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Introduction:
Nul ne peut nier le rôle prépondérant de l’investissement dans la promotion du
développement économique de tout pays. Certes ce rôle ne peut être joué qu’avec
l’existence de plusieurs facteurs parmi lesquels l’efficience du régime foncier se
révèle d’une grande ampleur.
Ainsi la possession immobilière constitue une source de richesse et une
condition essentielle pour la réussite de tout investissement. Elle constitue dés lors,
un point d’attractivité du législateur marocain qui l’a organisé selon les spécificités
de la société, mais dans le but d’établir une sécurisation des opérations foncières, par
conséquent mener un essor économique considérable.
Le présent sujet se rapporte à l’étude de la stratégie tracée par le législateur
afin de faire du régime foncier un levier pour le développement économique. En fait
le régime foncier reflète la stratégie adoptée par le législateur déterminant
« l'ensemble des règles juridiques concernant les immeubles. Cela comprend, dès
lors, les terrains, les bâtiments et les droits portant sur un immeuble, le droit de la
propriété, ses attributs, ses démembrements »1.
D’ailleurs la situation foncière actuelle n’est que le résultat des différentes
phases qui se sont succédées au Maroc. Avant l’instauration de l’islam au Maroc, la
propriété foncière était principalement collective et tribale, vue l’absence de la notion
de propriété proprement dite ; or il existait un concept de territoire.
L’arrivée des arabes avait introduit la distinction entre la propriété éminente
qui était reconnue à la communauté musulmane (oumma) et l’usufruit au détenteur
effectif de la terre ; pendant cette période c’est le souverain qui exerce un pouvoir
permanent sur les terres au nom de la communauté musulmane et en parallèle des
tribus qui occupaient ces terres et détenaient l’usufruit. C’est durant cette période
que la diversité des statuts s’est établit progressivement au Maroc, les terres de kharja
deviennent essentiellement des terres collectives.
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1-Stéphane Gignoux « appréhender le droit marocain de l’immobilier : une approche
transversale « droit privé-droit public » essai sur le droit foncier marocain, collection
électronique « les études et essais du centre jacques Berque n° 30 – avril 2015 – rabat – Maroc,
www.cjb.ma, p : 4.
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Sous le protectorat, de nouvelles formes de terres surgissent, c’est ainsi les
terres Melk se développent par l’établissement des colons arabes, d’autre part les
terres sans maitres ou confisquées ont donné lieu à la naissance des terres guich qui
sont des terres attribuées aux tribus en contrepartie de services militaires rendus.
En l’occurrence, le colonisateur a imposé sa nouvelle conception du droit de
propriété permettant de répondre aux besoins de faciliter la colonisation foncière et
sa sécurisation. A cet égard le protectorat a instauré un nouveau régime foncier se
basant sur l’immatriculation foncière facultative de la propriété qui se juxtapose aux
autres formes de propriété régies par la coutume ou le droit musulman. Et pour
assurer la réalisation de ses objectifs, le colonisateur fut autorisé à acquérir les terres
7272 Melk en plus des terres collectives accompagné d’un dispositif de protection des
terres de tribu permettant de mettre en place un régime de dépendance absolue des
tribus à la tutelle de l’autorité coloniale. Partant l’Etat coloniale étendit le domaine
makhzen en distinguant entre le domaine public et le domaine privé de l’Etat.
A la veille de l’indépendance, la situation foncière au Maroc s’est confronté à
une diversité des statuts de terres, aussi à un double régime foncier fondé d’une part
sur le droit musulman pour les propriétés non immatriculées et sur le régime facultatif
d’immatriculation des immeubles par leur inscription sur le livre foncier.
