité du tas de pierre, en marge de la colline, et ensuite une seconde, à travers le monti
cule (e-d).
E n creusant cette seconde tranchée, située à 1,70 m de la première, on a mis au jour un
autre tas de pierre, en forme de muraille, épaisse de 1,10 m, profonde de 70 cm. Bâtie égale
ment en pierres de rivière, de la même grandeur que celles du mur précédent et reliées avec
de la terre eu guise de mortier, cette muraille se dirige vers le S-E j u s q u ' a u tas de pierre a-b,
formant une couche épaisse de 30 — 40 cm. Vers la N-O, elle va s'amincissant peu-à-peu et finit
par une seule rangée de pierres qui se confond avec la couche du sous-sol. La même couche,
épaisse de 30 — 40 cm, est constatée aussi vers l'E et, très sporadiquement, vers l'O. Des frag
ments de tuiles romaines, des débris de briques ont été trouvés non seulement des deux côtés du
mur j u s q u ' à la profondeur de 25 — 30 cm, mais aussi à son intérieur, spécialement à l'extrémité
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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI
Les surfaces des fragments, excepté les brisures récentes, sont émoussées comme si elles
avaient été longtemps lavées par une eau courante.
Le vase celtique este tellement bien conservé qu'on pourrait le compléter très facilement.
Pétri d'une argile très fine, il a les dimensions suivantes: h a u t e u r : 11,5 cm, diamètre original
à la base 16 cm, aux bords 44 cm. La partie conservée ne posède aucun ornement.
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ALEXANDRA FEHKNCZI
Les fragments de vases gréco-romains ont permis de reconstituer deux anses, provenant
de deux vases différents; ils prouvent également l'existance d"uu troisième vase, en argile,
qu'on a pu reconstituer en partie, et même d'un quatrième.
Le vase gréco-romain, reconstitué en partie (fig. 2, No. 3) est de forme large et basse.
L'épaisseur de la paroi: 1 c m ; la h a u t e u r du vase: 8 c m ; le diamètre de l'ouverture initiale:
29 c m ; celui de la base: 7,5 cm. Sans décor. La couleur est d'un rouge vif. La cuisson, impar
faite, est partiellement détruite.
Aux deux extrémités du mur, il nous semble distinguer quelques remplissages en terre,
s'appuyant au mur et constituant la muraille de la tour de garde, en forme de carré, qui au
rait renfermé presque la moitié de la clairière. On ne peut pas p o u r t a n t affirmer avec certi
t u d e l'existence de cette t o u r : c'est que les traces de sa continuité ne se distinguent pas d'une
manière précise et claire. Devant le remplissage du nord et parallèlement à celui-ci, on a trouvé un
autre remplissage, également sans continuité. Sa section transversale est pareille à celle du
premier. E u coupant ce remplissage transversalement, à un point donné du côté N, on a
trouvé une h a u t e u r approximative de 0,50 m et une largeur de 1 m.
Les deux collines à l'aspect de petites forteresses ont été fouillées en présence de M. h; di
recteur V. P â r v a n ; on n ' y a trouvé aucun vestige de site humain. Les recherches faites aux
extrémités de la clairière n ' o n t pas donné, non plus, des résultats précis et des restes carac
téristiques concernant les h a b i t a n t s de l'antiquité.
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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI
Dans la tranchée intérieure, on a trouvé un fragment de miroir eu argent (tab. 3, fig. 2),
un morceau de «terra sigillata» et u n clou en fer. La tranchée extérieure a mis au jour d'abord les
fragments de 4—5 vases romains de couleur grise ou rougeâtre. Quelques fragments sont finement
travaillés, par opposition au reste. On a trouvé ensuite deux clous en fer, des os, des dents,
quelques morceaux de briques et un grand nombre de tuiles, dont une estampillée (tab. 3, fig. 2).
L'estampille, qui se compose de trois lettres: P R . C . n'est pas complète. Connue d'assez
longtemps (C. I. L. I I I 8075.15) elle n'a pas encore été déchiffrée d'une manière satisfaisante,
malgré les deux essais de St. Moldovan et Bâlint Kuzsinszky. Le premier copia ces trois lettres
en 1853, d'après le pavement de l'église de D e n ş u ş ; il les a complétées de la manière s u i v a n t e :
P(opulus) R(omanus) C(oloniae Sarmizegethusac) x). Le second mentionne plusieurs estampilles
du musée de Deva et propose la lecture: pr(aedium) c(onsulare) 2 ). La supposition de Kuzsinsky
pourrait être valable, si elle n'était pas contredite par des estampilles plus complexes: PRO.COS
(C. I. L. I I I . 8075.15).
E n t r e la tranchée extérieure et la paroi N on a trouvé encore deux briques entières, dont
une suscite l'attention par sa forme distinguée. Elle a du servir, très probablement, à l'or
nementation d'une des parties de la construction 3 ). Dans la tranchée intérieure de la paroi
orientale, on a t r o u v é : 1) une monnaie effacée, en bronze, d a t a n t de Marc Aurèle (l'an 140;
cf. Cohen 2 , I I I , 25/238) ; le revers représente Honor, P a x ou bien Félicitas. 2) u n morceau
de brique, dont l'intérieur conserve l'empreinte de la Ynain de l'ouvrier.
Sur les ruines de la paroi S on a trouve un dénarius en argent, de l'an 98, du règne de
Trajan (Cohen 2 I I , 48/295); le revers représente Victoria. Dans la partie S de la tranchée
extérieure, qui longe la muraille S, on a trouvé encore un clou en fer, quelques morceaux de
briques, des tuiles, des os et des fragments de vases de couleur grisc-rougeâtre.
1
) Foaia pentru minte, inimă ţi literatură, an. XVI il ne montre pas la partie supérieure où se trouve X
(1853), p. 273. qui unit les deux angles du carré, mais la partie infé
2
) Archeologiai ÊrtesUo, an. VIII (1888), p. 242. rieure qui n'a pas d'ornement.
3
) Notre croquis n'est pas tout à fait exact; en effet,
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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI
Le tas de pierre f-g, mis au jour par nos fouilles et qui, par conséquent, n'a pas été men
tionné jusqu'ici dans les ouvrages scientifiques, pourrait être un m u r ; les pierres trouvées au-
dessous peuvent s'expliquer par un écroulement. E n ce qui concerne l'époque du b â t i m e n t ,
on ne peut rien affirmer. Il paraît toutefois que nous ne sommes pas en présence des ruines
de quelque monument antique intéressant, mais de celles d'une grange quelconque, hâtie
beaucoup plus tard.
Les fragments des vases gréco-romains présentent par contre, un grand intérêt. Malheu
reusement, ils ne constituent q u ' u n témoignage isolé, ne pouvant pas être rattachés à u n site
quelconque. Il est possible qu'on les ait jetés ici au cours d'un voyage, comme objets inutiles;
il n'est pas exclus non plus qu'une pluie torentielle les ait apportés d'un site placé plus h a u t
et inconnu j u s q u ' à présent. E n faveur de cette dernière hypothèse, on peut invoquer le fait
que les surfaces des fragments sont très usées, ce qui s'expliquerait par l'action de l'eau.
Quelque soit l'explication, l'importance de ces fragments de vases reste considérable:
ils constituent des témoignages positifs et incontestables des différents courants de civili
sation venues de toutes les directions et fondant ensemble en Transylvanie J ) ; ils nous dé
m o n t r e n t également la prépondérance des vallées de J i u et Streiu, m o y e n n a n t la péné
tration de la culture du S vers le N. Enfin, ils nous font voir l'importance de la vallée du
Timiş et par conséquent celle du défilé de Porţile de Fier en ce qui concerne la dispersion de
la civilisation occidentale vers le S-E. La littérature de spécialité supposait à peine u n é t a t
de choses pareil.
Nous avons déjà parlé de l'édifice situé au S-E de la grange et nommé par nous «opus
incertum». Il faut ajouter qu'on en fait mention dans les ouvrages de spécialité.
St. Moldovan, le vicaire gréco-catholique de Haţeg, a été le premier à mentionner 2 ) q u e :
«sur le coteau de O-N, à la marge supérieure de la forêt «Selea», sur une paene-plaine élevée
se trouvent les ruines de la citadelle de Cornavelea, existent encore les ruines d'une forteresse
de dimensions semblables à celles de Hubiţa». La longueur de cette citadelle, d'après le même,
serait de 170 pas (127 m), la largeur de 40 pas (30 m).
Après Moldovan, c'est Teohari Antonescu qui en fait également mention. D e m a n d a n t
au canonique de Lugoj, Nicolae Munteanu, des informations sur les ruines de Lugoj, il en a
reçu les informations suivantes, qu'il pubb!e dans son livre 3 ) : «Vers le N - 0 de Sarmizegetusa,
sur la cime de la colline aujourd'hui nommée Selea, fouillée par moi minutieusement, il y a
les traces de quelques q u a t r e caves anciennes. Les murs de celles-ci sont de la même grosseur
que ceux de l'intérieur de la cité (de Sarmizegetusa), tous é t a n t contemporains. La superficie
de l'une de ces caves est de 12 —. 15 m 2 . A 20 m des caves — distance indiquée par le proprié
taire du terrain — on voit les ruines d'une maison. Cette maison avait approximativement
10 m en longueur et 8 m en largeur. L'épaisseur des parois est, approximativement, 80 c m :
la construction paraît avoir été solide.
A l'endroit où se t r o u v e n t ces bâtiments entourés de toutes p a r t s p a r de petites collines,
il y a une charmante clairière, traversée par le chemin qui conduit à Poieni. Près des caves
et de la maison, on m ' a montré l'emplacement d'une fontaine, où, d'après la tradition popu
laire, ont été cachés les trésors de Décébal, transportés p e n d a n t soixante-dix jours, au moyen
') Dr. Martin Roska: Keltasirok es egyéb emlêkek Bal- pentru minte, inimă şi literatură, An. XVI (1853), p. 271.
3
sdrol, — Dolgozatok-Travaux, an. VI (1915), p. 1 8 - 4 8 . ) Cetatea Sarmizegetusa, reconstiluită, Iaşi 1906, p.
■') ( not it n n ni despre tara Hafegului dans Foaia 27-28.
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ALEXANDRU FERENCZI
de neuf chameaux. On dit que dans cet endroit môme, les Allemands ont fait des fouilles dont
le résultat est inconnu.
Vu la position stratégique de ce point qui domine la vallée entière, jusqu'à Porţile de Fier,
cette maison serait, d'après mon modeste avis, une vigilia. On m'a dit qu'à Zâicani, au S-E
de Selea, sur le faite de la colline lordănel, il y a eu une autre tour-vigilia. Considérant la hau
teur de cette colline, on observe qu'elle domine la région, par dessus Porţile de Fier, j u s q u ' à
Bouţare. Pour défendre Ulpia Trajana contre des attaques imprévues, on annonçait de loin
l'ennemi, en allumant des feux aux sommets des collines; la garnison, prévenue de cette manière,
pouvait préparer la défense».
En revenant à la description de Moldovan, il n'est pas sur qu'elle ait visé les ruines dont
nous nous occupons ; elle concernait plutôt tout le terrain couvert de pierres. Même dans ce
cas, les dimensions qu'elle fournit, ne sont pas exactes.
E n effet, en considérant tout le terrain couvert de pierres, il n ' y a que la largeur (30 m)
qui correspond à la réalité. La longueur (50—60 m) n'est que la moitié de celle indiquée par
Moldovan. Les dates de Moldovan sont p o u r t a n t importantes car elles nous font savoir que
ces ruines étaient connues depuis longtemps par les habitants qui les ont presque détruites
en les utilisant comme matériel de construction.
La lettre de Muntean est de beaucoup plus intéressante. Les dates concernant notre édi
fice sont assez exactes: elles diffèrent peu de celles prises par nous-mêmes.
Malheureusement, on n'a pas pu trouver les quatres caves quoiqu'elles dussent être assez
évidentes, vu qu'une d'elles mesurait 12 x 15 m. Les travailleurs eux aussi les ont ignorées
ou bien ont-ils hésité à les dévoiler à cause des trésors qui y seraient enfouis, ainsi que l'af
firme la légende. Quant à la fontaine qui se trouvait au N de notre bâtiment, entre l'édifice et la
chaussée qui mène vers le village de Poieni, elle m'a été signalée par les travailleurs. Ils m ' o n t
raconté même diverses histoires qui font mention de trésors. La légende s'est amplifiée depuis
la lettre de Muntean: les Allemands cités plus h a u t auraient trouvé une couronne en or. Ils
m ' o n t parlé encore de briques a y a n t 1 m 2 , trouvées près de la fontaine ainsi que de crépissure
rouge, près de l'édifice fouillé par n o u s ; nous n'avons trouvé la moindre trace de toutes ces
choses.
Dans la description de Muntean il y a p o u r t a n t une faute car il met les ruines
sur «le faîte de la colline» ; en réalité, elles sont dans la clairière qui est située vers le S-E
de la colline ; c'est ce que Antonescu remarque aussi dès la première ligne de la lettre de
M u n t e a n : «sous la cime de Selea, sur le versant de la colline qui se penche vers la plaine de
Grădiştea».
Moldovan, Muntean et Antonescu considèrent notre bâtisse comme une «citadelle» ou
«forteresse» c'est-à-dire une «vigiha». D'ailleurs il est assez vraisemblable que notre édifice
corresponde à une tour de garde. On connait en Transylvanie bon nombre de ces tours en ruines.
A Ilîşua, Carol Tonna *) en a fouillé plusieurs. P a r m i ces b â t i m e n t s , B et éventuellement I
pourraient être des «castres» c'est-à-dire des camps fortifiés, tandis que les ruines de la bâtisse
Z sont celles d'une tour de garde de la forme d'un carré dont le côté mesure 11,37 m. Bâtie
sur une position élevée, à 180 m de la chaussée, ses fondements ne contiennent pas de mor
tier à la chaux. P a r m i les ruines on a recueilli beaucoup de tuiles. Gabriel Finaly a fait la
1
Erdélyi Mûzeum Egylet Êvkônyvei, an. III (1864), p. 203; Erdélyi Mûzcum Egyesiilct V (1912) deêsivàn-
p. 12; Szolnokdoboka vdrmegye monografiàja, vol. I, dorgyiilésênek emlêkkônyve, p. 1 4 — 1 5 .
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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SI I I I
description d'une tour de garde semblable d'Apahida *). Plus petite que la nôtre, les dimensions
sont, à l'extérieur: 6 , 6 6 x 5 , 9 3 m, a l'intérieur: 5 , 3 0 x 4 , 5 7 m ; l'épaisseur de la paroi presque
la m ê m e : 68 cm. Le même faciès archéologique: quelques morceaux de vase en argile plus ou
moins fine, des lampes, des clous en fer, une monnaie en bronze de l'époque de Hadrien (cf.
C o h e n 2 , I I , 369). Quoique des vestiges analogues nous fassent supposer que la bâtisse de la
clairière était une tour, nous ne sommes pas pourtant de cet avis. E n effet, les tours sont des
bâtiments militaires; or, l'inscription de la brique trouvée ici est d'un caractère privé et non
pas militaire. Quant aux restes des autres objets — le fragment de miroir y compris — ils
pourraient très bien appartenir aussi à une habitation civile quelconque. Même si l'on admet
tait que la présence de la brique estampilée est due au hasard, il y a un argument d'ordre stra
tégique qui nous empêche de considérer la bâtisse comme une tour de garde. Au point de vue
stratégique, Poiana Selei n'est guère une position dominante, ainsi que l'affirment Muntean
et Antoncscu. De la cime de Poiana Selei on ne voit jamais Porţile de F i e r ; la vue s'arrête aux
collines de Streiu. De Poiana Selei le regard embrasse le même espace qu'on verrait du h a u t
d'un édifice un peu élevé, situé à l'intérieur du castrum. Donc, on ne peut pas conclure qu'on
avait érigé une tour pour observer une étendue plus restreinte que celle qu'on aurait eu du
castrum. Il faut ajouter encore qu'il est difficile d'admettre l'existence d'une tour militaire
sur un point qui pourrait être atteint très facilement par les projectiles des ennemis, arrivant
par delà le faîte de la colline. Tout autre serait la situation, si nôtre b â t i m e n t avait été érigé
sur la cime de Selea. Dans ce cas la tour aurait dominé, pour employer les mots d'Antonescu 2 ),
«le passage le plus important de la plaine de H a ţ e g vers le Banat, celui qui mène par Poieni».
Sur la cirne de la colline de Selea, la tour — vigilia — aurait très bien eu sa raison d'être. E n
effet, ce point domine non seulement la plaine de Sarmizegetusa, depuis Porţile de Fier jus
q u ' a u x collines au delà de Streiu, mais aussi les hauteurs situés au nord de la vallée de Sarmi
zegetusa j u s q u ' à la rive gauche de la vallée de Floriniş. Cela n'est guère possible à Poiana Selei
où le faite de Selea empêche la vue vers le nord et le sud.
On ne peut pas attribuer à notre bâtisse un rôle militaire, qu'en supposant qu'elle ait été
construite non pas pour la défense de la cité de Sarmizegetusa, mais justement dans un b u t
contraire. Dans ce cas seulement, sa position aurait été très avantageuse et très bien choisie.
Considérant toutes ces possibilités et en t e n a n t compte des fouilles exécutées j u s q u ' à
présent, nous sommes d'avis que nous avons devant nous quelque villa de luxe, bâtie p e n d a n t
') Archaeologiai Êrtesitô, XVI (1901), p. 239 — 240; ques de Moldovan se référant au chemin qui conduit
sur l'édifice noté No. 1, nous avons aussi quelques re- au «défilé de Selea» (o. c. p. 302): «De la voie princi-
marques de M. Const. Moisil, Cronica numismatică şi pale romaine qui conduit a Sarmisegetusa, s'écartait
arhaologică. III (1922), p. 17 — 18. obliquement vers la nord, à la citadelle de Selea, un
*) Celatca Sarmisegetusa, p. 29. Je suis d'avis, et autre chemin dont les traces sont encore visibles et
quiconque a vu la carte de cette région, partagera qui monte eu serpentine jusqu'au faîte de la colline»,
mon opinion, que le chemin de Selea ou celui qui mène La serpentine et le chemin ou, pour mieux dire, les
à Poieni, en passant par la vallée du ruisseau Densus, chemins, car les véhicules ont tracé encore 4 — 5 autres,
n'ont pas l'importance qu'on leur attribue pour la com- parallèles, existent encore aujourd'hui. En montant
munication entre les Banat et la plaine de Haţeg. vers Poiana Selei, on peut constater que la serpentine
(Nous avons ajouté: «ou celui qui mène à Poieni...» a été travaillée, par endroits, avec soin et d'après un
à cause de l'affirmation peu précise d'Antonescu qui plan; nous n'avons pourtant aucune indication concer-
peut viser également ce chemin). En effet, pourquoi nant sa construction. Après tout, ce n'est qu'une chaussée
emprunter un chemin difficile qui monte et descend limitrophe, c'est-à-dire un chemin de la colline qui pour
tant de fois, quand on a celui de Porţile de Fier, infini- rait être aussi bien romain que dacique ou même da
ment meilleur? A cela, il faut ajouter aussi les remar- tant des temps plus récents encore.
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ALKXANDRU FKRENCZI
le 11 siècle après J . Chr., ou bien un édifice qui servait de logement à ceux qui visitaient
cette charmante région. Sauf la brique estampillée, les autres vestiges (le crépi rouge) men
tionnés par les travailleurs ainsi que les décombres qui se trouvent au sud de nôtre bâtiment,
nous permettent de supposer l'existence d'une bâtisse plus ample ; une affirmation catégorique
serait toutefois prématurée, faute de recherches systématiques.
Les fragments de vases La Tène et gréco-romains nous démontrent que cette belle clai
rière a été connue avant la domination romaine. Les objets trouvés j u s q u ' à présent ne nous
permettent pourtant pas de croire, avec Antonescu et Mallâsz, à l'existence d'une cité ou d'un
village dacique situé à cet endroit.
ALEXANDRU FERENCZI
Préparateur de VInstitut archêol. et num. de V Université de Cluj
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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI
Malgré la grande crise du temps de Marc-Aurèle, les provinces danubiennes de l'Empire
continuent à prospérer à tous les points de vue sous les Sévères aussi. Vers la seconde moitié
du ΙΙ-e s. les Tomitains avaient initié de grands t r a v a u x d'embelissement dans le port de la
ville *). C'est connu que chaque ville grecque possédant un port avait ainsi au moins deux
places publiques employées pour l'exposition de ses décrets ou la commémoration par des
monuments de ses personnages illustres: άναγράψαΐ δε τό [ψήφισμα εστήληι λι]ϋίνηι καΐ
2
ατήοαι εν άκροπ[όλει καϊ εν τήι άγοράι] καϊ εν τώι λιμένι ). Ce n'est donc que très n a t u -
rel de voir surgir dans le port de Tomi — tout comme dans l'agora de la ville — à côté des
grands édifices de caractère religieux ou commercial, t o u t simplement des monuments votifs
ou honorifiques de n a t u r e plutôt personnelle et décorative.
L'inscription que nous allons publier m a i n t e n a n t a été découverte il y a déjà assez long-
t e m p s dans l'ancien port de Tomi, mais elle est restée inédite j u s q u ' à présent, échappant à
l'attention de M. D. M. Teodorescu, auquel j ' a v a i s confié en 1914 la charge de publier tous
les m o n u m e n t s inédits de Tomi 3 ).
Plaque en pierre calcaire h a u t e de 0.33 m., large de 2.325, épaisse de 0.58, a y a n t fait partie
plutôt d'un entablement que de la base d'un édifice votif, consacré a u x Θεοί επήκοοι (fig. 1).
Lettres hautes de 0.05 et de 0.015 dans le champ central, et de 0.03 sur le listel supérieur d e l à
moulure qui en forme le cadre. Le profil supérieur est un peu endommagé ; cependant la lecture
de la première ligne est parfaitement assurée par ce qui en reste (fig. 2). Beaucoup de ligatures.
Vers la fin du I l - e s.
['AyauJrJÎ τνχηι.
"O προοτάτης καΐ δίθψνλαρχος καΐ φιλότειμος καΐ επιμεληϋεϊς τοϋ οϊκον, *Απατονριος
Ενελπίοτον τοϋ Ποοειδυηίον τοϋ προατάτον καί άγαϋών ενεργέιη (sic), άνέστησεν φιλοτειμίαν
[Θεούς έπηκόονς.
Φνλή Όπλείτων νπερ δισφνλαρχίας.
Nous n'insistons pas sur les irrégularités d'orthographe et de grammaire qu'on peut constater
aussi dans cette inscription: nous relevons seulement Γενεργέτη de la 3-e ligne, où nous avons la
même forme b a r b a r e du génitif que chez Cagnat I G R R P . I 931,9; 1 2 3 6 , 2 , — etc. (p. 664). Le
sens de l'inscription est parfaitement clair: le président de la tribu des "Οπλητες de Tomi fait
une dédicace aux dieux έπήκοοι, et la tribu elle-même s'associe à l'offrande faite par son prési-
dent, à l'occasion de l'élection de ce personnage pour la seconde fois comme chef de la tribu.
J
) V. PArvnn, Le Mur d'enceinte de Tomi, Anal. av. J.-Chr.). Cp. aussi p. e. Jahreshefte, XV 1912, p.
Acad. Rom., X X X V I I 1915, pi. VI et plan II, le com- 59 et Pârvan, Histria IV, p. 626 suiv. et 723 euiv.
3
plexe des bâtiments notés en rouge, en haut à gauche. ) D. M. Teodorescu, Monumente inédite din Tomi,
2
) Dittenberger, Sylloge*, I 191 (Athènes, a. 357/6 Bucarest, 1915.
273
18 Dacia I 1924.
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VASILE PÂRVAN
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274
UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI
des Γελέοντες et des Βίορεϊς1). Il faudrait donc a d m e t t r e à Tomi aussi six arrondisse-
ments de la cité, à organisation religieuse et peut-être même administrative, autonome. E n
effet une inscription de Tomi nous fait connaître un certain φνλαρχος, qui a occupé,
2
entre autres fonctions, celle de γνμνασίαρ[χος τοϋ δή]μον τής τε φν[λής] ). Faut-il ad
m e t t r e en Mésie, d'après l'exemple de la Thrace (v. ci-dessous) la répartition du territoire
rural de la ηόΐΐζ entre ses différentes t r i b u s ? Telle inscription du territoire d'Istria milite-
rait pour cette h y p o t h è s e : Άγαΰήι τύχηι. φνλή Λιγικορεον τόν β[ο)μ]6ν τάϊς Νύ[μφ]αις
3
άνέοτησ[εν] εκ τών Ιδίον /ε]πί άρχής Σκαπονλα Ν[ι]κολάον ) : le phylarque des Αίγικορεϊς
d'Istria élève u n autel quelque part, près d'une source (chose si rare en Scythie Mineure) pen-
d a n t son άρχι); et l'inscription analogue des Άιγικορεϊς de T o m i 4 ) , trouvée de même dans
le territoire rural, près de Tomi, appuyerait encore l'opinion ci-dessus formulée. Cependant rien
ne nous autorise d'insister dans cette direction. Toutes les inscriptions, grecques ou latines, de
la Mésie m o n t r e n t que les villes grecques du κοινον gétique της Πεντα- resp. Έξαπόλεο)ς, de
la côte occidentale du P o n t Euxin, avaient conservé leurs privilèges de villes libres, mais
avaient dû accepter aussi, très logiquement, la conception libérale romaine de l'organisation de
leur territoire rural, où les vici jouissaient d'une autonomie presque complète. E n effet, si
nous examinons les inscriptions de la Thrace, nous y retrouvons le centralisme et le bureaucra-
tisme hellénistiques, florissant ici dans des formes complètement analogues à celle de l ' E g y p t e .
Les phylarques de Thrace a y a n t en sous-ordre les comarques, sont de vrais fonctionnaires,
envoyés par les protarchontes δ ) , les synarchontes e ) ou les politarques 7) des villes, pour admi
nistrer directement les h a b i t a n t s ; cf. p . e. l'inscription du territoire rural de Philippopolis,
concernant la φνϋ} Έβρηΐζ8), du temps de Sévère Alexandre: deux comarchies (chacune
régissant plusieurs villages) manifestent par les délégués de deux villages leur reconnaissance
Λνρ?]/ίω Καρδένΰΐ) Βειϋνηκοϋ γενομένα) φνλάρχο) φνλης Έβρηΐδος άρξαντι εν ήμεϊν άγνώς
κάί επιεικώς κατά τονς νόμονς...; ou encore, dans le même territoire, trois villages d'une
a u t r e comarchie honorant u n autre p h y l a r q u e : ενχαριοτοϋσιν ΑΙμιλίο) Βείΰυι φν?Μρχήοαντι
9
κατά τούς νόμονς άγνώς και δικαίως... ). Une telle centralisation imposait t o u t naturelle
m e n t la délimitation sur le terrain des territoires des tribus elles-mêmes (cp. p . e. les οροΐ
φνλής Ήρακλεΐδος*0), — toujours à Philippopolis). Rien de semblable en Scythie Mineure;
ici les «magistrati» des villages (magistri et quaestores) exercent une autorité analogue à celle
des magistrats municipaux ; ils sont élus chaque année par leurs concitoyens, pour la p l u p a r t
des cives Romani et des veterani, ou des Thraces, consistentes dans le village, et en grande
partie romanisés aussi. Sauf de rares exceptions n ) , le latin est parlé p a r t o u t . Les cités grecques
*) Cf. Bilabel, o. c, p. 118 suiv. pas en Mésie: c'est pourquoi l'inscription mutilée d'O-
8
) Arch.-epigr. Mitt. VI 24, 48 (Tocilescu). dessus, complétée par Skorpil (Arch.-epigr. Mitt. XVII
3
) Ibid., XVII 88, 12 (Tocilescu). 203, 82) avec le mot τιολ]ιτάοχον (restauration acceptée
4
) Ibid., VIII 13, 32; fragment très mal conservé. par Kalinka aussi, Ant. Denkm. in Bulg., Vienne 1906, p.
6
) P. e. Cagnat, IGRRP. I 750; cp. les indices, p. 98), doit être lue d'une autre manière (v. Kalinka, 1. c ) .
8
626, sous πρώτος άρχων. ) Kalinka, o. c , no. 55 et Cagnat, o. c , I 721.
β 9
) Ibid., ind. 1. c. > Kalinka, no. 100 et Cagnat, no. 728.
7 J0
) Cf. E. Bormann, Arch.-epigr. Mitt., X I I , p. 190 ) Arch.-epigr. Mitt. XVII 52; Kalinka, o. c, no. 120.
u
suiv. avec Liebenam, Stadteverwaltung, Leipzig, 1900, ) Très caractéristique, l'inscription d'un village du
p. 293. Le polilarque est un fonctionnaire caractéris- territoire rural d'Istria, mentionnant la construction
tique pour les anciens royaumes hellénistiques: Thrace, έκ τών ΐδίων, νπερ μαγιστράΐης, d'un ζργον τοΰ
Macédoine, Bospore Cimmérien (Philippopolis, Thes- άβηωρίοθ par les deux magistri du village: Arch.-
saloniquc, Lete, Edessa, Panticapce, etc.) et n'existe epigr. Mitt., XI 69, 142.
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275
VASILE PARVAN
de la Scythie Mineure ne peuvent pas exercer comme leurs soeurs de Thrace une oeuvre
de civilisation parmi des indigènes encore barbares, eux-mêmes organisés par tribus et par
gents, mais doivent se contenter du rôle économique, social et religieux de métropoles urbaines
des villages très actifs, riches et policés, qui constituent leurs territoires ruraux.
Le φνλαρχος est donc à Tomi, à Istria, et en général dans le κοΐνυν pontique un magistrat
élu et très honoré, non un simple employé des chefs de la cité. La preuve nous est fournie
par notre inscription même, qui nous montre Άττατονριος le fils d'' Ενέλταοτος occupant en
même t e m p s les deux dignités: celle de φύλαρχος et celle plus honorable encore de προατάτης
de la tribu. E n effet la «présidence» d'une tribu était ici une distinction tellement prisée, que
la tribu des ' Αργαδέϊζ de Tomi pouvait se vanter d'avoir pour président le pontarque en per-
sonne: τόν ποντάρχην καΐ άρξαντα τής ' Ε ξ α π ό λ ε ω ς τόν νίόν τοϋ Πυντον κ<ά πρώτον άγω-
νο&έτην Θεον ' Α ν τ ι ν ό ο ν Τ. Φλάουιον Ποσειδώνιον νίον Φαίδρον τοϋ ποντάρχον καί νίοϋ
ι
τής πόλεως, φυλή Άργαδεων τόν έαυτης προοτάτην ).
'Απατούριος lui-même est le fils d'un προοτάτης et ενεργέτης de sa tribu et le m o n u m e n t
dont nous nous occupons a été érigé à l'occasion de son élection pour la seconde fois comme
φνλαρχος. C'est qu'il ne s'est pas contenté d'être un φιλόχειμος de la tribu des "Οπλητες de
Tomi, mais il a agi d'une manière très positive et pratique, en qualité ά'επι/ιεληΦεϊς τοϋ
οϊκον, c'est-à-dire du «club» de la tribu. Or cette fonction qui paraît avoir concentré les at-
tributions d'un ταμίας et aussi d'un οΐκονόμος 2 ), a dû être assez fatigante et dispendieuse:
les fêtes et les assemblées étaient nombreuses, le culte des empereurs y était compris, et le
local lui-même exigeait de continuelles réparations et aussi des agrandissements, des ameub-
lements et des embellissements 3 ) .
Cependant la préoccupation capitale des anciens est le culte des dieux. Au Il-e s. dans
les villes du P o n t , comme p a r t o u t dans l'Empire romain, chaque corporation a son p a t r o n
divin, qu'elle cultive d'une manière presque obsédante. Le «club» de t o u t e association devait
posséder au moins une «chapelle» sinon t o u t un «temple» avec son enceinte sacrée. Or parmi
les dieux préférés dans le P o n t thrace, c'est-à-dire dans le pays des Gètes άϋανατίζοντες (Hérod.
IV 93), ce sont les «dieux cavaliers» qui occupent la première place ; leurs noms varient :
Dioscures, Cabires, ΰεοΐ ήρωες (à divers appellatifs toponomastiques thraces), επήκοοι ϋεοΐ
Σωτήρες, ΰεοι έπήκοοι, &εοΙ μεγάλοι, &εοι (μεγάΐοι) ol εν Σαμοΰρψκΐ], ϋεοί σννναοι (avec
Zeus), mais le contenu religieux reste le même. Solitaire, ou double, le dieu à cheval c'est le
■&εός Σωτήρ par excellence. Il garantit l'immortalité à ses fidèles. Son culte est mystique.
