BLPC 215 15-32 PDF
BLPC 215 15-32 PDF
BLPC 215 15-32 PDF
Philippe MESTAT
Directeur de recherche
Chef de la section Rhéologie et modélisation des sols
Division Mécanique des. sols et géologie de l'ingénieur
laboratoire central des Ponts et Chaussées
Introduction
U n massif de sol ou de roche à l'état naturel est généra-
lement au repos et en équilibre avec les effets de la
pesanteur, les conditions hydrauliques et d'éventuelles
contraintes résiduelles issues de sa « formation » (plisse-
ments géologiques, dépôts sédimentaires, p h é n o m è n e s
de cimentation ou d'érosion, altérations physico-
chimiques, etc.). L'équilibre mécanique est alors assuré
par le champ de contraintes initiales, encore appelé
contraintes en place.
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 21s - MAI-JUIN 1998 - RÉF. a i e s - PP. 15-32
Contraintes en équilibre S i la contrainte effective verticale à l'état initial
dans les massifs au repos peut toujours être calculée en étudiant l'équilibre
du massif, i l n'en est pas de m ê m e pour la
Pour un terrain naturel au repos (déformations
contrainte horizontale. Les équations de l'équi-
nulles), limité par une surface horizontale et
libre ne suffisent plus et i l faut introduire le com-
formé de couches h o m o g è n e s perpendiculaires à
portement du matériau et son histoire. Cette prise
l'axe de la pesanteur, l'état de contraintes ini-
en compte peut être faite soit de manière expéri-
tiales est supposé défini par des contraintes prin-
mentale (essais de laboratoire ou essais en
cipales verticale et horizontale et par un plan
place), soit en supposant connues les lois de
d'isotropie perpendiculaire à l'axe de la pesan-
comportement des différentes couches de sol et
teur (ce qui correspond à la formation du massif
l'histoire des sollicitations.
par le dépôt de couches horizontales succes-
sives). L'histoire simplifiée des sollicitations est E n pratique, la détermination de la contrainte
alors celle d'une suite de compressions sans effective horizontale à l'état initial est effectuée
déplacement horizontal. L e tenseur des en introduisant le coefficient de pression des
contraintes totales est principal dans les axes terres au repos KQ défini par la relation :
naturels :
°'ho a h 0 -u 0
°zz = ° v 0 et G° = o ° = o
x y h0
=
~r~ =
•
où o et a sont respectivement les contraintes
v 0 h 0
totales initiales selon la direction verticale et sui- Ce coefficient est un paramètre de comporte-
ment, toutefois i l n'est pas intrinsèque à un
vant une direction horizontale.
matériau. E n effet, les expérimentations ont
L a détermination de la contrainte verticale o v 0 montré q u ' i l varie avec la profondeur et q u ' i l
est effectuée en étudiant l'équilibre des terrains. dépend des propriétés du sol, et de l'histoire des
Dans le cas simple é v o q u é p r é c é d e m m e n t , le contraintes horizontale et verticale. L e coeffi-
tenseur de contraintes totales (ojj) vérifie les cient Kg est ainsi perturbé à chaque étape de la
équations de l'équilibre : formation d'un massif de sol. Cette complexité
et la variabilité importante qui l'accompagne
<i + P& = o, rendent sa détermination très délicate. Quatre
approches sont envisageables :
où le vecteur (g¡) représente les composantes du
>• l'analyse théorique en se donnant une l o i de
poids dans le repère choisi et p la masse volu-
comportement vraisemblable,
mique du sol.
>- l'interprétation d'essais en place,
Pour des couches h o m o g è n e s et horizontales, la >• l'analyse inverse de mesures effectuées sur
contrainte totale verticale en un point M n + 1 un ouvrage ou au cours d'un essai,
appartenant à la couche n + 1 est due au poids de >- l'étude d'essais de laboratoire.
la colonne de sol qui se trouve située au-dessus
de l u i . O n a donc :
n n
Détermination du coefficient
à partir de résultats théoriques
ö v 0 (M 1 + 1 )= X h
Ti i + Yn + i (
z
- Z "i )
i =1 i=1 D ' u n point de vue théorique, l'état des
où n est le nombre de couches situées au-dessus contraintes initiales d'un massif naturel se trouve
du point M j ; Yi» I poids volumique de la
n+
e
soit dans le domaine élastique, soit à l'équilibre
couche i et h¡ son épaisseur ; z, la cote du point limite. Cette constatation fixe des limites à la
M j lorsque l'origine est choisie à la surface variation du coefficient KQ, compris entre les
n +
16 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4ias - PP. 15-32
où v' est le coefficient de Poisson du sol. Compte Détermination du coefficient Ko
tenu des valeurs généralement attribuées à v ' à partir d'essais de laboratoire
(variant entre 0 et 0,5), cette formule peut
conduire à des estimations irréalistes de KQ. Il en Le coefficient de pression des terres KQ peut éga-
est de m ê m e pour les expressions déduites des lement être obtenu en laboratoire au cours d'un
lois de comportement plus complexes, comme essai de compression qui simule les conditions
des lois de type élastoplastique. dans lesquelles se trouvait l'échantillon dans le
sol. Ces conditions sont caractérisées par la
Jaky (1944) a ainsi étudié de façon théorique la contrainte verticale totale en place et par des
stabilité d'un massif avec le critère de déformations latérales nulles. Les essais sont des
Mohr-Coulomb et a établi la valeur du rapport de essais triaxiaux drainés à déformation latérale
contraintes a ' / o' à l'équilibre limite :
x x 0 z z C I
nulle ou des essais oedométriques avec mesure
de la contrainte latérale (Serratrice et Flavigny,
a
'xxo 1 - sin <p' (. 2 .
