Dacia1 1924

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AVANT-PROPOS
Ce périodique annuel est l'organe d'un Institut qui n'existe pas encore.
. J'avais eu l'occasion de proposer, il y a quelque vingt ans *), l'organisation
d'un service de fouilles systématiques et, depuis, étais revenu maintes fois
à la charge. Mais les avant-projets pour la création d'un «Institut Archéo-
logique Roumain» par moi rédigés à l'intention des titulaires successifs du
Ministère de l'Instruction ou du Ministère des Beaux-Arts, ne purent
jusqu'à ce jour être transformés en texte de loi.
Souhaitons que l'avenir nous soit plus favorable.
E n publiant les deux premiers volumes de «Dacia», je tiens à m'acquitter
avant tout d'un double devoir: celui de remercier, celui de m'excuser.
J e tiens à remercier la Commission des Monuments Historiques qui
me confia, sans m'embarrasser de titres sonores, le soin de toutes les fouilles
archéologiques de mon pays, avec des fonds encore très modestes 2 ), il est
vrai, mais suffisants pour permettre du moins une certaine activité col-
lective, capable de stimuler les efforts des jeunes chercheurs qui se sont
formés autour du Musée que je dirige et de la chaire que j'occupe.
À remercier de même M. Al. Lapedatu, ancien ministre des Beaux-Arts,
qui voulut bien subventionner l'apparition du premier volume de notre revue.
J e tiens aussi à m'excuser du grand retard avec lequel ces deux volumes
paraissent. L'on ne peut s'imaginer combien il est plus difficile de faire
marcher vingt hommes au même rythme avec la tête qu'avec les pieds. 11
ne saurait être question de mauvais vouloir ni de manque d'amitié; seule
l'inégalité naturelle des enthousiasmes fait tout le tort. Le premier volume
paraît avec un retard de quinze mois, le deuxième avec un retard de trois
mois. J e vais essayer de faire paraître le troisième au terme prévu, c'est-à-
dire vers la fin de l'année courante. Chaque volume contient les résultats
des recherches et des fouilles de l'année précédente. J'ai donné la préférence
au millésime des découvertes mêmes: les savants nous sauront peut-être
l 2
) Préface à mon essai sur le camp romain de ) Voir Dacia, I I 1925, p. 198, note 3,
Salsovia, Bucarest, 1906.

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VASII.i: l'XKVAN

gré de cette explication, qui csi, faite pour montrer que notre retard n'est
à un certain point de vue qu'apparent. L'on verra d'ailleurs par les études
et les compte-rendus de fouilles qui suivent, que malgré notre millésime
archaïsant, nous nous sommes tenus au courant des tout dernières publi-
cations sorties de presse avant notre apparition effective.
Nous publions notre Dacia en français (les autres langues mondiales
sont également admises) pour fournir à tous les savants qui s'occupent des
régions carpatho-danubiennes la possibilité de se concentrer autour de Dacia,
comme ils l'ont fait auparavant autour d'Ausonia, de Syria ou de Byzantion.
A côté donc des publications roumaines d'archéologie, comportant seu-
lement des résumés en une langue universelle (tels les Mémoires de l'Aca-
démie Roumaine, le. Bulletin de la Commission des Monuments Historiques,
etc.), nous avons cru utile de faire paraître une publication archéologique
roumaine rédigée exclusivement en une langue universelle. E n effet la Dacie,"
et en général les régions illyro-thraces, qui nous préoccupent tout spécialement,
sont le berceau des civilisations pré- et protohistoriques, dont ni l'Italie, ni
la Grèce, ni l'Asie Mineure ne pourraient se dispenser de connaître à fond
les phases successives et tous les détails de leur évolution. Les origines
italiques, grecques et asianiques des I l l - e et Il-e millénaires av. J.-Chr.
doivent être attentivement recherchées dans l'Europe danubienne. C'est un
point de vue connu, mais pas encore suffisamment reconnu par tout le
monde. Notre revue aidera à le faire reconnaître grâce au matériel inédit
de t o u t premier ordre qu'elle publiera de plus en plus amplement chaque
année. <*
D'autre p a r t toute la Romania orientale se résume de notre temps à
la Roumanie actuelle. C'est un devoir d'honneur pour ce pays que de pa-
tronner la recherche de t o u t le Romanisme oriental.
Mes chers collègues et amis, MM. Jérôme Carcopino et Roberto Pari-
beni, se sont de suite rangés à mes côtés, en illustrant de leur très précieuse
collaboration l'utilité d'une concentration scientifique autour de Dacia. J e
les en remercie aussi au nom de mes confrères roumains et j ' a t t e n d s avec
confiance la participation aussi bienveillante à nos efforts des autres spé-
cialistes étrangers.
La direction de Dacia se fait un devoir de respecter toutes les opinions
de ses collaborateurs, même celles des plus jeunes, et par suite plus enclins
aux illusions «généralisantes». Il va donc sans dire qu'elle ne s'identifie à au-
cune de ces opinions. E t si le directeur n'a pris lui-même que rarement la
parole pour compléter ou pour corriger tel petit détail, il ne faudrait point
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VI
AVANT-PROPOS

en conclure qu'il est toujours et totalement d'accord avec tout le reste. Chaque
auteur est responsable de ses affirmations.
Cette revue paraît en «français». Un français très approximatif, comme
le latin parlé aux temps du Bas-Empire dans les provinces trop éloignées
du centre. J'ai essayé de lutter, de faire mieux; j ' a i fait appel à des con­
naisseurs; j ' a i été cependant accablé. Une longue maladie, dont je ne suis
pas encore remis, a complété le reste. Non seulement la dernière main aux
épreuves n'a pas été donnée avec toute l'attention nécessaire, mais aussi
toute la partie critique (compte-rendus, notes bibliographiques, liste des
dernières publications spéciales) a dû être remise au I l l - e volume de
Dacia, destiné à paraître vers la fin de cette année.
La préparation du matériel des deux premiers volumes de notre revue
m'a chargé d'une multiple dette de reconnaissance envers de nombreux
amis ou anciens élèves. Je mentionne leurs noms sans pouvoir dire par le
détail ce que je dois à chacun, soit pour la mise au point de certains ma­
nuscrits, soit pour la version française des différents articles, soit pour la
lecture très attentive des épreuves. J e prie donc M-mes Marcelle Flot-Lam-
brino et Zoé Balş-Marinesco et M-lle Marie Holban ainsi que MM. I. Andrie-
şescu, Scarlat Lambrino, P . P . Panaitescu, C. C. Giurescu et Horia Teodoru
de croire a ma profonde gratitude pour le temps et le travail qu'ils voulurent
consacrer à notre Dacia. M. D. Pecurariu, le dessinateur du Musée National
d'Antiquités, a été infatigable à satisfaire tout le monde avec les ressources
de son talent remarquable. Une mention spéciale à M. H . Metaxa, qui cette
fois aussi, fut mon auxiliaire le plus précieux à la révision des dernières
épreuves.
Une carte schématique publiée en première page du deuxième volume
indique les localités principales dont s'occupent les études et les compte-
rendus des fouilles de 1924 et 1925.
Bucarest, avril 1927.
VASILE PÂRVAN

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LES TYPES DE VASES PEINTS
D'ARIUŞD (ERDSD)
La fabrication des vases peints a occupé dans l'Europe Orientale principale­
ment les peuplades habitant la région qui s'étend de Kiew vers l'Ouest jusqu'aux
Carpathes antérieurs Orientaux et continue vers le Sud par les Balkans Orientaux
jusqu'en Thessalie Orientale. Les centres principaux de cette civilisation sont: Tri-
polje, à l'Ouest de Kiew, Petreni en Bessarabie Septentrionale, Cucuteni près de
Jassy, Şipeniţi en Boukovine, Ariuşd (Erôsd) près du cours supérieur de l'Oit, qui
comprend aussi quelques sous-centres, et enfin Dimini en Thessalie Orientale.
L'une des stations les plus importantes sur cette ligne déterminée plus haut
est, ainsi qu'il a été démontré par les fouilles entreprises, la région préhistorique
d'Ariuşd.
Les fouilles à cet endroit ont été continuées par le soussigné de 1907 à 1913 ;
cependant par suite des études minutieuses à faire et des multiples photographies
et esquisses à prendre, les travaux ont marché très lentement de sorte que je n'ai
pu déblayer qu'une étendue d'environ 515 m 2 . Un labeur méthodique a toutefois
permis d'établir les conditions stratigraphiques de l'endroit, l'emplacement des cou­
ches ainsi que leur mode de formation jusqu'au niveau du terrain préhistorique,
c'est-à-dire jusqu'à la profondeur d'environ 3,50 m.
En déblayant le terrain on a découvert l'emplacement de quatre maisons d'ha­
bitation du type à mégaron; on a pu se rendre compte de leur disposition, de la
construction des parois, des foyers, des fours à cuire les vases ainsi que des matériaux
de construction; on a également pu identifier l'emplacement et reconnaître la con­
struction de l'enceinte fortifiée.
L'endroit préhistorique d'Ariuşd appartient aux centres à couches profondes.
Les fouilles ont révélé l'existence de sept couches principales, dont les II-ème—Vll-e
recèlent des traces de l'industrie des vases peints (céramique peinte). Pour plus de
facilité je nommerai ce groupe de six couches du nom d e : culture A.
Les trouvailles de la couche supérieure no. 1, épaisse de 30 à 40 cm et nommée
couche de humus supérieure, appartiennent à une autre civilisation que je nommerai
par rapport à la première, la culture B. Cette couche supérieure est surtout mélangée.
Comme à cet endroit il y avait autrefois un champ cultivé, la charrue et la herse
ont mélangé et fait pénétrer les objets de la couche supérieure dans les couches
inférieures.
C'est au moins de cette manière qu'on peut s'expliquer le manque de documents
de la culture B dans la couche supérieure. E n outre, il y a une trentaine d'années,

1 Dacia I 1924.

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FRANCISC LÀSZLO

cet endroit fut planté d'arbres, afin d'empêcher l'érosion des eaux. Les trous creusés
dans ce but ont naturellement bouleversé et mélangé les objets de cette couche. ,.
Plus récemment, à la recherche d'objets antiques on a creusé de grands et «I ,
petits trous et de la sorte les objets sortis des couches inférieures se sont mélangés ,
à ceux des couches supérieures.
A cause de ce multiple mélange des couches je n'ai pu trouver dans la culture 15
aucun fragment de vase dont il eut été possible d'établir le type. Malgré tout, nous
avons tout de même réussi à définir le mode de fabrication des vases, au point de
vue technique, leur profil, les éléments de l'ornementation et par conséquent à en ,
fixer l'époque. Dans ce but nous avons eu recours en premier lieu à la collection du
Musée National des Szeklers qui comprend le matériel découvert dans plus de qua­
rante fouilles faites dans le département de Trei-Scaune l) et en second lieu aux
publications 2) concernant les objets provenant d'autres contrées de Transylvanie.
Enfin, j ' a i eu surtout recours aux études publiées 3) par Hubert Schmidt sur la sta­
tion préhistorique de Sărata-Monteoru 4) près de Buzău et sur les tumuli de Ma­
cédoine 5 ), ainsi qu'aux études du Dr. Martin Roska sur la station préhistorique de
Pecica-Sâmlac"). Après étude minutieuse des objets de la culture B d'Ariuşd, je
suis d'avis qu'ils appartiennent à l'époque de transition de l'âge de pierre à celui de
bronze, à l'époque nommée l'âge de la pierre et du bronze ; en ce qui concerne la
culture A, vu qu'on y rencontre le cuivre pour la première fois, mais comme d'autre
p a r t elle appartient encore à l'époque néolithique, je la nommerai l'époque de la
pierre et du cuivre (époque chalcolithique). Selon une autre terminologie, la culture A
peut être placée dans l'époque prémycénienne et la culture B dans l'époque proto­
mycénienne 7 ). Les quelques fragments de vases du cycle de la céramique cordée 8 )
connus jusqu'à présent sur le territoire de Transsylvanie appartiennent à la même
époque que la culture B d'Ariuşd et d'autres endroits. E n deux endroits j ' a i trouvé
aussi des fragments de vases appartenant à la céramique a bossettes. J e rappellerai
ici que ces deux cultures sont tout à fait indépendantes l'une de l'autre, quoique
quelques éléments de la culture B, p . ex. la couverte, l'emploi des spirales et <lr^
méandres comme ornements aient leur origine dans la culture A. É t a n t donné que
dans les stations à une seule couche du département de Trei-Scaune et des autres
endroits de Transsylvanie on n'a pas trouvé de vases peints, nous devons admettre
que les fragments de vases peints retrouvés dans la couche supérieure d'Ariuşd y

J
) A Székely Nemzeti Muzeum évi jelentései. tion von Monteoru, Bezirk Buzău. Zeitschrift fiir
2
) Dr. Kovâcs I s t v a n : Az Apahidai ôskori telep, Ethnologie, 1917, p . 999 — 1003.
5
etc. Dolgozatok-Travaux, 1911. Dr. Kovâcs I s t v â n : ) I I . S c h m i d t : Die Keramik der Makedonischen
A Korpâdi ôskori telep. Doïogozatok-Travaux, 1913, Tumuli. Zeitschrift fur Ethnologie, 1905, p . 91-113.
8
p . 1 — 17. Dr. Kovâcs I s t v â n : A mezobandi âsa- ) Dr. R o s k a M â r t o n : Asatâsok a peeska-
tâsok. Dolgozatok-Travaux, 1913, p . 265. Orosz szemlaki hatârban lévô Nagy-Silncon. Dolgozatok-
E n d r e : Ujabb lelctek a petrisi ôsteleprol Szamosuj- Travaux, 1912, p . 1 — 73.
7
vdrt. Archeologiai Êrtesitô, 1904, p . 227. ) Sophus Mûller: Urgeschichte Europas, Strass-
3
) Il faut y ajouter l ' é t u d e du Dr. Andrieşescu b u r g , 1905, p . 30 — 35.
8
(Bucarest 1924) intitulée «Piscul-Crăsani» qui vient ) Dr. R o s k a M â r t o n : Erôsdi zsinegdiszes edény-
de paraître et qui t r a i t e d ' u n matériel a p p a r t e n a n t tôredékek. Dolgozatok-Travaux, 1914, p . 420, fig. 2.
en partie à la culture B . Dr. Roska M â r t o n : Nouvelles études sur la céramique
4
) Liedloff-II. S c h m i d t : Die prăhistorische Sta­ cordée, «Archivelc Olteniei», I I I , p. 131 — 132.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

ont été amenés des couches de la culture A par le bouleversement du sol. Cette sup-
i âtion est aussi confirmée par le fait que les fragments de vases en question cor-
i pondent entièrement aux vases peints des couches inférieures.
Les objets de la culture B d'Ariuşd présentent beaucoup d'analogie avec ceux
de Lengyel *) en Hongrie et de plusieurs foyers de Moravie et de l'Autriche Inférieure 2 )
étudiés par I. Palliardi; ensuite avec ceux des centres de B u t m i r 3 ) , Vinca 4 ) et
Turdaş 5 ) qui, malgré qu'on ait trouvé parmi les différents objets aussi quelques vases
peints, ne fait toutefois pas partie de la céramique peinte est-européenne mais du
cycle de la céramique à bandes rubanées de l'Europe centrale.
De sorte que, pendant que la culture A d'Ariusd appartient à la céramique
peinte est-européenne, la culture B peut être considérée comme un des derniers
foyers de la céramique à bandes rubanées de l'Europe Centrale et la rencontre de
ces deux cultures dans un seul et même endroit servira de base pour l'établissement
de leur date chronologique.
Les difficultés que nous rencontrons proviennent du fait que le nombre des ob­
jets de la culture B est très restreint et que d'autre part, leur état est peu appro­
prié à des recherches typologiques. Ces difficultés sont compensées par les trouvailles
des stations voisines et peut-être aurons-nous la chance dans les futures fouilles de
trouver une partie restée intacte de cette couche. Dans ce cas la station d'Ariuşd
pourrait fournir la solution de certains problèmes très discutés concernant l'étude
de la culture néolithique en Europe Orientale et Centrale.
J'ai publié le résultat des fouilles d'Ariuşd dans les communiqués du Musée
National des Szeklers 6) de St.-Gheorghe, dans Dolgozatok-Travaux, série 1911 7 ),
dans Archeologiai Ertesitô, série 1912 ). C'est toujours dans «Dolgozatok-Travaux» 9 )
8

que j ' e n ai commencé la translation monographique. En 1914 j ' a i publié la strati­


graphie de la station.
J ' a i aussi progressé sensiblement dans la classification des documents, mais
je n'ai pas encore eu la possibilité d'en publier le résultat, d'abord par suite des oc­
cupations nombreuses dues à la guerre et ensuite à cause du fait que la publication
en question a cessé de paraître.
6
*) Mauritius Wozsinszky: Das prăhistorische ) Année 1907, p . 15 — 19, années 1908 et 1909,
Schanzwcrk von Lengyel, B u d a p e s t , 1891. p . 39 — 4 3 ; années 1910 et 1911, p. 50 — 6 1 ;
2
) J a r o s l a v Palliardi: Die neolitischen Ansied- année 1912, p. 8 ; année 1913, p . 11 — 13. Muzeum
lungen mit bcmaltcr Keramik in Maehren und Nie- es Kbnyvtâri ertesitô, 1911, p . 185, 1912, p . 174.
derôsterreich. Mitteilungen der Prăhistorischen Kom- A Muzeumok es Kônyvtârak Orszâgos Fôfelugye-
mission der kais. Akademie der Wissenschaften, loségének jelcntése: Vol. 1907, p . 196 — 1 9 8 ; vol.
I. B a n d , Wien 1897, p. 237. 1908, p . 205 — 2 0 6 ; vol. 1910, p . 27 — 2 8 ; vol.
3
) W. R a d i m s k y - M. H ô r n e s : Die neolitische Sta­ 1911, p . 3 3 ; vol. 1914, p . 1 5 0 — 1 5 3 .
7
tion von Butmir bei Sarajevo in Bosnien, Wien, ) Dr. 'Lâszlô Ferencz: Hâromszékvârmegyci
1895. praemykaenei jellegiï telepek. Dolgozatok-Travaux,
*) M. M. W a s s i t s : Die Hauptergebnisse der pră- vol. 1911, p . 1 — 27.
8
historischen Ausgrabung in Vinca im Jahre 1908, ) Dr. Lâszlô Ferencz: Festctt edények az erbsdi
«Prăhistorische Zeitschrift», 1910, Bd. I I , p . 23. es oltszemi telepekrôl., Arch. Êrt., vol. 1912, p .
M. M. W a s s i t s : «Die Datierung der Vincaschicht, 57 — 66.
9
«Prahistorische Zeitschrift» (1911), I I I . Bd., p . 126. ) Dr. Lâszlô Ferencz: Asatâsok az erôsdi ôste-
6
) H u b e r t Schmidt : Tordos, Zeitschrift fiir lepen (1907 — 1912), I. Kôzlemény. Dolgozatok-
Ethnologie, vol. 1903, p . 438—469. Travaux, vol. 1914, p . 279—417.

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FRANCISC LÂSZLO

Dans cette étude je me suis proposé de publier la classification systématique mor­


phologique des vases trouvés pendant les fouilles. Comme L'assemblage et la recon­
stitution des fragments de vases ont été faits depuis longtemps, le nombreux maté­
riel trouvé est à mon entière disposition 1 ). Comme je n'ai trouvé parmi le matériel
de la culture B d'Ariuşd aucun fragment de vase dont le type puisse être défini,
je ne m'occuperai ici que des vases de la culture A.
Parmi les vases de la culture A d'Ariuşd, j ' a i trouvé aussi, en dehors des
vases peints, des vases à décor creux ou en relief, ainsi que des vases sans aucun
ornement ; leur fabrication technique ainsi que la cuisson est la même. J'ai
trouvé dans un des fours à cuire des vases plus grossiers et non peints mêlés à des
vases plus fins et peints. Cette circonstance confirme également que des vases qui
semblent être de fabrication différente, sont certainement sortis du même atelier.
En dehors de ce fait, j ' a i déjà très souvent remarqué que l'embouchure des vases de
fabrication brute et non peints est soigneusement polie et que le même vase pour­
rait très bien être décoré soit de peinture, soit d'incisions. Ces considérations font
que la classification des types de vases d'après leur ornementation devient inutile.
J'essaierai donc de grouper les vases uniquement d'après leurs éléments typolo­
giques. Mon intention était de présenter seulement les contours des vases, mais
comme dans beaucoup de cas, l'ornementation est en liaison avec le type même
du vase, j ' a i ajouté aux contours des types, au moins en esquisse, leurs ornements.
Dans certains endroits, là où j ' a i cru nécessaire, j ' a i présenté aussi les profils, en
observant strictement les mesures ; les figures en dehors d'une brève description, don­
neront elles-mêmes à une personne spécialisée dans ce genre d'études, toutes les ex­
plications voulues, en ce qui concerne les types et les formes.
Afin de réduire le texte à sa plus simple expression et de donner un aperçu
des rapports des types et des formes aux couches, j ' a i établi le tableau statistique
no. 14, dans lequel j ' a i indiqué aussi le nombre de vases a p p a r t e n a n t aux différentes
couches.
Pour compléter les indications du tableau ci-joint, je me réfère aux illustra­
tions que j ' a i déjà publiées des vases d'Ariuşd, ainsi que des autres centres du
département de Trei-Scaune, principalement d'Olteni (Oltszem).
Le nombre de formes des vases d'Ariuşd dépasse celui de tout autre centre de
céramique peinte de l'Europe Orientale. La plupart des types et des formes sont
publiés dans l'ouvrage de Gordon Childe, sur Şipeniţi, dont le matériel ne provient

*) C'est à peine si j'ai trouvé pendant les fouilles procédé a donné entière satisfaction. Les vases
quelques vases entiers. Environ 150 exemplaires d'Ariuşd n'ont été arrangés dans les vitrines que
ont dû être reconstitués avec les fragments trou­ dans les deux dernières années et malgré tout,
vés. La reconstitution a réussi a tous les points durant onze ans, aucun d'eux ne s'est abîmé
de vue. Pour la réparation des vases j'ai em­ quoiqu'il y en avait qui étaient reconstitués de
ployé, suivant le procédé de la section d'antiquités soixante et même de quatre-vingt pièces. Une
du «Museum fur Vôlkerkunde» de Berlin sur les partie des vases ont par suite de leurs propor­
instructions de Hubert Schmidt, une matière tions un poids respectable. Cette matière ne sert
nommée «Steinpappe» qu'on peut facilement pré­ pas seulement à la conservation des vases en
parer chez soi. Dans «Muzcum es Kônyvtdri Êr- argile, mais aussi des objets en bois, pierre
tesito» 1914, p. 217 et dans les «Archivele Olteniei», et os.
année III, no. 13, p. 242, j'ai prouvé que ce

1
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

cependant pas de fouilles régulières 1 ). Le résultat des fouilles régulières faites par
Hubert Schmidt à Cucuteni n'est pas encore publié, de sorte que pour l'étude des
trouvailles de cette station importante j ' a i dû me contenter des publications 2) anté­
rieures et des documents vus à Berlin.
Selon mon impression, ni les publications sur Petreni 3 ) et Tripolje 4 ), ni les ad­
mirables publications sur Dimini 5 ) ne présentent pas toutes les formes y existantes.
Cependant, à l'aide de ces traités, on peut entreprendre l'étude de la ligne princi­
pale de répartition de la culture de la céramique peinte sur tout le territoire de l'Eu­
rope Orientale, au point de vue de l'établissement t a n t des formes identiques que
des ressemblances et différences. Dans le présent ouvrage je me suis surtout servi
des deux études dans cette direction de Gordon Childe 6 ).
J e répartirai les vases d'Ariuşd dans les groupes suivants:
A (PI. 1) écuelles à fond sphérique ou plat et j a t t e s ; B (PI. 2) bols et petites
jarres; C (PI. 3 — 4 ) jarrres et cruches; D (PI. 5) cruches; E (PI. 6) vases à pied;
F (PI. 7) supports; G (PI. 8) vases plats à pied creux; H (PI. 9) vases rectangu­
laires; J (PI. 10) couvercles; K (PL 11) vases en miniature; L (PL 12) vases plasti­
ques; M (PL 13) fragments de vases dont le type ne peut être établi.

GROUPE A. Ecuelles à fond sphérique ou plat et jattes


(PL I, fig. 1 — 12).
Les types 1 et 2 de la série ont gardé l'ancienne forme sphéroïde. Les types 3 et
12 ont pour forme initiale un cône tronqué. La base du type 1 n'est pas encore déve­
loppée, tandis que le type 2 a une base un peu convexe et un rebord de forme et
d'ornementation différentes. Ce vase est déjà bien développé et approche, en ce qui
concerne sa constitution, du type 11 ; c'est seulement à cause de sa forme sphéroïde
que je l'ai placé en tête de la série. Son profil montre sous le rebord une proéminence
arrondie. Le type 3 est un vase large, de fabrication grossière, aux parois épaisses,
au fond large et sans parties distinctes. Les vases 4 et 5 n'ont également pas de parties
distinctes ; leur profil est simple. Le no. 5 est aussi de fabrication brute à ornements
en forme de sillons spiraux incisés ; le fond étroit s'élève vers le rebord en s'évasant
largement. Le grand vase no. 6 diffère du vase no. 4 par le fait que son rebord

*) V. Gordon Childe: Schipenitz: A Late neo­ law, 1905, Moskau 1907, p . 53.
4
lithic Station with Paint Pottery in Bukovina, ) V. V. Chwoiko: Roskopky Plostsadok U. S.
«Journal of the Royal Anthropological Institute», Kurtoborodinax, Moskva 1910. G u s t a v Kossinna:
vol. L I I I , 1923, p . 263 — 288. J ' e n ai fait u n Der Ursprung der Urfinnen und der Urindo-
résumé dans les «Convorbiri literare», vol. 1924, gcrmancn und ihre Ausbreitung nach dem Osten,
p . 876. (<Mannus-Zcitschrift fur Vorgeschichte», Wiirzburg,
2
) H u b e r t S c h m i d t : Vorlăufigcr Bericht iiber 1909, vol. I, p . 17 — 52, 225 — 245.
5
die Ausgrabungen 1909—1910 Cucuteni bei Jassy ) Chrestos T s o u n t a s : Preistoricai Akropoleis
(Rumiinien), «Zeitschrift fur Ethnologie», vol. 1911, Diminiou kai Sesklou, en Athenais, 1908. V.
p . 582 — 601. Kônigliches Museum zu Berlin, Gordon Childe: The East European Relations
Fiihrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, p. to the Dimini Culture, «Journal of Hellenic Stu­
17 — 18, Tafel 7. dies», p . 252 — 272, 1922 (résumé p a r moi d a n s
3
) l o a n Andrieşescu: La Dacie avant les Ro­ «Convorbiri Literare», 1924, p . 874).
6
mains, J a s s y , 1912 (en roumain). E. v o n S t e r n : ) Gordon Childe: Schipenitz et The East Euro­
Die prămykenische Kultur in Siidrussland. Trudy pean Relations of the Dimini culture, I. c.
des XIII. russ. Arch. Kongress zu Jekaterinos-

5
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FRANCISC LÀSZLO

diffère par sa forme et son ornementation. La forme no. 7 a l'embouchure séparée |>;ir
une proéminence de l'intérieur du vase. Les nos. 8 et 9 ont une embouchure verticale,
bien développée et haute ; les types 10—12 l'ont courbée à l'intérieur. La plus développée
en hauteur est celle du type 12 qui forme pour cette cause la transition avec les tasses.
Les vases 7 et 10 sont soigneusement polis. À l'exception des types I cl 3, tous les vases
ont la base étroite. 1, 2, 3 et 11 sont des vases larges, 12 est un vase h a u t , les autres types
ont une hauteur moyenne. Le rapport entre le diamètre de l'embouchure et de la base
varie pour les derniers types de la série entre 1/& et x/3. Le diamètre de l'embouchure
du plus grand des vases (no. 4) est de 40 cm. Les vases ont tous des oreillettes proérni-

Pl. 1.

nentes, percées toujours horizontalement, excepté le type 1 dont l'oreillette est verti-
cale. Les oreillettes sont placées sous l'embouchure du vase, ou bien, aux types plus
développés, dans la ligne de l'épaule. Les types principaux sont 2, 4, 6, 10 et 12.
Les numéros d'inventaire des vases, indiqués sur le tableau A sont les s u i v a n t s :
1 = 1635, 2 = 575, 3 = 1942, 4 = 3460, 5 = 2432, 6 = 2328, 7 = 2353, 8 = 591,
9 = 2418, 10 = 2344, 11 = 3461, 12 = 579.
Bibliographie: A 2 Dolgozatok-Travaux, 1911, p . 211, fig. 9 et p . 190, t a b . 10,
fig 13), A 6 (/. c , p . 192, fig. 13), A 7 (/. c, p . 190, pi. 10, fig. 2).
Analogies: I. Des centres de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem) «Varmeghe» A 1 (Dolg.-Travaux, 1911, p . 193, fig. 16); A 2
(/. c , p . 193, fig. 17); A 3 (/. c , p . 192, fig. 14, p . 190, t a b . 10, fig. 4 ) ; A. 4 (l. c ,
p. 191, fig. 11, p . 216, fig. 70); A 7 (/. c, p . 194, fig. 19, p . 196, fig. 21); A 9 {l. c.


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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

p. 193, fig. 18); A 12 (/. c , p. 196, fig. 22); A 10 (/. c , p. 190, t a b . I 10 m fig. 1).
Priesterhiigel : A 3 ( J . Teutsch : Spătneolitische Ansiedlungen etc., MittheUungen
der Prăhist. Commission, 1903, p . 373, fig. 47) ; A 4. (/. c , p . 373, fig. 49) ; A 10
( /. c , p . 274, fig. 64);
I I . Des foyers en dehors de la région de VOlt;
Cucuteni: A 1 (Fûhrer durch die vorgeschichtliche Abteilung, Berlin, 1913, t a b .
7, fig. a), A 4 (Convorbiri literare, 1924, p . 97); A 8 (Fuhrer, t a b . 7, fig. c) ;
A 9 (Z. c , t a b . 7, fig. e) ; A 9 (Zeitschrift fur Ethnologie, 1911, p. 586, fig. 3 c) ;

PI. II.

Petreni: A 4 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 2 a et b) ; A 4 (Z. c , p. 263,


fig. 10 a ) ; A 4 (E. von Stern, t a b . IV, fig. 1, 9, 11, t a b . VI, fig. 10—11, t a b . X I I ,
fig. 10); A 8 (Z. c , t a b . X I I , fig. 5) ; A 8 (G. Childe: East European, p . 259, fig. 3 ) ;
A 12 (Z. c , p . 263, fig. 10 b). Şipeniţi: A 4 (G. Childe : East European, p . 263,
fig. 9 a ) ; A 4 (Z. c , p . 269, fig. 3) ; A 9 {I. c, p . 263, fig. 9 b) ; A 10 (I. c , p . 269,
fig. 4). Kozlovce: A 4 (I. c., t a b . X I I , fig. a). Tripolje: A 4 (d'après une photo-
graphie envoyée en 1912 par M. Cwoiko), A 4 (Mannus, vol. I, p . 242, t a b . 20).
Dimini: A 3 (Tsountas : Dimini kai Sesklon, Athènes 1908, t a b . XV, fig. 2) ; A 6
(Z. c , t a b . X X , fig. 1) ; A 8 (Z. c , t a b . X I I , fig. 3) ; A 8 (G. Childe, East European,
p . 259, fig. 4).

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FRANCISC LÂSZLÔ

G R O U P E B. Bols et petites jarres


(PL II, fig. 1 — 15)
Leur ouverture par rapport à celle des vases précédents est étroite, mais le diamètre
de l'ouverture est seulement de très peu plus petit que celui du corps. La partie in-
férieure des bols 1 — 7 est sphéroïde, celle des numéros 10 à 15 conique. La forme
sphéroïde est gardée aussi par le fond du type 1, le type 2 a le fond large. L'ouver-
ture du no. 3 est surélevée, les parois du type 4 arquées, au no. 5 s'ajoute à la
partie inférieure sphéroïde un fort rebord courbé à l'extérieur, bien distinct aussi
par l'ornementation. L'équilibre du vase est maintenu par son pied; il en est égale-
ment ainsi du no. 7, dont la forme est cependant plus svelte. Le no. 6 a aussi un
rebord bien détaché, mais assis verticalement. La partie supérieure des vases 10—14
est arquée. Le no. 15 a la partie supérieure conique, terminée par un rebord courbé
vers l'extérieur. Tous ont une base étroite. Tous les vases à pied sont grands. La
hauteur des vases varie entre 17 et 38 cm. La plus haute des jarres est le type 13.
Les vases 4, 5, 7, 11, 13 et 14 sont grands, les types 2, 3, 6, 9, 10, 12 et 15 sont petits,
leur hauteur moyenne étant de 11 — 1 2 c m ; le plus petit des bols a une hauteur
de 6 cm.
J e dois mentionner spécialement la forme no. 9, dont on a trouvé jusqu'à présent
3 exemplaires. La partie inférieure de ce bol est cylindrique, la partie supérieure
sphéroïde et elles se détachent bien l'une de l'autre. Nous devons admettre que
la partie inférieure de ce t y p e correspond au bol cylindrique présenté sous le nu-
méro 8 a, ou bien au pied 8 b resp. F 1 ; quant à la partie supérieure, elle correspond
au bol sphéroïde B 2. Le vase est né de l'union de ces deux parties. Quoique cette
union soit encore plus avancée aux vases piriformes de Butmir, les deux parties
sont encore bien distinctes 1 ).
Une plus grande évolution dans l'union des deux parties présente le bol B 10
dont la partie inférieure est arquée. Cette forme arquée disparaît ensuite, aux vases
12 et 13 — 1 5 , dont la partie inférieure forme un parfait cône tronqué. E n tenant
compte de ces quatre phases d'évolution, nous pouvons établir que la tasse conique
est née de l'union du pied annulaire ou de la tasse cylindrique à la tasse sphéroïde.
C'est ce procès d'évolution qui nous explique pourquoi la partie inférieure de l'an-
tique forme sphéroïde s'est transformée en une forme conique. Le motif est le même
que celui qui a fait placer sous le vase un pied annulaire indépendant, pour que le
corps du vase en soit élevé. A cause de sa grande largeur horizontale, le vase sphé-
roïde posé sur le foyer libre de l'époque néolithique occupait la place de l'air néces-
saire a la combustion ; les bûches sous le vase s'éteignaient rapidement, de sorte
qu'il ne recevait la chaleur que par ses parois latérales. Le contenu du vase ne pou-
vait être chauffé que très lentement, alors que la partie inférieure d'un vase élevé
d'une manière quelconque ou ayant comme support une forme conique subissait
suffisamment l'influence de la chaleur. Comme d'autre p a r t nous savons que les
hommes du temps de la culture de la céramique peinte en Europe orientale ont quitté
la vie nomade pour se fixer en construisant des maisons avec bon nombre de foyers,
nous comprendrons pourquoi justement à cette époque, le vase sphéroïde s'est
x
) Fiala, Radimsky, Hoernes; Die neol. Station von Butmir, 1895, 1898, tab. VI, fig. 4 a, 4 b 6.

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUSD (ERÔSD)

transformé en un vase conique. 6 6 % des vases d'Ariusd sont coniques. Le vase sphé­
roïde est le vase du nomade, le vase conique, celui de l'homme fixé. E t même aujour- /
d'hui la partie inférieure d'un vase à poser sur foyer libre est toujours conique, j
Il n'v a que les vases que l'on pend à la crémaillère qui ont une forme sphé­
roïde (p. ex. la marmite). J ' a i fait quelques remarques sur la construction des
fovers qui me font supposer qu'en ce temps-là on employait déjà la suspension des
vases au-dessus du foyer.
La perforation des oreillettes, qui sont pour la plupart posées à la hauteur des
épaules, est verticale aux types 1 et 2 (ces deux types servaient en même temps de
couvercle) et horizontale aux autres bols. Les types 5, 7 et 14 n'ont pas d'oreillettes.
Toutes les oreillettes sont proéminentes et percées, sauf les types 8 a et 15 qui ont les
oreillettes pleines. Les types 1 et 8 a ont deux oreillettes, 9 en a quatre, les autres en
ont une seule.
Le type 8 est de fabrication brute, 2 et 9 sont soigneusement polis ; 5, 6, 7, 12
et 15 sont plastiques et peints, les autres sont seulement peints. Le type 6 a une
ornementation en forme de peigne vertical, les types 5 et 7 ont comme ornement
sur leurs parties supérieures quelques bandes en relief et sur leurs parties inférieures
des filets circulaires en relief. 3, 10, 12 et 15 ont les parois extrêmement minces;
il y a des vases dont les parois n'ont pas plus de 2 à 3 mm.
Les formes d'évolution sont 2, 3, 4, 12 et 15. Le type 12 doit être relevé. Des
84 vases d'Ariusd, 26 — près de 3 0 % — sont de ce t y p e .
Les numéros d'inventaire des vases indiqués dans le tableau B sont les suivants:
1 = 2350, 2 - 3640, 3 - 3561, 4 = 594, 5 = 558, 6 - 2422, 7 - 560, 8 a = 2470, 8 b
- 1948, 9 - 1241, 10 = 3375, 11 = 3654, 12 - 3376, 13 - 555, 14 - 3462, 15 = 547.
A consulter: B 3 (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , I, 8) ; B 7 (Dolgozatok-Trav.,
1912, p . 215, fig. 64); B 8 b (Arch. Ért., 1912, p . 61 I I I , 11, p. 63 IV, 11); B. 13
(Dolg.-Trav. 1912, p . 217, fig. 28); B 7 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansiedlungen, dans les
Mitth. der prăhist. Comis., 1903, p. 389, fig. 128); B 5 (Convorhiri literare, 1924, p . 105),
B 12 (/. c , p. 109); B 12 (Dolg.-Trav., 1914, p. 346, fig. 44 t a b . 13 près du foyer).
Analogies: I. Les stations du bassin de VOlt.
Olteni (Oltszem) «Station de Varmeghe»: B 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190, pi. 10,
fig.8); B 5 (/. c, p . 216, fig. 69); B 7 (l. c , p . 198, fig. 26, p . 196—198, fig. 24—25 et
Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . I I , fig. 7) ; B 12 (Dolg.-Trav., 1911, p . 196, fig. 23 et
Arch. Ért., 1912, p . 61, t a b . I l l , fig. 14). Olteni (Oltszem) «Leânykavâr»: B 2, B
12. Baia Malnaş (Mâlnâsfurdô) : «Fôvenyestetô» B 3, B 13. Sfântul-Gheorghe (Sepsiszent-
gyôrgy) «Gémvâra» B. 3. Reti (Réty) «Tôrôkrétje»: B. 7, B . 8, B. 10, B. 12. Lisneu
(Lisznyô) «Jenejekhegy»: B 12. Priesterhiigel: B 3 ( J . Teutsch: Spătneol. Ansied.,
dans les Mitth. der prăhist. Commis., 1903, p. 377, fig. 46 et p . 385, fig. 60) ; B 2 (/. c ,
p . 374, fig. 60), B 12 (l. c , p . 284, fig. 104 şi p . 386, fig. 120).
I I . Les stations en dehors du bassin de VOlt:
Târgul-Mureş (Marosvâsârhely) B 12 (dr. Kovâcs I s t v â n : Marosvâsârhelyi
âsatâsok, Dolgozatok-Trav., 1915, p. 237, fig. 9 et p . 232, fig. 3, no. 17. Cucuteni:
B 3 (Zeitschrift fur Etnologie, 1911, p. 585, fig. a et c. Fuhrer, t a b . 7, fig. f) ; B 12
(Fiihrer, t a b . 7, fig. d). Petreni: B 12 la partie supérieure plus courbée (E. v. Stern:
Trudy, 1917, t a b . VI, fig. 9, t a b . X I , fig. 13); B 15 rebord plus large (I. c , t a b . I X ,

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FRANCISC LASZLÔ

fig. 3). Şipeniţi: B. 12. partie supérieure plus petite (G. Childe: Şipeniţi, p. 273, fig.
14); B 13 (/. c , t a b . XV, fig. 2) grand bol approchant du type B 15 avec deux ma­
melons, un rebord arqué à l'extérieur et deux oreilles horizontales sous le rebord (/.
c,. p . 272, fig. 11). Bilcze: B 5 forme de remplacement (Osztr. Magy. Monarchia irâsban
es képekben. Galicia, p. 119). Kozlovce: B 13 (G. Childe : East European, p. 261,
fig. 6). Tripolje: B 1 et B 3 (d'après les photographies envoyées par M. Chwoiko

PI. III.

en 1912); B. 12 (Mannus, vol. I, p . 242, t a b . 20). Butmir : B 1 (Fiala, Radimsky,


Hoernes: Die neol. Station von Butmir, I, fig. 16); B 2 (/. c , fig. 20); B. 8 a (/. c ,
fig. 22).
G R O U P E C. Jarres et cruches
(PI. III et IV, 1 — 8 et IV 9 — 19)
Leur caractéristique commune est une base étroite et le grand diamètre du corps,
environ deux fois le diamètre de l'ouverture, à l'exception des types 1—4 et 9 — 1 1
qui forment la transition vers les jarres m a r q u a n t les formes de départ. Les types
1 — 5 sont de grands pots de fabrication grossière. La h a u t e u r du pot présenté par
le dessin No. 4 est de 65.5 cm (on a trouvé des pots du même type d'une hauteur
de 80 cm). Autour de l'entrée et à la partie extérieure du col ces pots sont également
polis. E n général les parties exposées à la vue sont décorées ou plus soigneusement

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

décorées que les parties inférieures. La partie inférieure des types 2 et 4 est sphéroïde,
celle des tvpes 1 et 3 a la forme d'un cône t r o n q u é ; 5 et 6 ont la forme d'un tonneau.
Le col du tvpe 1 n'est pas encore séparé, le type 2 a un col courbé à l'intérieur, 4—6
ont un col élevé ; le type 3 a un col qui présente la fusion de ces deux formations.
La partie supérieure des vases du type piriforme 7 et 8 est sphéroïde, leur partie in­
férieure est un cône tronqué élevé. Ils ont un rebord court courbé à l'intérieur. La
partie inférieure et supérieure du type 9 est sphéroïde; le rebord assis verticalement
est bien séparé. Le type 10 est également sphéroïde et la partie supérieure porte la
lisière de la partie inférieure du rebord. Le type 11 est de fabrication grossière; sa

PI. IV.

partie inférieure est conique. Sur la lisière des lèvres il a des lignes incisées (ces lignes
ne sont pas indiquées sur le dessin). Le type 12 est un pot sphéroïde de fabrication
brute ; autour de l'ouverture et à la naissance du col il a une bande horizontale in­
cisée verticalement. Le type 13 a une forme sphéroïde aplatie ; la partie supérieure
du pot 14 est sphéroïde, sa partie inférieure conique. La forme sphéroïde la plus ca­
ractéristique appartient au type 15. Tandis que la base de tous les autres types est
plate et se sépare du corps par un angle aigu, la base de ce type est formée par une
surface convexe. La partie supérieure des types 1 6 — 1 9 est sphéroïde et leur partie
inférieure conique. Aux types 13—19 dont le col est d'une hauteur médiocre, on re-

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riîANCISC LÂSZLÔ

m a r q u e à la n a i s s a n c e et t o u t a u t o u r d u col u n c r e u x assez p r o f o n d q u i s e r t à fixer


le c o u v e r c l e . L e col des t y p e s 15 et 16 est d'uni- seule piece, celui des p o t s 17 — 19
est divisé en d e u x p a r t i e s . Le pot 15 c o n t e n a i t u n e collection assez i m p o r t a n t e d e p a ­
r u r e s et le p o t 16 des l a m e s de silex. Les d e u x p o t s ont un c o u v e r c l e q u i e n t r e b i e n
d a n s le c r e u x q u i se t r o u v e s o u s le col et d o n t l ' o r n e m e n t a t i o n c o r r e s p o n d à l ' o r n e ­
m e n t a t i o n d u p o t . La h a u t e u r des t y p e s 1 à 11 e s t b e a u c o u p p l u s g r a n d e q u e le p l u s
g r a n d d i a m è t r e du v a s e , t a n d i s q u e la h a u t e u r des t y p e s 12 — 1 9 est t o u j o u r s p l u s p e ­
t i t e . Les t y p e s 12 et 19 o n t a u s s i u n p i e d , a l o r s q u e les a u t r e s t y p e s n ' e n o n t p a s .
L e t y p e 1 a en h a u t p r e s q u e s o u s l ' e n t r é e 3 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s et p l u s b a s 2
oreillettes v e r t i c a l e s ; t o u t e s les o r e i l l e t t e s s o n t p e r c é e s . L e t y p e 2 a 4 o r e i l l e t t e s p r o é ­
m i n e n t e s s i t u é e s a u milieu d u v a s e . L e t y p e 3 a 12 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s mises s u r
3 r a n g s . L e t y p e 4 e s t p o u r v u en h a u t , à la n a i s s a n c e du col, d e 4 o r e i l l e t t e s p e r c é e s
h o r i z o n t a l e m e n t a l t e r n a n t a v e c la r a n g é e d ' e n h a u t . Le t y p e 5 a u s s i a les o r e i l l e t t e s
placées en d e u x r a n g é e s : en h a u t , s o u s le col, 3 o r e i l l e t t e s v e r t i c a l e s , e t s o u s la ligne
d e milieu d u v a s e 4 a u t r e s , c o u p l é e s 2 à 2. Les o r e i l l e t t e s des t y p e s 6 à 8 s o n t p e r ­
cées v e r t i c a l e m e n t et p l a c é e s s u r d e u x r a n g s : la r a n g é e d ' e n h a u t s o u s le col e t celle
inférieure s u r la p a r t i e la p l u s renflée d u v a s e . L e t y p e 9 a 2 o r e i l l e t t e s h o r i z o n t a l e s
à la n a i s s a n c e d u col, le t y p e 10 é g a l e m e n t 2 s u r sa p a r t i e la p l u s l a r g e . 11 e t 12 n ' o n t
p a s d ' o r e i l l e t t e s ; 14 a des o r e i l l e t t e s p r o é m i n e n t e s n o n p e r c é e s , 18 a d e s o r e i l l e t t e s
p r o é m i n e n t e s n o n p e r c é e s . 1 3 , 1 5 , 16, 17 e t 19 o n t 2 — 2 o r e i l l e t t e s v e r t i c a l e s a u milieu
d e la p a r t i e s u p é r i e u r e s p h é r o ï d e .
6, 9, 13 — 1 5 o n t des o r n e m e n t s p e i n t s . Le c o r p s d u t y p e 10 a u n e o r n e m e n t a t i o n
en forme de peigne. 16—19 sont plastiques et peints.
L e s t y p e s d e d é p a r t 4 , 16 — 19.
Les n u m é r o s d ' i n v e n t a i r e des p o t s p r é s e n t é s s u r la PI. I I I e t I V d u g r o u p e
C : 1 = 2 0 2 4 , 2 = 4 9 3 0 , 3 *= 5 6 3 , 4 = 5 8 9 , 5 = 5 6 2 , 6 = 2 3 0 9 , 7 = 3 5 4 5 , 8 — 4 8 9 5 ,
9 = 4 9 2 4 , 10 = 2 3 2 6 , 1 1 = 5 5 2 , 1 2 = 3 6 5 5 , 1 3 = 5 8 4 , 14 = 5 6 4 , 1 5 = 2 3 7 3 A . ,
16 = 2 3 5 5 , 17 = 2 3 5 1 , 18 = 2 3 1 4 , 19 = 5 5 9 .
A consulter: C 3 (Arch. Ért., 1912, t a b . I V , fig. 1 6 ) ; C 5 (/. c , 1912, t a b . I V ,
fig. 1 5 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1914, p . 3 1 3 , fig. 1 8 ) ; C 5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 201—202,
fig. 3 2 ) ; C 14 (/. c , p . 212 — 2 1 3 , fig. 2 9 ) ; C 15 (/. c, p . 187, fig. 6 ) ; C 16 (/. c ,
p . 186, fig. 6 ) ; C 18 (/. c, p . 2 1 4 , fig. 3 1 , p . 2 1 3 , fig. 3 0 ) ; C 13 ( J . T e u t s c h : Spătneol.
Ansiedl., d a n s les Mitth. der pràhist. Commis., 1 9 1 3 , p . 3 8 8 , fig. 1 2 4 ) ; C 18 (/. c,
p . 3 8 9 , fig. 1 2 9 ) ; C 18 (Conv. lit., 1924, p . 103).
Analogies: I . Des Stations du bassin de VOlt:
Olleni ( O l t s z e m ) «Varmeghe» C 1 (Dolg.-Trav., 1 9 1 1 , p . 198, fig. 2 7 ) , C 6 (1. c,
p . 2 1 9 , fig. 7 3 ) ; C 18 (1. c, p . 2 1 6 , fig. 6 8 ) . Olteni ( O l t s z e m ) « L e â n y k a v â r » C 4 ,
C 16. Sfântu-Gheorghe ( S e p s i s z e n t g y ô r g y ) « G é m v à r a » C 1, C 4 , C 1 8 ; Reti ( R é t y )
«Tôrôkrétje» C 6, C 7, C 17. Aninoasa ( E g e r p a t a k ) «Olâhulés» C 4 ; Cernatul de Jos
(Alsôcsernâton) «Templomdomb» C 4.
I I . Des Stations en dehors du bassin de VOlt:
Cucuteni: f o r m e s d e t r a n s i t i o n e n t r e C 8 e t C 1 8 , a v e c l ' a r c d u col u n p e u
c o u r b é en d e h o r s (Conv. Liter., 1924, p . 9 5 ) . C 10, C 14 (Z. f. E., p . 5 8 6 , fig. 3 a
et b ) , C 3 , C 9, C 10 d e f a b r i c a t i o n p l u s g r o s s i è r e (/. c, p . 5 8 7 , fig. 4 e. f. g) ; C 16
(Fùhrer, t a b . 7, fig. 6). Petreni: C. 7 la p a r t i e i n f é r i e u r e p l u s p e t i t e ( E . v . S t e r n :

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I IS TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

Trudy, 1917, t a b . X I I , fig. 3 et t a b . I I , fig. 3 h) ; C 9 (/. c , t a b . V I I ) ; C 15 le col


plus petit (/• <*•• t a n - V I I I , fig. 11). Şipeniţi: C 3 (G. G u i d e : East European, p .
277, fig. 24). C 10 (/. c , t a b . XV, fig. 5), forme de transition de C 8 à 18, le col
en forme de cône tronqué, l'ouverture arquée en dehors (/. c, t a b . X I V , fig. 1),
forme de transition de C 8 à 18 (/. c , p. 261, fig. 7). C 16 (/. c, p . 270, fig. 6, p .
270, fig. 7, p . 270, fig. 8, p. 271, fig. 9, t a b . XV, fig. 3, entrée plus étroite Tab. XV,
fig. 1). C 14 entrée arquée en dehors (/. c , p. 271, fig. 10); C 18, entrée plus étroite
(/. c, p . 270, fig. 5). Kozlovce: C 14 le col courbé en dehors (/. c , t a b . X I I , fig. c),
C 14 (/. c , t a b . X I I , fig. b). Tripolje: C 3 un exemplaire plus petit (d'après la

photographie de M. Chwoiko) C 10, avec col plus haut (/. c ) , C 7 sans rebord (/. c),
C 9 (/. c), C 10 (Mannus, vol. I, t a b . 20). Bilcze: C 9, C 12, C 14 (Osztr. Magy.
Monarch, irâsban es képekben: Galicia, p. 119). Région du Dnjepr: C 6 embouchure
plus haute, rebord plus étroit (C. Childe: East European, p . 272, fig. 14 a.), C 8
le col manque (/. c , p. 272, fig. 14 b.) ; C 16 (/. c , p . 263, fig. 8.), Dutmir: C 1 (Fiala,
Radimsky, Hoernes: Die neolit. Station von Butmir, vol. I I , fig. 23), C 3, forme
rapprochée (/. c., vol. I, fig. 22).

G R O U P E D. — C R U C H E S (Amphores)
(PI. V, 1 — 6)
L'ouverture des cruches est encore plus étroite. En général, elle est de 2.5 fois
plus étroite que le corps du vase. La hauteur des cruches est toujours plus grande
que le grand diamètre horizontal. Caractéristiques pour la cruche type sont les deux

1.5
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FRANCISC LÂSZLÔ

oreillettes proéminentes percées verticalement et placées sur la partie la plus renflée


de la panse. La forme de départ no. I est une amphore parfaite à fond s p h é r i q u e ; l a
partie inférieure des autres a la forme d'un cône tronqué. La partie supérieure du type
2 est plus ou moins sphéroïde. Le type 1 a un col vertical, le type 2 un peu courbé en
dedans, mais ni à l'une ni à l'autre cruche le col n'est séparé du corps. Le type 3 a
un col bien séparé, formé d'une seule pièce ; le col 5 a deux parties. Au 4, le col un peu
courbé en dehors, est séparé du corps par un cercle en relief. Sous la naissance du col
très haut de la forme no. 6, on aperçoit tout autour comme aux C 13 — 1 9 , un creux
assez prononcé qui servait ici aussi à la fixation du couvercle. 4 et 6 sont sur pieds.
4 a deux oreillettes percées horizontalement; 6 n ' a ni oreillettes, ni proéminences.
Le no. 1 est de fabrication brute, 2 et 4 sont polis, 3, 5 et 6 ont des ornements
peints.
Les formes de départ sont 2, 3 et 5.
Les numéros d'inventaire des figures du tableau V : 1 = 553, 2 = 536, 3 = 534,
4 = 46, 5 = 565, 6 = 3362.
A consulter: D 2 (Dolg.-Trav., 1911, p. 201, fig. 33); D 2 (/. c, 1914, p . 313,
fig. 18).
Analogies: I. Des stations de la région de VOlt:
Olteni (Oltszera) «Varmeghe» D 2, D 3, D 5. Cernatul de Jos (Alsôcsernâton)
«Templomdomb» D 2.
I L Des foyers en dehors de la région de VOlt:
Cucuteni: D 4 sans la proéminence du col (Filhrer, t a b . 7), Petreni: D 3 oreille
plus haute, ouverture arquée en dehors ( E . v . Stern: Trudy, 1917, t a b . I I , fig. 1. 8.).
Şipeniţi: D 3 l'ouverture arquée en dehors (G. Childe: Şipeniţi, p . 272, fig. 13), Zlo-
talipa: D 3 avec col courbé en dehors, (Mannus, vol. I, p . 237, fig. 12 a), Bilcze: D 5
(Osztr. Magy. Monârchia irâsban es képekben, Galicia, p . 119). Tripolje: D 1 avec
oreillette (d'après la photographie de M. Chwoiko), D 3 avec un corps plus petit, arqué
en dehors, col séparé (Chwoiko: Roskopky Plostsadok, Moskva, 1910. T a b . V I I I ) ,
Dimini'. D 4 sans la proéminence sous le col (Tsountas: Dimini kai Sesklou, Athènes
1908, t a b . VI, fig. 1).

GROUPE E.—VASES A PIED


(PI. VI, Kg. 1 8 )
Le pied des bols, jarres et cruches (B 5, 7, 11, 14 C 12, 19, D 4, 6) est une plaque
circulaire plate ou un peu convexe qui sert à maintenir l'équilibre des vases à fond
étroit. E n dehors de cela, le pied hausse le corps du vase et en change aussi la forme
générale. Le pied des vases à pied proprement dits peut être plein (type 1) ou creux
(types 2 — 8 ) . Sa forme est celle d'un cône tronqué (3 — 5) ou cylindrique (2, 6,8).
Le no. 7 s'élargit sous son pied en forme de cône tronqué. 1, 2 et 4 sont des tasses
à pied, 3 est un pichet dont le col est développé en hauteur. Des numéros 5 et 7 on
n'a retrouvé, comme d'ailleurs presque de tous les vases de cette catégorie, que des
fragments, mais d'après la courbe de la panse nous pouvons les considérer comme
vases à pied. Tous ont les parois épaisses, la majorité la surface polie et sont dé-
pourvus d'ornementation. Le no. 3 est soigneusement poli, pourvu d'une oreillette
et peint en blanc. Le pied du no. 5 est pourvu de larges trous.

Il
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

Les numéros d'inventaire des figures de la pi. VI sont: 1 = 4 2 0 8 , 2 = 2 3 3 6


3 = 2467, 4 = 1945, 5 = 2436, 6 = 2356, 7 = 582, 8 == 1718.
A consulter: E 1 avec pied plus large, sous l'ouverture avec 2 + 2 trous ( J . Teutsch:
Prăhistorische Funde aus dem Burzenland., Mith. der Antr. Gesellsch. in Wien, Vol.
X X X . 1900, p. 199, fig. 153) E 4 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, fig. 35) ; E 4 (/. c ,
p. 190, t a b . 10, fig. 5).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt:
Olteni (Oltszem): «Varmeghe» E 2, E 2/3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 206, 217,
fig. 36, 37, Arch. Ért., 1912, p . 57, t a b .
I, fig. 2), E 3 (Dolg.-Trav., 1911, p . 190,
t a b . 10, fig. 9); E 3 (/. c , p . 214, fig.
38); E 4, 5 Olteni «Oltszem» «Leânykavâr»;
E 4 Reti (Réty) «Tôrôkrétje»; E 6 Baia
Malnaş (Mâlnâsfùrdô) ; E 5, Cernalul de
Jos (Alsôcsernâton) «Templomdomb» E 6.
Priesterhiigel E 1 avec pied plus large,
sous l'entrée avec 2 + 2 trous ( J . T e u t s c h :
Prăhist. Funde ans den Burzenlande, Mit-
theil. d. Antrop. Gesellschaft in Wien, Vol.
X X X , p . 199, fig. 153).
I I . Des autres foyers que ceux de la
région de VOlt:
Cucuteni : E 2/3 identique avec l'exem­
plaire d'Olteni. (D'après l'esquisse que j ' a i P1 V I
faite dans la collection du Museum fur Vôl-
kerkunde de Berlin). Butmir: E 4 (Fiala, Radimsky, Hoernes : Die neolit. Station
von Butmir, t a b . V I I , fig. 4) ; E 7 (I. c , vol. I, fig. 27).

G R O U P E F . — S U P P O R T S C R E U X (en forme de tuyau), I N D É P E N D A N T S


(PI. VII. fig. 1—7)
D'après la croyance générale ces objets d'une forme peu commune, ouverts en
haut et en bas, servaient de supports aux vases, dont ils rehaussaient le corps. Nous
avons remarqué plus d'une fois, à Ariuşd, aussi que la surface intérieure du tuyau était
recouverte de suie, ce qui dénote que ces supports servaient aussi au chauffage. Les
pieds sont de différentes dimensions: petits (types 1 et 2), moyens (3 et 4) et hauts
(5—7). Selon toutes probabilités, les pieds moyens ont dû servir à soutenir des vases et
des pots de dimensions plus grandes, tandis que les pieds hauts sont indiqués comme
supports de vases à fond étroit. Caractéristiques au point de vue typologique sont
les deux ouvertures larges et circulaires qui se trouvent en face l'une de l'autre sous
le col des pieds moyens et des pieds hauts. Ces ouvertures servaient pendant le
chauffage à l'échange d'air et par conséquent à éloigner la fumée. Pour assurer le courant
d'air nécessaire à la combustion, il est probable qu'on mettait ces pieds sur des pierres,
afin de permettre à l'air de parvenir à la braise, qui se trouvait à l'intérieur du tuyau,
ainsi qu'au brasier qui se trouvait en dessous. Comme aucun des types de pieds re-

i:>
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1 KANCISC LÂSZI/)

trouvés jusqu'à présent, ne présente ni oreillettes ni autres parties proéminentes, il


est probable que pour leur transport on se servait d'un petit bâton qu'on passait
par ses ouvertures.
Le No. 1 est un peu arqué, en forme de cône tronqué. Le type 2 est formé de
deux cônes tronqués superposés par leurs parties étroites. 3 — 7 ont un col formé
séparément et courbé en dehors. Abstraction faite du col, le profil des parois est tou-
jours en forme de «S» allongé. La partie inférieure courbée en dehors servait au main-
tien de l'équilibre; plus le pied est grand, plus cette courbe est prononcée (types
6 — 8). Les types 2 et 5 ne sont pas peints, alors que tous les autres le sont soigneuse-

PL VII.

ment. La hauteur des petits pieds est de 8 — 1 0 cm, celle des moyens 20 — 30 cm et celle
des pieds hauts 30 — 40 cm. Le plus grand des pieds (figure 7) a une hauteur de 44 cm.
Les types de départ sont les types 2 à 7. Les plus nombreux trouvés sont les
types 5 à 7.
Les numéros d'inventaire des pieds creux dessinés sur la planche VII sont:
1 = 1948, 2 = 571, 3 = 2332, 4 = 585, 6 = 2328, 7 = 3653.
À consulter: F 1 (Dr. G. Wilke: Kullurbeziehungen, Mannus-Bibliothek, Wùrz-
burg, 1913, p. 50, fig. 73) (Dolg.-Trav., 1911, p. 204, 217, fig. 4 1 , p . 190, t a b . 10, fig.
12); F 2 (/. c , p. 204, fig. 43, p . 190, t a b . 10, fig. 6) ; F 3 (/. c , p. 190, t a b . 10,
fig. 7); F 4 (/. c , p . 205, fig. 44, p. 205, fig. 45); F 4 (/. c , 1914, p . 313, fig. 18 et
p . 334, fig. 344. Auprès de lui le vase A 4 et A 6).

16
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÔSD)

Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt: Olteni (Oltszem) «Varmeghe» F 5


(Dolg.-Trav., 1911, p . 190, Tab. 10 — fig. 10), F 5, 6, 7, Reti (Réty) «Tôrokrétje»
F 2, F 3, Lisneu (Lisznyô) «Jenejekhegy» F 3, F 5, Boroşineul Mie (Kisborosnyô)
Borzvâra F 5.
I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni F 5 à col plus
haut (Z. f. E., 1911, p . 585, fig. 2 b), Dimini: F 1 (Tsountas, Dimini kai Sesklon,
T a b . V I I , fig. 1).

G R O U P E G. — V A S E S A P I E D C R E U X
(PI. VIII, 1—2)
Au même titre que les pieds creux, les vases à pieds creux sont des plus inté­
ressants objets préhistoriques. Nous les avons découvert en exemplaires plus ou
moins nombreux dans plusieurs fouilles et ils semblent avoir été fabriqués depuis
l'époque néolithique jusqu'à celle romaine. Dans le domaine de la céramique peinte
est-européenne, ils ne sont connus jusqu'à présent, en dehors des foyers de la région
de l'Oit, que dans les centres de Cucuteni et Dimini. Dans les trois régions le pied

PL VIII.

creux qui sert de support est haut. La section en profil des pieds de vases d'Ariuşd
montre, comme pour le pieds libres, la forme d'un «S». Pour le maintien de l'équilibre
leur partie inférieure est plus large. La partie supérieure des parois du pied est pour­
vue, immédiatement sous le vase, de deux larges ouvertures circulaires placées l'une
en face de l'autre. Leur b u t est le même que celui des ouvertures des pieds libres.
Sur la surface intérieure de ces pieds on a également trouvé des traces de suie. Le vase
est soudé au support. Le vase du type 1 est petit et peu profond. Son fond est con­
cave et ses parois extrêmement épaisses. Le vase du type 2 correspond au type A 2.
Son diamètre est de très peu plus petit que la hauteur du vase entier avec support.
Un des exemplaires porte sous l'ouverture du vase une petite oreille proéminente
et horizontale ; deux autres exemplaires en ont deux. Un autre exemplaire a à la
place des oreillettes deux petits trous situés l'un en face de l'autre. Tous les exem­
plaires sont soigneusement faits, leur surface est polie et la plupart sont décorés d'or
nements peints en blanc. Un des exemplaires a une ornementation polychrome. Leur
hauteur est de 13, 26, 29, 31 et 44 c m ; il y a aussi certaines miniatures. Deux exem­
plaires ont été trouvés sur le plancher des habitations, un autre exemplaire dans

17
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2 Dacia I 1924.
FPANCISC LASZI/)

un four à cuire les vases. Les exemplaires de Cucuteni correspondent au type G 1


d'Ariuşd: leur vase est plus petit. Le renflement de la partie supérieure du pied ainsi
que les deux trous manquent aux exemplaires retrouvés à Dimini, dont les vases
ont 4 côtés ').
Quant à l'emploi de ces vases, nous n'avons pu d'après les exemplaires d'Ariusd,
établir qu'une chose: c'est qu'ils servaient à chauffer les matières qu'on y mettait.
Les vases ne servaient probablement pas seulement aux sacrifices, mais ils devaient
avoir aussi un emploi domestique. Si nous pouvons retrouver le cimetière apparte­
nant au centre d'Ariusd, lequel résoudrait t a n t de problèmes, mais dont on a jusqu'à
présent vainement cherché la place, nous sommes sûrs de retrouver ces vases dans
les tombeaux, fussent-ils d'inhumation ou d'incinération 2 ).
Les numéros d'inventaire de vases à pied creux dessinés sur PI. G sont:
1 = K v . 815, 2 - 2 4 7 8 .
À consulter: G 1 (Conv. Lit., 1924, p . 107); G 2 (Dolg.-Trav., 1911, p. 214—215,
fig. 39 et Dolg.-Trav., 1914, p . 333, fig. 33 et p. 313, fig. 18).
Analogies: I. Des stations de la région de FOU. Olteni (OItszem) «Varmeghe» G 2
(Dolg.-Trav., 1911, p . 206, fig. 49 et Arch. Ért., 1912, p . 57, t a b . I, fig. 3). Reti (Réty)
«Tôrôkrétje» G 1/2.
I I . Des centres autres que
ceux de la région de FOU.
Cucuteni: G 1, le vase plus
petit (Fiïhrer, t a b . 7, fig. j ) .
Dimini: G 2. Le vase est à
quatre côtés (Tsountas: Di­
mini kai Sesklon, t a b . X ,
fig. 2 et t a b . X X I I I , fig. 3).

G R O U P E H.—VASES
RECTANGULAIRES
(PI. I X , fig. 1 — 5)
A l'exception d ' u n seul
exemplaire, tous les autres
PI. IX.
vases retrouvés sont en frag­
ments. Les fragments 1—4 sont de fabrication grossière et appartiennent à des
vases d'une forme allongée comme une auge. Ils imitent probablement les auges
en bois. Leurs bords sont arrondis ; les parois intérieurs sont arquées en toutes direc­
tions. Le no. 2 a la paroi percée. Le no. 4 est pourvu de deux côtés plus petits et à
mi-hauteur d'une protubérance percée horizontalement. La partie supérieure du type

*) Des fragments de ces vases à 4 côtés et à Selon t o u t e s probabilités l'exemplaire de Sf.


o r n e m e n t a t i o n incisée ont été retrouvés d a n s des Gheorghe a v a i t u n pied creux. — On connaît
stations du d é p a r t e m e n t de Trei-Scaune, contem­ aussi quelques exemplaires de B a n d (Mczôbând)
poraines de la culture B d'Ariusd: Sfântu-Gheor- Dolg-Trav., 1913, page 272, et de Vârchetz (Wo-
ghe (Sepsiszentgyôrgy), Băile Malnas (Mûlnàs- zsinsky Môr.): Az iishor mészbetctes diszitésù agyag-
fùrdô), Cernatoni (Csenâton) et Sânzieni et d a n s mivessége— B u d a p e s t 1904 — T a b . 83 figure 3).
2
la c o m m u n e Roşia Săsească du d é p a r t e m e n t de ) Wozsinsky Môr: Pràhislorikus talpcsôves
Braşov. edények, Arch. Êrt., 1891, p . 211—224.

L8
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ERÛSD)

3 a un bord servant à fixer le couvercle. Les 4 fragments ne sont pas peints. Le


fragment no. 5 est développé en hauteur, poli soigneusement et peint. En ce qui
concerne sa forme, on peut se rendre compte qu'il appartient à un vase à 4 angles
plus haut et fixé sur 4 pieds.
Les numéros d'inventaire des vases à 4 angles représentés sur la PI. I X sont:
1 = 3701, 2 = 4776, 3 = Bp. 125, 4 = , 5 = Bp. 42.
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt: Reti (Réty) «Tôrôkrétje» H 1, H 4.
I I . Des foyers autres que ceux de la région de VOlt: Şipeniţi: H 1 (G. Childe,
Şipeniţ, p . 275, fig. 22).

G R O U P E J . — COUVERCLES
(PI. X, fig. 1-12)
Les couvercles des vases, sont la preuve du haut développement de la culture

de la céramique peinte est-européenne. La plupart ont le type d'un b o l ; il y en a


même qui servaient en même temps de bol et de couvercle. De pareille forme sont

19
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2*
IHANCISC LÀSZLÔ

les couvercles 1 — 5 et 12. Les grands bols indiques par B 5 et B 7 selon les analogies
de Cucuteni servaient aussi de couvercles. La preuve en est la courbe de l'ouverture
et l'ornementation peinte de la surface extérieure du fond. Nous savons aussi à quel
vase appartiennent le couvercle fig. 2 ainsi qu'un autre couvercle qui a été retrouvé.
La forme générale du couvercle est sphéroïde (types 1, 2, 3, 12) ou représente
un cône tronqué (4. 5). 1 et 2 sont pourvus à mi-hauteur des parois de protubé­
rances, percées verticalement. Les couvercles 3 et 4 sont percés horizontalement
à leur endroit le plus haut, les autres ont à ce même endroit un bouton (6, 9, 10, 11)
proéminence en forme de cône tronqué ou une languette percée horizontalement
(7, 8) qui permet de les tenir dans la main. Développé en hauteur est le type 9 ; spé­
cifique est le bouton fortement profilé du type 11. Les no. 4 et 5 ont la surface polie,
les autres ont des ornements peints.
Les numéros d'inventaire des couvercles indiqués sur le tableau J sont:
1 = 2350, 2 = 2373, 3 = 3621, 4— 2413, 5 = 3273, 6 - 3 7 2 7 , 7 = 3575 8 = 1850,
9 = 2 6 1 4 , 1 0 = 3574, 11 = 3704, 12 = 3371.
A consulter: J 12 (Conv. Lit., 1924, p . 109).
Analogies: I. Des foyers de la région de VOlt : Olteni (Oltszem) «Varmeghe» J
5 (Dolg.-Trav., 1911, p . 202, 204, fig. 34), Olteni (Oltwem) «Leânykavâr» J 4 (/. c ,
p . 205, fig. 46 et t a b . 10, fig. 1).
I L Des centres autres que ceux de la région de VOlt: Cucuteni: J , 12 grand couvercle
peint (d'après le dessin que j ' a i fait dans la collection de Berlin du «Museum fiir
Vôlkerkunde»). Şipeniţi: J . 2 (G. Childe: Şipcnifi, t a b . X I V , fig. 2 ) ; J , 2 plus aplati
(E. v. Stern: Trudy, 1907, t a b . I, fig. 1). Bilcze: J 2 (Osztrâk-Magyar Monarchia,
Irâsban es Képekben. Galicia. p . 119), Tripolje: J 2 corps plus petit, courbé en
dehors, cou séparé. (Chwoiko: Raskopki Plostsadok, Moskau, 1910, t a b . V I I I , et
d'après les photographies de M. V. Chwoiko), J 5 (Mannus: vol. I, p . 242, t a b . 20),
Petreni: J 2 plus aplati (E. v. Stern: Trudy, 1917, t a b . 1, fig. 1, t a b . VI, fig. 7
et t a b . V I I I , fig. 7).

GROUPE K.—VASES EN MINIATURE


(PI. XI, fig. 1—4)
Leur valeur typologique se résume au fait que leurs formes sont plus anciennes
que celles des vases développés. Ils ne sont pas seulement des jouets d'enfants, mais
aussi des vases employés aux enterrements. Dans les tombeaux d'enfants de Lcngyel
on a toujours trouvé de pareils vases. Leur fabrication est souvent tellement primi-
tive qu'on ne peut pas reconnaître le t y p e du vase ; il y en a cependant d'assez bien
travaillés. Les vases en miniature que nous avons étudiés appartiennent aux types
suivants de grands vases: A 1, 2, 3, 4, 5, 8, 1 2 ; B 1, 2, 3, 6, 10, 12, 1 3 ; C 1, 9, 13,
16; D 1 ; E 1, 2, 3, 4, 7, 8 ; F 3, 5 ; G 1, 2. La plupart de ces vases ont une hauteur
de 3 à 6 cm. ; il y en a aussi dont la h a u t e u r est de 1 à 3 cm.
J ' a i aussi trouvé certains vases en miniature dont le type ne ressemble à aucun
des grands vases. J ' a i donc établi pour ces types la planche K. Les nos. 1 et 3 sont de
petits vases de forme ovale ; l'intérieur du vase no. 3 est séparé en deux par une paroi
verticale. Le no. 2 a la forme parfaite d'une demi-coquille de noix. Le vase en forme
de ruche d'abeille, indiqué sous le no. 4, imite la forme d'un four à cuire les vases.

20
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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (ElîOSD)

(Dolg.-Trav., 1914, p . 315, fig. 20). Les fours à cuire connus à Ariuşd (/. c, p . 314,
fig. 19, p . 345, fig. 43, p . 313, fig. 18) ont, comme on a pu établir d'après les fragments
de la base et des parois, exactement la même forme. La hauteur du vase est de 6 cm.,
le diamètre de sa base de 5.5 cm. Nous avons encore un pareil vase, un peu plus
grand, provenant des fouilles de«Gémvâra», située sur la limite de Sft.-Gheorghe ; comme
ornements sa surface pré­
sente sous l'ouverture qua­
tre sillons horizontaux et
plus bas deux sillons ver­
ticaux. Son oreillette est
percée horizontalement.
Les numéros d'inven­
taire des vases en minia­
ture compris dans la PI.
X I sont: 1 = 2 4 3 9 , 2 =
2469, 3 = 2 4 3 8 , 4 = 3 6 7 5 .
A consulter : D. 2 (Dolg.-
Trav.,,1911, p. 217, fi g. 51).
Analogies : D'Oiteni (01-
tszem) A. 2 (Dolg.-Trav., 1911, p . 224, fig. 60); A 2 (/. c, p . 234, fig. 70); B (/. c ,
p . 213, fig. 47), C 6 forme rapprochée (/. c, p . 216, fig. 50) ; F 3 (/. c , p . 217, fig. 52) ;
G 2 (Z. c , p . 214, fig. 48); G 2 (/. c, p . 215, fig. 49); H 4 forme rapprochée (/. c ,
p . 218, fig. 53).

G R O U P E L. — VASES P L A S T I Q U E S
(PI. XII, fig. 1 — 5)
Les preuves les plus vives de la perfection artistique de l'homme d'Ariuşd sont
les figurines d'hommes et d'animaux en argile (idoles). Parmi les formes d'animaux
il y en a qui présentent une ouverture ovale dans le dos, de sorte que leur forme
extérieure n'est pas changée. De ces vases zoomorphes de type très ancien, les fig. 1
et 2 représentent une brebis. Leur pied est musclé, les autres parties du corps bien
modelées. Le fragment de la plus grande forme est présentée sous no. 4. Sa hauteur
est de 11,5 cm. On peut distinguer à la plupart des formes, entre les oreilles, des
têtes d'animaux. L'oreille de vase, dessin no. 3, imite une pareille tête d'animal.
Dans Dolgozatok-Travaux (1911, p . 194, fig. 20) j ' a i publié un vase à surface brute
qui possède sous le bord une proéminence allongée et penchée, ayant une certaine
ressemblance avec un nez d'homme, et sur les deux côtés, à la même hauteur, une
proéminence en forme d'hémisphère. Nous pouvons donc reconnaître dans les pro­
éminences du vase, naturellement dans une forme extrêmement primitive, les traits
caractéristiques de la face humaine. La figure 5 représente aussi un fragment d'un
pareil vase antropomorphe. Il diffère du vase précédent principalement par le fait
que le nez commence au bord même du vase.
Les vases de la pi. X I I sont inventoriés comme suit: 1 = 501, 2 = K v . 102,
3 = 3702, 4 = B p . 189, 5 = B p . 126.
A consulter: L 1 (Dolg.-Trav., 1911, p . 221, fig. 86).

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FRANCISC LASZLÔ

Analogies: I. Des foyers


de la région de VOlt: Sft.-Gheorghe (Szepsiszentgyôr-
gy) «Gemvâra», Lisneu
( L i s z n y ô ) : «Jenejek-
hegy».
I I . Des foyers autres
que ceux de la région de
VOlt: Şipeniţi: L (G.
Ghilde, Op. cit., p . 276,
fig. 23) ; L 1, ouvert en
h a u t et sur les deux
côtés plus étroits une
tête d'animal (/. e.,tab.
X V I ) ; Petreni: L (E.
v. Stern: Trudy, 1917,
t a b . I, fig. 7) ; L 3 (/.
c , t a b . VI, fig. 1 3 - 1 4 )
à laquelle correspond
la forme du fragment
de Sft.-Gheorghe qui
représente une tête de bélier; Butmir: IL 3 (Fiala, Radimsky, Hoernes: Die neoli-
tische Station von Butmir, vol. I I , fig. 25).

GROUPE M . — V A S E S DIVERS
(PI. XIII, fig. 1 — 7)
Ces sont des vases dont le type ne peut être établi d'après les fragments retrouvés.

Afin de compléter cet ouvrage je présenterai aussi ces fragments, dont chacun
garde en partie les traits caractéristiques du vase auquel il appartenait. Les nos. 1 et 3
sont des éviers en forme de cône tronqué. Le no. 3 est ouvert en h a u t ; le no. 2 est le
fragment d'une embouchure de vase à filet saillant. La saillie extérieure sert à soutenir
le couvercle et le canal entre le bord et la saillie à le fixer. H u b e r t Schmidt a esquissé

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LES TYPES DE VASES PEINTS D'ARIUŞD (EROSD)

un vase exactement pareil provenant de la station la plus ancienne de Troie (Troja-


nische AUertumer, Berlin, 1912, p . 4, fig. 114). Les nos. 4 et 7 sont les fragments d'un
vase pareil à deux compartiments ; un relief circulaire sur la paroi intérieure montre
cette séparation du vase. Sur la paroi extérieure on n'en voit aucune trace. Le no. 5
est le fragment d'un vase à fond large dont les parois sont arquées en dedans. Enfin
le no. 6 est la partie cylindrique du goulot d'un vase, dont l'ouverture est extrêmement
étroite.
Les objets de la planche M sont inventoriés: 1 = 4879, 2 = B p . 279, 3 = B p .
95, 4 = B p. 204, 5 = B p. 205, 6 = B p . 282, 7 = B p . 203.

* *
Comme conclusion j'établirai ce qui suit concernant la forme des vases d'Ariuşd:
La matière plastique employée à la fabrication des vases a reçu par la perfection
artistique du potier d'Ariuşd une forme si parfaite et correspondant si bien à son
emploi que nous trouverons difficilement dans une autre station de l'époque pré­
historique des formes aussi variées et réussies. Le fait que le potier donnait libre
cours à son imagination contribue à la variété des groupes et des formes de vases.
Dans ce qui suit je ferai connaître, par le tableau annexé PL XIV, les 12 groupes de
formes, 102 types de vases et les variétés établies dans la culture A d'Ariuşd. La
forme générale des vases dérive de la forme sphéroïde et du cône tronqué. La plupart
des vases ont gardé à la partie supérieure l'ancienne forme sphéroïde. La partie su­
périeure est rarement cylindrique ou arquée, quelques fois elle a la forme d'un cône
tronqué. La partie inférieure des vases est sphéroïde ou en forme de cône tronqué.
Dans la description des bols et petites jarres j ' a i fait remarquer qu'au type B 9 la
forme de cône tronqué de la partie inférieure est née de la fonte du vase sphéroïde et
du pied cylindrique afin de rehausser le vase pendant le chauffage. Ceci se réfère
naturellement aussi aux soupières cruches et écuelles à fond sphérique ou plat. La
forme la plus développée en ce qui concerne le rehaussement du corps par un
cône tronqué renversé appartient aux types C 7, 8 des vases piriformes. J ' a i étudié
tous les vases des groupes A, B , C, D, afin d'établir le pourcentage des vases à
partie inférieure sphéroïde et le pourcentage des vases à partie inférieure trans­
formée en forme de cône tronqué. Ces groupes ont 3 9 % de vases du type sphéroïde
et 6 1 % du type à cône tronqué. D'après les exemplaires répertoriés ici, 3 4 %
sont du type sphéroïde et 6 6 % du type à cône tronqué. Le résultat du tableau
statistique établi d'après les couches de la station est presque identique 1 ) . Le fond
des vases à partie inférieure en forme de cône tronqué est toujours étroit et a p l a t i ;
il correspond cependant parfaitement à la stabilité du vase, par suite de la forme

x
) H a n s Reinert : Chronologie der jiïngeren Stein- de la céramique de Bodensee — Pfahlbau (Tabl. V)
zeit in Suddeutschland, Augsburg, 1923. E n p r e n a n t 7 8 % sont sphéroïdes et 2 2 % coniques; dans le
pour base ce livre j ' a i composé ce résultat avec les groupe de la céramique de Mickelsberg (tabl.
résultats des formes de certains groupements de cul­ V I — V I I I 9 4 % sont sphéroïdes et 6 % coniques;
t u r e néolithique de l ' E u r o p e Centrale: dans le grou­ dans le groupe de la céramique cordée (tabl.
pe de la céramique à spirales et méandres (tabl. I) I X — X ) tous les vases sont sphéroïdes et arqués
tous les vases sont sphéroïdes, dans le groupe près du fond ; dans le groupe de Mondsee — Laibach
de la céramique de Hinkelstein (tabl. I I ) 94°/ 0 (tabl. X I I ) 6 8 % sont sphéroïdes et 3 2 % co­
sont sphéroïdes et 6° 0 coniques ; d a n s le groupe niques.

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LES FORMES DE VASES PAR RAPPORT AUX COUCHES D'ARIUŞD
ET PAR RAPPORT À LA STATION À COUCHE UNIQUE D'OLTENI
Ariuşd ( E r o s d ) : «Tyiszkhegy» PL XIV.

o
u A. Les formes d'écuelles B . Les formes de bols et de petites D. Les formes
3 et de j a t t e s jarres
C. Les formes de j a r r e s et cruches
de cruches
A.-D. 1
O
O

1
1 2 3 1,6 5 7 8 9-12 1 2 3 4 5-7 8-9 10-11 12 12-14 15 1 2-4 5 6 7-8 9 10 11-12 13 14 15 16-19 1 2 3 \ 5 6 Total

IL 2 1 1 4 1 1 3 2 2 17

III. 1 1 2 1 1 1 ] I 1 1 1 12

IV. 1 1 2 1 1 l 1 2 3 1 4 2 1 3 1 1 1 1 4 1 2 38

V. 1 3 1 1 1 1 1 1 2 1 8 1 <S 1 1 2 1 27

VI. 1 1 4 1 1 2 5 2 3 1 3 15 1 5 1 1 1 1 1 1 3 1 55

VIL 2 1 1 1 4 2 1 2 1 2 1 1 2 1 22

Total 5 8 1 9 3 2 2 10 4 8 9 1 8 5 5 26 6 12 2 5 1 î 3 1 1 2 1 1 1 11 1 6 2 3 1 171
: '
40+ 84+ 30+ 17 = 171

Olteni ( O l t s z e m ) : «Varmeghe»

5 1 il 6 3 3 — 2 - 3 13 — 9 4 2 7 3 3 1 2 1 î — 2 1 5 — 13 1 1 —5 - 98
- | -
21+ 44+ 26+ 7=98

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Ariuşd ( E r ô s d ) : «Tyiszkhegy»

0)
G. Les for­ H. Les for­ K . Les L. Les
V E . Les formes F . Les formes formes de formes de M. Les fragments
s de vases à pied mes de vases mes de vases J . Les formes de couvercles E.-M.
de supports vases en vases plas­ de vases divers
o à pieds creux rectangulaires,
U miniature tiques

1-2 3-5 6,8 7 1 2 3-4 5-7 I 2 1,2,4 3 5 1 2 3 4-5 7-8 6,9,10-11 12 1 2 3 1 1,2,4 3,5 1,3 2 4,7 5 6 Total

IL 1 3 2 1 1 2 1 11
— —
III. 1 1 2

IV. 1 4 2 2 1 1 1 12
— —
V. 3 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 2 20
:
VI. 1 1 6 13 1 2 1 i 1 27

VIL 2 3 2 1 4 2 5 3 1 1 1 2 1 1 29

Total 3 8 2 1 1 7 16 19 1 5 7 1 1 1 1 1 2 ; 4 1 2 1 1 1 3 2 2 1 2 1 1 101

14+ 43+ 6+ '> 12+ 5+ 5+ 7 = 101

Olteni (Oltszem): «Varmeghe»

5 1 9
1
4 — 7
- | -
- -U. - — 1 — — — — 29
- -
14+ 4+ 7+ 3+ 1+ = 29

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FRANCISC LĂSZLO

parfaite et équilibrée du vase. La base se détache toujours de la partie inférieure


du vase en un angle aigu. Aux vases plus simples le col est remplacé par l'extension
de la partie supérieure du corps. L'endroit du col est indiqué, aux vases plus déve­
loppés, par le décor. Là où il forme une partie bien distincte, le col est droit
et dans la plupart des cas vertical ou un peu courbé en d e d a n s ; il est rarement
courbé en dehors. Le col arqué en dehors, que l'on rencontre plus souvent dans les
stations orientales, n'a été remarqué que dans un seul cas. Beaucoup de vases n'ont
ni oreilles ni autres parties proéminentes. Afin de pouvoir les saisir et lever, on les
a pourvu de petits boutons en forme de roue, en relief sur la surface du vase ou bien
de proéminences indépendantes, percées ou non percées. Il est plus rare de rencon­
trer des proéminences, droites ou de travers, à bout droit ou arqué, qui sortent des
parois du vase. Une anse en forme de ruban dont les deux bouts sont appliqués
sur le vase, n'a été rencontrée qu'une seule fois sur un grand vase du type C 4, sur la
ligne de séparation du col. Certains vases ont les oreillettes en forme de têtes d'animaux.
L'endroit des proéminences ou des oreillettes n'influence jamais la forme générale du
vase. On peut dire que tout relief pareil se fond dans la forme caractéristique du vase.
La courbure des parois des vases est toujours, ainsi que l'indiquent les profils,
décidée et n'est jamais artificielle, même dans les vases les plus précieux. Le bord est
toujours poli avec le plus de soin possible.
Tous ces traits déterminent dans une telle mesure la forme du vase que d'après
un fragment d'embouchure ou de fond ou d'après une oreille on peut établir avec certi­
tude si le vase appartient à ce cycle de culture, même s'il ne présente aucune trace
d'ornementation.
Ainsi que j ' a i dit plus haut, j ' a i établi le tableau statistique ci-joint afin de
réduire les textes et de donner la possibilité de saisir l'ensemble d'un seul coup
d'oeil. Le tableau montre les rapports entre les formes et les couches et le nombre de
vases a p p a r t e n a n t aux différentes couches.
Le tableau donne les explications nécessaires q u a n t à l'endroit dans les couches
d'un total de 272 vases étudiés. Ces résultats ne peuvent être considérés comme dé­
finitifs, si nous songeons que des vases piriformes comme C 7 et 8, si caractéristiques
pour la culture de la céramique peinte, on n'a retrouvé qu'un seul exemplaire après
6 ans de fouilles. On trouvera encore certainement des types et des formes nouvelles
dont pourrait s'accroître l'importance de certaines formes. Une chose est cependant
bien établie et résulte aussi des données de ce t a b l e a u : c'est que la culture A d'Ariuşd
est ininterrompue et intégralement unitaire et qu'on n'y peut distinguer aucune phase
de culture. Selon toutes probabilités, cette culture a atteint son apogée dans les vases d'A-
riuşd. Les six couches établies durant les fouilles ont révélé quatre foyers qui con­
tiennent tous les mêmes formes de vases.
Ce résultat, obtenu par l'étude des formes de vases, est confirmé aussi par la com­
paraison avec le reste des trouvailles. Des objets de culture comme les outils en pierre
polie ou b r u t e , les figurines d'hommes et d'animaux, la fabrication et l'ornementation
technique des vases le prouvent encore. E n ce qui concerne les habitations construites
sur pilotis et aux murs en branches entrelacées, nous ne sommes fixés jusqu'à présent
que sur celles du second centre. Le même type de maisons à mégaron ouvert en
face doit probablement être aussi l'habitation des hommes de la troisième couche.

26
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LES TYPES DE VASES PEIATS D'ARIUŞD (ERÛSD>

Quant aux habitations de la première couche, nous espérons que les fouilles qu'on
projette de faire au centre de la station nous donneront les explications nécessaires.
Dans tous les endroits de la station, à l'intérieur et à l'extérieur des habitations
nous avons trouvé de nombreux foyers, tous de même construction. Le mode de
construction des fours à cuire les vases est également commun. Le nombre des objets
en cuivre est d'autant plus grand que la couche est plus récente. On en a cependant
trouvé aussi dans la couche la plus profonde. Les cinq sceaux en argile (pintaderos)
trouvés pendant les fouilles proviennent de la couche la plus profonde, mais nous
devons considérer ceci comme dû au hasard.
Il résulte de ce qui précède que l'unité de la civilisation est non seulement prouvée
par les types de vases, mais aussi par la totalité des découvertes qui ont été faites.
Afin de pouvoir comparer les formes d'Olteni avec celles d'Ariuşd, j ' a i joint au
tableau statistiqtie des formes d'Ariuşd, une pareille statistique des vases d'Olteni.
En comparant ces 2 tableaux on remarquera que les types d'Olteni correspondent
exactement aux types d'Ariuşd.
Il en est de même des 25 autres stations à céramique peinte de la région de l'Oit.
A Olteni nous n'avons trouvé qu'un seul type de vase qui n'existe pas à Ariusd:
c'est un grand pot sphéroïde à quatre oreilles cylindriques situées à mi-hauteur de
la paroi. (Arch. Ért., 1912, p . 59, t a b . IV).
Nous avons déjà, dans la description des groupes de vases, montré les analogies
avec les stations préhistoriques hors de la région de l'Oit. Des types de vases d'Ariuşd,
les vases des types A 4, A 8, A 9, les bols B 3, B 12, B 15, les vases des types C 3,
C 7, C 8, C 9, C 10, C 14, C 18, les cruches du type D 3, le couvercle J et les
vases plastiques se retrouvent, avec de petites modifications, dans presque toutes les
stations de ce stade de civilisation. Ces types primitifs sont communs sur tout le ter­
ritoire de cette culture. À Ariuşd on n'a pas encore retrouvé le vase binoculaire 1 )
si caractéristique aux centres de l'Est, ni la tasse à pied à quatre proéminences2), ni
la cruche à 2 cônes et 2 oreillettes sous le col 3 ). Comme on n'a cependant mis à dé­
couvert qu'une petite partie de la station d'Ariuşd, cette opinion peut encore être
changée.
L'étude des formes de vases n'est pas suffisante pour établir des degrés d'évolution
dans l'ensemble de cette civilisation. Lorsque tout le matériel de Cucuteni et encore
d'une autre station située plus à l'est sera publié et lorsque nous aurons à notre dis­
position un tableau au moins ressemblant à celui que nous avons d'Ariuşd, mais qui
ne se bornant pas à relever seulement des formes isolées comprendra l'ensemble des
vases donnant ainsi la possibilité de comparer les recherches, il nous sera très facile
d'établir l'évolution de cette civilisation, sur des preuves indubitables et réelles.

FRANCISC LÂSZLÔ f
Sft.-Gheorghe, le 8 juin 1925.

2
*) G. Childe, East European, p . 273, fig. 1 5 ; ) G. Childe, Schipenitz, t a b . X V , fig. 6. Mannus,
Mannus (Tripolje-Kultur), vol. I,, t a b . X X X , vol. I, t a b . X X X I , Petreni, t a b . I, fig. 7.
3
X X X I . G. Childe, Schipenitz, p . 274, fig. 18 et ) G. Childe, Schipenitz, p. 272, fig. 11 et 12.
p . 275, fig. 20. Petreni, t a b . V I , fig. I.

27
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LES RICHESSES DES DACES
ET LE R E D R E S S E M E N T DE L'EMPIRE ROMAIN,
SOUS T R A J A N àV.PARVAN
en témoiglUkgfl At P'''<mnnissnnr.e
ot d'amitié.

C'est un fait, reconnu de tous, que Domitien laissa derrière lui une situation
financière obérée. Il avait fait la guerre 1 ). Il avait aimé les bâtiments 2 ). Il avait ali-
menté sa popularité de dispendieuses largesses :1). Dès 83, il avait augmenté d'un
quart la solde de ses troupes 4 ). L'argent avait fui par toutes ces brèches, et le seul
reproche que M. Stéphane Gsell, son historien véridique, adresse à son gouvernement,
est de «n'avoir pas suffisamment cherché à restaurer les finances, que Titus avait déjà
compromises» 5 ), et qui n'ont cessé, sous son règne, de péricliter toujours davantage.
Finalement, la pénurie du trésor devait le mener au crime: inopia rapax, comme
Suétone l'a dit de lui 6) ; et les exécutions, dont on le voit frapper à coups redoublés
l'aristocratie, pour en hériter ou confisquer les biens, se multiplient, à partir de 93 7 ),
avec les embarras qui les expliquent, mais qu'elles n'ont pas supprimés.
Quelques années plus tard, tout est changé. Le redressement est un fait accompli.
E t Trajan, sans s'appauvrir, ni s'endetter, fait face à des dépenses immensément ac-
crues avec des impôts qu'il a réduits. Commentée grand empereur a-t-il réalisé ce tour
de force d'équilibrer sans peine, avec des recettes en apparence diminuées, un budget
qu'il avait trouvé en déficit et dont les charges n'ont fait qu'augmenter? C'est un
problème qui n'a pas suffisamment retenu l'attention des historiens 8 ). La contradiction
qu'il implique est flagrante. La solution reste une énigme. Quelques mots me suffiront
à mettre la contradiction en pleine lumière, et j'espère trouver en Dacie le mot de
l'énigme. +
1
) En Germanie, en Pannonie, en Moesie, en Dre- nand, loc. cit., 2572).
4
tagne, en Afrique; cf. Weynand, P. IV., VI, 2551. ) Gsell, Essai sur le règne de Domitien, Paris,
et suiv. 1883, p. 156.
2 6
) Constructions du forum, dit de Nerva, de ) Ibid., p . 334.
6
l'Odéon, du Stade, de la villa d'Albano, dont ) Snét., Dont., 3.
7
toutes les splendeurs revivent dans l'excellente ) Gsell, op. cit., p. 262. Cf. Cass. Dio, LXV1I, 4.
8
étude de G. Lugli (Bull. Com. 1922); des temples ) Il n'est même pas entrevu par De la Berge,
de Vespasien et Titus, sur le Forum, de Minerva dont VEssai sur le règne de Trajan (Paris 1877)
Chalcidica, de Divorum Porticus ; remaniements du reste le plus sérieux auquel nous puissions recourir,
Palatin, achèvement du Colisée ; restauration du en attendant l'histoire de cet empereur, qu'a com-
Capitole, etc.; cf. Weynand, P. IV., VI, 2591. posée M. Roberto Paribeni avec toutes les res-
3
) Je pense à la magnificence de ses jeux (Suét., sources de sa remarquable érudition, mais dont
Dom., 4) et à la distribution de ses «dona» (cf. Wey- l'ampleur même a retardé jusqu'ici la publication.

28

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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

T o u t d e s u i t e , il a p p a r a î t q u e l ' h i s t o i r e d u r è g n e se divise e n d e u x p é r i o d e s n e t -
t e m e n t t r a n c h é e s : l ' u n e , a v a n t 106, a n n é e q u e m a r q u e la fin v i c t o r i e u s e des guerres
daciques, l'autre, après.
D a n s la p r e m i è r e p é r i o d e , T r a j a n p o u r s u i t , d a n s t o u s les services de son g o u v e r -
n e m e n t , l ' a p p l i c a t i o n d u p r o g r a m m e d ' é c o n o m i e s é l a b o r é p a r le c o m i t é des c i n q sé-
n a t e u r s q u e N e r v a i n s t i t u a t o u t e x p r è s : V viri minuendis publicis sumptibus *) ; e t ,
si l'on e x c e p t e ses e x p é d i t i o n s de D a c i e , il n ' o u v r e p a s de n o u v e a u x c h a p i t r e s de
d é p e n s e s . E n d e h o r s des réfections d e r o u t e s 2 ) e t d e la c o n s t r u c t i o n d u Portus Tra-
iani, à Ostie 3 ) , le Panégyrique de P l i n e - l e - J e u n e , c e n s é m e n t p r o n o n c é en 100, m a i s
é d i t é sous la f o r m e d é v e l o p p é e où n o u s le lisons a u j o u r d ' h u i , u n p e u p l u s t a r d , e t
p e u t - ê t r e en 103 4 ) , n e c o n t i e n t g u è r e d ' a l l u s i o n s a u x t r a v a u x d e l ' u n des p l u s g r a n d s
b â t i s s e u r s q u e R o m e a i t c o m p t é s p a r m i ses P r i n c e s . D ' a u t r e p a r t , il est b i e n v r a i
q u e T r a j a n a t o u t d e s u i t e 5 ) s u b v e n t i o n n é les f o n d a t i o n s a l i m e n t a i r e s , c o m m e ses
p r é d é c e s s e u r s , m a i s l ' a m p l e u r q u ' a prise a v e c lui c e t t e i n s t i t u t i o n d ' a s s i s t a n c e q u ' a t -
t e s t e , en p a r t i c u l i e r , l ' i n s c r i p t i o n de Veleia, n e r e m o n t e p a s p l u s h a u t q u e les g u e r r e s
d a c i q u e s , c o m m e c e t t e i n s c r i p t i o n m ê m e , où l ' e m p e r e u r p o r t e son s u r n o m d e Daci-
f u s 6 ) , e n c o r e a b s e n t d e la t a b l e des Ligures Baebiani.
E n r e v a n c h e , s'il p r e n d soin de n e p a s a c c a b l e r les c o n t r i b u a b l e s sous u n f a r d e a u
q u i r i s q u e r a i t d ' é c r a s e r la m a t i è r e i m p o s a b l e , si, n o t a m m e n t , p o u r consolider la fa-
mille e t é l a r g i r la «romanité», il r e m a n i e l ' a s s i e t t e d e la vicesima hereditatum dans un
sens d o u b l e m e n t f a v o r a b l e a u x a s s u j e t t i s , p a r les d é g r è v e m e n t s d o n t b é n é f i c i e r o n t
d é s o r m a i s les successions grevées d e p a s s i f 7 ) e t p a r les e x o n é r a t i o n s q u i s e r o n t é t e n -
d u e s des fils a u x p è r e s , frères, a ï e u l s , e t p e t i t s - e n f a n t s 8 ) , et des R o m a i n s d e vieille
s o u c h e a u x n é o - c i t o y e n s e n t r é s d a n s la cité p a r l ' i n t e r m é d i a i r e d u d r o i t l a t i n 9 ) , T r a j a n
c o m p e n s e , e t a u d e l à , les p e r t e s r é s u l t a n t d e ces concessions, en a b a i s s a n t d e 100.000
s e s t e r c e s , chiffre p r o b a b l e d u I-er siècle 10) à 20.000 sesterces, chiffre p r é s u m é , sous
M a r c - A u r è l e , p a r le gnomon d e l ' i d i o l o g u e n ), la l i m i t e a u dessous de l a q u e l l e les «petites»
successions é c h a p p e n t à la t a x e successorale ; e t , p a r ailleurs, n o u s le v o y o n s a t t e n t i f
à r é p r i m e r les f r a u d e s 1 2 ) , à fortifier l ' a u t o r i t é de ses a g e n t s collecteurs 1 3 ), à t i r e r d ' u n e

8
*) Cf. Pline, Pan., 62; Lettres II, 1. 9. La com- ) Pline. P a n . , 38 et 39.
9
mission a donc continué son œuvre sous Trajan. ) Pline. Pan., 39.
2 10 2
) Il a réparé la voie Appienne, la via Salaria, la ) Cf. Willems, Droit Public , p. 4 8 1 , et Pline,
voie L a t i n e , créé les viae in Tuscia, élargi la via Pan., 40.
u
Traiana, de B é n é v e n t à Brindes. ) Cf. J. Carcopino, Le gnomon de Vidiologue,
3
) Le Portus Traiani figure sur des monnaies R. E. A., 1922, p. 20 du tir. à p.: le gnomon, 1.
frappées en 104. Allusion d a n s Pline, Pan., 29. 84 — 86, art. 29, de l'édition de M. Th. Reinach ne
4
) Cf. Schanz, Gesch. der rôm. Lit.3, I. p . 355 et frappe les Romaines non-mariées d'un impôt de
360. Les allusions à la rédaction du P a n é g y r i q u e l°/ 0 que si leur fortune atteint ou dépasse 20.000
se t r o u v e n t d a n s le livre IV des L e t t r e s , publié sesterces.
12
eu 103. ) É d i t de Trajan, au Dig., X L I X , 1 4 , 1 3 , faisant
s
) L a t a b l e alimentaire des Ligures Baebiani est remise de la moitié des sommes dues à ceux qui
de 1 0 1 ; cf. C. 7. L., I X , 1455, 1. 1. p a r leurs déclaration avaient devancé les inquisi-
•) C. I . L M X I , 1147, 1. 2. Il est vrai que le sur- tions du fisc.
13
nom de Dacicus a p p a r a î t dans les monnaies dès la ) Fragm. de iure fisci, 6 6 : Edicto divi Traiani
fin de 102, et, d a n s les inscriptions, dès 1 0 3 ; cf. cavetur ne qui provincialium cum servis fiscalibus
Dessau, Inscriptioncs selectae, 286. contrahant nisi adsignante procuratore.
7
) Pline. Pan., 40.

2<j
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JÉRÔME CARCOPINO

aliénation systématique des biens fiscaux J ), comme de la démonétisation et de la


refonte des aurei frappés antérieurement à la réduction Néroniennc 2 ), les ressources
immédiates dont sa trésorerie avait besoin.
Après 106, au contraire, Trajan, dont l'attitude devient littéralement parado-
xale, se montre de moins en moins exigeant, quant à ses recettes, et de plus en plus
prodigue, quant à ses débours.
Avec une intensité que n'avait éprouvée aucun des Flaviens, la fièvre du bâtiment
le saisit à son tour. Notons, au passage, dès 106, le dessèchement des Marais Pontins,
puis en 107, l'agrandissement du port de Centumcellae (Civitavecchia 3 ), et, plus tard 1 ),
celui du port d'Ancone; en 109, la réfection du Canal du Nil à la mer Rouge 5 ),
et l'adduction de Vaqua Traiana du lac de Bracciano au Trastevere 6 ). Considérons
surtout les monuments que l'empereur consacre à sa gloire dacique: le forum, la
basilique et la colonne qui gardent son nom, et dont la splendeur, obtenue à coups
de nivellements et d'expropriations onéreuses, a coûté des sommes incalculables de
sesterces ' ) .
En même temps, et sans avoir l'air de se préoccuper des répercussions budgétaires
qu'entraînera la création de ces unités nouvelles, Trajan augmente le nombre de ses
corps auxiliaires 8 ), et lève deux légions de plus, la X X X Ulpia et la II Traiana,
dont la première mention n'apparaît qu'en 109 9 ).
Enfin, sans se laisser arrêter par les frais et les risques d'une expédition de cette
envergure, il ose reprendre le plan formidable auquel, depuis César, nul n'avait osé
songer, et prépare la guerre parthique qui, de 113 à 116, portera à son comble la puis-
sance d'expansion des armes et de la civilisation romaines.

Or, non seulement l'Empire supporte sans fléchir le poids de ces magnificences,
mais on a l'impression que Trajan a pu lui épargner les sacrifices pécuniaires qui en
auraient dû être la rançon.
Jamais, en effet, les impôts que les Romains ont payés n'ont paru plus légers.
A une date, que nous ne saurions préciser, parce que nous ne savons rien de la
carrière du gouverneur auquel le Prince adresse le rescrit qui consacre cet abandon de
droits de l ' E t a t 1 0 ) , mais qui, en raison du silence de Pline en son Panégyrique, doit être
postérieure aux guerres daciques, Trajan renonce solennellement à revendiquer au fisc

8
*) Pline, Pan., 50: circumfcrtur sub nomine Cae- ) C. I.L., VI 1260, Dessau, Inscr. Sel, 290;
saris tabula ingens rerum venalium. (datée entre décembre 108 et décembre 109).
2 7
) Cf. Cass. Dio.. LVIII, 15 et Mommsen, Gesch. ) Sur le prix du terrain (3000 francs-or le
des rôm. Miinzivesens, p. 754 — 758. mètre), cf. Suét., Caes., 26; et, sur l'arasion du pé-
3
) Sur les travaux des Marais Pontins cf. Cass. doncule reliant le Quirinal et le Capitole, et la
Dio, L X V I I I , 15; sur Centumcellae, Pline, Ep. VI, somptuosité du forum de Trajan, cf. Lugli, La
3 1 : Il a ins sinistrum brachium firmissimo opère zona archeologica di iioma, Rome, 1924, p . 44 et
munitum est ; dextrum elaboratur. Or la publication suiv.
de cette lettre date de 107, au plus tôt (cf. Schanz, 8
) Voir au P. W., sous les mots ala et cohors,
op. cit., loc. cit., p. 360). tous les corps dont le gentilice Ulpius a fourni le
4
) L'inscription de l'arc d'Ancone est datée de surnom.
9
115 ap. J. C. (C. I. L., I X , 5849). ) Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, p. 66.
5 10
) Cf. Lesquier, Uarmée Romaine d'Egypte, Le ) Cf. P. W., V, c. 425.
Caire, 1918, p. 396.

30
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LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

les biens des condamnés à la relégation x). E t en cette même année 106, à laquelle
nous devons rapporter la donation aux plébéiens de Rome d'un troisième congiaire
de l'Empereur, huit fois supérieur à ses deux précédents et à celui de Nerva 2 ), quin­
tuple de celui dont Auguste s'est enorgueilli dans son testament 3 ), Trajan a* suspendu
la perception de l'impôt. Si, en effet, le Chronographe de 354 nous permet d'évaluer
à 650 deniers par tête la distribution faite à la plèbe en 106 4 ), le Chronicon paschale
place, sous le consulat de [L. Ceionius] Commodus et de Ceretanus (Cerealis) qui
coïncide avec cette année-là, le début de ces remises totales de contributions, qu'il
prolonge, d'ailleurs, jusqu'à la fin de la guerre persique: Toatavoç ŒTCEQ"/ÔIUEVOÇ à<peoiv
èyaoloaro xcôv XE/.WV ăyoic ăv ETTIOTQE^EI 5 ).
Par conséquent, en 106, Trajan était devenu tout d'un coup assez riche pour se
passer de l'argent de ses sujets et leur en donner par dessus le marché. Or l'année 106
est justement marquée par l'achèvement de la conquête dacique. N'eussions nous
aucun document pour nous le dire, que nous devrions déjà admettre que Trajan avait
puisé en Dacie les sommes qu'il a répandues alors sur les Romains au lieu de les exiger
d'eux. Nécessaire en elle même, cette hypothèse est confirmée par un texte qu'on n'a
cité, jusqu'à présent, que pour en rire 6 ), et dont il importe de rétablir maintenant
la valeur — et la vérité.

Dans son traité sur les magistrats de Rome, le byzantin Lydus glorifie Justinien
de ses succès sur le Danube : et, pour mieux glorifier le Basileus, il le compare à Trajan
qui, «ayant été le premier à vaincre les Gètes et leur roi Décébale, ramena à Rome
cinq cent fois dix mille livres d'or, le double de livres d'argent, sans compter un nombre
de vases et coupes défiant toute évaluation, des troupeaux, des armes, et plus de cin­
quante fois dix mille valeureux guerriers, avec leurs armes» — «TZQÔJXOÇ [Tqaiavoc] èyoiv
ovv AEXE^d/.q) TtEVTaxoataç [xvQiààaç yocolov [ÂIJXQVJV, àmhiolaç ôè dgyvoov êxmofidxcov
ăvEV xai oxEfv&v] xt/xfjç ôoov èxfiEpiixÔTwv, àyel&v ZE xal ÔTthov xal àiôgcov fiayi/uoxdxojv
VTiEQ TTErrrjxovra juvqidôaç ovv roïç OTI/.OIÇ rPœjuai'oiç EtorjyayEv...» 7 ).
Que pourions nous souhaiter de mieux pour éclaircir le mystère qui planait sur
la politique de Trajan? Nous n'avons plus à nous étonner ni de ses largesses inouïes,
ni de ses entreprises gigantesques. E n Dacie, il n'avait pas trouvé seulement des mines
de m é t a u x précieux, dont le rendement est venu graduellement, année par année,
soulager son budget et accroître ses disponibilités. Il avait mis la main sur l'énorme

*) P o m p , au Dig., X L V I I I , 22, 1: caput et re- congiaire s'élèverait encore à 500 deniers [650—
scripto Divi Traiani ad Didium Secundum: scis (75 + 75)].
5
relegatorum bona avaritia superiorum temporum ) Chron. Pasch. p . 223 Mommsen. L a remise
fisco vindicata; sed aliud clementiae meae convcnit. ne saurait avoir d u r é de 106 à 117. Sans d o u t e
2
) Les trois congiaires de T r a j a n sont attestés constatée pour l'an 106, elle fut peut-être à nou­
p a r les monnaies (Cohen, 3 2 1 , 324, 330). Le chiffre v e a u concédée en 113, j u s q u ' a u retour, et le Chro­
de 75 deniers pour celui de Nerva est a t t e s t é par nicon aurait bloqué en une seule les d e u x mesures.
6
le Chron., 354. Pline (Panégyrique, 25) n'indique ) «Chiffres fantastiques», écrit De la Berge, op.
a u c u n e majoration p o u r le premier. cit., p . 142, n. 7.
3 7
) Res Gestae, I I I , 15: 120 deniers. ) J o h a n n e s L y d u s . De Magistratibus, I I , 28.
4
) Chron., 354, p . 146 M o m m s e n : congiarium J e suis le t e x t e de W u e n s c h , p . 83, 1. 12—19.
dédit DCL. Même si ce chiffre é t a i t global, le 3-e

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.IKHÔMK CAKCOriNO

trésor où les rois daces, héritiers des mineurs agathyrses dont parle Hérodote '), avaient
accumulé le produit des exploitations d'argent et d'or auxquelles, de la préhistoire à
nos jours, n'ont cessé de fournir les sites les plus grandioses des monts de Transyl­
vanie; et c'est ce trésor dont l'opulence, soudain, ruissela comme un Pactole sur l'Em­
pire entier. Quel trésor, d'ailleurs ! Et quel Pactole ! Cinq cent fois dix mille livres d'or
font cinq millions de livres, qui donnent — la livre romaine pesant approximativement
327 grammes — 1 million 650.000 kilogr. d'or, valant 5 milliards 559 millions de francs-or ;
et le double d'argent se monte, en conséquence à 3 millions 310.000 kilogr. d'argent
équivalant à 661 millions de francs-or. Ajoutons à ces comptes fantastiques les
500.000 guerriers, pris les armes à la main, qui, à leur arrivée à Rome, menacée dans
sa sécurité par leur affluence, auraient représenté l'effectif de la «Grande armée» de
Napoléon à son départ pour la Russie; et il nous faudra convenir que ces chiffres
sont trop beaux. 11 sont si beaux qu'il en deviennent absurdes, et qu'à leur seul énoncé
l'envie nous vient de traiter le texte où ils figurent comme une invention forgée de
toutes pièces par un cerveau en délire. Seulement nous n'avons pas le droit de l'é­
carter avec cette désinvolture. Car Lydus, sentant lui même tout ce que ses asser­
tions avaient d'extravagant, a voulu se couvrir de l'autorité qui les garantissait à
ses y e u x : «...EÎoijyayevy (bç ô KQIXOJV TICLQCOV TÔ> TTOM/U» duoyvQiam.o*)» — «ainsi q u e l'a
affirmé avec force Criton, témoin de cette guerre». Or, cette caution doit nous en
imposer: médecin de Trajan, Criton avait accompagné son impérial «lient en Dacie,
et, à son retour, il avait composé, sur les événements auxquels il avait assisté au
premier rang, un ouvrage en plusieurs livres, intitulé VEtixă, qui aurait constitué
une source inappréciable d'information sur les Gètes, leur pays et leur histoire,
s'il n'avait pas sombré à peu près tout entier 3 ). Si Lydus avait parlé pour son
compte, il serait négligeable. Mais il n'a fait que répéter à sa manière ce qu'il
avait lu — ou cru lire — chez Criton, dont le témoignage ne l'est pas. Ainsi,
d'une part, la statistique établie par Criton nous est parvenue en des termes inac­
ceptables; et d'autre part, il nous est interdit de la sacrifier. Force nous est donc
de supposer que de son auteur à son compilateur elle s'est déformée au cours des
transmissions.
Aussi bien parviendrons nous facilement à retrouver le texte authentique de
Criton sous la forme insensée qu'il revêt chez Lydus. Nous n'avons même pas
besoin pour cela de recourir à une correction proprement dite. Il nous suffira de
rétablir en chiffres les nombres exposés en lettres dans le traité byzantin Sur les
Magistrats.
Habituellement, les chiffres de myriades s'expriment en grec par un M majuscule
suscrit de la lettre correspondante à leurs multiples 4 ). Appliquons à la phrase en litige
0
ce système de numération. On aura: E%IQV avv AexE^dXco M%QVOIOV [hJiQÔJv àinlaolaç
N
ôè aQyvQov xal àvôoûv juaxi/icoidTcov VTZEQ M. Mais aussitôt nous saute aux yeux
1
) Hér., IV, 104. Sur l'exploitation antérieure P. W., IV c. 1935.
4
aux Romains, cf. Téglâs, Ungar. Revue, 1889, p . ) Gardthausen, Das Buchtvcsen im Altertum*,
352. Leipzig, 1911, p. 371. Le M est sans apostrophe
2
) Lydus, De Magistratibus, I I , 28. dans les papyri (communication que je dois a l'a-
3
) Cf. F. H. G., IV, p . 373. Sur Criton, cf. mitié de Pierre Jouguet).

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32
LES RICHESSES DES DACES SOUS TRAJAN

l ' a m p h i b o l o g i e à l a q u e l l e p o r t e c e t t e t r a n s c r i p t i o n . Si e n effet, à l ' é p o q u e b y z a n -


t i n e , les chiliades se chiffrent c o u r a m m e n t p a r les l e t t r e s des u n i t é s , p r é c é d é e s d ' u n e
a p o s t r o p h e s o u s c r i t e , il a r r i v e , à l ' é p o q u e c l a s s i q u e , q u ' e l l e s n e s o i e n t g u è r e m a r q u é e s a u -
t r e m e n t q u e les m y r i a d e s . C o m m e le m o n t r e G a r d t h a u s e n , les mille s o n t s o u v e n t n o t é s
alors, d a n s les papyri, e t s u r des i n s c r i p t i o n s , p a r u n des signes, d é r i v é s d u t s a d è e t d u
s a m p i e t é q u i v a l a n t à 9 0 0 , m, .f, o u A\, q u e l'on s u s c r i t , lui a u s s i , de la l e t t r e c o r r e s -
p o n d a n t e à l e u r s m u l t i p l e s ] ) . E n g é n é r a l , p a r c o n s é q u e n t , la confusion q u i e x i s t e ,
en l a t i n , e n t r e les signes n u m é r a u x d u mille et c e u x des centaines de mille 2 ) se con-
s t a t e en grec e n t r e les signes des mille et c e u x des dix-mille; e t , d a n s le cas p a r t i -
culier, la t r a n s c r i p t i o n chiffrée, q u e s u p p o s e le d é v e l o p p e m e n t e n l e t t r e s d u t e x t e d u
t r a i t é sur les Magistrats, d e v i e n t s u s c e p t i b l e , a priori, de d e u x i n t e r p r é t a t i o n s : l'in-
t e r p r é t a t i o n p a r les m y r i a d e s (10.000), q u ' a choisie L y d u s , a u V I e siècle d e n o t r e
ère, q u i n ' e n c o n n a i s s a i t p l u s d ' a u t r e , l ' i n t e r p r é t a t i o n p a r les c h i l i a d e s (1.000), q u ' a u -
t o r i s a i t l ' u s a g e d u m o n d e g r é c o - r o m a i n , q u e le b o n sens c o m m a n d e e t q u i j u s t i f i e les
données de Criton.
D ' a b o r d , u n effectif de p r i s o n n i e r s , r a m e n é d e 500.000 à 50.000, n ' a p l u s rien
d'excessif ni d e c h o q u a n t . E n s u i t e , u n t o t a l d e l i v r e s , r a m e n é d e 5 millions à 500.000
n o u s m e t a u x prises a v e c u n e r é a l i t é i n t e l l i g i b l e e t v r a i s e m b l a b l e . O n en d é d u i r a des
p o i d s d e 165.500 kilogr. d ' o r , e t , p a r d o u b l e m e n t , de 331.000 kilogr. d ' a r g e n t , d ' o ù
r é s u l t e n t , r e s p e c t i v e m e n t , les s o m m e s d e 555.900.000 francs-or et 62.200.000 francs-or.
Ces p o i d s s ' a c c o r d e n t s a n s p e i n e a v e c ce q u e n o u s s a v o n s de la p r o d u c t i o n a c t u e l l e ,
e t ce q u e n o u s p o u v o n s i m a g i n e r de la p r o d u c t i o n a n c i e n n e des g i s e m e n t s aurifères
e t a r g e n t i f è r e s d e la R o u m a n i e t r a n s y l v a i n e . D e 1919 à 1 9 2 3 , c e t t e p r o d u c t i o n a é t é ,
en m o y e n n e p a r a n , d e 1400 kilogr. d ' o r e t de 2100 kilogr. d ' a r g e n t . Mais elle s'élevait
à p l u s d u d o u b l e d a n s les a n n é e s q u i o n t p r é c é d é la g u e r r e 3 ) , e t m ê m e alors elle r e s t a i t
c e r t a i n e m e n t t r è s en a r r i è r e d e ce q u ' e l l e a d û ê t r e , alors q u e les filons a b o n d a i e n t e n
l e u r n o u v e a u t é , il y a d i x - h u i t c e n t s a n s . E n s o r t e q u e , inférieures a u q u a r t de la p r o -
d u c t i o n m o n d i a l e en or p o u r 1912 et a u v i n g t i è m e de la p r o d u c t i o n m o n d i a l e en a r g e n t
p o u r la m ê m e a n n é e 4 ) , les p o i d s d é d u i t s des d o n n é e s de C r i t o n n e r e p r é s e n t e n t , à t o u t
p r e n d r e , q u e le «stockage» d e l ' e x p l o i t a t i o n locale p e n d a n t u n e t r e n t a i n e d ' a n n é e s 5 ) .
Q u a n t a u x s o m m e s m o n n a y é e s q u e ces p o i d s i m p l i q u e n t , elles s o n t d u m ê m e
o r d r e de g r a n d e u r q u e les q u a n t i t é s de m é t a u x p r é c i e u x r a p p o r t é e s à R o m e , p a r L u -
c u l l u s , d u t r i o m p h e s u r l ' A r m é n i e e t s u r M i t h r i d a t e 6 ) , ou e n c o r e q u e celles q u e Q.

1 4
) Gardthausen, op. cit. p. 370. Wilcken, Grund- ) 701.379 kilogr. d'or ; 226.400.000 onces trogs
ziige, I, p. XLVI; Bruno Keil, ap. Rubensohn, qui font 7.041.000 kilogr. d'argent (renseignements
Eleph. Pap., p. 84; dans les comptes du Didy- fournis par le Statesman Yearbook de 1925 et que
meion, par exemple, M. Haussoullier a relevé le M. Demangeon m'a aimablement communiqués).
6
cas du nombre 39322 affecté de la numération ) Le stockage était dans les habitudes des rois
r O de Macédoine. Cf. le discours de Persée à ses sol-
f-i. III I C K; des graphies analogues ont été re- dats, ap. Liv., XLII, 52: se pecuniam et frumen-
levées dans les inscription de Pricne (no. 118), turn prœter reditus metallorum in decem annos sepo-
d'Halicarnasse (Michel, 595), de Thessalie (Arvani- suisse.
8
topoullos, Revue de Philologie, 1911, p. 134). ) Plut. L u c , 37, dénombre au triomphe de
2
) Cf. mon. art. Galles et Archigalles, dans les Lucullus 56 mulets chargés de lingots et objets
Mélanges de Rome de 1923, p. 277 et suiv. d'or massif et 107 mulets chargés de 260 mil-
3
) Cf. Annales de Géographie, 1924, p. 582 et suiv. lions de drachmes.

33
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3 Ducia I 1924.
J K R A M E CARCOPINO

S e r v i l i u s Car-pio a e x t o r q u é e s a u x s a n c t u a i r e s et e x t r a i t e s des é t a n g s saerés des V o l q u e s


T e c t o s a g e s ' ) . Elles n ' a t t e i g n e n t m ê m e p a s la m o i t i é des q u a n t i t é s m o n s t r u e u s e s
d ' a r g e n t e t d ' o r r a m e n é e s en 6 1 , p a r P o m p é e , d e ses c a m p a g n e s d ' O r i e n t 2 ) . E l l e s suf-
f i s e n t a m p l e m e n t , n é a n m o i n s , à e x p l i q u e r le r e g a i n de p r o s p é r i t é e t d e g r a n d e u r q u e
T r a j a n a p r o c u r é a u x R o m a i n s : c o n q u i s e s a v e c la D a c i e , s o n r o y a u m e , les «réserves»
de Décébale ont, pour u n t e m p s , redoré l ' E m p i r e et son éclat.

JÉRÔME CARCOPINO
Professeur à la Faculté des Lettrée
de l'Université de Paris

2
*) Cf. Pais, Fasti triumph. II, p. 443 et Jullian, ) Cf. Pais, op. cit. I I , p. 446: en plus des 300
Histoire de la Gaule, I I I , p. 65, n. 1. Justin, millions de sesterces distribués (Pline, N. H., 37,
X X X I I I , 3, 70: Fuere autem argenli pondo cen- 16), Pompée aurait pu attribuer a un seul des
tum decem millia, auri pondo quinquies fdeciesj quatre nouveaux sanctuaires dédiés par lui 1000
centum milia. Le trésor tectosage et le trésor talents d'or et 307 talents d'argent (non mon-
dace, si l'on admet ma lecture du texte de Justin, nayés), ce qui représente plus de 550 millions de
d'où decies disparaît, auraient renfermé des quan- francs-or.
tités d'or identiques. La coïncidence mérite d'être
retenue.

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CONSIDERATIONS SUR LES SKPULTURES
CELTIQUES DE GRUIA
Une découverte fortuite ') faite il y a déjà assez longtemps dans l'une des anciennes
îles du Danube serbo-roumain (cp. fig. 1), en face du confluent du Timoc (le Timacus
thraco-romain), nous offre l'occasion de reprendre la question de la pénétration illyrienne

* H LES SEPVLTVRES E/GRVIA ^ * ^


PRÉH1STOR1QVES
UQVES A 4W)M£ SS

RADVJEVAC [SERBIE]

Fig. 1.

dans les régions daco-gétiques du Bas-Danube. Il s'agit de plusieurs tombes hallstat-


tiennes et celtiques, dont le mobilier funéraire, recueilli d'une manière très négligente

*) Il y a une vingtaine d'années, notre collègue vue des découvertes, M. Bals dut se contenter
M. l'ingénieur Georges Bals ayant à diriger cer- de recueillir les objets mis à part par les ouvriers
taines constructions à Gruia, en face de Radujevac, d'après leur propre entendement de la chose.
dans l'ancienne île du Danube, maintenant réunie Après avoir longtemps conservé chez soi cette pe-
à la rive roumaine, fut avisé par les terrassiers qui tite collection, M. Bals m'a fait l'agréable sur-
exécutaient les fouilles pour les pilots des fonde- prise non seulement de me la communiquer
ments, de la découverte de nombreux ossements, (avec l'esquisse de plan que je reproduis ci-dessus,
tessons et objets en métal, qui étaient mis à fig. 1), mais d'en faire don au Musée National
jour sur toute la largeur de 50 m. de la fouille, d'Antiquités, ce dont je le remercie encore à
à des profondeurs allant de 0.50 —1.50 m. Arrivé cette place.
trop tard pour corriger la fouille au point de

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3*

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\ \SII I l'\l!\ \\

par les ouvriers qui l'ont découvert, ne représente pas moins un enrichissement tout
à fait remarquable de nos connaissances protohistoriques.
Nous devons tout d'abord préciser le caractère de la nécropole. Si telle urne funé-
raire de Gruia témoigne du rite de l'incinération, le nombre des inhumations paraît
avoir été encore plus grand, à juger d'après les nombreux ossements non calcinés, que
les ouvriers ont bouleversés partout dans les fosses qu'ils avaient exeavées pour les pilots
d'un bâtiment à construire. D'autre part l'inventaire funéraire appartient à deux épo-
ques nettement différentes et à trois civilisations bien caractérisées. Tandis que les
lances en fer et surtout la belle épée parfaitement conservée appartiennent à l'âge
de La Tène (II), la céramique et les objets de parure, tous en bronze, sont de types
illyriens absolumeiits identiques avec ceux constatés dans les couches hallstattienncs
de Donja Dolina d'abord, de Glasinac, Jezerine, etc.,
en second lieu. Certains tessons enfin sont de facture
géto-danubienne, toujours du premier âge du fer.
\A- problème historique est donc très simple: nous
constatons deux couches, dont la plus profonde, du
premier âge du fer, à prolongements typologiques
dans l'âge du bronze récent, est d'aspect plutôt «illy-
rien», tandis que la couche supérieure trahit la pré-
sence des Celtes — après 300 av. J.-Chr. — dans cette
région aussi. Mais l'examen des objets eux-mêmes va
nous procurer des renseignements beaucoup plus précis
que ces conclusions tout à fait générales.
La céramique. Tous les vases de Gruia sont faits
sans l'emploi du tour. Quant aux formes, nous re-
tenons d'abord (fig. 2) la présence des grandes urnes
«en cloche», hautes de c. 33 cm, décorées d'un seul
cordon, en bourrelet entrecoupé, à la hauteur des
"A- anses, et de quatres proéminences placées en croix
tenant lieu d'anses: deux horizontales, à profil con-
cave, et les deux autres verticales, à profil convexe. Ces urnes à pâte très poreuse et
légère, assez mal cuite, de couleur rougeâtre, trouvent leurs analogies d'un côté en
Transylvanie dans la vallée du Mures à la dernière période de l'âge du bronze, p. e.
à Bandul-de-Câmpie J) ou à Lechinla-de-Mures *), de l'autre en Ulyrie, dans la vallée
de la Save, à une époque plus récente 3 ), p. e. à Donja Dolina 4 ). Cependant la fac-
ture et les détails de la décoration de l'urne de Gruia, en premier lieu les proémi-
nences horizontales à profil concave, servant d'anses, tiennent beaucoup plus de
Donja Dolina que de Lechinţa-dc-Mureş. E t de même, tel cas isolé de la présence
des urnes en cloche à Ripacb) ou à Jezerine 6) ne doit pas nous tenter non plus à trouver

*) Pârvan, Gctica, p. 422 et fig. 286. La Tène.


2
) Popescu, Fouilles de Lechinţa de Mures, dans *) Cp. les planches du long rapport de Truhelka
cette revue même, II 1925. dans les WMBH. IX 1904.
3 6
) En général nous nous trouvons ici au premier ) Radimsky, ibid., V 1897, pi. XXXV suiv.
âge du fer ; cependant telle forme «hallstattienne» «) Radimsky, ibid., I l l 1895, p. 93, 114, 170.
se retrouve aussi à côté des formes de l'âge de
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36
CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

des relations plus étroites de la civilisation de Gruia avec ces régions. Ni la haute vallée
du Mures ni les hautes vallées bosniaques des affluents de la Save n'ont pas beaucoup
à dire dans la question des formes de la céramique que nous rencontrons sur le Danube
serbo-valaque vers 500 av. J.-Chr.
En effet les autres formes de vases aussi sont caractéristiques en premier lieu
pour la vallée de la Save au premier âge du fer, et presque point pour la région des
Alpes Dinariqucs. Nous possédons cinq coupes de Gruia appartenant chacune à un
type différent (fig. 3). Parmi ces coupes sans doute le type à deux anses, à canne­
lures horizontales sur le col et obliques sur la panse et à deux proéminences faisant
croix avec les anses,
est décisif pour l'iden­
tification des origines
de la civilisation de
Gruia. Caractéristique
pour l'âge du bronze
récent dans les pays
carpatho-danubiens ] )
le type de vases a proé­
minences en forme de
cornes et à cannelures
horizontales sur le col,
obliques sur la panse,
parfois (les coupes-tas­
ses à une seule 'anse)
à bords découpés obli­
quement vers l'anse, s'est répandu jusqu'en Dalmatie 2 ) et jusqu'à Troie 3 ). Mais tandis
que dans le pays d'origine ce type disparaît par la suite, il fleurit au contraire dans
les régions d'infiltration et, justement dans la vallée de la Save, jusqu'à l'approche
du second âge du fer, peut-être même pendant les premiers siècles de cette époque.
L'un des centres où ce type est par excellence représentatif, est encore toujours la
station de Donja Dolina 1 ). Quant aux autres quatre formes de coupes elles se ren­
contrent aussi en Dalmatie, mais elles ne sont pas caractéristiques pour cette région;
bien au contraire, la coupe à large ouverture à quatre proéminences en croix est très
commune en Dacie aussi à l'âge «scythique» 5 ), c'est-à-dire contemporanément avec les
stations illyriennes, tandis que la coupe à pied surélevé est une apparition habituelle
du premier âge du fer, et ensuite du second âge aussi, un peu partout.
x
) Cp. les vases de Borsod sur la Theiss supé­ etc., naturellement, plus ou moins modifié.
3
rieure chez H a m p e l , A bronzkor emlékei Magyar- ) Schmidt, chez Dôrpfeld, Troja u. Mon, A t h è ­
horiban I I , pi. C X L I 2 ; le vase de Boian sur le nes 1902, p . 594 suiv. — Q u a n t a u x t y p e s lusa-
D a n u b e inférieur chez Christescu, d a n s cette re­ ciens de la m ê m e origine, gétique, ils sont u n peu
v u e m ê m e , I I 1 9 2 5 ; le vase de Târgul-Mureşului différents des vases cités ci-dessus, note 1.
4
(pour les cannelures) chez P â r v a n , Getica, p . 307 e t ) Les exemplaires trouvés ici, des formes les
les considérations historiques chez P â r v a n Dacii la plus variées, d é r i v a n t d u m ê m e t y p e initial, sont
Troia, d a n s la revue Orpheus, I I 1926, p . 3 suiv. très n o m b r e u x ; v. chez T r u h e l k a d a n s les WMBH.
2
) P . e. à Sanskimost (chez Fiala WMBH. VI I X 1904, pi. X X I suiv.
6
1899, p . 66), à Strbci (chez le m ê m e , ibid., p . 55), ) P â r v a n , Getica, p . 427, 4 3 1 , etc.
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37
VASii.r. I'AKVAN

Objets en bronze. Encore plus spécifiquement illyriens sont quelques-uns des


objets de parure recueillis dans les tombes de Gruia. La fibule en bronze à arc demi-
circulaire (fig. 4 et f>) longue de T.iî cm. est d'un type connu à Glasinac (en argent) 1 )
et surtout à Donja Dolina 2 ). Truhelka a fait la statistique des découvertes de ce type
«grec», et il a constaté qu'il est assez fréquent
en territoire illyrien, en bronze et en argent,
mais qu'en ce qui concerne sa dispersion vers
le N il ne dépasse pas la Save'*). Moins carac-
téristiques sont les autres objets, sauf un seul
dont nous nous occuperons aussitôt; en effet
le torques tordu (fig. 4, en haut), le bracelet en
barre massive dépassant des deux bouts le
cercle (fig. 4, en bas), les doubles aiguilles
enroulées en papillotes, constituant éventuel-
lement un bracelet, comme en fig. 6, et les
petits cercles en feuille de bronze très mince,
décorés de simples rainures superficielles dans
le sens de la longueur (fig. 7), ne pourraient
pas passer pour des produits exclusivement
illyriens. Au contraire le pendantif ajouré, en
grelot 4 ), à boule intérieure en plomb, ayant
servi comme parure annexe des ceintures ou
des franges des vêtements r') (fig. 8), est clas-
sique pour les tombes du premier âge du
fer — et probablement dans les commence-
ments du La Téne aussi — dans tout le ter-
ritoire illyrien: à Maladji en Albanie 6 ), à
Fig. 4. Stagno7), à Glasinac8), à Jezerine9) et, natu-
rellement, très souvent, à Donja Dolina l 0 ) , —
partout Ton rencontre ces petits ornements à sonnette, dont les Illyriens paraissent avoir
raffolé. — À côté de ces parures en bronze, l'apparition à Gruia aussi d'une lance
en bronze (toutes les autres sont en fer: v. ci-dessous) est tout-à-fait inattendue (fig. 9
en haut, à dr.). Or, à l'examiner de plus près, cette lance — d'ailleurs très petite: à
peine de 21 cm avec la douille — se trouve être une simple imitation des lances en
fer contemporaines et n'a rien de commun avec les lances authentiques de l'âge du
bronze. En effet elle n'est pas fondue, mais b a t t u e : l'on peut très bien reconnaître

») Stratimirovié, dans les WMBH. I 1893, p. 5


) Truhelka, /. c , p. 86.
122, fig. 22. •) Nopcsa, WMBH. X I I 1912, p. 174.
2 7
) Truhelka, ibid. I X 1904, pi. LVIII, fig. 4 ; ) Poscdel, ibid., X I , pi. X X I , 12 et 18.
L I X 7 ; L X V I I I 9 ; cp. p. la description, p. 110 *} Fiala, ibid., I l l p. 10; Truhelka, I, p. 100;
suiv. et 122. Fiala, V, p. 5, etc.
3
) Ibid., p. 69 suiv. 9
) Radirnsky, ibid., I l l , p. 113.
4 ,0
) Truhelka les appelle: triinenforrnigegeschlitzte, > Truhelka, ibid., I X , pi. X L 11, L U I 23,
an einem Ringe hangende Bronzeaiihiingsel, l.'c, LVIII 28, L X X V I 6, 8, 9.
p. 131.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

la manière dont on Ta obtenue d'une simple feuille de bronze coupée en triangle très
aigu. Comme pour les socs de charrue ou les haches à douille ou les talons de lances,

Fig. 6.

en fer, ainsi pour cette lance en bronze, on a rabattu autour d'un noyau rond les
deux marges de la feuille devant
constituer la douille et on les a
réuni autant que possible à force
de coups de marteau.
Un détail caractéristique mé-
rite encore d'être noté. Le pro-
priétaire du torques n'a pas été un
richard : sa modeste parure en
bronze est par deux fois rapiécée,
Fig. 7.
à clous en fer : à chaque brisure la
pauvre barre, originairement tor- Fig. 8.
due avec élégance, a été battue d'une manière très rustique, afin de devenir assez plate
pour être trouée (deux trous pour chaque brisure) et clouée.
Si les objets en bronze vont d'accord avec la céramique en ce qui concerne l'époque,
appartenant sans conteste encore au style du premier âge du fer, tout autre est le
cas des objets en fer, qui ne pourraient être datés qu'après 300 av. J.-Chr.
E n effet les sépultures de Gruia ont fourni plusieurs lances et javelots (fig. 4 et 9)
et deux épées en fer (fig. 10) appartenant à la deuxième période de l'âge de La Tène. E n
voici la description sommaire. 1. Lances à larges ailerons, de 0.38 m et 0.36 m de lon-
gueur et c. 0.06 — 0.055 de largeur; 2. Lances à fer long, à nervure parfois très saillante
et à ailerons plutôt étroits, de c. 0.38 et 0.34 m de longueur et c. 0.04 de l a r g e u r 1 ) ;
c'est le type commun de l'époque en Europe centrale, p. e. en Bavière ou en Suisse 2 );
3. Javelot à pointe très petite: sur 19 cm de longueur, la pointe n'en occupe que 7 ;
les ailerons de la pointe, très étroits: 2 c m ; 4. Javelot à tige conique et pointe quadran-
gulaire, sans ailerons, long de 18 cm; c'est un type connu au premier âge du fer aussi 3 ),
1 2
) Une de ces lances (fig. 4) a les ailerons brisés; ) Cp. chez D é c h e l e t t e , Manuel, I I 3 , p . 1145,
on peut c e p e n d a n t reconstituer avec assez de cer- fig. 1 et 2.
3
titude le contour du profil original. ) Ibidem, I I 2, p . 746, fig. 1.
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39
VASILK PÂRVAN

mais qui est encore plus répandu à l'âge de La Tènc dans tous les pays carpatho-
danubicns, depuis la Dacie ') jusqu'en Dalmatie 2 ).
Quant à la petite pointe de lance, battue en bronze (fig. 9 en haut à droite)
dont nous avons parlé plus haut, elle rentre aisément dans le système typologique du
second âge du fer.
Cependant les épées seules nous aident à dater les sépultures de Gruia d'une ma-
nière vraiment bien]définie. Des deux exemplaires que l'on y a trouvés, l'un ne re-
présente plus qu'un tron
çon de la lame (mince et
à nervure assez saillante)
long de c. 60 cm et large
de c. 4 cm ; l'autre, au
contraire, admirablement
conservé, long de 1.02 m
et large de 45 mm, est un
très bel exemple, typique,
des longues épées du se-
cond âge du fer, emplo-
yées par les Scordisques
de chez nous entre 300 et
100 av. J.-Chr., et dont
de nombreux exemples
ont été trouvés sur la rive
roumaine du Danube ser-
b e : p . e. à Turnu-Severin
une épée longue de 0.995
m sur 5 cm de largeur,
dans l'île de Simian une
autre de 0.975 x 0.055,
etc. 3 ). L'épée bien con-
servée de Gruia a été trou-
Fig. 9. vée avec une grande par- ^i« I0-
tie de son fourreau ; ce-
pendant par un certain hasard malencontreux 4) la gaine qui était très rouillée, après
avoir rempli sa mission de nous conserver presque intacte la lame de cette épée, s'est
évanouie en poussière.
Pour ne rien omettre, il faut enfin citer la grande hache-marteau en pierre polie,
à ce qu'il paraît, à peine ébauchée, sans trou d'emmanchement, et le fragment de
hache en pierre verte (fig. 4), trouvés dans la même fouille que les autres objets déjà
décrits, de l'âge du fer. L'apparition de ces deux témoignages néolithiques ne peut
cependant rien prouver quant à l'existence d'une couche néolithique à Gruia. Nous les
l 4
) Pârvan, Grtica, p. 513 et fig. 355. ) M. Bals ne peut pas s'expliquer le malheur;
*) P. e. à Bihac, v. WMBH. IV 1896, p. 186. un beau jour il découvrit que l'épée avait perdu
3
) V. chez Pârvan, Getica, p. 505 sniv. et pi. son fourreau: probablement quelque domestique
XXXVII fig. 1 et 3. l'avait laissée tomber par terre.
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40
CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

attribuons, surtout la moitié de hache en pierre verte, au culte de la foudre et aux


autres superstitions de l'âge du fer, en rapport avec le culte ancestral de la hache.
Comme en Gaule 1 ), ainsi en Dacie les hommes du second âge du fer ajoutaient aux
autres offrandes faites au mort aussi la moitié d'une hache en pierre polie.

L'ensemble des objets trouvés à Gruia ne résout pas de par soi-même le pro-
blème historique qui se présente ici: «les restes illyriens sont-ils à Gruia antérieurs aux
restes celtiques, ou bien contemporains?» Car rien n'empêche de retrouver à Gruia
aussi un phénomène très fréquent dans la civilisation de certaines régions de l'Europe
à l'âge de La Tène, c'est-à-dire la survivance des formes hallstattiennes à travers tout
le second âge du fer. E t c'est justement en territoire illyrien que ce phénomène est très
commun. Nous voyons p. e. à Jezerine une synthèse extrêmement curieuse des formes
hallstattiennes avec celles de l'âge de La Tène, avec prédominance absolue des anciennes
traditions illyro-gréco-italiques du premier âge du fer, sur lesquelles les formes «La
Tène» se greffent comme de simples annexes spécialisées (fibules), de nature complète-
ment étrangère à l'esprit général de la civilisation locale 3 ). On peut dire qu'il n'y a pas
de vrai La Tène dans les Alpes Dinariques et dans les hautes vallées illyriennes qui
descendent vers la plaine de la Save. Ni la céramique ni les armes celtiques ne se ren-
contrent dans ces régions. N'était telle fibule de la Il-e ou I l l - e période de La
Tène, nous ne pourrions jamais songer à dater telle urne parfaitement hallstattiennc
ou villanovienne au Il-e ou au I-er s. av. J.-Chr. E t M. Grenier a constaté un phéno-
mène identique en Alsace: «la civilisation de Hallstatt se perpétue, en Alsace, jusqu'aux
abords de la période romaine. La civilisation de La Tène y est peu représentée et mal
caractérisée. Quelques tombes plates à inhumation apparaissent en quelques points,
aussi bien au nord qu'au sud du pays, conjointement aux tumuli qui abritent confusé-
ment des incinérés et un petit nombre d'inhumés. Les deux espèces de sépultures,
tombes plates et tumuli, contiennent des objets identiques (c'est le cas pour les incinérés
et les inhumés de Donja Dolina, de Jezerine et des autres stations illyriennes aussi);
dans les unes et les autres le prolongement des traditions hallstattiennes se mêle au
slyle nouveau de La Tène (ce que nous avons précisé pour l'Illyrie aussi). L'évolution,
en un mot, est lente et sans rupture» 3 ). Or c'est le cas aussi pour les régions de l'Europe
danubienne où les Scythes prenant résidence encore en plein âge de Hallstatt s'assimilent
très vite aux indigènes, acceptent les formes locales de la civilisation du premier âge
du fer, et, lorsque les Celtes arrivent, résistent comme les Illyres, empêchant la flo-
raison des nouvelles formes. M. Louis de Mârton a relevé le fait très intéressant qu'à
Gyongyôs, dans le Heves, l'inventaire iranien — de caractère très différent de l'inven-
taire transylvain, mais identique avec l'inventaire de la Russie scythique — s'entremêle

») Cp. Déchelettc, Manuel I , p . 1 0 ; I I 3, p . (p. 212) v i s a n t à d é m o n t r e r l'existence d'une ci-


1042 et 1300. vilisation celtique n o n seulement d a n s les Alpes
2
) Cp. le mobilier de la tombe 161 (p. 101), ou noriques et p a n n o n i e n n e s , mais en D a l m a t i e aussi,
de la t o m b e 208 (p. 111), ou encore celui de la sont c o m p l è t e m e n t erronées.
3
t o m b e 278 (p. 126 suiv.), ou de la t o m b e 414 ) A. Grenier, La population de VAlsace à l'époque
( p . 159), chez R a d i m s k y , d a n s les WMBH. III gallo-romaine, d a n s Revue Anthropologique, XXXVI
1895, p . 39 — 218. Les conclusions de R a d i m s k y 1926, p . 232.
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41
VASILE TAIWAN

de formes La Tène ' ) , qui le situent au IV-e s. av. J.-Chr., sans toutefois lui rien
prendre de l'aspect exotique et extrêmement conservatif qui lui était propre. Au con-
traire, comme en Dacie 2 ), comme en Alsace 3 ), comme eu Europe Centrale 1 ), ainsi à
Gyongyôs ce sont les formes de tradition néolithique qui prennent le dessus à l'époque
hallsiaitienne et réussissent à se maintenir même à l'âge de La T è n e 6 ) .
Toute autre est la situation dans les stations hallstattiennes dcl'Illyrie (cp. fig. 11);
à différence de la Dacie où le fil est ininterrompu depuis le néolithique jusqu'il l'âge de

LÏLLYRIE ET L'EMPIRE CEUIQVE DE LA PLAINE PACOPANNONIENNE AV ffl-i S


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Localités a découvertes cel/iţnes;Locatile's or eteevut/erfes illy/uenrte.i/ Ljjca/ile\ra c/ecottuer/es rrrï*/es

Fig. 11.

La Tène, il nous semble qu'un certain hiatus dans la continuité ethnographique et de ci-
vilisation est manifeste justement dans la vallée de la Save et les régions voisines de la
Dacie. À Donja Dolina, comme dans les Alpes Dinariques c'est tout un monde nouveau
qui semble surgir vers 1000 av. J.-Chr. L'Illyrie ne possède pas un vrai ancien âge du
bronze. Entre le monde de Donja Dolina et celui de Butmir il n'y a aucune continuité.

») D a n s VArchaeologiai Értesitô, X X V I I I 1908, 1926, p . 231 suiv.


4
p . 5 2 : «midon h a z â n k foldén a La Tène k u l t û r a ) Hoerncs-Mcnghin, llrg. d. bild. Kunst, Vienne
m â r ismert volt». 1925, p . 488 suiv.
*) P â r v a n , Getica, p . 367. •) Cp. chez M â r t o n , d a n s Y Arch. Êrt., X X V I I I
3
) Forcer et Grenier: cp. Rev. Anthrop. X X X V I 1908, les tessons de la p . 40.
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CONSIDÉRATIONS SIJK L I S SKI'I l/IUKKS CKLTIQl KS DE GRUIA

Stanley Casson a essayé de trouver la clé de l'énigme dans une migration «danubienne»
des hommes du bronze vers l'O illyrien à une époque assez récente de l'âge du bronze,
migration suivie par une autre, «hallstattienne», vers le S, partant d'un centre de disper-
sion situé dans l'actuelle Autriche, autour de Hallstatt même '). Nous y reviendrons
plus bas. Ce que nous voulons relever tout de suite, c'est qu'un hiatus analogue à celui
qui précède le «hallstatt» illyrien, le suit aussi. Les Iliyres passent du «premier âge du
fer» directement à l'«âge romain». E t tandis que l'Italie septentrionale, le Norique,la
Pannonie et la Dacie deviennent tout-à-fait «celtiques», FIllyrie n'en veut rien savoir 2 ).
Cependant le Danube est un fleuve par excellence celtique: depuis ses sources jusqu'à
son embouchure les châteaux forts celtiques se suivent presque sans interruption.
La capitale des Scordisques est Singidunum (Belgrade), à l'embouchure de la Save
illyrienne 3 ). Heorta, Capedunum et Bononia*) gardent aussi le Danube serbo-roumain 5 ).
E t pourtant, quoique nous soyons à la deuxième période de La Tène, pas un seul tesson
celtique à Gruia: les épées celtiques restent tout-à-fait solitaires au milieu des parures
et de la céramique illyriennes, hallstattiennes. D'autre part l'âge du fer illyrien ne
connaît pas les armes celtiques, tandis que les sépultures de Gruia, tellement illyriennes
par la presque totalité de leur mobilier, sont celtiques par les armes. Il n'y aurait donc
qu'une seule conclusion à toutes ces constatations: les Illyres de Gruia seraient vraiment
d'un autre temps que les Celtes, et l'arrivée de ces derniers aurait été ici plus récente.
Le problème des sépultures celtiques de Gruia se divise donc en deux: I. L'arrivée
des Illyres au milieu des Géto-Thraces de Gruia. I L L'arrivée des Celtes dans cette en-
clave illyrienne, établie au milieu des Thraces.
Casson admet une migration illyrienne, partant de Hallstatt, au début de l'âge
du fer, en aval du Danube, vers la «Bulgarie» aussi: «The same movement which pro-
jected the Iron Age Illyrians into Bosnia sent bodies of a similar stock south-east to
Macedonia and eastwards to Bulgaria. These latter branches reached their destinations,
certainly in the case of Macedonia and probably in t h a t of Bulgaria, at an earlier
date t h a n t h a t at which the Illyrian body descended the Save tributaries. Only
at Donja Dolina and Zara do we find earlier Iron Age sites. The fuller development
of the Serajevo region comes later, after 900 at the earliest and probably later»
(o. c, p. 326). Malgré l'accent et la précision que donne Casson à son opinion
concernant la migration illyrienne en Bulgarie, nous ne pourrions sous aucune forme
admettre cette thèse. D'ailleurs l'auteur lui-même ne peut fournir, sauf quelques in-
dications sur la civilisation de La Tène en Bulgarie, apportée ici par les migrations
celtiques (p. 309), rien d'autre que des appréciations d'ordre général sur l'âge du fer
de la Macédoine, plus ancien que celui de Bosnie, mais «mostly of the same type and
date» qu'en Serbie et en Bulgarie (p. 306).

