Projet Pdidas
Projet Pdidas
Projet Pdidas
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
D'Aquino Patrick
Seck Sidy Mohamed
PDIDAS/CIRAD – 02
Avril 2013
1
Sommaire
2
Sigles et acronymes
ACT : Association des Chasseurs et des Tueurs GOANA : Grande offensive pour l’Alimentation et la
AEP : Adduction d’Eau Potable Nourriture Abondante
AFD : Agence Française de Développement OCB : Organisation Communautaire de Base
AHA : Aménagement Hydro Agricole ONG : Organisation Non Gouvernementale
ANCAR : Agence National pour le Conseil Agricole MARP : Méthode Accélérée de Recherche
et Rural Participative
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la MDE : Maison Des Éleveurs
Démographie PACR : Programme d’appui aux Communautés
APILG : Aire du Patrimoine Inter Régional du Lac de Rurales (de la vallée du fleuve Sénégal)
Guiers (Programme de Conservation et de PCR : Président de Conseil Rural
Valorisation de l’APILG) PDIDAS : Projet de développement Inclusif et
ARD : Agence Régionale de Développement Durable de l’Agrobusiness au Sénégal
ASC : Association Sportive et Culturelle PGIES : Projet de gestion Intégré des Écosystèmes du
ASESCAW : Amicale Socioéconomique Sportive et Sénégal
Culturelle des Agriculteurs du Walo PIP : Périmètre Irrigué Privé
ASREAD : Association Sénégalaise de Recherches PLHA : Plan Local d’Hydraulique et
d’Etudes et d’Appui au Développement d’Assainissement
CADL : Centre d’Appui pour le Développement Local PLD : Plan Local de Développement
(Chef du) PNDL : Programme National de Développement
CCC : Cadre Communautaire de Concertation Local
CDI : Charte du Domaine Irrigué (de la vallée du PNLB : Parc National de la Langue de Barbarie
fleuve Sénégal) POAS : Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols
CIVD : Comité Inter Villageois de Développement PSAOP : Programme d’appui aux Services Agricoles
CLCOP : Comité Local de Concertation des et aux Organisations de Producteurs
Organisations Paysannes RADI : Réseau Africain pour le Développement
Comité patate _ Comité National de Concertation de Intégré
la Filière Patate Douce RAT : Regroupement des artisans de Toubé
CR : Communauté Rurale RNA : Recensement National de l’Agriculture
CRCR : Cadre Régional de Concertation des Ruraux RNC : réserve Naturelle Communautaire
CSS : Compagnie Sucrière Sénégalaise RSFG : Réserve Spéciale de Faunes de Gueumbeul
DIRFEL : Directoire Régional des Femmes en SAED : Société d’Aménagement et d’Exploitation des
Elevage terres du Delta du fleuve Sénégal et des vallées des
DRDR : direction régionale du développement rural fleuves Sénégal et Falémé
EGED : Entente des Groupements pour l’Entre aide et SCL : Société de Cultures Légumières
le Développement SDE : Société des Eaux du Sénégal
EXFAM : Exploitation Familiale SICOVAL : Communauté d’agglomération pour
FAO : Food and Agriculture Organisation l’aménagement et le développement des Coteaux et de
(Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et la Vallée de l’Hers (Sud-est Toulousain, France)
l’alimentation) UAI : Unité Autonome d’Irrigation
FAPAL : Fédération des Associations Paysannes de UPREL : Union des Producteurs de la Rive Est du Lac
Louga de Guiers
FDD : Fonds de Dotation de la Décentralisation UPROL : Union des PROducteurs du Lac de Guiers
FIPG : Fédération intercommunautaire des pêcheurs WAF : West African Farm
de Guéo ZIC : Zones d’Intérêt Cynégétique
FNRAA : Fonds Nationale de Recherches Agricoles et
Agroalimentaires
FONSTAB : Fond d’Appui à la Stabulation
GDS : Grands Domaines du Sénégal
GPF : Groupement de Promotion Féminine
GIE : Groupement d’Intérêt Économique
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4
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
Diagnostic territorialSOMMAIRE
sommaire de la Communauté Rurale
de Diama
5
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE………………………………….7
1. PEUPLEMENT ET POPULATION………………………………………………………..…….9
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..……….9
1.2. Distribution spatiale de la population………………………………………….10
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ……………...….10
6
6.2. 2. Les recettes d’investissement ……………………………………………...….22
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………………......23
6.3. 1. Les conflits impliquant le Conseil Rural en tant que protagoniste ………….23
6.3. 2. Conflits entre populations riveraines et agents du Parc …………………..….24
6.3. 3. Conflits entre affectataires et paysans ……………………………...……..….24
6.3. 4. Conflits entre le Conseil Rural de Diama et de Ronkh …………………..….24
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........29
7
a
8
- le Walo correspondant à la plaine inondable englobe des terres lourdes avec une teneur en
argile comprise entre 30 et 60 % par endroits. Il correspond à toute la partie de la CR située
entre la route nationale et le fleuve Sénégal.
La partie Walo de la CR est actuellement le siège de grands aménagements publics dont
certains datent des années 1970. et de périmètres privés des populations locales et de
l’agribusiness national et étranger à partir de 1990. Il faut noter que les terres de la CR comme
celles des CR de Ronkh et de Bokhol ont été classées zone pionnière (sous gestion de la
SAED) de 1965 à 1987.
Le territoire de la CR est divisé en cinq (5) zones de gestion avec l’instauration du Plan
d’Occupation et d’Affectation des Sols (POAS) :
- Boundoum – petite zone située au nord-ouest de la CR (frontière avec la CR de Ronkh),
elle fait partie des 1ers endroits du delta qui ont été aménagées (1964/65) par l’État pour
la riziculture irriguée. Plus de la moitié des 9 villages de la zone (Boundoum Barrage,
Fourarate, Diadiam 1, Diadj Fakha, …) ont axé au plus grand aménagement Hydro-
Agricole (AHA) public de la vallée du fleuve Sénégal, celui de Boundoum (3 200 ha). Ils
partagent cet AHA avec d’autres villages de la CR Ronkh (l’AHA est à cheval sur les
deux CR), mais plus de la moitié de la terre se trouve du côté de Ronkh. La zone compte
aussi de nombreux AHA privés et Périmètres Irrigués Villageois (PIV) installés,
essentiellement, par les populations de la zone. L’agriculture irriguée y occupe 8 340 ha
(POAS). A côté de Boundoum-Barrage (le plus grand village) au nord de la zone la zone,
il existe des villages d’éleveurs qui ont accès à l’AHA de Boundoum, mais qui ont
beaucoup de difficultés à cohabiter avec les périmètres privés et villageois, surtout à la
frontière avec la CR de Diama ;
- Débi-Tiguette - Au nord-ouest de la CR, la zone est peu étendue, mais l’agriculture
irriguée y occupe une superficie importante de 1 950 ha (POAS). Avec comme principal
type de sols le fondé (1.800 ha) et le hollaldé (6.580), l’agriculture irriguée et l’élevage
constituent les principales activités qui y sont pratiquées. La proximité du fleuve Sénégal
et de ces défluents constituent les principales sources d’irrigation pour les casiers
(notamment le casier de Débi-Tiguette) et les périmètres privés irrigués qui y sont. Pour
l’élevage qui est surtout présente dans la partie Est de la zone, une ZP y est définie sur
36% (soit 3.290ha) de la zone dont la superficie est évaluée à 9.200 ha (dont 100ha
occupée par le PNOD) ;
- Yallar – Elle occupe la partie Ouest de la CR, dans la zone Walo, le long du fleuve
Sénégal (longe toute sa partie ouest). L’agriculture irriguée occupe plus 7.500 ha dans la
zone avec pour principales sources d’irrigation le fleuve Sénégal, le Gorom et le Djeuss
qui sont bordés de périmètres et de casiers irrigués (….). La typologie des sols y est assez
variée : hollaldé (31.000 ha), fondé (11.000 ha), Dieri (7.530 ha) et djedjogol (3.670 ha).
L’élevage est aussi présente notamment dans la partie Est et au Nord de la zone qui
s’étend dur 64.200 ha dont une bonne partie est occupée par des aires protégées comme le
PNOD (15.700 ha) et la Forêt classée de Diama (2.290 ha) ;
- Tàk Gagne – Elle se trouve au Sud et au Centre-Est de la CR, le long de la route nationale
n°2 et est à cheval sur le walo et le Dieri et fait frontière avec la CR de Ngnith à l’Est et
de Gandon au Sud. La types de terre sont très variés : sols Dieri (35%), fondé (25%),
hollalde (20%) et faux hollalde (20%). L’agriculture irriguée très développée dans la zone
et occupe une superficie de 6.160 ha, suivie de l’agriculture pluviale (520 ha) et d’une
agriculture de décrue sur les berges en régression (sur 10ha). La zone est traversée sur sa
partie ouest, du nord au Sud par le Lampsar, ce qui explique la présence de plusieurs
9
casiers et de périmètres irrigués dans cette zone. 12% de la zone est réservé à l’élevage
(ZP), notamment dans la partie Est de zone qui s’étend sur 47.700 ha, dont une bonne
partie est occupée par des aires protégées (Reserve Ndiael 13.600 ha, Forêts classées de
Thilène 2.000 ha et de Massara Foulène 680 ha).
- Thiagnaldé – Elle occupe la partie Sud de la CR et fait frontière avec les CR de Ngnith à
l’Est et de Gandon à l’Ouest. Cette zone est essentiellement occupée par l’élevage et
l’agriculture pluviale (1.440 ha). Elle est très loin des principaux cours d’eau de la CR ce
qui explique l’absence de périmètres irrigués. Les sols de la zone qui s’étendent sur
12.900 ha sont très variés : Dieri (5.000 ha), fondé (4.750 ha) et hoallaldé (690 ha).
1 – PEUPLEMENT ET POPULATION
Les ethnies dominantes de la communauté rurale sont les wolofs, les maures et les peuls.
Cependant, en fonction des villages et des zones, une ethnie peut être majoritaire. Ainsi, les
maures constituent l’ethnie majoritaire dans la zone de Yallar, les wolofs dans la zone de
Débi-Tiguette et les peuls dans la zone de Thiagnaldé.
En considérant la répartition par âge et par sexe de la population, les femmes prédominent au
sein de la population. Elles représentent 50,9% de la population en 2002, soit une proportion
très légèrement supérieure à la moyenne nationale qui est de 50,2%. La répartition de la
population par classe d’âge n’est pas disponible au niveau communauté rurale. En considérant
les données au niveau du département de Dagana, on peut estimer que 56% de la population
totale ont moins de 20 ans, 22% ont entre 20 et 35 ans, contre seulement 6% pour les plus de
60 ans (PLD Diama, 2010).
Selon les projections démographiques de l’ANSD, la population serait de 29.641 en 2013 et
atteindrait 31.249 habitants en 2015.
10
1.2 Distribution spatiale de la population
Au sein de la CR, la répartition de la population est relativement variable suivant les villages.
La population moyenne par village se chiffre en 2002 à environ à 436,7 habitants et à 247,3
habitants si on considère l’ensemble des établissements humains (villages officiels et
hameaux). Dans les deux cas cependant, les moyennes cachent de fortes disparités. Certains
villages ont une population supérieure à 1.000 habitants (Tiguette, Ndiaye Nguinth,
Mboumdoum, Débi, Biffeche, Ndellé), tandis que d’autres, comme Biffeche 1, El Hemoudy,
Ndiol Peulh…, en comptent le dixième ou moins.
Tableau 2 : répartition des villages selon les classes de population de la communauté rurale
de Diama (Sources : exploitation des données ANSD, Service régional statistique)
Classe de la 100- 201- 301- 501- 751- 1001- 1501-
-100 +2000
population (hbts) 200 300 500 750 1000 1500 2000
Nbre
19 22 9 5 4 2 3
localités
1988
% de la
3,85% 20,59% 14% 11,94% 14,6% 9,52% 25,1%
population
Nbre
14 13 12 14 3 2 5 1
localités
2002
% de la
0,81% 9,25 13% 24,28% 7,96% 8,2% 26% 10,5%
population
La distribution des villages par classe de population présentée dans le tableau 2 révèle en
2002, que 53 villages (82,8%) ont moins de 500 habitants tandis que 6 villages (9,35%),
concentrent 36,5% de la population de la communauté rurale. Les localités de moins de 100
habitants sont pour l’essentiel des hameaux situés dans les zones de Déby-Tiguette et Yallar.
1.3 L’inégalité des densités démographiques et ses implications dans la perception des
populations
La concentration de la population dans certains villages s’accompagne d’une distribution très
inégale du peuplement dans la communauté rurale. Les villages les plus peuplés sont localisés
dans les zones où l’agriculture irriguée est très développée. Partant, il apparait que
l’importance et la taille des établissements humains sont principalement déterminés par
l’existence de conditions favorables à l’agriculture irriguée (terres irrigables, eau), à la pêche
(ressources ichtyologiques) et surtout, par la proximité de la route nationale Saint Louis-
Richard Toll. Il s’agit principalement des zones de Takh Gagne (villages de Ndioungue,
Ndiaye, Ndellé, Diagambal, Bary Diam et Thilène) et de Boundoum (village de Boundoum).
Les établissements humains proches des zones irriguées (autour du Fleuve Sénégal et de ses
défluents, Djeuss, Gorom, Lampsar) polarisent le plus de population. Ailleurs on compte de
nombreux hameaux et quelques gros villages comme Diama dans la zone de Yallar et Débi-
Tiguette dans la zone éponyme.
La densité moyenne de 74 habitant /km² est très peu représentative de la réalité de la
distribution du peuplement à l’échelle de la CR. La répartition des villages et de la population
dans les cinq zones de gestion de l’espace définies dans le POAS de la CR (SAED/PACR,
2010) donne une meilleure idée de l’occupation de l’espace (carte 2). Le tableau 3 ci-dessous
indique les densités selon ces zones de gestion.
11
Tableau 3 : Densité moyenne de la population en 2002 dans la CR Diama (hbts/km²)
Zone de gestion POAS
Yallar Tack Gagne Débi-Tiguet Thiagnaldé Boundoum Moyenne CR
La tendance forte qui sort de la perception des populations est que seule la zone de
Thiagnaldé pourrait accueillir des investisseurs ou un projet de grande envergure. Cet espace
occupé en grande partie par l’élevage est relativement éloigné des eaux de surface, ce qui
12
implique des investissements important pour sa mise en valeur. Les terres proches des
principaux cours d’eau sont considérées comme saturées et appropriés par les populations qui
se considèrent comme à plus même de les exploiter, en raison des coûts moindre pour
l’amenée d’eau. Toutefois, lors des ateliers tenus à la maison communautaire et contrairement
à l’avis de responsables du Conseil Rural, certains représentants de villages de la zone de
Tack Gagne ont insisté fortement pour souligner l’existence, malgré la présence du projet
PDMAS dans la zone, de « poches » d’une superficie non négligeable pouvant accueillir des
investisseurs.
2.1 L’agriculture
L’agriculture est la principale activité économique dans la CR de Diama. Elle est pratiquée
sous 3 formes : agriculture irriguée, agriculture pluviale et arboriculture fruitière.
L’agriculture irriguée qui est de loin la plus importante, connait un développement rapide en
raison de la proximité et de disponibilité des ressources en eaux du Fleuve Sénégal et de ses
défluents (Djeuss, Gorom, Lampsar). Elle est traitée plus loin, dans le chapitre consacré aux
ressources en eaux et aux infrastructures hydrauliques.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
L’agriculture pluviale est une activité importante dans la dynamique socioéconomique de
la CR. Son domaine de prédilection est la zone Dieri. Elle se pratique sur environ 600
ha répartis dans les zones de Takk Gagne, Yallar et Thiagnaldé (SIG SAED, 2011). Elle
implique environ 92,5% des ménages de l’actuelle communauté rurale de Diama (FAO,
Ministère de l’agriculture, RNA, 1998). Une bonne partie des récoltes est destinées à la
consommation familiale. Les rendements sont en général très faible et la récolte très aléatoire
à cause de l’irrégularité pluviométrique qui caractérise la zone, mais aussi de
l’appauvrissement des sols.
Les principales spéculations cultivées sont généralement le mil, l’arachide, les melons, le
bissap, le niébé, le maïs, le béref et la pastèque. Les melons et le bissap sont devenus des
spéculations très cultivées dans la zone de Thiagnaldé, notamment par les femmes.
Les terres exploitées traditionnellement en pluviale sont de plus en plus grignotées et/ou
aménagées pour l’agriculture irriguée. Les espaces cultivés en pluvial qui échappent à la forte
pression foncière liéec l’avancée du front d’agriculture irriguée sont parfois très loin de l’eau
comme dans la zone de Thiagnaldé.
2.1.2 L’arboriculture fruitière
Elle représente une activité non négligeable pratiquée plusieurs villages comme Maka Diama,
Diama Yallar, Biffeche, Mboltogne, Ndiole Maure, etc. L’arboriculture fruitière occupe plus
de 10,9% des ménages de la CR (FAO, Ministère Agriculture 1998). Les plantes cultivées
dominantes sont les manguiers et les agrumes (citronniers, pomelos…).
13
de Thiagnaldé, de Débi-Tiguette et de Yallar et particulièrement dans les villages de Thilene,
de Diagambal 1, de Ndiole Maure, de Mboltogne, de Bissette 2, de Nimzat (El Youlou), de El
Bathia 1, de Débi, etc. (FAO, Ministère Agriculture 1998).
La composition et les effectifs du cheptel sont indiqués dans le tableau 6. Outre la volaille qui
représente l’effectif le plus important (50.000), on note une forte présence des petits
ruminants (caprins 49.000 têtes, ovins 46.000 têtes) et de bovins (42.000 têtes).
Tableau 4 : cheptel de la CR de Diama en 2009
Bovins Ovins Caprins Équins Asins Camelins volaille
14
2.3.2 La pêche et la transformation des produits halieutiques
La pêche est une activité traditionnelle dans la zone menée par presque toutes les ethnies et
représente la troisième activité économique. Elle est favorisée par la proximité du Fleuve
Sénégal et de ses défluents permettant sa pratique toute l’année. Elle occupe un peu plus de
25% de ménages de la communauté rurale. Dans la cadre de l’élaboration du POAS de la CR,
45 débarcadères ont été recensés dans la zone dont plus de la moitié (27) sur le Lampsar. Les
pêcheurs utilisent des filets, des lignes, éperviers et se déplacent au moyen de pirogues, le
plus souvent de petites dimensions. Le parc piroguier qui sert aussi aux déplacements dans
certaines zones enclavées, surtout en hivernage, compte 56 unités dont 11 motorisées (PLD
CR de Diama, 2010). La pêche est plus pratiquée dans les zones de Yallar, Mboudoum et
Débi-Tiguette.
Les prises sont vendues dans les villages environnants ainsi que dans les villes de Saint-Louis,
et Ross Béthio. Les produits de la pêche font l’objet de transformation de la part des femmes,
surtout les maures, qui habitent surtout le long du Lampsar. Elles vendent habituellement
leurs produits (salé, fumé, séché) principalement dans le marché de Saint-Louis. Les pêcheur
se plaignent de la disparition de certaines espèces depuis la mise ne service du barrage de
Diama, mais la difficulté la plus pesante résulte de la colonisation des plans d’eau par le
typha.
2.3.3 Le tourisme
La communauté rurale de Diama dispose d’un grand potentiel touristique qui donne un cachet
particulier à ce secteur. C’est dans la zone que se trouvent le barrage de Diama, souvent visité
et surtout, le parc du Djoudj, troisième réserve cynégétique mondiale, réputée pour son
accueil d’oiseaux migrateurs et d’espèces en voie de disparition. Elle dispose aussi de quatre
campements de chasse pour le tourisme cynégétique dont deux à Diama et un à Diadam et à
Débi. On y trouve aussi, cinq zones amodiées d’une superficie globale de 78.500 ha : Djeuss
Sud, Djeuss Nord, l’Excédent Djeuss Nord et Sud, Caïman et Débi.
La chasse qui est également présente dans la Cr se pratique sous deux formes : la « chasse
banale » dans les espaces non amodiées et la chasse organisée avec des touristes dans les
zones amodiées et d’intérêts cynégétiques.
Ces diverses potentialités valent à la CR une fréquentation importante de touristes, 107.137 en
2008-2009 et des recettes évaluées à plus de 272 millions. 60% de ces recettes sont partagés
entre les populations des villages environnants et les hôteliers. Les activités de chasse ont
généré selon le service des Eaux et Forêts, 20,2 millions pour la région de Saint-Louis, dont
plus de 70% sont collectées au niveau de la communauté rurale (PLD, CR de Diama, 2010).
2.3.4 L’artisanat
Les activités touristiques favorisent un artisanat local relativement riche. Cet artisanat
s’exprime surtout au travers de la culture maure qui manifeste un savoir-faire permettant la
création de produits variés. Les activités artisanales portent sur la teinture, la tannerie, la
fabrication de nattes avec des lanières de cuir, de bijoux et d’objets d’apparats divers. Elles
rapportent aux ménages concernés, des revenus complémentaires assez conséquents pendant
les périodes touristiques. Il existe en outre divers corps de métiers qui s’activent dans le
secteur comme la menuiserie, la poterie, la coiffure, la tannerie, le tissage des nattes, etc.
15
recensement national de l’agriculture (RNA) organisé par le Ministère de l’agriculture et la
FAO donnent une idée de l’importance des ménages tirant une partie de leurs revenus des
différents secteurs d’activités rurales (tableau 5) (FAO, Ministère de l’Agriculture, 1999).
Tableau 5 : Activités des ménages ruraux de la CR de Diama
Nombre de ménages pratiquant l'activité
nb. de Ménages
Ménages
Villages concessio ruraux Agric Prod Product. Exploit.
ruraux Elevage Pêche
ns agricoles pluviale maraich fruitière forestière
MAKA DIAMA 36 49 45 45 38 39 18 42 15
DIAMA
86 37 27 33 4 39 33
YALAR 112 46
DEMIZINE 89 106 26 13 20 3 0 25 35
NIMZAT (EL
115 59 75 3 75 93 0
YOULOU) 142 103
GADE
88 36 26 0 3 34 29
TAMAKH 102 37
AMOURA 44 58 53 50 41 0 0 52 0
BISSETTE 2 101 145 134 126 97 18 0 108 1
NDIAYE
99 105 93 90 45 10 0 80 7
NGAINTHE
BIFFECHE 121 139 128 109 407 53 13 63 6
Totaux 2307 2894 2255 2086 1279 246 141 1759 569
25,2
% 92,5% 56,7% 10,9% 6,3% 78,0% %
Sources FAO/Ministère agriculture. RNA, 1999
16
l’agriculture irriguée. Ces travaux ont consisté en la mise en place de plusieurs ouvrages
hydrauliques collectifs, de stations de pompage sur le fleuve et certains marigots, de
l’interconnexion de certains marigots par des canaux et ponts, du « reprofilage » des cours des
marigots, etc.
Les cours d’eau ainsi aménagés font partie des aménagements structurants ou chenaux-
adducteurs. Il s’agit dans le territoire de la CR, du Gorom aval (60 km), du Lampsar (40 km),
du Djeuss (43 km) et du Kassack (5 km). Tous ces chenaux adducteurs sont situés en dehors
de la zone principalement ciblée par le projet. Toutefois, des terres de cette zone hors projet,
notamment dans la zone de gestion de Tàk Gagne sont irriguées par les chenaux du PDMAS.
Comme chenal adducteur, le Lampsar pourrait aussi permettre d’irriguer certaines terres de la
zone de gestion de Thianialdé qui sont proches de la RN2 aux environs du village de Lampsar
et en appoint de ce qui pourrait l’être à partir du Ngalam et du Ndialakhar (dans la CR de
Gandon).
Dans la zone du projet au sein de la CR, plus précisément au sud de la zone de gestion de
Thianialdé, coulent de petits marigots intermittents qui pourraient servir à l’irrigation par leur
jonction avec le Ngalam, suite aux travaux envisagés par le MCA.
Ces chenaux desservent 140 organisations de producteurs (OP) en plus d’irrigants privés sont
et au total près de 4.200 ha. Pour la plupart de ces chenaux, l’ensemble des usagers (OP,
privés individuels, etc.) sont organisés dans des Comités d’Usagers (1 par chenal) dans le
cadre du Fond de Maintenance des Adducteurs et Émissaires de Drainage (FOMAED) et
payent, chacun, une contribution 18 000 F/ha/campagne aux frais de maintenance.
Le PDMAS a également réalisé 7 chenaux dans la CR pour irriguer 2 477 ha (tableau 7).
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Tableau 7 : Chenaux PDMAS dans la CR
Exploitants installés
Chenaux Superficie (ha) Longueur
Paysans PEM Firmes
Ndialir Guèye 139 5 309 m 41
Gandiaye 608 9 697 m 80 4 1
Diagambal 620 10 839 m 102 6 1
Massara Gabou 281 1 722 m 19 2
Polo 211 4 433 m 30
Canal Socas 434 17 000 m 29 1
Thilène 184 2 600 m 7
Total 2 477 51 600 m 308 11 4
À l’exception de Polo, Massaragabou et de SOCAS, les autres chenaux réalisés dans le cadre
du PDMS se situent dans la zone de gestion de Tàk Gagne. Ainsi, la zone du projet dans la
CR bénéficie de 5 chenaux PDMAS d’une longueur totale d’environ 30 km pour l’irrigation
de 1 832 ha.
1
L’année agricole comprend les campagnes d’hivernage (juin à novembre), de contre saison froide (novembre à
mars) et de contre saison chaude (février à juin) tenant compte des dates de semis et de récolte assez différents
selon les exploitants agricoles.
18
Les superficies irriguées sont principalement concentrés à l’heure actuelle dans le Walo où
l’on distingue les aménagements hydroagricoles (AHA) publics et les aménagements privés.
Dans les aménagements publics sont cultivés, par ordre d’importance : le riz, l’oignon, la
tomate. L’exploitation est généralement coordonnée par des Unions Hydrauliques (UH)
regroupant des OP de base (généralement des GIE) qui organisent les exploitants attributaires
des parcelles. Le foncier de ces AHA publics relève d’affectation officielle de la part du
Conseil Rural. Parmi les AHA privés on distingue des PME/Investisseurs, des GIE ou autres
structures indépendants et de nombreux exploitants individuels.
L’entretien et la gestion des aménagements structurants/infrastructures collectives (chenaux
adducteurs, émissaires de drainage, stations de pompage ou de drainage de ces adducteurs et
émissaires) sont assurés à travers un Fonds de Maintenance des Adducteurs et Émissaires de
Drainage (FOMAED) qui implique les producteurs regroupés au sein des UH. Au niveau des
AHA fonctionnels et assez structurés, l’UH organise l’entretien du réseau principal et
secondaire d’irrigation et drainage, des pistes internes et des stations de pompage (irrigation et
drainage) et fixe le montant de la redevance hydraulique. Le coût de ces services est réparti
entre les différents usagers au prorata des superficies occupées.
Les exploitations individuelles et les GIE indépendants utilisent généralement des groupes
moto pompe (GMP) pour irriguer à partir du fleuve, des marigots ou de certains canaux
(comme celui de la SOCAS). Il arrive même qu’ils se branchent sur le réseau des AHA
publics. Leurs AHA sont généralement réalisés sommairement et les spéculations portent
principalement sur le riz, l’oignon et la tomate.
Contrairement à ces AHA qui sont irrigués gravitairement, l’agribusiness utilise des
techniques avancées d’irrigation comme le goutte à goutte et l’aspersion. Les spéculations
cultivées (maïs doux, tomate cerise, etc.) sont destinées à l’exportation.
19
organisations professionnelles comme les organisations paysannes de base, des organisations
faitières, des interprofessions, des organisations s’investissant dans le domaine social (santé,
éducation, eau potable, etc.) ainsi que des organisations multifonctionnelles.
La CR compte au total quelques 353 organisations communautaires de base (OCB), avec une
forte présence des groupements de promotion féminine (GPF). Le dépouillement des
informations de la base de données de la SAED/secteur Bas Delta concernant les
organisations paysannes, les PME/firmes et les exploitants individuels actifs dans
l’agriculture irriguée, fournit les résultats consignés dans le tableau 10 pour les zones de
gestion correspondant à la zone du projet dans la CR.
Tableau 10: Les types d’exploitants actifs dans l’agriculture irriguée dans la CR de Diama.
Type Nombre Commentaires
L’appellation «Union» est utilisée dans la zone pour
Unions Hydrauliques et SV: les organisations qui gèrent un AHA public dont la
SV Savoigne A, SV Savoigne gestion leur est transférée par la SAED sur base d’un
B, SV Savoigne C, SV contrat de concession pour la gérance. Dans d’autres
Savoigne-Biffèche, SV zones du delta elles ont le statut de GIE ; mais dans la
Ndioungue (2 groupements), zone (axe hydraulique du Lampsar) elles ont
Union Débi-Tiguet (3 GIE, 6 correspondent aux anciennes SV et ont gardé ce statut.
SV), Union Ndiaye (6 GIE), SV Les besoins d’amélioration de l’organisation interne
13
Ndellé (8 GIE), Union ont amené certaines d’entre elles à transformer les
Thilène (SV avec des groupements internes sans statut juridique en GIE,
groupements), Union Pont alors que d’autres les ont maintenu comme tel. Des
Gendarme (Sv avec 8 GIE), Unions Hydrauliques, comme Débi-Tiguette, ont des
Union Ngao-Polo (6 GIE, 2 Sv), membres qui sont des SV ; c’est le fait que l’AHA
SV Mbodjène (3 GIE, 1 GPF), nouveau qu’elles gèrent concerne plusieurs villages
SV Ngomène (11 GIE, 1 GPF) qui avaient leur SV. Ainsi, l’Union a fédéré les SV de
même que des GIE qui sont de nouvelles créations.
Exploitants individuels 140
Ne sont pas affiliés à 1 organisation de niveau
GIE indépendants 6 supérieur (union ou SV) ; quelques fois ce sont des
GIE familiaux
Agribusiness 6 dont SenEthanol
Total 165
20
Tableau 11 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Diama
CONSEIL RURAL
Indicateur Effectif %
Moins de 35 ans 3 6,52%
35-60 ans 30 65,21%
Age
Plus de 60 ans 13 28,27%
Total 46 100%
Femmes 1 2,17%
Le Conseil Rural, comme dans toutes les autres collectivités locales est majoritairement
composé par des hommes, plus de 97% des conseillers. La faible implication des femmes
dans l’activité politique et les pesanteurs d’ordre socioculturel expliquent entre autres cette
21
situation. Les jeunes (moins de 35 ans) sont également très faiblement représentés avec 6.5%
du conseil alors qu’ils constituent la frange de loin la plus importante de la population (cf.
supra, § 1.1. Une part non négligeable (près de 2/5ème) des conseillers a fréquenté l’école
française, 17 % étant d’un niveau secondaire ou supérieur. Cela peut constituer un avantage
dans le fonctionnement du conseil, même si une proportion équivalente n’a aucun niveau de
formation.
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement du Conseil Rural est articulé autour d’un organe exécutif et d’un organe
délibérant. L’organe exécutif comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Il est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des décisions du Conseil
Rural, sous l’autorité du sous-préfet. Le PCR, ordonnateur légal du budget, a en charge la
préparation et l’exécution du budget.
Le Conseil Rural de 46 membres constitue l’organe délibérant. Il est au cœur de la
gouvernance locale et traite de toutes les questions relevant des domaines de compétence de la
collectivité locale, notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de
développement économique et social. Il est assisté par un assistant communautaire (ASCOM)
qui l’appui dans ses différentes fonctions. L’assistant en place a un niveau d’étude secondaire
(terminale) avec une expérience de 6 ans dans l’enseignement.
Dans le cadre de son organisation et de son fonctionnement, le Conseil Rural de Diama a mis
en place 9 commissions techniques, couvrant une bonne partie des secteurs de développement
économique, social et environnemental de la CR. Chaque commission est composée de
conseillers ruraux et présidée par l’un d’entre eux. Elle peut s’adjoindre les compétences des
services techniques locaux ou régionaux, ainsi que de personnes ressources, pour traiter les
questions relatives à son secteur et proposer des solutions au conseil. Dans le domaine
foncier, le conseil dispose d’une commission domaniale chargée d’instruire les dossiers
d’affectation et de désaffection foncière, mais les décisions en la matière sont du ressort du
conseil qui statue par délibération.
Enfin, le Conseil Rural bénéficie dans ses différentes fonctions et tâches de l’assistance des
services déconcentrés de l’état, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui au
développement local (CADL). Il peut également mobiliser les services techniques
départementaux ou régionaux (ARD, SAED, ANCAR, les services des Pêches, des Eaux et
Forêts, de l’Aménagement du territoire, ISRA, ADRAO, etc.). Le Conseil Rural de Diama
bénéficie dans plusieurs secteurs d’activités de l’appui-conseil de plusieurs projets (le
PACR/FVD financé par l’AFD, le PGIES, le PDMAS, les 3PRD) et d’ONG (Plan Sénégal,
Lux-Développement, RADI, CARITAS, Croix Rouge, Compact, etc.).
22
licences, taxe rurale, foncier bâti, contribution globale unique), les droits d’alignement et frais
de bornage constituant près de 10% des recettes de la CR.
Tableau 12 : Répartition des recettes de fonctionnement en 2012 (sources CR Diama)
Rubriques Montants %
Excédent de fonctionnement reporté 3 074 683 1,8%
Produits de l'exploitation 15 750 000 9,2%
Droit d'alignement et frais de bornage 15 000 000
Produits des actes administratifs et d'état civil 500 000
Légalisation 250 000
Produits Domaniaux 7 500 000 4,4%
Produits sur vente animaux 500 000
Produits de stationnement sur la voie publique 500 000
Droit d'occupation du domaine public 6 000 000
Droit de fourrière 500 000
Impôts locaux 138 600 000 81%
Minimum fiscal 7 000 000
Contribution des patentes 85 000 000
Licences 100 000
Taxe rurale 20 000 000
Impôts sur le foncier bâti 25 000 000
Contribution Globale Unique 1 500 000
Taxes communautaires 1 200 000 0,7%
Taxe sur les spectacles 200 000
Taxes sur la publicité 200 000
Taxe sur l'électricité consommée 300 000
Taxe sur l'eau 500 000
Produits divers 4 900 000 2,9%
Amendes 1 700 000
Recettes éventuelles ou imprévues 3 200 000
Total recettes de fonctionnement 171 024 683 100%
23
Tableau 13 : Répartition des recettes d’investissement en 2012 (sources CR Diama)
Rubriques Montants %
Dotation 32 000 000 23,8%
Autres fonds de concours 30 000 000
dons et legs en capital 2 000 000
Réserves 31 956 383 23,8%
Excédent de fonctionnement capitalisé 31 956 383
Report à nouveau 70 406 112 54,4%
Excédent d'investissement reporté 70 406 112
Total recettes d'investissement 134 362 495 100%
25
7. IMPORTANCE ET SITUATION DES AFFECTATIONS FONCIERES
7.1 Importance et répartition des affectations foncières selon les usages prévus
Dans les zones de terroirs des communautés rurales, l’affectation et la désaffectation des sont
du ressort des conseils ruraux sous le contrôle des sous-préfets (décret 72-1288). Avec la
promulgation de la loi sur le domaine national (loi 64-46 du 17 juin 1964), tous les droits
coutumiers sur les terres ont été supprimés et un régime de la domanialité des terres a été
instauré. Pour être affectataire dans les zones de terroir il faut être membres de la
communauté rurale (seuls ou regroupés) et être avoir la capacité de mise en valeur. Ces
dispositions sont très peu respectées dans la réalité et toutes les études montrent que le droit
coutumier demeure toujours pour les populations et pour les conseillers ruraux qui le prennent
souvent en compte dans leurs décisions (PACR, 2010, MCA- CIRAD-FIT-SONED, 2011).
L’actuelle CR de Diama a été créée suite à la scission de l’ancienne communauté rurale de
Ross-Béthio, dont le chef-lieu a été érigé en commune, donnant naissance aux communautés
rurales de Ngnith et de Diama (décret n° 2008-748 du 10 juillet 2008). Sur l’actuelle CR de
Diama, les différents conseils ruraux (qui se sont succédés) ont entre 1998 et 2012 ont attribué
près de 35.571 hectares de terres, ce qui correspond à près de 24% des terres de la
communauté rurale estimées à 149.000 ha (total zone POAS).
Le PACR a réalisé en 2011-2012 un travail important d’exploitation des archives de la
l’ancienne CR de Ross Béthio et de l’actuelle CR de Diama. Les résultats de ce travail ont été
exploités et recoupés avec ceux obtenus par nos enquêtes. Ils sont consignés dans le tableau
14 ci-dessous.
Il en ressort ainsi que le Conseil Rural a attribué à 1.289 affectataires une superficie de 27.517
ha pour des usages agricoles (77.4% des superficies affectées), pour l’habitat (près de 3.5%),
pour l’élevage 0.2% et pour des usages divers comme les équipements communautaires, les
infrastructures socioéconomiques (magasin de stockage, mosquée, école, etc.). Il convient de
remarquer que les aires protégées et les zones amodiées représentent 14.1% des superficies
attribuées.
Tableau 14 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de Diama (Sources PACR + enquêtes février 2013)
élevage Zones
Usages Agricole Habitation Autres Total
(aquaculture) Amodiées
Sup. Sup. Sup. Nbr Sup. Sup. Sup.
Nbre Nbre Nbre Nbre Nbre
(ha) (ha) (ha) e (ha) (ha) (ha)
% 86,3 77,4 7,8 3,5 0,2 0,2 0,1 14,1 5,7 4,9 100 100
26
s’agissait en fait de légitimer par des délibérations, la reconnaissance de l’occupation de terres
par des individus ou familles, à titre de propriétaires traditionnels, d’héritiers ou d’ayants
droits. Ces régularisations n’ont pas été alors comptabilisées à l’époque comme des
affectations. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, où grâce à l’action du PACR, beaucoup de CR
du Delta enregistrent ces régularisations au même titre que les affections.
Tableau 15 : Importance et évolution des affectations de terres à usage agricole
1998 1999 2000 2007 2008 2010 2011 2012 Total
Nbre 42 277 35 233 17 50 366 92 1112
Sup (ha) 790,13 6040,94 1737,22 2748,06 1625,3 1591 ,5 10016 3028 27517,2
% sup. 2,9 21,9 6,3 10 5,9 5,8 36,2 11 100
En considérant l’évolution des affectations foncières pour usage agricole depuis 1998, plus
d’un tiers des affectations ont été faites en 2011 (tableau 15). L’importance des affectations
enregistrées depuis 2008, date de création de la CR, traduit la poursuite de la pression et de la
convoitise, depuis le reversement des zones pionnières, autour des terres irrigables de cette
partie du Delta.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
Les 4/5ème des affectataires (80%) n’ont pas de statut juridique. Ils ont introduit des demandes
à titre individuel ou en tant que chef de ménage pour disposer de droits d’usage sur la terre.
Cette catégorie occupe près 59,7% des superficies affectées et est constituée principalement
de résidents de la CR. Les GIE représentent plus de 11% des affectataires (15,3% des
superficies) et les sociétés occupent 8% des superficies et représentent 1,4% du nombre des
affectataires. Pour les femmes, on note à la fois la faiblesse du nombre de leurs organisations
26 GPF (soit 2,3%) et des superficies affectées (2,1%).
Tableau 16 : Statut des affectataires des terres à usage agricole
Etablis. Gpt
Statut AVD Assoc Coop GIE GPF Individ Société OP Total
public Vill .
Nombre 34 4 1 124 26 890 16 10 2 5 1112
Sup ha 2080,7 80 120 4193,7 585 16422,9 2211 1329 410,3 84,5 27577,2
% 7,6 0,3 0,4 15,3 2,1 59,7 8 4,8 1,5 0,3 100
27
Superficie (ha)
Taille (ha) 40-50 60-90 100 101-150 180-191 200-250 300 495 535 Total
Les affectations portant sur une superficie supérieure ou égale à 10 ha sont au nombre de 796,
soit 93,8% de l’ensemble des affectations à usage agricole. La grande majorité des
affectataires sont des nationaux qui résident dans la communauté rurale, suivent les nationaux
qui ne résident pas dans la communauté rurale et les étrangers (annexe 1).
En considérant la taille des parcelles affectées, 10 ha et 20 ha constituent les superficies les
plus couramment affectées par le Conseil Rural, avec respectivement 32,7% et 18,8% des
affectataires 10% des superficies ; mais elles représentent au total à peine plus de 20% des
superficies affectées. Des superficies comprises entre 40 à 50 ha sont affectées à 14% de
l’effectif des affectataires et font au total, 20,6% des superficies. La taille de ces parcelles
renvoie à celle des petits périmètres villageois conçus par la SAED dans les années 70 et 80,
et à celle d’une unité autonome d’irrigation (UAI) dans les aménagements intermédiaires.
La grande majorité des affectataires n’a pas été installée par la commission domaniale de la
CR sur les terres qui leur ont été affectées. Le dépouillement des données de la CR et des
enquêtes montrent que seuls 282 affectataires, soit 35,4%, ont été installés. Dans les archives
foncières qui ont été exploitées, une bonne partie des données sur l’installation des
affectations qui datent de plusieurs années ne sont pas disponibles.
L’essentiel des terres affectées, soit 51,5%, est concentré dans les zones Yallar (27.3%) et
Tack Gagne (24.2%) Ces deux zones ont de bonnes potentialités en eau de surface (fleuve
2
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
28
Sénégal, Gorom, Lampsar, etc.) et de nombreux chenaux aménagés permettant l’irrigation
des terres. La zone de Thiagnaldé ne fait pas l’objet d’une grande attractivité par rapport aux
autres zones (seulement 2,6% des affectations), en raison de son éloignement des principales
sources d’eau est en est la principale raison qui implique des investissements lourds pour
l’amenée d’eau.
Il est à noter que 20,4% des terres affectées ne peuvent être localisées dans aucune des zones
de gestion POAS, en l’état actuel des informations disponibles au niveau de la CR.
29
compensation terre contre terre, le principe d’une compensation au 1/3 de la superficie
perdue : si les emprises des travaux du projet prennent 3 ha à un exploitant, ce dernier reçoit
en compensation 1 ha dans les terres aménagées, qui sont supposées avoir trois fois plus de
valeur du fait des investissements réalisés.
Concernant les autres conditions, notons en particulier les deux suivantes :
- création d’ouvrages d’irrigation (zone de Boundoum) permettant d’ouvrir à
l’exploitation irriguée des espaces non touchés par les ouvrages initiaux,
- construction de ponts traversant certains chenaux pour permettre la mobilité des
populations et du bétail, etc.
9. CONCLUSION
La CR de Diama est déjà largement concernée par l’investissement privé dans l’agriculture et
ce depuis les années 80. Il y a d’abord eu l’investissement des GIE paysans pour de la petite
irrigation dans le Walo (années 80), puis l’investissement d’entreprises privées pour des
cultures horticoles dans le Dieri à partir des années 90.
Cependant, la zone faisait partie à l’époque de la Communauté rurale de Ross Béthio, ce qui
signifie que l’actuel Conseil Rural n’a pas l’expérience acquise par ce passé, qui est plutôt
30
localisée à Ross Béthio, comme le prouve la négociation très sommaire qu’il y a eu avec la
SCL et l’attitude très vague des élus d’aujourd’hui dans les réunions que nous avons menées.
En ce qui concerne les zones potentiellement affectables dans le cadre du PDIDAS, il s’agit
essentiellement de zones du Dieri actuellement occupées par des villages d’agropasteurs et
situés au sud de la CR, de l’autre côté de la nationale, en dehors donc du Delta proprement
dit.
En effet, les quelques espaces encore libres dans la zone du Delta sont proches de sources
d’eau et sont déjà convoités par des entreprises privées, qui n’ont nullement besoin d’un appui
public pour leurs aménagements et, qui verraient d’ailleurs, ainsi que le Conseil Rural, d’un
mauvais œil. Par contre, les cahiers des charges que peuvent produire le PDIDS pour sa zone
pourront être utiles à ces protagonistes pour améliorer la sécurisation de leurs négociations
internes en dehors de la zone PDIDAS.