Kn = —;— = : :——, 1 + - Sin ffi' 1993). L a contrainte verticale appliquée à
^ a ' l z z 0 + sincp' v 3 l'éprouvette varie de façon à simuler les charge-
ments et déchargements successifs subis par le
Cette expression est habituellement simplifiée et
on utilise la formule approchée suivante, dite sol au cours de son histoire.
formule de Jaky (1944) : N é a n m o i n s , i l reste de nombreuses difficultés
Kg = 1 - sin <p'. expérimentales non résolues, liées au caractère
intact des échantillons, aux techniques de prélè-
Dans le cas des modèles anisotropes, i l n ' y a vement et de conservation, au découpage et à
plus unicité du coefficient de pression des terres l'initialisation de l'essai lui-même. Ces pro-
au repos : les rapports de contraintes a ' / o ' et x x z z
b l è m e s induisent des contraintes et des déforma-
a' / a' z z n'ont pas la m ê m e valeur contrairement tions qui ne peuvent pas être complètement
au cas isotrope. Il faut définir deux coefficients contrôlées et qui perturbent l'interprétation des
et K ^ . Dans cet article, on suppose par la suite résultats. Malgré cela, l a réalisation de cycles de
charge-décharge-recharge permet d'obtenir des
que ces coefficients sont égaux.
informations utiles et d ' a c c é d e r à un état que
l'on peut raisonnablement penser proche du
Détermination du coefficient K à partir 0
comportement in situ surconsolidé (Serratrice et
de l'interprétation d'essais en place Flavigny, 1993). L ' é t u d e des pentes des
chemins de contraintes en charge dans le plan
Pour éviter le remaniement dû au prélèvement des
( o o ) conduit à estimer une valeur KJ] dans le
p 3
C
interstitielle pour tenir compte de la perturbation subie l'éprouvette de sol au cours de l'essai
introduite par la mise en place de l'appareil au (Mayne et Kulhawy, 1982 ; Serratrice et
sein du massif (déformations, remaniement du Flavigny, 1993). Une relation plus élaborée a été
sol, modifications des pressions interstitielles) proposée par Mayne et Kulhawy (1982), qui ont
(Jamiolkowski et al., 1985 ; L ü n n e et al., 1989). tenu compte de l'effet d'un cycle de charge-dé-
Par ailleurs, ces essais coûtent relativement cher, charge-recharge :
et les résultats obtenus sont souvent assez pro-
ches des valeurs calculées à partir des relations
empiriques (voir, par exemple, Josseaume, KocÜ _ -jy-nc
- N) D (1 - sin (p)1
1 -
V oc, max R„oc, max /
1998). Pour ces diverses raisons, la détermina-
tion de se fait souvent à partir d'essais en où R est le rapport de surconsolidation
o cm a x
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES • 215 - MAI-JUIN 139s - RÉF. 4188 - PP. 15.32 17
Détermination du coefficient Kg où fj et f représentent des forces intérieures
2
à partir d'une analyse inverse et/ou extérieures et Ry, les sous-matrices de rigi-
dité correspondant à cette partition (cf. « Prise en
Les travaux cités p r é c é d e m m e n t montre q u ' i l est
compte d'un état initial des contraintes dans la
délicat de déduire des essais en place une estima-
tion du coefficient de pression des terres au m é t h o d e des éléments finis »).
repos, ou d'une manière plus générale les valeurs
L a réorganisation du système d ' é q u a t i o n s précé-
des contraintes in situ. A u s s i , plutôt que d'ex-
dent conduit à éliminer les valeurs inconnues.
ploiter directement les mesures en termes de cor-
O n obtient alors l'équation :
rélation avec certains paramètres de comporte-
ment, plusieurs auteurs ont envisagé de R _ R R R U = _ R R
( ll 12 22 2l) l fl 12 22 h •
combiner une étude par éléments finis et une
technique d'analyse inverse. L'analyse inverse de cette relation fournit une
L'objectif de l'analyse inverse a été fort bien estimation des paramètres du calcul. Dans le cas
défini par Gioda et Sakurai (1987) : « i l s'agit de d'un p r o b l è m e d'excavation et pour l a première
trouver les valeurs des paramètres m é c a n i q u e s et phase, les forces f et f sont c o m p o s é e s en partie
x 2
hydrauliques qui, lorsqu'ils sont introduits dans de la contribution F des contraintes initiales sur 0
Les résultats calculés (xj) sont généralement Les inconnues (vecteurs P et K * ) étant le plus
fournis par une m é t h o d e numérique, comme la souvent moins nombreuses que les équations
m é t h o d e des éléments finis de type déplace- (correspondant au nombre de mesures dispo-
ments. L e s points de mesure deviennent des nibles), on peut résoudre le système surabondant
n œ u d s du maillage. par la m é t h o d e des moindres carrés ; d ' o ù le sys-
t è m e d'équations non linéaires suivant :
Une analyse inverse simple pour un comporte-
ment élastique linéaire (non couplée avec l'hy- P "gi (P)'
1
[T(P)][T(P)] = ' [T(P)] g (P)
draulique) consiste à écrire les équations de K* 2
18 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 199s - RÉF. 4188 - PP. 15-32
D'autres approches plus complexes ont été déve- reconnaître que les premières tentatives ne sont
loppées en combinant un algorithme d'optimisa- guère convaincantes, car une difficulté majeure
tion avec une analyse probabiliste (Gioda, 1985 ; demeure : celle de l'unicité de la solution dont
Gioda et Sakurai, 1987 ; Misbahi et al, 1994 ; on n'est jamais sûr et a fortiori lorsqu'on
Gens et al, 1996 ; Ledesma et al, 1996a, rajoute comme « inconnue » le modèle de com-
1996b). L'analyse probabiliste permet de tenir portement. Cependant, c'est une voie de
compte des erreurs de mesure. recherche qui mérite d'être poursuivie, notam-
ment dans le cadre de la m é t h o d e observation-
Cette d é m a r c h e peut être appliquée aux mesures nelle.
