Plans Ex
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1.Introduction
1.1 Généralités
L'étude d'un phénomène peut, le plus souvent, être schématisé de la manière suivante : on
s'interesse à une grandeur, Y que nous appellerons par la suite réponse qui dépend d'un grand
nombre de variables, X1, X2, , Xn, que nous appellerons par la suite facteurs.
La modélisation mathématique consiste à trouver une fonction f telle que Y = f (X1, X2, ,
Xn). Une méthode classique d'étude consiste en la mesure de la réponse Y pour plusieurs
valeurs de la variable Xi tout en laissant fixe la valeur des (n - 1) autres variables. On itère
alors cette méthode pour chacune des variables. Ainsi, par exemple, si nous avons 4 variables
et si l'on décide de donner 5 valeurs expérimentales à chacune d'elles, nous sommes conduit à
effectuer 54 = 625 expériences. Ce nombre élevé dépasse les limites de faisabilité tant en
temps qu'en coût. Il faut donc réduire le nombre d'expériences à effectuer sans pour autant
perdre sur la qualité des résultats recherchés. L'utilisation d'un << plan d'expérience>> donne
alors une stratégie dans le choix des méthodes d'expérimentation. Le succès des plans
d'expériences dans la recherche et l'industrie est lié au besoin de compétitivité des entreprises
: ils permettent une amélioration de la qualité et une réduction des coûts. La méthode des
plans d'expériences a été mise au point au début du siècle, dans les années 1920, par Ronald
A. Fisher, dans le cadre d'études agronomiques. Elle a pris un essor considérable avec le
développement de l'informatique et la puissance de calcul qui l'accompagne. La grande
nouveauté de la méthode des plans d'expériences est qu'elle propose une expérimentation
factorielle, c'est-à-dire que tous les facteurs varient simultanément. Le traitement des résultats
se fait à l'aide de la régression linéaire multiple et l'analyse de variance.
La régression linéaire multiple est une méthode d'analyse de données quantitatives. Elle a
pour but de mettre en évidence la liaison pouvant exister entre une variable dite expliquée,
que l'on notera Y et plusieurs autres variables dites explicatives que l'on notera X1, X2, ... ,
Xk.
Les k variables Xi, i = 1, ... , k peuvent être soit aléatoires, soit contrôlées c'est-à-dire qu'elles
sont connues sans erreur. Nous supposerons dans la suite que les variables Xi, i = 1, ... , k
sont contrôlées. Nous nous intéressons aux modèles dit linéaires, c'est-à-dire aux modèles du
type :
Montrons que ce modèle est insuffisant pour décrire la réalité. En effet, dans la pratique, on
effectue n expériences donc on dispose de n résultats de mesures.
Nous utiliserons les notations suivantes : pour l'expérience i, X1 prend la valeur xi1, X2 prend
la valeur xi2, ... , Xk prend la valeur xik. La valeur (yi)obs observée de Y obtenue lors de la
réalisation de l'expérience i diffère de la valeur yi attendue d'une quantité aléatoire que nous
noterons i. L'existence du << facteur d'erreur>> i est dû à des facteurs non contrôlés (dérive
des appareils, adresse de l'expérimentateur, etc). Cela justifie le fait que nous adopterons
désormais le modèle suivant :
dans lequel 0,1, 2, ... , k sont, en réalité, des variables aléatoires et une variable
aléatoire prenant le nom de facteur d'erreur.
On appelle << ajustement >> du modèle toute solution du système des n équations :
dans laquelle :
a) yi, xi1, ... , xik sont les valeurs observées lors de la réalisation des expériences.
b) ei sont les résidus d'ordre i observés lors de la réalisation des expériences. Ils sont définis
par :
ei = yi - ak xik
c) a0, a1, ... , ak les estimateurs des variables aléatoires 0, 1, 2, ... , k
L'<< ajustement des moindre carrés >> est celui qui fournit les estimateurs a0, ... , ak
conduisant au minimum de la somme des carrés des résidus , autrement dit :
2.1. Principe
X1 X2 Xn Réponse : Y
2.2. Définitions
La matrice d'expériences est le tableau qui indique le nombre d'expériences à réaliser avec la
façon de faire varier les facteurs et l'ordre dans lequel il faut réaliser les expériences. Ce
tableau est donc composé de +1 et de -1. Soit, par exemple, la matrice d'expériences suivante :
Exp X1 X2
1 -1 -1
2 +1 -1
3 -1 +1
4 +1 +1
A. Un seul facteur.
Supposons qu'il n'y ait qu'un seul facteur X1 à deux niveaux. Notons y2 la réponse (résultat de
l'expérience) lorsque X1 est au niveau +1 et y1 la réponse lorsque X1 est au niveau -1. La
matrice d'expérience et des réponses est :
1 -1 y1
2 +1 y2
On appelle effet global d'un facteur (sous-entendu : sur la réponse) la variation de la réponse
quand le facteur passe du niveau -1 au niveau +1.