1
) Macedonia, Thrace and Jllyria; their relations p a r a î t accepter — lui aussi — l'opinion de Munro) ;
to Greece from the earliest times donn to the time of or, d a n s toute l'Illyrie a u S de la Save il n'y a ni
Philip son ofAmyntas, Oxford, 1926, p . 287 — 327. population ni civilisation celtiques: les a r m e s ,
2
) Il est très é t o n n a n t de constater que certains les p a r u r e s , la céramique sont non-celtiques !
3
archéologues o n t cru pouvoir affirmer q u ' à J e - ) J u s t i n , X X X I I 3.
4
zerine nous avons affaire à des Celto-IUyres, ) Cp. Camille Jullian, Histoire de la Gaule I ,
seulement parce que l'on y trouve un certain nom- p . 296 suiv.
5
bre de fibules La Tène (Casson, o. c , p . 302, qui ) P â r v a n , Getica, p . 65.

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4
VA SI LE PÀKVAN

Car presque tous les monuments hallstattiens publiés par Poppoff '), et sur lesquels
s'appuie Casson aussi, sont de Macédoine et non de Bulgarie. Mais même s'ils en étaient,
il ne suffit pas de quelques fibules pour décider d'une question si complexe que les migra-
tions illyriennes vers le S et vers l'E. Il s'agit ici d'une conclusion analogue à celle tirée
par Radimsky 2 ), qui voulait trouver aussi en Bosnie le même La Tène qu'en Autriche
et en Hongrie, seulement parce qu'il avait découvert beaucoup de fibules de l'âge de
La Tène à Jezerine. E n effet la Bulgarie est reliée, à l'âge du fer, aussi étroitement à
la Valachie, qu'elle l'avait été à l'âge énéolithique et à l'âge du bronze. Ni en Valachie
ni en Bulgarie les Illyres n'ont rien à chercher. C'est déjà beaucoup si nous y rencon-
trons quelques faibles échos de leurs industries, d'ailleurs comme activité propre en
pays dinariques, tout-à-fait modestes.
Le problème doit être au contraire totalement renversé: entre 700 et 300 av. J.-Chr.
(les limites extrêmes des documents «illyriens» de Gruia) ce sont plutôt des mouve-
ments de population et de civilisation qui remontent le Danube bulgaro-roumain et
serbo-roumain: ce sont les Scythes qui venant de l'E occupent la Dacie et la Thrace
et repoussent devant eux vers l'O tous ceux qui essayent de leur résister: c'est à cette
époque, que les tribus daco-gètes du Banat et de la Petite-Valachie commencent leur
migrations vers la Dalmatie et la Péonie, où ils fonderont Thermidava, Eiminacium,
Berzumnum, Adzidzium, Asarnum, Blandona, Desudava, etc. etc. 3 ) et le nom des Daoi
aorsoi (Daorsi) : «les Daces blancs», devient épichorique dans la région de Spalato 4 ).
Un mouvement contraire, en aval du Danube, ne se prononce à l'âge du fer qu'à
partir de la fin du V-e s., lorsque la pression celtique commence à repousser vers l'E
tous les peuples du Danube moyen et inférieur. Il est très probable qu'à l'approche des
Taurisques, et plus tard des Boïens et des Scordisques, les tribus illyriennes de la vallée
de la Save aient dû chercher refuge soit dans les hautes vallées des affluents de la Save
et du Danube serbe, soit en aval de ces deux grandes vallées jusqu'en Petite-Valachie et
en Bulgarie occidentale. Les Thraces Triballes qui habitaient la vallée inférieure de la
Morava (Margus) paraissent avoir été déplacés vers l'E, jusqu'à l'Iskcr bulgare
(Oskios — Oescus), déjà vers le commencement du IV-e s. E n effet la grande invasion
triballique de l'an 376 contre Abdère et la côte thrace de l'Egée ne pourrait être expli-
quée sans le bouleversement produit par les Celtes dans les pays du Danube moyen et
de la Save 5 ). Or vers la même époque les Celtes pénétraient chez les Ardiens et les
Autariates aussi, entre les Alpes Dinariques et la région côtière qui s'étend depuis la
péninsule d'Istrie jusqu'à la vallée de la Narcnta (i). Ce qui est maintenant décisif pour
notre démonstration, c'est que déjà en 335 les Autariates s'étaient déplacés très loin
vers l'E, occupant le territoire situé immédiatement au N du pays des Agrianes. Les
renseignements de Ptolémée fils de Lagus, chez Arrien, combinés avec les informations
de Diodore et de Strabon, mènent à la conclusion tirée déjà par Zippel 7 ), que les Auta-

B
' ) D a n s l'Annuaire du Musée National de Sofia ) V. chez G. Zippel, Die rômische Herrschaft in
I I 1921, Sofia 1922, p . 152 suiv. (en b u l g a r e , avec Illyrien bis auf Augustus, Leipzig 1877, p . 31 suiv.,
u n t r è s bref résumé en français). le recueil des t e x t e s anciens c o n c e r n a n t ces évé-
2
) D a n s les WMBH. I I I 1895, p . 2 1 2 ; c p . d'ail- nements.
6
leurs Casson aussi, ci-dessus, p . 4 3 , note 2. ) Cp. Zippel, p . 34 et suiv.
3 7
) P â r v a n , Getica, p . 229 suiv., 672, 745 et 7 5 1 . ) 0. c, p . 38 suiv., avec les passages des au-
4
) Ibid., p . 38, 229 et 745. t e u r s anciens.

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CONSIDÉRATIONS SUR LES SEPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

riates avaient occupé après leur défaite dans leur pays d'origine, sur la Narenta, la
vallée de la Morava bulgare, devenant avec les Dardanes les voisins septentrionaux
des Péoniens.
Ces mouvements étaient encore en 335 en plein développement: c'est la raison pour
laquelle Alexandre le Grand entreprend son expédition contre les Triballes et les Illyres
«voisins entre eux» ' ) . Il pouvait s'attendre à chaque moment à une invasion analogue
à celle de l'an 376 contre Abdère. Or les Triballes sont à cette époque si loin vers l'E,
dans la vallée du Danube, que nous pouvons admettre Oescus déjà en 335 comme ca-
pitale de leur royaume 2 ). Mais en ce cas les Illyres, leurs «voisins» doivent occuper le
territoire immédiatement à l'O du Timacus. La présence d'objets d'aspect illyrien du
premier âge du fer en Triballic et en Dardanie ne devrait donc pas nous surprendre:
tous ces peuples se réfugiant au devant des Celtes portaient avec eux leurs anciennes
traditions industrielles.
Cependant les Celtes occupaient toute la région danubienne depuis Belgrade (Sin-
gidunum) jusqu'à Widdin (Bononia). Lorsque Brennus se décidait en 280 pour sa
fatale invasion en Grèce, les Celtes possédaient en Mésie supérieure un large territoire,
dont la garde était confiée à tout un peuple. E n effet les Celtes laissés en Mésie ad ter-
minas genlis tuendos sont à eux seuls capables, ne soli desides viderentur, d'armer pe-
dilum quindecim millia, equitum tria millia, de faire la guerre aux Gètes et aux Triballes,
réunis, et de les vaincre : fugatis Getarum Triballorumque copiis 3 ).
Or nous sommes arrivés avec ces événements juste dans la région et à Yépoque qui
nous préoccupent: à Gruia, vers la moitié du I l l - e s. av. J.-Chr. Les armes celtiques
de Gruia, dont l'épée formidable, à elle seule, pourrait nous expliquer la défaite et la
fuite au devant des Celtes, des Géto-Triballes armés de leurs petites sicae 4 ), sont le
témoignage de la prise de possession armée de la rive gétique du Danube par les Gau-
lois. Arrivant après les Illyres, auxquels appartiennent les restes pacifiques: vases et
parures, trouvés à Gruia, les Celtes trouvent à un siècle près de distance toute une civi-
lisation «illyrienne», dans ces régions auparavant purement thraces. Comme à Donja
Dolina, ainsi à Gruia les Celtes n'exercent pas leurs talents civilisateurs: ils y passent

*) V. t o u s l e s détails de l'expédition chez Arrien, moignages des sources littéraires de l ' a n t i q u i t é


I 1 suiv. e t cp. P â r v a n , Getica, p . 43 suiv. avec les découvertes archéologiques de nos t e m p s . —
2
) Cp. chez P t o l é m é e , Gêogr. I I 10, 5 : Oloxoç La question mérite pleinement d'être reprise:
TnipuXX&v. les Celtes — qui o n t évité l'Illyrie — ont long-
3
) Trogue chez J u s t i n , X X V 1. — V . p o u r l'his- t e m p s résidé en territoire thrace (Serbie et Bulga-
toire des Celtes d a n s les B a l k a n s , Camille J u l l i a n , rie). Ils se sont dénationalisés (Florus appelle, p. c.
o. c. I 296 suiv. — Le problème de la diffusion de les Scordisques: saevissimi omnium. . .. Thracum),
l'élément celtique d a n s la péninsule Balkanique mais les traces de leur influence sur la civilisation
a été t r a i t é aussi p a r G. Katzaroff d a n s son é t u d e , des deux Mésies et de la Thrace devraient être
Les Celtes dans l'ancienne Thrace et Macédoine (en appréciables. Les découvertes sur le terrain per-
bulgare), d a n s les „Spisanié" de l'Académie Bul- m e t t r a i e n t — à notre a v i s — d é j à m a i n t e n a n t des
gare des Sciences, X V I I I , 1919, p . 4 1 — 8 0 , et conclusions assez bien définies.
p a r N . Vulié d a n s son article, Les Celtes dans les *) P o u r les sicae trouvées en Olténie, v. I s t r a t i ,
régions yougoslaves (en serbe) d a n s le Glas de l'Aca- d a n s les Mém. de la Sect. Scient, de VAcad. Roum.,
démie R o y a l e Serbe C X X I , Belgrade 1926. Cp. X X X I V 1912, p . 141 suiv. et pi. V I I ; pour celles
aussi Niese, Gesch. d. griech. u. maked. Staaten, I de Bulgarie, Poppoff, d a n s VAnnuaire du Mus.
p . 304 et I I p . 12 s u i v . — A u c u n de ces a u t e u r s Nat. de Sofia, I I 1921, p . 167 et 173.
n ' a c e p e n d a n t essayé de m e t t r e d'accord les té-
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VASILE PÂRVAN

exclusivement en guerriers. Les nombreuses épées celtiques trouvées en Olténie, de Turnu-


Severin à Craiova '), prouvent que les nouveaux venus ont essayé, comme en Bulgarie,
de se créer ici aussi un petit état à eux au milieu des Gèles. Toutefois les renseignements
que les auteurs anciens fournissent sur l'époque suivante montrent qu'au contraire ce
sont les Gètes qui petit-à-petit ont assimilé et anéanti les Celtes '-).
Mais il y a un auteur, c'est vrai, assez tardif, Appien, qui nous donne même le
nom des Illyres que nous devrions chercher dans les îles du Danube serbo-roumain :
dans ses Illyrica, 4, il recueille une légende sur les migrations des Autariatcs, dont nous
avons parlé ci-dessus, et où il les fait prendre résidence dans les régions marécageuses
du Danube gétique: xal r.t)v revwv êXcùôr/xal àotxrjzov, naçà T,<) BaozatQV&P ë&voç, &Xr)oav?)*
Or nous avons déjà poursuivi le mouvement des Autariatcs jusqu'en Dardanie orien-
tale et dans la région des sources du Timacus: il n'y a qu'un pas d'ici jusqu'au Danube
et le récit fantastique d'Appien 4 ), corrigé par les renseignements très précis de Stra-
bon, p . 318, peut servir à l'explication du fait que nous trouvons des éléments de civi-
lisation illyrienne jusqu'en Petite-Valachie.
Il s'agit donc, non pas, comme Casson croyait pouvoir le supposer, d'une migration
«illyrienne» en Bulgarie déjà vers 900 av. J.-Chr., mais tout simplement des Illyres re-
poussés par les Celtes au V-e et au IV-e s. toujours plus loin en aval du Danube.
I I . Il nous reste maintenant à élucider la seconde question principale soulevée par
les découvertes de Gruia, c'est-à-dire à quelle époque et dans quel territoire les Celtes
prennent résidence, lorsqu'ils arrivent sur le Danube moyen. E t avant de commenter
les informations des auteurs anciens, nous allons de suite établir quelques faits histori-
ques de nature plutôt générale.
Le caractère de la pénétration celtique en Illyrie, comme en Dacie et en Thrace,
a été sporadique: des enclaves isolées et d'autant moins nombreuses et peuplées, que
l'on s'éloignait du centre d'irradiation celtique, sis en Pannonie, resp. en Tchéco-
slovaquie. Ces enclaves ont toujours eu t a n t à faire avec leur propre défense, qu'elles
n'étaient pas dans la situation de développer, comme dans les Alpes Orientales ou dans
les Carpathes septentrionaux, les industries par excellence celtiques: la sidérurgie et
la céramique, — ou, pour le moins, de vivre d'une manière indépendante, comme popu-
lation pacifique, agricole et commerçante. C'est pourquoi les Celtes pénétrant en Illyrie»
en Dacie, en Mésie, en Dardanie, en Thrace se sont dissous dans la masse des abori-
gènes. Strabon (p. 304) racontant les guerres du grand roi gète Burebista, dit: tfdr}
ôè xal 'Pcojiiaioiç cpopeqoç tfv, ôtafiaivaov âôewç xov "IOXQOV xal xi)v Sqâxrjv h:i}Xaxô)V [lé.XQi
Maxeôoviaç xal xfjç ' DIVQÎÔOÇ, xovç xe KeXxovç XOVÇ àva/œjiuyjuévovç xoïç xe Oqat-l xal
xoïç 'Ikh'Qioïç èt-£7iÔQ'&r]0£...6). Mais les Romains aussi, dont la pénétration dans les
pays illyriens commence dès la fin du I l l - e s. av. J.-Chr., avaient combattu avec
système et d'une manière très persistante tout essai de prise de possession celtique en
territoire soumis à l'influence romaine. La politique romaine avait poursuivi d'abord
la pacification des pirates Illyriens qu'ils forcèrent à s'occuper d'agriculture (rjvdyxaoav

1
) E n voir la liste chez P û r v a n , Getica, p . 505 m e n e r p a r les contes d ' A p p i e n vers des h y p o -
suiv. et les n o t e s . thèses p a r f a i t e m e n t inacceplahles.
2 5
) P â r v a n , Getica, p . 66 suiv. ) Cp. sur le rôle de Burebista d a n s l'Orient
3
) Cp. P â r v a n , o. c , p . 72. celto-illyro-thrace, Camille J u l l i a n , Histoire de la
4
) G. Zippcl, o. c , p . 153 et suiv., se laisse Gaule I I I , p . 152 suiv.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

yscoQyeïv: Strabon, p . 315, en parlant des *Agôiaîoi). Mais leurs expéditions contre les
Ardiens et les Autariates se compliquèrent aussitôt par des guerillas sans fin contre les
Dardaniens, les Triballes et les Scordisques aussi (Strabon, p. 315 et 318). Or, la situa-
tion était la suivante. Les Celtes arrivés dans la vallée de la Drave et de la Save, où
ils avaient fondé des villes comme Carrodunum ou Neviodunum (v. fig. 11), avaient préféré
d'envahir et de dévaster, plutôt que de coloniser les territoires illyriens des Alpes Dinari-
ques; Strabon nous le dit d'une manière précise à propos des Scordisques: /lexaţv ôè
( AaQÔavlwv ) ie xal XÔJV ""AqbiaUnv ol AaoaQi'pioi elol xal 'AyQiâveç xal alla aarj/ua ëêvrj,
â ênuQÛovv ol IxooÔioxoi /uéxQi rjorj/wioav xi]v %d}Qav xal ÔQvpâjv âpdxov èy rj/iégaç
nleiovç ènofyoav fi.F.oxi)v (p. 318). Mais les invasions celtiques le long de la côte adriatique
au IV-e s. ont dû être encore plus sauvages ! ) . Ce qui est sûr, c'est que les Taurisques
descendant le Noarus, le Dravus et le Savus vers les plaines pannoniennes, se sont
établi au N de la Drave et y ont fondé leurs grands ateliers sidérurgiques, comme celui
de Szalacska au S du lac Pelso. Leur tendance migratoire, de caractère agricole, com­
mercial et industriel a été plutôt vers l'E que vers le S. Comme au IV-e et au ITI-e s.
ainsi vers le commencement du I-er s. av. J.-Chr. les Celtes de la Pannonie avaient
(de nouveau ; cp. ci-dessous) dépassé le Danube, et le royaume de Critasiros avait pour
frontière orientale la Theiss, c'est-à-dire le Celte avait envahi tout le territoire gète
compris entre la Theiss et le Danube. Ce dont Burebista ne manque pas de se plain­
dre, lorsqu'il commence ses grandes guerres contre les Boïens et les Taurisques de la
Pannonie: (les Daces) xaxaTtole/ir/oavxeç Boîovç xal Tavoloxovç, ëxhr] Kelxixà xà vno
KnnaaiQCi), (pdoxovteç eïvai xr)v %d)qav ocpExeoav, xainen noxa/xov ôieioyovToç xov IlaQioov
(1. Ilaûlnov), Qéovxoç àno xcôv OQÛJV ènl xov "IOXQOV xaxà xovç ZXOQÔLOXOVÇ xalovjuévovç
Falàxaç. xal yàg ovxoi xoïç 'IIIVQIXOÏÇ ëêvem xal xoïç Ooqxloiç àvayàÇ &xr\oav àll'
èxEivovç /ièv ol Aaxol xaxélvoav, xovxoiç ôè xal ov/i/zàxoiç ÈyQi'\navxo Ttolldxiç. Les dé­
couvertes archéologiques confirment les dires de Strabon (p. 313): déjà à la deuxième
période de La Tène les Celtes s'étendaient jusqu'à la Theiss et même à l'E de cette ri­
vière. Les restes celtiques, de Koszeg, de Dâlj, de Hôdsâg, de Hatvan-Boldog, de Balsa,
de Gyoma, (TApahida 2 ), démontrent que depuis les Alpes jusqu'en Dacie les Celtes
occupaient toutes les plaines du Danube moyen et que le chemin qu'ils avaient découvert
d'abord vers 400 av. J.-Chr., lorsque leurs guerriers en remontant la vallée du Mures,
étaient arrivés jusqu'à Silivaş, en plein centre de la Transylvanie 3 ), n'avait jamais
été désappris.
Or les Celtes dont il s'agit à Gruia étaient les «petits» Scordisques, d'abord adversaires,
ensuite alliés des Daces. Leurs demeures sont définies par Strabon (p. 318) comme il
suit: âxtjoav ô'ovxoi naqà xov "IOXQOV ôirjorj/iévoi bi%a, ol fièv jueyâloi ZXOQÔCOXOI xalov-
[levoi ol ôè (nxQoi ol fièv juexaÇi) ôveïv Tzoxa/xôjv è/À,ftallovxa>v elç xov "IOXQOV, XOV xe
NOÛQOV XOV naQa rrjv Zeyeoxixrjv QEOVXOÇ*) xal xov Màqyov (xivèç ôè BaQyov epa-

' ) Cp. p o u r les sources, Zippel, o. c , p . 35 suiv. é t a i t aussi i m p o r t a n t que le D r a v u s m ê m e . Q u a n t


2
) Cp. mes Getica, s. v. e t en premier lieu p . à Siscia, «voisine d u Dravus», c'est de la p u r e
482 suiv. confusion: les informations de S t r a b o n é t a i e n t
3
) V. R o s k a , d a n s les Archivele Olteniei V 1926, t o u t à fait erronées; en effet d ' a p r è s cet a u t e u r
p . 50 et P â r v a n , Getica, p . 464. la Save est u n affluent de la D r a v e ; celle-ci à son
4
) P a r le Noarus la source de S t r a b o n indiquait t o u r est u n affluent d u N o a r o s et le N o a r o s est
c Dravus, d o n t l'affluent septentrional, le Noarus, de n o u v e a u identique avec la Save parce qu'il
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VASII.E PA H VAN

ah) '), ol ôè /iixoiH xovxov nênav, ovvâmovreç Tniflattoïç xal Mvaoïç. el%ov ôè xal rdv
njowv rivàç ol ZXOQÔLOXOI, tnl rooovrov ô*fjv$ijô^aav wore xal [ié%Qt x&v ' l/lrnixôjv xal
TÛV IJawrixcov xal Ooaxùov 71QOÎ]\I%V ôoiov xaréa%ov ovv xal ràç Vïjoovç ràç iv rib
"IoTQCp ràç nlriovç, tfoav ôè xal nôleiç avroïç 'Eôqxa xal Kanêôovvov. La description
de Strabon correspond très bien à la situation que les découvertes archéologiques
confirment pour la Il-e période de l'Age de La Tène, c'est-à-dire pour le Ill-e et
le Il-e s. av. J.-Chr. Au contraire à la Jll-e période, après l'an 100 av. J.-Chr., les
Gètes prennent complètement le dessus et les Scordisques subissent le même sort
que les autres Celtes voisins de la Dacie. Ce qu'il faut retenir chez Strabon, c'est
que les Celtes n'habitent de manière vraiment intense que sur la rive même du Danube,
entre les embouchures de la Drave et de la Morava d'un côté, entre celles de la Morava
et du Timoc de l'autre. Ça veut dire que les Scordisques de la rive droite du Danube
ne font que prolonger plus ou moins au sud du fleuve la masse compacte celtique qui
habitait au N de la Drave et du Danube.
Voici maintenant en quelques mots la suite des événements après l'installation dé-
finitive des Romains en Macédoine. En 141 les Scordisques de la Save battent les Ro-
mains; autre guerre en 135. E n 117 le préteur Sexte Pompée est attaqué en Macédoine
par les Gaulois et les Mèdes (les Thraces Maedi). E n 114 C. Porcius Caton essayant
de punir les Scordisques sur leur propre territoire est b a t t u et chassé lui-même, et toute
PIllyrie est ravagée jusqu'à l'Adriatique. Ce n'est qu'en 112 que M. Livius Drusus réussit
à repousser les Gallo-Thraces et à les forcer de faire la paix. Cependant les années
110 et 109 sont troublées par de nouvelles batailles très sanglantes en Thrace (C. Cae-
cilius Metellus) et en pays scordisque, entre le Drin, la Save, le Danube et le Cibre (M.
Minucius Rufus). E n 97 et en 92— 88, d'autres combats et invasions: les barbares ar-
rivent jusqu'à Dodone. Les Gètes sont pendant ces guerres les compagnons fidèles
des Scordisques: Minucius Rufus imperator a Scordiscis Dacisque premebatur, quibus
impar erat numéro, dit Frontin, Strat. I I 4, 3. Mais tandis que les Gètes sont protégés
au-delà du Danube par leurs forêts impénétrables (cp. chez Florus I 39, 6: Scribonius
Curio, en 74 av. J.-Chr. Dacia tenus venit, sed tenebras saltuum expavit), les Scordisques,
comme d'ailleurs les Illyres et les Thraces aussi, sont de plus en plus affaiblis et décimés
par les Romains tenaces et inexorables. Appien, De reb. Illyr. 3, nous le dit ex-
pressément à propos des Triballes et des Scordisques, les voisins directs des Gètes:
les deux nations se sont combattues avec acharnement l'une l'autre jusqu'à ce que
*es restes des derniers Triballes se soient enfuis chez les Gètes de Valachie, de sorte
que leur peuple, qui du temps de Philippe et d'Alexandre était très puissant, perdit
jusqu'à son nom même parmi les nations du Bas-Danube ; quant aux Scordisques affaiblis
dans les mêmes luttes, ils ont été presque anéantis par les Romains et se sont réfugiés
dans les îles du Danube, d'où plus tard ils ont essayé de se sauver en se rassemblant
dans certaines régions de la Pannonie inférieure 2 ).
Nous constatons donc que le travail civilisateur chez les Celtes du Danube méso-
triballique était très enrayé par les suites du désordre ininterrompu qui régnait ici.

a p o u r affluent le Colapis (p. 314). schichtc der gricch. Sprache, p . 236.


2
*) E n thracc le 6 et le m sont c o u r a m m e n t i n t e r ) Cp. p o u r ces é v é n e m e n t s , P â r v a n , Gctica,
c h a n g e a b l e s : v. K r c t s c h m e r , Einleitung in die Gc- p . 65 — 75 et les a u t e u r s cités p . 4 5 , n. 3.
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CONSIDÉRATIONS SUR LES SÉPULTURES CELTIQUES DE GRUIA

Tandis que les Celtes de la Pannonie et de la Dacie développaient toute une civilisation
«celtique», d'une richesse et variété comparables à celles de la Gaule et des pays du Da­
nube supérieur, les Scordisques disparaissaient presque sans laisser d'autres traces de leur
existence sauf les armes avec lesquelles ils s'étaient défendus jusqu'à la dernière heure.
Il nous reste maintenant une seule question encore à élucider à propos des sépul­
tures de Gruia: celle d'une éventuelle contemporanéité des vases et des parures de ces
tombes, avec les lances et les épées trouvées à la même place. L'on peut aisément
constater en Illyrie que la céramique de type carpatho-danubien de l'âge récent du
bronze et du premier âge du fer continue à être en usage même à l'âge de La Tène.
Radimsky a même relevé le fait suivant, d'une importance décisive: «auf der Drehscheibe
erzeugte Thongefăsse kamen in Jezerine ziemlich selten vor und gehoren fast durchaus dem
Formenkreise rômischer oder griechischer Gefiisse an, so dass man schliessen darf, die
Einwohner des Landes haben in der La Tène-Période nur aus freier Hand Thongefăsse
erzeugt, und der Gebrauch der Tôpferscheibe sei ihnen erst durch die Rômer bekannt
geworden» '). Mais il y a autre chose encore: nulle forme céramique de type celtique n'est
adoptée par les Illyres, comme c'est si souvent le cas en Dacie, où tant de formes nouvelles
se retrouvent en technique paysanne tout simplement façonnées à la main, à côté des
vases tournés, de la même époque, soit importés des Celtes du NO, soit fabriqués en Dacie
Les armes celtiques de Gruia, datables à la deuxième période de La Tène, auraient
donc très bien pu être contemporaines de la poterie «illyrienne» que l'on y a découverte.
Cependant il faut relever de suite le cas tout-à-fait exceptionnel où se trouveraient les
Celtes enterrés de cette façon, pêle-mêle avec des étrangers et avec un mobilier funé­
raire étranger.
Encore plus difficilement pourrions-nous admettre une contemporanéité des pa­
rures et des épées de Gruia. En effet les fibules de l'âge de La Tène ont vite trouvé
leur chemin même dans les coins les plus reculés de l'Illyrie. Il suffit de parcourir les
rapports des fouilles de Jezerine (Radimsky), de Sanskimost (Fiala), et, naturelle­
ment, de Donja Dolina (Truhelka) 2) [l'emplacement classique pour les formes cérami­
ques et autres de la civilisation illyrienne de la vallée de la Save], pour se convaincre
aussitôt que les Illyres eux-mêmes ont adopté les types celtiques de fibules et que par
suite en aucun cas et sous aucun motif la belle fibule en arc de Gruia n'aurait pu appar­
tenir ni à un homme ni à une femme de l'âge de La Tène. Quant aux pendantifs en forme
de grelots, ils sont si caractéristiques pour l'époque pré-La Tène (ou au plus tard archaeo-
La Tène) d'Illyrie, qu'ils constituent, à côté de la céramique, le trait ethnographique le
plus frappant pour le non-celtisme du mobilier funéraire en bronze trouvé à Gruia.
Force nous est de tirer maintenant les conséquences de notre brève analyse des
sépultures de Gruia. La pénétration illyrienne en aval du Danube, en pays gétiques,
déjà avant l'arrivée des Celtes, mais sûrement provoquée par leurs invasions en terri­
toire proprement illyrien, dans la vallée de la Save, nous paraît parfaitement assurée
et datée par les découvertes de la couche la plus ancienne de Gruia. À un siècle près
de distance suivent les Celtes eux-mêmes. Les sépultures celtiques de Gruia sont ex­
clusivement de temps de guerre. Nul objet celtique de nature pacifique n'y a été trouvé.

2
*) Radimsky, Die Nekropole von Jezerine in Pri- ) Dans les WMBH. Iïï 1895, VI 1899 et IX
toka, dans les WMBH. III 1895, p. 195. 1904.
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VASILE PÂRVAN

11 s'agit s a n s d o u t e d ' u n e de ces e x p é d i t i o n s ou r e t r a i t e s m a l h e u r e u s e s , s c o r d i s q u e s , d a n s


les îles d u D a n u b e , si s o u v e n t m e n t i o n n é e s p a r les a u t e u r s a n c i e n s . Mais les t o m b e s
d e G r u i a s o n t décisives aussi à u n a u t r e p o i n t de v u e , d e c a r a c t è r e h i s t o r i q u e g é n é r a l .
Les r e l a t i o n s d e la D a c i e a v e c le SO illyrien s o n t t r è s a n c i e n n e s : déjà à l'âge énéoli-
thiqtic des formes et des motifs a r t i s t i q u e s d a n u b i e n s t r o u v e n t leur c h e m i n v e r s l'A­
d r i a t i q u e . À la d e r n i è r e p é r i o d e d e l'âge du b r o n z e c'est l'ouest v é n é t o - i l l y r e q u i r e m ­
plit d e ses p r o d u i t s i n d u s t r i e l s t o u t le massif des C a r p a t h e s . Or l'invasion s e y t h i q u e
r e p o u s s e v e r s l'O t o u t e s les n a t i o n s d e la vallée d u D a n u b e et d e la m o i t i é o c c i d e n t a l e
de la P é n i n s u l e des B a l k a n s . Les s é p u l t u r e s illyriennes de Gruia q u i s o n t p o s t é r i e u r e s
à la g r a n d e i n v a s i o n s e y t h i q u e , m a i s a n t é r i e u r e s à la g r a n d e i n v a s i o n c e l t i q u e d u I l l - e s.,
m o n t r e n t c o m b i e n i m p o r t a n t e , p r o f o n d e , et loin poussée v e r s l ' E , a été la v a g u e i l l y r i e n n e
q u i a d e n o u v e a u déferlé v e r s la D a c i e , à p e i n e la pression s e y t h i q u e affaiblie ' ) . Telle
d é c o u v e r t e c a r a c t é r i s t i q u e du B a n a t , c o m m e les c o u t e a u x , b i s t o u r i s ou rasoirs à d o u b l e
l a m e d e V e r s e t , i d e n t i q u e s p a r leur forme et l e u r d é c o r a t i o n a v e c les c o u t e a u x a n a l o g u e s
d e l'Illyrie a d r i a t i q u e '-) m o n t r e n t q u ' à l'âge de L a T è n e la D a c i e o c c i d e n t a l e (le B a n a t
et la P e t i t e - V a l a c h i e ) n o n s e u l e m e n t p r o l o n g e a i t j u s q u ' e n D a l m a t i e ses e x p é d i t i o n s guer­
rières, m a i s e m p r u n t a i t à l ' o u e s t m a i n t e s formes i n d u s t r i e l l e s , i n c o n n u e s en D a c i e
p r o p r e : i ). Les formes c é r a m i q u e s d e G r u i a d é m o n t r e n t q u e des e n c l a v e s i l l y r i e n n e s
s ' é t a i e n t aussi établies a u milieu des G è t e s d e la D a c i e o c c i d e n t a l e . Elles font p r é v o i r
d ' a u t r e s d é c o u v e r t e s a n a l o g u e s soit d a n s les îles d u D a n u b e soit s u r la rive m ê m e du
fleuve en t e r r i t o i r e d a c e .
Q u a n t a u x Celtes d ' I l l y r i e , il f a u t r e t e n i r ce fait. L e u r s p r e m i è r e s i n v a s i o n s , a u
d é b u t d u IV-e s., o n t p r o f o n d é m e n t b o u l e v e r s é les c o n d i t i o n s e t h n o g r a p h i q u e s d e ces
r é g i o n s - c i : c e p e n d a n t les Celtes n ' y p r i r e n t p a s r a c i n e . Les a r m e s , les v a s e s en t e r r e
c u i t e , les p a r u r e s d u d e r n i e r âge d u fer en Illyrie a p p a r t i e n n e n t à la civilisation illy­
r i e n n e , d o n t les t r a d i t i o n s s o n t en t r è s b o n n e s m a i n s . Il f a u t d o n c se b i e n g a r d e r d ' a t ­
t r i b u e r a u x Celtes e u x - m ê m e s p . e. les fibules L a T è n e e t d ' e n t i r e r p o u r l'Illyrie a u s s i
t r o i s é t a p e s d a n s le d é v e l o p p e m e n t d e la civilisation d e L a T è n e d a n s ces p a r a g e s 4 ) .
D o n j a D o l i n a s u r la S a v e , en plein v o i s i n a g e c e l t i q u e , a des r a p p o r t s p l u s i n t i m e s a v e c
le m o n d e g é t i q u e q u ' a v e c le c e l t i q u e , bien q u e la D a c i e g é t i q u e fut si loin et la P a n -
n o n i e c e l t i q u e si p r o c h e . C'est q u e les r e l a t i o n s a n c e s t r a l e s d u b a s s i n d e la S a v e a v e c
celui d e la Theiss et d u M u r e s é t a i e n t b i e n p l u s fortes q u e celles, n o u v e l l e m e n t créées,
a v e c la P a n n o n i e . R i e n d ' é t o n n a n t si à G r u i a a u s s i , «Donja Dolina» e t l'Illyrie se m a n i ­
f e s t e n t d ' u n e m a n i è r e si i n s i s t a n t e .
VASILE PÂRVAN

3
') Je dois noter encore ici, que la question des ) Les bracelets plurispiraux à têtes de serpent,
migrations illyriennes, vers la Macédoine (tout d'a­ de Mahrevici (Truhelka, dans les WMBH. X ï ï
bord celle des Autariates eux-mêmes) ne m'a pas 1912, p. 20), n'ont rien de commun avec les bra-
préoccupé ci-dessus ; je renvoie donc aux articles déjà celets analogues de la Dacie, sauf peut-être l'idée
cités de Vulic et de Katzaroff et j'ajoute que le stylistique, tout à fait générale.
4
sujet mériterait d'être traité de nouveau par quelque ) Truhelka, l. c , p. 26 — 28, poursuit sur le
jeune historien slave qui serait en même temps un terrain les trois périodes de l'âge illyrien de La
archéologue militant sur le terrain. Tène, d'après les fibules, et croit pouvoir établir des
2
) Cp. pour les couteaux de Verşeţ, Pârvan progrès et des regrès de la pénétration celtique
Getica, p. 488 et 527 suiv. avec fig. 333 et le9 dans les Alpes Dinariques.
observations p. 528 note 1.
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LES FOUILLES DE SULTANA
Nous avons expliqué ailleurs ') les circonstances dans lesquelles nous nous sommes
dirigé vers la région qui, géograpbiquement, porte le nom, assez bien connu, de Câmpia
românà (la Plaine Roi un ai ne).
Immédiatement voisine de la Dobrodgea, la «Câmpia românâ» a été explorée au
cours des vingt dernières années du siècle dernier par Gr. G. Tocilesco, principalement
au point de vue épigraphique, et, en second lieu, en ce qui concerne les monuments
gréco-romains qu'on y rencontre. Tocilesco, élève de Hirschfeld, collaborateur et cor-
respondant de celui-ci, et aussi de Mommsen, était surtout un épigraphiste.
Mais, à partir de 1906, grâce à M. Pârvan, et par suite de l'extension de plus en
plus grande prise par ses études historico-archéologiques, qui ont permis de connaître
en détail l'histoire de la Scythie-Mineure, de Salsovia à Abrittus, y compris les centres
d'Ulmetum, Tropaeum, Tomi, Callatis et Histria, depuis le temps de la pénétration
grecque jusqu'au moyen âge, la Plaine Roumaine, qui n'est séparée de la Dobrodgea
que par le Danube, dont les eaux l'enceignent en décrivant une large courbe, avant
de se diriger vers la mer Noire, la Plaine Roumaine, disons-nous, était tout naturelle-
ment destinée à occuper le premier rang parmi nos récentes préoccupations.
Au temps de la dernière guerre, plusieurs archéologues allemands ont profité des
circonstances qui soumettaient notre pays à l'occupation étrangère pour entreprendre
des recherches dans beaucoup de localités d'Olténie, antérieurement explorées par moi
ou par quelques autres amateurs de la région, soit dans une des îles du Danube, à
Gârla-Mare, soit sur les bords du fleuve, à Mâgura-dela-Fundu-Chiselet (cote 24) etc.
Sauf en ce qui concerne Gârla-Mare 2 ), nous ne possédons jusqu'à présent aucun
renseignement détaillé, ni aucun double. Seule, une communication personnelle de
M. le Professeur Hubert Schmidt, de Berlin, a attiré, en 1923, notre attention sur les
richesses archéologiques exceptionnelles que renferme spécialement la vallée du Danube.
Entre temps, nous avions déjà commencé nos travaux par toute une série de
voyages de reconnaissance, immédiatement suivis de fouilles, d'une part à Piscul-Cra-
sani, actuellement mise au jour, et, plus tard, à Sultana, dont nous nous occupons ici.
Au cours de l'automne de cette même année, un de nos assistants, M. Radu Vlâdesco-
Vulpe, actuellement membre de l'École roumaine de Rome, a exploré pas à pas toute
la région située entre Mostishtea et Calarashi 3 ).
2
' ) I. Andrieçescu: Piscul Crasani, Découvertes ar- ) Léonard Franz: Vorgeschichtliche Funde aus
chcologiques faites en 1923 (Annales de ΓAcadémie Rumànien, Sonderabdruck aus der «Wiener Prâ-
roumaine, Mém. de la Sect. historique, Série I I I , historischen Zeitschrift», I X , 1922, Vienne, 1922.
3
Tome I I I , p . 1 et suiv. ; résumé en langue fran- ) Bulletin de la Commission des Monuments histori-
çaisc, pages 93—94). ques, X V I I , fas. 40, Bucarest, 1924, p . 40 et suivantes.

51

i*

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I. ANDRIEÇESCU

Les fouilles que nous avons dirigées au cours de l'été 1924 à Cetatea-dela-Zimnicea,
Teleorman, ont complété, par un riche matériel, les recherches entreprises à Piscul-
Crasani. De même, les fouilles effectuées à Gumelnitza, près d'Oltcnitza (Ilfov) et en-
treprises par un autre assistant de notre Musée, M. Vladimir Dumitresco, pendant

Fig. 1.

l'été de 1925, sont destinées à compléter heureusement celles de Sultana, où M. Du-


mitresco m'a précieusement secondé.

Sultana est un petit village, le plus petit peut-être de ceux qui s'alignent, tout
près les uns des autres, à droite ou à gauche de la Mostishtea, et sur les rives du grand
canal qu'elle forme au Sud de Târiceni, où l'on aboutit, soit par la voie ferrée Buca-
rest-Constantza (gare Sàruleshti), soit par la grand'route, plus ou moins parallèle à la
voie ferrée, route que l'on abandonne à Tâmâdâu, pour descendre plus bas, par Pârlita
et Gurbâneshti, Obileshti et Frâsinet (fig. 1).
Nous sommes là en plein Bâràgan, à peu près au milieu de la plate-forme qui repré-
sente la steppe la plus typique de la Roumanie,— coupée par la rivière Mostishtea et
bornée par la Ialomitza. L'aspect général du paysage est très pittoresque et très spé-
cial. Il a été magistralement décrit par le prosateur et archéologue roumain Alexandre
Odobesco. Aux points de vue géographique et géologique, il faut se reporter aux
œuvres de MM. Em. de Martonne, S. Mehedintzi, feu G. M. Murgoci, G. Vâlsan et
Vintilâ Mihailesco. 1 ).
Les éminences du terrain, qui dépassent rarement une hauteur de 70 mètres, bor-
dent des deux côtés la vallée de la Mostishtea, laquelle toutefois, avant de s'élargir

' ) Emmanuel de Martonne: La Valachie, Essai 1904. G. M. Murgoci: La Plaine Roumaine et la


de monographie géographique, Paris, 1902. S. «Balte» du Danube, Guide des excursions du I I l - c
Mehedintzi: Die rumànische Steppe, étude publiée Congrès du Pétrole, Bucarest, 1907. G. Vâlsan:
dans Zu Friedrich Ratzels Gcdachtnis, Leipzig, Câmpia Românâ, Contribution à la Géographie

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LES FOUILLES DE SUI.TANA

en l a g u n e , n e ressemble en rien a u x t e r r a i n s bas qui b o r d e n t la l a l o m i t z a : ici, la vallée


p r é s e n t e u n e configuration b e a u c o u p plus r é g u l i è r e ; elle est l a r g e m e n t o u v e r t e vers
le S u d et le S u d - E s t . E n r e v a n c h e , l'aspect de la l a g u n e est p a r l u i - m ê m e des p l u s
i m p o s a n t s . D a n s le c a d r e d ' u n e v a s t e p e r s p e c t i v e , on d i s t i n g u e t o u s les villages en-
v i r o n n a n t s : v e r s le N o r d - E s t , F a u r e i ; p l u s au Sud, Chirnogi, U l m u , B o s n e a g u , j u s q u ' à
D o r o b a n t u . E n b e a u c o u p d ' e n d r o i t s on t r o u v e des vestiges p r é h i s t o r i q u e s , en p a r t i -
culier des p o t e r i e s ; ces e n d r o i t s é t a i e n t donc h a b i t é s en ce t e m p s - l à 1 ) .
Piscul Coconi, situé sur la rive Sud du lac, e t où les sondages p r a t i q u é s p a r M.
Vlâdesco-Vulpe o n t mis au j o u r des éléments caractéristiques d u second âge d u fer,
r e s s e m b l a n t à c e u x de Crâsani 2 ) , est dissimulé à la v u e p a r les e s c a r p e m e n t s des ter-
rasses situées sur la rive d r o i t e .
C'est à la cote 5 7 , d ' o ù l'on p e u t apercevoir t o u t ce q u e n o u s v e n o n s de citer, à
q u e l q u e s c e n t a i n e s de m è t r e s du village de S u l t a n a , et sur la rive élevée de la l a g u n e ,
q u e n o u s t r o u v o n s la localité de «Mâgura Sultanei» (colline de S u l t a n a ) , d o n t il v a
être question.
D a n s la l a g u n e m ê m e , à quelques centaines de m è t r e s vers le N o r d - E s t , on dis-
t i n g u e G r a d i s h t e a - M a r e , q u i se profile a g r é a b l e m e n t sur l ' e a u ; plus loin, G r a d i s h t e a -
Mica ; on t r o u v e , d a n s ces d e u x localités, des vestiges p r é h i s t o r i q u e s , p l u s rares
toutefois.
Il en est de m ê m e p o u r d ' a u t r e s e n d r o i t s situés d a n s les prairies en b o r d u r e du
D a n u b e . Ces p e t i t e s éminences de t e r r a i n (grâdisti) o n t d û ê t r e h a b i t é e s , n e fût-ce
q u e p o u r c o n s t i t u e r des refuges et des p o i n t s de défense. L e n o m de «gradishte» n e
peut être dû au hasard.
L a région, d u p o i n t de v u e g é o g r a p h i q u e , se p r é s e n t e , en général, c o m m e bien con-
servée. D e v a n t l ' a b o n d a n c e des e a u x , q u i se d é v e r s e n t v e r s le S u d , on a la claire vision
du t e m p s où «la P l a i n e R o u m a i n e t o u t e n t i è r e , et s u r t o u t sa p a r t i e orientale, é t a i t cou-
v e r t e de lacs, ou t o u t a u moins semblable, p a r son régime, à la «Balte» (plaine inon-
dable) d u D a n u b e , alors q u e la p a r t i e occidentale, et p r i n c i p a l e m e n t c e n t r a l e de c e t t e
m ê m e plaine é t a i t arrosée de t o r r e n t s q u i é t a l a i e n t les g r a v i e r s d e B u c a r e s t et q u i no-
y a i e n t les t r a c e s d u relief a n t é r i e u r » 3 ) .
S u r la m ê m e ligne q u e M â g u r a , et plus vers le S u d , a u lieu dit «La Câldare», on
a t r o u v é des débris d ' a n i m a u x diluviens d a n s u n e b r è c h e de la r i v e .
M â g u r a S u l t a n e i se p r é s e n t e c o m m e u n saillant d ' u n e des terrasses b o r d a n t à
d r o i t e le lac de M o s t i s h t e a . P l u s élevé q u e ses voisins, il est escarpé de t o u s côtés
et facile à s é p a r e r de l'intérieur. C'était d o n c u n v é r i t a b l e r e t r a n c h e m e n t ; le fossé
s'est c o m b l é a u cours des siècles. Si on la r e g a r d e de la p l a i n e , la colline de Sul-
t a n a ressemble à t o u t e a u t r e d u B â r â g a n ou d'ailleurs ; elle se profile l é g è r e m e n t , mais
c l a i r e m e n t , sur la ligne h o r i z o n t a l e de la l a g u n e de la vallée (fig. 2). Mais, v u e de face,
elle s'érige, a u - d e s s u s du n i v e a u de l'eau, c o m m e u n e citadelle formidable, en falaise
q u e le t o u r b i l l o n des e a u x a b r u t a l e m e n t taillée à pic, j u s q u ' e n son milieu (fig. 3).
Ces e a u x c i n g l e n t son flanc d e p u i s des siècles, depuis le t e m p s où, à la d a t e assignée

2
physique, Bucarest, 1915. Vintilà Mihâilescu: ) Idem, p. 82.
3
Vlâsia §i Mostiçtea, Bucureçti, 1925. ) G. Vâlsan, op. cit., p. 83.
») R. Vlâdesco-Vulpe, loc. cit., p. 81—83.

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I. ANDRIEÇESCU

par les vestiges mêmes, livrés par la partie explorée, elle était entière. Des ve-
stiges nombreux et ca-
ractéristiques, rencon-
trés à la surface du sol
(silex taillés, fragments
de poteries), nous ont
montré, dès notre pre-
mière visite, que nous
nous trouvions dans
une station des plus in-
téressantes au point de
vue de sa richesse. Ces
suppositions devaient
être entièrement con-
firmées.
Nous expliquerons
d ' a b o r d comment se
sont développées les
fouilles ; nous expose-
rons ensuite les résul-
Fig. 2.
tats de ces travaux,
et nous en tirerons les
conclusions qui convi-
ennent aux points de
vue chronologique et
cultural-historique.

*
* *

É t a n t donné l'état
dans lequel nous avons
trouvé la colline de Sul-
tana, coupée par le mi-
lieu, comme nous l'a-
vons déjà dit, et en
continuel éboulement
vers le lac — on peut
le voir d'ailleurs par la
photographie prise sous
Fig. 3. cet angle — nous avons
estimé que les fouilles
devaient, dès le début, être pratiquées, non seulement à l'endroit où la surface révé-
lait le plus grand nombre de vestiges — ce qui est explicable par l'érosion des cou-
ches d'humus que les phénomènes atmosphériques, grâce à l'exposition du lieu, pou-
vaient attaquer avec une force considérable — mais encore, et dans la limite du possible,

:.i

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LES FOUILLES DE SULTANA

qu'on devait explorer tous les environs immédiats de la falaise en cours d'affaisse-
ment, laquelle, même sans fouilles, se serait effondrée en quelques années.
C'est ainsi que nous avons procédé.
La superficie totale occupée actuellement par le plateau, un peu bombé, de la col-
line, représente un diamètre de 25 mètres, et, dans un autre sens, une dimension maxima
(EO — NS) de 71 mètres.
Avant de s'être éboulée, la colline présentait une forme oblongue, dont l'axe était
de direction NE — SO et elle mesurait 130 mètres environ.
Nous avons donc pratiqué une coupe (NE — SO) de 40 mètres carrés (20X2), dans
la pente E de la colline et jusqu'à sa bordure (endroit où se rencontrent les vestiges
les plus nombreux à la surface) ; nous avons fouillé, d'autre part, une étendue plus
considérable : 100 mètres carrés (20 X 5), de manière que vers la fin des travaux, et
suivant les nécessités que la solution des problèmes avait imposées lors des dernières
fouilles, la dernière portion devînt large de 150 mètres carrés (15 X 10), dans la direction
EO, jusqu'à l'extrême limite Ouest de la colline. Le total des fouilles s'étendrait sur
290 mètres carrés (fig. 4).
11 faut ajouter toutefois que la troisième surface n'a pas été creusée au point de
parvenir jusqu'à épuisement de la couche de culture ; le temps manquait d'abord,
puis les objets recueillis étaient, sauf de rares exceptions, à peu près identiques. Mais
nous estimons qu'ainsi un premier résultat avait été déjà atteint, dans la voie de la re-
connaissance et de l'identification des localités, pour la carte archéologique de la Rou-
manie. Un riche matériel et de nombreuses observations sur les conditions dans les-
quelles ont été faites les trouvailles en sont la preuve.
Plus tard, lorsque la région entière sera mieux connue, on pourra poursuivre les
travaux. Grâce à elles, on pourra obtenir la vérification des observations faites, et
compléter une récolte qui, ici comme ailleurs, ne sera certainement point exempte de
surprises. Nous ne croyons pas cependant que l'aspect général de la vie passée en ces
lieux, soit plus tard défini d'une manière trop différente de la nôtre, à la suite des
résultats que nous avons obtenus jusqu'à présent.

*
* *

A l'exception de la région extrême NO de la terrasse, vers le bord qui s'éboule


continuellement, et de la pente Ouest, où nous avons vu que des vestiges se montrent
même à la surface du sol, la couche d'humus présente, dans la partie que nous avons
creusée, une épaisseur assez forte, qui dépasse 55 centimètres. Son aspect est celui
de la «terre noire» végétale des environs, laquelle recouvre les champs célèbres du Bâ-
râgan, ensemencés de blé et de maïs, dont la hauteur, la saison venue, dépasse celle
d'un cavalier sur sa monture.
Actuellement, la colline de Sultana n'est pas cultivée ; elle est seulement utilisée
comme pâturage. Il n'en a pas été toujours ainsi. On constate que le sol a été autrefois
remué. On rencontre souvent des fragments de poteries dans la terre végétale, les
unes grossières, d'autres portant des proéminences, d'autres encore, en moins grand
nombre, garnies d'ornements en cordons, comme nous le verrons plus loin. Citons en
outre des silex, des nucléus, des tamis, une petite hache en pierre polie, un fragment

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I. ANDRIEÇESCU

de bijou en terre cuite, une tête de figurine d'animal au museau mince et allonge.
Nous présenterons en temps utile ces divers objets.
Entre 25 et 40 centimètres de profondeur, les poteries deviennent plus nombreuses,
les silex aussi. Nous avons trouvé une autre hachette en pierre polie. On commence

à découvrir des vases à profils intéressants, dont certains sont garnis de proéminences
simples ou doubles, des fragments de jarres, des débris provenant d'habitations, et
qui renferment encore des morceaux de branchages ayant servi à la confection du
torchis. Pour le moment, signalons de pareils vestiges dans les portions NE de la
surface B, et SE de la surface A, tout autant d'indices d'habitations que nous trouve-
rons en masse à un niveau inférieur. Parmi divers silex éclatés, signalons en particulier
une superbe pointe de flèche. Beaucoup de fragments de poteries, ou de moulins à
bras, dans la partie SE de la surface B, indiquent le voisinage d'autres habitations,
bâties à un niveau plus bas. Il était donc tout naturel de rencontrer, encore, dans cette

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LES FOUILLES DE SULTANA

direction, des débris de murs, avec des traces d'enduit appliqué à la main. Cette ma-
nière de faire, de beaucoup
antérieure à la maçonnerie,
nous la retrouvons cepen-
dant, aujourd'hui encore,
dans les maisons paysannes
les plus élémentaires.
Les fragments de murs
trouvés à Sultana sont so-
lides et bien conservés (fig.
5) ; ils ont été en effet cuits
par l'incendie qui a ravagé
les habitations dont ils fai-
saient partie,
Au même niveau, aussi
bien en B q u ' e n A, on a
également trouvé d ' a u t r e s
Fig. 5.
ustensiles en silex, typiques
ou atypiques ; une perle allongée faite d'argile cuite, intacte, dans la partie sud de la
région A, et une autre, brisée, en B ; un instrument en cuivre ; un disque de parure
percé d'un trou; des fragments de moulins à b r a s ; des fragments de passoires; une
sorte de petite table à pieds (on en rencontrera plus tard d'autres échantillons) ; un
petit percuteur.
Parmi les fragments de céramique recueillis, un certain nombre sont décorés d'une
ornementation très intéressante et tout à fait nouvelle, caractérisée par une rangée
d'incisions courbes et parallèles entre elles, qui se succèdent horizontalement sur la
partie arrondie des vases. Ces incisions servent de points de départ à d'autres, prati-
quées plus bas, toujours courbes et parallèles entre elles, mais disposées en sens inverse.
Nous nous en occuperons lors de la description des résultats obtenus.
Enfin, au même niveau, on a rencontré une figurine d'animal en terre cuite ;
dans la partie sud de la région A, deux autres figurines, réduites en fragments, sont
humaines.
La couche révélant la civilisation s'annonce donc comme exceptionnellement riche.
Toutefois, le terrain a été fortement bouleversé. On en trouve la preuve, non seule-
ment dans des débris de murs beaucoup plus perfectionnés, construits à la chaux, mais
dans la découverte d'une longue aiguille de fer, d'un ciseau et d'autres ustensiles pjus
petits, également en fer, et même d'une icône en bronze qui figure la Vierge Marie
tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Cette icône est bordée d'une inscription en langue
slavonne, dont l'étude sera confiée à un spécialiste.
La présence de cet objet est due à un simple hasard et ne modifie en rien l'unité /
de culture du milieu archéologique de Sultana, que, dès la surface même du sol, on r e ^
connaît comme appartenant au néo- et à l'énéolithique.
Entre 40 et 60 centimètres, le sol est uniquement composé de terre végétale, sauf
aux points 1 et 2, où l'on trouve assez fréquemment des vestiges de murs, et des cen-
dres, et même au point 3, où ces restes se rencontrent en quantités moindres.

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I. ANDRIKÇKSCU

Nous nous trouvons donc évidemment au-dessus d'une des régions peuplée autre-
fois de modestes habitants. L'inventaire des objets recueillis présente de nombreux
fragments de céramique, dont beaucoup proviennent de vases de grande dimension.
Un certain nombre portent, à leur surface, des proéminences simples, doubles ou
triples.
Les silex travaillés sont fort nombreux; beaucoup d'entre eux sont typiques.
On a trouvé encore un disque d'argile troué, deux percuteurs, une belle hache
en pierre taillée (pi. I I , fig. 9), un autre percuteur, une petite table en argile cuite
pourvue de quatre pieds (pour la forme, v. pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10) et des moulins
à bras.
Certains fragments de gros vases, découverts aux environs du point 1, présentent,
outre leurs proéminences, une ornementation tout à fait rudimentaire, réalisée, sans
grand soin, à l'aide des doigts, et en sens oblique, sur les parois du vase, avant sa
cuisson.
Ces vases portaient quelquefois des couvercles ; on en a découvert plusieurs, de
formes spéciales (pi. X X I I I , fig. 1—4 et 7 — 9).
Il faut signaler encore une autre hache, de grande dimension, en pierre taillée
(pi. II, fig. 7); et, parmi les débris de poteries, encore un fragment orné d'incisions
courbes, dans les sens horizontal et vertical, et parallèles entre elles; nous en avons
déjà parlé.
Au milieu de la région A et à 50 centimètres de profondeur, on a découvert la
partie supérieure d'une figurine en terre cuite.
A partir de 60 et jusqu'à 75 centimètres, les traces de murs sont beaucoup plus
apparentes, relativement au sol environnant, qui est d'une couleur plus sombre, si
on le compare à la teinte de l'argile souvent cuite et agglomérée par une chaleur
ardente.
Aux points 1 et 2 et en moindre quantité au point 3, les débris dont il vient d'être
question se trouvent épars dans la masse considérable des restes de clôtures, de paille
et de clayonnages que l'on distingue mieux au niveau atteint par nous, sur le point
4. Des vestiges assez importants de murs, de paille et de clayonnages commencent
également à se révéler au point 5.
Comme inventaire, nous relevons en B : des silex, un lest de filet, un disque
troué de parure, une passoire, une figurine d'animal à long cou, cette dernière en
terre cuite (pi. X X X I V , fig. 19) ; 3 percuteurs en silex, plusieurs perles, grosses et
de forme allongée, faites d'argile cuite.
En A et spécialement dans le voisinage du point 4 : une hache en pierre; un
petit couteau en pierre ; un lest de filet ; un moulin à bras ; au dessous du point 4,
une idole entière, bien conservée, (pi. X X X V , fig. 6 et 7), une hachette de pierre
dont l'œil n'est pas terminé ; une gaine, ou hache perforée, en corne de cerf,
brisée au niveau de l'emmanchement (pi. I X , fig. 2 et pi. X, fig. 2).
Un peu plus loin vers le Nord, un autre exemplaire de manche semblable, demeuré
intact; une figurine plate, en os, également très bien conservée (pi. X X X V I , fig. 6 et
pi. X X V I I , fig. 6 a).
Signalons parmi les silex, une superbe pointe de flèche, et, parmi les fragments
de céramique, un grand nombre qui présentent des proéminences simples ou doubles,

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LES FOUILLES DE SULTANA

ainsi qu'une quantité considérable de fragments de vases de grande dimension, à parois


épaisses.
Entre 75 et 93 centimètres de profondeur, la terre présente une coloration plus claire.
Nous arrivons ici au terrain proprement dit, dans lequel ont été pratiquées les habi-
tations.
Au voisinage du point 5, et vers le Sud-Ouest, de nombreux débris de parois don-
nent l'impression qu'il y avait là une habitation différente. On y a découvert un grand
moulin à bras, et des débris de poteries, en grande quantité.
Dans les vestiges du point 4, dont les ruines occupent visiblement la plus grande
partie de la ligne du talus Sud-Ouest, les débris de branchage se reconnaissent parfaite-
ment. L'inventaire des trouvailles, aux environs, est toujours le même: des silex, et
des perles en argile de forme allongée. Dans B 5, on a découvert aussi une moitié de
vase, de petite dimension, et dont la surface présente de nombreuses proéminences
(pi. XV, fig. 13). Ce vase n'avait évidemment aucune utilité. Nous ajouterons qu'aux
environs on a trouvé encore un petit disque perforé, servant d'ornement, deux figurines
en terre cuite (pi. X X X I V , fig. 3 et 1, v. aussi pi. X X X V , fig. 3 et 1) — dont la deu-
xième présente, à la tête, quatre trous de chaque côté; — une troisième figurine, en
argile cuite, représente un animal. Ici nous avons l'impression très nette qu'il s'agit
d'objets destinés au culte ou aux rites funéraires, c'est-à-dire devant figurer lors de
l'incinération des cadavres, soit dans l'habitation même, soit aux environs de celle-ci.
D'autres objets découverts à ce niveau nous font revenir à la vie courante: un
poids, un percuteur, un débris de moulin à bras, un couvercle de vase, un fuseau. Plu-
sieurs fragments de gros vases, à parois épaisses, et de forme primitive, pourraient pro-
venir, ici comme ailleurs, d'urnes funéraires, si l'on se rapporte à l'hypothèse ci-dessus.
On ne saurait aller plus loin.
Entre 93 centimètres et l m 10, on trouve d'autres débris d'habitations, aux points
6 et 7. Ces ruines sont calcinées. Comme elles sont séparées les unes des autres par le
sol habituel, elles ont dû, malgré leur faible dimension, faire partie de maisons dis-
tinctes. Près de la dernière, on a découvert une superbe pointe de lance en silex (pi.
X I I , fig. 7). Un peu plus loin, vers le Nord, on a trouvé une hache en pierre, un fuseau,
plusieurs fragments de céramique avec proéminences.
Un grand nombre de débris de gros vases, proches les uns des autres, font songer
a un dépôt. Signalons encore un petit moulin à bras, des pierres pour décortiquer
les grains, et un poids de filet.
Au fur et à mesure que nous fonçons davantage, le nombre de points fournissant
des débris de parois amoncelés s'accroît.
Aux points 8, 9, 10 et 11, près de plusieurs fragments de parois calcinés, on a ren-
contré beaucoup de cendres. Il en est de même vers le Sud-Ouest du point 2, ce qui,
à ce niveau, ne peut représenter, à notre avis, que les anciens foyers d'habitations si-
tués au point 2, plus vastes que les autres, à l'exception de ceux rencontrés au point
4, lesquels s'étendent vers le Nord-Est, et au-dessous des vestiges isolés et peu im-
portants d'un seul point dans la direction 4 2 , sur une longueur d'environ 3 / 4 du talus
Sud-Ouest—Nord-Est, à l'accès par l'Est.
Nous pouvons donc voir, assez clairement, par le profil (fig. 6), que nous devons
opérer ici sur un lit de trois habitations, dont les dimensions peuvent être cette fois

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I. AND1UEÇESCU

précisées : leur longueur est de 4 1 = 6, 4 2 — 4, 4 3 — 3 mètres. Par malheur, le


terrain était trop effondré pour qu'on pût déterminer aussi le contour de ces habi-
tations.
On a découvert encore des vestiges d'une autre habitation plus petite au point
12. L'inventaire n'en est pas moins intéressant.
Aux environs des habitations situées au point 11, et vers le Sud-Ouest, on a dé-
couvert une idole grossière en terre cuite (pi. X X X I V , fig. 4 et pi. X X X V , fig. 4). Dans
l'habitation située au point 10, on a rencontré un moulin à bras et des tessons de vases.
De pareils fragments, calcinés et déformés par l'incendie, ont été trouvés aussi au
point 12. Beaucoup d'entre eux présentent des proéminences: l'un porte deux proémi-
nences, au bas desquelles se profilent, vers le milieu du vase, de petites côtes légè-
rement en relief.
Au point 11, on a également trouvé un poids de filet et un débris de moulin à bras.
SECTWNEA Λ W t . "
Un peu plus vers
le Sud-Est de ces
ruines d'habitations,
on a ramené au jour
une hache de pierre
taillée. L'incendie a
ravagé très visible-
ment le point 1 : la
WmÈÉÈMnËÊKÊËSKm preuve en est dans
— *0 oo · .
les débris de pote-
M/à ΓΑΜΛΝΤ VEOCTAL
rie, déformés, qui se
PAWANTCV CIOBVK1 SI ΟΑ5Γ.
• VRME DE PARI rencontrent à ce ni-
ΡΑΛ\ΑΝΤ AU S
CENVSE
ZJUARIE ARSA
veau ; au fond de
CARBVNK
ΓΑΜΑΝΤ GALBIIN
cette habitation, on
Fig. 6. rencontre un cer-
tain nombre de silex.
Dans l'ordre de la céramique, et en dehors de nombreux fragments à proéminences, ce
qu'on a trouvé de plus intéressant est un vase entier, à quatre pieds, et qui présente
un système d'emmanchement et de proéminences que nous décrirons en temps utile
(pi. X V I I I , fig. 2 et fig. 12). Ce vase a été découvert parmi les restes du point 4 2 . À la
hauteur du point 4j, et au même niveau, on a trouvé encore deux percuteurs.
À partir de 1 m 10, et au-dessous de ce niveau, la coloration de la terre devient
plus jaune, sauf, spécialement, dans la région des habitations situées aux points 6 et 7,
qu'il est aisé de reconnaître, comme ayant été creusées dans ce sol. Evidemment, l'in-
ventaire est plus réduit, mais il est similaire: des silex, un percuteur, des poteries, des
fragments de moulins à bras. L'un des tessons exhumés porte en relief une tête d'animal
à la gueule ouverte (pi. X X V I , fig. 1). Une autre tête de figurine, en argile, trouvée
au même niveau, présente trois trous sur ses côtés ; un des yeux est figuré avec un soin
particulier (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Un peu plus loin, on a trouvé un
petit ustensile en cuivre. Dans la région des habitations plus resserrées, en B, dont nous
avons déjà parlé, les vestiges d'un pieu horizontal sont les seules restes de matériel li-
gneux d'une des cabanes. Parmi les tessons de poteries, certains sont en céramique

60

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LES FOUILLES DE SULTANA

peinte; ils sont peu nombreux. Remarquons qu'à ce niveau ils commencent à peine
à apparaître.
Une nouvelle série de parois — assez restreinte toutefois — se révèle au Sud-Ouest
de l'habitation 10, au point 13; ces bâtiments auront dû constituer un simple abri
d'été, au voisinage des habitations proprement dites. Dans toute cette partie NE
de la surface B, on a rencontré des fragments de vases, du charbon, et une partie im-
portante d'une; moulin à bras.
À côté des ruines, il faut mentionner en outre les trouvailles suivantes: un petit
vase, des restes de moulins, des poids pour filets ; des tessons de poteries dont certains
présentent des proéminences larges et aiguës.
Un petit vase, découvert au point 2, porte à sa surface deux rangées de proémi-
nences superposées (pi. XV, fig. 11 et pi. X V I I I , fig. 6).
Les vases trouvés sont la plupart trop petits pour être d'un usage pratique. L'un
d'entre eux est d'une forme et d'une technique supérieure à celles de tous les autres
échantillons découverts jusqu'ici. De même, les poids de filets, beaucoup mieux con-
stitués au point de vue de la forme et de la cuisson, se distinguent totalement des ob-
jets similaires découverts dans les autres stations, néo-, ou même énéolithiques.
Nous ne pouvons donc, d'une part, écarter une impression assez claire du culte
et du rite funéraire que représentent tous ces restes. D'autre part, étant donné tou-
jours que tous les éléments de l'inventaire et surtout, bien entendu, la céramique de
caractère supérieur — est sûrement plus récente que celle du milieu général, primitif
néolithique, de Sultana, — elle ne peut s'expliquer ici, par rapport à la couche et au
niveau auxquels nous sommes parvenus, que par une superposition de populations. Les
nouveaux venus ont creusé et bouleversé le sol, en beaucoup d'endroits, à une profon-
deur bien plus grande que celle du niveau où se tenaient leurs devanciers.
Depuis 1 m 30 jusqu'à 1 m 75, sous le point 1, et le long du talus de l'Est, on re-
trouve des débris de parois. Le terrain environant est surtout de couleur jaune, argileux.
En divers endroits, on trouve des traces de feu, de charbon, de calcaire, partout
des silex, et aussi des tessons de poteries, dont beaucoup présentent des proé-
minences.
Vers le talus Ouest, au même niveau, on a trouvé une figurine en os (pi. X X X V I ,
fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. l a ) ; une autre, en terre cuite, assez informe; deux têtes,
toujours en terre cuite et un poids de filet.
En A, c'est-à-dire parmi les restes de parois incendiées portant des empreintes
bien visibles de chaumes trouvées dans la partie Sud-Est, on a trouvé deux percuteurs,
un fragment de vase portant un ornement en spirale, des silex, un moulin de 0 m, 50 X
0 m, 25, ressemblant à une cuve de blanchisseuse, et un autre du même genre, mais
plus petit.
Un peu plus profondément, au point 1, et le long du talus Est, on rencontre peu
à peu et de plus en plus clairement une nouvelle série de débris de parois, mêlés de
cendres et de bois carbonisé.
Ces ruines s'étendent successivement sur des surfaces qui commencent par 0 m, 80 X
0 m, 80 — 1 m, et le dernier ensemble comporte 1 m 8 0 X 1 m 80 (fig. 4 : 1 3 , 1 2 , l t ) . Un
groupe, à peu près aussi considérable, se trouve au même niveau, dans la direction
verticale du point 8 (fig. 4 : 8j).

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I. ANDKIEÇESCU

Dans ces deux portions, les débris de poteries sont rares. Relevons-en seulement
un, avec proéminences, qui provient d'une jarre ou d'une urne.
Nous voici donc parvenus à une profondeur de 1 m 60. L'inventaire est toujours
le même. Aux environs des ruines du point lv et vers le Nord, on a trouvé un moulin
à bras. Au même niveau, dans la portion A, plusieurs autres ont été découverts. Dans
B, un peu plus à l'Ouest du moulin dont nous venons de parler, on a trouvé encore un
instrument en cuivre, et une figurine d'animal long et mince, en terre cuite (pi. X X X I V ,
fig. 19), surtout des silex, dont beaucoup sont typiques; une hache en pierre, une petite
figurine féminine en os (pi. X X X V I , fig. 3 et pi. X X X V I I fig. 3), un disque d'os
percé, une perle de forme oblongue en argile cuite.
De la portion A, on a retiré aussi des silex, et, dans la direction du Sud-Est, de
nombreux fragments de poteries, de débris de coquilles et des cendres.
Mais ce n'est pas seulement à 1 3 , 1 2 et l j que nous avons rencontré des vestiges
d'habitation à ce niveau. Nous trouvons les mêmes débris de parois avec traces de
branchages aux points 10 et 13 ; tout auprès, nous avons rencontré une partie de
moulin à main, et des poteries, avec des restes de charbon ; une figurine d'animal en
terre cuite, avec des mamelles (pi. X X X V , fig. 15), un poids de filet, des fragments
de grands vases et un petit ustensile en cuivre.
Le caractère technique de la céramique ne se montre pas inférieur, ce qui
est tout à fait remarquable à ce niveau, où, nous avons découvert au-dessus, les
habitations dont nous parlions tout à l'heure, séparées par une couche de terre
jaune.
Depuis 1 m 75 jusqu'à 2 m, l'aspect du sol se révèle le même, aussi bien en A qu'en B,
et l'inventaire ne change pas. Ce sont les mêmes silex éclatés, dont beaucoup sont
typiques. On a trouvé là trois haches de silex taillé, trois autres, plus petites, en
pierre polie; un fragment de moulin, un fragment de grande jarre avec une proé-
minence très accusée, un percuteur en silex, sur lequel on découvre un essai de perfo-
rage ; un poinçon en os, une moitié de fuseau, une figurine en terre cuite, et un petit
vase, sans caractère utilitaire.
Au-dessous du point 2, on a découvert également un petit vase piriforme, et des
débris d'autres poteries plus grandes, de qualité bien supérieure. De même, en fon-
çant plus bas à partir de ce niveau, on a extrait des céramiques dont la plupart
sont d'un genre supérieur à celles qui ont été découvertes jusqu'à présent. Les unes
sont patinées, d'autres revêtues de couleurs ou d'ornements en spirale. Nous les dé-
crirons plus loin, en détail.
Au coin NE de la portion B se trouvent actuellement les derniers vestiges des
ruines situées entre les points 11 et 5, à la même profondeur que celle atteinte par les
autres fouilles.
Au-dessous du point 81? et au point 8 même, les débris sont nombreux et ren-
ferment souvent des traces de chaume. Au même endroit, on a trouvé un poids co-
nique en terre cuite, non percé, travaillé avec soin, et une anse de couvercle. Un peu
plus loin, vers le Sud-Est, on a découvert une partie de plateau, de bonne facture,
revêtue d'une légère patine.
L'inventaire des objets en os s'accroît de deux fragments de figurines dont la
partie inférieure est ornementée ; l'une d'elles surtout présente des trous pointillés

(>1>

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LES FOUILLES DE SULTANA

soigneusement ouvrés (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I , fig. 6 a). Mentionnons


encore une pointe aiguë en os et un autre instrument en cuivre.
Au même niveau, on a extrait une hachette en pierre, et une autre, véritablement
minuscule. Des ciseaux en pierre ont été également découverts à ce niveau, et en A.
A partir de 2 mètres de profondeur, le sol est de moins en moins bouleversé.
A deux reprises seulement on a trouvé des fragments de moulin. Plus de débris d'ha-
bitations. On continue à rencontrer surtout des fragments de céramique, les uns re-
vêtus d'ornements en spirale colorés, d'autres portant des ornements en relief, d'autres
enfin patines. À côté de ces débris, on en trouve beaucoup d'autres plus communs,
portant des proéminences simples, sans autre ornementation.
Le même niveau a livré une figurine mince, en os, parfaitement conservée (pi.
X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
Au-dessous de 2 m 30, l'inventaire est moindre. Eclats de silex, fragments d'objets
en os ou de petits vases d'un gracieux profil, en pâte bonne et légère. Un vase à peu
près entier, de profil différent, présente un ornement — que nous définirons de pré-
férence par le mot «parenthèse», incisé dans la pâte — comme ceux dont nous avons
parlé précédemment, et de légères proéminences.
Des fragments de vases ornés de la même manière se rencontrent toutefois en plus
grand nombre. Comme technique, comme forme et comme ornements, ils contrastent
avec les sortes de céramiques dont nous avons parlé ci-dessus, mais, en même temps,
ils concordent d'autant mieux ici, comme nous le verrons d'ailleurs en décrivant les
détails de trouvailles.
Un débris de vase est orné seulement de petites proéminences. Un vase-support,
à parois épaisses, porte un ornement colorié et mat.
Une figurine est certainement féminine ; le sexe est indiqué aussi bien par les seins
que par le triangle de la vie (pi. X X X I V , fig. 9).
Quelques couvercles munis d'un bouton révèlent un travail et une technique
supérieurs à ceux employés pour les travaux similaires dont nous avons parlé ci-
dessus.
Nous voici donc à un profondeur de 2 m 75.
Jusqu'à 3 mètres, on découvre encore, mais plus rarement, des silex, dont cer-
tains sont caractéristiques. Nous avons trouvé encore une hache en pierre, deux
poids de filet ; des fragments de vases revêtus d'ornements «en paranthèse» ; une figu-
rine représentant un animal. Une autre figurine, humaine celle-là et en terre cuite,
a été modelée avec un talent tout à fait remarquable (pi. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V ,
fig. 9 et 10).
On rencontre là aussi de petits fragments de poteries ou de céramiques, ornés de
proéminences, et dont la plupart proviennent de vases de petites dimensions. L'un de
ces fragments présente un ornement colorié, en forme de bande. Sur un autre, l'orne-
ment colorié souligne, à l'intérieur, le bord du vase.

Les résultats des fouilles de Sultana — fouilles qui n'ont duré que peu de temps,
et qu'on a pratiquées sur une surface relativement restreinte, si l'on considère le ter-

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I. ANDKIEÇESCU

rain resté intact— sont cependant assez satisfaisants. Nous avons, grâce à elles, repré-
senté à peu près entièrement l'inventaire des stations similaires d'Europe les mieux
pourvues sous le point de vue préhistorique.
Ce qui manque encore, nous le trouverons, sans aucun doute, en fouillant le sol
sur une étendue aussi grande que possible. Nous pourrons ainsi élucider les doutes
et les imprécisions qui ont été la conséquence forcée de nos premières recherches.

D'autre part, certaines pièces documentaires — elles sont nombreuses — sortent du


commun, et donnent matière à des observations intéressantes, tant au point de vue
typologique général, que principalement aux points de vue local et régional. E t a n t
donné le lieu et le cadre de cet ouvrage, il est évident que nous insisterons spécialement
sur ces dernières.
Les circonstances, en tout cas, sont telles qu'après la station bien connue de Cu-
cuteni, fouillée, en 1909 et en 1910, par M. le Professeur H. Schmidt, de Berlin, —
les résultats sont, à notre connaisance, encore en cours de publication, — la sta-
tion de Sultana, datant de la même époque, offre, en effet, pour la première fois
dans l'Ancien Royaume, un matériel plus complet, avec des détails plus précis 1 ). Par
sa situation géographique, au Sud-Est de l'Europe, et entre les régions situées au Nord

*) Ici, comme ailleurs, les recherches bien in- tentionnées n'avaient point manqué. On pourra

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LES FOUILLES DE SULTANA

et au Sud du Danube, elle présente une signification spéciale, que nous essaierons de
préciser en terminant.
Comme dans toutes les stations similaires, l'industrie du silex est bien représentée
à Sultana.
En commençant par les instruments qui servaient à la fabrication d'outils et
d'armes — qu'on nomme percuteurs et nueléus — nous en trouvons à Sultana de nom-
breux échantillons, surtout des premiers.
Sur 23 percuteurs en silex, presque tous, d'après les données classiques précédem-
ment acquises, ont tellement servi que tous leurs angles sont effacés et sont deve-
nus tout à fait sphériques (pi. I, fig. 1, 2,
3 et 4 ; pi. I I , fig. 1 et 2 ; pi. XIV, fig.
4, 5 et 7). Un autre présente une forme
à peu près discoïde (pi. I I , fig. 2) ').
En outre, dans tous ces percuteurs,
on a pratiqué un léger creux, évidemment
pour que le doigt s'y fixât et ne glissât
point ; mais ce creux n'est pas aussi pro-
fond que dans la forme typique présentée
par de Mortillet 2 ).
Les nueléus découverts à Sultana sont
au nombre de 14, et de taille moyenne
ou petite. Deux d'entre eux présentent
une forme plus ou moins arrondie (pi. I I ,
fig. 3 et 4), semblable à celle de projectiles
de même nature, dits «nucléiformes» 3 ).
Mais comme le prouvent les étoilures de
leurs extrémités, il n'est pas impossible
qu'ils aient servi de percuteurs 4 ).
Si nous considérons le nombre rela-
tivement restreint des «nueléus», compa-
rativement à celui des «percuteurs» et sur-
tout à l'abondance d'instruments en silex,
typiques ou atypiques, entiers ou fragmen-
taires, qui se chiffrent par environ 1850,
parmi lesquels 1000 pourraient être défi- Pi. IL
nis propres à l'usage, nous pouvons avoir
l'impression qu'à Sultana, même si la matière brute a été apportée en quantités ap-
préciables, elle a été travaillée, non seulement avec beaucoup de conscience, mais
même avec parcimonie.

en connaître la succession et les caractéristiques ' ) V. G. et A. de Mortillet : Musée Préhisto-


clans ma Contribution à la Dacie avant la conquête rique, éd. I I , Paris, 1903, pi. X X X V , fig. 335.
2
des Romains, Iassy, 1912, et Sur Vâge du bronze en ) Idem, op. cit., pi. X X X V , fig. 339.
3
Roumanie, publiée clans le Bulletin de la Commis- ) Dcchelettc: Manuel d'archéologie préhistorique,
sion des Monuments Historiques, 1915 (avec un celtique et gallo-romaine, t. I, p. 490 — 491.
résumé en langue française). *) Op. cit., pi. X X X V , p. 339.

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3 Daeta î 19i4.
1. VNDKIK.SESCr

Parmi les instrumente en silex découverts à Sultana, les plus nombreux sont des
lames et des couteaux, entiers on fragmentaires. Les bords en sont souvent très tran-
chants. Plates sur la face d'éclatement, ces lames ou ces couteaux portent au dos une
ou deux nervures longitudinales (pi. I I I , fig. 1—45). Il est évident qu'en beaucoup de
cas ces objets ont été faits pour être bien tenus en main.
Beaucoup plus rares, et sans autre distinction, on trouve des lames de silex qui
portent des dentelures pins on moins fortes; on peut les considérer comme de petites
scies (pi. IV, fig. 1 — 7).
En revanche, les grattoirs sont
très nombreux et très caractéristi-
ques (pi. IV, fig. 8 — 12,17 - 24,25 —
26, 33 et 34, 36 — 3 8 ; pi. V, fig. 1
et 2). À notre avis, ceux découverts
à Sultana ne peuvent être distin-
gués d'une autre sorte d'instruments
similaires, les rocloirs, qui se trou-
vent également en assez grand nom-
bre.
Nous présenterons ici seulement
quelques exemplaires (pi. IV, fig.
13 — 16, 27 — 32 et 35).
Il n'est cependant pas impos-
sible que certains de ces grattoirs
(pi. IV, fig. 12, 17, 19 et 37; pi. V,
fig. 1), aient été utilisés également
comme retouchoirs. Mais leur pointe
a été brisée par l'usage.

lîlllllllull
Parmi les instruments que nous
venons de eiter, l'un présente une
forme archaïque spéciale (pi. IV, fig.
33). Il y a là, peut-être, seulement
Γ 58
53 54 35 56 37 58 39 40 41 42 43 44 45 un hasard ; peut-être aussi un reste
ri. i de types antérieures, ce qui concorde
assez bien avec l'emploi fréquent des
retouchoirs, qui, à Sultana, se rapprochent beaucoup, comme aspect, des types mou-
stériens.
Tous les instruments sont confectionnés de telle manière qu'ils peuvent être saisis
solidement entre le pouce et l'index de la main droite.
Il n'y a rien à observer quant aux perçoirs (pi. V, fig. 3 — 21); les seuls qui aient
été travaillés avec soin sont les deux derniers, mais, comme ils sont trop petits, ils
ne semblent pas, certainement, avoir été pratiquement utilisés.
Un exemple de retouche plus soigné est celui qui est représenté par la fig. 13.
Cette pièce était probablement une pointe de flèche.
Ce sont les instruments représentés dans la planche V (fig. 22 — 44), qui semblent
avoir surtout servi de retouchoirs. Leur pointe est le plus souvent rompue et devenue

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LES FOUILLES DE SULTAN A

i n u t i l i s a b l e . On p e u t citer, c o m m e robustesse et aisance de prise en m a i n , l'exemplaire


r e p r é s e n t é d a n s la fig. 32. Il n ' e s t pas impossible toutefois q u e ces outils, ou t o u t a u
moins c e r t a i n s d ' e n t r e e u x , a i e n t été utilisés c o m m e g r a t t o i r s , après r e t o u c h e soignée
de la p a r t i e inférieure.
L ' e x e m p l a i r e q u i se r a p p r o c h e le plus de la forme t y p i q u e est celui q u e r e p r é s e n t e
la fig. 30 l ) .
Les objets r e p r o d u i t s d a n s la p l a n c h e V I (fig. 1—41), o n t été utilisés p o u r des usages
variés, mais dont nous ne sommes point
s û r s . Le p r e m i e r , à d a r d aigu, et à
côtés c o u p a n t s , c o n s t i t u e u n e p u i s s a n t e
p o i n t e de l a n c e , n o n t e r m i n é e , et qui,
p e u t - ê t r e , a été e m p l o y é e c o m m e poin-
çon et c o m m e c o u t e a u .
U n p u i s s a n t découpoir est celui q u e
l'on v e r r a sur la fig. 2. L ' a u t r e (fig. 3),
est moins bien affilé. Un troisième (fig. 4)
a été brisé à l'usage. La p o i n t e d ' u n
q u a t r i è m e , m a l t r a v a i l l é e , s'est rom-
p u e . P a r c o n t r e , il en existe u n a u t r e ,
q u e n o u s v o y o n s d a n s la figure 6. U n e
p o i n t e de flèche, assez bien travaillée
est brisée d a n s le sens rectiligne (fig. 7).
C e t t e p o i n t e c o m p o r t a i t aussi d ' a u t r e s
i n s t r u m e n t s , m a l t r a v a i l l é s , mais p r o -
p r e s à ê t r e bien t e n u s en m a i n (fig. 8).
V i e n n e n t e n s u i t e u n g r a t t o i r déli-
c a t , m a i s p r o b a b l e m e n t sans utilité p r a -
t i q u e (fig. 9) et u n p u i s s a n t outil de per-
cussion (fig. 10). S u r ce dernier, q u i
affecte la forme d ' u n râcloir, et q u i a
dû servir à cet u s a g e , la c r o û t e r u g u e u s e
PI. IV.
est restée sur la p a r t i e s u p é r i e u r e , m a i s
la p o r t i o n s e r v a n t au t r a v a i l a été brisée à l'usage (fig. 11). L ' i n s t r u m e n t q u e r e p r é s e n t e
la fig. 12 a été r e t o u c h é avec u n soin e x t r ê m e .
T o u s les a u t r e s i n s t r u m e n t s d é c o u v e r t s o n t été utilisés p o u r l'un ou l ' a u t r e
des usages d o n t n o u s v e n o n s de p a r l e r . Certains s o n t travaillés a v e c b e a u c o u p
de soin.
I l r e s t e toutefois hors de d o u t e q u e la plus g r a n d e h a b i l e t é d a n s le t r a v a i l d u silex
se révèle, à S u l t a n a , d a n s les pointes de flèches, a u n o m b r e de 8 en t o u t , d o n t n o u s
r e p r é s e n t o n s six (pi. X I I , fig. 1 — 3 et 6 — 8 ou p i . I , fig. 5 — 7). T o u t e s ces p o i n t e s , à
b a s e rectiligne, sont c o m p a r a b l e s , c o m m e t r a v a i l et c o m m e b e a u t é , a u x meilleurs
e x e m p l a i r e s b u t m i r i e n s , ou d é c o u v e r t s t a n t en Occident q u ' a u N o r d .
O n t r a v a i l l a i t d o n c t r è s a s s i d û m e n t le silex à S u l t a n a .

') G. et A. de Mortillet, O. c, pi. XLIX, fig. 525—526.

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5*
Si nous passons m a i n t e n a n t a u x a u t r e s é l é m e n t s de l ' i n v e n t a i r e que nous pro-
duisons ici, de nouvelles p r e u v e s du genre ainsi q u e des p h a s e s du travail n o u s seront
données p a r u n e série c o m p l è t e de huches en silex, d é c o u v e r t e d a n s t o u t e s les couches,
et qui r e p r é s e n t e n t , ici, c o n n u e ailleurs ( B u t m i r , etc.), non seulement les a p t i t u d e s

W
1 2 . 4 5 6 7 β 9 10 * 3 4- W

12 13
11 a 15 1* 17 18 IV 20 21

{{mil il**"·
llltlia iHiM'i
J? 3θ 39 40 41
PI. V.
42 43 44 54 35 36 37 38
PL VI
39 40 *1

des h a b i t a n t s , m a i s encore les diverses é t a p e s de leurs efforts (pi. I , fig. 8 — 1 7 ou


pi. I I , fig, 5 - 1 4 ) .
La forme c h e r c h é e , e t en p a r t i e réalisée, est celle q u e les archéologues a l l e m a n d s
o n t définie p a r dicknackiges Beil, à t ê t e épaisse, à p e u p r è s de m ê m e épaisseur q u e
le milieu de la h a c h e , et à q u a t r e côtés *). P l u s p e t i t e s q u e celles d é c o u v e r t e s à B u t -
mir, elles s o n t n é a n m o i n s p l u s fortes.
C o m m e s t a d e s de t r a v a i l , v i e n d r a i e n t d ' a b o r d les o b j e t s r e p r é s e n t é s d a n s les
fig. 8 et 9 de la p l a n c h e I (pi. I I , fig. 8 et 11), p u i s s u c c é d e r a i t l ' e x e m p l a i r e r e p r o d u i t
d a n s les fig. 10 et 11 d e la p l a n c h e I (pi. I I , fig. 12 et 13).
A u s t a d e s u i v a n t , les lignes de profil a n t é r o - p o s t é r i e u r e s , la taille, et les lignes
l a t é r a l e s se r a p p r o c h e n t b e a u c o u p plus de la p h a s e du p o l i s s a g e 2 ) . Ces s t a d e s s o n t

M J. Schleinin: Wortvrbuch zur Vorgeschichte, ") W. Radimsky u. M. Hoerncs: Die ncolithische


Berlin, 1908, p. 98. Station von Butmir, Vienne, 1895, p. 31.

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LES FOUILLES DE SULTANA

représentés par les exemplaires figurés dans les reproductions (pi. I, fïg. 13, 15 et 12
ou pi. I I , fig. 5, 7 et 10).
L'exemplaire à peu près typique comme forme pourrait être celui représenté dans
la fig. 14 de la planche I (pi. I I , fig. 9). Un autre exemplaire de même ordre a été
brisé à l'usage (pi. I, fig. 12 et 13 ou pi. II, fig. 5 et 10). De même, le dernier exem-
plaire de la planche II (fig. 14), utilisé comme hache, a été, à un moment donné, em-

Pl VII

ployé comme nucléus, en détachant d'une de ces surfaces deux lames, faciles à re-
connaître (pi. I, fig. 16).
Comme Montelius le dit, cette sorte de haches appartient aux dernières périodes
de l'époque néolithique *) et, vu leur abondance dans toute la station de Sultana,
elle constitue une première indication chronologique plus précise, dont nous devons
tenir compte.

*) Schlemm, «p. cit., p. 99, et l'opinion de Mon- keilen und flachen Hacken, das der dritten in spitz-
teliui concorde parfaitement avec le parallélisme nackigen Beilen, das der Steinkupferzeit in schmal-
établi par Moritz Hoernes, à savoir: «1. Spiral- nackigen Beilew>. M. Hoernes: Urgeschichte der bil-
maanderkeramik ohne Malerei ; 2. Stichbandke- denden Kunst in Europa von den Anfângen bis um
ramik; 3. bemaltc Keramik. Das Steingeriit der 500 vor Christi, ΙΙΙ-e Aufl. hg. v. O. Menghin,
ersten und zweiten Stufe besteht in Schuhleisten- Wien, 1925, p. 300.

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I. ANDRIEÇESCU

D'autre part — et nous ne nous y attendions pas — la station de Sultana manque


totalement de ces sortes de haches que les archéologues allemands ont dénommées
spitxnackiges Beil, à tête pointue et à deux côtés 1 ). Il y a là, certainement, un hasard,
alors que, d'un autre côté — par un hasard encore, sans doute — parmi les haches qui
caractérisent principalement le style et la région de l'Europe orientale et méridio-
nale, les échantillons dénommés Schuh-
leîstenkeil ou Schuhleistenformiges Stein-
heil2) se rencontrent à Sultana sous la
forme d'un seul exemplaire, et non des
plus beaux (pi. VII, fig. 1 ou pi. V I I I ,
fig. 13 3).
Les haches en pierre polie ne sont
pas non plus très nombreuses. La plu-
part d'entre elles sont de petite di-
mension, ce qui leur enlève un caractère
usuel. Elles constituent toutefois un élé-
ment d'inventaire intéressant par leur
forme, qui se rapproche des formes ty-
piques, connues ailleurs (pi. I, fig. 17
ou pi. V I I I , fig. 1; pi. V I I , fig. 2 — 1 1
et 19 ou pi. V I I I , fig. 2 — 1 2 ; pi. V I I ,
fig. 13 — 14 ou pi. V I I I , fig. 14 — 17).
Toutes les haches, faites de pierres
diverses, sont bien polies, sauf la pre-
mière, qui représente la phase antéri-
eure du polissage complet (pi. I, fig. 17
ou pi. V I I I , fig. 1). Pour être mieux
utilisée, une autre hache (pi. V I I , fig.
2 ; pi. V I I I , fig 2) présente vers son
" sommet une cavité que l'on peut très
bien remarquer dans la photographie.
Le tranchant est brisé. Une troisième hache est la plus bombée de toutes, mais sa
tête est brisée, ce qui est fort explicable (pi. VII, fig. 3 ; pi. V I I I , fig. 3). Tout
à fait différente, une autre a le tranchant formé par un plan complètement plat sur
l'une des faces, et par un plan bombé sur l'autre ; c'est évidemment une herminette
(pi. V I I , fig. 4 ou pi. V I I I , fig. 4.)
1
) Schlemm, op. cit., p. 367. loc. cit.
2 3
) «Von Portugal zu Siebenbiïrgcn und Serbien ) Les détériorations, visibles sur la partie bom-
zu Hunderten», Reinecke apud Schlemm, op. cit., bée, ne proviennent pas d'une tentative de per-
p . 535. La période à laquelle elles appartiennent cage, mais de la rupture de la pierre. D'autre p a r t ,
est celle de la «Bandkeramik» (Reinecke), ou de la M. O. Menghin, dans ses Appendices à l'œuvre de
«Bogenbandkeramik», Forrer Reallexikon der prà- M. Hoernes, a écrit sur le groupe oriental de la
historischen, klassischen und friihchristlichen Altcr· céramique rubané»; «Der Schuhleistenkeil kommt in
tiimer, Berlin u. S t u t t g a r t , p . 719; H . Schmidt: dieser Gruppe nur mehr ganz selten von, Op. cit.,
Vorgeschichte Europas, I, «Natur und Geisteswell», p. 788.
Tcubner, 1924, p. 54. M. Hoernes - O. Menghin,

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LES FOUILLES DE SULTAN A

Beaucoup plus intéressants sous le rapport de la forme et surtout au point de


vue du caractère régional sont les deux autres exemplaires (pi. VII, fig. 5 ou pi. V I I I ,
fig. 5 ; pi. VII, fig. 14 ou pi. VIII, fig. 15). Légèrement recourbés, et amincis vers la
partie destinée à recevoir le manche de bois, ces outils constituent, sans nul doute
sinon à Sullana seulement, mais dans tout le reste de l'Europe sud-orientale, le mo-
dèle de certaines formes similaires reproduites en cuivre et en bronze *).

PI. IX.

Un autre exemplaire découvert est une hache de proportions régulières, et polie


avec soin (pi. V I I , fig. 6 ou pi. VIII, fig. 6). Les quatre autres (pi. VII, fig. 7—10
ou pi. V I I I , fig. 7 —10) sont, également, de petites herminettes dont la dernière, faite
de pierre très dure, a été travaillée avec un soin spécial.
Dans tout l'ensemble des fouilles, on a trouvé une seule hache-marteau, d'ailleurs
brisée (pi. V I I , fig. 11, ou pi. V I I I , fig. 11).
Sauf quelques haches plus grandes, et de forme habituelle (pi. VII fig. 19, ou
pi. V I I I , fig. 12), tous les autres échantillons découverts sont des herminettes bien

' ) Franz v. P u l s k y : Die Kupfcrzeit in Ungarn, plaires en bronze provenant de Sinaïa, v. Andrie-
Budapcst, 1884, p. 71, fig. 1 — 6 ; Hampel Jozsef: sescu: Sur Vâge du bronze en Roumanie. 1915,
A bronzkor rmlékri Magyarhonban, Budapest, où il est parlé d'un exemplaire tout en cuivre
1892—1896, I I I , p. 51, fig. 4 — 8. Pour les exem- découvert en Posnanie.

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I. 4NDRIEÇESC1

travaillées, d o n t certaines sont de d i m e n s i o n s très r é d u i t e s (pi. V I I , fig. 13 — 1 6 , p i .


V I I I , fig. 14 — 17).
On a t r o u v é encore à S u l t a n a u n e p e t i t e h a c h e , avec perforation c o m m e n c é e ,
mais non t e r m i n é e . Le cas n ' e s t p a s r a r e d a n s nos s t a t i o n s néo- et é n é o l i t h i q u e s . P a r
m a l h e u r , elle a été p e r d u e , ou s o u s t r a i t e .
S u l t a n a a livré en o u t r e , p a r m i d ' a u t r e s i n s t r u m e n t s de pierre polie q u e l q u e s
ciseaux (pi. V I I , fig. 12, 17 et 18 o u
pi. V I I I , fig. 2 1 , 19 et 18). U n i n s t r u -
m e n t s e m b l a b l e eu p a r t i e , c o m m e profil,
m a i s de section carrée et n o n aigu (pi.
V I I , fig. 20 ou pi. V I I I , fig. 20) a dû
ê t r e u n aiguisoir, m a i s il ne c o m p o r t e
p a s de t r o u d e suspension.
E v i d e m m e n t , t o u s les ustensiles en
pierre d o n t il est q u e s t i o n ci-dessus de-
v a i e n t , p o u r ê t r e utilisés, ê t r e a d a p -
tés à des emmanchures en bois ou en
corne. Il est s u r p r e n a n t q u ' o n n ' a i t dé-
c o u v e r t à S u l t a n a q u ' u n seul e x e m -
plaire de ce g e n r e : u n e gaine à douille
ou gaine perforée x), en corne de cerf po-
lie (pi. I X , fig. 1 ou pi. X , fig. 1). L a
corne de cerf est p r e s q u e c o m p l è t e m e n t
pétrifiée.
E n r e v a n c h e , on a d é c o u v e r t plu-
sieurs haches en corne de cerf, q u i , bien
q u e n o n e n t i è r e s , s o n t s u f f i s a m m e n t ca-
r a c t é r i s t i q u e s (pi. I X , fig. 2 — 4 ou pi.
X , fig. 2 — 4 , ainsi q u e les f r a g m e n t s
figurés pi. X , fig. 5 e t 6). La m a j o r i t é
s o n t n a t u r e l l e m e n t privées de leur p a r l i e
aiguisée, laquelle a été plus ou m o i n s
PI. \ .
brisée loin de l ' e m m a n c h e m e n t . U n e
seule d ' e n t r e elles a conservé son t r a n c h a n t (pi. I X , fig. 4 ou pi. X fig. 4). L a p l u p a r t
n ' o n t rien p e r d u de leur rugosité n a t u r e l l e à l ' e x t é r i e u r .
E n f i n , q u e l usage o n t p u t r o u v e r c e r t a i n s a u t r e s o b j e t s , faits d ' a n d o u i l l e r s d e
c e r f ? : l ' u n est percé s e u l e m e n t en p a r t i e (pi. I X , fig. 11 ou p i . X , fig. 7), u n a u t r e
l'est c o m p l è t e m e n t , m a i s les p a r o i s d u t r o u s o n t à m o i t i é brisées (pi. X I , fig. 10), —
t o u s les d e u x s o n t , d ' a i l l e u r s , de p e t i t e d i m e n s i o n . Ils n e f u r e n t , sans d o u t e , d ' a u c u n e
utilité pratique.
C o m m e e n b e a u c o u p d ' a u t r e s e n d r o i t s , il est r e c o n n u q u ' à S u l t a n a , o u t r e le
silex, la pierre et la corne, on a t r a v a i l l é l'os avec succès. N o u s a v o n s recueilli d a n s
la s t a t i o n de n o m b r e u x objets en os ( a r m e s , ustensiles ou p a r u r e s ) . C o m m e n o u s le

') G. et A. de Mortillet: Musée, pi. LI, fig. 516 et 548; Déchelette, op. cfo, I, p· 532, fig. 192.

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LE9 FOUILLES DK SULTANA

verrons plus loin, nous avons trouvé aussi des objets bien travaillés en terre cuite,
soit pour la parure, soit pour des usages pratiques, à savoir: pour le filage, la pêche.
Comme bois, il ne nous est resté que les empreintes des étais employés pour les

16 17 18 „ „ | | 1\ ^

27 28

21 22 2", 24

29 50 25 26
27 M

PI \ I . PI. XII.

habitations. Ceci est explicable en raison de la nature grasse de notre sol, ainsi que des
pluies fréquentes qui le pénètrent et l'imbibent.
En ce qui concerne Vos, nous signalerons, tout d'abord, plusieurs poignards, les
uns plus petits (pi. X I , fig. 3 et 4 ; pi. X I I , fig. 31 et 32" (long. 0 m 094), un autre
assez grand et puissant (pi. X I I , fig. 26 (long. 0 m 148).
Le plus grand nombre sont des poinçons ou des perçoirs (pi. X I , fig. 1, 2, 5, 6,
12—16; pi. X I I , fig. 14, 18, 19,20, 25 et 30); les dimensions en sont habituellement
réduites.
On a aussi trouvé à Sultana deux ciseaux également en os, dont l'un est usé
et moins régulièrement travaillé (pi. X I I , fig. 13), l'autre plus soigneusement ouvré,
quoique la rugosité soit fort apparente sur la partie déclive du tranchant (pi. X I I ,
fig. 12).
Enfin on a découvert à Sultana toute une série d'Objets de parure, pendantifs, en
os également, dont certains tout prêts à être fixés ou adaptés aux vêtements (pi. X I ,

73
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T. ANDRIEÇESCU

fig. 7 — 9; de même fig. 1 1 ; ensuite pi. I X , fig. 9, la même que celle de la pi. X I I ,
fig. 24; pi. VII, fig. 25, 21, 23, 24 ou pi. X I I , fig. 15, 21, 17, 23 et 22).
On a trouvé, par contre, en plus grand nombre des disques-parures en terre cuite
(pi. X I , fig. 21 — 30; pi. VII, fig. 22 et 27 ou pi. X I I , fig. 4 et 5).
Une seule perle percée, en os, a été trou-
vée (pi. X I , fig. 31), mais on a découvert un
bien plus grand nombre de semblables paru-
res en terre cuite (25) présentant la forme
de grains de perles percés dans toute leur lon-
gueur (pi. X I I I , fig. 1 — 2 1 ; pi. VII, fig. 30
et 31). On a fermement l'impression que les
habitants, plus accoutumés aux produits cé-
ramiques, trouvaient plus commode d'exé-
cuter également leurs parures en terre cuite.
À Sultana, comme ailleurs, les fusa'ioles
sont aussi en terre cuite, très simples d'ail-
leurs (pi. VII, fig. 29 et 28 ou pi. X I I , fig. 11
et 9 ; de même pi. X I I I , fig. 22 — 25); en ce
qui concerne les tissus on n'en trouve pas la
moindre trace à Sultana. Il en est de même
des poids pour filets (23) (pi. V I I , fig. 3 2 ;
pi. I X , fig. 8, 12, 13, et 6, de même pi. X I V ,

• il m
*9 20
23
fig. 2 et 3). L'un de ces poids de filet (pi. IX»
fig. 6) présente sur son fonds, trois empreintes
circulaires. Un deuxième exemplaire (pi. XIV,
^ÊÊL fig. 2) présente, situées au même endroit, < :inq

W pareilles empreintes à la file. La ebose ne
24 25 peut être due au hasard. Ce sont-là probable-
p. χ τ ment des signes conventionnels, dont nous ne
connaîtrons peut-être jamais le mystère.
L'exemplaire suivant (pi. I X , fig. 7 ou pi. XIV, fig. 1) est d'une forme ne res-
semblant aux poids de filet qu'en apparence, sans trou de suspension, mais d'une
régularité complète que ne possèdent point les poids de filet. On ne peut préciser
l'emploi de cet objet, qui n'était certainement pas un poussoir. Bien qu'on en ait
trouvé très peu, les poussoirs de Sultana ont une tout autre forme (pi. I X , fig. 5 et
10 ou pi. X X I I I , fig. 1 et 2), par rapport aux couvercles des vases. Cela n'a pas pu
être non plus un pilon à semences, car on a trouvé à Sultana un assez grand nombre
de meules à bras, destinées à écraser les grains (pi. XIV, fig. 6) ; or, leur forme est
bien différente. Il est bien plus probable que des instruments du genre de celui dont
nous nous occupons, étaient des molettes à broyer les couleurs employées dans l'in-
dustrie céramique.
De même, n'oublions pas, dans cet ordre d'idées, quelques petites tables à quatre
pieds, toujours en terre cuite (pi. X X I I I , fig. 5, 6 et 10), dont l'emploi n'a pu être
que de caractère religieux, en tout cas, d'aucune utilité pratique.

74
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LES FOUJLF.ES DE SULTANA

Il est bien inutile d'insister ici sur l ' i m p o r t a n c e q u e la céramique p r é s e n t e des p o i n t s


de v u e archéologique, e t h n o g r a p h i q u e et c u l t u r a l o - h i s t o r i q u e , c o m p a r a t i v e m e n t à t o u t e s
les sortes d ' i n d u s t r i e s p r é h i s t o r i q u e s de S u l t a n a , i n d u s t r i e s q u e n o u s a v o n s citées plus
h a u t en e x e m p l e s .
P l u s q u e le t r a -
\ ail «II- la pierre qui WT%
p r o u v e de la t é n a -
cité e t d e la persé-
vérance patiente,
aptitudes que nous
remarquons sur
t o u t e la t e r r e ; plus
q u e le t r a v a i l du
silex, qui d é m o n t r e
u n e h a b i l e t é et u n
d e x t é r i t é inaccou-
5 6 7
t u m é e s , m a i s com-
m u n e s à t o u t e s les PI. XIV.
races aussi q u i o n t
â p r e m e n t - l u t t é d a n s la voie d u progrès, le t r a v a i l de la t e r r e glaise — q u ' o n lui ait
d o n n é des formes a p p r o p r i é e s à l'outillage ou a u x objets du culte exécutés en céra-
m i q u e , ou encore a u x formes p l a s t i q u e s , a n t h r o p o m o r p h e s ou zoomorphes — est, m a l h e u -
r e u s e m e n t , le seul miroir où l'on entrevoie q u e l q u e chose de l ' â m e de ceux q u i , d a n s
u n e p a r t i e d u m o n d e ou d a n s u n e a u t r e , o n t vécu et t r a v a i l l é , p o u r n o u s laisser la
p l u p a r t des vestiges de c e t t e s o r t e .
C'est aussi le cas de S u l t a n a . La m a n i è r e d o n t les h a b i t a n t s de l'époque choisis-
saient et p é t r i s s a i e n t la glaise, donc la technique ; les formes qu'ils d o n n a i e n t a u x vases,
les u n s , et p a s les m o i n d r e s , d ' u n profil choisi, la p l u p a r t du t e m p s , sans d o u t e , d ' u n e
façon v o u l u e et consciente ; enfin Vornementation des vases, s o n t p o u r n o u s le dernier
d é t a i l q u i n o u s p e r m e t d'assigner à la s t a t i o n de S u l t a n a , de p a r le style de sa cé-
r a m i q u e , la place qui lui c o n v i e n t sous les p o i n t s de v u e m e n t i o n n é s p l u s h a u t et a u x -
quels s ' a d j o i n t la plastique, d o n t n o u s n o u s occuperons p a r la suite.
L a technique se r a p p o r t a n t à la c é r a m i q u e de S u l t a n a est, aussi bien c o m m e m a -
tériel et c o m p o s i t i o n , q u e c o m m e m o d e de t r a v a i l , la t e c h n i q u e h a b i t u e l l e de la céra-
m i q u e n é o - e t é n é o l i t h i q u e du S u d - E s t de l ' E u r o p e . Le t o u r n ' e x i s t a i t p a s d u t o u t .
Ils s ' e n s u i t q u e sous le r a p p o r t du m a t é r i e l c é r a m i q u e , la s t a t i o n de S u l t a n a r ê v e t
u n c a r a c t è r e u n i t a i r e , ancien p r é h i s t o r i q u e , en pleine c o n c o r d a n c e avec le g r a n d
n o m b r e d ' i n s t r u m e n t s en silex, avec la r a r e t é de l'emploi d u m é t a l et avec les a u t r e s
d o n n é e s déjà énoncées, plus c o n c l u a n t e s c h r o n o l o g i q u e m e n t , de l ' i n v e n t a i r e , telles q u e
les h a c h e s à t ê t e épaisse, e t c . Cela signifie toutefois q u e n o u s n e r e m o n t o n s p a s a u x
t e m p s n é o l i t h i q u e s m ê m e les p l u s anciens. La p â t e est en effet p e u r é s i s t a n t e et po-
r e u s e , la cuisson est i m p a r f a i t e , et, malgré t o u t , m ê m e les vases p l u s p r i m i t i v e m e n t
façonnés o n t u n e solidité et une précision de c o n t o u r s , dignes d ' ê t r e m e n t i o n n é e s . I l
y a à S u l t a n a des vases grossiers, s u r t o u t p a r m i ceux de g r a n d e taille, m a i s aussi p a r m i
les p e t i t s , à parois épaisses, en p â t e grumeleuse, très peu p é t r i e , la cuisson é t a n t

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i. A\i>mi:si:s<:r

souvent réduite à un simple passage à la flamme. Les exemplaires sont néanmoins ré-
sistants. Le contour présente une ligne assez sûre et, d'autre part, l'ornementation,
quelque naïve et simple qu'elle soit, est disposée suivant certaines lois qui, en aucun
cas, ne contredisent le cadre des motifs ornementaux de l'Europe du Sud-Est. Il n'est
pas rare, comme nous le verrons par la suite, que de nouvelles variations documentent
des motifs connus d'une autre manière.
Les grandes formes sont à peu près toujours aussi le plus primitives comme tech-
nique.
Les petites formes, d'un profil plus délicat, accusent aussi une meilleure tech-
nique. La pâte de ces vases est plus uniforme et plus uniformément cuite, quelque-
fois même très bien et très également cuite et façonnée.
Beaucoup plus rarement, la surface des vases a une patine, au sens préclassique,
mais propre du mot, patine fréquente plus tard dans la céramique de l'âge du bronze
en Dacie comme aussi au Sud-Est de l'Europe.
A Sultana du moins, les vases ne sont pas grands; il n'y en a que de petits; leur
profil est particulièrement élégant, mais n'appartient qu'au Sud-Est, dans des limites
géographiques, sur l'étendue desquelles on discutera encore fort longtemps ' ) . Cette
céramique représente à Sultana le maximum, en ce qui concerne la capacité tech-
nique.
Les formes. — Si la céramique de Sultana ne diffère, quant à la technique, presque
en rien de la céramique néo- et énéolithique en général et encore moins de l'Europe
du Sud-Est, comme nous venons de le voir, en ce qui concerne les formes et l'orne-
mentation, cette céramique nous apporte beaucoup de nouvelles données intéres-
santes, d'autant plus qu'elles comblent une lacune, ressentie depuis un long temps
dans tout le monde carpatho-balcanique, presque entièrement inconnu jusqu'à pré-
sent, en ce qui a trait à la région comprise entre les Carpathes et le Bas-Danube.
Sultana n'est, il est vrai, sous ce point de vue, qu'un simple début, mais je crois
qu'il est, comme on le verra, assez concluant.
Ce qui prédomine à Sultana, depuis les couches les plus basses de la période de
civilisation et jusqu'en haut, c'est, sans nul doute, une céramique primitive en tant
que matériel et comme travail et tout aussi simple comme forme et ornementation.
Ayant des parois épaisses et droites, que les vases soient grands ou petits, ils
n'ont d'autres ornements que l'accolement, autour du goulot, d'une ceinturette alvéo-
laire, ou d'incrustations parallèles. Il en va de même d'une ou de plusieurs grandes
proéminences, surtout excécutées sans soin, d'où partent assez souvent vers le bas,
obliquement, d'autres ceinturettes, ou encore, très souvent, le plus simple ornement
que nous puissions imaginer pour recouvrir la surface des vases (— (1er Flàchenfullende

' ) Soit dit en passant, je suis loin de croire nier m o t : La Thessalie appartiendrait pour cette
que les opinions de M. C. L. Woolleys (Afia minor, époque au milieu de culture de l'Asie Mineure, etc.
Syria and the Acgcan, «Liverpool Annals», 1922) Plus justifiées me semblent les réserves et la ré-
bien que nouvelles et intéressantes, ainsi que les pétition de la p . 794 ainsi que de la note 131 de
commentaires de M. O. Mengbin (M. Hoernos M. Mengbin, quand il dit: «Es wiire aber immerliin
Mengbin: Urgeschichtc drr bildvndvn Kunst in Eu- moglich, dass kiinfti^r Fnrscbungcn uns veranlassen
ropa von den Anfàngcn bis zu 500 vor Christi, kônnen, eine andere Aufteilung vorzunebmcn».
Wien, 1925, p. 772), soient, à ce sujet, le der-

7(.

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LES FOUILLES DE SULTANA

ou dcr Umiaufstil de M. Hoornes—), ornement résultant du passage, verticalement


ou obliquement, des doigts de la main sur la pâte encore humide. Avec ces moyens
tout à fait simplistes, l'effet ornemental est assez varié (pi. XV, fig. 1, 2 et 4 et pi.

PI. XV.

XVI, fig. 1 — 7). Il est bon de noter que les trois derniers fragments cités de la pi.
X V I , bien que situés tout à fait au bas de la couche de civilisation, sont supérieurs
aux autres comme pâte et comme cuisson. Il ne s'agit pas d'une variation accidentelle,
mais, comme nous le verrons dans beaucoup d'autres cas, d'un abaissement général de
bas en haut du niveau général de culture.
Dans une forme de vase, aux parois intérieures inclinées, le genre d'ornementa-
tion est le même (pi. XV, fig. 3 ou pi. XVI, fig. 8).
Enfin, dans un fragment de vase aux parois encore plus inclinées — le travail et
la cuisson ayant été plus soignés — l'ornementation est constituée par des incisions et
des égratignures, plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'effilant
vers le goulot du vase (pi. XV. fig. 5).
Avec une même technique, d'autres vases, entiers ou fragmentaires, présentent
des formes toutes différentes, et ce, surtout pour les petits vases.
Un petit vase, trouvé dans les couches basses de la fouille, vase très probablement
destiné au culte, de cuisson assez bonne, nous permet de distinguer deux lignes presque

77

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I. ANDRIKÇKSCtl

égales du profil (pi. XV, fig. 8 ou pi. XXI, fig. 4); la ligne la plus petite se trouve
au fond.
Nous pouvons, en accentuant certaines de ces lignes de profil,poursuivre une varia-
tion des plus intéressantes dans le
cadre des formes du milieu néo- et
énéolithique Carpathn-Dnnubien, ainsi
que du Sud-Est européen.
Un petit vase, à moitié conservé,
aux parois droites relativement épais-
ses et travaillées avec moins de soin,
a la ligne du goulot assez distincte,
mais irrégulièrement tracée, et porte
deux proéminences, qui se répétai-
ent probablement aussi sur l'autre
face (pi. XV, fig. 7). 11 a été trouvé
dans les couebes les plus basses et de
proportions inusitées; c'était proba-
blement aussi un vase destiné au
culte.
Petit également, mais moins pro-
fond, un autre vase a la forme d'une
coupe basse, avec un ornement d'in-
cision, radial mais irrégulier, à sa
partie inférieure; comme le précé-
/
- ^ÊÊMÊË^ - dent, il ;i été trouvé dans les plus
^w.' v m I basses couebes de la période de cul-
4 1 turc (pi. XV, fig 9).
Il y a des formes beaucoup plus
13
nombreuses, qui, s'il leur manquait
le fond, auraient beaucoup de res-
semblance avec les coupes en céramique peintes de la Transylvanie, et même, en allant
plus loin, de l'Europe centrale.
Elles n'ont toutefois jamais les parois droites et leur fond est toujours grand, mais
jamais spliérique (pi. XV. fig. 10) ; les proéminences en diagonale séparent la ligne su-
périeure du corps du vase de la ligne inférieure. Avec quelques variantes, c'est l'une
des plus fréquentes formes trouvées à Sultana.
Une semblable variante nous est offerte par le vase suivant, qui présente une
légère accentuation du goidot et deux fois quatre proéminences en diagonale (pi. XV,
fig. 11 ou pi. XVIII, fig. 6) λ). Il en est de même pour un autre, avec cette différence
qu'ici les proéminences, répétées et plus ou moins régulières, constituent un véritable
ornement (pi. XV, fig. 13). On trouve encore de pareils exemplaires en Valachie, mais
en petit nombre. Ce sont-là les exemplaires les plus caractéristiques qui illustrent

l
) Seules trois paires de proéminences sont autres, constituant la 4-e paire, sont disparates,
constituées p a r paires, l'une sous l'autre ; les deux

78

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LES FOUILLES DE SULTANA

la céramique dite «à proéminences» (die Buckelkeramik), dont nous aurons l'occa-


sion de parler plus tard.
Sur un grand fragment d'un vase de forme similaire (pi. XV, fig, 12), la roton-
dité plus ample du vase, partant de dessous la ligne du goulot, est recouverte d'un

PI. XVII

ornement à raies verticales, sans doute postérieur comme ornement à l'ancien, réduit
à varier les surfaces par les traces parallèles des doigts promenés verticalement ou
obliquement.
D'autre fois, plus rarement, la ligne du goulot manque ; le vase possède alors
une anse puissante et l'ornementation consiste en des raies plus ou moins courbes qui
ornent à leur manière la partie supérieure du vase (pi. XV, fig. 14),
E n allant du plus ancien au plus nouveau, de l'inférieur au supérieur, stratigraphi-
qiiement parlant, nous avons une fois de plus l'occasion de constater, non pas une évolu-
tion, mais une régression sous le rapport des formes ; quant aux autres éléments, ils
ne diffèrent pas d'une manière discordante (pi. XV, fig. 15, 16 et 6; pi. X V I I , fig.
1, 2, 11, 5, 10 et 4 ; de même pi. XVI, fig. 9 —15). Ces formes ne représentent pas
seulement une liaison avec les figures antérieures; l'une d'entre elles, tout particu-
lièrement (pi. XV, fig. 6 ou pi. XVI, fig. 11), de par le caractère de son profil,
représente une liaison avec d'autres formes similaires que nous verrons plus loin,
d'une autre technique et d'une autre ornementation, beaucoup plus caractéristiques à

79

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S u l t a n a . La forme devient ainsi un élémenl d ' o r i e n t a t i o n s t y l i s t i q u e particulièrement
précieux.
Il y a plusieurs g r a n d s vases p l u s
c o n s i s t a n t s c o m m e p â t e , bien venus à
la cuisson, p o s s é d a n t une o r n e m e n t a -
tion s e m b l a b l e à celle dont nous a v o n s
parlé plus h a u t , o r n e m e n t a t i o n e m p l o -
yée plus l i b r e m e n t et d ' u n e m a n i è r e
plus sûre (fig. t e x t e 7 - 9 et pi. X V I I ,
fig. 7).
U n v a s e s e m b l a b l e au p r é c é d e n t ,
a y a n t des parois p l u s épaisses, n o u s
p r é s e n t e d e u x anses i m p o r t a n t e s e t u n e
o r n e m e n t a t i o n c o n s t i t u é e p a r des grou-
pes de q u a t r e lignes p r o é m i n e n t e s , dis-
posées en d e u x rangées a l t e r n a t i v e s (fig. t e x t e 1 0 ; p i . X I X , fig. 1). Le f r a g m e n t
d ' u n a u t r e v a s e , de forme et f a c t u r e similaires, a u n e a n s e r e p r é s e n t a n t u n e t ê t e
d ' a n i m a l (fig. t e x t e 11).
Q u a n d la p a r t i e inférieure du vase
est p l u s basse et q u e le v a s e en son
t o u t est plus p e t i t , alors il est p r i v é
d ' a n s e s q u i s o n t r e m p l a c é e s p a r des
p r o é m i n e n c e s ; l ' o r n e m e n t a t i o n est
aussi plus simple, c o m m e n o u s l ' a v o n s
v u plus h a u t (pi. X X , fig. 1).
N o u s a r r i v o n s ainsi à l'une des
formes p r é d o m i n a n t e s de la c é r a m i -
q u e de S u l t a n a , bien c o n n u e p a r sa
fréquence, s u r t o u t «dans le N o r d de la
région C a r p a t h o - B a l c a n i q u e » néo- e t
Fi
é n é o l i t h i q u e , la c é r a m i q u e incisée et 8- 8 ·
p e i n t e : la forme en poire 1 ) .
A S u l t a n a n o u s la t r o u v o n s d a n s u n e série e n t i è r e d ' e x e m p l a i r e s , p a r m i lesquels
le plus c a r a c t é r i s t i q u e est, sans d o u t e , celui q u e r e p r é s e n t e la figure (texte) 12 a, 6, ainsi
q u e la pi. X V I I , fig. 9 e t p i . X V I I I , fig. 2. L e v a s e a le fond r o n d , le r e b o r d l é g è r e m e n t
relevé, e t il s ' a p p u i e , a p p r o x i m a t i v e m e n t , sur q u a t r e pieds en d i a g o n a l e , q u i a t t e i g -
n e n t à peine la ligne h o r i z o n t a l e d u fond. E n t r e d e u x de ces pieds le v a s e p r é s e n t e u n e
a n s e , en forme de t ê t e d ' a n i m a l , p e r c é e ; d a n s la p a r t i e d i a m é t r a l e m e n t opposée e t
e n t r e les d e u x a u t r e s p i e d s , le v a s e n ' a q u ' u n e p r o é m i n e n c e é g a l e m e n t p e r c é e . L a
couleur d u v a s e est foncée et l é g è r e m e n t p a t i n é e . D e p a r la forme et de p a r ses dé-
tails p l a s t i q u e s , le v a s e de S u l t a n a est u n e x e m p l e c a r a c t é r i s t i q u e de la c o m b i n a i s o n
de la c é r a m i q u e e t de la p l a s t i q u e ; celle-ci, c o m m e n o u s le v e r r o n s , e s t t r è s bien
représentée à Sultana.

*) I. Andrieçescu: Contribution, p. 51 et suiv.

80

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LES FOUILLES DE SULTANA

Trois autres exemplaires, sans posséder la patine du vase ci-dessus, mais ayant
subi une bonne cuisson exécutée avec soin, ont le fond plus sûr (pi. X V I I , fig. 6 et
12 (pi. X V I I I , fig. 4), de même pi. XVII, fig. 8 (pi. X V I I I , fig. 5); le dernier, de
même, a une petite proéminence et
un léger ornement peint en zigzag,
sur tout le corps du vase (visible
seulement sur la pi. X V I I I , fig. 5).
Nous reviendrons à l'ornement; en
l ont cas il faut remarquer, encore
une fois, la liaison entre la forme du
vase, la proéminence qu'il porte et
l'ornement colorié ; on doit aussi re-
marquer le motif ornemental; tou-
tes ces données sont caractéristiques
pour l'unité de style de la céramique
de Sultana.
Bien cuits, possédant souvent
une patine foncée, plusieurs vases ont l'aspect de casseroles, formes qui ne sont
pas étrangères au Sud-Est. L'ornementation répète des motifs connus ou bien manque
complètement (pi. X V I I , fig. 13 ; pi. X X , fig. 8 et 4).
Il y a deux autres casseroles d'une
forme approximativement analogue,
ayant une partie supérieure bien plus
basse, d'un aspect général beaucoup
plus commun et sans aucun ornement
(pi. X X , fig. 2 ou pi. X V I I I , fig. 1, de
même pi. X V I I I , fig. 3).
Une petite casserole, ressemblant
aux précédentes, ayant toutefois des
parois verticales à sa partie inférieure
et ne possédant aucune ornementation,
est d'une correction et d'une délica-
tesse de lignes remarquables ; elles a
été trouvée beaucoup plus profondé-
ment que la plupart des autres (pi. X X ,
fig. 6). Le fragment d'un vase tout à
Fig. 10. fait semblable, un peu moins souple,
bien façonné toutefois, possède aussi un
léger ornement de lignes incisées, constituant une bande verticale, qui probablement se
répète (pi. X V I I , fig. 3).
Il faut également mentionner que parmi les formes de vases indiquées plus haut,
dont l'une a les parois de sa partie supérieure légèrement inclinées, a sur les lignes de la
panse une série d'excavations ou creux régulières s'étendant tout autour (pi. X X , fig. 9) ;
d'autre part, le rapport entre la partie supérieure et la partie inférieure des mêmes
formes peut varier, comme nous en donnons des exemples (pi. X X , fig. 11).

81

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6 Ducin T l'.i-'l.
I. ANDRIEÇESCU

Il est c u r i e u x de c o n s t a t e r q u ' à S u l t a n a n o u s n e puissions citer q u ' u n e x e m p l e


d'égalisation de la p a r t i e s u p é r i e u r e à la p a r t i e inférieure de semblables formes de
vases et l ' e x e m p l e est assez c o m m u n (pi. X V I I I , fig. 7). P a r ailleurs, d a n s n o t r e milieu
d u S u d - E s t , semblables v a r i a n t e s s o n t n o n s e u l e m e n t n o m b r e u s e s , m a i s c e r t a i n e s
d ' e n t r ' e l l e s s o n t caractérisées p a r u n e d i s t i n c t i o n p a r t i c u l i è r e de la forme et de l'orne-
m e n t a t i o n , s u r t o u t lorsqu'il s'agit de l ' o r n e m e n t p e i n t ' ) . D e m ê m e , u n e seule fois,
à S u l t a n a u n e x e m p l a i r e , p r e s q u e e n t i e r , a sa p a r -
tie s u p é r i e u r e plus allongée q u e sa p a r t i e infé-
r i e u r e 2 ) (pi. X X . fig. 12 ou pi. X X I , fig. 2). A Cu-
c u t e n i , p a r e x e m p l e , certaines formes de vases res-
s e m b l a n t en p r i n c i p e à ce v a s e de S u l t a n a s o n t
en é t r o i t r a p p o r t s t y l i s t i q u e a v e c l ' a u t r e forme d u
S u d - E s t citée plus h a u t et a p p a r t i e n n e n t , d ' a p r è s

Fig. 11. Fig. 12.

les précisions de celui q u i les a d é c o u v e r t e s , à la c u l t u r e «cucuténienne» p l u s r é c e n t e (B),


r e p r é s e n t a n t d a n s c e t t e c u l t u r e la m a n i è r e s t y l i s t i q u e n o u v e l l e 3 ) . E n t o u t cas, d a n s
ce r a p p o r t formel, la présence à S u l t a n a du v a s e cité m e semble p a r t i c u l i è r e m e n t
significative.
Mais n o u s s o m m e s loin ainsi d ' a v o i r p r é s e n t é t o u t e s les formes de vases de
Sultana.
L ' u n e des formes assez f r é q u e n t e s , a v e c des v a r i a n t e s de différentes d i m e n s i o n s ,
est celle q u i est p l u s large q u e p r o f o n d e , sans anses e t t o u j o u r s d ' u n t r a v a i l s u p é r i e u r ,
j u s q u ' à la p a r f a i t e p a t i n e noire q u i les r e c o u v r e . N o u s d o n n o n s q u e l q u e s profils (voir
pi. X X , fig. 17, 1 3 , 3 , 16 e t 5). N o u s s o m m e s à u n n i v e a u de c u l t u r e i m p o r t a n t , m ê m e
si l'on n e considère q u e la t e c h n i q u e et les formes. Le fait de n ' a v o i r t r o u v é les
f r a g m e n t s de la forme citée n o n p r è s de la surface, m a i s bien p l u s b a s , i n d i q u e assez
le déclin de c u l t u r e q u e n o u s a v o n s déjà signalé.

*) Contribution à la Dacie avant les Romains, possède une légère patine foncée,
3
p. 57 — 58 et note 79— 84. ) Collection de Berlin. Précisions de II. Schmidt:
2
) La panse du vase constitue un angle aigu; Tongefàssc drr jiingcren Kultur. B. Jùngcre Stil·
sans ornements, le vase est façonné avec soin et arten.

82
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LUS FOI ILI.FS DE SULTANA

Par contre, une autre série de formes aux parois droites, mais bien moins soi-
gneusement ouvrées, toujours patinées néanmoins, et avec les creux du profil emplis
d'une pâte blan-
che ornementale,
se répète de bas
en haut, dans
toute l'étendue
de la couche de
culture (pi. XX,
fig. 20, 22 et 19;
pi. XIX, fig. 3,
4 (pi. XX, fig.
20,5) (pi. X X , fig.
22) et 6). On se
tromperait en cro- PI. XVIII
yant que les pre-
miers fragments sont plus anciens ; au contraire, la chose a été en se simplifiant. Il est
à noter également que le fragment le
plus nouveau (pi. X I X , fig. 3) porte
une proéminence qui souligne l'inci-
sion blanchâtre située près du rebord
du vase.
D'autres formes de vases bas, un
genre de coupes, les unes répétant, en
plus petit, des variantes déjà signa-
lées, mais d'une technique et d'un
travail de beaucoup supérieurs, re-
présentent ce que nous pouvons con-
sidérer comme la dernière expression
de perfection céramique à Sultana
(pi. X X , fig. 7, 10, 18 et 21). Leur
nombre relativement beaucoup plus
petit, ainsi que leur caractère peu uti-
litaire ont été mis en liaison, comme
nous l'avons déjà vu, avec leur em-
ploi comme vases du culte. Il faut
également mentionner ici qu'ils ont
tous été trouvés aux plus grandes
profondeurs des couches de l'époque
de civilisation. Le rebord de l'un
10 des fragments est légèrement tordu
(pi. X X , fig. 18). La patine noirâ-
PI. X I X .
tre du dernier fragment, d'ailleurs
sans autre ornementation, est tout à fait remarquable.
D'utilité douteuse, peut-être sans même en avoir eu, un petit vase de Sultana a la

83

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e*
forme d'une fusaïole; il est travaillé sans soin et insuffisamment cuit (pi. X X , fig. 15).
Un autre ressemble à une petite auge, possédant deux proéminences latérales percées
de trous verticaux et une ornementation d'incisions légères, en manière de virgules su-
perposées (pi. X X I I , fig. 1 ou pi. X X I , fig. 7 1 ) ; d'une technipuc de la pâte et d*un
travail assez primitifs, ce vase contraste avec la profondeur à laquelle il a été trouvé,
ainsi qu'avec son ornementation. Un troisième a la forme d'une corne coupée (pi. X X ,

PI. XX.
fig. 14), une sorte de rhyton en miniature. Le fragment d'un quatrième vase, d'une
forme qui, elle aussi, n'est pas rare, a une proéminence percée verticalement et qui
très probablement se répète sur l'autre face (pi. X X I I , fig. 2).
Un cinquième petit vase est beaucoup plus caractéristique (pi. X X I I , fig. 3 ou pi.
X X I , fig. 3). Découvert dans la couche la plus élevée, il a non seulement une forme
familière à notre Sud-Est, mais, par la terminaison de sa partie supérieure en figu-
rine plastique, il représente, encore une fois à Sultana, l'étroite relation qui existe
ici entre la céramique et la plastique.
Parmi les dernières formes de vases entiers, ou presque entiers, de Sultana, que nous
pouvons présenter, l'un au fond arrondi et possédant deux rosaces (ou tortils) latérales,
l
) Sans aucun ornement, d'autres semblables une cloison médiane,
cuvettes sont doubles, c'est-à-dire séparées par

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LES FOUILLES DE SULTANΛ

percées verticalement et de biais (pi. X X I I , fig. 5 o u p L X X I f i g > 5 ) a u r a é t é p | u g


probablement un couvercle. Un vase d'autre forme, trouvé à Sultana, quoiqu'à fond ar-
rondi, aura servi au
contraire d'écuelle
(pi. X X I I , fig. 19
ou pi. X I X , fig. 2).
D'une technique et W
d'une cuisson assez
soignées, 1 ' écuelle
est ornée extérieu-
rement d'une sorte
de bande pressée
dans la masse de la
glaise, en forme de _ «oé*.
large spirale, d'une
PI. XXI.
largeur irrégulière,
bande partant du fond du vase et se terminant à l'un de ses bords. De la bande

PI. XXII.

spirale, largement conduite, se détache un deuxième ornement intermédiaire et paral-


lèle qui correspond aux raies antérieures en tous leurs aspects variées. La liaison

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î. \M)Hii;si;scr

me semble d'autant plus fondée, qu'un couvercle véritable, venant toujours de Sul-
tana, beaucup plus régulier (pi. X X I I , fig. 7), porte un ornement tout à fait simi-
laire comme intention, mais d'une autre exécution et très rapproché, comme manière,
de ce qui a été indiqué plus haut (pi. XV, fig. 12, 15 etc.).
Comme ailleurs, il a été trouvé
à Sultana, de nombreux couvercles
de vases. En dehors de celui que
nous avons présenté, ils se réduisent
à trois types: un type de couvercle
trouvé plus profondément, certaine-
5, ment plus ancien, avec une poignée
* représentant une tête d'homme, à peu
près telle qu'elle est [représentée à
part (pi. X X I I , fig. 10 et X X I I I ,
fig. 3 et 8) ; un deuxième type, tou-
jours plus ancien que le suivant, avec
la poignée d'une forme beaucoup
plus éloignée de la représentation plas-
tique de la tête humaine (pi. X X I I ,
fig. 4) ; enfin un troisième type, plus
nouveau, comprend une série entière
de couvercles, plus ou moins fragmen-
taires, de différentes grandeurs, tous
munis de manches puissants (fig. texte
13 et 14; pi. X X I I , fig. 14 et pi. X X I I I ,
fig. 9).
Des formes céramiques pouvant
être illustrées par des fragments inar
ginaux et par des rosaces, nous en don
nons, enfin, une série entière pour com
pléter la présentation ci-dessus ( pi
Fig. 14.
X I X , fig. 7 —10 ; pi. X X I V , fig. 1 —14)
J e reproduis aussi quelques fragments dans le texte, pour permettre d'apprécier le
profil: la fig. 16 de la pi. X X I I est la pi. X X I V , fig. 10; la fig. 11 de la pi. X X I I est
la pi. X X I V , fig. 1 1 ; la fig. 13 de la pi. X X I I est la fig. 12 de la pi. X X I V ; le profil
fragmentaire marginal pi. X X I V , fig. 1 est approximativement celui représenté par la
fig. 8 de la pi. X X I I avec les variantes pi. X X I I , fig. 15 et pi. X X V , fig. 1 (pi. X X I V ,
fig. 13) ; un dernier fragment est de beaucoup le plus élancé (pi. X X V , fig. 5 ; pi. X X I V ,
fig. 14), avec sa rosace commençant tout de suite sous la ligne de panse du vase.
Dans un seul cas, un fragment représentant le fond d'un vase a une rosace obtenue
par percement horizontal, vers l'intérieur du vase et non point vers l'extérieur (pi.
X X I I , fig. 6). Dans un seul cas aussi, une rosace, puissante et large, habituellement ver-
ticale par rapport à la surface du vase, a, en plus d'une ligne verticale saillante, sur
sa surface, deux proéminences à sa partie supérieure (pi. X X V , fig. 6). Comme nouvel
exemple de l'étroite liaison qui existe à Sultana entre la céramique et la plastique,

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LES FOUILLES DE SULTANA

nous citerons un fragment qui a pour rosace la représentation plastique et expressive


d'un animal qui meugle (PI. X X V I , fig. 1). La ligne du front se profile comme une proé-
minence horizontale allongée et effilée; de même, les cornes, massives, assez clairement
indiquées par dessus
et par les côtés des
orbites des yeux; de
même encore le mu-
seau prolongé, avec la
gueule entr'ouvertc. Ce

il
fragment a été trouvé
à 1 m 20 de profon-
deur.
Dans la présenta- 10
tion du matériel céra-
PI. XXIII.
mique, les formes con-
stituent un meilleur critérium que la technique. Mais le complément des deux c'est
l'ornement.

* *

L'ornementation.— Quand j ' a i


passé en revue les formes céra-
miques de Sultana, comme on l'a
vu plus haut, j ' a i cru qu'il était
bon de mentionner toujours l'élé-
ment ornemental des différentes
formes que j'ai choisies comme les
plus caractéristiques.
^^^^^w wf3T- Habituellement, une tech-
\ ^^6 nique commune et à des formes
r?*J' J-fiiÉfi courantes correspondent aussi des
ornements de même valeur. Il y
a aussi des exceptions, mais elles
sont rares.
Nous avons vu ainsi comme
éléments ornementaux: des cein-
turettes alvéolaires et d'incrusta-
tions parallèles ; de plus ou moins
grandes proéminences, qui servent
de points de départ aussi à des
ceinturettes ; certains ornements
sont dus au simple passage de la
main sur la pâte encore humide;
d'autres sont constitués par des
PI. XXIV.
égratignements ou des incisions
plus ou moins régulières, partant du fond et allant en s'amincissant vers l'orifice du

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I. A N D R I K S I x l

vase. D'autres (ois, la dispersion de proéminences en nombre beaucoup plus grand


qu'il n'est utile (deux ou quatre), sur la surface du vase, constitue également un orne-
ment, au sujet duquel
nous ajouterons qu'il
est d'autant plus na-
turel, que dans notre
milieu archéologique,
néolithique, énéolithi-
que et du bronze, la
céramique à proémi-
nences est particulière-
ment bien représentée.
Nous avons ensuite no-
té des raies et des côtés
obliques, et parallèles
ou bien verticaux et en-
core parallèles, plus on
moins distants ; nous
ne risquons guère en
disant qu'on doit voir
dans cet ornement l'o-
rigine des vases dits
PI. XXV.

côtelés, en argile et métalliques, qui ont paru


plus tard 1 ), ensuite des groupes d'incisions
parallèles constituant des bandes, etc.
5LJ
Maintenant se pose la question : com-
ment se présente la céramique de Sultana,
cette fois-ci sous le jour de tous les éléments
ornementaux — dont nous n'avons vu que
quelques-uns — par rapport à la variation
des formes de vases?
La classification qui me semble la plus
logique et en harmonie avec le milieu ar- •
chéologique dans lequel nous nous trouvons,
serait la suivante:
1. Une première catégorie, la mieux re-
présentée dans l'étendue de- la couche que
nous avons appelée couche de civilisation,
correspondant plus ou moins à celle que nous
avons présentée en premier lieu, au point de
vue de la technique et de la forme.
C'est la catégorie céramique qui, au point PI. XXVI.

') F. Courby: Les vases grecs à reliefs. Paris, 1922, p. I9.'5.

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LES FOUILLES DE SULTANA

de v u e de l ' o r n e m e n t aussi, est plus ancienne en d ' a u t r e s e n d r o i t s de nos régions


q u ' à S u l t a n a , de m ê m e qu'elle persiste d a n s les m ê m e s régions géographiques long-
t e m p s a p r è s le t e m p s ou l'époque a u q u e l ou à laquelle a p p a r t i e n t S u l t a n a .
2. S a n s p o u v o i r la séparer de la première d ' u n e m a n i è r e t r a n c h a n t e , la d e u x i è m e
catégorie c é r a m i q u e de S u l t a n a c o m p r e n d r a i t tous les exemplaires de vases à o r n e m e n -
t a t i o n plus c o m p l i q u é e et à motifs variés q u i , simples en t a n t q u ' é l é m e n t s c o m p o -
s a n t s , se p r é s e n t e c o m m e u n e série
e n t i è r e d ' é c h a n t i l l o n s . Les vases de
c e t t e catégorie ainsi q u e d e u x de la
p r e m i è r e catégorie se d i s t i n g u e n t t r è s
n e t t e m e n t des catégories s u i v a n t e s .
Il n e m a n q u e toutefois p a s des t r a i t s
s o u v e n t r é p é t é s de filiation stylis-
tique que nous mentionnerons. Cette
catégorie est é g a l e m e n t bien r e p r é -
s e n t é e , sans posséder la diffusion de
la p r e m i è r e .
3. Le g r o u p e m e n t de t o u s les
e x e m p l a i r e s c é r a m i q u e s de S u l t a n a
à o r n e m e n t a t i o n à incisions en b a n -
des, s u r t o u t en spirales, vases m o n o -
c h r o m e s , mais aussi p e i n t s , en u n e
troisième catégorie, m e semble s'im-
p o s e r ; enfin,
4. P l u s r e s t r e i n t e , q u a n t i t a t i v e -
m e n t , q u e t o u t e s les catégories a n t é -
rieures, la d e r n i è r e c o m p r e n d r a i t les
e x e m p l a i r e s c é r a m i q u e s à p a t i n e et
à couleur, q u i , aussi bien sous le
r a p p o r t t e c h n i q u e q u e sous celui de
la forme et de l ' o r n e m e n t a t i o n , repré-
s e n t e n t à S u l t a n a un m a x i m u m de
perfection. C e t t e perfection corres- PI. XXVII.
p o n d a n t au n i v e a u le plus b a s , au
p o i n t de v u e s t r a t i g r a p h i q u e , où ces échantillons céramiques o n t été t r o u v é s , c o m m e
n o u s l ' a v o n s i n d i q u é plus h a u t , n o u s obligera à y revenir, p o u r chercher l'explication la
plus p l a u s i b l e .
C o m m e n ç o n s , p o u r le m o m e n t , p a r quelques détails p o u r c h a c u n e des catégories
établies.
Il est v r a i m e n t r e m a r q u a b l e de voir, c o m m e n t , avec des m o y e n s simples, le m a î t r e -
p o t i e r p r é h i s t o r i q u e s'efforce toujours à d o n n e r à ses p r o d u i t s u n e o r n e m e n t a t i o n
la plus v a r i é e possible. Le procédé t e c h n i q u e , la disposition et le m o t i f v a r i e n t t r è s
s o u v e n t ; la s y m é t r i e des p a r t i e s des vases, p a r t i e s p r e s q u e toujours soulignées, est
u n v r a i c a n o n . Le m o t i f et l'échantillonnage v a r i e n t c o n s t a m m e n t , quoique le procédé
et m ê m e l ' é l é m e n t o r n e m e n t a l soient p r e s q u e toujours les m ê m e s .

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I. INDRIEÇESCU

Nulle p a r t c o m m e d a n s nos régions, et cela se confirme u n e fois de plus à S u l t a n a ,


la prédilection p o u r le détail o r n e m e n t a l ne p r é s e n t e c o m p a r a t i v e m e n t des formes
plus variées et plus r a p p r o c h é e s , c o m m e i n t e n t i o n et c o m m e esprit inventif, de l ' a r t
populaire de n o t r e t e m p s .
Plus ou moins h a u t sur le bord des vases, n o t a n t ou bien i n d i q u a n t a p p r o x i m a t i -
v e m e n t la ligne de leur col, de simples c e i n t u r e t t e s se d é t a c h e n t o r g a n i q u e m e n t d e
la p â t e du v a s e — c e i n t u r e t t e s n o n superposées, il y a aussi de celles-là; sans ê t r e
pareilles c o m m e t r a v a i l , les c e i n t u r e t t e s s o n t p r e s q u e i d e n t i q u e s c o m m e effet (pi.
X X V I I , fig. 1 — 3).
Les lignes obliques q u i se d é t a c h e n t en relief et s o n t dues au passage des m a i n s
s u r la p â t e encore c r u e , n e p a r t e n t q u ' e x c e p t i o n n e l l e m e n t du b o r d m ê m e d u v a s e (pi.
X X V I I , fig. 4). S u r les vases u n p e u plus s o i g n e u s e m e n t o u v r é s et a v e c des p a r t i e s d ' u n
c o n t o u r plus précis, ces lignes l é g è r e m e n t en relief s ' é t a l e n t sur le corps s e u l e m e n t ,
soit qu'elles p a r t e n t ou n o n d ' u n e p r o é m i n e n c e , soit q u e d ' a u t r e s lignes les a c c o m -
p a g n e n t (pi. X X V I I , fig. 5 — 7).
L a ligne virtuelle du m a x i m u m de r o t o n d i t é des vases est s o u v e n t soulignée p a r
une g r a n d e p r o é m i n e n c e , q u i t r è s p r o b a b l e m e n t se r é p è t e , au m o i n s u n e fois. Le m a î t r e
p o t i e r s ' a r r a n g e a i t alors de telle m a n i è r e q u ' u n o r n e m e n t t o m b â t v e r t i c a l e m e n t sur
la p a r t i e s u p é r i e u r e d u vase au milieu m ê m e de la p r o é m i n e n c e et q u ' u n e c e i n t u r e t t e
alvéolaire l ' a c c o m p a g n â t o b l i q u e m e n t sur la p a r t i e inférieure, en p a r t a n t de l ' e x t r é -
m i t é d r o i t e de la m ê m e p r o é m i n e n c e . L ' o r n e m e n t de la p a r t i e s u p é r i e u r e d u vase est
c o m p o s é d ' u n e ligne m é d i a n e l é g è r e m e n t en relief, q u i , d ' u n côté (le d r o i t ) , p r e n d la
forme d ' u n e b a n d e (pi. X X V I I , fig. 8).
G é n é r a l e m e n t , la p a r t i e inférieure des vases est m o i n s m i n u t i e u s e m e n t t r a i t é e ,
e t cela fait q u ' u n o r n e m e n t o b t e n u de la m ê m e façon q u e le p r é c é d e n t ( p a r t a n t d e
l'anse à b o u t o n , percé v e r t i c a l e m e n t ) , se d é t a c h e c l a i r e m e n t sur le corps d u v a s e , qui
n ' a subi a u c u n t r a i t e m e n t spécial (pi. X X V I I , fig. 9).
U n f r a g m e n t de p e t i t e c o u p e , s o i g n e u s e m e n t o u v r é , n o u s p r é s e n t e l ' o r n e m e n t le
plus simple p o u v a n t r é s u l t e r d ' u n e r a n g é e de c r e u x r é g u l i è r e m e n t et e x a c t e m e n t r o n d s ,
au-dessus de la ligne idéale s é p a r a n t la p a r t i e s u p é r i e u r e de la coupe de l ' i n f é r i e u r e ;
l ' o r n e m e n t n ' e s t d'ailleurs n u l l e m e n t naïf (pi. X X V I I , fig. 10).
A S u l t a n a , l ' o r n e m e n t r é s u l t a n t de l ' a l i g n e m e n t , sur le corps d u v a s e , soit d ' u n e
p r o é m i n e n c e (pi. X X V I I , fig. 4 ) , soit d ' u n e p r o é m i n e n c e en forme d ' a n s e , g r a n d e e t
large, d ' o ù p a r t u n e c e i n t u r e f o r t e m e n t profilée, q u i se r é p è t e s û r e m e n t aussi d u côté
a b s e n t (pi. X X V I I , fig. 12), soit enfin d u d o u b l e m e n t ou d u t r i p l e m e n t des p r o é m i -
n e n c e s , a c c o m p a g n é e s ou n o n de lignes en relief (pi. X X V I I , fig. 14 et 15), cet o r n e -
m e n t , disons-nous, est p l u s a n c i e n , p l u s naïf et t r è s f r é q u e n t , m a i s n u l l e m e n t stéréo-
t y p e . U n a u t r e f r a g m e n t n o u s m o n t r e (pi. X X V I I , fig. 13), u n e ligne d u col précise,
u n e c e i n t u r e t t e a v e c laquelle c o m m e n c e la ligne de p a n s e d u v a s e , c e i n t u r e t t e accom-
p a g n é e de lignes l é g è r e m e n t en relief, qui sans d o u t e o r n e n t le corps d u v a s e .
L a v a r i a t i o n o r n e m e n t a l e c o n t i n u e . S u r le f r a g m e n t m a r g i n a l d ' u n p e t i t v a s e ,
u n e p r o é m i n e n c e p r é s e n t e l ' a s p e c t d ' u n e figure h u m a i n e ou a n i m a l e (pi. X X V I l I , f i g . 1),
ce q u i est é g a l e m e n t possible à S u l t a n a . Le plus s o u v e n t r e v i e n n e n t toutefois les p r o -
é m i n e n c e s simples ou à peine a p p r o f o n d i e s , d a n s les p e t i t s v a s e s , a v e c ou sans c e i n t u -
r e t t e s et lignes i n é g a l e m e n t en relief (pi. X X V I I I , fig. 2 — 4 , 7—9, 12 et 15). S u r u n a u t r e

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LES FOUILLES DF SULTANA

fragment marginal (pi. X X V I I I , Kg. 6) les lignes obliques sont plus rares et plus en relief
que sur le fragment marginal de la planche XVI, fig. 5. L'avant-dernier fragment men-
tionné (pi. X X V I I I , fig. 5) présente aussi de l'intérêt par le fait que les lignes en re-
lief sont obliques de gauche à droite et tracées sans aucune considération pour la
symétrie des proéminences ; de pareils cas sont rares.
Les lignes en relief, légèrement obliques ou verticales, arrivent enfin à constituer
de véritables petits registres (si l'on peut ici utiliser ce mot) en lesquels est répartie,
avec une remarquable symétrie, toute la surface du vase et particulièrement la sur-
face supérieure, (pi. X X V I I I , fig.
13, 14 et 23). La pâte et la nature
du travail de l'ornementation sont
d'une même simplicité. Les proémi-
nences, quand il y en a, sont d'anci-
enne facture. Nous nous trouvons
toutefois, et sans doute, en des temps
très avancés au point de vue de la
culture ; ces temps sont encore illus-
trés par deux autres fragments à
proéminences et à raies saillantes,
partant obliquement ou verticale-
ment des proéminences (pi. X X V I I I ,
fig. 11 et 18). Nous arrivons ainsi
aux vases dont les panses ne son!
ornementées que par de semblables
raies saillantes, parallèles et plus ou
moins proéminentes. Un semblable
fragment, de bonne cuisson' (pi.
X X V I I I , fig. 19), mais en pâte com-
mune, a des parois assez épaisses ;
sa découverte dans les couches infé-
rieures de la station concorde com-
plètement avec tout ce que l'on a
trouvé à des niveaux supérieurs. L'o-
rigine néolithique et énéolithique de PI. XXVIII.
la céramique côtelée est mise une fois
de plus en évidence d'une manière tout à
fait concluante.
Des observations tout aussi intéressantes au point de vue du caractère général
archéologique, nous sont offertes à Sultana, d'un côté par l'ornementation d'incrusta-
tion et de fouille en profondeur, et, de l'autre, par l'ornementation à ceinturettes. Nous
avons, en passant, donné un aperçu sur l'emploi des deux procédés. Il est évident
que leur maximum d'utilisation ne pouvait tendre qu'à recouvrir de l'un ou l'autre
de ces ornements, la plus grande partie de ces vases. L'amour de la variation inter-
vient ici également, surtout en ce qui concerne le premier ornement cité, et nous amène
à des motifs nouveaux, inconnus jusqu'à Sultana, lesquels trouvent leur explication
avec toutes les données stylistiques convaincantes, allant du plus ancien au plus

91

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I. WDKIKSKSCr

nouveau, du plus ancien au plus récent, du supérieur à l'inférieur ou dégénéré, du


plus complexe au plus simple.
Cette fois aussi, ce qui est inférieur ou dégénéré ou plus simple indique, à Sultana,
ce qui est plus nouveau ou plus haut placé dans la terre; ce qui est supérieur et plus
complexe est plus ancien et a été trouvé plus profondément dans la terre. D'autre
part, ni le fil d'évolution du plus simple au plus complexe et du plus ancien au plus
nouveau, n'est trop difficile à reconnaître; il est bien entendu qu'à ce point de vue
et surtout pour cet ornement, les données de Sultana ne sont qu'un commencement.
Alors qu'un fragment marginal ayant un commencement de lobes (pi. X X V I I I ,
fig. 10), ou un autre n'en ayant pas (pi. X X V I I I , fig. L6), ne possède,— peut-être tous les
deux — que des dentelures ornementales sur le bord, la plupart des autres présentent
semblable ornementation aussi sur le corps des vases, soit à la ligne de séparation du
col d'avec le corps, soit en rangées sur une grande partie du corps· Avec des détails
approximativement semblables, les motifs diffèrent toutefois. Lorsque seul le bord du
vase et la ligne du col sont dentelés, le motif est tout autre (pi. X X V I I I , fig. 17 et 20)
que celui où un ornement semblable se répète au-dessus et au-dessous de cette même
ligne; cette répétition, plus irrégulière, est accompagnée, dans un cas (pi. X X V I I I , fig.
27), de plusieurs lignes en relief tombant perpendiculairement sur la ligne précitée; la
même répétition peut aussi être plus régulière, formée de deux rangées de petits trian-
gles à pointe tournée vers le bas (pi. X X I X , fig. 4). Ce crénelage ou cet approfondisse-
ment, loin d'être exécuté de la même manière, varie volontairement. Une rangée de
creux plus longs (pi. X X V I I I , fig. 24) ou bien une autre rangée de semblables creux
pointus en haut et en bas (pi. X X V I I I , fig. 25) diffère beaucoup d'autres rangées obli-
ques et de forme presque triangulaire, et peu importe si ces dernières (pi. X X V I I I , fig.
26 et 28) sont interrompues par une proéminence de même espèce, bien que les frag-
ments appartiennent à des vases différents. Sur un autre fragment (pi. X X I X , fig. 1),
les rainures creuses sont régulièrement triangulaires avec la pointe tournée vers le bas.
Les rangées creuses sont, dans un autre cas (pi. X X I X , fig. 5), plus denses et moins
régulièrement géométriques, pour varier, d'autres fois, par la flexion des têtes (pi. X X I X ,
fig. 2), et, dans un troisième cas, par la flexion, avec certaine régularité, des creux li-
néaires et parallèles dans la pâte encore molle du vase avant qu'il fût cuit (pi. X X I X ,
fig. 6). D'un détail infime le maître-potier essaie de faire — et il y réussit — un élément
ornemental varié et original. Les variantes sont nombreuses, soit que les lignes s'amin-
cissent et s'allongent, tout en s'incurvant un peu (pi. X X I X , fig. 3), soit qu'elles se
rapprochent à nouveau de la forme triangulaire (pi. X X I X , fig. 7 et 8) ; soit qu'excep-
tionnellement de pareils creux parallèles et verticaux soient coupés, en leur moitié,
d'autant de lignes horizontales (pi. X X I X , fig. 11). En un seul cas, l'ornement, similaire
en principe, n'est constitué que de lignes d'incision qui, entre elles, en laissent autant
d'autres en relief (pi. X X I X , fig. 15).
Il est tout naturel que de pareils creux se répètent. Beaucoup plus que les cein-
turettes, elle arrivent à occuper la plus grande partie de la surface du vase (pi. X X I X ,
fig. 12, 14, 19 et 20). L'ornement est naturellement beaucoup plus varié, quoique le
procédé diffère légèrement d'un cas à l'autre. Que l'on compare, par exemple, les frag-
ments pi. X X V I I I , fig. 21 (la ceinturette symétrique qui accompagne la proéminence
se répète, comme celle-ci d'ailleurs, au moins encore une fois et tout au plus encore

<>-
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LES FOUILLES DE SULTANA

trois fois) et 22 ou pi. X X I X , fig. 9, avec les fragments de la planche X X I X , fig.