Pour revenir à zone potentiellement concernée par le PDIDAS (zone du Dieri, essentiellement
dans la zone de gestion de Thianaldé), les difficultés majeures sont de deux ordres :
- Bien que le Conseil Rural soit favorable au projet, les populations résidant dans les
zones visées refusent d’autoriser l’installation de l’agribusiness. L’ « affaire de
Fanaye », comme l’appellent les populations de la vallée du Sénégal (conflit de
Senethanol) a traumatisé toutes les populations de la vallée. Ceci est encore plus
sensible dans le Delta, car Senethanol s’est réinstallé dans une zone très proche
(Nidael).
- Des contraintes techniques inconnues par l’équipe et les populations pour l’amener de
l’eau jusqu’à ces zones-là. Il y a des dénivellements assez importants (cordons
dunaires) et une distance à parcourir assez longue (une dizaine de kilomètres au
minimum).
En conclusion, l’acceptabilité sociale et la faisabilité technique d’une installation de
périmètres d’agribusiness dans la zone potentielle ne sont pas encore avérées. Convaincre et
rassurer les populations de ces zones demanderont de mener un travail spécifique sur de longs
mois en ayant à sa disposition les informations techniques relatives aux scenarios de
faisabilité technique de l’amener de l’eau. Il sera fourni dans le livrable A3 un guide et des
propositions pour réussir cette négociation.
31
Références bibliographiques
32
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
33
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE……………………………….35
1. PEUPLEMENT ET POPULATION……………………………………….………….……..….36
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population……...…..…….36
1.2. Distribution spatiale de la population……………………………………..…….37
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ……………….….38
34
6.2. 1. Les recettes de fonctionnement ……………………………………………….47
6.2. 2. Les recettes d’investissement ……………………………………………...….48
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………………......48
6.3. 1. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs …………………………………….48
6.3. 2. Conflits entre le Conseil Rural et les CR limitrophes …………………..….48
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........54
35
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
La communauté rurale de Fass Ngom est située dans l’arrondissement de Rao du département
de Saint Louis. Elle a été créée en 2008 suite à la création de la commune de Mpal (décret
2008-749 du 10 juillet 2008 portant création de communautés rurales dans la région de Saint-
Louis). Elle est limitée à l’ouest et au Sud par la communauté rurale de Gandon, à l’Est par
les communautés rurales de Keur Momar Sarr et Sakal et au Nord par la commune de
Mpal.
Située entre les Latitudes 15°49 et 16°2 Nord et les Longitudes 16°21 et 16°8 Ouest, la
CR de Fass s’étend sur une superficie approximative de 321 km².
Dans la cadre de la gestion de l’espace et des ressources naturelles communautaires en vue
d’une bonne conduite des activités de développement et pour une bonne planification locale,
le Conseil Rural a institué quatre zones de gestion (notamment dans le cadre de l’élaboration
du POAS).
zone de Fass - Elle qui regroupe les villages autour de la route nationale situés entre Paye
et Sémel. Elle occupe la partie ouest de la CR et fait frontière avec la communauté rurale
de Gandon. Avec une petite ouverture sur le Ndialakhar (vers le village de Keur Seya), la
36
zone est exclusivement constituée de sols Dieri essentiellement exploités en agriculture
pluviale sur près de 61% du territoire de la zone (qui s’étend sur 6705 ha, soit 21% de
l’ensemble de la CR). Toutefois, ces espaces sont aussi exploités par l’élevage notamment
autour de la Zone pastorale qui occupe près de 7% du territoire. On y note aussi la
présence de deux aires protégées à savoir les forêts classées de Mpal (qui occupe 13% du
territoire de la zone) et de Rao qui occupe 14 ha dans la zone ;
zone Dieri - Elle correspond à la partie sud de la CR et fait frontière avec les
communautés rurales de Gandon et de Sakal (région de Louga). Essentiellement
constituée de sol Dieri, cette zone est un important foyer de cultures maraichères
(irriguées à partir des eaux de puits) et de culture pluviale sur près de 90% de la zone (soit
6537 ha) qui s’étend sur une superficie 7250 ha (soit de 22,6% du territoire
communautaire). ;
zone de Thiagnaldé 1 – Elle occupe la partie nord de la CR et regroupe autour de
Takhmbeut, les villages de la partie nord-ouest. Avec une superficie qui correspond à plus
de 35% du territoire communautaire (soit 11376 ha), la zone est constituée principalement
de trois types de sols : Dieri (93%), Djédjogol (6%) et Hollaldé (1%). L’élevage pastoral
constitue la principale activité économique de cette zone qui est l’une à avoir une
ouverture sur le Ndialakhar (défluent du fleuve Sénégal). Les terres les plus convoitées
par les investisseurs privés sont dans ce secteur (installations de la SCL et de Sen-huile).
L’agriculture pluviale constitue la seconde activité avec des superficies qui avoisinent
10% (soit 1147) de l’ensemble du territoire communautaire. Une bonne partie de la zone
est cependant sous l’emprise d’une aire protégée, celle de la forêt classée de Mpal qui
couvre 16% de la zone (soit 1868 ha).
zone de Thiagnaldé 2 – Elle correspond à la partie nord-est de la CR et fait frontière avec
les communautés rurales de Keur Momar Sarr et Sakal (région de Louga). Cette zone
couvre près de 21% du territoire de la CR (soit 6682 ha) dont 7% sous l’emprise de la
forêt classée de Rao. L’agriculture pluviale est très développée dans cette espace et
concerne une superficie de 3646 ha soit 55% de la zone qui est entièrement couverte par
du sol Dieri. L’élevage y est également pratiqué, avec une zone pastorale (ZP) qui occupe
20% du territoire.
Les terres de la CR sont situées, en grande partie, dans le Dieri avec certaines parties
(nord/ouest) touchant à la zone d’influence du Ngalam/Ndialakhar dont une partie des terres
est de type Dèk-dior (sablo-argileux). L’aménagement du Ngalam comme chenal-adducteur et
sa connexion avec les autres marigots du Ndialakhar grâce à des ouvrages hydrauliques
pourrait permettre l’irrigation d’une part importante des terres de la CR.
1 – PEUPLEMENT ET POPULATION
37
effectifs démographiques, il apparait que la population s’est nettement accrue entre 1988 et
2002, passant respectivement de 7.272 habitants à 12.008 habitants, soit une augmentation
de 65,12% en quatorze ans (tableau 1). En 2002, la population se répartit dans 843
concessions ou carrés, contre 643 en 1988, soit respectivement en moyenne, 15 et 12
personnes/concession.
Les projections démographiques de l’ANSD estiment la population à 20.908 habitants en
2013 et à 22.043 à l’horizon 2015.
Tableau 1 : Évolution de la population de la CR de Fass et projections démographiques
(Source ANSD)
38
Dans l’ensemble, 15 % de la population en 2002 vit dans des villages des moins de 200
habitants, 35% dans des villages de 300 à 500 habitants et presque autant dans des villages de
plus de 1.000 âmes (tableau 2). Toutefois, le nombre important d’établissements humains de
moins de 100 habitants (61%), témoigne d’une relative dispersion de l’habitat, révélatrice de
l’importance du pastoralisme.
39
Carte 2 : Densités de population selon les zones de gestion
Il ressort des enquêtes de terrain que la majorité de la population considère les zones Dieri et
Fass comme étant saturée ou totalement appropriées. Seules les zones de Thiagnaldé 1 et 2
auraient des terres disponibles pour accueillir de grands projets.
Toutefois, une bonne partie des habitants, et notamment du conseil, semble occulter le fait
que ces deux zones sont des espaces de parcours. De fait, ils minimisent les usages pastoraux
de l’espace et marginalisent les peuls qui constituent le second groupe démographique de la
CR. L’affectation d’un terrain de 5.000 ha dans les zones de Thiagnaldé 1 et Fass qui vient
d’être faite (février 2013) au profit de Sen-huile réduit fortement l’espace pastoral et
l’installation d’autres investisseurs devrait se faire en considérant davantage cette situation, au
risque d’exacerber les contraintes pour l’élevage et de créer des tensions dans ces zones de
repli du pastoralisme.
40
2. ACTIVITES ECONOMIQUES ET UTILISATION DES RESSOURCES
NATURELLES
Les populations de la communauté rurale de Fass s’activent principalement dans le secteur
primaire et principalement l’agriculture, qui constitue la première source de revenus des
ménages. Les activités agricoles sont essentiellement l’agriculture pluviale, le maraichage,
l’arboriculture fruitière auxquelles s’ajoutent d’autres activités comme la foresterie, la pêche,
et le tourisme. En raison des faibles disponibilités en eau de surface, l’agriculture irriguée
telle que pratiquée dans le Delta est peu développée.
2.1 L’agriculture
L’agriculture est la principale activité économique. Elle est pratiquée sous 3 formes :
agriculture pluviale, maraichage et arboriculture fruitière.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
Elle constitue l’activité la plus pratiquée par la population et occupe près de 99,4% des
ménages agricoles (FAO, Ministère Agriculture 1998). Elle s’exerce dans les terres sableuses
du Dieri, où se concentrent près de 80% des terres emblavées, notamment dans les zones
Dieri et de Fass où ces cultures sont très pratiquées autour des villages de Gono Cadior,
Mpal, Bidiame Mouride, de Tabou, de Mbakhasse Peul, de Keur Gora Diagne, etc.
Les principaux types de cultures sont l’arachide, le mil, le beref, le niébé, le bissap et la
pastèque. Les superficies annuellement mise en valeur tournent autour de 11.000 ha, dont les
37% (soit 4.070 ha) pour la culture de l’arachide (POAS, 2010). Cependant, cette activité
connait un recul avec entre autres causes l’irrégularité interannuelle et la baisse de la
pluviométrie, mais aussi la cherté des intrants agricoles.
2.1.2 L’arboriculture fruitière
Cette activité est pratiquée dans quelques villages de la communauté rurale (Khatali 1,
Khatete Gaye, Tabou, Keur Amadou Ndiaye 2, etc.) et occupe 4,6% des ménages agricoles.
Les plantes cultivées dominantes sont les manguiers, les agrumes (citronniers, pomelos…),
etc.
2.1.3. Le maraichage
Elle constitue une importante source de revenus pour les populations concernées, près de
32,2% des ménages agricoles. Après un recul dans les années 1980, elle bénéficie
actuellement de l’appui d’ONG comme Plan international et Hunger- Project (POAS, SAED,
2010). Elle se pratique dans certaines localités de la zone dieri, surtout dans les villages (ou
hameaux) de Mbathiass, Mbaye-Mbaye Fall, Khataly, Mbaye-Mbaye Sarr, Gonio
Bambara, Gonio Cadior, Takh Mbeut wolof, Gatty-Tef, etc.
Les cultures sont irriguées par arrosage à partir de puits creusés dans les champs. Les
principales spéculations produites sont l’oignon, la tomate, le gombo, l’aubergine, etc. (PLD,
CR de Fass, 2011). Le maraichage fait face à quelques contraintes qui ont pour causes la
dégradation des sols sous l’effet de la salinisation de la nappe et la dégradation des sols sous
l’effet de l’érosion éolienne, mais aussi la difficulté d’accès aux facteurs de productions, etc.
2.2. L’élevage
Deuxième domaine activité de la population après l’agriculture, l’élevage est pratiqué par plus
de 92% des ménages agricoles (FAO, Ministère Agriculture 1998). Il est pratiqué dans la
quasi-totalité des villages de la communauté rurale sous ses différentes formes, avec un
41
cheptel varié estimé à près de 52.740 têtes, dominé par la volaille (34,1%) et les petits
ruminants (ovins et caprins) (tableau 4).
Tableau 4 : Cheptel de la CR de Fass Ngom 2010
Espèces Bovins Ovins Caprins Equins Asins Volaille
Effectifs 6.000 15.000 12.000 1.200 540 18.000
% 11,4% 28,4% 22,8% 2,3% 1% 34,1%
Source : PLD de la CR de Fass Ngom, 2011 (Poste vétérinaire de Fass Ngom).
L’élevage est pratiqué de manière extensive dans la CR dans les différents espaces de
parcours autour des villages de Gono Cadior, Mpal, Mbakhasse peulh, Bidiale Mouride,
Tabou, etc. Cette une activité traditionnelle pour les peuls qui la pratique de deux manières :
certains d’entre eux se consacrent exclusivement à l’élevage alors qu’une autre partie, tout en
l’exerçant, l’associe à l’agriculture. La pratique de l’élevage est rythmée par la transhumance
et/ou le nomadisme pastoral marqué par la recherche de pâturage naturel pour l’alimentation
du bétail et de point d’eau pour les abreuver. Dans le cadre de l’élaboration du POAS, les
populations ont identifié deux ouvertures sur les cours d’eau, et près de 29 mares temporaires
en plus de 20 abreuvoirs officiels.
Quelques expériences de stabulation (bovine, ovine et d’aviculture) sont développées par des
organisations communautaires de base (GIE, GPF) ou par des initiatives privées. Quelques
ménages pratiquent de l’embouche ovine ainsi qu’un élevage de volailles locales. Toutefois le
système d’élevage reste principalement traditionnel.
Les principales contraintes du secteur de l’élevage sont entre autres l’insuffisance du potentiel
fourrager et les difficultés d’abreuvement du bétail en raison du manque d’eau de surface qui
oblige à une transhumance hors des limites de la CR.
42
2.3.2 La pêche
La pêche se rencontre essentiellement dans la zone du Thiagnaldé et principalement dans les
villages de Keur Amadou Ndiaye 2, Takhmbeut Wollof, de Fass Ngom, Khelcom Diop,
Mbaye Mbaye et Mpaye. Elle se pratique dans le Ndiassew (POAS CR de Fass Ngom, SAED,
2010). La quasi-totalité des prises est autoconsommée ou vendue au niveau des marchés
communautaires. Le poids de l’activité dans l’économie des ménages concernés, 3% des
ménages agricoles, est relativement faible. Le caractère localisé de l’activité et son faible
poids économique sont sans doute les facteurs qui expliquent que la transformation des
produits de la pêche n’est pas développée dans la CR.
2.3.3 Le tourisme
L’activité touristique est assez marginale dans la communauté rurale malgré l’existence d’un
potentiel qui reste à être valoriser. La zone concentre des espaces d’intérêts cynégétiques qui
constituent plus de 21% de l’espace communautaire (forêt classée de Mpal, forêt classée de
Rao et la Réserve sylvopastorale). Toutefois, un seul campement se trouve dans la
communauté rurale et il n’existe aucune organisation communautaire qui s’active pour une
promotion du secteur. Il est à noter un afflux périodique de pèlerins dans la CR en raison de la
présence d’un important foyer religieux de la confrérie Tidjane (famille religieuse de Mame
Rawane Ngom).
43
Tableau 6 : Activités des ménages ruraux de la CR de Fass Ngom
Effectif des ménages ruraux agricoles Ménages
Village de concessions Ménages Ménages
Agric. Prod. Prod. ruraux dans
référence Rurales ruraux agricoles Forestière Elevage
pluviale Maraich. fruitière la pèche
1 Ndiobène 42 72 67 66 2 1 15 65 0
Keur Amadou
3 69 82 82 82 81 7 0 75 15
Ndiaye 2
4 Tabou 111 154 149 148 83 8 15 140 15
5 Khatete Gaye 53 62 61 60 30 9 24 59 1
6 Khatali 1 56 67 67 67 60 19 19 64 0
Bidiale
7 97 122 122 122 116 0 120 117 5
Mouride
Mbakhasse
8 101 136 131 131 14 6 15 125 1
peulh
9 Gatty teff 52 74 74 74 29 0 73 69 13
Keur Gora
10 66 90 90 90 0 6 30 89 0
Diagne Nar
11 Teude Bity 39 44 44 44 0 1 1 44 0
12 Gono Cadior 169 254 249 249 86 1 164 247 0
13 Mpal 317 379 268 266 9 6 23 218 6
Total 1182 1535 1402 1394 451 64 499 1290 42
% 91,3 99,4 32,2 4,6 35,6 92,01 3
Sources FAO/Ministère agriculture, RNA, 1999.
2 RESSOURCES EN EAU, RESEAUX HYDRAULIQUES ET SUPERFICIES
CULTIVEES EN IRRIGUE
3.1 Ressources en eau et infrastructures hydrauliques
44
4. ESTIMATION DES NIVEAUX DE PRODUCTION ET DE LEURS APPORTS
DANS L’ECONOMIE LOCALE
A l’échelle de la CR, les données sur le volume de la production et sa valeur ne sont
disponibles ni au niveau du CADL, ni de celui de la Direction Régionale du Développement
Rural (DRDR) qui s’occupent de l’appui conseil aux producteurs.
45
- les Associations de Développement. Au nombre de 13, dont 7 dans la zone du Dieri, 4
dans la zone de Fass et enfin 2 associations Thiagnaldé 2. Elles ont pour objectif la
promotion et le développement global du village.
D’autres organisations spécialisées existent dans la CR :
- la Maison Des Eleveurs (MDE) qui fédère l’ensemble des éleveurs de la CR ;
- Natta Rao, qui fait la promotion du maraichage dans la zone de Rao ;
- Sukkali Fass (qui s’occupe de la gestion des ressources naturelles, notamment autour
de la réserve communautaire de Mpal.
46
Tableau 7 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Fass Ngom
Conseil rural
Indicateur Effectif %
Moins de 35 ans 00 0
35-60 ans 31 69%
Age
Plus de 60 ans 14 31%
Total 45 100%
Femmes 07 16%
Sexe Hommes 38 84%
Total 45 100%
Primaire 03 7%
Secondaire 04 9%
Supérieur 02 4%
Niveau d’instruction Arabe/Coran 16 36%
Aucun 17 38%
Alphabétisation langue national 03 7%
Total 45 100%
Cultivateurs 25 56%
Eleveurs 05 11%
Enseignants 02 4%
Catégories Ménagères 05 11%
socioprofessionnelles Artisans 03 7%
Chauffeur 03 7%
Autres 02 4%
Total 45 100%
Ethnie Wolofs 35 78%
Peuls 10 22%
Total 45 100%
Fass 25 55%
Répartition selon Thiagnaldé 1 04 9%
zones d’origine Thiagnaldé 2 07 16%
Dieri 09 20%
Total 45 100%
Source : PLD 2010 et enquêtes auprès du Conseil rural de Fass Ngom
Comme partout dans les collectivités locales du pays, les femmes sont largement minoritaires
et ne représentent que 16% de l’ensemble des conseillers (ce qui est assez élevé cependant si
l’on considère d’autres CR de la VFS). Le conseil est composé en majorité de « novices » qui
en sont à leur premier mandat (79,5% des conseillers), 11,4% font un second mandat et 10%
en sont à leur 3ème mandat, au moins.
La répartition des conseillers est très inégale si l’on considère leurs zones d’origine ou
d’appartenance avec 55% des conseillers qui vienne de Fass, 20% dans la zone Dieri et 16% à
Thiagnaldé 1, contre seulement 9% seulement de la zone de Thiagnaldé. Ce qui traduit une
faible représentativité des peuls (éleveurs). La répartition des conseillers suivant le niveau
d’instruction montre un faible taux d’élus scolarisés, seulement 29%, dont 16% qui ont été à
l’école élémentaire, 10% qui ont atteint le secondaire et seulement 3% le niveau du supérieur,
le reste étant scolarisé en langue arabe. Nombreux sont les conseillers qui éprouvent
d’énormes difficultés à participer activement dans la gestion administrative et financière des
affaires locales.
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement du Conseil Rural est articulé autour d’un organe exécutif et d’un organe
délibérant. L’organe exécutif comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Ce bureau exécutif est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des lois
47
ainsi que des décisions du Conseil Rural sous l’autorité du sous-préfet. En tant
qu’ordonnateur du budget, le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
Le Conseil Rural de 45 membres constitue l’organe délibérant. Il est au cœur de la
gouvernance locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de la
collectivité locale, notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de
développement économique et social. Il est assisté par une assistante communautaire
(ASCOM) qui l’appui dans ses différentes fonctions.
Le Conseil Rural de Fass Ngom a mis en place 13 Commissions techniques composées de
conseillers ruraux et présidées par l’un d’entre eux (deux commissions sont présidées par des
femmes). Ces commissions techniques ont en charge chacune, la prise en charge des
questions d’un des secteurs du développement économique, social et environnemental de la
CR. Chaque commission peut s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou
régionaux ainsi que des personnes ressources pour traiter des différentes questions relatives à
son secteur et proposer des solutions au conseil. Cependant, il apparait que seules les
commissions Domaniale, de l’Environnement, de la Jeunesse et Sports et de la Santé sont
fonctionnelles et disposent chacune d’un plan d’actions qui est en train d’être mis en œuvre.
Ce problème est dû en partie à la mauvaise compréhension par les conseillers de leurs rôles et
missions (PLD, CR de Fass, 2011).
Les chefs de village sont dans la pratique des acteurs incontournables dans la gestion du
foncier et le processus de prise de décision concernant leurs villages. Auxiliaires de l’état et
1ers représentants officiels des populations, ils sont souvent sollicités pour la médiation
sociale (conflits fonciers, familiaux, etc.) et participent à certaines prises de décisions dans la
CR. Ils sont membres de droit de la commission domaniale quand les terres sollicitées se
trouvent dans le terroir villageois.
Le Conseil Rural bénéficie dans ses différentes fonctions de l’assistance des services
déconcentrés de l’Etat, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui au développement
local (CADL) de l’arrondissement de Rao. Il peut également mobiliser les services
techniques départementaux ou régionaux (SAED, ANCAR, les services des Eaux et Forêts, de
l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, du Cadastre, Domaine, etc.). Le Conseil Rural
de Fass bénéficie dans plusieurs secteurs d’activités de l’appui-conseil de projets (le
PACR/FVD financé par l’AFD, le PNDL, etc.) et d’ONG (Plan Sénégal, RADI, GREEN
Sénégal, PRP, etc.).
48
6.2.2. Les recettes d’investissement
Elles proviennent du Fonds de concours du PNDL, des Fonds de concours de l’Etat, de
l’excédent de fonctionnement capitalisé et de la participation des populations locales. Pour
une prévision de 125.334.079 FCFA dans l’exercice du budget de 2010, seulement
35.147.912 FCFA ont été réalisés, soit un taux 28 % (Budget CR de Fass, 2010, PLD, 2011).
49
Tableau 8 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de Fass Ngom (Sources PACR + enquêtes février 2013)
Usages Agricole Habitation Autres Total
Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha)
Affectations
773 8363,57 497 82,2 9 3,546 1279 8449,4
% 60,44 99 38,86 0,9 0,7 0,1 100 100
Sup (ha) 148 77 307 41 144 150 105,1 285,1 5468,1 209,9 464,4 963,9 8363,6
% sup. 1,8 0,9 3,7 0,5 1,7 1,8 1,3 3,4 65, 3 2,5 5,6 11,5 100
Le nouveau Conseil Rural installé depuis 2009 a affecté plus de 7.100 ha de terres à usage
agricole, soit 85 % des superficies attribuées entre 1998 et 2012. Cette superficie a bénéficié
404 affectataires, soit 52% du total.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
L’essentiel des affectataires de terres dans la CR de Fass n’ont pas de statut juridique, il s’agit
de personnes qui a titre individuel ou en tant que chef de ménage ou de famille ont émis des
demandes d’affectation de terrains. Ils représentent près de 95,6% des affectataires et 35,7%
des superficies. Les Associations villageoises constituent 1,8% des affectataires (pour 1,9%
des superficies affectées), suivent les GPF 1,2% des affectataires, les GIE avec seulement
1,1% des affectataires pour près de 0,5% des terres affectées (tableau 10). Il y a une seule OP
est affectataire de 50 ha, soit 0.6%.
Tableau 10 : Statut des affectataires des terres à usage agricole.
Statut AVD GIE GPF Individ Société OP Total
Nombre 14 7 9 739 2 1 773
Sup ha 157,2 40 24,3 2992,1 5100 50 8363,6
On compte deux sociétés qui bénéficient à elles deux de 5.100 ha, soit de près de 61% des
superficies affectées. Il s’agit de la SCL pour 100 ha en 2012, destinés à des productions
horticole et de ITALSENEGAL, affectataire en 2009 de 5.000 ha pour des productions
agricoles et de biocarburants (Jatropha). ITALSENGAL n’a pas mis en valeur ces terres,
50
l’étude d’impact environnemental qui lui a été demandée au préalable, n’a pas été réalisée. Au
cours du mois de février 2013, SENHUILE a entrepris des négociations avec le Conseil
Rural pour se faire affecter ces 5.000 ha, après semble t-il, un désistement écrit de
ITALSENEGAL.
7.2.3 Importance et distribution des affectations supérieures ou égales à 10 hectares
La très grande majorité des affectataires de superficies à usage agricole ont bénéficié de
superficies de petite taille. Les affectataires ayant obtenu des superficies supérieures ou égales
à 10 ha sont au nombre de 76, soit 9,7% du total (tableau 11). La grande majorité de ces
affectataires sont des nationaux qui vivent dans la CR (94%), le reste étant constitué de non-
résidents (3%) et d’étrangers (3%).
Tableau 11 : Distribution des affectations foncière selon la superficie
Taille des parcelles affectées
Total
Sup. 10 11 12 14 15 17 20 21 23 25 30 34 50 70 100 5000
Nbre 35 1 8 1 4 1 13 1 1 1 6 1 1 1 1 1 76
affectat.
et % 46,6 1,3 10,6 1,3 5.3 1,3 17,3 1,3 1,3 1,3 8 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 100
Les affectations les plus courantes portent sur 10 ha, 12 et 20 ha (74,5 % du total). Seules
deux affectations atteignent ou dépassent les 100 ha et sont aux bénéfices d’investisseurs
privés. Plus de 97% de ces affectations ont été installés par la commission domaniale c'est-à-
dire que leurs parcelles ont été clairement identifiées et localisées. Les deux affectations à ne
pas être installées remontent à 2008 (20 ha à Fass pour l’union communautaire de Mpal et 70
à Thiagnaldé 1 pour les jeunes de Fass dans le cadre de la GOANA.
Près des 2/3 des superficies affectées se trouvent dans la zone de Thiagnaldé 1 (64,7%). Cette
zone bénéficie de la plus large ouverture sur le Ndialakhar, principale source d’eau de la CR.
En plus, elle accueille la plus grande affectation de terre (5.000ha) au bénéfice
d’ITALSENSGAL (que négocie SENHUILE). Suivent les zones de Fass (15% des superficies
affectées) et de Dieri (13%).
Contrairement aux autres CR de la zone du projet, la CR de Fass est tout comme celle de
Ndiébène Gandiole, assez éloignée des principales sources d’eau de surface. Les principales
3
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
51
cultures se font en pluviales ou en maraichages arrosée à partir des puits surtout dans la zone
Dieri, considérée comme une zone saturée et quasi-totalement occupée par la population. Les
zones de Thiagnaldé 1 et 2 ont des terres jugées disponibles une partie de la population,
nonobstant l’importance des parcours pastoraux. Toutefois, leur mise en valeur en irrigué
nécessite des investissements importants pour l’amenée d’eau, mais également une prise en
compte de l’élevage.
52
- employer en priorité les ressortissants des villages alentours et de la communauté
rurale, si les compétences sont disponibles (600 emplois au démarrage) ;
- aménager et rétrocéder aux populations 1 000 ha (20%) sur les 5.000 ha affectés.
- participer aux œuvres et activités sociales dans les villages impactés.
La zone concernée par le projet est inhabitée et n’était pas exploitée, pour l’essentiel, ce qui a
contribué à faciliter son acceptation. Pour les pasteurs de la zone, la société s’est engagée à
mettre en place des abreuvoirs pour l’abreuvement du bétail.
Actuellement, le projet est à l’arrêt car après avis des services techniques, il a été demandé à
la société de faire une étude d’impact environnemental du projet, ce qu’elle n’a pas accepté.
Ce blocage est survenu alors que les promoteurs avaient déjà commencé à apporter leurs
matériels.
8.1.2 Le Projet de la Société de Culture Légumière (SCL)
En mai 2012, une superficie de 300 ha a été affectée, encore dans la zone de Thiagnaldé 1
(Ndialakhar), à la Société de Cultures Légumières (SCL). Cette société française, déjà
installée dans la CR de Diama depuis une dizaine d’années, cherchait des terres pour
l’extension de ses activités. La SCL a obtenu 600 ha dans la zone du Ndialakhar, à cheval sur
les CR de Gandon et de Fass. Pour la CR de Fass une délibération portant sur 100 ha (N°6-
05-2012 du 24 mai 2012) a été faite par la société.
Le processus de négociations a commencé en début 2012 avec le Conseil Rural. Un des
employés de la société a servi d’intermédiaire. Avant d’introduire sa demande d’affectation,
la société a invité le Conseil Rural (PCR, président Commission Domaniale, quelques
conseillers), le sous-préfet, le CADL, les chefs de village de la zone ciblée, à venir visiter les
installations réalisées dans la CR de Diama pour se rendre compte de leur importance et
échanger sur les avantages à tirer d’une réplique de ce projet dans la CR de Fass.
Par la suite, la SCL a présenté les détails techniques du projet et les effets attendus au cours
d’une rencontre avec des chefs de services techniques départementaux, le sous-préfet, le PCR
et les chefs de villages. En accord avec le Conseil Rural, elle a entrepris avec la SAED un état
des lieux des tenures foncières dans la zone concernée, les formes de mises en valeur
possibles et l’identification du disponible foncier.
Fort de ces différents éléments, le Conseil Rural a affecté 100 ha à la société, avec possibilités
d’extension si ses engagements vis-à-vis de la CR sont respectés (il semble que la société
souhaitait beaucoup plus de 100 ha).
Après cette délibération et avant l’installation du projet, le Conseil Rural, sur conseil des
services techniques, a demandé à la SCL de réaliser une étude d’impact environnemental du
projet dans les villages concernés. Pour ce faire, la SCL a financé les prestations d’un bureau
d’étude qui a effectué le travail et les résultats ont été récemment restitués (28 janvier 2013)
devant une commission regroupant les services techniques de l’arrondissement et le sous-
préfet. Il s’avère que les résultats de cette étude sont favorables à l’installation du projet.
Ainsi, le conseil a procédé au bornage de l’affectation en fixant les frais à 10 000 F CFA par
ha.
La SCL n’a pas encore signé de contrat avec le Conseil Rural ou les villages impactés, même
si elle a pris des engagements fermes quant à la contrepartie qu’elle devra octroyer à la
collectivité locale. Ces engagements sont, entre autres :
- priorité d’emploi aux populations des villages impactés ;
53
- réalisation de cultures fourragères et mise à disposition de résidus de récolte pour les
éleveurs ;
- réalisation de piste de production ;
- contribution aux activités sociales de la CR (écoles, centres de santé, mosquée et
manifestations religieuses, etc.) ;
- électrification des villages impactés par le projet.
8.1.3 Sen Ethanol
Après avoir quitté Fanaye suite à l’opposition véhémente des populations à son installation, la
société SenEthanol s’est installée dans les CR de Ngnith, Ronkh et Diama, sur 20.000 ha
relevant de la gestion de l’État (terres déclassées de la réserve du Ndiael). Bien que ces terres
ne soient pas encore toutes mises en valeur, la société a introduit une nouvelle demande de 5
000 ha dans la CR de Fass. La CR ne disposant pas de terres disponibles, l’idée est
actuellement de :
- lui réattribuer 5.000 ha affectés en 2009 à une autre société, ITALSENEGAL, qui ne les a
jamais mis en valeur. Cette réaffectation aurait lieu soit après désaffectation, soit après
renonciation de cette dernière société à son affectation. La seconde procédure serait,
semble-t-il, privilégiée parce que plus rapide dans la mesure où elle permettrait d’éviter
d’attendre le délai d’un an, nécessaire après notification d’une mise en demeure, avant de
pouvoir procéder à la désaffectation (décret 72-1288). Il faut noter que même si cette
pratique est illégale, la procédure de renonciation est souvent accompagnée d’une somme
de dédommagement que le nouvel affecté remet à l’ancien affectataire pour qu’il accepte
cette renonciation. Dans le cas d’une tractation entre deux sociétés à capitaux italiens
ayant peut-être des liens entre elles, cette tractation peut apparaitre douteuse.
- Des discussions ont été entamées avec l’État et la CR pour affecter à Senethanol des terres
de la forêt classée de Fass Ngom, sur le même principe que la tractation sur la réserve du
Ndiael. Les populations résidant dans la zone de la forêt sont très inquiètes et l’ont
exprimé auprès du Conseil Rural lors de nos ateliers.
9. CONCLUSION
La CR a acquis de par ses premières expériences avec l’agribusiness une capacité suffisante
pour établir des conditions et contreparties acceptables socialement. Cependant, contrairement
à d’autres CR, il ne s’agit encore que d’arrangements récents qui n’ont pas encore été mis en
application. Connaissant les difficultés qu’ont connues d’autres CR (voir fiche de Ngnith)
pour le respect de ces engagements par les deux parties, on peut dire qu’une partie de
54
l’expérience leur manque encore. Les apports des prochains livrables de cette consultation lui
seront très utiles.
Le Conseil Rural de Fass Ngom est très favorable à l’installation du PDIDAS. Les zones sur
lesquelles le Conseil souhaite l’installation correspondent à la zone de sols sableux (Dieri) qui
est encore trop éloignée de points d’eau pour être exploitée par l’agriculture irriguée.
C’est donc une zone enclavée (zone Poas de Thianaldé), utilisée par les agropasteurs. De par
son enclavement, elle est extrêmement peu représentée dans les ateliers de concertation des
différentes missions, et dialoguer efficacement avec ces populations nécessite d’organiser des
séances spécifiques directement dans le terroir enclavé.
L’antécédent de l’entreprise Senethanol laisse des traces très vives chez les populations de
cette zone, d’autant plus qu’elles sont en zone périphérique du Ndiael, nouvelle zone
d’installation de cette entreprise. De plus, le fait que cette entreprise négocie actuellement son
installation sur la CR dans le périmètre d’une forêt classée où les populations installées et ne
seraient pas reconnues (« vos résidences n’apparaissent pas sur les cartes –dixit le PCR »),
soulève encore plus d’opposition a priori au PDIDAS.
À cette « affaire Senethanol » se rajoute dans l’esprit des paysans de la zone l’échec de l’
« Agropole », installé sur leur terres (cf. ci-dessus point 8.2). Tous ces antécédents pourrissent
la situation pour l’installation d’un agribusiness.
Convaincre et rassurer les populations de ces zones demandera de mener un travail spécifique
sur de longs mois en ayant à sa disposition les informations techniques relatives aux scenarios
de faisabilité technique de l’amener de l’eau. Il sera fourni dans le livrable A3 un guide et des
propositions pour réussir cette négociation.
55
Références bibliographiques
D’Aquino P, Seck S. M., Cissokho A., 2000 : De l’irrigation administrée à une gestion
concertée du territoire : le Plan d’occupation et d’affectation des sols (POAS), une
démarche pour une évolution des modes de prise de décision. In Pour un
développement durable de l’agriculture irriguée dans la zone soudano-sahélienne –
Sénégal, Mali, Mauritanie, Niger Sénégal-, Editions PSI/WECARD-CORAF,
Dakar, juin 2000, p 358 – 374.
MCA, CIRAD, FIT, SONED, 2011a : Frontières administratives et classification des terres.
Rapport sur les institutions, acteurs, systèmes et pratiques actuels de
l’administration foncière. Dakar, MCA, septembre 2011, 94 p.
MCA, CIRAD, FIT, SONED, 2011b: Evaluation des outils et pratiques existants de gestion
foncière. Rapport sur les systèmes d’administration des terres MCA, Dakar, 83 p.
SAED, 2010. Plan d’occupation et d’affection des sols de la (POAS), communauté rurale de
Fass Ngom.
SEMIS, 2011. PLHA Communauté rurale de Fass Ngom, Direction de l’hydraulique rurale,
PEPAM, Sous-programme PEPAM IDA, décembre 2011, 28 pages.
56
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
57
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE……………………………….59
1. PEUPLEMENT ET POPULATION…………………………………………………………….60
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..……...60
1.2. Distribution spatiale de la population……………………………………..…….61
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ……..………...….62
58
6.1.3 Un Conseil Rural en plein dysfonctionnement……………..……...……….………......74
6.2. Les ressources financières de la CR ………………………...………………......74
6.2. 1. Les recettes de fonctionnement ……………………………………………….75
6.2. 2. Les recettes d’investissement ……………………………………………...….75
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………………......75
6.3. 1. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs …………………………………….75
6.3. 2. Conflits entre agriculteurs …………………………………………….…..….76
6.3. 3. Conflits relatif aux limites communautaires …………….………………..….76
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........82
59
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
La communauté rurale de Gandon est située dans l’arrondissement de Rao (qu’elle forme avec
les communautés rurales de Ndiébéne Gandiole et de Fass Ngom), du département de Saint-
Louis. Elle a été créée en 2008 suite à une scission de l’ancienne communauté rurale de
Gandon (décret 2008-1495 du 31 décembre 2008 modifiant le décret 2008-74 du 10 juillet
60
2008). Elle est limitée à l’ouest par la CR de Ndiébéne Gandiole, au Nord-Ouest par la
Commune de Saint-Louis, au Nord-Est par la communauté rurale Diama (département de
Dagana), à l’est par la communauté rurale de Fass Ngom, au Sud par celle de Léona et au
Sud-Est par la communauté rurale de Sakal (région de Louga).
A travers son POAS, la CR a institué six (6) zones de gestion :
la zone de gestion de Gandon qui correspond à la partie Sud-Ouest de la communauté
rurale, elle est limitée par la frontière avec la CR de de Ndiébéne Gandiole à l’Ouest ;
la zone de gestion de Ndiébéne Toubé, qui se situe dans la partie Ouest de la CR et fait
frontière avec la commune de Saint-Louis ;
la zone de gestion du Gorom Lampsar qui correspond à la partie Nord de la CR et fait
office de limites avec le Fleuve Sénégal et la CR de Diama ;
la zone du Ndiassew, qui se trouve dans la partie Nord-Est de la CR et fait frontières avec
les CR de Diama et de Fass Ngom ;
la zone de gestion du Ndialakhar qui occupe la partie Est de la CR et Fait frontière avec la
CR de Fass Ngom ;
la zone Dieri, qui occupe la partie Sud de la CR et fait frontière avec la CR de Ndiébéne
Gandiole à l’Ouest, la CR de Fass à l’Ouest, les CR de Sakal et Léona au Sud.
La CR est la plus proche voisine de la commune de Saint Louis qu’elle ceinture ; elle est, de
ce fait, son arrière-pays immédiat avec une polarisation induite dans beaucoup de domaines
(échanges commerciaux, services sanitaires, administratifs, etc.).
1 – PEUPLEMENT ET POPULATION
61
Tableau 1 : Évolution de la population de Gandon
62
La distribution des villages par classe de population (tableau 2) montre que près de 69%
villages ont moins de 500 habitants tandis que 5 villages (9,8%) ayant plus de 1.000 habitants,
concentrent 31,3% de la population totale. La même situation s’observe en considérant les
projections démographiques en 2015 avec une tendance au renforcement de la concentration
de la population dans les gros villages. A cet horizon, 1/5ème des villages rassemble 53% de la
population.
Les localités de moins de 100 habitants sont pour l’essentiel des hameaux d’éleveurs situés
dans la partie sud de la CR et font partie de la zone Dieri est à vocation pastorale. En
revanche, les plus gros villages se rencontrent aux abords de la route nationale, du fleuve
Sénégal ou de ses défluents ainsi qu’à proximité de la ville de Saint-Louis, dont ils subissent
les effets de la poussée démographique et de la pression pour le foncier à bâtir.
63
Carte 2 : Densités de population selon les zones POAS
2.1. L’agriculture
Elles concernent l’agriculture sous-pluie et de décrue, le maraichage et l’arboriculture
fruitière et l’agriculture irriguée avec cependant des proportions moindre que celles des autres
communautés rurales du Delta. Il n’a été possible de trouver auprès du CADL des statistiques
fiables concernant l’importance de ces activités. Les services de la direction régionale du
développement rural (DRDR) procède depuis une plus d’une décennie par sondage et
n’établit plus des statistiques agricoles au niveau communauté rurale. La base de données
SAED sur la culture irriguée n’est pas désagrégée à l’échelle CR.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie et de décrue
L’agriculture sous-pluie se rencontre dans quasiment toute la CR, mais surtout dans les zones
de Maka Toubé, mais aussi de Rao et du Dieri. Elle est pratiquée par près de 90% des
ménages qui s’activent dans le secteur rural (FAO, Ministère agriculture, 1998). Les
64
principales spéculations cultivées sont l’arachide, le niébé, la pastèque, le mil, etc. cette
agriculture est confrontée à l’appauvrissement continue des sols et surtout à la forte variabilité
de la pluviométrie, la communauté rurale se situant à la lisière septentrionale de la zone où les
cultures pluviales sont possibles.
L’agriculture de décrue est pratiquée essentiellement sur les berges du fleuve Sénégal et des
marigots. Elle est cependant en recul à cause de la salinisation des eaux de la zone, surtout
depuis l’ouverture de la brèche de la Langue de Barbarie (zone de Ndiébène-Toubé). Les
cultures de décrue dans la CR ne couvrent plus que 150 ha environ (SIG -SAED, POAS,
2010).
2.1.2 La culture maraîchère
La culture maraichère est l’une des sources de revenus les plus importantes des ménages qui
la pratique, environ 80,6% de l’ensemble des ménages de la CR (FAO, Ministère agriculture,
1998). La situation géographique de la CR à cheval entre le Delta et la zone des Niayes
(Gandiolais) en fait une zone favorable avec des conditions pédoclimatiques propice au
développement de cette activité. Les espaces de production les plus importants se situent
autour des villages de Ndialakhar wolof et peul, de Ndialakhar peuls, de Ndiébène Toubé, de
Lampsar, de Ndiawdoune, de Mbakhana, de Mbarigo. Les principales spéculations produites
sont l’oignon, la tomate, le choux, le gombo, etc.
L’importance économique et l’attachement des populations à cette activité sont tels que leurs
terrains de cultures occupent, pour les zones concernées, une grande place dans les demandes
d’affectation et de régularisation foncières auprès du Conseil Rural (PACR, 2010).
La salinisation progressive des sols et surtout eaux de la nappe qui servent à l’arrosage de la
plupart des cultures maraîchères (puits, puisards et céanes) est l’une des principales
contraintes que rencontrent cette activité. Elle se traduit à la fois par une baisse des superficies
cultivés et des rendements. Les producteurs rencontrent par ailleurs d’importantes
d’écoulement des productions résultant de l’enclavement des zones de culture et de l’absence
de bonnes pistes de production. Ces difficultés sont aggravées l’inexistence d’infrastructures
de stockage appropriés pour les productions dont la majorité sont périssables.
2.1.3. L’arboriculture fruitière
L’arboriculture fruitière est pratiquée par environ ¼ des ménages et se rencontre notamment
à Lampsar, Boudiouck, Rao Gare, Ndiébène Toube Peulh. Les principales plantations
fruitières portent sur les mangues, les papayers, les cocotiers et les agrumes (citronniers,
pomelos, …). Elle rencontre comme le maraîchage, les mêmes difficultés liées à la
salinisation des terres et des eaux de la nappe.
2.2 L’élevage
L’élevage est une activité presque aussi importante que l’agriculture dans la CR de Gandon. Il
est présent dans tous les villages et occupe plus de 87,5 des ménages qui s’activent le secteur
rural dans la CR.
Le cheptel est dominé par la volaille qui représente plus de 31% de l’effectif total. Cela est dû
en partie à l’implication de Nombreux GIE et GPF dans cette activité mais aussi la présence
de quelques fermes avicoles dans la CR, surtout dans la zone de Boudiouck. Suivant les ovins,
plus de 19% de l’ensemble du cheptel, puis les bovins qui sont moins important que dans
d’autre CR (15,45%) et pour l’essentiel concentrés dans la zone Dieri. L’existence de villages
maures dans le CR explique la relative importance de l’effectif des camelins (150 têtes).