y2 - y1
a1 =
2
Remarque : bien que les deux points expérimentaux soient reliés par un segment de droite, il
n'y a pas pour le moment d'hypothèse de "linéarité" faite.
B. Deux facteurs.
Supposons que nous ayons maintenant 2 facteurs X1 et X2 avec chacun deux niveaux (plan
22). Une matrice d'expérience et des réponses est, par exemple :
1 -1 -1 y1
2 +1 -1 y2
3 -1 +1 y3
4 +1 +1 y4
y1 + y3
2
y2 + y4 - y1 + y3
2 2
a1 =
4
- y1 + y2 - y3 + y4
a1 =
4
- y1 - y2 + y3 + y4
a2 =
4
Comme dans le cas à un seul facteur, on calcule a0 ou "réponse théorique" pour X1 = 0 (au
centre de son domaine de variation) comme la moyenne des réponses observées aux niveaux -
1 et +1.
y3 + y4 + y1 + y2
2 2
a0 =
2
y1 + y2 + y3 + y4
a0 =
4
On dit qu'il y a interaction entre deux facteurs si l'effet moyen de l'un n'est pas le même
suivant que l'on se place au niveau bas ou au niveau haut de l'autre. L'interaction entre deux
facteurs X1 et X2 sera, dans la suite, considérée comme un nouveau facteur que l'on notera
X1X2. Exemple : Supposons que la matrice d'expériences et des réponses est :
Exp X1 X2 Rep(Y)
1 -1 -1 60
2 +1 -1 85
3 -1 +1 75
4 +1 +1 90
Ces deux nombres étant différents, il y a donc interaction entre les facteurs X1 et X2.
Du point de vue du vocabulaire, une interaction entre deux facteurs sera qualifiée d'interaction
d'ordre 2, une interaction entre trois facteurs sera une interaction d'ordre 3, etc...
Puisque nous considérons l'interaction entre deux facteurs comme un nouveau facteur, l'effet
moyen de l'interaction X1X2 est est la demi variation de l'effet moyen de X2 lorsque X1 passe
du niveau bas au niveau haut. Explicitons cela sur l'exemple suivant : Supposons que la
matrice d'expériences et des réponses est :
Exp X1 X2 Rep(Y)
1 -1 -1 y1
2 +1 -1 y2
3 -1 +1 y3
4 +1 +1 y4
y4 - y2
2
y4 - y2 - y3 - y1
2 2
a12 =
2
y1 - y2 - y3 + y4
a12 =
4
Bien entendu, on obtiendrait le même résultat en considérant au niveau haut de X2, l'effet
moyen de X1, puis au niveau bas de X2, l'effet moyen de X1. Nous invitons le lecteur à faire ce
calcul. Nous verrons plus loin comment calculer les interactions d'ordre 2 et d'ordre 3 dans la
cas de 3 facteurs ou plus.
Dans ce paragraphe, ce qui est écrit en italique n'est pas nécessaire pour la suite et ne doit pas
être donné aux élèves dans un cours, puisque les élèves de BTS chimie n'ont pas d'algèbre
linéaire à leur programme.
On appelle matrice des effets la matrice X servant au calcul des coefficients dans la
régression linéaire multiple.
Rappelons, ici un résultat mathématique : les estimations des coefficients du modèle sont
données par la matrice  telle que  = ( tXX )-1XY rep où Y rep est la matrice colonne des
réponses expérimentales.
On peut montrer que la meilleure précision sur les coefficients de chacun des facteurs dans la
régression linéaire multiple est obtenue si l'on fait varier les niveaux de tous les facteurs à
chaque expérience et si toutes les expériences concourent à l'estimation de chaque coefficient.