12, 13 et 16. Nous p o u v o n s considérer le dernier fragment cité c o m m e u n exemple
d ' é t r o i t e liaison e x i s t a n t e n t r e la t e c h n i q u e de l ' o r n e m e n t de profondeur et les cein-
turettes.
Il est é v i d e n t , de m ê m e , q u e , bien que d ' u n effet différent, c e r t a i n e m e n t voulu,
d ' a u t r e s f r a g m e n t s (pi. X X I X , fig. 10 et 20) p o r t e n t des c r e u x , faits d a n s la p â t e en-
core molle du v a s e , q u i , l'un serré contre l ' a u t r e , faisaient saillir e n t r e elles a u t a n t de
raies p r o é m i n e n t e s , semblables à
celles d ' u n e c e i n t u r e t t e . Nous a-
vons, u n e fois de plus, l'occasion
de c o n s t a t e r u n e étroite logique
décorative d a n s ces modestes p r o -
d u i t s de l'industrie h u m a i n e . A v e c
des m o y e n s des p l u s simples, on
réalise des ouvrages t o u j o u r s meil-
leurs, d é n o t a n t u n véritable sens
plastique et a r t i s t i q u e .
Moins capables de v a r i a t i o n ,
l ' o r n e m e n t de c e i n t u r e t t e s est
a b a n d o n n é p o u r les meilleurs p r o -
d u i t s de c é r a m i q u e . On emploie,
p a r c o n t r e , d ' a u t a n t plus sou-
v e n t , le procédé de d e n t e l u r e e t
de c r e u s e m e n t , soit qu'il ait la
forme de p a r a n t h è s e s (pi. X X I X ,
fig. 17 et 22), soit qu'il ait celle de
points d ' e x c l a m a t i o n sans p o i n t ,
soit celle de rangées de p e t i t s t r i -
angles, la p o i n t e t o u r n é e vers le

30
é. fit 31 "^2

PI \ \ l \ .
53
34
b a s , plus ou moins parallèles (pi.
X X I X , fig. 24). Comme u n t e l
o r n e m e n t é t a i t , t e c h n i q u e m e n t dif-
ficile à réaliser sans utilisation de
certaines lignes horizontales de di-
rection t o u t a u t o u r du vase, p o u r
é v i t e r le m a n q u e de parallélisme des o r n e m e n t s de tous les vases cités plus h a u t , il a
fallu p r o c é d e r en c o n s é q u e n c e . E t alors, ou l'on a t r a c é d i r e c t e m e n t des lignes horizon-
t a l e s , q u i , de m ê m e q u e l ' o r n e m e n t a t i o n composée de simples creux p r e s q u e r o n d s
qu'elles e n f e r m a i e n t , é t a i e n t emplies d ' u n e p â t e blanche — les cas sont très rares (pi.
X X I X , fig. 18), ou bien l'on a procédé b e a u c o u p plus h a b i l e m e n t , d ' u n e m a n i è r e plus
raffinée m ê m e — et c'est le procédé, c o m p a r a t i v e m e n t le plus utilisé à S u l t a n a — en
t r a ç a n t les lignes horizontales de direction de telle façon, q u e , v u e de profil, la p a r t i e
o r n e m e n t a l e d u vase se p r é s e n t e c o m m e u n e rangée de s o r t a n t s et de r e n t r a n t s super-
posés, m a r q u é s d e ces signes de p a r e n t h è s e d o n t nous avons p a r l é (pi. X X I X , fig. 17,
22, 2 3 , 2 5 , 26, 2 8 , 29 — 32). Ces d e n t e l u r e s , disposées l'une derrière l ' a u t r e , c o u p e n t plus

93

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I. ANDRIKÇESCU

ou moins régulièrement (en tous cas beaucoup plus régulièrement que d'après le pro-
cédé précédent) une grande partie du vase (pi. X X I X , fig. 32 et pi. X X V , fig. 2),
ou même sa plus grande partie (pi. X X I X , fig. 31). Si les lignes horizontales de
direction sont creusées plus négligemment, l'ornement en souffre comme symétrie
(pi. X X I X , fig. 20), avec une exception explicable lorsque le vase est tout petit (pi.
X X I X , fig. 27 et X X I I , fig. 9). Au contraire, lorsque les creux horizontaux ont été
tracés avec assurance et profondément, l'ornement arrive à se présenter comme dans
le fragment (pi. X X I X , fig. 28), où un creux avec un clair ornement de fermeture de
la parenthèse alterne avec un autre, inverse, d'ouverture du même signe. L'effet est
le même que celui de l'ornement auquel les archéologues allemands ont donné le nom
de falsches Schnurornament, mais celui de Sultana est plus complexe, dont les élé-
ments sont, je crois, ceux que nous avons présentés.
Nous arrivons ainsi à un ornement tout à fait à part dans le cadre de l'archéo-
logie de la Dacie, ainsi que de l'Europe du Sud-Est, dont quelque fragments vont
nous servir d'exemples, les uns marginaux, un autre d'un petit vase presque entier,
trouvés — notons-le — dans la couche la plus basse de la station de Sultana. Nous
les présentons, d'après ce qui vient d'être dit, dans cette succession même, du moins
profond au plus profond (pi. X X I X , fig. 30 — 32; puis fig. 29, 33 et 34; enfin pi. X X X ,
fig. 1 — 17 et X X X I , fig. 4). Il est à remarquer, qu'aux points de vue technique et
de la forme, nous avons dépassé depuis longtemps les possibilités des premiers groupes
céramiques établis plus haut et que nous nous trouvons en présence de quelques-uns
des meilleurs produits céramiques de Sultana.
De quoi se compose l'ornement qu'ils portent? Eu égard aux éléments de filia-
tion stylistique indiqués plus haut, la réponse ne semble pas trop difficile. II y a
certes et en premier lieu ces signes de parenthèse parallèles entre eux, que nous
avons vus plus haut (plus haut aussi comme niveau), en rangées sur la surface des
vases et disposés de manière d'autant plus régulière, que les lignes horizontales de
direction ont été mieux tracées. Nous retrouvons le même ornement sur trois frag-
ments exécutés très simplement (pi. X X I X , fig. 29, 33 et 34). Il est évident que pour
des vases de plus en plus parfaits, l'ornement prend des aspects variés ; le prototype
reste le même. Ce sont tous les mêmes signes de paranthèse mis bout à bout (par exem-
ple pi. X X X , fig. 3, 7 et 12), reliés entre eux avec habileté. Deux fragments nous don-
nent surtout une preuve éclatante de la finesse du matériel employé et du fini du tra-
vail (pi. X X X , fig. 5, ou pi. X X V , fig. 4 et pi. X X X , fig. 17 ou pi. X X I I , fig. 18).
Si nous ajoutons à cela la présence du même ornement sur une forme comme
celle représentée par la fig. 3 de la pi. X X V et 4 de la pi. X X X (piriforme et avec
des proéminences, forme et accessoires également caractéristiques de la Dacie et du
Sud-Est), et le fait que, dans un autre cas (pi. X X X , fig. 16), nous trouvons le même
ornement à côté d'un autre peint sur le col du vase (fait caractéristique pour cette
époque à la Dacie et au Sud-Est), l'ornement dont nous parlons plus haut, nous
apparaît comme organiquement lié à notre milieu archéologique et parmi les plus
beaux produits de l'époque néolithique et énéolithique de la Dacie. Ce sont d'ailleurs
les moins nombreux.
Ils ont, pour la plupart, de toutes petites formes et ont été fort probablement
employés aux rites religieux.

94
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LES FOUILLES DE SULTANA

Mais la céramique de Sultana compte encore deux séries de produits qui, se dis-
tinguant de ceux qui viennent
d'être vus, surtout comme décor
( en partie aussi comme tech-
nique ), nous ont obligés à les
grouper à p a r t : une céramique à
bandes, linéaire, spiralo-méandri-
que, monochrome, avec peu de
traces d'ornementation par in-
crustation de pâte blanche ; enfin,
une céramique peinte de deux
manières : l'une plus primitive,
sous tous les rapports, utilisant
comme motif le même ornement
spiraloïde antérieurement cité ; un ( " \
;
-^ v

deuxième genre, qui ne peut s'ex-


pliquer sans la préexistence du 9 24
premier, comprenant des produits
d'une distinction technique, de
formes et d'ornements parmi les
plus parfaites des temps préclas-
siques. Connus dans toute la Dacie
et dans tout le Sud-Est de l'Eu-
rope, aucun de ces groupes n'a livré
à Sultana des formes tout à fait
neuves, à l'exception du dernier
sous-groupement cité. Toutefois les
conditions dans lesquelles la trou-
PL XXX.
vaille a été faite en rapport avec
les autres détails (forme, technique, ornement) sont particulièrement intéressantes et nous
amènent à poursuivre
l'examen avec quelque
minutie. Le niveau in-
férieur au point de vue
stratigraphique auquel
nous nous trouvons, ni-
veau au-dessus duquel
passent quelques pro-
duits de l'avant - der-
nier groupe — la plu-
part n'y passant pas,
ceux du dernier grou-
pe n'y passant pas du
PI. XXXI.
t o u t — t o u t e s ces don-
nées sont surtout destinées à susciter une ardente discussion en ce qui concerne

95
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I. WDKIKSI'.Sd

remplacement que ce genre de céramique occupe à Sultana, comparativement à d'autres


stations préhistoriques de la Dacie et du Sud-Est. Or, dans cet ordre d'idées, Sul-
tana n'est qu'un commencement.
D'une technique souvent assez soignée, sans dépasser, bien entendu, une certaine
limite, qui est très éloignée, et de la qualité technique de la céramique à ornements en
forme de parenthèses, et de celle du dernier groupe établi, la céramique de l'avant-
dernier groupement possède des formes qui, loin de différer d'une manière remarquable
de celles des autres groupes, se rapprochent au contraire de beaucoup d'entre elles.
Nullement empreinte de distinction, elle nous donne souvent l'impression d'une céra-
mique destinée à un usage commun, ou à une population assez rustre et besogneuse.
Cette impression se dissipe quand la spirale intervient, puis elle fait place à une impres-
sion nouvelle de véritable luxe et de raffinement lorsque nous examinons les formes
ainsi que l'ornementation intérieure et extérieure des exemplaires céramiques du dernier
groupe. Nous allons donner quelques exemples de chacun:
Très souvent, des groupes d'incisions linéaires, parallèles entre elles et obliques,
ou verticales comme direction, recouvrent, dans un entrecroisement varié, tout le vase
ou du moins une grande partie de sa surface (pi. X X X , fig. 20, 21, 27 et 32).
De même que dans la manière primitive, établie plus haut et à laquelle les hommes
sont revenus après l'époque de vie supérieurement florissante d'ici, ce genre de lignes
se retrouve dans des angles plus ou moins réguliers (pi. X X X , fig. 20 — 26). Il est
à remarquer que l'un des fragments (pi. X X X , fig. 20) possède une proéminence qui
certainement devait se répéter; qu'un autre (pi. X X X , fig. 24), bien que plus grand
et plus grossier, est identique, coin me profil, au splendide fragment à ornements en
parenthèses cité plus haut (pi. X X X , fig. 17 et pi. X X I I , fig. 18), et que deux autres
(pi. X X X , fig. 25 et 26) ont, elles aussi, des proéminences. Rien de plus naturel qu'à
Sultana, comme ailleurs, de pareils incisions soient groupées en véritables bandes, plus
étroites ou plus larges (pi. X X X , fig. 18, 28 et 31 ; pi. XXXT, fig, 3, le profil pi. X X I I ,
fig. 12). L'ornement d'une anse (pi. X X X , fig. 29), avec une ligne médiane verticale et
d'autres obliques en angle, parallèles entre elles, n'est pas moins familier. Et l'ornement
à incisions profondes verticales et obliques (pi. X X X I I , fig. 3 et 4, le premier appar-
tient au corps d'un vase) est tout aussi peu étranger. Plus rarement qu'ailleurs, et
notamment dans les parages Ouest de la Dacie, ces ornements se sont montrés par-
fois emplis d'une couleur blanche ' ) , comme cela est visible sur un fragment de vase
minuscule, mais soigneusement ouvré (pi. X X X , fig. 30). Cette fois-ci, l'ornement
se trouve sur la partie intérieure du vase, ce qui est d'usage assez courant en Dacie
et dans notre Sud-Est ; extérieurement, l'ornement est beaucoup plus simple ; simples
aussi les dentelures de la base, lesquelles sont emplies de couleur blanche (pi. X X X I ,
fig. 2 et le profil pi. X X I I , fig. 17).
L'ornement en spirale est assez bien représenté à Sultana; celui en méandres ne
l'est pas du tout.
Au point de vue des variations de l'ornement en spirale, nous avons noté, à Sul-
tana, les variantes suivantes:
Des bandes spirales, composées de deux incisions parallèles profondes, bandes

1
) Voyez aussi pi. XIX, fig. 3—6.

96
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LES FOUILLES DE SULTAINA

qui sont remplies d'autres incisions, plus ou moins régulières (pi. X X X , fig. 34-37; pi.
X X X I I , fig. 2, 7, 9 et 11).
L'ornement spiraloïde résulte du groupement de deux ou plusieurs creux ou d'in-
cisions spirales parallèles, qui entourent toute la rotondité des vases (deux incisions
profondes, pi. X X X I I , fig. 1; quatre minces, pi. X X X I I , fig. 5).
D'autres fois, l'ornement spiraloïde est plus schématique et résulte de creux en
spirales assez soigneusement tra-
cés sur les parois des vases (pi.
X X X , fig. 33).
Une catégorie à part est for-
mée tout naturellement par les
cas où l'ornement est en spirale
mate, en bande en léger relief,
laquelle contourne les parois des
vases. Maintenant la surface res-
tante des vases est laissée sans
aucun ornement (pi. X X X I I , fig.
12) ou laissée sans aucun soin
(pi. X X X I I , fig. 13) ; d'autres
fois elle est recouverte de lignes
légèrement incisées, plus ou moins
régulièrement (pi. X X X I I , fig.
14, 15 et 17 ; pi. X X X I I I , fig.
16 et 17).
Parmi ces fragments, l'un spé-
cialement (pi. X X X I I , fig. 17)
laisse se détacher l'élément spirale
d'une manière très claire, avec un
luisant mat, par rapport à la face
du vase grattée sans ordre. En-
core plus fortement profilée est
la bande spirale d'un autre frag-
ment (pi. X X X I I , fig. 14).
Il est plus rare de voir, toujours sous l'influence de l'ornement spirale, dans une
des variantes ci-dessus, la partie supérieure du vase, au-dessous de la ligne du col,
laquelle est ceinte d'une bande remplie de légères incisions (pi. X X X I I , fig. 6).
Il est également rare de voir à Sultana des incisions courbes, d'ailleurs peu ré-
gulières, accompagner une bande visible sur l'intérieur d'un petit vase plat (pi. X X X I I ,
fig. 19) ; son extérieur, au rebord droit, est orné non seulement de courtes dentelures
de la ligne séparant le col du corps du vase, mais encore d'incisions obliques (pi. X X X I ,
fig. 1).
L'ornementation d'un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 10) est schéma-
tique, toujours en spirale et du même genre.
Enfin, le seul exemple d'ornementation à méandres, qui ait été fourni par Sul-
tana, est constitué par un fragment de grand vase (pi. X X X I I , fig. 8) sur lequel

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7 Dacia l 1924.
T. ANDRIEÇESCU

l ' o r n e m e n t p r i n c i p a l , de t e i n t e m a t e , compris e n t r e des lignes incisées, d'ailleurs peu


précises, est. e n t o u r é , sur la surface du vase, d ' u n ornement linéaire oblique, composé
de groupes de d e u x lignes p r o f o n d é m e n t incisées, à égale d i s t a n c e les unes des a u t r e s ,
groupes séparés, e u x aussi, p a r d ' a u t r e s incisions plus légères, p r e s q u e parallèles.
N o n moins i n t é r e s s a n t e s m e s e m b l e n t les différences q u e n o u s d e v o n s é t a b l i r
en ce qui concerne l ' o r n e m e n t a t i o n , au p o i n t de v u e , c e t t e fois, d ' u n é l é m e n t i m p o r -
t a n t , q u i s'est révélé à S u l t a n a : la couleur. À ce sujet, n o u s p o u v o n s n o t e r les v a -
riations suivantes:
1. Lorsque l'ornement, techniquement constitué, comme il a été dit plus haut,
se compose d'une bande emplie d'incisions plus ou moins régulières et quand cette
bande est emplie d'une couleur d'ocre mat, le reste du vase ayant une patine légère
habituelle à l'énéolithique de nos régions, jusqu'en plein âge du bronze.
2. Lorsque l'ornement, toujours en spirale, est beaucoup plus soigné, mais aussi
beaucoup plus compliqué. Le maître potier s'est arrangé pour que l'effet ornemental
fût double: d'une part, celui de l'ornement spiraloïde est recouvert d'ocre m a t ; d'autre
part, celui de la surface légèrement patinée est recouverte d'incisions parallèles de ca-
ractère également spiraloïde (pi. X X X I I I , fig. 24). Il est très probable que ces incisions
étaient remplies de blanc ; nous en avons la preuve par deux fragments plus petits
(pi. X X X I I I , fig. 22 et 23), où la bande en spirale est coloriée de la même façon et
serrée entre des incisions remplies d'une matière blanche. Enfin :
3. Une troisième variation sous le rapport de l'emploi de la couleur, serait celle
— peu représentée à Sultana — dont un exemple est fourni par le petit vase déjà
mentionné quand il s'est agi des formes (pi. X V I I , fig. 8 et pi. X V I I I , fig. 5). L'orne-
ment est constitué par des zigzags verticaux faits en ocre et qui, parallèles entre eux,
tout autour de la surface du vase, laissent voir assez clairement cette surface patinée
légèrement, de la manière bien connue. Ne pas omettre, à cette occasion, le détail de la
forme spécifique du Sud-Est, de même que les proéminences de ce vase.
Nous avons aussi un cas (pi. X X X I I , fig. 16) inverse, où l'ornement principal, de
caractère spiraloïde, est constitué non pas par la couleur de la surface, mais où il fait
partie de la surface légèrement patinée du vase, laquelle est coloriée en somme par
une terre, qui n'est en tout qu'un enduit primitif; l'intention du coloriste est claire
toutefois.
Deux fragments de supports de Sultana (pi. X X X I I I , fig. 19 et 20) ont aussi de
larges bandes horizontales, couvertes d'ocre, sans lignes de délimitation marginale.
La composition de la pâte, dans tous les cas ci-dessus, est relativement très simple
et, à l'exception de la patine, n'a rien de la finesse, de la pureté et de la résonance de
la dernière catégorie de céramique peinte, à laquelle nous arrivons (pi. X X X I I I , fig.
1 — 1 5 , 18 et 21), céramique représentant tout ce qui a été réalisé de plus parfait, sous
ce rapport, à Sultana.
De formes toujours petites, ce qui leur enlève tout caractère utilitaire commun,
en forme de timbale, de coupes au bord droit, plus ou moins haut, tous ces exemplaires,
petites écuelles, coupes plus hautes ou petit vases piriformes, au rebord plus haut,
ont sur leur surface bien patinée, un ornement linéaire et spiraloïde qui recouvre, avec
une réelle délicatesse, la surface et, chose remarquable, aussi leur intérieur (pi. XXXIIT,
fig. 1 — 3 , 5, 6 et 12).

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LES FOUILLES DE SULTANA

D ' a u t r e s fois, le m a î t r e potier se c o n t e n t e de formes élégantes et d'une surface bien


p a t i n e r , sans aucun o r n e m e n t (pi. X X X I I I , f i g . 7, 3 , 11 et 14), t o u t au plus, c o m m e
d a n s le d e r n i e r cas, d'incisions sûres, radiales, sur la p a r t i e inférieure. Les incisions, exé-
cutées de la m a n i è r e indiquée a n t é r i e u r e m e n t , plus irrégulières, r e m p l i s s a n t les b a n d e s ,
n e s o n t toutefois p a s exclues (pi.
X X X I I I , fig. 18), ce qui est éga-
l e m e n t significatif. La couleur est
légère sur le m o t i f en spirale, s t y -
lisé ou linéaire, se d é t a c h e clai-
r e m e n t de la surface des vases.
Les f r a g m e n t s s o n t m a l h e u r e u -
s e m e n t p e t i t s ; on n e distingue
q u ' u n e spirale de v o l u t e sur
l'une d ' e n t r e e u x (pi. X X X I I I ,
fig. 15). ^
E n r é s u m é et é t a n t d o n n é les
c o n d i t i o n s s t r a t i g r a p h i q u e s où elle
a été t r o u v é e , la c é r a m i q u e de
S u l t a n a p e u t ê t r e divisée en trois
g r a n d s g r o u p e s , q u i , en d e h o r s des
c o n s i d é r a t i o n s et des probabilités
s t y l i s t i q u e s de détail, r é s u m e r a i e n t
les aspects de la c u l t u r e en ces
lieux. Ces g r o u p e s sont les sui-
vants.
1. U n e c é r a m i q u e c o m m u n e ,
m o n o c h r o m e a v e c des o r n e m e n t s
linéaires et des p r o é m i n e n c e s , cé-
r a m i q u e o c c u p a n t t o u t e la période
de c u l t u r e .
2. U n e c é r a m i q u e spiralo- PI. XXXIII.
méandrique, proportionnellement
b e a u c o u p plus r e s t r e i n t e , incisée et peinte.
3 . L a c é r a m i q u e à o r n e m e n t s en forme de p a r e n t h è s e , avec laquelle, c o m m e avec
le dernier g r o u p e de la c é r a m i q u e p e i n t e , se clôt le plus ancien et le plus i m p o r t a n t
c h a p i t r e de la c u l t u r e en c e t t e région et les h o m m e s r e t o u r n e n t à leur vie a n t é r i e u r e ,
sans m a n i f e s t a t i o n s supérieures.

A u p o i n t de v u e p l a s t i q u e , le r é s u l t a t des fouilles de S u l t a n a est u n e p e t i t e col-


lection de figurines en t e r r e cuite et en os. Nous en c o m p t o n s 25 en t e r r e cuite (14
h u m a i n e s et 11 d ' a n i m a u x ) et 6 en os, u n i q u e m e n t h u m a i n e s . De m ê m e q u e p a r t o u t
ailleurs où de telles d é c o u v e r t e s o n t été faites, les figurines en t e r r e cuite s o n t , é t a n t
d o n n é leur c o m p o s i t i o n , moins conservées q u e celles en os. P a r m i celles en t e r r e
c u i t e , certaines ne c o n s e r v e n t q u e la t ê t e , d ' a u t r e s le torse e n t i e r ; u n e seule est

99

7*
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I. ANDIUKÇKSCU

intacte. Deux ont la partie inférieure complète ou facile à reconstituer. On a égale-


ment trouvé 3 fragments de pieds, très probablement humains.
La tête d'une de ces figurines (haut. 0,057; larg. 0,037), n'a qu'une ligne en relief
à l'emplacement du nez et 4 petits trous de chaque côté latéral (pi. X X X I V , fig. 1 et
pi. X X X V , fig. 1). On a découvert cette pièce au niveau de la case B 5 , à 0, 80 au-
dessous de la surface 1 ).
La tête d'une autre de ces figurines (haut. 0,052 ; larg. 0,037) est beaucoup plus
détaillée, ayant 3 petits trous irrégulièrement placés sur les côtés, le nez proéminent

PI. XXXIV.

et aquilin, une fente à l'endroit de la bouche, et enfin les orbites, dont l'une plus pro-
fonde que l'autre (pi. X X X I V , fig. 2 et pi. X X X V , fig. 2). Le cou est indiqué par deux
incisions horizontales, mais de face seulement. Rien que de face également on aper-
çoit quelques incisions obliques, irrégulières, qui entrecoupent la ligne du cou et re-
présentent très probablement des bijoux ou parties de vêtement. Trouvée au-dessous
de B 6 ' "> à 1 m 20 profondeur.
Plus près de la surface, au niveau de la case B 5 et dans ses environs on a trouvé
la partie supérieure d'une autre figurine (haut. 0.083; larg. 0.063), creuse; la figure

*) Une autre, de moindres dimensions, est moins et la même ligne nasale au centre de la figure,
soigneusement travaillée, mais a les 4 mêmes trous

100

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LES FOUILLES DE SULTANA

n e se r e c o n n a î t q u ' à la p r o é m i n e n c e de la courbe nasale. Les b r a s , sans être brisés,


s o n t s e u l e m e n t i n d i q u é s ; p a s d ' i n d i c a t i o n de sexe (pi. X X X I V , fig. 3 et pi. X X X V ,
fig. 3).
P a r c o n t r e , u n e a u t r e figurine est complète dans sa p a r t i e inférieure, sans ê t r e
creuse ( h a u t . 0 . 0 9 5 ; larg. 0 . 0 9 5 ; d i a m è t r e de la base d a n s la direction des b r a s : 0.052),
m a i s encore sans b r a s ; la p a r t i e supérieure se r é d u i t à u n t r o u b é a n t q u i p o u r r a i t indi-
q u e r la b o u c h e , a v e c , a u milieu, u n e taille verticale, le reste é t a n t informe (pi. X X X I V
fig. 4 et p i . X X X V , fig. 4). T r o u -
vée e n t r e B 9 et B 1 1 , à 1 m p r o -
fondeur.
U n e a u t r e de ces figurines,
cave à l ' i n t é r i e u r j u s q u ' à la ligne
des é p a u l e s et d o n t seule la
p a r t i e s u p é r i e u r e s'est conservée
( h a u t . 0 . 0 6 5 ; l a r g . d a n s la direc-
t i o n des épaules et d i a m è t r e de
la b a s e : 0,044) a la t ê t e modelée
de la m ê m e façon q u e la p r é -
c é d e n t e , m a i s d ' u n t r a v a i l plus
grossier (pi. X X X I V , fig. 5, et
p i . X X X V , fig. 5). L ' a r c n a s a l
est m o i n s a c c e n t u é et n ' a q u e 2
t r o u s de c h a q u e c ô t é . À l'endroit
de la b o u c h e , d e u x p o i n t s r o n d s .
Les b r a s m a n q u e n t . P r e s q u e a u -
dessous de la b o u c h e , d e u x seins
p r o é m i n e n t s , séparés p a r u n e ligne
légère. T r o u v é e a u milieu d'A, à
0.50 p r o f o n d e u r .
À u n e p r o f o n d e u r plus sensi-
ble (0.60), d a n s la m ê m e région
et d a n s u n voisinage caractéristi-
q u e (une h a c h e en pierre avec
t r o u c o m m e n c é , u n m a n c h e en
corne de cerf, etc.) on a t r o u v é
u n e a u t r e figurine, c e t t e fois-ci i n t a c t e (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6
et 7). Elle est de forme à peu près cylindrique ( h a u t . 0 . 0 7 3 ; d i a m è t r e s des b a s e s : 0.048
e t 0.042), nez u n p e u aquilin, 2 t r o u s de c h a q u e côté de la t ê t e . Celle-ci a la b o u c h e
assez bien dessinée et au-dessus d e u x p e t i t s p o i n t s r e p r é s e n t e n t t r è s p r o b a b l e m e n t les
n a r i n e s ; 4 a u t r e s , placés j u s t e au-dessus des seins, figurent p r o b a b l e m e n t u n collier.
D a n s le d o s , la p r o é m i n e n c e des fesses est légèrement m a r q u é e (pi. X X X V , fig. 7) ;
m a i s , t a n d i s q u ' à la p a r t i e supérieure du cylindre on t r o u v e u n e n f o n c e m e n t , la p a r t i e
inférieure est t o u t e d r o i t e .
À u n e p l u s g r a n d e profondeur, toujours en A, on a t r o u v é le torse d ' u n e figurine
féminine, q u i , sans t ê t e , sans b r a s et sans p a r t i e inférieure, s'impose à n o t r e a t t e n t i o n

101

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I. VNDRIEÇ] 5C1

par l'expression plastique des seins pointus et durs et une légère courbe à la ligue
du ventre, également bien comprise (pi. X X X V , fig. 18).
Ce n'est pas le seul cas à Sultana. I n autre petit torse (haut. 0.065; larg. 0.043),
sans tête, ni bras, ni la jambe droite (PI. X X X I V , fig. 7 et pi. X X X V , fig. 9 et 10),
présente un grand intérêt du point de vue plastique, et dénote une compréhension
de la natuie et un savoir-faire, non commun pour cette époque, non seulement dans
ces parages, mais partout ailleurs. Bien que le seul bras qui existe soit incomplet,
le restant du torse démontre d'une façon précise la figurine féminine typique, et dont
le sexe, contrairement à la généralité, n'est pas indiqué par ce qu'on pourrait nommer
le triangle de la vie, mais par la ligne plus accentuée du ventre, ainsi que des hanches et
des fesses, mais sans exagération de la manière stéatopygique. Il est à remarquer
qu'elle a été trouvée à une grande profondeur, 2 m 90, c'est-à-dire au niveau ar-
chéologique de la céramique peinte.
Un autre torse, appartenant aussi aux couches profondes de Sultana, présente
le même sens plastique remarquable (pi. X X X I V , fig. 8 et pi. X X X V , fig. 11 et 12).
Dans la position assise, quoique la tête, les bras et les pieds manquent, la ligne du
dos, des épaules et des hanches est réellement harmonieuse (haut. 0.056; larg. 0.049),
Il a été travaillé et cuit assez soigneusement; il est chargé d'une légère patine couleur
chair, sans que l'on puisse affirmer que cela ait été fait exprès.
En tout cas, ce genre de travail plastique est unique même à Sultana. Un peu
plus haut, mais à une assez grande profondeur quand même (2 m 50), on a trouvé une
autre figurine, pieds et bras brisés (pi. X X X I V , fig. 9: haut. 0.070, larg. 0.035). La tête
est intacte, les yeux sont marqués par l'arcade sourcilière, le nez par une petite pro-
éminence. L'œil droit est particulièrement visible, et une ligne assez profonde au-des-
sous fait penser à des rides. Au-dessous de la bouche, très grande, représentée par
une incision horizontale, se trouvent 4 petits trous. Les seins sont légèrement profilés.
Les lignes représentant le triangle de la vie et celle du sexe proprement dit sont, par
contre, très prononcées.
Dans les mêmes couches, on a trouvé 3 pieds, ayant le même aspect extérieur et
cuits; il sont de la même pâte que les figurines. Le premier et le plus grand (haut.
0.085 ; larg. 0.030 et 0.032) représente la partie du bas ventre jusqu'au talon (pi.
X X X I V , fig. 10). À l'intérieur il est plat. Il appartient sans doute à une autre moitié
qui manque. Trouvé dans A, à environ 2 m 40.
Du second nous n'avons que la partie inférieure et la semelle (pi. X X X I V , fig.
11). Il est cave jusqu'à proximité de la plante du pied. Tout rond, il appartenait
sans doute à une figurine cave. Trouvé également en A, au coin de NE, à 1 m 10
profondeur.
Le troisième, plus petit et d'un travail plus primitif (pi. X X X I V , fig. 12), a été
trouvé en B, à 2 m 65 profondeur.
Chose caractéristique et que nous devons retenir, c'est que toutes les figurines
humaines dont on a parlé plus haut, ont été trouvées exclusivement dans les parties
inférieures de la couche de cuîture, comme par exemple à Butmir 1 ), et jamais d'autre
façon.
a
) Radirnsky, Hoernes, Fiala: Die ncolilhischc I, p. 15 et I I , p . 22.
Station von Butmir bei Serajeuo, 1895 n. 1898

102

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LES FOUILLES DE SULTANA

Les figurines en t e r r e cuite représentant des a n i m a u x ne sont pas moins n o m b r e u s e s .


N o t r e espoir a m ê m e été dépassé à ce sujet. Mais, c o n t r a i r e m e n t a u x figurines h u m a i n e s ,
on les t r o u v e m ê m e d a n s les couches supérieures du t e r r a i n . Le p h é n o m è n e n ' a y a n t
pas encore été étudié à fond, nous n e p o u v o n s pas e n t a m e r ici u n e discussion et d o n n e r
u n e raison plausible q u a n t à la cause. E n t o u t cas, on ne p e u t pas s'empêcher d e
r e m a r q u e r la différence de style e n t r e les figurines d ' a n i m a u x c o n t e m p o r a i n e s des figu-
rines h u m a i n e s , d o n t on a p a r l é plus h a u t , et celles trouvées à u n niveau supérieur
des fouilles.
U n e figurine a n i m a l e , t r o u v é e d a n s B , à environ 2 m 30 (pi. X X X I V , fig. 14 et
pi. X X X V , fig. 13 et n o n loin d ' u n e a u t r e figurine h u m a i n e , p l a t e et en os, d o n t nous
p a r l e r o n s plus b a s , e t de tessons de céramique peinte), a le corps modelé assez soigneu-
s e m e n t ( h a u t . 0 . 0 4 2 ; long. 0 . 0 7 0 ; larg. 0.035). Les cornes et la queue sont brisées. Mais
sur le d o s , en p a r t a n t du milieu et vers la p a t t e gauche de d e v a n t , on aperçoit u n
p e t i t cordon q u i , se c o n t i n u a n t des d e u x côtés, nous fait supposer u n genre de h a r n a i s .
U n e a u t r e figurine d ' a n i m a l est encore plus r e m a r q u a b l e (pi. X X X I V , fig. 15 et
pi. X X X V , fig. 14). Les p a t t e s et les oreilles m a n q u e n t , mais la gueule est i n t a c t e ,
p r o l o n g é e ; sur le dos, il y a u n e légère bosse (long. 0 . 0 8 3 ; h a u t . 0 . 0 4 4 ; larg. 0.035). L a
p â t e , la cuisson et le t r a v a i l r a p p e l l e n t ceux de l'époque. Il nous est difficile de pré-
ciser ce q u e la bosse dorsale p e u t bien signifier.
D e u x a u t r e s figurines de moindres dimensions p r é s e n t e n t la m ê m e p a r t i c u l a r i t é .
Voici les d i m e n s i o n s de l'une de celles-ci: pi. X X X I V , fig. 16, h a u t . 0 . 0 2 8 ; long.
0 . 0 6 3 ; l a r g . 0.026. T o u t e s les d e u x a v a i e n t des cornes, q u i se sont brisées.
P a r m i les débris de parois de B 10 et 13 , à 1 m 70 de profondeur, on a t r o u v é
u n e a u t r e figurine d ' a n i m a l , a y a n t d e u x mamelles (pi. X X X I V , fig. 13 et pi. X X X V ,
fig. 15). Les p a t t e s d'arrière m a n q u e n t . Dimensions : long. 0.052 ; h a u t . 0.030 ;
l a r g . 0.023.
E n c o r e p l u s h a u t , d a n s les environs de B 1 , vers le NO et à 1 m 60 de profondeur,
plus ou m o i n s adjointe à u n p e t i t outil en cuivre et u n e h e r m i n e t t e en pierre, on a
t r o u v é la figurine d ' u n a n i m a l long et mince (long. 0 . 0 6 3 ; h a u t . 0 . 0 2 0 ; larg. 0.020),
la gueule p o i n t u e , la t ê t e bien séparée du torse, p a t t e s et queue brisées et d'un travail
p e u soigné (PI. X X V I , fig. 2 et 3).
Il est i m p o r t a n t , j e crois, de r e m a r q u e r , que les figurines q u i suivent, et qui o n t
été d é c o u v e r t e s à u n n i v e a u plus élevé q u e celle présentées plus h a u t , o n t u n carac-
t è r e différent, d ' u n e p a r t d a n s le sens d ' u n e manière plus s c h é m a t i q u e , d ' a u t r e p a r t
d a n s le sens d ' u n emploi a u t r e q u e celui qu'elles a v a i e n t a u p a r a v a n t .
U n e figurine d ' a n i m a l , t r o u v é e au coin de N o r d - E s t près de B 5 , à 0.80 de p r o -
fondeur (pi. X X X I V , fig. 20), la t ê t e a y a n t des t r a i t s h u m a i n s , n e n o u s d é m o n t r e
p l u s le soin d u d é t a i l e t le sens p l a s t i q u e r e m a r q u é s sur les figurines a n t é r i e u r e s ,
e x c e p t é p o u r la p a r t i e postérieure d u corps.
U n e a u t r e figurine, t r o u v é e toujours au coin de N E de B , à 0.70 de p r o f o n d e u r ,
est t r a i t é e d ' u n e façon encore plus s c h é m a t i q u e (pi. X X X I V , fig. 19). Le cou est
allongé, les p a t t e s d e d e v a n t s o n t i n t a c t e s ; celles d'arrière m a n q u e n t . Dimensions :
long. 0.118 h a u t . 0 . 0 7 0 ; larg. à la base des p a t t e s a v a n t 0.043.
Les d e u x dernières figurines sont plus petites et ont été trouvées d a n s la n a p p e
superficielle de la couche de c u l t u r e (0.30—0.35 de profondeur). Elle se r e s s e m b l e n t ,

103'
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T. A N I H U I . S I . S C r

fait qui ne peut pas être dû au hasard. D'un côté, par leurs dimensions réduites
(pi. X X X I V , fig. 17: long. 0.035; haut. 0.020; larg. 0.020; pi. X X X I V , fig. 18 est
encore plus petite) ; d'autre part, toutes les deux sont percées d'un trou, pour les sus-
pendre ou les accrocher, ce qui nous fait croire qu'elles servaient d'amulettes. La plas-
tique cesse d'avoir à Sultana son importance antérieure. J e ne crois pas le moment
opportun d'insister sur les suggestions de caractère religieux que cette transformation
nous inspire.
Les figurines en os, de Sultana, ne présentent pas moins d'intérêt. Au nombre
de 6, il est à remarquer qu'aucune n'a été trouvée à moins de 0.65 de profondeur; elles
correspondent donc entièrement avec les autres figurines humaines en terre cuite.
La première de ces figurines en os, trouvée à Sultana, ne présente que la partie
inférieure d'une figurine soigneusement travaillée (pi. X X X V I , fig. 6 et pi. X X X V I I ,
fig. 6 a), ayant le triangle de la vie, duquel part une ligne verticale qui sépare les
jambes et trois séries de points ronds, d'une profondeur égale, à savoir: une série de
deux fois quatre (16) sous le triangle et une autre série de trois fois trois (18) plus bas
et irrégulièrement disposés ; enfin, près de l'extrémité, un point seulement de chaque
côté de la ligne qui sépare les jambes. Sur le dos, une seule ligne horizontale sépare
le corps des membres. Trouvée au milieu des fouilles A, et non loin de la figurine
féminine en terre cuite déjà citée (pi. X X X I V , fig. 6 et pi. X X X V , fig. 6 et 7). Hau-
teur 0.063; larg. 0.027; grosseur 0.004.
Dans B, à 1 m 40 de profondeur et non loin de 1, on a trouvé une autre moitié
d'une figurine en os (pi. X X X V I , fig. 4 et pi. X X X V I I , fig. 4 a). Une simple ligne hori-
zontale à l'endroit du triangle de la vie et deux trous au-dessus de celle-ci. Une seule
ligne verticale sépare les jambes. La fissure sur la partie supérieure de cette figu-
rine est petite. Cette partie avait peut-être une forme rhomboïde, large; la tête est
du même format que la figurine suivante. Les deux entailles de côté représentent pro-
bablement la séparation du corps et des membres. Sur le dos et à la partie infé-
rieure, une seule ligne verticale indique la séparation des jambes. Hauteur 0.072 ;
largeur 0.025; grosseur 0.003.
Une autre figurine féminine, presque intacte, a été trouvée au même niveau que
la précédente, c'est-à-dire non loin des habitations de la partie NE des fouilles B et
à leur base (pi. X X X V I , fig. 1 et pi. X X X V I I , fig. 1 a). La tête, le torse et les membres
sont bien définis. La tête a deux trous percés, représentant les oreilles. Deux autres
trous représentent les yeux, une ligne horizontale, la bouche, et au-dessous trois pe-
tits trous sont trop loin du cou pour qu'on puisse supposer un collier. Sur le corps,
trois autres petits trous sont pointillés en sens horizontal. A la partie inférieure les
jambes sont nettement séparées, et, au-dessus du triangle de la vie, la figurine a six
petits trous et deux autres de chaque côté. Sous le triangle et vers les extrémités,
deux entailles pourraient indiquer la séparation des semelles et des pieds. Dans le
dos rien qu'une ligne horizontale séparant le torse de la partie inférieure, et deux
petits trous au-dessous de cette ligne. Hauteur 0.059; largeur 0.020; grosseur 0.001.
Dans le même voisinage des débris d'habitation de B 1 , et non loin de la figurine
d'animal long et mince, présentée plus haut (pi. X X V I , fig. 2 et 3), mais à une plus
grande profondeur, on a découvert une autre figurine, presque intacte aussi (pi. X X X V I ,
fig. 3 et pi. X X X V I I , fig. 3 a). Légèrement plus bombée, elle a également les parties

104

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LES FOUILLES DE SULTAN A

du corps nettement distinctes, mais le travail est moins soigné. La tête a les mêmes
trous percés pour les oreilles, deux points pour les yeux; la fente de la bouche est
plus légère et au-dessous deux petite trous sont à peine perceptibles. Deux autres
trous percés sur le corps représentent les épaules. En échange, la partie inférieure de
la figurine, divisée en deux par une ligne verticale, est entièrement couverte par six
trous d'un côté et cinq de l'autre. À l'extrémité, la figurine est percée, afin qu'on
puisse la suspendre, détail précieux en ce qui concerne l'utilisation moins fréquente
de ces figurines féminines en os. Dans le dos, deux lignes horizontales séparent le
bassin, et un autre verticale les jambes. Cette dernière passe outre le trou percé,

PI. XXXVI. Pi XXXVII.

ce qui prouve que celui-ci a été fait postérieurement aux autres détails. Hauteur
0.057; larg. 0.020; grosseur 0.015.
À une plus grande profondeur, toujours en B, on a trouvé un autre fragment de
figurine plate, brisée à partir de la ligne supérieure du triangle de la vie. (pi. X X X V I ,
fig. 5 et pi. X X X V I 1 , fig. 5a). Celle-ci a de même la ligne verticale séparant les
jambes et neuf trous pointillés de chaque côté et aussi la même ligne verticale sur
le dos. Hauteur 0.039; larg. 0.024; grosseur 0.002.
Enfin, la dernière figurine plate en os de Sultana est la plus grande, la mieux
conservée et d'un travail plus minutieux (pi. X X X V I , fig. 2 et pi. X X X V I I , fig. 2 a).
La tête a de chaque côté 3 trous percés, au lieu de deux, deux points pour les yeux, une
ligne horizontale pour la bouche et 4 points au-dessous. Le torse, à l'endroit des épaules,

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I ANDRIEÇESCU

a u n trou percé de c h a q u e côté, mais aussi trois petits points au milieu, dont l'un
plus haut q u e les deux a u t r e s . La partie inférieure a au-dessus du triangle «le la vie
7 points, el 9 a u t r e s sur les bords de ce m ê m e triangle. Plus bas. 12.'5 a n t r e s p o i n t s sont
distribués sans o r d r e . Des entailles et de légères incisions horizontales s'aperçoi-
v e n t vers l ' e x t r é m i t é de la figurine. Dans le dos. la ligne séparant le corps des mem-
bres est représentée par une double incision, au-dessus «le laquelle on r e m a r q u e d e u x
p o i n t s . Tout à l ' e x t r é m i t é , les entailles et incisions de l'ace se prolongent aussi d a n s le
dos. La ligne séparant l e s . j a m b e s m a n q u e t o t a l e m e n t . H a u t e u r 0 . 0 8 2 ; larg. 0 . 0 2 0 ;
grosseur 0.013. T r o u v é e à - m 12."> d a n s lî.

Bien q u e de c o u r t e d u r é e (un peu pins de dru\ semaines), les fouilles faites à Sul-
t a n a sur u n e superficie r é d u i t e (à peine 290 m è t r e s carrés) n o u s a u t o r i s e n t , croyons-
n o u s , à é m e t t r e quelques c o n s i d é r a t i o n s c o n c l u a n t e s , se référant d ' u n e part a u x résul-
t a t s q u e n o u s a v o n s p r é s e n t é s ci-dessus, d ' a u t r e p a r t à la s i t u a t i o n de S u l t a n a d a n s
les confins de la Daeie et du S u d - E s t de l ' E u r o p e .
C o m m e m a i n t endroit des a u t r e s régions de la Dacie, la g r a n d e b u t t e de S u l t a n a
a été h a b i t é e vers la fin de l'époque néolithique p a r u n e p o p u l a t i o n q u i a v a i t fait choix
de ce lieu p a r c e qu'il p r é s e n t a i t de plus sûrs m o y e n s de défense et q u ' i l c o m m a n d a i t
u n plus large horizon.
Si l'on s'en r a p p o r t e à l'épaisseur de la couche de civilisation, c e t t e s t a t i o n a dû
ê t r e h a b i t é e p e n d a n t u n e période assez l o n g u e ; elle a pris fin, c o m m e t a n t d ' a u t r e s ,
à la suite d ' u n incendie qui a e n t i è r e m e n t c o n s u m é ce qui e x i s t a i t a u p a r a v a n t . Dès
l'époque à laquelle a p p a r t i e n n e n t les objets de c u i v r e , r a r e s et sans i m p o r t a n c e , qui
o n t été d é c o u v e r t s ici, ces p a r a g e s o n t été a b a n d o n n é s et s o n t restes d é s e r t s . Ce n ' e s t
q u e b e a u c o u p plus t a r d q u e des n o u v e a u x v e n u s q u i , a c c i d e n t e l l e m e n t et p o u r p e u d e
t e m p s , o n t passé p a r là, y o n t enfoui ou p e r d u la p e t i t e icône de la Vierge et d ' a u t r e s
m e n u s ustensiles en fer sans a u c u n i n t é r ê t .
L a colline de S u l t a n a é t a i t sans d o u t e occupée p a r u n assez g r a n d n o m b r e d'habi-
t a t i o n s exiguës, les unes isolées, les a u t r e s contiguës. On distingue assez n e t t e m e n t les
décombres de leurs parois, et, n o u s espérons q u e de nouvelles fouilles entreprises sur u n e
é t e n d u e aussi v a s t e q u e possible, p o u r r o n t fournir des détails encore plus précis sur le
p r o b l è m e des h a b i t a t i o n s de S u l t a n a .
Mais il n ' y a v a i t pas s e u l e m e n t des h a b i t a t i o n s à S u l t a n a : il y a v a i t aussi — e t c'est
fort explicable — des t o m b e a u x et des objets sacrés. Nous a v o n s , en effet, l'impression cer-
t a i n e q u e p a r m i les vestiges d é c o u v e r t s , soit a u t o u r , soit à l'intérieur, soit au-dessous
des h a b i t a t i o n s il n ' y a pas e x c l u s i v e m e n t des ustensiles et des objets u t i l i t a i r e s ; d ' a u t a n t
plus q u e , s o u v e n t , c o m m e j e l'ai i n d i q u é à plusieurs reprises, il s'y mêle des tessons de
g r a n d s vases, primitifs, m u n i s de p r o é m i n e n c e s ; ce sont c e r t a i n e m e n t de ces u r n e s funé-
raires q u i o n t conservé l o n g t e m p s , n o n s e u l e m e n t leur facture, mais aussi leur a s p e c t
t r a d i t i o n n e l s , et q u i , en raison des débris qui les e n t o u r e n t , s o n t a u t a n t d'indices i n d u b i -
t a b l e s de sépultures et d ' o b j e t s sacrés.
S'il en est ainsi, n o u s p o u v o n s d ' a u t a n t plus facilement n o u s e x p l i q u e r p o u r q u o i
la p l u p a r t des exemplaires et n o t a m m e n t t o u s les plus b e a u x de c e u x q u e c o m p o r t e
l ' i n v e n t a i r e de S u l t a n a o n t été t r o u v é s à la plus g r a n d e p r o f o n d e u r . U n e a u t r e h y p o t h è s e

106

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LES IOI II.I.KS l)i: SI ITANA

possible, suivant laquelle la civilisation va en rétrogradant, des couches profondes aux


couches supérieures ne nous paraît admissible que subséquemment.
Ce qui est certain, c'est que, en fait de céramique, tout ce qui n'est pas «vieil-euro-
péen» (alteuropaisch, selon l'expression de MM. H. Schmidt et Cari Schuchhardt) ou en
général sud-oriental, se trouve ici en quantité bien moindre, et produit l'impression
nette d'une importation d'objets de luxe et de culte, mais qui ne proviennent pas de
régions fort éloignées, ni, en aucun cas, de l'Occident l ). Cependant nous n'avons rien
préjugé, en reconnaissant dans ce travail un caractère autochtone et sud-oriental au
style de la céramique la plus belle et la plus originale de Sultana; ce n'est que plus tard,
en effet, que nous avons pris connaissance de l'étude de M. Schuchhardt sur Cernavoda,
ainsi que de ses opinions, que M. G. Wilke a résumées dans un article concernant la même
station publié par le Reallexiknn der Vorgeschichte de M. Max Ebert 2 ).
Quant à la présence des haches en silex taillé, elle ne saurait nous surprendre. De
même que pour les harpons, et non seulement à Cernavoda 3 ), mais encore ailleurs, dans
la Plaine Roumaine, comme le prouvera le résultat d'autres fouilles, récemment entre-
prises par le Musée d'Antiquités, — de telles immixtions d'éléments d'inventaire plus
anciens doivent être attribuées, croyons-nous, à une tradition persistante, qui s'est
souvent révélée dans l'évolution de la culture humaine et qui est d'autant plus naturelle
en ces temps reculés.
Dans les limites de la Dacie et des régions du Sud-Est, c'est Sultana qui, par hasard,
occupe la première place dans la Plaine Roumaine pour la richesse et la variété d'un
apport archéologique plus caractéristique, étant donné surtout sa situation géographique
intermédiaire, qui, de tout temps, en a fait un point de passage.
Particulièrement riche en poteries dites à proéminences, Sultana, par sa céramique
peinte et surtout par sa plastique en os, que l'on rencontre pour la première fois au Nord
du Damibe, présente des analogies et une orientation en liaison immédiate avec les ré-
gions bulgares, situées sur la rive droite de ce fleuve '). Dès cette époque, le Danube
était loin de constituer une frontière infranchissable; bien au contraire.
Mais c'est en vain que nous chercherions dans les environs des exemples analogues
en terre cuite d'une plastique de la figure humaine comparables à ceux de Sultana,
qui par la ligne et le sens de la forme dépassent incontestablement tout ce que nous
ont légué ces temps, dans la mesure de nos connaissances actuelles, cela va sans dire.
A cet égard encore, à notre avis, toute déduction et toute théorie seraient prématu-
rées. Les fouilles de Sultana ne sont qu'un début. Des fouilles récentes, faites par d'autres
membres du Musée d'Antiquités que dirige M. V. Pârvan, sont appelées à ajouter aux
matériaux existants des données de plus en plus neuves et de plus en plus concluantes.

I. ANDRIEÇESCU.

1 3
) L'Allemagne de Sud ou l'Autriche. Voir Cari ) Cari Schuchhardt, Cernavoda, l. c, p. 23.
Schuchardt, Cernavoda, cine Steinzeitsiedrlung in *) G. Wilke, article Bulgarie dans le Reallexikon
Thrakien, d a n s Praehistorische Zeitschrift, XV, cité, vol. I I , fascicule 3, pag. 204 et suiv. Voir
1923, 26. en particulier la planche reproduisant des figu-
2
) Volume I I , 4-ème fascicule, p . 295, Berlin rines en os.
1925.

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C A L L A TI S
j.ER R A P P O R T P R É L I M I N A I R E .
FOUILLES ET RECHERCHES DE L'ANNÉE 1924
E n 1922, M. V. P â r v a n plaignant le sort des restes antiques de Callatis que détrui-
sent sans pitié les barbares de nos jours, écrivait dans les Annales de la Dobrogea,
An. I I I , n. 3, p . 318: «Callatis se couvrira peu à peu de laideurs modernes. Les anti-
ques dormiront encore longtemps sous le gravois. Leur joie enfantine — énoncée sur
t a n t de leurs pierres tombales — de revoir encore un jour la bonne lumière du
soleil, ne leur sera pas destinée. Ce seront les sous-sols des boucheries et tavernes
modernes qui descendront aux tombeaux de leur art et de leur vie. Du marbre antique
on fera du mortier et des moellons pour d'informes casernes modernes».
Combien de réalité, combien de vérités tristes dans cette description que nous
donne M. P â r v a n de la situation de l'ancienne Callatis au point de vue archéologique !
Car, après les recherches et les commencements des fouilles archéologiques, faites
p e n d a n t l'été de l'année 1924, nous avons pu nous convaincre que la destruction des
restes antiques se fait sur une vaste échelle de la p a r t de ceux qui voient en n ' i m p o r t e
quelle muraille antique seulement une excellente carrière de pierres déjà travaillées,
propres à la maison ou à être vendues ; nous avons vu que la disparition au-delà des
frontières des objets de valeur, découverts incidemment par les h a b i t a n t s à l'occasion
de la construction d'un fondement, progresse à la suite du grand gain que réalisent
les amateurs spéculateurs par les ventes de collections d'antiquités ; nous pouvons
affirmer que t o u t retard à a t t a q u e r systématiquement les terrains non bâtis de Man-
galia et à noter chaque trace découverte à l'occasion des fouilles faites pour telle ou
telle construction, signifie une perte irréparable pour les études archéologiques, pour
l'histoire de la ville et pour la science.
La science doit être reconnaissante à M. V. P â r v a n pour avoir attiré l'atten-
tion de tous sur ce point d'importance exceptionnelle, historique et archéologique,
en a l a r m a n t ceux qui sont compétents de sauver les restes antiques de la destruc-
tion ou aliénation, et pour avoir obtenu, par la Commission des Monuments Histori-
ques, près le Ministère des Arts, les fonds nécessaires aux fouilles archéologiques de
Mangalia qui se trouve exactement sur l'emplacement de l'ancienne Callatis.
Les fouilles faites a u x mois d'août et de septembre 1924, peuvent être qualifiées
à peine d'essais de fouilles systématiques. Car, dans la Mangalia d'aujourd'hui, les
fouilles archéologiques ne peuvent être faites que dans des conditions extrêmement
difficiles à cause des établissements modernes. Les t r a v a u x archéologiques, avec
t o u t le personnel et l'appareil scientifique et technique, ne peuvent avoir à Mangalia

108

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CAI.LATIS

le succès et le résultat que nous présentent tant d'autres endroits plus heureux, situés
loin des installations modernes, libres, et depuis longtemps abandonnés par les éta­
blissements humains plus compacts, touchés tout au plus à la surface, une fois
par an, par le fer de la charrue. A Mangalia, sur l'emplacement de l'ancienne ville
dorique de Callatis, les fouilles ne peuvent se faire que sur des terrains fort étroits,
sur de petites parcelles ou dans des cours trop peu spacieuses. Des installations et
des constructions nombreuses couvrent presque toute l'étendue de l'ancienne Callatis.
A Mangalia, le chercheur dépend plus que nulle part de la bienveillance de la
population mélangée des Roumains, Grecs, Turcs et Bulgares, et de chaque habi­
tant à part, pour pouvoir faire les études et sondages nécessaires dans les cours ou
sur les parcelles étroites des particuliers, souvent peu enchantés du dérangement
causé.
A cause des nombreuses installations qui se sont succédé à l'endroit de l'an­
cienne Callatis, la terre a été remuée plusieurs fois jusqu'à des profondeurs consi­
dérables qui varient en différents points de Mangalia. Ce fait est peu favorable aux
fouilles archéologiques. Les constatations et les conclusions que nous pourrions tirer
d'après les couches de terre, ne sont pas strictes à Mangalia, où nous trouvons
souvent, après les objets de l'époque gréco-romaine, à une profondeur plus grande,
près de la terre vierge, des objets de date plus récente.
Le gravois qui se trouve au-dessus des restes antiques atteint, par-ci par-là,
jusqu'à 5 mètres de hauteur et sa masse inerte nous empêche, elle aussi — en de­
hors de l'étroitesse des terrains à fouiller et des constructions modernes — de pour­
suivre les vestiges antiques sous la terre, de continuer la découverte d'une muraille où
d'un monument partiellement déblayé.
Nos recherches et fouilles faites sur l'emplacement de l'ancienne Callatis depuis le
1 août — 20 Sept. 1924 n'ont pu être exécutées que sur une échelle réduite. Il nous
manquait en outre le personnel nécessaire à la surveillance technique, les instruments
et le matériel roulant indispensable là-bas.
Nous nous sommes contenté et nous nous contentons d'enregistrer, année par
année, dans notre rapport préliminaire sur l'ancienne ville de Callatis, quelque chose
des restes de la fille fière et héroïque, fidèle et glorieuse d'Héraclée pontique, de Cal­
latis qui, devenu un centre puissant de commerce et d'art, a su résister à un Lysi-
maque, a osé braver les Byzantins. Nous espérons pouvoir reconstruire ensuite, au
moins en traits généraux, une image pâle de la lumineuse polis d'autrefois, à l'aide de
la somme des restes enregistrés provenant des fouilles et des découvertes.
L'une des plus importantes questions est celle de fixer les limites de l'ancienne
ville de Callatis 1 ).
Du côté oriental, de NE — SO, se trouve la mer qui, à en juger par les puits et les
restes de bâtiments trouvés dans la mer, a rongé une bonne portion du rivage, au­
jourd'hui assez haut et abrupt. Celui-ci s'incline, avec de nombreux restes de con­
structions et de céramique du côté de la mer, vers la plaine avoisinant le jardin
public d'aujourd'hui. Au coin NE du plateau sur lequel était bâtie l'ancienne ville,

*) Presque tous les dessins sont faits par M. le photographies que je dois à M. le professeur O.
professeur VI. Nichitovici de Cernăuţi. Il y a trois Tafrali.

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

p r è s de la b a s i l i q u e T e o d o r e s c u ou des Ihernies r o m a i n s Tafrali, on c o n s t a t e u n e


p a r t i e du m u r e n t o u r a n t la ville, qui a 3.15 m de l a r g e u r , d ' u n e é p o q u e assez r é c e n t e .
Ce m u r longeait-il p e n d a n t tout le c o u r s de l'histoire a n t i q u e le fossé q u i est visible
e n c o r e a u j o u r d ' h u i et qui a u r a i t ceint l ' a n c i e n n e ville, c'est ce q u ' o n ne p e u t p a s
encore d é c i d e r . Il est évident q u e du côté N ou p l u t ô t iNE le m u r d ' e n c e i n t e , d ' u n e
é p o q u e assez r é c e n t e , va p a r a l l è l e m e n t au fossé. Des s o n d a g e s faits p o u r d é l i m i t e r la
ville a n t i q u e a p p o r t e r a i e n t de la l u m i è r e à ce sujet, p o u r u n e ou p l u s i e u r s é p o ­
q u e s d u passé de C a l l a t i s . Il n ' e s t p a s impossible q u e les C a l l a t i e n s a i e n t eu p l u ­
sieurs r a n g é e s de m u r s parallèles de fortification, d o n t l ' e x t r ê m e a u r a i t é t é , à u n e
c e r t a i n e é p o q u e , parallèle au fossé c o n s e r v é j u s q u ' à nos j o u r s .
Q u a n t à l ' i n t é r i e u r de la ville de C a l l a t i s , a v e c ses t e m p l e s et ses p o r t i q u e s ,
a v e c ses t h é â t r e s et ses g y m n a s e s , ses édifices publics et p a r t i c u l i e r s , a v e c ses che­
m i n s p a v é s et ses c a n a u x , n o u s n ' a v o n s a u c u n p o i n t c e r t a i n de d é p a r t ni d'orien­
t a t i o n . O n a fait des fouilles a r c h é o l o g i q u e s à M a n g a l i a , à ce q u e j ' a i p u a p p r e n d r e
chez les h a b i t a n t s de la localité. Ainsi s ' e x p l i q u e n t le n o m de la colline «lu t h é â t r e
a u c e n t r e de la ville, de forme h é m i c y c l i q u e , d ' o ù l'on a u n e v u e a d m i r a b l e de la
ville e n t i è r e , ou celui du bain r o m a i n d e r r i è r e la s o u s - p r é f e c t u r e , ou de l'édifice r o m a i n
sur le t e r r a i n de l ' i n g é n i e u r B ă d e s c u . Mais n o u s n ' a v o n s des i n f o r m a t i o n s q u e s u r les
fouilles faites en 1915 p a r M. T e o d o r e s c u et publiées d a n s le R a p p o r t s u r l ' a c t i v i t é d u
Musée N a t i o n a l des A n t i q u i t é s p e n d a n t l ' a n n é e 1915. ( R a p p o r t spécial n o . 6. P r e m i è r e
c a m p a g n e de fouilles à Callatis, B u c u r e ş t i 1916, p . 31 e t c . ) . N o u s y a p p r e n o n s la
d é c o u v e r t e d ' u n e b a s i l i q u e c h r é t i e n n e , où M. 0 . Tafrali, c o n t i n u a n t les fouilles p e n ­
d a n t l'été de 1924, croit a v o i r t r o u v é u n é t a b l i s s e m e n t de b a i n s de l ' é p o q u e r o m a i n e
postérieure.
Nos fouilles de l'été 1924 o n t a t t a q u é plusieurs p o i n t s , t a n t ô t à l ' i n t é r i e u r , t a n t ô t à la
p é r i p h é r i e de la ville, selon les a r r a n g e m e n t s conclus a v e c les p r o p r i é t a i r e s des t e r r a i n s .
L ' u n des p o i n t s s u r lequel j ' a i c o n c e n t r é le t r a v a i l de p l u s i e u r s s e m a i n e s est
la c o u r d u m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , s i t u é e p r e s q u e au c e n t r e de la ville.

I. L E S FOUILLES
D a n s la c o u r du m a r é c h a l f e r r a n t C. D a n , où, en 1923, à l'occasion de la con­
s t r u c t i o n d ' u n e p e t i t e d é p e n d a n c e , o n t é t é d é c o u v e r t s des f o n d e m e n t s p u i s s a n t s et où
l'on v o y a i t à n o t r e a r r i v é e à M a n g a l i a p l u s i e u r s restes a r c h i t e c t o n i q u e s , a u v o i s i n a g e
d e la forge ( q u a t r e b a s e s de colonnes e t 2 f r a g m e n t s d e c h a p i t a u x i o n i q u e s ) , n o u s
a v o n s t r o u v é , d u côté de l ' e n t r é e de c e t t e d é p e n d a n c e , 4 m è t r e s au S., à 1.25 m de p r o ­
f o n d e u r , u n f o n d e m e n t de p i e r r e calcaire, 3.50 m de l o n g u e u r et e n v i r o n 0.55 m
de l a r g e u r . Le m a t é r i e l de ce f o n d e m e n t est la p i e r r e calcaire q u i se t r o u v e d a n s les
carrières a v o i s i n a n t e s . L a p r e m i è r e c o u c h e de ce f o n d e m e n t est formée de 3 g r a n d s
blocs r e c t a n g u l a i r e s , de 38 c m de h a u t sur 107 c m , 152 c m e t 91 c m de l o n g u e u r . Les
blocs s o n t s o i g n e u s e m e n t t r a v a i l l é s s a n s ê t r e c e p e n d a n t polis. A 54 c m du b o u t d u
bloc de 107 c m de long, se t r o u v e la p a r t i e inférieure d ' u n e colonne de 22 c m de h a u ­
t e u r . S u r u n e b a s e de 50 c m c a r r é s et de 8 c m de h a u t e u r s'élève, à 3 c m de h a u t e u r ,
le c y l i n d r e inscrit d a n s ce c a r r é . A u - d e s s u s de ce cercle c o m m e n c e le t o r e , a p r è s lequel
s'élève le fût de la colonne q u i , sur u n e h a u t e u r de 8 c m , a u n d i a m è t r e de 43 c m .

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CAU.ATJS

La différence entre le rayon du cercle inscrit dans le carré et le rayon de la co-


lonne à la partie d'en bas, est de 3 % cm.
La base de la colonne touche les bords du bloc qui la supporte. E t ce fait,
comme aussi l'arrangement plus soigné des blocs du côté ouest, sont des indices
précieux pour pouvoir juger de la façade de la construction. La partie ouest du
bâtiment est plus lisse et mieux construite que celle de l'est, où l'on trouve de
petites pierres et du remblai entre les blocs.
E n ce qui concerne les 4 bases trouvées près de la forge et celle découverte par
nous «in situ», il n'y a que des différences insignifiantes de dimensions. Il est diffi-
cile d'établir si les quatre bases appartiennent à la même construction et à la même
époque. Une seule d'entre elles a les mêmes dimensions que celle que nous avons
découverte. C'est la base no. 29 (voir fig. 1) du musée de la sous-préfecture, qui,
bien conservée, a un socle de 50 cm et une hauteur de 22 cm. La hauteur du socle
carré est de 8 cm, celle du cylindre inscrit dans ce socle est de 3 cm, et le diamètre
de la colonne s'élevant 8 cm au-dessus du tore est de 43 cm.
Les dimensions des 3 autres bases sont: a) 50.5 cm, 20 cm, 8 cm, 3 cm, 43
cm, 6 cm. Elle est brisée aux 2 coins du même bord ; b) 54 cm, 20 cm, 7 cm,
3 cm, 46 cm, 6 cm. Cette base porte sur la partie inférieure un cercle de diamètre

égal à celui de la colonne dans sa partie inférieure (Fig. 2). c) 55 cm, 22 cm, 8 cm,
4 cm, 47 cm, 6 cm. Cette base est brisée au socle, dans deux coins opposés et
moins soigneusement travaillée (Fig. 3). La pierre aussi est d'une autre qualité que
celle des autres. C'est un calcaire plus poreux qui paraît criblé, m o n t r a n t des trous
et des élévations comme une masse bouillonnante. A 2 ) / 2 cm du bord de la co-
lonne se trouve, parallèlement à la circonférence de la colonne, un cercle gravé.
Au-dessous des blocs qui supportent les bases des colonnes on peut distinguer,
à l'extrémité sud de ce bâtiment, 6 couches de pierres calcaires, de 30 cm, 20 cm, 34
cm, 28 cm, 20 cm, et de 35 cm d'épaisseur, dont la plus basse se trouve, à 3.10 m
de profondeur, sur la terre vierge de couleur j a u n â t r e . A partir de 1.85 m de pro-
fondeur, on trouvait une telle quantité de fragments de céramique ordinaire qu'il
semble qu'on y déposait des tessons et des vases usés.
Après avoir établi de cette manière la direction et l'extrémité sud du bâtiment,
nous avons essayé de nous orienter aussi du côté est, vers le mur et la propriété de
I. G. Aldea. Voulant éviter t o u t désagrément et conflit, nous ne nous sommes ap-
proché de lui qu'à une distance d'environ 1 mètre (Voir fig. 4).
A 1.50 m de cette muraille et à 1.05 m au-dessous du sol, nous avons trouvé, a
l'extrémité sud de la construction aux colonnes une mauvaise masure dans la direction

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

est, sans qu'on puisse établir sa cohérence avec le bâtiment mentionné. A 20 — 25 cm


du bord supérieur des blocs aux colonnes, nous avons trouvé, vers l'est, un pavage bien

le mur ô'QÏAea:

iî«jj- 1. J f ' » y
I
Fig. 4.

construit de pierres moyennes, en deux couches, sur une étendue de 1.5 m. A 95 cm


de ce bord, il y a une rangée de grands blocs, parmi lesquels deux bien travaillés, aux

dimensions de 6 0 X 4 0 X 2 0 cm et 8 0 x 4 5 x 2 0 cm, probablement écroulés d'en haut


dans la direction est.
Ici se trouve, à une profondeur de 1.40 m au-dessous du bord susdit, un coin de
muraille, probablement la plus vieille construction que nous ayons trouvée (Fig. 5).

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CALLATIS

Ce coin se trouve à 22 cm est des blocs aux colonnes et on en a pu découvrir à


1.45 m vers l'est et à 1.65 m au nord. Les blocs rectangulaires, médiocrement tra-
vaillés, varient en ce qui concerne les dimensions. La hauteur du coin conservé est d'un
mètre et sa largeur varie entre 30 et 40 cm. Un bloc de ce coin est intéressant parce
qu'il constitue à la fois une partie des fondations et la partie supérieure.
Du côté ouest du bâtiment aux colonnes, nous avons trouvé, à 50 cm de pro-
fondeur, une couche de pierres de 7 cm de hauteur. Elle commence à 40 — 43 cm
à l'ouest du dit bâtiment et s'étend sur une longueur de 120 cm. Sans doute, nous
avons là le niveau
d'un établissement
qui se révèle à 35
cm du bout méri-
dional du bâtiment
aux colonnes, il y
a, du côté ouest,
plus bas de 10 cm,
un bloc de 105 cm
de long, 35 cm de
large et 28 cm de
hauteur et un mur
de 30 cm de large. A
peu près à la même
profondeur, nous a-
vons découvert, à
1.8 m à l'ouest de la
construction aux co-
lonnes, un autre pa-
Fig. 6.
vage avec un cani-
veau de 40 cm de large sur une longueur de 7 m (Fig. 6). Le caniveau est formé de
grosses pierres brutes placées sur une arête et est incliné vers le sud et vers la rue
d'aujourd'hui. Sa profondeur a été de 48 cm et ensuite de 25 cm, sur une distance
de 2.3 m. Le fond en est pavé de pierres.
Les fouilles faites immédiatement à l'ouest de cet égout, jusqu'à une profondeur
de 3.1 m, n'ont fait découvrir rien d'important. On a pu cependant constater que,
à 2:8 m vers le sud de l'endroit où le caniveau cesse d'être bien construit, com-
mence une bonne construction en blocs. La poursuite du canal et de ces fondations
s'imposait, mais elle s'arrêta à cause du puits qui se trouve au voisinage.
Au S. O. de l'égout qui se perd sans que nous ayons pu découvrir un puits ré-
cepteur, nous avons trouvé, à 1 m de profondeur, des fragments de chapiteaux et
de colonnes en pierre calcaire appartenant probablement au bâtiment aux bases de
colonnes. Nous y avons trouvé encore des fragments d'une pierre volcanique tra-
vaillée et le relief dont il sera question plus bas.
A une profondeur de 2 mètres, nous avons rencontré un bloc de 195 cm de
grandeur, bien travaillé sur le côté ouest. Après 30 cm, la pierre est taillée de 5 cm
de profondeur sur une largeur de 20 cm. Au bout méridional de ce bloc, passant

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8 Dacia I 1924.
THÉOPHILE SAUCI1 C SĂVEANU

a u - d e s s o u s d e l u i , o n voit u n e p i e r r e d e 1 m è t r e d e l o n g e t 40 c m d e l a r g e q u i e s t
c r e u s é e à 5 c m d e p r o f o n d e u r s u r 10 c m d e l a r g e u r . E l l e est i n c l i n é e v e r s l ' o u e s t
s a n s q u ' o n p u i s s e e n d é c o u v r i r la c o n t i n u a t i o n .
L e b l o c d e 195 c m , m e n t i o n n é p l u s h a u t , t r a h i t , p a r l'incision d e 5 c m s u r u n e
s u r f a c e d e 20 c m , la d i s p a r i t i o n d ' u n e c o n s t r u c t i o n en b o i s d o n t le b u t d o i t r e s t e r
énigmatique.
Ici se t r o u v e , a u n i v e a u du bloc m e n t i o n n é plus h a u t , u n c o m p l e x e e n t i e r d e
r a n g é e s d e blocs d e h a u t e u r d i f f é r e n t e , s a n s q u ' o n a i t la p o s s i b i l i t é de les d é t e r m i ­
n e r d e p l u s p r è s , la c o n t i n u a t i o n des fouilles y é t a n t e x c l u e . P o u r s u i v a n t le m u r a u x
c o l o n n e s v e r s le n o r d d e r r i è r e la p e t i t e d é p e n d a n c e je l'ai t r o u v é , à 14.35 m d e dis­
t a n c e d e la p r e m i è r e b a s e d e c o l o n n e , à 1.3 m d e p r o f o n d e u r s o u s la t e r r e ( F i g . 7).
Il y a v a i t p l u s i e u r s b l o c s en d é s o r d r e e t , a p r è s les a v o i r é c a r t é s , j ' y ai r e n c o n t r é
la s e c o n d e b a s e d e c o l o n n e , u n p e u d é p l a c é e , d e m ê m e s d i m e n s i o n s q u e celle q u e
n o u s a v o n s d é c o u v e r t e «in situ» a u s u d d e la d é p e n d a n c e .

D u m u r a u x c o l o n n e s p a r t , a u p o i n t d é b l a y é , u n a u t r e v e r s l ' e s t e t v e r s la m a i ­
s o n d ' A l d e a . D a n s la p a r t i e d é c o u v e r t e , il a 72 c m d ' é p a i s s e u r . J ' a i t r o u v é a u d e s s o u s
d e ce m u r u n e c o l o n n e lisse d e c a l c a i r e , c a s s é e en d e u x , a u d i a m è t r e d e 37 c m d a n s
la partie supérieure. Elle ne p e u t q u ' a p p a r t e n i r à cette construction. Elle a été pla­
cée s u r le m u r a u x d e u x b a s e s d é c o u v e r t e s p a r n o u s «in situ».
À 140 c m d u m u r d e l'est p a s s e en a n g l e d r o i t u n a u t r e m u r d e 50 c m d ' é p a i s ­
s e u r v e r s la p r o p r i é t é d ' A l d e a .
P a r le m u r d e 72 c m e t celui d e 50 c m se f o r m e u n e s p a c e r e s s e m b l a n t à u n e
p e t i t e c a v e . O n t r o u v e des m u r s p a r a l l è l e s n o n s e u l e m e n t d u c ô t é e s t d u b â t i m e n t
a u x c o l o n n e s , m a i s d u c ô t é o u e s t a u s s i p a r t u n m u r o p p o s é à celui d e 72 c m d ' é p a i s ­
s e u r . I c i n o u s n ' a v o n s p u faire les r e c h e r c h e s n é c e s s a i r e s q u e s u r u n e l o n g u e u r d e
1.10 m . L a p r o f o n d e u r d e ce m u r e s t la m ê m e q u e celle d u m u r l o n g i t u d i n a l .
A l ' i n t é r i e u r d u m u r , le b l o c r e c t a n g u l a i r e d e 189 c m d e l o n g u e u r e t d e 4 8 c m de
h a u t e u r e s t d i g n e d ' ê t r e r e l e v é . A 87 c m du b o r d m é r i d i o n a l d e ce b l o c e t 79 c m d e la
m a r g e s u p é r i e u r e des b l o c s a u x c o l o n n e s , n o u s c o n s t a t o n s les t r a c e s d ' u n e p o r t e ( ?) d e 84
c m de h a u t , qui était a p p a r e m m e n t m u r é e . Les m o n t a n t s étaient formés de 3 rangs de
b l o c s d e 2 9 , 2 8 , 27 c m d e h a u t e u r , q u i é t a i e n t polis à 6 c m d e la m a r g e . L a p o r t e se t r a h i t
a u s s i p a r le fait q u e la p i e r r e d ' a u - d e s s o u s d e 31 c m d e h a u t e u r s ' a v a n c e d e 14 c m . L e
seuil n ' e s t p a s fait d ' u n b l o c u n i q u e e t s u r p a s s e d e 6 c m la ligne d é m a r q u a n t la p o r t e .
L a l i a i s o n a v e c les blocs d e la p o r t e se fait a u m o y e n d e 2 p i e r r e s d e 31 c m d e h a u t e t

114

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CAM ATI S

de 35 — 40 cm de long. Après elles suit une pierre de 35 cm de hauteur et de 95 cm


de longueur qui, d'un bout de 13 cm de longueur et de 9 cm de hauteur, couvre
la pierre d'une hauteur de 20 cm et d'une longueur de 40 cm à gauche de la porte.
A 48 cm au-dessous du bord inférieur des blocs aux colonnes, on constate du côté
occidental une sorte de banc d'une largeur de 42 cm et d'une hauteur de 18 cm, un
pavage de dalles, de pierres et de cailloutis. A partir de 2.25 m de profondeur, on ren-
contre du côté occidental du mur longitudinal la même quantité de céramique simple
qu'à l'extrémité méridionale de cet édifice. A 3.4 m de la surface du sol on rencontre la
terre vierge.
Au nord de la seconde base trouvée «in situ» suit un bloc de 116 cm de long, 42
cm de large et 38 cm d'épaisseur qui
se dirige vers l'est (Fig. 8). Au-des-
sus de ce bloc, une génération de date
plus récente a placé un four à chaux,
à ce qu'on peut conclure de la quan-
tité de chaux durcie trouvée.
Après ce bloc une autre espèce
de construction se prolonge vers le
nord. Celle-ci a un mur de 50 cm
d'épaisseur. A une distance de 2 mè-
tres de la seconde base de colonne, à
un mètre de profondeur des blocs
mentionnés, nous voyons un petit
canal couvert de dalles. 11 est formé
de 2 pierres latérales de 3 centimè-
tres d'épaisseur, placées au-dessus du
fond du canal (Fig. 9). C'est un petit
écoulement de 10 cm de profondeur
et de 11 cm de largeur. En dehors
des pierres calcaires et des cailloux
on y trouve des restes innombrables
d'amphores simples.
Après une étendue de 7.50 m
du mur longitudinal, passe un mur
vers l'ouest. Vers le milieu de ce mur
on voit, à la-même profondeur de 1.40
m, un mur puissant de 170 cm d'épaisseur. On y distingue deux parties, dont l'une,
d'un mètre d'épaisseur, est composée de grands blocs bien travaillés.
A une distance de 7 m de la seconde base de colonne, nous atteignons, à 2.3
m au-dessous du sol, un canal creusé en pierre qui se voit aussi du côté est du mur
longitudinal. E t là, nous constatons au-dessus de ce canal, à l'intérieur du mur lon-
gitudinal, une niche de 130 cm de longueur et de 30 cm de profondeur. A 2.10 m
plus loin on trouve une autre niche de mêmes dimensions, moins les blocs de dessus.
Vers le nord, l'aspect du mur longitudinal change. Après la seconde base de co-
lonne il continue sans l'euthynterie, avec une largeur de 50 à 80 cm. Le mur montre

115

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

deux parlies différentes: A 70 cm au-dessus de la terre vierge qui s'y trouve à une
profondeur de 3.7(> m, le mur est composé de grands blocs non taillés. Après cette
partie suit une autre de 80 cm à I0(> cm de hauteur, formée de blocs rectangulaires,
qui à leurs bords sont polis t a n t du côté horizontal que du côté vertical de l'exté­
rieur. D'ailleurs, ces blocs ont l'apparence brute. C'est une sorte de «rustica» ha­
bituelle du temps hellénistique (p. ex. à Priène) qu'on constate dans 3 ou 4 rangées
de blocs. Au-dessus de cette «rustica» on rencontre des pierres non travaillées d'une

Fig. 9. Eïg. 10.

hauteur de 80 cm. Les dimensions de celles-ci varient entre 57 — 70 cm de longueur


et entre 30 — 40 cm de hauteur.
Nous avons découvert encore à peu près 5 m de muraille au nord du canal
récemment mentionné et nous nous sommes heurtés à un puits dans la cour
d'Achilles.
Sur le mur longitudinal, entre deux blocs taillés à la «rustica» de 26 cm de lar­
geur et de 30 cm de hauteur, se trouve une muraille d'une longueur de 1.50 m qui
est retirée de 15 cm dans la direction est vers le mur de 170 cm d'épaisseur.
Il manque ensuite, sur une étendue de 155 cm, une rangée de blocs dans la direc­
tion nord. Des deux côtés du mur longitudinal on trouve d'innombrables fragments
de céramique simple et des briques. La continuation des fouilles dans la direction
septentrionale n'a pas pu être opérée à cause des constructions particulières qui se trou­
vent à travers l'alignement du mur longitudinal. Celui-ci a été trouvé aussi au-delà
de la glacière de Theodoru (Fig. 10. Vue du nord).

116

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CALLATIS

Une construction d'une longueur si considérable, aux murs qui partent d'un côté
et de l'autre du mur longitudinal, ne peut pas ne pas avoir eu un rôle important
dans la ville de Callatis à travers les siècles qui se sont succédé. Au cours de ce temps,
cette construction aura dû souffrir bien des modifications et des amplifications que
l'on peut entrevoir dans les parties du mur découvertes par nous.
On peut facilement déduire de la céramique extrêmement riche que l'on rencontre
à l'est et à l'ouest du mur longitudinal, que cet édifice se trouvait à un endroit bien

Fig. 11. Fig. 12.

fréquenté de la ville, peut-être même au centre, où la vie était plus intense. Où la


vie de tous les jours se manifeste-t-elle plus clairement encore aujourd'hui, sinon
dans les endroits où l'on débite les choses nécessaires à tous les ménages, même aux
plus petits et aux plus modestes?»
Pour Callatis nous ne disposons pas d'informations directes concernant des
modifications radicales de la ville ni des installations nouvelles de quartiers entiers,
ce qui ne signifie point qu'il n'y en a pas eu. Il est probable cependant que, dans
une ville dorique dont la fondation se place au Vl-ème siècle ou encore plus t ô t ,
des places plus importantes on été remplies successivement de constructions et que
les édifices les plus remarquables ont subi les amplifications et les innovations du
temps.
Nous pouvons supposer que le marché de Callatis se sera développé d'une ma-
nière analogue aux autres villes. Le point qui a été d'abord le lieu de réunions
et le centre d'une ou de plusieurs communes, est devenu un marché. Ayant une

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TU ÊOPH11 -I : s\ ucn ( :-s\ v KANU

importance spéciale, il s'est développé peu à peu et est devenu un établissement indé-
pendant, l u e place libre, propre aux réunions comme axi commerce, a été séparée
des rues et des édifices voisins par un mur pourvu ou non de colonnes. Des portes et
des portails y permettaient l'ac-
cès de plusieurs côtés. Les murs
entourant la place étaient sou-
vent des portiques couverts pou-
vant, aussi contenir sur un ou
plusieurs côtés des espaces en re-
trait servant de boutiques.
Le mur découvert dans la
cour de C. Dan pouvait servir
d'enceinte au marché et une par-
tie en était munie de colonnes
provenant d'une époque que nous
ne saurions déterminer avec cer-
Fig. 13. titude.
Au bord de la mer, entre la
sous-préfecture et le palais de la douane, nous avons mis au jour des murs d'un
édifice important construits
en pierres de taille (Fig. 11 et
12) dont le plan met en évi-
dence les dimensions des ru-
ines. Nous n'avons pas été à
même de continuer les fouil-
les sans démolir la rue le long
du littoral (Fig. 13).
Dans la cour d'Anastas
Curti nous avons rencontré,
à une profondeur de 1.50 m
deux grands blocs des dimen-
sions de 1 3 0 x 5 5 x 3 0 et de
Fip. 14.
1 3 0 X 7 1 X 3 0 cm qui, par la
fente à l'endroit où ils se touchaient, nous ont trahi une terre moins rassise, Nous
l'avons facilement perforée avec un fer pointu.
En levant les blocs, nous avons découvert un canal grandiose formé de blocs la-
téraux de 80 cm de hauteur et de 85 — 90 cm de largeur placés sur les blocs du fond
de ce canal. La profondeur du canal est de 1.05 m. (Voir la fig. 14).
Nous sommes entrés à l'intérieur du canal, après en avoir extrait la terre, sur
une longueur de 7.5 m vers la rue et la propriété de G. Georgescu. Nous n'y avons
trouvé que fort peu de céramique romaine. Nous nous sommes proposé de nous
orienter plus spécialement sur ce canal l'année prochaine.
Nous avons encore fait des fouilles sur les parcelles de N. Stoya et Halit Mu-
stafa, sur la parcelle du Dr. Buterescu, Boulevard Maria, sur la colline du théâtre
et près de la mosquée ancienne. Rien de remarquable.

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CALLATI S

II. R E S T E S A R C H I T E C T U R A U X E T SCULPTURAUX

En ce qui concerne les restes antiques, architecturaux et sculpturaux, intéres-


sants en eux mêmes ainsi qu'importants pour des fouilles et recherches futures, nous
énumérerons tous ceux que nous avons trouvés, soit a u x fouilles, soit incidemment
sur les routes, dans les cours et dans les murs modernes de Mangalia. La plupart
ont été transportés au musée de la sous-pré-
fecture.
Un fragment de colonne dorique en cal-
caire conchylien, 1.40 cm de long et 60 cm
de diamètre en bas, 56 cm en h a u t , a la dis-
tance des cannelures de 10 cm. Un trou rond
de 8 cm de diamètre se voit en bas, u n autre
carré de 10 cm et de 10 cm de profondeur, en
haut.
Ce fragment de colonne sert aujourd'hui
d'abreuvoir dans la cour de Manoli Comino.
(Voir la fig 15.)
Sur la route de Tomis, près du terrain de
P r o m . Vasiliu se trouve un fragment de co-
lonne dorique en calcaire conchylien, 98 cm de
long, cassé en h a u t , 50 cm de diamètre. Les
cannelures ont une dis-
tance de 8 cm l'une de
l'autre.
Un fragment de co-
lonne dorique en marbre,
60 cm de h a u t et 50 cm
de diamètre, a la distance Fig. 15.
des cannelures de 8 cm.
J e l'ai noté près du boulevard Elisabeta.
Un autre fragment de fût de colonne dorique en calcaire
conchylien, se trouve près du puits, en face de la maison de
St. Gheorghiu, 43 cm de h a u t et 39 cm de diamètre, 6.15 cm
Fig. 16.
de distance des- cannelures. Le trou rond de la colonne a 5
cm de profondeur et 8 cm de diamètre.
Un fragment de colonne dorique que j ' a i vu sur la propriété de Garofile
Panaitis, en calcaire, 40 cm de h a u t et 45 cm de diamètre. Les cannelures sont très
endommagées et à peine r e c o n n a i s s a n t s . (Voir la figure 16). Il montre un trou rectan-
gulaire des dimensions de 1 0 x 1 0 x 1 0 cm.
Deux fragments de fût d'une petite colonne en marbre, 37 et 33 cm de h a u t , et
9 cm de diamètre ont été trouvés sur le terrain du Dr. Buterescu, m a i n t e n a n t au
musée de la sous-préfecture n. 43. La distance des cannelures est de 2.5 cm.
Nous avons noté les colonnes lisses suivantes:
Près de la vieille mosquée se trouve une colonne de 140 cm de h a u t et de 34 — 37

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

cm de diamètre. Les deux trous, l'un en bas, l'autre en haut, ont les dimensions de
8X9
— cm.
4
Près de la «colline du théâtre» un fragment de colonne a les dimensions
46 X35 cm.
Un autre fragment de colonne cassée, en calcaire, trouvé chez G. Georgescu-Suc­
cesseurs, a 94 cm de long et 4 1 — 4 4 cm de diamètre.
Près de la maison de A. Gheorghiu un fragment de colonne lisse a 45 cm de
h a u t et 33 cm de diamètre.
Dans la cour de Manoli Comino se trouve à la surface de la terre un fragment de
base de colonne en calcaire, 59 cm de diamètre.
Dans la rue en face du docteur Mardari nous avons trouvé une base de colonne
en calcaire conchylien, dont la plinthe a 45 cm carrés et 8 cm de
haut. Le diamètre du fût de la colonne est de 39 cm. Elle a été
( transportée au musée de la sous-préfecture, n. 32.
Dans la cour de Ismail Secheria se trouve une base de co­
lonne en marbre, avec les dimensions indiquées à la figure 17.
Un fragment de base, en calcaire, trouvé près de la glacière
de Theodoru, a les dimensions indiquées à la figure 18.
Un autre fragment, en calcaire, trouvé au même
lieu, a la base de 27 cm carrés, 20 cm de diamètre,
et 13y 2 de haut (fig. 19).
FiK. 17.
Les nombreuses bases de dimensions différentes
trahissent le grand nombre des édifices péristyles de l'ancienne ville
de Callatis.
Un chapiteau en calcaire conchylien, 18 cm de haut, 43 cm de
diamètre, a un abaque de 53 cm carrés. Fig. 18.
■+ O ZO La couronne plastique de feuilles que nous trou-
vons sur l'échiné de ce chapiteau, a son importance sous le rap-
port technique ainsi qu'esthétique.
Cf. le chapiteau du temple aux six colonnes de Paestum chez
Springer-Wolters, Die Kunst des Altertums 1921, p . 160, fig. 331.
Un fragment de chapiteau en beau marbre blanc à gros grains,
des dimensions 3 5 x 2 9 cm, trouvé chez H. Theocharidis, main-
N
tenant chez le Dr. H. Slobozeanu à Bucarest, rue Pompiliu Eliade 15. Le cous-
yj sinet est plein d'ornementations végétales, de sorte qu'il semble que l'artiste n'ait eu
'yS d'un autre but, que de laisser le moins de vide possible.
Le coussinet est lié au milieu par un ruban à rinceaux flanqué de deux bourrelets
tournés. Du ruban partent, au-dessus du coussinet, deux rinceaux qui se répan-
dent vers les deux bouts du coussinet ornementé chacun de 4 rangs de feuilles im-
briquées ce qui lui donne l'aspect d'un artichaut. Les rinceaux servent à remplir
les coins vides.
L'édifice de style ionique, auquel appartient ce chapiteau, a dû être d'une splen-
deur magnifique à en juger par ce chapiteau. (Voir le dessin et la photographie,
fig. 20 et fig. 21).

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CALLATIS

Un chapiteau ionique fragmentaire, en calcaire fin, hlanc, 38 cm de diamètre,


a une volute de dimensions 36 X 16 cm. Le diamètre de l'oculus est de 3 cm. Jadis
propriété de Dobrota, maintenant au musée de la sous-
préfecture, no. 7.
OZ5
Le carré d'en
haut a la base
de 37.5 cm et au
milieu on voit
un trou (dimen-
sions 6 x 5 x 4
cm ) rempli de
plomb.
De trois côtés
on voit près de
la marge du carré
un canal de 2 cm Fig. 21.
de profondeur et de 2 cm de largeur, qui se ter-
3x2
mine du côté de la volute par un trou des dimensions ~ 33 cm. (Voir la fig. 22).
Un petit fragment de chapiteau découvert par nous, en calcaire, nous montre
une volute. Le coussinet est ornementé de feuilles lancéolées (Fig. 23).
Un autre fragment de chapiteau découvert par nous,
en calcaire, des dimensions 2 2 x 4 4 cm, fait voir une
volute cassée et l'ornementation de deux corolles gracieu-
ses et expressives, placées l'une à côté de l'autre (Fig. 24).
Un petit frag-
ment de chapi-
teau, en cal-
caire, découvert
aux fouilles. La
distance du cen-
tre de l'oculus
jusqu' au bord Fig. 23.
conservé est de 9 cm.
Un autre petit fragment de chapiteau, en calcaire, dé-
pj 22 couvert par nous a les dimensions de 2 9 x 2 3 cm. (Voir la
fig. 25).
Deux fragments de chapiteaux
se trouvent au musée de la sous-
préfecture. (Voir la figure n. 26).
Nous ne saurions attribuer plus
d'un de ces chapiteaux fragmentaires
au-mème bâtiment antique à en ju-
Fig. 24.
ger par les dimensions qu'ils nous
montrent et par la forme des volutes. Plusieurs chapiteaux de style corinthien, du
musée de la sous-préfecture, démontrent l'ampleur d'autrefois de cette ville. Nous

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Ill ÊOPH11 ,E SAUCIUC-SAVEANU

reproduisons par exemple le chapiteau de dimensions de 17X42, au musée, no. 3.


(Voir la figure no. 27).
Au musée se trouve, sous le numéro 10. un triglvplic et une métope, en calcaire,

-f-

Fig. 2(>.

dont les dimensions sont 6 5 x 3 9 . (Voir la figure no. 28).


Nous avons trois fragments d'une mutule en calcaire, qui portent des gouttes de
1 cm de haut et 4 cm de diamètre. Ils appartenaient au geison d'un temple dorique.
Deux fragments d'un epistylion en marbre (voir les
5«» »o - ' i
Mr fig. no. 29, 30 et la section), 30 cm de haut, 100 cm de

Fig. 29.

ţ long et 17 cm d'épaisseur, nous montrent, en relief au-


dessus de deux bandes et entre deux profils, des guir­
landes entre des bucrânes. Sur l'espace libre entre deux

Fig. 28 Fig. 30.

bucrânes, on remarque une rosette stylisée. Le travail est fin, malgré les défauts
du détail. Les bucrânes sont munis d'une espèce de chapiteaux auxquels sont sus-
pendues des deux côtés des bandes, parure habituelle des bucrânes. Musée de la sous-
préfecture, no. 16.

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r.M.LATIS

Un travail plus expressif se voit sur une autre pièce du musée, no. 70, en marbre,
19.5 cm de h a u t , 55 cm de large cl 15 cm d'épaisseur Les bucrânes y sont ornés d'un
filet d'astragals, qui semble pendre en gouttes du côté gauche et droit des bu-
crânes. Cette pièce nous rappelle la frise de la construction de la porte de Samo-
thrace de l'époque de Ptolérnée II (Springer-Wolters, 1. c , éd. 11, p . 357, fig. 689).
La partie supérieure de la pièce est cassée, et nous ne pouvons savoir si elle a eu
un cymation, un profil ou un bord simple. (Fig. 31).
Un fragment profilé, en marbre, 12 cm de haut, a un trou de 3 . 5 x 3 . 5 cm.
Un relief en marbre, cassé à
gaUcne a la partie intérieure, a
droite et en bas, 20 cm de h a u t ,
48 cm de large, et 12 cm de gros,
découvert aux fouilles dans la cour
de C. Dan, m a i n t e n a n t au mu-
sée de la sous-préfecture, no. 40
(Fig. 32).
Dans le c h a m p , encadré à gau- -fjf I
Fig. 31.
che et en h a u t d'une marge de 5 cm
et 3 cm de large, et 1 cm de profondeur, nous voyons deux déesses tournées à gauche.
L'une des déesses est commodément assise sur un objet cylindrique. Le buste
est plein, la chevelure riche. La main gauche est levée. Le bras et l'avant-bras for-
ment un angle obtus. Il est vraisem-
j- o 48 •*■
blable qu'elle tenait à la main gauche
une lance. L'autre déesse est debout.
Par l'égide et par le casque elle se ré-
vèle comme la déesse Athéné. La déesse
se présente vigoureuse et majestueuse.
| Elle est ceinte, en h a u t sous la poi-
_i trine, et les plis de son vêtement sont
Fig. 32. indiqués assez schématiquement. C'est
le type d ' A t h é n é au casque corin-
thien 1 ). La main gauche <!<• la déesse Athéné est levée de la même manière que
celle de l'autre déesse. Le pied gauche est un peu avancé. La j a m b e est un peu cour-
bée au genou. La position de la main droite ne peut être éclaircie.
Toutes les deux déesses regardent a t t e n t i v e m e n t vers la droite.
Nous avons ici sans doute un relief qui ornait un décret public. Il devait être
placé à u n lieu nèmyavéoiaxoç», où il était visible et lisible pour chacun. Le t r o u
de 2 cm de large, qui se trouve à 13 cm du bord gauche, et les restes d'un autre trou
a droite, nous dénotent que ce relief a été fixé au moyen de ces trous et du métal.
Ce relief a p p a r t i e n t au groupe de n o m b r e u x reliefs, qui devaient être publiés
par mon arni le directeur de l'école autrichienne d'Athènes, M. Dr. O. Walter dans
son oeuvre «Griechische Urkundenreliefs».

1
) J,c casque corinthien est très r a r e , sur les re- R o s c h e r , Lexikon der griveh. und rôm. Mythologie
liefs du I V è m e siècle a v . J . Chr. Furtwiingler, I, 1, c. 701 e t suiv.

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THÉOPHILE SAl'CIUC-SĂVEAMJ

Nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses en ce qui concerne
l'interprétation de la scène où nous trouvons avec certitude la déesse principale
d'Athènes. 11 est possible que l'Etat athénien ait entretenu avec la ville de Cal-
latis de tels rapports, qu'un décret athénien orné d'un relief ait été placé à l'un des
principaux points de la ville de Callatis, peut-être sur Vâyogà.
L'antre déesse, dans la société de laquelle se trouve la déesse Athéné peut être celle
qui joue un rôle important à Callatis. Ce rôle s'explique par la productivité et par
la richesse en céréales des regions situées au voisinage de la ville de Callatis. Mais
il faut d'abord poser la question si ce monument concerne la ville de Callatis.
Dans la cour du président de la Com. intérimaire de Mangalia, M. I. Roşculeţ,
se trouve un relief en marbre dont les dimensions sont 93 X 64 X 18 cm. (Voir la fig. 33).
Le coin de gauche en liant manque, ainsi que celui de droite en bas.
La surface de cet haute-relief est rongée et détériorée, de sorte qu'à peine si l'on

peut distinguer les contours des trois figures. C'est dommage, que même dans ces
déplorables conditions il ne puisse être abrité dans un musée et être placé dans un
lieu, où il ait un autre sort que celui auquel il est sujet à présent dans la cour de
I. Roşculeţ. Les trois figures qu'on voit sont, sans doute, féminines. On remarque
cela mieux à la partie supérieure de la figure qui se trouve au milieu, et puis à la
figure de droite ; moins bien ou, plutôt, on ne le voit pas du tout à la figure de
gauche.
Les figures, telles qu'elles se présentent au nombre de trois et dans l'attitude
où nous les voyons, nous font penser aux trois déesses du destin, aux trois Parques,
Clotho, Lachésis et Atropos.
La figure de gauche tient d'une main un bâton, celle du milieu lève la main
droite, le geste de la troisième ne peut être déterminé, le relief étant complètement
abîmé. Il est compréhensible que, vu l'état déplorable de ce relief, l'interprétation
des trois Parques soit problématique. C'est dommage que nous ne puissions ajouter
avec certitude ce relief aux rares monuments d'art qui représentent «les Moires»,
«les cantatrices de l'avenir» ] ) .
1
) Voir Weizsackcr, Roschcr, Ausfiïhrl. Lexikon der griech. u. rôm. Mythologie II, 2, c. 3093.

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C.AI.LATIS

Le relief en marbre d'une bouche de puits du musée de Madrid (Baumeister,


Denkmăler, fig. 172; Roscher, 1. c , c. 3095, fig. 2) nous montre Clotho assise
et filant. A côté d'elle, à droite, se trouve Lachésis debout, tirant l'un des trois sorts
la figure tournée, et Atropos écrit la sentence sur une tablette, tout comme les autres
deux déesses tournée à droite. Ce groupe devait être attaché du côté droit à une
scène de naissance. / &
(Voir le relief ana­ 4P ->. .-
logue du château S î ■■

Tegel près Berlin, 9 ^

Muller-Wieseler, D.
d. a. K. 2, 292, en-
*
suite d'autres dans
Miillcr-Wieseler, 2,
890, 2, 838 a et
841).
Fi
Clotho a partout S- 36-
le même rôle. Elle file. Lachésis tient à la main le globe et le style ou écrit sur le
globe. Atropos montre un cadran solaire ou tient à la main les rouleaux ouverts
du sort.
Le relief d'un couvercle de sarcophage du Musée Cap.
4, 29, montre au milieu Lachésis avec les attributs de Tyché,
avec la corne d'abondance et la balance. A gauche, on voit
Clotho filant, Atropos tenant le rouleau du sort ouvert du
côté droit.
Le relief de Mangalia, lui aussi, a peut-être été en rap­
port avec un ou plusieurs autres groupes. Il est difficile de
croire que l'artiste l'ait laissé en complet isolement. Nous
n'oserions former aucune hypothèse sur ce point.
La partie inférieure d'un tronc de femme (fig. 34), des
hanches aux pieds en marbre, des dimensions 4 0 x 3 5 X25 cm,
chez I. Roşculeţ de Mangalia. C'est une femme assise, vêtue Fig. 37
du peplos et du chiton. A sa gauche se voient les contours
les pattes de devant.
d'un animal assis sur les pattes de derrière et appuyé sur
D'après les vestiges d'une patte, c'est un lion, compagnon habituel de la déesse Cy-
bèle ou Magna Mater qui joue un grand rôle dans les villes de la côte occidentale de
la Mer Noire.
Un fragment de stèle profilée en marbre, à fronton et acrotères, de dimensions
de 5 1 X 2 9 X 7 cm, se trouve dans le musée de Mangalia, no. 8. On n'y voit aucune
inscription. N'y-a-t-il peut-être pas eu une inscription peinte? Aucune trace de couleur
ne nous trahit ce secret (Fig. 35).
Un angle droit en marbre, aux côtés de 75 et 62 cm de longs, 30 cm de
haut et 24 cm d'épaisseur, fait voir à l'extérieur des rinceaux en relief. (Voir la
figure 36).
Deux fragments, l'un en marbre, de la forme indiquée à la figure 37, l'autre en
pierre calcaire se trouvent dans la cour de Ismail Sekeria à Mangalia.

125

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THÉOPHILE S M i l l i SĂ^ KANU

I I I . INSCRIPTIONS
A. En marbre et pierre calcaire
Les plus importantes des inscriptions notées en 1924 à Mangalia sont les deux
des thiasitcs de Callatis, que nous avons copiées à partir du (> Août dans la cour
de M. Theoharidis où nous avait conduit le maître maçon Gaetano lanachi. C'est
là que M. O. Tafrali les a vues plus tard et les a copiées.
Ces inscriptions ont été découvertes en 1921 par Theoharidis sur sa parcelle
près de la mer, dans un bâtiment antique que lui-même a mis au jour. Elles étaient
placées dans le mur coin me simple matériel et y ont été trouvées, les surfaces gra­
vées face à face. Le but auquel a servi l'édifice qui cachait les inscriptions des thia­
sitcs ne saurait être précisé. Au moment de notre arrivée à Mangalia on ne pou­
vait constater qu'un grand trou dont on avait extrait les blocs formant l'antique
édifice. Les inscriptions sont brisées en plusieurs morceaux, l'une en 8, l'autre en 5.
Cela peut s'expliquer par le grand poids de la partie d'en haut de l'édifice qui
pesait sur les plaques de marbre placées dans le mur. Les stèles étaient en outre
profilées et à frontons; Tune d'entre elles avait même le bord élevé, et le poids du
mur devait exercer ses effets avant tout sur les bords élevés de stèles.
Les stèles étant posées face à face dans le mur «l'origine romaine ou post-romaine
(la propriété de Theoharidis se trouve au quartier romain noble, comme nous le nom­
mons par suite des indices que nous avons), les parties non brisées nous montrent
les lettres intactes et non altérées par des différents facteurs. A l'endroit où elles se
trouvent depuis 3 ans et où nous les avons vues elles souffrent des détériorations
journalières; elles s'abîment, s'effritent sous l'influence de toutes sortes d'intempéries,
par l'écoulement des gouttes d'eau de la gouttière p. ex. Nous avons fait les démar­
ches nécessaires — sans réussir cependant — auprès du propriétaire pour qu'il les cède
au musée de Mangalia qui a été inauguré le 14/IX, 1924 dans une chambre de la sous-
préfecture avec le concours de M. C. Melidi.
Dernièrement les inscriptions sont parvenues, à ce que nous avons entendu dire,
pour une somme de 3900 Ici, au musée de Iassy.

No. 1.
Stèle en marbre, bleuâtre, profilée, à un cyma de 2 cm et une plaque de 1.8
cm de large, composée de 8 fragments dont les marges sont dépourvues de petites
écailles perdues.
La hauteur de la stèle est de 85 cm, la largeur en bas de 46 cm, en haut 44 cm,
l'épaisseur de 8.5 — 8 cm.
La face gravée est de 72 cm de long. Le fronton avec les acrotères a au milieu
13 cm de haut, à gauche et a droite 8 cm. Le tympan est 5 cm de haut et 1 cm de
profond. A 4 cm des bords droit et gauche de la face gravée il y a 2 incisions de 3
cm de long, 2.3 cm de large, 0,5 cm de profond. Elles servaient à fixer la stèle au
moyen de crampons métalliques.
La partie de derrière de la stèle n'est pas travaillée.
Les lettres commencent à 0.5 cm du bord. Leur hauteur est de 1.1 — 1.2 cm
La forme des lettres o et 0) est plus petite que celle des autres.

126

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CALLATIS

Les l e t t r e s g r a n d es et belles n o u s r a p p e l l e n t les c a r a c t è r e s d ' A t h è n e s d u milieu


du I V - è m e siècle a. J. Chr. L a forme ressemble b e a u c o u p à celle q u e n o u s t r o u -
v o n s d a n s l'inscrip-
t i o n d ' A n d r o s du mi-
lieu d u II V-ème siècle
à. J . C h r . I . G. X I I ,
5, 714, s u r t o u t a u su-
j e t des l e t t r e s A et
~ ,fArAOAITTXAIEFIBA<l
2?»).
A<KAAFIAAAMHNO<AlO lOYFPAKIM
L'yl a u n e b a r r e T O < A r H M O N O < T O Y F YOIJ N O <E.AO H E T O K O l A < f ;
transversale droite, T À I < O F Q<K A T A < k E Y A H N A o < T a i oEorror«j|
quelquefois u n p e u | G E A O N T A < T n N O I A < I T A N E A P T E A A E < ©AI El O T A r M
l'TA <K E Y ANOTIfc AEk A*TO < V O A I P H T A I T O K A E E F A H
c o u r b é e . Les b a r r e s
r E l A A / A E K I O K E a <MENXPY< ElttEN<TE4>ANON<NAQ
f o r m a n t L'angle poin- TIM! A < AIA BIOYK A I E r T T A * A E K < T A A A N T O K A E E i ;
t u de VA s o n t pres- AA<<ONXPY < O Y E F A T r E l A A \ E N O K E a < A P r Y P i n N ^
que droites. L e u r ^JAKONTAEIMENTANTEErrP *ANkAKTE*ANOKA
^ ^ ^ T A J T PIETHPIAIAIABIO OJ<AEA
c o u r b u r e n e se r e -
A À < <ONI A+ANTA^EFAF
m a r q u e pas de la fa- jf" E Al A <EI<TANCr^AMO"Fa<: ifl«*ç A T A < K E YA<OHON^
çon d o n t on la con- O < A < KA AAI<TAKA\< Y NTOA\ A ï ^ E A E < O A l A N A PA <
s t a t e a u Z. TPEI<EKFANTnNTr4NOIA <l TA EAIPEOENTE<AAB ONTE£
x TAPATriNEFArTTIAAnEN Cl NXE KOYNTITAAlA*OPAKAlAO]
Les l e t t r e s Z et M [rONAFOA H «DYNTIEiTPAfON •YXEIPKAOY a N T E A E J
n'ont aucune ten- < OENTO<AETOYEPr MErfcff: TOt<AlPEOD<IEnTArKATA!
dance aux formes |<kEYAN<TE4>ANONE £ <Y?fpAOI<A<KA ^YNONTIOIOIA U
TAIKATATPIETHP1AA AITYXAI
carrées, qui à Athè- lAEErArrEi A A N T O E K [O | H OAOMIANTOYNAOY S
nes c o m m e n c e n t a u - OA A DNYAO « AT YP OY# NI<E*E<IOY^A
t o u r de l ' a n 300 a v . < A F O A A n N | 0 V < A < IB IO <FPnTCrAAXOYtf>
4>IAIFFO<A AHNIOY HPEA < A ArtjffiLfiirro <A<i
J . Chr. 2 ) .
AIONY<IO< ONO<# Y+PA I O < f/-i . POYAA
:
L e 0, p o r t a n t a u f OlKOAO/AH EYAfAW [ fi?A
centre u n point, et ,A\ENKfcO<nPAkA i ■£ XA?
A A M A T P U 5 <AAA\ATPlOY *
l'omicron sont plus
< iM'^j/FFcttAOïnN o < * ?iWlMO<AAvî
petits que l'oméga, ) > X r 5 T I N O <A\lkOY *' A T O A A O A O T O iMJ^Ï^
mais, comparés aux ™TI/AO<FA<IAAA % T O < EPrATA<TPlAK ONTA^
a u t r e s l e t t r e s de l'in- >T.nFYPo<FpnTOFOAio< # T P OMAOinNTPOMAOinNO <
E PMATENH<AAA\OtilNTO < % E P r ATA <AEVATENTE
s c r i p t i o n , le S e t l'O KPrrOBOYAO<FYP<OY # A r HmNTYOLONO<KAPA A
sont plus grands que AOAAFIOA^PO<AFOAAOAOTOY^AEiONIcAIEFTATA<AEI^FEri^:,
les l e t t r e s des m o n u - NO<<iaNIEPOKAEO< t OAYAFO«aTHRXOYEPrATA<m
IOFYPO<E<T!OY t AinNAPI<TOKAEO*EPTATA<lE
ments épigraphiques
AAAO<OENH<AIONY<IOY AtAKTinN<KYOAEPTATA<IE
d ' A t h è n e s du milieu y\AEANEl<TOOYP^A\A AIONY<IO<<TE4ANAFAO|«r o <
d u I V - è m e siècle a v . l I<01AANKA1YAA1AA< EPTATA<AEk A
J . Chr. AFOAAnNlO<<IA\OYEPrATA<l;
r
L e Z , d ' a p r è s la Fig. 38.
ligne 3 7 , a la forme n o r m a l e . Le Z n ' e s t p a s clair à la ligne 32, d o n t j ' a i n o t é le

l 2
) Voir le facsimile Ath. Mitt. 1911, p. 3 et ) Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik
suiv. II, 2, p. 463, 472.

127

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

signe < | . Cette forme pourrait être expliquée par la forme du Z qui se trouve dans
les inscriptions athéniennes à partir de l'an 180 av. J . Chr. ! ) .
Supposant que cette forme soit exacte, nous admettrions une erreur du lapicide,
qui devrait être expliquée par le manque d'habitude d'employer la forme nouvelle du Z.
A la ligne 37 on voit, sans doute, la forme plus ancienne du Z. (Voir le facsimile 2)
de l'inscription, fig. 38).
Dans la suite, nous donnons la transcription de l'inscription avec les compléments
que nous allons justifier plus bas.
'Ayadăi xv%ai. 'ETCL fïaaiXéoç Zi/iov xofv
'AoxXamdôa, /njroç ăiovvaCov^ nquioijunov-
zoç 'Ayrj/iovcç xov Ilvêuoroç- ëôoÇe xoïç ùiaoi-
zatç' ôncoç xazaoxevao&r] vaoç x<oi &eidi xovç
5 iiéXovxaç T&V ïïtaoïxàv ènayyékXeoûat elç xày xa-
zaaxevàv 6 xi xa ëxaoxoç nQoaiQfjrai' xoïç ôè ènay-
yeiXa^évoiç ëcoç /ièu xqvoov eî/nev oxéyarov (piXo-
zi/uiaç ôià (it'ov xai êyyqacpàv elç ozdXav, xoïç ôè ë-
laooov yjjroov ènayyeiXafiÂvoiÇ ëaJÇ àqyvqûv
10 [xjQtăxovra eî/iev xdv xe èyyqacpàr xai oxé(pavov an
feveqyjeoiaç xài xqiexyqt'ôi ôià (iioxr xoïç ôè Xoinoïç xoïç ë-
Xaaoov èrtayfyeiXaftévoiçJ elfi[e]v èyyqo.<fàv xaç ènay-
yeXtaç elç xàv azdXav Ô7i<oç ô[è] xai xazaoxEvao&f] ô vfaj-
oç (hç xdXXioxa xaflj ovvxo/itœxaza, êXéoêai avôqaç
15 ZQEÏÇ èx nàvxow x(bv ftiaoïxâv oi ôè aîqedêvzeç Xafïôvzeç
naqà TCÔJ' ênayyeÛM/téi'iov %Eiqitovvxi xà ôidqoqa xai Xô-
yov ànoô(i)Ocvvxi ëyyqayov xcv x£lQi0/l°v' ovvexeXe-
o&évxoç ôè xov ëqyov eljuey x[ai] xoïç alqevxeïoi èni xày xaxa-
oxevàv oxé<pavov èv zaïç avfvjôôoiç âç xa ovvœvzt oi êtafoïj-
20 zaï xazà zqiexrjqîôa' vacat 3-5 cm 'Aya&ăi zv^ai. vacat 14 cm.
Oïôe ènayyelXavxo elç zàv olxoÔo/uav xov vaov' vacat 3.5 cm.
'Anollojvloç Zaxvqov ^ Mfjnç 'Eqeoîov JPA
'Ano?.?.d)vioç ''Ajtolhoviov vacat 2 cm. Zcooîfiioç llqanofidxov AJA
[0](?d7T7toç AnoXXwvfov [Xajiqéaç Aa/ufocpjcôvxoç JPA
25 ALOVVGIOÇ [Kal]%aô[6v]oç vacat 2 cm. Evyoaïoç Zaxvqov JPA
Olxoô6[ii]o[a]v [xov vjafojv Evatojv i JPA
Mevioxoç 'HqaxX,e[i6ixr\]ç X .. a i x ç A*A
Aa^uixqioç Aa/naxqiov ^ vacat 1*2 cm. Z
Zijuft'ajç II qe^aêioivoç îf£ [ZJÏ/ioç Aa
30 . . vxïroç M (xov % ' AnoXXoônoç
[Ajalxifioç IJaoïdôa,. ^ vacat 3*2 cm. xoç èqydxaç xgidxofvxaj.
ZOJ7CVQOÇ IIQOJxcnôXdoç îf£ Ilqo/ia'&îojv Il QOfrnftuovcc
r
Eqjuayévr]ç Aa/ioyâjvxoç % èqydxaç ôexanévxe.
KqixôfiocXoç IJvqoov ^ 'Ayrjjuojv ITw&îwvoç xaflaX-
35 'AoxXajiioèojqoç 'AnoXXoô6xov% Xeïov xai iqydxaç ôexanhxe.

2
') Larfeld, 1. c. p. 472. ) Fait par M. I. Manoli.

128

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CALLATIS

Noooùov 'hooxh'oç •$ vacat 5 cm. "OXvţmoc SonrjQtxov èçydraç IE


Z(ï>7lVQ0Ç 'EOTCOV % 5 ' / 2 cm. vacat Aùov 'AQIOTOXMLÇ êoydraç' IE.
Aafiooêévt,ç Aiovvotov v a c a t 2 ' / 2 cm. 'Açiariov Zxé&a èayaxaç IE.
à?Jav elç rô êvQo/ia v a c a t 4.3 c m . Aiovvaicç eneyavajiXoxoç
40 xolXav xcd ipaXtôaç v a c a t 5 ' / 2 cm èoydxaç ôéxa v a c a t p o u r 8 l e t t r e s .
, 'ATIO).XO)VIOÇ ZI/ÂOV ègyâtaç I.

10 c m .

A la ligne 10 VA est la dernière l e t t r e p a r f a i t e m e n t lisible. A p r è s cet A n o u s


v o y o n s u n e b a r r e p e r p e n d i c u l a i r e q u i m o n t r e en h a u t d a n s u n angle d r o i t u n e p a r -
tie d ' u n e b a r r e h o r i z o n t a l e . Cette b a r r e , à g a u c h e dépasse u n p e u la b a r r e p e r p e n d i -
culaire, d e s o r t e q u ' i l est p l u s q u e p r o b a b l e , q u e la l e t t r e q u i succède à VA et q u i
a é t é la d e r n i è r e de c e t t e ligne, é t a i t H et "non T.
A la ligne 1 1 , on a des difficultés à cause de la f r a c t u r e a u c o m m e n c e m e n t
de la ligne. I l n ' y a q u e des restes insuffisants de l e t t r e s . A p r è s u n espace d ' à p e u
p r è s 2 l e t t r e s on v o i t u n e b a r r e h o r i z o n t a l e , p e u t - ê t r e la p a r t i e inférieure d ' u n E,
I ou = , p l u t ô t d ' u n E, suivie de la b a r r e s u p é r i e u r e oblique, d ' u n Z. A p r è s ces
vestiges de l e t t r e s on r e m a r q u e la p o r t i o n s u p é r i e u r e d ' u n e l e t t r e , qui p e u t ê t r e A, A
ou A e t q u i sera p l u t ô t u n i à cause du sigma q u i suit i m m é d i a t e m e n t . Ce sigma
est a s s u r é p a r la p r e m i è r e b a r r e oblique de dessus. N o u s a v o n s ainsi la t e r m i n a i s o n
g é n é t i v a l e d u g e n r e féminin d ' u n s u b s t a n t i f q u i c o m m e n c e à la fin de la ligne 10
et c o n t i n u e a u c o m m e n c e m e n t de la ligne 1 1 . L ' e s p a c e d e v a n t les l e t t r e s aç et
a p r è s le s i g m a q u i p r é c è d e , serait suffisant p o u r c o m p r e n d r e l'iota d o n t n o u s
n ' a v o n s p a s de vestige à cause de la f r a c t u r e .
Les débris des l e t t r e s à la fin de la ligne 1 1 , n o u s laissent voir, après les l e t t r e s
/oino, u n e p o r t i o n assez a p p a r e n t e d ' u n i o t a et des f r a g m e n t s t a n t ô t plus g r a n d s
t a n t ô t p l u s p e t i t s , de la p a r t i e inférieure des l e t t r e s ZTOIZE.
A la ligne 2 5 , n o u s c o n s t a t o n s a p r è s le n o m Aiovvoioç u n e l a c u n e de d e u x let-
t r e s q u i est suivie des restes conservés d ' u n X.
A la ligne 2 6 , la l e t t r e initiale est u n p e u effacée, et n o u s h é s i t o n s e n t r e VO e t
VQ. I l est p r o b a b l e , q u e n o u s a v o n s ici la forme de l ' a o r i s t e , et c'est la t r o i s i è m e per-
s o n n e d u pluriel d u v e r b e oïxoôo/zéw, sans l ' a u g m e n t . Les restes sont t r o p insuffisants
p o u r p e r m e t t r e d ' é t a b l i r a v e c c e r t i t u d e la t e r m i n a i s o n av p o u r les l e t t r e s oixcôô/zrjo
g r a v é e s t r è s l i s i b l e m e n t . L a l e t t r e A semble ê t r e assurée p a r u n e p o r t i o n inférieure de
la s e c o n d e b a r r e o b l i q u e . A p r è s VA on p e u t lire le N. L a lecture des m o t s xov vaôv
e s t p r o b l é m a t i q u e . N o u s n ' a v o n s q u ' u n a p e x i m m é d i a t e m e n t a p r è s les l e t t r e s
olxoÔô/ir]oav, d a n s la m ê m e h a u t e u r des a u t r e s l e t t r e s , et p a r suite les restes d ' u n A e t
d ' u n N. Ces l e t t r e s s o n t m a r q u é e s d a n s la t r a n s c r i p t i o n p a r u n p o i n t souscrit. D e -
v a n t VA, n o u s c r o y o n s a v o i r v u , à la h a u t e u r n o r m a l e des l e t t r e s , u n e p o r t i o n de
b a r r e h o r i z o n t a l e , ce q u i d é m e n t i r a i t la lecture proposée p a r n o u s . Mais la lecture-
p r o p o s é e c o r r e s p o n d p a r f a i t e m e n t p o u r les i n t e r v a l l e s des f r a g m e n t s de l e t t r e s
conservés s u r le m a r b r e .
A la fin de la ligne 26 il n ' y a q u e des restes i n c e r t a i n s de l e t t r e s , les m a r g e s des
m o r c e a u x r é u n i s é t a n t d é t r u i t e s . Ces restes d o n n e n t à p e u près u n n o m c o m m e Evaiotv,
sans certitude.

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9 Dacia T 1924.
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

A la ligne 27 l'inscription est abîmée. A droite, après la lettre X et après un


intervalle de deux lettres, on voit les restes de la partie supérieure de trois lettres,
qui sont VA ou A ou A, puis 1'/ et probablement un T.
Le S de la ligne 29 est incertain. Mais dans cet endroit il ne peut être une autre
lettre que le sigma. Après le nom ZJTnoç suivent une ligne horizontale, peut-être le
reste d'en bas d'un A et la portion gauche d'un A.
A la ligne 32 le Z semble avoir la forme erronée de <I.
L'inscription est gravée dans le dialecte dorien, ce qui s'explique facilement dans
une colonie de la ville d'Héraclée Politique.
Callalis était la Cille de la ville d'Héraclée Politique et la petite-fille de la ville
péloponnésienne de Mégare.
Le dorisme se maintient très fidèlement à Callatis ainsi qu'à la Chersonese
Taurique, une soeur de Callatis ').
Nous trouvons des formes doriennes dans les mots suivants: à la ligne 1 et 20:
âyaiïâi rv%ai, 1. 2 : 'AoxXamdôa, Tioatottivoivroç., 1. 3 et 34 ' AyijiiovoQ resp. rAyijiioi•,
1. 5 et 15: TOJV ïïuwirâva), 1. 8: elç ordXav fyyQa<pâvf 1. 10: rdv re èyyqa<pdv, 1. 1 1 : râi
rQlETt)Qtoi, 1. 12: êyyQa(fàr ràç èxayyt-h'aç, 1. 13: sic ràv ordhiv, 1. 18—19: ènl rày
xaraoxevdv, 1. 2 1 : eîç ràv olxodo/u'av, 1. 28: Aajuârgioç Aa/iurQ/'ov, 1. 3 1 : TlaoïdôaA. 35:
'AoxkamSôcoQOÇi 1.38: Aa/ioa-âévrjç et'Acpaioruov Zxv&a,l. 39: àXéav et orerpavaTrAdxcç,
1. 40: xoO.av et xpaXiàaç.
La forme du génitif des radicaux en t]F est à Callatis la même qu'en Laconic
et dans d'autres villes doriennes. La forme dorienne du génitif se trouve dans
cette inscription à la ligne 1 dans le nom fiaaiXéoç ainsi que dans l'inscription
suivante et dans les noms propres de la ligne 36 'IEQOXXEOÇ et 1. 37 'Aqioro-
xXéoç*).
Le génitif d'un radical en iota, dans notre inscription, a la même forme qu'en
Laconie. À la ligne 5 — 6 nous lisons nôXioç au lieu de nôXxioç et à la ligne 37 llnio-
roTiâXioç au lieu de IlQioroTidlEinç*).
Comme formes doriennes s'expliquent l'infinitif EÎ/IEV, resp. elfiey dans les lignes 7
et 12, resp. 18, le futur âxoôœoovvri de la ligne 17 et %EiQiŞovvri de la ligne 16, et
le subjonctif du présent ovvâjvri à la ligne 19.
L'infinitif eï/iev (= eïvai) est formé par le suffixe court /IEV ; il est employé
dans le dialecte dorien, là où le dialecte ionien a l'infinitif en vai 5 ).
Les formes du futur dorien %eiQiî;ovvri et anooiooovvri, au lieu de %EIQIOOVOIV
et âjioôa)oovoiv, dérivent des formes xeiQl°ê~°~vri r e s P - ànoàmaè-o-vri formées par
le suffixe dorien 6 ).
Dans la forme %EiQiţovvn de la ligne 16 nous avons aussi une analogie d'après
les radicaux à gutturale (par exemple le pindarien ?>e{jovvri fr. 122, Bergk.) 7 ).
En Laconie les radicaux verbaux en lô ont au futur et à l'aoriste -£eo et - | a

x
) P â r v a n , Cerusia din Callatis, An. Acad. IV, 4, 1, p. 714.
R o m . , séria I I , 1919, X X X I X , p. 58. *) Pour la Laconie voir Hoffmann, 1. c. p. 714.
2 5
) Dans l'inscription suivante nous trouvons la ) Kiïhncr-Blass, Ausfiihrliche G r a m m a t i k der
forme râtv ftiaoeircôv. griech. Sprache I 3 , 2, p , 57.
3 6
) Voir O. Hoffmann dans Collitz - Bcchtel, ) Kùhner-Blass, /. c , p. 49.
7
S a m m l u n g der griechischen Dialektinschriftcn ) Kùhner-Blass, l. c, p. 106 et suiv.

130

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CALLATIS

au lieu de -oœ et -oa (Voir V. Hoffmann, Collitz-Bechtel, Sammlung der griechi-


schen Dialektinschiftcn IV, 4, 1, p. 721) et pour Callatis nous connaissons cette
particularité dorienne encore par deux autres inscriptions de la collection Collitz-
Bechtel (Z. c. I I I , 1, 47, 1. 14: èxQTjiuhtÇev et I I I , 1, 48, 1. 2 : xaraoxeva^dfisvoc).
Le subjonctif avv&vti de la ligne 19, et non avvùovri, que nous attendrions l ) , est
formé par le même suffixe dorien vn à l'aide de la voyelle intermédiaire allongée 2 ).
Le subjonctif (xamoxevaoêfj à la ligne 4 et 13) sans le iotas ouscrit se trouve
aussi dans les inscriptions de la Laconie. Voir Hoffmann, 1. c. IV, 4, 1, p. 719 — 720.
A la ligne 21 nous trouvons ènayyeiXavxo sans l'augment.
Pour olxoôé/jirjaav de la ligne 26 sans l'augment voir oîxoôo^/xéva chez Hoff-
mann, /. c , p. 721.
Nous pouvons constater encore un dorisme dans les lignes 6 et 19: ou xa et âç
xa. C'est la forme dorienne de l'enclitique modal xd. Dans la langue homérique le
xd a la forme de xé ou xév et ils est employé avec prédilection dans les propositions
relatives 3 ).
L'origine dorienne de Callatis n'empêche pas les callatiens d'employer au cours
des siècles, à la suite du contact et de la communication avec les colonies ioni-
ennes du rivage occidental de la Mer Noire, les formes ioniennes, de sorte que les
dorismes disparurent de plus en plus dans les inscriptions callatiennes.
L'inscription présente est un décret des membres d'un êiaooç, relatif à la con-
struction d'un temple au dieu dont le culte était servi par les thiasites de Callatis.
L'institution des clubs, nommés ïïlaooi, se trouve surtout dans les îles de la Mer Egée,
et sur les rivages occidentaux de la Mer Noire.
Les regions de la Mer Noire semblent être la patrie de l'institution, qui a atteint
les bords occidentaux de l'Asie-Mineure, sans avoir pénétré dans l'intérieur de l'Asie-
Mineure, et qui est arrivée aux îles de la Mer Egée. Sur le continent grec nous ne
la trouvons qu'à Athènes 4 ).
La forme -ùiaomjç, qui se trouve dans notre inscription, est la même que dans
les autres inscriptions callatiennes (Tocilescu, Arch, epigr. Mitteilungen aus Oester-
reich-Ungarn X I , 1888, 34, 33 et XIV, 1891, 32, 7 5 ; Dittenberger, Sylloge, éd. 3,
1108). Une autre forme nous est connue à Athènes par plusieures inscriptions et
à Chalcédoine par Dittenberger, Sylloge, éd. 3, no. 1010. C'est la forme êiaocoT7]ç.
Après la formule de bénédiction (àya-ùàt tvyai) suit le prescript avec le fon-
ctionnaire éponyme qui est le ftaodevç Zï/xoç, fils d'Asclapiadas.
Le nom Zï/wç de l'éponyme est répandu partout en Grèce 5 ). L'éponyme porte
le titre de (iaodevç.
La question est si ce fiaoifavc est le magistrat éponyme de la ville de Callatis
ou s'il n'est que l'éponyme du thiase. On peut poser la question si l'éponymité

4
') Voir l'inscription des Iobacches d'Athènes ) Poland, Geschichte des griechischen Vereins-
chez Dittenberger, Sylloge éd. 3, 1109,1. 40 et 80. wesens, Preisschriften der Jablonowskischen Ge-
2
) Voir O. Hoffmann l. c , IV, 4, 1, p. 720. sellschaft, 1909, Leipzig, p. 22 et suiv.
3 5
) K u h n e r - G e r t h , Ausfuhrliche G r a m m a t i k der ) Voir Pape-Benseler, W o r t e r b u c h der griechi-
griech. Sprache I I 3 , 1, p. 208, et Kùhner-Blass, schen Eigennamen s. v. ZÏ/JIOÇ. Uîfioç (qui a le nez
Ausfiihrliche G r a m m a t i k der griech. Sprache camus) se trouve dans la même inscription et en-
I 3 , 1, p . 281. core aux lignes 29 et 41 ; cf. 2i/J,laç à la ligne 29.

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•j*
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d u paoïltvç Simos s ' e x p l i q u e c o m m e u n e fonction de l ' E t a t , ou si le n o m du ftaodevç


est d e v e n u u n simple t i t r e d a n s les c a d r e s d u c l u b de C a l l a t i s , u n j o u e t a u cercle
des t h i a s i t e s de C a l l a t i s . Car on t r o u v e des t i t r e s d e f o n c t i o n n a i r e s s u p r ê m e s
d e l ' E t a t a t h é n i e n c o m m e c e u x d' ăQ%(ov ou d ' â o ^ o j j ' èxa)rv/ioç, d e fiaotÂevç, d e
7ioléf.ian%oç d a n s l ' o r g a n i s a t i o n des é p h è b e s a t h é n i e n s , q u i zélés p o u r leurs i n s t i ­
t u t i o n s se c o m p l a i s e n t à e m p l o y e r et à copier le m é c a n i s m e de l ' E t a t d a n s leur
o r g a n i s a t i o n . Mais chez les t h i a s i t e s la q u e s t i o n se p r é s e n t e a u t r e m e n t q u e chez les
é p h è b e s . Les é p h è b e s c o n s t i t u e n t u n e i n s t i t u t i o n de l ' E t a t , e t l ' i m i t a t i o n d u m é ­
c a n i s m e de l ' E t a t a v e c ses o r g a n e s e s t p l u s f a c i l e m e n t e x p l i c a b l e d a n s u n e i n s t i t u ­
tion p u b l i q u e telle q u e l ' o r g a n i s a t i o n des é p h è b e s 1 ) . L e c l u b des t h i a s i t e s c e p e n d a n t
est u n e a s s o c i a t i o n p u r e m e n t p a r t i c u l i è r e , q u i n ' é t a n t p a s en c o n t r a d i c t i o n a v e c l'idée
d ' E t a t n e p o u v a i t p a s ê t r e c o n t r a r i é e p a r les r e p r é s e n t a n t s de l ' E t a t . A u c o n t r a i r e , le
club des t h i a s i t e s a y a n t u n e sollicitude e x t r a o r d i n a i r e p o u r le c u l t e d ' u n dieu i m p o r ­
t a n t c o m m e D i o n y s o s e t d é c h a r g e a n t l ' E t a t d ' u n e p a r t i e d e ses o b l i g a t i o n s religieuses,
d e v a i t a v o i r t o u t le c o n c o u r s de l ' E t a t . Mais le c l u b de t h i a s i t e s é t a i t u n e i n s t i t u ­
tion particulière.
L ' i m i t a t i o n de l ' o r g a n i s a t i o n de l ' E t a t , a v e c le fiaadevç en t ê t e , n e p e u t p a s
e n t r e r d a n s la vie des sociétés g r e c q u e s . Le ftaaùevç n e p e u t ê t r e d a n s c e t t e c o r p o ­
r a t i o n p a r t i c u l i è r e u n s i m p l e t i t r e d u '&i'aaoc.
V u l ' i m p o r t a n c e d u d é c r e t , v o t é d a n s l ' a s s e m b l é e des t h i a s i t e s et é t e r n i s é p a r
l ' i n s c r i p t i o n p r é s e n t e , d e c o n s t r u i r e u n vaoç, ce q u i signifie u n a c t e i m p o r t a n t , u n
é v é n e m e n t p o u r t o u t e la ville, n o u s v o y o n s d a n s le fiaodevç Zï/wç le f o n c t i o n n a i r e
é p o n y m e d e Callatis e t cela d ' a u t a n t p l u s , q u e les a c t e s de M é g a r e s o n t aussi d a t é s
d ' a p r è s le fiaadevç (se. âqioiv) ( C o l l i t z - B e c h t e l , 1. c. I I I , 1, 3 0 0 3 , 3 0 0 4 , 3007 — 3011).
A C h a l c h é d o i n e (1. c. n . 3054 e t 3055), e t à A i g o s t h è n e aussi ( P o r t o G e r m a n o )
n o u s t r o u v o n s l ' é p o n y m i t é d u fïaodevç (èm ftaodîa)ç) a p r è s celle d u s e c r é t a i r e (èm
ynafifiaxéoiç), chez C o l l i t z - B e c h t e l , 1. c. I I I , 1, 3094, 1. 2 .
L e d é c r e t est d a t é d u m o i s d e D i o n y s i o s , n o m m é d ' a p r è s le dieu D i o n y s o s , q u i , j o u a n t
u n rôle i m p o r t a n t d a n s le c u l t e r e l i g i e u x d e C a l l a t i s , a v a i t u n mois n o m m é d ' a p r è s
son n o m . Le mois de D i o n y s i o s se t r o u v e aussi à A n t i c y r e , Callipolis e t N a u p a c t e 2 ) .
N o u s n e p o u v o n s p a s préciser, à q u e l m o i s a t h é n i e n c o r r e s p o n d le D i o n y s i o s
de C a l l a t i s .
A la ligne 2 —3 il y a e n c o r e u n f o n c t i o n n a i r e d e Callatis q u i est n o m m é H a g é m o n
fils de P y t h i o n 3 ) ; il é t a i t nqaioifivcbv.
Ce m o t i n d i q u e la f o n c t i o n des a i s i m n è t e s . Ce s o n t les a i s i m n è t e s q u i à M é g a r e
d i r i g e n t les affaires p u b l i q u e s , e t les C a l l a t i e n s a u r o n t r e ç u c e t t e fonction de leur
première métropole.
L e m o t aloifivdraç et les m o t s q u i a p p a r t i e n n e n t a u m ê m e r a d i c a l se t r o u v e n t
à M é g a r e e t d a n s les colonies d e c e t t e ville. L e m o t TiQaioi/ircôvTFÇ4) n e se t r o u v e

>) Voir Poland, /. c. p. 411. respond au mois 'EvôvanoiTQÔmoç de Delphes,


2
) A Anticyra le mois de Dionysios est le même d'après Bischoff, /. c. 363 et ss.
3
que Amalios de Delphes, et Gigantios d'Am- ) 'Ayr'j/ÂCDV TIV{)[MVOÇ est n o m m é encore une
phisse, d'après Bischoff, De fastis Graecorum fois dans notre inscription, à la ligne 34.
antiquioribus. Diss. Lipsicnsis 1884, p. 361. A *) Collitz-Bechtel, l. c. 3016, 1.
Callipolis et Naupacte le mois de Dionysios cor­

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CALLATIS

qu'à Chersonese; il est composé de TIQO et de aloi/tvâw (cf. aîav/jir^tijç), de la même


manière que dans l'inscription callatienne.
A Calchédoine on rencontre la forme nQoaioifiva&éi'&a1), chez Collitz-Bechtel,
1. c. 3052 a, 10, et nnoaioi/irdor], ibidem 13.
A Chalcédoine il y a eu dix aisimnatai, d'après Collitz-Bechtel, 1. c , 3053, 1, au
mois de Potamios, et seulement huit, d'après l'inscription 3054, 9.
Le TiQaioifivûv doit avoir été à Callatis ainsi qu'à Selymbrie et à Chersonese 2 )
le président du collège des aisimnètes, du comité exécutif du conseil (fiovb)). Le pré-
sident se renouvelait chaque mois en même temps que les aisimnètes. Nous ne
pouvons pas insister sur les rapports entre le fiuoi/.evç et le noaioijurûv, parce que
nous ne voulons pas entrer dans le domaine des hypothèses.
Par les fonctions du ftaodEVÇ et du nqaioiiivGiv la ville de Callatis se rélève
comme appartenant à la sphère d'influence mégarienne.
Les noms des suprêmes fonctions de Callatis proviennent de Mégare.
A la ligne 3 nous avons dans la formule de sanction ëôoÇs TOÏÇ dtaoïxaiç la
forme concrète de ftuxoïxai, au lieu du nom collectif ûîaooç, qui se trouve consé-
quemment dans les inscriptions bosporaniques et avec prédilection dans les inscrip-
tions des îles ioniennes et dans les villes de la Propontide 3 ).
En ce qui concerne la forme ûiaoïxai, on peut prendre en considération la di-
stinction de Moeris p. 180: ftiaounai ôià xov to * Axxixûç^iaoïxai 'ElXtpnxcôç.
Dans les inscriptions bosporaniques, comme nous atteste Poland, 1. c. p. 16
et adn., ** 4 ), se trouve aussi la forme avec l'a>.
Il est évident que le mot &iaoïxai ne se trouve pas ici au sens primitif et original
de membre qui fait partie d'une procession tumultuaire en honneur de Dionysos 5 ).
Sans doute, qu'à Callatis, sur le téritoire thrace, dans la patrie de Bacchus, qui
s'étend jusqu'au bord nordique de la Mer Noire, les thiasites servaient le culte de Dio-
nysos 6 ) qui dominait directement toutes les associations de l'Asie-Mineure et qui
semble avoir été à Callatis le dieu noct k.ţoyr\v.
Les thiasites formaient d'abord une corporation, dans laquelle les intérêts reli-
ligicux prépondéraient. Au cours du temps les intérêts sociaux, économiques des
membres changeaient, mais surtout les intérêts politiques parvinrent au premier plan,
sans que la corporation acceptât une fonction plus administrative et sans qu'elle
servît, comme à Athènes 7 ), à diviser et coordonner les différentes parties de l'orga­
nisme de l ' E t a t 8 ) .
Dans l'exposé des motifs du décret nous apprenons que pour la construction d'un
temple (rao'ç à la ligne 14) de leur dieu ceux des thiasites qui le désiraient, pouvaient

x
) Sur l'aisimnatas voir Solmscn, Beitrăge zur ei d'une époque postérieure et dans l'adn.,*** nous
griechischen Wortforschung I, 1908, p. 36 et suiv. voyons les différences dialectales de ce mot.
6
A P a t r a i aloifivfrijt est l'cpithète de Dionysos, ) Eurip. Bacch. 680; Poland, /. c. p. 16.
d'après Pausanias V I I , 20, 1. •) Poland, l. c. p. 198.
2
) A Chalcédoine le président du conseil (Pov?.rj) ') Cf. Arist. Eth. Nie. V I I I , 11, p. 1160 a, 19 et
et du collège des aisimnatai s'appelle aye^Kov ou suiv.: ëviai ôè xûv xoivcoviœv ô'rjôovijv ôoxovoiv
âye/iwv (iovlrjç. yiyveadai &iaoa)T(»v xal eqaviaxibv avxai yào &v-
3
) Poland, l. c. p. 25. oîaç ëvexa xal avvovaiaç. Poland, /. c. p. 31.
4
) Ici nous constatons des oscillations entre i et "; Poland, /. c. p. 17, 526.

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contribuer pour la somme qu'ils voulaient. Ceux qui souscrivaient une somme j u s q u ' à
un xQvaâç recevaient le atêcparov rptlorifitaç ôtà fti'ov (1. 7 — 8) xal èyyqaxpàv eiç ozdXav.
Les payeurs d'une somme inférieure à un yqvaoç jusqu'à trente iiQyvQOÏ recevaient
xàv xe èyyqacpàv xal arétpavov evRQyeotaç (?) xa XQIEXIJQIÔL Ôià fit'ov (1. 10 — 1 1 ) , et enfin
ceux d'une somme au dessous de 30 àqyvQol, èyyQCMpàv xaç èmiyyeHaç (1. 12 — 13).
Pour que le temple fût construit le mieux et le plus vite possible, une commission de
trois thiasites devait être élue. Ces trois commissaires avaient le devoir de recevoir
les différentes contributions des souscripteurs et de rendre par écrit leurs comptes
de l'administration du fonds. Le travail terminé, les trois élus ènl xàv xaxaoxevàv
avaient le droit de porter une couronne aux réunions triétériques. Après le texte de
la résolution des thiasites suivent les noms des souscripteurs en deux colonnes.
C'est une chose très générale dans le monde grec, que dans un cercle ou dans
l'autre les membres d'un club décrètent et lancent des listes de souscription parmi
les membres, pour la construction d'un temple de quelque divinité 1 ).
Pour la restauration du temple apollinien de Delphes, qui a été détruit par un
incendie et par un tremblement de t e r r e 2 ) , les appels ont été faits à tous les Grecs de
partout3). é.
D'après les contributions, nous distinguons trois catégories de souscripteurs :
Ceux d'un %QVOUÇ au moins, ceux de trente aQyvQoî au moins, et ceux qui ont souscrit
moins de 30 àqyvQOÏ.
E n ce qui concerne la valeur d'un %QVO6Ç et d'un ÙQyvQovç, les rapports entre un
XQVOÔÇ et un âgyvQOVÇ, l'étalon de ces monnaies, nous ne pouvons rien préciser, parce
que nous ne pouvons pas déterminer avec certitude la chronologie de l'inscription.
Si nous convenons de l'époque autour de l'année 200 av. J . Chr. nous pou­
vons calculer le %QVOOÇ à un statère d'or macédonien, qui à l'époque d'Alexandre-
le-Grand n ' a v a i t que 0.003 d'argent, le reste é t a n t d'or pur. L' àQyvqovç était à la
même époque identique à une drachme, qui n ' a y a n t que 0.009 de plomb, de fer et
un minimum d'or, était au reste d'argent pur 4 ).
La valeur d'un àqyvQovç n ' a u r a pas été trop différente de celle de la monnaie
courante attique 5 ).
La valeur de la monnaie d'or, d'un XQVOOÇ, ne peut être déterminée absolument,
parce que dans cette évaluation interviennent les oscillations des rapports entre l'or
et l'argent, depuis un multiple de 14 j u s q u ' à 10.
A l'époque d'Alexandre-le-Grand le rapport de l'argent à l'or était de 1 : 1 2 ^ e t
30 drachmes macédoniennes étaient au statère d'or dans le même rapport de poids
que l : 1 2 1 / 2 6 ) .
L'inscription des thiasites, qui établit les trois classes des souscripteurs (êcoç...
XQVOOV à la ligne 7; êcoç àqyVQmv xqiàxovxa à la ligne 9 — 10, et xoiç ëkioaov ènayyEi-
lafiêroLÇ à la ligne 11 — 12) nous indique la limite inférieure pour les distinctions

] 3
) Cf. les catalogue des eranistai de R h o d e s , ) D i t t e n b e r g e r , /. c. p. 236 et suiv.
D i t t e n b e r g e r , Sylloge 3 , 116, 1. 3 et ss.: rolôe 4
) H u l t s c h , Griech. u. rôm. Métrologie, p. 240 et
ènavyEO.GLVTO elç ràv àroixoôo/iàv roil TOÎ%OÏ) xal suiv.
rœv /j,va/j,e{cov r&v Tteaôvrœv êv râ) oeiofiâ). °) H u l t s c h , Z. c. p . 235.
-) Voir D i t t e n b e r g e r , Sylloge, ed, 3, 295, 1. 8 •) H u l t s c h , /. c. p . 246.
et la n o t e 4.