Avec l’indépendance, le Maroc a procédé à la récupération de son patrimoine
foncier ensuite sa redistribution à la paysannerie spoliée. Par ailleurs les terres
collectives ont été placées sous l’administration d’un conseil de tutelles quant aux
terres confisquées elles ont été mises sous séquestre et placées sous la tutelle du
ministère des finances. Ensuite, le Maroc s’est penché au développement de son
secteur agricole qui a constitué l’une des priorités des nouvelles autorités pour assurer
le développement économique du pays. Par conséquent, A l’issu de l’indépendance,
le Maroc dispose d’une diversité de statuts de terres et aussi d’un régime foncier
hybride associant le système des livres fonciers pour les terres immatriculées inspiré
de l’acte « torrens » australien d’une part et l’application du droit musulman pour
les terres non immatriculées1.
Partant, le droit immobilier marocain trouve son origine dans l’évolution
sociale vécue par le pays qui a donné naissance à une juxtaposition de différentes
sources celles du droit musulman et du droit d’inspiration occidentale. Ainsi les
principales lois constituant le dispositif législatif marocain s’envisagent d’une part
dans les textes constituant le fondement du droit foncier, à savoir le dahir du 12 aout
1913 sur l’immatriculation des immeubles actuellement complété et modifié par la
loi 14-072, et le dahir du 12 juin 1915 fixant la législation applicable aux immeubles
immatriculés. Ces deux textes constituent la matrice du droit foncier marocain, qui
par la suite, ont été complétés par d’autres textes telle que la loi n° 18.00 du 3 octobre
2002 sur la copropriété des immeubles bâtis, la loi n° 44.00 du 3 octobre 2002 sur la
vente des immeubles en l’état futur d’achèvement. L’ensemble de tous les textes
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1- Paul Decoux « droit foncier marocain », imprimerie el maarif al Jadida, rabat, éditions la porte,
2002, p 12.
2- La loi n°14-07 promulguée par le dahir n°1.11.177 du 22 novembre2011, B O n°5998 du 24
novembre 2011, p 5575.
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régissant la matière se trouve coiffer par l’article 35 de la constitution marocaine du
29 juillet 2011 qui garantit le droit de propriété dont la seule limitation possible se
révèle dans l’exigence du développement économique et sociale.
La réglementation du foncier au Maroc représente une exigence de priorité
pour le Maroc à travers laquelle le législateur tend à sécuriser les opérations foncières
afin qu’elles puissent jouer un rôle efficace dans le développement économique,
l’originalité du système foncier marocain a fait de son étude un pôle d’intérêt de
plusieurs écritures, de même que la fréquence et la densité des opérations foncières
ont nécessité une forte intervention de la jurisprudence au niveau du contentieux
foncier.
7373 Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi Mohamed VI a précisé - à travers les assises
nationales consacrées au thème « la politique foncière de l’Etat et son rôle dans le
développement économique et social » qui ont eu lieu les 08 et 09 décembre 2015 au
palais des congrès à skhirat- que « le foncier est considéré comme un facteur de
production stratégique et un levier fondamental pour le développement durable
dans toutes ses dimensions. Par conséquent il constitue l’assise principale pour
stimuler l’investissement productif, générateur de revenu, créateur d’emplois,
et aussi pour lancer des projets d’investissement dans les différents domaines de
l’industrie, de l’agriculture, du tourisme, des services et d’autres encore. »1
Dès lors, le Maroc a fait du secteur foncier un atout pour le décollage et la prospérité
de son économie et des investissements. Dans ce cadre, le dispositif juridique
constitue un véritable défi pour la mise à niveau de ce secteur ; or, l’héritage
foncier au Maroc est-il apte de répondre aux besoins de l’investissement et
d’assurer une sécurisation foncière, en faisant du secteur foncier un levier de
développement économique ?
L’analyse de cette problématique nécessite une valorisation de la politique foncière
de l’Etat à travers :
* d’une part, l’examen des divers statuts de terres constituant le potentiel foncier
assurant une assiette qui abrite la réalisation des projets, aussi de traiter leurs
caractéristiques afin de déduire les différentes répercussions sur développement de
l’investissement.
