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Stratégies de fidélisation de la clientèle des agences


de voyages belges.
Etude de cas basée sur deux agences : Voyages Copine et Connections.

Mémoire réalisé par


Cindy Nisolle

Promoteur
Lionel Groetaers

Année académique 2016-2017


Master 60 en information et communication,
option relations publiques et gestion de la communication d’organisation
Je remercie David Ruydant de l’agence Voyages Copine et Stein Gullentops de l’agence
Connections de m’avoir consacré une partie de leur temps précieux.
Sans eux, une étude de cas n’aurait pu être possible.
Je remercie autant mon promoteur, Lionel Groetaers, pour sa disponibilité et
ses conseils qui m’ont permis de réaliser ce mémoire de la manière la plus scientifique
possible.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1  
PARTIE I – EXPLORATION THEORIQUE DE LA FIDELISATION DE LA CLIENTELE 3  
Chapitre 1 : La fidélisation aujourd’hui ................................................................................. 3  
1.1. Définitions .................................................................................................................. 3  
1.2. Enjeux de la fidélisation ............................................................................................. 4  
Chapitre 2 : Les stratégies de fidélisation .............................................................................. 5  
2.1. Facteurs de fidélité ..................................................................................................... 5  
2.2. Marketing relationnel ................................................................................................. 7  
2.2.1. CRM ................................................................................................................... 8  
2.2.2. Programmes de fidélisation ................................................................................ 9  
2.3. Mesure des résultats ................................................................................................. 11  
PARTIE I – CONCLUSION SUR LA THEORIE ................................................................... 13  
PARTIE II – ETUDE DE CAS................................................................................................. 15  
Chapitre 3 : Les agences Voyages Copine et Connections .................................................. 15  
3.1. Présentation .............................................................................................................. 15  
3.2. Clientèle et produits/services .................................................................................... 16  
3.3. Valeur ajoutée ........................................................................................................... 17  
Chapitre 4 : La fidélisation de la clientèle de Voyages Copine et Connections .................. 18  
4.1. Présence d’importants facteurs de fidélité ................................................................ 18  
4.2. Absence de forte stratégie de fidélisation ................................................................. 19  
4.3. Difficultés du secteur du voyage .............................................................................. 23  
4.4. Impact des nouvelles technologies ........................................................................... 24  
4.5. Mesure des résultats ................................................................................................. 27  
4.6. Recommandations .................................................................................................... 28  
CONCLUSION GENERALE................................................................................................... 31  
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................i  
ANNEXES ................................................................................................................................. ii  
Annexe 1 : Logo de l’agence Voyages Copine ..................................................................... ii  
Annexe 2 : Logo de l’agence Connections ........................................................................... ii  
Annexe 3 : Entretien avec David Ruydant ............................................................................ ii  
Annexe 4 : Entretien avec Stein Gullentops ......................................................................... ii  
1

INTRODUCTION

Après la Seconde Guerre mondiale, une forte croissance économique


transforme les habitudes de consommation des populations. Les revenus des
familles augmentent tandis que le prix des produits baisse. Après les
privations de la guerre, c’est une société de consommation qui se met en
place. A cette époque, il n’y avait pas lieu de fidéliser les clients, jusqu’au
moment où, en réaction à la surconsommation, à l’abondance de la
concurrence et à l’avènement des nouvelles technologies, les
consommateurs ont changé de comportement. Dorénavant, les entreprises ne
peuvent plus se permettre de se concentrer uniquement sur le
développement de l’offre. En outre, leur chiffre d’affaires ne vient pas
seulement du nombre de clients mais aussi de l’activité par client et de la
fidélité de celui-ci dans le temps. Afin de s’imposer durablement sur le
marché, les entreprises doivent construire une véritable relation avec leurs
clients. Elles développent alors des moyens permettant de mieux piloter la
fidélité de leur clientèle et nous verrons que la technologie joue un rôle
essentiel dans ce processus.

Parmi tous les types d’entreprises qui existent, nous avons été intéressés par
les agences de voyages belges. Alors que le secteur du voyage devient
accessible à un public de plus en plus large, nous nous sommes demandé si
toutes les agences ont établi des stratégies de fidélisation et si oui,
lesquelles. Nous nous sommes également posé la question de savoir si ces
stratégies – si elles existent – correspondent à ce qu’on peut trouver dans les
livres de théorie. En effet, dans le but d’aider les entreprises dans le
processus de fidélisation, de nombreux auteurs, tels que Philip Kotler et
Julien Lévy, se sont attelés à la tâche de rédiger les pratiques à suivre pour
fidéliser une clientèle. Mais cette théorie est-elle applicable au secteur du
voyage ? Ce mémoire a pour but de répondre à ces questions et nous verrons
qu’une étude de cas peut révéler quelques surprises…

La première partie de ce mémoire présente une exploration théorique de la


fidélisation de la clientèle d’une entreprise. Cette recherche permettra de
formuler nos hypothèses de réponse aux questions posées précédemment.
La deuxième partie prend la forme d’une étude de deux cas : l’agence
2

Voyages Copine et l’agence Connections. Les résultats de cette étude


confirmeront ou infirmeront nos hypothèses de réponse aux questions
auxquelles ce mémoire tente de répondre.
3

PARTIE I – EXPLORATION THEORIQUE DE LA


FIDELISATION DE LA CLIENTELE

Dans cette première partie, nous tenterons de fournir l’état des


connaissances en matière de la fidélisation de la clientèle des entreprises en
général. Cette partie théorique ne vise pas de secteur particulier. En effet,
après une minutieuse recherche, il s’avère qu’il n’existe, à notre
connaissance, pas d’ouvrages spécialisés au sujet des stratégies de
fidélisation des agences de voyages (belges ou non).

Le premier chapitre de cette partie vise à définir les termes actuels


importants employés tout au long de ce mémoire. Les enjeux de la
fidélisation de la clientèle seront abordés dans la suite du chapitre. Les
facteurs qui favorisent la fidélité des clients seront expliqués dans le
deuxième chapitre. Nous analyserons ensuite le marketing relationnel et les
moyens qui existent pour mesurer les résultats des stratégies de fidélisation.
Nous terminerons cette première partie en formulant nos hypothèses de
réponse aux questions posées dans l’introduction et ce, sur base de
l’exploration théorique qui suit.

Chapitre 1 : La fidélisation aujourd’hui

1.1. Définitions

Dans le monde des entreprises, la fidélité d’un client est un engagement


profond de la part de celui-ci à acheter un produit ou à utiliser les services
d’une entreprise plusieurs fois « en dépit des facteurs situationnels et des
efforts marketing susceptibles de provoquer un changement de
comportement d’achat » (Kotler, Keller, Manceau 2015 : 153). Un client
fidèle est donc une personne qui achète les produits d’une marque, ou qui
fait appel à ses services, de façon récurrente et sur une longue période
(Kotler, Keller, Manceau 2015 : 154).

La fidélisation d'un client peut donc être définie comme :

« l’ensemble des actions et politiques liées au produit, au prix, à la


communication, à la promotion ou à un programme spécifique, destinées à
4

renforcer la fidélité des clients à une marque en réduisant l’attrition[1] et en


accroissant la part de client » (Lévy 2014 : 540).

Afin de compléter cette définition de la fidélisation de la clientèle, il est


nécessaire de déterminer les enjeux de celle-ci.

1.2. Enjeux de la fidélisation

La fidélisation de la clientèle permet à une entreprise de faire des bénéfices


sur le court, le moyen et le long terme. La fidélité des clients permet donc
une meilleure rentabilité. Selon Reichheld et Sasser, une entreprise peut
améliorer ses performances de 25 à 85% en réduisant son taux d’attrition de
5% (1990 : 303). Ci-dessous sont expliquées les raisons d’un tel gain de
rendement.

Premièrement, les clients fidèles permettent de maintenir un chiffre


d’affaires plus certain que celui produit par les clients occasionnels. Les
clients fidèles sont moins sensibles aux offres promotionnelles des
concurrents, alors que les clients occasionnels vont et viennent selon les
offres qui les intéressent le plus (Kotler, Keller, Manceau 2015 : 159).

