Recharge Et Paleorecharge Du Systeme Aqu PDF
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DEPARTEMENT DE GEOLOGIE
Thèse
Présentée pour l’obtention de diplôme de Doctorat en Géologie
Par
THEME :
__________________________________
RECHARGE ET PALEORECHARGE
DU SYSTEME AQUIFERE DU
SAHARA SEPTENTRIONAL
__________________________________
Monsieur Mustapha BESBES, Professeur à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis, m’a fait
l’honneur de me compter parmi les chercheurs déjà nombreux qu’il dirigeait dans l’élaboration de leurs
thèses. Je voudrais dire ici combien j’ai été touché par l’accueil extrêmement bienveillant qu’il m’a
toujours réservé. Je demeure fasciné par ses qualités scientifiques et humaines qui font qu’il m’inspire
profonde admiration et grand respect. Il m’a offert l’opportunité de réaliser ce travail de recherche et a
bien voulu accepter de le diriger. C’est toujours avec beaucoup d’intérêt et de rigueur que le
Professeur Mustapha BESBES a dirigé ce travail. Ses nombreux conseils me furent extrêmement
précieux, ramenant mon attention aux problèmes essentiels, alors qu’elle se dispersait parfois dans
une multitude de détails. Je lui dois beaucoup. Je tiens à lui exprimer ici ma profonde reconnaissance
et mes sincères remerciements.
Je tiens à exprimer mes très vifs remerciements à tous mes enseignants de la filière géologie
de la Faculté des Sciences de Tunis auxquels je dois beaucoup pour ma formation en géologie. Je
remercie particulièrement le professeur Moncef GUEDDARI, dont j’avais suivi passionnément les
cours, d’avoir accepté de juger ce travail et me faire l’honneur de présider mon Jury de thèse.
Mes vifs remerciements et mes respects les plus distingués vont à Monsieur Ghislain De
MARSILY, Professeur à l’université de Paris VI pour avoir accepté d’examiner mon travail de thèse et
de s’être déplacé pour assister à sa présentation et faire partie du Jury.
Madame Mounira ZAMMOURI qui, d’une certaine manière, a aussi contribué à l’élaboration
de ce travail. J’ai beaucoup appris des discussions que nous avons eu à mener ensemble. Je la
remercie vivement pour son aide et ses encouragements amicaux.
Je remercie Monsieur Taha OUARDA, Professeur à l’INRS-EAU (Canada) pour avoir accepté
de lire ce mémoire et donner son avis. Ses remarques et suggestions for intéressantes m’ont été très
utiles. Je lui adresse toute ma reconnaissance.
Monsieur TAÏBI Rachid, Directeur Général de l’Agence Nationale des Ressources Hydraulique
(ANRH) d’Alger, ayant déjà fait lui aussi preuve de gentillesse pour m’avoir facilité mes démarches au
sein de l’ANRH. Qu’il reçoit, ici, mes vifs remerciements.
Je remercie mon ami LARBES Ali qui m’a beaucoup aidé dans mes démarches au sein de
l’ANRH. Mes vifs remerciements vont à Monsieur ABDOUS Belkhacem qui m’a beaucoup appris en
SIG, pour son aide et les services rendus. J'associe à ces remerciements le personnel de l’ANRH :
Monsieur ALILI Djemel, Monsieur AREZKI Ould Amara, Monsieur BEHLOULI Larbi, Madame ABDA
Lseridi, Monsieur AFNES Zidane, Mademoiselle BENATTIA Naïma, Monsieur BENCHABANE Tahar,
Madame BIOUT Fatouma, Mademoiselle BOUCHEMA Faiza, Monsieur AYED, Madame AÏCHA et
Madame NASSIRA qui m’ont beaucoup aidé lors de ma mission à l’ANRH.
Mes remerciements vont également à tous mes amis que j'ai connu au sein de l’Observatoire
du Sahara et du Sahel. Je les remercie tous (T. BENNOUNA, H. BEN YAHYATEN, M. BOUZID,
DONIA, F. DEBBABI, M. EL GUERROUJ, W. ESSAHLI, FETHI, H. HINDI, A. ISSA, S. JAUFFRET, B.
LATIFA, B. MOURAD, B.O. OLFA, NEBIL, RAFIK, M. TALBI, A. THAROUET, SONIA, I. VOSS, et L.
XAVIER) pour leur sympathie et leurs encouragements.
Par crainte d'avoir oublié quelqu'un, que tous ceux et toutes celles dont je suis redevable se
voient ici vivement remerciés. Je suis redevable à mes parents, mes frères et sœurs, mes oncles et
tantes, mes cousins et cousines, que chacun se sente ici vivement remercié pour son amour et son
soutien.
RESUME
Le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS) s’étend sur 1.100.000 km2
entre l’Algérie, la Libye et la Tunisie. Il est constitué de deux principales couches aquifères :
le Continental Intercalaire et le Complexe terminal qui renferment d'importantes réserves
évaluées à 30.000×109 m3 d'eaux souterraines dont l’accumulation ne peut être expliquée
par le climat actuel ; la recharge actuelle n’étant que de 1×109 m3/an. Diverses thèses ont
été émises concernant la recharge ou la paléorecharge des nappes sahariennes. Certains
chercheurs de la zone aride considèrent que les nappes sahariennes sont fossiles et ne sont
plus alimentées de nos jours. La thèse de l’alimentation actuelle des nappes est défendue
par d’autres pour qui elle s’effectuerait à l’occasion de conditions climatiques favorables.
Notre étude de la recharge du SASS s’appuie sur trois principaux outils : a) le modèle
de simulation du système aquifère multicouche du SASS utilisé pour reconstituer le
comportement ancien du système; b) le résultats des analyses isotopiques effectuées dans
la région traduites sous forme de cartes des âges des eaux; c) la modélisation des
précipitations efficaces et de l’infiltration des crues d’oueds sur les zones d’affleurements
perméables utiles des aquifères.
La cartographie des activités en 14C mesurées aux forages, traduite en âges-
équivalents des eaux souterraines reflète, fidèlement, le schéma hydrodynamique des
aquifères du Sahara septentrional. La répartition spatiale des âges au 14C révèle qu’aux
zones de recharge les eaux sont jeunes, témoignant d’une alimentation actuelle. Les âges
évoluent des zones de recharge vers les exutoires où les eaux sont plus anciennes indiquant
une convergence vers ces derniers. De l’ordre de 500 ans près des aires d’alimentation
possible, ces âges atteignent jusqu’à 40000 ans aux zones d’exutoires situées à 500 km des
zones de recharge.
L’hypothèse du tarissement pur des nappes du Sahara depuis le début de l’Holocène
(10000 ans BP) sans recharge, développée par certains chercheurs, a fait l’objet d’une étude
particulière. Sur le modèle SASS, est établi un état naturel de référence sans pompages
daté de l’an 1900. Au début de l’Holocène, les nappes étaient saturées. Pour reconstituer
l’état piézométrique permanent des nappes à cette époque, les charges hydrauliques aux
limites (affleurements perméables des reliefs périphériques) sont fixées aux altitudes du
terrain naturel, ce qui représente là une surélévation des niveaux de 150 à 300 m. Le bilan
calculé à cette époque indique une alimentation des nappes égale à 2.5×109 m3/an. L’étude
du tarissement des nappes sur les 10000 dernières années avec des conditions de recharge
nulle montre que les niveaux piézométriques calculés à la date témoin (année 1900) sont
considérablement inférieurs aux valeurs de référence observées, les écarts allant jusqu’à
300 m aux zones d’alimentation de l’Atlas saharien. Ces résultats, obtenus sur un modèle de
simulation dont les paramètres ont par ailleurs fait l’objet d’un calage sur des séries
historiques conséquentes, nous ont amenés à abandonner l’hypothèse d’un comportement
en tarissement pur des nappes sahariennes. La distribution des niveaux des nappes ne peut
donc s’expliquer que par une recharge actuelle en conformité avec les gradients
hydrauliques observés.
La modélisation hydrologique de la recharge utilise des modèles à réservoirs sur les
affleurements perméables du Continental Intercalaire dans l’Atlas saharien, principale zone
d’alimentation. Sur les 13 bassins-versants que compte cette région, seuls deux présentent
des observations hydrométriques. Utilisant des données hydropluviométriques journalières,
les modèles ont été calés et validés sur ces deux bassins, ce qui a permis d’identifier un jeu
de paramètres adopté pour les bassins analogues. Les résultats obtenus permettent
d’estimer le débit d’alimentation provenant de l’Atlas saharien à 7 m3/s. Cette estimation est
proche des valeurs traditionnellement admises ici, qui se situent dans la fourchette de 4 à 8
m3/s.
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................... 1
Avec près d’un million de km2 de superficie, le Sahara septentrional, qui s’étend
d’Ouest en Est entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, est l’un des plus grands déserts au
monde. Les hydrogéologues ayant mené des investigations dans les régions désertiques
reconnaissent qu’elles recèlent d’énormes réserves d’eaux souterraines, mais deux
principales thèses émergent quant à l’alimentation des nappes sahariennes. Certains
s’accordent à dire que leurs eaux sont héritées de périodes plus humides ; alors que pour
d’autres, ces nappes peuvent encore être actuellement alimentées lorsque certaines
conditions sont réunies.
C’est dans cette perspective que nous avons envisagé, en tout état de cause, de
tenter d’approcher les ordres de grandeur du phénomène.
1
Les conditions hydropluviométriques de la recharge seront abordées dans le chapitre
6. Il y sera question d’étudier le réseau hydrographique et les bassins-versants, ainsi que les
pluies et le ruissellement dans le Sahara septentrional. C’est la faisabilité hydrologique de la
recharge.
Enfin, dans la quatrième et dernière partie, groupant les chapitres 13, 14, 15 et 16,
nous procéderons à la modélisation hydrologique de la recharge (Chapitres 13, 14 et 15).
Dans le chapitre 13, il est mis au point un modèle hydrologique à réservoirs pour calculer
l’infiltration dans les bassins du versant Sud de l’Atlas saharien, pour mieux cerner
l’estimation du débit d’alimentation de la nappe du Continental intercalaire à partir de l’Atlas
saharien, établie par les autres méthodes de calcul. Le chapitre 14 apportera plus de
précisions sur les estimations par la représentation des affleurements perméables et
imperméables des bassins-versants comme deux systèmes fonctionnant en parallèle et le
calcul de leur bilan. Les calculs effectués dans les deux précédents chapitres seront affinés
dans le chapitre 15 par un modèle d’infiltration en région saharienne qui quantifie l’infiltration
dans les oueds à l’aval des bassins-versants. Dans le chapitre 16 les résultats de la
modélisation hydrologique de la recharge seront présentées et analysées. Nous y
procéderons à l’évaluation du débit d’alimentation de la nappe du Continental intercalaire
provenant du piémont de l’Atlas saharien.
2
PREMIERE PARTIE :
LA RECHARGE DU SYSTEME
AQUIFERE DU SAHARA
SEPTENTRIONAL (SASS) : ETAT
DE L’ART
3
RESUME DE LA PREMIERE PARTIE
4
Chap.1 : RECHARGE OU PALEORECHARGE : THESES SUR L’ALIMENTATION
DES NAPPES SAHARIENNES
Introduction
Le Sahara renferme d'importantes réserves d'eaux souterraines. Certains auteurs
pensent que les eaux des nappes du Sahara sont fossiles (BURDON, 1977 ; MARGAT &
SAAD, 1982 et 1984 ; MARGAT, 1990), c’est-à-dire qu’elles se sont infiltrées et accumulées
au cours des temps géologiques, leur alimentation s’est poursuivie au cours des périodes
pluvieuses du Quaternaire par infiltration sur les affleurements des couches perméables
jusqu’à débordement de ces derniers, et que le niveau actuel des nappes traduit le résultat
d’un tarissement pur depuis l’Holocène (PIZZI et SARTOLI, 1984).
Pour d’autres, par contre, il existe une recharge actuelle des nappes sahariennes.
Cette alimentation se manifeste lorsque certaines conditions climatiques, topographiques et
géologiques sont réunies (DUBIEF, 1953).
Nous présentons d’abord les caractéristiques générales du Sahara, avant d’aborder
les différentes thèses sur l’alimentation des nappes sahariennes.
1.1.1. L’Aridité
Le Sahara au sens large s’étend de l’océan Atlantique au golfe persique. Cette région,
aride à hyper-aride est caractérisée par des périodes de sécheresse prolongées. La
sécheresse qualifie une situation d'occurrences d'eau « déficitaires », caractérisée par des
écarts négatifs accusés de diverses variables hydrologiques par rapport à leur état présumé
moyen pour une région ou une zone climatique donnée.
L’aridité est une expression qualifiant la sécheresse qualitative ou quantitative d’une
région. C’est d'abord un fait climatique majeur actuel qui règne dans des zones du globe
relativement stables à l'échelle humaine (séculaire à millénaire) : on sait qu'elle se
caractérise par des précipitations annuelles faibles, à distribution très irrégulière dans le
temps comme dans l'espace, et notablement inférieures à l'évaporation potentielle annuelle.
En zone aride, il pourrait s'évaporer 10 à 20 fois plus d'eau qu'il n'en tombe chaque année,
en moyenne (MARGAT, 1985). Des indices ont été définis (LLOYD, 1986 ; MIDLETON et
THOMAS, 1997) pour classer les zones climatiques en fonction de leur degré d’aridité
(Tableau 1-1). L'indice d'aridité (Ia) est le rapport entre la moyenne des précipitations
annuelles (P) et l'évapotranspiration potentielle (ETP) (Ia = P/ETP) (SMITH & KOALA, 1999).
Tableau 1-1 : Classification de l’aridité (d’après, LLOYD, 1986 ; MIDDLETON et THOMAS, 1997)
Zone Indice d’aridité Ia Pluviométrie (mm/an)
Sub-humide sèche 0.5 – 0.65 ?
Semi-aride 0.2 – 0.5 200 – 500 (?)
Aride 0.05 – 0.2 50 – 200
Hyper-aride < 0.02 0 - 50
5
Selon CONRAD (1969), de nombreux auteurs, géographes ou botanistes, ont tenté de
fixer, d'une manière précise, les limites du Sahara. Sur la figure 1-1, ci-dessous, la limite
septentrionale est celle des palmeraies, complétée par la limite de la zone saharo-steppique
qui est l'aire de transition entre la steppe et le désert. La limite méridionale est située entre le
15ème et le 20ème parallèle, complétée par la limite de la zone saharo-sahélienne qui est l'aire
de transition entre la savane et le désert.
On peut également fixer des limites climatiques et dire que la limite Nord du Sahara
correspond à l'isohyète 100 mm tandis que sa limite Sud correspond à l'isohyète 50 mm ;
cette différence dans la valeur des chiffres retenus est due au fait que les précipitations sont
liées, dans ce dernier cas, à la mousson qui se manifeste en saison chaude, à un moment
où l'évaporation est plus intense.
Quels que soient les divers critères retenus, le Sahara est désormais bien délimité et
l'on peut constater que son domaine est beaucoup plus large à l'Est qu'à l'Ouest. L'aridité
s’accroît progressivement lorsqu'on va des marges désertiques, septentrionales ou
méridionales, vers le Tropique du Cancer mais aussi lorsqu'on s'éloigne de l'Atlantique pour
se diriger vers la mer Rouge.
On constate, en se référant à la carte citée ci-dessous, que la région étudiée (Fig.1-1)
est placée dans le climat désertique. Le Sahara nord-occidental, jusqu'à la latitude d'Adrar,
sont dans les limites bioclimatiques du désert ; les plateaux du Tidikelt et du Tademaït
appartiennent au vrai désert.
35
Région étudiée
1.1.2. Climatologie
Un certain nombre de facteurs secondaires influencent l’aridité. Dans une large mesure,
les étendues de terrains s’éloignant de l’océan s’accompagnent d’une baisse des
6
précipitations car l’air maritime perd la plupart de sa vapeur humide pendant qu’elle se
transforme en air continental plus frais et plus dense en zones côtières. Cet aspect
continental de l’aridité est souvent combiné aux effets de pluies des montagnes côtières qui
accentuent la diminution de l’aridité vers le continent. Le Sahara, Gobi, et l’Australie centrale
sont de bons exemples de tels effets combinés (Sahara, 2003).
1.1.2.3. La luminosité
Le Sahara détient le record mondial de l'ensoleillement avec 3000 à 3500 heures par
an contre 1600 à Paris. En saison sèche, le ciel est clair et lumineux tant que le vent ne le
trouble pas, ce qui est rare. Au cours de la saison des pluies, il prend un aspect plombé et
les nuages peuvent former une nappe continue d'autant plus impressionnante que les
horizons sont vastes.
1.1.2.4. Le vent
Avec la chaleur, l'été, le vent est l'autre caractéristique permanente du Sahara. Par sa
situation dans l'hémisphère boréal, le Sahara est soumis, au sol, à des vents dominants
orientés du Nord-Est au Sud-Ouest. Mais, localement, le vent peut provenir de directions
sensiblement différentes : du Sud ou du Sud-Ouest au Sahara central, de l'Est au Sahara
méridional. II est dirigé d'Est en Ouest sur la bande côtière atlantique où les courants marins
froids s'opposent à la formation de vents marins en Mauritanie.
7
1.1.2.6. L’évaporation
En zones arides, l’évaporation et l’évapotranspiration sont les mécanismes majeurs de
pertes en eau. Dans des bassins arides fermés, ils sont les seuls modes de perte en eau
(ULLMAN, 1985).
Dans le Sahara, l'évaporation atteint des valeurs considérables. Dans le cas théorique
d'une nappe d'eau découverte, alimentée en permanence, la hauteur moyenne d'eau
évaporée annuellement serait de 3 à 5 m, selon les localités, au Sahara algérien. Cette
hauteur n'est plus que de 1,50 à 2,30 m au Sahara atlantique (Sahara, 2003).
Tableau 1-2 : Grands gisements d’eau souterraine au Sahara (d’après MARGAT & SAAD, 1982 et
1984 ; MARGAT, 1990)
Pays Réservoir aquifère (l) : libre (c) : captif
Arabie Saoudite Bassin sédimentaire d’Arabie Saoudite (l) et (c)
Algérie, Tunisie, Libye Bassin du Sahara septentrional, Aquifère du continental
intercalaire (sables et grès du Crétacé inférieur) et du
complexe terminal (sable, grès et calcaire d’âge Crétacé
supérieur à Miocène) (l) et (c)
Egypte, Libye Aquifère des grès de Nubie (l) et (c)
Libye Bassin de Kufra (sables, grès ; Cambrien - Crétacé Supérieur)
Niger, Mali, Nigeria Sables, grès du Crétacé supérieur
Sénégal, Mauritanie Sables et grès du Maastrichtien (l) et (c)
8
Djerid en constitue l'élément majeur enfoncé vers le Sud jusqu'à la bordure de l'Erg. Greffé à
sa pointe orientale, le Fedjadj n'est guère qu'un mince appendice de 95 kilomètres de long. A
l'opposé, l'isthme étroit de Tozeur-Degache les sépare du Rharsa étiré en triangle vers
l'Algérie.
Malgré la diversité des conditions structurales, les chotts n’en présentent pas moins
des aspects semblables. Le paysage le plus original est celui de sebkha. Il consiste en de
vastes surfaces planes en apparence, sans aucune végétation, caractérisées par un tapis de
cristallisations salines de types différents. Une steppe halophile de densité et de largeur
variable lui succède à la périphérie. Elle constitue le chott proprement dit, que surmontent
des éléments de terrasses par endroits.
On sait que le Rharsa est le seul des trois chotts situé au-dessous du niveau de la
mer. Sur la carte topographique au 1/100000e de la Tunisie, la courbe 0 l'enveloppe en
entier. Ses cotes les plus basses s'établissent à -20 et -23 mètres, localisées sur des pistes
qui le traversent depuis El Hamma du Djerid et Nefta. Le Fedjadj et le Djerid sont bien au-
dessus. Les altitudes n'y descendent pas plus bas que 16 et 15 mètres. (COQUE, 1962).
Erg
Reg
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1.1.4.4. Les ergs
Les ergs sont des massifs dunaires stables. Ils sont constitués par le sable que le
vent arrache aux regs et aux hamadas. Paradoxalement, l'eau y abonde en profondeur,
assurant la cohésion des grains de sable et la stabilité des lignes générales du relief. Cette
eau est parfois celle des précipitations qui provoquent alors le développement brusque d'une
végétation herbacée, souvent éphémère. Mais l'eau de surface disparaît rapidement et
s'accumule dans des nappes souterraines. L'existence d'une nappe phréatique en un endroit
est marquée par une végétation arbustive beaucoup plus durable.
10
c'est le cas notamment de l'immense étendue désertique de l'Ancien Monde qui, de l'océan
Atlantique au Golfe persique, occupe le nord du continent africain (Sahara) et la péninsule
Arabique.
Cette ressource a depuis longtemps fait l’objet d’une exploitation accrue sans que
l’on se soucie de son devenir (détérioration de la qualité de l’eau, épuisement de la
ressource…) (MARGAT & SAAD, 1982 et 1984 ; MARGAT, 1990). La mise en évidence des
faibles taux de renouvellement de cette eau impose une conception de la ressource et une
procédure de son évaluation spécifique.
Une compréhension plus juste de la nature de la ressource détermine le choix d’une
stratégie. La question se pose d'abord en termes de choix entre une stratégie d'exploitation
en régime d'équilibre, ou destinée à l'atteindre à moyen terme, et une stratégie d'exploitation
«minière» de l’eau souterraine, vouée nécessairement à un arrêt à plus ou moins long terme:
autrement dit, le choix entre le seul captage de la ressource renouvelable souvent minime et
l'exploitation de la ressource non renouvelable, beaucoup plus productrice pendant un
temps, mais finie à terme.
Dans les faits, MARGAT & SAAD (1984) soulignent que la pratique n'a pas toujours
attendu l'analyse... et, consciemment ou non, on s'est, le plus souvent, engagé dans l'option
«minière» identifiée comme telle après coup. Aussi la question que se pose à présent
l'autorité de gestion des ressources en eau est davantage de choisir entre le maintien – voire
l'amplification – de la tendance en cours et son infléchissement pour prolonger la production
en l'atténuant (ou même pour l'amener à terme à un rééquilibre) que de choisir une stratégie
à partir d'une situation vierge.
11
exploitation intensive, des transformations irréversibles : compaction du terrain, attirance
d'eau salée (MARGAT & SAAD, 1982 et 1984).
12
1.2.3. Les gradients fossiles :
Dans plusieurs régions arides, la rareté de précipitation et de ruissellement a amené
certains hydrogéologues à s’interroger si, en fait, la recharge se produit actuellement, ne
serait-ce qu’en quantités très faibles, en dépit de l’existence de gradients bien établis d’eau
souterraine. La présence d’eaux souterraines anciennes sous, ou près, des affleurements de
formations aquifères (Fig.1-3) a accrédité ce point de vue, tout comme l’absence de réponse
de recharge hydrographique régionale.
BURDON (1977) a soulevé le concept de "gradient fossile" maintenu par différents
mécanismes parmi lesquels la pente du bassin sédimentaire (facilite l’écoulement selon cet
auteur), la compaction du sédiment (diminue la porosité), les fluctuations de la chaleur et des
gaz (influe sur la pression). Parmi les diverses suggestions faites pour maintenir les
gradients fossiles, la plus plausible est le déstockage des réserves dans des zones qui
présentaient une ancienne surélévation piézométrique provoquée par la recharge. Ce
concept a été examiné par LLOYD et FARAG (1978), en adoptant des conditions de
recharge nulle de l’aquifère dans le desert de l’Ouest de l’Egypte, où ils ont pu modéliser un
gradient régional sur 10000 ans. Cependant, un rabattement important a été constaté
localement dans la zone de recharge. Des résultats similaires ont été obtenus par
BAKIEWICZ et al. (1982) pour le centre de l’Arabie Saoudite, alors que pour le bassin de
Syrte en Libye, WRIGHT et al. (1982) ont montré qu’une recharge régionale annuelle de 1.1
mm est nécessaire pour maintenir le gradient actuel.
Les taux de recharge nécessaire pour maintenir les gradients régionaux d’un bassin
sédimentaire ont été examinés par LLOYD et MILES (1986). Il est présenté sur la figure 1-3
quelques résultats, pour une section de bassin de 400 km de longueur sur 20 km
d’affleurements de formations aquifères. Les figures 1-3(a) et 1-3(b) montrent le type de
rabattement attendu à l’affleurement en condition de recharge nulle ; mais la figure 1-3(c)
montre que pour les conditions d’aquifère postulées, les charges hydrauliques peuvent être
maintenues avec une recharge aussi faible que 5 à 7.5 mm/an. Sur la figure 1-3(d) l’âge de
l’eau souterraine déduite des vitesses de Darcy indique que les eaux n’auraient pas
parcouru de grandes distances sur une période de 10000 ans, de l’ordre de 10 km. Par
conséquent, il n’est pas très surprenant de trouver des eaux anciennes près des zones
d’affleurement, en particulier quand la distribution de la recharge récente est inégalement
répartie.
Fig.1-3 : Eléments de contrôle du gradient d’eau souterraine : baisse de charge dans un affleurement
aquifère sans recharge (D’après LLOYD et MILES, 1986).
13
1.3. Recharge actuelle : conditions et représentations
En matières d’eaux souterraines, les conditions de formations d’aquifères existent
(LLOYD, 1986). Dans certaines régions désertiques, les précipitations exceptionnelles
associées à certaines conditions de surface spécifiques (sols à grains grossiers) peuvent
être particulièrement génératrices de recharges (GLENDON et HILLEL, 1988). L’alimentation
des nappes du Sahara septentrional, par exemple, se manifeste sur les bordures Nord du
bassin lorsque trois conditions sont présentes :
• des précipitations suffisantes ;
• un relief relativement accentué pour produire un ruissellement dans des oueds ;
• l’affleurement de formations perméables appartenant à un des systèmes aquifères ou
en relation directe avec un des aquifères sahariens (DUBIEF, 1953).
Pour la détermination des ressources en eaux souterraines, un des termes du bilan
hydrologique est incontestablement la recharge qui est dominée en zones arides par la
recharge indirecte. Ceci, par opposition aux zones tempérées où, normalement, la recharge
directe à partir de la pluie, à travers le profil du sol, domine à l’échelle régionale de l’aquifère.
Les mécanismes par lesquels la recharge peut avoir lieu dans les régions désertiques sont
assez bien traités par plusieurs auteurs (LLOYD, 1986 ; RUSHTON, 1988 ; SIMMERS,
1997), alors que la quantification des divers éléments intervenant dans le processus est
extrêmement rare. Cette recharge s’effectue selon deux principaux mécanismes : la
recharge directe et la recharge indirecte (Fig.1-4) dont on peut comprendre les difficultés
relatives à leurs quantifications en regardant les termes du bilan conceptuel représenté sur la
figure 1-4 dressée par LLOYD (1986).
Précipitation
Précipitation atteignant
la surface
Ruissellement
et interflow Infiltration dans le sol
Concentration dans
des joints et surcharge Evaporation
Infiltration Infiltration latérale et
verticale verticale
Recharge
directe
Evaporation Infiltration verticale
Evaporation
Evaporation
Recharge Recharge
indirecte Recharge indirecte
indirecte
14
On peut énumérer quatre voies de recharge possible en régions désertiques :
a) recharge directe à partir de la pluie à travers le profil de sol
b) recharge indirecte à partir du ruissellement à travers les joints ou fissures
c) recharge indirecte à partir de l’écoulement dans les étangs
d) recharge indirecte à partir des "pertes de transmission" pendant le ruissellement dans
une rivière et une inondation (i.e. disparition totale des écoulements dans le lit de
l’oued).
En considérant ces processus, il est important d’avoir une idée des ordres de grandeur
des deux termes dominants de ce bilan hydrologique, à savoir la précipitation et
l’évaporation potentielle. Ceci est illustré à la station météorologique de Ramada, dans le
Sud tunisien, avec une évaporation potentielle de l’ordre de 2400-2800 mm (YAHYAOUI,
1996), la pluie moyenne annuelle est de 83.6 mm ; elle est de l’ordre de 31 mm à la station
de Hun, en Libye (IDROTECNECO, 1982c).
Eu égard à ces quantités, la recharge directe apparaît comme un événement rare dans
le Sahara. Cependant, la recharge directe dans les dunes de sable des déserts a fait l’objet
de plusieurs spéculations et de mesures. Dans le Kalahari, les teneurs en tritium trouvées
dans l’aquifère sous les sables dunaires ont été considérées comme preuves évidentes
d’une recharge actuelle (MAZOR, 1982) mais ceci n’est pas surprenant car la pluie y est
relativement élevée (250 mm/an en moyenne) pour un désert. Les teneurs en chlorure
mesurées par EDMUNDS et al. (1997) en utilisant les profils de sol dans le Grand Erg
Oriental du Sahara septentrional sont là encore des preuves d’une recharge directe (la pluie
moyenne adoptée est de 100 mm/an pour les sites considérés). DINCER et al. (1974) ont
mis en évidence la recharge directe dans les dunes du désert aride à l’est de l’Arabie
Saoudite pour des événements de pluies extrêmement fortes en utilisant des profils
d’humidité de tritium dans la zone non saturée. La présence du tritium attestant une recharge
directe est indiscutable, mais que cette infiltration atteigne actuellement la nappe ou pas est
un autre problème (SONNTAG et al., 1980).
Si la recharge directe n’est pas d’importance majeure dans les régions désertiques, les
divers mécanismes indirects deviennent primordiaux. Contrairement aux zones semi-arides,
en zones arides les conditions sont telles que la recharge directe est moins significative.
Néanmoins, même en zone semi-aride, un seuil élevé de précipitation est nécessaire pour
initier une recharge et venir à bout du déficit en humidité du sol. Dans le sud-ouest d’Idaho
aux Etats-Unis, par exemple, STEPHENSEN et ZUZEL (1981) montrent qu’un seuil de 24 h
de précipitation d’au moins 20-30 mm est nécessaire pour qu’il y ait recharge.
Il n’y a pas de doute que la recharge a lieu même dans les régions les plus arides.
Dans plusieurs cas comme dans l’Atacama, Gobi et près du Nil au Soudan et en Egypte, la
recharge est apportée par des écoulements de rivière en provenance de l’extérieur de la
zone désertique. Excepté ce style de recharge, la recharge actuelle évidente provenant des
pluies sur les aquifères en zones arides est assez étendue. Dans le Sahara septentrional,
CONRAD et al. (1975) rapportent la présence du tritium dans les eaux souterraines de l’Erg
Occidental, dans le sud de l’Algérie. GUENDOUZ (1985) a prélevé une forte teneur en
Tritium (51 UT) en pleine dune de sable à El Oued, dans l’Erg Oriental en Algérie. La
présence du tritium a été signalée au centre de l’Arabie Saoudite par BAKIEWICZ et al.
(1982). Le long du Golfe arabique, on note la présence de monticules d’eau souterraine
récente au Bahrein et Qatar.
Quantifier la recharge indirecte sur la base des éléments sur la figure 1-4 est
probablement impossible. Dans plusieurs régions désertiques, des nappes pérennes
attestent de l’évidence d’une recharge à travers des systèmes de joint ou de fissures
(notamment dans des formations carbonatées).
15
La source majeure de recharge en zone aride est probablement via les pertes par
transmission dans le lit d’oued pendant l’inondation qui sont aussi extrêmement difficiles à
quantifier (LLOYD, 1986). Les travaux menés en Tunisie centrale, (BESBES, 1967 et 1978 ;
CHAIEB, 1988 ; ZINSOU, 1997 ; BABASY, 1998 ; NAZOUMOU, 2002) montrent l’importance
de l’alimentation des nappes à partir du ruissellement et rendent compte des difficultés liées
à sa quantification.
Conclusion
Le Sahara se caractérise par des précipitations annuelles faibles, à distribution très
irrégulière dans le temps comme dans l'espace, et notablement inférieures à l'évaporation
potentielle annuelle qui y atteint des valeurs considérables. Il recèle de grands gisements
d’eau souterraine. Les investigations menées dans des régions désertiques montrent des
possibilités de recharge actuelle même si les quantités les plus importantes s’étaient
infiltrées au cours des périodes pluvieuses du Quaternaire.
Ces différentes études indiquent qu’on peut s’attendre à des mélanges, surtout que
les conditions pluviales passées ont eu des influences sur les gradients actuels et que le
déstockage est important bien que quelques recharges actuelles soient nécessaires pour
aider à maintenir ces gradients. Le point intéressant est que la quantité de recharge
nécessaire apparaîtrait très faible et dans plusieurs régions, probablement dans la marge
d’erreur de tout bilan hydrologique conventionnel (LLOYD, 1986).
16
Chap.2 : LES VARIATIONS CLIMATIQUES DU SAHARA ET LEUR IMPACT SUR
LA RECHARGE DES NAPPES
Introduction
Le Sahara qui se trouve actuellement au cœur de la ceinture des hautes pressions
subtropicales est caractérisé par une aridité accrue et par un paysage désertique.
Cependant, les études hydrogéologiques montrent que le Sahara renferme d'importantes
réserves d'eaux souterraines qui ne peuvent être expliquées par le climat actuel et qui sont à
la base du développement agricole et urbain dans cette zone. Le climat du Sahara n'a donc
toujours pas été semblable à l'Actuel. Pendant le Quaternaire, des conditions passées plus
humides seraient responsables de ces stocks d'eau.
Il est maintenant bien établi que les variations de la distribution saisonnière de
l'insolation sur la terre induit des changements climatiques spectaculaires à l'échelle
planétaire au cours du Quaternaire. Les témoins de ce changement se retrouvent aussi bien
sur les enregistrements des sédiments marins que sur les dépôts continentaux. L'étude de
ces derniers a montré que le Sahara a connu, au moins, trois optimums humides pendant les
derniers 150.000 ans qui sont datés de 140.000, 90.000 et de 11.000 à 4.000 ans B.P.
(Before Present).
En outre, les modèles de simulation de la circulation atmosphérique générale
couplant l'océan et l'atmosphère montrent que pendant le Quaternaire supérieur, toute la
zone intertropicale était plus pluvieuse qu'aujourd'hui pendant les époques de maximum de
contraste entre la radiation reçue en hémisphère Nord pendant l'été et celle reçue l'hiver.
L'étude détaillée du dernier cycle climatique constitue une étape nécessaire à l'étude
de révolution du climat pendant le Quaternaire. Actuellement, nous vivons dans une période
chaude interglaciaire qui s'appelle l'Holocène et qui a commencé depuis 11.000 ans. A une
échelle de temps plus importante, au cours du dernier million d'années, un climat
comparable à celui d'aujourd'hui n'a prévalu que pendant de brefs intervalles de temps de
durée inférieure à 10.000 ans et réapparaissant tous les 100.000 ans environ. Pendant le
reste du temps, une énorme couverture de glace recouvrait une grande partie des hautes
latitudes de l'hémisphère Nord. Le reste de la zone actuellement tempérée était constitué de
déserts polaires froids où des populations aussi denses que celles d'aujourd'hui ne
pourraient subsister.
17
Pendant cette période (le dernier maximum glaciaire), la surface de l'océan était en
moyenne d’environ 2,5°C plus froide qu'aujourd'hui, mais les changements de température
étaient très inégalement répartis : un refroidissement intense des hautes latitudes s'oppose
aux conditions régnant aux latitudes moyennes, peu différentes de celles d'aujourd'hui ou au
refroidissement modéré des basses latitudes. La glace de mer avait une extension
spectaculaire dans les deux hémisphères avec une avancée de 1000 km dans l'océan
Antarctique. Sur le continent, les températures ont souvent diminué de 5 à 10°C (KALLEL et
ZOUARI, 1993).
De grandes variations ont également affecté la circulation océanique profonde lors du
dernier maximum glaciaire. Les eaux dont la profondeur dépasse 2 km étaient plus froides
de 2°C qu'actuellement et plus appauvries en oxygène dissous alors que les eaux
intermédiaires (profondeurs allant jusqu'à 2 km) avaient la même température qu'aujourd'hui
et étaient plus ventilées (plus riches en oxygène dissous). Ce schéma témoigne d'un
changement profond des modes de formation des eaux profonde et intermédiaire de l'océan
mondial à cette époque (KALLEL et al., 1988a ; DUPLESSY et al., 1988).
Des conditions climatiques semblables à celle de l'Holocène sont apparues vers
127.000 ans B.P. (CLIMAP, 1984). Pendant cette période qui s'appelle le dernier
interglaciaire, le niveau de la mer était à plus de 6 mètres au dessus du niveau actuel
(CHAPPEL et SCHACKLETON, 1986). Deux autres périodes relativement chaudes de fonte
de glace continentale autour de 100.000 ans B.P. et 80.000 an B.P. pendant lesquelles le
niveau de la mer était inférieur d’environ de 20 mètres, sont séparées par deux
abaissements eustatiques d'environ 50 mètres par rapport au niveau actuel (figure 2-1). Un
accroissement extrêmement rapide du volume des glaces se produit à partir de 70.000 ans
B.P. et atteint son maximum vers 18.000 ans B.P..
La fonte des glaces a commencé à partir de 15.000 ans B.P. c'est-à-dire très peu de
temps après le maximum glaciaire et c'est entre 13.000 et 12.000 ans B.P. que le grand
bouleversement climatique s'est produit avec un réchauffement général des continents et
des océans (DUPLESSY et al., 1986 ; KALLEL et al., 1988b). C'est à ce moment que la
végétation a changé le plus sur l'Europe et en Afrique. La période entre 11.000 et 10.000 ans
B.P. était marquée par un arrêt momentané très court de la déglaciation et un retour aux
conditions glaciaires froides (Dryas récent). Vers 7.000 ans, la déglaciation s’est achevée. La
mer a atteint alors son niveau actuel et les températures de surface des océans étaient, à
1°C près, semblables à celles d’aujourd’hui.
Limite de la côte
glaciaire de la Tunisie
Echelle : 0 50 km
18
2.1.2. Les variations des précipitations dans la zone intertropicale
La circulation atmosphérique générale imprime une marque évidente sur les climats
terrestres actuels. Au voisinage de l'Equateur, le mouvement ascendant de l'air est
accompagné par une forte activité convective avec des pluies intenses qui permettent le
développement d'une végétation luxuriante (la forêt tropicale). Dans la zone tempérée,
l'interférence des masses d'air tropical et polaire conditionne la climatologie. Ces deux
masses d'air ne se mélangent pas mais restent séparées par une discontinuité appelée front
polaire. Cette zone de front polaire qui comporte un mécanisme violent d'opposition des
masses d'air est à l'origine des pluies, des nuages et des tempêtes de la zone tempérée.
L'oscillation Nord-Sud de ce front polaire sur plusieurs milliers de kilomètres, fait l'alternance
de la pluie et du beau temps typique d'un climat dit tempéré. La zone subtropicale est plutôt
caractérisée par un mouvement descendant de l'air. L'air venant des couches supérieures
est desséché et la subsidence quasiment permanente de l'atmosphère s'oppose au
développement de la convection : la pluie y est exceptionnelle engendrant un régime
climatique aride et un paysage désertique (les grands déserts du monde s'étendent entre
15° et 30° de latitude).
Lors du dernier maximum glaciaire, les changements profonds de la circulation
atmosphérique générale ont engendré une réduction drastique des précipitations. Les pluies
et les neiges ne représentaient qu'un quart des précipitations actuelles. On observe, par
conséquent, une extension générale des zones désertiques et une réduction de la forêt en
faveur des steppes et des prairies (CLIMAP, 1981). Dans le Sud tunisien, cette période se
caractérisait par des dépôts détritiques azoïques d'origine principalement éolienne
témoignant d'une aridité continentale accrue et d'une extension du désert (ZOUARI, 1988 ;
FONTES et GASSE, 1991).
Pendant le dernier cycle climatique, le régime des précipitations de la zone
intertropicale a subi de grands changements qui n'étaient pas systématiquement associés
aux grands événements climatiques. Mais, en règle générale, les périodes froides étaient
plutôt associées à une aridité continentale et les périodes humides apparaissaient pendant
les périodes chaudes.
Différentes études sur le Quaternaire supérieur du Sahara ont montré la présence de
plusieurs optimums humides. En Algérie occidentale, deux époques pluvieuses vers 80.000
et 100.000 ans B.P. ont été mises en évidence. Dans la vallée de l'Oued Shati en Libye
méridionale, on note l'installation d'un vaste lac à Cardiums peu profond entre 140.000 et
130.000 ans B.P. (KALLEL et ZOUARI, 1993). Dans le Sud tunisien, les recherches récentes
ont permis de mettre en évidence des paléolacs interglaciaires avec trois optimums humides;
le premier vers 140.000 ans B.P., le second vers 90.000 ans B.P. et le troisième a démarré
juste au moment où la déglaciation était en train de s'achever. Cette dernière période
pluviale a intéressé tout le Sahara et le Sahel, l'Arabie et le Thar et s'est traduite par
l'installation de lacs et de marécages.
Dans le sud tunisien, cette période pluviale qui s’étale entre 11.000 et 4.000 ans B.P.
est caractérisée par des dépôts palustres et lacustres carbonatés localisés notamment dans
la basse vallée de l’oued el Akarit (ZOUARI, 1988). COUVERT (1972) a déterminé, pour
l'Afrique du Nord, les flores holocènes, non pas d'après les pollens, mais d'après les
essences identifiées sur les charbons recueillis dans les foyers préhistoriques ; la
reconstitution de l'environnement botanique permet de fixer ainsi la pluviométrie qu‘il
implique. Grâce à l'étude de charbons de bois de 8 gisements échelonnés sur une dizaine de
millénaires, COUVERT a pu traduire les données botaniques en informations climatiques et
tracer ainsi, la courbe des variations paléoclimatiques en Algérie (Fig.2-2) depuis 13.000 ans
B.P. D'après cette reconstitution botanique, il conclut à une "pointe" des précipitations vers
10.000 ans B.P (+200 mm par rapport à la pluviométrie actuelle) et une autre "pointe" plus
importante (+ 300 mm) entre 8.500 et 7.500 ans B.P suivie d'un "creux" relatif de la
pluviométrie.
19
-100
-200
Durant l’humide néolithique (6500-4000 ans B.P), les charbons fossiles indiquent une
pluviométrie très importante atteignant +600 mm par rapport à l'actuel vers 5000 ans B.P.
Cet épisode humide est suivi d'oscillations climatiques de faible amplitude jusqu’à une
détérioration complète du climat l'amenant au très net Aride Actuel.
En s'inspirant du diagramme de COUVERT (1972) ainsi que des différentes études
paléoclimatologiques effectuées au Sahara Septentrional par MUZZOLINI (1982), BEN
AMMAR et BESBES (1992) ont reconstitué la pluviométrie sur les zones d'alimentation
potentielles de la nappe du Continental Intercalaire depuis 9000 ans (millénaire caractérisé
par une pluviométrie équivalente à l'actuel) jusqu'à 0 an B.P. (Tableau 2-1). Cette
reconstitution est traduite sur la figure 2-3.
Tableau 2-1 : Reconstitution de la pluie et du débit d’infiltration sur les zones d’alimentation
potentielles du CI durant l’holocène (BEN AMMAR et BESBES, 1992)
Frontières tuniso-
Temps (ans Climat Saharien Atlas saharien Tinrhert Dahar libyennes
3 3 3 3
B.P.) P(mm) Q(m /s) P(mm) Q(m /s) P(mm) Q(m /s) P(mm) Q(m /s)
9000-8500 Aride Actuel 250 5.6 20 0.43 100 2 100 0.5
8500-8000 450 10 20 0.43 100 2 100 0.5
8000-7500 550 12.22 20 0.43 100 2 100 0.5
7500-7000 Grand aride mi- 450 10 10 0.22 70 1.4 70 0.35
7000-6500 Holocène 400 8.88 10 0.22 50 1 50 0.25
6500-6000 550 12.22 30 0.65 100 2 100 0.5
6000-5500 Humide 650 14.44 50 1.08 250 5 200 0.99
5500-5000 750 16.66 80 1.73 400 8 300 1.48
5000-4500 Néolithique 850 18.88 100 2.17 500 10 400 1.98
4500-4000 750 16.66 80 1.73 350 7 350 1.73
4000-3500 Aride Post- 450 10 65 1.41 250 5 300 1.48
3500-3000 350 7.78 50 1.08 200 4 250 1.24
3000-2500 Néolithique 350 7.78 50 1.08 200 4 200 0.99
2500-2000 300 6.67 30 0.65 150 3 150 0.74
2000-1500 L'installation 300 6.67 30 0.65 150 3 150 0.74
1500-1000 de 300 6.67 30 0.65 150 3 150 0.74
1000-500 l'aride 250 5.6 20 0.43 100 2 100 0.5
500-0 actuel 250 5.6 20 0.43 100 2 100 0.5
20
Fig.2-3 : Reconstitution de la pluie sur les zones d’alimentation potentielles du CI durant l’Holocène
(D’après BEN AMMAR et BESBES, 1992)
21
et al., 1978). Cet influx de vent d’ouest peut être entraîné dans le Sahara oriental où des
gradients de (δ2H et δ18O de directions Est étaient réorientés Sud–Est à travers un influx
croissant des masses d’air humides de la Méditerranée. Plus au Sud, les eaux souterraines
deviennent isotopiquement plus lourdes, ce qui indique que le Sahara méridional a toujours
reçu les pluies d’été convectives des tropiques provoquées par les masses d’air humides de
l’Océan indien, de la pluie de l’Afrique de l’Est ou plus à l’Ouest du Golfe de Guinée au cours
des périodes humides anciennes. Probablement, la limite entre les influences de la pluie
hivernale de l’Atlantique et la pluie d’été tropicale trace les unités morphologiques
dominantes des montagnes du Hoggar, Tibesti, Ennedi, Jebel Marra et les régions
montagneuses éthiopiennes.
Les données de δ2H et δ18O de la paléo-eau souterraine du Sahara septentrional
montrent une différence notable par rapport aux eaux souterraines récentes (fig.2-4).
France
Allemagne Les cartes de gauche
montrent la baisse du
Norvège Deutérium en rapport
avec le SMOW, les
diagrammes à droite la
relation 2H/18O modifiée
d’après SONNTAG et
al., 1979 ; in
THORWEIHE et HEINL,
Eau souterraine fossile (1996).
Sahara septentrional
Grand Erg
B i d
Désert septentrional
Egyptien
Fig.2-4 : Présentation des isotopes stables 2H et 18O des eaux souterraines récentes en Europe et
Paléo-eaux souterraines en Afrique du Nord. (d’après SONNTAG et al., 1979 ; in THORWEIHE et
HEINL, 1996).