Des thiases innombrables cultivent p a r t o u t en pays gréco-thrace son image héroïque. Ses
icônes représentent et les inscriptions qui les accompagnent confirment, par des noms et des
appellatifs, le syncrétisme parfait qui s'est accompli entre le dieu cavalier, d'origine céleste, et
la «Grande Déesse» de n a t u r e chthonienne 4 ). Les Grecs des villes du P o n t thrace adorent le
dieu double sous le nom des Dioscures. Cependant le lieu sacré où se concentre le culte des
1
) Cagnat, I G R R P . I 634. κατεσκεύααεν αύν τοΐς ύποΰέμασιν (mal interprété
2
) Cp. pour les détails de l'organisation corporative par Kalinka).
des tribus dans les villes grecques de l'empire romain, *) Cp. p. e. l'inscription de Tomi (Arch.-epigr. Milt.
Liebenam, Stàdtevertialtung, p. 220 suiv. XIV 18. 40): ΜητρΙ &εών καΐ Αιοσκόροις (ôvovatv
3
) V. p. e. toujours de Pbilippopolis, la métropole de νπερ τής τοΰ δήμον σιοτηρΐας !) ; d'ailleurs Cybèle
la Thrace, les inscriptions chez Kalinka, o. c , p. 187 et et les Dioscures se retrouvent assez souvent aussi sur
suiv.: un citoyen fait cadeau au club de la tribu Αρχε- les monnaies de la ville de Tomi.
μισιός des ...lits de repos à sommiers: τονς κλνντήρας
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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI
dieux sauveurs c'est, dans toutes ces villes maritimes, le temple des «grands dieux de Samo-
thrace». Λ Odessus le Σαμο&ρφαον était si spacieux, qu'il servait aussi d'archives d ' é t a t : τον δε
1
ίεροποιόν άναγράψαι τό ψήφισμα τόδε είς τελαμ(~)να καϊ ϋεϊναι εΐς Ιερον Σα/ιοΰράκιον ). A
Dionysopolis, parmi les cultes à processions publiques est cité celui des dieux de S a m o t h r a c e :
(du temps du grand roi gète Burebista) ϋεών τε τών εν Σαμοϋράκγ] τον οτέφανον άνειληφώς
όιά βίον (Acornion le fils de Dionysios) τάς τε πομπάς [καϊ τάς ΰυσίας/ έπιτελεϊ νπέρ τε
τών μυοτών καΐ της πόλεως 2 ). Callatis ne manque pas non plus d'un Σαμο&ράκιον 3 ) . Une
inscription de Tomi 4) nous renseigne d'une manière presque indiscrète sur l'organisation et
les cérémonies τών μνοτών '&εών τών èv Σοίμοϋράκγ]: l'office de prêtre à vie de ces dieux était
acheté par les candidats (en espèce le prix en a été de sept pièces d'or et soixante d'airain,
payées sur-le-champ). Istria, dont le culte des Dioscures Sauveurs nous est déjà connu, pos-
sédait comme Odessus un grand Σαμοϋράκΐον qui lui servait aussi d'archives d'état 6 ).
11 y avait naturellement beaucoup d'autres dieux, à commencer par le couple suprême
(Zeus — Hera), auxquels les Gréco-Thraces appliquaient l'épithète divine ά'ετιήκοος β ), dont
l'origine n'est pas d'ailleurs en Grèce, mais en Asie et en E g y p t e . Πλούτων même est parfois
invoqué comme έπήκοοζ7), toujours — il va sans dire — au sens religieux t h r a c e : comme
maître de la vie éternelle. Mais c'est le '&εός "Ηρο)ς<\\\\ est le dieu ετΐήκοοζ— κατ έξοχήν. Dans
le pays gète au sud du Danube c'est dans les gorges rocheuses des Crobyzes, à ΓΟ de Marci-
anopolis, que le dieu Cavalier est adoré avec le plus de ferveur. Son image est gravée sur la
roche vive à Madara ou à Karlikeuy 8 ) ; des alignements à six rangées de blocs et à autel en
forme de trône près d'Aboba 9 ) ; des sanctuaires mystérieux sculptés dans la roche, non loin
du relief représentant le dieu Cavalier à Madara 1 0 ) ; enfin le commentaire parlé de tous ces
symboles, l'inscription du relief trouvé à Ketchidéré, au SE de Madara, — et dont le t e x t e
suit, — nous renseignent définitivement sur le caractère des ϋ'εοί έπήκοοΐ, qui nous préoc-
cupent. L'inscription de Ketchidéré d i t : ... μον ô και Παπίας οικοδ[ομήοας καΐ κα$ιερώσ?]ας
τον τόπον Διι νψ[ίστο). τοντου δε το τέταρ?]τον μέρος εατϊν Δωοκ[6ρων]ιΧ), — c'est-à-dire
le lieu a été consacré à Zalmoxis > Gebeleizis 1 2 ), mais u n e partie du territoire sacré appar-
tient a u x Dioscures, voire aux dieux Cavaliers, ses fils célestes, qui sont ses σύνναοι. E n effet
ce grand -υεός νψιοτος, adoré sur les hauteurs solitaires, c'est le dieu des Gètes Zalmoxis, dont
les lieux de culte se trouvaient en Dacie aussi sur les sommets des montagnes et dont les
fidèles élevaient là-bas aussi, à Costesti p . e., dans le SO de la Transylvanie, des alignements
analogues à ceux d'Aboba 1 3 ). Les Thraco-Gètes des montagnes à l'O de Serdica l'adoraient
sous le nom de νψιοτος u ) , et u n peu plus bas, dans la même vallée de la Nichava, à Naissus,
8
') Kalinka, o. c , no. 9 3 ; cp. encore nog. 193 et 194 ) Jiredek, Arch.-epigr. Mitt., X 196 suiv.
e
sur les cultes «les Dioscures. ) Kalinka, o. c , no. 16.
2 10
) Ibid., no. 95, ligne 19 suiv. ; Ibid., no. 17 suiv.
3 11
) Arch.-epiçr. Milt., XIV 35, 88 et X I X 31, 67; ) Ibid., no. 133.
12
110, 67 (Tocilescu). ) La théorie de Cumont et de Schiirer sur le ΰεόζ
l
) Attribuée par erreur à Callatis (Tocilescu-Comperz νψΐστος a produit parfois des confusions: pour kalinka
dans les Arch.-cpigr. Milt., VI 8, 14). le dieu des gorges sauvages du pays des Crobyzes ou,
8
) Pârvan, Histria IV, p. 544 suiv. aussi des Serdi, c'est le Jahveh juif ( !), parce que c'est
e
) Cp. l'étude très documentée d'O. Weinreich sur lui qui s'appelle par excellence ϋψιστος (v. o. c , p. 126
es ΘευΙ επήκοοι dans les Atheniache Milt., XXXVII et 134). Cf. Weinreich, /. c, p. 43 suiv., avec les textes
1Ή12 et Pârvan, Durostorum dans la Kivista di Filo- épigraphiques, p. 17 suiv. et 21 suiv.
13
logia, Torino, LU 1924, p. 310 suiv. ) Pârvan, Getica, p. 637.
7 14
) Kalinka, o. c , no. 142. ) Kalinka, o. c , no. 145; il est connu avec ce nom
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277
VASILE PÂRVAN
ils l'appelaient — en 223 apr. J.-Chr. — le dieu paternel des collines: Jupiter optimus maximus
paternus aepilofius ( = εηιλόφιος) l). Quant aux dieux Cavaliers, ses fils, ils ont dû être com-
me les Dioscures grecs et leurs prototypes les Açvins védiques — les fils de Sourya (le Soleil) —
ses aides dans le combat contre les démons des orages 2 ) : il semble que le nom même de ces
dieux a pu être quelque chose comme Esbeni 3 ), l'analogue des Açvini (voulant dire en thra-
eo-gète juste «dieux à cheval»), — car esp- est la racine thrace pour le grec hip- (cp. encore
les appellatifs du &εός "Ηρως: Βετ-έοπιος et Οντ-άσπιος, avec leur traduction en grec:
4
επίπιος, pour εφίππιος) ).
E n t o u t cas ces dieux Cavaliers portaient u n étendard très curieux: c'était le draco dace
adopté ensuite par les Romains aussi, comme enseigne des cohortes du Bas-Empire 5 ) . Ces dra-
gons sont la personnification des démons des orages, que les dieux solaires, à cheval, poursui-
vent et dispersent. C'est d'ailleurs connu que le dieu cavalier porte très souvent chez les Thraces
le nom aussi d'Apollon6). Les frères Skorpil publiant plusieurs reliefs du «héros thrace» 7 ), dont
l'épigraphe affirmait parfois qu'ils sont des Apollons, expliquaient de leurs temps, d'une ma-
nière assez simpliste, que tous ces 77 reliefs du dieu cavalier eussent représenté Apollon. E n
réalité tous les noms grecs de ces dieux solaires sont indifférents; ils sont de simples équiva-
lents assez naïfs pour des idées religieuses bien différentes des conceptions méditerranéennes 8 ) .
E n effet nous connaissons très bien le nom a u t h e n t i q u e du dieu cavalier thrace, comme re-
présentant de l'idée solaire: c'est le # Î O Ç Σονρεγέ^ς επήκοος de Bessapara9), le Héros Sure·
,0
getes idemque Praehibens ) de Durostorum. Or déjà Tomaschek, en 1894, relevait la parenté
très étroite entre le nom scythique d'Apollon, ( Γ)οιτό-σνρος (d'après Hérodote IV 59), et le
Σονρε-γέϋης thrace. Cependant, au lieu de pousser j u s q u ' a u x origines religieuses des deux
noms, le Sourya védique (Sol, Helios, Halios, Selene, etc.), il se perdait dans des étymologies
abstraites ll).
Retenons donc l'existence chez les Thraco-Gètes du culte originaire indoeuropéen du
Soleil et des deux étoiles crépusculaires encore à l'époque romaine, sous les mêmes noms q u ' à
l'époque védique: Sourya et les Açvins, correspondant à Sure(getes) et les '&εοί (Οντ)άοηιθί,
(Βετ)εθτιιοι, * Esbeni (c'est-à-dire, εφίππιοι et equini). Là où la pénétration grecque a été
suffisamment intense, l'ancien dieu solaire a pris u n nom grec: Apollon, Esculape, Dionysos,
etc., — toutefois avec la détermination locale et cultuelle thrace, presque toujours attachée au
nom grec: Σικερηνός, 'Ρανισκεληνός, Καδρηνός, Ανλαρκψός, Σαλδοοιηοοψός, ' Αϋνπαρηνός,
5
à Anchiah aussi (Jireèek, Arch.-epigr. Mitt., X 173, 3) ) Pârvan, Getica, p. 453, 519 suiv., 544 suiv., 621
et en plus, il est peut-être appelé επόπτης: lecture et et 640.
e
note de Benndorf. ) Lequel d'ailleurs est presque toujours défini par
1
) CIL. I I I 14565; en lit encore après AEPILOFIO: quelque appcllatif toponymique, tout comme les autres
SANC . ORIENS . COR . MIDE, pas encore interprétés; dieux cavaliers thraces: cf. p. e. Arch.-epigr. Mitt.
le vétéran qui a fait la dédicace s'appelle Cocaius, ce XVII 219, 122 et 123.
7
qui est tout-à-fait gétique: cauen-. ) Dans le Sbornik de Sofia, pour l'année 1892.
2 8
) Cf. la dédicace pour les "Ανεμοι Σωτήρες chez ) L'excellent recueil de textes concernant les Thraces,
Kalinka no. 200 et P.-W. I, s. v. anemoi. donné par Tomaschek dans sa monographie DU alten
3
) Très bien connu comme cognomen thraco-dace: Thraker, attend encore l'interprète qui le mettra en
CIL. III 8040; cf. Tomaschek, Die alten Thraker, II 2, valeur au point de vue de l'histoire des religions
p. 9. anciennes.
4 9
) Voir la liste des épithètes donnée par Katzaroff, ) Weinreich, h c, p. 19, avec toute la bibliographie.
l0
dans le Suppl. III (1918) de P.-W.-Kroll, s. v. Héros ) Pârvan, Durostorum, l. c., p. 311.
J1
(trakischer), p. 1142. ) Tomaschek, Die alten Thraker, II 1, p . 49.
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278
UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI
Κεβρηνός, etc.*). Car i n d é p e n d a m m e n t du nom grec qu'il porte, le Sourya thraco-gète reste
le δεσπότηζ ϋεών, tel cet Apollon de Cabyle sur le Tonzus supérieur, représenté comme «hé-
ros thrace» à cheval 2 ), ou, encore, tel le #eoç επήκοος μέγιοτος Λνλαρχηνός de Thrace 3 ),
représenté aussi en dieu cavalier et correspondant en gréco-thrace à u n Apollon Aulariochos ·&εός
επήκοος, patron des mines de fer de Tirnova 4 ) . E n réalité le grand dieu solaire ne possédait en
propre aucune image anthropomorphe. Comme à l'âge du bronze, ainsi encore à l'époque histori-
que, il était représenté par u n disque fixé au sommet d'une perche 5) et ce n'était q u ' à ses
acolytes et à ses fidèles, héroïsés après la mort, que l'on prêtait à juste titre l'image du dieu
à cheval.
De même qu'il n'avait pas d'image, ainsi le Sourya, φιλίπποις ΘραξΙ πρέσβιστον οεβας β ) ,
m a n q u a i t de t o u t nom propre. Car il était le seul Dieu, et il semble que ses «noms», tels Zbel-
thiurdos, Gebeleizis et Zalmoxis, n'étaient, comme leurs correspondants grecs, que des épithètes 7 ).
Weinreich a noté 8 ) que l'épithète ά'επήκοος, qui nous préoccupe pour le m o m e n t , est ap-
pliquée en Thrace, en Mésie, en Dacie et en général a u t o u r du P o n t thraco-cimméro-phrygien,
surtout aux dieux Ιατροί. Or Platon lui-même nous renseigne 9) sur les fonctions par excellence
médicales de Zalmoxis, le dieu suprême gétique.
Nous voilà donc arrivés à notre point de départ. La floraison du culte des dieux εΤΐήκοοι
et οωτήρες dans le P o n t thrace s'explique d'une manière très naturelle (sur base mystique
orientale) par les deux éléments promoteurs que nous avons essayé de préciser ci-dessus: 1° le
culte des μεγάΐοι ΰεοϊ ol εν Σαμοΰράκτ) (dont les Dioscures ne sont que la forme tout-à-
fait exotérique) comme contribution hellénique; 2° le culte des μεγάοι ΰεοί solaires (de repré-
sentation iconique identique avec celle des dieux Cavaliers grecs), comme contribution thraco-
iranienne. Les Θεοί έπήκοοι, sans autre détermination plus précise, honorés par ' Α η α χ ο ν ρ ι ο ς ,
le président et deux fois phylarque de la tribu des "Οπλητες de Tomi, en même t e m p s très dis-
tingué curateur du «club» de la tribu, sont donc, à «notre avis, les dieux Cavaliers grêco-irano-
thraces, tels que nous les connaissons au Jl-e et au I l l - e s. apr. J.-Chr. par d'innombrables
icônes dans les provinces géto-thraco-illyriennes de l'Empire romain 1 0 ), adorés à la manière
mystique orientale, prédominante à cette époque-là dans le P o n t t h r a c e .
VASILE PÂRVAN.
8
*) Cf. Kalinka, o. c , p. 409 suiv. et Weinreich, l. c. ) L. r., p. 40.
2 9
) Kalinka, no. 155. ) Charmides, chap. V et suiv. et Pârvan, Getica,
3
) Weinreich, l. c , p. 11 et 40. p . 145.
10
*) Weinreich, p. 6 et 40. ) Cp. l'étude très approfondie de Rostovtzeff, Une
6
) Témoignage concernant les Péoniens, mais appli- tablette votive thraco-mithriaque du Louvre (Mêm. prés,
cahle à tous les Thraco-Gètes: chez Tomaschek, o. c, par dit. sav. à VAcad. des Inscr., X I I I 2. Paris 1923),
II 1, p. 48. p. 405. Je dois noter ici que mes opinions sur le «héros
e thrace» diffèrent de celles de Rostovtzeff, comme d'ail-
) Orphée chez Sophocle dans le Tereus, invoquant
Hélios (chez Tomaschek, /. c.) leurs aussi de celles de Capovilla, Jï Dio Héron in
7 Tracia e in Egitto, dans la Rivista di Filologia, To-
) Cf. Scurc, Les images thraces de Zeus Kêraunos,
Rev. et. Gr., XXVI 1913 p. 258 suiv. et Pârvan, Getica, rino, LI 1923, p. 424 et suiv.
p . 155 et suiv.
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES
DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
Ce sont les antiquités romaines qui jusqu'à présent ont surtout attiré l'attention et l'acti
vité archéologique dans la région danubienne de Turnu-Severin. Ces antiquités s'imposaient
autant par la littérature historique, que par le fait qu'en bonne partie elles émergeaient du
sol: ainsi les pilliers du pont de Trajan, les castellas, les chemins romains, surtout celui
qui a été fait par Trajan en entaillant le roc de la rive droite du défilé danubien, en amont
des Portes de fer. L'attention était moins attirée par les antiquités préromaines, ensevelies
dans l'oubli de l'homme et sous de plus épaisses couches de terre. Toutefois elles aussi ne tar
dèrent pas à s'imposer et à permettre de préciser l'existence dans cette région d'une suite de
civilisations commençant par le néolitique et s'enchaînant jusqu'à la conquête romaine.
Les premières pièces préhistoriques trouvées par hasard à Turnu-Severin à l'occasion de
l'aménagement du «Parc des Roses», sout deux haches triangulaires, polies, à la base aiguisée
et coupée en biais sur les deux faces (fig. 1 et 2) *) ; la première est plus allongée, conique au
sommet, et présente sur toute la surface de petites érrosions produites par des agents phy
siques.
Depuis lors Turnu-Severin nous a donné encore: un fragment de hache en pierre polie,
perforé, utilisé plutôt comme sommet de casse-tête, trouvé dans le castellum tête du pont
de Trajan, au niveau des fondations des murs romains (fig. 3).
Sur le terrain depuis longtemps employé pour la fabrication des briques, à l'extrémité
ouest de la ville, entre la voie ferrée et le Danube, on a trouvé dans les trous creusés pour l'ex
traction de la terre: le coup-de-poing (fig. 4) en pierre polie, de forme triangulaire, coupé en
biais sur les deux cotés et avec des facettes à la base ; un lourd maillet (fig. 5) à rainure pour
fixer le manche; des marteaux-percuteurs en pierre roullée (fig. 6); des meules mobiles, dont
une (fig. 7) avec l'une des faces sensiblement convexe ; un mortier (fig. 8) creusé au milieu de
la face polie d'une grande pierre roulée 2 ).
A la même place on a trouvé quelques fragments de vases primitifs, des proéminences
jouant le rôle d'anses (fig. 9 —12); les fragments ont des décorations incisées; des impressions
digitales, des cannelures, une spirale, et des incisions remplies de matière blanche.
*
* *
En sortant du majestueux défilé des «Cazane» 3) ou rencontre en avald'Orçova plusieurs
îles assez grandes pour être cultivées et même habitées. La première, Ada Kaleh, l'avant-garde
1 3
) Ces pièces, comme, toutes les autres que nous dé- ) Ainsi nommé d'après la forme de fond de chau-
crivons ici, font partie de la collection du musée ré- dron, en roumain «cazan», que prend le défile a plu-
gional instalé au lycée Trajan. sieurs reprises.
2
) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique pi. X X I I .
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PHOTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
occidentale des P o r t s de fer, couverte presque entièrement p a r les ruines de la forterese au
trichienne du X V I I I - m e siècle, est habitée aujourd'hui par une population t u r q u e . Ici la con
struction de ces imposantes fortifications a sans doute anéanti les restes de la vie ancienne
romaine et préhistorique, q u ' o n rencontre dans toutes les autres îles de la région.
Comme a v a n t g a r d e orientale des Portes de fer, émerge sur une base de roc dur l'île
B a n n i ] ) utilisée a u x
t e m p s anciens com
me citadelle à l'en
trée du défilé. Les
restes d'une fortifi
cation romaine, en
pierre et grandes
briques, y subsiste
encore. Sur la pla
ge, aux basses e a u x ,
ou a t r o u v é aussi
1 ' outillage néoliti
que ici reproduit :1e
fragment d'une meu
le à b r a s (fig. 13),
u n petit p e r c u t e u r
(fig. 14) a y a n t la for
me d ' u n cilindre u n
peu a p p l a t i , usé p a r
le travail a u x bases
et sur les deux cô
tés ; des percuteurs
de forme allongée
(fig. 15 et 16) en
fragments de pierre
roulée, usés seule
m e n t au b o u t et u n
nucléus en silex, cas
sé à l'un des bouts
(fig. 17).
E n descendant
des P o r t e s de Fer le Fig. 1 — 43.
lit du D a n u b e s'é
largit, de h a u t e s collines surgissent r e m p l a ç a n t les m o n t a g n e s , la terre devient plus fertile,
les restes d'une vie préhistorique avec outillage néolitique se multiplient. Nous avons v u les
peu nombreuses mais caractéristiques restes de cette vie à l'île B a n u l et à T u r n u - S e v e r i n .
U n peu en aval des ruines du p o n t de Trajan, à l'embouchure de la rivière Topolnitza,
émerge l'île de Çimian qui garde d ' i m p o r t a n t s restes de très anciens h a b i t a n t s insulaires. E n
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AL. BARCÀCILA
fi·
du D a n u b e , depuis les t e m p s pré
historiques j u s q u ' à nos j o u r s , con
séquence des dépôts jetés p a r les
rivières et les t o r r e n t s , et que le
courant lent du fleuve ne p e u t char
rier plus loin. C'est pour cette rai
son aussi q u ' à l ' e m b o u c h u r e de la
Topolnitza, le bras du D a n u b e e n t r e
l'île de Çimian et la rive gauche est
réduit à un très étroit canal, encore
navigable. De même plus bas vis-
à-vis du village H i n o v a , à l'embou
chure du t o r r e n t Rîul Morilor 2 ), le
b r a s e n t r e l'île Corbul 3 ) et la rive
gauche est a u j o u r d ' h u i complète
m e n t bouché et traversé par une
• 1V ^^^Γ^^^βΙΙ^^^^ piste employée p a r l e s paysans.
*9 fl "^ La situation n ' é t a i l |>;i- la
^*iÊk ^ ^ ^ jflj <ri même pour les h a b i t a n t s «1rs temps
préhistoriques, dont les villages, atc-
W «
^H
'M
Wg
m liers, cimetières, se t r o u v a i e n t à un
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
18) est coupé en biais à l'un des b o u t s ; une petite hache de forme triangulaire bien affilée
à la base (fig. 19) des esquilles, et des lames de silex.
Les fragments de vases y a b o n d e n t . Nous avons classé les fragments d'anses, en com
m e n ç a n t par des mamelons de différentes formes, non perforés (fig. 20 — 2 5 ) ; suivis des
mamelons perforés, les uns dans la direction verticale, pour le fil de suspension ; d ' a u t r e s
dans la direction horizontale p r e n n e n t déjà la forme d ' a n s e ; suit une série d'anses élargies
a u x extrémités et qui se rétrécissent à leur partie médiane a ) ; des anses à base élargie, mais
dont la partie médiane faisant saillie prend la forme d'un bec d'oiseau ; u n fragment de bec
allongé, s e r v a n t à boire 2 ).
Les figures suivantes d o n n e n t des fragments à o r n e m e n t a t i o n variée, simple b o r d u r e
d'empreintes de d o i g t ; des cordons d'applique, avec les m ê m e impressions digitales (fig.
Fig. 52.
26 — 30) ; des incisions à l'ongle, des points et des lignes pointillées, des lignes droites paral
lèles ou disposées en chevron ou en zigzag (fig. 3 1 — 4 8 ) .
On y t r o u v e aussi des fragments de grands vases, toujours travaillés à la main, bien lus
trés et à proéminences au lieu d'anses (fig. 4 9 — 51).
*) V. Décbclettc, Manuel I fig. 208, II pag. 377. par Déchelette, Manuel, II pag. 77 ont le bec formé
2
) De pareils fragments à l'île Corbul; les vases cités par rallongement du bord même du vase.
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AL. BÀRCÀCILÀ
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
Nous donnerons ici la description sonmaire des objets q u ' o n y t r o u v e dans l'ordre
de la matière dont ils sont fabriqués: os et corne, pierre, terre cuite. Le métal, bronze
et fer, n ' é t a i t pas employé p a r les h a b i t a n t s de cette station, ocupée depuis les t e m p s néo-
litiques j u s q u ' à l'aube des t e m p s historiques. Nous laissons a u x s a v a n t s historiens et spécia
listes, en premier lieu à n o t r e perspicace et infatigable investigateur de notre passé lointain,
M. V. P â r v a n , le soin de préciser les conclusions historiques q u ' o n p e u t tirer de ce matériel.
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AL. BARCÀCILÀ
P a r m i les objets qu'on rencontre le plus fréquemment dans cette station, il faut d'abord
citer les restes d'origine a n i m a l e : grandes cornes de bofl primigeniuB (fig. 53), de bos t a u r u s
primigenius (fig. 54) de ccrvus claphus, cervus mogaceros (fig. 5 5 ) ; dents et maxilaires de
sanglier, de sus scrofa ; vertèbres de poissons, grands et petits, etc. Les espèces prédomi
n a n t e s s o n t : le boeuf, le cerf, le sanglier et le porc. Beaucoup de ces restes sont presque fos
silisés; certains p o r t e n t les traces du travail de l'homme qui en a fait des outils: perçoirs,
poinçons, coins, etc. (fig. 56).
Les i n s t r u m e n t s en os et s u r t o u t en corne y sont f r é q u e n t s : des coins et ciseaux en corne
(fig. 57 — 58), deux gouges en os (fig. 59 et 60), des poinçons et perçoirs en corne (fig. 61 — 63),
en os (fig. 64), des manches de divers i n s t r u m e n t s , applatis et soigneusement polis (fig. 65
et 66), une petite plaque en corne avec des stries incisées pour être fixée à l'aide d ' u n fil;
une flèche et des brassards en os (fig. 67 —69) 1 ). E n bois de cerf cette station nous a donné
encore: une corne creusée d'une rigole (fig.70), u n m a r t e a u pilon (fig.71), beaucoup de haches
et d ' a u t r e s outils perforés (fig. 72 — 80) 2 ).
On y a t r o u v é des objets de p a r u r e fabriqués en matière animale d u r e : des pendeloques
en forme sémi-lunaire, faites de corne, perforées à leurs deux extrémités ou seulement à l'une
d'elles (fig. 81—85), un fragment d'une pièce semblable est en m a r b r e (fig. 8 6 ) ; des rondelles
perforées en os pour servir de graines d'enfilage (fig. 87 — 91), enfin des coquilles perforées
(fig. 92 — 94).
Les objets de pierre sont plus n o m b r e u x et variés. Ce s o n t : I. Des meules fixes et mobiles
de formes irrégulieres non perforées ; de simples pierres roulées de différentes dimensions et
formes, utilisées comme p e r c u t e u r sur t o u t le p o u r t o u r , ou seulement a u x b o u t s ; quelques-unes
gardent des traces qui m o n t r e n t qu'elles ont servi aussi de compresseur pour tailler le silex
p a r pression 3 ) ou p r é s e n t e n t des encoches, entre lesquelles roulait le fil d ' a t t a c h e , ou des
rainures creusées dans le m ê m e b û t sur le p o u r t o u r (fig. 95 — 97 et 98).
I I . Des pilons de différentes grandeurs, les uns en simples pierres roulées de forme
allongée, d ' a u t r e s travaillées et polies pour être plus c o m m o d é m e n t maniées ; u n d'eux p o r t e
des traces de compression pour la taille du silex (fig. 99 ■— 102).
Les percuteurs et les pilons ici cités s o n t :
E n roches erruptives granitiques et granulitiques, en diverses roches cristalines très
dures, en q u a r t z , en silex, en roches éruptives porphyriques, en grès silicieux et calcaire,
en m a r b r e noir.
I I I . Des haches sans perforation et des h e r m i n e t t e s (fig. 1 0 3 — 1 1 4 ) ; des ciseaux
(fig. 115 et 116); u n m a r t e a u (fig. 117) cassé à sa plus grosse e x t r é m i t é , u n perçoir à large
poignée fait d'un simple caillou roulé (fig. 118); beaucoup de fragments perforés de haches,
m a r t e a u x et casse-têtes (fig. 119 — 121); le fragment (fig. 122) est la moitié d ' u n sphé
roïde 4 ) très soigneusement poli, a y a n t u n petit col a u t o u r de chaque issue du canal de
perforation.
Les pièces (fig. 123 et 124) sont de simples pierres roulées, avec c o m m e n c e m e n t de perfo
r a t i o n , pour en faire p r o b a b l e m e n t des casse-têtes ; de m ê m e on a a b a n d o n n é la perforation
J
) Cf. Déchelette, Manuel I I , p. 105 et pi. I 20 . reproduit par Déchelette, Manuel, II p. 107, pi. V s e ,
2
) Les pièces fig. 72 et 73 ont pu servir de som cf. I, p. 523. Ce fragment a été donc une massue glo
met de casse-tête. bulaire, ou peut-être il faisait partie d'un appareil à
3
) Mortillet, Musée Préhistorique, pi. X X I I I 1 M . procurer le feu.
*) Exactement la forme de l'exemplaire en bronze
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
de la hache-marteau façonnée (fig. 125). D'autres pierres roulées plus on moins informes,
avec des trous pratiqués pour y passer des cordes étaient employées probablement comme
armes de jet, poids de tension, d'autres comme pendeloques ] ).
Les haches et les autres outils ici cités sont:
En granit, en gneiss, en roc cristalin microlithique, en silex, en serpentine, en quartz,
en micaschiste, en grès fin, en ardoise dure, en calcaire, en schiste cristalin de dureté
très réduite.
*
* *
Mais les trouvailles les plus abondantes faites à l'île de Corbul sont des objets en terre
cuite: des restes de foyers et de cabanes (fig. 134—136)2) des vases et des fragments de
divers outils, des ornements, des idoles. Avant de commencer la description de ce butin,
recueilli depuis quelques années avec mes élèves et collègues, je répète que je laisse
aux savante spécialistes les précisions et les conclusions archéologiques qu'il comporte.
Nous avançons toute fois que le matériel étant trouvé pour la plus grande partie sur
la plage, tombé de défférentes couches qui s'étagent jusqu'à quatre mètres sous le niveau
actuel de l'île, nous pouvons dès maintenant conclure que la même station a servi succe-
sivement, et peut-être sans interruption, depuis le néolitique jusqu'au premier âge du fer
et que ses habitants étaient de modestes et laborieux paysans, conservateurs en ce qui
concerne les moyens d'existence et par conséquent l'industrie et des arts qui s'y appli
quent. Le métal y est presque absent. Cette station nous a donnée seulement un anneau
en bronze et une pointe de lance en fer, trouvés sur la plage.
Les vases bien conservés sont en petit nombre et de petites dimensions, mais les fragments
sont si nombreux que nous n'en avons recueilli que les plus caractéristiques et ceux qui por
taient des ornements. Beaucoup de ces fragments proviennent de vases de grandes dimen
sions. 11 y eu a des plus primitives jusqu'au plus soignés, en ce qui concerne la composition
de la pâte, le galbe et la cuisson. L'ornementation incisée ou imprimée à l'aide d'une matrice
est presque la seule que nous rencontrons ; comme reliefs nous trouvons surtout des cordons
d'applique et des proéminences.
Les vases (fig. 137 —139) en pâte rougeâtre bien cuite, intérieurement des cylindres très
peu enfoncés, prennent extérieurement vers la base la forme d'un cône tronqué, dont le bord
supérieur présente deux petites perforations verticales de suspension. Semblable à celles-ci en
a
) V. Déchclctte, Manuel, I, pag. 575. finale, peut-être un ornement arhitectural ayant la
2
) Le No. 1 est un fragment à deux plans en angle forme d'un trapèze, soigneusement poli sur toutes les
droit; sur le fragment No. 2 on reconnaît la trace du faces et ornementé sur la face antérieure d'un relief
bois qui soutenait les parois; le No. 3 représente la partie demi-cylindrique, élargi à la base.
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AL. KAKCACILA
ce qui concerne le galbe et la p â t e , la tasse (fig. 140) diffère des premières p a r l'anse qui lie
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ANTIQUITÉS PRE- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
(fig. 142) en p â t e grisâtre et avec deux petites proéminences des d e u x cotés de la base de
l'anse.
