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Le christianisme syriaque en Asie Centrale

Chapter · January 2015

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Mark Dickens
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études syriaques
12
Le christianisme syriaque
en Asie centrale et en Chine

Volume édité par


Pier Giorgio Borbone et Pierre Marsone

GEUTHNER
Le christianisme syriaque en Asie centrale

Mark Dickens
Université d’Alberta

Cet article examine le christianisme syriaque en Asie centrale 1 en


mettant en lumière les attestations textuelles et épigraphiques clés 2,
produites au cours des cinq grandes périodes chronologiques suivantes :
1) la période pré-islamique (avant 651 apr. J.‑C.) ; 2) les califats rashidun
et omeyyade (651-750) ; 3) le califat abbasside jusqu’aux Seldjoukides (750-
1055) ; 4) les périodes seldjoukide et khwarezmshah (1055-1220) ; 5) les
périodes mongole et timouride (1220-1506).

La période pré-islamique (avant 651 apr. J.‑C.)


Quatre régions et les empires correspondants forment la toile de
fond politique sur laquelle on doit considérer l’histoire du christianisme
syriaque en Asie centrale pendant la période pré-islamique :
1. en Perse, l’Empire parthe (247 av. J.-C. ‒ 224 apr. J.‑C.), auquel succède
l’Empire sassanide (224-651) ;
2. en Bactriane et en Inde du Nord, l’Empire kouchan (vers 30 ‒ vers
225 apr. J.‑C.), suivi par les Hephthalites (vers 410-560) ;
3. en Chine, la dynastie Han (206 av. J.-C. ‒ 220 apr. J.‑C.), à laquelle
ont succédé un certain nombre de plus petites dynasties et de royaumes
jusqu’à la dynastie Sui (581-618) ;

1. Dans le cadre de la présente étude, l’Asie centrale est définie comme comprenant les
actuels territoires de l’Afghanistan septentrional, les cinq anciennes républiques
soviétiques d’Asie centrale (Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan
et Kazakhstan) et les régions du Xinjiang et de la Mongolie-Intérieure en Chine, avec
la steppe maintenant située dans la Fédération de Russie (au nord du Kazakhstan).
2. Plusieurs des sources textuelles et archéologiques sont aussi traitées dans d’autres
contributions du présent volume, en particulier celles de Pier Giorgio Borbone et
de Barakatullo Ashurov.

Le christianisme syriaque en Asie centrale et en Chine, P. G. Borbone & P. Marsone (éds), Paris, 2015
(Études syriaques 12), p. 5-39.
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

4. Dans la steppe septentrionale, le premier Empire turc (552-659).


Durant toutes ces périodes, l’Église syriaque prédominante en Asie
centrale fut toujours l’Église d’Orient. Cependant, dans certains cas, on
fera mention de l’implication d’autres Églises chrétiennes dans la région 3.
On doit aussi rappeler que, bien que notre sujet soit ici le christianisme
syriaque et que le syriaque ait toujours été la langue liturgique première de
l’Église d’Orient, cette dernière a aussi employé des langues vernaculaires
(spécialement le moyen-perse, le sogdien, le persan et le vieux-ouïghour)
dans les textes utilisés en Asie centrale 4.
Il y a plusieurs références au christianisme d’Asie centrale pendant
la période pré-islamique. Le Livre des lois des pays de Bardesane (vers 196)
mentionne des chrétiens parmi divers groupes ou territoires situés dans
l’Empire perse ou à proximité, notamment les habitants du Beth Qašnāyē
̈
(‫ܩܫܢܝܐ‬ ‫ )ܒܝܬ‬5, l’Empire kouchan. Étant donné que le territoire kouchan
comprenait l’Inde du Nord, la Bactriane et des parties de la Sogdiane, on
n’est pas certain de l’endroit exact où vivaient ces chrétiens. L’historien
arménien Eḷišē Vardapet (m. 475) corrobore cette information quand il
décrit comment, pendant le règne de Šāpur II (310-379) ou de Šāpur III
(383-388), « le nombre des chrétiens qui se répandirent [dans l’Empire
perse] s’accrut, atteignant même le pays des Kouchan, et vers le sud aussi
loin que l’Inde » 6. Peu de temps après Bardesane, le texte syriaque de la
Doctrine des Apôtres (vers 250) décrit comment beaucoup de régions dans
l’Est « reçurent l’imposition des mains du sacerdoce des Apôtres » d’Aggaï,
le disciple d’Addaï aussi loin que ‫ܒܝܬ ܓܘܓ ܘܡܓܘܓ‬, « le pays de Gog et
Magog » 7. Cette source est plus problématique que Bardesane, étant donné
sa nature généralement apocryphe, mais « Gog et Magog » est typiquement
associé avec la steppe septentrionale 8.

3. Précisément, les melkites (grecs orthodoxes, voir Parry 2012), les syriaques
orthodoxes (voir Dauvillier 1956) et les arméniens (voir Dauvillier 1974).
4. Voir dans ce volume les contributions de Chiara Barbati et de Peter Zieme.
5. Bardesane, Livre des lois des pays, éd. Nau 1899, p. 55 ; éd. Nau 1907, p. 606-607 ; éd.
Drijvers, p. 60-61. Ce texte est aussi cité par Eusèbe dans la Praeparatio evangelica
VI, 10, 46, où la désignation ethnique est rendue par le mot Βάκτροις, « Bactriens »
(éd. Gifford, p. 302 ; éd. Des Places, p. 230-231).
6. Eḷišē Vardapet, Histoire des Vardanians, p. 111. La référence au « pays des Kouchan »
est ici anachronique puisque leur empire fut détruit au moins un siècle plus tôt.
7. Doctrine des Apôtres, éd. Mai, p. 8/174 ; éd. Cureton & Wright, ‫ܠܕ‬-‫ܠܗ‬/ p. 34. Cela est
répété dans le Kitāb al-Mijdal I, p. ٣/2.
8. Sur l’histoire de ce thème littéraire, généralement associé à Alexandre le Grand,
voir Anderson 1932 ; Czeglédy 1957 ; Reinink 2003.

6
le christianisme syriaque en asie centrale

Outre ces références anciennes imprécises, nous dépendons de textes


datant du ve siècle et après, en particulier des textes synodaux de l’Église
d’Orient, généralement désignés par le titre Synodicon Orientale (fin du
viiie siècle). Ceux-ci nous informent que des évêques à Merv et Hérat (tous
deux dans la province sassanide du Khorassan) participèrent au synode de
Dadišoʿ (424), et un métropolite de Merv (au 7e rang) au synode de Joseph
en 554. À cette époque, on entend parler aussi d’évêques dans les villes
voisines, Merv al-Rud et Abiward 9, tandis que le Fiqh an-Naṣrānīya d’Ibn
al-Ṭayyib (m. 1043) et le Nomocanon de ʿAbdišoʿ bar Brika (1290) affirment
qu’il se trouvait un métropolite ou un évêque à Merv déjà au temps du
catholicos Isaac Ier (399-410). Si cela est vrai, rien n’indique qu’il était
présent au synode d’Isaac (410) ou au synode de Yahballaha Ier (420) 10.
Toutefois, on doit noter que la moitié seulement des trente-deux évêques
qui ont signé les décisions officielles et les canons du synode de 410 ont
indiqué le nom de leur siège, comme l’ont fait seulement cinq des onze
évêques du synode de 420 ; il est donc possible qu’un évêque de Merv fût
présent à l’un ou l’autre de ces synodes 11.
L’évêque de Merv, Baršabba, qui était présent au synode de 424,
semble avoir inspiré un homonyme légendaire dont le nom est évoqué
dans divers textes syriaques et arabes, notamment des textes de Turfan
attestés nulle part ailleurs 12. Un des premiers métropolites de Merv fut
un personnage perturbateur en son temps : David, en 524, consacra l’un
des deux patriarches rivaux durant la période de schisme à l’intérieur
de l’Église d’Orient, avant d’être déposé par le patriarche mar Aba Ier
(540-552) 13. Malgré cela, Merv et Hérat restèrent d’importants sièges
métropolitains dans l’Église d’Orient, Merv constituant spécialement

9. Synodicon Orientale, p. 43/285, 109/366. Sur l’organisation des métropolites dans


l’Église de l’Orient, voir Dauvillier 1948, spécialement p. 264-266, 270-273 ; Pelliot
1973, p. 5-10.
10. Ibn al-Ṭayyib, Fiqh al-Naṣrānīya, éd. p. 121, trad. p. 123 ; ʿAbdišoʿ bar Brika, Nomocanon,
p. 141/304.
11. Synodicon Orientale, p. 35-36/274-275, 42/283-284.
12. Išodenah, Livre de la chasteté, § 36 ; Chronique de Séert I, 2, p. [141-146] ; Kitāb al-Mijdal I,
p. ٢٦-٢٧/23 ; Hunter & Dickens 2014, p. 470 ; Sims-W illiams 2012, p. 232. Le nom
apparaît aussi dans le corpus des pierres tombales de Semirech’e (Chabot 1906a,
p. 288) et parmi les inscriptions d’Urgut, discutées ci-dessous. Al-Birunī nous
informe que le jour de la fête de Baršabba était le 21 ḥaziran (juin) (al-Birunī,
Kitāb al-āthār, éd. Sachau, p. 296 ; éd. Griveau, p. 308). Sur ce saint légendaire, voir
Sims-Williams 1988 [1989] ; Brock 1995 ; Fiey 2004.
13. Chronique de Séert II, 1, p. [57] ; Kitāb al-Mijdal II, p. ٣٨/22-23.

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le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

une base pour l’expansion missionnaire vers l’Est 14. Évidemment, les


métropolites « extérieurs » étaient fréquemment choisis parmi ceux qui
étaient formés comme moines missionnaires plutôt que parmi le clergé
indigène de la province ecclésiastique 15.
L’une des premières manifestations de la percée évangélique au-delà des
frontières naturelles de l’Empire perse apparaît dans plusieurs sources du
vie siècle. La Topographie chrétienne de Cosmas Indicopleustès (547-549) décrit
des communautés chrétiennes avec des églises, un clergé, des évêques,
des martyrs et des moines parmi « les Bactres et les Huns » (par là, il
entend les Huns hephthalites dans ce qui est aujourd’hui l’Afghanistan
septentrional) 16. Cela se passait au temps où le pouvoir des Hephthalites
était en déclin, peu avant qu’ils fussent écrasés entre 556 et 561 par les
forces militaires combinées d’un Empire sassanide revivifié et du premier
Empire turc.
C’était aussi l’époque où mar Aba Ier entrait et sortait de prison à cause de
problèmes avec les autorités persanes 17. D’où la nature surprenante du récit,
dans la Biographie de mar Aba (après 552), à propos du chef hephthalite (‫ܗܦܬܪܢ‬
‫ܟܘܕܝ‬, Haphtrān Khūdāy) 18 envoyant un prêtre hephthalite au monarque
persan (Khosrau Ier Anuširvān) vers 550. Le prêtre était porteur d’une lettre
des chrétiens hephthalites demandant que mar Aba le consacrât évêque
de ‫ܟܠܗ ܡܠܟܘܬܐ ܕܗܦܬ̈ܪܝܐ‬ ̇ , « la totalité du royaume des Hephthalites ». La
Chronique de Séert rapporte le même récit 19. Cet évêque des Hephthalites
était sûrement l’évêque de Badghis et Qadistan, le premier étant un centre

