Thrips de L 'Oignon
Thrips de L 'Oignon
Thrips de L 'Oignon
THRIPS DE L’OIGNON
Introduction
Les thrips sont parmi les ravageurs les plus communs dans les cultures ornementales de serre. À moins
d'une attaque particulièrement sévère, il est rare que la plante hôte en meure. Cependant, les thrips
peuvent l'affaiblir et lui transmettre des maladies virales.
Il est à noter que quelques autres espèces de thrips (ex. : Echinothrips americanus, Thrips fuscipennis,
Heliothrips haemorroidalis, etc.) peuvent se manifester en serre, et dans certains cas, la stratégie de lutte
devra être abordée différemment pour obtenir un bon contrôle. Il y aurait près de 5 000 espèces de thrips
sur la planète, mais seulement une dizaine d’espèces (toutes de la famille des Thripidae) ont été rapportées
dans les cultures en serre.
Le thrips des petits fruits et le thrips de l’oignon sont les deux espèces de thrips les plus rencontrées dans
les productions en serre à travers le monde.
Le thrips des petits fruits (Frankliniella occidentalis) est originaire de l’ouest de l’Amérique du Nord, mais il
est aujourd’hui répandu à travers le monde, particulièrement dans les serres.
Le thrips de l’oignon (Thrips tabaci) est indigène au Québec, au Canada et aux États-Unis. Il peut causer
des dommages à différentes productions maraîchères en champ à partir de juin et durant l’été. Il peut donc
migrer dans les serres depuis les cultures extérieures.
Hôtes
Ces deux espèces communes sont polyphages.
Le thrips des petits fruits est un ravageur important des cultures en serre qui est parfois retrouvé en champ
dans les cultures de petits fruits, les cultures légumières ou céréalières.
Le thrips de l’oignon préfère les alliacées comme l’ail et l’oignon, mais s’attaque à presque toutes les
plantes cultivées ainsi qu’aux mauvaises herbes.
Identification
Les deux espèces se ressemblent beaucoup, mais l’observation des adultes au microscope permet de les
distinguer.
Adultes
• Les femelles mesurent 1 à 1,4 mm (thrips des petits fruits) et 0,8 à 1,2 mm (thrips de l’oignon). Pour les
deux espèces, les mâles sont plus petits que les femelles.
o Chez le thrips de l’oignon, les mâles sont rares.
• Corps allongé de couleur jaune clair à brune.
• Possèdent de fines ailes plumeuses repliées sur le dos.
• Pièces buccales de type râpeur-suceur servant à piquer la plante.
• Se déplacent rapidement.
Œufs
• Mesurent 0,2 mm.
• Réniformes et de couleur crème.
• Pondus dans la feuille.
Larves
• Difficiles à voir à l’œil nu, les larves de premier stade mesurent entre 0,4 et 0,6 mm et de 0,7 à 0,9 mm
au 2e stade.
• Aptères (n’ont pas d’ailes).
• Corps allongé, de couleur blanche ou jaune, avec des yeux rouges.
• Pièces buccales similaires à celles des adultes.
Pupes
• Les stades pupaux ont lieu au sol ou parfois dans certaines parties cachées sur la plante.
• Aptères (n’ont pas d’ailes), mais des fourreaux alaires sont visibles.
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Biologie
• Les deux espèces ont un cycle de vie très similaire qui consiste en 6 stades de développement.
o La femelle pond de petits œufs blancs dans les feuilles, les fleurs ou les tiges tendres.
o 5 à 7 jours après la ponte, des larves blanches émergent et se nourrissent des feuilles et des fleurs.
Elles sont très mobiles.
o Un deuxième stade larvaire suit. La larve est alors presque aussi grande que l’adulte, mais plus
pâle. À la fin de ce stade, la larve se laisse tomber au sol ou dans les cavités de la plante.
o L’insecte entre ensuite dans son stade prépupe, les fourreaux alaires sont visibles.
o Ce stade est suivi de l’étape de pupe qui dure environ 6 jours.
o Le thrips ne se nourrit pas durant les 2 stades pupaux, et ne se déplace que s’il est dérangé.
o Les adultes ailés émergent.
• La durée du cycle vital du thrips est plus courte au fur et à mesure que les températures montent. Ainsi,
avec la chaleur, les populations de thrips augmentent rapidement.
o Thrips des petits fruits :
− Cycle d’environ 20 jours.
− Température optimale : 25 °C.
− Développement cesse au-dessus de 35 °C ou sous 10 °C.
− Pas de diapause l’hiver (jours courts).
− À l’extérieur, il pourrait survivre l’hiver dans des débris végétaux, jusqu’à -14 °C.
o Thrips de l’oignon :
− Cycle de 14 à 30 jours.
− Température optimale : entre 16 et 28 °C.
− Développement cesse sous 11,5 °C.
− Entre en diapause l’hiver (jours courts).
− Peut survivre à l’hiver dans une serre non chauffée.
• Les deux espèces de thrips se reproduisent de façon sexuée et asexuée (parthénogenèse).
Dommages
• Le thrips des petits fruits est principalement attiré par les fleurs, dont il se nourrit du pollen. Il attaque
davantage les apex et les boutons floraux que le thrips de l’oignon. Il cause des déformations et des
décolorations aux fleurs et aux feuilles.
• Le thrips de l’oignon se nourrit principalement sur la face inférieure des jeunes feuilles. Les lésions sont
souvent observées à la jonction des nervures et s’agrandissent avec la croissance des feuilles. Ce thrips
peut toutefois être retrouvé dans toutes les parties aériennes de la plante, incluant les fleurs.