65
Tableau 4 : Composition du cheptel de la CR de Gandon
Bovins Ovins Caprins Equins Asins Camelins volaille
66
Lampsar, Makhana, Mbarigot, Ndiaoudoune, Ngaye, Minguegne Boye, Boudiouck, Maka
Toube, Ndiébène Toube Peulh. Troisième activités dans l’économie locale, la pêche occupe
près de 29,5% des ménages. Elle donne lieu dans certains villages comme Boppou Thior,
Ndiawdoune, Lampsar, à une activité importante de transformation (salé-séché-fumé) menée
par les femmes. Quelque 29 débarcadères sont recensés et reconnus officiellement par le
Conseil Rural. Les activités de pêche enregistrent depuis une décennie un recul notable
résultant de la diminution de la ressource, que d’aucuns imputent aux effets combinés du
barrage de Diama et de l’ouverture de la brèche de Saint-Louis. Cette situation explique dans
certains villages, l’émigration des pécheurs vers d’autres zones de pêche de la Grande et de la
petite Côte (Lompoul, Kayar, Mbour…), voire vers l’Europe, en tentant l’aventure par la mer.
2.3.3 Le tourisme
La Communauté rurale de Gandon dispose d’un potentiel touristique non négligeable. Il s’agit
au plan naturel de zones d’intérêt cynégétique comme la réserve spéciale de faune de
Gueumbeul (RSFG), de l’aire marine protégée, en plus de paysages dunaires remarquables.
Elle dispose aussi de zones amodiées pour la chasse. La CR a aussi un patrimoine historique
qui renvoie à l’époque coloniale (usine des eaux de Mbakhana, premier dispositif
d’approvisionnement en eau de Saint-Louis capitale de l’AOF et sites de la tour de
Ndialakhar, etc.) et un patrimoine culturel marqué par la présence des ethnies maures et
peulhs qui ont mis en place des troupes pour la promotion de leur culture. Une des initiatives
qui vise à valoriser le tourisme au niveau local est l’exploitation touristique du site de l’usine
des eaux de Mbakhana sous le label de « cap sur Tundu Mbakhana ». Des activités d’éco-
guidages sont menées par quelques membres du GIE des éco-gardes de la RSFG qui
comprend également des membres habitant la CR de Ndiébène Gandiole. Ces activités
touristiques connaissent un essor assez limité encore, pour profiter significativement aux
populations de la CR.
2.3.4 L’artisanat
Les activités portent dans ce domaine sur l’artisanat, de production et de service. Elles
concernent la sculpture, à la couture, la coiffure la menuiserie, le tissage de nattes et de
pagnes, la cordonnerie, la forge, la confection d’oreillers et de taies en cuir. Mis à part le
regroupement des artisans de Toubé (ART), il n’existe aucune organisation formelle des
artisans dans la CR. Chaque artisan s’organise comme il peut pour trouver des clients ou
écouler sa production, vendue pour l’essentiel dans la commune de Saint-Louis. Le secteur
souffre d’un manque d’espaces ou de cadre de promotion des produits de l’artisanat local.
Outre le manque d’organisation par corps de métier, une des faiblesses du secteur artisanal
vient de son manque d’intégration avec le tourisme qui pourrait favoriser la promotion et la
valorisation des produits de l’artisanat local.
2.3.5. Les activités extractives
Elles portent sur l’exploitation du sel et celle des carrières de coquillages et de sable.
La communauté rurale compte plusieurs sites d’exploitation du sel. La récolte du sel qui est
pratiquée par les femmes donne lieu à une intense activité saisonnière et rapporte des revenus
complémentaires non négligeables aux ménages. Les exploitantes du sel viennent en majorité
des villages de Ngaye Ngaye, Diama Toubé, Ndiakhère, Ngaïna et de Gandon.
Les sites de production sont gérés par des GIE mixtes. Les membres masculins des GIE
construisent les diguettes de retenue d’eau pendant la crue et organisent la distribution des
parcelles (150 à 300 m²) aux femmes qui récoltent le sel. Les revenus tirés par parcelle varient
en moyenne de 75.000 à 100.000 CFA, dont les 2/3 reviennent à l’exploitante et le 1/3 est
67
partagé entre les membres du GIE et les caisses villageoises pour des réalisations
communautaires (PLD Gandon, 2010 ; PACR, 2010).
L’exploitation du sable et des coquillages est destinée principalement aux chantiers de la
commune de Saint-Louis. Il existe des carrières de sable dans le Dieri. Toutefois, le Conseil
Rural ne tire aucun avantage direct de ces activités, la gestion des carrières et des mines ainsi
que les autorisations les concernant ne font pas partie des compétences transférées aux
collectivités locales. Toutefois, le Conseil Rural gagnerait à s’organiser pour faire payer des
taxes de passage ou des droits de stationnement aux camionneurs, mais aussi, à faire preuve
de vigilance quant aux impacts environnementaux de l’exploitation des carrières de sables,
notamment au niveau des carrières clandestines.
68
Tableau 5 : Activités des ménages ruraux de la CR de Gandon
Villages Nb. de Ménages Ménages Nombre de ménages pratiquant l'activité
concessi Ruraux ruraux pêche
ons agricoles Agric Prod. Product Exploit. Elevage
pluviale Maraich fruitière Forestière
LAMPSAR 90 148 148 140 146 104 41 135 62
MAKHANA 55 74 68 55 62 31 2 56 24
MBARIGOT 66 87 73 66 71 38 0 71 27
NDIAWDOUNE 84 100 76 64 74 37 0 74 69
NGAYE 59 103 103 103 103 7 62 76 60
MINGUEGNE 46 53 46 44 39 1 0 39 34
BOYE
BOUDIOUCK 144 197 158 89 156 92 3 137 24
MAKA TOUBE 48 70 60 60 54 8 0 53 29
NDIEBENE 38 66 63 62 18 19 62 62 12
TOUBE PEULH
NDIEBENE 43 81 80 80 19 6 78 74 15
TOUBE OUOLOF
GANDON 51 68 61 56 42 3 59 52 1
BEKHAR 57 68 58 51 29 3 19 50 4
DIAMA TOUBA 49 72 65 64 31 4 56 48 15
NDIAKHERE 63 89 81 71 39 9 82 66 4
BOPP THIOR 81 100 100 100 100 3 0 60 95
KHELCOM DIAO 54 64 64 64 49 0 64 63 0
BAITY DIEYE 67 71 71 71 55 0 57 70 0
IBA BALLA 67 68 63 62 48 11 21 60 0
RAO GARE 119 143 125 112 110 42 24 115 10
GOUYE TOURE 51 71 70 65 62 4 14 66 6
NDIALAKHAR 52 75 71 63 55 4 19 67 7
PEULH
K. MADIOP 49 78 76 58 73 5 10 71 27
BACINE
Total 1.433 1.946 1.780 1.600 1.435 431 673 1.565 525
% 89,9% 80,6% 24,2% 37,8% 87,9% 29,5%
69
Tableau 6 : Situation des cours d’eau dans la zone du projet
Cours d’eau Longueur mini Surface lit mineur Axe
(Km) (ha)
Le Khant 13 1 570 NE/SW
Le Ngalam 15,4 2 130 NS
Le Ndiassew 11 595 NE/SW
Le Minguène 15 875 NE/SW
Le Sarré 4,5 405 NE/SW
Le Ndigeur 5,1 305 NS
Le Sosso 42 191 NE/SE/N/NE/SW
Total 106 5 980
Source: POAS 2007
Spécifiquement à la zone du projet dans la CR, la SAED/Secteur Bas delta a indiqué les
chenaux en fonction avec les usagers et les superficies concernés.
Tableau 7 : Chenaux en fonction dans la zone du projet
Nbre OP et autres
Canaux Longueur Superficie irriguée
usagers
Chénal Toolu 15 50,2 ha
bour
Chénal Lasso 32 57,5 ha
Source : la SAED/Secteur Bas delta
Il faut noter que, dans la zone du projet, le plan REVA (Ministère de l’Agriculture) a réalisé
(par le biais du Génie militaire) le canal du Gandiolais partant du Ngalam à la RN1 (près du
village de Gandon) depuis 6 ans environ. Le canal qui a connu un petit début de
fonctionnement n’est pas fonctionnel du de problèmes de calibrage et, surtout, de
d’appréciation des niveaux périodiques du Ngalam. De plus, le Plan REVA avait appuyé la
réalisation de quelques Périmètres Irrigués Villageois (PIV). Récemment, le programme
irrigation du MCA a effectué des études (en finalisation) pour l’aménagement du Ngalam
comme chenal-adducteur avec un ensemble d’ouvrages hydrauliques et son calibrage pour
permettre l’irrigation de 3 000 ha sur les terres dominées (Ngalam/Ndialakhar).
En dehors du Ngalam dont l’utilisation a été essayée (sans succès, pour le moment), les
marigots cités dans le potentiel de ressources en eau pour l’irrigation (tableau : situation des
cours d’eau dans la zone du projet) n’ont encore jamais été utilisés comme chenaux
adducteurs ; aucun programme/projet ne s’y est engagé, et les populations des terroirs n’ont
pas réuni les moyens de leur utilisation directe (canaux partant de ces marigots) pour
l’agriculture irriguée.
Dans la partie nord de la CR (au nord de la RN2) qui ne fait pas partie de la zone du projet il
existe un chenal adducteur (le Lampsar amont) à partir duquel sont irrigués un grand
périmètre public (périmètre de Lampsar) par grande station de pompage électrique et de petits
périmètres privés (PIP) entre Ndiol (frontière avec la CR de Diama) et le village de Mbarigo
ainsi que des secteurs de l’exploitation de GDS. Il faut signaler que ce chenal-adducteur est
assez proche de la zone du projet et pourrait, éventuellement, servir à irriguer une petite partie
de la zone du projet par un canal traversant la RN2 à l’image de ce qui est réalisé par le
PDMAS dans une zone de la CR de Diama voisine de la zone du projet dans Gandon.
70
3.2 - L’agriculture irriguée
Les cultures irriguées sont assez localisées dans la CR. Elles se développent aux abords du
fleuve Sénégal et des ses défluents, notamment dans les parties nord et nord-est de la CR :
dans les zones du Gorom-Lampsar, des Trois Marigots et de la vallée du Ndialakhar.
L’agriculture irriguée n’ n’atteint pas les mêmes proportions que dans d’autres collectivités du
Delta et de la vallée du Sénégal.
Le Lampsar a été le premier périmètre aménagé sur fonds publics sur 114 ha exploités par les
villages alentours. Actuellement, les superficies totales aménagées dans la CR sont de l’ordre
de 1.400 ha (SAED, POAS de Gandon, 2010). Pour l’essentiel, il s’agit de petits périmètres
privés (PIP) avec des superficies moyennes qui dépassent rarement 5 à 10 ha. Le riz constitue
la principale spéculation produite dans les périmètres publics, alors que les PIP portent plutôt
des cultures de diversification comme la tomate, l’oignon, etc.
La CR accueille aussi une grande entreprise agricole, les Grands domaines du Sénégal (GDS),
qui occupent une superficie de 365 ha. Les GDS pratiquent une agriculture irriguée sous
serres portant sur des cultures orientées vers l’exportation (maïs doux, tomates cerise, melon,
etc.). Le Conseil Rural reçu actuellement, des demandes d’affectation de terres, d’autres
entreprises agricoles ou agroindustrielles dont certains de leurs représentants ont été
rencontrés à la maison communautaire au cours de la mission. Ces demandes sont en instance
de traitement.
La CR compte près de 39 000 ha de terres cultivables dont 10 000 ha se trouvent dans la zone
de Ndialakhar selon le POAS (2010) qui estime les terres aménagées à 1 392 ha dont 7% sont
en état de dégradation ou abandonnés. L’essentiel des terres mises en valeur par irrigation
sont des périmètres irrigués privés (PIP) avec des superficies moyennes qui ne dépassent pas
5 ha. Le riz constitue la principale spéculation dans les périmètres publics, alors que dans les
PIP il est plutôt pratiqué des spéculations horticoles (tomate, oignon, etc.).
L’agriculture irriguée est surtout présente dans les zones de Ndiawdoune (partie nord) où on
trouve quelques périmètres rizicoles exploités essentiellement par les populations des villages
de Lampsar, Ndiawdoune, Mbakhana et Mbarigot ; son installation dans le
Ndialakhar/Ngalam (zone la plus indiquée pour le projet) est encore très timide.
Les superficies cultivées lors des 2 années agricoles dans la zone du projet ainsi que les
spéculations principales sont les suivantes.
Tableau 8 : Superficies cultivées en 2010/2011 et 2011/2012
Cultures 2010/11 (ha) 2011/12 (ha)
Riz 302 259,5
Tomate 86,4 134,11
Oignon 153,87 64
Autres 28,33 120
Total 570,6 577,61
Source : SAED, secteur Bas Delta
La superficie cultivée en tomate est quasiment le fait de GDS qui pratique aussi comme le
maïs doux (85 ha), l’asperge (25 ha), Piment (5,5 ha), et autres spéculations sur environ 100
ha. Ces productions sont destinées à l’exportation.
71
En perspective, les superficies cultivées dans la zone du projet de la CR devraient s’accroitre
considérablement du fait des nombreuses affectations de terre que le Conseil Rural y a
effectué lors des cinq dernières années. Ces demandes de terre émanant autant des populations
locales que de supposés investisseurs nationaux et étrangers ont été motivées par plusieurs
raisons dont le mouvement de la GOANA et les projets de création d’infrastructures
hydrauliques (chenaux, etc.) qui ont eu une certaine publicité. Par exemple, le programme
irrigation du MCA est assez avancé dans ses travaux préparatoires pour le Ngalam.
Riz 5,8 5 1 751,6 1 297,5 210 192 000 142 725 000
Tomate 43,44 44 3 753,22 5 900,84 195 167 440 306 843 680
72
Spécifiquement aux organisations paysannes actives dans l’agriculture irriguée, le résultat du
dépouillement de la base de données de la SAED/Secteur Bas Delta donne 243 entités dont
230 «Individuels»/privés.
Deux principales organisations faîtières opèrent dans la CR : l’UGPAR et le Cadre Local de
Concertation des Organisations des Producteurs (CLCOP). Des fédérations plus locales
existent au niveau des terroirs : Union Toubé/Boudiouk, Union des villages de Toubé (9
villages, 2 507 membres, 700 ha affectés par le Conseil Rural et non encore mis en valeur).
73
Tableau 10 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Gandon
Conseil rural
Caractéristiques Effectif %
Moins de 35 ans 3 6,5
35-60 ans 31 67,4
Age
Plus de 60 ans 12 26,1
Total 46 100%
Femmes 6 13
Sexe Hommes 40 87
Total 46 100%
Scolarisés 36 78,3%
Instruction
Non scolarisés 10 21,7%
Cultivateurs 13 28,3
Éleveurs 3 6,5
Enseignants 6 13
Professeurs 1 2,2
Transporteurs 3 6,5
Mécaniciens 2 4,3
Ingénieur 1 2,2
Catégories Élèves /étudiants 2 4,3
socioprofessionnelles
Animatrices 3 6,5
Commerçant 1 2,2
Employés 7 15,2
Ménagères 3 6,5
Retraité 1 2,2
Électricien 1 2,2
Total 46 100%
Ethnie Wolof 36 78,3
Peul 9 19,5
Maure 1 2,2
Total 46 100%
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement du Conseil Rural est articulé autour d’un organe exécutif et d’un organe
délibérant. L’organe exécutif est comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Il est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des lois ainsi que des
74
décisions du Conseil Rural sous l’autorité du sous-préfet. En tant qu’ordonnateur du budget,
le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
L’ensemble des 46 membres constitue l’organe délibérant du Conseil Rural. Il est au cœur de
la gouvernance locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de
la collectivité locale, notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de
développement économique et social. Il est assisté par une assistante communautaire
(ASCOM) qui l’appuie dans ses différentes fonctions.
Le Conseil Rural de Gandon a mis en place dix-huit commissions techniques, couvrant
l’ensemble des secteurs de développement économique, social et environnemental de la CR.
Chaque commission est composée de conseillers ruraux et présidée par l’un d’entre eux. Elle
peut s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que des
personnes ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer
des solutions au conseil. Dans le domaine foncier, le conseil dispose d’une commission
domaniale chargé d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière, mais les
décisions en la matière sont du ressort du conseil qui statue par délibération. Les chefs de
villages qui sont des acteurs importants dans la gestion du foncier au niveau de leur terroir,
sont membres de droit de la commission domaniale.
Il est à souligner que le Conseil Rural bénéficie dans ses différentes fonctions et tâches de
l’assistance des services déconcentrés de l’état, notamment la sous-préfecture et le centre
d’appui au développement local (CADL). Il peut également mobiliser les services techniques
départementaux ou régionaux (SAED, ANCAR, les services des Pêches, des Eaux et Forêts,
de l’Aménagement du territoire, etc.). Le Conseil Rural de Gandon bénéficie dans plusieurs
secteurs d’activités de l’appui-conseil de projets (le PACR/FVD financé par l’AFD, le
PGIES), de programmes de la coopération décentralisée (SICOVAL) et d’ONG (Plan
Sénégal, RADI, CARITAS, Croix Rouge, Compact, Océan, etc.). Les membres des
commissions du Conseil Rural ont reçu ces dernières années, notamment du PACR et de la
SAED, des formations relatives, entre autres, à l’élaboration et la gestion budgétaire, la
gestion foncière et des compétences transférées, la loi sur le domaine national, la Charte du
Domaine Irrigué (CDI). Des formations sont en cours dans les domaines de l’informatique, de
la comptabilité et la collecte des taxes rurales, de la passation de marchés de services et de
travaux, de l’élaboration et gestion de projets.
6.1.3 Un Conseil Rural en plein dysfonctionnement
Le Conseil Rural est totalement bloqué par des tensions politiques et une dégradation générale
des relations internes. Ce dysfonctionnement extrême a même entrainé le retrait d’une
coopération décentralisée ces derniers mois : le Sicoval, organisation toulousaine de
coopération décentralisée, qui intervenait depuis longtemps en appui à la CRG dans la
confection et la mise en œuvre de son POAS, a fini par jeter l’éponge face à ces
dysfonctionnements depuis plusieurs années et se retire petit à petit tout du moins d'un point
de vue appui financier. Les réunions que nous avons tenues se sont déroulées dans une
ambiance et une organisation de très mauvaise qualité, et plusieurs fois reportées. La division
et l’opposition internes entre les membres du Conseil aboutit à une situation de quasi blocage
en ce qui concerne les discussions et négociations dont un projet comme le PDIDAS a besoin.
Le comportement des dirigeants du Conseil Rural vis-à-vis des programmes d’investissement
est très difficile à interpréter, en tout cas pas raisonnable.
75
6.2. 1. Les recettes de fonctionnement
Les recettes de fonctionnement de la CR de Gandon proviennent de recettes propres que le
Conseil Rural tire de recettes fiscales (impôts et taxes), de recettes non fiscales (produits
d’exploitation et du domaine) et de recettes diverses (produits divers) d’une part, et d’autre
part de fonds de dotation de l’État.
6.2. 2. Les recettes d’investissement
Les recettes d’investissement du Conseil Rural proviennent des Fonds de concours de l’État,
Fonds de concours du PNDL, de l’excédent de fonctionnement capitalisé et de la participation
des populations locales.
Les éléments qui ont pu être recueillis concernant le budget (tableau 11), montrent une
évolution en dents de scie. Le budget du Conseil Rural a connu des hauts et des bas entre
2005 et 2008. Le relèvement du niveau du budget observé en en 2008 résulte d’une part, du
respect des engagements de l’État et d’autre part, des contributions financières de partenaires
tels que le SICOVAL et de programmes de l’État comme le PNDL et le PACR. Pour
l’essentiel, le financement du fonctionnement et des investissements de la CR reposent sur des
ressources extérieures.
Tableau 11 : Évolution du budget de la CR de Gandon de 2005 à 2008
Années Montant budget Dépenses Dépenses
fonctionnement d'investissement
2005 478 400 972 85 774 568 392 626 404
2006 345 733 471 78 329 911 267 403 560
2007 177 954 579 89 730 215 88 224 364
2008 479 367 401 166 534 532
Source : PLD, CR de Gandon, 2010, Budget Conseil rural de Gandon).
Le budget de la Communauté rurale de Gandon s’est avérée être en baisse entre 2006 et 2007
avant de revenir à un plus de la hauteur de celui de 2005 en 2008. Cette hausse en 2008 est le
fait du respect des engagements de l’État mais aussi des partenaires financiers du Conseil
Rural. Le potentiel fiscal local est cependant loin d’être recouvré, non seulement en ce qui
concerne la taxe rurale, mais également la contribution de certaines entreprises commerciales
ou agroindustrielles installées dans le territoire de la CR.
76
de village généralement saisis, jouent avec quelques notables des villages, le rôle de
médiateurs et amènent bien souvent les protagonistes à négocier. Si les deux parties n’arrivent
pas à un accord, elles saisissent le PCR qui, à défaut d’une solution à son niveau, en
informe le sous-préfet. Ce dernier donne des instructions au chef du CADL pour tenter une
nouvelle médiation ; si le problème persiste, il dresse un procès-verbal du conflit qui est
transmis à la Gendarmerie (PACR, 2010). Les cas de conflits les plus violents et les plus
fréquents entre agriculteurs et éleveurs sont notés dans les villages de Guiguélakh Peul et de
Ndiakhip Peul et font partie des rares différends qui sont portés devant le sous-préfet et
parfois à la gendarmerie.
6.3.2 Les conflits entre agriculteurs
Ce type de conflit est rare dans la communauté rurale. Les cas soulignés se rapportent
généralement à des transactions foncières entre agriculteurs (prêt, location de champ, etc.).
Ces pratiques basées sur des accords tacites et non écrits génèrent des conflits lorsque lors
d’une location de moyenne durée, le locataire veut revendiquer des droits sur la terre au
moment où le propriétaire veut récupérer sa parcelle. D’un autre côté, il arrive que le locataire
refuse l’augmentation du loyer lorsqu’il n’a pas d’autres terres à cultiver.
La salinisation progressive des terres dans certaines parties de la CR amène de plus en plus les
propriétaires à vouloir récupérer et exploiter eux-mêmes les parcelles qu’ils ont prêtées ou
veulent augmenter le prix du loyer. Ce type de conflit dépasse rarement, contrairement au
précédent, le niveau des notables et du chef de village.
6.3.3 Les conflits relatifs aux limites communautaires
La scission de l’ancienne communauté rurale de Gandon en deux nouvelles CR, Gandon et
Ndiébéne Gandiole, a créé des problèmes du fait de défaut de clarté dans la définition des
limites administratives. Le décret de création n’a donné que les noms des villages constitutifs
et avec des doubles emplois de nom de villages qui sont situés dans l’un ou l’autres CR. Le 1er
décret (décret 2008-749 du 10 juillet 2008) qui a créé la communauté rurale de Ndiébéne
Gandiole comportait des erreurs, qui vont être rectifiées par un second décret pris 6 mois plus
tard (décret 2008-1495 du 31 décembre 2008. Malgré tout, sur le terrain, les deux CR se sont
longtemps disputés des terres autour du village de Ngaïna. L’alignement de ce village a été
effectué par l’ancien Conseil Rural de Gandon juste avant que la collectivité ne soit scindée
en deux, et le village rattaché à la CR Ndiébène Gandiole. Malgré tout, le Conseil Rural de
Gandon réclamait 200 parcelles dans la zone d’alignement du village, ce que le Conseil Rural
de Ndiébène Gandiole a refusé. Le litige n’a été vidé que grâce à la médiation du sous-préfet
qui a permis aux commissions domaniales des deux CR de trouver un consensus autour d’une
frontière commune approuvée par les deux conseils.
Un autre conflit oppose ces deux communautés au sujet du village de Keur Barka dont la
partie Est prévue comme zone d’extension de l’habitat dans le POAS de Ndiébéne Gandiole,
et serait située dans la CR de Gandon. La zone demeure toujours litigieuse et les bornes qui y
indiquaient les limites communautaires de Ndiébéne Gandiole auraient été enlevées par des
membres du Conseil Rural de Gandon.
77
d’archivage des délibérations rendent très difficile l’évaluation du nombre d’affectataires et
du volume de terres affectées.
Le PACR qui intervient depuis 2008 dans la CR a réalisé un important travail de
reconstitution et de compilation des affectations foncières. Les résultats complétés par nos
enquêtes et indiqués dans le tableau 12 permettent d’estimer à 87.629 ha le total des
superficies affectées et à 771 le nombre d’affectataires.
Tableau 12 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de (Sources PACR et CR de Gandon + enquêtes février 2013)
Zones amodiées
Agricole Habitation Élevage Autres Total
/ aires protégées
Sup. Sup. Sup. Sup. Sup.
Nb. Nb. Nb. Nb. Sup. (ha) Nb. Nb.
(ha) (ha) (ha) (ha) (ha)
Effectifs 552 12799 112 469 5 9,55 26 74265 76 86,7 771 87629,1
% 71,6 14,6 14,5 0,5 0,6 0,01 3,4 84,7 9,9 0,10 100% 100%
Près de plus de 85% des superficies affectées sont destinées à des zones amodiées et
bénéficient, en une ou plusieurs délibérations, à 26 affectataires (3,4%). Parmi ceux-ci on
peut noter : Yves Capitaine 16.300 ha ; ACTS, 20.000 ha, Bancal, 10.000 ha ; GIE des
agriculteurs de Nguigalakh 8.500 ha et 3.500 GIE Yewwu Yette, etc.. Les affectations à usage
agricole font environ 12.800 ha (14,6%) pour 552 bénéficiaires 4. Les terres destinées à
l’habitat avec des parcelles variant des 300 m2 à 3.600 m2, représentent 469 ha (0,5% des
superficies), pour 112 bénéficiaires. Dans grand majorité des affectation à usage d’habitation,
il s’agit d’alignements et de lotissements dans des villages ou de délibérations collectives
portant sur l’affectation de plusieurs dizaines de parcelles à une association de ressortissants
d‘un village. Les affectations de terres destinées à l’élevage sont insignifiantes, 1/1000ème des
superficies et sont destinées pour l’essentiel à un foirail, un aménagement pastoral et à des
fermes et poulaillers. Les terres sont également affectées pour d’autres usages de type
socioéconomique (mosquées, terrains de sport, écoles, case de santé…), commercial
(boutique, dépôts de gaz, ciment…) ou touristique (campement de chasse, projet touristique).
4
Leurs caractéristiques sont analysées plus loin.
78
Tableau 13 : Importance et évolution des affectations de terres à usage agricole
Non 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2012 Total
défini
Nbre 4 114 15 30 9 39 17 59 16 79 151 7 11 1 552
336,
Sup (ha) 31,3 347,7 24,1 475 35 799,9 431 630,8 809,5 3594 5017 17,84 250 12799
2
% sup. 0,2 2,7 0,2 3,7 0,3 6,2 3,4 4,9 6,3 2,6 28,1 39,2 0,1 2,0 100
L’évolution de ces affectations depuis 1999 5 (tableau 13) montre qu’elles ont été importantes
en 2008 et 2009. Elles représentent pour ces deux années, 67% des terres affectées. Cette
situation peut être expliquée par le lancement en 2008 par le gouvernement, du programme de
la Grande offensive pour l’alimentation et la nourriture abondante (GOANA). À cette
occasion, le gouvernement avait instamment demandé aux conseils ruraux d’attribuer des
terres aux porteurs de projets qui voulaient contribuer à la réalisation de ce programme. C’est
à cette époque qu’on a commencé à s’observer, suite à la crise alimentaire de 2008 dans de
nombreux pays du Sud, des acquisitions de terres à grande échelle pour des productions
alimentaires ou de biocarburants.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
Les caractéristiques des affectataires sont indiquées dans le tableau 14. La majorité des
affectataires (82,4%) n’ont pas de statut juridique et sont bénéficiaires à titre individuel d’une
superficie cumulée de 2.095 ha (16,4% des superficies), soit en moyenne 5 ha/affectataire.
Tableau 14: Statut des affectataires de terres à usage agricole
Statut Assoc AVD GIE GP GPF Individ Société ONG OP Projet Total
Nombre 10 17 27 2 8 455 13 2 15 3 552
Sup ha 230,5 1525 738,1 52 16,5 2094,9 6114,3 7 421 1600 12799
% 1,8 11,9 5,8 0,4 0,1 16,4 47,8 0,1 3,3 12,5 100%
Les associations villageoises de développement (AVD) et les organisations paysannes
(groupements de producteurs ou d’intérêt économique (GIE) représentent 8% des
affectataires et bénéficient de 18% des superficies. Pour les GIE, certains sont de type familial
avec un nombre très limité de membres, d’autres comptent plusieurs membres dont certains
appartiennent à des villages différents. Deux ONG (Caritas et CECI) ont demandé et reçu des
terres, moins pour elles-mêmes, que accueillir les réalisations et investissements destinées
aux populations qu’elles appuient .Comme cela s’observe très souvent, les femmes accèdent
difficilement à la terre, même si la législation foncière ne fait aucune discrimination dans ce
domaine. Ainsi dans la CR, 8 groupements de promotion féminine (GPF) bénéficient
d’affectations pour une superficie cumulée de 1,6 ha. Sachant que chaque GPF compte plus
de 30 membres on imagine aisément l’exiguïté de la superficie qui reviendrait
individuellement à chacune d’elles.
Les sociétés et entreprises (ItalSénégal, GDS, SCL, Agro vallée, Agro Figor de Saint
Louis…..) constituent 2% des affectataires mais bénéficient d’un peu moins de la moitié
(47,8%) des superficies, dont 5.000 ha (39%) pour la seule société ItalSénégal. Près du quart
5
Les informations recueillies au cours des entretiens révèlent que des affectations ont été faites avant cette date,
mais elles n’ont pas pu être reconstituées, faute d’un système d’enregistrement et d’archivage adéquat.
79
des superficies (22,5%) ont bénéficié à trois programmes de biocarburants (culture de
Jatropha curcas) initiés à la faveur de la GOANA.
7.2.3 Importance et distribution des affectations supérieures ou égales à 10 ha
Pour les superficies à usage agricole, les affectations de parcelles supérieures à 10 ha sont
indiquées dans le tableau 15. La comparaison avec le tableau 14 révèle que la très grande
majorité des affectataires ont bénéficié de moins de 10 ha : 436 affectataires (78,9%) sont
dans cette situation et ont reçu au total 908 ha, soit en moyenne 2 ha/affectataire.
Tableau 15 : Distribution des affectations supérieures ou égales à 10 ha
Superficie (ha)
Taille 10 11 15 20 25 30 35 40 50 60 70
Nombre 46 1 5 15 1 4 1 3 16 1 6
Sup ha 460 11 75 300 25 120 35 120 800 60 420
% 3,9 0,1 0,6 2,5 0,2 1 0,3 1 6,7 0,5 3,5
Superficie (ha)
Taille 100 115 150 200 250 300 700 1000 5000 Total
Nombre 2 1 3 3 2 3 1 1 1 116
Sup ha 200 115 450 600 500 900 700 1000 5000 11 891
% 1,7 1 3,8 5 4,2 7,6 5,9 8,4 42 100
Plus de la moitié (57,7%) des affectations supérieures à 10 ha sont comprises entre 10 et 20 ha
et font au total 576 ha (4,8%) et 14% ont bénéficié d’une parcelle de 50 ha. Les affectataires
ayant bénéficié de parcelles supérieures ou égales à 100 ha représentent 15 % et détiennent
67% des superficies (7965 ha), les 2/3 ayant des parcelles comprises entre 150 et 300 ha. Les
sociétés GDS et SCL sont dans ce cas avec 250 ha chacune. Trois affectations dépassent 300
ha : ItalSénégal 5.000 ha, Programme spécial biocarburant 1000 ha et Union des GIE de
Toubé 700 ha.
Actuellement les 2/3 des surfaces affectées ne sont pas exploitées. Les raisons avancées
tiennent surtout au manque d’eau (éloignement des sources d’eau – Gorom et surtout
Ndialakhar - , absence de chenaux adducteurs) et dans une moindre mesure, au manque de
moyens financiers pour les aménagements et les facteurs de production. Beaucoup de
personnes et de groupements avaient demandé des terres en 2008, espérant que le
gouvernement leur fournirait des moyens dans le cadre de la GOANA. Il en est de même du
programme biocarburant (1.000 ha). A noter que la société ItalSénégal n’a pas mis en
exploitation des 5.000 ha qu’elle a reçus depuis 2009. Elle aurait renoncé en début 2013 à
cette affectation, au moment où le Conseil Rural envisageait une procédure de désaffectation.
Cette superficie est en cours d’affectation à la société Senehuile-Senéthanol.
6
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqer pour des
raisons évidentes de confidentialité
80
Tableau 16 : Répartition des affectations dans les zones POAS
Zones Dieri Gandon Gorom- Ndialakhar Ndiassew Ndiébéne Non Total
Lampsar Toubé déf,
Nbre affectat° 1 49 234 210 46 11 1 552
Sup (ha) 0,5 40,6 2654 8402,5 454,8 246,6 1000 12799
% sup. 0,004 0,3 20,7 65,6 3,6 1,9 7,8 100
Les zones de Dialakhar et de Gorom-Lampsar concentrent 86% des terres affectées. Cette
situation s’explique par les eaux de surface présentes dans ces zones avec les deux cours
éponymes. Dans le cadre du PDIDAS, comme le souhaitent du reste les populations,
l’aménagement de la vallée du Ndialakhar (curage et calibrage du cours d’eau) et la
réalisation d’infrastructures hydrauliques structurantes (chenaux principaux) pourrait
permettre de mettre en valeur les terres irrigables de cette zone d’intérêt du projet.
Elle a entrepris un projet agricole de production de Jatropha dans la CR en début 2009. Elle a
estimé ses besoins de terre à 5.000 ha et s’engageait à :
- mettre en valeur la terre affectée dans le respect des règles du POAS et de la CDI ;
- verser un appui budgétaire de 20 millions chaque année au Conseil Rural, pendant
une durée de cinq ans ;
81
- consacrer une priorité d’emploi aux populations villages impactés, si les
compétences étaient disponibles (plus de 800 au démarrage) ;
- rétrocéder un site de 1000 ha (20%) aménagés à la population, dont le Conseil Rural
identifie les producteurs qui devront être bénéficiaire ;
- accorder une part de la production d’énergie aux villages impactés pour leur
électrification;
- construire des pistes d’accès et réaliser une adduction d’eau potable ;
- participer aux sociaux de la CR (construction d’écoles ou de salles de classe ou leur
réhabilitation et de postes de santé).
Le Conseil Rural a pu encaisser le premier versement de l’appui budgétaire après la signature
de la convention. Mais l’entreprise n’a ensuite jamais démarré effectivement.
la Société de Culture Légumière (SCL)
Elle est installée depuis plusieurs années dans la CR de Diama et cherche à étendre son
exploitation dans la CR de Gandon. Le coût annoncé de l’investissement dans les CR de
Gandon et de Fass atteindrait les 7 milliards. Le processus de négociation a été lancé en début
2012 par le biais d’un de ses employés. Le promoteur a fait visiter son exploitation dans la CR
de Diama aux élus de Gandon (bureau du Conseil Rural et Président commission domaniale),
au sous-préfet, au CADL et chefs des villages ciblés. Une demande d’affectation de 900 ha a
été faite. Le Conseil Rural et le promoteur ont demandé à la SAED de faire l’Etat des
disponibilités foncières dans la zone ciblée. Sur cette base, le Conseil Rural a affectée 250 ha
à la SCL le 30 avril 2012 (délibération N°07/2012) avec possibilités d’extension.
Par la suite des concertations ont été organisées avec les villages concernés pour
informer/sensibiliser les populations sur les avantages du projet envisagé par la SCL. Une
rencontre a été tenue avec l’ensemble des chefs de services techniques départementaux pour
expliquer les détails techniques du projet et les effets attendus. Les services techniques et le
sous-préfet ont conseillé la réalisation d’une étude d’impact environnemental du projet ; ce
qui a été réalisé sur financement de la SCL. Toutefois, la SCL n’a pas encore signé un
protocole d’accord avec le Conseil Rural ou avec les villages impactés par le projet. ;
Les engagements pris par le promoteur, pour le moment, sont entre autres :
- priorité d’emploi aux populations des villages impactés ;
- réalisation de culture fourragère pour les éleveurs et mise à disposition de résidus
post-récolte aux éleveurs ;
- réalisation de piste de production et de voies d’accès aux villages impactés,
notamment la réhabilitation de la piste de Rao à Ndialakhar ;
- participation aux travaux de construction des écoles, structures de santé, mosquée,
aux manifestations religieuses, etc. ;
- électrification des villages et hameaux ;
- un appui budgétaire au Conseil Rural.
Le conseil a perçu une somme de 2,5 millions pour les besoin des frais de bornage, forfaitaire
(10 000 FCFA par hectare).
82
8.2 – Niveau d’acceptation des projets d’agrobusiness
Lors d’une étude récente du Conseil des Organisations Non Gouvernementales d'Appui au
Développement (CONGAD) 7, le président de la commission domaniale de la CR de Gandon a
indiqué qu’au lieu d’affecter, d’un coup, de grandes surfaces foncières, il faudra préconiser
une approche prudente avec des superficies raisonnables qui pourront être agrandies au cas
où, suite à une évaluation, la mise en valeur et le cahier des charges prenant en compte
l’intérêt des communautés sont respectés. En fait, suite à une période d’expériences négatives
d’affectation des terres à de potentiels investisseurs, le Conseil Rural de Gandon a commencé
à les réguler en adoptant une attitude beaucoup plus prudente et raisonnée (plafonnement bas
de la superficie à affecter, critère de mise en valeur, conditions de contribution au
développement socio-économique de la localité). Cette démarche qui est à confirmer
officiellement se fait avec une relative entente avec les populations.
Les travaux du MCA (programme sécurisation foncière) 8 ont prolongé cette mouvance. Un
processus de consultation a été animé sur les principes et procédures d’affectation des terres
dans la CR (comme dans 6 autres CR du delta et de Podor). Le tableau suivant donne un
aperçu des résultats du processus de consultations associant la taille des affectations à un
ordre de priorité des catégories de demandeurs de terre. Les expériences décrites (8.1) et les
principes d’affectation de terre retenus par le Conseil Rural (par délibération officielle) lors
des travaux du MCA témoignent du bon niveau d’expérience de la CR aux projets
d’agrobusiness.
Tableau 17 : ordre de priorité des affectataires de terre dans la CR
Ordre de priorité Taille affectation
9. CONCLUSION
La CR de Gandon a une expérience intéressante en arrangements fonciers, mais l’état de
déshérence du Conseil Rural actuel (cf. 6.1.3) obère toute possibilité de collaboration solide.
Il est en l’état actuel même impossible d’obtenir de la part des représentants des populations
une réponse solide et cohérente sur les zones sur lesquelles le PDIDAS pourrait s’installer.
Cependant, la mission a pu évaluer que les zones potentiellement aménageables se situent
dans la zone de Ndialakhar, mais il n’est actuellement pas possible d’organiser un processus
d’affectation solide dans l’état actuel de fonctionnement du Conseil Rural.
7
« Étude sur la gouvernance du foncier agro-sylvo-pastorale dans les régions de Louga, Saint Louis et Matam » -
CONGAD, décembre 2012.
8
Rapports des ateliers de validation pour chaque localité, détaillant le processus d’allocation de terre validé –
MCA/Sénégal – LTS01, Étude d’état des lieux, octobre 2011
83
Références bibliographiques
Direction des Parcs Nationaux, 2010. Plan de gestion du Réserve Spéciale de Faune de
Gueumbeul, 200-2014), 78 pages.
MCA/Sénégal, 2011, Rapports des ateliers de validation pour chaque localité, détaillant le
processus d’allocation de terre validé – MCA/Sénégal – LTS01, Etude d’état des lieux,
octobre 2011
.
PACR, 2010, Typologie des espaces et typologie des situations et pratiques foncières, CR de
Gandon. 51pages.
SAED, 2007. Plan d’occupation et d’affection des sols de la (POAS), communauté rurale de
Gandon
84
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
85
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE…………………………………….87
1. PEUPLEMENT ET POPULATION……………………………………………………….…..…….88
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population…………………….88
1.2. Distribution spatiale de la population…………….………………………………….89
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........106
87
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
Carte n°1 : Présentation de la Communauté Rurale et de ses zones de gestion Poas
La CR de Keur Momar Sarr est située dans l’arrondissement du même nom dans le département
de Louga (région de Louga). Elle a été créée le 19 mai 1978 par le décret n°78-437. Avec une
superficie estimée à 2.727 km², elle occupe 48,3% de la superficie du département de Louga
(ANSD, 2009). Elle est limitée au Nord par la CR de Ngnith (Région de Saint-Louis), au Sud par
la CR de Nguer Malal (Région de Louga), à l’Est par le Lac de Guiers et la CR de Syer (Région de
Louga), à l’ouest par les CR de Fass (Région de Saint-Louis) et de Sakal (Région de Louga).
Dans ses grandes lignes, la CR dispose de vastes terres pour l’élevage et l’agriculture pluviale.
Elle recèle aussi de terres irrigables (proches du lac) encore très peu aménagées, occupées par
l’agriculture irriguée. Ainsi, les activités productives sont fortement prédominées par l’agriculture
pluviale et élevage traditionnel (transhumance). En outre, les réserves sylvopastorales de Keur
Momar Sarr et de Mpal-Mérinaguène occupent près de la moitié de l’espace.
La CR est organisée selon 8 zones de gestion dont certaines ont une ouverture plus ou moins
grande sur le lac avec une partie de Dieri, tandis que d’autres sont totalement situées dans le Dièri:
Zone de Ndimb - Située au nord de la CR (fait frontière avec la CR de Ngnith), la zone
dispose d’une petite à moyenne ouverture sur lac avec d’importantes terres de Dieri éloignées
du lac ;
Zone de Ndour 2 Telléré – Venant après la zone de Ndimb (direction sud), la zone a une
moyenne ouverture sur le lac et une petite partie de terres Dieri ; elle est traversée par un
marigot intermittent au milieu de la zone, axe nord/sud ;
Zone de Keur Momar Sarr – La zone est située au milieu de la CR, axe nord/sud après la zone
de Ndour 2 Telléré; elle a une petite à moyenne ouverture sur le lac et une importante partie de
88
terres Dieri dont la majorité est occupée par la réserve sylvopastorale de Kër Momar Sarr ; la
partie sud/ouest (terres de Dieri) est traversée par un marigot intermittent ;
Zone de Kër Ibra Binta – Située au nord/ouest de la CR et faisant frontière avec la CR de Fass
Ngom, la zone (éloignée du lac) est entièrement constituée de terres Dieri ;
Zone de Guène Goudy – Située à l’est de la CR, la zone est entièrement dans le Dieri ;
Zone de Sam Kébé – Située au sud/est de la CR, elle est entièrement dans le Dieri ; un marigot
intermittent qui se prolonge dans la zone de Kër Momar Sarr la traverse (axe est/ouest) ;
Zone de Thiapèdji – Elle se situe au sud de la CR (bout du lac) avec une importante ouverture
sur le lac ; ses terres de Dieri sont peu étendues ; dans sa partie sud il existe un marigot
intermittent partant du lac ;
Zone de Diassarnabé Aly – Située à l’est de la CR et du lac, la zone a une très importante
ouverture sur le lac et des vastes terres de Dieri ; sa partie sud il existe 5 petits marigots
intermittents assez proches du lac.