Du même galbe, en p â t e rouge bien cuite, le vase (fig. 143) a le cordon saillant, plus déve
loppé et arrondi, ornementé de stries v e r t i c a l e s ; elle p o r t e en outre d e u x anses. A tous ces
exemplaires la forme de l'intérieur presque cylindrique ne correspond pas à celle de l'exté
r i e u r ; au contraire, le fragment de la cruche (fig. 144), en même p â t e rouge et a y a n t comme
les vases p r é c é d a n t s u n e base très réduite, prend à l'intérieur e x a c t e m e n t la forme de l'exté
rieur, donc l'épaisseur des parois est p a r t o u t égale. La panse est o r n e m e n t é e de six lignes
parallèles obtenues par l'impression d'un fil tordu ; cet o r n e m e n t est i n t e r r o m p u et remplacé
sous l'anse par deux groupes de stries obliques, incisés avec la pointe d'un i n s t r u m e n t .
Le vase (fig. 145) à deux anses, en p â t e noirâtre, a y a n t la même base réduite, à panse
proéminente et p r e n a n t dans sa partie la plus large la forme hexagonale a u x six bosses régu
lièrement disposées, finit par u n col circulaire qui se rétrécit au s o m m e t . La panse est ornée
d ' u n e b a n d e de lignes en chevron légèrement incisées.
Le plus joli des vases q u e nous reproduisons ici, (fig. 146) est une petite cruche en
p â t e noire bien cuite, à une seule anse et qui présente en général le même galbe que
le précédent, avec la différence que la panse prend, grâce a u x q u a t r e bosses simétrique-
m e n t disposées, une forme q u a d r a n g u l a i r e a u x côtés très peu arrondis. Sur le fond patiné
en b r u n luisant se développe une riche o r n e m e n t a t i o n incisée, remplie de matière blanche.
Les motifs ne sont pas tout-à-fait également et s i m é t r i q u e m e n t disposés. Le bord du
col est encadré p a r deux rangées, l'une intérieure, de lignes incisées; le m ê m e motif
encadre la panse sous le col et à la b a s e ; une b a n d e de volutes entourées de cercles, de
petits r a y o n s , se déroule a u t o u r de la p a n s e ; des rayons et des lignes disposées p a r groupes
de deux, de trois et de six, remplissent les espaces libres du col et de la panse. Les incisions
sont profondes et remplies d'une matière blanche, qui contraste avec le b r u n du f o n d 1 ) .
L a m ê m e forme, à q u a t r e bosses, mais à d e u x anses, a y a n t la base rehaussée p a r u n
petit col cylindrique, le vase (fig. 147) de p â t e grise, fine, bien cuite, est seulement patiné en
b r u n luisant.
Très soigneusement ornementée est la petite cruche (fig. 148), en p â t e n o i r â t r e . Elle a
trois bosses au milieu de la panse, qui prend ainsi une forme triangulaire. L ' o r n e m e n t a t i o n ,
disposée en bandes horizontales sur la p a t i n e b r u n e , couvre t o u t e la surface du vase. La b a n d e
de la panse, encadrée en h a u t et en bas p a r des chaînettes, répète trois fois le même motif:
une chaîne verticale de losanges encadrée par des groupes de lignes droites, sinueuses ou
courbes, celles-ci terminées en croc ou en spirale. Les losanges aussi sont remplis de petites
lignes ponctuées ; le col est ornementé de deux bandes différentes de lignes incisées et de bâ
t o n s r o m p u s , et par une c h a î n e t t e qui court sur son bord, en descendant du col par la face
extérieure de l'anse j u s q u ' à la panse. Dans les incisions on voit encore les traces de la ma
tière blanche.
Une très p e t i t e cruche (fig. 149), à panse gonflée, r o n d e , à h a u t col, à u n e anse rétrécie
au milieu et s'élargissant a u x extrémitées, est plus sobrement, mais toujours g e n t i m e n t dé
corée par une rangée de b â t o n s r o m p u s , des coins desquels descendent des lignes v e r t i c a l e s ;
u n e ligne ponctuée court sur la limite inférieure du cou, u n e a u t r e sur le b o r d de l'anse et
sur le cou. On reconnaît aussi ici, dans les incisions, les traces de la matière blanche.
') Nous nous demandons si ce joli vase n'était pas volutes rayonnantes nous parlent de l'intention dïmiter
destiné au culte du dieu solaire. Les quatre grandes l'astre adoré. V. Déchelette, Manuel, II, p. 409 — 464.
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10 Dncia I 1924.
AL. BÀRCÀCII.A
Nous reproduisons un groupe de différents vases: (fig. 150), u n e cruche (fig. 151); une
a u t r e (fig. 152) à anse coudre. Le pot (fig. 153), <ΊΙ pâte rouge bien cuite, à deux petites
anses de suspension; la terrine (fig. 151), à bord r a b a t t u à l ' i n t é r i e u r 1 ) ; trois j a t t e s ,
en p â t e rouge, en forme de cône t r o n q u é , une (lig. 155), plus rudiment aire, a le bord muni
d'un cordon d'applique à impressions digitales; le vase (lig. 150) est d'une exécution très
soignée; la tasse (lig. 157) est, au contraire, très grossière. Les pieds de vases sont de forme
conique, creusés, d'une exécution soignée, patines, unis ou à ornementation incisée. On doit
citer aussi u n e écuelle à bord très peu élevé, ovale et avec une proéminence de préhension
cornu (fig. 158).
Il y a enfin une série de vases minuscules, trop petits pour les r e p r o d u i r e : une petite
tasse sans anse, de forme demi conique t r o n q u é e ; un a u t r e avec ornements incisés et q u a t r e
anses caseées qui proéminaient du b o r d ; le troisième c'est une petite assiette traversée de
q u a t r e petits t r o u s ; le dernier c'est une petite assiette.
*
* *
Mais pour l'étude de la céramique de l'île Corbul on dispose d'un matériel plus riche de
fragments que de vases entiers. Nous en donnerons ici les exemplaires les plus caractéristiques
p a r leur forme et o r n e m e n t s , en commençant par les anses, des plus rudimentaires j u s q u ' a u x
plus soigneusement travaillées. Les proéminences r e m p l a ç a n t les anses sont très fréquents. Il y
en a qui i m i t e n t des r a m e a u x coupés à leur base d ' a t t a c h e ίι l'arbre, isolés ou à deux, des
b â t o n s ; d ' a u t r e s sont des proéminences informes, e m p r u n t a n t une forme quelconque, p a r
exemple une langue, une crête de coq, une paire de cornes, des boutons hémisphériques. Ces
proéminences ont parfois des perforations verticales simples, doubles, ou triples ; allongés,
amincis et perforés, ils p r e n n e n t la forme de t u y a u x 2 ) . Une des plus jolie forme des proémi
nences est le bec d'oiseau qui se développe lorsqu'on passe de la perforation verticale à
la perforation horizontale de plus en plus élargie, la proéminence se t r a n s f o r m a n t ainsi en
véritable anses. Nous donnons quelques formes rares d'anses (fig. 159 — 163), dont la fig. 159
finit en h a u t p a r d e u x cornes latérales.
Quelques vases présentent près du bord u n bec à large perforation s e r v a n t à boire.
Les proéminences de préhension et les anses intérieures sont des plus rares et des plus
curieuses (fig. 164). Nous ne pouvons pas nous expliquer le b u t des trois mamelons inté
rieurs qui s?élèvent au fond d'un vase (fig. 165).
L ' o r n e m e n t a t i o n est généralement incisée; les reliefs y sont très rares et des plus pri
mitifs: des cordons d'appliques simples ou multiples, h o r i z o n t a u x , v e r t i c a u x ou obliques, à
impressions digitales ou incisées, quelques-uns en forme de fils t o r d u s (fig. 166 — 1 8 0 ) . Des
mamelons ou des petits grains sont disposés p a r groupes ou remplissent t o u t e la surface
du vase.
U n des ornements curieux rencontré à l'île Corbul est o b t e n u p a r l'estempage d ' u n e
n a t t e de jonc (fig. 181).
Les ornements incisés sont fréquents et variés : de courtes incisions à l'ongle ou à l'ébau-
choir, éparses, en rangées ou r e c o u v r a n t la surface du vase (fig. 182 — 1 8 7 ) ; des lignes
tracées au pointillé, isolées ou p a r groupes et des c h a m p s pointillés; des impressions en
formes d'olive et d'oeillet ; des lignes incisées continues, droites et courbes, combinées en
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
diverses figures géométriques: des parallèles, des dents de loups, des chevrons, des m é a n d r e s ,
la grecque, des cannelures, etc. (fig. 188 — 201); des impressions a y a n t l'aspect de fils t o r d u s
disposés en chevrons (fig. 202 — 2 0 5 ) ; des rangées et des groupes de spirales imprimés avec
u n e matrice (fig. 206 — 2 0 7 ; des spirales conjuguées, des volutes, des cercles simples ou
concentriques, des demi-cercles isolés ou en séries, et d ' a u t r e s applications de la ligne
courbe combinée avec des chaînettes et des lignes droites (fig. 208 — 210). Quelquefois les
incisions sont remplies avec de la matière blanche.
Nous possédons un seul exemplaire peint avec une matière blanche (fig. 211).
291
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19·
AL. BÀRGÂCILA
j»«-t i t es de ces fusaïoles doivent avoir servi comme grains de c o l l i e r s 1 ) ; le même usage ont
dû avoir les plaques, les rondelles et les fragments des vases ici reproduits (fig. 221 — 2 2 8 ) ;
d ' a u t r e s plus lourds (fig. 229 — 233) ont pu être employés comme poids de métier ou de
filet, de même que les autres poids coniques, p y r a m i d a u x , ou en forme de galets.
*
La vie matérielle avec ses produits industriels et artistiques est la première que nous
avons rencontrée à l'île Corbul, et nous regrettions de ne pas pouvoir connaître, p a r des
oeuvres plastiques, axissi sa vie spirituelle. Toutefois cette révélation n ' a pas beaucoup t a r d é .
Un très petit idole animal en t e t r e cuite, un boeuf, disparu de notre collection p e n d a n t la
grande guerre, fût le premier b u t i n de cette catégorie, qui encouragea nos espérances.
Depuis lors nous avons trouvé plusieurs exemplaires d'idoles a n i m a u x et h u m a i n s , que nous
reproduisons ici.
La figurine (fig. 234) paraît reproduire l'image d ' u n boeuf. La t ê t e de boeuf (fig. 235)
a dû faire partie du bord des deux vases de la même forme, mais différents en ce qui con
cerne la p â t e et les détails d'exécution ; derrière le cou commence le bord et le creux du
v a s e ; la dépression entre les cornes continue comme une rigole qui débouche dans le v a s e ;
ce sont donc des anses 2 ).
Nous avons reproduit ici la pièce en t e r r a c o t t e à dos plat, cjui vue de face a l'aspect grossier
d ' u n e t ê t e de hibou, dont les y e u x résultent d'une perforation transversale (fig. 235).
La t ê t e à figure et a u x y e u x allongés, a dû faire partie d ' u n a u t r e objet, ce q u ' o n déduit
de la cassure visible au sommet de la t ê t e 3 ) (fig. 237).
Moins précise en ce qui concerne la forme est la figurine (fig. 238), à col allongé, avec une
t ê t e à peine ébauchée, comme celle de la figurine (fig. 239) qui représente une femme a u x
bras é t e n d u s .
Les six figurines qui suivent (fig. 240 — 240 b) sont des idoles féminines représentées
seulement p a r le b u s t e ; les têtes m a n q u e n t à l'exception de la figurine (fig. 244 a et b), dont
le visage est t r a i t é de la même manière sommaire que dans l'idole 239 ; les bras chez quelques-
uns sont perforés pour la suspension. Une b a n d e d ' o r n e m e n t s en x incisés embellit la b o r d u r e
inférieure de l'idole 243 ; chez les idoles 244 a et b , 245 a et b , l ' o r n e m e n t a t i o n incisée couvre
le buste j u s q u ' a u niveau des b r a s , et se prolonge en dessous des bras et dans le dos par une
rangée courte de signes ressemblant à des caractères a l p h a b é t i q u e s .
Nous ajoutons ici quelques fragments qui p e u v e n t avoir r a p p o r t au culte. Les pieds et
la main (fig. 249 — 251) p e u v e n t être des objets votifs 4 ). La pièce (fig. 252) est creuse et
imite la forme d'un pied. La pièce (fig. 253) est p e u t - ê t r e u n fragment de pied d ' i d o l e ; elle
est ronde et à o r n e m e n t a t i o n incisée. La pièce (fig. 254) ornementée de méandres p e u t être
aussi u n fragment de pied.
* *
Nous rencontrons les vestiges des mêmes civilisations non seulement dans les îles du
D a n u b e , mais aussi sur ses rives, comme nous le p r o u v e n t les objets de T u r n u - S e v e r i n 6 ) et
l 4
) V. Déchelette, Manuel, I pag. 570 — 576. ) V. René Dussaud, Les civilisations préhelléniques,
·) V. Déchelette, Manuel, II p. 478. pag. 397.
3 5
) V. les yeux prolongés reproduits d'après Schlie- ) Voir plus haut.
inann par Déchelette, Manuel, I p. 602.
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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
des fragments de terre cuite recueillis dans les villages voisins des îles dont nous avons p a r l é :
Çimian, H i n o v a , Batoji, et plus loin encore, en plusieurs localités, éparses sur t o u t e l'étendue
du district de Mehedinji j u s q u ' a u pied des montagnes.
Mais j u s q u ' à présent nous n ' a v o n s de ces localités que des exemplaires isolés. Ainsi:
deux grands maillets à rainure en roc éruptif, à gorge profunde creusée sur le p o u r t o u r pour
fixer le m a n c h e , l'une t r o u v é e à Rocçoreni (fig. 255), l'autre à Cernaïa (fig. 256) ; un s o m m e t
de casse-tête (fig. 257), en roc éruptif, à perforation centrale et qui nous est v e n u de B u d â -
nesti (près de Bàsesti) ; u n sommet de casse-tête a ) en forme de hache-pic perforé au milieu, en
J
) V. Mortillet, Musée préhistorique pi. LVIII.
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AL. HARCÀCILÀ
roc éruptif microgranitique, trouvé à Broscari (fig. 258); une hache; à perforation perpendi
culaire au fil du tranchant, toujours en roc éruptif microgranitiquc, trouvée à Isvoarele,
village sur la rive du Danube, un peu en aval de l'île Ostrovul-Mare (fig. 259).
Un autre village, Balta-Verde, situé à l'Est de la même île nous à fourni 1 ) le grand pot
en terre cuite de galbe irrégulier, en pâte noirâtre, avec deux anses de préhension petites mais
solides appliqués au milieu de la panse; au niveau supérieur des anses, le vase est renforcé
sur son pourtour par une sorte de bord évasé, dans lequel paraît s'enfoncer la partie supé
rieure de la panse ; un col cylindrique rehausse le vase (fig. 260).
Le village de Vânjuletz, situé au sud-est de l'île Corbul, nous à fourni le très joli pot
(fig. 261) travaillé à la main, d'une technique avancée en ce qui concerne la régularité du galbe,
la finesse de l'ornementation 2 ),mais d'une pâte non homogène, mélangée de tourbe et de terre
sabloneuse. Il était muni d'une seule anse. La panse presque sphèrique est surmontée d'un haut
col cylindrique élargi à sa partie supérieure. La transition entre la panse et le col est embellie
par une paire d'impressions digitales continues tracées sur le pourtour et une rangée d'al
véoles peu profondes à la base même du col. La panse est complètement couverte d'une bande
d'ornements incisés, composée de volutes et de demi-cercles concentriques ; les volutes sont
réunies deux à deux à leur partie supérieure par un demi-cercle ouvert en haut, au dessus du
quel tombe alternativement une pointe de flèche et un sommet d'angle aigu. D'autres lignes
courbes sont tracées dans l'espace libre. Le col présente vers son milieu et au bord deux zones
parallèles d'ornements qui sont de simples rubans à incisions quadrillées, dont le premier
ménage une large ligne en zigzag; les mêmes incisions quadrillées remplissent les ornements
de la panse, hormis les deux groupes des demi-cercles. Toutes les incisions sont peu pro
fondes. C'est un remarquable produit artistique de l'âge du bronze.
A la même place que ce vase on a trouvé une bobine grossière en poterie 3 ).
Le métal aussi n'est pas tout à fait absent des cultures préromaines du district de Mehc-
dintzi, qui possède dans la région montagneuse de la petite ville de Baia de Aramâ (c. à. d.
*) Don de M-me Marie Mihutzcscu. Cf. les urnes tion allemande en 1917; il nous a été donné après la
biconiques dans Déehelete, Manuel, II, p. 373 — 376. guerre par M-mc Marie T. Costescu.
2 3
) Le vase a été fort endommagé pendant l'occupa- ) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique, PI. CIV 13ββ .
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ANTIQUITES PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
«Mine de cuivre») de riches mines de cuivre exploitées depuis les t e m p s les plus a n c i e n s 1 ) .
Mais, nous avons j u s q u ' à présent seulement les objets isolés et le groupe qui s u i v e n t :
1. Deux hache en bronze à douille cylindrique,
à un seul anneau très mince (fig. 262 et 263) trou
vées à H a l â n g a , à 5 klm au nord de T u r n u - S e v e r i n a ) .
2. Une espèce de pioche en bronze à deux t r a n
c h a n t s , l'un vertical, l'autre horizontal (fig. 264),
t r o u v é e à Hinova 3 ) .
3. Une hache en bronze à douille transversale
cylindrique très allongée (fig. 265 4 ) .
4. Le riche dépôt de Bâlvânesli (fig. 266 — 269),
trouvé accidcntcllcmcnl par des paysans en 1915,
dans u n grand vase de terre cuite qu'ils ont cassé el
d u q u e l il ne nous reste q u ' u n petit fragment. Ce
groupe que nous décrivons ici brièvement se com
pose d ' o r n e m e n t s en bronze et de deux haches bipen
nes en fer. Il y a premièrement deux ornements iden Fig. 266.
tiques, en doubles spirales, unies p a r un n œ u d en 8,
le t o u t formé par une seule tige repliée et dont les extrémités frappés en petites mamelles
forment le centre des spirales. Ces ornements sont de grands dimensions, chaque paire de
volute a y a n t 21 cm de longcur et 10 cm de largeur. Ce ne sont pas des fibules 5 ), et ils ne
p o u v a i e n t s ' a t t a c h e r que p a r le n œ u d en 8 ; la section de la tige est un losange.
Suivent des colliers de différentes dimensions formés de tiges, cylindriques au milieu
sur les deux tiers de la longueur et gravés, dans cette partie, d'une incision continue, en
*) Une mine de fer, autrefoi exploitée, existe dan» Déchelette, Manuel II, fig. 297.
4
le district voisin de Gorjiu à Baia de fer (c. a. d. ) La localité d'origine nous est inconnue ; elle a figuré
„IJain de Fer"). à l'exposition de 1906 à Bucarest, dans la section de
2
) V. Déchelette, Manuel II, pag. 252 — 254. Mehedintzi. Cp. Déchelette, Manuel, II, p. 87 et Mor-
3
) Semblable aus exemplaires réproduits par Mor- tillet, Musée Préhist., pi. XCVIII 1313.
5
tillet, Musée Préhistorique, pi. XCIX 1333, et par ) Cf. Déchelette, Manuel, II pag. 524.
295
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AL. BÀRCÀCILi
spirale ; les extrémités de la tige, à section en losange, finissent par des replies en volute,
honni l'exemplaire le plus grand, qui finit, de chaque coté, par
un double bouton proéminent·
Du même groupe font partie des bracelets massifs de
bronze, ouvertes sur le coté, à section demi-cylindrique, sans
aucune ornementation· Ce sont de simples tiges courbées. Les
paysans qui les ont trouvés en ont cassé plusieurs pour voir
la calité du métal.
En bronze il y a encore une tige cylindrique, courbée aux
deux extrémités.
Le dépôt de Bàlivanesti contient deux haches bipennes en
Fig. 269. fer, à douille médiane parallèle aux deux fils des trancha ni s,
légèrement convexes. Elles sont plus courtes qu'en général les
lingots de bronze imitant les haches bipennes l) et gardent à la partie médiane presque la
même hauteur qu'aux fils des tranchants.
5. Enfin, le district de Mehedintzi nons à donné en fer: a) les trois épées longues à deux
tranchants (fig. 270,
, 3
" ) forme La Tène 2) ;
la premier longue de
0. m 995, large de 0.05
à pointe arrondie, a-
vec l'extrémité de la
soie frappée en bou
ton, a été trouvé prés
du Castellum romain
de Turnu-Severin ; la
deuxième, longue de
Fig. 2 7 0 — 2 7 1 .
0.^975 large de O.m
055, avec la lame terminé en pointe aiguë, gardant la croisière campaniforme, provient
de l'île de Çimian ; enfin la plus petite longue de 0. m 85 large de 0.rn 042 qui porte sur
la soie dont l'extrémité est en bouton, deux anneaux et la croisière d'attache du pom
meaux à la lame, a été trouvé à Gârla Mica, village près du Danube en aval du port
de Gruia.
h) La petite lance en fer (fig. 271), trouvé à l'île Corbul 3 ).
Ai.. BÀRCÀCILÂ
Professeur au lycée tTrajant de Turnu-Severin.
>) V. Mortillet, Musé Préh. pi. XCVII 128β . M. C. Larritziann, qui a déterminé la nature des
2
) Déchelette, Manuel II, pag. 922 — 1055. objets en pierre et M. M. Fontaine à qui je dois la cor
3
) Je dois remmereier ici mes collègues, M. Po- rection du texte français.
pesco-Sura qui a fotographié tout les objets ci-dessus,
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R E C11E II C11 E S P R EIIIS T ( ) Il IQ U E S
PENDANT L'ANNÉE 1924
Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l'année 1924 en Transylvanie,
ainsi que dans les districts du NO j ' a i l'honneur de rapporter ce qui s u i t 1 ) .
Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l'Université de Cluj mit à notre
disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique
en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très
distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2 ) .
Comme résultats: 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse
gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpu§ul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna),
dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie
doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Cràciunesti (Karâcsony-
falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Korôs-
loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district
Murcs-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdâsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-
seascà (Szaszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiïre, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-
cului (Torokvagas) près de la citadelle (CetâÇuia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr.
de Huniedoara), de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de
Someçul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna 4 ), et de la grotte près de Mereçti (Homorod-
almas, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune),
de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Cràciunesti près de la vallée
*) Conf. Dr. Martin lioska: Recherches sur le palêo· de la soc. des sciences, etc.
3
lilhique rn Transylvanie. Bulletin de la Société des ) Aux confins du territoire de la commune de Gye-
sciences de Cluj, tome I I , 2-ème partie, p. 1 8 3 — 1 9 2 , puszegdrka au mois d'août 1914, les paysans ont dé-
avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de m a m m o u t h . Avisé par e u x , j'ai
paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé-
gurcs des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de m a m m o u t h , un crâne de bison et u n de cervus
et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on
qu'à Cràciunesti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:
2
) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-
son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert
parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de m a m m o u t h , ainsi que
vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-
Les résultats des fouilles exécutées après son départ, v a u x après la guerre.
4
ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La ) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang
plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertelése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr
Le N o . 17 après la fig. 16 et le N o . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatàs, I I , 1914 p p . 1 3 6 — 1 3 7 .
figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin
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RECHERCHES PREH ISTORIQUES
PENDANT L'ANNÉE 1()24
Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l'année 1924 en Transylvanie,
ainsi que dans les districts du NO j ' a i l'honneur de rapporter ce qui s u i t 1 ) .
Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l'Université de Cluj mit à notre
disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique
en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très
distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2 ).
Comme résultats: 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse
gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpusul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna),
dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie-
doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Crâciunesti (Karâcsony-
falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Kôriis-
loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district
Mures-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdàsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-
seasca (Szâszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiire, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-
cului (Torokvagas) près de la citadelle (Cetâ^uia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr.
de Huniedoara), de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de
Somesul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna 4 ) , et de la grotte près de Meresti (Homorod-
almâs, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune),
de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Crâciuneçti près de la vallée
') Conf. Dr. Martin Hoska: Recherches sur le paléo· de la soc. des sciences, etc.
3
lilhiquc en Transylvanie. Bulletin de la Société des ) Aux confins du territoire de la commune de Gye-
sciences de Cluj, tome II, 2-èmc partie, p. 183 — 1 9 2 , piiszegarka au mois d'août 1914, les paysans ont dé-
avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de m a m m o u t h . Avisé par e u x , j'ai
paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé-
pures des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de m a m m o u t h , un crâne de bison et u n de cervus
et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on
qu'à Cràciuncsti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:
2
) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-
son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert
parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de m a m m o u t h , ainsi que
vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-
Les résultats des fouilles exécutées après son départ, v a u x après la guerre.
4
ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La ) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang
plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertetése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr
Le N o . 17 après la fig. 16 et le N o . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatds, I I , 1914 p p . 1 3 6 — 1 3 7 .
figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin
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Dr. MARTIN ROSKA
SW+100
Foyer.
v///////'. J arrea satoa
pata. Vaïra de foi
OÇ> Pierres
^ 0Pieb-e.
Fig. 1. Les grottes de Coasta Vacii, Fcderi (Fcgycr).
possibilité de confronter les belles collections du Musée de Brasov *), et d'enrichir l ' I n s t i t u t
l
) Teutsch Gyula: A magyarbodzai aurignacien. Bar- langkutalas, II, 1914, 136 — 137, pp. 51 — 61. La deno-
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924
Fig. 2. Nuclcï (1), grattoirs (2 — 5), et os égratigné (6) de la grotte I, de Coasta Vacii,
Federi (Fegyer).
apporté par les eaux et trouvé dans cet endroit par M. Breuil. Deux pierres en forme de coup
de poing qu'on ne peut considérer comme travaillées par l'homme, j u s q u ' à ce qu'on ait fait
sur cette terrasse des recherches systématiques.
A Federi (Fegyer) nous avons fouillé d'abord les trois grottes de Coasta-Vacii (fig. 1).
La grotte no. 1, située un peu plus bas est la plus grande. Sa situation stratigraphique:
de 0 — 0.3 m. une couche d'argile brune, mêlée à de l'humus.
Dans cette couche, sauf les concrétions calcaires, tombés d'en h a u t , on a trouvé aussi des
tessons énéolithiques et des tessons provenant de vases «slaves» du I X — X siècle, après J . C.
A la profondeur de 0.3 m. on a pu identifier les restes d'un âtre, près duquel se trou
vaient, pêle-mêle, les débris des vases mentionnés plus h a u t .
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Dr. MARTIN K o s k \
Fig. 3. Coups de poing (Faustkeile) en pierre calcaire cristallisée, grotte II, Coasta Vacii.
Federi (Fegyer).
L'absence des types moustériens *), ainsi que les dimensions et la technique des lames,
concourrent à nous donner l'impression que cette grotte a été habitée vers le commencement
J
) Dans mon rapport du Bulletin de la Société des sciences, p. 184, le terme moustérien n'est pas à sa place.
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉK 1924
Fig. 4. Coups de poing moustcriene en pierre calcaire cristallisée, grotte II. Coasla Vacii.
Federi (Fegyer).
Un peu plus bas, j u s q u ' à une profondeur de 1.80 m, on a ôté de grandes pierres, pro
v e n a n t de l'âtre m ê m e ; des tessons énéolithiques y ont été trouvés en q u a n t i t é . On a trouvé
encore deux lames en silex et q u a t r e grattoirs atypiques en quartz, et des restes d''Ursus
spelaeus.
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Dr. MARTIN ROSKA
Les fouilles seront continuées en 1925 d ' a u t a n t plus, qu'en dehors du b u t d'éclaircir ce
problème, ce devoir nous est imposé p;ir la question de l'os égratigné.
Au-dessus de cette grotte il y a une autre, no. I I , fig. 1. L'aspect de son entrée, nous est
donné par la fig. 4.
La grotte est tout
à fait petite et pos
sède une fenêtre.
Dans l'intérieur
nous avons trouvé
une couche de 20
cm. en argile rou-
geâtre, dans la
quelle gisaient des
ustensiles et quel
ques morceaux de
charbons.
Dans cette pe
tite grotte, on a
découvert u n vrai
atelier moustérien,
représenté par tous
les objets caracté
ristiques de cette
époque : nucleïs,
percuteurs et sur
t o u t , des restes de
pièces fabriquées
se t r o u v a n t en
nombre considéra
ble auprès des ob
j e t s t o u t à fait
achevés. Le t o u t
en pierre calcaire
cristallisée (fig. 3,
4, 5, 6). Ce sont
des produits du
moustérien typi
que.
A gauche il y a
une troisième grot
Fig. 5. Racloirs moustériens en pierre calcaire cristalisée, Grotte II. t e (no. I I I , fig. 1).
Coasta Vacii, Federi (Fegyer). Elle se compose
de deux corridors,
dont le corridor latéral est situé plus h a u t . E n ce qui concerne les restes dont nous nous occu
pons, le résultat est négatif. On constate ici de nouveau la même couche en argile rouge,
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1921
contcn i r t quelques racloirs de caractère moustérien (fig. 7), plusieurs restes d'objets fabriqués
et des traces éparscs de charbons. A la surface du sol on a trouvé des tessons provenant
de deux vases romains.
E n face de Coas-
t a Vacii vers ΓΟ de
Federi, est situé Pia-
tra Muntenilor, où se
trouve une petite grot
te Gaura Cocosului (fig.
8).
P o u r pouvoir nous
rendre compte de sa
stratigraphie, nous a-
vons creusé u n fossé
long de 2 m et large
d'un m. Pour le mo
ment on a approfondi
le fossé j u s q u ' à 60 cm,
la couche apparente é-
t a i t en argile b r u n -
j a u n â t r e et l'on a trou
vé dedans, en dehors
de petites pierres cal
caires, les restes d'un
dolium r o m a i n ; plus
bas encore, il y avait
deux éclats en silex, li
ses, deux grattoirs aty
piques brisés, en pierre
calcaire cristallisée et
quelques os, cassés aus
si, a p p a r t e n a n t très pro
bablement à 1 ' Ursus
spelaeus.
Ce sont des mar
ques indubitables, qui
nous poussent à admet
tre, que l'homme pa Fig. 6. Percuteurs (1 — 2) et grattoir moustérien (3) en pierre calcaire
léolithique a vécu dans cristallisée, grotte II. Coasta Vacii. Federi (Fegyer).
ces contrées, hypothèse
renforcée d'ailleurs par les restes de charbons.
Le caractère des instruments est le même que celui des ustensiles moustériens de la
grotte de Cioclovina.
Non loin de cette grotte il y a u n corridor (fig. 9) d'une longueur de 8.5 m. A son en
trée on a pratiqué u n petit sondage dont le résultat a été assez satisfaisant.
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Dr. MARTIN ROSKA
x
) Il faut relever le fait que les fragments céramiques qui surveillaient les mouvements des Romains, ou les
romains sont assez fréquents dans ces grottes. Le même sentinelles romaines qui devaient observer les pré-
cas a été observé à Ohaba-Ponor. A notre avis dans paratifs des Daces.
ces grottes ont dû séjourner les sentinelles daces
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924
une couche d'argile vierge, brun-jaunâtre, avec des pierres calcaires, des charbons et des os
d ' t / r s u s spelaeus en grande partie brisés intentionnellement 1 ).
Ce sondage a été poursuivi j u s q u ' à une profondeur de 60 cm.
A la grotte de Pestera-Boului, vis-à-vis de Bratca, M. Breuil a découvert des traces pa
léolithiques, représentées par quelques éclats 2) atypiques et des restes d'Ursus spelaeus. A
la surface du sol on a trouvé des tessons énéolithiques.
On a fouillé en même temps la grotte nommée Piatra-Corbului, située sur le territoire
de la commune Banlaca (distr. de Bihor), ainsi que deux abris sous roche, avoisinant cette
caverne. Mais malheureusement, nos fouilles à cet endroit n ' o n t pas abouti à u n résultat
positif.
A Buzeul Ardelean, c'est-à-dire dans la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza),
nous avons vérifié d'abord la stratigraphie dans laquelle se trouvait le matériel de M. Teutsch
2
*) Le musée de Deva, possède une assez belle col- ) Dans l'oeuvre de M. Breuil, fig. 11 no. 5, on a
lection céramique, éneolithique, provenant de la grotte publié une lame ovoïdale.
de Balogu.
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20 Dacia I 1924.
Dr. MARTIN KOSkA
de Braçov, puis sur une terrasse inférieure du ruisseau Valea Cremenei, nous avons creusé un
fossé dans le jardin de Dinu Iiuzea.