Les valeurs ne sont pas en accord avec "la ligne des eaux météoriques mondiales"
sur laquelle se trouvent la précipitation, le sol et les eaux souterraines du cycle
météorologique moderne mais plutôt étalé juste vers la droite. Le fait que "la ligne des eaux
météoriques mondiales" coupe les axes du Deutérium avec +10%o (excès de Deutérium) est
indiqué comme fractionnement cinétique d’isotopes sous forme de vapeur d’eau au dessus
de la mer qui dépend de l’humidité relative de l’atmosphère. L’excès de Deutérium des
paléo-eaux souterraines du Sahara de +5%o indique un moindre fractionnement isotopique
dans l’évaporation de l’eau océanique ; ce qui signifie qu’il y avait une humidité relative
élevée de l’atmosphère au-dessus de l’océan pendant la dernière période glaciale
(approximativement 90%) comparativement aux 80% actuelle. Puisque la teneur en 2H et 18O
dans l’eau souterraine change à peine (en ne tenant pas compte de l’enrichissement
isotopique dû aux effets de l’évaporation, cela devrait en général causer un déplacement très
perceptible des valeurs de δ2H et δ18O vers la droite de "la ligne des eaux météoriques
mondiales"), l’existence de la configuration montrée ci-dessus de la représentation des
valeurs de δ2H et δ18O des paléo-eaux souterraines du Sahara implique qu’un écoulement
souterrain régional actuel peut prendre place seulement le long des lignes d’isovaleurs de
δ2H et δ18O.
22
AGE DU RADIOCARBONE DANS L’EAU SOUTERRAINE
À travers le temps de séjour d’une formation carbonatée dans la zone non saturée, le
radiocarbone organique dans l’eau souterraine atteint une activité initiale correspondant à
une valeur récente. Si la dureté du carbonate est en état d’équilibre, l’activité du
radiocarbone dans l’eau souterraine baisse de façon exponentielle conformément à la loi de
décroissance radioactive ; par conséquent, analytiquement, les âges du radiocarbone dans
l’eau peuvent être mesurés. L’âge radiométrique d’un échantillon d’eau souterraine
correspond au temps de séjour moyen de tous les composants de l’eau qui se trouvent dans
l’échantillon. Ceci peut représenter des âges variés à cause des différents spectres de
transit. Pour cette raison, l’âge radiométrique de l’eau souterraine ne devrait pas être
assimilé à son âge hydrodynamique à cette période. La dispersion du contenu en
radiocarbone dans l’aquifère dépend des conditions hydrauliques du système. Deux
mécanismes extrêmes sont présentés sur la figure 2-5.
Fig.2-5 : Dispersion des traceurs dans des aquifères confinés et non confinés (d’après THORWEIHE
et HEINL, 1996).
T : temps de séjour du traceur, τ : durée de vie moyenne du radioisotope,
C0 : activité initiale, C : activité mesurée, n : nombre de boites pour le mélange.
2) Modèle exponentiel :
Dans un aquifère phréatique où la formation de l’eau souterraine par infiltration
directe est possible, les composants de l’eau dans un échantillon proviennent de différents
points d’infiltration. Ainsi les composants de l’eau ont parcouru différentes distances, et par
conséquent représentent différents âges. Le contenu en radiocarbone d’un événement
d’infiltration sur tout le périmètre du système sera mélangé avec les contenus d’autres
événements et l’activité décroîtra de façon exponentielle. Dans ce scénario, les âges de
23
l’eau souterraine basés sur le contenu en radiocarbone sont seulement des âges apparents
(Fig.2-6).
Fréquence d'analyse
nombre total des
échantillons. Les ± indiquent
les erreurs statistiques.
Fig.2-6 : Fréquence de distribution des âges apparents du 14C des eaux souterraines du Sahara
basés sur une teneur initiale en 14C de 85 pmc (d’après THORWEIHE et HEINL, 1996).
Le maximum de distribution de l’âge est interprété comme périodes à climat humide
avec recharge d’eau souterraine, le minimum représente des périodes à climat aride ou
semi-aride durant lesquelles il n’y a pas de recharge d’eau souterraine considérable. Par
conséquent, le radiocarbone daté des eaux souterraines du Sahara montre une longue
période humide qui s’est terminée, il y a approximativement 20.000 ans.
Les différentes phases d’humidité dans cette période pluvieuse ne peuvent être
différenciées en se basant sur le contenu en radiocarbone puisque l’erreur statistique de la
datation du radiocarbone est approximativement de 0.5 pmc. À un âge de 20.000 ans (= 7
pmc 14C) l’erreur de mesure est environ de 500 ans, mais à 30.000 ans (= 2 pmc 14C) une
erreur de mesure jusqu’à 2000 ans est possible.
Entre 20.000 et 14.000 B.P., la période de culmination de la période glaciale du
Würm en Europe, il y avait un minimum significatif de recharge d’eau souterraine
représentant une période climatique semi-aride ou aride. Plus tard, après 14.000 ans B.P.,
plusieurs datations de radiocarbone ont enregistré une période humide à partir du début de
l’Holocène, entraînant la formation d’eau souterraine.
A cause de l’incohérence des mesures au radiocarbone et à cause de l’inhérente
incertitude dans l’estimation de la teneur initiale en radiocarbone, la subdivision de
l’Holocène en périodes humides et sèches est impossible par datation de l’eau souterraine,
puisque l’erreur de datation tombe dans l’intervalle de ± 1000 ans même dans ces eaux
souterraines relativement jeunes. Quand on fait la datation au radiocarbone, on trouve le
même spectre d’âge des 40.000 dernières années dans toutes les nappes d’eau
souterraines dans le Sahara (fig.2-7). La recharge minimale entre 20.000 et 14.000 ans B.P.
n’est, cependant, pas toujours significative à cause des statistiques souvent pauvres.
La figure 2-7 montre la fréquence de distribution des âges apparents du 14C des eaux
souterraines dans différentes régions du Sahara.
24
Fig.2-7 : Fréquence de distribution des
âges apparents du 14C des eaux
souterraines dans différentes régions du
Sahara (SONNTAG et al., 1979 in
THORWEIHE et HEINL, 1996)
Fréquence d'analyse
L’histoire climatologique des 40.000 dernières années du Sahara septentrional peut être
résumée dans le tableau 2-2 ci-dessous (MANSOURI, 1988) :
Tableau 2-2 : Histoire climatologique des 40.000 dernières années au Sahara septentrional
(MANSOURI, 1988)
Âge Climat
0-4000 Transition climat actuel
4000-10000 Période post-glaciale chaude pluviale (régime du golfe de guinée)
10000-14000 Forte variation climatique. Pluie hivernale
14000-20000 Semi-aride froid
20000-40000 Pluies hivernales (régime atlantique). T° variable
25
2.2. Interprétations des variations climatiques
Les recherches sur les modifications des milieux naturels sahariens depuis 40.000
ans ont fait d'énormes progrès au cours de ces dernières années surtout à la bordure
méridionale du désert. ROGNON (1976) a essayé de dégager le sens de ces modifications
pour chaque grande période : un Sahara relativement humide au Würm moyen (40.000 à
20.000 ans B.P.), le déplacement vers le Sud des zones climatiques lors de l'accentuation du
froid (20.000-12.000 ans B.P.), les changements climatiques majeurs de l'Holocène inférieur
(11.000 à 6.000 ans B.P.) et enfin l'établissement du climat actuel (depuis 6.000 ans B.P.).
26
Fig.2-8 : Carte de localisation et de quelques limites climatiques actuelles (d’après ROGNON, 1976)
27
Ces pluies et ces neiges étaient apportées par une circulation d'Ouest de type cyclonique
comme l'indique la localisation systématique des névés de l'Atakor en position de
suralimentation à l'Est des grands sommets (ROGNON, 1967).
28
Fig.2-9 : Carte des mécanismes proposés pour expliquer les climats du Sahara vers 27.000-24.000
ans B.P. (avant l’accentuation de la dernière glaciation) et vers 17.000-15.000 ans B.P. (au maximum
du würm tardif). (d’après ROGNON, 1976)
Cette période est caractérisée par un rapide déplacement des climats arides. Vers
12.000-11.000 ans B.P., on assiste à l’invasion du Sahara méridional hyperaride par les
premiers lacs, tandis que le Nord du Sahara s’assèche.
29
des crues et de la baisse de leurs débits) et une déflation importante sur les chotts
asséchés.
30
Fig.2-10 : Évolution comparée des pluies au Nord et au Sud du Sahara pour l’Holocène inférieur et
moyen : d’après la couverture végétale pour le Maghreb au Nord (COUVERT, 1972) et d’après
l’évolution du niveau du lac Tchad au Sud (SERVANT, 1974 ; in ROGNON, 1976).
31
relation avec l'instabilité de la ceinture anticyclonique tropicale à cette époque. Mais on a
l'impression ainsi d'une atténuation notable de l'aridité saharienne durant le Néolithique
ancien. En effet, vers 6000 ans B.P., les conditions générales du climat sont celles d'un
Interglaciaire. La transgression post-glaciaire a entraîné l'invasion de baies peu profondes
sur la côte de Mauritanie. Le littoral saharien est alors baigné par des eaux tièdes
(Nouakchottien, daté de 5500 ans B.P.). Sur les océans tropicaux, l'évaporation est intense
puisque EMILIANI (1961 ; in ROGNON, 1976) a montré que la température des eaux de
surface de l'Atlantique équatorial atteignait 29° (actuellement 28°). Cette humidité est
transportée par la mousson qui s'avance fort loin vers le Nord sur le Sahara où les
anticyclones sont dans leur position, la plus élevée en latitude. En revanche, la disparition
des inlandsis et de la banquise jusque sur une partie de l'Océan Arctique, diminue
considérablement la «réserve de froid» de l'hémisphère nord. Le jet-stream est ralenti à
cause du faible gradient thermique ; les anticyclones tropicaux, peu alimentés en air polaire,
s'atténuent et se fragmentent (ROGNON, 1976).
a) Au Sahara central
Divers sites préhistoriques indiquent une disparition du peuplement néolithique entre
5000 et 4000 ans B.P. On peut citer le gisement de Meniet au Hoggar, caractérisé encore
par une végétation arbustive méditerranéenne (chêne vert, pin d'Alep, etc...) où l'occupation
se termine vers 5450 ±300 ans B.P. ; plus au Sud à l'Adrar Bous au NE de l' Aïr, HUGOT
obtient une date très voisine (5180 ±300 ans B.P.). Dans les Tassilis, à l'Acacus, près de
Chat (25° N) après un épisode humide entre 7600 et 5800 ans B.P., une végétation semi-
aride se développe (Acacias, Balanites, Artemesia herba alba, Aristida) avec de grandes
étendues marécageuses à Typha, entre 5500 et 4500 ans B.P. (BUTZER, 1966). Ensuite,
les sables éoliens marquent l'installation du désert actuel. Enfin dans les Tassilis, à 200 km
au SE de Djanet (23° N), les préhistoriens du CRAPE (Alger) ont fouillé (en 1976) un
gisement (ln Hanakaten) où des habitats se sont succédé de 8000 à 4000 ans B.P. entre
une période aride antérieure, caractérisée par des sables et des éboulis stériles, et le retour
à l'aridité conduisant aux conditions actuelles.
b) Ce glissement vers le Sud entraîne un accroissement des pluies sur les franges
méditerranéennes :
L'évolution climatique du Sahara septentrional est encore très mal connue pour cette
époque. Il serait très important de préciser les dates réelles d'apparition des petits lacs dans
l'erg Chech ou l'erg occidental que CONRAD (1969) situe entre 6000 et 3000 ans B.P. En
effet, le Maghreb connaît vers 5000 ans B.P. un maximum de pluviosité (COUVERT, 1972)
(fig.2-10) et dans le Sud marocain, la terrasse rharbienne, considérée comme
contemporaine d'une période humide, est légèrement postérieure au maximum de la
transgression flandrienne.
32
l'Atlantique. Cinq de ces mécanismes fondamentaux sont analysés ici et illustrés à l'aide
d'exemples au cours de chacune des grandes périodes climatiques définies ci-dessus.
b) L'onde planétaire
Celle-ci a aussi un rôle très important puisqu'elle influence la position exacte du jet-stream
au-dessus de l'Afrique. Nous avons essayé d'en fournir deux exemples pour expliquer :
• la position « haute » des pluies tropicales au Würm moyen, en faisant intervenir l'inversion
complète de l'onde planétaire sur les Rocheuses, origine de la série d'ondes qui se créent
le long du jet-stream jusque sur l'Eurafrique.
• la position du jet-stream lors du Würm tardif. En effet, dans la répartition des températures
à la surface du globe, la règle veut que les façades occidentales des continents soient bien
plus tièdes que les façades orientales aux latitudes tempérées (à cause de la circulation
cyclonique d'Ouest). Or l'inlandsis scandinave a créé une énorme anomalie, dont on n'a
pas encore calculé toutes les conséquences paléoclimatiques. La création d'ondes
planétaires très originales sur l'Afrique en est une.
c) Le déplacement saisonnier
Ce déplacement est, a priori, l'une des lois immuables des mécanismes climatiques
puisqu'il dépend du mouvement apparent du soleil de part et d'autre de l'Équateur. Or dans
l'histoire climatique de ces 50.000 ans, le rôle de ces oscillations du jet-stream avec les
saisons semble avoir été très inégal. On retrouve, par exemple, ces oscillations (avec des
régimes à sécheresse saisonnière très défavorables à l'existence des lacs) vers 15.000-
12.000 ans B.P. probablement et depuis 4000-3000 ans B.P. Mais à d'autres époques, ces
oscillations sont sorties du domaine saharien qui nous occupe. Ainsi :
• au cours du Würm tardif, les hautes pressions restaient toute l'année très basses en
latitude, bloquées par les énormes sources de refroidissement boréale et australe. Leurs
oscillations s'étendaient peut-être sur la zone intertropicale mais pas sur le Sahara central
ou septentrional.
• au cours de la période 12.000-6.000 ans, les hautes pressions sont progressivement
remontées vers le Nord et leurs oscillations estivales intéressaient davantage la
Méditerranée ou même l'Europe Centrale que le Sahara.
33
2.3.2. Intervention d’autres facteurs
a) La structure de la convergence intertropicale
La position ou les oscillations du jet-stream ne peuvent suffire à expliquer la
répartition des pluies au Sahara au cours de ces 50.000 ans. En effet, au cours du Würm
moyen ou lors du réchauffement de l'Holocène inférieur, le jet a dû être à plusieurs reprises
dans une position voisine de celles qu'il a occupées depuis 6000 ans, au cours de sa
redescente depuis sa position « haute ». Or les conséquences ont été très différentes sur le
milieu naturel. D'où cette hypothèse, émise avec réserve pour l'Holocène inférieur, que les
masses d'air en contact de part et d'autre de la C.I.T. (convergence intertropicale) pourraient
avoir eu des caractéristiques très différentes de l'Actuel, influençant même le sens de la
pente de cette discontinuité atmosphérique majeure. Dans ces deux cas en effet, l'Europe
était occupée par une calotte glaciaire de taille moyenne alors que cette condition n'est pas
remplie depuis l'Interglaciaire (6000 ans B.P.).
34
Aucun de ces facteurs n'est resté constant dans le passé à cause des effets de gravité
exercés sur la terre principalement par le soleil et la lune, mais aussi par les autres planètes.
Les variations ont touché le degré d'excentricité orbitale (l'orbite de la terre a varié d'une
forme presque circulaire à une forme présentant un maximum d'excentricité avec une
périodicité de 100.000 ans), l'obliquité de la terre (avec une périodicité de 41 000 ans) et le
temps de la périhélie par rapport aux saisons ; précession des équinoxes (le moment où le
pôle Nord pointe vers le soleil ne correspond pas toujours à la même position de la terre sur
son orbite ; la période de cette variation est de 23 000 ans).
Ces changements orbitaux se traduisent par une redistribution saisonnière de la
radiation solaire reçue (insolation) sur la terre sans changements du bilan global. Ainsi une
faible radiation totale d'été est compensée par une forte radiation totale d'hiver et vice versa.
La superposition (de l'excentricité, de l'obliquité et de la précession des équinoxes) produit
un modèle complexe de variation saisonnière de l'insolation en fonction du temps. D'après
ce modèle, les calottes de glace de l'hémisphère Nord s'accumulaient pendant les périodes
de faible contraste saisonnier avec des hivers relativement chauds favorisant l'augmentation
de l'évaporation océanique et donc les précipitations de neige aux hautes latitudes de
l'hémisphère Nord et des étés relativement froids favorisant la persistance annuelle de la
glace à ces latitudes. De telles conditions sont apparues 185.000, 115.000 et 70.000 ans
B.P. en accord avec les données isotopiques des carottes marine et de niveau de mer.
KALLEL et ZOUARI (1993) notent que « Bien que le mécanisme de MILANKOVITCH
explique une grande partie des fluctuations à long terme du climat, les prévisions précises
des climats futurs sont difficiles à établir dans l'état actuel de nos connaissances car nous
ignorons la réponse de la circulation générale de l'atmosphère et de l'océan aux variations
saisonnières de l'insolation ».
Conclusion
Actuellement, le Sahara est bordé par deux zones pluvieuses ; vers le Nord, la zone
du front polaire et vers le Sud, la zone de la convergence intertropicale. Les périodes
humides du Sahara seraient ainsi associées soit à une extension méridionale de la zone des
perturbations qui jalonne le front polaire, soit à un élargissement des basses pressions de la
mousson d'été de l'hémisphère Nord causé par un réchauffement plus marqué des
continents par rapport à l'océan.
Les modèles de simulation de la circulation atmosphérique générale couplant l'océan
à l'atmosphère montrent que les périodes pluviales de la zone intertropicale au Quaternaire
Supérieur tiennent également aux changements de la répartition saisonnière de l'insolation.
Les périodes (fort contraste d'insolation entre l'été et l'hiver dans l'hémisphère Nord, tel que
celle centrée autour de 8000 ans B.P (KUTZBACH et GALLIMORE, 1988 ; in KALLEL et
ZOUARI, 1993), auraient induit un sur-réchauffement des continents par rapport à l'océan
pendant les mois d'été et donc une intensification de la mousson tropicale d'été de cet
hémisphère. Ces périodes devraient correspondre, par conséquent, à des époques humides
dans cette zone. De telles conditions ont existé vers 130.000, 95.000, 75.000, 50.000 et
8.000 ans B.P., correspondant bien aux périodes de développement des sapropèles en
Méditerranée.
Dans le Sud tunisien, bien qu'on retrouve les témoins de trois de ces phases humides
(140.000, 90.000 et de 11.000 à 4.000 ans B.P.), l'étude isotopique des eaux des aquifères
de cette zone montre que les pluies responsables de la recharge auraient plutôt une origine
septentrionale (ZOUARI, 1988). De plus, la période s'étalant de 80.000 et 11.000 ans B.P.,
se caractérise plutôt par une absence presque totale de dépôts lacustres. Il s'agit
essentiellement d'une époque de dépôts détritiques pendant laquelle le phénomène de
déflation l'emporte.
35
Le modèle d'insolation suppose que l'intensification de la mousson tropicale d'été de
l’hémisphère Nord serait le seul responsable des périodes pluviales sur le Sahara.
Cependant, ce modèle qui couple l'océan et l'atmosphère néglige les variations des
températures de surface de la Méditerranée à ces époques. Nous savons que les
températures de surface de la Méditerranée ont subi des variations importantes au cours du
dernier cycle climatique. Le champ de pression atmosphérique sur ce bassin était donc
différent d'aujourd'hui pendant ces périodes pluviales et aurait ainsi induit un changement
radical des mouvements atmosphériques dans la région.
Quoi qu'il en soit, ces phases humides reconnues, notamment sur le Sud tunisien,
sont vraisemblablement en relation avec les périodes majeures de recharges des nappes
souterraines du Sahara (KALLEL et ZOUARI, 1993).
Les recherches sur les paléoclimats du Sahara sont passées par plusieurs étapes.
Après les premières théories sur des Pluviaux à l'échelle de l' Afrique qui ne tenaient aucun
compte de la logique de répartition actuelle des climats, un progrès considérable a été
réalisé avec l'hypothèse du « balancement climatique » qui transposait à l'échelle du Würm
(6 ou 7 X 104 années) , le mécanisme le plus spectaculaire : celui de l'oscillation annuelle
des zones climatiques. Or aujourd'hui, une telle approximation ne peut plus être retenue. En
effet, d'une part les recherches récentes ont montré que la réalité des oscillations climatiques
depuis 40.000 ans était beaucoup plus complexe, d'autre part la connaissance accrue des
mécanismes actuels montre l'intervention de bien d'autres influences que cette oscillation en
latitude si spectaculaire soit-elle. Il est certainement téméraire de tenter une synthèse à
l'heure actuelle (ROGNON, 1976).
36
Chap.3 : LE SYSTEME AQUIFERE DU SAHARA SEPTENTRIONAL : UN
IMMENSE RESERVOIR A STRUCTURE MULTICOUCHE
Introduction
Le Système Aquifère du Sahara Septentrional « SASS » (OSS, 2003) s’étend sur une
vaste zone dont les limites sont situées en Algérie, Tunisie et Libye (Fig.3-1). Ce bassin
renferme une série de couches aquifères qui ont été regroupées en deux réservoirs appelés
le Continental Intercalaire (CI) et le Complexe Terminal (CT). Le domaine du SASS couvre
une superficie d’environ 1.000.000 de km2 et s’étend du Nord au Sud, depuis l'Atlas saharien
jusqu'aux affleurements du Tidikelt et du rebord méridional du Tinrhert, et d'Ouest en Est
depuis la vallée du Guir-Saoura jusqu'au Graben de Hun en Libye.
Ce bassin se subdivise en trois sous-entités : les deux sous-bassins du Grand Erg
Occidental et du Grand Erg Oriental qui sont des cuvettes à écoulement endoréique
aboutissant dans des dépressions fermées «chotts et sebkhas», et le plateau de la Hamada
El Hamra. Il sera procédé, ici, à la description des principales formations géologiques du
Sahara septentrional, à la schématisation du multicouche saharien et à l’estimation des
réserves.
37
Le Complexe Terminal est, quant à lui, un ensemble assez peu homogène incluant
des formations carbonatées du Crétacé supérieur et des épisodes détritiques du Tertiaire,
principalement du Miocène (BUSSON, 1970 ; FABRE, 1976).
33°
38
3.1.1.1. En Algérie :
En Algérie, les travaux de BUSSON (1970) et de FABRE (1976) constituent les
références de base utilisées dans cette synthèse géologique du Sahara algérien.
Le Trias : En Algérie, BUSSON (1970) souligne la grande variabilité de faciès et
d’épaisseurs du Trias. Il est divisé en grandes unités lithologiques distinctes qui peuvent
être: salifères, argileuses, argilo-gréseuses ou carbonatées.
L’épaisseur de ces différentes formations varie principalement là où s’intercalent des
bancs salifères. L’épaisseur du Trias argilo-gréseux inférieur augmente vers le Nord-Ouest
(150-180 m). Elle diminue dans les zones de hauts-fonds (Hassi Messaoud, G. El Baguel).
Le Trias salifère présente une grande épaisseur (de 700 m au N-E de Ghadamès, il atteint
1300 m à H. Messaoud) (OSS, 2003a).
Le Jurassique : Le Jurassique inférieur et moyen (Lias-Dogger) comprend
principalement des couches évaporitiques constituées essentiellement de sel, d’anhydrite et
d’argiles auxquelles se superposent des couches franchement marines et qui se présentent
sous forme de calcaires et argiles avec des bancs d’anhydrite. La transgression jurassique
couvre tout le bassin du Grand Erg Oriental, et les dépôts y sont épais.
Le Jurassique est caractérisé par une permanence relative du régime marin avec des
sédiments de milieux confinés. Dans la partie occidentale du bassin, le régime marin accuse
une certaine régression à l’image de ce qui se passe plus à l’Ouest et vers le Sud.
Le passage du Jurassique au Crétacé inférieur se caractérise par des apports terrigènes
ayant pour origine les reliefs nourriciers situés au Sud du bassin saharien (Hoggar) (Fig.3-3)
(BUSSON, 1970).
39
Le Crétacé inférieur : L'étude des données de sondages (BUSSON, 1967, 1970 et
1971) a permis de préciser la succession des paléogéographies au cours du Crétacé
inférieur (FABRE, 1976). Il est constitué par des couches terrigènes fluvio-détlaïques qui
sont en contraste lithologique et sédimentaire avec les formations marines du Jurassique
supérieur. Le Crétacé inférieur comprend, en partant des formations les plus anciennes :
Le Néocomien comprenant dans le Bas-Sahara des argiles vertes et rouges avec de
l’anhydrite en bancs massifs plus fréquents à la base. Elles sont surmontées par une
alternance de dolomies et d’argiles.
Le Barrémien est caractérisé par un épandage généralisé des formations détritiques du
Crétacé inférieur jusque dans le Bas-Sahara. Ces formations se présentent sous forme
de grès fins ou grossiers et d’argiles provenant apparemment du Sud (Hoggar) (FiG.3-
3). Les intercalations carbonatées sont peu nombreux et cantonnées au Nord-Est du
Sahara algérien.
L’Aptien est un bon repère lithologique dans les sondages. Il est représenté dans la
grande partie du Bas-Sahara, par 20 à 30 m en moyenne, de dolomies alternant avec
des lits d’anhydrite, d’argiles et de lignite (sédimentation lagunaire).
L’Albien est caractérisé par un remarquable retour de la sédimentation terrigène. Cet
étage regroupe la masse des sables et argiles comprise entre la barre aptienne et
l’horizon argileux sous-jacent attribué au Cénomanien.
On remarque que le changement du régime sédimentaire et l'arrivée en masse de
sédiments détritiques s'est produit entre le Néocomien et le Barrémien (FABRE, 1976) et
au cours de l’Albien.
Le Cénomanien est formé par une alternance de bancs de dolomie, de calcaire
dolomitique, d'argiles et d'évaporites (anhydrite ou sel). Son faciès varie : au Sud d'Ouargla,
les argiles et les évaporites dominent, au Nord, au contraire, les bancs de calcaire et de
dolomie sont majoritaires. De plus, l'épaisseur augmente du Sud vers le Nord (de 50 m dans
le Tademaït à 350 m dans le Bas-Sahara). La présence de nombreux bancs d' évaporites et
d'argiles rendent le Cénomanien imperméable (BEL et CUCHE, 1969). Le Cénomanien
inférieur à moyen est argileux dans le Tinrhert et le Bas-Sahara. Le Cénomanien supérieur y
est calcaire (BUSSON, 1970).
3.1.1.2. En Tunisie
Grâce aux nombreuses formations marines qui s’y intercalent, la série mésozoïque
est relativement plus complète et mieux calée stratigraphiquement dans le sud de la Tunisie.
Elle repose en discordance sur les terrains paléozoïques représentés essentiellement par le
permien supérieur marin (BEN ISMAÏL, 1991).
Il est noté dans l’étude OSS (2003a) que les formations les plus anciennes qui
présentent un intérêt hydrogéologique débutent avec le Jurassique supérieur. Le Jurassique
inférieur et le Trias supérieur sont évaporitiques et salifères et forment un puissant écran
étanche entre le Jurassique supérieur et le Trias inférieur.
Le Trias : Il est représenté par trois entités lithologiques différentes :
- Trias inférieur à moyen : essentiellement argilo-gréseux, il est connue sous le nom
de formation Sidi Stout aux environs du môle du Tebaga de Medenine et sous le nom de
formation Kirchaou dans le bassin de Tataouine.
- Trias moyen : essentiellement carbonaté, il est subdivisée en trois formations
distinctes : Les dolomies de Mekhraneb à Myophories à la base, les grès de Touareg au
Milieu et les dolomies de Rehach à Cératites au sommet.
- Le Trias supérieur : il occupe une vaste plaine et correspond à une série
essentiellement argilo-évaporitique. Il est également subdivisé en trois formations distinctes :
les argiles de Mhira à la base, les dolomies de Messaoudi au milieu et les gypses de Bhir au
sommet. Ces derniers sont séparés des évaporites liasiques par les calcaires de Zmilet
Haber (BOUAZIZ et MELLO, 1987 ; BEN ISMAÏL, 1991).
.
40
Le Jurassique : Cette série débute par les calcaires oolithiques et fossilifères de la
formation Zmilet Haber d’épaisseur moyenne de 20 m. Elle et forme un niveau repère par
lequel commencent les affleurements du Jurassique marin. Considérée,
conventionnellement, comme étant la base du Lias (BUSSON, 1967), cette formation a été
rajeunie au Pleisbachien par PEYBERNES et al. (1985) et BOUAZIZ et al. (1989), grâce à
de nouvelles découvertes paléontologiques.
Elle est surmontée par les évaporites de la formation Mestaoua (500 m) constituées
essentiellement de gypses massifs et d’anhydrites admettant quelques intercalations
dolomitiques devenant plus fréquents vers son sommet (Fig.3-4).
Formation Krachoua : il s’agit d’une épaisse barre dolomitique qui formant une falaise
qui coiffe les évaporites de la série sous-jacente. Datée du Bajocien-Bathonien inférieur
(KAMMOUN, 1989), elle correspond à la première transgression marine jurassique.
Formation Techout : Elle désigne la série à dominante argilo-gréseuse affleurant
dans la région de Techout (BUSSON, 1967), connue actuellement sous le nom de Ksar
Ezzahra (BOUAZIZ et MELLO, 1987). Cette formation, puissante d'environ 100 m, occupe
une combe qui se situe entre deux barres carbonatées jurassiques repères : à la base, la
barre dolomitique bajocienne de la formation Krachoua et, au sommet, la barre calcaire
callovienne de la base de la formation Foum Tataouine. La base est marquée par des argiles
gypseuses, des gypses et des dolomies grisâtres. La partie sommitale montre des argiles
bariolées, des grès à stratifications obliques et intercalations de bancs de dolomie en
plaquettes (BOUAZIZ et MELLO, 1987). Cette formation est d’âge Bathonien (BUSSON ,
1967 ; BOUAZIZ et MELLO, 1987 ; KAMMOUN, 1989 ; BEN ISMAÏL, 1991 ; OUAJA, 2003)
Foum Tataouine : Calcaires et marnes de la formation Foum Tataouine, cette
formation a été appelée « série callovienne et oxfordienne » ou encore « calcaires et marnes
de Foum Tataouine » par BUSSON (1967). Sa base est bien marquée par une grande barre
carbonatée, le plus souvent dolomitique, qui couronne les argiles et grès de la formation
Techout sous-jacente. Par contre, la limite supérieure est moins bien définie puisqu’elle se
place au niveau du passage des derniers bancs calcaires marins fossilifères aux dolomies
cristallines et grès de la série purbecko-wealdienne (BUSSON, 1967).
Ouaja (2003) propose de déplacer cette limite supérieure à la base de la première
importante décharge détritique de la formation Asfer.
Puissante d’environ 150 m, cette formation correspond à une alternance de couches
marneuses et de bancs calcaires fossilifères avec de rares intercalations sableuses et
couronnée par une grande dalle de calcaire massif (OUAJA, 2003).
Le Jurassique supérieur – Le Crétacé inférieur : Sables, argiles et dolomies de la
formation Asfer (250 m) : Il s’agit d’une épaisse série à dominante détritique. Cette formation
affleure au cœur de la mégastructure anticlinale des chotts et le long de la grande falaise
crétacée bordant le plateau du Dahar. Cette formation présente des surfaces d’érosion
subaériennes d’extension régionales et recouvertes de dépôts gréso-conglomératiques
chenalisés, riches en bois fossiles et empreintes de plantes. Ces dépôts continentaux
supportent des faciès transgressifs terrigènes et carbonatés, différents d’une formations à
l’autres et traduisant la succession d’une plate-forme interne à influence dominante des
vagues, puis d’une plate-forme soumise à la dynamique des marées, et enfin, d’un système
estuarien.
Les sables et grès de Aïn el Guettar (30 m) : Il s’agit de grès moyens à grossiers à
dragées de quartz et stratifications obliques. A la base, ces sables sont soulignés par une
surface ravinante supportant un niveau conglomératique quartzitique, brunâtre, facilement
repérable le long de la falaise de Dahar. Ces grès sont discordants sur des terrains de plus
en plus anciens vers le Nord jusqu’à disparaître, raboté par la transgression vraconienne
(OUAJA, 2003). Ils correspondent à des dépôts fluviatiles riches en troncs de bois fossiles et
restes de vertébrés (poissons, crocodiles, tortues et dinosaures) ayant permis d’attribuer aux
grès de Aïn el Guettar un âge albien (LAPPARENT, 1954 ; TLIG, 1978 ; BOUAZIZ et al.,
1988). Sur la base d’une association palynologique, BEN ISMAIL (1991) leur attribue un âge
Aptien supérieur – Albien inférieur.
41
Fig.3-4 : Colonne lithostratigraphique du Jurassique moyen – Crétacé dans le sud-est de la Tunisie
(OUAJA, 2003)
42
3.1.1.3. En Libye
Le Paléozoïque : Grès et Quartzites du Cambro-Ordovicien, renferment
d’importantes réserves d’eau douce affleurant au Jebel Hassawna, en relation directe avec
les formations aquifères du Crétacé inférieur. Plus au Nord, recouvert en profondeur par les
formations étanches du Carbonifère, le Cambro-Ordovicien affleure seulement le long de la
limite sud et prolonge les affleurements algériens.
Le Trias : Le Trias présente plusieurs faciès qui varient d’un secteur à l’autre :
Au Nord et dans la partie sud de la Jeffara : Le Trias se divise en plusieurs
formations dont certaines ont une importance particulière dans l’hydrogéologie du Nord
du bassin. Ce sont, de bas en haut :
les grès rouges peu perméables Ouled Chebbi ;
les grès de Ras Hamia souvent argileux et alternant fréquemment avec des couches
d’argiles rouges ou vertes ;
le calcaire dolomitique de la formation Aziziyah bien fracturé dans le sud de la Jeffara
où il constitue un bon aquifère ;
les grès argileux et argiles de la formation Abu Shaybah généralement peu
perméables dans la bassin saharien.
Au centre et au Sud-Ouest : Le Trias présente un faciès continental (Zarzaïtine) et se
confond avec les formations similaires du Jurassique lorsqu’elles existent. C’est en
général un aquifère à eau douce. Au Sud-Ouest, le Trias continental est affleurant et
repose directement sur les formations paléozoïques.
Au Sud-Est : Le Trias est érodé et le Crétacé repose directement sur le Paléozoïque
Le Jurassique : il comprend, à la base, une puissante série évaporitique (gypse,
anhydrite) présentant des intercalations dolomitiques. Cette série, correspondant aux
formations Bu Ghaylan et Abreghs est bien développée au Nord-Ouest, dans la zone de
Sinawan-Nalut, où elle atteint 500 à 600 m d’épaisseur et constitue de ce fait un écran
imperméable qui isole complètement les aquifères crétacés des aquifères triasiques. Cette
série est pratiquement absente sur le restant du bassin où le Jurassique est représenté :
• par des calcaires marneux du Groupe Tiji au Nord-Ouest entre le Jabal Nefusa et les
escarpements qui constituent la limite nord de la Hamada. Cette série est peu perméable
et complète l’isolement hydraulique du Crétacé inférieur par rapport aux aquifères
triasiques ;
• une série continentale qui parfois se confond avec le Crétacé inférieur mais reste encore
isolée du Trias gréseux dans la partie nord-orientale et occidentale de la Hamada et au
Sud de Ghadamès.
Le Crétacé inférieur : il présente un faciès remarquablement constant sur l’ensemble
du bassin saharien libyen. Il est formé de grès continentaux auxquels on attribue, en Libye,
le nom de formation Kikla et qui constitue le meilleur aquifère à eau douce du bassin,
rejoignant les formations aquifères du même âge en Tunisie et en Algérie et même en
Egypte. En fait, la transgression cénomanienne en provenance du Nord, a
progressivement envahi tout le bassin jusqu’au 29è parallèle de telle sorte qu’au Sud, la
sédimentation continentale a persisté pendant une grande partie du Cénomanien inférieur.
Ainsi le toit de la formation Kiklah, généralement attribuée à l’Albien, remonte dans
l’échelle stratigraphique jusqu’au mur du Cénomanien supérieur dans la partie sud du
domaine. Au Nord, dans la zone de Misratah-Tawargha, le Crétacé inférieur prend un
faciès dolomitique et marno-dolomitique en continuité avec les faciès carbonatés du
Crétacé supérieur.
Les calcaires et calcaires dolomitiques de la formation Ain Tobi du Cénomanien
moyen passent progressivement à des faciès détritiques assimilés à Kikla vers le sud. Vers
le nord, les calcaires dolomitiques d’Ain Tobi sont en continuité avec le faciès dolomitique de
Kikla. Dans l’ensemble, cette série, sous son faciès carbonaté, constitue un aquifère de
qualité médiocre ; les marnes et argiles de la formation Yafrin du Cénomanien moyen
constituent généralement un bon isolant hydraulique entre les aquifères du Crétacé inférieur
43
et les aquifères carbonatés du Crétacé supérieur. La série marneuse peu perméable
présente une épaisseur variant de 100 à 150m sur l’ensemble du domaine ; cependant, à
l’est du méridien 15°E, et en particulier dans le graben de Hun et à l’est du graben,
l’épaisseur des marnes diminue jusqu’à quelques dizaines de mètres seulement, facilitant
probablement les échanges entre les aquifères sablo-gréseux du Crétacé inférieur et les
aquifères carbonatés du Crétacé supérieur (OSS, 2003a).
3.1.2.1. En Algérie :
Le Turonien : Il se présente sous trois faciès différents, du Sud au Nord :
-au Sud du parallèle d'El Goléa, il est calcaro-marneux.
-entre El Goléa et Djamaâ, il est essentiellement calcaire.
-au Nord de Djamaâ, il est à nouveau calcaro-marneux.
Son épaisseur moyenne varie entre 50 et 100 m. Elle augmente cependant dans la région
des chotts où elle dépasse 300 m (BEL et CUCHE, 1969).
Le Sénonien : il s’individualise en deux faciès :
• Le Sénonien inférieur à sédimentation lagunaire caractérisé par des formations
argileuses et salifères à anhydrite et sel gemme ; il est très peu perméable (BUSSON,
1970).
• Le Sénonien supérieur ou Sénonien carbonaté : formation carbonatée perméable.
L’Eocène : En Algérie, On distingue dans l’Eocène deux ensembles différents du
point de vue lithologique. A la base, l'Eocène carbonaté est formé essentiellement par des
dolomies et des calcaires dolomitiques avec quelques intercalations de marnes, d’argiles et
même d’anhydrite et de marnes. La puissance de cette formation varie entre 100 et 500 m.
L’épaisseur maximum se situant dans la zone du Bas-Sahara. Au sommet, l'Eocène
évaporitique est formé par une alternance de calcaire, d’anhydrite et de marnes. Son
44
épaisseur atteint une centaine de mètres sous les Chotts (BEL et CUCHE, 1969). l’Eocène
constitue le dernier épisode marin du Sahara algérien (BUSSON, 1970).
3.1.2.2. En Tunisie
Le Vraconien – Cénomanien - Turonien : Ils correspondent à la grande
transgression du Crétacé supérieur matérialisé, dans le sud tunisien (chaîne des chotts et
Dahar) par une série carbonatée dolomitique très homogène. Cette série est connue sous le
nom de formation Zebbag. Elle est définie au Jebel Meloussi (Tunisie centrale) par
BUROLLET (1956). FOURNIE (1978) apporte des précisions à cette formation en la situant
entre la discordance albienne à la partie inférieure et le Gattar (compris) au sommet (Fig.3-
4). Il s’agit d’une épaisse série de carbonates, marnes et évaporites surmontant la formation
Orbata.
Dans la chaîne sud des Chotts, Ben Youssef et al. (1985) rattachent les alternances à
Knemiceras d’âge albien moyen – supérieur à la base de cette formation. Dans le plateau du
Dahar, cette formation, épaisse de 70 à 300 mètres, comprend la barre vraconienne à la
base (membre Radhouane), les alternances de marnes, dolomies et gypses du Cénomanien
(membre Kerker) et la barre cénomano - turonienne (membre Gattar), les alternances à
Knemiceras n’ayant pas dépassé, vers le Sud, le môle du Tebaga de Médenine. La barre
vraconienne, discordante sur le Permien marin supérieur du jebel Tebaga de Médenine, se
biseaute au Nord du môle de Touil el Hira et ne réapparaît qu’aux environs de Remada,
dans le couloir de failles de Briga (OUAJA , 2003). Cette barre, traversée par le sondage
OS1 (Busson, 1967) semble contourner un haut-fond sub-méridional : le môle de la Jeffara.
45
La formation Ségui constituée d’argiles sableuses avec des niveaux conglomératiques
dans la partie supérieure.
Le Quaternaire de la région des chotts correspond à un épisode terminal de la
formation Ségui. C’est un faciès continental et conglomératique largement dominé par les
argiles (BUSSON, 1970).
3.1.2.3. En Libye :
Le Turonien : Les calcaires dolomitiques et dolomies de la formation Nalut attribués
au Cénomanien supérieur et Turonien inférieur constituent un aquifère moyen à bon dans la
partie septentrionale du bassin saharien libyen seulement. Au sud du 31è parallèle, la
formation Nalut acquière un faciès de plus en plus marneux et ne constitue plus qu’un
aquifère médiocre où l’eau est fréquemment saumâtre (BRL, 1998d).
Le Sénonien : La série marneuse et marno-calcaire avec des intercalations
évaporitiques (gypse) de la formation Tigrinna du Turonien supérieur, isole partiellement
l’aquifère de la formation Nalut de l’aquifère carbonaté du Sénonien. Les marnes de Tigrinna
ont une épaisseur variant de 100 à 200 m avec un amincissement sensible vers l’Est dans la
zone de Misratah-Tawargha ;
Dans le bassin supérieur du Wadi Sufajjin où les calcaires de Mizdah sont affleurants
ou sub-affleurants, ils constituent un aquifère de bonne qualité. Les calcaires de Mizdah
jouent également un rôle important dans l’hydrogéologie de la zone de Al Jufrah à l’ouest du
graben de Hun où ils sont alimentés par l’aquifère cambro-ordovicien à la faveur du système
de failles qui limitent le graben à l’ouest. Les marnes et calcaires marneux de la formation
Soknah du Maestrichtien forment le passage entre le Crétacé supérieur et le Paléocène.
L’Eocène : L’Eocène n’est bien développé que dans le graben et à l’est du graben de
Hun où deux horizons appartenant respectivement à l’Eocène inférieur (calcaire) et à
l’Eocène supérieur (calcaire crayeux et calcaire oolithique) sont parfois exploités par des
forages. Dans l’ensemble, il s’agit d’aquifères médiocres et peu importants à l’échelle
régionale (BRL, 1998d).
Le Paléocène : il se présente habituellement sous forme de marnes et calcaires
marneux bien développés sur le plateau de la Hamadah al Hamra et dans le bassin de Syrte.
Les formations paléocènes ne semblent pas jouer un rôle important dans l’hydrogéologie du
bassin saharien libyen.
Le Miopliocène : L’Oligocène et l’Oligo-Miocène sont peu représentés dans le
bassin saharien libyen, à l’exception du sud du graben où les calcaires oligocènes
contiennent une petite nappe phréatique dans la région de Hun et Waddan.
Le Mio-Plio-Quaternaire est bien développé le long de la côte nord entre Tawargha et Zliten.
Cette série est transgressive sur le Crétacé supérieur et comprend essentiellement deux
niveaux aquifères :
Le niveau supérieur, plio-quaternaire et miocène supérieur, constitué de calcaires
avec des alternances de marnes et parfois de gypse, est l’aquifère. La nappe repose
sur les niveaux marneux du Miocène moyen.
Le niveau inférieur de l’Aquitanien, à la base du Miocène constitué de calcaires
souvent très fissurés (OSS, 2003a).
46
aquifères à eau douce les plus significatives, en remplissages carrelés les aquifères à eau
salée. Le reste des formations (formations semi-perméables, imperméables, aquifères de
qualité médiocre) est sans remplissage.
Si l’on exclut les aquifères à eau salée du Trias, du Jurassique et du Néocomien en
Algérie, du Trias gréseux en Libye (renfermant de l’eau douce, mais relativement bien isolée
du reste des systèmes aquifères), on se trouve, sur la base de critères purement
lithostratigraphiques, en présence de quatre grands niveaux aquifères superposés, certes
d’inégale importance, et dont on perçoit clairement l’organisation verticale et les connexions
régionales. On distingue de bas en haut :
• La nappe du Continental Intercalaire en Algérie-Tunisie, passant en Libye à la formation
Kiklah-Aquifer qui inclut le Jurassique et le Crétacé inférieur.
• La nappe du Turonien en Algérie-Tunisie, passant en Libye à la formation Nalut-Aquifer.
• La nappe des calcaires en Algérie (Sénonien carbonaté+Eocène carbonaté), passant en
Tunisie à la nappe des calcaires (inférieurs et supérieurs) de Nefzaoua, équivalent en
Libye du Mizdah-Aquifer.
• La nappe des sables du Mio-pliocène en Algérie, passant en Tunisie à la nappe des
sables pontiens du Djerid, ayant pour équivalent1 en Libye les deux nappes
respectivement de l’Aquitanien et du Plio-quaternaire.
Un degré de simplification supplémentaire permet de parvenir à l’élaboration du schéma de
la figure 3-6, où les aquifères sont figurés en pointillés et les couches semi-perméables en
gris.
Si l’on exclut les nappes du Paléozoïque et le Trias gréseux de la Libye, et si l’on
regroupe, comme cela se fait classiquement, la nappe des calcaires du Crétacé supérieur,
celle de l’Eocène carbonaté et la nappe des sables du Miopliocène (respectivement, Mizdah
et Plio-quaternaire), le multicouche du SASS va se présenter sous la forme de trois niveaux
aquifères superposés, séparés par (ou communiquant à travers) des formations semi-
perméables ; soit :
• La Nappe du Continental Intercalaire – Kiklah-Aquifer
• La Nappe du Turonien – Nalut-Aquifer
• La Nappe du Complexe Terminal – Mizdah-Aquifer
1
Cette « équivalence » se mesure en position stratigraphique mais ces aquifères libyens sont limités
au bassin oriental et n’ont aucune relation physique avec les nappes équivalentes d’Algérie et de
Tunisie.