I – PEUPLEMENT ET POPULATION
90
Carte 2 : densités démographiques des zones POAS de Keur Momar Sarr
2.1 L’agriculture
L’agriculture constitue après l’élevage, la deuxième principale activité économique des
populations de la CR de Keur Momar Sarr. Elle est pratiquée sous plusieurs formes à savoir
l’agriculture irriguée, l’agriculture sous pluie, l’agriculture de décrue, le maraîchage et
l’arboriculture fruitière. L’agriculture irriguée sera analysée dans le chapitre 3.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie et de décrue
Dans la communauté rurale de KMS, les terres cultivées sous pluies couvrent environ 15.000 ha
en année de pluviomètre normale (SIG/SAED, 2010). Elle se pratique aussi bien dans le Dieri que
dans la zone de transition avec le Walo, appelée Djédjogol, notamment dans la partie ouest de la
communauté rurale dans les zones de Ndimb, de Keur Ibra Binta, de Guene Goudy 2, de Sam
Kébé, de Keur Momar Sarr, de Thiapédji et de Diassarnabé Ali, etc. Cette activité occupe près de
94,5% des ménages agricoles des communautés rurales (RNA, FAO, 1998).
Les principales espèces cultivées sont le mil, l’arachide, le béref, le manioc, le niébé, le maïs, le
sésame, le bissap et la pastèque (tableau 4). Outre la baisse et variabilité des pluies, les cultures
sous pluies sont confrontées à de nombreuses difficultés comme la baisse de fertilité des sols, la
91
divagation du bétail et les mésententes sur les modalités de la vaine pâture, la progression des
périmètres irrigués sur les terres traditionnelles de cultures pluviales.
L’agriculture de décrue connait une forte régression depuis la mise en eau des barrages de Diama
et de Manantali. Le relèvement du plan d’eau du Lac résultant des effets des barrages a réduit le
marnage, submergeant de façon quasi permanente en une bonne partie des terres de décrue.
L’agriculture de décrue n’occupe plus que des superficies assez réduites dans la zone de Ndour 2
Telleré, autour du village de Mbrar. La principale spéculation est le maïs (POAS, SAED, 2011).
2.1.2 Le maraîchage
Le maraîchage se pratique sous forme de jardinage autour du Lac de Guiers, notamment dans les
villages de Ganket Guent, Diassanabe Ali, Diaminar Keur Kane, Brar, Ndimb Mbodjéne, etc. Le
maraîchage occupe plus d’un ménage agricole sur cinq dans la communauté rurale (RNA, FAO,
1998). Les principales espèces cultivées sont l’oignon, la pomme de terre, la tomate, le chou,
l’aubergine, la carotte, le piment, le gombo, le navet, le concombre, la salade, la menthe
(nana), la citrouille, etc. Les producteurs du secteur organisés en GIE sont regroupés au sein
d’une fédération des maraichers de la communauté rurale de KMS (avec près de 600 membres),
qui bénéficie de l’appui de la Fondation des États-Unis d’Amérique pour le Développement
Africain (US/AFD) (PLD, CR de KMS, 2010). L’Association Sénégalaise de Recherches
d’Études et d’Appui au Développement (ASREAD) bien implantée dans la zone, intervient dans
l’appui et l’encadrement des maraîchers des CR de Keur Momar Sarr et Syer. Selon les données
recueillies, les producteurs qu’elle encadre dans ces deux CR ont produit en 2012 : 938 t
d’oignons, 285 t d’arachide et 3.600 t de manioc.
Les principaux problèmes que rencontre la production maraîchère sont pour l’essentiel, la
diminution des terres cultivées sous l’effet conjugué de la salinisation progressives, de la
prolifération du typha et des difficultés d’accès à l’eau, La dévastation des champs par les
animaux en divagation constitue une autre difficulté que rencontrent les maraîchers, ainsi
qu’une source de conflit avec les éleveurs.
2.1.3 L’arboriculture fruitière
L’arboriculture fruitière est faiblement pratiquée dans la communauté. Elle participe de
manière très marginale à l’économie des familles qui la pratiquent et qui représentent que 0,7%
des ménages agricoles (RNA, FAO, 1998). Les villages où on la rencontre le plus sont Diokoul,
Gankette Balla, Ndimb Mbodjene et de Keur Momar Sarr. Les espèces plantées sont le
manguier, le citronnier, le palmier dattier et le palmier à huile.
2.2. L’élevage
Première activité économique la plus importante dans la communauté rurale de Keur Momar Sarr
avec l’agriculture, l’élevage est pratiquée pour toutes ethnies présentes dans le territoire
communautaire surtout les peuls. Elle occupe la quasi-totalité des ménages agricoles avec près de
98,6% d’entre eux qui s’exercent à toutes les formes d’élevage (RNA, FAO, 1998). La
composition du cheptel en 2001 est indiquée ans le tableau 4. Selon l’agent technique d’élevage,
un recensement du cheptel a été effectué en fin 2012, mais les résultats ne sont pas encore
disponibles
Tableau 4 : Composition du cheptel de la CR de KMS, en 2011.
Espèces Bovins Ovins Caprins Équins
Effectifs 21.615 31.200 20.893 6.630
% 26,9% 38,8% 26,0% 8,3%
92
Le cheptel est dominé par les petits ruminant : les ovins représentent 38,8% du cheptel et les
caprins, 26%. Les bovins constituent 26,9% du cheptel et les équins, 8,3%.
L’élevage est principalement traditionnel, avec la transhumance des troupeaux au grès des
saisons à la recherche de pâturages et de points d’eau pour le bétail. La communauté rurale
compte plus de 30 mares pastorales, utilisables deux à trois mois après l’arrêt des pluies, dans
les zones de Thiapédji, Keur Momar Sarr et Sam Kébé. À l’épuisement de ces mares, les
éleveurs se rabattent sur les Toufndé (points d’abreuvement au niveau du lac). Au total, 34
Toufndé ont été recensés autour du lac de Guiers et sur la vallée du Ferlo (POAS, 2011).
L’accès à ces points d’eau est de plus en plus difficile à cause du développement progressif des
périmètres irrigués tout autour du Lac, mais aussi, de l’obturation des couloirs de passage et
des voies d’accès aux points d’eau du bétail par des ouvrages hydroagricoles. Les principaux
pâturages du Dieri sont localisés autour des villages de Keur Y. Thillo, Keur A. Dembel,
Lathianté, Guene Goudy 2, Loumbol Dady 2, Maka Peulh, Dissarnabé Ali, Mbanar Keur Yoro
Tacko, etc.
La communautés rurales compte deux unités pastorales (UP) test mises en place par le
PROGERT en partenariat avec le CLCOP et dispose de plan de gestion. Il s’agit des unités de
Diassarnabé Aly (21.000 ha pour 15 villages) et Same Kébé (12.000 ha pour 10 villages). Deux
autres sont en cours de finalisation, celui de Thiapédji et celui de Keur Ibra Binta.
9
L’ensemble de ces GIE forment avec ceux des autres CR de l’arrondissement la Fédération intercommunautaire des
Pêcheurs de Gueo.
94
Tableau 5 : Activités des ménages ruraux de la CR de KMS
Village Effectif des Ménages Ménages Effectif des ménages ruraux agricoles pratiquant Ménages
concessions ruraux ruraux l’activité dans
rurales agricoles l’activité
Agricult Prod Prod de pèche
Forestière Elevage
pluviale maraich fruitière
AINOUMANE 80 111 99 99 0 0 0 99 2
KEUR SAMBA
86 154 149 48 20 0 46 149 5
THIAM
GANKET
77 115 83 80 66 0 14 83 42
GUENT
DIASSANABE
ALI
(K.ALICOUMBA
111 104 61 0 0 104 0
) 168 104
DIAMINAR
KEUR KANE
174 426 355 355 43 0 317 352 35
GANKETTE
BALLA
65 72 63 63 38 4 48 63 22
KEUR MELO 59 77 72 72 1 0 11 70 0
KEUR MOMAR
94 106 68 68 9 1 9 65 1
SARR
DIOKOUL 52 62 60 60 34 8 0 55 24
BRAR 87 110 110 110 93 0 110 110 12
NDIMB
MBODJENE
106 170 169 169 68 1 168 169 1
BOGAL
96 151 149 149 0 0 7 145 2
NDIAWENE
GUEDIOUMANE 116 195 174 174 0 0 5 174 1
Total 1352 2154 1875 1771 433 14 735 1849 147
Pourcentage 87,05% 94,5% 23,1% 0,7% 39,2% 98,6% 7,8%
Sources : FAO/Ministère Agriculture. RNA, 1999.
95
traditionnellement les régions de Saint-Louis (comprenant l’actuelle région de Matam) et le
département de Bakel (région de Tambacounda). La situation de la CR de Keur Momar Sarr dans
la région de Louga, la plaçait en dehors de cette one d’intervention. Ce n’est que très récemment,
qu’elle a étendu son action à cette communauté rurale.
Le récent inventaire effectué par le secteur lac/SAED (janvier 2013) a identifié l’existence de
6 chenaux en activité. Toutefois les données du secteur lac/SAED ne fournissent pas les noms et
caractéristiques (longueur, superficies desservies par chaque canal, etc.) de ces canaux. Les
enquêtes que nous avons menées récemment courant février, ont pu apporter, pour certains de ces
canaux, quelques précisions indiquées dans le tableau 6.
Tableau 6: Chenaux d’irrigation existants dans la CR de Keur Momar Sarr
N° Chenaux Longueur (m) Potentiel (ha)
01 Comité terroir de Ndimb 3 000 100
02 Pathé Diop - ?
03 Village Iba ? ?
04 Dioumorou Ka/Telléré 1 000 ?
05 El Hadj Nging ? ?
06 Diokoul ? ?
07 Gora Sall 1 500 ?
08 SEPAM (réseau enterré) 800 300
Source : SAED/secteur lac et nos enquêtes
96
- la salinisation progressive des terres ;
- l’obturation des voies d’accès à l’eau par les plantes envahissantes qui gênent
l’installation des unités de pompages.
Les superficies cultivées et les spéculations principales lors des deux dernières années agricoles
sont les suivantes.
Tableau 7: superficies cultivées et spéculations principales en 2010/11 et 2011/12
10
L’année agricole comprend les campagnes d’hivernage (juin à novembre), de contre saison froide (novembre à
mars) et de contre saison chaude (février à juin) tenant compte des dates de semis et de récolte assez différents selon
les exploitants agricoles.
97
- tomate – 52 F/k ; commercialisé aux deux usines de la SOCAS ; il s’agit d’un marché contrôlé
dans le cadre d’une filière bien organisée et stable (industriel, producteurs, banque,
transporteurs) où se passent la négociation annuelle des prix et autres éléments de promotion ;
- arachide – 300 F/k (en vert) ; commercialisé bord champ avec un marché libre en rapport au
type de produit (arachide en vert) principalement ciblé par les producteurs de la zone du lac.
Les intérêts des commerçants semblent prédominants.
Tableau 8 : Productions et valeur des principales cultures
Les productions de l’agriculture irriguée, bien que très modestes encore, ont un impact non
négligeable dans la CR et, même, dans la région de Louga. En effet, le maraîchage irrigué à partir
de puisards dans la zone des Niayes à l’extrême ouest de cette région est aujourd’hui confrontée à
l’affaissement de la nappe et à l’ensablement des cuvettes cultivées. Aussi, la CR de Kër Momar
Sarr constitue, avec celle de Syër qui lui est attenante, la principale zone d’avenir de la culture
irriguée de la région de Louga. En plus de l’apport de ces spéculations commerciales sur
l’amélioration des revenus des producteurs, l’irrigation sur les bords du lac leur permet, à travers
des cultures secondaires (pratiquées à petite échelle ou associées aux cultures principales), de
disposer eux-mêmes de produits frais (fruits, légumes, maïs, etc.) et d’approvisionner le marché
local.
98
Tableau 9 : Caractéristiques et domaines d’activité des OP de base de la CR
Type Nombre Effectif membres Domaines d’activité
d’OP H F
GIE 43 676 428 Agriculture, élevage, pêche, commerce et artisanat
SV 6 110 02 Agriculture
GPF 36 0 1.192 Agriculture, élevage, artisanat, commerce. Peu fonctionnels.
Petits crédits de PAMECAS et MECCAP.
Autres 7 98 60 Maraichage, agriculture, élevage, commerce
Total 92 884 1.682
(Sources : PLD, entretien avec CADL + enquêtes)
La forme d’organisation en GIE est plus répandue et on compte un nombre important de
groupements féminins (GPF). Les activités des OP sont majoritairement orientées sur le secteur
primaire (agriculture, élevage, pêche). Toutefois, les domaines et le nombre d’activités varient
selon les OP, certaines ayant des activités plus multisectorielles que d’autres.
- Les GIE interviennent dans des domaines divers : agriculture, élevage, pêche, commerce,
artisanat, etc. Selon les services d’appui (en particulier, le CADL), ils sont généralement plus
actifs que les autres types d’OP et, parmi eux, les plus actifs interviennent dans les domaines
de l’agriculture et de la pêche. Dans le secteur du maraichage, note l’existence de plusieurs
GIE qui sont réunis autour de la Fédération des maraîchers de l’arrondissement de Keur
Momar Sarr (FMAKS) qui compte 600 membres.
Cette même dynamique organisationnelle se retrouve dans le secteur de la pêche avec des GIE
d’une bonne dizaine de villages regroupés au sein de la Fédération intercommunautaire des
pêcheurs de Guéo (FIPG). Les pêcheurs bénéficient aussi activement de l’appui de la
Fédération des Associations Paysannes de Louga (FAPAL).
- Les SV qui sont au nombre de 6 regroupent 112 membres dont 2 femmes. Elles s’occupent,
exclusivement, d’agriculture.
- Les GPF s’activent dans l’agriculture, le maraîchage, l’élevage, l’embouche ovine, le petit
commerce, la transformation des produits laitiers, le tressage de natte à base de typha par les
femmes maures, etc. A l’échelle de la CR les GPF sont regroupés au sein d’une Fédération.
Toutefois, il est noté qu’une bonne partie des GPF ne sont pas fonctionnels et les quelques
rares qui fonctionnent bénéficient de crédit octroyés par des structures comme le PAMECAS
ou la MECCAP (PLD, CR de KMS, 2010).
- Les ASC sont actives principalement durant les vacances scolaires et se concentrent à la
pratique du sport (particulièrement le football) et le théâtre. Ces associations sont aussi des
relais au niveau des villages et des zones pours le Conseil Rural et les différents partenaires au
développement, surtout ce qui interviennent dans la santé.
100
Tableau 10 : Caractéristiques des membres du Conseil Rural de Keur Momar Sarr
Conseil rural
Indicateur Effectif %
Moins de 35 ans 00 0
Age 35-60 ans 34 74
Plus de 60 ans 12 26
Femmes 01 02
Sexe
Hommes 45 98
Primaire 01 2
Secondaire 05 11
Supérieur 04 09
Niveau d’instruction
Arabe/Coran 11 24
Alphabétisation 02 4
Aucun 23 50
Cultivateurs 09 20
Éleveurs 21 46
Agro-éleveurs 02 4
Pêcheurs 01 2
Catégories socioprofessionnelles Enseignants 02 4
Ménagères 00 0
Comptables 02 4
Artisans 00 0
Autres 09 20
Ethnie Wolofs 18 40
Peuls 25 54
Maures 01 2
Toucouleurs 01 2
Sérères 01 2
Source : PLD, complété par nos enquêtes
Le conseil est composé majoritairement de peuls (54%), suivis des wolof, 40%. D’autres ethnies,
notamment toucouleur, maure et sérère sont présentes dans le conseil et compte chacune un
conseiller (tableau 10). Sur le plan socioprofessionnel, la grande majorité des conseillers s’active
dans le secteur primaire : 46% sont éleveurs, 20% agriculteurs, 4% agro éleveurs et 2% pêcheurs.
Deux enseignants et deux comptables complètent le tableau socioprofessionnel des conseillers. La
situation de la CR dans une région (le Ferlo) à dominante pastorale et peuplée majoritairement de
peul, explique la prédominance de ce groupe et de l’activité d’élevage au sein des membres du
conseil.
.La moitié des conseillers n’a aucun niveau d’instruction, 24% ont fréquenté l’école
coranique/arabe et 22% l’école français, les 20% ayant atteint le niveau secondaire ou supérieur.
6.1.2. Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement du Conseil Rural s’articule autour d’un organe exécutif et d’un organe
délibérant. L’organe exécutif comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Ce bureau exécutif est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des lois ainsi
que des décisions du Conseil Rural sous l’autorité du sous-préfet. En tant qu’ordonnateur du
budget, le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
Le Conseil Rural de 46 membres constitue l’organe délibérant. Il est au cœur de la gouvernance
locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de la collectivité locale,
notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de développement
101
économique et social. Il est assisté par un assistant communautaire (ASCOM) qui l’appui dans ses
différentes fonctions et fait office d’agent d’état civile dans la communauté rurale.
Douze commissions techniques ont été mises en place par le Conseil Rural de KMS, pour assurer
la gestion des différents secteurs de développement économique, social et environnemental de la
CR. Ces commissions, composées de conseillers et présidées par un d’entre eux, peuvent
s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que des personnes
ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer des solutions au
conseil. Dans la gestion foncière, le conseil dispose d’une commission domaniale et d’urbanisme
chargé d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière, mais les décisions en la
matière sont du ressort du conseil qui statue par délibération.
Pour mener à bien ses missions, le Conseil Rural bénéficie de l’assistance des services
déconcentrés de l’état, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui au développement local
(CADL). Il peut également mobiliser les services techniques départementaux ou régionaux (ARD,
la SAED, le Trésor, les services des Pêches, des Eaux et Forêts, de l’Aménagement du territoire,
etc.). Dans plusieurs secteurs, le Conseil Rural de KMS jouit de l’appui-conseil de plusieurs
projets et programmes gouvernementaux (PROGERT, PNDL, ANCAR, PDMAS) ou d’ONG
(Plan Sénégal, SOS Sahel, CREPA, ASREAD, PEGRN, PA-GPF, PAJM, CODESEN,
ASESCAW, etc.)
103
positionner et se frayer une ouverture pour exercer son activité parfois au détriment des
autres.
Cette superficie est affectée à 99,5% pour un usage agricole (91,7% des affectataires). Trois
délibérations concernent des affectations de terres à usage d’habitation. Elles portent au total sur
500 parcelles (deux délibérations de 200 et une de 100), sans que les superficies correspondantes
ne soient mentionnées dans le registre des délibérations. 14 affectataires (18,3%) bénéficient de
18,3 ha au total destinés à divers usages : mosquées pour différents villages (6), terrains de
football (2), école, centre de santé ; école coranique ; marché, boulangerie, garage.
Malgré la prédominance de l’élevage et de la réputation pastorale de la CR, aucune affectation
n’est destinée à un usage des terres pour l’élevage. L’absence de compensation par des
aménagements pastoraux et des cultures fourragères du rétrécissement de l’espace pastoral qui
résulterait de la forte progression d’un front agricole dans cette CR réputé d’élevage pourrait
exacerber les conflits agriculteurs-éleveurs.
104
Tableau 13 : Importance et évolution des affectations de terres à usage agricole
2003 2004-2006 2007 2008 2010 2012 Total
Nbre 1 ? 13 148 1 25 188
Sup (ha) 500 ? 1647 1648.5 10 61 3866.5
% sup. 12.9 ? 42.6 42.6 0.3 1.6 100
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
La plupart des demandes de terres sont faites par des personnes sans statut juridique particulier. En
effet, 175 des 188 affectataires recensés (93%) sont classés « individuel », mais ils ne bénéficient
au total que de 20,3% des superficies affectées, soit 786,5 ha (en moyenne 4,5 ha/affectataire)
Trois sociétés et un projet cumulent 77,6 % des terres affectée, soit 3.000 ha. Le reste des
affectations concernent des association et OP, 4,3% des affectataires et 2,3% des terres, les
groupements des femmes étant les plus mal dotés. A l’exception d’un affectataire (150 ha) qui a
prévu comme source d’eau la vallée du Ferlo, tous les autres ciblent les eaux du Lac de Guiers.
Tableau 14: Statut des affectataires de terres à usage agricole
Statut Association GIE GPF Projet Individuel Société Total
Nombre 2 2 4 1 175 4 188
Sup ha 25 40 15 1.000 786,5 2.000 3.866,5
% 0.6 1 0.4 25.9 20.3 51.7 100
11
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
105
CR sur le Lac. On y trouve les superficies affectées les plus importantes par bénéficiaire. Elle
abrite en effet 55,8% des superficies (2.158 ha) pour moins de 10% du total des affectataires (18),
soit en moyenne 120 ha/affectataire. La zone de Keur Momar Sarr vient après (mais loin derrière)
avec 10% des superficies (380 ha) pour 35% des affectataires.
Tableau 16 : Répartition des affectations dans les zones POAS
Zones Guène Keur Keur
Diassarnabé Ndour Same Non
Goudy Ibra Momar Ndimb Thiapédia Total
Aly Téléré Kébé déf.
2 Binta Sarr
Nbre 18 41 2 66 1 16 8 25 11 188
affectat°
Sup (ha) 2158.5 86 14 380 3 64 36 109 1016 3.866,5
% sup. 55.8 2.2 0.4 9.8 0.1 1.7 0.9 2.8 26.3 100
Il convient toutefois de souligner que le Conseil Rural, notamment sa commission domaniale, n’a
pas procédé à l’installation de beaucoup de bénéficiaires sur les terres qui leur ont été affecté.
Ainsi, quelques 1.016 ha, soit plus du quart des superficies affectées, n’ont pu être localisées dans
aucune des huit zones POAS. Les raisons avancées tiennent au manque de moyens de la CR pour
couvrir les frais de déplacement de la commission domaniale, l’absence ou la non manifestation
des intéressés après l’affectation ou encore, le décès de certains peu après la délibération
d’affectation.
Il est indispensable, dans la perspective du projet PDIDAS, de procéder à une installation et à une
localisation plus précise des terres affectées et de leurs bénéficiaires afin d’éviter à la fois des
doubles affectations d’une même superficie et revendication foncières lors de l’installation
d’investisseurs ou autres acteurs intervenant dans la mise en valeur des terres de la CR.
8. RECEPTIVITE ACTUELLE DE LA CR FACE A L’ACCUEIL DE
L’AGROBUSINESS ET AUX PROJETS HORTICOLES DANS LE CADRE DU PDIDAS
106
- priorité à la main-d’œuvre locale dans le recrutement ;
- création de 720 emplois dont 120 permanents ;
- creusement d’abreuvoir pour le bétail ;
- apport d’eau d’irrigation dans les périmètres des petits producteurs ;
- etc.
Les négociations qui auraient duré environ deux mois ont abouti à l’affectation de la 1ère phase de
500 ha. En 2007, la SEPAM demandé une nouvelle affectation de 500 ha, ce qui fut accepté du
fait de son respect de l’engagement à mettre en valeur les 500 ha initiaux. Pour cette extension,
d’anciens occupants ont refusé de quitter les lieux alors qu’ils étaient déjà indemnisés, mais
demandaient beaucoup plus. Ce problème a été résolu par la saisie de la justice et
l’emprisonnement d’une des personnes concernées en 2007. Quelques voix critiquent
l’établissement de l’investisseur dans la CR pour relever la faiblesse des salaires payés aux
employés locaux (1500 francs CFA par jour pour 600 journaliers), la non construction
d’abreuvoirs pour le bétail, etc.
9. CONCLUSION
En ce qui concerne l’acceptation vis-à-vis du PDIDAS, les réticences sont très vives. Dans
une zone où l’agriculture privée de type agribusiness est déjà fortement présente, et avec des
fortunes diverses, il est très difficile de convaincre les populations que le PDIDAS n’est pas
une forme de plus d’installation de privés : « le projet est motivé par l’agrobusiness ; son titre le
montre, le reste…».
Ayant l’expérience de l’agriculture irriguée et horticole, les populations sont globalement
intéressés à un projet qui pourrait appuyer le développement de leurs propres activités dans ce
domaine, mais elles restent très méfiantes sur l’intérêt du PDIDAS pour cela : « que fera-t-il
réellement pour développer l’agriculture horticole paysanne ? » Autre élément de tension, la prise
en compte de l’élevage. Les pasteurs ont l’expérience des effets néfastes d’installation
d’agribusiness. Du coup, ils sont aujourd’hui beaucoup plus opposés à ces installations
qu’auparavant et beaucoup plus méfiants vis-à-vis de toute promesse, non tenue par le passé. Les
populations insistent en particulier sur le respect du Poas. Enfin, la CR étant le siège d’une course
à la terre agricole depuis déjà quelques années, tous réclament une clarification des affectations
effectuées, une régularisation et une remise à plat des droits fonciers de chacun, avant de procéder
à de nouvelles installations.
Au niveau de la localisation de zones potentiellement exploitables, étant donné que les
berges du Lac sont déjà en majeure partie occupée, les populations souhaitent que le
107
PDIDAS participe à la mise en valeur de l’arrière-pays, mais celui-ci est occupé par des
populations agro-pastorales réticentes à son installation.
Références bibliographiques
SAED, 2011. Plan d’occupation et d’affection des sols de la (POAS), communauté rurale Keur
Momar Sarr, 74 pages.
FAO, Ministère de l’Agriculture, 1999. Recensement National de l’Agriculture 1998-99, Volume
3, Répertoire des districts de recensement de l’agriculture 1997-98, Août 1999, 376pages.
Plan Local de développement de la communauté rurale de Fass Ngom, 2010-2015. 54 pages.
ANSD. Recensement Général de la Population Humaine du Sénégal, 3ème édition, 2002.
ANSD. Recensement Général de la Population Humaine du Sénégal, 2ème édition, 1988.
ANSD, 2009. Situation Economique et Environnementale (SES) de la région de Louga, 2009,
SRSD, Louga, 90 pages.
108
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
109
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE…………………………..……..….111
1. PEUPLEMENT ET POPULATION………………………………………………………….…….113
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..………….113
1.2. Distribution spatiale de la population……………………………………..….…….113
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ……………..…....….114
110
6.2. 2. Les recettes d’investissement ………………………………………………...…..127
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………..……….......128
6.3. 1. Les conflits impliquant le Conseil Rural en tant que protagoniste …………....128
6.3. 2. Conflits entre agriculteurs et éleveurs …………………………………..…...….129
6.3. 3. Conflits entre agriculteurs ……………………………...……………….…...….129
6.3. 4. Conflits entre autochtones et allochtones …………………………………...….130
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…............135
111
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
Carte n°1 : Présentation de la Communauté Rurale et de ses zones de gestion Poas
La communauté rurale de Mbane, créée en 1980, est située dans l’arrondissement éponyme du
département de Dagana. Elle est limitée au Nord par les communes de Ndombo et de Richard-Toll
et la communauté rurale de Bokhol, à l’Est par les arrondissements de Thillé Boubacar
(département de Podor), à l’Ouest par le lac de Guiers et la Taouey, au Sud par les
112
arrondissements de Keur Momar Sarr (département de Louga) et de Yang-Yang (département de
Linguère).
La CR de Mbane couvre une superficie d’environ 1.906 Km². Elle se situe dans la zone du lac de
Guiers entre les latitudes 16,48° et 15,92° et les longitudes- 15,83° et 15,37°, correspondant
principalement à la partie Sud de la RN2 sur l’axe Richard-Toll-Dagana.
Corrélativement à la définition de la planification territoriale locale pour une bonne conduite des
activités de développement de la communauté rurale, le Conseil Rural, après une concertation
avec la population, notamment dans le cadre de l’élaboration du Plan d’occupation et d’affectation
des sols (POAS) a défini douze (12) zones de gestion :
la zone de Mbane - Elle occupe la partie Nord-Ouest de la CR et bénéficie d’une large
ouverture sur le Lac de Guiers, qui constitue toute sa limite ouest. L’essentiel des terres est
constitué de sols Dieri, soit 96% (21.045ha) de l’ensemble de la zone qui couvre 21.910 ha ;
la zone de Sowonabé Pathé Badio – Elle se situe dans la partie Nord Est de la CR avec une
superficie estimée à 3.190 ha. La totalité des sols est constituée de terre Dieri et l’élevage est
la principale forme de mise en valeur de l’espace ;
la zone de Badjincobé Widodji - Elle occupe la partie ouest de la CR et fait frontière avec la
CR de Syer, même si elle ne bénéficie d’aucune ouverture sur le Lac de Guiers, elle en est très
proche, surtout dans sa partie nord-ouest. Toute l’étendue de la zone qui fait près de 8.725 ha
est essentiellement couverte de sol Dieri ;
la zone de Bouteyni – Elle se trouve qui se situe dans la Sud de la CR et fait frontière avec les
CR de Syer à l’ouest et de Fanaye à l’Est. Cette zone n’a pas d’ouverture sur le lac et est à
dominante pastorale. Elle accueille des cultures pluviales (sur environ 300 ha). La totalité de
l’étendu de la zone qui fait 46.000 ha est couverte de sol Dieri ;
la zone de Diaglé – Cette zone se trouve au Centre-Ouest de la CR. Elle est couverte sur
l’ensemble de son étendu (28.480 ha) par des sols Dieri. On note la pratique d’une agriculture
pluviale sur environ 1.970 ha (soit 6,9% de la zone) mais les activités pastorales restent
largement dominantes dans la zone (plus de 90% de la zone) ;
la zone de Kouel - Elle correspond à la partie centre Est de la CR et fait frontière avec la CR de
Bokhol au Nord. C’est une zone essentiellement pastorale et les sols Dieri couvrent la totalité
de la zone qui s’étend sur 8.390 ha ;
la zone de Mbélogne Agabé - Se trouvant à l’est de la CR et limitée par les CR de Fanaye et
de Bokhol, elle est entièrement couverte de sol Dieri (21.630 ha). La zone quasi-totalement
occupée par le pastoralisme, avec une ZAP qui occupe 100% de la zone ;
la zone de Ndombo, qui correspond à la partie Nord de la CR est fait frontière avec la CR de
Ronkh. Une bonne partie de cette a été intégré dans la nouvelle commune de Ndombo. Ce qui
reste de cette zone bénéficie d’une large ouverture sur le canal de la Taouey qui la traverse. On
y note une grande diversité de type de sol (Dieri 120ha, Fondé 140 ha, Hollaldé 300 ha et faux
Fondé 10ha). L’agriculture irriguée constitue la principale activité de la zone, avec 319 ha de
terres exploitées et/ou aménagées (dans la partie Ouest) soit 14,2% de la superficie de la zone
qui fait 2.240 ha ;
la zone de Niary – Elle occupe la partie Centre Nord de la CR avec une frontière Est qui
épouse les limites de la CR de Bokhol. Cette zone est traversée par le Canal de la Taouey à
l’ouest, ce qui fait ce qui explique la présence de l’agriculture irriguée dans cette partie avec
près de 782 ha de terres aménagées et/ou exploitées. La partie Est est exploitée est utilisé à des
fins pastorale sur plus de 50% du la zone qui fait 9.880 ha ;
113
la zone de Niassanté - Cette zone correspond à la partie centre de la CR et est principalement
réservée aux activités pastorales, l’agriculture pluviale n’occupant que près de 6% des terres
de la zone qui s’étend sur 17.370, entièrement constituée de sol Dieri ;
la zone de Thiago, qui se trouve dans la partie Nord-Est de la CR et est traversé par le canal de
la Taouey qui offre des opportunités pour la pratique de l’agriculture irriguée (sur environ 545
ha) et une diversité des sols (Dieri 20ha, Fondé 210 ha, Hollaldé 315 ha et faux holladé 115
ha). Cette zone s’étend sur une superficie de 7.315 ha ;
la zone de Sare Lamou – Elle correspond à la partie Sud-Ouest de la CR et fait frontière avec
la CR de Syer. Même si l’agriculture pluviale est y assez importante (1170 ha soit 6,7% de la
zone), l’élevage constitue la principale activité de la zone qui est entièrement couvert de sol
Dieri sur une superficie totale de 17350.
1 – PEUPLEMENT ET POPULATION
114
Selon le dernier recensement général de la population, la population moyenne par village se
chiffre en 2002 à environ 564 habitants et à 199,5 habitants si on considère l’ensemble des
établissements humains (villages officiels et hameaux). Dans les deux cas cependant, les
moyennes cachent de fortes disparités. Certains villages ont une population qui dépassent 1.000
habitants (Dokhalnabé Penda Yayaké, Mbane, Pampinabé 3, Thiago, Lewah Temeye Salane),
alors que d’autres comme Diame Diayre, Diameguene, Dialbanabe Bely Namary, etc., ont moins
de 100 habitants (tableau 2).
Tableau 2 : répartition des villages selon les classes de population de la communauté rurale de
Mbane (Sources : exploitation des données ANSD, Service régional statistique)
Classe de la population 100- 201- 301- 501- 751- 1001- 1501-
-100 +2000
(hbts) 200 300 500 750 1000 1500 2000
Nbre localités 14 10 9 13 4 4 3 1
2002
% de la population 1% 7,08% 10% 22% 11,69% 16,28% 20,55% 11,70
La distribution des villages par classe de population révèle ainsi en 2002, que 46 villages (79,3%)
ont moins de 500 habitants tandis que 4 villages (6,9%), concentrent 32,5% de la population de la
communauté rurale. Selon le PLHA, en 2011, environ 50%, de la population était concentrée dans
les localités de plus de 1.000 habitants (soit 13% des localités) alors que les établissements
humains de faible taille (moins de 500 habitants) représentant 69% des localités, ne regroupaient
que 19% de la population de la CR (SEMIS, 2011).
Situation W Sud C-W C-E N-W Est Nord C-N C N-E C-N-E S-W
115
Carte 2 : Densités de population selon les zones de gestion
116
2.1 L’agriculture
L’agriculture est la principale activité économique dans la CR de Mbane. Elle est pratiquée sous 3
formes : agriculture irriguée, agriculture pluviale et arboriculture fruitière. L’agriculture irriguée
qui est de loin la plus importante, connait un développement rapide en raison de la proximité et de
disponibilité des ressources en eaux du Lac. Elle est traitée plus loin, dans le chapitre consacré
aux ressources en eaux et aux infrastructures hydrauliques.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
Activité saisonnière et traditionnelle, l’agriculture sous-pluie est pratiquée dans les terres
sablonneuses du Dieri et parfois dans les périmètres en jachère. Elle occupe une bonne partie des
ménages ruraux de la communauté rurale (97,6%)12 surtout dans les zones de Saré Lamou, de
Diaglé et de Nguéléfoul. Les principales spéculations cultivées sont le mil, le niébé, l’arachide, les
pastèques. Les récoltes sont essentiellement destinées à la consommation familiale. Les
rendements sont en général très faibles et les productions très aléatoire à cause de l’irrégularité
pluviométrique qui caractérise la zone, mais aussi de l’appauvrissement des sols. Ainsi, pour le
mil et l’arachide sont les cultures les plus significatives, les rendements tournent autour de 300 kg
à l’hectare (PLD, CR de Mbane 2010).
La CR de Mbane connait une forte pression foncière avec la venue d’investisseurs aussi bien
étrangers que nationaux qui développent des stratégies pour s’octroyer de vastes étendues des
terres, à des fins agricoles, entre autres. Cet afflux des investisseurs a donné lieu à de nombreuses
affectations de terres qui ont été décriées par les populations et fortement relayées par la presse au
cours de ces dernières années. Les terres exploitées traditionnellement en pluviale sont de plus en
plus grignotées et/ou aménagées pour l’agriculture irriguée. Cette situation est surtout remarquable
dans les zones de Mbane, de Ndombo, de Thiago.
2.1.2 L’arboriculture fruitière
Elle est pratiquée dans certains villages de la CR et se rencontre principalement dans les villages
de Ndombo, Diame Guene, Temeye, Ndiakhaye et Mbane, l’arboriculture occupe près de 7,2%
des ménages de la communauté rurale (FAO, Ministère Agriculture 1998). Les plantes cultivées
dominantes sont les manguiers, les agrumes (citronniers, pomelos…), etc.
12
FAO, Ministère Agriculture 1998. Recensement National Agricole du Sénégal.
117
Tableau 4 : Évolution du cheptel de la CR de Mbane.
Espèces 2000* 2008** 2009**
Bovins 20 000 42000 43000
Ovins 7 500 37000 38000
Caprins 9 500 42000 42500
Équins 1 150 1660 1800
Asins 5 000 1900 2000
Camelin 45 - -
Volaille 20 000 13000 13500
Source : SAED POAS Mbane ; **ARD, PLD CR de Mbane, 2010.
La pratique de l’élevage est extensive. Le nomadisme pastoral et la transhumance constituent les
principales bases pour satisfaire les besoins en alimentation du bétail, notamment avec la
recherche de pâturages naturels et l’exploitation des résidus de récoltes dans champs du Dieri et
des périmètres irrigués.
Cette forme d’élevage occupe de vastes espaces obligeant le bétail à parcourir de longues
distances, suivant les différentes périodes de l’année à la recherche de pâturage naturel et de points
d’eau. Le bétail s’abreuve surtout au niveau des mares d’hivernage et des ouvertures sur le Lac
(Toufndés). Ces derniers constituent les principaux points d’eau du bétail en période sèche. En
dehors des mares d’hivernage, la CR compte officiellement quatre ouvertures sur la Lac (autour
des villages de Ndiakhaye, de Poma et Saneinte, Mbane et Saneinte Tacque et Singou diéry), deux
sur la Taouey (autour des villages de Médina Cheikhou et Diamegueune), deux abreuvoirs
aménagés (vers les villages de Tèmeye Toucouleur et de Sand) et deux forages (Saré Lamou et
Diaglé) (POAS Mbane, 2005).
L’élevage telle que pratiquée dans la CR connait de nombreuses difficultés qui handicapent sa
pratique. Il s’agit entre autres de la réduction et de l’appauvrissement des pâturages sous les effets
combinés de la sécheresse, de la progression des aménagements hydroagricoles, de l’obturation
des couloirs de passage des animaux et des points d’abreuvement et des feux de brousse, etc.
(PLD, CR de Mbane 2010). Les périmètres irrigués et les chenaux d’irrigation sont pour la plupart
aménagés de façon sommaire et implantés sans respect des règles édictées dans le cadre du POAS,
obligeant le bétail à faire de grands détours pour accéder aux points d’eau. Pour surmonter ces
contraintes, les pasteurs utilisent les chenaux pour abreuver le bétail. Il s’en suit une dégradation
rapide de ces infrastructures qui constitue avec la divagation fréquente des animaux dans les
champs, des sources quasi permanentes de conflits entre agriculteurs et éleveurs. Il semble
prévaloir une situation assez anarchique au niveau de l’occupation de l’espace qui a tendance à
alimenter les velléités conflits avec des risques élevés d’affrontements entre agriculteurs et
éleveurs.
Le projet PDIDAS doit accorder une attention particulière à cette situation. Les infrastructures
hydrauliques ainsi que les aménagements qu’il vise à promouvoir le PDIDAS doivent prendre en
compte l’importance du pastoralisme dans cette CR (comme dans celle mitoyenne de Syer) du
reste) Partant, les installations et aménagements qu’il envisage de promouvoir devront également
prendre en compte les pratiques pastorales dominantes. Il s’agit notamment dans le cadre du
projet, de veiller au respect du POAS, à la préservation des pistes du bétail, à la clôture des
périmètres par les irrigants et à l’aménagement, hors des périmètres clôturés, de points
d’abreuvements alimentés par dérivation à partir des chenaux principaux.
118
2.3. Les autres activités
2.3.1 La foresterie
La CR dispose de ressources naturelles surtout ligneuses qui sont exploitées par une partie de la
population. Elle compte des espaces boisés dont les produits pourvoient des revenus
complémentaires aux ménages concernés. La foresterie occupe un ¼ des ménages répartis
principalement dans les villages de Temeye, Bajincobes, Diassarnabe Ballande, Nguelefoul, etc.
Les principaux produits tirés de l’exploitation des ressources forestières sont, le gowé, le
niandane, le bouye (fruit du baobab), le jujube (du Ziziphus M., le soump (du Balanites A.), le bois
de chauffe, les gousses d’acacia, le typha, etc. Ces produits végétaux, en particulier le gowé, sont
cueillis, préparés et vendus à des commerçants venus principalement de Dakar et des autres
centres urbains du pays. La collecte et le traitement du gowé pour en faire des produits comme
l’encens, la transformation du typha en nattes ou palissades, etc. sont des activités exclusivement
réservées aux femmes. Il s’agit d’activités pénibles ; les femmes collectent les matériaux dans le
lac avant de les sécher, puis (pour le gowé) de les griller et piler. La confection des nattes est une
activité dans laquelle les femmes de l’ethnie maure sont spécialisées.
L’exploitation de ces produits ne fait l’objet d’aucune organisation formelle. Toutefois, les
exploitants en majorité des femmes, doivent avoir une autorisation du Service des Eaux et Forêt,
auquel ils payent une taxe d’exploitation pour avoir le droit de déplacer les produits vers d’autres
localités. Ces activités sont assez rentables selon les femmes, mais les conditions de travail qui se
traduisent par un contact permanent avec l’eau, favorisent la propagation des maladies hydriques
comme la bilharziose.
2.3.2 La pêche et la transformation des produits halieutiques
La pêche continentale est pratiquée dans le Lac et la Taouey, exclusivement dans les villages
autour de ces entités hydrologiques, notamment Ndiakhaye, Temeye, Mbane, Diame Guene.
Activité principalement masculine, la pêche occupe près de 5,1% des ménages (FAO, Ministère
Agriculture, 1999).
Les techniques de pêche sont rudimentaires avec des engins le plus souvent non-réglementaires.
Les techniques de pêche sont différentes selon qu’on soit au niveau de la Taouey où la pêche est
pratiquée avec les sennes de plage, ou au niveau du lac de Guiers où elle se fait par contre avec les
filets dormants et les « dolinke » (hameçons). La pêche prospère surtout en hivernage et pendant
la période des hautes eaux, de juillet à décembre (tableau 5). Les prises sont estimées pour l’année
2012 par le centre de pêche de Mbane à 331 tonnes et une valeur de 205 millions FCFA. Elles
sont très largement dominées par le tilapia, plus de 70% des prises, suivi du chinchard et du
capitaine.
Tableau 5 : Les mises à terres mensuelles dans la CR de Mbane en 2012
janv. fev. mars avril Mai juin juillet août sept. oct. nov. déc. Anne
2012
Prod (t) 23,01 18,9 17,7 18,9 19,6 21,8 32,0 37,4 31,7 38,5 36,8 34,5 330,9
Source: Centre de pêche de Mbane, 2012
Le secteur a bénéficié de l’amélioration du remplissage du Lac avec la rectification du tracé de la
Taouey et la réalisation des barrages de Diama et de Manantali. Il bénéficie par ailleurs de l’appui
des deux centres de pêches (Mbane et Guidick) qui interviennent dans les communautés rurales
riveraines du Lac (Mbane, Keur Momar et Syer).
Toutefois, il ressort des enquêtes effectuées dans le cadre de l’élaboration du PLD de la CR (2010)
que les prises suivent une tendance à la baisse, même si la ressource est disponible dans les eaux.
Une des explications à ce handicap est le développement des espèces végétales envahissantes
119
comme le typha qui, bien qu’il serve de frayère pour les poissons, obstrue les abords des points de
pêche, en plus de servir de repaires à des reptiles dangereux pour les pêcheurs. (PLD Mbane,
2010). La pression sur le ressource semble exacerbée ces dernières année par l’afflux de pêcheurs
étrangers, surtout maliens, dont près de 500 pêcheurs ont été dénombrés au sein des conseils de
pêche de la zone du Lac. Leurs pratiques de pêches sont jugées, par les populations comme par les
agents des centres de pêches, peu durable pour une préservation de la ressource.
Avec une importance relative, des activités de transformation du poisson (séché, fumé, salé) sont
relevées dans les zones de pêche. Ces produits sont revendus sur le marché local, dans les
hebdomadaires (loumas) et au niveau des centres urbains comme Richard-Toll, Ross-Béthio et
parfois aux mareyeurs maliens qui les exportent.