La situation stratigraphique se présente de la manière suivante: en haut, une couche
d'argile plastique, un peu sableuse, dans laquelle on a trouvé des restes épars de charbons
et aussi des ustensiles, nucleïs en silex, de même qu'en grès opalisé. On constate le nu un-
aspect plus bas également de 0.3 — 0.6 m l'argile é t a n t t o u t de même un peu plus sableuse.
Plus bas encore, l'argile, de nouveau sableuse, contient des pierres en grès, la couche étant
d'ailleurs tout à fait stérile.
Le même profil stratigraphique a été reconnu 5 m plus h a u t , au niveau des fouilles
de Teutsch. Des nucleïs, des restes de produits fabriqués et des instruments travaillés à demi
et plus rarement complètement achevés, s'y t r o u v e n t en abondance. La technique tient de
l'aurignacien moyen (fig. 10, 11, 12). E n p a r t a n t de Dealul-Negru, en a m o n t de la
Vallée de Crcmenea, au pied
de la colline de Gûlma, nous
nous trouvons sur une terrasse
diluviale, qui est devenue le
noyau de l'actuel petit h a m e a u :
Crâeiunefti.
On y trouve p a r t o u t des
morceaux de silex, voire même
des éclats qu'on a détachés,
ainsi que des ustensiles, sur
t o u t des grattoirs de caractère
aurignacien moyen (fig. 13).
L'aspect serait analogue
si, après avoir suivi notre tra
Fig. 9. Le plan (A) la section longitudinale (B) et la section j e t , on descendait par la pente
verticale (C) des fouilles à l'entrée du corridor de
de la terrasse, en aboutissant à
Piatra Muntenilor. Federi (Fegycr).
la vallée de Chichereu (fig. 14),
où l'on peut recueillir des objets assez abondants, en glanant seulement à la surface du sol.
E n g r a t t a n t quelque peu la pente de la terrasse, on pourrait constater, qu'elle contient
une q u a n t i t é i m p o r t a n t e de matériel b r u t (silex, jaspe, quartz) nucleïs et éclats, etc.
C'est ici que Teutsch a trouvé sa pointe de lance, a p p a r t e n a n t à la période solu
tréenne *). Nous aussi, nous y avons trouvé deux morceaux de silex, témoignant, q u a n t à
l'exécution, de la technique solutréenne.
D'après la richesse en jaspe, grès opalisé, q u a r t z , etc. se t r o u v a n t in situ ici à Dealld
Negru et a u x alentours, nous sommes enclins à croire, que les chasseurs aurignaciens et so
lutréens s'y sont établis et ont fait u n commerce prospère de leurs produits avec les régions
avoisinantes, t a n t en deçà q u ' a u delà des Carpathes.
Vers le S-0 se t r o u v e la colline de Cremenea et un a u t r e ruisseau p o r t a n t le nom de la
vallée de Cremenea (tout près de la rivière Buzeul-Mic, Kisbodza).
Après ce que nous avons dit plus h a u t , il n'est plus nécessaire d'insister d ' a v a n t a g e , sur
l'importance des terrains, concernant le paléolithique en Transylvanie. Nous sommes convaincus
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924
que les prochaines fouilles exécutées ici, renforceront nos conclusions sur la culture paléoli
thique supérieure, sur l'extension et la direction de celle-ci.
Eig. 10. Nucleïs ( 1 — 2 ) et grattoirs en silex de l'aurignacien moyen (3 — 8). Valea Cremenei
près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.
Il faut remarquer que M. Teutsch, en 1911, n'a pas trouvé d'ossements humains. Nous
n'avons pas découvert non plus de restes faunistiques ou des ustensiles en os.
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20*
Dr. MARTIN ROSKA
L ' a b o n d a n t e collection recueillie par M. Tcutsch J ) , ainsi que par nous, composée de nu*
cleïs, de beaucoup d'éclats et de rebuts de fabrication, nous prouve assez clairement que nous
nous trouvons en
présence de vrais a-
teliers. C'est ce qui
explique sans d o u t e
aussi le fait, que
beaucoup d ' usten
siles ne sont exé
cutés qu'à demi. Il
faut rappeler égale
m e n t la grande éten
due sur laquelle les
objets se trouvaient
éparpillés.
A la grotte Igriç
près de la commune
Peçterc (distr. Bihor)
nous avons commen
cé nos fouilles en
1913.
Notre b u t était de
pouvoir y constater
les restes de la vie
h u m a i n e et de re
connaître par quels
a n i m a u x était re
présentée sa faune.
On a découvert à
cette occasion u n e
q u a n t i t é assez im
portante d ' ob j ets
d a t a n t de l'époque
moustéricnne, repré
sentée par des é-
clats en a m a n d e de
quartz laiteux 2 ), pu
is par des restes au-
Fig. 11, Burins (1 —13), racloir (14) et lames micro-lithes en silex, de l'aurignacien rignacicns inférieurs
moyen (15 — 1 7 ) . Valea Cremenei près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.
entre autres une
pointe de lance (en os) — fragment de sagaie.
Dans les mêmes circonstances, on a eu également la possibilité de constater, que l'homme
aurignacien et moustérien de cette grotte, faute de pierre (la matière propice) s'est servi
l
) Publiée en partie par Breuil, l. c , fig. 4 — 1 0 . -) Ibidem, fig. 11, no. 1, 2, 3, 4.
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNEE 1924
pour ses besoins des ustensiles atypiques en os, dont la technique rappelle celle du
silex 1 ).
Fig. 12. Lame», grattoirs en gréa opalisé de l'aurignacien moyen. Valea Cremenei près
de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.
La faune était représentée par des restes à'Ursus spelaeus, Hyaena spelaea, Felis leo spe-
laea, Canis lupus spelaeus, ainsi que par quelques dents d'Equus caballus.
l
) Ibidem, fig. 12 no. 1 — 5.
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Dr. MARTIN ROSKA
Les fouilles exécutées en présence de M. Breuil ont confirmé les déterminations conçues
dès l'année 1913.
A la caverne de Cioclovina les deux mémos périodes paléolithiques sont représen
tées t a n t par les ré
sultats des fouilles e-
xécutées en 1911 que
par ceux de 1921.
Il y a toutefois une
différence entre ces
deux cavernes: à la
caverne de Cioclovina
les restes de la culture
aurignacienne, ont é-
té trouvés in situ, t a n
dis que les moustéri-
ens, caractéristiques
pour l ' a u t r e (Igrij),
ont été transportés ici
par le courant (de la
rivière). La faune y est
représentée seulement
par VUrsus spelaeus.
Les égratignures mu
rales, considérées com
me le résultat de l'ac
tivité humaine sont,
d'après M. Breuil, ducs
à des reptiles.
P e n d a n t cet été-ci,
pour la deuxième fois
nous avons pris p a r t
à la direction et au
contrôle des fouilles
exécutées à la grotte
de Bordul-Mare, près
delà commune Ohaba-
Ponor (distr. Hunie-
doara).
Fig. 13. Nucleï (1), nucleï ayant servi comme percviteur (2), grattoirs (3, 4, 7, 8,)
Ici, derechef nous
et burins (5, 6) en silex de l'aurignacien moyen. Cràciuneçti près de V. Cremenci.
nous sommes trouvés
en présence de restes de l'époque moustérienne typique et de l'aurignacienne inférieure.
La richesse du matériel moustérien nous fait supposer également ici l'existence d'un atelier
pour la fabrication des ustensiles.
P o u r le m o m e n t on n'a fouillé que la partie extérieure de la g r o t t e ; le matériel récolté
revient de droit au musée de Deva.
310
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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924
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Dr. MARTIN ROSKA
Les prochaines fouilles qui seront exécutées dans la première grotte 1 ) de Coasta Vacii à Fe-
deri. les recherches de vérification qui seront entreprises ensuite dans la grotte de Mereçti
sur la terrasse entre Cerna et Streiu à Buitur, à Turea, élucideront le problème de l'ori
gine des produits trouvés ici, ainsi que les circonstances naturelles dans lesquelles s'est passé
la vie de ceux qui les ont fabriqués.
Le grattoir trouvé par M. Breuil près de Câpusul-Mic, est considéré comme une «li
m a n d e acheulécnne».
Ces fouilles ont nécessité une dépense de 32.322 Ici, dont 30.000 ont été fournis par l'Uni
versité de Cluj, le reste, 2.322 Ici é t a n t supporté par la Commission des Monuments histo
riques, la section de Transylvanie.
La richesse et la valeur des objets trouvés de l'époque paléolithique nous impose deux
devoirs: l'un, de caractère local, l'autre de caractère général.
E n ce qui concerne le premier, il faut observer qu'il ne suffit pas de se contenter de con
tinuer les t r a v a u x déjà commencés et de vérifier par la comparaison les produits épars, mais
il faut préconiser l'élargissement des cadres de nos recherches, par la découverte et l'ex
ploration des autres grottes, qui ont pu très bien être habitées, ainsi que par la fouille
des terrasses de nos rivières: Buitur, Lona-Sâseascâ, Andrâshâzapusta près de Nâdàçel;
les racloirs t r o u v é s p a r nous près de Turnisor, dans le gravier de la rivière Cibin,
etc., nous décelant assez clairement la richesse qui doit être cachée à l'intérieur de ces
terrasses.
Une a u t r e condition essentielle à l'appui de notre thèse serait que les fouilles puissent
prendre dans les autres coins du pays, le même essor que dans «l'ancien royaume».
A Vitânesti de m ê m e q u ' à Colacu, M. Breuil a découvert des traces de culture pa
léolithique. Ceci nous fait espérer que par l'extension des fouilles mentionnées plus h a u t ,
nous serons bientôt en mesure d'établir les relations avec la région de la Bulgarie 2 ) au S,
ainsi qu'avec les régions du N - E et E , avec la Russie méridionale; les fouilles magdalé
niennes de la rue Kyril de Kiew et de la presqu'île de K r i m 3 ) , nous invitent à fixer le con
t a c t de civilisation de notre contrée avec cet immense territoire, p e n d a n t l'époque du paléo
lithique supérieur.
Cela pourrait très bien constituer, ce que nous avons considéré plus h a u t être u n b u t de
caractère général. La position géographique de notre territoire, situé j u s t e au milieu du con
tinent et sa grande richesse en produits naturels, explique le grand a p p â t , que de tout t e m p s
notre contrée a dû constituer pour les peuples environnants et surtout l'attraction qu'elle a
dû exercer sur les nombreuses bandes nomades de l'époque préhistorique; ces faits sont
des garanties assez solides en faveur de nos hypothèses. La richesse de la culture aurigna-
cienne, les restes a b o n d a n t s de la culture solutréenne de la vallée de Chichcreu, en disent
assez sur la raison d'être de nos deux devoirs.
On ne saurait douter à présent que l'hiatus cultural imaginé entre l'époque pléistocène
et celle holocène n'a été q u ' u n e pure fiction.
Le mésolithique d'Italie, du S-O, de ΓΟ et du N - 0 de l'Europe, ne forme q u ' u n e époque
de transition. La Russie méridionale n ' a y a n t pas été couverte par les glaciers, la vie s'y est
') Ibidem, Breuil, op. cit., fig. 13, no. 6. III, 1912, p. 290.
2 3
) Les fouilles de la petite grotte près de Tirnovo, Bul- ) M. Hocrnes: Der diluviale Mensch in Europa,
letin de la Société Arch. Bulgare, II, 1911, pp. 255— 256, Braunschweig 1903, p. 182 — 183. G. et A. dcMortillet:
puis de la grotte de Moravitsa près de Glojéné, ibidem La préhistoire, Paris 1910, p. 657.
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continuée et par conséquent la culture du paléolithique également. Ce qui fait encore dé
faut ce sont les fouilles, celles de Kiew, de la presqu'île de Krîm, ainsi que celles de la
Pologne actuelle ] ) nous ouvrant des perspectives assez favorables.
Si l'on se souvient que la Sibérie a eu aussi son époque paléolithique 2 ) , qu'on en a
trouvé des traces en Syrie et en Palestine et que M. I . Bayer a constaté qu'en Palestine la
culture campignienne (c'est-à-dire mésolithique) continue la culture paléolithique 3 ), on peut
très aisément se rendre compte de la belle perspective qui se déroule devant nous, qui fait
que la moindre fouille exécutée sur nos territoires, rehausse sa valeur locale d'une importance
générale.
II. Déjà depuis le mois de mai, nous avions commencé, sur le compte du Musée d'O-
radea-Mare (Nagyvârad) les t r a v a u x pour la découverte de la station énéolithique de la com
m u n e lîili.ii ia (Bihar distr. de Bihor), qui pendant les I V e , X I e , X I I e , X I I I e siècles ap. J.-
Chr. avait servi de cimetière. On a mis au jour 372 tombeaux, ne concernant pas nos préoccu
pations présentes. La station énéolithique qui nous intéresse paraît en partie détruite par
les inhumations postérieures.
Nous avons réussi à fixer la forme de quatre habitations, dont deux oblongues et en
foncées un peu dans l'argile, et deux rondes, enfoncées de même dans l'argile de la terrasse
où se sont établis les habitants de cette station. L'une ronde, de la forme des corbeilles,
servant à a t t r a p e r les essaims d'abeilles, devient un peu plus large vers son milieu, une a u t r e
aussi ronde de forme, mais sans s'élargir vers son milieu, possède en bas un bord de 35 cm,
qui rétrécit sa base. Sur le «plancher» de deux habitations, on a trouvé des restes de feu.
Les objets trouvés se composaient de tessons énéolithiques, pierres à broyer les grains,
poids de filets de pêche, perles en argile, grattoirs en obsidienne, morceaux en tôle de cuivre
rouge, autres restes de la même matière et une pointe de poignard triangulaire, en cuivre rouge
aussi. Tous ces objets ont été trouvés soit entre les tombes, ce qui signifie qu'on ne les a pas
trouvés «in situ», soit dans les habitations près et sur les âtres à feu, dont l'un est m u n i d'une
grille en argile.
Une monographie spéciale suivra, la campagne des fouilles une fois close.
2. C'est aussi pour le musée d'Oradea-Mare, qu'on a exécuté la petite fouille de Valea
lui Mihai (Ermihàlyfalva, distr. de Bihor) non loin de la gare, sur la terrasse droite de la
rivière d ' E r , dans le j a r d i n de Iosif Rathonyi, découvrant ici les vestiges d'une station néo-
lithique-énéolithique.
Les constructions de cette station consistent en trois habitations, dont deux oblon
gues et la troisième de la même forme. Se collant à celle-ci, il y a encore une a u t r e pièce
plus étroite, qui dépasse à droite et à gauche les parois de l'habitation de 50 cm, formant
ainsi une nouvelle variante entre les types d'habitation déjà connus pour cette époque.
Tous les âtres à feu, sans exception, ont été trouvés à l'intérieur des habitations. L ' u n e
des habitations communiquait avec une pièce souterraine, qui possédait u n rebord comme
celle de Biharia.
Les objets trouvés se composent de deux cruches cassées, de tessons de vase de la
fin du néolithique, plus exactement du commencement de l'époque déjà énéolithique,
l 2
) Conf. Hoernes, op. cit., p. 172. L. Kozlowsky: ) G. et A. de Mortillet, op. cit., pp. 593 — 594.
3
Starsza epoka Kamiena w Polsce (Poznanskie Towar- ) J. Bayer: Alter und Wesen der Askalonkultur.
zystwo Przyjaciol Nauk, prace komiciji archeologiezney) Mannus, XV, 1923, pp. 187 — 206; H. Schmidt: Vor-
Posen 1922. geschichte Europas, I, Leipzig 1924, p. 39.
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des grattoirs cl éclats en silex, obsidienne, d'une boule en obsidienne el de deux perle- en
argile.
On a découvert aussi des ossements humains carbonisés, provenant sans doute des tom
beaux mentionnés plus h a u t .
Il y a assez longtemps, il devait se trouver ici des tombeaux contemporains de celte sta
tion. On y inhumait assez fréquemment les morts sans les briller, le corps dans la position
accroupie.
On a découvert encore des tombeaux à squelettes carbonisés et des restes de cuivre ronge.
Il est assez sûr qu'on pourrait trouver également des restes d'autres stations, ainsi
q u e des t o m b e a u x , en fouillant les jardins avoisinants.
Une description spéciale de nos fouilles ne tardera pas à paraître.
3. Sur une des îles de la rivière d'Er, on a pu fixer aussi à cette occasion, une très
i m p o r t a n t e station nommée la «citadelle de terre» (Foldvar) située près de la commune
Otomani ( O t t o m â n y , distr. de Bihor).
Un petit burin poli, de la forme d'un embauchoir et quelques tessons trouvés dans les
sillons de la terre labourée, nous autorisent à supposer q u ' u n e vie vraiment civilisée a dû y
commencer vers la fin de l'époque néolithique, durant toute l'époque énéolithique et j u s q u ' à
la première phase de l'époque du bronze.
Vers le S de cette station sur le dernier degré du massif des monts transylvains, au-dessus
de la commune Otomani, il y a un magnifique promontoire, nommé par les paysans d'alen
t o u r : la colline de la citadelle — Dealul Cetâjii (Vârhegy).
E n visitant ses pentes abruptes, vers la rivière d ' E r on peut immédiatement se rendre
compte qu'elles lui assurait une belle défense naturelle, tandis que vers le S et l'E on a dû
excaver u n fossé, pour pouvoir se préserver de ce côté contre les surprises désagréables. U n
petit sondage creusé sur le pourtour de cette forteresse nous a convaincus, que nous sommes
en présence d'une station de l'époque énéolithique, qui a été, «in floribus» aussi p e n d a n t la
première phase de J"époque du bronze.
Les intellectuels de Valea lui Mihai qui ont subventionné le musée d'Oradea-Mare à l'occa
sion des fouilles de Biharia et Valea lui Mihai, ont amassé aussi u n fond nécessaire à une nou
velle fouille, un peu plus restreinte, indispensable pour éclaircir aussi la question de ces deux
s t a t i o n s ; mais, é t a n t retenus ailleurs, nous avons du ajourner cette tâche à u n an.
E n ce qui concerne le r a p p o r t entre la station du promontoire et celle de l'île de l'Er,
nous sommes d'avis qu'il faudrait supposer ici deux stations jumelles, dont celle du promon
toire de l'Er pourrait être considérée comme le lieu de refuge.
5. Chargés par l'inspectorat général des musées, déjà depuis 1910 et invités aussi par
la Société Kolcsey d'Arad, nous avons commencé le déblaiement de la station de $antul-Mare
(Nagysancz) entre les communes de Pecica (Pécska) et Semlac (Szemlak, distr. d'Arad) ' ) .
Pour le Palais cultural d'Arad, on a continué cette année aussi les fouilles de cette ex
cellente station, grâce aux fonds de la commune (ville) et du district et à la somme de 5.000 lei
de la société Kolcsey, qui se fait encore aujourd'hui u n devoir d'aider les fouilles entreprises
par l'organisation du district.
Cette année nous avons travaillé sur le côté N - E de la station, recommençant néan
moins le travail aussi sur le côté S-E, où les t r a v a u x étaient délaissés depuis 1911.
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Les résultats concernant les constructions: les emplacements des habitations, les âtres
à feu, sont tous notés sur la carte, qui s'amplifie chaque a n n é e ; q u a n t aux objets, on
constate une richesse inaccoutumée en grattoirs, éclats en silex et en obsidienne, vrilles,
scies, etc.
E n dehors des ustensiles et des ornements en cuivre rouge, la céramique découverte dans
la couche inférieure, considérée au double point de vue technico-typologique, et esthétique,
nous indique clairement que nous nous trouvons ici à la fin de l'époque néolithique; il y
aurait même peut-être lieu d'étendre notre date, jusqu'à l'époque du bronze, dont on a re
connu les vestiges caractéristiques. La vie s'y est continuée sans relâche, les Celtes mêmes
ont séjourné quelque temps sur ce promontoire et les restes des objets trouvés à la sur
face du sol, nous enseignent, que les Goths aussi ont passé par là.
La collection préhistorique, possédée par le «Palatul Cultural» est assez riche en restes
concernant cette civilisation locale; en partie cette collection sera vérifiée par les fouilles,
qui s'exécuteront chaque année, et c'est ainsi que nos recherches sont à double fin.
ÇanÇul-Mare, situé sur la rive droite du Mures, séparé du rivage par u n fossé large et
profond, se trouve être, sans contredit, un vrai promontoire. Les bords de la rivière en amont
comme en aval, sont pleins des vestiges de t a n t de stations contemporaines, q u ' o n ne peut se
tromper, en y affirmant l'existence d'un double établissement: la rive droite du Mures, qui
est plus h a n t e à ce point que celle de gauche, a été vraiment le territoire, où ont passé
leur vie les chasseurs, les pêcheurs, les agriculteurs et les viticulteurs de ces contrées, tandis
que Çan^ul-Mare constituait leur refuge en cas de danger.
Presque t o u t e la collection préhistorique du «Palatul cultural» provient des fouilles de
Sanjul-Mare. Les fonds de cet institut, é t a n t limités, on ne peut malheureusement continuer
les t r a v a u x exigés par l'importance de la station.
Près de Çanjul-Mare, on parle des traces de fossés romains. C'est une raison de plus pour
q u ' u n travail intense commence aussi dans ces régions.
Depuis 1909 nous fouillons à Periamos (Perjâmos, distr. Torontal) pour le compte du musée
Uânâtean de Timiçoara, en y découvrant une station close du côté O de la commune au lieu
nommé Schanzhiigel ] ) et une autre station, ouverte vers Γ Ε de la commune, sur la Zenescheuer.
Les deux stations commencent leur existence à l'époque énéolithique, leur vie d u r a n t
au-delà de l'époque du bronze.
On a découvert aussi dans les deux stations des vestiges gothiques, et vers l'E de la com
mune on a constaté même un cimetière gothique, détérioré partiellement par les nouvelles
stations d u : X , X I , X V I I et X V I I I siècle.
Sur le Schanzhugel on a découvert aussi des bâtiments du X I V et X V siècle.
Cette année nous avons travaillé à la Zenescheuer.
Une monographie spéciale paraîtra, concernant t a n t la station ouverte, que celle d o n n a n t
sur le Schanzhiigel, qui vers l'E et le N se trouve flanquée d'un fossé et, vers le S était
défendue par le Mures, qui n'avait pas encore élargi son lit.
') M. Ro«ka: Àsatas a perjdmosi Sdnczhalmon. Les fouilles archéologiques de Periamos (Banatj. Gemina
Foldrujzi kiizlemények, X X X I X , 1911, également en Timisoara, I, 1923, où ont été publiés, en partie, les
français el séparément. (Les résultats de 1909). Idem résultats des fouilles de 1913 et de 1921. Le tout con
Àsatds a perjdmosi Sdnczhalmon, Mûzeumi es Kônyv- cernant le Scbanzbugel. Idem: Sur Γ importance des fouilles
tdri Êrtesito 1913 et 1914 où l'on a publié les résul préhistoriques en Banat. Archivele Olteniei, I I , 1923,
tats des fouilles exéeutées de 1910—1912. I d e m : p p . 466 — 469.
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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS
DES «TIIIASITES» DE CALLATIS1)
Dans le premier r a p p o r t préliminaire concernant les fouilles archéologiques faites dans
l'ancienne ville de Callatis p e n d a n t l'été de 1924, r a p p o r t paru dans la revue <s.Dacia}
recherches et découvertes archéologiques en Roumanie» I, 1924, p . 108 suiv. nous avons publié
dans la partie épigraphique deux décrets inédits des thiasites de Callatis en insistant sur
leur i m p o r t a n c e . Ces inscriptions, copiées presque en même t e m p s p a r M. Tafrali à
Mangalia, et achetées ensuite par le Musée d'Iassy qui se t r o u v e sous sa direction, ont
fait l'objet de deux communications parues à court intervalle dans la Revue Archéo-
logique: O. Tafrali, t o m e X X I , 1924; p . 258 — 271, et B . Haussoullier, t o m e X X I I , 1925,
p . 62 — 65.
M. Tafrali a y a n t eu l'occasion d'étudier les deux inscriptions à Mangalia aussi bien q u ' a u
Musée d'Iassy, a pu faire dans des conditions assez bonnes une communication quelque peu
h â t i v e . M. Haussoullier n ' a eu entre les mains que deux photographies envoyées par M.
Tafrali, mais sa communication est u n modèle de précision scientifique. Nous v e n a n t d'un
épigraphiste de sa valeur et de son renom elle nous est d ' a u t a n t plus précieuse au rétablis-
sement du t e x t e . Mais, même après cette communication, certains points restent encore à
élucider, car ces inscriptions p e u v e n t nous fournir des renseignements inédits sur une époque
et une région assez dénuées d'informations complètes ou précises. Nos observations se rappor-
tent presque exclusivement au rétablissement du t e x t e .
E n ce qui concerne le t e x t e de l'inscription p o r t a n t comme date la mention du βαοιλέος 2)
Σίμον ' Λοκλαηίάδα, la communication de M. Haussoullier, bien que n ' a p p o r t a n t pas de nouvelle
suggestion q u a n t à la proposition faite ou à la liste des membres, nous est d'une grande
utilité. Elle confirme sur plusieurs points la lecture que nous avons faite sur le bloc de marbre.
Ainsi M. Haussoullier r e m a r q u e q u ' à la ligne 11 on s ' a t t e n d r a i t à trouver la préposition êv
d e v a n t les mots τάι τριετηρίδι, mais il croit voir un sigma dans la lettre qui précède l'article
τΰί, et il croit y trouver la terminaison du génitif exigé par la préposition άττό. Nous avons
signalé, dans le t e x t e même et dans nos observations de la revue «Dada», les traces du sigma
et de q u a t r e autres lettres précédentes q u ' o n pouvait distinguer sur l'inscription d e v a n t
l'article τάι. Mais on ne peut affirmer avec certitude que le génitif de la ligne 11 soit exigé par
la préposition άπ[ό qui est à la fin de la ligne 10, car nous n'avons pu lire l'omicron sur la
pierre et nous n'en avons pu signaler aucune trace après le pi que nous avons m a r q u é d'un
point. La question reste encore ouverte. Les principaux éléments se t r o u v e n t dans la commu-
nication de la Dacia, I, 1924 p . 129.
1 2
) Traduction de l'original roumain faite par Made- ) Voyez Glotz, Ac. des ïnscr., Journal des sav.,
moiselle M. Holban. Xï — XII, 280, 6/XI, 1925.
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;
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THÉOPHILE SAUCIUC-SW I W 1
Dans la première colonne, à la ligne 25, M. Haussoullier lit άλονος. La lettre qui précède
lui semble un chi. Cette lecture plaide en faveur de notre hypothèse. La lettre λ est due sans
d o u t e à une faute de lecture de M. Tafrali qui lit X au lieu de δ. Dans cette terminaison
χαδόνος, dont nous avons pu lire toutes les lettres, excepté le groupe or, nous proposons de
voir la terminaison du nom [Καλ]'χαδόνος.
Cette conjecture nous semble fort probable car on rencontre fréquemment des noms
d'hommes ou de femmes formés d'un ethnicon et conservant une forme invariable ' ) . E n l i s a n t
Καλχαδών au lieu de Καλχηδών le génitif aura la forme Καλχαδόνοζ au lieu de Καλχαδώνος2).
L'explication donnée p a r M. Ilaussoullier et M. T h . Reinach q u a n t au r a p p o r t de va-
leur existant entre u n άργνρονς et un χρνοονς n'est, pas la seule possible. Il est vrai, — et
nous même en avons touché quelques mots dans la Dacia —, qu'en a d m e t t a n t pour u n
χρνουϋς la valeur d ' u n statère, les souscripteurs à trente άργνρονς de la seconde catégorie
payaient plus que ceux de la première à un χρνοονς. Mais à coté de la suggestion de MM.
Haussoullier et Reinach nous pouvons a d m e t t r e pour un άργνρονς un a u t r e équivalent q u ' u n e
demi-drachme. Malgré leur grand nombre, les demi-drachmes de Callatis devaient avoir un
nom spécial i n d i q u a n t la moitié d ' u n e monnaie depuis longtemps connue des Grecs. Il
n ' é t a i t donc pas nécessaire, à notre avis, de comprendre les demi-drachmes dans une notion
aussi générale que άργνρονς. A une époque où s'accentuait la dépréciation de la monnaie,
les Grecs ne p o u v a i e n t entendre par άργνρονς xinc demi-drachme, car la drachme était la
monnaie c o u r a n t e de t o u t le bassin oriental de la Méditerranée. U n άργνρονς ne p o u v a i t donc
signifier q u ' u n e d r a c h m e , monnaie connue dans toutes les régions grecques comme la mon-
naie d'argent κατ' εξοχήν.
E n a c c e p t a n t la solution proposée par nous dans la Dacia 1,1924, p . 141 on évite la contra-
diction d ' u n r a p p o r t invraisemblable entre le m o n t a n t des cotisations des membres de la
première et de la seconde classe. Un χρυοονς n ' é t a i t pas un statère simple mais u n statère
double ou un t é t r a d r a c h m e , monnaie connue depuis Alexandre-le-Grand en ces lieux et à
l'époque à laquelle a p p a r t i e n t l'inscription de Callatis a y a n t comme date la mention du
βαοιλενς Σϊμος Άσκλαπιάδα.
La communication de M. Haussoullier confirme notre lecture du mot καβηλλεΤον que
nous proposions avec une certaine timidité, mais qui était exigé par son r a p p o r t avec ερ-
γάτας. Sur καβάλλης confer Maas, Rhein. Mus. 1925, 74, 4, p. 469.
A la ligne 22 de la seconde colonne M. Haussoullier lit sur la reproduction photo
graphique plutôt Μήνις'Ικεαίον que Mfjviç "Εψεοίον. Sur le m a r b r e on t r o u v e les traces de
la lettre M (la lettre initiale de Μηνις), et à Mangalia nous avons pu lire sans aucune dif-
ficulté le n o m Έφεσίον. M. Tafrali fait suivre d ' u n signe d'interrogation le n o m ainsi
complété.
Bechtel-Fick, dans son o u v r a g e : Die griechischen Personennamen nach ihrer Bildung
erklàrt und systematisch geordnet, I I éd. 1894, p . 346, nous donne de précieuses relations sur
l'emploi de l'ethnicon ou des noms de ville dans les noms d'hommes ou de femmes, nous
m o n t r a n t que l'ethnicon demeure invariable ou est sujet à des altérations et des dévelop-
pements ultérieurs p a r différentes désinences.
2
*) Bechtel-Fick. Die griechischen Personennamen ) Pape-Jicnscler, M iirterhuch des griech. Eigennamen
nach ihrer Bildung erklàrt und systematisch geordnet, s. v. ΚαλχηΟών, ώνυς.
II-e éd., 1894, p. 346 et suiv.
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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITESe DE CALLATIS
') V. Pupe-Benscler., Wôrterbuch der griechischen montre les noms de cette catégorie avec un «spiritus
Kigennamen. e. v. Άγή/κον. L'Index de Hiller v. Gaer· asper».
tringen chez Dittenberger, Sylloge, III éd., IV, 1, nous
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THÉOPHILE SAUCIUC SÀVEAINU
24 et 25. M. Tafrali lit le sigle P ( ?) aux lignes 34, 36, 37. 11 ne signale aucun signe aux ligues
25, 26, 38 et suivantes après les noms des membres ou après des a u t r e s mots. Q u a n t aux
sigles, nous n'avons rien à changer au t e x t e publié par nous dans la Dacia I, 1924, p. 128. sq.
Nous avons signalé après le nom Άπολλθ)νίυν (1. 23), un espace de 2 cm où nous pourrions
a t t e n d r e un XP, et de même aux lignes 24 et 25. Nous avons déjà fait nos observations
sur la lettre À' (1. 27) que nous avons pu lire.
Aux autres lignes (excepté 38 et suivantes) nous avons pu lire le sigle pour χρυαονς.
E v i d e m m e n t ce sigle ne se t r o u v e pas auprès de tous les noms.
A la ligne 22, seconde colonne, le nom Mfjviç «rencontré une seule fois», selon M. Tafrali
(/. c. p . 261), est au contraire assez fréquent dans le m o n d e grec. Voyez Pape-Benseler,
Worterbuch (1er griechischen Eigennamen s. v. Μήνις, VIndex du C. I. G., t o m e IV et les
volumes des I. G.