• Les deux espèces :
o Ne sucent pas la sève, ils injectent de la salive qui liquéfie le contenu de la cellule pour ensuite
l’aspirer.
o Laissent des stries blanchâtre argenté sur les feuilles, avec de petites boules d’excréments noirs.
o Sur les pétales, les taches sont transparentes.
• Les deux espèces de thrips peuvent être des vecteurs de virus qui affectent plusieurs plantes
ornementales :
o Tomato Spotted Wilt Virus (TSWV)
o Impatiens Necrotic Spot Virus (INSV), dans le cas du thrips des petits fruits.
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Dommages du thrips sur Calibrachoa
Surveillance phytosanitaire
• Inspecter les plants régulièrement, dès leur réception.
• Porter une attention particulière aux zones chaudes de la serre.
• Les adultes et les larves se cachent de la lumière directe en se logeant sous le feuillage, dans les replis
ou les fleurs.
• Souffler doucement dans les fleurs pour voir s’activer les thrips.
• Secouer le feuillage et les fleurs au-dessus d’une feuille blanche pour découvrir si des adultes et larves
de thrips s’y trouvent.
• Certaines plantes attirent plus les thrips, comme le chrysanthème, le calibrachoa, le piment, la verveine,
etc. Porter une attention particulière à ces variétés.1
• Installer des pièges collants de couleur jaune ou bleue légèrement au-dessus des plants.
o Faire régulièrement le décompte des individus piégés pour vérifier la progression des populations.
o Changer les pièges régulièrement.
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Thrips sur un piège collant Larves de thrips parmi une colonie de tétranyques à deux points
Stratégies d’intervention
Prévention et bonnes pratiques
• Les thrips peuvent hiverner dans les serres non chauffées. Il est important d’en éliminer le plus possible
quand les serres sont vides, par exemple l’automne.
o Débuter la production dans des serres propres, exemptes de mauvaises herbes, qui peuvent servir de
cachette et d’hôtes aux thrips.
o Appliquer de l’huile de dormance sur les structures et les tables entre deux cycles de production.
o Employer la méthode de la solarisation pour réduire le nombre de thrips entre deux cycles de
production.2
• Installer une toile géotextile tissée au sol : nuit à la pupaison du thrips (par comparaison à la terre) et
facilite le balayage des débris logeant des thrips.
• Installer une moustiquaire avec des mailles de 215 microns aux ouvrants de ventilation de la serre;
augmenter la surface des ouvrants de 2 à 5 fois pour compenser la restriction de l’entrée d’air.
Lutte physique
• Réduire la population de thrips en taillant les fleurs mortes ou inutiles, et les mettre dans un sac de
plastique (si applicable, selon la culture).
Lutte biologique
Comme la résistance aux pesticides est un problème important pour le contrôle du thrips, la lutte biologique
est devenue l’approche privilégiée par une grande partie des producteurs. Un vaste éventail de solutions
biologiques est à la portée des serriculteurs. Comme le thrips se loge à des endroits différents selon son
stade de développement, il est judicieux d’utiliser des auxiliaires complémentaires.
Au niveau du feuillage :
• Acariens prédateurs se nourrissant des larves : Amblyseius cucumeris (Neoseiulus cucumeris),
Amblyseius swirskii, Amblyseius degenerans et Amblydromalus limonicus.
• Nématode parasite des larves : Steinernema feltiae.
• Punaise prédatrice se nourrissant d’adultes et de larves de thrips : Orius insidiosus.
• Biofongicides à base de champignons entomopathogènes : Beauveria bassiana et Paecilomyces
fumosoroseus.
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Au sol :
• Coléoptère prédateur se nourrissant de pupes de thrips : Dalotia coriaria (Atheta coriaria).
• Acariens prédateurs de larves et de pupes de thrips : Galeolaelaps gillespiei et Stratiolaelaps scimitus
(Hypoaspis miles). Galeolaelaps aculeifer (Hypoaspis aculifer) est un autre choix, lorsqu’il est disponible
sur le marché.
• Biofongicides à base de spores de champignon entomopathogène : Metarhizium anisopliae.
• Nématode parasite des pupes : Steinernema feltiae.
• Certaines autres espèces de thrips ont des larves plus grosses (ex. : Echinothrips americanus). Le choix
d’auxiliaires sera alors différent : A. swirskii et Amblydromalus limonicus fonctionneraient bien sur les
Echinothrips, alors que Amblyseius cucumeris et Orius procureraient moins de contrôle. Des bio-
insecticides sont homologués contre le thrips en serre; voir le site de SAgE pesticides.
Lutte chimique
• Prévenir la résistance aux pesticides très fréquente chez les thrips due à son cycle de vie rapide :
o Faire une rotation des groupes chimiques.
o Certains produits de contact (ex. : savons insecticides) peuvent être employés sans provoquer de
résistance, mais les applications doivent être répétées souvent.
o Le thrips des petits fruits serait encore plus résistant aux insecticides que le thrips de l’oignon.
• Varier les méthodes d’intervention pour atteindre les thrips dans les replis des plantes et dans le sol.
• Sélectionner des insecticides qui ne nuiront pas aux prédateurs et parasitoïdes3.
• Des insecticides sont homologués contre le thrips en serre; voir le site de SAgE pesticides.
• Privilégier les produits à faible risque pour la santé et l’environnement.
Cette fiche technique a été rédigée par Marie-Édith Tousignant, agr. et révisée par Benoît Champagne, dta,
et Nathalie Roullé, biol. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs
du réseau Cultures ornementales en serre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de
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