Deuxièmement, la fidélisation de la clientèle permet l'amortissement des


coûts d'acquisition des nouveaux clients. Aujourd’hui, toute personne ayant
étudié le marketing sait qu’il coûte moins cher de fidéliser les clients que
d’en acquérir de nouveaux. Selon Kotler, cette action coûte cinq fois plus
cher que satisfaire et fidéliser les clients actuels (2015 : 159). Il faut donc
fidéliser la clientèle et ainsi limiter les départs, sachant que, en moyenne,
une entreprise perd chaque année 10% de ses clients (Kotler, Keller,
Manceau 2015 : 159).

Troisièmement, suite au développement d’internet, la fidélisation de la


clientèle entraîne une diminution des coûts de gestion. Quand un client est
fidèle et qu’il a l’habitude d’utiliser les services d’une entreprise, il
commence à avoir de l’autonomie et utilise les outils de self-service et de
gestion de compte en ligne, lorsque le secteur de l’entreprise le permet (Lévy

1
« Perte de client, de substance ou d’autres éléments non forcément matériels » (Le
Dictionnaire en ligne 2017).
5

2014 : 601). L’organisation doit, dès lors, moins dépenser pour s’occuper des
services pour ses clients.

Enfin, nous pouvons mentionner le phénomène de recommandations ou de


bouche à oreille. Les clients fidèles y jouent un rôle important car ce sont
généralement eux qui recommandent à leurs amis ou à leur famille une
marque à laquelle ils sont attachés. Les personnes qui hésitent à acheter un
produit écouteront plutôt leurs connaissances ou les avis d’autres
consommateurs que ce que la marque dit elle-même du produit. Les clients
fidèles attirent donc d’autres clients. De plus, les recommandations de
clients à clients ont pris encore plus de poids depuis l’apparition d’internet
et de la vente en ligne.

Les nombreux enjeux de la fidélisation de la clientèle ayant été exposés,


nous allons voir, dans le chapitre suivant, comment une entreprise doit s’y
prendre pour rendre un client fidèle.

Chapitre 2 : Les stratégies de fidélisation

2.1. Facteurs de fidélité

Avant d’analyser les stratégies de fidélisation qui peuvent être mises en


place par une entreprise, il est nécessaire de se demander pourquoi un client
est fidèle à une marque. D’après Kotler, c’est parce qu’il perçoit « la valeur
supérieure de l’offre de l’entreprise par rapport aux concurrents » (Kotler,
Keller, Manceau 2015 : 147). Suite au développement des nouvelles
technologies, les consommateurs disposent maintenant d’outils avec
lesquels ils peuvent comparer les entreprises en quelques clics et
sélectionner celles qui leur conviennent le mieux. Ils peuvent donc
facilement choisir l’offre qui leur semble avoir la plus forte valeur. Cette
valeur peut être évaluée grâce à plusieurs critères mais certains sont plus
importants que d’autres. En 2013, les résultats d’une enquête menée par
l’institut de sondage américain Clickfox ont révélé que, lorsque l’on parle
des moteurs de la fidélité, la qualité ainsi que le service client l’emportent
sur le prix : qualité (88%), service après-vente (72%), prix (50%), pratique
6

(45%), engagement social (45%), prestige (12%) et autres (9%). Il semble


également, avec 54% de réponses, que si une organisation récompense ses
clients, ceux-ci auront tendance à consommer plus avec cette organisation.

Par ailleurs, si l’entreprise arrive à répondre aux attentes des clients, ceux-ci
seront alors satisfaits. Cela conditionnera la probabilité de rachat et donc, de
fidélité de la clientèle (Kotler, Keller, Manceau 2015 : 147). Mais attention :
si, dans leur ouvrage Marketing Management, Kotler et Dubois
reconnaissent que la fidélisation implique une forte satisfaction, cette
dernière n’entraîne pas forcément la fidélisation d’un client (1997 : 452). En
effet, ce dernier peut avoir envie de tester d’autres produits ou services chez
les concurrents malgré le fait qu’il ait été satisfait de son achat. Cependant,
un sentiment d’insatisfaction empêchera assurément une fidélité si
l’entreprise ne prend pas en compte ce mécontentement. Par exemple, une
plainte doit être réglée par le service après-vente. Parmi les clients qui
déposent une réclamation, entre 54 et 70% d’entre eux achèteront de
nouveau auprès de l’entreprise si leur problème a été résolu. Ce pourcentage
va jusqu’à 95% si ce problème a été réglé rapidement (Kotler, Keller,
Manceau 2015 : 175). De plus, un client qui aura expérimenté un service
après-vente efficace en parlera à plus ou moins cinq personnes de son
entourage alors que si son problème n’a pas été solutionné (ou trop
lentement), il en parlera à onze personnes environ (Kotler, Keller, Manceau
2015 : 175). La satisfaction est donc la base de la fidélisation sans pour
autant garantir la fidélité de tous les clients.

Enfin, traduisant une relation stable entre l’individu et la marque, un autre


facteur de fidélité est l’attachement d’un client à cette marque. En outre, ce
lien affectif rend particulièrement « difficile son imitation ou sa
transposition à une autre marque » (Lévy 2014 : 568).

Maintenant que nous connaissons les facteurs de fidélité les plus importants
(qualité, service après-vente, satisfaction et attachement), nous pouvons
analyser la façon dont les stratégies de fidélisation sont mises en place pour
exploiter ces facteurs.
7

2.2. Marketing relationnel

Comme mentionné dans l’introduction, en réaction à la surconsommation, à


l’abondance de la concurrence et à l’avènement des nouvelles technologies,
les consommateurs ont changé de comportement. Le marketing centré
autour du produit ne fonctionne plus. A l’heure actuelle, les clients attendent
qu’on les soigne et ils ont besoin de se sentir écoutés (Kotler, Keller,
Manceau 2015 : 161). Il ne faut donc pas vouloir vendre à tout prix mais
bien entretenir une bonne relation avec ses clients et identifier leurs besoins.
Nous sommes dans l’ère du marketing relationnel.

Selon Lévy dans son ouvrage Tout le marketing à l’ère numérique, toute
stratégie de fidélisation doit contenir les « 3 R » (2014 : 568). Ainsi, il
explique que, pour fidéliser les clients, premièrement, il est nécessaire de
créer une « romance », c’est-à-dire raconter une histoire afin que le client
s’attache à la marque. Deuxièmement, il faut de la « reconnaissance » ; les
clients doivent se retrouver dans la marque et sentir que les offres sont
personnalisées pour eux. Il faut donc avoir identifié leurs besoins au
préalable. Enfin, une « récompense » est à prévoir pour, comme le nom
l’indique, récompenser les clients de leur fidélité (Lévy 2014 : 568). Comme
nous le verrons plus loin, ces « 3 R » se retrouvent dans le marketing
relationnel. Celui-ci, grâce à ses techniques, permet de développer l’activité
par client et de fidéliser celui-ci dans le temps (Lévy 2014 : 521). Plus
précisément, le marketing relationnel est :

« une politique et un ensemble d’outils destinés à établir des relations


individualisées et interactives avec les clients, en vue de créer et
d’entretenir chez eux des attitudes positives durables à l’égard de
l’entreprise ou de la marque » (Lévy 2014 : 524).

Deux traductions concrètes du marketing relationnel sont les politiques de


CRM, ou gestion de la relation client, et les programmes de fidélisation.
Nous analysons ces deux composantes ci-après.

Avant de continuer, il est convient de souligner que, peu importe la stratégie


utilisée, une bonne relation avec ses clients n’est possible que si l’entreprise
a une bonne relation avec ses employés car ce sont eux qui seront en contact
direct avec le client. Dans son livre L’effet loyauté, Reichheld insiste sur le
8

fait qu’une entreprise doit poursuivre une philosophie basée sur le « capital
humain », c’est-à-dire qu’elle cherche à avoir de « bons employés » qui
permettront une certaine stabilité, tant au niveau du personnel qu’au niveau
des clients (1996 : 103). En effet, si l’on veut établir une relation durable
avec de « bons clients », des employés fiables et un faible taux de
renouvellement du personnel sont indispensables.