14. Sur l’histoire de ces deux sièges épiscopaux, voir Fiey 1973, p. 75-87, 89-92 ; Fiey 1993,
p. 89, 110-111.
15. Dauvillier 1948, p. 270.
16. Cosmas Indicopleustes, Topographie chrétienne, p. 119-120.
17. Ses problèmes étaient en partie dus à sa conversion du zoroastrisme au christianisme.
On trouvera un bon résumé de sa vie dans Young 1974, p. 58-72.
18. Khudāy (‫)خدای‬, mot iranien pour « seigneur », était aussi une partie du titre employé
par les dirigeants pré-islamiques de Boukhara (Bukhār-Khudā) et de son voisin
Čaghaniyan (Čaghān-Khudā), juste au nord de l’Amu Darya : voir Naymark 2010 et
Bosworth 1981.
19. Histoire de mar Yahballaha, éd. Bedjan p. 266-269 ; Actes des martyrs persans, p. 217-
218 ; Mingana 1925, p. 304-305 ; Peeters 1946, p. 108 ; Pigulevskaja 1963, p. 335. La
Chronique de Séert donne moins d’information. Elle dit seulement que mar Aba
consacra un homme grand et fort parmi « les barbares » (Chronique de Séert II, 1,
p. [78]). La même source mentionne l’aide que des chrétiens ont fournie à Kavād Ier
(488-496) quand celui-ci dut fuir chez « les Turcs » (Chronique de Séert II, 1, p. [36], ici,
les Hephthalites), mais la localisation exacte de ces chrétiens n’est pas claire. Il n’y
a donc absolument aucun fondement qui permette d’associer cette affirmation de
la Chronique de Séert (comme le fait Mingana 1925, p. 302-304) avec un récit séparé

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le christianisme syriaque en asie centrale

hephthalite important, aujourd’hui dans le nord-ouest de l’Afghanistan, le


second près de Hérat 20 mentionné au synode d’Išoʿyahb Ier en 585, où nous
trouvons aussi les premières références à un métropolite de Hérat et à un
évêque de Pušang (Bušang/Fušanj, près de Hérat). Ce sont là les dernières
mentions d’évêques ou de métropolites d’Asie centrale participant à des
synodes de l’Église d’Orient 21. À ce moment, cependant, le siège de Badghis
n’était plus lié, dans les sources syriaques, aux Hephthalites désormais
défaits, ni à leur territoire partagé entre les Perses et les Turcs.
Pour Samarcande, la situation est plus compliquée car on trouve des
informations différentes au sujet de son établissement en tant que siège
métropolitain 22 ; malheureusement, il n’existe aucune mention d’un
métropolite de Samarcande participant à un quelconque synode de l’Église
d’Orient, vraisemblablement parce qu’il était trop difficile d’effectuer
le long voyage depuis cette ville jusqu’à Séleucie-Ctésiphon. De fait, Ibn
al-Ṭayyib note explicitement que les métropolites des lieux lointains
tels que Merv et Samarcande pouvaient recevoir l’autorisation écrite du
patriarche en guise de confirmation personnelle, spécialement en matière
de consécrations épiscopales 23. De plus, le Liber Patrum syriaque (fin xiiie
– début xive siècle) 24 nomme Fars (7e rang), Merv (8e), Samarcande (9e) et
Hérat (10e) comme les quatre métropolites « distants » ou « extérieurs »,
et précise plus complètement comment ils peuvent consacrer des évêques
sans que le patriarche ou un autre métropolite fût présent 25. Le Nomocanon
de ʿAbdišoʿ bar Brika rapporte la demande exprimée par des autorités non
nommées qu’un métropolite fût désigné pour Samarcande pendant le
patriarcat de Ahai (410-414) ou de Šila (503-523), mais ces dates beaucoup

de l’Histoire ecclésiastique du Pseudo-Zacharie concernant la christianisation des


Huns du Caucase (Pseudo-Zacharie, Chronique, p. 452-454).
20. Voir Fiey 1993, p. 56-57.
21. Synodicon Orientale, p. 165/423. Cependant, le Kitāb al-Mijdal mentionne bien que des
métropolites ont été consacrés pour Hérat sous le patriarche Joshua bar Nun (823-
828), et pour Merv et Hérat à la fois sous Mari II bar Tobi (987-999) (Kitāb al-Mijdal II,
p. ٦٦/38, 94-95/55).
22. Curieusement, aucune des sources concernées ne mentionne Samarcande comme
évêché, ce qui pourrait indiquer que celui-ci fut établi depuis le début comme siège
métropolitain, comme ce fut le cas plus tard avec les Turcs sous Timothée Ier. Sur
l’histoire du christianisme à Samarcande, voir Colless 1986.
23. Ibn al-Ṭayyib, Fiqh al-Naṣrānīya, éd. p. 124, trad. p. 126.
24. Dauvillier 1948, p. 269.
25. Liber Patrum, p. 24-25.

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le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

trop anciennes sont antérieures à la nomination d’un métropolite de Merv,


comme on l’a noté ci-dessus 26.
Plus vraisemblable est l’affirmation d’Ibn al-Ṭayyib selon qui des
métropolites ont été nommés pour Hérat, Samarcande, l’Inde et la Chine
pendant le patriarcat d’Išoʿyahb 27, mais l’écrivain ne précise pas duquel
des trois patriarches de ce nom il entend parler, et il est vraisemblable
qu’Ibn al-Ṭayyib a confondu et superposé au moins deux, peut-être les
trois, patriarches de ce nom. Comme on l’a noté ci-dessus, le Synodicon
Orientale suggère que le siège métropolitain de Hérat fut établi par
Išoʿyahb Ier (582-596), mais qu’Išoʿyahb III (650-658) fut vraisemblablement
responsable des trois autres sièges. En particulier, la stèle de Xi’an décrit
comment Aluoben 28 reçut un titre équivalent au titre syriaque ‫ܡܪܝ‬, mar
(généralement utilisé seulement par les évêques, les métropolites et les
patriarches) sous le règne de Gaozong (650-683). Ainsi, une date antérieure
à 650 pour un métropolite en Chine est improbable 29. Toutefois, cette
information est contredite par le Nomocanon de ʿAbdišoʿ bar Brika, qui date
l’établissement de métropolites à Hérat, à Samarcande et en Chine, ainsi
que du patriarcat de Ṣalibā-Zakhā (714-728), aux 9e, 10e et 11e rangs (Merv
est au 7e rang) 30. Si vraiment Samarcande eut un métropolite au viie siècle,
quand Išoʿyahb III était patriarche, ce fut durant cette période troublée de

26. ʿAbdišoʿ bar Brika, Nomocanon, p. 141/304. Sur le Nomocanon, voir l’introduction
d’Hubert Kaufhold dans Perczel 2005, p. xi-xxiii.
27. Ibn al-Ṭayyib, Fiqh al-Naṣrānīya, éd. p. 121, trad. p. 123 (texte et traduction reproduite
aussi dans Sachau 1919, p. 23-25). Ibn al-Ṭayyib, secrétaire du patriarche Élie Ier
(1028-1049), ne donne que trois métropolites pour l’Asie centrale dans sa liste : Merv,
Hérat et Samarcande (respectivement aux 7e, 9e et 10e rangs). Cette hiérarchie est
conservée dans le Nomocanon de ʿAbdišoʿ bar Brika (ʿAbdišoʿ bar Brika, Nomocanon,
p. 141/304).
28. Également translittéré Alopen dans la littérature.
29. Pelliot & Dauvillier 1984, p. 26-27, 45.
30. ʿAbdišoʿ bar Brika, Nomocanon, p. 141/304. Young 1974, p. 47, suggère de façon
plausible que ces métropolites devaient être à nouveau établis après une vacance un
peu longue du patriarcat (700-714). Dans la même liste, ʿAbdišoʿ attribue la création
de la métropole de Ḥolwān à Išoʿyahb II (628-646) ; ce siège est aussi inclus dans la
liste d’Ibn al-Ṭayyib des sièges créés par « Išoʿyahb », ce qui prouve sûrement que
l’écrivain a bien confondu les trois patriarches. Le titre de chef de l’Église chinoise
en 781 n’est pas clair sur la stèle de Xi’an, mais seulement fondé sur sa position sur
la stèle ; il semble être ‫ܐܕܡ ܩܫܝܫܐ ܘܟܘܪܐܦܝܣܩܘܦܐ ܘܦܐܦܫܥ ܕܨܝܢܣܬܐܢ‬, « Adam prêtre
et chorévêque et papšʿ du Činistan (Chine) ». Il n’est pas certain que le mystérieux
titre papšʿ (voir Lieu 2009, p. 229-230) soit comparable à celui de ‫ܡܪܝ ܝܘܚܢܢ ܐܦܝܣܩܘܦܐ‬,
« mar Yoḥannan l’évêque » qui se trouve dans l’une des listes de noms syriaques
de la stèle (Pelliot & Dauvillier 1984, p. 27, 55, 57, 65-67).

10
le christianisme syriaque en asie centrale

l’Asie centrale, avec les qaghanats turcs orientaux et occidentaux, l’Empire


chinois, l’Empire sassanide, puis l’État arabe naissant, tous rivalisant pour
prendre le pouvoir dans la région. Étant donné que Samarcande et les
autres cités-États sogdiennes étaient à l’époque sous la pression presque
permanente d’une invasion arabe, l’hypothèse d’une dimension politique
dans la nomination d’un métropolite à Samarcande, comme cela semble
avoir été le cas avec les Hephthalites et les Turcs, ne peut pas être écartée 31.
Dans les sources, il y a des preuves d’une activité chrétienne qui peut
avoir conduit à la nomination d’un métropolite à Samarcande au cours du
viie siècle. L’historien byzantin Théophylacte Simocatta (fin des années
620) fait mention de Turcs dans l’armée rebelle de Bahrām Čobin capturé
par les Perses en 591 (sous le patriarcat d’Išoʿyahb Ier), dont on découvrit
qu’ils avaient des croix tatouées sur le front, « car lorsqu’une violente
épidémie était endémique parmi les Scythes orientaux, il était inévitable
que certains chrétiens s’avisassent que les fronts des jeunes fussent tatoués
de ce signe » 32. Puisque les Turcs tatoués étaient des guerriers adultes dans
l’armée de Bahrām Čobin quand ils furent capturés en 591, la relation
originale avec les chrétiens dut avoir lieu plusieurs décades auparavant.
Toutefois, on ne sait pas clairement si ces chrétiens étaient perses, sogdiens
ou même hephthalites, et cet usage de la croix par les Turcs n’implique pas
qu’une quelconque conversion ait eu lieu. Peut-être plus significative, la
mission d’Aluoben, envoyée par le patriarche Išoʿyahb II (628-646) en Chine
et enregistrée sur la stèle de Xi’an (discutée ci-après), a dû passer à travers
l’Asie centrale quelque temps avant d’arriver à Chang’an (Xi’an) en 635 ;
peut-être comprenait-elle des membres originaires d’Asie centrale, en plus
de ceux qui vinrent de Perse avec Aluoben, particulièrement si, comme
Pelliot le soupçonnait, elle accompagnait une ambassade de Kangguo (康國,
Samarcande) qui arriva cette année-là 33.

31. Voir Dickens 2010, p. 130-131.


32. Théophylacte Simocatta, Histoire, p. 146-147.
33. Sur l’ambassade rapportée dans le Jiu Tangshu, voir Pelliot & Forte 1996, p. 359-361.
Il est intéressant de noter que les noms autres que syriaques sur la stèle sont tous
des noms moyen-perses (voir Hunter 2009) ; en revanche, le pilier de Luoyang (daté
de 814/15) décrit une communauté chrétienne qui est de toute évidence d’origine
sogdienne (Tang 2009). Voir pourtant la suggestion de Standaert 2001, p. 19-20,
selon laquelle Aluoben aurait été un locuteur du sogdien.