Pour construire un plan d'expérience satisfaisant à ces conditions, les mathématiciens ont
énoncé des critères d'optimalité. Comme on s'intéresse à un modèle polynomiale contenant
un terme constant, et que nous voulons utiliser la régression linéaire multiple pour estimer les
coefficients du modèle, nous avons la définition suivante :
Définition
la matrice X des effets, servant au calcul des coefficients du modèle, s'obtient en ajoutant à
gauche de la matrice d'expérience une colonne ne contenant que des 1.
Fisher et Yates ont montré qu'une matrice orthogonale conduit à l'indépendance des
estimations des coefficients du modèle. Le français Jacques Hadamard (professeur à l'Ecole
Polytechnique, mort en 1963) a démontré que pour obtenir en n expériences une variance
minimale la matrice des effets X doit vérifier la relation :
t
XX = nIn
Nous allons maintenant envisager un type de plan d'expérience qui nous permettra de
déterminer facilement les effets moyens de chacun des facteurs.
Y = a0 + a1 X1 + ... + ak Xk
Matrice d'expérience :
Exp X1 X2
1 -1 -1
2 +1 -1
3 -1 +1
4 +1 +1
Essai X1 X2 X3
1 -1 -1 -1
2 +1 -1 -1
3 -1 +1 -1
4 +1 +1 -1
5 -1 -1 +1
6 +1 -1 +1
7 -1 +1 +1
8 +1 +1 +1
Il est facile de montrer que la matrice X des effets vérifie la relation : tXX = nIn où In est la
matrice identité d'ordre n. La matrice des effets vérifie donc le critère d'optimalité au sens
d'Hadamard. Nous avons alors le résultat très simple suivant :
Chaque estimation d'un coefficient du modèle est égal à la somme algébrique des
réponses expérimentales yi affectés des signes de la colonne de la matrice X
correspondant au facteur Xi divisé par le nombre d'expériences.
Ce résultat permet de s'affranchir de tout calcul matriciel et permet d'obtenir les coefficients
du modèle avec une simple calculette ou mieux avec un tableur.
Montrons, par exemple, que pour un plan 22 construit avec l'algorithme de Yates, les
coefficients du modèle sont, en fait, les effets des facteurs. Nous en profiterons pour montrer
la disposition pratique des résultats. Nous faisons apparaître en même temps la matrice
d'expérience et la matrice des effets en ajoutant, dans la matrice d'expérience une colonne à
gauche de la colonne du premier facteur, colonne que nous appellerons "Moyenne" et que
nous remplirons uniquement avec des +1 (rappelons que cette colonne sert à déterminer le
terme constant du modèle).
Exp Moy X1 X2 Y
1 +1 -1 -1 y1
2 +1 +1 -1 y2
3 +1 -1 +1 y3
4 +1 +1 +1 y4
Diviseur 4 4 4
a0 = y1 + y2 + y3 + y4
4
a1 = -y1 + y2 - y3 + y4
4
a2 = - y1 - y2 + y3 + y4
4
On obtient ainsi les coefficients du modèle et l'on peut constater que a1 et a2 sont bien les
effets moyens des facteurs X1 et X2 que nous avions calculés au paragraphe 2.2.3. Le
coefficient a0 est bien la réponse théorique au centre du domaine de variation des facteurs
(tous les facteurs sont alors à 0).
Exemple numérique.
X2 .. ..
X3 .. ..
Pour des raisons de confidentialité évidente, les niveaux haut et bas ne sont pas reproduits ici.
1 +1 -1 -1 -1 18,1
2 +1 +1 -1 -1 16,0
3 +1 -1 +1 -1 17,1
4 +1 +1 +1 -1 17,0
5 +1 -1 -1 +1 17,8
6 +1 +1 -1 +1 17,2
7 +1 -1 +1 +1 18,1
8 +1 +1 +1 +1 17,0
Diviseur 8 8 8 8
Par exemple :
Le modèle s'écrit :
Exp T P Y (Rend)
1 -1 -1 55
2 +1 -1 65
3 -1 +1 75
4 +1 +1 85
Sachant que l'on adopte un modèle polynômial linéaire par rapport aux coefficients,
déterminer une estimation ponctuelle de chacun des effets principaux du modèle et écrire
l'équation du modèle. Donner une interprétation succinte des résultats quant aux conditions de
réalisation de l'expérience pour aboutir à un meilleur rendement.