*et d’autre part, l’examen des régimes juridiques de terres voués à assurer une
sécurisation des opérations foncières, entant que condition essentielle pour la
réalisation de la prospérité économique du pays.
I- L’impact de la diversité des statuts de terres sur le développement
de l’investissement au Maroc
L’accès des investisseurs au foncier constitue une condition essentielle et un
appui pour la réalisation de l’investissement. Dans ce cadre, le Maroc connait une
diversité et une complexité de ses statuts de terres attestant l’héritage foncier des
différents systèmes fonciers qui se sont succédés au Maroc.
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1- Royaume du Maroc – ministère de la culture et de la communication – département de la
communication, portail national, www.maroc.ma
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Mais avant de traiter l’impact de l’hétérogénéité de ces statuts sur la prospérité de
l’investissement, il convient, tout d’abord de les examiner.
1- Diversité des statuts de terres au Maroc
L’espace foncier marocain se caractérise par la diversité des statuts juridiques de
terres constituées à travers les différentes étapes vécues par le Maroc,
l’éclaircissement de cette hétérogénéité s’appuiera sur les statuts liés aux « terres
collectives », terres « habous », les terres « guich », les « terres domaniales » et
le « Melk ».
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1.1- Les terres collectives
Ce sont des terres rurales appartenant en pleine propriété, à titre collectif, à des
groupements ethniques qui sont constitués par des tribus, des fractions des douars,
au sein desquels les fractions de chacun ne sont pas déterminées1.
La gérance des terres collectives, est faite conformément à l’usage local et aux
textes spéciaux régissant la matière appartient à une assemblée dite « jemmaa »
représentée par un ou plusieurs délégués « Naib ».
Ce statut de terres dispose de ses propres caractère, c’est ainsi, ces terres ne
s’héritent pas et sont imprescriptibles, insaisissables et inaliénables, elles peuvent
faire objet d’une délimitation ou d’une immatriculation foncière, ceci à la demande
de la collectivité ou de l’autorité de tutelles, la procédure d’immatriculation est
payante. En outre le droit de propriété de la tribu sur la terre dont elle jouit
collectivement ne peut s’exercer que sous la tutelle de l’Etat assuré par le conseil de
tutelle, présidé par le ministre de l’intérieur et le ministre de l’agriculture.2
1.2- Les terres guich
Leur origine se creuse dans le passé car ce sont des terres qui avaient été accordées
en jouissance par les souverains aux tribus en contrepartie d’un service rendu à
caractère militaire. Elles se situaient à Meknès, Fès, Marrakech, rabat. Actuellement
les terres guich restent encore exploitées par les groupements ethniques, sous la
tutelle du ministère de l’intérieur.
Ainsi, le régime guich se caractérise par le démembrement du droit de propriété,
l’Etat dispose de la nue- propriété de ces terres et les collectivités guich sont titulaires
d’un simple droit de jouissance. En outre, il convient de signaler que ces terres sont
inaliénables, insaisissables, imprescriptibles et peuvent faire objet d’expropriation
pour cause d’utilité publique, de même que ces terres ne s’héritent pas, mais c’est le
droit à une quote-part qui est transmissible aux males majeures. Quant à leur
immatriculation elle est gratuite et facultative mais elle représente une difficulté
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1- Paul Decoux « droit foncier marocain », op.cit., p463.
2- Cabinet Masnaoui , Droit foncier marocain « les statuts », le foncier au Maroc : outil de
développement économique, bulletin d’information périodique n°745, juillet /aout 2005, édité par
editinfo, société d’édition et d’ingénierie de la formation, p : 8.
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quant à sa procédure qui est lente et complexe puisqu’elle ouvre la voie à toutes
contestations et oppositions.