11
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

La Chronique du Khuzistan (vers 660-680) 34 rapporte la conversion et


le baptême d’un chef turc 35 et de son armée vers 644 (sous le patriarcat
d’Išoʿyahb II) par Élie, métropolite de Merv, dans le contexte d’une opération
de magie météorologique par des prêtres qui accompagnaient l’armée.
Cela se passait soit près de l’Amu Darya (fleuve Oxus) soit à proximité du
fleuve Murghab près de Merv ; la chronique rapporte plus loin qu’Élie ‫ܥ�ܡܐ‬
‫ܥܡ�ܡܐ ܐܚ̈ܪܢܐ‬ ̈ ‫ܘܡܢ‬ ̣ ‫ܣܓܝܐܐ ܬܠܡܕ ܡܢ ܛܘ̈ܪܟܝܐ‬, « fit des disciples de beaucoup
de gens, parmi les Turcs et parmi d’autres peuples » 36. L’événement eut
lieu entre la chute du qaghanat des Turcs orientaux en 630 et la chute
du qaghanat des Turcs occidentaux en 659, période d’intense instabilité
tant en Iran qu’en Asie centrale, du fait de l’invasion arabe de ces régions
et de l’effondrement de l’Empire sassanide qui s’ensuivit. Cependant, ce
fut aussi une période d’expansion missionnaire pour l’Église d’Orient,
comme le montre clairement l’arrivée d’Aluoben en Chine peu de temps
auparavant. Ainsi troubles politiques et zèle missionnaire constituèrent le
contexte de cet épisode de conversion. Entre autres choses, il incomba aussi
à Élie de donner à Yazdgird III, le dernier shah sassanide, une sépulture
appropriée 37, et de composer une Histoire ecclésiastique aujourd’hui perdue 38.
Enfin, Išoʿyahb III dit dans sa Lettre XXI datée de 651 39 que ‫ܝܬܝܪ ̣ܡܢ ܥܣܪܝܢ‬
‫ܐܦܣܩܘܦܝܢ ܘܬܪܝܢ ܡܝܛ̈ܪܦܘܠܝܛܐ ܐܝܬ ܒܡܕܢܚܐ‬ ̈ , « il y a plus de vingt évêques et
deux métropolites en Orient » . La localisation des deux métropolites n’est
 40

pas claire ; s’agit-il de Merv et Hérat ? Dans le cas contraire, le patriarche

34. Parfois désignée dans la littérature comme la Chronique de Guidi ou la Chronique


syro-orientale anonyme.
35. Son identité est inconnue ; il peut même avoir été un Hephthalite. Bien que
vaincus près d’un siècle auparavant par les Turcs, les Hephthalites continuèrent
de constituer une partie de l’État des Turcs occidentaux, spécialement au sud de
l’Amu Darya, et furent parfois désignés comme Turcs.
36. Chronique du Khuzistan, éd. 1903a, p. 34-35, trad. p. 28-29 ; Mingana 1925, p. 305-306.
Sur cette conversion, et particulièrement sur le rôle de la magie météorologique
traditionnelle en Asie centrale, voir Hunter 1989-1991, p. 157-160 ; Hunter 1996, p. 33.
37. Al-Ṭabarī, Taʾrīkh al-rusul, éd. Humphreys, p. 89.
38. Sur l’Histoire ecclésiastique, voir Bibliotheca Orientalis III.1, p. 148 ; Chronique de Séert II, 2,
p. [193]. Élie est aussi mentionné dans le Kitāb al-Mijdal (Kitāb al-Mijdal II, p. ٥٦/33).
39. Écrite aux moines du Beth Qaṭrāyē, région qui s’était rebellée contre l’autorité
du patriarche. Sur cette lettre, voir Fiey 1970, p. 40-41. Un bon résumé de la vie
d’Išoʿyahb III et de ses lettres se trouve aussi dans Young 1974, p. 85-99.
40. Išoʿyahb III, Lettres, éd. p. 280, trad. p. 202.

12
le christianisme syriaque en asie centrale

parle peut-être de deux des trois métropolites « d’Orient » qu’il semble


avoir désignés, à savoir la Chine, l’Inde ou Samarcande 41.
Avant de quitter la période pré-islamique, on doit encore noter que la
première référence à une hiérarchie syro-orthodoxe en Asie centrale date
de cette époque. Il s’agit de la nomination d’un évêque syro-orthodoxe à
Hérat sous le premier maphrien, Marutha de Tagrit (628-649), à l’époque du
patriarche Jean II (631-648) 42, alors que Michel le Syrien (1195) mentionne
un évêque syro-orthodoxe puis un métropolite à Hérat seulement sous le
patriarche Denys de Tell Maḥre (818-845) 43.
Ainsi, avant l’arrivée de l’islam on dispose d’attestations textuelles
témoignant d’une forme de christianisme syriaque parmi les Kouchan à la
fin du iie siècle, puis parmi les Hephthalites et les anciens Turcs au vie siècle,
avec le réseau épiscopal de l’Église d’Orient s’étendant à Merv, Hérat,
Badghis et peut-être Samarcande (probablement le premier épiscopat au-
delà de l’Amu Darya), suivie un peu plus tard par les syriaques orthodoxes
qui n’établirent apparemment pas d’évêques plus à l’est que Hérat.

Les califats rashidun et omeyyade (651-750 CE)


La conquête arabe de l’Empire perse a pris seulement deux décades
(de la mort de Muḥammad en 632 à celle du shah de Perse Yazdgird III en
651), alors que la soumission de l’Asie centrale au nord de l’Amu Darya fut
un processus beaucoup plus long, commençant en 673 et durant jusqu’à la
bataille de Talas en 751. L’adoption graduelle de la religion et de la culture
musulmane se poursuivit jusqu’au cours du ixe siècle. La conquête militaire
de l’Asie centrale eut lieu essentiellement sous le califat omeyyade (661-750)
qui succéda au califat rashidun (632-661), selon la règle des quatre premiers
califes « droitement guidés » à laquelle il est souvent fait référence 44.
Sous les Omeyyades, les Arabes durent faire face à la compétition pour la
suprématie en Asie centrale avec la dynastie chinoise des Tang (618-907),
le second Empire turc (682-742) et même l’Empire tibétain (618-842).

41. Young 1974, p. 47, 91-92, suggère de façon convaincante que les deux étaient la Chine
et Samarcande.
42. Barhebraeus, Chronicon Ecclesiasticum III, p. 123-128 ; Chronique de Séert II, 2, p. [225].
43. Michel le Syrien, Chronique, vol. III, p. 454 ; vol. IV, p. 754-755 (pour les références
à la Chronique de Michel, vol. III désigne la traduction française et vol. IV le texte
syriaque).
44. Les quatre califes ont été Abu Bakr (632-634), ʿUmar (634-644), ʿUthman (644-656)
et ʿAli (656-661).

13
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

On relève plusieurs références au christianisme en Asie centrale


pendant la période de l’expansion arabe vers l’est, la plupart suggérant
des conflits entre chrétiens et musulmans. Dans son Histoire de Boukhara
(943/44), l’historien samanide Naršakhī évoque une église chrétienne dans
le « quartier des fripons », qui fut convertie en mosquée après que les forces
arabes sous la direction de Qutayba ibn Muslim eurent pris Boukhara
en 709 45. Intéressante aussi est la référence de l’historien musulman Ṭabarī
à la crucifixion en 722 du chef sogdien Dewāštič (appelé Diwašini dans le
récit de Ṭabarī) par le gouverneur arabe « dans un cimetière (chrétien) »
dans les environs de Rabinjan, entre Boukhara et Samarcande 46. Moins
vérifiable historiquement, le Tezkere 47 de l’imam Muḥammad Ghazālī
(m. 739) fait le portrait d’un prince de Kashghar nommé Šerkianos
(Sergianos ?) qui combattit contre les musulmans au viiie siècle 48. Enfin, une
croix de procession inscrite en écriture pahlavi avec trois noms d’origine
persane, syriaque et grecque, une mention de l’église de Hérat et une
date de 507 ou 517 dans le calendrier de Bactriane (731 ou 741 apr. J.‑C.)
constitue un témoignage archéologique clair en faveur du christianisme
au Khorassan pendant cette période 49. Cependant, d’une façon générale,
l’histoire du christianisme en Asie centrale à cette époque n’est pas bien
documentée.

Le califat abbasside jusqu’aux Seldjoukides (750-1055 apr. J.‑C.)


La dynastie abbasside renversa la dynastie omeyyade en 750, mais, bien
que les Abbasides détinssent l’autorité nominale en Asie centrale jusqu’à
l’ouest des monts Tianshan, ils ne contrôlaient pas le bassin du Tarim ni la
steppe septentrionale. Ainsi, au-delà du Dar al-Islam pendant cette période,

45. Naršakhī, Taʾrīkh-i Bukhārā, p. 53.


46. Al-Ṭabarī, Taʾrīkh al-rusul, éd. Powers p. 178. Le texte ne permet pas de savoir
exactement quelle signification – s’il y en a une – peut être attachée à la méthode
d’exécution ou au choix d’une inhumation en sol chrétien sur lequel il a été
transporté. Sur Dewāštič, voir Marshak 1994.
47. Sur le genre biographique Tezkere dans la littérature turque, voir Stewart-Robinson
1964 ; sur un texte Tezkere semblable d’Asie centrale, voir DeWeese 1996.
48. Grenard 1898, p. 15-25 ; Blochet 1925-1926, p. 24-36. Ce récit légendaire est difficile
à dater, mais il peut contenir des références à des événements historiques du passé.
La traduction de Grenard n’inclut pas le texte turc original, si bien qu’on ne sait pas
ce que « Cher Kianos » représente : peut-être ‫ ? شر كيانوس‬Une possible identification
de ce nom a été faite dans Blochet 1925-1926, p. 24. Contra Tisserant 1931, p. 208, le
texte ne l’identifie pas comme chrétien.
49. Gignoux 2001.

14
le christianisme syriaque en asie centrale

l’Empire ouïghour en Mongolie (744-840) puis le royaume ouïghour de


Qočo à Turfan (vers 860-1284) furent florissants ; dans les deux royaumes,
le manichéisme était la religion la plus importante, finalement supplantée
à Turfan par le bouddhisme. Même dans le territoire de Mawara’n-nahr
(anciennement connu comme la Transoxiane), l’autorité arabe fut par la
suite remplacée par les États persans et turcs : la dynastie persane samanide
dans le Mawara’n-nahr (875-999), la dynastie turque des Qarakhanides au
Turkestan oriental et occidental (vers 943-1212) et la dynastie turque des
Ghaznavides entre l’Afghanistan et l’Inde du Nord actuels (962-1163).
Pour le christianisme en Asie centrale, pendant cette longue période
de trois siècles, on compte un certain nombre de références essentielles.
La stèle chinois-syriaque de Xi’an, datée de 781, affirme avoir été érigée
par ‫ܡܪܝ ܝܙܕܒܘܙܝܕ ܩܫܝܫܐ ܘܟܘܪܐܦܝܣܩܘܦܐ ܕܟܘܡܕܐܢ‬, « mar Yazdbozid,
prêtre et chorévêque de Kumdan (Xi’an) », dont le père avait été prêtre
de ‫ܒܠܚ ܡܕܝܢܬܐ ܕܬܚܘܪܝܣܬܢ‬, « Balkh, ville du Tokharistan » 50. Cette stèle
fut érigée au commencement du patriarcat de Timothée Ier (780-823) qui
fut le promoteur de l’expansion missionnaire de l’Église d’Orient. Dans
sa Lettre XLI (datée de 782/83) 51, Timothée mentionne la conversion
d’un personnage non identifié ‫ܡܠܟܐ ܕܛܘ̈ܪܟܝܐ ܥܡ ܟܠܗ ܐܘܚܕܢܗ‬, « roi
des Turcs, avec son territoire tout entier » qui avait ensuite demandé au
patriarche de ‫ܡܝܛܪܦܘ ܢܥܒܕ �ܠܐܘܚܕܢܐ ܕܡܠܟܘܬܗ‬̄ , « désigner un métropolite
pour le territoire de son royaume » . Dans sa Lettre XLVII (datée 792/93),
 52

Timothée dit qu’il a maintenant consacré ‫ܡܝܛܪܦܘܠܝܛܐ ܚܕ ܠܒܝܬ ܛܘ̈ܪܟܝܐ‬,


« un métropolite pour les Turcs » et qu’il a l’intention de faire de même
pour les Tibétains (nous ne savons pas si cela s’est effectivement produit) 53.