2.2.1. CRM

A l’ère du Big Data, les informations sur les clients ne manquent pas. Ces
données permettant aux entreprises de connaître leurs clients constituent une
condition nécessaire pour mettre en œuvre une stratégie relationnelle. En
effet, l’analyse de ces données permettra de « proposer la bonne offre, au
bon client, au bon moment et sur le bon canal » (Jallat et al. 2014 : 127).
Cette mise en place de systèmes de gestion plus ou moins personnalisés de
la relation commerciale qu'une marque souhaite entretenir avec ses clients
est appelée gestion de la relation client (GRC ou CRM de l’expression
anglaise Customer Relationship Management). Plus précisément, elle
consiste à :

« rassembler des informations détaillées et individualisées sur les clients et


à gérer avec soin tous les moments de contact avec eux en vue de
maximiser leur fidélité à l’entreprise » (Kotler, Keller, Manceau 2015 :
169).

Le CRM permet de répondre de la manière la plus personnalisée possible


aux besoins des clients. Il permet également de coordonner un parcours
client multicanal (point de vente, mobile et internet) afin d'offrir une
expérience client unifiée (Jallat et al. 2014 : 14). Afin de récupérer ces
données, les entreprises doivent bien évidemment s’équiper d’un outillage
technologique adéquat. Cependant, il est vrai que la gestion de la relation
client peut prendre bien des formes selon l’activité de l’entreprise et les
clients ou prospects qu’elle convoite. Par exemple, une entreprise qui fait du
« business to business » n’aura pas besoin du même logiciel CRM qu’une
entreprise qui s’occupe du « business to consumer », comme une agence de
voyages par exemple. Ce type d’entreprise utilisera généralement un logiciel
9

de CRM qui regroupe des fonctionnalités précises. D’abord, le programme


doit permettre de gérer une base de données dans laquelle une adresse e-
mail, par exemple, équivaut à un client. Ensuite, le logiciel devrait être
capable de segmenter, c’est-à-dire de classer les clients dans un ou plusieurs
segments selon sa typologie, son comportement d’achats, etc. Il faut
également qu’il puisse gérer les campagnes, c’est-à-dire envoyer une grande
quantité de sollicitations en suivant un plan commercial et suivre leur
performance. Enfin, diriger ces campagnes sur le canal le plus pertinent : e-
mails, SMS, brochures, etc. (Scholasch 2013). Bien sûr, un logiciel CRM
peut avoir d’autres fonctionnalités mais cela dépend des besoins de
l’entreprise. Cet outil, selon ses fonctionnalités, peut coûter très cher.
Néanmoins, à l’ère du marketing relationnel, il semble être presque
indispensable dans une stratégie de fidélisation de la clientèle.

2.2.2. Programmes de fidélisation

Sur base du CRM, des programmes de fidélisation peuvent être développés.


Ces programmes permettent aux clients de se sentir valorisés. Ils ont le
sentiment d’être traités d’une façon particulière et cela renforce leur lien
affectif avec la marque (Kotler, Keller, Manceau 2015 : 162). Selon des
données rassemblées par le fournisseur de service de paiement américain
Cayan en 2014, les programmes de fidélisation peuvent augmenter de 20%
la part de marché d’une marque et de 10% l’acquisition de nouveaux clients.
Selon la même source, 69% des personnes interrogées déclarent que leur
choix d’une marque est influencé par le fait que celle-ci fasse gagner des
récompenses pour leur fidélité. Ensuite, 70% des interrogés estiment que les
programmes de fidélisation font partie de leur relation avec l’organisation.
Enfin, 82% des petits business sondés disent que les clients fidèles sont le
principal moyen grâce auquel leur business a grandi. Les programmes de
fidélisation semblent donc fonctionner auprès des clients. Etant donné
l’évolution constante du marketing, il n’est pas possible de dresser une liste
exhaustive de tous les programmes existants. Cependant, dans les lignes
suivantes, nous expliquons ceux qui sont le plus souvent cités dans les livres
10

de théorie, notamment les outils numériques car les programmes de


fidélisation se mettent en place de plus en plus via internet.

Un des programmes les plus connus est celui de la récompense de la fidélité.


Cette récompense se présente souvent sous forme d’une carte, comme le
nom du programme l’indique, de fidélité. Cette carte peut permettre, par
exemple, d’accumuler des points et de recevoir des cadeaux ou des
réductions lors d’un prochain achat. L’Observatoire de la Fidélité et
Fidélisation Clientèle en France réalise chaque année un baromètre de la
fidélité. Sa huitième édition a été présentée le 29 mars 2017 et révèle que,
sur les 781 Français qui ont répondu à l’enquête, 66,5% déclarent que
posséder une carte les incite à retourner sur le point de vente. Un autre
programme de fidélisation est l’envoi de courriers et de magazines par la
poste. Ce système est moins utilisé qu’avant car il est plus coûteux et moins
immédiat que les outils numériques. Il est toutefois encore utilisé et permet
de rappeler aux clients que l’entreprise existe, de leur faire connaître leurs
offres ainsi que de toucher ceux qui ne sont pas accessibles via internet,
comme les personnes âgées, par exemple.

Par contre, pour les clients qui utilisent internet, les programmes de
fidélisation se sont multipliés. Premièrement, un site web relationnel est un
levier de fidélisation. Si un client trouve que le site d’une entreprise est
facile d’utilisation, c’est-à-dire qu’il est ergonomique, que le client y a
trouvé les informations qu’il cherchait et que ce site permet une certaine
interaction avec cette entreprise, le client aura tendance à rester fidèle à
celle-ci (Jallat et al. 2014 : 353). Deuxièmement, la newsletter est de plus en
plus utilisée. Elle permet la « diffusion d’une information riche et illustrée »
et une réaction immédiate du client car celui-ci peut être atteint n’importe
quand (Jallat et al. 2014 : 398). Troisièmement, il y a les réseaux sociaux.
Ceux-ci permettent plus d’échanges interactifs entre la marque et ses clients,
ainsi qu’entre les clients eux-mêmes. Grâce aux réseaux sociaux, il est
possible d’aller un pas plus loin que les sites internet traditionnels (Lévy
2014 : 549). Cependant, il ne faut pas sous-estimer le coût de la gestion de
ces plateformes. La gestion des réseaux sociaux n’est pas gratuite,
contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il faut, par exemple, payer la
réalisation des contenus (vidéos, photos, etc.), le community manager, etc.
11

Pour finir, il est important de remercier les clients fidèles via des
récompenses, comme nous l’avons vu plutôt, mais cela peut aussi
simplement se faire via un support numérique, tel qu’un e-mail ou un post
sur Facebook, qui remercie le client pour sa fidélité (Cayan 2014). Les
entreprises peuvent également profiter de ce support pour réaliser une
enquête de satisfaction client dans le but d’améliorer ses services, et donc de
favoriser la fidélisation de la clientèle.

Internet a profondément transformé les programmes de fidélisation, d’une


part en réduisant les coûts, d’autre part en les agrémentant avec du contenu
multimédia (Lévy 2014 : 549). Grâce à ces programmes, le client se sentira
spécial et reviendra plus facilement. En plus, un programme de fidélisation
ne constitue pas seulement une bonne raison pour les clients de revenir mais
il permet aussi de fournir des informations sur eux. Les besoins des clients
peuvent alors être plus efficacement identifiés, et donc leur fidélité est
augmentée (Cayan 2017). C’est ainsi qu’une boucle se forme. Plus les
clients achètent, plus les informations récoltées à leur sujet sont
nombreuses. Il est alors possible de mieux cibler les programmes de
fidélisation, ce qui entraîne une plus grande fidélité des clients et ainsi de
suite.

2.3. Mesure des résultats

Comme Reichheld le souligne dans son livre L’effet loyauté, « la mesure


réside au cœur de la vision et de la stratégie » (1996 : 225). Il est important
de mesurer comment une stratégie de fidélisation contribue à la performance
d’une entreprise. Une fois cet impact mesuré, la stratégie peut alors être
améliorée. Mais s’il est relativement facile de mesurer l’efficacité des
actions relationnelles à court terme sur les ventes et sur la satisfaction, il est
plus difficile de la mesurer pour les actions à long terme sur la valeur du
client et sur la qualité de la relation (Jallat et al. 2014 : 250). Nous
présentons quelques systèmes de mesure ci-dessous.