Si à l’issu du protectorat les terres guich étaient très importantes puisqu’elles
occupaient 768000 hectares, actuellement il ne reste que 210000hectares vu la
cession des parcelles de ces terres a été effectuée en faveur des particuliers, par
conséquent une grande autonomie a été conférée à certains possesseurs de ces terres
qui ont évolués vers le statut de la propriété privé(Melk) ou vers le statut des terres
collectives.1
Or ; les terres guichs ne créent pas un sentiment de stabilité chez les usagers vu
7575 leur caractère précaire de même qu’elles ne sont régies par aucun texte spécifique. 2
1.3- Les immeubles habous :
Les biens habous est une institution importante dont la gestion a été confié depuis
l’indépendance au ministère des habous. Ainsi si ces biens sont soumis aux
dispositions du droit musulman (rite malékite) et à certaines coutumes et traditions
locales, il convient de signaler qu’ils ont été régis aussi par de nombreuses
dispositions législatives et règlementaires. Actuellement, ils réglementés par le dahir
n°1.09.236 du 23 février 2010 formant code des habous, ce dernier définit les habous
comme étant tout bien immobilisé d’une façon perpétuelle ou à temps dont la
jouissance profite à une œuvre charitable et pieuse publique ou privé.
Leurs caractéristiques se résument dans le fait que le bien habous est inaliénable
ceci dit qu’il ne peut être cédé ni à titre onéreux ni à titre gratuit sauf en cas
d’existence d’une disposition dans l’acte constitutif il peut être loué ou échangé. En
plus il est imprescriptible et insaisissable, en ce sens il ne peut constituer une garantie
pour le créancier qui ne peut même saisir les fruits de l’immeuble constitué en
habous3.
1.4- Les terres domaniales
Les terres domaniales constituent une prorogation des terres Mekhzen.
Il convient de signaler qu’avant l’arrivée de la colonisation il y avait confusion entre
le domaine privé du souverain et le domaine de l’Etat ; or cette distinction s’est
établie en 1912, et au moment de l’indépendance, une grande partie des immeubles
récupérés par l’Etat a constitué un bien domanial de l’Etat tandis que le reste a été
soit acheté par les grandes ou moyennes entreprises, notamment agricoles, soit
transféré à des sociétés d’Etat.
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1- Amina MABROUK MAHLAOUI « les statuts fonciers au Maroc-approche juridique », mémoire,
rabat, novembre 2002, p 8.
2- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, document Edition la banque mondiale, rapport n°
49970-MA, 31 mai 2008, p : 7
3- Droit foncier marocain « les statuts », le foncier au Maroc : outil de développement économique,
op.cit. p : 9.
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Le domaine de l’Etat est composé du domaine public (route, rivage de la mer,
ports et autres) géré par le ministère de l’équipement. Il est inaliénable,
imprescriptible, insaisissables et non soumis à l’expropriation pour utilité publique,
il peut être occupé temporairement, délimité administrativement et déclassé en
domaine privé selon la procédure règlementaire d’usage.
Le domaine privé de l’Etat concerne les terrains nus ou bâtis domaniaux non
publics et qui ont été ajoutés au domaine de l’Etat par divers moyens telle que
l’expropriation, la confiscation, géré par la direction des domaines du ministère des
finances. Il représente les mêmes caractéristiques que le domaine public de l’Etat
7676 avec la particularité de la possibilité de son aliénation sous certaines conditions1
A ces cas vient s’ajouter le domaine forestier tel que les forêts et les dunes, géré par
le haut-commissariat aux eaux et forêts2.