50. Parmi les noms inscrits en syriaque sur la stèle, on peut aussi trouver ‫ܐܕܡ ܡܫܡܫܢܐ ܒܪ‬
‫ܝܙܕܒܘܙܝܕ ܟܘܪܐܦܝܣܩܘܦܐ‬, « Adam le ministre (diacre), fils de Yazdbozid le chorévêque ».
Yazdbozid, dont le nom moyen-perse signifie « sauvé par Dieu » est appelé de son
nom chinois Yisi (伊斯) ailleurs sur la stèle. Sur Yazdbozid, voir Saeki 1951, p. 63,
68-71, 96-98, 106-108 ; Pelliot & Dauvillier 1984, p. 35-38, 47, 55-57, 64-65, 72-74 ; Lieu
2009, p. 235-236 ; Deeg 2013. Pour plus de détails sur cette stèle, voir la contribution
de Max Deeg à ce volume. Sur la place de Balkh dans la hiérarchie de l’Église de
l’Orient, voir Fiey 1993, p. 58.
51. Sur ses lettres, voir Young 1974, p. 128-155.
52. Timothée Ier, Lettres, éd. Bidawid ‫ܡܘ‬/ p. 124 ; éd. Labourt p. 43 ; Mingana 1925, p. 306.
La conversion est brièvement mentionnée dans le Kitāb al-Mijdal (Kitāb al-Mijdal I,
p. ٧٣/64).
53. Timothée Ier, Lettres, éd. Braun p. 308-311 ; éd. Labourt p. 43 ; Mingana 1925, p. 306.
Sur le statut incertain du christianisme tibétain, voir Dauvillier 1948, p 291-296 ;
Uray 1983. J’omets ici le texte publié dans Mingana 1925, p. 352-371 dont Mingana
suggère qu’il date du viiie siècle, mais dont je suis convaincu qu’il date d’une période
plus tardive, comme je le démontrerai dans une publication à paraître.

15
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

J’ai argumenté par ailleurs que ces Turcs étaient probablement les Qarluqs
qui vivaient dans la steppe au nord de Tashkent 54 ; plusieurs historiens
musulmans décrivent comment leur capitale Talas a été conquise par
les Samanides en 893, après quoi l’église du lieu a été convertie en une
mosquée cathédrale 55.
Dans le Livre des gouverneurs (840) de Thomas de Marga, les références
à Timothée envoyant des missionnaires dans ‫ܐܬ̈ܪܘܬܐ ܕܒܪܒ̈ܪܝܐ ܘܕܡܢ ܟܠܗ‬
‫ܗܘܦܟܐ ܪܚܝܩܝܢ‬ ̈ ‫ܒܘܝܢܐ ܘܬܩܝܢܘܬ‬, « des contrées de barbares dépourvus de
toute intelligence et de manière de vivre décente » 56, ont été comprises
par certains comme des références à l’Asie centrale 57, mais ce n’est pas
dit dans le texte. Les seules régions mentionnées par le récit sont le Gilan
et le Dailam, sur la rive méridionale de la mer Caspienne et le Moqan, au
Khorassan ; les expressions « les autres barbares qui vivent au-delà de chez
eux […] les confins de l’Est […] les contrées au-delà du Gilan et du Dailam »
apparaissant dans ces passages sont trop vagues pour être associées à de
quelconques régions particulières 58. Plus près de chez lui, Timothée avait
d’autres affaires, moins plaisantes, avec l’Asie centrale, sa charge étant
contestée par Joseph, le métropolite de Merv, qui se convertit finalement
à l’islam quand son opposition à Timothée se révéla vaine 59.
Il y a aussi plusieurs autres références importantes au christianisme à
Merv et au Khwarezm à cette époque. Le Livre de la chasteté d’Išoʿdenaḥ de
Baṣrā (849/50) mentionne plusieurs monastères fondés dans les environs
de Hérat ou de Merv (ou, dans un cas, d’un monastère palestinien fondé
par un natif de Merv) aux viiie et ixe siècles 60. Išoʿdad de Merv (fl. vers 850),
évêque de Ḥdatta en Irak du Nord, fut l’un des plus importants exégètes
bibliques de l’Église d’Orient 61. Significative aussi de cette époque est la liste
des métropolites de l’Église d’Orient établie par Élie Jawharī, métropolite de

54. Dickens 2010.


55. Naršakhī, Taʾrīkh-i Bukhārā, p. 86-87. Pour d’autres références musulmanes sur cet
épisode, voir Dickens 2010.
56. Thomas de Marga, Historia monastica, éd. p. 252, trad., p. 467-468 ; voir aussi p. 479-
481, 483, 487-493 ; sur Thomas de Marga et son œuvre, voir Young 1974, p. 106-127.
57. Mingana 1925, p. 306-308.
58. Cependant, voir l’argumentation de Young 1974, p. 121-124.
59. Thomas de Marga, Historia monastica, éd. p. 198 ; trad. p. 385 ; Kitāb al-Mijdal I, p. ٧٢/63.
60. Išodenah, Livre de la chasteté, § 14, 36, 37, 87. Voir aussi Kitāb al-Mijdal II, p. ٦١/35.
61. Ses commentaires ont été publiés dans les volumes suivants du CSCO : 126/67; 156/75;
176/80; 179/81; 229/96; 230/97; 303/128; 304/129; 328/146; 329/147; 433/185; 434/186.
Voir aussi Kitāb al-Mijdal II, p. ٧٢-٧٣/42.

16
le christianisme syriaque en asie centrale

Damas (après 903) 62. Hérat, Merv et Samarcande y occupent respectivement


les 9e, 10e et 12e rangs 63. Sa liste ne comprend pas les métropoles des
Turcs établies par Timothée Ier, très probablement parce qu’Élie écrivait
au moment de la conquête de Talas, la capitale turque Qarluq, par les
musulmans samanides qui abolirent probablement le métropolitanat.
Diverses sources confirment la vitalité du christianisme en Transoxiane
pendant cette période. Le géographe musulman Ibn al-Faqīh (vers 902)
inclut les portes de l’église de Samarcande dans une liste des sites les plus
impressionnants à la surface de la terre 64. L’historien musulman Ibn Ḥawqal
(988) mentionne trois sites chrétiens en Asie centrale : une église juste au
nord de Hérat, un monastère en Sogdiane qui a récemment fait l’objet
d’une fouille archéologique près d’Urgut en Ouzbékistan 65 et un village
près de la ville de Šāš (Tashkent) 66. D’après les fouilles archéologiques, le
monastère d’Urgut fut probablement fondé au viie siècle et occupé jusqu’au
xiiie ; à proximité, on trouve des dizaines de graffiti syriaques laissés par
des chrétiens qui passaient la nuit près des falaises ou des grottes. Ils
laissèrent des inscriptions de noms syriaques, arabes, persans et turcs 67.
En résumant les conditions géographiques de la région d’al-Mašriq – qu’il
définit comme « le territoire des Samanides » – le géographe al-Muqaddasī
(985) ajoute : « il y a ici beaucoup de juifs, peu de chrétiens, et quelques
adeptes du magisme » 68. Cependant, cette référence régionale générale ne
nous permet pas de localiser plus précisément ces chrétiens. En revanche,
le Fihrist d’al-Nadīm (vers 988/89) parle de la Sogdiane (al-Sughd) comme
d’un « lieu de séjour des Turcs » où les gens sont « dualistes (zoroastriens)
et chrétiens » 69. Ces informations concernaient toutefois une situation qui

62. Sur la date, voir Fiaccadori 1984.


63. Bibliotheca Orientalis II, p. 458-460. Élie inclut le Ségestan (Sijistan) comme ayant un
évêque suffragant de Hérat, mais Merv et Samarcande n’ont aucun évêché associé
à eux. Sur Élie, voir Seleznyov 2013.
64. Ibn al-Faqīh al-Hamadānī, Mukhtaṣar Kitāb al-Buldān, p. 297.
65. Voir l’article de Barakatullo Ashurov dans le présent volume.
66. Ibn Ḥawqal, Ṣūrat al-ʾArḍ, éd. Kramers & Wiet, p. 424, 478, 485 ; reprise dans la
traduction perse de Ibn Ḥawqal (éd. Ouseley, p. 218, 257, 265).
67. Une publication à venir comprendra une description du site archéologique par
Alexeï Savchenko et le texte de toutes les inscriptions lisibles, éditées par moi-
même.
68. Al-Muqaddasī, Aḥsan al-taqāsim, p. 7, 284.
69. Al-Nadīm, Kitāb al-Fihrist, p. 33.

17
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

avait prévalu deux ou trois siècles auparavant puisque l’islamisation de la


région était largement achevée à l’époque d’al-Nadīm 70.
De nombreuses preuves attestent la présence de chrétiens autour du
bassin du Tarim à cette époque. L’historien et géographe musulman Gardīzī
(vers 1050) décrit des chrétiens (‫ترسا‬, tarsā) ainsi que des « dualistes » et
des bouddhistes dans le domaine de Toquz Oghuz (le royaume ouïghour de
Qočo, à Turfan) et note qu’à Khotan, au sud du bassin du Tarim, « bien que la
plupart soient bouddhistes […] dans la ville, il y a deux églises chrétiennes
(‫کلیسای ترسایان‬, kelisā-ye tarsāyān) » 71. L’auteur anonyme du Ḥudūd al-ʿĀlam
(982) mentionne cinq « villages de Bek-Tegin » dans le domaine de Toquz
Oghuz « appartenant aux Sogdiens […] y vivent des chrétiens (‫ترسایان‬,
tarsāyān) » ainsi que des zoroastriens et d’autres 72. À ces témoignages il
faut rajouter celui d’environ 1 100 fragments de textes chrétiens de Turfan
en syriaque, sogdien, néopersan et turc ouïghour, habituellement datés
entre le ixe et le xiiie-xive siècle. Ces textes sont traités par ailleurs dans ce
volume. On mentionnera enfin une plus petite quantité de textes chrétiens
de Dunhuang et de Qara Qoto 73. On n’est pas certain de la manière dont le
christianisme s’est établi à Turfan, mais cela pourrait bien être le résultat
de l’édit impérial chinois de 845 qui forçait les monastères bouddhiques,
zoroastriens et chrétiens en Chine de fermer et de retourner à la vie
séculière 74. L’État ouïghour multiculturel et religieusement pluraliste de
Turfan pourrait avoir été un lieu plus accueillant pour les chrétiens.
En plus des lettres de Timothée, on trouve un grand nombre de références
à des Turcs chrétiens pendant cette période. Le commentateur inconnu
de la Bible, qui a composé le texte syriaque du Gannat Bussāmē (« Jardin
des délices », vers 900), un commentaire sur les lectures du lectionnaire
de l’Église d’Orient, est appelé « l’exégète des Turcs » dans le Catalogue des

70. Al-Nadīm mentionne aussi des bardesanites en « Chine et au Khorassan » et


des marcionites au Khorassan, nous rappelant qu’il y avait des communautés
chrétiennes hétérodoxes à côté de l’Église d’Orient en Asie centrale et en certains
endroits à l’est (al-Nadīm, Kitāb al-Fihrist, p. 806, 807).
71. Gardīzī, Zayn al-Akhbār, p. 134, 141. ‫( ترسا‬tarsā), le terme persan pour « chrétien »,
se trouve fréquemment dans les sources historiques iraniennes et turques.
Martinez interprète « dualistes » comme se référant aux zoroastriens, mais Gardīzī
entend par là plus vraisemblablement les manichéens qui, à côté des bouddhistes,
constituaient la majorité religieuse à Turfan sous les Ouïghours.
72. Ḥudūd al-ʿĀlam, p. 95, 274.
73. Pour deux lettres de Dunhuang écrites par des chrétiens, voir Sims-W illiams &
H amilton 1990, p. 51-76 ; une vue plus globale est offerte par Gillman & Klimkeit
1999, p. 223. Pour les textes de Qara Qoto, voir Pigoulewsky 1935-1936.
74. Voir la discussion de Dickens & Zieme 2014, p. 292.