Toujours selon Reichheld, parmi les mesures de la fidélité les plus souvent
utilisées, se trouve le taux de rétention des clients. Ce taux indique la
12

proportion de consommateurs qui restent clients sur une période donnée. Le


taux d’attrition est également fréquemment calculé. C’est un ratio entre le
nombre de clients perdus par rapport au nombre de clients total sur une
période précise. De nombreuses entreprises utilisent aussi le Net Promoter
Score (NPS) créé par Reichheld. Cet indicateur de fidélité consiste à évaluer
la probabilité qu’un client recommande une certaine marque à d’autres
personnes (Galiana 2014).

Si les indicateurs montrent une forte fidélité, cela prouve que l’entreprise
réussit à créer de la valeur pour les clients. En effet, nous avons vu
précédemment que la base d’une stratégie de fidélisation est d’offrir aux
clients une valeur supérieure à celle des concurrents. En observant le
comportement des clients et leur fidélité ou non, il est donc directement
possible de savoir si l’entreprise leur apporte une valeur supérieure ou non
par rapport à la concurrence (Reichheld 1996 : 19).
13

PARTIE I – CONCLUSION SUR LA THEORIE

Pour rappel, les questions auxquelles ce mémoire tente de répondre sont les
suivantes : les agences de voyages belges ont-elles toutes des stratégies de
fidélisation ? Si oui, quelles sont-elles et correspondent-elles à la théorie ?
Sur base de l’exploration théorique réalisée dans la première partie de ce
mémoire, nous pouvons formuler des hypothèses de réponse à ces questions.

Etant donné l’évolution du marché ainsi que les nombreux enjeux de la


fidélisation, nous supposons que oui, les agences de voyages belges ont une
stratégie pour fidéliser leurs clients afin de s’imposer durablement. Ensuite,
comme mentionné précédemment, nous sommes dans l’ère du marketing
relationnel. Il est donc à supposer que les agences de voyages essaient
d’entretenir la meilleure et la plus proche relation possible avec leurs
clients. Il ne serait pas déraisonnable, dès lors, de penser qu’elles utilisent
un CRM adapté à leurs besoins en matière de connaissance de leur clientèle.
Sur base des informations récoltées via leur CRM, certaines agences de
voyages ont probablement établi plusieurs programmes de fidélisation,
notamment numériques vu le développement des nouvelles technologies.
Actuellement, rares sont les entreprises qui ne possèdent pas de site internet.
Les agences de voyages en ont donc probablement un grâce auquel les
clients peuvent s’informer sur les offres disponibles. Il est également fort
possible que certaines communiquent également via les réseaux sociaux.
Ensuite, nous avons vu qu’une fidélité récompensée semble faire revenir les
clients plus souvent. Ce ne serait donc pas surprenant que les agences de
voyages offrent des réductions aux clients les plus fidèles. Il est tout aussi
probable que certaines envoient aussi des brochures par la poste ainsi que
des newsletters par e-mail. Si une agence de voyages a une stratégie de
fidélisation si bien développée, c’est qu’elle a compris que fidéliser sa
clientèle est plus rentable que d’attirer de nouveaux clients. Il est donc tout à
fait possible que les agences de voyages consacrent un budget important à la
fidélisation de leur clientèle. Enfin, nous espérons qu’elles mesurent le taux
de fidélité de leurs clients dans le but de pouvoir l’améliorer si nécessaire.

Suite à ces suppositions, nous pouvons penser que oui, la pratique


correspond à la théorie en majeure partie. Néanmoins, il est plus facile
14

d’expliquer une théorie que de l’appliquer réellement. Il est donc possible


que certaines stratégies ne correspondent pas en tout point à celle-ci.

Ces hypothèses concernant les stratégies de fidélisation des agences de


voyages et leur concordance avec la théorie seront confirmées ou infirmées
sur base de l’étude de cas exposée dans la deuxième partie de ce mémoire.
15

PARTIE II – ETUDE DE CAS

La deuxième partie de ce mémoire se présente sous forme d’une étude des


stratégies de fidélisation de deux agences de voyages belges : Voyages
Copine et Connections. Pour réaliser cette analyse, nous nous sommes
entretenus avec les personnes responsables du marketing de chacune des
deux agences : David Ruydant, responsable marketing de l’agence Voyages
Copine et Stein Gullentops, e-commerce manager de l’agence Connections.
Nous avons également effectué quelques recherches par nous-mêmes sur le
site internet des deux agences ainsi que sur les réseaux sociaux utilisés par
celles-ci. Cependant, ces recherches ne permettaient pas d’avoir des
informations précises sur les stratégies de fidélisation de la clientèle des
deux agences, étant donné que ces processus ne sont bien sûr pas exposés
tels quels au public. Des entretiens avec les responsables marketing des
deux agences étaient donc indispensables pour réaliser notre enquête.

Dans cette partie, nous débuterons par une présentation générale des deux
agences, le type de clientèle qu’elles visent ainsi que leur valeur ajoutée
pour les clients. Nous déterminerons si oui ou non ces deux agences ont une
stratégie de fidélisation de la clientèle et, si tel est le cas, nous la
comparerons avec les stratégies évoquées dans la première partie afin de,
finalement, confirmer ou infirmer nos hypothèses de réponse aux questions
auxquelles ce mémoire tente de répondre.

Chapitre 3 : Les agences Voyages Copine et


Connections

3.1. Présentation

Voyages Copine2 est une agence de voyages belge employant 29 personnes


dans neuf agences (Namur, Jambes, Huy, Wavre, Arlon, Louvain-la-Neuve,
Saint-Servais, Saint-Georges-sur-Meuse et Grivegnée). Cette entreprise
familiale a été fondée en 1938 et son siège se trouve à Namur. « L’approche

2
Annexe 1 : Logo de l’agence Voyages Copine.
16

personnalisée de votre voyage » est la baseline apposée au logo de l’agence


et elle reflète sa mission qui est de faire découvrir à ses clients « le monde
dans des conditions optimales », de « donner un sens » à leur voyage et de
leur permettre de « vivre une expérience personnalisée » (Voyages Copine
2017).

Connections3 est également une agence de voyages belge. Elle est, par
contre, plus grande que Voyages Copine : l’agence emploie environ 200
personnes et possède 30 bureaux répartis sur tout le territoire belge (Anvers,
Bruxelles, Gand, Liège, Louvain-la-Neuve, Ostende, Zaventem, etc.). Son
siège se trouve à Vilvorde. L’agence existe depuis 30 ans et est la plus
importante organisation de voyages en Belgique. Son slogan « Connect to
the real world » résume sa mission qui est de permettre aux clients de
« pouvoir vivre le monde et partager [leurs] expériences avec les autres » ;
ils doivent pouvoir « repousser [leurs] limites en repoussant les frontières, et
réaliser [leurs] rêves ».4

3.2. Clientèle et produits/services

Avant d’analyser les stratégies de fidélisation de ces deux agences, il est


important de connaître les services et produits proposés par celles-ci ainsi
que de comprendre qui en sont les clients. Lors de l’entretien chez Voyages
Copine, David Ruydant explique que « l’essentiel de [leur] clientèle peut
être n’importe qui : un jeune en échange linguistique, une école pour un
voyage scolaire, monsieur et madame qui décident de faire un voyage de
noces, etc. ». Néanmoins, la majorité de la clientèle se situe plutôt au niveau
des seniors. « Les jeunes actifs n’ont pas encore ou pas besoin de nous ; il y
a très peu de jeunes », explique le responsable marketing. C’est également
le même type de clientèle chez Connections. Toutefois, elle est peut-être un
peu plus jeune. La majorité de leurs clients ont entre 40 et 50 ans.

Les produits de l’agence Voyages Copine peuvent être classés en trois


grandes catégories : le département loisirs (vacances forfaitaires et à la

3
Annexe 2 : Logo de l’agence Connections.
4
La mission de Connections est peinte sur un des murs de la réception de l’agence à
Vilvorde.
17

carte) qui représente 80% des offres de l’agence, le département groupe


(voyages exclusifs venant de la propre production de l’agence) et le
département business (voyages d’affaires) qui regroupent chacun 10% des
produits. Pour Connections, c’est à peu près la même répartition. La vente
de ses propres produits représente 8 à 10% de son chiffre d’affaires, dont
une grande partie vient des voyages en Amérique et surtout à New York car
des employés de Connections se trouvent sur place. En général, la moitié du
chiffre d’affaires d’une agence provient des vols secs5 et l’autre moitié
provient des services comme la location de voitures, les réservations
d’hôtels, les tours et tous les autres produits. Il est important de faire
remarquer que les deux agences ne font pas du « pur online ». Les vols secs
peuvent se réserver en ligne mais les voyages personnalisés et intégrant des
services doivent se préparer en agence.