47
Miocène Mio-Pliocène
Sables du Djerid (Beglia-Segui)
Mizdah Aquifer
Gattrar
Semi-perméable
Nappe du Turonien (Guattar) - Nalut Aquifer
Semi-perméable
48
3.3. Estimation des réserves
Les études hydrogéologiques montrent que le Sahara renferme d’énormes réserves
d'eaux souterraines. Dans une approximation grossière, adoptant le chiffre de 600 m pour
l’épaisseur moyenne du CI, dont la moitié, environ, constituée par des grès de porosité 25%,
le bassin considéré ayant 600 000 km2 (en Algérie et en Tunisie essentiellement), la réserve
aquifère du CI a été estimée à 50000 ×109 m3 par CORNET (1961 et 1964). Pour ce même
bassin, l’étude UNESCO (1972) évalue approximativement le volume d’eau moyen de
l’ensemble des aquifères du CI et du CT à 60000 ×109 m3. MARGAT (1992), sans détail
précis sur la méthode de calcul, fait état de 40000 ×109 m3 de réserves aquifères du CI. Il
évalue la réserve du CT (couvrant 350 000 km2 en Algérie et en Tunisie essentiellement) à
20 000 ×109 m3. Ces estimations ne tiennent pas compte de toute la partie libyenne du
système aquifère.
Nous tentons, ici, d’évaluer la ressource dans les aquifères du Sahara septentrional.
Les réserves totales contenues dans le réservoir représentent le volume total des formations
aquifères [obtenu par cubature des surfaces isopaches] auquel est appliquée la porosité
efficace (OSS, 2002).
L’estimation des réserves, des aquifères du CI et du CT dans leurs nouvelles
délimitations (Algérie, Tunisie plus leurs extensions en Libye) est rendue possible après
élaboration des cartes des épaisseurs du CI et du CT à travers le bassin.
49
ni
Classe
La valeur de la porosité efficace est donnée dans le rapport OSS (2002). Il y est noté
que, « l’estimation des réserves peut être faite par le calcul du déstockage par rabattement :
c’est la contribution des réserves qu’exprime dans les équations de l’écoulement et du bilan
le terme [S.dh/dt] en nappe captive, ou [e.dh/dt] en condition de nappe libre. La contribution
des réserves est donc proportionnelle à la vitesse de rabattement, et à rabattement égal, elle
dépend du coefficient d’emmagasinement. On comprend aisément que la contribution des
réserves soit prépondérante dans les régions où l’aquifère renferme une nappe à surface
libre : en effet, le rapport entre les ordres de grandeurs des coefficients d’emmagasinements
captifs et des porosités se trouve généralement dans des rapports de 1 à 500 ou même
plus ».
Il est alors considéré qu’en nappe libre le coefficient d’emmagasinement équivaut à la
porosité efficace. La carte des coefficients d’emmagasinnement du modèle du projet SASS
(OSS, 2003b) affiche, dans les parties à nappe libre des valeurs de l’ordre de 1 à 2% dans la
nappe du CT et 5 à 10 % dans la nappe du CI, nous adopterons dans nos calculs la valeur
moyenne de 5% comme valeur de la porosité efficace.
Considérant une porosité efficace de 5%, nous pouvons estimer les réserves du CI à
20.000×109 m3.
Avec un flux moyen annuel de recharge naturelle de 0,296 ×109 m3/an, le taux de
renouvellement de la nappe du CI s’établit à 1,48.10-5 ; soit une durée de 70.000 ans environ.
50
Fig.3-9 : Carte des épaisseurs du CT (OSS, 2003b)
Classe
51
Sachant que l’aire du domaine du CT est de 665.000 Km², son volume peut être
évalué à 2,27×1014 m3. En considérant une porosité de 5%, nous pouvons estimer les
réserves du CT à 11.000×109 m3.
D’après ces calculs, les réserves du CI et du CT peuvent s’établir à 31.000×109 m3.
Avec un flux moyen annuel de recharge naturelle de 0,573 ×109 m3/an, le taux de
renouvellement de la nappe du CT s’établit à 5,2.10-5 ; soit une durée de 20.000 ans environ.
Les différences entre ces chiffres et les estimations avancées par les études
précédentes résident dans les valeurs de porosités, des surfaces considérées et des
épaisseurs des formations aquifères adoptées.
Cette évaluation des réserves n’est vraiment éclairante que si elle est accompagnée
d’une étude sur le taux de renouvellement des eaux, avec des comparaisons internationales.
Le tableau 3-1 ci-dessous permet de comparer les réserves et la durée de renouvellement
des eaux de quelques grands réservoirs aquifères.
Tableau 3-1 : Taux de renouvellement de quelques grands réservoirs aquifères (MARGAT & SAAD,
1982 ; MARGAT, 1990)
Pays Réservoir S Q Q/S S/Q
aquifère Volume d’eau Flux Taux moyen Durée de
moyen moyen annuel de renouvellement
(109 m3) (109 m3) renouvellement (années)
(Algérie, Bassin du Sahara
Tunisie, septentrional :
20 000 0.296 1,48.10-5 70 000
Libye) Continental
intercalaire
(Algérie, Bassin du Sahara
Tunisie, septentrional : 11 000 0.573 5,20. 10-5 20 000
Libye) Complexe terminal
Australie Grand bassin artésien 0.8
(HABERMEHL, (multicouche) 20 000 4.10-5 25 000
1980)** (initial)
Arabie Bassin sédimentaire
Saoudite (ensemble des 3.10-5 33 000
(NEULAD, 1988)* aquifères)
Sénégal- Sables et grès du
Mauritanie Maestrichtien 1 500 0.13 8,6.10-5 11 500
(BRGM, 1976)**
Ex-URSS Bassin artésien du
(KUDELIN, Dniepr-Donetz 175 000 5 2,8.10-5 35 000
1960)**
(multicouche)
France sables verts (Albien)
(MARGAT et du bassin de paris 425 0.02 4.7.10-5 21 000
SAAD, 1982)
USA –Texas Ogallala Aquifer des
(POSTEL, 1984 ; High Plains 350 0.175 5.10-4 2 000
USGS, 1984)*et**
* in MARGAT (1990) ** in MARGAT et SAAD (1982)
52
Conclusion
53
Chap.4 : ESTIMATIONS DE LA RECHARGE DU SASS : ETAT DE L’ART
Introduction
Bien que les zones d’alimentation soient connues, les débits concernés n’ont jamais
pu être déterminés avec précision (ERESS, 1972b). Le problème de l’estimation de la
recharge en zone aride et semi-aride a particulièrement attiré l’attention des hydrogéologues
ces dernières décennies. Le besoin de déterminer quantitativement la recharge des nappes
en région aride devenu de plus en plus apparent et pressant, de nombreuses méthodes
analytiques ont été proposées et testées (GLENDON et HILLEL, 1988). Dans l’ensemble, et
conformément à l’état de l’art, des approches physiques ou piézométriques ainsi que des
techniques de traceurs (isotopiques et chimiques) ont été utilisées.
Dans ce qui suit, nous passerons en revue les différentes estimations de la recharge des
aquifères du Sahara septentrional après avoir exposé les méthodes ayant servi pour les
arrêter.
Il est certainement très difficile d’obtenir une formule efficace et rapide pour
déterminer à quel taux de précipitations une eau formée peut s’infiltrer dans le sol et percoler
en profondeur pour recharger les nappes souterraines. Ceci dépend fortement de la
distribution des précipitations et des conditions climatiques, hydrauliques et pédologiques.
Les enregistrements pluviométriques effectués dans le Sahara montrent qu’actuellement,
des conditions de climat hyper-aride prévalent. Néanmoins, des occurrences sporadiques de
précipitations peuvent encore engendrer des eaux souterraines. Il est concevable qu’une
eau de pluie s’accumule localement dans un oued, où l’eau souterraine peut être rechargée.
Le calcul du bilan hydrologique est bien connu et souvent utilisé pour estimer toutes
les composantes du bilan. La recharge (Rg) est alors considérée comme la différence entre
54
la pluie (P) et la somme des autres composantes (Ruissellement (R), Evapotranspiration
(ETR), Changement de l’humidité du sol (∆S) (GLENDON et HILLEL., 1988).
Rg = P – (R + ETR + ∆S)
Q = P. S . Ci
C’est ainsi que CORNET (1961) a, pour la première fois, tenté d’estimer l’alimentation
de la nappe du Continental intercalaire dans le Sahara algérien. L’une des principales zones
d’alimentation des grès du Crétacé inférieur continental est l’Atlas saharien. En limitant la
région pouvant intéresser le Sahara algérien par ses infiltrations à la ligne de partage des
eaux superficielles, entre la frontière algéro-marocaine et le méridien de Biskra, la superficie
totale des affleurements gréseux du Crétacé inférieur est proche de 10000 km2 auxquels il
ajoute 625 km2 dans l’Aurès. La hauteur moyenne des pluies dans la même région (calculée
par l’auteur d’après la carte de SELTZER (1946) est d’environ 250 mm/an, (750 mm pour la
partie aurasienne des affleurements), la quantité d’eau tombant annuellement sur les
affleurements du Crétacé inférieur continental est estimée à 2.5 milliards de m3 à l’Ouest de
Biskra, et de 0.5 dans l’Aurès, soit au total 3 milliards de m3 environ.
L’auteur admet qu’il est difficile d’appliquer un coefficient d’infiltration à ces
formations. Il note que les grès crétacés bénéficient d’un impluvium dépassant largement
leurs affleurements et que leurs eaux sont très rapidement concentrées par ruissellement
dans les dépressions qui coïncident avec les zones perméables. CORNET (1961) indique
que pour citer un chiffre qui n’est qu’un ordre de grandeur, un coefficient d'infiltration
correspondant à 10% des eaux pluviales tombées strictement sur les affleurements du
Crétacé continental, permettrait annuellement à 250 millions de m3 (soit 8 m3/s environ) de
s’écouler souterrainement vers le Sahara.
Dans la région de Gourara, Touat et Tidikelt, ces affleurements dépassent 50 km2. En
considérant une pluie moyenne de 20 mm/an et un coefficient d’infiltration de 10%, il évalue
le volume infiltré annuellement à 100 millions de m3 (soit 3 m3/s environ).
Hors de leurs affleurements, les grès du Continental intercalaire peuvent être
alimentés en des zones où une formation perméable les recouvre. C’est le cas sous le grand
erg occidental et une partie de la Hamada sud oranaise où s’écoule une importante nappe
phréatique circulant dans des alluvions continentales d’âges tertiaires. L’impluvium constitué
par l’erg couvre environ 70 000 km2 qui reçoivent approximativement 50 mm de pluie par an,
soit au total 2.1 milliards de m3 ; l’impluvium de la Hamada couvre 75 000 km2 recevant
environ 80 mm de pluie par an, soit au total 6 milliards de m3. Tenant compte de la
suralimentation par les crues d’oueds, 5% seulement de ces eaux s’infiltrent, et le débit
annuel récupéré par les nappes souterraines serait de 400 millions de m3 soit 12 m3/s.
Ne retenant que les infiltrations septentrionales, CORNET (1961) arrête un total d’environ 23
m3/s et souligne ce que ce chiffre contient d’incertaines approximations.
55
grand erg occidental : 8 m3/s, le tademait : 0.5 m3/s, Hamada du Tinrhert : 0.4 m3/s, les
affleurements du CI dans le sud de la Libye : 0.5 m3/s ; ce qui équivaut à un total de 13.4
m3/s.
Sur le Dahar tunisien, BEN BACCAR (1987) a estimé à 0.217 m3/s l’infiltration directe
de la pluie (180 mm de moyenne) sur les affleurements du Turonien des Matmatas (760
km2), en adoptant un coefficient d’infiltration de 5%.
Dans le bassin de wadi Sawfajjin, en Libye (Fig.4-1), PALLAS et BUFILA (1978) ont
procédé à une estimation de la recharge. Nous présentons, ici, le résultat de l’application de
l’approche hydrologique dans la zone en aval de Bani Walid jusqu’aux affleurements
imperméables du Paléocène et du Miocène (le résultat de l’application de l’approche
hydrodynamique dans la zone centrale sera développé plus loin dans la section qui lui est
consacrée). Pour une pluie moyenne interannuelle comprise entre 40 et 150 mm, le volume
des précipitations tombées dans la zone (4516 km2) est estimé à 311.2 Mm3. En considérant
un coefficient d’infiltration de 2.5 %, la recharge de l’aquifère du Crétacé supérieur a été
estimée à 8 millions de m3/an (253 l/s). Le ruissellement dans cette région (wadi Mardum) a
56
été estimé par GEFLI (1976b) à 5 Mm3/an, parmi lesquels 2 Mm3/an sont supposés s’infiltrer
dans le lit de l’oued. La recharge totale dans cette zone s’élèverait alors à 8+2=10 Mm3/an.
BV Wadi kaam
– wadi Lebda
Wadi Mimoun
W ; mardum
BV wadi
Sawfajjin
Bassin
occidental
Fig.4-1 : Bassins-versants des oueds Sawfajjin et Kaam (D’après PALLAS, in OSS, 2003a)
La partie du bassin en amont du méridien de Mizda n’a pas été étudiée par GEFLI (1976b).
Mais sa contribution est estimée également à 20 millions de m3/an (634 l/s).
Les bassins de Wadi Kaam et de Wadi Lebda couvrent une superficie d’environ 2000 km2
dans une zone d’affleurements carbonatés et à précipitation plus abondante (200 à 250
mm/an). L’infiltration y est estimée entre 25 et 30 Mm3/an (792 à 951 l/s).
Le bassin occidental, endoréique, de 12000 km2 de superficie, incluant les oueds qui
s’écoulent vers le sud-ouest participe également à l’alimentation des nappes du Crétacé
supérieur. L’infiltration à partir du ruissellement dans les oueds est estimée à environ 20
Mm3/an (634 l/s) (OSS, 2003a).
Utilisant cette fois l’approche du bilan hydrologique, FERSI (1979a) a tenté d’estimer
l'infiltration des eaux ruisselées à la lisière de l’Erg Oriental dans la dépression fermée de
Garaet Bou Flidja, à la suite des pluies exceptionnelles survenues entre le 4 et le 6 mars
1979. Cette estimation se base sur la baisse quotidienne du niveau du plan d’eau de la
Garaet pendant 29 jours après les crues, et donne une valeur moyenne de 12 mm/j. En
considérant la superficie qui a été couverte par l'eau ruisselée (13 km2), l’infiltration serait de
1,8 m3/s ; le volume ruisselé est estimé à 21.106 m3. Avec une tranche d'eau moyenne de 1,6
m, il constate qu'à la fin de la période d'observation, 60% de l'eau, ainsi accumulée s'est
infiltrée dans le sol (soit 12,6 .106 m3) ; les 40 % ont été reprises par l'évaporation. Les
conditions d'infiltration sur le sol de Garaet Bou Flidja sont particulièrement favorables à
l'infiltration du fait que les couches superficielles sont formées de sable limoneux des dunes
de l'Erg.
En considérant que la totalité de la superficie des deux bassins de l’oued Tarfa et de
Garaet Bou Flija est infiltrante (formations calcaires du Sénonien) et en tenant compte d’une
pluviométrie moyenne annuelle de 120 mm et d’un coefficient de ruissellement de 12%, OSS
(2003a) évalue le volume ruisselé à 72,4 106 m3/an. L’infiltration jusqu’à la nappe n’intéresse
que près de 10% de ce volume, ce qui donne un volume infiltré de l’ordre de 7,2. 106 m3/an
(229 l/s).
SONNTAG (1985, In THORWEIHE et HEINL, 1996) a essayé d’estimer la quantité
des eaux souterraines du système aquifère nubien. En utilisant des hypothèses optimistes
de la formation contemporaine des eaux souterraines à partir de la pluie, le taux de recharge
annuelle est évalué à 10 mm avec une précipitation annuelle de 50 mm. A ce taux, il a
déterminé une zone d’infiltration de 300000 km2 qui correspond à un taux de 3.109 m3/an.
57
Toutefois, pour obtenir une estimation du taux de formation des eaux souterraines à partir de
l’infiltration des eaux de pluie, il semble important d’évaluer d’abord en détail les
enregistrements des mesures pluviométriques complétées par les experts appropriés
(THORWEIHE et HEINL, 1996).
Q = Ve . S . ne
58
Ces calculs sont particulièrement sensibles à la concentration du Cl dans l’eau de
pluie sur une longue période. L’intervalle de temps est le temps mis pour le transfert de l’eau
vers la nappe. Plus la teneur du Cl dans l’eau de la nappe est importante, plus la recharge
est importante. Ces estimations donnent des valeurs réalistes à long terme pour la recharge
dans ces zones arides.
En utilisant les isotopes stables 18O et 2H, il est aussi possible de distinguer
qualitativement l’étendue de l’eau récente et celle de l’Holocène par rapport à l’eau
souterraine du Pléistocène qui, en général, a une composition isotopique plus légère. Les
eaux qui ne montrent pas un enrichissement important par évaporation ont aussi, plus
probablement, été une part d’un régime de recharge actif. Ces constatations se justifient sur
les aires d’alimentation des aquifères du Sahara septentrional, mais n’y ont pas été utilisées
pour quantifier la recharge. Cependant, cette méthode a permis à ALLISON et al. (1984),
utilisant un modèle simple qui calcule l’évaporation en fonction du temps, de faire des
observations pour une gamme de recharge de 1 à 140 mm/an dans des sites sélectionnés
en Australie. Ce modèle montre la relation entre l’enrichissement en isotope lourd et la
recharge et permet de la quantifier. Cette méthode s’est avérée approximative et il est
difficile de fixer des limites de confiance aux estimations de la recharge (ALLISON et
BARNES, 1985). Elles devraient être confortées par d’autres méthodes de calcul plus
directes (GLENDON et HILLEL, 1988).
En outre, d’autres études ont été menées en utilisant un support informatique comme dans
les dunes du Dahna (Arabie Saoudite), qui simulent les taux d’infiltration à travers un
transport vertical d’isotopes (2H, 18O, 3H) dans l’eau de suintement. MUNNICH et al., (1980),
SONNTAG et al., (1980) justifient des taux de recharge de 20 mm/an avec une précipitation
annuelle de 70 mm. DINCER et al. (1974) avait abouti à une conclusion similaire.
On peut noter que des techniques de profil utilisant le tritium ou le chlorure en zone
non saturée ont récemment été appliquées avec succès en Afrique (EDMUNDS et
WALTON, 1980 ; EDMUNDS et GAYE, 1994), au Moyen-Orient (EDMUNDS et WALTON,
1980), en Australie (ALLISON et HUGHES, 1978), en Inde (SUKHIJA et al., 1988) et en
Amérique du Nord (STONE et McGURK, 1985) et aboutissent généralement à des
estimations réalistes de la recharge moyenne sur des périodes de plusieurs années ou
décennies. Sur les trois méthodes de traceurs possibles (Tritium, Isotopes Stables et
Chlorures) la méthode du chlorure attire plus spécialement parce qu’il est le traceur le moins
coûteux pour l’estimation de la recharge (GAYE et EDMUNDS, 1996).
Cette approche a été appliquée en Libye par PALLAS et BUFILA (1978). L’alimentation
des aquifères carbonatés du Crétacé supérieur s’effectue sur les flancs Sud et Est du Jebel
Nafusa et dans les bassins-versants des oueds qui drainent les eaux de ruissellement vers
la Méditerranée dont les principaux sont : Wadi Sufajjin et Wadi Kaam (Fig.4-1). PALLAS et
BUFILA, (1978) ont procédé à une estimation de la contribution des bassins-versants à
l’alimentation des nappes, par calcul à partir du gradient hydraulique pour la zone centrale
du bassin-versant de l’oued Tawargha. Ce bassin-versant correspond approximativement
aux parties des bassins des oueds Sawfajjin, Maymoun et Mardum où les formations Mizda
– Tigrinna et Nalut affleurent. La Fig.4-1 ci-dessus indique les limites de l’aire de recharge de
l’Oued Tawargha.
Dans la zone centrale (entre Mizdah et Bani Walid) : l’alimentation a été indirectement
estimée en considérant qu’elle est équivalente au flux souterrain (flux de sortie de cette
59
zone) : avec une transmissivité de 10-3 m2/s, un gradient hydraulique de 4,4.10-3, une
longueur de front de 85 km. Sur la base de ces considérations, le débit de sortie de la zone
centrale est estimé à 12 millions de m3/an soit 374 l/s.
Une estimation du flux sortant d’approximativement la même zone a été faite par
ENERGOPROJECT (1977). Cette étude estime le débit à 14.5 Mm3/an dont 7 Mm3/an
proviennent de l’aquifère de Mizda et 7.5 Mm3/an de l’aquifère de Gharian.
Le débit dans le bassin de l’oued Sawfajjin peut alors s’établir à 12 Mm3/an + les 10 Mm3/an
(calculés dans l’approche hydrologique) =22 Mm3/an (700 l/s).
Par différence au débit de décharge de l’oued Tawargha (2000 l/s), PALLAS et
BUFILA (1978) estiment le flux en provenance du sud de la zone à 1300 l/s. PALLAS
(1978a) en apporte la confirmation en procédant à des calculs de gradient hydraulique (entre
7,1.10-4 et 1,25.10-3), avec des transmissivités de 2.10-3 à 2.10-2 m2/s, il approche ce volume
à 1550 l/s. Ce débit s’écoule de l’aquifère des sables du Mésozoïque vers Tawargha.
60
reconstitution de la carte piézométrique mesurée. Ces deux approches relèvent du même
principe et peuvent donc faire l’objet des mêmes critiques, cependant la modélisation assure
une cohérence globale qui garantit une meilleure fiabilité à l’identification, BRL (1998b).
Nous verrons comment la modélisation a amené un peu plus de certitude sur ce point
fondamental.
SASS
GEOMATH
ERESS
Modèles du
CI
ERESS
SASS
Modèles du
CT
De tous ces modèles, seul le modèle SASS, dernier en date, a intéressé tout le
système aquifère du Sahara septentrional, à savoir : de l’Atlas au nord, au Tassili du Hoggar
au sud ; et de la Saoura à l’Ouest, à son extension dans le graben de Hun à l’Est.
Dans tous les modèles, le régime d’équilibre correspond à l’état non influencé par les
pompages ; les débits d’alimentation sont alors calculés par les modèles. Toutefois, PIZZI et
SARTLOLI (1984) ont simulé une hypothèse de recharge nulle (eaux fossiles) ; le niveau
piézométrique actuel serait alors le résultat d’un tarissement pur depuis l’Holocène.
L’étude de GEOPETROLE (1964), utilisant un modèle analogique, revoit très
légèrement à la hausse le chiffre de BURGEAP (1963). Au terme du calibrage du modèle,
l’atlas saharien contribuerait à raison de 4.5 m3/s, la Hamada sud oranaise et grand erg
occidental : 8.9 m3/s, le Tademaït : 0.3 m3/s, Hamada du Tinrhert : 0.7 m3/s, les
affleurements du CI dans le sud de la Libye : 0.8 m3/s ; soit un total de 15.2 m3/s.
61
Les premières précisions sur l’alimentation des nappes, déduite de la modélisation,
ont été apportées par l’étude ERESS (1972b). Dans le modèle de l’ERESS, les zones
d’alimentation ont été représentées par des potentiels imposés. Les débits d’entrée sont
alors calculés par le modèle, en s’assurant toutefois que la valeur trouvée par le calcul était
dans des limites compatibles avec les observations de terrain disponibles. Après calage du
modèle en régime permanent (1956), les débits d’alimentation suivants ont été retenus :
• Ben AMMAR (1985), dans son "étude numérique critique de la nappe du Continental
intercalaire" a repris le modèle de l’ERESS dans le but de tester diverses hypothèses du
débit de sortie dans la nappe du CI par l’Exutoire tunisien. L’auteur a utilisé le logiciel
MULTIC (BESBES et al., 1991) qui résout l’équation de la diffusivité par la méthode des
différences finies. Là aussi, l’alimentation a été représentée par des potentiels imposés.
Au terme du calage en régime permanent, les entrées aux zones d’alimentation
s’établissent comme suit :
62
potentielle. Les autres régions, où la pluie est inférieure à 200mm, dont une grande partie
est caractérisée par une pluie moyenne inférieure à 50 mm/an, ne participeraient pas à la
recharge. Par conséquent, le régime naturel du système a été reproduit en simulant le
comportement depuis 10000 ans, période où les nappes sont supposées être pleines.
Seuls les flux de sorties sont considérés. Les cotes topographiques ont été imposées aux
points correspondants (Sebkhas et oueds). Les mêmes conditions sont imposées au
Nord-Ouest du bassin. Des conditions de recharge nulle ont été imposées aux limites
imperméables. Au terme du calage du modèle en régime permanent, les débits suivants
ont été retenus (Fig. 4-3) :
Déplétion du
DAHAR tunisien Aquifère de MIZDA PALEOZOIQUE réservoir
1.659 0.772 0.376 2.714
• Les études BRL (1997) ont utilisé le code GEASS, qui applique aussi la méthode des
éléments finis, dans l’Ouest libyen (dans la même zone considérée par PIZZI et
SARTOLI (1984)). L’infiltration dans le bassin est supposée nulle sauf aux zones
correspondant aux Jebel Nefusa et Jebel Touil El Hira où des potentiels ont été imposés.
Les mêmes conditions sont imposées aux Exutoires. Des conditions de flux nul sont
fixées aux Exutoires. Les débits arrêtés, au terme du calage du modèle, s’établissent
comme suit :
63
- Dans les monts du Dahar, situés entre Tataouine (Tunisie) et Nalut (Libye), l’alimentation
par infiltration directe des précipitations ou par l’intermédiaire des eaux de ruissellement y
est estimée à 2,085 m3/s.
Selon cette approche, l’alimentation totale de la nappe du Continental intercalaire (domaine
algéro-tunisien) s’établit donc à 8,49 m3/s (BRL, 1998b).
Le modèle du Système Aquifère du Sahara Septentrional (OSS, 2003b), dernier en
date, qui, en plus des parties algéro-tunisiens du CI, englobe toute la partie libyenne, a utilisé
la version 5 du logiciel PMWIN qui utilise le code MODFLOW (CHIANG et KINZELBACH,
2001). Là aussi, l’alimentation aux bordures du bassin a été représentée par des potentiels
imposés. Les débits obtenus au terme du calage en régime permanent s’établissent comme
suit :
Ben AMMAR,1985
BURGEAP,1963
ERESS , 1972b
CORNET, 1961
BRL , 1998b
OSS, 2003b
BRL , 1997
1988
ENTREES (m3/sec)
LIMITE NORD – OUEST :
64
Quant à la nappe du CT, comme pour le CI, son alimentation est estimée par le
modèle de l’ERESS (1972c) à environ 18,32 m3/s dont la plus grande partie (6,73 m3/s)
provient de l’Est (y compris le Dahar). L’apport en provenance de l’Atlas saharien est estimé
à 2,39 m3/s. La dorsale du Mzab (à l’Ouest et Nord-Ouest) contribue à raison de 6,55 m3/s.
L’apport à partir du Sud est évalué à 2,65 m3/s. Un débit de 200 l/s a été imposée pour
représenter l’alimentation provenant des calcaires éocènes au nord de Djemaa.
3 3 3
Atlas saharien : 3.775 m /s, Dahar tunisien : 6.085 m /s, J. Nefusa : 0.620 m /s,
3 3 3
Limite Ouest : 2.450 m /s, Limite Sud Ouest : 0.980 m /s, Tademaït : 2.585 m /s,
3 3 3
Sud Libye : 1.060 m /s, Nord des chotts algériens : 0.305 m /s, Nord des chotts tunisiens : 0.150 m /s,
3 3
Contribution Calc. Eocènes : 0.200 m /s, Drainance Turonien : 5.400 m /s.
Conclusion
Malgré les difficultés liées à son estimation quantitative, on admet qu’il y a eu et il y a
encore recharge des nappes souterraines par infiltration des eaux de pluies aux zones de
recharge. L’estimation de la recharge par les techniques conventionnelles en zone aride est
soumise à de grandes marges d’erreurs liées aux difficultés de quantification de deux
paramètres incertains : l’évapotranspiration et la précipitation. On serait amené à dire que les
méthodes de bilan hydrologique largement utilisé en dehors des zones arides se révèlent
très approximatives dans ces dernières régions. Elles peuvent aussi être liées à la
détermination des gradients hydrauliques et des conductivités hydrauliques dans les calculs
de flux de Darcy. La méthode des traceurs offre plus d’espoirs dans l’évaluation de la
recharge en zone aride.
Différentes approches (hydrologiques, géochimiques, hydrodynamiques et modèles
mathématiques) ont été utilisées et ont permis d’avancer divers chiffres concernant
l’estimation de la recharge des aquifères du Sahara septentrional. Mais, pour citer OSS
(2003b) : « Il existe peu d’indications précises et de travaux portant sur la quantification de la
recharge des nappes sahariennes et cette question est toujours demeurée sans réponse
véritable. Le développement des modèles, qui peuvent calculer la recharge par calage des
transmissivités, a accrédité une telle situation. Si bien que, projet après projet, étude après
étude, la connaissance de l’alimentation du CI et du CT n’a jamais pu bénéficier
d’investigations spécifiques qui aient pu l’extraire de son statut de coquetterie scientifique
présentant peu d’intérêt pratique ».
65
DEUXIEME PARTIE :
LES CONDITIONS GENERALES DE
LA RECHARGE DU SASS
66
RESUME DE LA DEUXIEME PARTIE
67
Chap.5 : LES CONDITIONS GEOLOGIQUES DE LA RECHARGE DU SYSTEME
AQUIFERE DU SAHARA SEPTENTRIONAL
Introduction
L’alimentation des nappes du Sahara s’effectue sur les affleurements des formations
géologiques perméables. Un certain nombre de coupes géologiques, dont les tracés sont
portés sur la carte géologique (Fig.5-1), ont été réalisées pour illustrer leur géométrie. Nous
procéderons à une description de ces formations perméables dans lesdites zones de
recharge potentielles. Etant donné que l’alimentation des nappes ne s’effectue pas dans la
zone captive, nous intégrerons la notion d’ "affleurement perméable utile" pour caractériser
les affleurements situés sur la partie libre des nappes.
68
ainsi infiltrées passent sous le Tademaït et sont drainées vers le Touat. La moyenne
pluviométrique dépasse 100 mm sur l’Atlas ; elle n’est que de l’ordre de 30 à 40 mm sur le
Grand Erg Occidental.
La coupe B-B’ (Fig.5-3), au nord-est du Grand Erg Occidental, illustre aussi l’enfouissement
du Continental intercalaire, sous les formations tertiaires. Mais à ce niveau, le Cénomanien
argileux constitue un écran imperméable empêchant tout contact entre le CI et les formations
tertiaires qui affleurent sur la dorsale du M’zab.
Les flèches indiquent les cheminements éventuellement empruntés par les eaux d’infiltration.
Atlas Saharien
NW SE
Turonien (Tu)
Cénomanien (Cen) Mio-plioquaternaire (MPL)
CI – Kikla (CIK)
0 100 km
Flexure sud-
atlasique
Zoom sur
l’Atlas LIK
800m MPL
Trias
600m
Tu
CIK Cen
69
NW Atlas Saharien SE
LIK
Flanc Ouest
du M’zab
SenL
Cen Tu
CIK
0 25 50 km
SenL : Sénonien
Lagunaire
5.1.2. Dahar
La coupe D-D’ (Fig.5-4) montre le biseautage vers le nord-est du Sénonien lagunaire
et du Cénomanien mettant ainsi en contact les différentes formations aquifères : le Sénonien
carbonaté et le Turonien d’une part ; le Turonien et le Continental intercalaire d’autre part. Le
CI peut donc être alimenté directement sur ses affleurements et indirectement à travers les
infiltrations sur les affleurements du CT.
SW
Dahar
Grand Erg Oriental NE
Sénonien carbonaté
(SenC)
SenL Tu
Cen
CIK
m
0 12,5 25km
70
5.1.3 Tinrhert - Sud Libye
La coupe C-C’ (Fig.5-5) montre les affleurements de couches aquifères du CI au sud
du bassin. Cet endroit constitue une zone de recharge potentielle de la nappe du CI.
Nord Sud
Tu
Cen
CIK Paléozoïque
(Palz)
Paléocène (Palc)
SenC
SenL
Tu
Cen
CIK
0 12,5 25 km
LIK
Zoom sur J.
SenC Nefusa
Tu
Cen
CIK
71
5.1.5 Jabal Hassawna
La coupe F-F’ (Fig.5-7) fait apparaître les affleurements carbonifères du sud, et
l’approfondissement du bassin sous la Hamada Al Hamra. Le biseautage des formations
triasiques plus au Sud et l’absence de dépôts jurassiques met en contact étroit l’aquifère du
Continental intercalaire avec les formations du Paléozoïque. En effet, au niveau du J.
Hassawna, le Continental intercalaire est alimenté par les eaux du Cambro-Ordovicien,
infiltrées depuis les périodes humides du Sahara.
Sud Nord
J. Hassawna
Al Hamada Al Hamra
Palc
SenC
SenL
Tu
Cen
CIK
0 25 50 km
Trias
Palz LIK
5.2.1. Dahar
Les affleurements du Turonien et du Sénonien carbonaté s’identifient clairement sur
le flanc Ouest du Dahar (Fig.5-4). Ces formations plongent vers le SW sous les dunes de
l’erg oriental. Les forages MR2, SN1, et DN1 sont implantés sur les calcaires du Sénonien
carbonaté.
72
Ouest Grand erg oriental Est
MPL
SenC
SenL
Tu
Cen
CIK
0 50 km
MPL
SenC
SenL
Tu
Cen
CIK
0 25 50 km
LIK
Trias
73
Limite du CI
0 50 km
0 100 km
Limite du CI
0 100 km
74
5.3.1.4. Le Continental intercalaire au sud (Tinrhert et Sud-Libye)
Au sud du bassin (Tinrhert et Sud-Libye), les sables à grains moyens à grossiers du
Continental intercalaire constituent un bon réservoir aquifère. Ils couvrent plus de 30 000 km2
sur une bande allant du plateau de Tinrhert jusqu’au sud de la Libye (Fig.5-13).
Limite du CI
0 100 km
Fig.5-14 : Affleurements du
Continental intercalaire sur
le Dahar
75
5.3.2.2. Les carbonates du Mzab
SenC
0 100 km
0 50 km
76
5.3.2.6. Le Miopliocène de l’erg oriental
Fig.5-20 : Affleurements
des sables de l’erg
oriental
0 100 km
5.4.1. Nappe du CI
77
NC
NC
NC
NL
78
Affleurements
perméables utiles
Conclusion
Les sables du Continental intercalaire et ceux des deux Grands Ergs Occidental et
Oriental, les carbonates du Sénonien et du Turonien, apportent quelques ressources aux
nappes du Sahara. L’importance de l’alimentation découle :
- de l’extension des formations perméables qui fait que des nappes libres du CI et du CT
s’étendent sur une grande partie du domaine et qu’elles ne sont pas isolées des
phénomènes hydrologiques de surface,
- la pente topographique relativement importante sur l’Atlas, le Mzab, le Dahar et J. Nefusa
permettant ainsi des écoulements rapides des eaux de surface jusqu’à leur concentration
sur des zones d’épandage où elles peuvent s’infiltrer avant d’être reprises par
l’évaporation,
- de la continuité des formations aquifères du CI et de l’Erg Occidental avec leurs
affleurements atlasiques et sub-atlasiques où les précipitations sont plus importantes.
Cette alimentation reste toutefois tributaire de l’occurrence des pluies et des quantités
précipitées. L’inégale répartition de ces précipitations fera l’objet du chapitre suivant
consacré à l’aspect hydropluviométrique de la recharge des nappes du Sahara septentrional.
79
Chap.6 : CONDITIONS HYDROPLUVIOMETRIQUES DU SAHARA
SEPTENTRIONAL
Introduction
Le Sahara actuel porte les vestiges d'un réseau hydrographique ancien qui témoigne
d'écoulements de surface énergiques au cours des périodes humides du Quaternaire. Bien
que ce réseau soit aujourd'hui plus ou moins colmaté par des apports éoliens ou des dépôts
sédimentaires, il est encore possible de discerner une organisation hydrographique
importante dont le fonctionnement a déterminé le modèle actuel.
Ces écoulements ne se produisaient pas vers la mer mais vers l'intérieur du Sahara : il
s'agit d'un réseau endoréique débouchant dans les grandes sebkhas (Melrhir par exemple)
en communication avec les nappes aquifères souterraines ou plus encore dans d'immenses
plaines, comme celles de la Saoura et du Tanezrouft.
On comprend ainsi que d'énormes réserves hydrauliques se soient constituées au
cours des périodes géologiques humides en s'accumulant dans les terrains perméables du
Secondaire et du Tertiaire (DUBIEF, 1953).
Nous procéderons ci-dessous à une étude sommaire du réseau hydrographique et des
divers bassins-versants. Le contenu de cette première section est essentiellement tiré de
l’étude de DUBIEF (1953) qui, près d’un demi-siècle après son édition, reste une référence
incontournable en matière d’hydrologie saharienne. Les enseignements tirés de ce
document seront mis à jour ou complétés avec une bibliographie plus récente à chaque fois
que cela est possible. La deuxième section sera consacrée à l’étude des pluies et du
ruissellement dans le Sahara septentrional.
80
- un versant occidental du Tademaït dont il ne sera dit que quelques mots, étant
donné la dégradation très poussée de ses artères.
Bassin versant de
l’Oued Seggeur
jusqu’à Brezina 8
Bassin versant de l’Oued
Namous en amont de
Hassi Mamoura
5
6 7
3
4
1
Hassi
Mamoura
9
2
81
auxquelles viennent s'ajouter celles de l'Atlas saharien (plus de 100 mm par an) drainées par
la Zousfana.
Le barrage de Djorf Torba a été construit à la fin des années soixante sur le Guir non
loin de la frontière marocaine. Il est destiné à l'irrigation de la plaine d'épandage d'Abadla et
à l'alimentation en eau de la ville de Béchar démunie de ressources souterraines abondantes
et de bonne qualité. L'oued Béchar, ancien affluent du Guir, ne rejoint plus son émissaire et
se perd, à 10 km de la confluence, dans une cuvette argileuse. Avant la construction du
barrage, l'essentiel des crues de la Saoura dépendait de l'oued Guir et non de la Zousfana,
dont les débits sont moindres : une crue sur cinq ou six atteint la Saoura, les autres
s'arrêtent bien avant Taghit. Dans son cours supérieur, d'Igli à Kerzaz, la Saoura maintient
son tracé, encaissé depuis 2 ou 3 millions d'année dans la plate-forme hamadienne (BRL,
1998a).
L'apport moyen annuel de la Zousfana est de 6 Mm3. Celui du Guir à hauteur du
barrage de Djorf Torba est de 200 Mm3 (6,3 m3/s) (MEKIDECHE et al., 1995). Les crues de
l'oued Guir surviennent en automne et au printemps. En octobre 1950, on a enregistré 3000
m3/s à Djorf Torba ; en 1959, le débit estimé au maximum de la crue à Abadla était de 4000
à 5000 m3/s et le total du volume d'eau écoulé était de l'ordre de 800 millions de m3. Il s'agit
là de fortes crues exceptionnelles. Les débits sont en moyenne de 1500 m3/s. Les débits de
crue décennale et centennale, évalués à Djorf Torba, donnent des valeurs de 2000 et 8830
m3/s.
A Djorf Torba, l'oued Guir aurait un débit minimum de 150 l/s, ce qui correspond à peu
près à 4 500 000 m3 par an et paraît faible au regard de la capacité théorique du barrage :
360 000 000 m3 et des besoins d'irrigation des 6 000 ha de la plaine d'Abdala. A raison de 6
m3/s, il faudrait stocker et gérer 200 millions de m3 pour assurer chaque année le bon
fonctionnement hydraulique du périmètre. Le système repose donc pour l'essentiel sur les
crues : 30 jours en moyenne à 1500 m3/s offrent un volume total de près de 4 milliards de m3
qui, selon BRL (1998a) devrait, théoriquement, suffire.
De 1980 à 1985, il a été impossible de remplir le barrage. Cette irrégularité peut-être
illustrée par le fait que la seule crue du 21 mars 1959 aurait fait déborder, en une semaine, le
barrage et qu'une crue de cette importance peut survenir tous les 10 ans (BRL, 1998a).
82
affluents venant des Jebels Horreït et Béchar. Après un parcours de 150 km, sous le nom
d'O. Bou Dib, il vient se perdre, 50 km en aval, dans la Daïet Tiour, à 550 m d'altitude. Cet
oued se jetterait antérieurement dans le Guir.
D'après les données de 1938 à 1950, reportées par DUBIEF (1953), le nombre annuel
de mois de crue à Béchar, à 40 km de la source, est en moyenne inférieur à 2 par an. Ces
crues se présentent, essentiellement, en automne et au printemps. BRL (1998a) rapporte
que l'apport moyen annuel est estimé à 2 Mm3.
83
6.1.1.1.7. Oueds Mehaïguène et Louha
L'O. Méhaïguène actuel a environ 160 km de long. Sa large vallée, très ensablée, est
tracée, presque entièrement, dans le plateau du Pliocène continental. Après une bifurcation
vers l'Est, d'une dizaine de km, il conflue dans l'oued El Louha vers la cote 540 m. Si l'on en
juge par l'importance des dépôts du Quaternaire continental, il devait primitivement se
poursuivre directement vers le Sud avant de déborder, dans le maader du Louha (DUBIEF,
1953).
30°
29°
28°
27°
84
sebkhas du Gourara ; dans le second, elles rejoindraient l'O. Mya. DUBIEF (1953) les
rattache au bassin de la Saoura.
Les divers bassins qui composent cet ensemble seront étudiés dans l'ordre suivant :
Bassin du Djedi, Bassins de l'Aurès, Bassins du Mzab, Bassins du Mya, Bassins de
l'Igharghar, Bassins de l'Isaouane, Bassins du Tinrhert et du Sud Tunisien.
85
9 11
10
12 13
34°
14 Chott
8 Melrhir
15
29
17 16 33°
18 30
31
20 19
32
21
33 31°
22
23
24
30°
34
25
26
27 35
36 28°
28
8 : Oued Djedi 14 : Oued Ittel 20 : Oued Metlili 26 : Oued Ech Cheguig 32 : Secteur Djneiene
9 : Oued Biskra 15 : Oued Rtem 21 : Oued Touil 27 : Oued Mya 33 : Secteur Tiaret
10 : Oued Biraz 16 : Oued Attar 22 : Oued Fahl 28 : Oued In Sakki 34 : Oued Tanarout
11 : Oued El Arab 17 : Oued Zegrir 23 : Oued Gouiret Moussa 29 : Oued Hallouf 35 : Oued Dranet
12 : Oued Djedah 18 : Oued N’sa 24 : Oued Djafou 30 : Secteur Mahbes 36 : Oued El Abed-Igharghar
13 : Oued El Melah 19 : Oued M’zab 25 : Oued Djoua 31 : Secteur Lisseri
86
Plus à l'Est, les affluents deviennent moins importants, leurs origines étant à une altitude
bien moins élevée et leurs bassins beaucoup plus restreints (DUBIEF, 1953). Pour le calcul
de l’alimentation des nappes, le bassin du Djedi sera rattaché à l’Atlas saharien.
La fréquence moyenne des écoulements est de 10 j/an à Laghouat, de 5 j/an à Ouled
Djellal et seulement de 2 à 3 au sud de Biskra. En amont de Laghouat, l'oued Mzi a un
écoulement pérenne de 100 I/s provenant de sources nées d'une remontée des eaux
d'inféroflux lors d'une cluse de calcaires turoniens constituant le Jebel Milok. L'étude des
apports de l'oued M'zi à Sekhafa (BRL, 1998a) a permis d'estimer les débits de crue
décennale et centennale à 650 et 1250 m3/s.
A partir des observations de pluie et de crue des années 1951 à 1954, des calculs de
coefficient de ruissellement ont été effectués pour le sous-bassin de Tadjmout (2072 km2).
Ce coefficient varie de 0,5 à 2,2 % avec une valeur moyenne de l'ordre de 1,5 %. Une étude
des crues de l'oued Messaad, un affluent de l'oued M'zi au sud de Laghouat, a permis
d'estimer les débits de crue décennale et centennale à 700 et 1300 m3/s (BRL, 1998a).
87
6.1.2.2.1.1. Oued Zegrir
Limité à la hauteur de Guerrara, ce bassin couvre une superficie de 4100 km². Situé
en majeure partie sur les affleurements du Miocène et du Pliocène continentaux, il est
parsemé de nombreuses daïas, parfois drainées par des oueds. Ces derniers, par suite des
phénomènes karstiques qui se produisent dans ces régions, disparaissent souvent avant
d'atteindre leurs confluents avec le Zegrir ou son prolongement, le Zgag. Les limites N et S
sont, de ce fait, peu précises. La longueur de l'artère maîtresse, en prenant pour origine la
tête de l'O. Ajerma, atteint 270 km à la Daïa ben Feïla, limite normale des grandes crues. Si
l'on tient compte des écoulements exceptionnels qui empruntent la vallée de l’oued Zgag,
celle-ci est portée à près de 300 km.
88
6.1.2.2.2.2. Oued Retem
Long de 190 km environ, en prenant comme tête l'O. Berriche, il coule sensiblement
W-E de la région de El Mchibigue, à 720 m d'altitude, à la daia d'Hassi Mrara située à la cote
100 m, qu'il gagne, après s'être infléchi brusquement vers le Sud dans les derniers km de
son parcours. La superficie de son bassin est d'environ 4500 km².
89
Les profils de ces deux oueds ne peuvent être tracés de façon exacte car, peu de
points cotés ont été établis dans leurs lits. L’auteur note, cependant, que la vallée du Mya
présente une vieillesse moins accusée que celle de l'In Sokki. Des signes de dégradation
s'observent non seulement sur les artères maîtresses mais aussi sur les affluents inférieurs.
Cette dégradation peut être le fait d'une diminution de la pluviosité mais aussi de l'influence
de phénomènes d'infiltration, peut-être karstiques.
Le cours fossile du Mya inférieur est jalonné par de vastes sebkhas jusqu'à Ouargla,
distant de 200 km environ du point extrême atteint par les dernières crues. Au Nord
d'Ouargla la vallée n'est plus discernable. Selon DUBIEF (1953), si l'on admet, cependant,
que le Mya quaternaire se jetait dans le chott Melrhir actuel, sa longueur devait atteindre 900
km ; l'oued ne coulerait donc plus, de nos jours, que sur la moitié de son ancien parcours.
La pente de cette vallée fossile est très faible : 30 m en 100 km en amont d'Ouargla.
Si l'on admet qu'elle se poursuivait ainsi jusqu'à la surface d'eau libre du chott Melrhir, on
constate que cette dernière s'est abaissée d'une cinquantaine de mètres dans les derniers
millénaires. Cet abaissement peut être dû, soit à une diminution de la pluviosité, soit à un
affaissement de la région du chott, soit, plus probablement, aux deux effets combinés.