effectuées au cours d'essais en place ou réalisées
sur des ouvrages en vraie grandeur (en cours de
Relations empiriques utilisées en pratique
construction ou en phase de service), puisque
toutes les mesures consécutives à une perturba- Comme la mise en œ u v r e et l'interprétation des
tion de l'équilibre d'un massif devraient per- résultats d'essais sont difficiles, i l est souvent
mettre de remonter aux propriétés m é c a n i q u e s et préférable en phase de projet de déterminer la
hydrauliques du sol, à la condition que le modèle valeur du coefficient KQ à partir à'expressions
décrive suffisamment bien son comportement, empiriques le reliant à d'autres paramètres géo-
que les paramètres aient une influence suffisam- techniques (angle de frottement interne, pression
ment importante sur les p h é n o m è n e s observés et de préconsolidation, voire l'indice de plasticité
que les erreurs de mesure soient faibles. Plus cette pour les argiles ou la densité relative pour les
influence sera petite et les erreurs grandes, plus i l sables), lorsque l'histoire du chargement est rela-
sera difficile d'effectuer une analyse inverse. tivement simple (Brooker et Ireland, 1965 ;
Schmidt, 1966 ; A l p a n , 1967 ; Ladd et al, 1977 ;
S i les mesures sont réalisées en cours de chan- Massarch, 1975 ; Mayne, 1984).
tier, l'intérêt de cette m é t h o d e est similaire à
celui de la « m é t h o d e observationnelle » préco- L e tableau I regroupe les relations utilisées cou-
nisée par Terzaghi et Peck (1967) pour affiner ramment en distinguant les sols surconsolidés et
les m o d è l e s théoriques et réévaluer les para- normalement consolidés. Ces expressions four-
mètres utilisés dans les projets de géotechnique. nissent des ordres de grandeur relativement cor-
Cette approche est d'autant plus intéressante rects dans la plupart des cas (Josseaume, 1976 ;
qu'elle permet en théorie de tenir compte des Josseaume, 1998). E n revanche, lorsque l'his-
véritables chemins de contraintes suivis par des toire des sollicitations comporte plusieurs cycles
volumes élémentaires de sol autour des ouvrages de charge-décharge, i l n'est plus possible de
(effet d'échelle et des discontinuités, interaction décrire à l'aide d'une formule empirique l'en-
sol-structure), ces types de chemin étant en semble des p h é n o m è n e s qui interviennent.
dehors des possibilités des procédures classiques
TABLEAU I
de détermination des paramètres à l'aide d'essais Relations empiriques pour le coefficient
de laboratoire. de pression des terres au repos
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-J UN 1998 - RÉF. 4188 - P P . 15-32
Pour les massifs naturels qui n'ont jamais été L e champ u doit vérifier cette relation quel que
;
volumique des différents matériaux identifiés F , le vecteur associé au poids volumique des
dans le massif. matériaux et F , le vecteur correspondant aux
0
conduit à l'écriture du principe des travaux vir- d'autre part, en initialisation pour la détermina-
tuels. Quel que soit le champ de déplacements tion du champ de contraintes par la l o i de com-
virtuels ô , le champ de contraintes vérifie l'éga-
u
portement. L a programmation des modules de
lité : résolution de CÉSAR-LCPC distingue ces deux
opérations. L'initialisation des contraintes
O-ÔEydQ = q¡ou¡ dS + f, ÔU:d£2 (o"ij = rjj] ) et la mise en chargement des
•'a
contraintes initiales (calcul de F 0 B'oijdQ où
où Q. est le domaine étudié ; ÔEy représente le
tenseur de déformations virtuelles déduit du B est la matrice des dérivées des fonctions d'in-
champ de d é p l a c e m e n t s virtuels ô u ; q le
; i; terpolation) sont ainsi deux opérations distinctes
vecteur-contraintes appliqué sur le contour S du q u ' i l faut savoir combiner avec soin lorsque cela
domaine Q. et f , les forces volumiques s'exer-
; est nécessaire pour la modélisation.
çant dans le domaine Q .
L e report de la relation de comportement dans le
principe des travaux virtuels permet d'écrire un Modélisation numérique et
sy s t è m e d ' é q u a t i o n s où l'inconnue est le champ chargement de contraintes initiales
de d é p l a c e m e n t s réels u . Dans le cas de l'élasti-
;
cité linéaire, on obtient la relation suivante : L e poids des terres (vecteur F ) et le chargement
g
20 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32
modèle d ' é l é m e n t s finis. E n effet, pour un Dans le cas où seulement un certain pourcentage
massif de sol intact, à contours rectangulaires et des forces extérieures est appliqué, la seconde
surface horizontale et qui ne contient pas de m é t h o d e s'avère plus commode et est, en géné-
vides (fig. l a ) , i l est facile de montrer que la ral, préférée à la première. C'est notamment le
combinaison des chargements F et F ne produit e 0
cas pour simuler la proximité du front de taille
pas de déplacements : les contraintes verticales d'un tunnel dans la m é t h o d e convergence-confi-
sont parfaitement équilibrées et les conditions de nement (taux de déconfinement intérieur à f).
déplacement latéral nul sur les frontières e m p ê - Dans le progiciel CÉSAR-LCPC, c'est l'option de
chent tout déplacement horizontal. Pour obtenir calcul n o m m é e L A M qui réalise cette opération et
la solution de ce p r o b l è m e particulier, i l suffit q u ' i l est conseillé d'employer pour simuler tout
d'initialiser les contraintes sans appliquer de type de creusement dans un massif.