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CALLATIS

qui devaient être accordées ; elle indique le XQVOÔÇ et les trente àoyvnoï comme les
sommes les plus petites, dont le payement était la condition principale et unique
de la première et de la seconde distinction de notre inscription.
La limite au-dessus d'un iQVoàq, n'est pas prévue ; on ne pouvait attendre que quel-
qu'un, dans un accès de philanthropie, offrît plus d'un %QVO6Ç pour le naos des thiasites.
L'inscription nous montre que le nombre des souscripteurs d'un xQva°? était
assez grand.
Ceux qui souscrivaient et payaient moins d'un XQvaôç jusqu'à trente âoyvooï au
moins, avaient à recevoir une distinction moins importante.
Le montant de trente àoyvQoï ne peut être expliqué qu'en se basant des rapports
et les usages des valeurs enracinées à l'époque de l'inscription et par le nombre de
trente âçyvQOÏ, connu comme un équivalent du statère d'or de l'époque d'Alexandre-
le-Grand.
D'après le degré descendant des distinctions énumérées dans l'inscription, nous
pouvons voir que la valeur d'un XQva°Ç n'était pas celle d'un statère simple, mais
d'un statère double ou d'une tétradrachme en or x ).
Après la destination du orécpavoç (pùon/uaç, accordée à ceux qui avaient souscrit
jusqu'à un XQV0(>Ç, suit la distinction de ceux qui avaient souscrit jusqu'à trente
àqyvQOÏ.
Le qualificatif de la couronne fixée aux derniers souscripteurs nous manque,
parce que le morceau du commencement de la ligne 11 avec la majeure partie des
lettres du qualificatif ne nous est pas conservée. Nous sommes réduits à des hypo-
thèses en ce qui concerne la seconde couronne.
D'après le mot (piXori/ua, le substantif abstrait qui qualifie la couronne des
souscripteurs jusqu'à un XQVOf)Ç, nous attendrions aussi pour la qualification de la
couronne, destinée aux souscripteurs jusqu'à trente ànyvgoï. un qualificatif ab-
strait. Les lettres initiales du second qualificatif semblent être Ail, que nous pou-
vons lire à la ligne 10.
Mais avec ces lettres nous ne pouvons pas rétablir le mot propre à combler cette
lacune et qui aurait la terminaison eoîaç, indiquée par les restes des lettres à la
ligne 11. D'après la désinence eoîaç nous sommes tenté à compléter evEQyeolaç.
Ce qualificatif a besoin d'être complété. Car le titre de eveoyjeoiac, à côté du titre
cpilôxifwç 2) est une des distinctions les plus habituelles, accordées aux bienfaiteurs de
tous les degrés dans toutes les parties de la Grèce et dans toutes les organisations
d'une polis grecque.
Mais la difficulté consiste d'abord dans le fait qu'à la fin de la ligne 10 se trou-
vent les lettres CLT, par lesquelles le nom de la couronne semble commencer. En-,
suite nous avons des difficultés d'espace pour le mot eveoysolaç au commencement
de la ligne 11.
Pour une lecture certaine et plausible, nous sommes dans l'embarras. Nous pou-
vons admettre une erreur du graveur du décret, qui après le mot oxécpavov a fait fausse
J
) H u l t s c h , I. c. p . 240 et s. ; 243 et suiv. Voir Pin- l. c. 368, 1. 1 9 ; 369, 1. 4 5 ; de C a r p a t h o s , D i t t .
scription d'Olbia chez D i t t e n b e r g e r , Sylloge, éd. Sylloge 3 , 570, 1. 1 6 ; de P a t m o s (c. 200 a v . J .
3, n o . 4 9 5 , 1 . 68, n o . 1 9 ; cf. l'inscription d ' E p h è s e , Chr.), D i t t . Sylloge 3 , 1068, 1. 20.
D i t t . Sylloge 3 , 352, 1. 14 — 1 5 ; de l'île de Crête, 2
) P o l a n d l. c , p . 437 et suiv.

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route, ce qui nous est arrivé en lisant pour la première fois le 6/VI11 1924 la ligne 10 et
surtout les lettres otécpavov an. Le lapicide a pu être entraîné par la formule presque
stéréotype d'Athènes et des autres villes du IV-ème siècle av. J. Chr. indiquant le
nombre des drachmes fixées pour acheter la couronne, par la formule oxetpàvov àrro
(le chiffre) àQa%[AÔ>V. *).
Quoique la lecture eôegyeolaç corresponde admirablement à cette lacune de l'in­
scription— voir l'exposé des motifs de l'inscription suivante, 1. 34 — 35, où nous
trouvons le mot evEQyeola—, admettre une erreur du graveur avec les lettres an ne
signifie que relever la possibilité d'un expédient.
Nous nous demanderons: quel atétpavoç était nommé tpi/.ortiii'ftç et quel était
l'autre ?
La distribution de couronnes, de grande importance d'abord dans les questions
sacrales, comme signes distinctifs d'honneur, est connue dans toute la Grèce, depuis
les temps les plus reculés, et ensuite surtout aux grands agones célèbres, aux jeux
Phythiens, Olympiens, Néméens, et Isthmiens 2 ).
Les couronnes de fleurs (aré<paroç arûtvoç) étaient rares 3 ). Dans la plupart
des cas elles étaient de feuilles toujours vertes soit de laurier (Ôdyn/ç oxéiparoç ou
oxêtpavoç ôàxpvivoç) 4 ), de l'arbre d'Apollon Pythios, soit d'olivier (èXaiaç oxé<pavoç 5 ),
auquel nous devons penser, quand nous lisons ûallov OTEtpàvq) ou i%ûMr(p Oxe<pàv(p
dans les nombreuses inscriptions de partout, soit de myrte 0 ) (pi,V(5£(vr)Ç axérpavoç),
soit de cyprès 7 ).
Dans notre inscription, la couronne a été probablement un oxé(pavoç legôç, i. e.
rod '&eov, une couronne sacrée de Bacchus, une couronne de lierre (voir xixxov oretpdvo)
x(J> Txaxoup xov &EOV de Péparèthe, chez Dittenberger, Sylloge, éd. 3, 587, 1. 31—32).
Il y a eu deux oxéqoavoi: l'un çpiloxitiiaç,, l'autre e/deoyeoiac (?), dont nous ne
pouvons pas deviner les signes distinctifs. L'une des couronnes se porte ôiù fiiov à
tous les festivals, l'autre ôià fiiov, mais seulement xâ xnu:r>)Qtôi (1. 11).
Il est intéressant de voir ces oxéqoavoi qualifiés par des substantifs abstraits. Mais
de quelle façon a été la couronne destinée aux membres élus pour le contrôle de la
construction du temple et pour l'administration des fonds recueillis? Etait-ce une
autre que l'une des deux couronnes nommées plus haut? A cause des mots xuxà
xniex7]Qi'Ôa (1. 19 — 20) nous sommes tenté de croire que la couronne des trois com­
missaires était la même que la seconde.
Pour ce qui concerne le mot ovvoôoç de la ligne 19, il est très usité dans le
langage de la vie sociétaire postérieure des Grecs, et signifie des associations aux buts
religieux et économiques-sociaux.

') Voir l'index chez Dittenberger, Sylloge 3 , 3


) Le prêtre de Neptune porte un av&lVOÇ axé-
IV, 2, p. 556, s. v. oxéqxivoç, où se trouve un rpavoç, Ditt. Sylloge 3 , 1017, 1. 11.
grand nombre d'inscriptions contenant les mots *) Voir l'index dans Dittenberger, Sylloge, éd.
oxéqpavoç cuio.... ôoaxniùv 3. IV, 2, p. 556, s. v. oxêtpavoç.
s 5
) Voir le travail Kochling, De coronarum apud ) Voir l'index cité.
antiquos vi atque usu, caput unum. Diss. Munster °) Nous avons dans les inscriptions d'Eleusis
1913. Religionsgeschichtliche Versuche und Vorar- cette couronne, p. e. Dittenberger, Sylloge, éd.
beiten, X I V , fasc. 2, 1914, p . 22 et suiv. Voir le 3, 540, 1. 45 — 46, 1050, 1. 8.
chap, de coronarum historia, p . 89 et suiv. 7
) Kochling, /. c. p. 24.

136

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CALLATIS

La signification primitive du mot ovvoôoç a été celle de réunion, de rassem-


blement, de séance. Dans notre inscription, à la ligne 19, le mot ovvoôoç a le sens
d'assemblée générale, qui avait lieu xaxà xoiexrjoiôa (1.20), quand se célébraient les
grands festivals de Bacchus.
Dans la controverse Ziebarth-Poland >), nous ne pouvons pas intervenir avec
cette acception du mot ovvoôoç. Voir les mots des inscriptions de Callatis, Arch,
ep. Mitt. VI, 9, 14 : èfi nâomç xaïç ovvoôoiç, et Arch, epigr. Mitt. X I , 35, 35 : èx xov ôôy-
ftaxoç ovvéâov.
Par l'inscription présente, où est mentionné un oxéyavoç (pdoxifiiaç à côté
d'un autre, se résout la question litigieuse, si le mot <pdâxi/mç est un titre d'honneur
ou le nom d'une fonction, d'une charge du iïîaooç. Longtemps il parut que (pdoxifioç,
qui ne se trouve qu'à Tomi et dans les villes voisines 2 ) pour désigner les membres
d'une corporation, était le nom d'une fonction, qui aurait son origine dans le do-
maine de conceptions éthiques, jusqu'à ce que Poland ait établi que ce titre a été ac-
cordé à tous ceux qui avaient quelque mérite pour le thiasos. Poland a démontré,
que (pd/m/wç et EVEoyéx^ç n'est qu'une confirmation des mérites qui donnaient
à ceux qui en étaient honorés droit à une place d'honneur dans un certain cercle
et à certains festivals et arrangements. Il résulte clairement de notre inscription que
fpdoxtfioç n'est qu'un titre, qui, comme nous croyons, ne pouvait jamais devenir une
fonction officielle.
Une distinction commune à toutes les trois classes de souscripteurs est Yèyyoacpà
ènayyeUaç (1. 12) ou èyyqacpà eîç oxdlav (1. 8) ou simplement èyyqacpà (1. 10).
La liste de souscription commence par les mots: oïôe êTcayyedavxo (sic!) elç
xàfvj olxoôo/uav xov vaov.
Les noms de souscripteurs suivent, disposés en deux colonnes. Dans la colonne
gauche on lit les noms propres avec le patronymique. En 4 cas (1. 23, 24, 25, 27) à
droite des noms propres nous n'avons pas le signe qui signifie un XQV°ÔÇ- Dans ces
4 cas on voit après les noms propres un espace libre, qui peut-être a été réservé à
des annotations ultérieures.
A la ligne 26 de la colonne gauche on ne lit pas un nom propre, mais le verbe
olxoôofiéa) qui se rapporte à des contributions en argent ainsi qu'aux bras de tra-
vail et à la construction d'une partie du temple 3 ). C'est ce qu'on constate à la ligne 39
et 40 de l'inscription pour les parties suivantes du temple: àléav elç êvQoy^a xodav
et xpaliôaç. Pour ces parties le mérite revient à Démosthène, fils de Dionysios.
Dans la colonne de droite nous lisons des souscriptions plus petites, de 30 aQyvooï,
indiquées par le sigle A*. L'indication manque à la ligne 28 et 29, qui n'est pas conservée.
A la ligne 30, aussi détruite, nous ne croyons pas qu'il y ait eu l'indication
d'une somme. La ligne 30 de la seconde colonne doit être rattachée à la ligne 31 de la
même colonne, ainsi que la ligne 32 à la ligne 33, la ligne 34 à la ligne 35 et la ligne
39 à la ligne 40.
Dans la colonne de droite, l'indication de la contribution ne manque qu'à la
ligne, qui n'est pas conservée.
3
) Confer r à oidcpoqa de la ligne 16 de l'inscrip-
1
) P o l a n d , l. c. p . 158 et suiv. tion, qui est une expression vague désignant
2
) Poland, /. c, p . 411. contributions diverses.

137

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ÏIICOlMIII.I, S U Cil C - S \ \ IWl

La question peut-être posée si les contributions de l'un ou de l'autre se réfèrent


à ces parties de la construction, à la droite de laquelle se trouvent leurs noms avec
la somme souscrite.
Les caractères épigraphiques ne donnent aucun indice, ils ne montrent aucune
différence de l'écriture, ni à la ligne 26 ni à la ligne 39. Nous ne pouvons pas dire que
les souscriptions aient été faites à plusieures étappes, et nous n'avons pas constaté
qu'après un nom quelconque la somme ait été ajoutée plus tard.
Il est possible de penser que les personnes de la colonne première à gauche, après
les noms desquelles ne suit pas le sigle ^ , avaient à declarer et souscrire ultérieu-
rement la somme d'un %QVOOÇ ou avaient à fournir le travail ou les matériaux cor-
respondant à la valeur d'un %QVO6Ç.
Nous ne croyons pas qu'il soit possible d'expliquer l'espace libre de la première
colonne à gauche par un rapport du nom propre de la première colonne à la somme
indiquée dans la même ligne de la seconde colonne, à droite, après le nom propre.
Onze personnes ont donné chacune un %QVOOÇ. Il n'est pas certain si Méniscos de
la ligne 27 a contribué pour un ^l'ooç, car la lettre #, qui est lisible après le sigma
final du patronymique, est incertaine. Le % peut être aussi le sigle tft et peut être rat-
taché au nom défectueux de la seconde colonne. Six personnes ont souscrit chacune
trente àgyvQOVÇ. Le nombre de ceux qui ont contribué à la construction du temple avec
des êQydrai est relativement grand. Le nombre des êçyarai est indiqué en toutes
lettres ou par des signes pour 30, 15 ou 10. Apollodotos a contribué avec 30 EQ-
ydzai, Promathion, Hagémon, Olympos, Dion et Aristion, chacun avec 15, Dionysios
et Apollonios avec 10 êgydrai. Hagémon a contribué en outre avec un xafialleïov.
E n ce qui concerne les noms des souscripteurs : Pour la première fois nous rencon-
trons le nom de Protopolis à la ligne 32, IÏVQOIJÇ à la ligne 34, Noaotov à la ligne 36.
La formation de ces noms est grecque.
Pour Pyrses cf. IJVQOCOV, pour Nooauov cf. Ndoooç, Nooaîç, Nôaovloç chez Pape-
Benseler, Wôrterbuch der griech. Eigennamen, s. vv. Le nom oriental Zopyros est
à cette époque répandu aussi en Grèce.
A la ligne 34 après les nom 'Ay/j/iov IIvOi'oroç nous voyons les lettres KAPAA.
Les lettres doivent être rattachées aux lettres de la ligue suivante de la même co-
lonne. C'est ce qui est indiqué aussi par la copule xai. A cet endroit nous convien-
drait parfaitement le mot xafidlleiov. Mais, a d m e t t a n t au lieu de P un B, nous ne
savons si à l'époque de notre inscription le mot était employé.
Le temple des thiasites de Callatis aura été comme les temples des autres cor-
porations des autres villes, un édifice modeste 1 ) qui ne pouvait être comparé aux
bâtiments somptueux et pleins de richesse et de splendeur de l ' E t a t . Le nombre des
souscripteurs de Callatis confirme assez notre assertion. Nous trouvons cependant à la
ligne 39 et 40 mentionnées une aléa xoila et des ipaMôeç.
L' aléa est un mot employé par Homère Od. 17, 23 et par Aristoph. Eccl. 591.
Chez Hés. O. 543 nous trouvons l'explication vexov âlérj. Le mot signifie ici une
espèce de verandah, qui abrite contre les intempéries.

*) Confer la salle des Iobacches découverte par êv Aî/ivaiç. Voir mon article, Statutele Iobachilor,
Dôrpfeld à Athènes, dans le district de Dionysos Orpheus, 1925, no. 3, p. 1 et suiv.

138

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CALLATIS

L ' a l é a d e l ' i n s c r i p t i o n p e u t ê t r e u n e e n t r é e , u n v e s t i b u l e a v e c u n e xoO.a, sans


Vàéttûpia1).
Les xpàklàeç signifient d e m i - c e r c l e s ,
a r c s ; elles s e m b l e n t n ' ê t r e a u t r e chose
q u e les àtplôeÇ, d o n t le n o m b r e a u r a é t é
plus grand qu' au Baccheion d'Athènes. , r .t -m~
L a c o n s t r u c t i o n d u vaôç d é d i é à
D i o n y s o s d é n o t e la s i t u a t i o n aisée d o n t
j o u i s s a i e n t les C a l l a t i e n s à l ' é p o q u e à
laquelle a p p a r t i e n t cette inscription.

N r . 2.
Stèle en m a r b r e b l a n c , c o m p o s é e
a u j o u r d ' h u i d e c i n q m o r c e a u x , de 96
c m de h a u t e u r , a v e c u n f r o n t o n 85
c m d e h a u t a u m i l i e u , s u r les d e u x
c ô t é s de 4 c m d e h a u t .
L a l a r g e u r d e la stèle est en b a s
d e 42 c m , e n h a u t de 37 c m , l'épais-
s e u r d e 16 e t 10 c m .
L a face g r a v é e e s t a p p r o f o n d i e de
1.8 c m e t l ' i n s c r i p t i o n e s t e n c a d r é e
p a r u n b o r d élevé d e 4.5 c m d e l a r g e ,
à g a u c h e e t à d r o i t e . L e b o r d a u des-
sous d u f r o n t o n est de 1.8 cm de l a r g e u r .
Le t y m p a n du fronton sans acro-
t è r e s e s t u n p e u a p p r o f o n d i et e n c a d r é
p a r t r o i s c ô t é s de 1.8 c m de l a r g e u r .
A d r o i t e d u t y m p a n on v o i t es-
q u i s s é en lignes incisées u n d a u p h i n ,
le s y m b o l e de la p r o t e c t i o n b é n é v o l e
d i v i n e , le s y m b o l e d u v o y a g e h e u r e u x ,
la m a s c o t t e des n a v i g a t e u r s . S u r son
r a p p o r t avec Dionysos, voir T h r a e m e r ,
R o s c h e r Ausfiihrliches L e x i c o n der
griech. u n d r ô m . Mythologie, I, p .
1 0 8 3 , s. v . D i o n y s o s . Fig. 39.
A 3 c m d u b o r d s u p é r i e u r e t à 1.2
c m d u b o r d à g a u c h e c o m m e n c e l ' i n s c r i p t i o n de 42 lignes. A p a r t i r d e la ligne
29 les l e t t r e s s o n t u n p e u p l u s g r a n d e s q u e 0,8 c m .
L a stèle e n b a s , s u r ses d e u x c ô t é s , à 6 cm d u b o u t est a r r o n d i e j u s q u ' à u n e
p r o f o n d e u r d e 2 c m ; elle est a u r e v e r s , à 6 cm d u b o u t , p l u s p r o f o n d é m e n t t a i l l é e ,
d e v a n t ê t r e m o n t é e s u r u n socle, sur u n e b a s e .
l
) Cf. l'inscription argienne, Michel, Rec. 1011, 1. 2 6 : VJieQÛvgœf &fjvat] rf/v eïooôov. Voir Poland
l. c. p . 468 et suiv.

139

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

D a n s la s u i t e n o u s d o n n o n s la p h o t o g r a p h i e (fig. 39) e t la t r a n s c r i p t i o n de
l'inscription.

'Enl flaoOJoç Kôxvoç xov 'Pot[ir]xàlxa,


fiyroc Atovvai'ov èv XQiExrjQi'ôr
EÔOÇE xoTç ■ùiaoehaiç, AI6Ô(OQOÇ Aaţia-
xoiov elne' ETTEIÔX) AQI'OXOV ' Aot'axtovoç
5 ctatQÔç ècov Evepytxa xal xxîoxa xâç no-
Àioç xal qnXoxfi'/iov xov -Oidoor ènavtcov
fièv aiïv xàç xov yevvdoavxoç àpExàç v a c a t
ôiaxehï ô/wt'av xe èmôei'xvvxat xàv
lôiav aÎQEOiv noxl xov ôâ/itov èv narxl
10 xaïQÔJ xal xivàvvw ocbÇtov xal EVEQŢE-
xœv xovç noXEixaç xal ènavyeXlô-
fiEvoç âfci'J xivoç àyaêov napalxioç è-
OEtoêai [n]oxi XE XOV ftiaoov xov
nan' â/icôv EVVOVV èavxov èvnaqe-
15 %6[tsvoç xal ovvETtavŞiov xâç xov
Aiovvoov [xEiJfidç, xaiTtEQ ÔJV jtavxd-
naoïv véoç, {IEÏÇOV êvÔEixvvxai xo
Tioxl xovç TioÏEi'xaç çpilôàoÇov na­
tta xovç xà%iov EVEQyexfjOai (jiooai in r a s u r a )
20 TtQoawty&évxaq ÔJIOJÇ o$v xal oi -&iao-
EÏxai (paivcovxaft] xàv nox* avxov rvvoiav ôi-
[a]xi]QOVvxEÇ xal àjto/iva/iovEvovxEÇ vacat
xàv noif êavxovç yvrjoiôxaxa xal xd^tov
[10 l e t t r e s ] TTpàxtoç xtôv naxQi avxuv xàç
25 [xaïïiixovoaç] xsi/iiàç napà xovç xoivovç
[10 l e t t r e s ] vvv TTQaxcoç avxov 7ioit]oaf.iè-
vov xàv àrayoQEfvoivJ xov oxEcpdvov ôià xo av­
xov xEXEi/idoi}a[i] vno xov ôd/xov xaXç ïa-
atç X(~> Tiaxpl XEi/iaïfç ôeôoJxïïai xoïç ftiaost-
30 xaiç oxEvpavovv xaxàfxàjv ovvoôov xal
xaxà Ttâoav rf/iéoav èv alç â[ïïpolL,o]vxai vacat
3
An!oxQ)va ' Aploxwvoç XOV ev£pytx[a]v xov
èd/iov xal (pilôxEifiov xov &[idJa[ov], ôsôéo-
tiai ôè xov oxécpavov EIÇ XO xfajxà ïôiov EV-
35 EQyEolaç /dv xal àpExàç EVEXEV xâç EÎÇ
xov iă/Âov, Evvoîaç ôè xal (pû.oxEifuaç
xâç EIÇ XOVÇ ■ùiaOEÎxaç èvyqd^ai ôfè] vacat
xovç êiaOEÎxaç xo ipdçi^jua xovxo EIÇ
xs?M{j,ă)va IEVXOV )MOV êo)Ç /irjvoç
40 Avxrjov xâ)v l-zvtxcbv AIOVVOIOJV xal
àvaêé/iiEv EIÇ XOV èm(pavéoxaxov
xov ţivyjov XÔTIOV. v a c a t 1 5 x / 2 c m .

140
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CALLATIS

Les caractères épigraphiques de l'inscription trahissent une date plus récente


que l'inscription précédente.
Il y a une «varietas et inconstantia scripturae» 1 ), qui commence, et qui se révèle
surtout par le & et l'a». Ces lettres sont tantôt de la hauteur des autres lettres,
tantôt plus petites, même plus petites que l'o, qui a la forme petite constante. Les
autres lettres sont 0.9 — 0.11 cm. de hauteur. La barre transversale de VA est tantôt
brisée t a n t ô t courbée. L'A a la barre droite au milieu, qui à Athènes commence
d'être rare à partir de 150 av. J . Chr. 2 ), est sporadique dans l'inscription présente.
Là lettre ?*> a au milieu, au lieu du point, une petite barre horizontale.
On remarque cependant des réminiscences du § avec le point au milieu, qui dis-
parait complètement entre 30 av. J. Chr. et 50 ap. J. Chr. 3 ).
v
La lettre M montre la tendance aux formes carrées, qui commence en Attique
autour de 300 av. J. Chr. 4 ). Le sigma a presque sans exception des formes carrées,
qui prédominent à Athènes à partir d'environ l'an 90 av. J. Chr. 5 ).
Le 77 se présente avec deux barres perpendiculaires parallèles, de la même lon-
gueur. Le Q a une forme ronde. La bifurcation de 1' Y commence près du milieu de la
hauteur.
Nous avons ici une écriture assez soignée, sans vestiges d'ornementation, sans
lignes et sans hachettes. Même les bouts des barres des différentes lettres ne sont
pas enflées, comme nous les avons trouvées dans l'inscription précédente, ce qu'on
constate aussi à Athènes à partir d'environ 200 av. J. Chr. 6 ).
Nous n'avons pas dans cette inscription des caractères d'une écriture plus déve-
loppée, comme nous l'attendrions à la fin du premier siècle av. J . Chr. Il semblerait,
que les lettres de cette inscription aient un caractère plus ancien. Mais elle ne peut
être que d'une époque postérieure à l'inscription précédente, qui nous montre des
éléments caractéristiques au commencement du développement de cette écriture,
des éléments qui n'apparaissent plus dans l'inscription de l'an du roi Cotys, fils de
Rhoimétalcas.
Au point de vue purement épigraphique pour dater l'inscription de l'an du roi
Cotys nous ne pouvons dépasser le premier siècle av. J. Chr.
Si nous avions à déterminer le rapport de l'ancienneté de ces deux inscriptions
seulement par des éléments linguistiques, et cela à l'aide du mot qui indique les
membres du §(,aooç et qui se trouve dans les deux inscriptions, nous accorderons une
ancienneté plus grande à l'inscription de l'an du roi Simos, fils d'Asclapiadas.
Le dialecte dorien y est plus conséquemment observé. Le génitif pluriel du mot
ûiaàÏTiu se trouve à la ligne 4 et 15 de l'inscription précédente sous la forme ûiaonav,
tandis que l'inscription du temps de Cotys, fils de Rhoimétalcas, ne nous montre
pas de telles formes.
Nous avons dans l'inscription de Cotys, fils de Rhoimétalcas, encore une forme
plus récente du mot, qui indique les membres du iïiaooç. Au lieu de la forme ûiaoï-
rai de l'inscription précédente nous trouvons ici la forme ûiaoeïrai. A 1 époque
x 4
) Elle caractérise t o u t e l'époque impériale. Lar- ) Larfeld, Z. c. p . 463, 372.
6
feld, H a n d b u c h d e r g r i e c h . E p i g r a p h i k , I I , 2,484. ) Larfeld, l. c. p . 481.
2 6
) Larfeld, /. c. p . 472. ) Larfeld, l. c. p . 472.
3
) Larfeld, l. c. p . 484.

141

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THÉOPHILE SAUCIUr.-SĂVEANU

des empereurs romains on trouve à Athènes ci au lieu du /, en grand nombre surtout


dans les désinences (aïoç, tvrjç et ïvoç ').
Nous pouvons déterminer la chronologie de l'inscription de l'an du fiaoûevç
2ï/toç à peu près aussi par la comparaison avec l'inscription d'Aigosthène (Porto-
Germano) 2 ), qui, avec des formes comme [luot/.nnc et avec VA à la harre trans­
versale brisée en deux, a été placée par Foucart entre 288 — 255 a. J. Chr. Sans doute,
l'inscription callatienne de l'époque du (lumievç ~ï/ioç * Aaxhmiàoa peut être datée
du lll-ème siècle av. J . Chr., si nous n'hésitons pas à attribuer celle d'Aigosthène
au l l l - è m e siècle av. J. Chr., quoiqu'elle soit plus récente au point de vue de la
langue et de l'écriture.
L'éponyme de la seconde inscription des thiasites est le fiaoïkevç Cotys, fils de
Rhoimélalcas. Ce Cotys ne peut être un autre que cehii qui a été tué en 19 ap. J .
Chr., et dont la femme était Antonia Tryphaina, la fille du roi pontique Polémon.
Le roi Cotys, nommé par Strabo X I I , p . 556 ÏLanaïoç, était de la tribu des
Sapéens, qui habitaient dans la Thrace voisine à la Macédoine, depuis l'Abdère
jusqu'à Philippi. Leur vigueur et leur puissance datent du temps de la bataille de
Philippi 8 ).
Le père de Cotys est Rhoimétalcas, contemporain d'Auguste, qui après la
bataille actiaque passe du côté de César 4 ). Rhoimétalcas, fils de Cotys, s'empare en
11 av. J . Chr. de la domination des Odryses, dont le roi Rhescuporis avait été tué
par les Resses. Ceux-ci avaient envahi le territoire de Rhescuporis. Les Odryses cher­
chèrent la protection de Rhoimétalcas pour se défendre avec le secours des Ro­
mains contre toutes hostilités dangereuses.
Rhoimétalcas est roi, et non pas ôvvdoxi]Ç Sqaxaiv. Ce dernier titre est celui
de Rhoimétalcas, fils de Rhescuporis.
Au temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les ré­
gions de la Mer Noire était grande.
Ainsi nous expliquerons l'éponymité de Cotys à Callatis dans une des années
antérieures à 19 av. J . Chr.
L'inscription montre aussi des formes doriennes. A la ligne 1: ftandéoç el'Poi/it]-
xd?.xa, I. 3 — 4 : Aa/m/xotov, 1. 5 — 6: EVEQyéxa xai xxiaxa raç 7id/?aoç, 1. 7: yevvdoavxoç
(employé au lieu de xov yevvdoavxoç naxqôç; le verbe yevvdu) est employé en parlant
du père, xîxxeiv en parlant de la mère); 1. 8: xàv, 1. 9: ôâtiov 1. 14: âfiâv, 1. 2 1 : xàv
nox avxov evvoiav, 1. 22 : v7io/i,vafi,ovevovxeç, 1. 23 : xàv noff eavxovç yvrjotdxaxa, 1. 24
et 26: 7iodxcoç (voir nqaxoç elo^ytjoaxo à la ligne 9 de l'inscription callatienne pu­
bliée par Pârvan, An. Acad. Rom. X X X I X p . 12), 1. 27: xàv àvayônevoiv, 1. 2 8 :
xexeifiàoiïai VTIO XOV ôd/AOV, 1. 32 — 3 3 : eveoyexav xov/ôd/wv, 1. 35 — 36: àoexâç ëvExsv
xâç elç xov/ôaf.iov, 1. 37: xâç, 1. 38: ipd(piÇ/m, 1. 40: Avxrjov (la forme laconienne au
lieu de AVXEIOÇ5).

3
*) M e i s t e r h a n s - S c h w y z e r , G r a m m a t i k der a t - ) Dessau, Regcs T h r a c i a e qui f u e r u n t i m p e -
tischen I n s c h r i f t e n , p . 49. Voir encore nolehaç à r a n t e A u g u s t o , E p h e m . epigr. I X , p . 697 et suiv.
4
la ligne 11 et 18 ; [reij/idç, Tereifiào&ai et xeifiaïç ) Plut., A p o p h t h . Caes. A u g . 2, p . 207 A ; cf.
a u x lignes 16, 28 et 29, (fiXcaeinov et (pdorei/uaç v i t a R o m . 17.
6
a u x lignes 33 et 36. ) Voir H e r w c r d e n , Lexicon graec. suppl. e
2
) Collitz-Bechtel, /. c. 3094, 1. 2. dialect. 1902, s. v. Avxrjoç.

142
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CALLATIS

A la ligne 12 — 1 3 n o u s a v o n s le f u t u r dorien êoéïoêai, q u i se t r o u v e d a n s l a


m ê m e p h r a s e d ' u n e a u t r e i n s c r i p t i o n c a l l a t i e n n e , p u b l i é e p a r Tocilescu, A r c h , e p i g r .
M i t t . V I , 10, n . 16 ( C o l l i t z - B e c h t e l , l. c. I I I , 1, 3090), 1. 7 ' ) .
À la ligne 4 1 n o u s a v o n s la f o r m e âvaiïé/iev, l'infinitif a u suffixe dorien fisv.
Aux lignes 19 e t 23 n o u s t r o u v o n s la forme d u c o m p a r a t i f xd%iov, de l ' a d j e c t i f
xaxvç, a u lieu de iiàxxov. Voir K ù h n e r - B l a s s , A u s f u h r l i c h e G r a m m a t i k d e r grie-
chischen S p r a c h e , I 3 , 1, p . 5 5 6 .
L a f o r m e a d v e r b i a l e jigdxojç à la ligne 24 et 2 6 , a u lieu de nocôxov, est formée
d e nqô-a-xoç a v e c le coç, a u Kcu de ov, q u ' o n a a u x a d v e r b e s de lieu et de
temps 2).
A u x lignes 1 3 , 18 e t 21 n o u s a v o n s a u lieu de nodq la forme b é o t i e n n e , t h e s s a -
l i e n n e e t d o r i e n n c TIOXL ( K û h n e r - G e r t h , Ausfiihrl. G r a m m a t i k d e r griech. S p r a c h e ,
I I 3 , 1, p . 515), q u i se t r o u v e aussi d a n s le d i a l e c t e é p i q u e . Le p a r t i c i p e iév de la
ligne 5 n o u s e s t c o n n u a u s s i d ' H o m è r e .
R e m a r q u a b l e s s o n t e n c o r e èvyodyai à la ligne 3 et ydcpiÇ/ita 1. 3 8 . In rasura
s o n t à la ligne 19 les l e t t r e s nqoai.
D a n s c e t t e i n s c r i p t i o n n o u s a v o n s u n d é c r e t h o n o r i f i q u e , q u i a été v o t é p a r
les t h i a s i t e s d e C a l l a t i s s u r la p r o p o s i t i o n de D i o d o r e , fils de D a m a t r i o s , a u m o i s de
D i o n y s i o s , l ' a n n é e où se c é l é b r è r e n t à Callatis les fêtes t r i é t é r i q u e s de D i o n y s o s .
D a n s l ' e x p o s é des m o t i f s d u d é c r e t s o n t relevés les m é r i t e s d u p è r e d ' A r i s t o n
q u i é t a i t h o n o r é . A r i s t o n , le p è r e d ' A r i s t o n , t i t u l a i r e d u d é c r e t p r é s e n t , s ' é t a i t a c q u i s
des m é r i t e s e n v e r s la ville e t e n v e r s le êidooç. I l est n o m m é à la ligne 5 — 6 eveoysxa
xal xxioxa xaç nâlioç xal cpdoxeîfiov xov ftidoov. Son fils A r i s t o n , xaineq a>v naitd-
naaiv véoç (1. 16 — 1 7 ) excelle p l u s q u e le p è r e p a r ses m é r i t e s p o u r le p e u p l e de Cal-
l a t i s , èv navxl xaigw xal xtvôvvoj oé'Qov xal eveQyexôiV (1. 1 0 — 1 1 ) , p o u r les c i t o y e n s
c a l l a t i e n s , p o u r le c u l t e de D i o n y s o s , e t p o u r la c o r p o r a t i o n des t h i a s i t e s de C a l l a t i s .
A c a u s e d e ses m é r i t e s les t h i a s i t e s d é c i d e n t de lui conférer les m ê m e s h o n n e u r s d o n t
les C a l l a t i e n s a v a i e n t h o n o r é son p è r e . Les t h i a s i t e s d é c i d e n t de c o u r o n n e r à c h a q u e
ovvoôoç e t t o u t e s les fois q u e les t h i a s i t e s se r a s s e m b l e n t , A r i s t o n fils d ' A r i s t o n , xov
evEpyéxav xov ôd/iov xal (pddxei/iov xov ûidoov (1. 32 et ss.). D e c e t t e c o u r o n n e il est
h o n o r é Eveoyeaiaç [tèv xal àoexâç EVEXEV xaç eîç xov èatxov, .evvoiaç ôè xai (pdoxeijutaç
xaç eîç XQVÇ êiaoeîxaç. Les t h i a s i t e s d e v a i e n t inscrire le d é c r e t elç xelafxtbva levxov
XIÛOV êo)Ç fii]voç Avxrpv xiôv Çevixâiv Aiovvaww (1. 38 et ss.) et le p l a c e r elç xov èm-
(pavéoxaxov xov /Ltv%ov xônov ( 1 . 4 1 — 4 2 ) .
TnhifiQiv signifie, d ' a p r è s H e r w e r d e n , L e x . s u p p l . et dial. s. v . xe/.ajiicôv, 1902,
p . 805 «fascia m a r m o r e a » , ce q u i se c o n f i r m e p a r le s u p p l é m e n t XEVXOV Xlûov d e l a
ligne 39 (cf. ïevxdhdov chez P â r v a n , G e r u s i a din Callatis, A n . A c . R o m . X X X I X ,
p . 6 3 , 1. 19 — 2 0 ) . L e xela/iôiv levxov XLftov est i d e n t i q u e à la axy\lr\ h&fari, q u i se
t r o u v e t r è s s o u v e n t d a n s les i n s c r i p t i o n s d ' A t h è n e s e t d ' a i l l e u r s , et à la oxd/.a
s i m p l e ce q u e n o u s lisons d a n s l ' i n s c r i p t i o n c a l l a t i e n n e p r é c é d e n t e , à la ligne 8
et 13.
]
) 'EnuvyèU.exai àel nvoç àyaêov nagairioç è- vô/tevoç.
2
oelo&ai roïç ftiaoehaiç. Dans l'inscription mé- ) Kiïhner-Blass, Ausf. Gramm. der griech.
garienne, Collitz-Bechtel, /. c. III, 1, 3094, 1. Sprache P , 1, p. 577.
10 — 11, nous lisons âeirivoç àyaêov Jtaoahtoç ys-

143

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVKANU

L'inscription devait être placée elç rov inupavèaxaxov rov fxvjipv xônov. Le lieu
doit être ènupavêaraTOÇ ] ), non pas de la ville mais rov [ivyj>v.
Le mot /tv%6ç nous est connu par Homère 2 ), où nous le trouvons dans la phrase
stéréotype êç fiv%àv ê$ ovÔov ou e£ ovôoïo. Cette phrase indique qu'une fois étaient
des %â).XEoi xoïyoi, une autre fois des finovoi neol TOÏ%OV3) depuis le seuil jusqu'au
coin le plus reculé et plus caché de la salle. Dans la phrase èç fÂV%àv t'| ovÔov le
mot juv%6ç a le sens d'intérieur. C'est dans le même sens que le mot est employé dans
notre inscription. Il est évident qu'il ne s'agit ici que de l'intérieur d'un édifice des
thiasites, soit du temple du dieu protecteur du thiasos, connu par l'inscription pré­
cédente, soit de la salle des assemblées que nous pouvons nous imaginer pareille
au Baccheion des Iobacches d'Athènes.
La distinction accordée à Ariston devait être publiée jusqu'au mois de Avxijov,
mois d'Apollon Lykeios, adoré aussi à Mégare (I. G. VII, 1, 35). Au mois de Avxijaç
ont été célébrés rà Çerixà Aiovvoia, probable­
ment la plus importante fête de Dionysos
de Callatis correspondant aux Aiorvata fxe-
yâla ou rà èv "Aarei d'Athènes du mois
de l'Elaphébolion, où les Athéniens con­
cluaient des conventions avec les Etats
étrangers et où ils distribuaient les distin­
ctions 4 ).
A côté des Çenxà Aiovvoia, il est évident
que les Callatiens auront eu aussi d'autres
Dionysia.
Il est probable que ces Çevixà Atorvaia
étaient triétériques 5 ).
Sur Ariston, fils d'Ariston, membre du
Fig. 40. thiasos de Callatis, dont la mascotte était
le dauphin et dont les distinctions devaient
être publiées jusqu'aux Çenxà Aiorvoia du mois de Avxtjoç, nous n'avons pas d'autres
informations. Les distinctions décrétées aux deux Ariston, père et fils, nous montrent
qu'ils appartenaient à une famille influente de Callatis à une époque où la ville
accordait le titre de bienfaiteur et fondateur à tous ceux qui venaient moralement
et matériellement au secours de la ville, de ses institutions politiques-religieuses et
au secours de ses citoyens tombés en péril par suite des complications nombreuses
avec les tribus barbares des régions thraces durant la vie et l'activité d'Ariston
père et Ariston fils.
2
') Voir à Delphes àva&éfiev èv râ> èmqpave- ) Od. VII, 87 et 96.
3
aràrq) TÔTCO) rod leoov, Dittenberger, Sylloge, éd. ) Voir aussi Herwerden, Lex. suppl. et dial.,
3,438, 1. 29 — 30 ; à Erétrie, àva&eïvai èv rib éd. 2, s. v. nvyrôç.
yvfxvaaioi èv rGi ênirpaveararw râncp, Ditt. Syl- *) A Mégare nous connaissons les Aiovvoia par
l o g e \ 714, 1. 44; Chalassarnai (Crête), xaï à- l'inscription. I. G. V I I , 1, 21, 1. 34.
5
vaMvro) èç rà leqàv rov 'ATI6U.O)VOÇ èç ràv èm- ) Cf. pour Athènes, Moinmscn, Fcste der Stadt
(favéararuv rônov, Ditt. Syllogc 3 , 368, 1. 45 — 46. Athen im Altertum, Leipzig, 1898, p. 2 9 ; Kern,
Chez Pârvan, /. c , p. 63, 1. 20 nous trouvons les Dionysos, dans Pauly-Wissowa, R E , V, 1021 et
mots: èç ràv èmantiôrarov rônov rov yvfivaolov. suiv.

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CALIATIS

No. 3.
Dans la cour de Ismail Secheria nous avons trouvé u n fragment de stèle en
marbre, 23 cm de long, 23 */2 de large, 8 cm de gros. On y voit (Fig. 40) en deux
lignes, les m o t s :
0AABIOC E— | AQPOC, en lettres de 1.8 cm de grandeur.
Après ÔCOQOÇ l'espace est libre de 11 cm, non taillé de 5 cm. Au-dessous de
Ô(»QOÇ, l'espace est libre de 15 cm.
Le nom de Flavius est un terminus post quem pour la détermination chro-
nologique de ce m o n u m e n t .
r
ÔCOQOÇ est la seconde partie du nom qui peut avoir été E[on6Jôcoooç (Bechtel-
Fick, Die griech. Personnenamen, éd. 2, 1894,
p . 105), si, après le nom de Flavius, il n ' y
a eu, en effet, q u ' u n espace libre de 6 cm
-. -~-—,
3T
destiné à l'inscription.
l|KfOE No. 4.
Une grosse colonne en marbre, à inscrip-
N tion (voir la figure 41), a été coupée en mor-
ceaux et transformée en corniche, à ce que
nous montre le fragment qui se trouve dans
■ »

la cour d e l à sous-préfecture. Les dimensions


Fig. 41.
du profil sont celles que l'on voit à la fi- Vjj 'g*
gure 42. Le nom d'Antoneinos nous donne des indices de chronologie, j ' fm
Le nom de Moschion est connu à Callatis par des monnaies \ ţrr"1*?
où nous rencontrons les lettres Moo%i (Pick, pag. 103, 240). i/&jàgçs$i&i&&.
Fi
*-i~ No. 5. &- 4 2 '
\ \ U n fragment de relief en marbre porte en bas les restes d'une in­
scription grecque. Nous l'avons copiée chez D. Ionaşcu à Mangalia.
C'est la partie droite du relief et de l'inscription qui nous est parvenue.
Dimensions: 38 cm de h a u t , 7.9 cm de large, 13 cm d'épaisseur.
Du relief nous ont été conservés les pieds et une partie du pul-
vinar avec les volutes des coussins. C'est un fragment de b a n q u e t fu­
néraire d'origine gréco-romaine, un motif de représentations plastiques
très fréquent sur le Danube inférieur et plus spécialement sur la rive
droite du D a n u b e (Anal. Ac. X X X V , 1912 — 1913, p . 480).
Les lettres de 1.9 cm de grandeur sont (Fig. 43):
ENTN
/AK o ¥ EV XY\V

ax o v
AV N A
AEITA
cli TtanoJôeÏTa
Nous relevons la ligature de trois lettres à la première ligne. L ' Y
m o n t r e une petite barre transversale.
Fig. 43. No. 6.
U n a u t r e motif de représentations plastiques habituel au sud du Danube se
t r o u v e sur un fragment d'ex-voto, en marbre de la riche collection de M. Roşculeţ

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10 Ducia T 1924.
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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

de Constanta. Voir la photographie avec une partie de la collection (Fig. 44). Le


relief est brisé en haut à droite; il a 14 cm de haut, 23 cm de large, 5 cm d'épais­
seur. Nous y voyons en relief la partie inférieure d'un cavalier luttant contre un
sanglier. Il est aidé par un chien. C'est le cavalier chasseur d'origine thrace.
Dans un espace libre en bas du relief se voit l'inscription:
APIITQNAN
HPQIIZXYPO
PUT II PION AN
Ariston a dédié (àvfé&rjxevj 1. 3) ce relief d'ex-voto à titre de remerciement
(%a]Qioz)JQiov) à rjotoç lo%v()àç nommé aussi XVQIOÇ l'jooç. (Voir Tocilescu, Monumen-

Fig. 44.

tele epigrafice şi sculpturale aie Muzeului National de Antichităţi, 1902, Bucureşti


p. 90). Sur cet rJQCoç voir Capovilla, Il dio Heron in Thracia e in Egitto, Rivista di
filologia I, 4, p . 424.
No. 7.
Au champ près du cimetière turc de Mangalia nous avons vu le sarcophage en
pierre calcaire incidemment découvert en Mars 1895 par le fer de la charrue.
On y voit l'inscription publiée par Tocilescu, Arch, epigr. Mitteil. X I X , 109,
no. 65. Nous donnons ici les dimensions relatives. Le sarcophage a une longueur
de 222 cm, une largeur de 96 cm. La hauteur ne peut être précisée, la partie
inférieure étant enfoncée dans la terre. Le creux du sarcophage est de 67 cm de
profond et de 68 de large. Ses parois ont une épaisseur de 14 cm. La moitié ex-
térieure de l'épaisseur de la parois est plus basse de 2 cm.

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CALLATIS

Le couvercle a une ongueur de 222 cm et la forme d'une selle; sa hauteur ma-


xima est de 48 cm A 14 cm. du bord, il porte tout autour une excavation de 4 cm
de profondeur. Sur le devant, au milieu du sarcophage, à 12 cm de la marge supé-
rieure, il y a une tabula ansata (70 cm de longue et 33 cm de large). La table a
les dimensions de 45 X 33 cm, les anses ont la forme de triangles isocèles, la base de
33 cm, les deux côtés égaux de 20 cm.
Sur cette table se trouve l'inscription publiée par Tocilescu. L'âpreté du maté-
riel fait qu'on distingue difficilement les lettres gravées, quoique la surface de la
table soit polie.
Depuis 1895, l'inscription a beaucoup souffert à cause des facteurs atmosphé-
riques, de sorte que quelques unes des lettres lues par Toci-
lescu n'ont pu être relues par nous que partiellement. L'epsi-
lon de la troisième ligne, après le mot (pQov(7>v, n'est plus vi- y^l
TATTE
sible, de même l'ypsilon et le tau à la quatrième ligne au mot
iiKLvrÔK A la septième ligne, au lieu de 7ioi?jo£iç il faut lire Tioirj-
or]Çi care le sigma est lié, à gauche, par une barre horizontale
à une barre perpendiculaire.
Cette liaison montre Vrj sans i adscriptum.
La forme des lettres alpha, zêta, sigma, omega est peu
soignée.
Les ligatures nombreuses (à la ligne 2: v\ + o, rj + o, r\ + x, v + T,
à la ligne 4 : r\ + o + e, à la ligne 7 : /i+r/ + n, rj + o + rj) comme .
Fig. 45.
aussi le nom de Gaios nous indiquent le premier siècle après
J . Chr. et les suivants (Larfeld, Handbuch der griech. Epigraphik, I I , 2, p . 483).
Le patronymique nous est connu par C. I. G. 1239 et 1276.
Les mots adressés au passant se trouvent aussi dans d'autres inscriptions cal-
latiennes. E n dehors de l'inscription mentionnée plus haut (à la quatrième ligne
il y a le vocatif d> naQoàeixa) voir encore Arch. Epigr. Mitt. VI, 5, 8 ; VI, 7, 1 1 ;
X I V , 85, 89.
Le dicton : «Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît»,
se trouve sous une autre forme dans l'inscription du sarcophage.

No. 8.
Sur un fragment de stèle (72X22.5X20 cm), en marbre (Fig. 45), ayant à gauche
et à droite des marges, nous lisons, en lettres de 3.8 cm de grandeur, les mots:
fivtf[tf]Ç
xavx è-

No. 9.
A une époque postérieure, chrétienne, appartient l'inscription xov (pûcoxxîoxov
d'un fragment en marbre profilé ( 1 9 X 3 2 X 7 6 cm), au musée no. 13. E n relief
on voit dans un cercle le signe de la croix. Devant l'inscription il y a une feuille gra-
vée. Voir les figures 46 et 47.

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THÉOPHILE SAIJCIUC-SAVKANU

L ' F et le A ont une barre trasversale au point de la bifurcation.


Le sigma est rond et presque fermé.
L'cw est rendu par un seul signe.
L'oméga a une forme cursive.
No. 10.
Dans la cour de la sous-préfecture il y a, sous le numéro 37, la partie supérieure
d'un autel sépulcral (70
cm de haut, 60 cm de
large) en pierre calcaire.
Le profil en est simple '),
composé d'un dcmicreux,
tore et cyma.
En haut se trouve un
abaque (72.5 X 76.5 cm)
de 16.3 cm de haut. 11 a au
:• $M^**»**> milieu un trou de 8 cm
de diamètre avec un ca-
nal d'écoulement pour le
plomb.
A 41.2 cm en bas du
profil, on voit l'inscrip-
Fig 46
- ' tion en 3 lignes : D(is)
M(anibus)/ FI. Sabina Vi\ xit annis XXX. (Voir la fig. 48).
Le nom de Fia via Sabina nous rappelle le gouverneur de la Mésie (43—49
après J.-Chr.), le grand bienfaiteur des Histriens. *
"\v.

i ri ! M 'T " '.•*. '.V t '. *. ' l M H11111 '.'î '." 7: ','i '?r. JiT; ■'.■.am » iH» 11 " ;v.'i T? '.• • '.J?^^f w'.Jl'".v.':V/.'SB^**"

'"■wWWlwniiwiiiiuiw'liiwiiiwniriiiiWWiiiiiili ■'wptiMit«miw,:tin*nV»"utHn«wti*nrtri.

Fig. 47.
I

(Pârvan, Inceputurile vieţii romane la gurile Du-


nării (Tara noastră), 1923, p . 78, 80, 82, 84, 8 6 - 8 8 , i
95, 181). v FLSAB1 NAVI,
B. Inscriptions de vases et de fragments
de céramique Fig. 48.

1) Chez D. Ionaşcu, à Mangalia, nous avons vu une grande amphore, haute de


67 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 9.5 cm. La circonférence de la panse est
de 65 cm, la distance entre la panse et l'embouchure est de 28 cm. L'amphore, faisant à
présent partie de la collection du docteur H. Slobozcanu de Bucarest, porte l'inscription:

AI10A
J
*) Cf. Walter Altmann, Die romischen Grab- ) Je dois le dessin du monument à M. Dc-
altare der Kaiserzeit, 1905, Berlin. mianov.

148

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CALLATIS

Le Rho est tourné à gauche au lieu d'être à droite.


2) Chez le même Ionaşcu, nous avons vu encore un fragment d'amphore à anses,
haut de 25.5 cm. Le diamètre de l'embouchure est de 10.5 cm.
L'inscription 'ÀQ/Jôa (~)aw»v est gravée en rond. Au milieu on voit le signe <..
3) Un autre fragment d'anse d'amphore, également thasienne, a été mis au jour
aux fouilles de la cour de C. Dan. (Fig. 49).
L'argile est bien travaillée, rouge brun clair, et contient un grand nombre
de petites paillettes brillantes de mica et d'autres de couleur blanche d'un autre
minéral. L'anse, d'une courbure assez brusque, a 10 cm de longueur, 5.4 cm de
largeur et 2.5 cm de épaisseur. La mesure de la circonférence au milieu de l'em­
preinte est de 13 cm. Le sceau d'une longueur de 3.1 cm et d'une largeur de 2.3
cm porte en deux lignes les mots Sanuov Xatgéaç, séparés par un objet en forme
de clef ou de râble, instrument nécessaire au potier pour tisonner le feu et pour
ouvrir la porte du four 1 ). Cet objet paraît être en fer et avoir un manche d'un
autre matériel. Sans doute,
il est la marque de la fabri­
que 2 ).
De l'autre côté de l'anse
on voit clairement les vesti­
ges d'un doigt humain. C'est
certainement le doigt de l'ou­
vrier occupé à empreindre le sceau.
Les lettres thêta et oméga sont petites, comme
nous en rencontrons au IVème s. av. J. Chr., tandis que le sigma a la forme de
demi-lune.
L'alpha a une fois la ligne transversale droite, deux fois un peu arrondie. L'ono­
mastique de Thasos s'enrichit du nom de Chaireas qui se trouve aussi ailleurs 3 ).
Les relations commerciales entre Callatis et l'île de Thasos étaient fort intenses.
Les inscriptions récemment découvertes à Thasos nous informent que le vin formait
l'article principal de leur commerce et qu'il ne pouvait être exporté que dans des
pithoi estampillés*). Les estampilles indiquaient fort probablement les noms du ma­
gistrat annuel ou de la maison livrante. Les amphores portant les inscriptions des
Thasiens arrivaient à Callatis pleines de vin.
4) Un fragment d'anse (pourtour 11 cm, épaisseur 2.3 cm, longueur 5.5 cm, lar­
geur 3.7 cm) de terre fine, de couleur rouge de cinabre, jaune à la surface, porte
un sceau 4.1 cm de long et 2 cm de large, avec 3 lignes de lettres. La plupart sont
effacées (Fig. 50). On y distingue cependant encore:

E n i ... o
A
APX . . IOY
1
) Conf. l ' a t t r i b u t chez D u m o n t , l. c. pi. 6, no. u n d R ô m e r . Ed. 6, p a g . 267, fig. 321.
3
12 et pi. 8 n o . 17. ) Bechtel-Fick, Die griechischen Personen-
2
) On voit q u e l q u e chose de pareil sur u n e n a m e n , p . 286.
4
t a b l e d'argile qui se t r o u v e à P a r i s . Voir la repro- ) Hellas I V , 5 — 6, p . 57.
d u c t i o n chez G u h l - K o n e r , Leben der Griechen

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T H É O P H I L E SAUCIUC-SĂVEANU

5) Un fragment d'anse ( 8 % cm de long, 2.2 — 2.5 cm d'épaisseur 4 cm de large,


10 Y2 cm de pourtour), à courbure lente (fig. 51), en terre très fine, bien travaillée,
mêlée de paillettes brillantes, de couleur jaune-pâle.
Le sceau rectangulaire (long de 2.7 cm, large de 1.8 cm) montre au centre la
tête bien modelée d'un boeuf.
L'inscription commence au-dessus de la tête et se continue à droite. On y dis­
distingue les lettres: J/arrt/u'oov. Cet attribut se rencontre sur les timbres ampho-
riques de Cnide, chez Dumont, l. c. pi. X I , 1, 4, 9 — 1 1 , 13 et pi. X I I , 11.
Timides est un nom connu. Voir Bechtel-Fick, Die Griech. Personennamen nach
ihrer Bildung erklărt, Gottingen, 1894, p . 266 et 268. Le nom composé I/arTi/dàtjÇ

Fig. 51. Fig. 52. Fig. 53.

6) Un fragment d'anse avec une partie du goulot, long de 8 cm, large de 4.3 cm,
épais de 2.2 cm (mesure du pourtour de l'anse de 11 cm), de courbure très arrondie.
La terre en est très fine, bien travaillée avec un peu de petites paillettes blanches.
La couleur est jaune-clair à la surface et à l'intérieur.
L'anse n'est pas soigneusement travaillée et le timbre est imprimé à la hâte,
de sorte que la partie inférieure seule et un peu de la partie gauche sont visibles.
On voit là les lettres AEO. Le delta ne peut être alpha.
On remarque au milieu du timbre un quadrupède (Fig. 52) probablement un
chien courant la queue touffue en l'air.
7) Un petit fragment d'anse double (Fig. 53), formé par deux anses rondes réunies,
de courbure lente, long de 6 cm, large de 4.6 cm, épais de 2.3 cm, pourtour 12.3
cm, est formé de terre fine et bien travaillée. On y remarque de petites paillettes
fines et brillantes. La surface est teinte en jaune vert. A l'intérieur, la terre est de
couleur rouge-clair. Sur la partie d'en bas de l'anse double on voit un sceau frag­
mentaire, rectangulaire, long de 4.4 cm, large de 0.7 cm, avec les lettres KEPAD,
hautes de 0.6 cm. Les deux barres parallèles et verticales, devant le K ne peuvent
appartenir qu'à la forme du sceau. Dans les lettres KKPAQ nous ne pouvons voir
que le nom Kégôcov, commun en Grèce (Pape-Benseler, "Wôrtcrbuch der griech. Ei-
gennamen, s. v.) pour les esclaves et hommes libres, d'autant plus qu'après l'eo
nous pouvons remarquer les traces d'une barre verticale. Conf. aussi Bechtel-Fick,
Die griech. Personennamen, p . 160. Dans la partie intérieure de l'anse double on
voit encore l'impression du doigt de l'ouvrier qui a mis le sceau.

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CALLATIS

8) [/inscription du goulot d'une amphore, reproduite à la fig. no. 54, haute de


26.5 cm, diamètre de l'embouchure de 9 cm, de couleur ocre jaune brûlé, est tel-
lement compliquée, que nous ne l'avons pu déchiffrer.
9) Un fragment d'anse long de 7.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, en terre
lourde rouge foncé à gros grains, avec un grand nombre
de paillettes noires et quelques unes blanches et jaunes.
Le reste d'un sceau avec une corne d'abondance, montre
les terminaisons de 3 mots d'une inscription.
On y Ut les lettres en trois lignes.
HZ
MO Y
110Y

Le sigma a les deux barres extérieures obliques, ainsi


que le m y ; l'omicron est petit (Fig. 55).
10) Un fragment d'embouchure de vase (Fig. 56), avec
un morceau d'anse, (long de 3.5 cm, large de 4.5 cm, épais
de 2.5 cm, pourtour 12 cm) en terre rose à l'intérieur,
à la surface poudreuse, à teinte jaune pâle. Le sceau
(large de 2.3cm) porte dans quatre lignes les lettres très élégantes:
AST Y
ZHN1
A110 A
AHM
Remarquables sont les let-
tres : le zêta de forme antique
avec deux barres horizontales
parallèles traversées par une
barre perpendiculaire, le sigma
Fig. 55.
avec les barres extérieures obli-
ques, le pi avec la seconde barre plus courte et l'omicron
Fig. 56.
petit.
Nous rencontrons ici 3 noms dans une inscription datée par le âoxv [vôfioç.
Zeni peut-être complété en Zrjnxérrjç, ZÏJVIOJV ou Zf]nç.
11) Le fragment d'anse d'une courbure gracieuse,
long de 10.2 cm, large de 3.7 cm, épais de 2.2 cm au
point de la fracture, en terre de même qualité que le
fragment précédent, porte le sceau entier (long de 5
cm, large de 1.8 cm) avec l'inscription (Fig. 57):
MWPAAATHI
Fig. 57. AITYNOMOY
APTEMIAQPOY
L'attribut est un canthare, de forme et de travail très jolis; il se trouve à droite
de l'inscription. Le pied et sa partie supérieure sont sveltes et élégants.

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THÉOPHILE SAUCTUC-SĂVEANU

12) Un fragment d'anse (Fig. 58), long de 8.0 cm, large de 4.3 cm, épais de 2.3 cm,
pourtour de 11.5 cm, en terre fine, bien travaillé, de couleur rosâtre, à la surface
légèrement poudreuse, à teinte d'un jaune pâle, à la courbure élégante (voir fig. 59),
montre le sceau rectangulaire, long de 6 cm, large de 2 cm, avec les lettres :

IZT1AI0
AIT YNO
nOIEIAD

Les barres extérieures du sigma ne sont pas horizontales, mais obliques, la


barre transversale et la seconde barre verticale du ny sont plus courtes. L'omicron
est petit, l'alpha porte une barre transversale droite.
L'attribut se trouve au
coin droit du sceau: Un oiseau
de proie, avec les ailes éployées
et la tête baissée, paraît tou­
cher quelque chose avec son
bec recourbé. Au-dessus de sa
tête, on remarque les vestiges
de deux barres perpendiculai­
Fip. 58.
res à une distance de 0.4 cm
l'une de l'autre. La taille de l'oiseau est conforme à la Fig. 59.
nature et d'une élégance exquise.
En ce qui concerne l'inscription, voir le sceau d'origine enidienne chez Dumont,
/. c , p . 141, troisième série, no. 2.
13) Un petit fragment d'anse plate (Fig. 60), long de 4.7 cm, large de 3.7 cm, épais
de 1.4 cm, en terre fine, de couleur rose
à l'intérieur, jaune pâle à la surface, avec
de petites paillettes blanches, porte un
sceau qui a les lettres suivantes :
OVIOXOV
Fig. 60. (OV Fig. 61.

Le reste de l'attribut ne saurait nous en indiquer le sens.


14) Un fragment d'anse (Fig. 61), long de 9 cm, large de 3.5 cm, gros de 2.1 cm,
pourtour 9.5 cm, en terre rosacée, tirant à gris à l'intérieur, gris-cendré à la surface,
avec des paillettes brillantes et noires, porte un sceau avec les noms

TOY IIPQNYMOY
TOY IlOZl ADN 10 Y

On n'a que des traces méconnaissables de l'attribut. Parmi les lettres de forme
petite sont remarquables l'omicron fort petit, comme un point, et le pi avec la se­
conde barre parallèle plus courte.
15) Un fragment d'anse double, formé par deux anses rondes, soudées sur toute
leur longueur et collées à l'embouchure et à la panse, en terre rosée à l'intérieur,
rouge pâle à la surface, porte du côté intérieur d'une anse la lettre A (Fig. 62).

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CALLATI S

16) Une anse double, de couleur rose, a sur une moitié une estampille à inscrip-
tion fragmentaire dont on peut distinguer les lettres êm (Fig. 63).
17) Un fragment (Fig. 64), 7 % cm, de long. 4 cm de large, 2 cm d'épaisseur pour-
tour 10 cm, en terre fine, bien travaillée, avec un grand nombre de paillettes bril-
lantes et blanches, couleur rouge brique clair, à courbure brusque, presque rectan-

Fig. 62. Fig. 63. Fig. 64.

gulaire, porte un sceau avec l'attribut en forme de quadrupède dont le cou est
long. Au dessus et au dessous de ce quadrupède on lit en deux lignes les lettres
IA ITHI
Il A YIANJHI
La forme ïonienne du second nom mérite d'être relevée.
18) Fragment d'anse (Fig. 65), 7 cm de long, 3.5 cm de large, 2 cm de gros, avec
une partie de l'embouchure.
Pourtour 10 cm, à courbure gracieuse, en terre fine, bien travaillée, avec
des petites paillettes jau-
ne doré et blanches, à la
surface jaune gris et pou-
dreuse, à l'intérieur rouge
brique clair.
Le sceau, légèrement
imprimé et pour cela dé-
fectueux, à l'exception
du coin droit d'en haut,
Fig. 66.
est long de 3 cm et large
de iy2 cm. Au centre on voit un trépied de forme nor-
Fig. 65.
male et le long d'un pied on lit les lettres IITEIAII,
évidemment ''AqJiaTEiaric. Conf. le nom 'Açioreiôaç sur les inscriptions d'origine rho-
dienne chez Dumont, Z. c. p. 83, n. 50 — 53.
Un thêta paraît être sous le second pied du trépied. En haut du trépied, à gauche,
incertaines, les lettres QX.
19) Fragment d'embouchure de vase (Fig. 66), 9 % c m ^ e l° n g> ^a corde de l'arc de
7 cm est de 5 cm. Terre grossière, rougeâtre, avec beaucoup de paillettes blanches. Le
sceau, long de 5 cm, large de 2 % cm, a des lettres altérées et à peine lisibles. On y lit:
. . XXOOIV
êm 'AjtMpna

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

Devant le premier À on remarque deux incisions verticales.


20) Fragment d'anse, long de 4.8 cm, large de 5 cm, épais de 2.4 cm, pourtour
de 12 cm, en terre fine, avec des paillettes brillantes, couleur rosée à l'intérieur, pou-

Fig. 67. Fig. (.It. Fig. 69.

dreuse et d'un rouge brique clair à la surface, de travail peu soigné. Le sceau fra­
gmentaire (large de 1.5 cm) montre une feuille en forme de coeur (Fig. 67).
21) Fragment de l'embouchure d'un vase avec une partie (celle-ci longue de 6.5
cm, large de 4.5 cm, épaisse de 2 cm, pourtour de 10.7 cm) d'anse (Fig. 68), en terre
fine, bien travaillée, dont les fractures montrent un rose pâle ; à la surface légèrement
poudreuse, de teinte d'un jaune pâle. Le sceau (large de 2.2 cm) légèrement im­
primé est cassé à droite et porte dans la partie conservée une inscription, proba­
blement en trois lignes, dont la troisième ne nous a conservé aucune lettre.
EI11 APAKOfN]-
roi EYOPY
Cf. l'inscription no. 65 chez Dumont, /. c. p . 347, où nous rencontrons les mots
*Eni AçàxovToç, et no. 66 de la dixième série des
inscriptions d'origine enidienne où peut-être se
trouvent quelques lettres du nom qui commence,
comme dans notre inscription, par les lettres
EV&Q.
22) Fragment d'anse, long de 7 cm, large de
4 cm, épais de 2.3 cm, pourtour de 11 cm, en terre
fine, bien travaillée, avec un grand nombre de
paillettes blanches, couleur rouge brique, portant
un sceau, long de 1.5 cm,
large de 1.3 cm avec le mo­
nogramme indiqué dans la
fig. 69.
Sur les sigles des po­
tiers voir Courby, Les va­
ses grecs à reliefs, 1922, p .
394 ; cf. les monogrammes
sur les monnaies de Calla- 71.
Fig. 70.
tis chez Pick, Die antiken Mûnzen Nordgriechenlands I, p . 97,
n. 197 et 198.

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CALLATIS

23) Fragment d'anse, long de 4 cm, large de 4.5 cm, épais de 2 cm, pourtour de
10.7 cm, en terre fine, très bien travaillée, couleur brun clair. Le sceau, large de 1.1 cm,
montre les lettres finales CTO d'une forme peu soignée. L'estampille y a été profon­
dément imprimée (Fig. 70).
L'intérieur du vase auquel appartient cette anse était cannelé comme nous le
démontre un reste attaché à l'anse.
24) Un fragment d'anse, d'argile très fine et molle, couleur ocre clair blanc, long
de 9.5 cm, large de 4.5 cm, gros de 2.5 cm, porte deux signes en forme de x.
Des amphores et des fragments de vases trouvés au lit de la mer reculée à Man-
galia, qui aujourd'hui font partie de la collection précieuse de l'avocat N. Roşculeţ à
Constanta, rue Badescu 8, je n'en ai pu noter à la hâte que les inscriptions suivantes,
incisées sur le col dont j ' a i fait les copies sans autres indications (Voir fig. 71):
25) EY0PAIO2
A YZWE
Après l'epsilon du mot Avnlêe on voit
l'attribut d'un vase.
26) EYnOPOZ
A YZWE
Entre les deux lignes on voit à droite
un canthare couché.
27) XAIPEZ1
AYII0E
L'attribut comme dans l'inscription précédente.
Le nom Avoîêefoç] qui se répète avec trois autres noms, Euphraios, Euporos
et Chairesikles ( ?) peu têtre plutôt le patronymique, le nom du père des trois fils
potiers, que le nom d'une autorité municipale.
28) Un fragment de col de vase, trouvé à Tatlagiac sur le terrain de Vlas Tra-
himac près de la pêcherie.
Le fragment est en terre moins fine, à l'intérieur couleur rouge brique, à la sur-
face grise, avec des paillettes brillantes et blanches. Il est pourvu d'une estampille
en creux portant l'inscription (Fig. 72):
ZKY0A2
MAAAKOI
A la fin, entre les deux lignes, on voit la figure d'un canthare couché.
Le sigma et le my semblent être un griffonnage postérieur, d'autant plus que
l'on voit deux barres formant un angle, qui ont été ajoutées au pied du sigma.
Si nous n'avons pas d'indications dans l'empreinte même, nous pouvons fort
facilement commettre une erreur voulant déterminer la provenance d'un fragment
d'anse quelconque par la nature de la terre, par la couleur de l'anse ou par la
courbure.
Dans la plupart des cas la terre ne varie que très peu et la courbure est beau-
coup sujette aux hasards. Dans l'argile on trouve presque partout des paillettes
brillantes ou blanches.

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THÉOPHILE SAUCItJC-SĂVEAMJ

Les paillettes noires ou dorées sont une indication plus précieuse pour déterminer
à quel centre de production peut appartenir un fragment quelconque.
En ce qui concerne la couleur, elle est encore plus incertaine. Car la cou­
leur de la même argile varie en mille nuances et dépend de l'intensité et de la
durée du feu auquel les vases ont été exposés. Pour ces considérations, j ' a i préféré
n'indiquer que deux fois dans ce rapport préliminaire le centre et l'origine auxquels
les fragments d'anse énumérés pourraient appartenir. E t dans les deux cas les in-
scriptions nous in­
diquent l'origine de
"N
l'île de Thasos. Dans A
l'ordre de remune­ \
ration je me suis EnrxYo
Fig. 73. guidé plutôt par la \...
couleur de l'argile. Al
La forme de l'anse pourrait, elle aussi, être
d'une importance déterminante au sujet de l'ori­
gine, si nous avions plus que les très petits frag­
ments d'anse trouvés dans les endroits différents
où nous avons fait les fouilles dans une profon- J'j——
deur atteignant 4 mètres.
Fig. 74.
29) Un fragment de pithos qui se trouvait
chez Theoharidis, aux dimensions de 2 6 X 9 X 8 cm, porte autour de l'embouchure les
lettres W II III qui devraient indiquer la capacité du vase (Voir la fig. 73).
30) Une tuile du musée de la sous-préfecture, no. 18, porte l'in­
scription (Voir la figure 74) :
EIII2X YO
A KO ^NO
J e n'enregistrerai pas au chapitre suivant, mais immédiatement
Fig. 75.
ici, les inscriptions gravées sur de la céramique vernie.
31) Fragment de fond rond (de 4 cm de diamètre) d'un vase à vernis noir. Autour
du point central, couleur d'argile, des bandes circulaires, t a n t ô t plus larges, tantôt
plus étroites, à vernis noir luisant, de couleur de l'argile et de couleur brune al­
ternent.
Sur le verni noir de la bande circulaire de la marge du fond on lit les lettres
OYFA soigneusement et joliment gravées.
La petite forme du thêta avec le point au milieu nous rappelle les caractères
du IV-ème siècle av. J. Chr. (Fig. 75).
Sur la partie inférieure du vase à embouchure évasée, on voit, autour d'un
cercle du milieu du vase, deux palmettes, liées entre elles par un arc, qui passe du
centre d'une palmette au centre de l'autre. On remarque aussi des restes d'une
autre paire de cercles, qui auront été attachés à deux autres palmettes.
32) La partie inférieure d'un vase d'argile, couleur ocre jaune brûlé blanc. La
base ronde de 12 cm diamètre a un pied de 12 cm de h a u t et de 0.6 d'épaisseur. Le
fond intérieur de la base est un peu creux et porte sur le vernis noir mat les let­
tres ME.

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CAI I.ATIS

L'intérieur du vase montre après une incision circulaire, à 2.5 cm de la paroi


perdue, une excavation ronde jusqu'à une profondeur de 1.2 cm.
33) Sur un fragment de pied rond, de 1 cm de haut, d'un vase, à vernis luisant,
inégalement cuit — on voit des taches vert rougeâtre — on lit deux lettres négli-
gemment gravées. La première lettre peut être A ou A, la. deuxième a la forme ar-
chaïque ou archaïsante d'un alpha, d'après Larfeld, Handbuch der griech. Epigra-
phik I I , 2, p . 423 et 487, de l'époque 525—480 av. J.-Chr. ou 50 — 120 après J.-Chr.
Le vase semble être ouvert de la
forme d'une (pidty, car à l'intérieur du
vase on voit des cercles faits dans un but
\ décoratif et non par hasard. Un cercle
est formé par des points rangés deux à
deux dans l'argile molle.
34) Pied, de 1 cm de haut, d'un
petit vase rond, peut-être une qpcâlrj, de
6 cm de diamètre, au bord incliné vers
Fig. 77.
l'intérieur. Il montre à son fond intérieur
Fig. 76. creusé en rond, 3 cm de diamètre et 0.5 cm de profondeur, sur
le vernis foncé, gravée la lettre 2 ou M de 1 cm de haut (Fig.
76). La partie du pied sur laquelle est placé le vase de 1.3 cm de largeur, a la cou-
leur de l'argile, ainsi que la partie qui fait la transition du pied à la panse. Les autres
parties montrent un vernis noir foncé luisant.
35) Sur le revers du pied d'un vase frag-
mentaire du type de patères pla- 'fci
tes on lit la lettre A.
35) Un fragment de bol mon-
tre sur le fond un peu concave les
lettres EY'. La lettre epsilon pa-
raîtrait incertaine, en tant que,
sans la barre verticale à peine
reconnaissable, elle pourrait être
aussi un xi (Voir la fig. 77).
Fig. 78. Fig 79.
IV. P E T I T S O B J E T S D I V E R S
A. Monnaies
Nous avons trouvé fort peu de monnaies. Les exemplaires mis au jour sont très
détériorés et tellement détruits par l'oxydation que nous ne pouvons enregistrer
ici pas même une seule pièce.
B. Armes
Nous avons pu mettre au jour, aux fouilles chez C. Dan, trois pointes de lances
en fer, ayant la forme indiquée à la fig. 78.
C. Céramique
a) Figures: Un fragment de petite figure masculine, nue, en terre cuite rouge,
sans tête ni pieds ni mains, haute de 8 cm, le vêtement rejeté en arrière sur l'épaule

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THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

gauche. Elle était posée probablement dans un groupe. Conf. Eros adolescent dans
Courby, /. c , p. 208, fig. 34, 2, et le moulage antique en plâtre du musée Hildesheim,
p. 211, fig. 35 a. (Fig. 79).
Moule en terre cuite rouge d'une tête de femme, 8 cm de long, le cou 2 cm de
long, aux boucles de type archaïque. La tête porte une sorte de couronne. C'est
peut-être la tête d'une déesse à nuance locale, peut-être Cybèle (Fig. 80).
Une main avec le bras inférieur depuis le coude, long de lx/2 c m ' excellemment
travaillé, appartenant à une statuette d'environ 28 cm de hauteur (Fig. 81).
Un morceau du bras inférieur (3.2 cm) et le bras supérieur (5 cm), en terre cuite
rouge, d'une figurine vêtue.
A>- Un petit reste appartient
à une statuette en terre cuite
rouge.
Fig. 82.
Nous possédons aussi un
petit masque de Silène à la
fig. 82.
Nous enregistrons ici en­
core deux de ces objets, nom­
més poids à tisser, en terre
cuite rouge en forme de pyra- l
mide tronquée, trouvés au fou- I
illes chez Dan. L'un est 4.5 cm ^
Fig. 80. de haut et a la base carrée de *
3.3 cm, l'autre 6 cm de haut I
et 4.2 cm-. I
Chez Ionaşcu à Mangalia, nous I
avons vu la figurine féminine, envelop- I
pée, en terre cuite rouge, de 15.5 cm '
p;„ ai de haut, sur une plinthe (Voir fig. 83). ,
b) Vases. La récolte de céramique *- Fig. 83.
est extrêmement pauvre au point de vue des vases intacts, mais
assez riche en fragments. La plupart en ont été découverts dans la cour de C. Dan.
Nous sommes tenté de supposer qu'il y avait ici un magasin potier.
Nous divisons ces fragments en fragments en argile commune, non vernie et
sans décor, et en ceux qui sont vernis et décorés.
La céramique simple appartient pour la plupart aux amphores destinées au
commerce de vin ou d'huile. A ces amphores, quelque uniformité que fût pro­
duite par la roue, il y a une vaste échelle de possibilités qui fait varier les formes. E t
cette variation dépend de bien de circonstances qui peuvent se produire plus faci­
lement pour la partie inférieure des vases.
Trois spécimens nous montrent les formes de pareilles amphores. Elles ont été
trouvées incidemment par les habitants du pays.
La fig. 71 montre 3 amphores de formes diverses, photografiées chez l'avocat
N. Roşculeţ de Constanta. Deux autres fragments d'amphores, trouvés de même à
Mangalia, appartiennent au même M. Roşculeţ.

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CALLATIS

Une amphore entière et la partie supérieure avec l'anse d'une autre amphore
ont été photografiées par nous chez M. D. Ionaşcu de Mangalia.
Les Callatiens auront sans doute eu leurs propres amphores faites en l'argile qui
se trouve au voisinage de la ville et qui est merveilleusement propre à la fabrication
des vases. La carrière d'argile, située au chemin des bains sulfureux, est encore aujour­
d'hui fort recherchée par les habitants de la ville de Mangalia à cause de ses qualités
supérieures.
Les amphores qui se trouvent depuis la Russie méridionale jusqu'en Provence,
et temporellement depuis l'époque La Têne jusqu'aux grandes migrations qui ont
coupé et achevé les relations commerciales, ont servi aussi à Callatis au cours des
siècles comme ustensils indispensables pour toute espèce de liquides. E t le nombre des

ici les types les plus intéressants de pieds notés, sans pouvoir affirmer s'ils ont été
fabriqués à Callatis ou ailleurs (Fig. 84).
Parmi les fragments de vases en argile commune, on en relève un de pâte
grossière. Le fragment nous fait voir trois impressions de pouces l'une près de
l'autre.
Plus intéressants sont les fragments de vases vernis et aux ornements peints et
en relief. Les vases peints ne sont pas polychromes. Pour la plupart des cas ce sont
l'argile et le vernis qui constituent les couleurs de l'ornement.
Les vases à relief sont à glaçure et à vernis mat. Nous avons encore des fra­
gments de vases vernis côtelés, en argile, qui sont fort répandus et datent de la fin
du IV-ème et du commencement du III-ème siècle. Ils semblent être nés en Crète,
et pour leur commerce la ville d'Athènes doit avoir joué un rôle important.
Un seul vase est intact. Sur un pied de 4.2 cm de diamètre et 0,6 cm de
hauteur, qui, dans une excavation centrale de 2.5 cm de diamètre porte un om­
phalos pointu, s'élève une petite écuelle de 9 cm de diamètre et de 2.5 cm de profon­
deur. E n vernis noir mat, il peut constituer une sorte de cendrier (Voir la fig. 85).

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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

U n f r a g m e n t de p a n s e d ' u n v a s e en argile m o i n s fine (on r e m a r q u e b e a u c o u p


de m i c a et d e s u b s t a n c e s b l a n c h e s ) a à l ' i n t é r i e u r u n v e r n i s n o i r m a l , à l ' e x t é r i e u r
u n v e r n i s n o i r l u i s a n t . A u - d e s s u s d ' u n e ligne incisée, on v o i t des a n g l e s d r o i t s p a r a l -
lèles, c o u l e u r d ' a r g i l e .
F r a g m e n t d e r e b o r d d e v a s e , en argile, t e r r e d ' o m b r e + b l a n c h e , v e r n i s gris cou-
leur d'argent.
S o u s u n cercle d e c o u l e u r b l a n c sale, des p o i n t s d ' e x c l a m a t i o n p a r a l l è l e s , de la
c o u l e u r d u cercle.
U n r e b o r d d e v a s e é v a s é , en argile ocre c h a i r , à l ' i n t é r i e u r à v e r n i s r o u g e , à
l'extérieur à vernis vert couleur d'argent brillant, a un décor de masse blanche.
L e p i e d r o n d et la p a r t i e i n f é r i e u r e d ' u n v a s e d ' a r g i l e d e c o u l e u r t e r r e d e S i e n n e
n a t . + b l a n c h e s o n t v e r n i s e n n o i r l u i s a n t , à l ' e x c e p t i o n d e l ' e x t é r i e u r de la p a r t i e con-
servée d u vase qui nous m o n t r e u n décor d ' o r n e m e n t a t i o n réticulée.
U n f r a g m e n t d e v a s e e n argile fine, c o u l e u r ocre j a u n e b r û l é e I b l a n c h e , v e r n i s
à l ' i n t é r i e u r , p o r t e à l ' e x t é r i e u r s u r le fond d e la c o u l e u r d ' a r g i l e des dessins e n v e r n i s
b r u n n o i r l u i s a n t d e la m a n i è r e i n d i q u é e à la fig. 8 6 .
I l e s t à r e l e v e r q u e ce f r a g m e n t a p p a r t e n a i t à u n v a s e q u i a v a i t a u s s i u n cou-
v e r c l e . C a r c ' e s t s e u l e m e n t a i n s i q u ' o n p e u t e x p l i q u e r la feuillure de la m a r g e s u p é -
r i e u r e des d i m e n s i o n s 0 . 4 X 0 . 6 c m e n b a s ; le v a s e é t a i t a r r o n d i et v e r n i s en noir.
A u n c o u v e r c l e a p p a r t e n a i t s a n s d o u t e le p e t i t f r a g m e n t q u i n o u s m o n t r e e n
r o u g e d ' a r g i l e s u r u n f o n d n o i r la p a r t i e inférieure d ' u n c o r p s h u m a i n élevé s u r l a
p o i n t e des p i e d s .
L e v e r n i s e s t p l u s n o i r l u i s a n t s u r les f r a g m e n t s p o r t a n t le d é c o r i n d i q u é a u x
fig. 8 7 . Ces f r a g m e n t s se c o r r e s p o n d e n t e x a c t e m e n t , a y a n t fait p a r t i e d e la m ê m e
pièce.
Moins soignés s o n t les dessins stylisées d ' a u t r e s f r a g m e n t s c é r a m i q u e s .
U n f r a g m e n t d e v a s e d o n t u n e p a r t i e d u r e b o r d u n p e u é v a s é , en a r g i l e , n o u s
e s t p a r v e n u e . D e c o u l e u r t e r r e d e S i e n n e n a t . , il m o n t r e a p r è s d e u x cercles incisés,
u n e d o u b l e t i g e , l o n g u e , o n d u l é e , a v e c des feuilles e n f o r m e d e c o e u r e t d e c o u l e u r
b r u n gris.
L e fond d ' u n v a s e e n argile, de c o u l e u r r o u g e i n d i e n n e b r û l é e I b l a n c h e , de v e r n i s
b r u n , n o u s m o n t r e des r a y o n s q u i , p a r t a n t d ' u n c e n t r e , a l t e r n e n t d a n s les c o u l e u r s :
blanc, b r u n et rouge indien.
L e r e b o r d d ' u n v a s e c a s s é , e n argile grise, à v e r n i s n o i r m a t à l ' e x t é r i e u r , v e r t
n o i r b r i l l a n t à l ' i n t é r i e u r , a u n d é c o r f o r m é p a r t r o i s t a c h e s de c o u l e u r ocre b l a n c h e
q u i se r é p è t e n t .
R e b o r d d ' u n v a s e t r è s fin. S u r le v e r n i s n o i r l u i s a n t u n d a u p h i n e n c o u l e u r ocre
b l a n c h e . Les r e s t e s d ' u n a u t r e o r n e m e n t n e s o n t p l u s r e c o n n a i s s a b l e s .
F r a g m e n t d ' u n r e b o r d des m ê m e s c o n d i t i o n s . S o n d é c o r c o n s i s t e e n u n épi.
Les r e s t e s d ' u n e a u t r e d é c o r a t i o n n e p e u v e n t ê t r e p r é c i s é s .
U n a u t r e rebord de vase, à vernis b r u n couleur d ' a r g e n t , a c o m m e b o r d u r e un
d é c o r d ' u n e m a s s e ocre b l a n c h e .
T r o i s f r a g m e n t s d ' u n v a s e e x t r a o r d i n a i r e m e n t fin, e n a r g i l e ocre j a u n e b r û l é e 4 -
b l a n c h e , d e v e r n i s n o i r l u i s a n t , m o n t r e n t , s u r le r e b o r d , u n e t i g e o n d u l é e d e lierre
de la c o u l e u r d e l'argile.

160

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CALLATIS

Entre les feuilles, en haut et en bas de la tige ondulée, il y a trois petits points
blancs; un seul petit point de masse blanche se voit entre les pétioles de chaque
feuille.
Nous avons plusieurs fragments de vases côtelés, en argile fine, couleur ocre
chair blanche. La figure 88 nous montre un pareil fragment; le pied, à vernis noir
brun mat. 11 se compose d'une partie ronde de 7.2 cm de diamètre, à profil mouluré.
Dans l'excavation de son intérieur on voit un omphalos. La partie ronde est surmontée
d'un cône tronqué d'une circonférence de 11 —10 cm et de 3.6 cm de hauteur. La
partie inférieure de la panse de vase conservée a 4 champs. Deux champs opposés
sont munis de 23 ou 25 cannelures, les deux autres ne montrent que 3 cannelures
irrégulièrement gravées au milieu de chaque champ.
Pour la partie supérieure, cf. Courby, /. c , p. 202, fig. 32.
Il y a un autre fragment
à peu-près de la même espèce,
de dimensions plus grandes ;
il nous est parvenu sans pied.
Les deux champs cannelés ont
19 — 20 cannelures. Chacun des
autres champs n'a que deux
lignes, convergentes vers une
partie qui est aujourd'hui per-
due.
On voit les mêmes lignes
Fig. 88. sur un autre fragment de vase Fig. 89.
cannelé dont la panse est, à la
partie inférieure, couleur rouge de Venise, à la partie supérieure, d'un vernis de cou-
leur d'argent (Fig. 89).
Très usé est un petit
fragment.
Un fragment de vase
^ËvSil
en argile, gris, sans ver-
nis, a des incisions pri-
mitives à partir du mi-
Fig. 90. Fig. 91. Fig. 92.
lieu de la panse jus-
qu'en bas. Nous pouvons considérer ce fragment comme appartenant à la phase
initiale de l'imitation des vases métalliques.
Il y a des petits fragments à glaçure avec un décor en relief qui peut être
qualifié d'oves ou des côtelettes.
La figure 90 nous montre des incisions en barres courtes et parallèles, suivies
en bas d'autres incisions qui sont faites dans les intervalles des incisions précé-
dentes et ainsi de suite.
Le décor d'un autre fragment de vase de couleur ocre chair est à peu près le même.
Nous attribuerons beaucoup de fragments trouvés aux vases dont le nom antique
est ignoré et que les modernes ont convenu d'appeler bols. Voir Courby, î. c , p .
329 et ss.

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I I Dacin I 1084.
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂ.VEANU

Deux fragments (Fig. 91, 92), de la partie inférieure d'un bol, de couleur grise,
sans vernis, au fond concave, nous montrent en relief une ligne pointillée suivie de
deux lignes parallèles. Les points et les lignes couvrent probablement la surface to-
tale du bol. Car, deux autres fragments d'un bol (Fig. 93) à vernis mat, font voir
des godrons et des lignes pointillées verticales de la même sorte, sous le rebord de
1.5 cm de largeur incliné vers l'intérieur et après une bordure de parallélogrammes,
formés de lignes pointillées et entourés de deux lignes horizontales.
Un petit fragment de vase, couleur d'argent rougeâtre, montre un décor en re-
lief similaire.
Fragment de bol, partie inférieure, de couleur gris cendré. Sur le fond un peu
concave de 5 cm de diamètre on voit le sigle EY.
La partie inférieure du bol est ornée de folioles, de palmettes imbriquées. Voir
Courby, l. c. p . 353, fig. 73 o. p . et p . 368 fig. 80, 8; p. 394, f. 383. Comment était le
décor de la partie supérieure c'est ce que nous pouvons seulement soupçonner.

Fig. 93. Fig. 91. Fig. 95.

vert à l'extérieur, de couleur rougeâtre à l'intérieur, a un rebord lisse, un peu évasé, de


1.5 cm de largeur. Après la bordure d'oves et de dards, délimités par des listels entre
une suite de points et une autre ligne continue, on voit des folioles imbriquées (Fig. 94).
Sur un fragment de bol, de couleur grise, sans vernis, nous voyons le rebord de
2 cm suivi d'une bordure de rais de coeur et de dards entre deux lignes. Le décor
au-dessous de la bordure paraît être des folioles, des palmettes imbriquées, de sorte
que nous pouvons reconstituer le décor du vase auquel appartient le fragment men-
tionné plus haut.
Un fragment de vase fait voir, après le rebord de 3.5 cm de largeur, et avec 3
incisions circulaires entourant le rebord, un décor en relief. Le vernis couleur d'ar-
gent n'est conservé que sur le rebord. Le décor et l'intérieur du vase sont de cou-
leur ocre chair pastel.
Un autre fragment de la même couleur a, à l'extérieur sous un rebord de 2.4
cm de largeur et après des oves et des dards entre deux lignes, un décor végétal, deux
espèces de tiges fleuries. Deux tiges de la même espèce entourent un exemplaire d'une
autre espèce.
Un troisième fragment de la même couleur d'argent nous montre un rebord de
1.5 cm de largeur. Sous une bordure d'oves et de dards, garnis en haut et en bas
d'une suite de points, la zone de pampres et de grappes est séparée par une suite de
points d'autres zones qui ne nous ont pas été conservées.
Un petit fragment de vase, à vernis sombre luisant, nous montre, en relief,
des palmes et des épis alternés.

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CALLATIS

Petit fragment de panse de bol brisé en deux (Fig. 95), haut de 3 cm, 7 cm
de large, 0.4 cm de gros, couleur gris cendre, de vernis noir mat. Après une bordure
d'oves et de dards suit une zone de 3 cm de largeur où l'on voit des figures humaines
en relief. Une figure assise sur un bloc tient à la main gauche une lyre et en touche
de l'autre main les cordes. Les pieds semblent être d'un quadrupède cornu, ce qui
se confirme par l'entourage du joueur de lyre.
Devant cette figure assise, il y a une deuxième figure debout, type de Silène.
Elle tient à la main gauche un bâton en forme de croix. C'est peut-être un thyrse et
un habit ou une grappe de raisin. Elle court, la jambe gauche un peu avancée. Une
autre figure ailée, le pied droit avancé, tient à ses deux mains un bâton qui grossit
vers le b o u t ; peut-être est-ce une massue. Son visage ne peut être si facilement
distingué que celui du Silène qui court après lui.
Mais on remarque assez clairement sur le dos de
cette figure une queue, de sorte
que nous ne pouvons douter de
sa signification. Nous avons à
faire à une scène bacchique. Der-
rière la figure assise on voit les
restes des pieds d'une quatrième
Fig. 96. Fig. 97.
figure et un objet indéterminé.
Les restes d'une seconde zone sont trop exigus.
Un fragment de vase en relief en couleur rouge indien. Il y a un reste exigu de
décor. Un reste plus remarquable nous montre un petit fleuron.
Un fragment de pied de vase a, à l'intérieur, un objet tordu, en couleur ocre
chair, comme tout l'extérieur du fragment sauf le fond du pied qui est brun noir.
D'intérêt est encore un petit fragment de rebord et de la partie supérieure
de la panse d'un vase.
La plupart des fragments découverts appartiennent au type de patères plates, à
lustre noir, aux rebords plus ou moins droits, plus ou moins évasés, souvent aux bords
qui s'amoindrissent, inclinés en bas. Ces patères portent à l'intérieur decors de pal-
mettes estampées en cercle, disposées parfois autour d'un décor central.
Autour des palmettes estampées on voit souvent un ou plusieurs cercles simples
ou des cercles formés de barres courtes et parallèles. Ces dernières sont incisées, sur le
vase mis en rotation, au moyen d'un instrument pointu. Il y a encore des cercles
formés par des points deux à deux, incisés au moyen d'un instrument plus ou moins
pointu. Une fois nous voyons autour des palmettes, dirigées et liées au centre du
vase au moyen d'incisions oviformes, deux cercles simples et parallèles, dont l'in-
tervalle est rempli de crochets parallèles. Autour des cercles il y a des demi-cercles
qui s'entrecoupent et puis des palmettes rangées en cercle.
Le pied d'un tel vase fragmentaire est de 2 cm de haut. Sur le revers du pied,
garni de bandes circulaires, en couleur alternativement d'argile et de vernis noir
ou brun, on lit la lettre A. La base du vase porte au milieu un omphalos plus ou
moins prononcé.
Les variétés de cette sorte de vases (fig. 96 — 98), d'un lustre admirable, sont
données par le diamètre du vase entier, du pied, de la grandeur et d'épaisseur

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u*
THÉOPHILE SAUCIUC-SĂVEANU

des b o r d s , dirigés en h a u t ou en b a s , et de la b a s e . Ce s o n t des v a s e s c o m p a r a b l e s


à c e u x d e n o s j o u r s d e s t i n é s à c o n t e n i r des fruits ou des c a r t e s d e v i s i t e .
U n f r a g m e n t d e v a s e , u n m o r c e a u d u p i e d , 1 c m . d e h a u t , 0.4 c m d ' é p a i s s e u r ,
m o n t r e u n o m p h a l o s a u r e v e r s d u p i e d d e 2.5 cm d e d i a m è t r e . A u fond d u v a s e , de
v e r n i s c o u l e u r d ' a r g e n t , est i m p r i m é u n cercle d e 2 c m de d i a m è t r e a v e c u n e rosace
à 6 pétales séparées p a r 6 barres. R e m a r q u a b l e est un fragment de vase de vernis
n o i r l u i s a n t . Ce f r a g m e n t a a u milieu (2 c m d ' é p a i s s e u r ) u n e o u v e r t u r e p r o l o n g é e , d e
1 c m d e d i a m è t r e d ' u n c ô t é , d e 1.8 c m d e d i a m è t r e de l ' a u t r e c ô t é . Ce v a s e a é t é
probablement employé comme entonnoir.
F r a g m e n t d e v a s e en f o r m e d ' u n e n t o n n o i r , a u x r e b o r d s c o u r b é s en b a s . Si
n o u s faisons a b s t r a c t i o n des m a r g e s , le v a s e à sa p a r t i e s u p é r i e u r e a la f o r m e d ' u n
e n c r i e r à gorge r e n v e r s é e . L ' i n t é r i e u r d u v a s e p o r t e a u s s i des v e s t i g e s de v e r n i s n o i r
m a t . Il e s t v r a i s e m b l a b l e q u e le f r a g m e n t a p p a r t i e n t à u n
v a s e d o n t l ' e m p l o i e s t i n d i q u é p a r la
forme.
D a n s le c a n a l r o m a i n de la c o u r d e
A n . Curti nous n ' a v o n s trouvé que de petits
f r a g m e n t s c a n n e l é s , c o u l e u r ocre j a u n e
Fig. 98. Fig. 99.
b r û l é + b l a n c h e . Ils a p p a r t i e n n e n t à u n
vase de grandes dimensions.
Nous n'avons pas l'inten­
t i o n d e faire des c o n c l u s i o n s
d e ces p e t i t s f r a g m e n t s de
céramique grecque trouvés
a u x fouilles de l ' é t é 1924.
Fig. 101.
P o u r la p l u p a r t des frag­
m e n t s n o u s n ' a v o n s p a s d ' i n d i c e s c e r t a i n s d e la r e c o n ­
Fig. 100.
s t r u c t i o n s des f o r m e s d e v a s e s . Car, à t o u t e s les fouilles n o u s
n ' a v o n s t r o u v é q u ' u n seul p e t i t v a s e i n t a c t , d e v e r n i s n o i r m a t , u n c e n d r i e r , et t r o i s
Xvyyoi, m a u v a i s e m a r c h a n d i s e ( F i g . 99 et 100). U n u n i q u e f r a g m e n t de v a s e de v e r n i s
n o i r l u i s a n t , p o r t a n t a u fond i n t é r i e u r u n cercle d ' i n c i s i o n s , n o u s m o n t r e u n p e t i t
r e s t e d ' a n s e p e r p e n d i c u l a i r e , q u i d é p a s s e p r o b a b l e m e n t le r e b o r d d u v a s e e t t r a h i t
ainsi sa f o r m e .
c) A u t r e s o b j e t s . Mêlé à d e u x f r a g m e n t s d ' u n e a m p h o r e s i m p l e n o n c o l o r é e , q u i
o n t à l e u r s m a r g e s c h a c u n u n e m o i t i é d e t r o u r o n d , n o u s a v o n s t r o u v é u n o b j e t en
p l o m b , 8 c m d e l o n g , 2.5 c m d e l a r g e ( F i g . 101). Il e s t c o m p o s é d e d e u x b a r r e s p a r a l l è l e s
d o n t l ' u n e e s t p l u s p l a t e , l ' a u t r e c o n v e x e e t u n p e u c o u r b é e . E l l e s s o n t reliées p a r
d e u x t r a v e r s e s d e 1.5 c m d e l o n g . L ' e m p l o i d e ce c r a m p o n n e n o u s é t a i t p a s assez
clair, q u o i q u e les d e u x f r a g m e n t s d e v a s e q u i se r a c c o r d a i e n t p a r f a i t e m e n t l ' u n à
l ' a u t r e , i n d i q u a s s e n t é v i d e m m e n t p a r le t r o u q u ' i l s é t a i e n t r é u n i s p a r ce c r a m p o n
d e p l o m b . Mais n o u s a v o n s e u l ' o c c a s i o n d e d é c o u v r i r à u n e d i s t a n c e d e q u e l q u e s
c e n t a i n e s d e m è t r e s v e r s l ' o u e s t , s u r la p r o p r i é t é d e N . C h i r i a c h i , u n p i t h o s cassé d e
120 c m d e d i a m è t r e à la h a u t e u r c o n s e r v é e d e 80 c m , e t d e 3 c m d ' é p a i s s e u r . A l'in­
t é r i e u r d e ce p i t h o s n o u s a v o n s t r o u v é d e u x c r a m p o n s l i b r e s , d e d i m e n s i o n s p l u s
g r a n d e s (11 c m de l o n g e t 4 c m d e l a r g e ) , et d a n s la p a r o i d u v a s e s i x a u t r e s

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CALLATI S

crampons fixés. Leur emploi est devenu clair: les crampons servaient à consolider les
parois grandes et lourdes des vases, qui se seraient cassés facilement à cause de leur
masse pesante.
Dans la partie inférieure d'une amphore découverte à une profondeur de 2.5 cm
dans la cour de C. Dan, se trouvait une masse verdâtre qui nous semblait huileuse.
Ne pouvant faire l'analysese sur les lieux, nous nous sommes adressé à notre collègue,
M. F . Netolitzki de Cernăuţi. M. Netolitzki a bienvoulu nous donner l'information
demandée au sujet de la masse trouvée dans le fragment d'amphore et de quel­
ques restes d'os mélangés avec de la terre, trouvés dans un autre fragment. Nous
reproduisons la constation de M. Netolitzki écrite en allemand:
1. Amphoraftiss:
lin Inneren befindet sich grunlich-graue erdige Masse, welche in unregelmăssig-
kantige Stiicke durch Austrocknen zerfăllt. An einem der Stiicke ist ein rinnenfôr-
mig vertiefter Abdruck vorhanden, der keiner Erhabenheit an dem Gefassstiicke
entspricht. Mit Wasser befeuchtet zerfăllt die Masse sofort in ein griinlich-graues
Pulver, das unter dem Mikroskope nur aus sehr kleinen kantigen Gesteinssplitterchen
besteht, die auch jetzt einen schwach grùnlichen Farbton besitzen. Mineralsauren
losen nicht ; nur ein leichter schwach-rôtlicher Anflug auf den Bruchstellen der er-
digen Massen lôst sich in Salzsăure unter Entwicklung von Kohlensâureblàschen.
Organisierte Bestandteile, etwa Kieselskelette von Getreidepflanzen etc. fehlen.
2. Erde mit Knochenstiicken.
Durch Abziehen werden getrennt:
a) Knochen von mindestens zwei Tierarten, die ich mit Sicherheit nicht unter-
scheiden kann. Es findet sich ein Kieferstuck, dessen Form und Bezahnung auf eine
Eidechse weist. Andere Knochen gehôren aber bestimmt nicht zu diesem Tiere.
b) Zwei Stiicke Metalldraht mit rauher, grubig-warziger Oberflăche, welche ganz
in Patina verwandelt ist (kohlensaures Kupfer). Die angefeilte Flăche zeigt einen
Kupferkern umgeben von einem anderen Metall (Silber?).
c) Die Erde enthalt keine Pflanzenreste.

THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU
Professeur à VUniversité de Cernăuţi

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LES FOUILLES DE TINOSUL
I. LA STATION AVANT LES FOUILLES

Monsieur le Professeur V. Pârvan, Directeur du Musée National d'Antiquités,


à la suite des recherches qu'il a entreprises sur l'époque préromaine de la Dacie, nous
a chargé d'étudier la station gète de Tinosul (département de Prahova).
Grâce aux moyens accordés et au concours bienveillant des autorités commu­
nales et départementales, nous avons pu poursuivre nos fouilles avec un nombre suf­
fisant de terrassiers durant un mois entier, du 20 août au 20 septembre 1924.
Comme il s'agit d'une station de proportions restreintes, entourée de toutes parts
par les vastes forêts qui s'étendent du Danube aux Carpathes, les résultats obtenus
dépassent les prévisions les plus optimistes. Ils ne font d'ailleurs que compléter et
confirmer ce que les fouilles exécutées l'année précédente à Piscul-Crâsanix) et à
Piscul-Coconi2) nous avaient appris sur l'histoire et l'ethnographie des Gètes.
C'est le dilettante César Bolliac, archéologue passionné, ancien président du «Co­
mité archéologique» 3 ), qui, le premier, en 1869, parle de Tinosul. Il a publié dans son
journal Trompeta Carpaţilor 4) les résultats de la recherche sommaire faite sur place et
tousles archéologues, qui depuis mentionnent Tinosul 5 ), le citent. Il y est question de
plusieurs fragments de poterie ornementée rouge, grise et noirâtre, faite d'une argile
de bonne qualité, soigneusement pétrie et bien cuite. On y parle également de restes
de charbon, d'une petite quantité de millet carbonisé, de pots contenant des substances
carbonisées, d'un fer de lance, d'un petit couteau en fer, etc. Personnellement, nous
n'avons pas vu ces objets 6) ni en nature ni en reproduction.

1
) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, An. Acad. torn. I l l , p p . 415, n. 3 ; 5 3 8 ; Dicfionarul geografic
Rom., sect, ist., ser. I l l , torn. I l l , mem. 1, Bu- al României, Bucurcşti, 1902, vol. V, p. 601, s. v . ;
cureşti, 1924 (avec résumé en français). Alex. Odobcscu, Artele din Romania, tn periodul
2
) Radu Vulpe, Raport asupra săpăturilor arheo- preistoric, Opère complete, I I I , Bucureşti, 1908,
logice delà Piscul-Coconilor, Bulct. Comis. Monum. p . 198; C. Moisil, Privire asupra antichităţilor pre-
Istorice, X V I I , Bucureşti, 1924, fasc. 39 (avec istorice ale României, Bui. Com. Mon. 1st., I I I , Bu-
résumé en français), p . 46 seqq. cureşti, 1910, p. 121 ; I. Andrieşescu, Contribuée la
3
) Aujourd'hui ce «Comité archéologique» n'e­ Dacia înainte de Romani, Iasi, 1912, p . 23, n. 44.
6
xiste plus. ) La collection Bolliac ne peut pas être visitée,
4
) Cctatea Tinosul, Trompeta Carpaţilor, 1869, No. quoiqu'elle se trouve déposée dans de caisses au
739. Nous reproduisons cette citation d'après C. Musée National de Bucarest. À la suite d'un in­
Moisil (v. la note suivante), sans avoir à ce moment terminable procès de succession, elle est mise sous
la possibilité de voir l'article même de Bolliac. séquestre judiciaire. Nous n'avons pas sous la
5
) Gr. Tocilescu, Dacia înainte de Romani, An. main l'article publié dans la Trompeta Carpafilor,
Acad. Rom., Bucureşti, 1880, sect. I I , ser. I I , pour savoir s'il est illustré.

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LES FOUILLES DE TINOSUI.

Aucune information écrite ne nous laisse supposer que depuis Bolliac il y eut de nou­
velles recherches à cette station. Toutefois, les habitants nous apprennent que, peu
de temps avant la guerre de 1916, l'endroit a été visité d'une manière superficielle par
Alexandre Dumitrescu, fonctionnaire de l'Académie Roumaine, auteur de quelques
communications au Bulletin de la Commission des Monuments Historiques, qui aurait
trouvé entre autres l'anse d'une amphore portant un timbre l ). Nous doutons qu'il
ait publié les résultats de ses recherches.
Au mois d'avril 1922, nous avons fait de notre propre initiative une première ex­
cursion à Tinosul avec deux de nos collègues. Les quelques heures que nous y avons
passées nous ont permis de faire en hâte un relevé du plan et de trouver une certaine
quantité de débris de poteries grecques et de poteries primitives indigènes, ainsi qu'un
grand fragment de moulin à bras (v. pag. 210). Plus tard, au mois de juillet 1922
nous y avons accompagné notre maître, M. V. Pârvan. Cette fois-ci nous avons relevé
un plan plus complet de la station et nous avons emporté une plus grande quantité
de débris, preuve évidente d'une station préromaine, tout au plus protoromaine 2 ).
Les fouilles fructueuses entreprises par M. I. Andrieşescu en 1923 à Piscul-Crăsani,
station contemporaine de celle qui nous occupe, ont hâté la décision de M. Pârvan
de faire faire des fouilles également de ce côté-ci, sur les bords de la Prahova. Et c'est
à nous qu'il a pensé pour diriger les travaux.
A cela se réduit l'historique des recherches faites jusqu'à présent à Tinosul. On
trouvera plus bas l'exposé détaillé de nos fouilles et les résultats obtenus.

I I . SITUATION DE LA STATION
La station de Tinosul se trouve sur la rive gauche de la Prahova, à 45 km de Bu­
carest et à 15 km de Ploeşti, plus précisément, à 1500 m ouest de la gare Prahova
du chemin de fer qui réunit ces deux villes, et à 500 m est du hameau Pisculeşti (la
commune de Tinosul). Le village de Tinosul 3) lui fait face de l'autre côté de l'eau.
La station consiste en un promontoire élevé de 21 m au-dessus des eaux de la
Prahova qui le minent, et de 141 m au-dessus du niveau de la mer (fig. 1). Point
trigonométrique de premier ordre de l'Institut géographique de l'Armée, c'est l'endroit
le plus haut de la région. Le promontoire fait partie d'un plateau isolé qui s'étend
entre la vallée de la Prahova et la vallée de Viişoara, petit ruisseau. Il est séparé de
ce plateau par une tranchée à rempart, ouvrage exécuté par les anciens habitants de
la station.
Sous la couche de terre végétale et sous la couche contenant les vestiges de vie
humaine, commence une couche profonde de terre brune qui repose sur le gravier et
le sable du lit de la rivière. Celui-ci a une largeur moyenne de 500 m ; à travers les
1
) Alex. Dumitrescu, tout en n ' a y a n t pas la rile Dunării, p. 139, 2 0 3 ; Getica, p. 133, 137,
prétention d'être un archéologue compétent, a 174 — 178, 219, sqq.
3
visité un grand nombre de stations antiques de ) La station se trouve sur la limite des com­
la plaine valaque, mais à part quelques informa­ munes de Tinosul et de Puchenii-Crainici et fait
tions publiées dans les journaux habituels, il n'a partie au point de vue administratif de cette der­
fait paraître aucun travail à leur sujet. Tout au nière. Nous l'appellerons toutefois Tinosul, vu que
moins sur Tinosul il n ' a rien publié. la commune du même nom est plus proche.
2
) V. P â r v a n , Inceputurile vielii romane la gu-

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

cailloux l'eau coule en petits filets qui tantôt se séparent tantôt se n'unissent. L'eau
ne dépasse 1 m de profondeur qu'à la suite de la fonte des neiges ou des pluies abon­
dantes. Presque partout on peut passer la rivière à gué soit à pied, soit en voiture.
La région où est située la station est boisée. Ce sont les dernières ramifications
vers le nord, des vastes forêts massives de Vlăsia, qui s'étendent entre le Danube et
la région des collines comprenant les départements de Vlaşca, Teleorman, Ilfov et Pra-
hova. Un peu plus au nord se trouve la limite de la région des forêts de plaine et de

rmwm
i
*"*'* ^Pfe^cHftkâSH

Fig. 1. Vue de la Station de Tinosul.

la région des colhnes sous-carpathines. Les tumuli antiques, tellement répandus dans
les régions de plaine non boisée, font complètement défaut de ce côté-ci, bien que
nous nous trouvons en présence d'une époque où on avait l'habitude d'élever des tu­
muli funéraires a ). Cela s'explique par le fait, que dans l'antiquité la forêt devait
être encore plus épaisse que de nos jours 2 ). Il nous faut aller à 12 km au nord de

*) Pour les tumuli de l'époque romaine en Do- les forêts. C'est une remarque que nous avons
brogea et dans la plaine moldo-valaque, cf. V. fait dans nos fréquentes excursions archéologiques
Pârvan, Descoperiri noua în Scythia Minor, Bu- dans la plaine roumaine et q u ' u n examen mi­
cureşti, 1913, An. Acad. Rom., sect, ist., s. I I , v. nutieux des cartes topographiques militaires sur
X X X V , p . 52 sqq., avec un résumé en français; l'échelle 1:50.000 pourrait la confirmer. La raison
id., Castrul delà Poiana fi drumul roman prin en est que les tumuli étaient des monuments fu­
Moldova de Jos, ibid., ser. I I , vol. X X X V I , Bu- néraires et que par conséquent on les mettait
cureşti, 1913, p. 20, avec un résumé en français; dans les endroits les plus visibles, souvent le long
id., Archaologischer Anzeiger: Rumănien, Jahr- des voies naturelles de communication (Joseph
buch des kaiserl.-deutsch. arch. Inst., Berlin, 1915, Déchelette, Manuel d'archéologie cdliquc, I I 2*
4, p. 255: Histria. Paris, 1913, p. 631) et près des lieux habités. On
2 n'observe presque jamais des tumuli sur les thal­
) Ordinairement les tumuli sont situés en pleine
campagne et tout à fait exceptionnellement dans wegs des vallées ou aux fonds des forêts.

168

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Tinosul p o u r r e n c o n t r e r , près de P l o e ş t i , à Mimiul (cote 153) ^ u n p r e m i e r tumulus,


d a n s u n e région éloignée de la forêt et où ces tumuli n e sont p a s r a r e s 2 ) . A l'ouest, à
Test et a u s u d , où la forêt est p l u s épaisse nous n ' a p e r c e v o n s sur la c a r t e a u c u n tu­
mulus, e x c e p t é celui de G o r g o t a , isolé sur la P r a h o v a à 6 k m en a v a l de Tinosul.
T o u t e s ces c o n s t a t a ­
tions s ' e x p l i q u e n t p a r
le c a r a c t è r e é m i n e m ­
m e n t forestier de la
région.
La station de Tino­
sul, d a n s l ' é t a t a c t u e l ,
p a r a î t avoir u n e sur­
face approximative
d'un quart d'hectare
limitée de trois côtés
p a r l ' e s c a r p e m e n t de
la P r a h o v a et du q u a ­
t r i è m e côté p a r la
tranchée à rempart.
Au-delà du fossé le
t e r r a i n suit u n e pen­
t e douce v e r s l'escar­
p e m e n t . L ' e n d r o i t le
plus élevé, le p o i n t tri-
g o n o m é t r i q u e du Ser­
vice g é o g r a p h i q u e de
l ' A r m é e , se t r o u v e à
l'angle n o r d du rem­
part.
L e t e r r a i n de la sta­
tion est c u l t i v a b l e . On
ne v o i t des t r a c e s d'an­
ciennes fouilles q u e
sur le r e m p a r t : quel­
ques t r a n c h é e s et quel­
ques e x c a v a t i o n s à
Fig. 2. Les environs de Tinosul.
l'endroit d u p o i n t t r i -
g o n o m é t r i q u e ; u n e e x c a v a t i o n sur le faîte de r e m p a r t , au milieu et d e u x e x c a v a t i o n s
p l u s b a s , vers l'angle est, faites p a r les chercheurs de sources de pétrole.

*) Voir la carte de l'État Majeur de l'Armée 1:100.000 ne comprend pas tous les détails comme
Roumaine, échelle 1:100.000, edition 1913. celles de 1:50.000 ou 1:20.000 (dont nous n'avons
2
) Dans la carte militaire citée on remarque un aucune sous la main), de sorte que sur le terrain
groupe de 22 tumuli, à 4 km ouest de la ville de les tumuli de Strejnicul pourraient être dans un
Plocsti, près du village de Strejnicul, sur une éten- plus grand nombre,
due de 2 km 2 environ. A savoir que la carte de

169

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Du côté de l'escarpement, au niveau de la couche contenant les vestiges de vie


humaine on pouvait voir le profil de plusieures excavations antiques comblées, qui,
toutes, ont été fouillées par nous.

a m

Tout d'abord l'endroit s'imposait à ses premiers habitants comme lieu fortifié,
par sa position élevée, défendue par les eaux de la Prahova, par les vastes forêts qui
l'entourent et par le grand escarpement peu accessible. Cette défense naturelle ne
demandait, pour être complète, que la fortification vers le nord-est. "W

170

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

III. LA D E S C R I P T I O N D E S FOUILLES
Sur t o u t e l ' é t e n d u e de la s t a t i o n , l'attention~2rû v o y a g e u r n ' e s t spécialement a t ­
tirée q u e p a r la présence d u r e m p a r t nord-ouest. H a u t de 1,50 m vers l'intérieur et
de 5 m v e r s l'extérieur, il laisse voir p a r endroits des m o t t e s d'argile calcinée p a r le
feu. N o u s a v o n s c o m m e n c é nos fouilles à p a r t i r de cet é l é m e n t visible, p l u s préci­
s é m e n t à p a r t i r de l'angle n o r d , où se t r o u v e le p o i n t h a u t . Les t r a v a u x exécutés a n t é ­
r i e u r e m e n t en cet endroit p a r le service géographique militaire n e n o u s o n t p a s e m p ê c h é
d ' y puiser les meilleurs r é s u l t a t s en ce q u i concerne la fortification et les vestiges d'ha­
bitation.
Le t e m p s et les m o y e n s n e n o u s p e r m e t t a i e n t p a s d ' e n t r e p r e n d r e la fouille t o t a l e
de la s t a t i o n . P o u r en avoir u n e connaissance générale, nous avons dû nous résoudre
à faire plusieures groupes de fouilles d a n s les différents p o i n t s p r i n c i p a u x . Nous a v o n s
c o m p l é t é nos recherches p a r quelques p e t i t s sondages a u x environs de la s t a t i o n .
À la fin des t r a v a u x t o u t e s les t r a n c h é e s et t o u t e s les a u t r e s fouilles ont été com­
blées.
Au t o t a l on a fouillé 731 m 2 , r é p a r t i s de la m a n i è r e s u i v a n t e : 214 m 2 au groupe
n o r d ; 162 m 2 au g r o u p e e s t ; 90 m 2 a u x groupes de sud et de sud-ouest, 100 m 2
a u c e n t r e et 165 m 2 à la g r a n d e t r a n c h é e L .
P o u r faciliter l'exposé d e nos recherches n o u s suivrons cet o r d r e : 1. L'explo­
r a t i o n d u r e m p a r t (v. fig. 3 , B, C, D , E, J , K, M ) ; 2. Les t r a v a u x A-N; 3. La
fouille F; 4 . L a fouille J du groupe E s t ; 5. La g r a n d e t r a n c h é e L; 6. L a t r a n c h é e G;
7. L a t r a n c h é e H; 8. Les sondages d a n s les environs de la s t a t i o n . Le premier p a r a ­
g r a p h e concerne la fortification ; le second, le troisième, le q u a t r i è m e concernent les h a b i ­
t a t i o n s ; le c i n q u i è m e , le sixième et le septième c o n c e r n e n t les t o m b e s .

1. T R A V A U X D ' E X P L O R A T I O N D U REMPART
N o u s a v o n s d a n s la t r a n c h é e C-M la plus complète coupe t r a n s v e r s a l e du r e m p a r t .
P o u r contrôler les r é s u l t a t s de c e t t e t r a n c h é e n o u s avons établi d ' a u t r e s fouilles en ri­
goles e t des fouilles de g r a n d p é r i m è t r e .
Tranchée C-M. Dimensions : C = 15 m X 1 m , M = 12 m X 1 m , t o t a l = 27
m X 1 m . D e p r o f o n d e u r v a r i a b l e , parcequ'elle coupe le r e m b l a i et le fossé; ainsi le
m a x i m u m est de 4,40 m à l'endroit d u s o m m e t et le m i - LÉGENDE
nimum <l<- L,75 m - m aux e x t r é m i t é s . WWfy^W lïsy&inn^i °"^" 50 "" s£T
L a coupe r e p r o d u i t e à la fig. 5 r e p r é s e n t e la p a r o i ' ^ ^ ^ ^ f f i ?FBBE"MOTPÎ!I,
E s t de la t r a n c h é e . Les couches du r e m b l a i et de 1' i n t é - Sf?5^cSû(i CMABSCII
'/.'■-' V . ' '•:}.''^j TCOHE CALClMte
rieur <l<- l enceinte sont bien distinctes à l'endroit de rnSÈÊESk CEMDRC
f m f 55£ŞŞ3©ţ|p8 G3AV1J1H
l ' a n t i q u e p u i t s figure en z, rempli de t e r r e calcinée jj|J ||f| TERDE. GLAISE
j u s q u ' à la vitrification. A p a r t i r du fond du p u i t s n o u s ^ ^ ^ ^ ^ TERPC VCDDÂTRC
t r o u v o n s une légère couche de 0,01 m de résidus de J | | l | i | IËT^RE: VIE.HOL
c h a r b o n , 6, q u i forme l ' a x e quasi horizontale de la stra- ţ^jjgj^j^^ TLRQE. NON FOUILLEZ
Fi
tification. Sous c e t t e couche, il y a u n e d e u x i è m e de 8- 4-
t e r r e v e r d â t r e , a, q u i a u milieu devient plus profonde, a t t e i g n a n t l'épaisseur de 2 m
en é p o u s a n t la forme d ' u n e fosse. Les fragments céramiques c o n t e n u s sont t o u s d'origine
p r i m i t i v e , travaillés à la m a i n , noirs ou rouges, b r i l l a n t s . Cette couche a c o n t i n u e v e r s
171

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

l'intérieur de l'enceinte par une couche de transition de 0,20 ni située à la surface de


la terre vierge.
Au-dessus et partant toujours de la cou­
che de charbon, il y a une couche de terre
glaise c, mélangée de gravier, laquelle con­
stitue le remblai primitif qui va en s'épais-
sissant vers le milieu jusqu'à la cote 1,80 m,
à différence de la fosse mentionnée a, avec
de la terre verdâtre. Cette couche va en s'a-
mincissant vers les extrémités jusqu'à se
perdre.
Ensuite nous voyons la couche de débris,
de terre calcinée, de charbons, d, couche
épaisse de 0,60-0,85 m, compacte sur le ver­
sant intérieur du rempart (côté enceinte) et
plutôt rare et mélangée de terre sur le côté
opposé. Sur le sommet du remblai, pareil à
un coin, nous retrouvons s'enfonçant de 0,70
m dans la couche de terre glaise et de gra­
vier, les traces de charbon et de terre cal­
cinée d'un pieux gros de 0,14 m (fig. 5, t).
Au-dessus de la couche de débris, de
terre calcinée et de charbon, d, sur le versant
intérieur, commence la couche de terre noire
et de débris Latène *), laquelle se continue
dans toute l'enceinte; quant au sommet, et
sur le versant opposé on retrouve directement
la couche végétale de 0,06 m — 0,10 m.
A la moitié de la pente extérieure du
rempart (m) se trouve la limite entre les stra­
tifications du remblai et du fossé. Au point
le plus bas du fossé la terre vierge se retrouve
à la profondeur de 2,50 m. Au-dessus de cette
terre vierge il y a une grosse couche d'environ
1,50 m de terre noirâtre e, mélange de terre,
de débris, de terre calcinée, d'ossements de
mammifères et fragments céramiques Latène
et grecs. Cette couche s'étend sur une largeur
de 7 m. Au-dessus il y a une couche de terre

*) JNous adoptons la forme Latine, pour éviter


la confusion entre Vépoque de La Tène, et la sta-
tion celtique de La Tène, suivant l'exemple de
nombreux spécialistes et en premier lieu suivant
la proposition faite par M. Salomon Reinach dans
la Revue archéologique, XVI, 1910, p. 192.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

glaise g, épaisse de 0,61 m, large d'environ 14 m et se terminant sur le bord nord-est


du fossé, contenant de la terre calcinée et du charbon. La recouvre la couche végétale
épaisse de 0,10 — 0,20 m.
On remarque (voir la coupe, fig. 5) que les couches du remblai, vers l'intérieur
de l'enceinte, sont recouvertes par la couche générale Latène III (voir aussi la fig. 6
représentant une partie de la paroi ouest de la tranchée C, versant intérieur), tandis
que du côté extérieur elles sont brusquement coupées par les couches du fossé. On ar­
rive aux mêmes constatations en considérant les autres fouilles faites pour explorer
le remblai.
COUPE C l
Fouille E. On a poussé cette fouille sur le versant
intérieur, en allant jusqu'à la couche de débris et de
charbon d (fig. 6) sur une étendue de 10 m X 7 m avec
le but d'élibérer une portion du rempart de la couche
superposée Latène I I I , / (fig. 6). De cette portion, une
bande large de 2 m, e (fig. 3), a été encore approfondie
jusqu'à la couche de terre glaise et gravier, c (fig. 6).
Par cette nouvelle fouille, on a mis à découvert de
Fig. 6.
grands morceaux de remplissage en paillante brûlés, de
grands madriers carbonisés en désordre, des scories, des tessons, tous contenus par la
couche d (fig. 6). Les tessons sont tous primitifs, certains noirs brillants ou rougeâ-
tres, d'autres poreux, aucun travaillé au tour, rien du Latène.
Tranchée B. Longueur 13 m, largeur 1 m, profondeur 1,70 m aux extrémités
et 2,40 m au milieu. Nous donnons (fig. 7) la paroi Est de cette section. Quoique sem­
blable pour l'ensemble à la section C, elle présente les couches bouleversées par les tra­
vaux faits antérieurement à cet endroit. Notre fouille que nous n'avons pas poussé
jusqu'à la terre vierge, ne nous renseigne que sur les couches supérieures.
Nous trouvons la mê­
COUPCD me couche de terre verdâ-
tre a, contenant des rési­
dus de charbon que nous
avons rencontré dans la
section C, toutefois sur
Fig. 7. une moindre épaisseur.
Dans la couche inter­
médiaire de terre glaise c, nous avons trouvé à 1,60 m. de profondeur un objet en
silex et à 1,10 m de profondeur un petit tas de cendres et de pierres calcinées (v. fig. 7, w).
La couche de débris et de terre calcinée d a une épaisseur d'environ 0,60 m. Au-
dessus, la couche végétale contient des fragments céramiques Latène, qui répandus
dans toute la couche supérieure de la station ne se trouvent pas dans les couches consti­
tuant le rempart proprement-dit.
On peut constater que la stratification de la tranchée B, quoique bouleversée et
imprécise, confirme les rémarques suggérées par la section C.
Tranchée D. Longueur 5 m, largeur 1 m, profondeur jusqu'à 1,70 m, tranchée
parallèle au rempart près de la crête, sur la pente intérieure. La petite fouille d, pro­
fonde 2 m, fait arriver cette tranchée presqu'à la crête du rempart. Nous donnons

173

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RADII VULPE ET ECATERINA VULPE

sur le même croquis la section D et la section d (fig. 8 ; v. aussi la fig. 9). On trouve,
de même que dans les sections B et C, la couche de terre glaise. Elle contient des ossements
d'animaux, du charbon, un tesson avec proéminence et des tessons rudimcntaires noires ou
rougeâtres polies. En d on a trouvé également des restes de terre glaise calcinée par le feu
et qui du temps où le rempart n'était pas encore détruit, constituait probablement une
COUPE
petite habitation (fig. 3, l).
Nous retrouvons successivement la couche de
débris et de terre calcinée, coupée par endroits par
les fouilles récentes (fig. 8, sect. D, en s), la couche
La Tène de la station et enfin la couche végétale.
Fi 8 Sur la paroi SO de la tranchée Dd, entre la couche
de débris calcinés du rempart et la couche générale
La Tène, se trouve sur une certaine étendue, une couche de grosses pierres de rivière

Fig. 9. Vue des fouilles D, d et d'.

(fig. 3, p). Nous avons déblayé cette couche, qui se trouve à une profondeur de
0,50 — 0,70 m, sur une étendue d\ de 5 m X 5,50 m. Au-dessus de ces pierres et
peut-être en rapport avec elles, nous avons trouvé une grande quantité de céra­
mique La Tène, de nombreux fragments d'amphores grecques, quelques fragments de
miroirs en métal blanc, un petit couteau en fer, un petit vase en miniature, une perle
en terre cuite, plusieures «fusaïoles» x) en terre cuite, deux petites idoles rudimentaires,
un vase La Tène contenant des pierres, des ossements d'animaux, surtout de cheval,
du charbon, etc. Probablement, nous nous trouvons en présence d'une tombe profanée,
ce qui nous empêche d'y trouver tous ces éléments en bon ordre. Il est certain que ces
l
) Nous appelions ces objets avec le terme plus toujours employés au filage; cf. plus-bas, pag.
commun de «fusaïoles», quoiqu'ils ne soient pas 208.

174

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LES FOUILLES DE TINOSUL

objets n'ont pas des rapports avec les couches du rempart. Le pavé en pierre en re­
lation avec une tombe n'est pas inconnu en Dacie; nous le rencontrons à la nécropole
La Tone d'Apahida l).
Tranchée J. Longueur 21 m, largeur 2 m, profondeur variant entre 1,60 m à l'ex­

trémité intérieure et 3 m sur la crête du rempart. La coupe de la paroi Nord, figurée par
le croquis (fig. 10) présente la même stratification que celle trouvée à 36 m de ce point,
dans la tranchée C. Le profil inférieur de la couche de terre verdâtre contenant des
restes de terre calcinée, des ossements, du charbon, et des tessons exclusivement pré­
historiques, présente à l'endroit de la crête du rempart une bosse de 0,35 m X 0,50
m (fig. 10, v) et descend vers la pente extérieure du rempart jusqu'à 3,50 m de pro­
fondeur (a).
Au-dessus se trouve la couche de terre glaise c, contenant du gravier, des débris
calcinés, des ossements et du charbon.
La couche d de débris, de terre calcinée et de charbon a une épaisseur de 0,60 m —
1 m. De même que dans la coupe C cette couche est très compacte sur la pente intérieure
sous la couche générale La Tène de la station, f (fig. 10) et presqu'inexistente sur la pente
extérieure, perdue dans la couche végétale.
Tranchée K. Longueur 20,50 m ; largeur 1 m ; profondeur 1,50 m aux extrémités,
2,60 m au milieu. La fouille n'a pas été poussée jusqu'à la terre vierge, de sorte que
nous ne connaissons pas, à cet endroit, la profondeur de la couche de terre verdâtre
a, contenant des débris calcinés et du charbon. On a trouvé dans cette couche une
importante quantité de céramique préhistorique façonnée à la main et totalement dif­
férente par la technique, par les ornements et par les formes, de celle de la couche La Tène
de la station (v. plus bas, pag. 190 seqq.). Aucun objet en silex ou en métal n'a pas
été trouvé parmi ces tessons qui constituent comme nous le verrons plus loin un élément
plus précis pour compléter les remarques suggérées par la coupe C. Le reste de la stra­
tification est identique à la coupe C.
On observe de même que dans les tranchées J et B (v. fig. 11), que la couche
générale La Tène de la station, / , descend davantage vers l'extrémité de la pente inté­
rieure du rempart. On peut considérer qu'il s'agit d'une excavation faite dans la terre
vierge, soit pour l'écoulement des eaux pluviales du rempart, ou plutôt pour compléter
avec la terre enlevée le profil du rempart (v. plus précisément dans la fig. 10, g).

l
) Kovâcs I s t v â n , La station préhistorique et le section archéologique du musée national de Tran-
cimetière celtique de Vépoque La Tène d'Apahida sylvanie à Kolozsvâr (Cluj), I I , 1911, p. 62.
(hongrois et français), Dolgozatok-Travaux de la

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Conclusions au sujet de la fortification. Le fossé à rempart, légèrement incurvé,


qui défendait la station vers NE, s'étend aujourd'hui sur 82 m de longueur. On ne re­
marque nulle part les vestiges de la porte d'entrée. On pourrait déduire qu'elle se
trouvait à l'une des extrémités, tout près de l'escarpement '). Les eaux de la Prahova
l'auront détruit en même temps qu'une grande partie de l'étendue de la station.
La manière dont le rempart a été construit peut être déduite de l'examen des sections
décrites plus haut. La couche la plus ancienne, de terre verdâtre, a, nous prouve par
ses vestiges de cendre, de terre calcinée, d'ossements et de tessons, que le terrain
était habité avant l'exécution du fossé de défense et du rempart. De même la légère

COUDC K

couche de charbon b, déposée par endroits sur la couche de terre verdâtre (v. sect. C,
fig. 5), témoigne la présence des foyers établis avant toute intention d'organiser une
défense. Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on a exécuté le grand fossé et qu'on a construit
le rempart avec la terre du déblai, auquel on a ajouté du gravier extrait du lit
des eaux de la Prahova 2 ). L'examen de la section M (fig. 5) nous montre que les cou­
ches du rempart sont d'une époque moins récente que celles du fossé, déposées et amas­
sées à cet endroit au cours des siècles par les agents physiques. En tout cas on ne peut
pas mettre en doute que l'exécution du fossé est en liaison directe avec celle du rempart.
Celui-ci a été établi à l'aide d'une armature formée par une rangée de gros poteaux pro­
fondément plantés dans la couche de terre verdâtre, dans des trous dont on peut re­
marquer le profil en v, coupe J e t enph, coupe C (fig. 5 et 10). Ces poteaux, dans leur partie
supérieure qui dépassait de beaucoup le rempart, ont été reliés entre eux par des tra­
verses et du clayonnage, constituant de la sorte l'armature sur laquelle on est venu coller
et presser soigneusement de l'argile mélangée avec de la paille. Le parapet ainsi construit,
relativement assez solide, achève le système de fortification de la station de Tinosul.
Les poteaux étaient en chêne et en frêne, essences très répandues dans les forêts voisines.
Ils devaient avoir 0,20 m de diamètre au minimum, comme on peut le voir dans la section
C (fig. 5, t), où se sont conservées les traces d'un poteau carbonisé sur une hauteur de
0,70m. Les traverses carbonisées, trouvées en e (fig. 3), avaient 0,10 m d'épaisseur; les

*) Ordinairement, à une fortification à fossé et p. 233. A Tinosul nous ne trouvons aucun indice
à rempart, la porte et signalée par une interrup­ pareil ; le fossé s'étend ininterrompu d'une ex­
tion du fossé. A Mayen, dans l'Allemagne occi­ trémité à l'autre, ce qui nous suggère l'opinion
dentale, les dix-sept portes de l'enceinte, décou­ exprimée plus haut.
2
vertes par les fouilles du rempart, correspondent ) La proportion du mélange d'argile et de
à u n nombre égal d'interruptions du fossé aux gravier n'est pas la même sur toute la longueur
mêmes endroits ; H a n s Lehner, Der Festungsbau du rempart. Très abondant dans la tranchée C,
der jiingeren Steinzeit, Prahistorische Zeitschrift, le gravier ne se rencontre plus dans les tranchées
I I , Berlin, 1910, I Heft, p . 1 8 ; M. Ebert, Real- B et K.
lexikon der Vorgeschichte, Berlin, 1925, Festung,

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LES FOUILLES DE TINOSUL

branchages du clayonnage, dont les mottes de terre calcinée par le feu en ont gardé le
moule, avaient 0,02 — 0,05 m d'épaisseur. La distance entre le poteau carbonisé t, coupe
C (fig. .r>) et le point n, où on a trouvé plusieures traverses carbonisées, est de 2 m environ
et doit représenter l'épaisseur du parapet antique. Le rapport qu'on peut établir entre
cette largeur et la couche de débris calcinés, épaisse de 0,50 m env. (d, fig. 5) représen­
tai! I les restes du parapet incendié, nous permet de déduire que celui-ci avait tout au
moins 3 m de hauteur. En réalité il devait dépasser 4 m.
Ce sont des ennemis victorieux qui ont dû mettre le feu à la station. L'incendie n'a
pas épargné le parapet. La quantité de bois que celui-ci renfermait était suffisante pour
calciner la masse de terre mélangée avec de la paille, qui le constituait. Le tout s'est
écroulé formant la couche de débris calcinés et de charbon, dernier vestige de la fortifi­
cation d'autrefois.
C'est la «Komerschanze» de Potsdam *), entre autres fortifications du même genre,
qui nous aide à bien comprendre la fortification de Tinosul. Nous y trouvons dans le
profil général, à l'extrémité de la pente intérieure du rempart, la même dépression que
celle notée plus haut dans les différentes coupes et surtout en J (fig. 10, g). Plus évidente
à Postdam, où elle est accusée par les fondations des habitations, elle n'est à Tinosul
qu'une légère excavation, produite par l'enlèvement des terres employées à la construc­
tion du rempart. A Potsdam les poteaux du parapet traversent toutes les couches du
rempart, pénétrant jusque dans la terre vierge, ce qui prouve que le parapet a été con­
struit, de même qu'à Tinosul, sur une armature en bois préalablement établie. Le terrain
sabloneux de Potsdam a conservé mieux, détachées en brun, les traces des poteaux de la
palissade, qui pourris à Tinosul sont complètement disparus. À ce sujet une comparaison
avec la fortification de Potsdam est utile à l'étude de la palissade de Tinosul. Les poteaux
de Potsdarn ont une épaisseur d'env. 0,30 m. Sans doute, à Tinosul ils devaient avoir la
même dimension, pour assurer la solidité de la palissade, qui exigeait des fondements tout
aussi profonds ; d'ailleurs les trous faits dans la terre vierge pour fixer les poteaux ont
0,50 — 0,70 m de largeur à Potsdam et 0,50 m à Tinosul (par ex. en v, coupe J , fig. 10).
La forme générale de la fortification de Potsdam est poligonale et suit la conforma­
tion du terrain. À Tinosul cependant, le fragment conservé du rempart épouse seulement la
forme d'un arc de cercle à grand diamètre et défend le promontoire qui constitue la station.
C'est la forme la plus simple d'une fortification préhistorique, répondant à une stratégie
élémentaire et suffisamment pratique, lorsque la position s'y prête. En effet, pour fortifier
un promontoire défendu de par la nature même du terrain par les eaux et les escarpements
abrupts, il suffit de s'occuper seulement d'un seul côté, celui qui fait face au plateau. Il en
résulte la fortification dénommée éperon barré 2 ), qui se retrouve très souvent à l'époque
préhistorique et protohistorique, en Roumanie 3) comme dans le reste de l'Europe 4 ).
x
) C. Schuchhardt, Die Romerschanze bei Pots- pra antichităfilor preistorice aie României, Bulet.
dam, Priihistorische Zeitschrift, I, 1909, p . 209; Com. Mon. Istor., I I I , 1910, p . 118 sqq.) ; Ariuşd,
id., Alteuropa in seiner Kultur- und Stilcntwicklung, Cisnădie, Grădiştea-Orăştie, Jacul R o m a n , Mă-
Bcrlin, 1919, p . 293. ghieruş, Monor, Murăş-Sâncraiu, Peşteana, Porum-
2
) J . Déchelette, Manuel, I, p . 371. bul-Mare, Sovata, Uroiu, etc., (cf. I. Martian,
3
) P a r exemple: Piscul-Crăsani (cf. Andrieşescu, Reperloriu arheologic pentru Ardeal, Bistriţa, 1920,
Piscul-Cràsani, p. 20); Poiana (cf. V. Pârvan, passim).
Castrul delà Poiana, p. 2 sqq.); Sultana, Calom- *) Cf. M. Wosinsky, Das prahistorische Schanz-
fircşti, Nctoţi, etc. (cf. C. Moisil, Privire asu- werk von Lengyel, seine Erbauer und Bewohner,

111

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12 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

Le systhème de fortification comme sa technique, qui sont dans leur simplicité les
mêmes à toutes les époques, ne nous permettent pas de leurs fixer une date. Tout
au plus peut-on espérer que de nouvelles recherches dans la plaine roumaine amène­
ront plus de précision. Ce qui est certain c'est que la couche Latène de la station couvre
complètement le parapet démoli et qu'aucun élément de cette couche ne se retrouve ni
dans les restes du parapet, ni dans les couches inférieures du rempart. Ceci met en
évidence que la démolition de la fortification précède, on ne saurait dire de combien,
l'époque Latène. Dans la couche des débris de la palissade et dans la couche du rem­
part, on n'a trouvé aucun objet en métal ou en silex; le petit rasoir en silex trouvé
en B (pag. 210) est un élément trop isolé pour retenir notre attention. Le peu de frag­
ments céramiques trouvés dans ces couches, quoique antérieurs à l'époque Latène par
la technique, ne présentent aucune forme précise et aucun ornement, qui puisse fixer
leur époque. Dans la couche la plus profonde et antérieure à la construction du rem­
part on a trouvé plusieurs éléments céramiques qui peuvent être considérés, avec une
assez grande certidude, comme datant de l'époque énéolithique (éventuellement de l'âge
de bronze; v. plus bas, pag. 193). Nous arrivons ainsi à trouver deux dates entre les­
quelles nous pouvons fixer la construction, l'existence et la destruction de la fortifi­
cation de ïinosul. L'une post quem c'est l'époque énéolithique, l'autre ante que m c'est
l'époque Latène. Entre ces deux dates le reste de la station ne présente aucune autre
couche significative. Puisqu'il faut exclure l'époque du bronze et la première époque
du fer, c'est toujours avec les tessons éncolithiques trouvés dans ses substructions
et recueillis à l'intérieur de l'enceinte dans les fouilles H et L, que nous devons compter.
11 nous faut conclure que la fortification de Tinosul a été construite par les premiers
habitants de la station, peut-être même peu de temps après leur établissement. lie
peu de restes énéolithiques de la station nous laisse supposer qu'elle a été détruite peu
de temps après la construction du parapet. Celui-ci a été consumé par le feu et
la disposition des couches nous montre qu'on n'a fait aucun essai de reconstruc­
tion et que même plus tard, à l'époque Latène, on ne s'est plus servi de la fortifi­
cation.

2. LES FOUILLES A et N

Tranchée A : 20 m de longueur, 2 m de largeur, 1,30 m de profondeur. Tran­


chée N (fig. 13), 2,50 m de largeur, 0,95 m de profondeur et 8,50 m de longueur, pro­
longée par un élément de 5 m de longueur et de mêmes profondeur et largeur. Ces
deux fouilles ne font que continuer et confirmer les recherches faites en B, C et
E. La stratification est la même dans toute cette région (fig. 13), aussi faut-il
voir dans les sections de la tranchée A (fig. 12, v. aussi la fig. 3) des sections
types.

I I I , Budapest, 1891, p. 221 sq. ; W. R a d i m s k y , ùber die Fortsehritte der rom.-germ. Forschung,
Die vorgeschichtliche und rômischen Altcrtumcr des 1905, p. 26 s q q . ; Déchelctte, Manuel, I, p . 368
Bezirkcs Zupanjac in Bosnien, Wiss. Mitt. a. Bosn. sqq. ; II. Lehner, Der Fcslungsbau der jiingcren
u. d. H e r e , IV, 1896, p. 135 s q q . ; C. Marchesetti, Stcinzvit, Prah. Zeitschr., 1910, 1 ; Ebert, Fc-
/ castellicri preistorici di Trieste e délia regione stung, Reallexikon der Vorgcschichte, v. I I I , p .
Giulia, Trieste, 1903, passim; E d u a r d Anthes, Der 233 sq.
gcgenuàrtige Stand der Ringrvallforschung, Bericht

178

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LES FOUILLES DE TTNOSUL

Au-dessus de la t e r r e vierge se t r o u v e u n e couche de gravier de 0,05 m d'épaisseur.


Ce gravier prolonge la couche de terre glaise c qui c o n s t i t u e le
r e m p a r t (cf. sect. C, fig. 5 et 6) et s'étend sur u n e surface q u i n e
dépasse p a s 4 m de l a r g e u r sur 10 m de longueur (fig. 13). Cer­
t a i n e m e n t il s'agit des restes du d é p ô t de gravier r a p p o r t é du lit
des e a u x de la P r a h o v a , gravier q u e les h a b i t a n t s ont mélangé à
l'argile du r e m p a r t p o u r lui d o n n e r plus de consistance.
Au-dessus se t r o u v e u n e couche de 0,20 m d'épaisseur, d e
-L' l
t e r r e glaise c o n t e n a n t de t r è s rares fragments de c h a r b o n , des
débris de t e r r e calcinée et quelques tessons d ' u n e t e c h n i q u e p r i m i ­
t i v e et d ' u n l u s t r a g e noir ou r o u g e â t r e . P a r m i ces f r a g m e n t s , à
l ' e x t r é m i t é E s t de la t r a n c h é e A on a r e n c o n t r é u n e p e t i t e t a ­
b l e t t e en b r o n z e d ' u n e forme imprécise. Sous c e t t e couche, d a n s
le p o i n t q (fig. 6 et 13) se t r o u v e u n e p e t i t e fosse profonde de 0,25
m , large de 0,38 m et longue de 0,60 m , remplie de cendre
b l a n c h e et d o n t le fond est occupé p a r des tessons d ' u n l u s t r a g e
noir ou r o u g e â t r e et p a r quelques fragments d'argile mélangée
avec de la paille et calcinée p a r le feu.
L a couche q u i suit, épaisse de 0,15 m s ' é t e n d a n t sur u n e
surface d'environ 34 m 2
(fig. 13), est composée de
DCBCI5 CALCINES
c h a r b o n , de gravier cal­
ciné et de débris calcinés
0DAVIEQ -HH H * -
d'argile mélangée avec d e
la paille p o r t a n t encore la
t r a c e du c l a y o n n a g e q u i
les s o u t e n a i e n t , et consti­
t u e les derniers vestiges
Fig. 13.
d ' u n e h a b i t a t i o n incen­
diée. P a r m i les tessons t r o u v é s d a n s c e t t e couche, plusieurs sont
travaillés à la m a i n et o n t d e m ê m e q u e ceux de la couche in­
férieure, u n l u s t r e noir ou r o u g e â t r e . Des tessons caractéristiques
de l ' é p o q u e L a t è n e III n e font p a s défaut n o n p l u s . D a n s le p e t i t
p u i t s n (fig. 13), de 0,70 m de d i a m è t r e et profond de 0,60 m on
a t r o u v é q u e l q u e s tessons d ' u n e t e c h n i q u e p r i m i t i v e et d ' u n lu­
s t r a g e j a u n â t r e et noir, en m ê m e t e m p s q u e des ossements d'ani­
m a u x et des m o r c e a u x d e t e r r e calcinée j u s q u ' à la vitrification.
E n y (fig. 13) on a t r o u v é u n p e t i t v a s e grec (fig. 35), et t o u t près
u n e fusaïolc en t e r r e c u i t e . C e t t e couche s'étend sur u n e surface «•-»-»■♦***•>
limitée d a n s la coupe C p a r le t r o u z et d a n s la coupe A p a r le t r o u x. L e
t r o u z (fig. 5 et 13) r e m p l i p a r des débris calcinés, du c h a r b o n et des m o r c e a u x de
t e r r e vitrifiée p a r le feu, se t r o u v e au-dessus de la couche, à u n e h a u t e u r de 0,35
m et u n e largeur de 0,60 m et p a r a î t se r a p p o r t e r p l u t ô t a u r e m p a r t q u ' à l ' h a b i ­
t a t i o n . Le trou x (fig. 12 et 13), profond de 0,55 m et large d e 0,80 m env., r e m p l i
de c e n d r e s , de débris calcinés et de tessons de facture p r i m i t i v e , p a r m i lesquels u n

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KADU VULPE ET KCATERINA VULPE

fragment d'amphore grecque, traverse la tranchée A sur une longueur de 2,30 m env.
(fig. 13).
Avant d'arriver à la couche de terre végétale on rencontre la couche de terre noire,
/ , contenant de la céramique Latène I I I , des débris d'amphores grecques, des fragments
de terre calcinée, du charbon, des ossements, etc., qui s'étend d'une manière générale
sur toute la surface de la station. Elle a en moyenne 0,70 m d'épaisseur; vers le rempart
la couche s'amincit et disparaît complètement sur la crête. A une profondeur de 0,25 m
sous la terre végétale (fig. 12) on remarque une rangée plus dense de tessons, d'ossements
et de débris, e, d'une épaisseur variable. Au-dessus et au-dessous de cette rangée les tessons
sont plus rares, mais de la même espèce et de la même époque. Dans la coupe C, tout
près du trou z, se trouve le trou o (fig. 5), large de 0,50 m et haut de 0,60 m, rempli de
terre glaise et de débris calcinés, éléments se rapportant à l'époque Latène. En A, au
tour du point a (fig. 13) on a trouvé à une profondeur de 0,30 — 0,50 m de nombreux
fragments de verre coloré, en même temps qu'un fragment de bronze d'une forme et
d'une destination indéterminables (fig. 41,6). Tout près de là, en JV, on a trouvé plusieurs
fragments de verre transparent et de verre coloré, des objets en fer et en bronze, des
perles et des fusaïoles de terre cuite, ainsi qu'un grès façonné en forme de marteau. En E
on a trouvé le beau calice de candélabre eu bronze, dont nous donnons la reproduction
(fig. 45 et 46), ainsi que quelques petits objets en fer, en bronze et en terre cuite. En E
on a rencontré des ossements d'animaux et des coquilles d'escargots qui constituent
sans doute des restes d'aliments. Tous ces éléments, dont on a parlé plus haut, autant
ceux trouvés en A, que ceux trouvés au nord et à l'est, font un ensemble qui ne dépasse
pas la surface occupée par la couche inférieure de débris (fig. 13), ce qui prouve une fois
de plus qu'entre ces deux couches il y a une étroite liaison et que nous avons à faire à
un emplacement de l'époque Latène.
Du côté B de la tranchée A, il n'y a plus que deux couches. Au-dessus de la terre
vierge on trouve la mince couche de 0,10 — 0,15 m contenant de rares fragments de terre
calcinée, de charbon et des tessons travaillés à la main et d'un lustrage noir. Tout de
suite après on rencontre la couche/, plus riche en céramique de l'époque Latène I I I et
épaisse, comme partout ailleurs, de 0,70 m. En b (fig. 3) à une profondeur de 0,80 m
on a trouvé l'anse d'une amphore à inscription (fig. 34,9) et quelques grands fragments
d'épaisse poterie grecque.