18
le christianisme syriaque en asie centrale

écrivains syriaques de ʿAbdišoʿ bar Brika (vers 1318) 75 ; on ne sait pas si cet
auteur était lui-même turc ou s’il était impliqué dans l’enseignement du
christianisme aux Turcs. Mais l’auteur du Gannat Bussāmē cite plusieurs
interprètes bibliques en relation avec Merv, dont Théodore de Merv (vers
540), Élie de Merv (vers 660) 76 et Išoʿdad de Merv (vers 850), ce qui nous
rappelle le rôle important que la ville a joué dans la vie spirituelle de
l’Église d’Orient 77.
Tant l’œuvre arabe chrétienne appelée Kitāb al-Mijdal, « Livre de la
tour » (probablement xie siècle) 78 que le Chronicon Ecclesiasticum syriaque
de Barhebraeus (1286) font référence à un récit du métropolite ʿAbdišoʿ
de Merv au sujet de la conversion de 200 000 Turcs au christianisme en
1007/8 79. Barhebraeus les appelle Kereit ; il y a de bonnes raisons de voir
cette identification comme un reflet d’une situation postérieure dans
l’Empire mongol quand les Kereit étaient bien connus pour être chrétiens 80,
et on a récemment suggéré que les Turcs en question étaient en fait les
Önggüt 81. Écrivant son Kitāb al-Majālis, « Le livre des sessions », à peu près
à l’époque de cette conversion, Élie, métropolite de Nisibe (1008-1023),
mentionne les Turcs à côté des Romains, des Francs, des Bulgares, des
Coptes, des Nubiens, des Arméniens, des Syriens, des Persans et des Chinois,
parmi les nations qui sont « entrées dans la religion du christianisme […]
à cause du miracle divin qui les y a conduits » 82. On ne sait toutefois pas
si Élie parle des Turcs de la Chronique du Khuzistan, de ceux de Timothée Ier
ou de ceux du Kitāb al-Mijdal et de Barhebraeus.

75. Bibliotheca Orientalis III.1, p. 188 ; Badger 1852, p. 374. Sur l’anonyme « exégète des
Turcs », voir Scher 1906, p. 28-29.
76. Il s’agit du même Élie de Merv dont parle la Chronique du Khuzistan.
77. Chabot 1906b, p. 491-495. Voir aussi les références à Théodore de Merv et Élie de
Merv dans Bibliotheca Orientalis III.1, p. 147-148 ; Badger 1852, p. 371. Sur l’influence
des commentaires d’Išoʿdad de Merv sur le Gannat Bussāmē, voir Gannat Bussāmē,
p. xxix-xxx, xxxvii-xxxix, xlii-xliii.
78. Cet ouvrage est fréquemment attribué à ʿAmr ibn Mattā, Mārī ibn Sulaymān ou
à Ṣalībā ibn Yuḥannā ; la question de l’auteur, bien compliquée, est discutée par
Holmberg 1993 et Landron 1994, p. 99-108.
79. Bibliotheca Orientalis III.2, p. 484-485 ; Kitāb al-Mijdal I, ١١٢-١١٣/99-100 ; Barhebraeus,
Chronicon Ecclesiasticum III, p. 277-282 ; Mingana 1925, p. 308-309.
80. Hunter 1989-1991.
81. Atwood 2014.
82. Bibliotheca Orientalis III.1, p. 270-271 ; Élie de Nisibis, Kitāb al-Majālis, 267. Mes
remerciements vont à David Bertaina qui m’a gracieusement offert sa traduction
de l’arabe ; voir aussi Landron 1994, p. 159.

19
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

Barhebraeus mentionne une lettre au sujet des invasions des hordes


de l’Est écrite par « le métropolite nestorien de Samarcande » en 1046/47
et dont on a fait la lecture au calife à Baghdad. Cela rappelle le rôle que
les prélats de l’Église d’Orient en Asie centrale ont pu jouer en tenant le
centre politique informé de ce qui se passait à la périphérie du califat 83.
En contraste avec ce qui est dit ci-dessus, le Livre de la religion et de l’empire
(vers 855), d’Ibn Rabban al-Ṭabarī (dont le père chrétien venait de Merv),
affirme qu’« en dehors de ces contrées [celles des Grecs, des Francs, des
Turaniens “habitant les tentes” et des Arméniens] quels chrétiens peut-on
trouver dans le pays des Turcs, excepté une petite et méprisable quantité
de nestoriens dispersés parmi les nations ? » 84.
Le début de la période abbasside amena pourtant une autre Église,
à ajouter à l’Église d’Orient et à l’Église syriaque orthodoxe en Asie
centrale, un résultat dû à la capture de quelques chrétiens melkites (des
grecs orthodoxes de langue syriaque) qui furent alors déportés à Šāš
(Tashkent) par le calife al-Mansur en 762 85. L’érudit musulman al-Birunī
(vers 1000) – qui passa la plus grande partie de sa vie en Asie centrale, dans
son Khwarezm natal, à Boukhara ou à la cour ghaznavide – mentionne
spécifiquement les fêtes des chrétiens « nestoriens » et « melkites » au
Khwarezm, en donnant en même temps l’information qu’il y avait un
métropolite melkite à Merv à son époque. Il est évident, d’après ses
commentaires, qu’il était un connaisseur des pratiques chrétiennes en
général et de celles du christianisme syriaque en particulier 86. C’est aussi
à cette période, selon le Nomocanon de ʿAbdišoʿ bar Brika, que le patriarche
Théodose (853-858) mentionna spécialement Merv, Hérat et Samarcande, à
côté de la Chine, de l’Inde et du Fars (Perse du Sud-Est), quand il réforma les
« provinces extérieures », les exemptant de faire elles-mêmes leur compte
rendu au patriarche, et requérant seulement d’elles qu’elles envoient un

83. Barhebraeus, Chronicon Syriacum, éd. Bedjan p. 228-229 ; trad. Budge p. 204-205.
84. Ibn Rabban al-Ṭabarī, Kitāb al-dīn wa’l-dawlah, p. 156-157.
85. Parry 2012, p. 96-98.
86. Al-Birunī, Kitāb al-āthār, éd. Sachau p. 282-313. Une traduction française des fêtes
melkites peut être trouvée dans al-Birunī, Kitāb al-āthār, éd. Griveau p. 291-312.
Notons qu’al-Birunī affirme qu’il est incapable d’expliquer le système calendaire
des « jacobites » parce qu’« on ne rencontre aucun homme qui appartienne à leur
secte ou qui connaisse leurs dogmes » (al-Birunī, Kitāb al-āthār, éd. Sachau p. 312).
Sur la réputation de largeur d’esprit d’al-Birunī en matière de religion, voir Jeffery
1951 ; Blois 1989. Sur sa connaissance du christianisme syriaque en Asie centrale,
voir Fiey 1978.

20
le christianisme syriaque en asie centrale

rapport écrit une fois tous les six ans, à cause de leur grand éloignement
du centre ecclésiastique 87.
Ce fut manifestement une période durant laquelle les chrétiens
syriaques s’établirent en de nombreux endroits à travers l’Asie centrale,
à Merv, au Khwarezm, en Sogdiane, dans le royaume ouïghour de Qočo
et Khotan, aussi bien que parmi les Turcs vivant au Nord. La probable
adoption du christianisme comme la religion officielle des Turcs Qarluq fut
un développement significatif bien que de courte durée, parallèlement à
l’adoption du judaïsme par les Turcs khazars, du manichéisme par les Turcs
ouïghours et du bouddhisme par les Tibétains à peu près à la même époque.
Également significatif est le fait que Merv conserva son importance comme
centre monastique et universitaire, et Samarcande comme métropole
majeure, en même temps que les nouvelles métropoles fondées pour les
Turcs et peut-être pour les Tibétains. La période s’acheva avec les Turcs
seldjoukides quand ceux-ci vainquirent leurs rivaux Ghaznavides en 1040
et conquirent Baghdad en 1055 pour devenir les protecteurs officiels de
l’Islam, inaugurant une nouvelle ère, celle des Turcs musulmans qui
gouverneraient le Moyen-Orient.

Les périodes seldjoukide et khwarezmshah (1055-1220 apr. J.‑C.)


Après que les Seldjouk eurent défait les Ghaznavides, le pouvoir politique
en Asie centrale fut partagé entre le grand Empire seldjouk (1037-1194) et la
dynastie qarakhanide rivale. Cependant, au commencement des conquêtes
mongoles par Gengis Khan au début du xiiie siècle, les deux États avaient
déjà cessé d’exister en Asie centrale, et avaient été remplacés par l’empire
du Khwarezmshah (1077-1220) et du khanat des Qara Khitai (1124-1218).
Il y a quelques références énigmatiques aux Turcs Qipčaq (ou Coumans)
de la steppe septentrionale qui semblent avoir pratiqué le christianisme.
L’écrivain musulman Marvazī (1120) évoque les Qūn, une des tribus
Qipčaq, comme des « chrétiens nestoriens » 88 et Michel le Syrien, abordant
brièvement le christianisme parmi les Coumans, note que leurs coutumes
sont corrompues, ce qui est peut-être une référence à leur arrière-plan
« nestorien » 89. La conversion de ces Turcs était vraisemblablement le
résultat des efforts de l’Église d’Orient basée à Merv, Samarcande ou

87. ʿAbdišoʿ bar Brika, Nomocanon, p. 146/308.


88. Marvazī, Kitāb Ṭabāʾiʿ al-ḥayawān al-baḥrī wa’l-barrī, p. 29-30, 95-100 ; Pritsak 1968,
p. 157, 160 ; date la migration Qūn vers l’ouest aux alentours de 900. Sur le nom Qūn,
voir Pritsak 1982, p. 328-331. Sur la religion des Qipčaq, voir Golden 1998.
89. Michel le Syrien, Chronique, vol. III, p. 155 ; vol. IV, p. 570-571.