Éléments de correction.
Nous obtenons le tableau suivant qui permet d'obtenir les résultats demandés.
Diviseur 4 4 4
Effets b0=70 b1=5 b2=10
b0 = = 70
b1 = =5
b2 = = 10
Le modèle s'écrit :
Y = 70 + 5T + 10P +
La réponse Y étudiée est le pourcentage d'attaque du parasite sur la plante test. On admet un
modèle polynômiale, linéaire par rapport aux coefficients. On effectue donc un plan
d'expérience 23, à l'aide d'une matrice factorielle utilisant l'algorithme de Yates. Les résultats
sont les suivants :
Par exemple :
b0 = = 23, 72
b2 = = -8, 91
Le modèle s'écrit :
Éléments de correction.
Comme nous avons trois variables, il y a trois interactions d'ordre 2 et une interaction
d'ordre 3. Dans la matrice qui a servi à calculer les effets principaux, nous devons
ajouter 4 colonnes pour les interactions. Chacune de ces 4 colonnes étant construite
par utilisation de la << règle des signes>>. Ainsi, par exemple, pour avoir l'estimation
ponctuelle de l'interaction X2X3 on multiplie << ligne à ligne>>la colonne des signes
de X2 et celle de X1. Nous obtenons les résultats suivants :
Ex Mo X1 X2 X3 12 23 13 123 Y (%)
1 +1 -1 -1 -1 +1 +1 +1 -1 6,75
2 +1 +1 -1 -1 -1 +1 -1 +1 52,5
3 +1 -1 +1 -1 -1 -1 +1 +1 2,5
4 +1 +1 +1 -1 +1 -1 -1 -1 15,5
5 +1 -1 -1 +1 +1 -1 -1 +1 3,75
6 +1 +1 -1 +1 -1 -1 +1 -1 67,5
7 +1 -1 +1 +1 -1 +1 -1 -1 2,5
8 +1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 38,75
Div 8 8 8 8 8 8 8 8
coef 23,72 19,84 -8,91 4,41 -7,53 1,41 5,16 0,66
= 1, 41
b123 =
Remarques importantes.
Remarque 1.
C'est l'interaction X1X2 qui est la plus importante suivie de X1X3 alors que les
interactions X2X3 et surtout X1X2X3 peuvent être considérées comme négligeables.
Remarque 2.
Avec le modèle complet nous avons estimé 8 coefficients (p=8) à l'aide de 8
expériences (n=8). Il n'est pas possible dans ce cas d'estimer la variance 2 de la
variable aléatoire , donc il n'est pas possible de donner un intervalle de confiance
pour les coefficients du modèle.
(écart-type expérimental connu, intervalle de confiance).
Supposons que l'on veuille réaliser un plan d'expérience avec trois facteurs ayant deux
niveaux chacun. On contruit un plan d'expérience 23 selon l'algorithme de Yates
classique. Les réponses pour les 8 expériences sont, dans l'ordre :
aléatoire représentant l'estimateur d'un effet suit une loi normale d'écart-type .
Éléments de correction
1) Les résultats sont les suivants :
Diviseur 8 8 8 8
Effets b0=26,75 b1=-1,25 b2=-6,25 b3=-4,00
Ex Mo A B C AB AC BC ABC E'
1 +1 -1 -1 -1 +1 +1 +1 -1 1,26
2 +1 +1 -1 -1 -1 -1 +1 +1 1,35
3 +1 -1 +1 -1 -1 +1 -1 +1 4,46
4 +1 +1 +1 -1 +1 -1 -1 -1 3,88
5 +1 -1 -1 +1 +1 -1 -1 +1 2,29
6 +1 +1 -1 +1 -1 +1 -1 -1 1,23
7 +1 -1 +1 +1 -1 -1 +1 -1 5,11
8 +1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 5,12
Div 8 8 8 8 8 8 8 8
effet 3,09 -0,19 1,56 0,35 0,05 -0,07 0,12 0,22
Le modèle complet, avec les effets principaux et les interactions s'écrit :
E' = 3,09 - 0,19 A + 1,56 B + 0,35 C + 0,05 AB - 0,07 AC
+ 0,12 BC + 0,22 ABC +
Rappelons qu'avec le modèle complet il n'est pas possible d'avoir une estimation de
.