90
6.1.2.4.1.2. Versant Hamada Al Hamra
La Hamada Al Hamra présente sur son bord Nord-occidental une succession de deux
gradins, un inférieur profondément entaillé par les oueds, un supérieur infiniment plus vaste,
parsemé de petites daïas ou Garaet. Les principales artères de ce versant sont :
• les oueds Amasin et Anebdan qui se perdent dans les sebkhas de la région de Ghadamès
et de Tounine ;
• le bassin du Tanarout (bassin-versant 34, Fig. 6-4), de beaucoup le plus important. Cet
oued prend son origine au bord méridional de la Hamada el Hamra ; après un parcours de
180 km, orienté vers le NW, il reçoit sur sa droite, en aval de Derj, l'O. Mimoun puis, sur sa
gauche, 40 km plus en aval, l'O. Aoual (Awal) qui prend naissance lui aussi à la bordure S
de la Hamada. Après un parcours total de 250 km, le Tanarout se perd dans la Sebkha
Mzezzem. Cette grande artère et ses deux gros affluents sont encore actifs de nos jours
sur la plus grande partie de leurs cours ;
• plus au N, des oueds un peu moins importants se perdent dans les dunes du Grand Erg
Oriental, ce sont les oueds El Bir, Ihar, Tiaret, Cherchouf, Merbia et Zar (DUBIEF, 1953).
Au N du bassin de la Hamada, des oueds descendent du flanc sud de J. Nefusa. Il
s’agit, en particulier, des oueds Nalut, Saniet El Asfa, Jadu, Ash Shagayiq, At Tall, Ad
Danaji, Al Hiram qui se perdent vers le sud dans des dépressions (Fig.6-5).
Au NE, deux grands oueds (Wadi Sufajjin et Wadi Kaam) drainent les eaux de ruissellement
vers la mer ; auxquels s’ajoutent des systèmes hydrographiques mineurs, Wadi Lebda, Wadi
Majir plus au Nord Est (GEFLI, 1972 ; GEFLI, 1976a).
33°
39
38 40
41
37 32°
42
44 43 45
31°
91
démembré à la suite de l'envahissement des basses vallées par les sables du Grand Erg
Oriental. En effet, à peu près, tous les oueds se terminant brusquement en bordure de l'erg
dans de petites daïas, nous n'avons plus, maintenant, que de nombreux petits bassins
reliques des grands bassins-versants des artères disparues. On notera que des pertes par
infiltration sont possibles tout au long de leurs vallées (DUBIEF, 1953). Nous distinguerons
du Sud vers le Nord :
Le bassin des oueds Tieret et Montasseur (3808 km2), celui des oueds Djeneïene et
El Kheneg (6060 (km2), celui du Bir Aouine, groupant les oueds Rhedamsi, Guebli et
Dahraoui et l'O. Lisseri (2342 km2), celui groupant les oueds Mahbes et Bénina (2202 km2)
(FERSI, 1979b), ceux de la Garaet Ali Tsemd, de la Garaet Bou Flidja, de l'O. Hallouf (3396
km2) et enfin celui de l'O. Hassane.
L'ensemble de ces petits bassins reliques couvre une superficie de 18000 km2
environ (hormis le bassin du Tiaret). Tous ces oueds coulent, de nos jours, jusqu'à l'Erg et
les daïas terminales peuvent rester en eau, un temps assez long (DUBIEF, 1953).
6.2.1. Pluviométrie
6.2.1.1. Répartition et apports des pluies dans le bassin du SASS
En utilisant les données pluviométriques de la période 1926-1950, DUBIEF (1953) a
pu établir une carte de distribution des pluies moyennes interannuelles dans le Sahara
92
septentrional. La numérisation de cette dernière nous a permis de disposer d’une grille
représentative de la pluie moyenne en tous points du domaine du SASS (Fig.6-6).
Elle dénote l’inégale répartition des précipitations. Les quantités les plus importantes
sont observées au Nord, sur l’Atlas saharien, où les moyennes interannuelles sont de l’ordre
de 200 à 250 mm. Le Dahar présente des moyennes comprises entre 80 et 150 mm. Sur le
Jebel Nefusa et le long de la cote libyenne, les moyennes interannuelles sont comprises
entre 80 et 250 mm. Ces régions sont les principales zones d’alimentation des nappes du
SASS. Le Grand Erg Occidental et le Grand Erg Oriental sont traversés par les isohyètes 40
à 80 mm. Les régions du Sud du bassin sont le domaine des faibles précipitations.
Dahar
J.Nefusa
Classe
93
6.2.1.2. Variabilité des pluies
A l’inégale répartition des précipitations s’ajoute une variabilité considérable de la
pluviométrie, enregistrée par les quelques rares stations pluviométriques implantées dans le
Sahara. Ces enregistrements sont discontinus et présentent souvent des lacunes. Pour
illustrer ce fait, il est présenté, ci-dessous, les séries de mesures de quelques stations
pluviométriques, situées dans le sud tunisien (Tableau 6-1), et dans les bassins des versants
Sud de l’Atlas saharien (Tableau 6-2), qui nous ont été aimablement transmises
respectivement par la Direction Générale des Ressources en Eau (DGRE, 2003, en Tunisie)
et par l’Agence Nationale des Ressources Hydrauliques (ANRH, 2003, en Algérie).
Tableau 6-1 : Séries pluviométriques des quelques stations situées dans les bassins du Sud tunisien
Moy/an(mm)
1956- 1957
1950 -1951
1951 -1952
1952 -1953
1953 -1954
1954 -1955
1955 -1956
1957 -1958
1958 -1959
1959 -1960
1960 -1961
1961 -1962
1962 -1963
1963 -1964
1664 -1965
1965 -1966
1966 -1967
1967 -1968
1968 -1969
1969 -1970
1970 -1971
1971 -1972
1972 -1973
1973 -1974
1974 -1975
1975 -1976
1976 -1977
1977 -1978
1978 -1979
1979 -1980
1980 -1981
1981 -1982
1982 -1983
1983 -1984
1984 -1985
1985 -1986
1986 -1987
1987 -1988
1988 -1989
1989 -1990
1990 -1991
1991 -1992
1992 -1993
1993 -1994
1994 -1995
1995 -1996
1996 -1997
1997 -1998
Nom
Tableau 6-2 : Séries pluviométriques des stations situées dans les bassins du versant Sud de l’Atlas
saharien
Moy/an(mm)
1929- 1930
1930- 1954
1956- 1957
1874 -1929
1908 -1919
1933 -1952
1954 -1955
1955 -1956
1957 -1958
1958 -1959
1959 -1960
1960 -1961
1961 -1962
1962 -1963
1963 -1964
1664 -1965
1965 -1966
1966 -1967
1967 -1968
1968 -1969
1969 -1970
1970 -1971
1971 -1972
1972 -1973
1973 -1974
1974 -1975
1975 -1976
1976 -1977
1977 -1978
1978 -1979
1979 -1980
1980 -1981
1981 -1982
1982 -1983
1983 -1984
1984 -1985
1985 -1986
1986 -1987
1987 -1988
1988 -1989
1989 -1990
1990 -1991
1991 -1992
1992 -1993
1993 -1994
Code Nom
94
350
300
250
Pluie (mm)
200
150
100
50
Années
160
140
120
100
80
60
40
20
A nnées
95
grande irrégularité est due aux petits « déluges localisés » que l'on observe assez souvent et
qui sont la particularité la plus curieuse du régime des pluies de cette région. C'est ainsi que
l'on a observé en un seul mois 87 mm en octobre 1941 à Bordj le Bœuf, 216 en mars 1933 à
Tataouine, 154 en mars 1933 à Kebili, 435 à la même époque à Matmata (DUBIEF, 1953),
87 mm en octobre 1995 à Bordj Bourguiba, 134 mm en octobre 1995 à Dehibat CTV Ecole
Ex, 131 mm en mars 1976 à Remada SM, 84.8 mm en octobre 1995 à Remada SM, 167.5
mm en janvier 1990 à Tataouine CRDA, 85.2 mm en septembre 1991 à Tataouine CRDA,
81.2 mm en janvier 1994 à Tataouine CRDA. Avec de pareilles intensités de pluie, le
ruissellement doit être particulièrement intense ; aussi serait-il des plus intéressants d'avoir
des observations de débits des crues en cette région. Les pluies sont en relation avec les
dépressions qui convergent, le mot n'est pas de trop, et stationnent dans la région du Golfe
de Gabès.
Elles appartiennent aux grands courants, soudano-saharien, nord-saharien, front
polaire, etc... Une mention spéciale doit être faite aux pluies orageuses de juin et d'août qui,
nous l'avons noté, intéressent la région bordière du Chott el Fedjedj. Ces orages naissent
dans la région d'Aflou, descendent les pentes S de l'Atlas saharien à hauteur de Laghouat et
dérivent vers le golfe de Gabès en arrosant au passage la région de l'O. Itel au N de l'O.
Rhir, le Chott Djerid, puis la bordure du Chott El Fedjedj (DUBIEF, 1953).
96
Il ressort de cette étude que le bassin-versant de l'Erg occidental est caractérisé par
de faibles coefficients de variations et des pluies journalières maximales moyennes de 20
mm à 27 mm. Les altitudes au niveau de ce bassin varient de 380 à 1210 m. Cette
modération peut être expliquée par l'importance des averses d'été. Ces averses prennent
naissance dans la région d'Aflou et touchent une bonne partie de ce bassin. Il est à signaler
également l'influence des masses d'air humides atlantiques et méditerranéennes.
La plus grande irrégularité est enregistrée au niveau des stations de Beni Abbes (Cv
= 1,09 ; altitude = 497 m), Adrar (Cv = 1,22 ; altitude = 286), Reggane (Cv = 1,51 ; altitude =
267 m), du bassin de Saoura Touat. Également, au niveau des stations de Tindouf
(Cv=0,92 ; altitude= 401 m), Tabelbala (Cv = 0,97 ; altitude = 588m) du bassin Iguidi Draa,
Ideles (Cv = 0,95 ; altitude = 1400 m) du bassin Irharhar, Djanet (Cv = 1,12 ; altitude = 1100
m) du bassin Tafassasset et de la station d'In Salah (Cv=1,49 ; altitude =280m) du bassin de
Tidikelt. Pour l'ensemble de ces bassins, la forte irrégularité des pluies est due au fait que la
fréquence des pluies diminue au fur et à mesure que l'on se dirige vers les parties centrales
du Sahara et à l'appauvrissement des masses d'air en humidité. Le Sud du Sahara est
caractérisé à la fois par des totaux pluviométriques annuels faibles et par une forte
irrégularité des pluies journalières maximales. Cette grande variabilité est due à l'absence de
pluies durant une ou plusieurs années. Le bassin d'Oued Tamanrasset se singularise par
des pluies annuelles relativement élevées et des coefficients de variation modérés du fait de
sa topographie et des dépressions sahariennes. Au Sahara, le nombre de pluies intenses
augmente avec la pluviométrie annuelle.
Pour ce qui est de la concentration des pluies journalières maximales à l'échelle
mensuelle, l'apparition de ces pluies varie considérablement d'un mois à l’autre. Pour le
bassin de Saoura Touat, la concentration apparaît soit en automne, soit au printemps. Les
bassins d'Ighidi Draa, de l'Erg occidental et de l'Erg oriental se caractérisent par l'apparition
de ces pluies de septembre à avril et parfois au mois d'août. La concentration de ces pluies
dans le bassin d'Irharhar apparaît à partir des mois de septembre à décembre et parfois au
mois de mars. Au niveau du bassin de Tafassasset, les plus fortes pluies peuvent apparaître
durant toute l'année, avec une fréquence relativement élevée aux mois de septembre, mars
et avril. Pour le bassin d'Oued Tamanrasset, la concentration des pluies journalières
maximales s'étale du début de l'automne au début de l'hiver et de la fin du printemps à la fin
de l'été. Les pluies journalières maximales dans le bassin de Tidikelt se concentrent entre les
mois d'octobre et février avec une forte apparition en décembre.
Dans la région de Biskra, les observations sur la période 1914 –1963 montrent qu’il y
pleut pratiquement chaque mois avec un maximum en mars, avril et juillet (18 à 22 mm). Les
mois les moins pluvieux sont novembre et décembre (2 à 3mm) (Tableau 6-5).
Tableau 6-5 : Pluviométrie à Biskra (SCET, 1972).
Mois J F M A M J J A S O N D Année
P.moy 17 15 22 18 17 10 19 10 15 8 2 3 156
Nb. Jours de Pluie 3 3 4 3 4 6 3 4 5 2 1 1 34
97
Au centre du bassin (Ghadamès et Derj) et au Sud (Sabha et Hun), la pluie ne
dépasse pas 8 mm par mois ; tandis qu ‘au Nord, à Nalut, la moyenne mensuelle dépasse 9
mm, 8 mois sur 12.
Aussi bien au Nord qu’au Sud, la pluie est virtuellement inexistante pendant les mois
d’été. Le maximum de pluie est observé en mars (32 mm à Kabaw, 31 mm à Nalut, 7 mm à
Ghadamès et Derj). Un second pic apparaît en octobre (7mm à Derj) ou en Hiver
(Ghadamès). Au Sud, on note un maximum de pluie en octobre et en mai, à Hun. A Sabha,
on observe la même quantité de pluie (1,6 mm) pour les mois de janvier, mai et octobre.
Par ailleurs, les observations faites par IDROTECNECO (1982c) aux stations de
Ferjan, Jabal As Sawda, Brak et Idri (Tableau 6-7), situées au sud du bassin montrent que la
pluie moyenne annuelle est extrêmement faible pour la période d’observation considérée et
que les valeurs sont comprises entre 15 mm à Quarqaf et 43.2 mm à Brak.
Tableau 6-7 : Pluviométrie moyenne annuelle dans le sud libyen (IDROTECNECO (1982c)
Station Altitude (m) Période Pluie totale (mm)
Ferjan 315 17-06-77 à 18-10-79 26.6
Jabal As Sawda 616 17-06-77 à 18-10-79 24
Brak 332 20-11-77 à 26-11-79 43.2
Quarqaf 551.27 21-11-77 à 25-11-79 15
Idri 365 01-02-78 à 25-11-79 33.4
Au cours de cette période, les maxima mensuelles observées pour chaque station sont :
5.8 mm en octobre 1979 à Ferjan, 7 mm en avril 1978 à Jabal As Sawda,
17.2 mm en novembre 1978 à Brak, 9.2 mm en septembre 1979 à Quarqaf,
14.4 mm en octobre 1978 à Idri.
Les événements pluviométriques les plus importants observés sont :
1.9 mm en 20 min le 14 février 1978 à Ferjan, 6.6 mm en 10 min le 14 avril 1978 à Brak,
5.4 mm en 30 min le 5 septembre 1979 à Quarqaf, 12.2 mm en 45 min le 20 mars 1979 à Idri,
1.3 mm en 5 min le 13 décembre 1977 à Jabal As Sawda.
6.2.2. Hydrométrie
Le ruissellement qui survient encore au Sahara a rarement fait l’objet d’observations
continues. Les mesures de débits instantanées de crues sont pratiquement inexistantes.
Nous ne disposons pas de données de ruissellement dans la partie tuniso-libyenne du
bassin, excepté la crue de l’oued Om Zoggar du 17 novembre 1988, sur le Dahar tunisien
(Fig.6-10). Cette crue a duré 5 h 30 min et a donné une lame d’eau ruisselée de = 4.3 mm
pour une surface du bassin-versant de 106 km2.
98
Nous présentons ci-dessous les données de crues de quelques oueds en Algérie,
que nous avons pu recueillir à l’ANRH (Agence Nationale des Ressources Hydrauliques, en
Algérie) et compléter par les données du document du BRL (1998a).
L’apport moyen annuel est de 16 Mm3 (0,51 m3/s) correspondant à une lame écoulée de 5.7
mm.
99
Date S O N D J F M A M J J A Année
1986-1987 1.37 0.32 0.16 0.3 0.3 0.63 0.53 0.1 0.04 0.05 0.68 0 0.37
1987-1988 0.01 0.17 0.03 0.07 0.03 0.02 0.02 0.02 0.08 0.31 0.01 0.14 0.16
1988-1989 0.57 0.03 0.04 0.03 0.02 0.17 0.25 0.2 0.07 0.34 0.01 0.14 0.16
1989-1990 0.95 0.01 0.13 0.03 0.02 0.11 0.16 0.36
1990-1991 0 0 0.35 0.01 0.01 0.02 0.98 2.35 0.07 0.01 0.01 0.01 0.32
1991-1992 1.91 1.17 0.20 0.37 0.17 0.11 0.44 0.29 0.4 0.05 0.06 0.11 0.44
1992-1993 1.36 0.2 1.35 0.22 0.07 0.2 0.53 0.1 0.01 0.01 0 0 0.34
1993-1994 0.01 0 0.05 0 0.01 0.01 0.01 0.01 0 0 0 0.01 0.01
1994-1995 0.91 0.55 0.01 0 0.32 0.41 0.63 0.58 0.23 0.16 0.12 0.11 0.39
Moyenne 1.26 0.35 0.43 0.25 0.32 0.41 0.63 0.58 0.23 0.16 0.12 0.11 0.39
Min(débit mensuel) 0 0 0.01 0 0.01 0.01 0.01 0.01 0 0 0 0 0.01
Max(débit mensuel) 7.58 1.33 2.27 2.16 3.49 2.04 2.32 2.4 0.87 0.52 0.68 0.93 1.36
100
Tableau 6-12 : Débits moyens mensuels de l’Oued El Arab (m3/s)
Date S O N D J F M A M J J A Année
1972-1973 12.93 5.79 1.33 0.8 0.73 1.09 2.91 3.23 0.84 1 0.1 2.68 2.78
1973-1974 0.38 0.54 0.14 1.44 0.7 0.17 0.27 0.17 0.06 1.34 0.17 0 0.45
1974-1975 6.93 1.05 0.05 0.06 0.07 1.52 1.12 0.42 0.86 0.05 0.03 0.38 1.03
1975-1976 0.93 0.27 0.56 0.13 0.03 0.12 0.87 0.55 2.82 4.97 2.09 0.11 1.12
1976-1977 0.93 0.07 3.53 0.52 1.46 0.31 0.09 0.29 1.67 0.95 0.01 0.23 0.84
1977-1978 0.69 0.07 3.37 0.27 0.08 0.15 0.05 0.03 0.95 0 0 2.58 0.69
1979-1980 0.01 0.03 0.13 0.06 0.04 0.09 1.03 0.06 0.34 0.02 0.01 0.01 0.15
1980-1981 0.33 0.11 0.07 0.08 0.04 0.2 0.07 0 0.02 0.01 0.01
1981-1982 0.31 0.03 0.01 0.06 0.04 0.14 0.03 0.97 1.8 0.55 0.03 0.5 0.37
1982-1983 1.87 0.62 0.99 0.34 0.1 0.06 0.04 0.01 0.01 0.08
1983-1984 0.37 4.44 0.03 0.03 0.04 0.53 0.51 0.22 0.01 0.01 0.01
1984-1985 0 6.53 6.48 0.46 6.02 2.78 0.12 0.17 1.83 0.51 0 0.32 2.1
1985-1986 5.94 0.16 0.11 0.1 0.19 0.15 1.07 1.44 1.91 0.3 2.51 0.49 1.2
1986-1987 2.84 1.46 0.29 0.16 0.11 0.13 0.14 0.04 0.1 0.22 1.65 0.17 0.61
1987-1988 1.01 0.97 0.19 0.23 0.05 0.03 0.06 0.09 0.25 5.11 0.1 0.1 0.68
1988-1989 0.17 0.1 0.67 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1 3.47 1.31 0.1 0.1 0.53
1989-1990 2.12 0.18 0.07 0.05 0.17 0.27 0.1
1990-1991 0.01 0.01 0.07 0.01 0.05 0.01 0.01
1991-1992 0.9 0.07 0.06 0.06 0.01 0.19 0.34 0.18 0.6 0.06 0.11 0.28 0.24
1992-1993 0.1 0.41 0.14 0.07 0.08 0.13 0.5 0.14 0.07 0.08 0.09 0.07 0.16
1993-1994 0.09 0.05 0.44 0.22 0.1 0.07 0.12 0.06 0.06 0.08 0.62 0.25 0.18
1994-1995 7.74 8.85 0.12 0.11 0.13 0.12 0.20 0.12 0.08 0.09 4.75 1.37 1.97
Moyenne 2.12 1.45 0.86 0.24 0.49 0.41 0.49 0.42 0.89 0.84 0.62 0.47 0.89
Min(débit mensuel) 0 0.01 0.01 0.01 0.01 0.03 0.03 0.01 0 0 0 0 0.15
Max(débit mensuel) 12.93 8.85 6.48 1.44 6.02 2.78 2.91 3.23 3.47 5.11 4.75 2.68 2.78
L’étude hydrologique du projet du barrage sur l’oued Oumrahal (BRL, 1998a) juste à
l’Est de l’oued El Arab a permis d’estimer les débits de crues décennale et centennale à 400
et 650 m3/s.
101
6.2.2.7. Versant oriental de la dorsale des mozabites
On peut résumer les caractéristiques des oueds les plus importants dans le tableau
6-14 suivant :
Tableau 6-14: Nombre de jour de crue des oueds de la dorsale mozabite (BRL, 1998a)
En moyenne, on peut compter sur deux jours de crue par an et les débits peuvent
atteindre 300 m3/s pour de fortes crues.
Une étude des crues de l'oued Mzab BRL (1998a) a estimé les débits de crue
décennale et centennale à 205 et 722 m3/s.
En plus de ces oueds, il faut ajouter l'oued Rtem, parallèle à l'oued Ittel, à la limite
nord de la dorsale mozabite. Les crues violentes de cet oued constituent une menace
permanente pour la palmeraie de M'rara.
Sur l'oued Mzab, la totalité ou presque de l'eau est récupérée : de 1921 à 1950, la
moitié des crues atteignant le premier barrage (Abbes Djdid) sont parvenues à Malika et
seulement un quart ont franchi le barrage d'El Ateuf, plus en aval.
Ces investissements modestes permettent d'irriguer plus de 1000 ha, soit 15 à 20
millions de m3 annuels. A comparer aux surfaces irriguées par les grands barrages de Foum
El Guerza et de Djorf Torba.
Conclusion
Malgré la dégradation du réseau hydrographique ancien du Sahara, il est encore
possible de discerner une organisation hydrographique dans le modèle actuel. A l’occasion
de fortes pluies, ce réseau hydrographique peut être le siège d’écoulements importants, vers
l'intérieur du Sahara, dans des formations en communication avec les nappes aquifères
souterraines. Ainsi, le domaine du Sahara septentrional reçoit, en moyenne, 62 Milliards de
m3 de pluies par an (57 mm). Ces pluies sont inégalement réparties dans l’espace,
irrégulières et très variables. Les zones les plus pluvieuses sont l’Atlas saharien, le Dahar et
le Jebel Nefusa. Ces pluies peuvent être importantes et provoquer des ruissellements
considérables aux zones d’alimentations affleurements des géologiques. Celles-ci s’infiltrent
dans les formations aquifères et alimentent les aquifères justifiant la faisabilité hydrologique
de la recharge.
102
Chap.7 : L’INFILTRATION ET LA RECHARGE DES NAPPES DU SAHARA
SEPTENTRIONAL
Introduction
Les eaux de pluie et de ruissellement, observées au Sahara septentrional, peuvent
se perdre dans des formations perméables. Cependant, il existe peu d’indications précises et
de travaux portant sur la quantification de la recharge des nappes sahariennes, et cette
question est toujours demeurée sans réponse véritable. Le développement des modèles qui
peuvent calculer la recharge par calage des transmissivités a accrédité une telle situation
(OSS, 2003b). Nous essayerons de quantifier la recharge actuelle des nappes du Sahara
septentrional, qui s’effectue par infiltration :
- des eaux de ruissellements à la périphérie du domaine …notamment de l’Atlas saharien
dans le nord-ouest, du Dahar et du J. Nefusa à l’est. Des ruissellements en bordure de
plateau peuvent également participer à l’alimentation de la nappe, et en particulier sur le
bord occidental et méridional du Tademaït et sur le bord méridional du Tinrhert.
L’alimentation de la nappe du CI se fait également par drainance des eaux du
Paléozoïque.
- des pluies d’années exceptionnelles. Sur le Grand Erg Occidental, l’eau infiltrée traversant
d’abord les sables dunaires, puis les formations perméables du complexe terminal avant
de rejoindre la nappe du Continental Intercalaire proprement dite (ERESS, 1972b).
103
BRL (1998a) notera toutefois que ces données ne sont pas homogènes à cause des
périodes d’observations différentes et les variations de superficies des bassins-versants.
Elles ont, néanmoins, permis d’attribuer à chaque bassin-versant de la zone de ruissellement
(Atlas saharien) une fourchette de valeur pour la lame d’eau écoulée (Tableau 7-2).
Tableau 7-2 : Estimation des écoulements de références par zone géographique (BRL, 1998a)
Zone Bassin- Surface (Km2) Lame d’écoulement annuel Volume annuel écoulé
géographique versant (mm) (Mm3/an)
(Oueds) Estimation Estimation Estimation Estimation
basse haute basse haute
Mzab, Aurès, Aurès
27930 7 14 196 391
Nemencha Nemencha
Dj. Amor, Oued Djedi
23900 3 8 72 191
Ouled Naïl
Ksour O.El Melah,
O.Mouila,
22200 5 8 111 178
O.Rharbi
O.Namous
Région de O. Bechar
5800 1 3
Béchar
Zouzfana Oued
16600 5 7
Zouzfana
Djorf Torba O. Guir 22000 7 9 154 198
Total versant Sud Atlas
118430 538 968
saharien
On aboutit ainsi à une estimation d’un apport ruisselé annuel de 500 à 1000 Mm3 (4 à
8mm) pour l’ensemble du versant sud de l’Atlas Saharien, de l’oued Guir aux Nemencha
(BRL, 1998a). Si on se limite aux zones géographiques qui intéressent le domaine du SASS
(Mzab, Aurès, Nemencha, Dj. Amor, Ouled Nail et Ksour), le volume écoulé annuel s’établit
entre 389 Mm3 (estimation basse) et 760 Mm3 (estimation haute).
104
7.1.1. Application à l’estimation du ruissellement sur l’Atlas saharien
On peut définir huit bassins-versants principaux (bassins-versants 1 à 8, Fig.6-1) qui
descendent de l’Atlas Saharien en direction de la zone d’influence du SASS :
Parmi ces bassins, deux ont fait l’objet d’observations hydrométriques : il s’agit de
l’Oued Namous à Hassi Mamoura, et de l’Oued Seggeur à la station de Brézina. Nous allons
utiliser ces observations, rapportées par BRL (1998a), pour vérifier si la formule de FERSI
est applicable dans les conditions de l’Atlas saharien.
Pour chaque bassin-versant, on détermine l’indice de pente globale IG donné par la
relation :
Hmax : Altitude maximum
IG = H max− H min avec : Hmin : Altitude minimum
L L : longueur du réctangle équivalent de l’oued
Classe
Fig.7-3 : Plages de
pluie moyenne sur
Brezina le bassin-versant
de l’oued seggeur
à Brezina
Classe
105
Dans le tableau 7-4 figurent à la fois les données d’observation concernant ces deux
derniers oueds et les valeurs annuelles de ruissellements moyens correspondantes
calculées par la formule de FERSI.
Fig.7-5 : Plages de
pluie moyenne sur le
bassin-versant de
l’Oued Namous
Classe
Fig.7-7 : Plages de
pluie moyenne sur le
bassin-versant de
l’Oued seggeur
Classe
106
Tableau 7-5 : Ruissellements calculés sur les bassins-versants de l’Atlas saharien
Pmoy IG Vr
Bassin-versant (mm) (m/km) Lr (mm) S (km2) (Mm3)
Oued Namous (ensemble du
bassin) 128 4.09 4.24 19052 81
ATLAS SAHARIEN
La formule de FERSI peut donc être élargie aux autres bassins-versants du Sahara
septentrional (Dahar, Aurès, Gharsa, Mzab, Nefusa et Sawfajjin). En première analyse, Nous
avons pu dénombrer plus d’une quarantaine de bassins-versants au Sahara septentrional
(Fig.7-9).
107
9 11
12 13
10
8 14
15
6 29
5 16 39
7
30 38
18 17 31 37 40 41
3 4 32
19
42
20 45
44 43
21 33
22
23
2 24
1
34
25
26
27 36 35
28
108
7.1.2.1. Zone du Dahar
Sur le Dahar tunisien, les bassins-versants ont été regroupés par secteurs. Chacun
contenant plusieurs sous-bassins des oueds (BV 29 à 33). Pour les secteurs des oueds
Mahbes, Lisseri, Djeneïene et Tiaret le volume moyen ruisselé a été évalué par FERSI
(1979b) à 26 Mm3/an.
Pour le secteur de l’oued Hallouf, (3396 km2) la grille de pluies correspondante est
présentée sur la Fig.7-10. Le décompte, sur l’histogramme, des cellules de même valeur
(Fig.7-11) sur cette aire fournit une pluie moyenne de 130 mm. Avec une pente moyenne IG
de 6.28 m/km, la lame d’eau calculée est de 5.34 mm soit un volume de 18 Mm3.
Nombre de
valeurs
Fig.7-13 :
Fig.7-12 : Grille de
Histogramme de pluie
pluie moyenne de la
moyenne de la zone
zone de l’Oued
de l’Oued Hiram
Hiram
Classe
L’application de ce procédé aux 8 zones a permis d’évaluer le ruissellement sur ces
bassins-versants à 133 Mm3/an. Le même calcul donne pour le bassin-versant de l’oued
Sawfajjin un volume moyen ruisselé de 50 Mm3/an.
Le Tableau 7-6 ci-après résume le ruissellement moyen annuel calculé sur le Dahar,
les Aurès, Chott Gharsa, la dorsale du M’zab, la zone Tinrhert - Hamada et le Nord et nord-
est de la Libye.
Total DAHAR 44
Oued Biskra 186 20 13.66 2800 38
Oued Biraz(ou Abiod) 175 25 14.35 1100 16
Oued El Arab 206 16 13.51 3100 42
Oued El Djerah 174 13.21 10.36 8650 90
Total AURES 186
Oued El Melah 160 8.72 7.75 12156 94
Total GHARSA 94
Oued Ittel 95 3.44 2.89 5000 14
Oued Rtem 103 3.26 3.05 4500 14
Oued Attar 88 3.08 2.54 8000 20
O. Zegrir 108 2.97 3.06 4100 13
O. N'sa 85 2.54 2.22 7800 17
O. M'zab 66 2.49 1.71 5000 9
O. Metlili 59 3.72 1.88 1700 3
O. Touil 42 2.53 1.10 6326 7
O. Fahl 37 2.47 0.96 5777 6
O. Gouiret Moussa 35 1.09 0.59 2755 2
O. Djafou 33 1.58 0.68 1790 1
O. Djoua 26 3 0.74 8106 6
O. Ech Cheguig 28 0.95 0.44 19407 9
O. Mya 23 1.43 0.44 21972 10
O. In Sekki 23 1.49 0.46 11113 5
Total DORSALE MZAB 136
110
Tableau 7-6 (suite) : Ruissellements calculés sur les bassins-versants du SASS
Pmoy IG Lr 2 3
Bassin-versant (mm) (m/km) (mm) S (km ) Vr (Mm )
Si l’on considère que 30% des écoulements de référence de l’Atlas, mentionnés sur
le tableau 7-2 s’infiltrent, le volume infiltré dans l’Atlas se situerait dans une fourchette de
116.7 à 228 Mm3/an. Le volume infiltré calculé pour l’Atlas saharien (133.8 Mm3/an) cadre
bien avec la fourchette définie par BRL (1998a).
111
7 8
1
5
9 6
2 11
13
12
10 4
3
Pour chaque zone de recharge potentielle, nous avons délimité les affleurements
perméables utiles. La pluie moyenne correspondante y est obtenue par interpolation (linéaire
pondérée par l’inverse des distances) des isohyètes de DUBIEF (1953) qui fournit une
surface discrétisée en cellules de 5x5 km. Le décompte sur l’histogramme des cellules de
même valeur sur une aire de recharge donnée fournira la pluie moyenne pondérée sur cette
surface. Nous présentons ci-dessous quelques exemples de calcul de l’infiltration directe à
partir de la pluie.
7.2.1. Nappe du CI
7.2.1.1. Grand erg occidental
Pour le grand erg occidental, la grille de pluies correspondant à la surface des
affleurements perméables utiles (87533 km2) est portée sur la Fig.7-15. Le décompte sur
l’histogramme des cellules de même valeur (Fig.7-16) sur cette aire fournit une pluie
moyenne de 38 mm ; soit un volume moyen de 3326 Mm3/an. En supposant que le
coefficient d’infiltration est de 1 %, on peut estimer le volume infiltré dans la nappe à 33.26
Mm3/an.
Nombre de
valeurs
Classe
112
7.2.1.2. Atlas saharien
Nombre de
valeurs
Classe
113
Tableau 7-8 : Infiltration directe dans les affleurements perméables utiles du CI
CONTINENTAL INTERCALAIRE
Surface Pluie moyenne Vmoyen Vi = 1% Vi = 10%
Nappe Zone (km2) (mm) (Mm3/an) Vmoyen Vmoyen
CI Atlas Saharien_CI 23302 218 5080 50.80 507.98
CI Adrar Ben Drich-Tinrhert 28129 14 394 3.94 39.38
CI Tidikelt-Touat-Gourara 55855 15 838 8.38 83.78
CI Grand Erg Occidental 87533 38 3326 33.26 332.63
CI Nefusa-Yefren 585 217 127 1.27 12.69
CI Dahar Tataouine 1157 130 150 1.50 15.04
Total CI 9915 99 992
7.2.2. Nappe du CT
7.2.2.1. Zone sud de Dahar et J. Nefusa (Tunisie-Libye)
La grille de pluies correspondant à la surface des affleurements perméables utiles du
Sénonien carbonaté (40329 km2) est portée sur la Fig.7-21. Le décompte, sur
l’histogramme, des cellules de même valeur (Fig.7-22) sur cette aire fournit une pluie
moyenne de 56.82 mm ; soit un volume moyen de 2291 Mm3/an. En supposant que le
coefficient d’infiltration est de 1 %, on peut estimer le volume infiltré dans la nappe à 22.91
Mm3/an.
Nombre de
valeurs
Classe
Fig.7-23 : Grille de
pluie des affleurements
du Sénonien carbonaté
Classe
sur le Mzab
Fig.7-24 : Histogramme de pluie des
affleurements du Sénonien carbonaté sur
le Mzab
114
7.2.2.3. Zone de Tademaït
La grille de pluies correspondant à la surface des affleurements perméables utiles du
Sénonien carbonaté sur le Tademaït (22721 km2) est portée sur la Fig.7-25. Le décompte
sur l’histogramme des cellules de même valeur (Fig.7-26) sur cette aire fournit une pluie
moyenne de 24 mm ; soit un volume moyen de 545 Mm3/an. En supposant que le coefficient
d’infiltration est de 1 %, on peut estimer le volume infiltré dans la nappe à 5.45 Mm3/an.
Nombre de
valeurs
Classe
Les résultats de calculs dans les affleurements perméables utiles par zone de
recharge de la nappe du CT (Sénonien carbonaté, Miopliocène et Turonien) sont consignés
dans les tableaux 7-9 et 7-10.
Tableau 7-9 : Infiltration directe sur les affleurements perméables utiles du Sénonien carbonaté
COMPLEXE TERMINAL
Surface Pluie moyenne Vmoyen Vi = 1% Vi = 10%
Nappe Zone (km2) (mm) (Mm3/an) Vmoyen Vmoyen
Limite Nord des chotts
Sen-C algériens 2582 151 390 3.90 38.99
Sen-C Mzab 9328 48 448 4.48 44.77
Sen-C Tadmaït 22721 24 545 5.45 54.53
Sen-C Tinrhert 27943 28 782 7.82 78.24
Sen-C Tunisie-Libye_Dahar 36419 62 2258 22.58 225.8
Sen-C Tunisie-Libye_Nefusa 15300 64 979 9.79 97.9
Sen-C Sud Libye 1036 29 30 0.30 3.00
Sen-C Dahar Matmata 208 89 19 0.19 1.85
Sen-C Nord des chotts tunisiens 0 0.00 0.00
Total Sen-C 188833 5455 55 545
Miopliocène et Grd Erg
MPL Oriental 197255 40 7890 78.90 789.02
TOTAL SenC + MPL 13341 133 1334
Tableau 7-10 : Infiltration directe sur les affleurements perméables utiles du Turonien
TURONIEN
Surface Pmoy Vmoy Vi = 1% Vi = 10%
Nappe Zone (km2) (mm) (Mm3/an) Vmoy Vmoy
Tu Mzab 1097 43 47 0.47 4.72
Tu Tadmaït 260 27 7 0.07 0.70
Tu Tinrhert 360 20 7 0.07 0.72
Tu Nefusa-Khums 2040 185 377 3.77 37.74
Tu Nefusa-Yefren 2315 166 384 3.84 38.43
Tu Dahar Tataouine 1500 109 164 1.64 16.35
Total Tu 987 9.87 98.66
TOTAL CT SenC + MPL + Tu 14451 145 1445
115
En première analyse, on peut donc encadrer l’infiltration directe dans les
affleurements perméables utiles des nappes du CI et du CT. Le volume total d’eau précipité
dans les affleurements perméables utiles du CI et du CT serait, d’après ces calculs, de
24243 Mm3/an. Les coefficients d’infiltration de 1 ou 10% ne sont là que des hypothèses de
travail. En effet, Ils pourraient varier d’une région à une autre et sont fortement liés aux
caractéristiques physiques du terrain.
Conclusion
116
Chap.8 : CONDITIONS HYDRODYNAMIQUES DE LA RECHARGE DU SASS
Introduction
Nous avons vu dans les chapitres précédents que les conditions géologiques et
hydrologiques du Sahara septentrional offrent des possibilités de recharge des nappes
aquifères dans leur zone d’affleurement. Dans ce chapitre, nous essayerons de montrer la
faisabilité hydrodynamique de ce phénomène par le calcul des flux de transit aux zones
d’alimentation. Ceux-ci sont donnés, en régime permanent, par la loi de Darcy. Nous
utiliserons les cartes piézométriques, en régime permanent du CI et du CT, élaborées dans
le cadre du projet SASS (OSS, 2003a et 2003b).
Les zones exutoires, suggérées par les points d’aboutissement des lignes de courant
dessinées par la carte piézométrique sont :
le Touat-Gourara et le Tidikelt,
l’exutoire tunisien marqué par la faille d’El Hamma,
l’exutoire libyen au niveau de Ain Tawargha.
L’anomalie piézométrique, sur la dorsale d’Amguid, ne peut être expliquée que par une
drainance verticale vers le Complexe Terminal, à travers les failles de cette zone.
117
: Direction d’écoulement
Fig. 8-1 : Carte piézométrique de référence du Continental Intercalaire (OSS, 2003a et b))
118
: Direction d’écoulement
Ne disposant pas de points de mesures, nous avons été amené à utiliser les niveaux
statiques reportés sur les cartes géologiques au 1/500 000e de Kerzaz et de Béchar. La
piézométrie a été calculée à partir d’un MNT (modèle numérique du terrain). Nous portons
sur la figure 8-3 ci-dessous l’allure des courbes piézométriques.
2° 0° 2°
Limite de la
B
nappe du CI
32°
31°
A
30°
119
Le flux de transit est donné par l’équation de Darcy qui s’écrit : Q = T * i * L
Avec : Q : le débit
T : la transmissivité de la formation aquifère
L : la largeur du front de la nappe
i = ∆h/l : est le gradient hydraulique où ∆h est la différence de charge hydraulique
entre deux points situés sur la même direction d’écoulement et distants d’une longueur l.
Il n'y a pas eu d'essai permettant de mesurer la transmissivité dans l'Erg Occidental.
Tout au plus sait-on que 3 sondages ont permis d'obtenir une dizaine de l/s pour un
rabattement de l'ordre du mètre, mais pour une pénétration variable dans l'aquifère (Hal HI -
GK101 -Hassi lukhal). La transmissivité correspondante serait de l'ordre de quelque 10-2
rn2/s (SOGREAH, 1970). Le débit calculé, à travers la section AB, est consigné dans le
tableau 8-1 ci-dessous.
T (m2/s) 1 .10-2
i 1,6/1000
L (m) 530000
3
Q (m /s) 8,48
Il ressort de ces calculs que 8.48 m3/s, provenant de l’Atlas saharien, rentrent dans la lisière
de l’Erg occidental.
8.2.2. Le Dahar
Selon la section AB, la transmissivité est de 18,5. 10-3 m2/s (moyenne des
transmissivités de la région de Bir Amir (T = 44. 10-3 m2/s) et celles de la région Borj el Baff
et Beni Guendil (T=5,7. 10-3 m2/s).
Selon la section CD, la transmissivité est de 5.10-3 m2/s (moyenne des transmissivités de la
région de Borj el Baff (T = 5,7.10-3 m2/s), du sondage Bir Zar et celle du sondage
Makhrouga2 (YAHYAOUI, 1996).
Les débits calculés aux sections AB et CD (Fig.8-4) sont consignés dans le tableau 8-2. Le
flux de transit sur le Dahar peut être établi dans l’ordre de 0.3 m3/s.
10° 11°
Fig.8-4 : Piézométrie
du CI du Dahar
32°
120
8.2.3. Le J. Nefusa
8.2.4. Le Tinrhert
Les transmissivités, dans cette partie du système, sont comprises entre 0.5 et 5.10-3
m /s, (OSS, 2003a). En adoptant une valeur moyenne de 2.75.10-3 m2/s, le débit calculé,
2
L (m) 221000
3 A
Q (m /s) 0,303
Fig.8-6 : Piézométrie du CI dans
le Tinrhert
Dans cette zone, les forages situés dans la région de Tolga et Biskra donnent des
transmissivités comprises entre 2. 10-3 et 7. 10-3 m2/s (SCET, 1972). Nous adoptons la
valeur moyenne de 4,5 .10-3 m2/s. Le débit calculé, suivant la section AB, est reporté dans le
tableau 8-5.
121
Tableau 8-5 : Flux de transit dans la zone Atlas saharien
Section AB A
(isopièze 400)
34°
T (m2/s) 4.5. 10-3
i 3 /1000
33°
L (m) 220000 B
Q (m3/s) 2,97
Fig.8-7 : Piézométrie du CT de la
zone Atlas saharien
8.3.2. Le Dahar
Les transmissivités des nappes alluviales reposant sur les sables wealdiens sont
comprises entre 0,5. 10-3 et 5. 10-3 m2/s. Nous utilisons la valeur moyenne pour calculer le
débit transitant suivant la section AB (Fig.8-8 ; Tableau 8-6).
Nous utiliserons pour le Jebel Nefusa la transmissivité du forage WG-15, donnée par
SRIVASTAVA (1981), qui est de 0,0996 .10-3 m2/s, le débit calculé, suivant la section AB, est
reporté dans le tableau 8-7.
122
La transmissivité du CT dans cette zone est donnée par le forage Aïn Cheïkh de
numéro 576F11, implanté dans les calcaires du Sénonien. Elle est de 15.10-3 m2/s. Le débit
de transit calculé, suivant la section AB, est reporté dans le tableau 8-8.
3°
4°
Dans cette zone, nous adoptons la transmissivité de 1,28.10-3 m2/s, donnée par
SRIVASTAVA (1981). Le débit calculé, suivant la section AB, est reporté dans le tableau 8-9.
123
8.3.7. Zone Nord des chotts algériens
Tableau 8-11 : Flux de transit dans la zone Nord des chotts algériens
Section AB
(isopièze 100) 35°
T (m2/s) 1 .10-3 A
B
i 1.6 /1000
L (m) 150000
3
Q (m /s) 0,240
Fig.8-13 : Piézométrie du CT de la
zone Nord des chotts algériens
Les transmissivités données par les forages Segdoud CT1, oued Naguess, oued Shili
1 et 2, se situent entre 5 et 9 10-3 m3/s (OSS, 2003a). Nous adopterons une transmissivité
moyenne de 6.5 m3/s. Le débit calculé, suivant la section AB, est reporté dans le tableau 8-
12.
Tableau 8-12 : Flux de transit dans la zone Nord des chotts tunisiens
Section AB 8° 9° 10°
(isopièze 75)
A 90
75 B
T (m2/s) 6.5 .10-3 34°
50
i 1.2 /1000
L (m) 126000
Q (m3/s) 0.982
Fig.8-14 : Piézométrie du CT de la
zone Nord des chotts tunisiens
124
hypothétiques. Ces paramètres sont fortement impliqués dans le calcul des flux par la loi de
Darcy.
Conclusion
Les cartes piézométriques mettent en évidence les directions d’écoulements
souterrains des zones d’alimentation des nappes vers leurs exutoires. Les flux de transit
calculés traduisent les débits d’écoulements des eaux souterraines infiltrées aux zones de
recharge du CI et du CT vers l’intérieur du domaine. La recharge est matérialisée à travers
ces débits qui témoignent de sa faisabilité hydrodynamique.
125
Chap.9 : LES CONDITIONS GEOCHIMIQUES DE LA RECHARGE DU SASS
Introduction
La géochimie est, de plus en plus, mise à contribution dans l’étude des eaux
souterraines. Elle permet, entre autres, de préciser l'origine des eaux d’infiltration. Nous
tenterons, ici, de mettre en exergue les zones de recharge potentielles et l’occurrence d’une
alimentation actuelle des nappes par les caractéristiques chimiques et les cachets
isotopiques des eaux. Nous intégrerons la datation par le radiocarbone dans le schéma
hyrodynamique des aquifères du Sahara septentrional.
126
Assez souvent, des anomalies dues à l’hétérogénéité de l’aquifère et parfois au fait
que les mesures ne correspondent pas à la même date rendent difficile l’établissement de
corrélation spatiale.
La situation ainsi représentée est celle qui est la plus proche de l’état initial (1950) du
système (OSS, 2003a). Elle permet de mettre en évidence certaines hypothèses sur la
recharge des aquifères et la continuité latérale de l’écoulement.
L’examen de cette carte permet de localiser les mêmes zones d’alimentation et les
zones d’exutoire indiquées par les directions d’écoulement. On distingue :
• une zone faiblement minéralisée (moins de 2 g/l) sur la bordure Ouest et Sud-Ouest
du bassin, correspondant aux zones d’alimentation du Mzab et du Tademaït,
• une zone faiblement minéralisée, centrée sur la partie Est du Grand Erg Oriental et
correspondant aux zones d’infiltration directe des eaux de pluie dans les sables
dunaires. Cet aspect est particulièrement mis en évidence sur le flanc occidental du
Dahar,
• une zone faiblement minéralisée sur le flanc sud du Jabal Nafusa correspondant à
une zone de recharge de la nappe,
• une zone à moins de 2.5 g/l centrée sur le Draa Djérid en Tunisie correspondant à
l’affleurement des sables aquifères.