21
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

ailleurs en Asie centrale, mais on ne sait pas si une quelconque hiérarchie


ecclésiastique a été établie parmi eux. Plus tard, il y eut une mission
catholique chez les Qipčaq qui vivaient au nord de la mer Noire, comme
l’indique le célèbre Codex Cumanicus, divisé en deux sections : le « Livre
de l’interprète » (1293-1295) et le « Livre des missionnaires » (vers 1330-
1340) 90.
Voyageant à travers la région en 1332-1333, le musulman Ibn Baṭṭuṭa loua
des chariots à des chrétiens Qipčaq au nord de la mer Noire et mentionna
plus tard des Qipčaq (à côté de Circassiens, de Russes et de Grecs) parmi
les chrétiens qui résidaient à Sarai, la capitale du khanat des Qipčaq (la
Horde d’Or) 91. Une histoire similaire se trouve dans un ouvrage largement
inventé, le Livre de la connaissance de tous les royaumes (xive siècle). L’auteur
anonyme y raconte comment il « pénétra dans la mer de Sara à bord d’un
bateau de Komans chrétiens » et mentionne plus loin « le royaume de
Sant Estopoli qui appartient aux chrétiens Komans » 92. On peut présumer
que ces chrétiens faisaient partie de la même communauté que celle avec
laquelle travaillaient les missionnaires catholiques ; il semble que leurs
racines « nestoriennes » les avaient préparés pour le prosélytisme des
autres branches du christianisme, phénomène qui put aussi se retrouver
dans la Chine mongole.
Enfin, on trouve des traces de christianisme au milieu du xiie siècle le
long de la bordure méridionale du bassin du Tarim. Le semi-légendaire
Tezkere de Maḥmud Karam Kabuli (fl. 1155) décrit un conflit musulman avec
un gouverneur chrétien d’Aqsu et un roi chrétien de Khotan ; démêler des
éléments historiques dans ces légendes hagiographiques est certes un défi 93.
Cependant, on a effectivement une preuve archéologique convaincante
pour le christianisme à Khotan, qui pourrait dater de l’époque mongole.
Il s’agit d’une croix en bronze avec une inscription chinoise qui dirait :
« Autel suprême de la Croix (ou du Calvaire) » 94. Cette lecture a toutefois

90. Les études importantes sur le Codex Cumanicus sont Bang 1914 ; Ligeti 1981 ; Golden
1992 ; Drimba 2000 ; Schmieder & Schreiner 2005.
91. Ibn Baṭṭuṭa, Voyage, p. 142, 166.
92. Livre de la connaissance de tous les royaumes, p. 87, 97. Même s’il n’est pas fondé sur
l’expérience personnelle de l’auteur, comme cela est probable, il n’en constitue
pas moins une indication que l’Europe avait conscience de l’existence des Qipčaq
chrétiens près de la mer Noire.
93. Grenard 1898, p. 44-46. À la différence du Tezkere d’Imam Muḥammad Ghazālī cité
plus haut, cette histoire identifie clairement le gouverneur comme ‫( ترسا‬tarsā),
« chrétien ».
94. Devéria 1896, p. 435-437.

22
le christianisme syriaque en asie centrale

été controversée 95. De plus, une version courte du Kitāb al-Mijdal (début


du xive siècle) mentionne un métropolite de Kashghar sous le patriarcat
de Bar Sauma (1134-1136) et deux métropolites successifs consacrés pour
Kashghar sous le patriarcat d’Élie III (1176-1190) 96 ; malheureusement, on
n’entend parler d’aucun autre évêque ou métropolite à Kashghar en dehors
du xiie siècle 97.
Très semblables au Tezkere évoqué ci-dessus, des légendes ont surgi après
la mort de Khoja Ahmad Yassavī (m. 1166), fondateur d’une importante
tariqah sufi. Ces histoires rapportent un conflit entre musulmans et
chrétiens impliquant des dirigeants et des villes entières pendant la
conquête musulmane de l’Asie centrale. Selon ces rapports, parmi les
importants centres urbains comprenant des populations ou des dirigeants
chrétiens, on compte Ferghana, Uzgand, Oš et Šāš (Tashkent) dans la
vallée du Ferghana ou à proximité, et Kashghar et Aqsu dans le bassin du
Tarim. Cependant, les histoires sont très difficiles à dater et les aspects
légendaires de ces hagiographies ont besoin d’être pris en compte lorsqu’on
tente de récupérer des faits historiques 98. Le Livre des religions et des sectes
d’al-Šahrastānī (1127/28) mentionne seulement des zoroastriens et des
mazdakites en Sogdiane 99. Mais le christianisme syriaque au cours de
cette période a fini par s’être bien établi au-delà des bases ecclésiastiques
initiales de Merv et de Samarcande, comme l’indiquent ces références à
des évêques métropolites à Kashghar et au christianisme parmi les Qipčaq-
Coumans de la steppe septentrionale.

Les périodes mongole et timouride (1220-1506)


La puissance mongole en Asie centrale fut consolidée par la victoire sur
les Qara Khitai (1218) et la défaite des Khwarezmshahs (1220). Après la mort
de Gengis Khan, l’empire évolua pour former quatre États séparés : l’il-
khanat en Perse, le khanat de Chaghatai en Asie centrale, le khanat Qipčaq
(Horde d’Or) dans la steppe septentrionale et la dynastie mongole des Yuan

95. Pelliot 1914, p. 644. Devéria aussi a interprété des signes au sommet et au pied de la
croix comme les lettres grecques ΗΚΙΧ, représentant Κύριος ἡμῶν Ἰησοῦς Χριστός,
« Notre Seigneur Jésus Christ », ce qui pourrait indiquer la présence de « chrétiens
grecs chez les Mongols orientaux des xiiie et xive siècles ». La croix se trouve au
musée Guimet. Voir aussi la discussion dans Dauvillier 1953, p. 71.
96. Kitāb al-Mijdal II, p. ١٠٥/61, ١١١/64.
97. Voir aussi Fiey 1993, p. 101-102.
98. Pour une vue générale, voir DeWeese 1990.
99. Al-Šahrastānī, Kitāb al-milal waʾl-niḥal, p. 665-666, 673.

23
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

en Mongolie et en Chine. À partir de 1295 et jusqu’au milieu du xive siècle,


les dirigeants de l’il-khanat, de la Horde d’Or et du khanat de Chaghatai se
convertirent graduellement à l’islam, en même temps que la majorité de
leurs troupes turco-mongoles. Bien que le christianisme continuât d’exister
dans ces trois secteurs, sa position fut affaiblie et il disparut finalement
de l’Asie centrale sous la dynastie timouride (1369/70-1506).
Avant l’extinction du christianisme en Asie centrale, on a de celui-ci
de nombreuses attestations de son existence pendant la période mongole,
grâce aux nombreuses sources primaires subsistant en arabe, en arménien,
en chinois, en latin médiéval ou en italien, en persan et en syriaque 100.
En particulier, on a la preuve que le christianisme était florissant parmi
plusieurs groupes turcs. Les élites dirigeantes des Kereit et des Turcs
Önggüt christianisés 101 ont développé des alliances matrimoniales avec
la noblesse mongole. Il y eut d’éminentes personnalités chrétiennes dans
l’armée mongole et des Ouïghours chrétiens de haut rang servirent à la
cour mongole et dans l’administration 102. Il est particulièrement significatif
que plusieurs princesses kereit chrétiennes se marièrent dans la famille de
Gengis Khan. Les plus célèbres sont Sorqaqtani Beki, la mère de Möngke,
Khubilai et Hülegü, et Doquz Khatun, femme de Hülegü, le conquérant de
Baghdad 103.
Il est aussi notable qu’il y a davantage de références à des chrétiens
d’autres appartenances ecclésiastiques pendant cette période en Asie
centrale : syriaques orthodoxes, melkites, arméniens et latins. Guillaume
de Rubrouck (vers 1255) et Marco Polo (1298) en particulier sont de bonnes
sources d’information sur les différentes manifestations du christianisme
sous les Mongols ainsi que sur les lieux où se trouvaient des chrétiens
turcs. Rubrouck décrit des « nestoriens » dans les parages de Qayaliq
(environ 450 km au nord du lac Issyq-Köl) et quelque part ailleurs dans
le territoire des Ouïghours 104, tandis que Polo mentionne des chrétiens à
Kashghar, Samarcande, Yarkand, chez les Tangut, à Qara-Khoja (Turfan)

100.  Plusieurs de ces sources sont traitées par Li Tang dans sa contribution à ce volume.
Voir aussi les articles relatifs au sujet dans Malek & Hofrichter 2006, Winkler &
Tang 2009, Tang & Winkler 2013.
101.  Voir Atwood 2004, p. 295-297 (« Kereyid »), 424-425 (« Önggüd »). Sur les Önggüts,
voir aussi Borbone 2005, 2008a.
102.  Voir Atwood 2004, p. 103 (« Chinqai »), 295 (« Ked-Buqa »), à côté de références à
Qadaq dans l’index de Atwood 2004, p. 666. Sur Chinqai, voir Buell 1994.
103.  Voir Atwood 2004, p. 511-512 (« Sorqaqtani Beki »), p. 541-542 (« Toghus Khatun »).
104.  Guillaume de Rubrouck, Itinerarium, p. 148-152, 157, 165. Sur Qayaliq et le terme
« Organum » qui s’y rapporte dans le récit de Rubrouck, voir Pelliot 1973, p. 113‑123.

24
le christianisme syriaque en asie centrale

au « Ouïghouristan », à « Ghinghintalas » (Barkul, Bars-köl) et « Tenduc »


(en territoire önggüt), bien que son rapport sur une église miraculeuse
à Samarcande soit à traiter avec précautions 105. Une autre référence
intéressante se trouve dans le texte chinois du Voyage à l’Ouest de Qiu
Changchun (長春真人西遊記, 1228), un récit du voyage que fit le patriarche
taoïste Changchun pour aller voir Gengis Khan dans l’Hindu Kush en 1221-
1223. Il décrit comment, quand son cortège arriva à Luntai, le « chef des
Tarsā [迭屑, Diexie] » vint le rencontrer, ce qui atteste encore la présence de
communautés chrétiennes au xiiie siècle dans l’actuel Xinjiang 106.
L’un des textes les plus importants de la période mongole est l’Histoire de
mar Yahballaha (après 1317) 107 qui narre le voyage depuis Khanbaliq (Pékin)
jusqu’à Baghdad des moines önggüt turcophones Marcos et rabban Sauma
(vers 1277-1279). Marcos devint le premier métropolite nommé pour le
‫ܡܪܥܝܬܐ ܕܟܛܝ ܘܕܐܘܢܓ‬, « diocèse de Katai et Ong (c’est-à-dire la Chine du
Nord et le territoire önggüt) » 108 puis fut élu sous le nom de Yahballaha III,
le premier et le seul patriarche turc de l’Église d’Orient (1281-1317). Son
appartenance ethnique était si significative que la liste des patriarches de
l’Église de l’Orient dans le Livre de l’Abeille 109 tient à l’enregistrer comme
‫ܛܘܪܟܝܐ‬̣ ‫ܡܪܝ ܲ �ܝ ܗܒܐܠܗܐ‬, « mar Yahballaha le Turc », comme le fait une liste
mise à jour de catholicoi originellement assemblée par Élie Jawhari (‫یاباالها‬
‫الترکی‬, « Yaballaha le Turc ») 110. La prédominance du christianisme parmi