En plus d’être la principale source d’irrigation pour les activités agricoles, le lac reçoit tous les
effluents des périmètres hydroagricoles et des sociétés établis dans la zone, particulièrement la
CSS. Le rejet des eaux de drainage chargées en produits de toutes sortes avec la pression qui
s’accentue sur les eaux du lac augmentent les menaces qui pèsent sur la pêche. Les constats sur la
dégradation de la qualité et de la quantité des prises sont imputés à ces facteurs qui altèrent la
qualité de l’eau au point que la ressource peine à se régénérer correctement (AGRER-SETICO,
2009b).
2.3.3 Le tourisme
Le tourisme est peu développé dans la CR malgré l’existence d’un potentiel culturel et
cynégétique non négligeable. En effet, outre les paysages du lac de Guiers et de la Taouey, la CR
dispose de sites historiques très importants, reconnus mais qui ne font pas l’objet d’une
exploitation. Il s’agit notamment de i) Dogou Bour : place interdite à toute autorité (à 1,5 km de
Saneine) ; ii) Dakhar Dahaa, lieu de prière et de vœux sous un arbre situé à 1 km du village de
Saneine ; iii) Dakhar El Hadji Malick sous lequel le saint homme de la Tidjanya écrivit Taysir, à
Ndombo Sandjiry Diop ; et iv) Kan Diack sur les bords du lac, entre NDiakhaye et Malla où réside
le mauvais esprit (Rab). Des ressortissants de la CR, de Dagana, de certaines régions du Sénégal
et aussi de Nouakchott fréquentent périodiquement ces sites historiques et lieux de prières (PLD
Mbane, 2010).
On peut aussi noter l’existence de 25 aires protégées héritées du programme Biodiversité
auxquelles s’ajoutent deux zones amodiées pour la pratique de la chasse (sanglier et petit gibier).
Un Programme de Conservation et de Valorisation de l’Aire du Patrimoine Inter Régional du Lac
de Guiers (APILG) est en cours de formulation dans le cadre d’une coopération entre les conseils
régionaux de Saint-Louis, de Louga et le Luxembourg. Il envisage une conservation de la diversité
biologique à travers la préservation, la restauration, et la valorisation des patrimoines naturel,
culturel et historique pour l’atteinte des OMD (Coopération Sénégal-Luxembourg, juin 2012)
2.3.4 L’artisanat
L’artisanat est une activité assez développée dans la CR. Le savoir-faire local s’exprime à travers
quelques activités de service avec des produits qui intéressent principalement la population locale.
Le secteur compte des corps de métiers traditionnels comme la forge, la bijouterie, la cordonnerie,
vannerie, la tannerie, la sculpture (laobés), avec entre autres activités, la fabrication de nattes avec
le typha, la teinture, le traitement des cuirs et peaux, etc.
Cependant, très peu des produits artisanaux sont vendus en dehors du marché communautaire
(PLD Mbane 2010). Les artisans connaissent en effet des difficultés de commercialisation, d’accès
aux matières premières, du manque de promotion du secteur, mais aussi, des problèmes de
communication liés à l’enclavement de la zone.
120
2.4 Éléments de synthèse : domaines d’activités des ménages ruraux de la CR
Pour l’essentiel, l’économie de la CR repose sur des activités du secteur rural avec plus de 80%
des ménages en qui tirent leurs revenus, l’agriculture et l’élevage étant de très loin les principaux
secteurs d’activités des populations. Le tableau 6 tiré du dernier recensement national de
l’agriculture (RNA), indique pour les villages couverts par cette étude, les domaines d’activité
des ménages ruraux (FAO, Ministère de l’Agriculture, 1999).
Tableau 6 : Activités des ménages ruraux de la CR de Mbane
Ménage
Effectif des Ménages Effectif des ménages ruraux agricoles pratiquant l’activité
Ménages dans
Village concessions ruraux Agricult Prod Prod
ruraux Forestière Élevage l’activité
rurales agricoles pluviale maraich fruitière de pèche
NDOMBO 159 183 124 119 88 52 9 73 5
DIAME
GUENE 69 72 67 66 59 38 10 60 10
OUROURBE 107 127 69 68 33 0 3 66 1
TEMEYE 145 164 144 135 133 54 42 125 21
BISNABE
DIAPBOBE 201 253 148 140 59 0 9 138 6
MBANE 79 90 76 66 71 4 2 65 16
NDIAKHAYE 81 97 87 72 86 13 23 76 54
BAJINCOBES 97 139 74 70 35 0 74 74 0
DIAGLE 68 85 82 82 4 0 0 67 0
DIALNABE
BELY 65 44 0 0 44 44 0
NAMARY 104 44
DIASSARNA
BE 137 182 133 133 0 0 132 128 1
BALLANDE
DIAWALEDJI 55 107 85 85 0 0 35 85 0
DIAME
DIAYRE 75 143 143 143 0 0 62 139 1
BELEL
NGUELOBA 112 203 203 203 0 0 1 201 0
NGUELEFOU
L 65 84 73 73 0 0 65 58 0
FOSS
NDIAKHAYE 53 80 0 0 1 80 0
1 80 80
BISNABE
PENDA 56 133 0 0 2 132 0
YAYAKE 133 133
BISNABE
BOKI DIVE 139 303 303 303 0 0 1 300 0
VODABE
NIASSANTE 43 102 99 99 0 0 48 99 0
SOYONABE 3
(PATHE 63 71 1 0 3 71 0
BADIO) 138 71
Total 1869 2789 2238 2185 569 161 566 2081 115
Pourcentage 80,24% 97,6% 25,4% 7,2% 25,3% 93,0% 5,1%
Sources FAO/Ministère agriculture. RNA, 1999.
121
3. RESSOURCES EN EAU, RESEAUX HYDRAULIQUES ET SUPERFICIES
CULTIVEES EN IRRIGUE
13
Rapport étude des ressources en eau du lac de Guiers – AGRAR/SETICO, octobre 2009.
122
L’étude du schéma directeur d’aménagement agricole du lac explique que l’estimation correcte
des superficies exploitées autour du lac n’est pas toujours chose aisée, du fait du perpétuel
changement. Des exploitations agricoles se créent et disparaissent très rapidement de façon
conjoncturelle. Du fait des remontées salines, certains périmètres sont vite abandonnés à cause de
l’absence de drainage et à cause des mauvaises pratiques d’irrigation. La superficie des périmètres
irrigués villageois en bordure du lac a été estimée à 4 000 hectares en cultures divers et 1 500 à 1
800 hectares (Secteur Agricole du lac de Guiers/SAED).
Les exploitants ont, surtout, cultivé la patate douce à partir de la fin des années 1990 avant de
diversifier les spéculations depuis ces dernières années. La culture irriguée de la patate douce a été
l’activité la plus importante en occupant environ 80% des terres et de la force de travail (Étude
FNRAA, 2006). Elle occupe l’essentiel des terres irrigables en raison de son caractère itinérant ;
ce qui entraîne une grande pression foncière et une diminution progressive de la ressource. Par
ordre d’importance, les autres cultures irriguées sont l’oignon, la tomate, raison de manioc.
La Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) gère un périmètre de près de 8 200 hectares de canne à
sucre actuellement en production. Les périmètres de la CSS sont situés au nord du lac de Guiers,
de part et d’autre de la Taouey. La CSS dispose de plusieurs stations de pompages à Richard Toll
sur la Taouey, sur le lac de Guiers et sur le fleuve Sénégal à Khouma. D’importantes superficies
ont été attribuées par la CR à différents privés, en particulier dans le cadre de la GOANA.
Le POAS (2005) estime la superficie totale aménagée à 5 030 ha auxquels s’ajoutent les nouveaux
aménagements de la Compagnie Sucrière Sénégalaise (2 000 ha qui étaient en cours
d’aménagement). Compte tenu de la nature très sommaire des aménagements qui ne durent pas
plus d’une année en cas de non exploitation, la notion de superficie aménagée perd de son sens. La
SAED/secteur du lac de Guiers raisonne en termes de potentiel irrigable par les canaux existants.
La situation des superficies exploitées en 2011 et 2012 est la suivante :
Tableau 7: superficies exploitées (ha) en 2011 et 2012
Cultures Année agricole 2010/11 Année agricole 2011/12
Riz 52 127,9
Patate 85 111,5
Tomate 3 6,5
Oignon 177,2 226,5
Arachide 243,6 164,1
Manioc 89,8 63,2
Autres 457 155,1
Total 1 107,6 1 267,14
Les « autres » spéculations pratiquées sont la pastèque, le chou et d’autres légumes (aubergine,
piment, diakhatou, etc.) cultivées en association aux cultures principales. Globalement, les
superficies cultivées ont augmenté entre les années agricoles 2010/2011 et 2011/2012.
Les tendances d’évolution des superficies cultivées relèvent, comme dans les autres CR de la zone
du lac, de plusieurs paramètres (capacité et durabilité des chenaux, gestion du niveau d’eau du lac,
gestion des rotations entre cultures en fonction de celle de la patate douce). La culture de la patate
entraine l’infestation des sols par les nématodes et leur salinisation rapide. De ce fait, les
exploitants se déplacent périodiquement sur de nouvelles terres (par location, principalement) pour
cette culture qui est ainsi itinérante/extensive et déprédatrice de sols. On observe un recul de la
superficie exploitée en patate (par rapport à ce qu’elles étaient quelques années auparavant) alors
que les superficies cultivées en arachide et oignon ont progressé et la dépassent sur les deux
années agricoles.
123
4 - ESTIMATION DES NIVEAUX DE PRODUCTION ET DE LEURS APPORTS DANS
L’ECONOMIE LOCALE
Les principales productions de l’agriculture irriguée des exploitants locaux impactent sur les zones
de production situées dans les terres proches du lac et de la Taouey. Ces productions, hormis le
riz, sont essentiellement destinées à la commercialisation sur le marché national (hors de la zone
de production). Après le remboursement du crédit de campagne, une partie de la production de riz
est autoconsommée ; l’autre est commercialisée au niveau des unités de transformation du delta et
permet de prendre en charge quelques besoins sociaux.
Il faut noter que les estimations de la SAED par sondage de rendement (source des tableaux qui
suivent) touchent très peu les exploitations des agrobusiness dont les productions visent, par
ailleurs, des marchés particuliers (hôtels, supers marchés ou l’exportation).
Tableau 8 : rendements moyens, productions et valeurs des principales spéculations en 2010/11
Culture Superf. Rendement Production (T) Valeur
moy. (T/ha)
Riz 52 7 364 43 680 00
Patate 85 35 2 975 297 500 000
Tomate 3 30 90 4 680 000
Oignon 177,2 25 4 430 620 200 000
Manioc 89,8 35 3 143 314 300 000
Arachide 243,6 2 487,20 146 160 000
Total 1 426 520 000
Tableau 9 : rendements moyens, productions et valeurs des principales spéculations en 2011/12
Culture Superf. Rendement Production (T) Valeur
moy. (T/ha)
Riz 127,9 7 831,03 91 412 750
Patate 111,5 35 4 460 446 000 000
Tomate 6,5 30 195 10 140 000
Oignon 226,5 25 6 795 951 300 000
Manioc 63,2 35 2 528 252 800 000
Arachide 164,1 2 410,25 123 075 000
Total 1 874 727 750
Les productions agricoles de la CR sont destinées à la consommation et à la commercialisation sur
différents types de marchés.
- La production rizicole sert d’abord et principalement à l’autoconsommation des villages,
ensuite au remboursement du crédit agricole (pour les exploitants qui ont des relations
bancaires) et à l’écoulement sur les marchés locaux de la zone (ville de Richard Toll, surtout)
pour avoir un revenu monétaire destiné à satisfaire quelques besoins sociaux (habitat, santé,
éduction, etc.).
- La production de tomate bénéficie d’un marché sécurisé (Unités industrielles de la SOCAS)
dans le cadre d’une filière assez bien organisée (Comité tomate) ; la majorité de la production
est écoulée par ce biais. Une certaine partie est écoulée auprès de commerçants pour la
Mauritanie (surcout) avec un prix plus intéressant pour les producteurs qui arrivent à
s’entendre avec ces commerçants.
- Les productions de patate, d’oignon, d’arachide et de manioc sont destinées aux marchés des
grandes agglomérations du pays (Dakar, Touba, Saint Louis, etc.).
124
Ainsi, hormis le riz, les principales productions sont destinées au marché national qu’elles
n’arrivent pas à satisfaire de manière régulière et en quantité suffisante, en dehors de l’oignon qui
avec les autres zones de production (Niayes) approvisionne le Sénégal de manière relativement
conséquente.
Le niveau de production de la CR permet donc d’approvisionner les marchés de la zone, ceux des
certaines villes (de manière encore assez faible). Il contribue relativement à l’autosuffisance de la
CR en riz et procure aux producteurs des revenus monétaires (il faut dire, insuffisants) pour la
prise en charge de certains besoins sociaux.
125
adhérentes d’exploiter régulièrement ; qui plus est s’il s’agit d’une exploitation collective
recourent à la location ; l’exploitation est souvent collective (sans parcelles individuelles).
Les associations - Les associations constituent un statut juridique que leur confère la loi.
Généralement elles ont pour objet la promotion d’une catégorie sociale, mais sans exclusivité ; on
peut donc rencontrer une grande diversité parmi elles. Elles relèvent d’un statut antérieur à tous les
autres (période coloniale).
Dans beaucoup de villages il existe un périmètre communautaire où l’adhésion est de facto (tous
les chefs de ménage ou de famille sont membres), donc un nombre très important d’adhérents.
En outre, on note aussi plan socioculturel voir religieux, l’existence de Dahiras et d’ASC comme
l’Association Villageoise de Développement des villages de Ndombo, Diaglé et Thiago,
l’Association pour la Rénovation de Mbane et Diaglé, l’Association pour le Développement
Intégré de Mbane, etc. (PACR, 2010).
Au niveau de la CR on retrouve des organisations faîtières comme :
- le Cadre Local de Concertation des Organisations de Producteurs (CLCOP) qui compte
160 OP membres,
- l’Amicale Socioéconomique Sportive et Culturelle des Agriculteurs du Walo (ASESCAW),
- l’Union Locale des Groupements de Promotion Féminine (ULGPF) de Mbane, qui compte 93
GPF,
- la Maison des Éleveurs (MDE),
- le Directoire des Femmes en Élevage (DIRFEL), etc.
Les individuels – Il s’agit d’individualités qui, à titre personnel, exploitent des terres affectées par
le Conseil Rural ou selon un accès coutumier. Ils sont assez nombreux parmi les exploitants avec
souvent de petites superficies.
Les sociétés - Ce type de statut est généralement celui des entreprises/industries/ « agrobusiness »
qui sont venus s’installer dans la CR.
Toutes ces formes de structure se retrouvent parmi les exploitants qui utilisent les 63 chenaux
répertoriés.
126
également peu présentes dans le conseil où elles représentent 11% des membres, même ce chiffre
dépasse de loin certaines CR de la zone de la zone du projet.
En outre, il apparait que 52% des conseillers ont été jusqu’à l’école primaire dont 15% le niveau
secondaire et 13% pour le niveau supérieure. Les éleveurs dominent si l’on considère la répartition
suivant la situation socioprofessionnelle avec 33% de l’effectif. Suivent les agriculteurs 22%,
ensuite des employées (CSS, fonctionnaires, etc.) 20% dont neuf de la Compagnie Sucrière
Sénégalaise (CSS). Les enseignants représentent 7%, les commerçants 4% et les chauffeurs 2%.
Quant aux conseillères, elles sont toutes des femmes aux foyers (PLD de Mbane, 2010).
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le Conseil Rural de Mbane n’est plus fonctionnel et c’est une délégation spéciale du
gouvernement qui gère la communauté.
Le fonctionnement du Conseil Rural était articulé autour d’un organe exécutif et d’’un organe
délibérant. L’organe exécutif comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Ce bureau exécutif est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des lois ainsi
que des décisions du Conseil Rural sous l’autorité du sous-préfet. En tant qu’ordonnateur du
budget, le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
Le Conseil Rural de 46 membres constituait l’organe délibérant. Il est au cœur de la gouvernance
locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de la collectivité locale,
notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de développement
économique et social. Il est assisté par une assistante communautaire (ASCOM) qui l’appui dans
ses différentes fonctions.
Le Conseil Rural de Mbane avait mis en place 13 commissions techniques, couvrant l’ensemble
des secteurs de développement économique, social et environnemental de la CR. Chaque
commission est composée de conseillers ruraux et présidée par l’un d’entre eux. Elle peut
s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que des personnes
ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer des solutions au
conseil. Dans le domaine foncier, le conseil dispose d’une commission domaniale chargé
d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière, mais les décisions en la matière
sont du ressort du conseil qui statue par délibération. Il dispose aussi une autre commission qui
s’occupe des relations avec les chefs de villages, les litiges et conflits.
Il est à souligner que le Conseil Rural bénéficiait dans ses différentes fonctions et tâches de
l’assistance des services déconcentrés de l’État, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui
au développement local (CADL). Il peut également mobiliser les services techniques
départementaux ou régionaux (SAED, ANCAR, les services des Pêches, des Eaux et Forêts, de
l’Aménagement du territoire, SDDR, Hydraulique, etc.). Le Conseil Rural de Mbane bénéficiait
dans plusieurs secteurs d’activités de l’appui-conseil de projets (le PACR/FVD financé par l’AFD,
le PGIES), d’industrie notamment la CSS et d’ONG (Ferlo gomme, COOPERA, AECID, etc.)
127
Tableau 10 : Évolution du budget de la CR de Mbane de 2006 à 2010
Recettes prévues Recettes réalisées Taux de
Année réalisation
Fonct. Invest. Total Fonct. Invest. Total
66 036
2006 64 729 877 171 783 484 836 513 361 94 217 600 160 253 775 19,2%
175
10 032
2007 95 903 343 710 055 093 805 958 436 128 776 200 138 808 873 17,2%
673
42 989
2008 102 167 300 229 183 337 331 350 637 38 052 681 81 042 593 24,5%
912
36 827
2009 125 381 498 135 318 827 260 700 325 13 023 660 49 850 756 19,1%
096
57 711
2010 168 233 782 201 082 625 369 316 407 137 465 577 195 176 673 52,8
096
Source : PLD de la CR de Mbane, 2010 (Conseil rural de Mbane)
6.2.1. Les recettes de fonctionnement
Les recettes de fonctionnement de la CR de Mbane proviennent de recettes propres que le Conseil
Rural tire de recettes fiscales (impôts et taxes), de recettes non fiscales (produits d’exploitation et
du domaine) et de recettes diverses (produits divers) d’une part, et d’autre part de fonds de
dotation de l’État pour le fonctionnement. L’évolution du budget de la CR est synthétisée dans le
tableau qui suit (tableau 11).
Tableau 11 : Évolution des recettes de fonctionnement de la CR de 2006 à 2010
Année Fonds de dotation Produits fiscalité locale Total
2006 6.531.906 59.504.269 66.036.175
2007 7 076 344 2 956 330 10.032.674
2008 9 921 300 66 400 740 76.322.040
2009 10 306 300 16 414 690 26.720.990
2010 11 000 000 33 587 649 44.587.649
Source : PLD de la CR de Mbane, 2010 (Conseil rural de Mbane)
L’analyse de l’évolution des recettes de fonctionnement montre que celles-ci fluctuent d’une
année à une autre. Toutefois, excepté l’année 2007, les recettes fiscales dominent le budget de
fonctionnement de la CR.
6.2.2. Les recettes d’investissement
Pour assurer ses investissements, le Conseil Rural dispose d’autres recettes, autres que celles
destinées à son fonctionnement, qui proviennent des Fonds de concours, des excédents de
fonctionnement capitalisés et de la participation des populations. La répartition de ces différents
apports se décline comme indiqué dans le tableau qui suit (tableau 12).
128
Tableau 12 : Évolution des recettes d’investissement de la CR de Mbane de 2006 à 2010
Année Autres fonds de concours Excédent capitalisé Total
2006 94 217 600 - 94.217.600
2007 97 480 200 31 296 000 128.776.200
2008 4 720 553 - 4.720.553
2009 8 000 000 - 8.000.000
2010 4 000 000 146 588 124 150.588.124
Source : PLD de la CR de Mbane, 2010 (Conseil rural de Mbane)
Dans les recettes destinées aux investissements de la CR, la part des fonds de concours
connaissent une baisse remarquable depuis 2008. Quant aux excédents capitalisés, ils n’ont eu
aucun apport pour les années 2006, 2008 et 2009, même si elles atteignent les 146.588.124 FCFA
en 2010. Les recettes d’investissement ne connaissent pas une hausse constante même si elle est
passée de 94.217.600 FCFA en 2006 à 150.588.124 FCFA en 2010 soit une hausse de plus de
62%. Elle n’atteint que 4.720.553 FCFA en 2008 et 8.000.000 de FCFA en 2009.
129
suspension du Conseil Rural et à placer la CR sous délégation spéciale. Des menaces ont été
émises à l’endroit du sous-préfet sous couvert d’anonymes et le préfet a fini par être affecté dans
une autre collectivité locale.
Enfin, le conseil a eu des conflits avec certains chefs de villages, notamment avant 2008. Ce fut le
cas avec celui de Saneinte qui a eu à contester, en tant que membre de la commission domaniale,
la décision d’affection de terres à des non-résidents, considérant qu’il n’a jamais été informé
d’une quelconque opération de prospection, voire d’installation dans son village (PACR, 2010).
6.3.2 Les conflits entre agriculteurs et éleveurs
La fréquence de ces conflits est la plus élevée dans la CR de Mbane. Ces conflits surviennent
quasiment toute l’année et se multiplient surtout en saison sèche. Ils prennent des proportions
parfois très alarmantes entre octobre et novembre, période de récolte des cultures pluviales dont
les champs ne sont pas clôturés et de recherche de points d’eau pour les troupeaux. Dans le Walo,
c’est en période de contre-saison, au moment où les points d’eau du Dieri, commencent à
s’épuiser que les conflits s’annoncent. Les causes de ces conflits sont entre autres la divagation
des troupeaux, que ne peuvent maitriser les jeunes bergers inexpérimentés, l’occupation des
couloirs de passage du bétail par les aménagements hydroagricoles. L’accès des transhumants au
Lac de Guiers et à la Taouey est menacé par les dernières affectations de terres du conseil
rural qui risquent de fermer les voies d’accès aux points d’eau (PACR, 2010). Par ailleurs, les
possibilités de pâturages post culturaux s’amenuisent. En effet, la période de vaine pâture se
situait entre janvier et juillet, soit entre la fin de la campagne d’hivernage et le début de la
suivante. La double culture irriguée tend à faire disparaitre cette pratique.
Parmi les conflits les plus remarquables on peut citer le cas entre les wolofs du village Diaglé et
les peuls du village de Mar. Suite à la divagation d’un troupeau conduit par un jeune berger peul,
les agriculteurs de Diaglé ont saisi le troupeau, frappé le berger et demandé un dédommagement.
Les proches du berger ont payé la somme demandée pour la libération du berger et du troupeau.
En réaction, les peuls de Mar soutenus par des peuls d’autres villages ont boycottés le marché
hebdomadaire de Diaglé. Les zones les plus conflictuelles de la CR sont celles de Saré Lamou,
Diaglé, Penda Yayaké. Ces conflits sont cependant moins fréquent dans la zoner Bouteyni qui
exclusivement sylvo-pastorale.
Le Conseil Rural dispose d’une commission pour régler les conflits qui avec l’appui du PCR joue
un grand rôle dans leur gestion à l’amiable. Elle évalue les dommages et fixe les amendes
dans les cas où les dommages sont jugés mineurs. Tout éleveur fautif dont le troupeau est mis
en fourrière doit en plus de dédommager le cultivateur, verser une amende au Conseil Rural pour
la libération de son troupeau. A l’échelle de l’arrondissement, le sous-préfet a créé par arrêté une
commission locale sur la divagation des animaux. Elle est composé du chef du CADL, du chef de
la brigade des Eaux et Forêts, du conseiller agricole et rural (CAR) de Mbane, de l’agent de la
SAED et des représentants des producteurs locaux (agriculteurs et leveurs). Elle procède au
constat et à l’estimation des dommages occasionnés par les divagations. Les frais de déplacement
sont à la charge de l’agriculteur qui a subi la divagation, il paie le carburant. Faute de règlement à
l’amiable, la victime dépose une plainte à la gendarmerie avec la copie du procès-verbal de
constat. Les parties peuvent aussi saisir directement la gendarmerie où un règlement à l’amiable
est aussi possible avec le retrait de la plainte. Toutefois, il est très rare que le conflit atteigne
le stade de contentieux judicaire (PACR, 2010).
6.3.3 Les conflits entre agriculteurs
Des conflits impliquant des agriculteurs sont notés sur toute l’étendue de la CR et relèvent de
plusieurs facteurs : non-respect d’un contrat de partenariat ou de location, refus de restituer à son
propriétaire une parcelle qui a été prêtée ou louée, etc. Mais ces conflits dépassent rarement le
cadre du village, voire du Conseil Rural. Ce type de conflits nait aussi de problèmes d’héritage
130
suite au décès du chef de la famille affectataire d’une terre initialement détenue en vertu du droit
coutumier. Ainsi à Madina Baidy où un conflit foncier de cette nature oppose des membres d’une
même famille (PACR, 2010).
Les conflits entre agriculteurs résultent parfois d’une erreur du Conseil Rural ou d’une
contestation de ses décisions. En effet, il peut arriver qu’un terrain soit affecté à deux exploitants
ou groupements. Cette source de conflit est devenue récurrente avec la situation foncière créée
suite aux attributions décidées dans le cadre de la GOANA. Ces conflits ont été notés dans les
zones de Diaglé, de Ndiakhaye, de Louguéré Bailo…, et portent souvent sur des terres affectées et
non mises en valeur ou laissées en jachère (PACR, 2010). Une contestation des décisions du
Conseil Rural a été à l’origine d’un conflit opposant les villageois de Madina Cheikh.
L’affectation de terres dans ce village à certains d’entre eux par l’ancien Conseil rural a rencontré
l’opposition de villageois qui n’ont pas bénéficié de ces attributions, considérant qu’il y eu un
favoritisme d’un côté et une discrimination à leur endroit.
Ces conflits entre agriculteurs finissent rarement devant la gendarmerie ou la justice. Ils sont le
plus souvent réglés à l’amiable, des compromis sont généralement trouvés entre les protagonistes
avec le concours des chefs de villages, du PCR, du CADL, voire du sous-préfet.
6.3.4. Les conflits entre autochtones et allochtones
Ce genre de conflits concerne deux catégories d’allochtones : les membres d’un autre village et les
investisseurs étrangers ou nationaux. Ils sont le fait d’affectations de terres sur les emprises
coutumières d’un village ou de ses membres. L’exemple le plus marquant est celui du conflit
opposant la Section villageoise de Louguéré au le Foyer des jeunes de Ndiakhaye. Le conflit porte
sur l’affectation depuis 1991 à la Section villageoise de Louguéré, de terres situées dans le village
de Ndiakhaye. Le conflit a été particulièrement vif, lorsque les membres du Foyer de Ndiakhaye
qui n’avaient pas réagi au creusement du canal, se sont opposés à la mise en valeur du périmètre.
Un règlement à l’amiable permis de mettre fin à la tension.
Les conflits peuvent opposer les villageois à d’autres catégories d’allochtones comme les
entreprises étrangères, surtout lorsque la procédure d’affectation n’est pas transparente. En effet,
certains investisseurs étrangers peuvent par des procédés divers, s’accorder les faveurs du Conseil
Rural qui s’empresse de leur affecter de vastes étendues sans pour autant en aviser la population
locale. De même, des investisseurs traitent directement avec des chefs de villages et signent avec
eux des protocoles pour l’exploitation de terres du village et certains habitants du village, surtout
des jeunes, s’y opposent, quand ils sont au courant.
Dans ces registres, s’inscrit le conflit qui oppose les habitants du village de Mar à la société
indienne SENEGINDIA SARL autorisé à s’installer sur 5.000 ha sur un site litigieux et qui
occupe 50 ha sur les 100 ha d’une aire de mise en défens attribuée au village. Constatant son
installation, les jeunes ont mené actions dénoncer le protocole d’accord paraphé entre la Société et
le chef de village et s’opposer à cette installation. Le Conseil Rural qui n’était pas avisé du
protocole d’accord s’est ensuite saisi du dossier et a demandé aux indiens d’arrêter les
défrichements, ce qui fut fait, mais la société a pu poursuivre l’exploitation es arachide de la partie
défrichée (PACR, 2010).
7.1 Importance et répartition des affectations foncières selon les usages prévus
Avec la promulgation de la loi sur le domaine national (loi 64-46 du 17 juin 1964), tous les droits
coutumiers sur les terres ont été supprimés et un régime de la domanialité des terres a été instauré.
Dans les zones de terroirs des communautés rurales, l’affectation et la désaffectation des sont du
ressort des conseils ruraux sous le contrôle des sous-préfets (décret 72-1288). L’affectation doit
131
être faite aux membres de la communauté rurale (seuls ou regroupés) et en fonction de leur
capacité de mise en valeur. Ces dispositions sont très peu respectées dans la réalité et toutes les
études montrent que le droit coutumier demeure toujours pour les populations et pour les
conseillers ruraux qui la prenne souvent en compte dans leurs décisions (PACR, 2010, MCA-
CIRAD-FIT-SONED, 2011).
L’actuelle CR de Mbane date de 2008 à la suite de l’érection de Gaé en commune et de Bokhol en
communauté rurale (décrets n° 2008-748 et 2008-749 du 10 juillet 2008). De ce qui reste de
l’ancien découpage de la communauté rurale de Mbane, les anciens conseils ruraux ont affecté
entre 1984 et 2008 près de 207.177 hectares (soit 207,2 km²) de terre, ce qui dépasse de loin la
superficie de la communauté rurale estimée à près de 192,5 Km² (total zone POAS).
Le PACR a réalisé en 2011-2012 un important d’exploitation des archives de la l’ancienne et
l’exploitation de ces données complétées et recoupées avec celle obtenus par nos enquêtes
(tableau ci-dessous), auprès du conseil. Il en ressort que le Conseil Rural a attribué à 957
affectataires une superficie de 207.177 ha, pour des usages agricoles (pour 99,5% des superficies
affectées), pour l’habitat (près de 0.07%) et 0,43% pour des usages divers comme les équipements
communautaires, infrastructures socioéconomiques (magasin de stockage, mosquée, école, etc.).
Tableau 13 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de Mbane (Sources PACR + enquêtes février 2013)
Usages Agricole Habitation Autres Total
Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha)
Taille 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2010 Total
Nombre 26 102 6 47 2 104 242 1 692
Sup ha 1967 4065 425 8813 35 61245 87846 100 206072
% 0.96 1.97 0.21 4.28 0.02 29.72 42.63 0.05 100%
132
Le dépouillement des données disponibles montre que depuis l’élection du Conseil Rural en 2009,
une seule affectation foncière a été faite en faveur de la société SNA, pour 100 ha en 2010. La
vacance et l’instabilité du Conseil Rural pour des raisons politiques constitue une des principales
raisons qui expliquent cette situation.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
Tableau 15 : Statut des affectataires des terres à usage agricole
Associat Coopérativ Gp Etabl.
Statut AVD GIE GPF Individ Société OP Program. Total
ion e Vil. Pub.
Nombre 15 47 3 30 9 552 23 10 1 1 1 692
Sup ha 4080 3109 420 6610 260 43825 146.485 233 30 20 1000 206072
% 1.98 1.5 0.20 3.2 0.13 21.27 71,1 0.11 0.01 0.01 0.5 100%
L’essentiel des affectataires de terres à usage agricole bénéficie à des sociétés : 71% des surfaces
pour seulement 3,3% des affectataires (tableau 15). Elles sont suivies par des personnes physiques
sans statut juridique (seul ou en tant que chef de ménages), qui constituent 79,7% de l’effectif des
affectataires pour seulement 21,3 % des superficies. Les GIE représentent 4,3% de l’effectif des
affectataires de terres à usage agricole et bénéficient de 3,21% des superficies. Les groupements
de promotion féminine (GPF) qui constituent la principale voie d’accès des femmes à la terre sont
peu nombreux (9 GPF) probablement en raison de l’implication des épouses des éleveurs dans
cette activité, sont très faiblement dotés en terres, avec seulement 0,13% des surfaces affectées.
Les autres affectataires sont les associations (1.98% des superficies), les organisations de
développement villageois (1,51%), des OP (0.11%).
7.2.3 Importance et distribution des affectations supérieures ou égales à 10 hectares
Dans le dépouillement et l’analyse des affectations pour usage agricole, un focus a été fait sur
celles qui font plus de 10 ha et leurs bénéficiaires (tableau 16).
Tableau 16 : Distribution des affectations foncières selon la superficie
Taille des parcelles affectées
Sup. 10 12 14 15 16 20 25 27 30 40 50 55 60 70 75 80 83 100
Nbre 216 2 3 40 1 78 5 1 46 9 55 1 2 6 1 1 1 57
affect.
et % 34,6 0,3 0,5 6,4 0,2 12,5 0,8 0,2 7,4 1,4 8,8 0,2 0,3 1,0 0,2 0,2 0,2 0,2
Tableau suite
200 à 310 à 600 à 20000
Sup. 113 140 150 500 1000 3200 5000 6000 8000 30000 50000 Total
300 400 800 à 2500
Nbre 1 1 6 33 11 16 3 14 5 1 3 1 1 2 1 624
affect.
et % 0,2 0,2 1 5,3 1,8 2,6 0,5 2,2 0,8 0,2 0,5 0,2 0,2 0,3 0,2 100%
Les affectations portant sur une superficie supérieure ou égale à 10 ha sont au nombre de 624, soit
90,2% de l’ensemble des affectations à usage agricole. Les superficies les plus couramment
affectées sont de 10 ha et 20 ha qui représentent respectivement 34,6% et 12,5% des superficies
affectées, soit environ la moitié. Les superficies de 50 à 100 ha représentent 1/10ème des
affectations, avec une très nette prépondérance des parcelles de 50 ha. Pour l’essentiel, ces
surfaces se rapportent respectivement à des petits périmètres villageois conçus par la SAED dans
les années 70 et 80, et à celle d’une unité autonome d’irrigation (UAI) dans les aménagements
intermédiaires. À l’opposé, 14 affectataires ont reçu 1.000 ha et 8 ont bénéficié de 8.000 ha à
50.000 ha. La liste des affectataires avec les superficies affectée est indiquée en annexe.
133
Un nombre très réduit d’affectataires, 18 au total soit 2,9%, ont été installés par la commission
domaniale de la CR sur les terres affectées. Dans les archives foncières de la CR, une bonne partie
des données sur l’installation des affectataires ne sont pas disponibles. Les enquêtes ont révélé que
la quasi-totalité des affectations faites en 2008 n’ont pas fait l’objet d’installation par la
commission domaniale. L’importance des affectations foncières enregistrées traduit la convoitise
qu’ont suscitée les terres de la communauté rurale de Mbane pendant la GOANA et qui relève
plus du marquage foncier et de la spéculation, que d’une réelle volonté de mise en valeur des
terres. Il est indispensable de procéder dans le cadre du PDIDAS, à un état des lieux exhaustif des
affectations, des installations et des affectataires.
Dans la communauté rurale, trois zones concentrent l’essentiel des affections foncières : la zone
de Thiago qui est traversée par le canal de la Taouey, 40,5, celle Badjincobé qui est assez proche
du Lac 25,1% et la zone de Mbane qui bénéficie d’une large ouverture sur le lac de Guiers, 24,8%,
soit au total les 9/10ème des terres affectées. Elles font partie des espaces les plus peuplés de la CR
et la proximité de la ville agroindustrielle de Richard-Toll offre une bouché important pour les
productions agricoles.
Ces trois zones sont du reste « plus que saturées ». car selon le dépouillement des délibérations,
les superficies qui y seraient affectées dépassent la superficie des zones elles- même. Cette
situation aberrante est la conséquence des attributions foncières effectuées de façon aveugle,
l’affectation d’une même parcelle à plusieurs personnes et à la non installation des affectataires
par la commission domaniale de la CR. Des terres seraient disponibles dans les autres zones, mais
dans de nombreux cas, elles sont relativement éloignées du Lac et de la Taouey. L’amenée d’eau
et leur mise ne valeur nécessitent en conséquence des investissements lourds qui dépassent les
moyens des populations (longs canaux revêtus pour limiter les infiltrations, tuyaux enterrés,
stations de pompage…). Le projet PDIDAS pourrait jouer un rôle important dans ce domaine,
dans le financement d’équipements hydrauliques structurants pour la mise en valeur de ces terres.
14
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
134
8. RECEPTIVITE ACTUELLE DE LA CR FACE A L’ACCUEIL DE L’AGROBUSINESS
ET AUX PROJETS HORTICOLES DANS LE CADRE DU PDIDAS
135
l’essentiel des terres a été affecté à des riches. Très peu de ces terres affectées par le
Conseil Rural (avant 2009) ont été exploitées ;
• Qu’est-ce que le projet fera des terres exploitées et des 3 ha qui ont affectées à chaque
chef de famille, les réponses à ces questions constituent une condition pour confirmer
l’accord de principe sur le projet ?
Les nombreuses expériences d’installation d’agrobusiness enregistrées peuvent être considérées
comme signe d’ouverture, mais cependant plusieurs sont encore peu concluantes. Des expériences
d’installation d’agrobusiness (Toll John, SNA, Fakhri) sur des terres du village de Sanente ont
échoué après une période relativement courte d’exploitation. Une négociation serait actuellement
engagée avec un partenaire porteur de projet, mais elle reste à confirmer. La présence de deux
projets d’agrobusiness est notée dans le terroir villageois de Seing Dièri : SANOCI (1 000 ha)
depuis 3 ans et Ferlo-gomme (150 ha) depuis 2003. Les projets tardent cependant à se concrétiser.
Plus globalement, pour beaucoup de villages l’arrivée d’investisseurs peut être bénéfique, mais ils
doivent s’installer sur les « terres hautes ». Ces perceptions sont ainsi résumées par ces propos
recueillis : « On peut fonder de l’espoir sur le projet, la situation actuelle (manque de moyens,
exode rural obligé, etc.) commande d’adhérer au projet ; mais il faudra vérifier (être vigilant) la
sincérité des propositions ». « Les terres disponibles sont celles situées « en haut » (les plus
éloignées du lac), les terres proches du lac (tàk) sont pour nous ».
9. CONCLUSION
La CR de Mbane est actuellement dans une situation institutionnelle et politique très tendue, où
aucun projet n’est possible. Cependant, si cette situation se règle, la zone peut être ouverte à une
installation raisonnable et réfléchie d’agrobusiness, selon des critères clairs d’inclusivité et de
durabilité. La riche expérience en la matière de la CR aidera une démarche participative à mettre
en œuvre des arrangements et des investissements durables.
Comme ailleurs, les zones potentiellement concernées sont les terres sablonneuses hautes de
l’arrière-pays, actuellement occupées par les agro-pasteurs et qu’il faudra prendre en compte. Cela
concerne particulièrement les besoins d’abreuvement, actuellement fournis par l’accès au lac.
136
Références bibliographiques
137
ANNEXE 1
Liste des chenaux dans la CR de Mbane
N° Chenaux Longueur(m) Potentiel (ha)
1 Ousseynou Thiam 80 45
2 Ousmane Sarr 130 30
3 Niaw Diop 50 20
4 Limale Diop 1 100 50
5 Foyer Saninte 91,5 50
6 Elhadji Gaye 330 40
7 Ibrahima Sarr 70 15
8 ManKeur Sarr 95 30
10 Elhadji Thiam 90 25
11 Cheikh Diop 75 20
12 Djiby Bousso 90 30
13 Mankeur Fall 130 20
14 Sohibou Sow 105 15
15 Ahmet Ba Fall 105 70
16 Aïssatou Diallo 102 15
17 Cheikhou Seck 150 50
18 Diokere 100 50
19 Mademba Gueye 205 150
21 Saer Thioubou 140 25
22 Elimane Gaye 100 10
23 Adama Gueye 90 10
24 Mor Gueye 205 20
25 Ndiaga Gueye 780 80
26 Djeler 1 300 800
27 Ibrahima Gaye 700 70
28 Ousmane Badji 250 70
29 Belel Ndendi 800 35
30 Ibrahima Sall 1 000 150
31 Gora Thiam 70 25
32 Cheikh Sall 300 50
33 Samba Thioubou 800 100
34 Bira Fall Gueye 200 50
35 Ismael Ndiaye 1 600 45
36 Baba Wade 180 15
37 Mayoro Diaw 101 17
38 Elhadji Sall 1 500 60
39 Souleymane Sarr 150 60
40 Cheikh Wade 80 40
41 Koute Sarr 100 10
42 GPF Mbane 100 6
43 Section Mbane 100 100
44 Projet Ndiouféne 200 15
138
45 Man sa Bopp 1 500 65
46 Souleye Diouf 60 15
47 Aly Magaye 60 15
48 Oumy Diaw 100 25
49 Balla Sarr 100 50
51 Falli Wade 100 10
52 Abdou Diop 90 30
54 Issa Wade 170 30
55 GPF Syer 80 10
56 Karim Gueye 1 200 200
57 Magueye Boh 3 000 100
58 Papa Gueye 2 000 100
59 Moussa Ndiongue 100 20
60 Ndiogou nder 100 15
Regroupement des
61 1 000 15
Femmes de Mbane
62 Mbodj Diagne 100 18
63 Mane Diop 100 50
64 Toll Jom 200 100
66 SOTRACOM (Cheikh Lö) 1 200 500
67 Témèye Agro 3 500 1000
Total 28 704,5 4 956
Source : SAED, 2009, complétée.
139
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
140
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE………………………………….142
1. PEUPLEMENT ET POPULATION………………………………………………………..…….144
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..……….144
1.2. Distribution spatiale de la population…………………………………………….145
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ………………...….145
141
6.2. 1. Les recettes de fonctionnement ……………………………………………….155
6.2. 2. Les recettes d’investissement ……………………………………………...….156
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………………......157
6.3. 1. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs ……………………………..…….157
6.3. 2. Conflits entre agriculteurs ………………………………………………..….157
6.3. 3. Litige foncier entre les CR de Ndiébène Gandiole et Gandon ……………..….157
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........162
142
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
Carte n°1 : Présentation de la Communauté Rurale et de ses zones de gestion Poas
La communauté rurale (CR) de Ndiébène Gandiole est située dans l’arrondissement de Rao du
département de Saint Louis. Elle a été créée en 2008 suite à une scission de la communauté rurale de
Gandon (décret 2008-1495 du 31 décembre 2008 modifiant le décret 2008-747 du 10 juillet 2008).
Elle est limitée à l’ouest par le Fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique, à l’Est par la Communauté
Rurale de Gandon, au Nord par la Commune de Saint Louis et au sud par la Communauté Rurale
de Leona (Région de Louga). Elle couvre une superficie de 20900 hectares (20,9 km²).