Dans la seconde col., M. Tafrali lit àofyvQiaJ au lieu de άργυρονς1), avec le n u m é r o A seu-
lement à la ligne 22. Aux lignes 23 — 29, ilcomplète le signe pour t r e n t e . Aux lignes 26 — 29
il complète atissi αρ [γνρια]. De la ligne 22 à 27 inclusivement on p e u t lire sur la pierre le
sigle AP et A. Aux lignes 28 et 29 aucune trace n'indique la somme, le bloc é t a n t entière-
m e n t mutilé. P o u r les noms de la ligne 30 la somme est indiquée p a r le numéral τριάκοντα
de la ligne 31 et non par le signe A. La contribution des personnes nommées a u x lignes
32 et 34 est indiquée par le n u m é r a l δεκαπέντε des lignes 33 et 35.
A la ligne 32 se t r o u v e seulement le nom Γίρο/ιαβίον ΙΙρο/ια&ίωνος, au lieu de ίίρο/η]-
§ίων Προ/ιηΰίωνος. Les m o t s εργάτας δέκα, que M. Tafrali place dans cette ligne ne
s'y t r o u v e n t pas. A la ligne 39 on lit seulement Αιυνύοιος οτεφαναπλόκος, et non εργάτας
qui se trouve à la ligne suivante.
A la ligne 4 1 , seconde colonne, le chiffre n'est pas celui indiqué p a r M. Tafrali, mais
simplement u n iota (c'est-à-dire 10) comme à la ligne précédente.
Après la ligne 41 nous t r o u v o n s dans la seconde colonne (la colonne gauche ne présen-
t a n t pas d'écriture dans cette ligne) une lacune de 10 cm, assez grande pour q u ' o n y puisse
enregistrer les noms de plusieurs m e m b r e s .
A la ligne 24, seconde colonne, nous avons lu Χα]ιρέας. M. Tafrali lit aussi Χαι]ρέας,
M. Haussoullier croit voir sur la photographie Ήρέας. Après ce m o t M. Tafrali lit le nom
ΑΑΗ////ΩΝΤΟΣ, M. Haussoullier ΑΑΝ...ΩΝΤΟΣ.
Ces restes a p p a r t i e n n e n t sans aucun doute au nom Ααμοφώντος dont nous avons pu
lire toutes les lettres excepté les lettres 099.
M. Tafrali a t t r i b u e à beaucoup de noms une origine étrangère, p r o b a b l e m e n t thrace
ou s c y t h e 2 ) . Ainsi il considère comme t h r a c e m ê m e u n nom aussi r é p a n d u dans t o u t e la Grèce
comme le nom Σϊιιος de la ligne 1 (qui se r e t r o u v e sous cette forme aussi dans la seconde
2
') άργνροϊς dans l'inscription de Tomis (Dittenbergcr, ) Nous ne saurions qualifier d'étrangers des noms
Sylloge 3 731,1. 20).On trouve assez rarement άργύριον dont l'origine peut rester discutable, mais qui dépas-
au lieu de άργνροϋς. Voire Hultsch, Griechische. und sent les limites du patrimoine grec. Même une déesse
romisrhe Métrologie, II éd., 1882, p. 604, note 5. La au nom franchement grec comme Athéna est présentée
forme génitivale άργνρίον se rencontre fréquemment maintenant comme une divinité préhellénique, et cette
auprès d'un nomen, et sert à indiquer le métal. On interprétation est la seule qui permette de comprendre
doit signaler l'erreur de Pape-Sengebusch, Gr. D. la déesse et son nom ainsi que le prouve Wilamowitz-
Worterbuch s. v. άργνρεος, que άργνροϋζ serait «eine Moellendorff, Sitz. lierl. Ak. 1921, p. 950 et Kretsch-
byzantinische Silbermunze = 1 Mine». mer, Glotta, 1921, X I , p. 276 (282).
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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES» DE CALLATIS
colonne, a u x lignes 29 et 4 1 , et sous la forme Σιμίας dans la première colonne à la ligne 29),
cl plus loin il voit une désinence thrace dans la terminaison du «patronymicon» de la seconde
colonne de la ligne 25, dans les restes du nom du père d'un certain Ενφραϊος. Car a u t r e
m e n t que signifierait la mention «inconnu en Thrace» dont M. Tafrali fait suivre ce nom
(/. c. p. 261)? Mais nous ne trouvons pas ici les lettres νρονλα,— M. Haussoullier a lu très
correctement sur la photographie les lettres finales νρου— mais hien le p a t r o n y m i q u e Σατνρου
que nous avons pu lire aisément après le nom Ενφραϊος. Après Σατνρον nous avons pu
lire le sigle AP et A, c'est-à-dire αρ. λ'.
P o u r l'onomastique et la toponymie thrace nous devons signaler ici les ouvrages de
M. Mateescu qui sont d'une grande richesse d'information: I Traci nelle epigrafi di Roma
(Ephemeris Dacoromana I, 1923, p. 337), Nomi traci nel territorio scito-sarmatico (Ephemeris
Dacoromana I I , 1924, p . 223) et La frontière occidentale des Thraces (Annuaire de VInstitut
d'histoire nationale, 1924, Cluj, 1925).
Ce qui ressort j u s q u ' à l'évidence de cette inscription, et s u r t o u t de la liste des mem-
bres, c'est q u ' a u t e m p s de cette inscription (que nous pouvons dater par les mots βασιλενς
Σϊμος ' Αοκλαπιάδα) on t r o u v a i t à ce club une atmosphère presque exclusivement hellénique,
ce ι^ι'αηυς semblant avoir été presque fermé aux éléments étrangers à juger d'après les noms des
membres. E x c e p t é le p a t r o n y m i q u e Σκντ)α (ligne 38, I I col.), aucun nom ne rappelle un élé-
m e n t b a r b a r e , non hellénique, scythe ou t h r a c e . E t p o u r t a n t le peuple thrace était d'une
vitalité extraordinaire 1 ) . Il réussissait à conserver au cours des siècles ses noms et même
quelques cultes n a t i o n a u x , malgré le puissant courant hellénisateur né du c o n t a c t de tous
les colonistcs, m a r c h a n d s et intermédiaires grecs et des producteurs thraces, propriétaires
d'immenses domaines riches en céréales.
A la ligne 26, I col., M. Haussoullier accepte la lecture de M. Tafrali: οΐκοδομϊ)·
α[ε]ιν [τον να]όν. L'emploi du futur de l'infinitif οΙκυδομήα[ε]ιν (et non οΐκοδομησεΐν)
ne s'explique que par la présence du verbe επαγγείλαντο qui se t r o u v e à la ligne 2 1 .
Mais q u a t r e noms séparent ce verbe régent ( επαγγείλαντο ) du futur de l'infinitif qui
devrait en dépendre. On t r o u v e r a i t difficilement u n exemple analogue dans l'épigraphie
grecque.
Il nous semble que la ligne 26 i n t r o d u i t une nouvelle idée concernant les contributions
et la construction du temple. Nous nous attendrions à la t r o u v e r é t r o i t e m e n t liée à οϊδε
επαγγείλαντο επι τάν οικοδομίαν τοϋ ναον. Les mots du commencement de la ligne 26 ont été
intercalés pour réparer une omission. Ainsi, même après la ligne 26, nous voyons continuer la
liste des souscripteurs à un χρνοοϋς i n t e r r o m p u e d e v a n t la première colonne de la ligne 26, la
seconde colonne c o n t e n a n t même après cette ligne des noms suivis de l'indication de la
somme (άρ.λ'.) E n a d m e t t a n t cette i n t e r p r é t a t i o n on n ' a plus q u ' u n r a p p o r t p a r a t a c t i q u e
entre l'action exprimée par le verbe οικοδομέω et celle du verbe επαγγείλαντο qui se t r o u v e
à la ligne 2 1 . On v e u t accentuer s u r t o u t l'idée de contribution de travail et de contribu-
tion en n a t u r e , et à cette fin on se sert du parfait de l'indicatif que nous avons complété dans
la Dacia I, 1924, Οικοδόμησαν comprend les contributions d'argent, de travail (εργάται), de
bêtes de t r a i t (καβαλλεϊον 1. 34-35), ainsi que les contributions de certains éléments
d é p e n d a n t du temple (v. άλέα κοίλα et ψαλίδες 1. 39, 40).
J
) G. Mateescu, / Traci nelle epigrafi di Roma (Ephem. (Annuaire de l'Institut d'Histoire nationale) 1924, Cluj,
Dacoromana 1,1923). La frontière occidentale des Thraces 1925 (en roum.).
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321
THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
b a n s le mot οΐκοδό[(ηο[α]ν l'espace qui sépare les loi 1res a et r ne peut contenir q u ' u n e
lettre et nous n'avons pu trouver de iota d e v a n t la lettre v très imparfaitement con-
servée.
Le n o m ΜενΙθκος (et non Μένισκος) de la ligne 27 est très fréquent. Nous Je trouvons
à Tomis (l)ittenberger, Syllogc, 111 éd., 731,1. 46). Le p a t r o n y m i q u e de ce Meniscos (1. 27, I
col.), serait selon M. Tafrali, Ήρακλει'δον. M. Haussoullier lit Ήρακλη f. .
La lecture 'Ηρακλείδον ne peut être admise à cause de la lettre finale dont les restes indi-
quent très certainement un sigma. Dans la Dacia I, 1924 p . 128 nous avons complété L'ethnique
Heracleiotes. Nous pourrions a d m e t t r e aussi le p a t r o n y m i q u e ' ΙΙρακλέος, si l'espace entre les
lettres e et ç n ' é t a i t t r o p grand pour contenir une seule lettre (omicron). En ce qui concerne
la lettre χ, qui suit le p a t r o n y m i q u e , nous avons déjà exposé notre point de vue dans la
Dacia I, 1924, p p . 130 et 138.
A la ligne 29, I col., M. Tafrali lit le nom Μα]σι[άδα]ς, et à la ligne 31 le p a t r o n y -
mique Maoïaàa. Sous cette forme le nom est absolument inconnu, et doit être remplacé par
la forme correcte ÏIctOlaÔQÇ et Ι/απιάδα qui est un nom connu de t o u t e la Grèce. Nous le
trouvons j u s t e m e n t dans l'inscription callatienne Arch.-epigr. Mitt. X V I I , 99, n. 41 1. 2 en
l'honneur de Παοιάδας 'Ηροδότον Χερσονασίτας, à Mégare, l'aïeule de Callatis (ΙΙααιάδας de
τιαο, naat, datif plur. de ττάς, Bechtel-Fick, /. cit. p . 2 5 1 , ou peut-être de πάαις = κτήσις,
Hesych, Pape-Benseler, Wiirterbuch der Griech. Eigennamen s. v. Ιίάπας), /. G. V I I , 1, no. 8,
1. 15, no. 9, 1. 15/16, no. 10, 1. 1, no. 1 1 , 1. 1, no. 14, 1. 5, no. 3473, 1. 14.
Ces raisons nous sembleraient suffisantes pour a d o p t e r la lecture Πασΐάδας *) au cas où
une lacune incidentale nous empêcherait de voir assez clairement la lettre initiale. A la
ligne 29, la première colonne, nous ne pouvons pas lire le nom Hajnt[άδαζ. Les lettres
Σ1 se t r o u v e n t au commencement m ê m e de la ligne de sorte que les lettres lia qui de-
v r a i e n t les précéder ne t r o u v e n t plus de place. Après les lettres Σ1 suit la lettre M, puis
une lacune de deux lettres, et finalement la lettre Σ. Nous pouvons compléter en t o u t e
certitude le nom Σΐμίας. Cette lecture est confirmée par les fragments presque impercepti-
bles de d e u x lettres qui précèdent le sigma.
A la ligne 30 (I col.) le nom ne nous est conservé que dans sa partie finale. M. H a u s -
soullier a pu lire les lettres τΐνος indiquées p a r M. Tafrali. Nous avons pu lire encore un ny.
La terminaison devient ντΧνος. Deux lettres du c o m m e n c e m e n t m a n q u e n t p o u r compléter
le nom.
A la ligne 30 ( I I col.), le nom 'Λπολλόδορος (selon la lecture de M. Tafrali), a été
corrigé p a r M. Haussoullier qui lit 'Απολλύδοτος. Telle est aussi la forme qu'on t r o u v e en
e x a m i n a n t le bloc de m a r b r e .
Ce nom est suivi en bas d'une barre horizontale de la l e t t r e initiale du p a t r o n y m i q u e .
Sept lettres pourraient tenir dans la lacune qui suit ce reste de lettre initiale.
A la ligne 3 1 , I col., M. Haussoullier ainsi que Mr. Tafrali, croit lire le nom Π]άρτι-
μος q u ' o n ne r e t r o u v e ni dans d ' a u t r e s inscriptions ni chez a u c u n a u t e u r a n t i q u e . Mais
nous avons signalé un iota à la place du ρ (rho), et la lettre initiale nous semblait un A ou A.
Avec assez de vraisemblance nous avons complété le nom ΔαΪτΐμος (cf. Δαίμαγοζ). Ce n o m ,
également inconnu, pourrait s'expliquer comme é t a n t formé de δα, δαϊ (de δαϊ v e n a n t de
') A Olbin on trouve le nom Παοίαδας (I. G. II, 2068 M trouvent dan· quatre Inscription· de Mégare: I.
1. 9/10). Le nom Πααίιον ainsi que le nom Πααιάδαζ G. VII, 1. no. 8,1. 19, no. 0,1. 19, no. 10,1. 5, no. 11.1. 4.
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322
OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES· DE CALLATIS
ôaFl qui signifie «en lutte») et de ημος. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 88/89. Cf. aussi Λαΐτιμος
dont on pourait expliquer la formation. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 183. {ΑαΪτμοζ, non
Αάτΐμθζ connu par Bechtel-Fick, /. c. p. 185, 267).
A la ligne 38, après les mots Δαμοπ^έ\ΐ]ζ Διονυοίον de la I col., nous voyons suivre à
droite, dans la seconde colonne, à 2 | / , cm de distance, le nom d' Άριστίων Σκύϋα suivi
des mots έργάτας IE que M. Tafrali omet du t e x t e . M. Haussoullier lit rΑφαιατίιην et
non Άριοτίων comme nous avons pu déchiffer sur le marbre même.
A la ligne 39, I col., se t r o u v e n t seulement les mots άλέαν εΐς τό ϋύρωμα. L'adjectif
Χθίλαν qui joue le rôle d ' a t t r i b u t du substantif àMa, ainsi que la conjonction καί se r a t t a
chent au substantif ψαΜΟα de la ligne 40, I col.
La première colonne de la ligne 41 ne présente pas d'écriture. Dans la seconde colonne
nous pouvons lire le nom d' *Απολλώνΐος Σίμον qui a fourni le travail de 10 ouvriers et
non de 15 comme affirme M. Tafrali à la page 259.
E n ce qui concerne l'inscription des thiasites contemporaine du roi Cotys ' ) , le fils de
Bhoimétalcas, M. Haussoullier, se servant ici aussi d'une photographie envoyée p a r M. Ta-
frali, réussit à corriger quelques-unes de ses erreurs. Ces erreurs sont pour la p l u p a r t des
inadvertances qui ne sauraient présenter t r o p d ' i n t é r ê t : ainsi φιλοτείμον à la ligne 6 au lieu
de φιλοτείμον, — ΐδιαν à la ligne 9 au lieu de ΙΟίαν, — παρά à la ligne 18 au lieu de na- à la
ligne 18 et ρ<\ à la ligne 19 — νπό à la ligne 28 au lieu de άπό, etc.
A la ligne 8, après 6/ιοίαν on a omis la conjonction τε qui devrait coordonner διατελεϊ et
επιδείκννται.
A la ligne 10, M. Haussoullier ajoute un iota adscriptum aux datifs καιρώ et κινδννυ)
ce qui n'est pas j u s t e .
A la ligne 11, M. Haussoullier lit πολίτας au lieu de τιολείτας comme a lu j u s t e m e n t
M. Tafrali.
A la ligne 12, M. Tafrali a y a n t à compléter ά[εί] croit trouver la préposition περϊ qui
ne s'accorde nullement avec le sens de la phrase.
M. Haussoullier remarque avec raison que ce décret, malgré son caractère verbeux, ne
présente de difficultés que dans deux lignes, ou p l u t ô t dans trois lignes, dirions-nous, du hor-
tatif qui doit introduire u n exemple efficace. Les lignes 24, 25, 26 présentent des lacunes
à leur extrémité gauche r e n d a n t assez malaisée la reconstitution du t e x t e . Nous sommes
ainsi privés j u s t e m e n t des mots qui devaient préciser la situation spéciale des deux Ariston
père et fils. La manière dont s'exprime le décret est lourde et confuse. Cela s'explique par
les chicanes auxquelles s'exposaient ceux (en notre cas les thiasites et le peuple) qui
avaient omis quelque formalité.
E n cela aussi nous sommes d'accord avec M. Haussoullier, faisant seulement quelques
réserves sur certains points de détail.
Au lieu de xal τάχιον /άναγορενιοοιν] ou plus correctement άναγορενοοσιν, qui ne
pourrait tenir dans la lacune, nous proposions plutôt le participe άποδόντες qui, au point de
l
) Nom tliracc aussi célèbre que relui de Seuthes et On le reneontre souvent ehez de simples particuliers
remarquable pur son fréquent emploi dans la famille thraces (Mateescu, La frontière occidentale des Thraccs,
royale des Odryses. Le nom de Cotys appartient à p. 7, n. 6 et p. 19).
six rois des Odryses et trois du Mospliore Ciminérien.
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323
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU
vue de la syntaxe, serait au même plan que οιατηροϋντεζ de la ligne 21/22 et άαιομναμο-
νεύθντες de la ligne 22. Le mot αττοδόντες ayant neuf lettres comblerait bien la lacune,
dont l'espace pourrait contenir même dix lettres.
Nous maintenons à la ligne 25 la lecture proposée χα&ηχούοας La lecture proposée
par M. Haussoullier όοίϊιίπας ne suffirait pas à combler la lacune qui est aussi grande que
celle de la ligne précédente.
A la ligne 26, M. Haussoulier propose πάντας καί qui comblerait très bien la lacune.
Mais la conjonction καί n'a ici aucune justification grammaticale. Nous nous demandons
ce qu'elle pourrait relier? Nous devons ajouter qu'à la ligne 26/27 nous ne lisons pas αντονς
ποΐηοαμέ/νόνς, mais bien αντοϋ ποΐησαμέ/νον comme nous avons pu contrôler sur la pierre
même.
Mais même en admettant le texte αύτυνς ηοΐ)\ααμέ\νονζ nous ne pourrions expliquer
le passage d'une manière satisfaisante au point de vue grammatical. Que signifierait ce texte?
Les tbiasites remplissaient également un devoir envers Ariston le père lorsqu'ils procla-
maient et soulignaient les mérites d'Ariston le jeune.
Car celui-ci était honoré du peuple (ici les tbiasites s'identifient au peuple) par les
mêmes distinctions que son père (1. 27, 28, 29). A Γ άναγυρενσις τυϋ οτεφάνον du fils (1. 27)
avait lieu aussi la proclamation de la couronne d'Ariston père. A la ligne 26 nous avons
complété ενεργέτας.
En proclamant d'une manière marquée avant tous les autres bienfaiteurs les mérites
des deux Ariston (père et fils) nommés simultanément, les thiasites voulaient réparer une
omission dont ils s'étaient rendus coupables.
M. Tafrali a mal lu la ligne 29. Ici commence, comme l'a fait remarquer aussi M. Haus-
soullier, la formule qui prévoit les sanctions δεδ]όχ&αί τοϊς {}ιασεί/ταις.
La ligne 30 devrait être complétée selon notre lecture: οτεφανοϋν κατά πάααν ούν-
οδον καί.
La lecture de M. Tafrali, acceptée par M. Haussoullier, κατά πάοαν άμέραν εναίοι[μον
7ΐά]ντας, c'est-à-dire εναίαι[μον, est forcée et ne correspond pas aux fragments conserves.
Après les mots κατά nàoav άμέραν suivent les lettres ΕΝΛΙΣΛ, et après une lacune de
cinq lettres on peut lire NT Al et non ΝΤΛΣ. Nous avons ici certainement la préposition
èv avec le pronom relatif αΐς, tandisque les lettres vrai forment la terminaison du verbe
qui commence avec la lettre a. La reconstitution α&ροίζονται est presque certaine.
Nous avons cru de notre devoir de faire ces quelques observations pour lesquelles nous
nous sommes servis de plusieurs estampages et de la copie faite d'après l'inscription.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU.
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DECOUVERTES DE GUMELNITA
Le massif de Gumelnita qui domine de plus de 20 m la plaine du Danube, et d'une
dizaine de mètres celle de la Valachie, était déjà signalé comme une station préhistorique
p a r les recherches de l'année 1922 J ) : Les tessons en très grand nombre, quelques-uns
patines en noir ou marron, les quelques lames fragmentaires en silex, les débris de crépi
brûlé, et les poids de filet-de-pêche, indiquaient ici une station énéolithique. L'existence des
fragments de céramique à proéminences allongées ou à bourrelet, ainsi que celle des
fragments à stries et à traits parallèles incisés conduisait aussi à cette conclusion.
A v a n t que la Direction du Musée eut fixé dans son programme la date du commen
cement des fouilles à Gumelnita, je fus informé par M. I. David, professeur à Oltenita, que
M. Barbu Ionescu de cette même localité possédait une belle collection de vases préhisto
riques, p r o v e n a n t de Gumelnita. J e m'adressai à M. Ionescu, qui se t r o u v a disposé à faire
don de sa collection au Musée National d ' A n t i q u i t é s ; geste pour lequel je m'empresse de
lui présenter de nouveau mes remerciements.
La collection très riche, contient presque cent exemplaires différents ; entre autres, de
grands vases (hauteur 20 c m ; diamètre aprox. 25 cm) des instruments en silex, etc. P o u r
la plupart ils confirment les notes journalières prises sur le terrain même, p e n d a n t nos re
cherches de l'été de 1924.
Le matériel sera divisé en trois catégories: I. Les outils en silex et en pierre; I L La
c é r a m i q u e ; I I I . Les objets en os et le métal, ce dernier ne figurant que par u n anneau
en or.
I
Les ustensiles en silex et en pierre sont assez nombreux.
1. Deux pointes de flèches en silex, dont l'une entière, l'autre u n peu ébréchée (fig. 1,
no. 7 — 8 ) . La première aux dimensions: 5 | ^ c m X 2 y 2 c m ; la seconde: 5 X 3 cm. Les deux
sont aproximativement triangulaires, les faces peu bombées. Comme matériel et travail
elles sont t o u t à fait identiques à celles de Sultana 2) et au contraire t o u t à fait différents
de celles de B u t m i r publiées par Radimsky 3) et Fr. Fiala 4 ), ces dernières a y a n t à la base
une dent plus ou moins grande servant à les fixer.
3
' ) v. V. P â r v a n , La pénétration hellénique et hellé ) R a d i m s k y , Die Neolitische Station von Butmin
nistique dans la vallée du Danube, p . 16, n o t e 5 (Bu Wien 1895, planches X I I I — X I V .
4
c a r e s t 1923). ) F r . F i a l a , Die Neolitische Station von Butmir,
2
) v. I. Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I II, Wien 1898, pi. X I X .
(nous presse).
« 325
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ΥΊ,ΛΙΜΜΙΜ DUMITRESCU
2. Une grande hache (long. 13,20 c m ; larg. 6 c m ; épais. 2.7 cm) la largeur maxima au
tranchant, très hion conservée (fig. I, no. I et fig. 9. no. 6). Aucune trace de polissage ou de
croûte. Identique quant à la l'orme avec celle de Danemark de la eollection Mansfcld-Biillner')
(Musée Nat. d'Antiquités, Bucarest). On ne peut constater qu'une ressemblance 1res géné
rale avec les outils de la même catégorie de Jîut mir -') ; par contre elle ressemble Tort bien
à une des haches trouvées p a r M. Popov à Kodjadernien (N-Ouest de la Bulgarie) :i ).
L'émousscment des deux extrémités de notre hache plaide pour un long usage. Somme
toute, c'est une hache du t y p e Breitnackiges-Beil.
3. Une autre hache, la partie du t r a n c h a n t manque (fig. 1, no. 2 et fig. 9, no. 7 ) ; (dimen
sions: 11 c m X 4 ^ X 2 ^ cm). Ultérieurement elle a dû servir comme nucleï, car sur la partie
inférieure et sur l'une de ses deux faces on a détaché plusieurs lames ou couteaux, de sorte que
les deux profils sont t o u t à fait différents: le supérieur bombé et l'inférieur plat. La forme: primi
tive devait être celle de quelques exemplaires de B u t m i r 4) ; actuellement, elle présente une
ressemblance frappante avec l'instrument publié par M. de Morgan dans son ouvrage L'hu
manité préhistorique, défini comme «Instrument énéolithique de Tépeh-Goulam (Chaldée)» r>).
2
') I. Andriesescu, Proiert de catalog al obieclelor ) Rariimsky, op. cil., pi. XV I.
:|
de silex aie Muzcului N. de Antichitofi (en manuscrit): ) Izveslia, VI, Sofiu 1919, p. 81, fig. <>i> a).
Epoca paleo si neoliticâ; I — Forme tipice stràine', ') Kudimsky, op. cit., loc. cil.
1, no. 52. ·'·) Paris, I l e «'-H.; fig. 19, no. 1, (p. 117).
326 *
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
4. Deux grands couteaux en silex, très recourbés (fig. 1, no. 9 et 10; fig. 9, no. 5),
parfaitement conservée (long. 17 c m ; les deux approximativement de la même largeur: 4 cm
et 3,7 cm). A la base, de chaque côté, une petite échancrure. Des exemplaires analogues,
en ce qui concerne la forme et la grandeur, dans notre Musée d'Antiquités, provenant du
district Vlasca 1 ), et en Bulgarie, dans la localité mentionnée ci-dessus 2 ). Ceux de Bulgarie
et ceux de B u t m i r 3 ) sont un peu plus petits que les nôtres.
5. Fragment de couteau en silex, le profil très incourbé. 11 aurait eu les dimensions
des deux précédents (fig. 1, no 14).
6. Autre couteau en silex, presqu'entier (fig. 1, no. 3), d'un profil tout à fait rectiligne,
peu affilé, le bout conservé (longueur actuelle 11,8 c m ; la longueur primitive d'au moins
18 — 20 cm). La forme est une des plus communes dans le Sud-Est de l'Europe.
7. Un petit couteau (en silex) très finement taillé (6,5 cm. longueur), d'une pierre
presque transparente, aiguisé à Γιιη des bouts, aplati à l'autre (fig. 1, no. 5). Quelques exem
plaires analogues, un peu plus grands, ont été trouvés à Butmir et publiés par Fiala 4 ).
8. Petit couteau de forme peu commune, avec la pointe très affilée; la partie inférieure
plus large et avec une rainure à gauche, du côté de la b a s e 5 ) . Soigneusement travaillé et
bien conservé.
9. Deux petits couteaux en silex, rectilignes, aiguisés seulement sur les deux côtés, sans
pointe: a) 8 cm long.; b) 5,6 cm long.). Les deux conservés intacts (fig. 1, no. 4 et 6 ) ; forme
commune·
10. Deux perçoin fragmentaires, en silex, de formes différentes: L'un (longueur 7 cm,
et largeur 1,4 cm) taillé régulièrement, avec une face plate et l'autre à nervures, ressem
blant un peu à un mince c o u t e a u ; le second a approximativement la forme d'une lame
de couteau moderne (fig. 1, no. 13), taillé irrégulièrement, la pointe aiguisée (long. 9 c m ;
larg, à la base 3 erri).
11. Cinq grattoirs, dont trois entiers (fig. 1, no. 12, 13 et 17) et deux fragmentaires
(fig. 1, 1 5 — 1 6 ) de formes et grandeurs différentes, bien travaillés. (Les dimensions varient
entre 8 cm longueur X 2 % c m largeur, et 7 cm longueur X 3 % largeur). Formes com
munes qu'on rencontre à B u t m i r 6 ) et en Bulgarie 7 ), mais surtout à S u l t a n a 8 ) .
12. Neuf autres grattoirs de forme très rare et variée:
a) Fragment (° e m X 7 cm) un peu cassé à la partie supérieure, a y a n t la forme d'une
hache de basse époque, avec le côté à gratter très bien conservé (fig. 2, no. 1).
b) Admirable exemplaire, entier, grattoir-perçoir, de forme rare, taillé soigneuse
ment et avec adresse (haut. 5 c m ; largeur 7 cm à la base). Le coin du côté gauche de
la base (qui servait à gratter) est très saillant et servait probablement à percer (fig. 2, no. 2).
c) Fragment de grattoir (long. 8 c r n X O ^ cm haut.) qui représente p r o b a b l e m e n t la
moitié seulement de l'instrument entier, qui devait être presque plat (fig. 2, no. 3), d'une forme
qu'on n'a pas encore rencontrée parmi celles de cette catégorie, ni même à S u l t a n a ; c'est
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VLADIMIR DUMITRESCU
(fig. 2, no. 4). Taillé du centre d'un nucleï en silex, il fait partie des instruments polis de
ce genre, et non seulement dégrossis. La forme est peu familière.
f) Deux grattoirs presque entiers, a y a n t chacun une bulbe de percussion à la partie su
périeure (fig. 2, no. 6 et 8). La partie de base servait à gratter (haut. 5 cm X 6 cm larg. ; h a u t .
4 % c m X 5 % cm larg.). Les formes quoique rencontrées assez souvent ne sont pas tout
à fait communes ' ) .
g) Deux autres fragments, lesquels dans l'état actuel représentent seulement la moitié de
la grandeur primordiale des instruments ( 9 % c m long. X 5 cm h a u t . ; 7 cm. long. X 6 cm
haut.), (fig. 2, no. 7 et 9). Le premier devait être plus grand et d'un travail supérieur.
Les exemplaires de la fig. 2, no. 10, 11, 12, 13, 15, 16 et 17 représentent quelques
lames fragmentaires qui complètent le matériel décrit ci-dessus.
Mais ce qui établit sans contredit le caractère d'atelier de la station préhistorique de
Gumelnita sont les percuteurs et les nucleus.
328
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
Les percuteurs sont en nombre de huit, de diverses grandeurs, (le plus grand a les dia
mètres 6 X 7 cm ; le plus petit 4 % X 5 % c m ) dont quatre se t r o u v e n t en parfait état, les autres
quatres é t a n t presque à demi cassés (fig. 11, no. 10 — 1 1 ) . P a r m i les premiers, un seul a une
forme peu c o m m u n e : au lieu d'être sphérique, comme tous les autres, il est plat (diam.
6 X Y2 cm) ; le travail est très soigné. P a r m i ceux qui sont brisés, u n seul paraît être cassé
avec intention, pour servir peut-être comme nucleï. Les autres se sont brisés p e n d a n t
l'usage, car la cassure n'est pas régulière.
13. Trois nucleus, dont un, qui a une forme trop régulière pour être due seulement au ha
sard (dimensions: 7 c m X 5 ^ c m X 2 % cm), est p r o b a b l e m e n t une ébauche sans succès
d'une petite hache.
E n dehors de ces exemplaires caractéristiques, il y a aussi de nombreux fragments plus
ou moins grands, sans trop de valeur, — des éclats d'outils identiques ou analogues avec
ceux décrits ci-dessus.
E n ce qui concerne le matériel, le silex j a u n e , avec ses nuances, prédomine 1 ). Il y a
aussi des outils d'une pierre noire vitreuse (cf. les deux grands couteaux recourbés, fig. 1,
no. 9 et 10) et d'autres outils d'une matière brune foncée, avec des reflets rougeâtres, et
enfin quelques exemplaires d'un gris plus ou moins foncé.
L'exécution est quelque fois admirable. L'élégance et la variété des formes, unies à
la précision des lignes prouvent que les h a b i t a n t s de Gumelnija étaient de vrais maîtres
dans le travail du silex, et que la station de Gumelni^a est un des principaux centres de
la région du bas Danube, qui ne le cède en rien à B u t m i r et aux autres sites préhistoriques
du Sud-Est.
Q u a n t à l'origine du matériel, ne connaissant pas la situation géologique des régions
environantes, je ne peux pas me prononcer.
Les outils en pierre polie sont en nombre de t r o i s ; deux sont des haches:
a) La première est u n peu ébréchée à la pointe et à la base (fig. 2, no. 17), avec la
largeur m a x i m a au t r a n c h a n t ; elle est taillée en herminette ( 6 ^ X 2 ^ 4 c m ) · La forme est
très c o m m u n e 2 ) .
b) La seconde, conservée intacte (fig. 2, no. 14) est presque cylindrique, a y a n t la largeur
maxima au milieu ( 3 1 / 2 X l 1 / 4 c m ? diamètre m a x i m u m 1 cm). Les dimensions très re
streintes et le t r a n c h a n t très bien conservé prouvent peut-être que nous sommes en pré
sence d'une hache votive. Cette forme a été rencontrée, aussi à B u t m i r 3 ) et à S u l t a n a 4 ) .
c) Le troisième i n s t r u m e n t en pierre polie est une pierre-à-broyer les grains, a y a n t la
forme d'un percuteur un peu aplati (diamètres: 7 ; 6 , 3 ; 3,5 cm). A force d'usage, il ne con
serve que quelques vestiges de polissage. Un exemplaire identique à B u t m i r : R a d i m s k y
le n o m m e Rundel, doppeltkonischer Quetschstein 5 ).