105.  Marco Polo, La description du monde, p. 143-146, 150-151, 156, 158, 178-179, 181-183
(des mentions d’autres communautés chrétiennes « nestoriennes » en Chine même
– beaucoup étant composées de « Turcs » – peuvent être trouvées ibid, p. 263, 276-
277, 301, 314, 322-323, 339-340). Les travaux importants sur Rubrouck, Marco Polo
et les missions catholiques auprès des Mongols sont Pelliot 1931, 1959, 1963 1973.
Sur l’église de Samarcande, voir Borbone 2013, p. 447-449.
106.  Li Zhichang, Voyage à l’ouest de Qiu Changchun, p. 82 ; Standaert 2001, p. 45.
107.  Histoire de mar Yahballaha, éd. Bedjan ; éd. Chabot ; éd. Montgomery ; éd. Budge. Voir
aussi Pelliot 1973, p. 239-288 ; Borbone 2008b.
108.  Histoire de mar Yahballaha, éd. Bedjan, p. 28-29 ; éd. Chabot, p. 35 ; éd. Montgomery,
p. 41 ; éd. Budge, p. 148. On ne possède aucune autre référence à ce siège métropolitain
et en fait Marcos/Yahballaha peut avoir été son seul occupant ; voir la discussion
dans Dauvillier 1948, p. 302-304.
109.  La date de ce livre n’est pas sûre ; son auteur, Salomon de Baṣrā, fut présent en
1222 à la consécration du catholicos Sabrišoʿ IV. Les listes patriarcales y furent
ajoutées par les copistes au cours du temps (voir Salomon de Baṣrā, Livre de l’Abeille,
p. 119, n. 6).
110.  Salomon de Baṣrā, Livre de l’Abeille, p. 119/‫ ; ܩܠܗ‬Bibliotheca Orientalis II, p. 391-392.
La « profession de foi catholique » faite par Yahballaha III engagé dans la bataille,
dans une lettre au pape Benoît XI (18 mai 1304) lorsque l’Église de l’Orient faisait
face à l’hostilité et à la persécution de la part des dirigeants mongols il-khanides

25
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

les peuples turcs à cette époque est bien exprimée dans l’introduction de
l’Histoire de mar Yahballaha : ‫ܝܘܡܢ ܛܘ̈ܪܟܝܐ ܨܘ̈ܪܝܗܘܢ ܒܢܝܪܐ ܕܡܪܘܬܐ ܕܐܠܗܝܬܐ‬
‫ܟܕܢܘ ܘܗܝܡܢܘ ܘܐܫܪܘ ܡܢ ܟܠܗ ܠܒܐ ܠܡܠܬܐ ܡܪܢܝܬܐ‬, « Aujourd’hui les Turcs
ont soumis leurs nuques sous le joug de la seigneurie divine et croient, et
affirment de tout leur cœur la parole de Notre-Seigneur » 111.
Également importants sont les textes qui donnent la liste des
métropolites de l’Église d’Orient, mais une brève comparaison montre
combien il est difficile de reconstruire la hiérarchie ecclésiastique en Asie
centrale durant cette période. Ainsi, les seuls métropolites d’Asie centrale
enregistrés par l’Ordo des jugements ecclésiastiques de ʿAbdišoʿ bar Brika
(1315/16) sont celui de Merv, couplé avec Nishapur (3e métropolite extérieur
= 9e de la liste) 112, celui des Turcs (4e extérieur = 10e de la liste), et Hérat
(6e extérieur = 12e de la liste), mais pas celui de Samarcande 113 ! En regard, le
continuateur du Kitāb al-Mijdal (xive siècle) donne une liste de métropolites
bien plus longue, comprenant ceux de Merv (11e), Hérat (12e), Samarcande
(21e), du Turkestan (22e), de Khanbaliq et al-Faliq (25e), des Tangut (26e), de
Kashghar et Navekath (27 e) 114. Mais il ne nous donne aucune indication sur
le nombre total d’évêques dépendants de ces provinces ecclésiastiques, à
part l’affirmation générale que « chacun de ces métropolites a des évêques
sous lui, certains douze, certains six » 115. Plusieurs de ces métropoles
méritent un commentaire.
On ne sait exactement ce que pouvait représenter la métropole du
Turkestan – peut-être une restauration de l’ancienne métropole des Turcs

récemment convertis à l’islam, doit être traitée avec une extrême prudence ; voir
Histoire de mar Yahballaha, éd. Chabot p. 249-256 ; Tisserant 1931, p. 222-223 ; Bottini
1992 (édition de la lettre arabe avec traduction italienne).
111.  Histoire de mar Yahballaha, éd. Bedjan, p. 2 ; éd. Chabot, p. 8 ; éd. Budge, p. 123. La
« parole de Notre-Seigneur » dont il est question est spécifiquement Luc 14,26-27.
112.  Nishapur eut un évêque, sous son premier nom Abrašahr, aux synodes de Dadišoʿ
(424) et de mar Babai (497) (Synodicon Orientale, p. 43/285, 62/310).
113.  Synodicon Orientale, p. 618-620 ; ʿAbdišoʿ bar Brika, Ordo iudiciorum ecclesiasticorum,
p. 56-57. Cette liste est une version augmentée et mise à jour par ʿAbdišoʿ de la
liste originale fournie dans le canon XXI du synode d’Isaac Ier (410) ; voir Synodicon
Orientale, p. 32-35/271-273.
114.  Kitāb al-Mijdal II, p. ١٢٦/73 ; à comparer avec Siouffi 1881, p. 95, qui porte Kurdistan
au lieu de Turkestan et al-Malik au lieu de al-Faliq. J’omets ici le ‫مطران حليح‬
« métropolite de Ḥalīḥ » dans cette liste qui ne vise pas les Turcs Khalaj qui vivaient
au Turkestan occidental et en Afghanistan (contra Dauvillier 1948, p. 282-283) ;
voir Dickens 2010, p. 127. Contra Fiey 1993, p. 128, il est hautement improbable que
Samarcande et le Turkestan aient dépendu du même métropolite, étant donné que
le territoire de Samarcande était historiquement iranophone (sogdien ou persan).
115.  Traduction de Young 1974, p. 44.

26
le christianisme syriaque en asie centrale

de Timothée, rassemblant plusieurs des groupes turcs parmi lesquels des


chrétiens sous l’autorité mongole, tels les Kereit, les Merkit, les Naïman,
les Önggüt ou les Ouïghours 116. Le siège conjoint de Khanbaliq et al-Faliq
(‫ )خان بالق والفالق‬a été réinterprété de façon convaincante comme Janbaliq
(Bešbaliq) et Ilibaliq (Almaliq) ( ‫)جان بالق و البالق‬, se rapportant à deux
importantes cités le long de la route septentrionale de la soie dans le khanat
de Chaghatai 117. Tangut se rapporte à la fois aux grandes populations Tangut
des actuelles provinces chinoises de Gansu, Ningxia, Shanxi et Shaanxi.
L’Histoire de mar Yahballaha loue les chrétiens Tangut pour leur foi ardente
et note la présence du métropolite des Tangut à l’élection patriarcale de
Yahballaha III 118, comme le fait aussi le Kitāb al-Mijdal (l’un des manuscrits
du texte l’identifie comme métropolite de ‫مالق‬, « Maliq » – peut-être une
référence à Almaliq – et Tangut) 119. Le christianisme des Tangut peut aussi
être mis en relation avec les textes de Qara Qoto, une importante cité
Tangut. Navekath était située dans la vallée de la rivière Chu, dans l’actuel
Kirghizistan, à seulement 400 km au nord de son siège jumeau de Kashghar,
mais les durs terrains montagneux entre les deux auraient rendu le voyage
et la communication de l’une à l’autre très difficile 120.

Pierres tombales chrétiennes d’Asie centrale


L’une des sources les plus significatives pour recueillir des informations
sur les communautés chrétiennes en Asie centrale durant cette période, est
le vaste corpus des pierres tombales chrétiennes dont la plupart viennent
du Semirech’e, nom russe de la région connue en turc sous le nom de
Yeti Su (les deux noms signifiant « Sept rivières » ; aujourd’hui, elle est
divisée entre le Kirghizistan septentrional et le Kazakhstan méridional).
Il y a aussi de plus petites collections de pierres tombales à proximité,
provenant d’Almaliq (500 kilomètres à l’est, aujourd’hui dans la région

116.  Voir Guillaume de Rubrouck, Itinerarium, p. 23.


117.  Sachau 1919, p. 22 ; Dauvillier 1948, p. 305-307.
118.  Histoire de mar Yahballaha, éd. Bedjan, p. 18, 33 ; éd. Chabot, p. 21-22, 38 ; éd.
Montgomery, p. 34-35, 43 ; éd. Budge, p. 138, 152.
119.  Kitāb al-Mijdal II, p. ١٢٤/72 ; Siouffi 1881, p. 92 (voir aussi Fiey 1993, p. 48-49). Sur
les Tangut (et avec des corrections à des affirmations émises dans des publications
antérieures), voir Dauvillier 1948, p. 310-311 ; Fiey 1993, p. 137-138.
120.  Sur Navekath, voir Dauvillier 1948, p. 288-291 ; Klein 2000, p. 136-139. J’omets ici la
thèse fréquente (Mingana 1925, p. 328-329 ; Dauvillier 1948, p. 308 ; Pelliot 1973, p. 9 ;
Fiey 1993, p. 120) selon laquelle il y a eu un évêque à Qumul/Kumul (‫)قومول‬/Hami
(哈密) au xiiie siècle. Elle est fondée sur une mauvaise lecture des textes, comme je
le démontre dans une publication à paraître.

27
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

chinoise du Xinjiang), du territoire önggüt en Mongolie-Intérieure et de


la ville portuaire de Chine méridionale de Quanzhou, connue en Occident
sous le nom de Zayton 121.
À partir de 1885, environ 600 pierres tombales chrétiennes inscrites
en écriture syriaque ont été découvertes dans le Semirech’e, en deux
endroits : à Karadjigach, près de Pishpek (aujourd’hui Bishkek, la capitale
du Kirghizistan) et à Burana (la médiévale Balasaghun), juste au sud de
Tokmak. Bien qu’il n’y ait aucune trace dans l’un ou l’autre de ces lieux,
deux églises ont été exhumées non loin, à Ak-Beshim, l’une en 1953-
1954, datant du viie ou du viiie siècle, et l’autre en 1996-1998, datant du
viiie siècle 122. Ces trouvailles suggèrent que la communauté chrétienne qui
a laissé derrière elle les pierres tombales à la période mongole avait pu être
présente dans la région depuis au moins six siècles et donc avait vécu sous
le gouvernement du second Empire turc, les qaghanats Türgeš et Qarluq,
le qaghanat Qarakhanide, le khanat Qara Khitai et l’Empire mongol.
La plupart des inscriptions sur les pierres tombales sont en langue
syriaque, mais une minorité significative sont dans un dialecte turc.
Presque toutes les pierres ont une croix au milieu, autour de laquelle un
texte est gravé. L’information donnée par le formulaire typique consiste
en une date, un nom et une brève description du défunt, dont quelques
titres. Parfois, davantage d’informations sont fournies. La date vérifiable la
plus ancienne est 1200/01 123 et la plus récente 1344/45 124. La date terminale
des pierres tombales trouvées à Almaliq va même jusqu’à 1371/72. Cette
fourchette de datation correspond en gros au temps du gouvernement
mongol et prend fin au moment où ce dernier s’effondre pour être remplacé
par l’empire de Timur. La plupart des pierres tombales sont datées selon le
calendrier séleucide communément employé par les chrétiens syriaques,
selon le cycle sino-turcique de douze ans des animaux ou une combinaison
des deux systèmes 125. Un très petit nombre d’entre elles donne le mois
syriaque.
Les noms gravés sur les pierres tombales sont majoritairement
syriaques ou turques, un plus petit nombre étant des noms arabes ou

121.  La grande majorité des pierres du Semirech’e se trouve dans Chwolson 1890, 1897,
celles du territoire önggüt dans Halbertsma 2015 et celles de Quanzhou dans Lieu
et al. 2012. Pour une introduction au corpus, voir Dickens 2009, p. 14-17.
122.  Clauson 1961, p. 2-3 ; Hambis 1961 ; Klein 2004. Voir aussi l’article de Barakatullo
Ashurov dans le présent volume.
123.  Chwolson 1897, no 2, mais le no 1 pourrait être lu 1497 SE = 1186 CE.
124.  Chwolson 1890, no 56.
125.  Sur système de datation, voir Bazin 1991, p. 413-429.