Pour la conduite des activités développement local, l’organisation de l’espace et la gestion des
ressources naturelles, le Conseil Rural a divisé le territoire communautaire en six zones de gestion
dans le cadre de l’élaboration des POAS :
143
zone de Gantour – Elle regroupe les villages situés à l’Est de la Communauté Rurale qui fait
frontière avec la CR de Gandon (à l’Est) et la CR de Léona (au Sud). Elle a une superficie
estimée à 5960 ha (soit 28,5% du territoire communautaire), dont 4% (soit 254 ha) est occupé
par la Réserve de Gueumbeul. Avec principalement deux types de sols, du Dieri (96%) et du
Hollaldé (4%), la zone est assez loin des principales sources d’eau de la région. L’agriculture
pluviale, dont les mises en valeur atteignent (375 ha soit 6%) et l’élevage (notamment sur une
zone pastorale qui fait 1.179 soit 20%) constituent les principales activités ;
zone de Keur Barka – Elle constitue l’essentiel de la partie Nord de la CR dont elle occupe
14,5% du territoire (soit 3.034 ha) et fait frontière avec la commune de Saint-Louis au Nord et
la CR de Gandon à l’Est. Cette zone à une ouverture sur le fleuve Sénégal et diversité de sols
(Dieri 36%, Hollaldé 15% et Fondé 9%) permettant la culture sur les berges en décrue (sur
près de 9% du territoire), la pratique de la pêche sur dont les emprises sont estimées à 911 ha
soit 30% de la zone, d’une agriculture pluviale (sur près de 95 ha), etc. C’est aussi une zone
de production maraichère (104 ha concernés) alimentée pour l’essentiel à partir des eaux de
puits, toutefois la salinité gagne de plus en plus ces terres et contraint à l’abandon de plusieurs
champs. En plus, la proximité de la zone avec la commune de Saint-Louis induit une avancé
du front urbain entrainant des lotissements qui empiètent sur les anciens champs ;
zone de Ndiébéne Gandiole – Elle se situe au centre Ouest de la CR dont elle occupe 12,5%
du territoire (soit 2.619%). Avec principalement deux types de sols, du Dieri (1.487 ha) et du
Hollaldé (390 ha), on note comme principale activité l’agriculture pluviale sur près de 129 ha
de la zone et du maraîchage (parfois en décrue) sur près 381 ha. Cette zone est fortement
touchée par le sel et l’avancée de la mer, entrainant entre autres effets la salinisation des sols
et la menaces de villages entières (surtout avec l’ouverture de nouvelles brèches dans la zone).
La zone concentre l’essentiel des mares de sel de la CR (récoltés par les femmes) ;
zone de Ricotte – Située au centre de la CR, elle s’étend sur près de 2.937 ha soit (14% du
territoire de la CR). Essentiellement couvert de deux types de sols (Dieri 2.292 ha et Hollaldé
595 ha), il apparait que l’agriculture pluvial et le maraîchage soient les principales activités en
plus de l’élevage (zone essentiellement peuplé de peuls) ;
zone de Mouït – Elle correspond à la partie Ouest de la CR dont elle occupe près de 5,9% du
territoire communautaire. Une bonne partie de la zone, soit 46% est sous l’emprise du Parc de
la langue de Barbarie (PNLB). Son ouverture sur le fleuve et l’existence de nombreux bras
permettent le développement de la pêche dont les emprises sont évaluées à 248 ha (soit près
de 20% du territoire communautaire). le maraichage (avec un peu d’agriculture pluviale)
malgré la salinisation progressive des terres qui sont près du fleuve est très développé dans la
zone. Les principaux types de sols sont le Dieri (1.001 ha) et le Hollaldé (15 ha) ;
zone de Dégou Niééy – Elle regroupe les localités qui se trouvent au Sud de la CR et fait
frontière avec la Communauté Rurale de Léona (Région de Louga). Important foyer de
production maraîchère (16% du territoire soit 398 ha), cette qui s’étend dur près de 4.713 ha
soit 22,5% du territoire communautaire a comme principale type de sol du sable (couvrant
près de 90% du territoire). Toutefois, près de 21% de la zone (soit près de 518 ha) est occupée
ou est sous l’emprise du PNLB, qui occupe toute la partie ouest (jouxtant le Fleuve Sénégal)
de la zone.
Dans le territoire de la CR deux parties se distinguent, de part et d’autre de la route nationale n° 1
(RN1).
La zone des Niayes située à droite de la RN1 en partant de Saint Louis et qui est sous influence
maritime (zones de gestion de Ndiébène, de Kër Baka et de Mouït). Les terres y sont salinisées
avec une accentuation induite par la brèche ouverte sur la mer en 2003 qui fait reculer les cultures
maraîchères, principale production agricole de cette partie de la CR.
144
La deuxième partie de la CR est située à gauche de la RN1 en provenance de Saint Louis.
Globalement, c’est une zone de Dièri avec des sols sableux à sablo-argileux (Dior, Dek-Dior et
Fondé) exploitées pour l’agriculture pluviale et l’élevage. Elle correspond aux zones de gestion de
Ricotte, Deegou Nieye et Gantour.
Les activités productives des populations sont très diversifiées. En plus des cultures maraichères,
il y a l’élevage, la pêche, l’agriculture pluviale, l’exploitation du sel et des carrières.
En perspective, la reprise du canal du Gandiolais par le MCA pourrait avoir un certain impact en
termes d’agriculture irriguée. Le canal qui part du Ngalam aboutit à la RN1 (près du village de
Gandon). Réalisé par le plan REVA (Ministère de l’Agriculture) grâce au Génie militaire par
depuis 6 ans environ, il n’est pas fonctionnel du fait de problèmes de calage au niveau d’eau du
Ngalam. L’aménagement du Ngalam comme chenal-adducteur avec un ensemble d’ouvrages
hydrauliques et son calibrage pour permettre l’irrigation de quelques terres de la CR, surtout si le
canal venait à être prolongé au-delà de la RN1.
Comme la CR voisine de Gandon, Ndiébène Gandiole est une très proche voisine de la commune
de Saint Louis avec laquelle elle a une frontière (au nord de la CR). Elle est, de ce fait, polarisée
par cette ville dont elle constitue un arrière-pays immédiat ; ce qui induit des relations dans
beaucoup de domaines (commercialisation des productions maraichères et halieutiques, services
sanitaires, administratifs, etc.).
1. PEUPLEMENT ET POPULATION
15
D’après le recensement administratif effectué par le Conseil Rural en 2010, la CR compte une population totale de
20.000 habitants, dont 52,4% de femmes et 47,6% d’hommes (PLD Ndiébène Gandiole, GERAD, 2010).
145
Tableau 1 : Évolution de la population de Ndiébéne Gandiole et projections démographiques
Nombre de Effectif population
Années Concessions Hommes Femmes Total
1988 828 4.350 5.011 9.310
2002 1.111 7.347 8.159 15.506
2011 16.322
2015 17.737
Source ANSD
En considérant les données du RGPH de 2002, les femmes constituent 52,6% de la population,
soit une proportion nettement supérieure à moyenne nationale qui est de 50,2%. La répartition de
la population par classe d’âge n’est pas disponible au niveau communauté rurale. En se basant sur
les données au niveau du département de Saint-Louis, on peut estimer que 55,6% de la population
totale ont moins de 20 ans, 40,5% ont entre 20 et 64 ans, contre 3,9% pour les plus de 65 ans.
La distribution des villages par classe de population présentée dans le tableau 2 révèle en 2002,
que 22 villages (37%) ont moins de 500 habitants tandis que 5 villages (17%), concentrent de la
population de la communauté rurale. Les localités de moins de 100 habitants sont pour l’essentiel
de hameaux de pasteurs transhumants situés dans la partie est de la CR..
1.3 L’inégalité des densités démographiques et ses implications dans la perception des
populations
La répartition spatiale de la population montre que les localités les plus peuplées se trouvent dans
les zones de Ndiébéne Gandiole et Mouït (Ndiébène Gandiole, Mouït et Tassinère), noyau
historique de la CR, à proximité de la route principale qui traverse la communauté rurale. Cette
concentration de la population dans certains villages entraine une distribution très inégale du
peuplement dans la communauté rurale. La densité moyenne de la population est de 74
habitants/km². Elle est supérieure à la moyenne régionale (47 habitants/km²), mais très largement
en-dessous de la moyenne du département de Saint-Louis qui est de 310 habitants/km² en 2010
(SRSD, 2010). Toutefois, la densité moyenne de 74 habitant /km² cache des disparités que révèle
146
la distribution de la population dans les six zones de gestion de l’espace définies le POAS de la
CR, illustrée par le tableau 3 et la carte 2.
Tableau 3 : Densités moyenne de population dans la CR de Ndiébéne Gandiole (habitant/km²)
Zones de gestion POAS
Moyenne CR Gantour Keur Ndiébène Ricotte Mouït Dégou
Barka Gandiole Niééy
74 38 45 226 40 261 30
Localisation des zones
Est Nord Centre-ouest Centre Ouest Sud
dans la CR
Sources : Données ANSD, Recensement 2002 ; SAED/PACR, POAS 2010.
Les densités démographiques dans les zones de Ndiébène Gandiole et Mouït sont trois fois
supérieures à la moyenne de la CR, alors qu’elles se situent autour ou en deçà de la moitié de la
moyenne de la CR dans les quatre autres zones. La pression foncière est moins forte dans ces 4
zones et en particulier, dans celles de Gantour et Deggou Nieey.
Carte 2 : Densités de population selon les zones de gestion
147
2. ACTIVITES ECONOMIQUES ET UTILISATION DES RESSOURCES NATURELLES
Ces activités s‘organisent autour de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, auxquels s’ajoutent
d’autres activités comme la foresterie, l’extraction du sel et le tourisme.
2.1 L’agriculture
L’agriculture est la principale activité économique. Elle est pratiquée sous trois formes :
agriculture pluviale, agriculture maraichère et arboriculture fruitière. L’agriculture irriguée telle
que pratiquée dans les aménagements hydroagricoles dans les autres CR du Delta est quasi
inexistante à Ndiébène Gandiole.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
Elle est pratiquée sur les terres sableuses du Dieri, notamment autour des villages de Ndiébène
Gandiole, Ndeguette, Darou Mboumbaye, Ndiole, Mouït, Keur Bernard, etc. Elle concerne
environ 58,2% des ménages (tableau 4) répartie dans la grande majorité des villages de la CR. Les
principales cultures portent sur le niébé, l’arachide, le manioc, le sorgho, et les pastèques. Cette
agriculture connait depuis quelques décennies un recul marqué en raison de la faiblesse des
précipitations et de l’appauvrissement des sols. Les superficies concernées sont de l’ordre de 3%
du territoire communautaire (soit près de 604ha), celles qui sont cultivées sont relativement
modestes (moins de 500 ha) et les rendements assez faibles (tableau 4).
Tableau 4 : Superficies et productions des cultures pluviales en 2009 dans la CR de Ndiébène
Gandiole
Cultures Niébé Arachide Manioc Sorgho Pastèques Total
Sup (ha) 266 192 3 2 2 465
Prod (t) 52 58 10 0,6 16
Sources CADL de Rao
2.1.2. La culture maraichère et l’arboriculture fruitière
La CR englobe le Gandiolais, prolongement nord de la zone des Niayes qui constitue une des plus
importantes zones de production maraîchère du pays. Les cultures maraîchères bénéficient de
conditions pédoclimatiques très favorables résultant d’un climat sous influence océanique, de sols
sableux et sablo-argileux dans les dépressions inter dunaires et d’une nappe phréatique peu
profonde. Le maraîchage constitue l’activité agricole la plus importante pour les populations de la
CR (notamment dans les zones de Dégou Niééy, de Mouït et de Ndiébéne Gandiole). La quasi-
totalité des ménages (95%) pratique cette activité qu’on rencontre dans tous les villages. Les
cultures maraîchères sont irriguées par arrosage à partir de puits peu profonds. Les principales
spéculations sont l’oignon, la tomate, le chou, le gombo, le navet, la carotte et le piment, Malgré
l’importance du maraîchage, les données statistiques concernant les superficies et les productions
sont très rares, les services de l’agriculture ne faisant plus d’évaluation au niveau communauté
rurale. Les estimations cultivées par spéculation selon les estimations du PLD sont indiqués dans
le tableau 5 ci-dessous.
Tableau 5 : Superficies cultivées en maraîchage dans la CR de Ndiébène en 2006-2007
Pomme
Cultures Oignon Tomate Choux Gombo Navet Carotte Piment Diakhato Total
de terre
Sup. (ha) 205 73 60 30 25 19 15 12 10 449
Sources GERAD, PLD Ndiébène Gandiole, 2010
148
L’arboriculture est pratiquée dans plusieurs villages (Ndeguette, Ngaïna, Mouït, de Gouye Reine,
etc.) et concerne environ un quart des ménages. Les plantes cultivées dominantes sont les
manguiers, les agrumes (citronniers, pomelos…) et le papayer.
L’arboriculture fruitière et le maraîchage sont confrontés à de nombreuses difficultés liées à
l’enclavement des zones de production résultant de l’inexistence ou de la mauvaise qualité des
pistes de production, du manque d’infrastructures de stockage et de conservation. Avec
l’ouverture du canal de délestage (embouchure artificiel) dans la nuit du 3 au 4 octobre 2003, la
durée de séjour des eaux douces fluviales est fortement réduite. Les intrusions marines devenues
plus massives et fréquentes contaminent progressivement la nappe phréatique, rendant l’eau de
nombreux puits et céanes, impropre à l’arrosage des cultures.
Le manque d’eau douce affecte déjà les champs, les vergers et l’AEP des villages. Les effets de la
dynamique fluvio-maritime qui s’accroissent dans la zone avec la montée du niveau de la mer,
risquent d’affecter à terme, l’ensemble de nappe du Gandiolais et de condamner tout le
maraîchage dans la CR de Ndiébène Gandiole
2.2. L’élevage
Second domaine d’activité des populations après l’agriculture, l’élevage occupe près de 83% des
ménages (FAO, Ministère Agriculture 1998). L’élevage est pratiqué surtout dans la zone Dieri à
l’Est de la CR et vers le Sud autour des villages de villages de Rimbakh, Darou Mboumbaye,
Tougue Peul, Ngaina, Ndeguette, de Ricotte, etc. Le cheptel est dominé par les petits ruminants
(ovins, caprins) suivis des bovins (tableau 6). La présence de familles maures apparentées à des
éleveurs mauritaniens explique la présence de quelques camélidés dans la CR. Quelques ménages
pratiquent de l’embouche ovine ainsi qu’un élevage de volailles locales.
Tableau 6 : Cheptel de la CR de Ndiébéne Gandiole
Bovins Ovins Caprins Équins Asins Camelin Volaille
21.000 20.000 23.000 2.500 1.500 15 20.000
Source : Service régional de l’élevage de Saint-Louis.
L’élevage est pratiqué de manière extensive marquée par le nomadisme et la transhumance. Les
pasteurs peuls constituent la principale ethnie qui pratique cette forme d’élevage. Parmi eux,
certains sont pratiquent cet élevage en association avec l’agriculture (pluviale ou maraichère).
Les éleveurs parcourent parfois de longues distances à la recherche de pâturages et de points
d’eau, surtout en saison sèche. Le bétail s’abreuve dans les mares d’hivernage, au nombre de 19,
réparties entre les zones de Gantour, de Ricotte, de Dégou Niééy et de Ndiébéne Gandiole et au
niveau de quelques ouvertures sur les cours d’eau (toufndés), 4 au total entre la zone de Ndiébène
Gandiole (3) et la zone de Mouït (1). La salinisation des eaux des surface en dehors de l’hivernage
et la contamination progressive de la nappe rend de plus en plus aigües, es difficultés
d’abreuvement du bétail en saison sèche. Les éleveurs de la CR sont ainsi obligés de conduire le
bétail dans les CR voisines (Diama, Gandon…) accroissant ainsi dans ces zones, la charge
pastorale ainsi que les risques de conflits dans ces zones où le développement des périmètres
commence à réduire les parcours pastoraux.
149
surtout pour le bois de chauffe (villages de Ngaïna, Darou Mboumbaye, Dégou Niayes, etc.) et
pour la cueillette de fruits-forestiers (villages de Pelour 1, Keur Bernard, Rimbakh, Guingue,
Ndiébène Gandiole, Ndiole Gandiole). L’exploitation forestière est pratiquée par environ un quart
des ménages.
Tableau 7 : Forêts classés et aires protégées dans la CR de Ndiébène Gnadiol
Type d’aire protégée Superficie (ha) Zone de gestion concernée
PNLB 1.242 Ndiébène Gandiole, Mouït et Dégou Niééy.
RSFG 1.149 Keur Bernard, Gantour
Sources Service régional des eaux et forêts.
2.3.2 La pêche et la transformation des produits halieutiques
La pêche est le troisième secteur d’activité dans l’économie locale. Elle concerne près de deux
ménages sur cinq (plus de 38% des ménages). Elle est pratiquée dans presque tous les villages et
singulièrement dans les secteurs de Ndiébène Gandiole et Mouït, du fait de la présence du fleuve
Sénégal et de la proximité de la frange maritime. Elle est la principale activité dans certains
villages comme Keur Bernard, Tassinère et Pilote Barre. La zone du Gandiolais compterait 450
pêcheurs professionnels et 150 embarcations motorisées (GERADS, PLD 2010).
La pêche donne lieu à une importante activité de transformation du poisson (salé-séché, fumé)
menée par les femmes, surtout dans les villages riverains du fleuve (Doune Baba Dièye, Tassinère,
Pilote Barre, Darou Mboumbaye, Bernard). Dans certains villages comme Pilote Barre, les
femmes transformatrices se sont regroupées au sein d’une organisation professionnelle pour
promouvoir leurs activités.
Selon certains pêcheurs, la pêche génère des revenus substantiels dans les ménages concernés.
Elle connait cependant depuis une décennie, une baisse d’activité liée aux effets combinés du
barrage de Diama et du canal de délestage qui ont entrainé une diminution de la ressource ainsi
que la disparition de certaines espèces. Aussi les zones de pêches de Cayar, de la petite Côte et de
la Casamance constituent de plus en plus les zones d’émigration des jeunes pêcheurs de la CR,
dont certains n’ont pas hésité, il y a quelques années, à tenter l’aventure de l’émigration
clandestine vers l’Espagne par la mer.
2.3.3 Le tourisme
Le Gandiolais est avec le Parc du Djoudj et la ville de Saint Louis,, une des principales zones
touristiques du Delta. Les paysages dunaires, les plans d’eau et sites d’oiseaux aquatiques
(pélicans, reposoir d’oiseaux du site de Maroum Dieuleuk), tout comme les sites historiques
(bâtiments anciens du site de Balakos, canons à Gouye Reine, phare de Gandiole) participent du
patrimoine touristique de la CR. De nombreux campements se sont installés pour valoriser ce
patrimoine (Zébrabar, Keur Aminata Diallo, Résidence Océane-Savane, Téranga, etc.) à côté des
parcs et réserves classés (RSFG, le PNLB…). L’implication des populations dans la gestion des
parcs s’est traduite par la création d’un corps d’écogardes originaires des villages riverains du
PNLB et du RSFG dont l’association s’investit dans la préservation du site touristique.
Toutefois, cet écosystème fragile, déjà affecté par la salinisation progressive, est sous la menace
des effets pervers de la brèche ouverte dans la Langue. Actuellement, la Langue de Barbarie ainsi
que la partie ouest de la CR sont menacées par l’ouverture spontanée de deux nouvelles brèches,
qui exposent encore plus, la partie fluvio-maritime de la CR aux effets de la houle.
Il est cependant à noter que l’importance des parcs et réserves dans le périmètre de la CR, réduit
l’espace communautaire contrôlé par le Conseil Rural dans la mesure où la gestion des aires
protégées relève de structures de l’État. Les problèmes de matérialisation précise des limites de
150
ces espaces sont souvent à l’origine de conflits de compétences entre populations locales et agent
des services des Eaux et Forêts.2.3.3. Les activités extractives
2.3.4 Les activités extractives
Les conditions hydrologiques et morpho-pédologiques de la CR favorisent le développement
d’activités extractives à travers l’exploitation du sel marin d’une part, des mines et carrières de
sables et coquillages, d’autre part.
L’exploitation de sel est une activité ancienne. Dans le passé, le Gandiolais approvisionnait en sel
la ville de Saint Louis, les escales du fleuve, des villages du Ferlo ainsi que du Mali.
L’exploitation du sel constitue encore une activité importante dans l’économie locale de la CR qui
compte plusieurs sites de production dans sa partie occidentale : Niakou, Degue, Mame Biram
Boye, M’botou, Keur Barka, Ngaïna et Guembeug. La production annuelle est estimée à environ
1.000 tonnes. L’extraction du sel est principalement réalisée par les femmes qui exploitent des
sites appartenant à des familles auxquelles elles paient une redevance en nature pour l’accès à la
ressource. Le sel est aujourd’hui vendu à 1.500 FCFA la bassine (environ 30 kg) à des
commerçants « banas-banas » qui vont le revendre dans d’autres zones du pays (GERADS, 2010,
Enquêtes diagnostic programme Negos-GRN, 2011). Le sel, jugé de faible qualité, faute de
moyens de traitement (iodisation) et de conditionnement satisfaisants, est surtout utilisé dans la
transformation des produits halieutiques (salage du poisson).
L’exploitation des carrières. Comme beaucoup de zones du département de Saint Louis, la CR de
Ndiébène Gandiole dispose de carrières de coquillages et de sables. La gestion de ces carrières et
les autorisations pour leur exploitation relèvent cependant des compétences du conseil régional de
Saint-Louis. La CR n’en bénéficie qu’à travers les taxes de stationnement payées par les véhicules
qui transportent le minerai. Toutefois, l’exploitation incontrôlée de ces carrières induits des
impacts environnementaux non négligeables, tant au point de vue du paysage (excavation,
abrasion des dunes, développement de l’érosion éolienne) que de la santé des populations
(production de poussières, effets accrus des vents de sable).
151
Tableau 8 : Activités des ménages ruraux de la CR de Ndiébéne Gandiole
Nombre de ménages pratiquant l’activité Nombre
Ménages
Nb. de Ménages ménage
Villages ruraux Agric. Prod Product. Exploit.
concessions ruraux Elevage dans la
agricoles pluviale Maraîch. fruitière forestière
pêche
Keur Bernard 68 84 46 34 44 17 19 41 48
Ndiébène
184 234 174 160 148 14 21 128 85
Gandiole
Ndiol Gandiole 73 111 106 32 104 13 39 99 26
Tassinère 81 99 31 2 29 6 1 22 23
Mouit 117 142 136 32 126 40 1 95 47
Gouye Reine 30 60 60 8 60 19 0 55 2
Darou
48 88 88 44 88 3 76 57 18
Mboumbaye
Degou Niayes 30 57 57 22 57 13 48 39 31
Lahrar 2 48 57 50 4 50 19 3 49 31
Ndeguette 71 127 124 94 122 66 40 123 13
Gantour 48 81 77 32 77 6 6 70 20
Ngaïna 63 133 133 123 133 54 48 124 36
Guembeug 1 77 112 105 104 99 7 1 79 73
Total 938 1.385 1.187 691 1.137 277 303 981 453
100% 58 ,2% 95,8% 23,3% 25,5% 82,6% 38,2%
Sources FAO/Ministère agriculture, RNA, 1999
152
Depuis l’ouverture du canal de délestage de la Langue de Barbarie, l’invasion des eaux marines
affecte des eaux de surface et contaminent les nappes, compromettant de plus en plus le
développement des cultures maraîchères.
153
les profits sont ainsi répartis: 15% au fonctionnement du système, 50% aux salaires des éco gardes
et 35% à l’amortissement du matériel du GIE. Pour être membre du GIE, il faut être résident de la
CR et accepter de faire du bénévolat pendant 2 ans.
- Le Comité Local de gestion de la Biodiversité
Ce comité joue le rôle d’interface entre le parc et les villageois. Le comité polarise tous les GIE
des villages de la périphérie du Parc et gère un système de crédit solidaire comme
accompagnement aux activités de gestion de la biodiversité. Les décisions prises en son sein
sont répercutées au niveau des populations locales à travers les comités villageois.
- Le Comité de veille du plan d’eau de Gueumbeul
Il fédère les pêcheurs des six villages polarisés par la réserve de Gueumbeul. Sa création
répondait à l’origine au souci de mieux gérer les trois ouvrages hydrauliques (Bount Batt,
Albar et Ndiakhère) de la cuvette de Gueumbeul. En 2009 il a été muté en Comité de Veille
élargi aux chefs de villages, aux présidents de CR (Ndiébène et Gandon) et aux autorités
administratives. Sa mission a été élargie et englobe l’ensemble de la gestion de la réserve.
- Les sections villageoises de coopérative
Leur existence est notée dans une dizaine de villages de la CR. Les sections villageoises, qui ont
une vocation essentiellement agricole, œuvrent pour la promotion de l’agriculture, principale
activité de l’économie locale.
- Les Groupements d’Intérêt Économique
La communauté rurale de Ndiébène Gandiole compte environ 15 GIE répartis dans les
villages de Mouït, Pilote Barre, Ndiébène Gandiole, Tougue Peul, Gantour et Lahrar. Il s’agit de
groupements mixtes (femmes et hommes) qui mènent des activités génératrices de revenus.
Les principales activités développées sont l’embouche, le petit commerce, la transformation
et la commercialisation du sel, l’agriculture, le maraîchage, l’aviculture, etc.).
- Les Groupements de Promotion féminine (GPF)
Les femmes de Ndiébène Gandiole sont organisées en plusieurs GPF et participent tant bien que
mal au développement local. Environ 70 GPF existent dans la CR au niveau villageois et une
fédération les regroupe tous au niveau de la zone du Gandiolais. Les activités des femmes des
GPF portent sur le petit commerce, l’extraction de sel, la transformation de fruits, légumes
et céréales locales et la transformation de produits halieutiques.
154
Les membres du Conseil Rural s’activent surtout dans le secteur primaire qui prédomine dans
l’économie locale. Les cultivateurs représentent en effet, 44,4% de l’exécutif local et 11,1% sont
des pêcheurs. Malgré l’importance des Peuls au sein de la population (environ 35%), on ne
compte aucun conseiller se définissant comme éleveur à titre principal. Les enseignants
constituent un groupe socioprofessionnel non négligeable au sein du Conseil Rural où ils
représentent environ 14% de l’effectif. Compte tenu de leurs activités et niveaux de formation, les
enseignants pourraient jouer un rôle important dans le fonctionnement du conseil et la promotion
d’une bonne gouvernance locale. Les autres catégories socioprofessionnelles du Conseil Rural
sont des artisans, des ménagères, des opérateurs économiques et des employés du secteur tertiaire.
Les principales caractéristiques des membres du conseil sont résumées dans le tableau ci-dessous
(tableau 9).
Tableau 9 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Ndiébéne Gandiole
Conseil rural
Indicateur Effectif %
Moins de 35 ans 3 8,3
35-60 ans 29 80,6
Age
Plus de 60 ans 4 11,1
Total 36 100%
Femmes 5 14
Sexe Hommes 31 86
Total 36 100%
Primaire 10 27,8
Secondaire 8 22,2
Supérieur 3 8,3
Niveau d’instruction
Arabe/Coran 9 25
Aucun 6 16,7
Total 36 100%
Cultivateurs 16 44,4
Pêcheurs 4 11,1
Enseignants 5 13,9
Catégories
Ménagères 4 11,1
socioprofessionnelles
Artisans 3 8,3
Autres 4 11,1
Total 36 100%
Source : PLD 2010 et enquêtes auprès du Conseil rural de Ndiébéne Gandiole.
Le Conseil Rural est largement dominé par les hommes qui représentent 86% du total des
membres. Cette situation résulte ici, comme ailleurs dans le pays, du fait que les hommes jouent
les premiers rôles dans les partis politiques dont sont issus les conseillers et des traditions
socioculturelles qui marginalisent les femmes dans les fonctions de direction. Les 4/5ème des
conseillers sont d’âge adulte et 8% ont moins de 35 ans. Un quart des conseillers a fréquenté
l’école arabe ou coranique et 16% n’ont aucune instruction. Il est important de noter que près des
3/5ème des conseillers ont fréquenté l’école française, dont 30% ont atteint le niveau secondaire ou
155
supérieur, ce qui peut être un avantage pour la connaissance des textes et l’accès à
l’information indispensables à conduite des affaires de la CR.
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement du Conseil Rural est articulé autour d’un organe exécutif et d’un organe
délibérant. L’organe exécutif est comprend le Président du Conseil Rural (PCR) et ses 2 vice-
présidents. Ce bureau exécutif est chargé de la publication et du suivi de l’exécution des lois ainsi
que des décisions du Conseil Rural, sous l’autorité du sous-préfet. En tant qu’ordonnateur du
budget, le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
Le Conseil Rural de 36 membres constitue l’organe délibérant. Il est au cœur de la gouvernance
locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de la collectivité locale,
notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de développement
économique et social. Il est assisté par une assistante communautaire (ASCOM) qui l’appui dans
ses différentes fonctions.
Le Conseil Rural de Ndiébène Gandiole a mis en place 20 commissions techniques, couvrant
l’ensemble des secteurs de développement économique, social, culturel et environnemental de la
CR. Chaque commission est composée de conseillers ruraux et présidée par l’un d’entre eux. Elle
peut s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que des
personnes ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer des
solutions au conseil. Dans le domaine foncier, le conseil dispose d’une commission domaniale
chargé d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière, mais les décisions en la
matière sont du ressort du conseil qui statue par délibération.
Les chefs de villages sont dans la pratique des acteurs incontournables dans la gestion du foncier
et le processus de prise de décision concernant leurs villages 16. Auxiliaires de l’Etat et premiers
représentants officiels des populations, ils sont souvent sollicités pour la médiation sociale
(conflits fonciers, familiaux, etc.) et participent à certaines prises de décisions dans la CR. Ils sont
membres de droit de la commission domaniale quand les terres sollicitées se trouvent dans le
terroir de leur village.
Il est à souligner que le Conseil Rural bénéficie dans ses différentes fonctions et tâches de
l’assistance des services déconcentrés de l’état, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui
au développement local (CADL). Il peut également mobiliser les services techniques
départementaux ou régionaux (SAED, ANCAR, les services des Pêches, des Eaux et Forêts, de
l’Aménagement du territoire, etc.). Le Conseil Rural de Ndiébène Gandiole bénéficie dans
plusieurs secteurs d’activités de l’appui-conseil de projets (le PACR/FVD financé par l’AFD, le
PGIES), de programmes de la coopération décentralisée (Sicoval) et d’ONG (Plan Sénégal, RADI,
CARITAS, Croix Rouge, Compact, Océan, etc.).
156
Elles sont constituées de 3 principales rubriques, qui déclinent comme suit en 2009 :
- les recettes fiscales, elles représentent 73% (soit 10,3 Millions de FCFA) du budget prévu
en 2009. Ces recettes sont constituées par les impôts locaux comme la patente, la taxe
rurale, le minimum fiscal, les licences, les impôts fonciers bâtis et la quote-part de la CGU.
L’autre constituante des recettes fiscales est la taxe fiscale composée de la taxe sur la
publicité, des taxes sur les spectacles, de la taxe sur l’électricité consommée et de la taxe
sur l’eau ;
- les produits d’exploitation du domaine, ils représentent la deuxième part avec 22% (soit
3.155.000 FCFA) du total des recettes fiscales. Ces recettes qui sont alimentés par le droit
d’alignement et de bornage et, les produits de l’expédition des actes de l’état civil. Quant
au produits domaniaux estimés ils sont constitués par les droits d’occupation du domaine
public, les droits de place, les permis de stationnement sur la voie publique, les locations
de souks, le doit de fourrière;
- et des produits divers, avec 4% (600.000 FCFA) des recettes de la CR en 2009, elles sont
très faibles. Ces recettes proviennent pour l’essentiel des amandes correctionnelles ou
simples polices et recettes éventuelles ou imprévues.
• Le fonds de dotation de l’État
Ce Fonds (Fonds de dotation de la Décentralisation – FDD-) est destiné à aider les collectivités
locales pour une meilleure prise en charge des compétences qui leurs sont transférées par l’État. Il
s’élève à environ 7,45 millions de FCFA en 2009 pour le Conseil Rural de Ndiébéne Gandiole.
6.2.2. Les recettes d’investissement
Pour assurer ses investissements, le Conseil Rural dispose d’autres recettes, autres que celles
destinées à son fonctionnement, qui proviennent du Fonds de concours du PNDL et des Fonds de
concours de l’État, soit un total prévisionnel de 54.700.000 FCFA en 2009.
157
Tableau 10: Répartition des recettes d’investissement de la CR
Rubriques Montants (en FCFA) %
Excédent de fonctionnement capitalisé 2 485 000 5%
Fonds de concours de l'Etat (FECL) 5 000 000 9%
Autres Fonds de Concours (Participation Pop) 2 485 000 5%
Autres Fonds de Concours (PNDL) 44 730 000 82%
Total recettes d'investissement 54 700 000 100%
Source : PLD, 2010 (Budget CR 2009).
158
relève de la CR alors que Gandon soutient que 200 parcelles de ce village sont situées dans sa CR.
Le litige persiste toujours sans pour autant donner lieu à un conflit ouvert entre les deux
communautés rurales.
Il en est de même pour le village de Keur Barka appartenant à la CR de Ndiébène Gandiole, dont
la zone d’extension pour l’habitat prévue dans le cadre du POAS est considérée comme faisant
partie de la CR de Gandon par son Conseil Rural. Partant, les panneaux marquants les limites de la
zone et mis en place par le Conseil Rural de Ndiébéne Gandiole ont été tout bonnement enlevés
par des conseillers de Gandon. Le recours des deux CR au sous-préfet de Rao qui assure leur
tutelle, au CADL qui les appuie et aux services du cadastre qui sont compétents en matière de
lotissement et de délimitation des terrains, pourrait aider à résoudre cette question.
7.1 Importance et répartition des affectations foncières selon les usages prévus
La situation foncière à Ndiébène Gandiole est en partie héritée de l’ancienne communauté rurale
de Gandon à laquelle elle appartenait jusqu’à sa création en 2008 (décret 2008-1495 du 31
décembre 2008 modifiant le décret 2008-747 du 10 juillet 2008).
A son installation, le Conseil rural de Ndiébéne Gandiole avait décidé, sur proposition du PCFR
de suspendre toutes affectations foncières, pour avoir une bonne vue sur le disponible foncier de la
communauté rurale et une parfaite maitrise de l’assiette foncière, avant de procéder à des
affectations foncières. Le conseil comptait sur l’élaboration du POAS pour avoir une bonne
maitrise de l’espace communautaire, clarifier ses limites frontalières avec les collectivités locales
voisines, avec les aires protégées et identifier les titres privés sur son territoire. Toutefois, même si
le POAS a été réalisé, la question de la définition des limites des aires protégées, des titres privés
qui existent dans la CR (titres fonciers de Keur Bernard, l’Université des métiers, etc.), le domaine
public de l’Etat (maritime et fluvial), reste toujours posée.
La situation des affectations foncières dans l’actuelle CR de Ndiébène Gandiole peut être faite
grâce au travail, d’exploitation et de reconstitution archives réalisé par le PACR en remontant
depuis l’époque de l’ancien conseil de rural de Gandon. L’exploitation de ces résultats combinée
avec nos enquêtes auprès du Conseil Rural, montrent qu’une superficie de près de 259 ha a été
affectée dans la CR de Ndiébène Gandiole, pour 233 bénéficiaires (tableau 11). Les dates de
délibération révèlent que toutes ces affections ont été faites sous la gestion de l’ancien Conseil
Rural de Gandon. La faiblesse des affectations foncières à Ndiébène Gandiole, comparativement à
toutes les autres CR de la zone du projet, s’explique largement par la quasi inexistence d’eau
douce de surface et le gel des affectations depuis 2008. Le nouveau Conseil Rural n’a fait que
deux délibérations d’affectation en 2013 dont les détails ne sont pas disponibles. Elles portent
pour l’essentiel sur des régularisations d’occupation et des attributions de terres à usage
d’habitation.
Tableau 11 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de Ndiébéne Gandiole
% 27,8 53 52,4 18,4 0,9 0,4 3,4 15,1 15,5 13,1 100 100
Sources PACR + enquêtes février 2013
159
A peine 140 ha, soit 53% des affectations sont destinés à des usages agricoles, suivent l’habitat
(18,8%). Les réceptacles touristiques occupent 15,1% des superficies affectées et les équipements
communautaires et infrastructures socioéconomiques, 13,1% (mosquée, école, poste de santé,
etc.). On compte deux affectations pour l’élevage (poulaillers) pour seulement 1 ha des superficies
affectées.
Nbre 10 7 9 18 2 5 6 2 6 65
Le conseil a fait récemment des délibérations régularisant des terrains à usage agricole dans la
zone de Dégou Niéey et des recasement de sinistrés suite à l’avancé de la mer et aux effets de la
brèche, mais nous n’avons pas pu disposer de ces données détaillées de ces délibérations.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
La grande majorité des affectataires de terres à usage agricoles sont sans statut juridique
particulier. Ce sont des individuels qui seuls, en famille ou en tant que chef de ménage, ont
sollicité une affectation de terres ; ils représentent plus de 95% des affectataires pour 62,5% des
superficies attribuées (tableau 13). On note une seule association et un seul GPF affectataire de
moins de 1,5 ha au total, les enquêtes révélant la faiblesse des moyens des ces organisations pour
s’investir dans l’agriculture dans les conditions de faibles disponibilités d’eau de surface
accessible. Une seule société, l’Institut Hippocampe Serigne Touba, est inventoriée dans la zone ;
elle dispose d’une affectation de 50 ha non mise en valeur depuis 2006.
Tableau 13 : Statut des affectataires des terres à usage agricole
Statut GPF Individ Société Association Total
Nombre 1 62 1 1 65
160
Tableau 14 : Distribution des affectations foncières selon la superficie
Ensemble parcelles Parcelles ≥ 10
Sup. Total
< 10 ha ≥ 10 ha total 10 12 50 Ind
(ha)
Nombre
59 6 65 1 1 1 3 6
parcelles
% 90,8 9,2 100 16,6 16,6 16,6 50 100
Les affectations dans la CR portent généralement sur de petites superficies. La prédominance des
parcelles de taille inférieure à 10 ha (voire 2 ha dans beaucoup de cas) correspond aux surfaces
généralement mise en valeur pour les activités maraichères qui constituent la principale forme
d’agriculture du Gandiolais. La position de la CR à l’extrême su du Delta, l’absence de cours
d’eau douce et de chenaux hydrauliques ne favorisent pas le développement de l’irrigation sur des
superficies importantes dans la zone.
Nombre 21 3 15 21 5 65
Il apparait ainsi que près des 3/5 des terres affectées se situent dans la zone de Ndiébéne Gandiole,
cette zone aussi la plus peuplée de la CR et plus du 1/5 (soit 22,5%) dans la zone de Dégou Niéey
qui est le plus grand foyer de production maraichère de la CR. Ces deux zones sont pour
l’essentiel constituées de bonnes terres (sableuses, sablo-limoneuses ou argileuses) et situées au-
dessus d’une nappe peu profonde. Toutefois, ces terres et ces eaux sont de plus en plus gagnées
par la salinisation progressive, tout comme dans la zone de Mouït (17% des terres affectées) où
ces phénomènes sont plus marqués. Les zones de Keur Barka et de Ricotte comptent très peu
d’affectations foncières, avec respectivement 1,7% et 1,6% des terres attribuées.
Toutefois, à la lumière des enquêtes de terrain, il apparait que l’occupation coutumière prédomine
largement dans la CR.
17
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
161
8. RECEPTIVITE ACTUELLE DE LA CR FACE A L’ACCUEIL DE
L’AGROBUSINESS ET AUX PROJETS HORTICOLES DANS LE CADRE DU
PDIDAS
162
Une zone, appelée «Wàg », est unanimement indiquée comme site privilégié pour l’accueil du
PDIDAS. Il s’agit d’une bande de terres partant du Ndialakhar vers le terroir de Ndiéling Mbao ;
c’est une sorte de « no mans land », avec très peu de villages et d’exploitations agricoles. En outre
en termes de droits traditionnels, cette bande de terres est commune aux villages des zones de
gestion qui la bordent et qui la cogèrent au plan foncier.
9. CONCLUSION
Cette CR représente la situation la plus favorable pour l’installation du PDIDAS.
Tout d’abord, sa population et son Conseil Rural sont vraiment intéressés par le programme. Le
Conseil Rural montre d’ailleurs un mode de fonctionnement de qualité (comme en atteste le très
faible niveau de conflictualité et la façon de la traiter), qui augure de l’établissement d’accords
solides et inclusifs. C’est la seule CR où nous n’imaginons aucune difficulté dans l’acceptation
sociale.
Ensuite, vu l’état sinistré de l’agriculture sur la CR, l’installation du PDIDAS aura un impact
remarquable sur son développement agricole. Politiquement, cela permettra en outre à l’État
d’atténuer les dommages collatéraux de l’ouverture du canal de délestage sur la langue de
barbarie, qui a entraîné une salinisation croissante des terres et des eaux de surface.
Enfin, la position géographique de la CR fait que la contrainte d’enclavement, pour le dégagement
des productions agricoles est l’une des plus faibles des huit CR.
163
Références bibliographiques
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du territoire : le Plan d’occupation et d’affectation des sols (POAS), une démarche pour
une évolution des modes de prise de décision. P. d’Aquino, S. M. Seck, A. Cissoko. In
Pour un développement durable de l’agriculture irriguée dans la zone soudano-sahélienne –
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2000, p 358 – 374.
Diouf N. C. & Samba Y. N. 2010. Typologie des zones et typologie des situations et pratiques
foncières dans la Communauté Rurale de Ndiébène Gandiole. Rapport Final. PACR-VFS,
Saint-Louis : Août 2010, 99p.
Direction des Parcs Nationaux, 2010. Plan de gestion du Parc National de la Langue de Barabarie,
200-2014), 74 pages.
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Gueumbeul, 200-2014), 78 pages.
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MCA, CIRAD, FIT, SONED, 2011a : Frontières administratives et classification des terres.
Rapport sur les institutions, acteurs, systèmes et pratiques actuels de l’administration
foncière. Dakar, MCA, septembre 2011, 94 p.
MCA, CIRAD, FIT, SONED, 2011b: Evaluation des outils et pratiques existants de gestion
foncière. Rapport sur les systèmes d’administration des terres MCA, Dakar, 83 p.
164
SAED, 2010. Plan d’occupation et d’affection des sols de la (POAS), communauté rurale de
Ndiébéne Gandiole.
165
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
166
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE………………………………….168
1. PEUPLEMENT ET POPULATION………………………………………………………..…….169
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..……….169
1.2. Distribution spatiale de la population…………………………………………….170
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ………………...….170
167
6.3. Les conflits fonciers et d’utilisation de l’espace dans la CR.………………......183
6.3. 1. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs ………………………………..….183
6.3. 2. Conflits entre affectataires……………………………...……..……………..184
6.3. 3. Conflits relatifs aux limites communautaires …………………..………..….184
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........189
168
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
Carte n°1 : Présentation de la Communauté Rurale et de ses zones de gestion Poas
169
zone 3 (Ngnith) – La zone qui a une petite ouverture sur le lac (au sud de Diokhor Ile) s’étend
plutôt sur de vastes terres de Dieri où la réserve du Ndiael occupe 9 486 ha (la zone a une
superficie totale de 13 472 ha). La partie proche du lac (vouée à l’agriculture par le POAS) est
peu aménagée, l’agriculture pluviale y est encore dominante ; la forêt classée de Nayré y
occupe aussi 530 ha ;
zone 4 (Diokhor Kaw) – Avec une petite ouverture sur le lac, les terres de la zone se
prolongent dans le Dieri où la réserve de Ndiael occupe 7 500 ha (superficie totale de la zone :
10 460 ha) ;
zone 5 (Mbayène) – La zone a une bonne ouverture sur le lac. Dans la partie proche du lac Les
terres occupées par l’agriculture irriguée sont assez importantes (1 492 ha). Dans la vaste
partie Dièri de la zone, la réserve de Ndiael occupe 6 380 ha; l’autre partie du Dieri est retenue
comme Zone Agro-Pastorale à priorité Élevage ;
zone 6 (Thiagnaldé/Ndogal) – La zone se trouve entièrement dans le Dieri et fait frontière avec
la CR de Fass.
1. PEUPLEMENT ET POPULATION
Source ANSD
Les ethnies dominantes dans la CR sont les wolofs, les peuls et les maures. Chaque village est
souvent peuplé d’une ethnie majoritaire, voire d’une seule ethnie. Les wolofs (agriculteurs) sont
170
majoritaires dans les zones de Ngnith et de Nder tandis que les peuls (pasteurs ou agropasteurs)
sont majoritaires dans la zone de Yamane.La répartition par âges et par sexe révèle, selon le
dernier recensement de 2002, une population composée en majorité de femmes et largement
dominée par les jeunes. En effet, la tranche d’âges 0-35 ans représente près de 78% de la
population, tandis que les femmes représentent 52% de la population, soit une proportion
sensiblement supérieure à moyenne nationale qui est de 50,2%. Selon les projections
démographiques de l’ANSD, la population serait aujourd’hui de 16.747 habitants et atteindrait
17.657 en 2015, soit un triplement depuis 1988. Cette évolution démographique s’accompagnerait
d’un renversement du sexe ratio en faveur des hommes ( ) si les tendances migratoires observées
en 2002 se maintenaient.