chargement ( F = F = 0 ; U = 0 et a = a - j ) .
g 0 y
E n revanche, lorsqu'un vide existe dans le mail- Autres applications des contraintes
lage (contour d'une excavation souterraine) ou
que la surface naturelle n'est plus horizontale (la
initiales mises en chargement
zone non maillée correspond à une excavation à
ciel ouvert), la combinaison des deux charge-
Modélisation approchée du gonflement
ments revient à imposer directement sur le bord
des sols
de l'excavation des forces de surface, opposées à
celles exercées par le matériau enlevé sur le L a mise en chargement du champ de contraintes
matériau restant (fig. l b ) . initiales peut également être utilisée pour la
simulation du comportement d'une couche de sol
gonflant. E n effet, une modélisation possible de
ce p h é n o m è n e consiste à relier, lors d'une
décompression, une variation du tenseur des
contraintes à une variation de la partie élastique
u =0 du tenseur des déformations par la relation :
E A
= i j k l e l + PgfÔy
k
u =0
Modélisation d'un effet thermique
ou hydraulique
Une autre application de la mise en chargement
du champ de contraintes initiales est constituée
u =v=0 par la recherche de l'effet mécanique sur un
solide d'une variation du champ de températures
Fig. 1 - Prise en compte de l'état initial : ou de charges hydrauliques. Ce type de calcul
a. Massif de sol homogène au repos. suppose que l'étape transitoire peut être négligée.
b. Excavation dans le massif et distribution des forces
équivalentes. Supposons qu'initialement la charge hydraulique
en tout point valait h et q u ' a p r è s une perturba-
0
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIIIN 1998 - RÉF. 4188 - P P . 15-32 21
L e m ê m e raisonnement peut être appliqué pour Ac. y = E? Ae kl kl + (E^ -E y k l )H k l i n n « n -<£„)
l ' é t u d e d'un effet thermique ; i l suffit alors de
remplacer la charge hydraulique h par la t e m p é - Cette relation est caractéristique d'une l o i de
rature T (Piau et al, 1996). L a thermo-élasticité comportement élastique linéaire (en termes d'ac-
linéaire fournit l'accroissement du champ de croissements) avec un état de contraintes i n i -
lff
la plupart des massifs de sol présentent, à un degré L a m é reliés aux modules d ' Y o u n g E et aux k
ou un autre, un comportement différé, qui se tra- coefficients de Poisson v par les relations : k
mique », pour une étude exploratoire, d'avoir champ de contraintes 0"f se simplifie grande- f
seraient atteintes pour un temps infini (Piau et al, Pour des comportements de type élastoplastique,
1996). Cette évolution est simulée par la mise en cette m é t h o d e n'est plus rigoureusement exacte.
chargement d'un état de contraintes initiales N é a n m o i n s , en première approximation, elle peut
adapté, q u ' i l est possible d'expliciter analytique- être utilisée pour une modélisation qualitative.
ment dans le cas d'un comportement élastique
linéaire.
Exemples simples d'utilisation
Considérons deux états d'équilibre (1) et (2) des contraintes initiales dans
soumis aux m ê m e s forces volumiques et aux
un modèle numérique
m ê m e s conditions aux limites. Ces états sont
caractérisés par les tenseurs de déformation Pour mieux comprendre l'effet m é c a n i q u e d'un
(ej et e?) et de contraintes (oj et a?), liés par les chargement de contraintes initiales et son éven-
deux équations de comportement : tuelle combinaison avec d'autres chargements
(notamment avec un chargement volumique), i l
° \ = Ej e
kl kl + og et o? = E ? 4 + ojj u
est intéressant d'étudier les exemples simples
L a variation de contraintes entre les deux états présentés ci-après.
vaut alors :
Considérons un massif de sol sec, h o m o g è n e , de
1
Aoy =ojj
2
-cri = E . e kl
2
J
• ^•ijkl^kl
F E 1
comportement élastique linéaire isotrope, infini-
ment long selon la direction O y (hypothèse de
L'introduction de la variation de déformation déformation plane), de hauteur H suivant O z et
(AEy = Ey - ) permet de réécrire cette relation de largeur L suivant O x (fig. 2). L'état initial des
comme suit : contraintes est a priori quelconque et le charge-
AOij = E ? A e + (E? -E )e ment considéré est constitué par le poids propre
kl kl M y k l k l
du massif et une éventuelle surcharge de pres-
Par ailleurs, l'inversion de l'équation de compor- sion uniforme appliquée sur la surface exté-
tement pour l'état (1) permet d'exprimer le ten- rieure, à la cote H .