D’ailleurs le domaine privé de l’Etat joue un rôle prépondérant dans le
développement économique puisqu’il est constitué de biens cessibles pour
l’aménagement urbain, le développement touristique ou le développement industriel
notamment la création des zones industrielles, ou encore il peut être voué au domaine
agricole car il procure des terres agricoles en vue de la réalisation d’activités agricoles
d’intérêt général par le biais des sociétés de l’Etat. Partant un domaine encourageant
de l’investissement et assurant un développement économique.3Par conséquent, il
procure une assiette foncière très importante mobilisée pour appuyer les chantiers de
mise à niveau des infrastructures de bases et les grands projets de développement,
donc il reflète la contribution de l’Etat à la réalisation de la dynamique de
développement économique et social du pays
Sous cet angle le foncier privé de l’Etat a été mobilisé au profit de
l’investissement, c’est ainsi que plusieurs modifications ont été établies en vertu de
la lettre royale du 9 janvier 2002, au niveau de l’article 82 du décret royal du 21 avril
1967 portant règlement général de la comptabilité publique à l’effet d’autoriser la
cession des terrains de l’Etat par :
- l’arrêté des walis de régions pour des projets dans les secteurs de l’industrie, de
l’agro-industrie, du tourisme, de l’habitat, de l’artisanat, des mines, de la santé, de
l’énergie, de l’éducation et de la formation lorsque l’investissement est inférieur à
200 millions de dirhams.
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1- Droit foncier marocain « les statuts », le foncier au Maroc : outil de développement économique,
p : 6.
2- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, op.cit., p : 9.
3- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, op.cit., p : 9.
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- par arrêté du ministre des finances pour les projets dont l’investissement dépasse
200 millions de dirhams ou pour ceux en dehors des secteurs susvisés quel que soit
leur montant.
A titre d’exemple, l’Etat marocain a mobilisé au titre de l’année 2014 une
superficie globale de 5080 Ha répartit comme suit :
2935 hectares ont été mobilisés au profit du secteur de l’énergie dans le cadre de la
mise en œuvre de la politique gouvernementale visant le développement des énergies
renouvelables, 1057 hectares en faveur du secteur des mines,
608 hectares pour le secteur de l’habitat et la lutte contre l’habitat insalubre
7777 154 hectares pour le secteur du tourisme en vue de la création des zones
d’aménagement touristique et la réalisation de divers projets touristiques et
réalisation de divers projets touristiques et résidentiels1(le rôle du domaine privé de
l’Etat dans la dynamique de développement économique et social)
1.5-les immeubles Melk
Les immeubles Melk sont des biens qui font objet de pleine propriété privée. Il
s’agit de terres qui peuvent être exploité individuellement soit dans l’indivision2.
Celle –ci peut résulter soit d’une transmission successorale, d’un contrat ou même
provenir d’une possession paisible de l’immeuble, publique, exercée à titre de
propriétaire, non interrompue pendant dix ans à l’égard des tiers, et quarante ans
lorsqu’elle joue à l’égard des proches3.
Le bien Melk s’introduisit au Maroc avec l’établissement des colons arabes avec
la conquête musulmane qui étaient seuls autorisés à posséder la terre en pleine
propriété, ce bien se développa notamment par la transmission successorale et par la
possession. L’existence de ce bien s’est renforcé le protectorat qui a introduit le droit
de propriété selon le code civil français par le biais de l’immatriculation afin de
procurer un statut favorable à la libre entreprise ce qui a conféré aux européens de
larges possibilités pour acquérir des biens fonciers sur les terres collectives.
Par ailleurs, le bien Melk jouit de ses propres spécificités, il s’agit d’un bien
aliénable, prescriptible (lorsqu’il s’agit d’un bien Melk non immatriculé) et
saisissable, de même qu’il peut faire l’objet de l’expropriation pour cause d’utilité
publique et peut être soumis à l’immatriculation obligatoire ou facultative. En
conséquence le Melk représente plusieurs avantages pour le développement
économique sur plusieurs niveaux car il assure un droit de propriété stable sur la
terre, il permet, en l’occurrence, les mutations, location voire les hypothèques
lorsqu’il s’agit d’un Melk immatriculé, c’est un moyen propice pour encourager la
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1- Royaume du Maroc « rapport sur le foncier public mobilisé pour l’investissement », ministère de
l’économie et des finances, www.finances.gov.ma, p : 6.