3.3. Valeur ajoutée

Au vu de la concurrence des agences low-costs, comme Opodo par exemple,


il n’est pas inutile de se demander quelle est la valeur ajoutée d’une agence
de voyages. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Voyages Copine et
Connections ne semblent pas trop s’inquiéter de ces agences à bas prix. En
effet, les deux agences belges veulent maintenir leur service personnalisé et
de qualité. « Il n’est pas question de vendre nos produits à rabais ; nous ne
voulons pas devenir des discounters », explique Gullentops lors de
l’entretien chez Connections. Dans la clientèle que les deux agences visent,
le prix n’est pas un facteur. « Le pas cher ne nous intéresse pas », commente
Ruydant, « le vrai critère pris en compte est la satisfaction du client ». Par
rapport aux voyages à bas prix que l’on peut réserver en ligne, la valeur
ajoutée pour un client de Voyages Copine et Connections est le conseil et la
disponibilité des agents pour toute question ou aide. La volonté des deux
agences est de conseiller mais pas de vendre à tout prix. Gullentops ajoute
même qu’un de leurs atouts est d’avoir 30 bureaux sur le territoire belge
mais que leur plus grande force est d’en avoir un à l’aéroport de Bruxelles.

5
Vols vendus sans autres services.
18

Les clients peuvent donc régler leurs problèmes de dernière minute en


contact direct avec des employés de l’agence. Etant donné que le facteur
prix n’intervient pas dans la stratégie marketing de Voyages Copine et
Connections, les deux agences évitent les clients « one-shot », c’est-à-dire la
clientèle qui n’utilise qu’une seule fois leurs services. « Nous avons bien sûr
beaucoup de ces clients one-shot mais on ne les vise pas », explique
Gullentops, « ces clients recherchent généralement le prix le plus bas et
donc, s’ils trouvent moins cher ailleurs, ils s’en vont ».

Les deux agences et leurs caractéristiques ayant été présentées, nous


analysons, dans le chapitre suivant, la fidélisation de leur clientèle.

Chapitre 4 : La fidélisation de la clientèle de Voyages


Copine et Connections

4.1. Présence d’importants facteurs de fidélité

Pour commencer, suite à l’entretien mené chez Voyages Copine et


Connections, nous avons identifié trois caractéristiques communes aux deux
agences et qui sont des facteurs de fidélité de la clientèle importants.
Premièrement, le fait que les agences se préoccupent de fournir des services
de qualité favorise la fidélisation de la clientèle. Comme vu précédemment,
la qualité est un important facteur de fidélité. Deuxièmement, les deux
agences essaient de proposer des produits exclusifs afin que le client ne
puisse trouver la même chose ailleurs, comme par exemple les voyages à
New York proposés par Connections. Chez Voyages Copine, Ruydant
estime que plus de 50% des clients qui achètent des produits de la propre
production de l’agence sont fidèles. En ce qui concerne les produits
classiques, ce taux est moins élevé car les mêmes offres se retrouvent chez
les concurrents. Cela prouve que proposer des exclusivités aide à fidéliser la
clientèle. Troisièmement, il n’y a pas de « turnover » important au niveau du
personnel dans aucune des deux agences. Concernant Voyages Copine,
Ruydant raconte : « La personne qui travaille ici depuis le plus longtemps,
travaille depuis 47 ans. Elle n’a pas besoin de système automatique pour
19

appeler ses clients. Elle est passée du ‘vous’ au ‘tu’ avec tous ses clients. »
Les gens sont donc attachés à cette personne. De plus, ils bénéficient d’un
accueil personnalisé lors de leurs visites à l’agence car le personnel les
connaît bien. Chez Connections, au moins la moitié du personnel travaille
dans cette agence depuis 10 ou 20 ans. Cette stabilité du personnel est
clairement un facteur de fidélité de la clientèle. Le client a ses habitudes et
s’il est bien reçu à l’agence, et qu’il est satisfait, il reviendra. Comme nous
l’avons vu dans la théorie, un client satisfait est un client qui sera
probablement plus fidèle. En revanche, lorsque les employés sont installés
dans une routine, il y a également des inconvénients. « C’est plus compliqué
de faire changer les mentalités », explique David Ruydant, « les employés
sont plus réfractaires aux changements, cela leur demanderait de sortir de
leur zone de confort et ça implique une remise en question ». Nous
reviendrons sur ceci plus tard.

Malgré la présence de ces trois importants facteurs de fidélité, à la suite des


deux entretiens, il a été constaté, contre toute attente, que les deux agences
n’ont pas de stratégie de fidélisation bien établie. Nous développons nos
constatations ainsi que les raisons de cette absence dans les paragraphes
suivants.

4.2. Absence de forte stratégie de fidélisation

A la question « que pensez-vous du marketing relationnel et l’utilisez-vous


dans votre agence ? », Ruydant répond : « Je dis que c’est très beau mais
c’est difficile. » Selon lui, le marketing relationnel de l’agence Voyages
Copine n’est pas assez développé. Il ajoute : « Je vais balancer une bombe :
Voyages Copine n’utilise pas encore de CRM professionnel, nous n’avons
pas de système proposant des automatisations mais c’est un dossier sur
lequel on travaille depuis des années. » Cette agence n’est donc pas encore
en mesure d’interpréter, de façon approfondie, les données engrangées sur
les clients jusqu’à maintenant. La situation chez Connections n’est pas
différente : « On veut toujours bien évidemment travailler sur les clients
existants mais c’est pas vraiment facile », explique Gullentops, « on
commence à avoir les systèmes en place pour faire ça mais il y a un an, on
20

ne pouvait pas le faire ». Par exemple, c’est seulement depuis cette année
2017 que Connections est capable d’envoyer des mails personnalisés aux
clients en fonction, par exemple, de leur préférence de destination de
voyage. Autrement, toujours jusqu’à maintenant, 90% des newsletters
envoyées sont les mêmes pour tous les clients de l’agence. Ce manque de
personnalisation ne favorise pas une relation proche avec le client. Voyages
Copine envoie également des newsletters mais jusqu’à présent, celles-ci
sont envoyées à tous les profils, excepté business, sans distinction. « La
structure actuelle ne permet pas pour le moment d’envoyer des newsletters
plus personnalisées », raconte Ruydant, « on n’a pas les budgets suffisants
et nécessaires pour avoir de tels outils ». La volonté de l’agence pour un
futur proche est d’arriver à segmenter correctement sa base de données afin
que les clients reçoivent des offres qui leur correspondent le mieux possible.

Cette segmentation des clients commence toutefois déjà à se développer au


niveau des brochures papier. L’agence Voyages Copine est passée de
l’envoi par la poste de 100 000 exemplaires à 30 000 mais avec un taux de
conversion plus élevé. « Avant, on envoyait à la mitraillette et on ramenait
beaucoup de déchets », explique Ruydant. Depuis peu, l’agence travaille en
collaboration avec bpost afin de viser une population précise. « La poste est
une mine d’or ! », s’exclame le responsable marketing. En effet, grâce à son
monopole de la distribution, bpost détient beaucoup d’informations sur la
population belge. La distribution de folders publicitaires peut alors se faire
sur base de critères sociodémographiques. L’économie de 70 000 folders
permet à Voyages Copine de mieux investir dans la qualité de la distribution
de ses brochures car plus celle-ci est ciblée, plus elle coûte cher. Quant à
Connections, elle ne propose ses brochures que dans ses agences. Dans le
passé, l’agence en avait envoyé par la poste à ses clients mais ce fût un
échec, l’opération n’a donc plus été réitérée par après. Etant donné que les
brochures sont disponibles dans les 30 agences du pays, l’agence ne
considère pas que ce soit nécessaire de dépenser de l’argent pour les
distribuer.