seur de déformations ej en fonction des états de
Supposons, de plus, que le massif ne peut se
contraintes actuels Oy et initial ajj. S i H y est le kl
déformer que dans la direction O z . L e champ de
tenseur de comportement inverse, la variation de déplacements se réduit alors à sa composante
contraintes entre les états (1) et (2) s'exprime verticale :
finalement sous la forme :
u = v = 0 et w = w(z)
22 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32
Dans ce cas particulier, le comportement élas-
tique linéaire avec contraintes initiales montre
que le champ de contraintes est uniquement
fonction de la cote z. Les relations suivantes se
déduisent facilement :
yy -xy
e „ = e.„ = 0
<7„
v = 0 1 - v
dw (1 + v) (1 - 2v)
dz E ( l - v)
L a combinaison des équations de l'équilibre et
v =w =0 des relations de comportement conduit à l'équa-
tion différentielle :
Fig. 2 - Massif de sol en déformation plane : géométrie
et conditions aux limites. 2 .o \
dw (1 + v) (1 - 2v)
E (1 - v) Y- dz ,
Pour sa part, le champ de contraintes final doit L'intégration est évidente et la prise en compte
vérifier les équations de l'équilibre : des conditions limites [w(z = 0) = 0 et
<*ij + Pgi = o a ( z = H ) = — P] fournit l'expression du dépla-
zz
cement et de la contrainte :
où le vecteur (gj) représente les composantes du
poids dans le repère O x y z . (l+v)(l - 2v)
w(z) Y yHz Pz -
E n tenant compte de la forme particulière du E ( l - v) 2
champ de déplacements et de la l o i de comporte- E(l dw
v)
ment élastique linéaire isotrope, les équations de Y(z - H ) - P
(1 + v) (1 - 2v) dz
l'équilibre et les conditions aux limites se rédui-
sent aux relations suivantes : Les contraintes situées dans le plan horizontal
sont données par les relations précédentes :
d ö
x x 3c^ da ,z
~9x~ dy
= 0;
3zT = Y ; a (z = H) =
zz
(°zz -oSz)
1
w(z = 0) = 0
Ces expressions permettent d'illustrer les diffé-
où Y représente le poids volumique du matériau rentes actions des contraintes initiales. Pour
et P, une pression extérieure (surcharge). l'exemple étudié, le tableau II regroupe les
TABLEAU II
Effets des contraintes initiales combinées avec d'autres chargements
, 4 (1 + y) (1 - 2v) ( z 2
w < 0
Pas de contraintes initiales (oj = 0) et w(z) = — y 7 Hz
pas de chargement associé (F = 0) 0
E(1 - v) v 2
Seul l'effet du poids est considéré
(F„ * 0) o 2 2 = Y(Z - H)
(1 + v) (1 - 2v) ( T ] J w<0
Initialisation des contraintes (o^ = o°), w(z) = — y y Hz
mais celles-ci ne sont pas mises en E(1 - v)
chargement (F = 0)
0
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 21s - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32 23
c o n s é q u e n c e s m é c a n i q u e s de plusieurs hypo-
thèses courantes. Pour simplifier, i l est supposé
que les contraintes initiales sont d'origine g é o s -
tatique, c'est-à-dire définies par le poids volu-
mique du massif y et par le coefficient de pres- v = o v =0
sion des terres au repos K g . Par ailleurs, la
surcharge considérée auparavant est prise égale à
z é r o (P = 0 ou F E X T = 0).
K < Kg < Kp
où 9 est l'angle de frottement interne du sol et c,
a
J 2 = et
aucune justification pourrait entraîner des pertur-
nations importantes sur les résultats ou e m p ê c h e r Ij = fjj + r j + cr 2 3
FDP = T 2
- k
tical (Oz) est placée à la surface du terrain natu-
24 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32
TABLEAU III
État initial de contraintes et critères de plasticité parfaite
Mohr-Coulomb Si |1 - - (1 + K„) sin (p < 0 et si c > 0, l'état initial reste dans le domaine élastique quelle
que soit la valeur de la cote z
Si |1 - «„1 - (1 + KQ) sin (p > 0 et si c = 0, l'état initial est en dehors du domaine d'élasticité. Cet
état est impossible ; cela reviendrait à supposer Kg > K ou Ko < K . p A
Si |1 - K J - (1 + Ko) sin cp > 0 et si c > 0, il existe une cote z à partir de laquelle le massif de sol
K m
Drucker-Prager Si |1 - K J - ccfe (1 + 2 KQ) < 0 et si k > 0, l'état initial reste dans le domaine élastique quelle
que soit la valeur de la cote z.
Si M - Kol - a"^3 (1 + 2 K,,) > 0 et si k = 0, l'état initial est en dehors du domaine d'élasticité.
Cet état est impossible.
1
Si |1 - KgJ - OA/3 ( + 2 «D ) > 0 et si k > 0, il existe une cote z, à partir de laquelle le massif
im
Z
llm _
r-
1 (|1 - Kol - aA/3 (1 + 2 t g )
en fonction des valeurs des p a r a m è t r e s respectifs pression des terres au repos est lié à l'angle de
(tp, c et KQ) OU (OC, k et Kg). L e tableau III r é s u m e frottement interne par la relation empirique :
cette étude lorsque l ' o n suppose Kg indépendant Kg = 1 - sin tp. L e critère de Mohr-Coulomb
de la profondeur z et montre l'existence, dans cer- s'écrit alors :
tains cas, d'une cote limite au-delà de laquelle le M C = " 7z sin cp (1 - sin (p)
F
critère est dépassé. L'existence de cette cote est L a quantité F est toujours négative. L ' é t a t ini-
M C
liée au choix des p a r a m è t r e s de calcul, mais aussi tial d'un sol grenu ou normalement consolidé se
à la position retenue pour la frontière inférieure trouve donc bien dans le domaine élastique déli-
du m o d è l e et peut donc d é p e n d r e directement de mité par le critère de Mohr-Coulomb. E n revan-
la construction du maillage d ' é l é m e n t s finis. Les che, le critère de Drucker-Prager (avec l'hypo-
états qualifiés d'impossibles dans le tableau III ne thèse k = 0) s'écrit :
sont pas m é c a n i q u e m e n t admissibles ; la stabilité
sin cp
ne pourra être obtenue qu'au prix de la modifica- F d p = yz oc(3 - 2sin cp)
tion de l'état de contraintes initiales et de la géné-
ration de déformations irréversibles qui resteront L e signe de la quantité F n'est plus évident et
D P
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIIIN 1998 - RÉF. 4188 - P P . 15-32 25
moyenne de 3 8 ° . Ce p r o b l è m e est important car,
d'une part, la valeur de 3 8 ° est une valeur relati-
vement faible pour les sables denses à moyenne-
ment denses et, d'autre part, i l est souvent
conseillé d'utiliser les relations déduites d'un
chemin en déformation plane (cas 3 et 4 dans le
tableau I V ) . L a violation du critère de plasticité
s'explique principalement par les faits suivants :
>- l'état initial est défini classiquement à partir
de corrélations déduites d'une analyse fondée en
partie sur le critère de Mohr-Coulomb (différent
de celui de Drucker-Prager) ;
>• le domaine élastique défini par le critère de
Drucker-Prager (suivant la valeur de ses para-
mètres, cf. tableau I V ) peut être entièrement situé
à l'intérieur du domaine d'élasticité de
Mohr-Coulomb, ou le recouper en partie, ou
encore englober c o m p l è t e m e n t ce domaine. A i n s i ,
les états d'équilibre limite de Mohr-Coulomb et
de Drucker-Prager peuvent être incompatibles.