2- Taleb bensouda korachi « la gestion foncière au Maroc et en Tunisie », actes de ssymposium-
barcelone le 22-25 septembre 1986, p : 86.
3- Les articles 250 et 251 du dahir n°1.11.178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de la loi n°
39.08 portant code des droits réels.
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liberté d’entreprendre, d’investir son capital pour d’autres activités plus lucratives et
de transférer aux autres l’opportunité de mettre en valeur la terre, donc il représente
un modèle adapté aux impératifs du développement économique.1
2. Les limites au développement de l’investissement liées à la
diversité des statuts de terres
La structure actuelle de l’espace foncier marocain reflète la densité des méthodes
d’exploitation de la terre selon ses diverses conceptions, cependant les contraintes du
développement économique tracent des critères spécifiques liés au mode
7878 d’exploitation des terres.
Cependant les spécificités de ces statuts et leurs diversités représentent une
entrave capitale à l’investissement privé vu leur complexité, d’ailleurs c’est ce qui a
été exprimé à travers des statistiques effectuées dans ce cadre, car plus de 40% des
entreprises marocaines considèrent l’accès au foncier comme un obstacle majeur ou
très sévère contre 9% en Roumanie et 7% en Turquie2. En fait, ces difficultés peuvent
s’éclaircir à travers chaque statut, celles-ci se représentent principalement dans ce qui
suit :
En premier lieu, les terres habous représentent un caractère très diversifié (public,
de famille, zaouia) et aussi très complexe ; en sus leur mode de cession s’avère très
complexe puisque leur cession ne peut être effectuée que selon deux approches, à
savoir :
La cession par adjudication, après autorisation de Sa Majesté le Roi et par dahir. De
même que les habous privé sont incessibles mais demeurent exploités par les
bénéficiaires qui peuvent les céder en location mais ne peuvent pas faire objet
d’hypothèque. Par conséquent, leur mode de cession rend leur mobilisation dans des
projets d’investissement complexe.
Quant aux terres guich, elles sont caractérisées par le morcellement des propriétés
agricoles en plus de l’instabilité des ayants droit, ce qui se reflète sur la baisse de
leur niveaux de productivité et rend leur mode de fonctionnement inefficace. Pour
leur doter d’une valeur ajoutée notamment dans l’épanouissement du secteur
agricole, l’Etat a lancé une réflexion vouée à assainir ces réserves et les mobiliser
progressivement via des actions de la privatisation dans des projets d’envergure,
notamment immobilier.
Par ailleurs, le statut des terres collectives représente un obstacle à
l’investissement et à l’accroissement de la productivité, ces entraves reviennent à
l’instabilité de leur occupation par les ayants droits qui ne disposent que d’un droit
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1- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, op.cit., p : 12.
2- Meyssoune Belmaza « le foncier, un frein à l’investissement au Maroc », Libération, www.libe.ma,
jeudi 3 mars 2016, p : 1
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de jouissance, de même que cette instabilité peut être suscitée par le décès d’un ayant
droit s’il n’a pas laissé des descendants males, sa part, dans ce cas sera récupérée par
la collectivité pour la réattribuer à de nouveaux ayants droit . A ajouter aussi que ce
statut ne confère pas une garantie pour le remboursement du crédit, ce qui freine
l’attribution des crédits aux exploitants de ces terres et se reflète ce qui affaiblit
l’investissement privé de ces terres.
Ainsi, si le domaine public et privé de l’Etat représente plusieurs avantages à la
dynamique de l’investissement, leur contribution à l’encouragement de l’initiative
privée s’avère faible car leur cession est lente et complexe.