2)
a) En négligeant les interactions AB et AC, on obtient le modèle :
E' = 3,09 - 0,19 A + 1,56 B + 0,35 C + 0,12 BC + 0,22 ABC+
b) Estimation de .
Tableau de calcul :
E'
E' - (E' - )2
1,26 1,28 -0,58 0,0004
1,35 1,33 0,52 0,0004
4,46 4,58 0,58 0,0144
3,88 3,76 -0,52 0,0144
2,29 2,17 0,58 0,0144
1,23 1,35 -0,52 0,0144
5,11 5,09 -0,58 0,0004
5,12 5,14 0,52 0,0004
somme 0,0592
A l'aide du tableau précédent, nous pouvons déterminer une estimation de grace à
la formule :
= (E' - )2
puisque nous avons estimer 6 paramètres avec 8 expériences. On obtient :
2
= = 0, 0296
donc, nous prendrons :
= 0, 17
3) Soit i la valeur théorique d'un effet principal, les hypothèses sur la variable
aléatoire i, estimateur de i, permettent de calculer un intervalle de confiance. Les
Au risque de 5 % et pour = 2, on lit dans la table t0,05,2 = 4, 3. L'intervalle de
confiance de l'effet princupal bi est donc :
Effet pricipal de A : -0,19
intervalle de confiance :
Effet pricipal de B : 1,56
intervalle de confiance :
Effet pricipal de C : 0,35
intervalle de confiance :
4.Plan complet avec interactions. Calcul et graphique des effets.
Si l'on désire étudier non seulement les effets des facteurs mais encore les interactions
possibles entre les facteurs, la construction de la matrice d'expérience reste la même
que celle donné au paragraphe précédent. C'est la matrice des effets qui doit être
modifiée comme suit :
Pour calculer l'effet d'une interaction entre deux variables Xi et Xj on ajoute à la
matrice des effets une colonne, que l'on baptise XiXj, et que l'on obtient en faisant
le produit "ligne à ligne" des colonnes des variables Xi et Xj
( cette "recette" vient en réalité du traitement mathématique de la régression multiple
avec un modèle linéaire complet )
Le calcul des coefficients du modèle se fait toujours à l'aide de la règle énoncée au
paragraphe 3.2.2.
Exemple numérique :
Envisageons un plan 22 complet construit avec l'algorithme de Yates. On considère
une réaction chimique dont le rendement dépend de deux facteurs, la température et la
pression. Le technicien décide d'effectuer un plan d'expérience avec le domaine
expérimental suivant :
Exp T P Y (Rend)
1 -1 -1 60
2 +1 -1 65
3 -1 +1 75
4 +1 +1 85
Diviseur 4 4 4 4
Effets a0=71,25 a1=3,75 a2=8,75 a12=1,25
+60 + 65 + 75 + 85
a0 = = 71,25
2
-60 + 65 - 75 + 85
a1 = = 3,75
2
-60 - 65 + 75 + 85
a2 = = 8, 75
2
+60 - 65 - 75 + 85
a12 = = 1,25
2
le modèle s'écrit :
T P
Niveau - 1 60 + 75 60 + 65
= 67,5 = 62,5
2 2
Niveau + 1 60 + 85 75 + 85
= 75 = 80
2 2
On constate que les deux segments de droite ne sont pas parallèles donc que
l'interaction n'est pas, à priori, négligeable.
5. Calculs statistiques et interprétation des résultats.
5.1 Test de signification des effets du modèle.
On appelle effets les coefficients des facteurs et ceux des interactions dans l'écriture
du modèle.
Les calculs statistiques qui permettent de savoir si les effets sont significatifs, de
calculer les intervalles de confiance ou de valider la linéarité du modèle font intervenir
d'une part les résidus ei , c'est-à-dire la différence entre la valeur expérimentale et la
valeur prédite par le modèle et, d'autre part un estimateur sans biais de la variance
commune des résidus. Cet estimateur est donné par :
s² = 1
e² i
n-p
s²
si ² =
n
|ai|
ti =
si
Exp T P Y (Rend)
1 -1 -1 60
2 +1 -1 65
3 -1 +1 75
4 +1 +1 85
Diviseur 4 4 4
Effets a0 = 71,25 a1 = 3,75 a2 = 8,75
le modèle s'écrit :
On cherche à tester la non influence d'une variable sur la réponse. On choisit un risque
de 5 %.