1.3 L’inégalité des densités démographiques et ses implications dans la perception des
populations
La concentration de la population et des établissements humains est plus importante dans les
villages périphériques du lac de Guiers et elle diminue à mesure qu’on s’en éloigne. La
distribution de la population est ainsi très inégale dans le territoire communautaire où la densité
moyenne de 15,7 habitant /km2 est ainsi peu significative à l’échelle de la CR. Pour prendre en
compte la réalité de la distribution du peuplement, nous avons considéré la répartition des villages
et de la population dans les six zones de gestion de l’espace définies le POAS de la CR
(SAED/PACR, 2010).La distribution des densités selon ces zones est indiquée dans le tableau 3
ci-dessous.
18
Les projections démographiques de l’ANSD ne donnent pas ni le nombre de villages, ni la population par village et
les recensements du Conseil Rural et des chefs de villages (cahiers de population) ne sont pas à jour.
171
Tableau 3 : Densités moyenne de population dans la CR de Ngnith (habitant/km²)
Zone de gestion POAS
Moyenne
Zone de Zone de Zone de Zone de Zone de Zone de
CR
Nder Diokhor Ngnith Ndiokhor Kaw Yamane Thiagnaldé
15,7 9,7 64,7 21,9 16,4 8,1 17,6
Source : Données ANSD, Recensement 2002 ; SAED/PACR, POAS 2010.
Les densités démographiques de la zone de Diokhor dépassent le triple de la moyenne de la CR
qui est sensiblement identique à celles de Diokhor Kaw et de Thiagnaldé. A l’opposé, les densités
sont très faibles dans les zones de Nder et de Yamane. Cette distribution spatiale de la population
mérite d’être prise en considération, au-delà des facteurs pédologiques et hydrographiques, dans
l’identification et la définition de zones potentiellement aménageables pour le développement de
l’irrigation, l’importance des hameaux et de l’élevage se traduisant dans les faibles densités
observées dans certaines zones.
Carte 2 : Densités de population selon les zones de gestion
La tendance est très forte chez la majorité de la population de considérer les terres des zones
proches du lac, comme saturées, fortement appropriées et pouvant être plus aisément mise en
valeur (proximité de l’eau, sols plus lourds, possibilité d’irrigation gravitaire). Dès lors elles
privilégient, pour l’accueil des investisseurs, les terres des zones plus éloignées et sableuses. Elles
considèrent en effet que ces terres sont à la fois comme « vides d’hommes » et plus favorables à
l’irrigation par aspersion ou au goutte à goutte, dont les coûts d’investissements dépassent leurs
moyens. Une telle tendance minimise les usages pastoraux de l’espace et marginalisent les peuls
qui constituent le second groupe démographique de la CR. La réduction de l’espace de repli
pastoral que constituait la réserve du Ndiael, aujourd’hui occupée par les aménagements de
Senhuile-Senéthanol rend encore plus aigüe la problématique de l’élevage dans la CR.
172
2. ACTIVITES ECONOMIQUES ET UTILISATION DES RESSOURCES NATURELLES
Les activités des populations de la CR de Ngnith relèvent principalement du secteur primaire.
Elles s‘organisent autour de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, auxquels s’ajoutent d’autres
activités comme l’artisanat et le tourisme.
2.1 L’agriculture
L’agriculture est la principale activité économique. Elle est pratiquée sous 3 formes : agriculture
irriguée, agriculture pluviale et arboriculture fruitière. L’agriculture irriguée qui est de loin la plus
importante, connait un développement rapide en raison de la proximité et de disponibilité des
ressources en eaux du Lac. Elle est traitée plus loin, dans le chapitre consacré aux ressources en
eaux et aux infrastructures hydrauliques.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
Elle est pratiquée dans les terres exondées et sablonneuses du Dieri, et parfois dans les
aménagements hydroagricoles abandonnés ou laissés en jachère. Elle s’observe surtout dans la
zone de Thiagnaldé autour des villages de Ndogal Tédiel, Gogno, Tédiel Toucouleur, Maka
Ndandaré et Ndiamar et dans les zones de Diokhor Kaw et Yamane, le long de la route Keur
Momar Sarr - Ngnith (villages de Golom, Keur Sabakhao, Yamane, Diokhor Kaw, Pénène,
Ndieumeul). Malgré les aléas de la pluviométrie l’agriculture sous pluie est encore pratiquée par
environ 69% des ménages, répartis dans 15 villages (FAO, Ministère Agriculture 1998).
Les principales spéculations cultivées portent sur l’arachide, le niébé, le mil et la pastèque. Les
cultures sous pluies couvrent une superficie d’environ 500 ha en 2009 (POAS de la CR de
Ngnith, SAED, 2010).
Dans la communauté rurale de Ngnith, l’agriculture sous pluies est de plus en plus bouleversée par
l’avancée des périmètres irrigués qui gagnent progressivement les terres dans lesquels elle est
traditionnellement exercée. Les terres sableuses sont de plus en plus convoitées et occupées par
des périmètres le plus souvent privés, irrigués par aspersion ou au goutte à goutte pour des
productions horticoles. Ceci particulièrement le cas dans les zones de Yamane et surtout de
Diokhor.
2.1.2 L’arboriculture fruitière
L’arboriculture est pratiquée dans certains villages de la CR (Ngnith, Diokhor, Ndiorno…) et
concerne 9% des ménages. Les plantes cultivées dominantes sont les manguiers, les agrumes
(citronniers, pomelos…), le papayer, etc.
173
Pour l’essentiel, l’élevage reste une activité traditionnelle et extensive pratiqué surtout par des
peuls. Une partie des peuls se consacre exclusivement à l’élevage alors qu’une autre partie, tout en
l’exerçant, l’associe à l’agriculture irriguée. Le nomadisme pastoral et la transhumance
prédominent dans les pratiques d’élevage. L’alimentation du bétail est principalement basée sur
les pâturages naturels et les résidus de récoltes ? Les éleveurs parcourent parfois de longues
distances à la recherche de pâturages et de points d’eau. Le bétail s’abreuve surtout au niveau des
mares d’hivernage et des ouvertures sur le Lac (Toufndés). Les populations ont identifié 13
Toufndés et 41 mares temporaires dans la CR qui se situent en majorité dans les zones 1 et 6, Nder
et Thiagnaldé. Du fait du tarissement plus ou moins rapide des mares, « les Toufndés sont la
principale source d’eau pour le bétail en saison sèche. Toutefois, l’accès à ces points d’eau est
gêné par la prolifération de la végétation aquatique envahissante, la proximité des habitations et
l’obturation des couloirs d’accès par l’installation anarchique des périmètres agricoles » (POAS
Ngnith, 2010).
Le développement de l’élevage se heurte à une diminution constante de l’espace pastoral, résultat
de deux facteurs principaux : i) la baisse constante de la pluviométrie qui a entraîné
l’appauvrissement progressif du potentiel fourrager du Dieri, ii) le développement de l’agriculture
irriguée qui a éliminé l’essentiel des pâturages traditionnels en zone irriguée. Les aménagements
hydroagricoles (périmètres et chenaux) contraignent éleveurs et bétail à faire des détours de plus
en plus grands pour contourner les aménagements et infrastructures hydroagricoles qui obstruent
progressivement les couloirs de passage et d’accès aux points d’abreuvement du bétail. Il en
résulte des divagations fréquentes dans les champs et la destruction ou l’ensablement des canaux
d’irrigation utilisés comme recours par les éleveurs pour l’abreuvement de leurs bêtes.
Cette situation qui résulte en grande partie du non-respect des règles du plan d’occupation et
d’affectation des sols (POAS) crée des tensions assez vives et augmente les risques de conflits au
sein de la CR. Pour les populations, et les éleveurs en particulier, le zonage du territoire et les
règles du POAS doivent être réaffirmés par le Conseil Rural et respectés par tous les acteurs
intervenants dans la CR. Le PDIDAS doit jouer un rôle dans ce sens. Les installations et
aménagements qu’il envisage de promouvoir devront également prendre en compte les pratiques
pastorales dominantes. Il s’agit notamment dans le cadre du projet, de veiller à la préservation des
pistes du bétail, à la clôture des périmètres par les irrigants et à l’aménagement, hors des
périmètres clôturés, de points d’abreuvements alimentés par dérivation à partir des chenaux
principaux.
174
Tableau 5 : Forêts classés et aires protégées dans la CR de Ngnith.
Type d’aire protégée Superficie (ha) Zone de gestion concernée
Forêt classée 940 1
ZIC de Trois marigots Nord 4 571 6
ZIC lac de Guiers ouest 4 992 1
Zone Sylvo-Pastorale 501 6
Réserve spéciale du Ndiael 36 263 1,3,4,5 et 6
Sources Service régional des eaux et forêts.
La Réserve du Ndiael qui est loin la plus importante couvre 43 % du territoire communautaire
(POAS de la CR de Ngnith, SAED, 2010). Cette réserve créée en 1965 (décret n° 65.053 du 2
février 1965) pour protéger sur une assiette foncière de 26.550 ha, l’avifaune du delta du fleuve
Sénégal, est érigée en site Ramsar depuis 1977. Elle a été déclassée par l’État en 2002 et 20.000
ha ont été affectés à l’entreprise Senhuile-Senéthanol pour la production d’éthanol, d’huile de soja
et de patate douce (décrets n°2012-366 et 2012 – 367 du 20 mars 2012). Ces décrets on abrogés
en abrogés par le décret 2012-822 du 6 août 2012, suivi d’un autre décret affectant les terres au
même projet actuellement en phase d’exploitation.
2.3.2 La pêche et la transformation des produits halieutiques
La pêche vient en troisième position après l’agriculture et l’élevage. Elle est de type continental et
exclusivement pratiquée sur le Lac de Guiers. Elle est pratiquée est pratiquée exclusivement par
les hommes (jeunes et moins jeunes) et concerne selon le dernier recensement agricole 7,2 % des
ménages dans 8 villages de la CR, avec de forts effectifs dans les villages de Thilène et
Diaguambal. Les localités situées dans l’Ile de Diokhor polarisent cependant la majorité des actifs
du secteur avec près de 60% des ménages de la zone qui pratiquent cette activité. L’amélioration
des conditions de remplissage du Lac (réhabilitation du pont-barrage de Richard-Toll,
rehaussement des digues, création des barrages de Diama et Mantali) a favorisé l’augmentation
des ressources halieutiques avec plus de 35 espèces de poisson répertoriées. Deux centres de
pêches, Guidick et Mbane, appuient les populations de l’ensemble des communautés rurales
riveraines du Lac (Mbane, Keur Momar Sarr et Syer). Malgré tout, les méthodes de pêche restent
encore rudimentaires et très souvent non-réglementaire (mailles des filets, techniques de pêche
prohibées, etc.).
L’accroissement des ressources halieutiques du Lac et les revenus tirés de la pêche ont encouragé
la venue de nombreux migrants, notamment des maliens. Selon les populations locales, ces
migrants exploitent jusqu’aux tous petits poissons, qu’ils font sécher avant de les exporter dans
leur pays. Quelques groupements de femmes se livrent à des activités de transformation du
poisson (séché, fumé, salé) dont les productions sont revendus au niveau local, à Richard-Toll, à
Ross-Béthio et parfois aux mareyeurs maliens pour l’exportation.
A la forte pression de pêche s’ajoute le rejet des effluents de drainage de la CSS et des différents
périmètres irrigués qui aggrave la menace pour la pratique durable de la pêche sur le Lac. La
prolifération du typha constitue une autre contrainte forte. En effet, l’envahissement des berges du
lac par les plantes aquatiques a conduit à la fermeture ou à l’enclavement de sites de
débarquement, provoquant l’abandon de l’activité par un nombre croissant d’actifs, la diminution
des prises (que l’absence de statistiques fiables ne permet guère d’apprécier) et la raréfaction de
certaines espèces de poissons qui trouvent refuge dans la ceinture de végétaux aquatiques. Les
pêcheurs soulignent une tendance marquée depuis plusieurs années à la capture de poissons de
petite taille, qu’ils attribuent à des difficultés de régénération de la ressource dues à la pollution du
lac (AGRER-SETICO, 2009b).
175
2.3.3 Le tourisme
La communauté rurale compte deux réceptifs avec les campements de Nder et de Ngnith établis
près du Lac sur des dunes de sables fins. Mais dans l’ensemble, son potentiel touristique est très
peu mis en valeur. La CR compte en effet des zones humides et espaces classés ou protégées qui
peuvent être valorisés au plan écotouristique, comme la réserve du Ndiael et les zones d’intérêts
cynégétiques des Trois marigots et du Lac de Guiers. Il en est de même de certaines buttes
dunaires sur la rive ouest et du plan d’eau du Lac lui-même. La communauté rurale compte par
ailleurs de nombreux sites historiques liés à l’ancien royaume du Walo et à l’histoire des Linguère
du village de Nder.
176
Tableau 6 : Activités des ménages ruraux de la CR de Ngnith
Données sur les ménages agricoles d'après le recensement National Agricole 1998
Effectif Effectif des chefs de Effectif des chefs de Effectif des ménages ruraux agricoles ménage
des ménage ruraux ménage ruraux agricoles pratiquant l’activité : ruraux
Village de
concessi dans
référence Expl.
ons Agric Pro. Prod. l’activité
Hom Fem Total Hom Fem Total foresti Elevage
rurales pluviale maraichère fruitière
ère
de pèche
177
Tableau 7 : Classement des chenaux selon la longueur
100 à 500 m à
Moins de
Longueur moins de moins de 1km 2,5 km 5 km Total
100 m
500 m 1km
Nombre 21 44 16 4 3 1 89
La gestion des chenaux (FNRAA-SAED, 2006) équipés d’un GMP en tête de réseau est souvent
collective avec diverses formes liées à l’entretien du réseau principal d’irrigation, la prise en
charge des pompistes, etc. La rémunération de ces services est répartie entre les différents
bénéficiaires au prorata des superficies respectives. Cependant, l’entretien des canaux secondaires
et la gestion des motopompes de reprise sont individuels. En ce qui concerne les « groupe moto
pompe » (GMP), en plus de la gestion individuelle, il existe un système de location à 150 000
F/ha ou d’utilisation en association moyennant une redevance pour l'amortissement évaluée entre
80 000 et 100 000 FCFA/ha.
Pour cette dernière forme, il s’agit de l’utilisation en commun d'un GMP par plusieurs producteurs
dont le propriétaire. En plus de la prise en charge du carburant consommé pour l’irrigation de sa
parcelle, le producteur payait au propriétaire une redevance de 120 000 F/ha pour l’amortissement
du GMP.
178
Concernant les modes d’exploitation et de faire valoir, on distingue les formes suivantes.
- les exploitations individuelles qui sont conduites par les chefs d’EXAF en utilisant en
priorité la main d'œuvre familiale avant de recourir aux prestations extérieures ;
- le fermage qui consiste en une association entre un propriétaire terrien et un détenteur de
capitaux. Le contrat qui les lie est le plus souvent informel, mais les modalités (rôles et
attributions) sont définies dès le départ ;
- la location de parcelles qui est également organisée à travers un contrat tacite.
Au niveau des infrastructures et équipements, la gestion est collective. Il s’agit de la mise en place
des chenaux (source d’alimentation principale), de l’entretien du réseau principal d’irrigation, des
pistes de production et dSe la prise en charge des pompistes. La rémunération de ces services est
répartie entre les différents bénéficiaires au prorata des superficies respectives. Cependant,
l’entretien des canaux secondaires et la gestion des motopompes sont individuels. En ce qui
concerne les "groupe moto pompe" (GMP), en plus de la gestion individuelle, il existe un système
de location à 150 000 F/ha ou d’utilisation en association moyennant une redevance pour
l'amortissement évaluée entre 80 000 et 100 000 FCFA/ha (MARP FNRAA). La situation des
superficies exploitées en 2011 et 2012 est la suivante.
Tableau 8 : Superficies cultivées et spéculations en 2010/11 et 2011/12
Cultures Sup.( ha) 2010-2011 Sup. ( ha) 2011-2012
Patate 40 101
Tomate 910,38 638,80
Oignon 190,80 96,40
Manioc 35,95 116,50
Arachide 205,17 60,60
Autres 61,46 64,20
Total 1.443,76 1.077,5
Source, SAED/Secteur Lac.
Globalement, les superficies cultivées ont diminué entre les campagnes 2010/2011 et 2011/2012,
poursuivant une tendance observée depuis quelques années. Cette évolution à la baisse résulte de
la combinaison de plusieurs facteurs : la capacité et la durabilité des chenaux creusés, la gestion
du niveau d’eau dans le lac, les difficultés d’accès aux intrants en amont et d’écoulement des
productions en aval, la gestion des rotations entre cultures en fonction, surtout, de celle de la
patate douce. En effet, les conditions locales de la culture irriguée de la patate entrainent
l’infestation des sols par les nématodes et leur salinisation rapide. De ce fait, les exploitants se
déplacent périodiquement sur de nouvelles terres. Une telle situation est tout à fait à l’antipode de
l’intensification recherchée à travers le développement de l’irrigation. Elle se traduit en effet par
des cultures itinérantes, donc extensives avec des effets importants en matière de dégradation des
sols. A ces difficultés s’ajoutent aujourd’hui 19 des problèmes d’irrigation de plus en aigus
résultant de la baisse importante du niveau du lac.
19
Entretiens en décembre 2012.
179
4. ESTIMATION DES NIVEAUX DE PRODUCTION ET DE LEURS APPORTS DANS
L’ECONOMIE LOCALE
L’agriculture irriguée est, de loin, le secteur d’activité le plus important. Elle est largement
dominée par la culture de la patate douce en termes de source de revenus, de satisfaction de la
demande alimentaire, de populations impliquées et de source d’emplois pour les jeunes et les
femmes.
Les productions estimées des spéculations les plus importantes et leur valorisation sont les
suivantes.
Tableau 9 : Spéculations, rendements moyens, productions et valeurs de la production en
2010/2011 et 2011/2012.
Rendement moy. (T/ha) Production (T) Valeur (x 1000 FCFA)
Spéculations
2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012 2010/2011 2011/2012
Riz 7 6,5 280 656,5 33 600 72 215
Patate 35 40 31 863,30 25 552 3 186 330 2 555 200
Tomate 30 30 5 724 2 892 14 158 560 150 384
Oignon 25 30 898,75 3 495 112 343 454 350
Manioc 35 40 7 180,95 2 424 1 795 237 606 000
Arachide 2 2,5 122,92 160,5 33 876 48 150
Prix : Patate – 100 F/kg ; Manioc – 250 F/kg ; Riz-120 F/g en 2010 et 110 F/kg en 2011 ; Oignon-125 F/kg en 2010
et 130 F/kg en 2011 ; Tomate – 52 F/kg : Arachide – 300 F/kg (en vert).
Il convient de souligner que l’élevage qui est une activité importante dans la CR représente
potentiel économique important. Seulement, les activités d'élevage sont orientées vers
l’accroissement de la taille des troupeaux plus que vers leur valorisation commerciale et
économique.
180
Tableau 10 : Les organisations des populations de la CR
Type d’organisation Nombre Remarques
GPF 71 dont 70 sans statut juridique
GIE 07 Disposant de statut juridique
Groupements divers 57 Généralement sans statut juridique
ASC 33
AEP 17
Comités de santé 05
Total organisations de base 190
CLCOP
Comité patate
Organisations fédératives
UPROL
EGED
Source PLD, 2010 complétée.
Spécifiquement aux organisations paysannes actives dans l’agriculture irriguée, le résultat du
dépouillement de la base de données de la SAED/Secteur du lac donne un nombre de :
- 118 OP de base et fédération d’OP exploitant directement des terres,
- 3 firmes agricoles dont West African Farm (WAF) affectataire de 200 ha.
La société agroindustrielle Senehuile-Senéthanom s’est installée dans le territoire de la CR, mais
sur des terres situées dans la réserve du Ndiael et relevant de la gestion de l’État initialement
classées. Ces terres ont été déclassées et affectées à ladite société en 2012, provoquant la colère et
le soulèvement d’une partie de la population locale, singulièrement les éleveurs peuls. La présence
quasi permanente de la gendarmerie sur le terrain révèle que la situation n’est pas totalement
apaisée.
181
Tableau 11 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Ngnith
Indicateur Effectif %
Moins de 35
6 13%
ans
Age 35-60 ans 40 87%
Plus de 60 ans 0 0%
Femmes 2 4%
Sexe
Hommes 44 96%
Primaire 4 9%
Secondaire 1 2%
Niveau d’instruction Supérieur 0 0
Arabe/Coran 37 80%
Aucun 4 9%
Agriculteurs 28 61%
Eleveurs 13 28%
Catégories
Agroéleveur 3 7%
socioprofessionnelles
Agent SDE 1 2%
Enseignant 1 2%
Source : PLD 2010 et enquêtes auprès du Conseil rural de Ngnith
Le Conseil Rural est largement dominé, comme partout ailleurs dans le pays, par les hommes qui
constituent 96% des conseillers. Cette situation est en partie liée à la faible implication des
femmes dans l’activité politique et à des pesanteurs d’ordre socioculturel. La répartition par âge
révèle la faible représentation des jeunes (moins de 35 ans) qui font 13% des conseillers alors
qu’ils constituent 78 % de la population totale. Environ 1/10ème des conseillers ont fréquenté
l’école française, tandis que 87% ont étudié l’arabe. De nombreux conseillers éprouvent
d’énormes difficultés à participer activement dans la gestion administrative et financière des
affaires locales, ce qui constitue un handicap dans la gouvernance locale.
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le fonctionnement de la CR repose sur un organe délibérant, un organe exécutif et sur des
commissions.
L’organe délibérant est constitué par l’ensemble des 46 membres du conseil. Il se réunit plusieurs
fois dans l’année, en session ordinaire, et chaque fois que de besoin en session extraordinaire. Ses
membres discutent des problèmes de développement et de toutes questions pour lesquelles la CR a
compétence et prend ses décisions par délibération. Ces décisions sont soumises à l’approbation
du sous-préfet qui représente l’État et exerce un contrôle de légalité.
L’organe (bureau) exécutif est composé de 3 personnes : le président du Conseil Rural (PCR), et
ses 2 vice-présidents. Il est chargé de l’administration au quotidien de la CR, de la publication et
de l’exécution des décisions issues des délibérations du conseil. Le PCR en tant qu’ordonnateur du
budget, assure la gestion du cycle budgétaire (préparation, ordonnancement des dépenses et
exécution des recettes). Le PCR en particulier et le conseil en général, sont épaulés par une
assistante communautaire (ASCOM) dans l’exécution de leurs différentes missions. Elle joue un
182
rôle particulièrement important dans la préparation des différents dossiers et les relations avec les
services de l’État (Services du Trésor, des Domaines,…) et les divers partenaires de la CR.
Le Conseil Rural de Ngnith a mis en place 19 commissions techniques qui couvrent l’ensemble
des secteurs de développement économique, social et environnemental de la CR. Chaque
commission est composée de conseillers ruraux et présidée par l’un d’entre eux. Elle peut
s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que des personnes
ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer des solutions au
conseil. Dans le domaine foncier, le conseil dispose d’une commission domaniale chargé
d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière et de formuler des propositions au
conseil qui est seule habilité, en la matière, à prendre les décisions par délibération.
Les chefs de villages sont dans la pratique des acteurs incontournables dans la gestion du foncier
et le processus de prise de décision concernant leurs villages 20. Auxiliaires de l’état et 1ers
représentants officiels des populations, ils sont souvent sollicités pour la médiation sociale
(conflits fonciers, familiaux, etc.) et participent à certaines prises de décisions dans la CR. Ils sont
membres de droit de la commission domaniale quand les terres sollicitées se trouvent dans le
terroir villageois.
Depuis le renforcement de la décentralisation en 1996, les communautés rurales (tout comme les
autres collectivités locales, communes et régions) ont reçu des compétences dans neufs
domaines 21 (loi 96-07 du 22 mars 1996). Toutefois, l’exercice des compétences relatives au
domaine, et notamment à la gestion du foncier, semblent prendre prédominer dans ses activités.
Il est à souligner que le Conseil Rural bénéficie dans ses différentes fonctions et tâches de
l’assistance des services déconcentrés de l’état, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui
au développement local (CADL). Il peut également mobiliser les services techniques
départementaux ou régionaux (SAED, ANCAR, les services des Pêches, des Eaux et Forêts, de
l’Aménagement du territoire, etc.). Le Conseil Rural de Ngnith bénéficie dans plusieurs secteurs
d’activités de l’appui-conseil de projets (le PACR financé par l’AFD), d’ONG (Plan Sénégal,
RADI, etc.) et de certaines entreprises d’agrobusiness installées dans son territoire (WAF).
20
Certains chefs de village sont en même temps conseillers ruraux.
21
Domaines ; Environnement et gestion des ressources naturelles ; Santé, population et action sociale ; Jeunesse, sport
et loisirs ; Culture, Éducation, Planification, Aménagement du territoire ; Urbanisme et habitat.
183
Tableau 12 : les recettes de fonctionnement du budget de la CR de Ngnith en 2009
Rubriques Montant FCFA %
Recettes fiscales 23.000.000 65
Recettes non fiscales 900.000 3
Recettes diverses 11.350.000 32
Total 35.250.000 100
Source : Budget CR de Ngnith, 2009.
Les recettes de fonctionnement proviennent largement des recettes fiscales représentent plus de
65% cette rubrique, suivies des recettes diverses 32% contre seulement 3% pour les recettes non
fiscales. Les recettes fiscales incluent les frais de bornage des terres affectées.
6.2.2. Les recettes d’investissement
Pour assurer ses investissements, le Conseil Rural dispose d’autres recettes, autres que celles
destinées à son fonctionnement, qui proviennent du fonds de concours du PNDL, des Fonds de
concours de l’État et de ressources provenant de certains projets, comme le PACR, soit un total de
65.000.000 FCFA en 2009 (tableau ci-dessous).
Tableau 13 : Recettes d’investissement du budget de la CR de Ngnith en 2009
Origine des ressources Montant FCFA %
PNDL 20.000.000 31
PACR 40.000.000 61
Fonds de Dotation 5.000.000 8
Total 65.000.000 100
Source : Budget CR de Ngnith, 2009.
Les recettes d’investissement proviennent en majorité du fonds de concours du PACR qui
représente plus de 61% de budget, ensuite le fonds de concours du PNDL (31%). Le fonds de
dotation de l’État ne représente que 8%, soit 5.000.000 de FCFA. La provenance de projets et
programmes de plus de 90% des ressources destinées aux investissements de la CR, révèle la très
forte dépendance de la CR, ses difficultés à assurer les fonctions qui lui sont transférées, et par
conséquent, la fragilité des bases de son développement.
184
parfois ces mêmes zones. Il s’ensuit une obturation des couloirs pastoraux et des voies d’accès aux
points d’abreuvement. Le manque de clôture des champs et périmètres ainsi que le défaut de
surveillance du bétail, voire des actions délibérées de certains éleveurs favorisent la divagation des
animaux et la dévastation des cultures.
Les dégâts au champ par le bétail en 2012 a nécessité la médiation de la commission domaniale et
du comité inter villageois de développement (CIVD). Les protagonistes ont accepté un règlement
à l’amiable au terme duquel l’éleveur a indemnisé l’agriculteur pur un montant de de 60 000
francs. Dans le même registre, un cultivateur de Ngnith était opposé l’hivernage dernier à un
éleveur de Howandou qui aurait coupé ses pastèques et fait paître ses bovins dans son champ.
Devant le refus de l’éleveur de reconnaitre les fait pour un règlement à l’amiable, l’agriculteur a
fait constater les dégâts par le chef du CADL et a porté plainte contre l’éleveur sur la base du
procès-verbal dressé par le CADL qui en a fait un procès-verbal et avec ce document il a porté une
plainte contre X. Le conflit est aujourd’hui porté au niveau de la gendarmerie.
Ce type de conflit est le plus souvent réglé auprès des chefs de village, en présence des notables.
Les négociations dans ce cadre, entre les protagonistes, permet généralement de trouver une
solution à l’amiable avec un dédommagement fondé sur une estimation des dégâts acceptée par
les partie. A défaut, le problème est vidé au niveau du Conseil Rural, avec l’assistance parfois du
CADL, voire du sous-préfet. La gendarmerie vient en dernier recours. Toutefois, les pasteurs se
plaignent parfois de l’impartialité et du manque d’équité de ces cadres de règlement des conflits
qui semblent privilégier les agriculteurs (POAS de la CR de Ngnith, 2010).
6.3.2 Les conflits entre affectataires du domaine national
Ces conflits sont souvent le fait d’erreurs commises dans la gestion foncière de l’ancienne CR de
Ross-Béthio. En effet, ils découlent du défaut de suivi des attributions foncières, du non-respect
des procédures d’attribution, des doubles affectations, ainsi que de la non installation effective sur
les parcelles affectées, de nombreux attributaires par la commission domaniale.
Ainsi à Naéré (zone de Nder), l’association EGED était attributaire de terrain en 1997. En 1998,
les populations de Naéré se sont opposées à cette décision du Conseil Rural, considérant qu’elle
portait sur leurs ancêtres. Après une vaine tentative de règlement à l’amiable pendant plusieurs
années, la décision d’affectation a été suspendue en 2002 par le sous-préfet.
Dans la même zone, les villages de wolof de Naéré et maure de Darou Salam se sont affrontés
jusqu’à occasionner des blessés. Un terrain affecté en 1998 à un villageois de Darou Salam était
réclamé par un habitant de Naéré auquel il avait été affecté au préalable. Le conflit qui a fini par
impliquer les deux villages a conduit à la suspension depuis 2011,
Ces conflits résultent également du fait que la majeure partie des terres est détenue par une
minorité qui n’a toujours pas la possibilité de l’exploiter entièrement. Et dans le contexte
particulier de la zone caractérisé par des aménagements "spontanés", ils se crée souvent des
situations confuses qui nourrissent les contestations et les affrontements entre affectataires
(PACR, 2011).
6.3.3 Conflits relatifs aux limites communautaires
Cette catégorie de conflits présente trois cas de figure dans la CR de Ngnith : conflits entre
villages de CR différentes, conflits entre villages de la CR de Ngnith et conflits entre la CR de
Ngnith à d’autres CR limitrophes.
Le premier cas renvoie à des problèmes identitaires et d’ancrage territorial. Il concerne les
villages de Niassène, Maka Nandary, Mbayti, Gouynabé, Alwathiam. Ces villages ont
tendance, selon le cas et leurs sensibilités, à se considérer comme rattachés à la CR de Ngnith ou à
celle de Diama. Le cas le plus patent est celui du parc de vaccination situé dans le village de
185
Niassène rattaché légalement à la CR de Ngnith. Pour certains villages, surtout peuls, puisse que
cette infrastructure a été construite sous la mandature de l’actuel PCR de Diama, qui fut celui de
Ross-Béthio, c’est son autorité qui doit prévaloir dans ce parc (PACR, 2011).
Dans le cas des conflits entre villages de la CR, les principales causes sont dues aux manquements
dans la gestion foncière de l’ancienne CR de Ross-Béthio en dehors de facteurs comme le
déplacement des villages agropasteurs. Ce type de conflit implique les villages de Naéré Peul et
Darou Salam, Dental et Diokhor Kaw.
Dans le conflit entre les villages de Naéré et Darou Salam, les habitants de Naéré détenteurs d’une
délibération de 800 hectares ne peuvent s’installer car cette affectation porte sur un terrain «
appartenant » à Darou Salam depuis des générations. Si les villageois de Darou Salam
revendiquent le respect de leurs droits coutumiers, ceux de Naéré font prévaloir la
prééminence de la loi sur le domaine national en vertu de l’acte délivré par le Conseil Rural. Mais
un des éléments du problème est que le village de Naére peuplé de peuls agropasteurs est itinérant.
En plus dans beaucoup d’autres villages d’agropasteurs certains chefs de village ne résidaient pas
dans les villages où leur autorité était reconnue et acceptée par tous (PACR, 2011).
Le troisième cas concerne les conflits autour des limites entre la CR de Ngnith et celles alentours.
A l’est de la CR, l’imprécision des limites avec la CR de Diama est source de litige entre les deux
CR. Comme les décrets créant les collectivités locales n’indiquent que la liste des villages ou des
quartiers qui les constituent, l’absence de marquages des limites au sol a engendré des
contestations autour du tracé exact de la frontière communautaire qui est apprécié de façon
différente dans les deux CR (PLD de Ngnith, 2010). Un conflit de limite se pose également entre
Ngnith et la CR de Ronkh
La zone litigieuse se situe à la frontière sud de la CR de Ronkh, autour des villages de Bountou
Ndieugue 1 et Bountou Ndieugue 2, qui appartiennent à la CR de Ronkh où ils payent l’impôt. Les
représentants de Ngnith estiment que ces villages en question se trouvent dans leur. De fait, ces
deux villages se trouvaient bien à l’intérieur de la CR de Ronkh et se sont se sont déplacés à une
certaine période sur leur site actuel. Il reste, au vu des textes, que les deux villages en question ne
figurent pas dans le décret créant la CR de Ngnith (MCA, CIRAD, FIT, SONED, 2011). La
succession des découpages et redécoupages des collectivités locale dans cette partie du Delta
(création des communes de Rosso et de Ross Béthio, des CR de Ronkh, de Diama et Ngnith) et
l’absence de marquage au sol des limites territoriales sont à l’origine de ce ces différents litiges.
186
important d’exploitation des archives de la l’ancienne CR de Ross Béthio pour reconstituer les
affectations foncières situées dans le territoire de l’actuelle CR de Ngnith.
Les résultats de ce travail, complétés par nos enquêtes auprès du Conseil Rural 22, indiquent que
13.077, 8 ha sont affectés dans la CR au bénéfice de 506 affectataires (tableau 14). Les 9/10ème des
superficies sont destinées à un usage agricole, 7,3% à équipements communautaires et
infrastructures socioéconomiques (mosquée, bois villageois, parc de vaccination…) et 0,13 % à
l’habitat.
Tableau 14 : Importance et répartition par types d’usage des superficies affectées et des
affectataires dans la CR de Ngnith (Sources PACR + enquêtes février 2013)
Usages Agricole Habitation Autres Total
Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha) Nombre Sup. (ha)
Affectations
468 12.102 13 16,8 25 959 506 13.077,8
22
Notamment le président de la commission domaniale et l’assistante communautaire (ACOM)
187
Tableau 16 : Statut des affectataires des terres à usage agricole
Statut AVD GIE GPF Individ Société OP Program . Gpt Vill . Total
Nombre 15 25 6 410 2 1 2 7 468
Sup ha 905 840 110 9.352 400 80 250 165 12.102
% 7,5 6,9 0,9 77,3 3,3 0,7 2,1 1,4 100
Dans les affectations à usage agricole, nous nous sommes intéressés à celles portant sur une
superficie supérieures à 10 ha et à leurs bénéficiaires.
Tableau 16 : Distribution des affectations foncière selon la superficie
Taille des parcelles affectées
Total
Sup. 10 11 15 18 20 25 30 40 50 60 80 100 200
Nbre affect. 5 1 5 1 18 1 4 3 22 3 1 3 3 70
et % 7,1 1,4 7,1 1,4 25,7 1,4 5,7 4,3 31,4 4,3 1,4 4,3 4,3 100
Installées 1 0 2 0 10 0 1 2 10 2 0 1 2 31
Les affectations portant sur une superficie supérieur ou égale à 10 ha sont au nombre de 70, soit
15% de l’ensemble des affectations. 67% des affectataires sont de la communauté rurale, 31,5 %
sont des nationaux vivant hors de la CR et on compte un seul étranger.
Les affectations les plus courantes portent sur 20 ha (25,9%) et 50 ha (31,4%), superficies qui en
gros correspondent respectivement à celle des petits périmètres villageois conçus par la SAED
dans les années 70 et 80, et à celle d’une unité autonome d’irrigation (UAI) dans les
aménagements intermédiaires. Moins de la moitié des affectataires (44%) ont été installés par la
commission domaniale, c'est-à-dire que leurs parcelles ont été clairement identifiées et localisées
et ont pour source d’eau le lac ou des chenaux. Deux des trois affectataires de 200 ha ont été
installés (WAF et EGED, une association regroupant des producteurs des CR de Ngnith, Keur
Momar Sarr et de la commune de Ross Béthio). Le troisième dont l’affectation remonte à
plusieurs années n’a pas été installé et la CR n’a pas d’informations le concernant.
23
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
188
Tableau 17: Répartition des affectations dans les zones POAS
Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Zone 6
Total
Nder Diokhor Ngnith Diokhor Kaw Yamane Thiagnaldé
Nombre 265 16 76 41 49 21 468
Sup ha. 7.821 170 1 .064 898 1.349 800 12.102
% 64,6 1,4 8,8 7,4 11,1 6,6 100
Les 2/3 des superficies affectées se trouvent dans la zone de Nder. La proximité du lac qui facilite
l’irrigation et permet de réduire la longueur des chenaux rend cette zone plus attrayante pour les
populations locales et les agriculteurs. En plus la zone de Nder compte de gros villages, Nder et
Témèye, ce qui rend disponible une main d’œuvre à proximité. Les zones de Yamane et de Ngnith
comptent chacune plus de 1.000 ha affectés qui se localisent au plus près du Lac. Pour les
conseillers ruraux, les zones de Nder et de Ngnith sont « saturées » lorsqu’on considère les terres
proches du lac. Au-delà, les terres des terres sont disponibles mais nécessitent pour leur mise ne
valeur, des canaux d’amenée sur 5 km ou plus, voire aussi d’importants travaux de terrassement
pour certaines parties.
24
En fait, le contrat est qualifié de confidentiel par ses auteurs et n’a, donc, jamais été vu par les populations
concernées.
189
L’expérience Sen Ethanol
Parallèlement à l’expérience de WAF, il faut noter que les populations de la CR vivent celle de
Sen Ethanol qui se pose de manière très différente : affectation par l’État de la zone périphérique
de la réserve spéciale de Ndiaél à l’entreprise Senhuile, enlevant aux habitants de 37 villages
d’éleveurs dont 34 dans la CR de Ngnith pâturages et pistes de bétail tout en menaçant leur
habitat. Les populations fustigent le fait de ne jamais avoir été consultés ni informés de l’arrivée
de ce projet, ils ont juste constaté le début des travaux d’aménagement de terre. Il s’en suit une
révolte et la mise en place du Collectif pour la défense des intérêts des habitants du Ndiaél.
À Thiamène (village de la zone périphérique de la réserve du Ndiaèl), les éleveurs voient dans
l’arrivée des investisseurs, un processus d’extinction de l’élevage et de leur civilisation elle-même,
parce qu’ils ne peuvent cohabiter avec les exploitants agricoles vu la saturation des terres et
l’obstruction des voies d’accès à l’eau.
Même le Conseil rural n’a pas été associé dans la mise en place du projet ; les représentants de
l’Etat lui ont fait savoir que la gestion des terres concernées n’est pas de son ressort. Néanmoins,
Selon le PCR, L’Etat (ministère de l’intérieur et ministère de l’agriculture) a tenté de discuté avec
le conseil rural pour expliquer l’importance du projet et les contreparties qui seront faites à la
population :
- appui budgétaire de 800 millions par an à la CR ;
- culture fourragère pour le bétail ;
- développement d’une nouvelle variété de patate à cultiver par les agriculteurs locaux et le
rachat de la totalité des productions ;
- construction d’écoles, de poste de santé, etc.
190
que condition de l’affectation est ignorée. Il n’est pas rare de voir d’importantes superficies
attribuées dont le tiers demeure inexploité. La transaction foncière (vente, location) constitue
également une illégalité non sanctionnée et elle demeure très courante.
Le premier facteur limitant est la salinisation des sols qui réduit fortement le potentiel foncier de la
communauté rurale. Elle affecte généralement et surtout les terres de la zone classée à priorité
agricole. D’après les riverains du lac de Guiers, c’est la Compagnie Sucrière Sénégalaise qui en
est le principal responsable car drainant ses eaux usées pleines de produits toxiques dans le lac. Le
deuxième facteur limitant est la baisse de la pluviométrie d’année en année avec pour
conséquences la rareté de l’eau, la baisse de la culture sous pluie, l’exode rural mais aussi le
déplacement du bétail vers les zones où l’élevage pose souvent des difficultés. La troisième
contrainte naturelle est liée au développement du typha qui empêche l’accès à certaines parties du
lac non seulement pour le bétail mais aussi pour les pêcheurs. Ces derniers affirment que ces
herbes occupent jusqu'à 200m de large à partir des rives du lac. Par conséquent, la capture des
poissons devient impossible car les espèces se réfugient dans cette végétation aquatique. Par
ailleurs, nous pouvons ajouter à ces limites naturelles les attaques des oiseaux granivores qui ont
fini par rendre impossibles certaines cultures comme le mil ou le sorgho, mais aussi celles des
nématodes (des vers qui attaquent les cultures comme la patate et les autres racines sous terre.
Le niveau d’ouverture aux investisseurs peut être apprécié à travers un ensemble complexe
d’éléments notés lors des consultations.
• L’expérience négative des projets et de la mauvaise gouvernance des CR
Elle a été exprimée de la manière suivante :
« Les promesses divergent toujours avec les faits ; les villageois auraient été «trompés» une ou
plusieurs fois ; la crainte par rapport au projet est qu’à la longue l’investisseur finit toujours par
s’approprier la terre. En outre, il y a eu beaucoup de promesses d’inclusivité, de transparence et
d’intérêt partagé de la part des projets ; mais très souvent les populations sont prises de court par
le déroulement de ces projets qui mettent en place des dispositions contraires aux intérêts des
villageois ; ces derniers ne trouvent aucun recours. On a même averti que si le déroulement du
projet ne correspondait pas aux promesses, le village s’opposera à sa continuation… L’ancien
Conseil Rural de Ross Béthio avait affecté toutes les terres».
• La persistance du droit coutumier et, sur cette base, le positionnement stratégique de la
société locale par rapport à la compétition foncière.
Dans tous les villages consultés un point de vue récurent rend compte de la persistance du droit
coutumier : « les hautes terres (éloignées) relèvent de la CR, les terres proches du lac
appartiennent aux populations du village ».
• La surenchère
À mettre dans le cadre de la négociation, mais elle témoigne, cependant, d’une ouverture non
encore assumée.
• Des positions plus raisonnées et volontaires et des questionnements pertinents
Le village de Mbayène a indiqué précisément que 600 ha correspondant à ses terres traditionnelles
situés «en haut» (à distance des berges du lac) sont disponibles pour le projet et a fait savoir qu’il
n’exclut pas l’agrobusiness, que son accord de principe pour le projet est basé sur le manque de
moyens pour l’exploitation des terres. Autres avis et questions notés dans les villages consultés
dans la CR : « Le mode actuel d’utilisation de l’eau n’est pas efficient; nous perdons trop
d’argent ; le projet nous aidera à régler ce problème. L’attitude frileuse n’est pas une solution ; il
nous faut régler ce pourquoi on nous trompe ».
191
9. CONCLUSION
Cette CR est peut-être celle qui possède la plus riche expérience en agribusiness horticole. Les
capacités techniques des populations dans ce domaine sont donc importante, et leurs propositions
de conditionnalités sont très précises et pertinentes, au point qu’elles devront être diffusées aux
autres CR.
Cependant, la zone accessible depuis le lac est déjà fortement occupée par les entreprises
d’agribusiness et les terres qui restent sont aux mains d’exploitation familiales qui ont pour projet
de développer des cultures horticoles, donc qui ne sont pas intéressées par céder leurs terres à de
nouveaux privés.