Conclusions au sujet de Vhabitation. Les vestiges de l'emplacement découvert par les


fouilles dont on a parlé plus haut, sont les plus riches de la station. Nous n'avons trouvé
aucune trace de poteaux en bois, comme cela arrive pour les stations dont le terrain est
plus propice, comme par exemple dans le Brandebourg à Potsdam *), à Ciistrin 2 ), etc.,
ainsi qu'en Roumanie à Ariusd 3 ), à Piscul-Crăsani 4 ) et à Sultana 5 ). C'est pourquoi
x 3
) C. Scbuchhardt,DieRômcrschanzeb.Potsdam, I.e. ) Lâszlô Ferencz, Erôsd, Dolgozatok-Travaux,
2
) A. Kiekebusch, Die altgermanische Siedlung V, CIuj, 1914, p. 337 (hongr. et franc.). Sur les
von Lagardesmiihlen bei Ciistrin, Priih. Zeitschr., fouilles d Ariuşd on trouve dans le présent nu­
V I , 1914, fasc. 3, p . 303 seqq. ; id., Die Ausgra- méro de la Dacia le dernier ouvrage du regretté
bungen des Markischen Museums bei Ciistrin, archéologue transylvain Lâszlô Ferencz.
4
Zeitschr. fur Ethnol., 1914, p. 880 sqq. ; id., ) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 28 sqq.
5
Die Ausgrabung des bronzezeitlichen Dorfes Buch ) Id., Les fouilles de Sultana, Dacia, I, 1924,
bei Berlin, Berlin 1923, p. 29 sqq. sous presse.

180

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LES FOUILLES DE TINOSUL

il nous a été impossible de déterminer la forme, les dimensions et la disposition


des habitations de Tinosul. Nous ne pouvons préciser que l'époque, la surface aproxima-
tivc, la technique et une partie des objets contenus. L'emplacement appartient à l'époque
Latène III, la dernière de la station. La surface occupée par les débris a 30 m 2 ; sans
doute les habitations avaient une étendue beaucoup plus petite. La technique et les maté­
riaux sont les mêmes que ceux du rempart, quoique d'époques différentes. Ceci n'a au­
cune importance chronologique, car le système de construction avec poteaux, clayon-
nage et argile mélangée avec de la paille, se trouve autant dans les stations néolithiques,
comme Ariuşd ]) et Sultana 2 ), que dans celles Latène comme Piscul-Crăsani. A Piscul-
Crăsani, station beaucoup plus grande et plus importante que Tinosul, on a trouvé
même des fragments d'argile avec enduit blanchi au gypse 3 ). D'ailleurs cette manière de
bâtir en bois et en terre mélangée avec de la paille est commune à toutes les régions eu­
ropéennes et à toutes les époques 4 ). Aujourd'hui même, à Tinosul, à Crăsani et dans
tous les villages roumains de plaine, on bâtit de la même manière que dans les stations
préhistoriques mentionnées plus-haut. A défaut de pierre et à défaut de brique, les seuls
matériaux qui s'imposent nécessairement sont le bois et l'argile mélangée avec de la
paille et bien comprimée.
Si on ne peut pas déduire avec précision la forme des habitations de Tinosul, on ne
peut pas douter qu'elles n'étaient pas rondes, mais rectangulaires, le type le plus courant
autant dans les stations préhistoriques de la Dacie (Ariuşd 5 ), Sultana 6 ), etc.), que
dans les stations gètes, comme Piscul-Crăsani 7 ). D'ailleurs, les ruines de cette habita­
tion épousent plutôt la forme rectangulaire (fig. 13).
Que nous avons à faire à des habitations élevées au-dessus du niveau de la terre
et non pas enterrées, comme les huttes troglodytiques, la chose est évidente; il n'y a
qu'à se rapporter à la c o u p é e (fig. 12, II, III). Ce fait est commun à toute la station de
Tinosul: on n'a trouvé aucune trace d'habitation enterrée. D'ailleurs dans cette région
il n'y a aucun des motifs qui peuvent faire préférer les huttes enterrées aux autres ha­
bitations, c'est à dire le manque du bois et une situation mal abritée contre le vent du
nord. Les vastes forêts, qui entourent la station, l'abritent contre l'aquilon et fournissent
abondamment le bois nécessaire.
Le trou z (fig. 5 et 13) est en relation avec l'habitation, dont il constitue probable­
ment l'âtre. Le trou n (fig. 13) se rapporte à une époque antérieure, la même que celle du
rempart. En y le vase grec, le petit gobelet en miniature de l'époque Latène III et le
charbon qui les entoure, sont de la même époque que l'habitation et peuvent être consi­
dérés comme appartenant à une petite tombe d'incinération près ou sous la maison. La
principale maison identifiable dans les débris devait appartenir à un personnage d'une
situation sociale plus élevée, vue la richesse des objets trouvés, pour la plupart importés
par le commerce grec, par exemple le vase de candélabre en bronze (fig. 45) ainsi que
les autres fragments d'amphores, de flacons à parfum, de petits objets en métal, etc.

*) Lâszlô Ferencz, op. cit. lia, Milano, 1923, p. 8 3 ; pour la Dacie cf. V. Pâr-
2
) I. Andricşcscu, op. cit. van, Gctica, p. 183 sqq.
3 s
) Id., Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ) L. Ferencz, o. c.
4 6
) J . Dcchelette, Manuel, I, p. 348; I I 1, p. ) I. Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
130; I I 3, p. 942 sqq. ; C. Schuchhardt, AIteuropa, presse.
p . 1 6 ; G. Pinza, Sloria délie civiltà antiche </'Ita­ ') V. Pârvan, Gctica, p . 135, 185.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

En ce qui concerne les portes et la toiture des habitations, quoique nous n'avons
trouvé aucune indication archéologique, par analogie avec les maisons du Latène III
de la Dacie (Costeşti-Transylvanie) on peut supposer que les portes étaient en bois et la
toiture en paille, en roseau ou en jonc ').

3. FOUILLE F

La fouille F située à 4,50 m de la tranchée N (fig. 3) a une surface de 10 m X 10


m et une profondeur de 1,10—1,20 m. La coupe schématique que nous donnons
(fig. 14) nous montre que la couche contenant des vestiges de vie humaine est très
mince (0,50 — 0,60 m). En échange elle est très riche en fragments céramiques «le l'é­
poque Latène III et grecs d'importation, qu'on retrouve en profondeur jusqu'à la terre
vierge. Au-dessus de celle-ci surtout du côté NE de la fouille, se trouve une mince
couche de gravier, qui continue celle de A et de N (fig. 13). Les restes les plus nombreux
de céramique se trouvent à une profondeur de 0,40 m. Au-dessous ils sont plus rares et
les fragments primitifs à proéminences, comme ceux représentés dans la fig. 23, pré­
dominent, quoique des tessons de vases grecs et de vases grisâtres travaillés au tour
ne font pas défaut non plus. De ce côté-ci on a trouvé également des ossements d'animaux,
des dents de cheval, des fusaïoles, de petits objets en métal, etc., ainsi que le bout de
r r rhyton modelé en forme de tête de vautour représenté dans

LifiBiil | YuÂmtmnmMi En d (fig. 3)' cette couche pénètre dans la terre vierge
+ à line profondeur de 0,50 m en forme de puits de 1,70 m de
T diamètre. Le trou est rempli de terre noire avec des fragments
de terre calcinée, de charbon, d'ossements, de tessons Latène
et grecs et avec une grande quantité de graines carbonisées
et aglomérées, de millet, d'orge, de seigle et surtout de blé. Les graines ne se trouvent
que jusqu'à 0,20 m de profondeur; au-delà il n'y a plus que du charbon de bois de
chêne mélangé avec de la terre.
Tout contre, à une profondeur de 0,50 m se trouve une couche de débris d'habi­
tation, a, épaisse de 0,40 m, qui ne dépasse pas 3 m de longueur sur 1,80 m de largeur
et qui contient des fragments d'argile calcinée, du charbon de bois de chêne et de
frêne, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, de nombreux tessons de vases
Latène et d'amphores grecques d'importation. On a trouvé également un fragment
de passoir en terre cuite et un anneau en bronze (fig. 49,3). En a (fig. 3) on rencontre
de grosses pierres de rivière. En somme il s'agit des vestiges d'une habitation incendiée
et le trou d constitue peut-être un dépôt de graines, semblable à ceux qu'on a encore
aujourd'hui l'habitude de faire dans certains endroits de la région. Une petite couche
de restes calcinés d'habitation se trouve également en / (fig. 3) à 0,40 m de profondeur,
qui paraît se rattacher aux vestiges mentionnés plus haut (a).
A 1 m de a, à une profondeur de 1 m, on aperçoit sur une étendue de 0,50 m X 0,60
m un petit tas, c, haut de 0,20 m constitué par de jolis tessons lustrés (fig. 21), d'une
technique supérieure et différents des autres fragments céramiques trouvés dans la

l
) V. P â r v a n , l. c. ; Déchelette, Manuel, I I 3, p . 943 sqq. ; C. Schuchhardt, Altvuropa, 1. c.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

station. On n'y trouve aucun tesson Latène semblable à ceux rencontrés dans les couches
supérieures. De toute la fouille F c'est le groupement céramique le plus profond. On
trouve à Apahida, en Transylvanie, des vases exactement pareils 1 ), ce qui prouve
qu'ils sont de l'époque Latène II (v. plus bas, pag. 194), pendant que la couche géné­
rale d'au-dessus est de l'époque Latène III.

Fig. 15. Le ta9 de tessons b de la fouille F.

E n 6 (fig. 3 et 15), à 0,20 m plus haut, la couche de tessons, qui s'étend sur 0,70
m de long., 0,50 de larg., et 10 m d'épaisseur, contient des fragments Latène I I I et
grecs de mêmes types que ceux de la couche générale d'au-dessus.
En e (fig. 3) on trouve une petite quantité de grosses pierres de rivière, calcinées
en partie, au même niveau que celles du point a'. On y a également déterré quelques
petits fragments de moulins à bras pour moudre le grain.

4. FOUILLE I
En liaison avec les tranchées J et K (fig. 3), la fouille I s'étend sur 20 m de lon­
gueur, 5 m de largeur et 1 m — 1,10 m de profondeur. La stratification est tout aussi
simple que dans la fouille F. Au-dessus de la terre vierge qui se trouve à une profondeur
de 0,80 m, la couche d'argile de 0,20 m d'épaisseur contient de rares fragments de
débris calcinés et de charbon. Plus haut on rencontre sur une étendue restreinte, du
côté Ouest, une couche de débris d'habitation (fig. 3, partie hachurée l). Cette couche
de débris, de fragments d'argile calcinée, de charbon, de céramique grecque importée et

>) Kovâcs Istvân, Apahida, Dolgozatok-Tra- 2; 48, f. 59; 51, f, 63, 2 et surtout p. 28, fig.
vaux, II, 1911, pp. 25, fig. 27; 31, f. 32, 2; 29, 2.
36, f. 40, 3; 37, f. 42, 2; 41, f. 48, 2; 43, f. 51,

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RADU VULPE ET ECATERINA VI LPE

indigène Latène, est mince (0,10 m) et peu dense; ce n'est qu'au-dessus du puits i
qu'elle atteint une plus forte épaisseur. On y a trouvé plusieurs fragmenta d'amphores,
trois poids enterre cuite (v. pag. 208), un petit fragment de moulin à liras, un hameçon
en fer, quelques fusaïoles, des ossements d'animaux, une défense de sanglier, un
fragment de gaine en bronze (fig. 47,4), quelques morceaux de poix brûlée, plusieurs
fragments, épais de 0,03 m, d'un grand doliuw, des clous en fer, du millet carbonisé,
etc. Ce sont les restes d'une habitation incendiée, dont faisait partie le puits i, un dépôt
peut-être pour la conservation des grains.
Dans ce puits profond de 0,70 m et de 1,50 m de diamètre, on a trouvé, mêlés
aux débris calcinés, des restes d'aliments et des ossements d'animaux, du charbon,
des tessons grecs d'importation et Latène, des bouchons d'amphores, un poid en terre
cuite, une fusaïole. Dans la partie supérieure du puits on a trouvé deux clous en fer
et une grande quantité de grains carbonisés, de blé, d'orge, de millet et surtout de
chanvre, tout comme dans le puits d de la fouille JP.
Dans la couche générale contenant les vestiges de vie humaine, qui fait suite, on
a trouvé une grande quantité de fragments céramiques grecs d'importation et indi­
gènes Latène. Du côté Est on a découvert plusieurs objets en fer, un gros clou, une
fibule en bronze de type «thrace» (fig. 48,2, v. plus
COI PI - bas, pag. 213), quelques fusaïoles, des ossements et des
cornes de boeuf, un morceau de verre coloré, etc.
Vers l'angle sud on a rencontré une petite couche de
débris d'habitation.
En k se trouve un puits circulaire de 0,75 m de
diamètre qui descend jusqu'à 2,10 m de profondeur
sous le niveau du sol (fig. 16), assez en contre-bas de
la couche générale / , avec laquelle il n'a pas de con­
tinuité. Au fond du puits, sur la terre vierge,se trouve
une première couche, assez mince, de débris .d'argile
Fig. 16. Coupes des deux tombes
à incinération.
calcinée. Ces trois couches régulièrement disposées ne
paraissent pas avoir été ultérieurement remuées. Le
seul objet qu'on y a découvert c'est le fond d'un vase primitif et poreux contenant de la
cendre et des ossements. La couche de terre glaise qui suit, épaisse de 0,50 m, contient
quelques fragments seulement de terre calcinée et de charbon. La dernière couche,
de terre noire, épaisse de 0,10 m, contient des tessons Latène I I I de toutes les espèces.
Ce puits constitue d'une manière évidente l'une des tombes d'incinération, dont il sera
question plus bas (pag. 188).
Du côté Est de la fouille J, dans le puits j (fig. 3), de 1,60 m de diamètre et profond
de 2 m, on a trouvé, dans une première couche, plusieurs tessons de vases grecs d'impor­
tation et Latène. Dans une seconde couche, de terre glaise, des fragments de terre cal­
cinée et du charbon, tout comme en k (fig. 16). Au-dessus, dans la couche générale / ,
on a trouvé les mêmes tessons que dans la couche inférieure, en même temps que quel­
ques petits couteaux en fer et une fusaïole.
Sur la pente intérieure du rempart, dans la couche Latène qui fait suite à la couche
f de la fouille J, on a trouvé en J et en K (fig. 10, couche/?) une petite rangée de cailloux
de rivière, semblables à celles de la fouille d' (fig. 3 et pag. 174).

184

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I.i;S IOI II,I,I.S l)i; TINOSITL

5. LA TRANCHÉE CENTRALE L
La tranchée L, longue de 55 in, large de 3 m et profonde
de 1,30 m environ, traverse la station dans toute sa longueur.
Elle est située à 8 m environ des fouilles F et / et nous fait
voir une stratification tout aussi simple (la fig. 17 représente
la paroi Ouest). En général la terre vierge se trouve à une
o-:-*.*i
profondeur variant entre 0,60 m et 0,80 m et exceptionellement
à I m de profondeur. Une première mince rangée de gravier
continue du côté nord-est la même couche que celle trouvée
'4
dans les fouilles C, A, N, F. Au-dessus de ce gravier et sous I . S ';
la terre végétale nous rencontrons la couche générale des ves­
tiges de vie humaine / . L'épaisseur de cette couche, sensi­
I t
blement moins riche qu'en F et en J, varie entre 0,40 et 0,70
m. Elle contient (à part quelques rares fragments de terre cal­
cinée) des débris d'habitation, du charbon et des tessons en ma­
jeure partie grecs d'importation et Latène. On y a également ri
déterré quelques fusaïoles, quelques petits objets en bronze et '.
en fer, une monnaie hellénistique en bronze (pag. 212), des os­
sements d'animaux, des dents de cheval, quelques fragments -•
de moulin à bras en pierre sabloneuse, un clou en fer, du verre
fondu, etc.
La même couche présente par endroits, à 0,40 m de v.i
profondeur au-dessous du niveau du sol, des amoncellements
isolés et hauts de 0,20 — 0,40 m de débris d'une habitation M Pu

incendiée. Parmi ces débris, en plusieurs points on a trouvé


des tessons Latène et grecs et les différents objets dont on
a parlé plus haut.
i
■Mw*
Vers l'extrémité sud de la tranchée, sur la paroi Ouest
(fig. 3, plan; fig. 17, coupe, Â) le puits A, d'un diamètre de Hi i
1,30 m et profond de 0,65 m au-dessous de la couche / , con­
tient des débris d'argile calcinée et de charbon, des ossements
m
et quelques tessons Latène et grecs.
Au milieu de la tranchée, sur la paroi est (fig. 3, /(), dans
tfei
le puits /*, de 0,60 m de diamètre et profond de 0,30 m sous
la couche / , toute la céramique est préhistorique, travaillée à IL
la main, d'un lustrage rougeâtre et semblable à celle trouvée 1k,
dans le rempart (v. tranchée K, pag. 175). Aucun objet d'é­
poque plus récente n'apparente ces fragments à la couche
supérieure Latène.
6. TRANCHÉE G

La tranchée G longue de 17 m, large de 2 m, profonde
de 1 m, présente la même stratification simple (fig. 14) que ■ - %

la tranchée L, située à 7 — 1 0 m de distance (fig- 3). C'est en


a qu'on a trouvé la plus grande quantité des tessons, tous

185

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RADU YILPE ET ECATKKINA \ l 1.1*1

Latène et grecs, en même temps qu'un morceau de verre bleu et une broche ronde en
bronze (fig. 48,6).
Pour fouiller les puits qui étaient visibles grâce à l'escarpement produit |>ar les
eaux de la Praliova, on a exécuté les tranchées a et fi (fig. 3). En a il y a trois puits
(fig. 3): al, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre; a2, profond de 0, 70 m
et large de 0,50 m de diamètre; et a3, profond de 1,30 m et large de 1 m de diamètre.
On y a trouvé une grande quantité de tessons Latène et grecs et différents objets en
même temps que des débris d'argile calcinée, du charbon, des ossements et des restes
d'aliments. En al ces fragments sont plus rares. En «2 on a trouvé une perle en verre
et un clou en fer et en a3 plusieurs objets en bronze et en fer, un fragment de moulin
à bras, une perle en verre, du millet carbonisé, une défense de sanglier et une monnaie
à l'effigie d'Agrippine (pag. 213), qui est très importante, parcequ'elle permet de dater
avec une plus grande précision l'époque de la couche la plus récente de la station.
Il n'y a qu'un puits dans la tranchée /?, profond de 0,60 m au-dessous de la couche
générale/, et large de 0,90 m de diamètre. A part quelques fragments d'argile calcinée,
quelques ossements et un peu de charbon, il ne contient qu'une très petite quantité
de tessons exclusivement Latène, sans aucune trace de poterie grecque ou travaillée
au tour. Au fond du puits on a trouvé une mâchoire de sanglier.

7. TRANCHÉE H
A 3 — 7 m de la tranchée L, la tranchée H a une longueur de 20 m, une largeur
de 2 m et une profondeur de 1 m. La couche contenant des vestiges de vie humaine
est tout aussi mince et pauvre qu'en G (fig. 14). A 0,60 m de profondeur on a trouvé
quelques objets en fer et une espèce de marteau en pierre sabloncusc (v. pag. 210) en
même temps que quelques tessons Latène et grecs.
Pour fouiller les différents puits que l'escarpement produit par les eaux de la Pra-
hova avait rendu apparents, on a pratiqué les tranchées y, ô, £, £, r), #, x (fig. 3).
Les puits trouvés en y et ô, profonds de 1 m, ne paraissent pas avoir été faits à une
époque lointaine, car à part quelques rares tessons Latène et grecs, l'objet en fer, en forme
de coutre (fig. 47,24, p. 219) est d'une antiquité douteuse. On observe la même chose
dans la tranchée Ç.
En e (fig. 3) on a découvert un puits plus grand f i , profond de 0,50 m au-dessus
de la couche générale / et large de 1,40 m de diamètre et un puits plus petit e2 rectan­
gulaire, de 0,80 m X 0,50 m et profond de 0,40 m. Dans la partie supérieure du puits
el une couche de débris d'argile calcinée contient des tessons primitifs rougeâtres et
lustrés. Au-dessous de cette couche on a trouvé plusieurs tessons primitifs et, autour
d'un vase intéressant à plusieures anses (fig. 18), les débris d'un vase mis en miettes,
de la cendre, du charbon et une fusaïole primitive. Toute cette céramique est complè­
tement différente de celle contenue dans la couche générale / de la station. Aucun
élément Latène ou grec, aucune poterie travaillée au tour. Au fond du puits quelques
lattes carbonisées sont assez soigneusement croisées. A côté, dans le petit puits e2, on
a rencontré de la terre glaise et quelques très rares tessons primitifs mais d'une époque
plus récente que ceux trouvés en el.
La fig. 16 représente en coupe, les différentes couches du puits ?/, large de 1,60
m de diamètre et profond de 1 m au-dessous de la couche générale / . La première,

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LES FOUILLES DE TINOSUL

a, haute de 0,30 m, contient de la cendre, du charbon, des restes d'aliments, des osse­
ments de volailles, deux fibules en bronze, un anneau en bronze, un vase grisâtre d'un
galbe fin et les tessons de plusieurs autres vases Latène et grecques, tous d'une tech­
nique délicate. Au-dessus, de la terre en poudre calcinée, contenant des cailloux
de rivière, des ossements de volailles, un morceau de fer brut, etc., constitue la se­
conde couche, 6, de 0,05 m d'épaisseur. La couche suivante, c, de 0,20 — 0,40 m d'épais­
seur, contient quelques débris calcinés d'argile mélangée avec de la paille, du char­
bon, de la cendre, une urne d'une facture primitive Latène et une grande quantité de
tessons grecs et Latène. La dernière couche, d, de 0,30 — 0,45 m d'épaisseur, plus pauvre,
ne contient que quelques débris d'argile calcinée et de charbon. Ce puits, le mieux
conservé de toute la station, constitue la tombe type de Tinosul.
En ê le puits a un diamètre de 1,20 m et une profondeur de 0,50 m sous la couche
générale / . On y trouve en désordre de la terre calcinée, du charbon, des ossements,
des cailloux calcinés, une grande quantité de tessons de fine poterie Latène et grecque.
Il n'y a de remarquable qu'une fusaïole, une perle en verre coloré, une fibule en bronze,
une pointe de «flèche» en fer et un fragment de fibule en argent (fig. 48,11, pag. 211).
Enfin, le puits «, large de 1 m de diamètre environ et profond de 0,50 m sous
la couche générale/, contient de la terre calcinée, du charbon, des ossements d'animaux,
des dents de cheval, des tessons Latène et quelques rares fragments de vases grecs.
On a trouvé en même temps une fusaïole, une pierre à aiguiser cilindrique et une bre­
loque en terre cuite en forme d'anneau (fig. 39,2). Quoique les couches sont assez mé­
langées, on observe que la couche la plus compacte de terre calcinée se trouve dans la
partie supérieure du puits.

Conclusions au sujet des tombes. Sans aucun doute, les puits isolés, que nosibuilles
ont mis en évidence, sont pour la plupart des tombes. On se rappelle que les puits d et i
trouvés dans les fouilles F et /(fig. 3 et pag. 182 sqq.), font exception et paraissent con­
stituer des dépôts de grains. En ce qui concerne les puits des tranchées G et H, ils sont
assez rapprochés les uns des autres pour donner l'impression qu'ils constituent une
région funéraire, d'autant plus que dans la couche générale / , très pauvre, les traces
d'habitation sont inexistentes. Les tombes isolées sont fréquentes, soit auprès des
habitations (k et jf de la fouille JT, pag. 184 ; q de la tranchée C, pag. 179 ; et y de la fou­
ille N, pag. 179), soit dans les couches superposées du rempart.
Dans toute la station de Tinosul on n'a trouvé aucune trace d'ossements humains.
Toutes les tombes sont à incinération. Cette constatation ne fait d'ailleurs que con­
firmer ce que les fouilles exécutées à Apahida a ), Piscul-Crăsani 2 ), Piscul-Coconi 3 ), etc.
nous avaient appris au sujet des tombes Latène de la Dacie 4 ) et ce qu'on savait de la
religion des Gètes 5 ), qui habitaient à cette époque la contrée 6 ), dont la station de Tino­
sul était un des centres.
De toutes les tombes découvertes, deux seulement (el de la tranchée II et tu de la
tranchée L) font partie de la couche énéoblthique la plus ancienne de la station ; les

' ) Kovâcs, /oc. cit. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. 39, p . 48.
2 4
) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 27 sq. ; V. ) V. Pârvan, Getica, p. 160 sqq.
6
P â r v a n , Getica, p . 185. ) Ibidem.
3 6
) R a d u Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com. ) Ibidem, p. 81 sq., p . 130, etc., passim.

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RADU VULPE ET ECATERINA VGLPE

autres sont de l'époque Latène I I I . C'est une preuve de la continuité du rite de l'in­
cinération à travers les différentes époques de Tinosul, conservés par tradition d'une
génération à l'autre ').
Les tombes, en général, ne se trouvent pas dans un «'lai de conservation satis­
faisant; principalement la tombe d' paraît avoir été particulièrement bouleversée au
cours des temps. Les tombes e, y de la tranchée / / et h de la fouille J, sont les mieux
conservées. En les analysant on remarque qu'elles sont en forme de puits qui ne dé­
passent jamais 1 m de largeur et 2,50 m de profondeur. Dans leur partie inférieure
on trouve du charbon, des ossements d'animaux, des restes d'aliments, des débris de
poterie, de fins objets de parure. Au-dessus on rencontre de la terre calcinée mélangée
avec du charbon et de la cendre, recouverte par de gros débris calcinés d'argile pétrie
avec de la paille (fig. 16, ?/). Le reste du puits est rempli avec de la terre contenant
quelques fragments de charbon et des restes de combustion. De cette stratification
on peut déduire qtie la crémation ne se faisait pas dans le puits même, mais dans le
voisinage immédiat de la tombe. Ce qui explique la présence au fond du puits des
éléments qui sur le bûcher auraient dû se trouver à la surface, comme les vases, les
restes d'aliments, les cendres du défunt, les objets de parure, la cendre et le charbon
du bois employé, tandis que à l'ouverture de la tombe on y trouve de la terre brûlée
et de l'argile calcinée pétrie avec de la paille, qui était pareille à celle dont on se servait
à la construction des habitations. Ces restes sont probablement les débris calcinés d'un
autel improvisé, sur lequel on établissait le bûcher de crémation.
Le fait que la crémation se faisait à côté du puits, est prouvé par les différentes
fouilles d'autres nécropoles de la même époque.
A Apahida on a trouvé tout près du puits, là où avait eu lieu la crémation, des
fragments d'objets, qui complètent ceux trouvés dans le puits même 2 ). Pareillement
dans les nécropoles des autres régions de l'Europe centrale on a trouvé des indices
qui mènent aux mêmes constatations 3 ).
Les cendres du défunt étaient déposées à même la terre au fond du puits ou
dans des urnes en terre cuite ou en bronze 4 ). A Tinosul on a trouvé partout de
ces urnes en terre cuite, en miettes tellement éparpillées que leurs reconstitution
devient difficile. A côté des ces urnes, il y avait dans les tombes d'autres vases
destinés à contenir des aliments et des boissons 5 ), ou peut-être purement décora­
tifs. Le plus souvent les urnes sont primitives, poreuses, travaillées à la main, de
formes simples, ayant des ornements en forme de bandes en relief appliquées sur
les parois, des striations irrégulières ou des proéminences. On constate ce fait
dans la majeure partie des cas, à Piscul-Crăsani 6 ) et en règle générale à Piscul-

*) Pour l'origine autochtone de la race géto- Jezerine in Pritoka bei Bihac, ibidem, I I I 1895,
dace dans les pays carpatho-danubiens, cf. V. p. 1 8 3 ; Giro Truhelka, Der vorgeschiehtlirhe Pfahl-
P â r v a n , o. c , p. 33 sqq., p. 4 1 . bau im Savabette bei Donja Dolina, ibidem, I X
2
) Kovâcs, o. c, p. 62, a. 1904, p. 88.
3
) C. Marchesetti, Scavi nella necropoli di S. *) Cf. Marchesetti, Castellieri, p. 153 ; Déche-
Lucia pressa Tolmino, Trieste, 1893, p . 1 3 4 ; F. lette, Manuel, I I 3, p. 1037.
6
Fiala, Die Ergebnisse der Untersuehung prdhisto- ) Déchelette, l. c.
6
rischer Grabhiigel auf dern Glasinac im Jahre 1892, ) A Piscul-Crăsanilor on a trouvé deux am­
Wissensch. Mitteil. a. Bosn. u. d. Hercegov., I, phores remplies de cendre et employées sans doute
1893, p. 166; W. Radimsky, Die Nekropole von comme urnes funéraires, ce qui ne serait pas un

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Coconi a) et à Tinosul. Les vases de technique supérieure ouvragés au tour ou ceux


grecs d'importation, ne sont pas employés comme urnes funéraires sauf dans deux cas
à Piscul-Crăsani »). En général on trouve auprès de ces vases comme nous l'avons dit
plus haut, des objets utilitaires ou de parure, des instruments, des fusaïoles, des fibules,
des monnaies, des traces d'aliments, enfin tout ce que d'habitude on enterrait avec
le défunt à l'usage de l'autre vie 3 ). Sans doute, ceci est la preuve de la tradition d'un
rite très ancien 4 ). C'est une loi commune que les traditions religieuses et spéciale­
ment funéraires soient fort persistantes chez tous les peuples 5 ).
Les objets, les vases, tout ce qu'on mettait dans la tombe, passait par le feu
du bûcher 8 ). Comme preuve, les fragments des miroirs trouvés dans la fouille d' (p. 174)
sont tous saupoudrés de charbon; l'un garde collé à sa surface un fragment carbonisé
d'étoffe tissée, vestige d'un vêtement. La monnaie à l'effigie d'Agiippine trouvée dans
la tombe a3 (p. 186) était recouverte d'une grosse couch,e de charbon. La plupart des
fibules, des fusaïoles et des débris de vases, présentent des traces de feu.
A Tinosul on a trouvé partout ces vases en miettes, phénomène commun à toutes
les tombes à incinération, comme l'observe Déchelette 7 ), à cause probablement, de la
pression des couches de terre supérieures à travers les temps, des infiltrations, de la
mauvaise qualité des vases et des profanations des chercheurs de trésors 8 ).
Les ossements des animaux ayant servi à la nutrition, tels que boeufs, chèvres,
moutons, sangliers, volailles, etc., se trouvent dans toutes les tombes. L'abondance,
la qualité des aliments, la qualité des vases, des objets, varient assurément avec la
situation matérielle de ceux qui faisaient l'ensevelissement. En dehors de la viande
on mettait dans les tombes d'autres aliments qui ont laissé peu de traces, comme
par exemple le petit amas de millet carbonisé trouvé en a.3.
Dans la fouille d' (pag. 174) on ne peut pas voir la forme précise d'une tombe, le
terrain ayant été dans ce point fort remué à différentes époques. On y a trouvé néan­
moins beaucoup d'éléments funéraires, tels que fusaïoles, petits idoles en terre cuite,
vases en miniature, ossements d'animaux, débris de vases plus gros, fragments de
miroirs en métal blanc, etc. Les vases en miniature sont des éléments connus en re­
lation avec le rite funéraire, chose observée également à Piscul-Crăsani 9 ). Un de ces
vases en miniature a été trouvé dans la tombe 7). La présence des fusaïoles est considérée
généralement comme un indice de tombes féminines, les fusaïoles étant un attribut
féminin. Pourtant, il y a doute, car les «fusaïoles» peuvent être également interpré­
tées comme poids servant aux instruments de pêche (v. plus bas, p. 208).
Au-dessus des puits on n'a pas trouvé des traces de monuments indiquant la
tombe, quoiqu'on avait l'habitude de planter sur la tombe un poteau en bois, comme
6
exemple isolé, car on rencontre la même chose à ) Déchelette, op. cit., p. 1037 ; C. Truhelka,
Olbia dans la Russie méridionale. Cf. V. Pârvan, loc. cit.
7
Getica, p. 185 sq. et I. Andrieşescu, Piscul-Cră- ) Ibidem; cf. C. Marchesetti, S. Lucia presso
sani, p. 69. Tolmino, p. 145; Franz Fiala, Das Flachgraberfeld
*) 11. Vulpe, Bui. Com. Mon. 1st., X V I I , 1924, u. die pràhistorische Ansiedlung in Sanskimost,
fasc. 39, p. 48. Wissensch. Mitteil. a. Bosn. u. d. Herceg., V I
2
) V. P â r v a n , l. c. 1899, p. 111.
3 8
) Déchelette, Manuel, I I 3, p. 1027 sqq. ) Déchelette, op. cit., p. 1022, n. 1.
4 9
) V. Pârvan, Getica, p. 160. ) I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 27 sq.
5
) Cf. C. Marchesetti, Custellieri, p. 152.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

le c o n s t a t e Marchcsetti à C a p o r e t t o ' ) . On p e u t supposer q u ' à Tinosul il y a v a i t des


p o t e a u x s e m b l a b l e s , dont on ne t r o u v e plus de t r a c e , bien e n t e n d u .
A u p o i n t y de la fouille N (fig. 13) sous la couche de débris d ' h a b i t a t i o n , or» a t r o u v é
a u p r è s d ' u n v a s e grec délicat, u n e fusaïole et un vase en m i n i a t u r e ensevelis sous char­
b o n s . C'est sans d o u t e u n e t o m b e et d a n s ce cas n o u s a v o n s u n indice de plus q u e l'en­
sevelissement p o u v a i t se faire parfois à p r o x i m i t é ou à l'intérieur m ê m e de l ' h a b i t a t i o n
du défunt 2 ) .

8. L E S S O N D A G E S D E S E N V I R O N S D E LA STATION
On a fouillé a u t o u r de la s t a t i o n en 8 p o i n t s sur 1 m de h a u t e u r , 1 m de l a r g e u r
e t 1 m de l o n g u e u r , d a n s u n e zone de 16 m à 70 m de r a y o n . P a r t o u t les r é s u l t a t s
ont été n u l s . On a conclu q u e le t e r r a i n h a b i t é é t a i t délimité p a r l'enceinte de la s t a ­
t i o n . T o u t e s les couches de la s t a t i o n , c o n t e n a n t des vestiges de vie h u m a i n e , et m ê m e
les restes d i s p a r a t s de vases et de traces a n t i q u e s s ' a r r ê t e n t b r u s q u e m e n t a u fossé
qui e n t o u r e la s t a t i o n , c o m m e on p e u t le voir d a n s la coupe M (fig. 5). Au pied de l'hau­
t e u r sur laquelle est située la s t a t i o n , vers la rivière de la P r a h o v a , on t r o u v e des t r a c e s
a n t i q u e s sur u n r a y o n n e d é p a s s a n t pas 10 m et t o u t e s p r o v e n a n t de l ' é c r o u l e m e n t
de la p a r o i escarpée.

IV. L E S O B J E T S T R O U V É S D A N S L E S FOUILLES
1. L A C É R A M I Q U E
L a c é r a m i q u e c o n s t i t u e , n a t u r e l l e m e n t , le plus riche et le plus v a r i é é l é m e n t des
couches de la s t a t i o n . Les plus n o m b r e u x f r a g m e n t s de vases furent t r o u v é s d a n s les
fouilles A et N et les plus rares d a n s les t r a n c h é e s H et L. Les a u t r e s e x c a v a t i o n s en
o n t d o n n é aussi u n e q u a n t i t é suffisante. La c é r a m i q u e est composée g é n é r a l e m e n t des
tessons de t o u t e s sortes, d o n t n o u s a v o n s p u r e c o n s t i t u e r s e u l e m e n t u n n o m b r e t r è s
p e t i t des v a s e s , d ' u n e m a n i è r e plus ou m o i n s c o m p l è t e .
E n faisant la classification de la c é r a m i q u e de Tinosul n o u s d i s t i n g u o n s p r e m i è r e ­
m e n t trois catégories s u i v a n t les é p o q u e s : A) la c é r a m i q u e de l ' é p o q u e é n é o l i t h i q u e ,
t r o u v é e s p o r a d i q u e m e n t d a n s les fouilles i / , K, L (v. plus h a u t , p a g g . 1 7 5 ; 185 s q . ) ;
B) la c é r a m i q u e de l ' é p o q u e L a t è n e I I r e n c o n t r é e en p e t i t e q u a n t i t é d a n s u n seul
p o i n t de la fouille F; et C) la c é r a m i q u e de la couche L a t è n e I I I , la p l u s r é c e n t e et la
plus a b o n d a n t e .

A. LA C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E ÉNÉOLITHIQUE
Les vases de c e t t e catégorie sont fabriqués à la m a i n d ' u n e p â t e assez é p u r é e et
m a l g r é la cuisson s o u v e n t i m p a r f a i t e , ils p r é s e n t e n t t o u j o u r s s u r les parois e x t é r i e u r e s
u n l u s t r e noir-grisâtre, rosé ou b r u n .
Les f r a g m e n t s t r o u v é s n e s o n t ni assez n o m b r e u x ni assez g r a n d s p o u r n o u s per­
m e t t r e de r e t r o u v e r la forme des vases. U n profil plus c o m p l e t est fourni p a r le f r a g m e n t
d ' u n v a s e funéraire, s i m p l e m e n t c o n i q u e , p r é v u de plusieures anses au-dessus de la

2
') C. Marchesetti, op. cit., p. 136; Caatellieri, ) V. Pârvan, Getica, p. 185.
p.153.

190

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LES FOUILLES DE TINOSUL

partie la plus renflée delà panse (fig. 18; v. le même à la fig. 20), qui fut trouvé dans
la tombe el (pag. 186). Parmi les autres fragments nous distinguons des profils de vases
simples (fig. 19,1,5,6) et des vases à rebords restreints (fig. 19,2,3,7, et 8). L'un de ces
derniers présente un galbe un peu à cassure (fig. 19,4). Les fragments de panses corres­
pondent à des vases simples (fig. 19,6) ou à des écuelles quasi-sphériques (fig. 19,2, 5).
Les anses plates, largement courbées (fig. 19,9; 20) sont les plus communes. Ce que
différencie cette céramique préhistorique de la céramique
Latène c'est l'ornementation plus méticuleuse et plus
variée. Les motifs sont constitués par des lignes inci­
sées en zig-zag (fig. 19,3 et 7 ; 23,8), par des stries paral­
lèles interrompues (fig. 19,1,2,4) ou par une bande de
lignes et points gravés parsemée de petits boutons en re­
lief (fig. 19,8). Sur une anse de forme simple on voit le
dessin d'un rhombc (fig. 19,9). Quelques tessons présentent
des cannelures parallèles avec de petites stries entre elles
(fig. 19,4, 5). À part les incisions et les stries il y a encore Fi"ig. 18. Fragment d'une urne funé-
à mentionner comme éléments ornementaux les proémi- r a i r e P r i m i t i v e à plusieurs anses,
nences organiques à très petit relief et applaties (fig. 19,6; 22,5). La même intention

19. Fragments de vases de l'époque énéolithique.

ornementale régit la disposition des anses nombreuses sur le vase funéraire cité plus
haut.
Tous les fragments céramiques décrits jusqu'ici ont le même aspect et la même
technique, ce qui prouve davantage leur contemporaineté. Il est difficile de dater cette

191

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u\i)iï \ i i.1*1 : I:T F.CATF.KÏNA VULPE

céramique constituée par des fragments peu nombreux et trop petits: d'autant plus
qu'en dehors d'eux on n'a pas trouvé dans les mêmes couches aucun autre élément chro­
nologique plus précis. A cet égard le grattoir en silex trouvé dans la tranchée D, c'est-
à-dire dans l'endroit le plus remué dans
les temps les plus récents par les diffé­
rentes fouilles non archéologiques (v.
p;ig. 173), ne peut apporter aucune con­
tribution. C'est le seul objet de ce genre
rencontré dans toute la station et, d'au­
tre part, les objets en silex ne sont
pas toujours un indice de l'époque de
la pierre ] ). Par exemple, à Piscul-Cră-
sani 2 ) et Piscul-Coconi 3 ), des stations
éminemment Latène I I I , de même que
Tinosul. on a trouvé plusieurs objets en
silex. Quant aux objets de métal, ils
manquent tout à fait dans la couche pré­
historique de Tinosul.
Ainsi le seul élément datable, assez
élastique pourtant, nous est fourni par
le peu d'ornements gravés sur les tes­
sons. Les lignes en zig-zag comme motif
ornemental primitif, ne peuvent four­
nir aucun renseignement chronologique
parce qu'elles sont communes à toutes
les régions et à toutes les époques, de­
puis le néolithique jusqu'aujourd'hui 4 ).
Fig. 20. Fragments de vases énénlilhiques et de
l'époque Latène III.
De même, les proéminences ne sont pas
une caractéristique néolithique 5 ), comme
orvpourra le voir dans les pages suivantes. Cependant on peut citer un tesson néolithique

*) Spécialement, q u a n d ils se t r o u v e n t dans comme des objets rituels correspondant peut-être


une petite q u a n t i t é . On trouve des objets en à la persistance d'une vieille tradition religieuse
silex aussi dans l'époque du bronze (cf. Mattliaus d'origine néolithique.
Much, Die Kupferzeit in Europa und ihr Verluïlt- ') R. Vulpe, Bul. Corn. Mon. 1st., X V I I , 1924,
niss ZUT Kultur der Indogcrmancn, J e n a , 1893, fasc. 39, p. 48.
4
II-ème edition, p . 124 sq. ; Déchelctte, Manuel, ) Cf. I. Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p . 63 sqq. ;
I I 1, p. 146) et de Hallstatt (à Glasinac, en V. Pârvan, Getica, p. 199 sq., n. 1.
6
Bosnie; F . Fiala, Die Ergebnisse der Untersu- ) Cf. Déchelettc, Manuel, I I 1, p. 383 sq. ;
chung pràhistorischcr Grabhiigel auf dem Glasinac I I 2, p. 816, fig. 329, 5 — 6, pour les époques de bron­
im Jahre 1894; Wiss. Mitt. a. Bosn. u. d. H e r e , ze et de fer ; et C. Schucbhardt, Alteurapa, p. 328,
IV, 1896, p. 27, fig. 66). pi. X X X V , pour le moyen âge. Quant à la grande
2
) I. Andrieşescu, Piscul-Crâsani, p. 78 sq., diffusion de la céramique à proéminences (appel­
explique ces objets en silex, d'époque récente, lee Buckelkeramik par les Allemands) dans les ré­
comme ayant servi à allumer le feu. A cette in­ gions carpatho-baleaniques à l'époque néolithique,
terprétation s'oppose le fait que plusieurs sont cf. I. Andriescscu, Contribute la Dacia înainte de
travaillés en forme de petits couteaux (o. c, p. Romani, p. 69 sqq.
8 3 ; fig. 2 2 9 - 2 3 0 ) . On peut les considérer plutôt

192

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LES FOUILLES DE TINOSUL

d'Osijek (Croatie) 1 ) avec un ornement en zig-zag sur le bord du vase, identique au


nôtre (fig. 19,3, 7). La bande à lignes et à petits boutons de la fig. 19,8, et le rhombe sur
l'anse de la fig. 19,9, peuvent nous donner une orientation plus précise. Ainsi le premier
de ces deux ornements se retrouve sur un vase néolithique de Turdaş 2) et sur un
fragment de la même époque de Seewalchen (Carniole) 3 ), tandisque le deuxième se
retrouve identique sur une anse néolithique de Laibacher Moor 4) en Carniole. Le vase
à plusieures anses de la fig. 18 peut être comparé avec un autre, néolithique, de Nos-
switz dans la Silésie 6) et avec un fragment toujours néolithique d'Osijek 6 ). Une date
ante quem nous est offerte par les tessons à cannelures et stries de la fig. 19,4 et 5 (v.
aussi la fig. 20) car nous en trouvons un semblable dans l'Istrie à l'époque du bronze 7 ).
Néanmoins des cannelures faites à la main et dans la partie la plus concave jusqu'à la
base du vase, se rencontrent aussi dans l'époque énéolithique à Cernavoda 8) en Do-
brogea et à Jaispitz en Moravie 9 ). Les stries séparant les cannelures sur le tesson men­
tionné apparaissent aussi sur des fragments de l'âge du bronze de Sârata-Monteoru,
en Roumanie (distr. Buzâu) 10 ). Par conséquent la date de tous ces tessons est assez in­
certaine et peut osciller entre le néolithique et le bronze. Avec les éléments insuffisants
que nous a fourni la couche respective préhistorique, sans aucun objet en silex et sans
aucune indication sur l'existence des métaux, il nous est difficile d'établir une date plus
précise que l'intervalle entre l'époque néolithique et les commencements du bronze, cor­
respondant à l'époque appellee énéolithique n ) . Il est acquis, en tout cas, que toute la
couche préhistorique, dont il s'agit, n'a aucune relation avec les couches Latène de la
station et qu'elle est bien plus ancienne que le premier âge du fer.

B. LA CÉRAMIQUE DE L'ÉPOQUE LATÈNE II


A cette époque se rattache seulement un petit tas de tessons trouvés dans la fouille
F (v. fig. 3, c), à 0,20 m au-dessous de la couche générale de Latène I I I . Ces tessons appar­
tiennent à des récipients plus ou moins grands, largement ouverts avec bordure renforcée
1
) Vjekoslav Celestin, Neolitska naseobina kod pol. Gesellsch. in Wien, X X X V I I I , 1908, pag.
Osijeka, Vjettnik hrvatskoga arheoloskoga drust- 151, fig. 81.
u
va, Zagreb, n. s., I I , 1896 — 1897, p. 106, pi. X V I I I , ) Une date plus précise serait possible par
fig. 20. la comparaison avec la céramique néolithique ou
2
) M. Hoerncs et O. Menghin, Urgeschichte der énéolithique des stations de la plaine roumaine.
bildvnden Kunst in Europa von den Anfàngen bis On en a fouillé plusieures, telles que Sultana,
um 500 VOT Christi, Wien 1925, p. 305. Boian, Gumelniţa, Căscioare, mais la publication
•'') Ibidem, p. 343, f. 6. des résultats dans la Dacia est encore en cours et
*) Ibidem, p. 347. nous n'avons sous la main aucune autre informa-
6
) Ibidem, p . 759, fig. 3. tion. Quant à la station de Sărata-Monteoru, ci-
") Celestin, /. c , fig. 19. tée plus haut, elle fut fouillée d'une manière
7
) Marcheselti, Castellieri, p. 145, pi. X I I I , 18. passagère en 1907 p a r E d . Honzik, architecte
8
) Cari S c h u c h h a r d t , Cernavoda, eine Stein- du ministère de guerre roumain. Les résultats
zeitsicdlung in Thrakien, Priih. Zeitschr., X V , furent publiés dans la Zeitschrift fur Ethnologie,
1924, p. 2 1 , fig. 2 1 — 2 5 . 1907, p. 999, par H u b e r t Schmidt. Elle fut plus
•) Hocrnes-Menghin, Urgeschichte, etc., p. 763. systématiquement fouillée par les Allemands du-
fig. 3. rant l'occupation militaire de 1917, mais nous
I0
) Dr. Wilke, Vorgeschichtliche Bcziehungen zvci- n'en connaissons encore suffisamment les résul-
schen Kaukasus und dem unteren Donaugebiete; ein tats ; cf. Pràhistorische Zeitschr., X I I I — X I V ,
Beitrag zum Arierproblem, Mittcilung. der Anthro- 1921 — 1922, p. 171.

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13 Dacia I 1924.
RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

(v. fig. 21), d ' u n e t e c h n i q u e supérieure, p r é s e n t a n t u n b r i l l a n t l u s t r a g e noir. Ils s o n t


travaillés avec soin, régularité, finesse et solidité, au t o u r . Ils a p p a r t i e n n e n t certaine­
m e n t , d ' a p r è s les formes, à l ' é p o q u e L a t è n e ] ) . C e p e n d a n t ils diffèrent t o t a l e m e n t d e la
c é r a m i q u e t r o u v é e d a n s la couche la plus r é c e n t e de Tinosul. A Piscul-Crăsani, s t a t i o n
d u L a t è n e I I et I I I et à Piscul-Coconi, s t a t i o n de L a t è n e I I I , on n e les r e t r o u v e p a s .
S e u l e m e n t d a n s la nécropole d ' A p a h i d a on t r o u v e des vases p a r f a i t e m e n t semblables
c o m m e forme, c o m m e t e c h n i q u e et c o m m e aspect g é n é r a l 2 ) , d a n s des t o m b e s a p p a r t e ­
n a n t à l ' é p o q u e L a t è n e I I 3 ) , ce q u i n o u s p e r m e t d ' a d m e t t r e q u e les vases d e Tinosul
font é g a l e m e n t p a r t i e d ' u n e couche L a t è n e I I , très p a u v r e , et q u i n e p a r a î t q u ' e n c e r t a i n s
p o i n t s , c o m m e p a r exemple le p e t i t t a s de tessons c de la fouille F. Q u o i q u e s ' a p p a r e n t a n t
p a r leurs formes à la c é r a m i q u e celto-
b a v a r o i s e de l'époque L a t è n e I 4 ) , les
vases de Tinosul, de m ê m e q u e c e u x
d'Apahida, ne paraissent pas dater

Fig. 21. Profils de vases de l'époque Latène II.

d ' u n e é p o q u e a n t é r i e u r e a u L a t è n e I I 5 ) . On n e p e u t p a s n o n plus a d m e t t r e , v u les


t y p e s différents de la c é r a m i q u e et la s i t u a t i o n des couches r e s p e c t i v e s , q u e ces vases
a p p a r t i e n n e n t à l ' é p o q u e L a t è n e I I I , c o m m e la couche la p l u s r é c e n t e d e T i n o s u l . D'ail­
leurs la ressemblance avec la c é r a m i q u e de la nécropole L a t è n e I I d ' A p a h i d a est t o u t à
fait c o n c l u a n t e à ce sujet.

C. L A C É R A M I Q U E D E L ' É P O Q U E LATÈxNE I I I
S u i v a n t la t e c h n i q u e , la c é r a m i q u e t r è s a b o n d a n t e de c e t t e é p o q u e se divise en d e u x
p a r t i e s : a) la c é r a m i q u e t r a v a i l l é e à la m a i n et b) la c é r a m i q u e travaillée a u t o u r .
a) Céramique travaillée à la main. T o u j o u r s s u i v a n t la t e c h n i q u e , c e t t e c é r a m i q u e
se divise à son t o u r en d e u x c a t é g o r i e s : la p r e m i è r e c o m p r e n d les vases m a l cuits et d ' u n e
p â t e i m p u r e et p o r e u s e ; la seconde c o m p r e n d les vases d ' u n e p â t e p l u s h o m o g è n e , p a s
t o u j o u r s m i e u x cuits, d ' u n l u s t r a g e noir ou b r u n - g r i s â t r e , m a i n d ' u n a s p e c t différent
de la c é r a m i q u e é n é o l i t h i q u e , d o n t on a p a r l é p l u s h a u t (pag. 191). Les v a s e s de ces d e u x
catégories, q u o i q u e c o n t e m p o r a i n s , o n t des formes et des o r n e m e n t s dissemblables. P a r m i
les p r e m i e r s il y en a q u i o n t les b o r d s simples et droits (fig. 22,1, 2, i l , 12,13 ; 23,5), d ' a u t r e s
les b o r d s légèrement repliés (fig. 2 2 , 3 , 4 , 9 ; 23,4) et d ' a u t r e s les b o r d s repliés d ' u n e
3
*) Déchelette, Manuel, II 3, p. 1475, fig. 670 a. ) Ibidem, p. 68.
2 4
) Kovâcs Istvân, Apàhida, Dolgozatok-Travaux, ) Déchelette, l. c.
II, 1911, p. 28, fig. 29, 2 ; cf. plus haut, p. 183, 6
) Ibidem, p. 915. 923. 1082; Pârvan, Getica
n. 1. p. 565 sqq.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

m a n i è r e plus a c c e n t u é e (fig. 22,7,10; 31,10). T o u s ces profils se r e t r o u v e n t également


d a n s la c é r a m i q u e d e Piscul-Crăsani *). P a r contre on n ' a t r o u v é q u ' à Tinosul des
v a s e s d o n t les b o r d s fassent en profil u n angle droit (fig. 22,14). L a b a s e d e t o u s ces v a ­
ses est simple et quelquefois p r é s e n t e u n léger e m p a t t e m e n t . Ces v a s e s , p o u r la p l u p a r t
sans anses, p r é s e n t e n t c o m m e o r n e m e n t s des stries, des b a n d e s en relief appliquées de
différentes formes et des p r o é m i n e n c e s q u i é v e n t u e l l e m e n t p e u v e n t servir de poignées.
Le t y p e de p r o é m i n e n c e le plus r é p a n d u à Tinosul a la forme d ' u n e oreille p l a t e et t r i ­
a n g u l a i r e , disposée o b l i q u e m e n t sur la p a r o i extérieure du vase en guise d e poignée (fig.

Fig. 22. Céramique primitive de l'époque Latène III (sauf le fragment no. 5, qui est énéolithique).

22,6; 26). T o u t a u t r e s sont les proéminences des vases de Piscul-Crăsani, où les plus n o m ­
b r e u s e s o n t la forme d ' u n cylindre t r a p p u 2 ) ou d ' u n b o u t o n elliptique simple ou divisé
en d e u x ou trois p a r t i e s 3 ) . A T i n o s u l , où ce dernier t y p e est p e u fréquent (fig. 22,1, 2,12,
23,1,2), n o u s r e n c o n t r o n s d ' a u t r e s variétés d e proéminences (fig. 23,11,12), p a r m i les­
quelles certaines sont perforées p o u r p e r m e t t r e le passage d ' u n fil de suspension (fig.
23,6). L e plus s o u v e n t la décoration des vases à proéminences est complétée p a r des
b a n d e s en relief (fig. 22,1, 2, 6,12; 23,2, 9,12) et p a r des stries (fig. 23,11).
Les b a n d e s en relief, soit appliquées, soit constituées p a r les parois m ê m e s des v a s e s ,
o n t les formes les p l u s variées. Certaines se r e t r o u v e n t à Piscul-Crăsani, c o m m e p a r

») Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 12 — 24, fig. 96 — 98. 100 — 101. 104 — 111. 115.
3
19-61. ) Ibidem, p. 16, fig. 33; p. 20, fig. 48 — 50;
2
) Ibidem, p. 12 — 21; fig. 19 — 20. 23 — 24. 26. p. 22 — 23, fig. 57 — 58. 99. 102 — 103. 107.
28. 29 — 32. 34. 37. 40 — 41. 43. 47. 52 — 53. 55. 112 — 114.

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13»
RADU VULPE ET ECATERLNA VULPE

exemple: la bande en relief simple (fig. 24,8,10, 13), la bande à dépressions continues,
obtenues en pinçant la pâte entre deux doigts (fig. 22,12) et la bande tordue (fig. 23,9) ' ) .
D'autres n'ont été trouvées jusqu'à présent qu'àTinosul: la bande en relief à stries obli­
ques rares (fig. 24,4) ou rapprochées (fig. 22,1; 23,5,9; 24,5,12), la bande double à stries
en arêtes de poisson (fig. 24,1,6) et la bande à relief ondulé (fig. 23,4). En général les

Fig. 23. Céramique primitive de l'époque Latcne III (sauf le fragment no. 8, qui est cnéolithique).

bandes, simples ou doubles (fig. 24,1,6), sont disposées sur le goulot (fig. 22,9, lo), sur
la base ou sur la panse (fig. 24,13; 26). Quelquefois elles sont verticales et tiennent toute
la hauteur du vase (fig. 22,l). Sur certains fragments on a trouvé des bandes curvi­
lignes et entrelacées (fig. 22,1; 23,2).
Quant'aux stries qui décorent la panse des vases, elles dessinent par un simple trait
(fig. 22,7; 23,5; 24,2; 26) ou plusieurs traits parallèles (fig. 24,4,9,10; 25,a), selon qu'elles
sont tracées par un ébauchoir ou par un peigne, des zig-zags ou des ondulations. Quel­
quefois (fig. 24,l) plusieures stries parallèles accompagnent la décoration des bandes en
relief, dont on a parlé plus haut. Le plus souvent la décoration est réduite à des simples

*) Ibidem, p . 13 — 24, fig. 22 — 25. 27 — 28. Russie méridionale; cf. Max E b c r t , Ausgrabun-
30 — 32. 35 — 38. 4 1 . 45. 52. 59 — 61. On trouve gen auf dem Gute Maritzyn, Gouv. Cherson (Siïd-
de la céramique identique en ce qui concerne les Russland), P r a h i s t . Zeitschr., I I I , 1911, Berlin,
formes, la technique et les ornements dans les p. 256, fig. 3.
stations et les tombes de même époque de la

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LES FOUILLES DE TINOSUL

stries parallèles et horizontales qui font le tour du vase (fig. 22,3; 24,4,11). Les stries
paraissent môme sur les anses (fig. 24,7). Sur certains tessons on remarque en guise de
décoration des stries irrégulières et dans tous les sens. On ne saurait dire si le léger dé-
foncement elliptique du fragment représenté dans la fig. 22,11, est décoratif ou utilitaire,
pour permettre de saisir le vase.
La poterie qu'on vient de décrire est d'une facture et d'un aspect tout à fait primitif;
elle est dépassée même par les produits de la céramique énéolithique et elle est totalement
inférieure à la céramique contemporaine faite au tour. Faite avec une négligence surpre­
nante et d'une pâte de qualité tout à fait inférieure, elle est d'une fragilité qui la rend

Fig. 24. Céramique primitive de l'époque Latène III.

presqu'inutilisable dans la vie quotidienne. Si nous considérons que les urnes funéraires
trouvées dans les tombes de Tinosul, ainsi que dans celles de Piscul-Crăsani x ) ou de
Piscul-Coconi 2 ), font partie presque sans exception de cette catégorie de céramique,
nous pouvons déduire qu'en général ces vases avaient surtout un caractère religieux en
rapport avec les antiques traditions rituelles, qui vue la persévérance des proéminences
et des bandes en relief décoratives, remontent jusqu'à l'époque néolithique 3 ). En tout
cas ce n'est pas par pur hasard qu'aucun vase de technique supérieure ou travaillé
au tour n'est employé comme urne funéraire à Tinosul ou à Coconi (v. plus-haut,
pag. 188).
De la même technique négligée sont les tasses simples à grandes anses qui relient le
rebord à la base (fig..25,9; 32) pareilles à celles trouvées à Crăsani 4 ).
En général les anses de toute cette poterie sont applaties, sémicirculaires, en forme
de point d'interrogation, avec ou sans stries (fig. 24,7) ou bien avec un bouton en relief pour
3
*) Cf. plus haut, p. 188, n. 6. ) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 35 sqq.
2 4
) Plus haut, p. 189, n. 1. ) Ibidem, p. 44; fig. 62 — 64. 65 — 67.

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

poser le pouce (fig. 24,3, 7). Un gros fragment d'anse, qui faisait sans doute partie d'un
grand vase, est décoré par trois bandes en relief longitudinales (fig. 24,5). Dans la petite
tranchée <5 (fig. 3) on a trouvé un grand fragment d'une pâte impure, gros et plat, qui
constituait peut-être la base d'un vase de grandes dimensions.
La seconde catégorie de céramique faite à la main, d'une technique supérieure et
d'une pâte plus homogène, à lustrage, présente à part des profils simples (fig. 25,1, 2, 4,12),
des profils plus compliqués à rebords plus prononcés et plus détachés, à angle vif (fig.
25,6, 7, lo). Ces formes se retrouvent aussi à Crâsani et M. Andrieşescu à juste raison sup­
pose qu'elles sont imitées d'après les formes de la céramique travaillée au tour *). Cette

Fig. 25. Céramique faite à la main de l'époque de Latène III.

chose est encore mieux mise en évidence à Tinosul, où quelques fragments de rebords
d'une pâte insuffisamment cuite travaillés à la main et d'un lustrage noirâtre présentent
un profil (fig. 25,6) tout à fait identique aux profils les plus caractéristiques de la céra­
mique contemporaine travaillée au tour (v. les fig. 28,5; 32). Les bases sont simples ou
imitées d'après la céramique travaillée au tour. Les anses les plus répandues sont
plates, courbes et disposées verticalement (fig. 25,3), disposées horizontalement sur les
rebords des terrines (fig. 25,2; 32), en forme de point d'interrogation, s'élevant plus haut
que la bordure du vase (fig. 25,11) et à bouton proéminent pour poser le pouce (fig. 25,5).
Sur un fragment de terrine (fig. 25,12) l'anse se réduit à une simple oreillette.
Le manque complet d'ornementation, de même qu'à Crasani 2 ), caractérise cette
céramique et la différencie de celle de la première catégorie. Les quelques proéminences
qu'on rencontre exceptionellement n'ont qu'un but utilitaire et remplacent les anses

l 2
) Ibidem, p . 5 1 . ) Ibidem, p. 50.

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LES FOUILLES DE TINOSUL

(fig. 25,4), comme par exemple l'enflure que présente parfois le rebord évasé de la poterie,
particularité rencontrée aussi à Cră-
sani l ).
b) Céramique travaillée au tour. Cette
céramique se divise également en deux
catégories: 1. la céramique travaillée
sur place d'après des modèles greco-
romains ou celtiques plus anciens et ca­
ractérisée par la qualité supérieure de
la pâte, grisâtre ou plus rarement rou-
geâtre et par le profil des formes; 2. la
céramique greco-romaine d'importation.
De même qu'à Piscul-Crăsani 2 ), la
céramique fabriquée sur place est très
abondante à Tinosul et comprend toute
la variété de vases utilisés dans la vie
quotidienne pour boire et pour manger,
des plus petits et plus fins jusqu'aux plus
grands et à grosses parois, tasses, coupes,
terrines, casseroles, cruches, carafes, va­
ses très évasés, passoirs, etc. Et, chose
inconnue à Crăsani, nous trouvons de la
même pâte grisâtre, même des ampho­
res, solides, imitées avec beaucoup d'a­
dresse d'après les modèles grecs, ayant Fig. 26. Céramique primitive et supérieure
de l'époque Latène I I I .
les mêmes ornements ondulés et les
mêmes anses bicylindriques que les amphores des cités grecques du Pont-Euxin.
De même qu'à Crăsani 3 ), le profil le plus caractéristique est celui à rebords évasés
et larges, (fig. 27,3,4; 28,5, 7,10; 32) profil très rare dans le reste de l'Europe, 4 ) mais ex­
cessivement répandu en Dacie, surtout dans la plaine roumaine, où il constitue une des
principales caractéristiques de la céramique Latène 6 ). Le travail au tour permet une
grande variété de dimensions et de profils (fig. 28,5, 7,10 ; 29,1-7) : les coupes simples à
profils droits et aux rebords retroussés à angle vif (fig. 29,l), voisinent avec des formes
plus compliquées, plus élégantes, à profils composés (fig. 28,6 ; 29,1-7 ; 32) et avec de vases

») Ibidem, p . 5 5 ; fig. 139. à l'époque de H a l l s t a t t dans la Bosnie, parmi


2
) Ibidem, p. 57 sqq. des vases travaillés à la main, p a r exemple à
8
) Ibidem, p. 58 s q q . ; fig. 122-126, 156-165. Cungar (cf. W . Radimsky, Die Gradina Cungar
*) Il se rencontre seulement aux assiettes en bei Cazin, Wiss. Mitt. a. Bosnien u. d. H e r e , IV
bronze de l'époque et de la région de H a l l s t a t t 1896, p . 83 sqq., fig. 4 8 ; 4 9 ; 6 0 ; 9 1 ; 100) et à
(cf. E d . Freih. von Sacken, Das Grabfcld von Donja Dolina (Ciro Truhelka, Der Vorgeschich-
Hallstatt in Oberosterrcich und dessen Alterthiïmer, tliche Pfahlbau im Savabetto bei D. Dolina, I X
Wien 1868, pi. X X I V , fig. 2 — 9 ) et à quelques 1904, pi. L X V I , fig. 1, p . I l l ; pi L X X I X , fig.
urnes en terre cuite de même époque a y a n t 4 — 5 , p. 137; ibid., X I 1909, p . 19, pi. V I I ,
comme prototypes des vases en bronze (Déche- fig. 15).
5
l e t t e , Manuel, I I 2, p . 823, fig. 335). Des profils ) P â r v a n , Getica, p . 201 sq.
plus ressemblants à ceux de Tinosul apparaissent

199

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à r e b o r d s e x c e s s i v e m e n t évasés (fig. 28,5, 7, io). Q u e l q u e s u n s de ses vases o n t des galbes


p l u s simples (fig. 2 8 , 1 , 2 9 , 8 ; 32) et des re­
bords p e u a c c e n t u é s (fig. 29,9). Certains
en forme de t e r r i n e s o n t le fond p r e s q u e
s p h é r i q u e (fig. 2 8 , 1 ; 29,10-15; 32). D ' a u t r e s
(fig. 29,10-15; 27,1-2; 32) r a p p e l l e n t p a r ­
f a i t e m e n t les profils des terrines celtiques
de l ' é p o q u e L a t è n e I I I du M o n t B e u -
v r a y ] ) . O n t r o u v e é g a l e m e n t des vases
à goulots é t r o i t s et à r e b o r d s retroussés
semblables a u x goulots des carafes (fig.
29,16). Les bases de ces vases v a r i e n t selon
le caprice et la fantaisie des ouvriers qui
les o n t t o u r n é . Les bases simples et sans
e m p a t t e m e n t , en q u a r t de r o n d , sont t r è s
r a r e s ; celles à e m p a t t e m e n t (fig. 30,1-lo) ou
à profil o r n e m e n t a l p l u s c o m p l i q u é (fig.
30,3, 4, 8, 9) se r e n c o n t r e n t plus s o u v e n t . L a
figure 32, angle s u p é r i e u r à d r o i t e , r e p r é ­
s e n t e le profil d ' u n e tasse à profil simple
et à e m p a t t e m e n t . Certains vases sphéri-
ques n ' o n t p r e s q u e p a s de b a s e (fig. 30,5).
Fig. 27. Céramique indigène de l'époque de Latène Dans la tranchée H, en £, n o U 8 avons
III, travaillée au tour. trouvé u n p e t i t pied t r è s fin d ' u n e p â t e
noire et s e m b l a b l e à ceux des p e t i t s v e r r e s . L a m a j e u r e p a r t i e de ces vases grisâtres n ' o n t
p a s d ' a n s e s , s u r t o u t c e u x a r e b o r d s retroussés et évasés q u i p a r a i s s e n t ê t r e p l u t ô t de
g r a n d e s coupes. Toutefois les vases à anses n e sont p a s r a r e s . Le p l u s s o u v e n t les a n ­
ses sont fines, p l a t e s et minces, en forme de p o i n t d ' i n t e r r o g a t i o n et r e l i a n t le r e b o r d d u
v a s e à sa p a n s e (fig. 28,2, 3). Les vases à anses sont p l u t ô t p e t i t s ; n o u s en a v o n s t r o u v é
d e u x q u i s o n t p r e s q u ' e n t i e r s (fig. 36,3, 5). Les vases p l u s g r a n d s et en forme d e t e r r i n e s
o n t des anses cylindriques et r o n d e s disposées h o r i z o n t a l e m e n t , semblables à celles de la
c é r a m i q u e c o n t e m p o r a i n e faite à la m a i n (v. plus h a u t , p a g . 198, fig. 25,2). Les anses b i -
cylindriques et grisâtres des a m p h o r e s de p e t i t e s dimensions q u i i m i t e n t les a m p h o r e s
n o r m a l e s , sont d ' u n g r a n d i n t é r ê t , ainsi q u e les anses des p e t i t e s tasses q u i i m i t e n t celles
de certains p e t i t s vases grecs (fig. 34,4, 7, 8). Quelquefois les p e t i t s vases s a n s anses o n t
le r e b o r d perforé p o u r p e r m e t t r e le p a s s a g e d ' u n fil de suspension.
C e t t e c é r a m i q u e grisâtre, avec t o u t e s ses q u a l i t é s de solidité et de t e c h n i q u e im­
peccable, n e p e u t p a s p r é s e n t e r u n i n t é r ê t e s t é t h i q u e r e m a r q u a b l e a u t r e q u e celui de la
v a r i é t é des formes et des profils engendrée p a r le t r a v a i l a u t o u r . L ' o r n e m e n t a t i o n si
riche et si variée de la c é r a m i q u e n é o l i t h i q u e travaillée à la m a i n , q u i , q u o i q u e sous
u n e forme r u d i m e n t a i r e , décore p a r t r a d i t i o n m ê m e la c é r a m i q u e poreuse d e l ' é p o q u e de
L a t è n e I I I , fait c o m p l è t e m e n t défaut sur ces vases grisâtres et d e t e c h n i q u e s u p é r i e u r e .
Les p r o é m i n e n c e s disparaissent. Le t r a v a i l au t o u r ne p e u t d o n n e r q u ' u n seul o r n e m e n t :

x
) Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1484, fig. 678.

200

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LKS FOUILLES DE TINOSUL

la t r a c e h o r i z o n t a l e rectiligne ou légèrement ondulée (fig.26) faite avec u n e p o i n t e pen­


d a n t le t r a v a i l au t o u r , t r a c e qui t o u t au plus p e u t être multipliée à l'aide d ' u n peigne

Fig. 28. Céramique indigène de l'époque de Latène III, travaillée au tour.

(fig. 2 6 , 28,8, 9, i l ) . E n ce cas l ' o r n e m e n t le plus compliqué q u ' o n puisse obtenir est com-

Fig. 29. Céramique indigène de l'époque de Latène III, travaillée au tour.

posé de zones alternées de lignes rectilignes et de lignes ondulées (fig. 28,8, 11). Quelque­
fois la d é c o r a t i o n est complétée p a r u n e ligne ondulée brillante sur le r e b o r d évasé de la

201

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

poterie, obtenue sur la glaise avant la cuisson et après le séchage à l'aide d'un ébauchoir
en bois (fig. 28,5, 7,10).
A Piscul-Crăsani la céramique grecque d'importation et la céramique grisâtre sont

les seules travaillées au tour. A Tinosul cependant nous trouvons une troisième catégorie :
ce sont les vases fabriqués avec une belle pâte rougeâtre et fine, semblable à celle des

Fig. 31. Céramique grecque d'import et céramique indigène d'imitation»

vases grecs les plus fins. Nous ne pouvons pas les considérer d'origine hellénique; leurs
formes sont identiques à celles de la céramique grisâtre décrite plus haut, comme par
exemple le profil compliqué aux rebords évasés (fig. 31,4,16). Nous retrouvons les mêmes

202

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LES FOUILLES DE TINOSUL

profils fins (fig. 28,1, 4; 29,8, lô), les mêmes anses petites et plates, en forme de signe
d'interrogation (comparer les fig. 28,2,3 avec la fig. 31,4), les mêmes petites anses hi-
cylindriques, les mêmes ornements ondulés (fig. 31,2) ] ).
Quant aux formes semblables à celles de la céramique grecque, comme la fine po­
terie, dont la fig. 28,4 reproduit le profil, comme les vases dont le rebord a le profil
typique de la poterie à couvercle (fig. 31,5,9; 33), comme les bols sémisphériques sans
bases (fig. 28,4) et les vases presque sphériques et à petites bases, il est plus difficile
de déterminer si elles sont importées ou fabriquées sur place. Nous avons le même
doute en ce qui concerne la provenance du fragment de rhyton en forme de tête d'aigle
(fig. 31,8) et l'anse
composée de deux
cylindres tordus ]
(fig. 31,13).

De même qu'à
Crăsani la céra­
mique importée
est très abondan­
te. Pourtant la
variété des types
n'est pas aussi
grande que celle
de la céramique
travaillée surpla­
ce. La majeure
partie des tessons
Fig. 32. Céramique de l'époque de Latène III.
de cette cérami­
que sont des restes d'amphores, vases très répandus alors par le commerce des vins
et des huiles. D'autres tessons sont des restes de vases plus petits, quelques-uns même
très fins et qui la plupart du temps ont servi de modèle aux potiers indigènes (fig. 28,1,4;
29,12-15; 30,5).
En examinant les tessons des amphores nous avons trouvé des éléments appartenant
à 90 amphores différentes, ce qui paraît considérable pour une station aussi petite que
celle de Tinosul. A Piscul-Crăsani, M. Andrieşescu n'en a compté que 30 environ 2 ).

*) A Gorodok Nikolajcwka, station de la mê­ qu'à Tinosul on n'en a recueilli que 160 environ.
me époque que Tinosul, dans la Russie méridi­ On doit tenir compte de la différence d'époques
onale, on a trouvé des tessons de vases de la entre les deux stations. La station de Crăsani est
même catégorie, de profils identiques, qui é- plus ancienne que celle de Tinosul (commence­
taient fabriqués à la m a i n ; cf. M. E b e r t , Ausgra- ment de notre ère) d'environ deux siècles (s. III—II
bungen bei dern «Gorodok Nikolajewka» am Dnjepr, av. J . C. ; cf. Pârvan, Getica, p. 203 sqq.). Sans
Gouv. Cherson, Priihist. Zeitschr., V 1913, p. 99, doute, les relations commerciales des Gètes avec
fig. I l l , 9 — 21. les civilisations méridionales, très suivies dès le
2 Vl-ème siècle av. J . C. (Pârvan, La pénétration
) Piscul-Crăsani, p . 69. E n échange on a
trouvé à Piscul-Crăsanilor plus de 500 fragments hellénique et hellénistique dans la vallée du Danube,
à proéminences de vases primitifs poreux, tandis Bucarest, 1923, Académ. Roum., Bull, de la sect.

203

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A Tinosul aucune amphore n'a été retrouvée entière. En général les types sont identiques
dans les deux stations et proviennent sans doute des mêmes cités grecques *). Quelques
unes sont rouge feu ou rouge bricque, d'autres jaunâtres. La technique est la même et
dans la pâte on trouve des fines paillettes de sable noir. Ce détail qui caractérise
totites les amphores gréco-romaines trouvées dans cette région, fait complètement défaut
aux amphores de pâte grisâtre, dont on a parlé plus haut (pag. 200). Ce qui constitue une
preuve de plus que ces dernières étaient fabriquées par les habitants. Les amphores ont
leurs bases en pointes ou plates. Les dimensions varient, mais pas beaucoup. Les anses
ont des sections transversales différentes: il y en a d'ovales simples ; il y en a d'ovales avec
une arête (fig. 31,"), avec deux arêtes (fig. 31,17) et avec trois arêtes (fig. 33,2; 34,2). .Les
anses bicylindriques sont très répandues de même qu'à Crâsani et ce sont les seules que
les habitants se sont attachés à imiter dans leur poterie grisâtre. Une seule anse d'une
pâte rouge feu présente en section une
arête à angle vif (fig. 33,1; 34,:$).
Une autre anse trouvée dans la
tranchée A, en b, (fig. 34,9; 39,12),
porte l'inscription suivante:
' A o/rj vvéfi fovj
0(u[ri7ij7tov
Les amphores portant le cachet
de l'astynome sont très rares dans
le monde grec méridional 2 ), mais
très répandues dans les régions du
Pont-Euxin 3 ). Heureusement, dans
le cas présent nous pouvons déter­
miner avec précision l'origine de notre
amphore. Qalvinnoç est le nom d'un
agoranome sur un m)x<»[ia de Pani-
don dans le sud de la Thrace: en
■^ àyoqavôfiov 0aivtnnov 4 ). Mais sur
les anses des amphores ce nom ne
paraît que sur les rives de la Scythie,
Fig. 33. Céramique grecque d'importation. en trois exemplaires : àotVVO/lfov]

3
hist., t. X , p . 4 sqq.), étaient encore plus fré- ) Paul Becker, Ueber eine Sammlung unedier-
quentes au commencement de l'époque impériale ter Henkelinschriflen aus dem sudlichen Ruszlnnd,
romaine, ce qui explique à Tinosul la supériorité Jahrbiïchcr f. classischc Philolog., Supplhd. IV,
quantitative des amphores et des objets impor- Leipzig 1862, p . 464 sqq. ; idem, Ueber eine neue
tés sur la céramique de technique primitive. Sammlung unedierter Henkelinschriften aus dem
1
) Ordinairement Thasos, Rhodes et Cnide (cf. siidlichen Ruszlnnd, ibid., Spplbd. X , Leipzig 1878;
Pârvan, Getica, p . 204 sqq.), auxquelles on doit idem, Ueber eine dritte. Sammlung unedierter Hen-
ajouter les cités grecques du P o n t - E u x i n , comme kelinschriften aus dem sudlichen Ruszlnnd und iiber
Olbia (v. plus bas, pag. 205). Dumont's Inscriptions céramiques de Grèce, Paris
2
) M. Albert Dumont, Inscriptions céramiques 1871, J a h r b . f. class. Philol., Leipzig, 1878, p . 111
de Grèce, Paris 1872, p . 2 3 . Ailleurs, p . 141, il sqq.
attribue aux Cnidiens le peu d'inscriptions avec *) D u m o n t , op. cit., p . 42.
àoTVvô[iov, trouvées en Grèce.

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<I>uivt[7i7iov] KT>JO[O>V] de Panticapée (Kertsch) *), fàozvjvo/wv [Omvnjnizov /77a-


O/LX<IQOV(Ç) d'Olbia-) et ânrvvojufovj &<UVITUWV rofvj [IIaoJiX(XQOv(ç) IIOOÎÔEIOÇ de
Panticapée 3 ). Ces trois inscriptions font partie de la grande quantité de cachets d'am­
phores portant les noms des àorvvô/ioi et qui se trouvent en particulier dans le sud de
la Scythic 4 ). Dans une étude minutieuse et bien documentée au sujet de ces cachets,
Paul Becker a pu fixer le lieu d'origine de toutes ces amphores à Olbia 5 ). Puisque l'in­
scription de Tinosul répond parfaitement à cette catégorie, comme on peut s'en rendre
compte en la comparant aux trois autres provenant d'Olbia et de Panticapée, nous
pouvons déduire avec certitude qu'elle provient également d'Olbia. Nous voilà en pos­
session d'une information très importante concernant le commerce des habitants de la
plaine gète avec les cités grecques de la grande Scythie. Sans doute, ce commerce était

■ osl 4-
Fig. 34. Céramique grecque d'importation.

fait indirectement et les cités grecques de la Dobrogea, Histria ou Tomi servaient d'in­
termédiaires, mais il est intéressant de constater que Tinosul a été atteint par le commerce
olbiopolitain aussi 6 ).
Un autre élément appartenant aux amphores sont les bouchons. Le plus souvent
ils sont faits de la même pâte de bonne qualité (fig. 31,11). Rarement ils sont informes,
en argile qui moule la forme de l'ouverture du vase, séchés et puis cuits, comme on a

') Becker, Ueber eine drille Sammlung, etc., p. 30, dérable d'inscriptions céramiques de la catégorie
no. 27. des àaxvvôiAot; cf. Paul Nicorescu, Scavi e scoperte
2
) Idem, Ueber eine neue Sammlung, etc., p . 221, a Tyras, Ephemeris Dacoromana, I I , 1924, Borna,
no. 8. p . 409 sq.
3 5
) Ludolf Stephani, Erklarung einiger Jahre 1865 ) Ueber eine drille Sammlung, etc., p . 111.
8
im siidlichen Russland gefundenen Gegenstănde, ) Pour les relations politiques et économiques
Compte-rendu de la Comission impériale archéolo­ assez suivies entre Olbia et les cités grecques de la
gique pour l'année 1866, St. Pétersbourg, 1867, Dobrogea, cf. V. Pârvan," Gerusia din Callatis,
p . 134, no. 26. An. Ac. Bom., s. ist., ser. I I , t. X X X I X , Bucu-
4
) Cf. P . Becker, Ueber eine drille Sammlung, reşti, 1920, p . 54 sq. ; idem, La pénétration hellé­
etc., p . 108 sqq. On a trouvé également en Bou- nique et hellénistique dans la vallée du Danube, p .
manie, à Tyras (Cetatea-Albă) un nombre consi­ 10 sq.

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t r o u v é d a n s la fouille J. E n général les a m p h o r e s n ' o n t p a s d ' o r n e m e n t s . Parfois n o u s


t r o u v o n s p a r zones horizontales des lignes ondulées ou rcctiligncs (v. fig. 28,11) ou
u n e seule ligne ondulée (fig. 31,l).
Les a u t r e s vases grecs sont en forme d e godets (fig. 29,17, 2i), en forme de vases d o n t
le r e b o r d a le profil nécessaire p o u r recevoir u n couvercle (fig. 29,22 ; 3 1 , 5 , 9 ; 3 2 ; 33,4),
en forme de bouteille au goulot é t r o i t (fig. 29,19), en forme de c u v e t t e s a u fond a r r o n d i (fig.
29,28), en forme d e terrines a u x parois épaisses (fig. 31,12, 14). N o u s t r o u v o n s é g a l e m e n t
les profils représentés d a n s les fig. 29,26, 27, 29 et plusieures formes q u i o n t été i m i t é e s
d a n s la c é r a m i q u e grisâtre, d o n t on a p a r l é p l u s h a u t (fig. 29,23-25; 31,6,15; voir fig.
29,13-15). Les bases et les anses o n t les m ê m e s formes q u e celles de la c é r a m i q u e g r i s â t r e .
Les p e t i t s vases r e p r o d u i t s d a n s les fig. 29,30-32 sont d ' u n t r a v a i l t r è s délicat, de
m ê m e q u e la cruche t r o u v é e p r e s q u ' e n t i è r e d a n s la fouille N (p. 1 7 9 ; fig. 35 et 37,3) et la
cruche r e p r é s e n t é e d a n s la fig. 36,7. Quelques f r a g m e n t s de p e t i t s vases, c o m m e les tasses
t r o u v é e s d a n s la t r a n c h é e G (pag. 186, fig. 34,4, 7) et c o m m e le goulot r e p r é s e n t é d a n s la fig.
29,19, ont u n e engobe rouge. Les o r n e m e n t s de ces vases se r é d u i s e n t à d e simples lignes
h o r i z o n t a l e s . E x c e p t i o n e l l e m e n t q u e l q u e s f r a g m e n t s d ' u n v a s e t r o u v é d a n s la fouille N
p o r t e n t u n e décoration de triangles et d e carrés gravés en c r e u x (fig. 34,1,5,6). C e t t e
d é c o r a t i o n ressemble à celle d ' u n kyathos d'origine g r e c q u e
t r o u v é à P o p u l o n i a , en E t r u r i e x ) et se r e t r o u v e d a n s ses
motifs p r i n c i p a u x s u r la c é r a m i q u e c e l t i q u e d e la G a u l e
e t de l ' E u r o p e c e n t r a l e , d o n t la f a b r i c a t i o n est t r è s a c t i v e à
la fin de l ' é p o q u e L a t è n e I I I 2 ) .
C o m m e c é r a m i q u e grecque d ' i m p o r t a t i o n à Tinosul n o u s
t r o u v o n s é g a l e m e n t quelques f r a g m e n t s de g r a n d s v a s e s : des
f r a g m e n t s de hydriae d ' u n e f a b r i c a t i o n solide, d ' u n e p â t e
aussi c o m p a c t e q u e celle des a m p h o r e s , m a i s avec les p a ­
rois p l u s épaisses et décorées p a r d e simples lignes droites
> L ou ondulées (fig. 3 1 , 1 ; 33,3) et des f r a g m e n t s de dolia a u x
Fig. 35. Petit vase grec
parois encore p l u s épaisses ( j u s q u ' à 0,03 m ) , d ' u n e p â t e
d'importation.
b r u n - r o u g e i m p u r e m a i s solide et b i e n - c u i t e . T o u s ces g r a n d s
vases, de m ê m e q u e les a m p h o r e s d o n t on a p a r l é plus h a u t , p r o u v e n t q u ' à T i n o s u l on
faisait u n c o m m e r c e actif de p r o d u i t s grecs, tel q u e le v i n ou l'huile.

Il n o u s r e s t e à parler, p o u r c o m p l é t e r la description de la c é r a m i q u e t r o u v é e à Ti­


nosul, des vases en m i n i a t u r e t r o u v é s d a n s les fouilles D , G, H, J et N. Il y en a cinq.
Celui t r o u v é d a n s la fouille J (fig. 32 ; 37,4) fait p a r t i e de la c é r a m i q u e p o r e u s e p r i m i t i v e ;
les a u t r e s semblables e n t r e e u x et à p e t i t e s anses (fig. 36,1, 2, 3, 6 ; v . aussi la fig. 37,6), s o n t
d ' u n e p â t e fine, grisâtre et font p a r t i e de la catégorie des g r a n d s vases travaillés a u t o u r .
A Crăsani n o u s n e t r o u v o n s p a s l ' é q u i v a l e n t de ces m i n i a t u r e s , de m ê m e q u ' à T i n o s u l les
m i n i a t u r e s d e Crăsani q u i i m i t e n t les u r n e s poreuses à q u a t r e p r o é m i n e n c e s 3 ) font c o m p l è t e ­
m e n t défaut. I l est difficile de t r o u v e r l'emploi de ces m i n i a t u r e s . M. Andricşescu en é t u d i a n t

*) A. Minto, Notizie dcgli Scavi, Roma 1921, p. 1493, fig. 683.


3
p. 306, fig. 6. ) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 27. 37 sq.
z
) Déchelette, Manuel, II 3, p. 1490, fig. 682, 8;

206

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LES FOUILLES DE TINOSUL

Fig. 36. Petits vases et vases en miniature.

L a p r e m i è r e h y p o t h è s e n o u s p a r a î t plus certaine. E n effet, p r e s q u e t o u j o u r s ces minia­


t u r e s se t r o u v e n t ou a u p r è s ou d a n s les t o m b e s . P e u t - ê t r e remplaçaient-elles, en les
i m i t a n t , — p o u r les gens p a u v r e s q u i t r o u v a i e n t ainsi le m o y e n de c o n t e n t e r les exigen­
ces rituelles — , les u r n e s funéraires ou les a u t r e s vases sacrés.

2. O B J E T S E N T E R R E CUITE
Les p l u s c o m m u n s objets en t e r r e cuite, après la c é r a m i q u e , sont ici, c o m m e à Piscul-
Crăsani, les fusaïoles. O n en a t r o u v é 43 en t o u t . Le plus s o u v e n t elles sont faites d ' u n e
p â t e suffisamment h o m o g è n e , plus ou moins cuite. Quelques unes de ces fusaïoles possè­
d e n t u n l u s t r a g e rouge. Les a u t r e s sont plus primitives et moins bien cuites. U n e seule n ' e s t
p a s cuite d u t o u t . Les formes les plus habituelles sont celles des fig. 38,1-3,6, 9-11 (v. aussi
les fig. 39 e t 43), t r o u v é e s également à Piscul-Crăsani 2 ). D ' a u t r e p a r t n o u s t r o u v o n s celles
b i c o n i q u e s , h a u t e s (fig. 38,4), u n e en forme de croix (fig. 38,12) et u n e p l a t e , g r a n d e et p e u
épaisse (fig. 4 1 , l ) . Q u o i q u e les o r n e m e n t s sont peu n o m b r e u x , ils a p p a r a i s s e n t sur les fusaïo­
les de Tinosul plus f r é q u e m m e n t q u ' à Crăsani. Trois fusaïoles p r é s e n t e n t des stries r a y o n ­
n a n t e s , d o n t d e u x sont r e p r o d u i t e s d a n s les fig. 38,3,10. On a r e n c o n t r é u n e a u t r e d a n s la
fouille N, côtelée sur le b o r d (fig. 38,11). Le rôle de ces objets t r o u v é s en E u r o p e dès plus
x
) Ibidem, p. 37 sq. Marchesetti, Castellieri, p. tionnant ceux trouvés à Donja Dolina (Der vor-
146, qui cite les vases en miniature trouvés dans gesch. Pfahlbau im Savabette bei Donja Dolina
l'Illyric et dans l'Italie septentrionale, les con- W. M. a. Bosn. u. d. Here, IX, 1904, p. 48).
2
sidère comme des jouets d'enfants et la même ) Andrieşescu, op. cit., p. 80; fig. 240 — 247.
interprétation leur donne M. Truhelka, en men-

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RADII VIILPE ET ECATERINA VULPE

anciens temps jusqu'à l'époque romaine l), tant dans les nécropoles, que dans les sta­
tions, est difficile à établir. On leur accorde généralement le nom et l'emploi de fusaïoles,

Fig. 37. Vases de terre cuite en miniature et vase


de bronze servant comme bobèche de candélabre. Fig. 38. iFnsaloletf en terre cuite.

supposant qu'elles servaient à équilibrer la tige verticale qui servait au filage 2 ). Là-
dessus M. Andrieşescu adopte l'opinion très plausible de M. Truhelka 3) en ce qui con­
cerne les fusaïoles de Crăsani; il croit qu'on les employait comme contre-poids destinés
à garder au fond de l'eau les filets de pêche, pareils à ceux qu'on emploie de nos jours en
Bosnie. Le fait qu'on trouve en grande quantité ces objets dans les stations où la pêche
ne pouvait pas être une des principales occupations des habitants 4) et que ce sont
parmi les objets les plus courants dans les tombes 5 ), nous empêche d'adopter d'une
manière générale cette opinion. Nous retrouvons d'ailleurs dans les stations lacustres
néolithiques parmi les nombreuses fusaïoles — et pourtant là ce serait le cas des en­
gins de pêche— certaines portant encore leur tige en bois 8 ). Il est fort probable qu'un
pareil objet ait eu plusieurs emplois, dont ces deux derniers, de fusaïoles et contre-poids
de filets de pêche, seraient les principaux 7 ). Dans les tombes elles peuvent être des
perles de colliers aussi.
Comme objets à plusieurs emplois, nous trouvons également les pyramides perforées
au sommet et servant soit comme contre-poids d'instruments de pêche, ou comme contre-

x 4
) Cf. Déchelette, Manuel, I, p . 581 ; II 1, p. ) Comme par exemple Piscul-Crasanilor et Ti-
390; II 3, p . 1398; et G. Lafaye, Fusus (C. Dareni- nosul.
6
berg, E . Saglio, E . Potticr, Dictionnaire des an­ ) Déchelette, Manuel, I I 3, p. 1398.
tiquités grecques et romaines, Paris 1896, II), p. «) Ibidem, I, p. 581 ; I I 1, p . 390.
1426 b . ') Ibidem, I I 1, p . 390: «Cependant tous les
2
) Déchelette, o. c , I, p . 581 et G. Lafaye, o. c. petits objets globulaires en terre cuite perforés au
3
) Der vorgeschichtliche Pfahlbau im Savabette centre ne sont pas des fusaïoles. Il en est qui,
bei Donja Dolina, Wissenschaftliche Mitteilungen d'après leurs formes ou leurs dimensions, ont dû
aus Bosnien und der Hercegovina, I X , 1904, servir les uns de grains de collier, les autres de
p . 38 sq. poids de métiers à tisser ou de poids de filets».

208

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LES FOUILLES DE TINOSUL

poids de métiers de tissage, etc. On en a trouvé 4 pièces à Tinosul, pareilles à celles de


Crăsani x ). Une de ces dernières est de forme
ovale. Ces objets sont fort nombreux dans le
SE de l'Europe dans l'intervale néolithique-ro­
main 2 ), manquant presque complètement dans
l'Europe occidentale 3 ).

0 H C
Dans la fouille J on a trouvé un objet en
terre cuite à manche (fig. 39,14), pareil à celui
trouvé à Crăsani et supposé par M. Andrieşescu
à juste raison comme servant au polissage des
vases 4. Ce serait là connaître la manière dont

<ş O c •
on polissait la céramique supérieure faite à la
main, de l'époque Latène.
Il n'y a pas doute quant à l'emploi déco­
ratif des perles rondes ou ovales en terre cuite
(fig. 38,5, 8 ; 43 ; 49,16), dont on n'en a trouvé que
quatre à Tinosul. Comme objet de parure pri­
mitif nous pouvons citer une breloque en forme
d'anneau avec une partie proéminente (fig. 39,2),
trouvée dans la tombe # de la fouille 1/ (p. 187).
Fig. 39. Petits objets en terre cuite, anse d'am­
Aux fouilles d et D nous avons découvert phore à inscription et deux monnaies de bronze.
trois figurines fort primitives en terre cuite :
une représentant rudimentairement une tête d'homme, les yeux étant figurés par une
unique perforation traversant la racine du nez et ayant un trou à la base, destiné à re­
cevoir le support en bois ; et les deux autres simulant des têtes de cheval (fig. 38,7 ; 41,4, 5 ;
49,18). Il est difficile de déterminer à quelle couche appartenaient ces figurines: Latène
ou énéolilhique, car elles ont été trouvées justement à l'endroit où la terre a été le plus
souvent remuée avant nos fouilles. Leur primitivité les rapproche beaucoup des figurines
néolithiques, par exemple de celles de Cucuteni en Moldavie 5 ) et de Sultana dans la
vallée de la Mostiştea 6 ). Malgré cela, à Tinosul elles voisinent, dans les couches plus
récentes, avec la céramique de l'époque Latène I I I .
Parmi les objets en terre cuite il est à mentionner un petit disque prolongé en
forme de bec (fig. 41,7), dont l'emploi ne peut pas être déterminé avec certitude. Il pour­
rait être considéré parmi les petits tessons arrondis qu'on trouve souvent dans les sta­
tions protohistoriques et qu'on prend pour des jouets d'enfants 7 ). De ces tessons on
a trouvé à Crăsani plusieures espèces, certains perforés, ce qui autorise M. Andrieşescu
à supposer qu'ils font partie de la même catégorie que les ainsi appellees «fusaïoles» 8 ).
') Andricşescu, Piscul-Crăsani, 79; fig. *) Andrieşescu, Piscul-Crăsani, p. 79 ; fig. 238 ;
236 — 237. Pârvan, Getica, p. 209, n. 1.
2 6
) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de ) Andrieşescu, Contribuée la Dacia înainte de
Romani, p . 38, n. 24. Romani, pi. VI.
3 6
) Déchelette n'en parle pas. Du monde grec, ) Andrieşescu, Les fouilles de Sultana, sous
où ils furent connus de bonne heure, ces poids presse.
7
sont passés en Italie, où ils deviennent communs ) C. Marchesetti, I Castellicri preistorici di Tri­
à l'époque r o m a i n e ; V. Chapot, Textrinum (Da- este e délia regione Giulia, p. 147.
8
remb.-Saglio, Y), p. 166. ) Piscul-Crăsani, p. 8 1 ; fig 254—255.

209

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14 Dacia I 1924.
HADU VULPE ET KCATKIUNA VUI.PK

3. O B J E T S EN P I E R R E
Parmi ces objets en pierres est à mentionner l'unique silex trouvé dans la station
(fig. 41,3) et dont on ne peut déterminer l'époque (v. plus haut, p. 178).
A remarquer les moitiés des deux moulins à bras, l'une trouvée dans la fouille G
et l'autre dans l'écroulement du promontoire sur lequel se trouve la station (fig. 40),
tous les deux de forme connue à l'époque Latène et romaine '). Pareils fragments de
moulins à bras, mais beaucoup plus
\> petits, ont été trouvés en abondance
^ifi^ à Tinosul dans les fouilles F , / et L.
En général ils sont en pierre sablo­
neuse constituant la base du rocher,
pareils à ceux qu'on construit de nos
jours dans les environs.
Fig. 40. Moulin à bras, en pierre.
(D'après Pârvan, Getica, f. 345; seulement la pièee du milieu Une pierre à aiguiser, de forme
est de Tinosul).
prismatique, polie, terminée en pointe^
en forme de tournevis a été découverte dans la fouille A, une autre plus mince a été
découverte dans la fouille H.

Fig. 41. Objets en pierre, en terre cuite et en bronze.

On ne peut pas déterminer l'emploi d'un grès de rivière, équarri en forme de marteau
cubique, avec une perforation commencée et non finie, trouvé dans la fouille N, ainsi que
l'emploi d'une pierre sabloneuse elliptique fort cassable, possédant la même perforation
non terminée (fig. 41,2) et trouvée dans la fouille H 2 ).

4. O B J E T S EN V E R R E
A Tinosul nous avons une richesse d'objets en verre qui contraste avec Piscul-
Crăsani. On a trouvé en total 27 fragments de fine verroterie de toutes espèces et
*) Déchelette, Manuel, I I 3, p.1386 sqq. ; fig. pour des anneaux en métal, le cercle creusé n ' é t a n t
617 — 6 1 8 ; A. Baudrillart, Mola (Daremb.-Saglio, en ce cas que la forme de ces anneaux. Ordinaire­
I I I ) , p . 1960 sqq. ment, on eboisissait, pour faire de moules, les
2
) Il est possible que cette pierre sabloneuse, pierres sabloneuses, de la moindre d u r e t é ; cf.
très friable, ne soit pas un marteau, mais un moule G. Pinza, Storia délie civiltà antiche </' Italia, p. 76.

210

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LES FOUILLES DE TINOSUL

principalement aux fouilles A et N. La majorité de ces fragments sont bleus foncés, certains
avec des barres blanches. A distinguer le bord d'un petit vase (fig. 42 ; le même dans la
fig. 49,11) et l'anse d'un autre (fig. 43). Nous avons ensuite la catégorie des fragments
multicolores avec des barres, avec des points de couleur verte, jaune, rouge, noires
(v. les fig. 43 et 49,11,12,13). Le nombre de ces derniers se réduit à 5. Nous distinguons
deux bords de petits vases. On a trouvé en / un fragment de vase en verre de couleur
verte joliment orné de fleurs colorées et en N un autre de la même couleur,
ayant comme décorations sur le fond
transparent des feuilles opaques. Dans
cette même dernière fouille on a trouvé
des fragments de vases en verre incolore
et en bon état, de pâte fort fine, pré­
sentant comme décoration une barre
horizontale opaque x ). En norme gé­
nérale il est à observer qu'à la station
de Tinosul les fragments de verre sont Fig. 42. Fragment de vase en verre multicolore.
fort peu altérés ou même pas du tout,
contrairement à ceux de Piscul-Crăsani ou à ceux des villes gréco-romaines de la Do-
brogea 2 ). A part les fragments plus haut décrits, tous appartenant à de fins vases de
parfum importés du Sud gréco-romain 3 ), on a trouvé deux perles en verre coloré en
vert, blanc et jaune, l'une sphérique et l'autre ovoïde (fig. 43 ; 49,19). De plus nous
mentionnons 6 fragments de verre incolore ou bleu, résidus des verres fondus par la
chaleur d'un incendie qui a détruit les habitations de Tinosul. Quoique l'origine de
l'art du verre soit en Orient 4 ) et Alexandrie le centre du plus grand développe­
ment 5 ), à l'époque de notre station l'art du verre était fort répandu dans d'autres
régions du monde antique, .par exemple les îles grecques Lesbos et Rhodes 6 ), l'Italie 7)
et même la Gaule 8 ). On ne peut pas avec assurance déterminer le centre de prove­
nance des objets en verre trouvés dans les stations gètes; on peut supposer qu'ils
provenaient des îles grecques en même temps que d'autres objets. On doit tenir compte
d'une autre part, que ces vases étaient d'un emploi courant dans le commerce des par­
fums et par conséquent en liaison avec l'Egypte, pays producteur de parfums 9 ) de
même que les îles grecques 1 0 ).

5. O B J E T S EN MÉTAL
Pas d'objets en or. Un objet en argent, trente-sept en bronze et trente-deux en fer.
Argent. Il s'agit de l'arc d'une fibule, applati, très légèrement recourbé, effilé vers
une extrémité, d'un travail précis et orné de quelques stries longitudinales sur les bords

x 4
) Ce sont des verres transparents et minces, ) Ibidem, p . 936 sqq.
5
produits dans les fabriques d'Alexandrie, qui flo- ) Ibidem, p. 937.
rissaient au début de l'empire romain (Morin- Jean, «) Ibidem, p. 938 a.
1
Vitrum, Daremb.-Sagl., V, p. 937). ) Ibidem.
2 8
) V. P â r v a n , Cetatea Ulmetum, I, An. Acad. ) Ibidem.
9
Rom., s. ist., ser. I I , torn. X X X I V , Bucureşti, ) V. Chapot, Unguentum, Daremb.-Saglio, V,
1912, p. 77 sq. (avec un résumé en français). p . 591, 594, 597.
3 10
) Morin-Jean, o c, p. 938 sqq. ) Ibidem, p. 595.

211

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14*
KADI' VT1LPE ET ECATEIUNA VI LPE

(fig. 4 3 ; 48,11). Cette fibule est identique à celles trouvées à JMauheim, nécropole située
près de Francfort sur le Main, et datée par les monnaies qu'on y a trouvé, comme
T

l
Fig. 43. Objets en terre cuite, en verre, en argent et en bronze.

appartenant à la moitié du I-er siècle apr. J.-Chr. J ), contemporaine donc de notre


station de Tinosid. Ce type de fibule est suffisamment répandu en Europe à la fin de
l'époque de Latène I I I , tant en bronze qu'en argent*).
Bronze. De ce métal nous avons principalement deux monnaies (fig. 39,1,3), les
seules trouvées dans toute la station. La plus ancienne d'elles est la plus petite: 0,015 m.
de diamètre. Les effigies étant très effacées, sont presqu'illisibles. Au recto on distin­
gue une tête bien exécutée de jeune Héraclès. Sur le revers on devine un arc «scythe» 3)
de combat et on y voit aussi la trace d'une inscription, dont on ne peut rien
préciser. Ce type de monnaie est fréquent à l'époque de Philippe II de Macédoine 4 )
mais on le retrouve également aux époques ultérieures et à divers endroits du monde
grec 5 ). Notre monnaie se rapproche plutôt de celles de Thasos de l'année ca. 280 av.
J.- Chr. 6 ). Ce rapprochement concorde avec les informations que nous avons sur les
l
) Déchclette, Manuel, II 3, p . 1256. lyrie; pi. IV, no. 219 — 220, Salamis en Chypre;
'-) Ibidem. p. 12, no. 113 — 5, T h a s o s ; etc.
3
) C'est-à-dire en forme de ~; cf. E. Saglio, *) Ibidem, p. 12, no. 115; cf. Stanley Casson,
Arcus, Daremb.-Saglio, I, p. 389 a. Macedonia, Thrace and Illyria, Oxford 1926, p .
4
) L. Anson, Numismata Graeca, Greek coin types 60, fig. 16 d ; p. 70. La d a t e de 358 av. J.-Chr.,
classified for immediate identification, London 1911, proposée par M. Casson, se rapporte plutôt au
I I , pag. 19, no. 1 9 3 ; pi. IV. t y p e avec trépied sur le revers ; cf. Barclay H e a d ,
5
) Ibidem, p . 13, no. 131, pi. I I I , Héraclée en Historia numorum, Oxford 1911, p. 217. Pour
R y t b i n i e ; p. 19, no. 195, pi. IV, Héraclée en II- le t y p e de notre monnaie et de celle publiée par

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LES FOUILLES DE TINOSUL

relations commerciales à cette époque entre les Gètes de la plaine danubienne et l'île
grecque de Thasçs 1 ), relations qui ont été vérifiées pour d'autres endroits de la
Dacie 2 ). La deuxième monnaie, la plus grande, d'un grand intérêt comme terme ante
quem de la station, est de 0,036 m. de diamètre et 0,03 m. d'épaisseur. Quoique très ef­
facée, on peut facilement distinguer l'effigie d'Agrippine et lire l'inscription suivante:
A G R I P P I N A M(urci) Ffilia) GERMANICI CAESARIS et sur le revers l'inscription
S(enatus) C(onsulto) au milieu et CLAVDIVS CAESAR AVGfustus) GERM (anicus)
V(onlifex) M(aximus) TRIB(unicw) VOT(estate) [...], autour. Il s'agit d'Agrippine
l'ancienne, épouse de Germanicus et mère de Caligula, à la mémoire de laquelle l'em­
pereur Claude a frappé cette monnaie 3 ).
A défaut de plus de précision nous pouvons avoir la certitude qu'entre 48 et 54 apr.
J.-Chr., seule époque à laquelle Claude pouvait faire frapper des monnaies, la station de
Tinosul était encore habitée. Cette constatation concorde d'ailleurs avec les objets trouvés
dans nos fouilles.
De cette nature sont en premier lieu les fibules en bronze trouvées en nombre total
de 12. Trois ont été trouvées en petits fragments: une aiguille longue de 0,025 m,
une autre de 0,07 m (fig. 43), un fragment d'arc de 0,02 m. Entre autres un petit fragment
de fil de bronze recueilli parmi la terre des fouilles ne peut pas être identifié avec certi­
tude comme un ardillon de fibule. Quant aux autres 8 pièces, elles sont conservées sinon
complètes, du moins dans la plupart de leurs éléments constitutifs. Six parmi elles ont
la forme commune des épingles de nourrice et deux la forme de broches rondes. De la
série de six, une a été déformée par le feu (fig. 43).
Il nous restent donc cinq datable», dont une présente un grand intérêt par sa
forme ayant les apparences du type delà Certosa (fig. 43 ; 48,2). Cependant, elle en diffère
dans les détails, surtout par le bouton terminal relevé, qui est courbé vers l'exté­
rieur. On ne rencontre cette particularité à aucune des fibules connues de l'Europe
occidentale et centrale 4 ), mais seulement à quelques exemplaires trouvés en Bul­
garie, sur un territoire limité entre le Danube et les monts Balcans 5 ). Avec notre
spécimen de Tinosul ce territoire se prolonge plus au nord vers les Carpatlies. Les

M. Casson à la fig. 16 d, avec un arc «scythe», dans un tumulus de Kerschbach dans la Fran-
la d a t e de 280 av. J.-C. de M. Anson est plus conie centrale, présente un appendice caudal cour­
convenable. bé deux fois en forme de S et se terminant
*) V. P â r v a n , Castrul de la Poiana, p. 10. par une tête de serpent relevée vers l'extérieur
2
) V. Pârvan, Getica, p. 609 sqq. On a trouvé dans (R. Beltz, Die Latènefibeln, Zeitschr. f. E t h n . , 1911,
la Dacie supérieure, en plusieurs endroits, des mon­ p. 674, fig. 10; Lindenschmidt, Alterthiimer unserer
naies provenant de Thasos, ainsi q u e : Caşolţ, heidnischen Vorzeit, IV, pi. 14, 13). Toutefois, il
Cătălina, Cetea, Feleacul-Săsesc, Ghclinţa, Ho- n'y s'agit que d'une exception isolée, cette fibule
morod-Sânmărtin, Nocrich, Pianul-dc-Sus, R ă h ă u , différant entièrement, par sa forme, de celle de
Soatul-Unguresc, Şicul-Marc, Tisa ; cf. pour toutes Tinosul.
5
I. Martian, Répertoria arheologic pentru Ardeal, ) B. Filov, Dva mogili groba v Balkana, Iz-
s. v. vjestija na bălgarskoto arheologicestvo druzestvo
3
) II. Cohen, Description historique des monnaies — Bulletin de la Société archéologique bulgare,
frappées sous Vempire romain, communément ap­ I, Sophie, 1910, p. 156, fig. 1 ; R. Popov, Re­
pellees Médailles impériales, vol. I ' , Paris 1880, cherches préhistoriques dans la plaine de Vratsa
p . 231, nos. 2 — 3. (bulgare et français), Bulletin de l'Institut archéo­
*) Une fibule de Latène I «à tête d'animal» (cf. logique bulgare, I I , 1923 — 1924, p. 136, fig. 60.
Déchelette, Manuel, I I 3, p . 1249 sq.) trouvée

213

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RADU VULPE KT ECATERINA VULPE

archéologues bulgares ont déjà donné le nom de «type thrace» à cette nouvelle forme
de fibule *). Quant à l'époque, ils la considèrent comme contemporaine à celle de la
Certosa 2 ). Nous ne savons pas s'ils s'en appuient sur les conditions stratigraphiques
dans lesquelles furent trouvées les fibules mentionnées ou seulement sur leur res­
semblance avec le type bolonais, mais il est certain que notre exemplaire de Ti-
nosul fut trouvé dans la couche la plus récente de la station, en compagnie des
objets Latène I I I . Toutefois, l'exemple est si isolé que jusqu'à des nouvelles re­
cherches nous ne pouvons nous en prononcer. D'autre part il est à remarquer que
nous n'avons trouvé à Tinosul aucune couche contenant des objets caractéristiques
de l'époque de la Certosa (fin de Hallstatt et début de Latène I 3 ).
2 Les autres quatre fibules de Tinosul sont de types Latène
I I I et provinciaux romains: toutes à ressort, avec une plaque
d'arrêt pleine et recourbée (fig. 44) 4 ), certaines ayant sur l'arc
un petit renflement en forme d'anneau (fig. 44,1,2). Très fine
et de petites dimensions (0,03 m), travaillée avec soin, est la
fibule trouvée dans la tombe >/ (fig. 44,l). La date de la sta­
tion est fixée par la monnaie romaine plus haut mentionnée ; elle
est en plus confirmée par ces objets de toilette, qui présen­
tent des formes caractéristiques du premier siècle de l'empire
romain. Nous sommes amenés à la même constatation par l'exa­
men des deux broches rondes, une de la forme d'un disque avec
des cercles concentriques ciselés (fig. 43 ; 49,l), l'autre de la forme
d'une petite roue à 4 rayons (fig. 4 3 ; 48,6). Ce type de broche ne
+. - -oos— -_i s e rencontre plus dans le Latène, mais seulement à l'époque
romaine, continuant ensuite jusqu'au moyen âge 5 ). Il est fré­
Fig. 44. Fibules en bronze.
quent en Allemagne jusqu'au Rhin 6 ), dans le centre de l'Eu­
rope ) et dans la Russie méridionale 8 ). Une broche simple, comme celle de la fig.
7

49,1 se retrouve en Hongrie à Zalotan 9 ), d'autres de même nature, mais beaucoup

1
) R. Popov, loc. cit. Mainz wăhrend des Jahres 1910, Mainzer Zeitschr.,
2
) Ibidem. V I , 1911, p. 105, fig. 21. 25. 2 7 ; idem, V I I , 1912,
3
) La fibule du t y p e de la Certosa se ren­ p. 86, fig. 1; R. Forrer, Reallexikon, pi. 60, fig. 10;
contre à la fin de l'époque de H a l l s t a t t (Déche- M. E b e r t , Zur Geschichte der Fibel «mit umge-
lette, Manuel, I I 2, p . 848). Les formes dérivées schlagenem Fuss», PrUh. Zeitschr., I I I , 1911, H eft
d'elle se trouvent p e n d a n t t o u t le Latène I (Dé- 3, p . 232.
6
chelette, Manuel, I I 3, p , 1248, fig. 533 ;R. For- ) Oscar Almgrcn, Studien ùber nordeuropăische
rer, Reallexikon der pràhistorischen, klassischen Fibelformen der ersten nachehristlichen Jahrhun-
und friihchristlichen Altertiïmer, Berlin — S t u t t g a r t , derte mit Beriicksichtigung der provinzialromischen
1907, pi. 57, fig. 10; Ebert, Reallexikon der Vor- und sùdrussischen Formen, Stockholm 1897, p .
geschichte, pi. 105, fig. e; pi. 106, fig. b) et même 100 sqq.
dans le Latène I I (R. Beltz, Die Latènefibeln, •) Behrens - Brenner, Ausgrabungen im Legions
Zeitschr. fur Ethnolog., 1911, p. 675 ; Déchelette, Kastell zu Mainz, Mainz. Zeitschr., 1911, p. 105,
Manuel, I I 3, p . 1251). fig. 24. 36 a, b ; Almgren, o. c, p. 99.
4 7
) La fibule que nous reproduisons dans la ) Almgren, o. c , p . 101.
8
fig. 44,3, est parfaitement datable. On la rencontre ) Ibidem, p . 104. '
9
au commencement de l'époque impériale romaine ) Csallâny Gâbor, ôkori leletek a Szentesi mu-
dans toute l'Europe centrale. Cf. G. Behrens-E. zeumban, Archeologiai Értesito, X X V I , Budapest
Brenner, Ausgrabungen im Legions Kastell zu 1906, p. 52, fig. 7.

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plus richement ornées, à Ô-Szôny *), à Tiszafured 2 ), à Balfi (com. Sopron) 3 ), à Sô-
venyhâza *), etc., toutes de l'époque romaine. Broches rondes, parmi lesquelles une
à quatre rayons, se retrouvent ensemble avec des fibules provinciales du commence­
ment de l'empire, en Bosnie, à Ribic près de Bihac 5 ), à Donja-Dolina 6) et à Meclo
dans le Tirol 7 ). D'autres presque pareilles se rencontrent jusqu'en Angleterre à Marston-
St. Lawrence 8 ) et même dans la Russie méridionale, à Kuban et à Artyukhow 9 ),
toujours des premiers siècles de l'empire romain.
Le plus remarquable objet de bronze de la
station de Tinosul est le vase orné trouvé dans
la fouille E (fig. 45 et 46; le même dans la fig.
37,2), un joli objet importé du sud gréco-romain.
C'est la bobèche d'un candélabre, 10) dont la
tige n'a pas été retrouvée, malgré les fouilles né­
cessaires. La pièce formant le raccord entre ces
deux parties du candélabre a été trouvée isolée
près du vase. Les dimensions du vase et du rac­
cordement ensemble sont: hauteur 0,133 m ;
largeur de l'ouverture 0,11 m. Le raccordement
n'est pas orné. Le vase, à sa partie inférieure
présente des côtes en relief, son milieu est recou­
vert de feuillage ciselé, au-dessus duquel il y a
une bande décorée d'un xv/iâuov lesbique, en­
suite une rangée de perles, une bande de dents
triangulaires incisées et enfin autour du bord
du vase, une couronne composée de deux ra­
meaux de laurier, reliée aux deux bouts. La
partie la plus caractéristique de l'ornement de
Fig. 45. Vase de candélabre en bronze.
ce vase c'est le feuillage qui recouvre tout son
milieu et qui se rencontre également sur un autre récipient de candélabre trouvé
à Kertch dans la Russie méridionale, n ) ensuite sur un vase en argent provenant
de Conceşti en Roumanie (distr. Dorohoiu) 12 ), sur des couvercles d'urnes funéraires

1
) Archeologiai Ertesilii, 1897, p. 442. p. 328 (pi. X X I I I , 2); p. 329 (pi. X X I I I , 13).
9
2) Ibidem, 1899, p . 84. ) M. Rostovtzeff, Iranians and Greeks in South
3
) Ibidem, 1910, p. 39. Russia, Oxford 1922, pp. 142. 174.
10
*) Ibidem, 1899, p. 183. ) A première vue ce récipient pourrait être
b
) Vejail Curtfic, Ein Flachgruberfeld der Japoden pris comme le pied d'un vase plus grand, mais
in Ribii bei Bihac, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. si l'on tient compte de l'épaisseur massive des
H e r e , V I I , 1900, p . 16, fig. 17. parois et du fait qu'il est fabriqué de plusieures
*) C. Truhelka, Der vorgeschichtliche Pfahlbau im pièces, on arrive facilement à l'interprétation que
Savabetle bei Donja Dolina, Wiss. Mitt. aus Bosnien nous en donnons ici et qui est confirmée suffi­
u. d. H e r e , I X , 1904, p. 133, pi. L X X V I I , 22, etc. samment par des analogies.
7 u
) Campi, Die Ausgrabungen in Meclo (Mechel) ) M. Rostovtzeff, Anticnaja decorativnaja zivo-
im Valdi Non, Mitteil. anthropol. Gesellsch., Wien, pis na jugje Rossij, S.-Petersburg 1914, p. 207, pi.
1884, 15, p . [100]. L X , 5.
8 12
) Sir Henry Dryden, Excavation of an An­ ) A. Odobesco, Le trésor de Pétrossa, Paris
cient Burial Ground at Marston St. Lawrence, co. 1889 — 1900, I, p. 489, fig. 1 9 8 ; Kondakof, Tols­
Northampton, Archaeologia, London 1885, X L V I I I , toï et Salomon Reinach, Antiquités de la Russie

215

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HADU VULPE ET ECATERINA VULPE

romaines. l ) sur des cotivercles de sarcophages 2 ), sur phisicures colonnes de Pépo-


que impériale 3 ), sur
d'innombrables frag­
ments de lerra sigil-
lata *) etc.
Un récipient de
candélabre de la mô­
me forme que celui-ci
de Tinosul, se trouve
dans le Musée natio­
nal croate d'Agram,
provenant de Kupa
pros de Sisek et da­
tant du début de l'é­
poque impériale 5 ).
La décoration diffère
seulement par le man­
que de feuillage, qui
est substitué ici par
I des lianes à rosettes,
I évoluées en spirales,
semblables à celles du
décor de Y Ara Pacis
de Rome 6 ). Plus rap­
proché du vase de
Tinosul, non seule­
ment par la forme,
mais aussi par la ca­
ractéristique décora­
tion à feuillage, est
le vase de candélabre
trouvé à Kertch et
cité plus haut, datant
du premier siècle de
l'empire. 7 ).
Fig. 46. Le même vase de eandélabrc en bronze.

4
méridionale, Paris 1891, p . 89, fig. 117. ) W. Unverzagt, Studien zur terra sigillata mit
*) P a r exemple, dans le Musée National des Rddehenverzierungen, Prahist. Zeitschr. X V I , 1925,
Thermes à Rome, au milieu du corridor, premi­ Heft 3/4, p . 151, fig. 20.
5
er étage. ) J . Brimsmid, Antikni figurai ni hronsani pred-
2
) Fr. Bulic, Due coperchi di sarcofagi mar- meti u hrvatskom narodnom muzvju u Zagrehu,
morei trovati a Salona, Bull, di archeol. c storia Vjesnik hrvatskoga arheoloSkoga d r u s t v a , X I I I ,
d a l m a t a , X X X , 1907, p . 99, pi. V — V I . Zagreb, 1913 — 14, p . 266, nr. 275.
3 6
) P a r exemple, en plusieurs endroits à R o m e : ) R. Gagnât — V. Chapot, Manuel d'archéologie
dans le Musée du Latran, dans le vestibule du Mu­ romaine, I, Paris 1917, p . 550, fig. 301.
7
sée Borghese, tout au long de la voie appienne, etc. ) Rostovtzeff, loc. cit.

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D e toutes ces analogies nous pouvons déduire à coup sûr l'époque du vase de
Tinosul, qui ne dépasse pas le I-er siècle de l'ère actuelle. Cette datation concorde
avec celle de tous les autres objets trouvés dans la couche Latène III de notre
station.
C'est l'époque à laquelle se rattachent en général les beaux candélabres sur­
montés de vases, dont les plus caractéristiques exemplaires ont été trouvés à Pom-
péi et à Herculanum l ) . Le principal centre de production de ces objets était en
Italie. A peu près tous sont fondus en plusieures pièces 2 ), comme celui de Tinosul.
Nous sommes informés par Pline l'Ancien que ces pièces étaient fabriquées en des
endroits différents: les tiges constituaient la spécialité des fonderies de Tarente, en
Italie, tandisque les vases servant de bobèches étaient travaillés dans les ateliers
d'Égine, en Grèce 3 ).
Parmi les objets importés nous distinguons également 5 fragments de miroirs en
métal blanc (fig. 47,1, 2; 48,8), parmi lesquels ceux trouvés en E gardent encore une
belle patine. Sur un de ces fragments présentant des traces du feu, trouvé en d', on
peut voir les infimes traces d'un vêtement de tissage simple carbonisé.
Pendantifs: un petit grelot conique perforé à la pointe (fig. 43), un fragment de
tablette en forme de fourchette (fig. 43), une pincette (fig. 47,3; 49,5) et une tablette
trapézoïdale à trois trous de type tellement commun déjà à l'époque Hallstatt 4 ).
Nous avons encore, d'autres objets: la bouterolle d'une gaine d'épée, se terminant
en pointe sphérique et étant ornée de barres simples horizontales (fig. 47,4; 48,16),
d'époque romaine 5) ; quatre anneaux de bronze de dimensions variant entre 0.015 m et
0,024 m de diamètre, parmi lesquels un formé par un fil, dont les bouts s'enroulent ré­
ciproquement, constitue un type caractéristique de l'époque Latène III 6) (fig. 43) ; un
autre d'un fil tordu (filg. 43 ; 49,4), un troisième fondu en entier (fig. 43 ; 49,6) et un qua­
trième d'aspect plus primitif (fig. 4 3 ; 49,3) et une moitié d'un bracelet bien travaillé, de
jolie patine (fig. 43; 48,7). Us nous restent non identifiables neuf fragments de différents
objets, dont deux en meilleur état, de travail supérieur, peut-être des fragments de statuet­
tes ou des anses de vases en bronze (fig. 41,6, 8), l'une longue de 0,052 m et l'autre de 0, 032
m. Parmi ces derniers fragments on remarque encore: une petite anse rivée à un frag­
ment de tablette (fig. 4 3 ; 49,2), peut-être le couvercle d'un vase; une autre tablette
«;ii ire avec un trou au milieu ; trois fragments de tablettes de petite épaisseur, une pointe
de clou à quatre arêtes et un fragment d'aiguille courbée (fig. 48,12).
Fer. Naturellement, tous les objets en fer ont été déformés par la grosse couche de
rouille déposée à travers les temps. Premièrement à mentionner une fibule, la seule en
ce métal, sans ardillon, en forme d'arbalète à la tête de l'arc ; il s'agit probablement d'un
ressort (fig. 47,13). On est incertain à ce sujet à cause de la rouille qui a détruit tout détail.

1
) E . Saglio, Candelabrum (Daremb.-Saglio-Pot- lie, I, Stockholm, 1895, pi. 54, f. 10; S. Reinach,
tier), I I , p. 874 ; Cagnat-Chapot, op. cit., I I , Paris Fibula, Daremb.-Sagl., I I , p. 1107, fig. 3000; Dé-
1920, p . 467. chelette, Manuel, I I 2, p. 596, fig. 230.
z 5
) E . Saglio, op. cit., p . 875. ) La pointe sphérique est commune aux bou-
3
) Naturalis historia, X X X I V , 3, 6: Privatim terolles de l'époque romaine; cf. A. Reinach, Va-
Ai'gina candclabrorum supvrficiem dumtaxat ela- gina, Daremb.-Sagl., V, p. 624, fig. 7243 sq.
6
boravil, sicut Tarcntum scapos. ) Déehelette, Manuel, I I 3, p. 1227 sq., fig.
4
) O. Montclius, La civilisation primitive en Ita- 520.

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Son t y p e et le m é t a l la classent c h r o n o l o g i q u e m e n t à l'époque r o m a i n e J ) , ainsi q u ' u n e


p a r t i e des objets eu b r o n z e , d o n t n o u s a v o n s p a r l é plus h a u t . N o u s t r o u v o n s ensuite h u i t

Fig. 47. Objets en fer et en bronze.

p e t i t s c o u t e a u x , e n t r e 0,065 — 0,109 m de l o n g u e u r , avec le t r a n c h a n t d ' u n seul c ô t é , droits


tel q u e c e u x des fig. 4 7 , 5 , 9 ; 48,1, ou p e u recourbés c o m m e a u x fig. 47,6, 7; 48,14,15 (et
p e u t - ê t r e 4 7 , 8 ; 48,îo). U n a u t r e à d e u x t r a n c h a n t s (fig. 47,22; 48,13) p o u r r a i t ê t r e iden­
tifié p l u t ô t avec u n fer de l a n c e . C o m m e a r m e s en fer on p o u r r a i t considérer d e u x
pointes de «flèches», longues d ' e n v . 0,04 m (fig. 47,18).
P a r m i les objets de m é n a g e : u n h a m e ç o n (fig. 47,19 ; 48,5), u n e poignée p e u t - ê t r e d ' u n e
p o r t e d ' h a b i t a t i o n (fig. 47,26; 49,17), u n p e t i t l o q u e t (fig. 47,20; 48,4), pareil à u n a u t r e
q u e n o u s t r o u v o n s à Ilidze en Bosnie, d ' é p o q u e r o m a i n e 2 ) ; q u a t r e s p o i n t e s sans t ê t e , d e
0,073 — 0,115 m de l o n g u e u r (fig.47,10,11, 25;49,9, îo) et u n f r a g m e n t d ' u n e c i n q u i è m e ;
d e u x pointes à t ê t e , u n plus g r a n d (fig. 47,12; 49,8) ; trois p o i n t e s recourbées en angle droit
vers le b o u t (fig. 47,14, 16; 49,14, 15); d e u x clous de forme renflée au milieu, avec les
p o i n t e s recourbées (fig. 47,17; 48,17) ; u n e b a r r e recourbée a u x e x t r é m i t é s en forme d'oeil­
lets (fig. 47,21 ; 48,3), p e u t - ê t r e u n e p a r t i e d ' u n m o r s de cheval ; d e u x m o r c e a u x d e fer
recourbés en angle droit (fig. 47,15), d o n t on p e u t difficilement d é t e r m i n e r l ' e m p l o i ; u n

2
') La fin de l'époque Latène et le début de ) J. Kellner, Rômische Baurcstc in Ilidze bei
l'époque impériale romaine; cf. S. Reinach, op. Sarajevo, Wiss. Mitt. aus Bosnien u. d. Here, V,
cit., p. 1102 b ; p. 1108 b, cp. fig. 3008-3010. 1897, p. 155, fig. 78.

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fil de fer semi-circulaire, t r o u v é d a n s la fouille I. A p a r t t o u s ces objets nous r e m a r ­


q u o n s u n e g r a n d e masse de fer informe t r o u v é e à la fouille Hrj.
N o u s n e faisons p a s m e n t i o n des objets modernes t r o u v é s a u x endroits les plus
r e m u é s de la s t a t i o n , s u r t o u t d a n s la couche supérieure. Il y a d e u x objets au sujet des­
quels n o u s n ' a v o n s a u c u n
indice certain p o u r p o u ­
voir les r a n g e r p a r m i les
objets a n t i q u e s ou p l u t ô t
p a r m i les objets m o d e r ­
nes. Il s'agit d ' u n «fer de
charrue» massif, t r o u v é à
la fouille A, épais de 0,15
m , long de 0,19 m (fig.
47,24; 48,9) et enfin d ' u n e
b a r r e de fer l o n g u e de
0,127 m a v e c d e u x t r o u s
en son milieu (fig. 47,25;
49,7), d é c o u v e r t e à la fou­
ille IL

Fig. 48. Objets en argent, en bronze et en fer.

V. CONCLUSIONS

Les considérations au sujet des circon­


stances historiques q u i r e g a r d e n t la s t a t i o n
de Tinosul sont développées d a n s la récente
publication de M. le Prof. V. P â r v a n , Getica,
v a s t e oeuvre de s y n t h è s e de t o u s les problè­
mes d e la Dacie p r é r o m a i n e . N o u s nous con­
t e n t e r o n s de résumer en peu de m o t s les prin­
cipales c o n s t a t a t i o n s exposées plus h a u t et
r O B f e f-L de n e tirer q u e les conclusions en relation im-
1 ^ m é d i a t e avec nos fouilles.
15 I 16
I L a s t a t i o n de Tinosul, de dimensions
' - réduites et limitée seulement à l'enceinte
| f fortifiée, p a r a î t avoir eu d a n s l ' a n t i q u i t é
Ç c o m m e centre de p o p u l a t i o n u n e i m p o r t a n c e
19 m o i n d r e q u e Piscul-Crăsani p a r exemple, q u i
Fig. 49. Objets en terre cuite, en verre, en bronze constitue u n p o i n t principal sur l'une des
et en fer.
routes les plus fréquentées e n t r e le P o n t - E u -
xin et la Dacie centrale. Toutefois sa situa­
t i o n a u milieu des v a s t e s forêts, ainsi q u e le p r o m o n t o i r e , les e a u x de la P r a h o v a et les
e s c a r p e m e n t s , q u i c o n s t i t u a i e n t u n e défense naturelle et le r e m p a r t à fossé et à p a r a p e t
organisé p a r les h a b i t a n t s , lui d o n n a i e n t u n e i m p o r t a n c e assez r e m a r q u a b l e au p o i n t de
219

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RADU VULPE ET ECATERINA VULPE

vue militaire, dont n'ont tenu compte, comme nous le verrons plus loin, que les pre­
miers habitants.
La station a été habitée avec intermittences à trois époques: 1° à l'époque néolithi­
que, 2° à l'époque Latène II et 3° à l'époque Latène I I I . Il y a eu un grand intervalle
entre la première et la seconde. En effet,le seul document trouvé dans les fouilles, qu'on
pourrait attribuer à ce temps, la fibule de forme dérivée de la «Ccrtosa» (fig. 4 3 ; 48,2),
est un exemplaire complètement isolé, rencontré dans une couche plus récente et ne
permet aucune conclusion au sujet d'une époque Hallstatt ou Latène I à Tinosul.
Pour la première fois l'enceinte de Tinosul a été habitée à l'époque énéolithique,
époque qui a laissé de nombreux vestiges dans la plaine roumaine. Cependant, contraire­
ment aux autres centres qui ont été longuement peuplées à cette époque, comme par
exemple Sultana, la couche la plus ancienne de Tinosul ne présente que des traces spora-
diques et peu nombreuses, exceptée la fortification qui constitue un document des plus
importants. Celle-ci a été bridée et abandonnée aussitôt après sa construction, à la suite
d'une vaine résistance à de puissants envahisseurs qui se sont contentés de détruire et de
piller sans rien construire à la place.
L'enceinte longtemps abandonnée, ne recommence à être habitée, peu à peu et d'une
manière passagère, qu'à l'époque Latène II (sec. I I I — I I av. J.-C). Les influences de la
civilisation celtique pénètrent à cette époque jusqu'à Tinosul, où nous trouvons des
vases identiques à ceux d'Apahida (distr. Cluj) et à la céramique celte de Bavière (cf.
plus haut, pag. 194).
Nous ne connaissons pas quelle a été la fin de cette seconde époque de la station.
En tout cas les informations archéologiques font complètement défaut pendant au moins
un siècle. Ce n'est que dans la dernière partie de l'époque Latène III que la station de
Tinosul, habitée à nouveau, connaît une floraison plus intense que jamais. A ce temps
Boirebistas et ses successeurs dominaient la Dacie et les empereurs romains étendaient leur
puissance au sud du Danube. La population de Tinosid est constituée à cette époque, de
même que dans le Latène II, par les Gètes, probablement de la même race que les habi­
tants de l'époque énéolithique 1 ), dont ils ont hérité jusque dans les plus petits détails
le rite funéraire de l'incinération, ainsi que quelques éléments décoratifs de la céra­
mique.
Il est à remarquer qu'à ces deux dernières époques la fortification brûlée et aban­
donnée à l'époque énéolithique n'a plus été employée. On observe la même insouciance
au sujet des fortifications à plusieures autres stations Latène de la plaine gète, comme
Coconi, Odaia-Vlădichii, Mănăstirea 2 ), ces deux dernières n'étant défendues même
pas par leur situation topographique ou par des obstacles naturels 3 ). Nous nous trou­
vons à une époque de puissantes organisations politiques qui garantissaient une paix pro­
longée et mettaient la population à l'abri des surprises. Evidemment l'absence des forti­
fications n'est pas générale. Seulement, les puissantes cités qui défendaient le pays,

') Cf. plus haut, p. 188, n. 1. ne fût fortifiée par la main de l'homme, est ce­
2
) R. Vulpe, Compte-rendu du relevé archéolo­ pendant entourée par les eaux du lac de Mos-
gique des régions Mostiştea et Călăraşi (roumain et tiştea, de sorte qu'elle forme une presqu'île; R.
français), Bui. Com. Mon. 1st., X V I I , 1924, fasc. Vulpe, Piscul-Coconilor, Bui. Com. Mon. 1st.,
40, p . 81 sq. et p . 97. X V I I , 1924, fasc. 39, p. 48 (avec une carte).
3
) La station de Piscul-Coconilor, bien qu'elle

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LES FOUILLES DE TINOSUL

résidences des chefs politiques et situées dans les différents centres plus peuplés, étaient
suffisamment fortes pour enlever aux petits villages qui se trouvaient dans leur proxi­
mité, le souci de la fortification l ). Ceci explique pourquoi les habitants de l'époque
Latène III négligent l'importance militaire de la station de Tinosul 2 ) et n'en tirent aucun
parti. C'est la paix relative dont jouissaient les populations gètes de la plaine roumaine
des Carpathes au Danube, dans la dernière phase de l'époque Latène I I I , quand les ar­
mées de Boirebistas et de ses successeurs et les légions romaines de la Mésie garantis­
saient tour à tour contre les invasions du nord, ce qui a permis la grande floraison spiri­
tuelle et économique de la région.
Le commerce entre la Dacie et le sud méditerranéen, très actif dès le sixième siècle
avant J.-Chr. 3 ), atteint son apogée au commencement de notre ère. Les recherches
et les cartes archéologiques exécutées jusqu'à présent dans nos régions de plaine 4)
mettent en évidence une grande profusion et une forte densité d'éléments spirituels et
économiques importés du monde gréco-romain. Cette situation est évidente d'une ma­
nière tout à fait particulière à Tinosul, où la couche Latène I I I est incomparablement
plus générale et plus riche que les autres couches plus anciennes, malgré le peu d'impor­
tance économique de ce centre. La céramique et les objets trouvés, de même qu'à Cră-
sani, dénotent que les influences spirituelles venues de l'Occident celto-italique et du
Sud-Est hellénique, étaient accompagnées par de fréquentes liaisons commerciales dans
les mêmes directions 5 ). Spécialement l'inscription céramique trouvée sur une anse
d'amphore importée d'Olbia nous donne un renseignement précis à ce sujet. Sans doute,
ce n'était pas une exception; nombreuses devaient être les cités helléniques de la rive
du Pont-Euxin, qui devaient envoyer à Tinosul leurs marchandises choisies et tout
naturellement nous devons compter parmi celles-ci les cités les plus rapprochées: Histria,
Tomi et Callatis de la Dobrogea gète 6 ). Tinosul n'était pas situé loin de la grande route
reliant directement le centre de la Dacie avec ces cités 7 ). La monnaie thasienne avec
l'effigie d'une jeune tête d'Héraclès et l'arc «scythe» au revers, nous autorise de pré­
ciser des relations commerciales avec le monde grec égéen. La monnaie d'Agrippinç
d'autre part, généralement connue dans l'empire romain, pouvait être amenée de n'im­
porte quelle contrée d'au-delà du Danube, mais bien plus probablement de l'ouest.
Depuis longtemps l'Italie était devenue pour nos pays également un centre d'attraction

') Nous voyons, par exemple à l'occasion de la sence presque complète des armes de toute es­
guerre de Crassus contre les Gètes, en 30 — 29 av. pèce. Sauf la bouterolle d'épée reproduite dans
J.-C., que après la prise de la cité de Dapyx (roi les fig. 47,4 ; 4 8 , u , le problématique fer de lance des
gète d'une partie de l'actuelle Dobrogea), ses su­ fig. 47,22; 48,i3 et les deux flèches de fer assez in­
jets n'essaient pas de résister dans un autre bourg, certaines, mentionnées à la pag. 218, on ne sau­
mais se réfugient dans une grande caverne. Cras­ r a i t citer u n autre objet pareil.
3
sus fait murer l'ouverture de la caverne et les ) V. Pârvan, La pénétration hellénique et hel­
Gètes sont obligés de se rendre à cause de la faim. lénistique dans la vallée du Danube, p. 4 sqq.
4
Sans doute, dans tout le territoire dominé par ) Ibidem, p . 12 sqq. ; id., Inceputurile viefii,
Dapyx il n'y avait q u ' u n seul bourg fortifié. On romane la gurile Dunării, p. 55 sqq. ; id., Getica,
remarque la même chose dans le pays voisin, du p. 416 sqq. ; R. Vulpe, Mostistea et Călăraşi, pp. 84.
roi Zyraxes, où le même Crassus conquit tout 87. 97.
un pays par la prise seulement d'une cité: Gc- 6
) Cf. V. Pârvan, Getica, p . 643 sqq.
nucla. Pour ces faits, cf. V. Pârvan, Getica, p. 6
) V. Pârvan, La pénétration hellénique, etc., p .
89 sq. 3 sq.
z
) De plus, il est à remarquer à Tinosul l'ab­ '') V. P â r v a n , Getica, p. 217.

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spirituelle et commerciale l) de même importance que les centres hellénistiques de


l'est. Sous ce rapport la ressemblance du vase de bronze de Tinosul avec les bobèches
des candélabres pompéens 2) n'est pas un simple hasard. Pareille ressemblance se re­
trouve aux fibules de notre station et à celles de type romain de l'ouest de la Dacie.
Toutes ces constatations rendent Tinosul une station suffisamment importante en ce qui
concerne la connaissance de la civilisation gétique à la veille de la conquête romaine.
La céramique et les objets de parure importés sont très nombreux à Tinosul, et
dépassent quantitativement certaines stations plus importantes comme situation, mais
un peu plus anciennes, telle que Piscul-Crăsani. Parallèlement à ces objets il y a à men­
tionner la céramique d'emploi journalier fabriquée sur place, soit d'une manière rudimen-
taire d'après des vieilles traditions néolithiques, soit avec une technique supérieure
d'après des modèles d'importation, parfois atteignant une finesse et un soin qui la
rapprochent des produits de l'industrie de même espèce des pays de vieille civilisation
du sud. Le grand nombre des objets de qualité supérieure, tant importés qu'ouvragés
sur place, est tellement important que, quel qu'ait été leur prix, on doit supposer une
florissante situation matérielle de la grande majorité des habitants de Tinosul. Leurs
ressources provenaient assurément de l'agriculture. Quoique la région était boisée, il
y avait suffisamment d'endroits cultivables aux alentours. Les restes de grains de blé,
seigle, orge, millet, chanvre, trouvés dans les dépôts enterrés et dans certaines tombes,
nous montrent la vraie monnaie que les habitants gètes payaient aux commerçants
étrangers pour les objets de parure, pour les amphores de vins et d'huiles ou pour les
petits flacons multicolores à parfum.
Le dernier élément parfaitement datable de la station de Tinosul c'est la monnaie
d'Agrippine, vers la moitié du I-er siècle apr. J . - C , époque qui concorde avec tous les
autres objets trouvés. Après cette date nous ne retrouvons plus rien dans les couches
fouillées. Cette fois-ci, comme à l'époque énéolithique, la station eut une fin tragique:
conquise par des ennemis, elle fut incendiée. Toutes les habitations portent les traces
de la destruction par le feu. Ceci se passait au temps du long conflit entre le peuple gcto-
dace et le peuple romain, qui dura un siècle et demi environ, c'est à dire depuis le règne
de Boïrébistas jusqu'à celui de Décébale, et il est permis d'envisager les Romains comme
les destructeurs de notre station à l'occasion de l'une de leurs expéditions de rcpressailles
contre les Gètes. L'événement eut lieu avant les guerres de Trajan en Dacie, car aucun
vestige témoignant de son époque n'apparaît à Tinosul. Tout ce qui est daté finit un demi-
siècle avant. Juste à l'époque de la monnaie d'Agrippine, règne de Claude, l'année 52,
l'histoire enregistre l'expédition victorieuse, au nord du Danube, de Tiberius Plautius
Silvanus Aelianus, gouverneur de la Mésie 3 ). Nous sommes enclins à supposer la de­
struction de la station gétique de Tinosul durant l'expédion mentionnée, car après Plau­
tius Aelianus les Romains ne repasseront plus le Danube que sous Domitien et sous
Trajan 4 ), à des époques trop tardives. Peut-être que parmi les 100.000 barbares que
Plautius Aelianus emmena avec lui comme colons en Mésie 5 ), se trouvaient aussi les der­
niers habitants de la station de Tinosul, qui renoncèrent à jamais à refaire leurs foyers.

x
) Ibidem, p. 295 sqq. *) Ibidem, p. 108 sqq.
2 5
) V. plus h a u t , p. 217. ) Corpus inscriptionum Latinarum, X I V , 3608 ;
3
) Pârvan, op. cit., p. 103 sq. cf. P â r v a n , op. cit., p . 103.

222

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LES FOUILLES DE TINOSUL

La corrélation de l'anéantissement de notre station et l'expédition de Plautius


Aelianus reste une hypothèse, bien que fort probable et affermie par des coïncidences
chronologiques, car les sources historiques manquent de précision quantaux endroits
où Plautius porta son expédition au nord du Danube *). Ce que nous pouvons conclure
avec certitude c'est que la station de Tinosul n'a plus été habitée jusqu'à nos jours depuis
cette dernière dévastation. L'endroit miné par les eaux de la Prahova, durant les siècles,
nous laisse à peine de quoi nous faire aujourd'hui une idée générale de la vie et du sort
des anciens habitants.
*

Avant de finir, nous nous faisons un plaisir en même temps qu'un devoir a remercier
vivement notre maître Monsieur le Profeseur Vasile Pârvan, qui nous a confié l'explo­
ration de la station de Tinosul et qui, comme toujours, nous a prodigué ses précieux con­
seils et ne nous a pas refusé les ressources inépuisables de son haut savoir; Monsieur le
Prof. loan Andrieşescu, qui à plusieures reprises nous a aimablement fait profiter de son
expérience archéologique; Monsieur Dionisie Pecurariu, colaborateur infatigable à qui
nous devons les plans et les dessins de cette étude; Messieurs Vladimir Dumitrescu et
Dorin Popescu, nos collègues du Musée National, qui pendant notre absence de Bucarest
ont eu la gentillesse de faire dessiner et photographier les objets que nous y avions laissé.
Home, le 1 mai 1926.

RADU VULPE et ECATERINA VULPE


Assistants du Musée National d'Antiquités de Bucarest.
Membres de VÊcole Roumaine de Rome.

l
) V. P â r v a n , /. c.

223

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA
1-cr C O M P T E - R E N D U 1 )
La reprise systématique des recherches archéologiques à Sarmizcgetusa (Ulpia
Traiana) interrompue par la guerre mondiale, a préoccupé notre monde scientifique
dès les premières années après l'union. C'était, même, une obligation vis-à-vis de notre
passé. L'Institut d'Archéologie et de Numismatique de l'Université roumaine de Cluj
était appelé, en premier lieu, à réaliser ces recherches. Une visite rendue aux ruines de
l'ancienne capitale de la Dacie p e n d a n t l'été 1921 fut le point de départ de l'activité
déployée en 1924.
Comprenant tout l'intérêt de la question, M. Aristide Blank — a bien voulu accorder
au Musée (du district) de Deva la somme de 100.000 loi pour les recherches archéolo­
giques du district — écartant ainsi, par son beau geste, le dernier obstacle qui s'oppo­
sait aux t r a v a u x .
La direction des recherches a été prise — à la demande du directeur du Musée
de Deva — p a r l'Institut d'Archéologie et de Numismatique de l'Université de Cluj,
a y a n t aussi l'appui moral de la Commission des Monuments Historiques, section pour
la Transsylvanie.
On m'a fait l'honneur — en qualité d'attaché de l'Institut — de me charger de
l'exécution des fouilles projetées, selon les indications et les conseils de M. le Profes­
seur D. M. Teodorescu, directeur de l'Institut déjà cité, en collaboration avec M. I.
Mallasz, directeur du Musée de Deva.
Les recherches entreprises ont été déployées dans trois directions:
1. Explorer de nouveaux endroits dans le b u t de mettre en lumière des restes de
bâtisses, restés encore ignorés. 2. Vérifier (selon les possibilités) et déterminer sur la
carte des recherches faites par d'autres personnes, à diverses époques et 3. Recueillir
le matériel inédit, qu'on pourrait encore trouver chez des particuliers ou ailleurs.
Dans ce qui suit, je vais tâcher de présenter le résultat de cette triple activité,
déployée dans l'intervalle du 15 août au 10 octobre 1924.
Une pensée bien naturelle m'empêche, cependant, de terminer ces lignes sans re­
mercier Mr. le Prof. D. M. Teodorescu pour ses bienveillants conseils, t o u t à fait indis­
pensables à u n d é b u t a n t tel que moi, conseils donnés sur le chantier même et aussi
pendant le travail de coordination des résultats.
De même, mes plus vifs remerciements à Mr. Aristide Blank pour l'aide maté­
rielle, mise à notre disposition ; sans elle, les t r a v a u x ne pouvaient pas commencer.

') Le Directeur de cette Revue remercie son de la peine qu'elle s'est donnée de reviser et de
ancienne élève, Madame Zoé C. Marinescu, née Bals, traduire en français l'arlicle de M. Daicovici.

224

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

J e tiens à remercier aussi M. A. Mallâsz, directeur du Musée de Deva pour son


aimable concours donné p e n d a n t les t r a v a u x d'exploration.

I. H I S T O R I Q U E DES RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES A SARMI­


Z E G E T U S A (Ulpia Traiana).

Localisé t o u t d'abord p a r l'humaniste J o h . Mezerzius, vers 1516, sur l'emplace­


ment actuel du village roumain Grădişte (dénomination hongroise: Vârhely, et celle
officielle, r é c e n t e : Sarmizegetusa), Sarmizegetusa (Ulpia T r a i a n a ) 1 ) a toujours été u n
objet de curiosité pour les lettrés 2 ). Ses ruines, cependant, ont été exploitées sans scru­
pules. Le roi Mathias Corvin (1458 —1490) a rapporté, p a r navires, d'ici et d'autres
endroits de la Transylvanie des objets d'art parmi lesquels des inscriptions. (Cf.