4
9 1,0481.10"
tion. Par exemple, la figure 4a présente le cas 4
10 1,1785.10'
d'une fondation filante (déformation plane) sup-
portée par un massif h o m o g è n e dont le compor-
tement est décrit par un modèle de
Fig. 4 - Calcul d'une fondation filante avec un état initial
Drucker-Prager (c' = 0 kPa et m' = 4 0 ° ) . L a des contraintes (<p = 40°) :
figure 4b représente les isovaleurs de déforma-
a. Maillage utilisé (693 noeuds et 210 quadrangles à
tions plastiques générées pour ramener l'état de 8 nœuds).
contraintes initiales sur la frontière du domaine b. Isovaleurs des déformations plastiques générées par le
d'élasticité ; ces isovaleurs sont rectilignes et critère de Drucker-Prager.
26 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4iss - PP. 15-32
TABLEAU IV
Influence de la détermination du paramètre a sur le signe de la quantité F,
Déformation plane sin cp sin cp f sfs - 3 + 2 sin cp^ F D P > 0 si cp > 39,34°
et dilatance nulle
3 ^ { V3 J F D P < 0 si cp < 39,34°
est constante, ce rapport vaut : alors des valeurs respectives de la profondeur (en
Op_ _ g p (z = 0) + yz fait du produit yz), de la pression de préconsolida-
tion en surface, de l'angle de frottement et de la
cohésion. A cause du nombre de ces variables, les
où o (z = 0) est la pression de préconsolidation
p
développements analytiques deviennent compli-
en surface. L e critère de Mohr-Coulomb à l'état qués et n'apportent pas grand chose. Il vaut mieux
initial s'écrit alors : laisser faire le code de calcul qui, avec des don-
o \ (0) + yz nées précises, indiquera si l'état des contraintes
F c = 72
M 1 - (1 - sincp) ^ initiales est entré dans un domaine impossible ou
yz
non. L a réalisation d'un tel calcul est d'autant
G (0) + yz
p plus à conseiller que la plupart des codes de calcul
- sincp - (1 - sin cp) sin cp ^ 2c coscp
ne peuvent pas traiter un coefficient de pression
yz
des terres au repos qui varie avec la profondeur.
L e signe de la quantité F est plus difficile à
M C
L'utilisateur doit fournir un coefficient par cou-
établir. Toutefois, si l ' o n se réfère à la théorie de
la poussée et de la butée, la cohérence des don- che, qui correspond à une moyenne ou au coeffi-
nées géotechniques devrait assurer que l'état ini- cient calculé au milieu de la couche. Dans ce cas,
tial est compris entre les états limites de poussée le p r o b l è m e devient plus simple et on se ramène à
K ( z ) et de butée Kp(z) et q u ' i l se trouve donc à
a
l'étude du signe de F entre les limites de chaque D P
l'intérieur ou sur la frontière du domaine élasti- couche. L'analyse théorique est fastidieuse et
que. Il convient tout de m ê m e de vérifier ces encore une fois i l suffit d'examiner les résultats
données avant de réaliser un calcul par éléments d'un calcul par éléments finis sans chargement
finis pour éviter la génération de déformations extérieur (ou avec un chargement très faible ou
plastiques indues. situé loin des zones supposées critiques) pour
E n revanche, pour le critère de Drucker-Prager, estimer l'influence du dépassement du critère de
le p r o b l è m e est plus complexe. E n effet, la quan- plasticité en termes de déformations plastiques.
tité F D Papparaît sous la forme :
1 a_(0) + 72
MC
1 - (1 - sincp)y yz Influence de l'état initial
dans une simulation d'excavation
a_(0) + yz Pour un modèle d ' é l é m e n t s finis, c'est lorsqu'on
a 1 + 2 (1 - sincp) ^ k,
yz analyse la première étape d'une excavation dans
et elle doit être étudiée comme p r é c é d e m m e n t en un massif de sol que l'influence de l'état des
remplaçant les paramètres ex et k par leur expres- contraintes initiales est la plus forte.
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIIIN 1998 - RÉF. 4188 - P P . 15-32 27
Cas d'une excavation importante ; selon le m o d è l e de comportement
pour un ouvrage de soutènement utilisé, le choix d'une valeur supérieure ou infé-
rieure à 1 peut modifier voire inverser l'allure
C o n s i d é r o n s une excavation rectangulaire d'un
des résultats n u m é r i q u e s (fig. 5). L a valeur du
massif h o m o g è n e à surface horizontale en défor-
coefficient KQ a ainsi une très nette influence sur
mation plane. L a simulation du creusement est
les chemins de déformations et de contraintes
effectuée grâce au calcul de forces équivalentes
suivis au cours d'une excavation :
déterminées à partir de l'état de contraintes ini- >• les déplacements augmentent avec KQ. Pour
tiales dans le massif, défini par le poids volu- de faibles valeurs de ce coefficient, le mouve-
mique du sol y et par le coefficient de pression ment du sol est essentiellement vertical. E n
des terres au repos KQ (supposé constant). L e revanche, pour de fortes valeurs, supérieures à 1,
système de forces obtenu a été décrit sur la une composante horizontale importante se déve-
figure l b . loppe ;
L a distribution des forces équivalentes montre >• les contraintes horizontales croissent avec
que le coefficient de pression des terres au repos Ko ;
est une d o n n é e essentielle pour la modélisation >- l ' é t e n d u e de la zone plastique augmente avec
du creusement. Son influence sur le calcul est Ko-
3 |[
Flg. S • Excavation a <
Point U(m) V(m)
dans un massif homo-
¡ 1 1,662.10" 3
gène élastique linéaire 0
4
2 -2,893.1CV 4
5,173.1Cr
Déformée du malliage : 4
3 -8,904.10" 2,037.10' 5
a. Pour Kg = 0,5. !
b. Pour K = 1,5.