La variance des résidus est :
e ² = 6,25
1
s² = i
4-3
s² 6,25
si ² = = = 1,5625
n 2
|ai|
ti =
si
La table de Student donne, pour un risque de 5 % avec = n - p = 4-3 = 1 :
tcrit(0,05 ; 1) = 12,71
Pour l'effet a1 = 3, 75 de T on a t1 = 3 < 12,71. On accepte H0 au risque de 5 % et
l'effet de la température T n'est pas significatif.
Pour l'effet a2 = 8, 75 de P on a t2 = 7 < 12,71. On accepte H0 au risque de 5 % et
l'effet de la pression P n'est pas significatif.
On peut donc considérer que les coefficients a1 et a2 ne sont pas significativement
différent de 0 ; leur valeur est probablement due à un << bruit>>.
La conclusion de cette étude est que l'on doit rejeter un modèle linéaire pour expliquer
le rendement de cette réaction chimique. Il faudrait refaire une étude avec un modèle
polynomial du second degré, ce qui sort du cadre de ce cours.
5.2 Intervalle de confiance des effets du modèle.
5.2.1 Variance expérimentale connue.
On suppose que compte tenu de nombreuses expériences faites antérieurement on
connaît l'écart-type expérimental s. Dans ce cas l'intervalle de confiance d'un effet est
donné, par :
risque 5% : [ai -1,96si ; ai + 1,96si]
risque 1% : [ai -2,58si ; ai + 2,58si]
où si² est la variance commune des estimateurs des coefficients.
un exemple est donné à l'exercice 4.
5.2.2 Variance expérimentale inconnue.
Le cas où la variance expérimentale est inconnue est le plus courant.
Rappelons que si l'on détermine tous les effets, on ne pas calculer la variance
commune des résidus ( voir paragraphe 5.1 ). On supposera donc, dans la suite, que
l'on a négliger au moins un effet.
On calcule alors s², variance commune des résidus avec = n- p degrés de liberté puis
on en déduit
s²
si ² =
n
variance commune des effets. On choisit alors un risque et on détermine avec table
de Student le nombre t(). L'intervalle de confiance d'un effet ai est alors donné par
:
[ai - t()si ; ai + t()si]
Exemple.
Considérons le plan d'expérience 23suivant dans lequel on néglige l'interaction d'ordre
3.
Le calcul des effets se faisant comme il a été dit plus haut, on obtient le modèle :
Y = 5,0125 + 0,0125X1 + 0,1625X2 - 0,1125X3 +0,2125X1X2 + 0,0375X1X3 -
0,0125X2X3
Avant de déterminer les intervalles de confiance des effets, regardons leur
significativité. Pour cela, déterminons les résidus et la variance commune de ceux-ci.
8*0,000156
s² = =0,00125
8-7
s²
si ² = =0,000156
8
|ai|
ti =
si
0,1625
t1 = =13
0,0125
Remarque importante.
Cherchons l'intervalle de confiance d'un effet non significatif, par exemple a1. On
obtient :
[0,125-12,71*0,0125 ; 1,125+12,71*0,0125] = [-0,1469 ; 0,1717]
On constate que 0 est dans cet intervalle de confiance, ce qui montre bien que le
coefficient n'est pas significativement différent de 0 au risque de 5%.
5.3 Analyse de la variance. Validation du modèle linéaire.
L'analyse de la variance consiste à comparer à l'aide d'un test F la somme des carrés
des écarts due uniquement à la régression (donc au modèle), avec la somme des carrés
des résidus.
Précisons ces notions en introduisant un vocabulaire spécifique à l'analyse de variance.
On notera par la suite Yi les réponses observées lors de la réalisation des expériences
et Yiest la réponse estimée à l'aide du modèle linéaire. On notera, de même, Ymoy la
moyenne des réponses.
On définit alors trois types de "variations"
1- La variation due à la liaison linéaire :
SCEL = (Y i
est
- Ymoy )²
SCER = (Y -Y i i
est
)²
Le test F permet alors de comparer pour un risque fixé à l'avance le Fobs que l'on a
calculé dans le tableau précédent avec un F(critique) lu dans la table de Fisher-
Snedecor avec (p-1) et (n - p) degrés de liberté.