') Pour le nom de Sarmizegetusa au cours des Ceci me fait supposer que le nom de Zeofii-
siècles, voir C. /. L. I I I , Suppl. 5, Indices, pp. Çeyéftovoa pouvait appartenir à une localité dace
2543 et 2671. Pour le reste: G. Mateescu: / de la vallée du Ilaţeg sans être pourtant la capi­
Traci nelle epigrafi di Roma (dans: Ephem. tale même (regia) des Daces; celle-ci doit être
Daco-Romana I, p. 122, note 3) qui le classifie recherchée ailleurs et était appelée — peut-être —
parmi les noms toponymiques terminés par le seulement 6 fiaaiXeioç, ro Şaoileiov, ou rà /?a-
suffixe -£a,-oa. Il faut y ajouter Sarm(izege- olketa. Il ne serait pas non plus impossible que
tusae?), trouvé sur une brique du Musée de la résidence royale ait été appelée «ZeQ/uÇeyéêovoa
Sophia (E. Kalinka: Anlikc Dcnkm. in Bul- ô Paolkeioç» ou Z. ro fiaoD.eiov, comme nous
garien, no 452). En ce qui concerne les écrivains la trouvons citée par Ptolémée ( I I I , 8, 9 ; VIII,
antiques (Dio Cassius, Ptolemaeus, Llpianus, 11, 4). Toutefois, une confusion de la part du
Tab. Peut., An. Kav.) voir Pauly-Wissowa: géographe est aussi possible, car l'historien Dio
RE, seconde série, I I I , col. 25 s. Sarmizegethusa Cassius, plus préoccupé de la vérité historique,
et C. / . L. I I I , p. 228, XXVI. Les variantes s'est évidemment servi, pour décrire la topo­
des différents manuscrits se trouvent dans toutes graphie du pays et la campagne de Trajan —
les éditions critiques des auteurs respectifs. des commentaires de l'Empereur.
2
En ce qui concerne la question, si discutée ) Voir, en ce qui concerne les épigraphistes de la
et reprise maintenant plus sérieusement que Dacie, les introductions de Mommsen: C. I. L. I I I ,
jamais, s'il faut rechercher la célèbre résidence pp. 153 —160; 1013 ; 1373 — 1374 (voir aussi: Van-
Ac Décébal sur ce même emplacement de la ca- nuaire de la Soc. d'Hist. et d"1 Arch, du district
pitale romaine, je ne puis — et il ne serait non de Hunedoara [hongr.], 1891 — 1892, pp. 37 — 4 0 ;
plus indiqué ici de donner des explications. J e Archaeologiai Értesito (ancienne série) 1875, p.
désire, cependant, indiquer une circonstance qui 226; L'Annuaire de la Soc. d,Hist. et d,Arch.
— étudiée avec plus de compétence — pourrait du district de Hunedoara (hongr.), 1899, p. 105
conduire vers une solution ou, du moins, vers et suivantes. A titre de curiosité, on peut con­
une hypothèse plus proche de la vérité. On sait sulter aussi: I. Bogdan, Istoria Coloniei Sarm.,
que Dio Cassius mentionne une seule fois le nom Partie I-e, Appendice, pp. 47 — 50 où l'on donne
de ZeQUtteyèftovna, quand un corps militaire a les passages — concernant Sarmizegetusa — ex­
été laissé en Dacie, après la première guerre: traits de nos anciens historiens (Nicolas Costin,
(LXVIII, 9) cnoarôneôov èv Z. xaxaXuiojv; il Dem. Cantemir, etc.). L'ouvrage de C. Torma:
n'ajoute cependant pas, au nom de ZeQfiiÇe- Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam
yéftovaa, une épithete telle que ŞaoiXeiov et il et Epigraphicam, (Budapest 1880) est de grande
n'indique en rien qu'il veut parler de la «capi- utilité en ce qui concerne les épigraphistes et la bi-
tale» de Décébal. Ici, sans doute, il s'agit de la bliographie de Sarmizegetusa jusqu'à 1879-1880.
Sarmizegetusa de la vallée du Haţeg. Mais, J'ai essayé (voir la Bibliographie à la fin de ce
toutes les fois qu'il mentionne, clairement et di- travail) de continuer cette bibliographie jusqu'à
stinclcment la résidence royale, il la nomme, tout nos jours, sans avoir la prétention d'avoir épuisé
simplement, ô ftaolXeioç, rà fiaoLXeiov ou bien rà cette question.
paalAeia.

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15 Dacia I 1924.
C. DA1C0VICI

Archaeologisch-Epigraphische Mitteilungen, I, p . 126 et A Hunyadm. Tôrténelmi es Hé-


gészeti Târsulat Evkonyve [ = l'Annuaire de la Soc. d'Hist, et d'Arch. du district de
HunedoaraJ, 1893/96, p . 144) ; le palais du prince transsylvain Bethlen Gâbor, à Alba-
Iulia, était orné de pins de t r e n t e inscriptions de Sarmizegetusa (voir Kirâly, P . : Ulpia
Tr. Aug. Col. Dae. Sarm. Metropolis, Budapest, 1891, p . 102), de même le château de
J . H n n y a d i à H u n e d o a r a (Téglâs G.: Klio, X , p . 495); l'empereur Charles VI a aussi
t r a n s p o r t é , sur le Mures et le D a n u b e , des objets de Sarmizegetusa (v. Archaeologiai
Kôzlemények, VIII, p. 216; A Hunyadm. Tort, es Rég. Târsulat Evkônyve, 1893/6,
p . 144 et C. L L., I I I , p . 157, X V I ) .
Cette destruction systématique a a t t e i n t son apogée dans la première moitié
du X l X - e siècle, à la suite des recherches, presque annuelles, du baron L. Nopcsa,
alors préfet du district (Kirâly P . , o. c, p . 102) ' ) . P o u r sauver ce qui restait encore,
une Société d'histoire et d'archéologie du district de Hunedoara fut fondée en 1880 à
Deva (Hunyadmegyei Tôrténelmi es Régészeti Târsulat) et, grâce à sa bienfaisante
activité, on p u t sauver plusieurs objets, on créa l'actuel Musée du district, on organisa
des campagnes de recherches sur t o u t e l'étendue du d i s t r i c t 2 ) . Les recherches systé­
matiques entreprises dans le village de Grădişte et dans les environs commencèrent

*) J e n'ai pas la prétention d'enumérer ici chaque dişte) a été achetée, ces dernières années, par
exploration faite à Sarmizegetusa: il suffit de le Musée de Deva et installée à Grădişte dans un
rappeler qu'on a retrouvé des autels romains, local aménagé à cet effet.
2
provenant du district de Hunedoara (sûrement ) L'idée d'organiser un musée et de former
aussi de Sarmizegetusa) dans le château Komis une société archéologique afin de collectionner
à Pănetul de Câmpie (district Murăş-Turda) et systématiquement tous les restes extraits des
deux autres plaques votives se sont égarées dans ruines, est beaucoup plus ancienne. L'empereur
le district Solnoc-Dobâca, à Ciachi-Gârbău (A. François I-er d'Autriche avait exprimé ce désir
Buday: Dolgozatok-Travaux, V I I , 1916, p. 34). lors de sa visite dans ces parages, en 1817 (v.
Il faut y ajouter les dégâts causés par les pay­ Alvâry: Uti levelek dans «Mult es Jelen», 1846
sans qui, depuis des siècles, emploient les statues p. 112). A. Fodor, de Lugoş, émet l'idée de créer
pour obtenir de la chaux et aussi les dégâts de xine Société d'Archéologie pour toute la Transsyl-
l'ancienne administration qui permettait l'em­ vanie (Conférence tenue à Cluj le 3 sept. 1844,
ploi des blocs des murs pour les contructions à l'occassion du congres des médecins et natu­
de ponts, chaussées, et des lignes de chemin de ralistes hongrois (v. V Annuaire de la Société
fer; la Société d'Hist. et d'Arch. du district de d'Hist. et d'Arch. du district de Hunedoara [hon­
Hunedoara a été, ainsi, obligée d'intervenir à la grois], X X I I , p. 25 note 19). En ce qui con­
Direction des chemins de fer hongrois (voir: cerne la visite de l'empereur, en 1817, voir l'auto­
l'Annuaire de la Société, An. 1891—1892 p. 115). biographie du comte Bethlen Lajos qui a guidé
Les habitations seigneuriales des environs de Sa Majesté: Grôf Bethlen Lajos Ônéletlvirâsa, publié
Sarmizegetusa — comme chacun le sait — pos­ par le dr. Szâdeczky Lajos, Cluj 1908, p. 45.
sèdent de nombreux fragments provenant de Cette même idée a été discutée vers 1860 (v.
la capitale dace; de nombreuses églises ont été Mikô Adam: Uti naplô Erdély délnyugati részéhol,
construites à l'aide de matériel extrait de ces 1860, manuscrits des Archives du «Musée Trans-
ruines (par exemple l'église de Demsuş, consi­ sylvain» de Cluj, t a b . 23 — 24; quelques années
dérée, longtemps, comme étant «romaine», auparavant, Iosef Wass avait fait une proposi­
Peşteana, etc.). — L'évêché gréco-catholique de tion analogue: Kolozsvări Magyar Futur, sup­
Lugoş, qui abrite un grand nombre de monuments plément à l'«Erdélyi Muzeum», 1856, no. 16 pp.
originaires de Sarmizegetusa, (collectionnés sur­ 127 — 130. (Voir: Arch. Êrtesitô, X I X , p. 92 et
tout par le K. Père archi-prêtre I. Ianza) mérite note).
notre entière reconnaissance. La collection, si E. Ballun fait l'historique de la création de
précieuse, du chanoine N. Muntean, de Lugoş, la Société d'Hist. et d'Arch. du district de Hu­
(ancien archi-prêtre gréco-catholique à Gră- nedoara, dans VAnnuaire de la Société citée, an.

226

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

seulement au moment où la Société de Deva se forma, à l'exception — cependant —


de l'œuvre de conservation accomplie par Ackner qui a mis à jour une mosaïque (v.
plus bas no. 3) dans la cour du «nemes» Nalâtzi, le 10 septembre 1832, ainsi qu'il le
raconte lui-même: «Reise nach Vârhely in anliquarischer Hinsicht im Jahr 1832» (Tran-
silvania, I, 1832, p . 270).
Dans ce qui suit, je vais énumérer, tout en gardant le plus possible l'ordre chro­
nologique, les découvertes plus importantes faites soit à la suite de recherches sys­
tématiques, soit à la suite d'un hasard.
1. Mosaïque (opus musivum), composée de morceaux de couleur rouge, bleue, verte
et blanche, qu'on aurait trouvée en 1773 sous des ruines (l'endroit est resté inconnu)
et qui a été présentée à l'empereur Joseph II (Benkô J . : Hunyad vărmegye, traduit
d'après le ms. par Koncz J . et publié dans Y Annuaire de la Société d'Histoire et d'Ar­
chéologie de Deva [hongr.], An. X I I , p . 83). --.: — •'
2. Mosaïque (opus musivum), représentant deux scènes, en couleurs: a-)- Priftm
réclamant à Achille le corps de Hector et b) le jugement de Paris. E l l ^ > e t é mise à
jour en 1823, près de la maison de la baronne Noptsa (n. Nalâtzi), à ï*o.ccasion d'une
nouvelle construction, au N. du camp, à droite du chemin qui conduit à la gare (dans le
plan du village de Grădişte au no. VII) et occupait le pavage de deux chambres l ) . Détruite
en 1830.
3. Mosaïque (opus musivum), découverte en 1832, le 10 septembre, par M. J . Ackner,
dans le camp, «dans la cour du «nemes» Nalâtzi, représentant une Vénus ou Victoire,
entourée de génies et d'ornements végétaux (le milieu détérioré) : v. Ackner, o. c, I,
p . 269 — 278, où l'on trouve une description et la reproduction des personnages 2 ).
Nous ne pouvons déterminer aujourd'hui l'endroit où se trouvait cette mosaïque, car

X V I I I et X I X (voir aussi an. X du même An- de cette mosaïque et qui y a attiré de nombreux
nuaire pp. 105—121). Pour les faits qui ont pré- visitateurs. Cette découverte a, peut-être aussi
cédé ce mouvement, voir: VAnnuaire mentionné, attiré Ackner, qui a décrit son voyage à Sarmi-
an. X V I I I , pp. 97 — 102. zegetusa (o. c, I, pp. 280 — 285). La bibliographie,
') Mentionnée pour la première fois, dans le plus ancienne concernant cette mosaïque (in-
journal hongrois «Magyar Kurir» 1823, no. 28 complète, cependant) se trouve chez Téglâs Bêla
du 3 octobre: Mozaik Pădimentom omit Ulpia (Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch. [hongr.],
Trajana omladékain talâltak. J . Bedâus v. Deva, I X , 1897 — 1898 pp. 12 —18): A két vâr-
Scharberg publia, en 1825: Abbildung von zwei helyi mozaik padlô, où sont reproduites les scènes.
altcn Mozaiken... Hermannstadt et Kronstadt, Voir aussi Torma C.: Repertorium, p. 190.
1825. Les reproductions des scènes (ainsi que Nous ne pouvons passer sous silence le travail
celle du no. 3) se trouvent aussi chez Kirâly P. du roumain St. Moldovan dans: «Foaie p. minte,
Ulpia Traiana Aug. Col. Dac. Sarm. Metrop., inimă şi literatură», 1853, p. 270. Une repro-
pp. 114 —116 (d'après I. Arneth: Arch. Ana- duction en couleurs se trouve chez Szilâgy S.:
lecten. Tafeln zu den Sitzungsberichten d. phil.- A magyar nemzet tort., Budapest, 1895, vol. I,
hist. Classe, vol. VI, f. 1 — 2, 1851, tab. XV, p. CCX. Il est intéressant de noter que E. Ballun
XVI). Cf. aussi Neigebaur, Dacien, p. 38, no. affirme savoir où se trouve la mosaïque détruite
111; Téglâs G.: Hunyadvm. tort., I, p. 61. mais déclare ne pouvoir le divulguer pour des mo-
Téglâs et Kirâly commettent une erreur en sou- tifs politiques (VAnnuaire de la Société d'Hist. et
tenant que la mosaïque «Victoria» (no. 3) a été d'Arch. Deva [hongr.], 1908 [XVIII] p. 32 n. 4).
2
découverte en 1823. ) Voir aussi Arneth, o. c. tab. XVII — X V I I I .
Cette découverte a fait beaucoup de bruit, Goos, Chronik («Archiv des Vereines fur Sieben-
dans tout le pays et nous en retrouvons un écho bùrgische Landeskunde», 1876, [XIII], p. 320).
dans la riche littérature du temps, qui s'occupe

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iù*
C. DAICOV1CI

Ackrier a recouvert les fouilles. Elle se trouvait probablement à proximité «le l'auberge
actuelle, au milieu du village.
4. Mithraeum. Les premières fouilles sistématiques ont été. entreprises, au nom de
la Société d'Histoire et d'Arcbéologie de Deva ' ) , au cours de L'été 188! par G-. Téglâs
et P . Kirâly (Ki'mig).
La découverte de plusieurs sculptures mitbriaques, achetées par la Société et
déposées au musée de Deva, a donné l'impulsion nécessaire pour commencer les Touilles.
Les t r a v a u x ont duré trois étés (1881 — 1883) et le résultat obtenu a été le dégage­
ment d'un reste infime du plan d'un temple mitbriaque et environ 250 fragments
(sculptures et inscriptions). V. VAnnuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch. (liongr.), Deva,
1881 — 1883 (II), p . 107; 1883 — 1884 (III), p . 85). Le temple était situé (dans le plan
au no. II) au Sud du coin S. Ouest du camp, à environ 200 — 250 pas, près de la rive
gaucbe de la rivière (Apa mică) '-). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p. 75) suppose l'exis­
tence de plusieurs Mitbraea. E n ce qui concerne l'ancienneté du culte mitbriaque. à
Sarmizegetusa, Kirâly P . croit qu'il y a été introduit au moment de la fondation de
la forteresse par la V-e légion (Kirâly P., A Sarmizegetusai Mithraeum, p. 69).
5. Temple syriaque (Malagbcl I). Découvert la même année que le Milbraeum,
par les mêmes explorateurs, situé à l'Ouest du camp, sur le «Dealul Dălineştilor» (dans le
plan au no. 1), il a subi un meilleur sort et a été conservé, comme plan, presque entier
(Annuaire Soc. a"Hist, et a"Arch. [hongr.], Deva, I I I , 1883/84, p . 85 —86). Ici aussi,
le hasard — une inscription (la célèbre D U S P A T R I I S , C. I. L. I I I , 7954) mise à jour
par une cbarrue — a déterminé l'emplacement des recherches. Une vive discussion
suivit, concernant les noms des dieux sémites 3 ). Téglâs G. {Hmegye tort., I, p . 73)
rapporte le temple environ à la fin du I I , commencement du I l l - e siècle.
6. Le temple de Dis Pater et Proserpina a été découvert, par Téglâs G. (Klio, X ,
p . 502) en 1883, en compagnie de Kirâly Pâl, dans le voisinage de l'amphithéâtre (à
l'Est) ; dans le plan au no. X I I . Cependant, ils n'ont pas trouvé le plan du temple,

*) L'aide en argent a été fournie, pour ces du Musée de Timişoara ont été trouvées aussi
fouilles-ci, et pour les suivantes plutôt par l'Etat sur remplacement des fouilles (Annuaire de la
que par la Société. Société d'Hist. et d'Arch. [hongr. JDeva, 1883 —
2
) Pour la bibliographie, je rappelle, parmi 1884, p. 85; Az orsz. rég. es vmh. lârsulat évkonyve,
les ouvrages plus importants: P. Kirâly: A sar­ Budapest, 1879 — 1885, pp. 152 — 158).
mizegetusai Mithraeum dans «Archacologiai Koz- Une sculpture mithriaque, provenant de Sar­
lemények», 1886 (XV) ; Fr. Studniczka, Mi- mizegetusa, se trouve aussi au Musée Brukcnthal
thraeen u. andere Denkmdler aus Dacien, («Arch, à Sibiu (v. Gooss: Chronik, p. 319).
3
-ep. Mitt.», VII, pp. 202 — 225); Tonna K.: ) Voir Téglâs G.: llunyadvm. liirt., I, pp.
Inschr. aus Dacia, Moesia Sup. u. Pannonia inf... 72 — 73, où se trouve aussi la bibliographie de
(«Arch.-ep. Mitt.», VI, pp. 101 sqq. et 144 — 145). cette question. Il faut y ajouter: A vârhelyi
Voir aussi: «Arch. Ért.», V, (1885), pp. 262 sqq.; Syrus Templom, par Téglâs G. («Arch. Ertesitô»,
Cumont F . : Textes et monuments figurés relatifs 1906, [XXVI], pp. 321 — 330, où l'on trouve
aux mystères de Mithra..., Bruxelles, 1896—1899, aussi un plan du temple et où l'on cherche à le
I, pp. 250 — 251 ; II, pp. 135 sqq., 280 sqq. ; idem, reconstituer, pp. 324 — 325). Cf. Roscher, Myth.
Mithrasemlékek Magyarorszăgon, («Arch. Ert.», Lex. I I , 2 s. Malachbelos. En ce qui concerne
1893, pp. 289 — 299); C. I. L., I I I , 7922 - 7950. les noms, voir aussi l'opinion de Th. Noldckc:
En ce qui concerne le culte de Mithra à Sarmize­ (C. /. L., I I I , au no. 7954). L'inscription C. I. L.,
getusa: C. I. L., I I I , 1436, 1437, 7951, 7953, 12581. I l l , 7955 a été trouvée sur le même emplacement.
Kirâly soutient que les sculptures mithriaques

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

puisqu'ils n'en font aucune mention. Tout ce qu'on a trouvé — et sur cela repose la
supposition de L'existence du temple — est une série de trois bas reliefs représentant
Dis et Proserpina '). (Cf. Ann. de la Soc. tVHist. et a"Arch, [hongr.], Deva, 1883/84
( I I I ) , p . 86 — 87).
7. Le Temple (?) de Malagbel I I ; Téglâs et Kirâly pensent pouvoir le placer dans
le voisinage du temple de Dis Pater (dans le plan au no. XV) en s'appuyant sur le
témoignage d'un autel votif (C. I. L. I I I , 7956) 2 ).
8. Le temple de Bel Hammon (?) se serait trouvé près du côté Ouest du camp (à l'in­
térieur de celui-ci; dans le plan au no. IV) d'après la supposition de Téglâs et Kirâly,
fondée sur le témoignage d'une colonne surmontée d'une tête d'Hammon (voir YAn­
nuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch., [hongr]. Deva, 1883/84 (III), p . 87 et Téglâs G.,
Hmegye tort., I, p . 62).
9. Le plan d'une grande bâtisse, découverte en 1883 près du mur Nord, à environ
10 pas à l'intérieur dti camp (dans le plan au no. X X ) 3 ).
10. Le plan d'une bâtisse (auberge?) découverte aussi en 1883, à l'extérieur du
camp, d'après ce qui ressort de la relation de Kirâly P., o. c , p . 109 — 110, qui nous
en donne aussi le plan, la situant au Sud de la «route de Trajan». Téglâs G. n'en fait
pas mention et nous n'avons pas pu en déterminer l'emplacement dans l'actuel vil­
lage de Grădişte.
11. Le plan d'une maison modeste, comprenant trois chambres a été découvert
en 1883 (?) par les mêmes (v. Kirâly P., o. c, p . 113 où se trouve aussi le plan) près
des thermes (dans le plan au no. X I X ) .
12. Les thermes, ont été découverts en 1883 par Téglâs et Kirâly, à l'intérieur
du camp, près du mur Nord (dans le plan au no. X V I I I ) sur le lieu appelé «Grohotea
Tornieştilor». La date de la construction — ou, peut-être, seulement celle d'une re­
construction — nous est fournie par les briques trouvées à l'occasion des fouilles : a.
158 p . Chr. (Téglâs G. : Hmegye tort., I, p . 63 — 64, où se trouve aussi le plan de la bâtisse) 4 ).
') Téglâs G.: Adalékok... («Erdélyi Muzcum S. Reinach: («Rép. de la Statuaire Gr. et Rom.»,
Kiadvânyai», 1889, (VI), pp. 357 — 368). «Arch. II, (1912), p. 137, fig. 1, 2) considère les deux
-ep. Mil t., VIII, (1884), pp. 3 9 — 4 0 (Studniczka). reliefs trouvés d'abord, comme représentant
Dr. kuzsiiiHzky B . : Alvilûgi istenck Magyarorszâgi Juppilvr Succllus.
z
ramai kôemlékeken («Archaeologiai Krtesitô», 1907, ) L'Annuaire de la Société d'IIist. et d? Arch.
(XXVII), pp. 119 — 130, fig. 2 et 3. V. aussi la de Deva, (hongr.), 1883 — 1884 p. 87; Arch.-ep.
bibliographie française de la question: «Bull, de Mitt., VIII, p. 52, no. 3. Téglâs G.: Hunyadvm.
la Soc. nat. des Antiquaires de Fr.», 1891, p. 83 tort., I, p. 62.
et 1892, pp. 140, 142 et Reinach, Antiquités nat. Dans le Corpus, on mentionne à tort qu'on
Description raisonnée du Musée du Saint-Germain- aurait trouvé cette inscription «in templo deorum
en-Laye, pp. 182—-183). Téglâs G. a publié aussi Syriacorum».
3
(Arch. Ért., 1907, (XXVII), pp. 368 —370) la ) VAnnuaire delà Société d'Hist. et d'Arch.,
troisième sculpture, trouvée ultérieurement au (hongr.), Deva, 1883 —1884, (III), p. 87. Téglâs
même endroit. G.: llunyadmegye tort., I, p. 62. Kirâly P . : VI-
Pour une sculpture représentant Dis Pater et pia Tr. Aug, pp.. 111 — 113 (le plan, p. 111).
4
Proserpina, avec l'inscription DITO (sic) PATRI ) L'Annuaire de la Société d'Hist. et d'Arch.,
E T P R O S E R P I N A E etc., trouvée à Sarmizege- (hongr.), Deva, 1883 — 1884, p. 8 8 ; Kirâly P . :
tusa vers 1905, v o i r — outre l'article de Ku- Ulpia Traiana, pp. 104 —108 (où l'on trouve aussi le
zsinszky B., mentionné plus haut (pp. 119 —121)— plan de la bâtisse); Arch.-ep. Mitt. VIII, (1884),
aussi Klio, X, pp. 501 — 502 et la note 2. Cf. C. p. 54, no. 4 — 6; etc.
I. L. I I I , 12583.

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C. DAICOVICI

Il n'est, peut-être, pas inutile de rappeler que la pièce vue p e n d a n t les fouilles
exécutées devant l'empereur François I-er d'Autriche, lors de sa visite à Grădi.şte
en 1817, était, peut-être aussi un «bain». On a trouvé, sous le pavé en briques (mo­
saïque?) des t u y a u x de chauffage, praefurnium, de la cendre, etc. (v. Grôf Bethlen
Lajos Onéletleiràsa, publié par le Dr. Szâdeczky Lajos, CIuj, 1908, p . 45). On ne sait
plus où se trouvait ce bain.
13. Le Temple à"Esculape et d'Hygie. L'emplacement a été déterminé par Téglàs
G., en 1884, à l'aide de deux fragments (C. I. L. I I I , 7897, 7898), au Nord du camp et au
Nord-Est de l'Amphithéâtre (plan no. XIV) (v. Téglâs G.: Hmegye tort., I, p . 62 et 68).
Quelques autres autels et plaques votives, dédiés à Esculape et Hygie, provenant de
la même région, ont été publiés par J â n o B. dans Arch. Ert., X X X I I (1912), p .
405 — 407. Ces autels se trouvent aujourd'hui au Musée local de Sarmizegetusa. (Voir,
plus bas, p . 2 5 3 — 2 5 4 , un bas-relief représentant Esculape et Télesphore — que M. J a n ô
B . a bien-voulu nous céder pour être publié — et qui provient aussi de Sarmizegetusa
(du même endroit?). E n ce qui concerne ici le culte d'Esculape voyez: C. I. L. I I I ,
1417, 1417 », (découvert par J . Kemény), 1422 (inscription grecque), 7896, 7899, 12579,
13775, 13776 et *1427.
14. Le temple de Iupiter Dolichenus (Dolichenum). Téglâs G. (Hmegye tort., I, p . 73)
suppose qu'il se trouvait dans le coin Sud-Ouest du camp, à l'intérieur de celui-ci.
(Dans le plan au no. I I I ) . Cette supposition se base sur un bas-relief, travaillé de manière
rudimentaire et représentant une Victoire, a y a n t u n aigle à son côté (Téglâs, o. c,
p . 73). Il fut trouvé au même endroit, probablement vers 1884 — 1 8 8 5 . L'ancienneté
de ce temple est la même que celle du temple syriaque (idem, ibidem) a ) .
15. Les années suivantes, les mêmes explorateurs poursuivent la route de Trajan,
étudient le mur (voir le plan), commencent à nettoyer l'Amphithéâtre (VAnnuaire
de la Soc. d'Hist. et d'Archéologie [hongr.], Deva, 1883—1884 (III), p . 88 — 89).
16. Le temple (?) de Malagbel I I I , a été mis à jour en 1889 par Téglâs-Kirâly, au
Nord-Ouest du camp (v. Téglâs G., dans Erd. Muz. Egylet Kiadv., 1890, V I I , p . 3 9 2 - 3 ;
Arch.-ep. Mitt., X I I I , p . 192, 1 - C. I. L., I I I , 12580.). Téglâs G., dans Hmegye tort.,
I, p . 62, détermine un endroit inexact 2 ). Nous ne sommes pas parvenu à déterminer
son emplacement sur le plan de Grădişte, faute de données plus précises. A la suite
des mêmes fouilles, on a trouvé les fragments d'inscription C. I. L. I I I , 12578, 12585.
17. L'Amphithéâtre (plan no. X I ) a été mis à jour en 1890 — 1 8 9 3 par Téglâs G.,
Kirâly P . et Szinte Gâbor; la Société d'Hist. et d'Arch. de Deva avait déjà acheté
ce terrain en 1888. La date de la reconstruction de l'amphithéâtre a été fixée, par
Téglâs, en l'an 158 p . Chr. On a trouvé, parmi les ruines, des briques avec l'estam­
pille de l a : L E G I I I I F . F . (Téglâs G.: Hmegye tort., I, p . 64. Erdélyi Muz., 1902 ( X I X ) ,
p . 342 et Klio, X , p . 497 no. 26, 2 7 ) 3 ) .

*) Voir aussi C. I. L . , I I I 1 4 3 1 ; j e p u b l i e p l u s d'Arch. ( h o n g r . ) , D e v a , 1893 — 1896 ( V I I I ) , p p .


b a s , u n bas-relief, r e p r é s e n t a n t I . D o l i c h e n u s , 34 — 3 7 ; S z i n t e G â b o r : Ulpia Tr. czclôtt Sarmi­
a p p a r t e n a n t à Mr. I . L i t s c h e k d e S a r m i z e g e t u s a . zegetusa, ma Vdrhely Amphiteatruma. Voir a u s s i :
2
) Voir a u s s i : VAnnuaire de la Société d'Hist. VAnnuaire cité V I , p . 137.
et d'Arch. ( h o n g r . ) , D e v a , V I , p . 130. P o u r la b i b l i o g r a p h i e : Magyarorszăg Miiem-
3
) L e c o m p t e r e n d u des fouilles e t le p l a n se lékei, I I , B u d a p e s t , 1906, à «Vârhely» col. 4 1 1 .
t r o u v e n t d a n s VAnnuaire de la Société d'Hist. et T é g l â s G . : Hm. Tort., I , p p . 64 s q q . ; K i r â l y P . :

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Kirâly P . affirme que l'amphithéâtre a été employé comme fortification à l'é­


poque des migrations, la porte Ouest ayant été trouvée barricadée (Dacia Prov. Aug.,
I I , p . 129).
18. Le temple de Némésis a été mis à jour par Téglâs, Kirâly P . et Szinte G. à proxi­
mité du côté Est de l'amphithéâtre (dans le plan au no. X I I I ) et son existence nous est
attestée par plusieurs bas-reliefs (v. Y Annuaire de la Soc. d'Hist. et d'Arch. [hongr.],
Deva, 1891/2, p . 119; 1893/6, p . 37 et la planche avec le plan du temple) »).
Après 1893, l'activité de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Deva décroît
à vue d'œil 2 ). Les causes sont multiples mais en premier lieu par manque de spé­
cialistes: C. Torma, le «spiritus rector» des recherches, meurt en 1897; Kirâly quitte
le cercle de la Société en 1892 ; Téglâs G. se retire de la direction des t r a v a u x et aussi
— u n peu plus t a r d , en 1903 — de la direction du musée pour des motifs d'ordre per­
sonnel, semble-t-il.
L'activité archéologique déployée, à Sarmizegetusa, pendant ces années se réduit
à l'acquisition de quelques objets trouvés chez des particuliers et découverts, par ha­
sard, parmi les ruines (parmi ces objets, on a trouvé un aigle en marbre). V. Téglâs G.:
Klio, X , p . 495 — 498 et X I , p . 504 — 505.
On s'efforce de reprendre l'ancienne activité à peine vers 1906, plus modestement
cependant, et avec des résultats presque nuls.
19. Les traces d'une chambre modeste (circonférence: 10 m) sont découvertes, en
automne 1906, sur le terrain de Ion Muntean, par M. Mâjland. Le résultat de ces re­
cherches a é t é : des instalations pour le chauffage, des morceaux de mosaïque, etc. (v.
Y Ann. de la Soc. d'Hist. et d'Arch. [hongr.], Deva, X V I I (1907), p . 48 — 4 9 ) . Nous ne
pouvons en déterminer l'emplacement sur le plan (peut-être no. X X I ) .
20. Les restes d\me chambre ont été mis à jour en automne 1906 par O. Mâjland, à
l'extrémité Est du village (dans le plan au no. X ) . Les résultats obtenus se sont limités
à quelques briques avec estampille, des «lucernae», débris etc. (V. Y Annuaire cité, p . 49).
E n 1907, on rassemble plusieurs objets découverts par des paysans ; des fouilles
«sui generis» sont reprises mais, toutefois, rien n'est publié (v. le même Annuaire,
an. 1908 ( X V I I I ) , p . 95). Des mesures sont prises pour ramasser le plus d'objets pos­
sible au Musée de Deva.

Dacia, I I , 122 — 129. Le vicaire gréco-catholique En ce qui concerne les inscriptions C. I. L.,
de Ilaţeg, St. Moldovan, décrit l'amphithéâtre, I I I , 13780, 13778, 13779 et 13777, on fait la
vers 1853: «Foaia p. minte, inimă şi literatură», remarque qu'elles ont été trouvées: «in effossio-
1853, pp. 268 sq. nibus amphitheatri» et que «Téglâs misit»; la
En ce qui concerne les briques avec l'estam­ dernière (se trouvant sur une statue) a été pu­
pille: Tertulflo et Sacerdote consulibusj ( = 158 bliée, sans commentaire, dans l'«Annuaire de la
p. Chr.), I ]ul[ius] AflexanderJ, trouvées dans Société d'Hist. et d'Arch». Deva, I X , p. 183,
l'amphithéâtre aussi plus tard, voir Téglâs G.: et aussi dans: «Antichităţile romane din comi-
(Klio, X, p. 497, no. 22). tatul de Hunyad», p. 15. Voir aussi: Klio, X I ,
1
) J. Jung connaît la découverte de ce temple p. 505.
2
de Némésis et annonce la publication des ré­ ) Vers la même époque, des fouilles ont été
sultats par Téglâs G., ce qui — à mon su — n'a faites à Micia et en quelques autres localités.
pas été fait. Voir: Arch. -ep. Mitt., X V I I , p. Vers 1900, l'Administration du District prend
10, 8 ; cf. aussi Téglâs G.: Hm. Tort., I, pp. des mesures pour inscrire les monuments an­
69 — 70, d'où il ressort qu'il n'avait pas encore tiques qui se trouveraient chez des particuliers.
publié son article en 1902.

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C. DAICOVICI

21. E n 1911, le prof. Bêla J â n ô a entrepris un voyage à Sarmizegetusa et a exa­


miné, ramassé et — selon les possibilités — acheté des objets trouvés. Il publia \c
résultat de ses recherches dans la revue: Archaeologim' Krtesito, 1912 ( X X X I I ) , p . 49—57,
272 — 273, 393 — 411 ' ) . (V. ensuite: Arch. Anzeiger, 1912, col. 530 s q q . ; 1913, col.
334 sqq.) 2 ).
E n ce qui concerne le tableau votif: Caelesti Virgini / Augustae / sacr(um). Ne-
mesianus Caes(aris) N(ostri) servos librarius tern j plum a solo pecunia su/a ex voto
fecit (Arch. Anzeiger, 1912, col. 531) il a été trouvé — à ce qu'il paraît — dans le
jardin de M. I. Litsek, où Ton peut voir même les restes d'une assez grande bâtisse 3 ).
Il se pourrait donc que le temple mentionné fût situé là-bas même. (Dans le plan
au no. VI).
22. Au cours de l'été 1913, M. J â n ô B. a commencé des fouilles systématiques à
l'intérieur du camp (dans le plan au no. X X I I I ) , dégageant ainsi, en partie, le plan d'une
maison. Le manque d'argent força M. J â n ô de cesser les t r a v a u x après 8 — 10 jours
à peine. On obtint comme résultat des morceaux de mosaïque, briques, une monnaie
de Sept. Severus et un fragment d'inscription comprenant les lettres I M P . (Communi­
cation personnelle de M. J â n ô ) .
J'ignore qu'on ait entrepris des recherches pendant la guerre mondiale. Tout ce
qu'on a fait s'est résumé à assembler les objets trouvés par les paysans. Il est pour­
t a n t regrettable que certains objets ne soient pas tombés en de bonnes mains — beau­
coup a y a n t été achetés par des personnes ignorantes de l'archéologie.
A partir de 1921, les ruines ont été placées sous la surveillance de la Commission
des Monuments historiques de Transylvanie qui — avec le concours de la Direction
du Musée de Dcva — a réussi à sauvegarder certains objets et à arrêter l'oeuvre
destructive des habitants. On a interdit, en premier lieu, le fonctionnement, sans

') Parmi ces objets se trouve un autel élevé présentant Hécate, provenant de Sarmizegetusa
à la divinité lunaire - d'origine phrygienne — et faisant partie de la collection de Mr. le cha­
et qui — jusqu'alors — n'était pas connu en noine N. Muntean. Le même publie aussi (ibidem,
Dacie: Men (Meni)jGn. Vastian(ius)/ G. Petr(o- pp. 33—38) deux bas-reliefs votifs (provenant
nius) Iustus j Corn(vlius) Proc(ulus) / ex voto). de Sarmizegetusa et se trouvant aujourd'hui an
(Ibidem, p. 50). I/importancc de l'inscription Musée Transylvain de Cluj) avec les inscriptions
Deo Aeterno et Iunoni et Angelis (publiée dans suivantes: 1. Iunoni lie / gini (sic) Mar / cia
Y Arch. Êrt., X X X I I , (1912), p. 4 0 1 ; Arch. An­ Cura/ V. S. L. M. et 2. (grecque): /A. TEIM../
zciger, 1913, col. 334 et Année Epigr., 1914, no. eun-Y. . .
106) a été relevée par A. Garroni, Studi di anti- •1) Téglâs G. démontre l'importance de cette
chità, Roma, 1918, pp. 9 sqq. ( = «Kendiconti inscription: Caelestis Virgo jeleniosége Daciâban.
délia R. Accademia dei Lincei, ser. 5, t. XXV, («Archaeologiai Értesito», X X X I V , (1914), pp.
pp. 66 — 80). 350—354; avec photographie). Voir aussi Do-
'-) Mr. Iânô B. publie aussi (Dolgozatok-Tra­ maszewski: Abhandl. zur rôm. Religion, pp.
vaux, Cluj, 1913, (4), p. 259) une plaque comme­ 148—150: G. Gatti, Di un antica iscrizione chc
morative mise à jour par le labourage du prin­ ricorda la dea «Virgo Caelestis», dans «Diss. délia
t e m p s ; on y atteste l'existence de la XV-e dé­ Pont. Ace. Rom. di Arch. 1896, ser. II, T. VI,
curie du «Collegium Fabrum»; jusqu'à ce moment pp. 329 sqq ; H. Frère, Sur le culte de Caelestis
seules les décuries I, I I I , IV et X I I I nous étaient (dans «Revue Arch.» 1907, 2 pp. 21 sqq. ; Ugo
connues (C. 7. L., I I I , 7960, 1494, 1431, 7905). Antonielli, Tanil—Caelestis nelV arte figurata, dans
Mr. A. Buday a publié (Dolgozatok-Travaux, «Notiziario Archeologico» fasc. I I I , Roma 1922,
1916 (VII), pp. 28 — 33) quatre bas-reliefs re­ pp. 4 1 — 6 9 .

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

contrôle, des fours à chaux. La Direction du Musée de Deva a eu, à cet égard,
d'indiscutables mérites l).
23. Les traces d'une chambre avec installation d'hypocauste ont été trouvées par
M. I. Mallâsz pendant l'été 1922, au Nord du camp (dans le plan au no. I X et la fig. no. 1).
Outre ce qui vient d'être énuméré plus haut, on cite les vestiges suivants, connus
avec plus ou moins de sûreté ou de probabilité:
24. Un temple de Diane, mentionné par Téglâs G. (Hunyadvm. tort., p . 62), se se­
rait trouvé au Sud-Est du camp. L'existence de ce temple lui a, peut-être, été sug­
gérée par le fragment d'autel C. I. L., I I I , 7961, car il dit, à cet égard: «provenu de
nos fouilles» (o. c , p . 67). On ne précise pas la date (sûrement avant 1888) à laquelle
on l'a découvert ni
l'emplacement pré­
cis. On connaît aus­
si une plaque votive
dédié à Diane à Sar-
mizegetusa. C. I. L.,
I I I , 7903. Cf. aussi
Klio, X , p . 496, no.
3 : un autel dédié à
Diane, et publié par
Téglâs G.
25. L'existence
d'un aqueduc à Sar­
mizegetusa, qui ali­
mentait la ville avec
l'eau des monts Re-
tezat, est attestée
par C. I. L., I I I ,
Fig. 1. Pièce avec hypocauste (dans le plan du village au no. IX).
1446 (v. au même
endroit, la notice d'Ariosti). Ackner (Reise nach Vdrhely, I I , p . 229: au Sud, «vers
Ohaba», et Die Colonien...., p . 1 3 : «des traces indubitables d'un aqueduc») et Zintz
F. (Die rômische Colonie Sarmizegetusa, p . 31 — 32) en ont vu des restes. Malgré tous
mes efforts, je ne suis pas parvenu à retrouver une trace sûre.
26. Cimetières. Il semble qu'il y en ait eu deux à Sarmizegetusa : un à l'Est du camp,
le long de «la route de Trajan», qui conduit vers F«Ostrovul Mare» et un autre à l'Ouest
près du chemin (au Nord de celui-ci) et qui conduit vers les Portes de fer (dans le plan
au no. V et X V I ) . Cf. Gooss, Chronïk, p . 319; Neigebaur: Dacien, p . 1 8 ; Ackner: Reise
nach Vdrhely in antiqu. Hinsicht, I I , p . 231 ; Téglâs : Hunyadmegye tort., p . 85 ; St. Muntean,
«Foaia p . minte, inimă şi lit.», 1853, p . 270 (bien que ce dernier soutienne qu'à l'Est
du camp, à environ 600 pas, il se trouve le cimetière des héros morts pendant les
luttes contre les Turcs, au temps du voévode Achate Bârcsay). Le mode de sépulture
était l'inhumation. (Kirâly P . : Ulpia Tr. Aug..., p . 151).

l
) Le Musée de Deva a acheté, cette année, musée local —- déjà commencé — et qui servira
une maison à Grădiste, destinée à abriter un aussi d'habitation aux explorateurs.

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C. DAICOVICI

27. E n ce qui concerne remplacement — hypothétique — d u centre — forum —


les opinions divergent. Téglâs G. le place à l'endroit où fut trouvée la mosaïque de
1823 (Hunyadmegye tort., p . 01), tandis que d'autres le placent dans le voisinage des
fotiilles faites en 1924 (v. plus has) sur l'ancienne propriété du comte Lônyai G. 1 ) .
Bien que cette hypothèse ne semble pas impossible — à en juger par l'apparence mo­
numentale de la bâtisse explorée par nous — nous ne pouvons encore affirmer rien de sûr.
28. Les restes d'une bâtisse imposante ont été constatés, en 1901 (Miinstcrherg
et Oehler, «Jahreshefte d. ôst. Arch. Inst.» 1902 (V), Beiblatt, col. 134) derrière la
maison Tornya (dans le plan au no. V I I I ) .
29. St. Moldovan a découvert une route antique (v. le plan) qui conduit de la
porte (?) du mur Est du camp vers l'Est-NE («en ligne oblique») sur une distance
d'environ 600 pas, se rencontrant là avec la route de Trajan, dont la direction est,
en général, connue. (V. la «Foaia p . minte, inimă şi literatura», 1853, p . 270).
30. Enfin, nous pouvons aussi citer une fabrique de briques, mentionnée par St.
Moldovan («Foaia p . minte»..., 1853, p . 293) au Nord-Est du village entre le chemin
et la rivière «Apa Mare», vis-à-vis du village Breazova 2 ).
Ceci est, à peu près, t o u t ce que nous avons à dire au sujet de l'ancienne topo­
graphie de Sarmizegetusa 3 ). Nous ne connaissons pas avec certitude l'emplacement
de nombreuses bâtisses à cause de la manière dont les fouilles ont été exécutées.
Les limites du territoire de Grădişte, si riche en ruines, formeront l'objet de pro­
chaines recherches.

IL NOUVELLES RECHERCHES À SARMIZEGETUSA


1. Restes d'une «villa suburbana»
Le champ de ruines qui s'étend autour du village de Grădişte, dans toutes les di­
rections mais plus spécialement à l'Est et au Nord du camp, invite aux recherches. (Il
semble qu'à l'Ouest les ruines soient moins nombreuses, bien qu'elles ne fassent pas com­
plètement défaut: par exemple, là se trouve le temple syriaque). Nous avons cru opportun
d'explorer un terrain si propice, à l'Est du camp, à droite du chemin rural qui conduit
à l'«Ostrovul Mare». Le terrain, propriété du paysan Todoni Rusalin se trouve à une
distance d'environ 150 m du côté Est du camp et à 38 m, vers le Sud, du chemin
indiqué plus h a u t (dans le plan du village au no. X V I I ) . L'entente, que nous avons réussi à
conclure avec le paysan, a été u n des motifs décisifs pour arrêter notre choix sur sa pro­
priété. Ensuite, nous avons été raffermis dans notre opinion, que notre travail et nos
dépenses seraient largement récompensés, par le fait suivant : quelques mois a u p a r a v a n t ,
on avait trouvé sur le même terrain, à l'occasion du labourage de printemps, une statue

') L'Annuaire de la Société a"Hist, et a"Arch., même revue.


3
(hongr.), Deva, 1909 (XIX), p. 168. Sur cet em­ ) Je n'ai plus cité ici les opinions de T. Anto-
placement — dit-on — on aurait trouvé une sur­ neseu, exposées dans son ouvrage Cetatea Sarmi­
face étendue pavée de dalles de marbre. zegetusa, Iaşi 1906, car ce qu'il présente comme
2
) En ce qui concerne la colline «Selea», à la­ résultats nouveaux ne peut-être pris en consi­
quelle se rattachent t a n t de légendes (citadelle, dération, vu que ces résultats se fondent sur de
route ancienne, bourg dace, etc..) et les ré­ pures hypothèses. Il avoue lui-même, du reste,
sultats obtenus à la suite des recherches, voir qu'un grand nombre de ses assertions sont du
l'article de M. A. Ferenczi, publié dans cette domaine de l'imagination (o. c. p., 52).

234

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

de femme, sans tête l). Cependant les résultats n'ont pas répondu à notre attente et
notre explication en est dans l'état général des ruines d'ici: le terrain arable restreint
et pauvre de Grădişte oblige les paysans à débarrasser de pierres et restes de murs
même le plus petit lam­
beau de terre, à la fin de
le rendre plus produc­
tif. Ici aussi, le terrain
avait été très fouillé.
Les t r a v a u x ont com­
mencé le 15 août 1924,
par un sondage profond
d'un mètre et large de
8 0 - 1 0 0 cm. Dès le pre­
mier jour, je trouvais
les traces d'un mur, qui
paraissait assez bien bâ­
ti et conservé : c'est le
:
£3-3-~ Ttrtn nesSpaf.
mur qui limite au Nord
la pièce F . Poursuivant
le travail les jours sui­
vants avec deux équi­
Fig. 2. Plan de la «villa suburbana»
pes, j ' a i réussi, en l'es­
pace de 10 jours, à découvrir les restes d'une bâtisse (le plan se trouve sur la fig. no. 2).
Il ne reste plus, des murailles, que les fondations, qui étaient enfouies dans la terre.
J e n'ai retrouvé nul­
le part les murs, qui
étaient peut-être en
briques, au moins en
ce qui concerne les
murs intérieurs. J'ai
même retrouvé quel­
ques briques placées
sur le mur qui sépare
CdeD(v.fig.no.3).
Cependant, les fon­
dations même sont
très mal conservées
par endroits. Le ma­
tériel employé con­
siste en gros cailloux,
placés en «opus in-
Fig. 3. La «villa suburbana» certum»avec un mor­
tier mêlé à beaucoup
de sable. La profondeur du socle ne pouvait dépasser 1 —1,20 m, dont nous avons mis
*) Détruite par les paysans et employée pour fabriquer de la chaux.

235

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C. DAICOVICI

au jour environ 80 cm. L'épaisseur du mur varie nil re 40 et 80 cm. La forme de


l'édifice, à sa base, était un quadrilatère irrégulier qui renfermait quatre pièces : A, B,
C, D, ayant une légère saillie vers l'intérieur (à B) du mur Sud. L'épaisseur du mur
et l'exécution égale de la construction, confirment cette supposition. On y a ajouté
peut-être seulement plus tard, les deux pièces E et F ; celles-ci sont fermées par des
parois plus minces, que celles de la bâtisse principale et s'élargissent en forme de
trapèze l'une vers l'Est et l'autre vers
le Sud.
Examinons chaque pièce à part :
A. Toute petite chambre, de dimen­
sions très modestes (3,10x1,90) sépa­
rée de C par un mur de 45 cm. Au Sud,
elle est séparée de B par une couche,
presque carrée (2 X 1,90) (pavée de deux
rangées de gros cailloux, de formes ir­
régulières, réunis par un faible mortier)
et dont les limites N. et S. ne parais"
sent pas avoir été détruites par le ha­
sard, mais qui, dès le commencement,
était terminée en ligne droite. J'insiste
sur ce fait, parce qu'on pourrait croire
que nous sommes en face d'une sous-
construction de pavage, qui se serait
étendue sur toute la surface de la bâ­
tisse ou, du moins, dans les pièces A, B.
Cela, pourtant, ne paraît pas être le cas,
pour le motif déjà cité et aussi parce-
que nous ne trouvons plus un sem­
blable terrassement, dans aucune autre
Fig. 4. La «Villa suburbans» avec vasque enterrée pièce. J e suppose, plutôt, qu'il s'agit ici
(au premier plan).
du pavé d'entrée (qui était placé ici).
B. Pièce de dimensions plus réduites que la pièce A (2,90x1,90) et dont le mur
Sud a une légère saillie vers le Nord-Ouest, et lui donne ainsi une forme de quadri­
latère irrégulier. Nous avons trouvé une vasque, sous le m u r commun avec C; les di­
mensions sont 1,70X0,70 m et 65 cm de profondeur, comptées à partir du bord
d'en haut du mur près duquel se trouve la vasque. Les bords et le fond en étaient pla­
qués de marbre sur une épaisseur de 3 cm, et t o u t à fait abîmées sur les parois Sud
et Ouest. On n'y a rien trouvé à l'intérieur. (V. fig. no. 2 section I et fig. no. 4).
C. Pièce, de forme d'un parallélogramme parfait (2,35X8,20) séparée de D par
un mur de 40 cm d'épaisseur, seulement en partie intact.
D. Pièce contiguë à la précédente, en forme de trapèze ; dimensions : à l'Ouest
et à l ' E s t : 8,25 m ; au Nord 4,50 m et au Sud 3,65 m. A côté du mur contigu à C,
se trouve une construction analogue à la première (dans la pièce B), longue de 1,65 m,
large de 54 cm et profonde de ca. 75 cm ; ici, cependant, les parois sont en briques,
sans aucun signe ou empreinte, bien cuites, reliées simplement, par de l'argile a y a n t

236

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FOUILLES ET RECHERCHES^ SARMIZEGETUSA

30 cm de largeur et 6 cm d'épaisseur. Elle sont posées horizontalement. La paroi
Nord est détruite. Le fond est pareillement pavé de briques, de largeur moindre, et
qui forment un léger angle produit probablement par des pressions ultérieures (v.
fig. no. 2, section II). Ici non plus, nous n'avons trouvé quoi que ce soit, qui aurait
pu nous donner un éclaircissement — pas même des traces de feu.
Le mur qui sépare D de E est le plus mal conservé. Du côté Est de cette pièce
on a trouvé un tas de pierre calcaire, plus ou moins calcinée et même de la chaux vive,
de la cendre, des charbons, d'indiscutables traces, donc, d'un grand feu. Il n'est pas
exclu qu'il ait existé ici un four à chaux moderne, pareil à t a n t d'autres du village.
E . Espace, en forme de trapèze; les parois Nord (1,40 m de longeur) et Sud
(2,35 m de longueur) moins épaisses que les murs qu'elles prolongent et alignées avec
ceux-ci sur la ligne intérieure. Sûrement, c'est une construction ultérieure et secondaire
à mon avis — de même que F , dont E rappelé, du reste, aussi la forme.
F . La prolongation de la paroi commune, avec A et C, renferme un espace
dont les côtés sont: à l'Ouest 1,70 m, au Nord 9,80 m, à l'Est 2,40 m et au Sud 9,55 m.
A cette dernière paroi, le bout de mur commun avec E, rentré sensiblement vers l'in­
térieur, (orme de cette manière, une espèce de niche.
Avant de s'efforcer d'établir le caractère de ce reste de bâtisse, il est bon de
préciser le fait suivant: la bâtisse n'est pas complète mais s'étendait, assurément,
vers le Sud, comme il résulte des traces indubitables des deux murs perpendicu­
laires sur le mur Sud. Nous n'avons pas pu les poursuivre, faute d'une entente avec
le propriétaire voisin (car la pièce E se trouvait sur son terrain) et aussi parce que
les dépenses pour les fouilles pouvaient être employées, de manière plus productive,
dans des recherches à l'intérieur du camp.
Les objets découverts à l'occasion des fouilles sont extrêmement peu nombreux
et, ceux-là même, n'ont pas été trouvés à l'intérieur des pièces mais à l'extérieur des
murs. Ce sont: a) une pincette de bronze longue de 11 cm trouvée près du mur
Nord de la pièce F , à l'extérieur, b) u n fragment de fibule en arbalète, en bronze,
d'une longueur de 6,50 cm, trouvée au Sud du mur Sud de la bâtisse, à une profon­
deur de 70 cm et, en fin, c) une clé en fer de 10,50 cm mise à jour près de la fi­
bule. On a encore trouvé, répandus partout, des débris — surtout de couvercles —
et quelques briques avec les empreintes habituelles de griffes d'animaux.
Tout ce qui pourrait nous éclairer par conséquent, sur la signification de la bâtisse
est réduit à la partie architectonique.
Il n ' y a pas de doute — à mon avis — que nous nous trouvons devant une maison
particulière ou, plutôt, devant une partie de cette maison orientée vers l'Ouest. C'est,
probablement, une villa suburbana *) dont nous n'avons mis à jour, peut-être, qu'un
seul côté, un logement des domestiques, etc. 2 ), étant donné l'irrégularité et le manque
de soin du travail, et l'absence de la moindre trace d'ornementation de l'intérieur 3 ).

') Une semblable villa suburbana pourrait bien dans différentes publications archéologiques dont
être celle mentionnée p. 229, no. 10, mise à jour on dispose ici à Cluj, mais je n'ai rien trouvé.
3
par Kirâly P. (qui suppose avoir trouvé une auber­ ) [L'auteur se trompe: il s'agit tout simplement
ge). J e ne trouve, pourtant, aucune ressemblance des substructions des décorations architectoniques
entre celle-ci et la bâtisse mise au jour par moi. de la villa. V. P.]
z
) Je me suis efforcé de trouver une analogie

237

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C. DAICOVICI

E et F , seraient, en tout cas, des couloirs (ouverts?) qui l'entouraient des côtés Nord
et Est.
E n ce qui concerne la premiere vasque, plaqué de marbre, je songe à un bassin (lacus)
comme il y en a, par exemple, à la villa de Val Catena (Isola Brioni Grande, Istria)
découverte par A. Gnirs (v. Jahrbuchfiir Altertumskunde, Vienne, I l (1908), p . 136 — 9,
plancbe I I I ) . E n ce qui concerne la seconde vasque, l'explication en est encore plus dif­
ficile et je me demande si nous nous ne trouvons pas devant une tombe ultérieure, u n
«Ziegelgrab» comme on en a t a n t découvert à Porolissum par A. Buday (Dolgozatok-
Travaux, Cluj 6 (1915), p . 51 sqq. fig. 5, 9, 10, 11, 12) et qui offrent une ressemblance
étonnante avec ce que nous avons trouvé ici.

2. Recherches concernant le mur du camp


(V. le plun du villugc)

Il est curieux que tous ceux qui se sont occupés de l'étude du camp romain
de Sarmizegetusa ] ) lui donnent cbacun une forme et des dimensions différentes. Tous
sont d'accord qu'il était de la forme d'un quadrilatère, mais ses dimensions varient
selon chaque auteur. Hormis Téglâs Gabor et Kirâly P . qui ont fait des recherches
plus détaillées concernant les murs, vers l'année 1886, les autres auteurs n'indiquent
qu'approximativement l'étendue du camp. J e ne répéterai pas ce que disent ces deux
archéologues du district de Hunedoara, relativement aux dimensions du camp et de la
forme des murs, vu que les conclusions qu'ils en tirent se basent beaucoup plus sur des
analogies et (en dehors de la longueur et de la direction pas toujours certaines des côtés
latéraux) sur de simples hypothèses 2 ). Il est inutile de mentionner que la forme — avec
tours, etc. — qu'imagine Antonescu, ne repose sur aucun fondement réel (o. c , p . 45).
J e me bornerai à signaler ici ce que j ' a i pu constater sur place à la suite d'un
examen très attentif des ruines. Ainsi: on peut suivre facilement et avec précision les
côtés Sud et E s t dans leur totalité. On peut poursuivre le mur Nord jusqu'à la rive
droite du ruisseau (Apa mica) qui traverse le village du S au N, coupant le mur en
deux endroits et où ce dernier prend une autre direction sans pouvoir déterminer
d'une façon précise s'il c o n t i n u e ; nous pouvons, t o u t au plus, supposer qu'il se pro­
longe dans le sens même, suivi jusqu'à ce p o i n t 3 ) . Un seul côté — celui de l'Ouest —
est le plus ruiné et à tel point, qu'on peut à peine en découvrir les traces. Toutefois
il est certain que ce côté se dirigeait, au moins jusqu'à un certain point, parallèlement
au chemin communal conduisant vers l'église gréco-catholique. Des restes incontestables
du mur en sont la preuve. Ainsi, vis-à-vis de l'Église, sur un point un peu plus élevé,

l
) J e c i t e , p a r m i c e u x - c i : A. F . Marsigli ( = M a r - Dacica..., Budapest 1 8 9 1 , p . 39 s q q . ; T é g l â s
sili): Danubius Pan.-Mysicus, Hagae Comi- G . : Hvmegye Tort., I , p . 6 1 ; A n t o n e s c u T . : Ce-
t u m et A m s t e l o d a m i , 1726, t o r n . I I , t a b . 2 4 ; I I o - tatea Sarmizegetusa, I a ş i 1906, p p . 6 et 4 5 .
2
h e n h a u s e n , S. I . : Die Alterthiimer Daciens..., Wien ) A i n s i , p a r e x e m p l e , les s u p p o s i t i o n s con­
1775, p p . 22 — 2 3 ; (les d e u x r e p r o d u i s e n t le p l a n c e r n a n t les p o r t e s ; t o u t e o p i n i o n est d i s c u t a b l e
d u c a m p ) ; N e i g e b a u r , I . F . , d r . : Dacien, p . 1 7 ; t a n t q u ' o n n ' a u r a p a s fait des fouilles.
3
A c k n e r , M. I . : Die rôm. Alterthiimer u. deutschen ) Ce q u e T é g l â s G. c r o y a i t d i s t i n g u e r d a n s le
Burgen in Siebenb., W i e n 1857, p . 4 sq. ; S t . j a r d i n de l ' a u b e r g e est p l u t ô t u n «vallum» (voir
M o l d o v a n : Foaia p. minte, inimă şi literatură, plus bas).
1853, p . 2 6 3 ; K i r â l y P . : Ulpia Tr. Aug. Col.

238

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FOUILLES KT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

qu'on remarque à première vue, j ' a i pu mettre à jour, sur une distance de quelques
mètres, la partie extérieure du côté Ouest (v. fig. no. 5 et plan du village d) puis,
u n peu plus vers le Nord, entre les deux débouchés des ruelles conduisant vers le
centre du village, apparaissent encore des restes de fondation du mur tels que cail­
loux, fortement cimentés entre eux par un mortier solide et durable. Dans un sens
général donc, la direction de ce côté serait également établie. On est dans l'impos­
sibilité de se prononcer avec certitude sur l'angle Nord-Ouest du camp, de même
qu'on ne peut pas se prononcer sur la forme exacte qu'avaient ces angles, ce qui
est — du reste — bien difficile d'établir sans se livrer à des fouilles.

Fig. 5. Une portion du mur du camp (côté de l'Ouest).

Nous arrivons ainsi, à constater que le camp affectait, selon toute probabilité,
la forme d'un quadrilatère. T a n t que tous les angles ne seront pas connus, il est im­
possible d'en indiquer des dimensions exactes; surtout on ne peut considérer comme
véridiques les chiffres donnés par Téglâs G. et Kirâly P., concernant la longueur des
côtés Nord et Ouest, en partie incertains 1 ).
Si, toutefois, j'insiste pour indiquer les dimensions des côtés Sud et Est, visibles
dans leur entier, c'est pour en déduire approximativement quelle pouvait être l'éten­
due du camp ; les deux autres côtés ne pouvant guère changer de façon essentielle
le résultat ainsi obtenu. Ayant mesuré à deux reprises leur longueur, j ' a i constaté
que le côté Sud avait 600 m de long et le côté Est 540 m. Considérant donc les
deux autres côtés plus ou moins égaux à leurs parallèles, nous arrivons à une sur­
face de 324.000 m carrés ce qui classe ce camp parmi les plus grands de la Dacie.
Si, en ce qui concerne la forme et les dimensions du camp on a émis des opinions va-

x
) Ils indiquent: pour le côté Nord: 668 m ; G.: o. c , p. 6 1 ; Kirâly P . : o. c , p. 40).
Ouest 621 m ; Sud 605 m ; Est 530 m (Téglâs

239

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C. DAICOVICI

riées, les constatations faites, en ce qtii concerne le mode de construction du mur


sont encore plus contradictoires; il n ' y a, à cela, rien d'étonnant, car, à la suite
des destructions systématiques et repétées qui lui ont été infligées, le mur ne se
conserve plus intact depuis plus d'un siècle en aucune de ses parties. Ainsi, ni Ackner
ni ceux qui ont fait des recherches enstiite, n'ont pu rien préciser avec certitude
relativement à cette construction. Le hasard a voulu qu'après d'inutiles recherches,
et sections pratiquées en deux endroits (plan o et b), je découvrisse une portion du mur
conservée dans sa
forme originelle,
du moins en ce
qui concerne sa
partie extérieure.
Dans la cave
de la maison no.
224 (v. fig. no.
6), bâtie sur la
ligne même du
mur Nord (plan c)
j ' a i pu découvrir
— non sans émo­
tion — ce que je
croyais perdu pour
l'éternité: le mur
original sur une
distance de 2,40 m
constituant la pa­
Fig. 6. La maison dont la cave abrite un fragment du nnir du ramp. roi postérieure de
la cave, ce qui
explique aussi sa conservation. C'est ainsi qu'il m'a été donné de constater qu'il était
revêtu extérieurement de blocs de grès, extraits des environs de Grădişte du côté
Nord, dans la direction de Selea *). Les deux assises conservées,- hautes de 33 cm et
37 cm sont constituées par des blocs de couleur brun-foncé, assez solides, taillés régu­
lièrement, de dimensions variant entre 50 cm — 1 , 3 3 m de longueur et 48 cm — 58 cm
de largeur. Ceux-ci sont unis entre eux avec du mortier 2 ) (v. les fig. n o . 7 et 7a). Le pare­
ment du mur était établi sur une fondation formée de cailloux avec beaucoup de mor­
tier. Cette fondation, visible, telle que nous l'avons dit plus h a u t , du côté O également,
j ' a i pu la retrouver aussi à la coupe b, où j ' a i pu constater qu'elle avait une profondeur
de 80 — 100 cm ; sous cette fondation se trouve de la terre glaise. Bien entendu, on

') Le savant chanoine de Lugoş, St. Moldovan, que les blocs de pierre, répandus ci et là, for­
affirme, lui aussi (je ne sais s'il se base sur des maient la base (la fondation) du mur.
2
choses vues ou sur des on-dit) que: «la ligne droite ) On peut encore distinguer, sur le côté Ouest
du mur était bâtie — sur une certaine distance — du camp, vis-à-vis de l'église gréco-catholique
du côté extérieur, à l'aide de grandes pierres (Plan d), sur une distance de quelques mètres,
taillées» (Foaia p. minte, inimă şi litcratură, quelques blocs qui formaient le revêtement ex­
1853, p. 263). Kirâly P . : Ulpia Tr., p. 40 pense térieur et qui sont restés en place.

240

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F O U I L L E S E T R E C H E R C H E S A SARMIZEGETUSA

ne peut affirmer ni jusqu'où allait ce revêtement du mur, ni quelle avait été la forme
qu'il prenait dans la partie du h a u t ; de même, on ne peut savoir quelle était la nature
du mur du côté intérieur: la section faite au mur Est (plan a) n'a pu nous donner aucun
éclaircissement à ce sujet, tout était détruit. Le noyau de la maçonnerie, dont j ' a i
trouvé les traces dans la coupe b, était en cailloux de rivière au bain de mortier (emplecton).
Le côté interne étant inconnu, la question de l'épaisseur de mur reste imprécise;
seul l'examen de la fon­
dation peut nous permet­
tre certaines approxima­
tions relativement à l'é­
paisseur. Dans la coupe b
l'épaisseur de la fondation
est de 4 m. On pourrait
donc supposer pour le mur
une épaisseur minimum de
3 mJ).
Ainsi pour le moment,
il ne peut être question
de fixer l'endroit des por­
tes, de courtines, etc.
J e veux toutefois men­
tionner un autre fait resté
inobservé jusqu'à présent ; Fig. 7 - Le mur du camp visible dans la cave de la.maison no. 224.
plusieurs auteurs ont affirmé que le camp était entouré de fossés; Kirâly P . (o. c ,
p. 40) parle de même de «tranchées
■ t f H ^ I doubles». J e n'ai pas pu vérifier l'e-
r
r V ^ , ! '■■&&$ xistenec des deux fossés mais il y en
avait selon tout probabilité un seul,
entourant le camp de tous les côtés
(mais certainement des côtés Nord,
Est et Sud). Cependant, ce qui a passé
inaperçu, c'est le «vallum» qui s'étend
parallèlement aux murs Nord, Est et
Sud, à distance de 18 à 20 mètres
du mur, facilement reconnaissable
sur une étendue assez longue, Limi­
loo w un M » u sa 20 io ocm. t a n t le fossé découvert aussi par d'au­
Fig. 7 a.
tres 2 ). Ce qui a induit en erreur ceux
qui ont fait des recherches jusqu'ici et les a poussés à ne prêter aucune attention
au «vallum» du côté Nord (où il est impossible de ne pas le voir et d'être ainsi amené
à rechercher ses traces aussi sur les autres côtés où, quoiqu'existant, il est moins

l 2
) T. Antoncscii: o. c. indique l'épaisseur du ) St. Moldovan : l.c. soutient à juste titre [? V.
mur égale à 2—2,50 m (p. 6) et à la p. 47, 2,50 — 3 P.] que «le mur du côté Nord était doublé», l'in-
mètres. tervalle étant environ de 24 pas.

241

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10 Dacia I 1924.
C. DAICOVICI

é v i d e n t ) a é t é , s a n s d o u t e , le fait q u ' i l s o n t v u d a n s le «vallum» d u N o r d ( v . le p l a n d u


v i l l a g e ) la c o n t i n u a t i o n d e la r o u t e d e T r a j a n , p l u s v i s i b l e v e r s l'Est.
U n e x a m e n , m ê m e s o m m a i r e , d u p r e m i e r «vallum», p r o u v e a b o n d a m m e n t qu'il
n e p e u t ê t r e q u e s t i o n d ' u n e r o u t e : 1. la l a r g e u r ( d e 3 — 3,50 m ) J ) e s t b e a u c o u p p l u s r é ­
d u i t e q u e celle d e la r o u t e (6 — 6,50 m ) ; 2 . la c o n s t r u c t i o n e t le m a t é r i e l d e p i e r r e e m -

'„?.!„! ? * ! ' î ■ ' ",*-V.'.Jî.?,',' I';?.,?y1.


Fig. 8. Plan de la bâtisse «Aedes Augustnlium» (fouilles de 1921).

p l o y é e s t d i f f é r e n t e t e n f i n 3 . le fait q u ' i l n ' e s t p o i n t isolé m a i s , à la m ê m e distance


d u m u r , o n le r e t r o u v e s o u s l a m ê m e f o r m e e t les m ê m e s d i m e n s i o n s s u r le c ô t é s E s t
et Sud.

3. Aedes augustalium '-)

L e 2 5 a o û t 1924, n o u s a v o n s c o m m e n c é les fouilles à l ' i n t é r i e u r d u camp. Le


terrain, plein de ruines, de I o n Armion, m'a paru présenter le p l u s d'avantages,

') La hauteur de «vallum», composé de terre cet été et peut-être aussi pendant l'été prochain,
et de cailloutis, sur le côté Nord, est à peine C'est pourquoi je ne note ici que le strict néces-
40 — 50 m au dessus de la surface de la terre. saire pour donner quelques éclaircissements su r
2
) Nous espérons poursuivre les fouilles pendant le caractère de la bâtisse découverte.

24.2

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

parce qu'il est situé presque au centre du camp et aussi, parce qu'il se trouvait non
cultivé et dénué de plantation (dans le plan du village au no. X X I I ) . On savait — a u
sujet de ce terrain — qu'il avait appartenu dans le temps au comte Lônyai, qui en avait
retiré un grand nombre de monuments, répandus, ensuite, de tous les côtés; quel­
ques-uns se trouveraient au Musée de Deva, mais on ne peut plus vérifier quels objets
proviennent, sûrement, de ce terrain.
Dès les premières heures de travail, nous nous sommes rendu compte que nous
avions à faire à un terrain déjà très fouillé ; quelques jours plus tard, seulement,
nous avons trouvé les traces indiscutables d'une bâtisse, qui paraissait, dès le premier
abord, par l'épaisseur et la profondeur de ses murailles ! ) , un édifice important. Pour­
suivant les fouilles — à l'aide de plusieurs équipes — le long des murs découverts,
nous avons mis à jour, après plus d'un mois de recherches, les restes d'une grande
construction 2 ), qui dépassait de beaucoup notre attente et qui — sûrement — nous
réserve encore bien des surprises. (Voir fig. 8).
Pour le moment, nous avons dégagé les murs trouvés, sans nettoyer l'intérieur des
pièces. Les parois sont de pierre calcaire, posée en opus incertum, excepté trois côtés
ajoutés plus tard, de la pièce I I I , d'une technique inférieure: cailloux posés toujours
en opus incertum. Des traces d'enduit sont visibles par endroit.
Ici aussi, le problème le plus a t t r a y a n t était d'établir — au moins en géné­
ral — le caractère et la signification de la bâtisse mise à jour. Nous ne doutons
pas un instant qu'elle fût un édifice public. Nous ne pouvons cependant fournir d'au­
tres éclaircissements, malgré tous nos efforts, car ni la construction en elle-même
( d ' a u t a n t plus que nous avons mis au jour seulement une partie du plan, sans déblayer
l'intérieur de la bâtisse, ni les objets et les inscriptions trouvés ne nous ont donné des
indications certaines.
Le hasard nous a favorisé en un certain sens, car nous avons découvert des in­
scriptions (presque toutes fragmentées) qui nous ont fourni de précieuses indications.
Voici les inscriptions découvertes:
1. Plaque de m a r b r e 3 ) (dont la partie inférieure manque), brisée en plusieurs
morceaux qui se raccordent parfaitement. Longueur: 60 c m ; h a u t e u r : 27 cm et 25,50
c m ; épaisseur: 9 cm. Le champ de l'inscription, encadré d'un triple profil, est bien
lisse. La hauteur des lettres est de 4 cm. Ecriture monumentale. A été trouvée à a,
à la surface de la terre (fig. no. 9).

') L'épaisseur varie entre 0.80 et 1,40 m. La Al. Ferenczi, préparateur à l'Institut d'Archéologie
profondeur dépasse 2,50 m. de Cluj, j ' a i relevé le plan de la bâtisse à l'aide des
2
) Le mur, long, dirigé aproximativement moyens rudimentaires — qui se trouvaient à notre
Nord-Sud, a une longueur de 81 m ; il est sou­ disposition. Dès que toute la bâtisse aura été mise
tenu, sur le côté extrême, vers l'Ouest, par 15 au jour, Mr. R. Wagner, l'architecte de la Com­
contreforts de différentes épaisseurs. Perpendi­ mission des monuments historiques, de Cluj, relè­
culairement sur celui-ci, se trouve un autre mur vera le plan exact; on donnera aussi, à cette
plus épais, de 65 m de long, ayant du côté N. occasion une description détaillée de la bâtisse.
8
9 socles à apparence de contreforts, placés deux par ) Sauf mention spéciale, par marbre nous
deux, & l'exception d'un, solitaire; à côté se entendrons marbre de Bucova, carrière exploitée
trouvent deux hases de colonne. Il est à supposer par les Romains, à 16 km vers l'Ouest de Sarmi-
que tous les 9 socles portaient des colonnes. zegetusa.
On doit noter qu'aidé par Mr. V. Winkler et Mr.

243

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10*
C. DAICOVICI

M > PROCILIO M. Procilio


I V L I A N O > DEC lidiano Dec(urioni)
COL>EQPVBL Col(oniae) cq(uo) publ(ico)

• ■ • ;

-

■ / y y _ ^ L \
) C ! LI 0 _
;

•T5J3ttJ*V-.''-- ■s^j/*^ i^--- i

y .V ,. j,
X/Rll^

Fig. 9.

2. Plaque de marbre, brisée en plusieurs morceaux, dont il manque quelques-


uns. Les dimensions de la
plaque entière étaient, pro­
bablement, égales aux di­
mensions de la première
plaque. Dans l'état actuel,
elles sont les suivantes: lon­
gueur 48 c m ; b a u t e u r : 38
cm (ce qui a dû être aussi
la bailleur de la première
plaque) ; épaisseur 3 cm.
Le champ de l'inscription,
encadré d'un triple cadre,
travaillé de manière plus
soignée que celui de l'in­
scription précédente, est très
bien poli. H a u t e u r des let­
t r e s : 4 cm. Ecriture monu­
Fig. 10. mentale. A été trouvée à
6, à 40 cm profondeur (fig. no. 10).
[M] P R O C I L I O [M.] Procilio
R E G V L O > DE[C] Regulo DefcJ(urioni)
COL>EQ>PV[BL] Col(oniae) eq(uo) pu[blJ(ico)

244

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Cette inscription me semble avoir été posée en même temps que la première
— peut-être vers la seconde moitié du Il-e siècle — à en juger d'après le caractère et la
forme des lettres. Les
deux o n t été enca­
strées dans le mur. PpN ^
^^^r _ ^^L

3. Fragment d'une
plaque de marbre avec
(SE , ţ^H ^d^aa^zM
m
une inscription entou­
rée d'un cadre simple.
Seule, la partie droite **1 '-.-r »

du milieu nous a été fc^^£^


conservée, où l'on di­
stingue encore le lieu HL ■
d'attache. Longueur
( m a x i m a ) 20,50 cm ;
h a u t e u r (maxima) 20
f ifl 1
■ »; .*•,. «S J ML
^V^^m
X*' ■'-1 ^^^^^^^M^^fl
cm ; épaisseur 5 cm.
La hauteur des lettres
varie entre 2,50 — 1 Fig. 11. Fragmente des inscriptions trouvées dans les ruines de la bâtisse
cm. Trouvée à c (fig. «Aedes Augustalium».
no. 11). VNI
[M]A[R]CVS
[VALE]NTINVS
ANTIPATER
[CR]ESCENTIO?
LA]CHES ou [EVTY]CHES
vs
[VI]TALIANVS E T ( ? ) SVRIO
4. Fragment d'une plaque de marbre avec inscription, qui a le même caractère
que l'inscription no. 3 mais n e paraît pas — cependant — appartenir à celle-ci. Lon­
gueur: 9,50 c m ; hauteur 14 c m ; épaisseur 3,5 c m ; hauteur des lettres: 1,2 cm. Trouvé
à proximité du fragment no. 3 (fig. no. 11).

T?
EV[TYCHES]
[C]SPED(ius) VIC[torinus]
[C]SPED(ius) VA[lerianus]
VLP(ius) A
A]VRE[l](ius)
5. Fragment d'une inscription sur marbre, trouvé à côté des deux fragments pre­
cedents. Largeur (dans le h a u t ) : 10 c m ; hauteur: 16 c m ; épaisseur: 3,50 c m ; hauteur
des lettres: 1,3 cm.
VS
INVS
NUS

245

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C. DAICOVICI

6. Fragment d'une plaque en marbre avec inscription; seul, le côté droit nous a
été conservé, et on y distingue un double cadre. Longueur: 29 c m ; h a u t e u r 18 c m ;
épaisseur: 4 c m ; hauteur des lettres: 3,50 cm. Trouvé à d, sous une m o t t e de terre,
(fig. no. 12).
RIV
[TECT]ORIO > E T > PIC[TVRA]
[SIG1JLLIS > E T > L I N T E I S
. . . E>LABRA>AE[NEA]
L'examen de ce matériel épigraphique nous montre plusieurs personnages connus,
de Sarmizegetusa (dans les deux premières inscriptions mais surtout dans la seconde).
Voici, en effet,
l'inscription C. I. L.,
I I I , 6270 (v. aussi no.
1509) qui se trouve
aujourd'hui à Schwe-
chat (près de Vienne) :
M. Proc(ilius)
M(arci) Fil(ius) Pa-
pfiria tribu) Niceta /
Ilvir et fia [m Jen Co­
ifoniae) Sarmiz (ege-
tusae) I item sac(erdos)
Laurentium / Lavina-
t(iuin) uedem Augu-
staîibus j pecunia sua
facicnd(arn) instituit /
eandern M. Proci(îius)
Fig. 12. Fragments d'inscriptions et de reliefs de Sarmizegetusa.
Reguîus j dec(urio)
Col(oniae) eq(uo) publ(ico) filius et hcre(s) / eius per [fee] it dedicav(itque).
Il était naturel — vu l'identité du nom mentionné dans cette inscription et de
celui cité dans l'inscription que j ' a i découverte — d'admettre un rapprochement entre
la bâtisse mise à jour et l'«aedes Augustalium» mentionnée dans C. I. L., 111,6270').
Quoique bien a t t r a y a n t , ce rapprochement ne serait t o u t de même resté qu'une
simple supposition, sans une précieuse notice du vicaire St. Moldovan-). Dans u n
compte-rendu sur ses recherches dans la valée du Haţeg («Foaia p . minte, inimă si lite-
ratură», 1853, p . 263 — 264), il mentionne «les caves» de l'intérieur du camp et, en­
suite, d i t : «Ici, à une distance de 30 pas du centre (du camp) vers le Nord, se trou­
vait un angle d'une grande bâtisse, élevé d'environ une «orgia» au-dessus des ruines

') En ce qui concerne une bâtisse semblable, (1912), p. 401): M. Procilius Aphrodisius Aug-
voir C. I. L., X I , 3161, de Caere, où on lit: Ver- (ustalis) Col(oniac) Mvtropol(is) et Procilia filio.
2
binus Aug. L. Phctrium Augustalibus... donum ) Cet investigateur — plein de mérites des
ilnlii. — Les «Procili» apparaissent encore dans un antiquités romaines était un des intellectuels les
certain nombre d'inscriptions de Sarmizegetusa: plus remarquables parmi les Roumains de Trans-
C. I. L., I I I , 7963, 13783; on doit y ajouter celle sylvanie. Pour sa biographie et ses ouvrages,
publié par J â n ô B. (Arch. Êrtesitô, X X X I I , voir: Enciclopedia liomână, I I I , p. 314.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

et qui était considéré comme une ancienne église; plus bas, à une distance égale
( = 30 pas) vers le Nord, on trouva, le 11 avril 1851, près de la surface du sol, u n
bloc en marbre, joliment encadré et qui a été transporté à Vienne, les divers frag­
ments a y a n t été reliés par des cercles en fer et le piocheur ayant reçu 30 florins
autrichiens, et [le bloc] p o r t a i t cette inscription . . . ».
Suit, ensuite, exactement la même inscription que celle publiée dans le Corpus.
Il ne peut être question d'un autre endroit que celui où se poursuivent nos
fouilles: la définition «centre» du camp (voir plan no. X X I I ) et, surtout, la mention
des «caves» — dénomination donnée, on le sait, seulement aux voûtes de cet endroit —
en sont une preuve.
J e n'ai pu voir l'inscription même, qui se trouve dans les environs de Vienne
mais l'observation qu'elle était «joliment encadrée» me fait supposer qu'elle possède
le même cadre triple que les fragments no. 1 et 2. Il est probable qu'une compa­
raison des lettres nous indiquerait un même type et une même époque.
Nous ne pouvons pas nous prononcer encore sur l'époque à laquelle cette «aedes»
a été bâtie, a v a n t d'étudier l'édifice dans sa totalité. J e rappelé seulement qu'on a
trouvé de nombreuses tuiles et briques avec l'estampille de la L E G I I I I F F telles
qu'on en a aussi trouvé dans l'amphithéâtre, dont la date de reconstruction (?)
a déjà été fixée: 158 p . Chr. Nous verrons plus tard s'il est possible d'établir une cor­
rélation entre ces deux faits et si on peut même fixer la date de l'arrivée (ou, du moins
du séjour) de la légion I I I I F F à Sarmizegetusa ; nous pouvons affirmer cependant,
dès maintenant, que cette légion a eu ici une vexillatio pendant un espace de temps
assez long. C'est pourquoi, l'opinion exprimée dans Pauly-Wissowa (RE. X X I V , Halb-
band [1925], col. 1544 »Legio»), que cette légion s'est trouvée en Dacie (c'est-à-dire
Sarmizegetusa) seulement pendant les années 102 — 1 0 7 , quand elle aurait été défini­
tivement retirée en Mésie, ne me paraît pas vraisemblable.
Ainsi dirigé vers une voie sûre — me semble-t-il — j ' a i cherché à identifier dans
le même sens les personnes mentionnées dans les fragments no. 3 et 4. L'état fragmen­
taire dans lequel ces inscriptions nous sont parvenues, rend le travail difficile. Seuls
les cognomina — et même ceux-ci incomplets — ont été conservés dans le frag­
ment no. 3 : toute identification serait donc, risquée. Nous avons eu plus de chance
avec le fragment no. 4, qui nous a fourni un éclaircissement. Nous avons facilement
identifié SPED.VA (de la 4-e ligne) avec C. Sped(ius) Valerianus, déjà connu à Sar­
mizegetusa ] ) , en qualité de Aug(ustalis) Col(oniae), d'une dédicace se trouvant
sur une sculpture mithriaque, mise à jour pendant les fouilles, au Mithraeum, par
Kirâly-Téglâs 2 ). Sped(ius) Vic(torinus), ne se retrouve en Dacie dans aucune autre
inscription connue.
V R E , de la dernière ligne, pourrait être complété avec [Q. AJureflius Saturninus
Aug(ustalis) Col(oniae)] C. I. L., I I I , 7981; ou bien: [AJureflius Vitalis, Aug(ustalis)
Col(oniae)] C. I. L., I I I , 1982.

') C. I. L., I I I , 7933. Nous trouvons, à Apulum, I I I , 14466 de Napoca (cf. aussi: C. L L., I I I ,
un C. Sped. Valerianus, decurio collegi fabrum no. 862, 912): Soli Invicto Mithr(ae) (p)ro
(C. I. L., I I I , 7767). Est-ce le même? salut(e) (or)dinis Aug(ustalium) et R. Forrer:
2
) En ce qui concerne la relation entre les «Au- Das Mithra-Hciligtum von Kônigshofen bei Stras-
gustales» et le culte de Mithra, voir: C. I. L., sburg, Stuttg. 1915, p. 50.

247

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C. DAICOVICI

E n ce qui concerne les autres noms, je ne puis les reconstituer — pour le moment —
de façon certaine.
Ayant donc établi plus haut q u e : SPED(ius) VA(lerianus) est sûrement identique
à l'«Augustalis Coloniae» du même nom (C. 1. L., I I I , 7933) et que [A Jurc(lius) peut
être identifié — très probablement — à l'un des «augustales» du C. I. L., I I I , 7981 et
7982, je crois pouvoir conclure — sans me tromper — que les fragments 3, 4 et 5 con­
stituent un «Album» des «augustales» de la colonie de Sarmizegetusa ; ceux-ci étaient
assez nombreux à Sarmizegetusa l ) et dans le reste du pays (Apulum, Napoca, Po-
talssa, voir C. I. L., I I I , Indices, p . 2543 et 2552) et l'existence d'une semblable liste
est bien explicable.
L'inscription No. 6, indépendamment du fait que nous ayons ou non exactement 2)
complété les mots nous prouve largement que la beauté de l'ornementation égalait les
dimensions de la bâtisse. Les r e s t e s — assez rares, il est vrai — d'enduit coloré, trouvés
dans les décombres, ainsi que le très grand nombre de sculptures — malheureusement
toutes brisées — découvertes pendant le déblayement dos murs, confirment cette assertion.
L'inscription du C. I. L., I I I , 7960 — que je rapporte, ainsi que l'a déjà fait
0 . Hirschfcld (Arch. Ep. M lit. I (1877), p . 122, note), à notre bâtisse — ne manque
pas d'intérêt; il y est question d'un Tib. Cl. lanuarius Aug. Col. Pair. Dec. I, et de
son fils Cl. Verus, qui dotent une certaine bâtisse de la peinture du portique, accubltus,
proportlcus, cullna et frontalls («ob honorem dupli». . . est-il dit du fils). On ne con­
naît plus l'endroit où cette inscription a été trouvée (aujourd'hui elle se trouve à l'É-
vêché greco-catholique de Lugoj). J e ne vois p o u r t a n t pas la nécessité de supposer
qu'il est question d'un édifice public du «collegium fabrum» (qui, dans ce cas, aurait
été mentionné) mais je crois, plutôt, qu'il y est question de la «decuria» d'un
«collegium)) ou «ordo» des «augustales»; bien que ce «collegium» ne soit pas encore
connu à Sarmizegetusa, il a p o u r t a n t pu exister ici, comme à Napoca (voir n. 47).
E n ce qui concerne «honor dupli», «extra rem militarem rarissime inventus» (v.
l'observation de Mommsen, Corpus /. c ) , il existe d'autres cas analogues: C. I. L.,
X , 1790: ...et Dendroforo et Au(gustaîl) dupllc(larlo) . . . ; ensuite, l'inscription de
Baiae (Notizie degll Scavi, 1897, p . 12): . . . Itemque Augustall dupl(iclario) . . . — Voir
aussi C. I .L., X , 1871, 1873, 1875, 1882, 1886. — Nous trouvons plus difficilement
des analogies en ce qui concerne le «Collegium Fabrum» (cf. C. I. L., I I I , 1494). L'in­
scription C. I. L., I I I , 1516 se rapporte peut-être au même sujet.
Nous nous arrêtons — pour le moment — aux constatations faites à propos des
fouilles et nous attendrons que le résultat des prochaines fouilles confirme nos antici­
pations. Dans tous les cas, la découverte (unique, à ma connaissance) du plan de
l'édifice d'une des plus importantes corporations sociales de l'empire romain, nous en­
courage à continuer l'oeuvre commencée. Nous espérons que ce travail, une fois fini,
augmentera un matériel archéologique (qui sera publié en un tout) et jettera une

1
) On doit ajouter, aux inscriptions du Corpus, publiées dans: Dolgozatok-Travaux, 1913 (IV),
les inscriptions (comprenant des «augustales») p. 260.
publiées dans: Arch. Êrtesitô, (1912), X X X I I , *) [Il faut lire à la 4-c 1. [canjdelabra, le D é-
pp. 401, 405 et 408 ( = Arch. Anzeiger, 1913, tant parfaitement visible dans la photographie.
col. 334 — 335, no. 6, 10 et 18) provenant de V. P.]
Sarmizegetusa, et celles provenant de Micia,

248

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

nouvelle lumière sur l'institution et l'organisation des «augustales» de Dacie et t o u t


particulièrement d'Ulpia Traiana T ).

III
M A T É R I E L I N É D I T OU R E V I S É
1. Autel, en marbre, se trouvant au musée
local de Sarmizcgetusa ; hauteur 79 cm ; largeur
38 cm ; brisé en bas, au côté gauche. La partie
d'en h a u t du champ de l'inscription est dé­
t r u i t e ; hauteur des lettres 3 cm. Iânô B. a pu­
blié l'inscription, mais en commettant des fau­
tes (Arch. Értesito, X X X I I , p . 350) et Finâly G.
(Arch. Anzeiger, 1913, col. 335) les a reproduites.
Voir aussi Revue Arch. 1914, p . 477, no. 114.
Voici la lecture de lâno et Finâly (1) et la
mienne (2) (v. fig. no. 13):
1. 2.
G
T: > F E L AE > F E L I
G E N I O > DOM G E N I O > DOM
DIVINAE DIVINAE
DIOGENES>EVTY DIOGENES > EVTY
C H E I I S > AVGG > CHETIS>AVGG[G]>f s W
NN > D I S P > VII > NN[N]>DISP>VIK> Fig. 13.
V >S >L > M [V > ] S > L > M.
Le G de la première ligne est bien visible ; l'A et l'I de la seconde ligne ne font
pas de doute. Aux lignes 6 et 7 on voit distinctement la place qu'occupaient le troi­
sième G et le troisième N, effacés plus tard par une «damnatio memoriae», mais qui
sont cependant reconnaissables à un examen plus attentif. Il n'est donc pas question
de deux empereurs (comme le suppose lâno, /. c.) mais de trois, dont l'un a dû souffrir
la «damnatio memoriae». Ceux-ci sont — sans aucun doute — Sévère, Caracalla et
Geta (le nom de ce dernier étant effacé après sa mort, par ordre de Caracalla). La date
de l'inscription est ainsi établie: 209 — 211 p . Chr.
Dans l'avant-dernière ligne, la lecture de Iânô B., admise aussi par Finâly G.:
D I S P V I I (septimus) est certainement des plus fausses et m a n q u a n t de sens. Un
') L'importance de l'inscription des «augustales» Ici aussi, ils eurent une place spéciale dans
à Sarmizegetusa ressort aussi du fait que celui l'amphithéâtre (C. I. L. I I I , 12586).
qui institue l'«aedes» est «duumvir et flamen Co- En ce qui concerne le titre de augustalis Colo-
loniae item sacerdos Laurentium Lavinatium». niarum d'Apulum (C. I. L., I I I , 1069) [peut-
(Le culte de ces derniers avait un caractère ita­ être faut-il lire: Aug. Colon. Ap(ulensis)], Gooss
lique par excellence: V. Pârvan: Contrib. epigr. C. pense que la signification est la suivante:
la ist. Crest. în Dacia, p. 171 — 172, note 769; «ein Mensch, welcher in mehreren Stădten zu-
voir aussi l'article de Philipp dans Pauly-Wis- gleich Augustalis watt. (Untersuchungen ùber die
sowa, R. E. s. Lavinium). C. I. L. I I I , 1425: Innerverhaltnisse des Tr. Daciens, dans: «Archiv
un aug. col. qui a reçu les ornamenta decurio- d. V. f. siebenb. Landeskunde», X I I (1874),
nalia. p. 113).

249

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C DAICOVICI

examen plus rigoureux de ce passage explique de suite l'énigme: il s'agit de V I K ,


c'est-à-dire DISP(ensatoris) YlK(arius) qu'on retrouve sur maintes autres inscrip­
tions (par ex.: C. I. L., I I I , 12379, 8112, etc.).
L'inscription devra être lue, par conséquent, comme il suit :

G[enio] '!
[Daci]AE (?)>FELI[ci\s? et]
G E N I O > DOM(as)
DIVINAE
DTOGENES > E V T Y
C H E T I S >AVG(ustorum) (trium) >
N(ostrorum) > DISP (ensatoris) > VlK(arius)
V(otum) > S(olvit) > Lfibens > M(erilo)

Observation : Cette inscription,


étudiée par hasard parce que je la
croyais inédite, prouve abondam­
ment la nécessité de reviser tout le
matériel épigraphique publié jus­
qu'à présent.
2. Fragment d'une plaque vo­
tive, on pierre calcaire, provenant
de Sarmizegetusa ; se trouve au­
jourd'hui au musée local de Gră-
dişte. E n haut, les deux coins sont
hrisés; il manque aussi quelques
lettres à la partie inférieure, à gau­
che et peut-être aussi à droite. Les
dimensions du fragment sont les sui­
v a n t e s : hauteur 68 cm, largeur 46
cm, épaisseur 10,5 cm ; hauteur des
lettres: 4,25 cm. V. fig. n o . 14.

Fig. 14.

M
P
[PA]LMYR >
[ I J A B R A E N f u s j > FL(orus?) > M
BASSl(ius) > MARINVfs;
[MAX]IMVS G O R A > L V
(dus) MAXIMVS BARS(emon) S [A
CE]RDOT(es) > TEMPLUM
E X SVO > FECER(unt) >

Il s'agit donc, de prêtres d'origine orientale, qui élèvent un temple à une divi­
nité inconnue, probablement (supposons-nous) à l'une des divinités orientales,

250

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loi ii.i.Ks I;T R E C H E R C H E S A S A R M I Z E G E T U S A

adorées à Sarmizegetusa. Au dire des gens, ce fragment a été découvert dans le


jardin du paysan propriétaire du coin S-Ouest du camp, où se trouvait le Doli-
chenum. ê
Les noms des personnages sont inconnus — jusqu'à présent — à Sarmizegetusa.
LMYR (de la troisème ligne) pourrait être l'indication du lieu d'origine du premier:
domo Pa]lmyr[a], ou bien [ex Pajlmyrfa] comme dans le fragment d'inscription —
publié par M. A. Buday (Dolgozatok- Travaux, Cluj, 1913 (IV), p . 257) et provenant
aussi de Sarmizegetusa : . . . A . . . L4]ELIVS. D [ex Pal]MYR[A] ORIfens] ?
PRAEF (ectus) COH(ortis) I AVG{ustae) T[(rib)unus] (sic) ») mais on peut lire —
2
aussi bien — [ Pa]\MYR[enus] ) ou encore — éventuellement — comme cognomen
Palmyras ou Palmyrus.
Cscrni B. {Arch. Ert. 1912 ( X X X I I ) , p . 276) suppose, en se fondant sur l'inscription
C. I. L., I I I , 1471, qu'un n(umerus) P(almyrenorum) a existé aussi ici à Sarmize­
getusa, comme il en a existé à Tibiscum, Porolissum, Caransebeş, Potaissa, Apulum
et Ilişua. (Cf. aussi Arch. Anz., 1913, col. 333—4).
De cette manière, on pourrait peut-être expliquer aussi: A B R A E N (de la 4-e ligne)
et le considérer — par exemple — comme un reste de labraenus (une trace de la barre
verticale de l'i est encore visible), de Iabri ('Iafigi, 'Iàfeoi, ville de l'Arabie centrale,
au N o r d ; Pauly-Wissowa, R. E., I X , col. 544). Néanmoins, la partie supérieure de
l'inscription pourait contenir des noms de divinités orientales, de même que dans
l'inscr. C. I. L. V I , 710: . . . Malacbelo et diis Palmyrae etc. Dans ce cas [IJabraen(us)
serait p e u t être une forme latinisée du labru (Apra), la divinité élamite ce qui
pourait donner : [Belo I jabraen(o). V. M. J a s t r o w , Die Relig. Babyloniens u. As­
syriens, p . 177 — 1 7 8 .
Bassi peut-être considéré comme le génitif de Bassus ou bien être complété en
Bassi(anus) — qui se trouve dans des inscriptions — ou encore plus vraisemblable­
m e n t — Bassius, connu à Sarmizegetusa (M. Bassius Aquila, qui adore Jupiter Doli-
chenus. C. I. L., I I I , 1431). -NJ
Le cognomen Gora se retrouve dans une inscription latine (C. I. L., X , 6638, C. 16)
comme «nomen servile» à Antiuin et — à deux reprises — dans des papyri sous la
forme: PCOQU VI(OÇ) xov ôeïva et FwQâç IltoX(efialov). (Voir Preisigke, Namenbuch,
s. v.). Cora est aussi le nom d'une localité d'Aethiopie, citée par Pline (Nat. Hist., VI,
29, 179; voir Pauly-Wissowa, R. E., V I I , col. 1589). Il se pourait que Gora et
Guras de l'inscr. C. I . L . I I I . 7999 (v. A. F. M. V I , p . 120 sq.) soit le même nom.
Le cognomen Bars(emon) 3) prouve l'origine asiatique des «sacerdotes» et cer­
tainement aussi celle de la divinité.
Le caractère des lettres nous fait placer cette inscription vers la fin du Il-e siècle,
peut-être même à l'époque de Caracalla.

') 11 faut lire en réalité comme suit: [AJvlius, devenu citoyen romain : HAMASAEO ALA-
d/onu> PalJmyrfaJ orifundus J, pracf(ectus) co- PATHA PALMYR (ensi) dans un nouveau di­
h(ortis) I Aug(ustac) I(turaeorum): cp. aussi plôme militaire de Porolissum. La forme Palmy-
C. I. L., I I I , dipl. X X X V I I et LXVII avec renus est plus fréquente (v. C. I. L. VI. 50: . . .
Wissowa-Kroll, H. E., nouv. sér. IV, 1, col. 305. C. Licinius N . . . [et Heliodorus] Palmyrenus
2
) Dans les Dolgozatok-Travaux, Szeged, 1925 [aedem Belo] constituferuntj.
3
(I), p. 26 Buday lit le nom d'un ancien soldat, ) Cf. C. I. L., I I I , 14445.

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C. DAICOVICI

3. Fragment d'une pierre funéraire (?) se trouvant dans le jardin de M. I. Litsek


(fig. no. 15, l ) ; les dimensions sont: longueur 58 c m ; hauteur 30 c m ; l'inscription
est la suivante:
CONVERT
PLOTIA
CON1VI (nx)?
PALMA
L"A de PALMA nous a été conservé seulement dans sa partie supérieure. Le nom
PALMA (Palmas?) se trouve ici pour la première fois à Sarmi/egetusa.

Fig. 15. Inscriptions, chapiteaux et bases de colonnes de Sarmizcgetusa.

La seconde inscription de cette figure a été publiée par J à n o B. dans «Archeolo-


giai Értesitô», X X X I I (1912), p. 52 et dans «Arch. Anzeigen, 1912, col. 531.
4. C. I. L., 1504. Ne se trouve plus chez T o r n y a ; cependant, une moitié (celle
de droite) se trouve sur le seuil de la maison no. 153 à Grădişte.
5. Fragment d'une inscription sur marbre acheté à un paysan. Se trouve au­
jourd'hui au musée de Deva. Large de 13 cm, haute de 15,50 cm, épaisse de 2,50 cm.
La hauteur des lettres est de 4 cm (fig. no. 12).
On distingue clairement:
vs
PIEN]TISS.
6. Fragment d'une inscription sur marbre, acheté à un paysan, et se trouvant
aujourd'hui au musée de Deva. Hauteur 11,50 c m ; largeur 12,50 c m ; épaisseur 2 c m ;
hauteur des lettres 2,50 cm (fig. no. 12).
On y ' l i t :
REIEMPIA
SSECVN
TE

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FOUILLESJÎT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

7. Fragment d'une inscription sur marbre, acheté aux p a y s a n s ; se trouve au­


jourd'hui au musée de Deva. Largeur 17 c m ; hauteur 17 c m ; épaisseur 2 cm ; hauteur
des lettres 3 cm (planche no. 12).
ILI (incertain)
MIS F O N T E \
N I S E S T CE
E(?)NSMV

Fig. 17. Statue de femme trouvée


Fig. 16. Esculape et Telesphoros. à Sarmizegetusa.

8. Fragment de marbre, avec bas-relief, trouvé à l'occasion des travaux agricoles


à Sarmizegetusa; mentionné dans Arch. Ert., 1912 ( X X X I I ) , p . 407, par Mr. J â n ô Bêla
qui a bien voulu m'en céder une photographie afin d'être publiée ] ) . L'original se
trouve au musée du Collège de Orăştie. Les dimensions sont (d'après J â n ô B., /. c ) :
hauteur 33 cm, largeur 15 cm, épaisseur 5 cm. La largeur du cadre est de 1,5 cm
(fig. 16). Mal conservé.
Les personnages sont facilement reconnaissables grâce aussi, à l'inscription qui
se trouve au b a s : Esculape, revêtu de l'himation jusqu'au dessous des genoux; seul

*) Je n'ai vu le fragment qu'en reproduction.

253

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C. DAICOVICI

le pied gauche et la partie d'en bas du vêtement, nous ont été conservés. Le travail
grossier ne permet pas de voir clairment ce que represent la partie supérieure. Il se
peut que ce soit, d'une execution très rudimentaire, la main gauche du personnage
t e n a n t une capsula ou un volumen, symbole de l'art médical, represent al ion analo­
gue à l'Esculape de la coll. Pamfili, R o m a (Clarac, Mus. d. Se 552 A 1155 B ; Matz-
Duhn, Ant. Bildw. in Rom., no. 59) et à celui de la coll. Ludovisi (Reinach, H*'p. dv
la St. I L 3 3 ; Arndt-Amelung, Phot, Einzclaufn. no 2 7 2 ; Schreiber, Die Ant. Bildw.
der Villa Ludovisi, no. 101) ; les deux d'origine greque. La main droite s'appuyait
probablement sur le b â t o n court au serpent. Il est chaussé de sandales. E n bas, à
droite, on paraît avoir esquissé Vomphalos. A sa gauche se trouve Telesphoros, vêtu
d'un manteau avec un capuchon en pointe sur la t ê t e ; il tient ses mains croisées, de­
v a n t ; volumen déroulé ?) ; il est nu-pieds.
E n dessous se trouve l'inscription suivante: Aesculapio et] Hygiae [. . . . ex] voto.
E n jugeant d'après la photographie, le travail paraît très médiocre x ).
9. Statue de femme, sans tête, en marbre, se t r o u v a n t dans le jardin de M. Litsch M.
H a u t e u r 145 cm (fig. no. 17). Placée sur une plinthe, le poids reposant sur la j a m b e
gauche. Le v ê t e m e n t : un long chiton (slola), descendant j u s q u a u x chevilles; par dessus,
se trouve la palla, jetée sur l'épaule gauche, entourant le cou et qui recouvre tout le
corps, entourant les bras et formant des plis. Elle tient le bras droit croisé sur la poi­
trine, tandis que le bras gauche pend et semble retenir de la main les plis du vêtement.
Travail médiocre.
Mentionnée par Miinsterberg et Oehler, (l. c., plus bas) et par J â n ô B. (Arch. Ért.,
1912 ( X X X I I ) , p . 52)..
10. Une statue de femme (en marbre) à peine reconnaissable à cause du mauvais
état de conservation. Se trouve appuyée au coin de droite de la bâtisse qui abrite la
croix (troiţa) élevée au centre du village. H a u t e u r : 95 cm.
Les objets suivants se trouvent dans la possession de M. I. Litsek, propriétaire
à Grădişte:
I L Plaque de marbre (autre qualité que le marbre de Bucova, plus fin), avec u n
bas-relief représentant Jupiter DoUchenus. Les dimensions de la plaque sont: longueur
17,50; hauteur 11,50; épaisseur 3 — 4 c m ; possède u n cadre de 2 cm de large. Très
bien polie. A été trouvée à Sarmizegetusa, mais on ne connaît plus l'emplacement exact.
L'exécution du travail est médiocre. L'inscription — s'il en a jamais existé une — se
trouvait à la partie inférieure de la plaque, aujourd'hui brisée (Fig. no. 18 au pre­
mier rang, no. 2).
Le bas-relief représente Jupiter DoUchenus, sur un taureau qui se dirige vers
la droite. Le dieu, p o r t a n t une barbe, est vêtu du cbstume militaire romain du Il-e
siècle après J . Chr. la tunique descend j u s q u ' a u x genoux; il est ceint du «cingulum»,
auquel est attachée devant la languette de cuir qui protège l'abdomen. Sur la tête,
au lieu de casque, le dieu porte un bonnet phrygien. Le manteau (paludamentum)

') En ce qui concerne le culte d'Esculape à trouve aussi en Dacie, comme le prouvent les bas-
Sarmizegetusa, voir: p. 230 no. 13. Le culte de reliefs de Turda (AEM. 1894, X V I I , p. 8, no.
ïelesphorop, répandu spécialement dans l'Asie Mi­ 2 et p. 16 « C. I. L. I I I 12545) et de Apulum
neur et en Thrace, avec le Danube comme limite (C. I. L. I I I , 979). Pour la Pannonia, voir Petz,
vers le Nord (Roscher, M. Lex., V, 321) se re­ ôkori Lexikon s. v. Asclrpius.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

entoure le cou et pend sur le bras gauche. A droite se trouve la gaine (vagina) ] ), et
à gauche on distingue — semble-t-il — le poignard (pugio). Dans la main gauche,
le dieu tient un faisceau d'éclairs et dans la main droite la «bipennis». A sa droite se
trouve, sur une branche, un aigle, avec une couronne dans le bec, symbole attribué quel-

Fig. 18. Fragments de bas-reliefs de Sarmizegetusa

quefois à J u p i t e r Dolichenus (v. Roscher, Ausf. Lex. d. gr.-rôm. Mith. au m o t : Doli­


chenus, col. 1193).
Cette pièce constitue le second exemple — connu à Sarmizegetusa — de bas-
relief représentant J u p i t e r Dolichenus (Téglâs G. supposait que le temple Dolichenum
se trouvait dans l'angle S-0 du camp, où il a trouvé une sculpture qui lui permet
de soutenir cette hypothèse).
Un seul autel I. 0. M. D(olicheno) = C. I. L., 1431, provenant de Sarmizegetusa,
nous est connu. Téglâs G. indique un autel trouvé à Micia (Klio, X , p . 498, no. 6).
Nous trouvons des restes épigraphiques beaucoup plus nombreux concernant le culte
de I. D . à Apulum (C. I. L., I I I , 1 3 0 1 a , 1 3 0 1 b , 1302, 7832, 7834, 7835. Voir aussi
Kirâly P., A sarmiz. Mithraeum, p . 68).

') Pour le vêtement du dieu cfr. S. Rcinach: p. 92, no. 2. Jup. Dolichenus de Wiesbaden
Rép. de la Statuaire Grecque et Rom., II (1912)' (Allemagne).

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c. DAiœvrci
12. Plaque en marbre (10 cm X 9,50), brisée au milieu; bas-relief, encadré, repré­
sentant un homme nu ( H e r c u l e s ? ; voir Mendel, Cat. des S e , no. 859). Travail très
médiocre. (Fig. no. 18 au premier rang no. i ) .
13. Tête de femme, les cheveux partagés par une raie, au milieu. Sur les cheveux,
ondulés et colés aux tempes, des restes de la main droite. H a u t e u r 12,50, largeur (en
haut) 9,50 cm. Marbre blanc. (Fig. no. 18 au dessous du no. 2).
14. Plaque en marbre (fragment) avec cadre ; bas-relief représentant une tète de
femme (?). H a u t e u r du fragment: 9 c m ; largeur 12 cm. (Fig. no. 18 au premier
rang no. 3).
15. Deux fragments de plaques de marbre, avec ornements v é g é t a u x : a) h a u t e u r
10 cm, largeur 11 cm. b) hauteur 8 cm, largeur 20 cm. Au milieu, un mufle de tau­
reau (?). (Fig. no. 18 au premier rang no. 4 — 5).
16. M. I. Litsek possède encore plusieurs «lucernae» en terre, bien conservées:
L'une d'elle (longueur 9,50 cm, largeur maxima 6,50 cm), porte le nom du fabri-

Fig. 19 a. Fragment de monument funéraire. Fig. 19 b. Le même comme dans la fig. 19.

c a n t : S T R O B I L I , trouvé aussi sur d'autres «lucernae» de D a c i e 1 ) ; à Sarmizegetusa,


nous rencontrons ce nom maintenant pour la première fois.
Un autre fragment de lampe porte le nom du fabricant L Y P A T I , déjà connu à
Sarmizegetusa (C. I. L., I I I , 8076, 23).
Dans la même collection se trouvent encore plusieurs fragments de verre (9), de
terre cuite (8) et d'os (2).
17. Le fragment reproduit dans la figure no. 19 a et b, se trouve dans la cour d'Adam
Zgârcea (maison no. 9). C'est — probablement — un fragment d'un monument funéraire;
nous le supposons à cause de la présence des lions et de la tête de bélier (Ammon) bien
visibles sur un des côtés, et aussi parce que ce fragment a été trouvé à l'Est du village,
sur un terrain où des sarcophages, des m o n u m e n t s funéraires et des lions ont déjà
été trouvés. Le travail dénote u n goût décadent, u n a r t plus récent, surchargé avec
une ornementation végétale (palmettes). Marbre de Bucova. Dimensions: 81 X81 X42,50.
Pour des analogies, voir A. Buday, Dolgozatok-Travaux, V I I (1916), p . 43 et suivantes.
18. Deux lions (funéraires) se trouvent des deux côtés de l'entrée de la cour de
l'ancienne maison de la paroisse (fig. no. 20 a et b). Les deux lions sont couchés, cha­
cune des pattes de devant sur u n tronçon de semi-colonne. Il semble que derrière
chaque lion se trouvait une colonne, aujourd'hui disparue. La pierre employée était
l
) C. I. L., III, 1634, 9; 8076, 29.

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

le calcaire. Un des lions (a), long de 116 cm, large de 80 cm, h a u t de 85 cm, tient sous
sa p a t t e gauche une tête d'animal (taureau ou bélier), et regarde vers la g a u c h e ; l'autre,
(b), long de 115 cm, large de 65 cm, h a u t de 85 cm, semble avoir aussi tenu sous sa
p a t t e une tête, aujour­
d'hui méconnaissable. Le
lion regarde vers la droite.
Miinsterberg et Oehler les
mentionnent dans : «Jah-
resh. d. Oest. Arch. Inst.»,
1902 (V), col. 133.
19. Lion funéraire, de
pierre calcaire, trouvé dans
la cour de M-me Tornya
(fig. no. 21). Longueur 143
cm, h a u t e u r 87 cm. Sous
la p a t t e gauche se trouve
une tête de bélier ; (âne ?) ;
le regard du lion est dirigé
vers la gauche. (V. Miin­
sterberg et Oehler, l. c ) . *** 2 0 a- L i o n f u n « a i r e-
20. Lion funéraire en marbre, couché sur une plaque de marbre, tient sous sa p a t t e
gauche de devant une tête de bélier. Le regard est dirigé vers la gauche (fig. no. 22). Lon­
gueur 71 cm, h a u t e u r 52,
largeur 36 cm. Reproduit
chez Mûnsterberg et Oeh­
ler, /. c. Mentionné aussi
par J â n ô B . (Arch. Ért.,
1912 ( X X X I I ) , p . 52).
Se trouve dans la cour
de M. Litsek 1 ).
21. Banc en grès,
provenant sûrement de
l ' a m p h i t h é â t r e ; se trou­
ve dans la cour de M.
Litsek. Longueur 145 cm,
h a u t e u r 42 X 30 cm. Sur
le dossier u n peut dé-
Fig. 20 b. Lion funéraire. chiffrer Un S.

' ) Voir — en ce qui concerne les lions funéraires 1913, VI, fasc. 23, pp. 97 - 1 2 2 , passim) ; pour No­
de la Dacie— excepté Miinsterberg et Oehlcr (revue ricum et Pannonia Schober, Die rôm. Grabsteine
citée), Gr. Tocilescu: Mon. Epigr.şi Sculpt.,le cha­ von Noricum und Pannonien, Wien 1923, passim et
pitre concernant les monuments funéraires. A. Bu- spécialment p. 213. Cp. aussi AEM, 1,160, IV, 116,
day: Dolgozatok-Travaux, VII, (1916), pg. 52 sqq. VII, 178, X, 213. X I I I , 24, 29, XV, 59, X V I , 201.
Comparer aussi AEM, X V I I . 24 sq.; G. Murnu :Mo- Je rappelle ici que deux autres monuments
numente de piatră din Col. de Antich. a Muz. din funéraires (provenant, probablement, de Sarmi-
Adam-clissi, («Buletinul Com. Mon. 1st.», Bucuresti, zegetusa) se trouvent dans la cour de la caserne

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17 Dada I 1924.
C. DAICOVICI

22. Fragment d'un banc de pierre calcaire, qui se trouve devant la porte de M-me
Tornya. Longuer 37 cm. On n'y voit aucune trace de l'inscription — dont parlent Miin-
sterberg et Oehler, o. c, col. 134 («=• C. I. L., I I I , 1526). Il est, peut-être, question
d'un autre banc.
23. Autel, de marbre, se trou­
v a n t dans la cour de Ignatz lïeron
et employé comme pilier du bal­
con. J e n'ai pu distinguer aucune
inscription sur les côtés qui sont
restés visibles. Longueur (à la base)
42 cm. H a u t e u r 80 cm. Largeur
48 cm.
24. Sous le premier, on distin­
gue, enfoui dans la terre, la partie
supérieure d'un autre autel, tou­
jours en marbre, de plus grandes
Fig. 21. Lion funéraire. dimensions : longueur 65 cm (je n'ai
pas pu mesurer les autres côtés).
25. Autel en marbre, se t r o u v a n t dans le jardin de M-me Tornya, à demi enfoui
en t e r r e ; aucune trace d'inscription. Longueur 29 cm, largeur 22 cm, h a u t e u r de la
partie qui dépasse le sol: 38 cm.
26. Chapiteau, de calcaire gris ;
se trouve au musée local (fig. 2 3 ,
no. 2) ; le diamètre du fût m e s u r a n t
29 cm est séparé de l'«cchinus»
(hauteur de 6 cm) — orné d'oves
entre lesquels se trouvent des pe­
tites pointes de flèches — par une
série d'astragales sur lesquels, en­
fin, est posé l'«abacus» (tailloir) ;
hauteur 7 cm.
27. Chapiteau de m a r b r e ; se
trouve au musée local. Le diamè-
, r^ nr. T , , Fig. 22. Lion funéraire.
tre du l u t : 20 cm. La h a u t e u r de
l'«abacus» est de 6 c m ; l'«echinus» avec les oves, séparés par des lignes verticales, est
de 5 cm. E n t r e le fût et l'«echinus» se trouve une bande de 6 cm de h a u t .
des gendarmes à Haţeg: un lion, pareil à celui le même doute que Conzc (Horn. Bildwvrke II,
décrit au no. 20 (de dimensions: longueur 71 cm, p. 9, n. 2). Conze (l. c.) et Schober (Die Horn.
hauteur 50 cm) et un fragment de monument Grabsteine von Noricum und Pannonien, Sonder-
funéraire formé par deux lions placés en direc­ schrift d. Ost. Arch. Inst. Wicn, B. X , 1923, p .
tions opposées, une tête d'Ammon se trouvant 213) sont d'accord pour mettre les lions funéraires
entre eux. (Longueur 110 cm, hauteur 44 cm). Ce en rapport avec le culte de Cybèle, ce qui auto­
groupe formait certainement la partie inférieure rise ce dernier (o. c. p . 214) à supposer qu'il ne
du monument. Les deux pièces sont de marbre. s'agit pas d'Ammon, mais de ce génie des eaux
Les cornes du bélier sont parfaitment visibles. (Wasserdamon) qui bien souvent, dans les bas-reliefs
Pour l'identifier avec Aminon, nous n'avons pas d'Asie Mineure, est représenté auprès de Cybèle.

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FOUILLES FT RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

28. B ase de colonne en grès, se t r o u v a n t au musée local (planche 23, 1). Le dia­
mètre du fût est de 23 cm. La hauteur du «plinthus» est de 4 cm. Du «plinthus» au
fût 7,50 cm.
29. Chapiteau «corinthien», en marbre, trouvé dans la cour de M. I. Litsek (fig. 15

Fig. 23. Base tic colonne et chapiteau.

no. 2). Le diamètre du fût : 40 cm. L'«echinus» a 25 cm de h a u t . L'«abacus» a 4,5 cm de h a u t .


30. Chapiteau, dorique, de pierre calcaire; trouvé au même endroit (fig. 15
no. 3). Le diamètre du fût: 47 cm. E n t r e le fût: l'«abacus» et 9 + 5 + 4 cm. L'«abacus»
a 11 cm de hauteur.
31. Base d'une colonne de marbre, trouvée
au môme endroit (fig. 15 no. 4). Les dimensions
sont: largeur, à la b a s e : 4 5 X 4 7 cm. H a u t e u r , de
bas en h a u t : 8 + 6 + 8 + 4 + 6,50 cm.
32. Meule à main, de m a r b r e ; au même en­
d r o i t ; diamètre: 34 cm (fig. no. 24).
33. Chapiteau «Hathor», en marbre (fig. no.
24), reproduit par Munsterberg et Oehler («Jah-
reshefte d. est. Arch. Inst.», V, 1902 col. 133) est
conservé au même endroit. Dimensions: diamètre
43 cm, «echinus» 36,5 cm, «abacus» 7,5 cm de h a u t .
Sur le chapiteau, est représentée une tête d'Am-
Fig. 24. Moulin, chapiteau et base
mon. (V. aussi Studniczka, Arch. -ep. Mitt., V I I I , de colonne.
p . 39).
34. Base de colonne, de marbre (fig. no. 24). Au même endroit. Les dimen­
sions sont: «plinthus» 7 5 X 7 5 c m ; en h a u t e u r 8 + 5,50 + 4,5 + 6 cm.
35. Petit chapiteau «corinthien», en grès; se trouve au même endroit (fig. 22).
Le diamètre du fût: 23 cm. «echinus» 2 3 , 5 ; «abacus» 4 cm.
36. Couvercle de sarcophage, de pierre calcaire (190X0.84 m), se trouve dans
la cour de la poste.

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17*
C. DAICOVICI

37. Petit sarcophage (?) de pierre calcaire sans couvercle; trouvé au même endroit.
Longueur 100 cm, hauteur 46 cm, largeur 47 cm. La profondeur du creux (l'intérieur
____________ du sarcophage) est de 21 cm [ J â n ô B. (Arch. Ért., 1912
( X X X I I ) , p . 272 — 3) mentionne encore un autre sar­
cophage de plus grandes dimensions].
38. F û t de colonne brisée en deux. Se trouve
dans le jardin de Bălan Oproni, la maison no. 117.
Longueur 1,35 m ; diamètre 20 cm.
39. Base de colonne de marbre, se t r o u v a n t dans
la cour de Zgârcea D u m . Mihăesc, la maison no. 153.
Longueur du «plinthus»: 65 cm largeur 65 m.
40. Chapiteau de marbre ; se trouve dans la cour
de Moisoni Atanase (Groza Ion). Le diamètre du fût:
36 cm. L'«echinus» (avec oves et astragales) : 27 cm
Fig. 25. Chapiteau. hauteur. Les oves sont séparés par des pointes de flè­
ches. «Abacus»: 8 cm de h a u t .

4 1 . Chapiteau «corinthi­
en» de marbre. Se trouve
dans la cour de l'archi-prêtre
gréco-catholique R. Raca (fig.
no. 25). Le diamètre du fût
38 cm, «echinus» 23,5 cm
«abacus» 6,5 cm.
42. Chapiteau «corinthi­
en» composite, en marbre. Se
trouve dans le jardin de
l'archi-prêtre R. Raca (fig. no.
26). Le diamètre du fût: 37,5
cm, «echinus» 32,5, «abacus»
(détérioré) 3 cm.
Fig. 26. Chapiteau.

BIBLIOGRAPHIE
Pour la bibliographie plus ancienne, concernant Sarmizegetusa, j'indique:
NEIGEBAUR, I. F . : Dacien. Braşov 1851, pp. 301 —310: «Literatur iiber die kl. Altcrthùmer Daciens».
P A U L Y ' S : Real-Encyclopădie (ancienne série). Stuttgart 1852, vol. VI, 1, pp. 780 — 781.
C. I. L. I I I et tout spécialement:
TORMA C. : Repertorium ad Literaturam Daciae Archaeologicam et Epigraphicam (Budapest 1880), qui
comprend toute la bibliographie concernant cette question, jusqu'en 1880 *).

*) En dehors de divers dictionnaires spéciaux Forstcr Gyula, vol. I I : «A mùcmlékek jegyzéke


(Pauly-Wissowa, R. E. (nouvelle série), Lùbker's es irodalma» (Budapest, 1906), établie par le Dr.
Reallexikon, Petz V.: Okori Lexikon, etc.) il est P. Gerecze, col. 4 1 0 — 4 1 1 . On indique aussi ici
très utile de consulter le Repertoriul Arheologic les rapports de Téglâs, Kirâly, etc. qui se trouvent
pcntru Ardeal de M. I. Marţian, ( Bistriţa en manuscrit, aux Archives de la Commission
1920) et la bibliographie qui se trouve dans des Monum. historiques de Budapest.
Magyarorszâg Miiemlékei, rédigé par le Bar. Les notices de Neigebaur sur la Grădiştea

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FOUILLES ET RECHERCHES A SARMIZEGETUSA

Les ouvrages cités plus bas sont, par conséquent, ceux parus — à ma connaissance — après
1880. Je tiens cependant a ajouter au Répertoire bibliographique de Torma, quelques publications an­
térieures à l'année 1880 et qui ne sont pas citées par lui.
ALVÀRY: Uti levelek dans «Mult es Jelen» (journal). Cluj 1846, pg. 112 sqq.
GHICA, L : Dacia Vechiâ dans la «Rev. Română», Bucureşti I (1861), pp. 417 — 418.
' «MAGYAR KURIR» (journal), Vienne 1823, I I , 28: «Mozaik Pâdimentom omit Ulpia Trajâna omla-
dékain talâltak».
MIKO ÀDÀM: Uti naplâ Erdély délnyugati részébbl, 1860. (Le manuscrit se trouve aux Archives du
«Musée transsylvain», à Cluj). Tab. 23 — 24.
MOLDOVAN, ST.: Annotafiuni despre ţeara Haţegului, dans «Foaia pentru minte, inimă şi literatură».
Rraşov 1853, no. 34 — 42.

R I R L I O G R A P I I I E CONCERNANT SARMIZEGETUSA. A P R È S 1880.


Antichităfilc Romane din comitatul de Hunyadîn regatul Ungariei. Dcva 1902.
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[ = Sarmizegetusa] ne se trouvent pas dans les Cartofilacium, tom. X V I I I , du même, ibidem.
«Miscellanea» tom. I X , A. du comte I. Kemény

261

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C. DAICOVICI

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Archaeologiai Êrtesitô. Budapest. Années: (Ancienne série): 14 (1880). (Nouvelle série): 3 (1883), 4
(1884), 5 (1885), 6 (1886), 7 (1887), 8 (1888), 9 (1889), 11 (1891), 12 (1892), 13 (1893),
14 (1894), 15 (1895), 16 (1896), 17 (1897), 18 (1898), 19 (1899), 23 (1903), 25 (1905), 26
(1906), 27 (1907), 28 (1908), 31 (1911), 32 (1912), 34 (1914).
Archiv des Vereines fiir Siebenb. Landeskunde. Hermannstadt (Sibiu). Nouvelle série Années: 16
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CONSTANTIN DAICOVICI

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LÉGENDE DU PLAN.
I Temple syriaque (Malagbel I). X Chambre. XVIII Les thermes.
II Mithraeum. XI Amphithéâtre. XIX Petite bâtisse.
III Dolichenum. XII Temple de Dis Pater. XX Bâtisse.
IV Temple de Bel-Hammon. XIII Temple de «Némésis». XXI Chambre.
V Cimetière. XIV Temple d'Esculape et d'Hygie. XXII Aedes Augustalium.
VI Temple de «Caelestis Virgo» (?). XV Temple de Malagbel IL XXIII Bâtisse.
VII Mosaïque, (1823). XVI Cimetière. XXIV Traces d'«hypocauste».
VIII Bâtisse particulière. XVII Villa suburbana. XXV Mosaïque (1924).
IX Pièce avec «hypocauste».
le mur du camp (supposé).
la prétendue «route de Trajan».
la route romaine secondaire, encore incertaine.
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LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE l»OIANA
SELEI, PRÈS DE SARMIZEGETUSA
Les ruines de Poiana Selei (la clairière de Sclea), situées au N-V de Sarmizegetusa sont con­
nues depuis longtemps par les archéologues roumains et hongrois qui leur accordent m ê m e
une certaine importance. Malgré cela, on n'avait pas encore entrepris des fouilles archéologiques
à cet endroit. Nous nous sommes proposé de le faire pour voir si l'importance accordée à ces
ruines était justifiée et pour compléter les fouilles entreprises dernièrement à l'intérieur de
Sarmizegetusa et des citadelles de Grădiştea-Muncel.
La clairière de Selea se trouve à 3 5 — 4 0 minutes de marche du village de Grădişte (Sar­
mizegetusa) ; le chemin qui y conduit passe entre deux collines à l'aspect de forteresses. Dans la
partie S-0 de la clairière se trouve une grange (v. t a b . 1). E n allant de cette grange vers le N - E
on observe un tas de pierre (a-b) en forme de muraille, longue de 20 m et épaisse de 1,30 — 1,50 m.
Ce tas de pierre a été signalé à M. le professeur D. M. Teodorescu par M. Iosif Mallâsz, di­
recteur de musée de D e v a ; ce dernier croit qu'il s'agit des restes d'un «mur cyclopéen
dacique».
Pour pouvoir connaître la construction de ce mur, ou a creusé d'abord sur ses deux côtés
E (tab. 1, le côté a) deux fossés parallèles, longs de 2.20 m et profonds de 1,50 m. E n les unis­
sant ensuite par une tranchée, on a constaté que «le mur» était formé par la juxtaposition de
simples pierres de rivière, un peu moins grandes q u ' u n pain et rangées sur le sol. Audessous
d'elles, à la profondeur de 0,50 — 1 m, il y avait des tuiles romaines, enfouies dans la terre.
La partie orientale du tas de pierre se perd dans un buisson touffu; l'extrémité occiden­
tale, située à 12 mètres de la tranchée, touche à un petit monticule semicirculaire de 15 m.
de diamètre dont l'extrémité orientale est un peu accentuée. E t a n t donné que des débris de
tuiles romaines et des morceaux de briques jonchaient la surface de ce monticule, il a fallu
le fouiller également. A ce but j ' a i fait creuser une première tranchée (b-c) près de l'extré­
mité du tas de pierre, en marge de la colline, et ensuite une seconde, à travers le monti­
cule (e-d).
E n creusant cette seconde tranchée, située à 1,70 m de la première, on a mis au jour un
autre tas de pierre, en forme de muraille, épaisse de 1,10 m, profonde de 70 cm. Bâtie égale­
ment en pierres de rivière, de la même grandeur que celles du mur précédent et reliées avec
de la terre eu guise de mortier, cette muraille se dirige vers le S-E j u s q u ' a u tas de pierre a-b,
formant une couche épaisse de 30 — 40 cm. Vers la N-O, elle va s'amincissant peu-à-peu et finit
par une seule rangée de pierres qui se confond avec la couche du sous-sol. La même couche,
épaisse de 30 — 40 cm, est constatée aussi vers l'E et, très sporadiquement, vers l'O. Des frag­
ments de tuiles romaines, des débris de briques ont été trouvés non seulement des deux côtés du
mur j u s q u ' à la profondeur de 25 — 30 cm, mais aussi à son intérieur, spécialement à l'extrémité

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

sud de la tranchée occidentale. A l'est du mur, jusqu'à une profondeur de 30 — 40 cm,


on a découvert en plusieurs endroits des debris de tuiles et des restes de charbons ; dans deux
endroits (marqués d'une croix forte sur la fig. 1), à la profondeur de 63—60 cm, le tas de pierre
passait audcssus d'un vase celtique fragmentaire et de 3 — 4 fragments de vases gréco-romains.

Fig. 1. Plan de situation de» fouilles de Poiana Selei.

Les surfaces des fragments, excepté les brisures récentes, sont émoussées comme si elles
avaient été longtemps lavées par une eau courante.
Le vase celtique este tellement bien conservé qu'on pourrait le compléter très facilement.
Pétri d'une argile très fine, il a les dimensions suivantes: h a u t e u r : 11,5 cm, diamètre original
à la base 16 cm, aux bords 44 cm. La partie conservée ne posède aucun ornement.
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ALEXANDRA FEHKNCZI

Les fragments de vases gréco-romains ont permis de reconstituer deux anses, provenant
de deux vases différents; ils prouvent également l'existance d"uu troisième vase, en argile,
qu'on a pu reconstituer en partie, et même d'un quatrième.
Le vase gréco-romain, reconstitué en partie (fig. 2, No. 3) est de forme large et basse.
L'épaisseur de la paroi: 1 c m ; la h a u t e u r du vase: 8 c m ; le diamètre de l'ouverture initiale:
29 c m ; celui de la base: 7,5 cm. Sans décor. La couleur est d'un rouge vif. La cuisson, impar­
faite, est partiellement détruite.

Fig. 2. Vases La Tène et daoo-romains trouvés à Selea

Aux deux extrémités du mur, il nous semble distinguer quelques remplissages en terre,
s'appuyant au mur et constituant la muraille de la tour de garde, en forme de carré, qui au­
rait renfermé presque la moitié de la clairière. On ne peut pas p o u r t a n t affirmer avec certi­
t u d e l'existence de cette t o u r : c'est que les traces de sa continuité ne se distinguent pas d'une
manière précise et claire. Devant le remplissage du nord et parallèlement à celui-ci, on a trouvé un
autre remplissage, également sans continuité. Sa section transversale est pareille à celle du
premier. E u coupant ce remplissage transversalement, à un point donné du côté N, on a
trouvé une h a u t e u r approximative de 0,50 m et une largeur de 1 m.
Les deux collines à l'aspect de petites forteresses ont été fouillées en présence de M. h; di­
recteur V. P â r v a n ; on n ' y a trouvé aucun vestige de site humain. Les recherches faites aux
extrémités de la clairière n ' o n t pas donné, non plus, des résultats précis et des restes carac­
téristiques concernant les h a b i t a n t s de l'antiquité.

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

Sur le côté S de la clairière, au S-E de la grange, on a fouillé le second groupe de monu­


ments. A cet endroit, gisaient toutes sortes de blocs de pierre, les uns à la surface du sol, les
autres dans les décombres, formant une vrai carrière. D'après les dires d'un ouvrier (Vasile Ar-
mion) qui avait travaillé ici comme adolescent, la grange serait bâtie avec des pierres ôtées
de cette carrière. P a r ses conseils, on a découvert une paroi que nous désignerons sous le nom
d'«opus incertum». On y a déterré également les murs d'une bâtisse composée d'une seule
pièce. Il n ' y a aucune trace qui nous fasse supposer que le m u r aurait continué dans une di­
rection quelconque; il mesure 75 cm d'épaisseur. Le crépi, entre les pierres, est à la chaux.

Fig. 3. Divers objets trouvés dans les fouilles de Selea

La paroi N , la mieux conservée, s'élève j u s q u ' à une h a u t e u r de 75 — 80 cm. Le reste de la mu­


raille est plus bas, conformément au niveau du t e r r a i n ; la paroi S par exemple, n ' a q u ' u n e
h a u t e u r de 50 — 60 cm.
Les parois E et 0 sont presque détruites car ce sont elles qui ont fourni la pierre néces­
saire à la construction de la grange. Nous n'avons pas pu excaver j u s q u ' a u fondement la paroi
S, mais il est plus que certain qu'elle s'est écroulée sur son côté escarpé. Elle a été couverte
d'un enduit blanc sur sa face intérieure; l'extérieur a subi la même opération. Les angles de
l'édifice ont été très soigneusement bâtis. Aucune trace de porte.
A l'angle N-E du bâtiment et dans la tranchée extérieure, on a trouvé quelques menus
monuments sans importance, ne méritant pas de mention spéciale.
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ALEXANDRU FERENCZI

Dans la tranchée intérieure, on a trouvé un fragment de miroir eu argent (tab. 3, fig. 2),
un morceau de «terra sigillata» et u n clou en fer. La tranchée extérieure a mis au jour d'abord les
fragments de 4—5 vases romains de couleur grise ou rougeâtre. Quelques fragments sont finement
travaillés, par opposition au reste. On a trouvé ensuite deux clous en fer, des os, des dents,
quelques morceaux de briques et un grand nombre de tuiles, dont une estampillée (tab. 3, fig. 2).
L'estampille, qui se compose de trois lettres: P R . C . n'est pas complète. Connue d'assez
longtemps (C. I. L. I I I 8075.15) elle n'a pas encore été déchiffrée d'une manière satisfaisante,
malgré les deux essais de St. Moldovan et Bâlint Kuzsinszky. Le premier copia ces trois lettres
en 1853, d'après le pavement de l'église de D e n ş u ş ; il les a complétées de la manière s u i v a n t e :
P(opulus) R(omanus) C(oloniae Sarmizegethusac) x). Le second mentionne plusieurs estampilles
du musée de Deva et propose la lecture: pr(aedium) c(onsulare) 2 ). La supposition de Kuzsinsky
pourrait être valable, si elle n'était pas contredite par des estampilles plus complexes: PRO.COS
(C. I. L. I I I . 8075.15).
E n t r e la tranchée extérieure et la paroi N on a trouvé encore deux briques entières, dont
une suscite l'attention par sa forme distinguée. Elle a du servir, très probablement, à l'or­
nementation d'une des parties de la construction 3 ). Dans la tranchée intérieure de la paroi
orientale, on a t r o u v é : 1) une monnaie effacée, en bronze, d a t a n t de Marc Aurèle (l'an 140;
cf. Cohen 2 , I I I , 25/238) ; le revers représente Honor, P a x ou bien Félicitas. 2) u n morceau
de brique, dont l'intérieur conserve l'empreinte de la Ynain de l'ouvrier.
Sur les ruines de la paroi S on a trouve un dénarius en argent, de l'an 98, du règne de
Trajan (Cohen 2 I I , 48/295); le revers représente Victoria. Dans la partie S de la tranchée
extérieure, qui longe la muraille S, on a trouvé encore un clou en fer, quelques morceaux de
briques, des tuiles, des os et des fragments de vases de couleur grisc-rougeâtre.

E n ce qui concerne le premier groupe de monuments, on ne peut pas a d m e t t r e l'opinion


de M. Mallasz d'après laquelle le tas de pierre a-b serait les restes d'une citadelle cyclopéenne
dacique. E n effet:
a) A cet endroit, c'est-à-dire au centre et non pas à l'extrémité de la terrasse, le mur d'une
cité n'avait aucune raison d'exister.
b) Nous avons trouvé sous le tas de pierre des tuiles romaines qui sont ultérieures à la ci­
vilisation dacique.
c) On ne peut pas attribuer à ce lieu une si grande importance, rien que sur le témoig­
nage de ce tas de pierre.
Nous sommes plutôt d'avis que la clairière était partagée en deux et que les deux co­
propriétaires ont j e t é les pierres qui empêchaient le fauchage sur le limite mitoyenne.
Quant au remplissage de terre qui s'appuie sur le tas de pierre a-b on ne peut pas, non
plus, lui attribuer une importance stratégique quelconque, pareequ'il ne représente que la
limite d'une clairière de l'ancienne forêt de chênes. Ces deux explications se fondent sur des
faits assez fréquents et qu'on observe souvent de nos jours même.

1
) Foaia pentru minte, inimă ţi literatură, an. XVI il ne montre pas la partie supérieure où se trouve X
(1853), p. 273. qui unit les deux angles du carré, mais la partie infé­
2
) Archeologiai ÊrtesUo, an. VIII (1888), p. 242. rieure qui n'a pas d'ornement.
3
) Notre croquis n'est pas tout à fait exact; en effet,

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FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SELEI

Le tas de pierre f-g, mis au jour par nos fouilles et qui, par conséquent, n'a pas été men­
tionné jusqu'ici dans les ouvrages scientifiques, pourrait être un m u r ; les pierres trouvées au-
dessous peuvent s'expliquer par un écroulement. E n ce qui concerne l'époque du b â t i m e n t ,
on ne peut rien affirmer. Il paraît toutefois que nous ne sommes pas en présence des ruines
de quelque monument antique intéressant, mais de celles d'une grange quelconque, hâtie
beaucoup plus tard.
Les fragments des vases gréco-romains présentent par contre, un grand intérêt. Malheu­
reusement, ils ne constituent q u ' u n témoignage isolé, ne pouvant pas être rattachés à u n site
quelconque. Il est possible qu'on les ait jetés ici au cours d'un voyage, comme objets inutiles;
il n'est pas exclus non plus qu'une pluie torentielle les ait apportés d'un site placé plus h a u t
et inconnu j u s q u ' à présent. E n faveur de cette dernière hypothèse, on peut invoquer le fait
que les surfaces des fragments sont très usées, ce qui s'expliquerait par l'action de l'eau.
Quelque soit l'explication, l'importance de ces fragments de vases reste considérable:
ils constituent des témoignages positifs et incontestables des différents courants de civili­
sation venues de toutes les directions et fondant ensemble en Transylvanie J ) ; ils nous dé­
m o n t r e n t également la prépondérance des vallées de J i u et Streiu, m o y e n n a n t la péné­
tration de la culture du S vers le N. Enfin, ils nous font voir l'importance de la vallée du
Timiş et par conséquent celle du défilé de Porţile de Fier en ce qui concerne la dispersion de
la civilisation occidentale vers le S-E. La littérature de spécialité supposait à peine u n é t a t
de choses pareil.
Nous avons déjà parlé de l'édifice situé au S-E de la grange et nommé par nous «opus
incertum». Il faut ajouter qu'on en fait mention dans les ouvrages de spécialité.
St. Moldovan, le vicaire gréco-catholique de Haţeg, a été le premier à mentionner 2 ) q u e :
«sur le coteau de O-N, à la marge supérieure de la forêt «Selea», sur une paene-plaine élevée
se trouvent les ruines de la citadelle de Cornavelea, existent encore les ruines d'une forteresse
de dimensions semblables à celles de Hubiţa». La longueur de cette citadelle, d'après le même,
serait de 170 pas (127 m), la largeur de 40 pas (30 m).
Après Moldovan, c'est Teohari Antonescu qui en fait également mention. D e m a n d a n t
au canonique de Lugoj, Nicolae Munteanu, des informations sur les ruines de Lugoj, il en a
reçu les informations suivantes, qu'il pubb!e dans son livre 3 ) : «Vers le N - 0 de Sarmizegetusa,
sur la cime de la colline aujourd'hui nommée Selea, fouillée par moi minutieusement, il y a
les traces de quelques q u a t r e caves anciennes. Les murs de celles-ci sont de la même grosseur
que ceux de l'intérieur de la cité (de Sarmizegetusa), tous é t a n t contemporains. La superficie
de l'une de ces caves est de 12 —. 15 m 2 . A 20 m des caves — distance indiquée par le proprié­
taire du terrain — on voit les ruines d'une maison. Cette maison avait approximativement
10 m en longueur et 8 m en largeur. L'épaisseur des parois est, approximativement, 80 c m :
la construction paraît avoir été solide.
A l'endroit où se t r o u v e n t ces bâtiments entourés de toutes p a r t s p a r de petites collines,
il y a une charmante clairière, traversée par le chemin qui conduit à Poieni. Près des caves
et de la maison, on m ' a montré l'emplacement d'une fontaine, où, d'après la tradition popu­
laire, ont été cachés les trésors de Décébal, transportés p e n d a n t soixante-dix jours, au moyen

') Dr. Martin Roska: Keltasirok es egyéb emlêkek Bal- pentru minte, inimă şi literatură, An. XVI (1853), p. 271.
3
sdrol, — Dolgozatok-Travaux, an. VI (1915), p. 1 8 - 4 8 . ) Cetatea Sarmizegetusa, reconstiluită, Iaşi 1906, p.
■') ( not it n n ni despre tara Hafegului dans Foaia 27-28.
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269
ALEXANDRU FERENCZI

de neuf chameaux. On dit que dans cet endroit môme, les Allemands ont fait des fouilles dont
le résultat est inconnu.
Vu la position stratégique de ce point qui domine la vallée entière, jusqu'à Porţile de Fier,
cette maison serait, d'après mon modeste avis, une vigilia. On m'a dit qu'à Zâicani, au S-E
de Selea, sur le faite de la colline lordănel, il y a eu une autre tour-vigilia. Considérant la hau­
teur de cette colline, on observe qu'elle domine la région, par dessus Porţile de Fier, j u s q u ' à
Bouţare. Pour défendre Ulpia Trajana contre des attaques imprévues, on annonçait de loin
l'ennemi, en allumant des feux aux sommets des collines; la garnison, prévenue de cette manière,
pouvait préparer la défense».
En revenant à la description de Moldovan, il n'est pas sur qu'elle ait visé les ruines dont
nous nous occupons ; elle concernait plutôt tout le terrain couvert de pierres. Même dans ce
cas, les dimensions qu'elle fournit, ne sont pas exactes.
E n effet, en considérant tout le terrain couvert de pierres, il n ' y a que la largeur (30 m)
qui correspond à la réalité. La longueur (50—60 m) n'est que la moitié de celle indiquée par
Moldovan. Les dates de Moldovan sont p o u r t a n t importantes car elles nous font savoir que
ces ruines étaient connues depuis longtemps par les habitants qui les ont presque détruites
en les utilisant comme matériel de construction.
La lettre de Muntean est de beaucoup plus intéressante. Les dates concernant notre édi­
fice sont assez exactes: elles diffèrent peu de celles prises par nous-mêmes.
Malheureusement, on n'a pas pu trouver les quatres caves quoiqu'elles dussent être assez
évidentes, vu qu'une d'elles mesurait 12 x 15 m. Les travailleurs eux aussi les ont ignorées
ou bien ont-ils hésité à les dévoiler à cause des trésors qui y seraient enfouis, ainsi que l'af­
firme la légende. Quant à la fontaine qui se trouvait au N de notre bâtiment, entre l'édifice et la
chaussée qui mène vers le village de Poieni, elle m'a été signalée par les travailleurs. Ils m ' o n t
raconté même diverses histoires qui font mention de trésors. La légende s'est amplifiée depuis
la lettre de Muntean: les Allemands cités plus h a u t auraient trouvé une couronne en or. Ils
m ' o n t parlé encore de briques a y a n t 1 m 2 , trouvées près de la fontaine ainsi que de crépissure
rouge, près de l'édifice fouillé par n o u s ; nous n'avons trouvé la moindre trace de toutes ces
choses.
Dans la description de Muntean il y a p o u r t a n t une faute car il met les ruines
sur «le faîte de la colline» ; en réalité, elles sont dans la clairière qui est située vers le S-E
de la colline ; c'est ce que Antonescu remarque aussi dès la première ligne de la lettre de
M u n t e a n : «sous la cime de Selea, sur le versant de la colline qui se penche vers la plaine de
Grădiştea».
Moldovan, Muntean et Antonescu considèrent notre bâtisse comme une «citadelle» ou
«forteresse» c'est-à-dire une «vigiha». D'ailleurs il est assez vraisemblable que notre édifice
corresponde à une tour de garde. On connait en Transylvanie bon nombre de ces tours en ruines.
A Ilîşua, Carol Tonna *) en a fouillé plusieurs. P a r m i ces b â t i m e n t s , B et éventuellement I
pourraient être des «castres» c'est-à-dire des camps fortifiés, tandis que les ruines de la bâtisse
Z sont celles d'une tour de garde de la forme d'un carré dont le côté mesure 11,37 m. Bâtie
sur une position élevée, à 180 m de la chaussée, ses fondements ne contiennent pas de mor­
tier à la chaux. P a r m i les ruines on a recueilli beaucoup de tuiles. Gabriel Finaly a fait la

1
Erdélyi Mûzeum Egylet Êvkônyvei, an. III (1864), p. 203; Erdélyi Mûzcum Egyesiilct V (1912) deêsivàn-
p. 12; Szolnokdoboka vdrmegye monografiàja, vol. I, dorgyiilésênek emlêkkônyve, p. 1 4 — 1 5 .

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270
FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE POIANA SI I I I

description d'une tour de garde semblable d'Apahida *). Plus petite que la nôtre, les dimensions
sont, à l'extérieur: 6 , 6 6 x 5 , 9 3 m, a l'intérieur: 5 , 3 0 x 4 , 5 7 m ; l'épaisseur de la paroi presque
la m ê m e : 68 cm. Le même faciès archéologique: quelques morceaux de vase en argile plus ou
moins fine, des lampes, des clous en fer, une monnaie en bronze de l'époque de Hadrien (cf.
C o h e n 2 , I I , 369). Quoique des vestiges analogues nous fassent supposer que la bâtisse de la
clairière était une tour, nous ne sommes pas pourtant de cet avis. E n effet, les tours sont des
bâtiments militaires; or, l'inscription de la brique trouvée ici est d'un caractère privé et non
pas militaire. Quant aux restes des autres objets — le fragment de miroir y compris — ils
pourraient très bien appartenir aussi à une habitation civile quelconque. Même si l'on admet­
tait que la présence de la brique estampilée est due au hasard, il y a un argument d'ordre stra­
tégique qui nous empêche de considérer la bâtisse comme une tour de garde. Au point de vue
stratégique, Poiana Selei n'est guère une position dominante, ainsi que l'affirment Muntean
et Antoncscu. De la cime de Poiana Selei on ne voit jamais Porţile de F i e r ; la vue s'arrête aux
collines de Streiu. De Poiana Selei le regard embrasse le même espace qu'on verrait du h a u t
d'un édifice un peu élevé, situé à l'intérieur du castrum. Donc, on ne peut pas conclure qu'on
avait érigé une tour pour observer une étendue plus restreinte que celle qu'on aurait eu du
castrum. Il faut ajouter encore qu'il est difficile d'admettre l'existence d'une tour militaire
sur un point qui pourrait être atteint très facilement par les projectiles des ennemis, arrivant
par delà le faîte de la colline. Tout autre serait la situation, si nôtre b â t i m e n t avait été érigé
sur la cime de Selea. Dans ce cas la tour aurait dominé, pour employer les mots d'Antonescu 2 ),
«le passage le plus important de la plaine de H a ţ e g vers le Banat, celui qui mène par Poieni».
Sur la cirne de la colline de Selea, la tour — vigilia — aurait très bien eu sa raison d'être. E n
effet, ce point domine non seulement la plaine de Sarmizegetusa, depuis Porţile de Fier jus­
q u ' a u x collines au delà de Streiu, mais aussi les hauteurs situés au nord de la vallée de Sarmi­
zegetusa j u s q u ' à la rive gauche de la vallée de Floriniş. Cela n'est guère possible à Poiana Selei
où le faite de Selea empêche la vue vers le nord et le sud.
On ne peut pas attribuer à notre bâtisse un rôle militaire, qu'en supposant qu'elle ait été
construite non pas pour la défense de la cité de Sarmizegetusa, mais justement dans un b u t
contraire. Dans ce cas seulement, sa position aurait été très avantageuse et très bien choisie.
Considérant toutes ces possibilités et en t e n a n t compte des fouilles exécutées j u s q u ' à
présent, nous sommes d'avis que nous avons devant nous quelque villa de luxe, bâtie p e n d a n t

') Archaeologiai Êrtesitô, XVI (1901), p. 239 — 240; ques de Moldovan se référant au chemin qui conduit
sur l'édifice noté No. 1, nous avons aussi quelques re- au «défilé de Selea» (o. c. p. 302): «De la voie princi-
marques de M. Const. Moisil, Cronica numismatică şi pale romaine qui conduit a Sarmisegetusa, s'écartait
arhaologică. III (1922), p. 17 — 18. obliquement vers la nord, à la citadelle de Selea, un
*) Celatca Sarmisegetusa, p. 29. Je suis d'avis, et autre chemin dont les traces sont encore visibles et
quiconque a vu la carte de cette région, partagera qui monte eu serpentine jusqu'au faîte de la colline»,
mon opinion, que le chemin de Selea ou celui qui mène La serpentine et le chemin ou, pour mieux dire, les
à Poieni, en passant par la vallée du ruisseau Densus, chemins, car les véhicules ont tracé encore 4 — 5 autres,
n'ont pas l'importance qu'on leur attribue pour la com- parallèles, existent encore aujourd'hui. En montant
munication entre les Banat et la plaine de Haţeg. vers Poiana Selei, on peut constater que la serpentine
(Nous avons ajouté: «ou celui qui mène à Poieni...» a été travaillée, par endroits, avec soin et d'après un
à cause de l'affirmation peu précise d'Antonescu qui plan; nous n'avons pourtant aucune indication concer-
peut viser également ce chemin). En effet, pourquoi nant sa construction. Après tout, ce n'est qu'une chaussée
emprunter un chemin difficile qui monte et descend limitrophe, c'est-à-dire un chemin de la colline qui pour­
tant de fois, quand on a celui de Porţile de Fier, infini- rait être aussi bien romain que dacique ou même da­
ment meilleur? A cela, il faut ajouter aussi les remar- tant des temps plus récents encore.
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271
ALKXANDRU FKRENCZI

le 11 siècle après J . Chr., ou bien un édifice qui servait de logement à ceux qui visitaient
cette charmante région. Sauf la brique estampillée, les autres vestiges (le crépi rouge) men­
tionnés par les travailleurs ainsi que les décombres qui se trouvent au sud de nôtre bâtiment,
nous permettent de supposer l'existence d'une bâtisse plus ample ; une affirmation catégorique
serait toutefois prématurée, faute de recherches systématiques.
Les fragments de vases La Tène et gréco-romains nous démontrent que cette belle clai­
rière a été connue avant la domination romaine. Les objets trouvés j u s q u ' à présent ne nous
permettent pourtant pas de croire, avec Antonescu et Mallâsz, à l'existence d'une cité ou d'un
village dacique situé à cet endroit.