Un fragment d'objet en pierre calcinée à rouge (fig. 10, no. 12) probablement d'une
forme conique. On ne peut l'identifier à aucun instrument, à cause de son état.
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VLADIMIR DUMITRESI I
II
LA C É R A M I Q U E
Ce deuxième chapitre renferme une quarantaine d'exemplaires, la plupart intacts et
quelques uns fragmentaires.
Nous distinguerons deux groupes: A. Les vases d'utilité ménagère; H: Les objets servant
au culte} et ceux d'usage imprécis.
Fig. 3.
Abstraction faite de la variété assez grande des formes, dans le cadre des mêmes types
généraux, une constatation d'ordre général s'impose pour les deux groupes: La qualité
supérieure de la pâte, très pure, cuite uniformément et presque toujours à rouge.
U n t r a i t caractéristique de la céramique de Gumelnita, est la croûte calcaire, laquelle
bien des fois a u n rôle protecteur mais laquelle endommage souvent la pâte et les orne
ments.
Il faut distinguer dans cette catégorie deux formes principales avec leurs dérivéce, les
quelles t o u t en évoluant, conservent leurs parenté avec la forme primitive.
I. Vases en forme d'écuelle ou d^assiette.
I. Vases en forme de poire.
Un seul vase paraît être en dehors de ces deux catégories, tout en conservant quelque
ressemblance avec ceux du deuxième groupe. P a r conséquent il sera décrit après ceux-ci,
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
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VLADIMIlt DUMITRESCU
peu recourbée à l'intérieur; la partie inférieure marque l'intention d'un pied (fig. 3, no. 5 et
fig. 5, no. 2). La pâte bien préparée est inoins soigneusement c u i t e ; sous la croûte, sur la face
extérieure, deux rangées de petites proéminences contourcnt le vase à distances presque
égales. La première rangée à 1 % c m sous la marge du v a s e ; la deuxième un peu pins
bas du milieu du vase. E n t r e ces deux rangées, des lignes en relief vont obliquement de
droite à gauche.
D'autres vases ont un goulot de profil concave.
4. Vase entier (11 c m ; 15 X 4 cm). La base bombée prouve que le vase avait besoin de
support (fig. 3, no. 9 et fig. 4, no. 3). Une seule protubérance située sous la lèvre du vase,
possède un trou horizontal. La patine brune — sur les deux faces des parois, sous une
croûte très épaisse cette fois — plaide pour l'opinion que nous sommes en présence d'un
exemplaire de l'époque énéolithique et point d'une époque plus h a u t e . Les parois épaisses
et inégales et la crête qui sépare les deux profils opposés ne sont pas des plus soignés.
5. Vase entier (22 c m ; 2 7 X 1 4 cm). La lèvre du vase est hante et un peu recourbée
de l'extérieur à l'intérieur. Forme commune, ressemblant à la précédente (fig. 3, no. 3 et fig.
5, no. 1). La paroi épaisse, pâte fine, uniformément cuite. La patine rouge-foncée sur la paroi
extérieure est très endommagée par la croûte calcaire. Aux bas de la lèvre, dix traits d'un relief
très léger perpendiculaires sur la base divisent le vase en dix registres presque égales. Sur
une de ces registres, près de la lèvre, une petite proéminence ornementale.
6. Grand vase (19 c m ; 2 5 % X 12 cm) presque complètement reconstitué. Profil à deux
tournures différentes: celle de la lèvre et celle du corps du vase (fig. 3, no. 6). La lèvre
très h a u t e ; sous la ligne qui sépare les deux parties du vase, face-à-face, deux anses-pro-
tubérences percées, évidemment en b u t utilitaire. La paroi est épaisse, la pâte fine, cuite
presque à rouge, la patine rouge-clair.
7. Vase entier (fig. 3, no. 10 et fig. 4, no. 6) rappelant comme profil le no. 4 ; mieux exé
cuté (7 c m ; l l % X 3 } / 2 cm). P â t e fine, très bien cuite, d'une puissante résonnance. A
l'intérieur et l'extérieur patine b r u n e j a u n â t r e ; forme élégante.
8. Vase presque entier (6 c m ; 13,5 X 4 cm) très b a s ; la lèvre à peu-près verticale un peu
inclinée vers l'intérieur (fig. 3, no. 12 et fig. 4, no. 4). Le profil est formé par deux lignes se cou
pant en angle obtus ] ) . Le vase paraît avoir de la patine sur les deux surfaces ; aucun ornement.
9. Assiette entière (5 c m ; 1 5 X 3 c m ) ; très largement ouverte. La lèvre un peu inclinée
vers l'intérieur, h a u t e d'un c m 2 ) , (fig. 3, no. 13 et fig. 4, no. 5). La patine brime rongeâtre
soigneusement exécutée. Sur le fond, des vestiges de suie. L'assiette a été utilisée au moyen
d ' u n support pour cuire des aliments au feu.
10. Autre assiette entière, mais plus petite ( 3 % c m ; 1 3 X 3 % cm). La lèvre peu haute
inclinée vers l'extérieur; la même patine brune-lustrée, très bien exécutée, quelque peu
endommagée (fig. 3, no. 17).
2
') Exemplaire presque identique à Sultana: v. I. ) Exemplaire semblable à Kodjudcrmen, Bul-
Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (9. p.). garie: Cf. Izvestia VI, p. 119 fig. 116 a.
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
1. Vase cassé (fig. 6, no. 4), mais conservant un profil assez intact, pour pouvoir être
classé parmi les vases en forme de poire. Le col est vertical et bas, le profil du vase cur
viligne et convexe (haut. 8 cm ; 10 cm diam. en bas et probablement de même en h a u t ) .
Les parois épaisses; pâte soignée, cuite à r o u g e ; aucune patine. Très simplement dé
coré: de minces traits en relief contournent irrégulièrement le vase, de droite à gauche sur
t o u t e la surface.
2. Autre vase de même forme (fig. 6, no. 2 et fig. 7, no. 6). Sur la partie bombée du
vase, deux petites anses-protubérences percées verticalement. La forme générale est celle
d'une ellipse (8*4 c m ; 6 % en h a u t ; 6 % en b a s ; le diamètre maxim., — celui qui unit les
deux proéminences — 13^2 cm). Les parois grossies par la croûte calcaire, la pâte bien cuite
et patinée sur les deux faces (extérieure et intérieure).
3. Petit vase entier (6 c m ; diamètre en h a u t 5*4> à la base 3 % cm). La forme est
sans contredit, celle d'une poire. Lèvre basse (% cm) ; le reste du profil très recourbé en
dehors (fig. 5, no. 3 et fig. 6, no. 1). Les parois d'épaisseur égale, patinées en rouge à
l'intérieur et à l'extérieur. Le décor incisé : un t r a i t circulaire tracé au-dessous de la lèvre ;
puis six petites zones allongées sur t o u t le pourtour du vase, enfermées aussi dans u n
Irait incisé. Le reste rempli par quelques lignes circulaires incisées, espacées entre elles
de Y2 cm. A l'intérieur du vase, sur le fond, une proéminence à côtes, allongée et perforée
horizontalement 1 ), constitue un élément fantaisiste, car on ne peut a d m e t t r e qu'on sus-
1
) Un exemplaire analogue retrouvé à Sultana; v. I Andrieçescu, Fouilles de Sultana, Daeia I (s. p.).
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ΥΙ.ΛΟΙΜΙΙΪ DUMITRESCU
pendait le vase au moyen d'une ficelle passée par le trou de la proéminence : l'équilibre
n'aurait été point stable.
4. Vase presque entier (10 c m ; 6 c m X 6 cm). Le roi plus h a u t que chez les précé
dents lui donne un aspect plus élégant (fig. 6, no. 5). Les parois minces: pâte fine, cuite
à rouge. La patine est couverte par la croûte calcaire.
5. Petit vase presque entier (0j/> cm ; Γ>1/> X 3 cm), déformé par la calcination (fig. 6, no. 8).
Le col un peu plus h a u t n'altère pas la forme de poire du vase. Λ cause de la calcination
et de la croûte on ne peut observer le caractère primordial de la pâte.
6. Vase, entier (13 c m ; 9 X 4 cm), avec le diamètre m a x i m u m au milieu (fig. 6, no. 6).
La lèvre est un prolongement en h a u t de la piriforme commune, ce qui donne au vase
un aspect plus distingué. Du reste, la forme qui en résulte était très usité·' pendant l'épo
que énéolithique. La paroi est assez mince et le profil finement t r a c é ; la croûte calcaire
fait impossible un examen plus minutieux de la pâte et de la surface des parois.
7. Fa.se entièrement reconstitué (12 c m ; 8 X 5 cm). Le col commence plus bas que
chez le p r é c é d e n t ; la moitié inférieure très bombée. Les parois minces, pâte pure et patine
brune claire, admirablement exécutée (fig. o, no. 10).
8. Les rases dérivés de la forme de poire, quoique peu variés, sont représentés par un
vase entier (11/4 r , n » diamètre en haut 8 cm), la partie bombée abaissée vers la b a s e ; le
col s'amincit vers la lèvre verticale qui est encadrée par deux anses cylindriques verticales,
pas trop grandes. La base bombée ne peut maintenir le vase en équilibre parfait qu'à l'aide
d'un support (fig. 6, no. 7 et fig. 7, no. 5). La facture du vase est plus primitive que celle des
autres décrits j u s q u ' à présent. La paroi épaisse, la pâte bien cuite. On a gravé avec un objet
pointu, probablement en forme de peigne, des rangées de traits parallèles incurvés, qui
contournent le vase, s'entre-croisant quelquefois. La croûte calcaire, la grande ennemie de
l'ornement, couvre ci et là l'intéressant ornement.
9. Vase incomplet, mais suffisamment reconstitué pour donner une idée de la forme,
dérivée de celle en poire (fig. 6, no. 11 et fig. 7, no. 3), formée de deux parties presque égales,
l'inférieure bombée et la supérieure constituant le col h a u t et élégant du v a s e ; cette forme
rappelle le t y p e Lausitz. La paroi très mince en h a u t , devient visiblement épaisse vers la
partie b o m b é e ; cuite à rouge, elle paraît avoir eu une patine rougeâtre.
10. Fa.se entier (6 c m ; 7 X 2 % c m ) ; le col, long de 2 % c m * s'incline un peu vers
l'intérieur (fig. 6, no. 16). La paroi mince, d'une pâte e x t r ê m e m e n t fine, est patinée brun-
rougeâtre sur les deux surfaces. La technique parfaite indique l'approche de l'âge du bronze.
Un vase analogue comme forme à Chumen, au N-Ouest de la Bulgarie ] ) .
11. Vase presque entier (8 c m ; 7 X 2 % cm), divisé en deux moitiés égales par une
bande intermédiaire, large d ' a p p r o x . 1 cm., laquelle s'enroule horizontalment a u t o u r du
vase. La lèvre est u n peu évasée en dehors (fig. 6, no. 17). La pâte e x t r ê m e m e n t fine
et bien cuite ; les parois sont couvertes d'une patine brune-rougêatre.
12. Fa.se entier (haut. 8 c m ; d i a m . : 8 et 6 cm en h a u t . ; à la base 3 c m ) ; le diamètre
m a x i m u m à mi-hauteur, ce qui rend égales les deux moitiés du vase. L'ouverture d'en h a u t
n'est pas ronde comme aux vases décrits j u s q u ' à présent, mais ovale (fig. 6, no. ]4 et fig. 7,
no. 4). Sur les deux côtés, placées j u s t e au milieu du vase deux proéminences triangulaires,
plates, avec la pointe tournée en h a u t , rappelent très bien les anses-en-guise-de-main des
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DECOUVERTES DE C U M E L N I J À
«Cesichtsvasen» de Troie I I 1 ) . Los lignes du vase sont très harmonieuses e t tracées avec sûreté.
La forme, dérivée sans doute d e l à poire, comme celle des vases 10 et 11, témoigne d'un t e m p s
plus voisin de l'époque du bronze, sinon de l'époque du bronze elle même. Malgré cela le
traditionalisme local se maintient, avec des éléments assez anciens (v. les proéminences). La
paroi soigneusement t r a
vaillée est couverte d'une
patine brune-foncée.
13. Le dernier exem
plaire de la série des va
ses en forme de poire est
u n vase presque entier
(12 c m ; 10cm X 4 c r a ) ;le
col et u n e partie de la
paroi m a n q u e n t (fig. 5,
no. 4 et fig. 6, no. 12); le
vase est divisé en deux «
moitiés égales par une
crête affilée, stir laquelle
il y a une ébauche de pro-
Fig. 7
tubérence. Il est préparé
d'une pâte fine et bien cuite, conservant des traces de patine brune à l'extérieur comme
à l'intérieur du vase.
*
*· *
A v a n t d'aborder la description des objets servant au culte, il faut mentionner aussi
quelques exemplaires d'utilité ménagère (couvercles, etc.), soit intacts, soit représentés p a r
d'intéressants fragments.
1. Couvercle complet (diam. 13 cm) très bombé, à
l'anse ronde, pas trop grande (fig. 6, no. 3). P â t e bien
cuite. La croûte calcaire empêche u n examen minutieux
des parois. D ' u n côté près de la marge, une petite pro
éminence ornementale. Trois ou quatre lignes d ' u n relief
léger, p a r t a n t des deux racines de l'anse, forment u n
ornement assez simple mais qui pourrait être très bien
Fig. H considéré comme dérivé de l'ornement en spirale.
2. Couvercle très bombé (diam. 18 cm). L'anse, qui
devait être ronde ou demi-circulaire, manque (fig. 8). La paroi épaisse, bien lissée, d'une
pâte fine cuite à rouge. Autour de l'anse deux bourrelets en relief, obtenus en pressant
la pâte avec u n objet très raide et pointu. C'est peut-être aussi u n dessin dérivé de la spirale.
3. Couvercle plus petit (diam. 10,5 cm). L'anse m a n q u e , mais elle devait avoir la même
forme q u e celle de deux exemplaires précédents. Plus soigné q u a n t à la forme et au décor
') Cf. Schliemann: Antiquités troyennes. Atlas photo- parenté explicable, car nôtre pays aurait constitué
graphique, planche 103, fig. 2297 et les autres le chemin de passage, si non une station plus durable
Gesirhtsvnsen. Je ne crois pas à une ressemblance de ces peuplades. Le vase-crapaud de Sultana (cf.
due au hasard. En admettant que les habitants de I. Andriesescu, o. c. Daci 1) paraît confirmer cette
Troie II sont arrivés du nord, on constate une hypothèse.
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νΐ,ΛΡΙΜΙΚ DUMITKKSCU
(fig. 6, no. 13), il est fait d'une pâle fine, couverte sur les deux surfaces par une patine brune.
L'ornement, disposé de la même manière qu'au no. 2, est continué aussi sur la marge du
couvercle. 11 est peu saillant et obtenu par la pression du doigt dans la pâte encore molle.
4. Petit couvercle (diam. 8 cm) très peu b o m b é ; l'anse — probablement identique aux
précédentes, m a n q u e . La même patine brune.
5. Couvercle presque plat (diam. 14 cm). L'anse, qui avait 8 cm de largeur à la base
et 1 cm d'épaisseur était trop grande par r a p p o r t au couvercle. Q u a n t à la forme elle
était probablement en demi-cercle, identique à celles des exemplaires similaires de'Sultana *)
et Câseioarele 2 ). La p â t e est grossière et pas suffisamment cuite. La ligne du profil pas
trop h a r m o n i e u s e ; la surface paraît avoir de la patine.
6. Quelques fragments de couvercles, dont l'un a des cannelures qui se suivent parallè
lement, sur la partie supérieure a u t o u r de l'anse.
f
présenter un animal stilisé : 2 yeux
e n rcue
vî 'I· \ ^ ' u n n e z a s 8 e z g r o s * aussi en
11 H Wk relief, qui commence droit et puis suit
2
') I. Andrieçescu, Sultana, Dacia I (s. p.). ) Gh. Çtefan, Fouilles de Câseioarele, Dacia II, 1925,
(sous presse).
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
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22 Dacia I 1924.
ΥΊ.ΛΙΜΜΙΚ DUMITRESCU
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
col trop étroit a empêché l'artisan de modeler l'intérieur de la même manière que l'extérieur.
T o u t autour du col six cercles concentriques incisés. Aux quatre coins du vase, se prolongeant
sur les pieds, q u a t r e traits parallèles incisés. Entre les cercles concentriques et les traits des
coins, q u a t r e lignes pareillement incisées composent un losange avec les angles sur la ligne
médiane du vase. Nous ne pouvons définir l'utilité de ce v a s e ; je le crois plutôt un objet
votif; il n'est en aucun cas une lampe.
4. Vase en forme de baquet. Paroi épaisse, fond plat, la lèvre un peu recourbée vers
l'intérieur (fig. 3, no. 8). Sur le fond une petite fissure. La croûte calcaire déposée, empêche
comme toujours l'examen de la pâte. A Kodjadermen, M. Popov a trouvé deux vases sem
blables (l'un elliptique, l'autre rond) qu'il a classés comme supports *). Le second peut très
bien se prêter à ce rôle, mais le premier — et par conséquent le nôtre — ne peut être
un support à cause de sa forme ovale.
5. Petit objet cylindrique (7 cm long. ; 2 cm larg.), avec u n bout terminé en pointe.
Perforé d'un bout à l'autre (fig. 10, no. 3). P â t e pas trop bien c u i t e ; patine b r u n e 2 ) .
6. Petit cylindre, irrégulièrement modelé (3 cm long.), sans rôle défini.
III. Objets en os
1. Une pointe de harpon en corne de cerf (long. 7 3 / 4 cm), presque cylindrique. Sur un côté,
deux barbelures, dont la plus proche de la pointe est cassée (fig. 10, no. 13). E n face de cette
1
analogues. On le retrouve encore plus près de nos ) Izvestia, VI, p. 143, fig. 150.
2
régions, sur un vase de Lengyel, Hongrie (cf. Das Prii- ) M. Popov, dans l'article cité. Izvestia, VI, p.
historische Schanzuierk von Lengyel II, Budapest, 1890, 144 (fig. 151 —152) nomme deux exemplaires analo-
von Mauritius Wosinsky ; planche XLIII, 333; etc. gués «phallus».
339
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>>o»
VI.ADIMIK DUMITRESCU
dernière, le harpon est un peu saillant ce qui indiquerait ici l'existence d'une harhelure, la
quelle s'étant brise, le posseseur a probablement réparé lui-même le harpon, en lissant la partie
affectée. Yis-à-vis de la seconde barbelure, plus bas, il paraît y en avoir eu une a u t r e , mais
le harpon, cassé, nous empêche de vérifier cette hypothèse.
Contrairement à ce qu'affirme M. Capitan dans La Préhistoire ^ , le harpon n'est
pas un i n s t r u m e n t qui disparaît à la fin du mésolithique. On le rencontre assez fré
q u e m m e n t , p e n d a n t le néolithique et l'énéolithique 2) et même j u s q u ' e n pleine époque
de fer. E n Jugo-Slavie, à Belo Brdo on a trouvés deux harpons p l a t s 3 ) , datés vers la
fin de l'époque néolithique et le commencement du bronze. La présence du harpon dans le
milieu éneolithique de Cumelnita n'a donc
rien de surprenant.
2. Le fragment de la base d'un objet à
percer, en os, q u ' o n trouve souvent dans
les stations néolithiques (Troie I I 4 ) , dans
notre sud-est, à Sultana 6) et ailleurs.
3. Trois instruments (6, 7 % et 9 cm
% <<-*
long.) en os poli, dont deux très pointus
au bout (fig. 10, no. 7 — 8 ) ; ce sont certaine
m e n t des ustensiles ménagers.
4. Fragment d'un objet en os troué, plat
(21/2 cm large), bien poli. A u t o u r du trou,
des traces de lignes légèrement incisés, mais
trop précises pour être dues seulement au
hasard. A Sultana aussi plusieurs exemplai
res 6 ) . C'est probablement un objet de pa
rure (pendeloque).
5. Fragment (4 Χ 2 ] / 2 c m ) d'une figurine en
os, (fig. 9, no. 7) avec une partie du triangle
féminin et quelques pointes incisées').
6. Deux grandes figurines en os, malheu
reusement cassées, mais p o u v a n t t o u t de
même être reconstituées (fig. 9, no. 1). Les
Fig 10.
deux d'un profil latéral très saillant. (L'une
longue de 22 cm, large de 7 % c m ; l'autre longue de 18 cm, large 7 cm). Les têtes, ex
t r ê m e m e n t allongées en bas, liées au corps au moyen d'un cou très long, ont de larges oreilles
pointues. Très soigneusement polies, elles ont été endommagées par la croûte et la cal-
cination. Les yeux sont indiqués par des trous. Sur les flancs de deux figurines et au cou
de l'une d'elles, les mêmes t r o u s . On peut prendre ces figurines pour des dérivations du
fameux style en violon (Troie I I et Thessalie) de l'époque néolithique, dérivations qui im
pliquent un assez respectable laps de t e m p s .
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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA
Comme éléments de parure, on a trouvé dans l'un des vases quelques trois cents coquilles
de petits escargots bleus, dont beaucoup sont perforées, ce qui prouve que le possesseur
était en train de les enfiler pour obtenir des coliers. Le coquillage était d'ailleurs à cette
époque et même plus t a r d un ornement recherché (fig. 10, no. 2 — 3).
*
L'anneau en or appartient aussi à un objet de parure (fig. 9, no. 8). C'est le seul re
présentant du métal dans cette collection (diam. 1,8 cm). Il est taillé à q u a t r e faces
dont deux larges de 3 m m et les autres deux de 2 m m . L'anneau se présente u n peu in
terrompu ; les deux bouts é t a n t très rapprochés et limés, on ne peut en déduire une
détérioration ultérieure, mais plutôt c'est un caractère primordial de l'objet. Il est très
bien conservé et d'un poids peu commun pour ses dimensions réduites.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Situé à l'embouchure de la rivière de l'Argeç, le massif de Gumelnita, entouré de
toutes parts par les eaux, dominait j u s q u ' a u loin la plaine et les rivages du Danube. Il
offrait une position trop favorable pour que les gens des t e m p s néolithique et énéolithi-
que, grands chercheurs des sites avantageux, ne fussent tentés d'y camper.
Parmi les stations parsemées dans la vallée de l'Argeç, ainsi que sur les rives du
Danube (en a m o n t et en aval du fleuve, sur la rive gauche) Gumelnita était u n point
central, é t a n t donné que la voie par l'eau était un chemin plus sûr et plus rapide. D'ailleurs
l'identité de la culture ethnographique préhistorique des stations contemporaines, ne permet
pas d ' i m a g i n e r un isolement entre elles; au contraire il semble qu'elles étaient en étroite
relation. P a r conséquent, tous ces éléments qui concouraient à un développement heureux
et rapide de cette station en ont fait un centre très riche; Panneau en or, qui ne devait
être q u ' u n fragment d'un très bel objet de parure, la ligne délicate des profils de vases
et surtout leur pâte si bien cuite, témoignent pour la richesse et l'habileté t e c h n i q u e ;
q u a n t au goût artistique le r y t h o n et le vase à quatre pieds et à dessin incisé en sont
des preuves convaincantes.
Ces arguments, ainsi que le fait que tous ces objets ont été trouvés en creusant au
hasard quelques trous sans aucun système, nous permettent d'affirmer que Gumelnita était
une des stations les plus florissantes de la contrée.
Préciser l'époque de l'emplacement de Gumelnita n'est pas chose trop difficile. Les élé
ments communs et quelquefois identiques avec ceux de Sultana et d'autres stations situées à
l'Est — celle de l'île du lac Boïan1) et celle de la b u t t e de Fundeanca2) et de Cunesti3),
4
comme aussi celle de Câscioarele ) à l'Ouest, nous font voir en Gumelnita une station de
l'époque énéolithique.
La plupart des formes de la céramique, t o u t en e n t r a n t dans le cadre énéolithique du
sud-est sont des dérivations ou des continuations des formes néolithiques.
x 3
) dette station a été fouillée cette été même par ) Cf. Radu Vulpe, Rapport, etc. Bul. Com. Mon.
Mr. Christescu. Istorice, an. XVII, 1924, p. 85 Bue.
2 4
) Station fouillée par M-ellc H. Dumitrescu. ) Gh. Stefan, Fouilles de Câscioarele. Dacia II, 1925.
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VI.ADIMIK DUMITHKSC.ll
1
) En ce qui concerne la grandeur et la plastique en os sont beaucoup pin· nombreuses par rapport
de la figurine féminine, les deux éléments peuvent à la céramique.
2
être interprétés dans le même sens. v. plus haut, ) hvestia, 1916 — 18, fig, 90 — 91.
p. 338. — A Sultana les figurines en terre cuite et
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LE DEPOT EN BRONZE DE SUSENI
La commune de Suseni, du district Mures-Turda, se trouve située sur la rive droite du
Mures à 6 km. de distance de Reghinul sasesc. E n partant de ce dernier point, sur la rive droite
du Mures, s'élève un plateau, qui s'achevant à Deda, s'étend sur une longueur de 27 km. P a r
endroits le plateau est sillonné par les lits de différents ruisseaux, qui après l'avoir traversé,
vont se jeter dans le Mureç. Au pied du plateau se trouve une voie romaine qu'on peut très
aisément suivre jusqu'à Deda.
Tout près de cette voie il y avait aussi deux citadelles, l'une à Brâncovenesti l ) et l'autre
à Deda '-). De tout temps, favorisé par ses admirables conditions géographiques, ayant à ses
pieds la rivière de Mures et protégé par derrière, par d'immenses forêts, ce plateau se trouvait
merveilleusement propice à l'établissement de l'homme préhistorique.
En effet on a déjà découvert, en plusieurs endroits, des restes d'une poterie préhistorique.
11 y a environ dix années, on avait trouvé à Deda, quantité d'objets en bronze, qui au
dire du prêtre de la paroisse locale, auraient été acquis par le musée de la société «Astra» de
Sibiu. A Brâncovenesti, dans la forêt qui se trouve derrière les ruines de la citadelle ro
maine, et d'où la voie romaine bifurque vers Bistrita (les traces de la voie romaine se conser
vant très visibles, surtout près de Râpa) on a découvert aussi un cimetière à urnes, contenant
des cendres 3 ) . Vers la commune de Suseni, près de l'entrée du village, du côté droit, située au
pied du plateau, il y a la fabrique de briques et de tuiles, propriété des successeurs Schwartz.
L'argile nécessaire à cette entreprise est exploitée de la carrière, au bord du plateau.
Au-dessus de la couche argileuse, il y a une couche de 1,20 — 1,50 m en gravier et sable
et au-dessus de celle-ci, sur une hauteur de 0,80 —1,20 m, une autre couche en terre glaise
«■t en terreau.
Pour pouvoir extraire l'argile pure, on enlève chaque année, les couches superposées.
Au printemps de l'année 1924, pendant qu'on transportait ailleurs le contenu de ces couches,
on a découvert, selon les affirmations des ouvriers, un grand vase qui renfermait les objets
en bronze, décrits ici, de même qu'un peloton en fil d'or 4 ), dont nous ne possédons qu'un
fragment d'environ 15 cm, le villageois qui l'avait trouvé l'ayant vendu à un personnage
inconnu. Le morceau que nous possédons est un don du prêtre de la paroisse locale. E n
apprenant ces faits, nous nous sommes immédiatement rendus au lieu indiqué, en prenant
les mesures nécessaires, pour que tous les objets fussent ramassés et transportés au musée
Archéologique et Ethnographique de Tg.-Mures — Palatul Cultural — où ils se trouvent à
') Vass Jôzscf: Erdély a romniak niait, p . 119; Ar- cheologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243.
4
rheologiai Kozlcmények, 1861, vol. I I . Ipolyi Arnold: ) Ailleurs aussi on a découvert d u fil en or, analo
Magyar régeszeti repertorium, p. 243. gue à celui-ci Archeologiai Kôzlemények, vol. V, p,
") Archeologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243. 30, m e n t i o n n e les localités: T a r c z a , Tperjes, Teplicz.
3
) Vass Jozsef: Erdély a romaiak alalt, p . 119; Ar- Poprad.
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Al REL IILIMON
présent. Le vase qui contenait les objets a été brisé et on n'a pu rien trouver se r a t t a c h a n t
à lui. Le trésor se composait de 91 exemplaires entiers et de fragments. Tous étaient recou
verts d'une patine verte, assez bien conservée.
En passant à une description plus détaillée, nous avons: 8 pointes de lance, qu'on peut
diviser en trois catégories:
Type T ! ) caractérisé par les ailerons et qu'on peut considérer comme partagé en deux ; la
partie inférieure formant presqu'un cercle, tandis que la partie supérieure de forme ellipsoïdale
s'amincit en pointe. La douille, de la naissance des ailes jusqu'à la pointe, présente la forme
d'un triangle. A gau
che et à droite de ce
triangle il y a un or
nement consistant en
un filet un peu plus
en relief, que la lame.
Cette partie ornemen
tée s'élève dans la
direction de la hau
teur du triangle. Plus
large en bas et s'amin-
cissant vers le h a u t ,
elle est parallèle aux
bord, partageant les
deux ailerons pres-
qu'en deux parties
égales, la partie marginale se rétrécit en formant le tranchant. Il y a des exemplaires dont
on peut observer même l'aiguisement.
Type I I 2) se caractérisant par deux raies, qui p a r t a n t des ailerons, remontent en demi-
cercle jusqu'à la hauteur de la douille, d'où elles s'allongent en triangle j u s q u ' a u bout de la
lance. Le milieu du triangle est indiqué par la raie, qui marque aussi le milieu de la douille.
Les ailerons de forme elliptique, vont s'affilant vers la pointe. La douille en est plus long
qu'au t y p e I.
Type I I I 3) de dimensions plus petites, avec le même décor que le t y p e I, différant en
cela, que la partie supérieure des ailes, n'est pas de forme elliptique, mais triangulaire.
Les exemplaires sont les suivants:
Type I, fig. 1. Longueur 200 mm, dont 78 mm pour le talon et 122 m m , pour les
ailes. Le diamètre de la douille à la partie inférieure mesure 28 m m , dont 1 mm forme
l'épaisseur de sa paroi. A une hauteur de 48 mm, disposés horizontalement, il y a deux trous,
chacun avec u n diamètre de 4 m m , qui ont servi à assujettir la h a m p e . La douille mesure
104 m m .
A la naissance des ailerons, la douille a un diamètre de 18 mm. La partie inférieure des ailes
forme un cercle, dont les diamètres sont : 42 X 41 mm ; la partie elliptique a une longueur
2
') Hampel Jozsef : A bronzkor emlékei Magyarhonban, ) Hampel, L c , pi. CXLII, fig. 6, tab. CLIX, fig.
vol. II, pi. CLI, fig. 21; Archeologiai Êrtesito 1890, uj 7ct 8.
:l
folyam, vol. X. Wosinsky Môr: A bonyhâdvidéki bronz- ) Hampel, l. c , pi. CXXXI, fig. 3.
lelet, p. 29—49, pi. I, fig. 21.
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344
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI
de 80 mm. Le plus grand diamètre est de 28 mm. L'ornementation, large de 7 mm, haute de
3 mm, est parallèle aux bords, s'inclinant vers la raie médiane, qui, au commencement des
ailes, est large de 8 mm, et s'amincit vers la pointe. Sur le bord un trait de 2 mm, paraît
être dû à l'affilage.
Fig. 2. Longueur 215 m m , dont 78 mm pour le talon et 137 mm pour les ailes. Le dia
mètre du talon, à la partie inférieure: 25 mm, dont 1 mm, pour l'épaisseur de la paroi du talon.
Λ la naissance des ailerons le diamètre atteint 17 m m ; les trous horizontaux servant à fixer
la hampe, se trouvent à la hauteur de 37 mm, ayant un diam. de 4 mm. La douille est pro
fonde de 82 mm. La partie inférieure des ailerons mesure: 38 X 37 mm, formant pres-
qu'un cercle.
La partie en ellipse a une longueur de 99 mm et son plus grand diamètre est de 32 mm.
L'ornementation, sur le bord des ailerons, occupe 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm.
A ses extrémités, sur une portion de 3 mm, on voit les traces de l'affilage.