Néanmoins, Connections investit beaucoup d’argent dans la publicité


payante. L’agence dépense plus d’argent dans l’acquisition de nouveaux
clients que dans la fidélisation de sa clientèle. Et pas qu’un peu : 90% du
21

budget marketing est dédié à l’acquisition de nouveaux clients. « On peut


lire dans toutes les théories que ça coûte plus cher d’attirer de la nouvelle
clientèle mais techniquement, c’est plus facile d’aller chercher un nouveau
client que de travailler sur les clients fidèles », raconte Gullentops. C’est
pour cela que l’agence utilise beaucoup Google AdWords, par
exemple. « Pour travailler d’une manière efficace sur les clients fidèles,
c’est plus difficile », continue Gullentops, « cependant, c’est en train de se
mettre en place ». Vu l’importante somme dépensée dans l’acquisition de
nouveaux clients, il reste très peu pour investir dans une véritable stratégie
de fidélisation. En revanche, Voyages Copine semble avoir compris qu’il est
plus rentable de se focaliser sur la fidélisation de sa clientèle même s’il est
difficile de mettre une stratégie en place. L’agence investit un budget moins
important dans l’acquisition de nouveaux clients. Par exemple, elle ne fait
jamais de publicité qui vise à simplement augmenter sa réputation. La
publicité sera toujours utilisée pour promouvoir un produit ou pour écouler
quelques places restantes, par exemple. « Le but est de n’avoir que des
clients fidèles », commente Ruydant, « ce sont eux qui rentrent le plus
d’argent ».

Malgré un faible développement du marketing relationnel chez Voyages


Copine, celle-ci organise tout de même différents évènements, comme des
conférences, afin d’entretenir de bonnes relations avec ses clients les plus
importants. Ce sont des évènements très ciblés avec généralement une
trentaine de personnes. Mais Ruydant reconnaît que ce n’est pas suffisant. «
On ne remercie pas assez nos clients d’être chez nous », explique-t-il.
L’agence n’a pas de système automatique qui, par exemple, envoie un mail
aux clients après leur voyage afin de les remercier d’avoir choisi Voyages
Copine pour organiser leurs vacances. Ce sont les employés de l’agence qui
doivent téléphoner aux clients pour savoir si tout s’est bien passé et encore,
cela ne se fait que pour les voyages qui étaient compliqués à organiser.
Voyages Copine n’utilise encore que très peu les outils numériques pour
communiquer avec sa clientèle. « Dans le futur, nous souhaiterions que nos
clients reçoivent un sms pendant leurs vacances pour voir si tout se passe
bien et nous leur enverrions un tableau de satisfaction après le voyage. Mais
nous n’avons pas l’argent pour ça pour le moment », répète Ruydant. Au
22

jour d’aujourd’hui, l’agence suppose que si le client ne se plaint pas, c’est


que le voyage s’est bien passé. A ce niveau, Connections est plus
développée. A chaque commande effectuée, le client reçoit un mail de
Trustpilot6 qui lui demande d’évaluer l’agence avec laquelle il vient
d’effectuer une transaction. De plus, sept jours après que les clients ont
profité de leurs vacances, une enquête est automatiquement envoyée afin de
savoir comment s’est déroulé le voyage et il est à nouveau demandé
d’évaluer l’agence. Par contre, si le client se plaint qu’il a eu, par exemple,
des problèmes à l’hôtel, à part s’excuser, l’agence ne fait rien. Elle estime
qu’elle ne peut être tenue responsable des problèmes rencontrés dans un
hôtel qu’elle ne dirige pas. Il est parfois possible qu’elle offre une
compensation pour éviter que le client ne fasse des problèmes mais c’est
rare. Alors que, dans le sondage de Clickfox réalisé en 2013, le service
après-vente est placé en deuxième position après la qualité, cette
philosophie est loin de favoriser la fidélisation de la clientèle.

Pour ce qui a trait aux supports numériques, les deux agences possèdent,
comme nous le savons déjà, un site internet. Il est possible d’y retrouver la
plupart des voyages proposés par les deux agences mais, comme mentionné
plus tôt, pour Voyages Copine, il n’est pas possible de réserver en ligne.
Quant à Connections, il n’est possible de réserver qu’un vol sec, un hôtel ou
un citytrip mais pas un voyage personnalisé. Les clients hyperconnectés
d’aujourd’hui pourraient se diriger vers une autre agence s’ils considèrent
que le site de Voyages Copine ou de Connections n’offre pas assez de
fonctionnalités.

Concernant la présence sur les réseaux sociaux, Voyages Copine possède un


compte sur Facebook, Instagram et Pinterest. Cependant, ces comptes ne
sont pas très actifs ; ils ne sont en tout cas pas utilisés pour fidéliser la
clientèle d’une façon stratégique. « Un de nos projets est d’augmenter notre
présence sur les réseaux sociaux », explique Ruydant, « cela aidera notre
référencement sur les moteurs de recherche, par exemple ». Il ajoute : «
Dans l’absolu, il faudrait aussi une chaîne Youtube. » Sur ce point,

6
Site internet qui publie l’évaluation de consommateurs à propos de leurs expériences avec
les business en ligne enregistrés sur ce site.
23

Connections a un compte sur les mêmes réseaux sociaux que Voyages


Copine. Il y a peut-être un peu plus de mouvements sur ces comptes mais il
n’y a toujours pas de stratégie de fidélisation en cours. A l’ère du numérique
et selon la théorie, il serait nécessaire pour les deux agences de travailler sur
cette faiblesse afin de renforcer la fidélité de leurs clients.

Sur base de ces constatations, nous n’infirmons pas catégoriquement toutes


les hypothèses formulées dans la conclusion de la première partie de ce
mémoire, mais nous pouvons toutefois affirmer que ces hypothèses ne sont
pas valables pour toutes les agences belges étant donné que les deux que
nous avons étudiées n’ont pas de forte stratégie de fidélisation. Les
pratiques de ces agences ne correspondent qu’en très peu de points à la
théorie et, parfois, elles sont même contraires à celle-ci. Cependant, lorsque
l’on analyse le secteur du voyage, ces constatations ne sont pas si
surprenantes. Nous en expliquons les raisons ci-dessous.

4.3. Difficultés du secteur du voyage

Le manque de stratégie de fidélisation de la clientèle des agences Voyages


Copine et Connections semble pouvoir s’expliquer par plusieurs
caractéristiques du secteur du voyage.

Premièrement, la clientèle d’une agence de voyages n’est pas la plus


favorable à être fidèle. En effet, nous réservons un voyage moins souvent
que nous n’achetons du pain, par exemple. Un magasin de grande surface
aura donc plus de facilité à fidéliser ses clients qu’une agence de voyages.
D’après Ruydant et Gullentops, le cycle d’achat d’un client d’une agence de
voyages est bien spécifique. Un client a généralement un premier contact
avec une agence lorsqu’il part en vacances avec ses parents. Ensuite, il
voyage seul ou avec ses amis mais sous forme d’un city trip et fait donc
rarement appel à une agence de voyages pour cela. Ensuite, lorsqu’il est
adulte, il s’adresse à une agence concernant un voyage pour une destination
plus lointaine, quand ses propres enfants ne sont plus en bas âge. Une fois
que les enfants sont partis de la maison, le client réapparaît car il aimerait
partir seul avec son mari ou sa femme. Quand le client est devenu senior, il
24

apparaît à nouveau car il est rassuré de partir avec une agence. Il y a donc
deux pics dans le cycle d’achat d’un client d’une agence de voyages : 30 ans
et 50 ans. Etant donné que le client a tendance à apparaître, disparaître et
réapparaître, il est difficile de le fidéliser.

Deuxièmement, le comportement des consommateurs est en train de


changer. Dans tous les secteurs, mais sans aucun doute dans celui du
voyage, les clients sont plus volages qu’avant. « Les gens n’ont plus peur de
zapper. Maintenant, on aime comparer. Le problème, c’est que, dans le
zapping, il faut voir ce qu’il se cache derrière le prix et ça, c’est moins
facile », explique Ruydant. Le réflexe d’achat des clients n’est plus le même
qu’avant et les agences de voyages sont forcées de s’y adapter.