ALEXANDRU FERENCZI
Préparateur de VInstitut archêol. et num. de V Université de Cluj

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UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI
Malgré la grande crise du temps de Marc-Aurèle, les provinces danubiennes de l'Empire
continuent à prospérer à tous les points de vue sous les Sévères aussi. Vers la seconde moitié
du ΙΙ-e s. les Tomitains avaient initié de grands t r a v a u x d'embelissement dans le port de la
ville *). C'est connu que chaque ville grecque possédant un port avait ainsi au moins deux
places publiques employées pour l'exposition de ses décrets ou la commémoration par des
monuments de ses personnages illustres: άναγράψαΐ δε τό [ψήφισμα εστήληι λι]ϋίνηι καΐ
2
ατήοαι εν άκροπ[όλει καϊ εν τήι άγοράι] καϊ εν τώι λιμένι ). Ce n'est donc que très n a t u -
rel de voir surgir dans le port de Tomi — tout comme dans l'agora de la ville — à côté des
grands édifices de caractère religieux ou commercial, t o u t simplement des monuments votifs
ou honorifiques de n a t u r e plutôt personnelle et décorative.
L'inscription que nous allons publier m a i n t e n a n t a été découverte il y a déjà assez long-
t e m p s dans l'ancien port de Tomi, mais elle est restée inédite j u s q u ' à présent, échappant à
l'attention de M. D. M. Teodorescu, auquel j ' a v a i s confié en 1914 la charge de publier tous
les m o n u m e n t s inédits de Tomi 3 ).
Plaque en pierre calcaire h a u t e de 0.33 m., large de 2.325, épaisse de 0.58, a y a n t fait partie
plutôt d'un entablement que de la base d'un édifice votif, consacré a u x Θεοί επήκοοι (fig. 1).
Lettres hautes de 0.05 et de 0.015 dans le champ central, et de 0.03 sur le listel supérieur d e l à
moulure qui en forme le cadre. Le profil supérieur est un peu endommagé ; cependant la lecture
de la première ligne est parfaitement assurée par ce qui en reste (fig. 2). Beaucoup de ligatures.
Vers la fin du I l - e s.
['AyauJrJÎ τνχηι.
"O προοτάτης καΐ δίθψνλαρχος καΐ φιλότειμος καΐ επιμεληϋεϊς τοϋ οϊκον, *Απατονριος
Ενελπίοτον τοϋ Ποοειδυηίον τοϋ προατάτον καί άγαϋών ενεργέιη (sic), άνέστησεν φιλοτειμίαν
[Θεούς έπηκόονς.
Φνλή Όπλείτων νπερ δισφνλαρχίας.

Nous n'insistons pas sur les irrégularités d'orthographe et de grammaire qu'on peut constater
aussi dans cette inscription: nous relevons seulement Γενεργέτη de la 3-e ligne, où nous avons la
même forme b a r b a r e du génitif que chez Cagnat I G R R P . I 931,9; 1 2 3 6 , 2 , — etc. (p. 664). Le
sens de l'inscription est parfaitement clair: le président de la tribu des "Οπλητες de Tomi fait
une dédicace aux dieux έπήκοοι, et la tribu elle-même s'associe à l'offrande faite par son prési-
dent, à l'occasion de l'élection de ce personnage pour la seconde fois comme chef de la tribu.

J
) V. PArvnn, Le Mur d'enceinte de Tomi, Anal. av. J.-Chr.). Cp. aussi p. e. Jahreshefte, XV 1912, p.
Acad. Rom., X X X V I I 1915, pi. VI et plan II, le com- 59 et Pârvan, Histria IV, p. 626 suiv. et 723 euiv.
3
plexe des bâtiments notés en rouge, en haut à gauche. ) D. M. Teodorescu, Monumente inédite din Tomi,
2
) Dittenberger, Sylloge*, I 191 (Athènes, a. 357/6 Bucarest, 1915.

273

18 Dacia I 1924.

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VASILE PÂRVAN

L'inscription parle d'un οΐκος, ] dont Άπατονριος a été Υεττι/ιι-


λΐ]Χϊ')ζ. C'est un détail très i m p o r t a n t qui nous aide à préciser à quel ,'JMiUMINW *>'■

édifice notre bloc a a p p a r t e n u . II doit s'agir en


effet de Ι'υΐκος de la φνλι), dans lequel, ou près
duquel, le m o n u m e n t consacré par Απατονριος
:
aux dieux ετζήκοοι a trouvé sa place. L'inscrip-
tion des Clytides de Chios ' ) , p . e., nous enseigne -
quel était le rôle et l'usage de ces «maisons» des
phratries ou des t r i b u s : οϊκον τεμένιον Ιερόν
οΐκοδομήααοϋαι καϊ τά Ιερά τά κοινά εκ τών
ίδιωτικών οΐκιών εις τον κοινον οΐκον ενεγκεϊν.
^*>:&· Les colonies ioniennes de la mer Noire ont
conservé j u s q u ' à la fin leur ancienne organisa-
tion par tribus génétiques ; comme à Athènes,
où, même après Clisthène, les q u a t r e anciennes
- M ^ i >fe
tribus ioniennes survécurent, au moins comme
institutions religieuses 2 ), ainsi dans les colonies
m.Xi >.' de la côte thrace du P o n t , la répartition des ci-
toyens par tribus génétiques ne disparut pas
malgré la romanisation très profonde 3) de leur
vie sociale et économique et l'organisation de
leur territoire par vici et pagi, administrés par
la civitas grecque de la même manière, dont les
municipia de droit romain administraient leur
territoire rural.
% L'on connaissait j u s q u ' à présent à Tomi les
tribus des Οϊνωπες, des Αΐγικορεϊς et des Άρ·
γαδεϊς 4 ). Notre inscription fournit le témoignage
de l'existence des "Οπλειτες (orthographié à Milet
r-r*.·
"· *■■■ "Οπλη'&ες: Ditt. S j / / . 3 , 57). Des six tribus milé-
siennes restent encore non-documentées celles

') Dittenbcrger, Syll.3, III 987: IV-e s. av. J.-Chr.


2
) Cf. Vincenzo Costanzi, Le tribu genetiche nel mondo
classico, extrait des Annali délie Università Toscane, 1920,
nouv. série, V (XXXIX), Pisa, 1920, p. 216, avec les
textes ci-attenants.
3
) Rostovtzeff, Social and économie Jlistory of the Ro­
man Empire, Oxford 1926, p. 557, 81, n'est pas de mon
;?.*t avis en ce qui concerne l'intensité de cette romanisa-
tion; cependant, comme je vais le montrer encore ci-
dessous, la situation des Grecs de la Scythie Mineure n'est
pas la même qu'en Thrace ou en Scythie. Ici le romanisme
est tout-à-fait prépondérant. Je continue donc à accen-
tuer cette différence, même après les réserves qu'a ex-
primées Rostovtzeff, l. c.
4
) Bilabel, Die ionische Kolonisation, Leipzig 1920 (Phi­
Fig. 1. lologue, Suppl.-band XIV 1), p. 123 suiv. Fig. 2.

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274
UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

des Γελέοντες et des Βίορεϊς1). Il faudrait donc a d m e t t r e à Tomi aussi six arrondisse-
ments de la cité, à organisation religieuse et peut-être même administrative, autonome. E n
effet une inscription de Tomi nous fait connaître un certain φνλαρχος, qui a occupé,
2
entre autres fonctions, celle de γνμνασίαρ[χος τοϋ δή]μον τής τε φν[λής] ). Faut-il ad­
m e t t r e en Mésie, d'après l'exemple de la Thrace (v. ci-dessous) la répartition du territoire
rural de la ηόΐΐζ entre ses différentes t r i b u s ? Telle inscription du territoire d'Istria milite-
rait pour cette h y p o t h è s e : Άγαΰήι τύχηι. φνλή Λιγικορεον τόν β[ο)μ]6ν τάϊς Νύ[μφ]αις
3
άνέοτησ[εν] εκ τών Ιδίον /ε]πί άρχής Σκαπονλα Ν[ι]κολάον ) : le phylarque des Αίγικορεϊς
d'Istria élève u n autel quelque part, près d'une source (chose si rare en Scythie Mineure) pen-
d a n t son άρχι); et l'inscription analogue des Άιγικορεϊς de T o m i 4 ) , trouvée de même dans
le territoire rural, près de Tomi, appuyerait encore l'opinion ci-dessus formulée. Cependant rien
ne nous autorise d'insister dans cette direction. Toutes les inscriptions, grecques ou latines, de
la Mésie m o n t r e n t que les villes grecques du κοινον gétique της Πεντα- resp. Έξαπόλεο)ς, de
la côte occidentale du P o n t Euxin, avaient conservé leurs privilèges de villes libres, mais
avaient dû accepter aussi, très logiquement, la conception libérale romaine de l'organisation de
leur territoire rural, où les vici jouissaient d'une autonomie presque complète. E n effet, si
nous examinons les inscriptions de la Thrace, nous y retrouvons le centralisme et le bureaucra-
tisme hellénistiques, florissant ici dans des formes complètement analogues à celle de l ' E g y p t e .
Les phylarques de Thrace a y a n t en sous-ordre les comarques, sont de vrais fonctionnaires,
envoyés par les protarchontes δ ) , les synarchontes e ) ou les politarques 7) des villes, pour admi­
nistrer directement les h a b i t a n t s ; cf. p . e. l'inscription du territoire rural de Philippopolis,
concernant la φνϋ} Έβρηΐζ8), du temps de Sévère Alexandre: deux comarchies (chacune
régissant plusieurs villages) manifestent par les délégués de deux villages leur reconnaissance
Λνρ?]/ίω Καρδένΰΐ) Βειϋνηκοϋ γενομένα) φνλάρχο) φνλης Έβρηΐδος άρξαντι εν ήμεϊν άγνώς
κάί επιεικώς κατά τονς νόμονς...; ou encore, dans le même territoire, trois villages d'une
a u t r e comarchie honorant u n autre p h y l a r q u e : ενχαριοτοϋσιν ΑΙμιλίο) Βείΰυι φν?Μρχήοαντι
9
κατά τούς νόμονς άγνώς και δικαίως... ). Une telle centralisation imposait t o u t naturelle­
m e n t la délimitation sur le terrain des territoires des tribus elles-mêmes (cp. p . e. les οροΐ
φνλής Ήρακλεΐδος*0), — toujours à Philippopolis). Rien de semblable en Scythie Mineure;
ici les «magistrati» des villages (magistri et quaestores) exercent une autorité analogue à celle
des magistrats municipaux ; ils sont élus chaque année par leurs concitoyens, pour la p l u p a r t
des cives Romani et des veterani, ou des Thraces, consistentes dans le village, et en grande
partie romanisés aussi. Sauf de rares exceptions n ) , le latin est parlé p a r t o u t . Les cités grecques

*) Cf. Bilabel, o. c, p. 118 suiv. pas en Mésie: c'est pourquoi l'inscription mutilée d'O-
8
) Arch.-epigr. Mitt. VI 24, 48 (Tocilescu). dessus, complétée par Skorpil (Arch.-epigr. Mitt. XVII
3
) Ibid., XVII 88, 12 (Tocilescu). 203, 82) avec le mot τιολ]ιτάοχον (restauration acceptée
4
) Ibid., VIII 13, 32; fragment très mal conservé. par Kalinka aussi, Ant. Denkm. in Bulg., Vienne 1906, p.
6
) P. e. Cagnat, IGRRP. I 750; cp. les indices, p. 98), doit être lue d'une autre manière (v. Kalinka, 1. c ) .
8
626, sous πρώτος άρχων. ) Kalinka, o. c , no. 55 et Cagnat, o. c , I 721.
β 9
) Ibid., ind. 1. c. > Kalinka, no. 100 et Cagnat, no. 728.
7 J0
) Cf. E. Bormann, Arch.-epigr. Mitt., X I I , p. 190 ) Arch.-epigr. Mitt. XVII 52; Kalinka, o. c, no. 120.
u
suiv. avec Liebenam, Stadteverwaltung, Leipzig, 1900, ) Très caractéristique, l'inscription d'un village du
p. 293. Le polilarque est un fonctionnaire caractéris- territoire rural d'Istria, mentionnant la construction
tique pour les anciens royaumes hellénistiques: Thrace, έκ τών ΐδίων, νπερ μαγιστράΐης, d'un ζργον τοΰ
Macédoine, Bospore Cimmérien (Philippopolis, Thes- άβηωρίοθ par les deux magistri du village: Arch.-
saloniquc, Lete, Edessa, Panticapce, etc.) et n'existe epigr. Mitt., XI 69, 142.

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275
VASILE PARVAN

de la Scythie Mineure ne peuvent pas exercer comme leurs soeurs de Thrace une oeuvre
de civilisation parmi des indigènes encore barbares, eux-mêmes organisés par tribus et par
gents, mais doivent se contenter du rôle économique, social et religieux de métropoles urbaines
des villages très actifs, riches et policés, qui constituent leurs territoires ruraux.
Le φνλαρχος est donc à Tomi, à Istria, et en général dans le κοΐνυν pontique un magistrat
élu et très honoré, non un simple employé des chefs de la cité. La preuve nous est fournie
par notre inscription même, qui nous montre Άττατονριος le fils d'' Ενέλταοτος occupant en
même t e m p s les deux dignités: celle de φύλαρχος et celle plus honorable encore de προατάτης
de la tribu. E n effet la «présidence» d'une tribu était ici une distinction tellement prisée, que
la tribu des ' Αργαδέϊζ de Tomi pouvait se vanter d'avoir pour président le pontarque en per-
sonne: τόν ποντάρχην καΐ άρξαντα τής ' Ε ξ α π ό λ ε ω ς τόν νίόν τοϋ Πυντον κ<ά πρώτον άγω-
νο&έτην Θεον ' Α ν τ ι ν ό ο ν Τ. Φλάουιον Ποσειδώνιον νίον Φαίδρον τοϋ ποντάρχον καί νίοϋ
ι
τής πόλεως, φυλή Άργαδεων τόν έαυτης προοτάτην ).
'Απατούριος lui-même est le fils d'un προοτάτης et ενεργέτης de sa tribu et le m o n u m e n t
dont nous nous occupons a été érigé à l'occasion de son élection pour la seconde fois comme
φνλαρχος. C'est qu'il ne s'est pas contenté d'être un φιλόχειμος de la tribu des "Οπλητες de
Tomi, mais il a agi d'une manière très positive et pratique, en qualité ά'επι/ιεληΦεϊς τοϋ
οϊκον, c'est-à-dire du «club» de la tribu. Or cette fonction qui paraît avoir concentré les at-
tributions d'un ταμίας et aussi d'un οΐκονόμος 2 ), a dû être assez fatigante et dispendieuse:
les fêtes et les assemblées étaient nombreuses, le culte des empereurs y était compris, et le
local lui-même exigeait de continuelles réparations et aussi des agrandissements, des ameub-
lements et des embellissements 3 ) .
Cependant la préoccupation capitale des anciens est le culte des dieux. Au Il-e s. dans
les villes du P o n t , comme p a r t o u t dans l'Empire romain, chaque corporation a son p a t r o n
divin, qu'elle cultive d'une manière presque obsédante. Le «club» de t o u t e association devait
posséder au moins une «chapelle» sinon t o u t un «temple» avec son enceinte sacrée. Or parmi
les dieux préférés dans le P o n t thrace, c'est-à-dire dans le pays des Gètes άϋανατίζοντες (Hérod.
IV 93), ce sont les «dieux cavaliers» qui occupent la première place ; leurs noms varient :
Dioscures, Cabires, ΰεοΐ ήρωες (à divers appellatifs toponomastiques thraces), επήκοοι ϋεοΐ
Σωτήρες, ΰεοι έπήκοοι, &εοΙ μεγάλοι, &εοι (μεγάΐοι) ol εν Σαμοΰρψκΐ], ϋεοί σννναοι (avec
Zeus), mais le contenu religieux reste le même. Solitaire, ou double, le dieu à cheval c'est le
■&εός Σωτήρ par excellence. Il garantit l'immortalité à ses fidèles. Son culte est mystique.
Des thiases innombrables cultivent p a r t o u t en pays gréco-thrace son image héroïque. Ses
icônes représentent et les inscriptions qui les accompagnent confirment, par des noms et des
appellatifs, le syncrétisme parfait qui s'est accompli entre le dieu cavalier, d'origine céleste, et
la «Grande Déesse» de n a t u r e chthonienne 4 ). Les Grecs des villes du P o n t thrace adorent le
dieu double sous le nom des Dioscures. Cependant le lieu sacré où se concentre le culte des

1
) Cagnat, I G R R P . I 634. κατεσκεύααεν αύν τοΐς ύποΰέμασιν (mal interprété
2
) Cp. pour les détails de l'organisation corporative par Kalinka).
des tribus dans les villes grecques de l'empire romain, *) Cp. p. e. l'inscription de Tomi (Arch.-epigr. Milt.
Liebenam, Stàdtevertialtung, p. 220 suiv. XIV 18. 40): ΜητρΙ &εών καΐ Αιοσκόροις (ôvovatv
3
) V. p. e. toujours de Pbilippopolis, la métropole de νπερ τής τοΰ δήμον σιοτηρΐας !) ; d'ailleurs Cybèle
la Thrace, les inscriptions chez Kalinka, o. c , p. 187 et et les Dioscures se retrouvent assez souvent aussi sur
suiv.: un citoyen fait cadeau au club de la tribu Αρχε- les monnaies de la ville de Tomi.
μισιός des ...lits de repos à sommiers: τονς κλνντήρας

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276
UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

dieux sauveurs c'est, dans toutes ces villes maritimes, le temple des «grands dieux de Samo-
thrace». Λ Odessus le Σαμο&ρφαον était si spacieux, qu'il servait aussi d'archives d ' é t a t : τον δε
1
ίεροποιόν άναγράψαι τό ψήφισμα τόδε είς τελαμ(~)να καϊ ϋεϊναι εΐς Ιερον Σα/ιοΰράκιον ). A
Dionysopolis, parmi les cultes à processions publiques est cité celui des dieux de S a m o t h r a c e :
(du temps du grand roi gète Burebista) ϋεών τε τών εν Σαμοϋράκγ] τον οτέφανον άνειληφώς
όιά βίον (Acornion le fils de Dionysios) τάς τε πομπάς [καϊ τάς ΰυσίας/ έπιτελεϊ νπέρ τε
τών μυοτών καΐ της πόλεως 2 ). Callatis ne manque pas non plus d'un Σαμο&ράκιον 3 ) . Une
inscription de Tomi 4) nous renseigne d'une manière presque indiscrète sur l'organisation et
les cérémonies τών μνοτών '&εών τών èv Σοίμοϋράκγ]: l'office de prêtre à vie de ces dieux était
acheté par les candidats (en espèce le prix en a été de sept pièces d'or et soixante d'airain,
payées sur-le-champ). Istria, dont le culte des Dioscures Sauveurs nous est déjà connu, pos-
sédait comme Odessus un grand Σαμοϋράκΐον qui lui servait aussi d'archives d'état 6 ).
11 y avait naturellement beaucoup d'autres dieux, à commencer par le couple suprême
(Zeus — Hera), auxquels les Gréco-Thraces appliquaient l'épithète divine ά'ετιήκοος β ), dont
l'origine n'est pas d'ailleurs en Grèce, mais en Asie et en E g y p t e . Πλούτων même est parfois
invoqué comme έπήκοοζ7), toujours — il va sans dire — au sens religieux t h r a c e : comme
maître de la vie éternelle. Mais c'est le '&εός "Ηρο)ς<\\\\ est le dieu ετΐήκοοζ— κατ έξοχήν. Dans
le pays gète au sud du Danube c'est dans les gorges rocheuses des Crobyzes, à ΓΟ de Marci-
anopolis, que le dieu Cavalier est adoré avec le plus de ferveur. Son image est gravée sur la
roche vive à Madara ou à Karlikeuy 8 ) ; des alignements à six rangées de blocs et à autel en
forme de trône près d'Aboba 9 ) ; des sanctuaires mystérieux sculptés dans la roche, non loin
du relief représentant le dieu Cavalier à Madara 1 0 ) ; enfin le commentaire parlé de tous ces
symboles, l'inscription du relief trouvé à Ketchidéré, au SE de Madara, — et dont le t e x t e
suit, — nous renseignent définitivement sur le caractère des ϋ'εοί έπήκοοΐ, qui nous préoc-
cupent. L'inscription de Ketchidéré d i t : ... μον ô και Παπίας οικοδ[ομήοας καΐ κα$ιερώσ?]ας
τον τόπον Διι νψ[ίστο). τοντου δε το τέταρ?]τον μέρος εατϊν Δωοκ[6ρων]ιΧ), — c'est-à-dire
le lieu a été consacré à Zalmoxis > Gebeleizis 1 2 ), mais u n e partie du territoire sacré appar-
tient a u x Dioscures, voire aux dieux Cavaliers, ses fils célestes, qui sont ses σύνναοι. E n effet
ce grand -υεός νψιοτος, adoré sur les hauteurs solitaires, c'est le dieu des Gètes Zalmoxis, dont
les lieux de culte se trouvaient en Dacie aussi sur les sommets des montagnes et dont les
fidèles élevaient là-bas aussi, à Costesti p . e., dans le SO de la Transylvanie, des alignements
analogues à ceux d'Aboba 1 3 ). Les Thraco-Gètes des montagnes à l'O de Serdica l'adoraient
sous le nom de νψιοτος u ) , et u n peu plus bas, dans la même vallée de la Nichava, à Naissus,

8
') Kalinka, o. c , no. 9 3 ; cp. encore nog. 193 et 194 ) Jiredek, Arch.-epigr. Mitt., X 196 suiv.
e
sur les cultes «les Dioscures. ) Kalinka, o. c , no. 16.
2 10
) Ibid., no. 95, ligne 19 suiv. ; Ibid., no. 17 suiv.
3 11
) Arch.-epiçr. Milt., XIV 35, 88 et X I X 31, 67; ) Ibid., no. 133.
12
110, 67 (Tocilescu). ) La théorie de Cumont et de Schiirer sur le ΰεόζ
l
) Attribuée par erreur à Callatis (Tocilescu-Comperz νψΐστος a produit parfois des confusions: pour kalinka
dans les Arch.-cpigr. Milt., VI 8, 14). le dieu des gorges sauvages du pays des Crobyzes ou,
8
) Pârvan, Histria IV, p. 544 suiv. aussi des Serdi, c'est le Jahveh juif ( !), parce que c'est
e
) Cp. l'étude très documentée d'O. Weinreich sur lui qui s'appelle par excellence ϋψιστος (v. o. c , p. 126
es ΘευΙ επήκοοι dans les Atheniache Milt., XXXVII et 134). Cf. Weinreich, /. c, p. 43 suiv., avec les textes
1Ή12 et Pârvan, Durostorum dans la Kivista di Filo- épigraphiques, p. 17 suiv. et 21 suiv.
13
logia, Torino, LU 1924, p. 310 suiv. ) Pârvan, Getica, p. 637.
7 14
) Kalinka, o. c , no. 142. ) Kalinka, o. c , no. 145; il est connu avec ce nom

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277
VASILE PÂRVAN

ils l'appelaient — en 223 apr. J.-Chr. — le dieu paternel des collines: Jupiter optimus maximus
paternus aepilofius ( = εηιλόφιος) l). Quant aux dieux Cavaliers, ses fils, ils ont dû être com-
me les Dioscures grecs et leurs prototypes les Açvins védiques — les fils de Sourya (le Soleil) —
ses aides dans le combat contre les démons des orages 2 ) : il semble que le nom même de ces
dieux a pu être quelque chose comme Esbeni 3 ), l'analogue des Açvini (voulant dire en thra-
eo-gète juste «dieux à cheval»), — car esp- est la racine thrace pour le grec hip- (cp. encore
les appellatifs du &εός "Ηρως: Βετ-έοπιος et Οντ-άσπιος, avec leur traduction en grec:
4
επίπιος, pour εφίππιος) ).
E n t o u t cas ces dieux Cavaliers portaient u n étendard très curieux: c'était le draco dace
adopté ensuite par les Romains aussi, comme enseigne des cohortes du Bas-Empire 5 ) . Ces dra-
gons sont la personnification des démons des orages, que les dieux solaires, à cheval, poursui-
vent et dispersent. C'est d'ailleurs connu que le dieu cavalier porte très souvent chez les Thraces
le nom aussi d'Apollon6). Les frères Skorpil publiant plusieurs reliefs du «héros thrace» 7 ), dont
l'épigraphe affirmait parfois qu'ils sont des Apollons, expliquaient de leurs temps, d'une ma-
nière assez simpliste, que tous ces 77 reliefs du dieu cavalier eussent représenté Apollon. E n
réalité tous les noms grecs de ces dieux solaires sont indifférents; ils sont de simples équiva-
lents assez naïfs pour des idées religieuses bien différentes des conceptions méditerranéennes 8 ) .
E n effet nous connaissons très bien le nom a u t h e n t i q u e du dieu cavalier thrace, comme re-
présentant de l'idée solaire: c'est le # Î O Ç Σονρεγέ^ς επήκοος de Bessapara9), le Héros Sure·
,0
getes idemque Praehibens ) de Durostorum. Or déjà Tomaschek, en 1894, relevait la parenté
très étroite entre le nom scythique d'Apollon, ( Γ)οιτό-σνρος (d'après Hérodote IV 59), et le
Σονρε-γέϋης thrace. Cependant, au lieu de pousser j u s q u ' a u x origines religieuses des deux
noms, le Sourya védique (Sol, Helios, Halios, Selene, etc.), il se perdait dans des étymologies
abstraites ll).
Retenons donc l'existence chez les Thraco-Gètes du culte originaire indoeuropéen du
Soleil et des deux étoiles crépusculaires encore à l'époque romaine, sous les mêmes noms q u ' à
l'époque védique: Sourya et les Açvins, correspondant à Sure(getes) et les '&εοί (Οντ)άοηιθί,
(Βετ)εθτιιοι, * Esbeni (c'est-à-dire, εφίππιοι et equini). Là où la pénétration grecque a été
suffisamment intense, l'ancien dieu solaire a pris u n nom grec: Apollon, Esculape, Dionysos,
etc., — toutefois avec la détermination locale et cultuelle thrace, presque toujours attachée au
nom grec: Σικερηνός, 'Ρανισκεληνός, Καδρηνός, Ανλαρκψός, Σαλδοοιηοοψός, ' Αϋνπαρηνός,

5
à Anchiah aussi (Jireèek, Arch.-epigr. Mitt., X 173, 3) ) Pârvan, Getica, p. 453, 519 suiv., 544 suiv., 621
et en plus, il est peut-être appelé επόπτης: lecture et et 640.
e
note de Benndorf. ) Lequel d'ailleurs est presque toujours défini par
1
) CIL. I I I 14565; en lit encore après AEPILOFIO: quelque appcllatif toponymique, tout comme les autres
SANC . ORIENS . COR . MIDE, pas encore interprétés; dieux cavaliers thraces: cf. p. e. Arch.-epigr. Mitt.
le vétéran qui a fait la dédicace s'appelle Cocaius, ce XVII 219, 122 et 123.
7
qui est tout-à-fait gétique: cauen-. ) Dans le Sbornik de Sofia, pour l'année 1892.
2 8
) Cf. la dédicace pour les "Ανεμοι Σωτήρες chez ) L'excellent recueil de textes concernant les Thraces,
Kalinka no. 200 et P.-W. I, s. v. anemoi. donné par Tomaschek dans sa monographie DU alten
3
) Très bien connu comme cognomen thraco-dace: Thraker, attend encore l'interprète qui le mettra en
CIL. III 8040; cf. Tomaschek, Die alten Thraker, II 2, valeur au point de vue de l'histoire des religions
p. 9. anciennes.
4 9
) Voir la liste des épithètes donnée par Katzaroff, ) Weinreich, h c, p. 19, avec toute la bibliographie.
l0
dans le Suppl. III (1918) de P.-W.-Kroll, s. v. Héros ) Pârvan, Durostorum, l. c., p. 311.
J1
(trakischer), p. 1142. ) Tomaschek, Die alten Thraker, II 1, p . 49.

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278
UNE NOUVELLE INSCRIPTION DE TOMI

Κεβρηνός, etc.*). Car i n d é p e n d a m m e n t du nom grec qu'il porte, le Sourya thraco-gète reste
le δεσπότηζ ϋεών, tel cet Apollon de Cabyle sur le Tonzus supérieur, représenté comme «hé-
ros thrace» à cheval 2 ), ou, encore, tel le #eoç επήκοος μέγιοτος Λνλαρχηνός de Thrace 3 ),
représenté aussi en dieu cavalier et correspondant en gréco-thrace à u n Apollon Aulariochos ·&εός
επήκοος, patron des mines de fer de Tirnova 4 ) . E n réalité le grand dieu solaire ne possédait en
propre aucune image anthropomorphe. Comme à l'âge du bronze, ainsi encore à l'époque histori-
que, il était représenté par u n disque fixé au sommet d'une perche 5) et ce n'était q u ' à ses
acolytes et à ses fidèles, héroïsés après la mort, que l'on prêtait à juste titre l'image du dieu
à cheval.
De même qu'il n'avait pas d'image, ainsi le Sourya, φιλίπποις ΘραξΙ πρέσβιστον οεβας β ) ,
m a n q u a i t de t o u t nom propre. Car il était le seul Dieu, et il semble que ses «noms», tels Zbel-
thiurdos, Gebeleizis et Zalmoxis, n'étaient, comme leurs correspondants grecs, que des épithètes 7 ).
Weinreich a noté 8 ) que l'épithète ά'επήκοος, qui nous préoccupe pour le m o m e n t , est ap-
pliquée en Thrace, en Mésie, en Dacie et en général a u t o u r du P o n t thraco-cimméro-phrygien,
surtout aux dieux Ιατροί. Or Platon lui-même nous renseigne 9) sur les fonctions par excellence
médicales de Zalmoxis, le dieu suprême gétique.
Nous voilà donc arrivés à notre point de départ. La floraison du culte des dieux εΤΐήκοοι
et οωτήρες dans le P o n t thrace s'explique d'une manière très naturelle (sur base mystique
orientale) par les deux éléments promoteurs que nous avons essayé de préciser ci-dessus: 1° le
culte des μεγάΐοι ΰεοϊ ol εν Σαμοΰράκτ) (dont les Dioscures ne sont que la forme tout-à-
fait exotérique) comme contribution hellénique; 2° le culte des μεγάοι ΰεοί solaires (de repré-
sentation iconique identique avec celle des dieux Cavaliers grecs), comme contribution thraco-
iranienne. Les Θεοί έπήκοοι, sans autre détermination plus précise, honorés par ' Α η α χ ο ν ρ ι ο ς ,
le président et deux fois phylarque de la tribu des "Οπλητες de Tomi, en même t e m p s très dis-
tingué curateur du «club» de la tribu, sont donc, à «notre avis, les dieux Cavaliers grêco-irano-
thraces, tels que nous les connaissons au Jl-e et au I l l - e s. apr. J.-Chr. par d'innombrables
icônes dans les provinces géto-thraco-illyriennes de l'Empire romain 1 0 ), adorés à la manière
mystique orientale, prédominante à cette époque-là dans le P o n t t h r a c e .

VASILE PÂRVAN.

8
*) Cf. Kalinka, o. c , p. 409 suiv. et Weinreich, l. c. ) L. r., p. 40.
2 9
) Kalinka, no. 155. ) Charmides, chap. V et suiv. et Pârvan, Getica,
3
) Weinreich, l. c , p. 11 et 40. p . 145.
10
*) Weinreich, p. 6 et 40. ) Cp. l'étude très approfondie de Rostovtzeff, Une
6
) Témoignage concernant les Péoniens, mais appli- tablette votive thraco-mithriaque du Louvre (Mêm. prés,
cahle à tous les Thraco-Gètes: chez Tomaschek, o. c, par dit. sav. à VAcad. des Inscr., X I I I 2. Paris 1923),
II 1, p. 48. p. 405. Je dois noter ici que mes opinions sur le «héros
e thrace» diffèrent de celles de Rostovtzeff, comme d'ail-
) Orphée chez Sophocle dans le Tereus, invoquant
Hélios (chez Tomaschek, /. c.) leurs aussi de celles de Capovilla, Jï Dio Héron in
7 Tracia e in Egitto, dans la Rivista di Filologia, To-
) Cf. Scurc, Les images thraces de Zeus Kêraunos,
Rev. et. Gr., XXVI 1913 p. 258 suiv. et Pârvan, Getica, rino, LI 1923, p. 424 et suiv.
p . 155 et suiv.

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279
ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES
DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN
Ce sont les antiquités romaines qui jusqu'à présent ont surtout attiré l'attention et l'acti­
vité archéologique dans la région danubienne de Turnu-Severin. Ces antiquités s'imposaient
autant par la littérature historique, que par le fait qu'en bonne partie elles émergeaient du
sol: ainsi les pilliers du pont de Trajan, les castellas, les chemins romains, surtout celui
qui a été fait par Trajan en entaillant le roc de la rive droite du défilé danubien, en amont
des Portes de fer. L'attention était moins attirée par les antiquités préromaines, ensevelies
dans l'oubli de l'homme et sous de plus épaisses couches de terre. Toutefois elles aussi ne tar­
dèrent pas à s'imposer et à permettre de préciser l'existence dans cette région d'une suite de
civilisations commençant par le néolitique et s'enchaînant jusqu'à la conquête romaine.
Les premières pièces préhistoriques trouvées par hasard à Turnu-Severin à l'occasion de
l'aménagement du «Parc des Roses», sout deux haches triangulaires, polies, à la base aiguisée
et coupée en biais sur les deux faces (fig. 1 et 2) *) ; la première est plus allongée, conique au
sommet, et présente sur toute la surface de petites érrosions produites par des agents phy­
siques.
Depuis lors Turnu-Severin nous a donné encore: un fragment de hache en pierre polie,
perforé, utilisé plutôt comme sommet de casse-tête, trouvé dans le castellum tête du pont
de Trajan, au niveau des fondations des murs romains (fig. 3).
Sur le terrain depuis longtemps employé pour la fabrication des briques, à l'extrémité
ouest de la ville, entre la voie ferrée et le Danube, on a trouvé dans les trous creusés pour l'ex­
traction de la terre: le coup-de-poing (fig. 4) en pierre polie, de forme triangulaire, coupé en
biais sur les deux cotés et avec des facettes à la base ; un lourd maillet (fig. 5) à rainure pour
fixer le manche; des marteaux-percuteurs en pierre roullée (fig. 6); des meules mobiles, dont
une (fig. 7) avec l'une des faces sensiblement convexe ; un mortier (fig. 8) creusé au milieu de
la face polie d'une grande pierre roulée 2 ).
A la même place on a trouvé quelques fragments de vases primitifs, des proéminences
jouant le rôle d'anses (fig. 9 —12); les fragments ont des décorations incisées; des impressions
digitales, des cannelures, une spirale, et des incisions remplies de matière blanche.
*
* *
En sortant du majestueux défilé des «Cazane» 3) ou rencontre en avald'Orçova plusieurs
îles assez grandes pour être cultivées et même habitées. La première, Ada Kaleh, l'avant-garde
1 3
) Ces pièces, comme, toutes les autres que nous dé- ) Ainsi nommé d'après la forme de fond de chau-
crivons ici, font partie de la collection du musée ré- dron, en roumain «cazan», que prend le défile a plu-
gional instalé au lycée Trajan. sieurs reprises.
2
) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique pi. X X I I .

280

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PHOTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

occidentale des P o r t s de fer, couverte presque entièrement p a r les ruines de la forterese au­
trichienne du X V I I I - m e siècle, est habitée aujourd'hui par une population t u r q u e . Ici la con­
struction de ces imposantes fortifications a sans doute anéanti les restes de la vie ancienne
romaine et préhistorique, q u ' o n rencontre dans toutes les autres îles de la région.
Comme a v a n t g a r d e orientale des Portes de fer, émerge sur une base de roc dur l'île
B a n n i ] ) utilisée a u x
t e m p s anciens com­
me citadelle à l'en­
trée du défilé. Les
restes d'une fortifi­
cation romaine, en
pierre et grandes
briques, y subsiste
encore. Sur la pla­
ge, aux basses e a u x ,
ou a t r o u v é aussi
1 ' outillage néoliti­
que ici reproduit :1e
fragment d'une meu­
le à b r a s (fig. 13),
u n petit p e r c u t e u r
(fig. 14) a y a n t la for­
me d ' u n cilindre u n
peu a p p l a t i , usé p a r
le travail a u x bases
et sur les deux cô­
tés ; des percuteurs
de forme allongée
(fig. 15 et 16) en
fragments de pierre
roulée, usés seule­
m e n t au b o u t et u n
nucléus en silex, cas­
sé à l'un des bouts
(fig. 17).
E n descendant
des P o r t e s de Fer le Fig. 1 — 43.
lit du D a n u b e s'é­
largit, de h a u t e s collines surgissent r e m p l a ç a n t les m o n t a g n e s , la terre devient plus fertile,
les restes d'une vie préhistorique avec outillage néolitique se multiplient. Nous avons v u les
peu nombreuses mais caractéristiques restes de cette vie à l'île B a n u l et à T u r n u - S e v e r i n .
U n peu en aval des ruines du p o n t de Trajan, à l'embouchure de la rivière Topolnitza,
émerge l'île de Çimian qui garde d ' i m p o r t a n t s restes de très anciens h a b i t a n t s insulaires. E n

*) C'est le titre roumain de l'ancien gouverneur de la Petite-Valachie.

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AL. BARCÀCILA

dehors des monnaies et d ' a u t r e s antiquités romaines qu'on y t r o u v e , en dehors de l'épée La


Tène qui nous est venue d'ici *), on y peut voir aux basses eaux, des restes de la vie préhisto­
rique parsemés sur la plage et les bords de l'île presque sur t o u t son p o u r t o u r . Le D a n u b e
aujourd'hui élevant ses eaux au-dessus du niveau des stations préhistoriques, les mine et les
entraîne dans sa r e t r a i t e , a b a n d o n n a n t sur place ou sur la plage les parties lourdes et consis-
t e n t e s . Ce p h é n o m è n e , général dans
31 cette région, met en évidence u n
considérable relèvement des e a u x

fi·
du D a n u b e , depuis les t e m p s pré­
historiques j u s q u ' à nos j o u r s , con­
séquence des dépôts jetés p a r les
rivières et les t o r r e n t s , et que le
courant lent du fleuve ne p e u t char­
rier plus loin. C'est pour cette rai­
son aussi q u ' à l ' e m b o u c h u r e de la
Topolnitza, le bras du D a n u b e e n t r e
l'île de Çimian et la rive gauche est
réduit à un très étroit canal, encore
navigable. De même plus bas vis-
à-vis du village H i n o v a , à l'embou­
chure du t o r r e n t Rîul Morilor 2 ), le
b r a s e n t r e l'île Corbul 3 ) et la rive
gauche est a u j o u r d ' h u i complète­
m e n t bouché et traversé par une
• 1V ^^^Γ^^^βΙΙ^^^^ piste employée p a r l e s paysans.
*9 fl "^ La situation n ' é t a i l |>;i- la
^*iÊk ^ ^ ^ jflj <ri même pour les h a b i t a n t s «1rs temps
préhistoriques, dont les villages, atc-

W «

^H
'M

Wg
m liers, cimetières, se t r o u v a i e n t à un

niveau a u j o u r d ' h u i recouvert p a r les


e a u x p e n d a n t la plus grande p a r t i e
de l'année.
Des d o c u m e n t s de la vie pré-
^L· ^R ^F historique se r e n c o n t r e n t presque
sur t o u t le p o u r t o u r de l'île Çimian,
Fig. 12 — 51.
mais les vestiges les plus i m p o r ­
t a n t s sont situés à son e x t r é m i t é
orientale où actuelcment il existe
presque i n t a c t e une p e t i t e s t a t i o n couverte d ' a r b u s t e s et de buissons. E n a t t e n d a n t des
d o c u m e n t s plus concluants que révéleront les fouilles s y s t é m a t i q u e s projetées p a r monsieur
le professeur P â r v a n , nous reproduisons ici les quelques objets recueillis au bord sud de
cette station et sur la plage. Ce sont des fragments de bois de cerf, d o n t le second (fig.
l 2
) Nous donnerons plus bas la reproduction de cette ) En français «le ruisseau des moulins».
3
épée. ) En français «le corbeau».

282

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

18) est coupé en biais à l'un des b o u t s ; une petite hache de forme triangulaire bien affilée
à la base (fig. 19) des esquilles, et des lames de silex.
Les fragments de vases y a b o n d e n t . Nous avons classé les fragments d'anses, en com­
m e n ç a n t par des mamelons de différentes formes, non perforés (fig. 20 — 2 5 ) ; suivis des
mamelons perforés, les uns dans la direction verticale, pour le fil de suspension ; d ' a u t r e s
dans la direction horizontale p r e n n e n t déjà la forme d ' a n s e ; suit une série d'anses élargies
a u x extrémités et qui se rétrécissent à leur partie médiane a ) ; des anses à base élargie, mais
dont la partie médiane faisant saillie prend la forme d'un bec d'oiseau ; u n fragment de bec
allongé, s e r v a n t à boire 2 ).
Les figures suivantes d o n n e n t des fragments à o r n e m e n t a t i o n variée, simple b o r d u r e
d'empreintes de d o i g t ; des cordons d'applique, avec les m ê m e impressions digitales (fig.

Fig. 52.

26 — 30) ; des incisions à l'ongle, des points et des lignes pointillées, des lignes droites paral­
lèles ou disposées en chevron ou en zigzag (fig. 3 1 — 4 8 ) .
On y t r o u v e aussi des fragments de grands vases, toujours travaillés à la main, bien lus­
trés et à proéminences au lieu d'anses (fig. 4 9 — 51).

Mais c'est s u r t o u t l'île Corbul qui s'impose à l ' a t t e n t i o n comme s t a t i o n préhistorique,


p a r la richesse des m a t é r i a u x q u ' o n p e u t y recueillir. Elle est située à une distance
de 16 k l m . de T u r n u - S e v e r i n , et a la forme d ' u n segment de cercle dont la corde est t e n d u e vers
la rive droite. A sa pointe d ' a v a l il existe u n p e t i t village Corbul. A u x t e m p s préhistoriques
elle a b r i t a i t à chacune de ses extrémités u n village, d o n t les traces sont visibles aujourd'hui.
Nous avons expliqué plus h a u t la cause qui a submergé les stations p r é h i s t o r i q u e s : le rehau-
sement du niveau du D a n u b e p a r la grande q u a n t i t é d'alluvions déposée p a r les rivières et les

*) V. Décbclettc, Manuel I fig. 208, II pag. 377. par Déchelette, Manuel, II pag. 77 ont le bec formé
2
) De pareils fragments à l'île Corbul; les vases cités par rallongement du bord même du vase.

283

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AL. BÀRCÀCILÀ

t o r r e n t s , et que le fleuve ne p e u t e m m e n e r plus loin à cause de la lenteur et des enfractuosités


de son cours. La photographie (p. 283) représente la station de l'extrémité a m o n t à 4 m sous le
niveau actuel du terrain, les e a u x é t a n t en baisse. LTne grande q u a n t i t é de sable j e t é par

les t o r r e n t s des collines environantes obstrue c o m p l è t e m e n t le bras gauche du D a n u b e . Les


eaux lorsqu'elles décroissent minent le talus de la rive et ainsi la s t a t i o n est en partie mise
à nu, la plage couverte d'objets travaillés en pierre, en bois de cerf, en os, et de n o m b r e u x
fragments de céramique.

284

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

1/étendue de la station peut être a p r o x i m a t i v e m e n t d é t e r m i n é e ; elle recouvre un angle


de 100 m de côté, ou p e u t lui supposer a p r o x i m a t i v e m e n t une surface de 10.000 m 2 .
La station a été et continue à être démolie en partie lors des crues et des décrues.

Nous donnerons ici la description sonmaire des objets q u ' o n y t r o u v e dans l'ordre
de la matière dont ils sont fabriqués: os et corne, pierre, terre cuite. Le métal, bronze
et fer, n ' é t a i t pas employé p a r les h a b i t a n t s de cette station, ocupée depuis les t e m p s néo-
litiques j u s q u ' à l'aube des t e m p s historiques. Nous laissons a u x s a v a n t s historiens et spécia­
listes, en premier lieu à n o t r e perspicace et infatigable investigateur de notre passé lointain,
M. V. P â r v a n , le soin de préciser les conclusions historiques q u ' o n p e u t tirer de ce matériel.

285
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AL. BARCÀCILÀ

P a r m i les objets qu'on rencontre le plus fréquemment dans cette station, il faut d'abord
citer les restes d'origine a n i m a l e : grandes cornes de bofl primigeniuB (fig. 53), de bos t a u r u s
primigenius (fig. 54) de ccrvus claphus, cervus mogaceros (fig. 5 5 ) ; dents et maxilaires de
sanglier, de sus scrofa ; vertèbres de poissons, grands et petits, etc. Les espèces prédomi­
n a n t e s s o n t : le boeuf, le cerf, le sanglier et le porc. Beaucoup de ces restes sont presque fos­
silisés; certains p o r t e n t les traces du travail de l'homme qui en a fait des outils: perçoirs,
poinçons, coins, etc. (fig. 56).
Les i n s t r u m e n t s en os et s u r t o u t en corne y sont f r é q u e n t s : des coins et ciseaux en corne
(fig. 57 — 58), deux gouges en os (fig. 59 et 60), des poinçons et perçoirs en corne (fig. 61 — 63),
en os (fig. 64), des manches de divers i n s t r u m e n t s , applatis et soigneusement polis (fig. 65
et 66), une petite plaque en corne avec des stries incisées pour être fixée à l'aide d ' u n fil;
une flèche et des brassards en os (fig. 67 —69) 1 ). E n bois de cerf cette station nous a donné
encore: une corne creusée d'une rigole (fig.70), u n m a r t e a u pilon (fig.71), beaucoup de haches
et d ' a u t r e s outils perforés (fig. 72 — 80) 2 ).
On y a t r o u v é des objets de p a r u r e fabriqués en matière animale d u r e : des pendeloques
en forme sémi-lunaire, faites de corne, perforées à leurs deux extrémités ou seulement à l'une
d'elles (fig. 81—85), un fragment d'une pièce semblable est en m a r b r e (fig. 8 6 ) ; des rondelles
perforées en os pour servir de graines d'enfilage (fig. 87 — 91), enfin des coquilles perforées
(fig. 92 — 94).
Les objets de pierre sont plus n o m b r e u x et variés. Ce s o n t : I. Des meules fixes et mobiles
de formes irrégulieres non perforées ; de simples pierres roulées de différentes dimensions et
formes, utilisées comme p e r c u t e u r sur t o u t le p o u r t o u r , ou seulement a u x b o u t s ; quelques-unes
gardent des traces qui m o n t r e n t qu'elles ont servi aussi de compresseur pour tailler le silex
p a r pression 3 ) ou p r é s e n t e n t des encoches, entre lesquelles roulait le fil d ' a t t a c h e , ou des
rainures creusées dans le m ê m e b û t sur le p o u r t o u r (fig. 95 — 97 et 98).
I I . Des pilons de différentes grandeurs, les uns en simples pierres roulées de forme
allongée, d ' a u t r e s travaillées et polies pour être plus c o m m o d é m e n t maniées ; u n d'eux p o r t e
des traces de compression pour la taille du silex (fig. 99 ■— 102).
Les percuteurs et les pilons ici cités s o n t :
E n roches erruptives granitiques et granulitiques, en diverses roches cristalines très
dures, en q u a r t z , en silex, en roches éruptives porphyriques, en grès silicieux et calcaire,
en m a r b r e noir.
I I I . Des haches sans perforation et des h e r m i n e t t e s (fig. 1 0 3 — 1 1 4 ) ; des ciseaux
(fig. 115 et 116); u n m a r t e a u (fig. 117) cassé à sa plus grosse e x t r é m i t é , u n perçoir à large
poignée fait d'un simple caillou roulé (fig. 118); beaucoup de fragments perforés de haches,
m a r t e a u x et casse-têtes (fig. 119 — 121); le fragment (fig. 122) est la moitié d ' u n sphé­
roïde 4 ) très soigneusement poli, a y a n t u n petit col a u t o u r de chaque issue du canal de
perforation.
Les pièces (fig. 123 et 124) sont de simples pierres roulées, avec c o m m e n c e m e n t de perfo­
r a t i o n , pour en faire p r o b a b l e m e n t des casse-têtes ; de m ê m e on a a b a n d o n n é la perforation

J
) Cf. Déchelette, Manuel I I , p. 105 et pi. I 20 . reproduit par Déchelette, Manuel, II p. 107, pi. V s e ,
2
) Les pièces fig. 72 et 73 ont pu servir de som­ cf. I, p. 523. Ce fragment a été donc une massue glo­
met de casse-tête. bulaire, ou peut-être il faisait partie d'un appareil à
3
) Mortillet, Musée Préhistorique, pi. X X I I I 1 M . procurer le feu.
*) Exactement la forme de l'exemplaire en bronze

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

de la hache-marteau façonnée (fig. 125). D'autres pierres roulées plus on moins informes,
avec des trous pratiqués pour y passer des cordes étaient employées probablement comme
armes de jet, poids de tension, d'autres comme pendeloques ] ).
Les haches et les autres outils ici cités sont:
En granit, en gneiss, en roc cristalin microlithique, en silex, en serpentine, en quartz,
en micaschiste, en grès fin, en ardoise dure, en calcaire, en schiste cristalin de dureté
très réduite.

Le silex travaillé se rencontre fréquemment dans cette station, en général en pièces


de petites dimensions et même pigmées. Les éclats de forme irrégulière, mais toujours
utilisables, avec le conchoïde de péreution en relief, ou en creux, les rognons, les lames
et les pointes irrégidières éclatées et taillées de même que la grande quantité de percu­
teurs trouvés ici prouvent que le silex se travaillait sur place. Nous reproduisons quel­
ques uns des silex les mieux travaillés (fig. 126—133).

*
* *
Mais les trouvailles les plus abondantes faites à l'île de Corbul sont des objets en terre
cuite: des restes de foyers et de cabanes (fig. 134—136)2) des vases et des fragments de
divers outils, des ornements, des idoles. Avant de commencer la description de ce butin,
recueilli depuis quelques années avec mes élèves et collègues, je répète que je laisse
aux savante spécialistes les précisions et les conclusions archéologiques qu'il comporte.
Nous avançons toute fois que le matériel étant trouvé pour la plus grande partie sur
la plage, tombé de défférentes couches qui s'étagent jusqu'à quatre mètres sous le niveau
actuel de l'île, nous pouvons dès maintenant conclure que la même station a servi succe-
sivement, et peut-être sans interruption, depuis le néolitique jusqu'au premier âge du fer
et que ses habitants étaient de modestes et laborieux paysans, conservateurs en ce qui
concerne les moyens d'existence et par conséquent l'industrie et des arts qui s'y appli­
quent. Le métal y est presque absent. Cette station nous a donnée seulement un anneau
en bronze et une pointe de lance en fer, trouvés sur la plage.
Les vases bien conservés sont en petit nombre et de petites dimensions, mais les fragments
sont si nombreux que nous n'en avons recueilli que les plus caractéristiques et ceux qui por­
taient des ornements. Beaucoup de ces fragments proviennent de vases de grandes dimen­
sions. 11 y eu a des plus primitives jusqu'au plus soignés, en ce qui concerne la composition
de la pâte, le galbe et la cuisson. L'ornementation incisée ou imprimée à l'aide d'une matrice
est presque la seule que nous rencontrons ; comme reliefs nous trouvons surtout des cordons
d'applique et des proéminences.
Les vases (fig. 137 —139) en pâte rougeâtre bien cuite, intérieurement des cylindres très
peu enfoncés, prennent extérieurement vers la base la forme d'un cône tronqué, dont le bord
supérieur présente deux petites perforations verticales de suspension. Semblable à celles-ci en

a
) V. Déchclctte, Manuel, I, pag. 575. finale, peut-être un ornement arhitectural ayant la
2
) Le No. 1 est un fragment à deux plans en angle forme d'un trapèze, soigneusement poli sur toutes les
droit; sur le fragment No. 2 on reconnaît la trace du faces et ornementé sur la face antérieure d'un relief
bois qui soutenait les parois; le No. 3 représente la partie demi-cylindrique, élargi à la base.

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AL. KAKCACILA

ce qui concerne le galbe et la p â t e , la tasse (fig. 140) diffère des premières p a r l'anse qui lie

la p a r t i e saillante de la base avec le bord ; de m ê m e , la tasse (fig. 141) en p â t e noirâtre et

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ANTIQUITÉS PRE- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

(fig. 142) en p â t e grisâtre et avec deux petites proéminences des d e u x cotés de la base de
l'anse.
Du même galbe, en p â t e rouge bien cuite, le vase (fig. 143) a le cordon saillant, plus déve­
loppé et arrondi, ornementé de stries v e r t i c a l e s ; elle p o r t e en outre d e u x anses. A tous ces
exemplaires la forme de l'intérieur presque cylindrique ne correspond pas à celle de l'exté­
r i e u r ; au contraire, le fragment de la cruche (fig. 144), en même p â t e rouge et a y a n t comme
les vases p r é c é d a n t s u n e base très réduite, prend à l'intérieur e x a c t e m e n t la forme de l'exté­
rieur, donc l'épaisseur des parois est p a r t o u t égale. La panse est o r n e m e n t é e de six lignes
parallèles obtenues par l'impression d'un fil tordu ; cet o r n e m e n t est i n t e r r o m p u et remplacé
sous l'anse par deux groupes de stries obliques, incisés avec la pointe d'un i n s t r u m e n t .
Le vase (fig. 145) à deux anses, en p â t e noirâtre, a y a n t la même base réduite, à panse
proéminente et p r e n a n t dans sa partie la plus large la forme hexagonale a u x six bosses régu­
lièrement disposées, finit par u n col circulaire qui se rétrécit au s o m m e t . La panse est ornée
d ' u n e b a n d e de lignes en chevron légèrement incisées.
Le plus joli des vases q u e nous reproduisons ici, (fig. 146) est une petite cruche en
p â t e noire bien cuite, à une seule anse et qui présente en général le même galbe que
le précédent, avec la différence que la panse prend, grâce a u x q u a t r e bosses simétrique-
m e n t disposées, une forme q u a d r a n g u l a i r e a u x côtés très peu arrondis. Sur le fond patiné
en b r u n luisant se développe une riche o r n e m e n t a t i o n incisée, remplie de matière blanche.
Les motifs ne sont pas tout-à-fait également et s i m é t r i q u e m e n t disposés. Le bord du
col est encadré p a r deux rangées, l'une intérieure, de lignes incisées; le m ê m e motif
encadre la panse sous le col et à la b a s e ; une b a n d e de volutes entourées de cercles, de
petits r a y o n s , se déroule a u t o u r de la p a n s e ; des rayons et des lignes disposées p a r groupes
de deux, de trois et de six, remplissent les espaces libres du col et de la panse. Les incisions
sont profondes et remplies d'une matière blanche, qui contraste avec le b r u n du f o n d 1 ) .
L a m ê m e forme, à q u a t r e bosses, mais à d e u x anses, a y a n t la base rehaussée p a r u n
petit col cylindrique, le vase (fig. 147) de p â t e grise, fine, bien cuite, est seulement patiné en
b r u n luisant.
Très soigneusement ornementée est la petite cruche (fig. 148), en p â t e n o i r â t r e . Elle a
trois bosses au milieu de la panse, qui prend ainsi une forme triangulaire. L ' o r n e m e n t a t i o n ,
disposée en bandes horizontales sur la p a t i n e b r u n e , couvre t o u t e la surface du vase. La b a n d e
de la panse, encadrée en h a u t et en bas p a r des chaînettes, répète trois fois le même motif:
une chaîne verticale de losanges encadrée par des groupes de lignes droites, sinueuses ou
courbes, celles-ci terminées en croc ou en spirale. Les losanges aussi sont remplis de petites
lignes ponctuées ; le col est ornementé de deux bandes différentes de lignes incisées et de bâ­
t o n s r o m p u s , et par une c h a î n e t t e qui court sur son bord, en descendant du col par la face
extérieure de l'anse j u s q u ' à la panse. Dans les incisions on voit encore les traces de la ma­
tière blanche.
Une très p e t i t e cruche (fig. 149), à panse gonflée, r o n d e , à h a u t col, à u n e anse rétrécie
au milieu et s'élargissant a u x extrémitées, est plus sobrement, mais toujours g e n t i m e n t dé­
corée par une rangée de b â t o n s r o m p u s , des coins desquels descendent des lignes v e r t i c a l e s ;
u n e ligne ponctuée court sur la limite inférieure du cou, u n e a u t r e sur le b o r d de l'anse et
sur le cou. On reconnaît aussi ici, dans les incisions, les traces de la matière blanche.
') Nous nous demandons si ce joli vase n'était pas volutes rayonnantes nous parlent de l'intention dïmiter
destiné au culte du dieu solaire. Les quatre grandes l'astre adoré. V. Déchelette, Manuel, II, p. 409 — 464.

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10 Dncia I 1924.
AL. BÀRCÀCII.A

Nous reproduisons un groupe de différents vases: (fig. 150), u n e cruche (fig. 151); une
a u t r e (fig. 152) à anse coudre. Le pot (fig. 153), <ΊΙ pâte rouge bien cuite, à deux petites
anses de suspension; la terrine (fig. 151), à bord r a b a t t u à l ' i n t é r i e u r 1 ) ; trois j a t t e s ,
en p â t e rouge, en forme de cône t r o n q u é , une (lig. 155), plus rudiment aire, a le bord muni
d'un cordon d'applique à impressions digitales; le vase (lig. 150) est d'une exécution très
soignée; la tasse (lig. 157) est, au contraire, très grossière. Les pieds de vases sont de forme
conique, creusés, d'une exécution soignée, patines, unis ou à ornementation incisée. On doit
citer aussi u n e écuelle à bord très peu élevé, ovale et avec une proéminence de préhension
cornu (fig. 158).
Il y a enfin une série de vases minuscules, trop petits pour les r e p r o d u i r e : une petite
tasse sans anse, de forme demi conique t r o n q u é e ; un a u t r e avec ornements incisés et q u a t r e
anses caseées qui proéminaient du b o r d ; le troisième c'est une petite assiette traversée de
q u a t r e petits t r o u s ; le dernier c'est une petite assiette.
*
* *
Mais pour l'étude de la céramique de l'île Corbul on dispose d'un matériel plus riche de
fragments que de vases entiers. Nous en donnerons ici les exemplaires les plus caractéristiques
p a r leur forme et o r n e m e n t s , en commençant par les anses, des plus rudimentaires j u s q u ' a u x
plus soigneusement travaillées. Les proéminences r e m p l a ç a n t les anses sont très fréquents. Il y
en a qui i m i t e n t des r a m e a u x coupés à leur base d ' a t t a c h e ίι l'arbre, isolés ou à deux, des
b â t o n s ; d ' a u t r e s sont des proéminences informes, e m p r u n t a n t une forme quelconque, p a r
exemple une langue, une crête de coq, une paire de cornes, des boutons hémisphériques. Ces
proéminences ont parfois des perforations verticales simples, doubles, ou triples ; allongés,
amincis et perforés, ils p r e n n e n t la forme de t u y a u x 2 ) . Une des plus jolie forme des proémi­
nences est le bec d'oiseau qui se développe lorsqu'on passe de la perforation verticale à
la perforation horizontale de plus en plus élargie, la proéminence se t r a n s f o r m a n t ainsi en
véritable anses. Nous donnons quelques formes rares d'anses (fig. 159 — 163), dont la fig. 159
finit en h a u t p a r d e u x cornes latérales.
Quelques vases présentent près du bord u n bec à large perforation s e r v a n t à boire.
Les proéminences de préhension et les anses intérieures sont des plus rares et des plus
curieuses (fig. 164). Nous ne pouvons pas nous expliquer le b u t des trois mamelons inté­
rieurs qui s?élèvent au fond d'un vase (fig. 165).
L ' o r n e m e n t a t i o n est généralement incisée; les reliefs y sont très rares et des plus pri­
mitifs: des cordons d'appliques simples ou multiples, h o r i z o n t a u x , v e r t i c a u x ou obliques, à
impressions digitales ou incisées, quelques-uns en forme de fils t o r d u s (fig. 166 — 1 8 0 ) . Des
mamelons ou des petits grains sont disposés p a r groupes ou remplissent t o u t e la surface
du vase.
U n des ornements curieux rencontré à l'île Corbul est o b t e n u p a r l'estempage d ' u n e
n a t t e de jonc (fig. 181).
Les ornements incisés sont fréquents et variés : de courtes incisions à l'ongle ou à l'ébau-
choir, éparses, en rangées ou r e c o u v r a n t la surface du vase (fig. 182 — 1 8 7 ) ; des lignes
tracées au pointillé, isolées ou p a r groupes et des c h a m p s pointillés; des impressions en
formes d'olive et d'oeillet ; des lignes incisées continues, droites et courbes, combinées en

M V. Déchelette, Manuel, II, p. 1482/83. -) V. Dcchelette, Manuel, II p. 371.

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

diverses figures géométriques: des parallèles, des dents de loups, des chevrons, des m é a n d r e s ,
la grecque, des cannelures, etc. (fig. 188 — 201); des impressions a y a n t l'aspect de fils t o r d u s
disposés en chevrons (fig. 202 — 2 0 5 ) ; des rangées et des groupes de spirales imprimés avec
u n e matrice (fig. 206 — 2 0 7 ; des spirales conjuguées, des volutes, des cercles simples ou
concentriques, des demi-cercles isolés ou en séries, et d ' a u t r e s applications de la ligne
courbe combinée avec des chaînettes et des lignes droites (fig. 208 — 210). Quelquefois les
incisions sont remplies avec de la matière blanche.
Nous possédons un seul exemplaire peint avec une matière blanche (fig. 211).

Fig. 181 — 233.

A v a n t de passer à la description des idoles, nous mentionnons seulement quelques outils


et ornements en terre cuite trouvés à l'île Corbul: des plaques oblongues ornementées sur
t o u t e la surface, dont le b o u t , peut-être perforé, est perdu et qui ont pu avoir été employés
comme objets d ' o r n e m e n t 1 ) (fig. 212 — 2 1 5 ) ; des perles-olives en terre cuite (fig. 2 1 6 ) ;
des fusaïoles de différentes grandeurs (fig. 217 — 220), une seule avec deux groupes de lignes
incisées (fig. 2 1 6 ) ; l'une (fig. 221) a la forme d ' u n cône perforé, creux à la b a s e ; les plus
754
') V. Mortillct, Musée Préh. pi. LXVIII la pen- deloque, plaque en schiste ornée, trouvé en Portuga.

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19·
AL. BÀRGÂCILA

j»«-t i t es de ces fusaïoles doivent avoir servi comme grains de c o l l i e r s 1 ) ; le même usage ont
dû avoir les plaques, les rondelles et les fragments des vases ici reproduits (fig. 221 — 2 2 8 ) ;
d ' a u t r e s plus lourds (fig. 229 — 233) ont pu être employés comme poids de métier ou de
filet, de même que les autres poids coniques, p y r a m i d a u x , ou en forme de galets.
*

La vie matérielle avec ses produits industriels et artistiques est la première que nous
avons rencontrée à l'île Corbul, et nous regrettions de ne pas pouvoir connaître, p a r des
oeuvres plastiques, axissi sa vie spirituelle. Toutefois cette révélation n ' a pas beaucoup t a r d é .
Un très petit idole animal en t e t r e cuite, un boeuf, disparu de notre collection p e n d a n t la
grande guerre, fût le premier b u t i n de cette catégorie, qui encouragea nos espérances.
Depuis lors nous avons trouvé plusieurs exemplaires d'idoles a n i m a u x et h u m a i n s , que nous
reproduisons ici.
La figurine (fig. 234) paraît reproduire l'image d ' u n boeuf. La t ê t e de boeuf (fig. 235)
a dû faire partie du bord des deux vases de la même forme, mais différents en ce qui con­
cerne la p â t e et les détails d'exécution ; derrière le cou commence le bord et le creux du
v a s e ; la dépression entre les cornes continue comme une rigole qui débouche dans le v a s e ;
ce sont donc des anses 2 ).
Nous avons reproduit ici la pièce en t e r r a c o t t e à dos plat, cjui vue de face a l'aspect grossier
d ' u n e t ê t e de hibou, dont les y e u x résultent d'une perforation transversale (fig. 235).
La t ê t e à figure et a u x y e u x allongés, a dû faire partie d ' u n a u t r e objet, ce q u ' o n déduit
de la cassure visible au sommet de la t ê t e 3 ) (fig. 237).
Moins précise en ce qui concerne la forme est la figurine (fig. 238), à col allongé, avec une
t ê t e à peine ébauchée, comme celle de la figurine (fig. 239) qui représente une femme a u x
bras é t e n d u s .
Les six figurines qui suivent (fig. 240 — 240 b) sont des idoles féminines représentées
seulement p a r le b u s t e ; les têtes m a n q u e n t à l'exception de la figurine (fig. 244 a et b), dont
le visage est t r a i t é de la même manière sommaire que dans l'idole 239 ; les bras chez quelques-
uns sont perforés pour la suspension. Une b a n d e d ' o r n e m e n t s en x incisés embellit la b o r d u r e
inférieure de l'idole 243 ; chez les idoles 244 a et b , 245 a et b , l ' o r n e m e n t a t i o n incisée couvre
le buste j u s q u ' a u niveau des b r a s , et se prolonge en dessous des bras et dans le dos par une
rangée courte de signes ressemblant à des caractères a l p h a b é t i q u e s .
Nous ajoutons ici quelques fragments qui p e u v e n t avoir r a p p o r t au culte. Les pieds et
la main (fig. 249 — 251) p e u v e n t être des objets votifs 4 ). La pièce (fig. 252) est creuse et
imite la forme d'un pied. La pièce (fig. 253) est p e u t - ê t r e u n fragment de pied d ' i d o l e ; elle
est ronde et à o r n e m e n t a t i o n incisée. La pièce (fig. 254) ornementée de méandres p e u t être
aussi u n fragment de pied.
* *

Nous rencontrons les vestiges des mêmes civilisations non seulement dans les îles du
D a n u b e , mais aussi sur ses rives, comme nous le p r o u v e n t les objets de T u r n u - S e v e r i n 6 ) et

l 4
) V. Déchelette, Manuel, I pag. 570 — 576. ) V. René Dussaud, Les civilisations préhelléniques,
·) V. Déchelette, Manuel, II p. 478. pag. 397.
3 5
) V. les yeux prolongés reproduits d'après Schlie- ) Voir plus haut.
inann par Déchelette, Manuel, I p. 602.

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ANTIQUITÉS PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

des fragments de terre cuite recueillis dans les villages voisins des îles dont nous avons p a r l é :
Çimian, H i n o v a , Batoji, et plus loin encore, en plusieurs localités, éparses sur t o u t e l'étendue
du district de Mehedinji j u s q u ' a u pied des montagnes.

Mais j u s q u ' à présent nous n ' a v o n s de ces localités que des exemplaires isolés. Ainsi:
deux grands maillets à rainure en roc éruptif, à gorge profunde creusée sur le p o u r t o u r pour
fixer le m a n c h e , l'une t r o u v é e à Rocçoreni (fig. 255), l'autre à Cernaïa (fig. 256) ; un s o m m e t
de casse-tête (fig. 257), en roc éruptif, à perforation centrale et qui nous est v e n u de B u d â -
nesti (près de Bàsesti) ; u n sommet de casse-tête a ) en forme de hache-pic perforé au milieu, en
J
) V. Mortillet, Musée préhistorique pi. LVIII.

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AL. HARCÀCILÀ

roc éruptif microgranitique, trouvé à Broscari (fig. 258); une hache; à perforation perpendi­
culaire au fil du tranchant, toujours en roc éruptif microgranitiquc, trouvée à Isvoarele,
village sur la rive du Danube, un peu en aval de l'île Ostrovul-Mare (fig. 259).
Un autre village, Balta-Verde, situé à l'Est de la même île nous à fourni 1 ) le grand pot
en terre cuite de galbe irrégulier, en pâte noirâtre, avec deux anses de préhension petites mais
solides appliqués au milieu de la panse; au niveau supérieur des anses, le vase est renforcé
sur son pourtour par une sorte de bord évasé, dans lequel paraît s'enfoncer la partie supé­
rieure de la panse ; un col cylindrique rehausse le vase (fig. 260).
Le village de Vânjuletz, situé au sud-est de l'île Corbul, nous à fourni le très joli pot
(fig. 261) travaillé à la main, d'une technique avancée en ce qui concerne la régularité du galbe,

Fig. 260. Fig. 261.

la finesse de l'ornementation 2 ),mais d'une pâte non homogène, mélangée de tourbe et de terre
sabloneuse. Il était muni d'une seule anse. La panse presque sphèrique est surmontée d'un haut
col cylindrique élargi à sa partie supérieure. La transition entre la panse et le col est embellie
par une paire d'impressions digitales continues tracées sur le pourtour et une rangée d'al­
véoles peu profondes à la base même du col. La panse est complètement couverte d'une bande
d'ornements incisés, composée de volutes et de demi-cercles concentriques ; les volutes sont
réunies deux à deux à leur partie supérieure par un demi-cercle ouvert en haut, au dessus du
quel tombe alternativement une pointe de flèche et un sommet d'angle aigu. D'autres lignes
courbes sont tracées dans l'espace libre. Le col présente vers son milieu et au bord deux zones
parallèles d'ornements qui sont de simples rubans à incisions quadrillées, dont le premier
ménage une large ligne en zigzag; les mêmes incisions quadrillées remplissent les ornements
de la panse, hormis les deux groupes des demi-cercles. Toutes les incisions sont peu pro­
fondes. C'est un remarquable produit artistique de l'âge du bronze.
A la même place que ce vase on a trouvé une bobine grossière en poterie 3 ).

Le métal aussi n'est pas tout à fait absent des cultures préromaines du district de Mehc-
dintzi, qui possède dans la région montagneuse de la petite ville de Baia de Aramâ (c. à. d.

*) Don de M-me Marie Mihutzcscu. Cf. les urnes tion allemande en 1917; il nous a été donné après la
biconiques dans Déehelete, Manuel, II, p. 373 — 376. guerre par M-mc Marie T. Costescu.
2 3
) Le vase a été fort endommagé pendant l'occupa- ) Cf. Mortillet, Musée Préhistorique, PI. CIV 13ββ .

294

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ANTIQUITES PRÉ- ET PROTO-HISTORIQUES DES ENVIRONS DE TURNU-SEVERIN

«Mine de cuivre») de riches mines de cuivre exploitées depuis les t e m p s les plus a n c i e n s 1 ) .
Mais, nous avons j u s q u ' à présent seulement les objets isolés et le groupe qui s u i v e n t :
1. Deux hache en bronze à douille cylindrique,
à un seul anneau très mince (fig. 262 et 263) trou­
vées à H a l â n g a , à 5 klm au nord de T u r n u - S e v e r i n a ) .
2. Une espèce de pioche en bronze à deux t r a n ­
c h a n t s , l'un vertical, l'autre horizontal (fig. 264),
t r o u v é e à Hinova 3 ) .
3. Une hache en bronze à douille transversale
cylindrique très allongée (fig. 265 4 ) .
4. Le riche dépôt de Bâlvânesli (fig. 266 — 269),
trouvé accidcntcllcmcnl par des paysans en 1915,
dans u n grand vase de terre cuite qu'ils ont cassé el
d u q u e l il ne nous reste q u ' u n petit fragment. Ce
groupe que nous décrivons ici brièvement se com­
pose d ' o r n e m e n t s en bronze et de deux haches bipen­
nes en fer. Il y a premièrement deux ornements iden­ Fig. 266.
tiques, en doubles spirales, unies p a r un n œ u d en 8,
le t o u t formé par une seule tige repliée et dont les extrémités frappés en petites mamelles

Fig. 267. Fig. 268.

forment le centre des spirales. Ces ornements sont de grands dimensions, chaque paire de
volute a y a n t 21 cm de longcur et 10 cm de largeur. Ce ne sont pas des fibules 5 ), et ils ne
p o u v a i e n t s ' a t t a c h e r que p a r le n œ u d en 8 ; la section de la tige est un losange.
Suivent des colliers de différentes dimensions formés de tiges, cylindriques au milieu
sur les deux tiers de la longueur et gravés, dans cette partie, d'une incision continue, en

*) Une mine de fer, autrefoi exploitée, existe dan» Déchelette, Manuel II, fig. 297.
4
le district voisin de Gorjiu à Baia de fer (c. a. d. ) La localité d'origine nous est inconnue ; elle a figuré
„IJain de Fer"). à l'exposition de 1906 à Bucarest, dans la section de
2
) V. Déchelette, Manuel II, pag. 252 — 254. Mehedintzi. Cp. Déchelette, Manuel, II, p. 87 et Mor-
3
) Semblable aus exemplaires réproduits par Mor- tillet, Musée Préhist., pi. XCVIII 1313.
5
tillet, Musée Préhistorique, pi. XCIX 1333, et par ) Cf. Déchelette, Manuel, II pag. 524.

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AL. BÀRCÀCILi

spirale ; les extrémités de la tige, à section en losange, finissent par des replies en volute,
honni l'exemplaire le plus grand, qui finit, de chaque coté, par
un double bouton proéminent·
Du même groupe font partie des bracelets massifs de
bronze, ouvertes sur le coté, à section demi-cylindrique, sans
aucune ornementation· Ce sont de simples tiges courbées. Les
paysans qui les ont trouvés en ont cassé plusieurs pour voir
la calité du métal.
En bronze il y a encore une tige cylindrique, courbée aux
deux extrémités.
Le dépôt de Bàlivanesti contient deux haches bipennes en
Fig. 269. fer, à douille médiane parallèle aux deux fils des trancha ni s,
légèrement convexes. Elles sont plus courtes qu'en général les
lingots de bronze imitant les haches bipennes l) et gardent à la partie médiane presque la
même hauteur qu'aux fils des tranchants.
5. Enfin, le district de Mehedintzi nons à donné en fer: a) les trois épées longues à deux
tranchants (fig. 270,
, 3
" ) forme La Tène 2) ;
la premier longue de
0. m 995, large de 0.05
à pointe arrondie, a-
vec l'extrémité de la
soie frappée en bou­
ton, a été trouvé prés
du Castellum romain
de Turnu-Severin ; la
deuxième, longue de
Fig. 2 7 0 — 2 7 1 .
0.^975 large de O.m
055, avec la lame terminé en pointe aiguë, gardant la croisière campaniforme, provient
de l'île de Çimian ; enfin la plus petite longue de 0. m 85 large de 0.rn 042 qui porte sur
la soie dont l'extrémité est en bouton, deux anneaux et la croisière d'attache du pom­
meaux à la lame, a été trouvé à Gârla Mica, village près du Danube en aval du port
de Gruia.
h) La petite lance en fer (fig. 271), trouvé à l'île Corbul 3 ).

Ai.. BÀRCÀCILÂ
Professeur au lycée tTrajant de Turnu-Severin.

>) V. Mortillet, Musé Préh. pi. XCVII 128β . M. C. Larritziann, qui a déterminé la nature des
2
) Déchelette, Manuel II, pag. 922 — 1055. objets en pierre et M. M. Fontaine à qui je dois la cor­
3
) Je dois remmereier ici mes collègues, M. Po- rection du texte français.
pesco-Sura qui a fotographié tout les objets ci-dessus,

296
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R E C11E II C11 E S P R EIIIS T ( ) Il IQ U E S
PENDANT L'ANNÉE 1924
Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l'année 1924 en Transylvanie,
ainsi que dans les districts du NO j ' a i l'honneur de rapporter ce qui s u i t 1 ) .
Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l'Université de Cluj mit à notre
disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique
en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très
distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2 ) .
Comme résultats: 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse
gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpu§ul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna),
dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie­
doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Cràciunesti (Karâcsony-
falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Korôs-
loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district
Murcs-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdâsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-
seascà (Szaszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiïre, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-
cului (Torokvagas) près de la citadelle (CetâÇuia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr.
de Huniedoara), de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de
Someçul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna 4 ), et de la grotte près de Mereçti (Homorod-
almas, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune),
de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Cràciunesti près de la vallée

*) Conf. Dr. Martin lioska: Recherches sur le palêo· de la soc. des sciences, etc.
3
lilhique rn Transylvanie. Bulletin de la Société des ) Aux confins du territoire de la commune de Gye-
sciences de Cluj, tome I I , 2-ème partie, p. 1 8 3 — 1 9 2 , puszegdrka au mois d'août 1914, les paysans ont dé-
avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de m a m m o u t h . Avisé par e u x , j'ai
paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé-
gurcs des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de m a m m o u t h , un crâne de bison et u n de cervus
et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on
qu'à Cràciunesti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:
2
) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-
son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert
parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de m a m m o u t h , ainsi que
vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-
Les résultats des fouilles exécutées après son départ, v a u x après la guerre.
4
ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La ) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang
plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertelése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr
Le N o . 17 après la fig. 16 et le N o . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatàs, I I , 1914 p p . 1 3 6 — 1 3 7 .
figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin

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RECHERCHES PREH ISTORIQUES
PENDANT L'ANNÉE 1()24
Sur les recherches préhistoriques exécutées au cours de l'année 1924 en Transylvanie,
ainsi que dans les districts du NO j ' a i l'honneur de rapporter ce qui s u i t 1 ) .
Λ l'occasion de la visite de M. le professeur H. Breuil, l'Université de Cluj mit à notre
disposition un fond de 30.000 Ici, pour pouvoir suivre les traces de la culture paléolithique
en Transylvanie. Ces recherches ont été entreprises, en partie dans la société de notre très
distingué hôte, en partie par nous-mêmes 2 ).
Comme résultats: 1. On a constaté de nouveaux vestiges paléolithiques: sur la terrasse
gauche de la vallée du Càpus, près de la commune Câpusul-Mic (Kiskapus, district de Cojocna),
dans cinq grottes, situées entre les confins de la commune Federi (Fegyer, district de Hunie-
doara), dans trois grottes situées entre les confins de la commune Crâciunesti (Karâcsony-
falva, district Huniedoara) et dans Pestera-Boului (la grotte du boeuf) près de Lorâu (Kôriis-
loro, district de Bihor) ; 2. On a pu vérifier le matériel de Sângherita (Szentgericze, district
Mures-Turda) 3 ) , de Andrâshâzapuszta près de Nâdàsel (district de Cojocna), de Lona Sâ-
seasca (Szâszlona, distr. de Cojocna), de Turea (Tiire, distr. Cojocna), de Tâietura Tur-
cului (Torokvagas) près de la citadelle (Cetâ^uia) de Cluj (Fellegvâr), de Buitur (Bujtur, distr.
de Huniedoara), de Turniçor (Kistorony, distr. de Sibiu), de la grotte près de la commune de
Somesul-Rece (Hidegszamos, distr. de Cojocna 4 ) , et de la grotte près de Meresti (Homorod-
almâs, distr. Odorhciu) ; par les fouilles de Buzeul-Ardelean (Magyarbodza, distr. Trei-Scaune),
de la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza) et du hameau Crâciuneçti près de la vallée

') Conf. Dr. Martin Hoska: Recherches sur le paléo· de la soc. des sciences, etc.
3
lilhiquc en Transylvanie. Bulletin de la Société des ) Aux confins du territoire de la commune de Gye-
sciences de Cluj, tome II, 2-èmc partie, p. 183 — 1 9 2 , piiszegarka au mois d'août 1914, les paysans ont dé-
avril 1925 où j'ai déjà donné un court aperçu sur l'âge couvert des restes de m a m m o u t h . Avisé par e u x , j'ai
paléolithique en Transylvanie, avec les quelques fi- entrepris une petite fouille, dont j'ai récolté des dé-
pures des objets trouvés dans les grottes de Federi fenses de m a m m o u t h , un crâne de bison et u n de cervus
et dans les vallées de Cremenea et de Chichereu, ainsi euryceros. On a pu constater des traces de feu et l'on
qu'à Cràciuncsti. a trouvé un grattoir atypique, publié par Breuil:
2
) L'ensemble des trouvailles a été mis, jusqu'à «éclat de quartz laiteux discoïdal» fig. 2 N o . 6. Ar-
son départ, à la disposition de M. Breuil. L'oeuvre est rêté par la pénurie des travailleurs, j'ai recouvert
parue sous le nom: Stations paléolithiques en Transyl- de terre les deux défenses de m a m m o u t h , ainsi que
vanie, dans le Bulletin indiqué plus haut (No. 17). l'entière section fouillée, espérant continuer les tra-
Les résultats des fouilles exécutées après son départ, v a u x après la guerre.
4
ont été publiés en partie dans le même Bulletin. La ) Dr. Koch Antal: A hidegszamosi csontbarlang
plus grande partie fait l'objet du présent article. ismertetése. Orvos-Természettudomânyi Êrtesitô, Kolozsvâr
Le N o . 17 après la fig. 16 et le N o . 2 après la fig. 17, 1891. Barlangkutatds, I I , 1914 p p . 1 3 6 — 1 3 7 .
figure aussi dans mon rapport, publié dans le Bulletin

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Dr. MARTIN ROSKA

de Cremene, ainsi que dans la vallée de Chichereu, près du hameau Crâciuncçti, on a eu la

SW+100

Foyer.
v///////'. J arrea satoa
pata. Vaïra de foi
OÇ> Pierres
^ 0Pieb-e.
Fig. 1. Les grottes de Coasta Vacii, Fcderi (Fcgycr).

possibilité de confronter les belles collections du Musée de Brasov *), et d'enrichir l ' I n s t i t u t
l
) Teutsch Gyula: A magyarbodzai aurignacien. Bar- langkutalas, II, 1914, 136 — 137, pp. 51 — 61. La deno-

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

d'Archéologie de l'Université de Cluj ; 3. On a continué les fouilles de la grotte Igrit, près de


la commune Pestere (distr. de Bihor) et de Cioclovina (Csoklovina, distr. de Huniedoara) *) ;
4. Nous avons conduit et contrôlé les fouilles du Musée de Deva exécutées dans la grotte de
Bordul-Mare près de la commune Ohaba-Ponor (distr. de Huniedoara).
Il faut mentionner près de Câpusul-Mic (Kiskapus) un râcloir (limande !) de type acheuléen

Fig. 2. Nuclcï (1), grattoirs (2 — 5), et os égratigné (6) de la grotte I, de Coasta Vacii,
Federi (Fegyer).

apporté par les eaux et trouvé dans cet endroit par M. Breuil. Deux pierres en forme de coup
de poing qu'on ne peut considérer comme travaillées par l'homme, j u s q u ' à ce qu'on ait fait
sur cette terrasse des recherches systématiques.
A Federi (Fegyer) nous avons fouillé d'abord les trois grottes de Coasta-Vacii (fig. 1).
La grotte no. 1, située un peu plus bas est la plus grande. Sa situation stratigraphique:
de 0 — 0.3 m. une couche d'argile brune, mêlée à de l'humus.
Dans cette couche, sauf les concrétions calcaires, tombés d'en h a u t , on a trouvé aussi des
tessons énéolithiques et des tessons provenant de vases «slaves» du I X — X siècle, après J . C.
A la profondeur de 0.3 m. on a pu identifier les restes d'un âtre, près duquel se trou­
vaient, pêle-mêle, les débris des vases mentionnés plus h a u t .

initiation de Magyarbodza -■- Bu/.cul Ardelcan — a passé Cholnoky-Barlangban. Dolgozatok-Travaux, I I I , 1912,


un peu faussement dans l'usage, parce que la rivière pp. 201—249. La seconde en 1921. Idem: Sâpâturile
dont on s'occupe, Valea Cemenei, se trouve située près din pestera delà Cioclovina. Publicafiile Comisiunii
de Sita (Szitahod/.a). Monumentelor Islorice. Sectiunea pentru Transilvania, II,
' ) La première fouille a été exécutée en 1911. Dr. Cljj 1922.
M. Hoska: A diluvidlis ember nyomai a csoklovinai

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Dr. MARTIN K o s k \

De 0.3 — 0.9 couche d'argile brun-rougeâtre, remplie de pierres de différentes gran­


deurs. On y a t r o u v é : des tessons ('néolithiques, quelques lames en pierre calcaire cristallisée,
ainsi q u ' u n grattoir en silex, assez bien travaillé et un os égraligné (fig. 3).

Fig. 3. Coups de poing (Faustkeile) en pierre calcaire cristallisée, grotte II, Coasta Vacii.
Federi (Fegyer).

L'absence des types moustériens *), ainsi que les dimensions et la technique des lames,
concourrent à nous donner l'impression que cette grotte a été habitée vers le commencement
J
) Dans mon rapport du Bulletin de la Société des sciences, p. 184, le terme moustérien n'est pas à sa place.

300

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉK 1924

du diluvien supérieur. Λ la profondeur nommée plus haut — au centre de la grotte — on a décou­


vert un foyer (âtre) assez grand, autour duquel des fragments de vases énéolithiques étaient
épars.

Fig. 4. Coups de poing moustcriene en pierre calcaire cristallisée, grotte II. Coasla Vacii.
Federi (Fegyer).

Un peu plus bas, j u s q u ' à une profondeur de 1.80 m, on a ôté de grandes pierres, pro­
v e n a n t de l'âtre m ê m e ; des tessons énéolithiques y ont été trouvés en q u a n t i t é . On a trouvé
encore deux lames en silex et q u a t r e grattoirs atypiques en quartz, et des restes d''Ursus
spelaeus.

301

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Dr. MARTIN ROSKA

Les fouilles seront continuées en 1925 d ' a u t a n t plus, qu'en dehors du b u t d'éclaircir ce
problème, ce devoir nous est imposé p;ir la question de l'os égratigné.
Au-dessus de cette grotte il y a une autre, no. I I , fig. 1. L'aspect de son entrée, nous est
donné par la fig. 4.
La grotte est tout
à fait petite et pos­
sède une fenêtre.
Dans l'intérieur
nous avons trouvé
une couche de 20
cm. en argile rou-
geâtre, dans la­
quelle gisaient des
ustensiles et quel­
ques morceaux de
charbons.
Dans cette pe­
tite grotte, on a
découvert u n vrai
atelier moustérien,
représenté par tous
les objets caracté­
ristiques de cette
époque : nucleïs,
percuteurs et sur­
t o u t , des restes de
pièces fabriquées
se t r o u v a n t en
nombre considéra­
ble auprès des ob­
j e t s t o u t à fait
achevés. Le t o u t
en pierre calcaire
cristallisée (fig. 3,
4, 5, 6). Ce sont
des produits du
moustérien typi­
que.
A gauche il y a
une troisième grot­
Fig. 5. Racloirs moustériens en pierre calcaire cristalisée, Grotte II. t e (no. I I I , fig. 1).
Coasta Vacii, Federi (Fegyer). Elle se compose
de deux corridors,
dont le corridor latéral est situé plus h a u t . E n ce qui concerne les restes dont nous nous occu­
pons, le résultat est négatif. On constate ici de nouveau la même couche en argile rouge,

302

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1921

contcn i r t quelques racloirs de caractère moustérien (fig. 7), plusieurs restes d'objets fabriqués
et des traces éparscs de charbons. A la surface du sol on a trouvé des tessons provenant
de deux vases romains.
E n face de Coas-
t a Vacii vers ΓΟ de
Federi, est situé Pia-
tra Muntenilor, où se
trouve une petite grot­
te Gaura Cocosului (fig.
8).
P o u r pouvoir nous
rendre compte de sa
stratigraphie, nous a-
vons creusé u n fossé
long de 2 m et large
d'un m. Pour le mo­
ment on a approfondi
le fossé j u s q u ' à 60 cm,
la couche apparente é-
t a i t en argile b r u n -
j a u n â t r e et l'on a trou­
vé dedans, en dehors
de petites pierres cal­
caires, les restes d'un
dolium r o m a i n ; plus
bas encore, il y avait
deux éclats en silex, li­
ses, deux grattoirs aty­
piques brisés, en pierre
calcaire cristallisée et
quelques os, cassés aus­
si, a p p a r t e n a n t très pro­
bablement à 1 ' Ursus
spelaeus.
Ce sont des mar­
ques indubitables, qui
nous poussent à admet­
tre, que l'homme pa­ Fig. 6. Percuteurs (1 — 2) et grattoir moustérien (3) en pierre calcaire
léolithique a vécu dans cristallisée, grotte II. Coasta Vacii. Federi (Fegyer).
ces contrées, hypothèse
renforcée d'ailleurs par les restes de charbons.
Le caractère des instruments est le même que celui des ustensiles moustériens de la
grotte de Cioclovina.
Non loin de cette grotte il y a u n corridor (fig. 9) d'une longueur de 8.5 m. A son en­
trée on a pratiqué u n petit sondage dont le résultat a été assez satisfaisant.

303

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Dr. MARTIN ROSKA

A la surface une couche en argile brun-noirâtre et sableuse, épaisse de 20 cm, conte­


nait des tessons de vases énéolithiques, romains ] ) , voire même «lu Moyen-âge.
Au-dessous, il y a une autre couche de 20 cm, en argile brun-rougeâtre. remplie de pe­
tites pierres calcaires, restes de charbons, quelques dents et os iVUrsus spelaeus, brisés inten­
tionnellement et aussi quelques grattoirs cassés, en quartz, de caractère moustérien.
Nous espérons que les fouilles prochaines nous donneront un beau résultat. Vers ΓΕ de
Federi, au pied de la colline Fruntea-Mare, il y a encore une grotte dans laquelle on ne peut
pénétrer que par un couloir étroit. Elle était tellement remplie de pierres, qu'il fut impos­
sible d'y travailler.
A Crâciuneçti, vers le N. de Deva, on a fait des fouilles plus restreintes dans les grottes
§ura de jos, Balogu et Groapa-Lupului. Dans chacune on a trouvé des vestiges de la culture
paléolithique, la faune y é t a n t toujours représentée par VUrsus spelaeus.
La situation stratigraphique du sondage creusé à §ura de jos est la s u i v a n t e : en h a u t
une couche de 20 c m : guano, pierres calcaires de différentes dimensions, quelques restes de
charbons et des tessons énéoli­
thiques. De 0.2 m — 0.5 m, on a
travaillé dans une couche d'argile
fine, gris-jaunâtre, contenant des
pierres calcaires. Quelques lames
en pierres calcaires, dont on ne
s'est jamais servi et un grattoir
en jaspe rouge, trouvés à l'extré­
mité supérieure de la couche, ont
constitué t o u t e la récompense de
notre peine.
Au-dessous vers le milieu de
la couche, on a trouvé quelques
Fig. 7. Racloirs moustériens en pierre calcaire cristallisée, . .
OS d UrsUS
grotte I I I . Coasta Vacii. Federi (Fegyer). Φ"**™* a i n s l q u u n

grattoir en jaspe rouge très peu


façonné, rappelant cependant la technique aurignacienne.
De 0.5 m — 0.8 m la couche, quoique de la même argile, a une nuance un peu plus brune.
On y trouve également des traces de charbon à une profondeur de 0.08 m.
Dans la grotte nommée Balogu, le sondage nous a fait voir la situation stratigraphique
s u i v a n t e : en h a u t , une couche de 0 — 0.15 m, en h u m u s noir-brun renfermant des pierres
calcaires, des charbons et des tessons énéolithiques; de 0.15 m-—0.55 m (on s'est arrêté à
cette profondeur avec le sondage) on a constaté une couche d'argile sableuse, brun-rougeâtre,
remplie de charbons et d'os d ' t / r s u s spelaeus, brisés intentionnellement.
A Groapa-Lupului, on a constaté d'abord une couche épaisse de 5 — 1 0 cm, en h u m u s
argileux, remplie de concrétions calcaires et de tessons modernes, dus a u x bergers de la
montagne, qui en t e m p s de pluie, trouvent ici un abri pour leurs t r o u p e a u x ; au-dessous,

x
) Il faut relever le fait que les fragments céramiques qui surveillaient les mouvements des Romains, ou les
romains sont assez fréquents dans ces grottes. Le même sentinelles romaines qui devaient observer les pré-
cas a été observé à Ohaba-Ponor. A notre avis dans paratifs des Daces.
ces grottes ont dû séjourner les sentinelles daces

304

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

une couche d'argile vierge, brun-jaunâtre, avec des pierres calcaires, des charbons et des os
d ' t / r s u s spelaeus en grande partie brisés intentionnellement 1 ).
Ce sondage a été poursuivi j u s q u ' à une profondeur de 60 cm.
A la grotte de Pestera-Boului, vis-à-vis de Bratca, M. Breuil a découvert des traces pa­
léolithiques, représentées par quelques éclats 2) atypiques et des restes d'Ursus spelaeus. A
la surface du sol on a trouvé des tessons énéolithiques.
On a fouillé en même temps la grotte nommée Piatra-Corbului, située sur le territoire

Fig. 8. Le plan (A), la section longitudinale (B), de la grotte uGaura Coco§ulub> de


Pialra Muntenilor. Federi (Fegyer).

de la commune Banlaca (distr. de Bihor), ainsi que deux abris sous roche, avoisinant cette
caverne. Mais malheureusement, nos fouilles à cet endroit n ' o n t pas abouti à u n résultat
positif.
A Buzeul Ardelean, c'est-à-dire dans la vallée de Cremenea près de Sita (Szitabodza),
nous avons vérifié d'abord la stratigraphie dans laquelle se trouvait le matériel de M. Teutsch
2
*) Le musée de Deva, possède une assez belle col- ) Dans l'oeuvre de M. Breuil, fig. 11 no. 5, on a
lection céramique, éneolithique, provenant de la grotte publié une lame ovoïdale.
de Balogu.

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20 Dacia I 1924.
Dr. MARTIN KOSkA

de Braçov, puis sur une terrasse inférieure du ruisseau Valea Cremenei, nous avons creusé un
fossé dans le jardin de Dinu Iiuzea.
La situation stratigraphique se présente de la manière suivante: en haut, une couche
d'argile plastique, un peu sableuse, dans laquelle on a trouvé des restes épars de charbons
et aussi des ustensiles, nucleïs en silex, de même qu'en grès opalisé. On constate le nu un-
aspect plus bas également de 0.3 — 0.6 m l'argile é t a n t t o u t de même un peu plus sableuse.
Plus bas encore, l'argile, de nouveau sableuse, contient des pierres en grès, la couche étant
d'ailleurs tout à fait stérile.
Le même profil stratigraphique a été reconnu 5 m plus h a u t , au niveau des fouilles
de Teutsch. Des nucleïs, des restes de produits fabriqués et des instruments travaillés à demi
et plus rarement complètement achevés, s'y t r o u v e n t en abondance. La technique tient de
l'aurignacien moyen (fig. 10, 11, 12). E n p a r t a n t de Dealul-Negru, en a m o n t de la
Vallée de Crcmenea, au pied
de la colline de Gûlma, nous
nous trouvons sur une terrasse
diluviale, qui est devenue le
noyau de l'actuel petit h a m e a u :
Crâeiunefti.
On y trouve p a r t o u t des
morceaux de silex, voire même
des éclats qu'on a détachés,
ainsi que des ustensiles, sur­
t o u t des grattoirs de caractère
aurignacien moyen (fig. 13).
L'aspect serait analogue
si, après avoir suivi notre tra­
Fig. 9. Le plan (A) la section longitudinale (B) et la section j e t , on descendait par la pente
verticale (C) des fouilles à l'entrée du corridor de
de la terrasse, en aboutissant à
Piatra Muntenilor. Federi (Fegycr).
la vallée de Chichereu (fig. 14),
où l'on peut recueillir des objets assez abondants, en glanant seulement à la surface du sol.
E n g r a t t a n t quelque peu la pente de la terrasse, on pourrait constater, qu'elle contient
une q u a n t i t é i m p o r t a n t e de matériel b r u t (silex, jaspe, quartz) nucleïs et éclats, etc.
C'est ici que Teutsch a trouvé sa pointe de lance, a p p a r t e n a n t à la période solu­
tréenne *). Nous aussi, nous y avons trouvé deux morceaux de silex, témoignant, q u a n t à
l'exécution, de la technique solutréenne.
D'après la richesse en jaspe, grès opalisé, q u a r t z , etc. se t r o u v a n t in situ ici à Dealld
Negru et a u x alentours, nous sommes enclins à croire, que les chasseurs aurignaciens et so­
lutréens s'y sont établis et ont fait u n commerce prospère de leurs produits avec les régions
avoisinantes, t a n t en deçà q u ' a u delà des Carpathes.
Vers le S-0 se t r o u v e la colline de Cremenea et un a u t r e ruisseau p o r t a n t le nom de la
vallée de Cremenea (tout près de la rivière Buzeul-Mic, Kisbodza).
Après ce que nous avons dit plus h a u t , il n'est plus nécessaire d'insister d ' a v a n t a g e , sur
l'importance des terrains, concernant le paléolithique en Transylvanie. Nous sommes convaincus

') Publiée par M. Breuil, /. r., fig. 3.

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

que les prochaines fouilles exécutées ici, renforceront nos conclusions sur la culture paléoli­
thique supérieure, sur l'extension et la direction de celle-ci.

Eig. 10. Nucleïs ( 1 — 2 ) et grattoirs en silex de l'aurignacien moyen (3 — 8). Valea Cremenei
près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.

Il faut remarquer que M. Teutsch, en 1911, n'a pas trouvé d'ossements humains. Nous
n'avons pas découvert non plus de restes faunistiques ou des ustensiles en os.

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20*
Dr. MARTIN ROSKA

L ' a b o n d a n t e collection recueillie par M. Tcutsch J ) , ainsi que par nous, composée de nu*
cleïs, de beaucoup d'éclats et de rebuts de fabrication, nous prouve assez clairement que nous
nous trouvons en
présence de vrais a-
teliers. C'est ce qui
explique sans d o u t e
aussi le fait, que
beaucoup d ' usten­
siles ne sont exé­
cutés qu'à demi. Il
faut rappeler égale­
m e n t la grande éten­
due sur laquelle les
objets se trouvaient
éparpillés.
A la grotte Igriç
près de la commune
Peçterc (distr. Bihor)
nous avons commen­
cé nos fouilles en
1913.
Notre b u t était de
pouvoir y constater
les restes de la vie
h u m a i n e et de re­
connaître par quels
a n i m a u x était re­
présentée sa faune.
On a découvert à
cette occasion u n e
q u a n t i t é assez im­
portante d ' ob j ets
d a t a n t de l'époque
moustéricnne, repré­
sentée par des é-
clats en a m a n d e de
quartz laiteux 2 ), pu­
is par des restes au-
Fig. 11, Burins (1 —13), racloir (14) et lames micro-lithes en silex, de l'aurignacien rignacicns inférieurs
moyen (15 — 1 7 ) . Valea Cremenei près de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.
entre autres une
pointe de lance (en os) — fragment de sagaie.
Dans les mêmes circonstances, on a eu également la possibilité de constater, que l'homme
aurignacien et moustérien de cette grotte, faute de pierre (la matière propice) s'est servi
l
) Publiée en partie par Breuil, l. c , fig. 4 — 1 0 . -) Ibidem, fig. 11, no. 1, 2, 3, 4.

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNEE 1924

pour ses besoins des ustensiles atypiques en os, dont la technique rappelle celle du
silex 1 ).

Fig. 12. Lame», grattoirs en gréa opalisé de l'aurignacien moyen. Valea Cremenei près
de Sita (Szitabodza), jardin de Dinu Buzea.

La faune était représentée par des restes à'Ursus spelaeus, Hyaena spelaea, Felis leo spe-
laea, Canis lupus spelaeus, ainsi que par quelques dents d'Equus caballus.
l
) Ibidem, fig. 12 no. 1 — 5.

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Dr. MARTIN ROSKA

Les fouilles exécutées en présence de M. Breuil ont confirmé les déterminations conçues
dès l'année 1913.
A la caverne de Cioclovina les deux mémos périodes paléolithiques sont représen­
tées t a n t par les ré­
sultats des fouilles e-
xécutées en 1911 que
par ceux de 1921.
Il y a toutefois une
différence entre ces
deux cavernes: à la
caverne de Cioclovina
les restes de la culture
aurignacienne, ont é-
té trouvés in situ, t a n ­
dis que les moustéri-
ens, caractéristiques
pour l ' a u t r e (Igrij),
ont été transportés ici
par le courant (de la
rivière). La faune y est
représentée seulement
par VUrsus spelaeus.
Les égratignures mu­
rales, considérées com­
me le résultat de l'ac­
tivité humaine sont,
d'après M. Breuil, ducs
à des reptiles.
P e n d a n t cet été-ci,
pour la deuxième fois
nous avons pris p a r t
à la direction et au
contrôle des fouilles
exécutées à la grotte
de Bordul-Mare, près
delà commune Ohaba-
Ponor (distr. Hunie-
doara).
Fig. 13. Nucleï (1), nucleï ayant servi comme percviteur (2), grattoirs (3, 4, 7, 8,)
Ici, derechef nous
et burins (5, 6) en silex de l'aurignacien moyen. Cràciuneçti près de V. Cremenci.
nous sommes trouvés
en présence de restes de l'époque moustérienne typique et de l'aurignacienne inférieure.
La richesse du matériel moustérien nous fait supposer également ici l'existence d'un atelier
pour la fabrication des ustensiles.
P o u r le m o m e n t on n'a fouillé que la partie extérieure de la g r o t t e ; le matériel récolté
revient de droit au musée de Deva.

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RECHERCHES PRÉHISTORIQUES PENDANT L'ANNÉE 1924

Les résultats feront bientôt l'objet d'une monographie spéciale.


D'après les fouil­
les exécutées j u s q u ' à
présent nous sommes
autorisés à conclure,
qu'en Transylvanie
la culture moustéri-
enne se trouve repré­
sentée dans les grot­
tes de Cioclovina, Fe-
deri, Ohaba - Ponor,
Igrit, puis par le
râcloir de Turnisor,
à Tâietura Turcului
près de la citadelle de
Cluj ; les lames d'An-
drâshàzapuszta près
de Nàd&çel ont en
partie un caractère
moustérien. La cul­
ture aurignacienne
inférieure est. repré­
sentée par les grot­
tes de Cioclovina, 0 -
haba-l'onor, Cràciu-
nesti, Igriç et la la­
me de Lona Sàseas-
câ. L a culture auri­
gnacienne moyenne
( Valca Cremcnci, Crâ-
çiuneçti, Valea Chi-
chereului), est repré­
sentée aussi par quel­
ques grattoirs de la
grotte de Cioclovina,
qui avec leurs retou­
ches obliques, res­
semblent assez sen­
siblement aux pro­
duits de l'époque au­
Fig. 14. Nucleï (1), grattoirs (2 — 6, 10, voir surtout le no. 4 de technique
rignacienne moyen­ solutréenne) et burins (7, 8, 9) en silex. Valea Chichereului près
n e ; la culture solu­ de Crâciuneçti.
tréenne se trouve
représentée dans la vallée du Chichereu. Enfin la culture magdalénienne est révélée pro-
bablement — par les résultats des fouilles de la grotte de Somesul-Rece.

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Dr. MARTIN ROSKA

Les prochaines fouilles qui seront exécutées dans la première grotte 1 ) de Coasta Vacii à Fe-
deri. les recherches de vérification qui seront entreprises ensuite dans la grotte de Mereçti
sur la terrasse entre Cerna et Streiu à Buitur, à Turea, élucideront le problème de l'ori­
gine des produits trouvés ici, ainsi que les circonstances naturelles dans lesquelles s'est passé
la vie de ceux qui les ont fabriqués.
Le grattoir trouvé par M. Breuil près de Câpusul-Mic, est considéré comme une «li­
m a n d e acheulécnne».
Ces fouilles ont nécessité une dépense de 32.322 Ici, dont 30.000 ont été fournis par l'Uni­
versité de Cluj, le reste, 2.322 Ici é t a n t supporté par la Commission des Monuments histo­
riques, la section de Transylvanie.
La richesse et la valeur des objets trouvés de l'époque paléolithique nous impose deux
devoirs: l'un, de caractère local, l'autre de caractère général.
E n ce qui concerne le premier, il faut observer qu'il ne suffit pas de se contenter de con­
tinuer les t r a v a u x déjà commencés et de vérifier par la comparaison les produits épars, mais
il faut préconiser l'élargissement des cadres de nos recherches, par la découverte et l'ex­
ploration des autres grottes, qui ont pu très bien être habitées, ainsi que par la fouille
des terrasses de nos rivières: Buitur, Lona-Sâseascâ, Andrâshâzapusta près de Nâdàçel;
les racloirs t r o u v é s p a r nous près de Turnisor, dans le gravier de la rivière Cibin,
etc., nous décelant assez clairement la richesse qui doit être cachée à l'intérieur de ces
terrasses.
Une a u t r e condition essentielle à l'appui de notre thèse serait que les fouilles puissent
prendre dans les autres coins du pays, le même essor que dans «l'ancien royaume».
A Vitânesti de m ê m e q u ' à Colacu, M. Breuil a découvert des traces de culture pa­
léolithique. Ceci nous fait espérer que par l'extension des fouilles mentionnées plus h a u t ,
nous serons bientôt en mesure d'établir les relations avec la région de la Bulgarie 2 ) au S,
ainsi qu'avec les régions du N - E et E , avec la Russie méridionale; les fouilles magdalé­
niennes de la rue Kyril de Kiew et de la presqu'île de K r i m 3 ) , nous invitent à fixer le con­
t a c t de civilisation de notre contrée avec cet immense territoire, p e n d a n t l'époque du paléo­
lithique supérieur.
Cela pourrait très bien constituer, ce que nous avons considéré plus h a u t être u n b u t de
caractère général. La position géographique de notre territoire, situé j u s t e au milieu du con­
tinent et sa grande richesse en produits naturels, explique le grand a p p â t , que de tout t e m p s
notre contrée a dû constituer pour les peuples environnants et surtout l'attraction qu'elle a
dû exercer sur les nombreuses bandes nomades de l'époque préhistorique; ces faits sont
des garanties assez solides en faveur de nos hypothèses. La richesse de la culture aurigna-
cienne, les restes a b o n d a n t s de la culture solutréenne de la vallée de Chichcreu, en disent
assez sur la raison d'être de nos deux devoirs.
On ne saurait douter à présent que l'hiatus cultural imaginé entre l'époque pléistocène
et celle holocène n'a été q u ' u n e pure fiction.
Le mésolithique d'Italie, du S-O, de ΓΟ et du N - 0 de l'Europe, ne forme q u ' u n e époque
de transition. La Russie méridionale n ' a y a n t pas été couverte par les glaciers, la vie s'y est

') Ibidem, Breuil, op. cit., fig. 13, no. 6. III, 1912, p. 290.
2 3
) Les fouilles de la petite grotte près de Tirnovo, Bul- ) M. Hocrnes: Der diluviale Mensch in Europa,
letin de la Société Arch. Bulgare, II, 1911, pp. 255— 256, Braunschweig 1903, p. 182 — 183. G. et A. dcMortillet:
puis de la grotte de Moravitsa près de Glojéné, ibidem La préhistoire, Paris 1910, p. 657.

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continuée et par conséquent la culture du paléolithique également. Ce qui fait encore dé­
faut ce sont les fouilles, celles de Kiew, de la presqu'île de Krîm, ainsi que celles de la
Pologne actuelle ] ) nous ouvrant des perspectives assez favorables.
Si l'on se souvient que la Sibérie a eu aussi son époque paléolithique 2 ) , qu'on en a
trouvé des traces en Syrie et en Palestine et que M. I . Bayer a constaté qu'en Palestine la
culture campignienne (c'est-à-dire mésolithique) continue la culture paléolithique 3 ), on peut
très aisément se rendre compte de la belle perspective qui se déroule devant nous, qui fait
que la moindre fouille exécutée sur nos territoires, rehausse sa valeur locale d'une importance
générale.
II. Déjà depuis le mois de mai, nous avions commencé, sur le compte du Musée d'O-
radea-Mare (Nagyvârad) les t r a v a u x pour la découverte de la station énéolithique de la com­
m u n e lîili.ii ia (Bihar distr. de Bihor), qui pendant les I V e , X I e , X I I e , X I I I e siècles ap. J.-
Chr. avait servi de cimetière. On a mis au jour 372 tombeaux, ne concernant pas nos préoccu­
pations présentes. La station énéolithique qui nous intéresse paraît en partie détruite par
les inhumations postérieures.
Nous avons réussi à fixer la forme de quatre habitations, dont deux oblongues et en­
foncées un peu dans l'argile, et deux rondes, enfoncées de même dans l'argile de la terrasse
où se sont établis les habitants de cette station. L'une ronde, de la forme des corbeilles,
servant à a t t r a p e r les essaims d'abeilles, devient un peu plus large vers son milieu, une a u t r e
aussi ronde de forme, mais sans s'élargir vers son milieu, possède en bas un bord de 35 cm,
qui rétrécit sa base. Sur le «plancher» de deux habitations, on a trouvé des restes de feu.
Les objets trouvés se composaient de tessons énéolithiques, pierres à broyer les grains,
poids de filets de pêche, perles en argile, grattoirs en obsidienne, morceaux en tôle de cuivre
rouge, autres restes de la même matière et une pointe de poignard triangulaire, en cuivre rouge
aussi. Tous ces objets ont été trouvés soit entre les tombes, ce qui signifie qu'on ne les a pas
trouvés «in situ», soit dans les habitations près et sur les âtres à feu, dont l'un est m u n i d'une
grille en argile.
Une monographie spéciale suivra, la campagne des fouilles une fois close.
2. C'est aussi pour le musée d'Oradea-Mare, qu'on a exécuté la petite fouille de Valea
lui Mihai (Ermihàlyfalva, distr. de Bihor) non loin de la gare, sur la terrasse droite de la
rivière d ' E r , dans le j a r d i n de Iosif Rathonyi, découvrant ici les vestiges d'une station néo-
lithique-énéolithique.
Les constructions de cette station consistent en trois habitations, dont deux oblon­
gues et la troisième de la même forme. Se collant à celle-ci, il y a encore une a u t r e pièce
plus étroite, qui dépasse à droite et à gauche les parois de l'habitation de 50 cm, formant
ainsi une nouvelle variante entre les types d'habitation déjà connus pour cette époque.
Tous les âtres à feu, sans exception, ont été trouvés à l'intérieur des habitations. L ' u n e
des habitations communiquait avec une pièce souterraine, qui possédait u n rebord comme
celle de Biharia.
Les objets trouvés se composent de deux cruches cassées, de tessons de vase de la
fin du néolithique, plus exactement du commencement de l'époque déjà énéolithique,
l 2
) Conf. Hoernes, op. cit., p. 172. L. Kozlowsky: ) G. et A. de Mortillet, op. cit., pp. 593 — 594.
3
Starsza epoka Kamiena w Polsce (Poznanskie Towar- ) J. Bayer: Alter und Wesen der Askalonkultur.
zystwo Przyjaciol Nauk, prace komiciji archeologiezney) Mannus, XV, 1923, pp. 187 — 206; H. Schmidt: Vor-
Posen 1922. geschichte Europas, I, Leipzig 1924, p. 39.

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Dr. MARTIN ROSKA

des grattoirs cl éclats en silex, obsidienne, d'une boule en obsidienne el de deux perle- en
argile.
On a découvert aussi des ossements humains carbonisés, provenant sans doute des tom­
beaux mentionnés plus h a u t .
Il y a assez longtemps, il devait se trouver ici des tombeaux contemporains de celte sta­
tion. On y inhumait assez fréquemment les morts sans les briller, le corps dans la position
accroupie.
On a découvert encore des tombeaux à squelettes carbonisés et des restes de cuivre ronge.
Il est assez sûr qu'on pourrait trouver également des restes d'autres stations, ainsi
q u e des t o m b e a u x , en fouillant les jardins avoisinants.
Une description spéciale de nos fouilles ne tardera pas à paraître.
3. Sur une des îles de la rivière d'Er, on a pu fixer aussi à cette occasion, une très
i m p o r t a n t e station nommée la «citadelle de terre» (Foldvar) située près de la commune
Otomani ( O t t o m â n y , distr. de Bihor).
Un petit burin poli, de la forme d'un embauchoir et quelques tessons trouvés dans les
sillons de la terre labourée, nous autorisent à supposer q u ' u n e vie vraiment civilisée a dû y
commencer vers la fin de l'époque néolithique, durant toute l'époque énéolithique et j u s q u ' à
la première phase de l'époque du bronze.
Vers le S de cette station sur le dernier degré du massif des monts transylvains, au-dessus
de la commune Otomani, il y a un magnifique promontoire, nommé par les paysans d'alen­
t o u r : la colline de la citadelle — Dealul Cetâjii (Vârhegy).
E n visitant ses pentes abruptes, vers la rivière d ' E r on peut immédiatement se rendre
compte qu'elles lui assurait une belle défense naturelle, tandis que vers le S et l'E on a dû
excaver u n fossé, pour pouvoir se préserver de ce côté contre les surprises désagréables. U n
petit sondage creusé sur le pourtour de cette forteresse nous a convaincus, que nous sommes
en présence d'une station de l'époque énéolithique, qui a été, «in floribus» aussi p e n d a n t la
première phase de J"époque du bronze.
Les intellectuels de Valea lui Mihai qui ont subventionné le musée d'Oradea-Mare à l'occa­
sion des fouilles de Biharia et Valea lui Mihai, ont amassé aussi u n fond nécessaire à une nou­
velle fouille, un peu plus restreinte, indispensable pour éclaircir aussi la question de ces deux
s t a t i o n s ; mais, é t a n t retenus ailleurs, nous avons du ajourner cette tâche à u n an.
E n ce qui concerne le r a p p o r t entre la station du promontoire et celle de l'île de l'Er,
nous sommes d'avis qu'il faudrait supposer ici deux stations jumelles, dont celle du promon­
toire de l'Er pourrait être considérée comme le lieu de refuge.
5. Chargés par l'inspectorat général des musées, déjà depuis 1910 et invités aussi par
la Société Kolcsey d'Arad, nous avons commencé le déblaiement de la station de $antul-Mare
(Nagysancz) entre les communes de Pecica (Pécska) et Semlac (Szemlak, distr. d'Arad) ' ) .
Pour le Palais cultural d'Arad, on a continué cette année aussi les fouilles de cette ex­
cellente station, grâce aux fonds de la commune (ville) et du district et à la somme de 5.000 lei
de la société Kolcsey, qui se fait encore aujourd'hui u n devoir d'aider les fouilles entreprises
par l'organisation du district.
Cette année nous avons travaillé sur le côté N - E de la station, recommençant néan­
moins le travail aussi sur le côté S-E, où les t r a v a u x étaient délaissés depuis 1911.

*) M. Roska: Àsntds a pécska-szrmlaki hatdrban levô sultuts des fouilles de 1910).


Nagysdnczon. Uolgozatok-Travaux, III, 1912. (Les ré-

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Les résultats concernant les constructions: les emplacements des habitations, les âtres
à feu, sont tous notés sur la carte, qui s'amplifie chaque a n n é e ; q u a n t aux objets, on
constate une richesse inaccoutumée en grattoirs, éclats en silex et en obsidienne, vrilles,
scies, etc.
E n dehors des ustensiles et des ornements en cuivre rouge, la céramique découverte dans
la couche inférieure, considérée au double point de vue technico-typologique, et esthétique,
nous indique clairement que nous nous trouvons ici à la fin de l'époque néolithique; il y
aurait même peut-être lieu d'étendre notre date, jusqu'à l'époque du bronze, dont on a re­
connu les vestiges caractéristiques. La vie s'y est continuée sans relâche, les Celtes mêmes
ont séjourné quelque temps sur ce promontoire et les restes des objets trouvés à la sur­
face du sol, nous enseignent, que les Goths aussi ont passé par là.
La collection préhistorique, possédée par le «Palatul Cultural» est assez riche en restes
concernant cette civilisation locale; en partie cette collection sera vérifiée par les fouilles,
qui s'exécuteront chaque année, et c'est ainsi que nos recherches sont à double fin.
ÇanÇul-Mare, situé sur la rive droite du Mures, séparé du rivage par u n fossé large et
profond, se trouve être, sans contredit, un vrai promontoire. Les bords de la rivière en amont
comme en aval, sont pleins des vestiges de t a n t de stations contemporaines, q u ' o n ne peut se
tromper, en y affirmant l'existence d'un double établissement: la rive droite du Mures, qui
est plus h a n t e à ce point que celle de gauche, a été vraiment le territoire, où ont passé
leur vie les chasseurs, les pêcheurs, les agriculteurs et les viticulteurs de ces contrées, tandis
que Çan^ul-Mare constituait leur refuge en cas de danger.
Presque t o u t e la collection préhistorique du «Palatul cultural» provient des fouilles de
Sanjul-Mare. Les fonds de cet institut, é t a n t limités, on ne peut malheureusement continuer
les t r a v a u x exigés par l'importance de la station.
Près de Çanjul-Mare, on parle des traces de fossés romains. C'est une raison de plus pour
q u ' u n travail intense commence aussi dans ces régions.
Depuis 1909 nous fouillons à Periamos (Perjâmos, distr. Torontal) pour le compte du musée
Uânâtean de Timiçoara, en y découvrant une station close du côté O de la commune au lieu
nommé Schanzhiigel ] ) et une autre station, ouverte vers Γ Ε de la commune, sur la Zenescheuer.
Les deux stations commencent leur existence à l'époque énéolithique, leur vie d u r a n t
au-delà de l'époque du bronze.
On a découvert aussi dans les deux stations des vestiges gothiques, et vers l'E de la com­
mune on a constaté même un cimetière gothique, détérioré partiellement par les nouvelles
stations d u : X , X I , X V I I et X V I I I siècle.
Sur le Schanzhugel on a découvert aussi des bâtiments du X I V et X V siècle.
Cette année nous avons travaillé à la Zenescheuer.
Une monographie spéciale paraîtra, concernant t a n t la station ouverte, que celle d o n n a n t
sur le Schanzhiigel, qui vers l'E et le N se trouve flanquée d'un fossé et, vers le S était
défendue par le Mures, qui n'avait pas encore élargi son lit.

') M. Ro«ka: Àsatas a perjdmosi Sdnczhalmon. Les fouilles archéologiques de Periamos (Banatj. Gemina
Foldrujzi kiizlemények, X X X I X , 1911, également en Timisoara, I, 1923, où ont été publiés, en partie, les
français el séparément. (Les résultats de 1909). Idem résultats des fouilles de 1913 et de 1921. Le tout con­
Àsatds a perjdmosi Sdnczhalmon, Mûzeumi es Kônyv- cernant le Scbanzbugel. Idem: Sur Γ importance des fouilles
tdri Êrtesito 1913 et 1914 où l'on a publié les résul­ préhistoriques en Banat. Archivele Olteniei, I I , 1923,
tats des fouilles exéeutées de 1910—1912. I d e m : p p . 466 — 469.

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Dr. MARTIN ROSKA

Aujourd'hui au pied de la station coule le canal d'Aranca.


Il faut observer que cette station aussi, a été doublée, la partie fermée par le fossé men­
tionné plus h a u t et protégée par le Mures, a été le vrai refuge, tandis que la majorité de
la population a dû vivre sa vie économique, en dehors d'elle.
Une comparaison entre «Çanjul cel Mare» et la station de Periamos, nous donnerait des
dates assez fixes.
Le rivage droit du Mures, se t r o u v a n t plus h a u t à ces endroits que le gauche, ce n'est
donc que sur le premier, que l'homme s'est établi volontiers. Les premiers colons se seraient
placés sur la terrasse inférieure du Mures. Les eaux du Mures croissant, il a fallu qu'ils se re­
tirassent plus h a u t , laissant ici les marques de leur passage, témoignant de leur civilisation.
La p l u p a r t des ustensiles sont en silex, en obsidienne, plus nombreux que ceux en os. La
technique de ces instruments est à certains égards celle du néolithique pur.
On a trouvé ensemble des aiguilles, des alênes, des hameçons etc., le t o u t en cuivre rouge,
ensuite u n bracelet de la même matière. On a trouvé aussi deux tessons «peints» (badigeon­
nés). La technique de la pâte est assez fine, mais celle de la «peinture» laisse à désirer. 11
semble que le vase n'a pas été cuit de nouveau, après l'application de la peinture. Sur cette
couche dont nous nous occupons, s'est ajouté avec le temps, celle de la vase stérile, laquelle
par endroit atteint 1 m. Sur cette nouvelle couche se sont de nouveau établis à l'époque
cnéolithique des colons. Leur existence dura j u s q u ' à l'époque du bronze. La vie continue
dans le même t e m p s dans différentes s t a t i o n s : à la seconde couche de Çanjul-Mare, sur la
colline à ΓΟ de Periamos, sur la rive gauche du Mures, vers Γ Ε de Periamos j u s q u ' a u com­
mencement de l'époque du bronze. A Periamos, la vie cessa plus tôt, q u ' à Çanful-Mare.
Certains aspects de civilisation nous conduisent vers le S-E j u s q u ' à Troie, et vers le
N-O, j u s q u ' a u x environs de Breslau.
Voilà l'importance géographique de ces stations, q u ' a u g m e n t e n t les rapports avec l'E
et l'Italie.
Une comparaison entre l'énéolithique des grottes de Trausylvanie dont nous nous sommes
occupés dans la première partie de notre rapport et les produits énéolithiques des bords des
rivières, dépasserait par ses proportions les cadres imposés à ce court compte-rendu.
On peut tout de même ajouter, qu'il y a très peu d'objets ressemblants et que par con­
séquent on peut affirmer l'existence de deux aspects de civilisation différents.

Cluj. Dr. MARTIN R o s k \

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OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS
DES «TIIIASITES» DE CALLATIS1)
Dans le premier r a p p o r t préliminaire concernant les fouilles archéologiques faites dans
l'ancienne ville de Callatis p e n d a n t l'été de 1924, r a p p o r t paru dans la revue <s.Dacia}
recherches et découvertes archéologiques en Roumanie» I, 1924, p . 108 suiv. nous avons publié
dans la partie épigraphique deux décrets inédits des thiasites de Callatis en insistant sur
leur i m p o r t a n c e . Ces inscriptions, copiées presque en même t e m p s p a r M. Tafrali à
Mangalia, et achetées ensuite par le Musée d'Iassy qui se t r o u v e sous sa direction, ont
fait l'objet de deux communications parues à court intervalle dans la Revue Archéo-
logique: O. Tafrali, t o m e X X I , 1924; p . 258 — 271, et B . Haussoullier, t o m e X X I I , 1925,
p . 62 — 65.
M. Tafrali a y a n t eu l'occasion d'étudier les deux inscriptions à Mangalia aussi bien q u ' a u
Musée d'Iassy, a pu faire dans des conditions assez bonnes une communication quelque peu
h â t i v e . M. Haussoullier n ' a eu entre les mains que deux photographies envoyées par M.
Tafrali, mais sa communication est u n modèle de précision scientifique. Nous v e n a n t d'un
épigraphiste de sa valeur et de son renom elle nous est d ' a u t a n t plus précieuse au rétablis-
sement du t e x t e . Mais, même après cette communication, certains points restent encore à
élucider, car ces inscriptions p e u v e n t nous fournir des renseignements inédits sur une époque
et une région assez dénuées d'informations complètes ou précises. Nos observations se rappor-
tent presque exclusivement au rétablissement du t e x t e .
E n ce qui concerne le t e x t e de l'inscription p o r t a n t comme date la mention du βαοιλέος 2)
Σίμον ' Λοκλαηίάδα, la communication de M. Haussoullier, bien que n ' a p p o r t a n t pas de nouvelle
suggestion q u a n t à la proposition faite ou à la liste des membres, nous est d'une grande
utilité. Elle confirme sur plusieurs points la lecture que nous avons faite sur le bloc de marbre.
Ainsi M. Haussoullier r e m a r q u e q u ' à la ligne 11 on s ' a t t e n d r a i t à trouver la préposition êv
d e v a n t les mots τάι τριετηρίδι, mais il croit voir un sigma dans la lettre qui précède l'article
τΰί, et il croit y trouver la terminaison du génitif exigé par la préposition άττό. Nous avons
signalé, dans le t e x t e même et dans nos observations de la revue «Dada», les traces du sigma
et de q u a t r e autres lettres précédentes q u ' o n pouvait distinguer sur l'inscription d e v a n t
l'article τάι. Mais on ne peut affirmer avec certitude que le génitif de la ligne 11 soit exigé par
la préposition άπ[ό qui est à la fin de la ligne 10, car nous n'avons pu lire l'omicron sur la
pierre et nous n'en avons pu signaler aucune trace après le pi que nous avons m a r q u é d'un
point. La question reste encore ouverte. Les principaux éléments se t r o u v e n t dans la commu-
nication de la Dacia, I, 1924 p . 129.
1 2
) Traduction de l'original roumain faite par Made- ) Voyez Glotz, Ac. des ïnscr., Journal des sav.,
moiselle M. Holban. Xï — XII, 280, 6/XI, 1925.

317

;
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THÉOPHILE SAUCIUC-SW I W 1

Dans la première colonne, à la ligne 25, M. Haussoullier lit άλονος. La lettre qui précède
lui semble un chi. Cette lecture plaide en faveur de notre hypothèse. La lettre λ est due sans
d o u t e à une faute de lecture de M. Tafrali qui lit X au lieu de δ. Dans cette terminaison
χαδόνος, dont nous avons pu lire toutes les lettres, excepté le groupe or, nous proposons de
voir la terminaison du nom [Καλ]'χαδόνος.
Cette conjecture nous semble fort probable car on rencontre fréquemment des noms
d'hommes ou de femmes formés d'un ethnicon et conservant une forme invariable ' ) . E n l i s a n t
Καλχαδών au lieu de Καλχηδών le génitif aura la forme Καλχαδόνοζ au lieu de Καλχαδώνος2).
L'explication donnée p a r M. Ilaussoullier et M. T h . Reinach q u a n t au r a p p o r t de va-
leur existant entre u n άργνρονς et un χρνοονς n'est, pas la seule possible. Il est vrai, — et
nous même en avons touché quelques mots dans la Dacia —, qu'en a d m e t t a n t pour u n
χρνουϋς la valeur d ' u n statère, les souscripteurs à trente άργνρονς de la seconde catégorie
payaient plus que ceux de la première à un χρνοονς. Mais à coté de la suggestion de MM.
Haussoullier et Reinach nous pouvons a d m e t t r e pour un άργνρονς un a u t r e équivalent q u ' u n e
demi-drachme. Malgré leur grand nombre, les demi-drachmes de Callatis devaient avoir un
nom spécial i n d i q u a n t la moitié d ' u n e monnaie depuis longtemps connue des Grecs. Il
n ' é t a i t donc pas nécessaire, à notre avis, de comprendre les demi-drachmes dans une notion
aussi générale que άργνρονς. A une époque où s'accentuait la dépréciation de la monnaie,
les Grecs ne p o u v a i e n t entendre par άργνρονς xinc demi-drachme, car la drachme était la
monnaie c o u r a n t e de t o u t le bassin oriental de la Méditerranée. U n άργνρονς ne p o u v a i t donc
signifier q u ' u n e d r a c h m e , monnaie connue dans toutes les régions grecques comme la mon-
naie d'argent κατ' εξοχήν.
E n a c c e p t a n t la solution proposée par nous dans la Dacia 1,1924, p . 141 on évite la contra-
diction d ' u n r a p p o r t invraisemblable entre le m o n t a n t des cotisations des membres de la
première et de la seconde classe. Un χρυοονς n ' é t a i t pas un statère simple mais u n statère
double ou un t é t r a d r a c h m e , monnaie connue depuis Alexandre-le-Grand en ces lieux et à
l'époque à laquelle a p p a r t i e n t l'inscription de Callatis a y a n t comme date la mention du
βαοιλενς Σϊμος Άσκλαπιάδα.
La communication de M. Haussoullier confirme notre lecture du mot καβηλλεΤον que
nous proposions avec une certaine timidité, mais qui était exigé par son r a p p o r t avec ερ-
γάτας. Sur καβάλλης confer Maas, Rhein. Mus. 1925, 74, 4, p. 469.
A la ligne 22 de la seconde colonne M. Haussoullier lit sur la reproduction photo­
graphique plutôt Μήνις'Ικεαίον que Mfjviç "Εψεοίον. Sur le m a r b r e on t r o u v e les traces de
la lettre M (la lettre initiale de Μηνις), et à Mangalia nous avons pu lire sans aucune dif-
ficulté le n o m Έφεσίον. M. Tafrali fait suivre d ' u n signe d'interrogation le n o m ainsi
complété.
Bechtel-Fick, dans son o u v r a g e : Die griechischen Personennamen nach ihrer Bildung
erklàrt und systematisch geordnet, I I éd. 1894, p . 346, nous donne de précieuses relations sur
l'emploi de l'ethnicon ou des noms de ville dans les noms d'hommes ou de femmes, nous
m o n t r a n t que l'ethnicon demeure invariable ou est sujet à des altérations et des dévelop-
pements ultérieurs p a r différentes désinences.

2
*) Bechtel-Fick. Die griechischen Personennamen ) Pape-Jicnscler, M iirterhuch des griech. Eigennamen
nach ihrer Bildung erklàrt und systematisch geordnet, s. v. ΚαλχηΟών, ώνυς.
II-e éd., 1894, p. 346 et suiv.
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318
OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITESe DE CALLATIS

La communication de M. Haussoullier corrige quelques erreurs qui se t r o u v e n t dans


l e t e x t e publié par M. Tafrali. Nous rappellerons les plus i m p o r t a n t e s de ces rectifications
en essayant d'élucider quelques points restés sujets à discussion à cause de la mutilation
de l'inscription.
M. Haussoullier corrige des erreurs de ponctuation, d'accent et quelques erreurs de
texte (Tafrali, 1. c , p . 258 — 259), 1. 16, χειρίξονντι, et 1. 17 (v. aussi p . 260), άποδώσονντι
au lieu de χεΐριξουνη et άποΟ(»ουϋντι, lesquelles comme formes du futur dorique sont pro-
perispomènes. Enfin d'autres erreurs sont de simples fautes d'impression, comme ϋεαοιτάν
au lieu de -friaoïTÙv (1. 5 et 15), εγγραψάν είς ατάλα τοϊς δε ε au lieu de εγγραφάν εις
στάλαν Τθϊς àè S- (1. 9), εργατας au lieu de εργάτας (1. 34, I I col.).
Λ la ligne 3, se t r o u v e le nom Άγήμον qu'on rencontre dans plusieurs inscriptions ap­
p a r t e n a n t aux régions de dialecte dorien. On le trouve quelque fois avec le «spiritus lenis» x ) ,
mais la forme préférable est celle avec le «spiritus asper».
Aux lignes 4 et 13, la troisième personne de l'aoriste du subjonctif de la forme passive
xataaxevaaûjj se t r o u v e sans «iota adscriptum» comme le fait j u s t e m e n t r e m a r q u e r M.
Tafrali. M. Haussoullier y ajoute un iota.
A la ligne 12, M. Haussoullier lit τάν εγγραφάν au lieu de εΙμ[ε]ν εγγραφάν, aussi que M.
Tafrali. Nous avons des traces certaines de toutes les lettres excepté du second ε de l'infinitif.
L'article τάν ne suffirait pas à combler la lacune.
L'affirmation de M. Tafrali (/. c. p . 260) q u a n t au texte de la ligne 19 «άς κά οννώντΐ =
άς κεν σννονοι, (forme archaïque de — οντΐ pour — ονοι)» est insoutenable. Elle est en contra­
diction avec les règles de la grammaire grecque. La particule κα entraîne toujours le sub-
jonctiv dans les cas analogues au t e x t e des lignes 6 et 9 de l'inscription. L'indicatif avec
άν, κεΐ' ou κά est entièrement différent du conditionnel avec les différentes formes de cette
particule. Voyez Kiihner-Gerth, Ausfiihrliche Grarnmatik der griechischen Sprache, III éd.
2, p. 421, 424, 426.
M. Haussoullier lit à la page 21 είς τ[ά]ν οίκυδυμάν, aussi que Mr. Tafrali. Le mot οικοδομή
qui remplacera plus t a r d οΐκοδόμημα et οίκοδυμησις, n'est pas a t t i q u e . Le mot usuel n'est pas
οΐκυδο/ιή, c'est à dire οίκοδομά, mais οίκοδυμία que nous avons pu lire sur l'inscription et sur
l'estampage. Chez des auteurs comme T h u c y d i d e , X c n o p h o n , P l a t o n , Polybe, οΐκοδόμησις est
remplacé par le substantif οΐκοδομία. Dans les inscriptions d'Athènes on t r o u v e le m o t οΐκο-
δομία, en liaison avec νεώζ (περΐ οίκοδομίας τον νεώ) chez Dittenberger, Sylloge, I I I éd.,
159, 1. 5, avec ίερυν (ις τήν οίκοδομίαν τοϋ ίεροϋ) chez Dittenberger, l. c. 144., 1. 30, avec προ-
οτώον (εΐζ οίκοδο/ιίαν τοϋ προστψον) chez Dittenberger, /. c. 204. 1. 25. Dans le décret du
Pirée contemporain de Lycurgue, E . A. 1900, p . 96, 1. 60 (είς την οΙκοδο/ι[ψ τ]ών νεω-
ρίων) on lisait υΐκοδομή. Herwerden (Lexicon graecum suppletorium et dialectum, I I éd., 1910,
s. v. οικοδο/ιή) plaide pour οίκοδομήν, seulement au cas «nisi forte spatium sufficit supple-
m e n t o οίκυδομ/ίαν τ]ών. Dans cette inscription aussi on doit lire sans d o u t e οίκοδομίαν
comme dans celle des thiasites de Callatis.
Dans la première colonne de la ligne 22, M. Tafrali lit le sigle XP, et aussi a u x lignes
28, 29, 30, 3 1 , 32, 33 et 35. Il le complète aux lignes 23 (M. Haussoullier lit là aussi XP)

') V. Pupe-Benscler., Wôrterbuch der griechischen montre les noms de cette catégorie avec un «spiritus
Kigennamen. e. v. Άγή/κον. L'Index de Hiller v. Gaer· asper».
tringen chez Dittenberger, Sylloge, III éd., IV, 1, nous
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319
THÉOPHILE SAUCIUC SÀVEAINU

24 et 25. M. Tafrali lit le sigle P ( ?) aux lignes 34, 36, 37. 11 ne signale aucun signe aux ligues
25, 26, 38 et suivantes après les noms des membres ou après des a u t r e s mots. Q u a n t aux
sigles, nous n'avons rien à changer au t e x t e publié par nous dans la Dacia I, 1924, p. 128. sq.
Nous avons signalé après le nom Άπολλθ)νίυν (1. 23), un espace de 2 cm où nous pourrions
a t t e n d r e un XP, et de même aux lignes 24 et 25. Nous avons déjà fait nos observations
sur la lettre À' (1. 27) que nous avons pu lire.
Aux autres lignes (excepté 38 et suivantes) nous avons pu lire le sigle pour χρυαονς.
E v i d e m m e n t ce sigle ne se t r o u v e pas auprès de tous les noms.
A la ligne 22, seconde colonne, le nom Mfjviç «rencontré une seule fois», selon M. Tafrali
(/. c. p . 261), est au contraire assez fréquent dans le m o n d e grec. Voyez Pape-Benseler,
Worterbuch (1er griechischen Eigennamen s. v. Μήνις, VIndex du C. I. G., t o m e IV et les
volumes des I. G.
Dans la seconde col., M. Tafrali lit àofyvQiaJ au lieu de άργυρονς1), avec le n u m é r o A seu-
lement à la ligne 22. Aux lignes 23 — 29, ilcomplète le signe pour t r e n t e . Aux lignes 26 — 29
il complète atissi αρ [γνρια]. De la ligne 22 à 27 inclusivement on p e u t lire sur la pierre le
sigle AP et A. Aux lignes 28 et 29 aucune trace n'indique la somme, le bloc é t a n t entière-
m e n t mutilé. P o u r les noms de la ligne 30 la somme est indiquée p a r le numéral τριάκοντα
de la ligne 31 et non par le signe A. La contribution des personnes nommées a u x lignes
32 et 34 est indiquée par le n u m é r a l δεκαπέντε des lignes 33 et 35.
A la ligne 32 se t r o u v e seulement le nom Γίρο/ιαβίον ΙΙρο/ια&ίωνος, au lieu de ίίρο/η]-
§ίων Προ/ιηΰίωνος. Les m o t s εργάτας δέκα, que M. Tafrali place dans cette ligne ne
s'y t r o u v e n t pas. A la ligne 39 on lit seulement Αιυνύοιος οτεφαναπλόκος, et non εργάτας
qui se trouve à la ligne suivante.
A la ligne 4 1 , seconde colonne, le chiffre n'est pas celui indiqué p a r M. Tafrali, mais
simplement u n iota (c'est-à-dire 10) comme à la ligne précédente.
Après la ligne 41 nous t r o u v o n s dans la seconde colonne (la colonne gauche ne présen-
t a n t pas d'écriture dans cette ligne) une lacune de 10 cm, assez grande pour q u ' o n y puisse
enregistrer les noms de plusieurs m e m b r e s .
A la ligne 24, seconde colonne, nous avons lu Χα]ιρέας. M. Tafrali lit aussi Χαι]ρέας,
M. Haussoullier croit voir sur la photographie Ήρέας. Après ce m o t M. Tafrali lit le nom
ΑΑΗ////ΩΝΤΟΣ, M. Haussoullier ΑΑΝ...ΩΝΤΟΣ.
Ces restes a p p a r t i e n n e n t sans aucun doute au nom Ααμοφώντος dont nous avons pu
lire toutes les lettres excepté les lettres 099.
M. Tafrali a t t r i b u e à beaucoup de noms une origine étrangère, p r o b a b l e m e n t thrace
ou s c y t h e 2 ) . Ainsi il considère comme t h r a c e m ê m e u n nom aussi r é p a n d u dans t o u t e la Grèce
comme le nom Σϊιιος de la ligne 1 (qui se r e t r o u v e sous cette forme aussi dans la seconde

2
') άργνροϊς dans l'inscription de Tomis (Dittenbergcr, ) Nous ne saurions qualifier d'étrangers des noms
Sylloge 3 731,1. 20).On trouve assez rarement άργύριον dont l'origine peut rester discutable, mais qui dépas-
au lieu de άργνροϋς. Voire Hultsch, Griechische. und sent les limites du patrimoine grec. Même une déesse
romisrhe Métrologie, II éd., 1882, p. 604, note 5. La au nom franchement grec comme Athéna est présentée
forme génitivale άργνρίον se rencontre fréquemment maintenant comme une divinité préhellénique, et cette
auprès d'un nomen, et sert à indiquer le métal. On interprétation est la seule qui permette de comprendre
doit signaler l'erreur de Pape-Sengebusch, Gr. D. la déesse et son nom ainsi que le prouve Wilamowitz-
Worterbuch s. v. άργνρεος, que άργνροϋζ serait «eine Moellendorff, Sitz. lierl. Ak. 1921, p. 950 et Kretsch-
byzantinische Silbermunze = 1 Mine». mer, Glotta, 1921, X I , p. 276 (282).
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320
OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES» DE CALLATIS

colonne, a u x lignes 29 et 4 1 , et sous la forme Σιμίας dans la première colonne à la ligne 29),
cl plus loin il voit une désinence thrace dans la terminaison du «patronymicon» de la seconde
colonne de la ligne 25, dans les restes du nom du père d'un certain Ενφραϊος. Car a u t r e ­
m e n t que signifierait la mention «inconnu en Thrace» dont M. Tafrali fait suivre ce nom
(/. c. p. 261)? Mais nous ne trouvons pas ici les lettres νρονλα,— M. Haussoullier a lu très
correctement sur la photographie les lettres finales νρου— mais hien le p a t r o n y m i q u e Σατνρου
que nous avons pu lire aisément après le nom Ενφραϊος. Après Σατνρον nous avons pu
lire le sigle AP et A, c'est-à-dire αρ. λ'.
P o u r l'onomastique et la toponymie thrace nous devons signaler ici les ouvrages de
M. Mateescu qui sont d'une grande richesse d'information: I Traci nelle epigrafi di Roma
(Ephemeris Dacoromana I, 1923, p. 337), Nomi traci nel territorio scito-sarmatico (Ephemeris
Dacoromana I I , 1924, p . 223) et La frontière occidentale des Thraces (Annuaire de VInstitut
d'histoire nationale, 1924, Cluj, 1925).
Ce qui ressort j u s q u ' à l'évidence de cette inscription, et s u r t o u t de la liste des mem-
bres, c'est q u ' a u t e m p s de cette inscription (que nous pouvons dater par les mots βασιλενς
Σϊμος ' Αοκλαπιάδα) on t r o u v a i t à ce club une atmosphère presque exclusivement hellénique,
ce ι^ι'αηυς semblant avoir été presque fermé aux éléments étrangers à juger d'après les noms des
membres. E x c e p t é le p a t r o n y m i q u e Σκντ)α (ligne 38, I I col.), aucun nom ne rappelle un élé-
m e n t b a r b a r e , non hellénique, scythe ou t h r a c e . E t p o u r t a n t le peuple thrace était d'une
vitalité extraordinaire 1 ) . Il réussissait à conserver au cours des siècles ses noms et même
quelques cultes n a t i o n a u x , malgré le puissant courant hellénisateur né du c o n t a c t de tous
les colonistcs, m a r c h a n d s et intermédiaires grecs et des producteurs thraces, propriétaires
d'immenses domaines riches en céréales.
A la ligne 26, I col., M. Haussoullier accepte la lecture de M. Tafrali: οΐκοδομϊ)·
α[ε]ιν [τον να]όν. L'emploi du futur de l'infinitif οΙκυδομήα[ε]ιν (et non οΐκοδομησεΐν)
ne s'explique que par la présence du verbe επαγγείλαντο qui se t r o u v e à la ligne 2 1 .
Mais q u a t r e noms séparent ce verbe régent ( επαγγείλαντο ) du futur de l'infinitif qui
devrait en dépendre. On t r o u v e r a i t difficilement u n exemple analogue dans l'épigraphie
grecque.
Il nous semble que la ligne 26 i n t r o d u i t une nouvelle idée concernant les contributions
et la construction du temple. Nous nous attendrions à la t r o u v e r é t r o i t e m e n t liée à οϊδε
επαγγείλαντο επι τάν οικοδομίαν τοϋ ναον. Les mots du commencement de la ligne 26 ont été
intercalés pour réparer une omission. Ainsi, même après la ligne 26, nous voyons continuer la
liste des souscripteurs à un χρνοοϋς i n t e r r o m p u e d e v a n t la première colonne de la ligne 26, la
seconde colonne c o n t e n a n t même après cette ligne des noms suivis de l'indication de la
somme (άρ.λ'.) E n a d m e t t a n t cette i n t e r p r é t a t i o n on n ' a plus q u ' u n r a p p o r t p a r a t a c t i q u e
entre l'action exprimée par le verbe οικοδομέω et celle du verbe επαγγείλαντο qui se t r o u v e
à la ligne 2 1 . On v e u t accentuer s u r t o u t l'idée de contribution de travail et de contribu-
tion en n a t u r e , et à cette fin on se sert du parfait de l'indicatif que nous avons complété dans
la Dacia I, 1924, Οικοδόμησαν comprend les contributions d'argent, de travail (εργάται), de
bêtes de t r a i t (καβαλλεϊον 1. 34-35), ainsi que les contributions de certains éléments
d é p e n d a n t du temple (v. άλέα κοίλα et ψαλίδες 1. 39, 40).

J
) G. Mateescu, / Traci nelle epigrafi di Roma (Ephem. (Annuaire de l'Institut d'Histoire nationale) 1924, Cluj,
Dacoromana 1,1923). La frontière occidentale des Thraces 1925 (en roum.).
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THÉOPHILE SAUCIUC-SÀVEANU

b a n s le mot οΐκοδό[(ηο[α]ν l'espace qui sépare les loi 1res a et r ne peut contenir q u ' u n e
lettre et nous n'avons pu trouver de iota d e v a n t la lettre v très imparfaitement con-
servée.
Le n o m ΜενΙθκος (et non Μένισκος) de la ligne 27 est très fréquent. Nous Je trouvons
à Tomis (l)ittenberger, Syllogc, 111 éd., 731,1. 46). Le p a t r o n y m i q u e de ce Meniscos (1. 27, I
col.), serait selon M. Tafrali, Ήρακλει'δον. M. Haussoullier lit Ήρακλη f. .
La lecture 'Ηρακλείδον ne peut être admise à cause de la lettre finale dont les restes indi-
quent très certainement un sigma. Dans la Dacia I, 1924 p . 128 nous avons complété L'ethnique
Heracleiotes. Nous pourrions a d m e t t r e aussi le p a t r o n y m i q u e ' ΙΙρακλέος, si l'espace entre les
lettres e et ç n ' é t a i t t r o p grand pour contenir une seule lettre (omicron). En ce qui concerne
la lettre χ, qui suit le p a t r o n y m i q u e , nous avons déjà exposé notre point de vue dans la
Dacia I, 1924, p p . 130 et 138.
A la ligne 29, I col., M. Tafrali lit le nom Μα]σι[άδα]ς, et à la ligne 31 le p a t r o n y -
mique Maoïaàa. Sous cette forme le nom est absolument inconnu, et doit être remplacé par
la forme correcte ÏIctOlaÔQÇ et Ι/απιάδα qui est un nom connu de t o u t e la Grèce. Nous le
trouvons j u s t e m e n t dans l'inscription callatienne Arch.-epigr. Mitt. X V I I , 99, n. 41 1. 2 en
l'honneur de Παοιάδας 'Ηροδότον Χερσονασίτας, à Mégare, l'aïeule de Callatis (ΙΙααιάδας de
τιαο, naat, datif plur. de ττάς, Bechtel-Fick, /. cit. p . 2 5 1 , ou peut-être de πάαις = κτήσις,
Hesych, Pape-Benseler, Wiirterbuch der Griech. Eigennamen s. v. Ιίάπας), /. G. V I I , 1, no. 8,
1. 15, no. 9, 1. 15/16, no. 10, 1. 1, no. 1 1 , 1. 1, no. 14, 1. 5, no. 3473, 1. 14.
Ces raisons nous sembleraient suffisantes pour a d o p t e r la lecture Πασΐάδας *) au cas où
une lacune incidentale nous empêcherait de voir assez clairement la lettre initiale. A la
ligne 29, la première colonne, nous ne pouvons pas lire le nom Hajnt[άδαζ. Les lettres
Σ1 se t r o u v e n t au commencement m ê m e de la ligne de sorte que les lettres lia qui de-
v r a i e n t les précéder ne t r o u v e n t plus de place. Après les lettres Σ1 suit la lettre M, puis
une lacune de deux lettres, et finalement la lettre Σ. Nous pouvons compléter en t o u t e
certitude le nom Σΐμίας. Cette lecture est confirmée par les fragments presque impercepti-
bles de d e u x lettres qui précèdent le sigma.
A la ligne 30 (I col.) le nom ne nous est conservé que dans sa partie finale. M. H a u s -
soullier a pu lire les lettres τΐνος indiquées p a r M. Tafrali. Nous avons pu lire encore un ny.
La terminaison devient ντΧνος. Deux lettres du c o m m e n c e m e n t m a n q u e n t p o u r compléter
le nom.
A la ligne 30 ( I I col.), le nom 'Λπολλόδορος (selon la lecture de M. Tafrali), a été
corrigé p a r M. Haussoullier qui lit 'Απολλύδοτος. Telle est aussi la forme qu'on t r o u v e en
e x a m i n a n t le bloc de m a r b r e .
Ce nom est suivi en bas d'une barre horizontale de la l e t t r e initiale du p a t r o n y m i q u e .
Sept lettres pourraient tenir dans la lacune qui suit ce reste de lettre initiale.
A la ligne 3 1 , I col., M. Haussoullier ainsi que Mr. Tafrali, croit lire le nom Π]άρτι-
μος q u ' o n ne r e t r o u v e ni dans d ' a u t r e s inscriptions ni chez a u c u n a u t e u r a n t i q u e . Mais
nous avons signalé un iota à la place du ρ (rho), et la lettre initiale nous semblait un A ou A.
Avec assez de vraisemblance nous avons complété le nom ΔαΪτΐμος (cf. Δαίμαγοζ). Ce n o m ,
également inconnu, pourrait s'expliquer comme é t a n t formé de δα, δαϊ (de δαϊ v e n a n t de

') A Olbin on trouve le nom Παοίαδας (I. G. II, 2068 M trouvent dan· quatre Inscription· de Mégare: I.
1. 9/10). Le nom Πααίιον ainsi que le nom Πααιάδαζ G. VII, 1. no. 8,1. 19, no. 0,1. 19, no. 10,1. 5, no. 11.1. 4.
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322
OBSERVATIONS CONCERNANT DEUX DÉCRETS DES «THIASITES· DE CALLATIS

ôaFl qui signifie «en lutte») et de ημος. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 88/89. Cf. aussi Λαΐτιμος
dont on pourait expliquer la formation. Voyez Bechtel-Fick, /. c , p . 183. {ΑαΪτμοζ, non
Αάτΐμθζ connu par Bechtel-Fick, /. c. p. 185, 267).
A la ligne 38, après les mots Δαμοπ^έ\ΐ]ζ Διονυοίον de la I col., nous voyons suivre à
droite, dans la seconde colonne, à 2 | / , cm de distance, le nom d' Άριστίων Σκύϋα suivi
des mots έργάτας IE que M. Tafrali omet du t e x t e . M. Haussoullier lit rΑφαιατίιην et
non Άριοτίων comme nous avons pu déchiffer sur le marbre même.
A la ligne 39, I col., se t r o u v e n t seulement les mots άλέαν εΐς τό ϋύρωμα. L'adjectif
Χθίλαν qui joue le rôle d ' a t t r i b u t du substantif àMa, ainsi que la conjonction καί se r a t t a ­
chent au substantif ψαΜΟα de la ligne 40, I col.
La première colonne de la ligne 41 ne présente pas d'écriture. Dans la seconde colonne
nous pouvons lire le nom d' *Απολλώνΐος Σίμον qui a fourni le travail de 10 ouvriers et
non de 15 comme affirme M. Tafrali à la page 259.