Fig. 3. Longueur 177 mm, dont 51 mm pour le talon et 126 mm, pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 21 m m ; aux ailerons 16 m m ; l'épaisseur de la paroi de la douille:
1 m m . A une hauteur de 16 mm, se trouvent les deux trous horizontaux servant à fixer la
hampe.Leur diamètre mesure 4 mm. Les diamètres à la partie inférieure des ailerons: 3 6 X 3 4 .
La partie supérieure est longue de 9 mm, et le plus large diamètre mesure 28 mm. A 6 mm
des extrémités commence le décor, dont la hauteur initiale est de 2 mm. La raie médiane
atteint 4 mm d'hauteur. Sur une largeur de 2 m m , en partant des bords, l'aiguisement est
parfaitement visible.
Fig. 4. Longueur 189 mm, dont 61 mm pour le talon et 128 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 24 mm et à la naissance des ailerons: 19 mm. L'épaisseur de
la paroi: 1 mm. Les deux trous horizontaux qui ont chacun un diamètre de 4 mm, sont
percés à une hauteur de 43 mm. La douille, servant à y introduire la hampe, a une pro
fondeur de 78 m m . La partie inférieure des ailerons a les diamètres suivants: 40 X 38
m m ; la partie de forme elliptique, longue de 90 mm, a le diamètre le plus large: 32 mm.
L'ornementation marginale y est de 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm ; la
raie médiane étant haute de 5 mm. Aux bords, sur une largeur de 2 m m , on observe
l'affilage.
Fig. 6. Une petite partie de la pointe manque. La longueur 160 mm, dont 60 mm pour
le talon et 100 mm pour les ailerons. Le diamètre, à la partie inférieure a 24 mm dont
1 mm forme l'épaisseur de la paroi. La douille est profonde de 72 mm. A la hauteur de 27 mm
il y a des trous horizontaux, dont le diamètre est de 18 mm. La partie inférieure des ailerons
a les diamètres 30 X 32 mm. La longueur de la partie supérieure de forme elliptique est
de 70 m m . Le diamètre maximum atteint 27 mm. L'ornementation marginale est longue de
7 m m et haute de 3 mm. La raie médiane est de 5 mm. Aux bords, l'affilage est assez visible
sur une largeur de 2 mm.
Type I I , fig. 5. Longueur 164 mm, dont 68 mm pour le talon et 96 mm pour les ailerons.
Le diamètre inférieur du talon a 22 mm, dont 1 mm pour la paroi. Le diamètre à la naissance
des ailerons est de 18 mm. Les trous horizontaux servant à assujettir cette pointe de lance
à sa hampe se trouvent à une hauteur de 31 mm et ont un diamètre de 4 mm. La douille
mesure en profondeur 113 mm. A la naissance des ailerons commence l'ornementation que
nous avons décrite en nous occupant de la classification des types. Le diamètre maximum
des ailerons atteint 36 m m .
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345
M Kl I, ΙΊΙ.ΙΜΟΝ
Fig. 7. Longueur 173 mm dont 6(> m rii pour le talon et 107 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon est de 24 mm, dont il faut soustraire I mm pour ['épaisseur de la
paroi. Le diamètre supérieur, à la naissance des ailerons, est de 18 mm. Λ 30 mm de hauteur
se trouvent deux trous horizontaux, chacun avec un diamètre de 1 mm. La profondeur de la
douille du talon atteint 132 m m . L'épaisseur de l'ornementation, mentionnée a u p a r a v a n t ,
est de 7 mm. Le diamètre maximum est de 38 m m ; aux ailerons, sur une largeur de 2 mm.
on peut très distinctement observer les traces de l'affûtage.
Type I I I , fig. 8. Longueur 141 mm dont 53 mm pour le talon et 88 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 24
mm, dont I mm pour l'épaisseur
de la paroi. Λ la naissance des
ailes le diamètre est de 17 mm. A
36 mm de hauteur, se trouvent
les trous horizontaux servant à
fixer la hampe. La profondeur de
la douille atteint 78 mm. Le dia
mètre maximum des ailes at
teint 28 mm. Parallèlement aux
bords, à 6 mm de distance vers
l'intérieur, il y a l'ornementa
tion comme pour le t y p e I,
d'une épaisseur de 2 mm ; la raie
médiane est de 4 mm. Un petit
fragment du talon manque·
Une seconde catégorie serait
celle des haches à douille. E n tout 10 morceaux, dont 5 entiers et les autres fragmentaires.
On peut distinguer deux t y p e s :
Type I *). Ce sont des formes plutôt de grandes dimensions, presque toutes possédant
un anneau.
Si à l'aide d'un plan perpendiculaire on coupait transversalement l'un de ces exemplaires,
on obtiendrait deux parties égales, dont les deux côtés opposés, seraient obliques, de sorte
qu'il en résulterait deux triangles avec la pointe vers le tranchant et la base vers le rebord.
La partie antérieure, approximativement jusqu'au milieu, se rapproche de la forme d'un parai·
lélipipède, en s'élargissant et s'inclinant du côté du tranchant. lia section horizontale de
l'autre moitié présente la forme d'un trapèze.
Type II 2 ). La section perpendiculaire partagerait l'exemplaire en deux moitiés égales. Ce
t y p e ne possède qu'une seule marge ronde, qui à partir du milieu commence à s'élargir en
s'inclinant vers le tranchant. La section horizontale est de forme elliptique, presque ronde.
E n commençant la description des figures nous avons:
Type I. Fig. 10. De l'exemplaire original, il manque une portion d'environ 10 mm. Lon
gueur: 96 m m . Largeur en b a s : 35 mm., en h a u t : 20 mm. L'ornementation au bord est formée
par deux traits, mesurant 4 mm de largeur et 3 mrn d'épaisseur. La douille de la hache a une
x 2
) Hampel, l. c, pi. 8, 10; pi. XCVIII, fig. 7 — 10; ) Humpel: l. c, pi. XI, fig. 1 — 2; Arch. Êrt.tvol
pi. CXLV, fig. 24, 28, 35; pi. CLXXII,fig. 25 — 26. X, p. 35, fig. 8, 9.
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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI
profondeur de 60 mm. I,<· diamètre: 26 X22 mm. L'anneau, à une distance du corps de 9 mm,
formé par la continuation du filet saillant supérieure, a une longueur de 20 mm et une
épaisseur de 9 mm.
Fig. 11. Longueur: 104 m m ; largeur au tranchant 50 mm, au-dessous du bord: 37 m m ;
la marge d'en face ayant une largeur de 24 mm, qui jusqu'à l'inclinaison atteint 50 mm. Les
marges latérales ont une largeur de 13 mm. En haut notre hache se termine par un rebord
saillant, dont la largeur, y compris l'épaisseur du burin, mesure 7 mm. La douille de forme
dyptique a les diamètres: 3 3 X 2 9 mm. Le rebord saillant de la douille a une épaisseur de
4 tu tu ; s'incurvant d'un côté, il forme l'anneau, long de 23 mm. La douille a une longueur
de 62 mm.
Fig. 13. Longueur: 125 mm, dont 50 mm pour le tranchant, 38 mm pour la partie mé
diane, et 48 mm, y compris le rebord saillant, pour la partie d'en haut. La marge antérieure
jusqu'au point de l'élargissement, mesure 60 mm en longueur. La largeur en est de 26 m m ;
les marges latérales, sont larges de 6 mm ; le rebord saillant a une largeur de 5 mm ; et une
épaisseur de 6 mm. La douille, de forme elliptique, a les dimensions: 3 6 X 2 8 mm, et une
profondeur de 72 mm. L'anneau manque. Un petit fragment du tranchant manque aussi.
Fig. 17. Exemplaire brisé en deux. Longueur: 136 mm. La largeur au t r a n c h a n t : 61 m m ;
au b o r d : 48 mm. Le bord opposé, jusqu'au point de l'élargissement, a une longueur de
27 mm. En haut, la hache est ornée d'un rebord saillant large de 14 mm et épais de 7 mm. Au-
dessous de ce rebord, il y a un filet saillant parallèle, large de 6 mm et épais de 3 mm.
Ce filet forme la base d'une ornementation triangulaire, composée de deux triangles, dont
l'épaisseur est de 1 mm. La base du triangle de l'intérieur mesure 6 mm ; la hauteur en
est de 22 mm. Le triangle extérieur, dont la base est de 20 mm, possède une hauteur de
32 mm. L'anneau est formé par la continuation du rebord supérieur qui a une épaisseur
de 5 mm. La douille, de forme dyptique, a les dimensions: 3 7 X 2 8 mm et une profondeur
de 74 mm.
Type I I , fig. 15. Longueur: 97 m m ; largeur au tranchant 36 m m ; au milieu: 27 m m ;
en haut, y compris le rebord saillant, 36 mm. Les dimensions du rebord sont: largeur 4 mm,
épaisseur 3 mm. Le corps est de forme presque ronde. Parallèlement du rebord supérieur, à
une distance de 5 mm, il y a trois filets saillants dont l'épaisseur atteint 2 mm. Le diamètre
de la douille: 2 7 X 2 7 mm. Sa profondeur: 73 mm.
E n dehors des exemplaires décrits, il y a aussi des fragments.
Fig. 16 1 ). La partie supérieure d'une hache a douille, appartenant à un type différent.
Longueur: 75 mm., largeur: 43 mm, épaisseur: 25 mm. Le fragment présente un gros rebord
saillant, large de 6 mm, un peu incliné et épais de 2 mm. Vers les extrémités, le rebord
s'élargit et remonte un peu, il s'incurve d'un côté et forme l'anneau qui a une longueur de
25 m m et une épaisseur de 5 mm ; à l'autre bout il forme une proéminence. Les diamètres de
la douille: 37 X32. La marge antérieure, se repliant presque perpendiculairement, forme aussi
la marge latérale.
Fig. 18. Fragment. La partie supérieure d'une hache. Longueur: 65 mm, largeur en b a s : 33
mm, en h a u t : 42 mm. Le rebord supérieur forme en se prolongeant l'anneau, dont les dimen
sions sont: 23 mm de longueur; 10 mm de largeur; 5 mm d'épaisseur. La douille mesure:
J
) Hampel: A bronzkor cmlékn, pi. XII, fig. 2, 3 ; pi. CLXXII, fig. 16,21, 2 2 - 2 4 ; pi. CLXXIV, fig. 2;
pi. CVII, fig. 1 - 9 ; pi. CLVIII, fig. 4; pi. CLIX, fig. 6; pi. CLXXVIII, fig. 2, 3.
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347
AMHKL ΙΊΙ.ΙΜΟλ
3 7 X 3 2 mm. Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un côté, il y a une ornemen
tation composée de deux traits parallèles, dont les extrémités se dirigent vers le bord, en
décrivant une parabole.
Fig. 19. Fragment représentant aussi la partie supérieure d'une bâche à douille. Longueur:
52 mm. Largeur en bas: 35 mm. Le rebord supérieur, large de 12 mm, a 7 mm d'épaisseur.
Les diamètres de la douille: 35 X 3 1 . Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un coté,
il y a une ornementation triangulaire, dont la base est formée par le rebord supérieur. Il y a
trois triangles espacés de 4 m m ; leur épaisseur est: 1 mm. Au centre du triangle du milieu
se trouvent deux cercles avec un diamètre de 3 mm et une épaisseur de 1 mm.
Fig. 14. Fragment de lame.
Longueur: 45 m m ; largeur à l'en
droit cassé: 2 5 m m ; l'épaisseur au
même endroit: 7 mm.
Fig. 12. Fragment de lame.
L o n g u e u r : 77 m m ; largeur au
t r a n c h a n t : 51 mm, à la partie
endommagée 35 mm.
Un autre groupe est relui de
faucilles. E n somme 14 morceaux,
dont 3 entiers, 2 presque entiers
et le reste en fragments.
Ceux qui sont entiers pour
raient être classés en deux caté
gories.
Type 1 ' ) . Exemplaire n ' a y a n t
plus pour manche q u ' u n bouton
disposé perpendiculairement sur
l'extrémité de la crête. La crête
(sous cette dénomination nous comprenons la partie supérieure, un peu plus épaisse) présente
deux filets en relief; leur forme est un peu arrondie.
Type II 2 ). Exemplaire muni de son manche. La forme est un demi-cercle. Il se compose
de deux parties: le manche et la lame avec la crête. Au bout du manche vers la crête, il y a une
partie accessoire de forme rectangulaire, disposée horizontalement. La lame est platte. La
crête épaisse présente un filet saillant. Le manche est décoré de traits.
Type I, fig. 22. Longueur: 165. Largeur en b a s : 25 mm, dont 17 m m reviennent au
tranchant, qui va en s'affilant vers sa pointe. La crête épiasse de 8 m m , s'amincit elle aussi
vers la pointe. Au devant, la crête présente une raie épaisse de 15 mm., parallèle à une autre
raie. La distance qui les sépare mesure 5 mm. A l'extrémité inférieure de la crête, disposé
perpendiculairement, il y a un bouton, long de 12 m m et épais de 5 mm, qui servait a assu
j e t t i r la h a m p e .
J
) Hampel, /. <·., pi. CVII, fig. 13, 27; Arch. Ért, Uj fo- pi. CLII, fig. 7—24. Arch. Êrtesitô 1890, Uj folynm X
lyam, V, p. 308 —310. PL CXLIII, fig. 1 —14,17, 20. p. 29 — 42, pL CLIX, fig. 14, 17, 19, 20, 2 2 , 2 4 .
2
) Hampel: pi. LXXXIX, fig. 12; pi. XCIX, fig. Arch. Êrtesitô, 1887, vol. VII, p. 55 — 58, pi. CLV,
1 - 1 6 . Arch. Êrt. 1882, vol. II, p. 2 9 9 - 3 0 5 , pi. CXLVII fig. 9 — 16.
fig. 33 — 38. Arch. Êrt. 1888, vol. VIII, p. 18 — 20,
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LE DÉPÔT EN BRONZE DE SI S I M
Type I I , fig. 24. Longueur du manche: 57 mm. Le reste mesure 205 mm. L'épaisseur de
la crête, qui s'amincit vers ses deux extrémités est de 6 mm. Sur sa partie supérieure la crête
est munie d'un filet saillant, large de 3 m m et épaisse de 2 mm. Le manche présente une
largeur de 24 m m , la lame mesure: 133 mm. Au bords, le manche possède deux filets, dont
la largeur mesure 3 mm et l'épaisseur 2 mm. Celle du bord interne remonte en ligne
droite, jusqu'à la crête. J u s t e au milieu de la distance entre les deux filets, il y en a un
troisième. Leurs superficies se présentent, comme si elles avaient été percées à l'aide d'un
instrument servant à ornementer, de piqûres espacées de 1 — 2 mm.
Le bord interne, à 8
mm vers l'intérieur, pré
sente une portion creusée en
forme de demi-cercle, haute
de 5 mm, qui aurait servi
à l'emmanchement de la
hampe. Au bord externe,
la partie saillante, mesure
12 mm en longueur, 14 mm
en largeur, et 2 m m en
épaisseur.
Fig. 25. Le bord ex
terne du manche mesure 52
mm. Le reste a une lon
gueur de 214 mm. L'épais
seur de la crête atteint 6
m m . La raie a 3 mm de largeur. Le bord interne du manche est long de 52 m m , celui
du tranchant (la lame) de 146 mm. A ses extrémités le manche présente deux filets, dont
celle de l'intérieur vers le tranchant, s'arrondit en demi-cercle, formant un triangle avec
le filet marginale. Au centre du manche, entre les deux autres raies, il y en a une troi
sième qui se prolonge en dépassant les autres, jusqu'à la pointe du triangle. La partie
saillante du manche a les dimensions suivantes: largeur 16 m m ; longueur 13 m m ; épais
seur 2 mm.
Les fig. 29 et 32 appartiennent au type I L
Fig. 29. La pointe manque. Le bord externe du manche jusqu'à l'appendice mesure 47
m m . ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 m m . A l'endroit brisé, la largeur atteint 23 mm.
La crête est épaisse de 6 mm, dont 2 m m , constituent l'épaisseur du filet. Large de 2 m m ,
ce filet a été décorée, en y a p p u y a n t à intervalles, un objet pointu. La partie interne du
manche mesure 52 mm, la lame est longue de 67 mm. Vers les deux extrémités du manche
il y a un filet ; celle du bord interne qui va droit vers la crête, forme un triangle. Au
milieu il y en a encore un autre filet, qui se trouve être la parallèle du filet interne. Tous ces
filets sont ornementées au moyen d'un instrument pointu, tout comme celui employé pour
l'exemplaire de la fig. 24. A l'endroit où le filet interne rencontre celui de l'extérieur, il y a
u n autre filet, qui s'allonge parallèlement à la crête. Ce trait mesure 1 m m de largeur.
L'appendice saillant du manche présente les dimensions suivantes: longueur 7 m m ; largeur
15 m m et épaisseur 2 mm. A la partie inférieure, le manche présente une petite partie un
peu creuse, en forme de demi-cercle.
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M Kl I, I II.IMON
Fig. 32. La longueur du manche extérieur considérée jusqu'à L'appendice saillant mesure
47 m m ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 mm. L'épaisseur de la e n t e est de 7 mm, dont il
faut retenir 3 mm, pour le filet. Sur les deux marges du manche, il v a un filet, dont l'épais
seur est de 2 mm. Ce de ['intérieur se continue obliquement jusqu'à la crête. E n partant
de ce raie, parallèlement à la crête, il y a un autre filet épaisse de 1 mm. Au milieu du
manche il y a aussi un filet, qui aboutit à la crête. Les filets ne présentent aucun décor. La
longueur de l'appendice saillant est de 7 m m ; la largeur en est de 12 mm.
Fig. 20. Fragment de manche, conservant encore une partie de la lame. La partie exté
rieure est longue de I 1 I mm, y compris un filet large de 5 mm et épaisse de 2 m m . La crête
avec son filet mesure 6 m m en épaisseur. Du côté interne le manche est ornementé d'un filet,
qui au tranchant se continue parallèlement à la crête. E n t r e ces deux filets, au milieu, il y en
a un autre, lequelle se perd à l'endroit même où commence le tranchant. Les filets ne pré
sentent aucun ornement. L'appendice au bout du manche manque. Les dimensions des raies:
largeur 3 mm et épaisseur 2 mm.
Fig. 21. Fragment de manche, avec une partie de la lame, appartenant probablement
à un type étranger. Longueur externe: 152 mm, y compris un filet large de 3 mm et épaisse
de 2 mm. Au centre il y un autre filet parallèle, le filet de la marge interne du manche abou
tissant au premier (le filet médian). Ces traits sont décorés par le même procédé «pie l'exem
plaire de la fig. 24. L'appendice saillant servant à fixer manque.
Fig. 23. Fragment, une petite portion de la lame. Le côté externe du tranchant mesure
en longueur 51 m m . La crête a une longueur de 67 mm et une épaisseur de 7 mm, dont 2 mm
pour la raie, dont la largeur atteint 3 mm. Le manche, au bord interne, possède un filet qui
se dirige vers la crête. La largeur du manche mesure: 26 mm. Le bord inférieur du manche
forme la base d'un triangle, formé de traits.
De la pointe du triangle, u n autre filet s'allonge vers la crête. Ces filets ne sont pas or
nementées. L'appendice servant à l'emmanchement mesure 12 m m en longueur et 7 mm
en largeur.
Fig. 28. Fragment, conservant une partie du manche.
Du côté extérieur le manche a une longueur de 56 mm. La largeur en est de 21 mm. La
partie conservée de la crête ne dépasse pas 12 mm. L'appendice mesure 16 m m en longueur
et 9 m m en largeur. Le manche possède trois filets parallèles, dont deux forment les bords
mêmes du manche.
Fig. 30. Fragment de lame et de manche, dont la partie extérieure mesure 12 mm. L'é
paisseur en est de 7 m m , dont 2 m m pour le filet. La largeur 3 m m . L'appendice a les dimen
sions suivantes: 12 mm en longueur et 8 en largeur. Le manche présente trois filets endom
magées comme celle de la fig. 24. A 8 m m de distance, en p a r t a n t du fdet intérieure vers
le tranchant, il y a un trait simple, qui va parallèlement à la crête.
Fig. 31. Fragment. Le manche, du côté du bord externe mesure 65 m m de longueur et
27 m m en largeur. La crête mesure 12 m m . Les trois filets du manche sont ornementés
comme dans la fig. 24. A la partie inférieure du manche, il y a un trou triangulaire, dont la
base mesure 7 m m et la hauteur 6 mm. L'appendice possède 11 m m en longueur et 7 m m
en largeur. L'original devait être recourbé.
Fig. 33. Fragment de manche et de lame, très recourbée. La longueur conservée pour
le manche mesure 30 mm, la largueur: 25 m m . La crête considérée en p a r t a n t de l'appendice
mesure 60 m m ; à la brisure la largeur atteint 33 mm. L'épaisseur de la crête, y compris son
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350
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI
filcL, mesure 7 mm, dont 3 mm pour l'épaisseur du filet. Le filet, de la marge interne, va
tout droit devant elle, puis s'incline, et à une distance de 8 mm de la crête, va parallèlement
à celle-ci. Au milieu il y a un autre filet, parallèle à celle du bord externe. L'appendice a les
dimensions suivantes: 12 mm en longueur; et 8 mm en largeur.
Fig. 26. Fragment de lame. Longueur: 175; largeur à l'endroit cassé: 28 mm. La
crête est épaisse de 7 mm dont 3 mm forment l'épaisseur du filet, qui présente une largeur
de 5 mm.
Fig. 27. Fragment de lame. Longueur: 135 mm, largeur à l'endroit cassé: 28 mm. Λ la
crête l'épaisseur atteint 7 m m , dont 3 mm occupés par la raie. La largeur est de 5 mm.
!) Hampel, /. r., pi. L, fig. 3; pi. CVII, fig. 13, 14. CXLIII, fig. 19 — 2 1 ; pi. CLVIII, fig. 1—3; pi. CLXV,
16— 18. Arch. Értes., vol. V, p. 308 — 310, pi. CIX, fig. 2 — 4. Arch. Ért. VI, p. 148 — 151.
fig. 22 — 25. Arch. Êrtes., V, p. 182 — 188, p. CXIV. *) Hampel: l. c, pi. XLVIII, fig. 2; pi. LI, fig. 1 - 2 ;
fig. 22 — 36. Arch. Értes., 1886, vol. VI, p. 14 — 16; pi. LXXXVI, fig. 4 a.
3
pi. CXXII. fig. 55 — 70; pi. CXXV, fig. 25 — 28; pi. ) Hampel, /. c, pi. L, fig. 7; pi. C, fig. 27 t.
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351
Aiiiu;r, Π Ι . Ι Μ Ο Ν
traits parallèles et perpendiculaires, formant des groupes. Il y a deux groupes, l'un formé de
16 — 20 traits, l'autre composé seulement de 5 traits. La distance qui les sépare mesure
7 — 9 mm.
Fig. 38. La circonférence mesure 155 mm. L'épaisseur au milieu, 3 mm, aux b o u t s : 1 mm.
L'exemplaire est un peu tordu.
Type I I , fig. 54. Longueur de la circonférence: 168 m m . Au centre, la bautcur est de
6 mm, aux b o u t s : 2 m m . Les diamètres 3 7 X 3 6 m m .
Type I I I , fig. 53. La circonférence mesure 116 mm. La partie interne est large de 8 m m et
épaisse de 6 m m . Les diamètres: 5 5 X 4 5 mm. Son bord extérieur est convexe et ornementé
de traits perpendiculaires de 3 m m . Ces traits se trouvent aux extrémités du bracelet, formant,
t a n t en h a u t qu'en bas, deux bandes.
Type IV, fig. 46. La circonférence mesure 202 m m ; la largeur en est de 22 m m ; l'épais
seur de Y2 m m . Les marges en sont coupées droit, les bouts demi-circulaires. Les diamètres:
6 9 X 5 4 mm.
Fig. 48. La circonférence mesure 160 m m ; la largeur: 20 m m , l'épaisseur: 1 m m . Les dia
mètres: 5 5 X 5 2 mm. Les deux bouts en demi-cercle.
Type V. fig. 47. La circonférence mesure 170 m m , la largeur en est de 19 m m . Les bouts
un peu arrondis ; l'épaisseur de 1 m m . Sur la surface extérieure il y a 3 filets qui la divisent
x
) Hampel, l. c.,pl. LXXXVII, fig. 6. XI, Kôt. p. 83.
*) Hampel, l. c, pi. CLVI, fig. 20. Arch. Êrt., 1891,
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352
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI
en deux parties égales. Deux des raies sont I U X deux extrémités et la troisième au milieu.
Leur épaisseur est de 2 mm et leur aspect de forme convexe.
Type VI, fig. 44. Exemplaire épais et massif. Très gros au milieu, s'amincissant vers les
deux bouts. La circonférence extérieure, y compris les rayures, mesure 223 mm. La marge
interne est platte, large de 17 mm. Les deux bouts se tordent vers l'extérieur.
La partie externe est sillonnée par 36 rayures convexes, celles du milieu épaisses de
3 m m , celles des extrémités seulement de 2 mm. Les deux bouts sont rehaussés par deux
gros anneaux. E n somme u n exemplaire assez bien conservé.
Groupe I I *), fig. 35. Anneau. La circonférence mesure 192 mm. Le corps rond, ayant
une épaisseur de 6 mm. Sa partie extérieure est ornementée par des groupes formés de 4
traits. Un des groupes est disposé perpendiculairement, tandis que
les autres sont inclinés, formant un triangle. \\Ϊ\^^\\\Γ^^Μ\^Φ^~
Les fragments: Fig. 37. Longueur: 72 mm. L'exemplaire appar
tient à la I-ère catégorie, type I. A son extrémité il présente une
ornementation perpendiculaire, formée par 18 traits parallèles; vers
le centre l'ornementation consiste en un groupe de 5 traits perpen
diculaires et de deux groupes inclinés, formant un triangle.
Fig. 39, I-ère catég., t y p e I-er. Longueur: 121 mm. Ce qui reste, ;
représente la moitié d'un bracelet.
Fig. 40. I-ère catég., t y p e I. Fragment représentant approx. 3 / 4
d'un bracelet. Longueur: 162 m m . ; la plus grande épaisseur: 5 mm.
L'ornementation consiste en deux triangles, formés par 4 traits, les
quels sont encadrés par deux groupes, composée à leur tour de 18
traits perpendiculaires. - ^ ///// %. g 3 d
Fig. 4 1 . I-ère catég., type I. Longueur: 105 m m ; l'épaisseur à
l'endroit brisé 5 mm.
Fig. 42. Longueur: 212 m m . Forme ronde. Épaisseur partout *■■■■■■■■■,. ■
égale; diamètre: 4 mm. Appartenant au groupe I L
Fig. 43. Bracelet de forme carrée, conservé presque entièrement. Longueur: 208 m m ;
longueur d'un de ses côtés: 4 mm. Catég. I, t y p e I L
Fig. 45. Longueur: 105 mm. Forme ronde, diamètre: 4 mm. Notre fragment représente
y a d'un bracelet de la catég. I L L'ornementation consiste en 5 traits, disposés en forme de
■ triangle.
Fig. 49. Fragment. Longueur: 68 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 m m ; il présente
3 rayures horizontales, dont une aux deux extrémités et la troisième au milieu.
Se r a t t a c h a n t à la I-ère catég. type I L
Fig. 50. Catég. I, type V. Fragment. Longueur: 75 m m : largeur 18 m m ; il présente
3 rayures, épaisses de 1 mm.
Fig. 51. Catég. I, type V. Longueur 78 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur 1 m m : Quatre
rayures divisent la surface en parties égales.
Fig. 52. Fragment. Longueur: 68 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur: 1 mm. Les rayures
comme dans l'exemplaire de la fig. 5 1 .
!) Humpel, /. c, pi. CVII, fig. 15, 19. Arch. Êrt.t V, pi. CLI, fig. 28, 29. Arch. Êrtes., IX, p. 62 — 66.
p. 308-310, pi. CIX, fig. 21. Arch. Êrt., V, p. 182-188,
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353
AUREL FILIMOIS
chacun de ces trous il y avait un clou (voir la fig. 75 a) long de 15 mm et épais de 4 mm, la
tête mesurant 7 mm. Ces clous ont servi à la fixer. En partant du premier trou, à 11 mm de
distance, parallèlement aux marges, il y a un trait gravé. Entre ces deux traits il y en a en
core deux, mais ceux-ci n'ornementent pas le corps entier, mais seulement l'extrémité. Le
fragment possède 2 clous.
Des couteaux. En tout, il y en a 4 pièces.
Eig. 63. Longueur: 105 mm, dont 87 mm pour la lame et 18 pour le manche. La largeur:
24 mm, s'amincissent vers la pointe. La crête de forme elliptique, a une épaisseur de 3 mm.
9
91 ^Λ le plus parfait de l'époque du bronze. Longueur:
"flr ΛΒ ίλν " ~ " " " dont ' " " " " " I"" 11 l'- ressorts; -'!«'! mm
*"■* fl ML pour la plaque de forme elliptique du milieu et
^ JL· 32 mm pour la tête. Il y a en total, trois spirales
^H dont une plus grande et les autres de dimensions
83 I ^^^^ un peu réduites. La première d'un diamètre de
65 mm, est formée par 11 spires. Les deux autres composées
de 8 spires, ont un diamètre de 45 mm. Ces spirales forment
un triangle, dont la base est la ligne imaginaire qui unirait les
centres de nos deux spirales ; quant à la pointe du triangle elle
serait le centre même de la grande spirale. La plaque elliptique est
longue de 88 mm, large de 40 mm et épaisse de 1 mm. Sur le
bord il y a une raie, bordée par un trait et ornementée par plu
sieurs traits obliques. E n partant des marges vers le centre, aux
deux extrémités de notre fibule, sur une distance de 20 mm il y a
5 traits perpendicidaires, formant quatre raies larges de 2 mm,
décorées par des traits obliques, de sorte qu'il en résulte des tri
angles. Les extrémités des ces traits perpendiculaires, s'unissent à
5 autres traits concaves, formant une parabole. Ces bandes sont limitées par deux lignes,
composées de points. Des raies perpendiculaires, vers les extrémités, parallèlement au dia
mètre de la /.petite
i) Hampel; r., pi. plaque,
CXLIX, ilfig.y 1,a 2,
cinq bandes,
7, 11, 12, 71.décorées
19. elles aussi par des traits obliques,
formant des triangles. La tablette elliptique est
www.cimec.ro fixée par ses deux extrémités à une
plaquette perpendiculaire, longue de 20 mm, 356large de 17 mm et épaisse de 2 m m . Notre
fibule
(l'ardillon.) long de 170 mm. Il est formé para un
se compose de 4 morceaux. La fig. 76 représente
fil rond,la épais
grandede spirale
4 m m . avec l'épingle
Ce fil après
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI
avoir été tordu, pour former deux détours, se continue horizontalement en passant par les
deux petites plaques perpendiculaires, qui le maintiennent, et en décrivant un cercle qui sert
de porte-agrafe, se continue enfin, en formant la grande spirale, dont nous avons déjà donné
la description. La fig. 76 6 représente la spirale supérieure, un peu plus petite, avec la tablette
elliptique décorée. Cette partie est en fil épais de 2 mm, et celui de la spirale est épais de
3 mm. Le fil est fixé à la tablette perpendiculaire.
E n sortant de celle-ci pour aboutir à la seconde, il forme 8 cercles, d'un diamètre de 7
mm, enfin après avoir passé par
la seconde plaquette, il décrit
la deuxième spirale. La fig. 76 c
représente la même figure mais
à l'envers. Chaque cercle pos
sède un anneau en fil, épais
de 3 mm, avec un diamètre de
7 mm. A chacun des anneaux
pendent des pendeloques en for
me de pointe de lance, ayant à
leur tour, chacune un anneau.
Ces pendeloques ont une longu
eur de 63 mm et une largeur
médiane de 14 mm 12 mm de la
longueur, reviennent à l'anneau.
En tout, il y en a neuf de ces pendeloques. Fig. 76 a, c'est la plaque elliptique auprès de
laquelle se rangent les figures 76 b et 76 c.
Fig. 76 bis. C'est une fibule simple à deux spirales. Longueur: 126 mm. Le diamètre d'une
de ces spirales: 50 mm. La fibule est formée par un fil continu, à section carrée, épais de 2
mm. Il commence par l'ardillon en fil rond, long de 86 mm, qui en se tordant, forme le
centre de la fibule, autour duquel s'enroulent les six spires, dont la sixième par une
ligne sinueuse forme la seconde spirale, dont on ne conserve que quatre spires. Le centre
manque.