7979 Enfin les terres Melk qui constituent un modèle pour assurer la dynamique de
développement économique. Elles souffrent à son tour de plusieurs contraintes qui
limitent leur rendement à ce niveau, celles-ci s’envisagent essentiellement dans les
difficultés liées à :
- l’indivision
- l’incertitude liée à des droits de propriété mal définis
- et encore à la concurrence inéquitable des citadins fortunés pour cette forme
d’épargne
Certes l’indivision ou copropriété caractérise essentiellement les propriétés du
statut Melk qu’elles soient immatriculées ou non , elle constitue un état qui empêche
toute transaction formelle sur le bien sans l’accord des copropriétaires car le droit de
chaque indivisaire porte sur l’ensemble et non sur une partie du bien commun et une
régularisation des droits de propriété dans ce cas nécessite une division subordonnée
à des calculs de quotepart telles qu’elles sont précisées par le droit musulman.
De même que les partages formels sont rares, ceci revient, d’une part à la volonté
des familles qui préfèrent de rester dans un état de copropriété pour éviter le
démembrement du patrimoine familial.
Et d’autre part aux difficultés administratives et d’aboutissement des procédures
de partage, de même que le partage est évité pour échapper au paiement des droits.
Par conséquent, l’état de l’indivision peut se proroger sur plusieurs générations
suscitant un état d’indivision plus complexe. Donc l’état d’indivision constitue un
sursis à l’exploitation de ces terres, dance cadre il est à signaler qu’en 1997
l’ensemble des co-divisaires exploite la propriété indivise dans 39% des cas, et dans
34%des cas elle est exploitée par un ou plusieurs indivisaires.1
Partant la diversité des statuts de terres suscite une multiplicité d’intervenant au
niveau de leur gestion et administration ce qui complique de plus en plus leur
exploitation et freinera leurs contribution à la promotion de l’investissement.
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1- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, op.cit., p : 44
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1- Royaume du Maroc « marchés fonciers pour la croissance économique au Maroc, volume – héritage
et structures foncières au Maroc, les contraintes structurelles et institutionnelles à l’émergence
d’un marché efficient du foncier au Maroc, op.cit., p : 63
2- Op.cit. p: 17.
3- Op.cit. p: 64.
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Conclusion :
Certes, les spécificités du régime foncier marocain constituent une richesse car
elles procurent une diversité de choix du régime de l’exploitation de la terre et aussi
le choix du régime de sécurisation des opérations foncières qui se divise en régime
d’immeubles immatriculés et le régime des immeubles non immatriculés.
Néanmoins, elles représentent des inconvénients pour les investisseurs puisque la
complexité et la diversité des statuts de ces terres rendent l’accès au foncier un
obstacle majeur et très sévère, et même pour les statuts qui s’avèrent plus favorables
pour l’investissement, ils confrontent plusieurs entraves qui freinent leur contribution
8585 dans ce domaine.
En plus, la dualité du régime foncier représente plusieurs inconvénients pour les
investisseurs immobiliers, ceux-ci tiennent essentiellement à l’insécurité des
transactions que procure le régime traditionnel notamment l’absence de publicité des
droits prétendus en plus des difficultés d’accès au crédit.
Or ; si ces inconvénients sont surmontés par le régime de l’immatriculation, ce
dernier n’échappe pas à son tour aux inconvénients qui limitent son efficacité et son
rôle dans le développement de l’investissement.
Partant, afin que le foncier puisse jouer le rôle qui lui revient dans le
développement de l’investissement au Maroc, il s’avère nécessaire d’adopter
diverses reformes pouvant l’adapter aux exigences de l’accompagnement de la
dynamique du développement économique et la prospérité des investissements.
Bibliographie :
- Stéphane Gignoux « appréhender le droit marocain de l’immobilier : une
approche transversale « droit privé-droit public » essai sur le droit foncier marocain,
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RERJ –N°3 3 العدد2019 المجلة اإللكترونية لألبحاث القانونية
745, juillet/aout 2005, édité par editinfo, Société d’Édition et d’ingénierie de la
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