Les zones à forte minéralisation (plus de 5 g/l) sont axées sur la partie Nord de Oued Rhir
(entre Meghaeir et Djamaa), sur El Hadjira (entre Ouargla et Touggourt) et sur la ligne Hassi
Messaoud au Sud, jusqu’au Nord du Chott Melrhir.
L’accroissement de la minéralisation vers les dépressions fermées (chotts et sebkhas) traduit
la convergence des écoulements souterrains de la nappe du CT vers ces zones qui
constituent ses exutoires naturels.
127
l’Atlas saharien au Nord-Ouest où l’on rencontre de très faibles minéralisations,
le Grand Erg Occidental présentant des salinités inférieures à 1 g/l,
le plateau de Tademaït où les faibles minéralisations (< à 2 g/l) témoignent d’une
infiltration des eaux de pluie,
plateau du Dahar où la minéralisation (pouvant atteindre 3 g/l par endroits) est
supérieure à celle observée aux autres zones d’alimentation, mais le gradient de
salinité y est assez net en direction de l’Exutoire tunisien,
le Plateau du Tinrhert et le Jabal Hassawna à faible minéralisation (< à 1 g/l),
le Jabal Nafusa à faible minéralisation (< à 1 g/l).
9.2. Les isotopes et leurs apports dans l’étude des nappes du Sahara
septentrional
Depuis le début des années 1970, les techniques isotopiques sont de plus en plus
mises à contribution dans l’étude des eaux souterraines. Elles sont ainsi devenues, de nos
jours, l'un des principaux outils de recherche appliquée dans le domaine. Les teneurs en
isotopes stables (18O, 2H, 13C), radioactifs (3H, 14C,36CI) mais également en gaz rares
(Xe, Ne, Ar, Kr , He) permettent de préciser l'origine des masses d'eau de ces aquifères,
ainsi que la variabilité de leur recharge dans le temps et la reconstitution des climats anciens
(MOULLA et al., 2002).
Nous présentons, dans ce qui suit, quelques isotopes et l’apport des techniques
isotopiques dans l’étude des eaux souterraines du Sahara septentrional.
128
(R)eau −(R)SMOW
δ (%o) = x 1000 avec R = 18O/16O ou 2H/1H
(R)SMOW
Par exemple, une valeur δ 18O = -10 %o signifie que l'eau analysée est déficitaire en
18
O de 10 %o par rapport au SMOW.
L'étude de la covariation en 2H et 18O est réalisée par un graphique de δ 2H en
fonction de δ 18O pour lequel la fonction de corrélation mondiale définit la ligne des eaux
météoriques (CRAIG, 1961) :
δ 2H = 8 δ 18
O + 10
Carbone 13 et Soufre 34
En hydrogéologie, les isotopes stables 13C et 34S sont d’un grand intérêt puisqu’ils
permettent l’étude des environnements sédimentaires d’origine organique (carbonates) et
évaporitique (à sulfates et sulfures). Ces isotopes sont cependant encore peu utilisés du fait
de la complexité des réactions et processus mis en jeu. Les abondances relatives des
isotopes du carbone et du soufre sont (FRITZ et FONTES, 1980) : 12C : 98,89% ; 13C : 1,11%
; 14C : 10-10 % ; 32S : 95,02 % ; 33S : 0,75 % ; 34S : 4,21 % ; 36S : 0,02 %.
La variation δ 13C (par rapport au standard des carbonates PDB « Pee Dee
Belemnitella » est contrôlée par l'ensemble du cycle géochimique des carbonates
(dissolution et précipitation), le carbone gazeux (CO2) et le carbone organique (organismes
vivants et matières organiques de dégradation). Pour le carbone gazeux (CO2) dans le sol
δ 13C est égal à -20 %o. Le δ 13C des roches carbonatées est d’environ 0 %o, ce qui est
compréhensible car elles sont précipitées à partir de l’océan qui a une valeur similaire
(FETTER,1994). Dans l'atmosphère, δ 13C est égal à -7 %o (DREVER, 1988). Son évolution
dans la phase gazeuse est principalement gérée par la respiration des organismes et leur
dégradation, alors qu'elle est gérée dans la phase aqueuse par la géochimie et l'oxydation
de la matière organique dissoute.
La variation δ 34S dépend principalement de la géochimie des minéraux
évaporitiques (sulfates) et des sulfures, même si une contribution de la matière organique
(tourbière et charbon) et du H2S serait notée. Son application vise surtout à l'identification
des minéraux contribuant aux concentrations retrouvées dans les eaux et aux processus mis
en jeu (dissolution, précipitation, oxydation, réduction) (FETTER,1994 ).
129
Les isotopes 13C et 34S sont encore moins utilisés en hydrogéologie par rapport aux
isotopes stables des constituants de l'eau (2H et 18O) ou aux isotopes radioactifs abordés aux
paragraphes suivants.
130
Le 36Cl peut aussi être utilisé pour dater une eau souterraine plus ancienne que celle
pouvant être datée par la 14C. On peut déterminer le rapport 36Cl au Cl total. Plus ce
rapport est élevé, plus l’eau est jeune. L’eau océanique est suffisamment ancienne pour
que peu (ou pas) de 36Cl s’y trouve (FETTER, 1994)
131
Tableau 9-1 : Relation activités – âges du 14C des eaux du CI
14
Type C Y = Age
N° Pays Bassin Identifiant Nom ou localisation Aquifère d’ouvrage ( % ) estiméSource
1 A Occidental 70/2 Beni Abbès Néogène Foggara 104.9 20CONRAD et FONTES, 1972
2 A Occidental 70/8 Ain El Dhobb Paléoz. Puits 106.6 20CONRAD et FONTES, 1972
3 A Occidental 70/6 Igli Gd Erg Puits 38.8 1312CONRAD et FONTES, 1972
4 A Occidental 70/1 Beni Abbès Gd Erg Exurgence 31.1 3239CONRAD et FONTES, 1972
5 A Occidental 70/3 Beni Abbès Gd Erg Exurgence 32.8 2775CONRAD et FONTES, 1972
6 A Occidental 70/18 Kerzaz Gd Erg Puits 38.3 1425CONRAD et FONTES, 1972
7 A Occidental 70/4 Hi. Zguilma Hd. Guir Puits 49.4 -791CONRAD et FONTES, 1972
8 A Occidental 70/5 Hi. Zguilma Hd. Guir Puits 48.4 -613CONRAD et FONTES, 1972
9 A Occidental 71/16 Hamaguir (103 K 1) CI Forage 18.9 7575CONRAD et FONTES, 1972
10 A Occidental 70/16 Timimoun CI Puits 30.9 3295CONRAD et FONTES, 1972
11 A Occidental 70/15 Hi. Marroket (66 L 7) CI Forage 1.0 33522CONRAD et FONTES, 1972
12 A Occidental 70/14 El Goléa CI Forage 32.0 2990CONRAD et FONTES, 1972
13 A Occidental 70/9 Adrar CI Puits 24.4 5351CONRAD et FONTES, 1972
14 A Occidental 70/10 Bou Ali (344 O 4) CI Foggara 22.3 6135CONRAD et FONTES, 1972
15 A Occidental 70/11 Reg. Ville CI Puits 33.2 2670CONRAD et FONTES, 1972
16 A Occidental 71/14 Reg. Plateau CI Forage 33.5 2591CONRAD et FONTES, 1972
17 A Occidental 71/15 Aoulef El Arab (53 O 5) CI Foggara 38.8 1312CONRAD et FONTES, 1972
18 A Occidental 70/13 In Salah CI Puits 21.3 6555CONRAD et FONTES, 1972
19 A Occidental 71/9 Tit 101 CI Forage 36.0 1965CONRAD et FONTES, 1972
20 A Occidental Timimoun Puits Timimoun Puits CI Forage 30.9 3295GONFIANTINI et al., 1974
21 A Occidental Od Mahmoud Oulad Mahmoud CI Forage 54.0 25GONFIANTINI et al., 1974
22 A Occidental Adrar Puits Samatrach Adrar Puits Samatrach CI Forage 24.4 5351GONFIANTINI et al., 1974
23 A Occidental 334 O 4 Bou Ali (344 O 4) CI Forage 22.3 6135GONFIANTINI et al., 1974
24 A Occidental Sbaa Sbaa CI Forage 46.5 -264GONFIANTINI et al., 1974
25 A Occidental Reggane Reggane CI Forage 33.5 2591GONFIANTINI et al., 1974
26 A Occidental 53 O 5 Aoulef El Arab CI Forage 38.8 1312GONFIANTINI et al., 1974
27 A Occidental In Salah In Salah CI Forage 5.6 18167GONFIANTINI et al., 1974
28 A Occidental In Salah Puits Hydra In Salah Puits Hydraulique CI Forage 21.2 6575GONFIANTINI et al., 1974
29 A Occidental Tit 101 Tit 101 Forage CI Forage 36.0 1965GONFIANTINI et al., 1974
30 A Occidental 73 L 7 Garet Louazoua CI Forage 10.0 13118GONFIANTINI et al., 1974
31 A Occidental 3N7 Timeldjane CI Forage 10.2 12946GONFIANTINI et al., 1974
32 A Occidental 4N7 El Hassene CI Forage 17.0 8498GONFIANTINI et al., 1974
33 A Central 130 H 7 El Assafia 1(Laghouat) CI Forage 54.7 25GONFIANTINI et al., 1974
34 A Central 408 H 11 Tamerna CI Forage 1.1 32337GONFIANTINI et al., 1974
35 A Central 119 I 8 Berriane CI Forage 1.3 30883GONFIANTINI et al., 1974
36 A Central 17 I 9 Guerrara 2 CI Forage 1.7 28547GONFIANTINI et al., 1974
37 A Central 436 I 11 Sidi Mahdi CI Forage 2.1 26707GONFIANTINI et al., 1974
38 A Central 112 I 8 Melika CI Forage 2.5 25189GONFIANTINI et al., 1974
39 A Central 447 J 10 Ouargla 1 CI Forage 1.4 30237GONFIANTINI et al., 1974
40 A Central 4K9 Daïet Remt CI Forage 5.2 18812GONFIANTINI et al., 1974
41 A Central Hi Messaoud Hi Messaoud CI Forage 4.1 20881GONFIANTINI et al., 1974
de
42 A Central 7 K 12 R el Baguel AB7 CI Forage 2.4 25544GONFIANTINI et al., 1974
43 A Central 12 N 12 Tin Fouyé CI Forage 17.3 8345GONFIANTINI et al., 1974
44 A Central 1 N 12 Tabankort CI Forage 9.9 13205GONFIANTINI et al., 1974
45 A Central Fort Flatters Fort Flatters CI Forage 22.8 5942GONFIANTINI et al., 1974
46 A Central 1J8 Hassi Fahl CI Forage 0.9 34084GONFIANTINI et al., 1974
47 A Central El Goléa El Goléa CI Forage 32.0 2990GONFIANTINI et al., 1974
48 A Central 66 L 7 Hi Maroket CI Forage 1.0 33167GONFIANTINI et al., 1974
49 A Central Hassi Infel Hassi Infel CI Forage 59.6 25GONFIANTINI et al., 1974
132
14
Type C Y = Age
N° Pays Bassin Identifiant Nom ou localisation Aquifère d’ouvrage ( % ) estiméSource
50 A Central 2 Bensmara 1 CI Forage 0.9 34084EDMUNDS et al., 2003
51 A Central 3 Daia Ben Dahoua CI Forage 1.6 29075EDMUNDS et al., 2003
52 A Central 6 Djebel Makrane (U1) CI Forage 60.0 -2483EDMUNDS et al., 2003
53 A Central 8 Berriane 2 CI Forage 0.5 39202EDMUNDS et al., 2003
54 A Central 12 El Mir CI Forage 0.8 35110EDMUNDS et al., 2003
55 A Central 45 Hassi Ben Abdelleh 3 CI Forage 3.7 21775EDMUNDS et al., 2003
56 A Central 49 Zelfana I CI Forage 1.6 29075EDMUNDS et al., 2003
57 T Central 78 M'RARA MR3 CI Forage 0.5 39202EDMUNDS et al., 2003
58 T Central 101 NEFTA CI 1 CI Forage 5.8 17861EDMUNDS et al., 2003
59 T Central 103 TOZEUR CI 1 CI Forage 8.8 14231EDMUNDS et al., 2003
60 T Central 104 TOZEUR Cl 2 CI Forage 2.5 25189EDMUNDS et al., 2003
61 T Central 106 EL-HAMMA C 12 CI Forage 7.3 15858EDMUNDS et al., 2003
62 T Central 108 TAZRARIT CI 1 CI Forage 6.4 17004EDMUNDS et al., 2003
63 T Central 112 MANSOURA Cl 3 CI Forage 3.5 22259EDMUNDS et al., 2003
64 T Central 113 MANSOURA Cl 13 CI Forage 2.2 26302EDMUNDS et al., 2003
65 T Central 114 KEBILI CI 10 CI Forage 1.5 29637EDMUNDS et al., 2003
66 T Central 116 TAWARGHA CI 2 CI Forage 5.3 18646EDMUNDS et al., 2003
67 T Central 6664 Oued Nakhla CI Forage 0.2 47181GONFIANTINI et al., 1974
68 T Central 5664 CF1 CI Forage 0.9 34084GONFIANTINI et al., 1974
69 T Central 7305 Seftimi 2 CI Forage 6.6 16736GONFIANTINI et al., 1974
70 T Central BZA1 Bir Zobbas CI Forage 0.4 41145GONFIANTINI et al., 1974
71 T Central Ez A1 Om Zab CI Forage 2.9 23896GONFIANTINI et al., 1974
72 T Central ECH A1 Ech Chouech CI Forage 6.0 17566GONFIANTINI et al., 1974
73 T Central 6511 Oued Lorzot CI Forage 0.0 33167GONFIANTINI et al., 1974
74 T Central 6855 Oued Ouni CI Forage 53.3 25GONFIANTINI et al., 1974
75 T Central 5717 Ksar Gihilane CI Forage 1.6 29075ERESS, 1972d
7778/5 44.9
76 T Central Recifa 3b CI Forage 41ARANYOSSY et MAMOU, 1985
ARANYOSSY et MAMOU, 1985
77 T Central 5654 Borj Bourguiba CI Forage 2.7 24519
ARANYOSSY et MAMOU, 1985
78 T Central Ga. Tabourt Ga. Tabourt CI Forage 2.8 24202
ARANYOSSY et MAMOU, 1985
79 T Central El Borma 203 El Borma 203 CI Forage 1.4 30237
Bir Aouin Bir Aouin ARANYOSSY et MAMOU, 1985
80 T Central CI Forage 8.6 14431
6552/5 Matmata ARANYOSSY et MAMOU, 1985
81 T Central CI Forage 24.3 5387
19039/5 El Mahassen ARANYOSSY et MAMOU, 1985
82 T Central CI Forage 3.0 23601
83 L Oriental T/25/87 Mizda CI Forage 3.2 23176SALEM et al., 1996
84 L Oriental T/64/78 Sinawan CI Forage 6.6 16802SALEM et al., 1996
85 L Oriental T/96/76 Derj CI Forage 6.3 17169SALEM et al., 1996
86 L Oriental T/203/80 New T203/80 new (Ghadamis) CI Forage 5.7 18043SALEM et al., 1996
T276/77 (Ghadamis)
87 L Oriental T/276/77 CI Forage 1.1 32417SALEM et al., 1996
88 L Oriental T/277/77 T277/77 (Ghadamis) CI Forage 16.9 8549SALEM et al., 1996
L Oriental T/359/89 T/159/89 (SE Derj) CI Forage 1.4 30554SALEM et al., 1996
WG22 (Ghadamis)
90 L Oriental WG22 CI Forage 3.5 22259SALEM et al., 1996
91 L Oriental Agric. Project Agricultural Project CI Forage 3.1 23457SALEM et al., 1996
92 L Oriental Zintan Zintan (E Nalut) CI Forage 4.8 19473SALEM et al., 1996
93 L Oriental Seb. Mezezzem Seb. Mezezzem CI Forage 36.3 1888SALEM et al., 1996
94 L Oriental WS-2 Wadi Qirzah, well WS-2 Kiklah Forage 0.2 47181OSS, 2003a
95 L Oriental B1-39 Well B1-39 Kiklah Forage 0.2 47181OSS, 2003a
96 L Oriental ZZ13 Wadi Zamzam ZZ13 Kiklah Forage 0.2 47181OSS, 2003a
97 L Oriental W-6 Ash Shuwayref W-6 Kiklah Forage 0.2 47181OSS, 2003a
98 L Oriental J-18 Al Jufrah J18 Paléozoique Forage 0.3 43650OSS, 2003a
99 L Oriental Tawurgha source Tawurgha source Source Source 2.8 24202OSS, 2003a
133
Ces résultats ont été renforcés par l’étude d’EDMUNDS et al. (2003) dont les
résultats sont portés sur les figures 9-4 et 9-5. La figure 9-4 illustre l’évolution de δ18O et δ2H
le long de la ligne d’écoulement de l’Atlas saharien vers l’Exutoire tunisien. La figure 9-5
porte sur la distribution des teneurs en isotopes lourds par rapport à celle des météoriques
mondiales, et les données du CT avec les valeurs pondérées moyennes des eaux de pluies
actuelles (δ18O = -5.1, δ2H = -26 %o). Les résultats de l’étude de GONFIANTINI et al. (1974)
y ont été reportés pour comparaison. La moyenne des eaux de pluies actuelle affiche un
excès en 2H de 15 %o ; ce qui concorde avec la tendance observée partout pour la
Méditerranée orientale.
Atlas saharien :
La composition des eaux du CI près des affleurements de l’Atlas est confondue avec
celle de la droite des eaux météoriques avec des valeurs de -6,3 %o en 18O et -40 %o en 2H.
Ce sont là les valeurs de l’échantillon le plus enrichi de l’aquifère du CI aussi
134
significativement appauvri par rapport à la pluie actuelle. Cette eau, la plus récente,
contiendrait aussi une composante d’eau plus ancienne.
Les analyses de radiocarbone résultant de cette étude (EDMUNDS et al., 2003) ainsi
que des études précédentes sont portées sur le tableau 9-1. Les données de radiocarbone
limitées à la zone de recharge de l’Atlas saharien (> 60 % pmc), appuyées par les résultats
d’analyse des isotopes stables indiquent que la recharge ancienne (Holocène) et actuelle a
eu lieu à une distance de 100 km des montagnes atlasiques (Fig.9-4).
Ce n'est que dans les zones de recharge ou à proximité de celles-ci que l'on relève
des teneurs en 14C assez élevées. Ailleurs, les eaux ont en général une activité en 14C faible
ou nulle. Ainsi, 54.7% de carbone moderne ont été relevés à Laghouat sur le revers Sud de
l'Atlas saharien (GONFIANTINI et al., 1974), 54% à El Assafia1 et 60% à Djebel Makrane
(U1) (EDMUNDS et al. (2003).
Dahar et Tinrhert :
Sur le Dahar, les teneurs en isotopes lourds se situent entre -6.5%o et -5.5%o pour
18
O et entre -32%o et -52%o pour 2H. Ces teneurs correspondent à des pluies récentes
infiltrées sur les affleurements sablo-argileux du Continental intercalaire ainsi que la barre
calcaire du Turonien qui les recouvre (ARANYOSSY et MAMOU, 1985).
Dans le Tinrhert, on observe quelques teneurs légèrement plus hautes en 18O qu’au centre
du bassin. La nappe y est à faible profondeur et légèrement en charge ou libre. Les activités
de carbone moderne mesurées sur le Dahar ont présenté des teneurs de 53.3% à Ouled-
Ouni (ERESS, 1972d), 44.9% au forage Recifa 3b (N° 7778/5), et 24.3% au forage Matmata
(N° 6552/5) (ARANYOSSY et MAMOU, 1985).
Dans le Tinrhert ces teneurs s’élèvent à : 22.8% à Fort-Flatters, 17.3% à Tin-Fouyé
et 9.9% Tabankort. Ces activités décroissent depuis les zones de recharge, vers l’Exutoire et
rendent compte des temps de parcours (GONFIANTINI et al., 1974). Les teneurs en tritium
dans les eaux du Continental Intercalaire sont, en général, négligeables. La seule exception
vient de la source Ain el Guettar (à Chott Fedjej) qui a donné une concentration de 16 UT
(ARANYOSSY et MAMOU, 1985). Les fortes teneurs en 14C et en tritium témoignent d’une
contribution locale à l’alimentation.
135
vaste front de déversement des eaux du Grand erg occidental dans la nappe du Continental
intercalaire. Les hypothèses relatives à cette alimentation se trouvent confirmées et
généralisées à tout le Gourara. Sous le plateau du Tademaït, les eaux montrent des teneurs
en 18O de plus en plus basses, du Nord vers le Sud, qui suggèrent une participation
décroissante mais effective des eaux du Grand erg occidental.
Cette contribution est compatible avec le tracé régional des courbes piézométriques
et l'alimentation massive du Continental intercalaire par le Grand erg au niveau du Gourara.
Les eaux qui proviennent du Grand erg sont alors prises en charge par la circulation
générale Nord-Est - Sud-Ouest de la nappe du Continental intercalaire sous le Tademaït et
véhiculées vers les émergences du Touat. L'influence des eaux du Grand erg ne dépasse
guère l'axe de cette circulation : en effet, plus au Sud, mais toujours sous le Tademaït, on
retrouve des eaux aux caractéristiques proches de celles du Tidikelt. Les teneurs en 14C, de
l'ordre de 10% de carbone moderne, enregistrées pour les eaux prélevées sous le Tademaït
proviennent d'une contribution locale récente à partir de la nappe libre du Sénonien
(GONFIANTINI et al., 1974).
Des teneurs en tritium assez significatives ont été trouvées dans les eaux de la partie
centrale de l'Erg (CONRAD et OLIVE, 1972, CONRAD et al, 1975), ce qui suggère la
présence d'une fraction d'eau récente. L'étude des précipitations disponibles à Beni-Abbès
montre que des teneurs basses en isotopes lourds peuvent être relevées à l’heure actuelle
sans faire intervenir de période climatique plus humide (CONRAD et FONTES, 1970 ;
FONTES, 1976). Ces auteurs ont admis que la recharge de la nappe de l'Erg occidental ne
peut être strictement paléoclimatique. Il existe des réserves souterraines initialement
héritées de périodes anciennes humides qui sont réalimentées de façon très intermittente
par les évènements pluvieux exceptionnels.
Pour les aquifères libyens, l’excès en ²H a été évalué à 4 %o par MOSER et al.
(1983). SALEM et al. (1996) trouvent 2 à 12 %o d’excès en ²H et indiquent que ces valeurs
élevées sont le signe d’une infiltration d’eau météorique sous des conditions climatiques très
variées (époques différentes). Les observations faites précédemment ont montré que l’eau
est légèrement plus enrichie à l’Ouest qu’à l’Est du bassin dans Wadi Zam-Zam (SALEM et
al., 1980) ou près de Bani Walid (SRDOČ et al., 1980).
Cet enrichissement en 18O et en ²H est plus fort dans les sondages proches des
reliefs de Jabal Nafusa (18O = -6.33 %o et 2H = -39.5 %o à Nalut ; 18O = -7.27 %o et 2H = -47
%o à Zintan) où les eaux semblent être très influencées par des apports d’eau récente
(SALEM et al., 1996). Une recharge directe par la pluie, ou indirecte par ruissellement dans
des oueds est possible dans les affleurements (PALLAS, 1980). Une tendance similaire à
l’enrichissement avait été notée dans la région de Mizda, légèrement au Sud de J. Nefusa
par PALLAS et BUFILA (1978) puis par SRDOČ et al. (1980). Ces derniers attribuent les
valeurs relativement élevées à un mélange avec l’eau provenant du drainage vers le bas des
formations de l’aquifère supérieur, à savoir Yafrin et Ain Tobi.
136
Les eaux du Sebkha Mezezzem (2000 ans d’age) seraient composées d’un mélange d’eaux
anciennes et d’eaux récentes. Elles ont présenté une activité de tritium (3H) mesurable (2.6
UT), et une activité en 14C de 36 pmc (SALEM et al., 1996). Sinon, à l’exception de J .
Nefusa, le contenu en 3H est négligeable dans l’aquifère de Kikla (SALEM, 1998).
Les teneurs en isotopes stables des eaux de la nappe des sables miopliocènes et de
celles des calcaires sénoniens et éocènes présentent une grande dispersion. La recharge de
la nappe du CT semble avoir varié dans le temps, parallèlement à l’évolution du climat
durant les derniers millénaires.
Dans la zone centrale de la vallée de Oued Rhir (bassin central), GUENDOUZ (1985)
trouve des teneurs en isotopes lourds assez variables (δ18O = -5 à -7.2%o et δ2H = -48 à -
56%o). Les eaux sont situées en-dessous de la ligne des eaux météoriques
actuelles, comme le montre la Fig.9-5 ; ce qui signifie qu’elles ont subi l’évaporation avant de
rejoindre la nappe. Entre Ouargla et la zone des Chotts algériens (exutoire de la nappe), les
teneurs en isotopes lourds sont proches de celles de la nappe du Grand Erg Oriental.
Ce caractère évaporé des eaux de la nappe des sables est lié au mécanisme de son
alimentation. En effet, cette nappe est en charge sous le Bas-Sahara sauf à ses bordures
ouest et sud où s’effectue son alimentation actuelle à partir des eaux de surface.
Actuellement, les eaux de pluie et celles qui ruissellent sur les pentes de la dorsale du Mzab
subissent l’évaporation avant de rejoindre la nappe (GUENDOUZ, 1985).
La nappe logée dans les sables mio-pliocènes du sud tunisien (Sud-ouest du Chott
Djérid et le Djérid) contient des eaux qui reflètent les mêmes caractères en isotopes lourds
que celles du Grand Erg Oriental en Algérie, avec des teneurs en δ18O= -4.8 à -4.6 %o. Sur le
Draa Djérid, où ces sables sont en affleurement, les teneurs en δ18O= -4.36 à -3.9 %o
indiquent ainsi un pourcentage en eau évaporée non négligeable. En dehors de la région de
Deghoumès, les teneurs en 14C des eaux du CT du Djérid sont partout faibles traduisant
ainsi des âges relativement élevés. La vitesse d’écoulement souterrain y est estimée à partir
des âges corrigés à 2 - 4 m/an (MAMOU, 1990).
A côté de ce groupe d’eaux évaporées qui se situent en-dessous de la droite des eaux
météoriques actuelles, on peut distinguer un groupe d’eaux non évaporées qui s’alignent sur
la droite des eaux des précipitations actuelles. L’intersection de cette courbe avec la droite
des eaux météoriques se situe au point 18O= -8%o et 2H= -60%o.
137
Ces deux groupes traduisent le mécanisme d’alimentation récente de la nappe à partir des
eaux de pluie. Le premier groupe correspond à des eaux de crue qui ruissellent dans les
oueds en s’évaporant et le second à celui de l’eau qui s’infiltre directement sur les dunes
sans ruissellement (GONFIANTINI et al., 1974).
Dans la région de Tawargha-Misrata, les forages captant le Miocène ont donné des valeurs
de -7.6 %o pour 18O et -57 %o pour le 2H. Le forage Tawargha a révélé une teneur de
18.6% en 14C attestant ainsi la présence d’eau récente. L’excès en 2H affiché dans la
bassin de Wadi Suffajjin (-6.8 %o pour 18O et -45.5 %o pour le 2H au forage P10) montre
que les eaux se sont infiltrées directement dans la nappe sans subir d’évaporation.
Par ailleurs, l'enrichissement observé à El-Oued (δ18O = -3.5 %o) où la nappe est
profonde et captive peut être expliqué par une recharge paléoclimatique qui a subi une
modification de sa composition isotopique au cours de l'évolution de l'aridité dans ces zones
GUENDOUZ (1985), ce qui est en accord avec les teneurs faibles en radiocarbone. Des
explications similaires ont été proposées pour la nappe de l'Erg occidental (CONRAD et
FONTES, 1970) et les eaux des bassins de Kufra et Sirte (LIBYE) (EDMUNDS et WRIGHT,
1979).
Dans la Nefzaoua en Tunisie, les teneurs en isotopes lourds sont plus élevées que
celles des eaux des sables, mais accusent une dispersion qui résulte de la proximité de l’aire
de recharge du Dahar. Les teneurs en 14C des points d’eau situés à proximité de l’aire
d’affleurement de l’aquifère indiquent des activités relativement significatives d’une certaine
contribution d’alimentation moderne de la nappe. Un gradient décroissant de concentration
en 14C existe dans la Nefzaoua entre Douz et Kébili conformément au sens d’écoulement
de la nappe. Ce gradient permet d’évaluer la vitesse d’écoulement souterrain de 1 à 2m/an
(MAMOU, 1990).
Dans la région d’Al Jufra-Zmam, les teneurs en isotopes lourds de l’aquifère de Mizda
se rangent entre -10.2%o et -10.53%o pour l’18O et -75.5 à -79.6%o pour le ²H. Les eaux sont
appauvries en isotopes lourds. Les activités de 14C mesurées, comprises entre 0 et 0.8%
plaident pour une recharge paléoclimatique.
Dans la région de Ghadamès, le forage 1285/3/1 donne des teneurs en isotopes lourds de -
9.29%o pour l’18O et -68%o pour le ²H. Elles sont assez variables dans la région de
Tawargha-Misrata, et comprises entre -8.1%o et -9.5%o pour l’18O et -60%o et -68.3%o pour
le ²H. Les eaux sont moins appauvries en isotopes lourds que celles d’Al Jufra-Zmam.
On observe des teneurs assez homogènes dans la région de Khums-Misrata (entre -7.4 et -
7.7 pour l’18O et -56.6%o et -57.1%o pour le ²H) qui témoignent de la nature évaporée des
138
eaux. C’est dans la région de J. Nefusa qu’on trouve les teneurs les plus faibles (-6.2%o pour
l’18O et -41%o pour le ²H), attestant ainsi d’une recharge actuelle. L’excès manifeste en 2H
signifie que les eaux se sont infiltrées sans s’évaporer.
La nappe du Turonien est captée dans l’extrême Sud tunisien sur le piémont
occidental du Dahar et entre Jabal Nafusa et Ghadamès. Le cachet isotopique des eaux de
cette nappe est proche de celui des eaux du Continental Intercalaire. Elles se caractérisent
par de faibles teneurs en isotopes stables (18O= -8 à -9.5%o et 2H= -60 à -65%o) (ERESS,
1972d). La partie du Nefzaoua, située au Sud-Sud-Est du Chott Djerid, affiche des valeurs
en 18O entre -6,7 et -5,7 %o). La nappe de la Nefzaoua est principalement alimentée à partir
des affleurements crétacés du Dahar sur lesquels l'évaporation intervient peu lors de
l'infiltration (ARANYOSSY et MAMOU, 1985).
Deux échantillons ; Puits Cheguaïgua et El Hagla (TUN 41 et 46) prélevés dans la nappe
peu profonde dans la zone d'affleurement des calcaires (à 15 et 61 m) montrent qu'ils ne
sont pas évaporés. L'infiltration dans cette zone se fait apparemment rapidement à travers le
système de fracturation de la roche calcaire mettant l'eau à l'abri de la reprise évaporante.
Les valeurs des activités en 14C de 16.5% à El Gounna (TUN 28) et de 12% sur le
versant sud de la ride de Tozeur, au forage Deghoumess (TUN 68), peuvent signifier une
contribution locale à l'alimentation à partir des affleurements du Complexe Terminal dans la
région (ERESS, 1972d ; ARANYOSSY et MAMOU, 1985).
139
Fig.9-6 : Localisation des prélèvements et compositions isotopiques (δ18O /SMOW) des eaux du
Complexe terminal dans la région de Gabès (in GONFIANTINI et al., 1974)
Il s'agit d'un aquifère constitué par des dépôts localisés à la région littorale. Les eaux
artésiennes de cette nappe ont des teneurs en isotopes lourds remarquablement
homogènes et parmi les plus élevées de la région (δ18O= -6.0 à -6.3%o) (Fig.9-6). Ces eaux
sont représentatives de la recharge régionale et n'ont point subi d'évaporation. La seule zone
d'alimentation qui puisse alors convenir à cette recharge, qui plus au Nord se mélange aux
eaux du Continental intercalaire, est le revers oriental du Dahar entre El-Hamma et le Sud de
Médenine. Dans la région de Médenine-Zarzis-Djerba, il n'y a pas d'apports à partir du
Continental intercalaire et la nappe est strictement alimentée par la recharge régionale
(GONFIANTINI et al., 1974).
9.2.3.1. Nappe du CI
L’isotope du 14C est utilisé pour dater les eaux dont l’âge est inférieur à 40000 ans.
Dans ce qui suit, nous essayons d’étudier la distribution des âges des eaux du CI. Pour ce
faire, les données isotopiques concernant l’activité en carbone 14 ont été rassemblées, ainsi
que les âges correspondants. Sur les quelque 72 points d’eau du CI possédant des valeurs
d’activité publiées dans les divers documents disponibles (cf.références), seule une vingtaine
comportent une estimation de l’âge correspondant (cf.tableau 9-2). La régression des
valeurs représentant l’âge de l’eau par l’activité carbone 14 (Fig.9-7) fournit une relation log-
linéaire, qui permet une estimation de l’âge des eaux pour l’ensemble de l’échantillon des 72
points d’eau (cf.tableau 9-1). Les âges les plus élevés sont de 45500 ans ; ils correspondent
à des forages proches de l’Exutoire tunisien, ou dans la partie méridionale du Graben de
Hun. Les eaux datées les plus jeunes ont 25 ans ; elles se situent en première analyse dans
les zones de recharge manifeste : le Dahar et l’Atlas saharien. Sur l’ensemble de
l’échantillon, l’âge moyen est égal à 18000 ans, et la valeur médiane est à 17500 ans, ce qui
dénote une distribution normale, attestée par l’allure de l’histogramme des âges classés
(Fig.9-8).
140
Tableau 9-2 : Age de l’eau en fonction de la teneur en carbone 14
14
Pays Identifiant Aquifère C(%) Age (ans) Erreur age
L T/276/77 CI 1.09 31500 9500
L T/359/89 CI 1.35 29800 16900
L Agric. Project CI 3.05 22500 1900
L T/25/87 CI 3.15 22200 7000
L WG22 CI 3.5 21900 2800
L Zintan CI 4.82 19100 2500
L T/203/80 CI 5.68 18000 1900
L T/96/76 CI 6.28 17000 2500
L T/64/78 CI 6.55 16800 2300
L T/277/77 CI 16.9 8600 2300
L Wadi Faysal well n° 3 CI 3.2 22700 3800
T 7778/5 CI 44.9 0 3500
T 5654/5 CI 2.7 25000 4000
T Ga. Tabourt CI 2.8 26000 3500
T El Borma 203 CI 1.4 32500 3500
T Bir Aouin CI 8.6 13500 4300
T 6552/5 CI 24.3 5500 3700
T 19039/5 CI 3 23500 6600
y = -8707.2Ln(x) + 33167
Age = f 14C (%)
R2 = 0.9911
35000
30000
25000
20000
Age
15000
10000
5000
0
1 10 100
14
teneur en C (%)
50000
45000 Age C14
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
1 11 21 31 41 51 61 71
141
Cartographie des âges des eaux souterraines :
Il a donc été possible de collecter une série de données représentatives, bien
réparties dans le domaine du SASS (tableau 9-1). La figure 9-9, résultat d’une interpolation
sur un support cartographique, représente la répartition des activités en 14C mesurées aux
forages, traduite en âges-équivalents des eaux de la nappe du Continental intercalaire.
La lecture de la carte des âges rend bien compte à la fois du gisement géologique de
l’aquifère, et de son comportement hydrodynamique. En effet, et bien qu’il soit difficile de
faire correspondre l’âge hydrodynamique des eaux avec leur âge radiométrique, on retrouve
clairement, dans la répartition spatiale des âges au 14C, l’organisation du SASS selon les
trois bassins géologiques et hydrodynamiques.
Dans le Bassin Central, les eaux sont toutes anciennes (sup. à 20000 ans), et les
âges évoluent de la périphérie vers le golfe de Gabès, indiquant bien une convergence en
direction de l’Exutoire Tunisien.
La répartition géographique de ces âges montre que les âges les plus élevés (20000 à
40000 ans) s'observent dans la partie confinée de la nappe, ce qui est le cas d'une grande
partie du Continental Intercalaire du bassin du Grand Erg oriental en Algérie (CONRAD et
FONTES, 1972 ; ERESS, 1972d ; GONFIANTINI et al., 1974 ; ARANYOSSY et MAMOU,
1985 ; GUENDOUZ, 1985 ; EDMUNDS et al., 2003 ; GUENDOUZ et al, 2003). La dispersion
des autres valeurs traduit une certaine répartition sur l'aire de recharge de la nappe. Plus les
conditions d'infiltration de l'eau moderne sont favorables, moins est élevée la valeur de l'âge
de l'eau.
Dans le Bassin Occidental, les eaux sont toutes jeunes (inf. à 10000 ans). Tout au
long de leur parcours (plus de 500km) de la zone de recharge principale qu’est l’Atlas
saharien, vers la zone d’exutoire principale qu’est la vallée du Gourara, du Touat et du
Tidikelt, les eaux du Continental Intercalaire continuent de se renouveler tout au long de leur
cheminement. Cette observation est en cohérence avec la géologie régionale ; en effet, le CI
n’est plus recouvert ici par le Crétacé supérieur et la nappe du CI est à surface libre.
Dans le Bassin Oriental, les eaux sont anciennes. Et contrairement à ce que l’on
observe autour de l’Exutoire tunisien où il y a concordance entre l’hydrodynamique et
l’évolution des âges, ce n’est pas le cas ici. En effet, la source de Tawargha, qui se trouve
dans la zone d’exutoire, est elle-même issue d’un mélange d’eaux anciennes du CI et d’eaux
142
plus jeunes (moins profondes) du Complexe Terminal ; de ce fait ce n’est pas là que l’on
observe les âges les plus élevés. Paradoxalement, les valeurs les plus fortes se trouvent à
l’amont de l’écoulement, à la limite sud, là où Kiklah se trouve directement en contact avec
les eaux du Paléozoïque du Djebel Hassawna. Si l’on admet que ces dernières
appartiennent bien à la catégorie des « eaux fossiles », l’anomalie des âges s’explique
parfaitement : le CI est ici « rechargé » non pas par des eaux actuelles mais par les eaux
anciennes du Cambro-Ordovicien par simple destockage. Les données recueillies par la
"General Water Authority" (en Libye) montrent des âges de l’eau allant jusqu’à 45000 à Ash
Shawayref et à El Jufrah.
9.2.3.2. Nappe du CT
Comme pour le CI, il a été possible de collecter dans la nappe du CT une série de
données représentatives, assez bien réparties dans le domaine du SASS (tableau 9-3). La
figure 9-10, résultat d’une interpolation sur un support cartographique, représente la
répartition des activités en 14C mesurées aux forages, traduite en âges-équivalents des
eaux de la nappe du complexe terminal.
Là aussi, la lecture de la carte des âges rend bien compte à la fois du gisement
géologique de l’aquifère, et de son comportement hydrodynamique. En effet, on retrouve
clairement, dans la répartition spatiale des âges au 14C, l’organisation de la nappe du CT
selon les deux bassins géologiques et hydrodynamiques.
143
Fig.9-10 : Age des eaux du CT d’après la teneur en carbone 14 (Les numéros 1 à 29 renvoient au
tableau 9-3).
Dans le bassin central, un gradient décroissant d’âge du 14C existe dans la région de
la Nefzaoua entre Douz et Kébili conformément au sens d’écoulement de la nappe. Le
gradient des âges est croissant de la zone Nord des chotts vers les chotts. On voit aussi
assez nettement un gradient des âges croissant des zones d’alimentation du Tinrhert et du
Mzab vers les chotts, exutoires naturelles des nappes du CT. Toutes les eaux convergent en
direction de la région des chotts où l’on trouve les âges les plus élevés (> 40000 ans).
Dans le Bassin Oriental, à l’exception des zones de J. Nefusa et de Tawargha, toutes
les eaux sont anciennes. La figure 9-10 montre un gradient des âges croissant de la zone du
J. Nefusa vers la région de Tawargha-Misrata, conformément au sens des écoulements.
Cependant, contrairement à ce que l’on observe autour des chotts, où il y a concordance
entre l’hydrodynamique et l’évolution des âges, les eaux montrent un gradient des âges
décroissant de la région d’Al Jufra-Zmam vers la région de Tawargha. En effet, comme on l’a
déjà signalé pour le CI, la source de Tawargha, qui se trouve dans la zone d’exutoire, est
elle-même issue d’un mélange d’eaux anciennes du CI et d’eaux plus jeunes (moins
profondes) du Complexe Terminal ; de ce fait, ce n’est pas là que l’on observe les âges les
plus élevés. Paradoxalement, les valeurs les plus fortes se trouvent à l’amont de
l’écoulement, à la limite sud là où la formation Zmam se trouve directement en contact avec
les eaux du Paléozoïque. Là aussi, l’anomalie des âges s’explique parfaitement en
admettant que les eaux du Paléozoïque sont « fossiles » : celles-ci se déversent dans la
nappe du CT.
1 A Central 19 Sidi Slimane CT 600 Forage 2.4 ± 0.7 25544 GUENDOUZ et al., 2003
2 A Central 21 Touggourt ville CT 570 Forage 4 ± 0.5 21096 GUENDOUZ et al., 2003
3 A Central 26 El Meghaier CT 640 Forage 0 ± 1.5 45000 GUENDOUZ et al., 2003
4 A Central 46 Istikama (Hassi Ben Abdallah) CT 460 Forage 8.4 ± 0.8 14636 GUENDOUZ et al., 2003
5 A Central 52 Gassi Touil GT4 CT 190 Forage 24.7± 1.0 5245 GUENDOUZ et al., 2003
6 A Central 53 Gassi Touil GT2 CT 205 Forage 31.4 ± 3.7 3155 GUENDOUZ et al., 2003
7 A Central 62 Rhourde el Baguel MP103 CT 330 Forage 28.0 ± 0.8 4153 GUENDOUZ et al., 2003
144
14 Y = Age
N° Pays Bassin Identifiant Nom Aquifère Profondeur Type Ouvrage C% estimé
Source
8 A Central 75 Hassi Messaoud H2 CT 380 Forage 38.9 ± 2 1290 GUENDOUZ et al., 2003
9 A Central 84 Rhourde Nouss RN15 CT 100 Forage 24.1 ± 0.8 5459 GUENDOUZ et al., 2003
10 A Central 86 Rhourde Nouss RN17 CT 90 Forage 22.7 ± 0.7 5980 GUENDOUZ et al., 2003
11 A Central 89 El Hamra HRA1 CT 60 Forage 42.5 ± 1.5 519 GUENDOUZ et al., 2003
12 T Central 18145/5 Oum Chia 2 CT 201 Forage 4.2 ± 0.6 20671 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
13 T Central 18766/5 Nefta 2b CT 126 Forage 0 ± 0.9 45000 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
14 T Central 8982/5 El Menachi CT Forage 2.3 ± 0.4 25915 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
15 T Central 6464/5 El Gouna CT 170 Forage 16.5 ± 1.8 8758 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
16 T Central 17624/5 Hazoua 3 CT 441 Forage 1.9 ± 1.0 27578 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
17 T Central 18648/5 Chekmou 3 CT 510 Forage 1.4 ± 0.8 30238 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
18 T Central 18754/5 Gouifla 3 CT 700 Forage 0.6 ± 0.5 37617 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
19 T Central 18681/5 El Bechni CT 199 Forage 8.9 ± 0.9 14136 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
20 T Central 13981/5 Deghoumess CT 300 Forage 12 ± 0.9 11534 ARANYOSSY et MAMOU, 1885
Crétacé
21 L Oriental Socna Socna sup. 400 Forage 0.8 ± 0.3 35110 OSS, 2003a
Crétacé
22 L Oriental Socna well S-1 Socna well S-1 sup. 300 Forage 0.0 ± 0.5 45000 OSS, 2003a
23 L Oriental Al Jufrah Al Jufrah Mizdah Forage 0.6 ± 0.4 37615 OSS, 2003a
24 L Oriental Al Jufrah J18 A Al Jufrah J18 A Mizdah 193 Forage 0.0 ± 0.3 45000 OSS, 2003a
25 L Oriental Tawurgha Tawurgha Miocene Forage 18.6 ± 1.9 7714 OSS, 2003a
Tawurgha well
26 L Oriental P-18 Tawurgha well P-18 Mizdah Forage 0.8 ± 0.5 35110 OSS, 2003a
27 L Oriental Tumminah Projet Tumminah Projet Mizdah Forage 1.0 ± 0.5 33167 OSS, 2003a
28 L Oriental 1285/3/1 1285/3/1 CT Forage 5.92 ± 0.72 17683 BRL, 1997
29 L Oriental H 5 Hamada Al Hamra CT 7.3 15858 Idrotecneco, 1982c
Conclusion
L’examen des cartes de minéralisation des eaux du CI et CT a permis de mettre en
évidence des salinités faibles aux zones d’alimentation par rapport au reste du bassin. Ceci
témoigne de l’infiltration des eaux de pluie et de ruissellement dans ces zones de recharge.
Ces eaux s’acheminent ensuite vers les exutoires où leur concentration est, en général, plus
forte, à cause du lessivage des formations argilo-gypseuses qu’elles auraient traversées.
D'une façon générale, en dehors des zones de recharge, l'eau du Continental
Intercalaire est dépourvue de 3H (moins de 30 ans d'âge). Ce sont donc essentiellement des
eaux anciennes qui ont pris place dans la nappe durant une longue période. La mise en
charge de la nappe a fait que les eaux les plus anciennes sont celles qui sont dans les
parties confinées des nappes. Celles ayant subi le mélange avec des eaux plus récentes se
localisent à proximité des (ou dans les) aires de recharge où la nappe est libre à ascendante.
En comparant plusieurs aquifères des grands bassins comme ceux du Sahara et des
Grès de Nubie, SONNTAG et al. (1978) constatent que ces nappes (confinées), comme
nous l’avons montré, présentent des eaux dont les caractères isotopiques sont homogènes.
Elles renferment des eaux très appauvries en 18O et contiennent peu de 14C.
La répartition des activités en 14C mesurées aux forages, traduite en âges-
équivalents des eaux des nappes du Continental intercalaire et du Complexe Terminal
reflète, assez fidèlement, le schéma hyrodynamique des aquifères du Sahara septentrional.
L’alimentation clairement suggérée par les cartes piézométriques des deux nappes et
la nature lithologique des terrains aux zones de recharge se trouve confirmée par les teneurs
en isotopes stables et radioactifs. En effet, l’enrichissement en 18O, l’excès de 2H, les
activités de 14C et les teneurs de tritium (3H) relevés aux zones de recharge sont autant de
preuves irréfutables d’une alimentation actuelle des nappes du Sahara septentrional. Cette
alimentation s’ajoute aux eaux anciennes.