Fig. 77. Fragment consistant en une spirale à 8 spires d'un fil à section carrée, avec un
diamètre de 42 mm, l'épaisseur du fil mesurant 2 mm.
Fig. 78. Fragment ayant une spirale, avec un diamètre de 43 mm, se composant de 8
spires, en fil rond d'un diamètre de 2 mm.
Fig. 79. Fragment. Spirale et ardillon. Le diamètre de la spirale: 55 mm. La spirale formée
de 8 spires, est en fil à section carrée, qui s'amincit vers la spire centrale, puis s'épaissit
jusqu'à 3 mm. L'ardillon tordu forme un demi-cercle et a une longueur de 112 mm.
Fig. 80. Une spirale dont les spires se sont déroulées. Elle est en fil à section carrée, tout
comme l'exemplaire de la fig. 79, ayant aussi la même épaisseur.
Fig. 81. Spirale déroulée, formée d'un fil, dont la moitié est ronde et l'autre moitié à
section carrée. La partie en fil carré présente 4 spires. L'épaisseur du fil carré mesure 3 mm et
celui du fil rond 4 mm.
Fig. 82. Fragment d'un instrument de destination inconnue. Forme ronde. A la partie
inférieure les diamètres: 15 X 17 mm. Au milieu il y a un trou d'un diamètre de 4 mm. Vers
sa pointe l'instrument est recourbé, formant un demi-cercle. L'épaisseur mesure 5 mm.
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357
Fig, 83. instrument de destination inconnue, dont l'extrémité plus mince se replie en forme
de rectangle. La partie un peu plus courte mesure 18 mm, son épaisseur é t a n t de 5 m m .
La partie la plus longue, mesure MO mm, avec un épaisseur de 0 — 8 mm. Λ l'un des bouts
épais, il y a un bouton, comme celui d'un clou, avec une épaisseur de 1 m m . Sa surface est
convexe et le diamètre mesure 12 mm.
Fig. 84. C'est un tube en tôle mince; épaisseur: % mm, diamètre 7 mm, longueur 58 m m .
Destination inconnue.
Fig. 85. Probablement manche de couteau. Longueur: 73 mm. L'épaisseur à l'une des
extrémités: 14 mm et à l'autre: 12 mm. Au milieu un trou pour le fixer.
C'est un exemplaire fondu.
Fig. 92. Un anneau à surface convexe; avec un diamètre de 15 mm, dont 5 mm pour
le trou du milieu, l'épaisseur: 2 mm. Dans le sens du diamètre horizontal, aux deux côtés
opposés, il y a deux appendices, longs de 13 mm, larges de 4 mm et épais de 1 mm, dont les
extrémités sont recourbées, ayant servi probablement à retenir quelque chose.
Fig. 9 1 . C'est un fragment eu bronze fondu.
Il y a aussi des fragments de ceintures.
Fig. 90 a et 90 b. C'est un seul morceau, brisé sur la ligne a — b. Le fragment a une lon
gueur de 67 mm et une largeur de 87 mm. C'est un exemplaire décoré.
Fig. 86, 87, 88 et 89. Tous sont des petits fragments de ceintures à décor, qu'on peut voir
dans les dessins. L'ornementation est due à l'action répétée d'un instrument mince et pointu.
Les fouilles projetées pour l'année prochaine apporteront à coup sûr plus de lumière sur
l'ensemble de nos trouvailles. 11 n'est pas impossible non plus, qu'une fondent! ail existé dans
ces parages, servant à la confection de tant d'objets semblables.
358
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L'AGE 1)1 DEPOT DE BRONZKK DK SLSEN
Nous n'ajouterons qne peu de mots à la description très détaillée du dépôt de Suseni,
donnée par M. Filimon. Il s'agit de situer ce dépôt dans son milieu typologique et chrono
logique et lui assigner une date, plus ou moins précise, avant laquelle les divers objets qui le
composent ont été produits.
En effet, ainsi que la plupart des dépôts de l'âge du bronze ayant appartenu à des négo
ciants bronziers, le nôtre aussi contient des
objets de provenance et d'époque diverses.
L'on peut avoir dans la fig. 1 un coup d'oeil
d'ensemble de toute la variété des formes
représentées à Suseni. Cependant ni les
lances (ci-dessus, p . 344), ni les faucilles
(ci-dessus, p . 348 sq.) ne sauraient offrir
des points de repère suffisamment précis.
Constatées aussi pendant la Ι Ι Ι - e période
de l'âge du bronze carpatho-danubien l),
rien n'empêche que ces formes aient été
en usage encore très tard au cours de la
IV-e période. Par contre, Reinecke est
d'avis que le type de faucille à très faible
courbure (Filimon, p . 348), est «récent» (/.
c , p . 324 et 329). Toutefois il n'est point, ni
à Suseni, ni ailleurs 2 ) la seule forme carac
téristique de l'âge du bronze tardif 3 ). La
même remarque est à faire à propos des
haches à douille (ci-dessus, p . 346) à tran
chant arrondi et élargi en forme de crois
sant. C'est toujours Reinecke 4) qui a at
tribué ce type δ ) à l'évolution récente de
l'âge du bronze en Europe Centrale. Or ce
«nouveau» type se retrouve couramment à
Fig. 1. Vue d'ensemble tin dépAl de bronzes de Suseni.
côté de l'ancien ( I l l - e période) pendant
toute la IV-e période de l'âge du bronze carpathique.
Q u a n t a u x épées de Suseni (ci-dessus, p . 354 sq.), nous n'en possédons que des fragments
3
*) Cf. notre fig. 1 et Filimon, p. 344 et 348 sq. avec ) Cf. Pârvan, Getica, p. 409 et suiv.
Reinecke, duns Archaeologiai Êrtesitô, XIX, 1899, p. 243. *) Arch. Êrt., I. c , p. 326 et 329.
-) P. e. à Çpâlnaca: Hampel, Bronzkor, II, pi. CXLVII. ) Cf. Pârvan, o. c , p. 404.
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VASILE PARVAN
qui par leur forme rentrent très bien dans l'ensemble des formes de la IV-e période de lïige du
bronze carpatlio-danubien.
(Test donc, comme d'habitude, aux parures, que nous devons appeler pour des renseigne
ments plus caractéristiques et plus précis au sujet de la date de notre dépôt.
Commençons par la grande fibule «à bouclier» et à pendantifs (fig. 3 ; cf. ci-dessus, p. 355).
d e t t e fibule unit la manière très ancienne carpat bi
que (parures et orfèvrerie de la 11-e période) de la
décoration à spirales en fil de métal, de profil rond
ou angulaire, à la nouvelle technique, «hallstat-
ticnne», des plaques en métal ornées par des lignes
incisées ou pointillées. M. Louis de Mârton, dans
son étude sur les fibules trouvées en H o n g r i e 1 ) ,
essaye de donner une classification complète de3
grandes espèces à nombreuses spirales, avec ou sans
«bouclier» et «pendantifs». 11 ressort, sans difficulté,
que nous nous trouvons, avec le t y p e «à bouclier»,
(fig. 2 et 3) documenté chez Mârton seulement par
un exemplaire incomplet du Musée de Budapest,
WP^i&\ en face d'une synthèse, dont notre exemplaire ré
cent de Suseni éclaircit, d'une manière presque
i n a t t e n d u e , l'évolution complète. E n effet notre
Fig. 2. Fibule en bronze, de type earpathique, d'après
Lchoczky, dans VArch. l'.rte.sito, V 1885,p. 187. fibule «à bouclier» est un très bel exemple de tran
sition entre le t y p e Mârton «F. 13» ( a p p a r t e n a n t
peut-être à la 2-e sous-période Reinecke, de la IV-e période du bronze carpatbo-danubien) 2) :
v. chez nous, fig. 2, et le t y p e Mârton «H. 20», encore plus caractéristique pour le Hallstatt
i t a l i c i s é 3 ) : v. chez nous, fig. 4. Or, le t y p e Suseni — Mcdvedze n'était rare du tout. D'après
les pendantifs et autres fragments 4) identiques que nous retrouvons parmi les menus objets des
dépôts de bronzes de Spâlnaca5) et de Lâzârpatake), l'on peut penser que le «Hallstatt pré-
scythique» de la Dacie, c'est-à-dire la dernière période du bronze carpatbo-danubien, a large
ment r é p a n d u par ses négociants bronziers ce t y p e de fibules dans t o u t e la région «gétique»
des Carpathes.
Ces éléments comparatifs nous ramènent, même d'après la chronologie plutôt arehaï-
sante de Reinecke (dont la deuxième sous-période du bronze IV descend à peine j u s q u ' a u
d é b u t du premier millénaire av. J.-Chr.) 7 ), au premier siècle du premier millénaire, c'est-à-
dire, pour ne pas exagérer, avec Reinecke, l'ancienneté du villanovien dacique, vers 900 av.
J.-Chr.
Or, cette d a t a t i o n doit être considérée comme le terminus le plus avancé, unie, quem le dépôt
de Suseni devrait être d a t é . E n effet aucune des formes italiques plus récentes de Fizesul
Ghcrlii n ' y a p p a r a î t 8 ) . E t , par contre, des points de contact très intime, entre Suseni et Cuslc-
360
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L'AGE D U nfiroT D E B R O N Z E S D E S U S E N I
rita ') d'un côté, entre Suseni et Çpâlnaca 2 ), de l'autre, peuvent être établis à charrue pas,
ce qui concerne surtout les
mot ils décoratifs des feuil
les «MI bronze a y a n t servi
comme appliques sur des
objets de cuir (<·η premier
lieu, ceintures), décorées de
lignes gravées ou pointillées.
Examinons p . e. les des
sins reproduits ci-dessus p .
357: le motif de la double
hache (no. 89), d'habitude
utilisé pour les pendentifs,
comme à Potsag, dans le
Turda-Arieç 3 ), ou à Tisza-
Szentimre l ) , ou ailleurs 5 ),
devient à Gusterita (Erzsé-
betfalva - Hammersdorf) : v.
Fig. 3. Fibule en bronze, de type carpathique, de la IV-e pér. de l'âge du
fig. 5. — ainsi qu'à Suseni, bronze, trouvée a Suseni (Musée de Târgul Muresului).
un simple ornement linéaire,
décorant les plaques en bronze des larges ceintures en cuir. Également caractéristique est le
motif des festons pour les ceintures de Suseni et de Gusterita, tandis que les zigzags sont
communs à §pâhiaca e ) aussi.
Un autre élément précieux de c o m p a r a ù o n chronologique nous est offert par les appli-
4
') D'aprèt IJcincckc, appartenant à la I-ère sous- ) Ibid., CLXXII.
s
période du br. IV. ) Localité inconnue de la Hongrie: ibid., I, LIV
2
) Pârvan, Getica, p. 313 et suiv., complétant l'ex- (Musée de Budapest),
e
posé de Reinecke. ) Hampel, Bronzkor, II, CL.
a
) Hampel, Bronzkor, II, CLXV.
361
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VASILE PÀKVAN
quee rayées, dont quelques exemplaires, ci-dessus, p . 352, no. 51 suiv., sont identiques avec
les fragmente similaires trouvés à Kemec.se dans le Szabolrs ' ) . Or le dépôt de Kemeese, comme
la fibule de la fig. 2, appartient — sur ce point nous sommes complètement d'accord avec
Reinecke 2) — à une époque plus récente de la IV-e période du bronze carpathique. De nou
veau l'an 900 s'impose, à cette occasion aussi, comme date approximative de ce dépôt.
Un mot encore sur les bracelets
de Suseni (ci-dessus, p . 351 et suiv.).
Aucune des formes de notre dépôt
n'est antérieure à la IV-e période
du bronze carpatho-danubien. Cepen·
d a n t le bracelet no. 44, massif, à
crénelures très fortes, indique une
phase assez tardive du bel-âge du
bronze carpathique. La décoration Fig. 5. Ceinture en bronze de Gusterita (Erzsébetfalva près
de l'arc massif des bracelets et des de Sibiiu). d'après Rômer FI. dans AÊ. IV. 1870, p. 81.
fibules, à grandes côtes, très connue
à la dernière période de l'âge du bronze, chez nous ainsi que dans les régions alpines.,
s'est conservée j u s q u ' à Vâge du fer, en Suisse et en I t a l i e 3 ) , comme en Dacie *). La
forme de Suseni se range parmi les plus anciennes. C'est toujours à Çpalnaca 5 ) , ou à licz-
ded 6 ) qu'il faut chercher des analogies pour ce genre de parures. Mais son évolution, depuis
les premières formes, encore du bronze authentique, passant par les variétés de Hajdii-Szoboszlo,
qui annoncent le premier âge du fer de la Dacie, et aboutissant aux formes tardives de l'âge
«scythique» des Carpathes, p . e. à Aiud 7 ), ou même de l'âge «celtique» de ces régions, en plein
La Tène, p . e. à Muncaci 8 ) , est, comme on le voit, bien longue et tenace.
La forme du bracelet de Suseni n'a toutefois rien de commun avec les variétés récentes
de ce t y p e . Elle appartient encore au bronze pur, à la période des fibules semblables de Mo·
rigen '■') et ne justifie d'aucune manière une datation plus tardive de notre dépôt.
P o u r conclure, nous croyons devoir dater le dépôt de Suseni à la même époque que celui
de §pâlnaca et de Gusterita, c'est-à-dire vers le début du I-er millénaire. Certaines formes,
comme les fibules «à bouclier», nous suggèrent une date plus rapprochée de l'an 900 que de
l'an 1000 a v . J.-Chr.
V. P .
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A PROPOS 1)1 «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS
Qu'il me soit permis d'ajouter, moi aussi, après le regretté M. Haussoullier l) et après
M. Glotz 2) une très brève remarque aux commentaires concernant les deux décrets des Dio-
nysiastes de Callatis, récemment découverts par M. Sâveanu chez le propriétaire Théocharidi
de Mangalia 3 ) et publiés dans notre revue 4 ) .
L'on est d'accord pour reconnaître que le «basileus» Cotys du deuxième décret de Callatis
est identique avec le roi «sapéen» Cotys, fils du roi Rhoemétalcès 5 ), le fidèle collaborateur d'Au-
guste p e n d a n t les grandes guerres illyriennes (6 — 9 apr. J.-Chr.). Mais l'on n'a essayé ni de
dater d'une manière plus précise l'inscription de Callatis portant son nom, ni de fixer les cir-
constances auxquelles nous devons attribuer cette curieuse éponymie thrace à Callatis. Sàveanu,
/. c , fait seulement les deux constatations suivantes: 1° l'éponyme Cotys de Callatis est le
roi thrace qui a été t u é en 19 apr. J.-Chr., donc l'inscription doit être antérieure à cette
d a t e ; 2° «du temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les régions
de la Mer Noire était grande», sans autre explication plus ample à propos de cette brève
affirmation.
T o u t d'abord il ne s'agit pas d'une simple «influence», mais de la domination effective
— reconnue et protégée par les Romains — du père de Cotys d'abord, de Cotys lui-même
ensuite, j u s q u ' a u Danube scythique, où les vieilles forteresses gétiques Troesmis et Aegyssus
sont défendues avec acharnement par lesThraces contre les attaques des Gètes transdanubiens 6 ).
C'est vrai que les seules troupes de Rhoemétalcès ou de Cotys ne réussissent pas à maintenir
la frontière du Danube contre les Gètes, les Sarmates et les Bastarnes de Valachie et de Mol-
davie, et que c'est toujours le gouverneur romain de la Mésie qui sauve la situation: p . e.
L. Pomponius Flaccus en 15 apr. J.-Chr., dont Ovide 7 ) d i t : praefuit his, Graecine, locis modo
Flaccus ; et illo ripa ferox Histri sub duce tuta fuit ; hic tenuit Mysas gentes in pace fideli (ce
sont les peuples qui habitaient au sud du Danube, en Mésie et en Scythie Mineure), hic arcu
') Revue archéologique, X X I I , 1925, p. 62 et suiv. ques complémentaires ibid., p. 324 et suiv. ; quant aux
-) Comptes rendus de VAcad. d. Inscr., 1925, p. 287 commentaires de M. O. Tafrali, publiés dans la Revue
et Journal des Savants, 1925, p. 281. archéologique, XXI 1925, p. 238 suiv., je regrette de
a
) Nous avons confié en 1924 à M. Sâveanu la charge devoir constater, une fois de plus, que notre col-
de fouillée les ruines de Callatis. A l'occasion de l'enquête lègue fait irruption dans un champ d'études qui
qu'il a faite chez les hahitants de la petite ville, à la est trop éloigné de l'art byzantin, pour pouvoir être
recherche des découvertes fortuites, M. Sâveanu a trouvé dominé avec les seules connaissances de cette spé-
chez M. Teocharidi les deux décrets; ces documents cialité.
ont été ensuite copiés par M. Tafrali aussi et achetés ·) Sàveanu, dans Dacia, I 1924, p. 142.
6
pour le Musée d'antiquités de Iassy, dont il est le di- ) P â r v a n , Getica, p . 96 et suiv. ; source principale,
recteur. Ovide, ex Ponto.
7
*) Uacia I 1924, p. 108 et suiv.; cf. aussi ses remar- ) Ex Ponto, IV 9, 75 sqq.
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VASILE PARVAN
fisos terruit ruse Getas (ce sont les habitante de la Dacie moldo-valaque, auxquels le passage
du Danube était i n t e r d i t : prohibere Danubioi Florue) *).
Ainsi que son père Rhoemétalcès, Cotys d û t , après l'an 12 apr. J.-Chr., lorsqu'il lui
succéda, s'occuper beaucoup de la côte thrace du P o n t j u s q u ' a u Danube. Dès son avènement
au trône Ovide s'empresse de lui adresser un poème que nous étudierons tout de suite par
le détail. C'est vrai que les villes grecques dépendaient directement de Rome, au même titre
d'alliées et de clientes que les rois de Thrace ; mais leur complète impuissance au devant des
barbares de l'intérieur et d'au-delà du Danube les poussait à chercher à tout prix l'amitié des
rois thracee, qui étaient les maîtres immédiats du Ilinterland.
Ovide n'était q u ' u n malheureux exilé ; mais il avait des relations sociales excellentes
avec les h a u t s cercles de Rome et avec les c o m m a n d a n t s envoyés dans les provinces balkaniques.
Non seulement Tomis, mais aussi les villes voisines, lui confèrent toutes sortes d ' h o n n e u r s :
nec mihi credideris: extant décréta, quibus nos J laudut et immunes publica cerafacit: j conveniens
miseris et quamquam gloria non est, j proxima dont nobis oppida munus idem 2 ) . Λ Tomi il avait
été élu agonothète des jeux en honneur du divus Augustus 3 ). E t les honneurs dont les Tonii-
tains le comblent, l'émeuvent profondément: quem vix incolumi cuiquam salvoque daretis, /
is datus a vobis est mihi nuper honor. / Solus adhuc ego sum vestris immunis in oris; / exceptis,
si qui munera legis habent. / Tempora sacrata mea surit relata corona, / publicus invita quant
favor imposuit. / Quam grata est igitur Latonae Délia tellus, f erranti tutum quac dédit una
locum : / tam mihi cara Tomis, patria quac sede fugatis / tempus ad hoc nobis hospita fida
4
m a net ) .
Il n'est donc que très naturel de voit les Callatiens honorer Cotys, le fils de Rhoemétalcès,
par des dignités encore plus brillantes que celles accordées à Ovide, en l'élisant βααΐλενς de
leur ville, c'est-à-dire magistrat éponyme de Callatis. Cependant cet honneur n'a pu, en aucun
cas, être conféré au roi Cotys, après l'an 12, lorsque ni sa situation, de roi de toute la Thrace,
ni ses occupations, ne lui auraient plus permis de l'accepter, mais au prince héritier Cotys,
encore du t e m p s de son père Rhoemétalcès. A cette époque-là Cotys a dû se trouver réellement
en Scythie Mineure, pour remplacer ici son père, qui était occupé en Illyrie comme allié des
Romains. E t nous pouvons très bien a d m e t t r e que le prince Cotys a résidé p e n d a n t quelque
temps à Callatis, entouré, comme Ovide à Tomis, de la chaleureuse sympathie de ces
Grecs, qui étaient non seulement ses amis, mais aussi ses maîtres en matière d ' a r t et de
littérature.
Car notre Cotys est le poète grec très connu, dont Ovide d'un côté, Antipatcr de Thessa-
loniquc de l'autre, nous parlent avec de grands éloges. Il est un philhellène e n t h o u s i a s t e ;
il a dû se sentir très honoré par l'éponymie de Callatis ; il a comme poète toutes les délica-
tesses de sentiment envers ces descendants authentiques des Grecs de l'âge classique, mais
il a aussi toutes les faiblesses, que la vanité littéraire et le romantisme épigonique de son
époque devaient fatalement susciter dans son âme de barbare naïf.
E n effet, bien que ce ne fût plus au prince, mais déjà au roi, qu'Ovide adressât son poème,
le ton de cette composition est malgré son apparente humilité, d'une prétention mal cachée,
que seulement un roi-poète, reconnaissant la maîtrise d'Ovide dans le c h a m p des lettres, aurait
J
) Cf. Pârvan, Getica. p. 96. et cf. Premeretein, duns Jahri'shcftc, I 1898, Rciltl.,
2
) Ex Porto, IV 9, 101 eqq. p. 196.
») En 15/16 apr. J.-Chr.: ex Ponto, IV 9, 115 sq. *) Ex Ponto, IV 14, 51 sqq.
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Λ PROPOS Ι)ΐϊ «BASILEUS» COTYS D E CALLATIS
pu tolérer, et que seulement un roi «barbare», heureux d'être reconnu comme égal dans le
monde envié des «civilisés», aurait pu trouver convenable. La double arrogance, littéraire,
c'est-à-dire d'origine hellénique, et politique, c'est-à-dire du civis Romanus vis-à-vis du
barbare, inspire le poème si hautainement humble, qu'Ovide croit utile de dédier au
nouveau roi.
L'exilé ne doute pas de ce que la fama loquax n ' a i t déjà fait savoir au jeune roi lettré
l'existence du grand poète romain à T o m i s ; il demande donc sa protection: regia, crede mihi,
res est, succurrere lapsis: j convenu et tanlo, quantus es ipse, viro; suit toute une série de conseils
pareils, d'où ne m a n q u e n t pas les allusions à la férocité t h r a c e : . . . sed quam Marte ferox, et
vinci nescius armis, J tam nunquam, fada pace, cruoris amans. / Adde (maladresse sur mala-
dresse), quod ingenuas didicisse fideliter artes, / emollit mores, nec sinit esse feros. j Nec regum
quisquam magis est instructus ab illis, j milibus aut studiis tempora plura dédit. / Carmina
testantur ; quae, si tua nomina demas, j Threïcium iuvenem compostasse negem (mala-
dresse presque contemporaine : les bonnes notes données par les «Occidentaux» aux
«Orientaux»).
Considérant donc les occupations poétiques de Cotys, Ovide se résume de cette manière:
Haec quoque res aliquid tecum mihi foederis affert: j eiusdem sacri cultor uterque sumus. / Ad
vatem rates orantia brachia tendo, / terra sit exsiliis ut tua fida meis. Il explique les motifs de
son bannissement: ils sont de nature exclusivement littéraire: stultam scripsimus Artem. C'est
pourquoi l'ira de son Seigneur nisi natalem nil mihi demsit humum: J hac quoniam careo, tua
nunc vieinia praestet, / inviso possim tutus ut esse loco (dernier vers du poème contenant la
dernière maladresse possible) x ).
Il semble que le jeune roi thrace n'ait pas été trop enchanté de la lettre d'Ovide. Cotys
est assassiné par trahison en 19. Le poème avait été envoyé, au plus tard vers l'an 13. Nul
écho d'une réponse royale dans aucune des lettres d'Ovide, tellement nombreuses j u s q u ' à l'an
16, époque à laquelle il était presque heureux des honneurs et des preuves de respect et de
sympathie que lui élargissaient les Grecs du Pont thrace.
Le silence de Cotys n'est cependant que trop naturel. Il s'explique facilement aussi bien
au point de vue personnel que par les considérations politiques du moment. Personnellement
Cotys devait trouver assez maigres les compliments d'Ovide: neve sub hoc tractu rates foret
unicus Orpheus, j Bistonis 2 ) ingénia terra superba tuo est 3 ), lorsqu'il les comparait aux louanges
de tel poète grec contemporain, comme Antipatcr de Thessalonique, qui appelait tout l'Olympe
à son aide, pour décrire les perfections du jeune roi t h r a c e :
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VASIMi PÂRVAN
Mais aussi dos raisons politiques — le roi de Thrace était le client de l'empereur de
Home — devaient imposer à Cotys la plus stricte réserve au sujet du poète romain banni à
Tomis: t a n t que Tibère ne revenait pas à des sentiments meilleurs, pardonnant la faute du
poète envers son prédécesseur, Cotys aussi devait ignorer, au moins officiellement, tout essai
de rapprochement et d'amitié q u O v i d e lui suggérait.
Mais revenons à Cotys lui-même. Nous avons relevé le fait que la domination des rois
odryses en Scytbie Mineure, comme clients des Romains, était une réalité très effective. Les
vieilles forteresses gétiques, t o u t le long du Danube mésique, jusqu'au P o n t Euxin, étaient
gardées par les troupes de Rhoemétalcès et ensuite de Cotys. La grande a t t a q u e des Gètes
transdanubiens en 12 apr. J.-Cbr. contre Aegyssus (stat vêtus urbs, ripac vicina binoniinis
l
Histri, moenibus et positu vix adeunda loci) ) surprend et massacre ici une garnison odryse
(Odrysiis inopino Marte peremptis) 2 ) : Rhoemétalcès accourt innumero milite'1), pour venger
ses hommes. Mais ce n'est q u ' a u x efforts réunis du roi odryse et du légat romain Vitellius,
qu'on doit la victoire contre les envahisseurs 4 ).
Cependant l'activité odryse en Scythie Mineure n'est pas connue seulement par les textes
littéraires. Une épigraphe d'Histria, découverte déjà en 1915, mentionne peut-être à l'époque
d'Auguste ou de Tibère un roi Rhoemétalcès, dont les Romains, qui sont les vrais seigneurs de
tout le pays, et les Histriens, leurs protégés, doivent tenir compte. Le document est affreuse-
ment mutilé, nous n'en possédons plus que quelque bouts de lignes ; mais nous en déduisons avec
beaucoup de probabilité que le portorium ripae Thraciae (τό τής κατά την "Ιστρον οχιϊης τέλος),
institué déjà m a i n t e n a n t par les Romains, et auquel le commerce histrien n'est redevable
qu'avec de très petites taxes, ou pas du t o u t , devait être organisé et contrôlé en Scythie Mineure
avec le concours efficace du roi R h o e m é t a l c è s 5 ) . Est-ce le père de Cotys? C'est-à-dire encore
du temps d'Auguste. Est-ce plutôt le fils mineur de notre Cotys, auquel les Romains — après
19 — confient la moitié orientale de la Thrace, arva et urbes et vicina Graecis e ) , ou peut-être
son collègue de royauté, Rhoemétalcès, le fils de Rhascuporis, auquel les Romains avaient
confié la moitié occidentale du pays avec la ripa Thraciae? Ou enfin le dernier roi de Thrace,
Roemétalcès, qui règne de nouveau sur tout le pays j u s q u ' a u Danube, entre 38 et 46 par la
grâce de Caligula et de Claude ? — C'est égal. — Ce qui nous intéresse pour le m o m e n t , c'est
que les villes grecques du Pont thrace sont forcées d'entretenir les meilleures relations avec
les rois odryses, parce que les Romains font dépendre les privilèges et les immunités
qu'ils accordent aux Grecs, de ces relations des villes helléniques avec les rois thraces,
leurs clients.
C'est ainsi donc que l'éponymie du prince Cotys à Callatis, du t e m p s d'Auguste, n'est
plus du tout un événement curieux ou exceptionnel, mais une apparition très logique
et presque imposée par les circonstances générales de la vie politique de ce coin éloigné
de l'Empire.
Une fois fixés ces traits principaux du tableau, nous pourrions compléter par le détail
les motifs de la présence du fils de Rhoemétalcès à Callatis: la grande prospérité de cette ville
à l'époque d'Auguste, documentée par l'inscription d'Apollonios le gérousiarque 7 ), m o n t r a n t
Note finale. Par suite d'une longue maladie du Directeur de Dacia, les comptes-rendus, les notes cri-
tiques et la bibliographie des deux premiers volumes de notre périodique ont dû être remis au Ill-e volume,
qui paraîtra vers la fin de l'année 1927.
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\ ECII O L O G E
C'est avec le plus vif regret que nous rendons ici Ariusd, l'atelier céramique le plus riche et le plus
le dernier hommage à r é m i n e n t archéologue Iran- caractéristique de toute la région,
sylvain et très précieux collaborateur de Dacia. Doué d'un esprit d'ohservation et d'une patience
le Prof. Dr. Francise Lâszlô, de Sf. Gheorghe. INalu- admirables, I âszlô devint un fouilleur exemplaire·
raliste par métier, Lâszlô avait passé son doctorat dont la méthode exacte, consciencieuse et précise
en sciences à Cluj (1896) et occupé là-bas même ressort à chaque pas, non seulement dans les lents
une place d'assistant universitaire, comme bota- et pénibles t r a v a u x de p r é p a r a t i o n ' d u matériel dé-
niste et géographe. Ren- couvert, mais aussi dans
tré toutefois dans sa ville ses r a p p o r t s , publiés soit
natale comme professeur dans les Dolgozatok (Tra-
au lycée Székely Mikô, v a u x du Musée National
il élargit son cercle d'é- Transylvain de Cluj), a.
tudes, accordant une at- 1911 et 1914, soit dans
tention de plus en plus Y Archaeologiai Êrtcsito
passionnée aux recher- de Budapest, a. 1912.
ches d'ethnographie lo- soit dans Dacia.
cale (au Pays des Szek- Nous n'oublierons ja-
lers) et surtout cYarchéo- mais la dernière entre-
logie préhistorique. Nom- vue que nous avons eue
mé en 1901 conservateur avec ce chercheur infa-
d u Musée Nal. Szclcl· r tigable sur le lieu même
de Sf. Gheorghe, Lâszlô de ses plus heureuses
devient l'âme même de découvertes, à Ariiijd,
cette institution dont il en août 1925, quelques
organise et enrichit d'a- semaines a peine a v a n t
bord surtout les intéres- sa mort si i n a t t e n d u e .
santes collections ethno- Très content d'avoir re-
graphiques et de sciences commencé ses fouilles,
naturelles. A côte des au- après la longue relâche
tres conservateurs et des provoquée par les années
collaborateurs scientifi- si tristes de la Grande
ques du Musée il s'ac- Guerre, Lâszlô était t o u t
quiert de très grands mé- simplement transfiguré
rites dans l'œuvre de re- par l'amour de sa disci-
nouvellement de l'édi- pline, en nous expli-
fice même du Musée et q u a n t sur place non
FRANCISC LÂSZLÔ
il commence en même seulement ses dernières
28 juin 1873, f 16 septembre 1925
t e m p s le travail capital trouvailles, mais aussi
de sa vie, l'enquête archéologique dans le Pays des toute l'histoire de ses fouilles d'Ariusd, avec les dé-
Szeklers et s u r t o u t dans le district de Trei-Scaune. tails topograpbiques et i t r a t i g r a p h i q u e s si précieux,
Grâce aux recherches et surtout aux fouilles «le dont l'on ne peut jamais se rendre exactement
Lâszlô, d'abord à Sf. Gheorghe (Sepsiszentgyôrgy) compte (pie sur le chantier même des touilles a
même, ensuite à Olteni (Oltszem), finalement à décrire. — A p p r é c i é non seulement dans les milieux
Ariusd (Erosd), le Musée National Szekler devint scientifiques hongrois et roumains, mais aussi à l'é-
l'un des centres les plus i m p o r t a n t s de l'activité tranger, en Allemagne et en Angleterre, comme en
archéologique de Transylvanie et un dépôt de pre- Autriche, en Pologne et en Russie, Lâszlô fut un
mier ordre de matériel concernant les civilisations chercheur de premier ordre dont la méthode fut
préhistoriques de la Dacie. La céramique peinte, énéo- toujours à la hauteur de son zèle admirable. Sa
lithique, de type moldave, fut illustrée m a i n t e n a n t mort est une grande perte pour l'archéologie préhi-
d'une manière exceptionnelle et presque i n a t t e n d u e Btorique de la Dacie. 11 nous a tenu à coeur d'ouvrir
par les découvertes nombreuses de Lâszlô, p a r t o u t et de clore ce premier volume de noire revue avec
dans le Trei-Scaune, mais en première place à son oeuvre et sa commémoration. V. P .
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