Restent, comme ailleurs dans beaucoup d’autres CR, ces terres hautes de l’arrière-pays, occupées
par des populations agropastorales peu intéressées mais sur lesquelles le Conseil Rural et les
villages agricoles souhaiteraient voir s’installer le PDIDAS. Celui-ci doit donc être très prudent
par rapport aux tensions sociales qu’il peut provoquer, et qui pourraient facilement se transformer
en tensions ethniques.
Cependant, ‘l’intérêt de cette CR pour le développement des cultures horticoles pourrait être mis à
profit pour développer un programme d’appui conjoint à l’agribusiness et l’agriculture familiale
en horticulture, selon une approche systémique intégrant les deux activités dans des filières
horticoles, certaines à vocation d’exportation et d’autres à vocation d’alimenter le marché local.
C'est ce que les livrables suivants développeront.
192
Références bibliographiques
193
ANNEXE
194
34 Famille Pène 100 3
35 Bah Yaye 400 6
36 Mawade Ndiaye 300 5
37 Mama Ndiaye 300 7
38 Maguette Péne 200 4
39 Moussa Bèye 700 20
40 Pape Niang 200 5
41 Fary Diaw 100 3
42 Mawade Guèye 100 4
43 Daouda Faye 100 3
44 Ba et Frères 50 100
45 Maguèye Thiam 1 200 8
46 Magueye Thiam 2 30 8
47 Magueye Thiam 3 100 15
48 Magueye Niang 100 6
49 Malick Péne 1 6 2
50 Malick Péne 2 15 4
51 Ali Guèye 15 10
52 Ndiémé 600 11
53 Racine Guèye 150 50
54 Ndiagne Xer 2 500 250
55 SV 50 40
56 Adama Guèye 30 3
57 Moustapha Pène 50 2
58 Abdoulaye Wade 50 4
59 Mame Abdou Mbaye 2 500 80
60 Bacara Diouma Gueye 300 15
61 Elhadji 500 10
Guerek (5 chenaux) 550 80
62 Guérék 1
63 Guérék 2
64 Guérék 3
65 Guérék 4
66 Guérék 5
67 Yoro Diaw Seck 30 6
195
68 Malick Fall 25 2
69 Ibrahima Mbaye 35 24
70 Iba Dial 25 2
71 Bour Guewel 50 14
72 Canal Thiaré 1 000 300
73 Mama Guèye 500 50
74 Ousseynou Ngèr 100 20
75 Baye Seck 1 600 40
76 Canal Nguèrène 500 50
77 Atoumane Ngèr 500 50
78 Modou Diop Nger 900 60
79 Bouya Fall 900 60
80 Baye Seck 2 500 50
81 SV Mbayène 1 5 000 500
82 SV Mbayène 2 2 500 400
83 Adama Sarr 900 50
84 Aziz Mbaye 1 000 150
85 Mayel 300 100
86 Bouyo Thioub 700 100
87 Ndiaye Sarr Diaw 500 30
88 Ablaye ndiaye 300 10
89 Niama Ka ………. 20
90 Ousseynou Diop 100 3
91 Maodo Sall 800 4
92 Mousse Diop 2 300 20
93 Alassane Diaw 30 7
94 Samba Aïcha Hanne 1 000 30
95 Madieyna seck 1 200 3
96 Samba 1 000 40
Total 40 961 3 379
196
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
197
Sommaire
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA COMMUNAUTÉ RURALE………………………………….199
1. PEUPLEMENT ET POPULATION………………………………………………………..…….200
1.1. Caractéristiques générales du peuplement et de la population………..……….200
1.2. Distribution spatiale de la population…………………………………………….201
1.3. Inégalités des densités démographiques et ses implications ………………...…202
9. CONCLUSION ………………………………………….…………………………...…........218
199
PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNAUTE RURALE (CR)
Carte n°1 : Présentation de la Communauté Rurale et de ses zones de gestion Poas
La communauté rurale (CR) de Syer est située dans l’arrondissement de Keur Momar Sarr du
département de Louga. Elle a été créée le 19 mai 1978 par le décret n°78-437 du 19 mai 1978.
Occupant une superficie estimée à 827,7 km², elle représente près de 28,7% du territoire de
l’arrondissement de Keur Momar Sarr. Elle est limitée au Nord par le Lac de Guiers, au Sud par la
communauté rurale de Mboula (département de Linguère), à l’Est par la communauté rurale de
Mbane (département de Saint-Louis), à l’ouest par les communautés rurales de Keur Momar Sarr,
Nguer Malal et de Gandé du département de Louga.
En fait, la CR a des terres très vastes, mais son ouverture sur le du lac est relativement modeste
par rapport aux autres CR riveraines de cette grande source d’eau ; la majeur partie des terres est
située dans le Dieri, en bordure de la région sylvopastorale du Ferlo. Cependant, une bonne partie
200
du Bas Ferlo (marigot remis en eau suite à la mise en service des barrages de Diama et de
Manantali) touche des terres au sud de la CR et pourrait servir à leur irrigation.
Le POAS de la CR récemment élaboré a structuré le territoire selon six zones de gestion pour la
gestion et le développement des terroirs :
Mbar Toubab – A l’est de la CR, cette vaste zone de gestion (la plus grande avec 19 300 km
carré) est entièrement située dans le Dieri et touche le Ferlo. C’est une zone quasi
exclusivement pastorale.
Djélali – La zone est longée par le Bas Ferlo sur toute sa partie ouest ; il existe donc quelques
possibilités d’irrigation des terres riveraines de ce marigot en fonction de la gestion des eaux
du lac (soutien de son alimentation à partir du pont-barrage de Kër Momar Sarr). En plus, il y
a quatre marigots intermittents partant du lac vers l’intérieur des terres. La superficie de la
zone est relativement importante (14 900 ha).
Kër Ndari – Elle constitue le sud de la CR, après la zone de Djélali. Comme cette dernière, elle
est aussi entièrement longée à l’ouest par le Bas Ferlo avec, de même, quelques marigots
intermittents partant du lac. La superficie de la zone est de 12 200 ha.
Guidick – Bien qu’étant la moins étendue (9 400 ha) des zones de gestion, elle occupe, seule,
toute l’ouverture de la CR sur le lac et couvre, ainsi, les terres irrigables de la CR. La pression
foncière y est beaucoup plus importante que dans les autres de gestion.
Koundoung – Elle est située dans le Dieri à l’est de la zone de gestion de Guidick, mais sa
partie sud/ouest s’approche du lac. Une petite portion de ses terres peut être irriguée à partir du
lac si des canaux d’une bonne longueur sont réalisés. La superficie de la zone est assez
modeste (10 600 ha).
Syer/Boki Nédo – A la suite de la zone de gestion de Guidick vers le sud/est, elle s’entend
largement dans le Dieri vers la zone de Mbar Toubab et la région sylvopastorale. Cependant,
la partie nord/ouest de cette zone de gestion à la superficie assez importante (15 400 ha),
s’approche du lac, ce qui permet l’irrigation d’une petite portion de terres si des canaux d’une
bonne longueur sont réalisés.
1 – PEUPLEMENT ET POPULATION
201
Tableau 1 : Évolution de la population de Syer et projections démographiques
Nombre de Effectif population
Années
concessions hommes Femmes Total
1988 405 1.952 1.998 3.950
2002 612 3.319 3.461 6.780
2013 n.d. 4.557 4.619 9.176
2015 n.d. 4.808 4.866 9.674
Source ANSD
Les caractéristiques démographiques révèlent une légère prédominance des femmes qui
représentent 50,4% de la population. La répartition de la population par classe d’âge n’est pas
disponible au niveau CR. En se référant à celle du département de Louga dont fait partie la CR,
57% de la population auraient moins de 20 ans et 37% entre 20 et 59 ans (ANSD, SES, Louga,
2009). Les projections démographiques de l’ANSD fixent à 9.176 habitants en 2013 et à 9.674 en
2015.
202
ou Syer 3 (POAS, SAED, 2010). Les localités de moins de 100 habitants restent pour l’essentiel,
peuplées de pasteurs transhumants.
1.3 L’inégalité des densités démographiques et ses implications dans la perception des
populations
La densité moyenne de 8,20 habitant/km² est très variable au regard de la distribution de la
population selon les zones de la CR. La concentration de la population qui est plus forte dans les
localités proches du Lac de Guiers et du Ferlo a tendance à baisser à mesure qu’on s’en éloigne.
Le tableau 3 donne une idée des densités démographiques selon les zones POAS de la
communauté rurale.
Tableau 3 : Densité moyenne de population dans la CR Syer (habitants/km²)
Zones de gestion POAS
Moyenne
CR Mbar Syer
Djelali Keur Ndary Guidick Koundoug
Toubab Boki Nédo
8,20 7,93 0,76 4,46 20,04 4,72 10,27
Sources : Données ANSD, RPGH, 2002 ; SAED, POAS Syer, 2010.
La densité démographique dans la zone de Guidick qui jouxte le lac de Guiers, dépasse le double
de la moyenne de la communauté rurale. La zone de Syer Boki Nédo qui a une densité de 10
habitants/km2 abrite un forage (village de Boki Nédo) qui polarise un grand nombre de pasteurs.
Toutes les autres zones de gestion ont des densités en deçà de la moyenne, en particulier la zone
de Djélali qui compte moins d’un habitant/km2 (tableau 3).
Carte 2 : Densités de population selon les zones de gestion
203
2. ACTIVITES ECONOMIQUES ET UTILISATION DES RESSOURCES
NATURELLES
Les principales activités de la population de la CR de Syer relèvent du secteur primaire. Il s’agit
essentiellement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, auxquels s’ajoutent d’autres activités
comme l’artisanat et le tourisme.
2.1 L’agriculture
Comme dans la majorité des CR de la zone, l’agriculture est la première activité économique dans
la CR. Elle est pratiquée sous 3 formes : agriculture irriguée, agriculture pluviale et maraichage,
l’arboriculture fruitière étant très marginale. L’agriculture irriguée n’est significative que dans la
zone alentour au Lac de Guiers. Elle est traitée plus loin, dans le chapitre consacré aux ressources
en eaux et aux infrastructures hydrauliques.
2.1.1 L’agriculture sous-pluie
L’agriculture pluviale occupe une place importante dans les activités économiques des populations
de la CR de Syer. Elle se pratique plus singulièrement dans la zone du Dieri, surtout dans les
terroirs des villages de Mbar Toubab, Gade Taganide, Guidick, Al Segou, Bolele Goudy Cherif).
Les principales spéculations sont le mil qui occupe 27% des terres cultivées en pluvial, le sorgho
18%, l’arachide 25%, le niébé 18% et le béref (PLD, CR de Syer, 2012).
Les principales contraintes à la pratique de l’agriculture pluviale sont entre autres, l’irrégularité de
la pluie, la dégradation progressive des terres, les divagations du bétail qui causent des dégâts
surtout en période de récolte, les problèmes de commercialisation liés à l’enclavement de la zone.
2.1.2. La production maraîchère
La pratique du maraîchage a commencé à se développer depuis la mise en place des barrages de
Diama et de Manantali qui ont relevé le niveau du Lac de Guiers et de la vallée du Ferlo. Environ
1/5ème des ménages pratique cette activité (FAO, Ministère Agriculture, 1998). Elle se pratique en
contre saison sur une superficie estimée à 100 ha, autour des villages de Foss 1, Nguidick, Bolele
Goudy Chérif, etc. (PLD, Syer, 2012). Les principales productions concernent l’oignon, la pomme
de terre, la tomate, le chou, l’aubergine, la carotte, le piment, le gombo, le navet, la citrouille, etc.
La production maraîchère souffre du caractère sommaire des aménagements hydroagricoles, de
l’inadaptation de l’irrigation gravitaire aux sols filtrants, de la prolifération du typha dans les plans
d’eau et de la salinisation progressive des terres, notamment aux abords du Lac, dans les
périmètres sans système de drainage.
2.2. L’élevage
L’élevage est la deuxième activité économique dans la CR de Syer. Il est pratiqué par les peuls et
dans une moindre mesure, par les wolofs dans une moindre mesure. Cette activité est
principalement exercée de manière extensive dans toute la zone Dieri de la communauté rurale,
suivant un calendrier pastoral25, particulièrement dans les zones Mbar Toubab et de Djélali. Les
plus grands foyers de pasteurs de la CR sont Gade Taganide, Guidick, Mbar Toubab, Al Segou et
Bolele Goudy Cherif. L’élevage occupe plus de 95% des ménages (FAO, Ministère Agriculture
1998) de la CR et participe fortement à l’économie des ménages, avec la vente des animaux et
surtout des produits laitiers (lait frais, caillé, beurre de vache) commercialisés par les femmes..
Le cheptel relativement important et diversifié, est dominé par les petits ruminants. Il compte
environ 22.000 ovins, 16.000 caprins et autant de bovins (tableau 4). Le cheptel asin et équin qui
25
Les quatre saisons du calendrier pastoral sont : Nungu, Dabbunde, Ceeedu et Tchetcelle.
204
regroupe au total 21.000 têtes joue un rôle important dans le transport des hommes et des biens qui
se fait par charrettes et à dos d’animaux, la CR étant peu dotée en moyens de communication.
Tableau 4 : Cheptel de la CR de Syer
Espèce Bovins Ovins Caprins Équins Asins
Effectifs 16000 22000 16000 5000 16000
205
Foss, de Malla et de Syer. Il a été identifié dans la CR, 28 débarcadères de pêche (POAS CR de
Syer, 2010). Les espèces répertoriés sont assez variés : Lates niloticus, Tilapia zillii, Oreochromis
niloticus, Sarotherodon galilaeu, Aleste baremoze, etc.). Selon certaines sources, les prises
peuvent rapporter plus de 50% des revenus de certains ménages pratiquant la pêche (PLD, 2012).
Les pêcheurs ont constitué diverses organisations, dont la plus importante est l’association des
pêcheurs de Syer qui compte plus de 80 membres. Ils bénéficient de l’encadrement et de l’appui
du centre de promotion de la pêche basé à Guidick qui intervient avec celui de Mbane, auprès de
tous les acteurs de la pêche autour du Lac de Guiers.
En amont de la pêche se développent des activités de transformation des produits halieutiques
réalisées par les femmes. Le poisson est transformé en poisson séché ou fumé, vendu sur le
marché local et dans les marchés hebdomadaires. Ces femmes sont organisées en GPF ou GIE au
niveau villageois pour bénéficier de crédit auprès des institutions financières de micro crédit ou de
l’appui des partenaires de la collectivité locale.
Comme pour l’ensemble des zones riveraines du Lac, les activités de pêche rencontrent des
difficultés liées à la prolifération continue des plantes aquatiques, le typha en particulier qui
colonise les plans d’eau, encombre les voies d’accès à l’eau et rend difficile l’usage des engins de
pêche. L’usage de filets prohibés et la forte pression de pêche qui réduit les taux de reproduction
de la ressource constituent une autre difficulté de l’activité.
2.3.3 L’artisanat
Il se pratique sous forme d’artisanat d’art, de production et de service. Les corps de métiers
s’activant dans ce secteur sont entre autres, ceux de la menuiserie (ébéniste et métallique), de la
mécanique rurale (principalement pour les engins agricoles), de la maçonnerie, de l’électricité, etc.
Les femmes s’investissent plus dans la couture, la coiffure, la teinture et la savonnerie. Il est aussi
noté dans les zones alentours du Lac de Guiers, le tressage des nattes surtout par les femmes
maures, qui utilisent le typha comme matière première.
206
Tableau 5 : Activités des ménages ruraux de la CR de Syer
Effectif des ménages ruraux agricoles pratiquant Ménage
Effectif des Ménages l’activité
Ménages dans
Village concessions ruraux
ruraux Agricult Prod Prod l’activité
rurales agricoles Forestière Elevage de pèche
pluviale maraich fruitière
GADDE
35 49 49 49 0 0 25 48 0
BOKKINEDO
AL SEGOU 62 100 95 95 0 0 10 95 0
GADE
TAGANIDE
107 215 215 215 0 0 109 213 2
MBAR
TOUBAB
81 142 133 133 0 0 0 133 0
BOLELE
GOUDY 50 167 79 79 3 0 72 79 0
CHERIF
FOSS 1 59 75 72 72 72 1 0 39 0
NGUIDICK 95 134 134 134 85 11 133 131 51
26
Rapport étude des ressources en eau du lac de Guiers – AGRER/SETICO, octobre 2009.
207
- Guidick/Syer : 3 canaux dont un d’une longueur d’un kilomètre qui arrive jusqu’à la piste
latéritique fait environ 1km ; Les deux autres canaux ont, chacun, une longueur de 500 à 600
mètres.
- entre Syer et la frontière avec la CR de Keur Momar Sarr : 5 petits canaux de moins de 500
mètres.
Selon les informations recueillies, tous les canaux ont été réalisés par des exploitants locaux, sans
l’intervention d’aucun investisseur. Le projet AGRINA, le plus en vue des projets agrobusiness
installés dans la zone, pompe directement dans les eaux du Lac.
Les canaux les plus importants ont été renforcés en 2008/2009 dans le cadre d’un programme
spécial du Ministère de l’Agriculture pour l’appui aux exploitants de la vallée, pour un peu plus de
400 millions de F CFA.
208
connue dans la CR) liée l’une part à la faible étendue des sols lourds et d’autre part, au manque de
moyens des populations pour financer les aménagements hydro-agricoles nécessaires.
209
5. STRUCTURATION DU MONDE RURAL, PRINCIPALES STRUCTURE ET
ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES AGRICOLES
Les populations locales sont regroupées au sein de cadres et d’organisations socio-
professionnelles qui interviennent dans divers domaines d’activités économiques et sociales. Ces
organisations sont de variées au regard de leurs statuts juridiques, catégories sociales concernées,
domaines d’intervention et de leur échelle d’intervention (échelles villageoise, inter villageoise et
de la CR). On peut distinguer les organisations s’occupant de questions sociales et du
développement global des villages ou de la CR de celles orientées directement sur des activités
génératrices de revenus (particulièrement dans le domaine des productions agricoles).
210
transformation du poisson, l’embouche ovine, le commerce, etc. Ils sont appuyés dans leurs
activités par des institutions de micro-finances ;
Il faut souligner l’existence d’organisations fédératives professionnelles locales dont les
interventions ont un certain impact sur les organisations de base et les activités productives,
agricoles notamment. Il s’agit de l’Union des Producteurs de la Rive Est du Lac de Guiers
(UPREL) et du Comité National Inter professionnel des producteurs de patate douce
(habituellement appelé Comité patate). Ces organisations fédératives couvrent l’ensemble de la
rive est du lac et interviennent dans des domaines cruciaux pour l’agriculture irriguée, comme
l’amélioration/extension des chenaux, l’approvisionnement en intrants agricoles, l’intermédiation
sur les marchés et avec les services techniques et administratifs, etc. Ils jouent aussi un rôle
important de lobbying/plaidoyer, de représentation et de défense des intérêts des producteurs.
211
Tableau 8 : Caractéristiques des conseillers ruraux de Syer
CONSEIL RURAL
Indicateur Effectif Fréquence(%)
Femmes 4 11%
Sexe Hommes 32 89%
Total 36 100%
Conseillers instruits 9 25%
Arabe/Coran 16 44,4%
Niveau d’instruction
Aucune instruction 11 30,6%
Total 36 100%
Agriculteurs 6 16,6%
Éleveurs 18 50%
Pêcheurs 2 5,5%
Catégories socioprofessionnelles Transporteur 4 11,1%
Ménagères 3 8,4%
Autres 3 8,4%
Total 36 100%
Bokinédo 5 13%
Diélaly 2 3%
Guidick 11 33%
Répartition par zone Koundoung 8 23%
Mbar toubab 5 13%
Keur Ndary 5 13%
Total 36 100%
La majorité du conseil est dirigé comme partout dans les autres communautés rurales par les
hommes (89%). La faible représentativité des femmes est due la faible implication des femmes
dans l’activité politique et à des pesanteurs d’ordre socioculturel. Le taux de scolarisation des
membres du conseil est relativement faible. Seul ¼ des conseillé a fréquenté l’école et 30% n’ont
aucune instruction. Ainsi, un nombre restreint de conseillers autour du PCR se charge de diriger
le conseil, ce qui a des effets sur la bonne gouvernance de la CR. En effet, nombreux sont les
conseillers qui sont très loin d’avoir les capacités de participer activement à l’administration et la
gestion des affaires locales.
6.1.2 Organisation, fonctionnement et structures d’appui du Conseil Rural
Le Conseil Rural s’appuie dans son fonctionnement sur deux organes principaux : un organe
exécutif et un organe délibérant. L’organe exécutif comprend le Président du Conseil Rural (PCR)
et ses 2 vice-présidents. Ce bureau exécutif est chargé de la publication et du suivi de l’exécution
des lois ainsi que des décisions du Conseil Rural sous l’autorité du sous-préfet. En tant
qu’ordonnateur du budget, le PCR a en charge la préparation et l’exécution du budget.
L’organe délibérant du Conseil Rural est constitué des 36 conseillers réunis. Il est au cœur de la
gouvernance locale et traite de toutes les questions relevant du domaine de compétence de la
collectivité locale, notamment des questions foncières, d’aménagement du territoire et de
développement économique et social. Il est assisté par un assistant communautaire (ASCOM), qui
212
l’appuie dans ses différentes fonctions et fait en même temps office d’agent d’état civil dans la
communauté rurale.
Huit (8) commissions techniques ont été mises en place par le Conseil Rural de Syer, pour assurer
la gestion des différents secteurs de développement économique, social et environnemental de la
CR. Ces commissions, composées de conseillers élus et présidées par l’un d’entre eux, peuvent
s’adjoindre les compétences des services techniques locaux ou régionaux ainsi que de personnes
ressources pour traiter des différentes questions relatives à son secteur et proposer des solutions au
conseil. Dans la gestion foncière, le conseil dispose d’une commission domaniale chargé
d’instruire les dossiers d’affectation et de désaffection foncière, mais les décisions en la matière
sont du ressort du conseil qui statue par délibération.
Dans l’exercice de ses missions, le Conseil Rural bénéficie de l’assistance des services
déconcentrés de l’État, notamment la sous-préfecture et le centre d’appui au développement local
(CADL). Il peut également mobiliser les services techniques départementaux ou régionaux (ARD,
SAED, les services du Trésor, des Pêches, des Eaux et Forêts, du Cadastre, des Impôts et
domaines, etc.). Dans plusieurs secteurs, le Conseil Rural de Syer jouit de l’appui-conseil de
projets gouvernementaux (PROGERT, du PNDL, de l’ANCAR, etc.), d’ONG (Plan Sénégal,
ASREAD, etc.).
213
l’essentiel alimenté par les Fonds de dotation de l’État octroyés dans le cadre de l’appui à la
décentralisation, avec un apport moyen annuel sur les cinq ans de 66,6% (soit 7.891.000 de
FCFA). Le reste (34,4% soit 4.311.000 de FCFA) provient de recettes propres issues des recettes
fiscales (impôts et taxes) et des recettes non fiscales.
6.3.2 Conflit ente la Société AGRINA et les habitants des villages de Foss et Lawasse
Ce conflit implique les habitants de deux villages de la CR de Syer, Foss (habité par des wolofs) et
Lawasse (habité par des peuls), à la Société AGRINA Sénégal. Cette dernière est une société
sénégalaise, avec comme promoteur un sénégalais du nom de M. S., résidant à Dakar. Le conflit
porte sur un terrain affecté à la Société dans le village de Foss. L’affectation remonte à 1996 selon
le registre foncier de la Communauté rurale et porte sur 5.000 ha. Moins de 200 ha sont réellement
cultivés en maraichage, le reste n’a jamais été mis en valeur et depuis 2012 toute l’exploitation est
à l’arrêt.
Les populations, agriculteurs comme éleveurs de Lawasse et Foss, n’ont pas approuvé cette
affectation d’une grande surface sur « des terres de leurs villages ». Elles ont commencé à
protester de façon ouverte depuis 2000 en s’adressant successivement au PCR, au Sous-préfet, au
Préfet et enfin au Gouverneur, mais leurs requêtes n’ont jamais eu de suite. En 2008-2009,
l’empiètement de quatre pivots d’irrigation installés par le promoteur sur une piste de bétail des
éleveurs de Foss et des champs d’agriculteurs de Foss, envenime la situation. Il s’y ajoute que le
promoteur a réalisé un aménagement très controversé pour protéger son exploitation ; il consiste
en un canal mais dans lequel le bétail fait parfois des chutes mortelles. Les retards de paiement de
la main d’œuvre recrutée au niveau local, constitue un autre grief des populations.
Un règlement à l’amiable du conflit a été tenté et aurait débouchés sur des accords tacites selon
lesquels le promoteur se serait engagé à libérer la piste de bétail, à clôturer son exploitation de
214
grillage, à recruter et à payer à temps la main-d’œuvre locale. Mais ces accords n’ont pas été
respectés, semble-t-il, par le promoteur. Les populations de Lawasse lui ont alors intenté un
procès en 2011, au tribunal régional de Louga. En 2012, le juge a déclaré que le tribunal régional
était incompétent dans le domaine des conflits fonciers et renvoyé les protagonistes à la Cour
suprême. Le conflit est toujours en instance.
215
Tableau 11: Importance et évolution des affectations de terres à usage agricole
1992 1994 1995 1996 1999 2003 2007 2008 2010 2013 Total
Nbre 173 303 3 1 273 1 1 24 203 1 983
Sup
827 1812 40 5000 1460 500 30000 951 520 6000 47110
(ha)
%
1.8 3.8 0.1 10.6 3.1 1.1 63.7 2.0 1.1 12.7 100%
sup.
L’affectation pour un usage agricole de telles superficies à un individu ou à une société, peut être
porteuse de conflits. En effet, elle entraine inévitablement dans une zone pastorale comme Syer,
un changement dans le mode d’occupation du sol qui crée des perturbations dans le
fonctionnement du pastoralisme.
7.2.2 Caractéristiques et statut des affectataires de terres à usage agricole
Comme dans toutes les CR de la zone du projet, une très large majorité des affectataires à Syer
n’ont pas de statut juridique. En effet, plus de 94% des affectataires sont des personnes qui, seules
ou en tant que chef de famille, ont introduit des demandes et obtenu des terrains. Cependant, ces
affectataires dont la majorité habite la CR ne bénéficient que de 9,6% des superficies affectées.
Dans la majorité des cas, ces affectations à des individus ressortissants de la CR, portent sur des
superficies de 2 à 5 ha, et plus rarement 10 ha, et correspondent à une sorte de « légitimation » des
assiettes foncières des exploitations familiales.
Les GIE représentent plus de 3,8% des affectataires pour 1% ds superficies. Pour les femmes, on
note à la fois la faiblesse du nombre de leurs organisations 2 GPF (soit 0.2%) et des superficies
affectées (0,09%). Les sociétés au nombre de 4 soit (0.4% des affectataires) occupent plus de
88% des superficies : il s’agit de : AGRINA, 5.000 ha en 1996 ; Ferlo Gomme SARL, 500 ha
en2003 ; Société des terres neuves Djolof 30.000 ha en 2007 et ROVIC GROUP, 6.000 ha en
2013.
Tableau 12 : Statut des affectataires des terres à usage agricole
Associat Etab. Indivi
Statut GIE GPE GPF ONG Société Total
ion Public duel
Nombre 2 1 37 2 8 928 1 4 983
Sup ha 50 500 477 15 44 4514 10 41500 47110
% 0.11 1.06 1.01 0.03 0.09 9.58 0.02 88.09 100
216
En considérant la taille des parcelles affectées, 10 ha constituent la superficie qui est la plus
couramment affectée par le Conseil Rural, 71,5% des affectataires. Très peu d’affectataires (10%)
bénéficient de plus de 50 ha amis ils cumulent plus de 91 % des superficies et parmi eux, 3
disposent de 87% du total des superficies affectées.
27
Un tableau récapitulant les affectataires de plus de 10 ha a été réalisé, mais il ne peut être communiqué pour des
raisons évidentes de confidentialité
217
Un règlement à l’amiable a été tenté avec des accords tacites (libération de la piste de bétail,
clôture adéquate du périmètre, recrutement supplémentaire de main-d’œuvre locale) non respectés.
La population de Lawasse aurait ensuite intenté un procès au Tribunal régional de Louga en 2011.
En 2012, le tribunal régional (après 3 audiences) se déclare incompétent dans le domaine des
conflits fonciers et renvoie les protagonistes à la Cour Suprême. Le conflit est toujours en suspens.
8.1.2 ROVIC Group
Il s’agit d’un groupe franco-espagnol qui a sollicité une affectation de 6 000 ha en octobre 2 012
auprès du Conseil Rural. Il est déjà installé au Sénégal (Mbour) dans les domaines de l’apiculture,
de la culture du soja et du maïs.
Le PCR a demandé à la commission domaniale de faire un travail préparatoire (vérifier la
disposition des populations à accueillir le projet) dans la zone de Djélali. Les populations se sont
déclarées favorable au projet du fait qu’elles ne disposent pas de moyens pour l’exploitation des
terres qui sont disponibles.
Ainsi en début octobre 2012, le PCR a convoqué une réunion du Conseil Rural pour l’informer
sur le projet de Rovic group. Par la suite, il a été demandé au groupe de mandater un de ses
consultants au Sénégal pour prendre contact avec la population. Un facilitateur de ROVIC
GROUP au Sénégal a aussi exposé le projet et ses besoins en terres devant le Conseil Rural.
Déclarant qu’aucun village ou hameau ne sera déplacé, il a, notamment, indiqué qu’il est prévu un
cahier de charges comportant, entre autres, sur les points suivants :
- clôture de la superficie affectée et mise en place de points d’eau,
- aménagement d’une piste de production,
- production d’énergie pour l’électrification de la zone du projet,
- construction d’un centre de santé
- construction d’un centre de recherche agronomique et de formation,
- aménagement de 50 ha pour la production fourragère pour les éleveurs,
- Le recrutement de personnel local si les qualifications existent
Ainsi, à une 5e réunion (29 janvier 2013) du Conseil rural, une délibération a été faite l’unanimité
moins une voix pour l’affectation des 6 000 ha en faveur de ROVIC Group.
218
le Conseil Rural a affecté des superficies importantes à plusieurs étrangers dont un américain et un
israélien (100 ha, chacun). En outre, il y a grande nécessité de constituer une réserve foncière pour
le village.
Enfin, les populations mettent l’attention sur les relations entre l’agriculture et l’élevage. Plus
particulièrement, dans cette communauté rurale les relations tendues entre ces deux communautés
ont des relents d’opposition ethnique.
9. CONCLUSION
En termes de potentialités pour le PDIDAS, la CR de Syer peut être divisée en trois zones
concentriques autour du Lac :
Les berges du Lac, où les conditions d’accès l’eau font que l’appui du PDIDAS n’est pas utile.
C’est là que s’installent les privés, qui utilisent meurs moyens pour se doter des infrastructures
hydrauliques nécessaires, que les populations n’ont pas.
La zone allant jusqu’à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des terres. C’est une zone trop
éloignée du Lac pour que ce soit généralement rentable pour un privé de s’y installer, même si
cette zone commence à être convoitée. Pour les populations, c’est la zone la plus intéressante
pour installer les périmètres du PDIDAS, car cela permettrait aux populations de mettre en
valeur une zone délaissée et leur donnerait les moyens d’accéder eux-mêmes à des terres
irriguées. Les populations (du moins, ceux proches du lac) réclament un accès beaucoup plus
significatif aux terres irrigables, comme dans d’autres CR riveraines du lac. Néanmoins, elles
estiment avoir besoin de partenaires extérieurs (PDIDAS) pour exploiter les terres
La zone située au-delà d’un rayon de 10 km du Lac, zone agropastorale dans laquelle il faudra
faire des aménagements à destination de l’élevage en contre partie de la libération des terres de
la zone précédente.
Cependant, tant que l’ « affaire de Foss » (conflit avec AGRINA) n’est pas réglée et en un sens où
les paysans et les éleveurs de la zone ne s’estiment pas floués, la situation locale sera trop
méfiante pour que des progrès solides soient faits, sans être remis en question par une
communauté. Convaincre et rassurer les populations de ces zones demanderont de mener un
travail spécifique sur de longs mois en ayant à sa disposition les informations techniques relatives
aux scenarios de faisabilité technique de l’amener de l’eau. Il sera fourni dans le livrable A3 un
guide et des propositions pour réussir cette négociation.
219
Références bibliographiques
220
REPUBLIQUE DU SENEGAL
MINISTERE DE L’AGRICULTURE
PDMAS Programme de Développement
des Marchés Agricoles du Sénégal
221
1. Les terres concernées : des espaces sablonneux de l’arrière-pays pastoral
Pédologiquement, les terres à fortes potentialités pour les cultures horticoles sont les terres
sablonneuses appelées Dieri dans la région. Ces terres sont de plus celles qui ont été délaissées
jusqu’aux années 90 dans la course à l’intensification agricole, qui se focalisait sur la riziculture
irriguée, donc les terres lourdes alluviales. Enfin, par définition plus éloignées de la source d’eau
que les terres lourdes alluviales, ces terres ont aussi été délaissées parce que trop loin d’une source
d’irrigation.
Jusqu’à la récente montée en intérêt pour ces terres, elles étaient donc réservées à l’agriculture
pluviale et, surtout, la pratique de l’élevage extensif. Dans tous les Poas établis ces dernières
années dans les Communautés Rurales de la région, ce sont sur ces terres qu’ont été préservées
des ressources pastorales (ZAPE dans la typologie Poas).
Dans les années 2000, la montée en puissance des cultures horticoles a entraîné une extension un
peu anarchique des cultures irriguées sur ces terres, en particulier autour du Lac de Guiers et dans
les quelques formations dunaires du bas delta. Des entreprises privées se sont installées. Cette
installation semble avoir été plus socialement acceptée dans le bas delta, où les populations
avaient une longue expérience en terme d’agriculture commerciale et ont surement pu négocier
des arrangements plus durables, que sur les rives du lac de Guiers où, à part quelques exceptions,
les tensions sont encore vives aujourd’hui en ce qui concerne ces installations.
Ces investissements privés ont en très grande partie été installées par les conseils ruraux sur les
terres les moins occupées, sans remettre en cause les terroirs d’agriculture pluviale des villageois.
Devant la réussite des cultures horticoles, ces villageois veulent aujourd’hui installer eux-mêmes
pour leur production personnelle des aménagements horticoles sur leur terroir pluvial, avec l’aide
espérée de l’État, et ne sont donc pas intéressées à se séparer de leurs terres traditionnelles pour les
affecter à des entrepreneurs privés. Par conséquent, les populations agricoles et les conseils ruraux
proposent aux investisseurs privés de s’installer en dehors des terroirs agricoles traditionnels
(qu’ils appellent « terres des villages »), dans l’arrière-pays qui n’était traditionnellement pas ou
peu cultivée (qu’ils appellent « terre de la communauté rurale »), autrement dit dans les espaces
entre les terroirs traditionnels. Hors, ces espaces entre terroirs sont les lieux habituels de pacage
des troupeaux d’un élevage, certes extensif, mais qui l’une des sources importantes de production
et de richesse du pays.
On peut donc classer les terres potentiellement concernées par le PDIDAS en trois catégories :
a. Les terres sablonneuses proches de sources d’irrigation (lac, marigot important). Elles sont
en majorité déjà occupées par des investisseurs privés. Cela confirme que sur ces espaces-
là, les investisseurs privés n’ont pas besoin d’une aide publique via le PDIDAS, que ce
soient en termes d’infrastructures ou de sécurisation foncière (l’importance des
investissements consentis prouve que ces derniers se sentent suffisamment sécurisés). Le
projet PDIDAS n’est donc socialement pas le bienvenue sur ces zones, les différentes
parties n’en n’ayant pas l’intérêt (les investisseurs privés préférant évidemment rester
indépendants d’un programme). Cependant, il est certain que l’établissement de chartes et
de guidelines par le PDIDAS sur ses propres aménagements pourra être utilisé ensuite par
les différentes parties prenantes de ces zones là pour améliorer l’inclusivité et la durabilité
de leurs propres arrangements.
b. Les terres sablonneuses situées entre environ 3 et 6 km d’une source d’irrigation (les
« terres hautes »). Amener l’eau dans ces zones-là a un cout prohibitif pour l’investisseur
privé. Ce sont donc des espaces encore vierges d’installations agricoles intensives, MAIS
qui sont utilisées par l’élevage. La question cruciale à résoudre n’est pas (encore) celle de
l’espace disponible pour les troupeaux mais surtout celle de l’accès à l’eau pour les
animaux. C’est une source de tensions extrêmement vives et risquées, y compris à l’échelle
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de larges troubles sociaux, car elle peut être sources de dissensions ethniques si des
précautions en sont pas prises. La mission de terrain effectuée en Mars-Avril 2013 laisse
apparaître des dissensions à ce sujet qui n’étaient pas visibles dix ans plus tôt. Il est donc
essentiel que le PDIDAS prenne en compte ce risque public et prévoit des
aménagements pastoraux atténuant la tension et l’impression de laissée-pour-compte
que pourraient éprouver une partie de la population.
c. Les terres sablonneuses situées à plus de 6km d’une source d’irrigation (lac, marigot
important). La problématique distinguant cette zone de la précédente est technique : quelle
faisabilité technique à l’amener de l’eau dans ces zones ? Seule une étude technique pourra
identifier dans quelles mesures cela est possible.
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3. Mais une forte réticence des populations, suite aux expériences récentes d’agribusiness dans la
région
Les populations de la région sont profondément marquées par ce qu’ils appellent les différentes
« affaires » concernant les conflits entre agribusiness et populations locales. Senethanol
évidemment occupe une place centrale dans toutes les discussions, pour justifier méfiance et refus
de l’investissement privé, en particulier celui, comme le PDIDAS, soutenu par l’État (comme
Senethanol). La référence à Fanaye est récurrente dans toutes nos discussions. D’autres conflits
alimentent cette réticence, que ce soit l’ « affaire de Foss » (conflit avec l’entreprise AGRINA
Sénégal) ou le contexte tendu de la CR de Mbane.
Il est actuellement impossible de réussir à ce que les populations distinguent le PDIDAS d’une
entreprenariat privé habituel. Les gens sont devenus trop méfiants pour croire les intervenants sur
parole, tant de fausses promesses ou présentations leur ayant été faites par des privés. Même le fait
que l’État est partie prenante du programme ne les rassure pas, car ils assimilent aussi Senenthanol
à un partenariat privé-État.
Ayant l’expérience de l’agriculture irriguée et horticole, les populations sont globalement
intéressées à un projet qui pourrait appuyer le développement de leurs propres activités dans ce
domaine, mais elles restent très méfiantes sur l’intérêt du PDIDAS pour cela : « que fera-til
réellement pour développer l’agriculture horticole paysanne ? »
Un autre élément prépondérant de tension et de motivation du refus des populations, la prise en
compte de l’élevage. Rappelons que la zone cible du PDIDAS est par essence celle du
pastoralisme (cf. ci-dessus) et les pasteurs ont l’expérience des effets néfastes d’installation
d’agribusiness, qui ne respectent même pas les couloirs de passage officialisés dans les Poas
(AGRINA par exemple). Du coup, ils sont aujourd’hui beaucoup plus opposés à ces installations
qu’auparavant et beaucoup plus méfiants vis-à-vis de toute promesse, non tenue par le passé. Les
populations insistent beaucoup sur la nécessaire prise en compte de la question de l’élevage.
Ces différentes contraintes soulignent l’intérêt pour le PDIDAS de se mettre en œuvre sous une
forme très progressive et concertée, débutant dans les zones les plus favorables (cf. ci-dessous)
afin de monter par l’exemple aux populations qu’il s’agit d’un projet inclusif et durable différent
d’un simple appui à l’entreprenariat privé.
4. Des conditions d’ouverture au PDIDAS très différentes d’une communauté rurale à l’autre
On peut classer les communautés rurales concernées en quatre groupes :
a. Une situation d’acceptation sociale extrêmement favorable, la Communauté Rurale de
Ndiébène Gandiol
Tout d’abord, sa population et son Conseil Rural sont vraiment intéressés par le programme. Le
Conseil Rural montre d’ailleurs un mode de fonctionnement de qualité (comme en atteste le très
faible niveau de conflictualité et la façon de la traiter), qui augure de l’établissement d’accords
solides et inclusifs. C’est la seule CR où nous n’imaginons aucune difficulté dans l’acceptation
sociale.
Ensuite, vu l’état sinistré de l’agriculture sur la CR, l’installation du PDIDAS aura un impact
remarquable sur son développement agricole. Politiquement, cela permettra en outre à l’Etat
d’atténuer les dommages collatéraux de l’ouverture du canal de délestage sur la langue de
barbarie, qui a entraîné une salinisation croissante des terres et des eaux de surface.
Enfin, la position géographique de la CR fait que la contrainte d’enclavement, pour le dégagement
des productions agricoles est l’unes des plus faibles des huit CR
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b. Une zone enclavée, commune à plusieurs Communautés Rurales qui souhaiteraient y
installer le pays malgré la réticence des populations y résidant : le Thianaldé
Cette zone, qui correspond approximativement à la région du Thianaldé, est située entre le delta et
le Lac de Guiers et est répartie entre Communautés Rurales : Diama, Fass Ngom, Ngnith et Keur
Momar Sarr.
Éloignées des chefs-lieux des CR et enclavées, les populations de ces zones ont peu souvent
l’opportunité de participer aux ateliers et réunions organisés dans les chefs-lieux. Elles sont de
plus à majorité pastorale et peu impliquées dans les réseaux décisionnels des Conseils Ruraux.
C’est pourtant sur ces zones que les Conseils Ruraux veulent le plus souvent installer le PDIDAS
(cf. point 1).
La première conclusion importante est qu’il ne faut pas s’en tenir aux conclusions organisées au
chef-lieu pour valider l’accord des populations de ces zones (cf. par exemple la fiche de Fass
Ngom). Le PDIDAS, s’il souhaite investir dans cette zone, devra organiser une série d’ateliers sur
place, réunissant les populations des différentes CR limitrophes, pour tenter d’avancer dans une
concertation constructive avec ces populations très réticentes. Cependant, le PDIDAS devra
intégrer dans ses propositions des aménagements pastoraux s’il souhaite avoir quelque chance de
succès.
c. Des Communautés Rurales où de petits aménagements sont envisageables
Il s’agit de CR situées sur les rives du Lac de Guiers (Ngnith, Keur Momar Sarr et Syer). La taille
réduite est nécessaire à la fois parce que l’espace est déjà partiellement occupé ou convoité et
parce que les réticences sont très fortes et justifiées : il faudra expérimenter des solutions intégrant
les besoins de l’élevage, ce qui constituera une véritable opération pilote, à mener
progressivement, et en concertation, au vu des premiers résultats. Dans tous les cas, une démarche
« profil bas » est donc fortement recommandée.
d. Des Communautés Rurales où les conditions internes sont trop défavorables
Il s’agit avant tout de la CR de Gandon, qui a une expérience intéressante en arrangements
fonciers, mais où l’état de déshérence et de tensions politiques du Conseil Rural actuel obère toute
possibilité de dialogue réel et collaboration solide. Il est en l’état actuel même impossible
d’obtenir de la part des représentants des populations une réponse solide et cohérente sur les zones
sur lesquelles le PDIDAS pourrait s’installer. Cependant, la mission a pu évaluer que les zones
potentiellement aménageables se situent dans la zone de Ndialakhar, mais il n’est actuellement pas
possible d’organiser un processus d’affectation solide dans l’état actuel du Conseil Rural. Seul un
renouvellement des élus permettrait d’envisager une présence du PDIDAS dans la zone.
La CR de Mbane est aussi actuellement dans ce cas. En effet, elle connait actuellement une
situation institutionnelle et politique très tendue, où aucun projet n’est possible. Cependant, si
cette situation se règle, la zone peut être ouverte à une installation raisonnable et réfléchie
d’agrobusiness, selon des critères clairs d’inclusivité et de durabilité.
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