0
— '^Utr ! ' i
• i l
i i i i
i i i i
I ! I 2 -8.044.10" 4
3,734.10" 4
I
i
li Ii 3 6,991. IQ" 4
4,444.10" 5
28 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32
i=ïg. 6 -
Influence du coefficient
de pression de» terres
WËËÊÈË WÊilmÈÊÊiËÈ
JËMMil aueepe
tlpo de le
autour i
circulaire excavé en
une étape
ïïmWÊÊÊÊMm
¡111wÊÊm
Bip
WÊÊÊSm
r j ¥ u j
MHHHHHHI
p fJasa
lflMNBI
WËË
^^^^^^ mm
111111
SI
WÈÊÈÈÈÈË
M B
Fig. 7 - Exemples de simulations de mise en place d'une inclusion dans un massif de sol :
a. Fondation en partie enterrée. b. Paroi moulée.
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32
>- par l'application des poids volumiques des Conclusion
matériaux et une modification des caractéris-
tiques mécaniques du sol dans la zone rema- L a prise en compte des contraintes initiales et leur
niée par la construction (modification du mise en chargement, ou non, constituent des
module d ' Y o u n g et des p a r a m è t r e s de résis- aspects essentiels de la modélisation par éléments
tance du sol). Cette approche a été e m p l o y é e finis des massifs de sol. Elles permettent en effet
pour la modélisation a posteriori des pieux de représenter, par « l'initialisation du champ de
battus (calculs à rebours) (Balaam et al, contraintes », l'état des contraintes en place avant
1975). toute phase de travaux et, par « la mise en charge-
ment des contraintes initiales », la tendance du sol
Certaines de ces approches sont parfois à exercer une étreinte sur une inclusion, à pousser
c o m b i n é e s pour obtenir des m o d è l e s plus derrière un mur de soutènement ou à se déformer
fins : par exemple, on peut simultanément sous l'effet d'un creusement.
modifier le coefficient K , le module
d ' Y o u n g , les paramètres de résistance du Le chargement de contraintes initiales peut égale-
sol, les conditions d'interface et introduire ment être utilisé pour simuler de manière appro-
des contraintes résiduelles dans les inclu- chée l'effet de certains p h é n o m è n e s physiques
sions. Tout cela suppose de disposer de (effet des pressions interstitielles, effet thermique
données nombreuses et précises. Mais, en ou dû au vieillissement).
conditions de projet, c'est la première ou
Les exemples présentés dans cet article ont
mieux la seconde approche qui devrait être
illustré ces différentes possibilités et ont souligné
e m p l o y é e , avec une étude de sensibilité aux
les précautions à prendre lorsqu'on doit combiner
paramètres de calcul.
divers chargements avec un état de contraintes
initiales. De m ê m e , des précautions doivent être
Par la suite, les déplacements p r o v o q u é s par la
prises lorsqu'on utilise l'initialisation des
simulation de la mise en place sont annulés et
contraintes avec un critère de plasticité autre que
les contraintes récupérées pour l'initialisation du celui de Mohr-Coulomb. L'utilisateur doit rester
véritable calcul d'ouvrage. vigilant et veiller à employer à bon escient les
moyens mis à sa disposition pour générer un état
initial aussi représentatif que possible.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
cosfficient K Q and KQ,., Soils and Foundations, vol. 7, of parameters in geotechnical backanalysis -
1, pp. 31-40. II. Application to a tunnel excavation problem,
Computers and Geotechnics, vol. 18, 1, pp. 29-46.
A R A I K . , O H T A H „ K O J I M A K . (1987), Estimation of
G I O D A G . (1985), Some remarks on back analysis and
nonlinear constitutive parameters based on monitored
movement of subsoil under consolidation, Soils and characterization problems, Fifth Int. Conf. on
Foundations, vol. 27, 1, pp. 35-49. Numerical Methods in Geomechanics, Nagoya,
Balkema, pp. 47-61.
A R A I K . (1993), Back-analysis of deformation and
G I O D A G . , S A K U R A I s. (1987), Back analysis procedures
Mohr-Coulomb strength parameters based on initial
strain method, Soils and Foundations, vol. 33, 3, for the interpretation of field measurements in geome-
pp. 130-138. chanics, Int. Journal for numerical and analytical
methods in geomechanics, vol. 11, 4, pp. 555-583.
B A G U E L I N F . , J E Z E Q U E L J . - F . , S H I E L D S D . H . (1978), The
GUNN M.J., S A T K U N A N A N T H A N A . , C L A Y T O N C.R.I.
pressuremeter and foundation engineering,
Aedermanssdorff (CH), Trans. Tech. Publications, (1993), Finite element modelling of installation
618 pages. effects, Retaining structures, Institution of cicil engi-
neers, C.R.I. Clayton (ed), Thomas Telford, London,
B A L A A M N . P . , P O U L O S H . G . , B O O K E R J . R . (1975), Finite pp. 46-55.
element analysis of the effects of installation on pile
JAMIOLKOWSKI M., LADD C.C., G E R M A I N E J.T.,
load-settlement behaviour, Geotechnical Engineering,
L A N C E L L O T T A R . (1985), New developments in field
vol. 6, pp. 33-48.
and laboratory testing of soils, Proceedings of the
B R O O K E R E . W . , I R E L A N D H O . (1965), Earth pressures 11th International Conference on Soil Mechanics and
at rest related to stress history, Canadian Foundation Engineering, San Francisco, vol. 1,
Geotechnical Journal, vol. 2, 1, pp. 1-15. pp. 57-153.