145
TROISIEME PARTIE :
RECHARGE ET PALEORECHARGE
DU SASS :
MODELISATION HYDRODYNAMIQUE
146
RESUME DE LA TROISIEME PARTIE
147
Chap.10 : LE MODELE DU SASS ET LA REPRESENTATION DE LA
RECHARGE
Introduction
Dans le but de procéder à la modélisation hydrodynamique de la recharge, nous
utiliserons le modèle du SASS pour étudier l’impact d’une autre configuration de la recharge,
d’une part et l’hypothèse de paléorecharge, d’autre part. Le modèle du SASS a été réalisé
en adoptant une certaine configuration de la recharge. Ce chapitre est consacré à sa
présentation. Sa description est très bien détaillée dans le rapport OSS (2003b). Nous
reprenons ci-dessous les principaux traits.
CHOTTS MEDITERRANEE
TURONIEN - NALUT
CENOMANIEN
CAMBRO - ORDOVICIEN
148
10.1.2.2. Le Complexe Terminal
Au Nord, la limite suit le tracé de la flexure atlasique et correspond à la limite
d’extension du Miopliocène. Dans le Sud du Sahara Algérien, les limites du modèle vers le
Sud sont représentées par les limites naturelles d’affleurements du Sénonien carbonaté.
La partie orientale du bassin passe, à la faveur du graben de Hun, au bassin de Syrte
où la sédimentation tertiaire fortement développée prend la place du Crétacé supérieur qui
s'enfonce profondément et devient très peu transmissif et salé. Les limites du Modèle
adoptées pour la couche du CT correspondent aux limites naturelles des deux aquifères du
Cénomano- Turonien (Nalut) et du Sénonien (Mizdah), correspondant au nord et au sud, à
la limite d'extension de ces formations. A l'Est, les formations existent encore sous la
couverture tertiaire mais au-delà du méridien 16°30, les deux aquifères deviennent très peu
transmissifs et salés. C’est cette limite qui a été fixée à l’Est du CT.
10.1.2.3. Le Turonien
Cette couche possède les mêmes limites que le CT, sauf sur le Dahar et le jebel
Nefusa où les aires d’affleurements diffèrent très légèrement.
10.1.2.4. le Cambro-Ordovicien
La limite de cette couche est celle adoptée par GEOMATH (1994), limitée vers le Sud
où elle est arbitrairement tronquée au niveau de la plus méridionale des limites du
Continental Intercalaire, parallèlement à la grille du modèle. Elle est limitée au nord par le
32e parallèle, à l’ouest, à peu près, par les frontières algérienne et tunisienne.
( )
∂ Tx ∂h + ∂ Ty ∂h + qH + qB = S ∂h + q
∂x ∂x ∂y ∂y ∂t
qH = K v H H − H C
eH
qB = K v H B − H C
eB
où :
Tx est la transmissivité de l’aquifère, selon Ox
149
Ty est la transmissivité de l’aquifère, selon Oy
Ox et Oy sont les axes principaux d’anisotropie
qH est le flux spécifique de Drainance vers le Haut
qB est le flux spécifique de Drainance vers le Bas
h est la charge hydraulique dans l’aquifère
Hc est la charge hydraulique moyenne dans la maille courante
HH est la charge hydraulique moyenne dans la maille supérieure
HB est la charge hydraulique moyenne dans la maille inférieure
Kv est la perméabilité verticale de la couche semi-perméable
eH est l’épaisseur de la couche semi-perméable supérieure
eB est l’épaisseur de la couche semi-perméable inférieure
2
Wen Hsing CHIANG & Wolggang KINZELBACH : 3-D Groundwater Modeling with PMWIN, Springer-
Verlag, 2001
150
• Golfe de Syrte : Le Continental Intercalaire, relayé ici par des formations carbonatées
moins perméables, se prolonge en mer. Le modèle se termine par une série de
potentiels imposés à travers une résistance, en mesure de simuler les percolations en
mer à travers le toit de la nappe captive du CI.
• Limites Nord Libye et Est Tunisie : Marquée par les affleurements du CI sur les
hauteurs du J. Nefusa et du Dahar, cette limite contribue à l’alimentation de la nappe.
Elle est figurée par une série de potentiels imposés qui déterminent, par calage du
modèle, les débits d’infiltration.
• Seuil d’El Hamma : Ce seuil est représenté par des conditions de drains, où sera
calculé par le modèle le débit qui transite à travers l’Exutoire tunisien.
• La représentation du Cambro-Ordovicien : Le Cambro-Ordovicien (COD), se présente
sous forme d’une couche de mailles à potentiel imposé. Sa représentation doit aider à
déterminer les flux qu’il peut apporter au Continental Intercalaire en régime d’équilibre.
Exutoire
Potentiels tunisien
imposés
Chotts ou
Sebkha
Limite
Orientale
Source ou
Foggara
151
carbonaté et du Miopliocène. Elle est représentée par des conditions de potentiels
imposés.
• Limite Sud-Algérie : Elle correspond, entre les parallèles 29° et 28°, et de la dorsale du
Mzab à la frontière libyenne, à la limite d’extension sud des formations du Sénonien
carbonaté. Ces formations s’étendent sur les plateaux du Tademait et du Tinhert,
dominés par l’isohyète 20 mm ! c’est dire si l’infiltration directe des précipitations ne
devrait pas constituer la source d’apports dominante. Mais cette limite reçoit les apports
de l’Oued Mya, et elle est traversée par le lit fossile de l’Oued Igharghar, dont le bassin
versant s’étend jusqu’au massif du Hoggar. Cette limite est représentée par des
potentiels imposés.
• Limite Sud-Libye : Entre les méridiens 10°30 et 13°30, elle correspond à la limite
d’extension sud du Crétacé supérieur. Elle est représentée par des conditions de
potentiels imposés.
• Limite orientale du modèle : Cette limite est représentée par une condition de flux nul.
• Limites Est Tunisie et Nord Libye ; Dahar et J. Nefusa : Faute de pouvoir disposer
d’une estimation préalable des apports le long de ces limites, celles-ci sont figurées par
des conditions de potentiels imposés.
• Représentation des percolations internes ; les conditions de Drains : Les exutoires
naturels de la nappe sont représentés par des conditions de drains, qui simulent la
percolation du CT vers les systèmes suivants :
a) les chotts Melrhir, Merouane, Djérid et Rharsa.
b) les sebkhas El Hajira, Ngoussa, Mjazzam et Tawargha.
c) la Méditerranée dans le Golfe de Syrte.
d) les sources du Djérid et de la Nefzaoua
e) la source Ain Tawargha et celle de l’Oued Kaam
Drain : Source,
Chotts ou Sebkha
Potentiels
imposés
152
l’évolution de l’état du système, aura été significative en termes de débits prélevés et de
rabattements de niveaux observés. Les paramètres à ajuster au cours de cette deuxième
phase sont les coefficients d’emmagasinements.
10.2.1. Calage du modèle en régime permanent
10.2.1.1. Définition d’un état de référence
L’état de référence pour le calage du modèle doit refléter un régime quasi permanent
du système. C’est la période datée 1950, assimilée à un état permanent, qui servira de
référence pour le calage du modèle en régime permanent. Ce choix est conforté par la
possibilité de tracé d’une carte piézométrique sinon « observée » partout, du moins
« reconstituée » pour les deux nappes du CI et du CT sur l’ensemble du domaine (cf. Fig.8-1
et Fig.8-2).
153
Fig.10-5 : CT – Régime permanent – Courbes piézométriques calculées (trait continu) et courbes de
référence (trait discontinu) (OSS, 2003b)
154
Tableau 10-2 – Bilan du SASS calculé en 1950 (m3/s)
CT CI CI + CT
Entrées
Alimentation totale 18.2 9.4 27.6
Apport Cambro-Ordovicien 2.0 2.0
Drainance Haut - 0.5 [0.5]**
Drainance Bas 5.4 - [5.4]**
Total 23.6 11.9 35.5
Sorties
Chotts & Sebkhas
> Tunisie 5.95 - 5.95
CT CI CI + CT
> Algérie 2.7 0.2 2.9
> Libye 0.2 - 0.2
Golfe de Syrte 0.6 0.8 1.4
Exutoire tunisien - 3.1 3.1
Sources ou Foggaras
> Tunisie 2.0 - 2.0
> Algérie - 3.6 3.6
> Libye 2.3 - 2.3
Pompages 7.5 0.5 8.0
Drainance Haut - 3.7 [3.7]**
Drainance Bas 2.4 0.0 [2.4]**
Total 23.6 11.9 35.5
Au niveau des apports à la nappe du CT, la contribution des reliefs de la bordure occidentale
(de l’Atlas saharien jusqu’au plateau du Tademaït) est importante. L’alimentation en
provenance du Dahar et du jebel Nafousa représente plus du 1/3 des apports au CT.
Tableau 10-3 - Alimentations par infiltration en régime permanent
Nappe du CI Débit calculé (l/s)
Atlas saharien 7540
Dahar et J. Nafusa 1580
Tinrhert et Adrar B.Drich 290
Total 9410
Nappe du CT Débit calculé (l/s)
Atlas saharien 3775
Dahar et J. Nafusa 6705
Limite ouest 2450
Limite sud-ouest 980
Tademaït 2585
Sud Libye 1060
Nord des chotts algériens 305
Nord des chotts tunisiens 150
Contribution Calc.Eocènes 200
Total 18200
155
b) Les paramètres structuraux d’initialisation du calage
La répartition des valeurs initiales des coefficients d’emmagasinement est déterminée
comme suit :
- Les zones, où la nappe est libre, sont déterminées à partir des cartes d’affleurements des
formations géologiques du CI et du CT, ainsi que par « soustraction» entre la cote du toit de
la nappe et la cote de la surface piézométrique. Ce dernier calcul, effectué par cartographie
automatique, fournit les résultats fig.5-23 et 5-26. Une porosité située entre 8% et 20% est
initialement attribuée à ces zones, en cohérence avec les distributions calculées par les
modèles antérieurs (ERESS, 1972b ; GEOMATH, 1994 ; GEFLI, 1978).
- dans les zones où la nappe est captive, les valeurs obtenues par les modèles qui ont
précédé le SASS, ont été prises comme référence.
La base de données du SASS rend compte des historiques individuels par forage.
Tableau 10-4 – Débit des sources observé sur la période 1950-2000 (l/s)
1950 1960 1970 1980 1990 2000
Sources Tunisie 2.02 1.76 1.52 0.76 0.02 0.01
Ain Tawargha 2.13 2.06 2.00 1.87 1.83 1.77
Foggaras 3.6 2.7
156
Tableau 10-5 : Bilans 1950 et 2000 du SASS
BILAN du SASS (CI & CT) en 1950 et 2000
CONTINENTAL INTERCALAIRE 1950 2000 COMPLEXE TERMINAL 1950 2000
Entrées (m3/s) Entrées (m3/s)
Alimentation 9,4 9,4 Alimentation 18,2 18,2
Drainance Turonien 0,5 0,8 Drainance Turonien 5,4 6,9
Apport Cambro-Ordovicien 2,0 2,7
Contribution des reserves 0,0 21,5 Contribution reserves 0,0 24,9
Total Entrées 11,9 34,4 Total Entrées 23,6 50,0
Sorties (m3/s) Sorties (m3/s)
Pompages 0,5 27,3 Pompages 7,5 42,8
Algérie 0,5 21,3 Algérie 5,9 20,9
Tunisie 2,7 Tunisie 1,2 14,5
Libye 3,3 Libye 0,4 7,4
Drainance Turonien 3,4 1,7 Drainance Turonien 2,4 2,7
Saoura & S.Timimoun 0,2 0,2 Source Ain Tawargha 2,0 1,6
Foggaras 3,6 3,1 Chotts Algérie-Tunisie 8,6 2,0
Exutoire Tunisien [Chott Fejej inclus] 3,4 1,5 Kaam & Syrte 1,1 0,9
Golfe de Syrte 0,8 0,6 Sources Nefzaoua Djrerid 2,0 0,0
Total Sorties 11,9 34,4 Total Sorties 23,6 50,0
Conclusion
La description faite ci-dessus du modèle du SASS présente sa configuration de la
recharge et ses principaux résultats. Dans ce modèle, les débits d’alimentation des nappes
sont représentés par des potentiels imposés sur les bordures du domaine. Les résultats
obtenus ont été validés sur la période 1950-2000. Il constitue, ainsi, notre support pour
étudier l’impact d’une autre configuration de la recharge, d’une part et l’hypothèse de
paléorecharge, d’autre part.
157
Chap.11 : LES IMPACTS D’UNE AUTRE CONFIGURATION DE LA
RECHARGE SUR LE MODELE DU SASS
Introduction
L’un des points faibles de tous les modèles réalisés dans le Sahara a été de passer
un peu trop rapidement sur la question de la recharge des nappes, lorsque cette dernière
n’est pas complètement niée au profit d’une hypothétique paléorecharge. Après les
développements, certes encore préliminaires, il est possible de comparer les débits
d’alimentation calculés par le modèle SASS, au terme du calage en régime permanent, avec
nos estimations des débits d’alimentation faites aux mêmes endroits. Ces estimations seront
appliquées dans le modèle SASS afin d’étudier les impacts d’une autre configuration de la
recharge.
Nos estimations des débits d’alimentation des nappes du Sahara septentrional sont
obtenues en faisant la somme : a) des infiltrations directes des précipitations aux
affleurements (hypothèse retenue : coefficient d’infiltration = 2% de la pluie moyenne
interannuelle), b) des infiltrations des crues d’oueds (hypothèse : 30% du ruissellement
moyen s’infiltre). Les résultats obtenus sont portés sur les tableaux 11-1, 11-2 et 11-3 et
seront comparés aux débits d’alimentation calculés par le modèle SASS.
158
Tableau 11-2 : Infiltration à partir de la pluie et du ruissellement : nappe du CT
COMPLEXE TERMINAL
MODELE INFILTRATION INFILTRATION OUEDS RECHARGE
MATHEMATIQUE AFFLEUREMENTS
Limite Calculé Affleurement Cinf = 2% Qia Bassin Cinf = 30% Qio Recharge
modèle CT modèle (Mm3/an) (l/s) (Mm3/an) (l/s) totale (l/s)
(l/s)
Atlas 3775 O. 40 1270 1270
Saharien Djedi
Dahar 6085 Dahar Dahar 15 476 476
Matmata
46 1460 0 1460
Nefousa 620 Tunisie - 20 634 0 634
Libye
Limite Ouest 2450 M’zab 9 286 M’zab 0 286
Limite Sud 980 0 43.4 1378 1378
Ouest
Tademaït 2585 Tademaït 11 349 0 349
Sud Libye 1060 Sud Libye 1 32 11 349 381
Tinrhert 16 508 508
Nord des 305 Nord des 8 254 Aurès - 0 254
chotts chotts Gharsa
algériens
Nord des 150 0 90 2857 2857
chotts
tunisiens
Contribution 200 Contribution 200 0 200
Calc. Calc.
Eocènes Eocènes
MPL yc Grd 156 4952 0 4952
Erg Oriental
Total 18200 Total 8675 6330 15005
D’après ces tableaux présentant l’ensemble des résultats obtenus, on peut noter que :
a) Avec les hypothèses retenues sur les coefficients d’infiltration, l’estimation de la
recharge hydrologique de la nappe du Continental Intercalaire correspond à peu
de chose près à celle calculée par le modèle numérique. Les apports des Oueds
représentent 40% de la recharge et l’infiltration directe 60%. Cette dernière n’est
cependant pas reportée à la limite extérieure de la nappe comme c’est le schéma
159
adopté par le modèle du SASS, et l’on doit faire intervenir la surface infiltrante du
Grand Erg Occidental pour pouvoir « boucler » le bilan.
b) Pour le Complexe Terminal, les choses sont beaucoup plus compliquées :
d’abord le débit total d’alimentation toutes sources confondues ne représente que
75% de la valeur calculée par le modèle,
c) Ensuite, si les parts respectives des oueds et de l’infiltration directe sont les mêmes
que pour le CI, à savoir 40% et 60%, leur répartition régionale est très
déséquilibrée. Par les Aurès, par exemple, les oueds « apportent » 3 m3/s à la
nappe alors que le modèle n’en calcule que 300 L/s3 !
d) Sur les autres limites, le modèle surestime, parfois d’une manière drastique, les
apports : c’est notamment le cas dans le Tademaït (2500 vs 350 L/s), Sud Libye
(1000 vs 30), le Mzab (3400 vs 1700), le Dahar-Nefusa (6600 vs 1400). Et ce sont
les surfaces infiltrantes du Miopliocène (5000 L/s d’apport) qui permettront de se
rapprocher du bilan calculé par le modèle.
e) Dans le modèle SASS, les débits d’alimentation n’ont pas été injectés dans la
nappe du Turonien.
Sur le Dahar et J. Nefusa où l’aire des affleurements n’est pas très importante, la
grande part de l’alimentation provient de l’infiltration dans les oueds.
Le débit de l’Atlas (6667 l/s) saharien représente, à un centième près, la moyenne
des valeurs trouvées par l’ERESS (1972b) et OSS (2003b) soit respectivement 5580 l/s et
7540 l/s. Celui du Dahar (300 l/s) est comparable avec la valeur avancée par OSS (2003a) et
celle arrêtée par OSS (2003b) soit respectivement 250 l/s et 450 l/s.
Pour la nappe du Turonien, les débits avancés paraissent raisonnables. Sur le Dahar,
l’infiltration est évaluée à 104 l/s (coefficient d’infiltration : 2%). BEN BACCAR (1987) faisait
état de 217 l/s sur les Matmata, en adoptant un coefficient d’infiltration de 5%.
Pour la nappe du CI, dans le modèle SASS, toute l’infiltration dans la partie occidentale est
fixée sur l’Atlas saharien (Fig.11-1). Alors que dans la configuration proposée de la recharge,
celle-ci est injectée dans les affleurements de l’Atlas, mais aussi et en plus, dans l’Erg
Occidental et le Tademaït (Fig.11-2). Nous pouvons voir sur ces deux figures, représentées
à la même échelle, que les gros cercles, indiquant des gros débits du modèle SASS, sont
réduits à des cercles plus petits indiquant de plus faibles débits dans le modèle R-SASS.
3
Avec ce point particulier se trouve précisément pointée la question de la représentation de la nappe
de Biskra et celle de la représentativité du modèle du CT dans cette région (OSS, 2003b).
160
Fig.11-1 : Configuration de la recharge du CI dans le modèle SASS (m3/s)
Pour la nappe du CT, dans le modèle SASS, l’alimentation est fixée en bordure du
domaine (Fig.11-3). Dans le modèle R-SASS, la recharge est répartie sur les affleurements
perméables, notamment ceux du Miopliocène du Grand Erg Oriental (Fig.11-4). Nous
pouvons voir sur les deux cartes représentées à la même échelle, que les gros cercles,
indiquant de gros débits du modèle SASS (M’zab et Dahar), sont réduits à des cercles plus
petits indiquant des débits plus faibles dans le modèle R-SASS. Sur les monts de l’Aurès, les
débits considérés sont plus importants que ceux calculés par le modèle SASS.
161
Fig.11-3 : Configuration de la recharge du CT dans le modèle SASS (m3/s)
Contrairement au modèle SASS, des débits d’alimentation ont été injectés aux zones de
recharge de la nappe du Turonien (Fig.11-5).
162
Fig.11-5 : Configuration de la recharge du Turonien dans le modèle R-SASS (m3/s)
163
Tableau 11-6 : Débits d’alimentation du Turonien
Nappe Zone Q modèle (l/s) Q (l/s/km²)
Tu Mzab 30 0.0119
Tu Tinrhert+Tademaït 9 0.0016
Tu Nefusa-Khums 239 0.1276
Tu Nefusa-Yefren 244 0.1418
Tu Dahar Tataouine 104 0.0552
Total 626
Classe
33°
32°
31°
30°
28°
Classe
164
11.3.1.2. Reconstitution des débits des Sources et Foggaras
Il est porté sur le tableau 11-7 les débits des émergences calculés par le modèle. Ils
sont du même ordre que les observations. Pour les Foggaras, le 1 m3/s de plus, calculé par
le modèle, pourrait être accepté et assimilé à l’évaporation. En effet, le volume évaporé au
niveau des Foggaras n’est pas précisément quantifié.
Tableau 11-7 : Débits des émergences observés et calculés par les modèles en 1950
Nom Débit observé Débit calculé Débit calculé Modèle
(l/s) Modèle SASS (l/s) R-SASS (l/s)
Ain Tawargha 2130 1995 2106
Wadi Kaam 360 269 307
Oued Tozeur 697 690 703
Corbeille de Nefta 543 569 527
El Hamma– El Oudiane 310 325 309
Nefzaoua 468 476 475
Foggaras 3665 3598 4648
La figure 11-8 ci-dessous porte le bilan du modèle R-SASS au terme du calage en régime
permanent. L’alimentation des nappes est arrêtée à 11.2 m3/s pour le CI et 15.5 m3/s pour le
CT. L’évaporation des eaux du CT dans les chotts et sebkhas algéro-tunisiens (6.18 m3/s)
est légèrement inférieure à celle calculée par le modèle SASS (8.7m3/s). Cette différence se
retrouve dans les 2 m3/s supplémentaires, injectés dans le CT du modèle du SASS.
AIN TAWARGHA
CHOTTS & KAAM
EXUTOIRE TUNISIEN
SEBKHA
SOURCES TUNISIE
ALIMENTATIONS GOLFE de SIRTE
POMPAGES CT
15.5 2.4
1.99
6.18 0.4
7.9 0.73
Turonien_Nalut 0
0
0.51
3.77
Continental Intercalaire_Kiklah
1.2
4.64
2.08
0.5
SAOURA+SEBKHA
TIMIMOUN
FOGGARAS
POMPAGES CI Cambro_Ordovicien
Fig. 11-8 : Bilan du modèle R-SASS en régime permanent (1950)
165
11.3.1.4. Piézométrie 2000 du CI et du CT
33°
Nombre de
valeurs
Classe
0° 12° 16°
8° 34° Nombre de
valeurs
33°
32°
31°
30°
28°
Classe
Pour apprécier les résultats du modèle R-SASS, nous comparons ci-dessous les
transmissivités et les rabattements obtenus au terme du calage en régime transitoire avec
ceux calculés par le modèle SASS.
Les figures 11-11 et 11-12 représentent les rapports des transmissivités retenues au
terme du calage du modèle R-SASS sur celles du modèle SASS, respectivement pour le CI
et le CT :
166
4° 8° 12° 16°
0° 34°
33°
32°
Nombre de
valeurs
Classe
33°
32°
31°
28°
Classe
167
8° 12° 16°
0° 4° 34°
33°
32°
Nombre de
valeurs
31°
28°
Classe
Fig.11-13 : Ecarts entre les rabattements 1950-2000 du CI : [modèle R-SASS – modèle SASS]
12° 16°
4° 8° 34° Nombre de
valeurs
33°
Classe
Fig.11-14 : Ecarts entre les rabattements 1950-2000 du CT : [modèle R-SASS – modèle SASS]
Pour la nappe du CT, les rabattements sont là aussi, presque partout, plus faibles.
L’augmentation des transmissivités au Sud-Est de Zliten a entraîné, localement, moins de 10
m de rabattements supplémentaires. Les valeurs positives observées dans l’Erg Oriental
pourraient être expliquées par des transmissivités plus faibles dans toute la partie Ouest du
bassin. La diminution des transmissivités (divisées par 2) dans le chott Melrhir provoque très
localement, dans la région de Mghaier, des rabattements beaucoup plus importants (de 10 à
75 m). Ces rabattements sont aussi dus, en partie, par le fait que les prélèvements ayant été
maintenus, les gros débits venant de l’Atlas saharien ont été remplacés par des débits plus
faibles. Les coefficients de transfert vers les drains ayant même été divisés par 4 localement
ne semblent manifestement pas avoir joué un rôle primordial.
168
0° 4° 8° 12° 16°
34°
33°
Nombre de
valeurs
Classe
Fig.11-15 : Ecarts entre les rabattements de la simulation zéro du CI : [modèle R-SASS – modèle
SASS]
9° 12° 16°
34° Nombre de
valeurs
33°
32°
31°
Classe
Là aussi, les valeurs négatives indiquent que les rabattements 1950-2000 sont moins
importants avec le modèle R-SASS. Pour la nappe du CI, le modèle est donc plus optimiste
dans près des ¾ du domaine (plus de 20 mètres de rabattements en moins). Dans le ¼
restant, la seule grande plage de valeurs positives (une dizaine de mètres de rabattements
en plus) ne s’observe que dans l’axe Ghadamès-Zliten. Elle se justifierait par la diminution
des transmissivités au sud Libye (diminution du flux vers la Hamada) et leur augmentation au
sud-est de Zliten (augmentation du flux vers Tawargha).
Pour la nappe du CT, le modèle reste optimiste. Nous noterons, tout de même, que
les transmissivités plus faibles adoptées dans le modèle R-SASS seraient responsables des
rabattements plus importants (de 10 à 47m), localisés au niveau de Mghaier.
169
Nombre de valeurs
Classe
Nombre de
valeurs
Classe
Pour la nappe du CI, les rabattements calculés par le modèle R-SASS sont nettement
moins importants que ceux du modèle SASS (Fig.11-17). L’histogramme correspondant
dénote une prépondérance des valeurs négatives qui sont assez importantes dans l’aire du
CI.
Pour la nappe du CT, l’augmentation des transmissivités dans le Sud-Est de Zliten a
eu comme conséquence des rabattements moins importants (plus de 40 m en moins) par
rapport au modèle SASS, notamment dans la région de Wadi Kaam. Toutefois, la diminution
des transmissivités dans la région de Touggourt-Mghaier a généré plus de rabattements
dans le modèle R-SASS (plus de 30 m dans la zone du chott Melrhir). L’histogramme
correspondant montre que les valeurs négatives sont, là aussi, assez importantes.
170
11.4. Etat récapitulatif des calculs de la recharge du SASS
Les tableaux 11-8 et 11-9 dressent un état récapitulatif des méthodes utilisées pour
évaluer la recharge du SASS. Pour la nappe du CI, l’alimentation à partir de l’Atlas est
estimée entre 4 et 8 m3/s ; les différences entre les chiffres tiennent aux surfaces
considérées, aux moyennes pluviométriques et aux coefficients d’infiltrations appliqués. Les
modèles SASS et R-SASS la situent entre 6.667 et 7.540 m3/s. Le débit d’infiltration dans
l’Erg occidental estimé par CORNET (1961) est fort à cause de la surface considérée (70000
km2). Le débit calculé par SRIVASTAVA (1981) sur le Tademait et Tinrhert est obtenu avec
un coefficient d’infiltration assez fort (10%). L’application de la méthode hydrodynamique
donne un débit du même ordre de grandeur que l’estimation de BURGEAP (1963) et celle du
modèle R-SASS. Les différences entre les estimations sur le Dahar tiennent aux surfaces
considérées, aux moyennes pluviométriques et aux gradients hydrauliques adoptés. Les
estimations faites dans la zone de Jebel Néfusa sont du même odre de grandeur.
Pour la nappe du CT, les estimations de la recharge sur le J. Nefusa sont en général
du même ordre de grandeur. Les différences avec l’estimation de SRIVASTAVA (1981)
tiennent à la surface et au coefficient d’infiltration adopté. Les différences entre les débits
calculés par SRIVASTAVA (1981) et par les modèles, dans la limite Sud-Ouest et le
Tademait tiennent aux gradients hydrauliques faibles, aux transmissivités et aux longueurs
des fronts adoptées dans ces régions.
R-SASS
Modèle
Modèle
SASS
METHODE HYDROLOGIQUE METHODE HYDRODYNAMIQUE
Zones
TEISSIER, 1970
PALLAS, 1978a
CRONET, 1961
BURGEAP,1963
BEN BACCAR,
ARANISOOI et
MAMOU, 1985
SRIVASTAVA,
SRIVASTAVA,
d’alimentations
FERSI, 1979a
BUFILA, 1978
MANSOURI,
MANSOURI,
YAHYAOUI,
YAHYAOUI,
OSS, 2003a
OSS, 2003b
PALLAS et
1981
1987
1988
1996
1981
1988
1996
Atlas Saharien 10 4
5.929
7.540 6.667
Grd Erg Occ 12
8
2.095
Touat-
Gourara-
Tidikelt 3
Tademait 0.5
3.571 0.980
0.531
Tinrhert et 0.4
171
Tableau 11-9 : Etat récapitulatif des estimations de la recharge de la nappe du CT (m3/s)
Modèle R-
METHODE
METHODE HYDROLOGIQUE
Modèle
HYDRODYNAMIQUE
SASS
SASS
Zone BUFILA, 1978
BUFILA, 1978
SRIVASTAVA
SRIVASTAVA
GEFLI, 1976b
OSS, 2003b
OJECT, 1977
ENERGOPR
d’alimentation
OSS, 2003a
PALLAS et
PALLAS et
, 1981
, 1981
Atlas Saharien 3.775 1.270
Dahar 6.085 1.949
Nefousa 1.331 0.620 0.620
0.634 0.634
Sud Nefusa, 0.3 0.374 0.395
O.Suffajjin, O.
Kaam et O. Lebda 0.792
Limite Ouest 2.450 1.715
Limite Sud Ouest 0.299 0.980
Tademaït 2.585 0.349
Sud Libye 1.060 1.060
Tinrhert 0.239 0.508
Nord des chotts 0.305 0.254
algériens
Nord des chotts 0.150 2.857
tunisiens
Contribution Calc. 0.200 0.200
Eocènes
MPL yc Grd Erg 4.952
Ori
Total 18.200 15.734
Conclusion
Une nouvelle configuration de la recharge a été testée par application dans le modèle
SASS des estimations faites aux zones de recharge. Les rabattements supplémentaires
notés, dans certaines parties du modèle R-SASS, pourraient être corrigés par un
réajustement des transmissivités. Ce qui nécessiterait encore un calage du modèle. Notre
objectif n’est pas de refaire un nouveau modèle SASS, mais de tester cette configuration de
la recharge qui tient compte de l’infiltration directe dans les affleurements perméables
"utiles", notamment dans les deux Grands Ergs Occidental et Oriental. Les estimations de la
recharge dans le SASS sont diverses, mais ont permis de fixer les ordres de grandeur qui
sont reproduits par les modèles. Les résultats du modèle R-SASS prouvent que les
estimations de l’infiltration que nous avons établies à partir de la pluie et du ruissellement
sont acceptables. Nous retiendrons, alors, qu’en adoptant une répartition de l’alimentation
des nappes, non seulement aux bordures mais aussi dans les aires d’infiltration à l’intérieur
du domaine, les rabattements induits par les prélèvements sont moins importants. Les
prévisions du modèle deviennent plus réalistes.
172
Chap.12 : SIMULATION D’UNE PALEORECHARGE DU SASS
Introduction
Nous avons vu plus haut que certains chercheurs de la zone aride (BURDON, 1977 ;
PIZZI et SARTORI, 1984) avaient conclu à l’absence de recharge actuelle des nappes
sahariennes. L’hypothèse de recharge nulle, développée par ces auteurs, sera étudiée dans
ce chapitre. Pour ce faire, nous partons du modèle du SASS, déjà calé sur l’état de
référence 1950, pour établir un régime naturel daté de l’année 1900. Ce modèle est utilisé
pour établir un régime permanent du débit de l’Holocène. L'Holocène est la période
géologique s'étendant sur les 10000 dernières années. Le début de l'Holocène correspond à
la fin d'une brève période froide (fin du Pléistocène) marquant le retrait des grands glaciers,
aux alentours de 9600 av. J.-C. L'Holocène est la seconde et dernière période du
Quaternaire (WIKIPEDIA, 2004).
Nous effectuerons, par la suite, une simulation en régime transitoire afin d’étudier le
comportement du système depuis le début de l’Holocène, avec l’hypothèse de recharge
nulle. Ceci permettrait de suivre le tarissement des nappes au cours des 10000 dernières
années. Notre objectif est d’arriver à reproduire l’état naturel (1900) à partir des conditions
climatiques anciennes (début de l’Holocène).
La comparaison des bilans entre les états 1950 et 1900 montre que les débits aux
exutoires ont subi des modifications. Celles-ci ne sont pas importantes pour la nappe du CI,
car les pompages étaient faibles en 1950. Par contre, pour la nappe du CT, où les
pompages étaient plus importants, l’annulation des pompages a causé une augmentation
des débits des sources, chotts et sebkhas. Les sorties par drainance du Turonien vers le CT
ont aussi baissé.
Tableau12-1 : Bilan en régime permanent 1900, calculé par le modèle et bilan 1950.
CONTINENTAL INTERCALAIRE 1950 1900 COMPLEXE TERMINAL 1950 1900
Entrées (m3/s) Entrées (m3/s)
Alimentation 9.4 9.4 Alimentation 18.2 18.2
Drainance Turonien 0.5 0.5 Drainance Turonien 5.4 4.10
Apport Cambro-Ordovicien 2 2
Contribution des réserves 0 0 Contribution des réserves
Total Entrées 11.9 11.9 Total Entrées 23.6 22.3
Sorties (m3/s) Sorties (m3/s)
Pompages 0.3 0 Pompages 7.5 0
Drainance Turonien 3.85 3.49 Drainance Turonien 2.4 1.07
Saoura et S. Timimoun 0.486 0.64 Source Ain Tawargha 2.2 2.2
Foggaras 3.718 3.84 Chotts et Sebkhas Algérie-Tunisie 8.2 13.84
Exutoire tunisien 3.89 3.92 Kaam et Syrte 1.30 1.29
Golfe de Syrte 0.105 0.105 Sources Nefzaoua Djerid 2 3.96
Total Sorties 11.9 11.9 Total Sorties 23.6 22.3
173
Fig.12-1 : Carte des remontées de niveaux du CI par rapport à 1950 (Piézométrie 1900-Piézométrie
1950)
Fig.12-2 : Carte des remontées de niveaux du CT par rapport à 1950 (Piézométrie 1900-
Piézométrie 1950)
174
• l’alimentation sur les bordures du modèle du SASS a été supprimée.
• les charges hydrauliques ont été initialisées aux altitudes du terrain naturel qui
correspondraient aux hauteurs piézométriques au début de l’Holocène. Celles-ci sont
introduites sous forme de potentiels imposés sur les mailles où affleurent les
formations aquifères. Les limites imperméables sont représentées par des conditions
de flux nul.
• les pompages sont supposés inexistants.
Ces conditions étant fixées sur le modèle du SASS, la simulation du régime permanent au
début de l’Holocène (10000 ans BP.) a abouti aux résultats consignés ci-dessous (Tableau
12-2, Fig.12-3 et 12-4).
Tableau 12-2 : Bilan du système en régime permanent à 10000 ans BP et en 1900 calculé par le
modèle.
CONTINENTAL INTERCALAIRE 10000 ans 1900 COMPLEXE TERMINAL 10000 ans 1900
BP BP
Entrées (m3/s) Entrées (m3/s)
Alimentation 28.39 9.4 Alimentation 40.9 18.2
Drainance Turonien 0.92 0.5 Drainance Turonien 9.71 4.10
Apport Cambro-Ordovicien 0.59 2
Contribution des réserves 0 0 Contribution des réserves 0 0
Total Entrées 29.9 11.9 Total Entrées 50.6 22.3
Sorties (m3/s) Sorties (m3/s)
Pompages 0 0 Pompages 0 0
Drainance Turonien 4.59 3.49 Drainance Turonien 4.69 1.07
Saoura et S. Timimoun 2.25 0.64 Source Ain Tawargha 3.9 2.2
Foggaras 17.37 3.84 Chotts et Sebkhas Algérie-Tunisie 26.87 13.84
Exutoire tunisien 4.61 3.92 Kaam et Syrte 1.27 1.29
Golfe de Syrte 1.08 0.105 Sources Nefzaoua Djerid 13.5 3.96
Total Sorties 29.9 11.9 Total Sorties 50.2 22.3
175
Fig.12-3 : Carte des remontées piézométriques du CI au début de l’Holocène par rapport à l’état
naturel 1900
176
bassins du Sahara et de l’Arabie, il est d’usage de supposer que les nappes étaient
antérieurement en régime permanent. Cependant, si les nappes ne sont pas en train d’être
rechargées actuellement, c’est qu’elles ne sont plus à l’état d ’équilibre depuis une longue
période dans la mesure où les prélèvements excèdent la recharge. Une telle possibilité
devrait être considérée en modélisant le régime actuel et futur des eaux souterraines de ces
bassins (pour la plupart des parties de ces bassins) soumis à différents taux de
prélèvements ».
Suivant la suggestion de BURDON, nous allons analyser le tarissement des aquifères
du Sahara septentrional, au cours des 10000 dernières années. Pour cela, nous présentons
tout d’abord le cas général qu’on peut appeler « le tarissement d’un réservoir linéaire».
Celui-ci sera ensuite appliqué aux charges hydrauliques sur l’Atlas saharien et l’Adrar Ben
Drich, au débit de l’Exutoire tunisien, des Foggaras et celui de Ain Tawargha.
Q= A.K. h (1)
L
Le même débit, exprimé comme la variation de volume dans le tube de section (a) par unité
de temps, s’écrit :
Q=−a. dh (2)
dt
177
dh =− A. K dt
(1 ) et (2) ⇒ h a L
⇒ ln h=− A. K .t +C
a L
Pour t = 0, h = h0 :
ln h =− A. K .t
h0 a L
12.3.2. Application du tarissement sur l’Atlas saharien et sur l’Adrar Ben Drich
Il importe de signaler que le tarissement de l’aquifère du CI sur l’Adrar Ben Drich
avait été simulé par IDROTECNECO (1982a). Cette étude a conclu que le niveau
piézométrique de l’Adrar Ben Drich a régulièrement baissé au cours des derniers 10000 ans
avec un taux de 9 mm /an. Elle ajoute que ce tarissement pur peut, cependant, être supposé
comme étant un état de pseudo-équilibre.
Nous appliquons ici le principe du perméamètre à charge variable pour l’étude du
tarissement de l’aquifère du CI, sur l’Atlas saharien et l’Adrar Ben Drich. Nous considérons
les trois tubes de courants principaux choisis d’après le tracé de lignes de courant de la
piézométrie holocène (Fig.12-6) :
• Une section allant de l’Atlas saharien vers l’Exutoire tunisien (section A-ET),
• une section allant de l’Atlas saharien vers les Foggaras (section B-F),
• une section allant de l’Adrar Ben Drich à Ain Tawargha (section C-AT).
Exutoire
Tunisien
A
B
Ain
Tawargha
Adrar C
Ben Drich
-3 2
3 : Transmissivité en 10 m /s
Chaque section peut être assimilée à un couloir d’écoulement schématisé sur la figure 12-7
ci-dessous :
178
A’ e’ α
e
l
e
L
l
A e
Z=0
h=0
Fig.12-7 : Schématisation des sections d’écoulements pour l’étude du tarissement
Le volume d’eau (Ve) dans la formation aquifère (de porosité ε ) est donné par la relation :
Ve = h. A'.ε
Le même débit, exprimé comme la variation de volume d’eau (Ve) dans la formation aquifère
par unité de temps s’écrit :
Q(t)=−dVe/ dt =− A . dh .ε (2)
sinα dt
(1 ) et (2) ⇒
A.K.
h(t) = − A . dh .ε
L sinα dt
179
dh =− A.K.sinα .dt =− l.e.K.sinα .dt
h L.A.ε L.e.l.ε
On pose :
R= 1 et C=l.e.ε
K.e.sinα
⇒ dh =− 1 . l .dt
h R.C L
⇒ ln h=− 1 . l .t + a
R.C L
⇒ ln h=− 1 . l .t +ln h0
R. C L
⇒ ( )
ln h =− 1 . l .t
h0 R.C L
h(t)
.Q(t)= A.K. L
= AK .h0 . e-t.l/R.C.L
L
Q(t)= h0 . l . e-t.l/R.C.L
R.sinα L
180
R = 173.6 s/m2
C = e. l . ε = 1,2.108 m2
3.R.C = 6250.107 s = 1982 ans
En admettant la valeur pour la piézométrie initiale de l’Atlas saharien (h0=hA=700 m) :
hA(t) = 700. e-t/1982
QA(t) = 2,10. e-t/1982
181
Tableau 12-3 : Tarissement naturel de l’aquifère du CI au cours des derniers 10000 ans
t (ans) t/1982 e-t/1982 hA (m) QA t/1289 e-t/1289 hB (m) QB t/15742 e-t/15742 hC QC
(m3/s) (m3/s) (m) (m3/s)
0 0 1 700 2.1000 0.0000 1.0000 800 3.4100 0.0000 1.0000 600 0.4350
500 0.2523 0.7770 544 1.7149 0.3879 0.6785 543 2.3136 0.0318 0.9687 581 0.4214
1000 0.5045 0.6038 423 1.4004 0.7758 0.4603 368 1.5698 0.0635 0.9385 563 0.4082
1500 0.7568 0.4692 328 1.1436 1.1637 0.3123 250 1.0650 0.0953 0.9091 545 0.3955
2000 1.0091 0.3646 255 0.9339 1.5516 0.2119 170 0.7226 0.1270 0.8807 528 0.3831
2500 1.2614 0.2833 198 0.7626 1.9395 0.1438 115 0.4903 0.1588 0.8532 512 0.3711
3000 1.5136 0.2201 154 0.6227 2.3274 0.0976 78 0.3326 0.1906 0.8265 496 0.3595
3500 1.7659 0.1710 120 0.5085 2.7153 0.0662 53 0.2257 0.2223 0.8006 480 0.3483
4000 2.0182 0.1329 93 0.4153 3.1032 0.0449 36 0.1531 0.2541 0.7756 465 0.3374
5000 2.5227 0.0802 56 0.2769 3.8790 0.0207 17 0.0705 0.3176 0.7279 437 0.3166
6000 3.0272 0.0484 34 0.1847 4.6548 0.0095 8 0.0324 0.3811 0.6831 410 0.2971
7000 3.5318 0.0293 20 0.1231 5.4306 0.0044 4 0.0149 0.4447 0.6410 385 0.2789
8000 4.0363 0.0177 12 0.0821 6.2064 0.0020 2 0.0069 0.5082 0.6016 361 0.2617
9000 4.5409 0.0107 7 0.0548 6.9822 0.0009 1 0.0032 0.5717 0.5646 339 0.2456
10000 5.0454 0.0064 5 0.0365 7.7580 0.0004 0 0.0015 0.6352 0.5298 318 0.2305
900
hA_Atlas-A
800 hB_Atlas-B
700 hC_Adrar BD
600
500
h (m)
Fig.12-8a :
400
Evolution des
300 charges
hydrauliques
200
100
0
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0
Ans (Before Present)
4.0
QA_Atlas-A
3.5 QB_Atlas-B
3.0 QC_Adrar-BD
2.5
Q (m3/s)
2.0 Fig.12-8b :
Evolution des
1.5
débits
1.0
0.5
0.0
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0
Ans (Before Present)
Fig.12-8 : Tarissement naturel des eaux du CI sur l’Atlas saharien et sur l’Adrar Ben Drich au cours des derniers
10000 ans.
182
la section C-AT, a aussi régulièrement baissé, au cours des 10000 dernières années, au
taux de 23 mm/an pour les 4000 dernières années. Dans cette dernière section, la différence
avec le taux de tarissement, de 9 mm/an, calculé par IDROTECNECO (1982a) réside dans
la surface des affleurements (25000 km2) considérée et la porosité (10%) adoptée par cette
étude.
Ces figures montrent qu’analytiquement, l’hypothèse de la recharge nulle est
inacceptable sur l’Atlas saharien. Par contre, sur l’Adrar Ben Drich, où les hauteurs
piézométriques sont proches de celles observées actuellement, la recharge nulle est
acceptable.
183
la fin du tarissement depuis le début de l’Holocène (Fig.12-9 et 12-10) montre des directions
des lignes de courants différentes de la configuration actuelle.
184
Ailleurs, par contre, les courbes piézométriques montrent une configuration identique à
l’actuel. C’est le cas de l’Adrar Ben Drich, Jebel Nefusa et le Tademaït. L’hypothèse de la
recharge nulle est donc acceptable dans ces zones.
• Pour la nappe du CI : La lecture de la figure 12-10 montre des lignes de courant sur
l’Atlas saharien. L’allure des courbes piézométriques traduit un couloir d’écoulement allant
de la région de Béchar vers l’Exutoire tunisien. Cela signifie que la nappe du CI serait
alimentée à partir de la région de Béchar et que ses eaux s’écouleraient vers l’Exutoire
tunisien. Cette configuration est complètement différente de celle qui est observée à l’état
naturel. Ce résultat est inacceptable. La recharge nulle ne peut donc être envisagée sur
l’Atlas saharien. Les lignes de courant présentent, sur le Dahar et le Jebel Nefusa, une
configuration identique à celle de l’Atlas saharien. L’hypothèse de la recharge nulle y est
donc inacceptable.
Ailleurs, par contre, les courbes piézométriques montrent une configuration identique à
l’actuel ; notamment sur l’Adrar Ben Drich, le Tinrhert et le Tademaït. L’hypothèse de la
recharge nulle est donc acceptable dans ces zones.
L’aquifère du Paléozoïque représente un cas particulier car les potentiels imposés en
régime permanent ont été maintenus au cours du régime transitoire. Le Cambro-Ordovicien
retient l’aquifère du CI sous la Hamada Al Hamra et dans l’Adrar Ben Drich. Il pourrait être
responsable, en partie, du maintien de la configuration piézométrique dans ces zones.
Le tarissement de l’aquifère du CI aux affleurements de l’Atlas saharien et de l’Adrar
Ben Drich, calculé par le modèle, est reporté sur les figures 12-11 et 12-12. La figure 12-11,
représentant la baisse des charges hydrauliques, montre qu’elles ont régulièrement baissé
au cours des 10000 dernières années. Cette baisse s’est faite à raison de 10 mm/an dans la
section Atlas-Foggaras (B-F) (Fig.12-6) et 11 mm/an dans la section Atlas-Exutoire tunisien
(A-ET), à la fin de la période (4000 dernières années). Les niveaux piézométriques de l’Adrar
Ben Drich ont aussi baissé au cours des 10000 dernières années, dans la section Adrar Ben
Drich-Ain Tawargha (C-AT), avec un taux de 7 mm/an pour les 4000 dernières années.