28
le christianisme syriaque en asie centrale

persans ; il apparaît clairement sur beaucoup de pierres tombales que


les défunts étaient presque tous des turcophones. De fait, dans la seule
référence explicite aux chrétiens dans son Dīwān lughāt al-Turk (1072), le
lexicographe Maḥmud al-Kāšgharī nous donne l’un des noms masculins
turcs les plus populaires trouvé dans le corpus des pierres tombales : bačāq
« jeûne chrétien (ṣawm al-naṣārā) » 126. Étant donné le mélange de locuteurs
turcophones et iranophones dans la région depuis le vie siècle, on peut se
demander si ces chrétiens étaient des Sogdiens turcisés ou des descendants
d’anciens Turcs, peut-être les Qarluq. La situation géographique en territoire
turc traditionnel semble favoriser la deuxième hypothèse. Probablement
les deux tiers des 300 hommes du corpus occupaient une position dans
̈ ), dont un nombre significatif de
l’Église. La majorité était des prêtres (‫ܩܫܝ ܫܐ‬
« visiteurs » (ou « inspecteurs ») (‫ )ܣܥܘ̈ܪܐ‬et d’étudiants (‫ܐܣܟܘܠܝܐ‬
̈ ), un plus
petit nombre d’archidiacres (‫)ܐ̈ܪܟܕܝܩܘܢ‬, de chorévêques (‫)ܟܘ̈ܪܐܦܝܣܩܘܦܐ‬,
d’exégètes bibliques (‫ܡܦܫܩܢܐ‬̈ ) et d’enseignants (‫) ̈ܡܠܦܢܐ‬. On trouve encore
une surprenante variété de titres administratifs ecclésiastiques (par ex.
‫ܪܝܫܥܝܕܬܐ‬, « chef de l’église »), quelques exorcistes, peut-être (‫ܡܘܡܝ ܢܐ‬
̈ ), deux
̈
vierges (‫)ܒܬܘܠܬܐ‬, au moins un sacristain (‫ )ܩܢܟܝܐ‬et même un musicien
(‍‫‍ܘܒܘܙܨܝ‬ ‫)ݎ‬. Curieusement, le seul évêque commémoré sur une pierre
tombale est un Arménien 127.
Beaucoup de femmes ont le titre de ‫‍ܘܫܛܐܢܨ‬ ‫( ݎ‬quštānč), terme sogdien
pour « enseignant », suggérant que ces femmes pouvaient avoir eu un rôle
officiel d’enseignante dans la communauté chrétienne, peut-être pour
enseigner aux femmes plus jeunes. Intéressante aussi est l’occurrence
de plusieurs titres non ecclésiastiques, mais administratifs ou militaires
dont ‫( ܛܘܡܢ ܦܐܓܝ‬tuman begi), « chef de 10 000 », ‫( ܪܒܚܝ�ܠܐ‬rav ḥaylā),
« commandant ou gouverneur militaire », ‫ܐܡܝܪ‬, « émir », et ‫ܝܣܦܐܣ�ܠܐܪ‬
(ispasalar), « commandant en chef » 128. Parmi les défunts, se trouve un
petit nombre de gens d’Almaliq (surtout des prêtres) ou de Kashghar,
ainsi que trois personnes identifiées soit comme chinoises, soit comme
ouïghoures, et une personne mongole. L’impression générale est celle d’une
communauté sincèrement chrétienne et tout à fait turque, profondément
impliquée dans la vie de l’Église, quelques-uns de ses membres jouant aussi

126.  al-Kāšgharī, Dīwān Lughāt al-Turk, p. 313. Sur le mot turc et son usage comme
nom, voir Clauson 1972, p. 293 ; Rásonyi & Baski 2007, p. 93. Le nom sur les pierres
tombales est orthographié de diverses manières ‫ ܦܫܐݎ‬,‫ ܦܐܨܐݎ‬,‫ ܒܐܨݎ‬or ‫ܦܨܐݎ‬
(Chabot 1906a, p. 288, 292).
127.  M arr 1894.
128.  Sur plusieurs des titres impliqués, religieux ou autres, voir Chwolson 1890, p. 124-
129 ; Chwolson 1897, p. 53-54.

29
le christianisme syriaque en asie centrale et en chine

des rôles significatifs dans la société, spécialement dans des fonctions


politiques ou militaires.
Des textes de cette période donnent diverses indications sur le destin
imminent du christianisme d’Asie centrale. L’historien musulman Juzjanī
(1260) décrit la destruction d’une église chrétienne à Samarcande par les
musulmans locaux en 1259, après qu’un jeune chrétien se fut converti à
l’islam et mourut après avoir été puni par un dirigeant mongol favorable
au christianisme ; ce ne fut probablement pas un cas isolé de conflit entre
le christianisme et l’islam en Asie centrale à cette époque 129. C’est le
contraire de la situation des chrétiens d’Asie centrale vivant en Chine,
où, par exemple, mar Sargis, dont la famille était de Samarcande, connut
une carrière remarquable au service des Mongols de 1268 à 1295 au moins,
années durant lesquelles il put construire sept monastères chrétiens 130.
La tendance à la conversion à l’islam est notée dans l’inscription
suivante d’une pierre tombale du corpus du Semirech’e, inscription datée
de 1332/33 : ‫ܗܢܘ ܩܒܪܗ ܣܐܢ ܕܐܝܘݎ ܐܣܟܘܠܝܐ ܦܐܨܐݎ ܛܟܝܢ ܛܠܝܐ ܡܪܝܡ‬
‍‫‍ܛܐ ܐܘܠܕܝ‬ ‫‍ݎ‬‫ܛܠܝܬܐ ܦܘ ܐܘܨܐܓܘ ܡܘܣܘܪ�ܡܐܢܠܝ‬, « Ceci est la tombe de
l’étudiant Sandayoq, de Bačaq Tegin le jeune homme et de Maryam la jeune
fille ; tous trois sont morts en musulmanliq (islam). » 131 À ces défis, il faut
ajouter l’effet dévastateur qu’eut la peste sur la communauté chrétienne
du Semirech’e quand l’épidémie traversa la région dans les années 1337/38
et 1338/39 (1649 et 1650 selon le calendrier séleucide) : 104 des 568 pierres
tombales du corpus (plus de 18 %) sont datées de cette période de deux ans.
Aux xive et xve siècles, les sources ne mentionnent que rarement des
chrétiens en Asie centrale, et seulement à Samarcande. Un rapport de
Ruy González de Clavijo, l’ambassadeur castillan auprès de Timur (1403-
1405), mentionne que des chrétiens capturés par Timur résidaient à
Samarcande, mais nous n’avons aucune idée de leur appartenance ethnique
ou ecclésiale 132. Toutefois, à l’époque du petit-fils de Timur, Ulugh Beg
qui régna à Mawara’n-nahr (1411-1449), les relations entre les chrétiens

129.  Juzjanī, Tabaqat-i Nasiri, p. 1288-1290. Intéressante aussi est, dans le même ouvrage,
la référence à la présence de « 50 000 vaillants Turcs, cavaliers et archers » dans une
cité du Bengale où, en 1244/45 les habitants adhéraient à ‫( دینی ترسای‬dīn-i-tarsā-ī),
« la foi chrétienne » (Juzjanī, Tabaqat-i Nasiri, p. 566-567) ; malheureusement, Juzjanī
ne nous donne pas plus d’information sur la relation possible entre ces Turcs et
le christianisme.
130.  Pelliot 1963, p. 774-776.
131.  Le fait que cette inscription funéraire soit écrite en écriture syriaque, et non
arabe, semble indiquer que les liens entre la communauté chrétienne et ces jeunes
convertis à l’islam n’étaient pas complètement défaits avant leur mort.
132.  Ruy González de Clavijo, Ambassade auprès de Timur, p. 171.

30
le christianisme syriaque en asie centrale

du lieu et les musulmans se détériorèrent sensiblement, si l’on en croit


une anecdote rapportée dans l’Histoire de Tamerlan et de ses successeurs de
T’ovma Metsobets’i (début du xve siècle). Après avoir raconté comment
Timur avait ramené des chrétiens arméniens à Samarcande, l’auteur
décrit comment, pendant le règne d’Ulugh Beg, « un prêtre syriaque
nestorien » est resté avec un prince local, eut « des relations avec sa
femme », repartit dans un lieu lointain non précisé et écrivit une lettre au
prince pour dénoncer la fausseté de l’islam et se vanter d’avoir « débauché
leurs femmes ». Quand Ulugh Beg entendit cela, il « commanda que tous
les chrétiens abandonnassent leur foi ou mourussent. Quelques-uns se
donnèrent la mort, et beaucoup abandonnèrent la foi » si bien qu’à la fin « le
christianisme disparut là-bas » 133. Ainsi, après une présence de 1 200 ans ou
plus, le christianisme syriaque finit par s’évanouir en Asie centrale, laissant
derrière lui les nombreux indices tentants que nous devons maintenant
ramasser ensemble afin de reconstruire son histoire.

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133.  Mes remerciements vont à Thomas Carlson qui m’a gracieusement offert sa
traduction originale de l’arménien ; voir aussi T’ovma Metsobets’i, Histoire de
Tamerlan et de ses successeurs, p. [19]. Les profondes différences théologiques entre
l’Église d’Orient et les Arméniens miaphysites devraient nous inciter à prendre du
recul avant d’accepter la totale véracité de ce récit rapporté à T’ovma Metsobets’i
par Yovhannes, un Arménien chrétien qui fuit probablement Samarcande à
cette époque. Quelle qu’en fût la cause, tant les Arméniens que les « nestoriens »
souffrirent de cette persécution finale que déchaîna Ulugh Beg.

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39
Table des matières

Introduction par Pier Giorgio Borbone & Pierre Marsone .............................. 1


Mark Dickens – Le christianisme syriaque en Asie centrale ................................... 5
Pénélope Riboud – Le christianisme syriaque à l’époque Tang ............................. 41
Li Tang – Le christianisme syriaque dans la Chine des Mongols Yuan :
diffusion, statut des chrétiens et déclin (xiiie-xive siècles) ........................ 63
Chiara Barbati – La documentation sogdienne chrétienne et le monastère de
Bulayïq ................................................................................................................. 89
Pier Giorgio Borbone – Les « provinces de l’extérieur » vues par l’Église-mère ... 121
Barakatullo Ashurov – Inculturation matérielle de l’Église d’Orient en Asie
centrale : témoignages archéologiques ......................................................... 161
Peter Zieme – Notes sur les textes chrétiens en vieux-ouïghour ............................. 185
Max Deeg – La littérature chrétienne orientale sous les Tang : un bref aperçu .... 199
Natalia Smelova – Manuscrits chrétiens de Qara Qoto : nouvelles perspectives
de recherche ........................................................................................................ 215
Alain Desreumaux – La collection des pierres tombales syro-orientales
du Turkestan conservées à Paris et à Lyon .................................................. 237
Takashi Osawa & Hidemi Takahashi – Le prince Georges des Önggüt dans les
montagnes de l’Altaï de Mongolie : les inscriptions d’Ulaan Tolgoi de
Doloon Nuur ........................................................................................................ 257

Index des manuscrits ......................................................................................................... 291


Index des noms géographiques et ethniques ................................................................ 293
Index des noms de personnes ........................................................................................... 299
Index des ouvrages cités .................................................................................................... 304

Table des matières .............................................................................................................. 307

Le christianisme syriaque en Asie centrale et en Chine, P. G. Borbone & P. Marsone (éds), Paris, 2015
(Études syriaques 12), p. 307.

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