D E S A I C . S . (1977), Deep foundations, in Numerical J O S S E A U M E H . (1976), Comportement et méthodes de
methods in geotechnical engineering, C.S. Desai et calcul des rideaux de soutènement, Compte rendu des
J.T. Christian (eds), McGraw Hill Book company, Journées des L P C sur les soutènements, Lyon,
pp. 235-271. Rapport interne L C P C .
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32 31
JOSSEAUME H . (1998), Propriétés mécaniques de M I S B A H I A . , S H A O J . - F . , H E N R Y J . - P . (1994), Application
l'argile des Flandres à Dunkerque et à Calais (à de la méthode d'inversion à la détermination des
paraître dans la Revue Française de Géotechnique). contraintes in situ en milieux anisotropes. Revue fran-
çaise de géotechnique, 67, pp. 41-48.
L A D D C . C , F O O T R., I S I H A R A K . , S C H L O S S E R F., POULOS
H . G . (1977), Stress deformation and strength charac-
PANET M., SANTA L U C I A D . (1968), Mesure des
teristics, Proceedings of the 9th International contraintes dans les massifs rocheux. Bulletin de
Conference on Soil Mechanics and Foundation liaison des Laboratoires Routiers des Ponts et
Engineering, Tokyo, vol. 2, pp. 421-494. Chaussées, juin-juillet, pp. 67-76.
LEDESMA A., GENS A., ALONSO E.E. (1991), PIAU J.-M., HUMBERT P., D U B O U C H E T A . (1996),
Identification of parameters of nonlinear geotechnical Modélisation des phases de construction d'un tunnel,
models, Computer Methods and Advances in CESAR-LCPC, Bibliothèque d'exemples, Rapport
Geomechanics, Beer, Booker and Carter Eds, interne L C P C , 8e édition.
Balkema, pp. 1005-1010.
S A K U R A I s. (1992), Field measurement and back ana-
LEDESMA A., GENS A., ALONSO E.E. (1996a), lysis, Computer Methods and Advances in
Estimation of parameters in geotechnical backana- Geomechanics, Beer, Booker and Carter (eds),
lysis - I. Maximum likelihood approach, Computers Balkema, pp. 1693-1701.
and geotechnics, vol. 18, 1, pp. 1-27.
S A K U R A I S . , A K U T A G A W A S . , T O K U D O M E O . (1994),
LEDESMA A., GENS A., A L O N S O E . E . (1996b), Characterization of yield function and plastic poten-
Parameter and variance estimation in geotechnical tial function by back analysis, Computer Methods and
backanalysis using prior information, Int. Journal forAdvances in Geomechanics, Siriwardane and Zaman
numerical and analytical methods in geomechanics, (eds), Balkema, pp. 2011-2016.
vol. 20, 1, pp. 119-141.
S C H M I D T B . (1966), Discussion of « Earth pressures at
L Ü N N E T., L A Ç A S S E s„ R A D N . s . (1989), General rest related to stress history », Canadian Geotechnical
report/Discussion session 2 : SPT, CPT, pressure- Journal, vol. 3, 4, pp. 239-242.
meter testing and recent developments in in-situ
testing - Part 1 : all tests except SPT, Proceedings ofS E R R A T R I C E J . - F . , F L A V I G N Y E . (1993), Mesure en
the 12th International Conference on Soil Mechanics laboratoire du coefficient K sur une marne, 0
and Foundation Engineering, Rio de Janeiro, vol. 4, Geotechnical Engineering of Hard Soils - Soft Rocks,
pp. 2339-2403. Anagnostopoulos et al. (eds), Balkema, pp. 787-793.
M A S S A R C H K.R.
(1975), New method for measurement S È V E G., B L I V E T J.-C, P O U G E T P . , B E N O Î T J., CRANSAC
of lateral earth pressure in cohesive soils, Canad. D . (1966), Estimation de la contrainte horizontale
Geotech. Journal, vol. 12, 1, pp. 142-146. dans une pente instable, Landslides, Trondheim,
Balkema, pp. 895-900.
M A Y N E P.W. (1984), KQ - c /rj' Trends for overconso-
u vo
Non hmwr finite element calculations require dau the initial state of trio stresses and hydraulic loading in the
«»I This pape' starts by reviewing the characteization of thn inifal stale and then describes the way in which tfi'b
iniiMt stale mNuem es the inodo'li'ng erf gnotochrtfcal &tiucturoa, and in particular the consequencw> which rasjult
from ttvj \rim of certain widely finjitoyed Loiutiiutfrea- laws.. Fufftwrmora alette mritaj atra^s state* can. be used to
simulate certain mechanic*! effects caused by hydraufii. or thermal processes, or thfe attention at raeJtoriafs'\!Mi«f
ling agt mgl Examples, of calculations performed with CESAR LCPC a e also given in ordei to illustrate the iropor
tancc o* utrcuratelv taking; thre s'ate into uctui'nt When wmi/Utinq the ir stat'atnin of structures in the soil and mo-e
generally for the analysis o* the <>Defaticn o* qeote< hnic a) structures
32 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 215 - MAI-JUIN 1998 - RÉF. 4188 - PP. 15-32