Le test est la suivant :
hypothèse H0 : " les deux carrés moyens sont de même grandeur" et donc la régression
n'est pas significative
hypothèse H1 : " le carré moyen dû à la régression est significativement plus grand
que le carré moyen dû aux résidus" donc la régression est globalement significative
La règle du test est alors pour un risque choisi:
Si Fobs est inférieure au F(critique), on accepte l'hypothèse H0 .
Si Fobs est supérieur au F(critique), on accepte l'hypothèse H1 avec la confiance 1- .
Reprenons l'exemple du paragraphe 5.2.2 en considérant tous les effets, ceux des
variables et ceux des interactions d'ordre 2. On obtient le tableau d'analyse de variance
suivant :
6. Plans fractionnaires
6.1 Introduction
6.2 Loi de composition interne dans l'ensemble des colonnes des matrices d'expériences
Nous avons déjà vu au chapitre précédent que les colonnes des interactions de plusieurs
variables se fabriquaient par produit ligne à ligne de ces colonnes. Nous allons développer
cette notion en remarquant que la matrice des effets, pour un plan d'expériences, a des
colonnes qui ne sont constituées que de +1 et de -1. Soit E le sous ensemble de IRn composé
de vecteurs dont les composantes dans la base canonique ne sont que des +1 ou des -1.
L'égalité des vecteurs de IRn induit l'égalité des vecteurs de E. On définit une multiplication
dans E de la manière suivante. Le produit de deux vecteurs de E est un vecteur de E dont les
composantes dans la base canonique sont les produit des composantes de même rang.
6.3 Plan fractionnaire 23-1 pour étudier trois facteurs. Notion d'Aliase
Nous savons qu'un plan complet pour étudier trois facteurs est un plan 23 nécessitant 8
expériences. Nous désirons n'en réaliser que quatre et donc pour cela nous ne pouvons utiliser
qu'une matrice d'expériences d'un plan 22. La matrice des effets d'un tel plan est :
Exp I = Moy A B AB
1 +1 -1 -1 +1
2 +1 +1 -1 -1
3 +1 -1 +1 -1
4 +1 +1 -1 +1
Comme nous devons placer le troisième facteur C, nous le plaçons dans la colonne de
l'interaction AB. Ainsi, la matrice d'expérience du plan fractionné sera :
Exp A B C
1 -1 -1 +1
2 +1 -1 -1
3 -1 +1 -1
4 +1 -1 +1
C'est cette matrice qui servira, une fois les quatre expériences réalisées, à calculer les effets de
A, B, C et de leurs interactions éventuelles. Le plan réalisé avec la matrice précédente est
appelé plan fractionnaire 23-1.
C = AB donc CC = I = CAB
Ainsi, non seulement le facteur C est aliasé avec l'interaction AB mais le facteur A est aliasé
avec l'interaction CB et le facteur B est aliasé avec l'interaction CA. Autrement dit les effets
obtenus avec le plan fractionnaire ne sont pas des effets purs. Avant de préciser cette notion,
constatons que l'égalité I = CAB nous a fourni tous les aliases, on dit que I = CAB est un
générateur d'aliase.
Précisons maintenant le fait que la notion d'aliase ne nous donne pas des effets purs.
Supposons que nous ayons réalisé d'une part le plan fractionnaire 23-1 dont il vient d'être
question mais aussi le plan complet 23 correspondant. Nous aurions successivement les
matrices des effets suivantes.
Exp I A B C Yexp
ABC CB CA AB
1 +1 -1 -1 +1 y1
2 +1 +1 -1 -1 y2
3 +1 -1 +1 -1 y3
4 +1 +1 -1 +1 y4
effets a0 a1 a2 a3
Remarquons que les lignes de la matrice d'expériences du plan fractionné 23-1 sont, dans
l'ordre, les lignes 5,2,3,8 de la matrice d'expériences du plan complet 23. Calculons le
coefficient a1 du plan fractionné 23-1 (effet de A aliasé à l'interaction CB) :
-y1+y2-y3+y4
a1 =
4
Calculons les effets de A (soit a'1), puis l'effet de l'interaction CB (soit a'23) pour le plan
complet 23.