Troisièmement, le canal de distribution d’une agence de voyages est


composé de beaucoup d’intermédiaires (tours opérateurs en Belgique et à
l’étranger, prestataires locaux, etc.). Ceci implique que, si une agence veut
éviter que le prix final de ses voyages ne soit exagéré, elle peut ne dépenser
que peu d’argent dans la fidélisation de la clientèle. Pour chaque voyage
réservé, Voyages Copine n’a une marge de bénéfice que de 1,5 ou 2%. « Il
reste donc très peu pour le programme de fidélisation », confie Ruydant,
« on ne pourra le faire que quand on augmentera les marges ». Connections
explique également que la marge gagnée sur un vol sec diminue chaque
année. L’agence est donc en train de changer son business model pour
continuer à être rentable. L’agence Connections vendra toujours des vols
secs mais elle veut devenir un « travel buddy » et donc augmenter la vente
de voyages personnalisés afin d’accroître ses marges de bénéfices.

Enfin, il est difficile de trouver, à l’heure actuelle, un secteur qui n’aurait


pas été impacté par les nouvelles technologies. Nous expliquons son impact
sur le secteur du voyage dans la section suivante.

4.4. Impact des nouvelles technologies

L’avènement des nouvelles technologies a modifié la manière de


fonctionner des agences de voyage. Cette révolution a commencé avec
l’arrivée du web. « Tout le monde l’a vu comme un ennemi », raconte
25

Ruydant, « maintenant, c’est à voir comme un ami, comme un outil de


travail ». Voyages Copine et Connections commencent à s’adapter aux
changements dus à l’internet mais ce processus est lent. « On réagit avant
qu’il ne soit trop tard », commente Ruydant, « mais nous ne sommes pas
encore prêts pour tout. Par exemple, si un client vient à l’agence en
présentant son smartphone avec le prix d’un concurrent plus avantageux que
notre offre, certains employés seront déstabilisés ». C’est ici que nous
reparlons de la difficulté de s’adapter pour les employés qui se sont installés
dans une routine. Ils sont maintenant obligés de sortir de leur zone de
confort afin de s’adapter au nouveau comportement des consommateurs.
Ces changements peuvent impliquer une remise en question. Nous en
donnons des exemples dans les paragraphes suivants.

A cause de l’expansion des forums de discussion, les agences de voyages


ont dû revoir leurs services, voire leur métier. Auparavant, les clients se
rendaient dans une agence pour poser leurs questions sur un voyage. Quand
les forums de discussions sont arrivés, il n’a plus été nécessaire de se
déplacer pour avoir des réponses. Maintenant, lorsqu’un client vient dans
une agence, il a déjà préalablement recherché sur internet toutes les
informations relatives à son voyage. Dès lors, lorsque le client rencontre un
agent, ce n’est plus dans le but d’obtenir des informations générales mais
bien des renseignements les plus personnalisés possibles. Ruydant illustre ce
phénomène avec cette comparaison : « Nous étions des [supermarchés]
Carrefour et maintenant, nous devons nous transformer en épiceries fines ».
Le secteur du voyage est en plein changement et les agences doivent sortir
de leur zone de confort pour continuer à être rentables. « L’agence d’hier est
morte », affirme Ruydant.

Comme déjà mentionné, le canal de distribution d’une agence de voyages


est composé de beaucoup d’intermédiaires. Avec le web, le client a éliminé
tous ces intermédiaires. Ce changement force les agences à modifier leur
stratégie. « Notre but maintenant est de redevenir la base de notre métier,
c’est-à-dire des architectes de voyage », explique Ruydant, « nous voulons
proposer à nos clients non pas une série de produits identiques, mais des
produits encore plus personnalisables ». C’est pareil du côté de l’agence
Connections qui désire devenir un « travel buddy », comme vu ci-avant.
26

Enfin, un autre problème lié à l’ère du numérique est que l’internet rend
complexe le suivi de la fidélité des clients. Par exemple, chez Connections,
chaque fois qu’un client commande en ligne, il devient un nouveau client.
Cela veut dire que si le client vient ensuite en agence pour un autre voyage,
l’employé qui le recevra ne pourra pas savoir si ce client a déjà réservé des
voyages en ligne avec l’agence avant ou non. Ce problème d’ordre
technique rend difficile l’élaboration d’une stratégie de fidélisation. Il faut
d’abord avoir une vue d’ensemble sur l’activité du client avant d’essayer de
le fidéliser. De plus, les agences de voyages travaillent beaucoup avec des
partenaires tiers pour ses services tels que la réservation d’un hôtel ou la
location d’une voiture. Ainsi, Connections entretient un partenariat avec le
site Booking.com. Sur le site de l’agence, lorsque l’on recherche un hôtel,
on réserve via Booking.com. Cependant, même si Connections reçoit une
commission quand l’un de ses clients a trouvé un hôtel via le site partenaire,
l’agence ne sait pas quel client a fait cette réservation. Il est donc très
difficile de construire une relation avec ce dernier. Ce problème ne se pose
pas pour les agences qui ne font que de la vente en ligne. Celles-ci ont un
système qui enregistre « qui regarde quoi et quand » sur leurs sites internet
afin, ensuite, d’envoyer du contenu personnalisé aux clients. C’est plus
compliqué, cependant, pour les agences de voyages qui ont des bureaux. En
effet, dans un bureau, les employés ne peuvent pas encoder toutes les
données concernant un client qui s’est rendu sur place. Il faudrait que les
employés notent eux-mêmes ce par quoi le client était intéressé pendant la
discussion, quels sont ses intérêts, etc. Sur internet, les recherches effectuées
et les données encodées par les clients sont directement enregistrées. Par
ailleurs, chez Connections, une adresse e-mail enregistrée équivaut à un
client. Dès lors, lorsqu’un client change d’adresse e-mail, il devient un
nouveau client dans la base de données. Ceci empêche également une vue
d’ensemble sur le client.

Dans le futur, l’agence Connections vise à ce que tous ces problèmes


techniques soient résolus et veut établir un système qui permettrait de lier
les données d’un client qui réserve en ligne avec ses données enregistrées en
agence. « Dans un monde idéal, chaque commande faite en ligne devrait
correspondre à une commande au bureau également », commente
27

Gullentops, « mais il faut un système technique qui permet ça ». L’agence


s’est déjà attelée à la tâche. Depuis avril 2017, lorsqu’un client effectue une
importante réservation en ligne, il reçoit un message qui l’invite à passer en
agence pour régler les détails du voyage ou bénéficier d’un suivi plus
personnalisé. L’agence est donc ainsi au courant de qui a déjà réservé en
ligne ou non. De plus, disposer des données encodées par le client sur le site
internet lors de la visite de celui-ci à l’agence permettra aux employés d’être
préparés à recevoir le client, ce qui rendra la rencontre plus personnalisée.

4.5. Mesure des résultats

Etant donné que les deux agences n’ont pas encore de systèmes de
fidélisation établis, elles ne peuvent en mesurer les résultats. Nous avons vu
que Connections ne dispose pas encore d’une vue globale de ses clients qui
lui permettrait de savoir s’ils sont vraiment fidèles ou non. Quant à l’agence
Voyages Copine, elle ne possède pas encore non plus les outils pour, par
exemple, mesurer le chiffre d’affaires rapporté par les clients fidèles. « On
ne sait, pour le moment, savoir où sont nos clients fidèles que pour certains
produits mais pas pour tous », explique Ruydant. Actuellement, tant que le
chiffre d’affaires de Voyages Copine et Connections continue d’augmenter,
les deux agences n’accordent pas d’importance à la part de ce chiffre
d’affaires rapportée par les clients fidèles.