Toutefois, sur l’Atlas, les cotes piézométriques calculées à la dernière phase du
transitoire sont, de très loin, inférieures à celles de l’état actuel. Ce résultat réfute l’hypothèse
de la recharge nulle. On notera que pour l’Adrar Ben Drich, la baisse calculée par le modèle
(7 mm/an) est très voisine de l’évaluation d’IDROTECNECO (1982a) (9 mm/an). Le niveau
piézométrique calculé à la dernière phase du transitoire est voisin de celui de l’état actuel. La
concordance des résultats dans l’Adrar Ben Drich plaide pour la recharge nulle.
La figure 12-12 représente la baisse des débits aux exutoires de la nappe du CI. Elle
indique que les débits maximums que peuvent avoir ces exutoires sont de 17.37 m3/s pour
les Foggaras, 4.61 m3/s pour l’Exutoire tunisien et 3.9 m3/s pour Ain Tawargha. Le modèle
reproduit leur tarissement et les évalue, à la dernière phase du régime transitoire, à 1.81
m3/s pour les Foggaras, 1.87 m3/s pour l’Exutoire tunisien et 2.2 m3/s pour Ain Tawargha.
850
Atlas A
800
Atlas B
750 Adrar BD
700
650
h (m)
450
400
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0
Ans (Before present)
185
25
ET
Fogg
20
Ain Taw
15
Q (m3/s)
10
0
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0
Ans ( before present)
Fig.12-12 : Evolution des débits dans l’Exutoire tunisien, aux Foggaras et à Ain Tawargha
Des points de contrôle ont été fixés dans le modèle afin de suivre le tarissement
depuis le début de l’Holocène, à l’intérieur du bassin. Sur la figure 12-13, ci-dessous, on peut
lire la baisse des charges hydrauliques, calculée par le modèle. A la fin de la période (4000
dernières années), elle est de 9 mm/an dans la région d’El Goléa, 7 mm/an dans la région de
Touggourt, 3 mm/an dans la région de Tozeur et 5 mm/an dans la région de Ghadamès. La
région d’El Goléa, située dans la zone à nappe libre, subit un tarissement linéaire dès le
début de l’Holocène.
600 El Go léa
To uggo urt
500 To zeur
Ghadames
400
h (m)
300
200
100
0
10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0
Ans (Before present)
186
fin du tarissement depuis 10000 ans BP sont inférieures à celles de l’état de référence 1900.
Des différences de charges très importantes sont notées vers le Nord-Ouest, où elles
dépassent 400 m. Ces différences atteignent 200 m dans la limite Ouest (Mzab) et sur le
Dahar. Elles atteignent 250 à 300 m au Sud de la Libye et sur le Jebel Nefusa. Dans la
région des chotts, ces différences sont plus faibles (inférieures à 50 m) mais n’atteignent pas
zéro.
En Libye, dans la zone de Wadi Kaam et Aïn Tawargha, les différences de charge
sont très faibles, voire nulles. Des valeurs inférieures à 50 m ont été trouvées dans la sebkha
Mezzezzem et vers la limite Sud-Est.
Nous retiendrons pour la nappe du CT qu’avec des conditions de recharge nulle, le
modèle ne reproduit pas l’état de référence 1900, notamment aux zones d’alimentations de
l’Atlas, du Mzab et du Dahar. Les différences faibles notées aux exutoires sont plausibles et
se justifient par les conditions imposées dans ces zones.
• Nappe du CI
Quant à la nappe du CI, (Fig.12-15), des constatations comparables à celles de la
nappe du CT se dégagent. Sur l’Atlas saharien, le Dahar tunisen et le Jebel Nefusa,
principales zones d’alimentation de la nappe, les hauteurs piézométriques à la fin du
tarissement depuis 10000 ans BP sont, là aussi, inférieures à celles de l’état de référence
1900. Les différences de charge sont importantes sur l’Atlas saharien et sur le Dahar
tunisien où elles atteignent 300 m. Elles atteignent 150 m sur le Jebel Nefusa.
Les différences de charges faibles aux exutoires (Foggaras, vallée de la Saoura,
Exutoire tunisien et Tawargha) se justifient par les conditions imposées dans ces zones. Les
valeurs négatives (pouvant atteindre -100 m) notées dans la zone du Tinrhert et de l’Adrar
Ben Drich s’expliquent par une barrière de transmissivités faibles fixée dans la zone.
Nous pouvons aussi retenir, pour la nappe du CI, qu’avec des conditions de recharge
nulle, le modèle ne reproduit pas l’état de référence 1900, notamment aux zones
d’alimentations de l’Atlas, du Dahar et de Jebel Nefusa.
187
Fig.12-15 : Ecarts de niveaux piézométriques du CI (état 1900 – fin du tarissement depuis 10000 ans
BP)
Conclusion
La suppression des pompages dans le modèle du SASS, pour établir l’état naturel,
engendre une remontée piézométrique aux nappes du CT et du CI. Il a été procédé à la
reconstitution de la piézométrie des nappes au début de l’Holocène, pour simuler leur
tarissement. Trois sections d’écoulement ont ainsi été isolées à partir de la piézométrie au
début de l’Holocène. L’étude analytique du tarissement des nappes dans ces sections a
montré que l’hypothèse de recharge nulle est inacceptable sur l’Atlas saharien, mais elle
demeure plausible dans l’Adrar Ben Drich. D’après les calculs analytiques, sur l’Atlas
saharien, la nappe du CI tarit complètement au bout de 7500 ans, dans la section Atlas-
Foggaras. On peut noter que le début de l’Holocène n’est pas figé. Certains auteurs
indiquent qu’il y a eu des périodes humides vers 5000 - 6000 ans BP (COUVERT, 1972).
Partant de la situation piézométrique au début de l’Holocène, nous avons simulé le
tarissement des nappes au cours des 10000 dernières années, avec des conditions de
recharge nulle. Au terme de cette simulation, la configuration piézométrique obtenue dans
l’Adrar Ben Drich, le Tinrhert et le Tademaït est identique à celle observée actuellement.
L’hypothèse de la recharge nulle peut donc être admise dans ces zones.
Par contre, sur l’Atlas, le Dahar, le Jebel Nefusa et le Mzab, la configuration
piézométrique obtenue est complètement différente de celle observée actuellement. Les
cartes piézométriques à la fin du tarissement depuis le début de l’Holocène présentent des
lignes de courant dans ces zones d’alimentations ; ceci ne concorde pas avec la
configuration des cartes piézométriques actuelles. De plus, les hauteurs piézométriques
calculées durant cette phase sont inférieures à celles de l’état de référence 1900.
Il ressort de cette simulation de paléorecharge que l’hypothèse de recharge actuelle
nulle est inacceptable sur l’Atlas saharien, le Dahar, le Jebel Nefusa et le Mzab, d’où la
nécessité d’approfondir l’étude de la recharge actuelle dans ces régions.
188
QUATRIEME PARTIE :
MODELISATION HYDROLOGIQUE DE
LA RECHARGE DU SASS
189
RESUME DE LA QUATRIEME PARTIE
La recharge nulle étant inacceptable dans certaines régions sahariennes, il était,
alors, intéressant de pouvoir quantifier les lames d’eau ruisselées à partir des pluies, ainsi
que la part qui s’infiltre dans le sol. Il est ainsi procédé à la modélisation hydrologique de la
recharge. Nous nous sommes intéressé à la nappe du CI et avons procédé à la
quantification de son débit d’alimentation provenant de l’Atlas saharien ; et ce, en utilisant un
modèle hydrologique à réservoirs. Les processus se déroulant dans chaque réservoir sont
décrits par des équations de bilan spécifique.
Il a été procédé à la collecte des données des stations pluviométriques et
hydrométriques situées sur le versant Sud de l’Atlas saharien. Ces données montrent que de
tous les bassins descendant du versant Sud de l’Atlas, les bassins-versants des oueds
Namous et Seggeur sont les seuls à disposer à la fois de stations pluviométrique et
hydrométrique. Le modèle est calé sur les crues, exprimées en débits moyens journaliers,
des oueds Namous et Seggeur. Nous avons utilisé les données de pluie journalières
mesurées aux stations de Ain Sefra pour l’oued Namous et de Brezina pour l’oued Seggeur.
La période de calage dans le bassin-versant de l’oued Namous correspond aux
années d’observation à la station hydrométrique de Ain El Hadjaj ; soit trois années : de
Septembre 1973 à Août 1976. La période de calage dans le bassin-versant de l’oued
Seggeur correspond aux années d’observation à la station hydrométrique de Kheneg El
Araouia ; soit trois années : de Septembre 1974 à Août1977.
L’aptitude du modèle à reproduire la réalité est jugée sur les séries complètes, en
comparant les hydrogrammes de crues calculés par le modèle à ceux observés aux stations
de Ain El Hadjaj pour le bassin-versant de l’oued Namous et de Kheneg El Araouia pour le
bassin-versant de l’oued seggeur. La quantification de la qualité du calage est donnée par le
critère de Nash et l’écart relatif.
Le modèle a pu, ainsi, être calé sur ces périodes et a permis d’estimer l’infiltration
dans les affleurements du CI des bassins-versant où l’on dispose d’informations
pluviométriques. Cette estimation peut, toutefois, paraître grossière car en réalité, c’est une
partie du volume infiltré dans le bassin-versant amont qui intègre les affleurements
perméables utiles du Continental intercalaire ; l’autre est drainée par les formations
imperméables. Il nous a alors paru nécessaire de clarifier ce phénomène en traitant
séparément et en parallèle les affleurements perméables et imperméables par un modèle
d’infiltration en bassin-versant et en lit d’oued. Ceux-ci ont été cartographiés.
Comme le modèle précédent, ce second modèle est aussi calé sur les crues des
oueds Namous et Seggeur et utilise les mêmes données. La procédure de calage est la
même adoptée précédemment. Ce second modèle a pu, aussi, être calé sur ces périodes et
a permis d’estimer l’infiltration aux bassins-versants où l’on dispose d’informations
pluviométriques.
Ce second modèle apporte plus de précisions sur le volume infiltré dans les
affleurements perméables des bassins-versants amonts. Toutefois, des incertitudes
demeurent quant au volume infiltré à l’aval, calculé par ces deux modèles. Il a été, alors,
jugé très utile de cerner celui-ci, par un modèle de Propagation Infiltration des Crues
d’Oueds en Région Saharienne (PICORS). Pour modéliser l’infiltration dans les oueds des
versants Sud de l’Atlas saharien, le logiciel PICORS utilise une fonction Bief qui représente
le tronçon de l’oued et simule les écoulements dans les lits d’oueds. Faute de paramètres de
contrôle, des tests de sensibilités ont ainsi été effectués sur les paramètres de ce modèle et
ont amené à en retenir une combinaison. Ce modèle a permis de mieux connaître l’infiltration
dans les lits d’oueds à l’aval des bassins-versants amonts. L’infiltration dans les bassins
versants où l’on ne dispose d’aucune information pluviométrique est estimée en transposant
les résultats des bassins-versants voisins. L’analyse et la critique des résultats ont conduit à
l’évaluation du débit d’alimentation de la nappe du Continental intercalaire provenant du
piémont de l’Atlas saharien.
190
Chap.13 : UN MODELE HYDROLOGIQUE A RESERVOIRS POUR
REPRESENTER LA RECHARGE DU SASS
Introduction
Nous avons vu que la recharge nulle est inacceptable dans certaines régions
sahariennes. Les pluies intenses, encore observées au Sahara peuvent donner lieu à des
ruissellements importants. Il serait alors intéressant de pouvoir quantifier les lames d’eau
ruisselées à partir des pluies, ainsi que la part qui s’infiltre dans le sol. Dans ce chapitre,
nous nous intéressons à la nappe du CI et nous proposons de procéder à la quantification de
son débit d’alimentation provenant de l’Atlas saharien ; et ce, en utilisant un modèle
hydrologique à réservoirs.
Cimax Rr
RT
Ru
R1 =α.Es
I
Réservoir d’infiltration Réservoir de ruissellement
Les équations régissant le cycle de l’eau à travers les réservoirs sont intégrées et
résolues au pas de temps du modèle (une journée). Les équations, exécutées en séquence,
dans un tableur EXCEL, sont les suivantes :
Réservoir de bilan :
Si PB ≥ Seuil ⇒ Rr = Seuil ⇒ PN = PB - Seuil
Si PB < Seuil ⇒ Rr = PB ⇒ PN = 0
191
ETR = min (ETP ; R1 + P)
ET = max ( 0 ; P + R1 – ETR – RFU)
R1 = min (0;(R1 + P – ETR ; RFU))
Réservoirs de transfert :
I = min (ET ; Cimax)
Es = min (0 ; ET – Cimax)
Ru = α × Es
RT = Ru + Rr
Le terme ((1-α) × Es) du jour (j) est repris dans le réservoir de bilan à la fin de la journée. Il
sera ajouté à la pluie nette du lendemain (jour j+1) et participe au bilan du jour j+1. Il
correspond à l’écoulement hypodermique.
BV . Oued
Mehaiguene
33°
BV .
BV . Oued Oued
Béchar - Seggeur BV . Oued
Saoura Zergoun
BV . Oued BV . Oued
Rharbi Mazar
BV . Oued Et
Toumiat
31°
BV . Oued
Namous
Fig. 13-2 a: Carte de situation des stations pluviométriques et hydrométriques sur l’Atlas saharien (les numéros 1
à 7 : stations hydrométriques ; 8 à 22 : stations pluviométriques, renvoient aux tableaux 13-1 et 13-2)
192
Djelfa
Fig. 13-2b : Carte de situation des stations pluviométriques et hydrométriques sur l’Atlas saharien (les numéros 1
à 7 : stations hydrométriques ; 8 à 22 : stations pluviométriques, renvoient aux tableaux 13-1 et 13-2)
Les figures 13-2a et 13-2b montrent que de tous les bassins descendant du versant
Sud de l’Atlas, les bassins-versants des oueds Namous et Seggeur sont les seuls à disposer
à la fois de stations pluviométrique et hydrométrique. Les séries mensuelles de ces stations
sont portées sur les figures 13-3 et 13-4.
193
100
Pluies moy mens (m3/s)
90
Q moy mens traité (m3/s)
80
70
60
Q (m3/s)
50
40
30
20
10
0
juil- 73
oct-73
janv-74
avr -74
juin-74
sept-74
juin-75
sept-75
juin-76
mars- 75
mars- 76
Date
Fig.13-3: Pluies et débits mensuels aux stations de Ain Sefra et Ain el Hadjaj (d’après ANRH, 2003)
180
Qmoy mens (m3/s)
160
Pluies moy (m3/s)
140
120
Q (m3/s)
100
80
60
40
20
0
sept-74
nov -74
janv-75
mars- 75
mai-75
juil- 75
sept-75
nov -75
janv-76
mars- 76
mai-76
juil- 76
sept-76
nov -76
janv-77
mars- 77
mai-77
juil- 77
Date
Fig.13-4 : Pluies et débits mensuels aux stations de Brezina et Kheneg El Araouia (d’après ANRH, 2003)
Ces données brutes bien que paraissant complètes, individuellement, présentent
néanmoins quelques lacunes lorsqu’elles sont confrontées. Sur la Fig.13-3, on peut
constater que des pluies non négligeables ne possèdent pas de mesures de crues
correspondantes. L’analyse des données mensuelles ayant permis d’aboutir à la Fig.13-4
dégage la même constatation que la figure précédente, et montre que les mois de
septembre et octobre 1976 sont exceptionnellement pluvieux.
194
450
400
350
ETP (mm) 300
250
200
150
100
50
0
avril
mai
septembre
octobre
novembre
décembre
juin
juillet
août
janvier
février
mars
Mois
Fig. 13-5 : ETP mensuelle à la station de Djorf Torba (d’après MEKIDECHE et al., 1995)
Le calage sera jugé acceptable, si le critère de Nash est proche de 1 et l’erreur proche de
zéro. Le cas idéal étant un Nash égal à 1, et une erreur égale à 0.
195
valeurs de RFU = 11mm, Cimax = 0.5 mm/j, seuil = 0.06 et α = 0.035, pour le bassin-versant
de l’oued Namous (Fig.13-6a à 13-6g).
4 Q (m3/s) 20
3 15
2 10
1 5
0 0
12- 13- 14- 15- 16- 17- 18- 19- 20- 21- 9-avr- 10-avr- 11-avr- 12-avr- 13-avr- 14-avr- 15-avr- 16-avr-
févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- 75 75 75 75 75 75 75 75
75 75 75 75 75 75 75 75 75 75 d Date
c Date
15 15
10
10
5
5 0
17- 18- 19- 20- 21- 22- 23- 24- 25-
0
avr- avr- avr- avr- avr- avr- avr- avr- avr-
11- 12- 13- 14- 15- 16- 17- 18-
75 75 75 75 75 75 75 75 75
avr-76 avr-76 avr-76 avr-76 avr-76 avr-76 avr-76 avr-76
e f Date
Date
30
20
10
0
28- 29- 30- 1-juil- 2-juil- 3-juil- 4-juil- 5-juil- 6-juil-
juin- juin- juin- 76 76 76 76 76 76
76 76 76 Fig.13-6 (a, b, c, d, e, f, g) : Résultats du calage
dans le bassin-versant de l’oued Namous
g Date
Nous remarquons que pour les figures 13-6a à 13-6g, l’allure des hydrogrammes de crues
observées est assez correctement reconstituée par le modèle.
196
Des valeurs de RFU = 1 mm, Cimax = 0.5 mm, seuil = 0.08 et α = 0.03, ont conduit
au résultat ci-dessous (Fig.13-6h à 13-6m) pour le bassin-versant de l’oued Seggeur. Les
hydrogrammes calculés sont là aussi assez comparables aux mesures. Les figures 13-6j et
13-6h sont moins bien calées que les autres.
Q (m3/s)
15 Mes 20 Mes
Q (m3/s)
15
10 10
5
5 0
24- 25- 26- 27- 28- 29- 30- 1- 2-
0 nov- nov- nov- nov- nov- nov- nov- déc- déc-
10-avr-75 12-avr-75 14-avr-75 16-avr-75 18-avr-75 75 75 75 75 75 75 75 75 75
h Date i Date
15
40
10 20
5 0
0 18- 19- 20- 21- 22- 23- 24- 25- 26- 27-
sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept-
4-mars- 5-mars- 6-mars- 7-mars- 8-mars- 9-mars-
j 76 76 76 76 76 76 k
76 76 76 76 76 76 76 76 76 76
Date Dat e
80 Mes
8 Mes
Q (m3/s)
60
40 6
20 4
0 2
29- 30- 1- 2- 3- 4- 5- 6- 7- 8- 0
sept- sept- oct- oct- oct- oct- oct- oct- oct- oct- 15-mai- 16-mai- 17-mai- 18-mai- 19-mai- 20-mai-
76 76 76 76 76 76 76 76 76 76 77 77 77 77 77 77
l Date m Date
Pour apprécier l’écart entre le volume ruisselé (Vr) observé et le volume ruisselé
calculé, différentes combinaisons de valeurs des paramètres ont été testées. La
quantification de la qualité du calage est donnée par le critère de Nash et l’écart relatif. Pour
les deux bassins-versants de l’oued Namous et de l’oued Seggeur, les résultats de
l’application des différentes combinaisons dans le modèle sont portés sur les tableaux 13-3
et 13-4.
197
Tableau 13-3 : Bilan et écart relatif entre Vr calculé et Vr mesuré dans le bassin-versant de l’oued Namous
3 3
RFU Cimax
(mm) (mm/j)
Seuil
(mm)
α Vp (Mm ) Vetr (Mm ) Vr obs
3
Vr calc
3
Ecart relatif Vi
(Mm /an) (Mm /an) Nash (%) du Vr
3
(Mm /an)
Bilan
6 0.4 0.06 0.035 1617.000 1536.488 34.973 45.792 78 0.309 34.720 0.00
6 0.5 0.06 0.035 1617.000 1528.354 34.973 45.246 81 0.294 43.400 0.00
7 0.5 0.06 0.035 1617.000 1536.644 34.973 42.556 89 0.217 37.800 0.00
8 0.5 0.06 0.035 1617.000 1542.689 34.973 40.148 95 0.148 34.163 0.00
9 0.4 0.06 0.035 1617.000 1552.854 34.973 38.386 98 0.098 25.760 0.00
9 0.5 0.06 0.035 1617.000 1546.835 34.973 37.965 98 0.086 32.200 0.00
9 0.6 0.06 0.035 1617.000 1541.350 34.973 37.564 99 0.074 38.086 0.00
10 0.4 0.06 0.035 1617.000 1559.366 34.973 36.497 100 0.044 21.137 0.00
10 0.5 0.06 0.035 1617.000 1555.862 34.973 36.199 100 0.035 24.939 0.00
10 0.6 0.06 0.035 1617.000 1551.399 34.973 35.902 100 0.027 29.699 0.00
10 0.7 0.06 0.035 1617.000 1546.936 34.973 35.605 100 0.018 34.459 0.00
11 0.5 0.06 0.035 1617.000 1558.810 34.973 34.587 100 0.011 23.603 0.00
11 0.6 0.06 0.035 1617.000 1554.617 34.973 34.300 100 0.019 28.083 0.00
12 0.5 0.06 0.035 1617.000 1561.534 34.973 33.066 99 0.055 22.400 0.00
Tableau 13-4 : Bilan et écart relatif entre Vr calculé et mesuré dans le bassin-versant de l’oued Seggeur
RFU Cimax Seuil 3 3
Vp (Mm ) Vetr (Mm ) Vr obs Vr calc Ecart relatif Vi Bilan
(mm) (mm/j) (mm) α 3 3
(Mm /an) (Mm /an) Nash (%) du Vr
3
(Mm /an)
0.5 0.5 0.08 0.03 1607.298 1442.599 80.438 82.152 100 0.021 82.547 0.00
1 0.4 0.08 0.03 1607.298 1460.225 80.438 81.320 100 0.011 65.753 0.00
1 0.5 0.08 0.03 1607.298 1446.843 80.438 79.886 100 0.007 80.569 0.00
2 0.4 0.08 0.03 1607.298 1469.378 80.438 76.912 100 0.044 61.008 0.00
2 0.5 0.08 0.03 1607.298 1456.987 80.438 75.546 99 0.061 74.764 0.00
3 0.4 0.08 0.03 1607.298 1475.959 80.438 72.769 98 0.095 58.570 0.00
3 0.5 0.08 0.03 1607.298 1463.820 80.438 71.444 97 0.112 72.034 0.00
4 0.4 0.08 0.03 1607.298 1483.087 80.438 68.787 95 0.145 55.425 0.00
4 0.5 0.08 0.03 1607.298 1471.387 80.438 67.574 94 0.160 68.338 0.00
5 0.4 0.08 0.03 1607.298 1491.860 80.438 65.454 92 0.186 49.984 0.00
5 0.5 0.08 0.03 1607.298 1480.446 80.438 64.372 91 0.200 62.480 0.00
6 0.4 0.08 0.03 1607.298 1497.315 80.438 61.984 88 0.229 47.999 0.00
6 0.5 0.08 0.03 1607.298 1487.261 80.438 60.944 87 0.242 59.093 0.00
7 0.5 0.08 0.03 1607.298 1493.505 80.438 57.766 82 0.282 56.027 0.00
198
Pour calculer l’infiltration à l’aval, nous allons considérer que les oueds Namous et
Seggeur présentent les mêmes caractéristiques physiques que l’oued Zeroud, situé en
Tunisie centrale (région semi-aride, caractérisée par une pluviométrie comparable à celle de
l’Atlas saharien).
Connaissant L et Vr, nous allons déduire le volume infiltré (Vi aval) par analogie à ce
qui a été fait par BESBES (1978) dans la région de Kairouan. Nous utilisons la courbe
représentant l’infiltration en fonction du ruissellement de l’oued Zeroud (Fig.13-7). L’équation
de la courbe de tendance fournit pour chaque volume ruisselé (Vr) le volume infiltré (Vi aval)
correspondant.
45
40
35
30
Vi (Mm3)
25
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Vr (Mm3)
Ce volume infiltré (Vi aval), donné par l’équation, correspond au volume qui serait
infiltré dans l’oued Zeroud (Vioz).
Sachant que la longueur « utile infiltrante » de l’oued Zeroud est de Lz = 30 km ; connaissant
les longueurs infiltrantes des oueds considérés : par exemple, oued Namous (L = 320 km) et
oued Seggeur (L = 305 km) ; le rapport L / Lz fournit un coefficient d’infiltration dans l’oued
en question. Ce coefficient est de 10,67 pour l’oued Namous et 10,17 pour l’oued seggeur.
Les longueurs des oueds Namous et Seggeur étant trop importantes par rapport à celle de
l’oued Zeroud, cela paraît impossible, car, d’après l’équation, cela ferait trois fois le
ruissellement.
Le volume infiltré dans l’oued à l’aval (Vio) = Vioz * coefficient.
Le volume infiltré à l’amont (Vi amont) avant la station hydrométrique est égal à la lame
d’eau infiltrée à l’amont (i) * la surface du bassin-versant.
Ce volume infiltré à l’amont est très discutable, car en réalité, l’infiltration efficace (Vi aff) est
limitée aux affleurements perméables utiles, définis dans le chapitre 5.
Les séries de mesures pluviométriques observées aux bassins du versant Sud de l’Atlas
saharien ont été analysées, mises en forme, et utilisées dans le modèle afin d’estimer
l’infiltration. Ne disposant pas de tracés des bassins-versants non contrôlés, nous avons été
amené à les délimiter à l’aide du modèle numérique de terrain, acquis dans le cadre du
Projet SASS. Il s’agit du bassin d’El Abiod Sidi Cheikh et ceux des affluents de l’Oued Djedi.
Les valeurs de paramètres adoptées pour ces bassins résultent du calage du modèle
aux bassins-versants des oueds Seggeur et Namous. Elles sont les moyennes de celles
ayant donné les écarts relatifs entre Vr observé et Vr calculé les plus faibles, à savoir : RFU
= 6 mm ; Cimax = 0.5 mm/j ; seuil = 0.06 et α = 0.035. Les résultats de l’application de ces
paramètres pour tous les bassins-versants sont consignés dans le tableau 13-5.
199
Tableau 13-5 : Bilan calculé aux bassins du versant Sud de l’Atlas saharien
Apports
Oued Station moyens Surface Apports ETR Vr Vi aff perm Vi aval
2 3 3 3 3 3 3
(mm) (Km ) (Mm ) (Mm /an) Vi (Mm /an) (Mm /an) Bilan (Mm /an) (Mm /an) Période
Namous Ain Sefra 128 2800 357.609 334.915 11.326 11.369 0.000 2.277 11.369 17 ans
Seggeur Brezina 92 3905 354.574 334.711 9.766 10.098 0.000 2.856 10.098 19 ans
Rharbi Abiod S
Cheikh 101 7800 786.015 732.399 24.779 28.836 0.000 12.650 28.836 45 ans
Mzi Sekhafa 122 3000 365.215 343.156 9.849 12.210 0.000 8.815 13 ans
Nekrebets Ain Mehdi 146 714 104.348 98.961 2.363 3.024 0.000 1.629 13 ans
Bou Drine Sidi
Makhlouf 84 1086 91.658 86.535 2.522 2.601 0.000 1.113 17 ans
Mergueb Messaad 125 2230 279.099 263.115 7.106 8.878 0.000 3.486 23 ans
Moudjbara Ain El Bel 156 1880 294.107 276.575 7.923 9.608 0.000 0.320 5 ans
Douis Douis 99 480 47.533 44.684 1.295 1.554 0.000 0.148 18 ans
Djedi Ksar El
Hirane 102 2880 293.436 275.609 8.266 9.561 0.000 0.141 16 ans
Nessaad El
Haouita 91 1370 124.145 117.572 3.143 3.430 0.000 0.583 18 ans
3
Total (Mm /an) 3097.741 2908.232 88.339 101.170 0.000 34.017 50.303
3
Total (m /s) 98.23 92.22 2.80 3.21 1.08 1.60
3
Le volume infiltré à l’aval, après la station hydrométrique, est évalué à 1.60 m /s. Ce
débit se perd dans les affleurements aquifères du Continental intercalaire ou dans les
formations sus-jacentes du Tertiaire ou du Quaternaire.
Pour les sous-bassins des affluents de l’oued Djedi, le volume infiltré à l’aval se
perdrait dans les formations mio-plio-quaternaires du Complexe terminal. Il n’est pas
comptabilisé dans le débit d’alimentation du Continental intercalaire à partir de l’Atlas
saharien.
Quant aux bassins-versants des oueds Namous, Seggeur et Rharbi, tout le volume
infiltré à l’aval (1.60 m3/s) se perd dans les formations perméables du Mio-plio-quaternaire
(Fig.13-8) et atteint le Continental intercalaire en l’absence d’imperméable entre les
formations.
Ces calculs n’ont pas concerné les bassins-versants des oueds Zergoun, Mazar,
Mehaiguene, Et Toumiat et Zousfana, ne disposant d’aucune information pluviométrique
(Fig.13-8), nous essayons de quantifier leurs apports respectifs plus loin.
200
Affleurements
perméables utiles du
Continental intercalaire
Station hydrométrique
Introduction
Le modèle hydrologique à réservoirs fixe les ordres de grandeurs du volume infiltré
dans les bassins-versants amont mais traite les affleurements perméables et imperméables
comme une seule entité. Il sera procédé, ici, à l’illustration et à la clarification du
fonctionnement en parallèle des affleurements perméables et imperméables par un modèle
d’infiltration en bassin-versant et en lit d’oued. Ce modèle permettra d’apporter quelques
précisions par rapport à celui élaboré dans le chapitre précédent, qui est beaucoup plus
général.
Continental
intercalaire
Station
Pluviométrique
Quaternaire
indifférencié
Limite du
bassin versant
Jurassique
Station
Hydrométrique
Fig.14-1 : Carte lithologique du bassin-versant de l’oued Namous, avec limites du bassin-versant et position de la station hydrométrique Aïn El Hadjaj
Quaternaire
indifférencié
Jurassique
Station
Pluviométrique
Mio-plio-
quaternaire
Station
Hydrométrique
Fig.14-2 : Carte lithologique du bassin-versant de l’oued Seggeur, avec limites du bassin-versant et position de la station hydrométrique Kheneg El Araouira
Affleurements
perméables du CI
Station
Pluviométrique
Affleurements
imperméables
Station
Hydrométrique
Fig.14-3 : Extension des formations perméables et imperméables dans le bassin-versant de l’oued Namous
Affleurements
imperméables
Station
Pluviométrique
Affleurements
perméables du CI
Station
Hydrométrique
Fig.14-4 : Extension des formations perméables et imperméables dans le bassin-versant de l’oued Seggeur
(1-α) Es
Rr
PN
ETRi ETRp
ETi
ETp
Esi
Es
RFUi Esp
RFUp
Cimaxp
Ri Ru =
Rp α.Es
RT
I
Rimp Rper Rinf Rrui
Réservoirs de Réservoirs de
bilan Transfert
Légende :
PB : Pluie brute
PN : Pluie nette
Rr : Ruissellement rapide
α : Coefficient de ruissellement
Ru : Ruissellement superficiel
RT : Ruissellement total
ETR : Evapotranspiration réelle
RFU : réserve facilement utilisable i : dans les affleurements perméables
R : Réserve du sol
ET : Ecoulement total p : dans les affleurements
Cimax : Capacité d’infiltration maximale imperméables
Es : Ecoulement superficiel
Rimp , Rper Réservoir Imp : imperméable ; per : perméable
Rinf , Rrui inf : d’infiltration ; rui : de ruissellement
Fig.14-5 : Schématisation du modèle avec deux sous-bassins des affleurements perméables et
imperméables
Les équations régissant le cycle de l’eau à travers les réservoirs sont intégrées et
résolues au pas de temps du modèle (une journée). Les équations, exécutées en séquence,
dans un tableur EXCEL, sont les suivantes :
Réservoirs de bilan :
Si PB ≥ Seuil ⇒ Rr = Seuil ⇒ PN = PB - Seuil
Si PB < Seuil ⇒ Rr = PB ⇒ PN = 0
ETRi = min (ETP ; Ri + PN)
ETRp = min (ETP ; Rp + PN)
ETp = max ( 0 ; PN + Rp – ETRp – RFUp)
ETi = max ( 0 ; PN + Ri – ETRi – RFUi)
Ri = min (0;(Ri + PN – ETRi ; RFUi))
Rp = min (0;(Rp + PN – ETRp ; RFUp))
Réservoirs de transfert :
I = min (ETP ; Cimaxp)
Esp = min (0 ; ETp – Cimaxp)
Esi = ETi
Es = Esi + Esp
Ru = α × Es
RT = Ru + Rr
Comme dans le modèle hydrologique à réservoirs, le terme ((1-α) × Es) du jour (j),
correspondant à l’écoulement hypodermique, est repris dans le réservoir de bilan à la fin de
la journée. Il sera ajouté à la pluie nette du lendemain (jour j+1) et participe au bilan du jour
j+1.
2 25
20
1.5 15
1 10
5
0.5 0
0 21- 22- 23- 24- 25- 26- 27- 28-
17-nov-73 18-nov-73 19-nov-73 20-nov-73 21-nov-73 avr-74 avr-74 avr-74 avr-74 avr-74 avr-74 avr-74 avr-74
a date b Date
4
Q (m3/s)
20
3
2 15
1 10
0 5
13- 14- 15- 16- 17- 18- 19- 20- 21- 22- 0
févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- févr- 10-avr-75 11-avr-75 12-avr-75 13-avr-75 14-avr-75 15-avr-75
75 75 75 75 75 75 75 75 75 75
c Date d Date
209
Crue du 13 au 16/04/76 Crue du 19 au 23/04/75
25 30
calc calc
20 25
mes mes
20
Q (m3/s)
Q (m3/s)
15
15
10 10
5 5
0
0
18-avr- 19-avr- 20-avr- 21-avr- 22-avr- 23-avr- 24-avr-
12-avr- 13-avr- 14-avr- 15-avr- 16-avr- 17-avr- 18-avr-
75 75 75 75 75 75 75
76 76 76 76 76 76 76
e f Date
Date
30
20
10
0
29-juin- 30-juin- 1-juil-76 2-juil-76 3-juil-76 4-juil-76 5-juil-76
76 76
g Date
8 20
6 16
4 12
8
2 4
0 0
11-avr- 12-avr- 13-avr- 14-avr- 15-avr- 16-avr- 17-avr- 25- 26- 27- 28- 29- 30- 1-déc- 2-déc-
75 75 75 75 75 75 75 nov-75 nov-75 nov-75 nov-75 nov-75 nov-75 75 75
h Date i Date
Mes 2.5
Q (m3/s)
2.0
10.0 1.5
1.0
5.0 0.5
0.0
0.0 16-mai- 16-mai- 17-mai- 17-mai- 18-mai- 18-mai- 19-mai-
5-mars-76 6-mars-76 7-mars-76 8-mars-76 9-mars-76 77 77 77 77 77 77 77
j Date k Date
210
Crue du 20 au 25/09/76 Crue du 01 au 04/10/76
100 120
Calc 100 Calc
80
Q (m3/s)
80 Mes
Q (m3/s)
60 Mes
60
40
40
20 20
0 0
19- 20- 21- 22- 23- 24- 25- 26- 27- 30- 1-oct- 2-oct- 3-oct- 4-oct- 5-oct- 6-oct- 7-oct- 8-oct-
sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- sept- 76 76 76 76 76 76 76 76
76 76 76 76 76 76 76 76 76 76
l Date m Date
Tableau 14-2 : Bilan et écart relatif entre Vr calculé et mesuré dans le bassin-versant de l’oued
Seggeur
Seuil Vetr Vr obs Vr calc Ecart relatif Vi Nash
RFUp Cimaxp RFUi α (mm) Vp (Mm3) (Mm3) (Mm3/an) (Mm3/an) moyen du Vr (Mm3/an) (%)
2 0.4 8 0.05 0.08 1607.298 1500.361 80.438 71.144 0.116 10.468 97
2 0.5 8 0.05 0.08 1607.298 1492.901 80.438 70.032 0.129 12.974 96
2 0.5 10 0.05 0.08 1607.298 1504.599 80.438 63.201 0.214 11.551 90
2 0.5 6 0.05 0.08 1607.298 1484.272 80.438 77.796 0.033 13.227 100
2 0.5 7 0.05 0.08 1607.298 1489.142 80.438 73.772 0.083 12.980 97
3 0.5 7 0.05 0.08 1607.298 1496.375 80.438 69.939 0.131 11.985 96
3 0.5 6 0.05 0.08 1607.298 1492.432 80.438 73.863 0.082 11.991 98
3 0.5 8 0.05 0.08 1607.298 1501.956 80.438 66.310 0.176 11.415 93
4 0.5 6 0.05 0.08 1607.298 1498.876 80.438 70.354 0.125 11.133 96
4 0.5 5 0.05 0.08 1607.298 1494.820 80.438 74.391 0.075 11.138 99
211
Pour le bassin-versant de l’oued Seggeur, c’est la combinaison "RFUp = 2 mm ;RFUi
= 6 mm ; α = 0.05 ; Seuil = 0.08 mm et Cimax = 0.5 mm/j" qui présente l’écart relatif, sur les
trois années de référence, entre le Vr observé et le Vr calculé le plus faible (3.3%), avec un
coefficient de Nash de 100%.
Ces valeurs de paramètres ont été retenues, pour chaque bassin-versant, et
appliquées à toutes les séries d’observations des stations pluviométriques de Ain Sefra et de
Brezina. Les résultats sont portés sur les tableaux 14-3 et 14-4.
Tableau 14-3 : Bilan calculé sur la série d’observations de Ain Sefra
Apports RFUp RFUi Cimaxp α Seuil
Année (mm) (mm) (mm) (mm/j) (mm) ETR (mm) Li (mm) Lr (mm) Bilan
1971-1972 13.5 3 10 0.5 0.05 0.05 13 0 0.15 0.00
1972-1973 77.3 3 10 0.5 0.05 0.05 77 0 0.50 0.00
1973-1974 198.3 3 10 0.5 0.05 0.05 193 2 3.75 0.00
1974-1975 187.2 3 10 0.5 0.05 0.05 182 2 3.13 0.00
1975-1976 192 3 10 0.5 0.05 0.05 183 3 5.68 0.00
1976-1977 142.5 3 10 0.5 0.05 0.05 140 1 1.70 0.00
1977-1978 136.9 3 10 0.5 0.05 0.05 123 5 8.55 0.00
1978-1979 81.1 3 10 0.5 0.05 0.05 75 3 3.66 0.00
1979-1980 134.4 3 10 0.5 0.05 0.05 133 0 1.54 0.00
1980-1981 100.9 3 10 0.5 0.05 0.05 100 0 1.35 0.00
1981-1982 154.7 3 10 0.5 0.05 0.05 143 4 6.84 0.00
1982-1983 96.3 3 10 0.5 0.05 0.05 91 2 2.96 0.00
1983-1984 48.8 3 10 0.5 0.05 0.05 48 0 0.75 0.00
1984-1985 132.6 3 10 0.5 0.05 0.05 131 0 1.35 0.00
1986-1987 177.3 3 10 0.5 0.05 0.05 168 4 5.35 0.00
1987-1988 145.7 3 10 0.5 0.05 0.05 143 1 1.73 0.00
1988-1989 151.7 3 10 0.5 0.05 0.05 148 1 2.51 0.00
Moyenne 128 123 1.64 3.03 0.00
2
S (km ) 2800 2800 650 2800
3
Vmoy (Mm /an) 357.609 344.521 1.069 8.483
212
Ces résultats montrent que pour le bassin de l’oued Namous, 96.34% de la pluie
s’évapore, 1.29% s’infiltre et 2.37% ruisselle. Le rapport entre la lame d’eau infiltrée et
ruisselée est pratiquement de 12 ; mais intégrées à leurs surfaces respectives, le rapport des
volumes passe à 18 .
Pour le bassin d’oued Seggeur, 94.30% de la pluie s’évapore, 2.45% s’infiltre et 3.25%
ruisselle. Le rapport entre la lame d’eau infiltrée et ruisselée est pratiquement de 34 ; mais
intégrées à leurs surfaces respectives, le rapport des volumes passe à 14 .
Le volume infiltré à l’aval des bassins-versants est évalué à 1.56 m3/s. Ce débit se
perd dans les affleurements aquifères du Continental intercalaire ou dans les formations sus-
jacentes du Tertiaire ou du Quaternaire.
Pour les sous-bassins du bassin-versant de l’oued Djedi, le volume infiltré à l’aval se
perdrait dans les formations mio-plio-quaternaires du Complexe terminal. Il n’est pas
comptabilisé dans le débit d’alimentation du Continental Intercalaire à partir de l’Atlas
saharien.
Quant aux bassins-versants des oueds Namous, Seggeur et Rharbi, tout le volume
infiltré à l’aval (1.56 m3/s) se perd dans les formations perméables du Mio-plio-quaternaire
(Fig.13-8) et atteint le Continental intercalaire en l’absence d’imperméable entre les
formations.
213
2° 3° 4°
Affleurements du
Continental Intercalaire
34°
Limite de bassin-
versant
Station pluviométrique
Force est de constater qu’aussi bien dans le premier modèle de bilan (chapitre 13)
que dans le second, le volume infiltré dans les oueds à l’aval des bassins-versants amonts
est égal au maximum du ruissellement dans ces derniers. Ce fait est dû à la longueur trop
importante des oueds par rapport à celle de l’oued Zeroud. Le rapport donne des coefficients
d’infiltration trop importants ; ce qui surestime alors le volume infiltré à l’aval, car en réalité
une partie de celui-ci est soumise à l’évaporation.
Conclusion
Le modèle d’infiltration en bassin-versant et en lit d’oued trouve les mêmes ordres de
grandeurs de l’alimentation de la nappe du CI provenant de l’Atlas saharien calculés par le
modèle hydrologique à réservoirs. Il apporte, cependant, plus de précisions sur le volume
infiltré dans les affleurements perméables des bassins-versants amonts mais des
incertitudes demeurent sur le volume infiltré à l’aval. Il serait, alors, très utile de cerner celui-
ci, par un modèle de Propagation Infiltration des Crues d’Oueds en Région Saharienne.
214
Chap.15 : MODELE D’INFILTRATION DES CRUES D’OUEDS EN REGION
SAHARIENNE
Introduction
Aussi bien dans le modèle hydrologique à réservoirs (chapitre 13) que dans le
modèle d’infiltration en bassin-versant et en lit d’oued (chapitre 14), le volume infiltré dans
les oueds à l’aval des bassins-versants amonts semble surestimé. Afin de mieux le cerner,
nous nous proposons de traiter les ruissellements à l’aval des bassins-versants par le logiciel
PICORS (Modèle de Propagation Infiltration des Crues d’Oueds en Région Saharienne).
où:
P : apport de crue et/ou précipitations
ETR : évapotranspiration réelle
E : écoulement total
t : le temps
L’écoulement total (E) représente non seulement le ruissellement vers l’extérieur du
domaine D (ou la submersion), mais aussi l’infiltration nette sur ce domaine, c’est-à-dire la
partie de l’apport qui échappe à l’évapotranspiration et qui ira rejoindre la nappe après
transfert dans la zone non saturée. Ce terme E constitue l’apport efficace.
Cette définition de la fonction production implique qu’au-dessus de la surface libre de
la nappe phréatique, existent deux horizons.
• un horizon superficiel, le sol, caractérisé par sa réserve en eau (stock), soumis à
l’évaporation. Cet horizon subit une suite d’humectations et d’assèchements en fonction
des apports et de la demande en eau de l’atmosphère ;
215
• un horizon profond possédant un degré d’humidité en permanence supérieur ou égal
à la capacité au champ et assurant, par conséquent, la conservation de la masse.
Une fonction production telle que décrite ci-dessus se compose donc de deux réservoirs
en série :
o un réservoir sol appelé réservoir de bilan qui réalise le bilan hydrique
et permet de définir l’apport efficace ;
o un réservoir assurant le transfert de cet apport efficace dans le
domaine : soit sous forme d’infiltration ; soit sous forme de submersion ou de
ruissellement à l’aval.
216
VAB : volume apporté au bief (crue et/ou précipitations)
ETRB : évaporation réelle sur le bief
RB : réserve en eau dans le réservoir sol du bief
CRB : capacité maximale du réservoir sol du bief (niveau de débordement)
VEB : écoulement total sur le bief
CIB : valeur maximale de l’infiltration sur le bief
VIB : infiltration efficace sur le bief
VRP : volume potentiel disponible au ruissellement
VS : volume stocké à la surface du bief
VRAB : volume ruisselé à l’aval du bief.
217
15.2. Application sur les crues de l’Atlas saharien
Outre les données d’ordre général relatives aux caractéristiques des biefs, la
simulation à l’aide du modèle MECRA nécessite les données relatives aux débits observés
aux différentes stations de contrôle ainsi que les hydrogrammes complets d’entrées du
système. Au vu des données recueillies, nous ne disposons pas d’hydrogrammes de
référence sur lesquels caler le modèle. Nous procéderons alors à des tests de sensibilités
sur les paramètres pour essayer d’approcher l’infiltration dans les oueds de l’Atlas saharien.
218
Oued Douis Oued Moudjbara
Oued Mzi BV = 480 km
2
BV = 1880 km
2
2
BV = 3000 km
Oued Nekrebets Oued Mergueb
2
BV = 714 km
2 BV = 2230 km
Oued Djedi
4000
2
km
2800
2
km
Oued Seggeur
300 km
Oued Zergoun
250 km
Oued Namous
320 km Oued Rharbi
190 km
219
En vue d’analyser la réaction du modèle aux différents paramètres, et dans
l’impossibilité d’effectuer un quelconque calage, des tests de sensibilité ont été réalisés sur
le bassin-versant de l’oued Namous. Ils consistent à faire plusieurs simulations avec des
valeurs différentes d’un même paramètre, les autres paramètres restant par ailleurs
inchangés.
60
1-juil-76
50 2-juil-76
3-juil-76
40
4-juil-76
Qr (m3/s)
30 a : Cimax = 20
mm/j
20
10
0
0 20 40 60 80 100
X (km)
60
1-juil-76
50
2-juil-76
40 3-juil-76
4-juil-76
Qr (m3/s)
30
b : Cimax = 80
mm/j
20
10
0
0 20 40 60 80 100
X (km)
Pour le volume ruisselé intégré à l’ensemble des périodes, la Fig.15-4a montre que pour
Cimax = 50 mm/j, le ruissellement parcourt pratiquement toute la longueur de l’oued
Namous. Alors que pour Cimax = 400 mm/j, celui-ci s’annule au bout de 60 km de parcours.
Pour des valeurs des paramètres retenus dans le tableau 15-1, les Fig.15-4a et 15-4b
montrent qu’une augmentation de Cimax entraîne une diminution de Qr ; et une
augmentation du CST entraîne une augmentation de Qr.