-a+y2-y3+b-y1+c-d+y4
a'1 =
4
a+y2-y3-b-y1-c+d+y4
a'23 =
4
Nous constatons que : a1 = a' 1 + a' 23 ceci montre bien que l'effet a'1, obtenu avec le plan
fractionnaire n'est pas un effet pur. On montrerait de la même manière que :
En l'absence de toute hypothèse supplémentaire sur les effets, un plan fractionnaire est
inexploitable, puisque les effets obtenus ne sont pas purs. Pour une interprétation correcte, il
faut avoir une connaissance approfondie du phénomène étudié. Nous allons voir dans le
paragraphe suivant, que pour obtenir les effets principaux de 4 facteurs il est possible de ne
faire que 8 expériences au lieu de 16 nécessaires pour un plan complet 24.
La matrice d'expérience d'un plan 23 comporte 3 colonnes dans lesquelles nous plaçons les
trois premières variables A, B, C. Pour placer la quatrième variable D, nous décidons de
l'aliaser avec l'interaction d'ordre la plus élevé du plan 23, c'est à dire l'interaction ABC. Nous
obtenons l'aliase
D = ABC I = DABC
Nous constatons que si, comme il est d'usage, on néglige les interactions d'ordre 3, on obtient
bien les effets principaux.
Montrons sur un exemple, comment on peut, en outre, interpréter les interactions d'ordre 2.
Exemple
On veut étudier l'influence de 4 facteurs sur la pureté d'un précipité. Les variables retenues et
leurs niveaux sont donnés dans le tableau suivant :
Moy A B C ABC AB AC BC Y
DBC DAC DAB D DC DB AD
+1 -1 -1 -1 -1 +1 +1 +1 3, 1
+1 +1 -1 -1 +1 -1 -1 +1 4, 1
+1 -1 +1 -1 +1 -1 +1 -1 2, 2
+1 +1 +1 -1 -1 +1 -1 -1 1, 3
+1 -1 -1 +1 +1 +1 +1 -1 4, 0
+1 +1 -1 +1 -1 -1 -1 -1 4, 1
+1 -1 +1 +1 -1 -1 -1 +1 -0, 1
+1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 +1 0, 6
Cst A B C ABC AB AC BC
DBC DAC DAB D DC DB AD
2, 41 0, 11 -1, 41 -0, 26 0, 31 -0, 16 0, 09 -0, 49
Pour pouvoir effectuer des tests statistiques, le plan d'expérience a été suivi de deux
expériences au centre du domaine expérimental. Les résultats obtenus sont les suivants :
y01 = 2, 2 et y02 = 2, 1
2,2+2,1
0 = = 2,15
2
(2,2-2,15)²+(2,1-2,15)²
s0 2 = = 0,05
2-1
Étudions l'aliase (BC, AD) en nous demandant laquelle des deux interactions à le plus de
chance d'être réelle. Pour cela, examinons séparément l'influence sur la pureté de chacune de
ces interactions.
Étude de l'interaction AC
C = -1 C = +1
A = -1 P =(3,1+2,2)/2 = 2, 65 P = (4-0,1)/2 = 1, 95
A = +1 P = (4,1+1,3)/2 = 2, 70 P = (4,1+0,6)/2 = 2, 35
L'examen de ce tableau montre que les conditions optimales seront obtenues avec : A au
niveau +1 et C au niveau -1.
Étude de l'interaction DB
D = -1 D = +1
B = -1 P =(4,1+4,1)/2 = 4, 1 P =(4,1+4,0)/2 = 4, 05
B = +1 P =(1,3-0,1)/2 = 0, 6 P =(2,2+0,6)/2 = 1, 4
L'examen de ce tableau montre que les conditions optimales seront obtenues avec : B au
niveau -1 et D au niveau -1. En conclusion : L'effet principal de la variable B étant négatif, il
faut effectivement se placer au niveau -1 pour cette variable. En résumé, nous obtiendrons la
plus grande pureté avec :
Pour k variables (ou facteurs), la matrice d'expérience comporte k colonnes. On alterne les -1
et le +1 toutes les lignes pour la première colonne, toutes les deux lignes pour la seconde
colonne, toutes les quatre lignes pour la troisième, etc. Plus généralement :
Exemple
Exp A B
1 -1 -1
2 +1 -1
3 -1 +1
4 +1 +1
Exp A B C
1 -1 -1 -1
2 +1 -1 -1
3 -1 +1 -1
4 +1 +1 -1
5 -1 -1 +1
6 +1 -1 +1
7 -1 +1 +1
8 +1 +1 +1
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