Gullentops explique que si l’agence voulait calculer la proportion exacte de


clients fidèles, il faudrait qu’une personne de l’agence se consacre
uniquement à cette tâche. Ce n’est pas encore le cas pour le moment étant
donné que l’agence n’a pas de stratégie de fidélisation établie. Ruydant est
également d’avis qu’une personne spécifique devrait se consacrer à la
mesure de la fidélité de la clientèle ainsi qu’à l’évaluation de la stratégie de
fidélisation de l’agence Voyages Copine. Malgré les avancements, Ruydant
déclare : « Nous sommes dans une PME, on reste une société familiale. On
n’aura jamais un budget énorme pour la fidélisation. »
28

4.6. Recommandations

Les agences Voyages Copine et Connections ont, certes, déjà plusieurs


atouts pour fidéliser leur clientèle : la qualité du service fourni, l’offre de
plusieurs exclusivités et la stabilité du personnel. Cependant, malgré l’effort
important que cela représente, les deux agences gagneraient beaucoup à
établir une véritable stratégie de fidélisation de leur clientèle (nous
renvoyons à la section 1.2., dans laquelle nous détaillons les enjeux de la
fidélisation, pour les convaincre). Les deux agences ont d’ailleurs le
potentiel d’augmenter davantage le taux de fidélité de leur clientèle et elles
commencent doucement à y travailler. Nous sommes conscients que le
budget est un frein majeur à cette évolution. Cependant, en attendant que de
plus grands moyens soient dégagés pour pallier les problèmes techniques
qui empêchent la mise en place d’un CRM et donc d’un marketing
relationnel efficace, nous proposons quelques recommandations pour
amorcer le déploiement d’une plus forte stratégie de fidélisation.

Nous recommandons d’abord à l’agence Voyages Copine de mettre à


disposition sur son site internet plus d’informations au sujet de ses voyages
et d’améliorer l’ergonomie de celui-ci. Nous lui conseillons également
d’ajouter un outil de recherche plus détaillé afin que les clients qui
recherchent un voyage précis sur leur site puissent le trouver facilement.

Ensuite, Voyages Copine et Connections devraient profiter de leurs comptes


sur Facebook, Instagram et Pinterest pour établir une véritable stratégie de
fidélisation. Cette stratégie pourrait être, par exemple, le suivi des aventures
d’un personnage créé de toute pièce. Celui-ci serait utilisé pour
communiquer sur tous les réseaux sociaux utilisés par les deux agences. Les
voyages de ce personnage donneraient envie aux clients de partir ou repartir
en vacances. Les clients pourraient également dialoguer avec lui et lui poser
des questions sur ses voyages. Cela créerait une meilleure cohérence dans la
stratégie et cela renforcerait le lien affectif avec la marque. Si les deux
agences pensent que ce n’est pas nécessaire de se focaliser sur les réseaux
sociaux parce que leur clientèle ne fait pas partie des premiers utilisateurs de
ces réseaux, il faut noter que les moins jeunes s’y mettent de plus en plus.
29

Selon une enquête de la société GlobalWebIndex menée en 20157, 41,4%


des Belges entre 35 et 44 ans sont actifs sur Facebook. Bien que ce chiffre
descende à 37,4% pour les 45-54 ans et 35,6% pour les 55-64, ce n’est pas
un nombre à sous-estimer. Cela vaudrait donc la peine de se focaliser
davantage sur les réseaux sociaux. Toujours concernant le digital, nous
encourageons tout autant les deux agences à continuer de segmenter leur
clientèle afin d’envoyer des newsletters de plus en plus personnalisées.

Il est clair, cependant, qu’il n’est pas possible d’atteindre tous les clients par
le biais d’internet. C’est pour ça que, malgré le fait que l’agence
Connections ait connu un échec avec l’envoi de brochures par la poste, nous
lui conseillons tout de même d’envoyer ne fût-ce qu’un flyer aux clients qui
ne sont pas atteignables via internet. Cet envoi permettra de rappeler aux
clients que l’agence existe et leur redonnera peut-être le goût du voyage s’ils
ne sont plus partis en vacances depuis longtemps.

Par ailleurs, lorsque Voyages Copine et Connections auront un système


technique qui leur permettra d’avoir une vue d’ensemble sur les activités de
leurs clients, nous conseillons vivement que les deux agences récompensent
leurs clients fidèles. Elles pourraient, par exemple, offrir des réductions ou
un cadeau dès que ceux-ci réservent leur deuxième voyage dans l’une de
leurs agences. Cette technique incitera fortement les clients à revenir chez
Voyages Copine ou Connections sans pour autant que celles-ci soient
considérées comme des « discounters ».

Un meilleur service après-vente devrait aussi être mis en place. Malgré le


fait que les agences de voyages ne soient pas responsables des mauvaises
aventures qui peuvent arriver aux clients à cause des partenaires sur place,
elles devraient avoir ces problèmes plus à cœur. Comme vu dans la théorie,
les clients apportent beaucoup d’importance au service après-vente d’une
entreprise. Dès lors, si une plainte est justifiée, nous conseillons à Voyages
Copine et Connections de faire leur maximum pour atténuer le
mécontentement de leurs clients, ne fût-ce qu’en donnant un bon de
réduction pour une prochaine réservation. Les deux agences n’y perdraient

7
Citée dans l’article « Les Belges et internet : l’analyse complète » de D. Malengreau
(s.d.).
30

pas beaucoup mais auraient plutôt tout à gagner si le client réserve à


nouveau dans une des agences malgré la plainte (car celle-ci aura été
correctement traitée).

Une fois ces recommandations mises en place, il sera nécessaire de bien


mesurer les résultats, c’est-à-dire de calculer si la fidélité des clients a
augmenté depuis les changements. Nous encourageons l’agence Voyages
Copine à mettre en place l’enquête de satisfaction dont l’agence nous a parlé
et qui consisterait à contacter les clients pendant leur voyage ainsi qu’après
celui-ci dans le but de vérifier que tout se passe (ou s’est bien passé) comme
prévu. Il est également tout à fait recommandable de demander clairement
aux clients quelles améliorations ils aimeraient voir apportées dans les
services de l’agence.

Vu le temps nécessaire pour construire une bonne relation avec ses clients,
spécialement dans le domaine du voyage, les résultats mettront du temps à
apparaître. Il faudra donc être patient. Cependant, les deux agences peuvent
être sûres que si elles investissent mieux dans la fidélisation de leur
clientèle, elles finiront par en être récompensées.
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CONCLUSION GENERALE

De nos jours, si les entreprises veulent s’imposer durablement sur le marché,


elles doivent sans cesse améliorer le taux de fidélité de leurs clients. Le
marketing centré autour du produit ne fonctionne plus, c’est le marketing
relationnel et les stratégies de fidélisation qui ont pris sa place. Ce mémoire
visait à déterminer si toutes les agences de voyages belges ont de telles
stratégies de fidélisation, à les identifier – si elles existent – et à vérifier leur
concordance avec la théorie.

Grâce à une étude de cas des agences belges Voyages Copine et


Connections, nous avons découvert, non sans surprise, que toutes les
agences de voyages belges n’ont pas forcément une forte stratégie de
fidélisation. C’est le cas de ces deux agences. Les pratiques de celles-ci ne
correspondent qu’en très peu de points à la théorie et, parfois, elles sont
même contraires à celle-ci. Voyages Copine et Connections essaient
toutefois de se développer à ce niveau. Ce manque de stratégie est
explicable par des difficultés spécifiques au domaine du voyage. De plus,
les nouvelles technologies ne facilitent pas toujours la tâche des agences
même si le web et les réseaux sociaux peuvent être utilisés comme
éléments-clés d’une stratégie de fidélisation. Malgré ces difficultés et les
problèmes techniques que les agences rencontrent, il est tout de même
possible que la théorie concernant la fidélisation de la clientèle s’applique
au secteur du voyage si les efforts nécessaires sont consentis.

Ces observations ne veulent pas dire que ce décalage avec la théorie vaut
pour toutes les agences de voyages en général, ni même non plus pour
toutes les agences belges. Mais nous pouvons, en tout cas, affirmer que la
pratique peut être difficile à mettre en place dans certains secteurs tels que
celui du voyage. Ce mémoire ouvre la porte à une nouvelle étude qui
pourrait consister en l’analyse de la fidélisation de la clientèle dans d’autres
agences belges afin de déterminer si les conclusions tirées à propos de
Voyages Copine et Connections sont valables pour toute la Belgique ou
non.
i

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

Annexe 1 : Logo de l’agence Voyages Copine

Annexe 2 : Logo de l’agence Connections

Annexe 3 : Entretien avec David Ruydant

Sur CD joint au mémoire : entretien avec David Ruydant (version audio et version retranscrite),
responsable Marketing - Internet - Coordination de l’agence Voyages Copine, 31 mars 2017.

Annexe 4 : Entretien avec Stein Gullentops

Sur CD joint au mémoire : entretien avec Stein Gullentops (version audio et version retranscrite),
e-commerce manager de l’agence Connections, 11 mai 2017.

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