1800
Cimax=50
1600
Cimax=100
1400
Cimax=200
1200
Cimax=400
Qr (m3/s)
1000
800
600
400
200
0
0 40 80 120 160 200 240 280 320
X (km)
Fig. 15-4a : Influence du Cimax (en mm/j) sur le volume ruisselé intégré à toute la période
1600
CST=0.2
1400
CST=0.35
1200
CST=0.4
1000 CST=0.5
Qr (m3/s)
800
600
400
200
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220
X (km)
Fig. 15-4b : Influence du CST sur le volume ruisselé intégré à toute la période
La RFU et le Coef sont moins sensibles que le Cimax et le CST. Mais une augmentation de
la RFU ou du Coef entraîne une diminution du Qr (Fig.15-4c et 15-4d).
1800
1600
RFU=20
1400
RFU=200
1200
Qr (m3/s)
1000
800
600
400
200
0
0 20 40 60 80 100
X (km)
Fig. 15-4c : Influence de la RFU sur le volume ruisselé intégré à toute la période
221
1600
1400 Coef=400
1200 Coef=700
1000
Q (m3/s)
800
600
400
200
0
0 50 100 150 200 250
X (km)
L’évolution du Qr en fonction du temps est donnée par la Fig.15-5. Elle montre qu’en
un bief donné (Bief 5 : X=50 km), une diminution du Cimax (mm/j) ou une augmentation du
CST entraîne une accentuation du pic de la crue traduisant une augmentation du volume
ruisselé (Fig.15-5a) ; mais, l’inverse entraîne son étalement (diminution du volume ruisselé )
(Fig.15-5b).
16
Cimax=200
14
Cimax=300
12
Cimax=400
10 Cimax=500
Qr (m3/s)
8
6
4 Fig.15-5a)
2
0
28-juin- 29-juin- 30-juin- 1-juil- 2-juil- 3-juil- 4-juil- 5-juil- 6-juil- 7-juil-
76 76 76 76 76 76 76 76 76 76
Date
30
CST=0.3
25 CST=0.5
CST=0.7
20
CST=0.9
Qr (m3/s)
Fig.15-5b
15
10
0
27-juin- 29-juin- 1-juil-76 3-juil-76 5-juil-76 7-juil-76 9-juil-76 11-juil-76
76 76
Date
222
b) Influence des paramètres sur le volume infiltré (Qi)
Pour les valeurs des paramètres retenus dans le tableau 15-1 (Coef = 100 ; RFU=80
mm ; CST=0.7), la Fig.15-6a montre qu’une augmentation du Cimax entraîne une
augmentation du volume infiltré intégré sur toute la période. Pour Cimax=50 mm/j, le
ruissellement parcourt toute la longueur de l’oued.
700
600 Cimax=50
Cimax=100
500
Cimax=200
Cimax=400
Qi (m3/s)
400
300
200
100
0
0 50 100 150 200 250 300
X (km)
160
140 Qr (Mm3)
120 Qi (Mm3)
100
Q (Mm3)
80
60
40
20
0
0 20 40 60 80 100 120
X (km)
223
• la réserve facilement utilisable (RFU) affecte peu les résultats puisqu’elle agit surtout
sur les conditions initiales de réserves dans les lits des oueds. Elle peut toutefois servir
pour un calage plus fin.
Les tests de sensibilité montrent la réaction du modèle pour différents jeux de
paramètres. Faute d’observations des eaux ruisselées dans les oueds, à l’aval des bassins-
versants, il est impossible de procéder au calage du modèle PICORS. Comme les valeurs
des paramètres utilisées ci-dessus ont été validés pour des oueds en Tunisie centrale, elles
permettent d’adopter les valeurs moyennes pour le calcul de l’infiltration dans les lits des
oueds, à l’aval des bassins-versants.
a) Oued Namous
BV Amont : S = 2800 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Nom : Ain Sefra ; Station hydrométrique : Nom : Ain El Hadjaj
X = 0°19'30" W Y = 32°46'20" X = 0°38'10" W Y = 32°33'20"
Oued Aval : L = 320 km RFU = 80 mm Cimax = 500 mm/j CST = 0.7 Coef = 100
2
S=2800 km
S
L=320 km SP : Station pluviométrique
SP
SH : Station hydrométrique
SH
224
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont I oued-aval I oued-aval I oued-aval
(Mm3) (Mm3) (Mm3) (Mm3)
Cimax = Cimax Cimax
200mm/j =500mm/j =800mm/j
25-janv-82 au 2-févr-82 117.880 14.016 2.275 11.204 12.940 13.405
31-oct-82 au 5-nov-82 98.280 5.488 1.300 4.522 4.982 5.236
17-22-oct-86 137.200 6.613 1.037 4.482 5.711 6.068
15-20-nov-86 97.160 4.178 1.298 3.214 3.734 3.932
8-10-nov-87 64.400 0.644 0.325 0.591 0.602 0.626
13-20-janv-89 77.280 2.127 0.866 1.827 1.964 2.047
Moyenne annuelle 121.998 5.181 1.069 3.904 4.589 4.831
b) Oued Seggeur
BV Amont : S = 3905 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Nom : Brezina ; Station hydrométrique : Kheneg El Araouia
X = 1°12'10" E Y = 33°22'03" X = 1°09'45" E Y = 33°08'25"
Oued Aval : L = 300 km RFU = 80 mm Cimax = 500 mm/j CST = 0.7 Coef = 100m
2
S=3905 km
SP L=300 km
S
SH
225
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont I oued-aval I oued-aval I oued-aval
(Mm3) (Mm3) (Mm3) (Mm3)
Cimax = Cimax Cimax
200mm/j =500mm/j =800mm/j
18-avr-77 62.400 0.312 0.418 0.272 0.289 0.288
23-24-nov-77 50.700 0.636 0.571 0.542 0.580 0.580
21-28-janv-79 117.000 9.360 3.980 7.548 8.517 8.897
21-24-févr-79 98.670 3.919 1.713 3.012 3.391 3.639
17-févr-80 42.900 0.312 0.305 0.281 0.293 0.293
23-24-févr-80 62.790 0.734 0.817 0.726 0.715 0.723
26-27-févr-80 30.420 0.756 0.329 0.731 0.749 0.750
17-19-janv-82 70.980 3.116 1.713 2.350 2.701 2.846
15-17-févr-82 78.000 2.657 1.222 1.645 2.181 2.398
24-25-mars-82 56.940 0.625 0.381 0.429 0.554 0.554
26-27-avr-82 70.590 0.625 0.315 0.576 0.609 0.609
15-16-oct-84 60.840 0.625 0.341 0.498 0.604 0.604
4-avr-85 66.690 0.407 0.571 0.361 0.384 0.392
16-18-oct-86 137.280 4.818 1.713 3.628 4.340 4.451
17-18-oct-88 98.280 2.938 1.142 1.846 2.403 2.579
22-23-avr-89 67.860 0.661 0.571 0.535 0.589 0.589
Moyenne annuelle 189.417 7.282 2.537 5.478 6.448 6.741
c) Oued Rharbi
BV Amont : S = 7800 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : El Abiod S. Cheikh ; Station hydrométrique : Station fictive
X =0°32'50" E Y = 32°52'03" X = 0°10'25" E Y = 32°22'10"
Oued Aval : L = 190 km RFU = 80 mm Cimax = 500 mm/j CST = 0.7 Coef = 100m
2
S=7800 km
SP L=190 km
S
SH
226
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont I oued-aval I oued-aval I oued-aval
(Mm3) (Mm3) (Mm3) (Mm3) Cimax
Cimax = Cimax =800mm/j
200mm/j =500mm/j
6-8-juin-17 265.980 3.205 1.991 2.812 3.107 3.101
8-11-déc-17 176.280 10.331 7.964 7.744 9.245 9.658
19-21-déc-17 133.380 4.187 5.383 2.860 3.497 3.802
6-10-janv-18 178.620 7.290 7.964 5.718 6.618 6.811
19-20-févr-18 98.280 0.780 3.757 0.657 0.701 0.709
9-13-nov-18 212.160 6.284 5.395 4.115 5.041 5.500
15-18-nov-18 175.500 9.638 7.964 7.490 8.762 9.036
6-janv-19 79.560 1.036 1.991 0.775 0.866 0.909
8-9-mars-19 95.160 0.780 0.988 0.273 0.372 0.373
3-nov-34 87.360 0.390 1.971 0.316 0.348 0.347
5-nov-34 119.340 1.203 1.991 0.917 1.101 1.120
19-20-nov-34 97.500 0.937 1.991 0.818 0.857 0.889
28-avr-35 124.800 1.445 1.991 0.949 1.234 1.261
19-21-oct-35 177.840 2.041 1.991 1.619 1.818 1.878
24-27-mars-36 222.300 15.642 7.964 10.605 13.481 14.102
19-21-oct-36 340.080 9.055 3.982 6.469 7.440 8.370
26-27-août-37 241.800 4.113 1.991 3.303 3.542 3.884
22-23-avr-38 168.480 2.623 1.991 1.801 2.135 2.126
25-28-avr-38 214.500 7.669 5.973 6.166 7.176 7.503
26-29-nov-38 202.800 4.413 3.982 3.349 3.837 4.058
10-mars-39 93.600 1.123 1.991 0.863 1.025 1.053
20-22-avr-39 224.640 4.974 3.982 3.534 4.255 4.426
3-mai-39 134.160 1.228 1.991 0.934 1.154 1.166
4-7-nov-39 302.640 19.809 7.964 12.629 16.179 17.155
28-29-déc-39 77.220 0.909 1.991 0.884 0.899 0.903
12-15-janv-40 159.900 4.620 5.973 3.677 4.273 4.421
6-8-mars-40 179.400 8.277 5.973 6.133 7.368 7.608
16-mars-41 81.900 0.824 1.991 0.752 0.780 0.795
15-avr-41 85.800 0.451 1.991 0.429 0.428 0.442
15-18-déc-41 194.220 8.529 7.444 5.523 7.049 7.744
2-5-janv-42 131.820 2.496 3.982 2.107 2.278 2.341
7-8-déc-42 74.880 0.780 0.870 0.617 0.755 0.758
17-25-févr-43 236.340 17.959 13.814 14.298 16.086 16.851
26-28-mars-43 113.880 2.161 2.398 1.615 1.867 1.950
20-21-avr-43 158.340 2.850 1.991 4.449 5.154 4.876
23-30-avr-43 503.100 56.708 13.937 40.931 49.420 53.190
6-9-déc-43 198.900 4.714 5.973 3.447 4.124 4.317
28-avr-44 104.520 0.928 1.991 0.731 0.790 0.842
4-5-nov-44 157.560 2.337 1.991 2.135 2.241 2.225
17-19-févr-45 85.020 1.329 1.991 1.208 1.239 1.253
24-25-nov-45 137.280 0.796 1.991 0.676 0.719 0.725
5-7-janv-46 101.400 1.469 1.991 1.435 1.421 1.431
19-24-avr-46 346.320 22.093 7.964 14.343 18.054 19.480
30-juin-46 109.200 0.390 0.516 0.362 0.375 0.375
12-févr-47 50.700 0.390 1.073 0.337 0.362 0.358
28-29-nov-47 146.640 2.131 1.991 1.687 2.061 2.041
18-janv-48 50.700 0.390 0.470 0.374 0.381 0.381
10-11-oct-48 161.460 1.393 1.991 1.213 1.383 1.372
10-11-janv-49 75.660 0.801 1.991 0.777 0.785 0.785
28-févr-49 93.600 1.394 2.896 1.082 1.344 1.338
24-28-mars-49 234.000 17.984 9.781 12.119 15.120 16.482
27-28-avr-49 124.800 0.841 1.991 0.812 0.818 0.820
2-mai-49 97.500 0.390 1.005 0.007 0.385 0.385
10-25-déc-49 706.680 177.587 30.765 135.916 159.768 166.250
23-janv-50 64.740 0.599 1.991 0.534 0.543 0.571
13-14-avr-50 93.600 0.780 1.597 0.692 0.729 0.732
5-8-mai-50 276.120 5.676 5.973 4.101 4.865 5.115
9-sept-50 191.100 2.119 1.991 1.440 1.924 1.959
14-oct-50 139.620 1.142 1.991 0.807 0.994 1.013
25-27-déc-50 92.040 1.557 1.991 1.367 1.436 1.497
227
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont I oued-aval I oued-aval I oued-aval
(Mm3) (Mm3) (Mm3) (Mm3) Cimax
Cimax = Cimax =800mm/j
200mm/j =500mm/j
5-mars-51 104.520 1.401 1.991 0.988 1.235 1.263
10-14-sept-51 471.900 21.845 7.964 13.199 17.708 18.547
5-7-déc-51 171.600 4.368 5.973 3.479 4.042 4.185
22-déc-51 109.200 1.513 1.991 1.088 1.348 1.394
13-17-déc-57 235.560 10.634 9.955 7.572 9.097 9.640
28-29-déc-57 94.380 0.839 1.991 0.694 0.741 0.762
9-13-janv-58 195.000 10.993 9.450 7.706 9.531 10.095
15-21-janv-58 180.180 19.255 13.937 15.348 17.293 18.112
28-30-janv-58 109.980 1.599 1.991 1.370 1.527 1.535
3-5-avr-58 230.100 6.073 5.973 4.561 5.488 5.625
17-juin-58 109.980 0.390 0.719 0.341 0.362 0.362
24-28-oct-58 429.780 18.479 7.964 12.021 14.327 16.256
3-7-nov-58 354.120 25.649 7.964 18.573 21.824 24.082
1-2-déc-59 144.300 3.850 3.982 2.819 3.454 3.569
12-13-janv-61 95.940 1.263 3.982 1.173 1.202 1.223
7-avr-61 85.800 0.451 1.991 0.419 0.432 0.434
31-oct-61 133.380 1.562 1.991 1.648 1.881 1.867
20-janv-62 71.760 0.778 1.991 0.732 0.749 0.759
19-20-févr-62 61.620 0.780 1.479 0.747 0.760 0.761
15-16-mai-62 234.000 7.265 3.982 4.883 6.379 6.517
2-oct-76 122.460 1.283 1.991 0.994 1.231 1.242
6-12-janv-77 216.060 16.817 11.946 13.050 15.137 15.934
20-25-janv-77 171.600 9.689 8.813 7.457 8.712 9.163
1-févr-77 62.400 0.390 1.349 0.338 0.364 0.360
20-26-janv-79 203.580 16.308 10.078 11.961 14.813 15.505
21-28-févr-79 368.160 45.538 15.928 33.636 40.589 42.154
5-6-sept-79 183.300 2.451 1.991 1.730 2.201 2.273
12-13-janv-80 78.000 0.979 1.991 0.838 0.866 0.900
16-25-janv-82 280.020 34.116 16.382 26.353 30.223 31.747
15-16-févr-82 99.060 1.314 1.991 1.082 1.164 1.252
22-23-févr-82 108.420 1.150 3.982 0.960 1.035 1.067
23-25-mars-82 141.180 2.464 1.991 1.887 2.085 2.220
25-28-avr-82 370.500 16.083 7.964 10.162 13.617 13.987
16-17-oct-84 183.300 4.365 3.982 2.518 3.352 3.612
7-janv-85 49.140 0.390 0.667 0.300 0.336 0.336
14-15-janv-85 92.040 1.354 2.700 0.909 1.167 1.193
21-22-févr-85 140.400 3.511 3.982 2.290 2.929 3.116
7-9-oct-86 190.320 3.923 3.929 2.110 2.818 3.287
13-oct-86 113.100 1.044 1.991 0.863 1.030 1.030
17-20-oct-86 289.380 12.434 7.964 7.903 10.051 10.953
15-16-nov-86 98.280 1.247 1.991 1.056 1.145 1.195
17-20-mars-87 191.100 2.616 3.982 2.304 2.438 2.491
21-24-férv-88 154.440 2.542 3.982 2.385 2.476 2.511
23-août-88 195.780 2.353 1.991 1.940 2.273 2.298
17-19-oct-88 238.680 10.183 5.973 6.473 8.137 8.779
14-16-janv-89 94.380 1.463 3.982 1.362 1.412 1.432
22-avr-89 106.860 0.532 1.991 0.501 0.502 0.518
Moyenne annuelle 455.416 20.799 12.454 15.424 18.335 19.253
d) Oued Moudjbara
BV Amont : S = 1880 km2 RFUp = 2 mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6 mm
Station pluviométrique : Ain El Bel ; Station hydrométrique : Station fictive
X =3°11'20" E Y = 34°27'50" X = 3°45'30" E Y = 34°00'30"
228
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont (Mm3) S=1880 km
2
e) Oued Mergueb
BV Amont : S = 2230 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Messaad ; Station hydrométrique : Station fictive
X =3°30'03" E Y = 34°12'23" X = 3°45'30" E Y = 34°00'30"
229
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont (Mm3)
16-18-oct-78 43.708 0.503 0.547
21-24-janv-79 42.593 1.989 2.030
3-sept-79 33.227 0.143 0.547
5-sept-79 45.938 0.455 0.547
23-24-févr-80 38.356 0.555 0.547
27-28-févr-80 19.847 0.701 0.858
4-5-mars-80 57.980 1.961 1.094
24-mars-80 30.997 0.276 0.547
3-4-nov-80 37.464 0.443 0.959
10-17-nov-80 86.078 4.627 3.829
28-29-déc-80 31.666 0.464 0.547
15-16-avr-81 47.499 0.377 0.547
25-27-avr-82 70.245 1.780 1.094
9-nov-82 31.220 0.409 0.547
10-mai-83 35.011 0.154 0.547
22-24-août-83 99.012 1.681 0.876
29-30-oct-84 39.471 0.266 0.547
10-11-nov-84 30.105 0.268 0.905
7-8-janv-85 28.321 0.415 0.859
16-18-nov-85 46.607 1.299 1.094
5-mars-86 36.126 0.401 0.547
28-30-sept-86 43.931 0.355 0.547
16-18-nov-86 51.736 1.833 1.641
17-21-janv-87 42.816 1.940 1.740
10-oct-87 31.220 0.253 0.547
5-nov-87 18.286 0.112 0.358
4-déc-87 28.544 0.404 0.651
6-9-déc-87 27.652 1.232 1.788
11-12-janv-88 15.833 0.223 0.251
8-mai-88 52.182 0.677 0.547
8-juin-88 52.182 0.481 0.547
3-5-oct-88 67.123 1.726 1.641
17-18-oct-88 39.471 0.528 0.547
Moyenne annuelle 161.404 7.448 3.376
230
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont (Mm3)
22-24-nov-77 24.435 0.445 0.480
23-25-févr-80 20.634 0.310 0.270
13-15-nov-80 12.923 0.196 0.240
16-17-oct-84 30.408 1.033 0.479
7-9-janv-85 18.462 0.653 0.719
13-14-janv-85 11.946 0.192 0.240
12-14-oct-86 32.580 0.385 0.479
15-19-nov-86 33.666 1.795 1.198
15-janv-87 9.340 0.075 0.240
10-oct-87 14.661 0.090 0.240
6-7-nov-87 16.290 0.180 0.240
7-11-déc-87 24.978 1.192 1.049
27-28-avr-88 14.009 0.109 0.015
14-15-janv-89 13.032 0.162 0.240
Moyenne annuelle 44.705 1.694 1.011
g) Oued Douis
BV Amont : S = 480 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Douis ; Station hydrométrique : Station fictive
X =2°40'06" E Y = 34°28'16" X = 2°50'15" E Y = 34°10'25"
h) Oued Nessaad
BV Amont : S = 1370 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : El Haouita ; Station hydrométrique : Station fictive
X =2°22'30" E Y = 33°34'20" X = 3°45'30" E Y = 34°00'30"
231
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont (Mm3)
9-oct-69 23.975 0.286 0.004
12-14-mars-71 42.470 1.515 0.381 2
S=1370 km
7-13-nov-71 51.649 3.834 0.757
13-15-déc-71 23.564 0.443 0.020
29-30-nov-72 24.523 0.642 0.229 S SP
SH
1-2-oct-76 29.455 0.519 0.132
L
15-18-nov-76 31.510 1.051 0.320
21-25-janv-77 30.277 1.370 0.413
23-nov-77 au 1-déc-77 68.226 9.395 1.028
3-5-nov-80 26.578 0.464 0.093
11-18-nov-80 54.115 2.178 0.673
13-19-oct-86 85.625 6.798 0.762
4-6-oct-87 46.580 2.453 0.381
4-12-déc-87 46.991 3.666 0.657
7-10-févr-88 38.360 2.620 0.508
Moyenne annuelle 34.661 2.069 0.353
i) Oued Djedi
BV Amont : S = 2280 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Ksar El Hirane ; Station hydrométrique : Station fictive
X =3°09'14" E Y = 33°48'13" X = 3°45'30" E Y = 34°00'30"
232
j) Oued Nekrebets
BV Amont : S = 714 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Ain Mehdi ; Station hydrométrique : Station fictive
X =2°15'12" E Y = 33°47'30" X = 2°40'30" E Y = 33°50'20"
k) Oued Mzi
BV Amont : S = 3000 km2 RFUp = 2mm ; Cimaxp = 0.5 mm/j α = 0.05 Rr =0.05 mm
RFUi = 6mm
Station pluviométrique : Sekhafa ; Station hydrométrique : Station fictive
X =2°17'10" E Y = 34°01'03" X = 2°40'30" E Y = 33°50'20"
233
Episode de crue P (Mm3) R (Mm3) I BV Amont
(Mm3) 2
9-16-nov-71 129.900 14.840 9.398 S=3000 km
SP
26-29-nov-71 63.900 3.103 5.039 S
14-19-déc-71 59.100 1.840 5.164
17-19-janv-72 37.500 1.110 4.028
SH
28-févr-72 25.800 0.467 1.343
16-18-mars-72 90.900 5.294 4.028
1-2-oct-72 42.900 0.792 1.343
7-oct-72 37.500 0.602 1.343
18-20-oct-72 39.300 0.450 0.824
30-nov-72 au 4-déc-72 61.200 3.789 5.370
15-17-avr-73 49.800 1.078 1.343
10-nov-73 27.600 0.543 1.343
13-nov-73 23.100 0.342 1.343
27-29-nov-73 34.500 0.920 2.595
29-31-déc-73 36.600 1.504 3.455
20-22-févr-74 43.200 0.659 1.343
11-13-mars-74 72.600 2.283 4.028
29-31-mars-74 81.900 4.015 4.028
12-13-avr-74 47.100 0.475 1.343
22-24-avr-74 85.800 0.844 1.747
2-juin-74 67.500 1.232 1.343
11-13-juin-74 90.300 1.352 2.685
20-juin-74 58.200 0.819 1.343
17-18-janv-75 19.800 0.452 1.343
12-15-avr-75 93.900 1.923 2.522
29-avr-75 36.300 0.311 1.343
5-6-sept-76 71.100 0.897 1.343
18-sept-76 39.300 0.293 1.343
29-sept-76 54.000 0.948 1.343
2-3-oct-76 54.000 1.428 2.685
15-16-nov-76 28.800 0.586 1.343
25-déc-76 18.600 0.289 1.343
21-janv-77 16.800 0.249 1.343
23-25-janv-77 27.300 1.099 2.685
16-17-mai-77 72.000 0.642 2.685
24-27-nov-77 81.000 6.054 5.370
4-sept-79 48.000 0.681 1.343
8-9-sept-79 99.600 4.068 2.685
23-déc-79 19.800 0.343 1.343
19-janv-80 15.000 0.169 1.343
23-25-févr-80 48.600 2.084 3.756
27-févr-80 21.300 0.267 1.343
4-6-mars-80 75.300 3.395 4.028
23-26-mars-80 95.400 3.855 4.028
9-12-janv-85 41.100 2.199 4.028
14-15-janv-85 23.100 0.529 2.303
17-mai-85 45.600 0.493 1.343
16-20-nov-85 66.300 3.953 4.060
9-déc-85 16.500 0.196 1.343
1-4-janv-86 44.700 2.609 4.199
2-févr-86 21.600 0.280 1.343
6-15-mars-86 271.200 53.647 13.425
12-oct-86 44.400 0.909 1.343
14-oct-86 25.500 0.174 1.343
18-19-oct-86 51.900 1.256 2.685
16-22-nov-86 120.900 14.084 9.398
17-21-janv-87 52.200 2.575 5.783
22-avr-87 32.100 0.150 0.883
Moyenne annuelle 246.092 12.418 12.757
234
Pour chaque bassin-versant, nous reportons dans le tableau 15-2 ci-dessous les
totaux des apports (P), des ruissellements (R) et des infiltrations (IBVA) correspondant aux
épisodes de crues répertoriés ci-dessus. Les débits infiltrés à l’aval des oueds (I OAV) suite à
ces épisodes, y sont aussi consignés. Ces derniers concernent les oueds Namous, Seggeur
et Rharbi. Pour les autres oueds, l’infiltration dans leurs parties avales rejoindrait la nappe du
Complexe terminal. Il est aussi porté sur ce tableau les parts des ruissellements rapides (Rr,
petites crues correspondant uniquement aux ruissellements rapides) infiltrées (iRr) à l’aval
des bassins-versants. Ces petites crues correspondent à des dates différentes de celles des
épisodes répertoriés ci-dessus.
Total 1611.676 76.291 35.417 24.806 12.943 37.749 29.372 14.483 43.855 30.825 14.495 45.320
Conclusion
Faute d’hydrogrammes de référence sur lesquels caler le modèle PICORS, Il a été
procédé à des tests de sensibilités sur les paramètres qui ont permis d’approcher l’infiltration
dans les oueds de l’Atlas saharien.
Le logiciel PICORS (Modèle de Propagation Infiltration des Crues d’Oueds en Région
Saharienne) évalue mieux les débits d’infiltration à l’aval des bassins-versants avancés dans
les deux précédents modèles. Le modèle PICORS a permis d’affiner les estimations de
l’alimentation de la nappe du CI à partir de l’Atlas saharien pour les bassins-versants
observés. L’estimation de l’infiltration dans les bassins versants non observés fera l’objet du
prochain chapitre.
235
Chap.16 : RECHARGE DANS L’ATLAS SAHARIEN : BILAN ET SYNTHESE
Introduction
Approche hydrologique :
La grandeur de la tâche liée aux calculs de la recharge, souvent rendue très délicate
à cause de multiples lacunes, est telle que souvent un pourcentage de la précipitation est
simplement considéré comme recharge en dépit du calcul hydrologique (LLOYD, 1986). Le
débit (Q) est alors donné par le produit de la pluie moyenne (P), de la surface (S) et d’un
coefficient d’infiltration (Ci) :
Q = P. S . Ci
C’est ainsi que CORNET (1961) a, pour la première fois, tenté d’estimer l’alimentation
de la nappe du Continental intercalaire dans le Sahara algérien. Il considère alors dans cette
région de l’Atlas saharien une superficie totale des affleurements de 10000 km2 entre la
frontière algéro-marocaine et le méridien de Biskra auxquelles il ajoute 625 km2 dans l’Aurès.
En considérant que la hauteur des pluies, dans la même région, est de l’ordre de 250 mm/an
(750 mm pour la partie aurasienne des affleurements), l’auteur estime la quantité d’eau
tombant annuellement sur les affleurements du Crétacé inférieur continental à 2.5 milliards
de m3 à l’Ouest de Biskra et à 0.5 dans l’Aurès, soit au total 3 milliards de m3 environ.
En adoptant un coefficient d'infiltration correspondant à 10% des eaux pluviales
tombées strictement sur les affleurements du Crétacé continental, il évalue la recharge à 250
millions de m3/an (soit 8 m3/s).
236
Modèles mathématiques :
Selon l’étude de GEOPETROLE (1964), utilisant un modèle analogique, au terme du
calibrage du modèle, l’atlas saharien contribuerait à raison de 4.5 m3/s.
Dans le modèle de l’ERESS (1972b), les zones d’alimentation ont été représentées
par des potentiels imposés. Après le calage en régime permanent (1956), le débit
d’alimentation provenant du piémont de l’Atlas saharien est arrêté à 5.58 m3/s. Il représente
l’infiltration des précipitations exceptionnelles tombant sur l’Erg Occidental mais surtout les
eaux d’épandage des oueds issus de la bordure atlasique beaucoup plus arrosée.
Ben AMMAR,1985
ZAMMOURI, 1988
BURGEAP,1963
ERESS , 1972b
BRL , 1998b
OSS, 2003b
BESBES &
Atlas saharien (+ Grand Erg Occidental) 8 4 4.5 5.58 6.15 4.99 5.58 7.54
(m3/s)
237
16.2. Evaluation du débit d’alimentation de la nappe du CI à partir de
l’Atlas saharien
Pour chaque bassin-versant, nous reportons dans le tableau 16-2 ci-dessous les
totaux des apports (P), des ruissellements (R) et des infiltrations (IBVA) correspondant aux
épisodes de crues répertoriés dans le chapitre précédant. Les débits infiltrés à l’aval des
oueds (I OAV) suite à ces épisodes, y sont aussi consignés. Ces derniers concernent les oueds
Namous, Seggeur et Rharbi. Pour les autres oueds, l’infiltration dans leurs parties aval
rejoindrait la nappe du Complexe terminal dans la région de Biskra. Il est aussi porté sur ce
tableau les parts des ruissellements rapides (Rr, petites crues correspondant uniquement
aux ruissellements rapides) infiltrées (iRr) à l’aval des bassins-versants. Ces petites crues
correspondent à des dates différentes de celles des épisodes répertoriés dans le chapitre
précédent.
D’après ces calculs, on peut estimer l’infiltration dans les bassins-versants observés
(IBVobs) de l’Atlas saharien entre :
35.417 + 37.749 = 73.166 Mm3/an (2.320 m3/s) pour Cimax = 200 mm/j et
35.417 + 45.320 = 80.737 Mm3/an (2.560 m3/s) pour Cimax = 800 mm/j.
Ces résultats ne tiennent pas compte de l’infiltration dans les bassins-versants des
oueds Zergoun, Mazar, Mehaiguene, Et Toumiat et Zousfana, non observés (Fig.16-1), nous
essayons de quantifier leurs apports respectifs en utilisant les résultats des bassins-versants
voisins et en procédant par similitude, pour Cimax = 800 mm/j.
238
Bassin-versant
Affleurements effectif
perméables du CI
Vu que les surfaces des deux bassins-versants amonts des oueds Seggeur (3900
km2) et Zergoun (4000 km2) sont du même ordre de grandeur, nous admettons que leurs
apports sont identiques (P = 189.417 Mm3/an), les évapotranspirations (ETP) sont les
mêmes et les écoulements totaux (ET=2.5+11.5=14 Mm3/an) sont aussi les mêmes.
Le ruissellement dans l’oued Zergoun (RZr) peut alors être déduit par la relation :
RZr = ET-IBVAZr = 14 - 4.312 = 9.688 Mm3/an.
L’infiltration totale dans l’oued Zergoun (IBVZr) serait de : = 4.312 + 8.92 = 13.232 Mm3/an.
239
Calcul de l’infiltration dans les oueds Mazar et Mehaiguene :
Pour les oueds Mazar et Mehaiguène, il n’y a pas d’affleurement du CI dans leurs
bassins-versants amonts respectifs. Vu leurs positions à l’aval de l’oued Seggeur, nous
calculons leurs infiltrations en utilisant les données de ce dernier oued.
Le volume de pluie tombé dans le bassin-versant de l’oued Seggeur (PSe) est donné
par le produit de la pluie moyenne dans le bassin (154 mm/an) à sa surface totale (8900
km2) ; soit PSe = 1370.6 Mm3/an.
Sachant que l’infiltration à l’aval de l’oued Seggeur est de 10.586 Mm3/an, le coefficient
d’infiltration à l’aval du bassin-versant (CIAVSe) s’établirait à :
CIAVSe = 10.586 / 1370.6 = 7.72 10-3
240
Calcul de l’infiltration dans l’oued Zousfana :
Les affleurements perméables dans le bassin-versant de l’oued Zousfana participent
aussi à l’alimentation de la nappe du CI.
Comme les deux bassins-versants des oueds Zousfana et Namous sont voisins
immédiats, l’infiltration dans le bassin-versant de l’oued Zousfana est calculée en utilisant les
résultats de l’oued Namous.
La pluie moyenne annuelle dans le bassin-versant de l‘oued Zousfana déterminée d’après la
carte des isohyètes de DUBIEF (1953) est de 144 mm pour une surface de 16600 km2. Le
volume de pluie tombé dans ce bassin serait de :
PZs = 2390 Mm3/an.
L’infiltration dans le bassin-versant de l’oued Zousfana (IBVOZs) est obtenue en appliquant le
coefficient d’infiltration dans l’oued Namous CIAVN à PZs :
IBVOZs = 2390 * 4 10-4 = 0.956 Mm3/an.
Au terme de ces calculs, pour Cimax = 800 mm/j, l’infiltration dans les bassins-
versants (observés et non observés) de l’Atlas saharien pourrait être arrêtée à :
IBVobs + IBVn-obs = 80.737 + 29.046 = 109.783 Mm3/an ; (soit 3.5 m3/s).
241
Pluie moyenne (mm/an)
230 240 250 260
1700
1600
1500
Altitude (m)
1400
1300
1200
Station pluviométrique
1100
1000
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Distance (Km) ou pourcentage par rapport à la surface totale
Pmoy (mm/an) Profil en long (km) % par rapport surface totale
1300
1200
Altitude (m)
1100
1000
900
800
700
0 50 100 150 200
Distance (km) ou pourcentage par rapport à la surface totale
Pmoy (mm/an) Profil en long (km) % par rapport surface totale
1500
1400
Altitude (m)
1300
1200
1100
1000
900
0 20 40 60 80 100 120
Distance (km) ou poucentage par rapport à la surface totale
Pmoy (mm/an) Profil en long (km) % par rapport surface totale
242
Les séries de mesures (1926-1950) ayant servi pour l’élaboration de la carte des
isohyètes couvrent en majorité une période où, selon BOUALEM et al. (1993), la
pluviométrie est supérieure à la normale ; alors que les séries de mesures pluviométriques
utilisées couvrent largement une période (de 1973 à 1993) où la tendance est nettement à la
sécheresse (BOUALEM et al., 1993). Les auteurs notent que ceci est en accord avec le fait
qu’en Algérie, la prise en compte des mesures pluviométriques des années les plus récentes
entraîne une diminution d’ensemble des moyennes.
700
600
500
Pluie (mm)
400
300
200
100
0
1874
1880
1886
1892
1898
1904
1910
1916
1922
1928
1934
1940
1946
1952
1958
1964
1970
1976
1982
1988
Année
Cette même tendance à la sécheresse pour cette dernière période est assez nette à
la station de Douis. Elle est cependant moins évidente aux autres stations de Sekhafa, Sidi
Makhlouf, El Haouita, Messaad, Ain Sefra, Ksar El Hirane et Brezina (Fig.16-6a à h).
Douis Sekhafa
350 300
300 250
250
200
Pluie (mm)
Pluie (mm)
200
150
150
100 100
50 50
0 0
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
a Année b Année
243
Sidi Makhlouf El Haouita
400 200
160
300
Pluie (mm)
Pluie (mm)
120
200
80
100 40
0 0
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
c Année d Année
200 200
Pluie (mm)
Pluie (mm)
150 150
100 100
50 50
0 0
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
e Année
f Année
200 250
200
Pluie (mm)
Pluie (mm)
150
150
100
100
50 50
0 0
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
g Année h Année
Fig.16-6 : Pluie annuelle et moyenne mobile sur 5 ans de quelques stations de l’Atlas saharien
Nous pourrions alors ajouter que ce constat n’est pas spécifique à l’Algérie. En effet,
il a été démontré dans d’autres régions, notamment en Tunisie centrale (KINGUMBI et al.
2000) que la période allant de 1977 à 1989 est caractérisée par une succession d’années
sèches, comparée à celle antérieure 1977 et celle postérieure à 1989.
Cet état de fait nous amène à comparer les pluies moyennes annuelles mesurées aux
stations (moyennes calculées sur la période allant de la fin des années 1960-début des
années 1970 à 1989 pour presque toutes les stations (cf. tableau 13-2)) aux lames d’eau
dans les bassins-versants calculées à partir :
a) de la carte des isohyètes de DUBIEF (1953) (Fig.6-5 p.83) dont la série de
mesure s’étale sur la période 1926-1950, d’une part et
b) de la carte des isohyètes de l’ANRH (2004) dont la série de mesures
pluviométriques concerne une période récente (1965-1995) qui chevauche avec
les périodes de mesures des stations, d’autre part (tableau 16-3). La carte des
isohyètes de l’ANRH (2004) est le résultat de l’étude de LABORDE et al.
(2003).
244
Nous comparerons entre elles les pluies de ces deux périodes pour un bassin-
versant et en l’occurrence celui de l’oued Seggeur.
Tableau 16-3: Lames d’eau dans les bassins-versants et pluie moyenne des stations pluviométriques
Lame d’eau moyenne (mm/an) Ecart relatif Ecart relatif
Station Station (%) entre (%) entre
Oued
pluviométrique pluviométrique DUBIEF ANRH (A) et (B) (A) et (C)
(A) (1953) (B) (2004) (C)
Namous Ain Sefra 128 189 130 32 2
Seggeur Brezina 97 245 135 60 28
Rharbi Abiod S Cheikh 101 217 115 53 12
Mzi Sekhafa 122 232 145 47 16
El Nekrebets Ain Mehdi 146 193 129 24 13
Bou Drine Sidi Makhlouf 84 189 122 56 31
Mergueb Messaad 125 227 145 45 14
Moudjbara Ain El Bel 156 240 145 35 8
Douis Douis 99 293 166 66 40
Djedi Ksar El Hirane 102 159 111 36 8
Nessaad El Haouita 91 154 109 41 17
Moyenne 114 213 132 45 17
245
Période Période
1926-1950 1965-1995
SP SP
SP : Station pluviométrique
Fig.16-7 : Isohyètes pour les périodes 1926-1950 et 1965-1995 dans le bassin-versant de l’oued
Seggeur
Conclusion
Ces résultats permettent d’affirmer que le débit d‘alimentation de la nappe du
Continental intercalaire en provenance de l’Atlas saharien de 3.5 m3/s, arrêté au terme de la
modélisation hydrologique de la recharge du SASS, est sous estimé. Il a été montré d’une
part, que les pluies de la période 1926-1950 (DUBIEF, 1953) correspondent à la moyenne
d’une longue période. D’autre part, les pluies de la période 1965-1995 (ANRH, 2004)
couvrent une période moins humide que la précédente. Les pluies aux stations utilisées pour
la modélisation hydrologique de la recharge dont les séries pluviométriques couvrent
sensiblement la même période que celle de l’ANRH (2004) devraient être comparables aux
pluies de cette dernière.
Or, les moyennes pluviométriques annuelles des stations sont à la fois inférieures
aux lames d’eaux moyennes annuelles calculées dans les bassins-versants sur la période
1926-1950 et à celles calculées dans les bassins-versants sur la période 1965-1995.
Nous avons aussi montré qu’il existe un gradient pluviométrique fonction de l’altitude
et que les stations pluviométriques sont situées à des altitudes très basses par rapport à
l’ensemble du bassin. La différence entre les pluies aux stations et les pluies de la période
1965-1995 s’expliquerait alors par le gradient d’altitude. Ainsi, du fait de la rareté des
stations pluviométriques, les modèles hydrologiques sous-estiment le débit d’alimentation du
Continental intercalaire provenant du piémont de l’Atlas saharien. On peut par comparaison
des pluies aux stations aux lames d’eau moyennes sur l’ensemble du bassin calculées à
partir des isohyètes de l’ANRH (2004) estimer que cette sous-estimation est de l’ordre de
17%.
246
La différence entre les pluies aux stations et les pluies de la période 1926-1950,
s’expliquerait quant à elle non seulement par le gradient d’altitude mais aussi par les écarts
pluviométriques entre les périodes considérées. Dans ce cas, du fait du gradient
pluviométrique fonction de l’altitude et des différences pluviométriques, les modèles
hydrologiques sous-estiment le débit d’alimentation du Continental intercalaire provenant du
piémont de l’Atlas saharien. On peut évaluer cette sous-estimation comme suit :
Soit : (Pstation) : la moyenne des pluies annuelles aux stations et
(PCorr) : la moyenne des lames d’eau dans les bassins-versants calculées à partir des
isohyètes de DUBIEF (1953),
Nous avons vu que le rapport : (Pstation) / (PCorr) = 0.45
Pour retrouver la pluie à la station corrigée (PCorr) par la moyenne pluviométrique de
DUBIEF (1953), on applique la relation :
PCorr = Pstation / 0.45
Le débit d’alimentation du Continental intercalaire provenant du piémont de l’Atlas
saharien s’établit donc à : 3.5 / 0.45 = 7.7 m3/s.
D’après ces calculs, la contribution du piémont de l’Atlas saharien à l’alimentation de
la nappe du Continental intercalaire peut être arrêtée en moyenne à 7.7 m3/s. Ce débit entre
dans l’intervalle des estimations recueillies dans les études antérieures qui le situent entre 4
et 8 m3/s.
Sur une surface de l’ensemble du bassin de l’Atlas saharien de l’ordre de 133000
km2, la pluie moyenne annuelle calculée à partir des Isohyètes de DUBIEF (1953) est de
135mm. Le volume d’eau tombé dans le bassin est de 18011 Mm3/an.
L’infiltration dans le bassin calculée par le modèle hydrologique est de 243 Mm3 ; soit
1,35% du volume précipité.
Ce débit est corrigé par les données pluviométriques de DUBIEF (1953) dont nous
avons jugé qu’elles représentent la moyenne d’une longue période en se basant sur la série
de la station pluviométrique de Djelfa. Cette station étant la seule qui présente des mesures
sur une longue période (1874-1988).
Sur toute la surface du bassin de l’Atlas, il n’existe que deux stations hydrométriques :
- celle de Kheneg El Araouia dans le bassin-versant de l’oued Seggeur
dont la série d’observation s’étale de 1974 à 1977 et
- celle de Ain El Hadjaj dans le bassin-versant de l’oued Namous dont la
série d’observation s’étale de 1973 à 1976
et une dizaine de stations pluviométriques.
L’estimation de la recharge en région saharienne est souvent rendue délicate voire
impossible à cause de nombreuses lacunes d’observation. Ce qui explique que les modèles
hydrologiques sont rares, sinon inexistants, en domaine saharien. Malgré les difficultés liées
à ces lacunes, nous avons pu mettre au point un modèle hydrologique capable d’évaluer la
recharge dans le domaine du Sahara septentrional et qui peut être appliqué dans d’autres
régions.
Le modèle a permis de fixer les ordres de grandeur du débit d’alimentation provenant
du piémont de l’Atlas saharien. Ce débit contient, toutefois, quelques imprécisions liées à la
rareté des données. Disposer de plus de données ne ferait qu’améliorer les résultats du
modèle. D’où la nécessité d’équiper les bassins-versants de l’Atlas saharien de postes
d’observation hydropluviométriques.
247
CONCLUSION GENERALE
Cependant, bien que l’immense majorité des réserves des aquifères du Sahara
septentrional se soient mises en place depuis des périodes humides anciennes, les nappes
sont encore alimentées, de nos jours, à l’occasion de conditions climatiques favorables. Ces
conditions prévalent encore au Sahara, ne serait-ce que de manière sporadique. De rares
pluies, exceptionnellement importantes, engendrent l’infiltration des eaux de pluie et de
ruissellement dans les nappes.
Cette recharge des nappes s’effectue aux zones d’affleurements perméables utiles,
celles situées dans les zones à nappe libre. Notre première contribution a été de la mettre en
évidence par l’étude de sa faisabilité géologique, hydrologique, hydrodynamique et
géochimique. L’étude des formations géologiques a permis de mettre en évidence les
affleurements des formations aquifères. Celles-ci affleurent dans des régions où les
moyennes pluviométriques sont importantes, attestant la faisabilité hydrologique de la
recharge. L’alimentation des nappes est aussi prouvée par les flux calculés aux zones de
recharge. Les études géochimiques, en quantifiant les teneurs en Tritium, Oxygène 18,
Deutérium et Carbone 14, ont montré l’existence d’eaux récentes dans ces zones de
recharge. Ce fait est bien illustré par la carte de distribution des âges du carbone 14 dans la
nappe du CI, d’où l’on peut voir des eaux de plus de 20000 à 40000 ans d’âge, aux zones
exutoires et dans les parties confinées de la nappe ; les eaux de moins de 5000 à 500 ans
se trouvent dans les zones de recharge de la nappe.
248
L’exploitation des données hydropluviométriques des bassins du versant Sud de
l’Atlas saharien à l’aide de ces modèles a permis de réévaluer l’alimentation de la nappe du
Continental intercalaire à partir de l’Atlas saharien. Au terme de la modélisation hydrologique
de la recharge du SASS, cette alimentation, évaluée à 3.5 m3/s, est sous-estimée.
Il a été montré d’une part, que les moyennes pluviométriques annuelles des stations
sont de 45% inférieures aux lames d’eaux moyennes annuelles calculées dans les bassins-
versants sur la période 1926-1950 ; d’autre part, elles sont de 17% plus faibles que celles
calculées dans les bassins-versants sur la période 1965-1995 qui couvre sensiblement celle
des stations pluviométriques. Les pluies de la période 1926-1950 (DUBIEF, 1953)
correspondent à la moyenne d’une longue période. Celles de la période 1965-1995 (ANRH,
2004) couvrent une période moins humide que la précédente.
Cette sous-estimation s’explique d’une part, par le gradient d’altitude et la rareté des
stations pluviométriques ; d’autre part, par les différences pluviométriques entre les périodes
considérées.
Vu que la correction de la pluie à la station par la moyenne pluviométrique de
DUBIEF (1953) est de 45%, le débit d’alimentation du Continental intercalaire provenant du
piémont de l’Atlas saharien est établit à : 3.5 / 0.45 = 7.7 m3/s. Ce débit entre dans l’intervalle
des estimations recueillies dans les études antérieures qui le situent entre 4 et 8 m3/s.
L’estimation de la recharge en région saharienne est souvent rendue délicate voire
impossible à cause de nombreuses lacunes d’observation. Ce qui explique que les modèles
hydrologiques sont rares, sinon inexistants, en domaine saharien. En dépit des difficultés
liées à ces lacunes, nous avons pu mettre au point un modèle hydrologique capable
d’évaluer la recharge dans le domaine du Sahara septentrional et qui peut être appliqué
dans d’autres régions.
La modélisation hydrologique de la recharge a permis de fixer les ordres de grandeur
du débit d’alimentation provenant du piémont de l’Atlas saharien. Ce débit contient, toutefois,
quelques imprécisions liées à la rareté des données. Disposer de plus de données ne ferait
qu’améliorer les résultats du modèle. D’où la nécessité d’équiper les bassins-versants de
l’Atlas saharien de postes d’observation hydropluviométriques.
249
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