E n ce qui concerne l'inscription des thiasites contemporaine du roi Cotys ' ) , le fils de
Bhoimétalcas, M. Haussoullier, se servant ici aussi d'une photographie envoyée p a r M. Ta-
frali, réussit à corriger quelques-unes de ses erreurs. Ces erreurs sont pour la p l u p a r t des
inadvertances qui ne sauraient présenter t r o p d ' i n t é r ê t : ainsi φιλοτείμον à la ligne 6 au lieu
de φιλοτείμον, — ΐδιαν à la ligne 9 au lieu de ΙΟίαν, — παρά à la ligne 18 au lieu de na- à la
ligne 18 et ρ<\ à la ligne 19 — νπό à la ligne 28 au lieu de άπό, etc.
A la ligne 8, après 6/ιοίαν on a omis la conjonction τε qui devrait coordonner διατελεϊ et
επιδείκννται.
A la ligne 10, M. Haussoullier ajoute un iota adscriptum aux datifs καιρώ et κινδννυ)
ce qui n'est pas j u s t e .
A la ligne 11, M. Haussoullier lit πολίτας au lieu de τιολείτας comme a lu j u s t e m e n t
M. Tafrali.
A la ligne 12, M. Tafrali a y a n t à compléter ά[εί] croit trouver la préposition περϊ qui
ne s'accorde nullement avec le sens de la phrase.
M. Haussoullier remarque avec raison que ce décret, malgré son caractère verbeux, ne
présente de difficultés que dans deux lignes, ou p l u t ô t dans trois lignes, dirions-nous, du hor-
tatif qui doit introduire u n exemple efficace. Les lignes 24, 25, 26 présentent des lacunes
à leur extrémité gauche r e n d a n t assez malaisée la reconstitution du t e x t e . Nous sommes
ainsi privés j u s t e m e n t des mots qui devaient préciser la situation spéciale des deux Ariston
père et fils. La manière dont s'exprime le décret est lourde et confuse. Cela s'explique par
les chicanes auxquelles s'exposaient ceux (en notre cas les thiasites et le peuple) qui
avaient omis quelque formalité.
E n cela aussi nous sommes d'accord avec M. Haussoullier, faisant seulement quelques
réserves sur certains points de détail.
Au lieu de xal τάχιον /άναγορενιοοιν] ou plus correctement άναγορενοοσιν, qui ne
pourrait tenir dans la lacune, nous proposions plutôt le participe άποδόντες qui, au point de

l
) Nom tliracc aussi célèbre que relui de Seuthes et On le reneontre souvent ehez de simples particuliers
remarquable pur son fréquent emploi dans la famille thraces (Mateescu, La frontière occidentale des Thraccs,
royale des Odryses. Le nom de Cotys appartient à p. 7, n. 6 et p. 19).
six rois des Odryses et trois du Mospliore Ciminérien.
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323
THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU

vue de la syntaxe, serait au même plan que οιατηροϋντεζ de la ligne 21/22 et άαιομναμο-
νεύθντες de la ligne 22. Le mot αττοδόντες ayant neuf lettres comblerait bien la lacune,
dont l'espace pourrait contenir même dix lettres.
Nous maintenons à la ligne 25 la lecture proposée χα&ηχούοας La lecture proposée
par M. Haussoullier όοίϊιίπας ne suffirait pas à combler la lacune qui est aussi grande que
celle de la ligne précédente.
A la ligne 26, M. Haussoulier propose πάντας καί qui comblerait très bien la lacune.
Mais la conjonction καί n'a ici aucune justification grammaticale. Nous nous demandons
ce qu'elle pourrait relier? Nous devons ajouter qu'à la ligne 26/27 nous ne lisons pas αντονς
ποΐηοαμέ/νόνς, mais bien αντοϋ ποΐησαμέ/νον comme nous avons pu contrôler sur la pierre
même.
Mais même en admettant le texte αύτυνς ηοΐ)\ααμέ\νονζ nous ne pourrions expliquer
le passage d'une manière satisfaisante au point de vue grammatical. Que signifierait ce texte?
Les tbiasites remplissaient également un devoir envers Ariston le père lorsqu'ils procla-
maient et soulignaient les mérites d'Ariston le jeune.
Car celui-ci était honoré du peuple (ici les tbiasites s'identifient au peuple) par les
mêmes distinctions que son père (1. 27, 28, 29). A Γ άναγυρενσις τυϋ οτεφάνον du fils (1. 27)
avait lieu aussi la proclamation de la couronne d'Ariston père. A la ligne 26 nous avons
complété ενεργέτας.
En proclamant d'une manière marquée avant tous les autres bienfaiteurs les mérites
des deux Ariston (père et fils) nommés simultanément, les thiasites voulaient réparer une
omission dont ils s'étaient rendus coupables.
M. Tafrali a mal lu la ligne 29. Ici commence, comme l'a fait remarquer aussi M. Haus-
soullier, la formule qui prévoit les sanctions δεδ]όχ&αί τοϊς {}ιασεί/ταις.
La ligne 30 devrait être complétée selon notre lecture: οτεφανοϋν κατά πάααν ούν-
οδον καί.
La lecture de M. Tafrali, acceptée par M. Haussoullier, κατά πάοαν άμέραν εναίοι[μον
7ΐά]ντας, c'est-à-dire εναίαι[μον, est forcée et ne correspond pas aux fragments conserves.
Après les mots κατά nàoav άμέραν suivent les lettres ΕΝΛΙΣΛ, et après une lacune de
cinq lettres on peut lire NT Al et non ΝΤΛΣ. Nous avons ici certainement la préposition
èv avec le pronom relatif αΐς, tandisque les lettres vrai forment la terminaison du verbe
qui commence avec la lettre a. La reconstitution α&ροίζονται est presque certaine.
Nous avons cru de notre devoir de faire ces quelques observations pour lesquelles nous
nous sommes servis de plusieurs estampages et de la copie faite d'après l'inscription.

THÉOPHILE SAUCIUC-SÂVEANU.

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DECOUVERTES DE GUMELNITA
Le massif de Gumelnita qui domine de plus de 20 m la plaine du Danube, et d'une
dizaine de mètres celle de la Valachie, était déjà signalé comme une station préhistorique
p a r les recherches de l'année 1922 J ) : Les tessons en très grand nombre, quelques-uns
patines en noir ou marron, les quelques lames fragmentaires en silex, les débris de crépi
brûlé, et les poids de filet-de-pêche, indiquaient ici une station énéolithique. L'existence des
fragments de céramique à proéminences allongées ou à bourrelet, ainsi que celle des
fragments à stries et à traits parallèles incisés conduisait aussi à cette conclusion.
A v a n t que la Direction du Musée eut fixé dans son programme la date du commen­
cement des fouilles à Gumelnita, je fus informé par M. I. David, professeur à Oltenita, que
M. Barbu Ionescu de cette même localité possédait une belle collection de vases préhisto­
riques, p r o v e n a n t de Gumelnita. J e m'adressai à M. Ionescu, qui se t r o u v a disposé à faire
don de sa collection au Musée National d ' A n t i q u i t é s ; geste pour lequel je m'empresse de
lui présenter de nouveau mes remerciements.

La collection très riche, contient presque cent exemplaires différents ; entre autres, de
grands vases (hauteur 20 c m ; diamètre aprox. 25 cm) des instruments en silex, etc. P o u r
la plupart ils confirment les notes journalières prises sur le terrain même, p e n d a n t nos re­
cherches de l'été de 1924.
Le matériel sera divisé en trois catégories: I. Les outils en silex et en pierre; I L La
c é r a m i q u e ; I I I . Les objets en os et le métal, ce dernier ne figurant que par u n anneau
en or.

I
Les ustensiles en silex et en pierre sont assez nombreux.
1. Deux pointes de flèches en silex, dont l'une entière, l'autre u n peu ébréchée (fig. 1,
no. 7 — 8 ) . La première aux dimensions: 5 | ^ c m X 2 y 2 c m ; la seconde: 5 X 3 cm. Les deux
sont aproximativement triangulaires, les faces peu bombées. Comme matériel et travail
elles sont t o u t à fait identiques à celles de Sultana 2) et au contraire t o u t à fait différents
de celles de B u t m i r publiées par Radimsky 3) et Fr. Fiala 4 ), ces dernières a y a n t à la base
une dent plus ou moins grande servant à les fixer.

3
' ) v. V. P â r v a n , La pénétration hellénique et hellé­ ) R a d i m s k y , Die Neolitische Station von Butmin
nistique dans la vallée du Danube, p . 16, n o t e 5 (Bu­ Wien 1895, planches X I I I — X I V .
4
c a r e s t 1923). ) F r . F i a l a , Die Neolitische Station von Butmir,
2
) v. I. Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I II, Wien 1898, pi. X I X .
(nous presse).

« 325

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ΥΊ,ΛΙΜΜΙΜ DUMITRESCU

2. Une grande hache (long. 13,20 c m ; larg. 6 c m ; épais. 2.7 cm) la largeur maxima au
tranchant, très hion conservée (fig. I, no. I et fig. 9. no. 6). Aucune trace de polissage ou de
croûte. Identique quant à la l'orme avec celle de Danemark de la eollection Mansfcld-Biillner')

(Musée Nat. d'Antiquités, Bucarest). On ne peut constater qu'une ressemblance 1res géné­
rale avec les outils de la même catégorie de Jîut mir -') ; par contre elle ressemble Tort bien
à une des haches trouvées p a r M. Popov à Kodjadernien (N-Ouest de la Bulgarie) :i ).
L'émousscment des deux extrémités de notre hache plaide pour un long usage. Somme
toute, c'est une hache du t y p e Breitnackiges-Beil.
3. Une autre hache, la partie du t r a n c h a n t manque (fig. 1, no. 2 et fig. 9, no. 7 ) ; (dimen­
sions: 11 c m X 4 ^ X 2 ^ cm). Ultérieurement elle a dû servir comme nucleï, car sur la partie
inférieure et sur l'une de ses deux faces on a détaché plusieurs lames ou couteaux, de sorte que
les deux profils sont t o u t à fait différents: le supérieur bombé et l'inférieur plat. La forme: primi­
tive devait être celle de quelques exemplaires de B u t m i r 4) ; actuellement, elle présente une
ressemblance frappante avec l'instrument publié par M. de Morgan dans son ouvrage L'hu­
manité préhistorique, défini comme «Instrument énéolithique de Tépeh-Goulam (Chaldée)» r>).

2
') I. Andriesescu, Proiert de catalog al obieclelor ) Rariimsky, op. cil., pi. XV I.
:|
de silex aie Muzcului N. de Antichitofi (en manuscrit): ) Izveslia, VI, Sofiu 1919, p. 81, fig. <>i> a).
Epoca paleo si neoliticâ; I — Forme tipice stràine', ') Kudimsky, op. cit., loc. cil.
1, no. 52. ·'·) Paris, I l e «'-H.; fig. 19, no. 1, (p. 117).

326 *

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

4. Deux grands couteaux en silex, très recourbés (fig. 1, no. 9 et 10; fig. 9, no. 5),
parfaitement conservée (long. 17 c m ; les deux approximativement de la même largeur: 4 cm
et 3,7 cm). A la base, de chaque côté, une petite échancrure. Des exemplaires analogues,
en ce qui concerne la forme et la grandeur, dans notre Musée d'Antiquités, provenant du
district Vlasca 1 ), et en Bulgarie, dans la localité mentionnée ci-dessus 2 ). Ceux de Bulgarie
et ceux de B u t m i r 3 ) sont un peu plus petits que les nôtres.
5. Fragment de couteau en silex, le profil très incourbé. 11 aurait eu les dimensions
des deux précédents (fig. 1, no 14).
6. Autre couteau en silex, presqu'entier (fig. 1, no. 3), d'un profil tout à fait rectiligne,
peu affilé, le bout conservé (longueur actuelle 11,8 c m ; la longueur primitive d'au moins
18 — 20 cm). La forme est une des plus communes dans le Sud-Est de l'Europe.
7. Un petit couteau (en silex) très finement taillé (6,5 cm. longueur), d'une pierre
presque transparente, aiguisé à Γιιη des bouts, aplati à l'autre (fig. 1, no. 5). Quelques exem­
plaires analogues, un peu plus grands, ont été trouvés à Butmir et publiés par Fiala 4 ).
8. Petit couteau de forme peu commune, avec la pointe très affilée; la partie inférieure
plus large et avec une rainure à gauche, du côté de la b a s e 5 ) . Soigneusement travaillé et
bien conservé.
9. Deux petits couteaux en silex, rectilignes, aiguisés seulement sur les deux côtés, sans
pointe: a) 8 cm long.; b) 5,6 cm long.). Les deux conservés intacts (fig. 1, no. 4 et 6 ) ; forme
commune·
10. Deux perçoin fragmentaires, en silex, de formes différentes: L'un (longueur 7 cm,
et largeur 1,4 cm) taillé régulièrement, avec une face plate et l'autre à nervures, ressem­
blant un peu à un mince c o u t e a u ; le second a approximativement la forme d'une lame
de couteau moderne (fig. 1, no. 13), taillé irrégulièrement, la pointe aiguisée (long. 9 c m ;
larg, à la base 3 erri).
11. Cinq grattoirs, dont trois entiers (fig. 1, no. 12, 13 et 17) et deux fragmentaires
(fig. 1, 1 5 — 1 6 ) de formes et grandeurs différentes, bien travaillés. (Les dimensions varient
entre 8 cm longueur X 2 % c m largeur, et 7 cm longueur X 3 % largeur). Formes com­
munes qu'on rencontre à B u t m i r 6 ) et en Bulgarie 7 ), mais surtout à S u l t a n a 8 ) .
12. Neuf autres grattoirs de forme très rare et variée:
a) Fragment (° e m X 7 cm) un peu cassé à la partie supérieure, a y a n t la forme d'une
hache de basse époque, avec le côté à gratter très bien conservé (fig. 2, no. 1).
b) Admirable exemplaire, entier, grattoir-perçoir, de forme rare, taillé soigneuse­
ment et avec adresse (haut. 5 c m ; largeur 7 cm à la base). Le coin du côté gauche de
la base (qui servait à gratter) est très saillant et servait probablement à percer (fig. 2, no. 2).
c) Fragment de grattoir (long. 8 c r n X O ^ cm haut.) qui représente p r o b a b l e m e n t la
moitié seulement de l'instrument entier, qui devait être presque plat (fig. 2, no. 3), d'une forme
qu'on n'a pas encore rencontrée parmi celles de cette catégorie, ni même à S u l t a n a ; c'est

') I. Andriesescu, Proiect de catalog, vie. Kpoca e x e m p l a i r e s a n a l o g u e s , Dacia I. 1921.


5
pitleo-neoliticd. II — Dacia, 1) România veche, n o . 28 ) A Butmir, quelques exemplaires analogues.
et 29. *; Cf. R a d i m s k y , op. cit., p i . X I I ; F i a l a , op. cit.,
2
) V. Izvestia, VI, p . 82, fig. 63 o et b. pi. X V I I I .
:1 7
) R a d i m s k y , op. cit., p l a n c h e X V I I , no. 1 et 2 ; ) Izvestia, VI, p . 8 3 , fig. 61 et 6 5 .
8
F i a l a , op. cit., pi. X I , n o . 2. ) Cf. I. Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I .
4
) F i a l a , idem, ibidem. A S u l t a n a aussi q u e l q u e s

337
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VLADIMIR DUMITRESCU

un témoignage de plus en faveur de la variété des instruments et de l'art des travailleurs


préhistoriques en silex, de la rive gauche du D a n u b e en général, et spécialement de ceux
de Gumelniça.
d) Grattoir à trois angles (3^2 c m h a u t . X 4 cm larg.), très bien taillé et bien con­
s e r v é ; forme peu commune (fig. 2, no. 5).
e) Fragment de grattoir (haut. 3 % X 4 cm largeur). La forme devait être plus allongée

(fig. 2, no. 4). Taillé du centre d'un nucleï en silex, il fait partie des instruments polis de
ce genre, et non seulement dégrossis. La forme est peu familière.
f) Deux grattoirs presque entiers, a y a n t chacun une bulbe de percussion à la partie su­
périeure (fig. 2, no. 6 et 8). La partie de base servait à gratter (haut. 5 cm X 6 cm larg. ; h a u t .
4 % c m X 5 % cm larg.). Les formes quoique rencontrées assez souvent ne sont pas tout
à fait communes ' ) .
g) Deux autres fragments, lesquels dans l'état actuel représentent seulement la moitié de
la grandeur primordiale des instruments ( 9 % c m long. X 5 cm h a u t . ; 7 cm. long. X 6 cm
haut.), (fig. 2, no. 7 et 9). Le premier devait être plus grand et d'un travail supérieur.
Les exemplaires de la fig. 2, no. 10, 11, 12, 13, 15, 16 et 17 représentent quelques
lames fragmentaires qui complètent le matériel décrit ci-dessus.
Mais ce qui établit sans contredit le caractère d'atelier de la station préhistorique de
Gumelnita sont les percuteurs et les nucleus.

*) I. Andrieçescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (s. p .).

328

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

Les percuteurs sont en nombre de huit, de diverses grandeurs, (le plus grand a les dia­
mètres 6 X 7 cm ; le plus petit 4 % X 5 % c m ) dont quatre se t r o u v e n t en parfait état, les autres
quatres é t a n t presque à demi cassés (fig. 11, no. 10 — 1 1 ) . P a r m i les premiers, un seul a une
forme peu c o m m u n e : au lieu d'être sphérique, comme tous les autres, il est plat (diam.
6 X Y2 cm) ; le travail est très soigné. P a r m i ceux qui sont brisés, u n seul paraît être cassé
avec intention, pour servir peut-être comme nucleï. Les autres se sont brisés p e n d a n t
l'usage, car la cassure n'est pas régulière.
13. Trois nucleus, dont un, qui a une forme trop régulière pour être due seulement au ha­
sard (dimensions: 7 c m X 5 ^ c m X 2 % cm), est p r o b a b l e m e n t une ébauche sans succès
d'une petite hache.
E n dehors de ces exemplaires caractéristiques, il y a aussi de nombreux fragments plus
ou moins grands, sans trop de valeur, — des éclats d'outils identiques ou analogues avec
ceux décrits ci-dessus.
E n ce qui concerne le matériel, le silex j a u n e , avec ses nuances, prédomine 1 ). Il y a
aussi des outils d'une pierre noire vitreuse (cf. les deux grands couteaux recourbés, fig. 1,
no. 9 et 10) et d'autres outils d'une matière brune foncée, avec des reflets rougeâtres, et
enfin quelques exemplaires d'un gris plus ou moins foncé.
L'exécution est quelque fois admirable. L'élégance et la variété des formes, unies à
la précision des lignes prouvent que les h a b i t a n t s de Gumelnija étaient de vrais maîtres
dans le travail du silex, et que la station de Gumelni^a est un des principaux centres de
la région du bas Danube, qui ne le cède en rien à B u t m i r et aux autres sites préhistoriques
du Sud-Est.
Q u a n t à l'origine du matériel, ne connaissant pas la situation géologique des régions
environantes, je ne peux pas me prononcer.

Les outils en pierre polie sont en nombre de t r o i s ; deux sont des haches:
a) La première est u n peu ébréchée à la pointe et à la base (fig. 2, no. 17), avec la
largeur m a x i m a au t r a n c h a n t ; elle est taillée en herminette ( 6 ^ X 2 ^ 4 c m ) · La forme est
très c o m m u n e 2 ) .
b) La seconde, conservée intacte (fig. 2, no. 14) est presque cylindrique, a y a n t la largeur
maxima au milieu ( 3 1 / 2 X l 1 / 4 c m ? diamètre m a x i m u m 1 cm). Les dimensions très re­
streintes et le t r a n c h a n t très bien conservé prouvent peut-être que nous sommes en pré­
sence d'une hache votive. Cette forme a été rencontrée, aussi à B u t m i r 3 ) et à S u l t a n a 4 ) .
c) Le troisième i n s t r u m e n t en pierre polie est une pierre-à-broyer les grains, a y a n t la
forme d'un percuteur un peu aplati (diamètres: 7 ; 6 , 3 ; 3,5 cm). A force d'usage, il ne con­
serve que quelques vestiges de polissage. Un exemplaire identique à B u t m i r : R a d i m s k y
le n o m m e Rundel, doppeltkonischer Quetschstein 5 ).
Un fragment d'objet en pierre calcinée à rouge (fig. 10, no. 12) probablement d'une
forme conique. On ne peut l'identifier à aucun instrument, à cause de son état.

*) Comme à Sultana et les autres sites préhisto­ XVI, 19.


3
riques, sur les deux rives de la vallée du Danube. ) W. Radimsky, op. cit., pi. XVII, no. 30; Fr.
2
) V. de Morgan, op. cit., p. 90, fig. 30; p. 95, fig. 34; Fiaîa, idem, pi. XVI, no. 7 et 13.
4
p. 101, fig. 39. — Dr. Capitan, La préhistoire, pi. XVII, ) I. Andriesescu, Sultana, (s. p.).
5
fig. D; pi. XVIII, fig. G. — Fr. Fiala, op. cit., pi. ) Op. cit., p. 50.

329

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VLADIMIR DUMITRESI I

II

LA C É R A M I Q U E
Ce deuxième chapitre renferme une quarantaine d'exemplaires, la plupart intacts et
quelques uns fragmentaires.
Nous distinguerons deux groupes: A. Les vases d'utilité ménagère; H: Les objets servant
au culte} et ceux d'usage imprécis.

Fig. 3.

Abstraction faite de la variété assez grande des formes, dans le cadre des mêmes types
généraux, une constatation d'ordre général s'impose pour les deux groupes: La qualité
supérieure de la pâte, très pure, cuite uniformément et presque toujours à rouge.
U n t r a i t caractéristique de la céramique de Gumelnita, est la croûte calcaire, laquelle
bien des fois a u n rôle protecteur mais laquelle endommage souvent la pâte et les orne­
ments.

A. La céramique d'utilité ménagère

Il faut distinguer dans cette catégorie deux formes principales avec leurs dérivéce, les­
quelles t o u t en évoluant, conservent leurs parenté avec la forme primitive.
I. Vases en forme d'écuelle ou d^assiette.
I. Vases en forme de poire.
Un seul vase paraît être en dehors de ces deux catégories, tout en conservant quelque
ressemblance avec ceux du deuxième groupe. P a r conséquent il sera décrit après ceux-ci,

330

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

[. Vases en forme (Vénielle


1. Vase presque entier (haut. 8 c m ; diamètre au col 14 cm, à la base 9 cm). Les parois
«paisses; le profil légèrement incurvé (fig. 3, no. 1 et fig. 4, no. 1). La p â t e très bien cuite
a rouge semble avoir été aussi très bien préparée. Sur la paroi extérieure, sous la croûte cal­
caire, apparaît un ornement composé de traits en relief espacés de 2 —3 cm, tracés de h a u t en
bas sans beaucoup de soin. Le décor paraît être une imitation de l'écorce des arbres, rémi-
niscense de la technique
primitive des vases en
bois. Sur le côté brisé
du vase, à 1 cm sous
la lèvre, une petite proé­
minence, percée au mi­
lieu en guise de manche,
2. Vas entier (9 cm ;
20 et 9 % cm). Parois
épaisses; le profil incur­
vé 6H p a r l a n t du col \ ers
la base (fig. 3, no. 2 et
fig. 4, no.2). Contour par­
faitement circulaire. Pâte
Fift. 4.
de même cuisson et qua­
lité que celle du vase précédent. La paroi extérieure décorée avec un goût appréciable. Un
trait très proéminent contourne horizontalement le vase en le partageant en deux zones presque
égales. Sur ce trait,
à intervalles inégaux,
q u a t r e petites pro­
éminences allongées,
un peu pointues. L n
p a r t a n t de la marge
du vase, obliquement
de droite à gauche,
quatre traits sembla­
bles au trait horizon­
tal unissent la lèvre
du vase aux quatres
proéminences. Sous la
ligne médiane, il y a
encore cinq traits per­
pendiculaires sur la
base du vase. L'en­
Fig. 5. semble est d'un effet
très décoratif. Les proéminences, si petites, doivent être considérées seulement comme u n
élément ornemental.
3. D'un profil apparenté aux précédents, un troisième vase, beaucoup plus grand que
les deux autres (15 c m ; 25 X l O cm). Le profil diffère q u a n t à la lèvre du vase, qui est un

331
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VLADIMIlt DUMITRESCU

peu recourbée à l'intérieur; la partie inférieure marque l'intention d'un pied (fig. 3, no. 5 et
fig. 5, no. 2). La pâte bien préparée est inoins soigneusement c u i t e ; sous la croûte, sur la face
extérieure, deux rangées de petites proéminences contourcnt le vase à distances presque
égales. La première rangée à 1 % c m sous la marge du v a s e ; la deuxième un peu pins
bas du milieu du vase. E n t r e ces deux rangées, des lignes en relief vont obliquement de
droite à gauche.
D'autres vases ont un goulot de profil concave.
4. Vase entier (11 c m ; 15 X 4 cm). La base bombée prouve que le vase avait besoin de
support (fig. 3, no. 9 et fig. 4, no. 3). Une seule protubérance située sous la lèvre du vase,
possède un trou horizontal. La patine brune — sur les deux faces des parois, sous une
croûte très épaisse cette fois — plaide pour l'opinion que nous sommes en présence d'un
exemplaire de l'époque énéolithique et point d'une époque plus h a u t e . Les parois épaisses
et inégales et la crête qui sépare les deux profils opposés ne sont pas des plus soignés.
5. Vase entier (22 c m ; 2 7 X 1 4 cm). La lèvre du vase est hante et un peu recourbée
de l'extérieur à l'intérieur. Forme commune, ressemblant à la précédente (fig. 3, no. 3 et fig.
5, no. 1). La paroi épaisse, pâte fine, uniformément cuite. La patine rouge-foncée sur la paroi
extérieure est très endommagée par la croûte calcaire. Aux bas de la lèvre, dix traits d'un relief
très léger perpendiculaires sur la base divisent le vase en dix registres presque égales. Sur
une de ces registres, près de la lèvre, une petite proéminence ornementale.
6. Grand vase (19 c m ; 2 5 % X 12 cm) presque complètement reconstitué. Profil à deux
tournures différentes: celle de la lèvre et celle du corps du vase (fig. 3, no. 6). La lèvre
très h a u t e ; sous la ligne qui sépare les deux parties du vase, face-à-face, deux anses-pro-
tubérences percées, évidemment en b u t utilitaire. La paroi est épaisse, la pâte fine, cuite
presque à rouge, la patine rouge-clair.
7. Vase entier (fig. 3, no. 10 et fig. 4, no. 6) rappelant comme profil le no. 4 ; mieux exé­
cuté (7 c m ; l l % X 3 } / 2 cm). P â t e fine, très bien cuite, d'une puissante résonnance. A
l'intérieur et l'extérieur patine b r u n e j a u n â t r e ; forme élégante.
8. Vase presque entier (6 c m ; 13,5 X 4 cm) très b a s ; la lèvre à peu-près verticale un peu
inclinée vers l'intérieur (fig. 3, no. 12 et fig. 4, no. 4). Le profil est formé par deux lignes se cou­
pant en angle obtus ] ) . Le vase paraît avoir de la patine sur les deux surfaces ; aucun ornement.
9. Assiette entière (5 c m ; 1 5 X 3 c m ) ; très largement ouverte. La lèvre un peu inclinée
vers l'intérieur, h a u t e d'un c m 2 ) , (fig. 3, no. 13 et fig. 4, no. 5). La patine brime rongeâtre
soigneusement exécutée. Sur le fond, des vestiges de suie. L'assiette a été utilisée au moyen
d ' u n support pour cuire des aliments au feu.
10. Autre assiette entière, mais plus petite ( 3 % c m ; 1 3 X 3 % cm). La lèvre peu haute
inclinée vers l'extérieur; la même patine brune-lustrée, très bien exécutée, quelque peu
endommagée (fig. 3, no. 17).

I L Vases en forme de poire.


Les formes de cette deuxième catégorie, très fréquentes dans notre céramique du sud-
est, sont facilement déterminables ; tous les vases en forme de poire trouvés à Gumelniça
ont leurs pointe en h a u t .

2
') Exemplaire presque identique à Sultana: v. I. ) Exemplaire semblable à Kodjudcrmen, Bul-
Andriesescu, Fouilles de Sultana, Dacia I (9. p.). garie: Cf. Izvestia VI, p. 119 fig. 116 a.

332

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

1. Vase cassé (fig. 6, no. 4), mais conservant un profil assez intact, pour pouvoir être
classé parmi les vases en forme de poire. Le col est vertical et bas, le profil du vase cur­
viligne et convexe (haut. 8 cm ; 10 cm diam. en bas et probablement de même en h a u t ) .
Les parois épaisses; pâte soignée, cuite à r o u g e ; aucune patine. Très simplement dé­

coré: de minces traits en relief contournent irrégulièrement le vase, de droite à gauche sur
t o u t e la surface.
2. Autre vase de même forme (fig. 6, no. 2 et fig. 7, no. 6). Sur la partie bombée du
vase, deux petites anses-protubérences percées verticalement. La forme générale est celle
d'une ellipse (8*4 c m ; 6 % en h a u t ; 6 % en b a s ; le diamètre maxim., — celui qui unit les
deux proéminences — 13^2 cm). Les parois grossies par la croûte calcaire, la pâte bien cuite
et patinée sur les deux faces (extérieure et intérieure).
3. Petit vase entier (6 c m ; diamètre en h a u t 5*4> à la base 3 % cm). La forme est
sans contredit, celle d'une poire. Lèvre basse (% cm) ; le reste du profil très recourbé en
dehors (fig. 5, no. 3 et fig. 6, no. 1). Les parois d'épaisseur égale, patinées en rouge à
l'intérieur et à l'extérieur. Le décor incisé : un t r a i t circulaire tracé au-dessous de la lèvre ;
puis six petites zones allongées sur t o u t le pourtour du vase, enfermées aussi dans u n
Irait incisé. Le reste rempli par quelques lignes circulaires incisées, espacées entre elles
de Y2 cm. A l'intérieur du vase, sur le fond, une proéminence à côtes, allongée et perforée
horizontalement 1 ), constitue un élément fantaisiste, car on ne peut a d m e t t r e qu'on sus-
1
) Un exemplaire analogue retrouvé à Sultana; v. I Andrieçescu, Fouilles de Sultana, Daeia I (s. p.).

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ΥΙ.ΛΟΙΜΙΙΪ DUMITRESCU

pendait le vase au moyen d'une ficelle passée par le trou de la proéminence : l'équilibre
n'aurait été point stable.
4. Vase presque entier (10 c m ; 6 c m X 6 cm). Le roi plus h a u t que chez les précé­
dents lui donne un aspect plus élégant (fig. 6, no. 5). Les parois minces: pâte fine, cuite
à rouge. La patine est couverte par la croûte calcaire.
5. Petit vase presque entier (0j/> cm ; Γ>1/> X 3 cm), déformé par la calcination (fig. 6, no. 8).
Le col un peu plus h a u t n'altère pas la forme de poire du vase. Λ cause de la calcination
et de la croûte on ne peut observer le caractère primordial de la pâte.
6. Vase, entier (13 c m ; 9 X 4 cm), avec le diamètre m a x i m u m au milieu (fig. 6, no. 6).
La lèvre est un prolongement en h a u t de la piriforme commune, ce qui donne au vase
un aspect plus distingué. Du reste, la forme qui en résulte était très usité·' pendant l'épo­
que énéolithique. La paroi est assez mince et le profil finement t r a c é ; la croûte calcaire
fait impossible un examen plus minutieux de la pâte et de la surface des parois.
7. Fa.se entièrement reconstitué (12 c m ; 8 X 5 cm). Le col commence plus bas que
chez le p r é c é d e n t ; la moitié inférieure très bombée. Les parois minces, pâte pure et patine
brune claire, admirablement exécutée (fig. o, no. 10).
8. Les rases dérivés de la forme de poire, quoique peu variés, sont représentés par un
vase entier (11/4 r , n » diamètre en haut 8 cm), la partie bombée abaissée vers la b a s e ; le
col s'amincit vers la lèvre verticale qui est encadrée par deux anses cylindriques verticales,
pas trop grandes. La base bombée ne peut maintenir le vase en équilibre parfait qu'à l'aide
d'un support (fig. 6, no. 7 et fig. 7, no. 5). La facture du vase est plus primitive que celle des
autres décrits j u s q u ' à présent. La paroi épaisse, la pâte bien cuite. On a gravé avec un objet
pointu, probablement en forme de peigne, des rangées de traits parallèles incurvés, qui
contournent le vase, s'entre-croisant quelquefois. La croûte calcaire, la grande ennemie de
l'ornement, couvre ci et là l'intéressant ornement.
9. Vase incomplet, mais suffisamment reconstitué pour donner une idée de la forme,
dérivée de celle en poire (fig. 6, no. 11 et fig. 7, no. 3), formée de deux parties presque égales,
l'inférieure bombée et la supérieure constituant le col h a u t et élégant du v a s e ; cette forme
rappelle le t y p e Lausitz. La paroi très mince en h a u t , devient visiblement épaisse vers la
partie b o m b é e ; cuite à rouge, elle paraît avoir eu une patine rougeâtre.
10. Fa.se entier (6 c m ; 7 X 2 % c m ) ; le col, long de 2 % c m * s'incline un peu vers
l'intérieur (fig. 6, no. 16). La paroi mince, d'une pâte e x t r ê m e m e n t fine, est patinée brun-
rougeâtre sur les deux surfaces. La technique parfaite indique l'approche de l'âge du bronze.
Un vase analogue comme forme à Chumen, au N-Ouest de la Bulgarie ] ) .
11. Vase presque entier (8 c m ; 7 X 2 % cm), divisé en deux moitiés égales par une
bande intermédiaire, large d ' a p p r o x . 1 cm., laquelle s'enroule horizontalment a u t o u r du
vase. La lèvre est u n peu évasée en dehors (fig. 6, no. 17). La pâte e x t r ê m e m e n t fine
et bien cuite ; les parois sont couvertes d'une patine brune-rougêatre.
12. Fa.se entier (haut. 8 c m ; d i a m . : 8 et 6 cm en h a u t . ; à la base 3 c m ) ; le diamètre
m a x i m u m à mi-hauteur, ce qui rend égales les deux moitiés du vase. L'ouverture d'en h a u t
n'est pas ronde comme aux vases décrits j u s q u ' à présent, mais ovale (fig. 6, no. ]4 et fig. 7,
no. 4). Sur les deux côtés, placées j u s t e au milieu du vase deux proéminences triangulaires,
plates, avec la pointe tournée en h a u t , rappelent très bien les anses-en-guise-de-main des

') Cf. Izvestia, VI, p. 12H, fig. 126 b.

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DECOUVERTES DE C U M E L N I J À

«Cesichtsvasen» de Troie I I 1 ) . Los lignes du vase sont très harmonieuses e t tracées avec sûreté.
La forme, dérivée sans doute d e l à poire, comme celle des vases 10 et 11, témoigne d'un t e m p s
plus voisin de l'époque du bronze, sinon de l'époque du bronze elle même. Malgré cela le
traditionalisme local se maintient, avec des éléments assez anciens (v. les proéminences). La
paroi soigneusement t r a ­
vaillée est couverte d'une
patine brune-foncée.
13. Le dernier exem­
plaire de la série des va­
ses en forme de poire est
u n vase presque entier
(12 c m ; 10cm X 4 c r a ) ;le
col et u n e partie de la
paroi m a n q u e n t (fig. 5,
no. 4 et fig. 6, no. 12); le
vase est divisé en deux «
moitiés égales par une
crête affilée, stir laquelle
il y a une ébauche de pro-
Fig. 7
tubérence. Il est préparé
d'une pâte fine et bien cuite, conservant des traces de patine brune à l'extérieur comme
à l'intérieur du vase.
*
*· *
A v a n t d'aborder la description des objets servant au culte, il faut mentionner aussi
quelques exemplaires d'utilité ménagère (couvercles, etc.), soit intacts, soit représentés p a r
d'intéressants fragments.
1. Couvercle complet (diam. 13 cm) très bombé, à
l'anse ronde, pas trop grande (fig. 6, no. 3). P â t e bien
cuite. La croûte calcaire empêche u n examen minutieux
des parois. D ' u n côté près de la marge, une petite pro­
éminence ornementale. Trois ou quatre lignes d ' u n relief
léger, p a r t a n t des deux racines de l'anse, forment u n
ornement assez simple mais qui pourrait être très bien
Fig. H considéré comme dérivé de l'ornement en spirale.
2. Couvercle très bombé (diam. 18 cm). L'anse, qui
devait être ronde ou demi-circulaire, manque (fig. 8). La paroi épaisse, bien lissée, d'une
pâte fine cuite à rouge. Autour de l'anse deux bourrelets en relief, obtenus en pressant
la pâte avec u n objet très raide et pointu. C'est peut-être aussi u n dessin dérivé de la spirale.
3. Couvercle plus petit (diam. 10,5 cm). L'anse m a n q u e , mais elle devait avoir la même
forme q u e celle de deux exemplaires précédents. Plus soigné q u a n t à la forme et au décor

') Cf. Schliemann: Antiquités troyennes. Atlas photo- parenté explicable, car nôtre pays aurait constitué
graphique, planche 103, fig. 2297 et les autres le chemin de passage, si non une station plus durable
Gesirhtsvnsen. Je ne crois pas à une ressemblance de ces peuplades. Le vase-crapaud de Sultana (cf.
due au hasard. En admettant que les habitants de I. Andriesescu, o. c. Daci 1) paraît confirmer cette
Troie II sont arrivés du nord, on constate une hypothèse.

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νΐ,ΛΡΙΜΙΚ DUMITKKSCU

(fig. 6, no. 13), il est fait d'une pâle fine, couverte sur les deux surfaces par une patine brune.
L'ornement, disposé de la même manière qu'au no. 2, est continué aussi sur la marge du
couvercle. 11 est peu saillant et obtenu par la pression du doigt dans la pâte encore molle.
4. Petit couvercle (diam. 8 cm) très peu b o m b é ; l'anse — probablement identique aux
précédentes, m a n q u e . La même patine brune.
5. Couvercle presque plat (diam. 14 cm). L'anse, qui avait 8 cm de largeur à la base
et 1 cm d'épaisseur était trop grande par r a p p o r t au couvercle. Q u a n t à la forme elle
était probablement en demi-cercle, identique à celles des exemplaires similaires de'Sultana *)
et Câseioarele 2 ). La p â t e est grossière et pas suffisamment cuite. La ligne du profil pas
trop h a r m o n i e u s e ; la surface paraît avoir de la patine.
6. Quelques fragments de couvercles, dont l'un a des cannelures qui se suivent parallè­
lement, sur la partie supérieure a u t o u r de l'anse.

Un exemplaire qui réunit les deux préoccupations utilitaire et artistique des b a b i t a n t s


préhistoriques de Gumelnita, est un rylhon en terre cuite, malheureusement détérioré (long.
en ligne droite 24 cm). Le corps cylindrique v a en s'amincissant, se t o r d a n t en demi-cercle
j u s q u ' à la pointe affilée. De l'autre côté la paroi m o n t e verticalement (fig. 6, no. 4 et
fig. 9, no. 2). Le r y t h o n é t a n t brisé
on ne peut savoir en quelle forme fi­
nissait l'extrémité supérieure. La par­
tie inférieure est plate pour équilibrer
l'objet. Sur l'un des côtés, on peut
voir l'emplacement d'une anse, assez
épaisse, qui n'existe p l u s : par consé­
quent la réconstitution devient plus
compliquée. Sur la partie supérieure,
un peu de côté, une t e n t a t i v e de re­

f
présenter un animal stilisé : 2 yeux
e n rcue
vî 'I· \ ^ ' u n n e z a s 8 e z g r o s * aussi en
11 H Wk relief, qui commence droit et puis suit

jg f**· une ligne incurvée. Près du nez une


,'■■¥ Ά l f;3j rainure prolongée j u s q u ' à la pointe
^■JË;.^*P ->40 tordue et recourbée, c'est probable-
Fi 9 ment la ligne de la bouche. L'animal
ressemble plutôt à u n être a q u a t i q u e
qu'à un q
<Γau moins un u a t r u p è d e . L'exécution
litre. est assez intéressante. La paroi très épaisse (aprox. 1 cm),
s'amincit
J e croisverspouvoir
la partie m e tsupérieure
t r e ce r y t hqui est relation
o n en brisée. Pavec
â t e fine,
ceux cuite à rouge,
du sud d o n n a n t soit
égéen, quoiqu'il une
grande résistance aux parois. La
d'un a u t r e matériel et d'une forme différente. croûte calcaire très épaisse. La capacité du vase était

2
') I. Andrieçescu, Sultana, Dacia I (s. p.). ) Gh. Çtefan, Fouilles de Câseioarele, Dacia II, 1925,
(sous presse).

336

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

D'autres objets d'utilité pratique en terre cuite, sont: deux poids-de-filet-de-pêche,


et q u a t r e fusaïoles (fig. 9, no. 10 et fig. 10, no. 1). Les fusaïoles, dont une d'une grandeur
inaccoutumée (haut. 6 cm ; largeur 5 % cm), n'ont rien d'extraordinaire. Les deux poids-de-filet-
de-pêchc, assez soigneusement travaillés, ont une forme commune ! ) . L'un d'eux présente
sur la surface, sous le trou d ' a t t a c h e , un grand triangle, dont les lignes sont plutôt gravées
qu'incisées (fig. 10, no. 9 ) ; sur la base une ébauche de perforation. Toutes les deux conser­
vent encore les traces de la corde qui les liait au filet respectif.
Un anneau (fig. 3. no. 16) assez épais et travaillé d'une manière primitive; la pâte insuffi­
s a m m e n t cuite. Il a servi probablement comme support pour un petit vase à base bombée.
Deux exemplaires en terre cuite à rouge (fig. 9, no. 4), en forme de perle très allongée, non
perforés, mais si légers qu'on peut les supposer creux à l'intérieur. Nous ne pouvons pas
dire à quoi ils servaient, car pour les attacher comme des perles il leur aurait fallu u n trou.
Objet en forme de petit obus, la base u n peu plus large que le reste (haut. 4^> c m ) ;
perforé d'un bout à l'autre (fig. 3, no. 15). Deux objets semblables, ont été trouvés à
Kodjadcrmen (Bulgarie) 2 ), par M. Popov.
On ne peut en préciser l'usage.

Il faut mentionner aussi les fragments suivants:


a) Quleques fragments avec protubérences simples ou doubles (n'ayant rien de ca­
ractéristique, ils ne seront pas décrits).
b) D'autres à ornement incisé.
c) Deux autres qui conservent les traces de couleur.

b) Fragments à dessins incisés


1. Fragment de vase, d'une pâte primitive, à dessins irrégulièrement incisés, s'entrecroi-
sant quelquefois; c'est u n décor de tradition néolithique.
2. Fragment a p p a r t e n a n t à la lèvre évasée en dehors d'un vase. P â t e bien cuite. A
1 cm sous la lèvre, malheureusement très peu conservée, des dessins géométriques incisés:
des traits parallèles, horizontaux, coupés par des angles formant des quinquonces. Si les
angles n'étaient pas pointus, on dirait que c'est u n ornement en ligne ondulée. E n t o u t
cas c'est en arrondissant les angles qu'on a obtenu ce dernier spécimen d ' o r n e m e n t a t i o n 3 ) .
Le fragment é t a n t trop petit, on ne peut se faire une idée de l'ensemble.
3. Deux fragments de vase l'un près de la lèvre, l'autre de la base. Le premier fait partie
d'un grand vase, le second d'un très petit. Les deux d'une pâte pas trop pure. L'ornement
incisé consiste en des traits précis, largement et régulièrement ondulés (ornement en paren­
t h è s e ; fig. 10, no. 4). Le même ornement se trouve sur beaucoup de fragments de S u l t a n a 4 ) .
4. Grand fragment (fig. 6, no. 9) de la partie supérieure d'un vase. P â t e bien préparée.
Décor incisé, pas c o m m u n : deux palmettes inégales, a y a n t à droite et à gauche d'autres
lignes incisées.
l 3
) I. Andricsescu: Piscul Crâsani, B u e , 1924, ) v. I. Andriesescu: Piscul Crâsani, p. 63 et suiv.
fig. 236 — 237. — Parmi ceux de Butmir, publics par *) v. le même, Fouilles de Sultana, Dacia I (s. p.).
Fiala (op. cit.), celui de la fig. 44 est le plus proche Peut-être le dessin de Butmir (v. Fr. Fiala, op. cit.,
de notre forme. p. 32, fig. 29). et l'origine de celui-ci.
2
) Izvestia vol. cit., p. 145, fig. 154 b.

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22 Dacia I 1924.
ΥΊ.ΛΙΜΜΙΚ DUMITRESCU

c) Fragments à dessins coloriés


1. Tesson de rase en forme d'écuelle, d'une pâte l>i«"n cuite. I>a patine brune très bien
exécutée sur les deux faces du fragments. Sur le col liant de 2 cm, trois raies grises à scintilla­
tion métallique sont probablement produites par du graphite. Kilos vont parallèlement
de droite à gaucho. Λ droite, le même décor se répète (fig. 3, no. 14). Le fragment très réduit
nous empêche do voir quelle forme avait la décoration. A l'intérieur, traces des dessins
de la même couleur. E n ce qui concerne la technique (la patine et l'ornement), le fragment
ressemble à ceux de Sultana trouvés à la plus grande profondeur de la couche x ).
2. Fragment de vase à paroi épaisse, pas trop bien cuit. P a t i n e brune à reflets gris et
noirâtres (fig. 3, no. 7). Le décor réalisé d'une manière intéressante: Premièrement on a
patiné entièrement la surface du vase, puis on a gratté les parties qui devaient rester sans
[)atine. L'intérieur a une patine presque noire.
*
* *
Figurines en terre cuite
1. La partie inférieure d'une grande figurine (dans l'état actuel h a u t e de 12 cm). Le
triangle du sexe formé par des traits incisés, et le caractère stéatopyge indiquent une figu­
rine féminine (fig. 9, no. 4 et fig. 10, no. 2). L'artisan a été préoccupé de rendre le caractère
sculptural dos formes du corps h u m a i n . La grandeur — inaccoutumée pondant l'époque néo­
lithique de nos régions '-') — peut constituer un argument pour la dater plus récemment que
le néolithique.
2. Figurine d'animal (fig. 9, no. 3 et fig. 10, no. 9) — grandeur commune — (9 cm
de long) représentant un q u a d r u p è d e avec la partie postérieure très prolongée. La tête
aurait été terminée par u n museau pointu. Une perforation qui p a r t de la gueule de
l'animal sort dans le d o s : c'est peut-être un caprice de l'artisan.

Différents vases et objets d'usage imprécis


1. Deux petits vases do la forme et grandeur d'une fusaïolc moyenne, mais un peu
applatis, a y a n t une cavité à l'intérieur et percés seulement sur un seul côté. L'un a le trou
de communication avec l'intérieur très p e t i t ; l'autre un peu plus grand (fig. 10, no. 5 et 11).
2. Lin autre vase, d'une forme presque semblable (fig. 10, no. 15), patiné on b r u n , plus
h a u t (6 cm) et avec 4 pieds cylindriques. Le trou de communication avec l'intérieur se
t r o u v e aussi à la partie supérieure. On ne peut préciser l'utilité de ce v a s e : peut-être était-ce
u n objet servant au culte 3 ) .
3. Un autre exemplaire, dérivé probablement de la même forme primordiale—le plus pré­
cieux du point de vue de la valeur artistique. Plus grand que le précédent (haut 9 cm), a y a n t
aussi q u a t r e pieds — dont l'un est brisé, il devait avoir un col étroit (fig. 9, no. 1 et fig. 10
no. 6). La pâte très soignée, cuite à rouge 4 ). Le vase est formé par deux moitiés accolées: le

*) I. Andriesescu, Sultana. deux exemplaires semblables trouvés à Lom, qu'il


2
) A Sultana (cf. I . A n d r i e s e s c u d a n s «Dacia» I.) nomme — avec point d'interrogation touteafois — lam­
et à Câscioarele (cf. G h . S t e f a n , Fouilles de Câscioa- pes (càdilnifa) ; nos exemplaires n'ayant que des très
rele, «Dacia» II, 1925, on a trouvé seulement des vagues traces de suie et de fumigation, on ne peut
pieds des figurines en terre-cuite de même grandeur. rien affirmer avant une beurcuse trouvaille in situ.
3
) M. K a r l Skorpil, d a n s s o n : Materiali za arheolo- *) Le décor en cercles concentriques incisés n'est
giceska Karta na Bûlgaria, Sofia, 1914, p . 62, p u b l i e pas rare. En Thessalie il y a beaucoup d'ornements

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

col trop étroit a empêché l'artisan de modeler l'intérieur de la même manière que l'extérieur.
T o u t autour du col six cercles concentriques incisés. Aux quatre coins du vase, se prolongeant
sur les pieds, q u a t r e traits parallèles incisés. Entre les cercles concentriques et les traits des
coins, q u a t r e lignes pareillement incisées composent un losange avec les angles sur la ligne
médiane du vase. Nous ne pouvons définir l'utilité de ce v a s e ; je le crois plutôt un objet
votif; il n'est en aucun cas une lampe.
4. Vase en forme de baquet. Paroi épaisse, fond plat, la lèvre un peu recourbée vers

l'intérieur (fig. 3, no. 8). Sur le fond une petite fissure. La croûte calcaire déposée, empêche
comme toujours l'examen de la pâte. A Kodjadermen, M. Popov a trouvé deux vases sem­
blables (l'un elliptique, l'autre rond) qu'il a classés comme supports *). Le second peut très
bien se prêter à ce rôle, mais le premier — et par conséquent le nôtre — ne peut être
un support à cause de sa forme ovale.
5. Petit objet cylindrique (7 cm long. ; 2 cm larg.), avec u n bout terminé en pointe.
Perforé d'un bout à l'autre (fig. 10, no. 3). P â t e pas trop bien c u i t e ; patine b r u n e 2 ) .
6. Petit cylindre, irrégulièrement modelé (3 cm long.), sans rôle défini.

III. Objets en os
1. Une pointe de harpon en corne de cerf (long. 7 3 / 4 cm), presque cylindrique. Sur un côté,
deux barbelures, dont la plus proche de la pointe est cassée (fig. 10, no. 13). E n face de cette

1
analogues. On le retrouve encore plus près de nos ) Izvestia, VI, p. 143, fig. 150.
2
régions, sur un vase de Lengyel, Hongrie (cf. Das Prii- ) M. Popov, dans l'article cité. Izvestia, VI, p.
historische Schanzuierk von Lengyel II, Budapest, 1890, 144 (fig. 151 —152) nomme deux exemplaires analo-
von Mauritius Wosinsky ; planche XLIII, 333; etc. gués «phallus».

339

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>>o»
VI.ADIMIK DUMITRESCU

dernière, le harpon est un peu saillant ce qui indiquerait ici l'existence d'une harhelure, la­
quelle s'étant brise, le posseseur a probablement réparé lui-même le harpon, en lissant la partie
affectée. Yis-à-vis de la seconde barbelure, plus bas, il paraît y en avoir eu une a u t r e , mais
le harpon, cassé, nous empêche de vérifier cette hypothèse.
Contrairement à ce qu'affirme M. Capitan dans La Préhistoire ^ , le harpon n'est
pas un i n s t r u m e n t qui disparaît à la fin du mésolithique. On le rencontre assez fré­
q u e m m e n t , p e n d a n t le néolithique et l'énéolithique 2) et même j u s q u ' e n pleine époque
de fer. E n Jugo-Slavie, à Belo Brdo on a trouvés deux harpons p l a t s 3 ) , datés vers la
fin de l'époque néolithique et le commencement du bronze. La présence du harpon dans le
milieu éneolithique de Cumelnita n'a donc
rien de surprenant.
2. Le fragment de la base d'un objet à
percer, en os, q u ' o n trouve souvent dans
les stations néolithiques (Troie I I 4 ) , dans
notre sud-est, à Sultana 6) et ailleurs.
3. Trois instruments (6, 7 % et 9 cm
% <<-*
long.) en os poli, dont deux très pointus
au bout (fig. 10, no. 7 — 8 ) ; ce sont certaine­
m e n t des ustensiles ménagers.
4. Fragment d'un objet en os troué, plat
(21/2 cm large), bien poli. A u t o u r du trou,
des traces de lignes légèrement incisés, mais
trop précises pour être dues seulement au
hasard. A Sultana aussi plusieurs exemplai­
res 6 ) . C'est probablement un objet de pa­
rure (pendeloque).
5. Fragment (4 Χ 2 ] / 2 c m ) d'une figurine en
os, (fig. 9, no. 7) avec une partie du triangle
féminin et quelques pointes incisées').
6. Deux grandes figurines en os, malheu­
reusement cassées, mais p o u v a n t t o u t de
même être reconstituées (fig. 9, no. 1). Les
Fig 10.
deux d'un profil latéral très saillant. (L'une
longue de 22 cm, large de 7 % c m ; l'autre longue de 18 cm, large 7 cm). Les têtes, ex­
t r ê m e m e n t allongées en bas, liées au corps au moyen d'un cou très long, ont de larges oreilles
pointues. Très soigneusement polies, elles ont été endommagées par la croûte et la cal-
cination. Les yeux sont indiqués par des trous. Sur les flancs de deux figurines et au cou
de l'une d'elles, les mêmes t r o u s . On peut prendre ces figurines pour des dérivations du
fameux style en violon (Troie I I et Thessalie) de l'époque néolithique, dérivations qui im­
pliquent un assez respectable laps de t e m p s .

*) Collection Payot, p. 40. no. 3438.


2 8
) Cf. Forrer, Reallexikon, pp. 336 — 337. ) Cf. I. Andriejescu, Sultana, Dacia I.
3
) Cf. Starinar, 1906, Belgrad, p. 95, fig. 6, a et b. ■) Ibidem.
7
*) Cf. Schliemann, op. cit., planche CLXXXVIII, ) Ibidem.

340

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DÉCOUVERTES DE GUMELNITA

Comme éléments de parure, on a trouvé dans l'un des vases quelques trois cents coquilles
de petits escargots bleus, dont beaucoup sont perforées, ce qui prouve que le possesseur
était en train de les enfiler pour obtenir des coliers. Le coquillage était d'ailleurs à cette
époque et même plus t a r d un ornement recherché (fig. 10, no. 2 — 3).

*
L'anneau en or appartient aussi à un objet de parure (fig. 9, no. 8). C'est le seul re­
présentant du métal dans cette collection (diam. 1,8 cm). Il est taillé à q u a t r e faces
dont deux larges de 3 m m et les autres deux de 2 m m . L'anneau se présente u n peu in­
terrompu ; les deux bouts é t a n t très rapprochés et limés, on ne peut en déduire une
détérioration ultérieure, mais plutôt c'est un caractère primordial de l'objet. Il est très
bien conservé et d'un poids peu commun pour ses dimensions réduites.

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Situé à l'embouchure de la rivière de l'Argeç, le massif de Gumelnita, entouré de
toutes parts par les eaux, dominait j u s q u ' a u loin la plaine et les rivages du Danube. Il
offrait une position trop favorable pour que les gens des t e m p s néolithique et énéolithi-
que, grands chercheurs des sites avantageux, ne fussent tentés d'y camper.
Parmi les stations parsemées dans la vallée de l'Argeç, ainsi que sur les rives du
Danube (en a m o n t et en aval du fleuve, sur la rive gauche) Gumelnita était u n point
central, é t a n t donné que la voie par l'eau était un chemin plus sûr et plus rapide. D'ailleurs
l'identité de la culture ethnographique préhistorique des stations contemporaines, ne permet
pas d ' i m a g i n e r un isolement entre elles; au contraire il semble qu'elles étaient en étroite
relation. P a r conséquent, tous ces éléments qui concouraient à un développement heureux
et rapide de cette station en ont fait un centre très riche; Panneau en or, qui ne devait
être q u ' u n fragment d'un très bel objet de parure, la ligne délicate des profils de vases
et surtout leur pâte si bien cuite, témoignent pour la richesse et l'habileté t e c h n i q u e ;
q u a n t au goût artistique le r y t h o n et le vase à quatre pieds et à dessin incisé en sont
des preuves convaincantes.
Ces arguments, ainsi que le fait que tous ces objets ont été trouvés en creusant au
hasard quelques trous sans aucun système, nous permettent d'affirmer que Gumelnita était
une des stations les plus florissantes de la contrée.

Préciser l'époque de l'emplacement de Gumelnita n'est pas chose trop difficile. Les élé­
ments communs et quelquefois identiques avec ceux de Sultana et d'autres stations situées à
l'Est — celle de l'île du lac Boïan1) et celle de la b u t t e de Fundeanca2) et de Cunesti3),
4
comme aussi celle de Câscioarele ) à l'Ouest, nous font voir en Gumelnita une station de
l'époque énéolithique.
La plupart des formes de la céramique, t o u t en e n t r a n t dans le cadre énéolithique du
sud-est sont des dérivations ou des continuations des formes néolithiques.

x 3
) dette station a été fouillée cette été même par ) Cf. Radu Vulpe, Rapport, etc. Bul. Com. Mon.
Mr. Christescu. Istorice, an. XVII, 1924, p. 85 Bue.
2 4
) Station fouillée par M-ellc H. Dumitrescu. ) Gh. Stefan, Fouilles de Câscioarele. Dacia II, 1925.

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VI.ADIMIK DUMITHKSC.ll

En ce qui concerne le décor, on constate l'absence de la matière crayeuse, qui rempli!


d ' h a b i t u d e les incisions. Le manque de cet élément caractéristique pour l'époque néoli­
thique el énéolithique du sud-est, et au contraire la présence de la p a t i n e si soigneuse­
ment exécutée; la pauvreté en figurines de terre c u i t e 1 ) et en os, q u i — - o n le sait —
deviennent rares vers le milieu de l'époque de bronze, ainsi que l'anneau en or. métal
connu p e n d a n t le néolithique aussi, mais très abondant seulement pendant l'époque du
bronze, tous ces éléments nous autorisent à prolonger la date de notre station même
après l'époque ('néolithique (en bronze I et peut-être bronze I I ) , quoique l'absence du
bronze et du cuivre dans notre collection, plaiderait pour le contraire: Mais à Sultana
en fouillant une grande étendue on a trouvé à peine q u a t r e ustensiles en cuivre; à Ko-
djadermen 2 ) trois seulement, les deux stations é t a n t classées comme énéolithiques; cette
rareté du métal vient en aide à notre thèse.
La station de Oumclnita n'a pas été seulement une habitation de pêcheurs et d'agri­
culteurs. Le grand nombre et la grande variété des outils en silex, ainsi que les per­
cuteurs et nucleus, nous font supposer un atelier pour le travail du silex. Mais, considé­
r a n t q u ' à 20 k m à l'ouest — à Câscioarde— et à 35 km à l'est — a Sultana — on constate
les mêmes éléments et par conséquent la sphère d'action commerciale n'existairait pas,
on est réduit de n'accorder à l'atelier de Gumelnita que la production pour les besoins
locaux, comme pour le travail de la céramique par exemple. La profusion des i n s t r u m e n t s
en silex s'explique par la tradition néolithique et par la cherté du métal.
La destruction de la station de Gumelnita est probablement due à un foudroyant in­
cendie, comme à Sultana et à Câscioarele. Le bousillage calciné en est l'indice. Cette
coïncidence ainsi que celle de l'identité de culture plaident en faveur de la contempo-
ranéité des stations — énéolitiques — de la vallée de l'Argeç et du bas D a n u b e . Nous
sommes même conduits à croire qu'elles ont eu la même fin: au commencement de l'époque
du bronze, des peuplades venues du Nord ou de l'Est ont détruit sur leur passage les pros­
pères stations de toute la région du sud de la Valachie et de l'Olténie (Petite Valachie);
ou peut-être les h a b i t a n t s ont émigré d'eux-mêmes quelque part vers le Sud ou l'Ouest.
La calcination du bousillage et, quelquefois des vases, nous font opiner avec plus de proba­
bilité pour la première hypothèse.
VLADIMIR DUMITIŒSCU
Assistant au Musée d'Antiquités d<· Bucarest

1
) En ce qui concerne la grandeur et la plastique en os sont beaucoup pin· nombreuses par rapport
de la figurine féminine, les deux éléments peuvent à la céramique.
2
être interprétés dans le même sens. v. plus haut, ) hvestia, 1916 — 18, fig, 90 — 91.
p. 338. — A Sultana les figurines en terre cuite et

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LE DEPOT EN BRONZE DE SUSENI
La commune de Suseni, du district Mures-Turda, se trouve située sur la rive droite du
Mures à 6 km. de distance de Reghinul sasesc. E n partant de ce dernier point, sur la rive droite
du Mures, s'élève un plateau, qui s'achevant à Deda, s'étend sur une longueur de 27 km. P a r
endroits le plateau est sillonné par les lits de différents ruisseaux, qui après l'avoir traversé,
vont se jeter dans le Mureç. Au pied du plateau se trouve une voie romaine qu'on peut très
aisément suivre jusqu'à Deda.
Tout près de cette voie il y avait aussi deux citadelles, l'une à Brâncovenesti l ) et l'autre
à Deda '-). De tout temps, favorisé par ses admirables conditions géographiques, ayant à ses
pieds la rivière de Mures et protégé par derrière, par d'immenses forêts, ce plateau se trouvait
merveilleusement propice à l'établissement de l'homme préhistorique.
En effet on a déjà découvert, en plusieurs endroits, des restes d'une poterie préhistorique.
11 y a environ dix années, on avait trouvé à Deda, quantité d'objets en bronze, qui au
dire du prêtre de la paroisse locale, auraient été acquis par le musée de la société «Astra» de
Sibiu. A Brâncovenesti, dans la forêt qui se trouve derrière les ruines de la citadelle ro­
maine, et d'où la voie romaine bifurque vers Bistrita (les traces de la voie romaine se conser­
vant très visibles, surtout près de Râpa) on a découvert aussi un cimetière à urnes, contenant
des cendres 3 ) . Vers la commune de Suseni, près de l'entrée du village, du côté droit, située au
pied du plateau, il y a la fabrique de briques et de tuiles, propriété des successeurs Schwartz.
L'argile nécessaire à cette entreprise est exploitée de la carrière, au bord du plateau.
Au-dessus de la couche argileuse, il y a une couche de 1,20 — 1,50 m en gravier et sable
et au-dessus de celle-ci, sur une hauteur de 0,80 —1,20 m, une autre couche en terre glaise
«■t en terreau.
Pour pouvoir extraire l'argile pure, on enlève chaque année, les couches superposées.
Au printemps de l'année 1924, pendant qu'on transportait ailleurs le contenu de ces couches,
on a découvert, selon les affirmations des ouvriers, un grand vase qui renfermait les objets
en bronze, décrits ici, de même qu'un peloton en fil d'or 4 ), dont nous ne possédons qu'un
fragment d'environ 15 cm, le villageois qui l'avait trouvé l'ayant vendu à un personnage
inconnu. Le morceau que nous possédons est un don du prêtre de la paroisse locale. E n
apprenant ces faits, nous nous sommes immédiatement rendus au lieu indiqué, en prenant
les mesures nécessaires, pour que tous les objets fussent ramassés et transportés au musée
Archéologique et Ethnographique de Tg.-Mures — Palatul Cultural — où ils se trouvent à

') Vass Jôzscf: Erdély a romniak niait, p . 119; Ar- cheologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243.
4
rheologiai Kozlcmények, 1861, vol. I I . Ipolyi Arnold: ) Ailleurs aussi on a découvert d u fil en or, analo­
Magyar régeszeti repertorium, p. 243. gue à celui-ci Archeologiai Kôzlemények, vol. V, p,
") Archeologiui Kôzlemények, vol. I I , p . 243. 30, m e n t i o n n e les localités: T a r c z a , Tperjes, Teplicz.
3
) Vass Jozsef: Erdély a romaiak alalt, p . 119; Ar- Poprad.

343

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Al REL IILIMON

présent. Le vase qui contenait les objets a été brisé et on n'a pu rien trouver se r a t t a c h a n t
à lui. Le trésor se composait de 91 exemplaires entiers et de fragments. Tous étaient recou­
verts d'une patine verte, assez bien conservée.
En passant à une description plus détaillée, nous avons: 8 pointes de lance, qu'on peut
diviser en trois catégories:
Type T ! ) caractérisé par les ailerons et qu'on peut considérer comme partagé en deux ; la
partie inférieure formant presqu'un cercle, tandis que la partie supérieure de forme ellipsoïdale
s'amincit en pointe. La douille, de la naissance des ailes jusqu'à la pointe, présente la forme
d'un triangle. A gau­
che et à droite de ce
triangle il y a un or­
nement consistant en
un filet un peu plus
en relief, que la lame.
Cette partie ornemen­
tée s'élève dans la
direction de la hau­
teur du triangle. Plus
large en bas et s'amin-
cissant vers le h a u t ,
elle est parallèle aux
bord, partageant les
deux ailerons pres-
qu'en deux parties
égales, la partie marginale se rétrécit en formant le tranchant. Il y a des exemplaires dont
on peut observer même l'aiguisement.
Type I I 2) se caractérisant par deux raies, qui p a r t a n t des ailerons, remontent en demi-
cercle jusqu'à la hauteur de la douille, d'où elles s'allongent en triangle j u s q u ' a u bout de la
lance. Le milieu du triangle est indiqué par la raie, qui marque aussi le milieu de la douille.
Les ailerons de forme elliptique, vont s'affilant vers la pointe. La douille en est plus long
qu'au t y p e I.
Type I I I 3) de dimensions plus petites, avec le même décor que le t y p e I, différant en
cela, que la partie supérieure des ailes, n'est pas de forme elliptique, mais triangulaire.
Les exemplaires sont les suivants:
Type I, fig. 1. Longueur 200 mm, dont 78 mm pour le talon et 122 m m , pour les
ailes. Le diamètre de la douille à la partie inférieure mesure 28 m m , dont 1 mm forme
l'épaisseur de sa paroi. A une hauteur de 48 mm, disposés horizontalement, il y a deux trous,
chacun avec u n diamètre de 4 m m , qui ont servi à assujettir la h a m p e . La douille mesure
104 m m .
A la naissance des ailerons, la douille a un diamètre de 18 mm. La partie inférieure des ailes
forme un cercle, dont les diamètres sont : 42 X 41 mm ; la partie elliptique a une longueur
2
') Hampel Jozsef : A bronzkor emlékei Magyarhonban, ) Hampel, L c , pi. CXLII, fig. 6, tab. CLIX, fig.
vol. II, pi. CLI, fig. 21; Archeologiai Êrtesito 1890, uj 7ct 8.
:l
folyam, vol. X. Wosinsky Môr: A bonyhâdvidéki bronz- ) Hampel, l. c , pi. CXXXI, fig. 3.
lelet, p. 29—49, pi. I, fig. 21.
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344
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

de 80 mm. Le plus grand diamètre est de 28 mm. L'ornementation, large de 7 mm, haute de
3 mm, est parallèle aux bords, s'inclinant vers la raie médiane, qui, au commencement des
ailes, est large de 8 mm, et s'amincit vers la pointe. Sur le bord un trait de 2 mm, paraît
être dû à l'affilage.
Fig. 2. Longueur 215 m m , dont 78 mm pour le talon et 137 mm pour les ailes. Le dia­
mètre du talon, à la partie inférieure: 25 mm, dont 1 mm, pour l'épaisseur de la paroi du talon.
Λ la naissance des ailerons le diamètre atteint 17 m m ; les trous horizontaux servant à fixer
la hampe, se trouvent à la hauteur de 37 mm, ayant un diam. de 4 mm. La douille est pro­
fonde de 82 mm. La partie inférieure des ailerons mesure: 38 X 37 mm, formant pres-
qu'un cercle.
La partie en ellipse a une longueur de 99 mm et son plus grand diamètre est de 32 mm.
L'ornementation, sur le bord des ailerons, occupe 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm.
A ses extrémités, sur une portion de 3 mm, on voit les traces de l'affilage.
Fig. 3. Longueur 177 mm, dont 51 mm pour le talon et 126 mm, pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 21 m m ; aux ailerons 16 m m ; l'épaisseur de la paroi de la douille:
1 m m . A une hauteur de 16 mm, se trouvent les deux trous horizontaux servant à fixer la
hampe.Leur diamètre mesure 4 mm. Les diamètres à la partie inférieure des ailerons: 3 6 X 3 4 .
La partie supérieure est longue de 9 mm, et le plus large diamètre mesure 28 mm. A 6 mm
des extrémités commence le décor, dont la hauteur initiale est de 2 mm. La raie médiane
atteint 4 mm d'hauteur. Sur une largeur de 2 m m , en partant des bords, l'aiguisement est
parfaitement visible.
Fig. 4. Longueur 189 mm, dont 61 mm pour le talon et 128 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 24 mm et à la naissance des ailerons: 19 mm. L'épaisseur de
la paroi: 1 mm. Les deux trous horizontaux qui ont chacun un diamètre de 4 mm, sont
percés à une hauteur de 43 mm. La douille, servant à y introduire la hampe, a une pro­
fondeur de 78 m m . La partie inférieure des ailerons a les diamètres suivants: 40 X 38
m m ; la partie de forme elliptique, longue de 90 mm, a le diamètre le plus large: 32 mm.
L'ornementation marginale y est de 6 mm, avec une hauteur initiale de 2 mm ; la
raie médiane étant haute de 5 mm. Aux bords, sur une largeur de 2 m m , on observe
l'affilage.
Fig. 6. Une petite partie de la pointe manque. La longueur 160 mm, dont 60 mm pour
le talon et 100 mm pour les ailerons. Le diamètre, à la partie inférieure a 24 mm dont
1 mm forme l'épaisseur de la paroi. La douille est profonde de 72 mm. A la hauteur de 27 mm
il y a des trous horizontaux, dont le diamètre est de 18 mm. La partie inférieure des ailerons
a les diamètres 30 X 32 mm. La longueur de la partie supérieure de forme elliptique est
de 70 m m . Le diamètre maximum atteint 27 mm. L'ornementation marginale est longue de
7 m m et haute de 3 mm. La raie médiane est de 5 mm. Aux bords, l'affilage est assez visible
sur une largeur de 2 mm.
Type I I , fig. 5. Longueur 164 mm, dont 68 mm pour le talon et 96 mm pour les ailerons.
Le diamètre inférieur du talon a 22 mm, dont 1 mm pour la paroi. Le diamètre à la naissance
des ailerons est de 18 mm. Les trous horizontaux servant à assujettir cette pointe de lance
à sa hampe se trouvent à une hauteur de 31 mm et ont un diamètre de 4 mm. La douille
mesure en profondeur 113 mm. A la naissance des ailerons commence l'ornementation que
nous avons décrite en nous occupant de la classification des types. Le diamètre maximum
des ailerons atteint 36 m m .
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345
M Kl I, ΙΊΙ.ΙΜΟΝ

Fig. 7. Longueur 173 mm dont 6(> m rii pour le talon et 107 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon est de 24 mm, dont il faut soustraire I mm pour ['épaisseur de la
paroi. Le diamètre supérieur, à la naissance des ailerons, est de 18 mm. Λ 30 mm de hauteur
se trouvent deux trous horizontaux, chacun avec un diamètre de 1 mm. La profondeur de la
douille du talon atteint 132 m m . L'épaisseur de l'ornementation, mentionnée a u p a r a v a n t ,
est de 7 mm. Le diamètre maximum est de 38 m m ; aux ailerons, sur une largeur de 2 mm.
on peut très distinctement observer les traces de l'affûtage.
Type I I I , fig. 8. Longueur 141 mm dont 53 mm pour le talon et 88 mm pour les ailerons. Le
diamètre inférieur du talon: 24
mm, dont I mm pour l'épaisseur
de la paroi. Λ la naissance des
ailes le diamètre est de 17 mm. A
36 mm de hauteur, se trouvent
les trous horizontaux servant à
fixer la hampe. La profondeur de
la douille atteint 78 mm. Le dia­
mètre maximum des ailes at­
teint 28 mm. Parallèlement aux
bords, à 6 mm de distance vers
l'intérieur, il y a l'ornementa­
tion comme pour le t y p e I,
d'une épaisseur de 2 mm ; la raie
médiane est de 4 mm. Un petit
fragment du talon manque·
Une seconde catégorie serait
celle des haches à douille. E n tout 10 morceaux, dont 5 entiers et les autres fragmentaires.
On peut distinguer deux t y p e s :
Type I *). Ce sont des formes plutôt de grandes dimensions, presque toutes possédant
un anneau.
Si à l'aide d'un plan perpendiculaire on coupait transversalement l'un de ces exemplaires,
on obtiendrait deux parties égales, dont les deux côtés opposés, seraient obliques, de sorte
qu'il en résulterait deux triangles avec la pointe vers le tranchant et la base vers le rebord.
La partie antérieure, approximativement jusqu'au milieu, se rapproche de la forme d'un parai·
lélipipède, en s'élargissant et s'inclinant du côté du tranchant. lia section horizontale de
l'autre moitié présente la forme d'un trapèze.
Type II 2 ). La section perpendiculaire partagerait l'exemplaire en deux moitiés égales. Ce
t y p e ne possède qu'une seule marge ronde, qui à partir du milieu commence à s'élargir en
s'inclinant vers le tranchant. La section horizontale est de forme elliptique, presque ronde.
E n commençant la description des figures nous avons:
Type I. Fig. 10. De l'exemplaire original, il manque une portion d'environ 10 mm. Lon­
gueur: 96 m m . Largeur en b a s : 35 mm., en h a u t : 20 mm. L'ornementation au bord est formée
par deux traits, mesurant 4 mm de largeur et 3 mrn d'épaisseur. La douille de la hache a une

x 2
) Hampel, l. c, pi. 8, 10; pi. XCVIII, fig. 7 — 10; ) Humpel: l. c, pi. XI, fig. 1 — 2; Arch. Êrt.tvol
pi. CXLV, fig. 24, 28, 35; pi. CLXXII,fig. 25 — 26. X, p. 35, fig. 8, 9.
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346
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

profondeur de 60 mm. I,<· diamètre: 26 X22 mm. L'anneau, à une distance du corps de 9 mm,
formé par la continuation du filet saillant supérieure, a une longueur de 20 mm et une
épaisseur de 9 mm.
Fig. 11. Longueur: 104 m m ; largeur au tranchant 50 mm, au-dessous du bord: 37 m m ;
la marge d'en face ayant une largeur de 24 mm, qui jusqu'à l'inclinaison atteint 50 mm. Les
marges latérales ont une largeur de 13 mm. En haut notre hache se termine par un rebord
saillant, dont la largeur, y compris l'épaisseur du burin, mesure 7 mm. La douille de forme
dyptique a les diamètres: 3 3 X 2 9 mm. Le rebord saillant de la douille a une épaisseur de
4 tu tu ; s'incurvant d'un côté, il forme l'anneau, long de 23 mm. La douille a une longueur
de 62 mm.
Fig. 13. Longueur: 125 mm, dont 50 mm pour le tranchant, 38 mm pour la partie mé­
diane, et 48 mm, y compris le rebord saillant, pour la partie d'en haut. La marge antérieure
jusqu'au point de l'élargissement, mesure 60 mm en longueur. La largeur en est de 26 m m ;
les marges latérales, sont larges de 6 mm ; le rebord saillant a une largeur de 5 mm ; et une
épaisseur de 6 mm. La douille, de forme elliptique, a les dimensions: 3 6 X 2 8 mm, et une
profondeur de 72 mm. L'anneau manque. Un petit fragment du tranchant manque aussi.
Fig. 17. Exemplaire brisé en deux. Longueur: 136 mm. La largeur au t r a n c h a n t : 61 m m ;
au b o r d : 48 mm. Le bord opposé, jusqu'au point de l'élargissement, a une longueur de
27 mm. En haut, la hache est ornée d'un rebord saillant large de 14 mm et épais de 7 mm. Au-
dessous de ce rebord, il y a un filet saillant parallèle, large de 6 mm et épais de 3 mm.
Ce filet forme la base d'une ornementation triangulaire, composée de deux triangles, dont
l'épaisseur est de 1 mm. La base du triangle de l'intérieur mesure 6 mm ; la hauteur en
est de 22 mm. Le triangle extérieur, dont la base est de 20 mm, possède une hauteur de
32 mm. L'anneau est formé par la continuation du rebord supérieur qui a une épaisseur
de 5 mm. La douille, de forme dyptique, a les dimensions: 3 7 X 2 8 mm et une profondeur
de 74 mm.
Type I I , fig. 15. Longueur: 97 m m ; largeur au tranchant 36 m m ; au milieu: 27 m m ;
en haut, y compris le rebord saillant, 36 mm. Les dimensions du rebord sont: largeur 4 mm,
épaisseur 3 mm. Le corps est de forme presque ronde. Parallèlement du rebord supérieur, à
une distance de 5 mm, il y a trois filets saillants dont l'épaisseur atteint 2 mm. Le diamètre
de la douille: 2 7 X 2 7 mm. Sa profondeur: 73 mm.
E n dehors des exemplaires décrits, il y a aussi des fragments.
Fig. 16 1 ). La partie supérieure d'une hache a douille, appartenant à un type différent.
Longueur: 75 mm., largeur: 43 mm, épaisseur: 25 mm. Le fragment présente un gros rebord
saillant, large de 6 mm, un peu incliné et épais de 2 mm. Vers les extrémités, le rebord
s'élargit et remonte un peu, il s'incurve d'un côté et forme l'anneau qui a une longueur de
25 m m et une épaisseur de 5 mm ; à l'autre bout il forme une proéminence. Les diamètres de
la douille: 37 X32. La marge antérieure, se repliant presque perpendiculairement, forme aussi
la marge latérale.
Fig. 18. Fragment. La partie supérieure d'une hache. Longueur: 65 mm, largeur en b a s : 33
mm, en h a u t : 42 mm. Le rebord supérieur forme en se prolongeant l'anneau, dont les dimen­
sions sont: 23 mm de longueur; 10 mm de largeur; 5 mm d'épaisseur. La douille mesure:

J
) Hampel: A bronzkor cmlékn, pi. XII, fig. 2, 3 ; pi. CLXXII, fig. 16,21, 2 2 - 2 4 ; pi. CLXXIV, fig. 2;
pi. CVII, fig. 1 - 9 ; pi. CLVIII, fig. 4; pi. CLIX, fig. 6; pi. CLXXVIII, fig. 2, 3.
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347
AMHKL ΙΊΙ.ΙΜΟλ

3 7 X 3 2 mm. Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un côté, il y a une ornemen­
tation composée de deux traits parallèles, dont les extrémités se dirigent vers le bord, en
décrivant une parabole.
Fig. 19. Fragment représentant aussi la partie supérieure d'une bâche à douille. Longueur:
52 mm. Largeur en bas: 35 mm. Le rebord supérieur, large de 12 mm, a 7 mm d'épaisseur.
Les diamètres de la douille: 35 X 3 1 . Le corps est le même que celui de la fig. 16. Sur un coté,
il y a une ornementation triangulaire, dont la base est formée par le rebord supérieur. Il y a
trois triangles espacés de 4 m m ; leur épaisseur est: 1 mm. Au centre du triangle du milieu
se trouvent deux cercles avec un diamètre de 3 mm et une épaisseur de 1 mm.
Fig. 14. Fragment de lame.
Longueur: 45 m m ; largeur à l'en­
droit cassé: 2 5 m m ; l'épaisseur au
même endroit: 7 mm.
Fig. 12. Fragment de lame.
L o n g u e u r : 77 m m ; largeur au
t r a n c h a n t : 51 mm, à la partie
endommagée 35 mm.
Un autre groupe est relui de
faucilles. E n somme 14 morceaux,
dont 3 entiers, 2 presque entiers
et le reste en fragments.
Ceux qui sont entiers pour­
raient être classés en deux caté­
gories.
Type 1 ' ) . Exemplaire n ' a y a n t
plus pour manche q u ' u n bouton
disposé perpendiculairement sur
l'extrémité de la crête. La crête
(sous cette dénomination nous comprenons la partie supérieure, un peu plus épaisse) présente
deux filets en relief; leur forme est un peu arrondie.
Type II 2 ). Exemplaire muni de son manche. La forme est un demi-cercle. Il se compose
de deux parties: le manche et la lame avec la crête. Au bout du manche vers la crête, il y a une
partie accessoire de forme rectangulaire, disposée horizontalement. La lame est platte. La
crête épaisse présente un filet saillant. Le manche est décoré de traits.
Type I, fig. 22. Longueur: 165. Largeur en b a s : 25 mm, dont 17 m m reviennent au
tranchant, qui va en s'affilant vers sa pointe. La crête épiasse de 8 m m , s'amincit elle aussi
vers la pointe. Au devant, la crête présente une raie épaisse de 15 mm., parallèle à une autre
raie. La distance qui les sépare mesure 5 mm. A l'extrémité inférieure de la crête, disposé
perpendiculairement, il y a un bouton, long de 12 m m et épais de 5 mm, qui servait a assu­
j e t t i r la h a m p e .

J
) Hampel, /. <·., pi. CVII, fig. 13, 27; Arch. Ért, Uj fo- pi. CLII, fig. 7—24. Arch. Êrtesitô 1890, Uj folynm X
lyam, V, p. 308 —310. PL CXLIII, fig. 1 —14,17, 20. p. 29 — 42, pL CLIX, fig. 14, 17, 19, 20, 2 2 , 2 4 .
2
) Hampel: pi. LXXXIX, fig. 12; pi. XCIX, fig. Arch. Êrtesitô, 1887, vol. VII, p. 55 — 58, pi. CLV,
1 - 1 6 . Arch. Êrt. 1882, vol. II, p. 2 9 9 - 3 0 5 , pi. CXLVII fig. 9 — 16.
fig. 33 — 38. Arch. Êrt. 1888, vol. VIII, p. 18 — 20,
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348
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SI S I M

Type I I , fig. 24. Longueur du manche: 57 mm. Le reste mesure 205 mm. L'épaisseur de
la crête, qui s'amincit vers ses deux extrémités est de 6 mm. Sur sa partie supérieure la crête
est munie d'un filet saillant, large de 3 m m et épaisse de 2 mm. Le manche présente une
largeur de 24 m m , la lame mesure: 133 mm. Au bords, le manche possède deux filets, dont
la largeur mesure 3 mm et l'épaisseur 2 mm. Celle du bord interne remonte en ligne
droite, jusqu'à la crête. J u s t e au milieu de la distance entre les deux filets, il y en a un
troisième. Leurs superficies se présentent, comme si elles avaient été percées à l'aide d'un
instrument servant à ornementer, de piqûres espacées de 1 — 2 mm.
Le bord interne, à 8
mm vers l'intérieur, pré­
sente une portion creusée en
forme de demi-cercle, haute
de 5 mm, qui aurait servi
à l'emmanchement de la
hampe. Au bord externe,
la partie saillante, mesure
12 mm en longueur, 14 mm
en largeur, et 2 m m en
épaisseur.
Fig. 25. Le bord ex­
terne du manche mesure 52
mm. Le reste a une lon­
gueur de 214 mm. L'épais­
seur de la crête atteint 6
m m . La raie a 3 mm de largeur. Le bord interne du manche est long de 52 m m , celui
du tranchant (la lame) de 146 mm. A ses extrémités le manche présente deux filets, dont
celle de l'intérieur vers le tranchant, s'arrondit en demi-cercle, formant un triangle avec
le filet marginale. Au centre du manche, entre les deux autres raies, il y en a une troi­
sième qui se prolonge en dépassant les autres, jusqu'à la pointe du triangle. La partie
saillante du manche a les dimensions suivantes: largeur 16 m m ; longueur 13 m m ; épais­
seur 2 mm.
Les fig. 29 et 32 appartiennent au type I L
Fig. 29. La pointe manque. Le bord externe du manche jusqu'à l'appendice mesure 47
m m . ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 m m . A l'endroit brisé, la largeur atteint 23 mm.
La crête est épaisse de 6 mm, dont 2 m m , constituent l'épaisseur du filet. Large de 2 m m ,
ce filet a été décorée, en y a p p u y a n t à intervalles, un objet pointu. La partie interne du
manche mesure 52 mm, la lame est longue de 67 mm. Vers les deux extrémités du manche
il y a un filet ; celle du bord interne qui va droit vers la crête, forme un triangle. Au
milieu il y en a encore un autre filet, qui se trouve être la parallèle du filet interne. Tous ces
filets sont ornementées au moyen d'un instrument pointu, tout comme celui employé pour
l'exemplaire de la fig. 24. A l'endroit où le filet interne rencontre celui de l'extérieur, il y a
u n autre filet, qui s'allonge parallèlement à la crête. Ce trait mesure 1 m m de largeur.
L'appendice saillant du manche présente les dimensions suivantes: longueur 7 m m ; largeur
15 m m et épaisseur 2 mm. A la partie inférieure, le manche présente une petite partie un
peu creuse, en forme de demi-cercle.
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M Kl I, I II.IMON

Fig. 32. La longueur du manche extérieur considérée jusqu'à L'appendice saillant mesure
47 m m ; de ce point jusqu'à la brisure: 95 mm. L'épaisseur de la e n t e est de 7 mm, dont il
faut retenir 3 mm, pour le filet. Sur les deux marges du manche, il v a un filet, dont l'épais­
seur est de 2 mm. Ce de ['intérieur se continue obliquement jusqu'à la crête. E n partant
de ce raie, parallèlement à la crête, il y a un autre filet épaisse de 1 mm. Au milieu du
manche il y a aussi un filet, qui aboutit à la crête. Les filets ne présentent aucun décor. La
longueur de l'appendice saillant est de 7 m m ; la largeur en est de 12 mm.
Fig. 20. Fragment de manche, conservant encore une partie de la lame. La partie exté­
rieure est longue de I 1 I mm, y compris un filet large de 5 mm et épaisse de 2 m m . La crête
avec son filet mesure 6 m m en épaisseur. Du côté interne le manche est ornementé d'un filet,
qui au tranchant se continue parallèlement à la crête. E n t r e ces deux filets, au milieu, il y en
a un autre, lequelle se perd à l'endroit même où commence le tranchant. Les filets ne pré­
sentent aucun ornement. L'appendice au bout du manche manque. Les dimensions des raies:
largeur 3 mm et épaisseur 2 mm.
Fig. 21. Fragment de manche, avec une partie de la lame, appartenant probablement
à un type étranger. Longueur externe: 152 mm, y compris un filet large de 3 mm et épaisse
de 2 mm. Au centre il y un autre filet parallèle, le filet de la marge interne du manche abou­
tissant au premier (le filet médian). Ces traits sont décorés par le même procédé «pie l'exem­
plaire de la fig. 24. L'appendice saillant servant à fixer manque.
Fig. 23. Fragment, une petite portion de la lame. Le côté externe du tranchant mesure
en longueur 51 m m . La crête a une longueur de 67 mm et une épaisseur de 7 mm, dont 2 mm
pour la raie, dont la largeur atteint 3 mm. Le manche, au bord interne, possède un filet qui
se dirige vers la crête. La largeur du manche mesure: 26 mm. Le bord inférieur du manche
forme la base d'un triangle, formé de traits.
De la pointe du triangle, u n autre filet s'allonge vers la crête. Ces filets ne sont pas or­
nementées. L'appendice servant à l'emmanchement mesure 12 m m en longueur et 7 mm
en largeur.
Fig. 28. Fragment, conservant une partie du manche.
Du côté extérieur le manche a une longueur de 56 mm. La largeur en est de 21 mm. La
partie conservée de la crête ne dépasse pas 12 mm. L'appendice mesure 16 m m en longueur
et 9 m m en largeur. Le manche possède trois filets parallèles, dont deux forment les bords
mêmes du manche.
Fig. 30. Fragment de lame et de manche, dont la partie extérieure mesure 12 mm. L'é­
paisseur en est de 7 m m , dont 2 m m pour le filet. La largeur 3 m m . L'appendice a les dimen­
sions suivantes: 12 mm en longueur et 8 en largeur. Le manche présente trois filets endom­
magées comme celle de la fig. 24. A 8 m m de distance, en p a r t a n t du fdet intérieure vers
le tranchant, il y a un trait simple, qui va parallèlement à la crête.
Fig. 31. Fragment. Le manche, du côté du bord externe mesure 65 m m de longueur et
27 m m en largeur. La crête mesure 12 m m . Les trois filets du manche sont ornementés
comme dans la fig. 24. A la partie inférieure du manche, il y a un trou triangulaire, dont la
base mesure 7 m m et la hauteur 6 mm. L'appendice possède 11 m m en longueur et 7 m m
en largeur. L'original devait être recourbé.
Fig. 33. Fragment de manche et de lame, très recourbée. La longueur conservée pour
le manche mesure 30 mm, la largueur: 25 m m . La crête considérée en p a r t a n t de l'appendice
mesure 60 m m ; à la brisure la largeur atteint 33 mm. L'épaisseur de la crête, y compris son
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350
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

filcL, mesure 7 mm, dont 3 mm pour l'épaisseur du filet. Le filet, de la marge interne, va
tout droit devant elle, puis s'incline, et à une distance de 8 mm de la crête, va parallèlement
à celle-ci. Au milieu il y a un autre filet, parallèle à celle du bord externe. L'appendice a les
dimensions suivantes: 12 mm en longueur; et 8 mm en largeur.
Fig. 26. Fragment de lame. Longueur: 175; largeur à l'endroit cassé: 28 mm. La
crête est épaisse de 7 mm dont 3 mm forment l'épaisseur du filet, qui présente une largeur
de 5 mm.
Fig. 27. Fragment de lame. Longueur: 135 mm, largeur à l'endroit cassé: 28 mm. Λ la
crête l'épaisseur atteint 7 m m , dont 3 mm occupés par la raie. La largeur est de 5 mm.

Les bracelets. Il y en a 33 pièces, dont 10 entières et les autres fragmentaires.


On peut les diviser en deux groupes.
Λ la première catégorie se rattacheront tous les exemplaires dont les deux bouts sont libres.
La seconde catégorie est formée par les exemplaires dont les bouts ne sont pas libres et
dont l'aspect général est celui d'un anneau.
La première catégorie comprend 6 types.
Type I ] ) . Forme ronde, épaisse au milieu, s'amincissant vers les deux bouts. La section
est u n cercle.
Type I I 2 ). Forme carrée, épaisse au milieu, s'amincissant vers les deux bouts. La section
est de forme carrée.
Type I I I 3 ). La surface interne est plate, tandis que celle de l'extérieur est convexe.
L'épaisseur partout égale. La section en demi-cercle.
Type IV. Formes plates et minces. Les deux bouts finissent en demi-cercle. La section est
celle d'un parallélipipède.

!) Hampel, /. r., pi. L, fig. 3; pi. CVII, fig. 13, 14. CXLIII, fig. 19 — 2 1 ; pi. CLVIII, fig. 1—3; pi. CLXV,
16— 18. Arch. Értes., vol. V, p. 308 — 310, pi. CIX, fig. 2 — 4. Arch. Ért. VI, p. 148 — 151.
fig. 22 — 25. Arch. Êrtes., V, p. 182 — 188, p. CXIV. *) Hampel: l. c, pi. XLVIII, fig. 2; pi. LI, fig. 1 - 2 ;
fig. 22 — 36. Arch. Értes., 1886, vol. VI, p. 14 — 16; pi. LXXXVI, fig. 4 a.
3
pi. CXXII. fig. 55 — 70; pi. CXXV, fig. 25 — 28; pi. ) Hampel, /. c, pi. L, fig. 7; pi. C, fig. 27 t.
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Aiiiu;r, Π Ι . Ι Μ Ο Ν

Type V 1 ). Formes plaies et minces. La partie extérieure rayée de 3 — 5 traits, divisant


la surface en parties égales.
Type VI 2 ). Forme d'aspect épais. La partie interne plate, celle de l'extérieur convexe
et rayée.
Catég. I, type I, fig. 34. La circonférence extérieure mesure 213 mm, l'épaisseur au milieu
5 m m ; aux b o u t s : 2 mm. Les diamètres 6 5 X 5 0 mm. Aux extrémités une ornementation
formée par 18 traits perpendiculaires et parallèles, séparés entre eux par une distance d'un m m .
Cette ornementation est gravée.
Fig. 36. La circonférence extérieure mesure 212 mm. L'épaisseur au milieu mesure 5 m m ;
aux deux b o u t s : 2 mm. Les diamètres: 6 0 X 5 7 mm. L'exemplaire est ornementé par des

traits parallèles et perpendiculaires, formant des groupes. Il y a deux groupes, l'un formé de
16 — 20 traits, l'autre composé seulement de 5 traits. La distance qui les sépare mesure
7 — 9 mm.
Fig. 38. La circonférence mesure 155 mm. L'épaisseur au milieu, 3 mm, aux b o u t s : 1 mm.
L'exemplaire est un peu tordu.
Type I I , fig. 54. Longueur de la circonférence: 168 m m . Au centre, la bautcur est de
6 mm, aux b o u t s : 2 m m . Les diamètres 3 7 X 3 6 m m .
Type I I I , fig. 53. La circonférence mesure 116 mm. La partie interne est large de 8 m m et
épaisse de 6 m m . Les diamètres: 5 5 X 4 5 mm. Son bord extérieur est convexe et ornementé
de traits perpendiculaires de 3 m m . Ces traits se trouvent aux extrémités du bracelet, formant,
t a n t en h a u t qu'en bas, deux bandes.
Type IV, fig. 46. La circonférence mesure 202 m m ; la largeur en est de 22 m m ; l'épais­
seur de Y2 m m . Les marges en sont coupées droit, les bouts demi-circulaires. Les diamètres:
6 9 X 5 4 mm.
Fig. 48. La circonférence mesure 160 m m ; la largeur: 20 m m , l'épaisseur: 1 m m . Les dia­
mètres: 5 5 X 5 2 mm. Les deux bouts en demi-cercle.
Type V. fig. 47. La circonférence mesure 170 m m , la largeur en est de 19 m m . Les bouts
un peu arrondis ; l'épaisseur de 1 m m . Sur la surface extérieure il y a 3 filets qui la divisent

x
) Hampel, l. c.,pl. LXXXVII, fig. 6. XI, Kôt. p. 83.
*) Hampel, l. c, pi. CLVI, fig. 20. Arch. Êrt., 1891,
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352
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

en deux parties égales. Deux des raies sont I U X deux extrémités et la troisième au milieu.
Leur épaisseur est de 2 mm et leur aspect de forme convexe.
Type VI, fig. 44. Exemplaire épais et massif. Très gros au milieu, s'amincissant vers les
deux bouts. La circonférence extérieure, y compris les rayures, mesure 223 mm. La marge
interne est platte, large de 17 mm. Les deux bouts se tordent vers l'extérieur.
La partie externe est sillonnée par 36 rayures convexes, celles du milieu épaisses de
3 m m , celles des extrémités seulement de 2 mm. Les deux bouts sont rehaussés par deux
gros anneaux. E n somme u n exemplaire assez bien conservé.
Groupe I I *), fig. 35. Anneau. La circonférence mesure 192 mm. Le corps rond, ayant
une épaisseur de 6 mm. Sa partie extérieure est ornementée par des groupes formés de 4
traits. Un des groupes est disposé perpendiculairement, tandis que
les autres sont inclinés, formant un triangle. \\Ϊ\^^\\\Γ^^Μ\^Φ^~
Les fragments: Fig. 37. Longueur: 72 mm. L'exemplaire appar­
tient à la I-ère catégorie, type I. A son extrémité il présente une
ornementation perpendiculaire, formée par 18 traits parallèles; vers
le centre l'ornementation consiste en un groupe de 5 traits perpen­
diculaires et de deux groupes inclinés, formant un triangle.
Fig. 39, I-ère catég., t y p e I-er. Longueur: 121 mm. Ce qui reste, ;
représente la moitié d'un bracelet.
Fig. 40. I-ère catég., t y p e I. Fragment représentant approx. 3 / 4
d'un bracelet. Longueur: 162 m m . ; la plus grande épaisseur: 5 mm.
L'ornementation consiste en deux triangles, formés par 4 traits, les­
quels sont encadrés par deux groupes, composée à leur tour de 18
traits perpendiculaires. - ^ ///// %. g 3 d
Fig. 4 1 . I-ère catég., type I. Longueur: 105 m m ; l'épaisseur à
l'endroit brisé 5 mm.
Fig. 42. Longueur: 212 m m . Forme ronde. Épaisseur partout *■■■■■■■■■,. ■
égale; diamètre: 4 mm. Appartenant au groupe I L
Fig. 43. Bracelet de forme carrée, conservé presque entièrement. Longueur: 208 m m ;
longueur d'un de ses côtés: 4 mm. Catég. I, t y p e I L
Fig. 45. Longueur: 105 mm. Forme ronde, diamètre: 4 mm. Notre fragment représente
y a d'un bracelet de la catég. I L L'ornementation consiste en 5 traits, disposés en forme de
■ triangle.
Fig. 49. Fragment. Longueur: 68 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 m m ; il présente
3 rayures horizontales, dont une aux deux extrémités et la troisième au milieu.
Se r a t t a c h a n t à la I-ère catég. type I L
Fig. 50. Catég. I, type V. Fragment. Longueur: 75 m m : largeur 18 m m ; il présente
3 rayures, épaisses de 1 mm.
Fig. 51. Catég. I, type V. Longueur 78 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur 1 m m : Quatre
rayures divisent la surface en parties égales.
Fig. 52. Fragment. Longueur: 68 m m ; largeur: 21 m m ; épaisseur: 1 mm. Les rayures
comme dans l'exemplaire de la fig. 5 1 .

!) Humpel, /. c, pi. CVII, fig. 15, 19. Arch. Êrt.t V, pi. CLI, fig. 28, 29. Arch. Êrtes., IX, p. 62 — 66.
p. 308-310, pi. CIX, fig. 21. Arch. Êrt., V, p. 182-188,
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AUREL FILIMOIS

Fig. 57. Cat. I, type IV. Longueur: 58 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: 1 mm.


Fig. 55. Fragment recourbé d'un bracelet de la eatég. [, type IV. Largeur: 15 m m ; épais­
seur: I min.
Fig. 58. Catég. I, type IV. Fragment. Longueur: 7 8 m m ; largeur: 18 m m ; épaisseur: I mm.
Fig. 66. Fragment d'un bracelet de la catég. I, type IV. Longueur: 77 m m ; largeur: 19
mm.; épaisseur: 1,5 mm.
Fig. 67. Fragment d'un bracelet. Longueur: 65 m m ; largeur: 27 m m ; cinq rayures divi­
sent la surface en parties égales. Λ 15 mm de distance des bouts, les rayures se perdent, de
sorte que seulement les deux rayures marginales vont jusqu'aux extrémités.
Fig. 69. Fragment de
bracelet. Cat. I, t y p e IV.
Longueur: 86 m m ; largeur:
21 mm et épaisseur : 15
mm.
Fig. 70. Fragment de
bracelet. Cat. I, type IV.
Longueur : 68 mm ; lar­
geur : 18 m m ; épaisseur:
1 mm.
Fig. 71. Fragment de
bracelet. Cat. I, type V:
68 X 18 X 1 m m . Quatre
rayures y sont tracées, à
égale distance ; vers les deux
bouts, celles du milieu se
perdent à la surface de
l'exemplaire.
Fig. 72. Fragment d'un bracelet. Cat. I, t y p e V. Longueur: 66 m m ; largeur: 18 m m ;
épaisseur: 1 mm.
Différents objets. Fig. 73. Fragment de poignard — le manche — Longueur: 72 mm.
Ses bords elliptiques sont recourbés vers la pointe. Epaisseur: 1 m m ; largeur: 9 m m .
En bas les bords ont une largeur de 49 m m et en haut au tranchant 32 mm. Au centre
des marges, horizontalement disposée, il y a une plaque, qui présente au milieu un trou de 6
m m , servant à l'assujcttisement des deux parties du manche. L'épaisseur de la plaque
mesure 1 mm.
Fig. 74. Anse, provenant d'un vase en bronze. Longueur: 115 m m . Forme carrée. Les
deux bouts vont s'élargissant en forme de tablette carrée, épaisse de 1 mm, ayant au milieu
un trou de 4 m m , servant à y passer un clou en bronze, à tête très plate. La marge du carré
mesure 17 m m . Le bouton du clou épais de 1,5 mm a un diamètre de 14 mm. Le corps du
clou est suffisamment long, pour pouvoir percer la tablette.
Fig. 75. Une anse, conservée à demi. Longueur de 17 m m ; largeur à l'endroit cassé: 27
mm., l'épaisseur au milieu 5 mm, s'amincissant vers les deux extrémités. La section de forme
elliptique. L'anse s'élargit vers le bout, ayant une largeur de 47 mm. De ces deux points, elle
forme un demi-cercle avec un filet épaisse de 2 mm. Près de cette rayure à 5 m m de distance
sur les deux côtés, il y a 2—3 trous espacés de 8 m m , ayant chacun un diamètre de 5 mm. Dans
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354
LE DÉTOT KN ItltONZE DE SUSENI

chacun de ces trous il y avait un clou (voir la fig. 75 a) long de 15 mm et épais de 4 mm, la
tête mesurant 7 mm. Ces clous ont servi à la fixer. En partant du premier trou, à 11 mm de
distance, parallèlement aux marges, il y a un trait gravé. Entre ces deux traits il y en a en­
core deux, mais ceux-ci n'ornementent pas le corps entier, mais seulement l'extrémité. Le
fragment possède 2 clous.
Des couteaux. En tout, il y en a 4 pièces.
Eig. 63. Longueur: 105 mm, dont 87 mm pour la lame et 18 pour le manche. La largeur:
24 mm, s'amincissent vers la pointe. La crête de forme elliptique, a une épaisseur de 3 mm.

Parallèlement à la crête, à 2 mm de distance, il y a encore un trait gravé, et puis encore un


autre à 4 mm de distance et parallèlement à la lame.
Eig. 64. Exemplaire presque entier, excepté une portion de la pointe. Longueur: 97 mm
dont 78 mm pour la lame, et 19 mm pour le manche. Au manche, il y a un trou de 2 mm,
qui servait probablement à y fixer de la poignée. Largeur: 18 mm, s'amincissant vers la pointe.
La crête mesure 3 mm. La pointe semble avoir été un peu élargie, supposition qui est con­
firmée par la forme de la lame, u n peu trop large à cet endroit.
Fig. 65. Couteau brisé en deux et fragmenté. Longueur: 127 mm, dont 80 mm pour la
lame et 47 mm pour le manche, qui est plus long que celui des exemplaires des figures 63
et 64. La largeur de la lame mesure 18 m m ; à l'endroit cassé, seulement 12 mm. L'épaisseur
de la crête est de 3 mm. Il semble que le couteau n'était pas terminé en pointe aiguisée.

Fig. 68 o et 68 b. C'est un couteau recourbé et brisé en deux. La longueur pourrait être


de 137 mm. La lame semble avoir été longue et étroite. La crête mesure 3 mm. Le manche pré­
sente un trou de fixation, avec un diamètre de 4 mm.
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355
AURKL FILIMON

Trois fragments d'épée.


Fig. 60. Fragment dont la longueur est de 53 mm, la largeur en b a s : 38 mm et en haut
37 mm. La surface est convexe; la section a la forme d'une ellipse. Au milieu il y a une arête
large de 22 mm et épaisse de 1 mm. L'épaisseur totale: 5 mm.
Fig. 61. Longueur: 90 n i m ; largeur en bas 38 mm, en haut 28 mm. L'épaisseur: 5 mm.
La surface convexe. Au milieu il y a une bande large de 14 mm et haute de 1 min.
Fig. 62 ' ) . Fxemplaire
brisé en deux. Largeur: 275
mm. Vers sa pointe, il est
un peu recourbé. Largeur à
la partie inférieure: 36 mm ;
l'épaisseur atteint 5 mm. La
lame devient un peu plus
étroite vers sa pointe. Au
u d ^~ <·{*
milieu la même bande large
de 14 mm et épaisse de 1 mm. Sur une distance de 2 mm, en partant des bords, on observe
les traces de l'aiguisement.
Les fibules. Fig. 76. Le plus beau de tous les exemplaires, un vrai représentant de l'art

9
91 ^Λ le plus parfait de l'époque du bronze. Longueur:

"flr ΛΒ ίλν " ~ " " " dont ' " " " " " I"" 11 l'- ressorts; -'!«'! mm
*"■* fl ML pour la plaque de forme elliptique du milieu et
^ JL· 32 mm pour la tête. Il y a en total, trois spirales
^H dont une plus grande et les autres de dimensions
83 I ^^^^ un peu réduites. La première d'un diamètre de
65 mm, est formée par 11 spires. Les deux autres composées
de 8 spires, ont un diamètre de 45 mm. Ces spirales forment
un triangle, dont la base est la ligne imaginaire qui unirait les
centres de nos deux spirales ; quant à la pointe du triangle elle
serait le centre même de la grande spirale. La plaque elliptique est
longue de 88 mm, large de 40 mm et épaisse de 1 mm. Sur le
bord il y a une raie, bordée par un trait et ornementée par plu­
sieurs traits obliques. E n partant des marges vers le centre, aux
deux extrémités de notre fibule, sur une distance de 20 mm il y a
5 traits perpendicidaires, formant quatre raies larges de 2 mm,
décorées par des traits obliques, de sorte qu'il en résulte des tri­
angles. Les extrémités des ces traits perpendiculaires, s'unissent à
5 autres traits concaves, formant une parabole. Ces bandes sont limitées par deux lignes,
composées de points. Des raies perpendiculaires, vers les extrémités, parallèlement au dia­
mètre de la /.petite
i) Hampel; r., pi. plaque,
CXLIX, ilfig.y 1,a 2,
cinq bandes,
7, 11, 12, 71.décorées
19. elles aussi par des traits obliques,
formant des triangles. La tablette elliptique est
www.cimec.ro fixée par ses deux extrémités à une
plaquette perpendiculaire, longue de 20 mm, 356large de 17 mm et épaisse de 2 m m . Notre
fibule
(l'ardillon.) long de 170 mm. Il est formé para un
se compose de 4 morceaux. La fig. 76 représente
fil rond,la épais
grandede spirale
4 m m . avec l'épingle
Ce fil après
LE DÉPÔT EN BRONZE DE SUSENI

avoir été tordu, pour former deux détours, se continue horizontalement en passant par les
deux petites plaques perpendiculaires, qui le maintiennent, et en décrivant un cercle qui sert
de porte-agrafe, se continue enfin, en formant la grande spirale, dont nous avons déjà donné
la description. La fig. 76 6 représente la spirale supérieure, un peu plus petite, avec la tablette
elliptique décorée. Cette partie est en fil épais de 2 mm, et celui de la spirale est épais de
3 mm. Le fil est fixé à la tablette perpendiculaire.
E n sortant de celle-ci pour aboutir à la seconde, il forme 8 cercles, d'un diamètre de 7
mm, enfin après avoir passé par
la seconde plaquette, il décrit
la deuxième spirale. La fig. 76 c
représente la même figure mais
à l'envers. Chaque cercle pos­
sède un anneau en fil, épais
de 3 mm, avec un diamètre de
7 mm. A chacun des anneaux
pendent des pendeloques en for­
me de pointe de lance, ayant à
leur tour, chacune un anneau.
Ces pendeloques ont une longu­
eur de 63 mm et une largeur
médiane de 14 mm 12 mm de la
longueur, reviennent à l'anneau.
En tout, il y en a neuf de ces pendeloques. Fig. 76 a, c'est la plaque elliptique auprès de
laquelle se rangent les figures 76 b et 76 c.
Fig. 76 bis. C'est une fibule simple à deux spirales. Longueur: 126 mm. Le diamètre d'une
de ces spirales: 50 mm. La fibule est formée par un fil continu, à section carrée, épais de 2
mm. Il commence par l'ardillon en fil rond, long de 86 mm, qui en se tordant, forme le
centre de la fibule, autour duquel s'enroulent les six spires, dont la sixième par une
ligne sinueuse forme la seconde spirale, dont on ne conserve que quatre spires. Le centre
manque.
Fig. 77. Fragment consistant en une spirale à 8 spires d'un fil à section carrée, avec un
diamètre de 42 mm, l'épaisseur du fil mesurant 2 mm.
Fig. 78. Fragment ayant une spirale, avec un diamètre de 43 mm, se composant de 8
spires, en fil rond d'un diamètre de 2 mm.
Fig. 79. Fragment. Spirale et ardillon. Le diamètre de la spirale: 55 mm. La spirale formée
de 8 spires, est en fil à section carrée, qui s'amincit vers la spire centrale, puis s'épaissit
jusqu'à 3 mm. L'ardillon tordu forme un demi-cercle et a une longueur de 112 mm.
Fig. 80. Une spirale dont les spires se sont déroulées. Elle est en fil à section carrée, tout
comme l'exemplaire de la fig. 79, ayant aussi la même épaisseur.
Fig. 81. Spirale déroulée, formée d'un fil, dont la moitié est ronde et l'autre moitié à
section carrée. La partie en fil carré présente 4 spires. L'épaisseur du fil carré mesure 3 mm et
celui du fil rond 4 mm.
Fig. 82. Fragment d'un instrument de destination inconnue. Forme ronde. A la partie
inférieure les diamètres: 15 X 17 mm. Au milieu il y a un trou d'un diamètre de 4 mm. Vers
sa pointe l'instrument est recourbé, formant un demi-cercle. L'épaisseur mesure 5 mm.
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357
Fig, 83. instrument de destination inconnue, dont l'extrémité plus mince se replie en forme
de rectangle. La partie un peu plus courte mesure 18 mm, son épaisseur é t a n t de 5 m m .
La partie la plus longue, mesure MO mm, avec un épaisseur de 0 — 8 mm. Λ l'un des bouts
épais, il y a un bouton, comme celui d'un clou, avec une épaisseur de 1 m m . Sa surface est
convexe et le diamètre mesure 12 mm.
Fig. 84. C'est un tube en tôle mince; épaisseur: % mm, diamètre 7 mm, longueur 58 m m .
Destination inconnue.
Fig. 85. Probablement manche de couteau. Longueur: 73 mm. L'épaisseur à l'une des
extrémités: 14 mm et à l'autre: 12 mm. Au milieu un trou pour le fixer.
C'est un exemplaire fondu.
Fig. 92. Un anneau à surface convexe; avec un diamètre de 15 mm, dont 5 mm pour
le trou du milieu, l'épaisseur: 2 mm. Dans le sens du diamètre horizontal, aux deux côtés
opposés, il y a deux appendices, longs de 13 mm, larges de 4 mm et épais de 1 mm, dont les
extrémités sont recourbées, ayant servi probablement à retenir quelque chose.
Fig. 9 1 . C'est un fragment eu bronze fondu.
Il y a aussi des fragments de ceintures.
Fig. 90 a et 90 b. C'est un seul morceau, brisé sur la ligne a — b. Le fragment a une lon­
gueur de 67 mm et une largeur de 87 mm. C'est un exemplaire décoré.
Fig. 86, 87, 88 et 89. Tous sont des petits fragments de ceintures à décor, qu'on peut voir
dans les dessins. L'ornementation est due à l'action répétée d'un instrument mince et pointu.
Les fouilles projetées pour l'année prochaine apporteront à coup sûr plus de lumière sur
l'ensemble de nos trouvailles. 11 n'est pas impossible non plus, qu'une fondent! ail existé dans
ces parages, servant à la confection de tant d'objets semblables.

Tg.-Muref, 1925. X. ΛΙ EŒL 1 II.IMON

358
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L'AGE 1)1 DEPOT DE BRONZKK DK SLSEN
Nous n'ajouterons qne peu de mots à la description très détaillée du dépôt de Suseni,
donnée par M. Filimon. Il s'agit de situer ce dépôt dans son milieu typologique et chrono­
logique et lui assigner une date, plus ou moins précise, avant laquelle les divers objets qui le
composent ont été produits.
En effet, ainsi que la plupart des dépôts de l'âge du bronze ayant appartenu à des négo­
ciants bronziers, le nôtre aussi contient des
objets de provenance et d'époque diverses.
L'on peut avoir dans la fig. 1 un coup d'oeil
d'ensemble de toute la variété des formes
représentées à Suseni. Cependant ni les
lances (ci-dessus, p . 344), ni les faucilles
(ci-dessus, p . 348 sq.) ne sauraient offrir
des points de repère suffisamment précis.
Constatées aussi pendant la Ι Ι Ι - e période
de l'âge du bronze carpatho-danubien l),
rien n'empêche que ces formes aient été
en usage encore très tard au cours de la
IV-e période. Par contre, Reinecke est
d'avis que le type de faucille à très faible
courbure (Filimon, p . 348), est «récent» (/.
c , p . 324 et 329). Toutefois il n'est point, ni
à Suseni, ni ailleurs 2 ) la seule forme carac­
téristique de l'âge du bronze tardif 3 ). La
même remarque est à faire à propos des
haches à douille (ci-dessus, p . 346) à tran­
chant arrondi et élargi en forme de crois­
sant. C'est toujours Reinecke 4) qui a at­
tribué ce type δ ) à l'évolution récente de
l'âge du bronze en Europe Centrale. Or ce
«nouveau» type se retrouve couramment à
Fig. 1. Vue d'ensemble tin dépAl de bronzes de Suseni.
côté de l'ancien ( I l l - e période) pendant
toute la IV-e période de l'âge du bronze carpathique.
Q u a n t a u x épées de Suseni (ci-dessus, p . 354 sq.), nous n'en possédons que des fragments
3
*) Cf. notre fig. 1 et Filimon, p. 344 et 348 sq. avec ) Cf. Pârvan, Getica, p. 409 et suiv.
Reinecke, duns Archaeologiai Êrtesitô, XIX, 1899, p. 243. *) Arch. Êrt., I. c , p. 326 et 329.
-) P. e. à Çpâlnaca: Hampel, Bronzkor, II, pi. CXLVII. ) Cf. Pârvan, o. c , p. 404.

359

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VASILE PARVAN

qui par leur forme rentrent très bien dans l'ensemble des formes de la IV-e période de lïige du
bronze carpatlio-danubien.
(Test donc, comme d'habitude, aux parures, que nous devons appeler pour des renseigne­
ments plus caractéristiques et plus précis au sujet de la date de notre dépôt.
Commençons par la grande fibule «à bouclier» et à pendantifs (fig. 3 ; cf. ci-dessus, p. 355).
d e t t e fibule unit la manière très ancienne carpat bi­
que (parures et orfèvrerie de la 11-e période) de la
décoration à spirales en fil de métal, de profil rond
ou angulaire, à la nouvelle technique, «hallstat-
ticnne», des plaques en métal ornées par des lignes
incisées ou pointillées. M. Louis de Mârton, dans
son étude sur les fibules trouvées en H o n g r i e 1 ) ,
essaye de donner une classification complète de3
grandes espèces à nombreuses spirales, avec ou sans
«bouclier» et «pendantifs». 11 ressort, sans difficulté,
que nous nous trouvons, avec le t y p e «à bouclier»,
(fig. 2 et 3) documenté chez Mârton seulement par
un exemplaire incomplet du Musée de Budapest,
WP^i&\ en face d'une synthèse, dont notre exemplaire ré­
cent de Suseni éclaircit, d'une manière presque
i n a t t e n d u e , l'évolution complète. E n effet notre
Fig. 2. Fibule en bronze, de type earpathique, d'après
Lchoczky, dans VArch. l'.rte.sito, V 1885,p. 187. fibule «à bouclier» est un très bel exemple de tran­
sition entre le t y p e Mârton «F. 13» ( a p p a r t e n a n t
peut-être à la 2-e sous-période Reinecke, de la IV-e période du bronze carpatbo-danubien) 2) :
v. chez nous, fig. 2, et le t y p e Mârton «H. 20», encore plus caractéristique pour le Hallstatt
i t a l i c i s é 3 ) : v. chez nous, fig. 4. Or, le t y p e Suseni — Mcdvedze n'était rare du tout. D'après
les pendantifs et autres fragments 4) identiques que nous retrouvons parmi les menus objets des
dépôts de bronzes de Spâlnaca5) et de Lâzârpatake), l'on peut penser que le «Hallstatt pré-
scythique» de la Dacie, c'est-à-dire la dernière période du bronze carpatbo-danubien, a large­
ment r é p a n d u par ses négociants bronziers ce t y p e de fibules dans t o u t e la région «gétique»
des Carpathes.
Ces éléments comparatifs nous ramènent, même d'après la chronologie plutôt arehaï-
sante de Reinecke (dont la deuxième sous-période du bronze IV descend à peine j u s q u ' a u
d é b u t du premier millénaire av. J.-Chr.) 7 ), au premier siècle du premier millénaire, c'est-à-
dire, pour ne pas exagérer, avec Reinecke, l'ancienneté du villanovien dacique, vers 900 av.
J.-Chr.
Or, cette d a t a t i o n doit être considérée comme le terminus le plus avancé, unie, quem le dépôt
de Suseni devrait être d a t é . E n effet aucune des formes italiques plus récentes de Fizesul
Ghcrlii n ' y a p p a r a î t 8 ) . E t , par contre, des points de contact très intime, entre Suseni et Cuslc-

!) AÉ., X X X I , 1911, p. 341 et suiv. chelette, Manuel, II I, p. 421.


2
) Nous reviendrons ci-dessous sur la date plus pré­ o) Pârvan, Getica, p. 315, fig. 204.
e
cise des sous-périodes de Reinecke. ) Ibid., p. 376, fig. 259.
3 7
) Cf. Pârvan, Getica, p. 378, 435 sqq., fig. 307 sq., ) Cf. Reinecke, dans Arch. Êrt., XIX, 1899, p. 316
et pi. XII. et suiv.
8
*) Dont la forme, se retrouve dans le N aussi: Dc- ) Reinecke, /. c, et Pârvan, Getica, p. 319.

360
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L'AGE D U nfiroT D E B R O N Z E S D E S U S E N I

rita ') d'un côté, entre Suseni et Çpâlnaca 2 ), de l'autre, peuvent être établis à charrue pas,
ce qui concerne surtout les
mot ils décoratifs des feuil­
les «MI bronze a y a n t servi
comme appliques sur des
objets de cuir (<·η premier
lieu, ceintures), décorées de
lignes gravées ou pointillées.
Examinons p . e. les des­
sins reproduits ci-dessus p .
357: le motif de la double
hache (no. 89), d'habitude
utilisé pour les pendentifs,
comme à Potsag, dans le
Turda-Arieç 3 ), ou à Tisza-
Szentimre l ) , ou ailleurs 5 ),
devient à Gusterita (Erzsé-
betfalva - Hammersdorf) : v.
Fig. 3. Fibule en bronze, de type carpathique, de la IV-e pér. de l'âge du
fig. 5. — ainsi qu'à Suseni, bronze, trouvée a Suseni (Musée de Târgul Muresului).
un simple ornement linéaire,
décorant les plaques en bronze des larges ceintures en cuir. Également caractéristique est le

Fig. 4. Fibule en bronze de Medvedze dans le comté d'Arva (Tchécoslovaquie),


d'après Hampel, Bronzkor I, pi. XL.

motif des festons pour les ceintures de Suseni et de Gusterita, tandis que les zigzags sont
communs à §pâhiaca e ) aussi.
Un autre élément précieux de c o m p a r a ù o n chronologique nous est offert par les appli-
4
') D'aprèt IJcincckc, appartenant à la I-ère sous- ) Ibid., CLXXII.
s
période du br. IV. ) Localité inconnue de la Hongrie: ibid., I, LIV
2
) Pârvan, Getica, p. 313 et suiv., complétant l'ex- (Musée de Budapest),
e
posé de Reinecke. ) Hampel, Bronzkor, II, CL.
a
) Hampel, Bronzkor, II, CLXV.

361
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VASILE PÀKVAN

quee rayées, dont quelques exemplaires, ci-dessus, p . 352, no. 51 suiv., sont identiques avec
les fragmente similaires trouvés à Kemec.se dans le Szabolrs ' ) . Or le dépôt de Kemeese, comme
la fibule de la fig. 2, appartient — sur ce point nous sommes complètement d'accord avec
Reinecke 2) — à une époque plus récente de la IV-e période du bronze carpathique. De nou­
veau l'an 900 s'impose, à cette occasion aussi, comme date approximative de ce dépôt.
Un mot encore sur les bracelets
de Suseni (ci-dessus, p . 351 et suiv.).
Aucune des formes de notre dépôt
n'est antérieure à la IV-e période
du bronze carpatho-danubien. Cepen·
d a n t le bracelet no. 44, massif, à
crénelures très fortes, indique une
phase assez tardive du bel-âge du
bronze carpathique. La décoration Fig. 5. Ceinture en bronze de Gusterita (Erzsébetfalva près
de l'arc massif des bracelets et des de Sibiiu). d'après Rômer FI. dans AÊ. IV. 1870, p. 81.
fibules, à grandes côtes, très connue
à la dernière période de l'âge du bronze, chez nous ainsi que dans les régions alpines.,
s'est conservée j u s q u ' à Vâge du fer, en Suisse et en I t a l i e 3 ) , comme en Dacie *). La
forme de Suseni se range parmi les plus anciennes. C'est toujours à Çpalnaca 5 ) , ou à licz-
ded 6 ) qu'il faut chercher des analogies pour ce genre de parures. Mais son évolution, depuis
les premières formes, encore du bronze authentique, passant par les variétés de Hajdii-Szoboszlo,
qui annoncent le premier âge du fer de la Dacie, et aboutissant aux formes tardives de l'âge
«scythique» des Carpathes, p . e. à Aiud 7 ), ou même de l'âge «celtique» de ces régions, en plein
La Tène, p . e. à Muncaci 8 ) , est, comme on le voit, bien longue et tenace.
La forme du bracelet de Suseni n'a toutefois rien de commun avec les variétés récentes
de ce t y p e . Elle appartient encore au bronze pur, à la période des fibules semblables de Mo·
rigen '■') et ne justifie d'aucune manière une datation plus tardive de notre dépôt.
P o u r conclure, nous croyons devoir dater le dépôt de Suseni à la même époque que celui
de §pâlnaca et de Gusterita, c'est-à-dire vers le début du I-er millénaire. Certaines formes,
comme les fibules «à bouclier», nous suggèrent une date plus rapprochée de l'an 900 que de
l'an 1000 a v . J.-Chr.
V. P .

!) Ibid., III, pi. c c x x x . ') Ibid., CLVI, 20.


2
) Arch. Êrt., XIX, 1899, p. 324. ') Pârvan, Getica, p. 447; cf. fig. 316, 317 et 246.
<) Cf. Déchelette, Manuel, II 1, p. 330. β) Ibid., fig. 346.
4 e
) Pârvan, Getica, p. 447 sq. ) V. ri-dessus, note 3.
5
) Hampel, Bronikor, II, CXLIX, 2.

362
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A PROPOS 1)1 «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS
Qu'il me soit permis d'ajouter, moi aussi, après le regretté M. Haussoullier l) et après
M. Glotz 2) une très brève remarque aux commentaires concernant les deux décrets des Dio-
nysiastes de Callatis, récemment découverts par M. Sâveanu chez le propriétaire Théocharidi
de Mangalia 3 ) et publiés dans notre revue 4 ) .
L'on est d'accord pour reconnaître que le «basileus» Cotys du deuxième décret de Callatis
est identique avec le roi «sapéen» Cotys, fils du roi Rhoemétalcès 5 ), le fidèle collaborateur d'Au-
guste p e n d a n t les grandes guerres illyriennes (6 — 9 apr. J.-Chr.). Mais l'on n'a essayé ni de
dater d'une manière plus précise l'inscription de Callatis portant son nom, ni de fixer les cir-
constances auxquelles nous devons attribuer cette curieuse éponymie thrace à Callatis. Sàveanu,
/. c , fait seulement les deux constatations suivantes: 1° l'éponyme Cotys de Callatis est le
roi thrace qui a été t u é en 19 apr. J.-Chr., donc l'inscription doit être antérieure à cette
d a t e ; 2° «du temps d'Auguste l'influence des rois sapéens dans la Thrace et dans les régions
de la Mer Noire était grande», sans autre explication plus ample à propos de cette brève
affirmation.
T o u t d'abord il ne s'agit pas d'une simple «influence», mais de la domination effective
— reconnue et protégée par les Romains — du père de Cotys d'abord, de Cotys lui-même
ensuite, j u s q u ' a u Danube scythique, où les vieilles forteresses gétiques Troesmis et Aegyssus
sont défendues avec acharnement par lesThraces contre les attaques des Gètes transdanubiens 6 ).
C'est vrai que les seules troupes de Rhoemétalcès ou de Cotys ne réussissent pas à maintenir
la frontière du Danube contre les Gètes, les Sarmates et les Bastarnes de Valachie et de Mol-
davie, et que c'est toujours le gouverneur romain de la Mésie qui sauve la situation: p . e.
L. Pomponius Flaccus en 15 apr. J.-Chr., dont Ovide 7 ) d i t : praefuit his, Graecine, locis modo
Flaccus ; et illo ripa ferox Histri sub duce tuta fuit ; hic tenuit Mysas gentes in pace fideli (ce
sont les peuples qui habitaient au sud du Danube, en Mésie et en Scythie Mineure), hic arcu

') Revue archéologique, X X I I , 1925, p. 62 et suiv. ques complémentaires ibid., p. 324 et suiv. ; quant aux
-) Comptes rendus de VAcad. d. Inscr., 1925, p. 287 commentaires de M. O. Tafrali, publiés dans la Revue
et Journal des Savants, 1925, p. 281. archéologique, XXI 1925, p. 238 suiv., je regrette de
a
) Nous avons confié en 1924 à M. Sâveanu la charge devoir constater, une fois de plus, que notre col-
de fouillée les ruines de Callatis. A l'occasion de l'enquête lègue fait irruption dans un champ d'études qui
qu'il a faite chez les hahitants de la petite ville, à la est trop éloigné de l'art byzantin, pour pouvoir être
recherche des découvertes fortuites, M. Sâveanu a trouvé dominé avec les seules connaissances de cette spé-
chez M. Teocharidi les deux décrets; ces documents cialité.
ont été ensuite copiés par M. Tafrali aussi et achetés ·) Sàveanu, dans Dacia, I 1924, p. 142.
6
pour le Musée d'antiquités de Iassy, dont il est le di- ) P â r v a n , Getica, p . 96 et suiv. ; source principale,
recteur. Ovide, ex Ponto.
7
*) Uacia I 1924, p. 108 et suiv.; cf. aussi ses remar- ) Ex Ponto, IV 9, 75 sqq.

363

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VASILE PARVAN

fisos terruit ruse Getas (ce sont les habitante de la Dacie moldo-valaque, auxquels le passage
du Danube était i n t e r d i t : prohibere Danubioi Florue) *).
Ainsi que son père Rhoemétalcès, Cotys d û t , après l'an 12 apr. J.-Chr., lorsqu'il lui
succéda, s'occuper beaucoup de la côte thrace du P o n t j u s q u ' a u Danube. Dès son avènement
au trône Ovide s'empresse de lui adresser un poème que nous étudierons tout de suite par
le détail. C'est vrai que les villes grecques dépendaient directement de Rome, au même titre
d'alliées et de clientes que les rois de Thrace ; mais leur complète impuissance au devant des
barbares de l'intérieur et d'au-delà du Danube les poussait à chercher à tout prix l'amitié des
rois thracee, qui étaient les maîtres immédiats du Ilinterland.
Ovide n'était q u ' u n malheureux exilé ; mais il avait des relations sociales excellentes
avec les h a u t s cercles de Rome et avec les c o m m a n d a n t s envoyés dans les provinces balkaniques.
Non seulement Tomis, mais aussi les villes voisines, lui confèrent toutes sortes d ' h o n n e u r s :
nec mihi credideris: extant décréta, quibus nos J laudut et immunes publica cerafacit: j conveniens
miseris et quamquam gloria non est, j proxima dont nobis oppida munus idem 2 ) . Λ Tomi il avait
été élu agonothète des jeux en honneur du divus Augustus 3 ). E t les honneurs dont les Tonii-
tains le comblent, l'émeuvent profondément: quem vix incolumi cuiquam salvoque daretis, /
is datus a vobis est mihi nuper honor. / Solus adhuc ego sum vestris immunis in oris; / exceptis,
si qui munera legis habent. / Tempora sacrata mea surit relata corona, / publicus invita quant
favor imposuit. / Quam grata est igitur Latonae Délia tellus, f erranti tutum quac dédit una
locum : / tam mihi cara Tomis, patria quac sede fugatis / tempus ad hoc nobis hospita fida
4
m a net ) .
Il n'est donc que très naturel de voit les Callatiens honorer Cotys, le fils de Rhoemétalcès,
par des dignités encore plus brillantes que celles accordées à Ovide, en l'élisant βααΐλενς de
leur ville, c'est-à-dire magistrat éponyme de Callatis. Cependant cet honneur n'a pu, en aucun
cas, être conféré au roi Cotys, après l'an 12, lorsque ni sa situation, de roi de toute la Thrace,
ni ses occupations, ne lui auraient plus permis de l'accepter, mais au prince héritier Cotys,
encore du t e m p s de son père Rhoemétalcès. A cette époque-là Cotys a dû se trouver réellement
en Scythie Mineure, pour remplacer ici son père, qui était occupé en Illyrie comme allié des
Romains. E t nous pouvons très bien a d m e t t r e que le prince Cotys a résidé p e n d a n t quelque
temps à Callatis, entouré, comme Ovide à Tomis, de la chaleureuse sympathie de ces
Grecs, qui étaient non seulement ses amis, mais aussi ses maîtres en matière d ' a r t et de
littérature.
Car notre Cotys est le poète grec très connu, dont Ovide d'un côté, Antipatcr de Thessa-
loniquc de l'autre, nous parlent avec de grands éloges. Il est un philhellène e n t h o u s i a s t e ;
il a dû se sentir très honoré par l'éponymie de Callatis ; il a comme poète toutes les délica-
tesses de sentiment envers ces descendants authentiques des Grecs de l'âge classique, mais
il a aussi toutes les faiblesses, que la vanité littéraire et le romantisme épigonique de son
époque devaient fatalement susciter dans son âme de barbare naïf.
E n effet, bien que ce ne fût plus au prince, mais déjà au roi, qu'Ovide adressât son poème,
le ton de cette composition est malgré son apparente humilité, d'une prétention mal cachée,
que seulement un roi-poète, reconnaissant la maîtrise d'Ovide dans le c h a m p des lettres, aurait

J
) Cf. Pârvan, Getica. p. 96. et cf. Premeretein, duns Jahri'shcftc, I 1898, Rciltl.,
2
) Ex Porto, IV 9, 101 eqq. p. 196.
») En 15/16 apr. J.-Chr.: ex Ponto, IV 9, 115 sq. *) Ex Ponto, IV 14, 51 sqq.
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Λ PROPOS Ι)ΐϊ «BASILEUS» COTYS D E CALLATIS

pu tolérer, et que seulement un roi «barbare», heureux d'être reconnu comme égal dans le
monde envié des «civilisés», aurait pu trouver convenable. La double arrogance, littéraire,
c'est-à-dire d'origine hellénique, et politique, c'est-à-dire du civis Romanus vis-à-vis du
barbare, inspire le poème si hautainement humble, qu'Ovide croit utile de dédier au
nouveau roi.
L'exilé ne doute pas de ce que la fama loquax n ' a i t déjà fait savoir au jeune roi lettré
l'existence du grand poète romain à T o m i s ; il demande donc sa protection: regia, crede mihi,
res est, succurrere lapsis: j convenu et tanlo, quantus es ipse, viro; suit toute une série de conseils
pareils, d'où ne m a n q u e n t pas les allusions à la férocité t h r a c e : . . . sed quam Marte ferox, et
vinci nescius armis, J tam nunquam, fada pace, cruoris amans. / Adde (maladresse sur mala-
dresse), quod ingenuas didicisse fideliter artes, / emollit mores, nec sinit esse feros. j Nec regum
quisquam magis est instructus ab illis, j milibus aut studiis tempora plura dédit. / Carmina
testantur ; quae, si tua nomina demas, j Threïcium iuvenem compostasse negem (mala-
dresse presque contemporaine : les bonnes notes données par les «Occidentaux» aux
«Orientaux»).
Considérant donc les occupations poétiques de Cotys, Ovide se résume de cette manière:
Haec quoque res aliquid tecum mihi foederis affert: j eiusdem sacri cultor uterque sumus. / Ad
vatem rates orantia brachia tendo, / terra sit exsiliis ut tua fida meis. Il explique les motifs de
son bannissement: ils sont de nature exclusivement littéraire: stultam scripsimus Artem. C'est
pourquoi l'ira de son Seigneur nisi natalem nil mihi demsit humum: J hac quoniam careo, tua
nunc vieinia praestet, / inviso possim tutus ut esse loco (dernier vers du poème contenant la
dernière maladresse possible) x ).
Il semble que le jeune roi thrace n'ait pas été trop enchanté de la lettre d'Ovide. Cotys
est assassiné par trahison en 19. Le poème avait été envoyé, au plus tard vers l'an 13. Nul
écho d'une réponse royale dans aucune des lettres d'Ovide, tellement nombreuses j u s q u ' à l'an
16, époque à laquelle il était presque heureux des honneurs et des preuves de respect et de
sympathie que lui élargissaient les Grecs du Pont thrace.
Le silence de Cotys n'est cependant que trop naturel. Il s'explique facilement aussi bien
au point de vue personnel que par les considérations politiques du moment. Personnellement
Cotys devait trouver assez maigres les compliments d'Ovide: neve sub hoc tractu rates foret
unicus Orpheus, j Bistonis 2 ) ingénia terra superba tuo est 3 ), lorsqu'il les comparait aux louanges
de tel poète grec contemporain, comme Antipatcr de Thessalonique, qui appelait tout l'Olympe
à son aide, pour décrire les perfections du jeune roi t h r a c e :

Ζηνι, ï.al Άτιόλλωνι, καϊ "Αρεϊ τεκνον άνάκτιον


εϊκελον, ενκταί?] μψέρος εντοκίτ},
πάντα τοι εκ Μοιρέο)ν βασάήϊα, πάντα τέλεια
ΐΐλΰεν' εποιτβης δ'εργον άοιδοπόλων.
Ζεύ; ακηπτρον βαοίλεων, "Αρης δόρν, καλλοσννην δε
Φο7β( ς ε'χεΐ' παρά σοΐ δ'ά&οόα πάντα, Κότν*).

') Kx Ponto, II 9. (ex Ponto, IV 10, 1 sq.)


2
) ΑΙΙιΐΗΐυη à l'origine sapéenne de Cotys. Ovide ») Ex Ponto II 9, 53 sq.
appelé ailleurs bistunien tout le royaume de Cotys, ") Anthol. Planud. IV 75 (Anth. Gr., II 97, — Antip.
jusqu'au Danube scythique: haec mihi liistonio bis Thess., I X ) .
tertia ducitur aestas littore, / pellitos inter agenda Getas

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VASIMi PÂRVAN

Mais aussi dos raisons politiques — le roi de Thrace était le client de l'empereur de
Home — devaient imposer à Cotys la plus stricte réserve au sujet du poète romain banni à
Tomis: t a n t que Tibère ne revenait pas à des sentiments meilleurs, pardonnant la faute du
poète envers son prédécesseur, Cotys aussi devait ignorer, au moins officiellement, tout essai
de rapprochement et d'amitié q u O v i d e lui suggérait.
Mais revenons à Cotys lui-même. Nous avons relevé le fait que la domination des rois
odryses en Scytbie Mineure, comme clients des Romains, était une réalité très effective. Les
vieilles forteresses gétiques, t o u t le long du Danube mésique, jusqu'au P o n t Euxin, étaient
gardées par les troupes de Rhoemétalcès et ensuite de Cotys. La grande a t t a q u e des Gètes
transdanubiens en 12 apr. J.-Cbr. contre Aegyssus (stat vêtus urbs, ripac vicina binoniinis
l
Histri, moenibus et positu vix adeunda loci) ) surprend et massacre ici une garnison odryse
(Odrysiis inopino Marte peremptis) 2 ) : Rhoemétalcès accourt innumero milite'1), pour venger
ses hommes. Mais ce n'est q u ' a u x efforts réunis du roi odryse et du légat romain Vitellius,
qu'on doit la victoire contre les envahisseurs 4 ).
Cependant l'activité odryse en Scythie Mineure n'est pas connue seulement par les textes
littéraires. Une épigraphe d'Histria, découverte déjà en 1915, mentionne peut-être à l'époque
d'Auguste ou de Tibère un roi Rhoemétalcès, dont les Romains, qui sont les vrais seigneurs de
tout le pays, et les Histriens, leurs protégés, doivent tenir compte. Le document est affreuse-
ment mutilé, nous n'en possédons plus que quelque bouts de lignes ; mais nous en déduisons avec
beaucoup de probabilité que le portorium ripae Thraciae (τό τής κατά την "Ιστρον οχιϊης τέλος),
institué déjà m a i n t e n a n t par les Romains, et auquel le commerce histrien n'est redevable
qu'avec de très petites taxes, ou pas du t o u t , devait être organisé et contrôlé en Scythie Mineure
avec le concours efficace du roi R h o e m é t a l c è s 5 ) . Est-ce le père de Cotys? C'est-à-dire encore
du temps d'Auguste. Est-ce plutôt le fils mineur de notre Cotys, auquel les Romains — après
19 — confient la moitié orientale de la Thrace, arva et urbes et vicina Graecis e ) , ou peut-être
son collègue de royauté, Rhoemétalcès, le fils de Rhascuporis, auquel les Romains avaient
confié la moitié occidentale du pays avec la ripa Thraciae? Ou enfin le dernier roi de Thrace,
Roemétalcès, qui règne de nouveau sur tout le pays j u s q u ' a u Danube, entre 38 et 46 par la
grâce de Caligula et de Claude ? — C'est égal. — Ce qui nous intéresse pour le m o m e n t , c'est
que les villes grecques du Pont thrace sont forcées d'entretenir les meilleures relations avec
les rois odryses, parce que les Romains font dépendre les privilèges et les immunités
qu'ils accordent aux Grecs, de ces relations des villes helléniques avec les rois thraces,
leurs clients.
C'est ainsi donc que l'éponymie du prince Cotys à Callatis, du t e m p s d'Auguste, n'est
plus du tout un événement curieux ou exceptionnel, mais une apparition très logique
et presque imposée par les circonstances générales de la vie politique de ce coin éloigné
de l'Empire.
Une fois fixés ces traits principaux du tableau, nous pourrions compléter par le détail
les motifs de la présence du fils de Rhoemétalcès à Callatis: la grande prospérité de cette ville
à l'époque d'Auguste, documentée par l'inscription d'Apollonios le gérousiarque 7 ), m o n t r a n t

') Ovide, ex Ponto, I 8, 11 sq. ·') Pârvan, Histria, IV, p. 23 sq.


2 6
) Ibid., v. 15. ) Tacite, Ann., II 64 et suiv.
3 7
) V. 18. ) Pârvan, La gérusie de Callatis, An. Ac. Rom.,
4
) Cf. pour tous ces événements, Pârvan, Getira, p. 96 X X X I X , p. 51 et suiv.
et suiv.
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366
A PROPOS DU «BASILEUS» COTYS DE CALLATIS

j u s t e m e n t une exceptionnelle floraison de l'éducation de la jeunesse dans cette ville; l'activité


scientifique et littéraire de ses citoyens, dont le grand géographe Démétrios avait été deux
siècles a u p a r a v a n t un exemple digne des brillantes écoles supérieures de Rhodes, de Mégare,
de Cyzique ou d'Héraclée du Pont ; la richesse et la relative tranquillité de cette ville pontique,
sise u n peu plus à l'abri des invasions géto-sarmatiques. Nous ne pouvons rien avancer comme
certitude historique, mais il nous semble très naturel de supposer que le prince Cotys ait résidé
à Callatis à l'époque de sa formation intellectuelle. Toujours en guise d'hypothèse, nous osons
formuler aussi l'opinion que l'éponymie de Cotys a dû être antérieure à l'arrivée d'Ovide à
Tomie (en 9 apr. J.-Chr.); autrement le poète romain n'aurait peut-être pas omis de citer
aussi ce détail.
V. P .

Note finale. Par suite d'une longue maladie du Directeur de Dacia, les comptes-rendus, les notes cri-
tiques et la bibliographie des deux premiers volumes de notre périodique ont dû être remis au Ill-e volume,
qui paraîtra vers la fin de l'année 1927.

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\ ECII O L O G E
C'est avec le plus vif regret que nous rendons ici Ariusd, l'atelier céramique le plus riche et le plus
le dernier hommage à r é m i n e n t archéologue Iran- caractéristique de toute la région,
sylvain et très précieux collaborateur de Dacia. Doué d'un esprit d'ohservation et d'une patience
le Prof. Dr. Francise Lâszlô, de Sf. Gheorghe. INalu- admirables, I âszlô devint un fouilleur exemplaire·
raliste par métier, Lâszlô avait passé son doctorat dont la méthode exacte, consciencieuse et précise
en sciences à Cluj (1896) et occupé là-bas même ressort à chaque pas, non seulement dans les lents
une place d'assistant universitaire, comme bota- et pénibles t r a v a u x de p r é p a r a t i o n ' d u matériel dé-
niste et géographe. Ren- couvert, mais aussi dans
tré toutefois dans sa ville ses r a p p o r t s , publiés soit
natale comme professeur dans les Dolgozatok (Tra-
au lycée Székely Mikô, v a u x du Musée National
il élargit son cercle d'é- Transylvain de Cluj), a.
tudes, accordant une at- 1911 et 1914, soit dans
tention de plus en plus Y Archaeologiai Êrtcsito
passionnée aux recher- de Budapest, a. 1912.
ches d'ethnographie lo- soit dans Dacia.
cale (au Pays des Szek- Nous n'oublierons ja-
lers) et surtout cYarchéo- mais la dernière entre-
logie préhistorique. Nom- vue que nous avons eue
mé en 1901 conservateur avec ce chercheur infa-
d u Musée Nal. Szclcl· r tigable sur le lieu même
de Sf. Gheorghe, Lâszlô de ses plus heureuses
devient l'âme même de découvertes, à Ariiijd,
cette institution dont il en août 1925, quelques
organise et enrichit d'a- semaines a peine a v a n t
bord surtout les intéres- sa mort si i n a t t e n d u e .
santes collections ethno- Très content d'avoir re-
graphiques et de sciences commencé ses fouilles,
naturelles. A côte des au- après la longue relâche
tres conservateurs et des provoquée par les années
collaborateurs scientifi- si tristes de la Grande
ques du Musée il s'ac- Guerre, Lâszlô était t o u t
quiert de très grands mé- simplement transfiguré
rites dans l'œuvre de re- par l'amour de sa disci-
nouvellement de l'édi- pline, en nous expli-
fice même du Musée et q u a n t sur place non
FRANCISC LÂSZLÔ
il commence en même seulement ses dernières
28 juin 1873, f 16 septembre 1925
t e m p s le travail capital trouvailles, mais aussi
de sa vie, l'enquête archéologique dans le Pays des toute l'histoire de ses fouilles d'Ariusd, avec les dé-
Szeklers et s u r t o u t dans le district de Trei-Scaune. tails topograpbiques et i t r a t i g r a p h i q u e s si précieux,
Grâce aux recherches et surtout aux fouilles «le dont l'on ne peut jamais se rendre exactement
Lâszlô, d'abord à Sf. Gheorghe (Sepsiszentgyôrgy) compte (pie sur le chantier même des touilles a
même, ensuite à Olteni (Oltszem), finalement à décrire. — A p p r é c i é non seulement dans les milieux
Ariusd (Erosd), le Musée National Szekler devint scientifiques hongrois et roumains, mais aussi à l'é-
l'un des centres les plus i m p o r t a n t s de l'activité tranger, en Allemagne et en Angleterre, comme en
archéologique de Transylvanie et un dépôt de pre- Autriche, en Pologne et en Russie, Lâszlô fut un
mier ordre de matériel concernant les civilisations chercheur de premier ordre dont la méthode fut
préhistoriques de la Dacie. La céramique peinte, énéo- toujours à la hauteur de son zèle admirable. Sa
lithique, de type moldave, fut illustrée m a i n t e n a n t mort est une grande perte pour l'archéologie préhi-
d'une manière exceptionnelle et presque i n a t t e n d u e Btorique de la Dacie. 11 nous a tenu à coeur d'ouvrir
par les découvertes nombreuses de Lâszlô, p a r t o u t et de clore ce premier volume de noire revue avec
dans le Trei-Scaune, mais en première place à son oeuvre et sa commémoration. V. P .
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